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DICTIONNAIRE
DE
PHYSIOLOGIE
TOME VI
DICTIONNAIRE
HYSIOLOGIE
PAU
CHARLES RICHET
PHOmS^KUR Dlî PSYSIOrOOlB k LA FaCULTR DR lIKDBCmS DE PAHIfl
AVEC I. A C O L L A K O tt A I I n >
fflM. E ABELOU8 {Totiloua«l - ALEIaVs (MArseilliTi — ANDRÉ (Paris) - S. ARLOIMO (Lvoti^
ATHANA8IU 'Ps^rïn) - BARDIEB Tnulonto) - F, BATTELLI (OtMieve) — R. OQ BOIS REYMOND {B^^rlio}
0 BONM«ER (PariVi - f. BOTTAZII (Florence) — E. BOURQUELOT (P^im) — BRANCA tPar\s\
ANORÉ BROCA { Pari* I -L. CAMUS iPariB)— J. CARVALLO fpari*) -^CHARRiN (Pans) -A CM ASSEYANT Pun s)
CORIN iLjèpe) ~E. DE CtON Pam)- A. OASTRE (Part») - R. DUBOUS (t.yûfi) - W. ENOELMANN it«Hitii
G, FANO {Florencej- X, FRAWCOTTE {}MgtM- L. FREDERICÛ (Liègâ]— J. QAD (l^Mpiig) -- OELLÉ (Parin)
E. ÛtEY (Paris) - GRIFFON iHi-tines) -^ L. ÛUINARD {L>on) - HAMBUROER {CrrAniafretO
m. HANRiOT (Pan») — HÉOON fWouipemer) - F. HEIM (Parisi ~P HENRIJEAN Jàiïgoi- J. HÉRI COURT [Piriu)
F. HEYIiANS (OaDd) — J. lOTEYltO (BruîtellM) - PIERRE JANET rPam) — H. KRONECKER Bcrii*)
LA HOUSSE (Gaiiû) — LAMBERT (Nancy) — E. LAMBLINQ {IMU] — P. LANQLOIS (Paris)
L- LAPJCauE (Parisi ~ LAUNOIS iPimsi — CH. LIVON (Marscilkj - E, MACÉ (Nanc.vi — GR MANCA Pa^louo)
Ji»ANOyVR»ER(Paria)— W «HENDELSSOMN ( P.: lorsliourt;) — E. («EYEfl (Naticy) — miSLAWSKI Ka/an)
J P. MORAT (l.yoti) — A fiOSSO (Turin) - NICLOUK Paris) - J.-P. NUEL iLièee; - A. PINARD i Pun^
F. PLATEAU iilaad) — E, PFiUQER «Itonn; — II,P0WPIL«AN iParisj— P. PORTIER <Paris)- O.PÛUCHET (Pansi
E- RETTERER Paris) — i.CH. ROUX (Paris) - P. SÉBILEAU (Pam) — G. SCHÉPILOFF (Goufcvej
J, SOURy(Paris) - W. STIRLINO iManrliosler) — J, TARCHANOFF (P«^Lerfcbourgl - TiQERSTEDT (HoUîiigfora
TRtBOULET (Paria] - E, TR0UES8ART Paris) - H DE VARIGNV Paris - M. VERWORN (GOttiogao)
E. VIDAL rPans* - G. WEISS ;Parisi — E. WERTMEtHEfl lî.aioj
TOME VI
F G
AVEC 99 GHAVLRKS UA^S LE TKXTI
PARIS
FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR
ANCIENNE LIBRAlRtE GERMER BAlLLlËnE ET C"
108, BOULKVARO SAIKT-aSHHAIN, 108
f90i
Tous droits r*»ervét.
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DICTIONNAIRE
DE
PHYSIOLOGIE
I vw ■ ■ ■ n
FAIM.
f Sommaire. — ^ L CaractèroB de la laira. — § II. Du Kentioittit de la faim. Expticatioti qat
Vùm peut en fournir. Ses causes. — ^ III. Voie» de transmission de la faim, — § IV. Rdie
des centres nerveux, — ,:; \'. Pathologie du seotimeut de la faim.
La faim est une sensation spéciale, commune à (ous les animaux cl qui traduit chez,
eux le besoin de manger.
Elle appartient au groupe des sensations internes. Bfiicxis» qui divise celles-ci en huit
classes^ fait rentrer la faim dans celle des besoins d'activité, à c^té de la sensation desotf,
de mastication, de déglutition, de nausée» de raicUon, ropposant ainsi aui besoins
d'inaction» tels que le besoin de .sommeil et le besoiii de repos.
Nous aborderons Tétude delà faim dans deux cas ditférents, d*aboid au cours de la vie
normale, puis dans des conditions spéciales, au cours de rinanition volontaire ou acci-
dentelle. Nous passerons ensuite en revue les théories proposées pour Texpliquer. Nous
aurons encore à étudier les causes, le siège, les voies de transmission et le rAie que
jouent les centres nerveux dans la perception consciente de cette sensation. Hn dernier
lieu, nous nous ocuperons de la palbologin de la faitn.
Et d'abord, il convient de bien spécitler ce que Ton entend par faim et appétit.
H ne s'agit pas de deux sensations dilTérente5,5'appliquant, comme certains auteurs le pré-
tendent, lu première k la quantité, fa deuxième à la qualité d'aliments. L*uae et l'autre
expriment le besoin de manger : il n'y a entre elles cju'une difîérence de degrés.
Alors que la faim est une sensation pénible et douloureuse, l'appétit est au contraire
nue sensation légère et plaisante. Cest celle que nous éprouvons au moment de nos
repai, au jnoment ou le besoin de manger à peine ressenti va <*tre satisfait. ï/appétit
n'est (ionc, peut-on dire, que le premier degré de la faim, i) en représi-nte la période
I agréable- D'une fai;on générale d'ailleurs, tous nos besoins .sont comun^la faim, agréables
à leurs débuts. C'est seulement plus lard qu'ils engendrent de la douleur, s'ils ne sont
point satisfaits.
^ l. — Caractères de la faim.
ne
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^
i}^ fahn au eourx df ta vir normate. -^ h) La faim au cours de i'inanifion fattée, — c) La faim
au cours de Vinanîtion volontaire ijeûne expérimental et charlatane»que).
Chacun de nous a certainement resseuti la sensation dont nous parlons, et. d'après
notre propre expérience, it paraît a priori facile d*en retracer les caractères. Il en est
bien autrement si nous nous adressons à rexpérimentation chez les diverses espèces ani-
males, car alors nous ne pouvons que surprendre les manifestations extérieures qui
Irahiîssent leurs besoins. Cepeudant, d'après les connaissances que nous possédonsTil est
rationnel de supposer, sinon d'admettre, que la faim st* manifeste de la même fa»;on chez
I
IUCT. DE PBYStOLOOlB. — TOME VI.
FAIM,
l'homme et les divers animaux» avec des réserves toutefois au sujet de certains carac-
tères particuliers. Il va sans dire qu'il faut toujours tenir compte des conditions d*exîs-
tence de l'espèce animale envisagée.
Disons au&sitÔt que le besoin de niati^er ne consiste généralement pas en une sen-
sation unique, mais bien en nne série de sensations. Elles sont diversement localisées, el
leur nombre comme leur siège en rendent l'analyse très difflcilot bien qu'il paraisse ne
pas en èlre ainsi, tant la faim exprime un besoin nettement défini.
En général, quand on a faim» on éprouve une très légère douleur ou dui moins on.
sintpïe malaise qu'on localise au niveau de la région épigastrique. Cest génêi alement le
signe du début île la faim que Ton observe. Il disparaît par la pénélration des matières
ttlimentaires dans le tube dijfrestif; alors lui succède le plaisir qui acronipagne toujours la
siitislaction d'un besoin naturel accompli. Les choses se passent ainsi au moment de nos
îf^pa."?, lorsque la faim, à peine ressentie» est aussitôt satisfaite. Mais il en e^l autrement
si nous endurons pIu;* lonj^temps ce besoin. Le malaise épigastrique persiste toujours et
s*acceotue au poinl de se transformer bientôt en une sensation pénible et désajL'féable.
Bien plus, il ne tarde pas à se produire une véritable irradiation de cette sensation vers
les régions voisines; c'est alors que Ton éprouve parfois des crampes, drs liraillements
sur toute la paroi abdominale, îles dotileurs musculaires disséminées plus particulière-
ment au niveau de la rrgirm îiupériêure du corps. Ces phénomènes s'ciccompagnent de
bi\illen3ents répdlî's, d'une violente eéphalaïgie et d'une lassitude générale. Plus tard, ils
s'exagèrent encore, et l'organisme entier est envabi par une véritable torpeur, incompatible
avec un eiïort quelconque, pbysique ou intellectuel. Tout travail devient impossible; Tat-
lentiou est désormais fix«-'e sur la seule préoccupation de s'alimenter.
La succession de ces diverses manif'estalinns conscientes n'obéit pas h des lois bien
définies, et leur ordj-e chronologique est essentiellement variable suivant lescireonstances,
suivant les iudividus. Toutefois, nous devons reconnaître que le début de la faim est
presque toujours marqué par un malaise épigastrique qui s*accom pagne assez vite d^une
pléiade de sensations secondaires. Il suffit, par exemple, de retarder de deux à trois lieures
Je moment habituel du nqias, pour être en proie aux douleurs de la faim. C'est ce que
Ton observe généralemerrt, bien que dans d'autres circonstances un retard beaucoup
plus considérable ne soit nullement incommodant.
D'autre part, on aurait tort de croire que ces différents signes s'appliquent k Tuniver-
salité des cas. Tout au contraire, ce besoin peut se présenter d'une fa^on bien différente,
et le tableau symptomatique changer presque complètement.
En signalant la sensation de douleur épigastrique, nous l'avons considérée comme
un des premiers signes de la faim. C'est la l'opinion de beaucoup de physiologistes;
d'autres pensent qu'elle ne saurait avoir rien d'absolu, La douleur parfois peut faire
défaul, comme nous le verrons tout à l'heure. Il en serait de même pour les sensations
secondaires qui s'ajoutent à celle de la faim et qui peuvent non seulement différer
comme nature, mais encore se localiser diversement. Sciurr rapporte qu'ayant inter-
rogé un certain nombre de militaires sur l'endroit plus ou moins précis où ils localisaient
la sensation de faim, plusieurs lui indiquèrent, d'ailleurs assez vaguement, le cou, la
poitrine; 23, le sternum; 4 ne surent localiser la sensation daris aucune région, et
2 seulement désignèrent l'estomac. Or S^-uin fait judicieusement observer que ces deux
derniers étaient iniirmiers. Il croit que leur réponse a pu être influencée parles quelques
connaissances anatomiques qu'ils possédaient. Il n'est évidemment pa> permis de tirer de
ces données une conclusion rigoureuse au sujet de la valeur absolue du signe qui
nous occupe; le nombre des personnes examinées était trop restreint. Cependant, la
difficulté qu'ont éprouvée ces niilitïiires à localiser la sensalîon de faim doit nous mettre
en garde contre la tendance trop facile à considérer la douleur stomaeale comme constante
dans la faim. Évidemment elle peut souvent faire défaut. Le même auteur a observé par
exemple que trois personnes, le grand-père, le fils, et le petit-fils ressentaient la faim
dans rarrière-gorge. A ce propos, Beau.nis estime que la connaissance que chacun pos-
sède de son propre corps et des organes qui le composent» influe sur toutes ces sensa-
tions. L'observation des deux infirmiers de Scqïff le prouverait jusqu'à un certain point*
Beaunis, analysant en détail sur ïui-mème les manifestatiotis intérieures conscientes
de la faim, constate un premier fait, c'est qu*il ne ressent pas la douleur épigastrique*
FAIM. 3
Il éprouve au contraire un plus ou moins grand nombre de sensations qui s^éteudent
dans toute îa répion sus-diaphragmatiqoe, avec de?^ localisations au niveau de rœsQpliagc
du pbar>'nx, du plancher buccal, de la région paroiidienne, des muscles nmsticalours,
de la tempe et de la ré|ïion épicranienne. Encore importe-t-il d'ajouter qu'il ne se
prononce pas catégoriquement i?ur ces sensations. Il ne saurait affinner qu*elles sont
réelles» ou bien ducs tout simplement à Taltenlion qu'il porte sur ce qui se passe ou doit
se passer dans ses propres organes. En lin de compte, .^e basant sur son expérience per-
sonnelle, et juju^eant d'après ses propres sensations et dans les ni»nlleures conditions
possibles, c'efit-à-dire, en s'afTrancbissant autant que possible de tonte idée préconrue,
Beaitn'is suppose que la faim consiste en un ensemble de sensations dont le point de
dil*part réside dans tons les organes rentrant en jeu dans les plH/nonii>netv digestifs.
Il était bon de consigner toutes ces divergences, pour montrer la diflicullé qiie Ton
éprouve lorsque l'on veut préciser exactement les premiers caractères de la faim. Il suf-
fit d* ailleurs, pour s'en convaincre, d'étudier sur soi-mfime cette sensation. C'est avec la
plus ^Tande peine qu'on peut la caractériser et la localiser. Personnellement, nous avons
miiintcs fois cherché à l'étudier sur nons-mAme. Mais, en dehora d*un sentiment de
vacuité au niveau de Tépigraslre, en dehors d'un malaise ^'én^'ralisé dans la partie sus-
diaphragmatiqijc, plus particulièrement marqué sur la li^'oe médiane de cette région,
DOos n'avons jamais pu arriver h préciser tïés exactement la nature de nos sensations
Cependant, malgré leur diversité, malgré leurs différences individuelles, il est permis
de considérer que la faim est généralement accompagnée, au début, d*une sensation
désagréable, voire même douloureuse, ressentie au niveau de la région épigastriquc* A
celle-ci s'ajoutent ensuite d'autres sensations. En empruntant â Beainh une coiiipai ai-
son tirée de ta musique, on peut dire : « qu*â la sensation fondamentale qui part de
Tcstomac, s'ajoutent des sensations barmoniquos provenant des autres or^^anes diges-
tifs». Nous croyons pouvoir ajouter que le point de départ de ce:^ dernières ne r<5side pas
exclusivement dans l'appareil digestif, mais dans tous les organes.
Mais là ne s'arrête pas le tableau des symplAmes que nous avons à décrire; si le
besoin de réparation que manifeste ainsi l'organisme n'est pas sati*faiJ, le système ner-
veux ne tarde pas à en subir le contre-coup, et bientrit survient la torpeur pïiysique et
intellectuelle que ijénératisent encore les sensations. Enthi, à un plus haut degré, on
observe des troubles psychiques graves avec manifestations délirantes. Notre première
description ne s'appliquait donc qu'à la faim phy^^iologique, à ce besoin habituel que
nous ressentons chaque jour avant Theure du repas ; elle est insuffisante à rendre
compte dfl la faim chez un sujet en état d'inanition.
On ne peut en elTet contester qu'il existe des degrés dans la sensation que nous
cause le besoin de mançcr. On a plus ou moins faim suivant les circonstances, suivant
le moment du dernier repas, suivant aussi de nombreuses conditions éminemment
variables. D'autre part, la délimitation de ces degrés est incertaine» rar Tintensilé d*> la
sensation est loin de suivre une courbe parallèle A sa durée. Autrement dit, o«i n*a pas
matbémaiiquement d'antatjt plus faim que Ton s'éloigne davantage du dernier repas.
Le sentiment de la faim se modili<' sous de nombreuses influences j et, k cette occasion,
il convient de signaler parliculièienni^iit le rftle important du système norveux. On
pourra se soumettre volontairement à un jeûne prolongé, comme rexpérieoce en a plu-
sieurs fois été tentée, et endurer assez facilement les souffrances de la faim* Le besoin
de manger sera d'autant moins douloureux, d'autant plus facile à supporter qu'il suffira
d'un signe pour être mis en face d'un succulent repas. Au contraire, la faim sera beau*
coup plus pénible, ses manifestations lieaucoiip plus douloureuses, si l'on se croit —
dans un naufrage, dans une expédition, — voué à une inanition complète sans espoir de
salut. Les naufragés de la Mcdmc, de la Jeannett*^, et récemment encore de la VUfe Saint-
Nazaire, nous en ont fourni de bien tristes exemples. Ces diJTérences dans rinlenwité de
la sensation au cours d'une inanition volontaire ou accidentelle, reconnaissent sans
contredît plusieurs rauses, mais le système nerveux a certainement sur elles une
inlluence considérable.
Il était nécessaire d'établir préalablement les relations de la faim avec les principaux
facteurs capables de la modilier. Hn nous basant maintenant sur ses différents degrés,
nous considérerons à cette sensation deux phases bien distinctes :
i
FAIM.
i^ La faim au cours tie Itt vie normale, ceïle que l'on ressent au moment des repas^
— faim phu^iolotjitfuc.
2*^ Iji iairn «y l'oiirs d une inanition conipléLe, — fnim pathahuique.
Mais. *'ômniit nous venons de le dire, il faul lenir rornpte des conditions de relte ina-
uH ion. EU à ce sujet, nous adopterons IVudre établi pai Ch. Richkt pour le jeune. De
rtiômo qu'il distîngui:' le jei^ne forcé, expérimental el cliarlatanesque, de même rou*
#studierons !a seiisiiLion de faim au cours d*uno tnanilion forcve, cJ'pMmentale et diariti'
lanesque.
a) La faim au cours de la vie normale. — Faim phijfiiolùgiquc. — En réaliti^, les carac-
tères de J;i lai m que nous avuns dêrrits plus haut s'appliquent parfailemenl a la sensa^
tion que nous retisenlons d'hahilude au moment de nos repas.
Mais, a côté de ceux-ci. il tu est d'autres ijue nous avons volonlairement laissés de
côté, pour les sifsiialer dans ce chapitre .spécial.
C'est ainsi que la faiuj, chez la plupart des espèces animales et chez l'homme, est une
sensation rythmique. Elle ne réapparaît pas aussittM f[iiVlle a été satisfaite, mais seule-
ment au hout d'un cedain temps, variable suivant les personnes, les habitudes ei de maï-
liples influences. Chez rfiomme, c'est en général cinq à six heures après te dernier repa»
du matioj douze heures après le repas du soir que le besoin de manger se fait sentir. Il
convient à < e point de vue de signaler le rôle très important que joue riiahilude dans
celte rythmiiité. Cela est si vrai que Ton a généralement faim à peu près exactement au
moment où l'on a l'habitude de prendre ses repas. Retarde-t-on cette heure, il n*est pas
rare d'observer que la faim peut disparaître, et ne survient que bien plus lard. Comme
le dit encore Brai njs : a La régularité du repas ramène avec l'exactitude d*une horloge
la sensation de faim. » La mAnie périodicité s'observe chez les nouveau-nés, La régula-
rité des létées détermine In régularité du rytîime de la faim. On constate couramment
que» par des cris et des pleurs trahissant sa faim, le nourrisson réclame la tétée a rheure
exacte, au moment jirécis où elle lui est donnée d'habitude. Les chiens, les chats, les
bestiaux, connaissent avec beaucoup d*^ précision l'heure habituelle du repas qu*ils
réclament par leurs cris et leur agitation.
De même que lu régularité do rythme de la faim dépend tle ta régularité de l'habitude»
de même une nouvelle haJjitude sera susceptible de inoditier le mode de ce r\thme. Le
fait de retarder régulièrement son repas d'une heure à deux retarde aussi d'une égale
durée l'apparition de la faim, l*rcnd-on pendant plusieurs jours un repas supplémen-
taire de jour ou de nuit, on constate bientôt que la faim apparaît à l'heure de ce nouveau
repas. Tous ces faits démontrent Faction du système nerveux sur la sensation qui nous
occupe .
Donc le rythme de la faim ne présente jias toujours le même mode. !ï varie sui-
vant les espèces auimales, suivant les individus, suivant leî^ habitudes. Sa pénodicilé en
un mol est liée non seulement au genre d'alimentation, et partant aui phénomènes de
rmtrîtion cellulaire, mais aussi au foncyonnement du système nerveux. S'il est vrai que
le sentiment de la faim reÛète un certain degré de dépérissement organique, s'il esl
vrai que cette sensation est ressentie au moment où nos cellules appauvries réclament
des matériaux nutritifs, il est également vrai que^ pour une bonne part, ses manifesta-
tions sont sous la dépendance du système nerveux, ce qui rend diClicde de préciser le
moment où, en théorie, les pretniers symptômes de la faim devraient se manifester. Cer-
tains auteurs, comme Beaunis, admettent que ce moment dépend exclusivement de la
valeur des pertes de l'organisme. D'après des expériences faites sur lui-même, ce phy-
siologiste suppose que la faim survient à l'instant où Torganisme — abstraction faites
des fèces et des urines — a perdu environ t>00 grammes. Cette évaluation ne saurait
évidemmerd représenter qu'une moyenne, et non une indication absolue.
Il en est de mÔme pour l'intensité de la sensation : elle est essentiellement variable*
ILius des cotidilions de vie absolument semblables, tel individu aura régulièrement faim
au moment de ses repas, tel autre n'éproovera à ce même moment aucune sorte de sen-
sation. Il ne s'ngit certes pas d anorexie dans ce dernier cas, puisque, sans avoir faini^
il prendra la nourriture dont il a malêrielleraent besoin. On peut encore signaler
le cas des personnes chez lesquelles la faim se fait régulièrement sentir avec vio-
lence, sans quils soient boulimiques. Autrement dit, on observe, dans riiitensité da
FAIM.
besoin de manger, toute une échelle de gradations qui la rendent très variable.
Kn dehors des relations de la faim avec le système nerveux (habitude), il convient
de signaler l'influence des phi**numènes chimiques intra-organiques. Pins ces rf^actîons
sont considérables, et plus aussi le dépérissemenl celUilaire est rapide. C'est ce qui nous
eiplique pourquoi la faim est plus vive en hiver qn'en étt% pourquoi Texercice augmente
rappétii. pourquoi aussi le besoin de manger est resseJili plus fortemenl chez Tentant et
ie convalescent.
Puisque la chaleur animale dépend exclusivement des échanges chimiques, il va de
soi qne la faim est également en relation étroite avec la température organique. Voilà
pourquoi cette sensation est alTaiblie chez les personnes ou les animaux à vie sédentaire,
({appelons û ce sujet le cas des animaux hibernants. Chez eux, le besoin de manger dis*
parait à peu près complètement pendant leur période de repos. Voilà aussi pourquoi
nous constatons que le sommeil annihile la faim. De \k le fameni dicton : « Qui dort
dîne, »
Ici devrait se placer naturellement Tétude de la faim chez les animaux à sang froid;
mais il n'existe guère de renseignements sur les manifestations de leur besoin. Toutefois,
les considérations précédentes sur les relations des phénomènes chimiques avec la faim,
les connaissances que nous possédons sur la rési.^Unce de ces animaux à riuanition, sur
la lenteur de leurs échanges nutritifs, nous permet tent Je conclure que la fiiim chei
eux doit être une sensation extrêmement alti*nuée.
6) La faim aa cours do l'inanition forcée. — Ffiim patholagique, — Si Thistoiro est
riche en cas malheureusement trop nombreux d'inanition forcée (naufra^çes, éhoule-
ments, expéditions, etc.), elle est beaucoup plus pauvre en renseignements circonstanciés
et précis .^ur l'intensité et la modalité de la sensation de faim au cours de ces jeûnes
dont riî^sue est fatale. Les narrations que nous possédons relatent surtout les phéno*
mènes ultimes de perversion psychique qui frappent particulièrement IVsprit des assis-
tants, peu disposés, et pour cause, h une analyse scientilique. De telle sorte que le
départ entre les phénomènes relevant de l'inanition proprement dite, et ceux qui carac-
térisent la sensation simple de la ïaini est très difficile à établir.
Toutefois^un des traits dominants de la faim dans l'inanition forcée, c'est son retenlisse-
menl sur les phénomènes psychiques. Il se manifeste par un délire particulier, caracté-
ristique, auquel on a donné le nom de dvitre famélique* Ce délire a été observé d'une
manière presque constante, ainsi t\n\^ii témoignent surtout les récits des naufrages de la
Mèdtise, de la Mignomictle, de la Bounjogne, et plus récemment de la VtUe Saint-
Nnzaire. Les sympl<imes de cette perveriion mentale sont absolument terri liants et
ont tour à tour inspiré narrateurs et poètes. On y retrouve tous les degrés de Tétat
mental, depuis la folie furieuse transformant les hommes en de véritables bétes ne se
connaissant plus, s'entre-égorgeant les uns les autres, jusqu'aux rêves agréables qui se
déroulent au milieu des souffrances les plus vives. Mous nous abstenons de citer les
exemples de ce j^enre, que Von retrouvera dans les mémoires spéciaux consignés dans
notre bibliographie.
Abstraction faite de ce^ perversions cérébrales, la faim apparaît, dès le début de
l'abstinence forcée, avec une intensité inaccoutumée. La certitude de la mort la rend
rive, intolérable, alors que dans le jeflne volontaire elle est plus facilement supportable
par une cause inverse. De telle sorte que les premiers jours du Jeilnc accidenlel sont
marqués par des douleurs extrêmes.
Mais, si nous avons posé en principe que Finlensilé de la faim n'est pas proportion-
nelle il sa durée, cela est bien vrai pour te cas qui nous occupe. Ce fait repose sur une
série d'oï^ervations prises sur rhomnie et sur TanimaL Personnellement nous connais-
sons un ancien comballanl de 1H70 qui, durant la campa^rne, dut passer deux jours «'^om*
pïets sans manger. Les effets de la faim se firent ressentir pendant ces quarante-huit
heures avec une violente intensité* Cependant, ils commençaient a s'amender a!*sez sen-
siblement et faisaient place aune fatigue exlrénie quand urr beureui hasard lui Ut ren-
contrer des vivres. Contrairement a ce que Ton eiU pu croire, il no put faire qu'un très
lé uer repas, et d\iilleurssans grand appétit.
It nous serait facile de citer des observations analogues montrant la possibilité de la
régressiou du sentiment de la Taim, au fur et à mesure que dure rabstinence. Il convient
FAIM.
d« diro que la ju^iikj conutalalton a éié fmUi «tir des animaui. Aiasi, raconte Ca. RrcucT :
LMioiiitK lu'a moniré un €liicn ([nil avait ^oiiniti!» à l'inanition et auqael il ne donnait
(|uc thi IVtuii. Kli liif.«iil au bout de Ux-nl»i juurs de jeûne» ce cUieu ne s'est pas jeté arec
lividité' Mir une soupe tr^^s uppétiâsante qu'on lui avait préparée avec de la viande, du
(>ain H dct Tertu.
Nuus-nn5rue dan* le Liiboraloirc do physiologie delà Faculté de Paris, en présence de
(lu. Hinni&T. jïou* avons observé le mf^me phénomène sur deux oies que nous avions
fcuumiïiw» A uujertne de dix-t*ept jours, daiis le but d'étudier leurs échanges respiratoires .
Ayiiiit dit il ce ïiionn^nt interrompre nos expérience^*, nous prc-sentûmes à ces animaux
dcH aljinefïtïi qu<' dlhihitudc ils mangent avec avidité. Comme dans l'expérience précé-
ilf*r»Lrr, i Iles ne he précipitùreiit nullement sur ce qui constitue d'habitude un de leurs
M II mon Ih pnM'ih'èH,
Au siir[itiH, nou^ ne pouvons préci«;er le moment de l'inanition qui marque l'affaiblis-
Mement on la siippre»sioii de la ^ensatiun. Parfois la faim persiste longtemps, comme
nous avon» eu Toccasion'de le constater tout récemment sur un chien. Cet animal avait
Hé ^oumi» à Jlnanitioa pendant 14- jours. Le iù*, on lui présenta diiïérents aliments sur
lesqur'ls il se précipita avec la grande voracité, témoignant ainsi d'une persistance ma-
nifeste du bosuin de manger qu'il ressentait selon les apparences avec une grande
intensité,
tïovons-nous concluro de ces faits que dans Tinanilion le sentiment de la faim puisse
&'attï'muer au point de disparallre iromplitement? Nous ne le croyons pas, pas plus qu'il
ne convient, seloji imus, d'tittrihuer à la faim ton les les perversions ccrébrales que pré-
sentent les inanitiôs. Elles ont vraisemblablement une double cause qui ressort du besoin
continuel de manger, et de l'inltuence progressive <!e Tabstintmce*
Non^N mentionnerons aussi les perversions du goftt au cours de l'abstinence forcée. Le
.Ht'nliment du hi faim est soumis parfois à de véritables modi^cations palhotogîques, qui
»o caiactéri.sent par ce fait que les inanitiés^ n'ayant plus désormais de répUjLfuance»
nian^<<nt h peu pj es tout ce qui leur tombe sous la main, sui^stances alibiles ou autres.
Cf» manifenlations patbolofçiques peuvent mt'nie arriver jusqu^ux cannibalisme* Mais il
s'en faut ipie ces perversions du goût qui accompagnent en général le délire famélique
apparaissent toujours avee la m«îme violence. On cite des exemples où des individus
surpris par un ébuulement se sont montrés d'un courage, d'une énergie stoïque, luttant
de san^-'-froid Pi^iilrc la faim, â tel point qu'an milieu des plus dures angoisses ils par-
tageaient entre eux les quckpies provisions qu*ils possédaient,
Ajonlons onlin que tous ees phénomènes : délire, perversion du ^oût, ne sont pas
seulement liés h la durée de Tina ni lion* Hs dépendent aussi, et pour une bonne part,
des roudilions même de Tinanilion. En général^ les individus surpris dans un naufrage,
ilans un < boulem"rit, dans une expédition, ont h lutter contre les agents ei teneurs. Us
ont, dans les naufruf^es surtout, à se défendre contre le froid, eiéculent ainsi du travail
mécajiique, augmentent conséquemnienL les pertes de Tor^anisme et facilitent l'appa-
rition de la faim. VX c'est dans ces circonstances que se montrent tes perversions dont
nous venons de parler,
r) La faim au cours de rinamtien volontaire (jeûne expérimeutal et charlaiaEesque).
— La faim ïje présente pas ImiL ,i lait la rnéme évolution dans rinanition volontaire et
dans rinanition accidentelle. Les conditions du jeune en sont la cause. Dans le cas de
l'inanilton lurcée, il est absolument impossible de se soustraire un seul instant au besoin
pressant que Ton éprouve avec d'autant plus d'intensité, semble-i-iL que Ton est dans
rimiiossibihté matérielle de le salisfaiiT. Au surplus* la lutte que Ton est obligé de
soutenir contre les causes mêmes de cette inanjtion aiii»mente la sensation de faim.
Hien de tout tela n'existe dans le jeûne volontaire, puisque Ton peut k son yré apaiser
la faijn en mangeant, puisque aussi, pour se mettre en meilleur état de résistance, ou
exéi'uti* le moins possible de mouvements* En un mot, les conditions «le l'abstinence
volor^taire sont telles que le sentiment de la faim sera atténué et facilement
supportable.
Nous empruntons à Cn. Rîr.Hr.T Tanalyse d'uu jeftne expérimental d'une durée de
quarante- huit heures autiuel s*est volontairement soumis tUMtE, Le physiologiste
aUemaivd n*a jins eu spécialement pour but d*analyseT ses sensations. Cependant,
FAIM,
ccrtttins détails de son observalion nous intéressent. Ainsi, dit Cu. Uichet : h \[ n*a pai
ressenti une grande înconimodîlé; d^ plus, durant» ce jeûnei c'est surtout aux pieiniers
momenls que les souffrauces ont été cruelles. Les symptômes qu'il présentait étaient
une grande faiblesse musculaire, Timpossibililé de se livrer à des mouvenienli
prolongés, des frémissements tlbrillaires, de la céphaïalgie. Ce qu'il y avait de plu*
saillant, c'était lephénoménep constant d*ailleur&, d'une insonmie avec des nuits troublées
par des cauchemars et le retentissement du pouls dans la tète >».
Malbetireusetnent, Tétudc de la faim ditns des circonstances analofj^ues n'a guère été
faite. Eu s'apptiyunt î-m la durée possible du jeune volontaire, sur des expériences
[faites sur les animaux, il est néanmoins légitime de penser (jue, si le senlinient de la
faim t^sl surtout vif vl pénible dans les premiei^ momenls, il s'affaiblit ensuite au
point d'être relativement supportable.
Mais le jeûneur n'est pas seulement en proie h la faim; il ne tarde pas bientôt a souf-
frir surtout de la soif. On a observé qne le jeûne expérimental est plus facile à supporter,
et peut être prolongé^ f»râce à Tabsûrption oxcîusive de liquides +^1 mêine de liquides ne
possédant aucune valeur alimentaire, comme l'eau. On peut utilement^ à ce point de vue,
opposer à certains cas déjeunes charlalanesque^, coninie ceui de Succi, qui bnvait un
liquide particulier, celui d*Antonio Viterbi, avocfit magistrat sous la première Répu-
blique. Compromis pendant ta Restauration dans une alîairede Vendetta, il fut condamné
h la peine capitale, le Itî décembre 1821, par la cour de Baslia. Il voulut sVpargner la
bontede l'écbafaud, ense laissant mourir do faim, et il exécnla son projet avec une éton-
nante force de volonté. Lui-même prit son observation, dont nous extrairons les passages
qui nouî- intéressent.
« 27 novembn' 1821, Je me suis endormi vers une heure, et mon sommeil s'est prolongé
jusqu'à trois heures et demie* A quaire heures el demie je me suis rendormi pendant
plus d*uue heure. A mon réveil, je me suis trouvé plein de force et sans le moindre sen-
timent de malaise, si ce n'est que ma bouche était un peu amére. Voici la lin du second
jour que j*ai pu passer sans manger : je n*en ressens aucune incommodité et n'éprouve
aucun besoin, v
(II y a ici une lacune : la copie ne parle point des quaire jours écoulés entre le
27 novembre et le 2 décembre, jour où Viterbi a interrompu son premier jeùtie qui a
duré six jours; le second jeûne, commencé le 3 décembre, amène la mort de Viterbi le
20 décembre.)
u *2. df^cembre. Aujourd'hui à trois heures, /ai mâtiné arec appclitt et j'ai passé une nuit
fort tranquille,
*» 3. Lundi. Aucutïe espèce de nourriture; je ne souffre pas de cette privation (seconl
jeûne).
« 4. Manli, Même abstinence : le jour et la nuit se sont passés d'une manière qui eiU
donné du courage à quiconque ne serait pas^ dans ma situation*
« 3. Mercredi. La nuit précédente, je n'ai point dormi, quoique je n'éprouvasse aucune
inquiétude phy^sique; mon esprit seul était extrêmement agité. Dans la matinée il est
devi^nu plus calme» et ce calme se soutient, Il esl. maintenant deux lieures après-midi, et
depuis trois jours moji pouls ne inanireste aurnn mouvement fébrile; il est un peu plus
rapide, et ses palpitations sont plus furies et pins sourdes. Je ne sens aucune xorte de
malaise. Vestomac et /es intestins sont d^jm un repog p<frfaiî. La télé est libre, mon imagt-
nalion active et ardente; ma vue extrêmement claire. Nulle envie de hoire ou de mnnger;
il est positif que je n'éprouve de velléité ni pour l'un ni pour Tiiulre»
H Dans une heure, trois joui s se seront écoulés depuis que je m'abstiens de toute
nourriture. La bouche exempte d'amertume, l'ouïe très (ine, un sentiment de force
dans tout rindividu. Vers quatre heures et demie, j'ai fermé les yeux pendant quelques
insLintSp mais nn tremblement général m'a bientôt éveillé. A cinq heures et demie
environ, j'ai commencé à ressentir des douleurs vagues dans la partie gauche de la
poitrine. Après huit heures, j'ai dormi paisiblement jendant une heure; â mon réveil, le
pouls élail parfaitement calme. Depuis environ neuf heures el demiejusqu'à onze, doux et
profond sommeil, faiblesse IrH semtbie ilans le pouls, qui reste régulier et profond :
point d'autre altération-
« A minuit, tranquillité absolue dans toute l'économte animale, particulièrement dans
FAIM.
lu poatii. A uni! heaf«, la gorgs aridr, une mf txçemne. A huit heures, mdme seasa-
Uon, ei''f»pt^" iin*^ IrA» lr'(<rîre du u leur au cœur-
* he jiouN & ^aueli*» rend d***» oscillalions axiirei que celles de ilroite, t:e qai annODce
le dénordro produit par l*ab!icnc« de nourriture*
» rv. Jtfii</i. - Le niMecin ma conseillé de matifier, rn*asmrant que rabsiinence, à laquelle
ji» rn obstinai s, prnloniferait mon cxUlence tk *iuinze jours. Je me ^uis déterminé à remplir
mon rutomac, dann Vcupéranrc qu'un excès produ trait i'effi^t déiiré, H a produit l'effet cou-
iratre, ot la diarrhée n'eitt arr^ti'se ; en un mol, j ai été malheureux en tout. Point de
fliWro» fit r^prndiinlr dtpu'ts quuire jours eniiers, je fiai bu ni manQé,
*i Je hupport'' unf ^oi/, une faim dnoranie^ avec im i.oura^e îi toule épreuve et une
rnuMtunrf^ inejtorsihht. ilri des dtHails sur le potils.)
a A neuf h*^urrs, proslratinu dos forces; le pouls assex régulier; ta bouche et le Qosiet
destâ^rhéâ: nnmniril haiMpiilIc d'ujje deriu-Ueure ♦mviron,
" 1, Vûjuh'cdî, — (Nuit lrttn«][uiHf* depuis six heures). Des verliges au réveil, ime soif
brûlante,
<i A neuf heures, la ^oif diminue,., à deui heun-s. soif ardente... à six heures, la bouche
amère... >*
8. Smtiedi. l'cudanl loiiLe la journ^'M?, il ^ouf^re exclusivement de la soif.
0, tJtmanthr. — Il priisonte queUjues vertiges, le ptjuls est taihlf^, la soif toujours
vive, rt A Irais heures de rapn^'s-midi» une de mi -heure de l*on sommeil à la Un duquel
lo pouU f'fîi intiTmitlcnt; des vertiges, une suif arduniv et continudie. Ensuite la lôte
eil Iraniiuilhv, festomitr vt km inteHitts sam aucune tujitftfion: pulsations régulières.-.
« A huit heures, le pouls fort et rei^titicr» la ti^te libre, l'estotmtc et tes entrailles en
bon état; la vue claire, l'oreilh? bonnt\ une aoif terrible; le cot*pfi plein de vigueur. »
u 10, Utndi, — l'endanl ta jonriicc du 10» même douleur otxiasionnée par la soif*
« Jtî <!ontinne h jirendrf du labai! avec plaisir; jV' ne sens aucun ftéair de manger.,, A
i] i X h e u re î< , soif œn fi n u* ^Ite e l tmij ou r s p l n s a rdet tte.
<i Hur rnrli' envie de mander m'a pris à (dusiours reprises pendant raprès-mldi,
je li'ai n^ssenti d'ailleurs ni (rouble ni douleur dans aucune partie du corps. »
Ih Mardi, - Il est toujours [ir^ocrupé par la soif.
n A %ix heures, mes facuUt^s inlellecluclles ont maintenant toute lY-nergie accoutu-
miV; la soif eut brûlante, toleiabie: la faim a cessé tout à fait. Mes forces décroissent sen-
»iblenif»iit... f'estomar, tiutestin ne me cument aucun malain^e, A dix heures, pouls faible
çt régulier; aoif horrible, nul désir lie manger.
H 12. Mrrrrrdi. -- Même élat, Nulle envie de manger ^ mais ta soif plua ardente,
<* la. Jeudi. — La ssoif est peul-élre un peu plus totérable; même indilTérenre pour la
nourriture ♦"
IH d&embre, — Eïilln il demeure toujours lourinenle par la soif depuis le 12 jusqu'au
18, où il écrit :
w A onxe heures, j*arrive au terme de mou existence avec la sérénité du juste, La
faim m mr îounmnte p/ws; la noif a entit^rement cessé; l'estomac et les inti'!<tius sont tran-
quUk$t la t^le sans nuajîe, la vue claire. En un mol, un c^lme universel règne, non seu-
lement dnns mnn l'u'ur et dans ma cmï^eience, mais encore dans toule mon organisation,
R Liî pru \Us monii^iits qui me n^stent s*écoulent tout doucement comme Teau d'un petit
ruisseau A travers un*? bell*^ et délicieuse prairie. La lampe va s'éteindre faute d'huile. »
Vitorhi vécut encore deux jours et mourut le 20 décembre.
Donc Antonio Viterhi mourut apri^s dix-sept jours d'un jeune pendant lequel il s'abs-
Iml de tout breuvage. Cette observation nous parait être très instructive; car elle nous
dtHuonlro que si, au botit d'un certain temps, la faim peut être iolérable, il n'en est pas
de même pour' la soif.
Nous piiurnons citer d\iuti*c3 cas de ce genre. Tel celui d'un condamné à mort,
liUillanme Granie, qui se laissa mourir d*inanitton dans les prisons de Toulouse. U
ntiiunit au bout de soi^tante jours. Tels les cas des mélancoliques qui peuvent s inanitier
pendant une période variant de vingt à soixante jours. Telle aussi l'observation d*aii
jeûneur nommé Hasselt et rapportée par SmoN GouL-\aT. Cet homme, enfermé penduii
quarante jours sans nourrituiw aurait été après cette longue période retrouvé vivant. De
Qiêtae, L^ptNK cite le cas d*une jeune lille qui, après avoir avalé de Tacide sulftirif]ue»
FAIM.
W
fut aUeinte d*un rétrécissernent de Ta^sophagd. Pendant six jours, elle ne pu! ni boire
ni manger, et mourut après avoir enduré surtout les douleur» de la soif. Teï encore le
cas d'un négociant aUemand qui se laissa mourir de faim à la suite de mauvaises
affaires, tl mourut après un jeune de dix-huil jours.
Nous n'insisterons pas plus longtemps sur ces relations inti^ressantes qui, malheureu-
sement, nf* m<fînlionnent point les particularités de la sensation de faim. Elïes sont sur-
tout importantes ati point de vue du jeûne, et trouveront mieux leur place dans Tarticle
Toaiutxoii.
Quoi qu'il ^n soit, nous voyons que, dans le jeône volontaire, les souffrances de la
faim ne sont pas de très longue dur^^r'. En to«t cas, il y a un contraste frappant entre
Tinanition forcée et Tinanilion volontaire. Evidemment, dans les deux cas, ou observe
une série de symptômes à peu près constants; agitation, faiblesse, dépression, lialluci-
nations, insomnie, excitation furieuse suivie de stupeur. Mais, chez le jeûneur volontaire,
ces phénomènes ne lardent pas à s'amender; chez Tautre, au contraire, ils suivent pro-
gressivement une marche ascendante pour arriver jusqu'à la perversion mentale, jusqu'au
délire, à la folie. Encore une fois, nous pensons que la faim n'est pas seule en cause.
Ces modiÛcations psychiques peuvent tenir au désespoir, à Tappréhension d*un danger
constant et d'une mort imminente.
Rien d'étonnant non plus, d*après les raisons indiquées plus haul, que la mort sur-
vienne plus rapidement dans l'inanition accidentelle. D'ailleurs, le moment de la mort
diffère suivant les circonstances qui provoquent le jeûne. Il ne saurait y avoir rien
d*ahsoîu. Si les conditions sont les mêmes, on peut admettre que les individus non alié-
nés meurent après des périodes variant de seize à vingt jours, »* Mous pouvons admettre,
dit tA\. RicHET i7oc. rJt^), que, cfiez les individus sains, sans lare nerveuse, la durée de
l'inanition qui amené la mort est d'environ vingt jours, Maiiscliez les aliénés et les indi-
vidus préparés au jeûne, la durée de rinanition peut être plus considérahle* n Pourquoi'?
sinon parce que la sensation de faim, avec ses terribles miinifestations, abstraction faite
de la valeur des échanges nutritifs, place Tinanitié dans des conditions de moindre résis-
tance.
Aussi BEHNtnciac oppose-l-il la durée de la vie dans l'inanition profirement dite k la
durée de la vie dans certains cas d'manition, telles que l'inanition hystérique, fébrile,
i< Constatons d'abord, dit-il, qne si, dans son état normal, un homme ne saurait
impunément prolon^j^er son jeune au delà de quelques jours, il le peut dans certaines
circonstances particulières, il le peut dans la fièvre. Le malade affecté de fièvre typhoïde
peut rester plusieurs semaines sans s'alimenter, sans boire autre chose que de l'eau : il
ne meurt pas d'inanition, >»
Le même phénomène s'observe dans certains cas d'embarras gastrique, d'anorexie
hystérique, de vomissements incoercibles.
Voilà cerles des oppositions intéressantes, qui, apparemment, restent inexplicables, si
Ton adniet que, dans tous les cas précités, les échan|?es nutritifs restent k peu près les
mêmes et ne s'écartent pas beaucoup de la rjormale. Pourquoi donc celte différence dans
le moment de la mort? BiciiNUEiit a insisté avec juste raison sur ce point, et a émis à ce
sujet une théorie des plus intéressantes et des plus ingénieuse», mai» qui impose
quelques réserves,
€ L'homme sain qui meurt après plusieurs jours de jeûne, dit-il, uo meurt pas d'ina-
nition; il n'a pas maigri d'une façon excessive; l'usure de sa substance n'est pas arrivée
à ses dernières limites. Le poids de son corps et la structure organique de ses tissus
sont cncx)re compatibles avec la vie. Bien autrement émacié est le malheureux phtisique
qui ne man^e plus, qui perd sa substance par tous les^pores, par la sueur, par Texpec-
toration, par la diarrhée, par la fièvre, et que cependant l'on voit encore se traîner
pendant des semaines comme un squelette ambulant.
M A c<^té de lui, l'homm*^ primitivement sain, après huit jours de jeûne, est encore un
colosse et cependant il meurt.
IL ne meurt pm fftndnition, il meurt de faim. Le féhricitant, le phtisique, l'anorexique,
rhystérique qui vomit n'ont pas faim, La faim tue avant ^inanition : voilà la raison de
cette apparente anomalie.
to
FAIM.
Aittremont dit, pour Bëiinhkisi, la faim crée chez Tindividu normal une véritable
nérrose, afTeclbri qtxi niénterait d*HvQ dbliaguée de l'inaniUoii propreiiieut dile.
La faim, d'après Itit» tue rapidement; rinanifioH treskniement.
Aussi, veul-on empêcher TalFtimé de mourir, il ^uîfii simplement Je calmer sa faim
par des agenb tels que l'apium, la merpliiiie, le sommeil hypnotique, le chlorolortne, etc.
K Certains étals pathologiques peuvent supprimer la faim, lyautres conditions, des
influences psychiques, de vives êmt^tiouh morales, peuvent la modérer. »
Voilà comment Bernheiu explique les cas si curieux d'anorexie hystérique, voilà coni'
meut aussi» il con«;oit la possibilité d*un jeâne relativement très prolongé, comme celui
de Cetti, de Merlatti et autros.
Au sens où l'entend rîEn>HRiMp les jeûneurs qui se soumettent à Tinadition résistent
facilement, tuut simplement par le fait d'une auto-suggesliou. Dtsctitant en particulier
le jeûne de Cetti, il admet que ce dernier — tout en n'étant pas un hystérique — s'est
su^j^estionné. Il demeure convaincu que la liqueur qu'il avala le premier jour l'avait
nourri, qu'il n'avait plus faim, qu'il conservait toute sa force physique. « Cela sullU pour
réaliser le phénomène; l'idée fait Tacte; il s'eialte, il s'entraîne, il se nourrit de son
idée, il se moulre avec complaisance à ses visiteurs, il jouit de son triomphe; l'esprit
domine le corps; son imagination le soustrait aux angoisses de la faim; le sensoiium
cérébral cuirassé par la suggestion est inaccessible k ce besoin. Cetti ne meurt pas de faim,
parce qu'il n'a pas faim ; il ne subit que les eO'etsde Tinanition, qui, à elle seule, ne tue pas
en trente jours. »
Sans adnieLlre complètement la manière de voir de BEHNUKtM, nous pensons cependant
qu'elle renferme une part de vérité. Il est certain que la volonté intervient comme un
facteur puîssanl d^attiMmation de la faim, que par ce fait nous pourrons d'autant mieux
résister a Tahstinence que nous nous elTorcerons de le vouloir. Ceci n'a d'ailleurs rien de
spécial au besoin de manger, D une ïin;on générale, la douleur est d*autaal plus intense
qa*elle nous surprend, que nous la redouions, qn^elte nous elTraie. Préparés à la subir,
l'attendant de pied ferme, elle nous sera plus légère. Est-ce â dire, comme le prétend
Bersiiejm» que nous puissions /« supprimer par un sinipîe effort de notre volonté, par une
auto-suggestion ? Nous ne le cro3'ons pas, et c'est en cela que la Ihéorie de ce savant noua
paraît prêter le flanc à !a critique.
Sans doute, la sensation de faim est nulle ou presque nulle dans l'anorexie hystérique,
dans certains jeûnes par suggestion hypnotique. Mais rien d'élonnant à cela, puisqu'il
s'agit dans l'espèce de véritables cas pathologiques. It en est lout différemment dans le
jeûne expérimental, volontaire. L*auto-suggeslion ne saurait à elle seule sufhre â éteindre
complètement le besoin de manger. Mais la volonté peut augmenter très bien notre
résistance au jeûne en diminuant L'intensité de noire perception consciente. Il s*agU
donc d'une auto-siîggestiûn beaucoup plus simple et moins névropatliique que ne le
pense Ber.xheim. Le jeûneur, par sa volonté, arrive à résister à l'habitude de manger; il
obéit à sa cunsdence qui le soumet à rahslinence, mais certainement sa volonté doit
être incapable de provoquer la suppression d'une sensation.
Pas n'est besoin dès lors d'invoquer avec HEaMîEiM une sorte de névrose créée par la
faim. Pas n'est besoin non plus de supposer que tous les jeûneurs sont des hystériques^
llien n*est moins fond^^ paraît-il, bien que certains d'entre eux aient présenté quelque slig-
mates. Ainsi Sucei n'était pas hystérique, d'après Topinion de Luigi BcFALmi : a Ceux
qui le connaissent d'après son enfance, diL*il, l'ont toujours tenu pour un homme dont
le cerveau est parfaitement équilibré. »> Mats, à défaut de signes hystériques, Beilmif.im
invoque Pau to- s n-j; gestion, comme pouvant à elle seule arriver à supprimer complète-
ment la faim. Il expliquerait ainsi le jeûne de deux femmes hystériques, endormies par
fJEfiovE, auxquelles ce médecin suggéra l'absence de faim et l'ordre de ne pas manger.
Elles supportèrent très bien ~ ne buvant que de Peau —un jeûne de quinze jours» bien
qu'on eût mis à leur disposition le plus fort régime hospitalier, et que les personnes du
service eussent Tordre de leur apporter les aïimenls qu'elles demanderaient. Mais il
s'agissait dans l'espèce de deux hystériques avérées, et l'on sait que cette névrose con-
stitue nu terrain éminemment propre à l'anorexie.
Il serait supcrûu d'insister plus longtemps sur les causes qui peuvent expliquer la
résistance au jeAne. Nous l'avons déjà dit, tout, dans le jeûne volontaire, est fait pour
FAIM,
H
résister à la faim, et le peo d*eiercice, et le âoiameil, et la température. Il y a. pcut-oa
dire, une véritable adapalion à ce nouveau genre de vie. Enfin l*habîtuJe peut encore
auj^rmenter cette résistance^ et c'est le cas des jeûneurs cliarlataiiesquesou de profession.
Pour clore cette discussion, et nous résumant^ nous dirons que^ si l'on ne doit pas, à
t*tnstarde BEaNHEt^, considérer la faim comme une névrose qui tue avant rinanition, oa
doit cependant en tenir compte comme d'un lacleor puissant» diminuant la résistance à
Tabstinence. Les douleurs qu'elle engendre, son relentisseinenL sur le système nerveux
central^ ne sont pas faits pour retarder le moment de lu mort : tout au contraire. Cesi
ce qui nous explique comment, si la mort dans Tînanition forcée survient au bout de 10
à 2u jours, rinanitiou volontaire est compatible avec une durée de trente à quarante
jours. Mais ta suppression de la sensation n*est jïas uniquement liée à l'auto-suggestion.
Par le fait de» nombreuses conditions que nous avons énumérées plus haut, si cette sensa-
tion existe, elle parait bien moins forte, et elle est bien mieuj^ supportée.
.^ II. — Bti sentiment de la faim. Explication que Toq peut en fournir.
Ses causes.
i) Origine tocalt de ta faim. — h) Origine centrak de ta faim, —
c) Or if) i ne vt'nphériqut de ta faim.
Puisque ta faim est un besoin dont nous avons conscience, elle doit nécessairement
reconnaître^ comme les autres besoins sensoriels, instinctifs ou acquis, un certain
nombre de causes qui rentrent dans l'étude physiologique de cette sensation.
On peut, en effet, envisager lascnsaliou à un double point de vue, comme le dit Joanny
KoLx : on peut : « par ce terme, entendre la sensation consciente, le fait interne, acces-
sible uniquement à l'observation subjective.
u On peut, au contraire, élargir beaucoup le sens de ce mot, comprendre dans Tétude
de la sensation tous les phénomènes qui précèdent le fait de la conscience, c'est-à-dire
reicJlatioji périphérique causale, sa transformation en mouvement nerveux, le trajet
de celui-ci Jusqu'à récorce, où apparaît la sensation consciente. On peut même suivre
ce motivement plus loin à travers Técon-e et le système nerveux cenlrifuj^e, dans sa
réflexion pénphériijue.
« C'est en sonmie l'étude d'un réilexe, sur le trajet duquel apparaît un phénomène
de conscience, »
C'est de cette manière que nous devrons maintenant considérer la faim. Et disons
qu'en définitive ce senliment nous avertit de Fétat de déniilnlion organique, La vie est
caractérisée en effet par un double mouvement au niveau de la matière or^^anique; l'un»
d'assimilation; l'autre, de désassimilalion. Leur succession rythmique et réj[^uli<iMe assure
réquilibre vital, sans quoi les réactions chimiques lil»ératricês do réucrgie dont n<ius
disposons détermineraient l'usure^ et ensuite la destruction du protoplasnia cellulaire.
C'est au momeiiï où nos éléments analomiques ont besoin de réparation que la faim se
faitsenlir. Elle représente donc une sensation de la plus grande utilité, puisijue, aulonia»
tiq*iemt'nt, nous sommes avertis de lanécessité de notre réparation organique. Admirable
système Je défense que l'on observe à tous les degrés de Péchelle animale!
Mai<, bien que ja cause primordiale de la faim semble consister en Tappauvrissement
nutritif des cellules» cela ne fait nullement comprendre la nature des excitations qui
engendrent la sensation.
Trois grandes théories se trouvent en présence. La première assigne à la faim une
origine stomacale, ta deuxième lui reconnaît une cause centrale, la troisième enlin la
ratlachi^rait a un réilexe nutritif dont le point de dépai t résiderait dans toutes les cellules
df^ l'orjL^inisme. Nous les examinerons successivement.
a) Origine locale de la faim. — 1) La faim reconnait pour cau$*f une excitation
tei}H€ de Vcitomâc,
Un premier argument en faveur de l'origine locale du sentiment de la faim est tiré
de ce fait» que, presque toujours, comme nous l'avons vu» cette sensation esl perçue dans
l'estomac, et saci'use par une douleur ^«-aslrique. Mais, outre qu'il n'y a à cela rien
d'absolu, îl importe de remarquer avec Sriupr que le siège d'une sensation ne saurait à
tt
FAIM.
fui sûul expliquer son origine; on peut loul aussi bien localiser à la périphérie une sen*
«ation il 'origine crnlrale.
AinM un a»npulé soufrdra «le la jambe qu'il n'a plus. Dans ce cas parliculier, il rap-
purlc à lu périphérie une sensation indiqtiant une altération des troncs nerveux qui
réunisstnit son moignon aux centres nerveux oo bien une allération de res centres uer-
veui eiix-m^mes* On connaît de nombreuses observations cliniques où des lésions céré-
brales provoquent d^â sensations [rapportées à la périphérie, La compression du nerf
cubital au coude provoque une sensation à un endroit très éloigné de celui où s*esl pro*
duile l'excilation*
Donc on doit justement distinguer la localtsalion d'une sensation d'avec son origine.
Ce sont deux choses absolument diîlérentes.
D'aiileurs la faim ne débute pas infailliblement par une sensation ressentie au creux
de Testomac, Les observations de Schipf et de Ubacnis sont suffisamment démonslra-
iives, El si, dans la majorité des cas, le besoin de manger est accompagné d'une dou-
leur stomacale, il ne s'ensuit pas qu*il y ait entre ces deux phénomènes une relation de
cause à effet. Nous savons bien que la sensation de faim est très complexe, et qu'elle
consiste dans la réunion de plusieurs sensations* La douleur stomacale peut n'être
qu\m des signes dominants de ce besoin, sans qu1l soit nécessaire de la considérer comme
l'unique cause de la faim.
Nous savons cependant que certains fails expéiinientaux militent en faveur do la
localisation stomacale de la faim. Tel le chat agastre de Car valu* et Pachon\ Cet
animal, après rablation totale de son estomac, eut une survie opératoire de six mois.
Dans cet intervalle, et princji>alemenl après le troisième mois, ces auteurs ont observé
que ce chat se refusait presque d'une manière absolue à prendre une nourriture quel-
conque. Il aurait donc, en apparence du moins, perdu le sentiment de la faim.
Voilà certes une observation d'une réelle valeur; mais les conclusions à en tirer au
point de vue de la localisation de la sensation ne sauraient être rigoureuses» En tout cas,
ce seul fait expérimental ne détruit pas les objections que nous faisions lout à llieure
contre la théorie de Forigine locale de la faim. Encore faudrait-il être absolument sûr
que ce chat avait complètement perdu le sentiment de la faim«
2) La faim dépend de la vacuité de V estomac, — Il semble, au premier abord, que nous
avions faim au moment même où notre estomac est vide. C'est cinq à six heures après
le dernier repas que nous éprouvons de nouveau le besoin de prendre des aliments.
En réalité, la faim survient longtemps après que les matières alimentaires ont été
dissoutes par les sucs digestifs et absorbées pur les voies normales- C'est du moinï^i ce
<jue confirme la célèbre observation de Beaumont sur le chasseur canadien atteint d'une
fistule gastrique, il n'avait faim que longtemps après la Un de la digestion stomacale et
intestinale.
D^aiïleurSp si Ton pose en principe que la faim est due à la vacuité de l'estomac, il
s'ensuit falalemenl que les animaux — les herbivores — dont la cavité gastrique renferme
sans cesse des aliments, n'éprouveraient jamais le besoin de manger. Or Tobservation
démontre le contraire.
3) La faim dcpcnd des contractions de festonuiv. — D'après cette manière de voir, les
contractions de Testomac vide auraient pour résultat de provoquer sur la muqueuse
des excitations spéciates qui se traduiraient par l'impression de faim*
Mais cette explication est insuffisante^ si l'on songe qu'une contraction de cette
inlensité n*est guère possible dans l'estomac vide, et que les mouvements musculaires
de l'estomac à l'état de vacuité sont rares et beaucoup moins prononcés que pendant la
digestion- Pourquoi dès lors le sentiment d»^ la faim ne s'exagère-t-il pas a la tin de nos
repas?C'est alors que les mouvements stomacaux sotit surtout énerg^iques; partant, c'est
à ce nioment que nous devrions surtout avoir faim. Cette hypothèse paraît peu fondée.
4) Nous mentionnerons simplement pour mémoire une tbéorie qui tend à expliquer
la faim par un (ituiltement du muacle di*îphragme. Quand l'estomac est rempli d'ali-
ments, il constituerait un coussin sur lequel repose le foie. Le coussin venant à
«iinquer, alors que resloraac est vide* la glande hépatique s'alTaisserait en attirant à
elle les attaches diapbragmaliques. Mais cette lijpothèse ne peut nous expliquer la faim
des animaux à station horizontale.
FAIM.
13
3) BsAUMOKT altribue le sentiment de la faim à ta turgescence de la muqueugc gastrique
ûup au gonflement des glandes ïitomacales avant le repas,
A propos de cette opinion, ScMiFt- fait remarquer que le travail de «écrétion ne s'exé-
cute pas pendant la période de v-acuité de Testomac. On peul aîn^i irriter mécaui-
tjuement la muqueusi* d'un ejitomac et provoquer une hypersécrétion abondante, san»
faire cesser la faim.
Braunis rejette dune façon absolue Topinion de Braumo^t; car, dit-il : « Les recherches
de HeiDEftHAiN ont montré que c^est pendant le repos de Testomac que i*accamule dans
les glandes gastriques la substance (propepsine) aux dépens de laquelle âe formera, au
moment de la digestion, le ferment actif du suc gastrique, Ja pepsine; ces glandes se
Irouvcnt donc, dans rinlervaMe des repas^ en un véritable état de turgescence* "
6} Dans ces dernières années, on a attribué une assez grande valeur à une théorie de la
faim que paraiisent fortement accréditer certains cas de pathologie.
Les partisane de cette tliéorie soutiennent que la faim est liée 4 h pmductioti d'acide
chlorhyrtrique qui provoquerait une irritation de la muqueuse gastrique. Certains caractères
de cette sensatioUtet surtout sa périodicité*, s^expliqueraient par le fait même de lapério-
dicité de la sécrétion acide. De plus, la pathologie confirmerait dans une certaine mesure
celte manière de voir. 11 est très fréquent» d'observer par exemple, rexagération do besoin
de mang«?r ehex les malades atteints d'hyperchlorhydric*
Discutant la valeur de cette hypothèse, Schiff recherche la reaction storaocale avant
et pendant la digestion. Or il trouve que celte réaction à jeim e*t légèrement acide, ou
neutre et rarem»*ïit alcaline. Cesl seulement an moment de la sécrétion gastrique que le
liquide devient francbement acide. Comment donc admettre une semblable explication
basée sur un phénomène a peine appréciable dans restomac vide et augmentant d'inten-
sité par Tingestion des aliments?
En somme, toutes les théories émises sur Torigine locale du sentiment de la lai m
sont insuflisantes pour nous rendre compte d'une façon exacte et rationnelle de cette sen-
sation. On ne peut d'ailleurs accepter facilement Tidéeque la laim. exprimant un besoin
essentiellement gênerai, puisse prendre eiclustvemeni son ori^xine dans restomac.
Examinons mainlenani la Ibéorie de Torigine centrale de la faim.
1*1 Origine centrale do la faim. — Rappelons tout d'abord que fa faim est liée à
Tétat de dénutrition or^aoique- Ainsi que nous l'avons déjà dit au début de ce chapilrei
elle est à l'avant-garde de la période d'assimilation, et représente pour l'individu un véri-
table système de défense.
S11 en est ainsi, tout obstacle à rassimilation, àla pénétration des principes alimentaires
jusqu'au niveau des éléments anatomiques* entraînera comme conséquence la sensation
de faim.
11 faut donc rejeter aussitôt comme cause de la faim les lésions anatomo-palbo-
logiques placées au niveau des voies d'absorption. La pathologie a en elï'et enregistré des
cas de ce genre. Ainsi MonGAGrd releva à Tautopsie d'un sujet» qui pendant sa vie avait
été tourmenté par une faim continuelle, un engorgement tuberculeux des ganglions
mésentériques. Tiedemanw cite également un cas de rupture du canal tltoracique. Les
diverses phases de la digestion s'accomplissaient d'une façon normale et régulièrement;
le seul passage des principes nutritifs dans le sang en était empêché par la rupture du
conduit. Aussi le malade ne pouvait-il jamais asr^ouvir sa faim. Dans le ra^me ordre
d'idées, on a signalé des cas de faim insatiable coïncidant avec une longueur insuftisante
de Tintestin. Cela est particulièrement fréquent chez certaines espèces d'oiseaux qui
arrivent à manger le dixième de leur propre poids. La raison en est toujours la même. Ils
digèrent incomplètement les matières alimentaires ingérées, et ils ont continuellement
faim. On peut ajouter à toutes ces observations celles que nous fournit la clinique à pro-
pos de certains cas d'anus contre nature et de llstule biliaire.
.Nous voyons donc que tout obstacle à l'arrivée des principes nutritifs dans le sun^^
entraîne fatalement la sensation de faim. Et cette dernière apparaît, parce simple fait*
indépendante de l'état local de l'estomac. Voila pourquoi Scmi-'i- a recherché la cause de
la faim dans une variation de la composition chimique du sang. Il ne pouvait en outre
qu'être encouragé dans ce sens par les analogies qui existent à ce oint de vue entre la
faim et la soif.
li
FAIM.
€amme la faim, cette sensation est très complexe. Elle consiste en une séi-ie de sen-
sations surtout localisées daos la réjCjîon buccale sans ejcrltisico du besoin général que
Ton ressenl d'ingérer des liquides, il priori, on serait tenté d^attribner à fune et à Tautrc
de ces sensations nue origine locale en se basant sur leur localisation péripbériqiie.
Cependant, il est, à Theure actuelle, démontré que la soif est une sensation générale.
DcPL'YTRFN, faisant courir des cbiens au soleil, calmait leur soif en injectant de Teau ou
d'autres liquides dans !es veines. Schifp a plusieurs fois répété cette exp*^nence. D'autre
part, personne n'ignore qu'à la suite d'bénioiTagies abomlantes les malades souffrent
d'une soif très vive qui disparait après Tabsorption d'une boisson rafralcliissanle. Autaot
de preuves que la soif est «'troiteiiient liée à la quantité de sang qui circule dans le
réseau vasculair^.
Eh bien! une moditlcation particulière, pbysique on cliimiqne, dans la composilian
du liquide san;^!uin» ne pourrait-elle pas à elle seule provoquer la faim? Telle est l'hypo-
thèse de SciUFi', nu du moins la théorie qull, défend et qu'il a|)puie sur reipêrieuce. Si
Ton injecte dans le système circulatoire d'animaux des substances nutritives en quantité
suffisante et artificiellement préparées, on peut non seulement calmer leur faim, mais
on les nourrit parfaitement. Dans certains cas de faim prolongée, on a également
observé que les lavements alimentaires apaisaient jusqu'à un certain point les souffrances
ressenties*
Srnii-F donne encore d'aul res preuves en faveur de Tori^'ine centrais Si l'on étudie la
sensation au i ours de l'inanition, on voit qu'elle au^^mente dintensilé le deuxième, troi*
sième et quatrième jour. Cependant^ Testomac une fois vidé de son contenu, son état ne
chanjçe phîs. Il semble^ d'après lui, qu'on doive rapporter l'intensité de la faim aux modi-
fications qualitatives du sang, qui, devenant sans cesse plus profondes, sont pour lea
centres nerveux une cause d'excitation de pins en plus grande. 1! n'en serait pas autre-
ment pour la première apparition de la faim chez Tenfant nouveau-né. Au bout de
quelques heures, il manifeste par des cris le besoin de manger, et cependant son esto-
mac après (a naissance est vide. On a prétendu que la cavité ^'astrique renfermait
une certaine quantité de liquide amniotique, et que ce liquida* *:on=iti tuait la véritable
nourritun^ du foetus. Le fait n'a rien d'absolu ; d'après certains auteurs, il userait au con-
traire tout à fait acccidenteL
En dernière analyse, Schiff conclut que la faim est liée à une modilîcation pliysico-
chimique du sang, qui constitue le point de départ de cette sensation, en excitant les
centres nerveux.
Cette théorie, comme nous le verrons tout à l'heure, est passible de certains
reproches. Ajoutons, pour l'instant, que Scuiff cherche encore à expliquer comment,
sous cette influence centrale, se produit tout le cortège des manifestations à lorahsation
péripliérique. Mais il ne tranche cette question qu'en raisonnant par analogie, par
déduction» sans expérience. H invoque en ell'et une irritation des centres nerveux, sous
rinfluence de l'état chimique particulier du sang, irritation provoquant des seusations
excentriques. ^- Pour n'en citer qu'un exemple, dit-il, les malades affectés de (umeiir
céréhrale, ne se plaignent-ils pus de douleurs sourdes dans les extréniit«?s, de fonrniil-
leraenls, d'hallucinations? Or il n'est pas indispensable que l'irritation des centres ner-
veux soit de nature mécanique: elle peut provenir tout aussi bien d'une altération chi-
mique, d'un changement de composition de la masse du sang. Dès lors, on conçoit que
la diminution des éléments constitutifs du sang, qui nous fait sentir le besoin de nourri-
ture, puisse aussi se trahir par des altérations de la sensitiilUé locale, sans que la loca-
lité où nous percevons cette altération soit directement alîectée. Ce qui donne un certain
poids A cette conjecture, c*est qu'il n'est pas excessivement rare d'observer des lésions
profondes de l'estomac, des destructions cancéreuses du cnl-de-sac de la région pylorique,
de la petite et de la grande courbure, sans que les malades aient cessé de percevoir la
sensation gastrique spéciale qui annonce la faim. »
Contre la théorie de Scjuff s'est élevée une objection tirée de la sensation gastrique
qui accompagne le besoin de manger. Nous ne reviendrons pas bien entendu sur celte
sensation dont nous avons suffisamment parlé. Nous rappellerons simplement qu'elle
s'observe fréquemment, mais non constamment. Cependant sa fréquence lui donne une
très grande valeur aux yeux de certains savants. Pour eux» ce signe ne constituerait fias
FAIM,
15
seulement Tcxpression d'un état général, mais il seraîl lié à un ëlat particulier de Te»-
lomac. En elfet, il est possible — sans faire dbparaUre la faim, — de supprimer celle
douleur, en iritroduisaul dans reslomac des matières non alibiles.
Mais, comme le fait remarquer ScaiFt, celte objection est basée sur une erreur de
raisonnement. Assurément, on peut calmer une névralgie d origine centrale, par une
irritalion mécanique du tronc nerveui lui-niAnie. Ainsi, chez un malade atteint de
tumeur cén^brale, et âoutfraot de fourmillements aux doigts, on peut, par une vigoureuse
pression mécanique sur les parties douloureuse*, faire disparaître la douleur. « Beaucoup
de n«'vra(gies, dit Si:«iff, sont momentanément calmées et môme supprimées par l'appli-
cation d*une douleur extérieure. C'est l'impression périphérique qui prévaut sur la sen-
sation centrale. »
Il en est de même pour la sensation gastrique qui accompagne la faim. Les applica-
tions extérieures» la compression de la région épigastrique, la conslriction calmenL la
Uim : d*où l'expression connue « se serrer le ventre ». Cela s'explique faoilemeut par la
prédominance de Tirrilation périphérique sur la sensation excentrique. <* La mt^me
explication, dit encore Schut, vaut pour Tin^estion de substances inertes, de pierres, de
sable, moyen palliatif qui malheureusemenl n'a été que trop souvent expérimenté contre
la faim en temps de disette; ici, c'est Tirritalion locale, appliquée aux nerfs sensibles de
la cavité stomacale» qui sr^ substitue h la sensation transmise aux centres»
« On voit donc que l'opinion qui regarde la sensation épigastrique de la faim comme
dépendant d'un état local de retsioraat!, parce qu'il existe des moyens palliatifs locaux
pour l'apaiser, est fondée sur une erreur de raisonnement, que c'est préciscmenl le con-
Iraire que nous enseigne l'analogie. >*
Il est encore d'autres exemples de la prédominance des sensations périphériques
sur les sensations d'origine centrale. Ainsi le sommeil est un besoin f?énéral, el cepen-
dant il se traduit par une série de sensations excentriques : sensation particulière dans
les yeux, lourdeur» pesanteur, démangeaison des paupières. Or on trompe assez facile-
ment le besoin de dormir par des applications d'eau froide sur les tempes ou sur le
ront.
Il en serait de même pour la faim, el Tobservalion des malades atteints de pyrosîs
ne ferait que coulirmer cette manière de voir. Ces malades ont une faim continuelle, et
mangent peu à la fois. Les aliments in^'érés sont en assez grande quantité pour tromper
leur faim, mais non pour la supprimer; car ils ne sauraient suffire à la réparation com-
plète des pertes organiques.
C'est ainsi que Scoiff réfute rette objection et persiste à admettre que certaines mo-
dïfications physico-chimiques du liquide sanguin sont capables de faire naître lu faim
par leur retentissement sur le syslènie nerveux central, tout comme les adultérations
du sang provoquées par l'excès d'acide carbonique ou le manque d'oxygène modifient
les actes respiratoires par action centrale. Nous venons de le voir, plusieurs observations
directes, certaines analogies plaident en faveur de cette théorie. Mais rien ne prouve
que, dans les premiers stades de la faim, le liquide sanguin a subi une modification
chimique ou physique; rien ne prouve d'autre part que cette excitation, si elle existe,
puisse à elle seule déterminer l'apparition de la faim. Le processus est peut-ôlre plus
complexe, el le retentissement de la dénutrition organique sur le système nerveux cen-
tral peut s'expliquer non seulement par une irritation chimique, mais par un acte
réilexe, tout comme les phénomènes respiratoires et circulatoires ne sont pas seulement
influencés par des excitations centrales d'origine cliiniique, mais aussi par des excita-
tions sensitives périphériques qui se transmettent aux centres nerveux par voie réflexe.
Ces dernières considérations nous conduisent tout naturellement à parler de la
théorie péri plié H que de la faim,
c) Origine périphérique de la faim. — D'après les partisans de cette théorie, la
faim prend naissance au sein même des innombrables cellules de l'organisme. Comme le
dit JoANXY lloux (toc. vit.) : *.< C'est le cri de notre organisme réclamant des matériaux
nutritifs, lorsque le milieu intérieur s'appauvrit. Toutes les cellules de notre organisme
sont solidaires, et cette solidarité est rendue nécessaire par les spécialisations fonctionnelles
multiples, par la division du travail. Lorsqu'une cellule éprouve un besoin qu'en raison
de cette spécialisation elle est inapte à satisfaire elle-même, elle Tait appel à d'autres
Î6
FAIM.
cellules, et cela par rititormédinire du syslt^me nerveuic. Telle est rorigicip de tous Jes
réllexes nutrilifs, et dans la lensalion de la Jaîrii il n'y a pas nutn- chose qu*un rcflej-e
nutritif corticai, n^flexe imomplùtement ttdaptv, et donnant naiésancc à ce titre ^ comme épiphé-
mtm^ne, à un fait de conscitnee : ta i^ensation de ta faim, au sena ancien du mot. ••
Sans suivn? ki J. Hulx dans son inléressatil [ilaidoyer eu faveur de cette doctrine,
nous signaïerous simplemetjt l'opposition qui existe entre celte IhOorie et celle de ScaiFf*
ScHiFF invoque l'action directe du sang adultéré sur les centres nerveux, comme cause du
besoin de niangei. Cette excitation a pour effet de localiser h la péripbérie des sensa-
tions d'origine centrale par un phénomène semblable à celui des irradiations excentriques
des sensations. Dans la première théorie au contraire, il s'agit d'un réflexe nutritif
corlical dont le point de départ siégerait dans toutei? les cellales, et qui aboutirait à un
neurone cortical (phénomène de conscience). « L'aboutissant de ce réflexe est la recherche
involoatAire et consciente des aliments, n
Peut'tHre convient-il de rechercher dans ces deux théorie les causes de la faim qui
proviendrait ainsi, d'une part, des modifications du sang, d'autre part» d'une excitation
nerveuse de toutes les cellules de Torgatysme»
11 faudrait donc admettre que les cetdres nerveux sontà lafoisdircc(cMicî>/ excités par
les variations de la composition phjsico-chimique du milieu sauguiu, indirecttment par
une excitation nerveuse dont le point de départ résiderait dans tontes les cellules de
rorganisme.
Olte opinion mixte a l'avantage de concorder avec les explications qu'ont données
de la ftiim les physiologistes comme Lomget, Mac£N01e» ScBiFr, BKiUNis, Wl'ndt, pour ne
eîler que ceux-là.
M\GE.NmE : u La faim, dit- il, résulte comme toute les autres sensations, de Tactlon
du systi?"me nerveux; elle n'a d'autre siège que ce sysLèrae lui-même. Ce qui prouve bien
la vérité de cette assertion, c'est qu*elle continue quelquefois, quoique l'estomac soit
rempli d'aliments, c'est qu'elle peut ne pas se développer, quoique l'estomac soit vide
depuis longtemps; enfin c'est qu'elle est soumise à riiabiludê, au point de cesser sponta-
nément quand l'heure habituelle du repas est passée, »
ScHiFF : « L'usure et la destruclior» vitale sont causes de modifications impor-
tantes de ta composition du sang. D'une part, les produits de la décomposition chimique
des tissus^ corps désormais inutiles à la fonction de lorgane dont ils proccdent, sont
emportés par le courant circulatoire; d'autre part, les tissus appauvris, altérés dans leur^
propriétés normales, empruntent au sang qui les baigne les matériaux aptes à les recon-
stituer. De là, une double altération de ce liquide; augmentation des corps eicrémenli*
tieîs inutiles à la vie, et diminution des éléraenls utiles et réparateurs des tissus. On
coni;oit que cette altération, arrivée à un certain degré, ne peut rester sans influence
sur ce que nous appelons l'rtat yéitéml^ ou, en d autres termes, que les centres nerveux
doivent subir l'impression du sang appauvri et réagir a cette impression par une sen-
sation particulière et de nature générale.
«( Or les symptômes particuliers qui nous font connaître cet appauvrissement du sang
résultant de Texercice régulier de nos orgaueSi sont ce que nous désignons sous le nom
de seJiSfUions (fe la faim et de ta soif, n
LoNtiF-T : « La faim est l'expression d*un état général qu\ se traduit par une sensation
spéciale que nous rapportons à Tendroit où elle se fait sentir, bien qu'en réalité elle ue
siège pas uniquenjcnt en cet endroit.
ti C'est dans l'organisme en général qu'il faut placer le sentiment de la faim, et la
sensation particulière, éprouvée dans la région épigastrique, doit être considérée comme
une manifestation limitée d'un état général, comme le prodrome des nombreux phéno-
mènes de la faim- »>
Bkao.ms : u II ei^t évident qu'il y a dans la faim autre chose que des sensations locales.
L'insufli sauce et i'arrét de rabsorption digestive, l'état d'appauvrissement de la lympbc-
et du sang, le défaut de nutrition des tissus et des organes déterminent une réaction des
centres nerveux, et celte réartion se traduit par ce sentiment de défaillance qui vient
s'ajouter aux sensations plus exclusivement localisées dans les organes digestifs propre-
ment dits. Pour que la faim soit satisfaite d'une façon complète, il ne suffît pas que les
aliments soient digérés; il faut ijue les produits de cette digestion, absorbés dans le
■ AIM,
tm&c alîm^nUîre» passent dans (a lymphe et tlaus le sauj^ et ailleiil r<:ijiarer Ips pertes
des tistsu^ et des organes. A ce point de vue, on pourrait dire avec Lo^xr^er que c*est
dans tout forganisme que réside le sentiment de la faim. »
WuNDT : « Les sensations de faim, de soif, la scn^^atian dn manque d'air, depuis les
besoins modérés normaux de respirer, jusqu'à lu dyspnée la plus intense, toutes «:es
sensations dépendent certaioement, mai> on très faibles parties, des orfçanes périphê-
tiques où elles sont localisées. Klles sont liées à des états dèterininés de la composi-
tion du liquide sanguin; ces tUat», d'après nos présomptions, mettent m jeu dans k's
[•centres nerveux correspondants des excitations qui produisent, soit des mouvements
^ involontaires, soit des sensations, et par ceUes-ci des mouvements volontaires propres à
entretenir les tondions en question* •
En tout cas, il nous semble impossible, a Tbeure présente, d'assii^uer à la faim on*^
caune absolument précise. Nous nous sommes arrêté à la théorie mixte que nous avons
résumi^e tout a Theore, convaincu qu*elle rpnferme la plus grande part de vérité sur les
T^érilables faclt-urs qui engendrent cette sensation.
;i III. — Voies de transmission de la faim,
a) Héh dn pn^umoffastriqties. — b) Hôle du Mympathiffite.
r^onHne le dit lÎKArNis, <♦ la faim comprend :
« i<^ Les sensations localisées d'une façon plus ou moins vMiçue dans les orçancs
dig'f'slifs, les muscles masticateurs^ sensations qui uni pout point de départ la mui|ueuâe
de ces divers organes avec leurs nerfs sensitifs, les glandes (6lat île n*plélinn avant fa
digeslion), lea muscles (besoin de contraction au débat, coolradions morbides dansleiv
degrés intenses de la faim).
« 2" Une sensation ^^énérale due à Tappauvrisseraent et â Tinsuflisance de nutrition
de l'organisme; mais ce sentiment générât lui-même n'est que la résultante d'une
multiplicité de sensations partielles, vîurues, obscures, mal détinies, partant des diverses
régions de l'orgiinisme. "
Il est évident qu*à diitcune de ces sensations est alTectê un système particulier de
transmission. Voyons ce que Ton a pu déterminer à ce sujet, à l'aide de rexpérimen-
tation.
Tout d'abord, on s'est préoccupé de rechercher spécialernenl les voies de conduction
des sensations localisées le long dn tube digestif, voies qui ne peuv-»nt élrv représentées
que par les nerfs sensitifs émanant de ces org^anes. Aussi a-t-on été amené à considérer
tour 4 tour le sympattiiquc et les pneumogastriques comme let* conducteurs liabiturds
de la sensation de faim, ^i Tuu sont;e que ces deux nerfs se partai^ent rinncrvatiur
tnolrice etsensitive du canal intestinal.
On a pratiqué une foule d'expériences dont nous ne retiendrons qu« les plus impor-
tantes, tout en faisant néanmoins remarqn*^r que les résultats obtenus sont îoin d*étrc
décisifs,
a) Rôle des pneumogattriques. - II n'y a aucun doute : la faim persiste malgré la
résection de ces deux nerf». L*«q)ération a été faite souvent sur diverses espèces animales
(cheval, cbien, cobaye, lapin, etci. ltEAi:xis'n*a jamais pu obtenir la cessation de la faim,
.*înr soixante expériences de résectiou du pneumogastrique, il a toujouis vu les
animaux se remettre h manger après ropéralion. Ce fait ne peut s*expliquer que par
la persistance de la faim. Il n'y a pas lieu d'incriminer le ^oiVt, puisque* la sertion du
lingual et du j^losso-pbaryngien n'abolit pas non plus le s«*nttment de la faim,
TtfUe n'est pas l'ufjinion rie Bftu uet. «.et auteur reconnaît au pneumogasiriqueun rôle
itxcessivement important au point de vue de celle sensation, et cherche à le démonlfi'C
expénnienlatement. Il a fait jeûner un chien pendant vingt-quatre heures cnviion, puis il
lui a sectionné les deux pneumogastriques au niomeni où ranimai était prêt ù se jeter
avec voracité sur des aliments qu'on lui avait présentés. On vil alors la faim a apaiser
presque aussitôt.
Cr n'est là qu'une observation iniique et 1res incomplète, qui ne saurait entraîner
pour conclusion, comme le veut Mn.\CHtrr, que ta sens.itiun de faim naît au niveau de
DtcT. vm pavstoLOoiv, — tome vu 2
18
FAIM.
la muqueuse gastrique et possède comme voie de^condiiclion le tronc nerveux des pneu*
mogasirîques.
D'ailleurs, (iresqiie tous les auteurs qui se sont occupés de la question sont unanimes^
à reconnaittG que les animaux qui otit subi la double vagotomie ne perdent nullement le^
sentiment de la faim. Le besoin de manger se fait ressentir aussi bien après qu'arant
l'opérai ion,
SÉiïîLLor a conservé des chiens après la donlde vngylomîe p*^ridanL long-temps et
affnmc avoir reconnu chez eux les signes certains de la faim, parfois très persistants,
puisque, duus certaine cas, la survie opératoire êfait de plusieurs semaines. Schiff a
ronfirmé enlièrement les résultats de Sédillot, sans pouvoir toutefois conserver aussi
longtemps qun lui les animaux opérés (six jours au plus lard). Cependant il est très
explicite à cet é/arard, et soutient que lourapprlit s'est manifesté aussittU après les effets
fSdnt^raux de ropôratiou. Le cheval, qui réagit moins que tout autre à la section des
vagueSp conlinue à maoger immédiatement après l'opération.
H importe, en elfet, de tio point confondre les effets généraux de Topération avec ceuï
qui dépoudent exctu'iivemeut de la section des vag-ues, Brachet, par exemple^ considère
Fanoresie presque iuïmédiate survenant après la section nerveuse, comme due au rôle
que jouent normalement le^î pneumogastriques dans la conduction de la sensation. Mais.
h ce titre-là, de nombreux nerfs tiennent sous leur dépendance cette sensation, puis-
que celle-ci peut disparaître aussittU après une lésion des parties inférieures de la moelle^
du nerf sciatique, du plexus LracliiaL
On ne saurait iuvoquer en faveur du rôle spécial joué par les vagues ce fait, que
l'anorexie, fonséculive à leur section * est de ptus louf^ue durée qu'après les traumatismes
précités. Ne savons-nous pas que la double va^'otomte entraîne des lésions intlamma-
toires du poumon capables de déterminer une anorexie qu^on attribuerait h tort à la seule
section nervi?use?
H n'y a pas lieu davantage de supposer que la vagotomie aura des eiïets différents
sur la faim, suivant le lieu de la section. Sckikf a pratiqué cette section, soit au cou, soit
au-dessous du diaphragme, 11 s'est assuré dans ce cas de la section complète de tous les
rameaux gastriques et hépatiques. Los résultats observés sont semblables à ceux que
provoque la section sus*diaplirat;matique, avec cette différence que, l'opération étant
moins grave, Tobservation a duré bien plus longtemps. Durant leur longue survie, les
animaux ont toujours montré le retour de l'appétit, el ont absolument mangé comme
à l'état noimaL
Uue conclure de ces diverses expériences, sinon que les vagues ne Jouent probaldé-
ment aucun rùle particulier?
h} Rôle du Ejnipathique, — On ne sait que peu d<^ ctiose sur la fonction de ce nerf.
LoNr^Hi lo considère comme la voie par laquelle la sensation de faim est transmise aui
centres, Mais celle-ci persiste, bien que l*on extirpe les différents amas ganglionnaires et
les différents rameaux du sympathique.
Ainsi BnrTiiXKR et Bensfin ont fait ta section des splancbniques, et les nnimaux opérés
rontiQuérent à manger avec toi^s les signes de l'appétit.
Bien plus, Scunr, opénint sur des lapins, sectionne les deux vagues, les deux sympa-
tliiques et extirpe les ganglions cœliaques. Il a conservé les animaux pendant cinq
h six joïirs et constat*? la persistauce de Tappétit.
En r et rit actuel delà science, il est donc bien difficile de préciser les voies de transmis-
sion de ta faim. L'expérimentation n*a pas élucidé cette question pour la sensation
principale qui accompagne te besoin de manger, c*est-^-dire ta douleur gastrique. A fortiori^
sommes- nous dans Ti ni possibilité de dissocier par l'expérience les voies de conduction
pour les sensations secondaires ?
L*onlogénie et la phylogénie permettent d'afllrmer que la sensation de faim existant
chez le nouveau-né doit être transmise par des conducteurs nerveux myélinisès. D'après
les travaux de FLccusiii, nous savons que, dès le neuvième mois de la vie intra-utérine, une
partie du système nerveux commence à se myétiniser. Ce système est représenté par
des libres dont les cellules d'origine sont placées dans les noyaux gris centraux faisant
suite au ruban do IteiL. 11 est donc probable riue cVst grâce à lui que les sensations de faim
et de soif peuvent être perçues.
FAIM,
i9
De qaelque façon qa'i>n envisage la faim, qu*on la considère comme uae sensatioii
d'ori|3;ine locale, centrale on périphérique» on esl bien obligé de faire intervenir les
centres nerveux dans le phénomène de conscience de ce sentimeot. L*appareil nerveui
central jonc donc un rûle, mais quel est-il?
Les résultats eipérimeiitaux ou cliniques que la science possède sont également
mal déterminés.
Cedains auteurs, tels que CoMbss Sl-ruheim, OftOL-ss^ts, admettent on centre particulier
ifu'ilfl appellent l'organe de ratimentivité. D'après eux, il serait placé dans les fosses laté-
rales et moyennes de la base du crâne, apparfenant ainsi au cerveau proprement dit.
RosENTHAt admet ce centre qu'il appelle centre de la faim.
D'autres, avec SrrLLER, admettent que Teicitation primitive de la fairu se produit à ta
périphérie» au niveau des terminaisons nerveuses du vaiu'uo et du synipalbiqiie dans
Testomac : nous savons ce qu'il faut penser de celte dernière opinion. Mais dans quelle
ré^'ion faut-il localiser ce centre de ta faim, si tant est que ce centre existe?
Tout d'abord, on sait que la sensation de faim est éprouvée r»ar les animaux entièrement
dépoorvti«i de cerveau, que, chez des foHus anencépbales appartenant à Tespèce humaine,
les nianifestalions de la faim ont été observées. Sur nn chien qui avait subi Tablalion de
Técorce cérébraleT Goltz a observé ta persistance de la faim et le goût. Du manteau
entier* il n'avait laissé subsister que rextrémité de la hase du lobe temporal» Tuncus.
Au sujet des sensations gustativesde cet animal ainsi dépourvu de la corlicalilé cérébrale,
GoLTZ rapporte un certain nombre de faits intéressants. Xous empruutons à J, Soury
les détails qui suivent : ** S'il y avait lon^îtemps qu'il n'avait pas été nourri, il allait ç4
et la sans repos dans la cage, en tirant rythmiquemenl la langue; souvent des mouve-
ments de mastication à vide s'associaient à ces mouvements de la langue. Tiré de la
cage et placé sur une table, une terrine de lait devant la gueule, il commeui^ait aussitôt
à boire le lait, avec les mêmes mouvements qu'un chien normal. Si, comme c'était Hia-
hitude, de gros morceaux de viande de cheval étaient mélangés au lait, et que le chien,
en lappant le lait, mît dans sa gueule un morceau de viande, il le mâchait exacttmient
l'omme un chien ordinaire..... A le voir boire et manger, il paraissait avoir de Tappétil
et dévorer avec satisfaction. »
Et plus loin : « ce chien semblait éprouver les sensations de la faim et de la soif,
puisque aux heures des repas il accélérait ses mouvements de mané^L'e, poussait même
«(uelquefois des cHî* • d'impatience )>, et, de ses deux pattes de devant, se dressait sur le
bord de sa cage, d'où il était tiré deux fois par jour, pour i^tre immédiatement alimenté
sur une table placée à proximité. »
D'apré-i ces doum^es, it paraîtrait donc Indique de clierclj»:?r lalocalisalion de ce centime
dans le bulbe rachidien ou laprotulȎrance, pnisqu*i ces deux portions de centres existent
chez les anencéphales. Cependant Stei-hen Pagkt, s'appuyant sur des obseri'ations ana-
tomo-palbologiques, a cherctié la localisation corticale du centre de la faim^qu*îl serait
tenté de placer au niveau de l'extrémité antérieure du lobe lemporo-sphénoïdal, près
des centres du langage et du centre olfactif. Ces conclusions s'appuient sur Tobservation
clinique de 14 malades atteints de traumatisme cérébral. Toutefois, il serait prématuré
d'admettre rexistence de pareils centres, sur les seules observations de Paget.
§ T. — Pathologie du sentiment de la faim.
aj Boulimie, — b. Pot^pkagie. —c] Anorexie, — dj Anorexœ hystérique, — e; Illusions de la faim,
La faim, avons-nous dit, est une sensation dont les caractères individuels, în locali-
sation et rintensilé sont éminemment variables. TanlAt elle se présente avec violence,
tantôt elle s'atténue au point de disparaître à peu près complètement. Ces deux cas
extrêmes constituent des modifications pathologiques que nous allons étudier. Du c6té
lie l'exagération de la sensation, nous trouvons la boulimie, ta polyphagîe, la paroreiie;
du côté de son extrême atténuation, l'anorexie. C'est dans cet ordre, établi par Boi vEnirr,
que nous allons les étudier.
fO
FAIM.
Boulimie. — Celle alteetion eoasiste dans rexagératioii de la seusalion de faim : elle
*»Bt connue» soit sons le nom de boulimie (gou; Xijio;)» de oynorexie(faîrn caiiineL de lyea-
rexie faim de loup). Bouvrhiît propose !e terme d^hyperoreiie comnie mieux approprié
il la désignaîio» de relie alTectiot», car il signifie mieux que [tout autre l'exagération
de la faim.
Tout d'abord, il importe de Lieu déOnir ce que Ton entend par boulimie. 11 est de
toute évidence que Ton n'est pas boulimique par le seul fait que l'on manjEte beaucoup,
puisque tout le monde ne mange pas également, que les uns absorbent retativenjent peu,
et les aulrps beaucoup. D'un autre cùLé, on connaît les relations ("'troiîes qui existent
entre les échanges nutritifs et la faim. D'une façon générale, ou observe que la faim croît
au fureta mesure que les perles de Forganisme augmentent. Est -ce à dire qu'un ado-
lescent, un convalescent et les individus qui mènent une vie active soient boulimiques?
Non, puisque tous ont besoin d'une forle ration alimentaire : n'est pas boulimique celui
dont la ration alimentaire, quelque considérable qu'elle soit, est en rapport avec ses
besoins organiques.
Lorsque, au contiaîre, sans rausp apparente, ce rapport n'existe pas, lorsque les ali-
ments ingérés sont en très grande quantité, que le désir immodéré de manger se fait
sentir très souvent, et peu après un repas suflisant, il s'agit là de boulimie.
On peut dire, en effet, que cette îiflection, ou mieux cette névrose, a pour caracté-
ristique essentielle la ré^»étïtion immodérée du besoin de manger. Mais ces névrosés, en
mangeant beaucouji et souvent, peuvent momentanément calmer leur appétit vorace.
Les manifestations de la faijn boulimique sont du même ordre que celles de ta faim
normale. La sensation est beaucoup pins vive qu'à l'état normal, voilà tout. Puis le
malade alleint de cette allection est sans cesse en proie aui douleurs de la faim, puis-
que celle-ci réapparidt presque aussitôt après qu'elle a été satisfaite. L'accès boulimique se
reproduit donc à chaque repas, et ainsi le boulimique ne tarde pas à subir le contre-coup
de son malaise si fréquent Bientôt, en effet, il présente des phénomènes généraux qu'ex-
plique sa préoccupation presque continuelle de calmer sa faim. Il est triste, inquiet; ses
forces diminuent, s'anéantissent même, si par liasard il est pris à Timproviste par son
accès et s'il ne peut manger. Comme tout individu surpris par la faim, il tombe dans îa
torpeur physique et intellectuelle, ■ A celle astbéniM souilaine, dit BocvEHKr (/oc. cif.},
peuvent *i*ajouter encore le bourdonnemcnl des oreilles, le vertige, le IreniblernenL Chez
quelques boulimiques, l'accès est dominé par df^s troubles circulatoires, la p;lleur de la face,
le relVoidissenient des extrémités, la petitesse du pouls, la sensation de défaillance immi-
nente. Au plus haut dej^Té, l'accès s'accompagne de symptômes d'excitation cérébrale. <*
Il va de soi qu'avec une sensation aussi impérieuse le boulimique ne résiste
guère à Ti m pulsion qui le porte à prendre tout ce qu*il U^ouve. Il ne saurait mesurer la
portée de ses actes. Cet étal |ia1hologique est intéressant, non seulement dans ses
rapports avec la pathologie générale, la j^sycho-pliysiologie, mais aussi et surtout avec la
médecine légale. Les ri oui en rs de la faim provi>quent un état psychique particulier, sus-
ceptible de rendre jusqu'à un certain point l'individu irresponsable.
L'irrésistibilité du boulimique n'est pas le seul caractère qu'il présente. 11 importe
irajouler qu'il tralme sa faim dès qu'il a absorbé des aliments. Mais, quelques instants
après, Taccés revient aussi intense qu'auparavant. Bref, le malade est sans cesse tour-
menté. Bientôt il ne pense plus qu'à assouvir son appétit insatiable et redoute conti-
nuellement Taccès qui te guette. 11 est en proie à une anxiété sani^ fin et s'entoure de
toutes les précaulions pour m* jamais être plis au dépourvu d'aliuients. Voilà bien le
cara<tére îles boulimiques. « B£vr{n,dtt Bouveret, raconte l'histoire d'un neuraslliénîque,
fn^quemment atteint de boulimie nocturne, et qui ne pouvait s'endornur qu'A la condi-
tion d'avoir ii eôlé de son lit une table sur laquelle un repas était servi. En effet, beau-
coup de boulimiques ont des accèï^ nocturnes; une ou plusieurs fois par nuit, ils sont
réveillés ptu^ rimpérieu.x désir de manger, w
Causes. — Cette exagéralion du sentiment de la faim constitue parfois une sorte de
vice congénital, indépendant de toute autre manifestation. Mais cette boutiniie que Ton
peut qualilier d*esscntielle est relativement rare. Le plus sonveni, elle est associée à
diverses alTections dont elle n'est qu'un symptôme, un épiptiénonïène.
Ou la rencontre souvent dans la plupart des névroses : l'hystérie, la neurasthénie,
FAÏM.
2t
IVpitepsîe, la maliMlîe de Baseoow« les maladies menUiles, ta chlorose, la paralysie géné-
rale.
l/état pueqvi^ral prédispose aussi à la boulimie. Mais les femmes enceintes ne pî'é-
sentent pas seulement une perversion de la tViiin. Leur sens ^uslatifest en même temps
perveili. Aussi les voit-oii quelquefois manger avec plaisir des objets bizarres et souvent
même d^-goûUnts»
La boulimie s'observe encore dans certaines affeclions, telles que la maladie d'AoDisox,
les suppurations prolongées. Elle est surtout fréquente dans le diabète.
Enfin les maladies des voies digestives, t^omme les fistules intestinales, les lésions
iuléressanl les voies d'absorption, provoquent fréquemment la faim boulimique. Les
parasites intestinaux produiraient le m^me effel» d'après certains auteurs, mais c*est là im
point particulier qui est loin d*èire élucidé.
En résumé, U sensation de faim s*e3cagére ou peut s*exagérer au cours de nombreuses
uiïêctions, 50*1 générales» soit loraïes. En tout cas, en Télal afluel de nos connaissances,
il esta peu prhs imjiossible de dissocier les causes de celte perturbation.
Les uns y voient une excitation du j?ystème nerveux cenlral; les autres, du syslt^-rae
nerveux périphérique- Ces deui liypotliêses s'appuient sur des observations qui ten-
draient à les juslifier, puisque d*un cAlé. la boulimie s'observe chez les paralytiques
généraux et chez les malades atteints de tumeur cérébrale, et que d'un autre côté, des
lésions péripht5rique3 comme Tulcere rond J'hypersécrétion, sont capahles de reproduire
re symptAme.
Peut-t^tre convient-il d^admettre à (a fois une cause centrale et une cause périphé-
rique, pui5f[ne la sensation normale de la faim paraît rtre sou? hi double innueiice de
causes centrales et péiiphériques.
Nous laisserons de côté Texpliration qu'on a voulu donner de la boulimie, en la
basant sur certaines moditications aualomo-pathologiques. On ne saurait en tirer
une conclusion sur les causes de la honlimie^ attendu que les lésions observées chez les
boulimiques proviennent très vraisemblablement d'une irritation du tube digestif consé-
cutive à un fonctionnement exagéré,
Polyphagie. — Alors que la boulimie se caractérise par la répétition immodérée du
besi*in de mander, la polypbagie est généralement associée à la diminution ou à la sup-
pression de la sensation de faim. Le boulimique n»ant;e souvent et relativemeiït peu,
le polyphagique man^n* beaucoup. Le premier assouvit asseij facilement sa faim; le
deuxième n'y arrive qu'après avoir absorbé de très grandes t|uanlités d'aliments : et
eni'ore! Telle est la difTérence essentielle qui existe entre ces deux altérations patholo-
giques de la faim.
Comme ta boulimie, la polyphagie est quelquefois indépendante de toute airectiou*
Dans d'autres circonstances elle n'est qu'un symptûme ; dans ce cas, on l'observe fré-
quemment au cours des alTections organiques de l'enuéphaïe : dans l'hystérie, la neu-
raslhéniCt et dans certaines maladies générales comme le diabète.
Bien entendu, il y a des degrés dans la polyphayie, et, a ctMé des cas de polyphagie
modérée, on en observe d'autres, véritablement exceptionnels, dans lesquels !a faculté de
manger est développée à un degré extraordinaire. La plus célèbre observation de ce
genre est bien celle de Tarare, rapportée par Peucv.
H A l'âge de dix-sept ans, dit Blachk^ iarL *< Boulimie » du Dict, des se. méd.). Tarare
pesait 100 livres et mangeait en vingt*quatre heures une quantité de viande de ba*uf,
de f>oids égal au sien. Engagé comme soldat, il se soumettait aux plus rudes corvées
pour se procurer des suppléments de ration, et pouvait à peine satisfaire son appétit
avec les aliments destinés à six ou sept hommes, l/insuffisance de nourriture déter-
mina chez lui un état de faiblesse telle qu'il fut obligé de quitter son service et de
rentrer à rhApilal Une portion quadruple lui fut accordée. îfalgré ce supplément, il
mangeait tous les restes qu'il pouvait se procurer. Sans cesse à la recherche de sub-
alances alimentaires, quelles qu'elles fussent, il faisait une guerre incessante aux chiens
et aux chats de l'établissement qu*il dévorait quelquefois encore vivants* Devant le
médecin en chef Loue.vtz, qui voulait s*assurer de rexaclitude des rapports qui lui étaient
adressés, il prit un chat vivant par la tête et les pattes, lui dévora le ventre et le rongea
jusqu'aux 09. Il maniait facilement les serpents et mangeait toutes vivantes les plus
FAIM,
grosses couLeuvres. L>ii jour, on le vit manger à lui seul un repas abondant, préparé pour
Ui ouvriers allemands. ]l avalailsaus inconvénients des corps volumineux. Pebcy raconte
que celte singulière faculté rut utilisée par le commandant d'un corps d armt'e qui la»
faisait avaler des dépêches contenues^ dans un étui en bois. A la fin de sa vie, ce raallveu-
reui» objet dlxorreur pour tous ceux qui rentouraient, se repaissait des reliefs de
viandes abandonnés dans les boncberies. Les infirmiers Tavaient surpris dans les ^les
de l^hôpitaJ de Versailles, buvant le sang des saignées et dévorant des morceaux de
cadavre. On le soupçonna même du meurtre d*iin enfant de quatorze mois» Il mourut
dans un état d éibisie consécutif à une diarrliée dont le produit se composait de détritus
orf^aniques infects. >
Les personnes atteintes de polypbagie manjgenl pour ainsi dire tout ce qui leur tombe
«ous la main. Est-ce à dire qu'on doive les considérer comme des parorexiques? Non.
Il ue s'agit pas ici de perversion de Tappétit; ils mandent beaucoup, tout simplement
pour arriver à la sensation de satiété qui n'existe pas cbez eux.
Comme pour la boulimie, on ne connaît pas encore les causes de la polyphagie.
D'après Bouveret {toc. cit.) : *> Rombehg ralLacbe celte névrose à une astbénie des nerfs
sensitifs de la muqueuse gastrique. Rosenthal Tattribue à une diminution de l'excitaiii-
lité du nuyau sensitif du pneumogastrique. Il appuie celte opinion sur quelques obser-
vations de polrpbagie suivies d'autopsie, celles de Sghwan, de Bu-nabdu de Johnson, de
Frankel, dans lesquelles on a constaté ratropbîe ou la compression d'un ou des deux
nerfs de la X" paire. » Il cite encore un cas de Senator (Arch, f. Psychiatrie^ xi, 1881)»
dans lequel il s'agit d'une paralysie bulbaire à forme apoplectique. Le malade était sans
cesse tourmenté par la faim et par la soif, bien que la sunde, introduite toutes les trois
heures, permît de faire pénétrer dans son estomac une très grande quantité d*aUments*
A Tiintopsie» on trouva une oblitération thrumbosique de l'artère vertébrale gauche,
et un foyer de ramoliisseraenl intéressant le noyau postérieur du pneumogastrique.
Parorezie. — Ce terme s'applique aux perversions de rappétil qui présentent trois
degrés diiTérents : la malacia, le pica, l'allotriopliagie. On donne le nom de malacie à
celte affection particulière qui se traduit par Tenvie irrésistible do manger des sub-
stances moins alimentaires qu'excitantes, comme les divers condiments : le poivre, les
fruits verts, les cornicbons, la salade» etc.
La pica diffère de la malacia eu ce sens que les malades qui en sont atteints
mauf'ent des substances absolument inusitées. l/a!lotriophagie, d'après Bouveret, « est
rtiabitude prise» la manie d'avaler des cboses extraordinaires. Sont allotriopbages les
aliénés qui mangent leurs excréments, certaines peuplades qui mêlent de la terre à
leurs aliments, les hj^stériques qui se plaisent à avaler des aiguilles et des épingles ».
Ces perversions de la faim, et particulièrement la malacia, la pica, sont fréquentes
chez les enfants, les femmes, enceintes, les chlorotiques. Les objets ingérés avec plaisir
sont très variés. Par exemple, les cbtorotiques se régalent de charbon, de plâtre, de
cendres» de poivre, de sel. Plus rarement l'appétit se pervertit au point de se porter sur
des objets dégoûtants, tels que les poui, les fourmis, les araignées, les matières fécales,
le fumier. De m+)me, la malacia et la pica, <jui sont presque toujours associées, s'observent
au cours d* autres alTections comme rhelminthiasis, les affections organiques du cerveau,
Taliénation mentale, l'idiotie et les névroses telles que la neurasthénie et riiystérie.
L*allotriopbagie peut également survenir, au même titre que la malacia et la pica,
au couis des affections que nous venons de rappeler* Non.-> voulons parler de la
géophagie. En dehors des malades qui ont une appétence marquée pour des substances
étranges comme la terre, il existe des peuplades entières donl tous les individus sont
atteints de ce goûl singulier; la terre est pour ainsi dire un mets uiitionaL On l'observe
surtout dans ta zone torride.
Les Oltomaques, sur les bords de rOrénoque, paresseux et indolents, dédaignant les
fruits de cuiture, se nourrissent d'une terre argileuse jaune^ onctueuse au toucher, riche
en oxyde de fer. Ils la pétrissent, en font des boulettes qu'ils font cuire à petit feu.
Puis ils les avalent après les avoir humectées d*eau. Ils sont si friands de cette terre,
d'après de Humioldt, qu'ils en mangent un peu après leur repas, pour se régaler dans
la saisoii de la sécheresse, et lorsqu'ils ont du poisson ea abondance.
Des faits analogues ont été observés à Banco, près de la rivière de la Madaleoa, sur
FAIM.
n
des femmes occupées à la fabrîcatioii de poterie», sur les nègres des cdles de Gainée« sur
ie^ Nouveaux -Calédoniens.
Ou raconte en outre que, dans certaines villes du Pérou^ là terre se vend comme
roniestible.
A cette liste de géophages on pourrait encore ajouter les Tuufçuses ou Tartares
nomades de la Sibérie, les nègres du Scut-gal, et les naturels des lies Idoîos, ol, à côté
4e ces peuplades barbareSp certaines élégantes senoras des provinces d'Espagne et de
Portugal qyi mangent avec plaisir la terre de Bucaros, aprrs rjti'ellô a servi à Ja
confection des récipients où le vin a séjourné et laissé de son aro4iia.
Anorexie. — Le terme anorexie (dérivé de « privatif, opEftç» appétit,) sj(yiu(ie manque
d'appétit.
Bien quVil soit nécessaire de ne pas confondre le manque d appétit avec le dégoût
que nous inspire tel ou tel aliment, il faut cependant reconnaltri' que le terme anoreide,
faute d'autre, est applicable aux deux cas.
Autrefois» on considérait Tanoreiie comme une nKiladie bien distincte, délimitée et
complète. A l'heure actuelle» on ne doit l*envisager qoe comme le sjnipt*^ine d'un état
j^'ènéral ou local. Nous le retrouvons dans des affections très variées. En gt'néral, on peut
•dire que l'anorexie s'observe dans toutes les maladies aiguës qui s'accompaj^neut d'un
état fébrile. De li un vieil adage a la fièvre nourrit ». Sous rintluenee des Iroublos
apportés aux fonctions organiques par la fièvre, la sensation de faim disparaît d'une façon
constante dans les maladies [comme les diverses pblegnmsies aigu^.'s, (ièvi'R éniptives, le
typlius, la fièvre intermittente, otc. Chacun de nous a pu observer sur lui-mèmo ce fait,
au cours d'une poussée fébrile* ni<*Mne légère. Ce n'est pas là un des ellets les moins
inconstanld de la fièvre.
Mais, si Tanûrexie parait être l'apanage des maladies aiga«-$, elle ^'observe moins
fréquemment dans les affections chroniques. On cite par exemple des malades atteints
de tuberculose pulmonaire, qui, malgré la coexistence d'un étal fébrile permanent,
<îonserveiit cependant un excellenl appétit. îl eu est parfois de mémi; au cours de
l'évolution de tumeurs cancéreuses des parois intestinales^ qui s'accompagnent de
poussées fébriles continues.
Encore pouvons-nous considérer que l'anorexie dans ces atlections fébriles e^t une
maniftislation des troubles apportés dans l'organisme par rhyperlheimie. Autrement dit
la cause de l'anorexie serait d'uu ordre ^'éuéral.
Parfois ujie lésion locale ou orf^anique, surtout de l'esloman, peut engemtrer l'ano-
rexie.
En passant en revue tes maladies de l'estomac au cours desquelles s'observe l'inappé-
tence, ou remarque surtout celles qui intéressent la muqueuse gtistrique dans sa totalité,
comme l'embarras gastrique, la gastrite chronique.
Au contraire, si Ips lésions sont circonscrites en un point bien déterminé do la
muqueusej'appétence pour les aliments peut persister; mais il n'y a là rien d'absolu. Ou
a vu des malades, atteints de cancer du cardia ou du pylore, conserver l'appétit* Ainsi
que le remarque BÉmEfi, U semble que l'anorexie dépende de la grandeur de la surface
lésée. Mais cela ne peut être posé en principe, puisque souvent fanorexie est uu signe
d'assez grande valeur pour le diagnostic précoce d'une tumeur cancéreuse de l'estomac^
au moment où la palpation ne peut relever encore rempâtement et l^augmentation
d'épaisseur des tuniques stomacales.
Quoi qu'il en soit, sauf quelques exceptions, les maladies de restomac entraînent géné-
ralement de rînappétence. Mais celle-ci peut encore être provoquée par des allections
d*autres viscères, comme cela s'observe dans les maladies du rein, de la vessie, dans la
grossesse, à son début ou à sa fin.
Nous signalerons encore i*anoreiie des phtisiques. Elle ne survient peut-être pas
tout à fait au dôbùl de la tuberculose pulmonaire, mais elle ne tarde pas h s'accentuer
avec les progrès de la lésion. Elle peut alors, ou bien constituer un symptôme spécial,
indépendant des autres, ou bien elle peut être la suite de la répugnance qu'inspirent à
ces malades les vomissements, les quintes de toux, qui suivent fréquemment l'ingestiot»
des aliments.
Les maladies organiques des centres nerveux sont également susceptibles de retentir
f ur \îi H©n*iit!V>n c1^ fnim, ot l'anorexir |»osaè*k' alors «ne valeur prodromique que l'ai^
eonrtAU hîcri depiiii Jofi^4crnpH, BKtutift à ce »ujel rapporte l'observation sui\raiite : li
s'agissaii d'un vieillai J i^iii *h\\h, <1( fHii«^ pliisietirs mois, éprouvait un invincible dé^oûli
pO«f lonln r!«pè(r<i rralinieiits. Cun lot même ni à ce que Je disais loul à Theure à propo
du cêncer de re»t4)raac, on cherchait ii celle anoretie persistante ne devait pa;S être rat-
tachée A colle dernière raafc, lorsqu'une hi^morragie cérébrale vint frapper le malade.
Cettr invincible i'é[iuUîon poui loul aliment, quel qu*il filt. avait été le premier signe de
!a maladie cérébrale.
On rr trouve le m^me »ymplôme au début de Tencéphalite. L'anorexie se rencoot
au4*i très sonvent dans la période prodromique de la méningite tuberculeuse chex Teiî-
fanl» et en géntfral dans toutes les aireclions des centres nerveux, atreclions partîcuHè-
roroent fréquentée, comme on le sait, chez les enfants et chez les vieillards.
Enfin, nous nignalerons Tariorexie au cours de la chlorose. Dans cette maladie, les
manif«9tation!i du sen liment de la faim peuvent être dilTérentes. Tantôt on constate
reia^'i ration nu la perversion, tantôt, <*t c'est, croyons-nous, le cas le plus fréquent,
la sensation ent presque abolie* A ce point de vue, la chlorose se rapproche de certaines
malndien nervrnses qui s'acrompa^ne^it de la perte de sensation de la faim.
lUticsi UK dit en elTet : i^ l/alir/naLion menlale, sous toutes ses formes et dans
ioulcH hi*s vHriéU*, donne assez souvenl roccasion d'observer des phénomènes dlnani-
tjon. En eJTul, les mélancoliques, les maniaques, les démetrts, les paralytiques sous
l'influence de rooceptions délirantes ou d'une lésion organique, refusent toute espèce
d'alinienl»; \e^ un» croient qu'on veut les empoisonner, les autres s^imaginenl qu'ils n'ont
plus d'estomac, qu'ils ont le tube intestinal bouché, qu'ils sont morts» etc. De là le
refus souvent invincible des uns el des autres à prendre les aliments qu'on leur otfre ;
quebiues'Uns feignent de faire leur repas comme d'bal»itude^ mais ih n'ingèrent à
dnsseir» iprtine Irt's pelife quantité d'aliments. Au bout d'un certain temps, les phéno—
nit^nc^ projires â rinanitioti apparaissent m?ts et rapides, si l'alimentation est nulle ou
presque mille; insidieux et plus lents, si les aliénés prennent à chaque repas une petite
quîâjilïté de nourriture, m
I! est donr' établi que le manqua d^appétit, ou ranorexie, s'observe fréquemment au
rfïurs <li'S <blTérentes atrections du systtl^me nerveux des névroses. Mais parmi ces der-
ni^^res, il convient de noter tout particulièrement l'hystérie. Les observations concer-
nant les cas d'anorexie hT^térique sont très itombreuses et très intéressantes. Aussi-
inniiittvrons-nonK tciut pLirticuliMrement sur ce point.
Anorexie hyalérique. — I.asegi k en France, W. IIull en Angleterre, ont dénommé
cetlu anorexie, anorexie nerveuse ou hystérique. Les caractères en sont très particulier?,
ot sans aucune cause la Jeune ou le jeune hystérique perd peu ^ peu compl«'4ement son
appétit.
« Due jeune fille, dit Laskglîe. entre quinze et vingt ans» éprouve une émotion qu'elle
avum» ou qu'elle dissimule. Le plus souvent, il s'a^'it d*un projet réel ou imaginaire de
mariiige» d'une conti ariélé alTérente à quelque ï^ympathie ou même à quelque aspiration
(dus on moins ron.Hciçnle. D'autres fois, on en est réduit aux conjecluressur la cause occa-
sionnelle, soit que la jeune lllt^' ait intérêt à so renfermer dans le mutisme si habituel
aux hystcriques, soit qu'en réalité la cause première lui échappe, et parmi ces cause-s
multiples» plusieurs peuvent passer inaperçues,
i< KUe éprouve tout d'abord un malaise à la suite de l'alimentation : sensations^
vagues de plénitude, d'angoisse, gastralgie po$i prmidium, ou ptutAt survenant dés le
commcnccjnent du repas. Ni elle ni les assistants n'y attachent d'importance; il n*eu
résulte ancunr' inronmiodiié brutale.
t( L** lendeniiiin, ta même sensation se répète, et elle continue, aussi insignifiante,
mais tenace, pendant plusieurs jours. La malade se déclare alor^ à elle-même que le
meilleur remt'^dc à ce malaise indéfmi particulièrement pénible consiste à diminuer Tali-
mentation* Jusque-là rien d'extraordinaire; il n'est pas de gastralgique qui n'ait suc-
combé à celte leutalion, jusqu'au moment où il acquiert la certitude que l'inanitioa
relative est non seuti»ment san> ptolil, mais <|u'*"lle af;h'rave les soulTrances. Chez l'hysté-
rique, les choses se |>!isseîit autrcm^'uL Pt'u à peu, elle réduit sa nourriture, prétextant
tantÔI un mal d*^ tête, tantûl un dégoiU momentané, tantôt la crainte de voir se répéter
FAIM.
25
Ips impressions douloureuses qui succèdent au lepas. Au bout de ijuelques semaines, c<?
ne sont plus des r6pu;;nances «.upposftes passa/ières, c*e**l un refus de ralimcntalion qui
se prolonge indrliniment. La nialculie esl ilécliitêe, et elle vn suivre sa marche si faUik-
iniMit qu'il devient facile «le pronoaLiqucr l'avenir. »
A ne s'en tenir qu a ce tableau, la muse Ue Tanorexie paraît résulter des sensations
douloureuses ressenties riu niveau de l'épigastre aprè^ les repas. Les malades refusent
peu à peu tuutc alimenlation pour éviter le retour de ces malaises qu'elles redoutent
particulièrement. « Mais, quels que «loient sa forme, son siège et son degré, la sensation
pénible est-elle due u une lésion stomacalei ou n'est-elle que Teiprcssion rélleie d'une
perversion du système nerveox central? Je ne crois pas que la solution reste douteuse»
du moment (]u*on s*est posé la quesLioiK >»
Dans dt' nombreux cas, les troubles digestifs sont consécutifs k des causes morales,.
telles que cbagrin, déception, contrariété violente. Les douleurs gastriques accom-
pa^»uent bientôt les modilicattons survenues dnm les phénomènes normaux de la diges-
tion. Dans d'autres cependant, il s'agit de véritables affertions stomacales. C'est du moins
ce qu'aflirme Bouvehkt, en se basant sur certaines observations, telles que la suivante:
a Une de mes malades, dit-il, souffrait depuis un an de dyspepsie hyperchlorhydrique.
Pour supprimer la crise fjastralgique qui suivait chaque repas, elle en était arrivée à
supprimer à peu près complètement tonte a]imentalion,et elle était tombée dans un état
d'inanilion des plus alarmants. Ici Tétat mental ne Joue qu'un rôle secondaire, et ce qui
le prouve bien, c'est que die/, cette jeune fille Tisolement n'a point été n<*cessaire; îl i*
suffi d© traiter l'hypercbloriiydrie pour faire entièrement disparaître et l'anorexie ner-
veuse et les symptômes graves de l'inanition. »
La cause de celte anorexie peut encore être recherchée dans une byperesthésie du
pharynx, du spasme de rrrsophagc, on bien d^ins l'appréhension d'une attaque convul-
sive. SoLLîER Ta observée parfois dans une illusion des sens connue sous le nom de
a tuacropsie bystérique », Les aliments paraissent gigantesques, et les malades se refusent
à les accepter^ les trouvant trop volumineux.
Ou bien, selon Roskntual. rhyslérie développe au niveau de la muqueuse f^'astrique
une byperesthésie spéciale qui se traduit par une sensation très précoce de satiété-
Dans d'antres cas, l'exaltation de Tidée reli^'ieuse, en poussatil les malades à des pri*
valions par esprit de mortilication, les font arriver progressivement a une anorexie com-
plète. Ces observations, rares peut-être aujourd'hui, ont été plus communes dans le*
périodes de grande ferveur religieuse, pendant lesquelles on a pu observer de véritables
épidémies de jeûne.
Enfin certains hystériques, par simple désir de se rendre intéressants, d'attirer sur
eux rallenlion de leur entourage, n'hésitent pas parfois à refuseï" de se nourrir. Bien
plus, les scdlicitations, les prières de la famille accroissent au contraire leur résistance,,
et, selon toute probabilité, l'anorexie qui reconnaît cette cause est assuréuïenl la plus
fréquente.
C*est celle que Laséglie a si bien décrite : c'est é;j;aJement celle dont nous citerons
quelques eiemples. On pourrait à la rigueur objecter que celle anorexie est ta même
que celle que Ton observe dans Taliénalion mentale. Il n'est pas rare, en effet, que des
aliénés refusent pendant très longtemps toute nourriture. Assurément, ces cas sont très
voisins les uns des autres; mai> chez les hystériques cette perturbation mentale n*est
que la cause de la névrose elle-même.
tiref, sous Linlluence des di\ erses causes qy! nous venons d'éuumérer» les hystériques
réduisent peu à peu leur nourriture au point de no plus ingérer qu'une ration alimentaire
totalement insuffisante pour réparer les forces de leur organisme. Néanmoins, ces ali-
ments, qui consistent parfois en quelques pâtisseries, quelques cuillerées de potage,
quelques tasses de lait, paraissent leur suffire amplement. Leurs diffestiLins sous ce
régime deviennent plus faciles, et bientôt ces malades prétendent alors avoir trouvé le
moyeu de ne plus souffrir, C*est à ce moment que toute exhortation à manger devient
complètement inutile : on se heurte à un refus absolu.
Celte période est susceptible de durer très longtemps, des mois ou des années, sut-
vaut le temps employé à diminuer Jusqu'au strict minimum la ration alimentaire. C*esl
alors que leur force de résistance commence à faiblir singulièrement; les malades ne
36 FAIM,
lardent pas à maigrir, el deviennent akillus, laiiguiesanls. La consomption fait des pro*
grès (le plus en plus r/ipides, et loujotirs ils s'obslinent à ne pas vouloir manger. C'est
seulement lorsque leur situation devient très grave qu'ils commencent à s'e/frayer ist
consenlent à reprendre une alimentation suffisante.
Mais, en général, le pronostic n'est pas aussi grave que semble le comporter ce tableau.
Lasègue dit en elTet : << Je n'ai pas encore vu Panorexte se terminer directement par la
mort, quoique, malgré cette assurance expérimentale^ j*aie passé par des perplexités
répétées, 11 arrive probablement que îa sensation pathologique, cause première de Tina-
nition, disparaît du fait de In cacheiie croissante, i»
Ordinairement nue affection se surajoute à Tanorexie el provoque la mort des
malades* C'est ainsi qu'une malade de Lasègue mourut de tuberculose* D'autres fois,
rinaniiion elle-même détermine la mort. Ciiarcot en a cité quatre exemples. EnOn Rosen-
TMALp sur trois observations rapportées^ en sif»nale une dont l'issue a été fatale,
Nous avons tenu k consacrer à Tanorexie hystérique tous ces développements, en
raison de l'intérêt que cette question présent*' au point de vue physiologique.
Il est, en elTet, extrêmement curieux de voir cette catégorie de malades résister ai
longtemps à l'inanition volontaire à laqu*^lle elles se soumettent. Kiles ne présentent
presque aucun des lihénomènes classiques de Tinanition (V, art. înanitiou) ; ni amai-
grissentent progressif* ni cachexie, etc. Leurs fonctions restent normah^^s ou à peu
pr?îs, malfJiré riusufTisance notoire de leur ration alimenlaire. Les éohan^»^s respiratoires,
la chaleur dégagée^ sont certainement un peu plus faibles^ mais pas autant que ne Tîm-
pliq ocraient rinsufflsance de substances insérées,
Entin ramaigrissement est relativement peu considérable, et c'est seulement au bout
de plusieurs mois, de plusieurs années même, que les malades se ressentent de cette
dùllcience alimentaire,
Jusqu'oi^ peut aller, dans l'état nerveux hystérique, la privation d'aliments? Ce. Richkt
répond à cette question en fournissant ïes observations de deux cas qu'il a suivisde près,
et dont le contrôle lui a élé facilité par suite de conditions toul à fait spéciales.
<t L'une de ces femmes, L..,, est âgée de 21* ans; non mariée. Son intelligence est
parfaitement intacte : nolle paralysie, nulle anesthésie. Pas de névral^'ies rebelles. Elle
n'e^t pas «uggestible, ou à peine, l/appétit est nul ; el elle a peur de toute alimentation ;
car, peu de temps après avoir mangue, elle ressent des douleurs stomacales intolérables.
J'ai élé à rnéme de noter exactement son alimentation; car elle demeure chez moi et
prend tous ses repas — ou ce qu'elle appelle ses repas, — à la table de famille. Pour
savoir ce qu'elle mange, j*avais fait apporter une balance, et je pesais moi-niénie ses
aliments. Elle ne sortait jamais seule, il lui était donc impo^isible d'acheter des aliments
au dehors: et, dans la maison, elle ne prenait jamais d'aliments en dehors des repas. Je
m'en suis assuré par une surveillance rigotireuï^e et prolongée.
" Pendant cinquante-huft jours, j*ai procédé h la pesée de son ahmenliition dont suit
le détail,
K Ces aliments représentent :
Miilièrcs grass««. ..,..,.. 4U g^raiiuncs,
— ftïott^es. ........ J 06t —
Hydrates de carbone ..,,.., 2 T22 —
« En adoptant les chiffre» de i**^' ,1 par gramme d'hydrate de carbone, de 4-*^ ,7 pour
Talbumine, et de 9''^,i pour la graisse^ nous trouvons que sa consommation alimen-
taire en calories est :
Hydrates de carlïono. . , . l!Gltt,'2
Azoïes r.notfj
Jf alières crasses . 3 X9^ .B
ce qui représente, en cinquante-huit jours, U4ti«*i,S par jour ou en chiffres rontU
346 calories.
« Dans cette période du i février au 2 avril lfi06, son poids a diminué de 46 kilo-
grammes (avec vêtements) h H ^**,290; soit en chiffres ronds une diminution de 2 kilo-
iîrammes.
FAIM.
^27
a En supposant, ce qui esl certainement exagéi^, que la perte ea graisse soit de
oO p. tOO dans la diminution du poids, elle a lIù consommer de sa propre substance
1000 ^ranimes de finisse, soit 9 400 calories; et ie chiffre total des calories mesurées
par voie indirecte devient 26 i^j'i calûries, soit par jour o08 calories^ et, eu forçant uu peu
les chiffres, 510 calories par jour» c*e5t-à*dire it calories par kilo^'.
« C*est là un chiffre extrêmement faible.
* La deuxi^îme personne observée est une femme de 35 ans environ, que j'appelk*rîu
M... Pierre Janet l'a observée pendant longtemps, et cela depuis plusieurs années:
il regarde comme nertain qu'elle est restée pendant plusieurs mois à se nourrir seule-
ment d*une lasse de lait, environ 200 grammes par jour. Encore en vomissait-elle une
partie.
» Mais Tobservation devait être prise avec plus de soin, le l'ai donc, de concert avec
I P. JA?fET, soumise à une surveillance rigoureuse. Pendant un mois, du 10 avril au 12 mai
I^l8'^:i, «lie a été gardée à vue» et pendant la nuit enfermée,
« Son alimentation durant cette période de vingt-huit jours a été de :
Latt. .
Bouillon .
Bière, . .
♦ t;no crammes.
l 07îi '^^ —
i» En admettant que ces trois liquides aient une valeur thermodynamique égale à celle
du lait, ce qui est exagéré, cela nous [donne un chiffre de S 838 calories. Ajoutons les
30c> grammes de graisse perdue par Tor^anisme, nou^ n'arrivons encore qu'à 8 74K calo*
ries, ce qui nous donne par jour 312 calories, soit, par kilogramme, 8*^*^ ,7, ou, en forçant
eticore, 9 calories par kilogramme et vîngl-quatre heures, i»
.Nous arrêtons là l'étude de Tanorcxie hystérique, nous abstenant des détails relatifs
A la nutrition générale, à l'absorption d'oxygène, au dégagement d'acide carbonique.
Ces effets du jeûne trouveront mieux leur place dans rarticlc Inanition. Nous avons sim-
piemenl voulu montrer ce qu'était l'anorexie hystérique» et jusqu'où peut aller cette
obstiniition à reftiser presque toute nourriture : ce qui ne saurait se comprendre san*
une aliolilîon presque complète du sentiment de la faim.
L'explication de ces phénomènes semble devoir être recherchée dans le ralentisse-
ment des échanges nutritifs des hystériques. On sait en effet que leur ration alimentaire,
comme leurs combustions respiratoires, est bien au-desson;^ de la moyenne. D'ailleurs nous
sommes loin d'être arrivés au terme de nos connaissances sur les phénomènes de nutri-
tion des hystériques, 11 y a certainerni nt à ce tiujet des faits extrêmement curieux dont
U'analyse expérimentale aidera beaucoup à la connaissance des causes ijui déterminent
la disparition du besoin de man^^er.
Illusions de la faim. — Il existe des illusions de la faim, provoquées soit par des
phénomènes d'inhibition, soit par l'action de substances métiicamenteuses ou alimen-
taires. On peut en effet calmer sa faim autrement qu'en manf:eant : on trompe alors sa
sensation.
Ainsi, la constriction de la région épigastrique — de là Texpressiun « se serrer le ven-
tre i», — l'introduction dansTestomac de matières non alibiles peuvent la faire disparaître
momentanément. Voilà pourquoi cerlaioes peuplades mangent de la terre pour apaiser
leur sensation. VoUà pourquoi, dans les temps de disette, tes gens affamés ingèrent
toutes sortes de substances inertes, des bmbes, des pierres, du sable, etc. Leur but est
toujours le même : celui de tromper la faim.
Ces illusions reconnaissent pour cause une substitution de sensation. H se produit un
véritable phénomène d'interférence, ou mieux d'inhibition* Quand on comprime la
région épigastrique pour calmer sa faim, on ulilise simplement la prédominence d'une
sensation périphérique sur une sensation eïc»^nlrique. Le phénomène est absolument
seml>lable à ce qui se passe lorsque l'on calme une névralgie par l'application d'une
douleur extérieure. 1/ingestion de matières non alimentaires a^'it de la même façon.
Mais ici c'est la substitution d'une excitation des nerfs sensibles de la cavité stomacale
A La sensation de faim transmise par les centrer nerveux.
A côté de ces phénomènes inhibitoires» il y a lieu de signaler l'action de certaines
9S
FAIM.
subâtonces médicametiLeuses et alimentaires sur la faim, telles qu<^ la raorphiae, l'alcool,
le tabac, etc., les stimulants, les rondin^eiits et les aliments dits, d'épargne*
« Les stimulants et les condiments, disent Mtnk et Ewald. pris â dûse modérée,
stimuleut la digestion; mai?, à dose forte répétée, ils exercent une action inbibilri'^e sur
cette fonction. La nicotine entraine, h ce point de vue, des con^iqueuces plus fâcheuses
encore; déjà, à dose unique, elle parait déterminer en outre une stimulation générale tla
système nerveux, utie dîminolion de la sensation de faim et de i'appétit. Il n*est pas rare,
en ell'et, de constater que l'usage du tabac, immédiatement avant le rejias, diminue ou
fait disparaitre coioplèlemenl l'appélil. » Ce qui est vrai pour la nicotine, fe^t aussi
pour l'alcool, pour la morphine. Les morphinomanes, les alcooliques mangent très peu»
parce que leur sensation de faim est extrêmement alTaibtio.
En dehors de ces substances toxiques, tout le monde connaît k rhéure actuelle Taction
si curieuse de certains aliments dits d'épargne. Depuis un temps iramemoriaL ces substances
ont été utilisées par certainei^ peuplades oi ientales pour augmenter leur résistance à
l'inanition et aux privations de toute nature qu'ils éprouvaient au cours de leurs expé-
ditions. Nous citerons parmi ce nombre, le café, le thé, la kola, le maté, le guarana, la
coca, le kat, le kawa, Schclt/. en fit une étude en tftHl, et leur donna le premier le nom
d'aliments dVqiargne. Ces principes sont aujourd'hui fréquemment employés et jouissent
de propriétés dynamiques très curieuses. Ils possèilent entre autres le pouvoir de retarder
ou d'espacer momentanément la sensation de faim. Nous n'entrerons pas dans le méca-
nisme de leur aclion. Cependant on ne saurait, pensons-nous, considérer qu'il s'agit en
l'espèce d'une illusion de la faim. En eiret,eii dehors de leur action pharmacodynaniique
sur le système nerveux, les substances de celte nature reletitissent efûeacement sur les
matériaux nutritifs qu'ils exagèrent pend.mL un certain temps. De telle sorte que,
sous cette inlluence, l'homme dépense, dit LrKBic, <- ce qui* dans l'ordie naturel des
choses, ne devait s'employer que demain. C/est coiume une lettre de change tirée sur sa
santé »K
On est donc en droit de dire que* si les aliments d*épargne possèdent cette action
inhibilrice sur !a sensation qui nous occupe, c'est en raison de Tautophagie interne qu'ils
produisent. Ils assurent une rénovation des cellules â leurs dépens; c'est pourquoi sans
doute ris prDvo<|uent une sensation de réconfort, de hien-étre physique, de force muscu-
laire semblable à celle qui aeronqia^^ne un bon repas, et c'est pourquoi aussi ils apaisent
en même temps la faim-
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£. BARBIER.
FARINE. — Voyez Alimenls, «, et Pain.
FATIGUE. -^ Définition et généralités. — La fatigue est la diminution
un lu [iiite de l'irrilabitiLé par Tex* itatiûri, ce qui se traduit parce pli«:'!ionirue «jue Teiïet
d'uno excitation prulongùe devient de (ilus en phis faible, bien que riulctisité de Texci-
liiiit reste constante, Pt»ur oldenir le in/^nie eJTet qu'au ilébut, il faut aufinienter Finten-
aité du sLimuiant. La fatiffue est donc équivalente à une paralysie, tuais c'est une para-
lysie partîCulitTe, <:ar elle est provoquée par un excès d*exuitalion. Ainsi les eicîtanU,
qui, pour une intensité faible ou une courte durée, produisent \me excitation, r*esl-à*ilire
un renforcement de Tînten^ité des phénomt^nes vitaux, peuvent, pour une intensilé plus
grandi' ou une durée plus considérable, faire naître des effets précisément inverses,
e*est-ii-dir«^ des paralysies.
Cette délinitiùn de la fatigue fait déjà prévoir dans une certaine mesure que, seuls,
les eïTets d'un certain groupe d'cxcitiots, et non pas de tous, peuvent être suivis de
FATIGUE.
Mlgot* Tmiie modifieatiûn de» facteum mtéri^m qui açi$$eni $ur un orffanUme peui itrA
conâitlér^e rtmme un ixritmt. Le concept de reicîUni aiofi formule, il devient clair que
lo tiomtrf d'escitanli ^ni inralculalite : \h *>e confondent arec les condtlioos mêmes de
h ¥lt. Malt, êfî Terlo m^me de cette définition, l'efTel d'an excitant n'est pas nécessai*
rffm^'nt nnfî «excitation. Varthn rCun excitant peui comhter en une excUation ou en une
par*iUjnic. (Juand il y a renforcement de» phénomènes vitaux, alors reffel produit par an
excitant «ut dénign»' nom 1« nom é^t'urMaiion ; f^uand il y a aH'aiblissement des phéno*
mène» vitaux» alor?! r*'ff*H prodoil par un excitant est désigné soas le nom de paralysie.
|*Jir riflmplejes excitant» thcrmîqnes peuvent produire, suivant les cas, des phénomènes
d'ci citation ou àt* paralysie. Entre certaines limites l'élévation de la lempérattirc agît
comme excitant »ur tous le» praccs»us vitaux. L'abaissement de la température produit
de» effet» uppowés A rm% de IVîlévation. Sous rinllueuce du froid nous voyons les phé-
urimén©» vitaux dimiimer de plu» en plu» et «mftn cesser d'être perccptiî)les. Les exci-
lani» diimtipKiA fournissent un exemple non moins caractéristique. La plupart exerceut
une ftL:lif»n slimufiinte !iur toute» le» cellules et provoquent un renforcement de ractivité
rollulriire. Main, h côtA [dr* ♦•e» «uhslauces chimique» à Taction stimulante, se placent
corlûiiu'â subntwni'eK <!hîmiqueH qui afî'aiblissenL les phénomènes vitaux ou les paraJy-
nent (^unipl^trmïMil. Oi* HubHhjinccs sont di^signees sous le nom â'anesthésiques et de nar^
**t)liqHc». Klli'M urodnisinit des eiïeU paralysants sur la sensibilité, le mouvement.
riVimngo mali'rii'l et «ur les pliénom^'^nes de changement de forme [croissance et divi*
tiiin L'cllulairrs). VoilA donc deux grandes catégories d'excitants (thermiques et chimt-
quepi} d*tnl VriXri jteut consister en une excitation ou en une paralysie. On peut alors dire
qiU! If» fn44 oL lo» antistht^siques sont des excitants qui ne stimulent pas, mais qui para-
lyscnl.
A loutf*» L'i^s définitions ajoutons CL'lïe do rirrîtabilité : Virritabilifc eut ta faculté que
poasvth* fn mntii'r** viimute de rt^iitjir ^tux modificadom de son mitieit par une modi/lcaiion de
$on HiKilihvv mtUérki **i dijnnmùiueK
Toui» leî^ ivlfnh de» exritants sont accompagnée di* transfonualions de force dans Tin-
timilé dti^la miiliiiro vivante, Lo rapport de rassimilationà la désassimilation dans l'unité
lie lemp^ [. ] peut ôlro désigné sous te nom de biotonus. Ce sont les oscillations dans
la valeur du quotient j^ qui déterminonl les variations dans les pbénom^nes vitaax,
Ntius venons de voir quo raction d*un excitant peut consister en une excitation ou
en une paralysie. Mais IVxi'ilation elle-mt^me s*épuise quand Texcitant agit d'une façon
li^n souliMitnt ou iv^9 inlen^i** t^ctto paralysie de fatigue est totalement dilférente de
celle qui sVHablil d'emblé*» sous Tintluencede certains agents paralysants (par exemple^
le» Hne!«thé!*itjue»\ car elle est dm* i\ uu exoé> d'excitation. L'analogie n'est que 1res
iuperlïciel!*^ enln» uu orgnnisuu' tittigué vi uu ù^/^anisrue anesthésié; dan^ les deux
ca»» il y a paralysie, mais la paralysie do fali^nie est le résultat d'un excès d'activité,
elle ne s'établit qu'au bout d'un certain leuips pondant lequel Torganisme ou le tissu a
déploY(f le nuttimum de Ténergie qui lui est propre, La paralysie auesUiésique est le
ralenliï^.*euîent de» processus vitaux sans dépense préalable d'énergie; elle lient essen-
tiellement À Taction, inconnu^ dans son essence, qu'exercent les anesthésiques sur
toutes los formes du proloplnsuu* on 1»^ rendant inapte à recevoir les effets des excitants.
Il ne peut donc i^li-e quostion danalo^ie : il y a plutôt opposition. El même Taction exci-
tante qtiVxt'i-cenl les anellhésiqucs au début de leur action ne permet guère un rap-
procheutent, car il ©si corlain qut* la fmralysie anestbésique n est pas le résultat de
ivpui^ement par rexcitalion initiale. Celle-ci ne sert nullement à caractériser les ânes-
Uiésiques. file est commune A un nombre très constdérai>le d'agents.
Ivntln par les anestltésiqaes rexcilation u a lieu que si les doses sont faibles et le
Alade d>!ifi talion peut manquer ou être tr^ abrégé si I on s'adresse d'emblée à de
1, t\>wr oviicr i*w contwtwinitt? dn ijunsi^p. u «^ait pféfî8f%ble de réÊÊrwm' les doooauaaboiis
ilVtWiMiitMf Evf«fviif ? #1 d'*«ri«aWW# ^Kfre|rlMU^«tt umqmma^mA a«x cas oà il j a «a nafonse-
m*iM 4h ^kkmmu^wm vtiaïai. #l 4% ûêÊk§pw ptf tniêmimm ^lUimf et itriiÊàih^é .BiÉiiattuiÉ}
tv>«ii^ mttdiMilioih, aisM bten l'«xeil«lioa f«i la para^jskv
FATIGUE.
3t
fartes doses. Or des ^ffcU contraires s'observent avec h^ excitaots proprement dits : un
ejtcilanl fiiible ne produira quW faible renforcement des pliénomènes vitaux, tandis
iia*un excitant puissant exaJtera rexcitabiltté Jusqu a son maximum. Cette exaltaliou se
prolongera en raison de la force de Texcitant, et les elTorts de la fatigue seront retardés
dans la même mesure. On verra tout à Ibeure, en elTet, que Ja fatigue surrient plus vite
pour des excitations sous-maximales que pour des excitations maximales.
Diaprés une dassiO cation ancienne, mais qu'on pourrait reprendre encore aujour-
d'hui avec profit, les excitants ^nt divisés en trois catégories : 1" ks excitants propre-
mettt dits; 2*^ ^e^ altérants; 3*^ tes deifOrganimnts, C'est la classification de Jean Mulliir.
Lllluslre physiologiste combat la théorie de Bkown, qui ne connaissait pas TefTet pro-
duit par \ei^ altérants. RROwrr soutenait que, partout ou une action quelconque amène
la paralysie, il y a eu auparavant surexcitation. Ainâi, certaines subtances, qui, à petites
doses, excitent, produisent un tout autre effet à des doses plus élevéesi et, à des doses
plus considérables encore, déterminent l'épuisement, comme Topium. C'est avec juste
raison que Je^n MCllea critique la théorie des stiniutistes. Ces derniers avaient apenu
il est vrai Terreur de Bnow^r, cependant ils n ont pas reconnu Ceffet altérant d'une foule
de substances médicamenteuses.
On n^t peut comparer l'échange matériel d*un organbme anesthrsiif^ et celui d'un
organisme excité. Dans le premier ^as, c'est rabaissement du taux vital îi la moitié de sa
valeur normale et au-dessous; dans le second cas, c'est un renforcement. Le muscle qui
entie en activité bous rinOuence d'un excitant, t^onsomme plus d'oxygène et produit
plus d'acide carbonique que le muscle au repos; il consomme le glycom^nc qui se
trouve en réserve dans son propre tissu, sa réaction devient acide, il produit du travail
mécanique et de la chaleur. Son biotonus subit une modrlicalion dans le sens d'un ac- '
croissement de l'assimilation et de la désasâimilation. El cVst l'excès de raclivité môme
I qui entraine Textinction des forces coutracliles du muscle, par un processus dont nous
nous occuperons plus loin.
Quant à Taction désorganisante, toute niodification dans les conditions vitales d'un
organisme produit de prime abord un effet excitant, mi*nie si TelTet caractéristique de
l'agent donné doit <}tre la paralysie. Ainsi agissentaussi tous les facteurs désorganisants,
mèma ceux qui amènent la mort. Une foule d'excitants n'agissent comme tels que parleurs
propriétés désorganisftinces, par exemple, les acide» et alcalis à forte doses, les courants
électriques intenses, etc. Ces mêmes agents, à iJo?e plus modérée, agiraient comme exci-
tants. D'autres enfin, sont désorganisants d'emblée. Ils produisent néanmoins des etlets
excitants au début de leur action. Mais Vti'dtation proprernent dite est le renforcement
des phénomènes vitaux^ et cette définition est suffisante pour faire rejeter du cadre des
excitations toutes les intluenccs altérantes ou désorganisalrices, telles par exemple que
les anesthésiqnes, la section du nerf, l'anémie, etc., qui ne présentent qu'un rapport
éloigné avec les excitations proprement dites.
£n traitant des phénomènes de fatigue, nouft n'aurons en vue que les excitations
proprement dites, celles qui reposent *?ur un renforcement des phénomènes vitaux.
Lorsqu'un organisme ou un tissu animal est soumis à des excitations de longue
durée» ou bierîà des excitations de très forte intensité ou fréquemment répétées, il tombe
au bout de quelque temps en état de fatigue.
Kïle se reconnaît à cette circonstance, que l'eflTet de l'excitation devient de plu» en
pluiî faible, bien que rintenailé de l'excitant reste constante. Pour obtenir le mAmr
otTet qu'au début il faut augmenter Tintensilé du stimulant.
D.ins cette conception de la fatigue, seule l'intensité de Texcitation entre en consi-
dération. Or, en ce qui concerne les excitations électriques, nous pouvons encore faire
intervenir un autre facteur. J. Iotetro a montré que la perte 'd'excitabilité névro-
muscotiiire, survenant dans la fatigue, se caractérise encore par la néces&ilé d'employer
lies courants à variation de potentiel plus brusque {dans les limites de l'expérimental ion
avec la ttobine Dtj Boiîî-Reymond, (interruptions avec métronome à mercure). La fatigue
conduit la matière vivante à un état d'inertie qui exige pour être vaincue l'emploi
d'ondes plus brusques et plus inlenses.
Quoique la fatigue paraisse appartenir surtout au règne animal, en faisant fonction*
ner les plantes comme des animaux, on parvient à le» fatiguer. D'autre part, on arrive
^«-Vrf^
3t
FATIGUE,
h faire fonctionner les animaux comme des plantes et à les rendre infnligaliles. Si dajiïi
les eondilions ordinaires on ne peut déceler aucun -^igue de fatigue t.^hez les végétaux,
c'est parce que leurs phénomènes vitaux s'act^omplissent avec une extr^^me lenteur, qui
ne donne pas prise à Tépuisement. Maîs> si nous imprimons aux plantes une activité plas
intense, nous voyons appaniltre les phénomènes de fatigue. La production de mou%e-
menl par turgescence chez la sensitive {Mimoiiapudica) cesse au LouL d'un certain tenraps,
«î on U sovmjet à des excitations mécaniques trop souvent répétées. Il faut un certain
temps de repos pour que la plante récupt^ie de nouveau ses propriétés motrices. Ainsi,
au point d<^ vue de la fatigue, lu différence mire les deux règnes n'est pas essentielle et
tient uniquement A la vitesse dilTérenle des échanf^es.
D'autre part, avons-nous dit, on peut faire fonctionufir les animaux comme des
plantes en les rendant infatigables. En recUerchant les conditions du travail optimum.
Màgiuora a vu qu'en contractant le doigt médius & l'ergographe une fois toutes les dii
secondes on n'arrivait jamais à la fatigue. Dans ces conditions, les contractions des
fléchisseurs atteignent leur maiimum de hauleur, el les muscles peuvent travailler indé-
fininif^nt, mém,e si le poids ix soulever atteint r» kilog-ramraes. iNous voyons donc que Je
repos de dix secondes entre tes contractions successives est suflisanl pour la réparation
intégrale, et confère au muscle la propiicté dVtre inlaligable. •
En s'adresi^unt a d'autres organes on retrouve encore la propriété d'être infatigable.
Mais il serait hasardeux de faire ici un rapprochement avec 1p règne végétal «t d'uttri-
buer i'infûligaliililé à une lenteur dfs échanges. Au conlraire, lorsqu'il s*agit de Tinfa-
tigabîlité du ciLutr, tout porte à croire, ainsi qup Cir, Hicbkt l'avait déjà affirmé en 1879»
qu'un muscle qui s'épuise très vite, el qui se repare lrè!> vite, peut élre assimilé au cœur.
'Les recherches de M AGdtORA, relatives ay rythme optimum d*_'S contraclions des muscles
périphériques, uni jeté une vive clarté sur les phénomènes de rinfalig;ibiltLé du ctBur,
«Le cirur bat suivant un rythme optimum qui est suflisaul pour sa réparation intégrale,
les changements cliimiques survenus au moment de la systole étant eiactement com-
pensés pendant la diastole. Mais le cœur acquiert la propriété d'être fatigable quand il
est soumis à des excilalions trop fortes ou trop souvent répétées (comme dans les cas
|iathologiques}.
L'infatig.ibihté du nrnir (dans tes conditions normati-s de Texistence) est facilement
explicable par sa faculté de se désintégrer et de se réintégrer très rapidement. D'autre
pail^ le!> tioncs nerveux paraissent aussi être infatigables et juéme â un degré bien plus
accentué que le ca-ur, attendu qu'ils se laissent tétaniser pendant des heures sans inter-
ruption et sans déceler le moindre signe dp fatigue. Miis, comme le travail propre du
nerf, qui est la conduction de Tinîîux nerveux,^ ne se laisse guère apprécier, on peut se
demander ^i Tinfati^iabilité du nerf est du domaine de celle t|ui caraciérise les piaules,
^*est-à-dire si elle est le résultat d*uii échani^e matériel irés lent, ou, si, au contraire,
elle peut être assimilée à rinratigabilité du co^ur^ qui se fatigue et se repose avec une
extrême vitesse, de sorte que st«s pertes sont comp+Misées aussiti^t que produites. C'est
vers cette dernière opinion que penche aujourd'hui A, WALLEH^qui pourlant avait admis
pendant longtemps que la conductiun ne s'accompagnait d'aucune transformation
d*6nergie.
La fatigue est un phénomène général dans le règne animal. Toutefois il existe des
degrés innojubrables de faligabililé. Les muscles du squelette se fatiguent avec grande
facilité, (Miez les aniinnux inférieurs, les phénomènes de fatigue apparaissent avec ta
même netteté. Si l'on fait passer un courant ;;ulvanique à travers le corps d*un Actinost*
phfçrium, on observa des contractions énergiques k l'anode an moment de la fermeture.
Le proloplasma des pseudopodes s'écoule en direction centripète, jusqu'au retrait
complet des pseudopodes. En même temps il s'opère une destruction granuleuse du
prutoplasma. Si reipériencc dure un certain temps, la substance vivante de VActinoi-
phacrium se fatigue et perd son irritabilité, de .sorte que l'excitant, qui provoquait au
début des phénomènes violents de destruction» ne produit plus, à la tlu, aucun elTel
(Verwôrn). Peîomi/.va <t' fatigue encore plus vite; une excitation de quelques secondes
sufllt pour la rendre coinpièlement inexcitable pour des courants d'intensité invariables
et il faut alors renforcer l'excitant pour obtenir le même etïet qu'au début (Verworw).
ENGKUtANff a vu qu'au bout d'un certain temps d'excitation des cils vibmtiles au moyen
FATIGUE.
35
de torts eourAiit^ électriques, on voit apparattro (es phénomènes de fatigue; il faut alors
augmenter Tintensit^ï de l'excitant ou bien recourir a un certain temps de repos (k inten-
sité égale de courant) pour obtenir le même effet qu*au début.
J. Mashart a montré que rirritabilité det» Noctituques qut réagissent vis*à-vis des
excitants extérieuri par rémission de ïumiiNre (phosphorescence), disparait rapidement
sous rinfluence de la fatigue. Lc^ individus i^puisé» par ragitation continue recouvrent
leur faculté d'émettre de la lumière par le simple repos.
De même les poissons électriques (gymnotes, torpilles et malaptérures) ne peuvent
pas indéfiniment lancer de:î décharges. D'après Schoenlein la torpille s'épuise après mille
déchargent consécutives, produites pendant quinze à trente minute;*. L'organe électrique»
extrait du corps, s*épuiae beaucoup plus vite. Mahey a pu s'assurer, ç^r\ce k la méthode
graphique, que la fatif^ue de Torgane électrique se traduit par une décroissance de l'am*
plilude des tracés. D*Arï*onval a conclu que l'organe s*épuise vite.
l-es phénomènes de fatigue, qui sont la conséquence iriévilable de lactivité, sont carac-
térisés par la diminution ou la perte totale de Vénerf/ie spéctfifine de chaque organe ou
partie d'organe» Ainsi la Fatigue du muscle sera caractérisée par la diminution ou la
perte de la contntctUité, la fatigue du nerf par la diminution ou la perte de la conduc-
tihilité, la faLijafue de l'orgaoe visuel par la perte de lu. perccptivité de ta lumière, la. fatigue
de l'appareil auditif par la perte de la faculté de percevoir le son, etc. Toutefois la mani-
festation de Ténergie spécifique propre à un organisme ou à un lissu n'est qu'un des
termes des transformations énergétiques dont il est le siège; ternie le plus important
au point de vue de sa destination fonctionnelle, mais qui est précédé, acrompa*ïné et
suivi d'autres manifestations vitales, lesquelles, pour être plus obscures, n'en sont pas
moins dignes de tiier notre attention. Et dès lors il devient compréhensible que le mol
« fatigue >» ne doit plus servir à désigner uniquement la diminution ou la perte de la
forme d'irritabilité qui est spéciale à chaque organisme ou partie d'organisme; il doit
aussi être appliqué à la diminution ou à ta perte des autres manifestations d'énergie»
liées au fonctionnement intime des tissus. Aiasi, pour le muscle, il ne suffit pas de
tenir uniquement compte di* la décroissance des phénomènes mécaniques de l'exci ta-
lion, mais, à c6té de la « fatigue de contraction ?», il faut étudier la « fali^ue de cha-
leur Mf la « fatigue des transformations chimiques n et la « fatigue des phénomènes
électriques ». Toutes ces formes de l'énergie sont de fait dimîtmées» ou même complète^
ment anéanties par la fatigue, et il convient de rechercher les rapports qu^elles affectent
entre elles en s'ant^antissant, ainsi que leur mode et lettf tour de disparition. Ces considé-
rations n'ont guère été émises, sauf pour le nerf, où la persUtanco de la variation néga-
tive a été assimilée à la persistance de ta forme d'énergie qui est caractéristique pour le
nerf, et qui est la conduction. Leur importance n'a cependant pas échappé aux physiolo-
gistes.
D'après la loi de l'énergie spôciBque, les excitants de qualités les plus diverse* pro-
duisent sur le même objet vivant des effets semblables. Il ne faudrait pourtnut pas attri-
buer à celte loi nne valeur absolue. Telle forme de matière vivante peut être plus sen-
sible à une qualité d'excitant qu*à une autre. Sauiï^'F a montré que tes ûlots nerveux
étaient plus sensibles k reicitanl galvanique qu'à l'excitaol mécanique, tandis que la
fibre musculaire (contraction idio-musculaire} est plus sensible à Texcitaot mécanique
qu'à l'excitant galvanique. Catherine Scuipiloff a établi que, sous l'inlluence de la mort
des muscles, rexcitabilité chimique est la première à disparaître, qu'elle est suivie de
la perte de l'excitabilité électrique, et que l'excitant mécanique était Vultimwn movens.
On conçoit ainsi qu'il existe même des formes de substance vivante qui ne sont nullement
influencées par certains excitants; par exemplei d'après Vkrworn, les genres OrbUoiite$
et ÂmfhiH€(iina,%i d'autres Rhizopodes marins, ne sont nullement iniluencés par les
chocs d'induction, quelque intenses qu'ils puissent être. Leur protoplasma exige pour
réagir une durée d'excitation plus longue que celle qui est donnée par le choc d'induc-
tion. Vis-à'VÉS de ces résultats il n'y a rien de surprenant dans ce fait soutenu par Schiff,
à savoir que le tissu musculaire est directement inexcilable par le courant induit et qu'il
Test seulement par te courant galvanique et les excitants chiroiquei^ et mécaniques.
ALuaHALDR dit que le muscle épuisé par le courant faradique réagit toujours à l'action du
courant galvanique. Ce fait s'accorde avec les phénomènes coaatatés précédemment par
DtCT, DS PHYSIOLOOIS. — TOMR T1. 3
u
FATIGUE.
h loTitio, qui a été amené© à admetlre Texislence de deux éléments différemment exet-
tables dans le muscle strié ordinaire.
La matière vivante est donc sensible dans certaines limites à la qualité de roxcitanL
Or, si nous avons aliordé ce sujet» c'est pour foire ressortir tout Tintèrét qui s'attache-
rait À Tétude de la fatigîibilité de divers organismes, tissus et appareils, en fonction de
la qualité de Vexcitani. Il semble, de prime ahord^que, plus un objet vivant est excitable,
et plus il doit fournir de travail. Mais les recherches de Me.noelssohn Tout conduit à de*
conrîusions exactement opposées. En faisant varier l'excitabilité d'un gastrocnémien de
grenouille sous l'inlluence de la température, de Tanéraic, de la fatigue, elc, ce physio-
logîsle a observé que le nombre de cootraclions que peut fournir un muscle, jusqu'à
épuisement complet, est plus petit quand l'excitabilité est augmentée, et que la somme
de travail mécanique est alors moindre. Ce serait là un point à reprendre en faisant
varier l'intensité de Texcitant,
a côté de la qualité de Teicitant se place son intensité. L'inlluence de l'intensité de
l'eicitaot sur les pïu'nomènes de la fatigue a été quelque peu étudiée. On appelle
inaciives les excitfitions tellement faibles quelles ne produisent aucun effet apparent,
c'est-à-dire qu'elles ne donnent pas lieu à la manifeslalion de l'énergie propre à l'ap-
pareil considéré; elles se trouvent au-dessous du seuil de ï'excilation. Les excitations
maximales sont celles qui produisent le maxinmm d'elFet; sou!i-ma,vimal€$ les excita-
tions À intensité moyenne. Enfin, on appelle hyper-maxiwales ou iupra-maxiïnates les
eicitalions plus forte» que les maximales, dont Tinlensité est par conséquent plus
^ande que ne le comporte le maximum d'elle t.j
Les excitations inaclives sont-elles épuisantes? Hebicaxn dans son Handbuch der
Phymlogie H879) considère cette question comme non encore résolue. D'après Kronbc-
lïEtt, les excitations in actives, c'est-à-dire trop faibles pour déterminer une contraction,
ne produisent pas de fatigue des muscles, à moins que ceux-ci ne soient déjà très fati-
gués. FuNKB admet qu'elles ne sont pas suivies de fatigue. En alternant les chocs de
fermeture cL de rupture» il vit que, dès que la clôture disparaissait par effet de la
fatigue, la rupture devenait plus efficace, parce que l'intervalle des excitations actives
avait doublé; il en conclut que les excitations inactives ne sont pas suivies de fatigue.
Rbjdemhal^ et PJGK ont vu que le développement de chaleur dans le tétanos n'était sous
la dépendance de Ijx fréquence des excitations que tant que l'augmenta tion de la fré-
quence produisait une élévation du tétanos. M en résulterait qu'un nombre supplément
taire d'excitations inactives n'est pas en mesure d*augmenter les échanges. Nous croyons
loutelois que la question n*a pas été bien posée par les auteurs. L'elTet des excitations
inaetives peut être totalement différent, suivant qu'elles sont appliquées à un organe
frais ou à un organe fatigué.
Examinons tout irabord Feffet des excitations inactives touchant un organe frais.
Cu. RicHKT a établi qu'il y avait non seulement addition visible des diverses secousses
d'un muscle (escalier), mais qu'il y avait encore une addi/ion latente, une sommation
d'eicttations en apparence inaclives, qui agissent cependant sur le muscle. PplOger,
SrrcaE*NOFF, avaient démontré précédemmeïit que cette addition latente existe pour la
moelle épinière. Cu. ItiCHEia pu généraliser le fait et montrer que celte addition latente
existe pour le système cérébral sensitif et aussi pour le muscle. En graduant Fintensité
des courants électriques de manière que les excitations isolées n'agissent pas du tout
sur le nerf, on pan'ient à provoquer une contraction lorsque tes excitations sont très rap-
prochées. Il en résulte que le muscle de la pince de l'écrevisse, aussi bien que le gas-
trocnémien de la grenouille, deviennent plus excitables quand ils ont été excités pendant
quelque temps au moyen des excitations inefficaces Celles-ci ont donc été suivies
d'effet, bien qu'elles n'aient pas déterminé de contraction. Le mouvement, qui ne se pro-
duit pas tout d'abord sous rinlluence des premières excitations, se produit ensuite,
grâce à l'accroissement d'excitabilité que lui ont donné les premières excitations, res-
tées en apparence impuissantes. On peut même épuiser un muscle par des excitations
inefficaces, rythmées à une par seconde, et assez faibles pour ne pas provoquer de
secousse musculaire apparente. Alors le muscle devient de moins en moins excitable, et
on peut graduellement augmenter Tintensité du courant induit sans provoquer la
secousse musculaire. Ce qui prouve qu'il s'agit bien de fatigue, c'est qu'il suffit d'inter-
FATÏGUE.
35
rompre pendant peu de temps les ciciutions qui n'avaient aucoo e(Tet apparent, pour
que le muscle se répare. Ainsi donc Cb. Ricbkt a établi qu'un muscle peut être épuisé
sans qu'il y ail production de travail extérieur. — Les expériences de Gotscblicu (i894),
faites au moyen d*uoe autre méthode, plaideut dans te même sens. Cet auteur s'adressa
à Tacidité comme mesure de transformations énergétiques dan^ le muscle, il vit que ta
réaction du muscle devenait acide même quand il <^tait soumis à des excitations telle-
ment faibles qu'elles ne déterminaient aucune rontraction. En se basant sur ces résul-
lats, t*autcur admet que le tonm chimique des muâdes est entretenu par une inner-
▼alion sub- minimale, trop faible pour provoquer la contraction. En outre, la tension
continue (sans contraction) produit un effet analogue, c'est à-dire une augmentation
kiensible d*acidité du muscle. La lension seule augmente les échanges. IIeioenhalx avait
déjà montré que l'activité du muscle était sous la dépendance de sa tension, Gotscuucu
démontra le même fait pour le muscle inactif. On peut donc admettre avec cet auteur
qu« les muscles normaux, en raison de la tension qu'ils supportent à leurs insertions,
[se trouvent dans un état de « tonus mécanique » qui vient renforcer le tonus chimique.
En outre Danilewsky a \ii qu*un dégagement de chaleur accompagne les excitations
inactives, dn sorte que nous devrons considérer comme implicitement démontré que
Us excitatiom inacHves produiseni une ti'anaformfiîiûn d'énergie^ autrement dit, gu^elks
exciUnt le mm^le, qui réagit à leur action, non par la contraction, mais par un processus
phystoloKtque interne. Les excitations inactives se comportent à la manière de tous les
autres excitants : leur premier elfet *ist d augmenter l'excitabilité du muscle. Si à ce
moment nous mettons la contraclilité du muscle à Tépreuve, en envoyant à travei-s sa
substance une excitation apte à éveiller la contraction, nous trouvons Texcitabilité
du muscle plus grande qu'auparavant. Mais, à l'instar de toutes les autres excitalions,
les excitations inactives Hnissent par produire des effets de fatigue quand elles agi»senl
trop longtemps.
Si nous avons insisté sur ce phènomt^ne* un des plus importants dans Tétude de
l'excitabilité, c'est qu'il vient confirmer notre assertion, à savoir que, quand il s'agit de
la mesure de la fatigue, il ne suffit pas de prendre en considération la manifestation
de rénergie spécifique de la matière vivante, mais qu'il faut poursuivre toutes les trans-
formations d'énergie dont elle est le siège.
L'efficacité des excitations dites « inactives »> a encore été démontrée dans les expé-
riencRs de j. Iotbyko sur relTet physiol ogique des ondes induites de fermeture et de
rupture dans la fatigue et l'auesthésie des muscles et des nerfs, Nous envoyons des
excitations alternatives de fermeture et de rupture, mais le courant est assez faible, en
sorte que seules les ruptures sont suivies d'une réponse motrice. Les clôtures ne pro-
duisent aucun eïTet apparent ; leur passage ne détermine pas de contraction. Tout à coup,
|aous Tinfluence de l'augmentation d'excitabilité due h raction initiale d'un auestbésique
Jéther ou chloroforme agissant localement), nous voyons apparaître brusquement la
contraction à la clôture et s'égaliser avec la rupture. Qu'a donc produit l'anesthésique?
Il n*a fait qu'exagérer un phénomène en le rendant apparent. La clôture a donc «lé
suivie d'effet dès le début, mais son action était insuffisante pour provoquer la contrac-
tion. Toutefois kî muscle était en <* imminence decontractioU >*, et une augmentation de
son excitabilité a suffi pour déterminer îa réponse motrice.
Cet exemple ne rentre pas dans la catégorie des faits connus sous le nom d'addititm
latente; car, dans le cas de sommation, l'augmentation d'excitabilité, indispensable au
déclenchement de la réponse motrice, est due k l'action de l'excitant même. La répéti-
tion de fexcitation rend le muscle plus excitable. Mais, dans le cas de l'anesthésie,
f augmentation d'excitabitité est due k l'action d*un agent extérieur. Ce fait montre que
raugmenlation d'excitabililé, même indépendamment de la cause qui l'a produite»
permet de mettre en évidence Tefficacité des eicitalions dites inactives.
Dans la phase de rescalier il y a aussi augmentation d'excitabilité. Or il arrive que
la contraction à la clôture, qui était absente au début de la courbe, apparaît de toutes
pièces dans la phase de l'escalier i;J. Ioteïko).
Le problème des excitations inactives est donc définitivement résolu; mais les expé-
riences citées s'adressent au muscle frais, qui présente au plus haut point la propriété
d'excitabilité ou d^explosibilité, et possède, par conséquent, un pouvoir transformateur
36
FATIGUE.
considérable à Têgard des eicilalions* En est-il de même pour le muscle fatigué? Quelles
seront les excitations inactives pour un muscle fatig'ué?Par suite de la diminution d*exci-
tabilité, le seuil de rereitalion a été prorondéinent raodilié dans la fatigue; nous appe-
lons doue « inactives » les excitations linaccoup plas intenses qu'au début.
L*excilation, eflîtrace au début, a produit ki Fatigue en agissant à la longue sur le
muscle, et son application n'est plus suivie d*an elfet moteur. Elle est devenue InactWe
par rapport k ce «qu'elle était auparavant. Cette même excitation se coniporte-t-elle
mainleuiint comme une excitatiou dite inactive agissant sur un orgaue fiais? Donne-
l^elle lieu à un degagemenl latent d'énergie?
LV'tudc de celte importante question reste ouverte; nous ne tenons ici qu'à la signa-
ler, en présentant «juelqucs observations tondant h établir une distinction essenlielle
entre le muscle frais et le muscle fatigué.
On connaît les expériences de Funke qui ronstala que, dès que !a eonlraction à la
clôture disparaissait par la fatigue, la contraction dr rupture subissait un accroissement.
Il faut, dans l'interprétation du pliénomène, écarter toute idée d'addition latente, qui ne
peut certainement pas se produire au moment de la fatiguii. Nous assistons ici à un
phénomène d'ordre inverse, qui est la disparition des effets de Texcitation. L'interpré-
tation^ c'est que. rintervalle des excitations ayant doublé, la fatigue a diminué consécu-
tivement, La disparition de la clôture par fatigue s'est donc comportée exactement
comme si aucune excitation n'était lancée au moment de la fermeture du courant, ce qui
tendrait à prouver que son rôle était devenu nul. Cette expérience est donc exactemeot
analogue à celle où, eu produisant la fatigue par une seule espèce d'ondes, on viendrait,
à un moment donné de Texpérience, doubler rintervalle des excitations; on obtient des
phénomènes de réparation.
J. lûTKYRO a recueilli r|uelques faits dans le même genre. Il est \iai que le phéno-
mène de FuXKK n'a jamais apparu dans ses expériences; il doit être assez rare, et Von
comprend pourquoi. La disparition des effets de la clUure ne se fait pas brusquement;
elle se fait progiessivemenl, et nous devrions nous attendre à voir la différence entre les
deux ondes s'accentuer peu à peu» plutôt que de devenir manifeste à un moment donné.
t>r c'est là précisément un résultat tout à fait constant. J. loTEVào a montré, sur quelques^
centaines de courbes, qa*eii lançant dans un muscle périodiquement des ondes de cld-
ture et de rupture, on obtenait deux courbes de fatigue^ dont la diveryence ne faisait
que ^*accejitiier avec les progrès de h fatifjnc a ti préjudice de ia clôture (Voir plus loin^p. 96).
Il est probable qae e*est à rinefticacité croissante de lacldture qu'il faut attribuer la résis-
tance de la rupture. Dans certains cas les deux courbes sont parallèles; mais alors, la
clôture ayant disparu, la rupture se prolonge plus longtemps que ne Terige le parallé-
lisme* C'est donc presque la môrae observation que celle de Fuxkk.
Citons encore d'autres expériences de J. Ioteyko. Quelquefois, dans ies tracés, la
clôture e*l inefOcace périodiquement vers la ïîu de la courbe. Chaque fois, la rupture se
ressent de cette non-eflîcacilé de la clôture : après chaque lacune, la rupture suivante
est plus baute, et cela se continue jusqu'à l'extrême fatigue. Le même auteur a observé
que le phénomène de la contrat î are était enrayé au moment où, sous riniluence de la
fatigue, la contraction à la 'clôture venait k disparaître. Or, quelle que soit l'opinion
qu'on se forme sur les causes do la contracture, il est certain qu'elle dépend de plusieurs
facteurs, dont la fréquence des excitations. Il faut donc admettre que, dans cette expé-
rience, la clôture a complètement cessé d*agir pour faire disparaître la contracture.
Ces expériences montrent que les excitations, quand elles agissent sur un org^ane
fatigué, ne sont pas suivies d'un effet physiologique. Elles méritent alors réellement la
dénomination de t« iitactives ». Nous n'attribuons certes pas à cette loi une valeur absolue.
Ainsi, dans une expérience, J. Iotkvko a observé la réapparition de la clôture (qui avait
disparu par effet de la fatigue) sous llnlluence des excitants chimiques (sel marin). Ce
fait prouve que l'inefficacité de la clôture n'était pas complète dans la fatigue. Néan-
moins TefTet physiologique des excitations dans la fatigue doit être tellement réduit
qu'il peut être considéré comme nuî. Et ce fait s'accorde d'ailleurs avec toutes les données
de la physiologie musculaire. Nous savons en effet que, dans la fatigue, la disparition
de la chaleur (qui est l'expression du travail chimique) précède la disparition de la
contraction. Cette dernière ayant disparu, il ne reste plus que le phénomène électriqua
FATIGUE.
37
^omma réponse à l^exdtaUoo, el celui-ci doit se prodaire avtvc une dt^pense minime
d*éiiergie. Il s**mblerail que la disparilion des dîlîéreiitespropnéli!'^ du iimscle s'obtient
d*aulanl plus vile qu'elles sont liées À une dépense pîns considér:ible d*énergie,
Eiaminons maintenant les etTels des vjcitations hyper mturimates. Et tout d'abord, un
musde se ratigue-t-il plus vite sous TinHuenee des excitations liypecmaxiniâles qua
sous rinfluence des eiccitalion« maximales? Il n'existe qu'une seule catégorie de preuves :
celles fournies par Kkidclnhain et confirmées ensuite par Gotscbuch, Le muscle, excité
par des excitations électriques hypermaximales, développe une réaclion acide qui est
exactement celle que développe un muscle excité par des stimulant"? juste maximaux.
Crs faits prouvent qu'il existe un maximum de réaction qui ne saurait Aire dépassé.
Quand rintensil^'î de l'excitant dépasse la limite réactionnelle propre à chaque forme de
matière vivante, son application ne détermine aucun elTel supplémentaire, el peut être
assimilée aux efTels d*un eirilant juste maximal. On est tenté de faire ici une compa-
raison avec Tabsorption de l'oxygène, qui, même lorsqu'il se trouve en excès» n*est pas
absorbé en quantité plus considérable que ne le justifie le besoin immédiat.
Il résulte de ces faits que les phénomènes déf^ignés" sous le nom iVhyptrexnUition
sont dus dans un bon noinbre de cas non à rexcitalton, mais bien k Texcilant. Les phé-
nomènes de destruction, de dégénérescence, d'allcration, décrits par un grand nombre
d'auteurs, tiennent à l'action destructrice de l'agent externe. Non pas que notre itilcnlion
soit de nier ta posâibitité de la mort par hypercxcilation dans le sens physiologique,
mais il n'en est pas moins probable que beaucoup d'observations de ce genre se lap-
portent aux effets destrurlîfs de rexcitaol. Les pliénomènes de df^Qénéri'$caice granukuae,
décrits par Verworis, se rapportent dans bien des cas non à un excès d*ex< ilation, mais
à la destruction du protoplasma par des excitants trop forts. « Si nous portons sur
Fclomyxa, écrit VgnwoHX, des excitants chimiques faibles (acides, alcalis, rhtoroforme,
etc.), en quelques minutes il se ramasse en boute, montrant ainsi un haut degré d'excita-
tion. Ce n'est que dans ïe cours d'une excitation prolongée que le corps proloplasmique
commence à présenter une destruction granuleuae h partir de la périphérie. Si, par
contre, nous faisons agir d'eml»l»''e un excitant cliimique de forte intensité sur le corps
dt* l'infusoire en extension, le stade d'excitation n'a plus le temps de se manifester.
L'infusoire commence à présenter la destrucli^ni granuleuse, dans la forme où Ta sur-
pris l'excitant, et sans passer par un stade préalable de contraction. Ici la mort est
donc la conséquence immédiate de l'excitation. »*
Néanmoins, la mort peut être la conséquence d'une lijperexcitation physiologique.
C'est le cas quand le mouvement volontaire est poussé jusqu'à J*extrême. Un exemple
devenu classique est celui du coureur de Marathon qui quitta le champ de bataille pour
^tre le premier à apprendre à ses compatriotes la nouvelle de la victoire. Entré à
Athtnes après une course ininterrompue, c'est à peine s*il eut encore la force de crier :
Victoire! après quoi il tomba mort. Dans ses observations sur les migrations des
•oiseaux, A. Mosso dit avoir vu souvent de nombreuses cailles mortes, gisant dans les
fossés de la campagne de Rome. Ces oiseaux^ dans l'élan qui, de la mer, les enlr&Jne vers
la lerre, n'ont plus la force de modérer ou d*arrèter leur voL et se heurtent aux troncs
d^arhres, aux branches, aux poteaux télégraphiques et aux toits des maisons, avec une
telle impétuosité, qu'ils se tuent, Brehm a décrit l'arrivée des cailles en Afrique : « On
aperçoit une nuée obscure, basse, se mouvant au-dessus des eaux, qui s'approche rapi-
dement et c]ui pendant ce temps va toujours s abaissant pour s'abattre brusquement k
la limite exlrt''me de la mer; c'est la fonle des cailles mortellpment épuisées. Les pauvres
créatures gisent tout d'abord pendant quelques minutes comme étourdies et incapables
de se remuer, mais cet état prend bienttM tin; un mouvement commence à se manifester :
■une des premières arrivées sautille el court rapidement sur le sable en cherchant un
meilleur endroit pour se cacher. Il se passe un temps considérable avant qu'une caille
se dénude à faire fonctionner de nouveau ses musites Ihoraciques épuisés cl se mettre à
voler. I» De FiLrriM a vu des pigeons en pleine mer reposer les ailes ouvertes sur les flots;
c'était là un signe invincible de fatigue.
La fatigue, quand elle est poussée à rextréme, peut produire ta mort. On conçoit
qu'en face du danger réel que peut présenter l'excès d'activité, la nature ait fourni à
l'organiame des moyens de défense, grâce auxquels il peut lutter contre la fatigue. Cette
38
FATIGUE.
lolle s'acGorajilit ^rloè à deux procédés : le premier repote tur te mode de dUtribuiian
de Iti fatigue mémet qui fait que les organes les plus importants (centres nerveux) sont
protë^és grâce à uue rertaine hiérarchie des tissus vis-à-vis de la fatigue» Le second
proi"édé de défetise, c'est l'accoutumance.
Occupons-nous d\ibord du premier procédé de défense.
Tes faits expérimeutauxqui se rattachent à ce sujet, ainsi que les conclusions qui eo
découk^nt» sont dus aux travaux de J. Iotevko. Gomme Ta établi Ch. Richet, il n'existe
fias de moyens de défense qui ne soient en même temps fonctions à*} nutrition» de rela-
tion ou de reproduction, el ils peuvent être étudiés comme des fragments d'une grande
fonction, la résistance au milieu extérieur. Or, en face des excitations innombrables
que fournit la nature, l'intégrité de Torganisrae sérail rapidement atteinte, s'il avait k
subir toutes les provocations extérieures et intérieures. S'il résiste, c'est parce qu'il pos-
sède un puissant mécanisme dVirrét qui intervient au moment nécessaire. Or, pendant la
fatigue, les excitations cessent d'être efficaces; car la faculté de réagir a disparu. Ainsi la
fatigue soustrait l'individu aux conséquences des excitations trop violentes, qui devien*
draient funestes, si elles étaient perçues. Nous avons vu plus haut que dans la fatigue
les excitations ne provoquent pas de dégagement latent d'énergie. Celte inefficacité des
excitations dans la fatigue rentre donc dans les procédés de défense de Torgajjisme.
Les recherches de J. Iotkyro sur la fatigue de la ruotricité fournissent une hase expé-
rimentale à cette appréciation. Cet auteur a établi que le premier de^ré de la fatigue est
périphérique, el qu'il existe une hiérarchie dans les tissus au point de vue de leur rési^
tance à la fatigue. Les centres réflexes de la moelle sont plus résistants à la fatigue que
les centres paycbo-moteurs, el les uns et les autres sont plus résistants que rappareil
périphérique terminal. Celui-ci étant constitué de terminaisons nerveuses et de sub-
stance musculaire, une fattgabilité plus grande doit être attribuée à Télément nerveux
terminal. Nous arrivons ainsi à cette conclusion, que, dans les conditions physiologiques,
h» phénomènes de fatigue motrice sont dus à Varrât des fonctions des tenninaisons nerveuses
intra-muaculaires*
On le voit, tout le mécanisme de la fatigue est constitué de façon à assurer la pro-
tection des centres nerveux vis-à-vis des excitations nocives. Avant que les centres ner-
veux aient en le temps de se fatiguer, l'abolition des fonctions des terminaisons nen^euses
périphériques arrête toute réaction , Nous avons donc alTaire à une défense d'origine péri-
phéiique, qui est réglée par la limite d*eieitabilité propre aux terminaisons nerveuses.
Elle ne suffît pas toujours, attendu quêtes organes périphériques, devenus inexcitables
pour une intensité donnée d'excitant, sont aptes à fonctionner quand cette intensité
(effort) est accrue. C'est alors qu^intervieni le sentiment de la fatigue, mécanisme central
et conscient* qui apparaît tardivement, quand le mécanisme périphérique n'a pas été
sufBsamment écouté. Nous manquons encore de données précises pour décider si la
sensation de fatigue est liée à une fatigue réelle des centres nerveux ; il est probable
que la sensation de fatigue est l'expression d'un état particulier des muscles^ devenu
conscient à un moment donné. L'origine de ta sensation de fatigue pourrait donc être
périphérique, comme l'est celle du sens kijjesthésique.
Il parait certain que la fatigue s'accumule progressivement dans Torganisrae; de
phénomène local, elle devient phénomène général, et ce n'est que quand elle retentit
sur l'ensemble de Tôtre vivant qu'elle arrive à la conscience. — La fatigue rentre ainsi
dans la catégorie deî* défensea actives générales (fonctions de relation) el nous pouvons
y distinguer les trois modalités admises par Cu. BicHEr pour les autres fonctions de
défense. Elle peut tHre une défense immédiate (arrêt des fonctions motrices par suite de
la paralysie des t'irminaisons nerveuses); elle peut être une défense préventive, qui est
la semation de fatigue. De rnêTue que la douleur pour les eicitations sensitives, elle est
une fonction intellectuelle, qui laisse une trace profonde dans la mémoire et empêche
le retour d'une sensation s^'^mblable. Les Grecs assimilaient la fatigue à la douleur.
C'est peut-être pousser un peu ïoin la ^'énéralisation du sentiment de la fatigue; toute-
fois il faut rattacher à la fatigue, à Tépuisement et à rabattement qui en résulte, toutes
les peines qui ont pour origine un etfort, en un mot toutes les peines ù caractère positif.
La fatigue n'est donc pas la ^douleur, mais en revanche] la douleur est une fatigue.
Skrgi a désigné la sensibilité de défense sous le nom d*e6thophf/lacîi(^ue* Nous proposons
FATIGUE,
39
d'appeler kinHùphylaçU<pi€ la fatigue de défense qui est une sauvegarde du mouvemenL
Enfîn, la fatigue peut être une défense con$émtive^ qui est VatrouUimancc, En laisûa
de son importance, nous lui avons réservé une place à part, en l'appelant « le second
procédé de tuite contre ta fatigue ». Comme certains poisons, qui Ouissent par devenir
îuoffensifs, l'accoulumance rend l'organisme plus rt'sislanl aux atteintes de la fatigue.
LW^oulumanee peut être considérée comme \ïi\b adaptation de Torganisrae à l'excitant.
C'est ïà un fait général, qui s'applique à tous les organismes et à tons les appareils.
Engelmann et Verworn sont panenus à tialjiluer divers organismes anicellulaires à des
solutions salines concentrées, qui, au début, provoquaient des phénomènes d'excitation
très marqués. On peut obtenir des adaptations à des sotutions fuilMes de poisons, à de
hautes températures, à une lumière intense, à un excès de travail physique et intellec-
tuel, etc.; mais, pour que Faccoutuniance se produise» il faut procéder à petites doses.
C'est là le secret de rcnlraînement physique et intellectuel. En procédant brusquemenU
on n'ohliendrait aucune adaptation, mais bien des phénomènes d'épuisement. On peut
dire que les effets de toutes les excitations se meuvent entre deux limites extrêmes :
d'une part la fatiyuCt et de Tautre V accoutumance.
Les excitations ne doivent pas dépasser certaines limites; lorsque ces limites sont
franchies, il y a douleur ou fatigue* La douleur et la fatigue sont donc toujours dues a
un excès d'excitation. Les êtres vivants, peuvent rencontrer, dans le milieu où ils
vivent^ des intluences externes, auxquelles ils ne soienl pas adaptés. La sensibilité de
relation avertit de rantagoniame qui existe entre Tétre vivant et les actions extérieures.
Cet avertissement est un état de conscience que nous appelons douicitr quand il s'agit
d'un excès d'irritation des organes de la sensibilité, et fatigue quand il s'aj^it d'un excès
d'irritation des organes de la motilité. Quand, au contraire, il n'existe aucun conilit,
la conscience manifeste sous forme de plaisir radaptation complète au milieu exté-
rieur.
L'accoutumance est donc l'adaptation de l'organisme à l'excitant; or cette adaptation
ne peut se produire sans qu'il j ait conlliU c'est-à-dire sans qu'il y ait fatigue. Il est
donc permis de parler de l'utilité biologique de la fatigue. Quand elle procède à petites
doses^ elle conduit à l'aceoutumance; quand elle est intense, elle avertit du danger
imminent (fonction kinétophylactique).
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M
FATIGUE,
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Lxn, 413; lxV| ^1); Die Bewcguntj der lebendigen Substani; Jcna, 1892; Eiregung und
iAhmung {Vortrag gehalten auf der 68 Veri^ammluny dcutscher Naturforscher und Aerzie in
FvankfuH a/M^ 1806). ~ Weber (Fti,). (in Wagmr's Handuôrterbmh d. Physiologie^ uu
1846].
CIIAPITBE I
La atigue des Nerfs,
La fatigue d'un nerf peut ôlie mesurée par deux procédés: i" par son action électro-
motrice» et 2*" par l'effet des excitations dd nerf sur le muscle (coniraclion). Or le rap-
port entre ces deux acLions resle int-onnu. En outre, Taction électromotrice du nerf, ou
variation négative du potentiel électrique (courant d*artion), considérée encore nagaère
comme îe signe uniiiue de Tactivité propre du nerf, a perdu beaucoup de sa valeur
comme méthode d'exploration de l*activité nen'euse, depuis que la pos^ibiJité de la
variation négative sans activité fonctionnelle a été péremptoirement démontrée.
Quant an second procédé, qui consiste à prendre la contraction musculaire comme
mesure de ractivité nerveuse, il n'est pas non plus très rigoureuï, car aucun phénomène
mécanique n'accompagne le fûnctionoement propre du nerf, et ît est f^rt difficile de faire
la part de ce qui revient à la fatigue du muscle et à la fatigue du nerf. Le problème
devient encore plus délicat quand on songe que toutes les comparaisons entre Taclivité
du nerf et celle du muscle sont compliquées parla présence dans le muscle de terminai-
sons nerveuses, qui ont une physiologie propre. Le curare, qui paraissait pouvoir tran-
cher la question en mettant liors de cause ces terminaisons molriceB, et qui a été em-
ployé communémenl par tous les physiologistes depuis Cl. Iïersard, n'est cerïainemeut
pas un moyen aussi sûr qu*il semblait l'être au début. lî serait donc dangereux de baser la
physiologie des nerfs périphériques sur ce seul procédé. — D'autre part» tous les moyeut
employés pour mettre en activité le nerf sans exciter le muscle sont plus ou moins arti-
ficiels et prêtent le flanc à la critique. L'unique procédé qui semble être à l'abri de tout
reproche consiste à comparer les elîets mécaniques de Texcitation des différents f3omiâ
du nerf fatigué ; s'il existe des différences dans reicitabilité, elles peuvent être mises sans
conteste sur le compte d^uoe fatigue propre du m^rf, l'appareil périphérique présentaul
une eicitabililè ideiitique à eUe-méme pendant cette exploration. Mais, outre que cette
méthode paraît fort difficile — Taccord n^est pas encore survenu sur les différeu ce s d'ex-
citabilité que présente le nerf frais sur les différents points de son parcours — elle ne
pourrait nous renseigner que sur des ditFérences minimes d'excitabilité, sans trancher ta
q^ueslion de la mesure de la fatigahilité propre du nerf. Elle fournirait néanmoins cer-
taines données positives d'un f^rand intérêt. Malheureusement cette étude est à peine
ébauchée.
Si^ malgré toutes ces difficultés expérimentales et toutes ces lacunes, il est permis de
tirer quelques conclusions fermes relatives k la fatigabilité (ou plutôt à rinfattgabilîté)
des nerfs^ ce n'est qu'en comparant entre elles toutes les méthodes mises en œuvre et
les résultats obtenus. Grâce à cette comparaison, la fatigue des nei f:^, qui, dans les ou-
vrages classiques encore assez récents, était traitée en quelques lignes, constitue aujour-
d'hui un chapitre complet de la physioîogie. Nous le subdiviserons en quatre parties :
t* De Tin fatigabilité du nerf; 2** Eipérienees contradictoires; 3* Critique et faits con-
nexes. Conclusions; 4" Phénomènes chimiques de la fatigue des nerfs.
I, De l'infatigabilîté du nerf* ^ I. Métliode de Télectro Ionisation du nerL — Elle
est due à Bernstein (1877J. Cet auteur s'est assuré d'abord que la fatigue du muscle arrive
au bout du même temps, soit qu'on l'excite directement, soit qu*on l'excite par Tinter-
médiaîre du nerf moteur. Donc la résistance du nerf à la fatigue est au moins égale à
celle du mascle. Pour voir si elle est supérieure, il faut exciter le nerf en empêchant
temporairement l'excitation de parvenir jusqu'au muscle, afin que celui-ci puisse être»
au moment voulu, un réactif indicateur de l'activité du troue nerveux. Behnsteinj parvient
en produisant la» section physiologique n du nerf au moyen d'un fort courant continu qui
Abolit Teicitabdité du nerf à Fanode(anélectrotoQUs]* Voici le dispositif général de l'expé-
FATIGUE.
il
rieuce de Bchï^stei:* : Les deux nerfs scialîques N* et N' appartenant à deux patles
galvanoscopiques d*une même grermtijlle sont tiHantsés en même temps avec tes mêmes
électrodes pendant plusieurs minutes, mais le nerf N* est en môme temps éleclrotonisé
à sa partie inféneure non loin du muscle; il ne laissera pas franchir Texcitatiiin t*5tani-
santé au delà du point rendu inconductible par l'anélectrolonus, et son muscle restera
au repos, tandis que le nerf non électrolonisé (N*) Irarisraellra son excitation au muscle,
et celui-ci entrera en télanos. Nous avons donc excité pur le même courant induit les
df'ux nerfs de la même facon^ mais le nerf électiotonisé n'a pas communiqué son exci-
tation au muscle, Uudis que le second nerf a communique son excitation au muscle
et l*a fait entrer en tt'îanos. Mais bientôt le nmscle lélanisé se relâche, et la conlraction
disparait au bout de trois à quatre min nies. Atln d*apprécier si ce relûchement est dû
k la fatigue du muscle ou bien à »a fatigue du nerf, tout en continuant rexritatiou téta-
nisante des deui nerfs, on lève maintenant Tobstacle'qui enrayait la transmission dans
le nerf électrolonisé, cl, au moment de Touverture du courant polarisant, on voit le muscle
correspondant entrer en tétanos. It est donc clair qae te nerf se fatigua moins que le
muscle, et que te relùcliement observé après le tétanos du premier muscle était dû à la
fatii^ue musculaire, laquelle a précédé la fatigue du nerf et a empêché la manifestation
de son activité. I.a preuve en est fournie par le nerf N^ (électrotonisé), qui, excité de
la même façon que te nerf .N% a fourni un tétanos au moment où le premier muscle
était déjà relâché. — Le sens du courant continu est indilTérent : il faut l'éloigner autant
que possible du point dVxcItation, pour que celle-ci se produise en dehors des modifi-
cations électfotoniques de l*excïtabililé. De ses expériences, Bernstein conclut que le
nerf est plus l'ésistant ik la fatigue que te muscle, mais que toutefois sa fatigue se pro-
duit au bout de cinq à quinze minutes de létanisation.
Behnstkin employa encore d'autres excitants que l'électricité; excitants mécaniques
(chocs avec le dos d'un couteau), chimiques (acide lactique à 10 p. 100) et calonriques(ther-
momètre terminé par une fourche où s'engageait le nerf et qu'on chauffait à Taide d'une
spirale en platine reliée à une pile). Les résultats furent moins uels. parce que te nerf se
lèse facilement» mais ils plaident néanmoins en faveur d'une résistance à la fatigue plus
grande du nerf que du muscle* — Pour étudier la restauration du nerf, Iïervstein opère sur
une grenouille vivante el enregistre les contractions musculaires par le myograpbe de
Pfll'ghr. La réparation se fait aussi beaucoup plus lentement dans le nerf que dans la
muscle. Le processus de rétablissement va d*abord très lentement, puis augmente rapi-
dement pendant un temps relativement court, pour progresser de plus en pïus lentement
à mesure que le nerf se rapproche de sou état normal. La courbe de ce rétablissement
est légèrement convexe vers la ligne des abscisses, puis monte ensuite assez rapidement,
puis passe par un point d'inflexion, pour devenir concave en bas, asymptote k un maxi-
mum. 11 ne faut pas perdre de vue que ces résultats ne se rapportent qu'à la partie du
nerf directement irritée. Comme, dans les conditions physiologiques, le nerf ne travaille
qu'excité indirectement, lea recherches sur la fatigue de la conductibilité seraient du
plus haut intérêt. Nous verrons plus bas que quelques expériences de ce genre ont été
teu tées .
L'objection la plus importante qu'on peut faire à la méthode de réleclrolonisalion
est basée sur les modifications que subit Texcitabilité nerveuse après la cessation du
courant polajisant; on saïf* en etlet, qu'après Touverture du courant continu Texcita-
bililé du nerf revient à ce qu'elle était auparavant, mais après avoir passé par une pliase
inverse, augmentation d*excitabilité à l'anode (modification positive de PflCgeb) el dimi-
nution d'excitabilité à la cathode (modilkalion négative), et, comme résultat fmal, la
cessation du courant continu est suivie, selon les c-as, d*iine diminution ou d'une aug-
mentation de conductibilité, La diminution paraît être fréquente après Tutilisation de
courants forts, tels qu'on les emploie habituellement pour obtenir la ligature complète;
en outre, les phénomènes d*éleclrolyse deviennent sensibles en peu de temps, si la dépo*
larisation n'esl pas produite par le renversement dn courant. On est par conséquent en
droit de se demander *ii la limite de quinze minutes, assignée par Bernstëi.n à la durée
de Tactivitê nerveuse mise enjeu par l'excitation tétanisante, n'est pas plutôt la limite de
temps au bout duquel se produit la polarisation amenant une inconduclibilité persistante
du nerf.
42
FATIGUE.
Tello est l'opinion de Wedensky, qui» sept ans après le travail de BenîtsTELv, entreprit
de nouvelles recherches aur la fatigue des nerfs (1884). Parmi les méthodes mises en
œuvre par le physiologîâle russe, celle qui réussit le mieux fut une modification de la
mélhoiie do Behnstkin,
Wkdenî^ky remarqua que, lorsque ranéleclrotonus est complet, on peut maintenir le
nerf dans cet état même en aiTaiblissant beaucoup \p courant ; on n'a plus alors à craindre
h l'ouverturtî cette iticooductibilité persistante qui ne permit pas à Bebnstein de prolonger
les expériences; ou est également à l'abri du tétanos d'ouverture (tétanos de Bittru)» qui
se produit parfois avec des courants galvaniques intenses et qu'on pourrait attribuer à
tort k l'action dti courant excitateur (faradique). Wrdknsry établit ranélectroionus au
mo)Tn de courants forts, puis, pendant rexpérience, il affaiblit graduellement finten-
sité du courant; il luit agir le couraitt continu affaibli alternalivemeiit dans les deux
sens, en changeant la direction à intervalles assez éloignés, l/excitabilité du nerf eât
examinée toutes les quinze ou trente secondes en ouvrant le courant polarisant; il se
produit alors un lélanos qui provient bien de la portion du nerf excitée comme le
prouve sa cessation apn>s la fermeture de la cluf du court circuit dans le courant secon-
daire. Avec ces précautions, Touverture du courant rend presque immédiatement aa
nerf sa conduciibililé^ tandis qu'une uouveHe fermeture la lui enlève aussitôt. Une
piirtioii du nerf ticiatique soigneuse nient préservée contre la dessiccation et éloignée
d*au moins quinze millimétrés du point de polarisation est tétanisée à Taide d'une
excitalïiiû d*inlensité moyenne.
Quelques expériences durèrent six heures sans qu'on pilt déceler aucun signe d'épui-
sement du nerf. N'ayant pas prolongé Texcitation davantage, Wedbnsry n'indique pas
la limite vers laquelle se produirait la fatigue. ïl pense que peut-être le nerf peut
travailler sans fatigue et sans relâche jusqu'à sa mort. C'est à Wkdknsry que nous devons ^
la première notion, devenue désormais clasf-ique» sur rinfatigabilité du nerf.
En 1887, Masiitikk répéta les expériences de VVedensky en employant comme obstacle
au passage de l'excitation un courant continu faible dont on intervertit le sens de
temps à autre. On peut observer la contraction musculaire après douze heures d'exci-
tation,
Il semble donc qu'en effet le succès des expériences de Wkdenskv est dû à un perfec-
tionnement technique de la méthode de Ber.nstkin. LàwiiEfiT rapporte quelques expé-
riences inédiles de Hésé, faites en 188Q à Nancy, dans lesquelles lauteur fut arrêté par
les mêmes obstacles que BicRNsiEhN; Temptoi d'un courant ascendant fort produisit l'élec-
troîyse au bout de quinze minutes.
M. Méthode de la variatioii négative du potentiel électrique. ^ La persistance de la
variation négiitive dans un nerf excité peut être mise en e'vidence par l'emploi du télé-
phone, tlu ^^alvanomélre et de rélectroraètre capillaire.
Du Hois-Heymond (1843) avait trouvé que la variation négative s'affaiblit lors d'une
télanisatiou prolongée du txerf et qu'elle peut même descendre à zéro à la suite d'exci-
tations de longue durée. Ce fait sérail une preuve de la fatigue nerveuse^ qui existerait
indépendamment de la fatigue musculaire, s*il était péremptoirement démontré que la
variation n<**^'aliveest un indice fidèle de raclivitè foactioaueile. D'ailleurs les recherclies
modernes ont iullrmé le résultat de Du Boi^-Revmond.
Eu 1883, Wedknskv eniplova le téléphone pour rendre sensibles à l'oreille les cou-
rants d'action du nerf scia tique de grenouille. Le téléphone de Siemens, relié directe-
ment avec le nerf que Ton tétanise à son extrémité au moyen du chariot de Du Bois-Rrv-
jiONO, fait entendre le son qui correspond au nombre des courants induits excitateurs.
Le son nerveux possède de grandes analogies avec le sou musculaire, mais, tandis
que le muscle excité cesse bieutdt de répondre en raison de sa faligabilité, le nerf con*
liïiue â réânuuer sans interruption peu tant quinze » trente ni in ij tes, parfois même une
heure. WsLJKNsfiY contrôla ses exp^hriencesà l'aide d'excitants chimiques et mécaniques,
ett*quoique les résultats aient été moins nets, ils plaident également en faveur d'une
grande résistance du tronc nerveux à la fatigue ^
K La méthodâ du ték^phoac comme mesure éiectroméiriqae est loin d*êlre admise par ioas 1
physiologistes.
FATIGUE.
4S
Encouragé par'ces resullab, Wbdensky eut recours au gatvanomètre (1884). On létaiii-
sail lé nerf au moyen de coaraots induits. Une portion du nerf situé plus bas pouvait
à volonté être mise en rapport avec un teiéphone ou urne boussole de VVjedeiia.n?<. Les
deux procédés montrèrent la persistance de Ja variation négative pendant un temps
considérable; neuf heures dans quelques ras. Lorsqu'elle s'atTaîNissait» il suffisait défaire
une nouvelle coupe transversale pour lui redonner sa valeur primitive. Presque en m&me
temps (t8S4)» Hriung instituait des expériences galvanomélriques sur les nerfs moteurs
de la grenouille, et constatait la persistance des oscillations pendant une excitation très
prolongée.
Suivant Mascukk (!887), la variation négative persiste deux à quinze heures, si Ton a
soin de préserver le nerf de la dessiccation et de pratiquer de temps en temps une
nouvelle section transversale. Kdks (1892) se sert aussi du courant électrique d'action
pour déceler ractivité du nerf. L'n sciatique de grenouille est disposé sur des électrodes
impolarisable^ dans une chanilirê humide. On excite sa partie nioyepne à l'aide de cou-
rants induits fréquents, et on étudie la contraction musculaire d'une part et d'autre
part la variation négative au bout central au moyen de l'électromètre capillaire.
Alors que le muscle avait cessé de répondre au bout de une a deux heures, la variation
négative persistait encore au buut de cinq heures sans modiOcaltons, et, au bout de qua-
torze heures, elle pouvait encore <^tre décelée; elle atteignait alors le quart de sa valeur
primitive et n'était pas accrue par une nouvelle section transversale, à l'inverse de ce
qui arrivait dans les expériences de Maschëk, et contrairement h Topinion d'E.\0RLHANN,
d'après lequel le courant de repos devrait bientôt disparaître dans l'ancienne coupe
transversale, et avec lui la variation négative-
Wallbh trouve que la variation négative, tout en étant l'indice de changements chi-
miques (probablement delà production de C0-), persiste pendant un temps*pour ainsi dire
illimité dans le nerf excité. Lors de la tétanisation prolongée, nous vojuus tout d'abord
disparaître la contraction musculaire, f-n second lieu la courbe de la variation négative
du muscle, et ce n*est que très tardivement que la courbe de la variation négative du nerf
commence k décroître (galvanomètre de Thomson), Ce fait prouve, selon Wallkr (1885),
que la fatigue survient plus rapidement dans le muscle que dans le nerf.
m. Refroidif sèment d'une portion du norf, — Wedensky essaya le refroidissement
d'une portion limitée du nerf, croyant cunstituer de cette façon une barrière infranclns*
sable à l'influx nerveux. Ces tentatives, faites sur le nerf sciatique de grenouiïlei ne
furent pas suivies de succès, au dire même de l'auteur. Mais elles donnèrent un résultat
pour les nerfs amyéliniques (Brodir et llALLimjHTOPf). L'excitation du nerf splénique
peut être continuée pendant dix heures si le nerf est refroidi.
I?, CuramaUon trau«itoir«, — L'origine de ce procédé remonte aussi à Weobnskv
(1884); dans rempoisonnement par le curare, une excitation prolongée du nerf devait
rester sans etfet aussi longtemps que durerait l'action do curare; mais, quand cette
substance aurait été éliminée, lu contraction du muscle devrait démontrer que le nerf
n'est pas fatigué.
La méthode de la curarisation échoua entre les mains de Wreiensky, probablement
parce que le curare s'élimine mal che? la grenouille. Elle fut reprise avec plus de succès
par RowDiTCH, Les premières expériences furent faites à Boston sur des chats; il les con-
tinua plus tard sur des chiens dans le laboratoire de Luawto à Leipzig- Bowditcm anes-
théâie un chat par l'éther; l'animal recevait une dose de curare (0»f%007 à ÛB',01 centi-
gramme) suffisante pour empêcher les contractions musculaires; la respiration arti-
ficielle était pratiquée. Un sciatique mis à nu est sectionné près du sacrum, le tibiat
antérieur est attaché à un myographe. Au bout d'une heure et demie à deux heures
dVxcitatîon continue, le curare s'éliminait, l'exci talion déterminait des secousses mus-
culaires qui devenaient progressivement plus fréquentes et plus violentes, mais ou
n'observait pas cependant de véritable tétanos. Si l'on redonne une nouvelle dose de
curare quand la première commence à s'éliminer, on peut prolonger IVicitation au
delà de quatre heures sans épuiser le nerf. L'absence de tétanos au début de la décur-
ariaation est due à la façon dont s'élimine le curare et non pas à la fatigue du nerf.
Si, en effet, on excite le nerf d'un animal curarisé à de rares intervalles, on n'ob-
serve pas non plus de tétanos, mais seulement des secousses isolées au moment de la
H
FATIGUE.
ileonm^tiioa* Dint e#9 cooiiîtk»iH, If flt fournil être qae^oo «le laltg ne, et cependaiii
!•§ 0lf«t§ ik r«xcilAliOTi MMii hétn^kfÊm, ^ne te neif aîl ét^ Ukêé fta r^pos on qu'il ail
éié fort#^m«fftt c/limM ^eoàuA lool te Impi 4^ U oifsntaliQo. U cordes nerreos e^
«lone trVrs r^ î.i baigne; Wowwmm ne croît ceptndnni pas q«e eeUe réssUiice soit
illimit^iï* 1. CM e$i êmcore pins JénMMifIrtIifn si mi prôénH In décnnnsatioa
nn nu»yt'n â'nitf 4v%a d»*; p1t}ri<MlignMfie on d*«lroptoe (OcnBic).
f , MélUods éê réihéniSftl#n. — ll%iicsms (f^TT^ sMîl ts eondaetOnlité dn nerf en no
point déUrminé, titné entre Ja partie excitée et iemn^le, en IVthérisaot à cet eudroiL
H emploie un petit tnhe de ^^-rre en forme de T dont U hfnnelie horizontale est percée, nn
niVf>Aa rie §a jonction arec U verticale, de deux petits nrtfiees dîaroètrmlement opposés,
L'one de« e%\rémlié% du tohe horitontaJ ai en relation airecnn Inbe d^amenée de l'éther»
raatre »trt à «a torlie. 1^ point excité, lonf de 1 millimétrés, e^l ëloignë de I ceoti^
métré et demi de la portion Hh^nwée. Si d^n» rps conditions oo cesse rétltécisàlîoii an
hoot do ^itielfjuen beurea, on voit encore les motcles se contiacler* MAScna s'est
assnré f|ae l'nbtence de fatigoe dn nerf n^étalt pai doe à Taction oppoiée des eonrants
dé fermeture et de ropture, rar la fatîgiie ne se prodaîl pas pins rapîdemcnl no en
ployant ontqoement des courants d'ouvertore.
?r ntrfi ieniitifs. — BKa9ijrTai!« ^*tndic la fatigue des nerfs sensitife et leur rêtnNisaa j
ment m iilihaaot I^î* réflexes produits dans une extri^mité postérieure par one exeilttioo I
électni|ue iton^ilatite de la pean. Les faits observés présenteot une grande analogie avec j
ceui qu'on connaît pour le» nf*rfa mol^furs. Ijincexdorfp fait remarquer qne des obser-
trationt jorirn<'tliArei« faites sur Iliomme semblent apporter la preuTC de la grande endn>
rancc des nerfs sensitifs. Quand, par exemple, des dents cariées sont le sîè^e de TÎTes
ilouleur», te mal ne cesse que pendant le repos de la nuit, et reprend le matin, au réTeil»
avec toMl«^ son inU' usité.
?IL flirts d'arrêt, ~ ^zk^À (1891) étudie la résistance des nerfs d*arrét à la fatigue
par un luUiUin analogue h riilnl de Bowditcii pour les nerfs moteurs. On excite un pneu-
moK'i'' trique d'une far ou continue chez un lapin non anesthésié, et ou injecte à rani-
ma] ont* dttne d atropine suflisante pour paralyser les terminaisons du nerf. Lorsque le
poison AÏ^timine^ au bout de cinq à hix heures, il se produit encore un ratentissemenl
du cirur, preuve que le pneumogastrique u a pas été épuisé par une si longue exci-
tation,
VIIL Nerfs lécrétoires^ — La fatigue des nerfs sécrétoires a été Tobjet de rechercties
expéniniuitalt*!» drs Iïl pnri de LAWUgRT (1804). Pour savoir quel org^ane se fatigue plus
rapidement, fe nvvt un la ^l^nde, Lambert a ti^tanisé un nerf sécrétoire en paralysant
momentanéntfnl hi glnndr> a Taide de Tatropioe. Dès que le poison s'éliminera, il se
produira une aécnHiou, m le nerf n*est pas épuisé. Les expériences ont porté sur la
gland*; «fiu* -maxillaire du cliien. Le bidbe était sectionné, et la respiration entretenue
artillciellorrttint. Une ligature étnit fuite sur la carde du tympan, aussi près que passible
du lingual. On sectionnait le nerf au-dessus de la ligature, et on rengageait dans un
excitateur tulnihun^: fin plnç.iiL dan^ le canal de WuAHTnx une canule à laquelle était
adapl6 un priii tulu' de rîiunlehouc. Le chien était alors porté dans une baignoire-étuvc
in«inl«"(iu»' à H8". LV*x« iiiil<?ur élait mh vn communication avec nn tharioL de De Boi«-
lir.viiuMD ou un appareil ;i courants sinusoïdaux. Les gouttes de salive qui s'écoulaient
par II! Inbn d<* f'a<nitcliuuc tornbaienl sur lu palette du levier ifun tambour enregistreur
fit N'iMHcri valent pïir un trait vcrlic;il sur un papier noirci. La salive était recueillie dans
dt!s veirre» gradnf58 qu'on cbangeait toutes les vingt minutes. 1/auteur déterminait le
conrani ininirnuni qui prnduisail un écaub?ment de salive, puis il injectait une dose
(r«lni|iiiin HuITlHante pour le faire cesser. L*appareil à excitations était alors mis en
nmr(!lH% ot il sagissiut de déterminer le temps au bout duquel Técoulenient salivaire
n*])ai.d trait* l'arfoiî* Tel i un nation de l'alropiiie se fait mal, ou ne se fait pas du tout, et
l'animal meurt sans ((ue réconlemeiil ait reparu. Il ne faudrait pourtant pas croire que,
ni la talivaliou ne réapparall pri^, c'est parce que la corde du tympan est fatiguée par
un*' trop touj^ue (etanisation. Ivi effet, lorsqu'on s 3 trouve en présence d'un cas sem*
bliibic, et si Toîi n*excile le nerf que pendant de courts instants, toutes les beares par
oxtunplr!, il ne se produit pa^ non plus d'écoulement salivaire. Dans les cas où Tatropine
sVst éliminée, récontement reparaissait quarante minutes après Tinjeclion d'atropine et
FATIGUE.
45
allait en s*accrlériinl, le nerf n'ayant pas crtssé d'être tétamsé. En injectant une seconde
dose d*atropiïi6 oti ralentissait de nouveau la sécrétion, qui reprenait dès que l'atropine
était éliminée.
Ainsi ta corde du tympan reste capable de transmettre une eicilatioa pendant un
temps fort long* Or, m^mo fans rt3mploi de i'atroprne, récoulement salivaire peut
persister pendant un temps très considérable, si Ton emploie nue excitation très in-
tense (Lambert). Tout d*abord, il y a une «:erlaioe inertie du nerf à vaincre; ainsi, par
Iciemple, dans urie des expériences de L\mbert, l'écoulemeul ne se produisit pas à la
distance des bobines de 15 centimètres; il n*a commeacé qu'à Ja distance de lOv mais,
une fois établi, il a persisté peudanL quelques minutes a un éc^irtement de 15, Avec
Tetuploi de courants induits forts (dislance o ou 0) la sécrétion se rétablit, et on n'ar-
ri%'e pas à la faire cesser. Dans une expérience faite sur un cbien curarisé, la distance
des bobines étant de 3 centimètres, l'excitation détermina la salivation pendant trois
heures (sans atropine); elle ne cessa qu'avec la mort de l'animal. Une autre expé-
rience dura dix heures, et, au bout de ce temps, récoulement de salive était encore
abondant. Il est remarquable que ni les terminaisons nerveuses, ni la glande, ni le
nerf ne s'épuisent complètement par le travail excessif qui leur est imposé. Si l'on
1 Tient à cesser l'excitation pendant quelques instanis, on voit que l'écoulement reprend
[ensuite avec plus d'intensité; il y a donc «juelque paît dans l'appareil névro-glandu-
[laire une fatigue qu'un très court repos suffit à dissiper. Celte f.:itigue ne réside pas
dans le conducteur nerveux, mais dans les lerniinaisons, comme le montre Taclion
de fatropine qui agit sur ces dernières. Si, en effet, on injecte une dose suffisante
pour ralentir la salivation, sans k faire cesser, le repos ne produit plus aucune surac-
tivité.
II. Expériences contradictoires. — A côté de ces expériences qui semblent prou-
ver rinfatigabiJiié du nerf, st* placent d'autres, qui, selon leurs auteurs, démontrent une
fatîgabilité plus grande du tronc nerveux que de ses terminaisons ou du muscle. Ce sont
les expériences de Herzen el de Schikk.
I. Expéiiencei de Eerzen. —D'après IlEflzEN,les nerfs seraient plus faligables que les
muscles et les terminaisonii nerveuses. De tout le chaînon neuro-musculaire, ce serait le
(cordon nerveux qui s'épuiserait le plus rapidement. Pour décider la question de savoir
si les fibres motrices se fatiguent oui ou non par une activité sufTisamment forte ou
suffi'samnient prolongée, il faut éviter Feniploi du curare et surtout de la polarisation
électrique de longue durée, Tun et l'autre introduisant des phénomènes étrangers à la
question et qui la compliquent sin;,'ulièrement. Il faut recourir à un moyen qui produise
rapidement une suractivité violente des nerfs moteurs, sans agir directement sur eux.
Ce moyen, d'après Hf:rze?i, c*est la strychnine^ dont raclion eiccitante sur les centres»
nerveux se manifeste par des accès de tétanos avec des doses plus petites et au bout
d'un temps plus court que son action déprimante sur les troncs nerveux. Sur des ani-
I maux éthérisés (chiens, chats et lapins), Herzen met à nu les deux nerfs sciattques, et
en sectionne un; une incision delà peau au niveau du gastro-cnémien permet d*exciter
le muscle directement avec les électrodes d'un appareil de Du Bois-Heymond et de déter-
miner le minimum do l'irritation nécessaire pour produire de petites secousses dans les
faisceaux irrités; puis il empoisonne ranimai avec de la strychnine, de façon à produire
un tétanos suffisamment violent pour que l'animal succombe dès le premier ou le
deuxième accès. Le nerf coupé ne prend pas part à la violente activité des autres nerfs^
el les muscles de rextrémilé correspondante ne prennent pas part au tétanos. Maintenant
il s*agit de savoir si la suractivité ainsi produite a fatigué le scialique non coupé; on
excite les deux nerfs de la même manière; le nerf coupé réagit immédiatement, le nerf non
coupé ne réagit point ou k peine; quelque chose est fatigué, est-ce le tronc nerveux ou
l'appareil périphérique? On porte les électrodes alternativement sur les deux gastro-
cnêmiens, et on voit quih réagissent tom les deux^ à peu près de la même manière, au
même minimum (ïiîitensité auquel ils réagissaient avant le tétanos. Généralement, tes
secousses du muscle qui a travaillé sont un peu plus tardives, un peu moins rapides, et
un peu plus longues à se relâcher que celles du muscle qui a été maintenu au repos
par la section de son nerf; la dilTérence entre les deux appareils périphériques aug-
mente d'autant plus rapidement que le tétanos a été plus intense et plus prolongé*
4t»
FATIGUE.
el les muscles devieQueot bieûtôl rigides, sauf ceux qui correspond enl au nerf coupé
Ainsi» Tort peu de temps après la mort de ranimai, qui succouibe à l'asphyxie eaa*
par le tétanos, le nerf qui a travaillé est inexcilabie, et rVs( lui qui refu^e^ et noo sou
appareil périphériquef puisque celui*ci répond encore au minimum d'irrilatjoo auquel il
répond itil avant le travail.
Pour la ciitiqne de la méthode de la stn'chnisaiioti, voir plus bas (^t, Con*
clmions).
UzhiLES ne pense pas que dans ces expériences il s'agisse de Taclion chimique dir
de la strychnine sur le nerf non coupé; sans parler du fait que le nerf coupé est erfi
à cette action à peu prés autant qu*^ l'autre, et même probablement davetntagep à canj
de la dilatation vasculaire produite par ta section, on peal varier rexpérîence de deur
manières qui montrent bien que c'est uniquement de VactivUé fournie que dépeud
rinexcitabilité du nerf; en premier liei]« on peut, en passant un fil sous le scîatique,
lier en masse les deux extrémités postérieures et en exclure ainsi la strychnine; en
second lieu» on peut se passer entièrement de celle-ci, et se contenter de tuer Taniroal
par asphyxie ou par section de ta moelle allongée; les quelques mouvements eonvulsifs que
le nerf intact transmet suffisent pour produire la même différence entre les deux nerfs
que dans Texpérience avec le tétanos strychnique; on constate avec la plus grande faci-
lité que la différence en question n'est pas due à l'augmentation d'excitabilité du nerf
coupé, mais à une rapide diminution d'excitabilité du nerf qui a travaillé.
Ainsi, conclut Herzen« le nerf n'est pas un perpetuum mobile physiologique, il ne
constitue pas une inconcevable exception à la lot biologique la plus générale, d'après
laquelle tous les tissus vivants se décumposent d'autant plus qu'ils sont plus actifs : lui
aussi il se fatigue en travaillant et s'épuise par un travail excessif plus vite que son
appareil périphérique. C'est à dessein que Hkrzen emploie Texpression « appareil périphé-
rique " et non « muscle », car les con tractions qu*on obtient dans ce cas par Tirritation
électrique directe sont de vraies contractions névro-iimscutaires, preuve certaine que non
seulement le muscle, mais les éléments terminaux des nerfs moteurs sont encore exci-
tables, et que, par conséquent, seul le tronc nerveux est réellenienl épuisé.
Voici d'autres faits, rapportés par Herzkn, qui montrent que le travail ne laisse pas le
tronc nerveux absolument indemne : lorsque des irritations réitérées du nerf, appliquées
en un point étoifi-né du muscte, cessent de provoquer des contractions, il suffit d'irriter
un point plm rapproché du muscle pour que celui-ci recommence à se contracter; la
plaque motrice et l'organe terminal névro* musculaire étaient donc encore capables
d'ii^ir, et si, néanmoins ils n'agissaient pas, c'est que le tronc nerveux ne leur amenait
pas le stimulus physiologique; k cause de sa fatigue propre,
La marche des phénomènes est semblable à celle qui suceède à la cessation delà cir-
culation, maid plus lente; dans ce cas, comme dans celui de la fatigue, Texcitabilité
disparaît d*abord dans le bout central du nerf, et, pour obtenir des contractions, il
faut transporter Tirri talion à un point plus rapproché du muscle. — Comme on peut
soutenir que rélectrisation appliquée localement peut amener la destruction du trajet
nerveux, Heiize.v prend sur toute l'étendue du nerf trois trajets : A, le trajet le plus
éloigné du muscle el sur lequel porte l'irritalion; C, le trajet le plus rapproché du
muscle; et B, un trajet entre A et G. Lorsque rirritation en A ne produit plus de contrac-
tions, on dit que c'est la plaque motrice qui ne conduit plus. Hiîrzr?^ soutient que non;
car, si Ton irrite en G, la contraction a lieu; alors on dit : c'est que le trajet A est altéré.
HER7-RN répond de nouveau que non; car l'irritation de B donne à présent un effet b«^au-
coup plus faible que celle de C; donc le trajet H est altéré par l'activité qu'il a transmise.
Cela est de toute évidence sur les nerfs des mammifères.
II, EzpérienceB de Schili.— On sait que c'est principalement aux travaux de Schiff que
nous devons la distinction établie entre les deux modes de l'irritabilité nerveuse :
réceptivité el conductibilité. Or, d'après Schïfk, on peut démontrer facilement que le
nerf excité localement cesse de répondre à l'excitation par fatigue de la réceptivité
nerveuse, il non par épuisement de l'appareil périphérique. Un scialique de grenouille
de grandes dimensions est placé avec les muscles de la patte dans une chambre humide,
dans laquelle pénétrent trois paires d'électrodes, La première paire vient au contact
de la partie supérieure du nerf et amène un courant induit relativement fort. La
FATÎCUE.
47
I
I
deiiiièfne paire, éloignée de la première d'au moins 8 millimètres, est reliée à une
forte batterie galvanique avec un rhéostat dons le circuit, La Iroisiènie paire est
appliquée au nerf près du muscle et se trouve reliée à un appareil inducteur qui est
inactif pour le moment. Tout d'abord, on laisse passer le courant induit de la partie
supérieure du nerf, et le violent tétanos ainsi produit est immédiatement suspendu par
la fermeture du courant galvanique. Le courant galvanique doit être strictement adapté
nu courant induit au point de vue de Tinten^ité, et réglé de matiière que le courant
induit puisse être fermé et ouvert sans qu'il se produise la moindre secous^^e
musculaire. Les courants ascendants doivent être préférés aux de«>cendnnts. On laisse
passer le courant galvanique pendant un certain temps; au bout d'une demi-heure if
est possible d'affaiblir le courant, comme Wedkxsky l*a établi, sans produire de con-
tractions. Au bout de ce temps on peut chanf:;er la direction du courant. A cbaquo
ouverture du courant continu, l'eicitation de la partie supérieure du nerf se propa^/e
jusqii*au muscle et provoque un violent tétanos. On renouvelle cet essai toutes les
demi-heures, ensuite toutes les trente minutes, enfin tous les quarts d^heure, jusqu'au
moment 0(1 on n'obtient plus de contractions tétaniques à l'ouverture du courant galva-
nique. C'est alors qu'on lance un courant induit dans la troisième paire d'électrodes (le
courant galvanique étant ouvert); il en résulle un tétanos durable, et non pas seulement
une contraction isolée. Ainsi la partie supérieure du nerf a été épuisée» tandis que la
partie inférieure du nerf a été préservée de répuisemenl par la barrière de l'électrolonus,
tout comme le muscle Ta été dans les expériences de BEBNsTEtN et de Wedbnsry.
n s'agit maintenant de démontrer que le trajet supérieur du nerf a réellement été
épuisé et que le manque de réaction n'est pas diï au dépérissement du nerf. Or il suflit
d'abandonner le nerf à lui-même dans la chambre humide; au boul d'un certain temps,
il montre les signes indéniables de la réparation. Dans les cas oh il ne se répare pas,
les signes de mort ne font que s'accentuer.
Une autre expérience de Schiff plaide dans le môme sens. La partie périphérique du
nerf près du muscle est ryibmiquement soumise h de faibles irritations, provoquant
chacune une contraction ; 00 laisse marcher l'appareil pendant toute la durée de l'expé-
rience. On fait ensuite afçir un appareil inducteur tétanisant, dont les électrodes sont
appliquées à la partie centrale du nerf, la plus éloignée du muscle. Celui-ci donne
d'abord un violent tétanos, puis des secousses désordonnées, et enfm il se reliche. La
plaque motrice est-elle épuisée? Il semble que non; car on n'a qu'à interrompre la téta-
nisalion pour voir les muscles reprendre à l'instant même les contractions rythmiques
provoquées par l'irritation périphérique; dès qu'on recommence â tétaniser le nerf, il y
a un court et faible tétanos, puis relâchement complet; dès qu'on cesse de tétaniser,
les contractions rythmiques recommencent. Si la plaque motrice était épuisée» elle ne
pourrait pas se remettre instantanément.
Certaines expériences de A. W aller peuvent également être citées ici, quoique l'au-
teur soit un partisan convaincu de l'infatigabilité du nert\ Mais le désaccord entre lui et
Herzepi n'est pas si prononcé qu'il paraissait l'être. Wallek admet que la Jlbre nerveuse
est n pratiquement infatigable n, à cause de la persistance de la variation négative dans
un nerf tétanisé, mais il est loin d'admettre, à l'exemple de Wkdosky, que cette inl'ati-
gabilité soil absolue. Quand un nerf est excité, le processus se compose de deux pliases;
dans la première, Texcilant physique se met en relation avec la substance nerveuse et
l'excite (excitabilité proprenipnt dite ou réceptivité); dans la deuxième phase l'excita-
tion se propage de proche en proche i conductibilité). Lequel de ces deux processus est
plus rapidement et plus profondétnenl influencé par la fatigue? Suivant Walleu, l'effet
de Texcitation du point central du nerf diminue plus vite que celui du point inférieur.
Ainsi, par exemple, Waller excite alternativement au moyen de deux paires d'élec-
trodes deux points du sciatique de grenouille, distants de un cenlim^^tre. Chaque série
alternative comprend cinq excitalions. On constate que les secousses dues à l'excitation
du point supérieur diminuent profçressivement et finissent par disparaître bien avant
les secousses dues à l'excitation du point inférieur. A un moment dojiné, le point infé-
rieur est encore directement excitable, alors qu'il a cessé de transmettre Texcitation
venue du point situé plus haut. Celte dilTérence prouve, selon Waller, que, sous Tin-
lluence de la fatigue, la conductibilité est diminuée plus rapidement que la réceptivité*
48
FATIGUE,
III. Critiques et faits connexes. Conclusions* — A cMé de ces expériences» il existe
ua grand uorabre de faits connexes, ronlre ou fiotir rinfatigabilité des nerfs; noiii
devons donc eiaminer les critiques formulées par dilFérents auteurs et les polémiques
auiquelles ils se sont livrés à ce sujet. C'est un des chapitres les plus controversés de
la physiologie moderne.
E.Faiiguo et traumatiBine. — EfEBZEN soiilient que^ torique des irritations réitérées da
nerf appliquées en un point éloigné du muscle cessent de provoquer des contractions, il
suflit d'irriter un point plus rapproché du muscle pour que celui-ci recommence à se
contnicter; Torgane terminal était donc capable d'agir; et» si néanmoins il n'agissait pas,
c'est que le tronc nerveux était fatigué. Wallkh fait observer que Tirrilation réitérée a
produit uue altération, voire une lésion, dans une porlion seulement, et non dans toute
i'életidue du nerf, RoauTTAir partage la manière do voir de Wallsa, en ce sens qu'il n'y
a aucune garantie que l*^a irritations arlificiclïes, appliquées à un point du tronc ntTveujf,
nV portent aucune lésion simulant Tesistence de la fatigue» Loin de là, il e&t prouré
que Tapplication de courants électriques, même faibles et de courte durée, implique sou-
vent une altération locale, mais permanente, due à la <( polarisation cathodique »
(HEaiNG, Hermann, Wriugo, elc/); c'est là une objection, du reste, qti*on devrait faire à
toutes îes recherches jusqu'ici faites sur la fatigue des nerfs, basées sur le *f bloque
ment temporaire •» et instituées au moyen d'irritations électriques (Bernsteln, Wedbn^rt^
SzANA, etc.). BontjTTAU admet donc que, si li^n ne s'oppose h accepter une sorte de
fatigue des nerfs, celle-ci est toujours très restreinte et ne se montre que tardivement^
« ce qu*ont prouvé une fois pour loutes les expériences basées sur le bloquement tem-
poraire »>. L'objection faite à Uerzen tombe ainsi d'elle-même; car, si nous pouvons
admettre que le nerf a été capable de recevoir et de transmettre Teicilation même après
dix heures d'excitation tétanisante, il est impossible de croire que l'altération s'est
produite, dans l'eipérience de IIeuzen, après plusieurs minutes d'exf^itation. Dans la
polémique engagée entre ces trois physiologistes dans V Intermédiaire des Bioio^ste
(1898), Hëhzen' défend son point de vue pour des raisons que nous avons données plujl
haut.
En tout cas, il nous paraît incontestatde que rapplication prolongée de rélectricité
a pour effet d'aimihiler la transmission par lésion et finalement par mort du trajet direc-
tement excité. Mais alors^ comment expliquer que dans les expériences avec « le bloque-
ment temporaire », il a été possible d'obtenir la contraction mÔme après plusieurs
heures d'excitation du nerf (la question de l'infatigabilité du nerf mise à part)? Ces
expériences démontrent d'une fa<;on certaine que la fibre nerveuse est pratiquement
infatigable (thc practkal inexhaustihilittj de Walleu), c'est-à-dire qu elle est plus résis-
tante à !a fatigue que Torgane lermijial. En admettant même que le nerf excité pen-
dant plusieurs heures ait fait office, non plus de conducteur organisé, mais simplement
de conducteur organique, il est certain que, durant les premiers instants de son activité
il a transmis l'excitation nerveuse sans fatigue et dans des conditions physio logiques •
Rappelons, d*autre part, que BEft.xtrTEiN s'est servi en outre d'excitants chimiques, méca-J
niques, calorifiques, et a toujours pu constater une résistance plus grande de la fjbro'
nerveuse que de Torgane terminal, et il a assigné une limite de ir* minutes à l'activité
de la libre nerveuse, activité mise en jeu par les excitations artificielles de toute espèce.
Il est impossible d*accepter cette limite, car les expériences de BERr<sTKm étaient sujettef
à certaines erreurs, dont il a déjà été question, mais en tout cas ces erreurs ont plutôt
restreint que prolongé l'activité du nerf.
IL Transmission et métabolisme. — Nous ne croyons pas que la théorie de Tinfati*
gabilité du nerf constitue une inconcevable exception à la loi biologique la plus gêné*
raie, diaprés laquelle tous tes tissus vivants se décomposent d'autant plus vile qu'ils sont
plus actifs [IlEEZE^i] ; la contradiction serait fiagrante* s'il était démontré que la trans-
mission nerveuse exige pour se produire une grande dépense d'énergie. Or le travail du
nerf est tellement restreint que toutes les recherches chimiques ou eaioritlques faites
pour l'évaluer ont échoué. La conduction nerveuse paraît être un processus physico-
chimique relativement simple, sans échanges nutritifs appréciables et sans perte notable
d'énergie.
Si l'on peut objectera ces expériences que les phénomènes cbîmîques et caloriliques
FATIGUE.
49
liés à t*aclivtté nerveuse n'ont pu éLre mis en évidence à cause du volanie trop reslreinl
des nerfs, celle objection ne peut plus s'appliquer aux expériences de G, Wkiss, qoi s'osl
servi d*uno mélhode différente, indépendante du volume des organes etudi^!^. La durée
de la période latente du mu?cle est liée à la rapidité avec laquelle se passent les actions
chimiques, et elle peut en quelque sorte servir à la mesurer. Or, quand on fait varier la
température d'un organe vivant, ou voit la fonction de cet orji^ane subir de grandes
niodiBcalious, résultat d*un chnii^'ement dans Tactivilé des phénomènes chimiques dont
[il est le siège. En élevant ou en abaissant la lempéralure iV\m muscle, on voit un rac-
courcissement ou un aîlon^emeut de sa période latente, et la langueur de celle-ci peul
nous donner une mesure approximative de la rapidité avec laquelle faction chimique,
tiée à la contraction musculaire, peuL se produire. Si la propagation d'une excitation fc
long du nerf est étroitemeul liée k une action chimique, il faut nous ottendre k voir la
vil«?sse de cette propaKalion subir, lors des variations de température, des changements
.comparables îi ceux de U période latente du muscle. IIklmiioltz avait signalé un ralen-
exnent considérable de Tinflux nerveux avec rabaissement de température: elle
' tomberait au dixième de sa valeur quand le nerf est refroidi. WE»3S,en éliminant diverses
causes d'erreur de cette expérience^ est arrivé à la conclusion que, quand on abaisse la
température du muscle de grenouilb^ de 20* h 0°, on trouve que la période latente
augmente de 300 p, 100. Or la propagation de Tintlux nerveux ne varit* pas; elle es|
indépendante de la température, et, par suite, n*est pas intimement liée à une action
chimiqtn*, comme IVst la contraction musculaire. Ces faits concordent avec riivpotbèse
de Tinfatigabiliié du nerf ( Wnjssj,
m, Êlectrotonut et curare. — IhidZEx critique la méthode d'électioionisatiou de
Wedeksrv el celle de curarisation de FtowoiTcu. Ces expérimentateurs pensent que pen-
dant toute la durée du passage du courant continu ou de Tiidluence du curare, le nerf,
toujours excité» est toujours actif; mais ne se pourrait-il pas, au contraire, que les
courants de pile très forts et Tintoxication curarique, profonde et très prolongée, fussent
un obstacle non seulement h la Iransmitsion de riiclivilé nerveuse, mais à la production
même de celle activité? Il est même trt'S probable que, dans les deuï eipériences eu
question, le nerf, loin d'être actif tout le temps, ne le devient réellement que lorsque le
courant de pile est interrompu ou lorsque le curare est déjà presque enlièremeut éli-
miné; de sorte qu'au fond les deux expériences sont illusoires (IIkrzkn). Cette objection
de FIer^e.v est purement théorique. Il exi-^^te cependant des expériences qui lui échap-
pent; telles sont, par exemple, les expériences de Maschkk faites avec l'éllier, celles de
Lamuërt sur les libres sécrétoires de ta corde du tympan, et celles de Szana sur les nerfs
d'arrêt.
Quant au curare, Hghzcn n^admet pas qu*i1 laisse le tronc nerveux indemne. En etfet,
ia paralysie curanque envahit les dilTirents groupes musculaires successivemenl. et
cela d'autant plus vite qu'ils sont plus éloignés des centres (grenouille); les extiéniités
postérieures sont paralysées longtemps avant les antérieure*; après cetles-ci, le plan-
cher de la boucbe, en dernier lieu Tiris. Ce fait rend suspecte l'hypothèse d'un empoi-
sonnement exclusif de la plaque motrice et semblerait indiquer que la lontjfteur da nerfs
est pour quelque cho^e dans Tordre suivant lequel les centres cessent de pouvoir in-
nerver les différents muscles. Une autre expérience plaide dans le même sens : on met
à nu les sciatiques d'une grenouille au début d'une Ir^-s légère curartsalion; ou saiâil le
moment où l'excitation du nerf dans le bassin cesse de produire des contractions âi\n^ les
muscles; si alors on Texcite plus bas, on obtient encore de bonnes contractions. Or, en
se rapprochant de la périphérie, on n a pas fail autre chose que de diminuer la lon;,;ueur
-du trajet nerveux à parcourir; il s'ensuit qu'au moment où les plaques motrices n'étaieni
pas encore tout à fait paralysées, la transmission le long du nerf était déjà plus ou
moins enrayée. On peut aussi disposer Texpénence de manière à aagfueiiter la longueur
-du trajet nerveux soumis à l'action du curare. On pose une ligalure au-dessous des deux
nerfs, l'une à la racine de la cuisse et Tautre dau> le voisinage du genou; le trajet ner-
veux soumis au sang empoisonné est donc beaucoup plus long iVun coté que de l'autre.
On injecte alors du curare, et, peu de temps après, en examine l'excitabilité des deux
plexus sciatiques. Celui du côté de la ligature haute agit sur les muscles ù peu près
«comme un nerf normal* tandis que Fautre agit beaucoup plus faiblement ou pas du tout
mCT. DK PliVSiaLOllIE. — TOME. VI. 4r
50
FATIGUE.
L^appareîl péiiphériqae étant, des deux côtes, exclu de rempoîsonnement^ on ne peut
mettre cette différence qae sur le compte des nerfs.
Ces expériences démoulrerit indubitablement que le, curare ne laisse pas le tronc
nerveux absolument indemne. Reste à savoir si l'altération du tronc ner?euat ainsi pro-
duite est aBsez prononcée pour abolir toute conductibilité dans le nerf curarisé. Cette
supposition serait eo contradiction n\ec Topiniini classique. Aussi, tout en admettant
l*inîpûrtance des faits cons-tatés par Hehzkn, croyons-nous que de nouvelles recherches
sont nécessaires pour établir jusqu'à quel point les troncs nerveux sont altérés par le
curare. Il est certain que les elTets observés sont une question de dose et une qtiestion
de temps* Or, dans les expériences de BowmTCH, la curarisation avait été prolong-ée pen-
dant des heures; il est possible que, dans ces couditions, le tronc nerveux ait ét<^ plus
ou moins altéré,
Scnirr combat aussi très énergiquemenl les opinions de Weoe^nsry et de Bowoitgb sur
l'tnfatij^abilité du nerf; leur^ expériences ne démontreraient pas que le nerf est infali-
^nble. Les objections de Schiff seront traitées dans le paragraphe sur rinhibitiou.
IV. Fatigue nerveuse et théorie de ramortîiaement de F ébranle ment fonctionnel. —
Hkrzei\ établit un rapprochement entre les faits obsen'és daos la curarisation, la fatigue
et la mort du nerf [anémie) : dans les trois cas, il faut, poui^ obtenir une contraction, ou
bien irriter plus fort.ot» bien irriter plus prés du muscle, Une irritation, frappant un point
éloigné du muscle, n\vst plus transmise jusqu*à cet organe, et n*v produit pas de contrac-
tion, tandis que, appliquée h un point rapproché du muscle, cttte même excitation y pro*
voque encore des contractions. Pour observer ce pbénomt^ne, il faut saisir la phase
voulue; phase passagère, intermédiaire entre Tétat normal du nerf et la disparition
complète de son excitabilité. Au momenf où la partie centrale du nerf a perdu son
influence sur le muscle^ !a partie périphérique a encore une action; ce fait exclut,
dit Heuzex, au moins pour toute la durée de la phase en question, Tépuisemeot ou la
paralysie de la plaque motrice. Mais alors le nerf n*est donc pas absolument infatigable,
ni inaccessible à toute action du curare, Or^ les faits étant essentiellement identiques dans
les trois cas (sauf pour la durée), on les interprète à tort d'une façon dilTérente ; dans
la curarisnfion et la fatigue on admet que c'est la plaque motrice seule qui est altérée
sans parlieipatîon aucune de la fibre neneusc, tandis que, dans la mort par anémie, ne
pouvant plus soutenir que c'est la plaque motrice qui est seule altérée et qui meurt la
première, on dit au contraire que c'est la partie centrale du nerf qui meurt la première
(Hkh/en). — Ajoutons que la contradiction va encore plus luin; car, pour la majorité des
ptiysiologistes, c'ei^l la plaque motrice qui meurt aussi la première dans l'anémie. Rai-
sonner ainsi, ce n'est pas tenir compte de la différence d'excitabilité entre la partie
cenlrale et la partie périphérique du nerf, et cependant cette différence n*a échappé à
personne dans le cas de mort par arrêt de circulation, rar le fait se présente avec trop de
netteté et trop de constance pour passer inaperçu. La partie centrale du nerf a déjà
perdu entièrement son excitabilité, alors que la partie rapprochée du muscle est exci-
table presque comme à l'état normal ; ces faits ne prouvent-ils pas que la partie supé-
rieure du nerf perd son excitabilité avant les plaques motrices?
A coté de ces trois séries de faits cités par Hehzlw, nous pouvons encore placer la marche
des phénomènes dans l'empoisonnemeul par ta neioine et dans î'anesthè&ie des nerf%,
J. loTEYKO a inonti^* que la neurine possède des propriétés fortement curarisantes (voir
CurariBauls), Si l'on découvre les nerfs sciatiques d'une grenouiîle neurinisée au moment
de ï'arréi des jnouvements respiratoires, on saisit une phase interuiédiaire, phase où
Texcitalion des nerfs prés du muscle est encore efficace, tandis que Texcitatiou de ta
partie supérieure du nerf ne produit plus aucun effet ou produit un effet peu sensible. En
peu de temps, la partie intérieure du nerf perd son excitabifité, et Tirritation doit être
reportée sur le muscle pour provoquer des contraction». Ces expériences prouvent que la
neurine non plus ne laisse pas le tronc nerveux absolument indemne. Ce fait se présente
encore avec plus de netteté dans ranesthésie des nerfs, et il a été étudié par J. Iotbyjîo
et M. Stei ANOwsK V. Quand une préparation névro-musculaire est portée sous une cloche
renfermant des vapeurs détbcr ou de cliloro forme, la partie supérieure du nerf cesse de
répondre bien avant la partie la plus rapprochée du muscle. Le fait csL de toule évidence,
même lorsqu'on opère sur des grenouilles entières avec circulation conservée, et dont les
FATIGUE.
5!
ntrb ieialiqnet mis à nu sont soumis h Taclion des vapeurs anestUésianies. Ces expé-
rîenees présentent encore TaTantage de fournir des indications relatives au rétablis-
sement des fonctions. L*action des anesthésiques n'étant que temporaire, on voit neHe-
ment que le retour des foutions suit une marche inverse à leur extinction : la partie
inFérieure du nerf, qui était la dernière à subir l'action des anestbésiques, revient la
première à la vie*
En comparant ces expériences entre elles, on serait tenté d*admettre qu'il existe une
indépendance fonctionnelle entre les différentes parties du même nerf, la partie supérieure
étant la première à subir le contre-coup des perturbations diverses^ la partie inférieure
étant la plus résistante^ C'est ce qui a fait naître Tidée que le nerf moteur ne meurt pas
graduellement dans toute son étendue, mais du centre à la périphérie. C'est là une expli-
cation trop simpliste^ suivant Herzen, et qui ne repose que sur des apparences. Au con-
traire, les faits s'expliquent beaucoup mieni en admettant que l'arrêt de la circulation
ou la désintégration par le travail, ou encore liniluence du curare, de la neunne,et des
aneslbésiques, produisent dan& toute la longueur du nerf une tmgmentdtion de résistanre,
plus ou moins rapide et plus ou moins forte, suivant qu'on laisse le nerf mourir dans
le repos, ou qu'on le force à travailler. Tout se passe comme si le conducteur nerveux
devenait de plus en plus résistant, incapable de transmettre au Inin rébranlement fouc-
tionoet. Celui-ci se produirait encore au point irrité, mais ne se propagerait plus qu*à
une faible distance et n'atleindait plus l'organe terminal, ni même la partie périphé-
rique, encore excitable, du nerf. Cette théorie de Vamoriisiiemfni croûmnf de tébrantement
/'ondlOH«tf^ grâce à une résistance croissante de la part du conducteur nerveux, explique,
suivant Iîebzën, tous les faits «concernant les nerfs fatj|;;«ês et curarisés beaucoup mieux
que la théorie classique, sans créer une contradiction irréductible vis-à-vis de la persistance
de la variation négative en l'absence de contraction,
On le voit, la théorie de Herzen de raniorlissenieiit de Tébranlement fonctionnel dans
les nerfs fatigués ou mourants est Tin verse de la Ihéûrie de l'avalanche de Pfluge»,
d'après laquelle rexcitation, en parcourant le nerf, augmenterait d'intensité en faisant
boule de neige, de telle sorte qu'une eicilalion appliquée loin du ntuscle produirait un
effet plus considérable qu'une excitation semblable appliquée prés du muscle. Lors de la
fatigue, l'inverse serait la règle. Pourtant la théorie de PFLîj<:^Eft a été contestée; et,
quoique l'accord ne soit pas encore complet entre les auteurs, il est actuellement gêné-
ratenient admis que raeilvité nerveuse conserve son intensité initiale d'un bout à
l'autre du nerf. En tout cas ringénieuse théorie de Herzen rend compte d'un tré^ ^rand
nombre de phf'nomènes, inexpliqués jusqu'à présent; mais c'est aux recberches futures
de lui donner l'appui expérimental nécessaire,
Herze,\ admet que, lorsque Texcitation d'un point du trajet du nerf ne provoque plus de
contraction, il suflit d'exciter un point situé plus près du muscle pour voir apparaître la
secousse. C'est la rexpérience principale sur laquelle il se base. Or on peut toujours
objecter à cette expérience que l'application de l'électricité à la partie centrale du nerf
a produit une altération locale, ^'étendant même au delà de la partie électrîsée et simu-
lant la fati^'ue. La même objection pourrait être faite aux expériences, citées plus baut,
de A, W4LLE«. Pour décider d'une question aussi délicate, il ne faudrait pas appliquer
rélectricité comme excitant direct de la flbre nerveuse, mais il faudrait produire la fatigue
de façon h mettre hors de cause l'altê ration du nerf par les courants électriques. L'élec-
tricité ne devrait être employée que comme méthode d'exploration de l'excitabilité d'un
nerf fatigué par d'autres procédés, l>es expériences de ce genre ont été réalisées dans
des travaux encore inédits de JJoTEYiio.Cel auteur a produit la fatigue périphérique, non
pas en excitant le nerf directement, mais en excitant la moelle épinière d'une grenouille
ou le nerf sciatique du côté opposé ou bien en tétanisant l'animal entier. A tons les
degrés de U fatigue, et dans de nonibreuses expériences, rexcitabilité du nerf non
directement excité a été examinée sur les dilTérents points de son parcours, et cette
excitation d'essai, faite soit au moyen de courants tétanisants, soit au moyen d'ondes
uniques de fermeture ou d'ouverture, n'a jamais pu déceler une différence quelconque
dans la hauteur de la contraction musculaire. Donc le nerf excité indirectement perd
son action sur le muscle d'une façon uniforme sur tout son parcours.
C'est l'unique objection qu'on peut faire suivant nous à la théorie de Herzen ; elle
Sf
FATtCUE-
n'iai pas en conlradicUon avec les recherches de A. CHABPiwneB (1894) sur la résisUiioe
•pparnnU> des nerfs, dans lesquelles on ne trouva pas de modiOcalion de résistance par
le Ctiil de ta curarisaliothlll ne s'agissait dans ces expériences que de la réaction éJectro-
niolrire des nerfs, et celle-tji ne doit pas <Hre identifiée avec rébranlemenl foDClionoeL
V. Théorie de ramortissemeiit et variation négative. — Nous avons vuq u'une des preuves
sur i*Hqi»fllçs oD se hase pour admettre rinfaligabilité d*îs nerfs, c'est la persistance aa
lidvanumtHre de la varialiou négative. Or, pour pouvoir Hr^ admbe, cette conrlusîou
devrait reposer sur la preuve que la présence de la variation négative est toujours un
indice certain de la présence de Tactivilé fonctionnelle du nerf* L'objection de Hehzicx
repose sur l'absenco d*une preuve de ce genre : nous savons en toute certitude que
tc»tile activité nerveuse est nécessairement accompagnée de variation négative; mais
nous if;(norons ah&olunient si la réciproque est vraie, c'est-à-dire si toute varialiou
nrgiilive est nécessairement accompagnée d*activité fonclionnelle* Dùjà, en i89S, UEiizgx
iivail signalé [ïntermèdiaire den Biolotjùtes) un certain nombre de faits qui indiquent qu«
lo pbét»om/t(»e l'^leclrique et le pbr^nomène physiologique ne srrnt pas indissolubleroent
lii^*s Vnn k raulr*», et que, dans certaines conditions, le phénomène «électrique peut s<5
produire seul, sans le phénomène physiologique- Ainsi, dans la phase intermédiaire
dont nous avons parlé plus haut^ lorsqu*une irritation de la partie supérieure du nerf ne
provoqm* plus de contractions, elle provoque néanmoins une variation négative dans
louli! la longueur tlu nerf. La plupart des physiologistes négligent cette phase intermé-
diaire; il^ prennent le neif lorsquaucune irritation ue piMDvoque plus de coutraclioiis
musculaires, constatent au galvanomètre la variation négative toutes les fois qu'on irrite
le nerf, et concluent qu'il n'a subi aucune aUéralion du fait de la fatigue ou de la cura-
risation, el qu*)l ronctionne comme auparavant. Or la présence de la variation négativi;
en rabsence de contraclion s'explique très bien si l'on ai!ceple la Ibéorie de ramortisse-
ment croissant de rébraiilement fûuttionnel ; on peut admettre, en effet, qu*il y a un
dugrô d"all«''ralion où le nerf jie peut plus propager convenablement l'activité physiolo-
gique, mais oii il peul encore produire la variation négative. Celle théorie^ qui explique
U's pbénomrnMs par une altération du lionc nerveux^ n'exclut pas d'ailleuri rallératioii
do la [daquo motrice. Le laî^mt* raison nement^peul être appliqué aux phénomènes de la
mort lentf* par anémie. On reconnaît bien que la partie centrale du nerf meurt la pre-
niirre* mats on oublie que les irritations de la partie centrale du nerf» qui ne donnent
plus uurun elTel physiologique, donnent cependant la variiition négative dans toute la
longueur du nerf* Si la variation négative était indissoluLleoicnt liée à l'activité physio-
logique, elle ne devrait pas surgir dans une partie itieiiûtable, « moite v^ du nerf, et elle
devrait, une fois produite, exciter la partie eicitable. Or elle existe quand même, dit
Hkuzkn, et ]iarcourt le Jiert jusqu'au bout, sans provoquer d'activité fonctionnelle. Nous
aviiuif ilone ici la disjunciion de deux phénomènes qui, dans les conditions normales, se
prt''senterit simultanémenli à savoir le pbénomène électrique sans le phénomène physio-
logique, La variation négative sans activité physiologique montre qu'il existe réellement
un dt'gré d'aliération du nerf suflisant pour le rendie inapte à entrer en activité, mais
irisufllsant pour le priver de la proiinéti: de dunner la variation aégativt\ qui, elle, ne
ce*be dcî se prorluire que plus tard, lorsque raltêralion du nerF est devenue plus profonde.
U'auti^s recberclies ont confirmé ces données. En premier lieu, les travaux de
C llAo/jkowsKi oui montré que là variation négative peut se produire dans ud nerf
artilicirl, ainsi i|ue dans un 'nerf mori; Tanteur en conclut que le pbétiomène de la
variatton négative, coiiïiidéré ju>qu'ici comme indissolublement lié à la vie des nerfs»
n'est autre chose qu*uii pbéiiùméne d'ordre physico-chimique, caractérisant à la fois
tes conducleurs nerveux et les conducteurs inertes construite sur le schéma des nerfs
arlilb-fels. D'autre part, Herzen est également pmvK'uu à établir que la variation néga-
tive est un phénomène accessoire de l'artivile fonctionnelle* On connaît des substances
qui, aiqdiquées directement à un trajet du nerf, le privent de son excitabilité locale, sans
lo^ilcfois le priver de la propiiété de conduire raclivilê fonctionnelle; celle-ci n'est
atteinte que beaucoup plus t^rd (acide borique, cucaîne, chloral). IIekzkn eut recours au
ohloralose. Sous rinlluence de cette substance appliquée localement, le trajet corres-
pondant du nerf devient complètement iaexcitable au bout de quarante-cinq minutes à
une heure. I*es irritai ions portées sur le plexus sciatiquc ont leur plein efTel. Le musr.le
FATrCUE,
5S
esl alors remplacé par un galvanomètre, et ou consUle que Tirritation du point devenu
irtôxcitable par le fait du cbloralose produit ta variation négative en amont et en
aval du point irrité; celle-ci ne semblant se distinguer en rien de la variation négative
qu'on obtient en irritant un point eicitaUle quelconque du même nerf. Or la variiilion
n^^galive qui provient du point chloralosé n'est accompagnée d*aucune activité fonction-
nelle; nous avons donc ici la production de la variation négative dans un nerf normal»
fplië à nn appareil périphérique normal, sans que ce nerf devienne actif,
D*>s lors» il eat impossible de baser au*:une conclusion relative A la résistance deii
nerfs i\ la fatigue on à la ctirarisation sur la présence de la variation négative; on ^iM'ait
même tenté d'aller plus loin, dit Herzen, et d'admettre que l'activité physiologique est
quelque chose de plus que le phénomène électrique qui raccompagne* puisque ce
dernier peut exisler seul après la suppression de l'activité. Mais il est plus probable que,
dans la fatigue ou Ta mort commençante, nous avons affaire h une variation négaiive modi-
lb*e, moin<$ brusque dans son apparition» plus lenti? dans son écoulement, el, quoique ces
dilTe'rences ne puissent être révélées an galvanomètre, la variation négative modiliée
serait incapable d*exciler le nerf. C*e?tl là l'hypothèse de Boruttau à laquelle se rallie
Ika/EN. « Ce qui pourrait être modillé par les excitations électriques réitérées, la mort
commençante ou autres inlluences altérant la constitution ehiinique des nerfs» dit Bûr»jt-
TAi:, ce «erait (n longueur de fonde iiéifative. Or ce;* l'ouranls d'action allongés par la
fatigue (sur le muscle V* Khirs les a démontrés au moyen de réleclromètre capillaire)
pourraient bien agir sur le galvanomètre en formant la variation négative du courant
de démarcation, san«i plus pouvoir a<^ir sur les organes terminaux à cause de leur forme
trop apfalie; c'est re que j'ai démontré (*i. ;/, P., lxv, 1-23) pour Taclion du froid par ta
méthode rbéotomique, après avoir constaté que la variation négative persistait après
la suppression des elîets physiologiques des ejt ci talion?. «»
Hrrzcn et BoHDTTAU sont donc d*accord pour soutenir que, si, dans le» nerfs fatigués
(et c'est là le point sur lequel nous insistonî»), la variation né^»ative per>îiste pendant un
temps considérable, elle est profondément altérée dans sa forme, bien qu'elle représente
un changement de potentiel quantitativen^ent équivalent, ta fatigue ne laisserait donc
pas indemne le pouvoir électro- moteur du nerf; la longueur de Tonde négative serait
aplatie, étirée, et elle ne pourrait plus a^ir sur l'organe terminal. Le galvanomètre ou
Téleclromelre seraient impuissanlis à révéler cette différence» et rela expliquerait pourquoi
ta variation négative ainsi modifiée aurait été pendant si longtemps non différenciée
d'une variation négative normale. N'oublions pas toutefois qu'il s'agit là d'une hypothèse.
VI. Fatiguo et ^oMbitîon. — I^es phénomènes d'arrêt qui succèdent à une activité
longtemps soutenue ou très intenset sont-ils dus à un pliénoméne de fatigue ou bien à
un phénomène inhibitoire? Faisons d'abord remarquer que Tarrèt intiibitoire implique
quelque rhose d'actif, une résultante entre deux actions contraires qui viennent se contre-
balancer^ et que, si le phénomène moteur cesse de se produire, c'est parce qu'une action
en sens contraire est venue l'en empêcher; cette action contraire venant à disparaître,
le phénomène moteur reprendrait son intensité initiale. La fatigue, au contraire, im-
plique un mécanisme totaleinent différent : le tissu ou Torgane considéré cesserait
d'agir par incapacité fonctionnelle. Ce qui distingue essentiellement t.i fatigue propre-
ment dite de l'inhibition, c*est que, dans la fatigue, il y a impossibilité de continuer la
fonction motrice, môme après la cessation de la cause excitante; un certain temps de
repos devient indispensable pour permettre à l'œuvre de réparation de s'accomplir. Au
contraire, les phénomènes inhibitotres sont instantanés dans leur disparition, dès que
la cause déterminante cesse d'agir, et, si les faits ne se présentent pas avec cette
netteté pour les actes psychiques, c'est parce que les cellules corticales gardent pen-
dant longtemps Limpression reçue, qui persiste, grdce à la mémoire, avec une inten-
sité presque égale à celle du délmt. Un animal frappé de terreur par la vue d'un ennemi
reste pendant longtemps dans Timpossibilité de se monvoir; la sensation de peur persis-
tant bien plus longtemps que l'excitation visuelle. Mais, si nous nous adressons aux
muscles et aux nerfs, nous voyons une distinction bien tranchée entre ces deux ordres de
phénomènes. Le domaine de Tinhibition s'élargissant de plus en plus, il paraît certain
qu no grand nombre de faits, considérés comme appartenant a la fatigue, doivent être
rangés parmi les manifestations inhibitrices.
^
H
FATIGUE.
n y a plus de quarante ans Scbiff montra que, loi^n'un nerf est soumis à deux irri-
tation» sîmullanées, il arrive que ces deux irrilalioiis» au lieu ôe se s'accumuler, s'annulent
réciproquemeiit; celle <|uipeuLaiusi rendre rautieiueflicace est appelée par lui irritation
négative. \^ne longue série de couranls iudnils, lesquels sont ordinairement le pins piiis-
sanL irritant pour le nerf, peuvent constituer une irritation négative supprimant les con-
tractions. On prépare le plexus lombaire* le sciatique et le gaslro-cnémien d*uQe gre*
nouille, et Ton fait passer par le plexus lombaire un conranl induit relativement fort; il
se produit un violent tétanos, qui, peu à peu, devient incomplet et finit par disparaître* La
jambe est alors tlasque et sans mouvement; on peut la plier, l'étendre : il n*y a plus de
trace de contractions. Le nerf longtemps irrité parait avoir perdu toute son action sur le
muscle; est-il complètement épuisé? Non; car, s'il l'étail, il lui faudrait pour se remettre
un temps assez long; or il suffit d'interrompre le courant pendant un sixième et môme
un dixième de seconde^ et de le rétablir, pourvoir une nouvelle secousse tétanique^ mais
une seule secousse, et ensuite la jambe reste de nouveau immobile, taut que le courant
passe uniformément. Mais, tontes les fois qu'on interrompt et rétablit le courant, môme
à des intervalles très rapprochés, on voit apparaître la secousse. Quelle est donc raction
du courant sur le nerf dans les intervalles de secousses? Pour l'expliquer, on fixe au nerf,
à une certaine distance des pôles de la bobine d'induction, et plus péripbériquement, Jes
deux pôles d'une pile très faible, munie d'un interrupteur automatique, produisant une
fermeture momentanée à intervalles réguliers. Lorsqu*on est à la phase indiquée dans
rexpérience précédente, on constate que, toutes les fois que le courant faradique est inter-
rompu, cba<|ue fermeture du courant de pile donne régulièrement une contraction ; mais,
dès que le courant faradique est de nouveau mis en jeu, le courant de pile ne produit plus
aucune contraction. Dans ce cas, c'est donc firritation faradique du plexus lombaire qui
joue le rôle d'irritation négative vis-à-vis de Tirritation galvaniqui^ du tronc sciatique;
celui-ci n'est donc pas inactif pendant la durée de Tirritation létanisante appliquée au
plexus, mais, placé dans ces conditions, il devient un nerf inbibiteun
PflCcer (A. î\, 1850, t'ô) critiqua Tiiderprétation de Schiff, tout en confirmant
ses résultats eipérimenlaui, el il cberclia à démontrer que la disposition donnée
aux appareils pouvait produire des couranls unipolaires dans toute ia longueur
du nerf; selon lui, cette expérience s'explique « très simplement par répuisemenl du
nerf o. Les courants forts d'induction qui parcourent la partie supérieure du nerf
doivent épuiser le nerf et en partie le muscle. — Schiff répondit à ces objections qu'il
ne peut s'agir d'un épuisement par activité du nerf et du muscle, parce que, après une
très longue durée de l'expérience, chaque rétablissement de l'induction n'était suivi que
d'une très faible contraction, qui n'était par exemple que de 1 millimètre pour le muscle
gastro-cnémien; après cette contraction, il y avait repos complet, après lequel le courant
d'induction a produit un plus fort raccourcissement, par exemple de 4 millimètres» et Ta
produit toutes les fois que le courant avait été rétabli. !/activité plus grande de la partie
inférieure du nerf était donc suivie d'un épuisement infiniment moins ^rand. L'entrée
en activité du nerf immédiatement après la cessation du courant mon Ire que le n^rt
qui, sous l'influence de la forte induction, parait inaclil et non excitable, est constam-
ment excité, Constamment actif, mais il Iransmel un changement qui empêche le nerf
d'obéir à une excitation et de produire des mouvements musculaires. Il transmet une
irritation négative. Et, sous ce rapport, le nerf moteur montre dans certaines conditions
un effet analof^me à celui du pneumogastrique sur les mouvements du cœur : rinfluence
inbibitrice du pneumogastrique n'est mise en jeu que par tes irritations relativement
fortes, tandis que les faibles mettent en jeu une inllnence contraire. Le sciatique dans
ces conditions devient un nerf inhibiteur.
Cette ancienne expérience de Schiff n'est pas essentiellement en contradiction avec
les expériences de Webensrv et de Bowditcu sur l'infatigabilité des nerfs. Seule Tinier-
prétation en est toute différente; dans certaines conditions, l'effet musculaire des
irritations prolongées du tronc nerveux peut disparaître pour une cause qui n'est
pas l'épuisement des libres motrices; mais, suivant Schiff, celte cause, c'est l'entrée
en jeu de phénomènes inhibitoires, et non un épuisement de l'appareil terminal,
comme l'admettent Wedk^îsr y et Bowbitch; elles démontrent, dit Scuiff, que la conduc-
tibilité est encore conservée dans un nerf lon^^temp^ excité, ce qui s'accorde avec sa
FATrCUE.
55
Ihéorie de rirritation négatire, qui implique la présence d'un résidu de conduclibiliié,
Herzen, qui se range à l'opinion de Schipf, et qui considère que dans la faradisalion
prolongée du plexus lombaire de grenouille, le télanos cesse, non pas par épuisement des
nerfs moteurs, mais par inhibition, émet une hypothèse qui explique pourquoi chez
le lapin, le chien, le chat^ les nerfs ayant transmis le tétanos strychntque sont épuisés
et non inhibés (voir plus haut). Son hypaUièsc repose sur la di;^liiiclion établie entre
rirritation arlitlcielle et rirritation naturelle des nerfs. Dans rirritation artilicielle élec-
triijuf des troncs nerveux, nous mettons forcément en activité toutes les fibres dont ils
se composent, tandis que rirrilation physiologique, venant des centrer, peut meltre sépa-
rément en activité les différentes espèces de fibres que les troncs contiennent. Dans le
tétanoïH rétlfxe, strychnique, les fibres motrices sont seules actives, et alors elles
s'épuisent; dans le tétanos électrique direct, toutes les libres sont actives, et faction
des iiîhibitrices devient prédominante dès (jue les motrices commencent à se fatiguer et
à faiblir; celles-ci sont alors inhibées avant dV*tre épuisées.
\VKi*EN^itY, qui, par ses nombreux travaux, a contribué à élucider la question,
apporte un p^aiid nombre de prouves de ce genre. Nous allons les exposer brièvement.
On admet généralement que, plus les courants appliqués au nerf sont torts, plus
les coutractrons du muscle sont intenses; on l'admet a fortiori pi.mr la préparalion en état
de fatigue. Or, suivant Wedensky^ c'est d'une rombinaison déterminée de ta fréquence et
de rintensitè des courants irritants que dépend te phénomène moteur ou le piR'noniène
inhibiloire. Vn muscle qui ne se contracte plus sous Finlluence de courants induits
intenses et asseï fréquents appliqués au nerf, recommence à réagir et entre en tétanos
violent, si Ton affaiblif rirritation jusqu'à un i erlain degré très modéré (des observations
analogues avaient déjà été faites par V. Khies). Le même irritant peut pruduire des
etTels excitateurs et înhibitoircs.
1. Le maximum delà conlraclion tétanique ne peut être observé qu'en appliquant au
nerf des courants de fréquence et d'intensité très déterminées. A mesure que rexcitabi-
lité diminue sous rintluence de la fatigue, du froid, etr., ta fréquence ou l'intensité doit
diminuer aussi pour que l'irritation exerce l'action létamsanle la plus énergique sur le
muscle, a) En irritant le muscle par les courants maiima, on constate qu'au début,
pour la préparation fraîche, le maximum du la contraction tétanique correspond h
iCM) irritations par seconde ; à mesure que la tétanisation continue et que le tétanos
accuse une tendance à s*aiïaiblir, on le voit revenir à sa hauteur maximum, en dimi-
nuant de plus en plus la fréquence des courants maxtma (70, 50, 30, 20 et l'I irrit-a-
tions par seconde). — b) La fréquence de l'irritation restant constante, et assez f^'cando
(dfiSO à 120 irrilations par seconde), on peut ronserver la contraction prés de son maxi-
mum, en diminuant progressivement l'iiteusité des courants irritants.
Wkoensky désigne sous le nom d'irrerf/f/on optimum celle qui provoque le tétanos
maximum, et qui, suivant les éUts variables de l'appareil excité, doit elle-même varier
dans sa fréquence et dans son intensité. — Avec toute irritation au-dessous de l'optimum
par son intensité ou par sa fréquence, le muscle ne peut soutenir le maximum de sa
contraction. Cette irrilatron, qui exerce dans le muscle un élatde ritccoutxiHsement infé-
rieur h celui du maximum, est désignée sous le nom â^irritation sub-ùiitimum.
IL II en est de même pour une irritation dont la fréquence ou l'intensité sont au delà
de Toptimum. Celle-ci ne peut provoquer le maximum de contraction, non parce que
Tun des facteurs susdits ou tous les deux sont insuffisants, mais, au contraire, parce
qu'ils sont excessifs. Au début, pour la préparation fraîche, il faut environ 250 irrita-
tions par seconde; mais, à mesure que la tétanisation continue» des courants maxima
de moins en moins fréquents (laO, 120, 00, :îO et 40 irritations par seconde] suffisent
déjà, non seulement pour empêcher le muscle de se contracter fortement, mais aussi
pour produire son relâchement complet. Cette irritation, qui met ainsi lo muscle dans
un état de relâchement qui diffère du repos abi^olu, et qui, si on ratlaiblii, ramènera
des contractions muscutuires,est désif^née par Wedenhky sous le nom dlmUUion pcssi-
mitm. Toute irritation intermédiaire entre Toptimum et le pessimuin, doit être désignée
comme Virritation mb-pesi^imum. Ainsi rirritation sub-pessimuin rapproche ses efTets
de ceux de l'optimum par une diminution de fréquence ou d'intensité; le sub-optimnm
produit les mêmes effets par l'augmentation de fréquence ou d'intensité.
Si
FATIGUE,
ill. Pendant que l'on fait agir sur le nerf llrrilalion pessimum et que le mascle
tombe dans rélal de relâchement, des impulsions intenses et fréquentes, qu'on peut
démoïitier au nioveii du gtilvaiïoraètre ou du téléphone, traversent le nerf dans toute s*
longueur* Si ces impulsions ne provoquent pas la contraction raiisculaire, c'est parc<>
qu^elles oui une intensité trop forte et une fréiiuerice trop grande pour Tappareil lermiiial
dans s^on état actuel. Eu e(Tet, pour produire te tétanos, il faut ou bien modérer lUoten-
site de ces impulsions» ou bien réduire leur fréquence*
IV* Les impulsions qui traversent le nerf peudant rirritation pessimum provoquent
dans le muscle non seulement un état de relâchemciil, mais aussi une dépression d'irri-
tobilité. une action inbibitrice qui peut être démontrée en appliquant, bimultaiiémenl
avec celte irrilation, une irritation optinmm qui agirait directement sur le muscle oti te
nerf dans sa partie inrihïeuie. Pemlant que Tirritulion pessimum agit sur le nerf» les
ellets de rirrilalion optimum sont inhibés.
Ces expériences de Wrkensry montrent que, lorsque dans la létaniaation électrique
le nerf moteur est animé par des impulsions à la fuis fréquenten et fortes^ son muscle,
bientôt, apri^s des contrncEions peu durables, se relAche, et tombe dans un état particulier
qui n est nullement la fatigue; car il sufllt d'affaiblir les impulsions émises par le nerf
pour que les contractions violentes aient lieu de nouveau. Cet état particulier est celui
dlnlnbilion; la preuve en est fournie à l'aide d'une autre irritation létanique, d'intensité
modérée» appliquée au muscle. Une p.Treille iiritalion est inbibée pendant toute la durée
du rebichemenl du nujsfle produit par la stmmlalion du nerf, et provoque des contrac-
lious ausï^itôt que celte sUmulation cesse. — La différence avec le cœur n'est pas essen-
tielle, suivant WEL>Exskv; ce qu*on obtient pour le cœur» appareil assez inerte, avec 18 à 20
irritations par secomle (animaux à sang cliaiid), on ne peut Tobtenir pour le muscle
ordinaire qu'en appliquant quelques centaines d'irrilalions par seconde.
Quant au sirge de plié no mènes inbibitoires. Wk^EiVsky te place dans la plaque mo-
trice, le troue nerveux étant résistant aussi bien à la fatigue qu'à l'inhibition* Les irri-
tations tjés fréquentes et très intenses produiraient par conj^équent des phénomènes
inbibitoires, pouvant simuler la fatigue.
Vu ici encore une expérience (inédite) de J. Ioteyso, qui rentre dans la catégorie des
faits d*inliibition. On excite le nerf sciatique d'une grenouille (circulation conservée) au
moyen de courants tétanisants maxima d'une seconde de durée, et se répétant à quinxe
secondes d'intervalle. On obtient un tracé où les premiers soulèvements sont d'égale
hauteur, puis celle-ci commence à décroître par le fait de la fatigue. Au moment où tes
contractions conimencejil à ffécbir, on abaisse la clef pour produire un fort tétanos.
qui est maintenu Jusqu'au relâchement complet. Quand le musrie est complètement
relttcbé, uji reprend au^situi la télanisation périodique avec le même rythme el la
même intensité qu'au début de rexpérienre. Qu'obtenoiis-nous après cette tétanisatton,
qui avait, semble-l-il, épuisé totalement la préparation? >'ous obtenons encore de petites
contractions, bien visibles sur le cylindre noirci; mais, ce qui paraît surprenant au pre-
mier abord, c'est que la hauteur de ces contractions s*(iccroi{ progressivement à chaque
nouvelle irritation et atteint un certain optimum, après lequel les contractions com-
menceuL à baisser. Si, à ce moment, on tétanise encure le nerf jusqu'à épuisement
complet, et si on reprend les excitations périodiques, on obtient le même pliénornéne
que précédemment : les yiremicres contractions après le tétanos sont à peine percep-
tibles, les suivantes les dépassent sensiblement en hauteur, puis elles tlé^hissenL Ainsi
donc, la même intensilê et le même rythme du courant induil, qui au début de l'expé-
rience étaient susceptibles de produire répuîsement (diminylion de îa hauteur des con-
Iracitons), ont permis après le tétanos un certain degré de réparation augmentation de
hnuleur). Nous devons donc admettre que le relâchement du télanos n'était pas dû à la
fatigue; car celle-ci s'accentue progressivcmerit au travail effectué; la réparation consé-
cutive au tétanos est une preuve que rinhibition avait précédé la fatigue. — Pour la
réussite de Feipérience, te rythme de quinze secondes d'intervalle t-st le plus favorable;
elle réussit encore avec le rythme de dix ou vingt secondes, mais elle échoue avec le
rythme de six secondes.
Les expériences relatées dans ce paragraphe montrent que, dans certains cas, la ces-
sation de ractîvîté d'un nerf moteur peut être due, non pas à la fatigue, mais à l'inhibi-
FATIGUE,
dT
lion, et relle-ci se protlait fréquemmenl avec l'emploi de courants forti. Celle deruière-
condition justîlle toutefois le soupçon que l'altération du tronc nerveux ne serait peut-
Aire pas étran|j;r'ie au phénomène,
Vil, Gonclusioni. — En face de ces divers résultai*, souvent si contradictoires, il est.
permis de se demander quelleâ sont les conclusions générales qu'un peut tirer de
ces recberches sur la fatîjçue des nerfs. La critique des dtirérentes mélliodes ity^nt déjù
i^lë faite, il ne nous reste qu'à comparer les résultats.
Même si les critiques qu'on peut opposera rélectrotonisalion desiicrfset «\ la ciirarisa*
tion étaient jusliliées, il existe des exjWrieiices qui loue écliappenl : ce sont celles où ta
barrière an passage de Tintlux nervpnx a éle constituée par d'autres procédés : par l'étlié-
risation pour les nerfs moteurs (Mascoek), par l'alropini^atioii pour les fibros d*urrêl
(SzAN.\) f»t pour tes libres sécrétoires (L\iiMï^:Rr)* t'es d^rniéros expériences, de mérne <|ue
les preiniéreir, plaident en faveur d'une grande résistance des nerfs à la fatigue. En
i^econd lien, nous avons signalé les dangers qui résultent de rupplication de réleciricité
comme excitant, en raison des pUénomênes de ditrusior». Or il existe des expériences oi>
\in s*esl servi d'excitnnls aulies que l'électricité; ce sont celles de Mernstrln. qui s est
adressé encore aux excitants cliimiques, mécaniques et calorifiques* Les résultats ont
été les mêmes. Au contraire, la strychnîsaiion, qui a donné des résultais contradictoires,
ne pîirait pas être bien choisie pour Tétude de la fatigue périphérique en raison de son
action cura^i^atlte qu'elle exerce a forte dose^ et surtout à cause du fait signalé pur
TiuissoN (B. B , 1858, t2H et Jouni. de Phf/ahi., I8:>9 et tHfiO) et confirmé par Vilcian
{A, de P^fiHlO, HG et Substances lo.j.vgwesiU'î!, que Tactii*» curarisanle (juo produisent
les fortes doses de strychnine sur les terminaisons nerveuses se tnanifeste plus rapide-
ment lorsque le nerf est excité; c*est pour cette raison que le nerf intact, qui a pris part
aux violentes convulsions slrychnique?, ne réagit plus, tandis que le nerf sectionné ira^^it
immédiatenient (expériences de Herzen). Cp manque de réaction dans le nerf iidart
n'est pas dû à la fatigue propre du nerf, mais à l'abolition de son aciion sur le nujscle,
conséculivement ù l'nrtion curan?an!e de la strychnine, plus forte de ce côlé. Et on n'est
I pas surpris de constater que les deux muscles réagissent à peu pré? de la même manière
au même minimum d'intensité auquel ils réagissaient avant le tétanos. Gela constitue
rnéme une preuve certaine que le tétanos slrychnique n'avait produit aucune espèce de
faligue ou que celle-ci, très légère, s*est rapidement dis-sipée.
ftiiEHM a montré que, sous l'inlluence de poisons curarisanl?, la préparalion névro-
, fuusi ulaire présentait une grande fatigabilité, et il a dissocié cet état de faligabilité de
'raction curarisanle proprement dite. La fatigabiliLé exige la conservation de l'action dn
nerf sur le muscle; rexcitalion du nerf est encore eflicace; mais* après deux ou tmis»
qui'lquefois même après une seule contraction» la réaction cesse complètement, ou bien
les contractions descendent à une valeur minime. Si on le laisse reposer pendant quelque
temps, rexcilabilité revient de nouveau, et avec les mêmes caractères queprécédemmeol.
Pour se rendre bien compte de ce phénomène, il est nécessaire de s'adresser à la
méthode graphique. Le tracé (fig. 1) que nous reproduisonstcst dû à J, Iotevho. U a été
pris au moment de la déstrychuisatîon (grenouille vivante verte), pendant lai^uelle, .
comme on le sait, l'action curari*ante tend à diminuer. Ce tracé présente un aspect tout '.
a fait caractéristique. La première contraction (excitalinji du nerf) rsttrés liante, les con-
tractions suivantes ont subi d'emblée unc' dimiuuttou considérable. On prend plusieurs
séries de contraclions avec intervalles de trente secondes de repos, et on constate que :
i" chaque fuis la première contraction est assez haute el les suivantes k peine percep-
tibles, mais que la réparation touche aussi bien les contractions hautes initiales, qup b'S
contractions basses; -I*» A chaque nouv*^île série, la réparation est moindre» Un prend
eusuitt' plusieurs séries de contractions séparées par trois minutes de repos et on voit
que : l*» ce temps est suftlsanl pour la réparation intégrale de la contraction haute, qui-
niéoie a subi un accroissement après le premier repos; 2* ce temps est insuffis^ant potii la
réparation des contractiotis basses; A"" la faligabilité va en augmentant dans chaijuc
nouvelle série.
Ajoutons que Texcitation directe du muscle a donné dans celte expérience uua
courbe de fatigue normale. Le phénomène de fatigabilité permet doue de rejeter complè-
te ment la strychnine comme procédé expérimental dans la mesure de la fatigue du nerf..
58
FATIGUE.
Le nerf non coupé (expériences de Herzen), qui a pris part aux violentes convulsions
strjchniques, ne répond plus à l'excitation, non par fatigue de ses fibres, mais en raison
de sa grande fatigabilité [d'origine toxique; le nerf non coupé est fatigable au même
titre, ayant subi la même intoxication ; mais, comme il n'a pas été excité, il peut fournir
FiG. 1. -^ (D'après J. Iotbyko) Influence de fa strychnine sur la latigabilité du nerf.
une réponse chaque fois qu'on l'excite, et une réponse qui pour les premières contrac-
tions (liliï're peu de la normale.
Heste le phénomène de la variation négative. C'est le grand mérite de Her/en
d'avoir appelé l'attention sur la disjonction possible du phénomène électrique qui accom
pagne l'activité physiologique d'avec cette activité. En admettant même le bien fondé
des critiques de N. Cybulski et J. Sosnowski, qui trouvent que, dans ses expériences avec
le chloralose, Herzen avait pris pour une variation négative la phase katélectrotonique
qui s'est développée après l'excitation par un courant d'induction, il n'en reste pas
FATIGUE,
5t*
moins vrai qne^ dans un grand itombre de circonstances, il a été po&siLle de constater la
présence de la variation iR'gali?e après que toute action du nerf sur le nmscte avait dis-
paru (BoRUTTAU, WAtLBR» FIerzen}. Enfin les eipi5riences de Radzikowski montient
clairement qu'il existe des courants d'aclîoii sans activité Tonctionnelle. l>ne brandie du
sciaUqne est coupée près du |[;aslrocnémieti et reliée à an galvanomètre; l'autre branche
est laissée intacte. De cette fa<;4JD« à chaque excitation du tronc nerveux, il est possible
d'observer en mÀme temps la contraction musculaire et la variation négative. Si Ton
introduit dans la cbambre humide un peu d'éther, on voit la contraction disparaître
malgré l'emploi de courants forts; malgré cela on voit persister l.i variation négative.
Pour éliminer la supposition, que Fabsence de contraction est due a rinexcitabitité des
plaques motrices, Tauteur examine maintenant Texcitabilité d'un point du nerf pins
rapproché du muscle, et il parvient h obtenir des contracLions.Jïonc i*absence de réponse
de 1^ partie supérieure du nerf était bien due à rinexcitabitité de la partie excitée, qui
pourtant donnait la variation négative. En réalité, Waller, en montrant que la variation
négative est le dernier signe de vie qui persiste encore après la cessation de toute
ûulrti manifestation vitale; BoRcrTAD, en montrant que sou.h Tiniluence du froid la
varirttiiin négative persiste après ta suppression de la contraction, admettent aussi la
disjonction de ces deux phénomènes. L'accord est donc complet êitr ie fait. Tontes
ces eipériences prouvent que ta variation négative est extrêmement résistante à toutes
les causes d'attéralion; si nous la voyons apparaître dans un système dont la vie se
manifeste encore par d'autres pbe'nomttnes, il est certain qu'elle peut servir de mesure
à l'intensité même de ractivité fonctionnelle (comme par exemple dans les belles
expéiiences de Becr et Cvullski sur les phénonirnes électrique? de Fécorce cérébrale
des chiens et des singes), mais il est impossible de baser des conclusions concernant
la résistance des nerfs à la fatigue et à la curarisation sur la présence de la variation
négative. Pourtant la présence de la variation négative en l'absence même Je tout autre
phénomène vital avait été considérée par certains physiologistes comme une preuve
indéniable d'activité. Ainsi, Wedensky a rapporté au Congrès de Physiologie de Liège
(1S02| tes résultats des expériences comparatives que Tolr avait instituées dans son
laboratoire sur la survie d'un nerf irrité et d'un nerf resté au repos (animaux à sang
chaud). Le téléphone et le galvanomètr»^ ont été employés comme indicateurs de leur
vitalité. Or les nerfs ont présenté la même survie et moururent parallèlement, Wkdkwsïy
en conclut que ractivité du nerf n'est accompagnée d'aucun «'puisement et que Tinfatiga-
bililé du nerf est absolue. Xous croyons qu'un résultat pareil pourrait, au contraire,
éveiller les plus graves soupçons relativement à la méthode qui a servi d'indicateur de
la survie. Si peu intenses que soient probablement les phénomènes chimiques qui accom-
pagnent le fonctionnement des nerfs, ils ne sont pas nuls : autrement le nerf serait plus
résistant à la fatigue que les conducteurs métalliques î On sait qu'il y a trente ans sir
WiLUAM TuoMso?tr avait constaté que les hh métalliques, soumia à l'action d'ébranlements
répétés, accusent au bout d'un certain temps des propriétés différentes de celles qu'ils
possèdent à l'état de repas» Ce phénomène e^^t notamment fréquent pour les fils télé-
graphique», qui conduisent mieux rëlectricité le lundi, après Je repos dominical
(Angleterre), que les autrev jours de la semaine. Si le fil est laissé au repos pen-
dant trois semaines, alors sa conductibilité s'accroît de 10 p. fOO, Ces résultats
viennent d'être conlirmés à l'Institut Franklin (Amérique). H est donc permis de par-
ler de ta *i fatigue des métaux » et de la nécessité .de leur accorder un certain repos.
Si la variation négative ne peut être considérée comme un signe infaillible de Tac-
tivité fonctionnelle, il n'en reste pas moins vrai que, toutes conditions égales, elle
persiste bien plus longtemps dans le nerf excité que dans le muscle, et, de ce fait, elle
peut être placée à côté des méthodes d'investigation, dont les résultats plaident en faveur
de ta résistance plus grande du nerf.
En résumé, nous écartons l'infatigabilité absolue des nerfs comme étant incompatible
avec les lois biologiques, mais nous admettons que leur résistance à la fatigue est in-
comparablement plus grande que celle du musi-ïe. Nous avons exposé plus haut les
raisons qu'on peut invoquer pour admettre que te tronc nerveux n'est pas exempt de
toute fatigue, A côté de ces expériences, on peut placer celle de Carvallo (19(K)), qui a
étudié l'inlluence de la température sur la fatigue des nerfs moteurs de la grenouille* Il a
M
M
FATTCUE.
reconnu que la tempéralure a une action considérable sur l'activité des nerfs mo leurs.
Avec raugmenlaiion de !a température du nerf, la somme de travjiil mécanique que
fournit le muscle devient plus gmndt*. Le oorf scialicjue, transporté» aprrs fatigue, de 0*-
à 5*», K»*", 20". 25», 30'', le muscle restant toujours dans la glace, présente des accrois-
sement successifs d'excitabilité jusqu'à. 20". et qui cessent audelu de cette limite, opti-
mum de l'activité thermique. Endn^ phénomène qui prouve que non seulement les nerfs-
se fatiguent aux basses températures, mais qu^ils peuvent se réparer par suite dp
l^échauffcment. c'est que le nerf fatigué à 0", chauffé à 20^, puis refroidi de nouveau k
0^, donne k celte température une nouvelle courbe de fatigue. Ainsi donc, la température
exerce une iuiluence très accentuée sur l'activité des nerfs au point de vue de leurs effels-
mécaniques sur le muscle, preuve que l'activité nerveuse est accompagnée de plu^nomenes^
cbimiques (Garvallo). Cependant, nous avons vu que la température reste sans efTet sur
la vitesse de la propag^ation de l'inûux nnrveujt (Weiss)*
La question paraît s'être éclaircie, et Taccord est survenu entre les physiologistes.
Dans [Intermédiaire d^s BioloQiiite^ (181*8), Hkrzen écrit ; « Les faits me semblent prouver
suffisamment que te tronc nerveux n'est pas absolument exempt de toute ^Itération due
à son fonctionnement, en un mot de toute fatigue. " Cest bien aussi Topiiiion de Walle^
et de BoauTTvu (môme recueil)* *< Si rien ne s*oppose à accepter une espèce de fatigue
des nerfs, dit BoftciTAir, en tout cas, elle reste très restreiuleet ne se manifeste que tar-
divement. 1» Quant i Wallkh» rinfatigabilité du nerf serait due plutôt à une réintégration»
1res rapide qu'à une désintégration très lente.
On conçoit que la question ainsi posée demande une nouvelle solution. Quoi qu'il en*
soil, le fait de la grande endurance des nerft* à ta fatigue reste acquis.
IV. Phénomènes chimiques de la fatig^ue des nerfs. - - Nos connaissances rela^
tives aux phénomènes cbimiques de la falij^'ue des nerfs sont presque nulles au point de
vue physiologique. 11 est probable que les procédés d'analyse chimique mis en œuvre
sont trop grossiers pour déceler une réaction, qui, tout en étant très restreinte au point
de vue absolu, est pt!ut-êtie très important*' au point de vue relatif.
Immédiatement après que Du Bois-Reymonu efit découvert les modifications fonc-
tionnelles de la réaction du muscle, FuNiiE (1850) arriva à des résultats exactement
semblables pour les nerfs. Il trouva que les coupes transversales des troncs nerveux^
aussi bien que de la moelle épinière, des grenouilles et des lapins curarisés, étaient
neutres ou très faiblement alcalines pendant la vie et à l'état de repos, tandis qu'elles-
devenaient acides après la mort ou sous rintlnence de la fatigue (tétanisatîon générale^
par la strychnine ou Télectricité). Au moment de la putréfaction, la réaction redevient
■ le nouveau alcaline. Ranke (1868) confirma les résultats de Fon&k; l'exposé de ses expé-
riences sera donné plus bas. De même Heynsius arriva à des résultats semblables (I85i*}.
Mais KûHXE, Du Bûis-nKYao,N[>, LiEHiiEica (1867) et Hkidenh.\iî* (1868) ne Iroovérent pas-
la moitidre réaction acide dans les nerfs tétanisé.?. D'après Du Bois-Reymond, la réactio»
acide n'apparaît qu'après la rnort> Lieheieich employa, au lieu du papier de tournesol, des-
lames de gypse, colorées par la teinture de tournesol; Huidknuain écrasa les nerfs dans
la teinture ou bien employa leur extrait aqueux. Funke maintint ses assertions qu'il vérilia
dans de nouvelles expériences et par d'autres procédés (1869). D'après Gscheidlen (1874),.
il faut établir une distinction rigoureuse entre les nerfs et la substance cérébrale, car
la substance blanche est normalement neutre, tandis que la substance grise est acide.
D'après lui, la substance blanche ne devient jamais acide spontanément.
Les expériences de Flnk« et de Hanke paraissent concluantes; celles de KsiDRrïHAiN
démontrent seulement que Tacidité du nerf est incomparablement plus faible que celle-
du muscle; d'ailleurs, il trouve lui-même que le papier de tournesol est un réactif biea
plus sensible aux moindres traces d'acide que la teinture. On peut donc admettre que-
les nerfs mourants, de mÔme que les nerfs fortement tétanisés, deviennent acides, mais*
cette réaction est tellement faible, qu'il faut des moyens extrêmement délicats pour la
déceler, et dans tous les cas elle ne peut servir de mesure à l'activité propre du nerf.
Revenons aux expériences de Ranre, qui a confirmé les résultats de Fdnxr. La réac-
tion acide est la plus forte quand les grenouilles meurent dans de violentes convulsions •,.
racidité des nerfs et du cerveau devient alors égale à celle des muscles.
Grenouilles. — Tétanos strychnique général. Le sang présente une réaction faiblement
n
4
I
FATIGUE. 61
acide; les muscles sont fraiichcmenl acides. Le cenrean, la moelle et le nerf scialiqa<»,
lavéf à Teau disttlk^e, séchés el écrasés stjr du papier à rtfaciif, ont une réaciton acide.
Les nerfs ainsi traités étaient encore vivants, ïeur excitabilité n'était pas coraplèti>nient
abolie. Les grenouilles qui ont servi de contrôle furent tuées sans lélanos; leur sang et
leur lymphe étaient fortement alcalins, leurs muscles et leurs nerfs faiblement alcalins.
Mêmes résultats avec le tétanos général électrique et avec le tétanos électrique du nerf
scialique isolé* Dans ce dernier ras toutefois^ la réaction acide ne s'est produite qu*aux
points de contact des électrodes métalliques ; elle est due à Télectrolyse; car elle ne
s*est produite ni avec les électrodes impolarisables de Du Bois-Rkymond ni avec les exci-
tations mécaj niques.
Animauj!â sang cA^iwff. — Chez un lapin strychnisé, les muscles encore vivants pré-
sentent une réaction acide, les nerfs sont alcalins; la moelle et le cerveau sont légt*-
rement acides. L.a substance grise e^t b^jç<éreinent alcaline. Ce n'est que quand les
muscles deviennent acides qn'on trouvera la même réaction dans le nerf. Seuls l^s in-
dividus faibles, qui donnent des convulsions faibles et sVpuisent facilementt gardent la
réaction alcaline. Il en est de même si rempoisonneinent strychnique est léger, La réac-
tion est plus fiiibte dtjnsle sciât iq ne qite dam les centras nerveux. Ainsi il résulte des expé-
riences de Ramcc sur la réaction d^s nerfs, que : I) La réaction chimique du système
nerveux normal est légèrement alcaline à tendance neutre. Elle est la même que pour
les muscles el les i^laudes, tandis que la réaction du sang et de la lymphe est fortement
alcaline; 2) Après la mort du nerf, sa réaction devient lépiTement acide; elle est plus
accentuée dans la mort par de fortes convulsions, mais elle existe aussi dans la mort
par le curare. L'acidité se produit aussi quand on échauiïe le nerf à 45-55". Mais, quand
J'échûuffement atteint 100« (cerveau de pigeon), alors la réaction reste alcaline* Mêmes
phénomènes que pour le nuiscle; 3) Pendant le tétanos général, strychnique ou élec-
trique, la réaction du système nerveux vivant devient faiblenïent acide. L'acidité est en
rapport direct avec l'intensité du tétanos; 4) Le nerf isolé et excité par les courants d*in-
duction ne devient acide qu'aux points de contact des t'^cctrodes. Le nerf excité méca-
niquement ne présente pas de réaction a^ide.
Les expériences de Ha.nke montrent que Tacidité du système nerveux dans la tétanî-
sation ne s*est pas produite in $itu, mais que ce sont les muscles qui ont déversé dans h*
sang un acide, qui est venu se Hxer dans le tissu nerveux. C'est seulement quand tes
muscles deviennent acides qu*on peut trouver la même réaction dans te nerf, tandis que
Je ncif iîio/i^ et excité ne devient acide qu'aux points de contact des électrodes métal-
liques ordinaires, sans le devenir avec l*empIoi des électrodes impolarisables de Du Bois-
Hkvmovb ni avec les excitations mécaniques,
flAMtiE a appliqué aux nerfs sa théorie de la fatigue muî<culaire* La concentration du
sang augniente pendant la tétanisatiou, et ce phénomène devient le point de départ
d'un processus de diilusion etilre le sang et la substance nerveuse. Des que U concentra-
tion du sang sera augmentée, il se produira un courant de diffusion dirigé vers le tissu
contenant le plus d'eau; or, normalement, la substance cérébrale contient plus d'eau
-que le sang. Tous les poisons, nés soit dans le tissu musculaire, soit dans le saug. seront
donc transportés vers les centres nerveux; cela explique la grande sensibilité de ces
derniers aux intoxications. Le même fait se produit pendant la létanisation du muscle.
Une partie des substances qu'on trouve dans le système nerveux pendant la tétanisatiou
du muscle n'est donc pas née sur place; mais a été transportée vers les centres par
un phénomène de dilFusion. Ainsi donc, pendant la létanisation, le si/sième nerveux
central devient plus riche en substances sotidei^, substances qui lui viennent du sang grâce
à un pliénoméne de dî Ou s ion, et il a* appauvrit en sub^lance^ tiquêdes qu'il cède au sang.
l. Grenoititleê ref>ot'e$.
Teneur en eau du tang^ 88,3 p. tÛÛ
— — de U moelle 89,1» —
Il . Grenouiiht tetani^èes.
Teneur en enu du <^&ng 87 p. 100
— -^ de la moelle 81,8 —
n
FATIGUE-
Ladiminulion d'exeilabilil^ du système nerveux peut donc être mise aussi bien sar le
compte de la pénétration des substances toxiques que sur le compte des changemeati
survenus dans sa teneur en eau* Comme la substance grise chez rbomme et les mammi-
fères est aussi plus riche en eau que le sang, on peut admettre que les mêmes phénoinèoef
doivent s'y passer. 11 a élu impossible à Bamcic de démontrer un rapport semblable pCMir
les nerfs périphériques et la substance blanche. 11 considère que par le lavage il es
possible d'obtenir la réparation du nerf fatigué; mais les preuves font complètement
défaut pour affirmer que la fatigue et la réparation touchent Je nerf et non le muscle.
RâNKE considère les aeides comme des substances fatigantes pour le nerf, et, d'une
façon générale, range dans cette catégorie toutes les substances qui diminuent Tirrita-
hïlilé des nerfs, et qui provienuenl de leur désassimilation (acide lactique, sels de
potasse, sels acides de phosphore, atihydride carbonique). Pendant le repos, la circulation
entraîne les acides ou les neutralise par Talcalinité du sang. A vrai dire, rien ne vient
démontrer la part que prennent les nerfs dans les phénomènes de fatiffue décrits par
Ranre, et cette partie de ses recherches ne possède qu'un intérêt historique, Bocci trouva
que les uerfs au repos avaient une réaction acide ; mais que celle-ci n'augmentait pas par le
tétanos strychnique, D'aprt-s Môlesceott et Battistii^i, Teicitation accroît racidité dans les
centres nerveux, et au contraire^ elle la diminue dans les nerfs périphériques. Dans le
tétanos strychnique du lapin, îa plus grande acidité se trouve dans la moelle épioière.
Nous ne possédons que quelques données très imparfaites sur la respiration des nerfs
à rélat de repos et à l'étal de fatigue. D'après ÏI.vnkk, le cerveau de pigeon, extrait du
corps, dégage de Tanhydride carbonique et emprunte de l'oxygène à l'atmosphère
ambiante. Ce processus f*st activé par Télévation de température. On a objecté à RA?tRK
que les échanges gazoux décrits par lui n'étaient pas d'ordre physiologique.
La question de la respiration des nerfs est revenue à l'ordre du jour depuis les expé-
riences de VValler. D'après lui Texcilation du nerf se traduit au galvanomètre par une
réponse électrique compos('*e de :i phases;
L Phase (uerf frai.^} oii prédomine la variation négative S.
IL Phase i intermédiaire) oii prédomine la variation subséquente positive N.
ML Phase [nerf usé) où prédomine la-vanation positive N.
Or, en étudiant Taction de Tauliydride carbooique sur le nerf isolé dans ces trois
phases et I action de la tétanisation prolongée du nerf dans les mêmes phases, on voit
que les effets sont identiques, d*oQ on peut conclure à une production d'anhydride carbo-
nique pendant la tétanisation du nerf. Lii variation négative serait entretenue par la
production de C0-.
Dans les trois phases il y a diminution de N pendant la tétanisation et pendant
l'action de CO- eu petite quantité. La tétanisation prolongée 5 minuies produit une aug^
mentation de ia variation négative, soit un effet semblable à altti de CO- en petite quantité*
L'oxygène, J'aïiôle, rhydrogène, l'oxyde de carbone cl Toxyde nitreux n*ont point d'in-
fluence appréciable sur le courant d'action.
Ces faits semblent prouver que : I) la tétanisation du nerf est accompagnée de pro-
duction d'anhydride carbonique; 2) que l'inépuisabilité du nerf est duc ptutôt à une
réintégration In'^s rapide qu'à une désintégration très lente.
Mais ces résultats si intéressants sont inlirmés par île nouvelles expériences de
Walleb lui*môine. Le pliysiologiste auÉrlaîs a montré rexistence du courant d'action
dans les feuilles exposées à la lumière. Ce courant peut servir de mesure à raclivilé
synthétique du protoplasma. Il est -Jonc impossitîle traffirmer que la variation négative
est due h la production d'acidB carbonique, et du même coup l' hypothèse de rïn»-*puisa-
bilité du nerf basée sur sa réintégration très rapide perd tout appui expérimental (A-
Walleh, B. fî., 1900, 3t2 et 1093). Mais eu revanche on acquiert la certitude presque
complète que le phénomène élei' trique est réellement lié à la vie des tissus.
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FATIGUE.
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nerf et de la moelk (B, Jî,, 1900, 51).
f.4
FATrCUE-
CIIAtMTHE II
La Fatigrue des terminaisons nerveuses
întra-nnusculaires
Comment comparer la faligaVntité du muscle avec celle des lerminaisons nerveuses?
'Si nous admettons qae les excitations l'^piHées da tronc nerveux ne raltèrent pa*, et
que ïa substance musculaire est directement excitable par le courant électrique induit,
nous pouvons disposer Teipérience de manière à produire la fatigue de la préparation
névro-musculaire en excitant le nerf; et, quand le muscle aura cessé de réagir à rexci-
talion indirecte, preuve de la paralysie desf éléments nerveux qu*il contient, nous n'au-
rons qu'à appliquer directement les électrodes à la surface du muscle lui-même, aOn de
mesurer son excitabilité propre. Si à ce moment le muscle est encore en étal de réagir
aux excitations locales^ c'est qu'il n'est pas épuisé, et sa résistance à la fatigue est plus
grande que celle des terminaisons nerveuses motrices dont il est le récejitacle. C'est, en
clfel. rexpérience et le raisonnement auxquels ont recouru presque tous les phyaioïo-
gisleîî nui ont étudié la question. Mais cette iulerjuétulion, pour être exacte, suppose
que : 1 " les coûtants énergiques appliqués sur le tronc nerveux fatiguent les terminai-
naisons nerveuses sans altérer, voire sans léser le nerf même; t° que la substance mus-
culaire est directement excitable par le courant électrique induit.
Apr(^8 ces critiques préliminaires, passons à l'exposé des expériences.
Bernstein (1877) a mesuré Texcitabilité directe et indirecte dans la fatigue (gre-
nouilles); il a trouvé que la fatigue du muscle arrive au bout du même temps lors-
qu*on Texcite diieclemenl ou lorsqu'un Texcile par fintermédiaire du nerf moteur
Les expériences de TrurniEw (cité par WyxERj montrent aussi que le muscle cesse d
répondre au même moment, qu'il soit excité directement ou indirectement.
Des résultats opposés ont pourtant été si^^fiialés par d^autres physiologistes. Dans
la même année que le travail dt^ Bkr.nstein, paraissait le mémoire de Hossbach etHAarc-
.\ECK sur la fatigue des muscles des animaux à sang cliaud et à circulation aixétée
(ligature de l'aorte). Quand, après 30, 50 contractions directes [secousses maximales,
fréquence d'une seconde), on excite le nerf avec le même courant, on constate que les
secousses indirectes sont beaucoup moins élevées que les directes.
D'après A* Waller (t88:i et iH^\)t si Ton applique directement les électrodes sur ^
nmsrle qui a cessé do répondre h Texcitalion du nerf, il eiitre en tétanos. Ainsi, lors de
■la fali^»^, le nerf perd rapidement son action sur le muscle, et les phénomènes observés
possèdent de grandes analogies avec Tintoxication curarique. Quand on tétanise simul-
tanément deux préparations névro-musculaires; l'une par Tinte rmédi aire du nerf, et
Tautre par le muscle, le tétanos prend On bien plus rapidement dans le premier cas. 0e
môme, en excitant alternativement le nerf et le muscle de la même préparation, l'effet
des exciUitions uerveu'^es disparaît plus rapidement que celui des excitations muscu-
laires, i^'interpretaliùn de ces résultats expérimentaux est la même que pour ia cura-
mation (Walleb), Ni le nerf, ni le muscle ne se fatiguent, mais c'est Torgane inter-
médiaire entre le nerf et le musde qui est éminemment fatigable. La fatigue débute
par his plaques motrices des nerfs; il se produit une inlejTuplion physiolo^'tque de
l'inllux nerveux au niveau de la jonction du nerf et du muscle. Cq phénomène joue le
rôle d*une protection des muscles à l'égard des excitations trop fortes venues par l inter-
médiaire du nerf, Li plaque motrice se répare aussi plus rapidement que le muscle : la
-réparation est plus prompte et plus accentuée dans la JVtligue indirecte que dans la
fatigue directe. Mais la slimuEation électrique appliquée sur le muscle a^'it en même
temps sur la substance musculaire et sur les terminaisons nerveuses. Pour dégager la
part du muscle dans les phénomènes de fatigue, Walleh lit des expériences sur des
■muscles curarisés. Le muscle non curarisé se fatigue plus rapidement par excitation
directe que le muscle curarisé, ce qui prouverait que l'action de la fatigue névro-
musculaire est plus prompte à se développer f^ue l'action de la fatigue purement mus-
oculaire.
Les expériences de A. Waller furent reprises en 1893 par J,-C. Auelous; mais, au
FATIGUE,
65
lieu de tétaniser le nerf direclement, Tailleur produisait la fatigue par télaiiisalion géaé-
nile de la grenouille. Or, il un monienl di>r»ni^, les exci talions du scialjqup ne provoquent
plus de contractions, tandis qu'en excitant le niusolc directement on obtient des réar-
Uons motrices très nettes. A cette phase de la fatigue, ranimai est comme curarisé; à
une période plus avancée de rexpf^nence, le muscle lui-même est frappé. Abelous lit
uuo série double d'expériences : 1** Effets de la hliinkation après anémie d^un membre, La
liçalure du membre ;itauclie au-dessous du nerf aciatique rtail pratiquée; après une
létanisation générale et prolongée, on trouva l'excitabilité du scîalique jDfauche [dus
grande que celle du sciatique droit. Après repos, rexcitabilité du sciatique droit avait
reparu. 2" Eff'ets de ta Utanisalion apn's ctten^ation d'un membre. On sectionne dans Tab-
dumen tes filets lombaireâ gauches; la paralysie du membre f'sl complôie. On tétanise
localement le membre droit; on examine ensuite rexcitabilité des deux nerfs scia*
tiques; le 5ciatit|ac droit donne de faibles contractions, le sciatique ^^auche entre en
tétanos pour le même courant. En répétant la tétanisation à plusieurs reprises, nu
arrive au bout de r/rw-r heures à une pliase où le nerf non excité directement (membre
paralysé) cesse de répondre, alors que son muscle est encore très excitable. Celle para-
lysie* atteignant les terminaisons nerveuses d\»n membre qui est resté tout le lem|is
immobile, conclut Ahelous, ne peut s*expliquer que par le transport par voie sanguine
df substances toxiques de nature curarisanle. U^^int à rimmunité relative du membre
lié vis-à-vis de la paralysie qui frappe tout le corps, Tauteur l'explique de la façon sui-
vante : dans le membre intact» il y a inloxicatii>n par les substances de tout le corps;
dans le membre anémié, ce sont seulement les substances nées sur place qui pro-
duisent l'intoxication.
Dans d autres travaux, Abelous chercha à étudier de plus près ces substances curari-
santes élaborées au cours du travail musculaire. Les mêmes pliénoménes d'inloxication
curarique peuvent être produits par l'injecliou à des anienaux sains du sérum, <b*
Texlrail alcoolique du san^» qi des muscles des animaux fatigués, abolition de rexcitabi-
lité nerveuse avec conservation de rexcitabilité directe des muscles.
En 1895, C. G. Santessox contlrma en partie les résultats de Wallir et d'AaELot -i;
mais, d'après cet auteur, ce n'est que lors de la fatigue produite par les courants télani-
*ants appliqués sur le nerf que l'excilabiblé indirecte se perd avant rexcitabililé direcle;
dans ces conditions (courants télantsanls] les terminaisons nerveuses se fatiguent plus
rapidement que te muscle. Mais, quand le nerf est excité par des chocs d'induction
isolés, espacés et maximaux, c'est Finverac qu'on observe, et on arrive à une phase de
la faligue où les exci talions lancées par l'intermédiaire du nerf sont encore efficaces
tandis qu'elles restent sans elTet sur le musi-le. Lors des excitations par les ondes uniques,
conclut SjLMEssoN, c*est donc le muscle qui se fatigue le premier.
En J896, G. Wulff (cité par Schenck/ montra que, même pour les chocs isolés, la
faligabilïté des terminaisons nerveuses paraît plus grande que celle du muscle» Quand la
fatigue est très avancée (courants maximaux d'ouverlure, se suivatit à une seconde
d'intervalle et lancés dans le nerf sciât iquej, Wuli f rapproche les bobines pour avoir
un courant plus fort, et mesure rexcitabilité directe et indirecte. II irouve que rexcita-
bilité directe est plus grande. Le môme phénomène a été constaté pour la fatigue iso*
métrique de la préparation. Toutefois la décroissance plas rapide de rexcilabilité indi-
recte ne se produit que dans le cas où la fatigue est produite par des excitations qui
sont maximales pour la nerf sans Tétre pour le muscle, el où I examen de rexcitabilité
dirai'te et indirocle après la falié'ue est fait au moyen de courants plus que inaximanx
pour le muscle. Mais, si cet examen de l'excitabilité est fait au moyen de courants juste
maximaux pour le muscle à relut frait^, alors on constate qu'il y a égalité entre let*
deux modes de contraction (après fatigue) avec tendance à la prédominance de ia cun-
traction indiiecïe. Cette dilférence dans les résultats s'explique, d'après l'auteur, par ce
fait qnç U's courants faibles n'agissent pas sur le muscle; pour mettre réellement Texci,
tabilité du muscle à Tépreuve, il faut des courants très énergiques.
Avant d'aller plus loin, nous devons opposer quelques critiques à certaines de ces
expériences pour ne plus avoir k y revenir.
HossBACH et Uaïitkneck ont observé que la faligue produisait rabolilion do l'excitabilité
indirecte avec conservation de l'excitabilité musculaire chez les animaux à sang chaud,
DtCT. i>E E^UVSlOtOOlP:. — TOMe vt. î»
66
FATÏCUE-
et uniquement lors de rarrél de U circulation (Ugature de l'aorte). Or ces deux condj-
lions réunies 8iiffî»eRt amplement pour faire admettre que le résuJtalobienQ n'était |Mf
reflet de la fatigue, mais de ranémie, qui abolit rapidement chez les homéoihemMt
Taction du nerf sur le moscle.
Quant aujc expérieoees d*ABELous, qui présentent cet avantage sur celles de Walui
queTnuteur français n'a pas élerlriséle nerf direetemenl» mais qu'il a produit la téiauiiss-
tion générale de l'animal, on peut objecter que : P Taction curarisaote s'est génén-
lement manifestée au bout d*un temps trop long pour qu'on soit en droit de l'altrCbiier
k 1 action propre de la fatigue; pour Tobtenir, il fallait tétaniser ranimai peodaol deiti
heures, et les nerfs étaient dénudés pendant tout ce temps; 2** IHmmunité relatire du
membre lié vis-à-vis de la fatigue qui frappait tout le corps ne peut guère s'eipliquer
par U supposition que les produits toxiques nés m siiu et retenus dans le membre lié
étaient moins abondants que ceux qui étaient contenas dans Tautre patte; bleu an con-
traire, si des substances curarisantes s^étaient produites dans la fatigue, elles auraient
certainement intoxiqué le membre lié à un degré bien plus prononcé que le membre
non Hé, celui-ci étant constamment soumis au lavage naturel par le saog veineux et à
Ja neulrali&ation des produits toxiques par roxjrgène du sang artériel; ^^ raction cura-
risante du sérum, du sang et de Textrait musculaire des animaux tétanisés ne parait
pas nette. L^auteur dit que « Tinjection de l'extrait alcoolique des muscles d'une gre-
nouille tétanisée à une grenouille normale e^l presque inoCfensive ». An contraire^ l'in^
jection ù une' grenouille normale de rextrail musculaire correspondant à lOO grammes
de muscles de rhien t^*tanrsé a prodnit la mort. Mais Finjection de Textrait du muscle
normal, nii^nte k une dose beaucoup plus faible, aurait sufll à produire la mort, si nous
nous en rapportons aux expériences de Roger'* Quant à racUon curarlsante du sérum,
après injection de ti ce. provenant d'animaux tétanisés J'auteur trouva le lendemain de
l'expérience sa grenouille morte: les nerfs sciatiques étant inexcitables, les muscles
Tétant directement. 11 est certain que tous les genres de mort auraient produit le même
effet.
il ne reste donc qu'à tenir compte des expériences où la fatigue avait été produite
par application directe des électrodes sur le nerf. Mais immédialement sargit l'idée que
la soi-disant fatigue indirecte est peul-iHre l'effet de rallération du nerf par l'aclion
locale des courants élec-lriques.
C'est précisément, l'idée qui a guidé J. lOTEfKO dans ses recbercbes récentes sur la
fatigabiUté comparée du mus<le et du nerf.
Pour arriver à des résultats positifs, cet expérimentateur a dû réviser un grand
nombre de faits qui paraissaient bien établis.
On sait depuis les travaux de REUAt iUeher methodische Elektrmrung geltihmier
Mushein^^ Berlin, 1850}, que le même courant induit est plus efficace quand il agit sur le
nerf que quand il agit sur le muscle. L'excitabilité indirecte de fa préparation fraîche est
donc plus grande que son excitabilité directe. Le phénomène s'observe avec la plus
grande facilité, ausii^i bien avec les courants ttHanisants qu'avec les ondes uniques;
mais, pour l'obtenir, il ne faut pas user d'excitants pnr trop énergiques, car alors les
deux secousses (directe etindir^rte) «seront forcement maximales. La contraction obtenue
par Texcilation du nerf eî^i donc toujours plus intense que la contraction obtenue par
l'excitation du muscle* On explique celte dilTérence en disant que les excitations du
nerf portent en même temps sur toutes les libres nerveuses, et, par suite, sur toutes les
libres musculaires. (Juand, au contraire, Texcitation porte directement sur le muscle,
ellfi n'atteint qu'un nombre limité de libres nerveuses et musculaires.
Coite explication asi insulTisante; s'il est exact que Texcilant porté directement sur le
uni scie irrite eji mônje temps les l-^rminaisons nerveuses iiitra-niusculaires et la sub-
stance musculaire, la contraction coiisecotive à l'irritation de ces deux éléments devrait
tHre plus intense que la conlraction consécutive à Tirritation du tronc nerveux.
1. Lu toxicité d« Textrait des muscles est bien muins grande que celte du foîe et du rein;
H cependant» suivani RooBft, 90 grammes de muscles par kiL dVnimiil produiscol la morl(TaxicUé
des fj-tiùits des tisuis tionnauj:, Lî. iî,, 1891, p. 727). <'h. Richbt a irouvé qu<2 le sérum mu&cu-
l.'iîre «ïtait asse/, loxique {20 gr. environ de muscles par kil. d'animal. C. fl., 11^01, cxxxn;.
FATIGUE.
«7
I
Dans le premier cas la contraction est ta résultante de ces deux excitations qui s'ajouteoU
En second lieu, le m«5me courant appliqué directement au muscle possède unfi inlensilé
plus grande que quand il est appliqué au nerf (la substance musculaire étant meilleure
conductrice de réleclricité que la subslance nerveuse); la contraction directe devrait
donc être plus énergique que la contraction indirecte.
Ce raisonnement alTaiblit donc beaucoup la portée de i*eiplicalion généralement
admise, d*aprés laquelle refficacité plus friande de Texcitalion indirecte repose sur la
mise en activité de toutes les Obres nerveuses. Cependant, quand H s'agit de Taffai-
blîssement de la contraction musculaire, constatée dans la curarisation et dans Tanélec-
trotouisalioUf ou l'explique par la suppression de Teicitation des terminaisons ner-
veuseSt laquelle s'ajoute dans le muscle normal ù celle de la substance musculaire* On
ullribue donc une importance assez grande à la résultante de ces deux excitations. S'il
en était ainsi, Texcilation du muscle devrait être plus efficace que Texcitation du nerf.
Une autre explication [laquelle d'ailleurs ne tranche pas la question, qui mnie ou*
verte) peut être adoptée. En comparant la sensibilité si exlraordinaiie du nerf au cou-
rant électrique avec la sensibilité si obtuse du muscle quand les électrodes sont directe-
ment appliquées à sa surface, on a l'impression que seui lèh'ment nerreiLi; csf intïm-neé
par le courant Hectriquû induit, et que, si le muscle directement ext!ilé répond avec
moins d'énergie, c'est parce que les terminaisons nerveuses incluses dans le muscle sont
plus difficilement atteintes par le courant électrique, à cause de l'interposition de la
subslance musculaire, qui, elle, ne sérail pas directement excitée par le courant élec-
trique induit» Cette supposition a d'autant plus sa raison d'être que C, Radzikowki (Ac/ion
du champ de force sur les nerf^ isoics de la 'irenomUc et Immunité elccfrique des nerfs, Tra-
vaiui de llnitUut Solvat/, m, 1890) a montré que le nerf, étant parmi tous les tissus celui
qui olîre la plus grande résistance au passage du courant électrique, est immunisé
contre l'action des courants électriques qui prennent naissance dans le corps de Tanimal
ou contre les courants électriques venant de Texténeur, par les tissus environnants
solides ou liquides. Ces tissus, étant meilleurs conducteurs d'électricité que le nerf
lui-m^me, offrent au passage du courant électrique moins de résistance et en acca-
parent une grande partie. Or il faut admettre comme coroîlaire de cette explication que
le tissu musculaire qui a immunisé ie nerf contre l'action du courant d'induction,
n'était pas lui-mt^me sensible à l'action de ce courant, qu'il a joué simplement le rôle
d'un eonducteur pbysiqne, tel, par exemple, qu'une bandelette de métal *>u de papier
buvard, ou tout autre corps meilleur conducteur d'^flectricité que le nerf.
A ces faits viennent s'ajouter d'autres qui plaident dans le même sens. Exisle-t-il un
rapport entre la réponse directe et indirecte à des stimulations d'intensité variable'?
J» loTEYio s'est assurée qu'en diminuant graduellement Tintensité de Fexcitant induit,
on obtient des modifications brusques dans la décroissance des contractions directes»
Or la décroissance est assez régulière pour les contractions indirectes. Le champ des
excitations sous-maximales est donc beaucoup plus étendu pour les secousses indirectes
que pour les secousses directes. A quoi faut-il attribuer ce manque de rapport entre les
variations de l'exciLabilité directe et indirecte en foiRtion de rititensité du conrant
induit? C'est encore à Timmunité du nerf qu'il nous faut recourir. Si l'on admet que le
muscle n'est pas directement excitable par le courant induit, il devient comprébcnsible
que les terminaisons neneuses.éparses dans le muscle, ne deviennent accessibles a l'ac-
tion du courant que quand celui-ci a acquis une certaine intensité; un courant faible
est totalement accaparé par les muscles, et rien ne pénétre jusqu'aux terminaisons
nerveuses; un courant fort est accaparé en partie, et une partie pénètre jusqu'aux élé-
ments nerveux» mais l'excitation des terminaisons neiveuses ne peut se faire aussi
ré;:uliérement que l'excitation du nerf mis à nu, et on s'explique les irrégularités dans
sa distribution.
On peut enfin comparer l'excitabilité directe et indirecte en examinant le senil de
Texcitabililé du nerf et du muscle. Or on est arrêté ici par une difficulté expérimentale,
car le muscle ne possède pas en tous ses points la môme excitabilité. Kî une (.1. P.,
1860, i77) avait vu que le muscle couturier de la grenouille, excité en différents points
par des secousses induites égales, ne donne pas des contractions égales; elles sont
d'autant plus faibles que le point excité est plus éloigné du hile par lequel arrive à ce
68
FATIGUE,
muscle son nerf rrioteur. Or, suivant la juste remarque de (Icr/en (Note stir rempohon-
uemeni par le cumic. Mennrdinire de^ Biolo<jbt€Sf juin 18D8), on ne peut attribuer cetli»
ilifîérence qu'au pïus ou moins grand nombre d'éléments non'eux que frappt^nt les
ï^êtooftses induites; celle propojlîoTmaliN^ entre le nombre de lUameuts exrités et
IVtiergie de la contraction montre nettement que les secousses induites n*agissent sur
la snbslance niusrulaire que par rinlermédinire des éléineuts neneux qu'elles excitent.
Ce s f ai Is on t «'' ( é c o n Ù rm es { i lus t a i d par Pou rz ek ,
J, ïoTc\ko a vu que le seuil de IVxcjlabililé du go si rocnémien présente aussi desdiffé*
renées notables en rapport aver le point exploré. Le nerf est^ dans tous les cas, beaucoup
plus excitable que h^ musrïc. Quant au muscle^ le point le plus rapproché du hile, celui
par lequel pendre îe nerf moteur, est le point le pîus excitable : de là rexcitabilité va
en diminuant à mesure qu'on se rapproche de la partie inférieure du muscle a^oisînaril
le tendon* Toutefois cette ilecroissance ne se fait pas d'une façon progressive : à partir
de hi portion moyenne du Tnuscle, rexcilabilité diminue brusquement. Ainsi, pour le
muscle ^asliocmîmien, comme pour te couturier, le seuil de l'excitaïiilité musculaire
locale s'élève avec le nombre de lilaments nerveux excités*
Donc à Tétat frais la contraction indirecte (excitation du neif) est toujours plus
intense que la contraction directe (excitation du muscle). Gril est reconnu que. tlaos U
mort (>ar anémie et dans des int^sicalions diverses^ l'excitabilité indirecte se perd tou-
jours avant Texcitabilité directe. Il est donc permis de parler de raclioii curari-
sante de l'anémie. Ce renversement des réactions lors de l'anémie a été probablement
le point de départ théorique de l'opinion qu'un phénomène semblable doit se pas«cr
dans la fati|ïue,
J, loTËYKO s'est assurée, en elTet^qufs dans la trè» grande majorité des cas, tant ponr
les ondes uniques que pour le courant tétanisanl, ht fatigue obfemte en excitant te nerf
a pour effet d\tbnfir Vexcitabilitè indirecte bien avant rercîtabilite directe. En régule géné-
rale, l'auteur n employé la méUuide suivante : rexarnen de l'excitabilité directe et
indirecte a été fait avant et après la fatigue au moyen de la même excitation d'essai.
La fatigue intercalée entre les deux excitations d'essai était déterminée avec des cou-
rants plus forts. — Mais il y a plus. Dans certaines expériences il a été possible de con-
stater que le nerf cesse de lépondre même avant tout début de fatigue directe; il arrive
même que le muscle excité directement, donne maintenant des contractions un pei
plus fortes qu'au début. D^ailleurs il s'en faut de beaucoup que ce résultat soit la règl^
dans tous les cas. Dans un grand nombre d'expériences, le renversement du rapport de
l'excitabilité directe et ïjidirecte ne s'est nullement produit. Ainsi la fatig-ue obtenue
par excitation directe du nerf peut donner lieu à trois catégories de résultats diffé*
rents : 1** dans la majorité des cas, la secousse indirecte disparaît avant la secousse
directe; 2*» dans certains cas, la secousse indirecte disparaît môme avant tout débat
de fatigue directe; 3** enfin, il arrive que le muscle a déjà cessé de répondre k Texci-
laliou directe, alors qu'il entre en contraction par excitation du nerf, ou bien, l'excita-
bilité directe disparaît en même temps que l'excitabilité indirecte.
Comment interpréter ces résultats, qui semblent donner raison à tous Les auteurs?
C'est que le procédé expérimental pèctie par sa base. Heîiïivg, 11eb¥a;<n, WEatco n'ont-ils-
pas montré que Tapplication de courants électriques, même faibles et de courte durée,
produisait souvent une altération locale du nerf, simulant l'eiistence de lu fatigue?
Dés lors, il devient impossible de comparer les effets de ranémie à ceux de la fatigue;
dans le premier cas, le courant électrique ne sert qu'à explorer J'élat physio^pathoto*
j^'ique du nerf» tandis que, dans le second cas, il sert à le produire. H a été cependant
impossible à J. Ioteïxo de localiser exactement Tal té ration du nerf; elle parait être
diffuse, probablement à cause de la longueur restreinte du nerf de grenouille.
A Tappui de cette interprétation, Tauteur cite les faits suivants (toutes réserves
laites sur la possibilité d'un certain degré de fatigue de la réceptivité du nerf, que nos
moyens techniques ne permettent souvent pas de dissocier de la conductibilité). Dans
certaines expériences, la contraction directe du muscle avait persisté dans toute son
intégrité après cessation complète du mouvement par excitation du nerf, et même on a
pu y observer un certain degré d'addition latente. t> qu'on appelle fatigue indirecte
n*c5t donc parfois accompagné d'aucune fatigue directe du muscle. En outre, le
FATIGUE.
fis*
mode de réparation va nous fournir un moyen de nous assurer si le nerf a ét«'
fatigué ou lésé* Dans les cas ci-dessus, où la coDlracLilité indirecte avait si brusf|uement
disparu sans entraîner aucuue modification dans rexcitabilité directe du muscle, la
réparation du nerf altéré (et non faligui^i a été ln>s lenlc à obtenir» et mémo elle a
fait quelquefois défaut Mais, dans les eipériences od la diminution d%3xcilabililé a été
la même pour le nerf que pour le muscle, la réparation a suivi un ordre inverse : elle a
"été bien plus prompte par excitation indirecte que par excitation directe* Cette répara^
tion plus prompte de ïa fali^ue indireclo que de la fatigue directe concorde avec tous
nos résultats; et on comprend qu*un léger retour de l'eicitabilité nerveuse devient
apparent quand nous excilot»s le nerf dénudé, et ne se n^anifesle pas encore quand nouï^
excitons ses termin*aisons à travers la substance musculaire* D'ailleurs Santes^sON avaii
trouvé que rexcilabilité indjrecte se perd avant TexcitabUité directe, uniquement dans !<'
cas de tétanisation du nerf, tandis que, lors des excitations par des ondes isolées, c'est
Pinverse qai se produit. Ce fait s'explique facilement par Tattération plus grande portée
au nerf par les courants tétanisants, sans qu*il soil nécessaire d'admettre, avec cet aiileur,
«[o'il existe pour les courants tétanisants une fati^abilité des terminaisons nerveuses
ntotrices différente de ce qu'elle est pour les ondes uniques.
Pour savoir si les courants appliquéi directement au nerf lèsent le tronc nerveux ou
fatigueiïlies terminaisons nerveuses, on peut disposer IVxpérience de manière à fatiguer
lu préparation sans que les électrodes touchent le nerf, et produire la fatigue de la pré-
paration en envoyant des excitations par la moelle épinîère ou par le nerf scialique du
•cMé opposé. Dans celte série d'expériences de J. Îoteyko, les résultats out toujours été
les mêmes. Ainsi, par exemple, dans la tl|?urc 2,lafatij?ue a été produite par la télanisaliou
del^ moelle, lirenouille 1res excitable, poids tenseur de 20 grammes, chronograplre mar-
|uantune vibration toutes les8 secondes. On lit de gauche à droite de la ligure : Ijexatnen
Je re.vcitabililé du muscle et do nerf {bobine 8, courant à peine perceplihie) ; le nerf est
excité à sa partie supérieure <n^), moyenne (n'^j et inférieure (n')* L'excitabilité inditecle
^nerfi est environ deux fois plus grande que l'excitabililé directe du mtiscle; 2) ou
télaniso la moelle douze fois avec le même courant, en introduisant les électrodes dans
le canal vertébral; 3) après 'relâchement complet, on explore de nouveau Texcitabililé
du'ecte et indirecte. Les deux modes d'excitabilité ont diminué par suite de la fati^'ue.
mais nous voyons de la façon la plus nette que non seulement U nij a rien qui rappelle M
çurarisiition, mais que, après fatigue, fL'Xcitabilité indirecte est ujainteuant trùm fois plus
grande que l'excitabililé directe du muscle. Le rapport aormal n'a donc été que renforcé.
Cette méthode a invariablement donné le même résulLut a toutes le^ phases ile la
fatigue. Lorsque h ftHigue a été obtenue par excitation <i<f ta moetk ou par exciiation du
nerf $ciatiquedu côté fjpposé {cest^à-dire san$ que tes électrodes touchent le nerfej-ptoré), te
rapport qui ejpiXaif antérieurement entre Vesccitabititè directe et l'excitabitiié indirecte se
mnindent et se renforce même. C'est Tinverse de l'nction curarisante* Connue, en réalité,
Jes excitations du muscle par le courant induit sont toujours indirectes |la substance
musculaire n'étant pas directement excitable par le courant induitj, même lorsque les
électrodes louchent le muscle, on comprend facilement pourquoi le rapport qui existait
primitivement entre roxcrtabilité directe et indirecte se maintient après la fatigue.
C'est que, dans Tun et l'autre cas (excitation du nerf ou excitation du muscle), nous
ti'avons excité directement que les éléments nerveux. — Quant au renforcement de ce
rapport comme elfet de la fatigue, nous le laisserons inexpliqué; mais il ne serait pas
impossible que le muscle qui a fourni un certain nombre de contractions ait perdu une
partie de ses propriétés conductrices pour rélectricité.
L'auteur a recouru, en ouire, à la tétanisation directe du muscles pour produire la
fatigue des terminaisons nerveuses san> p^^rter atteinte à Tintégrité du tjonc nerveux.
Ici non plus on n'observe jainais aucun i action curarisante. La frarure II est très
démonstrative à cet égard. Elle est composée de deux tracés; le Iracé supérieur se rap*
porte à la patte droite, et, quand l'expérience eut pris lin, l'excitation de la patte gauche
a fourni le tracé inférieur.
Nous croyons que ces faits sont sufOsammeot démonstratifs pour admettre que la
fatigue (et non l'altératiou du nerf) n'exerce pas d'action curarisante. Il est intéressant
ûe constater que les rapports ne sont même pas changés par l'anéniie. Ajoutons que
70
FATIGUE.
l'auteur a obtenu les mêmes résultats en fatiguant le nerf dénudé par l'action da champ
de force électrique d'une bobine, procédé qui était aussi destiné à fatiguer la préparation
névro-musculaire sans produire le contact des électrodes avec le tronc nerveux. Nous
sommes donc autorisés à formuler les deux conclusions suivantes : {•) Après la fatigue
produite par l'application directe des électrodes sur le tronc nerveux, ou peut observer
des effets assez différents dans ta diminution d'excitabilité; tantôt l'excitabilité indirecte
est égale à l'excitabilité directe (N = M), tantôt elle lui est supérieure (N > M). Mais il
est impossible de statuer sur les résultais de cette méthode; l'application directe des
électrodes sur le nerf entraîne son altération dans un grand nombre de cas; 2^) Lorsque
la fatigue a été produite sans que les électrodes toucheut le nerf, c'est-à-dire soit en
excitant le nerf par l'intermédiaire de la moelle ou du nerf sciatique du côté opposé.
Fio. 2. — (D'après J. Iotbyko) Fatigue produite par tétanisa tion directe de la moelle.
soit en excitant les terminaisons nerveuses à travers la substance musculaire, soit enfin
en produisant la fatigue par l'action du champ de force électrique, le résultat est inva-
riablement le même : le rapport primitif (qui existe à l'état frais) entre l'excitabilité
indirecte et directe, non seulement n'est pas renversé, mais il est même renforcé après la
fatigue. Si, par exemple, avant l'expérience, N = 2 M, après l'expérience nous aurons
M
N = 3 M, etc. Autrement dit, le quotient |^ étant égal à i/2 avant ta fatigue, deviendra
égal à i/3 après la fatigue. La fatigue a donc pour effet d'abaisser la valeur de ce
quotient. C'est tout le contraire de l'action curarisante.
Santesso.n (IS(01) est encore revenu sur ces questions sans connaître les travaux de
J. loTEYKO. Nous venons de voir que la variabilité des résultats (Sghenck) devait être
attribuée à la défectuosité de la méthode. La même objection peut être faite aux expé-
riences de Cusui.NG, qui observa qu'après une longue série d'excitations du nerf sciatique,
Tirritation du muscle pouvait encore provoquer des contractions.
Ces recherches de'J. Ioteyko montrent que les phénomènes de fatigue névro-muscu-
laire arrivent au bout du même temps soit qu'on excite le nerf ou soit qu'on excite
le muscle. Devons-nous en inférer que la substance musculaire est fatigable au même
titre (fue les terminaisons nerveuses motrices?
FATIGUE.
71
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FATIGUE.
Pour cela il nous faut trouver un mojeo absoliuneol »ûr rie melLn* directemetil
rexcilabttitè propre du muscle à l'épreuve. Or ]e muscle possc'de une irritiibiNl«& propre,
iodépeiKlaote des nerfâ qui s'y reodeoU Cependanl* aujourd'hui, f:omine aa iem|>* de
Halleu, on peut toujours objecter que tontes les i^ipéricoces portent sur des muscle*
qui renferment des racnificatioiis nerveuses u leur intérieur, et que ce sont elles qui sont
excitées par le stimulus; rirritalton ne parviendiuit donc ou muscle qnc par riut^rnic-
diiiiie du nerf, ainsi que cela se pajse dans le njouvfrmenl volontain'. En notre on peut
encore se demander si le tissu musculaire, dans le cas oi'i il serait directefnent exciLatle,
le serait pour tous les excitants. Considérons brièvement les procédés d'étiei^alicn
du muscle généralement employ<:»s, et cet examen permettra de reconnaître s'ils prêsenlenl
un degré suffisant de certitude : l*^l>i cumvisation^ À laquelle on a presque exclasivemeot
recours pour êncner un muscle, est loin d'étri' une métliode suflisante. Lf s physiolwgisle*
modernes oublient trop souvent que Taction du curare est o d*abolir Taction du nerf sur
le muscle »% suivant rexpression de Vitlpja^î, sans qu'on puisse rren préjug:f*r sur la loc«*
lîsatton de cette action. La paralysie exclusive des plaques motrices n'est qn'iioe interpré-
tation, qui, d'ailleurs, a vie fortement ébranlée par les travaux de ScMirr. Kûhne, Hi>ut-
iek; 2<* La même incertitude règne quant aux résultat* de la stttion et dègênért%cence
de» nerfs (Longet); on peut toujours objecter que des ramifications nerveuses ont pu
être préservées de la dégénérescence ; 3** U ij*y a qu'un seul fait qui prouve d'une façon
irréfutable l'irritabilité directe du muscle, dirons-nous avec les aut'^ni's rlasMiques
(HkhîiIa^n, II, 8;j et Physiofogie de Wr^uT. 374); c'est la pré*»ence de la cottiraction idio*
musculaire à la suite d'une excitation directe pnr un couraut continu, par tesactions^
chimiques ou mécaniques, et rauymentalion relative que subit cette cuiilracfîoii à la
suite de tous les agents qui diminuent ou annihilent l'excitabilité du nerf. Scuirr* qui
Viï découverte, lui adonné le nom de contraction viio-muscutaire, par opposil»*'-' -» !♦
contraction névro-muSTuiaire, qui, elle, est produite par l'inlermédiairedu nerf.
Pour énerver complètement un muscle, il faut recourir k ranélectrotoiii.-atiou.
EcRHARi» a montré qu'un courant de pile ascendant, suffiï^aminent fort, rend absolument
inexcitable toute la périphérie du nerf, y compris les dernières ramilicalions dans le
muscle. Or le muscle ainsi énervé par rinexcilabililé du nerf u*a pas perdu son excitabi*
lité. Mais, cbose remarquable, U muscle i^nervi^ ne réutjH pas au courant éiorinqnc induit,
It nr véagit qu'a tejtcitant galvanique^ mt^canique oucfumique, et uniquemcHt en donnant (a
eùntraction idio-muscutaire. Ces faits nous autorisent à conclure que, toutes les fois qoe
le courant faradique appliqué directement A la surface niuscutdire produira une contrac-
ture, cela voudra dire que les terminaisons nerveuses snnt encore excitables; on aura
alors la contraction névro-musculaire, tandis que, si les nerfs sont réellemeut inactiffr»
on aura la contraction idio-miisculâire. Découverte il y a plus de quarante ans par Scuiry,
elle n'est pas encore connue dp tous les physiologistes [Lehrtuch der Muskcl ttnd .»r»e-
pht/sioiogie, 1858, et Mémoire^ phtfsiototjiques, II, 1894). Klle se distingue de la contraction
ordinaire par sa durée beaucoup plus longue (rappelant les mouvements péristallîquifs).
Elle augmente d'intensité pendant te passage du courant continu. ¥Me apparaît pour tous
les excitants mécaniques, chiiriii]ues et galvaniques. Le courant induit ne la provoque
jamais. H existe aussi des coutiaction!> intenfièdiaîreu^ qui sont formées en partie de la
secousse névro-musculaiie et en partie de la secousse idio*musculaire. En excitant le
muscle avec le courant galvanique (qui agit sur réiémeiit nerveux aussi bien que sur
l*élêment musculairei, on observe tout d*abord une secousse brève, qui est la contrac-
tion névro -musculaire ; mais la branche doscendanle de la courbe n'afteîut pas la ligne
des abscisses, et elle est arrêtée dans sa descente par une seconde contraction beaucoup
plus Lente. C'est la contraction idio-musculaire, La contraction tonique de Wundt, le
raccourcissement i^NiIvanoLonique, ne sont autres que la contraction idio-musculaire.
SciiiFF a montré que toutes les influences qui alTaiblissent les nerfs favorisent Tappa-
ritioii de la contraction idio-musculaire. Ainsi se comportent les poi^ons, Pané mie el
l'épuiseuîenl. L'action paralysante de la fatij^ue sur te* nerfs moteurs n'avait donc pas
échappé cl l'observation de Schikp : toutefois il ne fait que la mentionner.
U faut di*îttnguer [»our le muscle trois pouvoirs fonctionnels : l'excitabilité, la con-
ductibilité et la contractilité. t^NCELMANN a donné le nom de tnthmotropei (seuil) aa&
influences modifiant rexcitabililé; Je nom de dromotropes à celles qui moilillant la cou-
.^^^m
FATIGUE.
73
duclibilllé, et celui de tnotropea à cellei» qui modiûent la conlracUllU'^ Or rîndépeinlatice
relaiivc du pouvoir conducteur a été le mieux t^udiée, et IVxislence de la conlraclion
idiomuseulaiie en est le meilleur exemple. Ainsi, par 5uile de l'arrêt de la circulation,
la coiidu' libîlité peut dci^cendre à téro dans les fibres musculaires, alors que raction
directe d'un excitant éveille encore des coiitraclions idio-mosculoireï* énergiques, qui
apparaissent comme une saillie au point excité, et n'ont aucune tendance à la propa-
gation. On peut donc dire que Tanemie exerce surtout une action dromotrope» et t|ue
les au l[T s pou voirai sont plus rt'sistantâ. Mais la contraction idiu-musculaire ne s'établit
pasd'emblèc; Tabseoce de propagation est précédée dans l'ani-mie par un ralentissement
croissant de Tonde musculaire. La contraction idio-musculaire typique n'apparaît qui*
progressivenienl. La contraction tonique constitue un état inlermùdiaire, ou déjà la
vitesse de Tonde fîst fortement ralentie, mais non encore complètement arrêtée. Et
il est bien Traiiemblable que le ralentissement croissant *U^ Tonde murculaire est en
relation avec la paralysie croissanle de Télémeol nerveux inlra-mu?culaire. Tout ce
raisonnement est basé sur des fails,etpeut être appliqué à la fatiyue, où nous retrouvons
les mAmes rapports.
C'est auï recher^tiei de J. Îoteyko que nous devons les faits relatifs à rénervation
du ittusck' pur ia fnt'miie. De ni^me qu'on a pu dissocier les propriétés physiologiques des
libres musculaires pâles d*avec celtes des fibres muges, en s'appuyanl sur leur iné^'ale
résistance à la fatigue et sur la forme de la contraiHion musculaire qui leur est propre,
ri a été possible à cet auteur de taire une disliitclion de m^nie ordre entre l'élément
nerveux inlra-musculaire et la libre striée. Fali^'Uun* une patte de grenouille jusqu'à
extinction complète de Texcitahilité mii*^culuire et nerveuse; nous n'obtenons ptus aucune
réponse à Texcitant faiadiqui% si nous l'appliquons au muscle ou si nous rappliquons au
nerf. Iteinplat ons à ce moment le courant induit par le courant continu, et appliquons
Je» électrodes directement h la sur Tact; du nnjscle. Si le courant galvanique est très fort
et la grenouille assez vigoureuse pour que Tépuisemenl ne soit pas pour elle le signal de
Ja morlt alors nous verrons apparaître des contractions idio-muscnluires en réponse h
Texcitalion galvanique. Elles auront tous les caractères que leur a assignés ScHirr, Les
contractions idio-musculaires peuvent donc être mi*ïes en évidence au moment on te^
Jcitnttuiison& nenemcs deviennent totalement inc.vcUfible$ par h fait de fa fatigue. C'est
à ce moment seulement que le muscle donne la conlraclion qui lui est propre quand
il, est directement excité, ce qui prouve que les contractions précédentes, oMennes par
l'action du courant faradique, étaient toutes névro-musculaires. Autrement dit» con-
Irairenient à Topinion de Cl. liBRNARt», le courant induit n*agit pas directement sur la
libre musculaire; mais, comme Taftirme Scuut, il n'agit fjue sur les nerfs, et, par leur
intermédiaire* sur te muscle, La preuve en est fournie par ces recherches ; un excitant
iippiopné peut mettre en évidence l'irritabilité propre de la fibre muscolaire» qui répond
encore par des contraction» idio-musculaires après que toute trace d'excitabilité ner-
veuse a disparu.
Ainsi donr nous pouvons conclure à une résistance plus grande à la fatigu*» de la
libre musculaire que des terminaisons nerveuses» mais en nous basant sur in pfr:iistanci:
de la cùfitractim idio-mmcatnirt\ alors que le muscle était devenu complètement énervé
par la lu ligue de rélément nerveux»
La fatigue obtenue par les excitations qui viennent par l'intermédiaire du nerf est
donc toujours d*originc nerveuse, parce que Taction cesse par suite de la paralysie des
^^lémenls nerveux intra-musculaires avant que la fibre musculaire soit épuisée. Il en est
de ïiiéme de Texcitant nalureli physiologique» qui, lui aussi, pénètre dans l'intimité du
muscle par l'inlermétliaire du nerf et éveille la contraction névro-musculaire,
La figure 4 montre la persistance de la contraction idio-rnusculaire après la fatigue
névro-musculaire (J, Ioteyko] . Grenouille très excitable, anémie totale (ca»ur enlevé)
depuis trois heures. Le nerf est très excitable sur tout son parcours. Pour montrer le
jaccourcissement gaïvanotonîque et sa transformation en contraction idio-musculaïre,
Teicitation de fatigue est produite dans cette expérience non par le courant induit,
mais par le courant galvanique. Les électrodes impolari^abtes de ii'Arsonval sont directe -
ment appliquées à la surface duf^astrocnémien,et amènent un courant de 2 miîliampères.
Le tracé est composé de deux parties (de f;aurhe h droite et de haut en bas) : ta première
FATIGUE,
3 £
m e,
^ a
partie représente 1* fa-
tigue uévro-inusculaire;
la seconde représeDte
les contracUoDS et U Ca
li>ue idio-muscolairc.
Dans la première partie
du tracé, nous voyotis
une série tle cou trac-
tions, la fermeture et
la rupture, se suivant
iï deux secondes d'in-
tervalle (couraot a.scen-
dajït). Mais le muscle
ne reste pas rt*IAché
daus les lotervaiïes des
excitations. Dès la pre-
ïuit^re contraction, le
nmsele accuse un cer-
laio degré de raccour-
cissement qa*ii conser-
vera ju^qu*à la On : c'est
le raccourciitsement gai-
vanotoniqiœ* Ainsi i'ap*
jilication du courant
gzdvaDÎque interrompu
(fermeture et ouverture)
a produit deux ordres
de phénomènes : !♦ une
série de contractions
brèves, qui apparaissait
à chaque feimeture et
ouverture et qui soat
lea couLractîons névro-
muncutaiveSt dues à Tei-
cilatioii du nerf par Je
courant galvanique; et
2* une contraction per-
manente, un certain
déféré de raccourcisse-
ment, qui dure saus
modillcations tant que
passe le courant, et qui
eal la contraclion idic*
mmcutaire,due àlexci-
tation directe de la fihre
muscultiire par le cou-
rant galvanique. Peu à
peu la fatigue fait son
œuvre [ii y a aussi un
certain degré de pola-
risation)* Remarquons
toutefois que la fatigue
n*a Irait qu'aux c on trac-
LioQs brèves ; elles des-
cendent à zéro ; mais la
fatigue n'afrecle nulle-
ment !e raccourcisse-
I
FATtCUE,
75
meut galvanotonique, qiii,auconlraire, augmente légèrement d'intensité avec les progrès
de la fatigue. Dans la deuxième partie du tracé, nous voyons la série des contraction»
idio-musculaires obtenues après la fatif;ue névro-musculaire. Dès que les contraction*
névro-miisculaircs de la première partie du tracé sont descenducî* à zéro, on ouvre le
courant,i:alvaniqiie pour une dizaine de secondes, et on voit le relacbefnent se faire peu à
peu. Pour avoir maintenant un tracé convenable de la forme de la contraction idio-niuscu-
laire, on augmente notablement la vitesse de la surface réceptrice; le cbronograptie
marque la seconde. On exrite le muscle par les courants ascendants et descendants;
rexcitalion est maintenue pendant tout le temps que dure la contraction. Nous obtenons
alors toute une série de contractions intermédiaireit, c'est-à-dire composées de lacontracLiou
névro-musculaire et de la contraction idio-rauscolaire. En effet Ja fatigue obtenue dans
la première partie du tracé n'était pas complète, le courant ascendant ayant produit
un certam degré de polarisalion. Maintenant nous utilisons le courant ascendant et des-
cendant (fermeture et ouverture], et la dépolarisation se fait en partie. Les contractions
les plus bautes sont duei? au courant descendant. On voit nettement que la contraction
idio-musculaire qu'on obtient maintenant (c'est-à-dire avec une vitesse plus grande du
cylindre K avec un déféré avancé de fatigue des terminaisons nerveuses) s'est faite aui
dépens du raccourcissement galvanotonique de fa première partie du Iracé. Chaque
contraction dure un temps très Inu;: (Jusqu'à seize secondes) et présente un plateau
caractéristique* La ligne d'ascension est composée de trois parties : [^ ascension brusque,
correspondant à la rupture ou à la clôture du courant continu^ vestige de la contraction
névro- musculaire (les dix secondes de retâchemenl ont amené une légère restauration
des terminaisons nerveuses); 2^ un arrêt» représenté sur la figure par un croche! (le
cylindre enregistreur continuant à marcher); cet arrêt dénote la fin du raccourcissement
névro -m usent aire et sa tendance k entrer dans la phase do relâchement; 3*> la phase
de relâchement est empéctiée par ta production de la contraction idio-muscuiairc; une
seconde ascension apparaît, beaucoup plus lente que la première; on voit bien qu'elle
augmente d'intensité pendant le passage du courant continu; au bout de trois à quatre
secondes, elle atteint sa hauteur maximale. A la phase d'ascension, composée de trois
parties, succède un petit piaieau, qui est le régime permanent de la contraction idio-
muscnlaire, et enfin non^ voyons la descente e.\trémenient longue de la contraction idîo-
musculaîre, descente qui dure six à sept secondes. Tels sont les caractères des
premières contractions intermédiaires. Mais peu à peu la fatigue des terminaisons
nerveuses devient de plus eu plus complète; Tascensiou brusque, qui correspondait à la
contraction névro-musculaire diminue de hauteur et même disparaît pour certaines con-
tractions. Il ne reste [troisième ligne de tracé) que la contraction idio-niusculaire pure,
qui est un soulèvement lent à chaque excitation. Mais elle aussi commence à décroître
et à s'anéantir, A la fatigue névro-musculaire succède donc la fatigue idio-musculaire;
à la perte d'excitabilité de rélément nerveux succède la perle d'excitabilité de la fibre
musculaire en tant qu élément aoatomique. Le muscle, c'est-à-dire l'organe composé
de terminaisons nerveuses et de libres musculaires^ est alors totalement épuisé. Épuisé,
mais pas mort» car^ déjà après plusieurs minutes de repos, nous assistons au retour de
rexcitabiliLé.
La résistance à la fatigue du tissu musculaire est donc surabondamment prouvée;
pour Taffirmer, nous nous basons sur deux faits expérimentaux :
1*" A un degré intermédiaire de la fatigue, la contraction idio-musculaire est plus
énergique (possède une amplitude plus grande) que la contraction nêvro-musculaire, ce
qui prouve que la perle d'excitabilité est plus accusée pour les lerniinaisons nerveuses que
pour le muscle; 2^} Un degré de fatigue extrême pour les terminaisons nerveuses n'est
qu'un degré moyen de fatigue pour la libre musculaire; après cessation complète de&
contractions névro*musculairès> nous obtenons encore une belle série de contractions
idio-musculdires. Ce n*est qu'après la disparition complète des contractions idio-muscu-
laires, que le muscïe en tant qu'organe est complètement épuisé. Le s^iége de la fatigue
périphérique est situé daftë les tcnninaisons nenfeuse^ intra-museulaires.
Il est intéressant de constater que la fatigue, qui n'exerce aucune espèce d'action
curarisante, exerce précisément l'action qu'on altribuait au curare : elle paralyse les
éléments nerveux â Tinté rieur du muscle. Ajoutons que, dans des expériences encore
n
FATIGUE.
inédite!*» J, Ioteyko put obtenir la conlraclion idio-musculairc sur un muscle fatigué
en employant les irritarUs chimiques (sel marin et acides faibles).
Ainsi donc, la faligue (comme i^anémie) exerce surtout une action dn>moirop< «ur le
muscle. Plus tard apparaît rartioii inotropeet liathmotrope.
Il est diffjrile de savoir si cette paralysie qui atteint l'élément terminal respecte
le tronc nerveux. Les expériences rapportées dans le cbapitre précédent permeltenl
cependant la canclusioii que le tronc nerveux ne participe pas à la fatigue périphérique*
En tout cas Tétude de la latifiue defs terminaisons nerveuses nousdêvoilo quelques faits
d'tHie physiologie du muscle toute nouvelle. Nous croyons, en effet, avec Herze?«, que U
physiologie du muscle basée sur la curarisation n'était que la physiologie des lermi*
naisoris uerveuses motrice!?. Celle du muscle est toute à faire.
Ce serait sortir du cadre de notre sujet que de chercher des preuves de l'inexcitâ-
bilité farad ique de l'élément musculaire dans les pbénomènes qui caractérisent la
rftactioû de dégénérescence d*Eaiï (DR). Nous nous contenterons de la signaler. U con-
vient aussi de mentionner que la présence de la contraction idio-musculaire a été con-
statée chez des personnes alTaiblies par une longue course, et, en général, après de grandes
fatigues physiques, par conséquent, quand les terminaisons nerveuses intra-muscolaires
étaient en partie paralysées. Ainsi Philippe Tissiè a pu provoquer par un choc léger ^
une saillie idio-musculaire très prononcée aux cuisses chez des coureurs professionoels
au moment où ils revenaient de la pisle» En pathologie, on l'observe dans tous les élnU
de dépression, et notamment chez les épiïeptiques h la suite des crises, dans la par**
lysie générale, d'alrophies musculaires. Elle est considérée comme une réaction de
débilité.
A la lumière des travaux de Schtfk; beaucoup de faits inexpliqués jusqu'à présent
deviennent intelligibles. Ainsi, tous les phénomènes qui canicléri*<ent la conirciction
ionique de Wcndt [Dauercontractionjs^&ppliqueni bien à la contraction idio-musculaire;
mais les auteurs n'avaient pas indiqué cetle analogie.
Ainsi BiEDKRMANN' montre dans son Éicctro-phtjsioh{/ic que Teffet de la fatigue est
d'anéantir tout d'abord la secouas*; de clôture du courant continu, et que la contraction
Ionique qui suit la cl<ature ne disparaît que pîus tard. L'accord qui existe entre les
observations de Bikciehmann et celles de J. Ioteyilo est donc complet, et il ii*y a qu'à
remplacer le nom de <f contraction tonique »> par celui de « contraction idio-musco-
laire n, Schence {Undrsuchunffen ûber die yaliir einiger Bauerconiractionen tien Mu^keh
A. g. P., 1895, Lxi» 498-535) ne partage pas tout à fait l'opinion de Biedehuanî* ; mais, eu
revanche, il reconnaît h la contraction Ionique d*aulres propriétés^ et ce sont précisément
celles qui caractérisent la contraction idio-musculaire (quoique ce nom naît pas été
prononcé par Scur.NCK). Eu premier lieu, cet auteur a confirmé les résultats de Kt:aNK el
de BERNi^TKiN, qui avaient vu la contraction tonique de NVunut se produire sous rinfluencc
des vapeurs d'ammoniaque sur un muscle fatigué (excitation chimique). En second lieu,
il a montré que la curarisation ne change rien aux phénomènes: la contraction tonique
apparaît dans un muscle curarisé, tout aussi bien que dans uu muscle non curarisé.
Troisièmement, elle ne possède aucun caractère tétanique. La force de raccourcisse-
ment développée dans la contraction tonique est bien inférieure à celle qui est mise eo
jeu dans le tétanos; ce qui signifie que, à des temps égaux, la première de ces contrac-
tions s'accompagne de transformations énergétiques moins considérables que la seconde.
La contraction tonique se distingue, en outre, par Tabseiice d'onde musculaire, ou
plutôt par Tabsencc de sa propagation. Pour qu'un notable raccourcissement se produise,
fait justement remarquer S<:iîENcii, il faut qu'un grand nombre d'éléments contractiles
entrent en mouvement simultanémenL Ainsi la force restreinte de raccourcissement de
la contraction tonique s'explique par l'absence de la propagation de Tonde musculaire-
t>ïi fîiits confirment en tous points les résultats précédemment acquis par Schiff rela-
rivement à la contraction idio-musculaire. Bien plus, Scbknck est tellement frappé par
la difl'érence qui existe entre la force de la contraction tétanique et la force de la con-
traetion Ionique, qu*il n'est pas éloigné d'admettre dans le muscle Teiistence de deux
espèces dt^léments contractiles. 11 écarte l'hypothèse de la présence dans la muscle
strié ordinaire de libres rouges et de fibres pâles; car il serait difficile d'expliquer
pourquoi l'ammoniaque, la vératiine^ te courant continu agiraient toujours sur l'un de
FATIGUE.
77
ves ^'lémenUp à Texclusion de i^aatr^^. Il serait plus simple d'admettre que les deux
esp*^ces d'él^Lirnenta couiracliles 5)? Iroiivenl dans le sarcoplasma, d*niie part, el dans los
tihrilles, de Tautre. Mais ici enrot^, les difficultés é'nua expltcaliou sattâfaiâaute parais-
sent trop norubreuses. Aussi Scuenck abaiidunue-t-il cette hypollièse, et propose-t-il
uiif explication basée sui' Inaction curari santé de la fatigue.
\h les physiolopîistes qui atlmetlejit que la fatigue exerce une action curarisarUe.
doivent préciser ce terme. Dans le langa;?e physiologique courant, la dénominatiiin
d'action curarisaiite s'applique à deux choses, dont l'une est un l'ail el la seconde une
interprètalioiu Le fait, c'est que» sous l*inlluenre du curare, les excitai ions du troue
nerveux ne sont plus aptes k éveiller la c tntraction musculaire, tandis que rexcitatioii
portée directement sur le muscle pjosoque une contraction musculaire, ifiii est la
conlracliou normale.
Llntcrprétation, c'est que le curare paralyse les plaques motrices (ou, d'une manière
plus générale, les dernières ramifications nerveusesi des nerfs. Or, sans entrer ici datii
l'analyse de toute» les ohjeclions qu'on a faites avec juste raison à cette interprétation,
nous ferons remarquer simplement que souvent il y a contradiction formelle entre le
fait et rinlerprélation. Sciienck est en opposition avec lui-même quand il soutient que
la fatigue exerce une action curarisante; que la diiférence de force entre la eonttaclion
tétanique et la contraction tonique peut tenir â une faligabiltté dilTérente du muscle
et du nerf; que la contraction tonique se produit tout aussi bien dans un muscle ciira-
lisé que dans un muscle normal; et qu'enfm (contrairement aux observations de Big-
DEBMANN), cô n'est pas toujours la contraction de clôture (contraction initiale) qui dispa-
rait avant la contraction tonique comme elîet de la fatigue.
Or voici l'eiplication qui» selon J, Ioteyko^ est la plus conforme aux faits : la fatigue
abolit, en premier lieu, t'excilabilité (y compris la conductibililé) de Félément nerveui
contenu dans le muscle. Le muscle fatigué est donc un muscle énervé. Mais la substance mus-
culaire est loin d'être épuisée après la cessation complète de l'action nerveuse. Elle a
conservé encore son excitabilité, seule sa conductibilité est perdue (action dromotrope
de la fatigue). Cest pourquoi par un excitant approprié ijui agit directement sur !a sub-
stance musculaire (courants galvaniques» excitants chimiques et méi*aniques), on peut
éveiller la contraclilité qui est propre au tissu musculaire quand il est directement
excité. C'est alors qu'apparaît dans toute sa netteté la contraction îdio-muscuiaire, dont
un des caraclcren est d'être localisée au point directement excité. Cela se comprend
aisément, attendu que l'élément nerveux intra-musculaire a perdu sa conductibilité par
fatigue.
De tout le chaînon moteur, le plus faligable est rélément terminal. Or la terminaison
motrice ne sert pas uniquement à provoquer la contraction en communiquant au muscle
son impulsion, niais elle subit le contre-coup immédiat de la contraction, U est bors de
doute que dans la fatigue l'élément nerveux sensitif el l'élément moteur infra-muscu-
laires sont tous les deux altérés par les décbets de la contraction musculaire. Il en
résulte de la douleur el de la paralysie motrice. Celte théorie repose sur un fait indis-
cutable, c'est la présence dans le muscle strié de deux éléments différemment fijlif^ables.
De nombreux faits permettent de supposer que la dilTérence physiologique a pour sub-
stratum anatomique la terminaisijn nerveuse el la fibre musculaire. Mais presque tous
les faits s*accorderaient lout aussi bien en attribuant une eicitahîlilé dilférente aux
fibrilles musculaires et au sarcoplasme. La contraclion névro-rausculaiie serait la
contraction des fibrilles, la contraction idio-musculaire serait l'équivalent de la con-
traction sarcoplasmaliquc. La question est à Tordre du jour depuis les recherches de
Botta zzr.
Quant au ùége des phénomènes inhtbitoires, Wëdensky le place dans la plaque,
motrice, le tronc nerveux étant résistant ausai bien à la fatigue qu'à Tinhibilion.
Sur un muscle curarisé, Wkdknskv n'a jamais observé des phénomènes d'arrôt en appli-
quant deux excitations simultanées au muscle. Kn expérimentant sur le muscle non
curarisé, il a constamment obtenu des phénomènes d'arrêt, comme il l'avait déjà con-
staté antérieurement sur le muscle pris avec son nerf. Ce sont les terminaisons nerveuses,
el non pas les libres musculaires, qui produisent de Tinhibition, quand des excitations
fréquentes et fortes sont portées sur l'appareil neuro-musculaire, conclut Wedenshv
78
FATIGUE,
L'aclton inhibitrice du nerf serait donc un vrai équivalent physiologique de l'empoiÂOU-
nement par le curare. L*autear base ses résultats sur la curarisaiioa ; or nous arons
développé plus haut les motifâ qui nous empêchent de considérer le mus'^le curaris*^'
comme élant mi muscle énervé^ et ïa persistance de la contraction iiévro-nTusculairc
nous est un indice de Tintégrité fonctionnelle des terminaisons nerveuses. Il serait inlé-
ressanl de 5*assiirer, par la méthode à laquelle nous areardons la préférence, si» A un
moment donné de rinhihitîon, le muscle ne perd pas la propriété de faurnir des coo-
tractionn névro-musculaires (courant galvanique) tout en conservant celle de donner
des contractions idio*muî*culaires. C'est alors seulement qu'on serait en droit d'affirmer
que les pliènomène'» inhihiloires ont leur siège dans rélf/rneul nerveux iiitra*n]usriilaire«
et non dans la fibre elle-même, comme cela se passe pour les phéou mènes de
fatigue.
BlbUoiTi^aphie, — AuELots. De$ rapports de la fatigue ave^ Uii fond ions des capMdet
$urrénal€s {A* de P., 1893, 720); Tvxicité du sang et des muschfi de$ tmimaux fatùjuéf^
(Ibid., 1894, 433); Contribution à Cétude de la fatigue [Ibid., 1893. 437). — Beilvstki.x.
IJeher die Brmûdung und Erholung der Nerten {A. g. P., x\, 1877, 28ft), — CusHiNO (H.)t
Diffe^renzê dcll irrifabilita dei neiri c dei mttseoH {Accad, di Lincei, x, i<M)l). — FÉaé (Ca.)
et PAPIN* iVo^e nur la contracHon idio-musculaire (J. A, P., IUOI). — Engblmann (Tu. W*)*
Helution entre Vejcâtabdité, la vonductibititt* et la contractUiie dca muaclcf {Arch, néerL deê
Sciences^ Extr.. 1901). — Iotkyko (J.). iïccA. pjik sur la fatigue Je$ organes ierrninntix
(iJ* B., 1899, 386); Htchtrcheit $ur la fatigue névro-muscutairc et sur V exci i ah ili té électrique
des muscUs et des nerfs [Annales de la Soc. Hoy, des aciencea médicales et uaturellei de
BruJ'rllesif 1000» et Travaux de V Institut Solvay, v); De la réaction motrice différentielle
d^^m^*cte$ et de» nerfi {Congrès d-e Phfi^iolotjie, Turin, f 001). — Roi^sbagu et Hartbncci,
Mmkelrermche an Warmblûtcr, Ermùdung und Erhohing des hbenden WarniblHtermuskels
\A. g. P.j 1877, xv). — Santrsson (C. G.I. Einige Benbachlungen iiber die Ermûdbarkcit
der motoriêcben Servcnendigungen und der Mus^kelsub^^tanz {Skand, Arch. f. Phj/a. v, IH93,
394-41)6); Nochmals itber die Ermùffbarkcii des Muêkeh und neiner motori^ehen Nervenendi-
jungen (Skand. Arch. f. Phys., xi, 333 et C, P., x\\ lOiM, n" 7). — Scriincic (F.). Kleinere
Notizcn lur nllgemeincn Mmhelphgsiohgie. Veher die Erttmdbarkeit des Muskels und veiner
Neneueîidurfjane, nach Versttchen doi D'G. Wuiff {A, g, P.. (900, lxxix, 333). — Sghiff (U,)
{Lehrbuch der Physiologie des Mtakel und Nerrensysitem, 18d8-1859) ; Mémoires^ 1891,
n, — TissiÉ (Ph.). L<i /"^ili^^ue et t'cntrainemcnt ;i%s»:(/«i?, Aloan, 1897. — Wallkr (à.).
Uepori on expérimenta and observations relating îo the process of fatigue and Recovery
(The British mcd. Journal, lH8a, (2, 135-118; et 1886, (2). 101-103); The sensé of
Effort : an objective $tudy (Brnin, 1891, xiv, 179-2V9 et 433-436). — Wede.nsky (S,].
Dan» qœlle partie de t appareil neuro-mu^scu la ire se produit rinhibition? iC, fh, (801.
113,805.)
I
CHAPITRE ni
La Fatigue musculaire
Ainsi la fibre musculaire est en quelque sorte réfraclaire à Taclion de la fatigue:
car le mouvement cosse bien avant c|ue la paralysie de la substcince musculaire soit com-
pltHe, et la fatigue musculaire est U fatigue de l'élément nerveux terminal. Le litre df
f*«ligU4^ musculaire n'est Jonc pas tout à fait exact, mais» l'accord une fois établi sur la
signitication île ce tei m^*» nous |)Duvons faccepter sans nous exposer à des maleut<.MJ(lus.
En effet» mnis pouvons étudier la fatigue du muscle en tant qu'organe sans nous préoc-
cuper de son innervcilion. Le muscle étant Torgane du mouvement, son incapacité fonc-
tionnelle peut à juste titre conserver le nom de fatigue musculaire.
Nous ne nous occufterons pas non plus dans ce cha[»itre de finnervalion centrale du
muscle; la fatigue dii muscle sera traitée sans tenir compte de laction des centres
jj«M'veu\.
FATIGUE.
T9
r. PHYSIOLOGIE ET PHYSIQUE ÛÉNÉBÀLES DU MUSCLE FATIGUÉ
§1. L«i offati de U fatigue sur la consittance, la cohéaion et la loDicité musculaire. —
pour étudier les phénomènes de la fatigue musculaire, il importe de conrialtre quelles
modillcaliorxs elle apporte aux propriétés du fissu musculaire, eu un mol. ce qui diffé-
rencie un muscle normal d'un muscle fatigué. Nous ne maintiendrons pas ta division
classique des propriétés du muscle en physique» et physiologiques, car telle propriété,
considérée naguère comme physique, rentre aujourd'hui dans le cadre des propriélés
physiologiques.
t. Comiitance, — La consistance du muscle varie suivant son état de repos ou d*acti-
rite. Le muscle fatigué est relAché. En outre, J. loTKVxoa observé (eipériences inédites)
que le muscle tétanisé (cliien) était doué d'une grande fri4ibilité: ainsi la résistance à
vaincre pour hacher le même poids de musote normal est phïs grande que celle qull
faut déployer pour hacher un muscle télanis<>. toutes autres conditions étant égales,
2, Cohésion* — La cohésion du lissu musrulaire est assez faible; la libre musculaire
se laisse rompre assez facile ment. La cohésion du tissu musculaire est mise en jeu
physiologiquement de deux façons^ par la traction et par la pression* D*aprés Weber,
1 centimètre carré de muscle peu! supporter en poids de i kilogramme sans se rompre.
Or la perte de rirritahilité musculaire s'accompagne d*une diminution de cohésion. La
fatigue dîmîutie la cohésion du tissu musculaire. On excite l'une des deux cuisses d'une
grenouille jusqu'à la fatigue, puis on attache aux deux pattes des poids jusqu'à la rup-
ture des muscles de la cuisse; la rupture arrive plus vite pour la cuisse fatiguée que pour
l'autre (Liégeois).
3. Tonicité* — On admet généralement que la tonicité musculaire (tonus musculaire)
n'est qu'une forme spéciale de Télasticilé musculaire. Sur le vivant, les muscles sont
tendus, c'est-à-dire tirés à leurs deux extrémités. Les n^/texes tendineux exigent pour se
produire un certain degré de lensïon musculaire. C'est à ce litre que nous nous en occu-
pons dans ce chapitre, sans rien préjuger de leur origine centrale. Sterxberg avait
déjà remarqué en 1885 qu'après une marche faliganlc les réîlexes patellaires étaient
sensiblement exagérés. Ce phénomène n'avait pas encore été signalé, sauf par Westph.vl
{Arch.'f, Psych. und N^rvetthrank,^ v), qui rapporte une observation assez analogue. Pour
élucider si raugmentation des réflexes était due à la fatigue du quadriceps ou à ta
fatigue générale, Stewnderg institua de nombreuses expériences, Lorsqu*on fatigue Tarti-
cuîation du genou en se tenant sur un pied et en fléchissant autant que possibli^ le
genou correspondant, on n'observe pas d'exagération des réllèxes. Pour v*'ritier l'autre
hypothèse, il fallait fatiguer tout un groupe musculaire. On s'aperçoit alors que
le réflexe patellaire s*eiagère. L*auleur arrive à celte condusîon que rexagératiôn des
réflexes est sows la dépendance de hi futitjue générale. Cela concorde avec la remarque de
StbCmpell, que, dans certaines maladies, comme la phtisie et la flèvre typhoïde, les
réflexes sont augmentés. L*augmentation s'observe également dans la neurasthénie.
Steilnberg fa constaté au début de lièvres graves, lorsque les malades ne se plaignaient
que d'un profond abattement.
Il semble donc acquis que la fatigue générale exagère les réflexes tendineux. D'après
Steilsiïrrg, ce phénomène pourrait être expliqué par la diminution ou la disparition de
l'inhibition cérébrale, disparition consécutive à ta faligue. En faveur de cette opinion,
SîtJïNeKRG Cite Tobservalion de JE>oHASsiK,que l'inatteuliou exagère le réflexe patellaireK
§ 2. Les effets de la fatigue sur Félasticité musculaire. — Les premières recherches
faites dans cette direction sont dues à Ed. Woeb (IHitiJ, qui a ouvert une voie d^invesli-
gations nouvelles* Les observations de WiiHER sont encore exactes auJourd*bui. Seule-
ment on admet que tout ce que Weueb a vu se rapporte au muscle fatigué et non au
muscle en activité. D'ailleurs Wêueb lui-même a reconnu que tous les phénomèues
décrits par lui se présentaient avec plus de netteté dan> un muscle fatigué; il n*a pas
toutefois tenu assez compte de la fatigue. Or, comme les phénomènes de fiitigue
sont rinverse de ceux qui se produisent à Tétat d'activité, il en résulte que les conclu-
sions de Wkber sont souvent fausses, quoique ses observations soient justes. Les raodî-
m
FATIGUE.
(icalions dVlastlcité ddm un muscle en état de coîitraction sont exactemeot opposées
à celles que Wkuer avait constalées; car ses observations ne sont applicables qu'au
masrle fatigué,
Ei>. Wehka a constaté i\ak Télat d*activité ou de contracUon le roefricient d'étaslidt4
du muscle diminue, c'est*î\-dire que le mnsde est moins élastique, plus extansiblt*. lu
muscla moins élastique, plus extensible, s>? laisse distendre par un poids relativemeni
faible. C'est ce que Wcbeh a vu en tétanisant le muscle hyoglosse de grenouille charj^ii
de différents poids, et en comparant le degré de raccourcissement avec les allongements
déterminés par les mômes poids sur ces mômes muscles aui repos. H a observé que te
musde en activité était plus fortement allongé par le môme poids que le muscle inactif.
Le fait est d*aut4int plus surprenant que le muscle devient plus court et plus épais p<îo-
dant la contraction^ et que par conséquent il devrait Ôlrc moins long. Celte augnnenia-
lion d*exlen9ibilité du muscle est telle quVm muscle el^ai^»' d'un poids considérable peut
môme s'allonger au lieu de se raccourcir au moment de l'excitation; ce qui tient h ce que
le raccourcissemtvnl dû à la contraction n*a pas été suffisant pour compenser rallooge-
ment dû à ta diminution d'élasticité. Webkw envisagea ces modilications de IV-lasticilé
comme des phénomènes dépendant de l'étal d'activité musculaire, et identifia la force
élastique avec la force de la contraction.
Ces observations de WEUEft sont atisolument exactes; mais pour que les expériences
réussissent, il faut que le muscle soit déjà falipié. On sait aujourd'hui d'une façon très J
précise que la fatij^ue rendis muscle plus extensible; la mcme charge, qui l'allongeail'
faiblement au début d'une expérience, l'allonge beaucoup plus vers la fm. D'après Wede»
d'ailleurs, la diminution de l'élasticité ne fait que s*acc6ntuer avec les progrès de la
fatigue. L* activité musculaire, dit Webeh, n'est pas une manifestation, mais une causer
dont la manifestation extérieure est te raccourcissement musculaire. Quand la contrac-
tion est empêcîiée. c'est qu'il y a tension. Le raccourcissement et la tension sont des
manifestations de l'activité musculaire. La diminution de force qu'on observe pendant
la fatigue dépend non seulement de la dinjinutîon de la hauteur de la contraction, maif J
aussi, et surtout, de la diminution d'élasticité du muscle fatigué. L'activité du muscle ne
repnse pas uniquemenl sur une modification de sa forme, mais aussi sur une modili-
cation de son élasticité qui subit une diminution. La diminution de rélaslicité muscu-
laire, consécutive à son activité, a pour etfet de diminuer notablement la puissance
musculaire. L'élasticité du muscle actif est très variable; elle subit une diminution
constante avec les progrès de la fatigue, et ctte est ta caui>c di\i phénomènes de fatigue fnws-
ctthnre cl de la diminution de force qui accompagne la fatigue* L'élasticité du muscle
mort est moins parfmle que celle du muscle vivant, c'est-A-dire que le mosele mort,
quand il est étiré, ne revient plus à sa longueur primitive, et se déchire plus facile-
ment. L'éla>îtcité du muscle mort est aussi pias farte que celle du muscle vivant; car il
faut une charjL;'^ plus forte pour l'allonger. Les phénomènes de fatigue du muscle sont
donc tout à fait différents des phénomènes de la mort du muscle. Sous l'inlluence de la
fatigue il y a allongement de ta secousse du muscle à la période de relâchement : c'est
un des caractères fes plus constants du muscle fatigué. Or le relicheraent du muscle
est déterminé par la force élastique qui permet au muscle de revenir à sa longueur pri-
mitive* l*ar conséquent, dans le muscle fatigué, qui se contracte plus faiblement, f élas-
ticité de retour est plus faible et plus imparfaite. De même, dans le tétanos, dès que la
fatigue îipparaît, la courbe du tétanos est descendante, parce que le muscle est devenu
plus faiblement élastique, M.\rey a démontré que Teffet de rélaslicité musculaire est de
diminuer la brusquerie du mouvement, ainsi que d'en prolonger la durée» même après
la disparition de l'onde qui Ta produil.
Les travaux de Weber sur l'élasticité musculaire ont donné lieu à de nombreuses
controverses* Il ne nous appartient pas de les exposer ici en détail, iMais la question paraît
être aujourd'hui éciaircie : tous les résultats acquis par Weber doivent être rapportés au
muscle fatigué. U y a un paratlélisme complet entre les forces contractiles et les forces
élastiques du mu scie. Quand l'activité est complète, il y a un renfojcemcnt de la con-
IracUlité, aussi bien que de Télasticité, et quand, pour une raison quelconque (fatigue,
froid, etc.), la puissance musculaire est a(Taiblie, il y a diminution adéquate des forces
contractiles et dns forces élastiqu^^s. — En réalité, quoique WEBKn ait soutenu que l'élas-
FATIGUE.
81
Ucité dtmiDtie pendant Taclmlép it n'en a pas moins proclamé l'identité des forces de
conlraclion et d'élasticité. Depuis ses travaux et ceux de Si:HWAN\' (qui le premier for-
niula Topinion que la contraction ilumoscle n'a d'autre elTet que de donner à cet organe
ane élasticité nouvelle en vertu de laquelle te mouvement est imprimé aux leviers
osseux)» Tèla.'^iicité musculaire a pris plaee h cdté de la contractilité comme étant une
des fond a mentales proprîélés du muscle, et on voit se destiner nettement la tendance
des physiologistes modernes à admettre, avec CHACVEAU^que le muscle qui se contracte ne
fait que prendre une force élastique nouvelle.
Les conclusions de Weber furent d'abord combattues par Volkmann, qui, au lieu de
faire porter au muscle un certain poids peitdanl toute la durée de la contraction, ne le
lui appliqua que pendant son dernier stade; le raccourrissement était alors bien plus
grand, parre que la fatigue était moindre. Toutefois tes résultats de Volkuann ne sont
pas enliéremenl comparables à ceux de VYeber» car il ne s*est pas servi de courants
tétanisants, mais d'excitations isolées. Volema^în croyait aroir complètement éliminé
I action de la fatigue dans ses expériences.
WpNOT est arrivé aussi à des résultats contraires à ceux de Webeb. D'après lui» la
diminution de rêlaslicité pendant la contraction est due non à ractivité musculaire^ mais
au racourcissement, Si, en effet, on empêche le muscle de se raccourcir en le sur-
chargeant, le muscle ne s'allonge pais au moment où on l'excite, ce qui devrait arriver
si c'était la contraclionratime qui était la eause de la diminution de rélaslicittV. DoNaERsel
Ma^tsvelt, dans leurs expériences sur le biceps et le brachial antérieur de l'homme sont
aussi en opposition avec la théorie de Wkbeh. Ils sont arrivés aux conclusions suivantes :
1** L'allongement du muscle est ilans certaines limites proportionnel aux poids -/l" Le coef-
Ticient d'élasticité est à peu prés le même aux dîlTérents degrés de la conlraclion; 2° La
fatigue du muscle diminue le coefficient de son élasticité (c'est-à-dire augmente son
extensibilité). L'augmentation d'extensibilité du muscle fatigué est prouvée par l'eipè'
rieuce suivante : Lorsqu'un poids est tenu par le bras à une certaine hauteur,
alors, au moment de l'allégement brusque, le bras se détend en sens opposé, et avec
une rapidité d'autant plus grande que le tétanos a duré plus longtemps. Les auteurs eo
conclurent que le de^ré de la contraction nécessaire pour soutenir la charge constante
a dit augmenter, ou, ce qui revient au même, que la fatigue a rendu le muscle plus
extensible.
D'après KaoEfECKERfl' élasticité du muscle fatigué serait la même que celte du muficle
en activité. En excitant le muscle à des intervalles égaux (2-12 secondes) au moyen
d'un appareil automatique, on obtient une série de lignes verticales dont la hauteur
mesure rexcitabilité du muscle à chaque instant de l'expérience. Sous l'inlluence de la
fatigue, les lignes verticales décroissent progressivement et descendent à zéro. En joi-
gnant par une ligne les extrémités supérieures des lignes vertictiles équidistantes, on
obtient Oi courtte de ta fatigue du muscle. Cette cuurbe, d'après Kbonecker, est une ligne
droite. La ligne droite ne s'obtient que dans certaines conditions : il ne faut pas que le
poids soit très lourd (le triceps fémoral de la grenouille ne doit pas travailler avec une
charge qui dépasse le poids total de l'animal).
Si, au lieu de ne faire soulever le poids parle muscle qu'au moment de sa contraction
(travail en surcharge), on charge le muscle d*un poids avant sa contraction, de façon
qu'il subisse uu allongement avant la contraction (Iravail eu charge), la courbe de fatigue
est toujours une ligne droite» mais seulement jusqu'au point ou elle coupe la ligne des
abscisses tracée par le muscle inactif uon chargé de poids, et, à partir de ce point, la
courbe de la fatigue se rapproche d'une hyperbole, dotit une asymptote est l'abscisse du
muscle inactif el chargé. L'hype rtiole sVxplique facilement si Ton admet que l'élasticité
du muscle ne subit aucune modification sous rinlluence de la fatigue. Celte partie des
conclusions de Kro.necxer a été fortement combattue par Heruann. Diaprés lui, le muscle
surchargé ne décrit que la partie supérieure du soulèvement que décrirait le muscle s'il
Iravaillail en charge; la partie du soulèvement située au-dessous de l'atiscisse naturelle
manque; si l'on prend en considération ces différences, alors on voit que la courbe de la
fatigue du muscle travaillant en surcharge est identique à celle que décrit le muscle tra-
vaillant en charge jusqu'à l'abscisse naturelle. Dans les expériences où le muscle travaille
en charge, on poursuit la courbe de la fatigue encore plus loiu^ et elle descend au-des *
©ICT. DE PUYSIOI.OOIE. — TOMK VI.
■ il. w mmm
^2
FATtGUE-
ous de cette abscisse jusqu'à épuiseraenl complet du muscle, La fin de la eourbe de U
fatigue en surcharge ne se confond nullement avec l'épuisement complet du inascle; le
mascle est enc4}re en état de développer des forces contractiles, mais elles sonl plus
petiles que la surchar/çe. La Un de la courbe de la fatigue eu charge est par contre iden-
tiijue à repui-sement complet (Mermann). Eu(in, Hkiisia^n trouve que la décroissance 4e
la courbe de la fatigue est sous la dépendance de facteurs trop nombreux pour qu^on
puisse admettre qu*ils ont tous une décroissance recliligne*
Actuellement, presque tous les physiologistes reconnaissent que le fnuêcle fatigut
devient pins fmblemcnt et moins parfaitement ^Imtique. Parmi les expérimentateur!
modernes^ mentionnons Bouhet (iSSO), qui, eu un beau travail accompli dans l<
laboratoire de Marey, a beaucoup contribué à élucider définitivement cette question
si conlroversée. La conclusion g-énérale est quun muscle qui vient d'être exciU
prend une force élastique nouvelle, plus grande que celle qu'il avait avant rexcitition.
La fatigue exerce des elTets exactement opposés. Voici l'énoncé de ses conclusions :
l" L'elTet de plusieurs excitations se sucrédanl k intervalles d'une seconde est «a acoTois-
sement de la force élastique du muscle, et la limite de cet accrois^sement correspond
au maximum de raccourcissement du muscle; le même accroissement se constate
pour une excitation unique; 2'^ Le tétanos communique an mu^^cle une force élastique
nouvelle, plus grande que celle qu^il avait au repos, et cetîe augmentation d*èla^ticiîé
est en raison directe de Tintensité du courant tétanisant; 3^* Le muscle fatigué devient
plus faiblemeni et moins parfaitement élastique (la fatigue rend le niuscle plus exten-
sible).
BouDET a recherché, en outre, le moment exact auquel la fatigue commence k montrer
^es elfets sur rélasticité musculaire. Ce moment varie évidemment avec le nombre el
rintensité des excitations que Ton fait subir au muscle. Mais, pour un cas donné, il
est facile de préciser le nombre des excitations nécessaires pour modifier l'élasticité ûu
muscle. Lue série d'excitalions produit sur un nuiscle faiblement ou nullement char|è
des raccourcissements toujours croissants, jusqu'au moment où le maximum d'élai-
ticité est atteint. Si Ton continue Texcitationje raccourcissement se uiaintient au même
degré pendant un certain temps, jïuis il diminue peu à peu à mesure que la fatigua
augmente. Or ralTaiblissement de Télasticité commence précisément à se montrer au
moment même où le raccourcissement éprouve sa première diminution. LTne charge
appliquée au muscle à ce moment produit un allongement un peu plus jE^rand que ral-
longement provoqué par la même charge avant l'ex^ilalion. A mesure que le raccoor-
cissemenl va en diminuant, on trouve unt; aui^ni enta lion correspondante de Textensibi*
Ijté qui traduit ainsi les effets proju'ressifâ de la fatigue.
Ces phénomènes ne sont bien marqués que si l'on emploie des charges un peu fortes
(20 et 30 gr.), car les 10 ou V2 premiers grammes sont surtout utilisés pour faire dispa-
raître le raccourcissement. Mais, dés la seconde charge de 10 grammes, les allongements
partiels deviennent plus considérables qu<* ceux du muscle au repos, et rallongement
total est lui-m^me un peu plus grand. Par conséquent, fa fatigue diminue la force clai-
tique du mmctt\ et îe début de cette tlhnîmition eut indiqué prir la diminution du raccour^
cissemenl quarfiit provoqw^ l'excUation êieelrique.
En comparant les raodincations de la contracUlité musculaire sous Finfluence de
certains agents avec les modifications de Télasticité, produite par ces mêmes agents,
ïloraKT a vu qu'il existe entre elles un rapport constant. Toute cause qui augmente la
contractilité rend le muscle plus fortement élastique, ou bien, toutes les fois que \%\
muscle devient plus fortement et plus parfaitement élastique, la contractilité est aug-
mentée.
Voir fe tableau, p. 8:^, où sonl comparées les modifications de rélasticité, de la con-
tractilité et de hi période latente (d'après Bocobt).
Dans deux cas seulemcnl, lors du dessèchement et de Tanémie produite par la liga-
ture des vaisseaux, ce rapport paraît renversé» mais Boddet invoque dans ces deux cir-
constances Tinterférence d'autres agents modificateurs.
L'inspection de ce tableau vient donner une nouvelle preuve de Tidentité des forces
de contraction et dïdaslicité. Les varialtons de Télasticilé et de la coulractilité sont tou-
jours de même sens.
FATIGUE.
83
I
I
\oKsrs MuruPieA'nviui.
ÉLASTTcrrft.
rOÎTÏTlACTlLlTKr
TEMPS inOIDIf.
T.n,p.r.,urc. | «^l;,^'- ; ; ;
Dessèchement. . .
Circulation (anémie)
Excitation électrique.
Section ancienne du nerf, ....
Section récente du oerf
Fatigue.
Plus 1 .
Plus J
Plus iDiMe, 3ii.iin'^ |i-"irLiUi'.
Plus forte? Moins parfaite.
Plus forte. Plu5 parfaite.
Plus faible. Moin» parfaite.
Plus forte. Plus parfaite.
Plus faible. Moin* parfaite.
Plus forte. Plus parfaite.
Pluâ faible. Moins parfaite.
\ ugmentee.
. Mininuée.
Diminuée.
Diminuée ?
Aupmcntée.
Di mi nuée.
Augmentée.
Diminuée.
Augmcnléc*
Diminuée.
Diminué.
Diminué.
Augmenté.
Diminué.
Augmente.
„ - Vtrattiue
P"»""'- Carar.
.Vous voyons ainsi rétasticité acquérir une importance grandissante dans la fonction
du <nu5ck. Anjourdliui elle est consid<5rée comme étant Tei^seiice même de r(*i:tîvité
muîiculaire. D*après la théorie de CeAUVE.4u, le travail intérieur du muscle (travail phy-
siolof^ique)* c'est la création de rélasticité parfaite et forte que i*organe acquiert tout à
coup quand il se met en élat d*activité fonctionnelle. Cette éïaslieiti' est mesurable en
kilogrammes comme force, tandis que les travaux intérieurs et extérieurs qui en sont
rorigine et la fin se mesurent en calories (dégagement de chaleur) et eu kilo^'ram-
mètres (travail mécanique). Dans le cycle des transformations énergétiques du muscle,
la chaleur dégagée et le travail utile ne sont que les termes ultimes de la transformation
de réner^ie alimentaire ou polentietle; le terme intermédiaire est constitué par le
travail physiologique. La théorie de Ciiauve.\l:, c'est que» dans la création de force
tngendrée par la contraction, le travail physiologique des muscles consomme d'emblée
toute rénergie chimique dépensée dans la conlractiou, L*équalion est :
Énergie = Travail physiologique + Chaleur.
Le travail physiologique, c'est le travail intérieur envisagé en dehors de ses manifes-
tations sensibles et utiles. C*est le travail intérieur du muscle qui se contracte» c'est
Fétat d*un nerf qui transmet une exdtatiou, c'est TelTort silencieu.\ de répithélium qui
sécrète (Chaive.\li), Les trois termes de Ténergétique musculaire obéissent aux mêmes
lois. La dépense chimique, le travail physiologique et la production de chaleur varient
proportionnellement k la charrie soutenue par les muscles et au raccourcissement subi
par ces organes. Us sont donc proportionnels à rélasticité de contraction, Toule
l'énergie potentielle se convertit en travail physiologique avant d'être rejetée à l'exté-
rieur à l'état de chaleur. Il eu résulte que te travail physiolo^iique des muscles trouve
son équivalence dans la chaleur qui termine le cycle. ISous étudierons plus loin les rap-
ports entre la fatigue, l'élaslicité et la production de chaleur, en nous basant sur les
expériences de CnAt:vK.\Ej,
Mos.so a utilisé Tergographe pour étudier les changements d'élasticité du muscle par
effet de la fatigue. Il a trouvé tantôt une augmentation,' tantôt une diminution.
Bibliographie. — Boudkt de Paris, lie Velasticite muMutaire, Paris, 1880. E/fets du
curare^ de Itt chaleur et de la section des nerfit moteurs sw VexcUabilUe et l' élasticité mmcu*
laire {Trav. dutab. de Markv, 1878, iv, 1^4). — Chauveau (.4.). Les lois de l'éctuiuffement
produit par la contruction musculaire^ d*aprè& les expériences sur les muscles isolés {A* de P.,
1891, 20-40). — Emo (P.). Beitrag zur Lehre von der Muskctcontraction [A. P., i880, m-
ill). — Ficit. Beitrâge zur va*gleichenden Physiologie der irritabten Substnnzen, Brauns-
chweig, 1863, î*3. — Hërmann [H. iL, 1871», i, i, 118). — Jendhassik \beutsch. Arch. f.
klm* ifed., xxiin» i7), — Kronecker (U.). Ueber die Ermûdunif und Erhohmg der t^uer-
gcstreiften MuskelnfArbeitm aus der phf^sioL Anstalt tu Leipzig, 1871, vi, 177); {Monalsbcr.
d. Berliner AauL, 1870, 629); (Ber. d. sàchs. Acad,, 1871, OUO). — Makev. Du mouvcmeni
dam les fonctions de la rie, Paris, 1868. — Van Mansvelf Hier de etasticiUit der Spiren
{bissert., Clrechl, 1863). — Mo^^so (A.). Les lois de la fatitjue étudiéeg dans tes mmcles de
l'homfne (A. i, B., 1800» xni, 125),-- Sternuerg, Sehnenreflexe bei Ermûdung (C. P., 1887*
M
FATIGUE,
1888, i). — Strïmpell {DeuL ArcL f. kiîn. Mcd„ xiiv, i88). — Weobnsky* VélasticiU4u
nutscledimînue-t'el le pendant ta contraciiûn? (C. n,,cx\n, 1893, 181,) — Webem (ED.)-^'«»cir
Musketbcweffung {Wagner's Handwôrterhueh der Phtpiologie, Braunschwei«, 1846, ui, ul
La bibriO'jrnphie de la discussion entre Webeh et VoLimANN au sujet de l'élasticité mm-
cuiairc se trouve dans MEriMANX (//. //., i, K* partie, 72).
ii 3. Modification» des caractères de la contraction sous Tinfluence do la fatigue lEtndt
graphique de îa fatigue muaculaire). — Secousse isolée. — L'allongement de la secoutîe
jausculûire sous l'intluence de la fatigue a été observé pour la première fois par HiU'
HOLTZ (1830)» peu de temps après la construction du myograplie. Pendant les prenaièrti
contractions obtenue** par l'excitant galvanique, la durée de la secousse subît même une
diminulioQ» diaprés HKLiiooLTZ, et ce n'est que pUis tard qu'on observe rallongement de
la secousse en nn^me temps «|u'utie diminution de hauteur. Ces deux modifications, altn-
buables à la fatigue, dt'butcraieut donc àimultanénieul. Le fait essentiel^ c'est-à-dire
ratig-menlation de duj ée de la secousse comme effet de la fatigue^ a été vérifié et confirme
depuis par urj grand iiorubre d'auteurs.
On admet que la fatigue se comporte comme le froid el comme certaines intoxica-
tions; son effet est d'allonger îa secousse en une contraction durable^ qui possède de
nombreux points de ressemblance avec la contractiou idio-musrulaire et dont la cau«c,
ainsi que Fick et Ri>Hn l'ont montri', siège dans le muscle même et non dans Je nerf
(HEiiîïANN, Lt^hfbuch, d. exper, Toxicotogif, 346, 351, 360, Berlin, 1874). Par un dispositif
spécial, WuNDT (1858) laissa les fermetures du courant se faire d'une façon aulonialique
aussi souvent que le muscle était revenu à sa longueur primitive; il put s'assurer que
les contractions devenaient de plus en plus rares sous riniluence de la fatigue. Marei
(i866) reconnut que, sous l'influence de la fatigue : i" la dtirt^e de la secousse s'accroît;
2" son amplitude diminue. Les graphiques obtenus soiit les mômes, quand on excite sottie
muscle, soit le neiL Les mêmes faits ont été observés par Harless (1861), Funre (1874),
VOLKJIANN (1870).
VoLKMA>N (1870), â qui on doit une élude approfondie de la question, a trouvé que !t
diminution d^irritabilité musculaire conséi-ulive à la fatigue se traduit par une awffnwn-
ttttion de la durée de toutes les pbases de la secousse et par une diminution d'amplitude.
La période d'excitation latente i temps perdu) peut doubler el même tripler dans certains
cas. L'augmenlation de durée est surtout manifeste pour la ligne de descente, qui devient
démesurément longue sur le myogramme. Toutefois, pendant l'eitrème fatigue, quand
le muscle est presque épuisé, à une diminution d'amplitude correspond une dimînixtioD
de durée. Suivant Volmmann, rinspection de la courbe suffit pour se rendre tmmédiale*
ment compte du degré de fatigue auquel est parvenu le muscle. Dans son schéma se
trouvent retracés les cinq principaux degrés de fatigue observés: on y voit nettement
que rampttlude décroîl avec la fatigue; la durée croît jusqu'à une certaine limite pour
diminuer graduel fement. •
Ij est à remarquer que dans les phases intermédiaires de la fatigue on obsenre qael-
quefois.dans la partie descendante du tracé, une élévation secondaire décrite par Fvntt
(•< nez u;. De jnérae Qn. Kichet a vu sur les muscles de l'écrevisse une detixième contrée*
lion passagère se montrer, sans nulle excitation, après le relâchement du muscle. C'eit
ce qu'il appelle onde .secondaire. Celte onde secondaire se présentait sur les muscles
faiblement chargés et soumis antérieurement â une forte extilation. Nous croyons que le
« nez t>,de même que Tonde secondaire, sont une forme de la contracture et présentent
un cm spécial de la contraction idio-musculaire.
Quand le muscle se fatigue ou se refroidil, la secousse de clôture, qui est toujours
plus faible qae la secousse de rupture (courants faradiquesj, diminue d*amplitude et
augmente de durée, puis disparaît tout à fait; la secousse de rupture persiste plus long-
temps. D'après Waller, l'elTet diminue plus rapidement pour les courants ascendanb
que pour les descendants. La clôture disparaît quelquefois, pour une cause qui n'est pas
la perte de la force de la contraction. Mais, par suite du ralenlissement énorme de la
contraction dans la fatigue, il y a fusion des deux secousses, et la clôture est englobée
par ta rupture. On le voit très bien sur les tracés : il n'y a pas alors de vide correspondant
à la clôture, mais une seule contraction arrondie [J. Iotevro).
Le premier effet de la fatigue est-Il de diminuer la hauteur ou d'augmenter la durée
I
fatïcue;
su
ûe la contraction? Pour Ueluholti ces deux modifications de la forme Je la secousse
apparaissaient simultanément, mais les recherches modernes ont conduit k des résutlats
diffi'^rents. r>ans ses études sur les muscles de Thydrophile <i887) et sur les muscles
rouges du lapin (i892)» A, Rollett avait remarqué que, dans une série de secousses d'in-
duclion (ouverture), la hauteur ans contractions n*avait que très légèrement fléchi, alors
que leur durée avait déjà du^^menlé très sensiblement. La diminution de hauteur n*est
encore qu*insigni liante quand déjà rallorii^nment de la secousse est devenu considé-
rable. Ajusî, l'allongement de la secousse p/v'ctvie la diminntinn de hauteur et se montre
dans les trois parties du myo^^ramme. L'accroissement du temps perdu modifie sensible-
ment la forme de la contraction. Ainsi, si Ton établit les courarils de clôtura et de
rupture à des intervalles égaux, tes secousses C, fi, Q\ H\ etc.^ au lieu de s'inscrire À
des dbtances égales, s'éloignent peu à peu, parce que, la ^ati^a^; survenant, le temps
perdu augmente. Mais on peut compenser la fatigue en au:;mentant l'intensité du cou-
rant et réduire sur un muscle fatigué te temps perdu à n'être pas plus R^rand que sur
le muscle frais (avant que l'épuisemcnL complet ne soit survenu),
A t-e phénomène est liée la diminution de vitesse de l'onde musadaire (Hollett), fait
mis en évidence déjà par Heriiann (1878), qui trouva notamment que Tonde musculaire
possède chez Thomme une vitesse bien plus grande (tQ à 13 mètres à la seconde! que
dans les muscles du lapin séparés du corps (2-5 mètres d'après B£RN!4TeiN et SteinerJ.
Or il est fort probable que la dilTérence de vitesse doit être attribuée à la fatigue des
muscles ex traits du covp^ autant qu'à leur dépérissement. On sait d'ailleurs que la vitesse
de propagation de Tonde musculaire diminue très rapidement après la mort générale
{Akby}. Le processus est intlueucé dans le niAme sens pai* le froid et les intoxications.
D'après Hollktt, la vitesse de Tonde musculaire, qui est de 3 400 millimètres à la
seconde dans un muscle rouge de lapin non faligué, ifest que de 1500 millimètres dans
le muscle fatigué.
Le ralf?ntissement de la secousse sous TinLluence de ta fatigue montre que la dêÛni-
lion généralement adoptée de la fatigue n*est pas suffisante (Rollett); on dit que, sous
Tinfluence de la fatigue, Texcitabililé décroît si Tintensité de Texcitant reste la même;
pour produire le même effet que lors des premières contractions, il faut user d'une inten-
sité d'eïcitation bien plus grande. Or d'autres facteurs sont encore inlluencét par la
fatigue, et notamment la durée de la secousse.
Voici les résultats de Tanalyse d'une série de secousses suivant Rollett (180C) : soit
A la première secousse, U une î^ecousse plus avancée dans la série, G et D des secousses
encore plus avancées, nous voyons que la bauteur de A possède une certaine valeur, la
valeur de B est plus grande (escalier), celle de C est égale à A, et celle de D est uïoindre
que A. Or la durée de la secousse a progressivement augmenté depuis A jusqu'à U, et,
si C =r A comme hauteur, elle est incomparable ment plus lon^'ue. Aiiïsi, en prenant en
considération le travail mécanique, nous voyons que le travail mécanique a d'abord aug-
menté (escalier), puis qu'il a djiiiiiiué (fatigue), A ce point de vue, il est permis d*affirmer
que Texcitabilité a d'abord augmenté pour diminuer ensuite. Mais nous avons vu qu'à
côté des modifications de hauteur se produisent encore des modilicalions de durée, et que
le raccourcissement d'une secousse isolée ne s*opére pas avec une vitesse uniforme;
au début, le raccourcissement est plus rapide^ il devient ensuite plus lent. Il est possible
de calculer une vitesse moyenne, avec laquelle le poids serait soulevé à la même hauteur
et avec la même vitesse; le produit de la hauteur (/n par le poids soulevé (mg), divisé par
le temps, nous donnera Tév&luatîondu travail accompli par le soulèvement du poids pen-
dant t/JOO de seconde. Or ce travail mécanique
mt/h
en fonction du temps décroîtra
progressivemant depuis la première jusqu'à la dernière secousse. L'allongement de la
phase d'ascension (phase de contraction) est un mécanisme facilitant Téconouiie du tra-
vail; le muscle exécute, il est vrai, un travail bït!n moindre pendant Tunité de temps,
mais, comnie la durée de la contraction est considérablement augmentée, il n'en résulte
aucune perte au point de vue du travail mécanique (la hauteur restant la même], et
même il peuty avoir gain de travail (escalier). Mais, après un certain nombre de secousses,
le travail exécuté dans l'unité de temps s'amoindrit tellement que la hauteur (travail
mécanique) diminue sous Tinfluence de la fatigue. Nous devons par conséquent dîslin-
86
FATIGUE,
f»uer dans le muscle une dtmimition double d'excitaMIÎté. En premier lien, la diminoLiou
d'excitabilité dans l'unité de temps, et qui se mauifeste progressivement depuis la pre*
miere sei ousse jusqu'à la dernière. En second lieu» la diminution d'excitabilité pendant
une secousse entière; celle-ci apparaît quand rallongement de la phase de raccourcis-
sement musculaire ne peut plus compenser la perte du travail dans Funité de temps.
Le processus de la fatigue se divise donc eu deux phases : 1'^ phase préliminaire, pen-
dfint laquelle les contractions augmentent en étendue (escalier) et en durée; 2° phase
plus longue, pendant laquelle elles continueot à augmenter en durée* mais diminuent
progressivement en étendue, La Vig. li, empruntée à A, Walleb» indique ces deux phases.
Le même auteur a étudié Tinlluence de la fatigue sur le muscle vératrinisé. Il a vu
reflet caractéristique de la vératrinisation (allonj^ement de la contraction) disparaître
par la répétition du mouvement (fatigue) et réapparaître pendant la réparation.
Le pliénometie th re.^cniier a été observé par un ^rand nombre d'auteurs, aussi bien sur
les muscles des animaux à san^i chaud que sur ceux des anim^iux à sang froid, avec ou
sans circulation, pour les excitations directes et indirectes, pour le muscle travaillant eu
charge ou en suri:'harge. Le phénomène de rcscalier Iconstaté pour la première fois par
FiG. 5. — (Diaprés Waller) Ëlfets de la fatig^ue dans uq {Tâ^tcocnémiL^a de g^renouille.
Au d^but, 1(^8 coatracUons deviennent plus hantes et plu» longes, pliii» tard elïea dirai ouent de hauteur.
imbriquécii verlioalemi^at.
BowitiTcij en 1871 sur le muscle cardiaque) parait paradoxal; car Texcitation maximale
ne produit pas le maximum d'elTet quand elle agit pour la première fois, mais seule-
ment quand elle se suit a intervalles réguliers. La cause de Tescalier n*est pas encore
bien éluddée. Bowiinca suppose que la résistance que les routrac lions doivent sur-
monter va en diminuant progressivement, (au BicaeT partage la même opinion, en
expliquant l'escalier par un phénomJ^ne d'addition latente. Tiegel admet que l'escalier ]
des muscles curarisés est dû a Taecélération de l'afllux sanguin par suite de rexcitatïou
des vaso-dilatateurs. (Le curare produit une hyperémie manifeste.) D'après Khonecker,
ce piiénomène est dû a une augmentation d'excitabilité du muscle, par suite de son
échauiïement. Bielieumann* admet que Texcitabilité du muscle augmente au début, grâce
il raccroissement graduel du processus d'assimilation. Trêves partage la juéme manière
de voir. A. Mosso, qui obtint aussi l'escaHer dans les espériences crgographiques sur
les muscles de rhomme» considère ce phénomène comme étant lié à un léger degré de
fatigue du muscle et explique l'augmentation d^excitabililé par une espèce de massage
que le muscle en se contractant exerce sur lui-même. A. Broca et Cu. Richbt interprètent
l'escalier de la courbe ergographii(ue de l'homme comme un phénomène d'excitabilité
graduellement croissante, dû à la vaso-dilatation du musrle, d'où résulte une restaura-
tion de plus en plus parfaite. « C'est un phénomène d'entraînement, disent-ils, mais i
non d'entraînement k longue échéance, tel qu*on Tobserve dans les exercices du corps
diez les athlètes, les gymnastes, les coureurs; c'est un entraînement immédiat, et qui ae
fai t pe nd a n 1 1 e t ra va i ï même. >»
D'après Kohnstamm, le phénomène de Fescalierest dû à la diminuiion de rinterférence
du processus de raccourcissement et du processus de relâchement, grâce au ralentisse-
ment de ce dernier (théorie de FickI Schexcr exprime une opinion analogue. L^escalier
est beaucoup plus accentué quand la circulation n'est pas arrêtée; il apparaît pourtant
aussi dans un muscle exsangue.
Ainsi presque tous les auteurs considèrent le phénomène de Tescalier comme dû à
une augmentation d'excitabilité; mais l'excitabiUlé ne peut se mesurer uniquement par
FATIGUE,
8T
ramptitiide de la secousse : il tant tenir compte de la durée de la contraction musea-
laire* Les recherches de Rollett (1896) ont raonlr^ que Taugnientation d'amplitude
observée pendant Tescalier est toujours accoitipaf'née d*une aufi^meotatioii croissaiiLe de
la durée de la contraction, Lahousse (La Came tU CEi^calier cUs mu,ides striés. — Annaie$
de l4i Société de mcdecine de Gand^ 1900), qui a etwJié aussi la forme de la contraction
musculaire pendant Tescalier sans connaîtnî les travaux de Rollett, trouve que l'ac-
croissement d^amplîtude des secousses ne relève pas de la m(?nie rause dans toute
lY'tendue de l'escalier; dans la première moitié, elle est due à une augmentation d'exci-
tabilité, et, dans la seconde moitié, au contraire, au retard prog"ressivement croissant
du processus de relâchera en t.
Quand la série des contractions pendant l'escalier est interrompue par un arri^t
d*asses longue durée, alors la première contraction après Tarr^t est plus basse que la
dernière contraction avant rarrt^t. Ainsi la réparation a pour elîet de produire un abais-
setnenl des contractions. Or, suivant Bdllett, ce paradoxe cesse d'exister; car la répara-
tion, qui avait eu pour effet de diminuer la hauteur de la contraction, iiugmente l'exci-
labilité dans runité de temps : la durée du raccotircissement devient plus courte.
Jbnsbn d'une part et Robert Mûller de Tautre ont fait des expériences sur le gastro-
cn^mien de grenouille en introduisant des pauses de repos dans la courbe de la fatigue,
Apn*s chaque arn't on obtient le renouvellement de le^calier, sauf à un stade très
avanc*' de la fatigue. C'est en se basant sur la rapidité de l'apparition de l'escalier quf
R. MrLLF.R divise la courbe en quatre phases suivant le degré de fatigue*
La ffttifçue exerce son action paralysante d'une façon bien plus marquée sur la phase
de reliichement que sixv celle de raccourcissement. Tandis que la phase d»^ raccourcis-
sement devient deux à trois fois plus longue que normalement, la phase de relâchement
devient douze fois plus longue. Déjà la période de relâchement d'un muscle frais n'est
pas une li^ne de descente simph?; s*il en était ainsi, la vitesse de cette période serait
beaucoup plus grande; car la charge qui agit sur le muscle ne relombe pas avec l'accé-
lération que nécessite la loi de la pesanteur; et le muscle se détend plus vite au début
que ver?» la (in. Cette force de résistance à la pesanteur représente un travail qui sera
d'autant plus grand que la ligue de descente sera plus longue; mais la part de ce travail
dans l'imité de temps sera d'autant moindre que la durée de la descente est plus^
grande.
Les expériences de Rollett ont été faites sur la Rana esculenta^ et sur le Biifo cinerem.
L'excitation du muscle a donné exactement les mêmes résultats que celle du nerf. Chaque
expérience «!ûmprenail êOO contractions, mais seulement la première dizaine de chaque
série de 50 contractions était enregistrée.
• Tableau de Uoturrr (escalier i
NUMKRo
HAUTELIK
D8 LA HBCOCSSK
«<n millimôtreii.
DURÉK
DX LA f|BCOUSfl£
D i; K K K ,
Eî» MULTIPLKn
de U 1" coûtraciioa.
i
IQO
:ioo
3,41
4,81
4,43
4,45
0J!5
0,131
U.3Ûi
0,560
1
i.l6
2.62
Ce tableau montre nettement que raugmentatioii d*araplitude observée pendant
resealier est accompagnée d'une augmentation croissante de durée.
Dans la première secousse, la ligne de descente possède une durée plus longue que
la ligne d'ascension; mais ce rapport est bientôt modifié; car, déjà vers la ir>0*^ contrac-
, lion, la durée de Tascension croit plus vile que la dun^e de la descente [Hollkttj.
Ce n'est qu'à partir de la 150* contraction que la ligne de descente commence à s'al-
DUger plus que la li;^UH d'ascension: mais, après la VDU*» contraction, rallongement de
88
FATIGUE.
la ligne de descetUe commence à diminuer légèrement. Cependant, même à ce niomeot,
sa durée dépasse de beaucoup celle de lu ïi^ne d'ascension.
NUMÉRO
UB hk COURBE.
OrHftK DE LA LIGNE D'ASCENSION
Et* .MIJLTII'LRS DB LA 1" CaURDK.
DURÉE DE LA LIGNE DE DESCENTE
EN MULTJI'LK« Ofî LA î" rounilR, 1
Grenouille,
Crapaud.
Gpetiôuille.
('rapaud.
1
51
lui
iSl
i
l,4t
un
1,98
1
1,26 1
1,44
l,«l
i
{,16
1,73
t
U.îH
i,m \
Avec des char^'es plus grandes (50 à 200 fïrammes au lieu de 20 grammes, Roixett
a obtenu des résultais presque identiques^ sauf que la fati^'ue est plus précoce-
Dans la fatigue isométrique, on observe des oscillalions de tension, et la fatigue sur-
vient plus vite.
Il est à remarquer que l'allongement de la secousse n'apparaît que dans un stade
très avancé de la fatigue chez les animaux à san^ç chaud, alors que chez les animaux â
sang froid i! s'observe dès le début [lloLLRTT).Su(vant ScHENcfi^celîe diiïérence ne dépend
pas de la qualité du muscle, mais de la dilférence de température,
ScHENCK (1892) a lâclié d'expliquer la caus^ du processuâ de relilcheraent en se basant
sur la comparaison faite entre la ligne d'ascension et la ligne de descente. 11 est reconnu
que TexciLabilité du muscle est diminuée par le froid et la fatigue. Les deux processus
allongent démesurément la courbe, mais ils n'inJluent pas de la njême façon sur les
parties constituanles de la courbe, Aînsi^ sous Tinlluence du froid, le rapport entre la
partie ascoîidaide et la partie descendante de la courbe teste â peu près le même (Gâo et
Ueïman:^, a, p., 1890}p taudis que, sous l'intluence de la fatigue, rallongement porte sur-
loul sur la période de descente. Dr la différence physiologique entre le muscle fatigué et le
muscle refroidi est trt's grande, le premier ayant dépensé une grande partie de ses réserves,
l'autre étant relativement intact. On pourrait donc faire la supposition que le processus
de relâchement s'accomplit d'autant plus lentement que le? matériaux de réserve sont
en quantité plus restreinte. Four le prouver, Scïîk.nck recourut aux expériences sui-
vantes. 11 compara la forme de la contraction d'un muscle fatij^^né par excès de travail
à celle d'un muscle qui était resté an repos, mais dont rexcitabilité était diminuée par
une injection d'acide lacti(|ue, subîîlance fatij^'ante en pretniére ligue, suivant les an-
ciennes idées de BanivE. S'il est vrai que la fatigue est due k un épuisement de réserves,
alors le relâchement du muscle fatigué doit se faire beaucoup plus lentement que le relâ-
chement du muscle acide. Les expériences vinrent confirmer pleinement ces vues. Si le
muscle normal était fatigué au point que ses contractions étaient de hauteur égale à
celle du muscle acide, alors la partie ascendante du tracé avait la mfime durée dans les
deux cas, tandis que la partie descendante était toujours beaucoup plus longue pour le
muscle fatigué, L'èfTet était le même pour les excitations indirectes que pour les excita-
tions directes, pour le musclé curarisé que pour le muscle non curarisé, pour la contrac-
tion isoionique que pour la contraction isométrique. En outre, le muscle tétanisé et lavé
par une solution de soude dans le liquide physiologique présentait une ligue de dei-
ceute un peu plus longue qu'à l'état nurmaL Les produits de la fatigue, élaborés au
cours du tétanos, ont donc été lavés ou neutralisés par la solution sodique, mais le
tétanos a appauvri le muscle de ses matériaux de réserve. Ces expériences montrent,
d'après Sche.ngr, que le processus de relâchement s'opère d'autant plus lentement que les
matériaux de réserve du muscle sont en quantité plus restreinte. Cette relation qui existe
entre les matériaux de réserve et la période de relâchement "s'explique bien, si l'on
admet avec Moistlsomery que la période de relâchement est destinée à la reconstruction
de la molécule, et se fait d'aulant plus lentement que les matériaux de reconstruction
sont moins abondants.
Les expériences de ScHEXC*i ont donc bien mis en relief ce fait que ta longueur déme-
FATIGUE.
a»
sQr^edê la ligtie de descente dos le début de \a fatigue est liée ao procnssus de répara-
tion. Si la phase de raccourcissement est liée à la désassimilolion du mnscle, la phase de
relâchenient est Texpression de rassimilation et d ane reconslructïoii moléculaire. C'est
Afin dVbéir aux exigences de la réparation que le muscle fatigué demande un temps
51 long pour se déconiracter»
Que cette réparation dépende de la reconstruction des réserves ou de Téloignement
des déchets, l'allongement *fiie présente la phase de relâchement du muscle fatigué
n*en est pas moins une nécessite biologique. C'est un mécanisme auto-régulateur qui
assure la réparation.
^ Occupons-nous maintenant des phénomènes de réparation. Après un repos de longue
dorée, la hauteur des contractions peut être récupérée intégralement chez la grenouille
à einmlation conservée; il arrive mi'mivquc la secousse devient plus haute après le repos
(RoLLrrr). Le plus souvent cependant, elle n'atteint pas la valeur primitive. Apn"'s un
lon^ repos, la réparation porte aussi sur lo durée de la. secousse; celle-ci redevient nor-
male comme longueur; en même temps elle acquiert de nouveau Ja propriété de s'al-
longer de la même manière sous l'inlluence d'une nouvelle fatigue. Mais le cas ne se
présente pas toujours. Il arrive fréquemment qu*aprt*s la réparation l'allongement de la
secousse est beaucoup moins prononcé qu'auparavant (Rollett). Nous pouvons donc dis-
tinguer plusieurs cas. En premier lieu, le muscle fatigué pour la deuxième fois (après
réparation) peut se comporter exactement comme le muscle fatigué pour la première
foi« au point de vue de la propriété d'aîloni^'er ses secousses, c'esl-à-dire que ie rtiit:ntis'
tement croit protjrcusivemt'nt avec le nombre de secornscs, qnil affecte la période de relâche^
ment plm que la période de ra€cottrci!iH<'mefitt et que^ à tme phase (rè$ avaneçe de ta futigitef
$a croissatice subti un arrêt, et que Ttu^me une décroissance peut s'opth'er. Ainsi, pour rallon-
gement de la secousse sous rintluence des excitations répétées, le muscle réparé est dans
certains cas tout à fait comparable au muscle frais. Mais, dans d'autres cas, il peut en
dilTérer plus ou moîns sensiblement. En règle générale, le muscle réparé a p^^rdu la
propriété d'allonger ses secousses lors des [treniirTes excitations; rallongement ne
débute que bien plus tanL Ces deux modes de réparation ont été désignés sous le
nom de réparation adaptée {anpasaende Erhotung), par Uollett, qui les a décrits [kjui la
première fois (ISl»6). Il existe en outre un troisième mode de réparation {réparation
non adaptée, de Rollett;, i\m se distingue par un manque complet de régularité dans
rallongement de la secousse.
Ces dilTérences dans la réparation s'observent indépendamnient de l'amplitude
atteinte parle muscle après le repos; eîtes plaident en faveur de Kopinion que Tampli-
lude est loin d'être Tunique facteur de la courbe iniluencé par la fatigue. Suivant Hol-
LET, la figure donnée par Mahkv (bu mouvement, etc., 238; Trav, du labor., u, fif^, 00;
La méthode graphique, llg* 2t>4), et reproduite datis plusieurs manuels, comme un des
plus beaux spécimens de la méthode graphique (fig. Oj, a trait incontestableinenl a
une expérience de réparation non adaptée; elle représente 88 contractions imbriquées
verlicalemenl; la forme de la première secousse, ja hauteur réduite, l'écart considé-
rable entre les lignes de descente des premières secousses démonlreni nettement ce fait.
Examinons maintenant les phénomènes relatifs à faïlongement de la secousse, quand
des séries de oO cunlractions sont interrompues par de courts inlervalles de repos (Rol-
lett;. Si la phase de repos atteint quinie minutes, alors, tnénie après l 200 contractions,
on n observe encore aucun elfet de falipue. En diminuant le temps de repos, on arrive à
obtenir des modifications, mais scïulement dnns les séries tr»*s éloignées. Enfin, avec un
repos dii trois minutes, on obtient des changements de série en série. Il se fait des chan-
gements incessants dans îe débours de la secousse, et riniluence de la réparation se
manifeste par le retour des caraclères propres aux séries antérieures. Les intervalles
d'une demi à une minute ne se distinguent des intervalles de trois minutes que par
Tapparition plus rapide des changements consécutifs à la fatigue et à la réparation. Ici
également nous voyons se produire le même fait que dans les expériences précédentes :
le muscle Fvparé a perdu la propriété d'allonger sa secousse dans la série suivante. C*est
particulièrement le cas, quand un muscle fortement fatigué est soumis à un nouveau
travail. Si l'intervalle entre les séries des contractions est de six secondes, alors, après
300 soulèvements, on n'observe plus de modifications appréciables.
90
FATIGUE,
Cb. RicBKT a vu que le muscle de la pince de récrevisse s*épuise Uès rapidement et
oe peut donner plus de 30 à 40 conlraclions de mile. Au contraire, les contractions de
la queue de l'écre visse sont analogues à celles du yastrocnémieii de grenouille. Auctiu
moscle peut-être ne présente d'une manière aussi marquée une diflércnce enlre les cou-
rants isolés et les courants fréquemment répétés que le muscle de îa pince. Uuaml il
n'est plus eïcitable par des
courants isolés, il reste
longtemps encore exci-
table par les courants
fréquemment répétés,'
L ascension de la courbe
musculaire est alors ex-
trêmement lente, et la des-
cente est aussi d'une très
^Tande lenteur. La fi g. 7
montre que la première
excitation a un temps per-
du assez court, mais que
ce temps perdu va en au^-
mentan t pou r les secousses
successives, de sorte que
la dernière secousse a un
temps perdu qui est envi-
ron le double de la pre-
mière. C». RiCBST a ob-
servé en outre sur le
muscle de !a pince une
forme particulière de té-
tanos quiï a appelé ryth-
mique. Après la cofï trac-
tion initiale, le tétanso
s'établit; mais, au lieu de former un plateau, il forme une ligne brisée régulière. Les
constriclions et les relclchementsdu muscle se font suivant un certain rytlime, La période
d'épuisement du muscle de la pince, période pendant laquelle les excitations ne
produisent plus de mouvement, est comparable à la période post-sjstolique du cœur
(Giï. RrcHKi).
Ranvier a découvert chez les vertébrés des muscles particuliers, qui, bien que volon-
Fio.6. — fD'a|>t^s Marey) Gr/iphique dai cocotisi»8 musculaircft.
F]d. 7. — (D'après Cif« RiCHctTt loûueaea de la faiigui sur la teinpa perdn du mascle de la piaco de récro-
"viss^. (A chm|ue tour du cvlindra se raîuit au mèaiti pomt r«ïcitaiion éLectriquc»T )aqiifill« eit indiquèo
par le [letit. irait marqué sur Ja ligne S ûv^s »lgtiaux électriques.)
taires et composés de fibres striées, se contractent à peu près comme les muscles
lisses. Il les appela muscles rowfes, par opposition aux muscles striés ordinaires, qu'il
désigna sous le nom de paies. Le temps perdu des muscles rouges est huit à dix fois plus
considérable cjue celui des muscles pales. Or, sous l'influence de la fatigue, les muscles
pâles prennent certains caractères des muscles rouges, par exemple raugmcntation du
temps perdu, et on a dit que ces derniers sont des muscles pâles normalement fatigués.
La durée de la secotisse dans le nmscle blanc est d'autant plus grande qu^il est plus
FATIGUE,
ÎM
fatigué, et ressemble de plus en plus à celle du muscle rouge non f&ligué. La différence
porte principalement sur la période de déconiraction» q«ii est représentée par une ligne
concare pour les muscles rouges, au lieu d'être convexe. En outre, entre le mode de
réiiCtioQ de ces deux espèces de muscles, il existe une dillérf'nce caractéristique : tandis
que dans les muscles t>lancs l'amplitude du tétanos est proportionnelle à ta secousse
(il y a une légère différence en faveur du tétanos), cette proportionnalité n'existe pas
pour les muscles roupies, qui donnent encore un tétanos, alors qu'il n*est plus possible
de produire des secousses isolées. Enfin, la forme de la ligne tétanique n'est pas la même,
et c'est même là un fait sur lequel on s'est basé pour comparer la fatigabiîité des deux
espèces de fibres. Il existe même certains muscles mixtes, par exemple le triceps liuméral
du lapin, lesquels, étant soumis à l'action d'un courant électrique, donnent un tracé
qui au début est celui des muscles blancs, mais qui à la lin prend de plus en plus
Taspect de celui des muscles rouges. On en conclut que ce sont les fibres blanches qui
se fatiguent les premières. Or, comme les fibres rouges sont plus riches en sarcoplasme
que les libres pâles, on en a conclu que les muscles riches en sarcoplasme (rouges) »e con-
tractent plus lentement, qu'ils sont moins excitables, se fatiguent plus lentement et
meurent plus tard que les nmscles pales, pauvres en sarcoplasme, mais riches en
fibrilles (Gbûtzner). Bierhieund trouva que les muscles pAles entrent en rigidité plus vile
que les rouges; les premiers au ijout lîe 1-3 heures après la mort, les seconds au bout
de 11-1j heures dans les mtîmes conditions. Le muscle cardiaque» qui est très riche en
sarcoplasme, possède aussi une survie tr^s longue. Rollett montra qu'en excitant le
nerf sciattque par rélectricité, les fléchisseurs se contractaient pour une intensité de
courant beaucoup plus faible que les extenseurs* GH(T7,NEn constata le m^me fait dans
reicitalion directe; mais, si l'on continue l'excitation pendant quelque temps, alors la
différence primitive s'efface et disparaît compirUement, Cela sif^'uttie que les ûéchis-
seurs, composés en grande partie de fibres pales, p!us excitables, se fatiguent aussi plus
vite que les extenseurs, composés en majeure partie de fibres rouges, moins excitables»
mais Iplus résistantes. Un phénomène semblable s'obtiendrait dans fexcitation des
muscles du Dytiscitii et de VHydropkite (Rollcttj. Les muscles du Dytisque, composés de
fibres pâles, ont une contraction rapide et se fatiguent beaucoup plus rapidement que les
muscles de THydrophile*
Le muscle est composé d'éléments hétérogènes, et on peut dire que la contraction
rapide est l'apanaf^e d'une striation riche, tandis que la contraction lente est due à la
richessse du sarcoplasme. Cette théorie a été aussi développée avec beaucoup de talent par
BoTTAZZu Les muscles extraits du corps des poîkilothermes et des invertébrés se fatiguent
plus lentement et ont une survie, plus longue que les muscles des homéothermes. Il y a
pourtant des exceptions; la perle d'excitabilité est rapide chez les Poissons et les Insectes.
Raphaël Duhois a enregistré les courbes de contraction du siphon de kiPhotade tiac-
ttfie^ lorsque cet animal a été fatigué expérimentalement 11 existe deux sortes de con-
tractions : Tune locale, appelée par H. Duuols contraction primaire ou contraction de
Tappareil avertisseur; et faulre, générale, qui est une rétraction de tout le siphon
(contraction secondaire). Sous finlluence de la fatigue on voit s'allonger considérable-
ment la durée de la contraction, en même temps que son amplitude diminu»^. Si la
fatigue est poussée plus loin» la contraction secondaire disparaît ; puis, si l'on continue
TexcitatioD, c*est la contra4.*tion primaire qui disparait k son tour,etenfm fanimal toinbe,*
vis-à-vis de rexcitation lumineuse, dans fiuerlie complète, alors que fon peut encore
provoquer des contractions par les excitations galvanique ou mécanique.
Téianot, — Un muscle qui, pour une raison quelconque, donne des contractions lon-
gues, se laissera tétaniser par des stimulations moins fréquentes que celui qui donne des
contractions brèves. Les muscles rouges entrent en tétanos pour une fréquence d'exci-
tations bien moindre que les muscles pâles iHa.wier)» La même dilférence sépare les
r muflcles de la pince de fécrevisse des muscles de la queue; les premiers entrant en téta-
[oos avec une extrême facilité (Cu. Riceer). La fatigue, qui produit un allongement de la
secousse, facilite l'apparition du tétanos. Par la fatigue et le refroidissement, le tétanos,
d'abord incomplet, marqué par une lijfue sinueuse, devient complet et se traduit par une
ligne parallèle à Taxe des abscisses. Mais son amplitude est toujours plus grande que
celle des secousses isolées. La fusion des secousses s'opère bien plus facilement pour un
9S
FATIGUE.
muscle fatigué que pour *m muscle frais; il en résulte qu'an nombre d'excitations qui
ne suffirait pas pour faire entrer en tétanos un muscle frais» amène le tétanos d'im
muscle fatigué. On peut constater sur Thoinme lui-même cette fusion des secousses sous
Tinfluence de la fati^çue. En employant la pince myograpljique de Makey, on peut voir
au bout d'un certain Itdmps les oscillations correspondant à chaque excitation disparaître
peu à peu, et la courbe, primitivement ondulée, passer à Tétat de tétanos complet
IMarky)» Quand l'excitation a une intensité très grande, la fusion des secousses peut
môme s'établir d'une façon immédiate; le raccourcissement musculaire atteint alors
d'emblée son amplitude maximum, et il ne peut y avoir de superposition de secousses
isolées,
La fatigae, le froid et los intoxications ont la propriété d'allonf^er la contraction névro-
musculaire aussi bien que la contraction idio-musculaire.
Courbe de la fatigue. — La courbe de la fatigue donne une idée exacte de la
décroissance successive de l'amplitude des secousses sous l'influence de la fatigue. Nous
a?ons vu que la diminution d'excitabilité dépendait de plusieurs facteur?, et Ton d'eux,
la hauteur (qui est l'expression du travail mécanique), peut même mesurer le degré de
fatigue. En effet, la fatigue se caractérise, soit par la nécessité d'excitants plus énerjt^iques
pour obtenir le même degré de raccourcissement qu'avant la fatigue, soit, l'excitant
restant le même, par une diminution de force. E. Neumann trouva que l'intensité de
l'excitant induit doit être particulièrement grande pour les muscles fatigués, quand on
emploie des courants de très comte durée. Ainsi la sensibilité du muscle aux excitants de
courte durée est très diminuée dans la fatigue, que rcxcitation soit directe ou indirecte.
Au contraire, entre certaines limites, un muscle fatigué est plus sensible aux varia-
tions brusques de potentiel qu'aux variations plus lentes (ditférence entre la clôture et
la ruptnre (J, Ioteïko).
IL Kroneckêr (1870) a étudié avec détail les Ims de la fatigue des mmcks striés^ au
point de vue des modificalions de l'amplitude des secousses. Les muscles (gastrocnémien
et triceps de grenouille) étaient excités par des chocs d'induction appliqués au nerf scia-
tique à des intervalles réguliers (2-12 secondes)^ et les hauteurs de soulèvement s'inscri-
vaient successivement sur un cylindre enregistreur sous forme de lignes verticales dis-
tantes d'un millimètre environ; les excitations étaient graduées de façon à donner le
maximum de raccourcissement (excitation maximale); le muscle soulevait *au moment
de sa oontraelion un poids qui ne dépassait pas ^0 grammes. En joignant par une ligne
les extrémités supérieures des lignes verticales équidistantes, correspondant aux hau-
teurs des soulèvements, on obtenait la courbe de ia fattgue du muActe. Cette courbe,
d*après Kroneckeh, esl une li*jne droite^ autrement dit la dilTérence de soulèvement de
deux lignes voisines (ou de deux contractions successives), est une constante, c'est ce
qu'il appelle : différence de fatif/ue. Cette loi ne se rapporte qu'au muscle travaillant en
surcharge, c'est-à-dire dans des conditions où le poids n'est soulevé qu'au nïoment de
la contraction, et, dans les intervalles, il repose sur un support. Si, au lieu de ne faire
soulever le poids par le muscle qu'au moment de sa contraction, on charge le muscle
d*un poids avant sa contraction, de sorte qu'il subisse un alïongement avant la contrac-
tion, la ligne de fatigue est toujours une ligne droite, mais seulement jusquau point
où elle coupe la ligne des abscisses tracée par le muscle inactif non chargé de poids, et, à
partir de ce point, la ditTérence de fatigue devient de plus en plus en petite à mesure que
se suivent le^ excitations, et la ligne de fatigue se rapproche d'une hyperbole dont une
asymptote esl fabscisse du muscle inactif et chargé [gitatriême loi de la fathjue]. La
ligne de fatigue fait avec la ligne des abscisses un angle d'autant plus grand que les
intervalles des excitations sont plus petits; la diflérence de fatigue diminue à mesure
'que les intervalles des excitations augmentent {deuxième loi de ia ftdigue). La différence
de fatigue reste constante même pour des poids variables {troisième loi de la fit ligue) ; les
courbes correspondant aux diiïérents poids sont parallèles entre elles, quand les inter-
valles des excitations restent constants,
Kronecrkr a donné les formules suivantes pour la fatigue musculaire. Si Ton repré*
sente par D ta dilFérence de fatigue (constante pour les intervalles d'excitations constants
et pour des poids constants), par y' la hauteur de soulèvement de la première contrac-
tion, par j/^ la hauteur de soulèvement d'une contraction quelconque de la série, par
FATIGUE.
93
n le nombre de coulrac lions qui ont précédé la conlraction de s/"» on a t*êqt]ation sut^
▼aote : y^^y' — nD.
Si dans les expériences avec le muscle travaillant en char^çe» on représente par o,
la longueur d'extension du muscle par le poids, on q D=^*jt-*
HtaiiAiiN a combattu cette dernière partie des conclusions de Kronrcker,
Ivo Novi a comballu aussi les idées de KRor^Eciieti. et se refuse à admettre la ligne droite
de la fatigue. Le muscle est excité dans rappareil de Novi d'une façon automatique au
mouient où il se repose après une contraction, et it peut tui-méme régler l'intensité de
rexcitatioo. Hrographc de PpLUGEfi; gastrocnéjuien de grenouille curarisée. Novi dis-
tin^Hie cinq phases dans le cours de la fatigue : 1° phase de courte durée; labauleur des
eonlractions augmente, contractions rapides; 2** phase trois à cinq fois plus longue que
la précc'dente, contractions rapides : elles s'abaissent en formaut une ligne ondulée;
3* phase moitié moins longue que la précédente, contractions ayant toutes à peu pièsia
même hauteur, mois plus lentes; 4" nouvelle augmentation de hautp^ur des contractions^
qui sont devenues encore plus lentes; cette phase dure plus longtemps que la précédente ;
5* la plus lonjtîtie de toutes les phases, contractions encore plus lentes» et ce n'est que
cette phase qui correspond à la courbe classique de Kbonecker, Alors la différence entre
la hauteur des contractions est une constante.
La courbe de la fatigue de Novi présente par conséquent deux convexités tournées
en haut. D'après lui la première phase nous montre que, dans de certaines limites, la
répétition de Tacte augmente la force musculaire; la seconde phase , que, quand celte
limite est dépassée» la répétition provoque une diminution de IVxcitabililé; )a troisième
prouve que, jusqu'à un certain moment^ le muscle reste en équilibre sous raction de
difTérentes forces agissant en sens contraire et ne se fatigue pas; la quatrième phase
établit qu*avec les progrès de la fati^nie Félasticité musculaire va en diminuant et que
le muscle a besoin d'un temps plus long pour arriver au stade de repos : les contrac-
tions sont donc ralenties ; mais^ gnlce k ce ralentissement, le muscle se contracte plus
fort, parce qull n'est pas encore épuisé; entin, dans la cinquième pliase, malgré les in-
tervalïes encore plus espacés entre les excitations, le muscïe est tellement fatigué que
Texcitabilité va en décroissant.
Il est impossible d'établir un terme de comparaison entre les cooclusions de Novi et
celles de Kkoxkcker, tu les conditions totalement différentes de l'expérimentation ; suivant
KnoNECKER la ligne droite n'est obtenue que dans les cas où tes intervalles des excita-
tions restent constants. Les expériences de Novi démontrent uniquement que, quand les
intervalles sont variables, la courbe de la fatigue présente les particularités énumérées
plus haut.
J. JoTEYKo (18Q6), qui a repris les expériences de Kromecrea sur la grenouille, trouve
que, dans la majorité des cas, la courbe de la fatigue d'un muscle constamment tendu est
une ligne droite dans s*»s traits principaux ; mais une analyse minutieuse permet de distin-
guer trois phases dans la courbe : 1 ' pAase d'entraînement (escalier) ou d'excitabilité
augmentée, représentée par une ligne à convexité supérieure, qui elle-même est com-
posée d'une phase d'ascension et d*une pha^e de descente; "2."^ première phase de la fatigue,
à partir du moment où tes contractions sont descendues à la valeur qu'elles avaient au
début, phase de descente rapide, représentée par une ligne droite : la difTérence de
fatigue est considérable; 3^ deuxième phase de la futinue ou de descente ralentie, repré-
sentée par une seconde ligne droite : la diiïérence de fatigue esit diminuée. Ces deux
lignes droites forment entre elles un angle ouvert en haut, et, comme tes transitions ne
s'opèrent pas d'une fa(;on très tranchée, il en résulte une ligue ïégèiement concave en
bas. Ce tracé peut être rapproché de celui qu'ont obtenu Rossbaiih et Hahteneck pour les
animaux à sang chaud : il présente de grandes analogies avec les courbes obtenues par
Hosso pour les muscles de rhomme; mais en même temps il est presque identique aux
tracés de Kronecker pour le muscle travaillant en charge, après en avoir retranché la pre-
mière phase, dont Krotceckeh ne tient pas compte.
Dans un autre travail avec Gotsch (îSSOj^Khonecker a étudié les lois de la fatigue da
muscle tétanisé : il a reconnu que le tétanos qu'on obtient en excitant directement ou
indirectement les muscles (curariaés ou non) des grenouilles ou des lapius, présente des
94
FATIGUE.
phases analogues à celles que donne l'excilalian du muscle par ondes uniques périodî-
qnpmenl rt^pétées. La ligne du tétanos est une droite, ci U y a ascension de la ligne,
lorsijue les excitations auguienlent d'intensité, tandis que la fatigue est [>roportionneUe
au nondire d*excitations.
Les recbercties de Khonecker ont été ïe point de départ d^cxpériences très nombreuses
entreprises par diiïérents physiologistes, qui ont appliqué h IVHude de la. fatigue la mé-
thode du professeur de Berne. Parmi ces travaux, mentionnons particulièrement celui
de RossBACH (1876) et celui de Hossiiach et Hahtexeck (1877) sur les animaux à sang chaud.
Pour pouvoir faire des expériences de longue durée sur les houïtotherraes (chien, chciL
lapin), les auteurs inimohilisaienl ces animaui par section transversale de la moelle
Respiration artincielle. Le lendoij du ninsclc exploré était relié au myographe de Marky;
courants de rupture toutes les secondes; excitation maximale. Au comnïencement de
rexcilalioo du nerf, on observe une augmentation d'excitabilité qui dure trois a cinq
minutes chez le lapin, dix à quinze minutes chez le chieo, vingt minutes chez le chat,
de manit^re que les excitations les plus hautes peuvent atteindre le double de
leur hauteur du début (escalier}; le maximum d'excitabilité est plus vite atteint chez les
herbivores que chez les carnivores; chez les premiers» aprcs 60-100 contractions; chez les
seconds, après MO contractions. Cette aug-mentation d'escitaiiilité s'observe aussi pour le
muscle fatigné, après chaque phase de repos et de réparation, A cette phase d'excilabi-
lilé aa^mentéc suc. ède bientôt une phase de diminution de rexcitabilité, et la décrois-
sance des hauteurs se fait très réguhèrernent, de sorte que le profil de la fatigue est
représenté par une iigne droite pour les animaux h sang chaud. Mais, quand la circula-
tion est arrêtée (ligature de raorte), on n'observe plus le phénomène de Tescaïier chez
les animaux à sang chaud. Un muscle soustrait à la circulation se fatigue en deux à
sept minutes, et, après 120-140 contractions, Texcitation du nerf devient inefficace,
TïEGEL (1875) a repris l'étude de Ivuonecreh sur les grenouilles pour les excitations
sons-maximales, et il est arrivé exactement aux mêmes lois pour ïe muscle qui se charge
au moment de la contraction. De même, pour le muscle cura ri se, la courbe de la fatigue
est une ligne droite. La loi s'applique aussi au muscle privé de circulation et soigneuse-
ment lavé par une solution de chlorure de sodium à 0,5 p. 100. Ainsi, la courbe de fa
fatigue du muscle en surcharge reste toujours une droite (excitations niaxiraaJes ou
sous-maximales, curarisation, anémie) pourvu que les intervalles des excitations et Tin-
lensité restent constants. Un fait curieux, et qui paraît même assez étrange, c'est que la
différence ÛB fatigue (D) possède une valeur plus grande lors des excitations sous-maxi-
males que lors des excitations maximales (Tiegel). Autrement dit^ la courhe de la
fatigue présente une descente plus rapide vers la ligne des abscisses* et le muscle se
fatigue plus rapidement pour des excitations sous-maximales que pour des excitations
maximales.
Kronëcker a confirmé aussi les résultats de Tiegel^ savoir que la courbe de la fatigue
est une ligne droite pour les excitations sous-maximales.
TiEGBL a trouvé en outre que, quand le muscle travaille avec des excitations sous»
majtimales, il peut toujours donner une amplitude plus grande pour une excitation plus
intense; mais, quand le muscle travaiiïe ave*; des excitations maximales, il ne peut jamais
â aucune phase de la fntùjuCj se contracter plus énergiquemenl, quand on augmente
rintensité de l'excitation.
Si l'on excite le muscle pendant un certain temps avec une intensité donnée de cou-
rant, et si Ton diminue rintensité de cette excitation^ pendant une vingtaine de secousses,
alors» à la reprise de l'intensité initiale, les premières secousses auront une amplitude
plus grande que celle que le nmscle a fourni avant que l'intensité n'a été diminuée.
Pendant l'excitation sous-maximale il y a im réparation (Tiegel).
Certains auteurs se sont élevés contre dttférentea parties des conclusions de Kno.VBCXEBH.
Ainsi Valrntin trouve que les premières contractions du g as troc né mien non seulement
ne diminuent pas de hauteur^ mais augmentent sensiblement. Mais la contradiction est
plulrtl apparente que réelle, car Kronecrer fait iui-même la remarque qu'il n^avait pas
tenu compte des premières contractions pour apprécier la courbe de la fatigue. L'augmen-
tation d'excitabilité du début semble s'observer en effet dans tous les cas et a été l'objet
d'études détaillées (Ch. Hichet, Walleh, Rollett).
FATIGUE-
n
Ajoutons qae Limbourg, en einj>loyant des excitants chimique», a retrouvé la ligne
Idroite de Kboneckér, La descente de la ligne est plus brusque qua-iid un upt-re avec les
P^xciUnU chimiques. Cybuls&ï et ZANfETOWsiii ont comparé la rapidité avec laqu*îlie 3ur-
Heat la fatigue lorsque deux préparations névro-musculaires sont excitées; Time par
l'appareil d'induction de Du Bois-Rëymond, et l'autre par les décharges d*un condensa-
teur. Us trouvèrent qu'une plus longue durée s*observait dans le tétanos obtenu par des
excitations descendautes du, nerf au moyen du eondeusateiir.
Pour la courbe de la fatigue chez les invertébrés, J. Îotetko s'est servie de la pince
de Técrevisse détachée du corps, dont la branche fixe est solidement allachée à. une
planchette de liège; un excitateur est placé dans la patte à l'endroit de la section»
l'autre pénètre dans le bout ouvert de'la pince llxe On attache un lit à la branche mo-
bile, et on la relie au levier enregistreur d'on myograpbe ordinaire (procédé de Ch.
KtLHtr I. L'étude de la fatigue de îa pince de Técrevisse est rendue assez diflicile par la
endance des muscles à entrer en contracture et même en tétanos; nïèine avec des eici-
Uiotis assez espacées et d'intensité moyenne, les secousses isolées font bientôt place h
tétanos physiologique, qui se transforme en rigidité cadavérique quand on pro-
rexpérience; on ne peut, par conséquent, en tirer de conclusions relativement
à la fatigue. Les contractions de la pince de Técrevisse sont loin de présenter le même
degré de régularité que les secousses du gastrocnémîen de grenouilles et ou n*u ici rien
d'analogue à une ligne droite de la fatigue. En outre, il arrive fréquemment que l'eici-
tahiUté de la pince disparaît tout d'un coup, sans présenter des contractions à hauteur
décroissante.
La courbe de la fatigue chez les grenouilles présente souvent quelques irrégularités,
dues h des phénomènes de diflérent ordre, dont les principaux ofit été décrits sous le
nom de con*rtJc(i/rt\ d'iiddition hit€nle de secousses et de iifjnt'» ûndittécfi.
L'étude de la coulrncturc a déjà été faite (voir ce m^jl), nous ne nous y arrêterons
donc pas. Notons toutefois que ïiegkl, Punkb, Rossbach et lUnrEyKcK ont vu la contrac-
ture se produire chez les grenouilles avec d'autant plus de facilité qu'elles se trouvaient
à un stade plus avancé de la fatigue, tandis que Cn. Hicutr Ta observée sur les écrevisses
^jiîrhe? et 1res eicitables. Avec la contraciure, Mosso a observé chez Thomme uue
raade irrégularité dans la hauteur des contractions.
les irrégularités dans la cuurbe de la fatigue chez les grenouilles, notons
on de contractions isolées, s'étevant notablement au-dessus du niveau de la
ourbe, dues probablement à un phénomène (taddilion tatmte (sommation) ; ce phé*
^nomène ne se produit jamais avec un muscle salé (Tjegêl). On a aussi constaté (Fujikr)
Tapparition de plusieurs secousses plus grandes, auxquelles succède une série de
cousses plus petites, ce qui donne à la courbe Tai^pect d'une ligne onduke ' WetltnU-
fnit)^ phénomène observé à toutes les phases de ta fatigue et attribué à des oscillations
de rélasticité musculaire.
Satctesso^v décrit une particularité de la courbe de la fatigue observée déjà par Boehk
sur les muscles de la grenouille et appelée par lui crochet [Hachcn], Elle consiste en
.ee que la deuxième contraction est plus basse que la première, la tioisième et la qua-
ième sont encore plus basses, et ce n'est qu'a leur suite que commence l'escalier. En se
servant de Tergographe, J, Iotryko a constaté sur ses propres courbes une particularité
constante et caractéristique : la première et quelquefois les deux premières contrac-
tions, sont plus élevées que les suivantes; ce n'est qu'ensuite que commeoce la courbe
de la fatigue proprement dite.
En excitant le muscle altentativement par des ondes de clôture et des ondes de rupture
oû obtient deux courbes de la fatigue : Tune qui unit le sommet des contractions à la
rupture et l'autre le sommet des contractions à la clôture. Nous avons déjà vu que la
secousse de clôture, qui est toujours moins intense que la secousse de rupture, diminue
plus rapidement d'amplitude et disparaît la première. 11 est intéressant de suivre le
rapport qui existe entre ces deux courbes.
TiEi^EL a trouvé que la courbe de la fatigue présente une descente plus rapide fers la
ligne des abscisses, et que le muscle se fatigue plus rapidement pour des excitation*
naximales que pour des excitations maximaies. La clôture étant sous-maximale
elativemeot à la rupture^ on comprend sa dispaxitioo précoce. Toutefois, on peut sup-
96
FATIGUE.
poser que les deux espèces d^ondes de cBlure et de rupture ne sauraient être rigoureu-
semeni comparées aui ondes sous-raaxiraales et maximales du môme courant. D'après
FUNRE, la clôture disparaît la première, môme quaad les deux espèces d'ondes sont
maiimates, Tiecel pense que, dans les expérieuces de Funre, seules les ruptures étaient
maximales. D'après lui, la rupture et ta clûLure se comportent exactement comme les
Fio. 8. — (D'aprA-i J, Iotkyko} Lo^ «iTeta dp 1* foti^'uo mi la coDiractiou
ée ciMmo cl de rupture du courant d'inductioa.
courants maximaux et sous-maximaux, c'est-à-dire que Teflet de la clôture, qui est
moins énergique, disparaît le premier, tandis que reflet de ta rupture persiste encore.
J. loTETiio, qui a fait une étude détaillée de la courbe de la fatigue pour les courants
de clôture et les courants de rupture alternés, arrive à la conclusion que, dans la très
grande majorité des cas, la conrbe qui correspond h la clôture disparaît bien avant la
courbe de la rupture; mais les courbes respectives ne forment pas deux lignes paral-
lèles. Bien au contraire, aii dès le début, la secousse de clôture est plus basse que la
FiG. 9,
(,I>upr^8 J.. Iotiykq) Les effets do l:i fatigue sur in coDCractioD
de cldtuio «t dti mpturû da courftut d'iudticUon.
secousse de la rupture, la différence ne fait que s*acc€ntuer mec tes progrèii de h fatigue,
et les deux lignes s'écartent sensiblement Tune de l'autre. La (ïgure B démontre bien
ce phénomène. D abord un escalier des plus manifestes. Dés le début, la clôture est
moins hante que la rupture; les deux sortes de secousses s'élèvent avec l'escalier,
mais Tentraînement est bien plu.s manifeste pour la rupture. L'escalier prend fin très
brusquement, et aussitôt la divergence entre les deux courbes de la fatigue commence
à se montrer. Nous obtenons deux lignes presque droites, mais nullement parallèles.
Quand la courbe de la fatigue à la ♦:lôtyre a pris fin, la rupture conlinue encore fort
longtemps. Ainsi donc le cas le plus fréquent est représeuté par deux CQurhes de la
FATIGUE.
97
1
3
ë
•3
fatigue qui sont dti lignes droites non paraUèles^ ûi dont ta di}>eryence s'accentue de plus m
p/iijr avec k^ progrci (le la fatiQUC,
L'n aecùnd type de courbe, beaucoup moins fréquent que le premier» est représenlé
par de^ix lignes parallèles: rnaisi après la cessalmii de la clôture, ïa secousse de rupture
se prolonge encore assez lon^'temps (fig. 0), plus long-
temps que ne l'exige le parai t«flisme.
Ce fait semble prouver que ies excitai! ons inefficaces
(cessation de TelTet de ta clôture^ quand elles sont
appliquées à un muscle déjà faljgué, n'y produisejit
aucun effet (confirmation des expériences de Flnkk).
t'n troisième type de courbe consiste en ce que, au
début, les deux secousses sont d'égale bauleuri mais
|>ea â peu la clôture commence à lléchir, et, ik partir de
ce point, la différence avec la rupture ne fait que s\icoen-
*tuer, surtout quand les deux ondes sont maximales. Il
est cependant intéressant de constater qu'avec les progrès
de la fatigue Fonde de clôture cesse dV^tre maximale.
Un qmUriême type^ qui se rencontre de même dans
la secousse maximale, consiste en ce que les deux
secousses se maintiennent à la même hauteur depuis le
commencemenf jusqu'à la tin.
Enfin le cinquième type comprend les tracés où, la
rupture étant très régulière et la courbe représentée par
une li^ne droite (fig. 10). la clôture décrit une courbe à
périodicité très marquée et assez régulière dans sa
distribution. Celte forme de courbe de la clôture peut
être indir(uèe sous le nom de périodique ou rythmique
(J, lûTEYkO).
Xous pouvons maintenant par l'examen de ces courbes
^voir bien nettement si, dans la fatigue, la fermeture
et la rupture du courant induit se compoiietit exactement
comme les courants sous-maximaux et maximaux^ ainsi
que le prétendait Tieokl. Que les deux courbes s*écarteul
sensiblement Tune de Faulre dans la fatigue, cela
parait être simplement en rapport avec la descente plus
rapide de la fatigue sous-maximale. Mais il y a deux
raisons qui nous empêchent d'assimiler les etfets de la
fermeture et de la rupture k ceux des [i^ourants sous-
maximaux et maximaux : 1° la différence entre TelTel
physiologiqoe des deux ordres peut être absolue, au
point qu*îl est impossible de les égaliser malgré Temploi
de courants les plus forts; celle diiïérence s'accenlue
avec les progrès de la Tatigue; 2° la diilérence entre
reffel physiologique des deux ondes peut être nulle
au point de vue mécanique, car elles ont toutes les
lUx la mt>me hauteur el s'accroissent de la même
leur si on augmente le courant. Et pourtant» avec les
progrès de la fatigue, nous voyons naître et s'accen-
tuer la divergence, toujours au préjudice de la ferme-
ture (J. loTEYKo), Ce fait montre que les courbes île la
fatigue des ondes induites de fermeture et de rupture Jie suivent pas les lois établies par
TiBGEL pour les courants maximaux et sous-maiimaux. Entre les effets des deux ondes
existent des difl'érences quatttativcfi : &ous nii/Iuence de la fûtigue (le même fait se produit
dans l'aneslbésie des nerfs), /V/fcf tiioteur (ks onde^ induiUn de fermeture e$t plua fortement
diminué que l'effet moteur dt'fi ondes indinien de rupture^ même dana les cas oit, au dchttt^ ta
différence entre Vcffet mécanique deê deux ondes était absolument mdk. Or, en raison même
de la constitution des deux ondes^ la différence qualitative peutjétre ramenée à une quea-
DICT. DE eUVSIOLOOlE. — TOME \'t. 1
?
98 FATIGUE.
tion de rapidité de la variation du potentiel électrique (la différence quantitative étant dae
à une différence d'intensité). Dans la fatigue, les courants à variation de potentiel moins^
brusque tendent à devenir inefficaces beaucoup plus vite que les courants à variation de po-
tentiel pltAS brusque (bobine de Du Bois-Heymond et interrupteur à mercure). Nous pouvons
en déduire que : la perte d'excitabilité, survenant dans la fatigue, se caractérise, non seule-
ment par la nécessité d'employer des courants de plus en plus intenses pour produire le
même effet qu*au début, mais aussi par la nécessité d'employer des courants à variation de
potentiel plus brusque. Dans la fatigue, il y a perte de la sensibilité aux variations lentes
de potentiel. Il est certain que cette sensibilité aux variations brusques de potentiel élec-
trique doit être dévolue au nerf et non à la substance musculaire, laquelle dans tous
les cas est excitée par l'intermédiaire du nerf (même d'après la théorie classique, qui, en
attribuant au nerf une excitabilité plus grande au courant faradique qu'au muscle, con-
sidère^Pes contractions du muscle non curarisé comme indirectes) (J. Ioteyko). L'étude
Fia. 11. — (D*après J. Iotbtko) Coarb«s de la fatigue par excitation directe de la moelle (grenouille).
Le tracé de droite est obtenu après trente minutes de repos.
de Tanesthésie venant compléter ses données, nous pouvons conclure que le premier
stade de la perte de l'excitabilité (fatigue ou anesthésie) se caractérise non par l'impos-
sibilité de réagir à la même force de l'excitant, mais par Timpossibilité de réagir à une
variation trop lente.
Dans une série de contractions isométriques, la forme de la fatigue a la forme d'une
S, c'est-à-dire qu'elle est d'abord concave, puis convexe vers l'abscisse (Wallbr).
J. loTBYKO a aussi étudié la forme de la courbe de la fatigue d'origine centrale ou
réflexe, c'est-à-dire obtenue soit en excitant directement la moelle chez des grenouilles,
soit en excitant un sciatique et en inscrivant les contractions du gastrocnémien du
côté opposé. De même que le tétanos réflexe, la courbe de la fatigue produite par exci-
tation réflexe ou centrale possède une grande variabilité de formes. La courbe de la
fatigue est très régulière, mais elle peut affecter toutes les formes imaginables. Sur la
fig. il, nous voyons deux courbes de la fatigue, obtenues par excitation centrale de la
moelle au moyen d'ondes périodiques; elles sont séparées par trente minutes de repos.
L'exlrôme régulante de ces tracés est à signaler; la courbe présente une pente très
rapide à concavité supérieure, et exactement les mômes caractères se retrouvent sur le
second tracé après la réparation. C'est là une forme de courbe assez rare.
La Hg. 12 peut être considérée comme le type de la courbe de la fatigue, aussi bien
pour les centres que pour les organes périphériques. C'est la forme la plus fréquente,
atec cette différence que les formes aberrantes sont relativement rares pour la courbe
FATIGUE.
g»
de la faiigae directe; elles se rencontreot plus souvent dans l'élude de la fatigue réûeie
ou centrale. La conlracture se produit assez souvent dans rexcilaUou des centres ner-
veux. En somme, le passage de la transmission à travers les centres nerveux ne parait
pas modifier essentiellement la courbe de la fatigue. Les différences sont d*ordre secoo-
dajre; elles portent sur la durée plus grande de ta première phase (escalier) de la courbe
et sur sa variabilité plus fréquente. Il parait certain que la courbe de la fatigue centriile
ou réllexe emprunte ses caractères à des particularités d*ordre périphérique, et que le
travail médullaire est limité par le travail des organes terminaux,
Examinons maintenant la courbe de la fulîgue chez Tbomme. En employant l'ergo-
grapbe pour ces recherches, A. Mosso a pu se convaincre que, dans un certain nombre
de cas, la hauteurdes contractions va en décroissant d'une façon régulière et que leur som-
met se trouve sur une ligne droite, bien que rirrégularité soit ici beaucoup plus accen-
tuée que pour les muscles de grenouille. Dans d'autres cas, sirrlout avec des poids lourds,
la courbe présente une convexité tournée en haut ou en bas; quelquefois elle forme une
double courbe (S italique). Le profil de la fatigue change pour bien des causes : intluence
du poids, fréquence des conlraclionSt fatigue précédente ou repos, différences de saison,
de régime, intluence des émotions, etc. Mais, chose remarquable, chaque individu a sa
|f|0, 1*. — rD'aprô» J. loTHYKo) Courf)e de la fatigue par oxciUtion directe do la moello et enrojçistremout
dem commuions du gastrocoémioD d'un cAté (grenouille). RéducUoa aux deux^tiura do l'origioaL
eùm'bê de fatigue qui lui €&i propre (Mosso); les tracés se distinguent facilement les uns
des autres, même après desanntîes, La quantité de travail mécanique peut toutefois varier
dans d'assez grandes limites. Quoique la raison des caractères personnels de la courbe
nous soit encore inconnue, il est certain que la courbe indique la variété que chaque per-
sonne présente dans la manière dont elle se fatigue. On dirait, dit Mosso, que, dans la
courbe musculaire enregistrée par Tergographe, nous lisons la différence si caractéris-
tique que présentent certains sujets qui différent dans la résistance au travail. Quelques-
uns se sentent souJaiuenient fatigués et cessent tout travail, tandis que d'autres, plus
persévérants, dépensent graduellement leurs forces. L'ergographe nous donne ainsi l'in-
scription d'un des faits les plus intimes et les plus caractériàtiques de notre individu :
la manière dont nous nous fatiguons, et ce caractère particulier se maintient constant.
Si chaque jour, à la môme heure, nous faisons une série de contractions avec le
même poids et suivant le môme rythme, nous obtenons des tracés qui présentent ton*
jours la mi^rae forme.
Eo employant des poids de 3 à 4 kilogrammes et en répétant les contractions chaque
deux secondes, on fait généralement 10 à 80 contractions qui décroissent régulièrement.
Lorsqu'on travaille avec un poids pas très considérable, on sent que^ tout d'abord ^ on
atteint le maximum de la ûexion sans que les muscles aient fait tout reflforl dont ils sont
capables; mais, lorsqu'on est fatigué, on ne réussit plus à soulever le poids, qui paraît
plus lourd (Mosso). Dans le travail ergographique deux muscles travaillent en même
temps, le fléchisseur profond et le fléchisseur superficiel; et les interosseux ne sont pas
absolument exclus.
Tous les auteurs qui, après Mosso, se sont occupés d'ergographie, insistent sur les
curactères individuels des tracés ergographiques, qui les rendent aussi reconnaissable^
que les particularités graphiques de récriture. Les spécimens qui se trouvent dans le
100 FATIGUE.
chapitre consacré à la fatigue des mouvements volontaires démontrenl bien ces particu-
larités. Si Torganisme ne se trouve pas dans des conditions identiques, alors nous obser-
vons une grande différence en plus ou en moins dans le travail mécanique. La forme
de la courbe se maintient toutefois constante. Et il faut un changement iroporlanl dans
la nutrition intime du sujet, une modification en quelque sorte de sa constitution,
pour obtenir une modification de sa courbe. Ainsi Magoiora, qui a travaillé pendant
sept ans avec Mosso à l'Institut physiologique de Turin, a présenté un changement de
la courbe entre la quatrième et la sixième année. Il est devenu plus fort, et sa santé
s'est améliorée. Il résiste mieux à la fatigue, et, tandis que sa courbe, dans la première
période, va décroissant rapidement, ce qui est sa caractéristique personnelle, elle présente
dans la seconde période une résistance suffisante à la fatigue avant que son énergie
soit totalement épuisée. Mosso a noté que les variations sont plus marquées chez ses
collègues plus jeunes, que chez lui-même, dont le type graphique est resté invariable.
CoLucci trouve que le tracé ergographique est capable de révéler même les phénomènes
psycho-dynamiques individuels.
Une différence notable dans la force se produit avec le changement de saison. L'exer-
cice est aussi une des conditions qui augmentent beaucoup la force des muscles. G*est
ainsi que Aducco, après un mois d'exercice quotidien, obtenait avec Tergographe un
travail double de celui qu'il produisait dans les commencements.
En analysant la courbe ergographique, A. Binrt et N. Vaschide ont reconnu qu'il y avait
lieu de considérer trois éléments : 1« le nombre des soulèvements; 2° la hauteur maximum
des soulèvements; 3° la forme générale de la courbe, qui est donnée parle contour des
sommets de tous les soulèvements. Comme le profil de la courbe ergographique paraît
très difficile à apprécier, on peut, dans certains cas, le remplacer par une donnée plus
simple, qui est la hauteur de soulèvement prise au milieu du travail ergographique
(soulèvement médian); ainsi, dans un travail composé de trente-six soulèvements, cette
hauteur est celle du dix-huitième soulèvement. Cette donnée permet de savoir si un
sujet a maintenu longtemps la force qu'il avait au début de l'expérience, ou si, au con-
traire, ses forces ont diminué rapidement.
Une courbe ergographique est composée de deux éléments : la fiauteur du soulève-
ment et le nombre des soulèvements. Hoch et raepelin (1895), en poussant plus loin les
recherches de Mosso et de l'École italienne, ont reconnu que ces deux facteurs
-étaient indépendants l'un de l'autre, car ils peuvent varier séparément. Us ont rattaché
la hauteur des soulèvements au travail des muscles, leur nombre au travail des centres
nerveux. Le rapport entre la hauteur totale et le nombre de soulèvements, auquel
J. loTEYRO a donné le nom de quotient de la fatigue, est l'expression de la résistance
individuelle à la fatigue. Il ne se confond pourtant pas avec la courbe de la fatigue,
<!elle-ci étant l'expression du quotient de la fatigue en fonction du temps. En effet, dans
la courbe de la fatigue nous pouvons lire le rapport qui existe entre la hauteur des
soulèvements et leur nombre à chaque instant de l'expérience. Mais nous pouvons
prendre des quotients partiels, c'est-à-dire le rapport qui existe entre l'effort et le temps
à différents- moments de la courbe. Pour avoir un quotient de la fatigue exactement
comparable à lui-même, il faut fournir deux tracés ergographiques dans la même
séance, en prenant un repos suffisant entre les courbes pour faire disparaître toute
irace de fatigue précédente. On voit alors une identité parfaite entre le travail mécanique
des deux tracés, entre les deux quotients de la fatigue et entre la forme des deux
courbes, si bien que la seconde semble être la photographie de la première (J. Ioteyro).
Ce procédé, qui met complètement à l'abri des erreurs, montre qu'il y a là, à n'en pas
douter, matière à l'établissement d'une loi psycho-mécanique de l'épuisement moteur
à formule mathématique. Mais la forme de la courbe change pourtant quand le sujet
«st en état de fatigue. Le quotient de la atigue subit alors une diminution (Voir cha-
pitre V).
Pour ce qui est du travail physique exagéré, des marches forcées, des veilles et du
jeûne, Mag(;iora a vu que les tracés obtenus après le jeûne ressemblent à s'y mé-
prendre à ceux qu'on obtient après de grandes fatigues. Il y a cependant une diffé-
rence importante : la faiblesse du muscle provenant du jeûne disparait rapidement dès
u'ou prend de la nourriture, tandis que, dans la fatigue qui suit une marche forcée ou
FATIGUE.
m
rinsomnie, la prise d*alimenU n*a qu'une faible influence restauratrice: un temps l>ien
plasconsiiiérabli! est nécessaire à la réparalioii; le repos du système ner%*eux au moyen
du sommeil est indi^tpensable. Et même» d'après Manca, les vaiiations de force du jour
déjeune ne sortent pas des limites des variations normales. Dans des expériences faites
sur lui-m^me, Wahiikis Lf*MD\îi[> (181»'i) conslala qu'il y a des variations diurnes dans la
courbe ergo|LTapliique. Le pouvoir de motricité est moindre le soir que le malin; le
repos d'une bonne nuit le fait augrnienh^n Les repas exercent une influence restauratrice.
En comparant ses tracés pris pendant plusieuis ann*^es successives , Maggiora remarqua
la'afec Tàge sa force avait augmenté dans de très lar^i^es linïilfs. Il attribue ces chan-
gements à Tâge ; car il nu pas été malade durant toute cette époque, et son poids n'a
pas varié. Cette au^'nientation de force est la démonsiration expérimentale de ce fait
d'observation courante, que le passage du jeune ûge à TAge adulte est accompagné d'un
renforcement d'énergie de tout forganisme. Binet et Vaschide» comparant la force
d>'Damométrique chez les jeunes garçons et les jeunes gens, ont vu que la fatigue
arrive plus vite chez l'enfant que «"liez radolescent
Warhen LoMOAtiD a observé une forme de courbe de la fatigue assez particulière. Dans
la contraclion volontaire, étudiée par Tergographe de Mo,sso, il vit très fréquemment
l'aptitude au travail diminuer et s'accroître successivement plusieurs fois dans la mc'nie
expérience. Durant les intervalles de la décroissance de la force, la contraction des
muscles allait presque jusqu'à disparaître compbMement, tandis que» dans les périodes
d'augmentation, la force devenait égale à celle qui avait élé déployée au commence-
ment* Ce phénomène n'est d'ailleurs pas constant; on ne l'observe que sur certaines
personnes. Le tracé périodique, caractérisé par une perle périodique et par ini accrois-
sement successif des forces, apparaît seub-^mcnl après qu'on a accompli un travail (^on-
sidérable, avec des poids lourds et une grande fréquence des contractions. La perle
périodique et le rétablissement de faction de la volonté sur le muscle ne dépendent pas
des changements dans la nutrition du muscle (ils ne sont pas empêchés par le massage).
Us ne dépendent pas non plus des variations dans l'excitabililé des nerfs et des muscles,
puisque, au moment où la contraction volonlaire est presque impossible, le muscle
répond à Texcitation directe et indirecte (par le courant électrique). Los altérations qui
produisent la périodicité doivent être placées, >uivant Wahren LoiiB\RD, dans quelque
mécanisme central nerveux qui se trouve entre les régions du cerveau d*où part Finipul-
sion de la volonté, et les nerts centrifuges. Maggiqra a conliriué le fait, que les périodes
ne se manifestent pas quand les muscles se contractent par rirritation électrique appli-
quée aux troncs nerveux ou directement sur les muscles* Ces deux auteurs considèrent
le» périodes comme un phénomène d'ordre central, et le localisejit au-dessous des centres
de lavohtion, lesquels chaque fois envoient aux organes périphériques un ordre égale-
ment énergique, c'est-à-dire celui de la conlradion niaximuni. Les périodes sont unelTet
de la fatigue, et consécutivement d'un défairt de tioordination fonctionnelle; mais au
point de vue du travail mécanique ils présentent un gain considérable.
Les eipériences récentes de Trkvks combatient la manière de voir des deux auteurs
précédents. Ce physiologiste a constaté une périodicité très nette dans ie Iracé de la
fatigue du gaslrocnémieJi de lapin travaillant en surcharge et excité par réleclricité.
Les tracés qu'il donne sont absolument démonstratifs. Selon Tr]?:ves, la périodicité serait
due aux oscillations du rappurl erilre le muscle et le Iravail selon les conilitions méca-
niques dans lesquelles nous le faisons travailler. Comme le muscle en se fatiguant subit
des modilications d'élasticité, quand celle-ci diminue, le muscle exécute moins de tra-
vail; or, dans le muscle on surcharge, c'est-à-dire dajis les conditions du p<>ids avec
appui dons rintervalle des exciialions, le muscle ne sera pas tendu constaminonl, il
pourra se reposer en partie dans Tintervalle des excitations, sou élasticité se rapproi hera
de la normale, et alors apparaîtra une nouvelle période de travail plus considérable, qui
tendra à rabaisser de nouveau graduellement. Si. au i-ontraire, nous faisons travailler
ie muscle en charge rompléle et, par conséquent, en tension constante, les périodes
n'apparaîtront plus ni chez le lapin, tii chez Thomme.
S*d en est ainsi, on a le tlroit de se demander si le tracé périodique ne serait pas
autre chose que le phénomène de u lignes ondulées >^ dont parle Fcnke en 1874 en cea^
termes : « La courbe de la fatigue qui touche à sa lin présente souvent des a lignes on*
102 FATIGUE.
dulées, caractérisées 'par plusieurs secousses pins hautes, auxquelles succède ane
^érie de secousses plus basses, phénomène dont on s'est beaucoup occupé et qui est dû k
des oscillations de l'élasticité musculaire. »
Mosso s'est aussi occupé de l'influence qu'exerce un appui sur la courbe de la fatigue.
Suivant ce physiologiste, l'influence d'un appui est nulle. Si, dans le décours d'une
courbe, on enlève soudainement l'appui, il en résulte un vide en bas en forme de
triangle, sans que la courbe de la fatigue montre quelque variation sensible. On peut,
au moyen de Tappui, dispenser le muscle d'une bonne part de son travail, sans que la
courbe de la fatigue change. Kronecrer avait déjà dit, pour les muscles de la grenouille,
que la fatigue reste la même, pourvu que les excitations restent constantes. En irritant
ie nerf médian, et en enlevant soudainement l'appui, on remarqua un léger effet sur la
courbe de la fatigue. Il est probable, dit Mosso, que, pour le muscle frais, dans ses pre-
mières contractions, le poids est indifférent, de telle sorte que, l'ordre une fois donné au
muscle de se contracter, celui-ci produit un maximum de raccourcissement, aussi bien si
le poids doit être soulevé pendant toute la durée de la contraction maximum que s'il
doit l'être seulement pendant une partie de celle-ci; mais, l'énergie du muscle dimi-
nuant par suite de la fatigue, le muscle alors profite de l'appui qu'on lui donne. Avec
l'excitation électrique, dès qu'on se sert de l'appui, les contractions deviennent un peu
plus hautes et se maintiennent tant que dure l'appui.
Mosso a excité directement le muscle ou le nerf médian au moyen de l'électricité,
afin d'éliminer l'élément 'psychique. Le courant inducteur était interrompu toutes les
■deux secondes. L'application du courant tétanisant se faisait au moyen de deux boutons
métalliques recouverts d'une éponge imbibée d'eau acidulée. A cause de la douleur que
produit l'application de l'électricité, il est impossible d'obtenir des contractions maxima.
11 est aussi impossible de faire soulever par le doigt médius des poids lourds. Généra-
lement, il ne faut pas dépasser 400 grammes. Les tracés de la fatigue artificielle ne sont
donc pas strictement comparables aux tracés de la fatigue volontaire, et cependant,
chose remarquable, le muscle suit la même courbe, quHl soit excité par la volonté ou par
Vélectricité. C'est donc avec juste raison que Mosso conclut de ces expériences que les
phénomènes caractéristiques de la fatigue ont leur siège à la périphérie et dans le
muscle; l'influence psychique n'exerce pas une action prépondérante, et la fatigue peut
encore être un phénomène périphérique.
Nous devons admettre, avec Mosso, que les muscles ont une excitabilité et une énergie
propres, qu'ils s'épuisent indépendamment de l'excitabilité et de l'énergie des centres
nerveux. Nous devons transporter à la périphérie et dans les muscles certains phénomènes
4e fatigue qu'on croyait d'origine centrale.
Berninzonr obtint des courbes de la fatigue en excitant mécaniquement le nerf
médian au moyen d'un instrument spécial appelé vibrateur. Le bras droit était attaché
à l'ergographe, et le médius soulevait un poids de 4 kilogrammes avec intermittences
de deux secondes. Le travail mécanique est plus considérable avec l'excitation méca-
nique. La même augmentation de travail s'observe dans l'excitation mécanique de la
région motrice correspondante de la tête. L. Patrizi a construit un ergograpbe crural,
^ui inscrit l'oscillation de la jambe d'arrière en avant. Cet appareil a été destiné surtout
à des recherches névropathologiques, dans lesquelles il peut être intéressant de pouvoir
comparer la force de l'extrémité supérieure avec celle de l'extrémité inférieure. L'auteur
donne des tracés de la fatigue volontaire et artificielle (électrique) de la jambe. Ainsi,
,par exemple, un individu, qui donne normalement i**«f™,17 (fatigue volontaire), ne
fournit plus que O^^m^ga après une course de 20 kilomètres. Casarini (1901) a repris
cette étude. G. C. Ferrari a fait des recherches ergographiques sur la femme. Il existe
une différence profonde entre la fatigue ergographique chez l'homme et chez la femme.
Chez celle-ci, la main gauche est mieux développée que chez l'homme. C'est là un fait
presq ue constant, qui montre que chez la femme le cerveau droit est plus développé.
Mais la fatigue ergographique de la main droite est la même chez l'homme que chez la
femme.
La réparation de la fatigue ergographique a été étudiée par un grand nombre d'au-
teurs. Il y aurait là une étude très intéressante à faire, relativement à l'âge, au sexe,
aux races, aux conditions d'existence, etc. On peut dire dès aujourd'hui que toutes ces
FATIGUE.
103
inlltiences doivent être tr«i5 manifesLes, bien qu*elles n'aient pas encore été recherchées.
En tout cas, le temps de réparation n*cst pas le même selon les différents auteurs. Ainsi,
d'après lY-cole italienne, il faut deux heures (temps moyen) pour faire disparaître tout
signe de fatigue ergo^içraphique; les sujets d'expériences ont été les assistants, et les
jeunes professeurs des Universités italiennes. Dinet et Vasgmidk, qui ont expériniento sur
douze jeunes gens français, de seize à dix-huit an9> trouvent qu*une demi-hcure de
repos est suffisante pour réparer complètement ïa fatigue à rergof^iaphe, Frey trouve que
la réparation d'un muscle fatigué k Terf^'ographe se fait au bout d'uue heure de repos
(Suisse). J.loTtYKoa vu, sur vingt éludiauts de TCniversitéde Bruxelles, à^^és de vingt ans
environ, que le temps de dix mimiLes de repos suffisait pour dissiper complètement
les eCTets de la fatigue ergographique, et même que, dans certains cas, cinq minutes
de repos pouvaient produire cet efleL C'est aussi le temps (dix minutes) indiqué par
KnAErsLix (expériences faites à Heidelberg).
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nikirter quergestreifter Muskeln (A. P., 1880, 438); ^ et Stihlinc* Veber die Genesis des
Tetanm {Ak. Berlin, 1877 et A. P., 1878, 1-40). — Losibard Warren. Some of ihe
influences which affeet ihe power of voluntary muscular contractiom (/, P., xni, 1892,
1-58); Eff^ets de la fatigue surlla conlrarMon muscttlaire volontaire (A. », J3., 1890, xrir, 372);
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— Lbvy (A, G.). An attempl to estimate fatigue of the cérébral cortex when caused by
i
104 FATIGUE.
electrical excitation (J. P., xxvi, 1901). — Limbourg (Ph.). fieiinïge zur chemischen
Nervenreizung und zur Wirhung der Saize {A. g. P., 1887, xli, 303-325). — Maggiora (A.).
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dcW uomo {Realc Accadi^mia dei Lincei, v, 4 nov. 1888); — et Lkvi. Unters. ùber diephysioL
Wirkung der Schla7nmhader {Arch. f. Hygiène, xxvi, 1896, 285).— Maggiora. Influence de
Vdge sur quelques phénomènes de la fatigue (A. i. B., 1898, xxix, 267). — Manca. Influence
du jeûne sur la force musculaire {A. i. B, 1894, xxr, 220). — Marey. Études graphiques
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Paris, 189i; Ueber die Gesetze der Ermudung (A. P., SuppL, 1890, 89); Les lois de la
fatigue étudiées dans les muscles de Vhomme (A. i. B., xiii, 1890, 123). — Novi (Ivo). Die
graphische Darstellung der Muskelermùdung (C. P., 1897, xi, 377); Sur la courbe de la fatigue
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der Muskeln abfàllt (A. P., 1886). — Neumann {£.). [Deutsche Klinik, 1864, 65; Kônigsber-
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naturale degli arti inferiori [Un erg ografo crurale) [Bulletino d. Società medico-chirurg , di
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576); — RoLLETT (A.). Ueber die Contractionswellen und ihre Beziehung zu der Einzelzu--
ckung bei der quergestreiften Muskelfasern (A. g. P., 1892, lu, 201-238); Zur Kenntniss^
der physiologischen Verschiedenheit der quergestreiften Muskeln der Kalt und Warmblûter
(Ibid., Lxxi, 1898, 209-236); Ueber die Vernnderlichkeit des Zuckungsvei'laufes querges-
treifter Muskeln bel fortgesetzter periodischer Erregung und bei der Erholung nach dcrsel-
ben [Ibid,, 1896, lxiv, 507-568); Physiologische Verschiedenheit der Muskeln der Kalt und
Warmbliiter [C P., xiii, 1900); (Ak. W., lui, 1887, 243-244); (A. g. P., lxiv, 527 et liu
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ZuckungshOhedes untermaximal gereizlen Muskels [Ber. d. Gcsel. d. Wiss. zu Leipzig, Math.-
phys. classe, 1875, 81-130).— Vale.ntin (G.). Einiges iiber Ermiidungscurven quergestreifter
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[Ibid., 1870, III, 372-403). — Waller (A.^ Report on experiments and observations relating
to the process of fatigue and Rccovery (The British med. Journ., 1885 et 1886); Éléments
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Reizstarke und der Tetanushohe bei indirekfer Reizung [A. g P., 1885, xxxv, 69). — Wundt.
Lehre von der Muskelbewegung, 1858. J
§ 4. Les effets de la fatigue sur la force musculaire et sur le travail mécanique. — Le
travail mécanique d'un muscle (travail extérieur, elFet utile) s'évalue en mullipliant le
poids soulevé par la hauteur de soulèvement : T = PH. Le poids soulevé par un muscle
comprend en réalité : 1° le poids dont le muscle est chargé; 2<» la moitié du poids du
muscle lui-môrne; cette deuxième quantité est en général négligée dans les expériences.
Quand le muscle ne soulève aucun poids, l'effet utile est nul, car on ne compte pas
comme effet utile le soulèvement de la partie inférieure du muscle. Pendant le tétanos, le
muscle n'accomplit de travail mécanique que durant son raccourcissement; tout le temps
que le muscle tétanisé maintient le poids à la hauteur de soutien, il n'accomplit pas de
travail mécanique extérieur. Cependant le poids 'ne retombe pas, le muscle reste actif.
FATIGUE.
fO»
I
\
et celte activité, qoi se traduit au bout d*im certain temps par une sensation de
fatigue, correspond à ce qu'on appelle tra\ ail intt*t'iettr (îu mnnde^ ou contraction statiqur,
par opposition avec la contraction dyntmiiquc, dans laquelle un Itavail extérieur est
produit. Celte conlraclion viatique ne peu! ^*trc soutenue bien longtemps ; ainsi,
d'après les recherches de G aiixatvp, on ne peut tenir les bras étendus plus de dix^neuf
minutes.
On dbtingae deux espèces de contractions musculaires : \a contraction isotoniquCt dans
laquelle la tension du muscle ne varie pas pendant la coutracllou, le muscle se con-
tractant librement et soulevant un poids; et ia contrantion iHmètnqu(\ dmis laquelle la
contraction du muscle est presque complètement empêchée. Dans ce dernier cas, le
muscle convertit toute son énergie chimique en chaleur. Le dégagement de chaleur est
plus considérable dans la contraction isométrique que dans la contraction i^utonique. Il
semblerait que le déga*];emeul d'énergie est plus considérable dans la contraction isomé-
trique que dans la contraction isotonique, car, dans le preznier cas, la l'ati^'ue survient
plus rapidement, l ne expérience très simple» due h J. Iqteyro, montre bien que la con-
traction isométrique fatigue plus vite que la contraction isoionique. Unr^ ji^renouiHe étant
placée sur un myographe double» on dtkoavre les deux nerfs sciai iques, et les deux
gastrocnémiens sont attachés aux leviers correspondants. Une paire dV'lectrodcs amenant
le môme courant est mise en contact avec chaque gastrocnémien. Au commencement
^^ Texpérience, on s'assure que les conlraclion^ des deux côtés sont d'égale hauteur.
On produit alors le tétanos isotonique d'un ctMé et le tétanos isométrique de Tautre
(le raccijurcissemenl est empcclié tout simplement par la Itxatioii extemporanée du
tendon du gastrocnémien h la planchette de liège au moyen d'une ôpinglel. Quand le
tétanos isotonique touche à sa lin, indice de la fatigue isotonique» on suspend pour
quelques secondes Teicitatiou des deuv ciUés. L'épingle ét^iit enlevée, on recommence
Teicitation des deux côtés pour connaître la hauteur de la conlraclion après la fatigue.
Or le gaitrocnèmien qui a fourni un tétanos isométrique (par conséquent, sans pro-
duction de travail mécanique) donne des contractions moins hautes que le gastrocnémien
qui a fourni le tétanos isoloîiique. La fatigue isométrique a donc été plus accentuée que
la r^ligue isotonique* La fig. l.'l, qui est une illustration d« ce phéjîoniéne, démontre
aussi qu'à mesure (juGn produit des It'danos n-pélés la différence s'accentue entre les
eflf-'ts de la fatigue isométrique et ceux de la fatigue isotonique. L'accumulation de fatigue
est plus prononcée dans la conlraclion isométrique. La mîeur du quotieHl i/^/i eœprime
U rapport de la hauteur de la contraction d^emam du musde fdtiijué isométriqurmcut à celte
de la contraction dressai du muscle fatigué i^otoniquemcnt , diminue proyressivemcnl à mesure
que la fatigue ii\iccumutc. Cette eipérience est aussi une démonslruUou de la loi de la
conservation d'éneigie; car dans la contraction isomùlri4iue l'énergie se dégage sous
forme de chaleur.
Le travail mécanique n't^st donc qu'une des niaiiifestalions d'éneigie du muscle.
Nous pouvons cependant étudier isoléjuenl Taclion de la fatigue sur le travail méca-
nique, sans nous préoccuper des autres facteurs, si nous expérimentons dans des condi*
tions toujours rigoureusement les mômes,
HAiTGiiTO?r et iNiPUER ont essayé de calculer, pour Thomme vivant, une toi de la fatigue
mtaaUaire, Hauoiitox est arrivé à la formule suivante dans le cas de travail statique :
T-
— =^ constante.
Ce résultat se rapporte au bras tendu horizontalement^ et mainlenant des poids
T
variables pendant un temps 8. Le quotient -^ s'appelle la vitesse du travail statique ; si on
ta désigne par r% la formule de HaugtOxN se ramène alors à la suivante :
Tkv = constante-
Et Ton peut énorcf^r la loi suivante qu'on appelle loi de ta fotîtjue de Hauguton : le
produit du travail statique effectué par un groupe de muscles qui restent contractés
jusqu'à épuisement par la vitesse du travail est un nombre constant.
^^^^^^^H
106 ^^* ^
■ ss
En ce qui con-
cerne le travail Jy-
naDiique, Hai:»jh-
-5 ^
TON arrive à la for-
o ^
mule suivaate : •
3|
II
n(H-^«^) = A,
dans laquelle n est
le nombre de sou-
2i
lèvements qu'on
peut elTectuer avec
is
le même poids et
^^^^^H ^^^^^^^^^^^^^^^^^^IH3^^^^S^^^^^^^^^^^^^^^P
jusqu'à la niémA^^H
hauteur, ( le temps^^^
= TA
-3 e»
que dure chaque
soulèvement, ^ et
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H'^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^l
A des coQstantes.
o 5
Le maximum d-e
^ o
travail est alteint
S, g
i
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^BS^s^^^^^^^^^^l
n
quand t = -j^ Cette
r^
loi fut trouvée
E S
exacte pour des
poids difTérents.
D'après ÎREves, ^^H
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^E^H^^^^^^^^^^^^^^^^^I^^^^^^^^^p^^^^^^l
Tergogramme ea^^^H
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^Kil^^^^^^^^^^l^S^^^^^H^^^^H
stirctiarge (avecap- ^^W
^^^^^^^^^^^^^^BS^^^^^^^B^^^^^^^^^l
J 5
puidaiis les in ter- ■
^^^^^H
^^^^^^^^^^^^^^^a^^^^^^^^^^^^^^^^^l
i:
valles des contrac- H
■fl
tiens) peut semr à ■
te""
donner une idée de 1
la marclie de la fa- H
tii^ue, mais il n'est ^^U
pas précis et) ce qui ^^H
^ ^
concerne l'évalua- ^^H
^1
lion du travail mé»^^^|
e 2
caoique. Les cou- ^1
II
tractions que le
3 "
muscle exécute
avec un poids dou-
O ^
oé à toute charge
lll
sont plus hautes
que celles qui sont
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H
iii
exécutées avec le
^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
même poids en
^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
_ -US O
surcharge. Franti
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
recommande Tu-
^^^^H^^^^^^^^^^^^H
^ fc ^
sage isométrique
^^^^^H^^^^^^^^^^^^^H
h:.!
d'un ressort, parce
que la force mus-
culaire se trouve
? p J
pratiquement iso-
tu
lée. Après CiiO con-
tractions maxima-
^^^H ^^^^^^^^IH^^^^^^^^^^^^^^^^^^^I
les le muscle ne
^^^B ^^^^^^^^DH^^^^^^^^^^I^^^^^^^I
^l-ê
peutaccomplirque
^^^HHI^^H^HH^^II
:^
40 p. 100 de ce qui!
^
FATIGUE.
107
faisait bxl début. L'auteur critique ies méthodes courantes de Tévaluation de la fatigue.
Avec Tergographe h poids ou à ressort, il y a toujours deux «Méments variables qui inter-
viennent, la force et l'étendue d'une contraction, et ces deux facteurs sont si variables
d*un individu à Tautre, que les comparaisons deviennent impossibles.
M est difficile d'évaluer exactement la quantité de travail mécanique que peut fournir
un muscle. D'après KRO?(eciLE&, le triceps fémoral de la grenonille cbargé de 20 grammes
et iravaillant en surcharge, peut fournir à l'exci talion maiimaîo (toutes les 4 ou 6 se-
condes) un nombre des contractions variant de :250 (Janvier) h 2 700 (Octobre). La force
d'un muscle est donc très différente suivant les saisons. L'influence des saisons sur la
fatigue musculaire de l'homme mériterait une étude approfondie; nous savons, d'après
les expériences de Mosso^ que le ctiangement des saisons exerce une inJhience sur la ré-
sistance À la fatigue, mais le physiologiste italien nous fournit fort peu de détails k ce
sujet. En moyenne, un homme adulte fournit à Tergo^raphe 5-5 kilogrammèlres, la
femme 3-4 kilogrammètres de travail (J, Iotevko]. Ces chilTres n'ont d'ailleurs qu'une
valeur très approiimative.
On a beaucoup étudié l'influence du poids et de rMemité des excUations sur Texcita-
bilité musculaire, mais relativement peu de recherches précises ont été faites sur
rinfluence qu'exercent ces facteurs sur la somme de travail mécanique* Suivant Rosenthal,
il y a pour chaque muscle une charge déterminée sous la<juelle ce muscle accomplit le
maximum de travail utile. Cet elTet utile correspond plutôt à un poids moyen qu'à un
poids* fort. Ainsi un muscle de grenouifle produit] plus d'efTel utile avec un poids de
100 grammes qu*avec un poids de 200 grammes, et le maximum est produit avec un
poids de 150 grammes. De môme Cu. Ricbet a trouvé que, pour Técrevisse, l'effet utile
maximum coïncide avec le soulèvement d*un poids moyen. Tout cela ne s'appîique qu'à
une excitation donnée. Si nous faisons travailler le muscle jusqu'à extn^me fatigue, nous
voyous que, toutes conditions égales, un muscle travaillant avec un poids l'oit se fatigue
plus vite que s'il travaille avec un poids léger (Fcnkr, Pompiliaw), et la lia u leur des con*
tractions d'un muscle très cbargé décroît plus rapidement que celle d'un muscle moins
chargé (Volkma.nn). Kronbcker et Tibgcl sont d'accord sur ce point important, à savoir
que les courbes de la fatigue d'un muscle travaillant avec des poids dilTérenls sont des
lignes parallèles : la plus élevée d'entre elles correspond au poids le plus faible, la plus
h^Sêe correspond au poids le plus lourd. M. Poupilian a vu qu'un muscle fatigué complè-
tement par un poids faible donne encoret pendant assez longtemps^ de belles secousses
si on le fait soulever un poids fort On est eu droit d'admettre que Faugmenlalion du
poids a agi comme un excitant.
Ed. WfBER (1846) a étudié rinfluence du poids sur la fatigue et la force musculaire.
l^ fatigue n'exerce pas une action parallèle sur ces deux propriétés du muscle, le
raccourcissement et le soulèvcmeiit d'un poids (etfet utile), car le raccourcissement décroît
phis lentement que l'effet utile. H en n-suRe qu'un muscle fatigu('î et fortement chargé
se raccourcit beaucoup moins comparativement à son état frais qu'un muscle légèrement
chargé. Cette influence qu'exercent les différents poids sur la fatigue se laisse reconnaître
dans les expériences : deux muscles, dont l'un est plus fortement chargé que l'autre, se
raccourcissent d'une quantité égale au début de rexpérience, mais, avec les progrès de
la fatigue, les hauteurs de raccourcissement commencent à diverger. Ainsi, par exemple, si
nous avons trois muscles chargés de j, de 10 et de 15 grammes, au début la hauteur de
raccourcissement est la même pour les trois muscles ;mais,^ous rinfluence de la fatigue
des différences commencent à se manifester. .\ la fin de Texpérience^ le raccourcissement
du muscle chargé de f 0 grammes ne constitue que le 34 p. \0(l, et le raccourcissement
du muscle charj^é de 15 grammes ne constitue que le 17 p. 100 du raccourcissement du
muscle chargé de 5 grammes. Par conséquent, l'influence de la fatigue se fait ressentir
davantage quand la résistance à vaincre est plus considérahle. Donc, sous rinfluence
de la fatigue, la force de la contraetion est considérablement diminuée (Wkbbr). Si le
poids est très considérable, alors le muscle fatigué peut même s'allonger au moment de
l'excitation au lieu de se raccourcir (voir : Inlluence de la fatigue sur l'élaslicilé muscu-
laire), car il est devenu moins élastique et plus extensible. Avec des poids de 30,
35 grammes, nous obtenons des modiliciitious analogues, maïs plus accentuées qu'avec
des poids de 5, 10 et V] grammes; il en résulte qu'à un moment de Texpérience, quand
108
FATIGUE.
le miiscKï chargé de 5 grammes se raccourcit encore de 22 p. 100 de son raccourcis-
sement primitif, k moscle chargé de 35 grammes commence à s*allonger. Cet allonge-
ment augmente avec les progrès de la fatigue et ne disparait que plus tard* avec la
mort du muscle.
Le maximum de travail que fournit un muscle fatigué correspond donc à un poids
léger, et non à un poids lourd; les muscles fatigués peuvent fournir nn travail incora-
parabiement plus grand en soulevant des poids légers que des poids lourds. La force du
muscle dépend aussi de l'élasticité; si Télasticité est grande, alors avec la même force
de raccourcissement le muscle peut développer une force considérable; si rélasticilé est
diminuée (comme dansli faligue)» alors le muscle développe une force moindre (Weeeb).
La théorie lïiodernci qui tend à assimiler les forces contractileî* aux forces élastiques,
n*a fait que confirmer ces conclusions de Wedkr.
Ainsi donc Teiïet de la fiiligue est de diminuer ces trois phénomènes inhérents à la
contraction : 1) la longueur de raccourcissement; 2) la force que le muscle développe
pendant son raccourcissement; 3) le travail mécanique. Le travail mécanique (effet
utile) qui dépend aus>i bien de la hauteur de contraction que de la force de raccourcis-
sement est très différent suivant la charge à soulever. Ce n'est qu'avec une charge déter-
minée que le travail mécanique est maximum : il diinitme avec des charges plus grandes
et plus petites. Mais les rapports cliangent avec la fatigue. L'elïet utile maximum corres-
pond a un poids d'autant plus léger que la fatigue est plus avancée. Les muscles fatigués
se raccourcissent beaucoup moiui pour des poids lourds que pour des poids légers. La
cause de cette différence est due en grande partie aune dimiûutiond'élasticilé nuisculaire.
Au point de vue pratique, ce princi^ie nous conduit ù. émettre quelques critiques au sujet
des instruments de mesure à poids Uxe» tels que l'ergographe de Musso.
Pour obtenir un travail maximum^ il faudrait soulever une charge graduellement
décroissante dans le cours de rexpérienoe.
J. Bern^teln a étudié rijiOuence de la fatigue sur la force développée dans le tétanos
et dans mie contraction unique. H a cnufirmé les données de Heruann, qui avait trouvé
antérieurement «[ue la force musculaire développée dans le tétanos est le double de
celle qui est développée dans la contraction isolée, à égalité de temps. Ainsi pendant
le tétanos il y a sommation de la force comme il j a sommation des raccourcissements.
Suivant Bewnsteix, le rapport entre la force du tétanos et celle de la contraction unique
se maintient même pendant la fatigue, mais quelquefois la différence de force s'ac-
centue avec les progrès de la fatigue. Il faut, pour ces expériences, choisir des gre-
nouilles très vigoureuses, car sur un muscle pou vigoureux la difTérence de force n'est
pas très manifeste dès le début. Fua ke trouve au contraire que dans la fatigue la
courbe du tétanos est quelquefois moins élevée que la secousse unique.
Quand un muscïe^ au lieu d'agir sur une charge constante, agit sur une charge
gruduetlement dccrotëxaule, Tcffet utile augmente. Ce priiici/je (fa//r'f7t'mc?î^, étudié expéri-
meulalernent par P'jgk, se retrouve dans beaucoup de muscles de Torganisme. Lanoaci et
pAcifLLY montrèrent qu'un muscle qui est allégé de son poids toutes les fois qu*il atteint
son maximum de raccourcissemeut, se fatigue moins et développe moins d'acide qu*un
mu:scle qui est tendu durant la fieriudn de décontraction, (^^[iutrairement u Topinion de
KHrjNKCKEH, il paraît certain que la tension seule sullit par épuiser un muscle ^Iirause,
WuxDT, GoTsceucn). On peut aussi fjiire agir sur le muscle une charge graduellement
croissante. Enfin on peut produire une modiUcation brusque de tension à tel moment
de la contraction. Nous n'entrerons pas dans tous les détails de ces contractions et nous
ne ferons ressorlir que quelques points touchant rinlluence de la fatigue. Cette étude
a été poursuivie en Allemagne par Fh, Scne.xck VVùrzbourg;, V. Ktnes avait montré Fin-
it uence exercée par la tension sur le cours de la contraction et décrit une contraction
ou le muscle est empéclié de se racMurcir durant un certain temp.^ après Fexcitation,
et puis la détente s'opère brusquement, Socalli a continué Tétude do la Schleuder"
zuckuntj. ScuExcs a vu que le processus de raccourcissement de cette contraction était
iidluencé par diftérents facteurs, entre autres par la fatigue. — Si la charge d'un
muscle est diminuée d'une valeur déterminée au commencement de la contraction, la
hauteur de celle-ci ne sera pas aussi grande que celle d'une contraction isolonique,
dont la charge était moindre déjà avant tout début d'excitation. Ainsi donc, il n'y a pas
FATIGUE*
1Û9
traddition du raccourcissement dû à l'allégement et du raccourcissement dû à Tacli-
-vitè. ScHENCK a étudié rnction de la fatigue sur ce geiirc de contracUon (Entlastungszu-
kun^/}* Si nous dési^'rionà par îk le soulèvement de la Enttasiwigszutkung au-dessus de
5isse de la contraction isotonique, et Hi la hauteur de cette dernière» nous obtenons
un ijaolienl |Tr qoi est toujours plus petit que l'unité. Ce quotient varie peu avec la
fatigue. Quand lafatigueest poussée à rextphne, il y a légère ditninutîon de ce quotient.
Il ci*y a pas lieu d*insîsler,5ur les phénomènes qui caractérisent les autres genres de
contractions, où la tension est modifiée {Zugzuckunif^ Anuiilagszuckwig)*
Nous savons peu de cho^e relativemt-nt à l'influence de Vint ensilé de t* excitation sur
la ratî{:ue musculaire. M v a un rapport intime entre l*intensité de r€\cilatiùn et le tra-
vail produit, et même, suivant Kronecrer, la pn>pDrtionnalité est complète. Mais quelle
est l'inlluence de rintensité de Texcitation sur la marche de ta fatigue? Il semble qu'il
n'est pas possible aujourd'hui de répondre calégoriquement à ces questions, et c*est en
Tain qu*on a cherché à démontrer, pour le rapport entre Texcitalion et le travail muscu*
plaire l'existenee d*une loi myo physique analofîue a la lot psychophysiqne do Fechner-
k'e&CR. Suivant C«. Richet, pour obtenir Telle t utile maximum, il faudra tendre le muscle
avec un poids d*aataut plus ^^rand que rexcitalion sera plus forte. Ei.^tuovea (t892) a
étudié rinlluence de Texcitation des nerfs vagues î»ur les contractions des nmscles des
bronches. Sous Tinfluence de la fati^^ue on voit les contractions diminuer d'amplitude.
L'clTet de la ftcquence des excitations (rylhme) a été fort bien étudié. Tous les auteurs
sont d'accord pour attribuer à une grande fréquence d'excitations l'inlVuence la plus
fdcùeuse sur la somme totale de travail mécanique (Engelu^nn, Fu.xke, Khonruker).
Parmi les influences exercées sur la fatifrue, la plus importante est, sans conteste, la
> fréquence des excitations; plus les intervalles des excitations sont rapprochés, cl plus
'tite survient la fatigue. Ce résultat est d'nne extrême importance. Les intervalles entre
les excitation?, ce sont les moments de repos entre les contractions successives; plus ils
sont grands, moins le muscle se fatigue; après chaque contraction te muscle peut se
réparer en partie, après s*étre débarrassé des produits toxiques engendrés pendant le
travail» produits dont Taccu mutât ion est l'origine de la fatigue. D'après Oseretziîowsky
e4 KiiAEPEUTf, si on passe d'un rythme de 30 à un rylhme de 00 et 120 contractions à la
minute (er^ographe), le travail mécanique augmente, principalement à cause de l'aug-
mentation du nombre de soulèvements. Quand «m exécute des mouvements rapides, il
en résulte une excitation psycho-motrice.
Les mêmes auteurs ont vu qu'en soulevant un poids de 5 kilogrammes arec le rylhme
de 1 seconde» la fatigue arrive d'aulatit moins vile que l'intervalle entre les deux courbes
e&t moindre. Le travail mécanique est plus considérable avec une charge de 4 kilogrammes
qu'avec une charge de 6 kilogrammes.
Dans des expériences faites sur lui-même Maggiora a étudié l'action du poids et de
la fréquence des excitalions sur la courbe eigograptûque. Le travail accompli avec une
charge de 2 kilogrammes est supérieur au travail accompli avec % kilogrammes, et celui-
ci est supérieur au travail accompli avec 8 kilogrammes (fréquenct^ des cojitractions 2").
Lvec 2 kilogrammes l'auteur a pu produire 2 062 kilogrammètres; avec 4 kilogrammes,
1892 kilûgramniî'trcs; avec 8 kilogrammes, I 040 kilogrammètres. Travaillant avec un
oids de i kilogramme, il n'a pu fournir que 2 23H kilogrammètres. Il semblerait donc
"qu'il existe un poids déterminé avec lequel on obtient le maximum de travail, Pour
MAnGiOHA, ce poids est de 2 kilogrammes. Si Ton fait travailler le muscle avec diflérents
poidsp on obtient des ligues qui descendent presque parallèlement vers Tahscisse, résul-
tat en tout semblable à celui qu'obtint Kroneckkr sur le muscle de la grenouille. Les
unîmes faits se produisent aussi pour les muscles de l'homme dans la contraction pro-
voquée.
Quant à la fréquence des excitations, Maggiora a vu sur lui-même que, avec la fré-
quence d'une contraction toutes les dix secondes, les contracliona des lléchisseurs attei-
gnent leur maximum de hauteur et se maintiennent toutes au m^me niveau; ta fatiifut
ne se produit pas : dans ces conditions, le muscle peut travailler indéfiniment» et, en
Ifoulevanl un poids de 6 kilogrammes, il accomplit par heure le travail de 34.500 kym.
C'est un travail de beaucoup supérieur à celui qui est fait par le muscle, alors qu'il
110
FATIGUE.
soulève le même poids avec ime fréquence de 4'^; dans ce cas, il a besom de deux heures
de repos, et la production de travail mécanique est seulement de 1,074 kgra.ii rhenre,
c'esl-à-dire un travail 32 fois uioindre. Dus résultats analogues ont été obtenus avec uu
poldâ de 2 kilogrammes.
D'une manière générale, la quantité de travail est d'autant plus grande et la fatigue
d'autant plus retardée que la fréquence des excitations est moindre, résultat absolument
comparable à celui qu*on a obtenu sur les muscles des animaux à sang froid et à sanj;
chaud. Il existe donc pour les muscles périphériques certaines conditions de travail*
dans lesquelles la contraction peut se répéter indétlniment sans produire de fatigue* Le
repos de 10" entre les contractions est suffisant pour Ja réparation intégrale. Nous
Yoyons ainsi que la fatigue n'est pas une conséquence inévitable de raclivité; elle n*est
point le résultat de l'intensité avec laquelle le travail est accompli, elle n'est pas non
plus proportionnelle au temps pendant lequel Tactivité est soutenue. Lu muscle peut se
contracter indéfiniment en fournissant le maximum de contraction et en déployant une
force considérable. Mais la fatigue est fonction de laï*apidUé avec laquelle se suivent les
mouvements. Ainsi le muscle est infatigable quand il se contracte six fois à la minute.
C'est là son rythme optimum. Un repos de dix secondes entre les contractions est donc
suffisant pour restaurer complètement le muscle, compenser les pertes et anéantir les
produits de déchets de la conlraction. Comme ncjs mouvements s'accomplissent habi-
tuellement avec une fréquence bien plus grande» il en résulte que la restauration n'est
pas complète d'une contraction à Taulre. Le retour à l'état normal demande alors un
repos bien plus lon^, à cause de raccumulation des effets de la fatigue.
Les recherches de lMaggiora, relatives au rythme optimum des contractions des
muscles périphériques, ont jeté une vive lumière sur les phénomènes de Tinfatigabifité
du crpur. Nous sommes autorisés à admettre par analogie que, dans les conditions nor-
males, le camr bat suivant un rythme optimum qui est suffisant pour sa réparation inté-
grale; les changements chimiques survenus au moment de la contraction étant exacte-
ment compensés pendant la période de repos. L'alternance des systoles et des diastoles
est réglée de manière à restaurer compliMement îe muscle cardiaque dans les intervalles
de repos. Le cœur est toutefois fatigable quand il est soumis à des excitations trop fortes
ou trop souvent répétées, comm^ cela a lieu dans les cas pathologiques. Dans les
maladies organiques du cœur, k la suite d'un obstacle au jeu régulier du cœur, celui-ci
est tenu à accomplir un travail bien plus considérable qu'à l'état normal; il chauge de
rythme » ses battements redoublent d'intensité, et, pendant un certain temps, grâce à ce
renforcement, le débit du sang dans les tissus n'est pas modifié. Pour pouvoir exécuter ce
supplément de tâche, le cœur a suivi la loi générale commune aux muscles soumis à uu
excès de travail : il s'est hypertrophié. Cette hypertrophie compensatrice (appelée aussi
providentielle) assure pendant un certain temps le bon fonctionnement de Torganisme.
Mais bientôt l'équilibre est rompu. Le cœur, ne pouvant plus suffire au travail exagéré
qui lui est imposé, se relàt'he. C'est la phase de la fatigue du cœur. 11 ne se remet pas
de cette fatigue; car il n'a plus le moyen de se reposer, A l'hypertrophie succèdent la
dilatation et la distension de cet organe, lequel finit bientôt par être hors d'état de tout
travail. C*est ainsi que meurt le cœur dans les maladies valvutaires : il meurt par
excès de fatigue. 11 est à remarquer que dans Tétiologie des maladies du cœur nous
trouvons fréquemment les grandes fatigues et l'eflort qui, en exagérant raclivité propre
du coeur, ont amené son hypertrophie et sa déchéance consécutive. De môme les émo-
tions morales répétées, qui accélèrent le rythme cardiaque ainsi que les palpitations
d'origine nerveuse, produisent à la longue son hypertrophie*
Ma^geora a étudié les variations simultanées dans le poids et la fréquence des excita-
tions. Quand les poids croissent, il ne suffit pas de faire croître dans les mêmes rapports
les intervalles de repos entre chaque conlractiou; mais la pause de repos doit croître
dans une mesure beaucoup plus large. Étant donné R (rythme) = '1, et P (poids) =
3 kilogrammes, si nous doublons le poids, il faudra tripler les intervalles pour obtenir
la mftme quantité de travail. L'auteur fit aussi varier simultanément le rythme des con-
tractions cl les périodes de repos entre tes expériences. Il est arrivé ainsi à la conclusion
que la quantité la plus considérable de travail mécanique est produite avec la fréquence
de 2" et des pauses de i' après trente contractions. Ou peut arriver, grâce k l'ergographe,
FATIGUE.
lit
à la cannaissance du procédé le plus ëccnoroique d'utilbation de la force du muscle.
Plus récemment. Trêves a fait des çxpérieiices sur des lapins, dont les gaslrocné-
miens ont fourni des courbes erf;i>graphiques; eicitatioris électriques maximales appli-
quées sur la peau de la région du nerf scialique, travail en surcharge (avec appui dans
rinlerTalle des contractions). Ses conrlusion^ sont les suivantes : l^ le maximum de tra-
Tail dont un muscle est capable correspond toujours à un poids déterminé, et 2^ ïes
contractions que le muscle exécute avec un poids donné à toute charge sont plus hautes
que celle» qui sont exécutées avec le même poids en surcharge.
A. Broca et Cu. Richet ont fait des expériences sur eui-mr'nies afin de préciser dans
quelles conditions un muscle donné peut effectuer sans fatigue nciiabte un travail con-
tinu, régulier et maiimiim. Pour résoudre cette que?4tion ils nont pas étudié les condi-
tions de la fatigue, mais ils cherchaient à faire un elTart modéré, qui ne fatigue pas le
muscle outre mesure. Certaines expériences ont duré deux heures et demie. A Terg-o-
graphe était appliqué un colîe<"teur de travail, donnant Tévaluatipn de felfet utile. Ces
auteurs sont arrivés à trouver les meilleures conditions de travail pour le muscle fléchis-
tscur de l'index : poids tr^s fort, 1500 grammes; fréquence très grande» 200 par minute;
infennittences de 2" de repos alternant avec 2'' de travail. Avec les périodes de repos la
puissance du muscle a pu atteindre le double de la puissance à laquelle iî a pu arriver
par le travail continu^ et cela au prix d'un elTort beaucoup moindre et d'une souffrance
presque nulle» Cette uéc^assité des intermittences pour obtenir le maximum d'effet utile
est expliqué par A, BnocAetCu* lirciiKT par Tafflux sanguin énorme qui se fait dans le
muscle après le travail, et grâce auquel s'effectue la restaura lion du muscle. La vaso-
dilatation post laborem fournit aux fibres musculaires l'oxygène indispensable pour
détruire les produits nocifs de la contraction musculaire.
Le travail musculaire et la fatigue des muselés lisses viennent d être Tobjet de
recherches entreprises par WooDwtJHTa i;l8î>9; et par Colin Stewart (1900), Déjà aupa-
ravant E?<CKtMANN avait montré la grande fatigabililé des muscles de Turètlire chez i&
lapin; déjà une seule contraction est capable de produire la fatigue, car l'action des
excitants mécaniques devient nulle après cette contraction. L'excitabilité revient au bout
de plusieurs secondes de repos, si la circulation est conservée.
Le travail de Coun Stewart a trait à la vessie du chat, La vessie en place montre à
peine quelques signes de fatigue. La vessie extraite du corps peut ôtre fatiguée et se
reposer partiellement pendant plusieurs heure!?i, Enflo, les contractions spontanées per-
sistent pendant quarante-huit heures à la température de la chambre^ et pendant quatre
jours dans le muscle refroidi.
Bibliographie. — Berx8Tel\ (L). Ueber den Einflussder Reizfrequenz auf die Entwic-
keltmu der Musketkraft (A. P., 1883, Suppi,, 88-104). — Binet (A.| et Vaschioe (N.). fiépa-
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d'un muiide en régime régulier (C. K., 1898, cixvu 356). Ùe ^influence du ta fréquence
des mouvements et du poidf^ fiotttevé sur ta puissance maximum du muscle en réqime régulier
{Ibid.f 485). De i*in/luencc des intermittences de repos et de travail sur in puissance
moyenne du muscle {Ibid., 656). — Elntiîoven (W). Veber die Wirkung der Bronchialmusketn
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11^
FATIGUE,
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kel {Ibid., lS9o, ux, 39SS-402), Weitere Untersnckungen ûber den Einflms der Spannung auf
den Zuckungniverlauf (îbid., Lxr, 1895, 77-1 OIî). — Stewart (Colîn C.) Mammalinn Smooth
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Einfîuss einiger uUlkûrlich Verdnderlich, auf die luckungshôhe des untermaximal gereîztcn
Muskeh {Ber. d. mat hem, phfjs. Ctasue der mchs, G es. d, Wiss,, 181S). Veber àtmkel-con*
tractur im Gegcnsaiz zu Contraction [A. g. P., 1870, xiii, 71-83). — Tigerstedt {MittheiL
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dlung ûber die Contrôle der Mu^kekrmâdung (A. P., 1862). — Wede.nskl Einige Bedingungen
zwischen der Beizstàrke und der Tetanu^hôhe bei indireeter Beizung (A. f/- P., 1885, xxxvii),
— WoomvofiTH (R. S.). Studies in the contraction of smooih Muscle (Amer.Journ. of Physio-
%y; NI, août 1899).
Voir aussi, p. 62, la Bibliographie relative à la fatigue des nerfs, et p. 103, celle qui
est relative à la fatigue des terminaisons motrices. En elfpt les bibliographies spéciales
ne contiennent pas les indications bibliographiques données antérietiremetit» quoique
les auteurs soi eut maintes fois mentionnés dans le texte.
^ 5. Les effets de la fatigue sur la thermogéaèse du muscle. — Le dégagement d'énergie
qui se fait dans le muselé an moment de l'excitation se nrontre (abstraction faite de
rélectricité musculaire) sous forme de travail extérieur on sous forme de chaleur (tra-
vail intérieur). Ce dégagement de chaleur^ qui se fait déjà dans les muscles inactifs,
augmente d'une façon marquée au moment de la contraction. Fjciî a montré que le tra-
vail cbimique est plus fortement limité par Tétat de fatigue que le travail mécanique. Il
y avait donc lieu de supposer que pendant le tétanos isométrique îa chaleur développée
serait plus fortement limitée par la fatigue que la teusion. On sait aussi que, pendant
le tétanos, le travail chimique décroît progressivement malgré la persistance de la ten*
sioo. Les rapports ne sont pas les mêuies dans le tétauos isométrique. Une augmentation
de Tintensilé de rexciUtion produit encore une augmentation du travail chimique,
alors qu'un accroissement de tension ne peut plus se faire, et même on observe déjà ujie
diminutiou de tension par eiïet de la fatigue, malgré Taugmentation de l'excitation.
Ainsi FiCK a montré qu'une augmenlation de t'inlensité de Texci talion piodoit dans le
tétauos isoniiHriquH; un accroissement notable de chaleur, tandis que la tension est déjà
diminuée par lafaligue.
En IBBo, FicK lit des recherches sur Tinfluenco de la température sur la chaleur
dégagée pendant les contractions iso Ioniques ou isométriques. Il vit qu'à 27^ le rapport
entre la chaleur dégagée par la euntraction isométrique et la contraction isotonique
(désigné par -^ J était égal à 1,1, tandis qu'au-dessous de 10* il est égal à 2,1. La diffé*
FATIGUE.
1Î3
reii
Kl'
^1a c
MM
renée entre les contractions isométrique et isotonique au point de vue du dégagement de
lialeur s'accentue donc h des températures basses. Schenck a confirmé ces doiinées,
différeuce s'accentue avec un abaissement de terapératore, tandis ♦jo'elle diminue
ivec le potdSt au point qu*avec des poids très lourds et à des températures très t^levées
contraction isotonique dégage plus de chaleur que la contraction isoméfrique* Avec
des poids légers, ta contraction isomiHrîque dégage dans tous les cas plus de chaleur,
même dans le muscle surchaufTé. Mais, toutes conditions égales, la valeur du quotient
gst moindre pour le muscle surchaufTé. Ces données sont intéressantes ù connaître pour
être comparées avec les phénomènes qui se passent dans la fatigue, La fatif^ue égalise
la chaleur produite pendant la contraction tsotonique et pendant la contraction isomê-
Irique.
L41 quantité de chaleur dégagée dépend aussi de la fatigue: plus, par suite d*excîta-
lions successives antérieures, le travail mécanique du muscle diminue eu égard à Texci-
tant resté constant» plus aussi diminue la production de chaleur. Les deux quantités ne
minuent toutefois pas d*une manit>re égale : la chaleur diminue plus vite que le tra-
Tnil mécanique; de telle sorte que nos instruments actuels ne démontrent dtjà plus de
production de chaleur, alors qu*? le muscle peut encore produire une quantité de travail
ipprécîable. Du mmde fatigué dégage moitis de chahur iHbidenhaix). La diminution de
ihaleur apparaît même avant que la fatigue se soit manifestée par une diminution
du travail. La fatigue d'échaulîemeiit débute après la lîn du phénomène de l'escalier,
quand les secousses sont devenues égales aux secousses primitives. Pendant l'escalier
l'échaufTement augmente. Si Tescalier fait défaut, la chaleur ne varie pas pendant les û à
8 premières contractions (Hejdenhain). Quant à la chaleur dégagée par le tétanos^
HiiDENBÂiM a vu que, si Ton tétanise plusieurs fois un muscle, la chaleur dégagée dimiime
d'expérience en expérience plus vite que la hauteur du tétanos. Ainsi donc, pour le
tétanos aussi bien que pour les secousses isolées, un muscle fatigué prodoit» par rapport
au travail mécanique, moins de chaleur que le muscle non fatigué. La fatigue de cha-
leur survient plus vite que la fatigue de la motricité.
En i886, LuKJANOw fit des recherches thermomélriques sur des chiens dont ît ané-
miait les muscles par la ligature de raorte; il étudia parallèlement ta chaleur dégagée
et la contraction muâculaire*j la marche de réchaulFement en fonction du temps;
rjnfluence des excitations d'égale intensité, mais de fréquences dilférenles; rintluence du
poids. Quîind un muscle exsangue a été épuisé par une série d'excitations longtemps
continues, et que sa puissance de production d<^ chaleur parait complètement abolie, de
sorte que des excitations réitérées n'amènent plus d'augmentation dt> température du
muscle* le repos et le retour de la circulation (on détachait la ligature de l'aorte) peuvent
ranimer la puissance calorigène qui paraissait perdue. Le retour de la puissance calori-
gêne du mu^^cle épuisé se produit assez vite; elle est à peu près complète au bout de
" trois minutes environ. Il se passe pour la production de cliateur les mêmes phénomènes-
d'addiliou latente que pour la contraction. Dans les condilious ordinaires, ta puissance
calorigène du muscle diminue à mesure que le nombre des excitations augmente; mais,
cette fatigue de cfntlenr ne décroît pas régulièrement comme la fatiyue de conlraction.
Ces résultats ont conduits Luiuanow à admettre dans le muscle une substance calorigène
distincte de la substance qui fournit le travail, et qu'on pourrait appeler substance dyua-
mogène. Dans le muscle normal, les deux substances sont également excitables. Dan*
^^@ muscle faligné, la substance calorigène est plus excitable, et se répare plus facilement
^Bpie la substance dynamogène; mais elle perd cet avantage par une série rapide d'exci-
^^■ÉMips, et on voit alors te travail diminuer moins vite que la chaleur libre, de sorte qu'on
^mMl avoir des coniraf^liom sans dégafjemenî de chaleur.
f Chauveau fit des recherches, en 1^91, sur les modilications imprimées par la fatigue
I au raccourcissement et à réchauHement musculaire dans les muscles isolés de la gre*
nouille. Nous avons déjà vu que, lorsque If muscle est fatigué, sou extensibilité s*accrolt
(son élasticité diminue) en sorte que la même charge, qui rallongeait faiblement au début
d'une expérience, l'allonge beaucoup plus vers la fin, quand il est fatigué. Supposons,,
dit CuAUvÊAU, que dans les deux cas, psar des excitations convenablement adaptées, on
obtienne un soulèvement absolu de même valeur; réchauflement déterminé par la con-
traction sera cependant beaucoup moindre dans le deuxième cas que dans le premier,
DICT. DIS PUVîilOLOaiK — TOUE VI. 8
f u
FATIGUE-
parce que le raccourciss entent lelatîf du muscle sera moindre, et que, de plus, le muscle,
«nLrainé par l'efTet de la fatigue au delà de ses limites naturelles, absorbe de réuergiaj
pour la reconstilutioii de sa Jougueur primitive. A plus forte raison observera-t-on cetl#]
difTérence d'écbauiïeraeril» si cVst la même excitation qui provoque la contraction da
les deux cas. Le muscle en état de fatigue soulèvera la charge moins haut avant qmi''
d'être en cet état. Comme réchanïTement musculaire est proportionnel au degré de rac-
courcissement du muscle, te raccourcissement relatif de ce muscle sera encore moins
prononcé, et la différence d'échauiïement se prononcera bien davantage* C*est le cas
d'une expérience de Heide,\hain% où le soulèvement de la charge, à ïa fin, s'abaisse à 1/15
de ce qu'lî était au début, tandis que récliauflement du muscle descend jusqu'à l/57,J
il faut donc tenir compte des iutlnences qui modifient la longueur naturelle du mascle.l
Cei* expériences parlent dans le même sens que celles de Chacveau, à savoir que l&l
grandeur de la charge et le degré du raccourcissement iniluent de la même manier»!
sur réchaufTemenl, indice de Ténergie mise en trtivre par le travail statique du niuscle.'
Il eu est de même dans le cas de contraction dynamique. Chauveau a étudié séparé-
ment le travail positif et le travail négatif. Ici encore (travail positif) il faut tenir compte
de l'allongement musculaire déterminé par la fatigue. Sous TinQuence de la fatigue, le
muscle est, en ellet, allongé de plus en plus, ce qui réduit singulièrement la valeur du
rapport de la longueur perduR par le muscle en contraction à la longueur totale que
prend Torgane au repos. Ajoutons que Textension qu'il a subie Texpose à absorber do
Ténergie pour la reconstitution de sa longueur normale. Ces données sont en accord avec
les lois de la thermodynamique musculaire: âous Tinfluence de la fatigue, ta production
de chaleur diminue beaucoup plus vite que te travail mécanique. EL il ne faudrait pas
croire, ajoute Cbauveau» que le muscle fatigué travaille plus économiquement que le
muscle frais; ce n'est pas le muscle fatigué qui travaille plus économiquement, c'est le
muscle suraiiongé qui se raccourrU fort peu. Du reste, ce n*est pas seulentent a?ec le
muscle fatigué qu'on a constaté que la production de chaleur diminue plus vite que la
hauteur de sontèvemi^nl de la charge. Nawalicuin, sur les muscles non fatigués, a vu que,
si l'on a te choix de soulever on poids à une certaine haut*^ur par une série de petites
contractions ou par une seule grande, ta première méthode est plus avantageuse»
parce qu'elle permet d*accomplir le travail avec moins de dépense d'énergie chimique
que ta seconde. Quand les charges sont soulevées par une grande contraction, une
partie de l'énergie paraît se dépenser en pure perte.
Kn résumé, la fatigue, et rallongement musculaire qui en résulte, apportent des modi-
fîcations importantes aui manifestations des phénomènes thermiques de la contractiou.
Le muscle allongé devra en reprenant sa longueur primitive alisorber une certaine quan-
tité de chaleur; donc l*organe se refroidira. Il en résulte que, dans la fatigue,
réchauffement déterminé par la contraction peut être neutralisé par le rerroidissement<f
qulmphque le retour spontané du muscle à sa longueur normale de Tétat de repos. Nous
voyons ainsi que : 1^ le^ muscles allongés sous tlnfîtience de la fatifjue (ou de l'accroisse-
ment de la charge) se raccourcissent et s'échauffent fnoins, û simlèvemeîtt égal des charges^
que quand ils ont leur longueur normale. Il faut, en effet, faire une distinction entre la
hauteur de soutien ou de soulèvement de la charge et le degré de raccourcissement du
niuscie. La hauteur de soulèvement est la quantité absolue dont le muscle se raccourcit.
Le degré de raccourcissement est le rapport de cette quantité absottie à la longueur
normale du muscle à l'état de repos. Tout ce qui modillera celte longueur normale chan-
gera la valeur dudit rapport, quand raôme le premier terme de celui-ci, c'est-à-dire la
hauteur du soulèvement, ne changerait pas ; 2"^ Quand les muscles isolés^ en t^lat de relâ-
che ment ^ s'allongent sous l'influence de la fatigue, ih perdent de la chaleur (Chauveau),
Bibliog^rapMe. — Aesonval (a'). Sur la mesure du travail en ihermo-dynamiijue ani-
inak iJi. B,, 1895). — Blix. Zur Beleuchtung der Frage, oh Wdrme bei der Muskelcontraction
sich in mechantsche Arbeit umsetze (Z. B., xxi, 1885, xii, 190). — Béclard. De la contrac-
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févr. mars 1861) (t\ R. l, 47t, 1860 . — Béclaro et Breschet. Mémoire sur la cMleur
animale (Ann. de Chim. et de Phys,, 1835, 257). — Chauveau (A.). Comparaison de Vèchauf-
fement iiu'éprouvent les muscles dans le cas de trûvail positif et de tramil négatif (C. R.,
cxxF, 1895;i; Les lois de Vcctumffement prûduit par la contraction musculaire d'après lu
FATIGUE.
ftS
• OC
IpàC
z
tapëfitnoes mr tes mmdf» isolés (A. de /»., 1891. 20-40); La vie et i*énergie efnz tanimal,
Pam, 1894, 10 et suiv, — Danilewsky. Therowd. Untcrs. der Muskcln {A,r/.P., xx\, 109,
1880); Veàer dU Wùrmeproduclion und ArbeiiteisturiQ der Muskein (Ibid., 1882, xxx); VVr-
che diê itûUigkeit des Principes der Energie hei der Muskelorbeit ej^erimentell zu bewei*
H, Wiesbaden, 1889. — FiCR (A.i. Myothcrmischc VnlcrsucJLumfen, 1889; Neuc Betlrûge zttr
t'untniîi& ton der WitrmeeHltvickltwti im Mtisket[A,g, P., Li, 1892» li^ï-M^); Myothcrmische
Fragen und Vermcke {Pht/s, med, Gesel, zuWnrzbwy, 1884, xvtu); Mcckanische Arbeit und
M'anneeniwicklung hei (ter MuskeUhàt*ykei( [internat, Wissensch. Bibl., Leipiig, 1882);
Jeber dk Abhângigkeit des Stoffumsatzes im tetanisirlen Muskcl von seiner Spannung
[A* g. P,, 1894, Lvii, 65*77). — Grefe (H.). Veber den Einfîtm der Reizstàrke auf die Wér-
Hekiung im TetanhUi{lbid,, 1896, Lxn, 111-130). — Laborde. Modifimtioiu de h tetn-
iire liées au travail musculaire (fî. H,, I88G, 297). — ïatkianow. Warmeiieferuwj und
Arbtitskraft de^ btutteeren Sdugethiemmskels [A, P., 1886. Supp.^ 110). — iMeyersteln et
i TmiiY (Henle und Pfeiffers Zeiùichr,, xx, 45, 1863), — .Mbtzneh (R.). Veber dufi Va-kailniss
^Êf»on Arbeitski^tung und Warinebildung im Muikel {A, P., 1893, Suppl.y 74-152). — Nawa-
^Bucoiif. Myothermische Untersuchungen (A, g. P., iiv, 1870, 293). — Nehring. Veber die
^MWâi-rnebildung bei Muskellhatigkeit {D., BerlÎQ, 1896). — Hosej<thal (J.). La caiorimétrie
^^htpiotogique \A, i, B., 1891, xxr).
^H I 6, Les effets de la fatigue sur les phânûmènei électriques du muscle. — L^état de nos
eounaissances sur ce poini de la physiologie est irrs imparfait, car jusqu'à présent nous
ignorons quel est le rôle des manifestations électriques dans les transformations éner-
^Lgêtîques; bien plus, la nature physiologique de la variation négative a èXt* mîse en doute
^■par certains auteurs. Nous croyons que» pour résoudre la question, il ne sullU plus
d'étudier les rapports entre la variation négative et le travail mécanique, mais qu*il
faudrait étudier paraïlèlement le travail mécanique^ Télectrogi^nèse et la thermo^énèse;
non pas qu'on s'attende à trouver dans tous les cas un parallélisme conipïet entre ces
trois manifestations vitales du muscle, mais parce qu'il s'agit de déceler la part qui
revient au pUénoraène électrique dans les translormaliotis énergétiques qui se pro-
^^<luîsent dans le muscle en activité. L'étude de ta fatigue pourrait être ici d*un grand
^P secours, comme elle Ta été dans d'autres domaines.
Les phénomènes iL'alvaniques du muscle, comme les autres manifestations vitales,
augmentent avec Hntensité de Texcitation; elles atteignent uti maximum ^l disparaissent
{)rogressivement avec la fatigue. Habless a vu l'intensité de la variation négative aug*
menter parallèlement à la conlraclion (I8:i3), et Laiiaxsry (4870) trouva que le courant
d'action du gastrocuémien augmente avec la charge du muscle.
Deux poinls importants restent acquis relativement au courant électrique du muscle :
!• sous Tinfluence de la fatigue (tétanisation prolongée) nous voyons disparaître d'abord
la contraction musculaire, el en second lieu la courbe de la variation négative; par con-
séquent la variation négative est plm résistante û la fatigue que la contraction: 2° la
variation négative du muscle est beaucoup moins résistante à la fatigue que ia variation
négative du nerf: la variation négative du nerf est infatigable. Cela tend à prouver que
Ja fatigue survient plus rapidement dans le muscle que dans le nerf.
Si l'on compare les rapports de la variation négative et de la contraelion musculaire
, (travail mécanique) d'une part, et les rapports de la chaleur dégagée et de la contraction
musculaire (travail mécanique) de l'autre, nous voyons que, sous V influence de la
fatigue, il y a disparition de ces trois manifestations dans l'ordre suivant : 1" chaleur
2" contraction^ 2^ phénomène ékcirique. Ainsi le dégagement de la chaleur est le premier
à disparaître, et il arrive (fait en apparence paradoxal) quun muscle fatigué fournit
encore des contractions très appréciables, continuer dégager de rélectncilé; mais que
tous ces phénomènes ne sont plus accompagnés d'un dégagement de chaleur. A une phase
I plus avancée de la fatigue musculaire, la contraction elle-même disparaît, et le phéno-
^^ mène électrique persiste seul, témoignant ainsi que rexcitabititê n'est pas totalement
^B éteinte.
Sous riniluence de la fatigue nous avons donc une dissociation des trois phénomènes
physiologiques qui ordinairement se présentent simutlanément dans les conditions
normales. La fatigue a décelé des résistances qui n'étaient pus les mêmes. Aussi n'est-ce
qu'avec une très grande réserve qu'il faut envisager les conclusions de quelques physio-
il6
FATIGUE.
logisles, qui reTuseiit à ta variation négative la propiiété d^être une manifeslalion vitale,
en s'appuyant sur ce fait qu'elle persiste mÔme sur des nerfs morts en apparence ou
mourants; car leur excilatîoïi n'est plus apte à éveiller la contraction musculaire, La
dissociation de la cbaleur et du travail mécanique ^iis rinllueiice de la fatigue montre
en eiTet cju^une dissociation pareille est d'ordre physiologique et peut se présenter
sur un muscle vivant el excitable. La variation négative pourrait tHre le dernier phéno-
mène vital à disparaître, étant douée de la plus grande résistance à la mort. D'autre
part» ces faits viennent contlrmer le bien foudé de Topinion de Hebken relativement à
l'action du curare sur les nerfs moteurs : il est impossible de chercher des preuves de
la noiî-altération du nerf par le curare en se basant sur la persistance de la variation
négative dans le nerf; il est fort probable que^ dans le nerf curarise, la propriété de
conduire ta vibration nerveuse est abolie, sans qu'aucune atteinte ait été portée au
phénomèue galvanique.
Tous ces rapprochements nous sont personnels» mais dans notre appréciation Dou»
nous basons sur des faits démontrés; il convient de citer dans cette étude les noms de
Weoeîssky, Eues, Waller, Sanderson, L. Ukruann, Morat et Toussaint, Uivière, etc.
Wereksky employa en 1883 le téléphone pour rendre sensibles à l'oreille les courant
d'action du nerf ^ciatique de grenouille et du muscle. Tandis que le muscle excité c^sse"
bientôt de répondre en raison de sa faligabilité, le nerf continue à résonner sans inter-
ruption pendant des heures. Edes (1892) trouve que la variation négative du muscle
tétanisé cesse au boui de i-2 heures; mais que celte du nerf persiste encore au bout de
3 heures sans modificalious. Walleb (1885) s'est occupé spécialement de rordre de dispa
rition des etfets mécanicpies et des eïTet» électriques de la contraction dans la fatigue.
C'est à lui que nous devons d'avoir bien mis ces points en relief. 11 est certain que la
contraction disparaît avant la variation négative dans un muscle fatigué, mais on n'est
pas encore défmitivement fixé sur la durée des ptiénoménes électriques dans un muscle!
fatigué. Suivant Sceonlefn, la fali^'ue vient modifier assez vite le courant électrique du
muscle. D*aprés Fleischer (l&OO), la grandeur du travail mécanique ne possède aucune
influence sui la variation négative. Hivière, qui a bien étudié les rapports qui eiistent
entre les phénumènes électriques de la conlraction jJiusculaire el le travail mécanique
produit^ trouve, au contraire, qu'en faisant travailler lenmscle avec des poids différenU^
la force éleciro-mulrice dii courant d'action d'un muscle exécutant un certain travail
extérieur augmente à mesure que ce travail devient plus grand (une conclusion sem^|
blable ne signifie point, dit l'auteur, que la quantité d'électricité apparaissant pendant
la contraction s'accroisse de la même manière).
L'iniluence de la fatij.tue isométrique sur la variation négative ne parait pas encore
complètement établie. L'inlensité de la variation négative dans la contraction isomé-
trique sans fatigue est déjà tiès discutée. D'après Meissneu el CouN, lu variation néga-
tive d'un muscle excité et qu'on empêche de se raccourcir [procédé isométrique) est
moindre que dans la contraction iso tonique. L\mansry, Hivière aftîrment le contraire.
D'après ScuEiSXK, la tension du muscle au repos, et à plus forte raison d'un muscle fatigué
et tétanisé (qui présente déjà un alîaihlissement de la variation négative) a pour effet de
diminuer le courant d'action; mais la tension d'un muscle non fali^i^ué et tétanisé, qui
présente une variation négative notable, a pour elTel d'augmenter le courant d'action.
On peut supposer, ajoute Schench, que la tension a pour effet de diminuer la variation néga-
tive dans les deux cas^ mais que, pour le muscle frais» cette diminution est compensée
par une auymentatinn due a l'excitation; le muscle fatigué esL en etîet moins sensible
à Texci talion que le muscle frais.
MoRAT et Toussaint ont étudié rinfluence de la fatigue sur les varialiona de Tétat
électrique des muscles pendant le tétanos artiticieL Pour mettre en évidence les varia-
tions électriques^ ils se sont servis du tracé de la patte indiiile. Ils ont montré que, de
même que les contrat^tions intermittentes qui constituent te tétanos sont transformée*,
en un travail continu, les oscillations concomitantes du courant miisciilaire peuvent'
être atténuées au point de fixer le courant musculaire en état de variation négative
presque constante, et cela par le même procédé, c'est-à-dire en obtenant une fusioo
plus parfaite des secousses composantes du tétanos. Tout tétanos, provoqué par un
nombre relativement peu fréquent d'excitations, s'il se prolonge un certain temps, pré-
FATIGUE.
HT
i
tentera trois phases, nullement dislinctes dans son propre graphique, mais qui se tra-
duisent dans le tracé de la patte induite par trois phases bien nettes, correspondant à
des étais électriques difTérenU du muscle inducteur : V phase : les secousses brèves
du tétanos inducteur, que le graphique montre déjà fusionnées, s'accompagnent en réa-
lité d'oscillations accentuées de la variation négative (tétanos induit); îî« phase : la
fusion des secousses devient de plus en plus complète (chute graduelle du tétanos
ioduit]; 3' phase : les secousses composantes du tétanos s'allongent de plus en plus,
les oscillations électriques s'allénuent au point de ne plus provoquer de réactions dans
la patte (ïalvanoscopique (cessation du tétanos induit).
Nous passerons sous silettce les autres particularités de l'étal électrique du muscle
qui sont modifiées par la fatipue, car leur eiposé demanderait une révision de presque
tous les points essentiels Je IV lectro- physiologie. Rappelons seulement que, si Ton relio
le circuit du galvanoraélre à ta partie moyenne d'un muscle intact et à ses extrémitési
on constate au moment de Texcitation deux phases, d'après Heïimann : I" une première
phase dans laquelle le courant est dirigé dans le muscle du milieu vers les extrémités
{courant niterminal); 2*> une deuxième phase, dans laquelle le courant est dirigé des
extrémités du muscle vers le nrilieu du muscle (courant abterminai). La seconde phase,
qui est nioms accentuée que la preinitTO, manque complètement dans la fatigue et au
moment de la mort. 11 existe en outre, d'après Hebuann, une espèce de courants qu*il
nomme dtxrcmefitieis, qui sont dus à la ditTérence d'intensité de Tonde d*excitalion aux
deux points d'application des conducteurs du circuit fîalvanométrique; celte diminution
de fintensité n'existe pas dans les muscles tout à fait frais; mais ces courants sa
montrent dans le tétanos, sous l'influence de ta fatigue et de toutes les causes qui dimi>
nuent rexcitabililé du muscle. Ce « décrément » s'accentue de plus en plus avec les pro-
grès de la fatigue, et il est la cause de la disparition de la phase abterminale. D*aprés
Dd Bois-Reymond, les courants décrémentiels n'existeraient pas dans le muscle k l'état frais,
maïs seulement dans les muscles fatijiués ou mourants. UsaMANN confirma plus tard lui-
même cette manière de voir. Le « décrément i^ est une conséquence de la fatigue ou de
la inoit.
Bibliographie. — Dn Bois-Revmomo (^l. P., 1870, 364 et 3601 — Edes (R, E.) (J. P.,
1892, xiJi, U14é9). — Flkisciier (F.)- Ueb^r cinen neuen Mmkelindicator und uber die
négative Schwankunfj des Muskehiroms bei verschiedener Arbeitsieiatung des Mmkets {A* g» P.,
1900, Lxxxiv, 300). — Habless (Anz^ d, baier, Acad., xxxvn, 1853),— Mobat et Toussaint,
Inltueticc ti^ la faiitiue $ur les varialions de i'étut ékctrique dea mmcies (C* R., 1876» Lxxxni,
155-157). Variaiions de tetat Hectriqite des mw.sc/es dans ies difff'rents modes de conlracHùn
(A, deP,^iHTit 150). — Mahtius (F.). IHstorisch'kritischc und ej'perimentelk Sfudieu zur
Physiotofiie des Telanus (A, P., 1883, 542-592)* — Rivière. Variations étectriqm& cl travail
mécanique du muscle {Annaîes d'Êlccîrobiohgie, 18M, 492). — Sandebson (J, B.). The etec-
irical respome to stimukttion ofmuatle^ and its relation to the mechameal respome (J. P.,
1895, xvnr, 117-150). — ScuEwcJi (Kh.). Vebcr den Einpuss der Spannung auf die « négative
Schwankung » des Mmkelstroms (A. g. P., 1896, 63). — Waller {A.) {Brit.med. Joum.,
1885, i:ir,-!38}.
§ 7, Influence de la fatigue musculaire sur la mort du muscle. — L'influence de la
latigue sur la survie des muscles était déjà coimue par les physiologistes anciens. Jean
^Cller signale dans son Manuel de Phi^sit^loffie (1845) des expériences rapportées par
AuTE.NAi£T& : « Lorsque» prenant deux lambeaux égaux de muscle sur un animal qui
Tient d'être lue, on provoque de petites convulsions dans Tun, avec la pointe d'un cou-
teau» tandis qu*ûn aliandonne Tautre à lui-même, on voit le premier perdre d'autant
plus tôt sou irritabilité qu*il st; meut davantage. Los hommes et les animaux qui sont
mor Is à la suite d'un violent déploiement de forces, comme par exemple un cerf forcé à
la chasse, se put relie jit même plus rapidement» à ce qu'on prétend, que ceux dont la
mort a été causée par la perte loLile du sang. Ln muscle enlevé ii un animal em^ore irri-
table se putréOe bien plus vite, lorsque avant la mort on a excité en lui de fréquentes
contractions, qu*un autre tout semblable qu'on a laissé au repos. «
Beau.ms a vu la rigidité cadavérique commencer immédiatement après la mort sur
des lapins soumis à des contractions musculaires intenses et répétées. D'après Bïiown-
Séqcard, plus Tirritabililé musculaire est prononcée au moment de la mort, plus la
It8
FATIGUE.
rigidité cadavérique met de temps à se rnontrer, et plus elle a de durée. EUe apparaît
plus vite et dure moins longtemps chez les aiiimaui surmenés. Dans ses belles étudesi
sur la rigidité cadavérique, Catherine Srjiti'iLni-F (1889) observa une rigtditë cadavérique
précoce dans les muscles tétanis<5s par un courant électrique ou bien dans la mort
survenue à la suite du tétanos strjchnique. Nagkl a représenté graphiquement la courbe
de la rigidité cadavérique des nmscles fatigués et des muscles non fatigués. De deux
jambes d*iine grenouille, la première était tétanisée, la seconde préservée par la section
du nerf. Le muscle tétanisé se rigidifla seize heures avant rautre; ïa ligne d'ascension
de la rigidification est plus escarpée pour le muscle tétanisé, mais la hauteur, c*est-à- i
dire le degré de raccourcissement, est moindre. Wusdt avait vu (ju'un muscle fortement
chargé devient plus rapidement rigide qnun muscle peu chargé, Shkencr, recherchant sÎ
la fatigue n'exerçait pas une inlluence sur la force de raccourcissement dans la rigidité
cadavérique, trouva une prédominance tantôt pour le muscle non fatigiié, tantôt pour
le muscle fatigué.
Quel esl îe mécanisme de rapparition hâtive de la rigidité dans les muscles fatiguést
On admet généralement que ce phénomène résulte de Faction, sur le moicle, d'un sang
pauvre en oxygène, riche en produits de désassimiïatlon. A Tappui de cette hypothèse
Ch. RicaET fait rexpérience suivante : il coupe le sciatique d'un lapin et tétanise l'ani-
mal, puis il le sacrifie. Il voit alors la patte dont !e s<'iatique a été coupé deTenir presquo ^
aussi vite rigide que l'autre, bien qu'elle ait échappé aux convulsions des autres membres.
De nombreux faits plaident dans le même sens : Taugmentation de substances réduc-
trices dans le mus«'le létanisé, les effets désastreux de la contraction musculaire ana-
érobie, et ce fait, observé par J, ïoïKYROr que la contraction dans un milieu privé d'oxy-
gène (hydrogène pur) est suivie d'une rigidification du muscle plus rapide que dans
l'air atmosphérique. Toutefois Texpérience de Cu. Richkt a donné un résultat opposé à
Tissot; mais les conditions expérimentales n'étaient pas les mêmes (tétanos strychniqne
chest le chien auquel on fait la respiration artificielle pour prolonger le tétanos). Dans
une expérience, la rigidité a commencé à être apparente dans le membre énervé (section
du sciatique, du crural eL de lobturateurj au bout de deux beures et demie, tandis que
dans Tautre elle était complète au bout de trois lieures et quart. D'après le même expé- i
rimentateur, Tinanition a le même elTet que le travail : rapparition de la rigidité est
rapide, et sa durée abrégée.
Bibliographie. — AuTBNiiETH. Ph^miogie, \, 63 (cité par J. MiLLEa). — Be\uxis.
T. de Physmiogie, 1888, i, 599. — BïEaKREUND {A. î^ P., xliiï, 195). — Latimbr (Caroline W.).
On ihe jnodifieaiion of rigor mortis î^esuUing from previoits fatigue of the muscle in caW-
bioodcd animah iAmer. Journ, of Pht^sîoî,^ 1808, n, 20-46). — Nagel (W. A.). Exp. Unters,
ûber die Todtmstarrc bel KaUbhmrn (A. g. P., 1894, lvui, 279-307). — Schkxck (Fr.),
Unters, ûber dit; Nainr einiger DauercQntractionen des Mu:>keh (A. g. P>p i89î>, LXi, 494-
553), — Scuo'JLOFF (Catherine). Recherches sur la nature et tes causes de la rigidité cada-
vérique {Hev, méd, de la Suis&e romande^ t889L — Tissot (J.). Études des phénomènes de
survie duns les muscles après la mort générale. Thèse de la ¥ac, des Se, de Paris, 1893.
IL — INFLUENCE DE LA FATIGUE MUSCULAIRE SUR LA
CiRGULATION ET LA RESPIRATION
La eîrculation devient beaucoup plus intense dans un muscle en actiWté, fait établi par
Cl, Bernard (Levons :iur lei liquidci^ de l'organismt\ 1859. p. 325), Luawio et ses élèves,
Gbauveau et Kaufma.xn, Sadleh et Gaskell, élèves de Ludwig, virent la vitesse de Técou-
lement sanguin augmenter pendant le tétanos musculaire; ils en conclurentque les vai*--
seaux qui traversent les muscles se dilatent pendant la contraction. Au contraire, (
HuMtLEwsKv affirme que les modifications circulatoires dans les muscles qui travaillent'
ne sont pas dues à des aclions vaso-motrice», mais bien à des pliénomènes mécaniques,
provoqués par la contraction musculaire sur les vaisseaux qui traversent rintimité du
muscle ou qui sont en rapport immédiat avec lui. Kaufmann pense qu'il faut faire ici
une distinction rigoureuse entre les effets d'une excitation artificielle et ceux d'une
excitation volontaire; dans le premier cas, en excitant un nerf moteur, on excite en
même temps les libres sensitives. Ses expériences furent faites sur le muscle relerear
FATIGUE.
119»
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de la lè?re chez le cheval, qui intervienl dans Tacte de La masUcation, et dont la circu-
lation de retour se fait par une seule veine, très accessible à rexpérimealation. Il con-
stata un débit cinq fais plus «considérable pendant ractivité que pendant le repos.
Il admit que l'activité pbyâioKogique des muscles s'accompagne d'une énorme vaso-
dilatation, et que celle-ci s'établit dès le d^hut du fonctionnement et disparaît insensi-
blement lors du retour des muscles à TéLat de repos. Atka^nasilî et Cabvallo ont étudié
ces niâmes phénomènes à Faide du plélhysmoa^rapbe de Mosso. Ils ont vu que : I* pen-
dant la contraction permanente des muscles fléchisseurs des doigts, le volume du bras^
eVfl-i-dire la quantité de sang qui s'y trouve, diminue considérablement. La vaso-dilata-
lion ne devient manifeste que lorsqu'on arrête la contraction; 2*^ le pouls s'accélère pen-
dant la contraction, et reprend tout de suite son rythme normal, aussitôt que la con-
iracUoQ a Uni; 3^ si, au lieu d'une contraction unique, on fait une sétie de contractions,
le Tolume du bras diminue au commencement du travail, mais bîent(!^t il ga^ne et
dépasse le niveau normal; 4* le co'ur est acuéiéré pendant la phase d'activité des
muscles; 5° si Ton travaille avec le bras opposé, en maintenant celui qui est enfermé
dans le pléthysmographe au repos (Fb, Francr), on constate des modillcations inverses.
Le volume du bras eu repos au^^mente légèrement pendant que Tantre travaille, puis il
diminue ^^'raduellement lorsqu'on cesse les contractions.
Ainsi le cœur accélère ses mouvemenls et lance dans le syslôme artériel une quantité
de sang plus considérable pour lutter contre la vaso-dîlatation périphérique qui s'établit
lors de Tactivité musculaire; la pression se mainlient donc élevée dans les gros troncs
artériels malgré la vaso-diïatation et l'abaissement de pression dans les artères mus-
culaires (KAiifTiANNi. Cette compensation ne peut plusse faire dans la fatigue. Le même
auteur a montré que la pression restait normale pendant rolluredu pas i cheval), mais qu'il
y avait un abaissement notable de pression aortique et carotidienoe, malgré Taccéléra-
tîoti cardiaque, pendant rallure franche* lïans ractivité de nombreux groupes muscu-
laires, le cœur ne compense plus la vaso-dilalation énorme et générale. Cette impuis-
sance cardiaque explique fessouflloment. Il est à noter que les sujets à cœur puissant
maintiennent leur pression normale pendant un léger escercice, mais, pendant les allures
vives, rabaissement de pression est général.
H est très intéressant de constater que rentralnemenl progressrif agit, non-
seutenient en augmentant la puissance à la résistance à la fatigue des muselés de la vie
animale, mais surtout en adaptant graduellement la puissance de contraction an muscte^
cardiaque aux besoins circulatoires du système locomoteur.
D'après Marsy, le phénomène deraccélération cardiaque, à la suite du travail, tient à>
rabaissement de la pression sanguine
D'autre pari, Oertel, MAïiiiovirca et Rïebeh, ont vu chez Thomme^ en mesurant la
pression sanguine au moyen du sphygmo-manomMre de Basch, que la pression sanguine
s'élevait après le travail, Hcmilews&y constata une augmenlalion de la pression carolî*
dieu ne pendant le tétanos électrique du train postérieur. Atuanasiu et Càrvallo-
afOrmcnt que U pression baisse toujours de quelques millimètres dans le tétanos, Mai&
ces données ne sont pas applicables au travail volontaire.
Ghauveau réussit h mesurer la pression sanguine dans la carotide du cheval pendant
l'acte volontaire de la mastication. La pression sanguine s'élève aussitôt que les^
muscles entrent en activité, en même temps que le cœur s'accélère et que la vitesse de
l'écoulement du côté de la lé te augmente.
Nous pouvons conclure que, pour les mouvements volontaires, la pression centrale
monte constamment dans le travail localisé; elle baisse légèrement dans le travail géné-
ralisé. L'accélération du cœur est toujours la règle.
TàfîGL etZuNTz (1898) ont fait des expériences sur des chiens que l'on faisait marcher
ou courir sur une planche mobile; une des carotides était réunie par une canule à un
manomètre qui indiquait la pression artérielle. La pression du sang, qui chez la
chien assis égale en moyenne à 124 mm. de mercure s'élève à t"28 mm» si le chien
est debout» elle monte à 134 millimètres lorsque le chien marche ou lorsqu'il com-
mence à courir, et à 15! millimètres lorsque le chien a déjà couru pendant plusieurs
minutes sur une pente inclinée en haut, Enfin, dans des cas où le chien était iW^s fatigué
par une course rapide, la pression sanguine avait monté jusqu'à 235 et môme 242 mnv
ito
FATIGUE,
de mercure. Ces expériences concordent avec celles de Binkt et Vaschide, faites sur
rbomme au moyen du spliygmo-nianomètre do Mosso. Nous ne'pouvons que mentionner^
les travaux de Oehtel, Chîvist, Kilehne et Kionka, Haluon et Comtk, Hill, Spkcr, StâbeliuJ
l/iiccord nesl pas complet entre tous ces auteurs» ï^état de la pression san^ine étant Ifl
résultat de très nombreux facteurs.
A. BiNET et J. Courtier oiitjfait des recherches sur Tinfluence du travail musculaire
sur la circulation capillaire avec le plélliysniographe en caoutchouc dellALLiON et Comte.
On peut faire deux catégories distinctes dans les expériences d*exercices musculaires; les
Unes produisant un pouls sihenique; les autres, un pouts asthénique. Le pouls capiMair#J
sthénique est fort et énergique, et indi(|ue un bon état du cœur; la ligne d'ascension*
et la ligne de descente sont brusques; le dicrotisnie est placé très bas sur k lif>ne de
descente, et il a une forme accentuée, rebondie. Le pouls capillaire asthéniqucest faible,
lent; les lignes d'ascension et de descente sont longues; le sommet de la pulsation
est émoussé; le dicrotisme est remonté et a une forme amollie. Les exercices qui pro-
duisent tin pouls astbénii|ue sont les exercices d'ensemliïe d'inlensité modérée* dont la
marche est le meilleur exemple. A la suite d^arie marche d'une demi-heure, d*une
heure, et plus encore, si on met la main dans Tappareil, on oblient un pouls bien dif-
férent de celui qui s^inscrivait avant la marche; le pouls est plus rapide, ce qui tient i
Fio. 14. — (D^apréft A. Binkt fi Courtier)
Potils radial sthénique.
Fïo. 15. — (Diprôs A. Bikkt cl CouRTisa)
Potilt radiftl a«théIl^^o.
à
l'accélération du cœur et de la respiration. Ce qui est tout 4 fait caractéristique, c'est
rabaissement et l'accentuation du dicrotisme. Le second groupe d'exercices muscu-
laires comprend des exercices locaux {pression au dynamomMre, efforts de position,
faradisation, etc.)» qui durent peu de temps et amènent a leur suite une fatigue pro-
fonde. Le cteur, la respiration sont accélérés^ mais beaucoup njoins que dans les exer-
cices de la première catégorie; ils amènent avec jurande rapidité l'asthénie du pouls
capillaire; chez quelques-uns une pression de 31) kilogrammes maintenue au dynamo-
graphe pendant 10 à 20 secondes suffit à modifier la pulsation et à en amollir le dicro-
tisme, ce qui est un signe de fati|^ue. Chez certains individus, le tracé capillaire est on
réactif extrêmement délicat permettant de déceler la moindre Ijace de fatigue; il va
élévation du dicrotisme aven atténuation, ce qui constitue Taslbénie de la puisai ion,
La fatigue produit une diminution du tonus vasculaire qui se traduit par un amollis-
sement du dicrotisme. La première manifestation de la fatigue serait donc circulatoire
(Voir Ji^. 14 et 1,'ii.
L'accélération cardiaque accompagne constamment le travail musculaire. Chauv^ead
et Kalxsiann, Athan asïu et Carvallo ont montré qu'il n'y a pas de rapports de cause à
etfel entre les variations de la pression sanguine qui accompagnent le travail musca-
lairp. et le phénomène de laccéléralion cardiaque; ce dernier phénomène précîtde tou-
jours le premier. La pression cardiaque baisse si Taccélération cardiaque ne sufllt pas
à compenser la vaso-dilatation périphérique; au contraire elle augmente on se maintient
lorsque le jeu du cœur s^accroîl considérablement. L'accélération respiratoire qui
accompagne le travail musculaire n'est pas non plus la cause de l'accélération car-
diaqtie; cai% si l'on quadruple le nombre des respirations sans faire du travail nmscu-
laire, on arrive à 100 pulsations» mais pas davantage (Athanasju et Carvallo). Toutefois,]
si Ton exécute des travaux musculaires de plus en plus intenses, on constate que le
rythme du cœur augmente progressivement. Dans d'autres expériences les auteurs ont
conslalê l'indépendance entre le rythme cardiaque et la quantité d'oxygène inspiré.
Johansson avait émis en 1894 Thypotlièse que Vaccélération cardiaque qui accompagne
le travail volontaire est principalement d'origine psychique; Tanimal étant attaché
FATIGUE*
121
chaqoe mouvement qu'il fait pour se défendre enlraloe une élé talion de la pression
^sanjîuine avec forte accéléralion du cœur. Si ou lui fait faire des mouvements passifs,
I rucoélération est très peu maoifesle. l/aoleur pense que rexcitation sensitive rétlexe
I Ii"est pas ie véritable facteur de raccélératiou cardiaque, mais qu'elle semble plutôt
obéir à ractîon du cerveau sur les centres d*innervalion du ca'ur* l/cxcitatioii méca-
nique directe du muscïe ne donne pas lieu à une acceîéraliun cardiaque (Klkkn).
JoitA^cssoN considère que raccélération cardiaque est d'origine chimique^ et qu'elle tient
à rioloxicatioD du centre cardiaque par certains poisons dérivés de la contraction raus-
, culatre. Il a pu constater en elTet que le oa-*ur s'accélère encore pemlant le tétanos du
I train postérieur à moelle sectionnée; f:'est donc le sang qui esl porteur des excitations
I cardiaques. Ces résultais concordent avec ïes expérierices de Mnsso qui dHmoulra le
premier que le sang des aniniani liitigué, injecté à d'autres animaux do la même
espèce, donnait lieu à des accélérations cardiaque et lespiraloire intenses.
Elles concordent également avec les expériences de fiUpreBr et Zintz, qui, en 188»,
èlablirent par des expériences ingénieuses que raccélération respiratoire produite
par Tactivité musculaire est d'origine chimique. C'est à eux que Ton doit la méthode
d'expérimentation qu'a reprise ensuite Jokansson. Ils produisirent ractivité musculaire
sans exciter les centres respiratoires par la voie nerveuse; à cet effet ils sectionnaient
la muelle lombaire et entretenaient la respiration artiticielle. Dans ces conditions, le
travail musculaire produit par la tétanisation des extrémités inférieures produisait une
accélération respiratoire, tout comme à l'état normal (cUien et lapin}. L'accélération
respiratoire qui accompagne le travail musculaire n'est donc pas d'origine nerveuse,
mais elle est due à rèicitalion chimique des centres respiratoires par le sang modifié.
En esl-il de même pour raccélération cardiaque? Cauvallo elATtiANAsiir ont observé
que Je travail musculaire normal peut auj^menter la fréquence cardiaque par le seul
intermédiaire du système nerveux: eu produisanL l'atiémie du bras par une liaude de
caoutchouc, ou constate une acréléralion très notable du pouls en pressant un dyna-
momMre. On est donc forcé d'admettre l'existence d'une action rétlexe pour expliquer
le mécanisme de cette accélération du cœur* Suivant ces auteurs, les pneumo-gastriques
sont les Toies essentielles par lesquelles se détermine le réllexe musculaire qui agit si
[rapidement et si puissamment sur le rythme du cœur. Us appellent l'atlpiition sur la
différence qui sépare l'accélératiim cardiaque du travail volontaire et raccélération
cardiaque du travail artiiiciel. Dans le prenner cas, Taccélération est soudaine, elle atteint
rapidement son maximum d'intensité et se maintientà cette hauteur tard que dure Tacti-
[litè des muscles. Dans le second cas, elle apparaît relativement tard, et son intensité
|>AU£;mente proportionnellement avec la durée de Factivité musculaire. Enhu^ dans le
uvail artificiel, raccélération persiste beaucoup plus longtemps. Ces deux phénomènes
kiont pas du tout comparables. L'accélération oardiaque du travail normal est tin
phénomène e$sen(ietlemcnt neneux qui api^araît et dispîirall avec rapidité ; raccéléra-
tion cardiaque du travail artificiel est un phéHom**ne tVordre chimiqut', dont la persis-
tance et Taccroissement s'expliquent par ce fait que les principes toxiques qui la pro-
voquent augmentent et s'accumulent dans le san|^ au furet à me>nre que le li avait
continue. Le travail produit par l'excitation centrale est impuissant à déterminer la
formation des substances to^Liques qui agissent sur le cœur; tes muscles qui travaillent
ben voient des excitations vers les centres nerveux supérieurs, qui, dans leur passage
par le bulbe, inhibent le centre modérateur du cœur en augmentant ainsi la fréquem^e
cardiaque. Ce phénomène, dont rintensité semble être proportionnelle à la grandeur
du travail, a pour but la régulation de la pression sanguine. Mais, dans le cas d'un tra*
vail prolooj^é et spécialement de la fatigue, certains corps toxiques prennent naissance
iqui peuvent encore agir en accélérant le cœur (Athanasju et Carvallo).
Les muscles ïatigués deviennent œdémateux; les vaisseaux sanguins dilatés laissent
asser la lymphe en plus grande abondance.
Dans ses recherches sur la physiologie de l'homme sur les Alpes, A, Mosso a étudié
Bs phénomènes de la fatigue aux grandes altitudes. La fatigue rend le pouls irrégulier;
la dilatation du cu^ur, constatée au moyen du phonendoscope de Bjanchi, s'observe déjà
après une heure d'exercice (haltères). Deux causes inlluencent la rnodiJlcation du cœur
Lpeudant la fatigue, dit Mosso; la cause mécanique, qui dépend de la pression du sang;
1
122
FATIGUE.
Tautre, d'origine chimique, loxique, qui dépend des produits formés dans rorgaoisme.
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riL — INFLUENCE DES AGENTS M 0 0 I F I C AT E U R S
SUR LA FATIGUE MUSCULAIRE
g 1. Influence de la température. — Il e?t reconnu qne les phénomènes chimiques,
et par conséquent les intoxications de l'organismet sont plus actifs à une température
éleviie qu'à une température basse. Si donc on admet la nature toxique de îa fatigue
musculaire, on peut s'attendre k voir hi fîiligue survenir plus vite dans un muscle
surchauilé que dans un muscle refroidi. On sait qu'à basse température les poisons
sont moins artils qu7i des températures élevées. Cn. R{chbt a montré que, pour une
grenouille plongée dans de l'eau chloroformée ou alcoolisée, à 0^ les elfet< toxiques
sont presipie nuls; à 32** ils sont immédiats. Ce fait peut être généralisé à tous les orga-
nismes (Ch. MirHET et Laniîlois. Saint-Hil\ire). Or presque tous les auteurs constatent
que l'action de la fatigue peut être assimilée à celle de^i poisons, et qu'elle augmente
avec la température.
ScHML'LEwiTcu avait déjà remarqué »mi 1807 que la somme de travail que peut fournir
un muscle de grenouille est plus grande à une température basse qu'à une température
élevée. CiAd et Heyîians constatèrent que la contraction diminue d'intensité avec Félê-
vation de la température, et ils ont démontré la fâcheuse complication de la chaleur et
de la fatigue. M. Pommlian vit qu'un muscle de grenouille chauffé s'épuise bien plus vite
qu'un muscle refroidi; la fatigue survient d'autant plus vite que la température est plus
élevée. Patrizi confirma ces faits sur les muscles du ver à soie. A des températures
moyennes les contractions atteignent le maximum d'élévation, tandis qu'à des tempéra-
tures inférieures à 18° la hauteur des contractions diminue; mais la faligue t^irde à se
présenter. Après cinq minutes à 0** rexcitabilité se perd, mais le muscle recommence à
travailler facilement, si, au bout de 5 et même de 10 minutes, on élève la température.
Avec Tergographe Patriki constata sur Ttiomme que Télévation de la température
FATrCUE. 1«
(inimersian de Tavant-bras dans de Teau chaade) était défavorable au travail mécanique.
Le même auteur a étudié les oscillations quotidienucs du travail musctiluire, chez
Tbomme, en rapport avec ta température du corps. Il a conslali^ une marche parallèle
des courbes quotidiennes du travail musculaire et de la température. Le maximum
d'énergie a été observé vers 2 heures et demie de l'après-midi (température :n«»,78);
le minimum, le matin (37); une l*?gère augmentation, le soir (37^56) et une diminution,
Ters miauil l'ST'^i. La courbe quotidienne de Ténergie de Thomme est donc semblable
à »a température.
Nous voyons donc que la force musculaire croît quand augmente la température de
Tor^anisme physiologique, qoi est sous la dépendance d*un dégagement plus considé-
rable d^éuergîe chimique. Et cependant, quand nous élevons artificiellement la tempé-
rature dans de très grandes limiter, quoique nous provoquions une accélération notable
des mutations organiques, ce chimisme intense produit des substmces toiiques en
nombre suffisant pour paralyser le mouvement.
Dans ses recherches sur la marmotte, Hahu^el Dubois a étudié Finlluence de Téchauf-
fament sur la fatigue musculaire. Les courbes de la fatigue montrent que le muscle de
Im marmotte chaude se fatigue beaucoup plus vite que celui de la marmotte froide.
Dans le muscle encore froid d'une marmotte en train de se réchaulFer, l'excès de CO*
est déjà en grande partie éliminé, et Toiygène arrive en abondance : c'est pourquoi, dans
ces conditions, le muscle se fatigue difficilement. Le muscle chaud, produisant d&us le
même temps beaucoup de GO-, se fatigue plus rapidement.
BoLLKTT montra que rallongement de la secousse, qui est la caractéristique et le
premier syraptOme de la fatigue, se produit bien plus tardivement dans les mufles des
animaux à sang chaud que dans ceux des animaux à sang froid. Ce fait semblerait
prouver que les muscles homéothermes se fatiguent plus lentement que les muscles
polkilûthermes. Pour éviter rallongement de la secousse dans une série de conlra«Hions
des muscles de grenouille» il faut exciter à des intervalles bien plus f^loignés que pour
les muscles des animaux à sang chaud. Rollett pensa que cette différence était due
à la qualité dilTérente des muscles. D'après Schsncr, ce phénomène peut tenir simple-
ment à une différence de température. Pour s'en convaincre, il fit IVïpérîence suivante :
Deux gastrocnémiens de grenouille séparés du corps sont léUmisés avec le même cou^
rant; Tun d'eux est chautTé à 30". Le muscle chauffé se fatigue plus vite que le muscle
non chauffé. Mais Sghknck expérimentait avec des muscles extraits du corps, tandis
que KoLi-BTT employait des muscles a circulation intacte. i
Nous voyons ainsi que presque tous les auteurs s'accordaient à considérer réiévation
de température comme favorisant Tapparition de la fatigue. Ce point de la physiologie
paraissait très bien éclairci quand parut le travail de Carvallo et Weiss, dont les
résultats plaident dans un sens radicalement opposé. Ces auteurs ont expérimenté sur
le gastrocnémien de la grenouille verte et ont recouru au procédé isolonique et au
procédé isométrique (le résultat a été le niAmej. On décharge un condensateur à travers
le circuit primaire d*tine bobine d'induction; dans ces conditions l'onde éleclriqoe lie
donne lieu à aucune action chimique et n'introduit aucune erreur dans Tétude de la
fktigne. La planchette portant la grenouille se trouvait dans une caisse de zinc où Ton
pouvait maintenir la température voulue à Taide d'eau dans laquelle la grenouille était
plongée. Le myographe se trouvaiten dehors de la caisse de ïinc. La circulation était con-
servée; le nerf était coupé pour éviter les mouvements volontaires de l'animal, et on
excitait directement le muscle gastrûi^némien. Voici les résultats de Weîss et Carvallo^
1» A une température de *20*> le muscle peut répondre presque indéfiniment â des
excitations maximales se succédant à des intervalles de 0 secondes; cVst lu une tem-
pérature optimum, nù la résistance à la fatigue est la plus grande. A partir de là la
fatigue se produit d*autant plus rapidement que Ton s'éloigne de cette température;
2** quand le muscle est épuisé à 0"*, il suffit de le chauffer k 20% pour voir les secousses
réapparaître avec une amplitude égale k celle qu'elles avaient au début. La rapidité avec
laquelle ce phénomène se produit est remarquable; 3'* un muscle fatigué à des hautes
températures ne reprend pas son énergie par un retour à 20*; 4"* Les mêmes phéno-
mènes s'observent sur les muscles anémiés; le maxin\um de résistance est encore à
SO°y et la fatigue se produit d'autant plus rapidement qu'on s'éloigne plus de ce point.
1^1
FATIGUE.
Fatiguons un muscle sans circulalion àO*; il suffit d'élever la température à 20*» pour
toir les secousses réparaître aver une amplitude égale à celle qu'elles auniient eue
sans la taUf^ue préalable à O". On peut aussi élever successive m eut la température du
muscle de 0^ il 3", de 5-^ à 10", de 10° à 15°, de Ï5^ à 20*'; on a à chaque élévation de
température une nouvelle courbe de faligue dont la grandeur diminue a mesure que Ton
passe de O*» à 20^.
Ces expériences ont conduit Wefss et Carvallo a émettre quelques considéra tious
générales sur la nature de la faligue musculaire. Deux hypothèses peuvent servir à
expliquer ces phénomènes : 1** Hiipothé^e de V intoxication. Les produits toiîques dus à
la fatijçue ne peuvent se détruire à basse température. Il en résulte un empoisonnement
rapide du muscle. A 0* ces produits seraient très stables, ils s accumuleraienl facilement.
L'élévation de la température ies détruirait; 2*» Hypothèse de l*u$ut'e. La contraction mus-
culaire serait directement liée à la combustion d'un produit A. Ce produit eiisterail
en quantité limitée, et h mesure qu'il se détrait» il se reproduirait aux dépens d'un
corps B, Cette transformation ne se produirait qu'à une haute température (optimum
20"), Quand tout A est brftlé, le muscle est épuisé, et il faut une nouvelle transformation
de B en A. Au-dessus de 20**, A et B se détruisent» la réparation est impossiblo.
Ils s'appuient encore sur d'autres expériences pour éliminer Thypothèse de poisons.
On peut arriver à détruire A par un autre procédé que la contraction musculaire.
Eu rhauflant un muscle pendant 10 minules à 30*\ puis le refroid issatrt brusquement kÙ^,
on a un muscle qui présente tous les phénomènes du muscle fatigué à 0*». Il est abso-
lument inexcilable; mais il suffit de le chauffer à 20" pour lui redonner son énergie
primitive, comme si, dans le premier chauffage on avait détruit A (moins stable que
B) et, dans !e second, transformé B en A.
Cu, Fkré a étudié rinlluence de la température extérieure sur le travail ergogra*
phique. L'iihaisscment de la température du laboratoire provoque une diminution con-
sidérable de travail, suivie d'une légère reci^udescence peu durable, à laquelle succède
un épuisement rapide. Au contraire, Lefkvre considère le froid comme activant d'une
façon remarquable le travail chez les homéolhermes. Un homme bien exercé peut, en
quelqnes heures» fabriquer 700 ou 800 calories supplémentaires sous l'action du froid.
L'auteur a constaté sur lui-môme Faction dyuamogêne du froid.
BlbliograpMe. -- C.vbvallo fJ.) et Weiss ((k). Influence de {a température sur ta
dùparifiau et la n'apparilion de ta contraf'tion muxculnire {Journ, de Fhi/siol, et de PalhoL^
i809, îilHi). Inflitence de la tempèrattire sur tu fatigue et la réparation dif musde (B, U.,
8 juillet 1809). — De bois (R.|. Sur le rôle de ta chatfur dans le fimvtionncment du
muscle (C. IL, 1809, cxxix, ii). Nouvelles recherches ^ur la pkt/sïoloffie de (a marmotte
{Jomnal de Phtjiiioloi/ie., septembre 1890). — Ficai^: (Ce.). Influence de la température exté-
rieure sur ie travail (B. B., 1901, 17). — Gao et Heymans. Ueber den Einflms der Tempe-
ratur auf dk LeLitungsffihi{}heit der Mit'ikeLmbslanz (A. P., SuppL, 1890, 59). — LEFSvAEt
Sur l'aufjmt'ntalion de raptiîude au fravaii sous l'influence du froid [B. B., 1901, 415). —
Patrè/.! (M.), Action de ta chaleur et du froid iiur la fatigue des muscles chez thomme (A.i.
B., I8D:1, xl\, 105,', Chcillatiom quotidiennes du travail musculaire en rapport arec la tempe'
rature du rorps (A. i. IL, 1892, xvn, i:i4). Sur la contraetion des muscleii sirtès et sur Us
mouvements du « Bombij.r mori •> (A. (. B,, xix, 1893, 177*194).— Schenck {¥.), Kleinere
Notizen zur allgemeinen Muskelphysiologie. iO. FÂnfluss der Temperaiur auf der Span-
nungszunahme und die Mushetermudung {A. g, /'., 1900, lxïix, 333). — Scumulevitch,
Recherches f:ur Vinfïuence de la chaleur sur le travail mécanique du muscle de la grenouille
(C. B-, 1867, 358),
§ 2. La fatigue aérobie etanaérobie. — Dans la fatigue Toigène fixé parles tissus n'est
probablement pas en quantité suffisante pour la combustion totale; il en résulte que
la faligue réalise certaines conditious de la vie anaérobie, et it ne serait pas impossible
que la viciation de la nutrition dans la fatig:uo relevlt de celte cause.
Il existe trois procédés pour réaliser les conditions de la vie anaérobie des muscles :
Tanémie, la dépression atmosphérique et Tasphyxie.
Chez les poïkilothermes Texcitabilité du muscle privé de san^ persiste beaucoup
plus longtemps que chez les homéolhermes; ces derniers ont bien vite épuisé leur
réserve d'oxygcne. l/injection de sang oxygéné dans un membre séparé du corps y
FATIGUE.
125
maintient l'irrilab il i lé pendant un certain temps; Lldwig et Alei* Scuuiut ont réussi à
conserver rirntabiliié des muscles du chien lonf^letnps après la mort, grAcB à ïa circu-
talion artincietle du sang défibriné. Si le muscle, dans lequel on continue la circutation
artincielle, reste quelque temps au repos» il se restaure, et devient capable de soulever
un poids k une hauteur plus grande. Le cournnt sanguin peut réparer les perles que le
muscle subit en travaillant. Mais, mal;s;ré la survie du muscle extrait dti corps, la hauteur
de ses contractions est moindre que pour le muscle recevant du sang, La somme de tra-
vail mécanique du muscle anémié est moins considérable; il se fatigue plus vite; le phé-
nomène de l'escalier est peu net, et souvenl m*?rae fait défaut, ce qui démonlre que la
soustraction de l'oxygène est immédiatement suivie d'une diminution de l'excitabilité.
Ou sait, depuis une ancienne expérience de Ra.nke, qu'une patte de grenouille, fati-
guée jusqu'à épuisement complet par des excitations i lectriqucs» est rendue capable
d*une nouvelle série de contractions par un sinïple lavage» c'est-â*dire par le passage
d*eau saJêe par Tartère principale du membre. Le lavage af^it mécaniquement, en entraî-
nant au dehors les substances toxiques produites pendant le travail musculaire. KeoiNrc-
KKi a montré qu'une substance pouvant céder son oxygène aux tissus {perman/^anate de
potasse ou sang oxygéné) était encore plus apte à restaurer le muscle en état de fatig-ue.
L*oxygène apporte au moyen du permanganate n'est pas cependant toujours efUcace,
tandis que Toiygène des gtobule^^ rouges Test dans tous les cas. Dans une de ses expé-
riences Krlineckeh obtint une courbe de la fatigue composée d'une série de lignes à. con-
vesités supérieures; chacune correspondait à la circulation artilicielle de permanganate
de potassse. Ces expériences montrent que raclion réparatrice du sang dans la fatigue
musculaire est due à son oxygène et non aux substances nutritives qui y sont contenues.
Nous verrons plus loin la conûrmation de cette conclusion, qui semblait peut-Ôtre trop
hardie à répotjue où Kronecker instituait ses expériences (1871), mais qui aujourd'hui
est pleinement démontrée il. Ioteyko, 1896, A. Bhoca et Cu, IIîchet, Verworn),
D'autres procédés peuvent être utilisés pour montrer l'actiun de Toxygène comme
élément réparateur; dans l'asphyxie expérimentale, le cœur continue h battre, la circula-
tion n*est donc pas empêchée, mais la respiration est arrêtée; par conséquent le sang
charrié est presque dépourvu d'hémoglobine. Les troubles de rexcitabilité musculaire
observés lors de Tasphyxie peuvent donc être attribués presque exclusivement au
manque d'oxygène. A. Broca et Ch, IIichët ont étudié la conti^action aoaérobie chez le
chien, dont Tasphyxie était détenninée au moyen de l'obl itération momentanée de la
trachée. Au moment où le*?: mouvements respiratoires commencent à se ralentir sous
rinfluence de l'asphyxie» les contractions provoquées par le courant électrique s'affai-
blissent pour disparaître en peu de temps. Dés qu'on désobstruait la trachée, on voyait
revenir la contractilité, mais elle ne revenait jamais à son état primitif; le muscle
qui avait donné une série de contractions anaérobies était épuisé pour longtemps. Il fallait
attendre quelquefois trois heures pour que la réparation pût s'effectuer. Ce qui fatigue
surtout le muscle, disent les auteurs, c'est la contraction complètement et rigoureuse-
meut anaérobie. L'asphyxie seuïe ne suffit pas à épuiser un musole, parce que les muscles
qui n'ont pas travaillé ont gardé leur excitabilité. Probablement^ quand le muscle se
contracte, il produit des substances toxiques, nîais dans \e^ conditions normales elles
sont détruites aussit/^t par roiygéne, tandis que, pendant l'asphyxie, elfes ne sont pas
détruites, et peuvent alors se (ixer sur les éléments musculaires qu'elles intoxiquent
gravement (À. Broca et Cb.Hicuet). Ce qui doit attirer Tattention dans ces expériences,
e'est la longue durée de l'épuisement après la contraction anaérobie. Même quand l'as-
phyxie a cessé, lorsque le sang est redevenu oxygéné, il n'y a pas retour de iarontractilité.
Nous voyous les mêmes phénomènes se produire dans l'asphyxie du cœur. Le ralen-
tissement observé pendanl l'asphyxie exerce une action protectrice remarquable, et ce
ralentissement est dû à l'action des pneumogastriques (Oastre et Morat). Si Ton sec-
lionne les vagues, comme l'a fait Cu. Hjciikt. le c<j*iir s'accélère immédiatement, et alors
l'asphyxie est bien plus rapide. Quand la quantité d'oxygène est en petite proportion^
comme c'est Je cas dans l'asphyiie, alors il faut que la consommation en soit réduite au
minimum, et c'est pour cela que le cœur bal plus lentement. Si le cœur ne ralentit pas
ses mouvements, l'asphyxie survient très vite, la contraction musculaire détermine la
production de certains poisons, qui ne peuvent être détruits que par l'oxygène (Cu, Biciikt)*
126 FATIGUE.
Si, au moment où Toxygène a déterminé le ralentissement du cœur, on fait la respiration
artificielle, l'animal revit immédiatement. Mais, si le cœur a accéléré ses mouvements
par destruction des values, on a beau rétablir Thématose par respiration artificielle, elle
est absolument impuissante à ranimer le cœur. «Nous assistons, écrit Ch. Richet, à ce phé-
nomène d'un cœur qui continue à battre, qui reçoit du sang oxygéné, puisque Thématose a
été rétablie, et qui cependant dans quelques secondes va mourir malgré la circulation du
sang oxygéné. Tout se passe comme s'il était empoisonné d'une manière durable par des
contractions fréquentes s'étant produites au sein d'un liquide peu oxygéné. Le poison
qui s'est formé alors a intoxiqué définitivement les cellules ganglionnaires du cœur. C'est,
en un mot, un effet de fatigue névro-musculaire. »
La toxicité du sang asphyiique a d'ailleurs été directement démontrée dans les expé-
riepces d'OrroLENGHi ; d'autre part, Mosso a prouvé que le sang d'un chien surmené ou
tétanisé est toxique ; injecté à un autre chien, il produit les symptômes de la fatigue.
Les recherches ergographiques sont également fort intéressantes à cet égard. En
produisant l'anémie par compression do l'artère humérale, Maggiora a vu la force
musculaire décroître sensiblement. Avant l'anémie, il a pu produire 2,736 kilogram-
mètres; après l'anémie 0,650 kilogrammètres. Il est à noter que la courbe de Vanémie
est une hyperbole. Mais l'aptitude à exécuter une première contraction maximum n'est
pas perdue; lorsque l'anémie cesse, les contractions augmentent rapidement de hauteur.
Le même auteur a fait des recherches sur la force musculaire après l'augmentation de la
circulation. A cet effet, il s'est servi du massage. DéjàZABLouoowsKY avait observé (1883)
que le massage active d'une façon remarquable la réparation des muscles fatigués.
L'auteur italien arrive à la même conclusion : on obtient du muscle qui travaille avec
des périodes de quinze minutes de massage un effet utile quadruple de celui que donne
le muscle auquel on accorde des périodes équivalentes de repos.
Occupons-nous maintenant des phénomènes asphyxiques obtenus par l'introduction
des animaux ou de leurs tissus dans une atmosphère d'un gaz inerte, impropre à entre-
tenir la combustion, hydrogène ou azote. L'origine de ce procédé expérimental remonte
à des temps très éloignés, puisque Humboldt [Versuche ùber die gereizte Muskelund
NervenfaseTf Berlin, 1797) avait déjà fait la remarque que le muscle reste plus long-
temps excitable dans l'air que dans l'hydrogène, et dans l'oxygène plus que dans l'air.
Ces résultats furent confirmés par les expériences très précises d'HERiiANN (1868); cet
auteur constata en outre, que le muscle excité dans l'hydrogène continue à dégager de
l'anhydride carbonique, bien qu'il soit impossible d'extraire de l'oxygène d'un muscle
détaché du corps, même à l'aide de la pompe à gaz. D'après Vbrworn, cette expérience
ne prouve pas que le muscle sans circulation soit complètement dépourvu d'oxygène; il
est très vraisemblable que ce gaz se trouve combiné au sarcoplasma musculaire et sert
à l'oxydation des fibres piusculaires au moment de leur contraction. Nous savons
que les cellules des organismes supérieurs empruntent leur oxygène à l'hémoglobine, à
laquelle ce gaz est faiblement lié. De même dans le sarcoplasma existerait une combi-
naison semblable, mais avec cette différence, que l'oxygène ne pourrait en être extrait
au moyen de la pompe à mercure, comme c'est le cas pour l'hémoglobine. Cela explique-
rait comment certaines cellules privées de l'accès de l'air peuvent être le siège d'oxyda-
tions intra-organiques jusqu'au moment où leur réserve d'oxygène est épuisée. D'après
Pflvgek [Ueber die physiologische Vei^brennung in den lebendigen Organismen (A, g. P., x,
4875), la contraction dans ces cas est due à l'oxygène intra-moléculaire. L'instabilité
des matières albuminoïdjes vivantes est due à l'oxygène intra-moléculaire, c'est-à-dire
contenu dans la molécule albuminoïde. Ainsi donc un muscle vivant d'une existence
anaérobie continue à dégager de l'anhydride carbonique et utilise ses [réserves d'oxy-
gène, ne pouvant en prendre à l'air ambiant. Au contraire, un muscle extrait du corps
et placé à l'air absorbe de l'oxygène par le fait d'une respiration élémentaire de ses
fibres (Tissot).
Ces données préliminaires sont nécessaires pour nous rendre compte des diffé-
rences qui séparent la fatigue aérobie de la fatigue anaérobie des muscles sans circula-
tion. Pour apprécier cette différence avec netteté, il faut soustraire les muscles à la
circulation; car alors les phénomènes caractéristiques peuvent être attribués en tota-
lité à la présence et ou manque d'oxygène.
FATIGUE*
li7
Le processus de la fatigue aérobie (air) et de la fatigue anaérobie (hydrogène) des
muscles eitraits du corps présente ce seul fait digne crinlérôt, que le travail mécanique
est sensiblement moindre dans la fatigue anaéroLie. Nous avonï^
vu plus haut que )e fait de la soustraction du sang avait pour effet |^^K^| 'Z ^
de diijiiauer dans une forte mesure le travail mécanique. L io- ^^^^H 2.^
fluence combinée de ranémie et du manque d'oxygène est encore ^^^^H "^ J
bien plus pernicieuse. Mais c^esl le mode de réparation qui va nous ^
fournir les éléments difîérenciels de la fatigue aérobie et de la ^^^^B
fatigue anaêrobie. ^^^B
Disûns tout d'abord que déjà Edouard Weber (1846)^ Kiuan ^^^^^S
(1841) et Valextin (1847), et, parmi les auteurs modernes, Ch, ^^^^H
BtcBET« avaient observé que la rêparalion de la fatigue pouvait se ^^^^M
faire même dans un muscle extrait du corps. Ce phénomène, en ^^^H
apparence paradoxal, n*avatt cessé d'intriguer les physiologistes^ ^^^S
et avait été considéré par certains d'entre eux comme contraire à la ^^^S
Ihéorie toxique de la fatigue (Cyi^itlski) et à la tbéorie toxique du ^^^Bl
ionmieil. Le sang n'est donc pas indispensable pour entraîner au ^^^Ej
loin les produits de la désassimilation produits pendant te travail ^^^H
musculaire^ puisque la restitution des forces contractiles peut se ^^^S
faire m^me dans un muscle sotistrait à la circulation. La substance ^^^S]
musculaire possède en elle les facteurs essentiels de la réparation ^^^H
(Veiwoiin). ^^H
Dans des expériences faîtes avec Ck. Ricret, J. Ioteyko a ^^^E
nettement établi que la réparation de la fatigue des muscles ^^^g
extraits du corps est duo à rintervention de Toxygène atmosphé- ^^^S
rique (1890). C'est l'oxygène de l'air qui intervient ici comme élé- ^^^H
ment réparateur grâce à un plié no mène de respiration élèmentairi? ^^^H
des fibres musculaires. La preuve en est fournie par ce fait qu*un ^^^Ej
muscle sans circulation, fatigué dans un milieu privé d'oxyg+'ue ^^^El
(hydrogène pur, ou eau bouillie et recouverte d'une couche d'huile) ^^^El
ne $e répare pas; ta perte d'excitabilité est irrévocable dans ces ^^^S
conditions. Ce fait a été démontré pour les muscles de la grenouille ^^^H
^l pour le muscle de la pince de récrevisse. La réparation de la ^^^H
fatigue d'ttti musc/e anémie n'a pas tien dans un milieu privé ^^^El
itoa^tjgene, I /oxygène est indispensable pour la réparation de la ^^^Bl
fatigue musculaire. Main ia réparation a Heu si on introduit un peu ^^^Ëj
d'oxygène sous la cloche à e^^périence^; elle est due de ce fait aux ^^^EJ
échanges gazeux s'efTectuant entre le muscle et l'oxygène ambiant; ^^^El
la réparation de la fatigue du muscle anémié est donc un phéno- ^^^S
mène de respiration élémentaire. (J. Iotktko). La fig. If) démontre ^^^H
ce phénomène, La réparation d'un muscle anémié placé à Tair ^^^H
s observe tant que persiste rexcitabilité musculaire; et même un ^^^H
muscle dont les capillaires ont été complètement lavés de sang se ^^^p]
répare à Tair après une grande fatigue (J. Iqteyeo). ^^^S
11 est permis de conclure de ces expériences que la vie stricte- ^^^Bl
ment anaêrobie ne donne pas au tissu musculaire Ténergie uéces- ^^^§
saîre pour réparer sa fatigue; Fintervenlion de roïyj?éne devient ^^^Bj
nécessaire. On peut même établir une sorte de hiérarchie d'après la ^^^^S
rapidité avec laquelle suniennent la fatigue et la feiiteur do la ^^^ra
réparation. D*abord il y a le muscle normal (cVst-à-dire chez un ^^E]
animal qui respire et dont le sang est oxygéné), muscle qui, placé ^^^S
à l'air, se fatigue tardivement et se répare intégralement. En ^^^S^
second lieu le muscle d*un animal à moelle sectionnée : la respi- ^^^^^| ^
ration pulmonaire est arrêtée^ mais chez la grenouille elle est B^B^I
oppléée par la respiration cutanée. En troisième lieu, le muscle
as circulation, mais placé à Tair, En quatrième lieu, le muscle avec circulation, mois
placé dans Fliydrogëne (la réparation se fait). Enfin un muscle sans circulation et placé
£1
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^55
i28 FATIGUE.
dans l'hydrogène, vivant d'une existence strictement anaérobie, ne se répare pas. Celle
division ne correspond-elle pas à la quantité disponible d'oxygène?
Graves pour le muscle doivent être les conséquences du travail accompli dans an
milieu privé d'oxygène. Une des preuves, c'est la rigidité cadavérique bâtive constatée
par J. loTEYKo sur un muscle anémié ayant fourni des contractions dans l'hydrogène
jusqu'à extrême fatigue. Toutes ces expériences montrent que l'excitabilité musculaire
est notablement diminuée dans un milieu pauvre en oxygène ou complètement dépourvu
de ce gaz. Mais la contraction anaérobie épuise bien davantage le muscle. Nous savons
qu'un muscle même normal renferme des toxines. Sans doute pendant la contrac-
tion elles augmentent; mais, quand l'oxygène fait défaut, elles ne sont pas détruites, el
amènent une paralysie précoce du muscle, sa mort à brève échéance. Il semble donc
que l'oxygène indispensable au retour de l'irritabilité agit principalement par son
action antitoxique sur les produits de la fatigue.
On peut établir des degrés dans la vie anaérobie; ils correspondent à des degrés
dans la fatigue et la réparation.
i^ Un muscle sans circulation, placé à Tair atmosphérique, répare sa fatigue; la
réparation prouve que la fatigue n'était pas due à un épuisement des réserves (le sang
n'ayant pas apporté les matériaux de reconstruction) ;
2» Un muscle sans circulation, placé dans l'hydrogène, ne répare pas sa fatigue. Nous
savons que sa réserve nutritive n'est pas épuisée, et nous en concluons que c'est
l'absence d'oxygène qui est la cause de cette non-réparation ;
3<* Un muscle avec circulation, placé dans l'hydrogène, répare sa fatigue. Le sang
n'est pas indispensable à la réparation; mais, dans ce cas particulier, l'oxygène fait
absolument défaut; la réparation s'effectue grâce à la circulation, qui entraîne au loin
les substances toxiques engendrées par la fatigue.
La réparation de la fatigue peut donc se faire sans l'intervention de l'oxygène, mais
il faut que la circulation (sanguine ou artificielle) vienne laver le muscle de ses produits
toxiques. Dans le cas contraire, quand la circulation est interrompue, l'oxydation devient
indispensable. Normalement, ces deux processus entrent en jeu. Nous rentrons ainsi
dans la loi générale, la défense de l'organisme à l'égard des poisons s'accom plissant grâce
à deux processus : élimination et oxydation.
La vie anaérobie du cœur présente des phénomènes qui ne sont pas sans analogie
avec ceux qu'on a constatés pour le muscle strié ordinaire. Ainsi Oehrwall a observé
la reprise du fonctionnement du cœur par l'introduction de l'oxygène ou de l'air atmo-
sphérique dans le sérum ou même dans l'air ambiant. Au Congrès de Physiologie de
Turin (1901), Locxe démontra le fait sur le cœur des homéothermes. Verworn l'a établi
aussi pour la réparation de la fatigue médullaire.
Les changements de pression atmosphérique agissent aussi en modifiant les oxyda-
tions intra-organiques. Les troubles connus sous le nom de « mal de montagne » et
« mal des aéronautes » augmentent d'une façon marquée quand les sujets exécutent des
mouvements. Ce phénomène a été vérifié expérimentalement par P. Regnard pour les
cobayes, qui meurent rapidement dans un air raréfié, quand ils sont soumis à des mouve-
ments forcés; tandis que les cobayes témoins résistent ou succombent seulement à des
pressions beaucoup plus basses. De môme les alpinistes, quand ils sont transportés et
n'accomplissent pas de travail musculaire, ne souffrent presque pas. La fatigue entre
donc activement en jeu dans la production des troubles observés. Zenoni prit des tracés
ergographiques dans l'air comprimé (une atmosphère) et remarqua une légère augmen-
tation de force pour les contractions volontaires; la fatigue n'est pas retardée, mais les
premières contractions surtout se maintiennent élevées. Pour les contractions provo-
quées, la force musculaire reste invariable à la pression d'une atmosphère. D après
Warren Lombard, quand la pression atmosphérique s'abaisse, il y a diminution du pou-
voir de contraction; quand elle s'élève, l'effet inverse se produit. Dans son livre sur la
physiologie de l'homme sur les Alpes, A. Mosso consacre un chapitre à la force muscu-
laire aux grandes altitudes. Son frère Ugolino donna à Turin un ergogramme de
3,48 kilogrammètres. A Monte Rosa (4 560 mètres d'altitude), il ne donna que 2,828 kilo-
grammètres. Le type de la courbe est resté k peu près le même. Les mêmes expériences
furent répétées sur plusieurs personnes (on a éliminé l'action de la fatigue consécutive à
FATIGUE-
Deg^rès dans la Tle anaèroble du mascle (D'api^t J, lomYKO).
139
^
HKSJMUATION.
3
Ë
GRE^OCÎILLE.
t^
^ <
CONCLUSIONS.
PULHO*
HI.rt«RN-
t3
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— :
X 4 1 R F-,
CCTAN'KK,
T A IRM.
G
1
1. Normale. * ,
Normale.
Normale.
Normale-
Normaln,
Normale.
Iniégralc*
2, Moelle section-
Absente.
Normale.
Normale.
Normale»
Normale.
Non 1
née (à rair). .
inté^rrale.
3. &lo«llo section-
Absente.
Absente.
Normale.
Absente.
Diminuée.
Non ,
t^ fait da la
née et c(PUr en-
intégrale^
rèpamtioa in-
levé (â l'air). .
dique quo la
fati^QQ n'avait
pas épuisé les
rAierves.
4. Moelle sec t ion-
Absente.
Absente.
Absente.
NomiJilc.
Diminuée.
Non
La prfSseucD tie
liée (bvtlro-
tnicjxrale.
la circulatiop
g^o^N . ,
n'est pas in-
dispeniahle k
la rApar&tioa;
mais 1 «xygèaii
fait défaui. La
réparation s'ot-
fectue grkcé au
courant sau'
gum, qui en-
trains iei lub'
stances toai-
ques.
S. Moelle seeLioQ-
Absente.
Absente.
Al^senle*
Aliscfiic,
Dimlnui'e.
Pas de
Loi réscrvos uu-
née et coeur es-
rf^nlÏM.
trîtives ne sont
JeTé (hjdro-
g*oe)
pas A puisés B
(voir 3K C'est
donc rabsenté
d'oxygène qui
mt ta cause de
eette uoa-répa-
ratioxi.
_ J
Tascensionl. Ce qui Trappe surtout, c'est la grande irrégularité des tracés pris à Mante
Rûsa. Une asceasian de trois otj quatre heures e^t suffisaule pour inodiOer ta louiciLé
des muscles; ils se laissent plus l'acilement distendre; la cotUraclioii est plus lente et
ntoins efficace.
En résumt\ en Tabsence d*oxygéoe (asphyxie, anémie, dépression), la rie des tissus
produit des subslances nuisibles» qoi, nées anaérobiquement, ont besoin d'oxygène pour
être disîïociées et pour perdre leur toxicité. Mais, si nous imposons aux Aires ou aux
tissus dont nous avons délerniiiié l'existence anaérobie un surcroît de Iravail, pour les
muscles en les excitant par réiectricité, pour le cœur en accélérant ses battements par
seelton des vagues, l'intoxication devient bien plus g-rave : elle peut même aller jusqu'à
la mort malgré le rétablissement de rhématose. Or^ dans la faligue^ il y a anuérobisrne
parliftl, en ce sens que Toxy^énc (ixé par les tissus n*est pas en quanlité suffisante pour
la combustion totale : de ià formation de produits toxiques, qui perdraietit leur nocivité
s'il J avait oxydation. Cette iiïterprétation des phénomènes cadre bien avec la présence
de substances réductrices dans le jnuscle tétanisé.
Blbliuçraphle. — Bagua (A.) et Hicuet iCa.). De ta contraclion mmculaire anaérohie
(A. de P., 18%, 829), — llRK3iAN^î (L.). Vnters. s. l*hy»wL 4, Muskein und Nervcn, Berlin,
1868 (A. f/. P.» L, 3.16). — loTEYKo (J) et Ricdet (Cu.,;, liêparation de la fatigue musculaire
par ta respiration élémaUaire du musdc (B. B., I89tj, 14»V]» — Kjli an. Vermche uber die
Restitution dcr f^ervenûrregbarkeil nach dent Tode. Ciiessen, 1847. — Maggiora (A.). Les
DICT. DE PflVSIOLOOlE. — TOME VL 9
130
FATIGUE.
lois de la fatigw étudiées dam les muscle$ de rhomme (A. i. B,^ 1890, xiu^ 187). Untera, Uher
die Wirhma der MassaQc auf die Mmkeln der Memchcn lArçh, f. Usaient, xv, 141, et
A, i. B., i8Ut. wi, i2o). — Mi>ss<> (vL). PUioloijia detC Vumo stdle A!pi. Nuova ediiione.
Blilano, 1898. — Uhîhkt (Cir-), Ln mort du cœur dans i'aspht/xie chet te chim (A, de P.,
1804, 653). — K\NKK (J.). Tetamtn, LeipziÉr. 1863. — nnsRNTH\L(VV.;:. La diminution de
la prcsiiiivt atmospfiérifjtie ejperr.e-t'etîe un effet sur les muscles et sur le système nerveux
delnurnimnltc:uA. i. B., 1896, xxv, 418-425) et A. P., ISyfi, i-2l). — Schmileviuh. Veber
den EiHpuss drs Hîutgehaltes der Muskcin nuf deren Reizbarkeii {A, P., 1879). — ScHiiior
(A) et Lt;i*wit; {Ber. d. Sâch, Aknd, d. Wisa. zu Leipzig, 1868, 34, 1809, 99). — Zablûli-
iiowsKY. Veber die phy^iolotjisctfe Bedeutung der Massage (C* W„ 1883). — ZenoiM. BecA,
tep. sw Ir travfiil datu Vair comprimé A. i. B., 1897, xxvri, 4(>).
§ 3, [tifluetice dea agonis pharmacodjoamiqiifiB et des poisons. La fatigue dans Us état»
pathoiofiques. — Alcool, — L'iolluence de l'alcool sur le travail musculaire a été étu*
diée par un i^^rand nombre d'auteurs, attirés par rimportance sociale du problème. Le
premier travail expérimental est dû a Krakfelin et Dehio (1892); ces auteurs ont iîisUlaé
des expôrienres dyiiamoniétriques avant et après Tusage de Fakool; Feicitabilité de
Dkhio *e trouva dinrinuée pendant une demi-heure; le travail de Khaepelîn augmenta
tout d'abord, pour diminuer ensuite très rapidement. Sarlo et Rernardlni constattrenl
une légère aiigmentaliun de rexcitabilité musculaire observée au dynamomètre après
rtioge des 10 grammes de rhum.
C'est surtout depuis l'inlrociurtiou de la méthode ergographique eu physiologie que
les recherches sur l'alcool acquirent un grand inlérôt. Lo)iB\iiD Warrkn (1892) fut le
premier à iHudier l'inlluence de l'alcool sur le travail ergographique ; il trouva une aug-
mentai ion de force après de petites doses, une diminution après den fortes doses. Il
attribue raction dynamogène à une ijiHuence de l'alcool sur les centres nerveux. Hbb-
iiANN Frey (1H«Ji>) arriva aux conclusions suivantes : 1° L'ûsage d'une quantité modérée
d*aU noi exerce une inlluence indéniablf» sur l'excitabilité musculaire, mais il y a lieu de
(aire une distinetiou entre le muscle fatigué et Ir nmscle non fatigué; 2* Le travail du
mn^rle non Taligué est diminué sous l'inlluence de l'alcool, et cette iiiflueuce est due à
une diminution de rexcitabilitédu système nerveux périphérique; 3* Le travail du muscle
fatigué est considérablement augmenté sous rinîluence d'une dose modérée d'aicooL
L'alcool possède donc des propriétés nutritives; 4* Laugmentation de force constatée
après Tusage de Palcool n'arrive pourtant jamais au degré d'énergie déployé par le
muscle frais, car ici aussi ta diminution d'excitabUité du système nerveux périphérique
entre en jeu; 5*^ Cette action se manifeste déjà l à 2 minutes après ringestion de Talcool
et se maintieut longtemps; 6'^ Dans tous les cas Talçool a pour effet de diminuer la sen-
sation de fatigue; le travatl apparaît bien plus facile. Fmky arrive à conclure que Talcool
a une double action : l* Une action paralysante sur le système nerveux central (diminu-
tion de la sensation de fatigue) et périphérique (moindre excitabilité du muscle; ; 2* Une
action due à l'apport de matériaux nouveaux de combustion, utilisables par le muscle.
La première action (paralysie du sy^stème nerveux) apparaît dans les résultats des
recherches sur le muscle non fatigué: dans les recherches sur le muscle fatigué, cette
action apparaît aussi, mais assez faiblement* Quant à l'apport de nouveaux matériaux
de combustion, Fret tâche d'expliquer pourquoi cette seconde action de Falcool se
manifeste seulement quand le muscle est fatigué; selon cet auteur, le muscle frais a
tout ce qu'il faut pour donner son maximum de travail, et ce maximum, il ne peut le
dépasser» malgré un apport de matériaux nouveaux* Dans les expériences de Fiky
l'action excitante de Talcool se manifeste surtout par une augmentation du nombre de
soulèvements à Tergographe.
Ces travaux furent repris presqne en même temps par Destrée en Belgique» ScHEFFEa
en Hollande et Hxck en AJlemagne.
DssTR^ s'est posé la question de savoir si Talcool est vraiment avantageux pour le
travail musculaire et $*il amène un rendement plus considérable en kilogramme très
produite. Il a examiné les effets immédiats et tardifs de Talcool. Voici ses conclusions :
f L'alcool a un effet favorable sur le rendement en travail, que le mttscle soit fatigué
ou non; 2* Cet effet favorable est presque immédiat, mais trè^ momentané; 3« Conséca*
tivemeni, Talcool a an effet |>aruly8ajDt très marqué* Le rendement musculaire, enriroa
4
ri
1^^
FATIGUE,
I3r
uoe demi-heore après administration d'alcool, arrive k un minimum que de nou-
relies do«ies d*ûlcool relèvent diOkilemenl; 4» I/effel paralysant consécutif de Talcool
compense rexcîtatîijninomentanée, et, somme toute, le rendement de travail obtenu ttvec
remploi de subsitances alcooliques est inférieure celui que Ton obtient sans elles; 5*' Les
effets paralrsanls ne s^observent pas conséculivoment à l'emploi du tbé, du café« do
kola. Ces expériences enlèvent donc à Talcool toute valeur comme a^ent nutritif ou
anti^déperditeur. L'augmentation d'excitabilité au début de Taction ne repose pas sur
une illusion (abolition du sentiment de fatigue, d'après Bunge), mais est réelle. Schrffbr
a constaté aussi par des expérirnces ergographiques que des doses modérées d'alcool
produisent d*abord une augmentation de la capacité de travail musculaire, bientôt
suivie d'une diminution, par rapport a l'état normal. Ces effets successifs jiont attribués
par l'auteur aux modifications corrélatives et de même sens de rexcilabilité du systt^me
nerveux. En elTet, Waller, Gao» Wehigo, Sawveh, PmTROwsKi, Schrffeb, Ioteyko et Strfa-
wow^KA, ont trouvé une augmentation initiale, puis uue diminution de Teicitabillté de
^ap[^a^eil nerveux moleur péripbérique (tronc nerveux et terminaisons nerveuses) .sous
rinlluence de TalcooL Sgheffeh s'est assuré que, si Ton élimine par le curare l'action
de l'appareil nerveux terminal, riufîuence de l'alcool ne se montre plus sur le travail
musculaire (grenouille). L'alcool n>st donc pas un dynamogène pour le muscle. C'est
un excitant du sjstème nerveux moteur périphérique, dont Texcitabilité augmente sous
son intluence, mais pour diminuer toujours ensuite (Scheffkr). Dans sa thèse inaugu-
rale, faite sous l'inspiration de Fick, Cm* Hkck conteste Taction excitante iailiale de
l'alcool; d'après lui, c'est un effet de suggestion. Il est pourtant impt*ssible de faira
intervenir la suggestion pour expliquer un phénomène qui se présente avec un«^ nettet<5
parfaite sur le gastrocnémien de grenouille. ScHExrK admet aussi qu*en lin de compte
l'alcool exerce une action déprimante.
Dernièrement Ca. fÈHÈ a repris l'étude de l'alcool et son iniluence sur le travail
ergographique. 11 a constaté une action excitante initiale, et il l'explique par l'action
dynamogène qu'exerce l'alcool comme excitant sensoriel à son passage dans la cavité
buccale. Une dose d'alcool, lorsqu'elle est conservée dans la bouche pour être rejetée
plo5 tard, est plus favorable au travail que lorsqu'elle est ingérée. Cette explication
est trop exclusive, car les eipériences faites sur le gastrocnémien de grenouille ont
montré une action dynamogène de Talcool en l'abj^ence de toute excitation gustative.
Mais il parait certain que l'excitation sensorielle coexiste chez Thomme avec rexcitalîoii
d'autres appareils. L'excitation immédiate de l'alcool ne relève donc ni de la sugges-
tion ni d'une excitation exclusivement sensorielle (gusLative ou olfactive). Chauveau
démontre qu'on ne peut dans l'ai imen talion remplacer une ration de sucre par une
ration d'alcool. Il donne chaque jour oO<J grammes de viande et 250 grammes de sucre k
un chien et lui fait fournir un travail déterminé. Au bout de 54 jours on constate une
augmentation de poids du chien. Mais, si l'on remplace un tiers du sucre par une quantité
équivalente d'alcool dilué, alors le poids du cïiien s'abaisse, et it n'est plus en état de
fournir la même quantité de travail.
Dk Boeck et Guxzaoua^; (IBl^Of ont étudié l'inlluence de l'alcool sur les alcooliques à
l'aide du dynamomètre. L'alcool augmente l'excitabilité du muscle fatigué, mais cette
action s'épuise rapidement. Un repos de quelques minutes est plus utile pour le muscle
que l'alcooL Si les sujets en expérience étaient antérieurement intoxiqués par l'alcool ^
l'alcool agissait comme stimulant.
Dans de nouvelles recherches^ faites avec OsKREtrxowsK y, KaAiraux (l!H)i) trouve que
des doses d'alcool de Iti à 50 grammes exercent une action excitante extrêmement
fugace; l'augmentation de travail est due presque exclusivement à une augmentation du
nombre de soulèvements. Pour KnAEPELix, l'alcool est un stimulant du travail moteur,
qui ne diminue que consécutivement; au contraire, le travail psycliique (addition)
diminue d'emblée, et sans le coup de fouet du début. Pahthidge trouve que l'action
dynamogène initiale existe aussi bien pour le travail musculaire que pour le travail
intellectueL
CASA»i?it (t*J01) étudia l'influence de l'alcool sur le travail ergographique, brachial et
crural; l'alcool à petites doses produit une augmentation de travail plus considérable
pour le membre inférieur (ergograpbe crural de Patrizi) que pour le membre supérieur;
i32
FATIGUE-
des fortes doses produisent une dépression qui est plus nette pour la courbe crarale que
pour la courbe brachiale. En comparant les courbes artillcielles (électricité) avec les
courbes volontaires (aussi bien pour l;i jambe que pour le bras) on voit que Tinfluence
de l'alcool, tant hyperkinêtique que hypokinélîque, est plus intense sur les centres
nerveux qu^ sur les appareils nearo-musculaires périphériques.
De ces recherches se dégage un fait important, a savoir que Taction dynamogêne de
l'ûlcool est dire à une influence centrale et non k une inlluence périph<5rique. Si Scheffer
et Frey ont soutenu le contraire, c*est parce que Talcool exerce une action directe sur le
tronc nerveux et le muscle. Mais J. Iotryko et M. Stefanowska ont montré que raction
de Talcool (de même que celle de Téther et du r blorofurme) présente une série de gra-
dations, et que. dans T intoxication générale, le système nerveux central est déjà com-
plètement paralysé^ alors que les parties périphériques des neurones sfint encore
indemnes. L'alcool ne peut donc agir sur les muscles et les nerfs périphériques dans les
eipériences sur Thomme, alors que la dose est compatible avec la vie. L'action exercée
par Talcool est par conséquent d*ordre centraL Lombard Warren d*une part^ et Casarlni de
l'autre, ont bien montré que rinflaence de Talcool sur le travail ne se montrait que sur
les tracés de la fatigue volontaire, et était presque nulle dans Texcitation artificielle.
Mais ce qui est surtout sig-nificatif, c'est que raugmentation de tiavail est due sur-
tout à une augmentation du nombre de soulèvements (Frky. KRAEPEuxet Oskretzkowsky)
et non à une augmentation de leur hauteur. Nous savons que le nombre est déterminé
par l'état dVxcilabilité des centres moteurs. En appliquant à ces données la terminologie
de J* loTEYio^ nous dirons, que Talcool» tout en augmentant le travail mécanique,
abaisse la valeur du quotient de fatigue |^, par un mécanisme opposé à raccumutatioti
de la fatiguCp qui diminue la somme de travail mécanique. L'accumulation de fatigue
diminue la valeur du quotient, en amoindrissant surtout la valeur de H, tandis que
l'alcool diminue la valeur de ce rapport en augmentant la valeur de N.
Sucre. — UooLiNo Mnsso et L. Paoletti ont pris de 10 en 10 minutes leur courbe de
fatigue après avoir ingéré des quantités variables de sucre. Les solutions moins concen-
trées sont plus actives. Le sucre possède un fort pouvoir djnamogène; les petites doses
etles moyennes (5-60 gr.) développent dans lenmscle fatigué la plus grande énergie; avec
les doses graduellement supérieures à 60 grammes, le travail diminue graduellement.
Le maximum d'action apparaît presque immédia Le jiient pour les petites doses, au bout
de 30 à 40 minutes pour les doses moyennes. Les auteurs préconisent Teau sucrée
comme liqueur sportive (véiocipédistes, alpinistes, soldats). Elle pourrait Hre également
employée avec succès pour redonner une force nouvelle à Tutérua fatigué par [e travail
de raccouchement. Le meilleur breuvage correspond à 60 ou 100 grammes de sucre
pour un litre d'eau* Pour Vauohan Harley, la consommation de grandes quantités de
sucre accroît le pouvoir musculaire de ^G à 33 p. 100, et, avec le retard de la fatigue,
raccroissement pour la journée peut atteindre 61 à 76 p. 100; l'addilion du sucre au
régime ordinaire peut accroître le pouvoir musculaire de 9 à 21 p. 100 et le Iravail total,
avec relard de la fatigue de 6 à 39 p. iOO; Taddition de 2r»0 grammes de sucre au
régime normal, accroît le travail quotidien : l'accroissement e&l de 0 a 28 p. 100
pour le travail de 30 contractions musculaires, et, pour la journée entière, de 9 à 30
p. 100; le sucre pris tard dans la soirée peut faire disparaître la chute diurne du pou-
voir musculaire qui a lieu vers II heures du matin, et accroître la résistance à la fatigue.
Suivant ScuuMBURCr le sucre, même à ia dose de 30 grammes, augmente la force du
muscle fatigué, et, par son action sur le système neneux, efface le sentiment de la
fatigue. C'est un vrai aliment.
Caféine^ cocaïne, thé, maté, ijuarana, tabac ^ condiinents, bouillant eau, albumine, elc.
— Ugolino Mosso a étudié» par la méthode ergographique, l'action des principes actils
de la noix de kola sur la contraction musculaire. L'action de la poudre de kola sur les
muscles (série de courbes, d'heure en heure ou toutes les deux heures] dure de 2 à
7 heu^s pour ;> grammes pris en une fois; le maximum d'effet est atteint dans la pre-
mière heure après I*admiaistration. La noix de koïa quadruple le Iravail dans la
première heure.
L'action de la caféine est analogue à celte de la noix de kola, toutes proportions
FATIGUE.
133
égaies. Pourtant la noix de kolaf privée de caféine^ exerce encore une action sur Télé*
ment musculaire fconfirmation de l*opiuion de Hkc&el). En revanche, le ro^ifje de kola
est pre»i|ue inaclif. La poudre de kola sans ciileLne et sans rouge de kola conserve
encore son action sur la L-ontrucLion musculaire, bi^n que celle-ci soi! très inférieure îk
celle qui est obtenue avec la caféine. Les principes actifs contenus dans la noix de kola,
auU-e que la caféine, sont t*amidon et le gltieone. Le rouge de kola est complètement
inacUL Les hydrates de carbone contenus dans la noix de kola unissent leurs efTetn
à ceux de la caféine pour rendre les muscles plus résistants a la fatigue. D après Hoca
et Krakpklin, la caféine augmente la liauteur de^ soulèvements à Tergographe sans
influer sur leur nombre : elle exerce par conséquent une action excitante sur le système
musculaire. L'essence de thé diminue le nombre des soulev^ements, et n'intlue pas sur la
hauteur totale des soulèvements; elle exerce une action dépressive i^nr les centres ner-
veux. KocH confirma TaiHion dynamopène de la cocaïne et de la caféine; sous l'action
de Ja cocaïne le travail augmente d*un tiers pour la journée entière. Osrretzrowsky
trouve aussi que la caféine agit principalement en augmentant la hauteur des soulève-
ments à Tergographe.
Suivant Ug. Mosso, ia cocaïne accroît sensiblement k force musculaire, et son
action est plus accentuée sur le muscle faligtie que sur le muscle frais; elle restaure
après une lon^^ue marche. Bexeiiu emi étudia Taction excitante de la caféine, du thé, du
maté, de la guarana et delà coca, Queïques-tmes de ces substances accroissent d'emblée
Ténergie musculaire fcocal^ tandis que d'autres retardent la fatigue. Le tabac produit
une légère dépression de la force musculaire (Vaughan Hahleï et W. LtiiBânn). flouGEf
partage la môme opinion. Mais Fkhk reconnaît au tabac une influence excitante primi-
tive, soit au repos, soit dans la fatigue. L'action excitante est plus marquée dans la
fatigue. Elle est suivie d'une dépression de Taclivité motrice et intellectuelle. Le besoin
des excitations sensorielles, qui augmente à mesure que la race s'affaiblit, amène un
épuisement proportionnel à l'excitation primitive, et sa satisfaction contribue pour une
part à précipiter la dégénérescence.
Chez les sujets fatigués le bouillon produit une restauration immédiate (Ce. FiîriI), à
la manière des excitants sensoriels. Les condiments, qui agissent tantôt sur le goût,
tantôt sur Todorat» possèdent une action excitante manifeste (Cu. Férk), L'aihumlne,
administrée a des doses équivalentes (au point de vue du nombre des calories) au sucre
exerce dans le môme temps une action bienfaisante sur les muscles fatigués [Frentzel).
1 eau pure est parfois aussi excitante (Koch). Fkbi5 étudia Tactiou d*un nombre considé-
rable de substances sur le travail ergographique. L'action de la théobrmnine parait très
variable. Le haschihch et l'opium excitent à petites doses et dépriment à dej doses plus
fortes. La digUaline et ïa spartéiue sont des excitants de raclivité volontaire; Tatigmen-
tation de trarail qu'elles provoquent est passagère et sur Tensemble du travail leur
action est déprimante. Sous rinlïuence de la pilocarpine , Texcitalion cérébrale se fait
en même temps que la sécrétion. Plus la sécrétion est abondante, plus le travail dimina©
rapidement et plus tôt arrive la fatigue.
Cilon"* enlin les eipérences de Rossi qui, sur Tliomme, constata une action byperki-
nétique pour Talcool, Talropine, la caféine, le camphre, Félber sulfurique et la stry*
chnine; une action bypokinélique pour le bromure de potassium, Thydrate de chloral,
l'hyoscyaraine, la morphine, l'opium.
Un grand nombre de ces expériences sont sujettes à caution; c'est le cas quand
les auteurs se sont contentés d'expérimenter l'action des substances médicamenteuses
sur eux-mêmes, sans contrôler leurs expériences sur d*aulres sujets non prévenus, La
suggestion est inévitable dans ces conditions, et la méthode ergographique cesse d'être
une méthode objective de recherches.
Xantkine, murine, choline. — L'action curarisante de la neurine et de la cholrne a
déjà été étudiée (Voir : Curarisauts [Poison» ^J* L'influence des xanthines méthylées sur la
falîjîue musculaire a été étudiée par Lusim en 1898, par Baldi en 1891, et par Pascïikis
et Pal en 4887. D'après LusrNi, on constate une action toxique à échelle croissante de la
monométhylxanthine à la di et trlméthylxanthine; ces substances font diminuer pro-
gressivement la résistance à la fatigue*
Veratrine. — Bkzoli», Bossit.icii, Menoel^sohn, Walleh, Weiss et Carvallo, Ioteyko ottt
134
FATIGUE.
trouvé que des excitations poussées jusqu'à la raligne foot disparatlre les efTels de la
véiatrine («le même que rartémie et les varialions de température).
En i^éncral, les auteurs sont, d'accord pour attribuer à la vératrioe iin eJTet excitant
sur la libre musculaire. Malgré celte influence, les signes de la fatigue apparaissent
plus vite dans les muscles véralnaîsés ijue dans les muscles normaux, c'est-à-dire
que les contraclionî* se font beaucoup plus petites et plus jrrégyli'*res, et le muscle
devient plus rapidement inexcitable; la véralrine n*est pas capable de faire disparaître
du muscle les ellets de la fatigue lorsqu'ils se sont produits (IIahfori).
Liquides et extraUs or^janiquen. — J. Ioteyko a montré que le sérum normal de chien
injecté à une grenouille produit une influence dynamogène intt^nse. Vito Copriatï étudia
rinOuence du suc testiculaire de Brow.n Sêuçard et constata à Tergograptie une notable
augmentation de force. On peut cependant objecter à ces expériences que rentraîucment
du sujet eût sulli à produire le même effet, Zotïî et Pregl éliminèrent l'en traînein eût
de leurs expériences et constaltrent un accroissement notable de la force du muscle fati-
gué sous rinflueuce du suc lesticulaire. Il reste sans efîet sur le muscle non fatigué et
n'augmente pas sa capacité au travail. Le type de la courbe n'est pas modifié. L'effet se
prolonge après la cessation des injections. Le sentiment de la fatigue est amoindri, et
sa dinJinulion suit une marcbe parallèle k la diminution de la fatigue objective du sujet.
MossÉ a constaté avec Teof^ploi du dynamomètre et de Tergograplie une augmenta*
tion d'amplitude et de durée de la courbe du travail au début du traitement tliyroidien
et une attt^nualion assez rapide de cette influence tonique. Cette augmentation de force
est tout aussi nette avec remploi de l'iodothyrine qu'avec celui de la glande thyroïde
fralcbe. Or cette action tonique est provoifuée aussi par des sucs organiques autres que
le suc Ihyrojdien {extrait orchitique, surrénal, etc). MossÉ s'appuie sur ce fait pour
expliquer les effets de Fopothérapie : <* Les sucs et extraits orgauothérapeutiques intro-
duisent dans l'organisme, en môme temps que la substance ou les substances spéci-
fiques de la sécrétiûu interne qui les fournit, des principes communs à divers élé-
ments des tissus (ferments» diastases, etc.). Ainsi s'eiplique ce fait que des sucs et
extraits organiques différente puissent provoquer, etf dehors de leur action spécifique
particulière, certains effets communs. ^ Bien u'aulorise, en effet, à reconnaître une
action spécifique aux principes dynamogénes contenus dans les sucs organiques. Mais
un fait reste acquis, c'est que toutes les substances dynamogèues, sucs organiques ou
produîtij chimiques déterminés, restent sans effet sur l'excitabilité du muscle frais; leur
inUuence dynamogèue ne s'exerce que sur le muscle fatigué.
Anhydride carbonique^ oxi/de de carbonv. — D'après Sanzo, le muscle plongé dans
une atmusphére d'onhytlride carbonique perd au bout de plusieurs heures son excita-
bilité. Au bout de deux heures, rexcitabilité indirecte est abolie, et, après un s^'jour de
sept heures, le muscle est en rigidité cadavérique (grenouille). Ces expériences ont
amené fauteur k considérer avec Ra.nke fanhydride carbonique comme un des fac-
teurs de la fatigue musculaire. Plusieurs auteurs italiens ont donné les résultats de
leurs recherches sur la respiration dans les tunnels et sur Tioffuence de foxyde de car-
bone. L'iullueuce de ce gaz sur la contraction musculaire (Weymeyer), sur la courbe
de la fatigue du gaslrocnémien (Aupknixo), sîir la courbe de ta fatigue crgographique
(L'{i. Mosso), est exactement celle qu'exercerait une atmosphère d'hydrogène. En règle
générale il y a diminution du travail, pouvant être attribuée à une diminution des
oxydations inlra-organiques (asphyxie). Chez l'homme la diminution est suivie d'une
augmentation après la sortie de la cage en fer renfermant un mélange de CO.
La fatigue dans les états patholag'lques. — Pa^itanettj a étudié divers cas
d'hystérie, de neurasthénie et d'ictère. HoMioriOM et Dibtthicu ont pris des courbes
chez, les aliénés, et ont noté une variabilité très grande de la force^ dont le maximum
est le matin. Colugci fit des études ergographiques chez les épileptiques. Casabini expé-
rimenta sur des vieillards.
Zenom et Trêves ont constaté une longueur eitjaonïinaire de la courbe de la
fatigue chez les diabétiques. Trêves combat fin terpréta tion généralement admise, à
savoir que, dans les différents états pathologiques, les impressions motrices cérébrales
par la diminution de leur énergie, sont incapables, dès le commencement» de faire
•exécuter au muscle tout l'effort dont il est capable ; c e^st pourquoi il resterait toujours
I
I
I
Mwm
FATIGUE. 135
un résida qui serait précisément la cause de la durée iivdénnie de la courbe. Ce pbéao-
mhie serait dû à une cause tout autre. L'auteur remarqua une extensibilité très grande
d^s tnusclef chez les diabétiques; une partie des contractions s'exécute chez eux à vide,
4?«c rapide abaissement de l'ergogramme. Si» en éloignant lavis d'appui de Tergographe,
i] rr^tabltssait une tension opportune (travail eu surcharge), Térgogranime recommençait.
Ainsi la cause du tracé sans fin serait une élasticité imparfaite de^ muscles chex
certains malades, et non un phénomène d'origine côn'brale. D'ailleurs le tracé sans lin
s'observe aussi chez certaiups personnes normales (Mosso)»TnKVEs en tire la conclusion
que le travail en surcharge peut servir à donner une idée de la marche de la fatigue
mais qu'il n'est pas précis en ce qui concerne le travail mécanique.
Abslous, CiiARRi?* et Langlois ont pris des tracés ergographiques des addisoniens
chez lesquels on observe une fatigue, une asthénie motrice qui n>st nullement en rap*
port avec les lésions trouvées d'habitude à l'autopsie* Celle étude présente un grand
intérêt, \-u que dans la maladie d'ADDisox les capsules surrénales sont presque con-
stamment le siège de divers troubles (tuberculose, cancer, etc.) et le rôle de ces cap-
sules iLanglois» Abelous, Albanese) p.iraU élre d'élaborer des substances capables dn
neutraliser les poisons fabriqués au cours du travail musculaire. Le (racé d'un addi-
sonien fiit comparé à celui d*un tuberculeux» les deux malades ayant des lésions pul-
monaires au même degré X^addisonien est devenu rapidement impuissant, tandis que l*!
sujet témoin a fourni un travail bien plus considérable (Voy. Addiaon, j, 136).
Les recherches ergographiqiies dans les maladies, peu nombreuses, n'ont encore
révélé rien de particulier, mais elles peuvent dans Taveuir devenir un précieux élément de
diagnostic.
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Ricerche clinich^sulfaffaticamento muscolari nei diabetici (Policlinico, m, 1896).
FATIGUE.
137
IV. — CHIMIE DU MUSCLE FATIGUE
La faligae musculaire, qui, au point de vue physiologique, se raractériae par une
diminution d>xcitabililé (dotil les dilTérenles tnûdalités viennent d'être étudiées), se
caraclérise, au point de vue chimique, par une prédominaïice du processus de ladésassi-
milation sur le processus d'assimilation. Il en n-sulte qu*ofi peut atlrihuer une cause
double à la fitigue : d'une part, il y a consommation progressive des substances néces-
saires à ractivité, qui ne peuvent se reformer assez rapidement pour suffire aui
exigences da moment, et, d'autre part, il y a accumulation des produits de déchet
(substances dites fatiffante^), qui ne peuvent être éliminés ou neutralisés assez rapide-
ment. Eo raison de cette diiïérence fondamentale dans la gt-nt'se des phénomènes,
Vebwor.'^ propose de désigner sous le nom u d'épuisement >» les phénomènes de para-
lysie dus à la consommation des substances nécessaires h. Taclivité, et sous celui de
« fatigue n les phénomi^nes paralytiques qui résultent de raccumulation et de fa ioaci*
cité des produits de déchet* Nous acceptons cette distinction, sans perdre de vue, lou-
tefoiSf qu^il est très difficile dans la pratique de faire la part qui revient â chacune de
ces deux causes dans la paralysie résultant d'un excès d'activité.
La consommation des réserves n'est jamais absolue : un muscle cesse de se contracter
bien avant répuisement complet des réserves. Ainsi, même un muscle extrait du corps
se répare. En outre, quand ta fatigue parait complète, il suflit d'augmenter la force de
Texcitant pour voir reparaître les contractions. Ce n'est donc pas tant la consommation
des réserves que Timpossibililé d'en tirer parti, qui caractérise la fatigue. Et il parait
certain que la stagnation des produite de la désassimilatiou en est la cause. I/aitteurs,
il est d'observation courante, qu'après une grande fatigue il ne suffit pas de réparer
les pertes par un excès d'alimentation ; il faut du temps pour permettre à 1 Vuvre de
réparation de s'accomplir.
Le travail poussé Jusqu'à la fatigue modifie profondément la composition des
muscles. La fatigue amène la rigidité hâtive [rliamps de bataille). Les mauvais effets du
surmenage sur la chair des animaux ont été signalés par les vétérinaires. La chair sur-
menée devient très vite fiasque, humide: elle prend une odeur aigrelette, et peut deve-
nir dangereuse. On a cité des épidémies de typhus survenues a la suite do la consom-
mation de viande de bestiaux surmenés. Des constatations de même genre ont été faites
pour le gibier forcé.
L'accroissement des échanges gazeux pulmonaires et intra-musculaires pendant le
travail trouvera place à TarUcle Musck,
% L Changementt de réaction. — En 184^», Du Bois-Beymoxo montra que te muscle, de
neutre qu'il était, devient acide sous Liiilluence de la tétanisation; cette acidité esl
plus faible quand la circulation est conservée, car dans ce cas l'acide est saturé par
les alcalis du sang. D'après les recherches de Lieuio cet acide est Tacide lactique. Ba.njvK
montra que les muscles soustraits à la circulation produisaient une quantité d'acide
strictement définie pendant la tétanisation.
Hkidexualn et ses élèves ont montré que l'acidité du muscle peut Hve considérée
comme une mesure de ses transformations énergétiques; l'acidité augmente quand le
muscle est chargé d'un poids plus considérable. La tension active les transformations
nutritives d'un muscle excilé. L'acidification suit une marche parallèle au développement
de chaleur d'un muscle en activité. La réaclion peut donc servir à mesurer les (phéno-
mènes chimiques qui s'accomplissent dans un muscle actif (HEJDE?tM.^tN). Cette étude fut
reprise et compîétée dans le laboratoire d'IlEn^ENHAiN par Gotscbucm, Cet expérimenta-
teur a étaljli que le muscle devient acide même quand il est soumis à des excitations
sabininimales qui ne produisent pas de contractions visibles. Danilewskit observa dans les
mêmes conditions un dégagement de chaleur. D'autre part, les excitations supramaxi-
maies ne produisent pas une acidillcation plus intense que les excitations maximales et
une tension musculaire continue développe de Facidité, si bien que le muscle chargé
devient acide eu l'absence de toute contraction et de toute excitation. Nous voyons donc
que la tension seule augmente les mutations organiques, fait en concordance avec les
eipénences de Kkacse, de Wundt (qui trouvèrent un signe certain et positif de Tin-
138
FATIGUE.
fluence de la tension sur U rigidité cadavérique; ils virent que les extenseurs se
rigidifieiil avaiU le* llécliisseorsL Hetoexhaix avait déjà montré rinrtuence de la tension
sur le muscle actif; (i^>TscllLlCll te démontra pour le muselé iuactif. La tension rythmée
produit plus d'acide que ta tension continue, le procédé de Hëiiie:vhak\ et de GotscHuca
consiste il écraser le muscle dans la solution physiologique, à filtrer l'extrait et à
rechercher sa réaction au moyen de ralizariue sodée, Lâ^ndau et Pacolly montrèrent
qu'un muscle qui est déchargé chaque fois qu'il atteint la hauteur de sa course se
fatigue plus lentement et développe raoÎDS d'acide qu'un muscle qui reste chargé pen-
dant la phase de la déeon traction.
Ce rapport entre le développement de l'acidité musculaire et l'intensité du travail chi-
mique apparaît aussi avec netteté dans le travail deGLEiss. Le muscle de crapaud, qui a
une contraction plus lente que le muscle de grenouille, développe [régulièrement moini
d'acide pendant son activité, l/auteura pu constater, en outre» que le muscle de crapaud
se fatig'uail moins que le muscle de grenouille, et pouvait soulever des poids alors que ce
dernier était déjà paralysé, La même diiïêreoce existe entre les muscles pAles et les
muscles rouîmes du lapine du rat blanc et des chat:*. Le muscle rouge, à contraction lente,
travaille plus économiquement et développe des produits de désassimilatioo en quantité
moindre que le muscli paie. Ces faits, qui sont en concordance parfaite avec les
recherches myolhermiques de IfEmENHALN et de FiCK, ont été conlîrmés par MoLHscaoTT
et Battistint, qui ont vti que les muscles pâles du lapin développent beaucoup plus
d'acide que les muscles rouf;es du chien.
Dans d'autres recherches aucun parallélisme entre le degré d'acidité et 1« travail
chimique n'a pu être démontré. Il semblerait même que l'acidité n'est nullement en
rapport avec le travail des muscles. A?5tas<;iiewskï(1880) ayant expérimenté sur le lapin»
a trouvé une diminution de l'acide lihr^i des muscles tétanisés, et cela dans chaque
eipérjence» Un résultat semblable a été obtenu par Warrkn. L'acide lactique décroît
fortement dans les muscles fatigués, suivant Monart.
Comparaison entre les valeurs moyennes de potasse satnrable par ractde libre
contenu dans lOO parties de muscles au repos et fatl|^ués, selon les divers auteurs.
AMMAJ,.
REPOS,
FATIOUE.
AUTEURS,
Gretitipille. ,.,,...,
©,047
0.026 1
Warren.
Mot-erchott et Battistinï,
astaschbwskv.
Waïiren.
Moles cuoTT et Battïstiki,
WtîVL et ZuiTLRJt.
MoLEScuoTT et Batiîstini.
0,18^ 0.114
Pia:eon ...
Cobaye . .
Liipiri
riiien. . .
0,:i60
0,1ÎI9
0,192
0,123
o,eo(»
0,097
0,383
0.296
0,145
0.136
0,476
0,067
0,112
(D'après lo tabloatt de MoL£8Chott et Battiitini),
Ce tableau nous rnonlre donc que, contrairement à l'opinion de Du Bots-Reyhoni»,
ta réaction du muscle a.u repos est légèrement acide, et non alcaline on neutre.
MoLEscHOTTet Battistini employèrent la phénol-phtaléiue comme réactif; voiri le rap-
port trouvé par eux entre racidité des muscles au repos et des muscles tétanisés :
AU RKIHM.
TKTANIII
Chien. .
100
ll.J
Lapin. .
100
161
Cobayi . ,
100
168
Pi|^e<iii .
100
108
Grenouille. . . ,
1 00
79
Ils n'ont pas constaté d'accumulation d*acide dans les muscles soustraits h la circula-
I
I
I
l
I
FATIGUE. 13!*
iton. Le rapport moyen eotre le repos et le travail est de 100 : 139. A quoi est due cette
acidité? C'est uniquement daji3 les recherches de MoLEâcMorr et Rattistini qu'il a été
tenu compte de l'acide cartiouique, et non daas celles d'AsTASGUBwsRV^ qni épuisait les
muscles avec de l'alcool et avec de IVau bouillante, ni dans celles de Wahhkn, (]ui, n'ayant
en vue que Tacide lactique, faisait un extrait à froid avec de Talcool, Ttivapûrait, épui-
sait le résida avec de Téther, expulsait l'cther jiar dislillalion et titrait avec la potasse
Taeide contenu dans le résidu de la soluliou étbérée» après l'avoir dissous dans l'eau; ni
dans celles de Weyl el Zeitler, qui rî^duisaient en cendres les extraits obtenus avec Teau
en se proposant seulement la détt^rmination de l'acide pliospborique. l) après MoleschotT
et Baitiî^tinï, à cMé de Tacide phospliorique, dont l'augjiientalion pendant le tétanos est
un fait démontré, c'est, avant tout, Tacide carlionique qui doit expliquer Taciditè des
muscles, AsTASGHEw^kv ne nie pas létle réaction» bien qu'il ait trouvé plus grande la
proportion de l^acide dans les muscles au repos qu'après le tétanos. L'acide carbonique
peut avoir un rôle dans Tai-'idilé des muscles, mais non pas un rôle exclusif; car Du
BoiS'Hkymond a trouvé persistante la couleur rou*:re que les muscles tétanisés produi-
saient sur le papier de tournt^sol. Les conclusions de MoLEsaiorr et Batti^tim sont que
les muscles, même h l'état de repos, contiennent de l'acide libre; cet acide doit être sur-
tout de Facide lactique. Dans la majorité des cas» les muscles fatigués contiennent une
plus grande quantité d'acide que les muscles au repos. Parmi les acides libres du muscle
fatigué, ceux qui doivent prédominer sont : Tacide pbosphorique (pbospbate acide) et
Tac i de carbonique.
La présence d'acide dans les muscles tétanisés a été encore constatée par Mahcuse,
WertHEB, BoEUM, BuHlIANNf LANDSBEnt^B.
Il est intéressant de constater que l'organe électrique de la torpille devient acide par
Taclivité tout comme le niuacîe, lait mis en lumière par Du Bols'Hkvmond {t8ri9) et
O, FuNRE. Cette observation fut trouvée ineiacte par IJoll (1K73), auquel vint s'adjoindre
KuLfiENBER*;; le tétanos slrycbnique fut impuissant à modilier la réaction alcaline, qui
est habituelle à l'organe électrique. Ta. Weyl (i883J, qui reprit cette étude, employa le
tétanos strychnique et le tétanos électrique pour produire la fatigue. Dans ces expé-
riences l'animal était à l'air; il supporta fort bien le manque d'eau. L'orj^ane électrique
excité devenait constamment acide, tandis que l'orj^'ane témoin conservait une réaction
alcaline. L*auteur a constaté de plus que les animaux vivants présentaient parfois spon-
Uoéraent une réaction acide; c'étaient des animaux fatigués; car ils étaient incapables
de produire des décbarges.
Il parait certain que la fatigue musculaire est accompagnée d'une augmentation
d'acidité du muscle. Mais c'est aller beaucoup trop loin que d'attribuer la fatigue mus-
calaireà raccumulalion d'un acide quelconque. Normalement, le sang alcalin neutra*
lise à chaque instant Tacide formé. Kt puis, comment expliquer que, plusieurs jours
après la fatigue, les muscles restent encore rlouloureux et présentent une dmiinution
de force dynamo métrique et ergo graphique? Pourtant Lagrange explique la courbature
de fatigue par une accumulation d'acide lactique.
On a constaté aussi un changement de réaction des urines à la suite de la fatigue
musculaire. Klûpfel avait institué en 1808 des expériences sur les modilicalions que
subit Turine par le travail musculaire. Il déterminait Tacîdité de l'urinti produite dans
les vingt-quatre heures au moyen d'une solution titrée de soude caustique, Il conclut
que les urines produites pendant un jour de travail demandent une quantité de soude
caustique bien supérieure pour être neutralisées. En 1872, Sawicki lit des recherches
dans le but de déterminer si la quantité totale d'acide contenue dans les mines d*un
jour de travail est supérieure ou non à celle contenue dans les urines d*nn jour de
repos. Les expériences ont porté sur trois individus, qui se reposaient un jour et tra-
vaillaient le jour suivant, en faisant des marches forcées et des exercices musculaires.
U obtint des résultats contraires à ceux de Klîpfel; la quantité et la qualité des aliments
avait plus d*inlluence sur la réaction de P urine, que la fati^'ue ou le repos.
Jakowski lit deux séries d'expériences qui durèrent six jours chacune*
Il détermina la teneur en acide des urines sécrétées pendant les vingt-quatre heures
des troisième» quatrième, cinquième et sixième jours d'expériences. Pour se fatiguer il
faisait de longues promenades. La quantité d'acide contenue dans les urines augmen-
1
5
uo
FATïCUE.
tait considérablement les joors pendaDi lesquels le sujet aTdt fait an grand travail
muscntaire. Un résultat semblable a été consigné par Fcstier et par Gilbehti et Alcssi.
La fatigue rend Tiirine plus acide. Ces recherches Turent reprises par Aoucco en 18dl 1
sur le chien qu'on faisait courir dans la roue tournante de Mosso. Au bout d*une heure
on sonde le chien et on lui donne à boire une quantité d^eau correspondante au poids
qu'il a perdu. On le remet dans la roue, et on Ee fait travailler Jusqu'à l'épuisement
complet des forces. La réaction était déterminée quantitativement au moyen d'une solu-
tion titrée de soude caustique. 1^ réaction limite était indiquée par une solution
alcoolique d'acide rosaîique, qui devenait jaune par les acides et rose-pourpre par les
alcalis. On recueillait aussi les urines pendant les deux ou trois heures consécutives,
puis le matin suivant. Ces urines ne contouaîent jamais ni sucre ni albumine. Dans toutea
les eipériences, la réaction de l'urine, qui était acide avant la course, subissait une *
forte diminution d'acidité déjà après la première heure (10 kilomètres), ou même
était déjà devenue alcaline. Oans la première heure de repos^ l'urine tantôt mainteuait
son alcalinitéi tantôt prenait une réaction acide ; pendant la seconde heure de repos !
elle se montrait constamment acide. L'alcalinité de l'urina du chien qui court est doa
îi la présence de carbonates alcalins, comme le démontre nettement relTervescence
que produit l'addition d'acide chlorhydrique. Dans les urines des chiens au repos
l'acide ciilorhj'drique ne produit pas d'effervescence. En conséquence, ce sont les sub-
stances qui donnent de l'acide carbonique comme dernier produit de leur transforma- 1
tion qni sont sp/'cialemenl brûlées dans ta fatigue. D'après Movaru l'urine est alcaline*
cheT: le diien fatigué, acide chez le cUien r*^posé.
Des résultats semblables furent également obtenus par Ouoi et Tabulli. D'après
Bk?(euicentj, qui a fait des analyses d'urines après des marches forcées, il y a tout
d'abord une auff^mentation d'acidité; ensuite on observe une vérilablti fermentation
ammoniacale; l'urine devient alcaline et se putréPie facilement. L'augmentation de
l'acidilé urinaire est encore bien plus grande qu'elle ne le paraît, car la sueur abon-
dante tend à abaisser l'acidité de l'urine (Lassetzk(). Gucosa avait constaté une augmen-
tation d'acidité urinaire chez les cyclistes.
Nous voyons donc, d'après les données contradietoires de ces divers auteurs» que
la réaction de rurine ne suit pas exactement l'intensité de TelTort, et qu'elle est une
donnée Irrs complexe, la résultante de facteurs variables.
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an einem Arbeitstai^e ijrùsser al$ aneinem liuhetage? {A, g. P., v, 1872, 285.) — \VEYLiTn.)
Fhjsiolofji^ietie und cttemische Studien an Torpédo {A. P.^ SuppL, 1883» 103-126). — Wkyi*
(Ta.) et Zkitleh (IL). Veber die mure Réaction des Ihalujen Muiikels und uber die Roîte di'V
• Pho^^harsaur^ bei Munkelthàtiijkeil [Z. p. C, 1882, vi, 55). — VVabren (Joseph W.). Ueber ^
den Einfluss des Tetanus der ^ïuskeln auf die in ihm enlhattenen Sàuren (A. g. P., ^88ip^
xxïv, 391-406). -- Wehtheiv. Ueber die MikhsatircbitdnHg und Glf/kogenverbrauch im quer*
FATIGUE.
UI
I
gnîreiften Muskel bei der Thûtvjkcit und bei der Toàtenstarre (À, g. R, 1889, xlvi, 63-92).
— ZvxTz et HAGEMANf^f. Stoffw€citëel des Pferdes bei Huhe und Arheit, Berlin, 1898.
%%. Hydrates de carbone. — Le travail musculaire est ïié à une diniinutioii de «ly-
co^ène du muscle, fait coiislalé en premier lieu par Claude Bernard ilS^λ) et confirmé
ensuite par Na^sk (1869). S. Weiss (1871) observa une diminution du glycogèoe musculaire
dàDS U létanisatton pousat'e jusqu'A l*épuîsement, diminution qui va de 25 â 50 p. ICK).
Voici ses chiffres (en grammes) dans trois expériences sur les muscles de six, douze et
quinze membres postérieurs de grenouilles :
1
s
8
Blusclea de grenouille Inactifs. ,
a,iii3
0,252
0,1 n
— — — létani&rs .
(1,107
0,138
©,05»
H Ainsi la proportion de glycogène musculaire diminue parle fait de la fatigue. D*autres
analyses viennent aussi à Tappui de cette opinion. Les muscles les plus actifs d'ordi-
naire sont ausM les plus pauvrt^s en gtycogène; cette proportion variera donc suivant
le genre de vie de ranimai. Tandis que cheï le poulet le glycogène s*accumul« dans
les muscles de Taile, muscles inactifs» et disparaît presque des muscles des pattes; chex
la chauve- souri s, dont tes muscles pectoraux sont si actifs, c'est Tinverse qu'on con-
I State (Ghothe)- D'autre part, après la section des muscles d'un membre, la proportion de
glycogène augmente dans les nmscles du côté delà section» comparativement à ceux du
côté opposé, intacL (CriANDELON). Les faits constatés par Weiss furent confirmés par
MATtCHB, WEATREn, BoE'Ju, Krauss, Moritz, KCltz, Dans ses expériences sur le masséter du
cheval, Duuveau a obtenu les chiffres suivants :
Poids du plycogène. ......
Dani 1 000 grammes de masseter.
Pendaut 1p repoi.
Après le livivail, .
13 «,774
15f^396
I
\
I
I
I
D'après les expériences de Morat et Oufoubt, faites sur des cUiens dont les muscles
IJIlient tétanisés, il y a une diminution de 4D k SO p. \m Je glycogène par le fait du tra-
vail des muscles exsangues. Pour rendre évidente la consommation de glycogène, il faut
supprimer le passage du sang dans les muscles; autrement la provision de glycogène
est con»taramenl renouvelée parsuractivitéde la fonction glycogénique du foie. Catherine
ScBiFJtOFF a montré que môme les contractions musculaires Irè^ faibles, à peine per-
ceplibles, suffisaient pour amener une très forte diminution de glycogène.
Toutes ces expériences montrent d'une façon certaine que les muscles possèdent
une réserve toujours disponible de potentiel sous forme de glycogène- Mais nous igno-
rons pourquoi îe muscle cesse de se contracter avant que .sa réserve de glycogène soit
complètement détruite. Le rétablissement par le repos des fonctions d'un muscle fatigué
9t ex5anj>ue montre, en elTet^ que d'autres facteurs que répuisement des réserves
iODt ta cau^e de lu fatigue muscutaire.
Le fonctionnement des muscles est lié à une suraclivité de ta fonction gtycogéntque
du foie (Chauyeau) ; le taux de glycose augmente toujours dans le sang artériel après
un travail musculaire local, comme celui de la mastication. D'après Kult/, sur un chieo
en inanition on trouve encore du glycogène dans le foie au quinzième et mêjjie au ving-
tième jour. Or, si l'on fait travailler un cbien jnanitié, et si Ton procède à l'analyse du foie
immédiatement après le travail, on n*y trouve plus de glycogène, ou seulement des
traces.
Le glycose est ralimenl prochain et immédiat des combustions attachées à la produc-
tion de la force musculaire (Cmauveau).
D'après les anciennes expériences de Rankk (1865), la tétanisation des muscles com-
plètement privés de sang augmente la proportion de sucre musculaire; faugmentalion
atteint parfois 50 p. 100. D'après Monari {1890), le sucre tantôt augmente et tantôt
diminue sous Pintluence de la fatigue, Beneoicenti ne trouva janiais de traces de sucre
dans les urines des soldats surmenés par de longues marcher.
§ 3. Substances axotées. — Crèaîine. — Une expérience déjà ancienne de Liebig
(1847) semble démontrer que Tactivité musculaire poussée jusqu'à Textréme fatigue
augmente ta proportion de créatinedans le muscle; cet auteur a constaté que les muscles
142
FATIGUE.
d'un renard forcé à la chasse contenaient dix fois pi as de créaiine qne ceux d'an renard
privé. Sarokow a trouvé »|iie le muscif: !e plasacLîf de l'organisme* lerœur, contient pins
de créatine que îes muscles périphérif^iies. lia au5>si observé que les muscles desantmaax
actifs contenaient plus de créaLjiie que les muscles des animaai au repos; que les
muscles tétanisés et fatigués étaient plus riches en créatine. Sczklrow vit que dans les mus-
cles qui travaillent davantage il y a une plusfrrande quantité de créatine. Il trouva plus de
créatine dans les extrémités postérieures que dans les eïtrémités antérieures; en les
paralysant les unes et les autres au moyen de la section de la moelle épinière et en téta-
nisant en su lie les extrémités antérieures seules, il trouva dans ces dernières une plus
grande quantité de créatine. Ces résultats furent contestés par Nawrocki, Voit, Bislea
et Meissner. Nawrocki trouva, tant dans les muscles antérieurs que dans les musclef.i
postérieurs des grenouilles et des poulets, la même quantité de créatine. Voit, HoFVANr
Balenke, Irouvèrent toujours dans le cœur de Thomme une moindre quantité de créatine
que dans les extrémités du même animal. MoxARr a observé la transformation de la créa-
tine en créatinine dans le muscle fatigué. Il trouve dans le muscle au repos 0,334 p. 100
de rréatine et 0,05») p. 100 de créatinine» alors que dans les muscles fatigués il y avait
0,493 p. 100 de créalinine. Le muscle fuligué contiendrait une moins forte proportion
de créatine ijue le muscle au repos; mais il s'y trouverait de la créatinine ou plutôt une
nouvelle base créatinique, la xanlhocrcaiimne. Celle base, que A. Gautier parvenait à
extraire en 1885, fut Irouvée par Monari dans les muscles fatigués et les urines des
personnes lasses. Le même auleur constata deux fois sur cent la présence de la teucine
dans les muscles fatigués.
Ces expériences sont insuffisantes pour déterminer le rapport qui existe entre le
travail et la formation de la créatine. La créatine, étant un produit de la déssasimilalion
musculaire, s'élimine constamment par la voie rénale sous forme de créatinine et d*urée.
Sa toxicité est très faible; injectée dans les membres, elle n'amène pas la fatigue mus-
culaire, et ne peut, de ce chef, éire classée parmi les substances fatigantes.
Créatinine, — Le travail musculaire augmente dans d'assez fortes proportions ta
quantité de créatinine éliminée par les reins. Mosso a observé que Turine des soldats
soumis à une marche forcée contenait, pour une période de 12 heures, 0,74 gr. de créa-
tinine, tandis que pendant i2 heures de repos le cliiffre observé a été de 0»50 à 0»38.
L* augmentation de la créatinine dans les urines pendant le travail est très marquée,
d'après Groecho. Cet auteur lit des observations sur six militaires tenus à une diète ali-
mentaire constante; il constata finlluence constante et marquée du travail musculaire
sur les quantités de créatinine éliminée. D'autres données lui furent fournies par un
voyageur qui franchit Ici Alpes à pied et se rendit jusqu'à Pavie où iî fut reçu à l'hôpital
brisé de fatigue, Chei cet individu» la quantité de créatinine éliminée s'élevait à 1^^,57
les premiers jours, et descendit à 0»^87;> le huitit^me jour. Oddi et Tarulli reprirent
les expériences de Hofmann et celles de Ghoecho, et donnèrent raison à ces deux auteurs.
Le travail musculaire normal n'exerce aucune influenresur la formation et sur l'excrétion
de la créatinine. C'est seulement dans le travail exagéré, lorsqu'il y a une cfrlaine
dyspnée, qu^on rencontre dans les urines une augmentation de celte substance. La
créatinine conserve avec Tazote total un rapport presque constant et suit toutes ses
variations. De fait, pour Voit^ Mei^sneu, Maurocor, HAîiANN,le travail nmsculaire modété
n'exerce aucune inlluence sur Te limi nation de la créatinine par l'urine. Mqitessier a
expérimenté sur lui*môroe et sur un ami : la créatinine était dosée par le procédé de Nea-
bauêb; il a trouvé une augmentation de la créatinine éliminée dans la proportion d*un
huitième après des marches de 15 à 40 kilomètres. Ranke a vu que la créatinine injec-
tée dans le sang exalte l'irritabilité des nerfs et produit des contractions spasmodiques.
Landois considère la créatinine comme assez toxique.
Urée et acidt' uriqite, — Il est rigoureusement démontré, par des expériences, soit an-
ciennes, soit récentes, sur lesquelles il n'y a pas lieu dinsister ici» que l'azote de Tunue
n'est pas modifié par le fait du repos ou du travail; la contraction musculaire n'est pas
accompagnée d'une production d'urée (Kalffma.nx), et cette substance n'augmente pas
non plus dans les urines par le fait du travail musculaire. En est-il de même dans la
fatigue? La question a été vivement discutée.
D'après Lbhhann, le travail musculaire intense produit une augmeolation de relirai-
FATIGUE,
U3
I
I
I
I
nation de l'urée, fait coutredii par Voit, Pour Han&c le tétanos musculaire est Hé à une
diminution des sub^ttances albuminùldes. Suivant Bouchard, les exercices modérés font
disparaître les sédiments uratiqyes des ormes qoi en renferment d'habitude, el les
exercices Tiolents en font apparaître dans cellesi qui n'en renfermaient pas d*ordînaire.
MoiTEàsiER trouva une augmentation d'acide urique et d'urée après des marches pro*
longées. Oddi et Tardlli constatèrent une assez forte augmentation de Kurée iiprès des
marches fatigantes; mais cette augmentation ne correspond pas à une consommation
d^aLbuminoîde capable de nous expliquer Ténorrae quautilé de force développée pen-
dant le travail.
Suivant CmanET* Teiercice musculaire agit sur rexcrétion de Turée selon Tétat d'en*
trainement du sujet. Avec un entraînement suffisant, Texercice musculaire, assez
modéré pour ne pas amener de courbature» détermine une augmentation de l'urée.
Cette augmentation disparaît et fait place à une diminution à mesure que Tenlraîne-
ment préalable est moindre ou que Texercice augmente de façon à provoquer la cour-
bature. Eu même temps, les variations des quantités d'urates sont en raison inverse de
celle de Turée. En sorte que renlraînement réalise les conditions d'une oxydation plus
complète de la matière azotée; en cas d'absence d^entrainement, le travail jnuscutaire
s'effectue avec gaspillage de la matière azotée, ûuxlop, Fatux, Stoc&mann et Mai^cadam
constatèrent snr Thomme que le travail musculaire intense produit une augmentation
de Tazote et du soufre urinaire. L'albumine désassimilée est d'origine musrulaire. Mais»
si l'individu est mal entraîné, alors il y a augmentation d'acide urique» de matières
extractives et de phosphore. Suivant Garratt, l'urée est légèrement diminui^e pendant
Texercice musculaire, pour augmenter ensuite fortement; sa valeur est doublée eu
douze heures, L*a«gmentation est suivie d'une légère diminution, après laquelle s'éta-
blit réiat normal. Le môme rapport existe pour l'acide urique. D'après les analyses de
KcRABW, faites sur la grenouille et le lupin, la tétani«;atiou des musoles leur enlève des
albumînoîdes en quantité plus grande quand ils sont pourvus de ciriulation que quand
ils sont exsangues* Kascmkadamow trouve une perle de 0«f,88'p- 1(M>, d'azote musculaire
sous rinlluence de la tétanisation.
En appliquant les idées que Bouchard et A. Gautier ont rendues classiques, Lac.ha.xgb
propose une hypothèse qui attribue la courbature de la fatigue à une sorte dlntoxication
de rorganisme par des produits de désassimilation, en particulier parTacide lactique et
les déchets azotés. Il a observé que les sédiments urinaires, composés en grande partie
d*UTates, apparaissent à la suite de travaux intenses; ils font défaut si le travail est peu
intense et dure peu. Mais l'état du sujet a bien plus d'tnOuence que la violence de
Texercicc pour augmenter ou dnninuer ïa quantité de sédiments rendus à la suite du
travail. Plus on se rapproche de l'état d'entraînement, et moins abondants sont les
dépôts de Turiue pour une même quantité de travail. A mesure qu'on acquiert par
l'exercice plus de résistance a la fatigue, les urines perdent leur tendance à faire des
dépôts. Si le même individu se livre chaque jour au même exercice nécessitant la même
dépense de force, écritLv(;nANr.g (p. 110), s'il entreprend, par exemple, de parcourir, en
ramant pendant une heure, une distance donnée loujourg la même, il arrive que son
ex:ercire, après lui avoir donné les premier;! jours de fortes courbatures, ne produit plus»
au bout d'une semaine, qu'un malaise insignifiant. Il arrive aussi que ses urines, après
avoir donné lieu à des précipités très abondants au début, ne présentent plus en der-
nier lieu qu'un imperceptible nuage. A mesure qne les sédiments deviennent plus rares,
la sensation de fatigue consécutive tend à diminuer, et le jour où les urines gardent»
après le tiavail, toute leur limpidité, rexercice ne- laisse plus à sa suite aucune espèce
de malaise : la courbature ne se produit plus. Il y a donc un lien étroit, une relation
constante entre la formation des sédiments uratiques et la production de la courbature.
Cette remarquable corrélation se retrouve dans toutes les circonstances qui peuvent
faire varier les efTets du travail. Si Ton passe d'un exercice auquel le corps est fait, à un
exercice exigeant l'action d'un groupe musculaire dilTérenl, on éprouve de nouveau les
malaises de la courbature, et les urines recommencent à présenter des sédiments.
11 en est de même quand, pour une raison quelconque (même d'ordre morai), l'orga-
niame est moins résistant à la fatique. Lagrange donne le résultat de l'examen d'un
échantillon d'urine recueilli après une {très longue séance d'escrime, sur un sujet non
Ué
FATIGUE.
entraîné, qui, depuis deux mois, s'était abskîiiti de lonl exercice musculaire. Pour un iiire
d'urine, la quautitc* d'acide urique éliminé a clé de i ^''», 43, Chez le mfirae sujet ajaiil
exécuté le même travail, après entraînement préatable, et dont Turine n'a formé uucua
dépôt, k quantité d'acide unque éliminé pour un litre de liquide a été Os^tiO, chiiïre
qui ne s'écarte pas de la iionnaïe.
L'exercice viidenl laisse donc à sa suile, chi?z les hooimes non entraînés, une sur-
charge urique du sang» une véritable uricémie, comparable, suivant Laghange, à l'état qui
précède un accès de goutte. Cetteanalo^ieesl conPirmée par l'observation ; chez les sujets
prédisposés à la goutte, un exercice violent est souvent la cause déterminante d'on accès.
Tissié constata une augmentation du double de Fazote total, de l'urée et de Tacide
uriqiie le lendemain d'un record de 2i heures sur piste,
Ammoniafitii'. — Pour savoir si falbunijoeest consommée dans le muscle en contraction,
Slosse (IGOOJ a fait le dosage de l'ammoniaque dans le sang et les muscles; la produc-
tion d'ammoniaque est, en effet, le premier résultat de Tattaque de la molécuïe d'albumine
in vitro. Pour doser l'ammoniaque Tauleur s'est servi de la méthode de Nencki et Zvlesri.
En rnoyerïue le muscle renferme i*">"^'»^92 d'ammoniaque par 100 grammes (muscles
au repos); après convulsions strycbniques, ce chiffre s'élève à 2i™**^«^,G2 par 100 gram-
mes; après convulsions électriques, à 23'°^"^"f%20. Le dosage de l'ammoniaque dans le
sang a dojmé les cbi Tires suivants :
Sang artérieL ...... !wiiiJiBT,9ri p. ïOÛ
Sang veineux, ;,.... 2»»ii'*e'',i7 —
La contraction musculaire serait donc liée à une production d'ammoniaque,
g 4. Seli. — TissjÉ constata chez le coureur Stépbane, pendant son record de 24 heures en
piste, que les pertes en acide phosphorique le jour de la course s'élevaient : phosphates
combinés aui alcalis» à 2^';43î combinés aux alcalino-terreux, à i^»",21; acide phospho-
rique total :3»'*,6ÏK Le lendemain de la coiirse : phospliates combinés aux alcalis, i^^GG;
combinés aux alcalino- terreux, 2«%3t; total: 7 grammes. Les sulfates passaient de
Giî^lS le premier jour, à 7^^,12 le lendemain î enfin, tandis que le jour de la course la
perte en chlorures atteignait IS^^SO, le lendemain elle diminuait du quart et arrivait
seulement k Z«^,i2. Suivant Garrat, il y a une augmentation de phosphates urinaires
et de stxlfates pendant Texercice. L'élimination de chlorures est régulière.
Une augmentation de rélimination de phosphates par rémonctoire rénal sous Tin*
Ouence du travail musculaire présente un grand intérêt, car elle est directement liée àift
désassimilalion des matières albuminoïdes. Cette augmentation a été constatée dans de
nombreux travaux, notamment dans ceux d*Eni;elmann (1871), Kllig et Olszawsry,
pRESYz» Wktl et Zeitler trouvèrent une augmentation de phosphates dans les muscles
tétanisés; ne pouvant trouver une explication satisfaisante à ce phénomène, ils suppo-
sèrent que le phosphore se formait au dépens de la nucléine, attendu que celte augmen-
tation n'était pas due à la décomposition de la lécUliine. Suivant ta remarque de IUacleoo^
cette explicatiou est inconciliable avec le fait de la faible teneur des muscles en nucléine
(Whitfield ne trouve pas de trace de nucléo-albumine dans le muscle; Pekëluahlng en
trouva en très petite quanti Lé). La méthode employée u'était pas non plus exempte de tout
reproche; pour extraire la lécilMne. Wevl et Zeitler employèrent l'alcool et Télher
à froid, bien qu'il ait été démontré par Liebermann que, même à rébullilion, ces
di-isolvants ne peuvent enlever toute la lécitlune. Pour extraire les phosphates inorga-
niijues, ils traitèrent les muscles dépourvus do téciLhine par l'eau bouillante pendant
cinq minutes; or ce traitement a pour effet de détruire la nucléine (ainsi que Kossel
et Miescher l'ont montré) et d'aiigmenter artiltciellement la quantité de phosphates.
A cûté de la nucléine, il existe encore dans le muscle d^autrcs substances phosphorées
qui étaient encore inconnues au momeiit où Weyl et Zeitler publiaient leur travaillât
dont la décomposition, au moment du travail, peut produire l'augmentation de phos-
phore inorganique. Une de ces substances est la nucléone, découverte par Siegfried. Cet
expérimentateur trouva, en effet, que l'extrait aqueux des muscles tétanisés contenait
une moindre proportion d'azote provenant de la nucléone que l'extrait aqueux des mus-
cles au repos. Macleod (1899) institua des expériences pour se rendre compte si dans
le travail musculaire il y avait une dissociation du phosphore d'avec la molécule de
I
-^-r-
FATIGUE. H5
nucléoiie, ainsi que cela se produisait pour Tazote. Les expériences furent faites sur des
cbîens, qui quatre jours auparavani, étaient nnurris do viande de cheval. Us étaient
eosu!t« soumis à des marches dans une roue jusqu'A grande fatigue. Les chiens témoins
étaient gardés au repos. Les animaux étaient tués par anéniitj; teurs musdes brojés dans
an€i machine à viande. Voici les résultats des analyses : nom Vin/luence de la fatigue
mmculaire, le phosphore organique contenu (hmii CextraU aqucujc du muscle diminue dans
de très larges limites. Cette diminution se fait en partie (50 p. 100) aux dépens du phos-
phore de la nuclêone, on partie aux dépens d*autres substances phosphorées qui se Irouvent
dans le muscle (acide inosique^ etc). Dans tes expériences où la fatigue a été très intense
(8 hflurea de travail)» le phosphore de la nucléine est tr^^s fortement diminué. Ces résul-
tats concordent avec les faits observés parSiEOParED, que la proportion denucléone détruite
est plus considérable dans un travail intense que dans un travail modéré. Proportionnel-
lement i la diminution de phosphore organique total soiuhïe dansTextrait aqueux, M aclbod
a observé une augmentation de phosphore inorganique soluble. Le phosphore total soluble
dans l'extrait aqueux ne varie pas à la suite du travail ; seul le rapport entre le phos-
phore organique et le phosphore inorganique, qui était 1 ; 3 pendant le repos, devient
1 : 5 et même 1 : 6 (quelquefois { : I3j pendant le travail. Nous avons vu que» sous
Tinfloence de la fatigue musculaire, une partie du phosphate disparu était due à la
décomposition du nucléone; or cette décomposition na lieu que lurs d'un travail mus-
culaire très intense. Le travail modéré libère aussi du pihosphore, mais celui-ci provient
d'une autre substance phosphorée qui se trouve dans le muscle^ et qu'il a été impossible
à HâCLGOD de déterminer.
Les expériences rapportées dans ce chapitre tendent à prouver que pendant la fatigue
te muscle consomme des matériaux un peu difTérent^à de ceiix qu*il utilise pendant la
contraction sans fatigue. Ce n'est pas une conlradictînn avec les opinioiiâ de Cbauvëau,
qui a établi que ^ le travail musculaire ii*emprunte rien de Ténergic qu'il dépense auJt
matiV^res albuminoides, maii que c est à Tétat d'hydrates de carbone que le muscle en
travail consomme le potentiel qui est la source immédiate de sou activité, et cette con-
sommation n'est pas autre chose qu'une combusliou totale. Sl'uI le travail d'usure donne
Heu à des excréta azotés, et c'est la nécessité d'un travail de réparation pour nos tissus
qui explique Fimmense importance de t'axote alimentaire. <• L'alimetLlation iiistiflisaule
ou un travail excessif se confondent, d'après Covuvkau; ils ont pour eilet d'entraîner une
dépense d'albumine vivante qui se traduit par un excès dans l'excrétion azotée. Mosso
croit aussi que le muscle ne consomme pas aans ses premières contractions les mômes
substances qu'il utilise quand il est fatigué; de iiième, dans le jeûne, nous consommons
le premier jour des matériaux qui sont compUHemenl diiïérents de ceux que nous emprun-
tons à nos tissas dans les derniers jours de Tinanition. KnoxECEBa partage la même
opinion.
Si ce point de vue est exact, les produits de ladésassimilalion pendant la fatigue doivent
différer non seulement au pomi de vue quautilatit', mais aussi au point de vue qualitatif
de ceux qui sont fabriqués normalement par l'organisme. Parmi les produits de la désas-
^tmilatton des matières albuminoîdes^ il en existe de trêstoxiques (â.Gautieh), et ce soûl
ces produits qui constitueni l'origine des symptômes de la fatigue. On peut donc dire que,
dans les conditions ordinaires, le muscle consomme des substances non azotées, et que
c'est aux dépens de ces substances qu'il produit du travail mécanique et de la chaleur; la
consommation d'albumines est insigniï]ante,el résulte d'une simple usure du tissu mus-
culaire (Chauveau); les produits toxiquf*s, issus des matières albuminoïdes, sont fabri-
qués en petite quantité et sont aussitôt brùtés au moyen de l'oxygène du sang, détruits
dans le foie et dans d'autres glandes de l'organisme et éliminés par le rein; dam Icscon^
ditims anormales d' exercice prolontjé jusqu'à la fatigue^ qm d'apport insuffisaul de matériaux
«on azotés, le muscle, à défaut de ces substances, consomme des albummoides et fournit
des produits de déchets azotés, dont quelques-uns sont doués d'une très grande toxicité;
ces substances s'accumulent dans l'or^^anisme et agissent d'une façon paralysante sur les
éléments excitables du rorganisme (Doxoens» tlAi^GiiroN, etc*). Il ne faudrait pourtant pas
croire que la désassimilatton des albumirioides commence au momt»nt où toutes les
réserves hydrocarbonées sont épuisées: nous avons vu que, même en faisant travailler un
muscle sans circulation, on n'arrive pas à lui faire consommer tout son glycogône; la
OÏCT. DB PBVSlOLOalï, *- TOME VK 10
«46
FATIGUE.
f&ligue arrive auparavant. IJ est doue fort probable que la consommattoo des aIbumiuoIile«
débute déjà au moment oCi le travîiil musculaire commence à fléchir.
La n'paralictri de !a fatigue musculaire par Toxygène nous fournit aussi un ar^umeut
dans 1** même sens (J. Iotkyko); elle tetid à faire supposer qu'il y a plutôt une consom-
raatiou de matières albumiuoïdes avec production de substances toxiques; car, s'il s'agis-
sait de glycogène détrtiit, on ne comprendrait pas la restitution du glycogène dans k
muscle privé de sang, tandis qu*on comprend très bien la destruction et la paralysie du
muscle par des substances toxiques, d^^rivant des matières albuminoïdes.
§ &« Matières extracUves et réductrices. Teneur eu eau du muscle fatigué. — Les
muscles qui ont été soumis à un excès de travail ont subi de profondes modificatiotis
chimiques. Leur corruption est tiâtive; ils renferment des suLslances nouvelles, dites
isHrmtivcs. Helmholtî; avait montré en 1845 que les matières extractives, soluhles dam
Talcool, augmenleul dans le muscle qui travaille, tandis que les matières solubles dans
Tean diminuent. Si Ton suppose les matières extractives solublcs dans Falcoot égales à
100 dans te muscle au repos, elles deviennent égales à 133 dans le muscle tétanisé. Ces
faits furent conllrniés par J. Ramîk, aussi bien pour les muscles exsangues que pour léftj
muscles avec circulation. La diminution des matières extractives solubles dans Tej
n'est pas relative (comparativement à l'augmentation des matières solubles dans Takool),
mais elle est absolue.
On sait que le travail musculaire est lié à une consommation d'oxygène. Suivant
l'hypothèse de Traube [Vtrch. Àrch., xxi, 399), la fibre musculaire possède la faculté
d'enlever l'oiygène au sang et de s'unir avec lui en une combinaison lâcbe, pour le céder
ensuite à d'autres substances, dissoutes dans le suc musculaire et douées d^ine afïînité
plus ^*raude pour Toxygène. Grûtzner chercha k montrer ces réactions en fournissant
au muscle pendant ou après son activité des substances qui cèdent facilement leur oxy-
gène. 11 injecta de Tindigo daus la veine abdominale on dans le co^ur des grenouilles, el
lia eui^uile Taorle; il tétanisa alors une cuisse par l'intermédiaire de la moelle, alois que
la cuisse du côté opposé était gardée au repos par la section du nerf correspondarit. Il
s*attendait à trouver une décoloratifon de Tindigo sous l'intluence de substances réduc-
trices. Les résultats ne furent pas bien nets; parfois le muscle actif fut trouvé plus pâle
que le muscle inactif, mais on observa aussi le contraire. Au contraire, avec Tacide
pyrogalliqiie, le filtrat du muscle actif était légèrement jaunâtre, tandis que le filtrat do
muscle inaclif possédait une coloration brune foncée, La difTérence apparaissait encore
plus grande quand, au lieu d'acide pyrogallique pur, on employa un mélange d'acide
pjrogallique avec des traces d'un sel d'oxyde de fer. L^uuleiir n'acquit pourtant pas la^
conviction que la modification de coloration était due à une action réductrice exercée
par le muscle en activité, et il Tattribua à une quantité plus grande de laclates. Schôn-
BEi.x avait trouvé, en 1861, que tous les nitrates solubles se réduisent en nitrites, non seu-
lement par riiydrogène, le zinc, le cadmium, mais aussi par des corps organiques tels
que l'amidon, le sucre de canne, la glycérine, les globules du sang. La formation de
nitrites est expliquée, seîon Sciiu^aEiN, par un processus d'oxydation.
Cette découverte fut le point de départ des recherches de tiscBEiDLEN (1874), qui
voulut se rendre compte si, sous l'inÛueDce de processus d'oxydation aussi énergiques
que ceux qui s'accomplissent pendant l'activité musculaire, il était possible d*obtenir
une transformation de nitrates en nitrites. Il injecta à des grenouilles sous la peau du
dos ou dans la veine abdominale des solutions de nitrates alcalins d'intensité variable.
Après rinjection un des sciatiques est sectionné; la grenouille est tétanisée par Tinter-
médiaire de la moelle, ou bien elle est strycbniaée. Après un tétanos d'une durée de
une à liîiit heures, les cuisses sont hachées, el les extraits filtrés. L'extrait des muscles
tétanisés donna, en présence de Tamidon^de Tiude et d'une solution faible d'a■^ide sulfu-
rique une coloration bleuâtre déjà au bout d'une demi-heure k deux heures (indice de
la formatioft de nitrites), tandis que la même coloration s'obtitit avec l'extrait des muscles
non tétanisés au bout de vingt-quatre à trente-six heures seulement. Ce fut le résultat
constant de soixante expériences. Sans exception, l'extrait des muscles tétanisés se colora
plus tôt que Textrait des muscles non tétanisés. L'apparition hàtîve de la réaction est
d'autant plus surprenante que différents corps organiques possèdent la faculté de déco-
lorer riod e- amidon (Pettenkofer, Blondlot, Bêchami»).
É^^
FATIGUE.
147
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Il tiiste encore d^autres Agents qui démontrent la formation de nitrUeii par le fait
de ractmté musculaire; cornrae Tacide diamidobeniiOjqu**, considéré par Griess comme
le réactif de l'acide nitrique. Les extraits des muscles tél.misés deviennent pluâ forte-
ment colorés en jaune par Tacide diamidobeiizoïque que les extraits des muscles inac-
IUb, La nitrifieatton dans les muscles actifs est en outre démontrée par la tlifférence de
coloration entre Textrait des muscles tétanisés et des muscles inactifs après qu'on ajoute
d« la bt'ucine, dissoute dans Tacide cijiorhydrique. La coloration rouge est proportioit»
nelle à la quantité d'acide nitrique qui se trouve dans le liquide. S'il y a eu formation
de nitrites sous riniluence de l'activité musculaire, l'acide axotique disparaîtra, la colo-
ration rouge soufi 1 influence de ta bructne et de Tacide sulfurique dans Textrait du
muscle inactif persistera un temps plus Ion;;;', et la coloration jaune apparaîtra plus tard
que dans l'extrait des muscles tétanisés. C'est ce qui s'observe en réalité, l/extraitdes mus-
cles inactifs est coloré en beau rouge sous l'intluence de la brudne et de Tacide sulfn-
riquet alors que l'extrait des muscles tétanisés est à peine rosdtre, et en peu de temps
la coloration passe à l'orangé et au Jaune.
Toutei ces réactions montrent que l'exUail des musrles tétanisés renferme des
nitrites (Gscheidlkx), et que ceux-ci ont pris naissance pendant reipérience. La nitrilî-
cation n'est pas accélérée si on arrête la respiration cutanée de la grenouille par immer-
sion de la patte dans un bain d'huile, et si on arrôte la respiration pulmonaire par extir-
pation ou ligature du poumon; elle n'est pas accélérée non plus si oti ploof^e ta^^reitouille
entière dans une atmosphère d azote ou d'hydrogène. Probablement les nitrites fortnés
sont éliminés tels quels par l'animal. La conclusion de G^^chëidlkn est qne^ pendant Tac-
tivitê mmcuiaitet il y a format iûn rff mbstances qui possèdent un potwoir r<;ductsur trt}s
énergique. On ne sait quelle est leur nature; on sait seulement que ces substances, faci-
lement oxydables, .^yrrl soiuhtes dam Vatcool: car, si Ton prend les extraits alcooliques
des muscles tétanisés et inactifs, et si après Tévaporation de lalcooî et la dissolution
dans l'eau on ajoute des nitrates, alors on constate que, daus la solution aqueuse de
l'extrait alcoolique du muscle tétanisé, il y a formation de nitrites en peu de temps^
tandis que la formation de nitrites dans le muscle inactif n'a lieu que sous rinlluience de
la putréfaction (Gr^cnEiDLEN). Aucune des substances connues, qui se forment pendant
Tactivité musculaire, ne possède le pouvoir de transformer en réaction acide tes nitrates
en nitrites dans le cours de plusieurs heures, bien qu'un g^rand nombre de substances
(acide lactique, sucre, glycogène), en réaction alcaline plus rapidement qu'en réaction
ftdde, agissent d'une manière réductrice sur les nitrates dans le cours de plusieurs jours.
ÀBKLOiTs, pour doser les matières réductrices^ qui représentent les termes intermé-
diaires de la désassiminaliun des substances albnminoides, a employé ïe procédé d^ÊiARO
et Ctt, RicHrr, basé sur le pouvoir absorhantde ces substances réductrices pour l'oxygène
{Trnv. du labor, de Ca, Riciïet^ n, 3,ï2). L'oxydation se fait par une liqueur de brome,
et le dosage de l'excès de brome par une solution titrée de chlorure stanneux.
Matières rédactrices des muscles lapioi pour 100 iprammes
{D'iL[jri!^-i Ahf.loli».^
Muscltfs nonn&ux.
Muscles tétaniaéi^
Différence. , . .
Muscles paralyiéi 0«^,(>9Ga
Muscles norraam 0«%H52
Différeoce Û^viTiâ
Ces ehifTres se rapportent aux muscles extraits du corps; nous observons une aug-
mentation de matières réductrices dans les muscles qui ont travaillé. A l'état normal, le
sang débarrasse les muscles de ces décbets de la contraction. Cependant le sang artériel
renferme toujours plus de substances réductrices chez les animaux fatigués que chez
les animaux au repos (AïifLOtJ.s).
Rankk a vu que le muscle qui travaille est plus riche en eau, que la teneur en eau des
muscles qui accomplissent le plus de travail est le plus considérable. La teneur en eau
des muscles extraits du corps et tétanisés ne varie pas; par conséquent, la richesse plus
grande en eau du muscle avec circuliilion et létiinisé n*est pas due à la formation de
l'eau dans le muscle même. L'augmentation de la quantité d'eau dans le muscle en
activité con^espond à une diminution de la quantité d'eau du sang, A la suite du tétanos
146
FATtGUE-
le sang devient plus conceiïtré, plus riche en matières solides. L'augmenta lion de la
quantité d'eau dans le muscle repose sur un phénomène de ditFusion entre le sanfj; et la
substance mnsculaire; le muscle est lavé d'une partie de ses substances solides pendant
le tétanos; le sang des grenouilles tétanisées est plus riche de 1^3 p, 100 ea sahalaocas
solides, et pins pauvre en eau qu'avant le tétanos. Or, à la suite de factivilé musculaire*
ia pression osmotique croît dans les fibres musculaires et par conséquent le nombre de
molécules dissoutes dans la substance mnsculaire doit croUrc au^si (Lokb). Le fait s'ac-
corderail très bien avec la supposition que l'origine de Ténerfîie déployée par le muscle
est un processus de dissociation. Elisabeth Cooke a déterminé, dans le laboratoire de
LoEB, à Chicago» Taugmentation de pression osmotique dans le muscle ; même un tra»
vail relativement mod*^ré fait croître cette pression de 50 p, iOO, LoEHeo tire argument
pour admettre que pendant Factivité musculaire le nombre de molécules contenues dans
la solution subit un accroissement, que la pression osmotique dans le muscle augmente»
qu*uue certaine quantité d*eau introduite dans les fibres musculaires détermine une
augmentation de volume do muscle et son hypertrophie fonctionnelle. G.iNictE trouve
aussi que le travail musculaire augmente la teneur du muscle en eau [jusqu'à 1! p. lOOJ,
et diminue sa teneur en matières fixes (1,5 p. 100).
§ 6. Toxicité, — Ces substances réductrices, élaborées au cours du travail muscu-
laire, sont douées d'une très grande toxicité. La première expérience à cet égard est due
à). Hanre (1865) : une patte de grenouille, fatiguée jusqu'à épuisement complet par des
excitations électriques, pouvait être rendue capable d'une nouvelle série de contractions
par un simple lavage, c'e&t*à-dire par le passage d'eau salée par Tartère principale du
membre. L*eau salée a agi manifestement en entraînant au dehors les substimces
toiic|ues. KfioNECKER a obtenu des résultats encore plus satisfaisants en injectant de
Thypermanganate de potasse ou du sang oxygéné. Une autre expérience de Rankk est
encore plus démonstrative : il lit l'injection de feitrait aqueux d*un muscle qui avait
travaillé dans un muscle frais et vit diminuer son aptitude au travail. D'après Abelous,
ces substances fabriquées au cours du travail musculaire exercent une action curarisanle.
Dans les conditions normales elles seniient détruites grâce à raciion antitoxique des
capsules surrénales (Abelous et Laxglois)* Leur action réductrice est encore démontrée
selon AflELOLs par la transformation du ferricyanure de potassium en ferrocyanure, ce
qui détermine avec le perchlorure de fer uu précipité de bleu de Prusse. Si au préalable
on oxyde ces substances avec du permanganate de potasse, la réaction du bleu de
Prusse ne se produit pas, et ces substances aiusi oxydées ont perdu leur toxicité. L'action
toxique de l'extrait des muscles tétanisés paraît donc bien établie*
Quant aux substances toxiques, qui, nées pendant le travail musculaire, ¥Îennenl
agir sur les centres respiratoires et cardiaques en produisant Taccélération du cœur et
de la respiration, leur présence ne laisse plus de doute depuis rexpérience de A. Mosso;
cet expérimentateur trouva que le sang d'un chien surmené injecté à un autre animal de
la même espèce produit les phénomènes de la fatigue : abattement, parésie, accélération
respiratoire et cardiaque. Si Ton fait tomber sur un muscle rais une goutte de plasma
exprimée d^un muscle fatigué, elle y produit une contraction locale, lente et prolongée
(Scfiiff).
Enfin, les elTets toxiques des substances musculaires produites dans la fatigue ont
été décelés même dans l'urine, fait qu'on pouvait prévoir âèjk dans une certaine mesure
par les déterminations de Boucha an du coefflcient uro toxique des urines de la veille et
du sommeiK Dans leur étude faite sur le coureur Stéphane pendant son record de
24 heures sur piste, TtssiÉ, Sabrazés et Denigés ont constaté que les urines possédaient
une toxicité qui dépassait le coefficient de celles des fièvres iufeclieuses graves. L'injec-
tion de iO c. c. d*urine à la fin de la course tuait un lapin pesant I kilogramme, ce qui
élevait le coefficient de la toxicilé à 2,35, alors que celui des lièvres infectieuses graves
est de 2 ou 2,50. Le lendemain ce coefficient descendait rapidement à 0,893, mais au
contraire les déchets du jour de la course, qui atteignaient en 21 heures pour Vurée,
31^,50; l'acide urique, 0«%G5; l'azote total, 17^^07; augmentaient presque du double le
lendemain. Stéphane n'avait bu que du lait. Les recherches faites postérieurement par ■
Lapicoue et Marotte sur la toxicité uriuaire, à la suite d'un exercice musculaire poussé '
jusqu'à la fatigue, ont amené ces expérimentateurs aux mômes conclusions. BeNEoicEin'i
FATIGUE.
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a cotistalé qae la toxicité des onnes dans la fatigue était due aux matières non dialy-
sables, et non pas aux seh minf^raux, à Turée* et aux matières colorantes (procédé de
Roger qui consiste à appliquer la dialyse à Tétude de la toxicité unnaire).
Ajoutons* que d'après Ahuiinc» ta toxicité de la sueur est presque nulle quand elle
est provoquée par un bain chaud, l'étuve, etc., elle est très considérable pendant les
exercices musculaires violents.
11 est pourtant impossible d'édîflerune théorie toxique de la fati^e. M faudrait pou-
voir isoler les substances toxiques et connaUre leur mode de destruction.
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150
FATIGUE.
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CHAPITRE IV
La Fatigue des centres nerveux médullaires.
HoftSLEY (1898) a tâché de déterminer qiianlitativement la somme de travail que
peuvent fournir les centres spinaux, en utilisant les réOexes et les effets de rexcilatioti
directe de la moelle épinière. Cet expérimentateur a eoasiaté que la somme de travail
fournie par l'exci talion réllexe était toujours inférieure à celle qu'on obtient en excitant
le nerf moteur. Ces résultats sont difficilement applicables à Tétude de la fatigue médul-
laire, car la contraction ceniraîe ou rétiexe se distingue nettement de la contraction
névro'directe ou muscuJo-directe et ces dîlférences tiennent à des actions d'arrêt, qui se
produisent spécialement à la traversée de centres nerveux (BEArNis), Ainsi on sait, par
les expériences de Beacms et de Wundt, que la contraction centrale ou réllexe exige
pour se produire une intensité d'excitation supérieure à celle qui détermine une coa-
traction directe; les irritants faibles ne provoquent souvent pas de réllexe, mais, si
celui-ci apparaît, il peut largement dépasser en énergie la secousse directe. Souven
des excitations qui, isolées, ne détermineraient aucune secousse, provoquent un tétanoê]
énergique quand elles se t^uivent à des intervalles très rapprochés. Cela démont]
rentrée en jeu des phéuomènes d'addition latente qui se produisent dans les centres
nerveux avec une facilité plus grande que dans le nerf moteur, et, dans ce cas» la con-
traction revêt ordinairement un caractère tétanique, La secousse réllexe a un début
retardé; elle dure beaucoup plus longtemps. Quant au tétanos central ou réflexe, il ne
possède presque jamais ta régularité typique du tétanos direct. Il n'y a pas entre l'exci-
tation et le tétanos, central ou rétiexe, Tétroite relation qui existe entre l'excitalion et
le tétanos direct.
L'indépendance relative de la contraction réllexe ou centrale vis-à-vis de Texcitant
nous montre qu'il existe des différences qualitatives entre la secousse réflexe et la
secousse directe; ces différences qualitatives sufllsent pour expliquer dans une certaine
mesure les différences quantitatives, sans qu'il soit nécessaire d'admettre une fatiga-
bilité plus grande des centres réflexes que de l'appareil périphérique.
Les expériences de Waller ne sont pas plus concluantes. D'après cet auteur, racti-
vité maximale des centres nerveux ne provoque pas ractivité maximale de l'appareil ter-
minal; en d*auties termes, la fatigue centrale limite la fatigue périphérique. Voici Texpé-
rience de Walleh : si Ton applique une série de secousses électriques au bulbe d'une gre-
nouille jusqu'à ce que le gîistrocnémien ne se contracte plus, on obtient une nouvelle
série de contractions en irritant le sciatique, et une troisième série en irritant le muscle
lui-même lorsque l'irritation du nerf a cessé d'agir. Cette expérience démontrerait que
SI
FATIGUE.
151
centres sont pbs fatîgables que les terminaisons nerveuses, et celles-ci |»Iu3 que le
miHcle.
Nous avons montré plus Lautque la soi-disant action ciirarisante de la falif^ue était
un produit arlificjel dû à ï'altération du Iroiic nerveox par le contact avec les électrodes»
La fati^iibitité des ap|)areils nerveux médullaires n'est aussi qu'apparenle* Assurément,
lorsi{ue le gaslrocnémien ne se contjacte plus par exritatiou de la moelle, il fournit
une nouvelle série de contractions & Texci talion du nerf. Mais si l'on admet que la
moelle est devenue incxcitable par effet de la fatigue» comment expliquer alors qu'en
excitant le nerf sciatique d*une g^renouille dont la moelle viejitd'iîlre fali*rm'*e, on obtient
souvent non seulement la contraction direclei mais aussi la contraction réUexe(J.li>rKYKo>?
La moelle ne serait-elle pas complètement épuisée lors du relâchement du tétanos d'ori-
gine centrale? Certainement oui, mais la moelle, fatiguée par une intemsitiô de courant a,
répond à une intensité plus grande de courant b: autrement dit, le même courant,
appliqué sur le nerf^ a une intensité plus grande que quand il est appliqué directement
à la moelle; ce qui explique et la présence de la contraction névro-directe et celle de la
contraction névro-réllexe*
Les résultats obtenus par Waller peuvent donc être expliqués par un manque de
dosage du courant électrique. On se sert généralement de Tex pression « exciter par le
même courant ». sans songer que les tissus animaux n'ont pas tous la même résistance
électrique et que le courant se répartira de fai^on que sa densité soit en raison inverse
de la résistance spécifique de chaque tissu. L'écartement des électrodes restant le
même, et le voltage n'ayant subi aucune modification, rintensité du courant électrique
lancé dans la région intrapolaire^ et avec elle riutensîté de Tînllux neneux mis en
liberté par cette excitation, sera toute diflérente suivant que la région intrapolaire est
constituée par on tronçon de moelle, de nerf ou de muscle. Or les muscles sont bien
meilleurs conducteurs pour rélectricité que les nerfs. Quant à la conductibilité élec-
trique de Taie cérébro-ï^pinal comparée à celle du nerf, les documents manquent plus
ou moins complètement; aussi sommes-nous astreints ii ta plus grande réserve dans nos
conclusions^ mais il ne serait pas impossible que les centres nerveux fussent moins bons
conducteurs, et par conséquent, excités par un courant d'intensité plus faible que ne le
sont les nerfs.
La méthode employée par J, Ioteyko répond à deux desiderata : 1" Elle permet
ploi de courants électriques d'intensité moyenne, ce qui évite !a diffusion du courant
ectrique; 2* Elle élimine complètement la nécessité des mesures comparatives de
l'intensité de Texcilant, en permettant d'irriter, non pas dilTérentes régions du système
nerveux, mais une seule région détermînt^e. Voici l'analyse de ces travaux :
La résistance des centres nerveux médullaires & la fatigue étudiée au
moyen de rélectrotonisatlon du nerf. — Le principe de cette méthode est le même
que celui qu'appliqua Bernsteiw à l'élude de la fatigue du tronc nerveux et qui fut si
ingénieusement modifié par Weoensry. H y a lieu de considérer la moelle épinière à
deux points de vae : l** En tant qu'organe conducteur de la vibration nerveuse, et 2'' en
tant qu'organe du rcflcvenerTenj;, €*est-à-dire tranformateur de Finilux sensitif en inllux
moteur, La conductibilité de la moelle est directement mise en jeu quatid nous Texci-
tons directement par les électrodes, tandis que les propriétés rétlectrices de la moelle
sont mises en évidence par la contraction réJlexe. Noua analysons les processus qui si.^
déroulent dans le^ centres nerveux médullaires en prenant pour mesure des processus
internes le résultat de Tirritation névro-réllexe, c'est-à-dire la secousse musculaire con-
sécutive à l'ii ri talion du nerf sciatiqae du c6té opposé. Or dans Tactivilé réflexe nous
étudions la fatigue des neurones sensitifs aussi bien que celle des neurones moteurs, —
Le point le plus important de la méthode de J. Iotkïr» a trait au procédé employé pour
obtenir la section physiologique du nerf sciatique, de manière que rexcitatîon qui lui
vient des centres soit momentanément arrêtée pour ne pas produire de contraction, et
que, à un moment donné, celle-ci puisse servir comme réactif de l activité centrale.
L*auteur s^est servi de Vvkctrotonisalion : pendant le passage du courant continu,
ranélectrotonus d*une portion du nerf arrête Tinllux nerveux venu des centres par exci-
tation directe ou réflexe de ces ceiUres ; le gastrocnémien, dont le nerf n'a pas été élec-
rotouisé, se téVanise jusqu'à épuisement complet, Taulre reste au repos. Si mainte-
^Tîecl
152
FATIGUE.
nanl, sans interrompre J'excilation de la moelïe, on ouvre te courant conlino, la Irans-
mission s'opère sans obstacle dans le nerf éleclrotonîsé, et l'on voit son gastrocnémiep
entrer en tétanos. Il est donc évident que les centres nerveuit médullaires sont au moins
deux fois plus n^sistants à la fali^'oe que les organes terminaux, parce qu'ils ont
pu fournir un travail double* Dans toutes ces expériences, hauteur s'est servi de gre-
n oui H es de forte Uiille (poids» 50 à 70 grammes). Le cerveau était détruit, et l'hémor-
rhagie de la moelle soipieusement arrêtée. Les deux nerfs scialiques étaient dénudés^
et les cuiFses entièrement réséquées au-dessous des nerfs et des vaisseaux fémoraux.
La grenouille est alors portée sur un myographe double, et les tendons des deux gas-
Irocnémiens sont relit^s aux leviers correspondants (poids en charge, 20 grammes)* Pour
t'viter le dessèchement du nerf, reipérience n'a jamais été prolongée au delà de dix
minutes.
L'auteur a recherché une intensité de courant continu, qui laisse à peu prfes-^
intacte l'excif^ibilité du nerf après Touverture du courant polarisant. Elle s*esl assurée]
que : te pasuage pendant di.r minutes, a trat'cf's uuâ petite portion du ncrf$ciatique dcj/rc-I
nouille, d*UH courant eontinu de 0,20 miiUamph'e {clecirodc?^ mpolarisahles] ^ changeant \
9ms toutes les minutes tt n'affaiblissant ait cours de l'expérience jmtiu à 0,iTj mUliampH^A
laisse intacte l'excitabilité du 7tcrfdans tout son parcùiirs nprùs fourertttre du courant continu.
Le temps de dix minutes est suffisant pour obtenir deux courbes de tétanos l'une à la
suite de Tanlre; il est prt'ft-rable de ne pas pioîonger l'expérience au ttel;\ de ces limites, |
pour t^lre ;"j Fabri des modilications ultérieures de rexcital>ilile%si fréquentes avec i*em-"
plot du courant continu,
L'inexcitabîlilé persistante qu*on observe quelquefois après le jiassage du courant
continu peut f^tre décelée de la façon suivante : il faut interroger promptement dans
les cas douteux rexcilabilité des deux nerfs ; si la modilicatton négative s*est produite,
TiromoLilité absolue du muscle aliénant au nerf qui vient d'être électrotonisé con*
stitue un contraste frappant avec les petites secousses que donne Tcxci talion du nerf du
c6té opposé, lequel, bien qu'nyanl fourni déjà une courbe de tétanos, n'a partout pas
perdu toute son excitabilité. 1/auteiir a eu également à lutter avec la modification posi-J
tive, cVst-à-dire avec Taugmentation d*excitabilité qui suit parfois de prés l'ouverture [
du courant continu. Or, si rexcitabilité du nerf est exagérée^ un courant nerveux, même
extrêmement faible, venu de la moelle, impuissant à éveiller la contraction en temps
ordinaire, est capable de déterminer un tétanos énergique dans ces conditions. On recon-
naît la modification positive en modifiant l'expérience de façon à exciter la moelle, non:
par des courants tétanisants, mais par des ondes périodiques à intervalles assex éloî- ^
gnés;on a alors Tinscriplio!! ^qaphique de Texcilabilité sous forme de lignes verticales»
dont la hauteur mesure le dcj^ré de Texcitabilité. Or, si, après l'ouverture du courant
continu, le travail du muscîe est déterminé par une action centrale, rexcitabilîté di>
nerf n'ayant pas été augmentée, nous obtenons une courbe régulière de la fatigue du
muscle; les premières contractions possèdent lamplitude la plus grande, et la fatigue
s'établit graduellement. Mais, si le travail du muscle est obtenu artilkieîlement par
suite d*une hyperexcitabilité du nerf, la courbe des contractions inscrites sur le cylindre
possédera des caractères exactement opposés: elle sera l'indice lidéle de Texcitabilité
grandissante du nerf : les contractions iront en augmentait de hauteur, et il faudra un
certain temps pour qu'elles diminuent d'amplitude.
Toutes ces questions de méthode et de technique ont un grand intérêt» car elles
nous permettront de ju|^er de la légitimité des résultats. Ajoutons que Tobjectioft
que Ubeizen a formulée relativement h la méthode de l'électrotonisation des troncs ner-
veux ne peut s'appliquer â l'étude de la falitiue des centres nerveux. Ce physiologiste a
fait remarquer que Tobstaele, destiné à enrayer la transmission, pourrait bien enrayer
en même temps l'entrée en activité du nerf. Quand il s'a^tit du neif, rien ne vieut nous
révéler en effet son entrée en activité ; quand nous excitons la moelle, nous avons la cer-
titude qu^elte entre en activité, bien qu'un des nerfs sciatiques soit électrotonisé à sa
partie moyenne ; la preuve en est fournie par le tétanos du côté opposé, qui se produit
malgré rétablissement de rélectrotonus sur l'autre nerf.
La figure 17 nous montre la grande résistance médullaire à la fatigue» Vexcitation.
ttHanisante de tu mociie est obtenue par toie nc'^ro -réflexe. Le tracé inférieur correspond
FATIGUE.
153
aax contractions nérro-ilirecles; le tracé supérieur aux contractions névro-réflexes. On
lit de ^aache h droite de la Hgiire : 1) tétanos d^es^sai des deux gastrocnémiens, n^vro-
direct en bas, névro-rértexe en haut, tous les deux obtenus simullanémcnt par excita-
tion tétanisante d'un sciatique et tous les deux à peu près de mAmc inteDsité;2) réponde
trois minutes, pendant lesquelles nn électrolanisc le nerf avec un courant de 0,20 de
miftiampere, en changea!»! le sens du courant (El sur la ligure) el après avoir suspendu
le courant tétanisant. Lélecti'o tonus est complet au bout détruis minutes (tracé inter«
rompu à cet endroit); 3) L'excitation du nerf A est reprise, le muscle donne immé-
diatement une courbe de tétanos névro-direct d'une durée de quarante-cinq seconde»,
après quoi il se relâche; pendant tout ce tt»mps, le nerf B élertrotonisé ne communique
pas son excitation au muscle qui reste au repos; 4) Plusieurs secondes avant le relit-
chement complet du tétanos névro-direcL, on ouvre le courant contioufO sur la figure).
I
I
F(o« 17. — ^ (D'après J. Iotktho) ]?<Ioi-trotobut «ciiployé pour produire La tccxion phyiiologiijtie dti nerr
KtdUtion téUoitaûta da U ino«ll« par ritilBnnédJaire du nerf scia tique d'ua côté. luftcriptiuu iimtiltaiié&
de la ooDtractton dirsclA et da La cooimctioD réflexe (de g'auclie k droite).
tout en maintenant rexcitation tétanisanie du nerf A; ranélectrotonus disparaissant et
avec lui Tobstacle â la transmission neneose, le nerf B donne une courbe de tétanos
névro-rétlcxe d'une durée de soixante-quinze secondes» démontrant aiusi que la moelle
n'était pas fatiguée à ce moment. Nous en concluons que les centres médullaires sont
au moins deux fois plus résistants à la fatif(ue que les organes termiuaui, parce qu'ils
ont pu fournir dans les mômes conditions un travail double.
Le même résultat a été obtenu en excitant directement la moelle épinière au moyen
d'ondes uniques.
La résistance des centres nerveux médullaires à la fatigue étudiée au
moyen de l'éttiérisatioii du nerf* — La méthode de rélectrotonisatton a montré à
I, loTEYKo que les centres nerveux spinaux sont au moins deux fois plus résistants à
la fatigue que les organes terminaux, car ils peuvent fournir nn travail double en réponse
À la même excitation. Pour voir s'ils ne le sont pas davantage, Fauteur a cherché une
méthode qui permette de prolonger reipérience sans crainte d'une modification de
Texcitabilité d«i nerL La section physiologique du nerf peut être produite au moyen
de réthérisati on locale du nerf. En elTet^ l'avantage de cette méthode est qne le retour
de reicitabilité après réthérisatiou ne passe jamais par une phase d'augmentation
\u
FATIGUE.
ainsi que J. Ioteïkq et M. STEPAfïovvsKA Tont montré (Ann, de la Soc* des sciences de
Bruxelles, i90lj. La mélliode avec lYaher ne diffère donc de U méthode avec l'aoélectro*
tonus que parla subâlilution d*un bourrelet imbibé d'anesiht^sîque au courant eoutïno.
Voici une de ces expériences (J mai IS99, voir fïg. 18).
ExcitaiioQ néyro-réfleze de la moelle par des courants tétaaUants. — Le tracé în/é*
rieur est d'origine névro-directe; le tracé supérieur est d'orisfine névroréileie. On lit de
gauche adroite de la figure : i* Contractions d'essai, les né vro -directes plus intenses que
les névro-rèllexes; 2'' un des nerfs est éthérisé (à partir de K); 3*> plusieurs secondes
à peine après le début de l'éthérisation, l'autre nerf est excité par des courants tétanî*
sants, et cette excitation est maintenue jiisqn*à la iin de Texpérience; le nerf irrité I
donne une belle courbe de tétanos^ tandis que TexcitaUon qui a traversé la moelle est
Pjû. 18, — (D'après J. toTCTuo) S«e(îoo physiologique du narf obtcoue nu mojen do léthénMiîon fl*QM
portion do ce nerf, Eteilatioa téla&tsaote de la moelle par riotermédtaire du nerf iciatliiae d'un c4(A.
tascription timoluiiée de la confcractioxi directe et de la coairacli4Xi réfleie (de gauebe à droite).
arnHée dans Tautre nerf an niveau do point éthérisé; à peine observons-nous un léger
soulèvement de ce côté; 4, Avant raéme qu** le tétanos névro-direct ait pris Qn, la
déséthérisation est opérée (D sur la lîgurei : l'application de lanesthésique a duré par
conséquent environ vingt-deux secondes; la conductibilité ne revient pas immédia-
tement i^la tétanisation ne cesse d*agir!, mais, dix secondes après T'enïMernent de l'éther,
nou^ obteirons un tétanos névro-rétlexe assez intense. L'excitation de la moelle ayant dur
tout ce temps^ nous concluons à sa grande résistance à la fatigue vis-à-vis des organei^
termiaauf .
Vn résultat analogue a été obtenu en excitant directement la moelle avec des cou-
rants tétanisants. Dans d'autres expériences^ l'étbérisatiou a été maintanue Lnen plui
longtemps» et dans tous les cas, un tétanos a été obtenu après que l'éther s'est dissipé. Pen-
dant tout ce temps la moelle n'a cessé d*ètre excitée. L Ioteyxo a pu se convaincre que la
moillepouvaii être excitée pendant un temps au moins quatre fois plus Iohj^ que k mu.^tt, foui ,
FATIGUE.
155
qu*on pût décékr aucun sigm de fatigue, Lauleur u*a pai poussé plus loin cette délermU
Dëtion i|uantitaUve, et n*a pas assigné de limite au travail médullaire.
La résistance des centres nerveux médall aires à la fatigue étudiée au
moyen de la strychnisation de la moelle et de Tétliérisation du nerf. — Pour
ne pas recourir à des excitant;* électriques trop énergiques, qui occasionneraient des
dérivations sur la moelle épinière, oo a géoéralenient ennployé, pour augmenter Tinleii-
iit^ de* phénomènes réHeies, des grenouilles empoisonnées par des doses rninima de
strychnine*
Cette façon d'agir présente de nonibreui inconvénienU dans Tétude de la forme de
la secousse isolée ou du tétanos d*origine rêfleie. Ces inconvéuients apparaissent encore
plus nombreux quand on se propose d'étudier la somme do travail que peut fournir la
moelle épinière^ car Tétat de surexcitation de la moelle strychnisée ne peut servir de
mesure à ractivil** déployée par elle dans les conditions normales. Malgré toutes ces
objections, des recherches sur lafatigue de la moelle strychnisée s'imposaient en quelque
sorte, car grâce à ce procédé remploi des courants électriques extrêmement faibles était
rendu possible (après l'échec des excitations mécaniques et chimiques pour produire un
tétanos réilexe durable)* En eniploycint des doses convenables de strychnine, on parvient
à renverser la formule : rirrîtabilité réOexe remporte alors surTirritabilité directe. En
moyenne un dixième de milligramme de sulfate de strychniue a été trouvé suffisant par
J. loTBYKO pour produire cette eflet. Ces expériences ne diffèrent donc des précédentes
que par la légère strychnisation de la moelle; le nerf est éthérisè suivant le procédé
connu. Ces expériences ont montré que la moelle légèrement strychnisée (pas de con-
vulsion) est en état de fournir un travail au moins cent fois plus considérable que le
muscle. Dans ces expériences, la narcose du nerf était suspeudue de temps en temps, et
Ton se rendait compte du déféré d'excitabilité propre de lu moelle. Les résultats avec les
grenouilles strychnisées plaident donc dans l*? même sens. Il est certain que ces donnée?
ne peuvent servir de terme de comparaison avec le travail que la moelle es! capable
d'exécuter daos les conditions normales* Mais il parait certain que les appareils
réflexes de la moelle sont pratiquement infatigables^ si on les compare aux organes
terminaux.
Par les trois méthodes décrites plus haut cet eipérimentatcur adonc réussi à évaluer
le travail intérieur des appareils réflexes de la moelle et à le représenter parim équiva-
lent mécanique .
La résistance si grande des centres nerveux médullaires peut ^tre interprétée de deux
façons différentes : !*• ou bien les éléments nerveux sont devrais: accumulateurs d'éner-
gie, capables d'un long travail sans fatigue en raison de leurs réserves nutritives consi*
dérables; 2* ou bien leur résistance à la fatigue est findice d*un chimisme très restreint,
l'acte nerveux n'étant pas accompagné d'un dégagement important d'énergie empruntée
aux centres. — La question est loin d*étre résolue. Remarquons pourtant que, si la
grande résistance à la fatigue des centres nerveux médullaii'es était due k un mélabo-
Usme intense dans ces centres, ils seraient les premiers à ressentir les atteintes des
toxines engendrâmes par un travail excessif, et Fintoxication produirait en peu de
temps ta paralysie des éléments nerveux. Or il n'en est rien; ce sont les terminaisons
motrices éparses dans le muscle qui ressentent les premières les elfets de la fatigue,
et il parait probable qu'elles sont intoxiquées par les poisons nés sur place et engendrés
par la contraction musculaire.
Il est intéressant de rapprocher de ces faits les expériences de G. Weiss surTinHuence
des variations de température sur les périodes latentes du muscle, du nerf et de la
moelle. Pour le muscle, la période latente s'allonge avec les températures bassea, se
raccourcit avec les températures élevées. La durée de celte période est liée à la rapidité
avec laquelle se passent les actions chimiques, l^ vitesse de Tinllux nerveux reste
sensiblement la même aux diverses températures^ ce qui concorde avec l'hypothèse
de rinfâtigabilité du nerf. Quant à la moelle épinière, Weissa mesuré la période latente
d'un rétlexe, et, en opérant successivement à 20^ et à 0", il a vu qu'elle doublait, c'est-
à-dire que la variation était de 100 p. 100. Enfin il a fait la même expérience en refroi-
dissant la moelle et les nerfs lombaiies et excitant la partie supérieure de la moelle.
Dans ces conditions, la période latente n'a présenté que des changements insignifiants,
jj^
ÎU
FATtGUEU
parallèles à ceux qu'a présentés le nerf. La moelle s*est couiportée comme si des tubes
nerveux venant des racines antérieures se prolongeaient jusqu'à la parité supérieure de
ta moelle sanâ passer par aucune cellule ni arLiculation dos neurones.
Ces expériences de G. Weiss viennent donc confirmer les résultats de J. Iotky&o sur
rinfatigabilité relative des appareils réflexes de la moelle épinière. Résultat semblable
a été obtenu par N. OscHtx^KVt qui s'est ser^'î de la variation négative comme moyen de
déceler Tactivité médallaire. Il est ^toutefois dinicile de juger de ses résultats en se
basant sur Tanalyse d'une courte note publiée par Tanteur dans le CentralbL f. Phy$iO'
logie (1809, 4-6).
L'étude de la fatigabilité de la moelle épînière constitue un chapitre tout nouveau
de la physiologie, et, tandis que la fatigue du muscle a été examinée sous tous ses
aspects depuis l'inauguration de la méthode graphique, la fatigue des appareils nerveux
médullaires n'avait même pas été abordée par les physiologistes anciens. En ellfet, les
difUcultés expérimentales rendaient impossible cette étude avant la connaissance exacte
des phénomènes de fatigue propres aux muscles et aux nerfs.
Le travîtil de J. Iote^ko aété suivi de recherches fort intéressantes de M. Vkbworn» qui,
sans connaître les travaux de cet expérimentateuri aborda le même sujet en se servant
de méthodes presque identiques : à savoir» de Téthérisation du nerf et la slrychni-
«ation de la moelle. Mais, dans les expériences de Verwor.x, la strychnisation de la moelle
était poussée à lextrème; Tautcur a donc obtenu des phénomènes paralytiques, dus non
k la fatigue des appareils médullaires, mais à. leur intoxication.
Tout d'abord, Vkhwohn a repris à nouveau l'étude de l'action périphérique et centrale
de la strychnine. L'action périphérique curarisante de la strychnine existe aussi bien
pour la Hantt esculmta que pour la temporaria, mais elle est plus prononcée pour la
première (Voir : Carariaanta, poisons). Quant à la paralysie qu'on observe après des con-
vulsions énergiques, elle ne peut être nipportée en totalité à l'action curarisante de la
strychnine, car au moment où la paralysie est complète les appareils périphériques sont
encore excitables (confirmation de faits observés par Poulsson).
Cette paralysie n*est pas due non plus à la fatigue résultant de Tactivilé médullaire;
les grenouilles en effet, qwi ont reçu en injection de doses plus fortes de strychnine se
paralysent plu* vite que celles qui ayant reçu des doses ]ilus faibles, présentent une
phase de canvutsions plus prolongée. A quoi est due cette action de la strychnine sur les
centres médullaires? Suivant Verworn, on nV pas asseî tenu compte de l'état du cœur
dans Tintoxication slrychnique. Or, chez les animaux qui ont été empoisonnés par des
doses fortes de stryclinine (Û^^Jil pour une grenouille et môme davantage), on observe,
peu de temps après la disparition des^réîlexes, l'arrêt du canir en diastole. A un examen
plus minutieux, on observe le développement lent et graduel de la paralysie cardiaque,
qui (hialement mène à Tarrët complet. Cette action de la strychnine sur le cœur est
directe, elle persiste même après la section des vagues. Cet arrêt du cœur n'est pas dt
aux convulsions, car les grenouilles, qui ontété empoisonnées par des doses plus faibles
de strychnine et qui présentent un allongement du stade convulsif, ne présentent pas
d*arrét du cœur. La paralysie centrale n'est pas due à une action spéeilique de la strych-
nine sur la moelle. Mais il existe un parallélisme coniplel entre la paralysie médullaire
et la paralysie cardiaque. Verworn fit aussi des expériences de contrôle : après la liga-
ture du crjjur, Texcitabilité réDexc disparaît au bout de 45 à 60 minutes chez les gre-
nouilles non strychnisées. Ce temps correspond exactement au développement de la
paralysie médullaire dans le strychnisme. Un aytie fait vii-nt plaider dans le même sens.
Uuand dans la paralysie strychuîque te cosur est paralyse au point de ne plus pouvoir
se contracter qu'une fois toutes les 10 ou 15 secondes, si l*on pratique la respiration artifi-
cielle, alors le cœur se remet de nouveau à battre plus rapidement, et l'activité médul-
laire réapparaît. L'auteur ne prétend pas expliquer le mécanisme de cette suractivivé
cardiaque; il est possible qu'il est irrité mécaniquement par Foxygène. Quoi qu'il eu
soit, le retour de la circulation a restauré Tactivité médullaire. Il en résulte que la para-
Lfsie de la moelle constatée dans la strychnisation était due k son asphyxie. On pourrait
dire aussi que, grâce à la suractivité circulatoire» la moelle eist lavée de la strychnine;
mais cette explication ne parait pas prubable, car c'est le sang qui est le véhicule de la
strychnine. Nous saisissons de celte Taj^on Texplication de ce paradoxe, que sous l'inlîuence
FATIGUE-
{1^7
da la strychnine rexciiabilité de la moelle est si coasîdérabiement accrue pour diminuer
et se perdre consécutivement.
Lfl tableau symptomatologique de rintoxication strychnique est en effet composé de
deux processus : excitation et paralysie. Chacun de ces processus a une cause diffé-
rente : rénorme augmentation d'excilabllité tient à l'action spécifique de la strychnine
sur la moelle ("'pinière; la paralysie est due à Tasphyiie résultant de l'arrêt du cœur. La
symptomatologie du strychmsmc est due à rinterféretice de ces deux actions.
Si nous nous sommes étendus sur ces expëriences si intéressantes de Vebworn, c'est
parce que rexpérimentateur allemand tâche d'appliquer ces données à la fatigue et à la
réparation des appareils réflexes de la moelle. Pour amplifier les processus qui se
déroulentdans ces appareils, il emploie la strychnine. La grenouille est fixée dans le
décubitus dorsal sur une planchette de liège; Tartère d'un des membres postérieurs
est liée, le sciatique est préparé jusqu'à rarticulation du genou et le gastrocnémien fixé
tu myographe. Pour exclure le gastrocnémien des convulsions s trichniques, son nerf est
éib^nsé. La grenouille est alors strychnisëe i( centigramme en injection sous-cutanée).
Nous voyons que la méthode employée jusqu'au dispositif des appareils i^raphiqties est
celle qu'inaugura J. Ioteyro dans ses recherches sur la fatigue des centres nerveux
médullaires. L'unique différence, c'est que h loTEVîto utilisa des doses extrêmement
faibles de strychnine (1/10 de milligramme de sulfate de strychnine) incapables de pro-
duire des eonrulsions, mais exaltant les propriétés réHectrices au point que la moindre
excitition était suivie d*un etTet moteur considérable » tandis que Verworn employa la
strychnine à la dose de 1 centigramme, dose convulsive et même souvent mortelle.
Le ciL*ur de la grenouille étant mis à nu, on peut suivre les progrès de la paralysie
cardiaque. Cinq minutes après le début des convulsions, on remarque les premiers
symptômes de faiblesse cardiaque. Quand les convulsions ont pris Fm, on interrompt la
narcose du nerf et on examine ^graphiquement Félat des réflexes en se servant de la
contraction du gastrocnémien, exclu des convulsions par ta narcose du nerf. On s'aper-
çoit que Texcitabilité réflexe est fortement diminuée et qu'il faut un certain temps (plu-
sieurs secondes) pour lui faire récupérer sa valeur primitive. Mais bient(>t te coeur
s'arrête. A ce moment, l'excitabilité réflexe disparaît déflnitivement pour ne plus reve-
nir malgré le repos. Mais on assiste au retour de l'excitabilité médullaire si Tua pratique
la respiration artificielle et si l'on provoque le rétablissement des fonctions du cœur. Ces
expériences viennent donc conflrmer les résultats antérieurement acquis par Verwohn
sur la réalité des deux processujî qui se déroulent dans la moelte strychnisée.
L*actioQ de ta strychnine ne peut donc être, comparée à l'action des anesthésiques,
qui excitent à faible dose et produisent des phénomènes paralytiques à dose plus consi-
dérable. La paralysie strychuique est d'ordre asphyxique. L'unique action spéciflque
de la strychnine est Ténorme augmentation d'excitabilité qu'elle fait subir aux éléments
médullaires.
Après ces constatations, Verwor-n a abordé la question relative aux causes prochaînes
de la paralysie asphyxique de la moelle dans le strychnisme. Est-ce l'accumulation des
substances de la métamorphose régressive qui se forment pendant l'activité médullaire,
qui est la cause de la paralysie, ou bien est-ce le manque de certaines substances
indispensables au maintien de l'activité ? Nous voyons que la même question se pose,
qu'il s'agisse des centres nerveux ou qu*il s'agisse du muscle. Une grenouille étant para-
lysée par une forte dose de strychnine, et le cœur étant arrêté^ une canule est introduite
dans l'aorte et la circulation artificielle est pratiquée au moyen de la solution physiolo-
gique non oxygénée. Le cœur se remet immédiatement à battre. Au bout d'une minute
l'excitabilité réflexe reparaît à sou tour. Mous pouvons conclu xe que la paxalysie était
due, au moins en partie, à Taccumulaîlon des substances nocives, ear la restitution de
rexcitabilité a pu se faire par le lavage avec une solution indifférente. C'est l'ancienne
expérience de Ranke, sur la fatigue des muscles appliquée par Yerwûkw au rétablisse-
ment des fonctions de la moelle strychnisée.
Pour éliminer l'action de l'oxygène almospbérique, Verworn répéta la même expfl-
rience suus Teau privée d'oxygène et obtint le même résultat. Les expériences avec le
lavage de la moelle par une solution inditféreote assurent la restauration des fonctions
dans une certaine mesure, mais non dans sa totalité* l'excitabilité réllexe repartit, mais
t5B
FATIGUE,
on n'observe jamais de crampes tétaniques. Comme, d'antre part, la fatigue du muscle est
oxdue par la natcose du nerf sciatique» on doit admettre la présence d'un facteur sup-
plémentaire qu'il s'agit de rechercher. L'expérimenialion montre, en effet, que la para-
lysie est déterminée par l'intervention de deut fadeurs : accu mutât ion de substances
nocives et manque de substances qui enlretiennent rirrilabilité» Voici Texpérience de
Verwcjrn qui démontre ce phénomène : Nous avons vu que la restauration des fonctions
médullaires au moyen de la circulation artificielle d'une solution indifférente n'était pas
totale. Or, si au momenl où la circtilalion artitlcielle indifférente a produit son maximoni
d'eUet, on injecte du sang déObrioé, agité au préalable à Tair, l'excitabilité tétanique
revient avec son intensité pritnitive : Tanimal se restaure complètement, les crampes
létaniques atteignent leur maximum de force*
Les expériences de contrôle montrent l'action nulle du lavage an moyen du séruni
sanguin. C'est donc Toxyg^ne qui est l'élément réparateur. On peut donc dire que le
lavage delà moelle au moyen d*une solution inditférenle a entraîné au loin les substances
nocives produites par le fonctionnement médullaire et a rendu la moelle capable d*un nou-
veau travail. Toutefois, le lavage mécanique s'est montré inefficace pour assurer la res-
tauration complète; le contact de Toxygène avec les neurones a restitué à la moellt*
son excitabilité lotate. Ajoutons que Vkrworx n'attribue pas à ranhydride carboniqup
un rôle important comme substance de décîiel dans les phénomènes de paralysie médul-
laire; le sang agité dans une atmosphère d'anhydride carbonique et injecté dans le sys-
tème artériel d'une grenouille reste sans elTet. La question reste donc ouverte, à savoir
quelles sont ces substances fatigantes. En ce qui concerne la localisation de la para-
lysie médullaire consécutive à la strychnisalion, l'auteur allemand trouve que les élé-
ments sensilifs de la moelle sont paralysés avant les neurones moteurs des cornes
antérieures.
Dans les conditions normales, il y a équilibre entre le processus d'assimilation et de
désassimilatîon. Cet équilibre est rompu quand la décomposition remporte sur la néo-
formation. C'est précisément le cas quand Tact i vite devient très intense ou très soutenue.
Les produits de la désassimilation se forment alors en quantité plus considérable et
s'accumulent dans les organes, le lavage naturel par le sang ne suffisant pas à les
eut rallier au loin, et f oxygène du sang ne suffisant pas à le détruire. L'accumulation de
ces substances produit la paralysie médullaire avant que la réserve d'oxygène soit encore
épuisée (Vkiiwobn); nous assistons donc à une véritable intoxiiation de la cellule médul-
laire» uvarjt qu'elle ait consommé tousses matériaux de réserve, D'après cela, il peut y
avoir pour la moelle, aussi bien que pour le muscle, deux causes différentes de fatigue,
et en raison de cette différence fondamentale dans la genèse des phénomènes, Verwor^x
propose de les distinguer par une dênoniination dilTérente et de désigner sous le nom de
«t fatigue » les phénomènes paralytiques qui résultent de raccumulation et de la toxicité
des produits de déchet, et sous celui d' « épuisement » les phénomènes de paralysie dus
à la consommation des substances nécessaires à Tactivité de la matière vivante, La latigue
et l'épuisement, bien que produisant le m^mc résultat final (paralysie de Tirritabilité),
agissent diflféTemment sur les deux phases de la nutrition cellulaire: l'épuisement mène
à ta paralysie de l'assimilation, la fatigue paralyse directement la désassimilation.
Quant aux phénon^tnes de la réparation^ le départ des substances de déchet ne suffit
pas pour lui assurer toute son ampleur, ainsi que Vkîîwor\ l'a montré, l/aniraal a besoin
d'une nouvelle quantité d'oiygène pour se remettre complètement. Il est intéressant, à ce
propos, de rappeler ici les expériences de Kboî^egker, de Ioteyko, de Cu,Richet, sur l'action
réparatrice de l'oxygène dans la fatigue musculaire. L'analogie est complète. Kro.nec&iii
en particulier a constaté reflicacitf' des injections oiygénées, alors que le lavage simple
était resté sans résultat appréciable. Enfin, les faits nus en évidence par Vkbwoiln jettent
une certaine clarté sur les phénomènes de rythme en biologie. En présence d'une quantité
insuffisante d'oxygène, nous assistons à des variations continuelles d'excitabilité de la
moelle épinière stryclmisée; les phases d*excitabitité exaltée sont entrecoupées par des
périodes d'inexcitabilité complète. Chaque décharge de la cellule nerveuse est suivie
d'une chute rapide d'excitabilité, qui peut descendre à zéro.
Ces lluctuations sont en rapport avec la quantité d'oxygèue disponible. Il se pourraiti
ajoute Vkrworn, que la période réfractaire, c'est-à-dire la période d'inexcitabilité qui suit
FATÏGUE.
159
t
toole •xcitaiion rythmique, soit tributaire de la même cause. Cette explication serait en
eoDCOrdafice avec la théorie de Ppliuer sur la combustion in tra -organique.
Il Qous reste maintenant à Ibrrauler quelques critiques reïati?enient aux interpréta-
tions de Verworn. En premier lieu, ses expériences démon Irent, selon nous, rextrôme
résistance des centres nerveux à la fatigue, Cest là une conclusion contre laquelle se
dëfeodrait l'expérimentateur allemand, car bien que dan§ son mémoire il n'ait pas fait la
comparaison entre la résistance des centres nerveux à la fatigue et celle des organes
périphériques (1900) , il y fait allusion dans un travail d'ensernbl'f sur h* neurone, pré-
senté au Congés des naturalistes et des médecins à Aix-la-Cliapelle (1900); il considère
les centres de la moelle comme éminemment fatigables et leur attribue un métabolisme
intense. Et pourtant voici ce qu'il dit dans son mémoire original {A. P., 1900, 155) :
Après la phase des convulsions, mais encore avant Tarrêt complet du cœur, on inter^
rompt la narcose du nerf pour examiner Tétat d'excitabilité de la moelle, en se servant
comme réactif du gastrocnémien préservé des convulsions. On trouve que rexcitabilité
réflexe est fortement diminuée à ce moment, et il faut attendre plusieurs secondes pour
lui faire récupérer sa valeur primitive. Or, à notre avis, ces quelques secondes de repos
ne pourraient en aucune façon amener la restauration, s'il y avait fatigue réelle; à n'en
pas douter, ces quelques secondes ont été employées a dénarcotiser le nerf; c'est de
lai que venait l'obstacle à la contraction réflexe. Si notre interprétation est exacte, les
expériences de Verworn seraient la preuve d'une résistance médullaire encore beaucoup
plus considérable qu'on ne pouvait le prévoir des expériences de J. Ioteyko.
Les autres interprétations de Vkbworn sont aussi passibles d'une explication un peu
différente. La paralysie médullaire des ^'renouilles stryc boisées est due à l'asphyxie de
la moelle; nous Tadmeltons sans conteste. Mais, suivant Yerworn, la présence de la
fatigue est pourtant prouvt/e par Teflicacité du lavage médullaire et la reconstitution des
réflexes montre qu'il y avait accumulation des substances nocives, formées pendant les
fortes décharges nerveuses. Bien que la possibilité d'une fal«|5nie propre des neurones de
la moelle est très admissible après une activité aussi épuisante, nous ne pouvons
l'admettre sans contestation. En premier lieu, nous ignorons si le lavage avec une solu-
tion indifférente n'a pas tout simplement entraîné au loin les restes de la solution de
strychnine dans Ifiquelle baignaient les élément*! nerveux de la moelle; cela eût suffl
pour lui rendre son excitabilité. Cette objection est très sérieuse; quand il s'agissait de
l'action réparatrice d'une circulation activée, on pouvait à la rigueur écarter celte hypo-
thèse, car, ainsi que Verworx l'a fait remarquer lui-même, c'est le sang qui est le véhi-
cule du poison. 11 n'eu e^l pas de même avec une solution indiiïérente, qui n'apporte
aucun élément actif aux cellules nerveuses et dont le rôle est de les débarrasser des pro*
duits étrangers. Il ne faut pas aussi perdre de vue, que les grenouilles présentent gêné
ralement des convulsions pendant la phase d'élimination de strychnine. La réapparition
des crampes après Tinjection d'oxygcue pourrait tenir à cette cause.
L'existence de ces substances paralysantes est donc très problématique. Mais ce qui
Test encore bien davantage, c'est la supposition, admise par V^erworn sans conteste,
que ces substances ont été produites m st(u par raclivité médullaire. C'est là une expli-
cation nullement justifiée. If est impossible de perdre de vue que, sauf les muscles
d'une patte, soustraite aux convulsions par narcose de son nerf, tous les muscles de
t'organisme ont pris part aux terribles convulsions strychniques. Or nous ne connais-
sons rien sur le métabolisme des centres neiTeux; par contre, nos connaissances sont
très étendues sur le métabolisme musculaire. Et il est plus prudent de chercher l'expli-
cation d'un phénomène en nous basant sur des faits coonus, que sur des faits inconnus.
Il est hors de doute que les convulsions musculaires généralisées ont été accompagnées
d'une production prodigieuse de substances de déchet, il serait très intéressant de
rechercher quel est leur rûle dans les symptômes de paralysie médullaire.
Nous croyons donc qu'on peut admettre le principe de la i^rande résistance à la
fatigue des centres nerveux médullaires. Sa cause prochaine reste à déterminer.
Bibliographie. — Beaunis. Recherches expérimeniales &ur tes conditions de l'nctivité
c&ébrale et sur la physiologie des nerfs (Paris, 1884). — Housley (V.). A contribution
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160
FATÏGUE.
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centren, 1871.
CHAPITRE V
La Fatigrue des mouvements volontaires.
Un grand nombre iJes questions relatives à !a fati^^e des mouvements volontaires
été traité dans le cliapitre 111 (Fatigue musculaire). Ici nous n'envisagerons que leseipi
riences où une action [isychique a été plus particulièrement rechercUée.
I. Dynamogénie et fatigrue. — Les expériences de Cii. Fêhê (1887) ont montré qae
toutes les excitations sensorielles (anditivea, visuelles, olfactives, etc.) ou leurs représenta-
tions mentales, et toutes les manifestations psychiques en général s'accompagnent d'une
augmentation de l'énergie des rentres nerveux, qui se traduit par des efTet» dynamo-
gèties : chaque fois qu'un centre cérébral entre en action, îl provoque une excitatiou de
tout rorgaiiisme par un processus encore indéterminé.
Ce qui est particulièrement intéressant dans les expériences de Fébj^., c*est le parallé-i
lisme entre la gamme dynamique et la gamme de l'excitation. Ainsi, en ce qui concerna
le sens de l'ouïe, rintensité des sensations auditives^ mesurée par leur équivalent dyna-
mique» est en rapport avec l'amplitude et le nombre des vibrations. Lorsque rexcitation
a dépassé une certaine intensité, la dynamogénie cesse de s'accroître, et on observe un
épuisement en rapport avec la décharge, La sincérité du résultat est confirmée par le
tracé plélbysmographique qui accuse ces variations- Les modifications de Tafflux san-
guin et de la force dynamoraétrique sont concordantes pour les excitations visuelles;
d'après leur pouvoir dynamogène» les couleurs doivent ^tre rangées dans le même
ordre que les couleurs spectrales. On peut constater aussi une vraie gamme dynamogène
par les saveurs fondamentales. Tous ces phénomènes sont bien plus marqués chez les
hystériques que chez les individus sains. Et même les excitations des organes internes
(pincement du col de Tutérus), insensibles a l'état normal, sont susceptibles de déter*
miner une augmentation considérable de la force de pression. 11 en est de même de
toutes les perceptions latentes (le seuil de la réaction étant au-dessous delà perceptioa]
(Féeé).
Féré a aussi constaté une énorme excitation, mesurée à rergographe, sous l'inDueuca
des excitations olfactives et gustatives (essence de citron^ de girotle» d'orange» de cannelle).
La saveur a toujours procuré une excitation plus forte que l'odeur. L'essence d*oranges
(mandarines), agissant à la fois sur Todorat et le goût, a donné un ergo gramme de
90 kilogrammètres avec un quotient de fatigue de 1,44; l'essence de girolle a donné un
travail deSi kilogrammètres; l'essence de cannelle, 148 kilogrammétres. L'action dyoa-
mogène des couleurs a été des plus évidentes. Le bouillon et falcool exercent une action
dynaiTiogène comme excitants sensoriels. Le même expérimentateur a étudié aussi
rinlluence exercée par les excitations intercurrentes sur le travail ergographique.
Lorsqu'on exécute un mouvement énergique de flexion des fléchisseurs des doigta
de Tautre membre supérieur, ou coiistale que le relèvement des courbes ergograplilquea
se fait aussi rapidement. Si, lorsqu'on travaille à l'ergographe, on fait intervenir une
excitation sensorielle, au moment de la fatigue on voit tout de suite les soulèvements se
relever. Cela peut se produire plusieurs fois. Le travail supplémentaire augmente pen-
dant un certain temps, le travail initial diminue et produit une fatigue plus intense que
1
FATIGUE.
tet
le travail fait dans les mêmes coudiLions de tempSt mais sans aucune excUatîoti Inlercur-
rente. Tous les excKanls sensoriels peuvent prûduirc des rel^^vements de racliviLîî volon-
taire (surtout Tessence de cannelle de Ceylan). A mesure que la futigue s'accentue, fa
perception de rexcitalion intercurrente est relardée. Sous rinnuence des excitHtions
pénibles on constate une diminution du travail et snu anjsrnientatiun quand rexcitatîon
a cessé. Dans toutes ces expériences le rôle de U suggestion doit être considérable.
L'iniluencc dynamo^ène ou déprimante d^s divers ag-enls pbarmacodynamiques a
été déjà traitée dans le chapitre sur la Fniiifue muscuitiire.
La quantité d'oiygène absorbé a une intlnoin^e considérable sur Téner^îie du mouve-
ment volojitaire. Fébé a pris avec le dynamomètre de Hkcnie» l'énergie de la pression des
doigts cbet douze personnes avant et après l'inbalalion de 30 litres d'oxygène: il a
constaté une augmen talion de rénergie des mouvenit^nts volontaires. En revanche^ il
se produit une dimiontioii tUi force niu(;cuiaii e très appréciable à partir de 1500 mètres
de latitude {expérience de l'aéronaute Jovis, rapportée par Féhk). Ch. Féné a constaté une
augmentation de force dans Tair comprimé (dynamomètre) ; suivant Zeisoni, à une pression
de l atmosphère, la force ergograpbique subîl une très légère augmentation. A. Mosso
a constaté que sur les Alpes la courbe ergographiqut* est très irrégulière. En outre la
quantité de travail mécanique est constamment diminuée.
II. Influence réciproque exercée par deux centres volontaires en activité.
Fatlsnic et Incoordination motrice. — Nous avons vu l'itdluence dynamo|;éne exercée
parles excitations intercurrentes; le mouvement d*(m m*mibre antre qutî celui qui tra-
vaille produit le même efîVt» en évoquant dans son renlr*^ des représentations motrice».
Déjà, eu 1858, Fe«l:hner el Weber avaient vu que les effets de l'exorcice d'un côté du corps
se transmettaient au membre situé symétriquement do côté oppo^*'. WEeKR remariiuaque»
par Tusa^e unilatéral d'un memlim, il se produit une augmentait on de volume, de force
et d'aptitude, non seulement dans te membre exercé, mais encoie dans celui qui lui cor-
respond de Tautre côté, et il altribuace fait à la raison inconnue par laquelle la symétrie
des parties est un fait congé niial et entretenu par la nutrilion.
LoiBAflD W\RREN a rappoi'lé quelijues expériences ergo;^rapliiques touchant l'action
de l'exercice d'une main sur la force lie Triutre, mais d n'a pas pu en tirer des con-
clusions certaines.
Il est très probable i[ue TalHem'e de résultats ddus les expériences de LoiiBAHu est
due à l'emploi de l'er^'ograpbî comme indicateur de l'élal des forces apré^ le travail,
car l'épreuve ergograpbique est d'une durée trop ïon:^'ue [Mjur déceler une action fugitive,
J. loTEYKo 9*est servie de Tergographe pour produire la fatigue, et la force de Tautre
main a été mesurée par un djnamomélre. Cet espérimenlaleur a réussi à établir la
disttncljon entre deux types scnsitivû'motcunfGn prenant |>onr mesure l'accomplissement
d'un travail qui» déprimant pour certains sujets, est excilaut pour les autres. Ce travail-
limite est celui qu^on accomplit à Tergographe de )fo<iso^ Suivant les sujets, il détermine
tanlôldes phénomènes dynamogénes(fi/pe*ii^mtmoyén€).s^» traduisant par un accroissement
de l'énergie musculaire du membre qui n*a pas participé au travail ergograpliique et par
une exaltation de la sensibililé, tantôt des elfels inbîbîtoires {type inhibHoite}, se tradui-
sant par une diminution de l'énergie musculaire et par un éuiou^sement de la sensibilité
(Voir: Le siVj/e de la fatigue de^ mouvements volnntab'eSt p. 166). Mais, pour des efforts plus
considérables, la distinction entre les types disparaît, el le travail produit toujours une
diminution de force, l/aclion d^'pressive d'un travail poussé jusqti'a la grande fatigue
ressort clairement des expériences de Mosso et de ses élèves : ils constatèrent une di mi-
nul ion notable de ta force ergograpbique après des maiches forcées. Tout récenifnent,
KHO.NECitER el CuTiEa ont fait des constatations de même ordre : les ascerrsions de courte
durée (deui heures) augmentent neltemenl la force du biceps, tandis que des ascensions
de longue durée (10 à 14 heures) ia diminuent. Cu. ¥Èm a associé aux mouvemenlji) de
flexion du médius à l'ergograpbe des mouvements de maslication sur un tube en caout-
chouc ou des mouvements de lleiioji ou d'extension de la jambe; ces mouvements asso-
ciés ont eu pour etîet Taugmenlation au moins momentanée du travail.
Il est donc nettement établi que Texercice modéré des centres psycho»raoteurs pro-
duit une action dynamogène qui len 1 à se généraliser, el que Tétat d'excitation d'un
centre peut retentir sur d'autres centres, soit sur ceux du même bémisphèrei soit sur
I»ICT. Dt rnVSlOL'JCïE. — TOME V. Il
ui^
FATIGUE.
ceux du côtéoppoHt?. l/épuisentent iruii cenlre produit, au contraire, une acliofi dépres-
mre généralisée.
H est pîus difficile d'expliquer le mécanisme de ce plu^uomène* L^eiplicationpsycbo-
li>;jii]ue, cVst que, dans le cas de dynamogénie, il y a renforcement de Timage molriee
dans tes centres voisinsde celui qui est mis en activité; dans ïe cas de fatigue, il y a înhi*
bitiun de la représentation motiice du mouvement- Les centres psycbo-moteurs seraient
donc fatigués sans avoir produit de décharges inotricos. Quant h l'eiplicalion pbysio»
ogique, il est certain que les phénomènes de dyniimo^^énie sont liés à des modifications
circulatoires. L*avant-bras au^^menlf' de volume sous ilntlueiice du travail du membre
jiyrnétrique (Féré, Mosso» Fr. -Franck}. L'augmentation de sensibilité, aussi bien que l'au^-
ïnentalion de force, seraient dus, suivant F&re, à une suractivité circulatoire, qui s'établi-
rait par un processus encore indéterminé. Que se passe-l-il dans la fatigue? Y-a-l-il
diminution de t'afllui sanguin consécutivement k une inbibition du centre vaso-moteurlf
L*expérience n'a pas encore été tentée. Quoi qu'il en soit, l'aclion déprimante n'est pa^
due nécessairement au déversemenl dans Je sang de substances nuisibles au fonctionne-
nient musculaire. J. ïoteyko a montré que, chez certains sujets (type iubibitoire), le
travail erg-ographique d'une main retentit d'une façon inhibante sur la force dyiiamomér
trique de la main du côté opposé* Ce Ut? action déprimante ne saurait être attribuée k
une irdoïication par les déchets de la contraction musculaire, vu le poids insigniûaiit
des muscles qui ont travaillé (lléchisseurs) par rapport à la masse totale du corps. Nous
avons donc là affaire à une fatigue propre des centres nerveux volontaires, dont le siège
est nettement établi, mais dont l'origine reste inconnue. 7
Examinouïi maintenant les elTets mécaniques des impulsions motrices simultanées
ou successives. Féttê (1889) a observé qup, seulement chez les épileptiques ou les indi-
vidus défectueux au point de vue intellectuel, les deux mains donnent au dynamomètre,
alors qu'elles exercent une pression simultanée, une somme de force plus grande que
lorsqu'elles agissent isolément. Le contraire a lieu pour les individus avec le cerveau
normal et développé; il a vu aussi que le temps de réaction des deux mains, si cha-
cune fonctionne séparément, est plus court que quand elles font des mouvements simul-
tanés» Suivant Bry.%« également, une main, en fonctionnant seule (dynamo mètre j, ott
plus forte qu'en fonctionnant simultanément avec rautre. D'après Rlnet, la diminution
du pouvoir dynamométrique, laquelle se manifeste dans une main quand l'autre accom-
plit un ellort simullané, est due à l'incapacité de fixer son altenlion sur deux choses k la
fois- Le phénomène se présente eu elTet avec grande netteté chez les hystériques. Cette
explication concorderait avec les observations relatives à l'attention, laquelle ne consi-
stciait qu'en la mise en activité d'une portion limitée du cerveau, aux dépens de J'activité
d'une autre partie.
l'ATftizE a poursuivi cette étude, notamment au point de vue de la fatigue. Quand 00
observe une personne qui soulève deux hfiïtères (une de chaque main) de poids égaux, en
les portant simultanément au-dessus de la tête, avec un rythme marqué par le métro-
nome, on remarque, quand l'épuisement sur vient, que l'accord entre les mouvement*
symétriques des deux bras tend h se rompre, et que» d'ordinaire^ le mouvement d'éiéva-
lion de la main gauche retarde un peu relativement (k celui du côté droit. On peul se
demander si cette indépendance fonclionntJle, qui s'élablil entre tes deux centres
motirurs symétriques, au mometit de la fatigue, ne crée pas des conditions plus êcono-
miijues de travail. Cela équivaudrait à recbercber si le cerveau, en envoyant aux deux
moitiés du corps une série d'ordres doubles simultanésp se fatigue davantage qu'en
donnant une somme égale d'ordres unilatéraux, alternés à droite et à gauche. Pour
résoudre celte question, Patbizi exécuta des expénences sur deux ergographes;l'tm pour
la main droite, l'aulre pour la gauche, La première partie de rexpérience consistait à
lléchir simullané ment (rythme 2", poids 2-3 kilos) les deux médms jusqu'à fatigue
complète. Après un repos complet commençait la deuxième partie de ^expérience, qui
consistait à lléchir successivement les deux médius avec le même rythme jusqu'à fatigue.
Dans toutes les expériences (au nombre de six sur un jeune homme de M ans), la somme
de kilogramme très obtenue avec les contractions aîternées a été plus élevée qu'avec la
flexion simultanée, mais la perte de travail mécanique qui s'est faite dans cette dernière
est presque exclusivement due à la main gauche. Dans la (lexion simultanée, la main
■
FATrCUE.
I6.t
t
glDcbe, non sealement n^arrive jamais à la puiîisance qu'elle déploie dans la disposi-
tion alternée^ mab elle rejste beaiicoup au-dessous; au cotilraire, pour la main d roi le,
let expériences indiqueal un iivarïlage, lanl*M daus^ Texerciee siiBullaoé, tantût dans
reierricc alterné» et Ton pourrait rroire qu'elle reste indiiïérente aux chaiigemenls
dans les condilions du Iravaif. Il en résulte qye le tail d'ac€oniplir des efforts volontaires
simultanés avec les deux rnoiliés du corps est moins nvanta^^eux ponr la somme de tra-
çait mécanique; rallention ne peut se porter en même temps sur les deux actes, mais
il faut quelle en néglige un» alternativement, pour produire reiïel maximum. L*h6mi-
sphère cérébral droit, moins capable (chez les noii*g^aurbers) au travail, est aussi moins
apte à la coordination et perd plus d'énergie quand il doit s'v soumettre. Le bénéfice du
Iravrtil alternant a été aussi l'unlirmé dans les recherches ergo^rnphiques de Prfîwé, Quant
À rexdlabiti lé comparée des deux liémi^phéres, il y a prédominance marquée de la réac-
tion lia médius droit *ous l'inllocnce d'une même excitation affectant symétriquemenl
Tappareil sensoriel.
L'incoordination des mouvements, consécutive à la fatigue est d*observation quoti-
dienne. Klle a été bien étudiée par A* Môsso. Ainsi tous les ans, vers la fm de mars, on
trouve de nombreuses cailles mortes dans les fossés de la campagne romaine ; ces pauvres
oiseaux arrivent tellement exténués qu'ils ne voient même pas les arbres, ou n'ont
plus la force de modérer ou d arrêter leur vol : ils se heurtent aux troncs d'arbres, aux
poteaux télégraphiques, aux corniches des maisons avec une telle impétuosité qu'ils se
tuent.
L'influence de ta faligue sur la précision des mouvements a été aussi recherchée par
Woodwortb; la fatigue diminue ïa précision, mais beaucoup moins qu'on ne le croirait,
surtout quand il s'af^tt de mouvements rapides. Son elTet se fait d'ailleurs sentir au
milieu de la série plutnt qu'à la tin, d'après une loi qu'on peut énoncer ainsi : la fatigue
accroît l'erreur, mais la pratique tend k l'éliminer, l/attention n'est donc pas seule en
cause; cependant il faut qu'elle ne faiblisse pas, et que la fatigue n'intervienne pas pour
que Texercice améliore le mouvement.
L'incoordination motrice se manifeste dans la fatigue par le trembtementt qui se pro-
duit avec la fréquence d^ 8 à 10 oscillations par seconde. C'est là le nombre des impul-
sions iiiolrices qu'on retrouve dans tous les ^raphiqutîs de la contraction musculaire
volontaire (ScuÂFKa, Kries, Kronki.keh). Toute contraction volontaire offre une trémulation,
avec rythme de 8 à 10 par seconde, indépendant du degré de (aligne du muscle.
I III. Influence de la fatigue intellectuelle sur la force musculaire (voir le
^^^a pi Ire : La futùjue ifiteliectuelie),
^^B IV. IiLfluence de la fatig^ue psycho-motrice sur la sensibilité cutanée. — M. oic
^^^EUflY a observé que lesépil»,^ptiqucs présentaient des variations importantes du seuil de
I la sensibilité : il est étroit dans les moments d'excitation, et beaucoup plus étalé dans la
faligue qui suit habituellement le paroxysme. Un auteur russe, Fedeholf, exécuta des
expérien«'es esthésiométiiques sur des soldats de cavalerie, après te repos et à midi
(après les exercices niilitaires). Il a évalué ladis^tance niininnim à laquelle les deux pointes
du compas étaient senties comme distinctes (en mil limé très). Voicï son tableau ;
I
1 RÉGION KXPLORÉK.
APHKS
LE nie ['Oit.
APRÈS
différence:.
ParniiieUc, ..*...
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DouL du ii€fi ....
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i.3
i.6
Lérre iiîféficure. .,,.,.
t.*
3.6
1,2
Pidpc du p<yuce, .....
1 t:i
3,n
tM
Fulpo de l'indox. ,..,..
2JI
2,1
o.t '
ie4
FATIGUE.
Nous voyons ainsi que Texercice physique poussé jusqu'à la grande fatigue produit
une diminution de U Bensibilité cotanée. Ces expériences montrent que la méthode de
la «Rnsîbilité mUnée, introdnite par Ghiessbach dans l'élude de la faligue intellectuelle,
peut ^Lre truiUueusennenl employée comme méthode de mesure, et nous pourons en
conclure que la dynamogénie est accompagnée d'hyperesthésie, tandis que l'inhibition
est accompafînée d'anesthésie.
V* La fatfg-ue du cœur dans les exercices physiques. ^ L'état de résistance
dans lequel l'entraînement pla^e ïe corps s'appelle la forint. Or le muscle du cœur
parait *Mre le premier à se mettre en forme, dit Tissjk : il se faligue au début de Tentral^
nement; ensuite il résiste tellement que la faligue atteint les autres muscles de Téco-
nomie bien avant lui, ce qui donne l'illusion d\jne puissance musculaire inépuisable, et
provoque ainsi des dilalations ou des hypertrophies du cœur, La fatiitçue des muscles de
locomotion et celle du ctpur ne vont pas forcément de pair. Le surmenage des muscles
de la vie de relation peut être très violent, et ne pas exi^iterpour le cœur. Le danger de
l'entraînement mal réglé est au cœur; le surmenage du cœur provient d'un ctrort pro-
longé jramenanl jamais d'emblée l'essoufrïemenL Les Jeunes gens qui n'ont pas atteint,
leur complet développement sont plus aptes que rbomnie adnite à contracter des affec-'
lions dans les exercices qui demandent une longue durée d'eïTorls, 11 eu résulte que dans
les alfections du cœur tous les exercices doivent être mesurés avec une grande circon-
spection. BoucuABD permet de pousser l'exercice jusqu'au moment où le pouls accuse
160 pulsations à la minute. On a constaté rtiypertrophie du cccur cliex un grand nombre
d'atblètesi de gymnasles et de militaires. Le cœur forcé est assez fréquent chez les che-
vaux; chez le célèbre etieval Eclipse le cœur atteignait trois ou quatre fois le poids ordi*
nuire. Les coureurs de profession d'Afrique finissent presque tous par subir ta dilatation
passive du cœur; on les met généralement à la retraite versTàgedcquaranLean'i (Lagiungk),
11 n'est pas rare non plus de constater l'hypertrophie sans lésions valvulaires chei les
porteurs, commissionnaires {iveakened heart) et chez les personnes consommant de grandei
quantités de liquides {Bicrherz}. La dilatation cardiaque couséeutiveaur ascensions a été
constatée pour la première fois par Alhutt (1870). Après des excursions alpestres de plu
sieurs jours il tut pris de palpitations et de dyspnée; a la percussion il constata nnedila*
talion de roreillette gauche. Après le repos, le cceur revient à ses dimensions normales.
Dans son expédition pbysjoloj?ique sur le Mool Rosa^A. Mosso exécuta une série de
recbercbes sur la faligue du cu^ur. Il etupïoja trois méthodes. Le travail eflectué fui
mesuré au moyen de Tergographie, au moyen d'haltères et enfin au moyen d'une
marche fati^^ante. Les résultais furent les mêmes que ceux qu'il avait obtenus à Turin :
sous Tinfluence de la fatigue il y a accélération du pouls; de jeunes individus (soldats)
tombaient en siyncope après une marche avec un fanleau sur les épaules; la pression
arlèriello dfs doigts, mesurée par le sphygmo-mauomètre, était sensiblement augmeolée.
Les respirations alleignaieni 35 à la minute; la température du corps s'élevait de plu-
sieurs dixièmes de degn', parfois d'un dpgré entier (fièvre de surmenage), mais redes-
cendait très rapidemenL L'accélération cardiaque n'est pas immédiate; elle s'établit ua
peu plus tard et disparaît quelque temps après la cessation du travail. La^yiïcope cardiaque
n'est pas rare. Mosso l'expliiiue par la paralysie du centre cardiaque au moyen de
loxines musculaires. L^atfaiblissement de raclivité cardiaque produit l'anémie céré-
brale. Mosso rapporte que presque tous les médecins suisses qu'il avait inlerrogés à
ce sujet lui avaient déclaré que la grande majorité de montagnards mouraient par le
cœur* — L'anémie cérébrale est la règle dans la fatigue selon Mosso (observations sur
les pigeons voyageurs).
VI, Fatigue et entraluemeiit. — Nous avons déjà mentionné que l'accoutumance
rend l'organisme plus résistant aux atteintes de la fatigue. L'accoutumance peut être
considérée comme uoe adaptation de l'organi^îme à rexcitant. On peut obtenir l'adapta-
tion à des solutions faibles de poisons^ à de hautes températures, à nue lumière intense»
à un excès de travail physique et intellectuel, etc. ; mais, pour que l'accoutumance se
produise, il faut procéder à petites doses. En procédant brusquement on n'obtiendrait
aucune adaptation, mais bien des phénomènes d'épuisement. On peut dire que les effets
de toutes les excitations se meuvent entre deux limites extrêmes: d'une part, la faligue,
et, de Tautre, l'accoutumance.
■m
FATIGUE,
iU
L'eicitabilité est donc forLement modinée par deux processus ania^'onîstes: la fatUçae
el reolralnement. LVulralnement se recouaaii par uoe augmentation de force, de
vitesse ou dp précision d*uii exercice.
Malgré rentraîiieriient on n'èvrle jamais fa courbature nmsculaire au début de tout
eiercîce. La mise en forme demande beaucoup de temps; il Uni, i^elon TissrK, quatre,
9ix mois, un an et mt^me pUi^ pour lacquérir. Il faut environ un mois ou deux k un
sujet précédeniment bien entraîné pour la retrouver au comnienretnent d'un nouvel
enlraJoement. D'autre part, la perle de la forme est très rapide, elle diminue dans
re*pace de quinze jours à un mois, dès qu'on up s'entraîne plus. Par contre, un sujet qui
a été une fois en forme la reconquiert 1res facilement et plus vite qn'un autre sujet qui
ne Tu jamais possédée (observations de Tissik faites sur les vélocipêdistesi. « La ffirnie,
dit TissiK, rend rhonimc plus sûr de lui-même, plus enduraiil» pins roura^^'pux et plus
fort. Ayant conscience de son pouvoir de résistanc**, il lui est plus facile d'entreprendre
onc rt*ovre de longue durée. Il sait qu'il peut atteindre et fournir facilenjent chuque jour
la somme d'eirtnis née*^ssaires. Il agit donc avec méthode; sans précipitation, eu homme
« ricbe " qu'il est vraiment, parce que, dans la recheiche niÔme de la forme, il apprend
h savoir ce qu'il rattt et ce qu'il veut. *> — Il ne faut jamais pousser la forme jusqu'à la
grande fatigue, car r»ntt*gril«î de toutes les functions de l'économie doit être absolue
quand on désire atteindre le dernier degré de la forme. Dans le cas contraire, quand
l'exercice est poussé jusqu'à la grande fati^^tie, forganisme ne se prête phïs à un régime
d'eulralnement Irop intense. L'impotence foncliumielle s'annoncerait jtiir des palpitations,
de Tesson ftlenient, des vertiges, de la fièvre, etc.
La qualité de rentrainementse perd donc pendant le repos; au commencement, elle
se perd très vite; ensuite sa marche est ralentie (lia vepelln). Il existe aussi de» différences
individuelles.
Il y a trois degrés dans la fatigue, selon son intensité, dit TissiÉ : 1** la petite
fatj|4ue ou lassitude, i(ui lonîfie el qu*on doit rechercher dans tout entraînement; 2*» la
fatigue qui irrilep excite et éoerve; 3*» la fatigue qui abat et qui dissocie le « moi >», en
provoquant des phénomènes somatiques et psjcbiques. On doit éviter absolument ces
deux fatigues.
L'entraînement peut aussi être déOni : ta prise d'une habitude qui consiste à substituer
peu à peu (a moelle epini^re au cerveau, le réftexe au mouvement voulu* L'entraînement
consiste à substituer â Taction de la volonté, qui est sujette à la fatigue, faction réflexe
qui peut se continuer d'une manière à pRU pnis indéfmie (MAiraicE he 1''lei:rv). Ainsi
l'observation est en accord avec rexpérimeulation pour établir que les centres psycho-
moteurs sont plus fiiliiiables que les appareils réOeies de la moelle*
L'expérience a montré que, dans la marche des troupes, un arrêt leur est préjudi-
ciable, non pour le lemps perdu, mais pour Tactivité même des hommes. Le demi-repos
qtl^on accorde, en cours de route, ne fait que fatiguer davantage.
L'entraînement peut aussi être étudié au dvuaiuomêtre et à l'ergographe (DEiJiEcr,
Ch. HENflY, J, lOTEVKO, LoUliARO, MOSSO, ScHEFFER, KOCH, ZOTU et PrEGL, IIoCH, kWAEriLlN,
OsKUEtzKOWsKY, elc). (les expériences ont montré trois catégories dVntraînement sui-
vant l'échéance* En premier lieu, chez certaines personnes la courbe erfîographique
présente le phénomène de fescalier, dénotant une augmentation d'excitabilité névro-
musculttire par la répétition du mouvement* En second lieu, certaines personnes pré-
sentent des efTels d'entraliieuient post-ergographiques, qui ne se voient pas sur la
courbe, vu l'étal de fatigue des muscles lléchisseurs, mais qui peuvent être mis en évi-
dence par des mesures de la ftirce dynamomélrique de la main du côté opposé; il y a
dynamogénîe poal-ergographique, preuve de l'excitation centrale (J. Ioteïko). Il y a entin
rentralnement qui se manifeste à longue échéance el qui consiste en une augmentation
graduelle du travail mécanique, qui croit jusqo'à une certaine limite pour rester ensuite
stationnaire. Pour voir ces elfets de l'entrainement, il faut s'exercer quotidiennement.
Lombard Warren ne constata d'abord nulle différence pendant les six premiers jours;
ensuite il remarqua une augmenlation considérable, Mosso rapporte que TefTet utile de
son assistât^ Adicco, qui était de 3«53t kilogrammètres au commencement, atteignit le
chitfre de 8,877 kilogrammètres au bout d'un mois d'exercice, Scïîeffkh constata aur lui-
même une augmentation de 00 p. 100 de force après deux mois d'exercice. Pour éliminer
t(>6
FATIGUE.
rinilutiace de rentralnement daas les expériences ergographiques oh on éludie t'acUon
de telle ou telle substance, il faut alterner les expériences avec cette substance par des
expériences comparalives.
Eu se servant d'baltères pesant 5 kilogrammes, et auxquelles un dispasitif simple
penneL d'ajouter successivement 24 poids supplémentaires, Co. Henry a vérifié quelques
faits avancés par DKLBErp relativement à rintluenee de renlrainement» et il leur a donné
une formule mathématique. Il a trouvé « qu'avant Tapparition de la fatigue et jusqu'à
une certaine limite dépendant de Tétat de chaque sujet, limite que l'exercice a pour effet
de reculer, des travaux ex«îculés avec une succession de poids gradués suivant des rap-
ports rythmiques déterminent par rapport aux mêmes travaux exécutés avec toute
autre succef^sion de poids dans le même temps une moindre fatigue et parfois un entraî-
nement notable ».
Suivant Roca et Krabpeun, IVxeicice acquis en faisant tous les jours des expériences
à Tergographe auf^mente surtout le nombre de soulèvemenls, et, bien qu^au début ou
constate uu léger accroissement de hauteur^ celui-ci est négligeable- Si les sujets
s'exercent, le nombre de soulèvements monte d'abord rapidement . puis plus lentemeut,
et reste enfin statiouriaire.
Il y aurait un très grand intérêt à étuilier la c^ïurhe de rentruinemenl en fonction du
temps, aïusî que la courbe <le la perte des qualités de IVntrainenienl.
Manca, en soulevant deux haltères de l* kilos rjthmiqueuient une fois par jour,
fournit 28 soulèveuieuts dans la première semaine, A 9^» soulèvements dans la neuvièine.
ilocGïi a constaté tjue, quand les muscles sont entraînés, les d i iFé re nce s journal i ères
dans la courbe crgugraphique devienuput nulles; les of^ci Hâtions de la plupart des courbes
sont dues soit à des erreurs, suit aux sensatioua désagréables dans le muscle. La douleur
ne se produit que datis les muscler non entraînés; elle disparaît avec les progrès de
rentminvineuL l/entratuenieut moditle aussi la courbe de la fatigue (Hougu) : dans les
muscles entraînés, la hauteur des soulèvfînieuls descend au commencement de la courbe
plus rapide meiit que vims la fin et demeure lin aliment à une ïiauteur fixe pendant
longtemps. Dans les muscles non entraînés, la hauteur descend conlinuellemeai.
L'entrai ne lu en t reconnaît deux causes suivant Mo^su : les niusiiea s'accoutument
graduellement à un travail plus intense et modihant leur structure en s'hypertrophiant.
Les rechercbes actuelles de Mosso lenden! à séparer ces deux facteurs; nous devenons
plus forts, avant que le grossissement des muscles ne devienne a|iparent, Kt, alors même
que les muscles sont revenus à leur volume primitif par suite du repos prolongé, mônae
pendant des mois, rolfct utile de IVxcrcice subs^ïste encore. Il est probable qu'il s'agit
d'une accoutumance aux poisoiii> de la faliLîue.
ini. LtB slëg-e de la fatigue des mouvements volontaires. — Un grand nombre
de physiologistes, et Mosso t!u jiarticulier, ont démontré par rexpérinieutation le bien
fondé de ce fait d'observaliou courante, que la fatigue, quand elle est très prononcée»
ne reste pas un processus local, niairi qu'elle a de la tendance ù la généralisation; ainsii
par exemple, après uui^ marchti prolongée, nous ressentons souvent uu mal de tête
intense, de la douleur dans les bras, des palpitations, de Tanhélation, etc. Mais ni les
phénomènes généraux de la lati^^ue, ni les phénomènes locaux ne peuvent nous ren-
seigner sur le siège de la fatigue, la théorie toxique de la fatigue pouvant expliquer
facilement les troubles à distance.
Une opinion furteiucut accréditée parmi les physiologistes, c'est que les centres ner-
veux sont plus fatigahles que les muscles. En examinant les arguments mis en avant, on
s'aperçoit qu'aucun d'eux ne repose sur des expériences directes, mais que tous visent
des analogies lointaines. Cette opinion sur l'eitrêine fatigabilité des centres nerveux
s'est formée d'une fa*;i>n théorique. Les centres nerveux sont tellement fragiles et si
sensibles à toute cause d'aîtéiation qu'un a cru qu'il en était de même à l'égard de la
fatigue. Or, il se trouve i[ue l'expérimentation montre Tinverse : grande résistance des
centre» nerveux A la fatigue et extrême susceptibilité des appareils terminaux.
Les expériences de A. Mosso, faites en alternant rincilalion volontaire avec lexci ta-
lion éleclijque des muscles, et en comparant entre eux les résultats ainsi obtenus, sont
presque les seules sur lesquelles on s'appuie généralement pour reronnaîtrc aux centres
nerveux nue résistance à la fatigue inférieure à celle que présentent les organes termi-
■
FATIGUE. M7
naux. Pour élimîi»er ractîoo psychique dans le& phénomènes de fatigue ergographtque
chez Thoinme, Mosso a excilé directement le nerf médian ou le muscle au moyen d'une
bobine d'induction. Le muscle suit la môme courbe s'il est excité par la votante ou par
rél^ilricit*^. 11 existe néanmoins des dilférences notabJes dans le travail mécanique vi la
tension des muscles dans U's deux cas, Figk avait dejù signalé en \SH1 qu'avec l'exci la-
lion électrique tétanisante il n'élaîl jamais possible d'obtenir uu degré de tension du
muscle aussi prononcé qu'avec Texcitation voionlaire, Mosso conclut dans le même sens:
arec la volonté on peut faire des efforts plus grands et soulever des poids très lourds;
mais Taptitade au travail sVpuise vite, et Texcit^ition nerveuse voiorilaire devient iuefll-
care, tandis que Texcilalion nerveuse artificielle agit encore. Lorsqu'ou ne peut pliH
ulever un poids par la volonté, en excitant éleclriquement le nerf ou le muscle, on
irrive à produire encore des soulèvements. De ces expéiiences Mussu tire argument pour
affirmer que ce n>sl pas le muscle qui est fdtigué dans la rontractiou vulontaije,
«lleiidu que celle-ci laisse encore dans le muscle un r^^sidu de force, qui peut être uti-
lisé par ta contraction volontaire. Par cons»''quent, dit Mosso, le sièj^e de la fatigue est
situé dans les centres, tl esl compiéhensibbî que la Jiouveauté même du pliénomèn*%
décrit par Mosso, ait conduit Tilluslre pltysiotogisle italien à celte conclusion.
Les uiéraes expériences furent répétées par H. VV,^lle!», avec celle seule (liiïérence
que le physiologiste anglais s'est servi d'un dynamo;.'raphe au lieu d'ni» ergograplie. Il
a confirmé en tout point les résultats de V\ck et de iMu^so, De même que Mosso, il a vu
que, quand la volonté n'était plus efficace k soulever un poids, on obtenait encore une
série de contractions artificielles. On peut disposer respérience de manière a obtenir
plusieurs séries de contractions volontaires qui alternenl avec des séries de contrac lions
artincielles. A chaque nouvelle série, le muscle en apparence épuisé entre en contraction,
A Texemple de Mosso, Walleji explique *:e pïiénoinéno iiiosi qu'il suit: quand le muscle
eette de répondre à l'excitation volontaire, cV*st à cau^e de r^i'ulréo en jeu de la fatigue
centrale; le muscle directenrent excité fournit encore une certaine somme de travail.
Pendant Texcitation artificielle du muscle, les centres nerveux se restaurent. î>i, apn'^s
répuiseraentélectriqueilu muscle, on parvient encore à soulevei' vulontairemenl le poids,
c'est parce qu'on obtient avec la volonté une force de soulèvement plus considcrable
qu'avec l'excitation électrique.
Telles sont les expériences qui ont servi de base à Ici théorie du siège central de la
fatigue des mouvements volontaires. Comme on le voit, elles reposent sur la compa-
raison faite entre les effets de la eu n traction volontaire et ceux d*" la contraction arliticielle.
Mais d'abord on peut se demandt^r s'il esl [»ossible île produire artificiellement une
activité comparable à celle (jui a lieu dans lo fonctionnement régulier de l'organisme, lit
même en supposant qu'il n'existe aucune dilférence qualitative entre ces deux modes
d'activité, les dilTérences quuniitative* sont sufisaules pour rendre loule comparaison
impossible. Nous manquons absolument de critérium pour comparer Vintemite de Telfoii
nerveux volontaire avec Tintlux nerveux mis en liberté par l'excitation électrique du
muscle. Il y a plus. Tout porte à croire que rinfiux nerveux provoqué artificiellement
chez riiomme possède une intensité moindre que relforl nerveux volontaire. Suivant
Mosso lui-même, la ressemblance ne peut élre complète; car les poids ijue peut soulever
le muscle excité directement sont plus petits que ceux qu'il soulève par l'elfort voloulaire.
Le tracé 8 de son livre sur la fatigue a éti^ pris en faisant soulev^^-r un poids de I kilo*
gramme* « Pour faire soulever li kilogrammes, il fallait un courant trop foi t et trop dou-
loureux, dontjeii'ai pas voulu me servir, malgré le dévouement du docteur Macgioma. «
On peut admettre r|ue, si les excitations électriqur*s sont sons- maximale s par rapport
aux excitations volontaires qui sont maximales, c'est parce que lr*s courants électriques
très forts occasionneraient une douleur trop vive pour pouvoir élre supportée. Le courant
électrique excite, en effet, les ne ris sensitifs au même litre que les nerfs moteurs.
Celle explication très simple expliiiaerait pourquoi le muscle épuisé par l'excitalio;!
électrique se contracte encore fort bien sous rempire de la volonté. Celle-ci est un exci-
tant maximal par rapport à l'excitant électrique, qui ne peut être que sûus>maximal
pour Thomme,
Beaucoup d'autres critiques ont été formulées par de nombreux auteurs : Kraei'eli.n,
V. HE»Rf et G.-E. Miller. Elles sout tellement nombreuses qu'il nous est impossible de les
im
FATrCUE.
passer toutes en revue, MOlleei a attiré l'attention sur ce fait, qu'avec le couraot électrique
onii*exHlc pas les mômes muscles que ceux qui entrent en action dans lesoulèvemetild'un
poids. Si, par exemple, nous appliquons le courant électrique sur les fléchisseurs, nous
n'exerçons pas sur les muscles antagonistes la même action que celle qui est produite
par la volonté; cette dernière consiste, d'après certains auteurs (Oucbewe, HE.\t:.xïs,
Demcny), dans une contraction simultanée des muscles antagonistes, et, d*après d'autres
auteurs ([lERr^iG, SHKantiHCTON], dans un relàetiemenl de ces muscles. On ne peut donc
pas, dit MùLLEH, conclure de ces ex(»énences que la fatigue, dans les soulèvements volûu-
taires» est d'origine centrale et non périphérique.
Bouou ne croit pas non plus que l'excitation alternée puisse servir à démonlrer
Torigine centrale de la fatigue.
Mais c'e>l à R. Mî?llf.r (l!*t>l) que nous devons la preuve décisive à cet égard. Cet expé-
rimentateur a examiné les conditions physiologiques dans lesquelles s'eCTeclue le travail
h l'ergographe de Mosso, et il a reconnu te iù\e pi^do minant des muscles interosseux dans
la courbe du travail volontaire. L'ergogramme se fait principalement aux dépens do ces
muscles. Or, dans Texcitatian artificielle^ nous faisons travailler surtout les fléchisseurs.
Il en résulte que des muscles diff&rents iravmUent dans ta contraction voloniairx et la
contraction artificielk. Toute comparaison est donc impossilile. Et si, après la fatigue
volontaire, nous obtenons encore des contractions par rexcitation du nerf médian, c*est
parce que nous avons excité des muscles qui jusqu'alurs n'avaient pas pris une patt
active au travail; ce qui contredit l'opinion de Mosso» que la fatigue est située dans les
centres nerveux. Il y a plus. En admcHant îe bien fondé des observations de Miller,
nous (levons forcément admettre que même la fatigue intellectuelle est plutûl un phéno-
mène musculaire que cérébral. Nous savons, en effet, que la dépression musculaire con-
statée par Mosso après les grandes dépenses intellectuelles s*observe aussi bien dans
le» ergogrammes volonlaires que dans les ergogrammes arliflciels. Le pUénoraéoe
paraissait assez dilficile a eipliquer jusqu'à présent. Mais nous croyons pouvoir donner
son explication. S*il est impossible de faire la comparaison entre le travail volontaire et
le travîiil provoqué, nous pouvons en revanche comparer entre elles les couibes volon-
taires d'une part et les courbes artiQcielles de l'autre. Or ce n'est pas Tififluence psychique
qui est la cause de la diminution du Iravail mécanique* car la diminution s'obsene dans
les deux cas {travail volontaire et artificiel); nous pouvons donc éliminer Tinfluence
psychique et reconnaître une origine en grande partie nnisculaîre à la fatigue intellec-
tuelle.
Au contraire, nous pouvons puiser dans les arguments de Mosso lui-même des preuves
do l'origine périphérique de la fatig<je. Il est intéressant de couîstaler que» malgré les
différences des conditions dans lesiiuelles se prennent les tracés volontaires et les tracés
artiïkiels» la courbe individuelle reste constante dans les deux cas. Si le type personnel
de la fatigue (courbe) demeure identique qunnd il ny a pas participation de la volonté,
il faut en conclure que rinfluence psychique nVxerce pas une action prépondérante, et
que la fatigue peut encore être un idiénoméne périphérique. C'est avec juste raison que
Mosso déduit de ces expériences que les phénomènes caractérisliques de la faligue ont
leur siège à la périphérie et dans le must le, cl qu'il faut tnjtiisporlei à la périphérie ceriaîus
phénomènes de faligue qu on croyait d'origine centrale.
A cdlé de ces expériences ergographiqnes se placent d'autres observations physiolo-
giques relatives à rentraîncment musculaire, et qu'il convient de citer ici. Ainsi, par
exemple, Pu. Tissnê, dans son livre sur la faligue, nous dit i< que les courbes prises par lui
lors d*un record vélocipédique indiquent que le besoin de nourriture sVst fait sentir
d'abord dans les muscles avant d«î devenir conscient. On voit» en efl'el, la courbe des-
cendre progressivement pendant 6 à S kilomètres, au bout desquels la nourriture a été
réclamée. Le besoin a dû atteiirdre une certaine intensité pour devenir perceptible» alors
qu'il a été révélé musculairement par un nilentissement de la vitesse dès qu'il a com-
mencé à se manifester. Le t^esoin de réparation s était donc fait sentir inconsciemment
dans les muscles plusieurs minutes avant son arrivée aux centres psychiques. Ce tracé
tendrait à admettre que le premier degrt^ de fatigue est périphérique v. (?)
Comme preuve du siège périphériqtte de la fatigue^ on peut encore citer les effets
bienfaisants du massage, si bien étudiés par Zmîlol'dow^iîy et par MAGGmKA. Selon ce
FATJGUE. 169
dernier aoleur, on oblieiil du muscle qui travaille à l'ergograpbe avec des périodes de
«[uiruti mioutes de masaage un ptïet ulîïe quadruple de celui que donne le muscle auquel
on accorde des périodes éiiuivalentes de repos. Il est vrai que le mas^ag'e agit principa*
lemeni par voie réllexe» eu arlivaul ta cîrculnllon et en provoquant un rehaussemeui du
tonus muscalaire. Mais cette action retentit direclemeut sur te muscle, le déharrasse des
produits de déchet accumules pendaul le travail et le reod apte à fonclionuer de nou-
veau. Ainsi donc une cause quieinpt?«'be la fatigue pèripht'Tique de se produire rétablîl
l'action du système nerveux sur le muscle,
tinc preuve certaine du sie^'e péripliérîqua de la fidigue, c'esl Valhngement de la
secou^scp qui se produit. avant la diminiUiou de la hauteur, t^e premier etfct de la fatigue
consiste donc en un<i modificalion do Télasticité mus^culaire.
On sait que tes liysli>riques ont parfois des contractures qui durent des semaines et
des mois. Le muscle est contracture sans qu'il y ait sensation de falif^ue. Cette absence
absolue de fatigue dans un muscle coniracluré est considérée par Cu. FticiiET comme une
preuve du siège central de la fatigue. 11 y a fatigue de la volition. Si la volonté n'inter-
vient pas, et si elle est remplacî'e par un irritant quelconque (myélite, encéphalite, strych-
nisme de Thyslérie), alurs nulle fatigue. On ptut même soutenir, ajoule (^h. RirHfrr, que
tes centres nerveui moteurs ne se rati;j;uent que s'ils soitt mis en jeu par la volonté. S'ils
sont excités par d'aulr*»s agents, ils ne s'épuisent ni ne se ratij^nent plus que la moelle
et le muscle.
Mais la contracture n*est pas une contraction musculaire ordinaire; clic présente un
phénomène unique dans son genre. La temptrttture du mmrk conintHnrt' ne s^éiêvi pas.
BnissAro et RKGWRa ont montré» au moyen d*aiguilles ttiermo-éleclrique!*, que les
muselles contra iurés ont la ménif* température que les muscles sains, et même qu'ils sont
plus froids de quehiues diiièmes de degrés. D'autre parl^ il est bien établi qu'aucune
élévation de température générale naccompajtîne chex les liyslériqucs le» cotitractures,
mémo les plus violentes. Or il serait tout à fait iinpossihlo du supposer, dit Cu. Richet,
que les lois tliennodynamîques ne s'eiercenl pas sur te mui^cte en cuntracturo comme
sur le muscle en contraction, vi cependant te muscle cunliacté s'échaulTe» te muscle con-
tracture ne 5*échau(Te pas! Cette expérience (^rouvi^ que l'échaulTement du muscle n'est
pas directement hé a sou raccourcissement. L'excitation du muscle produit ûqux
phénomènes probal>lement distincts, et que Tétit palïioIogi<|ue dissocie, d'une part
l'èchaufTenient par com bu liions musculaires iulcrslitielles, d'autre part te raccuurcisse-
ment du musck par modillcation de son élasticité. Il peut donc y avuir contractions
musculaires sans éihautlement du muscle.
Mais alors cette cuntraction permanente des muscles appelée contraïUure qui ne
s'accompagne d'aucun eiïet thermique ni de cojnbustions întersticîelles, qui tie ne fait
que par le seul jeu des forces élastiques, cette contraction ne peut donntM^ lieu à de$
ptiéuomènes de fatigue ! La fatigue est un phéuomène d'origine csseulielli?rnenl chimir|ue.
Voici, selon nous, la façon dont il faudrait interpréter celte absence d'èchauïTement
qui caractérise la contracture. Et tuut d'aburd est-rcla un phénomène tellement paradoxal
qu'on no retrouve rien de semhlalilfl dans d'autres circonstam^cs? Kaut-il r^^adresser aux
étaU fwthologiques pour dissocier le phénomène mécanique de la contraction du phéno-
mène lliermiqurt? Nous avons vu dans un chapitre précédent que, si nous excitons un
muscle jusqu'à eitréme latif|ue, nous observons une diminution f^raduelle du travail
mécanique et d^ la ehali^ur; mats ta fatigue de chaleur précède la fatigue de ton*
traction, en sorte qu'un muscle fati^'ué ne dégage plus de chaleur, njais continue encore
ti donner des contraclions Irr» appréciables. Ainsi donc dans ta fatigue nous pouvons
avoir des contractions musculaires sans dé^a^emeiit de clialeur. Ut chaleur diminue pitts
rapidement que h- Iracaif m'^canique (IIeiuënuaix . La chaleur e^i l't^x pression du travriit
chimique; il est pourtant impossible d'admettre que les contractions du muscle fatigué
ne s'accompagnent d'aucun travail chimique. Mais il est certain que le travail chimique
dans un muscle fuli^ué est extrêmement faible, et par suite te résidu de chaleur dégagée
peut être tellement iusiginilanl qu'il n'est plus révi^lé par tes iustruments thermiques
de mesure. La comparaison entre un muscle fortenteiit faiigué et un^ muscle contracture
s'impose. Le muscle contracture stî Irou^fe dans un état loi qu'wn raison de l'étendue
extrêmement restreinte de son travail cliimîqne, il ne produit pan d^f rhattfiir enregis-
<r
170
FATIGUE-
trahie; il produit néanmoins du travail mécanique. Le mmcie cùntracUiré présente une
annh*jie comptete avec un musrJe qui se trouve darta un étni tïexlrème fatigue, La contrac-
ture est un état de fattgue mw^ciihurepet^manente. C'est îâ* croyuns-nous. ruiii*|ue explicalioa
physioïogiquR que Tou puisse donner de ce f)héiioniên(% dont la patïiogënie noasëcbappe;
mais il paraît certain que la contracture, qui est une faligne permafiente de ceiiaina
groupes musculaires, est entretenue parune eicitation permanente. Quant à TaboUtion du |
senliment de la fatigue dans la contracture, cela pourrait être un pbéiiooiène psychique
dont l'explication peut Hre lechercliée dans la dissociation du u moi ►* des hystériques.
Enfin, pour afTirmer que la fatigue est d'origine centrale, on a invoqué aussi les
observations cliniques concernant divers types de convulsions, et dont un exemple
vient d'être rapporlé par m: Fleury; on a pu enregistrer lOÛÛO oscillations doubles À
rheure chez un malade qui avait de la trépidation rétiexe du pied; ce phénomène,
absolument soustrait a l'action du cerveau, pouvait continuer d'une manière indétlme
sans qu*il y eût aucun symptôme de fatigue. On peut répondre à de^ observations de ce
jjienre que la fatigue est presque toujours relative, rarement absolue, et qu'elle dépend
de facteurs extrêmement nombreux, tels que l'intensité de Texcitant, le nombre de»
contractions dans l'unité de tempSp le poids à soulever, la température, etc. AIaggiora
n'a4-il pas montré que le doigt médius pouvait travailler indéfiniment k Tergographe et
soulever un poids de plusieurs kilogrammes, a condition que le nombre des contractions
n'excède pas dix à la minute? Dans ces conditions le muscle, aussi bien que le système
nerveux psycbo-nioLeur, devient infatigable. Aussi, sentes, les expériences rigoureuse-
ment physiologiques, qui tiennent compte de tous les facteurs, peuvent-elles résoudre li|
question relative au siège de la fatigue.
Les expériences pono métriques de Mosso plaident aussi, selon nous> en faveur du
siège périphérique de la fatigue. Le ponomètre inscrit la courbe de l'effort nerveui
nécessaire pour produire la contrai tion des muscles à Tergographe. Avec cet appareil It*
muscle travaille seulement au commencement de la contraction» et on inscrit aussi^ outre
le travail utile, le mouvement successif que fait le muscle quand vient à lui manquer
tout à coup le poids qu*il soulève (contractions a vide . Nous voyons que l'espace parcouru
par le doigl, quand cesse le travail utile de la contraction, est moindre tout d'abord, et_
devient environ trois fois plus considérable quand le muscle est fatigué. L'exiitatiod
nerveuse, que l*on envoie à un muscle pour en produire la contraction, est beaucoup plui '
grande quand il est fatigué que lorsqu'il est reposé.
Ces courbes porioméiriques, confrontées avec les courbes ergographiques, démonlrenl
que, tandis que le travail mécanique tend à diminuer dans la fatigue, Tetfort nerveux
tend à s'accroître progressiv^ement.
Le muscle fatigué a besoin d'une excitation nerveuse plus intense pour se contracter
(DONDERS et Mansvelt). Mais, si on soulève le poids au ponomètro en excitant le nerf
médian, alors la courbe pouométrique va en dimijmant. La dîlTércnce eotre la courbe
ponométrique, ascendante quand il s'agit de la volonté, et cette même courbe, descen-
dante quand le nerf est excité, est due à raugmentation des excitations nerveuses que
les centres envoient au muscle à mesure que les conditions matérielles de la conlraclian
deviennent plus difficiles, par suite du progrès de la fatigue (A, Mosso).
KuAEPELipf reproche à la théorie du siège *'eutral de la fatigue de ne pas être conforme
aux lois de la vie psyc bique en général. Dans rexpérience ergographique nous voyons
s'établir la fatigue en une minute; or, dans les cas de crises convulsives, les musrles
peuvent être excités bien plus longtemps par les centres psycho-moteurs. La réparaliou
après la fatigue orgograpbique a lieu aussi très rapidement. Aussi Kuabcelin suppose que
la un de la courbe est due non pas à la fatigue des centres, mais à un phénomène d'inhi-
bition des rôtiexes exercé sur le muscle par les poisons de la fatigue.
L'épuisement de notre corps ne croit pas en proportion directe du travail etfeclué,
dit A. Mosso, et, pour des travaux deux ou trois fois plus forts, notre fatigue ne sera pas
double ou triple. Un travail elTectuc par un muscle déjà faliguô agit d'une manière plus
nuisible sur ce muscle qu'un travail plus grand accompli dans des conditions normales.
Supposons que trente contractions suffisent pour épuiser un muscle : deux heures serout
alors nécessaires pour permettre au muscfe de se rétablir. Mais, si Ton ne fait que quinze
contractions, le temps de réparation pourra élre diminué^ non pas de moitié, mais du
FATIGUE.
171
I
quart, et il suftlra, dans le cas cité, d*une demî-heare. On voit que répui^enient muscu-
laire dun» les qui nie premières contraclions est beaucoup plus faible que dans les sui-
vantes et qu*il ne croît pas en proportion du travail efTectué. Mosso a réuni sous le nom
de la » loi de répuisement • ces effets de l'accumulation de la firtigue. L'organisme ne
peut être assimilé à une locomotive qui brille une quantité donnée de cliarhon pour
chaque kilomèlie de chemin parcouru; mais, quand le corps est fali^ïiié, une faible quan*
titè de travail produit des eiïets désastreux. Dans ces eipériences raccomulalion de la
fatigue a été niesurt-e an moyen du temps nécessaire à la réparation*
Elle peut s'étudier encore d'une autre façon. Le temps de repos reste le même entre
les courbes successives, mais il esl insulTisanl pour la réparation complète. Nous aurons
donc des efTets d'accumulation de fatigue d'une courbe à une autre {J. lorEVRo). Le travail
mécanique diminue progressivement. L'accumulation de la fatij^ue est variable suivant
les intervalles de repos. Âiusi^ avec des intervalles fixes de huit minutes environ (rylbmeâ",
poids 3 kilos), la décroissance du travail est très régulière; dans la deuxii'me courbe,
le sujet ne récupère que les deux tiers de sa force primitive; dans la troisième courbe il
De récupère que la moitié. En travaillant avec des intervalles bcaurou|» plus courts
(une à trois minutes entre les courber, toutes autres conditions restant les mi^mes) nous
obtenons d'autres chiiTi es, D^ns la deuxième courbe» la clmte de travail est trè^ brusque,
le travail peut descendre au quart de sa valeur primitive; puis, dans les courbes suivantes,
le travail diminue chaque fois d'une vateur minime; quelquefois même on arrive à un
certain équilibre dans les courbes assez avancées dans la seri<^. 11 semblerait que, dans ce
stade de fatigue très avancée, il y a un résidu de force qui ne peut être épuisé. Ce pliénu-
mène est d'ailleurs confirmé par cet autre fait, que déjà un intervalle de plusieurs
secondes de repos produit une réparation manifeste (J. Iiitevio), Très souvent le même
phénomène se voit sur les rourbes isolées; au rotnmencement la dest^ente de la hauteur
des contractions est plus rapide; ensuite, elle se ralentit considérablement et tend n
rester stationnai re.
VIII. Les types seneltivo-moieurs. — Il est reconnu que les centres psycUo- mo-
teurs, qui commandent le mouvement volontaire, occupent dans chaque bémis|rUère un
territoire bien délimité, et qu'il existe un centre spécial pour le juembre supérieur et le
membre inférieur Néanmoins nous manquons Je moyen pour mettre direclement en
évidence félat dVxcilabîlité trun centre psycbo-moleur après la faf i^rne du mouvement
volontaire qu'il commande, Frmons comme exemple le mouvement tel qu*il s*exécute à
Tergographe, L'arrêt des fondions est-il dû à la fatigue du muscle qui ne veut plus obéir
au stimulus que lui envoient constamment les centres moteurs, ou bien est-ce le stimu-
lus lui-même qui fait défaut? Daiis ce dernier cas il faudrait admettre que c*esl /a volonté
ijui s'épuise»et que les centres psycho-moteur? se fatiguent bien avant que le muscle Ini-
méme ne soit frappé.
Tâchons d'explorer reïcitabilité des centres voisins de celui qui vient d*jccomplir le
travail ergograpbique, et cet examen nous permet! ra peut-être de reconnaître si sun
état de fatigue ou d'excitation ne s'est pas propagé aux autres centres sensilivn-moleurs.
Si, après avoir exécuté à Teigographe une certaine somme de travail jusqu'à l'épuise-
ment complet des llé^'bisseurs du médius, on examine la force totale de flexion de la
même main eu serrant un dynamomètre, on constate que l*ênergie dynamomélrique a
diminué environ d'un quart par rapport à ce qu'elle était avant le travail ergograpbique.
Mous avons donc perte de 2:j p. 100 de force musculaire par ïe fait de la fatigue ergogra-
pliique. Celte constatation à elle seule ne suffit évidemment pas pour permettre d'aflir-
mer que la perte de force est d'origine centrale, car la main qui a travaillé à Tergo-
grsphe n'est peut-être pas indemne de toute altération locale.
Mais nous pouvons prendre la force dyn rimométrique de la main f/^f(c/i€, qui est
demeurée au repos; <ret examen va nous montrer si l exercice ergograpbique impose à
la main droite n'a pas retenti sur les centres psycho-moteurs du cAté opposé. S'il y a eu
retentissement, la force dynamométrique do la main gaucho ne restera pas stalionnaire.
mars elle subira soit une exaltation, soit une diminution, traduisant de cette manière un
certain état central déterminé par raccomplissemeut du travail ergographique. C»3t exa-
men, s'il est positif, pourra donc Jeter quelque clarté sur la participation possible des
centres psycho-moteurs aux phénomènes de fatigue ergographique.
172
FATIGUE.
Les expérienœs de J. loiEvito ont porté sur vingt éLadianlïi de l'Uni vem té de
Bruxelles. Les eipérietices étaient disposées en sorte qu'il fût possible dévaluer la force
dynamométriqiie de la main gauche à difTérenls «nonieuts, suivant les dlfTèrenls degrés
de fatigue accusée par la main droite, qwi fournissait plusieurs courbes ergograpliiques.
Celles-ci se auccédaîent k plusieurs minutes d'interiralle, letnps insuffisant pour faire
disparaître toute trace de fatigue antérieure.
Ces expériences ont rnuniré qu'au point de vue de la résislauce à la fatigue on pou-
vait admettre reiislence de deux types moteurs principaux, et d*un type intermédiaire :
(° Les sujets du premier type (type dynamogène) sont ceux qui résistent le mieux
à la fatigue. Clie^ eux, non seulemeut il n'y a aucune espèce de falifîue des centres
nerveux volontaires après le travail ergographique; mais, au contraire, il y a une légère
excitation de ces centres. L*exci talion centrale se Iraduil par une auf/ ment aï ion de
l'énergie dynamomètrique de la main qui n*a pas Iravailîé à l'ergograptie. Même plusieurs ^
courbes ergograpliiques sont incapables dti déterminer la fatigue des centres nerveux.
Il y a toujours un effet dynamogène. Cet effet dynamogène disparall après plusieurs
minutes de repos,
2^ Cliez les sujets appartenant au second type (type inhibitoire), le travail crgogra- |
phique ne détertnine jtimais de dynamogénie» et dés la première courbe leur énergie
dynamométrique est en voie de décroissance. Il y a au plus perle de 20 p, 100 de la
force ilynamornélrique dt; la main gauche par le fait du travail ergographique de la
njain droite. Celle perle d'un cinquième de force ne p^ut être altribuèc à une autre
«^ause qu*à une perte correspondante de l'énergie des centres nerveux, II y a eu fatiguiid
du centre nirjteur cérébral correspondant au membre qui a travaillé et propagation de
cet êial de fatigue aux centres voisins. Comme la diminution de force dynamométrique
de la main droite excite à peine celle de la main gaucbe, il est légitime d'afJlrmer que
la diminution d'énergie cérébrale est la même des deux côtes, et qu*il n'y a pas, à pro- 1
prement parler, de localisation cérébrale de la fatigue. Cet étal de dépression disparaît
au bout de plusieurs njinules de repos.
r{<* Enfin le type Mermêdiahe comprend les sujets qui pré^enlent une surexcitation
motrice après la première courbe ergographique; mais après plusieurs courbes ils
accusent toujours un état de dépression, 11 y a donc chez eux prédominance de l&J
dépression.
Nous voyons par cet exposé que le travail ergographique épuise lolalement la force
des nécbîsseurs du médius, puisqu'il y a abolition complète du mc>uvenn.^tit volontaire;
mais il n'épuise pas la force des centres nerveux qui commandent le mouvements la
uïélbode ergodynamiymeintiue permet de constater que l'élat d'excitabilité du ceutre
présidant à l'exerrice ergographique s'est propagé au centre du côté opposé, et celui-ci
n'a pas accusé de fatigue bien prononcée, Hien au contraire, clies: certaines personnes, i
son excilahililé a augmenté, permettant de saisir, dans les cenlres psycho -moteurs,
rexistence d'un phénomène, qu'on n'avait décrit jusqu'à présent que dans le muscle et]
la moelle épinière, phénomène couïhi sous le nom d'escalier {Treppei ou v d^addittoo
latente ». Certaines personnes se trouvent encore dans la phasii de 1' « escalier psycho-
moteur », alors que leurs muscles sont devenus com[)lètement paralysies par la fatigue.
Les antres, moins résistanles, accusent déjà au même moment un début de fatigue céré-
brale. Le peu d'intensité de la fatigue centrale permet néaiunoins la conclusion que le
siège de la fatigue est situé à la périphérie Mais en tnéme temps on conçoit la possibi-
lité de répuisement des cellules cérébrales pour des elTorts execpsifs.
La réparation des centres nerveux se fait plus vite que la réparation du muscle. Ainsi^
par exemple, il faut au moins dix minutes de repos pour que le sujet regagne la totalité
de ses forces après le travail ergographique; ce letnps est limité par la réparation du
muscle, car les centres volontaires se reslament bien plus rapidement. La dépression»
constatée chez plusieurs sujets après le travail ergographique, disparaît en elïet déjà au
bout de quatre à cinq minutes de repos. Il en e^t de même de l'cxcilalion (jui est la
caractéristique du type <« dynamogè ve »>. Et cette di-^paritioii des eïfets dynamogènes
ou in h ibi toi ces du travail ergographique après un certain temp* de repos et retour à
t'élat normal est .même un des témoignages les plus probants de la réalité des deux
lypes moteurs.
FATIGUE,
173
La réalité des types apparaît avec une évidence d^autanl plus grande qu'il a été pos*
sibte à i. loTEYKO de saisir un rapport constant entre les manifestations motrices et
sensilives. Parmi ses vingt sujets cet auteur en a clioisi ciaq^ qui présontaiet»! des types
bien traQch»^ au point de vue des phénomènes post-ergo^'rnpbîrjues, et ïï a examiné
leur *eosibililé cutan^^e an moyen de t'estbési orné Ire, avant et après racconi plissement
du travail ergographique-Ceut qui avaient présenté un accroissement d*éiiergie muscu*
laite après le travail *^rfço^MMpliique, ont aceusé dans celle série d'expériences une exal-
tation de la sensibilité cntaoée; ceux qui avaient montré une diminution de l'énergie
dynamomélrique ont accusé un éroousâement de ta sensibilité i!utanée après le travail
«rgO|t;raphique.
Ces données expérimenlales sont en accord complet avec tout ce que nous savons
ur la dynamogénie et Tinhibition. Nous savons que l'es excitations relativement faibles
sont dynamogt^nes; les excitations très Tories exercent un elTet înhibitoire.
llai$lec«Mé nouveau des expériences de J. Ioteyko, c'est l'établisse ment de la distinction
«nire cfeicx types fn^nsUivo- moteurs et un tijpe inta-mMiaire^ en prenant ponr mesure
l'accomplissement d^in travail qui, déprimant pour certains s ujet"^, est excilant pour les
autres. Ce travail-limite est le travail qn*on accomplit à Ter^ograpbe de Mosso. Suivant
les sujets^ il détermine tanlût des phénomènes dynamogènes (fj/ptf dynamogène) se tra-
duisant par un accroissement de rénergie musculaire et par une exaltation do la sensi-
bilité générale, tantôt des effets inliibiloires {type inhibitoire) se traduisant par une
diminution de l'énergie musculaire et par un émoussement de la sensibilité. Ces types
doivent être considérés comme l'expression de l'étal normal, attendu que les sujets
d'expériences étaient choisis parmi les individus jeunes et robustes.
La distinction des typf s sensitivo-rnoleurs repose surdes phénomènes qui se déroulent
dans les centres seîisilivo-moteurs et qui ont un reientissement h lii périphérie. Or, dans
tous les cas, et indépendamment de ses ellels centraux, b fiUiyue a fergographe a tou-
jours été totale, jusqu'à eitinction compbMe île la force des Ibkbisseursdu méilius. Tous
ers phénomènes s'observent en travaillant avec le rythme de deux secondes et avec un
poids de 3 kilos. A ms et Larglmer, en reprenant la méthode ergo-dynamomélriquc de
J. lorEVKOr ont conlirmé ses résultais,
IX. La quotient ûe ta fatigue. — Une courbe ergographique est composée de deux
'leurs : \a hauteur des soulèvements et leur nomhre. liocu et KBAKrELt>s otil montré que
s deux fadeurs sont indépendants Tun de l'autre, Ainsii par exemple» il peut ariiver
qu'une certaine cause amène un effet excitant, se traduisant par une augment^iUon de la
hauteur totale des soulèvements ; il ne s'ensuit pas nécessairement que le nomhre de sotité-
Tements doive être plus grand: il peut rester le même; seulement chaque soulèvement
sera plus fort. L*elTet inverse peut également se produire : une cause augmente le nombre
es soulèvements sans inlhier sur leur nomhre. La caféine, par exemple, augmente, d'après
HocM et KaAKPBLtN, la hauteur des soulèvements sans influer sur leur nomhre, tandis que
Tessence de thé dimmue le nombre et nlnllue pas sur la liauleur. Le travail mécanique
d*une courbe peut donc Ôlre iniluencé par les modillcations de Tun ou de rautre des
deux farieurs ou des deux à la fois. En examinant de plus près les conditions dans les-
quelles ces deux facteurs sont sujets à varier, cos auteurs arrivent à cette conclusion, que
la fatigue des centre?* nerveux ou leur excitation modifient le nomhre des soulèvements»
tandis que la b^iuteur est inOuencée par Tétat du muscle. Le nombre des soulèvements est
une fonction du travail du système nerveux central; leur hauteur est fonction du travail
du système musculaire» Les preuves expérimentales fournies par Hocu el Kraepklïn à
Tappui de cette manière de voir peuvent être gi'onpée> sous plusieurs chefs : t« les dis-
positions psychiques au travail, variables suivant les heures de la journée, intluent surtout
tur le nombre des soulovemenls; la chose est conjpréhensible, car ces variations affectent
bien davantage te système nerveux central que les muscles; 2" les modifications de la
force sous Tinfluence des repas retentissent avant tout sur les muscles; après les repas, à
cause de la réplétmn des vaisseaux abdominaux, il existe un léger degré d'anémie céré-
ale qui nous rend inaptes aux travaux psychiques; aussi le nombre de contractions
iminue-t-il; mais en revanche, leur hauteur augmente. Maggiora arrive aussi à la con-
clusion, que Tinlluence p^iratysante du jeûne, de mémo que l'action restauratrice des
repasi est localisée dans les muscles; 3** l'exercice acquis eu faisant tous les jours des
171
FATÎGUE,
expériences à Tergograplie augmente surtout le fioiiibre de soulèTemetits, ei, bien qu'au
début on consUle un léger accroissement de hauteur, ceJui-ci est négligeable. Si le»
sujets s'enercent, le nombre des soulèvenienU monte, puis reste sialioniiaire; 4** enfin,
tes auLeureise basent sur les expériences de Mosso, qui a constaté una dépression notable
de la forte à l'ergograpbe chez plusieurs de ses collègues, dont la fatigue psychique
résultait des examens qu'ils avaient fait snbir aux élèves de rLîniversité de Turin. Ce
qui est très siguilicatif, les tracés après la fatigue intellecluelle diîférent surtout des
tra*!és normaux par une diminution du nombre des soulèvements; la force du premier
elforl n'est pas diminue'e, mais la descente est très brusque et après plusieurs contrac-
tions la force descend à zéro.
Le nom de gtiorienl de ta fatigue — a été donné par J. Iotevko au rapport numérique
qui existe entre la hauteur totale (exprimée en centiniètrf's) des sotilèvemenls el leur
nombre dans une courbe ergographique. Jusqu'à présent, toutes les évaluations, en ergo-
graphie, étaient basées uniquement sur la somme de travail mécanique, c'est-à-dire sur
des mesures quantitatives. Or ïe quotient de fatigue mesure la qwiiité du travail accora*
pli. Comme le quotient respiratoire, qui est le rapport entre le CO^ exhalé et le 0 absorbé,
mais qui ne fournit aucune donnée sur les valeurs absolues de ces gaz, de même le
quotient de fatigue mesure le rapport entre IViïorl musculaire et Tellort nerveux dans un
ergogramme. Rien d'ailleurs ne s'oppose à ce qu'on évalue la quantité de travail concar-
remmenl avec sa qualité. Ce rapport n'est autre que Tévaluation de la hauteur moyenne.
Mais le nom de n quotient de fatigue » exprime un rapport d'ordre physiologique. S'il
est vrai, ainsi qiie Hoch el Kraepelix raffirraent, que le nombre des soulèvements est
l'expression du travail des centres, et que la hauteur totale est l'expression du travail du
muscle» il devient possible de résoudre la question relative au siège de la fatigue en
examinant les variations du quotient de la fatigue sous l'influence de la fatigue même.
On sait que les effets de la fatigue s'accumulent si l'on entreprend un nouveau travail
avant que la fatigue précédente ne se soit dissipée* i,es expériences de J. Iotevko ont
consisté à faire alterner les courbes ergograpbîques avec de courts intervalles de repos,
variant de une à dix minutes, mais réguliers dans la niôme série de courbes. Chaque fois
le sujet épuise totalement sa force a Tergographe; après un court repos, pendant lequel
il y a restauration partielle, il donne une seconde courbe, inférieure à la première au
point de vue du rendement; après un nouveau repos il fournit une troisième courbe, qui
est inférieure à la seconde au point de vue du rendement. Chez certains sujets le
nombre des courbes fournies a été poussé jusqu'à cinq. Pour savoir auï dépens duquel
facteur, hauteur ou nombreuse fait l'accumulation de la fatigue, voici le résuttat général
des expériences faites sur vingt sujets (élèves de TUniversité de Bruxelles) :
1<* Si le temps de repos entre les courbes successives est insuffisant pour la restau-
ration complète, le sujet fournit chaque fois un travail mécanique moindre. Cette dimi-
nution du travail mécanique se fait aux dépens des deux facteurs constituants de la
courbe, mais principalement aux dépens de la hauteur.
A chaque nouveiie courbe^ !a i:ak'ur du quodeni rfc îa fatigue diminue, ce qui signifie
que la diminution de hauteur ne suit pas une marche parallèle h la diminution du nombre,
mais que la diminution de hauteur est plus marquée, La décroissance du quotient de la
fatigue a pu èire ohservée chez tous les viugl sujets examinés sans distinction, el
elle apparaît dans tontes les conditions de rexpèrimentation, pourvu que les temps de
repos soient insuffisants à assurer la restauration complète d'une courbe à une
autre. Toutefois les résultats les plus constants et les plus nets s'observent avee des
intervalles de cinq à sept minutes de repos entre les courbes successives. Il est possible
qu'au point de vue de la résistanc^i à la fatigue les sujets puissent être classés en
plusieurs types, en prenant pour mesure les valeurs décroissantes de leur quotient de
fatigue.
t*^ Si les intervalles de repos entre les courbes successives sont suffisants pour faire
disparaître toute trace de fatigue précédente, il y a dans ce cas égalité entre les courbes
au point de vue du travail mécanique. On constate alors qu'il y a égalité matlié-
matique entre les quotients successifs de la fatigue. Eu effet, chaque indiiridu possède
un quotient de la fatigue qui lui est propre, de même qu'il possède sa courbe de la
FATIGUE-
175
I
I
I
I
fdlîgue; mais les varialions dy qootient de la ÏSLligae sont telleraenl considérables, sui-
vant les jours et îes lieures de \a journée, que, pour avoir un quotieiil comparûbte à lui-
même, il faut fournir deux tracés ergo^rapbiques dans la mf^me seunce en prenant un
repos sufflsanl enire les deux rourbe»» On voit alors qy*il existe une identité parfaite
entre le travail mécanique des deux tracés, entre les deux quotients de la l'aligue et
entre la forme des deux courbes, si bien que la seconde *rmblo ^Ire la phulagrapbie de
U première. H y a là, à n'en pas douter, rnalière à l'établissement d*une loi psycho-
mécanique de l'épuisement moteur à formule jualUémalique* Si, dans les courbes
avancées dans la série, on obtient deux courbes égales comme travail, leurs quotients
aaront aussi la même valeur; le degré de fatigue a donc été le même,
3" Il arrive quelquefois qu'après un repos d'uoe durée suffisante [lour assurer la res-
tauration complète, la deuxième courbe présente une valeur légèremet»t supérieure an
{K>inl de vue du rendement par rapport à la première (excitation et non fatigue^ Dans
ce cas on constate toujours une légère augmentation de la valeur du deuxième quotient
ce qui revient à dire que le nombre de soulèvements s'est un peu accru.
4* Nous sommes donc en présence de trois cas possibles qu'il s'agit maintenant d*in-
terpréter : a) si la restauration est complète, le quotient de la fatigue reste identique*
ment le même dans les courbes successives; b) s'il y a accumulation de la fatigue, la
valeur du quotient de la fatigue décroît progressivement; c) s*il y a excitation, la valeur
du quotient de fa fatigue augmente.
GrAce aux mesures dynamométriqiies, il a été possible kL Iùtkyiîo de démontrer que
le nombre des soulèvements est réellement fouclion du travail des centres psycbo-
moteurs, ainsi que Uocu et KRAin*8Lr?c lavaienl déjà antérieurement affirmé. Cette démons-
tration permit d'expliquer toutes les variations du quotient de la fatigue. Cet auteur a
examiné thei new^ sujets les rapports qui existenl entre les variations du quotient delà
fatigue et les variations de la force dynamoraélrique. La corrélation de ces tests est
remarquable.
Chez $ept sujets appartenant au type inhibiioii'e, nous voyons d*une part la force au
dynamomètre de la main gaucbe diminuer dans la proportion d'un cinquième après plu*
sieurs courbes ergograpbiques accomplies avec la main droite, preuve de l'entrée eu jeu
d'un certain degré de fatigue des centres nerveux volontaires; en même temps nous
Toyons diminuer dans une faible mesure le nombre des soulèvemenli» dans k*s tracés
successifs. Il existe un parai iélism© presque complet entre la décroissance de ces deux
valeurs : pression dynamométrique de la main qui n'a pas travaillé et nombre de soulè-
vements à Tergograplie de l'autre main. Nous voyons de la façon la plus nette que le
nombre des soulèvements est fonction du travail des centi'es nerveirx moteui^^ear û uw3
deiéf€Ssion centrale (s' accusant au dynamomètre) coneapond ttne dimmution mlàiuate du
nombre de soulèvements.
CAiei deux sujets appartenant au type dynamogène, le dynamomètre a constamment
accusé une excitation puât-ergograpbîque des centres nerveux. Cbe7, ces sujets le nombre
des soulèvements du deuxième tracé (avec intervalle de cinq à dix minutes de repos) a
toujours été supérieur au nombre des soulèvements du premier tracé, quoique la dimi-
nution du travail mécanique dans le deuxième tracé ait été manifeste. Ainsi doue, la
diminution du travail mécanique s'est faite ici exclusivement aux dépens de la hauteur,
ear le nombre de soulèvements du deuxième tracé s'était même accru. L'étude du type
dynamogène nous montre donc aussi que le nombre de soulèvements est fonction du
travail des centres nerveux, car à une dynamogénie centrale correspond une augmen-
tation adéquate du nombre des soutèvements.
5° Grdce a ces données nous pouvons maintenant compléter l'étude des types sensitivo-
moteurs et répondre à celte question : le siège de la fatigue des mouvements volontaires
est-il situé dans les centres ou à la périphérie?
Il est certain que Texcitiition post-ergograpbique des centres nerveux du ^* type dyna-
mogène 5» se manifeste par un accroissement de l*énergie dynamomé trique, par une
exagération de la sensibilité générale et par une augmentation du nombre des soulève-
ments du second tracé ergographique par rapport au premier. La fatigue ergograpbique
est donc ici exclusivement due à un épuîseineut d'ordre périphérique, sans participation
aucune des centres nerveux volontaires.
176
FATIGUE.
Eli ce qui concerne le « lype inhïbîtoire », la dépression post-ergographiqne des
centres nerveux se manifesLe che^ lai par une décroissance de l'énergie dynamo métriqac,
par un énionssement de in sensibililé générale^ et par une diminniton du nombre âeê j
30ul«^venienls du second trarc ergograpliiqtiepar rapport au premier. Les centres psycho-
moteurs parlicipenl donc ici aux phénomènes de fatigue ergOf<rapbique. Toutefois
celle participation est exlrèmement faible. La diminution de bauteur des trat^és succes-
sifs i'empuiie toujours sur la diminution du nombre de soulèvements, et nous savons
que la diminution de bauteur correspond a la fatigue du muscle.
Malgré les dijférences qui existent entre les deux types sensitivo-moteurs, ils sont
tous deux soumis à la hi dt^ ia décrohiianre du quotient de fatigue du J. Ioteyko, for-
mulée ainsi ijt/il suit :
Loi de la dét^rohsanee du quotient de fatigue. — Le quotient de la fntigue
s--
est le rapport entre la hauteur totata des soulèvementsi {ejrprimce en centimètres) et leur
nombre dans une courbe ergographique, et qui dam des conditions identiques est mathé-
matiquement constant pour chaque îndiindu (quotient personnet), subit une dècrahmnce
progressive dnns le$ court>es ergographiques qui se suivent à d*'s intervaties de temps régu-
fierx et imuffisants pour assurer la restauration complète d'une courbe à une autre.
La loi de la décroismnce du quotient de ta fatigue signifie que ia fatigue des moui^ementê
volontaires cnitthit en premier Heu les organes périphériques, car des deux facteurs consti*
tuants du quotient de ta fatigue, le premier [hauteur] est fonction du travail des muscles^ le
deuxième (nombre) est fonction du travail des centres nerveaj: volontaires, — Le travail de*
centres est fonction du temps (nombre de soulèvements).
Cette loi se vériïie dans les difTérentescondilionsde travail ergograpliique. en faisant
varier les intervalles de repos entre les ergogrammes des première et dixième
minuits; dans la même si- rie, les intervalles doivent rester rigoureusement les mêmes.
Mais les cbiflres obtenus peuvent varier suivant le temps de repos accordé à l'appareil
nenrO' musculaire. Ainsi* avec des intervalles de huit mi nu Les de repos, le travail descend
aux deux tie]*s de sa valeur dans la deuxième courbe, et à la moitié de sa valeur dans la
seconde. Le nombre des soulèvements est À peine diminué dans la deuxième courbe ; mais
après la troisième courbe, il est diminué d'un cinquième. Cette perte d'un cinquième est
earactérisque, car elle correspond à lîne perte adéquate de l'énergie des centres
nerveux, constalèe an dynamomètre sur la main au repos.
Si nous intercalons des temps de repos beaucoup plus courts, trois minutes, deui» ou
même une minute, le travail mécanique diminue beaucoup plus rapidement, entraînant
une diminution de la bttuhîur et du nombre; mais, si le nombre diminue deui fois au
bout de plusieurs courbes, la bauteur diminue quatre fois, Ortaines courbes obtenues
par I. lOTRYKO (voir : Le Siège de la Fatigue^ Revue des Sciences^ .30 mars 1902» p. 2Ô5),
sont très caractéristiques à cet égard. Pour que le nombre diminue deu^r, /bis, il foulque
la hauteur diminue quatre fois.
Les variations du nombre et de la bauteur des contractions dans une courbe sont donc
bien d^ordre pbysiologique. U est presque inutife de relever Tobjeclion de Théves, que la
décroissance du quotient de fatigue est peut-être due à Tinvariabilitè du nombre de sou-
lèvements. Nous venons de voir, en effet, que les deux facteurs de îa courbe sont suscep-
tibles de variei" suivant Tétat fonctionnel. Les mesures dynamomélriques et estbésiomé-
triques le prouvent suffisamment, étant Texpression de l'état des centres sensitjvo-
moteurs & un moment donné de Telfort 11 n'est pas nécessaire de supposer que ces
oscillations se passent dans quelque autre cejilre situé au-dessous de l'écorce ; il est
plus rationnel d'admettre qu'ils ont pour siège les centres dont Taclivilé a été misé en
jeu.
Mais le quotient de fatigue, qui n'est que le rapport entre deux valeurs mobiles, ne
peut certes être l'expression de toutes les modifications subies par l'ergogramme. Il faut
aussi prendre en considération la somme de travail mécanique, et les valeurs absolues de
toutes les b auteur*! et du nombre des contractions dans chaque courbe. Ainsi, le quo-
tient de fatigue peut être diminué aussi bien par raugmentatîon de N que par une dimi-
nution de H. H peut être augmenté aussi bien par la diminution de N que par l'aug-
mentation de H. Nous avons vu que l'accumulation de fatigue diminuait le quotient,
:
FATIGUE.
!TT
I
I
I
siiiiottl par une diminution de hauteur; U faligue psychique, au coutrairep produit une
augmentation du quotient de fali^'ue en diminuant le nombre des soulèvements. L'alcool
produit une diminution du quoliejji par augmentation du nombre U faut donc dans
chaque cas bien spécifier: 1** si une cause quelconque a modifié la somme de travail;
i^ H elle a modiOé le quotient de fatigue; 3^ quelles sont les valeurs absolues de la hau-
teur totale et du nomlire des soulèvements; 4" quelles sont les valeurs respectives de
hauteurs successives des soulèvements. Celte dernière mensuration est très nécessaire;
car, bien que la hauteur soit dans une certaine mesure indépendante du nombre des
soulèvements» et que chacun de ces deux facteurs puisse varier isolément, il n'y a pas anta-
f^onisme entre euXtet même quelquefois il existe une cerlaine dépendance. Ainsi, par
exemple, sous Tinlluence d'une certaine cause,, la hauteur de chaque soulèvement peut
rester lu même; mai3,Ni ïe nombre augmente, la hauteur tolale doil forcément auginenter.
Enfin « à c6té du quotient total il faut considérer les quotients partiei$. Certaines
variations de la courbe peuvent, en eiïet, échapper au quotient total; admettons qu'une
cjiuse amène une action excitante très fug^ace, suivie aussitôt d'une dépression : ces deux
effets peuvent se contre-balancer diins la m*^rae courbe, au point que le quotient de fatigue
n'en cimservera aucune trace. Mais, si nous calculons les quotients partiels, c'est-à-dire le
rapport entre la somme des hauteurs et leur nombre à un moment donné de l'expé-
rienee, nous connaîtrons alors les valeurs de l'elTort moyen en fonction du temps. Nous
arriverons ainsi k donner une expression mathématique à la courbe de la fatigue, à
connaître ses particularités individuelles et ses variations. Le coefficient de résistance
pourra alors être fèirilement calculé. On sait aujourd'hui d'une façon certaine que la fortne
de la courbe est due h deux variables : aux particularités individuelles, et aux dilfércntes
conditions dans lesquelles s'accomplît le travail. Les variations accidenlelles n'entrent
pas en ligne de compte pour un muscle entraîné* Prenant en con^idérution le quo-
tient total et les quotients partiels, on parviendra & déterminer aux dépens de quelle partie
de la courbe s*effectue une modification, et si elle aOfccte dcivantage les muscles ou les
centras nerfeux.
Gr&ce à cette méthode, on peut recherrher si une action est centrale ou périphérique;
d'autre part, il est extrênxementutile démultiplier les preuves h l appui delà théorie qui
fait dépendre la hauteur des contractions, plus particulièrement de l'état des muscles, et
leur nombre du travail des centres nerveux. A côté des preuves fournies par Hoch et KnàR-
fELLM, loTSTKO, BKRMrN/x»NE, SG ptaccut quebiucs nouveaux ar;<uments donnés par KriAEPK-
ux et O-^RftKTZKOwsKY. Résutuons briévemctit toutes les données relatives a ce sujet :
!• Les dispositions psychiques au travail^ variables suivant les heures de la journée,
iofluent surtout sur le nombre de ^^outèvements (Hoch et Khaepbllxi; 2*" Des modifications
de force sous l'influence des repas retentissent avant tout sur les muscles; mais le léger
état d'anémie cérébrale nous rend inaptes aux travaux psychiques; aussi la hauteur aug-
mente-t-elle, quoique le nombre des soulèvements dirainue(llocH et KftAEPKLiîs); U^ L'exercice
acquis» en faisant lous les jours des expériences à fergographe, augmente surtout le
nombre des soulèvements (Ilt>i;ti et Kii\f.p«lin) ; 4* La faligue intellectuelle diminue surtout
le nombre des soulèvements; powr raflirmer, Hoch et Kbakpklin se basent sur les expé-
riences de Mos?.o. En outre, Khaerelin et Oseretzrovvskv viennent de confirmer ce fait
dans des expériences où, le travail ergographique étant effectué après une heure d'addi-
tions ou d'autres calculs, on constata une excitation due à une augmentation du nombre
de soulèvements. Dans des exercices plus compliqués, on observa une décroissance
du travail par diminution du nombre des soulèvements; 5** La caféine, qui a une action
musculaire, augmente la hauteur de^ soulèvements; 6° L'essence de thé diminue le
nombre fHocH,KRAEt'ELiN}; 7* L'accumulation de fatigue, obtenue par plusieurs ergo-
grammes, diminue surtout la hauteur, et beaucoup moins le nombre (J. Iotevko) ; 8" Toutes
les fois que [e nombre des soulèvements est diminué dans un ergogramme, on constate
une dépression cputrtile mesurable au dynamomètre et à l'esthésiomètre (J* Iotevro);
9^ Toutes les (oh que le nombre des soulèvements est augmenté dans un ergogramme,
on constate une dynamogénie centrale, mesurable sur la main opposée au dynamomètre
et à l'esthésiomètre; tO'^ Lue promenade d'une heure produit une diminution de hauteur
et une augmentation de nombre (Kîïaepeli.s et OsEarrziowsKv); la première de ces
actions est due à rinJluence nuisible exercée sur les muscles par les déchets de la
WOT. DK PBYSlOLOOIl. — TOME VI, 12
m
FATIGUE.
coiïlraction musculane; la deuxième aclioïi est duc à l^excilalion psycho-niôlnc^, qui
est IW'S manifeste au bout d'une heure de pif>metiade, et qui, d'ailleurs, a i^tédireclemenl
dénïoiilrée par BKirrrMANX dans ses recherches sur le temps de la réaction qui diminue
dans ces conditions. Ajoutons que ces expériences sotit une bielle démonslratian d une*
résistance plus grande à la fatigue des centies psycho-nioleur^ que du mutile, car ce
dernier donne déjà des signes de fatigue alors que les centres présentent d&s signes de
(lyn.imogt'-nie; il* L*alcool, entre llî et SO grammes, produit une eicitalion qui bf
traduit par une augmentation du nombre des soultivementsfKnAEPELiN etOsKRETinowsitr),
l?est là un deâ arguments les pîus décisifs; car nous savons que l'action de l'alcool à
petites doses est eicluuivement centrale, et^ d'autre part, Khaepelin a montré direclenieul
que le temps de la réaction uerveuse subissait une diminution sous Tintluence des petites
^HHHN
1
LtJ|J
^HfflMJI jjjr
IIIIBIJIII^^
FlO, 10. — (D'mprfra J. Iotkvkû; Deux couHil^s erj;ogra|>liiqiies lournipé jiar liubKHi% étudiant à l'Uiiheriit*?
de Bra3C«lléi. ClimrfC0:3 kiLo|pr, llytlimtSi - 2 \ îni**Tva.\ï« da 10 midutoii eutra les doux courbos. ] /accu muta liuii
de fati|(iieeit iielt«;ello oat duosartout à la diminuiioD d« hautour do la [ir<?rai*re partie do Becondl Ir»^^
qui iiarait comtoe échaDcn!', Le tiQriibrn des ^oul&Tcmcnta ri "a élmiDué cjue lr6s It^fçèrcmeni, A part cette
inodîlkatioD la forTna du trace n'u pas dian^^. Lo quotii^QC do faliguo du sccoad trac^ est dtmiDUc.
doses d'alcool; lî* Aars et Largîiikr des Bancels ont repris la méthode er^'o-dynamo-
métrique de J. Ioteyko, et» apr^^s avoir confirmé les données de cet expérîruenï.ileur, à
savoir que dan*^ un certain nombre d'expériences la force dynamomètriquc de la main
gaucbe augmente après le travail ergoyraphique, laniiis qu'elle diminue dans d'autres
exp/^riences, ilsont recoaiiu que cette inlluence se trouvait en grande partie sous la dépen-
dance du rythme suivant lequel le poids est soulevé. Après un travail ergographique
avec la petite vitesse, il y a moins souvent diminulion de la force qu'après un travail
avec la grande vitesse. Le travail qui résulte du soulèvement d'un poids léger, répété un
grand notnbre de fois^ T^puise davantage les centres que le travail qui résulte du soulè-
vement d'un poids lourd» répété um petit nombre de fois. C'est donc le nombre des
soiilèvemenls qui intervient comme facteur essentiel dans la diminution de 1^ force
que subit la main gauche. Dans des expériences encore inédiles J, Ioteyko arrive à la
même conclusion.
Il nous reste maintenant à établir quelques conclusions d'ordre ^^éiiérai sur le rôle du
système nerveux et sur celui des muscles dans tes phénomènes de faligue. Les études de
J* loTEYito sur le quoUenl de la fatigue et sur les types sen si tivo- moteurs sont suffisam-
ment démonstralivf s pour aflimier que le premier degré de fatigue est périphérique, Wou$
I
FATIGUE
dxiom : premier d^gré. car tout porté à croire que pour des efforU exc^saife il y a é*^a-
léiii#>at fâtii^ue des centres votont&tres. Celte amrmatian est d'ailleurs basC^e sur Jes
fails saitants :
l« l-e « type iuliibitoire >► arbouse nellemeiit un It'^er de^'ré de dépression céréUralt»
après \e travail ergofçtaplnque. Nous pouvons m inférer juslein»*iit que pour des cHorts
plus înieiisos que te travail ergogriphiquf^
tés distinctions entre les types s'efTate-
niient, et que dans ces conditions la pûi -
lidpation des centres nerveux aux pliéno-
mrnes d^ fatigue serait la r^g^e eliei tous
Its sujets*
*i** \m. seconde preuve est tirée de co
ftiit. qu'il est possible de constater dire*!-
tcm**nt ta partiiipatiou rroissante des
centres nerveux aux ph<^iJoniénes de falî-
mtPf en lisant les courber ergo^raplitque>
prises en état de rati:(ue; entre le premier
et le second tracé la dilTerence dans le
nombre des contractionB est peu sensible :
eltt ê accentue davantage enlrt*. le deuxièni
cl le troisième tracé, au préjudice de ♦ <>
dernier, ce qui démontre déjà un degr^*
phH acceutui^ de fali^'ue eer»lrale,'Le nont-
bre est d'ailleurs plus ffirlcinent iliniinii''
avec des intervalles de courte dun
qu'avec des intervalles de longue duré^'
3^ L'observation courante nous apprenti
que la volonté s'épuise aprè^ un travail
physique intense, tl est certain que leswr-
mettttijt des centres psijcho-mot€ur& existe â
rt^tij du surmena;;e des tnuscles chez les
personnes qui s'adonnent d'une façon con-
tinue à des travaux physiques très intenses.
La mt*rt par excès de faîùjue (coureur df<
Haïti thon, migrations des oi seaux, records
Télocipédiqnes) relève d'une aUératinn du
systètne nerveux. Par contre, dans l*--*
conditions ordinaires la fatigue cérébrale
est limitée par la fatigue péripliérique.
Voici l'explicatiou la plus plausible du
mécanisme physiologique de la fatigue de
la motricité* Les muscles se contractent
sons rinHuence de leur excitant naturel,
\{ est le stimulus envoyé par les centres
cho-moleurÂ, autrement dit, l*elTorf,
?Tou& saviius, d'apr»^s les données de la
physiologie expérimentale, rpie fa fdtigue
du muscle se trouve en rapport étroit avec
l'intensité de Texcitafit, et que le muscle,
qui parait fatigué pour une intensité don-
née, se contracte encore énergiquemeut
qn«iid cette intensité vient à s'accroître. Dans les cuniitîons ordinaires. Tordre que f<*
! nerveux envoie aux muscïei pour en produire la contraction n'est pas maximal-
^'fkcile de s'en convaincre, Qaand le doi^t retombe fatigué à la iïn d'une courbo
ergographique, ou peut toujours par")un elTorl de volonté produire quelques contrac-
tions plus élevées; dans certains'cas, on peut même produire une seconde courbe a la
saile de la première. Ce phénomène a été diversement interprété, et cependant l'ex-
■ son
m
180
FATIGUE.
plication en est forl simple. La Vm de la courbe déaûte une fatigue réeUe dans les condi-
lions où Ton s'est placé; mais le « je veux »► de l'eipérimetilaleor ou du sujet lui-m^me
îi agi comme un nouvel exrilant, Une di*uxième courbe s'en est suivie.
Cn phénomène de ce genre se produit dans tout eiïort volontaire prolongé. 1^ fatigue
du muscle survient bien avant que TefTort soît épuisé» Un accroissement de refforl n'est
autre chose qii*ïi ne augmentation d'iiïtensilé de TexciLant pour les muscles, qui dt'vîen-
nent de nouveau aptes de fonctionner sous l'aiguilloa de la volonté. Mosso a d'ailleuih
montré expérimentalement avec le poimmètre que t'escîtation nerveuse que l'on euvoîe
à un muscle pour en produire la coniraciion est beaucoup plus g^raiidc quand il est
Tatigué que quand il est reposé. L'effort croit avec ia fatigue (H. Mosso). Ainsi donc, la
fatigue ergograph'tque a pour effet de produire une augmentation croissante de résis-
tance dans les muscles fpreuve du siège périphérique de la fatigue;, et c'est pour vaincre
cette résistance que les centres nerveux doivent envoyer a la périphérie on ordre à
Fi il. tl. — (D'après J. Iotiyko) Dout courbos ergographiquts fourui^ft par M'*' BAttTUULS, <tudi&nl6 à
J'Untve'rsitéi do ItruxdleN. Charge: Il kllogr. Rythme: S", lotorvalle de 10 Diiotiteii outre lei courljcs. LarépA-
ration oit presquo complète ; Im légèro ac^camnlation do falif^ue du second trtcfl est due ici «tciimiTemefil
à unn< dlminuiion do haiiteur, 1») niim^ro do» Bûu1è%'em«Qt« mymii un pea Aut^meoté daos lo sotond ergo
gramme. Cette augmontation du nomliro «kC due à l'action excitaote pAjcho-moirica d-o premier tracé. Ka
efTet, le dynamo met rû qui mArquait W pour la maiu guurhe avant la premiers courbe, e«ii monté à 34
itnmt^ifiiitotnotit apfès la proiiiièru courbo. Le quolieut a snhi uao dimmutiou» rao^Tiientatioo du oembre
n'ayant pu compensor la diminution do Itautcur.
intensité croissante, La courbe ponomélrique suit donc une marche qui est Tin verse dej
la courbe erg^of^raphique,
It est fort probable, ainsi que le pense TissiÈ, qu'un système nerveux débilité réagit
moins elficacement contre la production des décbets qui euvabissent les muscles. Nous
savons, en eflet, que le système nerveux est le régulateur de la nutrition. Quand h
fatigue est extrèniemeiit prononcée, au point de diminuer l'intensité de la décbarge des
centre» psycho-moteurs [c*est là la caractérisiique de la fatigue centrale) ^ alors nul
doute que cette fonction régulatrice du système nerveux ne soit affaiblie ou déviée. Les
effets désaiitreuî de l'accumulation de la fatigue relèvent peut-être en partie de celte
cause,
LtiHn, voici encore un dernier argument que nous empruntons aux partisans de la
théorie de Mosso. Bien ne prouve aussi bien que les centres nerveux sont plus résistants
à la fatigue que les muscles, que cette proposition de t*H, TissiÉ : On marche avec sa
muacks, on arriie avec son cerveau.
X. Modiflcatiûoa de l'ergographe, — Il ne nous appartient pas ici de discuter les
critiques qu'on a faites à l'piiît>graphe de Mosso (Binet et Vascuide, Hough, KaAEPRUîf,
ScHKNCK, îvcmv Franz, II. Mlllfr.Z. TitfiVF.s), ni de décrire les nouveaux modèles d'ergo*
FATJCUE.
191
gi-apUe. Noos nd consacrerons que quelques mois i\ Tergografibc de TnEves, construit
sur une baae nouvelle. I! est établi sor ie principe? de WEBER.que la fatigue n'exerce pa;^
la môme action sur la force et sur le raccourcissement du musrie; un muscle fatîgué,qur
oe peut plus soulever un poids lourd, peut encore soulever un poids léger. Dans
IVrgograptie de Trevks te poids diminue graduellement de valeur, en glissant le long
d*flne l>arn» d*acier qui est un levier de deuxième degré et qui se trouve placé au*
ilessoui de la table ergographique. 1^ seconde modiOcation, non moins importante,
consifto à graduer le poids en sorte qu'il reste con^^tammeni le poids maximum
par rapport à Tétat de force ou de fatigue momentanée. Sous Tinfluence de ta
fatigue dans le cours de rexpérience, le poids maximal (iimiriue graduellement do
valeur, suivant une ligne d*aspecl hyperbolique. On place par exemple au 100 de
la barre le poids maximum (par exemple : 8 kilo^^T.J que Tindividu peut soulever;
on enregistre un soulèvement. Au niveau du point d'union du dixième supérieur
de ce soulèvement avec les 9/tO inférieurs, on tracr» une ligne horiïonlale. Le sujet
commence la courhe» Peu à peu lampleur de Texcursion s*» réduit ju«qu'A se maintenir
d*unc manière pcrraanenle au niveau marqué, avec ïendance à passer rapidement
«lu-dessous. On d**place alors le poids, le portant à 90; la résislance devient I/IO moindre.
L'oxeursion n'acquiert Tarn pleur normale; et l'on a ainsi, sans interruption, une courbe
de travail maximal. Il faudra encore déplacer diverses fois le poid**, jusqu'à ce qu*on
trouve une position de celui-ci avec laquelle le travail rythmique se poursuivra à Fintlni.
Le tracé ergograpbique se présente donc romme une série de lignes verticales^ toutes
d'une hauteur à peu près égale, et il ne montre aucune caractéristique saillante lorsqu'on
varie d'individu ou de conditions d'expériences. Le véritable ergogramme dans Tappareil
de Titrviîs n'est donc pas indiqué par l»3 protil de tous les soulèvements, mais par kn
lif^ne suivant laquelle diminue la valeur du poids maKioial. On peut travailler presque
îndétiniment avec cet appareil, mais à condition que le poids reste toujours maximal;
le poids n*est pas maximal, on obtient une courbe décroissante du travail.
La fatigue h rergograpbo à poids constant (de Mosso) se mesure donc par la décrois-
sance des contractions; la faligue à Tergographe à poids variables (de Tftives)se mesure
par la nécessité d'employer des poids de plus en plus légers, la hauteur des contractions
restant constante. LVIfort maximum utile qu'on peut à un moment donné obtenir d'un
muscle est celui que détermine la réaction motrice réflexe correspondant a la sensation
de résistance suscitée par le poids qui« à ce moment, est maximal pour le muscle. Le
principe du poids maximal prend donc um' importance bien plus grande dans le travail
volontaire que dans le travail du muscle excité artiikieltement; il ne présente pas seu-
lement une des conditions mécaniques dans lesquelles le muscle doit être placé pour
qu'il puisse donner le maximum de rendement; miàh il constitue en nïéme temps le
ivgulaleur automatique de Texcitation qui est nécessaire pour que» à un moment donné»
le maximum de travail mécanique s*accomplisse avec la moindre intensité possible de
travail nerveux. M**" Pompilian a montré que, pendant la contraction musculaire volon-
taire on réllexe, la chaleur dé;:agéeesl d'autant plus grande que le poids soulevé est plus
fort. Par conlre, dans l'excitation neuro-muscniaire la chaleur dégagée diminue quand
le poids tenseur augmente. Dans le premier cas la chaleur dégagée augmenl«*,nonparoo
que le poids augmentp,mais parce que le î^yslème nerveux envoie une excitation d'autant
plus forte qup ta charge que les muscles ont h soulever est plus grande. (La canirncthn
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<:iiAprnŒ vi
Les effets de la Fatigue sur les phénomènes psychiques.
I. L>e sentiment de la fatigue. — Nous devons (iislu)f;uer dans la falîgiie deui
plièuoniènea : l'un est le (iliénoini ne physiologique , qui consiste dans la perle graduelle
de rrxcitabiJilé des or^iaiit^s soumis a uti excès de travail; le second est le pliénoinètie
piychotogique qui est le se.itimeiil de la fali^^^ue. A l'inverse du précédent, il apparaît
d'une façon soudaine. La rali;^'ue **act^omiile progressivciuenl dans l^ori^anisme; de pLé-
ooniène local elle devient phénomène i/énëral, el ce nVst que quand elle retentit sur
rensemble de Tétre vivant qnVlle ui rive à la conscience. Un lonjEç travail intérieur pré-
cède rapparitiofi du sentinienl de lassitude, laquelle est IV.-xpre&sion de la fatigue, de
répuisemeot off^anique, devenu ccniî^cîent h un jnoment donné. Les Orers assînnlaienl
la faligue à la douleur. Ce si pousser trop loin ta génératisation du sentiment de lu
fatigue; toutefois, dit avec juste r;ùt?on Lkon Dlhont, nous pouvorts rapimiter h la
faligue, à répuisement et à rabattement qui en résulte, tontes les peines qui uni pour
origine un effort 5oit volontaire, soit conscient, soit inconscient, en un mot toutes
les peines à caractère positif; la fatigue s'accumule graduellement pendant toute la
durée de reffort el du travail; dans un effort très considérable, elle se détlaie d'uno
manière brusque qui la fait ressenibicr à une douleur aiguë. .
Le problème du sentiment de la faligue se ramène à la quef^tioti plus générale des
184
FATtGUE.
rapports de la conscience avec les phénomènes moteurs. Elle peut être examinée à plu-
sieurs points de vue :
En premier lieu, au point de vue de ses rapports svec le sens du mouvement (sens
kiiiestliési(|iie). Le sens musculaire nous renseigne sur t*état de nos organes nioteorsM
rinlrospectton nous avertit constamment de Télat de mouvement ou de repos dani
lequel soni nos organes, ^ous avons la perception du mouvement à mesure qu'il s^exé-
cute. Or^ après une répétition prolongée d*un certain mouvement, il se produit une sen-
sation purliculière, a^ppeiée sensation de fatiyue. D'après Waller, te sens du mouvement^]
celui de riîfTort et iieïui de la fatigue, sont des degrés du même phénomène sensorieK
Il y a une caus*^ commune à TelTorl et à la fatigue; celle-ci ressemble, suivant le physio- '
logiste anglais, à une image l'on^écutive, en sorte que de ce qui se passe à l'état de
faligue nous pouvons inférer à ce qui passe à Tétai d'action. Le sens musculaire est dimi-
nué dans la faligue suivant Mosso,
Deuxièmement, nous pouvons examiner la sensation de fatigue au point de vue de
son origine. Possède-t-elle une origine périphérique ou une origine centrale? Les mêmes
considérations peuvent être invoquées ici comme pour le sens kinesthésique. Sur Tori-
gine du sens de Teiïorl il y a deux Uièorieà en présence; Tune, centrale (Baik, Lcowrc,
WuwoT, Jacrsom); Tautre, périphérique, qui esl celle de la majorité des neurologistes eon-
temporams. Ces sensations dé^gréables de douleur, de tiraillement, de pesanteur,
qu'on ressent dans un membre fatigué, soul-elîes dues à une excitation particulière des
terminaison:^ nerveuses sensiiives dans les organes moteurs^ ou bien devons-nous
les attribuer à la fatigue de la volitîon, à un épuisement de la décharge centrale, n Sou-^i
vetit, remarque Bidot» la locatisatton de ces sensations dans nos muscles est très précise;!
ainsi, après une longue marche» surtout en descendant, la sensation de fatigue est loca-j
Usée, au jugement des anatoniis(es« dans le janibier antérieur et le triceps crural. »
L'observation journalière nous apprend, en elTet, que cette localisation de la sensation
de fatigue est des plus précises; ofi peut s'en assurer dans tout effort musculaire ua|
peu énergique [les débuts de la gymnastique et de tous autres sports). Elle s'étudie fort
bien à l'ergographe ; nprès les premières séances, les sujets, même en l'absence com-
plète de notions anatomiques^ accusent une douleur plus ou moins forte à la partie anté-
rieure de ravant-bras, correspondant anx lléchîsseurfi. La douleur disparaît son
rhiflnence de l'en traîne ment musculaire.
Dans son dernier travail sur la douleur, Cu. Hicarr disait tout récemment que II
douleur musculaire qui suit la fatigue exagérée des muscles est due assurément à Tatl
ration, probablement chimique, des muscles par les produits de la désassimilalion mus*'
culaire. 11 nous paraît certain que dans la fatigue rélément nerveux sensitif et rélémeot
nerveux moteur intra-muscufaîre sont tous les deux altérés par les déchets de ta cou-
traction. Il en résulte de la douleur et de la paralysie motrice.
Les partisans de Torigine centrale du sentiment de Tetfort admettent la conscience
de la décharge motrice au moment même où la décharge se fait, et avant que lesconlrac-
lions musculaires se produisent : le sentiment de la décharge nerveuse serait antérieur ao
mouvement; les sentiments kinesthésiques sont postérieurs. Ce qui rend impossible la dis-
tinction de ces deux espèces de sentiments, c'est la reviviscence des impressions kines-
thésiques, autrement dit, des images motrices, l/impression kinesthésique, qui était
primilivemenl une conséquence du mouvement, en devient un antécédent^ « lus-
qu'ici, fait remarquer Binet, aucun fait ne démontre péremptoirement rexislence d*oii
sentiment d'innervation coïncidant avec le courant de sortie de l'inÛiii nerveux. « Rien
ne vient démontrer, ajouterons-nous, que FalTaiblissement de 1 impulsion motrice due
à la fatigue cérébrale s'accompagne d'un sentiment spécial. Tous les faits s'accordent
beaucoup mieux avec Torigine périphérique du sentiment de la fatigue.
Nous venons de dire que rien ne vient démontrer que iaffaililtâsement de Timpulsion
motrice due à la fatigue cérébrale s'accompagne d'un sentiment spécial. A cette notion
nous pouvons en ajouter une seconde. Tous les faits s 'accordent pour montrer que rimpol-
sion motrice envoyée des centres à la périphérie ne faiblit pas pendant tout le temps da
travail, de refforl et même de la fatigue; nous ne reviserons pas à nouveau tous les
arguments que nous avons exposés avec détails dans le paragraphe : le siège de la fatigua
(chapitre V). Noua n'eu rappelerons qu^un seul, qui est très significatif : grâce à remploi
FATIGUE-
|g5
du ponoinèlre, Mosso a pu inscrire U courbe de l'eflort nerveux pendant le travail
ergojfraphirîue, et il a eonstalé que Veffort ne rvcuJt croit avec la fatigue ^ en iorle que la
courbe ponométrîque est l'inverse de la courbe erf^ographique.
Nous poufons conclure de tous ces travaux, que IWigine du sentiment ile la fatigue
est périphérique. Les centres nerveut onl la faculté presque inépuisable d*envoyer des
ordres aux appareils périphériques, et les pli«>nomènes appelés fathjue ne sont dus nul-
lement à un arrêt de la fonction cérébrale : ifs ont une origine périphérique. En premier
lieu, ce sont les terminaisons motricea inlra-mus4!ulaires qni subissent rinlïoence des
toxines engendrées par le travail; h Tarrélde leurs fonctions oji réserve la dénomination
de fatigue mtLicidaire, L*arréL des fondions e^^L un terme exlréme de la faligue, qui est
précédé par ralfdîldis^ement; et,m*^nie avant tout début d'îifTaiblissemenl, an remarque
une diminution d'élasticité du muscle, qui se traduit par un allongement de ta secousse
el par le pouls aslb»Miique* La diminution d'éJasticil»? est le premier signe de fatigue, qui
%e montre encore avant la diminution d'amplitude de la contraction. A l*al lé ration des
terminaisons nerveuses motrices par les produits de bi désassimilation musculaire
(fatigue motrice) succède raltération de Télément nerveux sensitif musculaire; celle
altération est le siège d'une sensation» spéciale qui se porto au cerveau» et, en devenant
consciente, devient Forigine du sejîlienenl de la fatigue
Nous avons fait allusion dans notre introduction au rôle kînêto-phylactique (défensif
du mouvemenl I qu'on peut assigner à la fatigue. Cette fonction peut s'elfecluer grAce à
la fittifrabililé plus grande des terminaisons nerveuses intra-muaculaîres que des centres
psycho-moleurs; avant que les centres nerveux aient euîe temps de se fatiguer, Tabo-
lilïon des fondions des terminaisons nerveuses péripliériques arrête toute réaction. Le
rôle défensif de la faligue avait déjà été soutenu par plusieurs pbysiologistes, notaninient
par W ALLER et par Mosso. Maison se reuddifflcUement h Tidée d'une protection du ruusele,
protection qut serait assurée aux dépens du sptème nerveux. Au contraire, J, Iotevko a
fourni les buses expérimerilales à une appréciation toute différente : le rAle biologique
de la fatigue serait la défense du mouvement dans ce qu'il a de plus élevé el de plus
complexe : h défenne de (a fonrAion psyt-ho^motrice par paratysie périphérique.
Il eàt intéressant de constater que te sentiment de la fatigue peut élre aboli sous
rinlluence de différentes sulîstanres pbarmacodyiiamiques, telles que l'alcool, le sucre et
l'extrait testiculaire. Le mécanisme d'action de ces substances doit être très diiïéreul
pour chacune d'ellca, mais nous manquons coniplèteinent de données à reté{:;ard. Ainsi,
par eiemple, il est recoimu, ilepnis M«Kï*r>, que, lorsque la faligue se produit àTergogra-
phie, le poids paraît plus lourd. Or l'alcool donne rillusion d'une grande puïssance,el le
poids apparaU plus léger (Fhky, Destbée^. Lokwy trouve que Tinljalalion d'acide car-
^Iwïnique, môme à haute dose (5ù 6 p. 100 dans l'air expiré)» n'est accompagrn^e d'aucune
eosalion subjective; à partir de 6 p. tOO coiiunence la di/apnée fiubjeclivi\ qui atteint sou
maximum d'intensité à H p. tno de CO% Ces résultats peuvent être compai es, selon l'au-
teur, à l'accélération %'oloijtaire de la respiralion; déjà au bout, de plusieurs minutes, se
|»roduît le sentiment de la fatigue, même si les mouvenieuts respiratoires ne sont que
rdoublës par rapport à la iiorniale.
Dans certains états patholo^^iques le seul J ment de la fatigue peut être exagéré et ne
correspond nullement à une faiblesse organique (neurasthénie); dans d'autres allections
il peut faire complètement défaut (certains cas dliystérie, de labés, etc.).
Le sentiment de la fatigue est précédé d'une période d'excitation. Celïe-ci est suivie
d'indifférence et d abaltemenL On a vu des excursionnistes demander avec instance aux
Ifuides de les abandonner sur les glaciers (Tyndall, Mosso). Dans cet état la morl paraît
Fdésirable. Celte indifférence est la cause des accidents dans les Alpes. Dans cet état de
dépresaiou se trouve un grand nombre de soldais après la bataille.
Le sentiment de fatigue disparaît par l'excilation» Ainsi les soldats s'affaissent apiès
de grands elForls; mais la vue de l'ennemi leur redonne une nouvelle vigueur. La peur
Lft iigi comme un nouvel exntaut. De même une armée vaincue rourt plus vite qu'une
irmée victorieuse. Mais, si le sentiment de la faligue n'est plus écouté, on voit survenir
un état de neuraslliénie.
La fatigue excessive produit des phénomènes psycho-pathologiques, La diminution de
la mémoire est très fréquente dans les excursions des montagnes (Saussorb, Mosso). Lors
im
FATIGUE.
de rentrai neoienl intensif dans les sports, on a observé ïe dégoût, l*ennui, l*automaliâme,
i''s impuisioiiiî, U dédoublenieut de la personnalilé, les hallacinations, les illusions, Ie$^
|*bofcies, lii paramiiésie, l'échoialie, les obsessions, etc.
Nous avons déjà parié des coiitraclures hystériques. Elies se dislini^uefil par Tabsence
complète du sent îni eut de fatiffue. L'abolition du sentiment de la fatigue diez les byst^
riques est souvent accompagn*>e de l'abolition des sensations kinestbési*[ues ; quand ils
terment les yeux, ils n*ont plus la notion des mouveraents passifs que robservaleur
im prime à leur membre insensible. Quant aux mouvements volontaires, un certain
nombre de sujets se servent de leur membre insensible les yeux fermés; chez les autres
ou observe une impuissance mulrice presque t^omplète. Il est certain qu'il existe un rap*
port entre les aneslbésies bystériques, Fabolition du sens kinestbésique et rabolition du
sentiment de la faligue; mais *'e rapport n'a pas encore iHé mis en lumière.
A cMé des contractures des byst*'riqucs, qui ne s'aceompagrient pas du sentiment de
fatigue, bien qu'elles pnissetit durer plusieurs mois, existent cbez les sujets hystériques
d'autres manifestations moirires, qui, elles aussi, sont exf^mples de toute fatigue* Laséguk
avait observé, en 186i une femme hystérique présentant le phénomène suivant : »• Lors-
qu'on place le bras, la miil/nle ayant les yeux fe^m^'*s, dans utie position impossible à
maintenir au delà de quelques secoades, le bras fEjarde la situation qu*ou lui a imposée;
il se produit une sorte de catalepsie partielle, el reipérimentaleur se fatigue d*atlendre
avant que la malade soit fatiguée. >» ITbez une autre hystérique, la sensation de fatigue
est êmoussée à tel point qu'on peut, à la condition qu'elle ne voit pas, imposer aux
membres supérieurs toutes les postures sans qu^elle accuse dfî fatigue, et sans qu'elle
cherche, tant qu'on ne le tui demande pas, à modifier la position et à prendre un repos
local* GM\aroT a constaté le même fait à l'étal de veille, el BKRNanik a retrouvé dans deax
cas de fièvre typhoïde un phénomène analujîue. rÉRé el Hinet ouf rencontré cet état cata-
leptifornic cbe/ cinq hystériques «urseize. Voici (a description qu'en ont donnée ces expé-
rimentateurs. On s'adresse à un sujet hystérique qui présente de ranesthésie de la peau
et du sens musculaire; on lui bande les yeux. Le sujel, qui a perdu la consciejice du
mouvement passif, ne sent pas quon soulève son membre; il croit, par exemple, que sa
main est toujours posée sur ses genoux, comme au début de l'expérience. Le membre
soulevé ne retombe pas; il conserve Tattilude qu'on lui imprime, absolument comme si
le sujet élail en état de catalepsie. Le bras pei»t mettre mie heure vingt minutes à
retomber» La conservation de l'attitude présente encore ce signe particulier qu'elle a lî'^u
sans tremblement. A Fabsence de tremblement se raltiiche l'absence de fatijL:;ne. Vers la
fin de rexpèrience le malaie éprouve un sentiment de lassitude générale; parfois des
battements de caim\ de la constriclion h l'épigastre; la face rougit et se cou^Te île sueur;
mais daiis certains ras il ne survient qu'une sensation de fatigue localisée dans b^ membre
on expérienee.Si run charge d'un poids de I ou 2 kilogrammes rextrênxité du br-is tendu, le
membre ne fléchit pas brusquement ; par conséquent ta tension musculaire augmente pour
tenir le poids en équilibre. Le sujet iaterroQé à ce moment naccioie micune settsation nouViiHé*
Le memhye ne supporte ptu longtemps ce futrcvoU de (rtnail; à ta fin^ le membre retwnl*e, k
sujet ouvre les tjeux, on iiti demande ^i smi tjtas est fatigué; its'i'lonne de cette demande, car
ii croit que son ttra^ est resté sur sou genou. Ce long tramit neuro-museutHire ne se termine
par a tu: un phénomène parali/tique: te tiras continue a ottèir aux ordres de ht volonté: au
difnfummtètre, te ttroi^ donne un chiffre qui est le chiffre normaL (Nous avons souligné les
phrases qui nous paraissent le plus signifia atives.) S'il était possible de conclure de Tiiys-
tèrie à relut normil, nous dirions que les pliénomènes de la ptasticitê catuteptkiuû (nom
que leur ont donne Féeé et Iîinet) plaident en faveur de l'origine périphérique de la fatigue.
Ainsi le bras retombe fatigué, et le sujet n'a aucune conscience de cet état de fatigue.
Bien plus, quand le bras retombe fatigué, la volonté a gardé loute son action, car le
bras citntinueà obéir au stimulus centraL Les hystériques ont donc perdu le sentiment
de la fatigue, sans perdre puur cela la possibilité d'une fatigue péiiphérique.
La plaslicité cataleptique est toujours accompagnée de fanes thésie cutanée el de
ranesthésie du sens rausciilaire. A côté de ces aneslbésies il y a lieu de placer Taneslbésie
à la fatigue. Ces trois pbéiiomènes sont d'ordre essenlieïlenient pathologique. Mention-
nons encore la curieuse expérience de P. Jahet, qui vit qu*un ergogramme tracé par la
main sensible d'une hystérique est plus court que l'ergogramme tracé par la juain
FATIGUE.
<8T
insensible; car dans le premier cas il y a eu taliguep et dans te second la fatigue élaît
[ippriinée par rinsentjibilité da metubre. Mais, en revanche, le second erfçogrannne
lpui*e complètement la main insensible, et celle-ci met bien plus longlemps que
Taulre main à restaurer sa force perdue.
II» Influence de la fatigue sur le temps de la réaction nerveuse et sur les
phénomènes de Tattentlon. — La faligiie psychique ausâi bien que ta fa(i|^ue physique
produisent un ralentissemer»! ou une atténuai ion de tous les pliénoTnéncs psychiques,
mémoire, imagination, temps de In réaction nervi^use, attention. Parmi ces phénomènes»
ceux qui se rapportent au temps de la réaction nerveuse et a Tattention ont été étudiés
eipf^rimentatement. L'influence de la fatigue înlellectuelle sera traitée à part (voir
Faiiytte in(eilectueUc), Nous ne consacrerons ici qu'une courte mention aux études psy-
chométriques faites dans ce domaine.
LfsefTetsde la fatigue sur le temps de la réaction nerveuse ont été étudiés par Cattell,
RxnuAK.N, Mos^o, Fkbé, Welcu, Schipti^re, Moore, et par beaucoup d'autres psycholo/^ues
physiologistes. Sous l'inllnence de la fatigue le temps de ta réaction nerveuse s'atloii|;e»
l/eiercice et renlraînemenl produisent un etfet contraire* Pour les phénomènes psy-
chiques, ii y a donc, comme pour les phénomènes physiologique*, antagonisme entre
la fati^'ue et renlraînemenL A la fin des longues séances de psychomelrie on observei
selon ScRipTUfii, non seulem**nt un allongement notable du temps de lu réaction et des
oscillations de rattention, mais encore un état de somnolence.
L'allongement du tempn de ta réaetion nerveuse est due à l'attêimation de l'attention.
BucnoLv a déclaré que l'équation personnelle peut être coasidérée comme le dynamo»
mètre de l'attention.
Mosso a constaté que dan^ les ascensions alpestres les accidents les plus graves
survi^nàîent après le passage des endroits les plus difficiles. L'attention» longtemps
tenue en éveil, diminuait soudainement.
Quand on essaye de lixer faltenlion d*une manière continue sur te même objet ou sur
le même fait, on constate qu*au bout de quelques instants ta conscience des faits Uimi-
nu«% pui4 augmente de nouveau; l'attention subit des oscittations. Ce phénomène des
oscillations de rattentiou est d'observation courante; il a été signalé pour la première
fois par Wundt et étudié depuis par un grand nombre dVx péri mental eurs. Mi.vsTEUBERa
rattache ces oscillations à des (diéuoinèïies de fatigue driD^ tes muselés i[iii rontiibuent à
Tnccommodatiou des organes sensoneis. Lange, an contnnre, ei IL t^^'KKNEu les rattachent
à des phénomènes qui ont lieu dans les centres nerveux. Il e>t certain que l'attention ne
peut se prolonger que si son objet change; le temjts de la réaction diminue considé-
rablement quand l'atlenfion du sujet est bien llxée (Winiit, Tschïsch, Mi^nsteruerg^
OmnsTKixsa, Rcccola, Lancée, I^att^ll, Bartel^, Bltss). Dans nu travail fort intéressant
PATRi7.t (tS95) chercha h inscrire un grand nombre de lemps de réaction, se succédant
rythmiquement (roir tracé p. h:\\, tome i ilu Dkt ion natte]. Le tracé qu'il donne permet
de suivre les modifiera ions de l*atlenlioo pendant une expérience prolongée. On voit
qne h* temps pliysiologîrjue va d'abord en s'ahrégeant graduellemenl; puis ii augmente
quand Tuttenlion, après avoir touché l'o|)timiim* rojnmence à se ralentir et à se fatiguer.
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CIIAPITIIE VII
La Fatigue intellectuelle.
Deui mélhodes .se prt^sentenl pour ri'suudx'e la question de la fatigue inteltecluelle
et du surnietiage scolaire qui s*y raltaclie : la méthode patholo^^iqae et la méthode
eïpL*rinientate.
De i'i m parlante diâcussion sur le surnieoago sco'aire, teiiue k l'Académie de tnéde^
cine (tHH*>-t887), il résuUe que le rôle pathogAne de la fatij^ue iiitellectuelle est considé-
rable. Il y a doii€ là un vastfi cliamp d'études, qui consisterait à tenir parti de la défec-
tuosité même de notre syslême scolaire^ afin d'en montrer les erreurs. Cette source
dlnfordiations ne devrait pas i^tre U'^gligée» et elle s'impose avant tout. Somme toute^ la
méthode pathologique se baserait sur des faits? drtmeut démontrés pour prouver l'échec
de notre ajstènie d'éducation scolaire, lequel peut être considéré comme une expérience
mal réussie.
La méthode expérimentale viendrait alor^ af>porter des faits nouveaux, recueillis
dans les laboraïoires et le* écoles, relativement à la réorganibation du sjelème scolaire.
Si Ton pouvait trouver un procédé de mensuration de raclivité intellectuelle en nn leujps
donné, on arriverait à déterminer les modiûcations qu'elle subit dans dillérentes cir«
constances, aijjsi que les conditions dans lesquelles est obtenu le maximum de travail
comme quantité et comme qualité. Les bases d*une hygiène du travail seraient ainsi
édifiées. Mais, de l'exposé qui va suivre, ou verra que rien de précis n*a encore été trouvé
jusqu'à présent, malgré les très nombreuses recherches tentées.
La faligue chez Feufant doit être inlinirnent plus i^rave que chesï raduUe,car, étant un
processus essentiellement chimique, elle influe directement sur rechange organique et,
I
FATIGUE.
189
rUnt. sur la croissance. Le signa principal de la fatigue iutellecLuelle est la diminutton
rogressife du Iravail, et lacausr* essentielle en est dans l'altéoualion de Fat len lion . Au
tébot de la fatif^tae, on est incapable d'eïéculer des travaux qui deinatident ta plus
and G concentration de rattenlton; ensuite, reiéculioii des travaux plus simples devient
ditlidte.
La fatigue ne doit pas être confondue avec l'enimi qui résulte de Tuniformité du
travail, même quand colui-ci n'est pas fatigant. L'iulenaité du travail n'est pas modtQée
ndant Tennui, et il suffit de changer le g'enre de travail pour voir Tennui disparaître.
t^ fatigue intellectuelle dépend de la durt^e et du genre de travail^ et aus^i de f indi-
vidualité. On pourrait envisager plusieurs types de résistance, suivant lu durée de la
période d'entraînement qui procède Tapparition de la fatigue.
Le travail iulellectuel est soumis aux mêmes lois de fatigue et d'exercice, de répara-
tion, de repos par le sorameil, que le travail physique. Ln accroîssenient de Texcitanl
fait aussi reculer l'apparition du sentiment de fati^^ue.
Nous allons passer en revue les principaux faits fournis par la méthode expérimen-
tale en n'envisageant que le cAté scientifique du problème.
lafluence de la fatigue intellectuelle sur le cœur^ la circulation capillaire
et la pression sanguine. — Bans son livre sur la f^eitr^ Angelo Mosso s'occupe des
eiîets cardiaquefi et circulât on es du travail întelleclueL La fatigue centrale rend le
IKiuls petit : la tiHe s'échaulli', les yeu\ s'injectent, les pieds se refroidissenL 11 y a des
rBonnes qui ressentant eu intime temps des bourdonnements d'oreilles. Cet excès de
Itonictié so rencontre mt^me sur d'autres tjrganes, par exemple sur la vessie. Le refroi-
dissement des pieds, les crampes des mollets^ réchauffement de la tôte ont une cause
commune : le re&sf*rrement des vaisseaux péri phériqueSt dont le sang afflue rlans le
cerveau. Cet antagonisme entre la circulaiioo cérébrale et la circulation périphérique
est loin d'ôlre admis partons les physiologistes. In phénomène plus grave» ajoule Mosso,
c'est Tapparition des palpitations du cœur. L'n travail intellectuel exagéré peut amener
même des irrégularilés cl de la tachycardie, et r*est \h un phénomène itue Mossn a observé
sur lui- môme. Subite m -^nt il spiit une couNtriction au thorax avec temlance à l'évanouis-
sèment; le cœur bat plus vite, si vite rn^Vnie qu'on ne parvient pas à en complfr les
battements. Cela dure à peine une minute, puis les battements de cœur se ralentissent
et tombent même au-dessous de la normale, de telle sorte qu'il existe à peido une
pulsation cardiaque toutes les deui ou trois secondes; celte deuxième période dure à
peine une demi-minute. Cliez Chaules Dahwin', le travail inlellecluel exagéré produisait
facilement le vertige. Mai :tni;K Schu-k éprouvait de légers tournoiements de lé te. Moss,i
rapporte que Sciiiff, étant occupé de la réédition de son Trait^^ sur ta physiotônk dit
gyfttème nerveiur, était pris de vertige quand it voulait par eiemple allrr prendre un livre
dans sa bihliothèqur^. Puis ces vertiges le prirent de temps à autre dans son laboratoire.
Mais, le livre ayant été puldié, les tournoiements de tête cessèrent,
A côté de ces observations fort intéressantes se ptacent des expériences de laboraloii-e
faites dans les conditions île précision voulue.
L'n calcul mental de quelque» secondes à trois ou quatre minutes a pour elfet presque
constant d'accélérer le nrur, Binkt et IIknri rapfiortent dans leur livre sur la FtHif/uê
intcitectueUc trois tableaux qui démontrent irettement ce phénomène; le premier tahleau
e Glkv, le second de BrvivT et CorRiiEB, le troisième de Mac Dûugal. On voit que l'accé-
ératiou du cuaH\ produite par un calcul niental ditlicile, peut être de irinq àvin^t pulsa-
tions pur minute. Le maximum d'accélération serait donc d'un quart; c'est bien peu de
chose si l'on compare cette accélération ù celle de la course. L'intluence du travail intel-
lectuel prolongé sur la vitesse du pouls a été étudiée par Binkt et Coliktieb, Il eu sera
rendu compte eji même temps que du pouls capillaire.
Uesti a étudié la vitesse du ca?ur en mesurant la longueur de chaque pulsation; les
graphiques qu'il donne nïontrent nettement que la durée des pulsations diminue déplus
en plus pendant le travail ijileilectuel court (multiplication), Binet et V, IIrmu entrepris
cette étude et ont fait sur eux-mêmes des expériences sur la variation de la vitesse du
pouls pendant le travail intellectuel. L'accélération du cœur sous rinJluence
du travail intellectuel n'est pai expliquée jusqu'ici, La vitesse du cœur peut-être
influencée par une action du système nerveux ou par un changement de pression du
190
FATIGUE.
gang. Mabë? a UH)uUé que le cueiii' bat d'uulanl phis fréqiieniiiieiit qu^il éprouve riioius
de peine à se vider et que la pressioîi est plus basse; une pression forleralenlit ^ps halle-
luenls du ctiRur. Mais il parait probable *]uc cétle raison méc^iiique n'intervient pa^ icî
pour accélérer le cœur, car le travail intellectuel provoque une anginenlation dte pres-
sion qui a pour etlet de crtjer un obstacle à la circulation el de ralentir tes hattemenU
du ccaur* On penl dune supposer que, pendant le travail intellectuel, le cojQr est soUmts
Il une inllnence excitatrice d'origine nerveuse,
Occupon^i-nous mainteuntit de rinlluence du travail inlellecluet sur la (circulation
capillaire. Le pouls capillaiie présente de bien faraudes variétés de formes, qui dépendent
de fbpure de la jouniée, du repos, de la tenipérature, de l'état pbysiquc el moral de
Tindividu, et aussi de sa personiialit^* Chaque personne a son pouls capillaire qui se
dislingue de celui des autres personnes par quelque parliculai ilé (Binlt et V. Hknri}*
Mosso a étudié le premier les cbaug-euïents de volume du cerveau chez les individus 4)u(
présentaient par accident des perles considérables des os crâniens. Il a lonstalé que» pen-
dant Taclivité intellectuelle, consistant à faire un calcul mental, ou sous» fiotluence det$
émotions, le volume du cerveau augmente (recherches ]délby$mographiques), 1^ courbe
du pouls cérébral s*élève pendant le calcul mental, et les pulsations augmentent
d'amplitude« surtout au début du calcul. Uans le tracé du pouls de Tavant-bras, pris'
simultanément avec le premier, il n*y a presque pas de chaufiemenU. Cela est une piTUtc"
que te changement du tracé cérébral n'est pas dû à uu chanj^einent dans rimpulsiou
cardiaque, car dans ce cas il aurait retenli sur la circulatiou du bras. (imY, par de
nombreuses expériences faites sur lui-niéuie^ a cundrmé cette observation : raugnienla-
tion de rafilnx de mn^ dans le cerveau petidanl le travail intetlecluel ne lient pas a une
suractivité du ca*ur, mais bien h une inlluence vaso-nïolrice, à une vaso-dilalalion active
des carotides. Les très beaux tracés de *;lev montrent que, pendant le travail intellec-
tuel, la pulsation carotidienne augmente d'amplitude el que ses dicrotisraes deviennent
plus accusés, l/auteur interprète ces changements de forme comme un signe de vaso-
dilatation active de la carotide, paice que : l^Tne augmentation d'amjditude correspond
à une augmentation de dilatation aiterielle; 2^ Il y a une diminution de pression arté-
rielle, puisque le pouls est devenu plus fréquent; or la diminution de pression a pour
elTet d'augmenter ramplilude du pouls; 3** Lue diminution de tension artérielle peut
expliquer racceutuation du dicrolisine. Nou*» ne nous arrêterons pas sur les expériences
ultérieures de Mosso, sur celles de Fh. Fhanck, de Bi:HET et SoLLiER,de Patrizi, etc.,<|ui oui
mis hors de doute le fait si important de l'augme^ttatiou de volume du cerveau pendant
son état d'activité. Ajoutons cependant que les perceptions incouscienles peuvent, comme
les perceptions conscientes, provoquer un afllux de sang au cerveau -par exemple chci
un sujet endormi on en état d'hypnose ou chez les hystériques anesthésiqnes). Le chan-
gement de volume du cerveau sous Tinlluence des excitations psychiques ou du travail
intellectuel est lent à se produire; le temps nécessaire à sa production dépasse de beau-
coup le temps physiologique de la peiceptiou. Ainsi Mor^^elli a insisté uu des premiers
sur ce point important, que l'hyperhémic du cerveau n'est pas une cause, ni môme une
condition de Factivilé psychique, mais qu'elle en est plutôt un elFeL D'ailleurs Mosso lui-
même admet que les phénomènes circulatoires n'ont pas, dans le travail intellectuel,
une importance de premier ordre, la cellule nerveuse ayant assez de malériaux de
réserve pour subvenir aux actes de conscience sans avoir besoin d'une modification cor-
respondante dans Tafflux du sang. Le phénomène de l'attention commence avant qu'il
se passe le moindie changement dans la circulation cérébrale. Ou ignore le mécanisme
par lequel se fait Taugmentation de circulation dans le cerveau pendant le travail iutel-
lecluel, mais il paraît certain que l'ancienne théorie de Mosso de l'antagonisme entre
la circulation du cerveau et celle des membres ne peut plus être soutenue aujourd'hui.
Quant a l'intluence du travail intellectuel sur ta circulation du san^r dHn.< In main, ce
ïi*est que deux à trois secondes après le début du travail intellectuel que ces eiïels se
manifestent; le premier eïTet est une élévation du tracé capillaire (Lehmann); suivant
Bi.vKT et Henri, rëlévation du tracé a manqué trois fois sur vingt expériences faites sur
la môme personne. Le second etfet de la concentration de l'attention est une vaso-
constriction rélleie, qui apparaît quelques secondes après la concentration d'espriU
Cest un état de contraction des libres musculaires qui existe:»! dans les parois des arlé-
FATIGUE.
HM
riolfls, âouf liulluence d'uoe excilalioti provenanL des ceiiU-es iierveuLLaTaso-cotislnr-
lion l'fHlr^xe de la main se recoonatt sur les tracés par Irais caractères prijicipaux : il
y a une descente du tiacé, qui résuUe de ce que le membre a diminué de votum»^; le
graphique du pouls se rapetisse pendant la vasO'Conslriclïon au point de disparaUre
oompl^lemenl chet certaines personnes. Quant a la forme du pouls, la vaso-roiistricUoti
accentue pai l'ois les caractères de la pulsation; i^n outre, le dierotisnie est placé plus
bas sur la ll^ne de descente. Mais le plus IVéqueinment on constate un amollissement
de ta pulsalion, toutes les aspérilés du graphique ont une tendance à s'érnousser. En
résum<^, un travail intellectuel coût t et intense produit successivement dans la circulatiou
capillaire de la niain : 1<* une courte élévation du tracé; 2" une vaso-ronstriction réileie,
qai s*exprime par une dimiïiution de volume de la main et un rapetisseinenl du poub,
avec parfois accentuation de sa forme, et plus souvent un amollissement de la pulsation
(BiPJET et ïUritLi).
En ce qui concerne le travail intellectuel intense, prolongé pendant plusieurs Ijcures»
les seules expériences qui aient été faites sont celles de Binkt et GoufirrER. Le travail
intellectuel était déterminé par la rédaction d'un travail original. Le pouls du travail
inteUeetuet est petit, presque lilifoime; le dierotisnie est tout à faiï en haut; nn
travail encore plus prolongé Tait disparaîlre complètement le dierotisnie. Enflii le
pouls ne s'indique pour ainsi dire plus,
iNons pouvons donc dire que : T Un cfTort inlellecttiel énergique et court produit une
excitation des fonctions, vaso-conslrictioi», accélération du cœur et de la respiration,
suivies d'un ralentissement très léger de ces fonctions; 2^ Un travail intellectuel
d'une durée de plusieurs heures, avec rimmobilité reloUve du corps, produit le ralen-
tissement du ca;ur et un»? diminution de la circulation capillaire prripliériijue.
M nous resterait à examiner rinllueoce du travail intellectuel sur la pr<?^?«iow sa/Ji/wtnc.
On n*a étudié que le travail intellectuel de couiie durée (calcul mental). Kjesow est
arrivé à des résultats né^alifî^, taudis que Binkt et VAScuiaK, en expérimentant avec le
sphysniomanoinèlre de Musso, ont oh»ervé une an^^mentation de la [iression du san^'
dans les mains. Le mécanisme de celle actioM nVst pas éluçiilé.
Influence du travail iatellectuel sur la température du corps et sttr la
proçluction de chaleur* — On s'accorde ^généralement à soutenir que les effets de
Taltention soutenue, le calcul mental ou simplement la lecture, déterminent une
auj«mentation de chaleur centrale, mais celte augmentation est tonj-iurs très légère :
Davv n'a observé qu'un demi-dixiême de degré; Sï^ei:k, qu'un dixième ou d*'ux dixièmes.
Des eipériences complètes ont été faites pitr (jUiy sur lui-méjne en prenant sa tempé-
rature rectale. •
1 h, au.
7 h. 35.
1 h. 10.
1 h. 45.
7 h. 50.
7 11. 5.T.
8 h. 03.
8 h. 10.
8 h. i:i.
8 11. 20.
8 h. 25.
8 11. :u\.
8 b. 35.
8 b. 40.
8 b. 45.
8 il. ÔO.
8 b. 55.
9 b. OU.
Ili-JW*,
:î6^io
36*, 42 \ LerhH'C,
36-, 46
36-, 48
3i3*,50
rjar,48 ! iiepos.
La lecture a coïncidé avec une aiigmenlation de température é^ale ii uti dixième de
degré; la lenipératuie a continué à augmenter quand le travail intellectuel était terminé
(il consistait à lire un article de la Heiue philosophique). Puis la température est devenue
âlationnaire, et en On elle a commencé à redescendre. A ï* h. ^>0 elle était à 30'^:i6, et
I9i
FATIGUE,
fauteur refît une uouvelle expérieure, consisltuit aussi dans une lecture de îa Revut
2ïhiîosophiqu€. Il y a eu aussi élévation de U lempéralure.
Nous tie nous arrêterous pas sur les recherches de Mosso sur la thermométr ie cérébrale.
Elles oiît porté principalement sur une petite fille de douze ans, Delphina Parodi, qui
venait se faire soigner à l'hôpital de Turin pour une Iraclure du crâîie et perforation de
la dure-mêre,
PiDAiiCET (1899) appliqua le calorimètre de d'ARsoriVAL À la mesurt; de la chaleur
déffagêe pendant le travail intellectuel (exercices de calcul mental). L'émission de la
chaleur auj^menle un peu. Mais cette augmenlation n'est pas due au travail intellectuel
Les persoanes qui font un grand effort de calcul mental froncent les sourcils, soulèvent
les talons, n'appuient les ineujhres iuférieura que par l'extrémité du pied. Cet état de
coutraclion musculaire passe inaperv^u du sujet pendant qu'il travaille; mais, au moment
du retour au repos, il «'prouve un sentiment caractéristique de détente générale. En évi-
tant cette cause d'erreur, l'auteur, dans les expériences qu'il a faites sur lui-même, a
constaté que l'émission de chaleur ne varie pas pendant le travail intellectuel. Le travail
inlel!e< tue! ne provoiinc pas non plus d'élévation de la température buccale. 11 n'a donc
intlué ni sur rémission cutanée de chaleur, ni sur la clraleur centrale.
Influence da travail latellectuel sur la respiration. — Le calcul mental produit
une accélération de la respiration : il provoque environ deux a quatre respirations
supplémentaires par minute {Bjxet et V. Hkmui* L'iulluence du travail intellectuel sur la
forme de la respiration a été étudiée par IJELAûAaRK, Lfumvnn, IÏiset et Courtieb, et
M\c Dour.ALL. On a surtout eijvisa;L;é les elfets d*un calcul mentaL On constate d'abord
une accéléraliou de lu res[uialion, analogue à t;elle que pioduit une course. Kn outre,
il y a l'éductiou d'amplitude des mouvenieuts lespiraloires; la respiration peut devenir
tellement superlicielle, qu'elle cesse de se marquer snr le tracé. Or» remarque aussi, dans
quelques tracés, que le travail intellectuel produit une modification du type respiratoire;
l'expiration tend h. se raccourcir, et la ducéede la pause posl-expiraloire, se raccourcit
;iuï>si. D'après Mac Dolgall^ le raccourcissement porte sur toutes les phases de la respi-
ratiùUf mais c'est surtout rinspiration et la pause après l'expiration qui deviennent
plus courtes.
Quant à la composition chimîijue des gdt de la respiration, il y aurait, d'après Speck,
une augmentation d'oxygène absorbé et d'acide rarbonique dégagé pendant le travail
intellectuel.
Influence du travail intellectuel sur la force musculaire. — L'inlluence du
travail intellectuel sur la force dynamoinétrique fut l'ubjet de recherches de Cu, Férk;
cet auteur a constaté que les excitatiùus intellectuelles de courte durée produisent, à
l'instar de toutes les excitations du système nerveux, des effets dynamogènes. Ainsi,
sous rinfluence d'une lectuie de courte durée, la force dynamométrique augmente dans
la proportion d'un sixième, d'un rînqnième, d'un quart même, suivant les sujets; cet
elfet est momentané, et cesse quelques instants après la disparition de la cause qui l'o
produite. En revanche, un travail inlfllertuel de longue durée produit des elfets dépres-
sifs, qui s'accusent nettement au dynamomètre. Glaviére |lOOO},en expérimentant sur
douite jeunes f;cns de K» h 18 ans, bien entraînés, constata qu*â un travail intellectuel
intense et prolongé durant deux heures correspond une diminution notable et propor-
tionnelle de la force dynamométrique. A un travail intellectuel moyen ne correspond
aucun alTaiblissement appréciable de ia force musculaire.
Masso appliqua à cette élude l'ergographe, instrument apte à évaluer la résistance à
la fatigue. Le physiolo|^iste i la lieu a constaté une dépression notable de la force à l'ergo-
graphe cbest plusieurs de ses collègues, dont la fatigue^inlellectuclk" résultait des exanieud
qu'ils avaient fait subir aux élèves de FUniversité de Turin. Ces observations sont au
nombre de trois. Chez Aoucco, un cours fait â rUniversité a pour résultat d'amener une
excitation nerveuse qui augmente sa force musculaire; mais la fatigue intellectuelle et les
émotions prolongées diminuent, au contraire, la force des muscles, et llnalement à une
surexcitation de la force nerveuse succède les jours suivants une dépression de cette
force. La seconde observation est celle de Maggiora ; avant la leçon le sujet a soulevé
le poids 42 fois, la somme des hauteurs de soulèvements est égale a 2343 millimètres, et
les premiers soulèvements sont de 63 à 65 millimètres. Après la leçon il a soulevé le
FATIGUE.
193
I
I
poids seuJemeiit 37 fois, arec une hauteur totale de (646 millimètres, mais tes premiers
fioulèvêmeutd ont eu, comme précf^demmetit, 64 mi!limèlres/^Par conséquenU par suite
de la fatigue intellectuelle, le nombre de soulèvemeiilfi et la somme totale des hauteurs
ont diminué sensiblement» tandis que les premiers soulèvements étaient aussi forts
après la leçon qu*avant. Des faits semblables, mats encore plus accusés, se produisent
chei MACcroaA après qu'il a lait passer des examens. Voici la description d'une de ces
obs«er¥«tîons de Mot^-^o. « Avant Texamen, Maggiora fournii un tracé ergographîque
comfiosé de 55 contractions (contraction volontaire du médius de la main gauche, soulè-
vement d'un poids de 2 kilos toutes les deux secondes l A deux heures commence
l'eiamen d'hygiène; Magoiora examine li candidats, obli^'é de tenir en haleine son
cerveau peudaot trois heures et demie. E^n outre de la fatigue inlellecLuelle, du senti-
ment de grave responsabilité qui pesait sur lui» il se trouvait gêné par la prt^sence des
collègues compétents qui l'assistaient dans le jury d'examen. Celui-ci à. peine lerminé,
le docteur MâGOioav relourne au laboratoire ^ et, à cinq heures quarante-cinq il donne
un second tracé dans les mèrnes conditions que le premitir. La première contraction est
encore forte, mais les autres décroissent rapidement comme hauteur, et, après 9 contrac-
lioos, la force do muscle est complètement épuisée. A six heures il dîne; à sept heures il
retourne au laboratoire pour prendre un ttoisième tracé, qui montre que la force
musculaire s'est très légèrement accrue, bien qu'encore inférieure à la moyenne. A
ueuf heures du soir, on ne constate pas de modilications appréciables. Les trois tracés
pris après les examens, c* est-à-dire dans un état de fatigue intellectuelle prononcé,
ont tous des caractères communs ; ce n'est pas la force du premier ellort qui est dimi-
nuée, c'est la résistance à la fatigue.
« Kn voyant celte diminution si considérable de la force musculaire après un travail
cérébral, dit Mosso, la première idée qui vient k l'esprit est que celte fatigue est d'origine
cérébrale ; que r^est la volonté qui ne peut plus a;.;ir avec la mÇme intensité sur le muscîe,
parce que la fatigue des centn^s psychiques a envahi les centres moteurs. Mais Texpé-
rieoce suivante montre que les phénomènes sont beaucoup plus complexes : J'applique
le courant électrique sur la peau, près du creux de raisselle, de fa^on a produire fexci-
tation du nerf brachial, puis sur les muscles de Tavant-bras pour les faire contracter,
«ans que la volonté intervienne, et les tracés obtenus sont semhiables aux tracés obtenus
par Texercice de la vulonté. m ~ La fatigue n*est donc pas simplement centrale, elle a
gagné les nerfs moteurs et les muscles.
Le résultat expérimental est extrêmement net et ne prête nullement à la critique, car
dans ces expériences nous ne comparons pa? la contraction volontaire avec la contraction
artiflcielte, mais nous comparons entre eux, d'une pfkrl, tes tracés volontaires pris avaut
et après ta fatigue intellectuelle et, d'autre part, les tracés artificiels pris avant et après la
fatigue. Nous remarquons que la fatigue intellectuelle produit une dimiriulmn de Féner-
gie des mouvemenis volontaires aussi bien que de tVinergic des mouvements provoqués*
Cette constatation si intéressante, bien qu'elle reste inexpliquée, vient à l'appui de l'opi-
nion de MossOp à savoir qu'il n'existe qu'une seule espèce de fatigue; mais il est impossible
de dire, avec lui, que cette seule espèce de fatigue, c'est la fatigue nerveuse, et que la
fatigue des muscles n'est au fond qu^uu phénomène d'épuisement nerveux. An contraire,
dans l'interprétation de ces rôsuUatâ il laudrait tenir compte d'une idée émise aussi par
Mofso, que, dans la fatigue, le torrent sanguin pourrait enlever au muscle des substances
util<e$, pour les porter an cerveau qui réclame une forte provision d'énergie chimique.
Dans la fatigue comme dans Tinanition, les tissus les moins importants seraient détruits
^lour conserver ceux qui le sont davantage. S'il en est réellement ainsi, il faudrait dire
que la fatigue est une d*ttts son tintjine, mais que cette origine est musculaire et non
nerveuse. En reprenant quelques idées qui nous i»onl personnelles», nous aftirmerons que
Vorigine de la fatigue c^t mttS'mhtire, et que son siège est situé à la périphérie, dans les
terminaisons neiTeuses intra-inu5culaîres,niais que pour des efTorls excesâi^i il y a aussi
fatigue des centres nerveux. Tout cela s'applique à la fatii^ue de la motricité. Or il est
intéressant au plus haut point de constater que même la fatigue intellectuelle, qui paraît
reconnaître une uriguie essentieliemeot centrale, relève pourtant des muscles, et c'est
Mosso qui en a fourni la preuve. Nous tenons à mettre en relief rimportance de l'obser-
vation de Mosso touchant t'intluence de la fatigue intellectuelle sur la force volontaire
DICT. l»fc PirVîdOLOOlB -- TOME M. 13
iH
FATIGUE.
et artificielle des mtisdes, et iJ'ailtaurs Mosso lui-même dit que son expérience prouve â
Tévidetice «}uece n'eâl pds seulemetvl la volonté^ mais aussi les nerfs et les mu^cle«: qui
s'épuiseut après un travail intense du cerveau, La fatigue inlell factuelle retentit pax
conséquent sur la périphérie.
Parmi les écrivains que Mosso a Interrogés à ce sujet, Ediiond db Amcis lui a déclaré
que, toutes les fois qu'il à^était livrt^ pendant quelques jours à un travail intellectuel
intense et prolongé, il s'apercevait d'une légère incertitude des mouvements de la jambe
et du bras. Dans ces conditions il faut fuir tes exercices violents parce qu'ils sont dan-
gereux. Aprt'S Tépuisemcnt du cerveau on sent toute son énergie disparaître au ptuKi
petit mouvement. C'est donc une erreur physiolofçique, ajoute Mosso, d'interrompre le§l
leçons pour faire faire aux écoliers des exercices gymnastiques» dans Tespoir que l'on <
diminuera ainsi la fatigue du cerveau. En obligeant le système nerveux à un effort mos-^
culaîre, quand il est épuisé par un travail intellectuel, on trouve des muscles moins <
aptes au travail, et on ajoute à la fatigue précédente une fatigue de même nature, qui
nuit également au sy>itème nerveux.
Mais pourquoi la talif,'ue intellectuelle augmente-t-elle tout d'abord Téner^ie muscu-
laire? C'est là» ditMos:*n, une propriété extraordinaire de notre organisme; à mesure que
rv^nergie cérébrale se consume el que l'organisme s'aflTaiblit, l'excitabilité nerveuse aug- i
mente : moyen de défense automatique très efQcace que crée la nature en faveur d'uni
organisme qui se débilite. Il y a ainsi une exagération de la sensibilité, de rirritabilité |
nerveuse, à mesure qu'un animal devient moins apte à la lutte, à la suite de llnani-
tion ou de la fatigue.
Les difïérences obst;rvées chez Aoucco et Maggioba sont plus apparentes que réelles,
car chez le premier la surexcitation fait aussi place à un alTaiblissement de la force mos-
culaire^ Lmdis que cïie?. le second la surexcitation est remplacée presque tout de suite
par la période d'épuisement.
Nous avons àéyk mentionné que Mosso lui-môme av^ait fait la remarque que les tracés
pris après une grande fatigue intellectuelle dilféraient des tracés normaux, non seulement ■
au point de vue de la quantité du travail mécanique, mais aussi au point de vue de la |
forme. C'est en s'appuyant sur ces données que Hoch et Khaepklin ont émis l'opinion <
que la fatigue ou l'excitation des centres nerveux modifie le nombre des soulèvements^^
tandis que la hauteur totale des soulèvements est intluencée par l'état du muscle. Le rap- ^
port numérique qui existe entre la hauteur totale (exprimée en centimètres) des soulè- '
raents et leur nombre dans une courbe ergographique est constant pour chaque individu.
C'est le qitotknl de fatigue de L Iotevro; le même auteur a fourni en outre un appui
expérimental à l'iiypothé^e de Hocii et Kraepelin (Voir La fatigue des momemenU voton- '
tûires}.
La troisième observation rapportée par Mosso est celle de Patbiîi qui avait remplacé
Mosso dans une de ses leçons. Voici la description que Patrizi pu a donnée lui-même :
« A cinq heures, j'étais déjà debout, et ce repos d'une si courte durée n'avait pas été^
compensé par un sommeil calme. Le thermoni^^ti^ traduisait mon agitation, car au Heu
de tfouver 36', 9 comme température rectale, il y avait 37** ,8. Je me levai et cherchai i
surmonter mon émotion croissante et à tromper l'ennui des quatre interminables heures
qui me séparaient de l'instant solennel, en donnant les deniières retouches aux dessins
qui devaient servir à la démonstration. Mais c'est difficilement que jVrrivai à corriger le
tremblement de ma main, et le pinceau traçait de? lignes inégales et ondulées.
« Vers dix heures, la température était toujours 37*, 8. Je pris à dix heures et demie
le tracé du ponls de Tavant-bras avec l'hydrosphygmographe. En comparant ce tracé ài|
ceux des jours suivants, on voyait réellement que le pouls était plus fréquent: 118
pulsations au lieu de 7S; le tracé asi^endant de la systole était plus vertîcaL le tracé
descendant plus rapide, et le dicrotisme plus manifeste. Ces caractères dilTérentiels
d'avec le pools normal étaient plus accentués après la leçon, parce que le dicrotisme
était beaucoup plus marqué; c'était un indice certain du relâchement des parois vascu*
1 aires,
« A dix licures vingt-sept minutes, peu d*inslantâ avant d'entrer en chaire, le nombre
des battements cardiaques s'était accru. ïl y en avait 130 par minute. Le nombre des
mouvements respiratoires complets montait k 34. J'éprouvais une sensation de pression
FATtCUE.
in
et d'étranglement à répigastrep et 1& salivation s'était lia peu accme» de telle sorte que
J'étAîf obligé de cracher un peu.
m JVntrai, et, apr^â avoir parlé "0 minutes, marchant et gesticulant avec vivacité,
65 partie pour dissimuler mon embarra^ije sortis à moiUé couvert de sueur, et un
grand soupir s*écbappade ma poitrine, le pris dci nouveau le pouts dans tes mêmes con-
ditions que précédemment: les pulsiitions étaient an nombre de 106 par minnie, l*a tem-
pérature était montée à SH*»?. Avec Tergojscrapbe, en soulevant un poids de 3 kilogrammes,
je ne ptis exécuter qu'un travail de 4'^^^50, alors que, deux heures auparavant, loreque
mon agitation était à son comble, j'avais accompli un travail de o'^^^Ob. On voit que je
n'étais pas encore entré dans la phase de dépression nerveuse* parce que ce travail de
4'^*,50, accompli immédiatement .ipn''S la leçon, est encore supérieur au travail normal
accompli ù la même heure, celui-ci n'étant que de 4^'^3^». Je sentis que mon excitation
nerveuse allait disparaître et faire place à la dépression. Je traînais la Jambe comme si
je venais de faire une longue course* Je m'endormis bientôt d'un sommeil profond et
continu qui dura deux heures et restaura mes forces, v
En comparant ces trois observations (celle de Mag4îiora, de ilDUcco et de Patrizi), nous
voyons te dessiner des difTérences individuelles trè» nettes. Sous riulluence an travail
intellectuel nous vovons apparaître chez Aoucco une phase d'excitation, qui lait bientiït
place h un état d'alîaiblissement de la force musculaire, tandis t[ue chez Maocïioka la
snrexcitation manque, ou est de si courte durée, qu'elle est remplacée presque tout de
suite par la période d'épuisement. Ce sont là des difTérences quantitatives, comme Tadmet
Mosso lui-m«^nie, mais il est tn;s vraisemblable qu'il s'agit d'une ioéf;ale résistance au
travail intellectuel, et que des rerherches ultérieures démontreront lu aussi rexistence
des Ijpes individuels, ainsi que J. Ioteyko l'a établi pour la résistance à la fatigue psycho-
niotrice. Enfin, chez PvTRtzt, nous voyons un èlat émotionnel fixtrémement accusé,
dont on ne retrouve aucune mention chez Maggioiu. On constate, en outre, que l'état
d'extrême agitation dans lequel se trouvait pAxatzi a produit, un effet dynainogène qui
s'est prolongé même après la cessation de la cause qui Ta produite. L'observation ne
nous dit pas si rexciLation de force a été suivie d'une diminution consécutive. Mais Tac-
lion dépressive des émotions est fort bien connue, et nous saisissons ici son mécanisme
gràee à l'observation de Mos^^o : les émotions, qui s'accompagnent d'une agitation pins
forte et plus soutenue que le travail intellectuel pur, déterminent une dépression
conaéculive plus accusée.
?ïous pouvons donc dire que la faligue inletlectuelle augmente le quoik'ut de fnUf/ue
de J. loTEYKO. La fatigue physique diminue le travail mécanique aussi bien que la fatigue
psychique; mais dans le premier cas la diminution porte surtout sur la hauteur des
soulèvements, et le quotient de fatigue e^t diminué preuve de l'origine périphériijue de
la fati;(uei, tandis que, dans la fatigue intellectuelle, la diminution porte en grande
partie sur le nombre des soulèvements, ainsi que l'attestent les expériences de Mosso. Le
quotient de fatigue doit alors subir une augmentation (preuve de la fatigue propre du
cenreau). Khaepkhn et Oseuetzruwsry (1901} sont venus d'ailleurs démontrer qu'une
légère excitation psychique (calculs durant une heure) augmente le travail mécanique
par augmentation du immbre de soulèvements. Un travail intellectuel plus intense pro-
duit, au contraire, une diminution du nombre de soulèvements. Kéré s'est contenté de
mesures quantitatives (augmentation ou diminution du travail mécanique suivant llnten-
ftité du travail intellectuel K
La méthode ergographique a été employée par Kelleb et Kebsjes pour mesurer l'ac-
tion de la fatigue intellectuelle chez des élèves. L'accord est complet, à savoir que la
force musculaire diminue après les différentes leçons, et de plus, que la valeur du tra-
vail musculaire donné à l'ergographe varie beaucoup d'un jour à l'autre. Voici quelques
chiffres trouvés par Kemsie^ pour un élève de quatorze ans qui soulevait on poids de
2 5dO grammes :
ttilogrammoU-e*.
Mercredi k 3 heures de rapri*s-midi. , «' 2,0^8
Jeudi k 2 heures — • • • i.Oâ (un |Hïu fatigue).
Jeudi a e bcurct -^ ... 1.22 (un [i«u fatigué).
Vendredi À 3 hourei — • . • û,8C7 (un i>eu fatigue).
Vendredi 'i 6 heurcîi — • . . 0,140 (fin des études).
iHii
FAT r GUE.
lci1ogrmmaiètr«i«.
Samedi à 8 heurci du niaiiiK . . t,lî3
(un peu fati^i^)
Samedi à 2 heures — , . . 0,867
Samedi à 6 heure* — . . , 0,872
iBn des études).
Lundi k 6 heures — . , , 1 ,275
Mardi à 8 heures — S.iao
Mardi à 1 ht^ures _ | .7^0
Influence de la fatig^ue intellectuelle sur la aensibilité tactile. — Grie^sbach
(i81*ii| eut le premier l'idée de s'adresser à TesUiésiomèlre pour s'assurer si la force d«
concenlralion de ratleiiUon de» élèves ne \^ariait pas après les classes. 11 exécuta ses
expériences sur des élèves d^uii lycée, sur des profess^eurs et sur des apprentis mécani-
ciens. Les raesures de ki sensibiliLé tactile étaient Faites avant les classes, puis après
chaque classe^ ensuite après quelques» heures de repos, et enfin le dimanche à midi-
Voici les chiffres obtenus pour uo lycéen de seize ans :
Tableau de 0>rleft«baoh«
|l
•
S
g
1 =
S
2
ai
PLAN D'tCTlDK.'^.
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2,5
2,5
2
2,5
i.2
1
Ces chiffres, qui donnent les valeurs du seuil en millim*Hres (ëcarlement des pointes
du compas de Webes], moutreut nettemetil que ta sensibilité lactile diminue en raison
de rintensilé du travail inlellecluel; la diminution de la sensibilité est manifeste sur
toutes les six parties de la peau étudiées; elle est |dus accentuée surle» parties les moins
i^ensibles, c'est-à-dire celles dont le seuil est plus ^rand. lin repos de deux heure?^ ramène
la valeur du seuil à la valeur nf*rmaïe,Enfin, le dimanche^ les valeurs du seuil «ont plus
faibles que les jours de semaine avec les classes.
Les expériences qui ont lieu après les examens Arrits indiquent une augmentation
du seuil très cotiàidérable; même après ♦•inq heures de repos, la valeur du >euil n'était
pas revenue à sa valeur normale. Les expériences de contrôle taites sur de;* apprentis
mécaniciens ont jnouiré que lu valeur du seuil variait à peine sous t*intluence d*un tra-
vail physique.
Les expériences de (Iuîessbach ont été ref;iites en Suisse par Vannod et en Pologne
par Blvzek. Elles donnèrent des résultats identiques. D'après Vamnod, qui expérimenta
sur une trentaine d'élève», les classes de raprrs-midi sont suivies d'une anestbésie cuta-
née plus accentuée que les clauses du matin. Dans les après-midi de congé, la valeur du
seuiî redevient normale. Le travail de Bla/.ek, fait sur un ifrand nombre d'élèves, ren-
ferme des observations intéressantes relativement aux ditrérenis tt^pes de résistance h là
fatigue intellectuelle. L'auteur arrive à cette conclusion, qu'un travail de trois heures à
l'école doit èire considéré r.omme un vériLible maximum. \V A(i.>Eft expérimenta sur deui
cents élèves et constata une augmentation du seuil après les classes, variatile d'un
sujet à Tau Ire.
llécenmicnt, on a contesté la validité de la méthode de GRiEssBACif, Rïttrb trouve
qu'elle n^est nullement objective. Gebuann HI des expériences sur une personne de vingt-
FATIGUE.
m
trois ans et C4)nsUta que le seuil ne rarie |>as du loul en rappDrL avec te degré de
aUt^u** mentale du sujet; souvent même la sensibililé devient plus Rne après le travail.
iD'où Tauleur conolut que la mêlhodeeslliésîométriqiie est impropre à moiilrer le degré
9c fatigue du sujet. Levée, arrivti ausî^i â des résultats négatifs en expéritiientani sur huit
fiujeLà adultes et exprima une opinion analojLîue â celle de Germann relaliveiueut à la
Bilidité de la méthode.
Il est pourtant impossible de rejeter la méthode esthésionietrique, qui a donné de%
résultats si précis h GniKssuAfJi, V\nnod, WAGMia et Bla/.ek. On peut supposer que , d'une
part, les adultes lîont moins ï^cnsibles que les enTants aux variations de la sensibilité, et,
iPtiutii! part, ifiie la diminution de la sensibilité est firobablement précédée d'une phase
d*aujimentatiou. 11 serait utile d*i[itroduire eetle notion dans les recherches esthésio-
métriques et d'envisager la queîîtion à ce point de vue. Une fatigue légt're est probable-
ment accompa{j;née d'hyperestliésie ; une fatigue plus forte, d'anesthésie. Nous aurions
donc là les éléments nécessaires â la constitution des (t/pes dr re^i^taitce.
Influence de la fatigue intellectixelle sur la sensibilité à la douleur. — Les
prtîmières expériences de ce genre furent faites par Vajnnoiï (181H»), qui examina non seu-
lenient la sensibilité tactile des élèves avant el après les cla-^ses, mais aussi leur sensibi-
lité à la douleur, en se servant dVin algésiniètre, La fatigue intellectuelîe produit des
effets opposés sur la sensibilité tactile et sur la sensibilité â la douleur; tandis que la
première est atténuée, la seconde est exaltée, La sensibilité à la douleur est donc aug-
mentée sous riniluence de la fatigue intellectuelle»
Ces expériences forent reprises tout récemment aux États-Unis par Edgar Swift, qui,
se servant de ratgésimëtre temporal de Mac Donald, mesura le seuil de la sensibilité à
la douleur des élèves avant et après les classes, puis après un congé de dix jours. Le
travail Intellectuel produit uite bypendgésie manifeste. La fiUtgue intellectuelle exerce
une influence plus considérable sur les jeunes enfants que sur les jeunes gens. Les jeunes
gens Agés de 14 à 20 ans présentent des oscillations bien tnoins accentuées que les gar-
çons et les filles de K) à 14 ans.
Ces recbercbes présentent un grand intéi^ét, bien qu*on soiL embarrassé pour ex pli*
quer Tantagonisme qui eiiste & cet égard entre les mesures esthéaiométriques et les
mesures algésimélriques. Il est toutefois certain que les varialimi^ de la sensibilité tac-
tile relèvent d'une autre cause que les variations de la sensibilité â la douleur.
L'anesLhèsie cutanée est sûrement due à une atténuation de Tattention sous i'inOuence
de la fatigue intetlectuelle. L'bypt^raJgésie est probablement due â un état dlrrilaiion
presque maladive du système nerveux, qui s^éLablit après de grands eflorts de l'atlen-
tion. La cause prochaine de ce phénomène reste à déterminer. Il est aussi curieux de
constater que, selon Swi^Tf les enfants intelligents sont plus sensibles à la douleur que
les enfiuiis moins intellif^ents. Les filles sont plus sensibles que les garçons.
Influence de la fatigue întetlectnellesur la vitesse et la précision des actes
psychiques. Fatigue intellectuelle et entraluemenL Recliercbes de pédologie
•ooiaire* — En 18HV», Ofiikn lit paraitie un travail, reproduit en IKUli dans le recueil
de Kft.EPi£UN, touchant rinlluet^ee du travail inleltectuel sur la vitesse des actes psy*
chiques. Ces expériences de laboratoire ont été faites sur dix personnes, et se rappor*
taient à six proceï*sus psychiques difTérents, à savoir : 1" Compter ie$ lettres iCun tedstc
imprimé en caracUtes întinê. I*e sujet devait compter aussi rapidement r|ue possible les
lettres d'un texte» et quand il arrivait à cent, faire un trait avec un crayon a fendroit
cotrespondaut du texte, puis il continuait à compter les lettres du texte» Toutes les cinq
minutes retentissait un coup de sonnetle,et à ce moment le sujet devait faire dans le
texte urje marque avec le crayon. — 2*^ Addition des nombres d'un vhiff're. - ;i" Ecriture
sous dictée , L'auteur cherchait a di' terminer la vitesse de l'écriture aussi rapide que pos-
•ible* Toutes les cinq minutes le sujet taisait une marque. On pouvait ainsi déterminer
le nombre de lettres écrites toutes les cinq minutes (sans tenir compte des fautes com-
mises). — 4® Lecture à httule voix. Le sujet lisait aussi rapidement que possible un texte
facile. On notait le numhre de lettres lues touies les cinq minutes, — 5" Mémoire dea
chiffres. Le sujet devait apprendre par cieur un ceUain nombre de chill'res; on détermi-
nait la vitesse de ce travail, — û" Mèmoirt^ des ayilate^i. Le sujet devait apprendie par
cirur un certain nombre de syllabes. Ces différentes expériences étaient faites pendant
198
FATIGUE,
lieux heures chacane sans aucune interruption ; on nolait la quantité de travail fait toutes
les cinq minutes. D'après Orhbx, Texercice acquis et la fatigue ont une influence oppo-
sée. I/eiercioe tend à autrmenter k vitesse du travail, la tatigue tend à la diminuer. A
chaque moment de l'expérience la quantité de travail se trouve réglée par rintensité de
ces deux facteurs. Ou peut distinguer; pour un travail de deux heures, deux phase» diffé-
reiiiei; la prea)ière> c'est la phase où rinfluenee de l'exercice prédomine sur rinlluence
de la fatifîue; pendant la deuxième phase, c'est la fatigue qui prédomine sur l'eiercice.
Les différences individuelles sont assez considérables; chez certains sujets le maximum
se trouve en général plus près du cooimencement du travail; chez d'autres, il est situé
plus près de la fyu Quant au moment précis du maximum pour un tel travail intellec-
tuel chez les différents sujets, on constate qu'il y a des différences assez nettes; le
maximum est atteint le plus rapidement pour la mémoire des syllabes; puis vient récri-
ture, puis l'addition, la lecture, l'acte de compter les lettres, et en dernier lieu ia
mémoire des chiffres.
Mémoire des iytUhe$. . . . . ,
Kcriture ..,,-,
Additions . . ,
Lecture. ....
Acltf de compter Jet leitrcs une pur une .
-^ — — _ _ trois pur trais.
Mémoire ûm chifTrêîi.
Maxim ir*f
aiiciat ipr«« t
m itùnutes.
2« —
28 —
38 —
39 —
59 -
60
La fatigue commence à prédominer sur l'exercice an bout de vin^t-qualie minutes., elc.
Pour l**s autres détails de cet intéje^sanl travail nous renvoyons au mémoire original
(Oeeb.w Editer. Stiidien zur Individual Psychoiogie. Krivpetin's Fsfjchohffi^che Arbeitien, i,
!8ft5, p, î>2-tr»2), ainsi qtrà l'analyse détailIT'e qu'en ont donnée \h^ET et Hkxri iLa fatigue
intcf(ectueilc, p, 22*l'251),
Nous relevons raula^^orjisnie qui existe entre l'exercice et la fatigue, et qui apparaît
aussi bien pour les épreuves de vitesse que pour les épreuves de poids et de force.
L'activité sous toutes ses formes est soumise à cette loi. Or Qemrs avait déjà fait la
remarque que, si apr^s deux heures de travail on s'arrt^te et qu'on se repose quelques
heures, la fatigue disparaît complètement, jnais les elTels de l'exercice restent acquis. Un
le reconnaît dans un nouveau travail; lu vitesse avec laijuelle on recommence à travail-
ler est supérieure à la vitesse de travail de ïa première séance.
Ces questions ont été étudiées par Amiîerg (11496) sur deux sujets. Les travaux intel-
lectuels ont élu les additions et la mémoire des chiffres. La vitesse de travail augmente
conliuucllement de jour en jour. L'exercice que Ton acquiert pendant une séance se
conserve jusqu'au lendemain, et mt*me plus longtemps; ses effets ne disparaissent qu'au
bout d'un repos de cinquante à soixante-douze heures. En ce qui concerne rinlluence
produite par les pause*, fauteur a constaté qu'un repos de cinq minutes après une
demi-heure d'additions est plutôt favorable au travail, mais l'effet est très faible, lîne
pausp de ((uinze îninulea après une demi-heure de travail reste sans etfet. La même
pause après une heure de travail [additions) produit un eïïeï favorable. Si Ton allerne un
travail de cinq minutes avec des repos de même durée, on constate qu'au commence*
ment Tinlluence du repos est défavorable au travail, tandis qu'elle devient favorable vers
la fin. Ces expériences seraient à reprendre sur un nombre plus considérable de sujets.
Linlluence défavorable exercée dans certains cas par le repos est expliquée avec raisou,
.selon AsBKKG, par la perte de rentraînemenL Nous avons insisté sur des phénomènes de
nii'ime ordre en parlant de la fati^^ue physique*
RivEHïi et Kraepeun ont étudié l'intluence produite par un repos d'une demi-heure
ou d'une heure entière. Le travail inlellectael a porté sur les additions. Dans ia pre-
mière série de recherches un travail d'une demi-heure était entrecoupé par un repos
de même durée. Le résultat le pins intéressant, c'est que, la pren>ière foii?., après trente
minutes de calcul, le repos de trente minutes suffit pour rétablir les effets de la fatigue,
mais après la seconde demi-heure de travail ce repos ne suffit déjà plus, Dans la deuxième
série d'expériences le travail de trente minutes alternait avec une heure de repos* L'iu-
lluence du repos a été plus efficae<:\
FATIGUE.
IM
DciriuxN a étudié comparathemeiil tes efTets psychiques produiU par ud travail
inUUectuel (une heure d'additions) et ceux i>roduils par une marche de deux heures.
Pour déterminer les eOets psychiques il a choisi la durée des réactions de rhoix et de»
réactions verbales, la vitesse de la lecture, la vites^se des calculs et la vitesse avec laquelle
on peut apprendre par cœur des séries de chiffres. Les réactions de choix deviennent
plus longues sous rinUuence du travail intellecluei qui a duré une heure; tout au con-
traire, h. la suite d*une marche de deux heures les réactions de choir ^ont devenues plus
courtes (cet efitet du travail musculaire esL ailrihué par l'auteur non à une amètioralion
des processus psychiques» mais à l'état d'énervement musculaire qui amenait une incoar-
dination dans les mouvements). Sous l'inlluence du travail inteilectuelja durée des réac-
tions verbales augmente; un effet analt>|^ue est produit par te travail musculaire. La
taculté d'apprendre par cœur est plus Fortement diminuée par le travail musculaire que
par le travail intellectuel. Les au 1res actes psychiques sont aussi ralentis par la fatigue
intellectuelle et parla fatigue physique. Ce travail est intéressant a plusieurs égards ; il est
une démonstration de cette donnée que Mosso a introduite dans \a science, qu'il n'eiiste
pas d'antagonisme entre la fatigue physique et la falif^ue intellectuelle, mais qu'il y
a reteuttssement de Tune sur l'autre. Ainsi le trava»! physique ne peut être considéré
comme un repos après le travail intellectuel. Il montre, en outre, l'eitr^^me sensibilité
des différents processus p.sychiques qui se nioditient rapideoienl déià au bout d*une
heure de travail intellectueL C'est un résultat important pour la pédagogie.
A côté de ces recherches de laboratoire se placent les eipériences faites dans les
écoles pour mesurer ta fatigue des élèves après les différentes classes. Nous avons
péjà mentionné la méthode de ta sûmibiiitè tttcHk et la méthode ergogi-aphique. Nous pas-
^rons maintenant en revue la mètltode des dicîéfs,]a méthode des calculs et la méthode
de ta mémoire det chiffrer,
La méthode des dictées a été la première employée pour la mesure de la fatif;ue des
élèves; c*est la méthode de Sirorssy i,tST9), qui faisait faire à Kieff des dictées k des
élèves de différents âges, pendant un quart d'heure le matin, avant les cJasses, et puis
À Irois heures de l'aprês-midi» après les classes* (Les classes finissent eo Russie à
trois beures.JQuiuïe cents dictées ont été faites; l'auteur ne tenait pas compte des fautes
dues â l'ignorance des élèves : il ne marquait que les fautes involontaires. L'âge des
enfants de la 1'*^ classe est de neuf à dix ans, et celui des enfants de la G*, de quinze k
x-sept ans.
Tableau d« Slkorvky. (Fautes des Dlotéee >
AVANT
UiLfk CI.41IIIKS.
APKKS
LKl CLAtAIS.
niFKÉHKNCK.
1 V* r|:i*^.-
4' —
5* - ......
<i* -
tâi.5
6ti,5
94,3
SI
HO
+ 2,{,K !
^27.7
-t 19,6
^ 34.3 1
Le nombre de fautes est plus considérable dans la première c laisse que dans la
siiième, mais il augmente notablenieiit dans toutes les classes après le travail intel-
lectuel. L'auteur classe les fautes en quatre groupes : !• Le^» erreurs phonétiques;
2« les erreurs graphiques; 3* les erreurs psychiques; 4" les eneurs indéterminées. Ce
sont les erreurs phonétiques, comprenant surtout des omissions et des substitutions de
lettres, qui prédominent; car les sons, dont les tnouvements d'articulation sont très
ressemblants, se trouvent souvent confondus. L'auteur attribue avec raison ce résultat
à un émoussement de Ta tient ion.
HôPP^ca a repris le travail de SixoasKY,et Ta confirmé par des eipé rien ces nouvelles.
Un travail approfondi sur la même question est celui de Fkikdricb (Ift96). 1^ résultai est
fOQ
FATIGUE-
le même. Si avant lei classes on a fait 47 fautes dans loate ta clai^se de 51 élèves* aprè«
une hcare de classe on en a fait 70. On ohserre surtout une atijrmeritatîon du nombre ,
de fautes lorsque entre tes classes il n'y avait pas de récréation. Après une beure de '
gTiDiiastique, on remarque une augmentation du nomt>re des fautes plus eoatidérable
qu'après une tieure de classe.
La méthode de$ calcuU a éUï employée pour la première fois par BuRGeasToiv (181»1)^ ]
qui Va appliquée à l'élude de la fatigue inlelleictuelle de:» élèves pendant une heure de 1
travail. It donnait à faire des additions et des multiplications. Ses exp4rieiioes étaif*nt
faites sur 162 élèves de 4 classes (^ Ûlles et ^4 Karcons). Pendant une tteura, quatn^
périodes, ée dix minutes chacune, étaient consacrées au calcul.
EiipérleDCïe de Bmrg«rstelB. (CalGuls.)
SÉKIK ÙECAlJCVlS.
NOMBRE
I»K iHl Fritte CALrCLÉS.
NOMBRE
NûMORE
P£ COaSKCTtONS.
I
Ij .
III
28,267
.19.450
KM
2.U11
370
577
743
Nous voyons, diaprés ce tableau, que k nombre de chiiïres calculés augmente da
premier lutervaMe au quatrième, le nocnbre df fautes augmente aussi, mais dans une
proportion dilTérente : la vitesse des calculs augmente de 40 p. 100; le nombre de fautes '
devient trois fois plus grand.
Les expériences de Blirgerstkln furent reprise?? par Laser en Allemagne et Holmes en
Amérique, avec un résultai presque identique. Fbiedbich a fait rius^i des expériences
avec la méthode des calculs; ceux-ci durèrent vin^^t minutes. Les fautes sont d'autant i
plus nombreuses qu'il y a eu plus de travail întelleclueL l-ne heure de gymnastique aoa
mente le nombre des fautes.
llicHTEH (189») a introduit un autre penre de calculs dans l'appréciation de la faille
iiiletlectuelle; il a fait ces expériences au lycée d'Iéna. 11 a donné aui élèves des pro-
blèmes d'algèbre et compté le nombre de fautes avant et après les classes. Le nombre
des fautes augmente vers la fin «le riieure.
Ënliii, Ëbbj:^ohaus înlroduisîl une nouvelle méthode, qui consiste en lemploi parallèle
de trois métbodes : les calculs, la mémoire des chiiïres el la méthode de combinaison
(remplir les lacunes d'un texte incomplet). Ce travail a été fait sous la direction d'EBBixr.-
HA LIS par une rommission qui avait été chargée par le ^'ouverneraent atlemand d*eia'
miner si le syslènie d*enseij?nement allemand, qui consiste à faire le matin cinq classes
de suite et à laisser l'après-midi complètement libre, ne fatigue pas les élèves. La
méthode des calculs a donné des résultats analogues à ceux qu'avaient obtenus les auteurs
précédents : le nombre des fautes au^'uienle d* autant plus qu'il y a plus de travail întel-
leclueL La méthode de la mémoire des chiiïres a donné un résultat inattendu : on com-
met moins de fautes après les classes qu'avant, ce qui montre que l'entraînement joue
un rôle très important dans les exercices de mémoire et que ses eîfets masquent les I
elfels produits par la fatigue. La méthode de combinaison a donné des résultats très
vogues.
TuoRNoiRE (1900) a entrepris de mettre à Tépreuve tout cm ensemble de featH capables
de mesurer la fatigue. Sa conclusion entièrement négative esl que la fatigue inteUec-
tuelle ne se mesure pas» elle ne produit pas d*eiïets objectifs pouvant être observés
méthodiquement, Kt pourtant les sujets accusaient un grand sentiment de fatigue. Des
douleurs vagues dans les membres, un dégoût pour le travaiL un sentiment d'ennui, de
rassoupissemenl, des nausées. Mais ce sentiment de fatigue ne diminue pas la capacité
de travail. L'auteur trouve qu*ou a pris souvent, comme synonyme de fatigue, le désir
de ne pas travailler. Or» dans tous les cas examinés, l'eiïet de l'eiercice a contrebalancé |
FATIGUE.
fûl
I
Ide U fatijçue. Des lents d'iiabilelô mentate fiirenl donnés k six cents élèves avant
ti après le travail de la journée. Poor iWiter TefTet de l'eiercice, aucun test n'a été donné
deux fois au môme groupe dVlèves. !*« tnivail fait fe mïr n'a pas été moins grand et
moins correct que le travail du matin,
BlbUoifTC^pl^^^' — AMUiar,. Veber der Einpiina fier Arbeiispttttsen auf die geUtiQe
UriiiungsfâhigkeU \KrR*pdinfi l^syrhoinn At^lH^iten, i, 3<XJ-.'tT7. 1895^ — Bbtt¥%\n. Ueber
die Bfieinftmfiung einfarker pstjchi^rher Vorfidntje tbtrck kt}rfïerlichr und Qeîatifje Arbfit
{KrftpeU/C$ Pêychyt. Arheiten, i, Io2-20H, 1895). — Binkt (A.) **t n.M'BTiF.H {Lu Influenûe
de^ repm,du trarait intellectuci et drs émotions mr la circulation cnpittaire de rhomme
{C.H.^LXxni, I896,50H-Î107); fi/f(7^^ ilu (mvtîitinteUecinelmr lacirtmlnlion capittairt [Année
pêychohgique, m. i2-04); (i6î<i.,ii); !iote futr rm/fiicw^ que le travail intellectuel exerce
xw la respiratiofi, lepouU artériel et te pouls capiUaii*e de la main (fi. B., ISUriK — Hi.net et
\A**mii>t(An. PfffchoL, ut, l'27;. — Bt^nr eiSi>LLmR (P.). Hecherches hw te pouls rérèbratdans
itirttpports avec /ex altitudes du t'orps, la icspiration et les artcs p%\f^hifiue${.\.de P., IH^d,
719-134). — BiNCT (A,) et Henri iV.). L*i Fatvjue inlelkctuelte. Fans. 18U8. — Bellei ((î.).
Uê êianchezta mentale nei bamtnni délie putdiche sewo/e (Wtt. Sperim. 4i Freniatria^ 1900^
l%(, 692-69^); Mental Fatvjue in Sckool-Children \The Lancct, (t i, i1K)t.) — Bl\7,ek (B.I.
tmaenie w,szkoteiLn Fathjue à l'école^ en polonais)* Ln^iiiRR»., 1899, btoch. d«^ 88 pages;
iunQ»me»simtjen mit dem Federaeithesiotncler an Srhnhrn deik Frani-Joseph Hymna-
'9ÊÊmÊ in Lembenj {Ztsrhr, f, pmlatj, Pstjcholoff\4\ 1801*, 3n-32.). — Bi :Hr.F,HïiTKi> (Li. !//*■
ÂrMttatrve einer Schutstunde i Zeitjiehr, f. Schtilip'smuUuitiipffrtte, iHiH, 40),*— BinaER^TKJN
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U
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FATIGUE.
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[Ibid.t n» il8-20t). — Wood, Beckerche» atir Vinflueiice de l'ntiivUc céi*éiraie mr l*excnUon
CHAPtTRK VUr
La Fatigrue sensorielle.
La fatïKue sensorielle ne peut être séparée de Tétude approfoîidie des divers appareils
des 3iens, Aussi renvoyons-nous le lecteur aux artîrlea correspondants (Voir : Auditiott,
Titios, Oliaction. Rétine, etc.).
I
CHAPITIIE IX
Phénomènes microscopiques de la Fatigue.
Protoplasme, muscles, nerfs. — Si noll^ portons sur Pt^lomyxii des excitante
ectrique^ fc^iibles, en peu de temps il se ramasse en boule. Mais, si Feicilation est
prolongée, le corps pro top) a s mi que coninieiu'e à présenter une deêlruciion granuleuse k
partir de la périphérie. La destroction ^Tanuleuse est caractérisée par ce fait que lii
cellule Unit par former un amas de granulatiotis isolées. Si» par contre, nous faisons
agir d'emblée un excitant cbimiqoc de forte intensité sur le corps de Tinfusoire en
extension, le stade d'excitation n'a plus le temps de se manifester, l/infnsoire commence
à présenter la destruction granuleuse dans la forme où Ta surpris l'excitant. Ici la mort
est donc la conséquence immédiate de l'excitation (Vkhwoh:^).
Des modincations microscopiques ont été aussi constatâmes dans le muscle fatigué.
BEHNAaû (U.-M.] fatigua un certain nombre de mouclies bleues {Mu^ca vomiioria) en les
pourchassant jusqu'au moment de répuisement complet. Tandis que chez les inouebes
laissées aa repos les fibrilles présentaient une striation transvei'sale très nette, avec des
nuances danslacolorabilité> cbez les moncbes fatiguées on ne pouvait distinguer que la
striation entre les seprnients musculaires; tout le contenu des scf^menls était uniformé-
ment clair, sans présenter aucune striation. En outre^ les sarcosomes, c'est-à-dire les
frrannlations sarcoplasmatiques placées entre les fibrilles musculaires, avaient considé-
rablement augmenté de volume dans le nmscle fatigué.
Déjà, en 1849, Du Boh-Reyiond avait observé ta disparition de la ^slriation dans les
mascles tétanisé?;. Dans les muscles peu altérés, la striation persiste, mais est ti^ès irré-
guliére. Cnfln, dans te tétanos prolongé, le sarcoplasme dégénère en une masse raccor-
nie. Kn 1870, KiiONRCKgK décrivit la dégénérescence cireui^e dans les muscles de gre-
oouiiles qui avaient été fati^^uées durant la vie. Popofi- a observé la dégénérescence
ctreuse des mascles dans te tétanos strjchnique. Dqth fl88l) produisit Thyperfaligue
des grenouilles et des lapins [taries tétanos électrique et stryclinique, de même que par
les excitations isolées. Il observa la dégénérescence cireuse^ lésion très fréquente dans
les différentes affections du systi^rne musculaire et dans les infections» avec vacuoles
entre les fibrilles primitives et formations cornées dans le «arcoplasme. La striation est
encore visible tant que lesarcûplasnie se présente sous la forme de gros fragments ; mais,
qaand la seja^mentation est poussée à son plus liant terme, il n'y a plus de traces d'une
^alriation quelconque.
ÏÈÊ Kro?îth\l I tSO'i^ affirme qu*un nerf, pris en état d'excitation et fixé aussitôt dans
Tacide osmique, présente un changement de structure. Le passage du courant galva*
nique est sans action; mais sous TinHuence du courant interrompu on obsenre une ondu-
lation du rvlindraxe.
$04
FATIGUE,
II. Mûdincations de I& structure litterme des cellules nerveuses (Méthode
de Nissl}* — Quaiid ou pré|>ai"e les centres nerveux au moyen de la méthode de Nissi, ,
on constate dans la cellule nerveuse la (jrésence d'une substance fortement colorée par]
les couleurs biîsi«]n€s d'aniline (bleii de méthylène, tbionine» fuchsine), dispoî^ée souff
forme" de j^nimeaux semés dans les mailles du réticulirm Ûbrillaire. I>eux théories sont
en présence pour expliquer la valeur de ces éléments chromophiles, ou corpuscules de
rifssL;la première, c'est que ta substance chromophileesl un élémenlde réserve nutritive,
accumulée dans les cellules nerveuses à. l'état de repos, et destinée k être consomm^-e
pendant leur fonctionnement (Hamon y Cajal, van (IehuchtknJ; la substance fondamen-
tale serait rélément conducteur de Tintlnx nerveui. L'autre théorie attribue à la subs-
tance chromophile la valeur de l'élément fonctionnel essentiel khuHoplasTnr de Maiu-
En 18Ô0, KoRYfliTT-DAS/.KiEwjcjE constata des diïTérences de ctilorabilité dans les noyaux
des cellules de la moelle excitée par lo courant électriqne. En 1892, Vas exécuta des
expériences qui furent ensuite reprises par un grand nombre d'auteurs. Il excita par
un t.'uuranl électrique le cordon du grand sympathique du lapin, à la dislance de
3 ceulimétres au-dessous du ganglion cervical supérieur. Après excitation, le volume |
du corps cellulaire avait augmenté environ d'un liertî; la substance chroniophiie avait
diminué ou même compIMeuient disparu dans le voisinage des noyaux ivhromotysr)^
tandis qu'elle s'était accumulée dans la couche périphérique du prutoplasma cellulaire.
Le noyau était aussi plus volumineux, et il avait émigré dans la zone périphérique du
cytoplasme. L'auteur attribue ces phénomènes à Tétai de fatigue de la cellule; car, si
Tactivité est modérée, les niodilleations cellulaires ne sont pas aussi accentuées,
Hodi;e étudia rhe^ la grenouille et le chat la structure des f.;ang-lionâ spinaux, dont
es libres avaient été excitées par le courant imlnit. Il constata une diminution du,
volume de la cctlule, la vacuolisation et la diminution de la colorabilitédu protoplasme. '
Le noyau était diminué de volume et devenu arrondi. Après un repos de six k dix-huit
heures ïe noyau et le corps cellulaire étaient revenus à létat normal. Les cellules des
ganglions spinaux, de l'écorce cérébelleuse et de Técorce occipitale de Thirondelle, du |
passereau, du pigeon et de l'abeilhi présentent le soir, après un jour entier de travail,
des din*e usions plus petites que le rïiatin, et des inodili calions analogues à celles quîi
suivent Texcitation électrique des ganglions spinaux.
En tS^f, NissL étudia rinlluence de Ti^xcitation du bout central du nerf facial sur les
cellules du noyau d'origine de ce nerf, et coJiclul que les cellules d*un même groupe,
c'est-à-dire celles qui appartiennent à un même type anatomique, présentent trois stades
chromatiques conespojidant à trois stades différents d'activité : t*" Vétai pyfinomorphe,
qui correspond à Tétat de repos, et qui est caractérisé par l'abondance de la substance |
chromophile, qui se présente en amas compacts, de telle sorte que la. cellule >e colore
fortement par le bleu d^* méthylène; le volume de la cellule est augmenté; 2"* Vétaii
aptjktiomorpfi(\ qui correspond à l'état d*activité poussée jusqj'à la fatigue, et est carac- i
térisé par le peu d'abondance de ta substance chromophile, qui se trouve éparpillée dan»
le protoplasme cellulaire; le volume de la cellule est diminue; 3^ Vétul ptirapffkno-
morphc^ stade intei nïédiaire. La structure des cellules nerveuses est la fonction de deux
facteurs: de ta diiïérenciation physiologique et aussi de l'étal fonclionnel. Le polymor*
phisme des cellules jjerveuses, soutenu par Nissl, Arnold, Sjîczawcsska, trouverait donc
là son explication.
En i89i, Mann reprit les expériences de Vas; la chromolyse de fatigue est due à une
véritable disparition sur place de la substance chromatique. L'auteur employa, en outre,
l'excitant normal dans deux séries d^eipérietices. Dans Tune, les chiens étaient ï*oumis
à un travail musculaire intense; dans l'autre, il lit agir l'excitant lumineux sur un œil,
le second *ieii étant bandé. Le lésultat fut partout le même. Pendant le repos» ta subs-
tance chromophile augmente dans les cellules nerveuses, tandis que cette substance
diminue pendant ractivité cellulaire. L'état d'activité est accompagné de la turgescence
du corps de la cellule, ainsi qua du noyau et des nucléoles, tandis i|ue la fatigue de la
cellule se caractérise par une rétraction de la cellule et par la formation d'une substance
chromophile dilTuse, J. Dehoos conlirma les résultats de Ma>-\ sur les cellules du centre
psycho-optique.
FATIGUE*
iÙ5
I
I
I
[
I
I
I
I
Eve'(189^) employa l'électricité, ta strychnine et les acides, comme modeâ d*exeitation.
Dans toii§ les ca» il remarqua l/i diiïusjon de la subïitance cliroriiopliik dans lo corps
ccUalaire. tl conclut à la formalion d':icidc!^ dans la cellule sou;^ I inllueuce de Tactivité,
acides J|i;iâMiil sur la subï^tance ba^ophite comme dissolvants.
LuGAiio (tB95) reprit rexpérience de Vas. LVictivilé de la cellule nerveuse est accond-
pagnée de la turgescence du protoplasme cetlnlaire, du noyau et du nucléole; la laligue
détermine la diminution progressive du volume protoplasmtque. Ces modincalions se
iroDvent en relation étroite avet* Tétat de la substance cbromopbiie. Pijgnat iJ80~i excita
par rélectricité les ganglions spinaux des jeunes chats; Picr lit des experii^nces ana-
logues sur la moelle des sing^es et dcscliats, et Luxi:!*intiii** » t898; sur la moelle des chiens.
GcRBiiiJti (1899), Pi:i-N\T I IfNJl) et fiEERAEHi> (tl>01) eureut recoure a Texcitam (diysiolo-
giquecn faisant courir les animaux dans des remues tournantes. Van Dir^e rhRH) excita
fa moelle épinière cervicale à Taîde de C4)urant9 induits» et examina ensuite l'état de
Técorce cérébrale.
De toutes ces recherches sur les moditieations niorphologiques des cellules nerveuses
dans la fatigue se dégagent avec grande netteté quelques concUisions générales, concer-
nant le cytoplasme et le noyau ; Cytoplasme nerveux : 1" diminution ou rétraction du
corps cellulaire, succédant à un*- turgescence, caractéristique de raclivilé tiorniale;
ï" chromolyse, l'Ioyau : diminution du volume du noyau, succédant à la turgescence de
Tétat d'activité nuruïale» sa déformation et des modifications dans sa partie chromatique.
VACUolismtiou du protoplasme et du noyau.
Quelle signiflealïoii physiologique faut-il attribuer à la chromolyse de fatigue? Les
histologistes n'hésitent pas à soutenir que dans toute chromolyse il y a consommation
de la sabfttance chromophile, et la discussion ne porte que sur le mode d*uUlisation de
cette substance.
Mais, pour que le rôle nutritif de la substance chromophile puisse être admis en phy-
siologie, il faudrait i'ucore d'auties cuntirmations expértmentables. La chromolyse
peut être très bien expliquée '^àus qu'il soit nécessaire d'admettre la consommation d*une
substance. Et voici quelques faits à Tapprii :
Nous m* nous arrêterons pas sur les critiques formulées, notamment par Helu, quant
à la valeur mÔme de la méthode de ?Si>iSL; les corpuscules de Nis>l ne préexisleraien*
pas dans une cellule nerveuse vivante, mais ils seraient le produit d'une précipitation par
l*emploi des réactifs. Nissl lui-même, dans ses travaux récents, considère tes corpus-
cules uniquement comuie les équivalents des états fonctionnels de la cellule nerveuse.
On a comparé la substancf^ ♦iiroruatique à fa réserve de glycogene dans le foie. L'utili-
sation du glycogène s*accompayne eu réalité de modifications anatomiques, comme Tonl
constaté Barfurth, Afanasikw, Lauousse» BiIoszeik, Langkndob^, LvN*iLiiv» Çavazzanl Les
cellules du foie qui renferment du glyco^^èue sont très grandes et ont des contours nets.
Les cellules hépatiques des animaux en inanition sont petites, anguleuses» avec petit
noyau* Ou peut même produire ces modilicatious eu excitant le plexus cirliaque.
L^analogie paraît donc grande entre lei* phénomènes microscopiques de la fatigue
hépatique et ceux de la fatigue cérébrale. Mais n'oublions piis ijue la fonction glycogé-
nique du foie est bien connue, et que ce n'est pas au microscope qu*on a demandé la solu-
tion du problème; tandis que raclivité chimique de la cellule nerveuse est presque
inconnue, et qu'on veut recourir au microscope pour rélucider.
Or c*est là une base assez fragile. Marti.nottï et Tirelu viennent d'établir un fait
important qui s'oppose à toute explication de ce genre. Us ont applir|yé pour la première fois
la méthode microphotograpliique à l'étude de la structure îles ganglions inlervertébraui
des lapins morts dinanitiou, La microphotograpliie, plus sensible que la rétine^, ne
limitant pas rattention de l'observateur au fait plus apparent de la colorabilité moindre
des éléments chromatiques, mais reproduisant sur tes plaques la moindre résistance à
la lumière, montre dans l'inanition la persistauce des corpuscutesde iNissl égaux comme
disposition à ceux des cellules normales. La ditférence semble être due moins à l'usure
ou à la dissolution des éléments chromophiles qu'à un défaut de colorabilité, qui a pour
résultat de rendre plus transpareut le champ du microscope. Et niéme ce défaut de colo-
rabilité ne s'observe que sur un nombre très restreinL de cellules.
Les granulations de Xissu ne peuvent donc être comparées à une réserve nutritive,
soe
FATIGUE.
paîâqu'elIeH perâtfttent ititaeté». ^lars qoe ^inanitîo^ est complète. Ordenombretuc «uteun^
avaient tlécrit une chromolyse d'inanition, tout comme une cbroixiolyâe Je faU|i;ue. Let^
fjraoalations n*ont perdu que la propri*né de se colorer fortement par les couleur!
basique-î d'aniline. Maii lu perte de celte propriété nVst pas oécessairemeot liée à
consommation d*une substance quelconque; elle montre simplement que de* modiJj<«
cations chimiques sont survenues dans la cellule en chromoïyse.
Four eiplîquer ces modiOcatiouâ chimiques on peut invoquer : t^ la cousommalîon
d'une substance nutritive m ^iUt; 2*^ Fabsence d*une substance nutritive qui n^est plus
fournie assez abondamment par le san^; 3"* rînloxication par le;» déchets in situ:
4" rintoxication par des il»'chets tormés k dislance. Et il est possible que plusieurs à*t
ces causes se réunissent pour déteniiincr le phénom^rip de la chromoïyse de fatigue. La
diminution du volume ceilulaire pourrait ^tre expliquée par la sortie de Teau. Eve con-
clut à la fonualion d'acides pendant le fonctionnement de la cellule nerveuse. Drlamarp.
pense que la chromoïyse de fatigue est due à l'intoxication, les animaux surmenés suc-
combant à r urémie. Pour élucider ces questions il ne suffit donc plus d'étudier la chro-
moïyse de fatigue isolément; mais il faut rechercher si Jpar raetivité le système nerveuij
ne s*est pas appauvri de quelques substances, si sa réaction n*est pas niudiftée et di i
pouvoir toxique nVsl pas augmenté,
III. Modifications de la cellule nerveuse observées par la méthode de
GoLtii, — La dénomination de théorie mécanii^ne de.< actes psychiques pourrait s'appliquer
à toutes les théories qui invoquent la possibilité pour les neurones de modifier utile*
ment leurs contacts suivant Télat d'excitation ou de fatigue.
Cette théorie a été bas^e sur deux faits expérimentaux : l'apparition, dans certaine»
circonstances, le long des prolongements nerveux, de gonllements dits perles ou va
siléê (état monilifurme), ainsi que ta disparition d'un élément anatomique du ueuronef '
connu sous le nom d^ippendicea pirîfofmes.
Examinons tout d'abord la possibilité d'une théorie mécanique des actes psychiques
basée sur Tapparition des perics (varicosiiés). L'état perlé des prolongements nerveux a
été signalé par Dogîel et par Renaut jbleu de méthylène) dans les cellules nerveuses de
la rétine, par Gouir (1888) avec sa méthode dans la rage, et dans les affections chroniques,
inflammatoires et infectieuses les plus diverses» Tous les auteurs ne voient dans ces
chanf^ements qu'un commencement de dégénérescence du neurone, d'atrophie vari-
queuse» due à raction directe des substances toxiques ou à un défaut de nutrition.
Mais, parallèlement a ces recherches, on a si^^nalé la présence de varicosités dans des
états pathologiques expérimentaux, comme rembolisme et l'inanition (MoNTt, i8î>3);
l'alcooiisme aigu et chronique (Berklby, i89i>); la morphinisation, la chloroformisation
et la chloralisation (J. Deuooh, lëC^ô); Tanesthésle par l'éther, rétectrisation violente du
cerveau, rélectrocution, l'asphyxie parle gaz d'éclairaj^e (Stbfanowska, 1897}. Ce dernier
auteur fit la constatation importante, vérifiée depuis par d'autres expérimentateurs, que
ni les pluti fortes excitations » ni l'anesthésie complète n'altèrent jamais la totalité da
territoire cérébral; mais qu'à côté des régions cellulaires» dont les prolongements sont
fortement altérés par la formation de perle;*, on trouve toujours des territoires
indemnes. La lésion ne s'étend qu'à un certain nombre de foijers. En poursuivant ses
recherclies, Stefanowsk^ a pu généraliser ses observations à tout le cerveau. On peut
classer les dilîérents territoires cérébraux suivant leur degré d'altération, la plus faible
résistance élant dévolue au bulbe et aux masses grises inférieures du cei-veau, lapins
grande résistance éta.nt l'apanage du corps strié, et une place intermédiaire étant occupée
par Técorce cérébrale.
Quelle signification faut-il attribuer à la formation de perles ou varicosités? Est-ce
une réaction physiologique ou pathologique du protoplasme nerveux? La question a été
vivement débattue.
Seule l'expérimentation physiologique directe pouvait résoudre la question de
ramu'boïsme nerveux basé sur rapparition des perles. « L^opinion des savants, dit
h SovhY, qui dans l'état perlé des dendriles ont cru voir un état physiologique, est hau-
tement désavouée par Micheline Stkfaxowska. Nous insistons sur ce point de fait et de
doctrine^ car on sait que les expériences de Stbfa.nowsiîa ont précisément été invoquées
pour ta création de toutes pièces de l'amceboïsme nerveux et de la théorie hîstologique
FATIGUE.
i07
I
I
I
I
«ommeiL » Par ses recherche!» «* marquées au coiti de la vérilable méthode expérî-
lenUlc n (Sdiinr), Micbeline Stefanowska est parveaue à dissocier dans le cerveau
l'état phyâiologique de TéLal pathologique^ et à démontrer que seul ce deruter est
accompagné de ta formation de perles. Et, tout d'abord, les perles font défaut dans
le eaf de iég-cr assoupisse tuent par les vapeurs d*éther (souris); elles n*apparaisient
que lors d*uu séjour prolongé dans les JTapeurs et lorsque Tempoisonnemenl est \oisin
de la mort. Le sommeil anesthésiquc peut donc se produire sans le changement
mécacûique, considéré par les partisans de ramœhaïsme cérébral comme la cause du
sommeil.
Des phénomènes semblables se produisent dans la fatigue. L'électrîâation du cervoau
produit des varicosités en abondancf> , mais la fatigue physiologique n'amène aucune
altération, Stefaxowska a eiaminé le cerveau d'une souris plongée dans le sommeil
naturel à la suite d'une grande fatigue longue marche) et a trouvé qu'il était indemne
de toute altération, [jà fatigue et le sommeil qui en résultent ue sont donc pas déter-
minés par la formation de perles.
Un troisième ordre de preuves recueilli par Stefanowska se rapporte h la durée de
réUt perlé dans le cerveau* Il persiste bien plus longtemps que les symptômes de
l'anesûiésie. Les perles ne se dissipent jamais avant plusieurs jours, et per sistent plus
longtemps dans les casd'anesthésie prolongée. Lu lenteur de leur disparition est certaine-
ment un fait des plus dt'^favoraldes à la théorie de ranurboïsme nerveujt basé nur l'appa-
rition des perles. Quatrièmement, Stefanùwsra trouve que la longueur des dendrites
moniliformes ne varie pas par suite de la formation des perles; mais les filaments qui
réunissent les perles sont plus Ons que ceux des dendrites à l'état normal. On ne peut
supposer en aucun cas que, dans l'éthérisatiou légère, la non-formation des perles
puisse être due à un manque d'excitatitMi de la part de Tagont ane5lhèâiquep car nous
savons, au contraire, que Teicitatiou se produit surtout avec des faihl<^s doses d'anes-
thésiques. Ces eipériences vraiment physiologiques ont tenu compte de tous ces facteurs.
L*aut«ur admet que les perles sont dues à une décomposition du protoplasme rieneux
sous l'influence des agents qui troublent la vie normale des cellules nerveuses. Les
perles ne seraient que des gouttetettea de la substance liquide qui s' accumulent sur les
prolongements cellulaires. Bile décrit quatre phases dans la formation des perles* En
résumé, la formation des perles est un processus morbide relevant des troubles de la
'nutrition. Cette opinion a été adojdée par la majorité des neurologistes.
Mais, si les perles ne peuvent être considérées comme une réaction physiologique
du protoplasme nerveux, elles n'en «constituent pas moins une réaction pathologique, et
ne sont pas un produit artiliciel dil à l'action des réactifs. Cette opinion, exprimée par
Weil et Franck, est tout à fait inadmissible vis-à-vjs des faits constatés parSTEKANowsKA,
à savoir, que la dégénérescence variqueuse esl susceptible de réparation, et qu'elle se
localise dans certaines régions du cerveau il Teiclusion d'autres, mettant en jeu des
différences de résistance. Enfin le mode de distribution des perles dans un cerveau altéré
est tout à fait caractéristique- celles-ci sont toujours disposées en faycrs (Stefanowska),
ce qui permet de les distinguer des quelques varicosités qu'on peut trouver m^me à l'état
normal, t^s expériences de l'auteur, en montrani la dépendance de la formation des
perles du degré d'intoxication de Tantmal, en poursuivant la genèse des perles dans
toutes leurs particularités, ont d'ailleurs tranché la question à ce sujet.
Examinons maintenant la possibilité d'une théorie mécanique des actes psychiques,
basée sur la disparition des appendices piri former de Stefanowsha, qui sont considérés
depuis les travaux de cet auteur (181>7*ld02) comme étant les vraies terminaisons des
cellules nerveuses.
Stkfavowsea a montré que, quand on soumet les animaux soit à une excitation vio-
lente par rélectricité, soit à ranestbésie prolongée, soit à l'asphyxie, ces causes anor-
males provoquent dans le cerveau des altérations rapides; on rencontre alors dans le
cerveau des foyers d'altération, dans lesquels les cellules nerveuses présentent ce double
caractère, que leurs prolongements sont remplis de perles, alors qu'ils sont dégarnis de
leurs appendices piriformes (lig. 2â et 23). Mais à côté dei régions altérées se trouvent
toujours des régions du cerveau absolument normales, en sorte que le principe de la
division du travail et de la résistance variable des diverses régions cérébrales se vérifle
^08
FATIGUE.
non îit^ufement q«anl à U formation des perles, mais aussi quant à la dis{>ârHiDû de^
appemliees pîriformes.
Il existe un certain rapport entre la gravilé des l*^sions et les syiiipt6mes morbides.
Des alléraliûïis moins prononcées rorrespondent à une aneslhèsie légère: dans l'anes-
tliésie violente on prolongée il y a disparition de tous \os appendice» piri formes dans
les foyers altérés. Le maximum de lésion correspond à la disparition complète de§
appendices avec formation de grosses varico,^ités âor les mêmes cellules.
Bien que ces deux moditicatiotis se préseiiteul le plus souvent simullanément» elle»
ne sont pas liées entre elles de cause à effet Ainsi, dès 1897, Stkfanowska a insisté sur
ce faiï. que la foiination iks perles n'esit pas déterminée par ia disparition dcii appendice»
pîriformes. Ces deux phénomènes peuvent èlre^diasociés expérimenlalenieal» Fart extré-
Fio. 22. — ilD'ûpruh M. Stkfaxowika) CetJules tier-
veuset >lu Dojau eau dé à l'état normal. Tous las
ijcndrites ntit la parcours régulier et sont garnis de
nombreux appflndicci pinformi^s. t>s fîns 5 la m en U
termiD4.^9 (,ar une tête pirlfornio doaarîût aux eou-
lours dtis d£?ntlrili'«& nu as(j(?ct velouté.
YhJ
Fro. rj. ^ (Lraprèii M. STaFANown^A) CpUqIo* oer-
vouftos de laciitucho optique fortement altérées par
l'éther. Toua les dcudritf'a «ont cxmvert* de jrroaae^
perles. Ou voit que k** dondhtei» no «ont point
retidu%, îU soat an contraire relâchas <*t fleiitam^
mement important, il existe des conditions dans lesquelles un provoque la disparition
complète des îippendit'és piriformes. sans entraîner la formation de féeries. Ln disparition
de^i appcmikcs correapond à des cattsûS d'aitéi'*tîinti moins graveti que ht formation des pertet.
Par exemple, dans r.ineslhésie Itïgère (assoupissement), ces appendices disparaissent
dans certains foyers, mais on n'y observe pas de perles. Stefanovvska a décrit quatre
phases dans la formation des perles : la première phase est marquée simplement par
la disparition dos appendices; dans les phas<^s ultérieures^ on observe la formation de
goulteleltes, dont la *!oaîcscenre constitue les perles. En graduant Tintluence pernicieuse
de l'agent modificateur, on parvient à ïixer les cellules dans ce premier stade, caracté-
risa uniquement par la disparition des appendices piriformes.
Jusqu'ici les hiits décrits seniblenl donc favorables à l'hypolbéae d'une mobilité
physiologique des appendices piriformes, mobilité pouvant expliquer la rupture ou
rétablissement des contacts entre lea neurones dans le fonctionnement psychique. Mais
les recherches ultérieures de Stefanowskv ont apporté des preuves défavorables à une
pareille conception. Si îa fatigue produite par l'électrisalion directe du cerveau fait dis-
FATIGUE.
m9
\
Ure les appendices, au caiitraire^ la faligue physiologiqae, produite par une longue
marche et ayant amené le somnieil (souris)* reste sans aucun eftet sur la niorjibologie
cérébrale. Les cellules nerveuses apparaiasent garnies de leurs appoiutices i omine à
l'état noriMah L'étal d^raltguen'esl donc pas déterminé par ta ilisparitiou des uppeudices.
Hah rargumeut Je plus défavorable est sans conteste la lente réparation des appendices
après ranesthé^^îe. Ils na réapparaissent en toL*lité que plusieurs jours après la iiarcosp*
1^ âotuUon du problème apparaît donc très compleie, et on peut dire, en loulr i:f;r-
titude, que la nmbîlilé pliysiologique de.** appendices piriTormes est loin d'être un l'ait
démontré. Toutefoiâ^ si les contacts entre tes neurones sont variables, ils ne peuvent
rètre que par rintermédiaire des appendices pirifornies qui sont les vraies terminaison'
dts ceitoles nerveuses. Mais Stepanowsra nous laisse entrevoir la possibilité de reprendre
encore la question sur une nouvelle base.
Quant À la rétine, les signes objectifs de l'activité rétinienne, devant servir de base
à une énergétique de la rétine, peuvent être, à l'état de fati^'ue : 1** Texagération
d'un pliénoinène qui apparaît déjà à Tétat d'activité modérée (réaction photomé-
canique, consommation de la chromatine); 2^ un renversement de la réaction (transfor-
mation de la réaction alcaline en réaction acide); 3** aucune modification dans hi
réactiou de Tétat d'activité (persistance du phénomène électrique). Là aussï, comme
dans le nerf, le phénomène électrique est le dernier à disparaître, étant doué de la plus
grande re^istan^e.
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14
Sio
FATIGUE.
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chez la souris après la naissance {ibid, 1898); Sur les terminaisons des cellules nerveusèi
{i*ongrès de Boulogne pour f avancement des sciences, 19 septembre 1899); Action de Vèther
sur les cellules cérébrales iJourn. de Neurologie ^ Bruxelles, 1900); Étude histologiqut du
cerveau dans le sommeil provoqué par la fatigue (Journ, de Neurologie^ 1900) ; Localisation des
altérations cérébrales produites par l'éiher {Annales de la Sac. des Sciences de BrutrelleSt
1900) ; Sur le mode de formation des varicosités dans]t€s prolongements des cellules nerveuses
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Turin, 1901) ; Késiiitmce ré actionne lie variable dans les différents terntoires cérébratix (Journ.
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1899 et 111,1900).
CHAPITRE X
Rôle pathogène du surmenage.
L'élude du surmenage est du domaine de la pathologie. Nous nous bornerons donc
à ne donner qu'un très <:oiirt aperçu sur le surmenage, aoil physique, soit mental.
D'ailleurs cette étude est sioguïièrement simplifiée par les chapitres qui précèdent
Peteh, un des premiers, attira rattenlion sur les maladies de fatigue, et signala en
FATIGUE.
i[i
l
I
I
I
Î%ê9 les «ecidenta fébriles dus iiu surmenage; il les atirîLue k ce qu*rl appelle Vanta-
t}fphi%ation, qoi est raulo-iiituxi(iâliori d'aijjoiird*hiii. En 1878,Carriku montre Tinduence
de la TiiUgue dans la phipaii des loaladies. Elle leur imprime un caractère particulier de
gfBvité. Boi7tBY en ÎHIH démontre que la corruption de la viande est souvent un efTet de
tétftt de surmeni^e dans lequi'l se trouvent les animaux au moment de la mort, Four-
MÉL (187^) consacre une élude aux lésions obser%ée5i cliex les animaux morts de surme-
nage aigu. En 1880, Révilliod désigne som le nom de ponom les maladies de fatigue.
En 1888, Rl?{don publie uue thèse sur le& finrea de emménage, DfiKVUs-HRiSAt: étudie
les mniûfestalions morbides du surmenage physique, el Uui-ûiiH publie sa thèse sur le
mi^me sujet. On peut encore citer les travaux de LAiiRA.-sGE» LAfiAss^cNK, Kiîm, Fuoentzfx,
Lryde?«4 Eloy, Matbïku, Robin, C^.ou^tan. Hoicharj)» Cuarrin et Ro4;er* Markan,
H existe certaines conditions étiologiques qui ravoriscnt l'action du .surmenage phy-
sique. Ainsi Tenfant et Tadolescent sont facilement aUeinis par le surmenage, H existe
une fatigue de croissance. Toutes les professions pénibles peuvent nous oiïrir des
«semples de surmenage. Il sVjbserve apéctalemenl che;^ les militaires, et aussi dans la
classe ouvrière. La machine, dit Mosso, ne reconnaît d'autre limite à sa rapidit<^ que la
Ikiblessede Thomme à la suivre; or la capacité d'action de la force humaine est en rai-
son inverse du temp^ pendant lequel elle agit. Et cependant nous voyons s'engager la
lutte fatale entre la machine, puissante, infatigable» et l'ouvrier chargé de la conduire,
mais qui» lui, organisme vivant, est soumis aux lois de la fatigue et de Tépuisement !
Les accidents du surmenage ont aussi été observés dans les exercices «porh/s, e(
nnUimment dans Tusage de la bicyclette. Chez les nevro-arthritiquesy la fatigue se mani-
feste avec plus de violence et se dissipe plus lenlemenl que chcï les autres sujets. Cher
les convalescents, une fatigue minime peut engendrer des troubles graves. Les blessés
sont dans le même état (Ollier). Comme le dit Roucharo, le système nerveux débilité
est an réactif particulièrement sensible pour tous les agents provocateurs de la fièvre.
L'intluence du milieu cosmique est considérable. Les températures extrêmes favorisent le
surmenage; la fatigue se produit aussi plus facilement lorsque la presaion barométrique
s'abaisse, et lorsque TaJr est saturé d'humidité.
Le surmenage physique peut être criieate cfficietUe de maladie , ou cause prédisposante^
Les accidents dus au surmenage peuvent être divisés en suraigns, aigus [ou suhaigus)
et chroniques.
Les accidents dus au surmenage neuro -musculaire suraigu sont d'ordre cardiaque
{cœur forcé) et respiratoire {essoufflement^ mphjfxie mortetîc}. Les annales vétérinaires
nous en fournisseut des exemples. Après la mort, les animaux pourchassés présentent
de la rigidité cadavérique hâlive, et la putréfaction est rapide. Rumkr avait remarqué
que le sang a perdu la faculté de se coaguler, et, d'après Arloing, chez les animaux
surmené«<, les capillaires sont largement dilatés. On a enregistré des cas de mort dus au
Miniieiiage sportif (Rerthand, Tissié).
Parmi les accidents du surmenage subatgu^ il faut citer avaut tout les fièvres de sur^
mgnage. Elles durent cinq à six jours, s'accompagnent dune prostration extrême et
disparaissent par le simple repos. Le faciès typhoïde ne manque presque jamais. Elles
s*aceompagnent de réphalalgie, de douleurs musculaires, de troubles digestifs, de
dyspnée, avec élévidion de la température à 30* et '3^^,o. La (lèvre est subcontinue.
Petek a montré aussi que la lièvre de surmenage peut affecter la forme de fièvre à
rechutes. L'albuminurie est rare. L*urée est diminuée; puis, au moment delà crise, il y a
une diurèse abondante et une débâcle d*urêe. Les uratessont en excès. D'après Lagra.ngr,
GAirrRKLrr. GoLOSAiïTi et Mosiutelu, l'acide lactique, qui fait défaut dans l'urine normale,
apparaît en abondance dans l'urine des surmenés. Boucbard a conslaté que l'urine des
cour-baturês est toxique. D'après Roger, Turine et le sang des chiens surmenés sont plus
toxiques qu'à l'état normal. Les observations de Tissir et Brrgoi^ip, se prononcent dans
le même sens.
Tl en résulte que, dans la fièvre/ie surmenage, il y a auto-intoxication. l>*après Mosso,
la fièvre de fatigue peut être comparée à la lièvre traumatique, étudiée par Hillkotb et
plus tard par VoLxvAitN. Des substances nuisibles sont produites dans la fatigue, et elles
viennent agir sur le système nerveux en produisant la lièvre. La lièvre de surmenage,
obs enée dans Texpédition de Mosso sur le Mont-Rose, pouvait atteindre 39*, 5; mais,
31i
FATIGUE,
d&tis certains eaa, elle ne pouvait se produire mal |^ré un travail intense. Ainsi, la tempé-
ra lure rectale du soldat Sarteur fiil trouvée éjçale à 37*,:*, bien que pendant rascensioo.
il fiH cbar^t-^ d'un poids de* 20 kilo^rammefï. Plein d'admiration devant un niécanisme>1
aussi parfait, Mosso écrivit sur tii feuille d'observation le mot : Vebermensch,
La geni'^se de la lièvre de surmenage est pourtant passible de deux interprétations.
Dans ses leçons, Uoucharo a admis deux grandes classes de fièvres : les fièvres toxique*
(par troubles de la nutrition ou par infection) et \(^i fiétres netretisesii. Dans le surmenage,.
en faveur de l'origine toxique, on peut invoquer tes phénomènes de rauto-inloxication;^
el la présence des substances tbermo^^ènes dans les muscles (Roger|. Mais Bouchai
pense que la fièvre de surmenage est soit d'origine nerveuse, soit dWigine musculaire;
La fièvre iruisculaire serait celle où la chaleur eiagfTfn^ résulte directement de la con-
traction musculaire (?j. Four les formes cliniques de ta fièvre de surmenage, nous ren-
voyons à Tarticle de Mabfan ainsi qu'aux thèses parues sur i^etle question.
Parmi les manifeslalions du surmenage subaigu, mentionnons encore son inHuctice
sur la fonction glycogénique; Cl. Bernard a noté la disparition de celte fonction dans
la fatigue. 8Aivioti a constaté que la fatigue diminue la quantité du suc gastrique, qat.
perd ses propriétés digestives; Cohii a confirmé cette influence nocive de la fatigue sur
la digestion» Mawca a étudié l'influence de (a fatigue musculaire sur la résistance dei<
globules rouges du sang ; il n*a jamais constaté rhémogloLinurie. I,a résistance des glo-
bules rouges du sang est légérenïenl augmentée après le travail musculaire, L*auteur
suppose que cette action est due aui produits régressifs qui se sont engendrés par le
travail muscuhiire. D'après Ceni, le pouvoir hacléricide du sang diminue après une
fatigue de courte durée; il augmente si les animaux (brebis et chiens) sont soumis à une
fatigue prolongée.
Le surmenage chronique aboutit inévitablement à un épuisement lent de rorganisme.
I( peut créer de toutes pièces la tieuranthéniCf maladie nerveuse acquise.
Oisotjs quelques mots du surmenage physique comme cause prédisposante de
maladie. Chabhjn et Roger ont étudié l inllueuce du surmenage sur rinfeclion. Ces auteurs
surmenèrent des cobayes el des rats blancs en les faisant courir dnns un cylindre rotatif.
La fatigue générale, imposée aux animaux inoculés, soit avec le charbon baclérien, soit
avec le cliarbon symptomalique, favorise considérablement le développemer»t de ces
infectioriB; toujours les animaux surmenés sont morts avant ceux qu'on laissait au
repos; souvetU même ils ont succombé, alors que ces derniers n^sistaient. Le surmenage
physique favorise donc Tinvasion microhienne. La myo^ite infectieuse ne se développe,
suivant Brcwon» que chez les sujets prédisposés par te surmenage physique. L'ostéomyé-
lite des adolescents relève souvent de la même cause. L'infection purulente médicaU
(pyohémie) survient souvent à la suite de fatigues exagéi'èes(JACCouD), D'après Peter, la
plupart des endocardites infectieuses sont dues au surmenage. Le surmenage favorise le
coup de chaienr ei le coup de froid (IIéricoL'kt), ainsi que le développement d*" certaines
maladies des reins et des poumons. Tous les troubles imputables au surmenage revéteut
un carëclère particulier de gravité chez les déUle$ ncîveita: (TissiÉ),
11 nous est itnpossihle d'étudier ici les efl'els du surmenage intellectuel. Notons seu-
lement To pin ion de Cu argot, que le surmenage ne peut être réalisé que par un eiïort
de volonté. Aussi ne l'observe-l-on pas chez les jeunes enfants. Il est fort probable que
les accidents attribués au surmenage chez les jeunes enfants sont dus à d'autres causes.
Toute cette importante étude n*esl encore qu*à rélat d'ébauche.
Bibliographie. — BiA>«iHr et Dkgnalilt. Modificntions dps organes dans la course de
72 Acuf'S ca bicyckUe, étudiées par ta phonendoscopie (6\ /L, cxxvn, 1898, 387). — Bou-
chard. Du rtîrc de lu débilité tterveme dans fa ptûduclion d^ la fièvre {Cong, de mvd, de Home,
1804, etStffîi. méd., 1894, 153); Sur les variations de ta tOJ^icitè ur inaire pendant ia veille
et te sommeit (C* fl,, en, 1886, 727); Sur tes poisons qui existait normatemint dans Cctija-
nisme^ et en particulier sur la toxicité utinaire {C. /t., en. fi^9}\ Infîmnce de rabstinence, du
travail musculaire et de t air comprimé sur les variations de la toxicité urinaire {Ibid., H 27).
— BoYEa. Du cœur forcé dans l'infanterie de marine^ Paris, 1800. — Bouverrt, La netiro*-
théniet t^uisefnenl nerveux^ 189L — Castex. Du tnalmenage vocal (Soc. fr* d'otologie et de
lanjng., i^"- mai 1804). — Ceci. Du pouvoir bactéricide du sang dum la fatigue musculaire
(A. i. B., XIX, 1893, 293). — CHAaniN. Aperçu général mr féîiotogie {Sem, méd., 1893, 357);
i
FÈCES.
in
Chariin et HoGKA. Influence di ta fatigue atir l*évoluthn des maladies microbiennes (B* B,,
\%9Ù); Contribution à t'élude expérimentale du surmenage; mn influente fiur Vinferîion [A*
de P., 18901 — CAKHiEr, Be la fatigue et de son influence pathoiféniq^te, D, !*am, (878* —
CousTA^r, Les matadie$ imputables au nurmenage dan» l'armée {Montpellier médical, 1894,
f*' mai el i*' juillet). — Colm, tJeber den EinflusA mâssif/er Kërperbetveifuniien auf die Ver-
dauung {fkut, Àreh, f, ktin. Med,^ xun» 2.19). — Darkmbeïu; et i:iii\mKT. Phtisioiùgit^
Influence intense de ta fatigue et du rfpos nur la température des tuberculeux^ Paris, 1899.
— DuFUUR (Cil.). Manifestations morbides du mrmenaqe phy$ique, fK IVrt*, 188X. — Fkriï
(C«.). f^ mrmenagt scolaire (Frogrcn mi-diml, 1887); Sensation et mouvement; Amnési**
rétroactive consècutire à un excès de travail physique (B. B , 1897, 15.'^); tn/turnce des
agent & phyût/uei et des chocs moraux sur tinioxicntion {B, B., 1H05); Hytitérie et fatigue
(Ibid.), — PonxL. Exp, utr la température du corp« humain d^m t'acte de rascension sur les
montagne», Genève et Bâie, 1871, 1874. — Frrnkkl. Fehlen der Ermûdungsffefûhlefi bei
iincm Tabetiker\Seurot. CbL, xn). — Galtow. Îm fatigue mentale {Itev. Scient., jH8U, n» 4).
— Mi!^*:.!. Influence de la fatigue musculaire mr la résistance des globules rougts du sang
* I, B., XXMU 1895, 317). — Mabfan. La fati(/ue et h surmenage \Traite de Pathologie
fieraie^ 1), — M^naceînk (Mauir|. Le $urmena*fc mental dans ta civili&idion moderne,
Paris» 1890. — Potft. Du surmenage vocal {Soi-, fr. d*otoîogic et de taryng,, f»"^ mai (89*,
PaHs). — Salvioli. influence de la fatifjue sur ta difjestion stomacale (A. t. B., x\u, 248).
— Stcheriiak. Contribution à l'étude de ^influence de l'activité cérébrale sur i*échan§e diacide
— phosphoriqueet d*azot€ {Arch. de Méd. exp., 189:j, 309). — T\L\iiON. t^s exercices du corps
■ el l'hypertrophie du cœur (Méd. mod., 1892, 78 J),
Sommaire.
ifinition et généralités, 2iK — L La fatigue des nerfs. iO. — il. La fatigue des lermt-
naisoDB nerveuses intra-muscuUires, tu. — IIL La fatigue musculaire, 7S — IV. La
fatigue des centres nerveux médullaires, tijii. — V. La fatigue des mouvements volan
tairet. trU). — vi. Les effets de la fatigue sur les phénûménespsîcbiques, 1H3. — VIL La
fatigue intellectuelle, 1H8. ~ VUL La fatigue iensorielle. 2n:t. — IX. Phénomènes micros
copîques de la fatigue^ 203. — X. Rôle pathogène de la fatigue. 210.
J lOTEYKO
F ECES. — t*ri donne le nùm de fèces, de matières fécales ou excrémenliiielles,
ou encore d'excrémenls, à l*enseliible des résidus de Ja digestion des matières «tlimen
tairas, des sécrétions digestivcs, des décïiels de la muqueuse intestiuale.
Nous éludieroos les iiialières fécales :
4* Au point de vue physti|ue;
2* Au point de vue cliiniique;
3« Au point de vue bactériolog^ique;
4* Au point de vue pbysioto^ique.
Nous compléterons enfin cet ensemble par Tclude de la toxicité.
Cette division, en même temps qu'elle faciliterii reïpnsition, permettra de grouper un
cerUiin nombre de faits qui, sans être identiques, sont lies a^^sez étroitemenl.
1^ Les matières fécales au point de vue physique. — La couleur dépend surtout
des pigments bîbairtî^ ^^n parlie n'duils et pruvient également des pigments contenus
dans les matières alimentaires. L*alimenlalion esclusivemenl camée rend les excréments
foncés; le régime herbacé, vert. Si la bile n'arrive pas dans l'intesUn (obstruction du
canal cholédoque ou fistule biliaire), les excréments sont décolorés et prennent une teinte
Ifxise.
La consistance varie avec ralimentation et dépend de la quanttté dVau ; plu^ pro-
noncée pour une nourriture composée uniquement de viande, ptu» fluide avec une aîi-
meotalion végétale. Le sucre ingéré en quantité notable la rend plus lluide*
La densité est plus faible i[ue celle de feuu.
L'odeur repoussante des fèces est, en grande partie, due à des produits non déterminés,
Tindol (ÔHUi) et le scatol (C»B''Ai) ne contribuant que ponr une faible partie à l'odeur
«u
FÈCES.
infecte des fèces ; il eu est de même de Thydrogène salTuré et quelquefois atissi d'unt
trace d^hydrog^ne phosphore.
2*^ 1*98 matières fécales au point de irue chimique. — Nous donnerons tout
d'abord Teiisemble très résumé de la composition des niattèies fécale», et nous expoAeroni
ensuite les travaux qui ont élucidé cerLaius points particulier;» de cette question*
u) Composition moyenne. — Oo rencontre dans les fèces de l'homme, outre Teau qai
entre dans leur composition dans la proportion d*environ 75 p. tOi> :
1" DiTi^ subslaiiCKS alimentaires non digérées, fécule, corps gras, matières alhumiaoldes,
fibres musculaiies;
2« Des substances réfractai res, cellulose, chlorophylle, libres végétales, tissu élat**
Uque el corné, tendon ;
3« Des pigments, stercobiline, hématine,_ pigments biliaires, matières colorantes des |
afimenli^;
4° Des matières grasses èmulsionnées ou non ;
5® Des produits de décompositions, acides gras, depuis l'acide acétique jusqu'à
l'acide palmilique, et notamment Tacid*.' bulrrique et isubulyriqtie, de Tactde lactique ^
des plR'tiols : phénol, crésol, de Tindol, du scatol; un principe immédiat, l'excrétine
(voyeï ces mois); de hi eholestérine, de Tammoniaque à Tétai de carbonate;
ô** Des sel» et éléments minéraux, en général sous forme insoluble, phosphate, sulfate,
carbonate de chaux, phosphate ammoniaco-magnésien, du fer sans doute à Tétat de ^
sulfure;
7* Des germes et un très grand nombre de microbes.
Sa réaction est en général acide, mais elle peut être neutre ou même alcaline si des
ferroeiitaliiHis animoniacales prennent naissance.
Voici qiieh|ncâ chiffres donnant la composition des matières fécales pour rhomnic
adulte (WEnsARr., cité par Scui tzenberger, Dktiùnjiaire de Wûrtz^ Article « Ej-crétnenU », 1
p. 1397).
Puur JOO*
Kaii. , , . . 73,3
iMdUèrcjf organiques loUles. 2tï,91
— minéraîc^s »... l ,0!i
Résidus aliinçnîairns .... H,3U
Les matières organiques fournissaient :
Kxtritil aqueux > ...♦,... 03, iÛ
— ;tlcooliquc il,G5
— éth«ri 30,70
Voici d'autre part quelques chilTres d'analyses donnés par Roqers (1848), Grindeau et
LecLBricl et Mûlleb (1884) se rapportant aux matières fécales de ditTérents mammifères.
PORC.
MOUTOW
IKHJKRt.
CHÊVRK.
CHEVAL.
OftAXneAU
LHIKN- Il
Mrf.LKH. Il
Viande'
Pain
Eau . . . . ,
71.13
22,à7
Ii2,87
37j:J
56,47
77^:;
69
il
aa>76
M,2i
fit*
!Î7
67,8a
32 J 2
77
n
«0,2
93 1
Mîâtériauï lixes
comprfiianl p. 101» i1l* iiui-
tières sècliCK :
Matière» orjjaiiiqucs . . . |
— minérales . , , .
Les matières fécales de TenfanL k la mamelle sout si spéciales que nous en donnons
. part les caractères.
FÈCES. fin
Elles ûot été étudiées par WsGsciiKiDEfi (1875), Uffbluaxn (1B81). Michel (1S97).
Ues selles de renfant au^^eia et bien portant sonl^ au manient de t'énii&siao, de cou-
leur jaune d*œuf; abandatmées à Taift elles prennent assez rapidement une coloration
verdAtre due & Toxydation de certaine pigments bitiaires. î.e passage de la teinte Jauoe
h la teinte grise ne s'observerait dans les mêmes conditions qu'avec des selles provenant
de lait de vache (Uffeluann).
Lear réactiao est faiblement acide : elles sont dépourvues d'odeur désagréable,
A l'examen microscopique, on perçoit des gontteleltes graisseuses de diamèlres
|irariablcs : des cristaux d*acide gras en aiguilles isolées ou réunies en buisson ; des
iébris, tantôt nombreux, tantôt asisez rares» de l'«^pitîjèliu(ii inleiilinal : des leucocytes,
qui ne manqueraient coniplëtement dans aucune selle, de nombreux cristaux (aiguilles
généralement réunies en étoiles) de sels de cbatix à acides gras; de la cholestérine; de
la bilirubine, des cbampigtions (levures); des bactéries en microcoques ou en bâtonnets
formant en certains endroits des agrégats assez épais, rares et isolés ailleurs.
Euthi, on rencontre en plus ou moins grand nombre des particules claires, flocons
l<>u grumeaux que Ton a p relique toujours considérés comme formés de caséine coa-
|tilée, et qui seraient, suivant Ukfklïiann, essentieilernent constitués par des gouttelettes
'graisseuses réunies entre elles à Taidc d'une substance spéciale |(iunomée). Quelques-
uns de ces grumeaux plus durs n'oltriraient pas la même structure et seraient formés
par la réunion de sels de chaux en aiguilles (savons) et de bactéries : ces masses ont
quelquefois Tapparence de fragments de fromage blanc.
L'étude chimique des selles fournit à Lpfrlman.n les principaux résultats que
voici :
Elles contiennent 84,90 p. lOO d'eau (Wj&gscheidkr avait indiqué précédemment
$5,13 p. 100). Elles ne renferment que très peu de matières albuminoides (albumines et
peptones}. La graisse et les acides gras forment en moyenne i;i,9 p, IW ; la cholestérine
0.3 àOJ p. 100, et les sels minéraux» 10 p, 100 du poids des fèces sèches : 30 p. 100 du poids
de ces sels sont représentés par la chaux. La bilirubine se laisse facilement caractériser dans
les fèces (réaction de ftsiRLiN avec l'acide nitrique nitreux); Fessai à la liqueur de FEiiu^o
indique l'absence de lactose; la ieucine, la tyrosiue et l'iodol ne se rencontrent pas cou-
s tara ment.
Bn réunissant ces différentes données, on voit que, sur ll> parties de substances
solides provenant en moyenne de 100 parties de fèces, il y en a l,ii d*i(iorganiques et
13,5 d*organiques, dont 2 à3 sont fonnées de graisse et diacides gras; 0,2 d'alburniuoîdes»
0,1 de cholestérine et le reste 8 à d,v9 parties de cellules épithéliales, de mucine, de
bactéries et de matériaux biliaires,
Ch. Michel donne, pour les moyennes de 10 analyses de selles desséchées k 100=*, les
chiffres suivants qui se rapprochent beaucoup de ceux des auteurs précédents.
Pour 100 de matières sèches :
K -Virait elhéré < graisses cl acides gi'aa^. 20,65
Ajtolc total . i,îa
Sels minéraux , . . » . 10,78
ChauT 3,3i
Acide phosphoriqu^ . Qi^TS
D'après ces analyses, on voit que 100 parties de fèces séchées à lOC^ contiennent ;
Matière H organiijues .
Si«l« miuéraux. » . ,
J*>,78
b) Étude particulière d'uu certaiu nombre de substances contenues dans les fèces de
rbomioe. — Nous étudierons successivement en détail les substances végétales, les libres
musculaires, en tant que toutes formées, c'est-à-dire ayant échappé à raction des sucs
digestifs et les principaux composés suivants :
Cellulose. Bases xanthiques. Cendres Fer* Magnésie. Chaux, Acide phosphorique.
Suhitanc€$ veifèiuies. — Le travail de Moblls» (lSi)7)» qui donne tout d'abord les résul-
lats auxquels sont arrivés ses prédécesseurs et une minutieuse bibliographie, montre
S16
FÈCES.
comme n-suîtal principal que» dans les conditions hahiluelles ifingeslion de ces sub-
stances cliey, rhomme sain, l'amidon des céréales, ains.i qti*un grand nombre d'alimenta
végétaux, sont enlièrcnicnt rêsorbf's. Par une alimenlalion presque exclusivemenl %*égé-
laie, eonipo^ée, soîl de pain de rroment ou de seigle, ou de pain de fçrirau loul entier,
soit de ri/p ponimea de tern^ en morceaux ou en purée, soît de légumes préparés sous
forme de purée, on ne retrouve pas en général d'amidon dans les fèces.
Les recherches de BIûkllkh, au nomhre de trente-deux, loutes faites e*jr l'homme, se
divisent de la façon suivante : vingt correspondent à une alimentation variée où peuvent
entrer la viande et le fromage, mais on domine de beaucoup ralimenlalion vé*çétale : par
exemple, 300 grammes de pommes de terce, 300 â 4E>0 'grammes de pain blanc ou de
seigle, i2îî gramnïes de lentilles sèches. Sur ces vingt expériences, Irois fois seulement
Tamidon lut retrouvé dans les fèces; et, sur ces trois cas, une des selles eiaminées pro-
venait d'une personne malade atleinle de diarrhée.
Les douze autres recherches ont été faites au cours d'une alimentation exclusivement
végétale, l'amidon fui retrouvé dans les fèces quatre fois en très petite quanlité el s^iden-
tifiait avec l'amidon correspojidant au légume iujpréré-
Quant aux enveloppes 1res épaisses et cellulosiques des céréales, des légumineuses,
elles ne sont pas digérées en général ; les membranes ligneuses et culiculaires sont tout
à lait inattaquées.
Ftbre<i muscitlaircn, — KEnMvtjNER (1897) a recherché la substance musculaire dans les
matières fécales de l'homme el a pu en déterminer la proporlion gn\ce à une méthode
de détermination dont sou travail donne tous les détails, mais dont nous ne doûnerons
îci que le principe.
On examine au microscope et sur une fraction comme la quanlité de fibres muscu-
laires correspondant par exemple à ^î grammes de matières fécales étendues d'un certain
volume d'eau et traitées d'une façon déterminée.
On fait la mêmeéludedans des conditions tibsolument identiques, après avoir ajouté .^4
5 grammes de matières fécales Ob%o:'i de viande, traitée, elle aussi, dans des conditions
bien déterminées pour en dissocier les Obres musculaires.
Soit N lo noriiUï-e ilc libre* dans le premier cas.
Soit N' — — — «pcond c«^.
I
N — N' représente le nombre de fibres correspondant à f^'^^(Hi de viande, de sorte
que Ton aura, en désignant par .r la quiinlilé de viande cherchée en grammes :
N
, XÛ,05
La proportion p. t(H), si on opère sur 3 grammes, sera
N , ^, 100 N
N - N
Comme le fait remarquer Tautetir lui-même, ce nesL pas là une méthode de déter-
mination absolue; mais, employée par te même expérimentateur, elle donne des résul-
tats qui, diaprés les expériences d*épreuve, sont comparables. Elle est donc pleinement
justiQée,
Voici maintenant les résultats de KERVACNKa (tableau p. 217) :
D'autres recherches du m^mc auteur ont eu pour but de déterminer dans des condi*"
lions d'alimentation ordinaire, la i(uunlité de viande éliminée, en proportion de celle
qui était ingérée. L'alimentation durait trois jours, de telle façon que la teneur en
fibres musculaires des matières fécales représentât assez exactement la quantité de
viande éliminée. Elle se composait par jour de : Viande : 2(ï6 grammes (soit eo trois
jours 798 grammes), (iûteau composé de 180 grammes de farine et de 85 grammes de
pommes de terre (à VéUii seci. Hii : 80 grammes. Beurre : 117 j^rammes. Comme bois-
son, t litre de biéie.
FÈCES.
ïfT
QUANTITE DK VIANDK
prnDS
VIANDE CONTENU K
VIANDK c,\rxM;Lï^:E
tS.*HRKe.
DES ff:CKî HUMIDPJI.
bJLKâ Lg.S KRrKS.
humide^ ,
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10
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2.4
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\'iarti!c.
Eufmtt ift .î onif.
0,77
15
30
73
0.66
13
48
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4!*
1.02
2.1
^
as
40
0.72
1.6
■
02
41,5
0.51
1.2
1
Voici les rf^sultats d'ensemble pour les trois jours et pour les trois personnes, A, B, C,
soumises à ce traitement.
L'anleur y a joint le pr>ids des fèces humides, secs, les cendres et Tazote :
SUJEIS
,
Mot M m
VIANDK
VIANDE
P, I«I0
FECES
FECKS
CENDRES
AZOTK.
, aux
iNR^i^.r.
I^II.IMJNKi;*
fj'ÉLIMlTtti.
riiriilfiK.^,
fiiC».
•■H^i^n
^f
A
798
«.:*
tjt
188
01.3
7,1
5,5*
H
798
1.7
0.2
164
51.7
8,8
S,i
C
798
V
0,5
as:*
55, ^
7,»i ;
4
D'une fai'on très générale, on peut dire que le résidu constiioé par les fibres muscu-
lAircs e^t d'environ 1,2 à 1 p. KMJ de la viande introduite fil représente 1 à 4 p. 10»} des
fèces humides,
Celkdm€. — MK^icv^rt el PaàUSNiTî (t89i), dans u't travail capital sur l'alimentation
2i8
FÈCES.
par différentes variétés de pain, ont déterminé, en même temps que tontes les données
relatives à l'utilisation (substances organiques, cendres, azote), la quantité de cellulose ^
contenue dans les roatlères fécales et la proportion éliminée par rapport h celle ingérée.
Voici les résultats sur deux personnes ayant la même alimentation :
NU M ï^: H 08
RBCftBPCilER.
VARIÉTÉ DE PAIX.
IH>rR lUO DES Fiu tâà
îfOM tTTTLISEB,
1
2
3
4
5
7
%
e
iû
îi
Pain de fromcm el de seigle. . . . l A
Femien talion : Icvurp B
Pain de froment et de seî^lG . . . i A
Fermentation : levain .,.....( B
Pain de aeigle décortiqut^. . , . , , *,
Pain de froment docorli(|ué.. . . , 1 A
Pain de seigle non décortiqué ... ! j.
Pain de froment non décorlif|Bi% . j p.
7,4
5,9
d.93
4,64
n,!
12,4
n.9
14,7
t4,5
12.71
a M
63,12
50,10
69,99
3e,40
45,20
55,90
55,41
59.74
63»90
47,35
(6,61
Mamn (1899) a confirmé ces résultats»
Bases xanthiques. — Weintraud (1895) signale le premier la présence de Tacide nrique j
et des bases xantbiques dans tes fèces. Dans sa dernière publication (citée par Pktren ( 1S98)f <
il fixe entre 100 et 500 miltigrammes par jour chez l'homme la quantité de bases xan-
thiqnes éliminées par jour.
Petren (1898) fixe Tazote des bases xanthiques à 1,8 p. !00 de Tazote des fèces et à
Û,i5 p. 100 des fèces desséchés.
La quantilé de bases xanthiques éliminées dans difiTêreuts états pathologiques, U
goutte pnr exemple, n*a pas une infhience très marquée.
La quantité par jour oscille toujours entre 50 et 100 milligrammes, les limites extrêmes
élant 3B et 117 milligrammes. Une alimentation eiclusivement lactée donne lieu à Téli-
mination de bases xanthiques dans (e.^ mêmes proportions. C'est ainsi que, chez un malade
en convalescence d'une maladie aiguë, réliminalion fut de 08 milligrammes, rentrant
ainsi dans la moyenne ordinaire*
Le même auteur {1899; montre que le lait, les matières albuminoldes, la bile» le mncus
biliaire dialyse, lesnucléo-albuminesne donnent pas de bases xanthiques par Thydrolyse
avec Tacide sulfuriqne, et il conclut que les bases xanthiques ne viennent pas des aliments,
mais qu'elles paraissent provenir de Testomac ou peut-Atre encore du pancréas»
Les chiffres trouvés plus haut ont été confirmés par Parker (1900). Pour les régimes
suivants, les quantités éliminées par jour sont respectivement :
Régime miite • • . « . 60 miltigr. Régime carné ..... 70 milligr.
Atinientîilion riche en thymua 75 niiHij^r
Pahkp.r fait, en outre remarquer que c'est une proportion relativement petite de la
quantité ingérée que Ton retrouve dans les fèces (100 grammes de Ihymu!* renferment
227 milligrammes de bases xanthiques et 75 milligrammes seulement se retrouveut dans
lesièces).
Chez le chien Téli mination est de 15 à 16 milligrammes par jour. {Pethen, 1898.)
MiCKO (1900, p. 437) a déterminé la quantité d'azote des composés xanthiques p. 100
de fèces secs; il a trouvé pour une alimentation très riche en matière albuminolde i
0,143, 0,05S, 0,0885, 0,084.
Hijdrales de carbom et (jraisses* — Les hydrates de carbone et les graisses sont cou*
tenus dans les fèces, mais leurs variations dépendent tellement de l'alimentation que,
pour ne pas faire double emploi, nous les étudierons dans la partie consacrée à Tétude
physiologique.
FÈCES.
tt9
Maiiire» minérales. — La proporlion des cendres dans les fèces et leur composition
oui été déterminées par un certain nombre d'ailleurs, par Rub.xka (1879) sur rhomme ,
Giic^rozAcii (1893) sur Thomme, Blaud&hg (1897) sur l'eufanl nourri à la mamelle et arti-
dellemenl, Mi^llm (18841 sur le cbien.
La proportion très approiimative des cendres est de i p. HH) des fèces buiuides»
5 p. 100 des (èces detisécliès; ces nombreS|Variant avec ralimenlalion, comme nous (e
verrons plus loin.
La compositîoa centésimale est la suivante* Elle est donnée d*après Gauxd%acb (iB93)>
qui rapporte ea même temps les analyses des deux'auleurs ci-dessous désignés.
KLKMENTS-
Ff-KITMANN.
PùHTES.
NaCl.
Ka
RIO
Na^O ,
CitO.
MgO.
Fe*0». , .
P«0*. .
80»
SiO
Sable
0,01
18,49
0,15
30,98
1,13
1,44
7.:»9
6,10
5,07
20,46
t0«5l
2,50
36,07
3,ia
MO
n. 1 0,344
12
29.25
7,57
ia,76
0,633
0,0;i2
La eomposîtioLi des cendres des fèces du nouveau-né a été donnée par Blacbrrg {1897).
Tous les résutlats se rapportent à 100 de fèces secs.
Les rinq premières analyses provienaent de selles d*onfants nourris à la mamelle ;
les trois autres, d^enfants nourris arttllciellement avec le lait de vache.
ÉLÉMENTS.
Cendre i lo laies). . .
{Soluble HCl éiendu .
Iniolitbie
^Snlutilc dans solution
Bp. 100 NaOH. . .
Solublf! diias IVau . .
Pousse ,..,...
[Soude* ........
Ch^ux.
po*;3Fc«. , . . . .
Cl . . , .
SQï
P«Os ,
U,27
6,17
3,10
2,63
0,900
0,32;i
l ,923
0,502
0,203
0,219
0,800
U,34
8,34
0
5,50
11,81
1,48
0,142
2,87
0,495
0,258
0,222
0,243
lJi2
111.
15,02
5,92
ÎJ,10
8,r»i
0.703
0,142
lt77
11,77
0,1^2
0.192
0,248
0,701
IV.
13,55
6,11
7,38
6.75
0,939
0,45(î
1,65
0,522
0,152
0,2.10
0,283
0,607
ÏU14
0,Qi
5,10
4,47
9,80
0,894
0,242
1,88
0,500
0,208
0,242
0.232
0,593
VL
15,62
9,27
6,35
ri.oo
13,88
1,04
2,93
0,600
0,104
0,2.51
0.230
1.14
VU.
17,12
10,42
6,70
0
!5
1,23
2,90
0,584
0,185
o,2ir)
0,318
1,40
VI H.
10,:;©
14,32
2,17
2,07
14,90
ItH
0,37
0,563
0,192
0.310
0.332
2.34
H Fer* — Cet élément a fait Tobjet d'études très nombreuses et très vari*-''^. »
H concerne surtout U détermination de ses prof^ortions relatives dans les fèces
W féCJ
qui
icerne surtout ui aeLerminauon ae ses pro[>oriions relatives aans les leces,
Mfyeu (A) cité par C. VoixlBermann^n Uandbuch : l^h^/siotogie desathft^nieinen Stoffwech-
*«i^ itnd der Ermihritiuj , vi, 383), estime à 0,0H p. 100 la quantité de fer dans les matières
fécales sèches chez l'homme, et la quantité de matières fécales sèches éliminées jour-
neHemeiit d'environ 33 ^ranimes; c'est environ t)»î^02 qui sont rejetés par jour par les fèces.
"L HAMbi'Raetv (1878) donne un chiïTre très^voisin pour le, chien, M*:LLKft;(F.) (1884, 353)
linalyses prises d'après C. Voit) donneriez le chien les proportions de : 3,46; 4,22;
5,8^4 de FeW p, 100 de cendres. d*anîmaux nourris avec 5O0 et et 1000 icrammes de
no
FÈCES,
viande et de 2, TV p. fOfï de cendres chex des animaux pourvus 'd'ane fistule biliaire
Voit (F.) (t8^2) a étudié en détail l'absorption et rélimînation du fer. Chez le chien
alimenlé par de ta viande, la proportion est de 0/21 a 0,22 p, 100 de la substance sèche,
et de 1,26 à 1,28 p. 100 de cendres, [/êliminalioii est de 11 à 13 milligrammes par vin^t*
quatre heures, l/addilion à la nourriture dp fer réduit <Uns la proportion de 0«''.05 h
0>f%l2 a fait doubler ce chitîre [p. 389 du mémoire). (V. Fer).
Stockmanx et iinîKt; (18î*7), reprenant celle étude sur rhomme, lixaient la quantité de
fer éliminé par jour de 3 a 11 miîltprarames. LAricons et Guillbmonat (t89T), gnice à
unp méllïode de dosage simple el très exacte (due à LAPicoriK), ont pu fiier définitive-
ment la quanlité de fei éliminée en viuj^t -quatre heures, t^es recherches étaient faites
sur trois adultes hommes, au régime parisien ordinaire; elles durèrent de 3 à tt jours.
Chaque élimination de matières fécales donnait lieu à une analyse. Ces auteurs ont
trouvé comme moyenne 0,02 et 0,03 de fer éliminé par viujst-qualre heures, confirmant
ainsi le cltiflTre de Mkykr* Voici d*ailleurs le résumé de res analyses :
Sujet A^ — Moyenne de i jours , ► . ,
— de 2 jours siiÎYani«
_ de 3 — —
_ ,le 2 — —
_ de 4 — —
MlLLlOfl.
27,1
26«3
28.S
Moyenne des 13 jours coîiaëcntif»
23 À 25 inilUj^atnmés.
Sitjvi B. — Moyenne de 3 jours 27 à 28
Si^'el €. — Moyenne de 3 jotjr>i
16,!;
La chmix, la maijnèsief Vaeide pho^phorique ont fait l'objet d*un certain nombre d'études
sur lesquelles nous reviendrons lors de félnde physiologique des fèces.
3'* Les matières fécales au point de vue microbiologlqtie. ^ Les bactéries se
renrontreiil dans les matières fécales *^n très ^■•rand nombre. Leur étude a fait Totyetd'un
nombre considérable de travaux, dans les détails desquels nous ne pouvons entrer ici :
on trouvera dans les mémoires de \il;nal (1887) et de H\JiMEKHl8i*7) rindication biblio-
graphique des travaux antérieurs à 1887 et publiés entre 1887 et 1897. Vigihal a isolé
dans les fèces de Tbomme des espèces dont deux seulement se rapportent à des typei
^Orement déterminés, lo fkiciîfm cnli cfmimynL^ et le [iaciUus mesenteHcusi rw/^/aWi*; les
autres sont des bacilles, un streptocoquet un coccus. Vignai^ a déterminé leur nombre.
A cet eiïeL un échantillon moyen fie matières fécales est dilué dans Teau, tt un poids
connu de l'eau est ensemencé sur plaque. Vignal a trouvé ainsi 2HHO0 colonies par mil-
ligramme. Il ressort, dit-tl, *« ce fait incontestable, que ces micro-or^anismes contribuent^
dansune mc'^ure qu'il nous est impossible d'apprécier^ mais qui doit être assez importante,
à la dissolution dans le tube digestif des matières que nous absorbons par notre nour-
riture iK Lin assez grand nombred^entre eux, en etîet, ont eu une action énergique sur les
alimeiils soumis par Vig^al à leur action.
Des recheri'hes d'HAUMEUL (18î>7), il découle, ce qui est une conllrmation d'ailleurs des
travaux antérieurs, que la présence du B. coU est constante dans les matières fécales de
Thomme. On y rencontre aussi les espèces suivantes : Sarcina ventricuii^ Microûoccus
tetragenes mobiiis rentriruH^ Bftcttîm ventrktdîf Micrococcus abioQeneSf finrilius entendis
spùofjenes^ liaciKus intefitini m'}biîiii^ Micrococcm otatîs, Bitciilw'i copmQençs fœtidus^
Havitlus i'opiOifencs panus, Badllua ffrcalh mbtitiformk. (On consultera d*ailleurs, pour
tous les détails relatifs à ces espèces : Micuret et Cakbieb, Truitr de baetH'iotogie pitre et
appliquée, C, Naud, Paris, ltl02.
llwïMEBL 11897) a déterminé le nomhre de bactéries pour des régimes variés cheî
rhomme et le chien (Voyez le tableau p. 22 1).
Sans entrer dans le protocole des expérience* ç|ne Ton retrouvera dans le texte»
ce tableau présente l'ensemble des résultats donnant le nombre de colonies par milli-
gramme de fèces.
GiLaEHT et DoMisici (I894i ont mis en évidence Taction du régime lacté comme facteur
important de ta diminution du nombre de bactéries dans les fèces de l'homme, du chien
et du lapin»
Au cours d'une alimentation ordinaire chez l'homme Je nombre de bactéries, étant de
67 000 par milligramme, est tombé après cinqjour9à2 250 ^chez le chien, de 21 OfX) à tOOO.
FÈCES,
!2i1
i
I
CHEZ L noMMK
CHEZ LE L
THIKN,
NmMHKK
riK COLOM»» HUK
lomi H mmvi ifi
M* M» WGiWnt.
novtimtvttw^
KOnRKITURS.
■_ -_. — -^
1 Ag
ur>
G^lalitie
A^rir
r..ilaUniv
1 A
Variée.
8^ t)00
75 mu»
Ftirinc de maU.
450 000
24«i 000
B
—
nt;uu
I7B00
—
137 500
110 oOO i
B
—
'29 OIM)
20 000
Lait.
71320
—
Wgf3lari«ii».
Ve^éUlc.
24 2:M)
9 68ti
—
156 500
116 500
—
—
23 9au
20 î>00
12 000
LuU sLéfjJbc,
I3S60
19530
—
f ^nlrnibil :
212 UJO,
29*m)U
21H00
—
V î 1 000
300 000
—
—
Arrahtt ;
Itûnhit :
124100
' "
—
37 000
50 000
C
Ri£. Pain.
147 500
182 700
Kariiie ûr m»is stérîtisée.
n 000 md 1
4 200 ma
D
:
10 0(»0
12 00LI
—
1S1 000
147 100
B
—
1 ma
tnO
—
300 000
300 000
A
Varié*?.
127 000
as 000
E
—
12 000
24 000
B
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liai)
1200
Uli
m
I
4<* Les mmtièrea fècaleft au point de vue physiologique. — Nous ne tralieron*;
dans cechapilreqtje des rnatieres fécales elles-nn^mes, en laissant de aMé lout ce ^M est
de leors rapports avec les échanges nutritifs. Ce serait entrer dan^ cette question mAme,
el ce n'est pas ici lu tieu. Nous diviserons ce cliapitre en deux parties : !** Quantité et
composition des fèces suivant l'alimentatton ; 2" Substances sécrétées par l'intestin commo
fttcienr ira po riait t de la composition des matières Técales des fèces.
i^ Quantité et composition suivant T alimentation. — ri) Chex l'homme. — En moyenne
on adulte homme élimine journellement i^tU à Itiû grammes de matières fécales renfer-
mait 35 à 40 grammes de substances sèches.
Cette quantité est d*ailleurs extrt^me ment variable avec rnlimentalion. ÎIlibnkr (iSTλ)^
chez i*tiommê, a éiliidié d'une façon complète les variations de quantité et de composition
suivant Talimentation.
Le tabJpau suivant, p^ 222, copié d'après Ruonlh (p. 18t] résume ce long travail.
Tous leî» cbilfres sont rapportes à 2V heures.
l/examen de ce tableau montre que la quantité de matières fécales sèches éliminées
journellement varie entre 13 gr. et 110 ^r. Ces différences dépendent bien plus de la
qualité de Taliment ingéré que de sa dessiccation. Les variations sont encore pius mar-
quées si l'on considère la masse des matières fécales fraîches; elles peuvent osciller en
effet entre 53 et l 670 f>rammes. Les selles sont en tri?s petite quantité après une ^alimen-
tation de viande et d'œufs; elles sont au contraire énormes, après le pain bis» les
(loinMies de terre, les caroites el les choui.
L*almientation carnée pure, si elle est supportée, donne en général très peu de fèces,
les défécationi sont très espacées : chez le chien, tous les cinq à sii jours; Tulilisalion
d'ailleurs parfaite. (C. Voit, Heirmann^ tlandluch, vi,68i.)
L'alimentation végétale, au contraire, a comme conséquence, en général, une élimina-
tion d'une grande quantité de matières fécales très riches en eau et évacuées très sou-
»enl. (Chez le hiruf douze fois par jour.) Voit fait le calcul très su^^gestif que 100 kilo-
grammes de chien vivant nourri avec de la viande éli minent 30 ^rammt^ de matières
fé«iales comptées à Tétat sec; 100 Icilo^rammes de bœnf nourri avec du foin en éliminent
600 gr.jSoil vingt fois plus. On n'a pas cependant le même chiffre pour tous les aliments
vé|çètaui, comme le dit Voit, Quelques aliments empruntés au règne végétal et constituant
unp partie importante de la nourriture de toutes les branches de la société, comme par
ex^MHpIe te riï, la farine de dilîé renies céréales employée dans des préparations spé-
ciales; pain blanc, macaroni^ nouilles, sont parfaitement utilisés^ même aussi bien que
les aliments carnée. Ce fait est d^ailleurs bien en rapport avec ce que nous savons sur la
fH
FÈCES.
NATURE DE L'ALIMKNTATliJX.
Pi in blanc (^>)
Ui7
Maciironî m).
Viande {a . ,
Nouilles», . .
(Kut
Piàln hlftnc (a) . . ,
Varié (d'après PsTTKNKorraii et Voit),
Ximdû {b'^ ,
Mac&ronî (A:
L&ii et ïroiHAge le. ,•..»*.. <
Maïs . , . .
Graisse [C). . . * . •
Lait et fromage (f\.
Lait (â) « . « . . .
Lait {6}
Poi]]me!<> de terre ,
Lait {d} ......
Lait (c) ..... .
Lait et fforaage (//). '
Choux. . .
Pain bis. .
Carotte . ,
Qraisse (a).
NATURE
DE L'ALiaUUNTATIIïN.
Pain (a)
Viande (a)
Pain (A)
Œuf.
Viande .
Rii .
Nouille
Macaroni. .... «
Lait
Macaroni avec gluten
Lait et fromage. , ,
Mais ........
Lah et fromage. . ,
Lait ....«..,
Pommes do terre . .
Pain bii ......
Lait
Lait ......,,
Lait et fromage. « •
CENDRES
dans leA
ALIHaNTS.
9,9
18,H
n,8
23,8
25,5
21,8
15
32
27.3
26,8
26,7
17,8
64
±*,4
29,9
!
■ FÈCES. tn ^M
)fiÊÊÊSce àts sabstances véfïétalea dans les excréments (voir plus haut : Travaux de ^H
iOBLLin). Le mois et les pois donnent des quantités intermédiaires de fèc^s. Le pain ^^|
M«, les carottos, les pommes de terre^ les choux sont enllnceux qui en donneul le plus. ^^|
m, Hydrat«B de carbone ^^H
1
1
AUMENTS.
IIYDRATKS
u E -r A in» O X K
dan» lesjiUmeuia.
HYDRATES
D« OAltif(v;(R
con(«*au«
dan:» len îècos.
PERTK P Uio.
Paiû hUnc *««....,,»,
IJ70
493
462
:î38
259
074
418
226
221
2U
:i8
t>r.n
241
i82
5
4
9
4
11
10
18
14
14
16
55
72
38
50 1
O.K
o,n
1,2
IM
î,*i
It"
2.3
3,2
6.2
6.2
6,8
7.6
10.<ï
15.1
18.2
Rii. ,
5iacarooi. • ..«••••■••
Pain blanc •«•«•••«•••..••.
Nouille « , *••••*•*••..**.*
Aliineots riches en grabses {a),
Exempte d'axote
Macaroni et gluten
Mali . • . ,
AJimanis riche» en graisses {b, .
- (e)
- (rf)
Poniiti«9 de terre ,.
Paiii bis •*••»...«•.*•..<.
, Choux k. ..,,♦
1 Caruiics *,.».*..►.
■
p GraUftes*
1
ALIMENT PRINCIPAL.
GUAISSK
Uauft les
ALIMSlfTS.
GRAISSE
dans 1««
MATifenas
fécaJoH.
PKRTE P. ioo, 1
Viande, larj, .«,. ♦,,*.
96
191,2
350,:î
74,1
118.5
214.3
143,8
157,8
88
73.4
72.2
47
43,S 1
119.9
95,1
79,9
213,5
laa.G
i33.e
23,4
20.7
n,2
15,2
44.6
5.3
5J
5.8
5.3
2,5
8.2
5.1
4.2 .
2.5
8
7.4
8,7
3
5J
24.6
3.8
10.4
4
4,4
n,4
7.8
12.7
7,1
4,4
2»7
3,7
13
6.1
6,96
5,7
6,4
17.5
4.6
5.6
3.3
7.1
11.5
2.7
7.7
17
21.1
^ et betirre ••*....
Rii, * . ,
Œuf ,
Viande, beurre , *
Pomme i< de terre fit beurre.
Aliments ■ans azote et beurre
Choux et beurre, ,<,,
Macuroni et gluten
Macaroni et beurre. .,...*♦.,
CaroUes et bourre. ,..,..,.,♦.*
Mils et beurr*» ♦ . . . «
Laîl ... . . , ,
__
Lait et Iroma^''^. ..... . .
Viande et beurre (<ï) ♦,,...,
— (6)
l
La quantité d'azote et de eeadres, de principes immédiats (hydrates de carbone e
le graisses) que Ton retrouve dans les fèces de Thomme suivant le mode d'alimentatioi]
1
1
ÎU
FÈCES.
a été égaleinenl déterminée par Rubnbr (1879), Nous ne pouvons relever tous les délaib
deralimenUlion : on les r*iLrouvera daos le mémoire; nous noos contenterons de réunir
les tableaux de cet auteur, tela que nous les avons trouvés dans sou travaiL [a perte
p. iOO de ces éléments, donnaul ainsi les valeurs de l'utilisation, a été conservée dans
les tableaux ci-dessous, copiés texLuelIcmenl ^ur ceux de Hldneh; ces chiffres peuvent,
en c0et, Atre utiles à consulter simuitanément avec les autres nombres à un moment
donné* La quantité de ces substauces par rapport aux matières fécales elles-mêmes se
déterminera aisément par la comparaison avec le tableau de la page précédente, ou plus
exactement^ pour éviter toute erreur, en se rapportant dans le texte originaJ au protocole
de clîa«|ue expérience. Voir les résultats, p. 222-223.
il restait à dresser le tableau des variations de Tazole. L'étude de cet élément si
important a été reporté, pour éviter de» répétitions, au chapitre : Substances »écrétéesi
par !'iutc!itin comme faciettr important de ia composition des matières fécales; démomtm-
tion indirecte.
b) Chei le chien. — La môme étude métbodique et complète a été faite sur Je chien
par MuLLEii (1884). Cet auteur a étudié suciiessivemerit les matières fécales : P au cours
du jeûiïe, puis des dilTéreuls modes d^alimeutation suivauts, à savoir; 2^ viande;
3* graisses; 4'> sucre; •.**' féculents; ù° pain. Tous les résnltats sont réunis sous forme de
tableau que nous donnerons sans entrer dans les détails de rexpérimentation.
1» Matières fécales pindant li période de jeûne. — Les matières fécales pendant
rinanition chez le chien se présentent sous Tapparence d'une masse noire et poisseuse,
d*odeur fécal oïde h peine marquée.
Les résultats ci-dessous, donnant le poids des fèces éliminées par jour* ojit été rassem-
blés par MCxLER. Un certain nombre, en effet, lui ont été fournis par les élèves du labo-
ratoire de Voit. (Bibliographie dans le mémoire.)
POUiS DO CHIKN.
JEÛNE
FECES SECS
MATrÈRBS
WOYKVNE
KN JOCR.
TAR JOUR.
00 jour
par 100 kilogr
de poidu corporel, i
37,1
2a
4,8i
«T.
13
3V.y
6
5,4
15
2J.2
29
*'î,2
m
:il,l
23
" 3,7
lë
30.0 ;
8
6
2,41
1,36
fi
20,7
29
2,37
it
22,4
7
2J8
12
7.2
38
2,35
32
2U,4
10
3,06
15
1
n
U,«i6
—
U
30
0,H7
15
S.fi
*^
iy,\n
r*
2*^ Matières fécalei au cours d'une alîmentation carnée, — Les matières fécales sont
solides, formées, poisseuses, noires^ et dans le milieu brunes» d'odeur fade, mais non
fécaloïde. La teneur en eau oscille entre 6t #t 73 p, 100^ soit 66 p. 100 eu moyeime, La
réaction est en général acide, jnais quelquefois, après Tingestion de viande très divisée,
elle peut être alcaline. Les variations sont réunies dans le tableau ci-contre, p. 22a.
Cns numlires montrent que ringestion d'une petite quantité de viande a comme con-
séquence une élimination de fèces plus grande que pendant une période de jeûne, mais
la différence n'est pas très considérable.
Un résultat tré^ intéressant aussi, c'est que la quantité de matières fécales éliminées
n'estpasproportionnelleà la quantité de viande ingérée, A une alimentation par 500, 1 000,
1 îiOO, 2 00D et 2 500 grammes de viande, pour laquelle les quantités de Taliment sont
entre elles comme 1, 2, 3^ 4 et 5, correspond une quantité de fèces de : i)*^^l ; 9,2; 10,2|
11,1 ; 15,4, soit la proportion 1; 1,8; 2,0; 2,2; 3,0.
1
f FÈCES, 2f!
r
1
POtIM
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6
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o.!;o .
—
^_
1,83
^^M
34
12
1000
9,96
33«06
6.5
0,65
^^
—
1,91
^^M
35
6
1000
8,55
32,12
6.5
0,56
—
^
1.U5
^^M
3i
49
1500
9,r,
3i,64
6,5
0,62
^
^
1,22
^^1
32
23
1 500
8.70
33,01
—
0,60
—
^-
1*1B
^^1
33
21
1500
11,3
27,9
—
0,70
^
—
1,37
^^H
31
10
«500
12,8
37,3
4,t9
0,80
1,38
34.27
1,56
^^1
34
3i
1500
0,0
31,6
6,5
0,59
—
1,15
^^H
31
20
1500
7.*i
44,9
6,5
0.51
—
— 1
1,00
^^B
33
10
1500
10,9
32,7
6,5
0,70
3,iji
33,12 1
1,37
^^1
31
13
1500
1»,4
33,2
6,5
0,60
—
^_
1,18
^^H
35
13
1500
8,8
27.7
6,5
0,57
—
—
i;m
^^^
31
S>
1500
10,9
32.9
6,5
0,71
«
—
1,10
^^H
34
4 1
1500
1500
12 J
10.9
35,22
19,1
6,5
6,5
0J7
0,70
I
■^
1,50 '
1.37
H
34
7
35
«
1500
10,7
35,1
—
—
3,51
33,12
^^1
38
10
Uûo
10.3
34.31
6,6
0,67
—
—
1,10
^^H
33
5
1800
10,0
38,6
—
—
_
,
^^1
31
»
2 000
12»3
28.6
6,5
0,80
—
—
1.17
^^H
31
5
2ÛU0
10,0
38.1
6.5
0,64
—
— '
0.94
^^1
37
4
2 200
26,5
—
—
t,io
^^
—
1,80 '
^^^1
3i
2
2 500
15,4
37,2 '
_
—
—
^^H
19
48 '
100€
11.2
34,86
_^
0,63
—
—
^^1
26
9
1 200
8.2
40.00
—
—
^
,—
^, 1
^^H
26
5
1000
9.2
—
—
-^
—
. —
^^1
20
6
IflOft
7.3
30,00
6,01
0,4 f
1 ,65
22,58
1,29
■
20
1
1 625
11,6
30,00
—
0,69
—
—
1,25
_rJ
sa
11
t355
18.2
31,46
6.21
1.13
2,73
15,03
2,4 fr .
^^1
. n
2
2000
53,7
18,88
6,92
3.72
7,15
14,44
5,47, :s
^^1
10
10
1200
13,7
23,20
6,20
0,85
—
—
3,34 ^
^^1
ai
4
1600
18.5
30,05
6,20
1,15
2,18
11,78
2,11 -S.
^^1
20
5
tOOO 1 12,3
j 3i,20
6.20
0,76
—
—
2,82 iS
^^H
n
22
(lOO
5,0
37,22
5.63
0,28
1,10
20,60
1,37
ij
:\
20
nw)
ivi
^
6.5
0.27
—
^ — ■
2,64
■
De plus, même pour une épçale quantité d'aliment ingéré, leâ limites sont très
variables (0^'*d et t2'^^R pour 150D grammes de vîundt), el pour de^ quantités très dif-
^^M
rôn^otes, 1 000 el 2000 grammes, îa proporticjr» p^ut i^lre la raème (9»9b et 10 grammes).
^^M
r/e%l IA une preuve que les fèces de raliiuentition carnée, comme de î'inatiitlon, pro-
^^Ê
viennent en grande parti»} *f des résidus des surs dif^estifs ♦ft, en outre, de la mucine^dea
^^Ê
cellules épilhéliales détruites et des produits d'éliminalion de la paroi intestinale »♦
^^M
Ainii donc, les résidus alimentaires constituent une très petite partie des fèces et les
^H
autres facteurâ jouent un rôle beaucoup plus important que la quantité de viande ingé-
^^1
rée elle-même. Nous reviendrons d*aiïleur9 en détail sur ce sujet.
^^^1
La proportion dVau dan-* les f^oes est variable : elle dépend du plus ou moins long
^H
séjour de ceux-ci daua Tinteslin.
^^1
Voiiû queliiues chilTres correspondant à une alimentation par l 300 grammes de viande :
^H
««CAXTirâ looRMJLLiàRi tUBSTurcet sftcuvs
^
^^^^ di» f6«<«>ec«j6Q gnmmm, p. 10» de fècot fr»i«*
■
^^^Hi
1
^^^^K
^^M
^^^H
^^Ê
^^^^P
^^H
^^m
^H
^^^m picr. DE PHYsiouvatK. ^ tobck vi. 15
j
ÎU
FÈCES,
Pour ce qui est des matières grasses des fèces, chez un cbien, nourri pendant treitê
jours et journellement avec 592»'', S de viande, F, Mullkb a trouvé :
'. 100
m
5,4
1% 100
rpxtraut étbéré.
40,2 d'^addes gra« libres.
38>l de graisses neutres, choleitcrme, oie.
21,7 acides gras combinés.
Les cendres dans fali me n talion camée cbez le chien constituent une partie très
importante des fèces secs : entre 20 et 34,27 p, 100,
La composition centésimale en est la suivante :
ALIMENTATION
KAR
1 (m OIUMMSA
* vrANue.
600 GRAKMKI
VIAXDK,
l 'MXi oKAMiin
FtKtuJo liili&irc.
1 MO GltJ^MHk*
V1AKDE.
Fiitulehlliair»
SaV*l*»
4,99
7,40
3,46
3i.57
20»89
2p72
a, 44
7,04
4,62
7,37
4,2â
25,29
26,41
15,52
5,.53
flyOS
16
6.84
27.90
26,27
13,28 1
iM
1,50
0,71
3,69
4,50
2,74
2i,70
43,16
14,7fi
0,29
3,15
4
3,V0
2.63
20,98
26,18
14,04
7,09
0,34
coa
[ S03
FeïOa
CiiO
P*0 ' ....*...,
McO
Alciitl!^ ..... ^ . »
Cblûfe
La quantité éliminée par jour par les fèces des quatre substances principales ; MgO^
CaO, F6'*0\ P*0* (6 série» de recherches) est :
I
11
m
IV
V
VI
MfO ....... .
CaO ,
Fe«0» ......
paOfr
0,121
0,497
0,036
0,374
0,085
0,336
0,05« 1
0,22
0,i05
0,374 '
0,045
0,31
0,099
0,295
0,024
0,219
0,081
0,2H
0,020
0,17
0,084 '
0,201
0,025
0,175
3*^ Matières féoales an cours d'une alimentation contenant d«t graisses. — D'une façon
générale, si fon élève la proportion de. graisse dans ralimentalion, les matières fécales
deviennent trune consistance moindre^ la teneur en matières extractives s'accroît, et la
teneur en eau diminue,
On aura par exemple :
TBNBUn EN KJLL'
1 500 gr. vijinde ^
1 500 ^ +
1 500 ^ + 250
30 gr. graisse.
60 —
69,6
64,9
53,0
EXTRAIT ÉmiOdU
13,7
l!t,4
50,9
FÈCES.
Les résultats de F« MCLusasont réunis dans le tableau suivant :
Ûil
II
\ÏAriKRI>
<»H VISSF
iî
KOrRRlTrRF 1
dmnii
, len
POtl^
,
^K
l VLKX sf.nii-H.
VATl^RKH
KIX^Î.KS.
AZiïTE.
' é#
l'ammai.»
VI Ot|»K.
OIIJdS^K.
Poid«
p. 100
des ftco»
frai».
Après
Poidii
p. 100
33
8
1500
30
10.3
30, *
>^,'^
1,42
Ï3,83
0,58
33
3
)500
60
; 15.3
:j5J
1-/*
2,98
tt>,48
0.40
34
7
1500
IDO
13.1
3V.0
9,6
3,55 !
27,11
UM
U
20
500
100
9,8λ
34,7
»i,îl
3,74
37,fï8
0,(
30
10
—
100
10,1
34.7
6.8
3,25
:i3,23
3fi
5
I50U
150
le.i
34.4
10.7
5,74
35,03
0,09
35
10
|5(JU
150
17,6
42.5
15.8
1.8
^,98
_^
33
5
tUÛ
2«>Û
15,4
41,8
10,5
4,9
:i2
OJ
i\
58
500
200
lU 1
37,1
10*3
4,41
31,52
0.ti7
.43
Tk
800
200
ltî,î»
45
il,7
5.2
30
0,7
32
i
HUO
200
13,9
45
9.T
4.1
^
0.4i
30
32
r»oo
âr.o
16.3
15
lt,3
3
-^
-^
-9
7
imifi
iirio
n.i
36.26
11.4
6.3
35,61
0,7
31
3
2(\m
230
10,40 1
29
8,4
2
18,88
—
32
2
—
350
18,1
35,2
n.6
4J
21 .84
—
32
2
8 (la
351)
13,1
31.3
8.2
5,17
38.(57
0,5
33
2
I8U0
3:io
6V,1
f>.9
42.7
22
—
—
LSi roti pratique aux animaux une fistule biliaire, l'élimination devient alors plus
considérable, et 40 k 00 p, 100 de fèces peuvent être constitués par des substances
grasses.
Voici un lableau qui met ce fait en évidence :
l'djiHérHLïuri.
Apréi
'opération .
NiJURItlTCKE.
350
200
tJOO
mi)
600
fkOO
600
1200
1 .lU
250
50
100
50
MATIÊHKs
Pnid»
ftbaolu.
8
10
35, 0^
133.15
27,tiO
117,30
214.53
p. 100
frais
29,32
37.5
28,72
59,11
40,15
42.60
41.80
IrkAlSSE
Poidi
Absolu.
3,3
17,36
75,32
11.12
77,73
56,21
p> 100
rle«ff*Ctf«<
24,81
35
49.55
56.55
40.23
26.23
AZOTE.
n,4
1,6
3,47
0,99
2,3a
9,51
PKHTE
de
OKAIlBIill
p. 100
par los
fècc<.
1,37
1,32
34,72
60,30
22,23
51. B2
37,51
^'^ Matièrei fécales au cours d'une alimentatioa conteuaût du sucre. — Dans ces cou-
ditiouH, d*uue façon Lténéralej les matières fécales deviennent jaunes, ont une consistance
de pommade et une réaction neutre. Si le sucre est inséré en q nautile trop grande, les
matières fécales tievieniient de pins en plus ricdes en eau, et Unalernenl diarrhèiques. On
nj trouve, en général» pas de sucre ou seulement des traces*
Le Lableau suivant, dont les éléments ont été fournis a Mcllrr par Biscuoff et Voit»
préseale toutes les données relatives à celle alimentation :
§28
FÈCES.
poins
DUHÉE
£K JOCRS
NOURKlTCRIv
iiTilfie^i num sr.ci«E5
DK l'aNIMAU.
dM r^cherchei.
VIAÎÎDR.
«UCRF.
l'UlDS
1'. 100
2(1
H
:i:iu
150
10,3
ii,î>r*
2H
6
i.id
lOû-'jr^o
nj
21,4
3.1
3
iUll
2l^{i
12.5 ,
:i2.3
.-ÏU
13
5UI»
200
1,^
21,9 !
Slï
îl'
:;i»D
100-300
8.G
32
40
2
—
:no-5oo
5.2
2.^,61
1 ^*
a
2 OIK»
âOO
2(i.5
2B.15
34
a
2000
lûù-2^U
2*,î»
10.93
?t<y Matiérâs fécalea au cours d'nno aUmeaUtion conteuant dea fécalenlâ — Si les
(éculetïU sont donuffs seuls, le? niîïtifMes fécales se présentent avec une cnuleur brune,
d'une consisUnoe aoalo^^ue à celks de Finanition. Si la viaude constitue une partie.' de
ralirnenlation, elles prennent Ips caractères de celle dernière.
La con»pasiUon des fèces e^l aJorsi la suivante :
i»oius
hic t'x?(tMAL.
nUKÊK
de la
NOLMiRlTORK
MATIÈRES
1 >( ALi£.s skonts.
AZOTE
VUWttlî.
AMtDOK.
Poids
absolu.
p. 100
Trait.
PoitJ*
p. luU.
ao
3 1
0
too-36i
io,y
41,1
30
M
nii
1 00-36 i
14,7
31,1
0,64
—
34
«
800
100-400
10.2
0,51
5^00
33
r»
2U0Û
200-300
22,5
40,0
0,00
—
30 ,
21
500
200
1,6
32,4
0,29
3,79
30
13
500
200
8,6
34,6
0,33
3,19
31
5
1 5#0
200
18,0
30,4
1,20
6,84
:i3
2
1800
450
14,2
40,0
—
33
3
400
250
10,8
33,0
—
_-,
33
26
500
250
14,1
40,2
0,60
—
36
6
500
250
1Î3
28,2
0.45
3,li»
35
5
800
250 '
13.8
23,1
0.60
5,00
34
9
800
100- wo
10.2
2l»,4 1
0,51
5,00
32
2
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450
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• —
1 29
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0,76
—
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1
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H.î
25,8 '
0,11
5,51
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—
—
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500
16,2
11,2
o.:o
4,38
34
2
(»
100
18,1
24,4
0,82
4,36
40
5
1)
100
100,1
—
4.38
4,38
40
2
0
450
22,4
40,8
— ■
^
^l^^l
Lc& cendres dans un cas ont été analysées. L*anînial pesail 30 kilojysrammes, ingérait
500 gramme& de viande et 200 grammes d'amidon, il éliniiimit 7^^6 de fèr.es secs, renfer-
maût 23, 76 p, 1(10, de cendres.
Dans 100 ikt cuiiiires
Par jour. . . » . ,
l^.^!)LOBLK
dans ncl.
21.8
0,39
CaO.
10,6
0,1*1
22.3
1^40
MgO.
0,8
0,11
P*<)*,
25.4
0,41
so*.
a. m
Alcali!,
1,1
0.02
n.
0,2
0,00 1
FÈCES.
«)^ii
fi* MaUéreB fécalei tu cours d'une alimenUtion conteaaot du pain. ^ Alors ijue Tali-
meulation camée, chez h^ cliier)« dotine une i^liminatîori de très petites quaiitîlés de
iruUères fécales, Tali met) talion par le paîci en tionne au «^onlraîre une énorme : ta
couleur des fèce$ est alors brune. Us sonlsemi tluides, ricUes en gaz, contiennent tieau-
coup d'eau, 79 p. 100 eu moyenne, et, comme le calcule Heyer (cite par Ml XLKn, p. 373),
32 p. 100 de pluîi que le pain ingéré (alors que pour fa viande la proportion est de
38 p. iOO de iDoins). La réaction est franch*^ nient acide.
Le tableau suivant donne le** proportions de matières fécales au cours de TalimenU*
tion par le pain (pain noir). Tous résultats d'ailleurs rassemblés par M Ollkh, et provenant
du laboratoire de Voit.
t —
1
MAT]fi»Ba FkCAtBA
\/OTK
tkMiRCN
1 t^oirm
ficmm
MULRKTTCRK,
H^htZÏWS.
<I.1D^> l"S f<'.*»%,
4ans les ft'oei^.
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—
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—
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—
—
,
33
41
—
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51.0
22.92
1,49
—
—
.13
3
—
800
68,7
24,51
2.00
—
—
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2,9i
8.25
11.70
c) Chei le clieTal. — Mous reproduisons simplement le taldean dressé parGRA!(iiEAU et
Lkclkac, cités par AnLOrNi; (article Cheval de ce Dictionnaire, m, 3S9}.
Ratio D d*entretldn.
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475.5(1
225
8:;, 30
«60,32
t 160.18
590,03
137.7:*
36.20
2<> Substances sécrétées par rintestln comme facteur Unportant de la coni'-
position des matières fécales — ^i': DémonitratiOE iirecte. — Ce fait, que, au cours de
ralimeuUilion, soit carnée, s^oit végétale, à camliïton que cette dernière ne soit pas trop
grossière, les fèces contiennent une 1res petite proportion <les aliments ingérés; qullra
sêcréMon de suhstances azotées pendant l'inanilion; qu*enfin «ne alimentation trèi
pauvre en azote ne provoque pat* moins rémission de selles tjut en renferment une propor-
tion atteignant les moyennes ordinaires, a en comme ronséquence inimfdiate île faire
admettre par tous tes physiologistes tintérieurs à Hi^nyANN qu'une partie, et non la
moindre, des matières fécales élait constituée par des décrétions dig-estives, et plus parti-
culièrement par des substances provenant de la muqueuse intestinale : Voit dit {Her-
manns Haiïdhudu vi, 33) :
« Dans les fèces se trouvent non seulement les résidus des matières dimentaires,
mais ils contiennent encore les résidus des sucs digestifs, du mucus, des épiUiéHunis de
J'intestin, et peut-être encore des produits éliminés directement par )a surface de Tinter
tin (fer, pliospliates, clianx). Il est difficile de déterminer ce qui revient aux résidus ali-
mentaires et aux substances de la dernière catégorie, et cependant ce serait, dans un
grand nombre de cas, de Irrs haute importance. '■
HuBNKit (t&TÎÏ, [K iUH et it**>; dit à son tour :
ti J'ai donné à un homme, f^endant deux: jours^ une alimentation exempte d'azote,
ou du moins pauvre en aiote, composée d'amidon^ de sucre, d'axonge :
Hydrates de carbonr* 585
Gr»i5S«»s 157,»
Cendres 2,9
u Dans ces conditions on a :
A/oie ingéra. .
Aiote tïlirniné.
i ''M
ir,3i»
« On peut donc dire que cet azote provient en grande partie du résidu de« sucs
digrestifs, et non du résidu des aliraeiits. »
MiiLLKH (18Hi, p. ;ï44) s'exprime de la même façon, presque avec les niâmes termes*
A ces hypotltt''ses étayées sur des arguments si probants, il manquait la sanction
expérimentale* Elle a été fournie par Hermann (181K>),
Lfn chien de forte taille est anesihésiè, puis laparotomisé, en prenant toutes les pré-
cautions antiseptiques; nntestin grêle est sectionné en deux endroits distants l'un
de raiUre de 30 à Mî centimètres, La partie sectionnée est lavée entièrement avec de
Teau tiède, d'une température de HO à 40^. Les deux extrémités sont réunies par une
suture de manière à obtenir un anneau creux formé ptir une anse d'intestin non privé
de toutes .ses relations vasculaires et nerveuses, et dans lequel peuvent même avoir lieu
des mouvements péristaltiques. Les deux eitrèmités sectionnées, partie centrale et partie
périphérique de l'intestin, sont naturellement réunies pour en établir la continuité. Après
quoi, tout étant remis en place, on suture les bords de la section de la paroi abdomi-
nale. Neuf «ipérations furent pra-ttquées sur le chien. Deux des animaux moururent de
péritonite le quatrième jour, quatre présenlanl des symptômes de péritonite furent
FÈCES.
tM
Sdcriflés, mourant le sixième jour. (11 est toutcfais possible, pense HehhAx-^k, que c«8
inîmaun aient été sacrifiés trop précipitamment, un des^ trois animaui qui ont survécu
lavait é lé aussi fort malade )e sixième jour.) Pour ces quatre opérations évidemment
icfarorables, étant donné le peu de durée de snrvie, le contenu de Tanneau est eonsfti-
llué par un liquide brun; l'examen montre un ^rand nombre de bactéries, mais pas
llrnce naturellement de résidus alimentaires,
L^^ trois autres animaux opérés ne présentèrent aucun trouble palholojyfique (*auf un,
comme il vient d*étre dit); ils furent sacrifiés respectivement lô» 20 vi ûC^ jours après
l'opération.
Uabdomen sectionné, Tanneau intestinal ouvert se troura être rempli d'une masse
aUde ^rise tirant sur le brun, d'aspect rappelant les matières fécaies, moulées comme
■ elles, et d* odeur caractéristique. La réaction de cette masse est faiblement alcaline : on
y troure un nombre considérable de coccusetd© bactéries de diiïé rentes espèces, des
cellules incolores; aucun élément organisé en particulier^ aucun élément d'ori^ioe ali-
mentaire, pa* d'éléments biliaires; au contraire, de la mucine qui donne la réaction de
MiLLOM, enfin des gouttelettes graisseuses, des cristaux en forme d aiguilles constitués
par des acides gras, dans un cas aussi des masses cristallisées de carbonate de cbaux.
Dans le produit distillé on peut mettre en évidence la présence de TindoL La composi-
tion rentésimale est la suivanle :
Eau
Composés Of^aniqy»*s.
Composés mini*r:iui. .
Pour HmiiANN, ce n'est pas la partie sèche d*un exsudât, car la quantité serait trop
grande* mais bien un produit résultant des sécrétions elles rn(^mes,
llciuiAnN fait le calcul suivant sur l'animal pour lequel Texpérience s'est montrée le
pi un favorable.
L'expérience ayant duré seize jours, 60 grammes ont été trouvés dans TanDeau intes-
tinal, qui mesurait 45 centimètres de longueur. La longueur totale de l'intestin étant
de 470 centimètres, la quantit«5 de matières fécales prenant naissance par jour par ce
processus (en supposant que tout l'intestin fonctionne d'une manière identique), sera :
60 410
jg X ^ = 39 grararoes.
C'est à peu prés le chiffre normal d'élimination pour un chien de ce poids.
HianjuiFi conclut que les subîitances provenant de Tinlestin, et en particulier les sécré-
tions, constituent 1* partie la plus importante des fèces.
Tous les Iravaui entrepris postérieurement ont confirmé ces résultats d'une façon
rigoureuse.
EnnETTOHM, et Blitstri^i (18ÎH). dans le laboratoire de Hehmann, ont complété les
Ifecherchas de cet auteur, et à cet elTet ont fait les trois séries de recherches suivantes :
l* Chiens soumis au jeûne, auxquels on pratique une llstule biliaire;
2"* Chiens chez lesquels on pratique Topération de Hërmann;
3^ Chiens che^ lesquels on pratique un anus uilillcieL
i* L'animal jusqu'à sa mort a jeûné pendant neuf jours : son poids a passé de 7 030
à 4 200 grammes; il a éliminé 444*\2 de matières fêi-ales dans lesquelles on trouve des
suc* de l'intestin et du pancréas, des épithéliunis, des bactéries, et aussi une masse
noîr« qui se montre au mieroscope comme composée de détritus non déterminés, et
^ endo une quantité très grande de petites masses pigmentées,
i* L'opératiun de HEft^iANX a été pratiquée sur 10 chiens de poids moyen ; 5 moururent
des suites de l'opération ,
Sur les 5 autres. 1 fut lue au neuvième jour^ 2 au quatorzième jour, 1 au dix-
auitième^ et le dernier au vin;;^4ième jour. On a trouvé les matières contenues dans
LTanneau en général plus ou moins liquides, sauf pour un des animaux [chien faisant
l'objet de la recherche V, p. 83, du mémoire) pour lequel le contenu de Tanneau était de
consistance semi-solide, Tabsorption de la partie aqueuse n'ayant pas été encore tout
à ùlU complète. L'auteur élaJ)lit alors le tableau suivant, qui comprend deux des opéra-
•tioas de IlsaïUNCf et une de ëuaintual :
nî
FÈCES.
QUANTITE
LaNGÛEUR
nm MATitefts
POIDS
DURÉE
LONGUEUR
de
MATIÈRES
E31TRAIT
fécaJes làchm
calcuJée pw
4o%
.!c
de
FéCALEfl
ftSC l>^ 100
joar d'ftffè*
AMMAGX.
L'EXrSRICNcR,
LAKxNEAU.
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firfttcliM.
r««|ieetives dt
l'iDiesltn etd^
VO
IG
43-
470'*
60f^
28. t1
H,OÎ
35 ,
25
33
m
45
29,27
5.i5
22.5
14
60
310
33«
4,12
5,02
Les cliiiîres de li,01, de 5^2o el de 3,02 s'oblienuenl de la façon suivante : quaulUé
de matière fécale divisée par le ïïombre de jours, rnultiplire par le rapport de la lon-
gueur de rintestin à la Innguetir de Tanneau» lequel chiffre entin est multiplié par la
quantité pour lOO de matiftres sèches dans le^ fècns (chilTres de l'extrait sec)-
Or, si Tofi compare ces nombres à «^eiii fournis par des chiens nourri» avec de la
viande d'après les données de MiJu-ER (l«84) résumées plus haut, on trouve, en faisant
la moyenne de 23 expériences, fïu*un chien du "poids niovfjn de 30^***7^ élimine 9«'j67 de
matières fécales sèches, et hi moyenne des 3 chilTres ci-dessu?^ montre qu'un chien du
poids moyen de 32*^^^ 38 élimine 7'^''09 de matières fëcales, d'où on conclut que 70 p, 100
environ proviennent du tube intestinal lui-même. Quant au contenu de Tannean, il
devrait être constitué par des sucs intestinaux, des épithéliums, mais l*épithélium est
converti rapidement en détritus par les barléries, et produit finalement des fèces vert
grisâtre, composées presque entièrement île micror^anismes,
3^ On sectionne une partie relativement basse de l'intestin grêle, la partie périphé-
rique est fermée en cul-de^sac, la partie centrale est attirée vers la paroi abdominale, et
on y établit un anus artificiel. On trouve alors dans la partie périphérique, comme dans
les chiens de la deuxième série de recherches, les mêmes sucs des épitbéliums, des bac-
téries et une sut>stance jaune bruu tirant sur le vert brun, formée d'épi theliums nom-
breux et bien conservés. On a aussi dans cette expérience les produits de sécrétion du
gros intestin; on trouve de nombreux détritus épithéliaux et des masses pi*» mentaires
brunes. En dernière analyse, EureiNthal suppose que cette ejtfoliatiou intensive est due
à des fermentations putrides produites par des bactéries*
Les recherches de BËatvNSTgiiv (I8^33ji entreprises dans le même laboratoire, oui une
fois de plus confirmé cpjs résultats*
L'opération de UËastxNN montre quel facteur important se trouve être Tensemble des
produits des sécrétions digestives et des sécrétions intestinales dans la composition des
matières fécales*
Cesl aussi une vote d'éliminatiou de certaines substances à l'état physiologique pro-
venant de Tusure des tissus. On sait, d'ailleurs, qn'uu certain r»ombre de substances
toxiques introduites dans l'organisme s*élimine au niveaui de l'intestin.
Fa. Voit (1802) a fait la démonstration pour le fer. Un animal est opéré par la méthode
de HeiisfANN, avec cette ditFérence cependant que l'anse exclue est fermée à ses deux extré-
mités en eul-de-sac : dans ces conditions l'anse intestinale contif*nt une quantité de fer
relativement très grande. Voit trouve pour une anse de 30 centimètres environ une quan-
tité variant entre 0,001* et 0.009, quantité qui, rapportée à 24 heures, correspond a 0.7, à
2 miliij^rammes. Ces chiiFres sont très élevés.
Lapicoue (tH97) a repris ces expériences. Un chien de Va kilogrammes subit Topéra-
tion de Heumj^.vv. On le sacrille six jours après. L'anneau de 18 centimètres de long reo-
fermail 14'ï%84' (2^^lt à IVtatsec) d'une substance ^'ris noirâtre, dWeurfécaloîde intense,
contenant 2»«%05 de fer, soit 0"».4 par vingt-quatre heures. Ce chiffre est de même
ordre que ceux de Fa. Voït*
6) Bémoiutratioa indirecte. — Nous avons vu comment Voit, Rlbner, MCLtota, anté-
rieurement à Her¥\,vn, considéraient les matières fécales, et comment indirectement il$
FECES.
in
étaient arrivés aui mêmes conclusions que Hkbhanx. Parmi ces divers travaux, Ttin est
ajitéheur (celui de Riiiubr (1884; à la démons l rai i ou fondanicnlale de Hehua^n^ f»t les
aatres soot postérieurs, Tsluoï (ISUT), Pualsmti (1897 i, Micko, Millf.r (f»|, Poda el
PaJiCs'^rrff 1900) imposent à leur tour cette conclusion que ïes matières fécales sont consli*
iaéeê pour leur plus grande partie par des substances autres que celles provenant de
ralimrnlatioD. C'est à ce titre que nous les avons groupées sous la rubrique : Dèmom-
inUiott indirecte^ dans cette partie de notice article intitulée : Suff^unces sicrètée^ par
tinUitin comme facteur important de ta composition des matières fécales.
HiCDRa (1884), sur un même chien du poids de 7 kilogrammes/fait trois séries d'expi'^-
fiences, une d'inanilion pendant neuf ^ours, une correspondante à l'ingestion de 70 à
IK) ^Tarames d'amidon, une troisième enfin correspondant à Tingestion de 200 grammes
rt 50C> grammes de viande* l/azote est dosé dans les fèces. Voici les résuUaïs :
ALIMHNTS
KliCE.S SECS.
A5ÎQTE I>AN8
LES KHCRS,
U^ GRAHMHH.
HS GRAMML.
l
u
1.32
7J2
dMi
9
( 70 Amidon.
U.OI
3,67
0.11
( HO -
5jn
3,8n
0,2i
3
i 20O Visrid«.
f 300 —
2J8
7,3»
0,16
:i,m
7,39 1
0,21
Chez l'homme, avec une nourriture composée d'un gâteau d*amidou, de sucre et de
gratase de pore, U's n'-t^utrats sont :
ALIMENTS
BK liRAMKKS.
KiSCES.
A/OTE rï\NS LES FfcCE!*, 1
1'. llNÎ.
IN ■.RAMMFS
485
13,4
13,4
4.08
5,69
5,85
«,54
8.88
0,7«
Ces recherches montrent d^'^ju que, par une alimentation exempte d*a£ole chei le
chien, les fèces en renferment une quantité qui est loin d*»Hre uéglii^eable; il en est de
même chez Thomme.
TsuBoi (1897) répète Texpérience de Rieoer sur un chien de 17-18 kilogrammes.
L'animal ne prend aucune nourriture pendant dix jours; les huit jours s-jivants il est
alimenté avec 70 grammes d'aïnidon, liQ grammes de graisse et il grammes de sucre
(en tout 132 grammes); les sii jours suivants enfin, avec 2l>0 grnrames d'amidon,
8C grammes de graisse et 2a grammes de sucre (en tout 305 gram'ues). Voici les résul*
tats rapportés à vingt-quatre heures :
NUMÉROS
ALIMENTS
FÈCES. Il
SF< ?».
KlitTH.
.;gAi«»K.
AMIL>i>N.
rll!CD»lta.
1
2
3
^ ■
0
132
3o:;
2,6 i
i2M
0,14
0,24
o,ri7
0,6;
t,64
1,43
0
lï,57
3,iia
0,61
0,76
L04
^u
FÈCES.
Tsufioi fuit alors le calcul stiirant :
Dans la deuxième recherche, lKf,64 H- Of%57 (graisse + amidonj de substances sècîj
prQ¥ientierjtd« la nuurriture/il faut en relrancherO^^O? (graisse) que l'titi reocoutre dao
les fèces à Tétat d'inanition, soit 1»',64 4- 0,57 — 0,67 = 1«',54 de subslatices sèches
provenant de ratiinentalioa; le même calcul pour la Iroisiéme recherche donne
1,43 + 3,60 — 0,67 = 4B',:m.
De sorte que, llnalement, l'élimination en grammes et par jour sera obtenue en
retranchant du poids des tèces secs ce qui provient de la nourriture.
!• Période d'inanition .,
2* — d'alimentatioit .132 grammes alimenia sec»).
3* — — 305 — — ).
Et le calcul pour 100 de fèces donne alors : 26 p* 100 provenant des aliments, 74 p, 100
provenant de rorganisme, (pour la recherche 2); et 34 p. ÏOD, et 66 p. 100 (pour la
rechf^rche 3),
La plus grande partie e^^t donc constituée par des résidus des échanges; la plus petite,
par des résidus alimenlaires.
En lin la proportion pour 100 d'azote dans les fèces secs étant :
1* pendant linatitiioii 5,11
2* — la période 2, ... 4,17
2* — — a. . 4,:i5
la constance de ce chiffre vient encore k Tappui de la conclusion précédente.
Menïcanti et Prausnitz (1894), dans leur grand travail sur l'alinienUtion par diffé-
rentes sortes de pain, mettent en «hidmice re l'ail que fa teneur en azofe p. 100 est d'une
constance remarquable, alors que la quantité de fèces est variable, et que la quantité
pour 100 d'azote inutilisé lOu compté comme tel) peut passer du simple au double,
preuve indirecte encore de ce fait que Tazote des matières fécales provient en grande
partie d'une sécrétion intestinale.
LVxamen des tableaux de lli bnëk, en ce qui concerne Tazole, montre tfue, pourdef
variations extrômenient considt;rables de la teneur pour 100 des aliments (1,40 à 14,11
p. 100), ainsi que pour des variations en quantité absolue de Tazote fécal de 0*^,61 à
P\33, les variations de la quantité pour 100 de l'azote des fèces sont relativement
faibles (3,01 à 8,38), comme on peut le voir par les diiires ci-dessous.
ALIMENTS.
AUMENTS
i A/AïTK
KKCliS
fines.
^ZoTK 1
' y. liM).
en ]icrnuiiiie.
\K joa.
Viande. , ,
367
247
377
*i78
595
743
526
765
641
552
819
352
' U,ll
iM
:i,91
1 l,6:i
i,63
2
1,74
1*73
1,54
l.iO
1,84
48.8 1
18,4
26,3
y.7
H.9
10,9
i:i3
il,l
8,9
11,5
f7.2
13
34,4 '
86.2
26.2
36,3
27.0
ii:;.8
49,3
274
93,8
85.1
6,73
4,70
4.55
7,34
8,3**
6;n
6,88
3,68 '
4,60 1
7,85
3,93
:i,ui
M6
ujt
1,56
6,33
2,19
2.31
f,M
4,26
Î.27
2.13
3,69
2,52
Œufs. *...,...
Lfiit 'par irimliL^) , . . ,
Poia {par moitié i ....
Pain ipar moitié i . , , ,
Nouilles ,,......
Macaroni
Pain liis
Maïs
Riz
Pommes de terre. . , ,
PaAusixiTz (1807) établit pour une nourriture déterminée l'élimination de fèces qu*i!
désigne sous le nom de t fèces normaux », Cette nourriture se compose de: café ou thé
ïfucré pris le matin; riz à midi et le soir; dans raprès-midi, gâteaux préparés avec de
la farine fme de froment^ et comme boisson 1/2 à 1 litre de bière ; ou encore, toutes choses
FÈCES,
435
rtstaot les mém^s, le riz remplacé par 300 grammes de viande de ba^af. Cinq personnes
(a** i, 2, 2, 4, 5) furent soumises k ce r^^gime, viande ou riz, et les analyses donnèrent
les résultais suivant : (On a adjoint h ce tableau sous le numéro 0 les fèces d'un
fèg^tarieii nourri comme ci-dessus,)
I
■OUMtMiJI
ft TaliiDentatitia.
NuURRfTURK
j AZOTB P. 100.
EXTRAIT
t'TIIMR^,
CKNURKS.
!
2
3.
4 , . .
n
«...
Rix.
'Viandr.
Riz.
Viande-
Ri«.
Viande.
Riz.
' Viande.
i Rix.
' Viande.
1 VêgéUuicn.
8,8:j
8.75
8,37
9,16
8,59
8.18
' 8,25
8,!fi
8,70
9,05
gj8
8.65
12,4:1
1M,2:4
16,04
15,811
17,52
II
Ml
H
fn,37
14,74
11,05
12,22
12,58
13«t3
14,47
15,20
16,09
15.14
12.01
Mo^T
lïWK. , - . .
\:\M
Une fiourriture moins bien résorbée donne, en général, une teneur en azote pins
faible (4,86 p. 100 pour un puin Ir^s grossifir, alors que ïe chiffre d^uUlisalion ou compté
comme tel, de cet élément eîtl de 42,3 p. 100).
Ainsi donc la «ompositron des fèces n*est jnjnais l'oniparable à la composition de la
nourriture absorbée. Les aliments sont*îh résorbés incomplètement? ce sera bien plus
U sécrétion d'une importante quantité de suc5ï intestinaux qui, venant s'ajouter an résidu
des aliments, conlritmera fi la formation de fèces dont la teneur en azote sera supérieure
à celle des aliments introduits.
One différence tW'S prononcée entre l'alimenlatioii végétale et animale au point de
Tue dft leur utilisation dans le canal dii^eî^lif n'existe pas, el celle-ri d«>pend absolument
du mode de préparation des aliments végétaux. Et en efTet, le^ iilimenls les mieux utili-
sés sont végétaux. Loi^, par exempte, d'une alimentation par le nz, par des farines de
première qualité, ou ne trouve pas d'amidon ou seulement des tmces dans les fèces,
(MoKLLBR, 1897) (voir [dus haut p. 234), alors que pour une iilimeutation carnée une propor-
tion très faible, mais non négligeable de fibres musculaires iKeriiaij?(er, 18^7), se retrouve
dans tes fèces.
Et P*AUsmT2 conclut alors que les fèces humains se composent, non des résidus de
ralimentation, mais en grande partie des sécrétions intestinales. La quantité dépend de
ta variété de la nourriture; tels aliments demanderont pour leur dig^estion la sécrétion
d'une quantité plus grande de sucs intestinaux, tels autres mains, et, finalement tradui-
saut sa pensée en une phrase typique peut être trop absolue, il dit : <♦ Es ercheinî daher
fichiiQtr tpen mehr oder weniger Koth bikUnden, ah von »chteeht (nier gut amnutzbnren
H^hrungsmittetn ztt sprechen (p. 3H4| •, dont la traduction peut être la suivante : « C'est
pourquoi îl parait plus juste de parler d'aliments formant plus ou moins de fèces que
d'alimenls bien ou mal utilisé?. »
Cette phrase avait été écrite pour la première fois en 18^4 (Mi^icanti el PuAtîsmTz,
î$Hf p, 354). Dans rintrodudiond'un travail dVnsemble entrepris avec la collaboration
4e Mic&o» PoDA etMi'LLirR (1900), PHAts.vfTz l'énonce à nouveau^etle* nouvelles recherches
de ces auteurs en donnent une fois de plus la démonstration expérimentale, (Cet impor-
tant travail ne peut trouver qn*un court résumé ici; mais, au point de vue de Tutilisa*
tion« il sera consulté avec grand intérêt.! C'est une substance albuminofde désignée sons
le nom de plasmon, retirée du lait aigre^ qui sert d*aliment d^étude. Du premier tra-
vail, dû à PooA el à Phadsmtï et du second» dû k Micko, il résulte que la résorption dn
plasmon est aussi complète que celle de la viande, sinon supérieure, et qu'aucun prodait
im
FÈCES.
de dt! double ment de Ja caséine, en parlicuHer de la parauuclélne ne se rencontre daiii
les fèces.
Le dernier travail de Mi^ller* quoique non inliraement lié à l'élude du plasmon, n'en
est pas mtiins intéressant et ronJirrnatif, car il montre que les résidus phosphores* de liJ
caséine ne sf; retrouvent pas dans les Tèces, qn*îï s'aj^i^^se de nourrissons al imenlés par k"
lait maternel où avec le lait de vache, ou d'ailnltes alimentés avec du lait de vache*
Toxicité des matières fécales. — Leâ maltêres fécates sont toxiques. Boucharij.
(1887), a qni Ton doit le& principales données relalives à ce sujet, a montré que l'extrait
alcoolique est beaucoup plus toiique que Texlrait aqueux. Daus un cas, eu injection intra-
veineuse chei le lapin» retirait alcoolique di* 17 grammes de matières fécales de
l'homme a tué Fanimal en déterminant de graudes convulsions.
L'extrait des matières fécales débarrassé des substances minérales est beaucoup moins
toxique djuit fois moins environ).
AraoïNG et Nicolas, cités par Morat et Dovox (1900, 376), sont arrivés d'une façon géné-
rale aux mêmes conclusions. IiLev et LAUOLrNo (inédit) ont constalé chez le lapiiu à la
dose de O^^^â par kilogr., en injection intraveineuse d'un extrait aqueux à 2 ^ramm^s
d'eau pour 1 gramme de fèces de chien soumis ù un régime de soupe, de pain et de
graisse, les phénomènes suivants: constrictian pupilïaire, secousses convulsîves, mouve-
menla cloniques» attaque tonique, mort par arrêt de la respiration, le cœur battant encor*'.
Délimitation des fèc«8. — La déliniitation des fèces pour Tèlnde des variations d^
leur quantité et <îe leur composition suivant un régime donné, ou pour l'élude de l'utili-
sation, est, on le conçoit aisément, d'une importance primordiale. LIidùbr et Scbhuit, cité»
par Voit > Ubamanx*^ Utuidhta:hf xy, .'12j, ont fait remarquer que les fèces noirâtres et poi«^-
seux de ralimentation carnée peuvent être facilement distingués des fèces volumineux
fournis par le pain noir pour le chien, C. Vott [Hoiuan.x s Ihtudbuch^ 32) a conseillé
IVmploi d'os tendi en. Dix-huit heures avant et dix-huit heures après la fin d'une série
de recherches, on dojine à Tanintal (iO grammes dos tendres, et les fèces sont délimités
entre deux portions d'excréments blanchâtres, ^rumeleui, et faciles à distinguer.
ArïAMKiBwicRz {cité par Voit, AI] fait avaler aux animeaux mie petite éponge, au com-
mencement et à la titi d'une série de recherches.
SALKowsKietMrxK (cités par Voit, 32j emploient quatre petits morceaux de liège qu'ils
retrouvent dans les fèces.
Chez rhomnie, la délimitation des fèces est liée h des difûcultés eacorô plus grandes.
Rakkf. (cité par Voit, 31) conseille l'emploi d'aireïles, dont les enveloppes dans les féccs
sont recunniissabtes à leur couleur rouge.
lluBiVER, dans tontes les reclierches que nous avons mentionnées, a employé le lail, qui,
^'il n'occasionne pas de diarrhée, fournit des fèces d** couleur claire assez consistants.
Vingt-quatre heures avant la reçherclie on fait absorber 2 lilres de lait, la dernière por-
tion IG heures avant le commencement. Le dernier jour de la série, quinze heures avant
la fin de cetle-ci, te dernier repas est pris, et, six heures après la fin, deux litres de lait
sont de nouveau insérés, Crkmeh et Xeumavek (18'JTi emploient Tacide silicique humide.
Analyse des Fèces. — Voir l}ktioHtmire de VVirtz, 2** Sftpptément,
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FÉCONDATION,
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krmÊff imsge$chiedenen Kothe {Z, fi., 1900. xixix» 430>4riO). — Mollrr |P.}. Veber den
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el D*, 1900; Fùnctiûus de nutrition, i\\ — Dictiùnmb'e de Wvnn, 2* Supplément,
it « Fèces , Laxbli^vg IE.).
VAURIGE HICLOOr
'FÉCONDATION, — La técondàlioa{eonceptiont incarnation, imprégnation^
i*imgj est Tacle p4if lequel deax élénient!i vivants se réunisseot pour donner
h iifk aoarel individu, La fècondatioa est le riiDde de reprodiii:tion le pftts
flBÉrat é» or^aaismes supérieurs, tes êtres ioférieiirs peuvent prendre naîssaiiCie grâes
238 FÉCONDATION.
à la division transversale de leur corps ou bien par la formation de bourgeons qui se
détachent de l'organisme pour mener une vie indépendante.
Les éléments qui se réunissent sont deux cellules. Ces cellules sont fournies parfois
par le même individu, le plus souvent par deux individus de la même espèce ou d'espèce
voisine, mais de sexe différent. Les cellules semelles sont semblables, chez certains
organismes inférieurs; mais, chez la plupart des végétaux et des animaux, il existe des
organes femelles qui produisent des œufs, de forme et de dimensions bien différentes
des éléments mâles (pollen ou [spermatozoïdes) qui sont élaborés par les anthères ou
les testicules.
Pour mettre quelque clarté dans cette étude fort complexe, nous commencerons par
les êtres chez lesquels les éléments sexuels sont très apparents, et sur lesquels il est le
plus facile d'expérimenter. Voici l'ordre que nous adopterons dans cet exposé, et les
divers chapitres que nous consacrerons à cette étude : il consiste, en somme, à décrire les
phénomènes tels qu'ils se présentent dans leur série naturelle et à déterminer ensuite
les conditions variables de leur production.
L La fécondation exige le contact intime des œufs et du sperme ou pollen.
a) Animaux; b) Végétaux.
II. Les éléments mâle et femelle qui se réunissent pour former un jeune être ont chacun
la structure d'une cellule.
m. Les éléments mâle et femelle représentent non point deux cellules complètes, mais deux
cellules pourvues seulement de fractions de noyau,
A. Végétaux. — Origine du grain de pollen et valeur cellulaire de l'élément
fécondateur mâle.
B. Animaux. — Origine et valeur cellulaire du spermatozoïde.
IV. Valeur cellulaire de l'ovule.
A. Oosphère ou ovule des végétaux supérieurs.
JB. Ovule des animaux.
V. Phénomènes qui précèdent et accompagnent Cunion de l'anthérozoïde ou spermatozoïde
au noyau de l'ovule arrivé à maturation.
A. Végétaux supérieurs.
B. Animaux.— a) Ovulation; b) lieu de la fécondation; c) maturation de
l'ovule; (/) pénétration du spermatozoïde dans rovule;e) évolution des
pronucléi; f) copulation des pronucléi.
VI. Fécondation chez les organismes inférieurs.
A. Copulation des Infusoires.
B. Conjugaison et copulation des végétaux inférieurs. En modifiant les con-
ditions de milieu, on détermine un seul et môme élément â se repro-
duire par voie agame ou sexuée.
VII. Considérations théoriques.
VI II. Théories de la fécondation.
I\. Conclusion générale.
I. La fécondation exige le contact intime des œafs et da 8pex*me oa pol-
len. — Animaux. — Do. tous temps on savait que, chez les animaux supérieurs, il fallait
le concours de deux Aires de sexe différent pour la procréation d'un nouvel être. On con-
naissait également le pro«liiit sexuel des femelles des Poissons, des Grenouilles, des
Reptiles et des Oiseaux. L'observation la plus élémentaire avait également montré que,
rhez les Ueptiles. les Oiseaux et chez les Mammifères, le jeune être ne prenait naissance
qu'après Tunion des sexes; le liquide séminal du mAle avait besoin d'être répandu dans
les organes génitaux femelles. En étudiant l'organisation des mâles et des femelle», on
trouva de bonne heure, chez les Poissons, les Ueptiles et les Oiseaux, les organes produc-
teurs des (pufs ou ovaires caractérisant la femelle et l«'s glandes séminales ou testicules,
propres au m J/e. On s'aperrut de l'existence d'ovaires ch»»z les Mammifères, mais leurs
fonctions restèrent problématiques, tant qu'on ne re^'arda qu'à l'œil nu. En effet, les œufs
ou ovules des mammifères sont de taille si réduite que hk Hvbr (1827) dut recourir aux
verres grossissants pour les découvrir.
Quant au sperme fourni par les testicules, on le crut constitué par un liquide»
liqueurséminale, jusqu'au jour (1077; on L. IIam et Leecwenuokk rétudièrenl au micro-
FÉCONDATION. 839
Bcope. Une goutte de sperme montre, dans ces conditions, une quantité innombrable
(60000 par millimètre cube) de filaments qui se meuvent et s'agitent en tous sens à la
façon d'un tas de Tere ou d*Infusoires qui grouillent. De là Tidée d'animalcules spermatiqiies.
Qaelle est la part que prend l'œuf d'une part» le ver spermatique de Tautre, dans la
fécondation? L'œuf renferme-t-il déjà l'embryon ou jeune être? Le ?er spermatique ne
fait-il que loi communiquer le mouvement vital? Ou le ver spermatique représente-t-il
déjà le jeune individu qui ne se développerait que dans le milieu femelle? Les médecins
et les philosophes émirent sur ce point les idées les plus fantaisistes, de sorte qu*au
ivin* siècle on ne comptait pas moins de ti^ois cents théories de la génération.
Il fallut des siècles de spéculations avant que l'on songeât à extraire les œufs des
femelles d'animaux à fécondation externe et à les mettre en contact avec le sperme de5
mâles.
D'après de Montgaudry (Voir Vhistorique dans Gb. Robin, loc, cit., 392), Don Pinghon,
de l'abbaye de Réame, aurait le premier connu le procédé de pratiquer artificiellement
la fécondation : en versant sur les œufs de poissons la laitance du mâle, il les aurait
fécondés. Mais c'est Jagobi (1764) qui établit le fait expérimentalement : pai* la pression
da ventre, il fit sortir de l'ouverture cloacalc les œufs d'une truite qui était sur le point
de frayer. Après les avoir reçus dans un vase, il prit la laitance du mâle et la fit couler
sur les œufs. Le résultat fut positif, car les œufs se développèrent et produisirent de l'alevin.
Ce n'est que vers 1777 que Spallanzani pratiqua méthodiquement la fécondation arti-
ficielle sur les Batraciens et détermina rigoureusement les conditions de la fécondation
sur les grenouilles, les crapauds, les salamandres, les vers à soie et le chien. Ces expé-
riences sont le point de départ et la base de toutes nos connaissances sur la féconda-
tion. Je ne puis les rapporter toutes ; je me contenterai d'en citer les essentielles.
Spallanzani sépara la femelle du crapaud mâle accouplé; il la mit solitaire dans un
vase d'eau et la vit pondre deux cordons visqueux d'œufs. Il mit chacun des coi*dens
dans un vase séparé. Puis il sacrifia le mâle et ouvrit les vésicules séminales, et, à l'aide
d'un pinceau, il baigna de sperme l'un des cordons, c'est-à-dire les œufs. Au bout d'une
semaine, il vit le cordon baigné dans la liqueur séminale laisser échapper nombre de
têtards qui nagèrent librement dans l'eau : au contraire, les œufs non fécondés restèrent
comme ils étaient dans le cordon, et bientôt commencèrent à se corrompre.
il habilla des grenouilles mâles avec des caleçons de taffetas ciré; ces dernières ne con-
tinuèrent pas moins à s'accoupler avec les femelles; mais aucun des œufs ne pouvant être
humecté par le sperme, ils restèrent tous stériles. Recueillant les gouttes de liquide trans-
parent qui se trouvent dans le caleçon des mâles accouplés, Spallanzani put s'en servir
pour opérer la fécondation artificielle des œufs pris dans les organes génitaux femelles.
Pour que les ovules puissent élre fécondés par le sperme, il faut qu'ils soient arrivés
à un degré spécial d'évolution qu'on appelle maturité (Voir plus loin). Spallanzani, pre-
nant les œufs de Batraciens dans Tovaire, eut beau les arroser de sperme, il n'en vit pas
sortir de têtards. Il ne fut pas plus heureux avec ceux qu'il recueillit dans la portion
supérieure de l'oviducte; ils restèrent stériles. C'est la portion élargie de l'oviducte qui
seule contient des œufs fécondables.
Après avoir réussi à féconder les œufs de Batraciens, Spallanzani {loc. cit.^ t. m, 223)
songea à opérer la fécondation artificielle sur des auimaux à fécondation interne, c'est-
à-dire dont les œnfs sont fécondés dans le corps maternel. 11 expérimenla sur le vers à
soie et la chienne.
Il isola des femelles de vers à soie sous une cloche de verre et « aussitôt que les
femelles prisonnières commençaient à pondre leurs œufs, je les baignai, dit-il, avec la
liqueur séminale du mâle. Ces œufs d'abord jaunes, commencèrent après quelques
jours à bleuir et à tirer sur le violet et, au bout d'une semaine, j'en vis sortir les petits
▼ers; tandis que les autres œufs, qui n'avaient pas été baignés avec la liqueur séminale,
restèrent jaunes, devinrent humides et périrent ; j'ai eu dans deux expériences ditlérentes
cinquante-sept petits vers éclos des œufs fécondés artificiellement. »
Après ce succès sur les vers à soie, Spallanzani résolut d'essayer la fécondation arti-
ficielle sur la chienne.
« La chienne que je choisis, dit-il (loc. cit., 225), étail de la race des Barbets, d'une
grandeur moyenne; elle avait mis bas d'autres fois et je soupçonnais qu'elle ne tarde-
34*
FECONDATION.
mit pa$ li'entrer en tolie; dès lars, je IVnfermai dans une chambre où elle fut obligée
de rester longtemps, el» pour ^tre *.ftr des érénemenls» je fwi donnais moî-raêrne à nmn-
ger et à boire : je lins aphI Id cMâe la porte qui renfermait. Au bout du treizif'me jour
de cett«* ckMure, la chieniie donna des signes évidents qu'elle était en chaleur, ce qui
paraissait par le ^'onllerneut des parties extérieurei> de la génération et par un écoule-
ment de sang" qiu en sorlîiit ; au vingl-troisième jour, elle paraissait désirer ardeninirnl
l'accouplement : ce fut alors qup je tenlai la fécondation arlincielle de cette rnanière.
J'arais alors un jeune chien de la mAme espèce; il me fournit, par une émission spon-
tanée, dix*neuf giains de liqueur séminale que j Injectai sans délai dans la matrice de
la chienne avec une petite seriogue fort pointue, introduite d^ns l'utérus; et, comme la
chaleur naturelle peut être une condition nécessaire au succès de la fécondation, j'eus
la précaution de donner h la scrinp^ue la chaleur de la liqueur séminale du chien, qui
est environ de 30 de^rrés de thermomètre RKvtrgtm. Deui jours après cette injection, la
chienne cessa d*étre en chaleur, et, au hoiit de vinjjt jours» le ventre parut j^onflé; aussi,
au vingt-sixième joui , je lui rendis la lit»erté. Le ventre grossissait toujours, et» soixante-
deux jours après Tinjeclion de la liqueur séminale» la chienne mit bas trois petits fort
vivaces^ deux maies et une femelle ijui, par leur forme et leur couleur, ressemblaietd
non ïfCulement à la mère, mais aussi au mAle qui avait fouriji la liqueur séminale. Le
succès de celte expérience me lit un plaisir que Je n'ai jamais éprouvé dans nucnne de
mes recherches philosophiques. »
« Si'ALLANzAivî (7oc. cit., 311) nipporte une expérience analogue faite par Ptkbîie
Bossj, de Pise, sur une autre cliienne. Illette chienne reçut à ipieLjues jours d'intervalle
trois injections d«i sperm»»; au bout de 62 jours, elle mil bas quatre petits « dont la roi»*
leur et la forme ressenthlaient, non seulement à la mère, mais encore au chien qui
avait fourni la liqueur séminale; c'est ainsi que l'intéressante découverte de Vahhé
SpArxANZAN» a été confirmée. *♦
On a longtemps disputé, dit Spallanzanf [loc. cit., 203J, et Ton dispute toujours pour
savoir si la partie visible et f:rossiere de fa semence sert à la fécondation de Thomme
et des animaux, ou si une partie très subtile, une vapeur qui s'en exhale et qu'on appelle
mtra $permafkft, sufllt in>ur cette opération. Pour résoudre ce problème, Spallanzam tii
les expériences suivantes : il mit dans un verre de montre de la liqueur séminale de
plusieurs crapauds et dans un autre verre semblable 20 à 30 oeufs qui, par la vi^co-
silé de la ^lu, s'attachèrent avec ténacité à la concavité du verre. Il plaça le second
verre sur le premier, et ils restèrent ainsi pendant des heures. Les œufs ne se dévelop*
pèrent poiiiL La fécoudalion n'est donc point produite parla vapeur spermatiqne» mais
pat' la partie sensible de la semence.
Ces expériences sont décisives : le contact du sperme et des œufs est indispensable
pour qu'il se développe un nouvel être. Mais quelle est l'influence exercée par le
sperme? Comment peut-elle dés les premiers instants de contact se propager ainsi dans
toute étendue de Tieuf, et bien loin de la partie qui doit devenir le siège du développe-
ment du jeune être?
Kn jetant le sperme sur un filtre suffisamment redoublé, on arrête les spermatozoïdes,
elle liquide qui passe à travers le filtre n'est filus propre à féconder les a?ufs. Les sperma-
tozoïdes sont donc nécessaires à la fécondation, conclurent Prévost et Ditmas» dès iê^k.
Bien que Spall\x/-a\i fût un génie, il partageait les erreui-s de ILxlleb et de Bonmei
sur la nature de Tœiif et du spermatozoïde. On admettait alors que le germe^ c'esl-â-
dire Tembryou, existait lout formé dans les o^ufs avant la fécondation, (Tétait la théorie
de la preexiatenfe fies ijermes,
La liqueur séminale ne faisait que stimuler Terabryon ou fcetos, et lui communiquai^
une nouvelle vie. La liqueur spermatique n'était que le fluide stimulant, qui, en péné.
Irant le c<êur du fo?tus (têtard), le détermina k battre plus fréquemmenl et plus fort» et
donna naissance à une augmentation très sensible des parties et à la vie qui suit ta
fécondation.
Cette erreur continua à régner dans la première moitié du xtx* siècle; elle était due a
l'ignorance complète de la structure des êtres organisés. Je me borne à une seule citation»
Après avoir rapporté tes expériences de SpAtLi^xANi^ Mua.vT {Diction, fies science* méd.,
Art, Fécoadatioa, 181 Li^ 4-73) ajoute : a Tous ces faits, tous ces résultats, conduisent évidem-
FÉCONDATION.
^41
I
I
I
ment à une meilleure Ih^aiie delà généralion; ils ne permettent plus de douter de iti
préeiisteiice des embryons dans les organes maternels» et prouvent qne le inale est borné
dans la reproduction à des foni'tîofu moins essentielles que la femelle, w
Telle* étaient les idées desatrktes, Mais, depuis que LeEuwKNHOKK avait découvert dej» coi'î
puMules ÛguréSt vivants et mobiles dans le sperme, on prenait ces éléments pour des
Mmàkuiês (spermalozoaires ou spermatozoïdes] roriiiaat le ^'eruie vérilablf^» Fembijon
on firliis. Cet ôtre en miniature ihomunculm de l'espèce humaine) aurait déjà possédé
i^h organes de ladulte, et la fécondation n'avait qu'un but, c'est de le transporler dans
uu milieu nutritif convenable^ el de le greiïer sur le terrain maternel.
B, Végétaux, — Si, à l'exemple de Gamefiaril'î^, botaniste du début du xviri* siècle» *ja
détrnitles organes mâles avant i(uo les anthères soient développées, les graines ne se
forment point (ricin, mai»). Sur les végétaux dioiques (mûrier et mercuriale), rexperience
est tout aussi concluante. (Voir Sachs;, loc, cU,)
Comme Tont montré Kcelrelter et C. Sprivgkl {Un du xvnt* siècle), tes grains de pol-
len déposés sur le stigmate du pistil émettent un protongemetit on envoient une subf-
tftoot spéciale qui se rend à Tovaire.
EKiquoi consiste ce principe émis par le giain de pollen? Kst-ce une vapeur, un
l!uide, ou la malii^re même du pollen, qu» va féconder l'ovaire? C'est par Texamen micros-
copique qu'on arriva à prouver sa nature protoplasmique* L'italien Amicj, le premier, en
18*^, nt cette élude. Il soumit k un examen approfondi les stigmates du Portitlaca: il
découvrit un prolongement ou boyau pollinique sortant du grain de pollen; il vit cette
masse grenue, on fovilia^ s'étendre el subir une sorte d'écoulement.
Plus tard, en IS^'iO, il put suivre te boyau pollinique jusque dans l'ovaire, el il le vit
se glisser à travers le micropyle ovulaire.
Au Congrès de Padoue, tenu en IHÏ2, Aiaicr essaya de prouver que l'embryon ne
pread pas naissance dans Tune des extrémités du boyau pollinique; mais qu'il se développe
dans une partie de Tœuf ou ovule qui existe d^^jà avunl la fécondation et des matières
iluides contenues dans le boyau pollinique lécoïidant. Il démontra ce fait, d^'S 1840, sur
les Orchidées. 11 prouva de plus que ie sac qui contienl fovule renferme un corps qui
entre er» contact avec le boyau pollinique et forme la plantule ou embryon végélal.
11. Lea éléments mâ.le et femelle qui se réunissent pour former an jeune être
ont chacun la structure d'une cellule. — Tant qu'on ignorait la Tonne élémentaire
de la matière vivante, il fut impL»ss»ble d'inlcrpréter d'une façon rationnelle la nature
des particules iieuf, sperniiitozoldes ou pollen} qui se réunissent pour former un nouvel
être. Vers 1839, Schwan.n élablil que les animaux et les plantes sont, à l'origine, consti*
tués par des unités composées chacune d*une masse protoplasmique. Cette masse pro-
toplasmique,ou cellule, est formée d'un corps et d'un noyau. L'œuf fut dès lors reconnu
aiséoienl comme un type parfait de cellule.
Quant au spermatozoïde, on étudia avec soin sa forme, sa structure et ses mouve-
ments. La partie renllée, ou tête, présentait lej caractères du uotjau d'une cellule; la por-
tion filiforme ou queue avait les propriétés d'un corps ct^llulaire muni de cils vibraliles*
Si le spermatozoïde s'avance, revient en arrière, se heurte aux corpuscules voisins; s'il
est capable de s'élever ou de s'abaisser, s'il s'agite et s'il progresse, c'est que sa queue
Sfécute des mouvements ondutaloires à la façon des cils vibratiles d'une cellule épilhé-
liale. Mais, malgré ces mouvements qui semblent dus à une impulsion voluntaire, te sper-
matozoïde n'est qu'un élément proloplasmique <-t non un animalcule. Dès IS+l, Kollt-
isn établit ce fait, et regarda le spermatozoïde comme l'équivalent d^une cellule.
On multiplia les expériences pour montrer que les spermatozoïdes non seulement
•ont animés de mouvt3nieuLs, mais qu'ils vont, avec une grande vitesse, au devant de
l'ovule. GosTK lit cocher des poules, puis les sacnlia à des beun^s variables. .\u bout de
douze heurev, il trouva des spermatozoldi^s au pavillon de Toviducte, La longneur des
voies génitales qu'ils avaient parcourues étant de 70 centimètres environ» ils ont pro-
gressé avet! une vitesse d^un millimètre à la minute. Hknsrn procéda de même sur la
lapine, dont les voies génitales, longues de 6 cf^ntimêtres, sont parcourues dans un espace
de cinquante minutes. C'est donc avec une vitesse de plus de 1 millimètre à la minute
que les spermatozoïdes de lapin remontent les votes génitales de la femelle, bien que
t présentent une série d'obstacles, tels que des cils vibratiles, etc.
iT. DE rHVSlÛLOOlK. — TOMK Vï. IS
fit
FECONDATION.
Malgré le haut intérêt que présentèrent ces expériences, eires ne permirent pas; vu
le volume au le peu de transparence des œufs, de saroir ce que devient le spermatoial
au contact de Tirnï,
Ce n>sl qu'en I87S qu'O. flEnTwiG trouva un objet d'étude propice dans les cesiifs
d'oursins. Les ovules d'échinoderiues sont assez petits et assez transparents pour être
observés à Tétat vivant. Il suffit de mélanger le produit des testicules aux oroles à
répoque de la reproduction pour assister» à faîde du microscope, à la pénétration du
sperumlozoïde dans Tovule. En ce qui concerne les aoirnaux à fécondation interne, tels
que les Mammifères, il faut proc<*der différemment. On fait couvrir des lapines, par
exemple, et on les sacrifie de la douzième à la vtiigtième heure après le coït. Si l'on
recueille les ovules dans le tiers supérieur de la trompe, on peut par l'examen à l'état
frais reconnaître la présence de spermatozoïdes sur quelques-uns des ovules» Bien
que Texamea àTétat frais présente de grandes difficultés, il permet cependant de con-
stater la présence du sperme sur les ovuïes, mais il est malaisé de voir le spermatozoïde
pénétrer dans riiîtérieur de Tovule et de savoir ce qu'il y devient.
Aussi est-il nécessaire de fixer les ovules h des momeuts difi'érents, de les inrlu
dans la paralUne, de les débiter en coupes sériées qu'on colore comme les éléments d
tissus. Parce procédé, on peut reconstituer stade par stade la progression du spermat
loîde dans Tovule, suivre les modilicalions que subissent Ton et Tautre et détermine]
la part ijuc prend cbacun à la for mn lion du nouvel être. Oii peut encore mettre un ou
plusieurî^ ovules sur une lame de verre et y ajuuter quelques gouttes de sperme.
Quand le spermatozoïde dans ses mouveraenls arrive à toucber de sa grosse extré-
mité ou tète renve!op[>e albumineuse ou muqueuse de l'ovule, la tête est prise Le
reste du corps du spermatozoïde continue à exécuter des mouvements, ce qui le fait
pénétrer davanta;^e dans l'enveloppe muqueuse. Au point de contact avec le spermato-
zoïde, le corps protoplasmique de l'ovuk se (çonlle et forme une saillie ou émiuence
conique qui semble attirer la tête du spermatozoïde. Après ce conlacl, la tête ne larde
pas à pâlir, et sa substance semble se confondre avec celle de Féminence ovulaire. Cepen-
dant, par une observation attentive, on peut apercevoir dans le corps ovulaire un corpus-
cule qui correspond â la tfite du spermatozoïde. Sa queue nVst plus disliucte.
Dans ces conditions, on voit (fig* 59 et 60) que la tête du spermatozoïde a pénétré
dans Tovule (quatre minutes après ta fécondation artificielle de l'œuf d'echinoderme).
Elle s'entoure d'une auréole claire, et, huit minutes après l'entrée de la tête, tout le reste
du spermatozoïde a disparu par fonte ou atrophie. Ensuite la tète se rapproche du centre
de l'ovule, où elle arrive douze ou seize minutes après la fécondation, et se rapproche du^
noyau de l'ovule. On voit apparaître pendant ce rapprochement des stries protoplas-»
miqiies autour du noyau de l'ovule et de la tête du spermatozoïde qui arrivent peu à
peu au contact fbuii à vingt minutes après la pénétration de la tête du spermatozoïde de
réchinoderme). Enfin, novau de Tovole et tète du spermatozoïde se confondent en une
masse unique, dite mujatt de i^egmenintitm. f/est cette union ou copulation du noyau de
riivule et de la tête du sp/'rmatozonie qui constitue l'acte essentit^ de la fécondation. Eu
elTet, à partir du moment où l'union de ces deux parties est complète, Tovule se met à
se diviser d à procéder h rébaucbe il'un èfre nouveau.
III. Les éléments mâle et femella représentent non point deux cellules
comptètea, mais deux cellules pourvues seulement de fractions de noyau. —
Tant qu'on n'avait que des notions vagues sur la façon dmit une cellule jjroduisait
d'autres cellules, ou qu'on ignorait l'origiue des cellules, on considérait la fécondation
comme provenant de Tunion de deux cellules entières. Mais, vers 1875, on réussit ù con-
naître les phénonièues morphologiques qui précédent, accompagnent ©t suivent ta
division des cellules. On vit que la substance colorable ou chromatique du noyau de
la cellule en voie de division prend la forme d'un peloton qui se partage en long et eu
travers. Les tronf;ons qui résalient de cette division gagnent moitié par moitié les
pôles supérieur et inférieur de la cellule-mère. Ensuite, les autres substances du noyau
et de la cellule se répartissent également moitié par moitié autour de ces masses de
cbro mâtine : d'où la production de deux cellules- fi lies (Voir Cellule).
Grâce au partage à parties égales du 0 la m eut chromatique, il est possible de compter
le nombre de tronçons chromatiques que possède la cellule-mère, et de savoir combieA
FECONDATION.-.
US
I
I
I
I
I
9U re^^oi» ebaque cellule-filte* Ce nombre est variable chez les diverses espèceîi animales
ti téîléiiUes; moid il est Hxe pour uue espèce donnée. On arrive ainsi h. représenter en
eliLfl^ la valeur d*une cellule*
En nppliquant le méni«? procédé aux cellules qui donneriL naissance à Tovule et aux
spermaio2oïde9, on a pu préciser la valeur de Tovule et du spermatoïoide au point de
vue de leur richesse chronïatii[ue. Pour le dire tout de suite. Tovale mûr et le sperma-
iQzoîdf» ijui vont s'unir ont la siguiJication non point de deui cellules entières^ mais de
deux fractions de cellules.
l'our établir ce fait, il faut d'une part remonter h Torigine du grain de pollen ou du
spermatozoïde et suivre, de Tantre, les phénomènes de maturation de Tovule,
A. TégéUniz* — Origine du fjrain de pollen et vnieur oiiUilaire de t élément fécondateur
malt. — Les grains de pollen prennent naissance dans répaississemenl des étaniinesqni
porte le nom danfA^r**. Clé nérale ment» Tanth^re débute pardeux proéminences qui corres-
pondent aui futurs sacs pollinique;^. Les cellules qui constituent soit la paroi, soit te massif
interne des proéminences de Tanlhère ont la valeur des cellules somatiques; en efTet»
quand elles se divisent, elles présentent le même nombre de segments chromatiques, ou
chromo9cm€t^ que les cellules vég-étati ves ou somaliques quelconques (24 snr le Lis, 1 2 chez
le Naias, d'après GriG?iAftD)» On donne à ces cellules le nom de cellules-mères primor-
diales du pollen. Les jeunes anthères contiennent à un moment donné des quantités de
cellutes^mères primordiales. Dans le iVai<i.s major, que nous prendrons comme eatemple,
(iriGNARD en a compté, sur une coupe transversale, passant par le milieu de Tanlhère,
BO environ. Chacune de ces ceïlule«-mères primordiales produira quatre grains de pollen
par un processus de division qui s'éloigne de lu dtvtsiun ordinaire. Il est à noter qu^avant
de se diviser elles s^accruîssent considérablement; elles prennent un volume double,
et, de par leur évolution allérienre, elles méritent le nom de cellules sej:tteUes.
Quand les cellules-mères défînilives, ou cellules sexuelles, entrent en division Je llla-
nient nucléaire semble d'abord continu et unique (flg* 24). Puis il se coupe en six segmenls
de longueur très inégale. Avant qu'on n'aperçoive des bouts libres dans le peloton
nucléaire, et surtout quand la segmentation transversale est achevée, le filament
nucléaire présente des gratiulatîons chromatiques distinctes qui se disposent Sïir une
double rangée dans le protoplasma transparent qui les réunit. Chaque chromosome
semble donc formé par deux moitiés intimement unies; c*et»t un groupe binaire, un
chromosome double. Mais, dans ctiaque chromosome, tes deux moitiés restent rattachées
Tune à l'autre* tout au moins sur la plus grande partie de sa longueur, par le protoplasma
nucléaire qui sert de support aux granulations chromatiques [iig. 23). Plus lard, on
aperçoit, par endroits, dans chacune de ces moitiés, deux nouvelles séries de graimla*
Hous; le chromosome semble constitué par quatre séries de granulations qui, selon
toute apparence, ont pris naissance par le dédoublement des deux premières séries;elles
seraient dues à un second dédoublement longitudinal.
Mais peu à peu les chromosomes deviennent plus courts et plus épais qn^auparavant,
de sorte qu'on n'y distingue plus les séries de i^ranulatjons dans chacune des moitiés do
chromosome; ces moitiés elles-mêmes se soudent ordinairement dans toute leur longueur,
tout en restant plus ou moins incurvées Tune sur l'autre. Les chromosomes prennent la
forme de x, de boucles, et parfois d'anneaux (llg. 26),
Ces chromosomes, dejongueur inégale, se placent ensuite à l'éqnaleur du fuseau
achromatique au nombre de six ordinairement (11g, 27).
Chaque chromosome comprend ainsi deux moitiés plus ou n*oins distinctes formées
elïes-raômes de deux parties confondues Tune avec l'autre et devenues méconnaissables;
il est donc quadruple et constitué par quatre bâtonnets intimemen! soudés par paires.
Dans la plaque nucléaire, les chromosomes arrivent rarement à se placer tous exacte*
ment dans le plan équatorial; mais leur orientation est telle que les deux paires qu*ils
comprennent f^e dirigeront, au moment de la métakinèse^ chacune en sens inverse vers
les pôles. Ils alTectent une fortne plus ou moins losangique; puis le losange se coupe en
deux an niveau du plan équatorial, et chai^ue moitié (triangle formé d'une paire de cbro-
mosomes simples) se dirige vers te pdle correspondant. C'est au moment où les deux
paires en question commencent à s'écarter l'une de Tautre que les deux bâtonnets ou
chromosomes simples, jusque-là dissimulés dans chacune d'elles, devieanent visibles.
Ui
FECONDATION-
Donc six cbroraoâomes doubles se rendent à chacun des pôles (H g. tS). La première dï^U
sion se complète par la séparation du cytoplasme en deux moitiés ou celluled-fllles
(ng, 29 et 30),
Ces cellules-filles ne tardent pas à se diviser elles-mêmes (2* division sexuelle). Le
stade du peloton filamentem est court; il se coupe très vite en six chromosomes* Ou,
n'y remarque point de dédoublement longiludînal; ces chromosomes sont coudés ell
flgorent uu V. Ils vont former une plaque nu« léaire de six chromosomes doubles.
Pio. 21 à 3L — SehëmoM pour montrer le mode de production dêi grûitit du poihn dé Naitu major^
d'après lia étudia dt. Goioîiard*
21, cêUut^mèrr définilhe de Vanihère dmoi 1« JVaiaj major. — 3Ï5, nojfau à iuc têgmeni* ckrotfMtiqueM^ ou cliro-
mo!tomefl, dont chacan prÂftente deux filoft de graQuittUoni. ^ 3f6. HOjfau dont chaque chromosome «tt divisé
en deux rnoitt^!'» disposées de dliverflet» faisans l'uiio par rapport k l'autro; chaqye moitié pr4«cDt« deux filet
da granulationfl. — 27, noyau nu ttad** dt pliquj! nucléaire. — 28, noyau au »tade dicter. — 89» Doyaui.'ftl«,
avao let chromovomos arrivés prèis lies pol«s. — - W^ ALh^vemant de la divUioii« — SI, séparatiou deadoux
braocbea do chaquo chromosome double au moment do la douiii^me di vision seiuollo
Puis les deux branches de chaque chromosome se séparent, s'écartent l'une de l'autre
au uiveau du co*jde primitif, s'isolent complètement pour se rendre aux pôles, où elles
arrivent eu présentant pour ta plupart la forme de bâtonnets crochus qui se recourbent
de plus en plus et se serrent les uns contre tes autres avant la reconstiluLion nud^aîre.
Chacune des deux cellules de à ta Og. 30 donne ainsi naissance k deux cellules-tilles,
telle» quVtles sont èbaucliées la (igure 31 qui représente le résultat de la division des
deux premières cellules sexuelles en quatre cellules sexuelles-filles. Aussi pour GurGiVUD,
le caractère essentiel de la 2* division sexuelle consisle-t-il dans la séparation pure et
simple de chaque chromosome double.
FÉCONDATION.
2IÎÎ
Les quatre Doyaui r<?çoivent donc six chromosomes simples, lin réalilé, îes ?ingt-
natrechroiMosomes «simples destinés à ces noyaux étaient déjà forniés dès les premières
]ib&ses de la division de la cellule-mère poliinique déOnitive. Les deux divisioijs sexuelles
oonl fait que les répartir dans 1rs quatre cellules-petites-fllles ou grains de pollen.
W GmhXiQiRE, qui^a étudié le développemeul des grains de pollen dans le Lis, est
arrtfé à des résultats ideutiques r une double division longitudinale caraclérise la mitose
^des premières cellules sexuelles; d*où la formation de chromosomes quadruples
groupes quaternos ou tétrades). Chacun de ceux-ci se divise en travers; ïa deuxième
cellule sexuelle reçoit donc des chromosomes doubles (groupes binaires ou dyades). La
deuiièrae division sépare ces dyades et répartit les chrornosomcs simples da*is les cel-
lules^petiles-filles.
Tel est Tun des modes de production de la réduction quantitative j mais on en
observe d^autres dans certaines espèces. Ils diiïèrent à divers égards de celui que nous
Tenons de décrire dans le Saia$ et le Lh. STHAsatmcER l'a étudié avec soin dans les
anlhères du Tradescantta vhginica. Voici la succession des images qu*îl a nbservées :
Au stade du filainenl pelotonné fdg. :\2) succède ta segmentation du litainent, r^est-à-
dire qu'on le voit coupé en tronçons ou segments; uiais^ au lieu d'élre simples» ces
iegments ont la forme de boucles ou de cerceaux. On reitrarde ces cerceaux comme des
Bgments ou ihromosomes doubles unis seulement à leurs extrémités. Peu h peu ces
Ducles s'épaississent et se raccourcissent {f\g. 33); ci^pendrifit, relier qui occupent la péri-
^ pbérie du noyau sont plus étalées que celles ((ui se Irouveiit vers le centre; ces dernières
dMtmeut l'impression ile résulter du pelotounement d'un Ulamenl unique.
Comme on le voit sur la ligure 3i, les boucles se rétractent de plus en plus, et prennent
^la forme d anneaux petits et a bords épais.
L'espace qu'ils circonscrivenl se rétrécit. La prophase est doue caractérisée par U
segmentation du lilament chromatique et la formation d'anneaux.
A la suite de res phénomènes» la membrane nucléaire disparaît ifig. 35), et le fuseau
achromatique commence h se former. On voit apparaîtra vers le milieu de chaque anneau
chromatique une sorte d'entaille circulaire (flg. 35 et 3t>l qui semble le <lébut d*uf»e divi-
sion transversale. SxRASBLfir.En se demande si cette entaille ne résulterait pas de la trac-
tion exercée par les filaments achromatiques.
Quoi qu'il en soit» Tanneau s*étire selon Tair «lu fuseau achromatique et prend la
figure d'un losange; le sommet de chacune des moitiés du losange se dirige de plus en
plus franchement vers le pôle corresjtondant du noyau. Comme le montrent les lig, 37,
38, et 3'J, les deujf nvoitiés triangulaires se séparent lentement Tune de l'autre; rangées
irrégulièrement, Tune en haut, Tautic en has du plan équatoriaL elles restent souvent
unies à droite ou à gauche par un petit pont de substance chromatique. Elles affectent
ainsi les formes les plus variées : celle de deux biltonnets rangés bout à bout; celle de
deux crosses à concavité correspondante ou disposées en sens inverses- Malgré ces variétés
d'aspect, chacune des moitiés de l'anneau primitif se raccourcît et prend la forme d'un
bâton épais ou d'un croissant massif.
L*inspection des figures 38 à 40 en apprend plus k cet égard que toutes lesdescriplions.
La séparation des moitiés de Tanneau qui a commencé (sur les figures 37 et 3H j couti»Kie
à se faire [voir tlg. 40), et bientôt chaque moitié est groupée avec ses congénères plus
nu moins près de l'un ou l'autre pôles (fi g. 40;*
Quand les chromosome» sont arrivés prés du pôle correspondant, il apparaît vers le
milieu du plan longitudinal un Irait qui semble partir de l'extrémité lihre et indique le
^jCommencemenl d'un dédoublement longitudinal (voir le chromosome droit et inférieur
Ide la figure 41). A mesure que ies chromosomes se groupent sur le pourtour du pôle, ce
Idédouhlement longitudinal s'accenlue, et, comme on le voil sur la figure 41, finalement
r chaque chromosome a donné naissance k deux chroniosomes-filSf qui restent souvent
accolés sous la forme de x.
Vus de face, deux de ces chromosomes petits-fils (fig. 41) encore aecolës donnent
rimpression de quatre amas chromatiques ou de chromosomes à quatre branches.
Quand le protoplasma s'est groupé autour de chacun de ces no jaux- fils ainsi produits,
la première division est achevée. La phase de repos est très courte, ce qui indique
I un accroissement faible ou nul du corps cellulaire* et surtout du noyau. Les deux
jj
Si6
FECONDATION.
noyaux-Gls eotreot rapidemeot en actiTité poar %ublT une êetûnde dinsioa qui diffère sin-
gulièrement de la première. Ea effet, dans Tune et daos Tautre cellules, ebaqoe chromo-
some, qoe nous avons déjà tu en parlîe fendu en deux moîliés par un sillon longUudi-
jialt subit on dédoublement complet, et il en résulte deux fois autant de chromosomes
Fia. 33 â. 4L — Dim»wn dt» celiuIes-tHérrâ definitinf*'* de tanthère de Tradeteantia ctrgintca
(pramièroa gc1Iii1«b sexuelles ou ceDutes-mèret da pâllcnj d'^prèi SrRAaituiiGKS.
33, fttA<d« du palokio qui vient da se segmonter ea cerceaux longs, minces et tortueux (cbremosomee).
33, cerceaux épAlft repr<)f«ntanl loi chromosomee rétreclés. — 31, ohromosomeH trè^ épaissis et fort rétniOt(
— 35 et 3a« cbromeftemi^s pré;» de réqaAteur <Sa fuseau ; qafllque»-yp» dei«» cerceaux lout «^trangléti ; d'i
■aot coupés par le cnili^u, — 37. plaquer nucléaire fomit^e do chromosomos; la phipart coupéft par le
raiUeu en duax chrotnosoiii^s-rtU, épais. —38, la pliiipart des chramovemes-lili *« aent sûparés, l'un le diri-
geant vers Je pôle Hupérieur, et l'autre vtTï ]i> |KMe înTérietir 4u ooyetL, — SSt relations des GlirouioaoaM*«J
ait ii¥oc le» fUammiis du fuseau ac;hroiau tique, — 40, dëhut du dédoublôraont langitudioal des chrota*
enmei-iU» ea chromosomes peiit'î-fil*, — 41, ks chromosomes-fils «ont accolés, deux par deux, à chftcuu (
pâles du oeyud.
petils-fila, qui Tont se grouper à Téquateur pour former la plaque nucléaire. Ces chro-
mosomes sont ensuite répartis aux deux pôles, et la deuxième division s'achève par la
division du corps cellulaire.
En résumé, la première diyision des cellules-mères d«8 grains de pollen se distingue
FECONDATION.
ii'i
fMir la présence d'anneaEx chromatiqaes qui se coupent eu deux moitiés. Chaque celJule-
fille reçoil la moitié de rensernblo des anneaux cbronialiques.
La se«:onde division n'a qu'un but, «:Vst de répartir entre les deux cellules-filles le
quart de l'anneau oliromatique primilif. En comparant à cet égard la cellule-mère du
grain de pollen aux cellules-peliLes-filles, on constate ainsi une réduction notable dans
, quantité de chromatine,
Cofnme cela ressort de l'inspection et de la comparaison des dessins 2^ à 31 et 32 àil,
c*e«t le mode de division deâchroniosoiue&qui diU'ere eâsentiellenienten ce qui concerne
i eelJoleâ seiuelles Les réactions micro-chîmiqueï* ne nous permettent pas de distin-
»©r des substances ditrérentes an centre et aux exlr«'niités de ce^ éléments infiniment
etits. n est donc peu probable que la division, en lonj*' ou eu travers, rliange le fond des
|>héoomènes. Autrement dit, qu'il y ait dédoublement en long ou segmentation ett travers»
te résultat est identique : i! assure une rejtartition égale des chromosomes Ois et
petits-fils entre les générations d'éléments ^exueU. Ce qui caractérise la genèse des cel-
lules sexuelles» ce sont les faits suivaitis (voir fjg. 24 à 31 et 31 à 41) : 1** les premièrta
i^tUtileit BexuelUi (I"* génération) possèdent encore une masse chromatique qui >ubit une
iugmentation notable à la suite des pliénomèneâ de croissance; mais cette augmenta-
tion n*atteint que la moi lié environ de la quanlilé de cbroniatine que présentent les
cellules «omatiques; d*ot*i le nombre inoiLté moindre des cbromosonies; i*' /es tfeujtiftnes
celluhii sexuelles (2* génération) se produisent fiar ta division immédiate des premières,
sans repos intennédiaire et sans act^roissement de la masse chromatique. Le mode de
dÎTision des chromosomes (longitudinal ou transversal) parait secondaire; le phénomène
essentiel et constant semble être le développement d'un élément (sexuel) pourvu de peu
de chromatioe, de sorte que le ymin de pollen t* présente une celtute qui ne po^tiède que
in moUié on une fraction de ehromittinc d^une cellule iiomatiquc.
B, Anûsauz. — Origine et valeur celliduire du lipermatttzoide, — Le sperme élaboré par
les testicules contient un nombre presque incalculable d'éléments mobiles ou spermata-
xoîdes dont nous avons déjà parlé antérieuremenL l^es éléments sont uï i t ru se o piques,
longs de 50 à 70 u chez, l'homme, et larges de 5 fx du eàiè de la tête, tandis i|ue la queue
tlliforme se termine par un ttl si ténu qu*il n'est pas mesurable* il est à peine besoin
d'insister ici sur les difi^érences de eonfij^uration de la tête, qui est le plus souvenl piri-
forme [hommej, ou rectangulaire i hérisson)» ou en faucille (rat, souris}^ ou en bàlon
droit ou contourné (Oiseaux et Beptiles),
Le fait constant est le suivant : la léte est Tormée par de la chromatinei Itindis que la
queue présente les réactions d'un corps cellulaire muni de cils vibratiles. Avec une tech-
nique convenable, on est arrivé à distinguer dans le corps du spermatozoïde diverses
parties qui sont les suivantes (fig. 42) :
1<^ Un segment limité sur notre dessin par deux traits foncés d'une partet^ de l'autre,
par une seule strie foncée ; ce segment a reçu le nom de segment J*union ou intermédiaire ;
il n'est long que de 3 à 5 ^ et épais d'un }i. Ce segment présente un filament axial, de
structure fibrillaire^ entouré d'un manchon hyalin. Les traits foncés ont été diversement
interprétés; ils se colorent comme des granulations chromophiles. Souvent on observe a
la surface du segment intermédiaire un ou plusieurs épaississernents ou restes proto-
plasmiqucs déjà signalés par Dljahdin en 1837 sous le nom de nodules. Faisant suite au
segment intermédiaire, le lilament caudal a été subdivisé en segments principal et ter-
minal. La différence essentielle de ces deux derniers segments consiste dans ce fait que
le serment principal de la queue est composé d'un filament axial, fibrillaire, entouré
d'un manchon protoplasmique tandis que le segment terminal est formé uniquement par
le prolongement même du filament axiaL
Giminent le spermatozoïde se forme-t-il dans le testicule? Cet organe est essentielle-
ment ronstitué par des tubes revêtus d'cpithélium. Les assises épithéliales produisent des
cellules qui se transforment en spermatozoïdes. La rangée externe des cellules épithéliales
est formée de cellules aplaties qui reposent sur la membrane externe, membrane eon-
jonctive ou propre : on les appelle spermfUouonies. Elles se multiplient par voie niilosique
et donnent naissance ù des cellules à corps cellulaire volumineux, dites sperm^itocytes de
premier ordre. Ces spermatocytes subissent une double division par voie mitosi4|ue.
Le» cellules externes (cellules-mères primordiales des spermatozoïdes, spermato-
UH
FECONDATION.
goiiies) dulubesémiiiîpare se divisent daprèâ le même mode que les cellules somatiques.!
A Téiat de repos les spermaloj^anies [Kissèdent un protoplasma assez abondaiU; hat
noyau à contour sinueux présente des amas, ou blocs clairsemés, de ctiromaline. Quand'
Ja spermalo^onîe se prépare à Ifi divisior», les blocs de cbromaline se convertisseot en
(ils minces qiti se nHmissent entre eui pour conslituer un Olameiit dont les contours
multiples donnent rima^,'ed*un lésean. Pois le lîlamentse contraele, et le noyau passe nu
stade du peloton. (Voir lig. 42 de l'article Cellule, p. 42T,j
Si Ton a affaire au testifute d'un animal dont les ceïtules somatiques préseotent aae
plaque nucléaire de 24 cliromosomes^ le filament pelotonné de la spermatoj^onie se
coupe par division transversale en 12 chromosomes qui montrent déjà ou ne tardent pas ^
à montrer un dédoubtemenl longiludinaL Les 24 chromosomes se placent â Téqualeur
du fuseau achromatique qui s*est formé sur ces entrefaites, et constituent une plaque
nucléaire de 24 cbromosomes.
Ensuite les chromosomes s'éloignent dt* l'équateur et chcminenl vers les pôles, de
telle façon qu'une moitié des chromosomes Ra;;n« le p61e supérieur, et t'aulre moitié le
pôle inférieur du noyau* Quand le noyau primitif se sera détlnitivenient partagé en deux
noyaux secondaires, chacun des noyauv et, par suite, chaque cellule-iilîe possédera
1 2 chromosomes qui se fusionneront pour former un réseau chromatique.
A cette période de multijilication sufct'deni un stade de repos pendant lequel les '
cellu!es*filles s'accroitroïjl et acquerront chacune des dimensions et nne valeur chroma-
tique équi\alente3 à celles de la cellule-niére. Lorsque les cellutes-filles se diviseront à
leur tour, chacune d'elles se comporlera comme la cellule-mère.
D'après ce mode de division, chaque cellule-fille représente la moitié de la cellule*
mère et, grâce aux phénomènes de nutrition consécutifs, elle ne fait que s'accroître de
telle sorte que ses diverses parties arrivent à avoir la taille et les caractères de la
cellule -mère.
Les cellules qui vont produire les spermatozoïdes se divisent d'après un mode qui
s'éloigne h bien des égards de la mitose typique.
On a désigné ces processus sous le norn de ftivisiou hé teroiy pique. C'est une mitose
dont les phases essentielles rappellent la description que nous avons donnée plus haut des
cellules-mères du pollen (Voir Tensemble des ligures 24 a 3U). Prenons comme exemple
un animal dont les celluïes somatiqufs pn-sentenl une plaque nucléaire de 24 segments.
Au moment du stade du tilanient peloloniié, celui-ci s'épaiî^sit et semide composé d'un
ûlament double; mais les deux moitiés restent accolées. Puis survient la segmentaliou
transversale du fîUunetit; mais, au lieu de 24 segments chromatiques ou diromnsomes, on
n'en compte que 12 dans ta plaque nucléaire. Cependant la cou tlgu ration de ces chromo-
somes est diiïérente de celle des chromosoini'S d'une division typique; le plus fréquem-
ment ce sont des boucles, des anneaux ou des cerceaux qui se placent parai leltement au
fuseau et s'élirenl en losange. Ensuite Tanneau se rompt à réqualeur, et les anses che-
minent chacune vers le pôle correspoudanl, Mais, avant d'y arriver, chacune des anses
ou segments montre un commencement de dédouldemcnf tonf^iludinal.
lïonc tes noyaux des rellules-lHles se forment eliacun aux dépens de deux chromo-
somes doubles.
Bès que les noyaux et tes celtules-Qlles se sont séparés, survient une ^econiie division
sans repos intermédiaire. L^a caractéristique de cette seconde division est la suivante :
chacun des chromosomes doubles ne fait que se dédoubler ou se couper en deux cliromo-
somes simples, de sorte que ïa plaque nucléaire ne montrera que quatre eliromosouies
simples. En se répartissatit ensuite deux par deux sur chacun des noyau x-petitstiîs, la
cellule-petite-fille, ou spermatoi^yle de dcusiémo ordry, n*aura que deui cliromusomes
simples. Le spermatocyte de deuxième ordre ne possédera ainsi que la moitié ou une
fraction de la valeur chromatique d'une cellule somatique. Il en est ici comme des crains
de pollen. Autrement dit, chaque cellule-mère de pollen, chaque spermatocyte de plu-
mier ordre, donnera naissance à quatre éléments reproducteurs mules, dont la richesse
chromatique se trouve réduite de moitié, ou davantage.
A Fappui de celte description que j'ai schématisée à dessein, je cite les observations
de Meve^:, BRAgca,lâNssENs, R, un Sini^ty et celles des frères Bociw.
r«a cellule-mère des spermaloïoïdes (spermatocyte de premierordre) se divise d'après
FECONDATION.
441»
I
I
I
I
itti mode iniaiogue â la cellule-mere des grains de pollen. IlEvty a vu, dan* les spermalo-
cytea de premier ordre de la salamandre au stade pelotonné, se former» par B^issiion trQjis-
Tersale, \i chromosomes (au lieu de 24 comme dans la mitose âe& cellules somalt(]nes).
Cui chromosomes ré pn^se niaient d«yà Jes cerceaux contournés en divers sens. Au stade
de lii plaque équaloriale, les \'l chromosomes se placent parallèlement au foseaii
achrumatîi{ue, et chacun s*étire en losange, ce qui imprime a la pla^fue nucléaire l'aspecl
C4Paclerîstique iVun lonnelelv Ënstiite, le losao^e se rompt au plan ëqiiatorial; chaque
moitié so rend au pAle correspondant. Pdndanl que la moitié, ou chaque chromosome
simple» se i-end au pôle, on y voit âéjk Ôm indices du dédoublement qui ne sera achevé
qu'a la divis^ion suivante. Cette deuiîème division suit, en effet, do près la première,
sans sltttle de repos» cVsl-â-dire sans accroissement des chromosomes; elle consiste,
pour ainsi dire, dans le simple dédoublement longitudinal des 12 chromosomes, de sorte
qa ils viennent former une plaque nucléaire de 2i chromosomes. Aprèî» leur répartition
à cliacuti des pôles du fuseau» chaque nojrau-pelit-flb reçoit 12 chromosomes.
Ainsi chaque cellule-pefite-ûlle, i>n spermatocylede deuiiéme ordre, no reçoit en fait de
substance chromatique ijue ta moitié du corps de chacun des chromosomes qu'on observe
dans la cellulo-tllle. La diliérence nucléaire de la cellule-pelite-fille porte uniquement
sur la Induction quantitative.
Les phénomènes iîo la spermatogénèse se passent d'une façon analoj^ue chez nomhre
dMlrcs inférieurs. IhiAuca, qui a étudié â fond la formation des spermatozoides cbei
l*^4sç«rw nifgaiocephata, trouve que chacun de ces éléments ne représente que la moitié
d*une cellule somalique au point de vue de aa richesse chromatique. Quand, chez ta
variété bUatef*», tin spermalocyte de premier ordre se divise, le filament nucléaire
montre quatre ranimées de granulations qui restent accolées par du nucïéoplasma trans-
parent. Ou a donné à l'aspect présenté par ces rangées de granulations le nom de yrott-
pritient ffuaterne on tHmde.
Ce lllament, «lui semble qtiadruplô, se coupe en travers en deux segmenU :d'oà deux
i'hromosoraes quatemes qui se placent a Téquateur. Alors dodonldement réel de chaque
chromosome, dont Tune des moitiés se porte à l'un di^s ptMes, et l'autre au pôle opposé.
Le résultai de la premi^>re division est doue un partage égal de chacun des chromosomes
quaternes entre les deux cellules filles. Alors se fait immédiatement, sans stade de repos
inlermédiaire. la seconde division (spermalocyte de deuxième ordre) qui consiste dans
le dédoublement des chromosomes binaires. Chaque
celliile petîie-Qlle.ou spermalidc, ne reçoitdonc que
la moitié de la chromaline de la cellule-mère.
Les cellules pelites-IUIes des spermalocyles de
premier ordre sont donc des éléments dont le noyau
ne possède que la moitié ou une fraction de la chro-
mâtine des spermatocytes. Ce sont les spermatides
dont chacune deviendra un spermatozoïde.
Voilà !c8 changements morphologiques, structu-
raux et chimiques que subit la spermalide quand elle
9e convertit en spermatozoïde. Pour ce qui est de
la chromaline, elle existe encore à Télat de granu-
lations distinctes dans la spermalide, mais peu à
peu elle se résout eu une substance de plus en plus
homogène ffig, 43).
D*auti'e part, le noyau quille le centre de la cel-
lule et s'avance vers l'extrémité qui sera îa tête en
même temps qu'il s*al longe et prend une forme
aplatie et ovoïde. Les spermatides possèdent deux
corpuscules, qu'on a homologués avec les corpus-
cules centraux (voir Iig. i5L Ces deux corpuscules
gagnent la périphéiie du corps de la spcrmatide :
du corpuscule superficiel ou dislal part utJ prolonge-
ment, ébauclie du serment ou Htamcnt caudal. 1/3 corpuscule profond ou proximal
prend la forme d'un bâtonnet transversal (flg. k%) et s'accole au noyau. Le corpuscule
It, 13. u. is.
4?, SperttxaîûzQiât Acimain, 4'aprH Mbvrh. —
43, (à droite «C en bm») sp<:^rnialido /cane
cuiiimeD>:&iït (lar to Ir&Qsforttior eo aptr-
iiiftioxoi^lr. — 41 (à droiU et tu haut]
spemimtidft plu« avaoc^Q dans son évolua
cion. — 4S, ft|)>ermatide qui est en vaie de
prendre 1» forme d'un tperfnaiosotde.
lu
%0
FÉCONDATION.
distal prend la forme d'uo anneau. Les enveloppes proloptasmiques puraissent fna*
venir dit corps celtiLlaire, qui semble couler^ pour ainsi dire, Je long da filament aital
{r\\l, 42 et 43).
En résumé, de par son origine^ H malgré sa structure compliquée et lu quasi spontannie
de «cfi monvementa, le ^perm'iiozoidc ncat qa*une cellule dont le noyau possède une fmcUùn
de rJtrotmUine en cùmpartmon du not^au (Pune ceUuU iéomntique,
IV. Valeur cellulaire de Tovule. — A. Oofphére ou ovule des végétaux supérienrt
{ÀngioHp'rmrH). — f.Vir;^ inr ^*}xuel ^aucrlle) se dévelopjiedajïs la Heur aux dépens d'un
Fio. 40. — Coup* pasftaai ^^r I axe du niKcIle de
iJtikm Martûffûn. — jtc, collulo-mèro du sac om-
hr^'QDiiairc «jui a *ièj& pri« iiaacoroi«»ciii«nt codiU
déralil». Jl rcDt'ornie un «cul noyau dit pritoairo.
— li, tègum«ot d« Tovule (d'aprôa Quionaiu»),
FiG. 47. — Coupo analogue qai moPtru le défi
lopp^meiit al teneur do la collulo^mèra C4»iii«^
prinaanOfl tiatiu ofiveJop]>&Qtet lea logumtnti
interne ((i) etoKt^rne jfeK ]lQe«oatient«riror«
que te Doyaa primaire (d'après GriaiURDu
em-
amas de cellules dont le centre ne tarde pas à ^Ire occupa par une cellnle volumineosi»
(Hg, Wj. On lut donne le nom de eeUule-mcrê du sac embryonnaire (se). M cootient un
noyau éf^aleuient très gros, appelé nouau primaire. Cette ceïUile
aeijtiiert un développement coniidérable, comparativement aui
cellule^ii qui IVuveloppent et qui conlribueiil
à ta forma lion des téguments ovul aires {{{g.
47), Bientôt la cellule -m ère du sar embryon-
naire se div'is»\ pour produire deux cellules
secondaires, puis qualre cellules dont le pro-
toplasma resle commun pendant quelque
temps (il g* 48'. Quand les quatre noy?iuï se
sont divisés à leur tour, le sac embryonnaire
contient huit noyaux dont les trois supérieurs
et les trots inférieurs sont séparés les uns des
autres par des limites cellulaires plus on
moins nettes» tandis que les deux noyaux qui
occupent la région moyenne sont encore réunis
par un protoplasma cotnmun» Chacun des huit
noyaux a reçu un nom particulier, parce que
leur destinée est difTérente : au sommet du sac
embryonnaire se trouvent les noyant des deui
eellulesquî s*appellent stjnergida; au-dessous de celles-ci est l'oo*-
phère qui estlVrw/e proprement dit. La base de Toosphère contient
le$ antipodes. Les deux noyaux du centre sont dits noyaux polaires.
Ces divei*» noyaux ont-ils la même valeur au point de vue de
leur richesse chromatique? Pour répondre à cette question, je cite
les observations de Guicxard, qui a étudié les phénomènes
intimes du développement du sac embryonnaire chez divers végé-
taux, et en particulier sur le Lis [Lilium Martagon), On sait que les
cellules ordinaires de cette plante» cellules somaliques, montrent
au stade de !a plaque nucléaire vingt-quatre segments chromatiques
ou chromosomes. Il n en est pas de même pour les noyaux du sac. Gdtguaiid a vu el
représenté (flg, 4a et 49; un sac embryonnaire au stade de deux noyaux, l'un et ratilre
Fia. 4H. — Sac
bryonnaire après U
diviaioD «lu noyau
primaire on quatre
noyaun: dom «upe*
rieurs moiua voluoii-
Deux que Ipi deux
inférieurs (d'aprè»
Fii
diviaioi 1
Ift. — îSac embf^o
naire après ta i
d^i quatre oojmaz
la tiq-ure 49 et apvM^
l'un d«fi qiiatra noyav
Mtpèhetirs et un anti
des quatre noyanl
férîear« ont gagné ]#<l
oeotré du B^c embryn^ |
naire pour y former Irt
noyaux potaim. Ijcaorn-
oiet re»ta occupé par
le& deux Dojaux. ditt
sym^ffùieg ; au-d esa« u*
de eeox-ci «• U
VoMpèérr; en hm
voil l«a mUipùdâ».
FÉCONDATION.
:2ôl
I
I
I
I
•Q voie de se diviser. L'ioégalité des noyaux est frappanle : dans le noyau du sommel
qui fa protluiriî les synergides et Toosphère, on ne compte que douze chroinosoine»^
Uodis que relui du bas (antipodes) en offre souvent douze, vingt ou môme vingt-
quatre. Le nombre de doute ne changera pas par la suite ni dans le noyau supérieur, ni
dans ses dérivés, a II apparaît ainsi, conclut (iUiovard, dès les premières divisions qui
s'effectoenl dans le sac embryonnaire, une dilTérence caractéristique dans la constitu-
tion des noyaux, dilTérence qui coïncide avec le nVle qu'ils auront à remplir. »•
En un mol» Toosphère, qui 8*unira au pollen pour former Vébouche de retnbryon,
correspond, au point de vue de sa valeur chromatique, non point h une cellule entière,
mais à une moitié de cellule.
B. OTiile dei animaux. — L*ovule est une cellule spéciale de Torgane propre aux
(emelles et connu sous le nom â*t}vairc. Le jaune de Ticuf des oiseaux représente un
ovule dont une grande parlie do corps cellulaire s*esl chargée de matières graisseuses.
Chei les Mammifères, lovule est fort petit; ses dimensions varient entre 0»,06 et 0",20.
Ce n*cst qu'en I82T que Baer a découvert l'ovule des Mammifères au milieu de la vésicule
oufullicale que RKGNrER de Gbaaf avait signalée sur divers quadrupèdes et qui iM connue
sous le nom d'ouùac, L'ovisac ne représente, en somme, que des cellules épithéliales dont
la multiplication a pour but de porter l'ovule vers la surface de
Toviiire et de le mettre en liberté au niomenl de la rupture de
la paroi.
L*ovule n'est qu'une cellule. Il se conjpose : 1* d'une mem-
brane d'enveloppe; 2^ d'un corps cellulaire ou protoplasma,
dit vUtUuB;2'^ d'un noyau, appelé testicule cjerminativc. Ce noyau
est volumineux; chez les .Mammifères, il atteint presque le
quart de Tovule, et contient deux ou trois granulations ou
nucléolêit dites taches geimi natives.
Bien que l'ovaire se forme de bonne heure, les ovules ne
sont pondus qu'à partir d'un Age déterminé, et, pour pouvoir
être fécondés, ils subissent des changements profonds. Les
ovules sont formés de bonne heure, dès les premiers temps de
lapénode embryonnaire; ce sont des cellule? possédant les
caractères généraux des cellules somatiques, Maiî*, quoique impropres à être fécondés
jusqu^à un certain «Ige, les ovules non seulement grandissent, mais subissent une série
de modiflcations qui Unissent par en faire des ovules mtirs. Je choisis comme exemple
r<puf de salamandre, si bien étudié par Cvbnot et Lebron. Les salamandres sont vivi-
pares^ et les larves sont pondues au printemps dans Teau. La première anuée, les jeunes
salamandres sortent de Teau et mènent une vie terrestre. La deuxième année, leurs asufs
ont au printemps un diamètre de O*'*«,200 environ avec un noyau de H à 12 ji; en
octobre, ces œufs atteignent i)°*°^,3{H> et leur noyau 14 \i, La Iroisième anoée» les œufs
ont O"»,50O avec un noyau de iOO à 200 ;i; la quatrième année, i'^",oOO et un noyau
de 400 ji, La cinquième année 3»»",500; leur noyau mesure 400 à ^iOO ou i>lJ<) {a. Ces der*
uiers œufs sont alors aptes h être fécondés. La maturation dure cinq années révolues.
Sur une salamandre adulte, on rencontre tous ces stades dans le même ovaire.
I^endant cette évolution qui conduit à la maturation, non seulement l'ovule grandit,
mais son noyau est constamment le siè^e d'une série de translbrmationïi. Les grains et
es lilaments de ehromaline présentent des cbangeraents continus de forme : les gruins
se disposant en lilaments, et ces derniers subissant à leur tour la résolution granuleuse.
Quandi à la suite de ces phénomènes de croissance et de modifications intimes, Tovule
est devenu une cellule énorme comparativement aux cellules des autres tissus, il est
arrivé à maturité; mais son notjau entkr n'est pas apte à être fécondé ; ce n'est qu'une
fM>rlion du noyau, un noyau-Ols ou pelil-fils qui s'unira au spermatozoïde pour former
un être nouveau. A cet effet, le noyau ou vésicule germinative quitte le centre de Tieut,
te divise par mitose, et l'une des ceïlules-tilles est expulsée sous le nom de corpuscule
oa globule polaire. La formation du globule polaire chez les oursins se fait dans Tovaire,
par conséquent avant la fécondalion- Il en va de même, selon R. Fick, de l'œuf d'axolotl,
où le spermatozoïde ne pénètre dans l'œuf que quand ce dernier se prépare à émettre le
fécond globule polaire. Chez la majorité des autres animaux, le spermatozoïde pénètre
Pift, 5(1. — Oruie de «au**!!
mûr flt se |}répaniui A Im
dlTiHioa pour émcttn li^
premi«r k'<»^uIc polaire,
il 0 près SOBOTTA,
S5S
FÉCONDATION.
Fio, 51. — tlrtttn de putîUn
udulU de Litium Atnrta-
fion av<*r tes detiji
DoyAu& 1 te SQpAfienr,
ou noyau v**gétattf, tnl
pourvu d'uni* chnrpcnlc
ehromAti(|ue déJioarfl «1
d^Qii gTa» mictëole, Im
cbUuIo infi*F\e\iro, ou
cêtiuff Qt'nératrice, «si f u-
chromatique du noyau
est Bctrèe et fortomeot
colorahle ; ce nayau e«t
entouré d'une coueb<*
protopi&sirnique avec
deux i|jh«yfe« directrices
à Tiioe drt oxtr^niit^^^
do la cotlule.
dans rœuf» pendant que le lïovau ovulaire se divise ou se prépare à la dimion pour
fournir Ui premier globitie polaire*
V. Phénomènea qui précèdent et accomp&^entrunlon de l'anthérosolde ou
spermatozoïde au noyau de Tovule arrlTé à, matarlté. — A* ?égétaaz fupériearf
Doubla ié cou dation. — Coaitne nous l'avonfi vu (p*241), Aaici apti suivre le tube qu'émet
le fjrain de pollen à travers le Btyle dti pistil jusqu'au nucelle
et arriver au contact de roospbôre. Que se pa*se-t-il alors?
Pendant des années, on croyait à un mélange intime du proto-
plasma ilu graiti Je pnllen et de celui de Toospbère. Le jeune
être ou embryon résulterait de l'union de deux cellules entières.
Par une l<jngi»e série de rechercbes, GutnjSARD parvint à
montrer que ce ne sont pas des cellules entières qui se réu-
nissent; ce sont surtout les noyaui, et encore ces noyaux n'ont
que la valeur de demi-noyaux au point de vue de leur ricbess*
chromatique. Dans une espèce de Lis ^Lilium Martagùn) où les
cellules Hoinatiques pi-ésentent une plaque nucléaire de vingt*
quatre segments, ou chromosomes, (iuiCNARD a vu que les cel-
lulns qui donnent naissance aux grains de pollen ne possèdent
que dou£e chroruosurnes. Au mo-
ment où le grani de pollen gctTUe,
c'est-à-dire quand il va former un
tube pollJni:iue qui pénètre dan?*
le pistil, le noyau se divise en deux
jKiyaux-lils, i*ii gros ou véfjélatif,
qui ne sert *\u^k la croissance et à
la nutrition du tube végétylif, et
un autre plus petit, mais fixant les
matières colorantes plus ènergiquement que te premier
(flg. 51). Ces deux noyaux ne possèdent chacun que douie
chromosomes. Le petit noyau ne tarde pas à se diviser en
deux noyaux nouveaux, dont chacun
comprend comme lui douze chromo*
somes ((]g. r»2, 53 et 54). Cesi Tun de
ces derniers noyaux qui reçoit le nom
de noynu tfénérHteur, pariée que, arriv*5
avec le bout du tul>e poUinique au contact de Toosphère, il s*uuit au
nojau de roosphère et constitue Vœuf fé^an'ié^ l/iPuT fécondé en se
divisant donnera naissance à lembryon qui, plus tard, reproduira la
plante.
Le résultat esseirtiel de celte première série des recherehes est
donc le ?iuivant : Tembryon on planlule provient de la fusion d*utie
fraction de noyau d*une cellule niAle avec une frarlion de noyau de
cellule fetnelle. Mais qun devient le coyau-frère du noyau généra-
teur? On savait qu*à côté de rendtryon il se développe aux dépens du
sai: embryonnaire un tissu rich^ en substances nutritives appelé atbu-
men ou enflo:iperme. Embryon et albumen constituent la graine. D*oà
provient cet albumen? On saviiil que les deux noyaux polaires se
fusionnaient pour constituer le nofjatt aecondairc du sac embryon-
naire. Ce noyau secondaire, au moment précis de ta fécondation» le
divisait une premier*^ fois; puis les cellules-ûltes continuaient à se
diviser et à constituer un tissu ou parenchyme qui enveloppe Tem*
bryon, se gorge de -«substances nutrilives (amidon, liuilc) et constitue
pour l'embryon une sorte de réserve nutritive.
Sous quelle influence le noyau secondaire commence-t-il à se diviser? Est-ce Pinlluence
de voîstnaife de l'oosphère fécondée? On Tignoratt jusque dans ces derniers temps. Ifats,
grâce aux découvertes de Guu.xahd et Nawa^chlne, nous connaissons maintenant le sort
du noyau-frère du noyau générateur et la raison du développement du noyau secondaire.
Fio. 5^, — Grain de potten m grr^
miHttlioH .* 1« c«Uuî<? (fénframet.
en ha»: U cHluk i^éffH9(i9f. t^»
hattt^ avw ae« Heiix fi|ibèr«a diwyv
irlccs i^raprèi Gîtionar»).
Fio. 53. — Tahc [loK
liolquA do Littum
Mnrtaffun moatraut
en btu , le noyau
végétatif et/ en
Aauf, lo no'jau gé-
nérateur eo vol»
dft te diviaor en
deux gamètft ou
actthémsotdes (d'a-
près Gdigxari*).
FÉCONDATION.
MS*
it son origine à la fécondation du noyau secondaire, il y a donc Técon-
qni se fait de la façon âui vante chei les végétaux aDjfîospermes, d'après
Its rerhercltes de Guignard :
Sar la ligure 56, on voit que le tube poïlinique est vide et que les
deux noyaux générateurs^ i fig. H4) du lobe poïlinique se sont échappés
dans le sac embryonnaire. De ces deux noyaux fnn s'accole à Tous-
phère. l'autre aux noyaux polaires. Comme le montre le dessin, ils
ont cliaugé de forme : Tun et l'autre se sont allongés en un corps
qu! s'incurve de diverses façons, d'abord en forme do crochet, de
croissant ou de boucle» légèrement renllés au centre et parfois plus
minces à l*un des boots. Ils prenn*"nt un aspect vermirorme. Leur
allongement s'ac^^onipagne d'une lorsion qui peut être celle d'une
spirale comprenant un ou deux tours irréguliers. Ils ressemblent
singulièrement aux cellules reproductrices mobiles qu'on connaît
/ ^ depuis longtemps chei les végétaux inférieurs sons le nom iVanthé-
ro;ui>/fif. Bien que les noyaux ou cellules mÂles des Phanérogames
soient dépourvus de cils, Guignabd propose de les appeler anthé-
rozùïdcs, nom qu'ils méritent au même titre que les corps reproduc-
tetLTs mâles des Cryplogaines vasculatres ou de certains (vvnmos-
permes.
L'anthérozoïde supérieur est plus mince et plus court que Tinfé-
rieur; il s'accole latéralement au noyau de Toosphère (en haut et à
gaui'he de la (ïgureHS) et s'unit finalement k ce noyau. C'est une véri-
table copulation. Le noyau de l'oosphère reste
pendant quelque temps distinct de celui de l'an-
thérozoïde ; ranthéroioïde appliqué sur le noyau
de roosplière ne grossit que lentement au contac
de ce dernier et reste plus chromatique jusqu'au
moment où se produit la bipartition qui fournit
les deux preniières cellules de l'embryon.
L'anthérozoïde inférieur, plus gros que le su-
périeur, se rapproche des deux noyaux polaires.
Lorsque, à l'arrivée de l'anthérozoïde, les deux
noyaux polaires sont encore séparés, Tanthéro-
^oïde s'accole à l'un et à l'autre latéralement et
s'applique plus ou moins intimement à leur sur*
face. Si avant l'arrivée de Tanlhérozoïde les deux
noyaux polaires sont déjà réunis et fusionnés à
leur surface, l'anthérozoïde se fixe à la masse
commune des deux noyaux polaires.
Ainsi l'un des deux anlhéroxoïdes s'unit aux
deux noyaux polaires ; de cette copulation résulte
une cellule, ronlenant un gros noyau dit ^econ-
attire^ dont la division donnera lieu à la formation
de Valbumeu. Le noyau second^iire semble ainsi
résulter df* la fusion de trois noyaux, ce qui permet de mieux com-
prendre, selon GniGNAïiD, la cause de Taugmentation si prononcée du
nombre des chromosomes, fait qu'il avait signalé depuis longtemps
Le développement de l'albumen n'est donc pas dû, comme on Tavait
cru d'abord, à la fusion des deux noyaux polaires*
Voici rinterprètatîon que propose {jcignahù qui, eu France, a
découvert et décrit les faits précédents, pendant qu'en Russie Nawas-
cui?iE en observait d'analogues.
Les noyaux sexuels diiTèrent des noyaux végétatifs par la réduc-
tion du nombre des chromosomes. Dans le Lis, par exemple, les noyaux sexuels,
mâles et femelles, possèdent 12 chromosomes, tandis que le nombre typique de ces der-
niers est de 24 dans les noyaux végétatifs; après la fécondation, ce dernier cbilTre se
Kia. 54. -«'tftt* fleure
repréMDCe h tube
poUini^oe «rkè au
•oaiai«i du sac •m-
^-WyoanAlre; on voit
C#D aothérofoldei
qui rétultent de I»
division du uojrau
b géBèrmteur; ils sool
] tnt le point de pé-
néirer d&ns )o suc
«mbryonomire.
Le lonim*! it^otttre à
et,âdreitej'uj)ede9
jtlfHttffidêë. Au cen*
, •« troiiir«iit l9«
ux noymnx |M>l«i'
re«, et, en \mm, le»
anSip^in ( d'aprèi
Fio. W. — I.M* d«us
anthéroioïdei «•
tfouveot dans le
UM.C embr^ODuaire :
luiï (à gauche el
OQ haut) esc acc^ld
k l'oosphère^ et
r«utrfl (au milioii)
est à cheval sur
les deux noyaux
pelaî res (d'après
tsi
FÉCONDATrON.
rBUfMfe àann le itoyan d^ l'œuf eo dif isîon. Le nojau {K>laire sopérîear, étant le i
de Cfïlitt de rcKH^plière, rerott également 12 chromosomes; mais il n'en est pas de i
du ooyaa polaire inférieur ijui prend naissance avec un nombre de chromosomes plus
élevé et parfois éf<al à eelut qu*ou rencontre dans le^ noyaux végétatifs. Ce qui le prouve,^ j
G*e!kt que le noyau secondaire, ao moment où il 5e divise après sa copulation avec Tun de
anthérozoïdes, ofrre on nombre de chromosomes «supérieur à celui qu'il devrait avoir m|
les trois noyaux qui le constiloent n^avaient «u chacun que le nombre réduit caractérif
tique des éUîmenlb ^exueK, Voilà pourquoi, dans la Lis et la Fritillaîre tout au moins, letl
deux copulations ne sont pas identiques; la preoiî&re, celle qui porte sur Toosphére^
représente seule une fécondation vraie; la seconde est une sorte de pseudo-fécondation.
Pour NAWAscMiftr., cette pseudo-fecondalion équivaudrait à la formation d'un second \
embryon; mai? ce second embryon servirait à la nulrition du premier. Quelle que soit]
rinterprétation qu'on adopte^ il n'en e^^t pas mains vrai que te premier efabryon formel
par ]n copulation de deux noyaux équivalents possède seul les propriétés et les camc^]
kèren nécesf^iiire» au développement d'un être semblable aux parents. Le second, qui it'esH
constitiii' que par des noyaux inégaux, ne possède pa^ intégrale in eut ces caractères et nest
lUScepLible que d'une évolution, avortée, poar ainsi dire, puis^qu'il ne donne naissance
qu'à l'albumen, organisme transitoire destiné à la nutrition du premier.
Tout récemment, Guignard a observé des faits analogues dans le Saias major, tci
également les grains de pollen renf^ïrment, à c^té du noyau végétatif, deux cellules
génératrices mâles toutes formées. Le^^ noyaux de ces cellules génératiices s'allongent,
sans toutefois devenir vermiforraes, comme chei le Lis ou la Fritillaîre. Quand le tube
pnlliniquf^ a pénétré dan» le sac embryonnaire J*un des noyaux mâles se met au contact
de rooHfihère, et Taulre s'accole au noyau polaire ou secondaire. C'est une double
fécondation : l'oosphère fécondée produisant rembryon» et le noyau secondaire,
fécondé, donnant naissance h TalbuiDen.
11 en est de même dans les Hmoncnlacèes, La cellule génératriie produit deuxnoyaax
ou gamètes mâles qui an i vent avec le tube pollinique dans le sac embryonnaire et
s'unissenl Tiin avec le noyau de roosphère et Tautre avec le noyau secondaire du sac.
B. Animaux. — ^hmtatkm, — Lovule tel qn^il existe dans l'ovaire n'est pas apte à être
fécondé. Il nous fdut donc étudier sa maturation, ainsi que les actes préparatoire:*» lela
que la pûiUe ovuïaire et l'arrivée des spernialuzoïdes. ISous choisirons comme type
l'ovule de souris, si bien étudié par Sobotta.
a) Quand les cellules épilhéliales qui entourent Tovule se sont multipliées pour
former une épaisse membrane granuleuse autour de l'ovule, le follicule de tirauf, ou
ovisat*, représente une saillie prononcée d'abord vers rintérieur, puis vers la surface de
Tovaire,
Dans répaisseur de la membrane granuleuse, un grand nombre de cellules se fluidi-
Ûent: d'où la production de liquide {Hquor foUicuti). Ensuite la portion de la paroi qui
fait saiîlie se rompt» et Tovule s'échappe, entouré d'une couronne de cellules épilhéliales.
C'est ainsi (|ue lovule ou les ovules sont versés dont l'espace péri-ovarienou dans le
pavillon de l'oviducte en dehors de tout coït.
Sur la souris qui n'est pas en rut, Torilice vaginal est fermé par accolement del*épi-
tbéîium ; sur celles qui sont en rut, les ïèvresdu vagin sont rouges, et l'orifice est ouvert.
Les parois vaginales sont humides. Les cornes utérines sur la souris en mt se sont
épaissies, et leur lumière est remplie de mucosités et de leucocytes. Quand le coït a eu
lieu, les cornes utérines ont pris la forme de tubes à parois minces, et dont la lumière
est remplie d'amas jaune blanchâtre, composés do spermatozoïdes. Pendant plusieurs
heures» les cornes utérines présentent cet état de plénitude qui disparaît au bout d'une
demi-journi^e* Après un jour ou un jour et demi, les cornes utérines sont de nouveau
contractées cûmme avant le nit.
A quelle époque la ponte des ovules a-t-elle Heu, c'est-à-dire quand les ovules sont-ils
mûrs, et se détachent-ils du follicule de Graaf? Géuéialement on a cru et on croit que
c'est au moment du coït. Voici ce qu'apprend l'observation. Lorsqu'on sacrifie une souris,
une lapine, un cobaye qui viennent de mettre bas, on voit que chaque ovaire présente
plusieurs follicules de Graaf venant de s'ouvrir, c'est-à-dire de pondre l'ovule mûr.
Donc l'ovulation a lieu normalement sans qu'il y ait coït.
FÉCONDATION,
un
Si IdUNliib^ Q*69t pas fécondëe, la ponte ovutaire se produit ensuite a ititervaliea
réguliers Ûe TOgl-huit joors chez la femme, de vingt et un jours çhei la souris : en e(Tet>
après avoir Irouré one fois sur uue souris isolée du mAte des œufs dans la trompe Je FaU
lope, SoBorrA a sacrifié de nombreuses souris tenues loin des ti»c\les, 21 jours après
la mise bas, et chaque fois i( a trouva sur elles des ovules d.ins l'oviducte.
Chef le cobaye, Tovule raùi niesurr* 0™™,orO{BisciioFK, Heichkut^ Ki^kin). l/ovuledela
lapine et la chienne atteint O**"»! 80; celui du chevreuil mesure 0'"'"J2i», I/ovuie féminin
atteiot à sa maturité près de Û<"'^,2. Chez la souris, Tovnle qui urrive à maturité daus
l'ovaire présente à peu près Taspert et la structure de Tovule poudu et libre dans la
Ironipe de Fallope : la membrane nucléaire (de la vésicule gernunative) a disparu et la
chromatine se montre à IVtat de fra^îments ou de hli>€s épars dans le nucléoplasma. Le
nojau a une position excentrique et le pluïi souvent il n'a pa^i encore émis de globule
polaire, c'est-à-dire qu'il ne s'est pas divisé (fi g, 50).
Il est à noter que l'ovule de la souris ne se divise qu'une fois avant d'arriver à
maturité; en d'autres termes, 9 fois sur fO il n'émet qu'un seul globule polaire. Cet
ovule a une taille moyenne de S9 [i.
L'ovule est entouré d^ine membrane nucléaire (zonepellucide) épaisse de 1 ix à 1^5 [x.
Le protoplasraa ou corps cellulaire montre des boules noyées dans de rhyaloplasma.
L'acide osmique y démontre la présence de particules graisseuses* Ainsi le noyau est le
plus souvent au rcpo3 sur le.s ovules contenus dans les vésicules de Graaf prèles à se
rompre (souris avant ïe coït).
h) Du lieu de tn fécondation, — Cot^TE et <>EaBE ont fait nombre d'expériences pour
déterminer le point précis où s'opère la fécondation de la lapine. La rencontre de
ToTuIe pondu et des spei matozoïdes se fait onze ou douze heures après le coït, dans les
plif du pavillon de la trompe ou le tiers supérieur de la trompe (Voir p. 241).
Les ovules parvenus au tiers moyen de la trompe sont seg-mentés déjà, ou bien, s'ils
n'ont pas rencontré de spermaLozoïdeSt ils sont déjà altérés et en voie de dégénéres-
cence.
Pour ce qui est des Oiseaux» les spermatozoïdes du coq semblent remonter jusqu'à
rovaire pour y féconder Tovule sur le point de se détacher. Dans les grossesses ovarîques
des Mammifères, il en est certes de même. Dans les grossesses intra-péritooéales, la
fécondation doit également avoir lieu sur l'ovaire ou entre îes franges du pavillon.
c). Maturation de rovule, — Chez la souris, dès que les ovules sont pondus et arrivent
dans l'espace péri-ovarien ou pavillon de la trompe, leur noyau se prépare à la division
(flg. 56) : les blocs chromati«|ues se trouvent dans un nucléoplasma autour duquel la
membrane nucléaire a disparu. En donnant le nom de chromosomes à ces fragments
chromatiques (fi g. 57), on voit qu'ils ne représentent ni des bâtonnets, ni des segments
courbes ou anses chromatiques.
Ces blocs ou amas chromatiques (chromosomes) se disposent à l'équaleur du fuseau
qui se forme aux dépens du nucléoplasma (llg. 57) et constituent une couronne ou
plaque équatoriale. Le fuseau a son grand axe dirigé tangenttellement à la périphérie
de l'ovule, Sobotta n*a pu voir de sphère directrice ni de corpuscule polaire.
Quant au nombre des chromosomes, Souotta en a compté 14, 15, mais le plus souvent
12 (Og. 57).
A Téquateur, chaque chromosome se divisejet les chromosomes-ûls on jumeauï se
disposent Tun à droite et l'autre à gauche du ptan équatorial (lig.I)7). A la suite d'une
étude attenlire, Sobotta rapporte cette division à la segmentation transverf^ale et non au
dédoublement longitudinal des chromosomes. C'est ainsi que chacun d'eux donne nais-
sance à deux chromosomes jumeaux, courts et de forme sphérique.
Peu à peu le fuseau achromatique subit une rotation lente, dételle sorte que sou
grand axe devient perpendiculaire au rayon de Tovule, c'est-à-dtre parallèle â la surlace
de ce dernier (tig. 6i).
Simultanément les chropiosomes jumeaux se séparent, l'un allant vers le pAle supé-
rieur, l'autre vers le pôle inférieur du/useau. C'est le stade diasier.
A ce stade succède la séparation des deux moitiés de noyau, dont chacune est
flntourée d'une zone protoplasmique, présentant un aspect plus clair que le reste du
protoplasma ovuiaire. La moitié superficielle ou cellule-Glie superûcielle couslitue le
â56
FECONDATION.
premier globule polaire (fi^. 58). le Je répète ù deisein, les neuf dixièmes des avutes de
çoïipis ne développant qu'un seul globule polaire; un dixii-me seutemciil de ces tcufe
forme uu second globule polaire avant d'être fécondé. Datis ce dernier cas, le premier
gloïmle pofaire se développe déjà dans le follicule de Graaf.
Le globule pokire qui se sépare de Fovtile (lig. 58) el qui est refaolé sous la mcra-
brarie ovnlain* esl donc une cellule enUère, comprenant la moitié du noyau et une
portion du corps i"ellulaîred« l'ovule. Cestune cellule sirur tle celle qui va <^tre fécondée
avec un nombre réduit de cbromosomes. Pourrait-elle être fécondée aussi? c*c5l pos-
sible^ mais SoBOTTA ne Fa pas vu,
d) Pénétndion du spermatozoïde dans t*ovul€. — Avaitl le coït, les coiToes utérines sont
rétractées; tout de suite après le coït, elles sont gonflées de façon à représenter des tubea»
transparents dont la luiuîpre est remplie d'une bnnieur trouble. En examinant ce liquidfl^
trouble h un fort grossissemenl, ou y aperçoit des millions de spermatozoïdes dont les
têtes sont placées les unes à côté des autres, taudis que leur queue exécute des mouve-
ments qui rappellent les ondulations d'un fouet. Un potil nombre de ces spermalozoidef i
arrivent dans le pavillon de la trompe et au voisinage de Tovaire, Ceux qui rencontrent*
uu ovule traversent les cellules épitiiéliales ou disque proligére qui entourent encore
ce dernier.
De six à dix heures après le coït, le spermatozoïde qui a rencontré un ovule pénétre
dans ce dernier (fig. 58). A cet ell'el, la tête traverse la zone pel lucide ou membrauti
ovulaire sans que Tovule présenle de saillie ou cAne d'imprégnalioo à ce niveau. Une^
fois que la tête se trouve en plein protoplasma ovulaîre, sa substance se tuméfie, et,
après fixation, elle se colore d'une façon intense et uniforme, ce qui paraît indiquer
qu^elle se compose uniquement de cfaromatine. Comme le protoplasma ovulaîre fjai
entoure la tète du spermatozoïde se j^onfle également» on ob^ervw alors en ce point une
saillie ou proéminence à la périphérie de Tovule,
e) ÊvoUUion des pronuçli'L — La moitié de la vésicule germinative (après Tex pulsion
de Faiilre moitié sous la forme de glohule polaire) se présente à ce moment comme
une couronne dense de chromatine avec quelques restes du fuseau achromatique. La
tète du spermatOiÊOïde a une forme ovalaire, et sa masse est encore moitié moindre de relie
du noyau ovulaireffig. 60)» bien que ce dernier se soit réduit de moitié ou des trois quarU.
Chacune de ces masses chromatii{ues (tête du spermatozoïde d'une part, moitié du
noyau ovulaîre de Tautie) se prépare alors à former uu pronuciétm.
Les deux masses chromatiques augmentent de volume et montrent chacune un réseau
chromatique avec des épaisstssements; les mailles du réseau chromatique sont remplies
d'un plasma transparent ou juicléo plasma (fig. 60),
L'évolution ultérieure des proouclci se caractérise par la conÛuonce des grains de
chromatine, qui finissent par constituer un corpuscule central ou nucléole, d'où partent
des filaments allant rejoindre la membrane nucléaire lig. 61). A ce stade le pronucléus
femelle continue à être plus volumineux que le mâle. Ensuite la chromatine se dissocie
et se répartit sur le réseau nucléaire. Quand ces phénomènes ont eu lieu, la chroiuatioe
des deux pronucléi se dispose dans chacun deux en un long filament ou cordon chroma-
tique. Celui-ci est achevé vingt-quatre heures après le coït, et succède au stade précédeot
au bout de une heure et demie ou deux heures (fig, iyiK
Dés 1875» VAN Benkoen découvrit sur l'ovule fécotidé de lapine Texistence des deux
pronucléi : le pronucléus périphérique étant formé par la Léte du spermatozoïde, et le
central parle reste du noyau ovulaire. Plus tard (1880), X\h Hilsedeh et Juu« virent
les pronucléi dans l'ovule de la chative-souris, où ils les représentèrent au stade ou la
chromatine s*éiail ramassée au centre des pronucléi sous la forme d*uu gros nucléole.
Rein cunÛrma, en 1883, l'existence des pronucléi sur Tovule de lapine et de cobaye;
Heaï-e, en 1880, vit le même fait sur la taupe.
Les phénomènes évolutifs que nous venous de décrire offrent uu haut intérêt à divers
égards. En comparant les figures 59 à 62, on voit des cbangemenls profonds survenir
dans le volume et la structure des pronucléi. D'abord petits et denses, ils semblent s'hy-
pertrophier, La chromatine se répartit en forme de blocs au milieu d'un réticulum
nucléaire en même temps que des grains de chromatine se disposent tout contre la
membrane nucléaire, dont les contours s'accentuent de plus en plus. Un pi;u phis tard.
FÉCONDATION. 257
le noyttu, dont le volume a juigmenliî notablement (flg. ôlj, ne montre plus qnnu seul
«m*i> chrùmutique qm en occupe le L^enLre, A purtir de cet amas chromatique ceulraK (es
tlUmenls du réliculuni layouneut on stries divergentes vers la memlirane nucli-airo* CVst
eotisécuUvemenl a ces cliangemenls que la substance nucléaire prend la disposiliun d*un
ptloiott chromatique (flg. G3j.
M
p^ ^ tS^"^
^^^'É
ai
&•, ovi»J« (i« «ûurlft pri« dmoft la troiii|)e d« K*llot<k, j^ uoyàti pér3(iUèru|ii«, et i« Uis{ioiiiiit à l« mitOM ftonr
It <^ '^•" -'"Ml du |irtfmif)r fH^»!"!!*^ polaires. — 57, om'uIo prit duo» la tn»mp« da FALf^i*K', il pré««DCo un
m [ axi<i lariiKi'Diiiii*) : lu luiL^iiu tuaii|ue d>i fiûle, c'o^l-ii dire que tôt flJamoftu (ko coti*-' érigent pa«
* ' ipL^mtiQi. Il n'fl&tNiit ni cuuirotome, ni radiaiiaaA poliires. L^s ctirmno«onic*i sout d^âjà diviiA*
L 4iKpo»«« «n deux rajigéci. — &K, oyulc i*n voie de divisioQ litada diaiiUr) mi vue de la forinaiii>o dt>
lemii^r ^lobiila poLain*. Kii Ua-i «t & droite, on voit la lAte do ^permatoEoidc ipi'onuGl^AiitinAiPii i^ui a pêoétr^
lin» Kovala, — 53, ovula ajji^^ I cij^ulMioti du premier globule polaire inoiitranL à ^uclie lo proDuclèun
Df«Ue ot à drotl« [^ prouucMui niàlo, — 6U. ovul«, dont le« pronucléi te sont accrut et prétootaat un
culum cliroitiatU|ii« at ua uuclc^tjpplaimi siboinlaDt. — 61, U* dtux prouucUU, dooi la «ubalaoca cbro
aU()aei !»«u rama^^éc^ au cMitre «ous la fnrme dune masse ra|j|)alaut un nucléole. — 0*, la substance
oioaijiq^ae des deiuc proaucléi arcruM s'eat di«p<»ée on au Alameot cQ»DU>urné «i pf^lutaouà dauii lot^uel on
^ ■ JlgM** déjà do* anvM chroitiatiitito*, — ûi. aprA* l'accotement di>» doux proauol^u oa ««ul» à la tor-
^ iHW!^'' du fu4«a«i AGhrooiatiquo «i à rarraut?ftuii!ni dos auaes cbromatiquea à l'équati^ur du fuieau. Oti
^mjtpsi.i .r I r':!»niiiie sur la figun* 6i, la proiteace d'une tpbère directrice avf>c na eorpusicule cealral. *-
iHcer dtï ta^premkère dJivisieu de Re^rneDialioo, c'eat-à-dire de la diviaion du noyau karjriig^a-
; r.^» SOUOTTAJ.
Ainsi Tunion des promicléi e^l préc^Mée par une série de cliaiif5i?menl5 morpholo-
ffiqoes el mîcroi himiqtieà des plus niaiii rentes : d'abord formé par une ptHîLt^ masse Irè^
réduite de chromaliiie représentée pur la inoilié ou le quart de la chromatine d'une cet-
laie paternelle ou malenielle, cliaqo+i pronucl^ui s*accroît; sa cliromatine se frasrruente,
puis le^ frag iietiU se riiinas^ent à un momifnt donné en on corpuscule central, pendant
OtCT. UK rMTfSIOLOOlK.— TOME VL 11
^M
FECONDATION.
^tie la masse du uucléoplasma augnienie. Eiinn, t'amas chromatique Be dîfTéreiicîe efi
uti ti1aiiicï>L donl les replis se disposeut en un peloton sinueux dans Iq tnaasc de
l*hyalo-pîasîiia.
Il est certain que toutes les substances (hyaloplasnia et cbromatinc) qui composeat
le noyau ont subi de l'ace roisse ment, avant que les pronucbvi se réuuisaent. Noas savons,
d'autre pari, que les cbromatines niAle et femelle consei-vent chacune leurs propriétés
originelles, puisque l'évolution ultérieure nous montre que le jeune ûlre berite des carac-
tères et du père et de la mère. Il me semble que, d*aprés l'ensemble de »'es faits, il est
flégitime d'accorder à la chroniatine le pouvoir de s'accroître par assimilation, tout en
gardant ses propriétés originelles. L'union des cbromatines mâle et femelle ne modifie
les caractères ni de Tune ni de l'autre, car on les retrouve dans le nouvel indiWdu.
Il ne faudrait pas croire que les éléments sexué 1:? soient seuls à être le siège de pareilles
modifications de nutrition et d'accroissement. J'ai eu roccasion d'en observer et d'en
décrire d'analogues dans la zone hypertrophiée du cartilage, quand il est en voie de se
ti-ansformcr eu tissu d'abord rL'ticulé, puis osseux {loc, cil.^ p. 314» fig. 51 à 55) : pendant
que le noyau s'byperlropbie, la cbroiiiatine se fragmente en sphérules qui finissent par
former un amas central d'où parlent des stries ladiées.
Il suflit de rapprocbf*r ces phénomènes» qui se passent d'une façon analogue dans de^
cellules d^espèces si éloifçnées, pour s'assurer qu'ils se produisent dans des rontlitioRS
identiques : assimilation intensep élaboration d'un nouveau uucléoplasma et hypertro-
phie du noyau. Si la nature intime de ces changements nous échappe, nous en voyoos
le résultat, qui est le même dans l'un et Tautre cas; nous assistons, en elfel» à la pro-
duction de substances nucléaires dont l'énergie évolutive se trouve notablement accrue,
f) Copuîidion des pronuclci. — Les pronucléi ne durent que douze heures environ; des
que le filament chromatique s'est développé dans leur intérieur, ils se préparent à ^e
réunir l'un à l'autre. Les phénomènes morphologiques de cette préparation sont les
[uèmes que ceux d'une division; mais le résultat est dilTérenl, puisqu'ils s'accolent pour
former un noyau nouveau {KdïtfQtjamie).
A cet eflel, le peloton chromatique se contracte dans chacun despft*nucléi qui se sont
rapproclié s jusqu'au contact. Alors le peloton se segmente en tronçons séparés qui repré
sentent des anses allongées. Dans l'intervalle des deux pronucléi se développe le fuseau
achromatique, à Téquateur duquel se rangent, dr* part et d'autre, les segmenta chroma-
tiques du pronucléus mille (sur Tun des côtés) et ceux du pronucléus femelle (sur le côté
opposé) (Il g. 63).
Notons l'apparition d'une sf>hére directrice, et spécialement d'un cenlrosome h cbamo
des pôles du fuseau achron;^atii|ue (flg. 53 et 64).
La plaque équatoriale, qui n'est pas figurée sur nos dessins, suit de près; c'est Taspec-
le plus fréquent qu'on rencontre dans les coupes sur les ovules fécondés eu voie de karyo-
gamfe, parce que le fuseau est très volumineux. Il est difficile de compter les chromo-
somes rangés a l'équaleur; mais Sobotta estime qu'ils sont généralement au nombre de
vingt-quatre et guère davantage.
Ce chiffre semble montrer que le noyau karyogamîque résulte bien delà réunion des
deux pronucléi qui^ nous l'avons vu, possèdent chacun douze thromosomes*
Vient ensuite le stade de ta plaqueèqualoriale, auquel succède le draster; puis la sépa-
ration finale des deux moitiés du noyau qui a lieu comme dans une division ordinaire»
<rig. u).
Les chromosomes se dédoublent-ils dans la plaque équatoriale? C'est probable, mais
SoBOTTA n*a pu le constater.
Quand la première division du noyau karyogamique est acheréei l'ovule représenlt*
déjà le nouvel iHre à létat bicellulaire; c'est l'état décrit sous le nom de deux sphères
ou cellules de segmentation. Ces cellules continuent à se diviser et à former une colonie
cellulaire dont les éléments contribueront au développement des organes de IVmbryon.
Comme le montrent les coupes des trompes de pALtorR, les œufs fécondés sont déjà
en voie de se diviser une première fois dans la partie moyenne de la trompe de Fai-
1.0PE» Dans la portion de la trompe voisine de l'utérus, le stade bicellulaire a déjà passé
-au stade multicellulaire (8 ou iti cellules de segmentation). L'ovule fécondé et envoie de
se diviser reste environ quatre jours dans la trompe de Fallope; chez la souris, cîD-
FÉCONDATION.
•!5»
I
I
I
quonte beures après I0 coït, Tovule fécondé se trouve au sUde LiiceJiulaire; au Uoat de
soixaotc heures, il «si pourvu de 8 cellules, et, soLxante-douze heures après le coit, de
cellules.
^ Ces fait tt concordent avec ceux qu*ont observés deiiorahreui.«xpérJnieiitAteur5, parmi
lesquels PRÉVU5T et Duhas, Costk, Barry, Biscuokf, van BENf:uKN; ils montrent que
l'ovule fècondii de lapine et de cobaye met trois jrjurs environ à parcourir la trompe de
FàLLOPK. (Test à la fin du Iroisiènie jour i]iie Tovule en pleine sej^mentatiou péni^'tre dans
)*utéru». Sur la cbienne, ce séjour dans lûviducte dure huit à dix jours; quatre ou
cinq jours $ur les ruminants domestiques. Sur le chevreuil qui est fécondé en juillet, les
llfiales séjourneraient dans la trompe jusqu'en dt^eeuibre (Bisciiupf et ZibiiLer}.
\^ Tout ovule qui arrive au tiers interne de la trompe ou dans Tulérus sans avoir ren-
contré de spermatoioidesesten voie de dégénérescence. L'ovule émet son globule polaire
sur Tovaire ou sur le pavillon de la trompe, et il périt très vite si, à ce moment et à ce
m veau, il n'est pas fécondé*
Les phénomènes essentiels de la fécondation sont les m^mes chez tous les animaux
pluricelJulaîres sur lesquels un a étudié l'union de l'ovule el du spermatozoïde. Les
échioodermes (oursins et étoiles de mer), l'Ascaris du cheval {Ascaris mefftihreiihttla) sont
particulièrement favorables à cette recherche. A côté des faits accessoires (sphère direc-
irice^etç,), on retrouve toujours le point essentiel qui consiste dans l'union du iironucléus
femelle avec le pronucléus mnle. Le nouvel individu résulte ainsi de rtinioti d^me portion
du noyau ovulai re avec le noyau du spermatozoïde.
Pour observer les phénomènes cellulaires chez les animaux inférieurs pendant cette
karyogamie il suffît de féconder artiliciellement les ovules d'échinodermes, île les lixer
et colorer à chacun des stades évolutifs; on s'assure ainsi que latétc du spermatozoïde,
ou pronucléus mâle, et le reste du noyau ovulaire (pronucléus femelle) meUent huit k
vingt minutes pour gagner le centre de l'ovule et pour arriver au contact l'un de l'autre,
A ce moment, la portion centrale du proaucléus mâle a pris une structure granuleuse
ou linement réticulée. Ces granules se disposent en un cercle qui va s'aci*oler au pronu-
cléus femelle et s'unissent à ce dernier. Avant cette union, le pronocléus femelle était
homogène, sans granules, ni réseau bien nets. Dès que cette union s'est produite, le pro-
nucléus femelle, deveim nofjau de .setjmcntaiion^ montre un riche réticulum chromatique
très colorable^ Le pronucléus jm^le parait ainsi avoir apporté au pronud^us femelle nu
surcroît de chromatine.
Caile union ou lopulation des deux pronucléus est suivie de près par la première
division de l'truf fécondé i^t le développement du jeune être.
VI. Fécondation chez les organismes inférieurs (copulation, conjugaison).
— Cheï la plupart des animaux et des végiHaux nmltioellulaires, le nouvel être prend
ainsi naissance par l'union intime de l'ovule et du spermato/.r>ide, L*orgarie qui prépare
l'ovule (ovaire) se trouve sur un individu (femelle) dilTérent de celui qui élabore le sper-
maloioide (mâle). Parfois le même individu possède et des ovaires et des testicules, dont
lesi produits sont capables de se féconder» ou hien le même individu joue alternativement
le rôle de femelle ou de miUe. Dans ce dernier cas, les ovules et les spermatozoïdes
n*arrivent pas simultanément à maturité.
Quant à l'ovaire et au testicule, ce sont des organes dont l'ori^^'ine Oî+t la même que
c«lle des autres parties du <;orp3. Dès les [premières phases du dévelop|iement embryon*
naire, on voit chez certains iavertébrés certains veri, crustacés et iusectesi îles cellules
qui se distinguent des autres cellules (cellules somatiques) et qui s'en isolent pour
constituer Torgane de reproduction (ovaire ou testicule). Cette dilférenciaiion n'est pas
aussi précoce chez la plupart des autres invertébrés: les cellules (épithétium germinatjl^
aux dépens desijuelles prennent naissance les glandes génitales apparaissent bien plus
tard et dérivent de la prolifération de l'épithéliutu qui revêt la cavité générale du corps
teavité pleurO'péritonéale).
Quoi qu'il en soit de cette origine, les cellules qui forment les p;l;indes génitales ne
tardent pas à prendre une disposition autre et à présenter des caractères diflérents, selon
qu'elles vont préparer des ovules on des speruiato^oïdes. Dans le cas de glande génitale
Iferaelle, ou ovaire, la cellule sexuelle, ou ovule, qui y esl préparée, s'accroît notablement
et acquiert le plus souvent de grandes dimensions* En tout cas, l'ovule est toujours la
^60
FECONDATiON.
cet Iule la plus volumineuse ilu corps des aniinaut pturicellulaires. Maïs, tnalffré sa taille
et les déuomiuaUoïis inultiples qu'on a imposées A chacune de ses parties, Tovule n'enl
qu'une cellule «{ui esL composée : i° d'un uoyaa, dit ici vésicule gcrminntive; 2* d'un
corps» celfuluire ou ptotoptastua rfppelée viteilufi; d** d'une membrane d^enireloppe ou
vîteitiite. U est k noter, cependant, que, chfz les organismes supérieur!*, rovaire et le
lesUcule seuls sont aples à fournir des él«*meDts cellulaires capables de se réunir et
lin donner naissance k un tîouvel «Hre. On exprime ce fait en parlant d'éléments sexueU
hantemeiit dilTérenciés, sans que nous connaissions la nature de celte dilTërenciation*
Il nous resle à étudier la fécondation cbe^des ôtn?s unicellulaires ou multicellulaires,
qui sont privés d*or^anes seiueU, et ctiez lesquels le» cellules somaliques sont capable*
de se différenci'^r etdci^e transformer eu élémenls qui se réunissent et donnent naissance
à nu nouvel individu*
Nous eu décrirons quelques exemples chez les hifunoires et les Algues,
A) Copulation des lufusoires. — On liouve dans Teau douce, ainsi que dans Teati de
mer, des êtres iq>pelés Infusoires, dont la taille v.irie entre uu demi-miïlim<^lre et 2 ou
li mdlimétres. Leur corps est foi nie d'une substance homogène, ^lulineuse et diaphane
(protoplasma), qui est revêtue d'une cuticule résîslante. Celle-ci est pourvue de cils
vinraLiles, servaut d'organes de préhension et de mouvement. L'ensemble de Torganisme
n'est qu'une cellule qui présente une ouverture buccale, et jiartois un orilice auat. Cetl*»
cellule présente deux noyaux, un nKicronucléus elun micronucléus, ce dernier seniblaot
correspondre au noyau cellulaire des êtres pluriceïlulaires. Les Infusoircs se repro-
duise til par voie asexuée; à cet etfet, le corps de l'iufusoire se divise transversalement
ou parfois longîtudiiialemetit eu deux moitiés; ensuite chaque moitié grandit et acquiert
la laille et la forme de Tlnfusoire primitif. Cette reproduction asexuée peut se répéter
2(K) ou 'M)u fois, et davantage, mais non point indéfiniment. Si on les empêche de f«»
réunii â des individus d'une autre souche, les dernières générations restent de petite
taille; elles s'atrophient et meurent, quelque soin qu'on prenne k leur fournir ane alî-
menlatioii riche et abondante : c'est V épuisement svnile; \\ s'on nonce par li» disparitiou
des cils viï)raliles et surtout du micron ut lé us*
IK'S que la nourriture commence à nianqnei ou bien que les individus appartiennent
a une vieille {génération, on les voit se rechercher et s'accoler deux à deux et lioucbe à
bouche. Leur réunion devient très intime; les cils disparaissent, le macronucléus se
résorbe; et les dmix cuticules se fusimnicnt pour fornijer une ligne unique. Les micro-
uucléi s'accroissent et, en même temps, changent de structure. Le réticulum chromatiqup
se couverlit en lllaments pelotonnés : c*est le stade du peloton kVche. La substance achru*
niatiqoe forme un fuseau, sans corpuscule polaire. Les particules chromatiques se dis-
posent è Téquateur sous la forme de ^nanules, et non de se;;ments ni d'anses; peut-être
puurrait-oi» dire que ce sont des granules réunis en Jiiaments ou en chapelet. Puis vieni
le slade de diaiilei\ suivi par retran^'lement et la division du micronucléus.
Une seconde division succède à la première et donne naissance à qunirc fragments de
micronucléi dans cbacun des Infusoires conjugués. Hcs quatre fragments, l'un (pronucléus
màlei s'approche de la cloison de séparation et passe dans l'inlusoire de Faulre c^i^
pour s'unir à l'un des quatre fragments (stationnaire ou pronucléus femelle} de l'autre
Infusoire. Ainsi deux tra^nients de niicronucléi provenant de deux individus distincts st*
fusionnent réciproquement et [*rodiiisent un micronucléus dans chacun d'eux. Quand
ces piiénoménes se sont passés, le macronucléus se reconstitue, les cils vibratiles se régé*
ncTent» et les deux individus se séparent pour vivre d'une vie indépendante et produire
chacun, par voie asexuée, de nombreuses générations d Infusoires.
Comme on le voit, la reproduction sexuée se fait chez Flnfusoire comme chez les aui-
taaux pluricellulaires, bien qu'il n'y ait pas d'organe sexuel. Le micronucléus de chaque
Infusoire joue le rôle d*ovule et de spermatozoïde; et encore n'est ce qu'une portion du
micronucléus, puisque les trois quarts de cet élément chromatique n'y prennent aucune
part et sont éliminés sous la furme *le globules polaires. Il y a échange d*un quart seu-
lement du micronucléus, qui passe dans Tautic Infusoire et exerce sur l'autre une aclion
fécojldahice. C'est une véritable biryoijatnw de deux éléments homologues dépourvus du
toute diCTérence sexuelle. La fusion de ces deux pronucléi constitue le point culminant
t;t nécessaire de cette évolution. Sans cette union, les noyaux demeureut stériles et uç
FÉCONDATION.
Î6I
I
f
tanleul pus û perdiie toutf:} fuctillé évolutive. 0(' Tunion résulte un noya ii /In rajeatjîsse*
meut» consliluw surtout par deux frmtiom chromatiques fusionuées. Pouf les diUaiU, je
nsovoie iinx hxiwnx travaux de Maiîi'is et au uiémoire de IL Hoveh.
> Si Ton rétlôeliit à 1û copulaliou t»u catijugaisou des Inrusoires.on ne peut âViiipÔcIter
penser que le;» deruitires génératious produites par scissiparité pûss«>de»il un proto-
plasmu dépourvu d'énergie, puistiuVltes périssent dans un milieu nutritif. ï.a réunion de
deux Infusoires descendant d*une souche difTérente a pour effet de produire un échange
4e suhstajice nucléaire, ce qui rend à l'infusoire son énerg^ie [uemière. Cet échatrire, et
Tunion consécutive de ces fractions nucléaires de soui-ce différente reproduisent dans
toute sa simplicité le mécanisme de ta fécondation chez les animaux et les vésrétaux
supérieurs, si ce n'est que chez ces derniers les cellules sexuelles seules sont oapablefï
de »*unir pour donner naissance à un nouvel être.
«. B\ CoDjugaisoa et copulation ùts végétaui înfériturs. — En modifiant Ica vomUfuvu iU
milieH^ on fietemune un sfitl et me'mc élément a se reprottuire par vote tnjame ou aexute,
— Nombre de vé^laux inférieurs ne sont formés (|ue d*une assoeialion de cellules* k
Uquella on donne le nom de thnlie. Parn»! le^ thiUûpfn/tes d'eau douce se trouvent les
AfipttXf dont le protoplasma élabore la matière colorante verte, dite chloroptiylle. Chez les
Conjuguik'St le» filaments verts sont composés d'une file de cellules toutes semhlatrle»,
quoique séparées lesunes des autres piar des cloisons. A un certain moment, on voit deux
cellules en regard sur deux filaments voisins pousser chacune une saillie ou protubé-
rance qui peu h peu s'allonge, arrive au contact de sa congénère et se fusionire avec elle,
n en résulte une cellule unique, ou spore reproductrice, qu'on appelle ztjgospore. Quand
les deux moitiés qui Tout formée (gamètes) ont fait le mt^me chemin, et présentent If^s
mêmes caractères, on ne peut savoir si l'un des gamètes est mâle, et l'autre femelle.
Dans d'autres esp^^ces de conjuguées un seul gamèle fait tout le chemin pour aller s'unir
à l'autre; le premier joue le rôle de gamète xnAle par rapport au ganïète immobile
ou femelle. Ce mode de reproduction par uuion de deux cellules a valu à ces alf^ues
le nom de cofijuguees. Uans ci-rtaines conditions, les lilaments sont stériles; il suflit
alors, comme l'a montré Klklîs, de les mettre dans uïie solution de sucre de canne â
4 p, lOO, et de les exposer à la lumière, pour provoquer la formation de gamètes et
la conjugaison.
Quand les cellules produisent des spores libres, ou gamètes, semblables de tous points
Fuu à l'autre» et se réunissant deux par deux pour former une spore reprodurtrice on
yygole, on dit qu'il y a isogamie. Vue algue inférieure, le Botnjdium Qn^nulatum^ nous en
fournit un exempte.
Cette algue produit des spores pi ri formes dont l'extrémité nnli'rieure nu pointue
présente deux cils. Si Ton met les spoiés dans une goutte d'eau, et quVm les examine à
un fort grossissement, on voit bientôt, pnnni les spores qui se meuvent en tous sens, deux
se rapprocher, accoler leurs extréontésuntérieuros et se réunir d'abord par le bout hvalrn.
Peu k peu elles s*accolent sur tonte leur longueur, de sorte que la fusion s'étend d'une
extrémité à Taulre du corfis. Pendant que ces phénomènes se passent, ks deux gamètes
étroitement unis continuent à se mouvoir et a nager de-ci de -là dans la goutte d'eau.
Il est facile de les distinguer des gamètes isolés; ces derniers, en ell'et, n'ont que deux
cilSy pendant que les gamètes conjugués (ztjffote} en présentent quatre. Opendant la
xygote ne tarde pas à se Jixer, à perdre ses cils et à s'entourer d'une membrane cellu-
laire avant de se diviser pour donner naissance a un nouveau Ootrydium.
Je ue saurais trc>p insister sur ces faits de copulation des gamètes : ils prennent nais*
sance dans des cellules somatiques; ils sont complèlement semblables et également
mobiles. Ils montrent le peu de fondement des Ihéories sur la nature m;Ue ou femelle
du spennulozoide ou de l'ovule.» sur l'hermaphrodisme des éléments sexuels»
Les algues nous fournissent d'autres éclaircissements sur la si «rn ih\' a ti on de la repro-
duction sexuée, c'est-à-dire la fécundation comparée à la reproduction asexuée.
Je les emprunte encore à KtKits. Il existe des algues doiït le thalle n'est pas cloisonné;
les noyaux possèdent un protoplasma comniun. On les appelle si/i/ionf es, Parmi lessipho*
udes» le Pt'atùstphon se reproduit taalôt par voie sexuée, tantôt asexuellemenl. Quelles
sont les conditions qui déterminent l'un ou Tautre niode de reproduction?
Si Ton mei ces algues dans un bon milieu nutritif i sulfates alcalins, 4 p, 100, et ptios*
9(i2
FECONDATION.
phalç i p. KKI), il s'y développe ile§ spores mohUes et munies chacune de deui cits, dont
cliacune va se fixer et reproduit un Frotosiphon.
Eti maintenaiit mie culture ordinaire de E'rotosiphon h une température de 20* on
27% on obtient le nu' me résultai, c*est-a-dire nnp reproduction asexuée.
Il en va tout autrement si, après avoir fait une culture dans un milieu ar^i^ileur, on
la porte dans de Teau ordinaire et qu*on l'expose à la lumière. Les cellules du /Vo/o-
siphoH produisent des spores mobiles^ ou gamètes à deux cils, qni nagent dans l*eau, se
recberclient, s*accolent deux par deux et former»t des xygospores à quatre cils. CeUes-ci
s'ajîitent quelque temps dans IVan : à 8° et dans l'obscurité, pendant vin^t-quatre heures :
k io* et dan.s robscurilé, durant douze lieures; à la lumière, pendant neuf à ooie
heures* An bout de ee laps de temps» ctiaque zygospore se fixe, grandit et donne nais-
sance à nu Prntoaiphon.
Autre exemple qui prouve qu'en variant les conditions de nulritiou on provoque la
formation soit de zooiîpores capables de f^ermeretiie reproduire le végétal par voie agame,
soit de gamètes t|ui ont besoin de <^opuler avant de pouvoir donner naissance à un
nouvf4 organisme» lïuns Teati douce on trouve des touiïes vertes appelées Vlothrijt
zonaia : les cellules de cette algue produisent de petites zoospores munies d'uu point
oculaire rouge et de ^if/t7?cils. Ces zoospores ae réunissent dejix par deux; les deux gamète*
copulenl et forriient une zygospore a quatre cils et à deux taches oculaires, qui germt\
Mais les gamètes peuvent germer sans copulation : si on les met dans une solution siicréa^
h O^M» p. 1(H>, les gamètes a deux cils se Ôxentet germent au bout d*un mois, Kn un mol^^
les gamélcs ne ropulent que quand les substances ou certaines [substances alimentai re§
leur font ^l'Haut. Lorsque la sulistance nucléaire diminue dans les gamètes, ceux-ci ^e
réunissent, c'esl-ànlire qu'ils éprouvent le besoin de copulation.
L'inlluence de la liàmicre n*est pas moins manifeste* Parmi les algues d'eau douce, it
y a les Vauchènes, à lllaments unicellulaires et ramifiés, et formant par leur réuoion
des tapis verts sur le sol bumide. A un moment donné, un fîtam^nt produit des zoospores
mobiles (antbéridie'', q^ii vont se réunir à une cellule voisine (oogone) pour former un
œnî fécondé.
Si on juaiutient les Vnuchéries à l'obscurité, elles continuent à croître, mais les élé*
ments sexuels ne se développent point; les lilamnits restenl stériles.
Si l'on met Jes Vtmcht'iies sous une clocbe» qu'on les expose à la lumière, îuais qa*on
les prive d'acide carbonique en mettant de la potasse sous ta cloche, les VauchMe,i non
seulement restent_ stériles, maïs elles meurent.
Si Ton ajoute une solution sucre'e (2 à % p. 100), les Vauchéries, malgré la présence d
la potasse qui ab:!orbe Tacide carbonique, produisent des éléments sexuels. Le sucre
remplace les matinaux d'assimilation tournis normalement par Tair. Seulement ces
phénomènes n'ont lieu qu*en pleine lumière : à robscurité. ta solution sucrée est insuffi-
sante pour détemiiner lo développement des éléments sexuels. Cependant, le concours
d'une lumière faillie et du sucre suffit pour les faire apparaître. Ajoutons encore que
les rayons bhu^ et viù!Hs sont plus efibaces que les rayons vouge$ e^ijanne^.
En variant les conditions de nutrition et de milieu, Klkbs a ainsi provoqué une
reproduction soit sexuée., soit asexuée. Pour les animaux^ il semble en ôtrc de même: les
«inifs de Hraiictùpea et dMpff'î ont besoin pour leur développement partbénogénètique
d'un dessèchemenî suivi d'une rébydrataiion. La porte d'une certaine quantité d'eau efl
suffisante à nombre JVi'ufs pont leur permettre de se développer sans s'nnir à uo
éJémeot m.ite. C'est Id le principe de la parihênoîp'tuHe expérimentale. On sait que J. Lr»
d'abord, puis MoRr,A?i, Giar», VVilso\% etc., ont réussi par ce procédé à provoquer i^
développement des œufs d'oursins sans fécondation préalable. 11^ mettent les teufs non
fécondés dans un mélange ii [larlies é^^ales d'une solution de sulfate de magnésium àj
2 p. 100 et d'eau de mer. Apr<r>s les y avoir laissés pendant deux heures, ils les trauspor-J
(eut ddus l'eau de mer, et ils les voient ensuite se segmenter et se développer en larve
normales. Ces faits, sur lesquels on reviendra avec plus de détails k Parthénogenèse <
à Osmose, sont des jdus intéressants, puisqu'ils nous permettent de concevoir comment
certains a^'cnts physiques ou chimiques semblent communiquer à la chromatine femelle
une excitatioji i^quivatente ;t celle qu y détermine l'addition de la chromatine mâle.
VIL Considérations historiques. — Pour Bippoi.hate, chaque sex»* produisait une
FECONDATION.
îii^
I
licfiietir téminale; le mâle élabore un liquide plus fort, el la femelle tm liquide plu»
faible. \.fi liqueur séminale représeriLait un iloide qui découlait de toutes les parties dti
oirps ri que la moelle rpinière traiismeltait aux organes génitaux. A la suite de lacopu-
iation, \e% ^fïmences inàle et femelte se reacoutraient dans i'uléru$ et y donaateiii
naissance -lu jeune être ou embi von,
AuHTOTtt, tout en attribuant l'origine de la liqueur séminale de la fenime tm sang île»
m entt ru e%, supposa que la femelle ne fournissait que la matière, et que le niAle donnait
la forme,
TiiÉoPHRASTi, disciple d'ARjsTOTB (cité pur Sachs, à qui j'emprunterai la plupart de»
indiration^<^ relatives à li botanique), rapporte le fait connu des anciens, que 1e palmier
màif* a de< lleur^^, mais que le palmier feuiefle seul produit des fruits* n On pnHeiid^
contînue-t-iU que le fruit du palmier femelle n'atteint pas son complet développement
lorsqu'un ne le saupoudre pas de la poussière de la lleitr ttiîUe; ce fait est étrange, maîs^
il se rapproche du phénomèoe de la maturation de la tigue. On pourrait presque con-
clure de ce qui précède que la plante femelle ne suffit pus â amener le fcrtns à un
développement complet; mais ce phênomi'^ne ne doit pas «^Ire particulier aui plante»
d'une sr»ule ou d'î deux espèces véj^étales; tl doit exister cliez tous les vr'gélaux ou chez
un grand nombre d'espèces diiïérentes. »
PuiNK admet la sexualité végétale. Il décrit ilans son Historia Mundi les relations
des dattiers mâles et femelleSt et désigne le polten cuinme étant l'agent de ta fécon-
dation. 11 ajoute, en terminant, que toutes les personnes compétentes eu matière d'hb-
toire naturelle croient à Texistence de deux sexes, non seulement chez les arbres, mais
■ encore chéries plantes (Sachs, loc. cit., p* :*01).
■ Pour G-iLiEx, la semence femelle était produite par les OTaires {testes mulielires), tout
^Lfosnmc la semence mâle pétait sécrétée par les testicules du mâle,
^P* - Pendant des siècles» les médecins ont adopté les idées dlliPfocRATE et de Galikk»
W^ tandis que les scolastiques défendaient la théorie d'ÀRrsTOTK,
■ Dès la Renaissance^ on se remit à Tétude des organes de la reproduction; mais, sous
l'empire de la Iraditiou ou de la foi, les meilleurs esprits se laissèrent aller â des inter-
» prétalions peu conformes à la nîiture des choses ;
Faurick o'AonAPKNi*K?iTE, examinant avec soin les rrufs de la poule, y découvrit les
cordons entortillés Appelés chainiêA. Il les prit pour le germe du poulet qui s'anime el
se développa' grâre à l'esprit séminal [aura scminalù) qui se dégage du sperme du mâle.
Pour iiHFw, le!* étamines i désignées sous le nom commun iV(Uth*e) séparent du reste?
de la plante un excédent de sève, de manière à préparer et à faciliter la formation de la
I semence.
ll4Lftr«ti!, dans son Anatomiê des ptnntiHt pense que les étamines et les pétales sont
destinées à écarter de la tleur une partie de la sève, aUu de permettre à la semence de
prendre naissance dans une sève épurée. Les semences se développent par le fait de la
nutrition.
CMiERARfiis (\i\*M\-\12i) nt, le premier, des **Jt|iériences pour prouver la sexualité des
plantes. Il enleva Ici? tieurs mâles du ricin avant que les anlhtires se fussent développées»
Les graines n'atteignirent jamais leur comfdet développement el présentèrent l'appa-
rence dt! vessies vides. Il répéta la même expérience sur le ma»â. Sur les plantes
dioiques, telles que le mûrier et la mercuriale, il Qt des éludes qui lui donnèrent des
• résultats analogues.
Pour Sauuel Mohlanu {ilOl et 1703), la poussière du pollen {farina) contient en
germe les [dantes futures, el chacun de ces germes doit s'introduire dann Tappareil
fructifère \pvnfn) alln de délerrtiiner la férondation.
IFour Geoffroy (1714)» les grains de jïollen contiennent déjà les embryons; une fois
parverms dans les semences» ceux-ci s'y développent peu à peu,
A la suite deMoRLANoet Geoffrov, Nbkdham, Jussieo, Llvvé, Gleicken et Hkdwjg pen-
sèrent que le pollen éclatait sur le stigmate; son contenu, pénétrant dans le style. Uni-
rait par atteindre les ovules pour y subir un développement graduel qui les transforme
peu Ji peu en embryons, ou pour contribuer, en quelque mesure, au développement de
l*embryoii lui-mèmi^ Ces vues procédaient directement de la théorie de Tévolution^qui
jouissait de la favpur générale. .
%u
FECONDATION.
L'exialence des animalcules «permaliques des animaux semblait leur pr^Ur nue
autorilé nouvelle.
Un découvrit, au cours des xv!!** et xviir siècles, une série âe faits oouveaui en ci? qui
concenie la stcurture et révolution des orj&îanes pénitaux; mais cf s découvertes isoléei
ne purent *'lre reliées par une théorie générale, et ne jetèrent que peu ou point de lumière
sur la nature île la ff/condalion.
m Les anatomistes, dit Bïtfon {Iùc, ciL, p. 289i, ont pris le mol «■«/'dans des accep-
tions diverses, et ont entendu des choses dilT^renles par ce nom, Lorsque IIauveit a pris
pour devise OmtiUt ex ovo, il entendaU par Tu^ul des vivipares le sac qui renferme le
fii'tus ol tous ses appendices; il croyait avoir vu se formf*r cet œuf ou ce sac sous ses yeux
après la copulation du mile et de la femelle; il a môme soutenu qu'il n'avait pas
remarqué la moindre altération à ce testicule, etc. Harvey, qui a dissf^qué tant de
femelles de vivipares, n'a, dit-iU jamais apcrro d'alte'ration aux leslicules; il les regarde
même comme de petites glandes qui sont tout à fait inutiles à la génération (Vojrez
Harvev, Exenit, t>4 et 6i*i,
ii Harvky assure qnv. la semence du mâle n'entre pas dnns la matrice de la femelle, et
même qu'elfe ne peut pas y entrer, et cependant Veuheyen a trouvé une grande quantit**
de semence du mâle dans la matiice d'une vache disséquée séiïe heures après Taccou-
ptemeul (Voyez Vkrhkven, Annt. Tr., v, atp. 3), Le célèbre licYscH assure avoir dis-
séqué la matrice d'une femme qui, ayant été surprise en adultère, fut assassinée sur-
le-champ, et avoir trouvé non seul émeut (ïan?s la cavité de la matrice, mais aussi dan»
les deux trompes, une bonne (juantité de la liqueur séminale du mâle [voyez Rltysg«, Tha,
anat.f p. \H), Tab. VI, lig. Il Vallismebi assure que I'allope et d'autres auatoniistes ont
aussi trouvé, comme Hcysch, de la semence du mâle dans la matrice de plosîeurs
femmes. On ne peut donc guère douter, après le témoignage positif de ces grands aaa-
lomisles, ijue IL^hvëy ne se soit trompe sur ce point important, surtout si Ton ajoute à
ce témoignage celui de Lkel'wenhock qui assure avoir trouvé de la semence du mâle
dans la matrice d*«n 1res grand nombre de femelles de toute espèce^ qu'il a disséquées
après raccouplement* ■
Hakvey h ouvert des biches peu de temps après raccouplement et n'a pas trouvé de
sperme dans l'utérus. Sur d-autres tnches qu'il a examinées plus tard, il a vu lei chmj-
gements de l'utérus et les membianes qui enveloppent Tembryon. Il a conclu de ces
faits que la fécondation résulte de Taction exercée par le sperme sur le corps de la
femelle; la génération serait l'ouvrage de la matrice qui, excitée par le sperme, conçoit
l'embryon par une sorte de conlagion, à la manière du cerveau qui, à la suite d*iiue
excitation, com-oit les idées. ^^M
liKiiMEu ciK linwF décrit et lîgure sur l'ovaire de la vache et de la brebis le» stes^^H
vésicules, ou follicules, qui portent depui> son nom. Il a trouvé sur Tovaire des vésicules
plnnes avant le coït, vides après la fécondation; d'autre part, il a vu dans les cornes de
la matrice des u^ufs gros comme des grains de moutarde. Le nombre de ces œufs était
le même que celui des vésicules vides.
N'ayant pas étudié à la loupe le contenu des vésicules ou follicules, i>R Ga^ir n'a
pas vu Tovule; mais, devinant une relatioïi intime entre les vésicules et les trufs di
cornes de la matrice, il prend les vT^sicules de rovaire pour les oeufs eujc-mômes qui
détacheraieut sous finllnence de Vejiprit ou aitrase dégageant du sperme. C'est cet esprit
qui opérerait la fécondation,
V\LLis\iËnr, sans avoir pu constater la présence de l'iBuf dans le corps jauue, est
convaincu que Vi'spvit de la semence du mule donne le mouvement au Jeune être, ou
germe, préexistant dans l'œuf. Selon lui, Tovaire de la première femelle contenait,
emboîtés les uns daus les autres, tous les produits qui devaient en descendre. Il «
observé dans la brebis que le nombre des corps glanduleux dc^ ovaires était égal à celui
des fetus; il l*a trouvé plu^ graud chez la truie; Tuvaire d'une chienne, qui avait fait
cinq petits chiens, lui a présenté cinq corps Jaunes oblitérés et vides.
La découverte des spermatozoïdes par Louih Uvm (1677^ qui constata leur exiitenco
dans tout liquide séminal d'animal adulte et sain, tit faire un grand pas aux connais-
sauces positives; malheureusemeut la théorie de la fécondation n*en prollta guère.
On eu tlt des animalcules, des geraies préformés. Le spermatozoïde représentait
FECONDATION.
16^
radulte en minîalure; c*était Vhomttnculafi, pourvu déjk Je Umïs les organei et n'ayant
qu*à grandir poar arrivera retraduire IVspt'oe. Le terrain favorable pour son drvploppe-
meut était la fem«^lle. En un mol, les frénératious futures exisUiienl préfojuiêes dans le
inAte. r/était la tlK^orie des spermiMea en face de celte des avitlei^ pour rjiii l'cpuf conte-
tenait Tombr^roa pré formé.
La croyance h la préexi:$tencc des jj^ermes aveuglait les esprits A tel point qu'on ne
tint aucun compte des observations positives de G- Wolff, de KoELHEUTeH, de SimENfiet.
G.-FBio, WoLFF démontra, le premier, que Forganisalion de Tembryon ne précède
p«5 la fécondation. Il examina les o:"ufs non fécondés et montra qu*ilR ne représentaient
l|lie des vésicules remplies d*un lic|uide aqn*^ux. Mais G. F, Wolff ne sôiig**a qu'à
réfuter la théorie de Kévululion : il cûnsjdrMMit l'acte de la fécondation comme une des
formes de la nutrition. Les fleurs résulteraient d'un afTaiblisseinenl gi^néral [veuttatio
langtuicenê). Le pollen ne feniil que communiquer au pistil des principes nutritifs en
quantité suffisante,
Kop:uiiCTEn (i70l-ITti6) fit des observations et des expériences, d'où il conclut que
li*a içrams de pollen, déposés sur le stigmate, donnent naissance à des matières fluides
qui péor Irai eut dans les ovules, 11 déterminait même lespare de temps qui s'rcoule
entre l'instant où le pollen est déposé â la place (ju'il doit occuper et le moment où les
substances n*-ces&aires k la fécondaLion s'introduisent dans l'ovaire. Ce seraient les
matières buîteuses attachées aux grains polliniqycs qui constitueraient la substance
génératrice.
CoxRAD Sprengrl yl^^*^) ^e raugea'à la manière de voir de Koelrecter qui qualifia
d*anormale la rupture des grains de pollen et qui considéra les matières exsudées par
les grains de pollen comme la substance féi^ondatrice par excelleuce.
Malgré ces observations positives, on continua jusqu'au xix* siècle à discuter sur la
préexistence des germes, et sur l'esprit séniinul des iinimakules sperniatiques.
Pour AoANsoN, l'embryon se trouve dans les graines des plantes ijui n'orit pas été
fécondées et dont le parencliyrae ne fait qu'un corps continu avec lui, de la mém«
manière que le fœtus se trouve tout formé dans les œufs de la grenouille et dans ceux
de la poule avant la fécondation. Elle s'opère donc dans les végétaux et les animaux par
une vapeur, une espt^ce d^sprit vital auquel la matière prolifique sert simplement de
véhicule. Cette matière qui sort des grains de poussières des étamines, lorsqu'ils
erèv«nl, s'insinue dans les trachées qui se terminent à la surface des stigmates,
descend au placenta, lûrsiju'il y en a, passe de là aux cotdons ombilicaux jusque dans la
graine on elle donne la pr^^miére impulsion, le premier mouvement, ou la vie végétale,
à l'embryon qui est d'abord comme invisible.
NcEDitAir, en 1774, supposai! que chaque ^rain lenferraait, dans une espèce de vapeur
ou de liqueur prodigieusement subtile, un nombre innombrable de j:raïns d'une petitesse
extrême qu'il regarda à bon droit comme les agents de la fécondation. Cbaqut^ grain,
lorsqu'il vient à être humecté, s'ouvre et darde les grains contenus, disséminés dans la
vapeur ou la très petite atmosphère fécondante.
Bonnet imagina, dans la poussière des étamines, dilférents ordres de fluides nourriciers
et stimulants, rtnilc*rmés dans différentes fioles embcdlées les unes dajis les autres
{Hypotht'se de l'emboUement dex germes).
Ce tluide serait de nature huileuse ou întlammable et ne se mêlerait pas à Teau.
*t Le lluide subtil, destiné a conserver IVspèce de la plante, est un Ouide très actif, car
il est tout imprégné de feu', et Ton n*ignore pas que le feu est te plus grand agent de la
nature. »
Pour BuppoN.il n^existe que de la liqueur et point d'oeuf dans les vésicules de l'ovaire
et dans la cavité du corps glanduleux (follicule de GnAAKï. Rukkon regarde cette liqueur
comme la vraie semence de la femelle; elle contiendrait des parties organiques en
mouvement.
Aux yeux de Bufkon, la liqueur séminale de la femelle et du mâle est le superllu de
la nourriture organique... Les vivipares n*onl pas d'^ufs.... L'embryon est la première
forme résuHanl du mélange intime et de la pénétration des deux liqueurs séminales.
I. La poussière des éumlnes brûle à la t^ougiv, comme nan résiae pulvérisée.
tîeft
FECONDATION,
HuFForv a étudié les spermatozoïdes dont il a décrit et ûgurf'^ de nombreuses formes;
tnais, selaii lui, cet élrmeut (iguré ne serait qu'un eiretde la pourriture^ un infusoireutilr
parce qu'il agitait le sperme dont il cofî«^êrvajl la vil/ilité.
Ainsi, à la fin du x\m* et au début du xjx^ siècle, de nombreuses tbëories rouli-
riuèrenl k régner sur la fécondation: on peut cepeudanl les ramener aux chef*
suivants:
1** Mélange de deux semences, — Ce sont les idées d*HippocnATE, de Gauen, qui admet*
lent que pendant le eoît la femme r^|iand comme Thomme un liquide prolifique: le
mélange de ces deux lluides produit te nouvel individu. Le système des molécules orga-
niques de BuppoN est une variante de celle théorie.
2* Prf^existf.nce don {/crmcs dans f ovaire. — l/ovaire de toutes les femelles contiendrait,
depuis la création, les germes de tous les Aire;? à venir; Tœuf qui s'en détache serait
déjà l'embrynu en miniature qu'animerait le sperniatozoîde (Fadiuce D*At/aAi>£M>i£:«Tiy tki
liRAAt-, MAKr;r,ni, Vallisnirri, IIallkh. Bonnet).
30 i^récxiUcnce des grnnex mâka on animalcules spermatitfues, — Les spermatoz^oîde^
seraient des animalcules qui, introduits dans les voies génitales femelles, s'y lixent, s'y
greffent et sV Iranstoiment en embryons, et en fœtus (Leeuwenhoek et HiRT^oECiKR).
Les phénomènes de la gêmualioii passaient pour U' grand mystère de la nature.
VoLTAïBK avoue fifincheinent qu'il n'y comprend rien, et, selon son habitude, il railla
théorie et Ujéoricien^.
TIII. Théories de la fécondation, — Toutes les théories émises sur la fécon-
datioUj jusqut/ dans la deuxième moitié du xix*' siècle, sont insuffisantes ou ridicules.
Aucune ne peutdoufier le moindre éclaircissement sur la ressemblance des enfants arec
les pîirents. Cependant, dès le xvt* siècle, un profond penseur, qui ne fut nî anatomiste
ni physiologiste, avaitcomprisou plutôt posé le problcmo dans des termes très explicites.
Montaigne soulFrait de la pierre, *^t, se rappelant que son père Tavait eue égalemeul,
voici les réflexions que ce rappnichemenl lui suggère :
a Nous n'avons que faire daller trier des miracles et des difflcultez estrangières; il
me semble que parmy les choses que nous veoyons ordinairement, il y a des estraiigeU?»:
si înconq*reherrsibïes, <|u^elles surpassent toute la difficulté des miracles. Quel monstre
est-ce que cette goutte de semence» de quoy nous sommes produicts, porte en soy les
impressions, non de la forme cor[ioretle seulemenl, mais des pensements et des incb-
nations de nos pères? celte ^^outte d'eau, où loge elle ce nombre infiny de formest el
comme porte elle se* ressemblances d'un progrez si téméraire et si desreglé, que Tarriere-
tlls respondra a son bisayeul, te nepveu a son oncle? Ko la famille des Lepidus, a liorae,
il y en a eu trois, non de ï^iiitte, mais par intervalles, qui nasquirent un même œil cou-
vert de cartilage : à Thehes, il y avait une race qui portoit dez le ventre de la mère la
forme d'un fer de lance; et qui ne le portotl point, estoit tenu illégitime. Aristotr dict
qu'en certaine nation où les femmes estoieat communes, on assiguoit les enfants a leurs
pères par la ressemblance. Qui ra'esclaircira de ce progrez, ie le croiray d'autant
d'aultres miracles qu'il voudra : pourveu que, comme ils font, il ne me donne pas en
payement une doctrine beaucoup plus diûicile et fantastique que n*est la chose
môme. >»
MuaAT^ dès 1813, a également montré l'insuffisance des théorie» alors en cours.
« Dans le système de la préexistence des germes dans l'ovaire, on ne peut pas expli-
quer, dit AluitAT, la formation des animaux mi-partis, nî la ressemblance des enfants
avec les pères. Pour qu'un e ufant hérite des infirmités de son père, pour qu'il résulte
un mulet de l'accouplement d'un cheval ave:, une anesse, un niuLUre de Tunion d'au
blanc avec une négresse, il semble que le mâle devrait contribuer à la formation de l'ain-
nial d'une manière plus intime que par une simple impulsion que lespernn^ communique
à l'embryon que Ton suppose tout formé chez la femme. »
Les notions que nous possédons aujourd'hui sur l'origine et la structure du spenna»-
tozoide et de l'ovule peuvent-elles contribuer a donner une interprétation rationnelle detj
phénomènes de i'hèrédité? Parmi les théoiies qui ont cours sur ce sujet, il convient 1
dtstinguer tout d'aborJ tes hypothèses qu'il est impossible de vérifier et les proposition^'
qui ne sont, pour ainsi dire, que la conclusion défaits observés et contrôlés par de nom-
breux chercheurs. Comment r econnallie. par exemple, les gemmules que Darwin admet
FÉCONDATION.
îtr
I
I
I
I
I
dans toul Torgaulftine H qui iraient ^e réunir et se localiser dane les orgaues ^éniUux
potif «^Ire transmises au jeune Aire? Il en vu df* mAme des pangèncs de Vbjes.
Cuinmenl distinguer l*un de Taulre les plasmas nutritif et spécillque {t(tiof^ia$ma de
Narufu) ? Quelle id^o faut-il se faire des ide& el des idantes de Weismann ou des yûmmaireft
df» Haakk?
Ui pari qo** pr^^nneiit dans l'aclt* de lu fécondation lesdiiïérentes parties de la cellule
est loin d'ôtre la m<*me : le corps cellulaire, les sphères directrices et les cenlrosomes
Mtnblent acce««Boires, puisqu*on ne les trouve pas toujourfl. Quant à la substance nucléaire
m^mrt de rélément sexuel, sa masse ne correspond qn*k une fraction de relie qu*on
trouve dans une ceIJulp somatique* L'élëment sexuf 1 inàle n'est qu'une cellule dont la
masse chromatique s'est rt^duite par division répétée d<^ la cellule mère; Tovuïe perd
une portion de sa nncléine également par division du tioyau. Il nous est impossible de
distinguer dans la cellule aborlive ou globule polaire une substance chromatique diffé-
reole de celle de l*ovule fécondable. D'autre part, la cbromatine mâle contmae-t-elie t
persister dan*5 Tovule fécondé h cAlé dp la cbromatine femelle, touteis deuî restant
juxtapos/^es, pour ainsi dire, arec des caractères fiies et invariables? Autrement dit, lo
noyau du spermatozoïde el celui de Toviile conlinuent-ilf a garder sur le nouvel être
leurs propriétés oriisrineUes el leurs qualrlés distinctes? Dans cette hypothèse, la fécon-
dation ne serait point une fusion de deux substances vivantes; on aurait plutôt atï'aiie
h an mélange, un ticcfitement ou une asêijdfition, i]ùni TelTet serait d'imprimer à la matière
une nouvelle énergie afin d'assurer [a continuité de l'espace.
I.fs êtres et len tissus diml la nutrition est intense n'ont pas besoin de fécnndation;
ils se multiplient par voit? agame; et, <|uand ifs sont multicellulaires, toutes les cellules
somatiques peuvent reproduire un organisme entier. Ces faits nous permettent de
conclure à la nature et à lorigine identiijue des cellules somaliques et sexuelles. Celles-ci
ne représentent qu'une ditTérencialion de celles-là; elles se prudnisent à la suite d'une
adaptation provoquée par les conditions de niilien.
« En considérant» par comparaison, les phénomènes offerts par les plantes, dit
litTtGT^wn (n, i87), on peut dire que toules les cellules ou toul au moins la plupart
des cellules du corps renferment à Tétat latent toules les propriétés héréditaires de
l'espèce. Une parcelle du corps peut reproduire l'organisme tout entier, Un rameau de
saule coupé et placé dans Teau développe des racines aux dépens des cellules qui rem-
plissent alors une fonction toute dilTérente de ceîle qu^elles avaient dans le ]>lan du corps
primitif, co qui prouve que la propriété leur appartenait. Inversement, une racine coupée
peut donner naissance à des bourgeons, d'on proviendront p^us tard les organes m. Il es
et femelles; de sorte que les cellules sexuelles dérivent directement de la substance
cellulaire d*une racine. De mt'^me, les cellules épidermiques d'une feuille de Bégonia
peuvenlp dans des conditions favorables, reproduire une plante entière, et l'on pourrait
citer beaucoup d*autres exemples analogues. Chez les organismes animaux inférieurs»
tels que les Cœlentérés, les Vers, les Tuniciers, etc., la faculté de reproduction est sem-
blable; de nouveaux individus naissent de bourgeons ou de parties séparées du corps
de Ta ni mal* »»
l/étude que nous avons faite des organismes unicellulaires ou des algties pluricellu-
laires, mais dépourvues d'organes sexuels, est encore plus instructive à cet égard. Ici une
seule et môme cellule se transforme, selon les circonstances, soil en cellule végétative,
soit en une cellule qui se reproduil par voie agame, soit en une cellule qui se conjugue
avec utiê congénère.
La nature du protoplasma est toujours la mérne; mais son énergie, et, par suite, ses
manifestations, varient avec le milieu, A un moment donné, la vie Ihiirait pars^y éteindre
si deux éléments de la même espèce ne réussissaient à s'unir de façon à rajeunir ou à
renforcer 1© mouvement vitaL En quoi consiste ce rajeunissement? Nous Tignorons.
Les phénomènes qui se passent dans les celhiles sexuelles des animaux et des végé-
taux supérieurs sont de même ordre, et tout aussi inexplicables a l'heure actuelle. Ces
éléments sexuels sont arrivés à maturité, c'est-à-dire qu'ils sont devenus capables d'entrer
en action et des*unir entre eux, quand ils ne possèdent plus qu'une fraction de la sub*
stance nucléaire de la cellule dont ils descendent.
U nou** faut donc considérer la maturation conruie un appauvrissement de cbromatine.
un
FÉCONDATION.
Mai§ comment i^ faiUît que deux t^lomenU atost nppaitvrU puissent (lar leur union pro-
duire un nouvel élément Jont réuergie évolutive est telle qu'à lui &eal il dotioers
naissnnce à un or^auiâme capable de refaire un être semblable aux paren(5? Le fdit est
là; matA il est, pour le moment* inexplicable. Ce jeune être qui résulte de l'union de
deut masses égales ne possède pa^, moitié par moitié, les qualités soit pateruelles» suil
matemeifes. L^enfanl n'est pas une moyenne. Souvent le Ois ressemhle davantage i
k ïîi mère, bien qu'il possède des organes génitaux masculins. De même la fille i
res5(*mble plu<i au père. Quand Tenfant tient davantage de Tun de ses parents, nou^
pouvons admettre que Ténergie de la chromatine de Kun Fa emporté sur celle de
fautre. Peut-être apprendrons-nous un jour à connaître tes quaHlés ou Ténergie
dtfTérentes de l'une ou Taulre cbromatine; mais aujourd'hui nous ne sommes pas en
mi*A(ire de l'apprécier en nonsidérant uniquement l'un ou l'autre élément sexuel
(V, Hérédité .
IX, Conclusion générale, ~ La fécondation e«.t Tacle par lequel deux noyaut ou
pluU'il deux fraclions de noyau réunissent leurs substances nucléaires. A la suite de
cette nninn, il ^e pruduit dans rintérteur du protoplasma femelle un nouveau noyau qui
non seulement se divise comme un noyau ordinaire, mais encore produit des généra-
tions de cellules susceptibles d^édifler im nouvel organisme. Ce jeune individu prend, en
efTet* peu à peu les formes et les caractères de l'espèce, et parcourt des phases évolutives
analo^ueN k celles par lesquelles ont passé «es parents.
PendunI la réiinion de ces deux moitiés chromatiques, il ne s'efTectue pas entre elles
une fusion con»pléte; chucnne d'elles semble conserviîr une partie df*3 propriétés ori-
ginelles, c'eat-a-dire se3 caractères propres qui se rellèlent sur IVuTunt, de façon k
trrjnsmettre el imprimer au descendant l'influence prédominante de l'un de ses parents
immédials ou de l'un de ses ancêtres. En tout cas» chez les êtres unicellulaîres et pluri-
cellulaires, Taddilion uu l'échange de chromatine confère et assure à la substance vivante
une nouvelle én+^r^ie éiolulîvei un rfijcunmemeni du. protoplasma.
Bibliographie. — Il n'est pas possible de citer tou!> le^ travaux qui ont para sur les
cellules sexuelles, sur hi réduction des chromosomes et les innombrables spéculation*
relatives à la fécondation. D'ailleurs dans son ensemble la question est du domaine de
rembryolopie plus que du domaine de la physiolo^^ie. Pour qui veut connaître les prin-
cipaux mémoires qui ont trait à ces questions* il lui slifllra de se reporter aux publica-
tions de GuiGNARO» STiiAsiîraf.Eii, Huckeh» finÉiiojiîK» Ja.nssexs et R. de Sinktv, qui no»
seulement mettent le lecteur au courant de la science actuelle, mais donnent le tableau
complet de toutes les recherches et de toutes les théories.
Bonnet. We^ mr ta fêcondidion de^ piantca [tjbiiervations et mémoites sur la phyaiqae,
êur thistoire naturelle, eLc» iv, part, r, 1774)* — Itouis (P. et M.i. Hcduction chromatifiue
chez les MtjriapodeH [A^isorhifion des Atialomhtcf;, 4" session» lOOi). — Bhal'eh (A.). Zur
Kennfnhs der SprrmtiUitjen ese ion .UcarU megahcepht /n {A rch, f, m ikt\ A nalomk, ilu , 1 8U2).
— |ÏLT>FUN. Hisftiire natuiftic (jéiu'rttle et partout ierCf n, édiU Uil** 2S9. -^ Carnoy el
Lebhtn. L'î frcondation chez, rAëcaris megalocepMa {Celluie, xiii). — Kige (R.). Ueber Rm-
funy imd Bcfntchliin{f des À^i'olotl-Eics {leitschrifl /*. i€i:i$, Zooloykf lvï, 1893. ^ Gurû :
a) Déveioppemeni des œufs dE^hînodermes som Cinfluence d*action^ kinctiques anorrnatei
(iolulium !talincfi et hijhridadon B. B., Ï900» 4i2); b) A propos de ta parikénoQêttêse arti-
fiûii'Hc fhs it'ttfs d'Ê''tiinodermei [Ibid,, 761); c) Sur la pseudoyamie osmolique, ionogamie,
ilbkU, lyoi, 1); d) Pottr t'kLstoire de la mérogonie {Ihld.^ Ii*l)i, 87o), — (iBKw, Anatomif of
IKtiuts^ 10H2. — fiaéGOiHB (V.}. Len Cinc^ei pùtHni'fttfH chez le$ Ldiacve:^ [La Celtuht \vi,
lHiJ9, 2fcS). ^(ijKjNViio iL.). I. yo\i\)elle:i éludes mr la fécondation {Annales des Sciencc4
n'Uureltes. Hiî'înhiHe, xiv); H. L^ dévelùppement du pot le n et ta réduction chromatiqui
dam le S^aitti mtjor {Archives d'à tvU, mkroseopique, n, 1H99)î IlL Les df^couvcrles récentes
sur II fè'^ond'tlion ch'z iei VèqètauE anyh'ipertnç'i {Cinijuunlenaire de la Société de Biologie,
IH'.fli); IV. La double féc^niiition dam le ?iaias mijor {Journal d; Botanipie^ juillet 1901.
Mo), V. L'i d'juhte fè'^ijii talion chez les lie nonculacees {Journal de Botanique, déc. lOIlt).—
Il K'KKtv (Valk^tix). Fr^Luis und Théorie der Zelkn und Befruch(uny^!chf'f\ léna, 1891», —
liEïiTvvni (0.). Die letk- und die Getrebe, 1892.— Hoyek (H.J. Ueber dus Verhaltcn tier Kemç
bel der Conjugation des Infusors Cotpidium colpoda lArch. f, mikr. Anat,, uv, 1899).
— Jaxssknï^. La ^permaloyenèse chez les triions i,La Cettttlct xix, 1901). — Klebs. Die
FECONDATION,
5H!»
iiediiujunfjtti der Forlppaniung bel einiffen Aigen und Pilzen, Jena, I8ï>6. — Lqbw i J,), On
thf nature of tfir Pron'ss of Fertilisation and tkr art ificinl Production o^ normal LnrvsB (Ame-
rioiH Journal of !*hy»iola*jy, nu iH99K — Maupa> lE.). Le rajeuniêitamenl kartjoijamiquê
ektz le$ Ciliés [Archivée de îjwlùnie e.itpèrimtniak^ 2* série» vu, 1889). — Mkvks (Fr.).
Vehar die Entwichetuny der mannilcken Gaschtechtszellen von Sntamandra macutofut {Arch,
fs mikr. Anat., hlviii|, — REirnuE» (RdJ. Evolution dtt cartiltufe trausitotre [Jouninl de
r.inntomie rt dt ta Fhysiult^tjte, 1900). — Sinkty H. dr). HechcrrhcA anr la biologie et
l'anatotme des Phasme» [La Cellule^ \\i, \ 901 ). — Souotta (J .)* ûie liefrw:htunff und Furrhunfj
fies Eifs drr Maiim \Arch, f, mik. Anal., xlv» t89o, 43). — Spallanxanj. OpmculeH de phy-
iiqtte attiatate et véuétak, m, IradiiiU par J. StNEUifift. iT8T, — SrriASiïUKGEM lEn.), Ûc6er
HMukdotutkeitung^ Spindefttitduntj, Centroamnen und VilicnbUd, iin Ppanzenrtich^ ïéiia,
1900. — WiLDKAKR. Hefntchtunii und Vererhung {Sat. Woc/k, 18!>8, ji° If]. — Wilson et
HvTTHEWs. Maturation, fertilization ond polarity in tkc EMiwderm e*fg (Journal of Mar^
phoL, X, 1895).
ÉD, RETTERER.
i
FER (Physiologrie). —
Sommaire : § L EsiAtrnc^f appftrîiion, ei eandîtloiis de la prétenco du fer cbe? les ôir«s viTftnti,
1 à f t. — K H' Hôk du for dana Ic^i combustions organique^ en dtahors de ViHre vivant, 12 A t^'i.
— % Ul, Rôïpdu fet' dans le* combustion» org^anîqiios chez IVtrf» vivant, 26 a 20. — § IV. h«n
composes or£»anit^we9 du fer, 21 i 24* — g V. Détermination quantilative du lei* d^ns k«s li-îsws
organiques, 2'i i 31. — S^ VI. l)u fer choz lo» vc^géiaux, 32â 3t. — § VIL Cycle biylù(rique du Ter
chc^ les ânimiiat* 'Jî> à 42. — H VllI. .Slalislique du fer dus tissa«. 43 à 58. ^ % I\. Voies d'éli-
luirtatioiidu f«r« 59 à &3. — g X. ÂbBorplioti du fci%6l à 12. — <^ XL liùte llK-rapoutique du fer, 73 ù75.
il, — Existence, apparition et conditions de la présence du fer
chez les êtres vivants.
1. Existence du fer chex les êtres vivants. — Le fer intervient dans la composilioi»
chimique de^ êtres vivafiis : il en e^-t un des élthnenls.
Des 75 corps simples de lu cliimie, il en est k peine ane vioglaine qui se rencontrent
daij» les organismes et, parmi eux, une douzaine environ peuvent /^Ire re^^ardés comme
des constituants essentiels. Le fer occupe I une des dernièrejs pbirps de la liste. Ou veut
dire par là qu'il est un des moins abondants ; qu'il ne participe à la t*on§tiUtiion que d*uu
petit nombre de subslances organiques, si essentielles que soient ces substances. Son carac-
tère fondamental est d'être le plus lourd des [corps simples constituants de l'orKanisme
8. Raison de l'exlstonce du fer dans les êtres vivants. — Ces douze corps simjdes —
et le fer avec eux — sont pri^cisément les plus banals, les plu.s universellement dissé-
minés dans le monde intnéraL II est facile, d'ailleurs, de se rendre comj>le de la raison
pour laquelle le monde vivant n*est composé que des éléments les plus universels do
milieu géologique. C'est une conséquence des propritAiés fondamentales de nutrition et
de développemeFit. La niilrition est la jiropnété des titres vivants de s*enLrelenir par de
continuels écbanges avec le monde physique; d'emprunter à celui-ci sa suLslaticif et ses
énen^ies sous forme d'aliment ou d'eieilanl, el de les lui resliluer lldèlemenl. O'aalre
part, d'apn^s la loi de développement, les êtres vivants sortent lonjours de germes très
|>etils; la masse des matériaux transmis est loujours faible» souvent infime, en compa-
raÎ!»ùti de ceux quT doivent i^ive acquis, c*est-à-dir^ «lui doivent être néc*^ssairement
empruntes au sol et a l'atmosphère.
3. Apparition tardive du ter dans révolution phTlogénétique. — On peut supposer que
le fer, comme la plupart des èlémenti relativement raies, ne s'est introduit dans les
corps vivants que successivement au cours des teiups. Il joue un rùle capital cliez les am-
maux les plus élevés en organisation et les derniers parus, cbez les vertébrés, où il fait
partie, entre autres composés, d'une substance essentielle (hémoglobine).
Il est vraisemblable qu'à l'apparition des premières formes vivantes ces êtres de
ilébut présentaient une romposiliun chimique plus simple que les êtres actuels. Le degré
de simplicité le plus eAtrême que Ton puisse supposer exi^e la mise en tjeuvre de quatre
éléments : carbone, oxygène, hydrogène, azote, nécessaires pour fornrer la molécule
organique fondamentale. Les autres éléments, el le fer Tun des derniers, se 9ont sans
270
FER.
^oui^s successivement à ceux*lu par une sorte d'adaptation chimique de l'être
vivant au mitieu qui les lai ofTrait plus ou moins conatammenL
4. Aptitude d« la molécule organique à 8*agréger tes iubstaocet ambiantes. — Zn lan-
gage <:htmir[ue, on dira que cette faculté d'accommodation ou d'adaptation de IVtre ao
milieu géologique reposiï sur l'aptitude de la molécule organique fondamentale h 5*agré-
^'cr successivement les groupes atomiques les plus répandus autour d*ellp, et qui corrcs*
)»ondt*n1 le mieux à sa fonction.
5. Abondance du fer dans le milieu géologique, — Le fer est donc entré dans la roo*
stitulion des êtres vivants, parce qu*il e»l répandu à profusion dans le milieu ambiant.
Son abondance se juge, enfre autre» signes, par le uumbre et la puiî^sance des couche'»
que forment ses minerais exploitables. Ceux-ci eoustitaeiit ce qu«f Ton appelle en métal*
lurgie kl trinite ferrugineuse : les peroxydes, les oxydntes, les carbonates. En debors de
ces minerais qui, comme l'ont remarqué Pli\b et plus tard Bvfpom, représentent à la
surface du ^lobe de véritables montagnes, tandis que les autres métaux ne se trouveul
que par filons et petite ama^s, il n'existe presque pas de roclie où le fer ne figure tout
au moins comme élément accessoire, lai trait saisissable et asseifi génècaJ révèle au
premier coup d'tcil les roches ferrugineuses; c'est la couleur. Au simple aspect, on peut
soiipronner la présence du fer et de ses combinaisons. Toutes les tenes ocre uses, rooîJlées,
rougeàlres. sont ferrugineuses; tout ce qui, parmi les minéraux, est teinté du brun foncé
au rouge clair a de grandes chances de contenir du fer. Cette particularité de coloration
est d'ailleurs exprimée dans les noms vulgaires de beaucoup des composés de ce métal :
limonite, rouge d'Angleterre, hématite, safran de Mars.
Si le fer doit son introduction dans la constitution des organismes a sa fréquence
dans le sol, inversement les éléments peu abondants géologiquement devront élre exclux
du cycle vitat par leur rareté m*^me.
6. Le fer est à la limite des corps lourds susceptibles d entrer dans les composés orgs-
niques. — Mais il y a une autre raison qui peut écarter tels ou tels éléments simples de*
utgaiiismes vivants, et qui, si elte n'en a pas écarté le fer, explique tout au moins sa
rareté relative : c'est la question du poids atomique. Les éléments trop pesants sont
exclus. Un peut dire que l'agrégation d*uii corps simple à la molécule organique est
d'autant plus difficile que celui-ci est plus lourd. Le fer, quoiqu'il soit parmi les métaux
proprement ilits Tun des plus légers, est lourd par rapport à la matière organique. Il pèse
sept fois plus que l'eau : sa densité est 7,8. tandis que la densité des tissus vivants est
il peu pri'S égale à celle de Teau.
7. Poids atomique du fer, — L*atome du 1er pèse :>0, lamlis que les atomes des
éléments habituels de la matière organique, c*est-ù-dire de l'hydrogène, le carbone,
lazote, de l'oxygène sont représentés par t. 12, 14, 16. Ceux du soufre et du phosphore,
qui viennent ensuite par ordre de fréquence, sont 32 et :H ; le sodium, le fiiag^nésium,
le cab*ium et le potassium, ont pour poids atomiques respectivement *i3, 2*, 40 et M.
L'atome de chlore pèse 33. L'atome du fei" l'emporte de beaucoup sur le- plus lourd
d'entre eux. Or, dans les composés chimiques, suivant la loi de LivnisiEn, les poids
s'ajoutent. L'incorporation de cet atome lourd au mdieu d'atomes plus légers exige un
artilîce. qui n'est pas sans inconvénient pour les échanges nutritifs; nous voulons dire i
la conatitutiun d'édilîces moléculaires énormes.
Au delà du fer, dont Tatome pèse ^itî fois autant que celui de l'hydrogène, on ne |
trouve plus que le cuivre dont le poids atomique est 63 et qui n'entre que par exception
dans les tissus organisés, par exemple dans (e sang de beaucoup d'invertébrés. Ou le
trouve chez les crustacés, tels que le homard et la langouste; chez hs midlnsq*ies, teli
que l'escargot. PUi< loin, eaOn, se trouve h* ihio avec un poids atomique de fij qm lui
irjterdit, sauf dans des cas tout k fait exceptionnels, Taccès du cycle vital. Il faut cepen*
dant iictter, «'omm * réserves ou exceptions à ces considérations, le brome, dont le poids
atomique est d'environ 80, l'arsenic avec 7:i et l'iode avec 127. Il semble que ces deux
derniers interviennent d'ailieurs rarement dans les composés de la nature vivante, saus
en être absolument exclus (iodothyrine).
8. Propriétés physiques; égalité de poids spécifique des composés de l'organisme. —
On admet que ia pes in te ur et, on générai, les proprié tr's physiques des diverses parties
d'un être organisé doivent présenter une certaine uniformité, M faut que tous les tissas
FER.
i7f
I
I
I
f
Ht 4 peu près autant sous le même volume» et que ce poids sp^^'cilîque, à peu près
lAul, OU du moins variable dans des limites très«HroiLes, soil ï^eijïiihlerjieiil identique
lui des liquides ambitints» le nang, la ïymphe, dont le poids est très voisin «Jp c<'Iui
de Teau. Uo atome lourd de fer introduit sans précaution dans un tel milieu y ferait
rêffei d*UDe pierre tombant dans Teau* Le moindre déptacemeni entraînerait des défor*
mations et des altérations de structure irnq>arables, L'uniformitc de poids spf^cifitiue des
Kriies orieraniques protège l*éditice vivant contre de§ accidents de ce genre, c*est-à*dire
tontre Tactioii déformalrice de la pesanteur : elle est un moyen de défense vis-à-vis de
cette force univernelie.
Il importe donc que le fer pesant soit intimement lié dans la m^me molécule à un
trèii grand nombre d'éléments Jégers, et commt* noyé dans leur masse, de manière qu*il
s'établisse ainsi une sorte de compensation, et que Tédilice moléculaire ait, par unité
de volume, un poids moyen voisin de celui de Teau. tVest ainsi que se lrouv<*nl consti-
tuée les édifices moléculaires à dimension» fsçi^antesques dont les composés organiques
du fer nous otfrent Texemple remarquable. En particulier, la molécule dr la matière*
rouge du san^ des animaui supérieurs, pour un atome de fer, en fixe 712 de carbone,
tl30 d'hydrogène. 214 d*azote, "245 d'oxygène et *2 de soufre: au total, 2303,(llémostobine,
Cii»Hii»oAJtuOîtvSiKe/i
9. Faille conduotibilité thermique du f«r et dei éléments biogénétiquoi. — 1 ne autre
condition qui entre en lign«' de compte est tirée de la considération de la. cbaleur spé-
cifique des é]ément.s. Pour proléger Tâlre vivant contre les trop brusques cbangements
de température, pour en atténuer les funestes elTets» il est utile que les composés de
l'organisme aient une chaleur spécilique élevée, c'est-à-dire, f>our parler la langue ordi*
Qaire, qu'ils soient lents a se refroidir et également lents à se réchauffer. Les oscilla-
tions thermiques se trouvent ralenties, et, en quelque sorte, anïorties par cette paresse
de la matière vivante à se mettre en équilibre de t<*mf>é rature avec les corps exté-
rieurs ; les conséquences périlleuses de brusques changements de température se trou-
vent ainsi conjurées. Et comme, d*après les lois physiques, la chaleur spécifique du
composé se déduit de celles des composants, il est utile que les éléments possèdent eux-
mèmei les propriétés exigées du complexe. Le fer, parmi les métaux, jouit à un haut
degré do ce privilège d'une chaleur spécjlîque élevée et d'une faible conductibilité. Le
forgeron peut tenir dans sa main la barre dont l'autre extrémité est incandescente : rien
de pareil ne serait possible avec d'autres métaux, tels que le cuivre et les métaux précieux.
10. Fonction chimique du fer, agent d'oxydation ou de comi)QstioD. — Telles sont les
principales circonstam es auxqiielles le fer doit son admission parmi les éléments biogé-
nétiques. Les proprit'H» s qu'il possède et qui s'ajustenl parfaitement aux nécessités de la
vie, il les transporte aveL lui dans les composés dont il fait partie, et qui sont, eux*
mêmes, les principes immédiats des organismes. 11 reste cependant à indiquer la der-
nière, et la plus essentielle de ses propriétés^ qui achève lïe l'adapter complètement à
l'accomplissement des actes vitaux, ci sur qui reposent a la fois la particularité de son
rdJe et son importance : nous voulons parler de sa fonction chimique d\pjeni d'oa-ydaiion
on de combustion. H en sera question tout à l'heure.
11. Conséquences doi notions précédentes : minime quantité de fer dans l'organisme.
— Avant d'aborder ce point, il est utile d'envisager une conséquence des notions précé-
dentes. On a dit que la lourdeur du fer et la grandeur de soo poidîî atomique lut
auraient interdit l'accès de la molécule vivante, si cet excès de densité par rapport aux
éléments voisins n'était corrigé par l'association d'éléments légers et nombreux. On a
ajouté que le fer nVntrait donc dans la matière organique qu'au milieu d*un immense
cortège dVléments qu'il traîne avec lui, qui le soutiennent et le fnjii llutler en quelque
4i^e au sein de ce composé. H est donc naturel que ses atomes, dont chacun est si copieu-
iillient escorté, ne puissent trouver place qu'en petit nombre dans tes corps vivants.
Aussi ne rencontre-t-on, en général, dans le corps des animaux qu'une minime
proportion de fer. Ce métal est un élément essentiel, et cependant peu abondant; c'est
par dix-millièmes qu'il se compte. Le corps de l'homme, au total, n'en conin:'nt pas plus
d'une ou deux parties pour t*)i>ÛO parties en poids. Le sang, qui est le tissu ferrugineux
par eicellence, n'en renferme que .'♦ di\-millièmes, c'est-à-dire que \ gramme de sang
ne contient que Û*<^%5 de fer. Iju organe est riche en fer lorsqu'il en renferme, ciDmme
272
FER.
le foie, ^,5 dix-raillièmcs» c'est-à-dire lorsque i gramme du tissu contient 0'"»'',I3 de fer.
Il ifaiil donCi loi'3qn«> Ton veut se représenter les muliUions du fer organique, sou-
lueltre à une sorte de IraïiNposftion les iJre» que nous nous formons habiluelleineut sar
Ifi ^jrtindeur vi l;i petitesse des unileis de mesure et sur le sens vérilahle des mots : nhon-m
dant et ran\ Il faut se défaire de ce pr«fjugé que î dix-millième esi utie proportiuii'
négligeable. C'est au contraire, ici, une valeur à considérer. C'est Je dîx-mîllièmc du
gramme qui forme l'unité de niesiire, la base arithmétique» et, en quelque sorte, le
nouveau module poui* Tévalualion du fer dans le corps vivajit.
§11. — Rdle du fer dans les combustions organiques
en dehors de Tétre vivant*
Le riMe fondamental du fer dans les or^'anisines. ce que l'on pourrait appeler sa
fonction biolnifique, tient à la propriété cbimique qu'il possède de favoriser les combus-
• lions, d'être un a*jen( d*oxi/dtittun puttr lea maticrts organiques,
12, Analogie des ozy dations par te fer avec les actions symotiques. — Cette action a
prèeiséror'nt quelques-un? des ( ara* tères fondainetilaux de celle df^ ferments solubles,
à savoir les suivants : i' I\'igent (lerment sohiltle mu fri ne Iftisse rien de sa substance j
dans Topéralion; il ne subit pas d'usure, il agit par calatijse. Dés lors, on conçoit qu*iP
n*aît lias besoirL d'Mre représenté pai' des quantités considérables pour exercer une
action importante. On comprend ainsi le second caractère qui est : 2** la grandeur du
résultat opposée h l'infime proportion de t'aient. Il suflit (pie celui-ci di>pose du temps
pour mener à bien une opération très vaste ; et c'est là, précisément, le troisième carac-
tère commun à l'action des ferments solables et k l'action du fer dans les oxv dations
organiques^ d'exiger : 3" un certain temps pour l'exécution.
C'est avec ces caractères que l'action du fer se manifeste dans la combustion des
matières organiques. Celles-ri, aux trnipéi:atures ordinaires, sont incapables de fixer
directenjent Toxy^^n*^ : «"lies ne pourraient brûler que si Ton aniun ait la réaction en
les cbaufluol. Grâce à la présence du fer, elles vont brûler sans qu'on les cbaufTe. Elles
subissent la combustion lente. Et^ comme le fer u*abandonne rien de sa substance dans
t'opéralian, et que, simple intermédiaire, il ne fait que puiser Toxygène dans Tinèpui-
sable atmosphère pour rolFrir à !a substance ori^anique, on conçoit qu'il n'ait pas besoin
d'être abondant pour remplir son oftice, à la condition de disposer d'un délai suflisant.
Cette action, qui ressemble tant à celle des ferments solubles, s'en dislingue parcetf^
avanlageusf^ particularité qu'elle n'ofTre pas de mystère et que le mécanisme intime en
est parfaitement connu,
Quelques éclaircissements sont ici nécessaires.
13. Action comburante de l'oxyde ferrique et des sels féeriques : leur réduction à
l'état ferreux. — Le 1er se combine facilement à loxy^^êne, trop facilement, pourrait-
on dire, si l'on n'avait en vue que les usages auxquels nous l'appliquons. Il forme des
oxydes. C'est à l'état de fer oxydé qu'il existe dans la nature, et la métallurgie du
fer ne tend pas à autre chose qu'à revivifier ce fer bràlé, qu'a le dépouiller de son oxy-
gène pour en tirer le métal. De ces oxydes nous n*eu avons qur deux à considérer,
qui répondent à deux degrés d^oxy^^énation. Au moindre degré, c'est l'oxyde ferreux,
le proloxyde de fer FeO qui forme rÉiydratc ferreux Ke (OH)'^ ou FeO, IPO, soluble
dons les sels ammoniacaux dont il déplace l'ammoniaque : si la quantité d'oxygène
augmente, c'est Foxyde ferriqne, le sesquioxyde de fer, encore appelé peroxyde, dont la
rouille est une variété bien connue Pe^U \ iiH-iJ ou Fe^ (011)*.
De ces deux oxydes, le premier, l'oxyde ferreux, est une base énergique qui s'unit
fortement aux acides» même les plus faibles, comme l'acide carbonii:jue par exemple^-
î aciiialbumnie, l'acide nucléinique, pour former des sels, sels ferreux ou protosels, alba^J
minâtes, nucléinates, carbonatesjferreux. — L oxyde ferrtqne, au contraire, Fe*0\ 3H*Oe6t|
une base faible qui s'unit lâchement aux acides même énergiques pour former des sels .
féeriques (persets, sels au maximum) et pas du tout aux acides faibles, comme Facide
carbonique qui existe dans Falmosphère, ou comme Facidalbumine» Facide nucléi-
niqiie, etc, qui existent dans les tissus des êtres vivants.
Ce sont ces derniers com|>osés féeriques suroxygénés, qui fournissent aux matières
FER.
i7H
I
organiques raiygène qui les brûle lentemeut; îls rodescondetil etix-mémos^ par suite ée
cttte op^ratioUt h l'état ft^rreux. En présence de la matière organique Je composé tVO\
aB*0 redevieiil FcO,H*0,
{ii FeH)',.iH*<» + mat orgaiiii|ue — 2 FeaJPOi + H^U -^ (O +mfte. orgnniquo .
Les faits de ce genre sont trop universels pour n'avoir pas t^W* observés trè^ aiir.ieu-
netiietit; mais Us trout été bien compris que vers le milieu du î»\' siecU». Lt^s cluniistes
du temps» Lirmig, Iichas, surtout Schœmieln, W-EutBH.STENKOUJE el d'autres, constatèrent
que l'oxyde ferrique exerçait* à la température ordinaire, une acliun i-aruburante rapide
sur un grand nombre de substances; Therbe, la sciure de bois, la tourbe, le chaibon,
rhumuSf la terre ar;ible, les matières animâtes, t/exeraple le plus vulgaire est celui de
la destruction du linge par tes taches de rouille : la substance de la fibre végétale est
lentement brûlée par Toxyg^ne que lui cède Toxyde.
14. Retour du composé ferreux à l'état ferrique. — Cette combustion lente de
matière organiqi^e, réalisée ** froid pur le ter, ne représente qu'un des aspects de son
rùlc biologique. Pour que le tableau soit complt^t, il y faut une contre-parlie. Le phéno-
mène n'aurait ni portée, ni ronséquence, s'il se boriiiiit a cette première action, l'ne fois
épuisée la petite provision d'oxygène du sel de fer. et celui-ci redescendu au minimum
d'oxydation, la source d*oiygène élafil tarie, la çombusiion de la matière organique
s'arrt^terait. Il ne resterait plus que Tosyde ferreux reO,H*0 el les sels ferreux <iue ce
oxyde forme avec les acides» méine lïiiblês, albuniinates, uucléiuates, carbonates ferreux.
IJne oxydation insiguîfiaute aurait été réalisée*
Dans la réalité des choses, c'est une oxydation indéllnie, sans limites, qui doit
s'opérer el qui s'opère, en elTet. Cela tient à ce que le phénomène précédent offre une
contre-partie. Le sel de fer, qui e*t descendu au minimum d'uxydalion cl devenu sel
ferreux, ne peut rester à cet état en présence de l'oxygène de Pair ou des autres sour-
ces de ce gaz qui peuvent s'ofThr à lui. Il tend à remonter, par une marche inverse, à la
condition aulérieure de perseL L'oxyde ferreux lui-niênie, dans ces conditions, fitunrit
de foxydc ferrique hydraté Fe-0*, Ml^Q et du carbonate ferreux CO^Fe stiivanl l'équation :
(2 3FcO. HaO -h CO* + 0 = CO^Fe + Fe^O», ^H^O.
On a au de tout temps que les composés ferreux absorbaient l'oxygt^ne de l'air pour
passer k l'état ferrique. On peut méuïe dire qu'où n vu, de tout t^mps, cette Iransfru-
mation; car elle s*accorapagne d'un ■Rangement de couleur caractéiislique. Il y a pas-
sage de la teinte vérl pâle, qui est l'attribuL des composés ferreux, h la nuance ocreuse
ou rouge des composés ferriques. ,
Le peroxyde de fer Fe-0*^, 311-0 se trouve donc régém^ré et peut servir de nouveau
ù la combustion de la matière organique, et il se trouve ré ^'é né ré, non seul*'meiit eu
jpriie, comme l'indique Téqualion (2), mais en totalité. Fn etTet, le carbonate ferreux,
~ ,é suivant cette équatiou, devient soluble dans l'eau cliar^ée d'acide carboniqur. Et
c'est alors qu'il fixe l'oxygène et se dédouble en Fe^O\ 311*0 et C0«.
• :4) 2 CO»Fc + 0+ 3H*0 = Fe'iQK 31P0 f 200*.
L'acide carbonique est lui-même régénéré et remis en libifrté; nous avon> dit, en
effet, qu*il ne se combine pa^ à ro?cytîe ferrique qui est une base Ir^qi failde.
15. Jeu alternatif dis oxydations et des déaoxydatiani. Conliauité des phénomènes. -
On peut concevoir maintenant ce qui arrivera si le composé ferrugineux est mis alter-
nativement en présence de la matière organitiue et de Foxygène.
Dans la première phase, le fer cédera Toxygéne à la matière organique [êqualion (1 )] ;
dans la seconde équations (2) et 3)], il reprendra à l'atmosphère le comburant qu'il a
cédé et se retrouvera à son point de départ. La môme série d'opéraLious pourra recoin-
mencer une seconde fois, une troisième fois, indéJlnimenl. Eile se reproduira aussi
longtemps que se reproduiront les alternatives de la mise en présence de la matière
organique et de l'oxygène atmosphérique, c'est-à-dire, eu déîinilive, du producteur
el du consommateur, entre lesquels le fer lui-même ne remplira d'autre rôle que celui
d'un honnête courtier.
Il n'c^st pas nécessaire de recourir à ces alternatives que nous avons simplement
imaginées pour rendre plus facile l'analyse du pbéiKimène. Le résultat sera le na^m*\
si les deux contractants, l'oxygène de IVir et la matière organique, restent continuelle-
HIcT. DK l»UYSlOLOOIE, — TOMK tU ti*
274
FER.
ment en présence l*un de l'autre; le jeu *ie bascule s'eLablira tout aussi bien, et In
combustion de la lualièi c orti.iuique se conlinuera iuUélinimeut jusqu'à épuisemeDl. Le
sel de fer remplira sans arrêt son rôle de transporteur d'oxygène,
(i UL — Rôle du fer dans les combustions organiques chez rétre vivant.
l,a question est de savoir maintenant si les choses peuvent se passer au sein des
organismes — au contact de la matière vivante^ — comme nous venons de voir qu'elles
ont Heu en dehors d'elle pour des matières mortes, ^ débiis d'organismes, rentrés depuis
sous Tcmpire dea lois phy-siques »,
16. Hypothèse dos combustions lentes de Lavoisier, — L.vvoisikr avait admis cette
identité d'action. Et, depuis celte époque, on rangeait parmi les réactions physiologique»
ta cambuHion lente, ht combustion â froid, sans en cannaître d'ailleurs d'exemples caté-
goriques.
L'illustre sayant fit accepter Tidée que la chaleur animale et les énergies que le fonc-
tionnement vital met eu jeu tiraient leur origine des réactions rhîmiquefî de l^oriçanisii»e,
et que, d'.iulre pari, les réactions productrices de chaleur» ou exothermiques, comme
l'on dit iiujouid'hui, consistaient en de simples combustions, des combiistiona tentea, ne
diiïérant que par l'êclal de cellt- qui s'accomplit, suivant une comparaison célèbre, « daa>
la lampe «pii brûle et se consume **,
Le développement de ta chimie a montré que c'était là une image trop simpliRée de la
réalité des choses, et que la plupart de ces phénomènes^s'ilséquivalent, en On décompte»
k une combustion^ en dilTérent profondément par le mécanisme et le mode d'exécution.
tie n'est pas à dire que tous les phénomènes d'oxydation de l'organisme soient dan«
ce cas. Il reste possible qu'il se 'produise dans l'économie un certain nombre de ci*s
combustions lentes, comme Lavoisieh les enteudail, et comme les combustions opérées
par l'nitermédiaire du fer viennent de nou^ eu fournir le modèle.
17. Recherche des combustions lentes par le fer. — Cette possibilité est-elle nue réa-
lité? Y d-t-il vraiment dons Torganisme vivant des réactions conformes à ce type? CVst
la question que se posèrent les successeurs de Lavoisiër et, parmi eux, Lieuig. Cesl
aussi la question qu'essaya de résoudre Clalde Behnabd. Le célèbre physiologiste cher-
cha, tout au moins, s'il se fait une oxydation de la niali'''re vivante aux dépens de l'oxyde
fer ri que* 11 re[iondit aflirniativeinent, par une exjiéj ience dont Finterprétatiori n'esl
pourtant pas aussi simple qu'on 1^^ pourrai! croire, Claude Hernaro injectait dans la
veine jugulaire d*nn chien un set lerrique, et il constatait ce premier fait importaoL à
savoir que ce sel n'était pas retenu paj rorganisme. Il était rejeté par les urines; et il
rétait sous la forme de sct ferreux-, c'est-à-dire dépouillé d'une partie de son oxygène.
Cette vérification partielle de îa doctrine des combustions lentes ne pouvait préva-
loir contre un échec retentissant que cette doctrine venait de subir dans le môme temps.
11 s'agit du sang, c'est-à-dire d'un tissu qui s'oxyde et se désoxyde continuellemenl. Ui
plus ce ti«ssu est le plus riche de tous en fer. Il ne pouvait pas y avoir de conditions phi»
favorables, eji apparence, pour le jeu des oxydations dues a lactioji du fer. Or, là, pré-
cisément, il fut établi que les oxydations et désoxydations successives du sang ne résul-
taient pas d'une oxydation et d'une désoxydation du fer, comme on aurait pu s'y attendre.
Le mécani^me était tout autre.
1/étude du sang a montré que le fer n'y existe pas sous sa forme saline, minérale,
explicite. Le mécanîstne des combustions lentes réalisées par le fer exige que le métal
se présente à cet état. C'est un jeu de bascule des sels ferreux et Ferriques. Or le fer
n'existe pas dans le sam^, sous cette fonne explicite: il y est dissimulé. Il ne jjeut doniier
lieu à des composés alternativement ferreux et ferriques. L'oxydation et la désoxydaliof^
s'expliquent [lar un autre mécanisme propriété de riiémo^lobine d'absorber Toxygène^
de le céder).
18. Maaiéres dont le fer est engagé dans les tissus. Fer organique, 1er minéraL — Il y
a donc lieu, d'après cet exemple, de considérer deux nianières, pour le ter, d'être engagé
dans les tissus vivants : 1<* sous la forme saline, ou sous une forme équivalente, auqueij
cas il donne lieu aux phénoméiies de «combustion lente décrib précédefnni»?nl; 2* sou
une forme dissimulée, sous laquelle il ne donne plus lieu à ces phénomènes de Irans- "
port. Ou distingue, en un mol, dans les tissus, le fer minéral et le fer or^^auique.
I
I
FER, 275
C'eal (ïrécUémeol, comme nous l'avons dit, ce qui arrive dans le cas du sang.
19. Fer dans le sang. Fer organique ou dissimulé. — Le fer est, en eOet, dissimulé
dans le sang sous une forme qui n'est pa^ compaiaLle à la forme saline,
MEN^.iiiNLen 1757, avait reconnu i|ue le fer élait localisé dans le sang, et spécialement
dans hi purtre rouge de celui-ci. Cinquante ans plus tard, Vauql'eli.n et Brandk nièrent
le faiU L'erreur de ces habiles expénmenlateurs tenait à la supposition ménie qui avait
dirigé leurs recherches. Ils avaient procédé avec le sang, comme ils l'eussent fait avec
un composé minéral. Ils avaient recherché le fer sanguin, le fer héniatique, comme s'il
existait a Tétatdesel ferreux ou ferriquc, c'est-à-dire eu appliquant les réaclils habituels
des sels de fer au liquide lui-même, à cru pour ainsi parler, sans caicinalion préalable,
L'inwuccès de ces réactions signalétiques prouve seulement que le fer n'existe pas dans
le sang sons la forme saline. Les recherches ultérieures établirent, en efTet, qu'il existe
dâos la matière rouge des globules, à l'état de combinaison coxnpliquée, qui le soustrait
âax: réactifs banals, qui le dissimule à ces agents. C'est l'hémo^Hobine, qui a été bien
cocuiue surtout après les travaux de Boppe-Setleh eo 186L LrKniG, eu iHi7, se Irompait
encore sur sa véritable nature : il croyait que c'était une combinaison de sel de fer (proto-
carbonatei et de matière albuminoide. Néanmoins le fait que la combinaison ferrugi-
neuse du sang < hémoglobine) dilfôre totalement d'un sel ferreux ou ferriquc, excluait
Tidér qu<i cette sul>?.tance put agir comme ceux-L-i pour fixer Toxyi^ène sur les corps.
Fait remarquable, iM qui montre bi*fn que le fer conserve à travers toutes ses vicis-
situdes quelque trait de sa propriété fondamentale de favoriser l'action de l'oxygène sur
les substances, cette combinaison si particulière» et si dilîérente des sels de fer, l'oiybé-
moglobine et l'hémoglobine se comportent presque comme eux.
Si elle n'est punit par ene-ménie un comburant énergique, l'hémoglobine est, suivant
Texpression de Liebig, « un transporteur d'oxygène ». C'est là une vue très exacte que
Tavenir devait conlirmer. Que ce transport ne se produise point par le mécanisme
qu'imagiaaît Liebig, fnais par un aulre, le réâullal général n'en est pas moins très ana-
logue ftu point de vue de la physiologie du san^, La matière colorante du sang, convoyée
par les globules, tlxe de l'oxygène au contact de l'air pulmonaire, et le déverse, à son pas-
sage dans leji capiNaire», sur les tissus. Le globule du sang n*apporte pas autre cho&e
aux éléments anatoiniques, et ne leur distribue pas d'autre principe, contrairement h
l'opinion qui avait prévalu jusqu'alors.
20. Eaistence dans le foie du fer minéraL Fonction martiale du foie. — Cet échec
malh*^ureux d<^tourna de tenter de nouveaux elTorts. La fkt'otie des combmtions icntes du
iypc fit' ceilea qui sont rdnlisees par tes sels de fer n'était donc pas confirmée dans le meil-
leur exemple que l'on pût choisir.
On ne diercha point si d'autres tissus ou d'autres organes ne ]irésenteraient point de
conditions plus favorables à la doctrine de LivoisiKfi. D'ailleurs, on n'en connaissait point
d'autres qui renfermassent du fer, ou, du moins, ceux qui en fournissaient à l'analyse,
comnifs le foie et la rate, passaient pour le recevoir du sang sous ta forme compliquée
oCi il y existe (hémoglobine, bématine), ou sous une forme anaioguey également impropre
au jeu de bascule des oxydations et des désoxydations successives.
Jusqu'à ces dernières années, on ne croyait donc pas qu'aucun organe réalisât les
deux c4}nditious qui doivent se trouver réimies pour raccomplissement d'une combustion
lente par le fer, à savoir : l" une source d'oxygène; 2* des combinaisons à acides faibles
analogues aux sels ferreux et aux sels ferriques.
>'0'î études, exécutées en i897 avec la collaboration de Florksco, ont montré que le
foie était un organe de ce genre. Elles ont révélé l'existence de ces conditions. Le foie
contient du fer, et le fer y existe, pour une grande part, sous des formes qui sont préci-
sément comparables aux composés ferreux et ferriques, tels que la ft*rrine hépatique.
D'autre pari, le foie est abondamment irrigué par le sang qui charrie, a l'état de simple
dissolution dans sou plasma, et à Tétai de combinaison lâche dans ses globules, l'oxy-
gène comburant. Toutes les conditions nécessaires à la production do la combustion
lente s'y trouvent rassemblées. On ne peut donc pas douter qu'elle s'y accomplisse.
C'est la une fonction nouvetb? qu'il faut assigner à l'organe hépatique. iNous l'avons
dénomuii^e fonction umrtinle (voir a" 46). La foi^Uon martiale dti fuie cons*?ïfc donc en
un mécanhmc d^ovydaiion tente on h fer $ert de véhictde à l'oxygène comburant, confor-
t
âîti
FER.
mAment au type imaginé par Lavoisier pour la grande majorilé des aciioos cUlmiques de
rorganîsniç vivanL
S IV. — Les composés organiques du fer.
21« Distmction des composés du fer; fer minéral, fer organique, au point de me de
leurs propriétés chimiques et physiologiques. — Ou a vu (J8), par Teiemple du fang
(tK^mog'Iobirje) et du foie iferriu+^j, r|ue les composés ferrugineux pouvaient se présenter
sous deux états très dinôrénls quant à leurs propriétiis tliimiques» el nous ajoulcriotis,
i|uaiit à leurs proj^riétés ph^'sioiogifjnes.
La prf!(nK5re catégorie fonïprend les composés salins, sels ferriques ou ferreux à
acide minéral ou organique : ils présenlent les réactions des sels de fer, avec les ferro-
cyanures ot l'erricyanures, suif hydrate d*.immoniaque, etc.
Il exîMe une seconde catégorie de cump^sés du fer. Ce sont des combinai sous orga-
niques dans lesquelles le fer est dissimulé. Il y est engaf^é d*une façon particulière qui le
souslrait a l'action des réactifs cliiiniques, caractéristiques des sels : au cyanoferrure de
potassium; au sulfhydrate d'ammoniaque a#.'issant sur la solution aranioniacale i on tail
que riiydrate ferreux est soluble dans les sels ammoniacaux, dont il déplace l'ammo-
niaque).
On a opposé Tune h l'autre ces deux catégories. L'usage s*est introduit de les dé-signer
par les nom> de fer salin on fer winvrat, pour la première catégorie ce dernier nom étant
impropre, car elie contient des composés organiques; de fer oryaniquet ou fer di^^timulè,
pour la seconde.
Ni Tune ni l'autre de ces catégories n*ont élé suffisamment étudiées ju«>qu'ici. Leur
élude approfondie présenterait cependant un réeî intérêt au point de vue pliysiologique»
Des recherches préliminuires ont, en eUet.piini établir entre ces deux espèces de composés
rerTUgineux nnêdilTéreuced^ordre phyîsiolof^ique(SuciN', 1881). Les composés salins ferrugi-
nenx ne seraient pas absorbables par rintestincheit les mammifères, ils seraient docïc inutile*
;'i t'aîjrmnlation* Les composés de fer organique ou dissimulé, au contraire, seraitîat
absorbé^ et ils constitueraient h fer nlimentaire,
22. Composés organiques du fer des deux catégories : albuminates; nucléinates; nucléo-
albumines ferrugineuses; hématogène. — La première classe \/er mlin, fvf minerais ftr
non alimentaire j comprend des composés ferreux et ferriques divers : oxydes engagés de
diverses manièies et bésf faitdement (rubigine, hémosidérinej; sels ferriques à acidrs
forts : sels ferreux à acide fort ou à acide faible» tels que carbonate ferreux, athunti-
nates, acides-albumiriates, nucléinates ferreux,
La seconde cîasse(/tr onjani'itte, fer dissimulé, frr alimentaire) comprend, en première
ligne, l'hémoglobine. Puis viennent des composés que G. Bcnge a conlribué à faire cou-
naître : les nucléo-aihumine^ ferrugineuses, qui constituent la partie la plus importante
de ce groupe. Elles existent, en général, dans le noyau des cellules, dans la chromaliue
nucléaire, Elles sont peu abondantes dans le lait; elles sont très abondantes, au con-
traire, dans le Jaune d*(puf, d'où G, BuNf#E a extrait la principale, VkématQyMe, Eu
piincipe, l'existence de composés de ce genre dans les noyaux cellulaires fait comprendre
que toutes les substances empruntées au régne animal et végétal, les aliments, par cou-
séquent, en renïerment une petite proportion. Cette petite proportion suffit d'ail leur>
aux besoins des organismes (n^ H ,l
03. Réactifs des deux classes de composés organiques du fer. Réactif de Bunge. —
Un point encore obscur est relatif aux limites de ces deux classes de snbslances. Il
îiemble, dès à présent, que leur division a été trop nettenient tranchée. Elle est fondée,
au point de vue chimique, sur ce que la première donne les réactions des sels de fer,
et tpie la seconde ne les donne pas.
Les composés de la forme saline (fgr salin), tels que les acidalbuniiaatcs, nucléi^
nale^:, etc.^en solution légèrement alcaline, légèrement ammoniacale, précipitent rapide-
ment par le sulfure d'ammonium.
Si l'on acidifie par l'acide cklorliydrïque, et que fon ajoute ensuite du ferrocyaiiurc
de potassium, on obtient le précipité de bleu de Prusse.
lùifin ces substances sont solubles dans le rénctif de Bunge, Ce réactif n'est autre i|iu?
r.icjile chlorhydrique alcoolique ; alcool à 9:i", 90 volumes; llCl 4 25 p. 100, 10 vol.
FER.
I
I
IiïirH la seconde classe, le fer est dissimulé dans une combinaison organique ou il se
trouve fortement lié. C'est le cas des nucléo-albiifiiines ferrugineuâes de UuNr.g et de son
hém4iiogt>ne. En solution légèrement alcaline ou ammoniacatef ces composés ne préci*
piterïl point par le sulfure d^ammonium. L'addition de ferrocyanun? avec acidification par
I*a**ide chlurhydrîijue ne donne point le précipité de bleu de Prusse. Ils ne se dissolvent
|M)inl dans le réaciif de Bcnge; ou, s'ils s'y dissolvent, ils ne donnent point, ensuite,
lar«*#tction du ferrocyamire. En un mol, les r<^aclior»s du j^roupe précédent sont n»'f;ali?es.
24, Existence d'une GlassQ de composés ferrugioeux intermédiaires, Ferratine de Mar*
lori el Schmiedeberg. Ferrine de Dastre et Floresco. — Ces coraclèies ne sont pas abso-
lus. Dans la plupart des cas, si la réaction n'a pas lieu immédiaUment, elle se produit
ensuite plus ou moins lentement et plus ou moins compl»-lemeni. On conçoit bien qu'il
en soil ainsi. L*édi(ice organique dans lequel le fer est engagé et qui a résisté au premier
moment, à l'acide clilorhydriqiie. en subit raclion prolongée et se désagrège pingr^ssi-
Tem*'ïil en libérant le fer. L'etîet est plus ou moins rapide suivant que le fer est lié plus
ou moins forte mont.
Selon le degré de liaison du fer, on conçoit donc qu*il y ait une troisième catégorie
de composés intermédiaires aux deux précédents. Le composé lui-même peut être moins
stable et le fer y être moins fortement lié que dans rhéntoglobine ou dans rhémalogéne.
Ces corps ne donneront pas immédiatement les réactions du fer salin : ils les donneront
plus ou moins lentement. On peut ranger dans cette catégorie la ft-natîne de M.aiPoin et
ScnttiEOEUERG, que quelques auteurs raltarbent cepefidanl à la l'orme saline. On peut y
comprendre encore la ferrine de Dastre et FLonEeco, et enfin les protéosales et piqilo-
nates de fer pharmaceutiques.
La ferratine de Mawkohi et Schmiedeberg est une combinaison d'albumine el d'oxyde
de fer, encore appelée albuminale de fer ou ferro- albumine. Elle se présente comme
one poudre jaune. Elle est soluble dans les solutions étendues d^atcatîs et de carbonates
atcalins. Elle est précipitée de ses solutions alcalines par les acides étendus; mais elle se
redissout dans un eicès d'acide. Elle donne, avec le sulfure d'ammonium, un précipité
qui n'apparaît point au premier moment, mnisqni se produit lentement. De ménie pour
la réaction colorée avec le ferrocyanure. La ferratine est soluble dans Tacide rhlorhy-
drique alcoolique (réactif de BurfciB).
La ferrine de D vst»e »^t Flohesco est plus proche encore de Vet<tt satin du fer. C'est la
substance prin^^ipale qui donne au foie sa couleur plus ou moins foncée; c'est un pifjment
hèpittique. On Tobtienl de la manière suivante. On lave le foie au moyen de la solution
physiologique injectée dans la veine-porte; on le liaclie; on te place dans le vide au-
dessus de Taciile sulfurique. On achève la dessiccation h lOri*», ii Tétuve. On broie énergi-
quemeiit la poudre ainsi obtenue dans un mortier. Puis on met ma<"érer a l'eau froide
ou tiède, très légèrement alcalinisée par la sonde ou le carbonate de sonde. Lu liqu+^nr
prend une coloration jaune rouge qui fonce de plus en plus par concentration. Le résidu
d'évaporntion séché est épuisé par le chloroforme. La poudre qui subsiste est une snb-
itance albuminoïde riche en fer, ou un mélange de substances de ce genre. Ce mélange
contient certainement, d'après son mode ménitî de préparation, des nucléo-albumines,
nucléo^lhumines fen-nginemes. D*autre part» si Ton traite la poudre hépatique par le suc
ique, les nucléo-albumiries sont diécûinpo^éf?s, et le^; nucléiues précipitées. La liqueur
rrvo, en partie, sa coloration. Filtrée, puis évaporée, elle donne un réî^idu coloré (pro-
l<^0!*^s et pigment). En somme, la ferrine brute est un mélange de nucléo-albumines fer-
rugineuses et de protéoses ferrugineuses. Ce n'est pas un composé chimique détlni. On
l'obtient* et c'est le troisième et mf*ill»^ur procédé, par digeslion de la poudre de foie
lavé, séchée, au moyen de la papaïne, en milieu neutre; la liqueur évaporée donne le
mélange coloré que nous avons appelé ferrine brute : qntinl à la ferrine pure, débarrassée
des nacléo-albuniiries et des peptones, et réduite aux protéoses ferrugineuses (proiéomtes
d: fer), elle n a pas été isolée.
La ferratine de M^rfori et ScHïiEaEiiKHii, obtenue en partant de l'albumine, et nommée
poar cela athnminite de fer, est mieux déllnie sans fètre tout à fait.
Les propriétés de la ferrine sont îes suivatites :
Elle est soluldfî en milieu n»MUr^^. Elle n'est pis précipitée par les aciles; elle y reste
di>soute, même dans une quantité faible, ta idis que la ferratine est précipitée par une
278 FER.
ptuile quantité, etsoluble seulement daas un ,pTand excès. Entîn, les ré ac lions avec le suif-
hydmte d'ariHiioïiiaque el le ferrocyantire acidilié ne se produisent pas immédiatement
(fur lié), mais n'ont pas besoin d'un long délai pour s'accomplir. On peut signaler ane
autre ditfér(*nce : la ferrine (après avoir été cliautfée à iCO*! jouit à un haut degré de la
propriété anticoagnlanle pourlesangi« vitro :\iï ferratiïien*ej[erce pas d'action de ce genre.
La plus importante des propriétés de ces substances intermédiaires — au point de
vue qui nous occupe — c'est de permettre les combustions lentes. Elles se coniporlenl
ù cet égard comme les composés de la pi-eraière catégorie, composés salins.
En résumé les composés biologiques du fer forment une série ininterrompue» La
série commence à rbématine qui est la (combinaison) où le fer est le plus fortement lié,
se continue par les nucléo-albumines ferrugineuses, les nuclêines ferrugineuses, les
albuminates de fer, les ferratines, les ferrines ou protéosates de fer, les peptonates de
fer; elle Unit par les composés salins. La propriélé de servir de convoyeur ou transpor-
teur d*oxygénê, et par conséquent d'agent des conïbustîons lentes, est d'autant plus
marquée que l'on descend davantage le^ degrés île celte éc belle.
(4*èsl aux renseignements précédents, trèîi incofitplets et évidemment 1res insuflisants
au point de vue cbiniique» que se réduisent nos connaissances sur les composés orga-
niques du fer.
§ V. — Détermination quantitative du fer dans les tissus organiques.
La détermination du fer peut être e^técutée par les mélbodes chimiques proprement
dites : métbode volumétrique fde MARGiTeniTTE). métbodes par pesées»
25. Méthodes chimiques, — Nous renvoyons aux traités d^nnalyse chimique (l'RBSsr^ïïCs)
pour les procéd*!^ de ce genre.
Ces procédés ont été. le plus souvent, modillés» pour s*adapter aux nécessités de la
pïiysiologie. Un des temps de Topération commune à tons l0i> procédés el qui demande
te plus de soin, c*eàl Tincioération préalable. H faut éviter les pertes par volatilité (chlo-
ruresjet la formation d'oxyde ferrique iuattaquiible. Ou utilisera, avec beaucoup d'avan-
tage, la façon de faire indiquée plus bas (n^* '281*
On peut dire en, outre, r[ue tous les procédés présentent un défaut commun. Ils sont
faits pour déteiininer avec précision de quantités de fer très appréciables, qui se chiiïrtMit
en grammes ou en fractions immédiates du gramme, — Les chimistes qui recbercbt]'nl le
fer dans les composés naturels, dans les minerais, par e\en)pli% prennent pour point de
départ le grauune. Ils ont, entre les mains, habituellemerit quelque fraction de gramme
du corps À analyser. Les méthodes qu'ils etnploient peuvent éti-e regardées comme parfai-
les, si elles ne laissent pas échapper plus d'un millième dans la quantité dont ils dispo-
sent. Et c*est, en elTet, le cas pour les métliodes voluméLriques ou pondérales en usage,
D*après ce que nous avons dit des inlimes proportions pondérales du fer dans les
tissus vivants, oîi conçoit que ces méthodes chimiques conviennent mal aux besoins des
bïologistcîft. 11 leur faut des balaïices, qui tarent le millième de milligramme, comme ils
ont déjà des microscopes qui mesurent avec esactitude te millième fie millimètre.
L. LveicgOE a imaginé une méthode d'analyse de ce gunre, adaptée aux besoins de
la physiologie.
26. Méthode colorimétriqua du tulfocyanate farrique. — Ce procédé est fondé suris
colorimÉtrie du sulfocyanate terrique. Il exige que itm observe rigoureusement les j>ré-
cau lions prescrites. A cette condition, les résultats o firent toute sécurité.
Cette méthode a été l'objet d*une étude préliminaire, critique et expérimentale; les
résultats en ont été comparés, pnr l'auteur, â c^^oîl que fournissent la métlioile volu-
métrique de Mahiii erittk ou les méthodes par pesée. La sûreté des déterminalioiis et 1&
confiance qu'elles méritent ont été mises en évidence.
Nous en reproduisons ici le délai L
L'opération comprend les actes que voici : pesée de l'échantillon a analyser ^ prépa-
ration de la liqueur col ori m l' trique — préparation de la solution d*analyse et de la
solution type — comparaison de ces liqueurs au moyen du colorimélre*
27. Pesée dû réchaatitlOD à analyser, — On prend 10 grammes de tissu frais ùti
2 grammes de poudre desséchée jusqu'à constance du poids. S*il s'agit d'un animal A
FER.
)
I
I
I
^c êi rorni^ineiu verlchrés)* on aitrn eu soin d'hydroloniser le Ussti par un
iVau salée physiolo;îiqut^ allii d'etjJever tout h sang et, par cijusM'f[Uènt» Luut h»
Vr dn Mn^ qui viendrait fausser la rerherche. S'il n'est pa^ iios^^ible d'hydrotoniser
firéatablf^ment le tiiïisii et de ie iJébiirasscr du san^ qu^il contient, it faut tenir einij|jle
<lil fer ainsi introduit pur te sangïn*^ 45).
Ces poids (jn grammes) de tissu frais exsangue et (2 granimesi de tissu sec sont
choisis (a posteriori) après tâtonnements: ce qa'il faut prendre. r*est une qnanlité de tissu
qui contienne environ 1 înilligramnie de fer. C'est la quantité, en etfet^ qui convient le
mieux pour les dosages. On suppose ici que le tissu auquel on a atfaire est assez riehe
pour contenir ï milligramme de fer dans Kl «ranimes. S'il triait trois ou quatre fois
moins ri(!he« diaprés une expérience préliminaiiv, on prendrait trots nu quatre fois plus
de matière, de manière à opérer toujours environ sur un millijçramme de fer. Le chilire
précèdent convient au foie. Pour les autres tissus, rexpérieme apprend qu'il faut en
prélever une quantité plus considérable, cinq à six fois supérieure, au moins î par e%ein-
fde : 40 5 50 grammes de tissu frais ou H k 10 jïrammes de tissu sec,
2B, Préparation de la liqueur colorimétriqua. — Cette quantité de tisso est incinérée
par un procédé pailionlicr* La cabrination ne convient pas, parce i|u*el1e pst longue, et
très délicate, si Ton veut éviter de volatiliser le fer à Tétat de chlorure ou de l'iu solubi-
liser en calcinant trop fortement Toyxde.
On détruit la rnaliére organitjue par l'.jcide azotique, au «eiiï d*une petite quantité
d'acide suliurique, dans le récipient m§me où se fait la pesée du tissu. Le tissu frais ou
see. est dune introduit dans un ballon de verre de Bohême de 12a centimètres cubes de
capacité, préalablement taré* On pèse par ditlérence le tissu introduit. On ajoute de
if#cîde sulfnrique pur, bien exempt de fer, — environ un centimètre cube d'acide pai"
glainme de tissu frais, c'est-à-dire dans le ca? présent 8 à 10 centimètres cubes, — et on
laisse macérer h froid pendant environ quatre beures.
Celte macération préalable n'est nécessaire ou siraplcmerit ulib^ que poui* ralentir la
violence de l'aclionet les projections ultérieures qui pourraient se produira au moment
l'on chauiïera*
Si l'on opère sur le tissu sec au lieu du (issu frais, on peut s'en dispenser, et Ton
;édcra immédiate ment aux opéra Lions suivantes r
Dans une lioMe vitr/e, d'où le fer est exclu ou dont la surface ml protégée par une
épaisse peinture, on place ks ballons dans ime position inclinée sur un support de
cuivre au-dessus d'un bec de gaz; on conduit la cbauiïe avec précaution, ralentissant a
propos la llamme de manière ù éviter les projections, La matièro organique se dissout.
A ta (In de l'opération, ov pousse la Ikimme de manière ù éliminer Teau et à amener
l'acide sulfuiique prés de son point d'ébullition, ce dont on est averti par la disparition
des épaisses vapeurs blancbàtres qui chargeaient Tatmosplière du ballon, maintenant
transparente.
On éc^irte alors le balbm dn feu ■ on !e laisse refroidir un peu et on y fait tomber,
au moyen d'un (lacon comple-f/oultes, de l'acide azotique pur exempt de fer, et on
agite. Le contenu du ballon qui était noirAtre et ses parois qui étaient mouchetées
d'éclaboussures noirdtres se décolorent et passent au rouge clair, en même tenqis qu'il
se dégage des vapeurs nitreuses.
On chaulTe de nouveau et on recommence la même opération jusqifi ce que l'îs
parois soient propres, et la liqueur claire et légèrement colorée en jaune verdiUre. 11 est
bien entendu que Ton rajoute au besoin de l acide sulfurique au cuni^ de ropéralioii,
s'il diminuait trop par suite de la volatilisation . A la lin, au contraîje, on poussera
la chaufTe s'il était en excès. Il faut s*arranger de manière que la ijuantité finale de
liquide ne dépasse pas sensiblement 2 centimètres cubes. Le fer s'y trouve au fond sous
Tapparence d'une Une poudre cristalline sulfate ferrique), dont Fabondance fournit à
première vue, à l'observateur exercé, une première idée de la richesse en ter du tissu.
Avec beaucoup de précautions, on ajoute ensuite de l'eau, environ 20 centimètres
cubes: on fait bouillir jusqu'à dissolution complète du précipité criitatlin. On laisse
refroidir. On a alors un*' liqueui' claire p.lle, jaune verdàtre, prête pour la colurimétrie.
29. Solaiiôa d'analyse et solutian type. — Ou a une petite liole dont le long col
porte deux traits de jauge correspondant i 20 centimètres cubes et 2'i centimètres cubes.
^8(1
FER.
Ou vtMse dans ccUe liolc la liqueur précédente provenant de rincinéralioo ozolo-stilfu-
riqii»\ et avec los rinrures suceessives d'eau distillée du ballon on amène le volnrae au
Irait 211 cnnLimùtres ^^tibes. On ajoute à cette liqueur d'analyse (jusqu'au trait to cenli-
mMriis cubes) li centimètres cubes d*unc solution à iO p. 100 de sulfocyanate d'amnio-
iiifujne. On agite. On fddient ainsi une soluiinn rouge contenant tout ïe fer qui profient
du tissu.
C'est cetlï? mhilion iranfjftjse qui devra être comparée à la solution type, dans le colo-
limètrf* Lalbent. Le résuflnt de hï comparaison fera connaître les richesses relatives des
«ÎHitx sukilions; et, comme on connaît celle de ia solution type, on aura la vatenr absolue
de Tautre,
l.a KOtiition tf/pa est (ibtenne en dissolvant à chaud €'^'',^00 de fil d'arcbal bien décapé
dans ii<' l'eau distill(^p additionn<?e diacide sulFurique pur, en excès, et d'acide azotique.
l/6lHi!hlîon est continuée pendant une demi-heure, Apr^^s refroidissement, on étend â
i litf"' i*Mt cenlimétres cubes). De cette Mqiiéur* 20 centimètres cubes cantiennent
I cenlitîriimine de fer. Si Ton ajoute k la liqueur ?> centimètres cubes de sulfocyanate
d ammoniaque a 10 p. 100, on a t litre d'une liqueur présentant une coloration ronge très
inlense.
Ce n'est pas cette solution elle-mt?ime que Ton emploie. Celle-ci sert seulement de
soiuthn mfh'e. On eu prend une portion quelconque quê l'on étend au dixième, et qui, par
çons!*queut, contleni, dans 2') cenlimètrers cubes, I milli|^ramme de fer. Elle est la véri-
table solution hfpr.
On possède ainsi les deux solutions rouges à comparer : la solution d'analyse et h
solution type. Sous m^mc tohinUt ta teinte est proporlionneîîe fi la rkhesise en fer. Voilà le
principe de l'analyse. 1.3 comparaison de^ ternies se fait dans le colorrmètre Laurent
avec des pn-cdutioii» prirtictilières. (Voir Ibèsc de L. Lapicque, p. 30 et suivanlesL
30. Comparaison colorimé trique. — Pour éviter toute en'eur relative auK diffé-
rences d'écbiicagc, on ne compare pas directement les deux liqueurs entre elles. On les
compare loutes les deux ù un môme étalon de couleur fixe, placé d'un côté de l'appareil,
taudis que les deux liqueurs sont successivement placées de l'autre cAté, dans le godet.
On Itiit mouvoir le munidiou vide, c'est-à-dire varier l'épaisseur sous laquelle on examine
la lii|[ie[ii du ;jodet« jîisqu'à ce que sa teinte soit exactement celle de Tétalou. On lit cette
épaisseur c au demi-milUmètre près, grâce au veruier de l'éclielle.
Otî lit, de môme, IVpaîsseur c correspondant à la solution type, La quantité de
matière çaloranle^ «le substance active (c'est-à-dire la quantité de fer}, sera la même
drtns l'épaisseur v de solution type et dans l'épaisseur c' de solution à analyser, si Ton
admet* ce qui est ta base du procédé coloriniétrique, que Tégalité de teinte entraîne
Té^Mlité de teneur en substance active.
Soit p la quantité pondérale de Fer cofrtenue dïins Tunilé de volume (1 litre) delà
solution lype; j/ In qu.inUtr ilans l'unité de volume de la solution à analyser. Le cylindre
du cuforimétre de base B, de hauteur t% de volume Bxf contiendra donc lî ;<cxp de fer,
pour la solution type; le nu^ine cylindre de base B, de hauteur €\ contiendra Ux^^xp"
pour la solution à analyser, A Tt^galité de teinte ces deux quantités sont é^les,
Hxcsp-^Bxcf'x;?'. D'ufi pz=p^^. Pour avoir la quantité de fer contenue dans un
volume donné de la solution à analyser, il faut multiplier la quantité contenue dans 1<^
même volume de solution type par le rnpport calorimétrique — . Appliquons cela au
volume 20 centimètres culies. Le poids de fer contenu dans 20 centimètres cubes de h
liqueyr i\ analyser (c'est précisément tout le fer de récbantillon analysé qui pesait
K ^"^rammesK c'est la quantité que Ton cherche jc; le poids de fer contenu dans '20 centi-
mètres cubes de la solution type, c'est I miîli^Tamme, comme noua l'avons vu. — On a
donc :
ç
x quantité de fer dans le poids K grammes de tissu = — x 1 milligramme.
Le rapport colorimétrique ~, exprime donc, en milligrammes, le poids de fer contenu
dans P<?chaTitillon à analyser qui pèse K f^rammes. Eu divisant par K on aura le fmmhn
FER
^81
de miilidrûmme» de fer dam un {gramme de tisiu : c'est le tionibie ^ -, qui expiîmi' le
i^siiliat de chaque* anulyse.
Exemple, On traite un poids K de foie de bœuf de 7'^%50> oo trouve un rapporL <:olo-
rîméttiqae ^ = 0,î>i» La quantité de fer est de -^ c'est-à-dire 0»"^% 07 par graninir di^
31. Coodiiions qui reBdent la méttiode Hfoureuse et sensible. — La méthode n'est
rigoureuse et sensible* que sous certaine? condition^. En pnncipp, la retalion qui lie lu
quantité de fer à l'intensité de la coloration du sulfocyanatc n'est pas simple. Il n*y a
point de proportionnalité entre ces deux jcrrandeurs. 1^ coHiricietiL d'extinction ptioto-
métrique varie avec les conditions du iiiilieu : sels, quanf it^ d*eaii» nature et quantité de
racide, influence de l'acide pïiosphorique. Mais il y a des circonstances — et ce sont
précisément celles dans lesquelles on applique le procédé — où la proportiottnalit*^
existe* où l'intensité de la coloration est en raison directe de la quantité de fer.
En second lieu, ta sensibilité est ordinairement tn>s grossièi e dans les déterminations
colnrimï'triqnes. Elle est ici beaucoup plus grande. En elFel, au lieu dlinposer à r<cil
un<^ diHermi nation d'intensité^ d'éf^aUté d'intensité, ce à quoi Tcpil est inluibile, on lui
demande de déterminer une variation de teinte, ce à quoi IVpiI est 1res apte. Et précisé-
ment on opère avec une teinte sensible. La solution de snlfoc^anale ferrique» a i ,' lOOO"
de fer, que Ton emploie ici^ a, sous l'épaisseur de 4 cenlimétres^ une teinte orangée qui
vire immédiatement du cAlé du rouge ou du côté du jaune, suivant que la proportion de
fer augmente ou diminue. L'étalon de verre type est précisément clioisi de cette teinte
orangée, et il faut amener par dilution convenable la liqueur à analyser à cette teinte»
afln de sensibiliser au maximum la détermination.
Vf.
Du fer chez lea végétaux.
3Z. Présence du fer dans les tissus végétaux. Régie d'Haûy, — Le fer se rencontre, en
faibles proportion^, dans îes iliverses parties des plantes. Lf-telueb, Rahuklsbeh»;^ Bouî*-
«îicjiULT ont signalé Toxyde de fer à IVtat de Irac^-s. On l'a trouvé en proportions
ipprécrables ^on le dn:>ait en bloc avec la magnésie] dans le sarment de vigne, daus le
topinambour, dans le t»ois de pin sylvestre. M- Petit (t893) a isolé, dans Torge, du fer à
Tétat de composé organique analogue aui nucléines.
On a cru, à la fin du xvin" siècle, après les observations de Lêherv, de IjRoffroy et
de Mk:^chixi, que spécialement les parties colorées des plantes étaient ferrugineuses et
devaient leur richesse de teintes aui composés de fer. C'était une extension de l'obser-
vation qui avait montré la présence du fer dans toutes les terres ocreuses, dans toutes
les roches dont la teinte varie du bruti foncé ou rouf^e clair. \\\i \, le fondateur de la
minérolopie, avait exprimé cette idée dans le style de son temps: «i Lor-^qne la nature
prend le pinceau, c'est toujours le fer qui grarnit sa palette. » La verdure des feuillages
et les plus délicates nuances de la ileur ou du fruit auraient dù leur variété de tons aux
combinaisons du fer. Le même principe, d'ailleurs, avait été étendu aux animaux
et à toutes leurs matières colorantes : sang, bile, teintes du pelage et du plumage.
C'était U une erreur. Elle fut bientôt réfutée en ce qui concerne les raitiéres colorantes
des cerises, des groseilles du safran, de l'orcanette, de lu gai anco. Four la chlorophylle,
le doute subsista plus longtemps. En 1877, A. Gautieh a montré que cette matière verte
ne contenait point de fer.
Toujours e^l-il que, laissant décote cette liaison imafriuaîre entre le fer et la couleur,
on peut dire que l'analyse révèle la présence du métal dans presque tous les tissu ^
végétaux.
La seule présence du fer dans les diverses parties de la plante pourrait n'avoir pas
de signification. Elle pouiTait, quoique très générale, tenir à une condition accessoire.
Tahondance du métal dans tous les terrains de culture. Les combinaisons ferrugineuse-s
*ont teltcmeot répandues dans les sols et les eaui, que Ton ne saurait s'étonner île les
rencontrer dans presque tous les organes des plantes, (}n n'en pourrait pas conclure ifuc
le métal soit nécessaire à la constitution des plantes non plus qu'a l'entretien ou au
développement de la vie végétale. Certains matériaux manifestement indiEférents, ou
m
FER.
même mrisiljles, B'ib exislenl abondamment dans un lerraio, peuvenl être absorbés par
les racines, entraînés pîir le mouvement de la sève ju^^eju à l'extrémité des feuilles et se
iixer dans divers organes, r/estce qui urrive puur te cuivre dans les circonstances excep-
tionnelles où ses composés saturent le snL Lu présence habituelle d'un élément dans les
tissus végcîtaux nu permet pas de conclure qu*il est conslituant, c'est-à-dire nrcessaire.
Il faut des épreuves directes, pour établir sa nécessité ou ^^imptemenl son utilité biolo-
Inique. Ces épreuves directes consistent en des essais méltiodiques et ci>nn»aratif3 do
culture dans des milieux artificiellemenl privés ou pourvus de Téléiuenl en i|aestion.
C'est ainsi que Ton a procédé pour les combinaisons du fer — et c'est ainsi que l'on a
réussi à faire apparaître l'utilité de c^ métal, surtout chez les végétaux supérieurs*
33. Utilité du fer pour la production de la chtorophylle. ^ Si te fer n*enlre pas
dans la composition de la chlorophylle, il n'est pas indilférent cependant à la produc-
tion de ce pigment dans les feuilles. C'est en 1845 que Gris a constaté une iullueQcc
des composés du 1er sur la chlorophylle* Il en Ht une appliration au Irail'^ment de la
chlorose des plantes. Certaines plantes dont les feuilîes^ avaient perdu leur couleur
verte par suite d'une altération pathologique, reprenaient leur f oloration et leur santé
après avoir été arrosées avec une solution ferrugineuses isulfale de ferj. L'action peut
être locale. Il suflît d'appliquer avec un pinceau la solution ferrugineuse sur queUpies
parties des feuilles étiolées, pour faire reparaître la teinte verte aux points touchés,
lundis que les autres restent pâles, incolores.
Dans les cellules du parenchyme étiolé, A. Gais, en 18S7, a «ru voir tjn'il n'y avait
à peu prés pas de granules de chloro[diylle; et qu*au contraire, dans les régions de la
fcudie qui ont reverdi sous Inaction du sulfate de fer, les cellules conteuaienl un grand
nombre de grains de chlorophylle (A. Gris, IH57;, Un a interprété ces résultats idont
une partie est contestable), en disant que les ci^mposés du fer sont une sorte d*excîla-
lant favorable h la formation des chloroleucites, et jouent ainsi un certain rôle dans k
formation de la chlorophylle. Allant phjs loin dans cette voie, Von SALiisToaiiSTER a réussi
à provoquer la ridorose chez des plantes en les cultivant dans un milieu exempt de fer
et à la supprimer en rendant au terrain le fer qui lui manquait. Les expériences de
iiL'KiFKiTiis et Oklacuahoonny ont conllrmé ces conclusions : celles de Muntz, Gra?îoeau,
V^ariiUTsoN, et Mvcno, G\rrj.OT ne leur ont pas été favorables. DAssoMvtLLË aurait
cultivé sans fer et môme dans Teau distillée les espèces suivantes : blé, seigle, mais
pomme de terre, tomate, sarrazin, courge, nmutarde, fève. Toutes ces plantes ont
donné des feuilles très vertes. Griffon, a vu cependant que les feuilles étaient beaucoup
plus vertes dans les cultures avec fer.
L'etîel avantageux du sulfate de fer ne serait donc pasconstanl et universel. D'après
M- liEuNAriD, il ne se produirait que dans les sols très fortement calcaires : il serait dû à
une action du sel de fer sur le caleaiie dont la proportion serait ainsi diminuée. D'autre
pari, les essais de Pmu sur la culture de forge ont montré qu'il fallait distiuiruer les
sels ferreux et les sels ferriques. Ces derniers, le sulfate de fer, par exemple» soûl
presque toxiques : les sels ferreux et les composés organiques ferrugineux, au contraire,
sont utiles; absorbés ils provoquent un aecroissemeut de l'assimilation de Tazote.
34- Utilité du fer chez les végétaux inférieurs. — Ea ce qui concerne les végétaux
inférieurs, les mucédinées, en particulier, tes expériences de Hauliv ont manifesté
rinlluence du fer sur leur développement. Klles ont nionlré que si l'on venait à
supprimer cet élément dans le milieu de culture de l'A^perglUii-i niijer donnant le maxi-
mum de récolte, on voyait la végétation languir et le rendement tomber immédiate*
ment au tiers de sa valeur. Si Von tient compte de la quantité de métal qui amène la
récolte à sa valeur maxima, ou constate que faddition d une partie de fer suffit à
déterminer la production d^un poids de plante OOO fois plus grand. La suppression du
fer dans le milieu de culture a d'ailleurs causé à la plante un mal irréparable. Sî Ton
essaye, en elTet, de remédier à ralanguîssement de la végétation, eu restituant au
milieu le fer qu'on en avait supprimé, la tentative reste vaine. Le végétal continue i^
dépérir.
En jésumé, Texpé ri meii talion montre la nécessité ou tout au moins T utilité du fer
dans la vie végétale. Les divergences à cet égard tiennent sans doute a rinsuftisance des
méthodes d'analyse du fer, rapprochée de cette autre circonstauce sur laquelle nous
FER.
^83
I
«tons insisté plus haut, à savoir que le fer intervient loujoui^s en quanlitéiî très faibte»«
presque ifiOntiésimales. (/utilité ou k uécessilé de cet éléoïetit porte, sans iloute, sur
des quantiU^s mille fois uu dix mille fois plus pet il «^i^ t^nv celles oii ititervieiirienl les
aulre» éléments kaLntuels.
S VII. — Cycle biologique du fer chez les animaux.
35. Le far dans la médecine ancienne, — Nos ronnaiKsauces sur le rôle biologique
du ter ont eu leur point de départ daua remploi qui fi été fait des préparations ferrugi-
neuses en thérapeutique.
La médecine ancienne avait une opinion vague sur ta prérellenre du fer commi*
médicament ou comme réconfortant, Klle employait on pt'lit nombre de préparations
de ce métaL Le nombre s'en est multiplié considémblement par la suite. Une sorte
de préjugé antique établissait un li^n entre les (juiitilés précieuses dvi f^^r pour tes
asa*<es domestiques et pour la fabricalion des armes «Tune part et pour la sunté et la
vie d*aulre part. Le fer a socordé au hroiue qui était le nrétat usiuet dans tes tenipî<
héroïques : il était précieux au temps dllom»"^!»* : une lioule de fer élait le prix décerné
vainqueur dans les jeuï funèbres institu<^s en Thonneur de PaLrocle. La croyance
gue que le fer donne de la force au corps est un legs de ces premiers âges.
36. PropHéiés astringentes locales des composés ierrugineux. — Plus Lard, une
méthode plusniisounflbl*^ chercha ;\ fonder l'usage des substances sur leurs qualités plus
ou moins évidentes. Or. Tun des caractères considérés comme les plus apparents des com-
posés du fer, c'est lenr propriété astringente, constriciive, resserrante. Colle-ci se
manifeste lorsqu'on les ap[ilique sur la langue et se trad|iit par la saveur Apre que
Ton connaît : elle se montre encore sur les autres tissus. De la, depuis le temps de
DiosnoRiDE, c'est-à-dire depuis le premier siècle de liolre ère, l'usage des ferrugineux
pour arrêter les suintements, les hémorragies, les llux et les écoulements, en resser-
rant, disait-on, les libres des tissus et les débarrassant des liquides en excès. Encore
aujourd'hui, le perchlorure de ter et d*autres préparations sont employées, d'après cette
idée, comme topiques locaux*
37. Propriétés générâtes attribuées autrefois aux préparations ferrugineuses. — Râle
détopÛatif. — On croyait, en outre de cette action locale, k une action générale dont
les successeurs de Pahacelse se faisaient une idée plus ou moins obscure. Le fer, dit
Tun deux est >< un puissant apèiiltf et désopilatit H sert h la jaunisse, aux pâles
couleurs des tilles; â désopiler la rate et le mésentère. » La maladio épaissit les humeurs;
elle obstrue les pores, les canaux des organes digestifs, biliaires et urinaires : le médi-
cam*^nt ferrugineux fait Finverse. En tant qu*apéritif il « incise *>; il atténue les humeurs
trop épaisses; i\ ouvre, il désopile h«s voies encombrées et les rend libres^ Ce sont
là des explications sans aucune signification précise.
38. Efficacité dans la chlorose. — Cependant, avec le temps, les médecins crurent
apercevoir ce qu'il y avait de siguilicatif dans les propriétés du fer; et ils Texprimèrent en
disant qu'il était •• la panacée de la cachexie i». 11 faut entendre ce mot. La chlorose et
ranéiuie étaient, en etfet, des cachexies pour les aiicions; et ces atleclions sont celles
dont le fer constitue, au regard de la médecine moilerne, le remède llé^oïqu^* et spéci-
tîque. Les niéilecins ne savaient pas encore la cause intime d«* ces maladies; ils ne
connaissaient point leur lésion siguiricative, qui est une alti^^ration du sang; ils ne pos-
sédaient môme pas le tableau complet des symptômes qui fait de la chlorose une mala-
die caractérisée, puisque c'est seulement en illVi que Fit. lloiiiANX en fit une espèce
nosologique distincte; cependant iU étaient convamcus du soulagement que peut
apporter à cet état morbide la médication leiTUgineuse. Depuis» les temps hippocratiques
cette médication n'a pas cessé d'être eu faveur. Elle i'ompie des succès innombrables.
Sous son iniluence» on voit fréquemment, en quelques semaines, les malaises dispa-
nitlre, le canir se régulariser, ressoufllement ccîiser. Tappétit renaître, les nerfis se calmer
et le teint se colorer,
39. Rôle dans quelques cachexies. — En outre d*: la chlorose, on a signalé d'aulres
formes iranéniie où réussissait encore le traitement martial. On en cite un exemple
mémorable dans répidémie des mineurs d'Anzin, observée^ il y a un siècle euvironf par
§81
FER.
IIall^. Le célèbre byi^'iéniste fut frappe de fa pâleur de ces malades; et, à Paaiopsie, de
la flaccidité et de la teinte QlTaibli«» da muscle cardiaque. Ces sifçnes d'un appauirm-
cernent dn sang lut furent, dit-on, un irait de lumière; îl y vit une indication formelle de
la médication ferruffinpuse. Et, en elfet, répidëmie parait avoir été arrêtée rapidement.
Ce sont des exemples de ce genre qui ont fondé Tinébranlable confiance des méde-
cins dans la vertu souveraine du fer contre la cblorose et l'anémie. Devant ces résaltats
BoERHAAv K enthousiasmé s'écriait : In ferro est fitiquid àivinum. Folircrot» le chimiste,
décorait le fer du nom de « remède héroïque ". Crdveilhier rappelait « un médicament
précieux, ami de nos organes •». Liebig, enllii, déclarait que « s'il était exclu de nos
alimenta, ta vie serait impossible ». Heureusement il e^L impossible de l'en exclure t
ceux-ci en contiennent toujours assez pour couvrir les oscillations pbysiola^ques et
pathologiques de rorganisme,
La conviction de Tefficacité des ferrugineu3c est cependant bien loin d*élre aussi
affermie chez les physiologistes et chez les chimistes. II y a, à cet égard» deux phases
à dislirrpuer. Au début, les progrès de la physiologie avaient paru corroborer Tobser-
vation médicale et lui fournir une base et une explication. Plus tard s*est ouverte la
période des difficultés,
40. Action pbyslologic[ue apparente dei ferrugineux; fixation dans ]e sang — La pre-
mière période débute avec les rerherrlies île Ment-ulm. Ce ctiimiste physiologiste recon-
nut eu 1757 (jue le fer, que Von savait déjà exister dans l'économie, était localisé dans
le sang, et particulièrement dans les globules rouges, de telle sorte que la couleur du
sang se liait à la quantité du métal; « sang riche en fer est riche en couleur; sans
p:mvrc en crnileur est pauvre en fer ». Cette doctrine du fer sanguin fut universelle-
nieol adoptée. Elle est restée en vigueur jusqu'à ces dernières années. Elle se traduit,
sous sa forme la plus absolue, de la maïiiére suivante : a La seule partie du corps qui
renferme du fer est le sang : la seule partie du sang qui renferme du fer est le globule
rouge. 1» Dans la réalité tou*5 les tissus renferment du fer en quantité plus ou moioîs
appréciable, et, de plus, il y a chez l'homme et tous les vertébrés deux autres orjçanes
qui sont riches en fer (sans le devoir au sang, bien entendu), le foie et la rate. Chez
les invertébrés le foie est encore riche en fer, alors que le sang n'eu contient que des
traces.
Cette notion de l'existence du fer dans le globule roujîe servait à relier et à éclaii'er
tous les faits acquis par l'ubservation empirique. — Certaines anémies sont dues à la
diminution du nombre de globutcs. Il y a hypoglobulie, La numération des globules
révèle le fléchissement de leur nombre r en m<^me temps la colorimètrie sanguine,
l'hématomélrie, la spectrophoton\élrie fout reconnaître la diminution de la matière
colorante; l'analyse chimique décèle la diminution du fer. Les trois espèces de déter-
minations concordent. — Dans la chlorose, il n'en est pas de même : il y a discordance
entre les déterminations du nombre des globules et celles de la couleur du sang et de
la teneur eu métal . Il n'y a pas hypoglobulie simple ; les globules ne sont pa5 seule-
ment diminués de nombre, ils sont altérés duns leur composition. Cette alTeclion est une
anémie aggravée par uup anomalie conslîtutiounelle de!^ globules rouges qui sont altérés,
malformés, imparfaitement développés, frappés dans leur vitalité comme dans leur
composition. La matière colorante est moins fortement retenue : la résistance tinc-
toriale globulaire, appréciée par le procédé de HiMjiuaiiER, est diminuée. On a constaté,
en outre, que l'introduction de sets de fer dans le sang raffermit aussitôt cette résistance
et abaisse le degré isotonique.
Ces premières notions expliquaient la < ause initiale de la maladie, la localisaient
avec précision, et faisaient comprendre renicacité du remède qui semblait s*adresser
au globule rouge, y pénétrer à Tétril de matière constituante, accroître la chargé
d'hémoglobine et relever sa vitalité pI ses aptitudes fonctionnelles.
41. Action phjBlologtque réelle des ferrugineux. Pas de fixation dans le sang. Distiac-
tion. — C'est précisément cette expliciition de laclion médicatrice du fer qui est aujour-
d'hui mise en doute. La physiologie actuelle n'admet pas, ne peut pas admettre que
c'est bien le fer que l'on administre au malade qui va se fixer dans le saog, et réparer
le déhcit auquel on attribue la maladie.
Il ne s'agit pas» on le comprend bien, de mettre en doute rutilité de la médication
FER* 485
férnigineuse. On peut admettre que celte efflcacilé est une vérité relative, une do ces
vérités de fait dont l'expérience des sièclL^s a euricln hi pratique médicale. Il y a bien
quelques restrictions k faire : mais on admtîl le fait en bloc. Le pbyj^iolopsle conteste
Sf^nlcm«*nt rexpUcatiou si simple et si naturelle qui s'yfTrait a Tesprit du médecin.
yuant aux restrictions sur la vertu curative du fer ^dans Tanémie et la cblorose, elles
sont dues aux maîtres eux-nn^mes de la médecine, Taousseait recounaissaii que le fer
n'est pas infaillible. L*aveu que la chlorose n*est pas toujours facile à guérir a échappé
h tous les véritables observateurs. Le fer« ù lui seul, conduit rarement à une ^uérison
parfaite. On lui associe presque loujaurs d'autres agents thérapeutiques ou hygiéniques
dont le concours nVst pas indifférent., tels que les amers» les toniques stiraulaos» le
quinquina et tes lotions froides, riiydrolberapie, les cures balnéaires, l'aîr des niûnta;j;nes
ou de la mer. Chez les malades pauvres à qui ces ressources accessoires sont inlerditest
les ellets du fer sont moins efficaces, jnoijis durables; et sous toutes ses tonnes, il ne
réussit souvent qu'à fatiguer leurs voies dif^eelives.
Malgré ces réserves, les physiologistes ne contestent point rutilité générale de la
médication ferrugineuse : ils en contestenl rexplication. Ils déclarent que te fer admi-
nistré ne va point dans le ji^lobule rouge remplacer le fer déficient. Il y a plus : la plupart
des préparations médicinales dn fer ne sont pas aljsorbées. L'organisuje n'accepte pas ces
composés martiaux. L'elTicacilé de ces médicaments que rorj^anisiiie refuse est donc un
païadoxe apparent. Ce païadoxe peut cependant s'expliquer, il. BiNriE (de Hâle) en a
précisément proposé une explicalioii 1res plausible. Un y reviendra après avoir examiné
les questions physiologiques de TabsorptioD du fer, de sa fixation dans les organes et de
son élimination; c'est-à-dire, en d*aulres termes, la question du djde biohgùiuc thi fer,
42. Cycle biologique du fer. — Le fer a comme les autres éléments de r<>rf;anisnie,
un cycle biolugique. Il n*est pas lixe, invariable* Comme tous les autres composants de
la matière vivante, il est soumis à la grande loi dn mutation. Il entre et il sort f>duh cesse.
11 est puisé k l'extérieur par ralimeulation; il est incorporé pour un temps à Tédilice
vivant, dans la chromatine cellulaire ou dans le cyloplâsma des éléments analomiques
des tissas les plus divers, particulièrement du sang, du foie, de la rate; puis il est
rejeté hors de Torganisme par les voies d'émoncUon*
tea trois stades de ce cycle que les études des nombreux physiologistes ont essayé
de faire connaître avec précision ont donné lieu, en particulier chez les mammifères,
à un' nombre considérable de recherches» Celles-ci se rapportent donc aux points
suivants : la déterminaLion du meta) dans les dill'érents tissas; l'absorption du fer
alimentaire ou médicamenleux; réliminalioii par les divers émonctoires; et enfin
rexplication du rôle physiologique et tliéiapentique de ce métal.
§ VI IL — Statistique du fer des tissus.
43. Quantité de fer de ditlérants Ussua cbex les mammlfàres. Fer total. — 11 existe un
grand nombre de dé lermi nations du ler dans les diverses parties de 1 organisme, soit ù
l'élut physiologique, soit à l'état pathologique. Les chiffres sont, en général, très discor-
dants. Cette discordance peut correspondre à des variations réelles; elle peut aussi tenir
à des défauts des procédés d'analyse, principalement dans les cas on il s'agit de faibles
quantités. Il y aurait à décider la question pour chaque cas. ,\ous utiliserons les déter-
minations les plus récenles, celles surtout de Lapicqle, qui a revisé un grand nomi>rc
des analyses de ses prédécesseurs.
Ensemble de réconomie. Loi de Bu.'^OE. — Pour Tensemble de Téconomie, la quantité
de fer varie en moyenjie de 0,4 (dix-millièmes du poids sec) à 2 dîi-millîèmes,
Ktcmplcs ^BlnôeJ : htpin* iinmiMiatenniQL aprùa la uaissauce, 1*20 milhgruinmes de Fc par
kilo^r. soit j. 2 dii-uiilhi>mes de poitla sec.
Chien âgé de 10 heures, 112 miili grammes, soit 1.12*
BuxGE a observé une loi intéressante à cet égard : c'est que la quant (te de fer décraU
rapidement aprH la naissance*
^86
FER-
Eiemptcs : Lapin âgé de 15 joues» . . ft,il (dix-milltomc& du x»oida aec) &« tttu de 1,2,
Gbien âgé de 3 joura.
Chien Ajri> de 4 juUM.
ChAl à^« de 4 jonri«
Chat âgé do 19 jour^.
(},96 au lieu de 1,12.
Ce fait a été rapproché, par Ruiv<;e, d'an nutrc^ qui est relatif au lait*
44» Fer du lait. — Le lail contieul 1res peu de fer. BuMr.E a incinéré le lait d'une
chienue el trouvé que ÎOO parties de cendres ne eontiennenl ijne (i^'',12 de sesquioxyde
de (Fe-O^).Tel est le liait. Ea revaiiL'he, les tiutres éléments niinc^raux étaient 34,22 d'acide
pliosphorique P^O^; 27,24 de chaux; 16,y(l de chlore; 14/^8 de K^O; 8,80 de Na^O; i.^iide
MgO — Les cendres du jetinc chien qui recevait cette nourriture avaient seasihlenieiit
la mènïe composition, sauf pour le fer. Les chiffres étaient respectivement de 39,42;
29, o2; 8,3ïi; 11,42; 10,64; L 82, Pour le fer, la dilTéreuce était eotisidérahle : 0,72 au lieu
de 0,12.
Ainsi, liindis que la richesse minérale du lait correspond h la composition miné-
rale de l'organisme du jeune animal, sa teneur en fer est tout à fait insuffisante. Elle est
six fois plus petite. L'animal qui prend une quanUlé de lait sufli santé pour Taccroisse-
raent des organes, au point de vue minéral, n'aurait pas assez pour les fournir du fer
nécessaire. — Le lait ent un alimeni ijviuf^ant au poini de vue du fer t dans les premiers
temps de la vie.
Si l'on compare le lait aux autres aliments, on constate le même fait. Le tait est
beaucoup plus pauvre en fer : il en contient de dix à quinze fois moins. Par exemple, le
jaune d^œul cunlient 4u;Ia pomme de terre, 46; le blanc d'œuf, 26;le froment, 26; les pois,
24, Le laii de femme el le lait de varhe ne contiennent que 3, (Ces nomhres expriment
les dix-niillièmes de Pe^O' du poids sec.)
Eu résumé, le lait est, pour les enfants, un aliment iasufûsaut au point de vue da
fer. El le nouveau-né qui s'alimente par ce moyen exchisif, doit porter, et porte en effet,
en lui-mi^me, la réserve de fer nécessaire à rélabonitiun de ses organe*?.. Cela résulte
dts la confrontation des deux faitî^ qui viennent d'être indiqués : !a décroissance rapide du
fei' après ta naissance, Vinmffimuf'e dn Intl au point de vue de la teneur en fer.
45. Fer dans le sang. — Le tissu le plus riche en fer est le sang. On peut fixer sa
teneur ninyenne à 5, lOOOO. Un gramme de sang à l'état sec conlieuL 0"'"''^^ ,5 de fer. Le
ferdu saii^ est (Ixé dans rhémo<;*lohiue dont il est un élément constituant. La détermi-
nation chimique du fer est un moyen de déterminer rhémogtobiue. Inversement, tout
moyen de déterminer rhémoglobine (colorimêtre, spectro-photometre, mesure du plus
^raiid volume d'oxygène, etc.)» devient un moyen indirect de Itxer laquantité de fer (Voir
Hémoglobine).
Un admettait autrefois que le fer se partageait entre les globules et le plasma. La
généralité d»'s physiologistes considère, aujourd'hui, connue nulle ou négligeable la quan-
tité de fer du î^érurn.
46. Fer du foie chez les vfirtébrés. Théorie bémalique. — Le foie joue par rapport au
fer un rôle exceplionnellemeut important.
11 a été publié un assez graad nombre de dosages de fer dans cet organe. Bien entendu,
il s*ayit ici du foie déliarrassé de son sang, lavé à Teau physiulogique,et du fer fixé dans
le tissu lui -même.
Le résultat le plus général de cesanalyses est d'établir rabondance du fer dans^lefoîe.
Cependant, celle vérité niéme iri^t^it pas hors de doute. LAr'ic<;?LrK, dan-* son travail de
1897, résumait la situation, en disant que les documents rassemblés jusqu'à ce moraeiil
ne permettaient point de « reconnaître s'il y a pour une espèce donnée une moyenne
normale. On ne pouvait même pas lire si le îoie est un organe riche au pauvre en fer ».
La (|uesLioo physiologique se co»npliquait de la question pathologique. On avait
analysé des foies d*animaux mammifères sains et des foies d'hommes malades.
C*est sur des résultats [lathologiques que Qcln^ikf. (1877 et IHHO) a édi4ié sa théorie
de IdSidérose, El*îelle*ci, bieuqu'»'lh^ tût luconiplète, njal établie, ma! fmdée même daua
quelqiies cas, n'en était pas moins la première forme d(^ la théorie hémntitj ne du fer du fuie.
En deux mots, voici celte théorie : Le foie est un organe paissamment irrigué par le
saug riche en fer. Le fote tire son fer de celui du sang, qui se déti uit dans cet organe.
n
4
I
FER.
Î87
Le m^UiI est abondant lorsque lit Jestruclîuit du sang, ou plulùL de rbémogfobine, dan^
le foie, est ellp-môme abôudaiile (rok' hériuilolj tique du faii^). Inverse ment, le sang peul
99 raviuillor de f«r (rAle hén»-itopoi<Hii|ne du foie). Les inulalions du fer du foie sont
ainsi liées aux niutalions du 1er du san^^ Le foie est une décharf^e du san;;; en ce qui
conc^ruc le fer, il esi m\ magasin pour le f«^r du san^ qui se délruil; il en est une réserve
pour le sang qui s'y forme.
Nous discuterons tout à Tlieure cette doclrine. Poor le moment, il suffit de rappeler
qu\dle apparaît, pour la première (oh^ nettenrent dans la Ibéorie de la Sidévo$€ de
Qui.NCKK. On observe quelquefi-^à un».^ ^M^inde quantité de fer dans le fuie. Il y a Sidérose.
Gela arrive dans un certain nombre de maladies. D'abord dans celles qui exagèrent la
destruction du sang (anémie pernicieuse) ; le foie re(;oit alors pl«is de fer qu'il n'en livre •.
d*oii accumulation, sidérose. Autre alternative : dans les maladies on la formation
gsang dans le foie sérail entravée, c*est-à'dire dans les maladies du ftiie, en général,
par exemple^ dans le diabète, il y aurait encore accumulation, sidérose. Dans le$
conditions normales, rapport et la dépense se balanceraient; datïs les conditions patbo»
logîquas l^équilibre serait détruit et raccumulation résulterait de Taccroissement de
rapport ou de la diminullun de la dépense.
Ce que les successeurs de QuiNCivE ont reprocbé à su théorie, c'est non pas de n'être
paseiacte, mais de manquer de- base statistique. On cite des an<^niiea on la teneur en métal
est faible i'Stahel, 18811; des ca^^ de diabète où elle n'est pas forte (Zalkski, 1886). Ce
&ont là des faits né^'alifs.
Abstraction faite de toute théorie, il faut donc d*abord Hier les faits.
47, Teneur du loie en fer chez divers animaux. — Les statistiques metlenl en
Inmîérp les résultats suivants que nous empruntt>ns, pour la plupart, à Lmucook;
lelques-uuf à Kriukr, Zalkski, etc.
1.^ Cbient, k la naissance, 4,3 (diz-mdlièmes du poids frais du loie non luvë;. l^cftris
<»i:tréiïie* considérables, 1,6 i 7,4. Zaleski (T,4,.
Chiens, &du]cc!>, 1^5. Écarts exireaics. 0,9 à 2.."».
Influence de 15 jours de jeûne, nulle : — l'hiffi-f'* van:int de 0.95 k 1.4u.
Chiens do^Qs les premiers jours :
2. jours. . . I.ti
10 jours, . . L3
l:j jours. , . \J
I seiautnes . O.ri
II mois , » . 0,6
L Lapin. ^^ Adulte. — { gramme do fuie iiiiis^ débarrjiss<^ de s&ng, contient 0">taifr 040 de (er^ %q\%
eu dix-mi 11 tt'uics 0,40.
^j^uj: lapins, 2 aï\^^ 2.,M.
Jeunet, — Les écuris <>xtr<>int>s soni faibles : 0,35 A 0,45,
Les promiert chiffres, tdcvéâ, indèquttni une réserve du (*$? d^us k foie.
A Jm naissance.
A 8 jours « ,
A 1! jours
A 21 jour"
fur ^ 16
. . 10
i (ilix-milliéroes du poids frais dt»
j Torgane lavé; (moyeunc).
Aduh"
BcDufs.
Ml lrtjiu\e.
Ujl j
t. a
n .1
I Api't?s î moi*. . , . . . ,
^ A ii mois .... . . . ,
rf. Ctiats. — Très jeunes ii la naiî*»aric'» . .
c. Porcs. Foins non tarés. Ttjntur en fn .
/. Hérissons. -« F'oies non lavés. Teneur cti fer
sr. Écureuils. - — (Ealeski)
h. Caoards. — — —
î. Homme. — Fœtus à terme mort d'un nctident pendant
ruceoucbemouL Teneur du foie en for.
chirtVi^ sitrisiblement coiislanl i.
i variable » écAru notablesj.
: l,AiMrtjTi|. 1
Id
Jd . , ,
Autres ctiitTrcs (Guillsimosa'i
2.0 lêcnrL ;ï,2 â Î,2J
1,0 irèH '^leviic.
7 H H
8,0U
3,â ^«!Cttrt 2,1 i 4,5J
en dix-uiilliemcs du
poids frais lavé.
(Zalksiîi),
' ' '. ! id. (LAPicguE).
MO à 5,3; moyenne 10, 26.
3.:^
(
âSK
FER.
Adulte. — Le fer hépatiqu*; subit des varifitions dans Tespèce hiitnàîae suivant le
sexe* Vinflitmcc du »exe est difficile à appn'fîer dans cbaque cas parlieulîer, parce que
les aulûpsies sont faites à [a suite de maladies diverses qui ont pu agir sur la teneur da
foie en fer. Mais les mojeimes de grands nombres Ibnl apparaître la différence :
Chti l'homme la moyenne est. . * . 2,3.
Chez la femme. .......*.. \K*^* deux fois et demie moindre que che» rijontme.
— Les variations palholofpqu€.< ont été surtoril étudiées diins Tespèce ImmaiDO, Elles ntj
conduisent point à des résultais bien nets. — Il faut signaler seulement des cas reniâr-|
quables où l'encaisse métallique du foie devient énorme : 120 (dix-milliL^mes . L'accu*!
nmiation du fer se révèle alors à l'œil du médecin qui fait l'antopsie. Il y a eirrkoie
ptgmentaire {Ha.not et Craui-fahd). 11 y a dans le foie un pigment qui se présentp eu
fçranuklions jaune orangé [eii>enhaltige Kôrner), Ce pi|j;m*'nt ne représente pas tout la J
fer du foie. 11 en constitue seuk?ment une forme : cette forme est devenue très abondante!
pour des raisons pathologiques. Ce corps pigmenlaire esl formé par un hydrate ferriqu»!
de la formule 2Fe-0^ 3IP(J {ruhitjiiH' de LAPirgi Eet AuscHtn). Ce pigment» d'ailleurs, n'est i
pas sfiécialau foie. Ses lieux d'élection son! lu rate et les ganglions lymphatiques. Il ne
passe que secondairement dans le foie.
Une grande accumulation de fer ou d'hydrate ferrique dans le foie s*observe dan*
diverses maladies : diarrhée chronique, 5»8; anémie pernicieuse, 7,8; 10»8; .17.8;
typhus n,«j, diabètr» 72,0. (Quincke). Dans la maladie de Werlhof on a trouvé 24,9
(HiNDENLANt.t. Lu'icguE Cl AuscflEE ont Ifouvé 113 dans le diabète pi;^mentaire et 100,6
dans la luberciilose.
48. Fer dans la Mie. — A roccasion do foie, it est indiqué de parler de la bile et du
fer qui y est contenu» bien que cette question doive trouver sa place à propos des voies
d'élimination du fer» 59.
La sécrétion bihaire, chez le chien, emporte une proportion de fer de 2"**"^ 5 par
24 heures iDastre, A. de P., 1891, .-iNSKLM). i>ette proportion est à peu près indépendante
du régime.
Ce si là une quantité minime.
Le fait de Texcrélion du fer par la sécrétion hépatique a été géjiérali?é (Dastre et
Floresco). Ces auteurs ont recueilli par divers procédés la sécrétion du foie chesE l'escar-
got. Le fer y existe en quantité très appréciable* Les proportions y sont comparables à
celles de la bile des vertébrés.
L'analyse a fourni 0^*"'«''-,18 de fer pour 10 grammes débile, liquide recueilli en
hibernation pour ()^'^,400 de résidu s«c, qnatîtilé supérieure à celle de la bile vésicubire
du chien. On ne peut affirmer cependant, que ce liquide, ^ étant d^jnué la nianit^r^
dont il est recueilli, — correspond bien à la sécrétion normale* Le fait certain, c'est It
présence du fer en quantité sensible.
De cette nouvelle détermination, rapprochée de toutes les précédentes, ressort avec
évidence le fait que ta scaction hi'patiqiic, ta bile^ contient du fer et qnV/Zc e$i une toie
unirerseUe fl^etimination du fer chez tous tes animtntx,
49. État du fer dans le foie des vertébrés à l'état physiologique. Ferrine de Dastre et
Floresco. — L'accumulation du fer dans le foie peut se faire sous diverses formes, A
l'élat normal le fer se présente dans le foie à l'état de pigment ou de propigra^nt;
c'est dire que les composés f«erruj^-ineux du foie sont colorés (pigments) ou qu»! étaut
incolores, ils sont susceptibles de se Iransfoi mer en produits colorés par dilTérents arti-
fices (dessiccation a 105*^; digestion papaïnique, digesLion gastrique).
La démonstration île ce fait est due à UAstas et Florissco (.4, de P., 18^8, âlS»).
Exp&iencc, -^ On prend deux lots identiques de 10 grammes de foie frais lavé. L'un
servira à la détermination du fer, et l'autre à la préparatirjn du pigment ferrugineux.
Pour le premier lot» Tanalyse par la méLlmde coloriraétrique dojine l™^"'"î*'J0 pour
les 10 grammes de foie frais — soit 1,10 pour la teneur du foie en dix-railièmes du poids
frais.
Le second lot est mis à digérer, dans un matras, avec aO c. c. de la solution de
papaine à I p, 100, â Téluve à 37". Après digestion achevée, la liqueur est colorée en
rouge» et il y a un dépôt. (Ce dépiil» qui est hors de cause ici, contient un pigment hépa-
FER.
MU
)
tiqaCf fioQ fermgîneui, solubïe dans le chlorofarme, qui a rêçu le nom de ehoUchrotne),
La liqueur colorée, filtrée, renferme le pigment aqueitx, ferru^înmii, soltihle dans un
akali faible^ et dans le milieu neutre sulin de (a diigestion papamique. On Tanalyî^e au
point de vue du fer, aprè«^ évaporalion. On trouve pr<?cisémenl 1 «atHiFPjo (je fer.
L'expérience répétée donne ries nombres qui concordent toujours . sinon nussi par-
fiiilemeut que dans ce cas, au moins d'une façon suflisanle.
La conclusion est que tout te fer du foie est ronienu dans ce que nom venons d*appeler
h pigment aqueux.
Une étude ultérieure montre que ce pigment aqueux est en réalité un mélange d'une
petite partie de nuctéo-albumine:^ ferrugimu^ci^ el d'une maï?iî^e pririripale d'une jsuhstance
appelée ferrine par Dartre et Florkhcû — analogue à la ferrât ine de Marfoki et
SCUMIEDSIICAG.
La ferrine s'obtient par évaporalion de la liqueur de digestion papahiique du foie
lavé. C'est une poudre rougeAlre. Sohible en milieu neutre; non précipitée par les
acides; soluble même dans une petite quantité dVide el non pas senlemenl dans uu
grand exc^s : réaction tardant plu'^ieurs minutes avec le sulfure d'ammonium ; de même,
retard pour la réaction du l>leu tle l'russe avec le ferrocyanure de potassium; ajoutons
que la ferrine (après avoir été chauffée h tOO^j jouit à un haut degré de la propriété
jinticoa^ulanLe par le saniu in vitro,
Ia ferratine de Marfori et ScniitFjjiHKRH; ïje jouît pas de cette dernière propriété,
C/est ime poudre jaune, soluble dans les solutions étendues d'alcalis et de carbonates
alcalins; précipitée de ses solutions alcalines par les acides étendus^ mais soluble» dans
uu excès d'acide; réaction lente avec le sulfure d'ammonium, plus lenle que pour la
ferrint?; de même pour la réaction colorée avec le ferrocyanure, solubilité; dans l*acide
4*tilorhydnque alcoolique (liqueur de Bunî^k, n" 97).
En résumé, le foie est snrfoul liie dans des pij^menls ou des pj^o-pJjEîmenls. Ceux-ci
î*onl solubLes dans l'eau légèrement alcalinisée par la soude ou pnr le carbonate de
soude et dans la liqueur neutre de digestion papainique, ce qui fournit deux moyens de
les obtenir. Us sont insolubles dans le cbloroforme et dans ThIcooL Leur couleur varie
dans la fiarame du jaune au rouge. Ils sont toujours ferrugineux et contiennent h peu
|irés tout le ter du foie.
Ils sont constitués par un composé ferrugineux que nous ap|>elons ferrine, mélangé
d'une petite quimlité de nucléo-albuminoidesjferrugineux;
La /(^rrîne s'obtient intégralement \mT la di#;estion pitftaînique du foie frais; c'est un
composé organo-mélallique très voisin de !.i ferratine dt' MAnFom et SriiiiiEDEnBRG* mais
«'en distinguant en ce <|ue le fer y est moins dissimulé que dans celle-ci. Les réactions
avec le ferrocyanure de potassium et ïe sulfliydrate d'ammoniaque sont plus rapides a
se produire. La ferrine est une combinaison encore plus voisine que la ferratine de la
forme »aline ou minérale; elle contient de Tliydrate ferrique combiné k un albuminoîde
afanl les caractères des protéoses; il est vraisemblable i|ue le fer peut y exister alterna*
livement à l'état ferreux et à l'étai ferrique.
Examinée au spectroscope, elle doime un spectre continu, sans bandes d'absorption,
qui s*éteint seulement aux deux extrémités, rouge et violette.
Ses traits distinclifs sont donc : la sotubitife, la richefise en fer^ le hpeeire continu.
Il est à noter que ces résultats sont absolument généraux. On les retrouve chez tous
les vertébrés, mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens et poissons (Dastre et Flobesco),
60. État du fer dans le foie dei Tertébréi â l'état pathologique. — Il n'y a pas^ en général,
À distinguer Tétat pathologique de Tétat physiologique, sauf au point de vue quantitatif.
Le fer s'accumule donc dans le fuie à l'état de combinaisons organiques plus ou moins
identiques à la ferrine normale. Ce*-i arrive, par exemple, tonique Vhèmoglobint passe
en solution dans le sanq, à l'étal de nature. Dans cette circonstance, une certaine partie,
quelquefois très faible s*élimine parles urines : la plus grande portion se détruit dans
le foie.
Elle s'y détruit vraisemblablement de la même manière que se détruit normalement
la petite quantité d'hémoglobme qui donne lieu à la production régulière de la biliru-
bine. On admet, en elTel, que la bilirubine de la bile tire son origine de l' hémoglobine
IFouclion hèmatoli/tique du foie). Celle-ci se décompose en fournissant des composés fer-
DICT. D8 PHYSIOLOGIE» — TOME VI, 19
â90
FER.
rugineus et nn pi^metit non ferrugineux, VhématoporpkjpHne, queNsifcgi et Sji&ukii (I8ël<^^
ont démontré ôtre isomère de la bilirubine*
Les composés ferrugineux se iléposeraient donc dans le foie à Télat de ferrint^ i^UU
dans lequel on a vit qu'ils s'y présentaient HatHiuellemeiit.
La deàlructiou de riiémoglobioe se l'ait d'une autre manière lorsque lesi filobuleâ dii
sang sont iîéiruiU in toto^ ^ans que Théinoglobine se soil préatabtement diadoute daofi te
plasma sanguin. Dans ce cas, il se fait un dépôt pigmentaire, granuleux. Ce dépôt de
granulations jaunâtres, aperçu dans certains cas f<ar Quïncke (1875-77), signalé par
Zalë^ki (1S8") sous le nom d*hépatiuè, a été nettement conslalé par Klnkel \i880y et rap-
porté par lui à un hydmte ftrriqm. Laf»couk avec Auscuea a démontré, en effet, qoe
c'était bien un bydrate ferrique, et il en a exactement fixé les caractères. Ces deux obser^
valeurs ont montré qu'il répond à la formule 2Fe-0', 311^0 : qu'il peut se présenter à
l'état colloïdal; qu'il contient une certaine quantité de mattère organique que l'on neu
peut séparer. — A cause des confusions que présentent les désignations antérieures
(hémo^idérine, &idérhi€^ hepalme^eic), il convient d'accepter le nom de rubif/ine proposé
par les derniers auteurs*
Il importe d'ajouter que le foie n'est qu'un des foyers nccessoires de cette form^
tion de rtibiijiue. Cet hydrate ferrique n'apparaît dans cet organe que dans le cas de
destruction surabondante des globules, après qu*iJ s'est dépose déjà dans la rate (Na;>î^i,
1889), et dans les ganglions lymphatiques les plus voisins du lieu de de^ traction de& éry-
ttiroryles*
En résumé» il y aurait deux procédés de destruction de rbémuglobine. ainsi que Tonl
indiqué Langhalis* Qujncke et Nasse. L'un des procédés aboutit à la lerraline et à la
bilirubine, lorsque l'bémoglobine» après ditfusion des globules rouges dans le plasma,
est conduite au foie. L^autre procédé aboutit a la rubigine et encore a la biiirubtue,
dans le cas où Thémoglobino restée dans les globules rouges est absorbée (phagocyto&o)
par les globules blancs, dans la rate, dans les ganglions, et enfin dans le foîe«
51. ConcluaioDs relatiTes au fer du foie chex le» mammifères. — Les faits précédenir
ment exposés aboutissent aux conclurions suivantes :
1*> Le foie des animaux, à la naissance, est riche en 1er,
Ce phénomène est constant et très marqué dans certaines espèce» telles que le lapiiK
Il est îrrégulier chei le chien. Il est irrégulîer aussi chez l'homme (Lapicqui).
2** Le fer du foie est en grande partie à l'état de/terrine i, Dastwe)»
Une auiro proportion plus Caible est à l'état de nucléo-albumine ferrugineuse.
3^ La teneur du foie en fer va en diminuant pendant les premiers temps de U vi«
extra-utérine (Zaleski, Bunge).
C'est là un fait rt^gulier et constanl.
Il est difûcîle d'aller au delà de ce résultat. Bunge l'a fait, cependant, en imaginant
l'hypothèse d'une rcsefve dt fer dans le foie, au moment de la naissance, au profit de
l'organisme tout entier* 11 manque quelque chose à la démonstration de cette théorie.
Il est vrai que le fer disparaît du foie, dans les premiers temps de la vie, car la crois-
stuce de Torgaue hépatique, très lente par rapport aux autres organes, n'emploie pas
tout le fer déficient. II est encore vérilié — pour l'un des tissus, le sang, sinon pour le«
autres, — que le fer disparu du foie se retrouve dans ces tissus. Le fer du foie est donc,
presque sûrement^ une réserve pour riiématopoiêse. Pendant la croissance, ta masse du
sang augmente et épuise la réserve hépatique; celle-ci tombe à son minimum.
4^ La teneur en fer du foie passe à un certaiu moment, par un minimum (Lapic^di),
voisin de 0/i,
Ce minimum se produit au moment de la plus grande croissance ; cliet le veau, vert
Vèige de trois moi»; chez le chevreau, vers cinq semaines; chez le chien vers trois mois.
a*» Les variations de la teneur du foie en fer sont lentes. La teneur en fer n'est pas
un phénomène mobile et rapidement modifiable isauf le cas de destruction du saog). Un
jeûne de 15 Jours ne le fait point varier ^Lai'icqcel
6* Q y a dans l'espèce humaine une dilTéi^nce sexuelle marquée. Le foie de l'homme
eoutient, en moyenne, deux fijis et demie plus de fer que celui de la femme. Ou ne
retrouve pas cette ditférence chez les autres mammifères (Lapicour).
7* L'hémoglobine dissoute daus le sang est, pour la plus grande partie, détruite par
■
FER.
in
le Coie qui en emmagasine le fer 4 Tétat de feiTiiie (Dartre et Florbsgo) et de iiQcKïa^
albumines ferrugineases. Le foie se charge en même temps d*nn pigment iinleterminé
(Lapicouk), probablement le choléchroine (Dastre) disLiiict de la matrère ferrugitieti5«'.
H^ Lorsqu'une grande quantité de sang est détruite in toto dans le san^;^ et dans h^s
tissus, je foie se charge d*un hydrate ferrique lié à une petite quanLiti' de matière or;{a-
nique. Ce pigment, — eitenhaltige Kômer des auteurs atlemands^ hifdrate ferrique de
KuNiLSL (IftSf); hémôsidénne de composition inconstante de .\Kt:M\NN (t888); hêpatme de
Zalrsii; Sttenkômer de H. Nasse,— esl en réalité l'hydrate 2Fe^O\3H^^ uni k tme petite
quantité de matière organique et pouvant aiïecter la forme colloïdale (rahit/ine,
LAPirjjUK et AlTiKIHKR).
Le résultat des études précédentes sur les vertébrés avait été de montrer l'importance
dtt fer dans le foie et de lier la présence ei le fi mutations du fer hépatique à la vie du aan^ :
on entend dire, du sang rouge^ à hémoglobine ferrugineuse.
Ce n'était qu'un premier pas dans la question.
Si, en elTet, le fer du foie était uniquement commandé par les mulations du aang
rouge hèmoglobique, on ne retrouverait point ce métal chez les invertébrées qtii n'ont
pas de sang rouge héinoglobinique et ferrugineux. Si^ au contraire, on Vy refrotive, avec
autant ou plus de constance et d*abondance, c'est que le fer hépatique n'est pas lié
uniquement, ni peul-Ôlre même principalement à la vie du sang, aux inulalionî? du fer
hémoglobiuique.tju il a un rOle ditTérenl et plus général. C'est ce qui arrive, en etfel. Ce
fait nous conduit à la connaissance du rôle général du fer hépatique, à ta notion de la
fonction martiale du foie (Dastre et Ploaesco, à, de P., 1898).
6d. Fer chex les invertébrés. Fer du foie. — Dastre et Floresco (1898) ont reclLerelié
le fer chez les invertébrés oii l'organe hépatique est asseï bien délimité et hissez distmct
pour pouvoir être isolé. C'est le cas des mollusques et des crustacés,' par exemple, — Le
sang de ces animaui, et des invertébrés en général, ne coalîent pas de fer : ce métal y
est fréquemment remplacé par le cuivre (bémocyaninek
Dans 10 grammes de sang (bèmolympbe),de homard, on n'a pas pu déceler le fer en
quantité sensible, tandis que le foie en contenait 0™^'"^*^,12 pour un gramme de tissu
sec. Nous laissons de côté les cas isolés d'invertébrés à sang hémogIobinicjUL\
De plus, il n'y a point de rate, autre organe qui, chez les vertébrés, peiit être liche
in fer,
La reriierebe du fer chez les invertéhrés a donné les résuitaLs suivants, entièrement
nouveaux.
1*^ Chez les crustacés (homard, langouste, écrevisse), l'organe hépatique est riche en
fer, et il est seul k l'être.
2** Chez les cép>halopodes (poulpe Tulgaire, seiche, calmar), l'organe hépalitiue (hépato-
pancréas) est riche en fer. Il contient vingt-cinq fois plus de fer, à poids égal, que le
reste ilu corps. Il est mieux spécialisé à cet égard que le foie des vertéhi*i5s supérieurs,
puisqu'il est le seul organe chargé de fer, tandis qiip ♦:liez les mammifères le sang est
le tissu ferrugineux par «excellence et que la raie est fréquemment plus riche que le foie.
Ici il n'y a pas de raie et le sang contient liu cuivre;
3* Chez les lamellibranches i huîtres, coquilles SainL-Jaeques, moules), l'élatde chofts
est analogue. Le foie contient constamment du fer. 11 en contient cinq à six fois plus à
|K>îds égal et k Tétat sec que le reste du corps, cliez les huîtres; quatre ù cinq fois plus
chez les pectens; cinq fois chez les moules;
4** Cbe^ les gastéropodes, résultais analogues. Pas d*autre organe réelleinent riche
en fer que le foie, La quantité de fer du fuie t^st entre cimi t:L six fois plus considérable
que celle du corps, à poids égal ;
S» La proportion du fer du foie est indépendante du jeune et de l'alimentation, de la
riehenie en métal du milieu arahiant, de Tliabilat teirestre ou inarin^ c'est-à-dire, en
générttl, de toutes les circonstances extérieures et contingentes;
6° Elle paraît dépendre, au contraire, des conditions physiologiques ; i** en premier
lieu, de la période génitale et de formation des a^ufs : mais ce point exige de nouvelles
ieeherches; 2** en second lieu, de la forniulion de la coquille che^ Tescargut, Dasthe et Klo-
usco ont TU« en effet, que la coquille contient de fortes proportions de fer et les mêmes
n%
FER.
pigments qui existent dans [c\ tissu hépatique; inversement le foie renferme, à lu
péiiodft de croissance, des (|tianlîtès no tables de métaux alcali no- teneujc ; 3' enfin et
^nrtant» le fei' h<'paliiine passe dans la sécrétion du foie. Chez Tescarffot en bitiernaiion,
an peut obleiiir la sécrétion hépatique pure. On s*assure qu'elle coiiUent du fer en pro-
portion ao moins é^ale à celle du tissu hépatique, comme chez les mammifères. Elle
coiitient aiiss) un pigment remarquable» plus ou moins analogue à la bilirubine des
nin 1 11 m ï ï*' r e s h cl icor ttbiitc).
53* Ponclion martiale du foie« — On retrouve donc, ehez les invertébré^, les mêmes
faits qite riivi les mammifères. Ils sont généraux. Ils établissent brièvement cjue le foie
des animaux (orjifane hépatique, hépato- pancréas) remplit une fonction spéciale relati-
vement au fer de Torganisme, — C'est l'organe ferrugineux par excellence. 11 fixe des
quantités de fer considérables, par rapport à toutes les autres parties de réconomie.
Celte teneur en fer est indépemlante des circonstances extérieures; elle ne suit pas les
variations de la richesse en fer du milieu ambiant; elle n'est pas influencée davantage par
les variations les plus étendues du fer alimentaire (jeûne, hibernation). Elle Test* au con-
traire, par les conditions physiologiques qui ïa fout varier entre des limites assez écartées.
Le fer hépatique n*est donc pas un élément accidentel, dont l'existence dans le foie
serait ia simple conséquence de sa présence banale dans le milieu extérieur. 11 résulte
d*une intervention vitale et est destiné à exercer une action physiologique. Il subvient,
en cas de besoins, nui dépenses et k la disette du reste de Torgariisme* Enfin, il est
destiné à s'éliminer parliellement par la sécrétion externe du foie (bile, liquide hépato-
pancréatique).
Ces faits établissent Texistence d'un mécanisme physiologique qui exige un nom
approprié et réclame une étude spéciale. C'est ce que l'on a appelé la fonction martialcdu
pue {Dastrp:\
54. Superposition, chez les mammifères, à la fonction martiale, des fonctions bômatoly-
tiquQfl et hématopoiétiqueB du ioie. — Chez les riiammiféres» les fonctions hematiques du
toie ihématolyse, héniatopoièse) ont masqué longtemps la fonrHon martiale.
Il y a entre le fer du foie et le fer du sang, chez ces animaux, des relations qui ont
été transfiirmées, par extension abusive, en lien de dépendance absolue. On a enseigné
que le fer était dans le foie par le sanrf et pour le sanff* Ou a cru qu'il se produit dans
le foie une d^slruction des globules ihématolyse) ou tout au moins un remaniement de
leur matière colorante, riiémoglobine, dont le terme déiinitif est le dépôt sur place dif
fer de la molécule hémoglobine et ïa formation des pi^menls de la bile aux dépens des
éléments restauls di* cette molécule. Le dépAt hépatique est une réserve où rorgauisme
semble puiser i»our constituer le fer circulant ou le reconstituer à la suite de grand»'^
pertes (hémorrhagies profusesi. On voit alors, en ell'et, le dépôt hépatique subir une-
forte diminution.
La provision de fer augmente, au contraire, dans toutes les circonstances où il petit
arriver au frue un excès de la matière colorante sanguine (Qltïncke, 18d0; Gdevekk, I88^j;
lorsque, pur exemple, un poison, un virus ou une substance étrangère ont détruit dAti$'
les vaisseaux m&mes une partie des globules sanguins; ou lorsqu'il y a eu introduction^
artiticiellH du sang ou de pigment sanguin étranger.
Ce sonf là des faits qui intéressent au plus haut degré la physiologie. Ils font aper-
cevoir une relation entre le fonctionnement du foie et révolution du sang: \h établissent
un lien qui rattache au pigment sanguin les pigments biliaires, et par ceux-ci, ultérieu-
rement, les pigments urinaires.
Ces utiles notions ont détourné de chercher au fer hépatique, ou tout au moins à une
l>artie de ce fer, un autre rôle que celui qui s'olTrait avec tant d'évidence, c'esl-à-diro le*
rôle de témoin des mutations de rbémo^lubine et de réserve pour la reconstitution de
ce pigment sanguin. Ce que Ton apprenait de la fonction hêmatiqne du /bic dissimulait la
fonction rnftrtviie proprement dite.
L'étude des invertébrés a remis les choses au point. Elle a montré que le fer avait
autre chose à faire dans le foie que d'alimenter rhëmogtohine, laquelle fait défaut chei
ces animaux. Son rôle est plus général; il n*esl pas seulement hématiqiie. L'universaUté
du fer hépatique, l'identité de forme sous laquelle il se présente lui assignent une raisocr
d'être universelle et une fonction commune.
n
FER.
n$
Le rdie fonctionnel du fer hépatique ne^i donc pas douleux. La fonction martiale
existe. t*ii f^iit riuVUe ne consiste pas dans rUémalolyse et dans riiémalopoièse. Elle inter-
vient dans \e ronclionnemenl chimique du foie. Nous ne coniiaiisous ilVIle f^.'nuemeiil
qoe la n<ïcessilé de son existence nt son ifiter^rention dans la chimie du foie.
Pour la préciser plus exactement, nous n'avons plus qu^one liypoth^'^^e DdpK'S cette
bypotliese que nous avons rendue vraisemblable; ce serait une fonction trojpi/dation
(¥oîr n° 13 de cet article et article Foie). Elle consisterait en une cotnhustton lente où le
fer jouerait le vote de Iransporteui' d'oxygène.
55. Fir dans la rate. — La rate des antniaux, à la naissance, est toujours pauvre en
ftr iLAPKOCEi.
L'idée contraire, que la rate est riche en fer, est un préjugé courant. Elle repose sur
des constatalions patholoiriqiies de Nasse (1873) trouvant des quauUteîà considerflblo:i
de fer dans la raie de vieux chevaux. Elle s'appuie aussi sur quelques analyses physio-
logiques de rate de chien» par exemple sur celles de Picard et Malvssex (1874), qui ont
donné des chilires certainement exagérés.
NissK a trouvtt des rates farcies de granulations ferrugineuses, qu'il considérait
commt* de l'oxyde ferriquc luni ii de Talbumine et à de l'acide phosphorique) et qu'il
regardait comme provenant de la destruction des glohules rtiui^es. Ces vues soûl exactes,
nuiis elles n*ont été jnslihées enlièremenl ipie par la suite, La destructiorv des pîoboles
rouge» en totalité, daiïs 1^ sanii?, amené en elîel le déptU dans la rate de ^granulations
d*hydrate ferrique 2Fe-0\:i!1^0 inibigine de LApin^ue), Les dépôts de ce genre ont été
constatés fréquemment par des réactions inicrochimiques ' les dosages ssont plus rares-
Nassb a signalé un cas oii la proportion de fer était do 5 p. 100 du poids sec. Uosensteiîé
(1877) a constaté une teneur de 43 dix-mtllièuips du poids frais.
Ce sont là des cas exceptionnels, palholofjiques.
a. Précautions du dosage, — Les dosages a Tétat physiologique oiig<»nt des précautions,
11 faut évaluer le ferprnpre de l'organe» déhrirrass<'' bieu entendu du saa^. Or, il e>t irnpos-
fible de laver la rate de manière à éliminer le san^. Ne pouvant le chas-^er, il fauL donc
en tenir compte. 0'dilleurs la situation est hi même pour un organe ijuclcouquo, tuul€^
les fois que le îava#;een est impossible par suite des circonstances, fiarce qu'il y & des
caillots, ou parce que l'on dispose de pi^'ces au atomiques privées de leurs connexions
va^culaîres, Dans tous ces ca^ il faut défal«iucr le fer du sang. Ou Tévalue et on le
retranche du fer tr>taL fourni par l'analyse.
Dans ce but, on fait macérer un certain poids» 5 à 10 grammes, de Torgane broyé avec
du sable : on épuise l'organe avec de Tean distilhie, additionnée d'une tîoulle d'ammo-
niaque. On a ainsi un certain volume que l'on mesure, de sang laqué; tout>^ riiémoiîlo-
bine est en solution tran*parenle. On peut évaluer le fer de ce sang par le dosage colo-
rîmélrique de rhémogtobiue. Dans un godet du colorimétre se trouva un disque étalon
de verre coloré dont la valeur eu hémoglobine a été lixée une fois pour toutes pour le
sang d'un animal déterminé). On sait, par exemple, qu'une épait^seur e de sang dilué au
i;5(»* fournit la nuance du disque *Haîon, On a analysé ce sang au point de vue du fer
et l'on sait <|ue l gramme routient .'» milligrammes.
On a tout ce qu'il faut pour connaître la quantité de fer du liquide de lavage, sans
avoir besoin de supposer connue la composition de rjiémoglohine en rei» On introduira
lia volume déterminé dans le colorimétre. On amènera l'égalité de teintes avec le verre
on. On mesurera la hauteur e' de la colonne colorée.
Du peut déduire de là, la quantité de fer du sang contenu dans l'organe et le défal-
quer de la quantité totale fournie fiîir l'analyse,
jysuUats : l^^ Les analyses ont fourni les résultats suivants :
Ammmu: tiHuttei : Ch**A l'homme.
Chez lo chien
Chei le bœuf
4.6 i
a'rt (OiDTMiiM*f, 1850/ en dii-miUiéme» du poidij frai»»
•g j (Stauhu i88t)
n,4
fj
:jf(i Moyenne 3^0. Lamcquk.
'y M (KnuoER) nombre? asseis fix*.
ïïwr
"^^ Ces nombres sont supérieurs à ceux que Ton trouvée la naissance et dans les pre-
miers temps de (a vie. A cette période les quantités da fer propre sont faibles ou noMtl
Et<Hiiipl*»s. — Fœtus hmnaiit» 0,4
Jeuneê chien$p moyenne .
Chïtna de 2 jouri ...... ^
Jeunes porcs
8 jour»,
tu jour».
15 jours.
1 mois.
f Je 5 à S ftomainci :
, y;^ j (UPic<,uit)
;i ©.12 ! ^^^^^^^^^ ^^^^
Si 1*011 lient compte de ceque ces rates sont, le plus souvent, analysées avec leur sanfî*
on voit que l'organe lui-même ne contient qu'une quantité de fer insignifiante.
3" Il y jt des esprces chez lesquelles le fer s'accumule dans la rate avec Tàge, La ch»<j
▼al est du nombrt? iNAS^iiE).
Dans Tespèce bumaine cet accroissement ne s'observe pas.
Lapicqub a irouvéf de 2i* a 4U anî.
de 40 Ajeu ans .
^
^,^
i*» Variations pathoiot^iques, — Il y a de fortes teneurs en fer, d'origine pathologique;
par eiemple. cbez les tuberculeux *^i chez les brigbtiques,
En résume le*; ubservaïions conduisent aux conclusions suivantes :
i" Faildi:" tentniï eu fer de la r;ite au moment de la naissance,
2° AugïnenLatiûti de cette teneur avec Tàge (im^gulièremenl),
3" Augmentation dans certains états pathologiques, particnlièreraent quand il y a
destruction des globules ronges en Iota lit»*.
66. Fer daui les antres tissus. — 11 y a dans la science un certain nombre de déter-
minations du fer dans d'autres organes. Les quantités trouvées oscillent de 0 à 2 dix*
millièmes :
Ejtemplea. — Thyi'oide (chien). . - 0.9 1
à 2Â \
Amygdales (chien). , t.l
Ce sont les chiffres fçénéraux pour la totalité de l'organisme : i à 2 dix-milliëmes du
poids frais.
57. Fer ciiex les invertébréB. — On a dit plus haut que le fer existait cbei les inver-
tébrés et que le foi*' lorgani* hépatique, hépato-pancrt'as) de ces animaux possédait, ea
particulier, une faculté de fij:ation ckrtive pour l*- fer (Dastre). Le reste du corps coa-
lienl 2'6 foi> moina de fer, à poids é^al, que le foie, chez les céphalopodes (poulpt*.
seiche, calmar; T» à H fois moins chez les bullrei^» les coquilles de Saint-Jacques, le*
escargots; 5 fois moins chez les moules; quatre fois moins, chez le hc^mard, que cheï
cet animal le muscle en contient cependant une quantité appréciable, les autres tissas,
sauf les trufs, en contenant seulement des traces.
Cette faculté de llxation élective que le foie possède pour le fer» il ne la possède pas
pour d'autres métaux au même degré. Par exemple il ne la manifeste (»as normalement
pour le cuivre. Le ^an;.; de beaucoup d'inverlébréî<, mollusques et crustacés, est riche e»
cuivre (hémocyanine) d'après tous les auteurs. Noa'* avons constaté que le tissu liépa*
tique n'en contient pas sensiblement.
Le fer qui î^ 'accumule dans le foie n'y est pas cependant immobilisé. Il se dépense et
se renouvelle. Il se dépense par la sécrétion biliaire, qui l'entraîne au dehors, et par h
constitution de la coquille qui en contient des quanlités notables, comme nous l'indi-
querons lout à rbêure. Il se renouvelle évidemmeiït par l'apport sanguin.
Il en résulte que le foie prend au sang du mollusque Tinlime quautilr de fer tpj^
FER.
f<J5
celui-ci chsrric, quantUé qui est itmppréciable an effet dans les coiiditioiis norroaleSp et
qui «e devient appréciable dans le foie que par son accumulation même, et qu'au contraire
le même foie refuse l« cuivre qui existe daus ce sang en quantité notable.
On voit par la (Uastj\i) que le foie se distingue des aulres organes au point de vue
du fer, ronune le fer se distin^L:ue des autres métaux au point de vue du foie.
68. CoAcliuion générale. — La signification de toute cette étude sur la statistique du
fer dans réconomie est donc celle-ci : Le tissu hépatique a la faculté de tirer le fer cir-
eulant beaucoup plus énergiquement que les autres tissus. 11 possède à un degré plus
éminent une propriété univei'selle, celle de retenir le fer, comme il possède déjà celle
de retenir les bydrates de carbone pour former le gtycogèue. J^a cellule hépatique se
distingue des autres éléments cellulaires par le degré de son avidité pour les composés
ferrugineux charriés normalemeut par le sang. Les raisons de cette avidité nous échap-
pent. C'est peut-être que la cellule hépatique contient plus abondamment que d'autres
tissus une substance (nucléo-albumine, combinaison protéosique, etc.) capable de fixer
les composés ferrugineux.
S IX.
Voles d^étlminatîoD du fer.
L'élimination du fer a été étudiée chez les mammifères. La sortie du métal se fait
par trois voies principales : la voie rénale,— l'urine en emporte des quautités extréme-
nient minimes ; — la voie hépatique, — Ja bile en enlève des proportions très faibles
aussi; — la voie intestinale, — les fèces forment la principale voie d'excrétion; et, enfin,
par les productions épidermiques caduques.
59. Êlintinatioti rénale. Fer de Turine, — L'urine normale ne contient que des traces
impondérables dt3 fer. LonUairt^inent à ce qui arrive phiéraletnent pour les substances
minérales, les composés ferrugineux normaux ne sont point éliminés par le rein. La
méthode habituelle de Tanalyse des urines ne peut lenseigner ni sur Tabsorption, ni sur
les mutations du lér.
L'urine contient cependant du fer. Les cendres de l'urine donnent, en effet, toutes
les réactions caractéristiques. Toutefois, additionnée de sullhydraie d'ammoniaque,
^lle ne donne jamais de précipité, ni de coloration noire. C*est sans doute que la petite
quantité du métal qui y existe 5*y trouve à l'état dissimulé, & TéLat de combinaison
organique, vraisemhiablemejit colorée.
Lu certajj) nombre d'auteurs n'admettent point la présence du fer dans l'urine
(Malv). SoiX%{189i) trouve seulement des traces impondérables. Oamasein (1891) donne
Qaimiçr^j; à l»»*"if',5 pi.*ur la quantité de fer éliminé en viugt-qualre heures. Ilans aucune
des urines examinées par Lapi«;ouh, la proportion ne moïilait à \/'Z milligramme par litre.
Cependant quelques auteurs ont donné des obilîres plus élevée. Ew, HAMBua<;Ea (1876)
a indiqué 10 à 15 milligrammes par vingt-quatre heures dans l'espèce humaine; chez le
chien ^S kilog.), il admet :i"'*"»ïf,6. Il a été probablement victime de Terreur de dosage
que comporte la méthode de Mahgueritte, du permanganate, lorsqu'on rapplique à des
quantités trop faibles. Quelque faible que soit la quantité de fer au-dessous de 0™'^''«f',7,
la raéttiode au permanganate donnée Loujour.s ce rhtiïre. Ivo Novi a donné aussi de»
chiffres trop élevés (21 à iri diï-milliéme:>).
Le fer de l'hémoglobiue oe parait pas dans les urines. S'il en existe une petite quantité
dans le plasma, le rein ne l'élimine que d*une la^on insensible. Mais on peut forcer la
dose [irtilicieilemcnt, et chercher si l'urine en contient alors. Cest ce qu'a fait Jacoby
(Strasbourg, 1H87-1891). 11 a injecte dans les veines le fer à l'étal de sel double alcalin
soluble dans le sang (citrate de fer ammoniacal à T» p, fOO). Il a vu que furine n'en
eutrainail qu'une portion extrêmement faible. Que devient ce fer".' Lvideniment il se Ùxe
dans les tissus (faie), ou il s'élimine par ailleurs,
60. Élimination par la bile. — La bile élimine du fer. Elle eu contient normale*
nient ù un étal inconnu (pliosphale de fer?,i.
On a analysé le liquide biliaire, en vue de lixer la composiUon. Les premières déler*
minations ont donné des ( hîtfres trop forts. De telle sorte qut? les physiologistes, depuis
LehiIa.xn fl8Ii.li, ont eu um^ tendance à exagérer Timporlance de l'excrétion du fer par
i96
FER.
la bile. Quelques-uns ont été amenés aussi à considérer, à Lort, fescrétton hitiaire
comme la voie principale d'élimination du fer de Torganisme.
Hoppe-Skvler» dans des échantillons dti bile liumaiiie trouvait des proportions de fer
variant dy simple au décuple autour du rhîfTre de ù milligrammes par 100 c. c. de hilç.
Yoi\NG 11871) trouvait de 3 millijïranïmes à 10 milligrammes. Dastre, qui a reprisées
déterminations en 18110, a trouvé 0"''"^^'",9 en moyenne pour 100 c. c. cbez le cliien [tk
Cûiimination du fer par la hiîe. A. de P., janvier ISUl* i'fC).
Voici ses conclusions :
1" La proportion du fer de la bile est 1res variable» En moyenne elle est de O»*"'*''^
pour iOO c. c, de bile.
Mais il faut ^Lre prévenu que les écarts sont très notables et peuvent atteindre les
proportions du simple mi triple»
Ces variations ne dépendent pas seulement de la quantité d'eau, car elles apparaissent
m^me pour les résides secà. C'e&l aîjjsi, par exemple» que la bile d'un certain jour avec
un résidu sec de l(K',r» ne contenait que 2"^"*»^, 22 de fer, tandis que celle d'un jour anté-
rieur en contenait 3"»^^"*f%20 avec un résidu de 8»^17 seulement.
2*» L'excrétion de fer par la hilp présente d'assez grandes irrégularités: d'un jour À
l'autre, les variations peuvent atteindre du simple au double, et davantage.
3" Ces irrégularités correspondant â nue alimentation régulière et exactement
rationnée, il faut en conclure que le fer bépaliqiie ne dépend pas directement de* condi-
tions alimentaires, contrairement à ropinion de divers auteurs (ho Novi).
i'^La quantité moyenue de fer excrétée pendant les vingt-quatre beures, par nn cbien
du poids de 2'i kiloçrammes, est de 2™^^^*^,34, soit O"*^*'^**",*)'.) par jour et par kilojj»ramme
d'animal.
Ce dernier cbilîre est notablement inféiieur à ceux qui ont été précédemment donnés
et qui sont réunis dans le tableau suivant :
QUAXTITK HK FXR
OU milljgniuim««
oXL'rf'ti" en
îi heure» par
kilo^. (r&nimal
ichienj.
1 OOU il I 5U0
Û,38U
0,140
0,Oft§
BXriRlUBNTATEUBS,
KUNKBL (1876)
Ivo Novi îmO)
E, W- Hamburoer iSSOi ma!Etmurn.
LUSTRE 1891) /
Depuis lors un travail de A^âELii (1802) a abaissé encore le chiffre a 0,038.
61. Élîminatiou par rinteatin, — La voie principale de Téliminatiou du fer» c'est h
muqueuse intestinale.
La première question est de savoir quelle quantité de fer est, eu moyenne, éliminée
journellement par cette voie,
l*a question a été e.itaniinûe rhex l'iiomme.
A. M.vvKH Jlorpat, 1850) a dosé le fer dans les matières fécales de Thomme, Il a
trouvé 20 milligramrnes par 24 beures. Stockua,\n et Gbieg donnent un cbiiïre trop faible,
7 mïlli;^ramnies eu moyenne. Lai^jc^lk a retiouvé le cbitîre de Mkyeh. — On peut donc
dire que la (ittautitè de fer éliminé par ie tuhe dtyt'stifde ikommc en ii heures ci^t d'environ
20 a Si} mUligrainmes,
La question se pose alors de savoir quelle part, sur ces 20 à 30niiUigramnïe5, revient
au fer contenu dans les aliments et non absorbé {fer résiduel) et quelle part au fer ewcré-
mentitiel^ c'est-à-dire rejeté après absorption et assimilation organique.
Il u*est pas douteux quuue partie de ce fer est réellement excrémenlilielle et pro*
vient de la désassimilatiott pbysiologique.
Expétiences de Fkitz Voit. Le fer est excrété par la paroi intestinak, — La preuve en
est fournie par l'expérience de FaiTz Voit (1802). Cette expérience consiste à prati-
quer Tanneau dllKHMANN.
On séquestre une anse intestinale et on rétablit la continuité de Tintestin, cette anie
exclue. Après Tavoir lavcp, on referme cette anse sur elle-même de manière qne la con-
FER.
29T
I
I
I
litinitè du eantil soit cûnsenrée, et que celle-ci fûrme nue sorte de lore creux. Le tout esi
replacé dans 1a cavité abdominaii?.
L'ttfi^e se remplit de la s«^crotion iiïU'sUnale; on p^ut l'étudier h Texclusion de tout
réiidu aliiTientëire. Le i-hien est >acrilîè du -ÎO" au 2-2^ jour.
VniTZ Voit a trouvé que la sécrétion intestinale pure est très riclie en fer. Elle con-
tienU en moyenne, 0, 16 de fer pour 100 du poids sec de la sécrétion. I laraniine de sécré-
tion sèche donnait i»"****»6 de fer : qiiaiitilé considérable, t/éliniinalion par décimètre
-carré de surface îriteslinale varierail de o^^^'^'^^^ô à 0™*"'»M* en viotrt-qnatre heures,
{jG fait de iVlimination du fer par l'inteslin est mis hors de doute. Mais les conditions
de IVtj»An^nce sont trop particulières pour que les quantités observées ici paissent être
Irar sans autie précaution» à l'èlat physiolocfique normal, l/eipérien* e de Voit
A i?i' et doit élre considérée comme exacte. Elle étalilit réliinination intestinale
do fer; raai^ elle n'a pa^ de sigiiiûcatioii quaulitative.
D'autres laits déposent en faveur de cette élimination intestinale du fer;
I* Les eipériences classiques de Fobster sur Tinariilion niinéraïe. révélant Te^tcrétion
fécale, pour *les périodes de *2»î jours et 3fi jonrSi d'un poids de fer nolnblnnent iiupéneur
<i c^tui yut avait ctc irigèir, fait observé aussi par Dietl liHT.'il par GoTnicri (I8'J1) et par
Soci». -^ Ces résultats ne doivent être acceptés que sous le bénénce des observations
déjà faites relutiveineut aux analyses du fer.
2' BrriinKiM et M.nrR ayant injecté une soliili^m de sel de fer dans la jugulaire d'un
lalmal, trouvèrent, quelques heures plus lard, la muqueuse intestinale recouverte d'une
tioD 0(1 l'oîtyde de fer élail abondant, — Cl. ItERNARii. injectant dan^ les veines d'un
Aitu du lactate de fer et du ferrocyanure de potassium, reli ouve le fer (coloration bleu
de Prusse) à la surface de Testomac. — GoruKB confirme l'élimiiialiou du fer par ta
tnoqueuse j^aslrique. — Riînge déclare le suc i^aalrique riche en fer.
:i* Bécemment (1899 GuitLRxoNAi a constaté que le méconium du fœtm contient
loujonra du fer (envinuj ()"'*"^«r^,.> chez rhomme).
Le fait de Pélîminatiou ex'rémentilielle du fer par rintesliu étant mis hors de doute,
41 reste t\ savoir comment se fait cette excrétion. Kst-ce par sécrétion, c'est-à-dire par
«ntminement avec les liquides sécrétés par la paroi intestinale? Est-ce par desqua-
fnation inlrsliuale? Il est vraisemblable que leî^ deux mécanismes interviennent.
C ScHMttiT (i8;»2% cilé par Binge, a trouvé dans Tépithélium intestinal séché une quantité
de fer comparable k celle de rin^mo^loLine, ou même sufiérieure 14^'^'^^^^*^, 6 par;^ramme).
Indépendamment des productions épidermiqups caduques, poils, ongles, qtii sont
considérés comme cou tenant un |>eu de ter, ou voil, en résumé, i|ue les composés de ce
métal sont Tobjel d'une éliminaiton constante par les trois voie* : du rein, qui en
rejette extrêujemeut peu, — environ 1 miiliyramme, par jour, chez Ftiomme; — du foie,
qui en rejette un peu plus, avec la bile, soit 5 miUi^^rammes, j>ar jour; — enfin de
rinteslin qui, par sa sécrétion en entraîne au dehors, avec les fèces, une quantité beau-
l'oup ptus i^rande, que nous pouvons «istimcr à 25 milligrammes. — C'est doue une
étunination quolidienne de :n miïligramines de fer (ces notiibri'*, particulièrement le
dernier, étant seulement pihis ou moins approitimatif^). Cette t^lijuinatiou est indépen-
dante de l'absorption alimentaire; elle est, en un moi ^ ctcremen lit idie.
02. Ëlimiuatioti |>ar les leucocytet. — H est bien entendu que cette excrétion normale
peut se trouver augtncntée dans certaines circoustaucés d'ordre plus ou moins patholo-
gique» lorsque, par exemple, à la suilc d'hémorraçies internes ou de vastes destructions
de sang, ou d'altérations qui libèrent l'hemof^lobiue, ta quantité de fer usé s'élève rousi-
dérablement. Dans ce cas^ les globul*^s blancs, ies leucocytes, interviendraient dans le
iransport. Ils phagocyteraient les éléments globulaires altérés du sauf^ et les amène-
raient ainsi a Tinlestin. Oa encore, selon Swkhlikk et Lu'skv IH^lJi, ils se chargeraient
du composé ferrugineux a Télat solide, iluus h* foie ou les autres organes ferrugineux,
pour ledéversfîr d-ms riiitestiu. Ce serait là une forme de charroi auxiliaire.
63. Élimination du fer chex les invertébrés, — Les faits précédents relatifs à Texistence
do fer dans les organes ont été vériliés chez les invertébrés (Dvsthk et Floresco, 1899).
Ce* physiologistes ont tnoutre chQZ Tescargol, par exemple, réïiminaliou du fer par
.la bile. Celle-ci est aussi riche que celle des mammifères.
â08
FER,
De plus, les glandes du lest en éliminent aussi une proportion notable qui se relron?e
dans la coquille. 11 est possible, à cet éganK de considérer la coquille comme une sorte
d^annexe du foie. On y trouve le fer au ni^me état que dans le foie. (UAsTiiF. et FloiiV3G0,
RecherchcA mtr k$ mntiètrsi eolorantes de ta bile et du foie^ n" i U. p. 180.) On voit le fer
augmenter en même temps, d*aiïleurs, que les sels alcalins-terreux, dans le foie el dao»
la coquille ; par exemple lorsque ranimai sort du sommeil hivernal, pour entrer dans la
période d'activité ou d'accroissement, — On pourrait comparer celte élimination codiléaîre
dû fer, chez les mollusques à coquille à Téli mi nation épittiéliaJe des vertébrés (poîU^ ongles).
§ X* ^ — Absorption du fer.
Le fer, d*après ce qui précède, n'est pws un élément fixe, invariable. Son eicrétion
H pour ronlre-partie nécessaire une absorption qui rélablit l'équilibre et complète le
cycle biolo^iijue de cet élément. Il faut examiner, maintenant, cette absorption du fer
venant de rpxtérieur (alinienl, niédicaoïent, composé introduit dans un but d'expérimeo-
talion) : il faut en indiquer les conditions., les circonstances et la valeur.
84. Indépendance du fer dei organes ris-à-vis du fer des aliments. — Le premier
point à signaler, c'est que l'abondance du fer dans l'organisme et dans te foie en p<trticu*
tieTt nest pas en rapport rigoureux m:tc son ahondanca dann le miiteti extthieur ou dam le
milieu alimentaire. Le fait a été nii^ en évidence chez les mammîlères,
La même constalalion à été faite, plus nettement encore, rhez les invertébrés.
Les escargots, peudattt rhivernation, sont suumiîs à un jeûne absolu et prolongé : leur
vie est très otténuée; te foie conlienl k peu près autant de fer quVi Taulomne, dans nue
période encoie active* ou au printemps, alors miR ranimai s'alimente depuis plus d*Qn
mois. Le résultat sVst montré sensiblement le même lorsque Ton mêlait a Talimentation
différents sels de fer (sauf un cas ou le fer était présenté sous forme de Tespèce de protèo-
sate de fer, appelé terrine) (Dasthë et Flokksco, hc. dt.^ 162),
Le fer contenu dans les aliments, quoique solulile, paraît peu absorbé, en génértL
Cette indépendance relative du fer de l'alimentation et du fer ùxé dans les organes
est admise, comme une vérité démontrée, parles physiologistes. La démonstration n'en
est cependant pas à Tabn de tout reproche. Elle a été donnée par E, W. Hamiiurgeii et
conlirmée par Bunge. Il résulterait des expériences de ces physiologistes, rapprochées
de beaucoup d'autres faits d'observation, qu'il y a lieu de distinguer deux espèces d*?
composés léïTugineux^ pour lesquels la capacité absorbante de l*inteslin on des organe*
est très ditférente : les composés saUus (sels de fer) seraient inassimilables; certaios
composés particulier, à fer dissimulé, seraient seuls absorbables. Les conj posés banab
du fer (sets de fer) ne sont pas absorbés, quoique solubles, par la muqueuse intestinale
et celle-ci ne livre passage qu'à des composés particuliers et rares^ seuls absorbable*
(fer organique).
La muqueuse intestinale serait donc rebelle à l'absorption des composés banals du
fer» pour lesquels elle tonne une barrière à peu près iutVauchissable ; elle serait, au cou*
traire, pénétrable à certains composés, rares dans le milieu alimentaire et à peu prés
absents du nrilieu ambiant. C est par suite de cette circonstance que le fer hépatiqae
serait indépendanL dans une très laige mesure des coJilin^ences extérieures.
65. Non-absorption des composés du manganèse. — La nun-absotplion des sels de fer
par le tube digestif ne peut pas être regardée cunime une vérité entièrement démon-
trée. Elle est seulement rendue vraisembtable par divers arguments. F^armi ces argu*
ments rmus signalerons d'abord la manière dont se composent les stHs de manganèit qui
ont de grandes analogies an point de vue chimique avec les sels de fer,
a. Ingestion. — Robert HH83) elCAUX (1884) ont montré que les sels de manganèse
introduits dans le tube digestif ne sont pas absorbés. Après l'administration prolongée de
ces sels, on n'en trouve point de trace dans Turine, ni dans aucun organe : ta paroi intes-
tinale elle-même n'en est pas imprégnée. Le tut*e digestif ne st; lai^nie pan traverser par
les sek de imuganèst^, tant que le revêtement épithélial est intact,
6. Injectian. — Contre-partie : Cau.n injecte dans les veines, chez le lapm, une solu-
tion d'un sel de manganèse. Il en retrouve des quantités notables dans les urines et dans
la cavité même de rintestin. Le métal est donc excrété par les urines, faiblement ;il
l'est abondamment par rinteslm.
FER.
299
On peut saisir sou [^lussage à travers ta paroi de riotestîn. Eo effet, si on lave le tube
digestif et qu'on le d(''barra5so de tout le sang qu'il contient Ja circulation artificielle de
solution physiologique, nn retrouve dans la paroî de riulestin mâme uue quantité notable
de mang&ntfse qui élail précisément en train d'être élimine'.
La précision des analyses du manganèse exclut toute possibilité d'çrreur.
Les eboses se passent donc comme si la paroi intestinale était imperméable aux pré-
f^arations du manganèse tendant à pénétrer du dehors au dedans; mais ^ au contraire»
parnièabte à ces préparations du dedans au dehors. On, encore, on peut employer nne
autre formule qui ne sera qu'une ttmiiière d'énoncer les faits et de les lixer dans la
mémoire. Ou peut dire que les choses se passent comme si la paroi de rintcst in jouissait ^
par rapport au manganèAe,d*une iorte ik ftumiU iVorientaiion qui lui permettrait de diriger
le compoié fernigineiir du dedana au dehors {êliininatioH\ et s^ojtpùseraU au pa^mge du
dikùT» au dedans {abmipfion).
86. Rou-absorpUon dis composéi saUas du for (Fer minéral). — Il en serait de mÔnie
pour le fer ou du moins pour les composés salins du fer, pour ce que Ton a appelé te
fêr minerai.
Ijtê médecins qui admettent comme une vérité empirique la vertu carative du fer
dans la chlorose et dans diverses anémies et qui Tadmmistrent à Télat de composés
salins, croient fermement établi que les préparations ferrugineuses sont alisorbées, puis-
qu'elle» sont enicaces.
Expérience de tlumbw^ger. — Les physiologistes ont contesté que ces préparations
foséeni absorbées. Cladde Bkbnard, le premier, avait appelé l'attention sur ce point. Mais
ee^soni les expériences de E, W. Hamburger (1878) qui parurent trancher la question.
i*e type de rexpérience est le suivant : dans une première période, un chien reçoit
une ration fixe» analysée au point de vue du fer. On dose le fer dans Tes excréta.
Dans une seconde période, on ajoute à la ration fixe du sulfate ferreux. Un analyse
de même le» excréta. Un constate une très ïéfjsère augmentation de la quantité éliminée
par les urines. Le reste a été troovi> presque intégralement dans les fpces el la bile. La
conclusion brute, c'est que l'absorption existe, mais qu'elle e^l insignifiante.
On objecte à cette expérience que les différences trouvées rentrent dans les limites des
erreurs d'expérience et que, par conséquent, l'absorption nVst pas prouvée. L'eipérionce,
interprétée, comporte donc deux conclusions: l'absorption est très faible ou nVxisle pas.
C'est entre ces deux alternatives ifuil faul décider. L'impression produite par le« essais
de Haurcrckr est en faveur de la secoude alternative; c*est que Tabsortion du sulfate
ferreux n'existe pas (Hcngb).
Voici les chilTres d'une de ces expériences :
Chien de 8 kilogs. Dans la première période, de \'2 ynxrs, l'annnal re<;oil quotidienne-
ment 300 grammes de viande contenant t3 milligrammes de fer : soil, en tout, 180 milli-
grammes de fer L'analyse en fait retrouver t76'»'^''ff^,j; soit lH»»"i'<?^.H dans lu bile»
jgBiUiir 4 <]jjns l'urine, 136°"""f^3 dans les fèces. L'absorption normale est donc insi-
gnifiante on compensée (3*"'^"^'', 3 en 12 jours)*
Dans la seconde période» de 9 jours, on ajoute à la ration quotidienne de 300 grammes
de viande, 49 milligrammes ^l*une sokilion de sulfate {en eux, «ioil en tout 441 milli-
grammes. L*orine qui» dans la premièrf: période, éliminait par jour :^*"''^<^6 de fer,
élimine la même quantité pendant Ic!^ 6 [»reiuiers jours du rt''f?irae ferrugineux, puis éli-
mine D'"'"*f%6daos les trois suivants et encore r)'»""*',^, dans les trois jours qui succèdent
à cette période. Il y aurait donc eu inlluence du régime du fer manifestée seulement au
bout de fî jours, prolongée au delà petidajit trois jours, et se traduisant, en définitive, par
réltminaliou urinaire de 12 milligrammes sur ÙM'j int^érés (à savoir 441 milligrammes
sous forme de sulfate et 19u avec la viande .
En dehors des expériences de Haururgkh, qui sont un premier argument sérieux
contre l'absorption des sels de fer, il y en a d'autres. Le second, c'est l'analogie des sels
de fer avec les sels de manganèse, qui, eux, ne sont pas absorbés (Cahn). Le troisième
c*e«t que rabsorplion de quantités assez fortes de sels de fer ne provoque pas d'empoi-
Rinnement, Celui-ci ne manquerait point de se produire si les sels de fer étaient absorbé?*
et passaient dans le sang. Ou s^ait, en e(Fet* qu'injectés dans les vnisseanx, ces sehî
provoquent de* ac^ideuts toxiques. Ces accidents consistant en un abaissement cousidé-
300
FER.
rable de la pression san^iiine; des symptômes de néphrite; des ordres de la mûlrieilé
volotitaire dus h une paraLysie d*orî^'iiie centrale; des accideuls divers du Lube digesti
analogues à ceux cjue dél*'rmiri«^nl Tarsenic et et l'arilimoine (Meyek et Williams» J880il
KoQKAT, I8B3). flîen de parei] ue s'observe après i*aduiiinslratioii des sels de fer par la
voie g-aslrîque*
67. Sort des sels de fer (fer minéral! danB l'intejtîû, — Que deviennent les sels de fer
inlrodiiiLs par ingesHon daïjs le tube di^eslil?
Quels qu'ils soient» seîs minéraux, sels à acides organiques, albiiminates de fer, ils
sont loits transformés par îe suc gaslriqufven chlorure et perclilorure de fer. A cet égard,
il iniporlfi peu sous tjuelle forme on administre le fer; le résultat est toujours le m^'in
quelque préparation que l'on ail e^iiplayre. H no pourrait t^lrc diHéretit que si le sel Ji
fer était, pemlant son scjour dans l'estomac, protégé ronlre Tacide fzaslrique (par ui
enrobage de gomme, on par un ïiiélange d'autres substances).
Une fois arrivés dans l'intestin, les cblorure et perclilorure de fer fournissent de
l'oxyde ferrique et du carbonate* ferreux. La réaction alcaline du contenu intestinal
(carbonate de soudej transforma le percbloiiire en oxjde ferri^jue qui ne précipite pa« et
reste dissous à la faveur des substances organiques; le chlorure fournit du carbonate fer-
reux soluble égalemetjt dans Tacide carbonique et les matières organiques (Bçngr). Ces
composés solubles ne sont pas absorbés. Ce n'est pas Tinsolubilité qui, ici, explique
l incapacité d'absorption. (Vest quelque autre raison, mal démêlée, dans ce cas comme
dans le cas des i»els de manganèse.
Ces combinaisons ferrugineuses ne restent pas à cet étal d'oxyde et de carbonate fer*
reux tout le long de rinleslin. Il s y produit des actions réductrices en présence de
combinaisons sulfurées; il s'y développe de Thydrogéne sulfuré : les composés du fer
sont transformés en sulfures.
C'est donc sous forme de sulfures que les sels minéraux du fer, les sels organiques, et
même, d*apr^s Blnue, les combinaisons d'albumine avec l*oxyde ferreux, sont éliminé*
avec les fèces.
68. aliments lerrugineux de nature organique. — Mai-?, si ces sels de fer, ces composé*,
ferrugineux ne sont [»as absorbée, il faut que d'au 1res préparations ferrugineuses le soient,
sans quoi rorganisme ne pourrait couvrir les pertes qu'il fait incessamment par les
excrétions biliaire, urinaire et intestinale, ainsi que pur la desquamation épidermique. Il
y a tlonc^ nécessairemefU, des composés fen-ttgintuji' absorbabies qui servent au ravitaille-
ment du sang et des tissus et qui sont différents des composés salins (fer minéral).
Cette c^onclusion est obligatoire, dans l'hypothèse o*l les sels de fer sont niwtumeHt
iuahsnrbobki. Mais il snrtirait que ces composés fussent seul entent un peu absorbés pour
que la conclusion fût en défaut et pour que la perte du fer parej-artion lut couverte. Celte
perte est très faible, en elTet, par Turirie : elle est faible par la bile; et *|uant à la perte
par l'intestin^ on n'en sait pas la valeur, puisque dans le fer des fèces on n'a pas pu faire
la part du métal excrété d'avec le métal résiduel, c'est-à-dire contenu dans les résidu]
ahmentaires et non absorbé. C*est donc, ici encore, la question du peu ou rien qui se
pose. Ur elïe n'est point résolue; et nous avons vu qae les arguments d'HAMBURGBii, de
KoHEHTel de Cahn rendaient seulement protmble la uon-rèsorpHon absiolue clés sels de fer.
Sous le bénéfice de cett« réserve, nous accepterons donc l'incapacité alimentaire des
préparations minérales du fer, et par compensation, la capacité alimentaire d'autres
préparations, non minérales. Quelles sont ces préparations? quels sont ces aliment*
ferrugineux de nature organique?
69. Fer absorbable du jaune d'œuf . Hématogéne deBungo. — Bu.vge a répondu à celte
question. Il a cherché sous quelle forme le fer était contenu dans le viiellus de l'uîiif
d'oiseau et dans le lait du mammifère.
Le vitellus ne contient [las d'hémoglobine; mais comme, pendant TincubalioQ*
riiémoglobine apparaît, sans t[ue rien p<}nètre du dehors, il faut donc que le fer de
rbémoglobine exisle dans le jaune sous une farnïe qui se prête au\ synthèses vitaîes.
llUNiiE a constaté que celte combinaison du fer dans b* jaune d'iiHif était une nucléo-albd-
mine. Le fer est lié à une naoléine, et cette combinaison elle-même à Talbumioe. U
nucléo-aîbumine ferrugineuse du jaune d'o'uf a reçu le [iom d'hantfttùfjrnet qui indique
un de ses rOles physiologiques, qui est de servir à îa constitution du sang.
lis
1
FER.
301
I
I
I
I
Voici les moyens d*avoir la nucléo-albumine ferruglneusâ et la ntictéioe et d'en
fértfier Jes réactions :
Le Jaune d'œuf est épuisé par Talcool et Téther L'extrait élhéré se montre exempt
de fer. — Quant au résidu de rextraciion, c'est une masse blancbe constituant à peu
près le tiers en poids ilu jaune; il est formé de matières albuminoîdes. Ce résidu con-
tient le fer, mais pas à Tetal de seL Le réactif de Bunde (alcool chloriiydrique.qui enlève
du fer à tous les sels minéraux ou or^anîfjues et aux album ina Les, n*eri enlève point
immédiatement à ce résida. — Le résidu du traite ment tHIiéré du vitelius se dissout
facilemout dans Tacide chlorhydrique étendu a 1 poirr iOÙÙ. Dans cette solution, le fer
est dissimulé. — L*acide tauniquo. Tacide salicylique ne dunnent point de précipités
colorés bleu ou rouge, mais seulement un précipité blanc.
Le résidu insoluble dans i'éther, ou le vilellus lui-mt^nie, si on les fait digérer comme
le faisait Mieschkr, dans le suc gastrique faiblement acidifîér s'y dissout en partie. Les
albuminofdes sont peptonisées et séparées des nucléines qui se précipîtpnt. Le fer est
contenu dans ces nucléines non digérées et insolubles. Il y est combiné et même forte-
roeiit, car Talcool chlorhydrique est impuissant k feu lever. L*acide cUlorhydrique aqueux
tel plus ou moins concentré reulève plus ou moins vile.
La nucléine ferrugineuse est soluble dans f ammoniaque. — Si l'on essaye la réaction
du fcrrocyanure de potassium, elle ne réussit pas, au moins tout de suite. Il se fait un
précipité blanc qui ne se colore en i)leu que lentement, — Si l'on ajoute du ferricya-
nure et de Tacide cblorhydrique, le précipité reste tdanc. — C'est la preuve que le fer se
sépare de la matière organique à IVtat d'oxyde ferrique et non d'oxyde ferreux.
Si l'on ajoute à la solution ammoniacale de la nucléine ferrupneuse une petite quan-
tité de suUhydrate d'ammoniaque» la réaction du sulfure de fer ne se produit pas, ou du
moins n** se proiluit qu'au bout de plusieurs heures. U'abord, il n'v a rien; puis une
teinte verle se montre; la coloration nuire et opaque tarde jusqu'au lendemain.
L analyse t^bîmentaire de cette nticléine a donné à Bcxgk les chilTres suivants : C. 42.
li ; H. 6,U8; Ai. 14,73; S. 0,5»; PK 5,19; Fe. 11,29; U- 31,05. — Kn somme, celte nucléine
ferrugmeuse qui contient 0,29 p. 100 de fer est presque aussi riche queThémoglobine de
cheval et de chien qui en contiennent 0,33 p. 100.
Les combinaisons ferrugineuses de ce genre sont abondantes dans la plupart de*
aliinents d'origine animale ou vég^Hale,
70. Absorption des uttcléo-albtimiQes ferragineuies. — Ces composés seraient les sources
du fer de l'orgîmisme: ils constitueraient le fer alimentaire. Ils seraient absorbables. Deux
sortes d'expériences directes sont favorables à celte vue» sans être absolument décisives.
Elles ont été faites par Socin, sous la direction de Ounge.
L^ première consiste h faire absorber à des chiens une grande quantité de jaunes
d'oeuf et à constater le passage du fer dans les urines.
Dans une expérience, la quantité de fer des jaunes d'œuf fut Oï',1807, Les excré-
ments en enlrainèrent 0*Md34, L^unno qui, d'ordinaire, n'en contient que des traces
inappréciables, en fournît i2 miliigrammes, — D'autres expériences donnèrent des
résultats paradoxaux (pius de fer reiueiïli que de fer ingéré).
La seconde série d'épreuvtis a consisté à alimenter des animaux (souris) avec des
rations exemptes de fer, ou contenant ce métal à dilférents élats. Dans le cas oh le métal
était sous forme de nucléo-albuniine ferrugineuse, la ration a permis à l animal de vivre;
dans les autres cas, les animaux ont succombé.
La base de la ration était un gâteau fait avec des matériaui exempta de fer (albumine
du sérum, graisse de lard, sucre, amidon, cellulose). Quelques souris étaient soumises-
à ct5 régime. — A d'autres on ajoutait 1 gramme de fer pour iOO grammes du gâteau, et
cela sous la forme de sel (perchiorurc), d'hémoglobine, ou du jaune d'ieuL — Dans les
tjHiis premiers C4is, les animaux moururent entre le 27" et le 32** jour. — Seuls les ani-
maux ayant reçu l'hématogène du jaune d'œuf survécurent plus de trois mois.
Une troisième série d'expériences, déposant dans le même sens, a été exécutée par
Dastrk et Floresco (toc, dL, p. 102 et 111) sur des invertébrés, sur des escargots. On a
Il ri ces animaux de diverses rations pauvres en fer ou exemples de ce métal, de navets»
^4© cellulose (papier filtre imbibé de sucre). Un ajoutait à ces rations différents sel^
de fer, ciliates, phosphates, tartrate ou de la ferratine et de la lerdne. C'est seulement
30i
FER.
djiriA ces deroier» cas qu'on a trouva* une légère augmentation du fer dans iê foi«*.
71. Sort du fer absorbé. — C, Jacobi (18»7-!H1H) a cherché cpqae devenait le fer absorbé.
A la venté, ii n'avait pas recours à rabsorpUoii vérilahle, naturelle, c'est^â-dirt* îi relie
(|;ui porte ftur le/'erorg(zrtiVjfUé(uucléo-albuinîneâ terru'^ineuse.'^ et similaires) et qui s'opère
h travers la paroi de rintestin. 11 recourait à un arUlke plus ou moins équivalent à et
procédé naturel. Il introduisait directement dans le sang, par injection intr/ivasculaire,
un sel de Ter (fer minéral) : par exemple du tarlrate double Je fer à réaction neutre.
Au bout de "2 4 3 heures, le fer injecté a disparu du sang. Or, dans le mAme temps (pre-
mières heures après lUtijection) une petite quantité seulement (10 p, !00) du fer injn U*
eiit éliminée par les urines, la bile» ou lu sécrétion intestinale. La plus grande partie sVjsi
déposée dans les tissus : environ 50 p. 100 dans le foie; le reste dans les autres organes,
rate, rein, iulestin. Ce dépM, comme on le voit, est rapide (A. À. P., xiviri. "26l|.
Si Ton conclut de ces conditions expérimentales aux conditions naturelles, ou dira
donc que le fer absorbé circule peu de temps dans le sang et se dépose rapidement dinw
les organes, particulièrement dans le foie.
72. Cycle biologique du fer. — Au résumé» on a vu que le fer exécutait, dans l'organisme,
un cycle. Il entre p?ir l'intestin sous la forme de composés organiques a fer dissimulé,
ieh que niicléo-albumines ferrugineuses, hémalogène; il oe pénètre pas à Tétat de
sels. Les formes intermédiaires, ferra ti ne, ferrine, protéosates de fer, permettent vrai-
semblablernent une absorption plus ou moins parfaite.
Ayant ainsi pénétré, le fer circule peu dans le sang. Il se lixe presque aussi ti)t dans
les tissus, particulièrement dans le foie. 11 y remplit deitx espèces de fonctions : en pre-
mier lieu, une fonction martiale^ qui est vraisemblablement une fonction d'oxydation; en
second lieu, une fonction hematiqw^ par laquelle il sert à la reconstitution de T hémoglobine.
Le fer usé s'élimine continuellement par trois voies ; urine, bile, fèces, sans oomp-
ter les productions épidermiques caduques. La voie intestinale est, de beaucoup, la p]m
imporl-inte. L*éliminatïon intestinale se fait par les sécrétions de Fintestin, par la des-
quamation épithéliale et par les leucocytes dans le cas oQ la décharge doit être plus forte.
S XL — Hdle thérapeutique du fer.
73. Préparations ferrugineuses de rancienne médecine. — On a vu que la niédeciue
ancienne croyait aux vertus médicinales du fer et qu'elle a légué au présent un petit
nombre de prépurulions ferrufîineuses. L'iisa*^e des préparations ferrugineuses, de li
médication mtirtiale (Mars était te rjorn du fer pour les alchimistes et les pharmac^polet),
date de Tépoque la plus reculée. Melampe (d'Argos) rendait a Ipinçtès la vigueur perdue
en faisant éteindre un fer ardent dans le vin que devait boire le héros* DiOï^conmE, daus
son traité de madère médicaie^ a recommandé cette préparation qui doit ses propriétés it
un tarliate double de potasse et de fer. L'usage s'en est perpétué au moyen âge, datjs
les »* fîcands et nobles remèdes » tels que : extraita de Mars et teintures de fer et jusqi»*à
noire temps dans le f^rlre martiat et tes ttoides d^; Nancy,
Ce n'est pourtant p.is sous cette forme que le fer a été le plus habituellement
employé par Tancienne niéderine.
Il l'a été, en premier lieu, sous la forme d'eaux minérales naturelles. Les anciens
en ont fait largement usaj^e. En second lieu, sous la forme de safran de Mars,
c'était la rouille vulgaire. Utilisée accidentellement d^s l'antiquité, elle avait défi-
nilivement pris rang dans l'arsenal thérapeutique, au début du xvi^ siècle, sous Tin-
flnence de l'alchimiste Pafiacrlse. Elle y est restée pendant pins de deux siècles. On a
peine à s'expliquer celte vnf^ue prolongée d*un médicament qui. parmi les snb*
stances ferrugineuses, est certainement le moins capable d'exercer aucune action sur
rorgauisme. C'étaient, d'ailleurs, des raisons de doctrine qui l'avaient fait choisir par
les alchimistes; et c'étaient des précaitlions symboliques qui en avaient petit à petit com-
pliqué la préparation. Ou soumettait le fer à la « calciuation philosophique »; ou bien,
on le faisait rouiller à la rosée du mois de mai, afm que celte rouille fut imprégnée tl^
m l'esprit universel ou mercure de vie m qui se concentre dans la rosée prinlaniére. On
avait, dans ce dernier cas^ le t< safran à la rosée *i de rancienne pbarmacopée.
Néanmoins les médecins réellement observateurs n*avaient pas tardé à s'apercevoir
FER.
303
I
I
du peo f]*6r(icacité du safran de Mars, et à lui préférer d'autres composés du niélal,
comme le « vitriol de fer » (sulfate de fer), oa encore le métal lui-tnême, k cru, !♦* fer
méUlliqoe en poudre. l*armi les médecins célèbres du ivir siècle^ Stdenham h Londres
•t, au xvi!ï«, Stoll, à Vienne, préconisaient à la place de la rouille, la ** limalure » ou
limaille de fer. On y a substitué, de nos jours, le « fer réduit »>. L*avanta#?e du métal sur
l'oxyde tient, ainsi que le montra l,. Lemerv, en 1715, à une raison d'ordre chimique r
cVst que le fer, À un état d'exlri^nie division est facilement dissous et salilié par les ïiues
organiques^ et particulièrement par le suc gastrique, tandis que la rouille est souvent rélVac-
taire A louteattaqueettraverseinutilemeiitréconornieâans produire ni subir de changement.
Plus tard, ees préparations se sont multipliées. C'est par centaines qu'on pourrait les
compter. Tl serait oîseni de les énura^rer : il sufQt de comprendre les idées qui ont pré-
sidé a leur emploi.
74, Préparations médicinale» modernes, — On a d'abord renoncé à laplupartdes prépara-
lions minérales k base d'oxyde ferrique à cause de leur insolubilité habituelle. Elles
résistent pi y* ou moinn à Taction du sur, jtrastrique, ou donnent dans l'estomac du per-
chlorure de fer qui, plus loin, dans rinleslm, sons l'inlluence de Talcali inlestinal
(carbonate de soude), redonne un précipité d'oxyde ferrique. Celui-ci peut à la vérité se
dissoudre à la faveur des substances orijaniqnes, mat^ peut aussi rester insoluble sous
une forme colloïdale. — On n'a conservé qu'un petit nombre de camposés de ce genre
qn<^ Ton réussissait k maintenir en solution par quelque artillce; tel, par exemple, le
pyropbospbate ferrîque qui est rendu i^oluble par le citrate ammoniacal.
On s'est donc adressé à une première catég-orie de substances soluble», mis de fer à
acide organique^ sels nécessairement ferreux, puiîîque Toxyde féerique est trop faible
pour saturer des acides qui, eux-mômes, sont peu énergiques. Et c'est ainsi que l'on a
introduit dans le tljérape-.i tique les citrates, tarifâtes, nialales, oxabites de fer. Lors de la
déeomposition de ces sels dans f estomac Jes acides organiques correspondants non cor-
rosifs, sont rais en liberté; ils nVxercent pas d'action nocive sur la muqueuse.
On a utilisé, en sei^ond lieu, une autre catégorie de substances qui, bien qu'insolubles
prim^itivement, sont solubilisées par les sucs digestifs. Telles sont les ]iréparations métal-
liques, limaille de fer, fer réduit; les oxydes obtenus à froid ; le carbonate ferreux.
Enlin, dans cette liste de médicaments, on a donné la préférence à ceux qui oilensaif^nt
le moins cruellement le goût. Les ferrugineux offrent une saveur désagréable; une saveur
styptique, c'est à dire à la fois Apre et aslnn;:(enie comme celle de Taltin, prolongée par
un arriére^goût d'encre (atramenlaire). C**l inconvéjuent est peu marqué dans le tartrate;
il est entièrement dissimulé dans quelques autres sels de fer^ si l'on a soin d'y ajouter
du ctlrale d'ammoniaque.
75. Paradoxe thérapeutique. — La solubilité de<*es composés n'est pas tout. Elle ne sulllt
à assurer l'absorption. Nous avons vu tjue ropinion des physiologistes est que toutes
lés préparations ferru#fineuses salines (l>r minéral) ne sont pas absorbées, qu'eUes ne
pénètrent point dans l'organisme. Elles restent (et c*est rertain pour la plus grande
e) conlUiées dans le tube digestif. Elles le parcourent en y subissant des (nutatîons
rses; puis elles le quittent sans qu'une parcelle du fer qu'elles contiennent ait été
retenue par Tor^anisme.
Ou se trouve ainsi rais en présence d*un véritable paradoxe thérapeutique. Ce
médicament que le physiologiste déclare n'être pas absorbé et rester étranger à l'orga-
nisnie. Ir* médecin le déclare eflicace, héroïque. Il cite les cures innombrables de chlo*
rotiques et d'anémiques que la médication martiale a remis sur pied. IL invoque l'expé-
rience de tous les temps et de tous les lieux.
Ce paradoxe esl encore renforcé par la considération des inÛmes quantités de fer
dont les mutations provoqueraient les maladies, telles que la chlorose et Tanémie. Si essen-
tiel que soit le fer a la constitution de l'organisme, il n'y intervient pourtant qu'en faible
quantité. La totalité du sanç, qui en contient plus que les autres parties, n'eu renferme
que 2»^. 70 chez l'homme d'un poids moyeu de 70 kilo^s. La totalité de rorganisme en
referme de 7 à 14 grammes au plus, La quantiié, naturt^llement, est moindre chez l'ado-
lescent et chex la jeune fille. Les oscillations que peut subir le fer du sang, chez
Tanémique ou le chlorolique, portent donc sur des quantités extrêmement minime». Les
aliments dont on fait usage en contiennent plus qu'il ne faut pour couvrir les besoins.
i
304 FER.
Et, de fait, od a constaté qu'une alimentation normale suffirait à réparer les pertes de
san^ consécutives aux saignées répétées ou aux plus grandes hémorragies. Le mëdica*
ment semble donc surabondant, surérogatoire, en même temps qu'incapable d'action»
Tel est le paradoxe, il réside dans l'utilité affirmée par la médecine de tous les temps et
de tous les lieux dont seraient pour les malades chlorotiques ou anémiques ces composé»
martiaux que l'organisme n'accepte pas et dont l'alimentation lui offrirait d'ailleurs un»
quantité suffisante s'il les acceptait.
Cette contradiction entre l'empirisme médical et l'expérimentation physiologique
doit être résolue. Elle l'a été par la théorie qu*a proposée Bunge.
76. Théorie de Bunge de l'action des médicaments ferrugineux.
a) Fei* alimentaire, — Cette théorie repose sur le fait dont il a été plusieurs fois ques*
tion plus haut (n<*68); c'est à savoir que les composés salins du fer sont inabsorbables^
et qu'en revanche il existe d'autres composés, fréquents dans nos aliments, qui, eux, soni
absorbables et alimentaires. Ce sont les nucléo-albuminoîdes ferrugineux dont le type est
riiématogène du jaune d'œuf. Ceux-là se rencontrent dans les parties des tissus, dan»
les parties de l'élément anatomique où les propriétés vitales atteignent leur plus haute
expression, dans le noyau de la cellule; et, pour préciser davantage, dans la chroma*
tine du noyau. — Tel serait en somme l'aliment fer, indispensable ù la vie animale.
Les limites où s'arrêtent cette classe de substances ne sont pas suffisamment fixées. Il
est vraisemblable que les composés organiques connus sous le nom de ferratines (Uaufom
et Schmiedrberg), de fennnes ou protéosates de fer (Dastre), de peptonates de fer, sont
aussi des formes plus ou moins absorbables et utilisables, c'est-à-dire des formes aHmen--
taires du fer. On conçoit donc que l'industrie pharmaceutique, négligeant désormais tontes-
les préparations martiales qui ont encombré, pendant des siècles, les antiques officines,
s'applique maintenant à développer ces nouveaux produits, aliments et médicameots
tout à la fois, qui semblent par là réaliser le vœu de la médecine curative et prëventivei.
b) Destruction du fer alimentaire. — En second lieu, il faut noter que les préparalioa»
que la nature nous offre toutes formées dans Talimentation régulière, ou que nousy intro*
duisons dans un but curatif, sont exposées à des accidents divers, à des actions capable»
de les détruire. De là un déficit du fer alimentaire qui devient insuffisant pour remplacer
le fer usé du sang et des tissus.
Quelles sont ces causes de destruction? — C'est la production de sulfures alcalins et
d'hydrogène sulfuré dans le tube digestif. — Ces composés détruisent petit à petit les
nucléo-albuminoîdes ferrugineux, et plus rapidement encore les albuminates, protéosates
et peptonates de fer et en précipitent le fer. — C'est ce qui arrive particulièrement chez,
les chlorotiques dont la digestion est généralement troublée. — Dans tous les troubles
digestifs, lorsque le suc gastrique est impuissant à détruire les microrganisme»
des aliments, ceux-ci s'établissent dans l'intestin, produisent des gaz hydrogénés, et de-
l'hydrogène naissant (fermentation butyrique). Ces gaz donnent lieu à des phénomènes
de réduction très pnissants, et en particulier à la formation de sulfure de fer aux dépens
des composés alimentaires du fer.
Cette suppression du fer alimentaire rend compte de l'appauvrissement du sang. Les
états anémiques consécutifs aux dyspepsies s'expliqueraient ainsi par le déficit du fer
alimentaire, précipité avant toute pénétration.
c) Utilité des composés martiaux, même lorsqu'il ne sont pas absorbés, — Ou comprend,
du même coup, l'utilité des médicaments martiaux alors même qu'ils ne sont pas absor-
bables. — Ces composés, sels de fer, etc., sont, en effet, plus sensibles encore que les
nucléo-albumines ferrugineux et les substances similaires à l'action réductrice des
sulfures alcalins et de l'hydrogène provenant des fermentations intestinales, ils se-
détruisent les premiers; ils attirent sur eux tout Telfort destructeur, et ils l'épuiseutSi
les médicaments ferrugineux, d'apn^'s les médecins, n'agissent qu'à dose massive, c'est
qu'il « faut des quantités considérables de fer pour rendre inoffensifs tous les sulfures alca--
linsdel'intestiuetgarantircontreleurattaiiuelcfer organique de nos aliments» (Lambung).
En un mot, la théorie de Bun(;r consiste à admettre que les préparations ferrugineuses
protègent le fer organique de no$ (diments contre certaines actions décomposantes et lui
permettent ainsi d^étre absorbé.
A. DASTRB.
FER.
305
»
I
FER (Pharmacodynamie. Thérapeutique) (p. atomique:o6).—
Le fer est un des mélaux les plus répandus dans la nature; il s'y renconire sous
forme d'oxyde, de sulfure» de sulfate, de carbonate, de silicate, elc. Le fer se trouve
dans la plupart des terrains, et très fréquemment dissous dans les eaux (eaux ferrugi-
neuses).
L'emploi des préparations ferruRÎueuses comme agents thérapeutiques date de la
plus haute antiquité. Aussi le nombre des travaux sur l'action physiolojçiqueet thérapeu*
tique de fer est-îl très considérable. Sans entrer dans le détail analytiijue de ces nom-
breuses publications, nous essayerons dans cet article de résumer les résultats acquis à la
science d'une façon certaine*
Le fer est un métal gris bleu;\tre» à éclat métallique : sa saveur est métaIJique,
sa densité de 7|4 à 7,9, son point de fusion varie suivant sa fonte : le fer pur fond
à 1 500*, Associé à de petites [quantités de carbone, il constitue la fonte, qui fond
I à I â50^
I L'air humide attaque facilement le fer et le transforme en oxyde \romUe), Le fer
m décompose l'eau au rouge et donne un oiyde particulier Fe'0\ oiyde magnétique, ou
I oxyde salin.
■ Un grand nombre de corps simples se combinent directement an fer : le cblore, l'iode
■ et ïe brome raltaquent à la température ordid-iire. H se combine aussi facilement au
■ soufre à la température de fusion de ce métalloïde,
^L^ Les acides, même 1res étendus, attaquent facilement le fer avec dé^gapement dliydro-
^pHlie et production d'un sel de fer, L*acide nitrique concentré n'attaque pas le fer, qui
^ advient passif : il suffit d'étendre Tacide d'eau, ou de toucher le fer avec un autre métal,
cuivre, platine, pour qu'il y ait attaque du fer. Ce phénomène est drsig-né sons le nom
»de passivité du fer.
Le fer donne avec l'oxygène plusieurs oxydes, dont les principaux sont : le protoiyde
FeO ou oxyde ferreur, le sesquioiyde oxyde f**rrique FeW; l'oxyde maR-né tique ou salin
Fe'O*. Au protoxyde de fer correspond une série de sels, dits sels ferreux ou au mim-
mam. Au sesquioxyde, une autre série, dits sels ferriques ou au maximum.
ILes réactions chimiques de ces deux espèces de composés sont différentes : il en est
de même dans une certaine mesure de leurs propriétés physiolof^iques.
CarmciëreB des sela de fer. — Les sels ferreux saut i^énéralenïent blancs quand iî
sont anhydres, verts lorsqu'ils sont hydratés. Au contact dt? Tair ih s'oxydent et passent
à l'étal de sels ferriques basiques. Les oxydants, chhr^- H ackk ntutiqu^ par exemple, les
font passer à l'état de sels ferriques; leur solulion rougit le papiei' du tournesol. 1^
pùUtsst donne un précipité blanc qui passe au vert sale, puis au bruu, par oxydation;
tVmHmonimiue donne un précipité soluble dans un excès de réactif.
n^S ne précipite pas en liqueur acide. Le stdfhydrate (rammonîaqut! donne un sulfure
noir, insoluble dans les îiïcalis et les sulfures ulcalins, solubles dans IICl et AzO'; le ferro^
cyanure de pol^isnium, un précipité blanc insiduble dans l'atide rhlorbydrique, bleuissant
à l'air; le ferriryanure de potassium, un précipité bleu, insoluble dans l'acide chlor-
hydrique i bleu de Turnbull).
Le tanin, pas de précipité ; le sulfocyanucL* de potassium, pas de coloration .
Les sels ferreux sont réducteurs, décolorent le permanganate de potasse et réduisent
le chlorure d'or en mettant l'or en liberté.
Les sth ferriques sont t'énéralemeut brun rougeâtre, difficiles à crislalliser,
La potasse et rammoniaque donnent un précipité rouge brun d'iiydrate de ses-
qoîoxyde de fer, insoluble dans un excès d« réactif.
IPS donne dans la solution acide un trouble blanc dû k la formation du soufre : il y
a en même temps réduction : le sel fernque passe ii l'éiat de sel ferreux.
Le suitkydraie d'ammoma*}ue donne un précipité noir de sulfure ferreux mélangé à
du soufre.
Le ferrocyanure de poVissktm donne un précipité bleu foncé 'bleu de Prusse),
Le ferricyanure de potassium, une coloration rou^e brun, mais pas de précipité.
Le tanin, un précipité noir bleuAlre.
Le mlfocyanurc de pottuisium, une coloration rouge sang intense.
Action physiologique d«s composés du Fer, — L'action pharmacodynamîque
on T. LiB lMlY>IOL(»fîrK.
2a
^
30 (i
FER*
du fer et des diverses préparations ferra^îneuses dilTère un peu suÎTant que Von ei
riracnle les sels ferrr^ux et. Jes sels ferriques. On doit aussi faire une dislincUon entJ
les préparationns insolubles et les sels solubles; placer dans une catégorie spéciale cer-
tains sels organiques, tels que les tartrates, citrates» alhnmiimles de fer» qui» solublej
en milieux neutres ou alcalins, sont dépourvus de c^usticitt^ et peuvent ^tre administra
par voie sous-culanée ou intra-veinetise. Le perchlorure de fer doit être étudié à part, en
raison de ses propriétés toutes particulières.
Les diverses préparations de fer insolubles, lelies que le fer, les divers oxydes de
fer, le carbonale et le phosphate de fnr, etc., lorsqu'elles sont introduites dans le tube
digeïjttif, se transforment dans Testomac en protorhloriire de fer FeCI* par suite de l'ac-
tion du suc gastritfue acide (ILiBUTEAu),
Quévennè: a dressé le tableau des quantités de fer absorbé après adminislraifoii de
50 centigrammes des divers sels de fer soumis à Taction de 10t> c. c, de suc gastrique ;
Fer rt'duit par 1 hydrogène*,
Liin;iiil? de f«?r
Oxyd*^ magnéliqtif^
BicAriiionat« do (er, .
Lactatt) de for ... .
grammes.
0,051î
0,0357
0,0326
O,02:t0
0,0-2ù«
Les préparations ferrugineuses insolubles ne se dissolvent que dans un suc gastrii
acide ; il importe donc d'administrer ces préparations au momeut de la sécrétion
suc gastrique, c'est-à-dire pendant les repas, et de s'assurer que la sécrétion gaslriqi
est acide.
Les sels de fer solubles (seb ferreux ou ferriques) donnent dans la bouche ui
sensation d'astringence et possèdent une saveur styptique particulière (saveur d'enci
qui est encore perceptible avec des solutions très étendues, à t/^OÛO,
L'action locale astringente des sels de fer sur la peau et sur les muqueuses s'accom^
pagnerait de [>hônomènes corrélatifs de turpft-scence et d'eict talion sur la vascularisatioi
de la muqueuse et des plans musculaires sous-jacenls. L'absorption prolongée de sels di
far solubles, par la bouche, donne lieu h uoe colorai ion noire des dents et du rebord
gingival, attribuée par Barruel à k formation de tanates de fer; par Bonnkt, Bucbhciï,
ScuKOFF, â la production d'un sulfure de fer; par Sbiïth, à une combinaison du fer avecla
substance de la denL
D*après Habitteau^ toutes les préparations ferrugineuses se transforment dans Testomac
en protocblorure. Le protochlorare formé serait absorbé directement, au moins en pai'tt^,
et se Iransfoi merail, au fur et à mesure de sa pénétration dans le sang» en albuminate
de fer solubilisé par les bases alcalines du plasma.
D'après Scherpf, une partie du protoclilorure de fer, rencontrant des matières alba-
minotdes et des peptones dans le tube digestif, se transformerait, surtout dans la premiéi
portion de Tintestin grêle, en albuminate, qui soûl serait résorbé*
Les recherches de MiTsciiEaLicra, Bughdeim, Dietl, semblent d*accord avec cette théorie,
Plusieurs auteurs se sont demandé si le fer pénètre réellemeol dans l'organisme,
certains d'entre eux l'ont nié. TrEDEMANN et Guelin, ayant injecté dans Teatoradc d*un
chien cinq grammes de cïilorure de fer, ont retrouvé cinq heures apr^^s dans le ca?cuni
de l'animal la presque totalité du fer injecté dans restomac, Claude Bernard, introdui-
sant du fer réduit ou du lacLate ferreux dans Testomac, n'en retrouve pas plus qu'à l'état
normal dans le sang de la veine porte. Si Ton fait une injection d'un sel ferrique sous
la p*'au, on n*i*n retrouve pas un excès dans le sang. Gâtis et Boucuardat» Hiarz et Hbt
n'ont pu retrouver dans les urines le fer administré aux malades.
Les résultats négatifs de ces expériences ne suflîsent pas cependant à démontrer la
non-absorption des préparations ferrugineuses*
Les expériences du Wild sur Tabsorption et l'élimination du*fer pendant son passage
à travers le tube intestinal prouvent que le fer diminue dans restomac et dans la première
portion de rintestin grêle, et qu'il devient ensuite de plus en plus abondant au fur ei à
mesure que l'on se rapproche du rectum.
KoFUANN a démontré expérimentalement, par examen Listoehimique, que le fer est
FER.
307
«
résorba au tiireau des vtitosités du duodénum par tes leucocytes qui, par la voie des
r^fiUlaîreH sniiguitts, le transporteut dans le foie, la rate et ta moelle osseuse,
Avant :»au absorption, le fer» f|ueLle que soit son origine, minérale ou organique, se
4lVtk s formerait dans le tube digestif en albuminale ou peptonate, et serait résorbé sous
tiillè forme.
l1oNirtiii:^N a df^mouin* cliniquement cpie les prêparatiouâ ferra gineuses étaient
résorbées au niveau du duodénum, chez une petite tliie qui avail une (istule à la partie
inférieure de Tiléon.
Les voies d'éliminations priucipait?^ sont les parois du ciMon et les voies biliaires* Le
fer, ainsi que du reste la plupart des métaux, s'élimine prin« jpalemeat par l'inlestin.
n n*esl donc pas étoimant que Giu5 et Bducuaruat,Hiktz et [lEi»r n*en aient pas retrouvé
d*ns les urines; de plus, la teneur du $iin^ en fer est fixe ; nous n'avons pas à parler ici
0m fonctions régulatrices du foie, de la rate et de la moelle osseuse vis-à-vis de cet
Alémeni : il n'est donc pas étonnant que Cl. BeRNAno n'ait jamais pu observer l'augmen-
tation du fer dans le sans (Voir plus liaut, p. 288-294)*
Il e-it actuellement bien détnontré rfue le fer pénètre dans rorganisme au niveau de
l'intestia gréle^ et qu'il s*éliniine au nîvtiau du gros intestin*
Quoi est maintenant le rôle dn ter ainsi absorbé?
I> apré& BuNGE et ses élèves, la faible quantité de fercontenu dans ralimentation ordi-
re suffit amplement à constituer riiémo^lobine normale, et tout récemment un de
it élèves, E. Abderhaldcn, a encore chercbé à démontrer expérimentalement sur les
rats, cobayes, lapins, cbalset chiens, que les animaux qui reçoivent une nourriture pauvre
tîQ fer de constitution, mais additionnée de fer minéral^ ne sont pas en meilleure situa-
lion pour former de rbémo^lohine que ceux qui ont une alimenlaiion normale.
Dans sou Traité de chimie biohgique, Bonge émettait rbypolUéae que le rôle des
préparations ferrugineuses administrées aux anémiques consistait à s'emparer de l'hydro-
{g/bue sulfuré de TintesUn, et à préserver les combinaisons organiques ferrugineuses des
lliments de la destruction par cet agent, ce qui permettait à l'organisme d'utiliser ce^
eombiuaisons. Cette opinion n'est pas partagée par tes nombreux cliniciens qui prescrivent
la fer et ses diverses préparations,
Nous n'entrerons pas dans t'énumération des nombreuses hypothèses sur le rôle du
fer émises par les divers auteurs* Nous donnerons simplement celle d'HoFMAXN, r|ui, après
aroir constaté expérimentalement la résorption du fer et son transport dans la moelle
osseuse, considère cet a^ent comme le stimulant de la fonction héniatopoiétique de la
sabstauce médullaire. D'après lui, l*ingestion d'hémoglobine ou de toute autre combi-
naison organique de fer n'introduit pas dans Téconomie plus de fer que les préparations
ferrugineuses minérales.
Nous sommes encore imparfaitement fixés sur Taction des ferrugineux sur Forganisrae.
Les exptîriences de Clauhe Bernaud lirent admettre, en France, que les ferrugineux
agissaient principalement sur le tube digestif comme excitant, eupepttque ; telle est aussi
l'upinion de Trousseau et Pidoux, rellet de Topinion des médecins du xvin* siècle;
d'après FgRnEirt (175^), les propriétés des eaux ferrugineuses seraient les suivantes :
Sunt ttmperaaien, diluentei^ iotvunt et aperiuiit, vi stomachica donantur, vi eathartica, fci
astrinijenle, diurettcm sunt.
Rabuteau admet que le fer active la nutrition ; le protochlorure de fer donne des
urines plus acides, qui ne se troublent pas par refroidissement. Munx a constaté, au
contraire, que le protocblorure, à la dose de 2 centigrammes de fer, est sans action sur
Texcrétion de l'azote. Bistrow a constaté que l'absorption du lactate de fer diminuait 1%
sécrétion lactée.
A cdté de cette action tonique i^éitérale et excitante de la digestion, il est actuellement
démontré, par les observations de nombreux expérimentateurs et cliniciens, que les
préparations ferrugineuses permettent la réfection de ruémoglobine, et que le fer
introduit dans l'orj^anisÉie joue un rôle actif dans cette réfection (Malassbï, Haykm.
QuiNCKS, Rabuteau, Scumikocberg, Mûllrr, EIofka.nn, etc.).
Les préparations ferrugineuses s^administrent le plus souvent par la voie gastrique.
Les sels de te^r des arides minéraux ont une réaction acide lorsqu'ils sont dissous, et»
comme ils précipitent en milieu alcalin, on ne saurait les utiliser en injections hypoder-
308
FER.
fïiîques ou lûtra-veineuses* Ils possèdent, en outre, une action caustique. Certains »eti
ferrugineux orgiiniqtieRsant, au contraire, dépourvus de rauslicité, et solubles en miliea
neutre ou nitime ali*aljn ; teb soni, par exemple : le lartral*- ferrico-polassique, le cilral*
de fer ammoniacal et les préparations albuminoides ferrugineuses, albuminate. pep-
tonale, nucléaLe, elc*
Dans ces dernières années, ou s'est efTorcé de substituer am vieilles préparations
martiales toute une série de combinaisons albuminoides fernigineuses. Nous n*insisteroas
pas sur ces nombreuses préparalinns ni siir les travaux qu'elles ont inspirés, qui n'ont
souvent pour but que d'industrialiser et monopoliser la fabrication et la vente de
roédicanieuls spéciaux. Il semble résulter de ces expérientes que les préparations
albuminoides de fer n'ont pas une action différente de celle des autres produits
ferrugineux.
On a proposé d'administrer les ferrugineux par injections sous-cutanées et même
m Ira- veineuses dans le but de favoriser l'absorption du fer. On emploie de cette manière
les sels organiques de fer non caustiques, têts que le tartrate, le citrate, le lactatei les
divers albuminutes»
L'action physiologique du fer introduit directement sous la peau ou dans les veines
est la même que celle des préparations ferrugineuses ingérées.
Vachetta, qui a injecté dans le péritoine d'un chien 2 grammes d'albuminate citro*
ammoniacal dissous dans -"i grammes d'^au, a constaté une tolérance parfaite, Fabsorptiou
du fer, une atigraen talion du nombre des globules rouges 6t surtout de l'iiémoglobiue,
Caselu (de lleggio), qui a tenté la même expérience sur Thomme en injectant
50 grammes d'une sol u lion du citrate de fer à 2 p> 100, a constaté aussitôt après Tinjec-
tion une légère élévation de la température. Au bout d'un mois, la proportion d'hémo-
globine et le nombre de globules avaient augmenté. Le poids du malade s'était accru
de 7 kilogrammes.
Les injections sous-cutanées de fer ont été préconisées surtout en Italie. Losio a
successivement expéiiraenté le lactate «H même le sulfate. H injectait ces composés a h
dose de 0,50 ou t et même 1,50 p. 100, et considérait le pyrophosphatecitro-amnioniaral
comme la préparation la plus active. Foa s'arcorde aussi à reconnaître la grande acti-
vité des injeclious sous-cutanées de sels de fer. iJautr^s clijiiciens repoussent ce mode
d'administration des préparations ferrugineuses comme inefficaces et douloureuseï,
ainsi que Ta constaté Hirscufelî», élève de Dujardin-Beaumet/..
De l'ensemble de ces recherches, il résulte que le fer est absorbé, quelle que soit U
forme initiale sous laquelle il est introduit dans l'organisme ; la voie gastrique semble
devoir être choisie de préférence.
Ptrchlorure de fer. — Le perchlorure de fer jone un rôle à part parmi les ferrngineoK.
Extrêmement sohible dans l'eau, il est le plus souvent employé dans les laboratoires
sous forme de solution concentrée, dite ptrcfdùrure de fer of/icinai à 30" Baums» de den-
sité i,26. Cette solution renferme 74 parties d'eau et 2(5 parties de perchlorure de fer
anhydre. C'est un liquide fortement styptique ©t astringent; il possède vis-à-vis du sang
un pouvoir coagulant considérable. Une goutte de perchlorure de fer suftit à coaguler un
verre de sang.
On attribue cette action à la formation d'un albuminate de fer insoluble.
Le perchlorure de fer a^it localement comme un caustique énergique vis-à-vis des
muqueuses et des tissus dénudés. 1/escltarre produite par le perchlorure de fer est dure
si cornée, de couleur noirâtre : un ex<:ès de perchlorure de fer ramollit l'escharre.
Le perchlorure de fer a été préconisé comme hémostatique local : il arrête bien les
héiuorrbagies en nappe des plaies superticteUes, mais il convient de le diluer dajis deux
foi^ twn volume d'eau pour atténuer sop action caustique. DeeiEaRK a constaté que le pei^
chl»rarc de fer versé sur les vaisseaux arrête le sang en bloc dans ces vaisseaux; mais
Bahuteau insiste sur ce fait que, dans rintérieur des tissus, le perchlorure de fer se réduit
au contact des matières organiques, tandis que le protochlorure de fer n'a aucun pouvoir
:;oagulant ; le perchlorure de fer n'est donc à t*intérieur qu'un coagulant momentané.
Ch. HicufiT a observé (comm, varbale) que le perchlorure de fer^ injecté dans le péritoine
des lapins, même à dose toxique, est au bout de quelques heures transformé complè-
tement en protochlorure.
FER.
309
I
I
I
I
Ho-î^BiC)i et HosKNâTVLx ont constaté, sur les vaisseaux du mésentère de la grenouille^
cpie le perchlorure de fer agit en déterminant une vaso-constriction* L'aclion hémosta-
tique du perchlomrc de fer reconnaîtrait don€ deux causes : son activité vaso-constnc-
trie** et son action coagtilante.
Le fterchlorure de fer pris à Tintérieur n'a aucun pouvoir hémoslalique vis-à-vis des
hémorragies t!e5 organes internes; ce qui s'explique d'après les observations de Hahctkait,
puisqu'il se transforme en prolochlorure. Beaucoup de médecins prescrivent cependant
le perchlorure de fer à rinlérieur dans un but d'hémostase.
Le perchlorure de fer est un h"'inoslatique dangereux lorsqu'on l'emploie sur des
plaies dans lesquelles se trouvent des vaisseaux largement ouverts (hémorragies de
Tutérus) : il peut se produire des eiubolies. ni:<EMA>(N cile un cas de mort survenue par
embolie cér«''bralc à la suite d'un pansement au perchlorure de fer sur une plaie des
bWre*^. Le pansement au perchlorure de fer doit être banni du traitement de l'épistaxis
pour les mêmes raisons.
Pris a rintérieur, le perchlorure de fer, en raison de son action caustique, peut provo-
quer de la gastro-entérite, caractérisée par de la suiïusion et des esi^harres : ces accîdenU
peuvent occasionner la mort, surtout lorsqu'on administre le perchlorure de fer en solu-
Uou trop concentrée et par dose massive.
Toxicité des aels de fer. — On a pendant longtemps nié que le fer flU un poison.
Oafika, le pj emier, expérimentant sur df'S chiens, vit que le sulfate de fer, ing^*ré à la
la dose de 8 i^rammes, tuait les chiens en quinze heures, et qiiM suffisait d'injecter O' ,6
d© sulfate ferreux dans les veines pour causer la mort dans le cullapsus. A l'autopsie,
il constatait une congestion intestinale vive, des ecchrmoses de l'estomac, et le
»Aiig coloré en noir. Franck, avec le citrate et le bromhydrate de fer, obtint des
résaltats analogues. 2^'^^0 de bromure ferreux en injection intra-veineuse causent la
raort.
ÏU?câ MevEn et Francis William ont constaté la toxicité réelle du tartrate ferrîco-
sodiqnc. Chez la grenouille, une dose de ÎS à 10 millijrrîimmt^s dtVlermine de la parésie,
bientôt suivie de paralvsîf* gi'nérHlisée, qui se termine p.ir la mort iO millitirammes tuent
un lapin de 1800 grammes; on observe d'abord de raccèlêralïntj des mouvements respi-
ratoires, puis de la diarrhée, de la dyspnée, de la paralysie; et Tauimal meurt dans les
convulsions. On observe les mt^mes phénomènes chez le chat avec des doses de 30 à 00 niil-
li^ranimes par kilogr., et chez' le chien avec des doses de 20 à 25 milligrammes par
kilogr.
BÉRAMiKR Fkrai D ol PoHTE out VU qiio le perchlorure de fer provoque une iuloxicatiou,
toit à dose massive par action sur te tube digestif, soit après absorplion à la suite de
phénomènes généraux : vomissements, diarrht*e, conj^estion encéphalique, collapsus,
délire, respiration anxieuse, tendance à la cyanose, refroidissement rapide du corps. Les
méninges, les poumons, le foie, les reins sont fortement congestionnés; le sang est noir,
le» globules déchiquetés renferment plus de fer qu'à l'état normal.
Clauïik Bernard au contraire a pu administrer 12 k 20 grammes de lactale de
fer sans aucun accident, et Dragendorff met en doute la toxicité des préparations
martiales.
liAGLio a constaté qu'à la dose de 0^',:i<i par kilogr. les sels de fer» protoiyde de fer,
laclate, tarti*ate, sull'ale, emp+'^cheiit la coagulation du sang; que 1 p. toode sels ferreux
empêche in rilro le sang extrait de se coaguler. Suivant Ija*^hô, h* fer entrerait en com^
bînaisou avec le fibrinogène. Bouchvro et Tapret fixentà 0,7o par kîlogr. d'animal la toxi
cité du fer. ^
Cm* Richet, étudiant Faction des sels de fer sur le ferment lactique, classe le fer, au
point de vue de la toxicité, parmi les métaux toxiques à i/iOUD de molécule,
MivDEL classe le sulfate de proloxyde de feriparmi les substances moyennement anti-
septiques. Allybe Cmassevant a étudié l'aclion du perchlorure de fer sur la fermenta-
tion lactique. A faibles doses : O'»**'ooui, soit 0«^t^2 piir litre, le perchlorure de fer
active la fermentation lactique : a la dose de 0"'^'" ,(HKl2îi, soit 0*'SO28O, îe perchlorure de
fer ralentit la fermentation; 0™«*-,«)OV, soit y«^0U8, empêche te ferment lactique de se
développer; 0'"''^*,0560 arrête toute fermentation.
A. GHASSEVANT
p^
SIO
FER.
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Blacbehg (M.). Veber dcn MincralstQff'irech^el beim natnrUch crnâtirien Sauf/ling iZ. Bi{
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iUsorbirbarkeii drr Ei^fensatze (Z. p. C.t 1895, \xi, 186-233), — Woltbiiwg, Orer de resorptie
pan ijfierzoHten in hei spijsrerterings kanaal ifiémrption du fer dan$ ie ranal alimentaire)
(Ùnderz. d. phjsioL Lab. d. tlrecht-floùgesch., 1894, ht. 209-300^ — Wonixrcut.N {H,},
Ueber den Einfiuns dfsi Chlornatrium^ und t^hlorkalium auf die Assimilation und auf die
Àussctieidung dûs Eisem durch den Orgnnismus [Mcd. Jahrb^t 1868, xv, 159-102). —
2AI.RSXJ. Die Vereinfachung von tnacro- und microchcniischen Eisenrcactionen [Z. p. C,
1889, XIV, 274-282), — Zalkski. Le fer et F hémoglobine dans les muscles d4*ponrvus
de sang (ArrH. slaves de BioL, 1887, m, 435); Zur Frage nber die Ausscheidung des Fe
am dem Thierk6rper undûber die Mengcn dieic^ Metaih bel hungernden Thieren {A, P. P.,
1887, xxni, 317.
FERMENTS — FERMENTATIONS. — On donne le nom de
fernieutaljoti à tine léactionchiiulqiiefiiUjs lai[uelle des substances organique!;!, dites fer-
mente^cibtes, subissent des transloi jiiaUons sous rinUiience d'uo aïk^enl apptdé ferment^
Agissant par sa seule présence, et dont la quantité est hors de toutes proportions avec
la quantité de substance en fermentation.
La n^action chimique tjùi se produit se fait le plus généralement avec un déj^a^emenl
de chaleur qui, dans certains cas, est rendu manifeste par rélêvation de température du
milieu eu fermentation.
Autrefois un admettait qu'il y avait deux sortes de ferments; les ferments Heures,
ayant une constitution cellulaire, morphologique, spéciale, et les principes chimiques
solubles, ou diastases.
Des travaux récents semblent montrer que toute fermentation est due à la présence
de diastases, et que les ferments figurés ne donnent lieu à des réactions chimiques que
314
FERMENTS — FERMENTATIONS-
grftce aux rtiastaçea qu'ils sécrMenL On pourrait donc séparer complètement rétude dfli
orgauUmes, ot celle des substances ou ferments qu'ils produisent. Mats, pour notis con-
former h Tusage» pn parti»^ justifiée par la comraunauU^ des mélhodeç, nous r^uinrons
dans lé même article d*une pîirt (première partie) l'élude du ferment figure et de son
processus viiat, (jui rttïoutit à un*? fermentation, d'autre part (seconde partie) la formation
et iV'tat naturel des ferments sotubles, le mécanisme de l'action des ferments soInMes.
Historique. — Nous résumerons rapidem^^nt ici le^ ditTérenlês phases par lesquelle*
ont prisse les connaissance» humaines sur cettp question, si obscure aujourd'hui encore,
malgré les admirables travaux de nos contemporains.
Li*s anciens avaient observé un certain nombre des phénomènes physiques qui accom-
pagnent la fermentation alcoolique : le dégagement gazeux, le soulèvement de la tDa»e
en ferruentalion* Les mots français ietmré et levain dérivent du verbe lever: die Hefen, pour
orijifinp hiben; ferment, fermentation, viennent de fervere^ bouillir.
Oîius Tantiquîté, ta notion de fermentation n'avait pas un sens bien précis. Aristotk
confondait Ihs pïiéiîoménes de ta putréfaction avec ceux de la génération spotilauée. Il
préiimdait qu'un ^tre vivant pouvait naître de la iorruptton d'un autre élre vivant parla
chaleur, l.e. limon des lîeuves en fermentant donnait naissance aux anguilles; la putré-
faction de la terre et des plantes, sous raciion de la rosée, produisait les rheniUes.
Les alchimistes comparaient la germination du grain de blé h une fermentation, et,
par suite, assimilaient la transmutation des métaux à une reproduction, à un phénomène
subissant les mêmes lois. De même que le prain de blé avait le pouvoir de se reproduire
en donnant naissance à d'antres crains identiques a lui-même, de même il devait exister
un or vivant, possédant fa propriété de fermenter, de se reproduire sans cesse, L*or mort
que nous connaissons aurait été à «^et étal de la matière ce que le pain est au j?rain de
blé. fiRBRR et AvicE?î%E tïï80-1037) assimilent la transmutalion des métaux i une fermen-
tation, et la pierre philosoptiale à un levain. Paracelse (1493-1541) compare Thomme à
un composé chimique dont les altérations sont les maladies. LibavïVS, en 1594, distin^e
la digestion, la putréfa«'lion et la fermentation, tandis qu*un certain nombre d'alchi*
mistes contemporains les confondent. Pour lui, le ferment agit sur la matière fermen-
tescible par sa chaleur propre : il doil être de même nature.
Vax Helmont \\l>ll'iùi\] reconnaît la nature particulière du ga2 qui se dégage dans
la fermentation alcoolique {i/az r monim), dans la di gestion, dans la putréfaction; c'est le
même gaz carbonique qui se produit dans Taclion du vinaigre et des acides sur les
carbonates, et il assimile tous ces phénomènes à une même cause de fermenfatlon. ïl va
jusqu^à prétendre que toutes les fnnctions de l'organisme, y compris la géuératioD,
provienneut d'un ferment.
Sur la génération spontanée, il a exposé un certain nombre de théories qui rappellent
ks idées d'AmsTOTF. et des anciens.
« L'eau de fnnUine la plus pure mise dans un vase impréjf;né de l'odeur d'un ferment
se moisit et en^'endre des vers,,,.. Les odeurs qui s'élèvent du fond des marais produisent
des grenouilles, des limaces, des sangsues, des h(Tbes et bien d'autres choses encore...,. •
« Creusez un trou dans une brique, mettez-y de Therhe de basilic pilée; appliquée
une seconde brique sur la première ûr faron tixie le trou soit parfaitement couvert;
exposez les ilfux briques au soleil, f*t, au bout de quelques Jours, l'odeur de basilic
agissant comme ferment chanfrera Hierhe en véritable scorpion; » ou bien encore : « Il
est vrai quVn ferment pousse quelquefois son entreprenante audace jusqu*â former une
àme vivante; ainsi s'engenJrentdçs poux, des vers, des punaises, hôtes de notre misèi^e,
nés soit de l'intérieur même de notre substance, soit de nos excréments. Bouchez avec
une chemise sale forilice d'un vase plein de froment; le ferment sorti de la chemise
sale, modifié par l'odeur du grain, donne lieu à la transmutation du froment en rat. Au
bout de vingt et un jours environ les rats sont adultes, cl il en est de mdUset de femellci;
et ils peuvent reproduire l^espéce ji.
Pour Vax Helhont, ce sont encore des ferments qui provoquent la putréfaction; » c^
sont donc des ferments qui attaquent la matiér*' privée de vie, la dé^agrègent et la dis-
posent à recevoir de nouveaux esprits. 90
Basile Valenti>ï, en 1024, in Currus Triomphali^ Antimonii, prétend que Talcool
préexiste dans la décoction d'orge germée; rinllammalion intérieure, qui est commo-
4
4
FERMENTS — FERMENTATIONS.
31!
niqaée au liquide jiai ta levure de bière. punOe la masse, et lu distilJalion peul sculenicnl
Jklors en s«»pftr*»r TalcooL
éf yAcfûdemia dei Cimenio de Florence avait donné un»? impulsion p;irl.icuîière h l\Hiide
'Ml^génrrntions spontatiëes. On membre cl<* cett«* Acfidt^tnii', Hfjm. porta un coup lorrible
4 cette tlièorieî il muitlia, en ItiivK, iiu(>, si Ton fuip^clM^ letn ïnouches di* venir >e pos».*r
Mnr 11 vinnd(\ot cela ^n la préservant simplement an mny«*u d'un voilt* de ^m^^ les vers
m* 9*y produis«*nl jamais. 1^ viande en putréfftction ne donne donc pa* naissance spoti*
tan<^nionl aux vers.
HouEBT HoYLE (I62ft-ltt91) prétend (jue la cliimie p<?ut servir aux médecina ponr se
rendre cnraple d'un certain norni»re de phénomènes palholo^qties. »• Celui qtri com-
prendra finliérernetit la nature des ferments et des fermenlutions sera en mesure d'ex-
pliquer d*une manière satisfaisante bien des phénomènes pathologiques, les fièvres entre
autres, n
Lkuwrshobck ' 1632-1733) m«»ntre avec soti microscope rudimentairc que la levure
a uuf^ forme globulaire, sphérique ou ovoïde; il trouve dans la poussière d'une gouttière
un a^mmalcule très p^lit, doué de mouvements très rapides» qui perdait pnr dessiccation
sa forme et sa motilité; il revenait à la vie et reprenait sa molilité sous l'inOuence d'une
goutte d'eau.
Lkfîvrb (tfi69; atlribuait l»^s phénomène^ii de fermentations h un mouvement spécial
produit par la combinaison d'une base et d'un acide, Lkmery, en ltï8V, représente une fer-
mentation comme une ébullitiun produite par des esprits cherchant à se faire issue pour
sortir; ils se détachent de la matière et « dans oe déiachemenl les esprits divisent,
subtilisent et séparent les principes do sorte qu'ils rendent la matière d'une autre
nature qu'elle étiiit auparavant n, Bokbha-ave. en 1693» avait distingué trois sortes de fer-
mentations : la spiritueuse, qui donne naissance à l'alcool ; racéteuse, au vinaigre; et la
putri<le ou alcaline qui est la cause de toutes les putréfactions. Cette classilicalion durera
jQsqu*à la lin du xviii* siècle.
BiçriiER, en 1082, montre le premier que seuls les liquides sucrés peuvent entrer en
fermentation pour donner de l'alcool, que ce corps» loin d'exister préalablement dans le
moût, est un produit de la fermentation et se développe sous rintkinnre de Tair* Il dis-
lingue alors les effervescences qui se produisent seulement chex les minéiaux; les fer-
mentations propres aux liquides végétaux ; et les putréfactions que Ton rencontre surtout
chei les animaux; il divise les fermentations en fermentation alcoolique et fermentation
acétique*
« On distingue deux espèces de fermentations ■ la fermentation propre el racétifica-
lion, La première est particulière aux moûts surrés. Les décoctions de certaines plantes,
comme Torpe germée, peuvent aussi l'éprouver, mais après avoir subi une opération qui
y développe le principe sucré. Eile a pour eause catharctique le TermenL Trop d*aleool
Tarréte eu précipitant le ferment. »
Stahl, rélève de Beciieh (1697j, reprit des idè^^s que Willis avait déjà développées
en 165Ù. Le ferment serait doué d'un mouvement intime de décomposition. Il commu-
niquerait ce mouvement aux corps en putréfaction, dont les particules élémentaires
seraient mises en liberté et se reconibineraient, pour former alors le» composés stables
qui se trouvent être les pioduits de la putréfaction La fermentation ne serait qu'un cas
particulier de la putréfaction. Les substances organiques se décomposent, parce qu'elles
ont une tendance uattireHe à se décomposer. Ce pbénoniène ne se produit pas chez les
êtres vivants, le principe vital supposant à leur décomposition.
En 170O, Vallisnicbi reprit les expériences de Uedi et montra de la môme façon
que les vers qui prennent naissance dans Tintérieur des fruits ont pour origine le»
msectes qui se sont posés à la surface.
SwAimcRDAii, en 1737, étudiait la reproduction des insectes. Les animaux supérieurs
ne naîtraient donc jamais d'une fermentation ou d'une putréfaction.
Mais alors Boffon, s'appuyant sur les découvertes que le microscope venait de faire,
admettait la génération spontanée des êtres microscopiques el même des vers, maigre
Hedi, Vallisniehi, Sw vMMEftDAM. La putréfaction donne naissance à des êtres vivants.
• Lorsque la mort fait cesser le feu de l'organisation» c'est-a-dire la puissance de ce
moule, la décomposition du corps suit, et les molécules organiques, qui toutes survivent.
316
FERMENTS
FERMENTATION S.
se retrouvent en liberté dans la dissolution et la putiéfacJion des corps; passent danj
d*riatres lorps aussitiM qu'elles sont pompées par la puissance de quelque autre nioulê;
seuleraeni il arrive une infinité de générations spontanées dans cet intermède où la
puissance du moule est sans action, c*esl-à'dire dans cel intervalle de temps pendant
lequel les molécules organiques se trouvent en liberté dans la matière des corps morts
et décomposés : ces moléculca organiques toujours actives travaillent à réunir h
matière pulréfn^e, elles sVn approprient quelques particules brutes et forment par leur
réunion une mtiltilude de petits corps or^îanisés dont les uns, vers de terre et cUampi-
gnons, paraissent iHre des animaux ou des végétaux assez grands, mais dont les autres
en nomlire ijjdéflni ne se voient qu'an microscope. »
Neeiïham* en 1745, après de nombreuses remarques et observations microscopiques,
ayant retrouvé chex les anguilhiles du blé niellé les mêmes propriétés que chez le Hoti-
fère des toits de Lkuwenboeck, prélendit, lui aussi, que les éléments organiques mis en
liberté par la mort pouvaient vivre de nouveau d'une vie itidépendanle. Seule la vie de
l'ensemble était détruite. Nkkdhvm avait même montré que des matières putréfiées enfer-
mée» dans des flacons bien bouchés et chaufTés à Télmllition pouvaient encore dormcr
naissance à des êtres vivants produits évidemment dans ce cas par une génération spon-
tanée.
SpALLANZANr, en 1765, répéta les expériences de Nkedhasi, et il lit disparaître toute appa-
rition d'infusoires en chaufîant les vases de Needuam, pendant un temps beaucoup piui
long que ne l'avait fait celui-ci. Nerdbaîi répondit en prétendant que» par une chauffe
trop loijf^'ue, on altérait l'air des vases, ou liien l'on faisait dispîirallre la force végéta-
tive des liq*iides organiques. La question ne put être tranchée entre les deux adver-
saires; car, s», d*une part, les expériences de Spall,\nzani étaient concluantes, Neeoham,
d'autre part, pouvait paraître avoir raison, en objectaut une altération de l'air des réci-
pients.
Ajoutons que Spallanzani découvrit aussi, dans le monde des inilniraent jielits,
un organisme microscopique, le Tardi;j;rade. qui, de môme que Tanguillule et
le rotifère, pouvait voir sa vie suspendue par une simple dessiccation et ranimée par
rhumidité,
ÏÎLAKE 1 1728-1799) est le premier qm étudia les gaz de la fermentation. Il montra
que le sucre en fermentant produit seulement la mofette carbonique, identique à celle
que dégage la craie traitt^e par un acide. MACuaiDK, s'appuyant sur cette expérience, pré-
tend que l'acide carbonique en se dégageant a délrnît Ja LL*liésion qui rattachait les unes
auï autres les particules d*un même corps, et il en déduit que c'est Ui présence de
Tacide carbonique qui détermine cette collés ion.
Lavoisier montra, enlîn, que le glucose en fermentant sous l'action de la levure de
bière donne de raleoo! et de Taeide carbonique. Il pesé le sucre qui va entrer en fer-
mentation, il peso le vase contenant le liquide sucré, avant et après fermentation; U
perte de poids représente raciale carbonique qui s*est dégagé. Il pèse enfin lalcool, qui
s'est formé dans la fermentation, t*t il montre que la somme des poids de l'acide carbo-
nique et de Talcool représente le poids du sucre qui a fermenté. C'est à la suite de cette
admirable expérience qu'il en conclut que, « rien ne se [^erd, rien ne se crée, ni dans
les opérations de l'art, ni dans celles de la nature... *■
LAVoisiERa montré, de plus, dans le même mémoire sur la fermentation alcoolique, que
les éléments du sucre représentent séparément la somme des éléments de CO* et
Kahrom, en 1709, avait assimilé la levure /* un composé chimique ordinaire, à du
gluten. C'était l'opinion de Tuésard, qui, en 1803, avait montré que la levure de bière
se formait dans tous les jus sucrés abandonnés à eux-mêmes et entrant par suite ea
fermentation, Thé^vamo avait montré en outre que la décoction de levure, c'est-à-dire de
la levure purtée à 100'=' avec de l'eau ne perdait pas son pouvoir ferment, La solution
sucrée se transformait en alcool et en acide carbonique, ce rjui semblait détruire toule
idée de matière vivante.
KmcHuoFF, le 30 décembre 1814, lut un mémoire à f.^cadémi© de Saiul'Pétersbour^%
où il décrivil Tobservaiion qu'il avait faite de la présence dans Torge germée d'une
matière albumtnoïde pouvant linuéQer l'amidon en le transformant en glucose. Il traure
FERMENTS
FERMENTATIONS.
31
^e In température la plus Tavorable est de 65% etU assimile la âubstance active à du
gluten.
lÏL^BRUNPAUT, en I8i3t montre que l'empois d*amidon se saccharijle en présence de
Torge fermée, pourvu qu'il y ail à la fois le concours de la chaleur et de rijufindité.
En 1826, MiTscHERLicH observe que le liquide dans lequel s*esl développée la levure de
bière jouit de la propriété d'intervertir le saccharose. En 4S31, Leuchs montre que la
salive hydrate l'amidon et le transforme en jrlucose. Enfla, eu 1832» Payen etPEHsoz iso-
lent ta première diastase en précipitant par l'alcool le liquide de macération du malt. Ils
montrent que l'action de la diastase se fait à une température de 65 à 75* et qu'elle
perd la faculté d'agir alors qu'on Ta soumise à Tébullitioû. La diastase est trouvée non
seulement dans l'orge germéer mais aussi dans l'avoine, le blé, le mais en germination,
la pomme de terre en végétation.
C'est en 1835 que CAGNiARD-LATOua, en France, et Kutzïng et Schwann, en AHemigne,
montrent que la levure de bière est formée d'éléments microscopiques, ovoïdes ou sphé-
fiques, qui peuvent être des êtres vivants; et CAGMtAED-LATOua en les décrivant les sup-
pose : smcepiibks de se reproduire par bourgeonnement, et nngissant probablement sur te
êucre que par quelque effet de leur végètathn et de leur vie.
Gay-Llissac avait prétendu que la fermentation alcoolique ne pouvait avoir lieu qu'en
présence d'oxygène. Scuwwn montra que l'air n'était nécessaire que pour apporter le
fçerme initial producteur de levure. Ce germe serait un végétal qui se retrouve dans
toute:» les fermentations. Et, de même que CAGNiARD-LAXOutt avait trouvé le bourgeonne-
ment, ScHWANN montre qu*il y a relation entre le début, ta marche et l'arrêt de la fer-
mentation, d'une partf et la présence, la multiplication et l'arrêt de développement de
ta levure, d'autre part.
En même temps d'autres diastases étaient isolées, qui complétaient la découverte du
premier fermeJit soluble, la diastase de Païeis. Robiucet et Boctron, en 1830, découvri-
rent ramy^daliup et la supposèrent capable de fournir l'essence d'amandes améres.
LiEBiG et WtEiji.ER, en 1837, confirmèrent cette supposition et expliquèrent que la trans-
formation se faisait au moyen d'uue inatièro albumînoîde contenue dam la graine, qu'ils
nommèrent émutsine.
De nouvelles théories sont alors proposées pour expliquer les pbihioménes de fermen-
tation si complexes et si nombreux que l'on observe. Hklmholtz, en 1843, discutant les
expériences de Scuwann, admet deux causes de la fermenlalion des matières organi*
ques. Mans certains cas, séparant un liquide organique, en voie de putréfaction d'un
liquide analof^ue Crais, par une membrane llllranle, il constate la cuûlagion du liquide
altéré au liquide neuf. 11 admet alors que le principe actif est soluble dans l'eau; c'est une
cThnlai^on putride, douée de propriétés inconnues. Dans d"autres cas, il n'y a pas conta-
gion, c'est un produit uiso lubie, un germe vivant.
Rbrzelilis a admis que dans ce qu'on appelait des a:tiom de contact une force entrait
en jeu ta force catntfjtique. m La force calaly tique paraît, à proprement parler, consister
en ce que des corps peuvent par leur simple présence et non par leur aflinilé, réveiller
les affinités assoupies et déterminer les éléments d*nu corps composé à se grouper de
manière à procéder à une neutralisation électro^cbimique plus complète >>. Ces phéno-
mènes de contact sont bien connus en chimie minérale; inllammation de riiydrogèuc
au contact de la mousse de platine, décomposition de l'eau oxygénée en présence de
l'argent très divisé. 11 en est de même en chimie ort^anique, où l'on voit la transforma-
tion de la fécule en sucre en presence de l'acide salfurique, la transformation du sacre
de fruit en alcool et acide carbonique, etc. La forc^ catalytique interviendrait surtout
dans la vie des plantes et des animaux. <« Mille procédés catalytiques opérant entre le^
tis<(us et les liqueurs produiraient un grand nombre de combinaisons chimiques dont
nous n'avons jamais pu expliquer la production et qui se forment au moyen d'une même
matière brute, le sang pour les animaux, la sève pour les végétaux. Elle continuerait
à agir môme après que la vie atirail cessé, présidant aux réactions chimiques qu'on
désigne sous les noms de fermentation et de putréfaction. »»
Dans la théorie de Ueuig toute fermentation était une destruction provoquée par
vme autre destruction : l'amidon se convertit en sucre parce que la diastase se
détruit et dans sa destruction entraine fa des traction de Tarn i don. Un corps en action
31 g
FERMENTS — FERMENTATIONS.
chimique peut a éveiller la niAme action daas un antre corps en cootacl avec lai si oa
le rend apte u subir Taltération qu'il éprouve lui-même ». Liedig reconnaît quatre ci;
stances où son principe se manifeste :
l" L'érémocausie, combustion lente *lfts détritus organiques ab.indonn*^s à Tair
2*^ La putréfaction, toujours à l'abri de l'air, la rnati«>re disparaissant par une combus-
tion à l'air;
3" La pourriture sèche, à l'abri de l'air et du conlacl de l'eau ;
4<^ La fermentation* espèce de putréfaction qui s'accomplit sans dégagement d'aiicuni|
odeur» tout au moins d'aucune odeur désagréable^
En 1850. les études sur la fermentation, les ferments et les maladies font un pas.{
considérable. Hayeii et Dav^in-k montrent qu*^, dans le sang de rate, il existe des orf^a-
nismes exlromenn'nt petits qu*ils di'rrivent ainsi : « On trouve dans le sang des petits
i^orps lllifoimes ayant environ le double en bjuf^ueur dn globule san^'uin, » Ces peUli,
bAtonnets avaient été déjà entrevue par BaviîKLLde Dorpat el Delafond â AlforL
Kn 1857 et en 1858, Pastecr commence ses recherches sur la fermentation alcoolique,
il refait les obserTations de Cagniard Latou» et autres sur la conititulion de la levure de
bière, sur son bourgeonnemenL; il considère que la fermentation alcoolique est la consé-
quence de la vie de ces éléments. Si la fermentation était une conséquence du dévelop-
pement et de la multiplication des globules, il nVxisLeraiL pas de fermentation dans
l'eau sucrée pure qui manque des autres conditions essentielles à la manifestation de
Tactivilé vitale; cette eau ne renferme pas ta matière azotée nécessaire à la production
de la partie azotée des globules.
La levure bien lavée au contact de Teau sucrée pure s'altôre-t-cUe ou se détruit-
elle comme le prétend Lieiug? Pasteur montre qu'elle se développe, pourvu qu'où y
ajoute une certaine proporlion de matières azotées, de la décoction de levure par
exemple.
Mieux encore : après avoir remarqué que les sels ammoniacaux disparaissent en
présence de la leviire, il cultive cette levure en présence simplement de sucre pur, de
larlrate d*ainmoniaque et de cendres de levure, le tout en dissolulioa aqueuse. Dans ces
conditions, la fermentation se produit adiiiirablemenl; elle n'a plus lieu du moment que
l'on supprime un de ces trois éléments. Il obtient les mêmes résultats avec la levuie
lactique en faisant fermenter au moyen de ce produit de l'eau sucrée en présence d'un
sel ammoniacal et d'un peu de carbonate et de phosphate de rhaux. Les petits articles
du ferment lactique sont vivants; ce sont eux qui transforment le sucre de lait en acide
lactique* De m*.* me la fermentation butyrique et la fermentation acétique sont la consé-
quence de la vie de deux mirrorganismes.
La vie de tous ces ferments organisés est très dilférente de celle des organismes supé-
rieurs : ils vivent sans osy*(ène libre et empruntent ce corps aux matières en fermen-
talion. Le poids formidable de matièi*e transformé par une quantité inlinitésimalc de
micror^'anisme» la vie anaérobie, voilà ce qui caractérise, d'après Pastkur, une fermen-
lation. La putréfaction est une conséquence de la vie de ferments organisés.
D'où pnj^enaient ces innombrables raicrorganisraes répandus partout, et semblant
provoquer des actions d'une extraordinaire puissance ?
Deux théories se trouvent en présence : av<*c Wyuan, RjcnAao Owen, PoucasT, Jôlt,
McssET, etc., faut-il admettre la génération spontanée de ces êtres? Les microrgauismes
prennent-ils naissance de ^'ermes? Y a-t-il ou non génération sponUinôe?
Pasteub reprenant un cerLiin nombre d'expériences antérieures, montre que des raisins
bien lavés, écrasés et mis en cotiiact avec de Fair stérilisé par calcination, ne fi»rmeo-
tenl jamais. Un corps fermentescible mis rin contact avec de Tair tamisé à travers ua
tampon d'ouate ou à travers le col sinueux d'un ballon, reste stérile; il ne se produit
jamais de fermentaiion.
PoucHKT, Jour et MtîssET provoquent néanmoins* l'apparition d'une moisissure dans une
infusion de foin contenue dans un Ûacun* ébouillanté, renfermant de l'oJtyirène chi-
miqueraeni pur, l'infusion ayant été elle-même loni,'teraps bouillie. Les mÔmes auteurs
montrent qu'à une hauteur de A 200 mi}tres (M.iladetta), les fermentations se développent
encore; des infusions préalablement stérdisées se peuplent de microzoaires et de
microphytes.
I
FERMENTS
FERMENTATIONS.
319
l*AfTRUH n*oblîent qu'un réâuïLnt, incnnstnnt dans une expérience identiquo faite sur
k MottUuvcîrt, Si rcipérience de I'ijucbki seiiïble couvaiucanle, c*esl par suite d'tino
trreur de tecliiiique ; le mercure employé apportant les germes.
On sait qup la théorie de la ^énûratiou sponlaoée a Hè d^HlnitivfimenL renversée,
Daos les couditioos connues Jusqu'il pn^seul* il n'y a jamais pioduction de ferments
Ogurés, sans la prusenceprt' diable de germes ou de spores organis»'s.
Alors, par une î>erie d'admirables découvertes, est établie cette notion fondamentale
que la maladie est dae à desorf^aui^mes parasitaires.
DAVAi^ie, reprenant les bâtonnets qu'il avait trouvés dans le sang de rate, les inoculn
à des animaux et reproduit la maladie charbonneuse identique à celle qui s'était déve-
loppée sur ranimai mort primitivement (1863).
ViLLEiiN» en 1865, moulre que la tuberculose est inoculable; qu'on peut la trans-
litre aux animaux par introduction dan^^ leur organisme de crachats, de matière
tune. La découverte du microbe de la tnbercutoâe u*est survenue que pluït lard
(locB, IBTIU
DAVArNE fi867) fait voir que la pourriture des fruit» est parasitaire : elle est due au
loppement dans la pulpe de ces fruits du mycélium d*un champignon. Pour les
,<ies» les citrons, les poires, les ponimes, le champignon serait le PeniciUum glaumm.
• La pourriture se communique d*un fruit malade d un fruit min privé de non épiderme, o
tlAVAi:iE reconnaît aussi, d'une pari, la nature parasitaire de la putréfaction, d*aulrepart,
la contagiosité, enfin le rôle préservatif des épi<lermes.
Dans un travail à Jamaid uiémoràlde, Pastflr reconnaît l'origine parasitaire d«¥ la
pébrîne ou maladie des vers à soie ; la pébrine est due à des corpuscules ipii ne sont
autres que des ferments organisés.
VoLiLMANN soupçonne la nature parasitaire de l'érysipèle» et Nepveu, en 1870, signait
la présence de bactéries dans le sang extrait d'une plaque érysipêlaleuse ou de toute
autre partie d'un individu atteint de cette alfection» que l'érysipéle soit traumatique ou
spontané.
Les conséquences immédiates de toute cette partie de Tipuvre de Pasteur, de ses
prédécesseurs et de ses collaborateurs sont la conservation des vins, de la bière, des
matières putrescibles par la pasteurisation ou stérilisation à chaud. Une haute tempéra-
ture amène l,i destruction de tous les germes et les matières fermentesciMes chaulféei
■ conservées en vase clos ne s'altèrL-nt plus.
■ Une autre conséquence fondamentale de^la nature parasitaire des maladies est la
I protection des blessures et des plaies cbirurgicales par le pansement de J. Listir ou te
^LMusement de A, Giérin; il y a, uu moyen d'enveloppements injatés^ isolement parfait et
^Piiparation de la plaie d'avec le milieu extérieur, d'avec Tair pouvant apporter des
bactéries pathogênes. Toute la chirurgie moderne, avec ses admirables développements,
repose sur les principes de l'antisepsie et de l'asepbie.
MiLLEK, Pastel'h, Vks Tiegbem avaient montré que la fermentation de l'urée était
provoquée par des fermeuts organisés. Plus lard, Pvstech et JouanBT prouvent que la
transformation de l'urée est due à un ferment soluble. Musculus pensait que ce fer-
ment était sécrété par le mucus vé^^icaL PA^eca et JouitKaT établissent qu'il est produit
par un microrganisme.
Le virus du charbon est tué par l'oxygène comprimé en couches minces (1 centi-
mètre d'épaisseur) (P. Bert), bien <|ue le même auteur ait démontré que tous les êtres
vivants sont tués par l'oxygène comprimé. Mais le sansr des animaux qui succombaient
à rinoculation de sang charbonneux traité par l'oxygène sous pression n'était plus
toxique pour de nouveaux chiens pu de nouveaux cobayes. P. BEHxen concluait donc que
dans le charbon, ou sang de rate, il y avait: 1* Labactéridie qui s'engendre indéfiniment;
2° Une substance toxu]ue qui ne s'eni^endre plus. Ainsi donc, d'une part, un ferment
coDstituè par les bacléridies, d'autie part, une substance analogue aux diaslases, qui
résisterait à l'oxygenc, à racool absolu, et ne se reproduirait pas.
Enfin Pasteur, Roui, Cuambbrl.\nd démontrent l'atténuation des virus, préparent des
virus charlionneux, très atténués, qui ne lueul pa^ tes animaus, mais qui îeur confèrent
néanmoins une résistance absolue a l'attaque d'un virus plus nocif. Ces animaux sont
immunisés. Ou a ainsi les virus vaccins dont cette première découverte n*a été que le
â$0
FERMENTS — FERMENTATIONS.
préluil's pois on a étudie le§ proJuiU salubles, aficvélés par les microbes, les aniît
xînoft qiio le» orguntimes oppusent à f'intoxication baclérieane, et fa séro thérapie.
PREMIÈRE PARTIE
Les Ferments orgranisés.
GoiuitUotloii ctoimlqiia des fermeots or^aiiisèa. — Les premières recherotia
élé faileff sur la levure de bière, où l'on a vite reconnu la préisence de l'azote; oa a coa
imrt; par suite celte levure à du gluten*
Paykîï, en 1839, donna pour composition immédiate de la lefoie :
Mmtièr« tuolée 62,73
Enveloppe de celluloso. . . 29,37
SubsUncei grassei. .... 2,10
Matières minérale! 5,80
ScaE^SHBEROEA, en 1845, reprît les recherches de Payen cl montra que les envelopper
de» levures trait^-es par la potasse donnent naissance à une matière albuminoîde et ((ue
le résidu traité par un acide donne naissance k un sucre fermente^ctble.
H compara, au point de vue de leur constitution élémenlairei les levures, dites Aailili^^
et les levures, dites bauis, et il donna les cliîlTre» suivants :
LKVURE SI
PÊRrKURF:-
49.84
6,70
:i»,02
12.14
LKVLIRE l>
FÉRIEORB.
47,93
6,69
35,61
9,77
100,00
Carbone
Hydrogène
Azote
50,05
6,32
31,59
11,84
IOU,(}0
48,03
6,25
35,92
9,80
100,00
Otygroc. ...,-,.
ll)d,UO
Nous pouvons encore indiquer, d'après quelques auteurs, la constitution chimique
centésimale de la lemre : ^
Carbone. ...*..*..
DUMAS,
MITSrCHlRLISCH.
MULDKR.
WAGNER.
50,6
1.3
15.0
, 27,1
47,0
6,6
10,0
33,8
traces.
r.0,8
7J6
11,08
30,96
4n,7t
6,80
»,!7
34,32
4*,5;*
6,0b
9.25
40.12
Hydrogène ........
Azote , , . ,
Oxygène
Soufre
Phosphore
KHI
100
100
lOO
tOû
L'étude plus spéciale des cendres de la levure a été faite, entre autres, parMiTscuGRUscti.
supérieure. Loféri^ure^
Acide phosphorique 41,8 39,S
Potasse 39,8
Phosphate de miignéaie lt;,H 22,6
— de rhatii. *.,,... 2,3 9,7
A%-ec une pri)porlion de ceodrts de
p, 100 de levure» nî-ches 7,65 7.5!
L'ôfude plus approfondie de cette constitution a été reprise un peu plus tarJ par
FERMENTS — FERMENTATIONS,
3*1
N^Kceu et Usw. Ces deui auteurs ont cherché à dé(«*rminer les principes immédiats de
la leTare de bière :
Cellulostî ei mutlUigc 37
Album inc orJinaîre« ^6
Matières albuminoidea iolubl«» duuà Talcool . . , , Q
Peptone!» précîpttables pir 1<* ftouft-acèlati? do plomb. S
Matières grussea 5
Cendrc^s 7
Madères cKlructives ... 4
t)*auU«l formeals orgmisés ont été aussi étudiés à ce même point de vue. Nencki ot
SoiixrFEi ont délermiiié la ronslituLioii des bactéries de la piitriffaction dans (es difTé-
fMItea formes sous lesquelles elles se présentent eo un môme milieu (zuof^lées,
looglées avec bactéries, bnctéries).
L
3!0* «OLKA
/uoûLEJl
RA'^XriRIK^
BACTI^IKIliS
■ 1
AVm tI\CT»9.lVM
PRI-^CîPtTK.ffi^
r
l'LKK.
divrhipptVi
\bi LTK».
P«r Ht:»
,. M*.
|. ItMI.
p HW
p. IW
Kaiu
7.K9
1 c,u
83.12
MaticiM7S grasses i salis t. si-chcai . . ,
^
Cendres (*ubsl. *echcs *a(i8 ^rai§se) .
v.;*6
:t,ir>
:;,«i:i
3,i-
t'oinpoaitioD <*lcmculoirc de la \ ^
5:J.07
5:i,8i!
55,7»
Il siihsUocc âpi**? cUiiniiiMîon f jj
7.7*»
T,7fi
7.n5
U de U grAis^e, *'i 111*1111^1011 j'aiio ( .
li.n
la.Si
13.92
14.:.»
.1
d«s ceiidivs. - - /
CtAXCR (t8ll5) n ditiim les chiïlVes suivants pour composition moyenne des bacilles
cholériques, qaelle que soit leur oiigine.cnlUvés dans le "même liquide :
Eau .
Albiiiuine.
Cendres .
m:4
7.6
3.0
"ôïTi"
i^ cellulose des levures a donné lien a un certain nombre de travaux. D'après
Pâî*T8CR (1860), la levure fraîche lavée, et séchée, renferme 20 p, (00 de cellulose. Dukykijs,
en 1893^ traita certains bacilles* Biieittc de Koch, Bacitim sublUis, et un bacille pvogéue»
d*isoler les difTérenles celluloses qui y préexistaient, î.es cellules sont lavées â
a l'alcool, à l'êther, à Taiide cblurhydrique à 2 p. 100, à la soude à 2 p. 100,
ehauJTées avec de la potasse causiiquL' à ISO". Le résidu lavé est traité par l'acide suU
furique étendu.
En faisant l'analyse du babille tubertulêux, llAimERsctiUG, en iB88. a trouvé les
chJlTres suivants :
Eau . . .
Exilait ï*c
S8.tâ
n.tH
Les matières solides saches répondent à la constitution chimique ei*jotnte :
Oraisse flolublc dans un mclatogA d'alcool et d ether
il'arbune .....
Hydrog<^nc. . .
Az-lo
Cisiidres minérales, ,
DICT. DB PaYStOLOOlE. — TOltB VI
22,7a
«.U7
S.Hlt
âi
322 FERMENTS — FERMENTATIONS.
NisHiMURA, en 1893, a fait l'analyse immédiate d'un bacille vivant dans l'eau. Il
renfermait :
Matières sèches. . . 15,63
Eau 84,37
Les matières sèches étaient formées de :
Âlbuminoïdes. . . . 63,5
Hydrates de carbone. 12,2
Cendres 11,15
Extrait éthêré. . . . 5,08
— alcoolique. . 3,19
Lrcithine 0,68
Xanthine 0,17
Guanine 0,14
Adcnine 0,08
Les hydrates de carbone insolubles dans la potasse étendue, solubles facilement
dans les acides, répondent à la formule G^H'^0^, et sont identiques aux celluloses que
.Xëncki et ScHŒFFER avaient trouvées dans les bactéries de la putréfaction. On filtre sur
amiante, on sèche à 105°, et on traite de nouveau par SO^H^ au vingtième pendant une heure
ou deux. On neutralise, on évapore et on obtient ainsi un sirop dans lequel on recherche le
sucre. On peut démontrer ainsi la présence de véritables celluloses dans les organismes,
mais le traitement est trop énergique pour qu'on puisse alors les distinguer entre elles.
A côté des celluloses, Reinke et Rodewald ont reconnu la présence de la cholestérine
dans Ethalicum septicum; Schewiakoff, de l'acide oxalique dans Achromatium oxalift-
rum, etc.
Les éléments graisseux ont une importance considérable dans la constitution chi-
mique des bactéries. Kocb a montré que le bacille tuberculeux était recouvert d'une
gaine graisseuse difficilement attaquable par Téther. La facile coloration de ce microbe
est probablement due à la présence de cette gaine.
Parmi les matières grasses, Dzirrzgowski et Rekowsri d'une part, Cramer de l'autre,
ont démontré la présence dans les microrganismes de la trioléine; Hammersculao, celle
de la tristéarine et de la tripalmitine. il faut aussi signaler la présence de 0,08 de léci-
thine p. 100 de matières sèches dans le bacille étudié par Nishimura.
On a pu extraire un certain nombre de matières azotées définies d'un certain nombre
de microbes. C'est ainsi que iNishimura a trouvé, dans 100 parties de levure sèche, les
produits suivants :
Xanthine 0,110
Hypoxanthine. . . 0,030
Adonino 0,029
Guanine 0,025
Nencki et Schœffer ont, de certaines bactéries de la putréfaction et de la levure,
extrait une albumine exempte de soufre et de phosphore, la mycoprotéine, dont la
composition centésimale serait :
BACTÉRIES
DK LA GKLATINK.
BACTÉRIES
DU MUCATB d'AzH*.
LEVURE.
c
53, i3
7,52
14,71
52,12
7,54
14,91
52.30
7.59
H
Az
14,73 11
9
Buchner a pu trouver un certain nombre de substances âlbuminoïdes, en particulier
une protéine, dans le bacille de Friedlandeh, et une autre dans le bacille pyocyanique, pro-
téines solubles dans l'eau, les alcalis dilués, les acides concentrés, et dont les réactions
sont :
FERMENTS
FERMENTATIONS.
UK-VCTtONS.
l'RÀCirttIt l*A«
«fit l'Rfcîi^itfe p\n vxn
IL xantlioprot«ique
IL du hiiirrît. .........
H* de MtLtoM
PlCl*
AuCl»
Sels de plomb.
Acide picriquc.
Tarim.
„»NaCl saltiré.
... HgCia
...It chaleur.
...iDf^me à IV^iillition.
R. d« A&AMKIBN^nCZ . . . ,^ .
Les niati**i<'s ali>ufiiinoîd€5s nui rnusïituent le proloplasrna d*tm«* ci^llule microbicnno
&nt» d*après BucQNEn, la plus grande alTitiih* ptiur les caaleur» d'aniline.
Signalons encore, parmi les albuminoîdes vrais reiiferrnés dans les cellules micro-
[kiennes, une albumine, analoi^e à la my^uprotéim^ de Nencki, Irotivèe par BRiEr.KR dans
le pneumocoque; une ^lobulioe trouvée par Ukllmicii dans le bacillo de Kocu, ainsi
qu'une albumine trouvée par llAMuenâaiiLAo; six par Hoffmann ; une toxomucïne, par Weyl;
des snbstance*^ voisines df? la kératine el de la chitine, par Rcppel.
Leî* matières albuimînoïde!*phosphorées, qui ont pu Stre isol<^*f^s, ont *U»> : une nucléine.
par Vandevilde dans le BanlluR mbiilis; des nucb^oprotéides, par iisLEom; nne prota-
mine, dite tiiberculo<iamino, par Hdppkl dans le bacille di* Kor.H, où elle se trouve
combiner* à une nuclêine appelle par l'auteur acide inberrylinique.
La constitution des mtcrorganismes varie natiirellem^^nl avec un pand nombre de
facteurs; Tâge, les aliments, les conditions physiques ext<^rieures. Dïjclaux a montré
que la proportion de corps gras solubles dans l'éilier croit avec Tâge des levures.
Dans les levures jeunes, la proportion dos matières grasses est de 3 p. 100; dans les
levures Agées elle peut alleindre 'j2 pour lOO, el cela aux dépens d*une dtrainutîini
da.n$ U quantité* d^aiote.
CpUuU's jounes.
— Agées .
MATTER£>Ï
p. lûO
3
14,t
22,5
I». 100
8.93
2.(38
i,:i2
— ag<>cs. . ,
La diminution d'axote n'est donc pas proportionnelle à Faugmen talion de matières
[frises.
D'après DucLAUX, il y a aussi une cliffrrence d*ordre chimique, au point de vue de la
[teneur eu cellulose, entre les levures jeanes et les levures d*un certain Age. Une levure
tieille de quinze ans reufermait Î>/J p. 100 de cellulose; rajeunie, i'i p. 100.
Cramer (1892) étudia l'inlluenre de ralimentaliun sur U composition chimique de
qualïe microbes voisins, ISous donnons ci-dessous les diilfrcs correspondant à deux
j d'entre eux : le bacille capsulé de Piëiffer et le pnenniobacille de Frieulandbh.
H Cultivés sur gélose additionnée de proportions variatdes de peptones et de matières
^H hydro-carboné es. il*^ ont donné à Tanalyse, dans les mêmes conditions :
B 1* Bacilles de Ffelfrer,
Il AU
MATI^RRri 80L]I>P.i«.
i MaLièfos azoté e:i .
MftUércs solides p. 100. ' — grastes,
* Cendres. , . , ,
t Gmfbone. .
Analyse filiira€iii;iirt' \ Hydrogôiu'.
ccnt«sim.alc. 1 Azote . . .
PKl»TONI':
<iLU< nsi:
1 ]■ HH\,
'. !', 104Ï.
:. i'. 100.
li4),ti
17.7
12,6
70, U
t4,6
r»3,7
24,0
9.1
m,9
39,7
85,8
:.i,4
7,3
12,2
29, J
12/J
30.5
49,4
34,7
3U
FERMENTS — FERMENTATIONS
s- Pue iimoba<^ nids de Frtodtatider
EAU
i Matières azotées.
MalitTos sotides p. ÎOO. ! — grasses
( Cendres. ♦ . .
f Caibone. . , »
Analyse ëtémeiituire J Hydi^ogrèn^* > •
^entdsîmaJe. J Axote .....
1 Oxyjfène
71,7
l.i
(3,3
28, tf
79.8
11.3
10 J
iiH.â
51,4
27.1
22.7
7,11
94.2
54).6
iî.9
GlassiQcatloEi, morphologie et reproduction des ferments organisèm. — Le5
fermeiUs organisés sont soit des aiiiniÉiux, suit des végétaux ioférieur». Classer des Ht***
souâ ie litre générique de ferments semble donc au premier abord peu rationnel; puUque,
à an certain point de vue, tons les (Mres vivante, q*ieis qii*iU soient, même les plus com-
pliqués, se comportent coraaie des ferments. Entre la vie d'une Jevure et la rie d*iui
chéne^ il n'existe pas de dilTèrence biologique esî>entielle. Ils agissent chimiqttemeat
par les substances chimiques que produisent leurs cellules. Toutefois, en nous déijA-
geant de ce point de vue, d'ailleurs ri^^oureusement exact» de biologie générale, iious
pouvons appeler ferments les tHres qui produisent des dédoublements chimiques dans
tes liqueurs où on les a ensemencés. On les désigne souvent sous le nom de microbei,
mol imaginé par Skujllot (Il mars 18781, en réunissant ^otii» ce f:roupe à la fois If^s
microzoaires, on petits animaui, et iQ&imcrophtjtes^ ou petites plantes.
Les ferments organistes appartenant au règne végétal font partie de doux groupes des
Thallophytes :
1. Champignons : a Myphomycètes ou Moisissures; ^ HIastomycètes ou Levures.
IL Alf^ues avec la seule classe des Cyauophycées, à laquelle se rattachent les Bic-
léries on Schizomycètes.
Les ferments organisés appartenant au rèfine animal sont des Protozoaires : (•d**!
Rhizopodies, comme les Amibes; t*' des Sporozoaires avec les Myxosporîdies» les Sêf-
cosporidies et les Coccidies; S** des Infusoires» avec les Trypanosomes.
Nous n'étudierons pas ici ta morphologie et la biologie de ces êtres; car leur éludt»
a été Taite dans ce dictionnaire (V^oir Algues, BactérieSi ChampignonB^. Nous ne Iraiterom
que la physiologie générale des fermentai ions.
Milieux de culture. — On doit fournir à Torganisme que Ton veut étudief les
élénjents qui lui sont nécessaires, et cela, sous une forme aussi simple que possible. On
pourrait à la rigueur se conlenter de simples produits naturels que Ton aurait, par un
procédé de stérilisation quelconque, débarrassés de tou^ les mbrorganismes qu'ils reu-
ferment. Mais dans ces conditions il est à peu prés impossible de se rendre compte de*
phénomènes chimiques de la fermentation, qui sont devenus trop complexes 11 vaut
mieux se servir de substances dûment préparées, de composition bien connue, el soi^neo-
sement stérilisées.
Par suite, nous devons envisager deux questions successives :
1" Lu pré pij ration du milieu du culture*
2" La stérilisation de ce milieu.
On peuij d'après G. Houx, classer les jnilieux de culture de la façon suivante:
L Milieux de culture artificiels.
IL Milieux du culture oatureh .
D'origine minérale.
D origine orf?anique. { r^ . ■ i
■ e ^ j Qp nature animale.
i De nature végétale,
) De naccre animale.
Liquide!, os
3ohdiâ*bl«*,
au solide».
FERMENTS — FERMENTATIONS-
Mi
te5 milieux de culture artificiels irorigine minérale, ou qui renferment des composés
L#rf;aniqDe9 bien déllnis, se prêtent plus que loits aulrf s à Téiude chimique de lalimen*
ition du microbe. Aussi on a-t-on proposé uo grand nombre,
PAâTKcn employait, pour cutliver k levure et étudier la ferroentatioii alcoolique, le
milieu suiTant :
litTâiniDM.
Eau distillée 300
Sucre candi 20
Su] fil te d'ammoniaque , . , , 0,15
Cendres de levure 0^15
Bitarii^aie Je poUsee 0,fû
— d'ammoniaque. . . 0,05
Poar ciiUîver le ferment butyrique i
EftU rlislillée
Lactate de chaux pur,,.
Pboiphatc* d'ammoniaque^ .
— fie potasse . . .
Sulfate d«i roaj^Tjesie, . ,
— d'ammoniaque. .
gnunmei.
1 ooo,no
0,75
0,04
Û.OI
0.02
CoB.x avait proposé remploi d*une solution qui ne renfermait pas d'aulres composi*s
h^drocarboués et azotés que du tartrale d'ammoniaque :
Eau , . , ,
Tarirat© d aminoniaqiKv
PboipbatG de potnisc.
Sulfate de inagnéaie ..*,.•
Phosphate tribaaique de chaui*
grammes.
200
20
I
I
0.10
Mail c'est surtout Raulix qui, en 1870, indiqua toutes les aubslances nécessaires ii la
vie d*uo organisme, et prépara une solution formée simplement de substances bien
définies et qui était éminemment favorable au dévt^lopp^^meni d'un ferment, Àspcitjiiim
[ii^fr. La composition du liquide Bacuh est :
Kau . . .
Sucre candi
Acide tartrique ....
Asoiate d'ammoniaque .
Phosphate d'ammoniaque
Carbonate dépotasse. .
— de magnésie .
Sulfate ci ammoniaque .
~ de magnésie . .
— de fer .... .
Silicate de po taise . .
graosii&es.
1500
10
4
4
0,00
0,S0
0,10
0,£5
0,07
0,07
0,01
Le liquide de Havuh a été modifié par LABoam pour la culture de VBurottopais
Kau , - .
Sacre interverti, . , . . . .
Acide tartrique
Titrtrate neutre de pousse .
Phosphate de magnésie . .
Acide sulfuriqu** -
Sulfate de fer
— do dnc
Silicae de potasse
20©
10
0,50
0,15
0,20
0,02
326 FERMENTS — FERMENTATIONS.
L'asparagine a été proposée comme source d'azote. Tel est le liquide de Gbixbbbt :
grammes.
Eau distillée 1 000
Maltose . 4
Amidon soluble 2
AsparagiDO 2
Phosphate neutre de potasse ... 2
Sulfate de potasse 2
— de magnésie 2
Bimalate d'ammoniaque 2
Carbonate de magnésie . . » ^ . 1
Wesbrook, pour cultiver le Vibrio cholerœ asiaticx dans des milieux complètement
privés d'albumine, s'est servi du milieu suivant :
grammes.
Chlorure do sodium 5 à 7
— de calcium 0,1
Sulfate de magnésium. ... 0,2
Phosphate de sodium .... 2,5
Lactate d'ammonium 6 à 7
Asparaginate de sodium ... 3,4
Eau 1000
Arnaud et Cbarrin ont proposé pour cultiver le bacille pyocyanique :
PO*KH* 0,100
PO* NaS H + 12 H«0 0,100
CO'KH 0,134
Asparagine cristallisée 5,000
MgSO^ + 7H«0 0,050
CaCl> 0,050
Eau q. s. pour un litre.
L'urée peut servir aussi de source d'azote. Tel est le liquide imaginé par OcrcHiNSKr
pour la culture du bacille de Lôffler et qui peut servir pour la culture d'un grand
nombre d'autres microbes :
grammes.
Eau 100
Glycérine 45
Lactate d'ammoniaque. ... 10
Sucre de canne 5
Urée 5
Phosphate acide de potasse . 2
Sulfate de magnésie 0,2
Chlorure de calcium 0,1
Acide urique 0,02
Vereysky a cultivé le Tncophyton tonsurans dans le liquide suivant :
grammes.
Sucre de canne 25
Urée 5
Carbonate de potasse .... 0,02
Phosphate de potasse .... 0,02
Sulfate de magnésie 0,12
— de fer 0,03
— de zinc 0,03
Silicate de potasse 0,03
Le sucre de canne doit être tout d'abord dissous dans un peu d'eau et interverti à
l'ébuUition par 8 gouttes d'acide chlorhydrique. On ajoute alo^s les éléments minéraux,
et on complète le volume à 500 c. c.
FiTz cultive le Mucor racemostis dans un milieu qui ne renferme pas d'autres com-
posés azotés que de Tazotate de potasse, et qui est composé de :
grammes.
Eau 100
Glucose 6,4
Phosphate de potassium. . . 0,16
Sulfate de magnésium .... 0,08
Nitrate de potassium. ... 0,î)0
FERMENTS — FERMENTATIONS.
II existe enfin des milieux plus complexes» à base de peptones ou d'albumine :
Le lii[uide deSABOLavot* a potii furniule :
327
grAmmes.
MaUose. .
3,7«
P«plOOC
o,ia
Eau
im
ï!# Tacto-f^rum de Bordas et Jollin est formé de :
Lactose. . .
Albumine d'wul pulv»!ris4Je .
Chlorur»* de sodium. . . , .
Eftu UisUlIée ........
55
18
(i
lÛOO
Leiaire de soadc q. s. pour obtenir uue rêaciîori U^gi^remont atlcaliae.
Oa flJire après dîsHolutioti au9«i parfAitc que p^^ssible.
Les milieax artificiels d'origine oifîaaique et de nature végélale sont presque lous des
liquides : décoctions, infusions, niacéialions.
I.'eau de levure, ou décoction de levure, s'obtient en faisant houillir avec de Teau la
levure lavée et purini>e; on emploie environ 50 grammes de levure par litre d esiu qu'on
filtre bouillant sur papier. L*eau de louraillou s'obtient en préparant une décoction de
radicules d*or*;cii; ce liquide est le plus souvent additionné de peplone; on emptoic aussi
les décoctions de foin, de pailles, les bouillons de rboui, de carottes, de navets (Tv:sûall);
les décoctions d'orge lioublounée et les nn«Ûls de bière Hani^rn), ete.
MiouEL avait ïndiqtify. en IB8T, une jU'elee fabriquée par digestion à cb^tnd de Fucus
crispuâ dans de;* bouillons. Le point de fusion de ce milieu est 40**; il (iltre nml sur le
papier.
La f^'élose nutritive (agar-agar^ fusible à 70^} est actuellement obtenue par décoction
du [produit dessécbé d'une algue des Indes, le Geliacum »piriformet dans un bouillon de
Tiaude ou de légumes.
La gélose doit être préparée par décoction : puis le liquidé est I litre suf une cbaussf
ierrée, ou débarrassé des impuretés par décantation.
MAGE prépare la gélose de la façon suivante : Tulgue est mise à macérer dans de l'eau
acidulée cblorbydrique a 0 p. tOO pendant 24 heures, lavée a grande eau, puis mise à
Diacérer de nouveau pendant 2* heures dans de l'eau ammoniacale à li p. 100, lavée de
nouveau* On jette alors la gélose ainsi préparée dans de Fean bouillante, et on filtre sur
papier après dissolutifin. t^^'est à ce moment que l'on peut introduire les dilTérentes
substances que Ton juge nécessaires, solutions de peptone. de lactose, de sels, etc.
Roi'x chauffe pendant une heure û rébullition 15 ^^ramnies d^agar-agar dans un
litre de bouillon peptoné et neutralisé» On filtre sur mousseline; on refroidit à 70"; on
additionne le produit d'un blanc d'tJ'uL et on fait bouillir de nouveau pendant trois quarts
d'heure. On liltre aussi chaud que possible.
Itoux «t iNocAHi» coi ti vent le bacille de la tuberculose sur gélose glycérinée que l'on
obtient en additionnajit de i k .% p, tOOde glycérine le bouillon dans laquelle on fait dis-
soudre l'agar-iâgar. Quelque peu de gomme arabiqu#aiigrrn'nte Tadhérence du produit aux
parois des récipients. Cette gélose peut être additionnée de tous les produits sur les-
quels on veut cultiver l'espèce considérée, lactose, glucose^ etc.
On préfiare encore des milieux gélatineux avec les mucilages de coing, de gomme, etc.
Les milieux de culture artiliciels de nature i animale sont les bouillons, ou milieux
liquides» et les gélatines, ou milietix solides. JLes bouillons de viande (bœuf, chevaU veau,
poulet) sont les plus fréquemment employés, bien qu'on se serve quelquefois encore de
ebair de poisson, de décoctions de certains viscères. Le bouillon de bœuf s obtient en sou-
mettant à rébullition pendant un certain temps de la chair très maigre avec de l'eau,
en présence de a à 10 p. 1000 de seL
t^JFFLEa a proposé la préparation d'un bouillon de bœuf peptunisé par la macération
de muscles de bœuf dans Teau à froid pei»dunt "24 heures. On prend envii-on 500 grammes
i
3f8
FERMENTS ^ FERMENTATIONS.
lie bœuf baehé très fin pour an litre d'eau. On fllire, et on expiinip le produit dans une
presse; ou ramène le volume à un tilre« el on igaate :
Chlorure de sodium 5
Phosphaie *1e potasse »»ti de soude. 2
P«p(one s^he, 20 i 25
Le iKiuide eil bouilli pendaût aoe Ueuie el filtré, puis neutralisé par nn pea de
bicarbonate de soude.
On obtîeiil aussi des boaillous de pooraon, de rate, de foie, de pancréas^ mais le*
tiquides obtenus sont toujours troubles, et il Faot, pour ïes darilier, les coaguler par or»
peu de blanc d*œuf.
Enfin V. Kkdbûvsrv a proposé, pour cultiver le bacille de la lépre^ de l'extrait de pla-
centa que Ton a haché et additionné de 2 voloraes d'eau distillée, te liquide obtenu ejt
rouge; on le lîllre an tlltre CHAHBERLANrs el le résidu rouge transparent est ajouté an
bouillon de culture.
On peut se di^petïser de préparer du bouillon de bœnf et se servir d*une solution de
peptoneou bouillon «Je peplone que Ton pr»^pare en employant la formule suivante :
grammes.
Eau . ,
lono
Pepiorif. .
20
Sel manu . . . ,
5
Cendre dt^ boi», .
c,ia
Ce bouillon peut être^|additioune d'une très faible quantité de gélatine» î p. 100
environ, ce qui facilite le développement de certains ferments.
Ces divers bouillons peuvent ^tre :
Qlucoflcs par addiiion de 1 à 2 p. 10(} de glucose.
Lactoses par addiiion de 2 p, JOû de lactose.
Glycfjriot^s par addition de 1 à 10 p. 100 de glycérine.
PhêniquéB i bacille d'EsBUTB,,
Toumesolt's, etc.
On se servait, avant l'empUn de Tagar-a^^ar, de gélatine nutritive; ce prodnit, fondant
à 23» ou *ia". s'obtient en dissolvant dans un bouillon de viande ordinaire on peptonée
une proportion de gélatine variable suivant le climat ou la saison, iO p. tOO en hiver et
dans les pays froids; lii p. 100 en étr et dans les pays chauds. On filtre le produit cbaud*
Pour mieux le clarifier, on peut l'additionner d'albumine d'œuf, et faire bouillir; Talbu-
mine en se coa^^ulant précipite les impuretés, et Ton filtre de nouveau.
Les milieux de rnlture naturels d'origine végétale sont formés de tranches de racines
et de tubercules, de fruits^ du jus de certains organismes végétaux : jus de fruits, stics
divers. Ils constiUient des milieui liquides que l*on obtient en soumettant à la presse
tin cr^rtain nombre de fruits, et le litjuide que Ion obtient est filtré pour l'obtention d'uu
produit limpide. On opère de même pour la préparation des sucs de plantes herbacées,
Parmi les milieux solides le plus important est la pomme de terre cuite ou crue.
Roux et NùCAfvii ont indiqué son emploi. Les tranrhes de pommes de terre, longues,
étroites, et asser épaisse», sont placées dans des tubes k essai présentant au niveau de
leur quart infécteur un étraufçlement qui empt^che la pomme de terre de tomber an
fond du tube à es^ai- On ferme avec un tampon d'ouate» et on stérilise à l'autoclave.
En laissant les tubes quelques heures debout h l'étuve, les liquides s'écoulent dans la
partie inférieure du tube, et la pomme de lerre présente une surface parfaitement sèche.
On emploie de même des tranches de carotte, de navet, de fruits. Les noii de coco
sont un milieu favorable. (I*. PoRTifcR, inéd.)
PiWLovshY et Sandeh, [Rocard traitent la pomme de terre par de Teau glycérinée pouf. |
faciliter la culture de certains microbes, du bacille de Koch en particulier.
Les milieux de culture naturels d'origine animale sont : rnriue (Bastiaîs, Pasteûh)
que Ton peut obtenir parfaitement limpide : le lait^ que Ton ne doit pus chaulTer à une
température supérieure à 110°, car le sucre de lait se caraméliserait ; le petit-lait, que Ton
prépare facilement en coagulant à l'ébuUilion du lait de vache par Tacide tartrique ou
FERMENTS
FERMENTATIONS.
329
I
I
I
I
I
I
I
Uique. Le liquide est (îliré sur litige» cliiriné par du blatic d^œuf à réhulliUoii»
fiUré sur papier.
Les liquides séreui de l'organisme peuvent servir de milieu de culture* Ainsi
H. VïxcEvr a IrooTé comme liquides di* chûix, pour ensemencer les haeilJes du pus, tous
les liquides orgioiques kumains : liiiuide céphalo-rachidien additionné de sang, sérum,
liquide de pleurésie sérn*nbriticuâe« etc.
Le sérum est J^ouvent employé. Koch cultive ainsi le bacille tuberculeux sur le sérum
de §ang de hfpuf ou de mouton Iransform»* par ïa chaleur en un terrai» solide.
Le sérum gébitinisé par la chaleur peut servir âa riûlîeu de culture, A Thistitut
I*A*tTii'R on le prépare, d'après Nocard et Houx, de la façon suivante :
On opère généralement «ur de «grands an imam i, cheval, bipuf, mouton) dont la ju|;u>
laire est facilement rendue visible en faisant Tliémostase à la base du cou. On coupe les
poils au niveau du point on Ton veut pratiquer la ponction, la veine se distinguant Faci-
lement sous la forme d*un ^ros corJon saillant. On brftle fortement la peau au moyen
d'un thermocautère. On fait pénétrer alors dans le vaisseau un trocart préalablement
llamhé;on retire le dard intérieur, et on le remplace par rextrémité efHlée d'un tube de
verre recourbé se terminant dans des flacons dont le col est fermé par un tampon
d'ouate; le tube de verre traverse donc ce tan»pon: introduite dans la canule du trocard,
ton eilrémilé la fernie complétemeol; le tout a été préalablement stérilisé. Le sang
sVcoule alors dans le récipient à labri atisolu de toutes les ityporelés. On plonge le
vise» une fois rempli de sang, dans un couratat d'eau fraîche^ où on le laisse séjourner
pendant 24 à 48 heures. Le caillot est notablement rétracté; le sérum qui s'en est
écoulé est aspiré dans des ballons pipettes stérilisés. On le gélatinise ensuite, soit
dans des tubes à essai, soit dans des boites de Pirtri en les plaçant dans une étuve à
Le sérum du sang des petits animaux peut aussi être employé dans certaines condi-
tions. MosNY a utilisé le sérum sanguin dn lapin pour la culture du pneumocoque.
Xo*'AHo additionne le sérum de 1 p, 100 de peplone, 0»2^i p. MX> de chlorure de sodium
et de 0,25 p. 100 de sucre de canne [tuberculose de la poule). Nocabd et Roux mêlent au
sérum pur, avant de le gélatiniser, une proportion de glycérine stérilisée k Hri% repré-
•entant 6 à 8 p. 100, Cette glycérine peut avoir dissous auparavant une certaine pro-
fN^rtion de peptone (20 p. 100). Ce produit se solidifie a l^'^ ou 78" environ.
J. Rose emploie comme milieu de culture, pour les parasites du cancer el de la clavelée»
pour la vaccine, pour la coccidie oviforme, le san^' rendu incoagulable au moyen d*un
eitraît de létes de sangsues, lequel extrait, stérilisé entre 100° et 105° pendant vin^'t
minutes, est mélangé ensuite au sang in vitro ou in vivo,
L*albumine d'oeuf ou plus simplement des tranches d'u'uf cuit peuvent servir aassi*
11 eu est de même du jus de viande, ou myo-sérum, gélatinise par la chaleur.
Va-riations de forme des ferments organisés, — Selon le milieu dans lequel se
trouve un microbe, l'être cnjlt el se développe en prenant des fermes différentes.
Le fait a été étudié sur un grand nombre d'organismes.
Un des meilleurs types de variation dans la forme des microbes est celui que nous
fournissent le BaciHus coït iomttinnis el le bacille d'KDEiiTH.
Le Baciilu:i roii rommunis e^i un bitonnet court et] mince qu'EscHERirn avait nommé,
lorsqu'il le découvrit, Bacterium selon qu'un le cultive dans de la gélatine à une
température favorable, ou Bticillus dans un bon bouillon nutritif à 42°. Les deux cultures
sont alors tout à fait diiïérentes. Dans la première, on obtient des bâtonnets courts et
réguliers, analogues à ceux qui vivent nalurellemenl dans l'intestin. Dans la seconde,
on rencontre quelques bâtonnets analogues aux premiers, puis, en plus grand nombre,
des bâtonnets très allongés, quelquefois lilamenteux. Ces derniers, au lieu de con^
tenir un protoplasmii homogène, laissent voir dans leur intérieur des déliiils de struc-
tore assez compliquée; on y trouve des spores aux diiïêrentes phases de leur développe-
ment; des grains réfringents alternant avec des espaces clairs.
Si Ton cultive le Bacitlus coti sur de la pojnme de terre, on peut obtenir une nouvelle
forme du microt*e; ce sont des bâtonnets réguliers» plus longs que les bâtonnets oor-
maui, plus épais et moins niobiles; leur structure, asse^ complexe, se distingue bien en
espaces clairs et grains réfringents.
330
FERMENTS
FERMENTATIONS.
Le bacille d*EBEiiTn peul présenter Ifts mômes modifications de forme f|ue le Bimiius
coli. Dans la rate d*un malade iitteiul de (lèvre typhoïde, ce sont des hâtonoets court» et
n'f£tiliers. Dans un bouillon nutritif, à Itimpêralurt? favurable» les bâtonnets sont pîuf
allongés et irrégulier*. Si Von élève la température à 4l-43«*, ils s'allongent encore et
forment des iilanu>n(s. Sur ta pomme de lerre^ les raodilkations sont tout à fait
analogues A relies du {BaciUus coH communia.
Lo Baritht» coli et îe bacille d'EBEme peuveiil aussi présenter des modificatioas pro-
fondes et durables, li. Houx et Hodet ont observé que le Bacillus coli, ayant vécu quelque
temps dans les milieux ariitlciels, sous des influences plus ou moins altérantes, ne peut,
quoi qu'on fasse, reprendre sa forme primitive de bâtonnets réguliers^ et se présente eu
étémenla très divers. Ceilain sont lilamenteur, îte colorent mal et sont très mobile?,
tandis que d'autres sont courts et épab, prennent bien la couleur et ne se meuvent que
peu.
On peut mt^me aller plus loin, et douter de la séparation absolue entre le B, coït et
le B. ii'EBFJiTH. HiiLjuu.xEN».",» et Doyo.n ont en elfet nionlrr, qu'an point de vue cbimiqoe
le Br toli et le bacille d'EBEiiTs possédaient des propriétés dénitrifiantes de même deyré
et de m^me nature. Ils dégagent tous deux Tazote des nitrates; dans des conditions
identiques, le volume gazeux déjttagé est le même, l>'après G. Roui et Roiiet, le bacille
d'EBEBTU ne serait qu'une rnodilli ation naturelle do Baciihis coH: eu elTet, il est quel*
qnefois très difficile, mfîme pour un tril exercé, de distinguer entre elles deux cultures
de ces deux bacilles. La seule diîîérence que Ton reconnaisse maintenant entre eux est
lejnonilire des cils vibratits, qui serait plus ronsidéjable dans le bacille d'EBenTB; mai5,c4«
nombre n'étant pas coiistant, peut-être celle différence disparalt-elle môme dans cer-
taines condilions.
Nous retrouvons des variations analogues dans le Badllus septicus gangrenas et le
BacUkt& (mlhmch. Dans le tissu cellulaire sous-culané ou dans les muscles eux-mêmes,
on peut observer le Hacitlim sppiicus tjnmjrenx sous forme de bi\tonnets courts et gros.
tandis que dans le sang et dans les meinbran*^s séreuses il a la forme de filameoU
courbés de diverses maiii^^res. Il alfectera encore la première forme dans les bouillons
de culture ordinaire, tandis ({ue, dans des milieux spécialeujent préparés pour la fer-
meratation butyrique, il se présentera sous forme de filaments.
Le Bncitins ftnihraeh, selon qu'il est cultivé dans un orgîinisme animal ou dans uo
milieu inanimé, affecte des formes très différentea. Un animal atteint du charbon pré-
sente dans son sang des bâtonnets réguliers égaux, dépourvus de spores, se mullipUant
par scissiparité. C'est le B. nnthracis d'un milieu organisé. Si l'on cultive ce bacille dan^
un bouillon inerte, il prend la forme de lilaments très longs, enchevêtrés, à rînlérirur
desqi»els on peut souvent trouver des spores. Celles-ci sont d'autant plus nombreuses
que le ïuilieu est moins favorable au développement du bacille. CHinsTii.4s a montré que,
dans un bouillon contenant du jaune d'onifet de l'albumine d'œuf, le bacille otfre peu
ou pas de spores; E, Roux a établi le même fait pour un bouillon additionné de per-
manganate de potasse ou do phénoL Da«is un milieu pauvre ou délétère le microbe
alTecte des formes différentes selon la température. Mais ces transformations ne sont
pour ainsi dire que superficielles; car elles proviennent exclusivement des conditions
extérieures dans lesquelles est placée la crllule.
On remarque parfois de semblables changements de forme, lors même que les
causes de diversités morphologiques ont complètement disparu.
Si l'on a soumis le BncilitK anihmcis à des conditions dysgénésiques pendant quelque
temps et qu'un la replacé ensuite dans un milieu favorable, le bacilte n'en continue
pas moins à présenter des anomalies morpbologiques de plus en plus profondes. De bâton-
net qu'il était primitivement, il devient tilament, long et mince, s'encbevétrant» g<*
pelotonnant de toutes manières; puis il présente des rendements étranglés de part en
part; le tilament s'incurve, s'épaissit sur certaines de ses parties : son contenu cessf
d'être homogène et d'une couleur régulière, car la chromât ine y est irrégulièrement
distribuée; on trouve aussi, à rintérieur des filamenls, un grand nombre de petits gnin»
très réfringents, qui sont des spores en voie de développement. En général, il y en a
relativement peu qui arrivent à une maturité complète.
Ces profondes modiQcations sont très visibles, particulièrement lorsqu'on a cul tiré
FERMENTS — FERMENTATIONS,
331
te bacille du charbon dans aae atmosphère d*4ir'4!omprime. ver^ iO-43*, el »|u'oii Ta remis
erisiiile dans des conditions normales de d^veloppomenL De rni^ine^ tori$qiie (e bacille a
vieilli dan.* un bouifloii très ricln% il présente di^alleratiouj^ encore plus pKifondea dans
sa formi!* Il pent île cette manière constiluer des arlicles courts et /çros. presque des
^raiaa arrondis. Ceux-ci sont entremêlée à des articles modîHés de telle sorte que le
bacille est méconnaissable» Wasser/dg assure que le bacille du charbon, s'il a traversé
plusieurs lois des liquides acides, perd la fa<uillé d'allongement et ne se présente plus
qu'en formes arrondies et courtes.
On peut encore* en le soumettante une te m pi*' rature de 43*> environ, supprimer com^
platement chez lui la sporulation, Phisau^^ obtient ce résultat en cultivant successive-
ment le microbe dans des cultures de 43 i\ io** et en le mettant en pr/*seace d^oxygène
comprimé. Le bacdle pullule alors en une série de |ut*nérations asporo^jènes qui se repro-
duisent par simple scission. Au contraire (Rooet el Paris!, dans un bouillon très
pauvre, la fonction sporoiyène du Barillus anthracix est éminemment dé¥elopp<5e.
Les chanjEjeraents de milieu, ies influences extôrteures les plus diverses, créent donc,
sinon des espt^ces, du raoïn?? des races nouvelles, el tous les ferment*^ organisés sont sou-
mis à cette Tariabilité, à cette inconstance de la torme.
WivoGnADsnY est parvenu h cultiver le ferment nilreux sous la double forme de
monade et de zooglée; dans cette seconde race, le pouvoir ferment est très ioférieur au
premier,
GtnoxARDetCHAnHrx ont irussi à cultiver le microbe du pus bleu sous un grand nombre
de formes. Tout d'abord, dans un bouillon ordinaire, plutôt favorable, cV.si un bâtonnet
court et gros. Mais, si Ton ajoute uu liquide un antiseptique t«l que du thymol ou de
racide borique, le britonnel s*al longe, el devient un filament llexueux et spirale, ou bien ii
exagère sa forme prinjïtivp, et devient un bAlonnet très court, presque nne boule.
Au point de vue de la fonction cbromogène le nombre de races que l'on a pu obtenir
de ce microbe a »Ué constamment en croissaHt.
GissARD a obtenu les races suivantes de bacilles pyocyaniques :
!• Une race donnant naissance à de la pyocyanine avec lluorescence;
2*^ Une race donnant de ta pyocyanine, sans fluorescence, mais accompagnée d'an
pigment verd^tre;
3'* i'ne race donnant la Hiiorescenee seule ;
4"* Enlln, une race ne produi^autni pyocyanine hl tluorescence, mais donnant aaissancn
au pigment verdàtre.
La première correspond à une culture sur bcmillon: la deuxième à un milieu de
culture formé de gélatine et de peptonf*; la troisième à une culture sur albumine d'œuf.
la quatrième, enfin, correspond a uu milieu de culture quelconque addilionnode glucose.
En moilifiant encore les conditions de la culture^ le même auteur a pn obtenir :
!• Une race type à lluorescence et pyocyanine provenant d'un pansement et dont
friTent toutes les autres;
i* Une race Uuorescigène obtenue par action de la chaleur aur \h race type ;
3* Une race Uuorescigène obtenue par passage de la m^me dans le lapin:
4* Une race pyocyanogène obtenue par culture de la race type sur albumine;
S* Une race satis pigmeul obtenue par dégradation sponlan»H^ de la précédente;
6** Une race sans pigment obtenue par action de la chaleur sur la même;
7^ UnA race san.^ pigment obtenue par son passage dans le lapin;
8<* Une race sans pigment obtenue par action de la chaleur sur la race fluorescigètie.
Dans les autres classes de ferments on a observé les mêmes variations de forme, et les
mômes modifications, sous l'ialluence d'un développement progressif ou de conditions de
milieu différentes.
J. Ray a isolé sur de la colle d*amidon un mucor formant un duvet blanc, moyeux»
de i centimètre de haut, moucbeté de gris brun par des t<*tes de spores. Cultivé sur
gélatine, ce Mucor cni$taceas présente un thalle formant des lildmeots tins régulière-
ment raminés en pennes dessinant des arborescences sur la gelée transparente. Sur ce
thalle se dressent les tiges sporangifères à ramifications, en grappes ou en cimes; let
sporanges d*un diamètre de là à 40 [x ont une membraue transparente, au travers de
laquelle on distingue les s^res elliptiques de 6 a 8 [x de long. Cei> spores sont soute*
332
FERMENTS
FERMENTATIONS*
ûues par une columelle ovoiile, moiitiintà mi-hauteur du sporange. Lorsque ie sporaoge
est rnrtr, la membrane externe se décliire suivant une li^ne inclinée â io** environ sur
le pied. Celte plante présente des idcrusLaiion» de cristaux iroxaiate de chaui, en
extrême abondance, sur la membrane du sporange. Le mucor de Hay peut aussi se repro-
duire pai' spores, et les filaments du tballe et les filaments sporangifères présentent dei
clilamydospores : ce mode d« reproduction est de lieaucoop celui qui domine quand ie
champignon se développe en présence de glucose ou de lévulose. Le mucor, enfiii, peut
présenter, h l'abri de Tair, une segmenlation pressa e totale de la plante eo articles
arrondis, destinés à »e sépJirer les uns des autres.
Ray Lankaster a observé chez les ClathroctjsttR roseo-fïerHkina des variations de
forme, au ttombre de quaire, dans les dilTérents stades de son développement.
Non seulement on recaonaît que certains microbes voisins ne sont que des variélés
d'une même origine, mais on fait des rapprocbements entre des espèces de noms dis-
tincts; par exemple, !e Strcptococcus erynipciatis, le Slrepiococcunijyijogenes, et le Strep-
lococcm Aepticm puerperalis ne forment plus, pour la plupart des bactériologistes, quuue
seule espèce.
On a rapproché de même les bacilles de ta liilierculose humaine et de la laherculosc
aviaire. J. Nh:oLAs a réussi à transfornn*r des bacilles de tuberculose humaine en bacilles
de la forme avîaire.
D'ailleurs nous ne pouvons insister davantage sûr ces faits, qui sont du ressort de la
bactériologie plul6t que de la physiologie p-énérale. Il nous suflll d'avoir établi que les
conditions exlérieures (température, oxygène, alimentation), peuvent déterminer de?*
transformations durables dans les organismes inférieurs et par conséquent dans les
fermentations qu'ilî^ provoquent.
Produits sécrétés par lea ferments organisé». — La composition d'an niilîeu
dans lequel se développe un élre organisé ♦^sl, par le fail m^rae du développement de cet
ôlre-ferment, profondément modiliée. Un cerliiin nombre de stibstances sont produites,
provenant de la décomposition ou de la transformation des alimenta renfermés dans
ïe milieu de culture.
Les ferments organisés sécr^-tent tout d'abord des di.istases pouvant iigir sur les
substances eu présence desquelles ils se trouveoL Ces ferments sont le plus souvent des
ferments hydratants, produisant des dédoublements de molécules t^omplexes. Il en est
un, peut-être, qui produit même de la lumière {lucifcrase de R. Dcaoïs),
Il se dégage des gaz, de Tacide carbonique, de Thydrogène, quelquefois de Thydro-
gène sulfuré, de Tazote, etc.
Les produits de dédoublement tes plus importants sont surtout les acides et les
alcools. Les acides gras, que Ton trouve surtout dans les milieni qui renferment des
hydrates de carbone, sont l'acide acétique, Facide lactique, l'acide butyrique, etc.
Les ferments organisés produisent aussi, en dédoul)lant les sucres, des alcools très
variés, dont le plus important est l'alcool èlbyli<jue ordinaire» Mais il y a aussi formation
dans un ;;rand nombre de cultures de petites quantités de phénol, de scatoL d'indol, etc.
D'autres produits de sécrétion importants sont ïes toxines et les plomaînes, que Ton
rencontre dans presque tous les milieux de fermentation.
Les phénomènes toxiques observés dans les lièvres putrides, la septicémie, le typhus,
avaient été attribués autrefois à la production du sulfhydrale d'ammoniaque au niveau
des plaies (Bo?*net), à des cyanures (Dumas), à des ferments (D'Aftcgr), à des alcaloïdes,
Panuh, en 1855, montra que les produils to.viques de la septicémie sont solubles dans
Teau et dans Talcool, qu'ils ne sont pas détruits par fa chaleur, qu'ils ne sont pas volatils.
Ils sont donc des substances chimiques: ce ne sont pas des virus. BenoMANNet Schuiedeebiig
retirent de la levure ptitréOée une substance soluble, cristallisée, azotée, toxique, la
sepsine.
DWtres auteurs 'confirment l'existence dans la septicémie d'un poison putride de
nature chimique. ZoELZfîa extrait un principe azoté vénéneux de la chair en putréfaction.
Selmi annonça qu'il se produit durant la putréfaction de véritables alcaloïdes organiques
toxiques, analogues aux alcaloïdes végétaux. A. Gaittikr prouva que la fibrine ou l'alba-
mine d'œuf donnent en se putréfiant de^ alcaloïdes fiites et volatils k sels cristallisables.
A. GACTiEa et Étard isolèrent et classèrent un certain nombre de ces produits, que l'on
W FERMENTS — FER MENTATIONS. H:i3
désire soas le nom général de ptomaïnes. Brieger surtout a poursuivi WAud^t de c6§
corps.
Les plomaîoes sont donc des alcaloïdes qui se produisent en delior^ de Targanisine,
grâce au dédoubleutn iil des matières albuiiûfiûïdeâ, animales ou végéLaleâ« àous Taction
de ferments baf^tértens. Ë]le.s résultent pres4|ue toujours d'une fermentation anaèrobie
(Voir Ptomainoi).
A côté de ces ptoniames variées viennent se placer un certain nombre de bases que
Ton a pu isoler dans les urines de certains malades, Vf^czémine ûe Tecsiéma (GnnTiTBs). U
ruinfoline de ïa rougeole (iiRiKFiTHs), des ptomaïnes eitrailes par le mémo auteur des
urines de malades alleinls de la scarlatine, la grippe, la piieumanie^ U coqueluche, etc.,
la typhotoxiue extraite par Brieger des urines des typbiques.
Enfin, les microbes sécrètent un certain nombre de produits qui exercent sur réconomie
desdésordres plus ou moins graves. Toussaint, en 1878, rI CHAUVKAu,en 1879. avaient nette-
ment indiqué l'action nuisible des produits bactériens. Mais l'expérience vraiment
démonstrative est due à Pastklr» qui, en 1H80, provoqua des symptômes morbides par
rinjeclîon d'un extrait de culture du clioléra des poules, dépourvue des germes vivants
ou morts« et ne contenant que les produits solubles de sécrétion. Cuaarin montra
plus tard (1887) que rinjeclion à un lapin dc' cultures stértlis^es du bacille pyocyanique
détermine l'apparition de tous les Iroubies que produit ce virus vivant. Cmantsuessu
ot WiDAL démontrèrent le m^nie lait pour le bacille lypbique; el Boux ^t Ykïisin pour
le bacille dipblérique.
l-a nature de ses produits est probablement très conipleie et variable. Hanmn a i:5olé
une albumose toxique dans les cultures cbarbonneuses. BnïKtiKR et FHiKVkKL, Svdvrt
Maktïn considèrent que ces substances toxiques sont des albuminoïdes plutôt' que des
plomaines. Dzibrzgowsky» uk Rkkowshy admettent leur nature! aîcaloidique; Borx et
YeRâiH voient des diaslases dans tes toxines de la diphtérie; Syonkv Mabti.x a Irouvé dans
les toxines de ïa diphtérie une diastase digérant les protéides, en faisant de ralbujuine,
WF.^sliRooh, en cultivani le vibrion du choléra dans des milieux complfrlement prives
d*albumine, a montré que les toxines de ce microbe ne donnaient aucune des réactions
qui permettraient de les classer parmi les albumoses, les peptones, les gtobulines ou les
alcaloïdes.
A, Gautier rapproche la tuberculine de Koca des nucléines, des diaslases pancréa-
tiques et salivaires, du venin des serpents, et il admet que certaines toxines sont de
nature atbuniinoide ou nucléo-albuminoide, que d'autres, toul en étant de.s corps
protéiques, se rapprochent des alcaloïdes (toxine du télanos de Sydxï-iv Mahtkv'; d*autres
enfin sont des corps que Tou doit classer à côté des produits de ï'hydrulyse de.*^ matières
atbumiuoîdes i(oxinc du gonocoque).
La virulence d*un bacille pathogène peut varier avec la nature du bouillon sur lequel
ou le cultive. La toxicilo des produits sécrétés par lui diminuerait avec la complexité
des matières albuminoïdes qui lui serviraient d'aliment. Elle disparaîtrait en présence
d'une al inien talion hydrocarbonée t^xclusive (')*
CiiARHix et Oiss\RT ont ainsi délerminé la toxicité comparée des difTêrents bouillons
de culture du bacille pyocyanogène.
Pour tuer i kilo de lapiïi il faut :
CuUurc avec pcptone 45
— — asparaginc 60
— — yflucose ,,,-,... 100
Les conditions de milieu iuQuencent donc beaucoup la produclion des toxines par
tes microbes pathogènes.
G. Roux et YosiN, en variant l'atmosphère galeuse autour du bacille dipbtérique,
ont pu régler la fabrication du poison. CjUiNOCHEr arrive au même résultat en variant la
com|iosition chimique du milieu. Vaillard et Vincent ont ubservé que le bacille téta-
nique est moins toxique quand on le cultive sur du maltose ou du glucose.
Roux et Versin. qui ont spécialement étudié le bacille diphtérique, ont remarqué que
sa virulence, qui provient exclusivement de sa fonction toxinogéne, diminue considé-
rablement si on le laisse vieillir, ou bien si on le soumet à une températuie de 39^ Mais
"^▼W^
33 i
FERMENTS — FERMENTATIONS.
celle inodiQcatioii de Ja l'onction ii est pas héréditaire» car des indivitlcis venant de cent
que Von a expérimentés et cultiv(''3 sur un linn bouillon nnlritif ne tardenl pa? h
reprendre entièrement leur foucUon toxinogène. Cependant Rorx et Ykrsix onl pu
rendre héréditaire ralLiihlissenieiil de la l'oncUon en soumettant le microbe u la
dessiccatiûiî ou bien à I'ik tjon combioée de la chaleur et de Tair eo abondance. Môme,
dans la bourbe el le pharynx de malades diphtériques» le baciUe possède des pouvoirs
toxiques dilTérenls, e'e&t*à-dire que la fonction toxinogéne est à tous les degrés, jusqu'à
celui de la privation contpIèLe de eetlc fonction,
buFi'L&R a décrit un bacille, qui se trouve dans la bouche de personnes saines, et
qu'il rnimine hacllk pscudù'âipUiéti'ine^ font A fait analogue au précédeol, sauf qu'il est
dépourvu de toxicité; et Tidée est venue tnul naturellement à Houx et Yer^ïx de sup-
poser que ce ne sf^raii peiit-«*tnf qu'une simple variation «lu bacille diphtérique propre-
ment dit. MalheureusenierU ils u*onl pas encore réussi à faire acquérir au bacille
inoflensif une foncUon toxino^éue.
SeLANDKft a étudié le nncrobe du bog-choléra ou peste porcine. Ce bacille, lorsqu'il
vient d'un or^^anisuie animal, présente une virulence maximum, qui décroît progn^s*
vivement daiïs les cultures faites m vitro. Lorsqu'on Ta cultivé longti^mps ainsi, latoxi-
eité est presque nalle.
Les toxines présentent deux [uopriétés coninnjnes, an infiins quant aux produite
sécrétés par tes miciobes pati»o;:énes : I'' La propriété pyojçéne, c'est-à-dire la destraction
des globules blancs; 2** La propriété pyréfo^éne» c'est-à-dire la production de fièvre.
BuruNER a moiitré la sécrétion de «substances pyogénes pour le bacille d'EBERTii, le
ferment lactique, le Hiwitlu> ^nttiin^ le SUiphyhcoccus pyogenei aurem, le bacille
rouge de la pomme de terre, le fîrt^rVOi.* pifocynncui^ etc.
l.es substances pyréto^ênes fuient trouvées ou indiquées par Pawcm, Ghaltteau,
BriEueis Chvïibin', IIcffer, Horssv. h'après BoGr.u, le seul effet qui semblerait appartenir À
tous ces produits microbiens serait k ralentissement de'v battements cardiaques.
D'ailleurs chaque microbe produit des substances ayant des effels difTérenls.
Les produits sécrétés par le Hmitlits r.oli rommitnijt sont des toxines (KoGen) déter-
minant un empoisontiemen dans b-quel on \*t^\\i dislin^^'Utr trois périodes :
f* l'ne période de parésie initiale (immobilité), « durée variable suivant la dose;
2^ Une période d'tiyperexcitabilité médullaire n'apparaissant pas* ou apparaissant à
uo moment plus ou moins liirdif suivant Tintensité de Tinjection : secousses convolsives
inégales, irré^mliéres, continuelles i7 à 12 par minute) ;
3<» tne pcrio*de de paralysie lerminale suivie de mort survenant si la dose injectée est
suffisante.
Le puison sécrété par le bacille du côlon a^^it sur la. moelle, et accessoirement sur les
muselés striés et le co*ur iBotiEu'*
Parmi le? sidistances loiiijiies contenues dans les nulieux de culture du ïiticillun sep-
ticm putriiin.^ de. Roc.br, un certain nombr*^ sont précipitées par l'alcooL Hedissoules dans
Peau, et injericesalorsà une grenouille, elles déterminent des iccideutscardiaijues remar-
quables. Elles produisent un ralentissement notable des battements du cœur avec aug-
mentation de la durée des systoles. Les b.ittements deviennenf de plus en plus espacés,
séparés parfois par des diastoles d'une demi à une minute j les systoles sont très
énergiques : ïe cirur s'arréje, Pendant toute la durée de rerafinisomienient le ccpur est
insensible aux excitations qui lui viennent du pneumo<;aslrique, aussi bien qu*aux
courants faradiques airissant directement sur la Obre cardiaque.
On connaît les toxines du charbon (Hankin), la tubercutine de KocH, les toxines de ta
diphtérie iVivx et Yer^in , les toxines du tétanos de Bhîeger : tétanine, tétimotoiine,
spermotoxinc et toxalbumine, la malléiue de la morve de Nocvhd» les toxines du bacille
•FEaKHra, les toxines du choléra, du bacille pyocyanique, du streptocoque, de la septicémie,
ilu pneumobacille, etc, (Voir Tozines'i.
Chacune d'elles exerce sur Tor^'aniâme une réaction dilfériMite, On a cherché k
dédoubler les dilïérents produits sécrétés et à attribuer à chacune d'elles l'action spéciale
qui lui revient. C*est ainsi que le staphylocoque pyoj^éne fabriqu»^ dans ses cultures des
substances t4)xiqut;s multiples amenant rapidement la mort. Précipités par Falcool, les
bouillons donnant deux sortes de produits : un précipité solubïe dans Teau et une dissQ-
FERMENTS — FERMENTATIONS.
334i
.«•urs eiTels sont anlagooisles surtout dariîi leur action sur le système uei vemi.
Le produit injfcti^ en total itf\ «lU le firécifiilé aU'o(>li(|iie, redi^sous du,ris IVau, détermiue
cbf2 les animaux une véritable uéplirile parencfijmateuse,. néptirite tniique (Hûurt et
CociuiuîiTj.
A côté des toxines enJin» nous devons placer les vaccins, les antitoxines, les înimuni-
sinei;qup|'ïueS'iineî»d«* cessnhUincesexiïiîanidans les produits de sécrétion des microbes.
(Voir Immunité, Phagocytose, Sérothérapie, Vaccin).
Production de pivm#iit8. — Vt\ gran*l nombre de microrganîsmes décrètent des
uiatitMe^ cûb>rjjiit»^s, et apparaisiferil nuancns de couleurs très variées, soit eu totalité, soit
seulement dan* leun* spores. Il peut niAnie y avoir plusieurs pigments sécrétés (<ii?.>sARi>).
On connaît ^innl le harille du pu-s bleu avec une matière colorante hkiic et «me matière
tiuoresceiill!, le baL-ille du lail Ideu, le Bantltt» chhroraphù vert, d'autres bacilles de
i'iou, v«Tts, et dont la coloration cs\ probablement due h la présence de chlorophylle
(Vah TiKiiOBHi; le Hifrorocrm prodiuiftsus est rouiçe et sécrète un pigment rouge; il en est
de mArae d*un fiÇrand nombre de l*actéries, des Begjçfiotoa par exemple. Plu«;gi a indiqué
Texistence d'un Mîcrocncca.^ roscus. On couuatt des bacilles violeb, etc.
irautres sont si^lpleul^'nl coluré^ dafis leurs spores, teU sont VAsperQtUtt^ niger dont
le* spores sont noires^ WXspt'rijiUuii fumi()ains, etc.
Ka nature de ce-^ pif^nicntse^t en {'■énéral f»eu connue. Deut cependant ont ri& obtenus
bien criHlallisès; la pyocynnine et le pignienl vert sécrété par le fiaciUm chlororaphia.
La pyocyanine a été découverte eji 1SH9 par Fobdos datis le pus bleu. Elle est soluble
dans le chloroforme; et ^y dissout lorsqu'on agite une culture ou un |)eu de pus bleu
avec ce dissolvant et un peu d'eau amuïoniacale, pour obtenir un liquide qui laisse dépo-
ser par évaporation des cristaux piismalif^ues bleus.
La pyocyanrne aurait pour formule C»*ll'^%/0-, ce qui sembleniit en Taire un di rivé
de rautbracène. C'est une base faible donnant avec l'acide cblorbydrique un chlorhy-
drate rouge cristallisé, rnsoluble dans le chloroforme. Son cblorojïïatinate forme des
i/AÎguillcs jaune d*or.
A côté de la pyoeyaiiine on trouve dans les mêmes cultures un pigment jaune, la
pyoxanthine, que Ton obtient eu traitant le pus bleu par l'eau acidulée et le chloroforme»
ile pignienl encore bien cristallisé a été beaucoup moins étudié; il semble se rapprocher
des bases alcalotdiques toxiques sécrétées par les micrithes.
Le Biiciilan chlonv'nphix de t"»nr,N^R[» et Salvagkali produit une substance d^un beau
vert émeraudep cnstalli*aul dans les cultures en tines ai^u^uîlles le plus souvent groupées.
Elles sont insolubles dans l'eau bouillanle, dans les dissolvants neutres, solubles dans
ralcool absolu bouillant.
La sécrétion de matières colorantes dépend beaucoup du milieu dans lequel se trouve
le ferment. Le Bkl. en faisant pousser le Feniciltium' glane mn sur le méthylpropylcar-
binol de synthèse, dans le but de le dédoubler en ses isomères actifs, a obtenu une
inodirication rose de ce ferment.
(i^LipPt: a étudié un micror^anisme rencontré dans certains végétaux, et pouvant d^ve*
lopper, suivant les milieux de culture où il se trouve, des coluralions roses, dicbroîques
on opalescentes. Sur bouillon {^élatinisè et neutre, il donne une coloration rose pAle et
fugace; mais la culture change bieulé>ten devenant blaurhe opaline. Sur bouillon gélali-
nise et neutralisé, il devient dicbrolque jaune etverl; sur bouillon deluurailïons, il devient
et reste rose.
Les spores de VAspcnjiUu'i fritttvjittH!* ont une couleur variable suivant les milieux de
culture employés ((inAwirz, Koca, LicHTur.fU, Riîxor<!. Verdatres sur milieux acides (pommes
de terre, moût de bière, pain humide^ niallose de SABnuRACU, jus de ^Toseilles, moût de
raisin blanc, urine stérilisée aride) eu milieux alcalins ou neutres les spores sont noi-
t^lres ou noir de lamée, d'où vient leur nom (bouillon, gélose ordinaire, unne alcaline,
IjWose neutre peptonisêe h .> p. lof^, milieu très favorable).
Le B*tcitlm pi/of;tpmffUi petit dans certaines conditions donner des cultures incolores.
Cfi.%iiRiN et RofîER ont obtenu cette variété en cultivant le microbe dans de l'air raréfié
ou dans de Toxy^ène pur, Wasserzo^î, pour arriver au même résultat, ajoute au bouillon
un acido ou un antiseptique. IJft grand ^nombre de substances minérales et organiques
empochent ainsi la production de la pyocyantne : tels sont les sels de zinc, les lactate,
836
FERMENTS ^ FERMENTATIONS.
tartrate, phospliale, azotalc et rliloraU- de potasse, le laclate de cUausc, le sel mano,
l'alcool, la glycérine^ les sucres, corniue glucose^ satcliarose, lactose. Le labteau suîvaol
résume Tactioa de quelques-unes de ces substances sur le bacille i
DÛ8ES P. 100
DOhUh p. 100
emp^ehAtit
eœpAchant
la form&tion
le dévt^loppoinenT
de la pyocvanJDc.
du liauiîlc pytH-y^no^Q^
Chïov'Aie de potasic. . .
8 à Û
Axoiate de pousse, . .
^i à 5,5
C à 6.5
Chlorure âe sodium. , .
5
6,r, À 7
Alcool . .
3,5
Sucre interverti
tpS
12
Borax
0,520
Tftrlralc d'aiiimoniaque.
n»50
10 à tl
Aciile borique,, .
n,i5
T
PhênoL .....
D,OiJ
«,4
Thvmol. .
0,05
Sublinit^
0,0083
0,11
Le même auteur protend d*ailleurs qu'tl su OU de faire vieillir une culture de McUlm
pi/ocyaneuH pour voir la propriété cliromo^eiie s'aflaiblir graduellement, et uiéine
s'éteindre. Celle faculté man([ue pi-ndant ijuclques générations seulement, puis dit
reprend.
(iEssAHQ a découvert que ce bacille est susceptible de produire deux matières colo-
rantes : Tune bleue, fautre jverle. Une simple différence dalimentatioii peut faire
Tarier la [coloration de la culture. Lorsque \a bouillon coulient de ralbumine comme
matière azotée, on olïtient une coloration verte; si Falbuniine est remplacée par de U
peplone, la coloration e.st bleue; enfin, ou obtient une teinte inlernïédiaire avec le bouil-
lon de viande ordinaire, tiKssvMU a pu obtenir des races produisant uniquement an
pignieiil bleu; d'autres uniquement du pigtuf^nt vert; d'autres, enlin^ qui restaient
incùlure&en lontes conditions. D-aitkurs, PutsALix et Cuarjiin obtiennent une suppression
durable de la fonction cbromogene du iivicrobe, en le soumettant pendant uo certtu)
temps à une température dysgénésique.
L*abolilion de la fonction chro.'nofîène a encore été obtenue par Schotteucs sut b
Hacitim pt^odigiosHii, par Hodkt et Cqubmont sur le SttJphyhcoccm aureus,
La fonction cbromogénedn BariUus jirtidùjiosm e^tlrès variable. Wassekzug Ta culliré
quelque temps sur milieu solide et a pu séparer diverses variétés, inégalement colorées,
et possédant cbacunc un pouvoir cbroniogène fort dilTérent, Chaque variété donne des
cultures dissemblables; par rintonsilé de leur ci>loration.
De même, le bacille du lait bleu peut avec le te^iïps perdre sa coloration. Cerlainfs
races peuvent, d^aprè^ C^ssard, ne perdre leur faculté de production de couleur que
pour un de leurs pigments, vert ou bleu, tandis que d'autres races sont absolameat
incolores. Dans les liquides albumineux, la eullure devient verte; avec des acides,
bleue; elle est d'une teinte intcrniédiaire dans le bouillon, et grise avec le lait neutre.
Bkuh a observé une espace de bacille du lait bleu devenu incolore dans des cultures
sur gélatine et gélose, et qui était incapable de reprendre sa fonction cbroniogène même
par culture sur du lait après passages sur d'autres milieux (pomme de terre). Heiï «
décrit aussi une race de bacille du lait bleu ne donnant plus de matière colorante. Le S/o-
phyhcoccm pymjenca anreiu donne, à Tétat ordinaire, des cultures d'une teinte orangée
bien déterminée. Lorsqu'on le lais^:^ vieillir, ou qu'on le prive d'un milieu animal, peu
â peu sa fonction chromo^éne s'alfaiblit, et peut même disparaître. Gaillard a cultivé le
SfaphfjlococcHs aareiis dans l'obscurilé; la culture était incolore. DoDer et Couhmont sou-
tiennent qu'il n*est qu'une variation dii Staphtjlococcus albiiSf qui n*en dilfère que par
l'absence durable de pigmt^nL Ils se fondent sur rexamen de pus contenant des Staph^*
lùcoccus aureus mêlés à des Sifiph*jhcoccus albws^ et môme à des êtres lutermédiaires comoK!
forme et comme pouvoir cbromogène.
Fa.ENiKËL a produit des cultures incolores de BaciUus indicus, en présence d'acide
carbonique.
La sécrétion d'une substance lluorescente est peul-étre un peu différente de II
FERMENTS
FERMENTATIONS.
337
i
i iiiuiiiogène. La foûction fluore.^cig^ne, qoi avnit ôiê signalée par FLUGGg pour
dem espèces; le BacUlm fîuorescenji liquefnciem el le liacUtm ftuoresrcns ptUndwi^ a été
relrouré depuis dans un gratid nombre de microrgani^mes. Gcssard Ta particulièrement
étudiée dans le BacUlus pyocyaneus, et en a montré toutes les Tarialians. D'après Lkpierrk^
Ift loncttou Huorescî^Ane ne se manifeste que si les condilions générales du milieu
Bûurricier (alimeiil hydro-carboné ou azoté, température, etc.) sont favorables, et il ii*a
pu retrouver sur un aiicrobe fluorescent, d'origine toxique» Tinfluence des phosphates
que Gc*SARD avait étudiée sur \p bacille du pus bleu.
Action de Talr et de Toxygéne. — Le r5le exercé par Tair et Toxygène est consi-
drral>li?« Il varie suivant chaque espèce microbienne considérée : suivant les cas, il y a
vie aérobie ou TÎe anaérobie. L'oxygène peut donc a^ir comme un toiîque. En outre,
Ptîr agit non seulement sur les microbes, mais aussi sur leurs germes.
*^ Le microbe du choléra des poules, exposé k Tair, perd sa v iruience et sa vitalité. Il
le* garde à Tahri de Toiy^^ne (Pj^stkub).
Le bacille du charbon à 42^-^3°, au contact de Tair, a une virulence considerableme.it
atténuée (Pastsuh, Cbaïderlavo et Holx). CbaufTé à 70** dans les mêmes conditions, il
meurt rapidement.
L'iniluence de Tair peut modifier profondément les propriétés d'un microbe; c'est
ainsi que Toxygène empécbe le bacille pyocyanique de s^'^créler sn malière colorante
(Was-seiuoij).
Quand l'action de Tair est compliquée d'une certaine pression, les pbénoni<*nes *ont
Beaucoup plus aci'entués. L*air comprimé ralentit, arrête ou supprime dcllnilivement les
phénomènes de putréfaction et d'oxydation consécutive, suivant la pression à laquelle
on remploie (P* Bert). A la presî<ion de 23 atmosphères d'air, il y a encore absorption
d*ane faible quantité d'oxygène. A ^^ atmosphères, la viande, au bout d'un moi«i, a con-
servé ses propriétés et n'a absorbé aucune trace d'oxygène; elle est simpli^ment devenue
légèrement acide. A cette pression méme^ si l'on a eu soin de mouiller la cloche, et si
oD laisse »e dégager roxygéne en excès en évitant taule rentrée d'air, les phénomènes
de putréfaction n'apparais«ent pas; les vibrions seraient donc tués. Les leufs, Tunne,
to Tin, ont donné à P. Beht les mêmes résultats.
L'action de l'air comprimé n'est d'ailleurs pas immédiate r ce u*est qu'au bout de quel-
ques heures que roxyg*^iie à haute pression exerce son action toxique sur les moisissures.
Cehte?^, en 1884, avait trouvé que la pression exerce une action retardatrice sur la
fHitréfaotion, et Beg.xard, en 1889, a pu conserver indérmimenl de l'urine, de lalbumiiie
d'cruf, de la viande, sous des pressions de r»0(> almosphères.
L'uxygéne comprimé arrête aussi îa fermentation acétique ; le mycodermedu vinaigre
est même tué dans ces conditions (P* Reut^
Certains corpmcuks reproductcun, ceux du bacille du charbon, par exemple,
résistent plus longtemps à l'action de l'oxygène comprimé que les aulre^i. Mais, au
bout de neuf mois de séjour dans de l'oxygène comprimé à 15 atmosphères^ ils perdent
complètement leur** propriétés virulentes (P. Beht).
CucoiAKow a recherché l'actiou de l'oxygène ^ut un certain nombre de bactéries
aérobies à des pressions variées, et il a observé ainsi qu*il existe toujours uue certaine
pression barométrique, qu'on ne peut dépasser sans nuire au développement des
ferments.
Cette pression est :
Baalius subttUs ,»...,. 3 44 aiuiaaphères d'air.
Asprr/ftttus niger 2,3 ;'i 3 —
Cloâtridium vUcotum . . , . 1 à 2 —
Sacchat'omycei cerevisùp , . . 3 —
htClastridium irUcosum est tué après quatoi-ze Jours de contact avec de l'air sous la
pression de 4 atmosphères.
L*étude des variations de pression de l'oxygène montie donc qu*unc certaine propor-
tion de ce gaz est nécessaire, ou tout au moins favorable au dévetuppemeut des
microrganismes. Au-dessous de cette quantité, il y a arrêt de développement, ou simple-
ment dé-'eloppe nent moindre; lorsque cette proportion est dépassée^ la culture duvieut
plus dinicilc : elle peut être arrêtée.
0ICT. t>8 fOYSlOLÛillE. — TOMK VI. 2i
HSH
FERMENTS — FER M E NT ATÏONS.
A^èrobies et Anaèrobies. — Au pwiïil île vue de Taction de Toiygène et de l'ai
sur les fermefiLs ori>ariisés, nous pouvons réparer nettement les microrganî^mes ei
deux groupes : les uns se développent au coniact de J'oxygèue, absorbent cet oiygt-ntî
lit 5*eu servent pour hrûler les différents aliments et d*^terminer l'ace rois se ment de leui
protopfasme : ce sont les nerohit^^: les autres» au rontraire, se dé?eïoppent en rabseni
complète ou presque complète d*oxygène, décomposent purement et simplement l
matériaux en présence desquels ils se trouvent, et celte décomposition atteint uoequon-
lilé énorme de produits, taudis que le développement du forment est très faible : ce sont
les auaérobies.
Pastei:r, en i86l,monlre, le premier, «ju'il existe des êtres qui vivent en l'abseuci
absolue d'oxygène libre. Il constate que le vibrion butyrique jouit de la propriété desft
<l<îvelopper sans air et de posséder te pouvoir ferment. Kxpénmentant ensuite sur lij
levure de bière, il constate que celle-ci a deux manières de vivre esseatiellement di**
tinctes, La levure de bière, en absorbant du ;j;ai5 oxygène, se développe avec une remar-
quable activité. La vie est singulièrement axaltée; mais le caractère ferment a disparu^
C'est un organisme inférieur jouissant de loutes les propriéti5s des organismes vivants.
Dans de l'eau sucrée, U Tabri de Tair, la levure de bière, au contraire, provoque une
active rermenlatiou. Son d<^veloppement est alors très lent.
De plus, la première manière d'être est celle qui met la levure dans les meilleures
couditums pour pouvoir ensuite, eu l'absence d'oxygène, développer une fermentation
La levure venant de se développer au contact de Tair jouit, en etFet, d*un pouvoir ferment
extrêmement intense lorsqu'elle se trouve ensuite transportée dans un milieu sucré privé^
d'air.
Donc, d*après Pasteur, «i à ci^té des êtres connus jusqu'à ce jour, et qui, sans excep-
tion» ne peuvent respirer et se nourrir quVu assimilant du gaz oxygène libre^ il y aurait
nue classe d'êtres dont la respiration serait assez active pour qu'ils puissent vivre bon
de rinilueuce de l'air en s'emparanl de Toxygène de certaines combinaisons, d'où résul-
terait pour celles-ci une décom position lente et progressive »>.
Les ferments pourraient doue vivre comme la généralité des êtres vivants, assimilant
à leur manière le carbone, l'a/ole et les phosphates; et ils ont besoin d'oxygène. Mais
ils n*ont pas besoin iÏQXf/tjùnc titre; carits peuvent emprunter ce corps k des combi-
naisons chimiques.
Fermentation et putréfaction sont donc, d'après Pastecb, corrélatives d'une vie sans
oxygène,
BaEFËLD a prétendu que la levure, en l'absence de toute trace d'oxygène libre, ne
pouvait pas se développer. Tkaubk a repris les expériences de Pastkur et montré que,
même dans ce cas, la levure continuait à se développer, à condition, toutefois, qu'elle
n\t déjà en voie de développeuient. Cependant, d'après ce même auteur, la levure peut
déterminer la fermentation du sucre en l'absence de toute trace d'oxygène, mais sao^
se dévelo[iper.
La levuie née d'une ciïlture anaérobie ne se développe pas dans un milieu abso-
lument dépourvu d'oxygène iD» CoctuN),
Perdrix a indiqué la présence d'un bacille anaérobio dan^ les eaux de3 conduites de
Paris; il Ta isolé et lui a donné le nom de bacille amylozyme. Le développement de ce
microbe est arr'îté par le contact de Toxygène de l'air; il pousse, au contraire, très bien
ijur pomme de terre, dans le vide, l'hydrogène, l'azole, etc,
iiBRMiNY, en 1871, soumit à une critique sévère les ditféreuts procédés employés pour
réaliser des milieux rigoureusemetit privés d'oxygène, et il montra que Ton ne possédait
jamais la certitude absolue d'avoit enlevi- les dernières traces d'oxygène.
11 établit que, dans un milieu aussi rigoureusement privé d*air que possible» la putré-
faction commence, mais s'arrête rapidement, d^autaut plus rapidement que l'appareil
renferme moins d'oxygène. On empêche presque complètement cette putréfaction du
début, si Ton a laissé le mélange assez longtemps, un mois environ» à la température de
0^ en présence d'un milieu cjui a absorbé l'oxygène. D'ailleurs il faut que rabsenw
d'oxygène soit absolue.
MuNtv, bieji que l'auteur précédent maintienne ses affirmations, est arrivé h des
conclusions absolument opposées, el il admet que le fait du développement plus rapide
4
«
FERMENTS -^ FERMENTATIONS.
tm
de U paùi&facUûKi et de la riTmealatiou alcooUqae au contact de l'aii* était dû à relirai-
nutîon constante et rapide dos produits f^aseux.
Quelle conclusion en peui-on tifer ? La fermenUtion est- elle liée à Tûr^anisation do
^ 14 levure (PAsrmJa)? ou esrt-elfe un pliénomt^iie eutièreme^it Indépendant de cette ûrf;aiii<
nation iTmcBK) ?
It est imporiaot. eo tout cas, de constater qu'il eûdte 'tout le^ termea du passade
entre la vie at^robie et la vie complètement anaérobie.
Lç PenûiUmm ylaucum peut vivre en présence de faibles quantités d'oxjrjÇène, et
daiiH ce ca*i il produit de Talcool: les quantités d "alcool ainsi obtenues sont d'autant
plu^ considérables que la privation d'oxy;j;ène est plus grande. 11 en est de même pour
[\Up€rgiUm glauLUK qui peut môme résister pendant quelque tempt» à l'absence presque
Complète d*oxj«ène. Il y a production d*al4!oot eu môme teuips que la foraie du végétal
change. Le mycèlHim, aii lieu d être forme de tubes roguliers, se frajçmente en articles
(petites dimeosioos par des rëtrécissemeuts et des élrau;;le(nents vitisins.
Le Muiûr racemums pas^e farilemeiit de la vie aémlûe n la vie anaérobie ; il suffll pour
cela d'agiter le tlacon de culture et dr» plonger le végétal dans Tin té rieur du liquide^ à
la surface duquel il s'ûtJuL développé juâqn\Llor».
U donne aloi^ naissance à une fermentation active» à uu dé^airemeul d'acide carbo*
l^^ue, d*abord aboudaut, puis qui va on ne ralenti<^sauL Li plante clmnj^o d'aspect; les
es mj\;6lienî** allongèi el cylindriques, deviennent ^lobuleut, formés d'articles
courts, presque spbérique*. Kii môme temp^ qii*il y i\ changement de fonction, il y a
chongemtnit de forme; le niicur, en sl* diUeloppanl *.*omme bi levure, tend à prendre
une structure qui le rend ^iimilièrement semblable à celte levuie,
Gayuk a montré que le Mucor circineitoidei se dtnetoppail très bien en vie anaérobie.
On ûun^taterait alor» un ferment particatiijrement énergique toujourà accompagné de
c^tti' modiflcUioti de forniû, de cette sporniation oaraclëris tique de IVtat ferment. Gay on
Il comparé les quautilés d'alcools lurmés dans les m^^mas conditions par la levure djo
bière et par le Mucov circinelhide9 cultivés dans les mêmes milieux*
«trroR
cirGiu«Uoideft,
An ht^ro
Moût de Mrr«. . . .
4J
4,1
Modt de r»ii5in. . . .
4.'
tu
Glucose ordinaire, . .
3.9
5
— du sucre, . ,
3,4
r*
— iniervrrli , . .
3
Lévulo^**- , ,
3,T
ïn la levure elle-niAme se développe en présence d'oxy^cne, SiiHtTZE.NHBBOKa a
montré que la levure de birre fraîch*^ absorbe l'oxygène dissous dans Teau avec une
grande rapiditt*. L*activitt* de ce phénomèue eut la rat'me danb rotfscurité, a la lumière
dttfuse. et à la lumière directe. L'absurptiou »-st proporti<Miuelle au poids de levure
employée.
Dans la vie aérobie, lursque la levure se développe, l'accroissement du poids de
lemre est proportionnel au carré du temps (Duclaux, d'après les expôrieaces de BANâ^^).
Dans la vie anaérobie, au contraire^ U levure se développe très rapidement dans les
premiers moments^ puis il y a ralculiss^-raent et arrêt presque brusque daus l'augmen-
tation du pûidâ de la levure^et la quantité de matière vivante à pailir de ce point ne varie
presque plus.
TwAijUÊ ne pense pas que la levure emprunte Toxygéne au sucre «fuand elle fermente
et qu'elle se comporte comme anaérobie, car le développement s'arrête bien avant
que la majeure partie du sucre ait été décomposée; ce serait alors aux matières albu-
minoïdes que la levure emprunterait Toxy^ène qui lui est nécessaire,
Cn grand nombre de microt>es peuvent vivre ég'alement en vie aérobie et en vie
anaérobie. Tels sont le rouget du porc, le ferment lactique, certains organismes patbo-
gèûes, etc. L'Eurotiopiis getijoni peut vivre eu aérobie comm»' VAspergitlus; il déve-
I lûjppe alors sa végétation avec une certaine rapidité. En vie anaérobie, au contraire,
ÉTec le minimum d'oxygène, il donne de l'alcout et foactiouue comme levure (Labordb)^
La vie auaérobie n'e^t pas l'apanage exclmif des organismes uniceliulaires, puiaqiie
C
Ma
FERMENTS — FERMENTATIONS.
•Niié<MMiéi!t 4«fii lUM »lino>»pliêri «fickle etrtoiiiqa*?* délrabeal J« ^îmeoÊè et doeiifal
LiOlâAtfit «t ftcuuvT oat inotfHré i}oe 4e« fmlU, des nttta» et des feailles, privés |
d^aiyiliii» pn»^ te l'alcool ei dé Kacide e«rbook|iie.
Uiwn* mr^^ ■ \fm |iUut(«« fîfiol dant r*£oi« pr^ttisaient de Talcool^ Uiidis
i|ttif c^lli$« rii|Hiraliv<<f usant «Uni Vmr n'en fou t pas.
La difrt'T ^indêdeftaaaérobie^conti^t^dan îité deculUireroes i
ffafitimtf d«n<i ilt?4 niîtit?ox ri((oureii»eraerit prîvét d*ôxygèQe«
l'AttKt't, iunneiir et CumaEnLAïfD ruliifaienl le vibrion teptiqae dans un IqIi^
V renverté dont tei drux hrancfae» inférietires liaient fermées 4 la lampe. La lige sopé-
riaure «it *ff(Hée ift fermé*' par un tampon de coton. Chacane de^ branches infêneores
pfêêi*nUi utUi\pHii*^ ttihnliire latérale qui se ierniriie par une pointe très efÛlê''. On
d<^t«rmîit<^ par la (iihulan* supérieur'* un vide parliet et on fait f>értétrer aîn^î dans uu«f
de* hriifich'^pL un«* cerUtiri'* rpïiintité de hatntlon ensemencé; dans Tautre branche, du
borillbifi nbniilum«rit •léHIe, Ou fait alor^ un vide au^si parfait que possible au moyen
d'uni* purnpM h nierrtire ou « eau, H on 6lè?e légèrement la température dans leâ deiu
branr'h«fi. *\*^ façon & d<^teniiiiier, a la (r^n bas^e pression où l'on opt;re, une ébulliUoa
riipidi» dtt U(|Uide fjtii clia«^(^ complètement Tatr contenu d<ins Tappareit. 0 faut éviter
i|Ui' dt'H \tnrtM\nn du mili(*n (în5«m**n^!f^ ne passeut dan* l'autre branche. On ferme la
tubuNirr lupi^rieur» a hi Innijif'. On met h T^^tuv**; le Iii|uide ensemencé donne une
cuHure ; le lùpiidi* nnn onnvtwnn* doit rester sliVrile. Pour Tetisem^încer à son tour, il
HuIfM ih* \'mn* paii**!' ipudijut'H ^liullt'?* «le la pr*jrm*'r«^ branche dans la deuxième.
On pf'ul [HovfiiUMr nu*!*i In df*veloppemf*n( des nnri»''robies en préseuce d'un ^az inerte.
Poui cela, ni Ton un iii»rt dit rappur^il l'AsrKuit, Joi iikrt et CuAMBEnLANO, il faut faire rcn-
trartin grand iinuibrr» th foi^ le gai inerte dnni Tappareil, après avoir fait chaque fois un
vidi^ (luiMNj purfiik (jiie po>i!idde.
1,(1 l'ullurn ili»H Mnii'>riibi<** •^nr milieu solide peut 3i faire avec avantai^e de la façon
*u»v<inl»* (H<H!x). Un 1ubi*df* vorni «sse/ lar^e est étirt' de façon à prr»senter à la partie
•iU|n^iieure uîii* dilaldioii, ci>;n(n i U'iiî snrlo d'<*nlofjiiuir lertniaé pir un tube effilt* qut le
ïiiii t'iMiHuuiiMpir'r av('c min iiui|i()uli* lon;^'ue dudiîinièlre du tube îniliat comme TentoQ*
n<ur ^uiM^niuii , (.idl** uuji^Hïule Hf* termine k sou extrémité iuFerieurL> par une pointe
longue el rfHlee. I.m tulu' e?t alor* tlamht^, ni Ton plouge la pi>inle inférieure dans de la
gélatine unlrilivo buuillante et par miUi liquide; on aspire à la partie supérieure et Toa
remplit rtin«i rom/j^*fi»i?ifMf Ta m(inulc; on fermr alor^î le:* deux extrémités à la lampe, et
l'iiu a niiiHi un mUimi purgt' ri ;ur. Ou ouseuienci* ces amp>ub*s par piqi'ires profondes
de la mmm^ npri>* avtiir •'.us-nS uun e^tiV-ruitA du tube; on referme à la lampe après ense-
mencement.
Ouand lu ruiture «loit dAga^or mie certaine quantit*^ de |.taî, il est a%"anlagem de *e
•orvir d'un nimph* lube h es^«i renrermaTit la i»èb>se nutritive. On fait le vide dans Tappa
reil ttpn>« cuMemencemeut, ou on remplace l'air par un iraz inerte*
Un peut au»i«i, |vonr cultiver les anaér^dnes en milieu solide, se servir de la proprï«rtê
que pi^»*entenl certaiuoîi bactéries, b* liaritim snbtiits par exemple, qui absorbent l'oxy-
gène libre avt'c la plus i;ran le avidit»' Jloitx'. On ensemence ainsi une première couche
de g»M«Hne nutritive pnalaMemeut bouillie avec le microbe que Ton veut étudier; on
recouvre celle gêlatin*» d'une coufJie d«»îMos^ liquidée que l'on fart solidifier pir refroi-
dissement. On ve«^e alors ^\Av ce bcmchon de gélose une culture pure de BncUlu* subtUis
daii« du tH>uilK\iK et ou ferme le tube A la lampe. Le B(teitlus subtitU en se développanl
s'empare de la totalité de Toxygéue, et Tanaérobie peut se développer.
I.a cuUiit^ dt% nmérobies sur plaques est asse^ déHeate : Koca les re(M>iiTT« d^otte
plaque de mica ilérililé^. .^ rinslitut Hasteci on emploie le dispositif sai^anl (Hatt\
On prend de.'t tub«a d# terre de 3 centimètres^ de diamètre* longs de 30 cm,, fermés Amie
ettf^inilé, dun M^itels on disp^ise une petite quantité de gélatine oulritÎTe. Oa étire
«lors U ff^TÎkê supérieure du tube, ou fond la gélatine et on cou he le tube : oa a ftiasi
«Ht kmfM |il«<|iie solide i^ar rtlMdiseemeiil; oa stérilisa» <mi ensemence» el on ftil It
«idedaiMir«|iptreiL
Àetloii éaa ac«4ita elilmi^aes ^ La pt^êseace d'an giand aamlire de pcodvilt
FERMENTS
FERMENTATIONS*
341
.loit au développement, soit à la vie |mème^des ferments organisés. Même ceux
qui Uur «nul indispensables, même les aliments, deviennent toxiques quand ils se
Iruuient eu trop grande quantité-
Celte action varie beaucoup suivant Tetat du microbe, suivant son âge, suivant la
U température à laquelle on agit. Les corps qui exercent une action particuîièiemenl
nocive portent alors le nom d*antis€ptique$ (Voii ânUseptiquei, i, 5d2).
Paiîl Bicar avait étudié faction du phénol sur le bacille charbonneux; puis Da vains a
rectiercbé Taction des antiseptiques sur le virus septique, en prenant le lapin comm?
réactif de la virulence du microbe. D'après ces premières recherches sur les anlisepliques,
le phénol à 1 p. 100 détruit ïe virus septicémique; à 1 p, 200, après une demi -heure de
contact, il ne le détruit pas. Le silicate de soude a une action du ra(^nie ordre, L*acîde sulfu-
rique à 1/500*^ est un antiseptique identique aux précédents. L'acide chromique serait
|»lus énergique, puisqu^il sufill de \ /IMMJii'" pour détruire Taction septicéinique après trente
à quarante minutes de contant. Le permanganate de potasse en proportion beaucoup plus
faible détruit le virus septique. L'iode agit à des doses iriférieures à 1/lû 000* (Davaïwe).
Jalax de la Caoïi a recherché le premier la valeur des antiseptiques en comparant
l'action des quantités variables de chacun d'eux, et en comparant de même les cultures
obtenues avec civiles provenant de bouillon identique sans antiseptique. Jala?( dk la Caotx
opérait d'abord sur la totalité des germes de Tair en laissant ses ballons exposés à l'air
libre pendant un certain temps. Il s'est servi ensuite de quelques pspt^ces isolées et détînies,
DucLMix a défini la valeur de l'anti^^eptique en indiquant tous les points qu'il fallait
observer : dose active, espèce microbienne, qualité de In semence et sa nature, milieu
de culture, alcalinité ou acidité du milieu, température, durée de Texpérience.
BucBHOLTZ a nïonlré que les différences^ d'origine des microbes les rendaient plus ou
moins résisLints aux antiseptiques.
Oa a pensé Irouvei un caractère différentiel entre le» différentes espèces de microbes
dans la quantité de produit antiseptique qu'ils peuvent absorber sans en souffrir, de
même que dans les litiutes de tejupérature entre lesquelles ils peuvent vivre.
Or un microbe qui a été cultivé en uu milieu peu favorable est moins endurant à
Taclion des antiseptiques qu'un microbe qui a été cultivé en bouillon nutritif ftivorable,
ou mieux, qui vient d'un organisme aniniaL
.\insi KossiAROFP a étudié Taclinn du borax, de l'acide borique et du sublimé sur le
Tyrothrix (ettwis,surle Baeiibts Étti/ttlta et sur le Enriitas anthracL'^, et il a montré que les
ganisines inférieurs, auumis k faction d'un antiseptique à doses croissantes, peuvent
re avec des proportions loxiqufîs pour un microbe non acclimaté; cette accommoda-
tion varie naturellement avec chaque [microbe.
Les doses arrêtant le développement, dans les conditions où s'était mis KossiAKorr,
sont résumées dans le tableau suivant :
[
Eactéridie charbon ne uïe
Ttjrothi'i.r scabér. . . .
Bacilius subtilis. . , ,
Ttfrothrix trnttiî. . . . .
fumkx.
HAcrtxe»
aoûts.
1 :25Û
1 :Bi
l:9t
1:62
BACILLES
aceUmAtéa.
l : 1 43
1:66
1:55
1:48
ACÎDK HuRÏQUE.
neufi.
1 : mi
1 :125
l illl
1:111
aoe^limAtés,
1 :12j
1 : 101»
1:91
1 :91
^lUBLlMfc;,
BJiriLU»
1 : 2êmù
1 : 16000
1:14000
1 : 100^)0
BACtlXES
accltmAlAsH
1 : 1 iOUO
t : 12000
1 : lOOOO
1 : 0000
L'iniluence des antiseptiques peut encore s'exercer en permettant la création de races
nouvelles, ce qui, contrairement ù Thypothèse précédemment admise^ est loin de sim-
plitier la question de la nomenclature.
CBA»B£aLÂNo et Roux en 1883, Lkhïan^ en 1887, Bshrlxg en 1889, RoDX en 1890,
Phisalu en 1893. Suano.VT et âr.noult en 1894, ont jnontré la possibilité de créer artifi-
ciellement des races de Baciitus anthracis asporogèoe, et cela, soit, par addition d'un anti-
septique à ta culture, le bichromate de potasse (Chambbaland et Rot^x), ou l'acide phé-
u^
FERMENTS — FERMENTATIONS.
aique (Hoiji), par exemple; soit par le vieîllissemont (Lebmami), ou ttne certaitie acidité^
(Bhhri?*»i) (HCI), ou une letnpéralure de t2*^ maintenue pendant im mois fPuisiLti;
Au point de vue de l'étude particulière de cha<|ue agent diiniique, il y a lieo di
considérer avec Michel :
t" La dose in fertilisante, c'eat-à-dire la proportion nécessaire pourentrayer el arréler
le dt^veloppement d'un bacille dans un certain milieu;
2" 1-a dose bactéricide, qui, non seulement arr»*^le le développement , mais encoi
amène la mort du microbe et lempôcbe par suite de se reproduire si on le transpoi
dans un milieu favorable.
Aetum de rozorn\ — Ghappuis avait montré déjà Inaction antiseptique de l'ozone sur
les germes eontenuf. dans l'air. D'Ausonval et Charwin ont vu que Tozone arrête le dévt^
loppeiuent du bacille pyooyanique et de VôosiKtm Guiéjnnrdi. Oppermaw a admis (|ue
r*^lcctricité n*agit que par la formation cmisécutive d'ozone» II y a, dans ce cas, d**s*
truction complète des microbes» Avant Opj*KfiMANN, Ohl^iullkr avait stérilisé de Teau
fortement souillée de frermes^ df Teau d*égoût, par exemple, au moyen d*air ozonUé.
Van Ehmf.^juen a essayé aussi la stérilisation par l'ozone sur des eaux très impure*.
Les phiinomèues respiratoires sont donc pour les organismes aérobies du méniç
ordre i|ue pouT le*i organismes supèrieors» l/oxyfçène indispensable û leur vie d^vienl
toïique sous de hautes pressions.
vie/ ton de /Vtfii. -^ Lintluence de Teau est extrêmement difficile à établir nettement,
car ce que Ton est coiiveni* de désigner sous ce nom ne dénigne pas UJi liquide chimi-
quement pur, mais presque toujours des solutions plus ou moins étendues de «^îs
métalliques et de matières or;L^anïquf»s existant dans îa nattire.
L'îiction de IVau pure sur un ferment revient à étudier, soit la plasraolyae etisLmt
entre le protoplasme cellulairo d'une part el la solution plu^s ou moins i^lendue dans
laquelle il vil, d'aulre pari, c'e^^t-à-dire îa solution au poinl âv vue physique; autrement
dit la pins ou moins grande concentration d*un sel, c'est-à-dire la dilution au point Je
vue chimique.
HuKKtNK Vultive des Paramfcittm aureUn et P. hurmria dans une infusion artificielle j
puis il concentre au dixième de son volume une partie de Tinfusion primitive, el, doiis
le liquide ainsi obtenu, il transporte un certain nombre de ParanȎcies. Les microrga-
nismes ne subissent de ce fait qu'une très courte période d'agitation» et continuent i
vivm et à se développer de la m*>me farou que dans le premier cas. La plus ou moin?
grande diïutioti d'un liquide aliin^ntaire ne modifie donc pas le développement d'un
ferment, à la comlition, toutefois, que la proportion d'aliment n'augmente pas jusqu'à
tïevenir- toxique.
Quant à la dilution des substances antiseptiques, elle ne saurait être que Tétude d©
ces antiseptiques et fa limite à laquelle ils sont encore actifs. L'action de Teati n'est
donc que mciraniqoe.
L'action îles eaux naturelles participe donc, d'une part, de rinten'enlioo des sqb*
stances qu'elle lient en dissolution, d'autre part, de rintervention des agents phyisiquJ^s
extérieurs, air, chaleur, ùlei'tricité, etc. Un triiisième l'acteur doit aussi intervenir, c'e^t
rinlluence des espèces microbiennes les unes sur les autres. (Voir plus loto ^4c/ian âci
microbes tes 4ms mr tes autres, p, 370,)
Action dvseaux nattiréle<. — La numération, la détermination des microbes dans tes
eaux naturelles a donné lieu à un nombre considérable de travaux qui ont montré la
présence de germes; les uns, saprophytes, les autres, au contraire, pathogènes; et c'est
précisément la recherche de ces dernières espèces qui a motivé la presque-totalité
des travaux.
Certaines eaux semblent posséder une action toute spéciale sur un certain nombre
de i^ermes. Hatïkin a étudié à ce poinl de vue les eaux du Gan^e et de la Yumoa, les-
quelles, stérilisées par tiltratton sur bougie, ont un pouvoir bactéricide remarquable
sur les *Héinenis du choléra. Ces mêmes eaux, stérilisées à 115° ù Vautoclave, oe
possèdent presque plus cette propriété. 11 en est de même des eaux conservées pendunt
un certain temps au contact <le l*air, Enfin* les eaux de b Yumna et du Gange, chauffée
en vase clos» conservent leur pouvoir bactéricide, tandis qu'elles le perdent lorsqu'elles
sont simplement chaufTé^s ù Tair libre.
i
*
FERMENTS — FERMENTATIONS*
31»
L^ft suhslan<!eâ bactéricides qu'elles renferment sont donc volaLîtes^ oxydable» el eii
très minime quantité,
Qiiel<(ues auteurs (MocBSTexTER, Strauss et Dubahry, etr.j ont recherché la durée de
eonïiervation de certains germe» dans l'eau dîsti1)*''e et dans certaines eaux de consam-
malion; et ils ont montré que celle durée fM?ut élre considérable, puisqu'une levure
n^sisle plus de 247 jours; le bacille du choléra. 392 jours dans Teau de canalisation de
Berlin; le bacille du charbon, 6r* jours dans l'eau de la Vanne; le bacille typhîque, 81 jour?«
dans Teau de TOurcq; le bacille de Koch, plus de 95 jours, etc.
RiEDEtaurait vu, lui aussije bacille virgule persister plus d'un nn dans l'eau d'alimen-
tation de Berlin.
L'eau est donc généralement un milieu de conservation des ferments, milir'u qui,
dens certains cas* particuliers, devient toxique pour certaines espaces, grAce à la présence
des substances qui y sont renfermées.
Action det hahgenc^, — Le chlore sec ne détruit pas les spores d'un grand nombre d*^
tnicrorganismt's {Miuïikl); mais, en présence de Teau, il détruit, au contraire^ tous les
lljemies en vingt-qualre heures à la dose de 4 à 5 grammes par métré cube d*air (MigUKL),
D'après FiscuKR et Pro^iîvijer, le chlore humide a 1/2^00'' détruit les spores du Saçiltus
mUhracUf et à 1/25 (KK)' détruit le streptocoque de Térysipèlé el le bacille du choléra des
foules.
Le chlore h Télat de dis.Holution peut être employé t:omme antiseptique; car il s'op[>ost*
h tout développement de ferments à 1/15 (KM)*' (Jalan de la Croix). Il arrête la putré-
faction A 1/4 000*- (.Miolibl).
D'après Chamberlani», les vapeurs d'acide bypochlorcux détruisent les spores char-
bonneuses et stérilisent le sol en soixante-douze heures. D'après Mujuel, on obtient la sté-
rilisation parfaite de l mMre cube d'air en vin gl-qu aire heures par les vapeurs qui se
dégagent de VAI c. c. d'hypochlorite de soude commercial.
l^es vapeurs de brome humides détruisent tous les germes à la dose de 4 à 5 grammes
par niMre cube d'air (Miqukl), Les bacilles de Kocu sont complèlenieiit détruits dans les
crachats tuberculeux par le brome dans la proportion de i : 3'i(HJ (FascHKa el Prosicauer).
Les vapeurs d'iode sont bactéricides à la dose de 1 à 2 grammes par nit-lre cube d'air
(Miviel).
Action des acides, — Les moisissures apparaissent et prospèrent mémo sur des liiïuides
asse* fortement acides.
L'action des acides est donc assez spéciale, et elle n'est pas a orion absolument
toxique; elle détermine un certain nombre de variations dans la nature, dans la biolo-
iUie et dans la morphologie du ferment.
Les propriétés de chaque ferment sont ainsi intluencées par des quantités variables
fc produits. Avant la destruction de l'organisme ou simplement l'arrêt de son déve-
loppement, quelques-unes de ses facultés sont suspendues ou détruites.
C'est ainsi que WASsen/tt*, étudiant raclion des acides sur le bacille pyocyanogéne,
a montré «[ue des quantités très faibles empêchent la production de pyocvnnine et
arrêtent le développeraenL
QUAïmTé»
en ipramme'*)
empéebatit
Il producUcm
«!« py^cyAiiîJir.
0,32
0,44
0,48
0,58
0,66
Les propriétés du protoplasma peuvent être encore, sous l'intluence des acides, plus
profondément modifiées. C'est ainsi que cerUins bacilles ne possèdent plus, après quelque
temps de contact, les afiinitéspour les matières colorantes qui leur étaient habituelles.
NrKrrixK a pu e m pécher le bacille de la tuberculose et le bacille du beurre de
pouvoir se colorer par la méthode de Zieul. Pour cela, les colonies sont soumises
successivement à l'action de solutions d'acides chlorhydrique, azotique, sulfuriquoi acé-
Acide âiilfiirique. . ,
Ac i (J c c li ï or I ly il r i q II e .
Acide ac«Hiquc . . . ,
Acide otaliqii^. . , .
Acide, tartrique. . . .
Acide citrique. . . .
guAirriTi»
pJkT liii-c
le dévoloppcmoct.
0,29
0,33
Û;35
0.50
0p5t(
0,68
ZU FERMENTS — FERM ENTATIONS*
Ltqae, Lrir-hloi acétique et dea alcalis, potasse caustique, ammuoiaque; enfin, on fait
ciîct»ro agir des substances dissolvant les matières grasses telles que Talcoot, t'éther, le
lylol. Par ce procédé, au bout d'un temps déterminé, les bactéries ont perdu le pouroir
de se colorer par la méthode de Zikul.
Étude particuUère de chaque acide. — Acide carbonique. — L'acide carbonique exerce
son action aous la forme de ga^, et cela, soit à la pression ordinaire, soit sous des pres-
sions considérables. Frajcnkel a résumé raclion de Tacide carbonique sur les microbeî^
eu nionlrant qu*un petit nombre (B. d'EMUERicn, de Biur.tiER» B. du typhus abdominal,
levure, etc.) se développent aussi bien daQs un courant de CO- que dans Tair. D'autres,
au contraire, ont une vie ralentie (M. pjodiijkmia, B. indtcus, etc.); pour d* au ires, la
résistance varie avec la température; pour d'aulres> enfin, et parmi eux le plus grand
nombre des espèces pathogènes (B. du charbon, B. du choléra asiatique), il y a arrêt
complet du développement-
D*AHsoNVALel GuAHRix ont recherché Taction de l'acide carbonique à haute pressioa
sur le bacille pyocyanique, L'atténuation/du microbe est proportionnelle à la durée de
t'exposîliun. L*acide carboniquei à la pression de 40 à 5<i atmosphères maititenues pen-
dant une à sept heures, supprime la foitclion cbromogène du bacille. Maintenu à cette
pression pendant dix heures*, il amène la mort déllnitive (d'Aivsoxval et Cuabhin). Il lue
encore plus rapidement VOoiiipom Gutynardi : Cuauvkau a détruit la hactéridie charbon-
neuse k une pression de 12 atnif^sphères, D'Arsonval admet enfin qu'une pression de
W atmosphères d'acide carbonique au moins en présence de glycérine détruit presque
instantanément tous les genue» vivants, en respectant les albuminoides.
Sabbazks et Hazin, au contraire, n'ont pu détruire, par Tacide carbonique à des pres-
sions même supérieures à 90 atmosphères, ni le staphylocoque doré, ni la bactéridie
charbonneuse. La virulence de cette dernière n*est même pas aiïaiblie.
Acide fluor hydrique, — L'action de Tacide Huorhydrique a été étudiée surtout sur le
bacille taberculeux que l'on avait espéré ainsi détruire.
H. MAHTtN a monli^é que des traces, l/UiOiXl" ou 1/1 5 000% d'acide fîoorhydrique ajou-
tées au milieu de cultures du bacille tubercuïeui empêchent complètement le développe-
ment An microbe. (iAucHKH et CuArTABE» ont, an contraire, n»ontré que ta résistance des
bacilles^ tuberculeux aux vapeurs d'acide (luorhydrique est, au contraire, considérable»
puisque l'action directe et prolongée de ces vapeurs sur le bacille diminue sa virulence,
mais ne le tue pas (Voir Fluorures).
Acide chlorhydrique. — L'acide chlorbydrique en vapeur détruit tous les germes, même
à l'état de spores, en moins de vingt-quatre heures, à la dose de quelques grammes par
mètre cube. Cette action est encore plus énergique en présence d'acide osmique (Miquel).
(jiLBEnx a recherché Taction de Tac i de cblorbydrique sur un certain nombre de
microbes. Le Bacierium coti, semé dans l'eau distillée en présence d'HCI, a présenté k
sensibilité suivante :
HCI p- IfMJ
M«rL pp un quart d'heure , . (1,19.1
— une demi-heure 0,!iR
— une heur«, 0.095
— moins de vin^t-quutro lieures . 0,047
Cultivé dans dti bouiilon, il supporte des quantités bien plus considérables eocore
d'acide ebloriiydrique : 0,2 p. KM) d*llCl n ont aucune action. Son développement est gêné
h 0,-24 p. lUO. 11 est tué k O^ITrl p. 100 (Gîlbeht).
La remarquable résistance du Bacterium coli à l'acide chlorhydrique explique la pos-
sibilité, pour ce ferment, de se développer dans le milieu gastrique.
D'après Kocu, lacide chlorhydrique au i/oO*- détruit les spores do charbon en cioi^
a dix jour^î.
BoEH a recherché quelle était la concentration nécessaire à une solotioB d'acide
ebïoi'hjdrique pour tuer en deux heures un certain nombre d'espèces pathogènes :
BaciUus anthvacis 1/1 oa
Bacitle de la mopvc ... 1 /20U
BacUic d'Eberlh. ...... l/30a
Sporcîi du choléra. * . , . . 1/330
Biicille de la diphtérie. . . . 1/700
FERMENTS — FERMENTATIONS.
34.H
f
ÀtiiU mlfhydrique. — L'acide sulfbydriqiîe est ius62 toxique, puisqu'il arrête les
rermenUtions à U dose de i/2000*^ (Miquel) : celte action s'exerce même sur les fer-
ments qui lui donnent naissance.
Aride »ulfiireux. — I/anhyilride sulfureux {^^itzeux a un pouvoii' bactéricide faible,
augmenté d^aillears par Thumidib* (MiguELJ. Ccpendanl, d'après Sternbebo, l'anhydride
ittlfureux détruit tous les ferments au bout de dix-tiuît heures d'expogition dans une
ihnospbèrc à âO p. 100 de gaz sulfureux.
G. Li.>ossiER a recherché les doses toxiques d* acide sulfureux pour quelques cham-
pignons infi^rieun., et en particulier pour certaines levures aUouliques.
li Lcf yrt? de bière .
— de riisiDs blancs . . «
— — do Coriothe.
— de frniies.
Mycolevuro de Duclaux.
Mtjrodenna vint , , . .
Oiiiiitm alhicans (muguet)
DUSES TOXIQUES PAR LÎTRK
16 MfNITTBi.
2UU
fÛU
200
20Û
100
200
20(»
200
200
500
50
6 BBURKt.
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20
40
20
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40
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100
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100
20
24 trittttts».
20
20
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10
10
40
40
100
20
20
10
S J0I7IM.
10
20
10
10
20
20
U.\
20
20
I
La présence de très faibles quanlilé» d*iHi acide luitit'ral exalte couîstainmenl, et d'une
manière remarquable, la toxicité de SO' iLiN'jssiKui. C'est eu que montre d'ailleurs le
tableau auivnnt :
bOSES TOXigi'ES PAR LtTKK
n MtNUTR».
6 IIEtURB»
Iti MBCJISft.
LeviitY^ lie raiâin.
Sans Sù*m
Or',25 SO*H* p. 10U. . ,
OidtutH aiùtcanë.
Sans SOVH*
0»%47 SO^H* p, 100. . .
e. c.
100
40
500
500
20
4
!ttO
10
20
4
2
Acide autfunqut. — Kocu a recherché Taction de l'acide syN'uniiue sur les spores
du Baciilus anthracis. L*acide sulfurique à 1 p. 100 empêche son développemeut, mai»
ne le tue pas en dix jours. SiKEiyBEtir. a détruit en quatre heures le Bariiitis aubtifia par
de l'acide sulfurique à 1^2o*, et, en deux heures, des bacilles pyogènes par de l'acide
sulfurique à l/200^
D'après le m^ me iiulenr. la putréfaction est arrêtée par 1/800* d*acide sulfurique;
d'après MiauKL par i/300'.
Adde aiotiqu€, — L'anbydride hypoazotique est extrêmement bactéricide, surtout
en présence d'acide osniique (Miquel). L acide azoUque détruit les germes à S p. 100,
et cette action ne s'exerce plus à 5 p. lOD.
Anhydride phosphoi'ique, — Kïtasato a recherché l'action de l'acide phosphorique sur
le bacille d'ËBEarti et sur le bacille du choléra, et il a montré qu'ils élaienl détruits en
cinq ou six heures par 1/330" pour le premier, et par i /r>Oy\ pour le second.
En résumé^ la dose arrêtant le développement des microbes pour les trois principaux
oxacides serait de 1/200" à 1,300' (Botm, Mjquel).
3Hi
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Acide ar^énkuz'. — KocH a montré que le BactUus anthmcis t?tait détruit en sii à diï
joars par de Tacide arsénieux èu I/M>0».
Arkh' boriqfie. — L*at:îiie borique a une acUon toxique sur cerlairj^ micrabes. hh
vsiriJible d'ailleurs et \to> inconstante. Koca ira observr*^ nucune action sur le châjboi»
•vec une solution d'acide borique au ^;20^ Yersix n*a pas observé d'action toxique sur
le bacilk de Kcm:h avec une soltilion à 4 p. 10i>, même an bout de douxe heures. STraifntR.,.
avec une même concentralion, a observé le m'^me r«''SuHal uê^^atif sur des microcoque^
pyog-ènes au bout de deux lieures. Cependant Kitasato aurait ùlitenu ta mort de«badUe«
d'EiiERTH ♦^t des bacilles du clioléra avec deâ solutions d'acide borique à 1,370* pour
le premier, à 1 (îTO'' pour le second»
Acides ortfaniijnes. — Le^ acides organiques n*onl pas ♦^n général une action au^*i
'éoergique sur les microrganisnies, bien que Mk»lkl ail montré que la proportion de
i/tOO* à i/SDÛ* arrête parfois tes fermentations.
WA?SERzm; (1883) a montré que des traces d'acides organiques faibles, loin d'arrêl-^r
la fonction pyocyanique, Texaltait au contraire.
Enlln, W^*" Nadina Ltêuer a montré que Tacide acétique à la dose de 5 p, 100 arr^lç
la putréfaction de la viande; Tacide butyrique et Tacide lactique sont peu actifs :
à 40 p. 100 ils n'empécbenl pas complètement le développement des microbes delà
putréfaction.
Acid£ acétique, — D'après Koch, l'acide acétique k la dose de 5 p. 100 n'exerce aucuaf
action sur le HacUhia nHlhrach,
Van ERMÉ?i<iEN a observe en une demi-heure la destruction des spores du chotéra par
de Tacide acétique k I/iiCO*, et Kitasato, en cinq ou six heures» par de Tacide acéliqn*»
à 1 ,/aOO*.
Les acides gras supiTieurs, l'acide butyiique, Tacide valérianique, n'ont aucune acliou,
'd'après Kocii, à a p» \Q0 s^ur les spores du flacillus nnthr'fci^.
Uîtie iurtiqut'. — D'après Kitasato, le tmcille d'KwKRTH serait lue en cinq heures par
de l'acide lactique k i H^i^, H le bacille du choléra dans le même temps par de Tacii
à » 3:^o^
Acide oj;aliqui\ — D'après le même auteur, le bacille d'EBERTH serait tué en cin«
heures par de facide oxalique à ^/290^ et les spores du choléra par de l'acide oxaliqu»^
à 1 3:»o^
Acide iarlruiue, — A 20 p. MKJ, en deux heures, d'après Aubott, Tacide lartri^foe
n'agirait |ias sui' les spores du charbon et du Bnctltm subtUis.
Adde citritfuc. — D'après Kitasatô, le bacille d'EBERTii serait détruit en cioq heure)
par de l'acide citrique à 1 230', et tes spores du choléra par de Tacide ritnque à 1/330*.
D*aprés Van Ermkngên, res derniers seraient détruits eu une demi-heure par raeid*
ritrique à 1/200".
Acide benzohjîte. — l/aiide benzoïque arrête les fermenlations 4 1 1000* ,ÎIk*uei
D'après Kocu, I/DIU* d'acide Itenzolque arrête le développement du h>ici(iu^ nnthra^
Acide HaH*'ifii*fne. — [/acide salicylique à 2,:i p. lOi) tue tous les germes en six
heures, daprès Yghsin. En sohitirm daos le bihorate de soude, il tue les éléments da pu»
à I 200% et le pneamoroqne en une demi-heure à t p. 100 (Stëhnreug].
Pour Abgott, il serait hactéricide a 1 VOO". Pour Van EflMEXiiEN, il tuerait le» spore*
du choléra en une heure à 1 'iOO". Pour Kitasato, il délruirait les mêmes spores tj\
cinq heures à ISO', et le bacille d*EBERrH à 1/60*. Entln, pour Koch, il ne produirait rien
à ! 20" sur te bacille du ctirirhon.
Tous ces chitTres se rapportent à de Tacide sulicyîique tenu en dissolution dan*
l'alcool.
Tanin. — Le tanin exerce une action très variable. D'après Ahlolst., Corni>t< et
Thomas» il n'agirait pas à 20 p, lOO sur le bacille du charbon. Abhott obtient les niémf*
résultats sur le même microbe el sur le Bacitius subHiis.
Kùca laisse le tanin h 5 p. iOO en contact pendant dix jours avec les spores «lu
charbon, et n'observe rien. Sternberg a observé ta destruction du pneumocoque avecda
tanin à I p. 100. Entln Kitasato admet que le bacille d'EBERTH et les spores du cholén
*^ont détruits en cinq beures par du tanin à 1/580'.
Acid*; gulliquî, — Abbott n'a constaté aucun effet après viogi-quatre heures de contact
>ar
FERMENTS — FERMENTATIONS.
m
I
I
de Tacide galliqcie à 1/40* sur les spores du ebarbûn. Certains microbes pyog^oei, an
contmirCf ««raient tués en vingt-quatre heures par le méiue aci^le k 1/140**
Seii mei'illiquefi. — Le^ sels mélalliques exercent à l'état de solution deux acUous
différentes sur les microrganismes. D'une pari, ils agissent par les propriétés du métal
qii'îls renferment, propriétés généralement toxiques ou qui %*«pposeni au moins au
développe m eut du ferment. D'autre part, Hahouj H. Manx a montré q.xic, pour certains
sels métalliques doués de propriétés antiseptiques, la quantité néct^ssaire pour tuer la
levure augmente avec la quantité de levure. Il a prouvé que, pour les sels de cuivre,
de plomhp de fer et de mercure, Telfet antiseptique est obtenu par suite de U taxation
du métal par la levure sous la furnie de pl*o^|'hale inM>luble ;au Tm>ins en partie).
A *!Ôté de cette action propre, on peut observer une action presque mécanique,
déterminée par la plus ou moins grande concentralion du milieu dans lequel se déve-
loppe le ferment. Si l'on a aiïaîre à des solutions isotoniqncs avec le plasma cellulaire,
il ne saurait y avoir de phénomène d'osmose; mais, dans le cas contraire» on aura des
phénomènes de plasmolyse. A, K. Iv^wov a observé la plasnrolyse des bactéries^ carac-
térisée par le gonnemenl du protoplasme qui sort de la membrane déchii^e en fines
granulations, dans le passage d'une dissolution saline à une autre^ dilTérenle^ mais sans
que le degré de corïcentralion ?oit en question. L'jiuleur pense que les altérations plas-
niolytiqoes ont pour cause Tabsence de matériaux nntritil's dans te milieu anditani.
Cm, Richbt a pu dégager de Tètuile de rinlluence des dîiïérenls sels métalliques sur
la fermeniation lactique une loi remarquable, et très générale, au point de vue de Taction
différente qu'ils exercent suivant la dose. On peut ainsi distinguer :
l" Une dose indilîéreule;
â*» Une dose accélératrice;
3* Une dose ralentissante;
4* Une dose empik^hante.
Ul dose indifférente correspond à des traces de substances; puii^ vient la dose accé-
lératrice, très évidente, et que Ton retrouve .avec des proporlions variables pour chaque
sel considéré. La puissance accélératrice d*un métal n'a d'ailleurs aucun rapporl avec
sa toxicité, et les plus accélérateurs sont ceux qui semblent le plus répandus dans la
nature* le magnésium, le sodium, le potas<sium : racréléralion se manifeste surtout
pendant les premières vingt-quatre heures.
Les doses ralentissantes et empêchantes sont des proportions de plus en plus élevées
et qui, par suite, deviennent particulière ment toxiques pour le ferment,
La dose toxique et murtelle, pour des métaux driTérents, nVst fïullemenl en rapporl
avec le poids atomique do métal. Cu. Rmhi^:! a montré qu'il fallait tuire iïilervenir un
autre coefûcienl, la rareté de l*élém«'nt considéré» Dans une même fauiille chimique les
métaux rares sont plus toxiques que les métaux communs : le cadmium est plus toxique
que le linc; le nickel t'st plus toxique que le fer; te thallium e^t plus toxique que le plomb.
Tout se passe comme si tes microrgantsmes CtateTit habitués à l'a*- lion des métaux
communs.
Enfin l'étude de la toxicité des métaux présente encore un troisième point de vue
que C«. HicucT et C. Mitcbéll ojiL mis en lumière dan* ces mêmes recherches sur la
feruientation lactique : c'est l'accoutumance aux poisons* Si un ferment, le ferment
lactique en particulier, parvient à vivre el à se di'^velopper en présence d'un élément
toxique, sa vitalité, d*abord l\irtement atténuée, se relève rapidement pour atteindre celle
d*un organisme vivant dans des l'.ondi lions normales- 11 y a donc là accoutumauce aux
poisons.
SeU de tithium. — Le chlorure de lithiam serait, d'après Miqurl, celui de tous les chlo-
rures alcalins qui présenterait ta plus grande toxii-ilé. 11 empéeherail le développement
des ferments k la dose de l/ll*, A ta dose de 2 grammes par litre le lithium diminue de
moitié le développement du ferment lactique, et la dose accélératrice serait pour le même
ferment de O*f%0o:i:i p. lût) (Ca. Rjchkt).
SeU de godium, — La soude empAche le développement des ferments à l/56^
Le chlorure de sodium présenterait un optimum favorisant particulièrement le déve-
loppement à 8 p. 100. Cette action favorisante va ensuite eu déci^oissant jusqu'à 20 p. 100:
à partir de la, le développement des germes est empêché. V la dose de 20 grammes
348
FERMENTS
FERMENTATIONS-
par litre» Na diminue de moitié le dt^veloppement du ferment tactique (Ch. RiatEn.
A <6,5 p. 100 l'action aatiraicrobienne du chlorure de sodium serait maximum
(MtouEL), cl c'est à cette dose i{ue le sel s'opposerait alors avec le plus d'efQcacilé mz
fermentations et aux putréfactions.
Le dilonire de sodium néaumoinâ ne tue pas les microbes, ou ceux-ci résistent trè*
longtemps (FoRSTEB, Koiin, Arloixg» Corn'evin et Tbomas, Sciull et Fiscbeb, STEJUifiBiMï»
Fbeytag, etc.). Il serait néamoins mortel pour tes bacilles du choléia, d'après Forstrh el
Frkytag.
Le caibonate de soude, d*aprês Kit\>\to. détruit les bacilles du choléra à l/â8^ et
le baciilfi d'EiiEiîTU a ^/40^
Le sulfate de soude ne présente aucune action, m^me à saturation ^ Miocel); il en e^t
de même du chlorale de soude. L'aiâônite de soude s*oppose aux ferra eu talions, à
1/(43* (Mioukl) et tue en deux heures les microcoques du pus à i/2îi*.
Le sodium est accélérateur pour le ferment lactique à la dose de 0,8 p. 100 [Oik^-
SEVkHT et Ch. Rjchet).
Sels de potassium, — La potasse tue en cinq heures le bacille d'ËBEETB à 1/SS5*, et
le bacille du choléra à 1/410* (STERNBeac). A lu dose de 40 grammes par litre R diminue-
rait de moitié le développement du ferment lactique.
Le chlorure de potassium sVqipose aux fermentations à 1/8'^ à I/j*. Le bromure
potassium à 2ii p. tOO [UtouEL'. tlnlln, Tiodure de potassium tue en cinq heures, à 9
U) p, lÛOp le bacille du choléra et le bacille d'ËiiKaTH iKitasato),
Le carbonate de potasse, d*aprcs le même auteur, tue ces mêmes microbes dans le
même temps à l/lOO*- et arrête leur dùveloppenieut à 1/130* et 1/125*
Le sulfocyanure, le ferracyanure et J'arsénïate de potassium s'opposent aux fermen-
tations, lorsque leur proportion atteint, d'après MhiDKL, 1/8" à i/o*.
Le (terinanganate de potasse tue en vingt-quatre Iicuxes, d'après RocUi le Bécitl
anthracia à o p. li>0 et, d après Lhh leo, le bacille de la morve, eu deux minutes à 1 p, iOOL'
La dose accélérante du potassium pour le ferment lactique serait de 8 grammes par
litre (CuAssKVANT et Cïu Richët).
Sels ammoniactttu\ — Le ^^i ammoniac a i/TtO" s>opf>ose, d'après Mi(î*^el, à la poire*
faction du bouillon ; d'après Boer, il tue les bacilles de la diphtérie et de la morve d
1 20(h; le bacille du charbon, û l/I^OO"; le bacille du choléra, à 1/350. Kitasato a trouvé
la même dose toxique en cinq heures pour le choléra et la fièvre typhoïde.
Le i:blorhydj'ate d'ammoniaque empêche la putréfaction à 11,1» p. 100. Le bromhy-
drate, à ttj p. 100; le sulfate n'a pas d action (Miulel).
Diaprés Kitasato, le carbonate d'ammoniaque tue en cinq heures le bacille d'ÊBKBra
à l/HH^% et les spores du choléra à 1/77'^; il est cependant curieux de remarquer ijm»
l/û«de carbonate d'ammoniaque n'arrête pas la fermentation de Turée.
BÉHARD et Nicolas otit reckerché l'action du peraulfate d'ammojiiaque, oxydant éner-
gique, sur les ferments aérobies. Même à 1/100*" il semble non seulement entraver la
végétation de la plupart d'entre eux, mais encore les tuer au l>out d*un temps variable
pour chaque espèce. Il atténue la virulence du bacille pyocyanique, du bacille de LorFLin,
lorsqu'il se trouve a de^ doses insufOsantes pour arrêter complètement leur dévelop-
pement.
St;h de mai/nèaîitm, — D'après Cuas.se\ ant et Ch. Hiciiet, 12 grammes de magnésium
par litre empîichent le développement du ferment lactique* et 36 grammes entraînent ta
morL Mais ce sont surtout les sels de magnésium qui présenteut à un haut degré It
fonction accélératrice étudiée par Ch- Richet; la dose accélératrice est dans ce cas voi-
sine de 2 grammes de magnésium pai^ litre. Le fait a éléinutib-ment contesté par ALOt
et Baudier, sans preuves su fusantes.
Sds de calcium, — La chaux détruirait à I p. lOLI, d'aptes Kitasato, le l)acille du cho-
léra asiatique. Le chlorure de cahium s'oppose aux fermentations à 1/lH' (Mr^oKLi.
Le calcium est toxique pour le ferment lactique à la dose de 32 grammes par htrc.
Seh de baryum et de strontium. — Le chlorure de baryum arrête la putréfaction à 1/10*,
et le chlorure de strontium à la dose de 1/12''. Le strontium est accélérateur de la fer-
mentation lactique à la dose de 1,3 p. 100; il est toxique à la dose de 43,7, elle
baryum, à celle de 68,6 p, 1000 (Chasskvant et Co. Ricbet).
FERMENTS - FERMENTATIONS.
3ti*
I
I
I
I
I
Sf/« de fer. Perehlorure de fer. — Le perchlorurc de fer détruit en cinq jours les
spores du charbon, d'après Kocii, Le sulffile ferreux au 1/20* n*agil pas en six joiirs,
sur le ebarbon. Au 1/10% d*aprè$ Steumberg, il détruirai l en deux heures les microbes
do pas- Enfin, h !/?>•, il ne produirait rien sur le charbon 5ymplon[ialiqiie, d*après
ARLOiîir.^ CoRNEviîi «*t Tbok\?, h arrête les rermenlatîons à des doses variant de i/W*
Le fer est accélérateur de la fermentation larliijue k la dose Je 0,01 (». lOO; il 8*oppose à
fton dételoppemeiiU la dose de 0,4*8 p. lui) etillue àO,S6 p. 1 M (Chasse vwr et Ch, Richet)*
Seii de enivre. — Le chhrutc cuivrique et le aulfaltr de f^ttivrc arrêtent l**s lermenla-
lions» d'aprAs MiguBL, à des doses de l. i 430* et de t, tinu*. Le sulfate de cuivre serait
mortel, d'après Ntc\Ti et HrcTscH, en dix minutes pour les spores du 4*holéra û la dose
de i/3 000% D'après von Ermengei^, pour ta même espèce, en qutitre heures^ à la dose de
l/l OOO». Il faudrait l/300*etd^?ux heures pour les bacilles du choléra et le streptocoque,
d'après BiïLTO?!, 1/200* et deux heures pour le bacille d*EBER ru, le staphylocoque du pus,
d'aprrs BotTON, le choléra, d'aprt>s Sternbehg ; 1, 20- et dix niinules pour !« choléra, d'après
Seitî* La même sofulion n*? produirait rien sur les spores ilu cliurboii, d'après Koch;
eatïn une solution à l/!i* détruirait en deux heures les spores dti Biciflmuubiiiis, d'après
Stkr?iberc. Le cuivre est accélérateur h 0,0189 p, 100, toxique à 0,189 p. 100 pour le
ferment lactique.
Se/.i de plomb, — Le chlorure de ptomb et Vazotale de phmb s'opposent aux fermenta*
lions aux doses de 1/500* et 1/277*^ d'après Miqcel. Le plomb est accélérateur à 0,01a;
toxique à 1,35, et mortel à 2,5 p. 100 pour le ferment lactique.
àWa lie nickel. — D*après le nirnie atileur l'azolatede nickel, et le sulfate de nickel
ont la même action aux doses de 1 /33,V et de 1/285'. Le nickel est mortel pour le fer-
ment lactique â 0,02:17 p. 100.
Seii de cobalt. — Vnzoiaie et le chhntre ont toujours, d'après Mio*tkl, la même action
à ta dose de l/i75*. Le cobalt détruit le ferment la clique à 0,0074 p. 100 (Chassevant et
Cb. Richrt),
Sels tralumim, —VacMiUe arrAterait les fermentations à des doses variant de 1/6 300"
à l/5 2ri0% d'après Jal^n de la Croii et Kuiihe, et pour MfHfkL, le chlorure d'aluminium
aarait U même action à 1/710*. L'alùmi nium est accélérateur à 0,0082 p. 100 de la fer-
mentation lactique, toxique k 1,43 p. tOO, mortel 4 2,05 p, 100,
Autres tnetatu:, — Le ckhrurc stanneuv détruirait eu deux heures les ferments de
la putréfaction h 1/100' (Abbot).
Le chlorure de sine n'aurait, pour Mioi'el et KycH, aucune action destructive : il arrête-
rait les fermenlationn, pour Miqdel, à la dose de t/525*'.
Le chlorure de mangar\è.^e aurait la même action, à la dose de 1/^0*, et VifméHqtie à la
dofp de l/14^
Le f%ilrate d'argent einpiîche les fermentations à i 12 50tr MiQUEt). Il s'oppose au
«léveluppement de la bactéridie charbonneuse à 1/80000"; il lue ses spores à l/IOiHXJ"
llltanirtr.). H empêche les cultures des bacilles du charbon, de Liffler, d'EuERTu, du
clioLkn, de 1/30000* à l/TOODO'. Il tue les sp »res des bacilles à ^/20O00^ du bacille
de I^.FFLiîR à 1/2 500% du bacille d'EsKRiH à l/2 00t3* (Boeb).
L^iodure d'argent à t 30iM)(ï s'oppose à la putréfaction (Miouel).
Le chlorure d^or empêche le développement des bactérie* à I/IOOO* (Miqubl) ;
le chlorure dor et de sodium lue le Bacilim ftnîkracis 4 l/«000«,les bacilles du choléra
et de la diphtérie a l/1004:r, ie bacille d'EuEftiu et celui de la morve à 1/4IKV et
1/300* (BoKft)* L'or est accélérateur du ferm ent lactique à 0,0045 p. 100 et mortel à 0,0(;48
(CaassBvvNT etCu. Richbt).
Sels de mercure, — Les sels de mercure méritent une place spéciale, par suite de
leur très grande toxicité et de leur pouvoir anliseptique remiirquable (V, H^rcare].
Les plus importantes combinaisons joui^siut de cette propriété sont le bichlornre ou
ftublimî^, leci^anur? et Vo.cyctjnnure.
L^ sublimé présente, comme tous les autres sels, une dose toxique variant d'ailleurs
avec l« microbe, la température, le temps et l'expérimentateur.
DapnH BEitRiNr», le choléra et le bacille du charbon sont tués en une heure à 36*, à
la dose de 1/100 000», et, dans le même temps, à 3*, à la dose de 1/23 000*,
350
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Van Ermexûe.^ dtHruit le choléra eo uae heure k t/BCJOOO" eu callure sur bouillon. À
1,100000*= en culture sursériiriL La dos« de i lOOOO* esl mortelle h la loogue pour les
spores du charbon, d'après Koch; en deux heures, pour les mêmes éléments cl pour Je*
spores du BftciUtt}^ ^abtUta, d'après Stf-rnber*; : dans le même temps pour les hacitles
d'EnKwTH, du choirra et de lu septicémie, diaprés Fraenkel» A 1/10 000*» il tae en quelque*
minutes les spores du charbon; eu une minute, le staphylocoque doré; eu deui minutes,
le streptocoque du pus; eu cinq minutes le bacille pyocyanique; en quinze miauler.
le bacille du eh-irhon, le linnihts suôfi/is et les staphylocoques du pu»(TARXiEa et Vm;?ïot):
en Tingl-cinq minutes, le staphylocoque doré, d*aprés Rkiiring ; en une de m i- heu re» les
hîtciltes d*EBEHTH, du choléra el de la seplÎLîéinie, d'après Fhaenrel,
Enflu, SciiiLL et Fiscukh admetlent qu'il faut vin^t-«[uatre heures de contael d*uae
solution à 1/2 OOD" pour détruire le bacille de Koch dans des crachats tuberculeui.
Le cyanure de mercur»* détruirait le bicille du charbon a l,230l)0''. d'après fl£iuir;i*;.
L*oxycyanure à la dose de l/ir»ûui>^ Chuiret a éludi<* Taction de ce dernier produit
sur le staphylocoque, qui est diHruit en une minute a J/IOU"^; en une heure, par une
solution à 1 lC>fH>*; ©n une heure el demie à 1/1500'
M existe enfin un certain nombre de cotnhiuaisons organo-métalliques merciiriqaef
jouissant de propriétés anli^eptiqiuvs reruari|iialjles.
Chahri?; et DE'^KsgLTLtf^ ont dnnné un tableau représentant la puissance antiseptique
de *iuelques-uos de cbs loni posés oreano-mercuriques :
H-./ Cl ^
-, / OH . . i
ftj/OOCqt' 1
Ïlir/C^- ' '
' OC'«H'
Hg
/ 0 CH^.
\ 0 Ci'>H'
DOSHS
TOXIQUB».
0,015(1
0,01 :»fi
O.OD'JO
ojttOù
IK>SES
1a f<»notioo
du BactIJe
0.002tH>
UJK»âÙO
O.OniOf)
0,00775
0.01000
O.UO'iOO
0.(10750
DOSES
le dév^lopt>4MUl•nI
du BaciUe
pyocyonogy'D<r,
O.OOûOU
0,11057^
o.ouoo
0,0180(1
O^Uluua
O.Otâoo
XHhn de^ cm^bur^s d'hydrugme. — Les carbures légers du pétrole» benzoline, essence,
n'ont aucun pouvoir antiseptique. La benzine ne tue pas les microrganisme^; elle
n'atténii(^ même pas leur vitalité: mais elle arrête coraplètemeut leur développeraeut
(t'ilASSEVANT).
Action des atcwjis, — L*alcool ne détrait pas et n'atténue pas la virulence des spores
dei» bacilles charbon neuï (P. Bkbt).
L'alcool absolu n'a qu une action uiicrobicide médiocre, variable avec le milieu;
car ScMiLL et FfscHEa ont montré que le bacille de Koch n'est pas entièrement détruit par
Talcoûl absolu dans les crachats tuberculeux k volume égal, môme au bout de vin^l-
quatre heures, *Yrbhlm a pu obtenir cependant la destruction en cinq minutes de tout
FERMENTS — FERMENTATIONS.
351
éUroetit viviuity t*n traitant dans les mêmes cooditioDs des cultures pures de bacille lub^c-
calmis par leur volume d'alcooL Quelques auteurs, d*autre part, semblent admettre quo
Talcool À liO p. 100 serait beaucoup plus destructeur que Talcool absolu.
Cerlaiûs baciliea sporulés résistent enfin parlaitemiMit à Taction de Talcool, quel que
suit le degr^ de cuticentnition; tes spores du charbon, par exemple iKocii, Mlvehvini).
L'akoot absolu, d'après Ynnsm, tue le bacille tuberculeux après cinq minutes de
contact.
L'alcool m^tbytique eu vapeur lue en f itigt-quatre heures îi la température ordinaire
la presque-totalité des jEjermes atmosphériques.
MtoriCL a romparé les ditTi^rents alcools au point de vue de la proportion de ces ét(^-
Rients nécessaires pour empêcher le développement des ferments.
Alcool ordinaire, . . , 1/iO
— propylîqMf ... il Ut
— bulTliquM . . !, 2n
— atii\tiqn>^ , . , , 1 ,70
D'apn^s HK'^ïfAHO, enfm, la loi de Hibuteau s>ppltquerait à raction des alcools sur
la fermentation, el eu particulier sur la fermentatiork dt^ la levure dtî biiTe r *' L'alconI
e^l d'autant plus toxique qu'il conlient un plus grand nombre d'atomes tk' carbone» <•
1 IJlXlurrATÏOK ilHÊTTiR
KORMULK
f^oijr une t4
t^ni^UT en aleonl
Alcool itiéthyliquc CH «OH ,
2U I
». 101* —
— etliyhqiic C^N -UH ,
\:,
—
— propyliquc C^H'^OH. .
. , 10
—
— bulvliquc C^H^OH. -
- , 2.:.
— —
— amjbque C^4H<iOH .
1
— —
— cHprûîque Oif^ïU .
(),i
— ^
— cupryliqne CH'TjH. .
<J,I
—
I
I
I
%Ê$th\jh formique, — Le formol jouit de propriétés rt-marquablement l>acténcide
'Riii.tT, BfRUo^, Ahovsohx, Stvhl, LKUiiANx, Mi^jUEL, lUniUK», Bulichkt, etc-), et Taction
du formol a donné lieu â de nombreux travaux (Voir Formol).
Ant^thHiqut, — - Les aneslhésirfues, chloroforme ou ♦Hher à letat de vapeur,
s'opposent complMement au développement du bacille pyocyunog^ne* Au contraire,
introduits dan** le milieu de i ulture, il en faut de^ doses considérables î> p. tOO pour
arrêter le développement d«^ la hactéri*» ; queb|tiefoi^ même on ne fait que retarder son
évolution. Uns légère proporUon d'anesthésiques diminue d^ moitié ia toxicité des
bouillons et la quantité d'amm^tiiaque qui se forme, sans empêcher rapparition des
matières colorantes (Ceiahriv et Di:^sart).
I^e chloroforme a aus*i donné des résultais ditFérents aux eipérimentateurs qui l'ont
essayé à l'état pur (Kocu ou à l'état d*eau chloroft)ru]''e iSiLKowskr, KiscH.ven).
Il ar.éte l'action du ferment nitrique sans le tuer ni TafTaiblir (Miïstz;.
L'éther, d'après MuiL'KL, arrôle les fermf^nt.itions putrides à moins de 1 /Vli*', et, d*aprés
Yr.iu»LN, il entraîne la mort du bacille de Kocu au bout de cinq minntes,
Vorpê grof^. -* MANFustn a montré que l'inlluence des corps gras étnit manifeste sur
Tatténuatiou de la virulence des espaces p:ithogr^aes. L*i présence des corps gras
abaisse dans des proportiotis considérables ta température à laquelle cette atténuation
a lieu.
PhenaU. — Le phénol dissous d:ius l'eau ne produit rieu sur le bacille du charbon
à la dose de i UM)' , d'après Koch; mats il le tue eu sept jours à 2 p. 100, en deux jours
à 3 p. lOt). .Xjgati et ïliKr^cH ont constaté, au Ct^utraire* qu*iï luail en dix minutes les.
spores du choléra, Boka a rechenh»^ Taction de ce môme antiseptique sur un grand
nombre de biciïle*, et il a constaté que la dose qui arrête leur développement varie entre
i hOiy et l/;:iO% et que la dose mortelle oscille entre Ï/20Ù' et 1 iOO'.
La température agit d'ailleurs dans des proportions considérables sur le pouvoir
antiseptique du phénol. (*nAt veal' et Arloimg ont constaté que la toxicité du phénol était
plus marquée à 3;»" qu'à 20". En solution dans ralcool* il semble que son action soit
atténuée, car Koch a observé qu'une solution au 1/20*" n*a pas d'action sur la bactéridie
asf
FERMENTS — FERMENTATIONS,
cliarbouneuse, et Miouel a observé le même faîl pour le bacille subtil. Néanmoios,
ScBiLL et FiscîiEw ont tué le bacille de Koch en vingt-quatre heures avec u»»e solution
alcoolique de pbéiiol à 3 p, tOO, Arlo[ng, Cor.nevin et Tnoiivs ont tué la bacléridje
cîiarhonnease avec une solution à 2 p. 100, Stbanberg a tué le pneumocoque en deux
heures awe des soItiLioiis alcooliques à 2 p. 100. Vvn Ekhkngen a tué les spores du
chob^ra en uiîe demi-heuie avec dn phénol en solution alcoolique au 1/600*. Parmi le*
dérivés ou les composés analogues au phénol, Diaumf. a montn; que le phénol tricblor»'^
exerçait une action beaucoup plus énergique sur les fermentations que le phénol lui-
môme.
Produite oryanU^ues divers ^ — L'essence d'amandes amères arrête les fermeuUtion»
h l/aoo*- (Miulel). Le salol, le benzonapblol, le naphtol à 0,25 p. 100, le phénol h
1 p. 100, le salicykte de soude à 1 et 2 p* 100» u'emp*khent pas le développement du
Bacterium coll. Le salicylale de bismuth à I p* 100 rarréle complètement.
Essences. — Ciiambeblai\d a recherché quelle était l'aclion d'un fîrand nombre d'es-^
sences, soit à Tétat liquide, soit à Télat de vapeur, sur un microbe particulier» la bacté-^
ridie cbarbonDeuse.
A Télat de vapeur, quelques-unes permettent la culture, mai* la plupart s*y opposent.
Celles dont tes vapeurs agissent le plus énergrquement sont celles de :
Cannelle de Ceyïan.
Cannelle de Cbiue.
Ve5pftro.
Augrlit^ue.
Origan.
Géranium de Fi**iio#.
— d'Algérie.
A rétat de solutions, lei résultats généraux sont les mêmes; mais les essences les
plus actives sont celles de :
Origan .
Santal citrin.
Cannelle d« Ceyiûn.
— de Chine.
Cfirofle.
Genièvre surfin.
Artemijsia,
I
DucAMPf pai' la même méthode que CeAUBEnLANO, a étudié Taction d'un certain nombre
d*essences sur le bacille du choléra indieu.
L'eiaeaco d*ail
— de mûularde
— d'ûhgan .......
— de caanellû de Chine ,
— de caonelle de Ceyïan.
— de vospetro ..,..,
— de aaniaL
Penooi
lo
Empêche
lo
eloppemon
t. dévelQp[»eitieiil
à
1
1
242(H)
13200
1
l
i32au
l
2200
1
îa2tto
2200
1
1
133tOO
2200
1
1 .
i:i2oo
2200
t
1
2200
1200
\
1
1300
400
I
A l'étal de vapeur, les essences d'ail, de moutarde, de vespetro, d'origan, de cannelle*
de Chine, empêchent le développement du bacille du choléra indien et tuent les germes
d'une culture jeune. Les essences d'ail et de mourarde tuent rapidement les germes do
choléra indien d*une culture âgée; Taction est beaucoup plus lente avec les ensences
d*origan, de vespetro et de canaellc de Chine ; le bacille d'une culture âgée n'est ta*'
qu'au bout d'une vingtaine de jours* EnOn les vapeurs d'essence de cannelle de Ceyiao
et de santal n'empêchent le développement ni d'une culture jeune, ni d'une culture
vieille.
FERMENTS — FERMENTATIONS. 95â
CàdIug et MEtmiKn ont mesuré le iempt au bout duquel le bacille typhîque et le
bafiUe de la morvt étaient détruits après immersion dans quelques essences.
EftteDce d« cannelle ... 12 minutes 15 miautei,
— de ihjm. ... 30 — t ïioufp.
— d*abatatlie .... 4 heures —
— dt sjldUI .... 12 — -*-
HiéOBL a recherché le nombre de germes détroits en vingt-quatre heures par les
ences à l'état de vapeur.
Alimentation des ferments organisés ; L'alimentation des ferments comprend
Slude et la rechercbe des trois sortes d*élément-§ nécessaires au dévelappemeni et au
bon fonctionnement de la plante tout entière, Nous avons donc à considérer : !*• îea ali-
menta minéraux; 2' les aliments bydrocarbonés; 3' les alinïents astotés.
Alimantation minérale. — Raulin est le premier qui ait systématiquement étudié les
iUbstances minérales nécessaires au développement d'un ferment, VÀspergitlns niger.
Le liquide de Raulin renferme, par litre» comme étéments minéraux non azotés ;
Acide pliosphorique . , . 0,25
^ sulfurique. , , , 0,17
— fiilicique, . . , , , 0,0t
Potiwst^ ....... 0,25
Magn^iip .... 0J3
Oxyde de linc ...... 0,025
Oi>d<? do fer» ...... 0,02
Ce milieu, au point de vue minéral^ est nécessaire et snfQsant au développement de
l'Asprrj^tX/ujc, qui se développe admirablement, à condition que te liquide soit additionné
des éléments hydro-carbonés et de rammoniaque nécessaires à la nutrition complète.
La suppression de Tun quelconque de ces éléments réduit de beaucoup le développement
de VA9f>ergUlu$, et pai* suite U* poids de plante iJéveUi|ipée- Si nuus représentons par
iOO le poids 6* A^ptr^iillus qui s'est développé à la surface du liquide, nous avons :
POIDS
de récolte.
Liquide de Raulin, complet 100
Liquide de Raolin, moins Facide îiiliciquc ... 71
^ — — i'oxyde de fer . . . . 37
— — — loi de de aine. . . 10
^ — — U potûssc i
^ ^ .-. TAcidc sulfurtque. . . 4
^ — — \û. rnAj^nésie 1,IU
— — — TAcido phospboriqoe. 0,53
'Ces nombres montrent bien Timportance de l'acide phosphorique. de la magnésiet
! la potasse, et même de Tacide sulfurique.
Même les éléments qui semblent avoir nioin^ d'importance, le zinc, le fer, la silice»
jouent cependant un rôle considérable, étant donu'^e la faible quantité de l'élément
considéré.
La quantité de zinc qui fait tomber une récolte AW^pergitlm de 23 grammes » au 1 Mo,
c'est-à-dire à i'^sS, est de 4 centigrammes, quantité qui renferme 32 milligrammes de
«ne : ces 32 milligrammes déterminent donc la formation de 22»fs5 de plante, soit 700 fois
le poids du métal considéré. Raulin a pu obtenir mémo quelquefois 053 fois le poids
du métal.
Les chiffres représentent, d'après Ouuuviîtt l'utilité spéciQqne de l'élément, et Raulin
^a déterminé ainsi les quantités msiima suivantes à*A$perg%Ua^ pouvant être formées
Tunilé de chaque élément :
Zinc ...... 953
Fer. ..... . »57
Soufre 346
SUicium 3211
Magnésium . . . 200
Pbofiphoi'c . , , 157
Potaise. .... tii
9ICT. BK PBY810L0OIS. <- TOME VI. S3
as4
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Le zinc présente dom: tmc activité toute particulière qmuU au développement dv
VAspertfUtus. (On a récemment étudié cette action do zinc, et il paraît qu'il agit cainm
un a^eni antiseptique, nocif pcmi les bactéries toxiques à la vie de VÀspergiUu$.\
Cliacun de ces éléments joue un rAIe particulier. Ainsi la plupart d'entre eux^ ajouté
à une solution qni en était primitivement du pourvue, et sur laquelle végétait péaî*j
blement le ctiamptgnon ^ déterminent immf^diatement un développement abondant.
II n*en est pas de m^me pour le tVr, dont l'absence a provoqué cher la plante da
modifications physiologiques, et la production probable de «ubstances toxiques, d«
sulfocyunures en particulier, de sorte que t'addiiîon d'une proportion quelconque
métal ne pouvait plus alors produire une végétation active. Signalons encore rabseoc
de la chauï dans la constitution du liqnide de Raulin : ce nif^ïal n*esl donc pas parmi
les éléments nécessaires à la vie et même à on actif développement de la plante.
Mayer est parti d'un milieu de culture médiocrement favorable à la levure, et il Tg
amélioré par l'introduction d'éléments variés, La solution initiale renfermait f5 */« de*
sucre candi, qu'il additionnait d'un certain nombre de sels minéraux; l'ammoniaqae four-
nissant seul Tazote nécessaire. Il a pu montrer ainsi que le phosphate lie potarse est paur
ainsi dire indispensable au tléveloppement de ta levure; il ne peut être remplacé parle
phosphate de soude on le phosphate d'ammoMiaque; car la potasse est aussi indispen--
sable que Tacide phosphorique. II en est de même pour la magnésie et la chaux* et li
mélange le plus favorable a été :
100 gr&nLmes do solution sucrée h 15 p. 100.
0"J de phosptiaLe mooopotasaique.
0»%0t de — tricalcique.
0«',01 de sulfate de magnésie,
Enfm le soufre païaît» lui aussi, indispensable, et ce soufre ne saurait être emprunta
à lacide sulfurique. Il est contenu à Tétat de traces extrêmement faibles dans le suer
employé, et nous trouvons là encore Tinfluence énorme de quantités inlinitésimales^
maliéres minérales sur le développement des ferments organisés. EtBONTa montré auss
rintluence extrêmement lavorisante de:^ phosphates sur le développement de la le>ure
et plus spécialement sur ractivité de la zymase produite.
Quant auK gm, ils jouent un rôle considérable dans la vie des cellules. >'ous avout vu
toute l'importance de Toxygène pour la vitalité des ferments, et la division de ces êtres i
en aérobies et anaérobies. Avec les bactéries de la putréfaction Toiygène disparaît; il
est absorbé avec production d'acide carbonique. L'hydrogène n'est pas absorbé, eti
semble favoriser le développement des bactéries. L*oxyde de carbone en préseuce d*azote|
donne de l'acide carbonique. Le cyanogène tue les bactéries en se décomposant.
Les éléments nécessaires à la vie de chaque ferment semblent donc variables de rua]
à l'autre être. Le Micrororcm obhngus, bactérie oxydante découverte par Bomaoni, bien J
que les substances salines qui lui sont nécessaires soient mal connues^ semble avoir par-j
ticulièrement besoin de cliaux.
Le rtile enlin des substances minérales peut être montré, quand on recherche^raction 1
de très petites quantités de substances sur le développement d*uu ferment*
De très faibles proportions de sels minéraux augmentent beaucoup la fertilité d'uni
liquide, et agissent par suite directement sur la nutrition des microbes.
Trenrsiann a recherché l'influence exercée sur le bacille de Kocu par de très petite*
proportions de chlorure, de nilrite, de nitrate et de carbonate de sodium.
Le bacille de Kogb était ensemencé dans 10 c. e. d'eau de puits pure^ additîoqo
de I, 2 ou 3 ;^outtes de la solution considérée.
a,a Wot AU bout
Nombre de bactéries immédiatement auprès
rensemencement.
Dans 10 c- t*. d>au de puits pure
Dans 10 e. c. d"«aa Je puiia additionnée de :
1 goutte solution de N&Cl u 10 p. fOO . . .
2 _ — — ^
do fi hmxtûs
580
9.240
13,000
do 3 jours.
13,480
19,560
10.440
FERMENTS — FERMENTATIONS
n'j
Kdunit» uk n4crt:Riit«
âU bout
»U UtKJt
de îi beun»».
de H jour»
1J40
10,920
B.ftOO
t«4ao
17,160
2.260
8,0iO
4,040
l),fitil)
14,760
2U.&U*
10,090
l.i»!*
—
28.680
:h,$6û
~
1 goutte d'azotato de todiam h 10 p. tOn.
2 .^
3 — — _ ^
t gootu d'azotit« de soditim à 10 p, 100.
1 çoulte de c&rbojialo de àodium * . . .
Le sulfure de sodium a^^'iL aussi dans le mèioe seus.
AUmonUtioa hjdro carbonée. — Les orgaiiiâmes étt^meutaires ont iialurellement
besoin d'une certaine proportion de carbone organique qu'il faut leur fournir sous la
forme de substances diverses : sucres, amidons, alcooU, etc. Nous nous rapportons de
nouveau À n'élude de Raiîlin sur V AsperfpHus niner.
Raiili?c a fourni k [\Uperfjilltifi ntijer deux sortes d*alinients (lydrocarbonés. l'acide
tarlriqueel le sucre. Le premier sert surtoutà reudre le milieu léfc^èrement acide; mais il
eit cependant lentement brûlé par la moisissurei surtout en l'absence d'autres aliment*
quand le sucre a disparu.
Le saccharose est l'aliment de choix de VAspergiilus : il est d*abord dédoublé à l'aide
d*une diastas* sécrétée par la plante^ et c'est sous la forme de sacre interverti qu'il est
utilisé et qu'il contribue à la production du nouvel organisme. Il semble exisler un rapport
constant entre le poids de plante produite et le poids de sucre disparu; ce rapport est
Toîsm de 1/3.
Le lactose, la mannite, Tamidon sont pour VAspergttius des aliments trAs inférieurs»
eapnbtes d'entretenir la vie de la plante^ lorsque ceîle*ci est en pleine végétation, mais au
contraire pre^^que incapables de déterminer un développement appréciable de^ germes.
L*alcool empAclie le dévelnppemenl de la spore, mais peut servir d'aliment au
célium adulte, à moins qu'il u'alteig-ne une dose trop élevée, auquel cas il s'oppose au
veloppemenl, et d*^vient un antiseptique. Si Ton s'adresse aux alcools supérieurs, la
dosa toxique, c'est-à-dire antiseptique» apparaît plus rapidement. Tel curps qui sert d'ali-
ment jusqu'à une certaine dose, s'oppose ensuite au développement. Si l'on dépasse cette
limite, il devient donc un antiseptique.
Le mi^me fait que pour les alcools se rencontre pour les acides gras; les premiers
termes, l'acide acétique, peuvenl à doses faibles servir d'aliment à ÏA^^per^iiUus, Au con-
traire, les acides d'un ran^- plus t^Ievé, comme l'aride butyrique, ne peuvent pas servir
d'aliment et s'opposent au développement de la plante. La dose antiseptique est de même
beaucoup plus faible,
La fermentation des sucres est d'ailleurs un problème des plus compliqués, car un
(p!rand nombre de facteurs interviennent, la formule, la constitution moléculaire, le genre
de vie, la nature du milieu, etc.
Le saccharose, pou I pouvoir fermenter, doil d'abord être dédoublé en sesdeux éléments,
gtacofle et lévulose; l'inversion doiT être faite au moyen d'un ferment solubte particulier
sécrété par le microbe lui-môme, la sm^rase.
Un grand nombre dd saccharides peuvent ainsi fermenter apn>s inversion, et. bien
qu'un certain nombre de levures semblent ne pas sécréter de sucrase au premier abord,
DuBOL^G a pu montrer qu'on pouvait toujours arriver à déterminer Tinversion des sucres,
en cultivant la levure d'abord sur du gîurose et du saccharose mélangés, puis sur dusac^
eharoseseuL Dans la seconde partie de l'expérience, quelle que soit la levure employée, le
taecbaJX)se sert d^alinient, et est dédoublé. Certains sucres, qui semblent au premier abord
nuis^ibles aux microbes» sont pourtant susceptibles de fermonter dans des conditions
identiques, et suivent la même loi.
Le galactose, par exemple, a été déclaré infermentescible par KiUANr, Kocii et Hkkzfeldt.
BocagUBLOT avait constaté une sorte de phénomène d'entraînement, en le faisant fermenter
en présence de glucose; mais les expériences de Oubochg semblent prouver qu'il y a
simplement exaltation dans la cellule de la production du ferment soluble inversif,
zu
FERMENTS — FERMENTATIONS-
exallation qui peut se produire, grâce à raccouttimance donnée par le glucose; poi^«
cette ac<!o«ilumance acquise, fa cellule peut vivre avec le saccharîde seul auquel elïe
s'est habituée.
Le ïactose semble résister davantage : maia il sufftt.poar acclimater une levure à cette
substance, Je la cultiver, ainsi que l'a fait DrÊNEnr, d'abord en présence de galactose et de
lactose, puis en présence de Idctose seul. Dans ces condilions» Finterversian se produiL
Entin Tollens et Stone ont montré que lii fermentation du galactose pouvait avoir lieu
en présence de matières azotr^es, Fislheh et Tuierfeld» puis F. Dienrrt, ont confirmé ce fait*
Ce dernier auteur, reprennnl les expériences de Boono^'EtôT» a montré que la fermentation
du galactose n'est possible que lorsque la levure s'est acrlîmatêe à net aliment, [/accli-
matation pf'ut disparaître, si Ton met la levure en présence d'un antre sucre. L'appa-
rition et la disparition de cette accoutumance ne sont accompagnées d'aucun changemetii
morphologique.
Enfin certaines substances, l'acide borique et le toluène en particulier, s^opposenl k
Tacclimatation.
Nous pouvons encore citer, parmi les transformations des matières ternaires avant
leur assimilation» la transformation des'amidons en glucose sons l'inllnence d'une diastase.
Le Baciîhts (mtfn'ficis tran^^forme ramidon en fjrlucose» et le consomme sous cetle forme;
il en est de même pour le ^rlycogône (Ho{.er). L'jnuline donne du lévulose. Il y a donc,
suivant les cas, sécrétion, par ce microbe, de diastase ou d'itmiase.
Les microbes déterminent parmi les isomères la fermentation de telle ou telle sub-
stance de préférence à son isomère. C'est aiijsi que Pasteur a pu dédoubler l'acide lactique
inactif par compensation; Tacide droit est consommé beaucoup plus rapidement que le
gauche. Le Bel a pu déiloubler aussi le» alcools amyliqties, le métbylpropylcarbinol et
le propylglycûL
Le PenkilUum btcohr jaune et vert se développe en détruisant complètemeat l'alcool
butylique normal; mais il ne peut attiiquer Takoûï isobulylique (Le Bel).
PEaiEE Fr vNKLANO, puis Verû, Ont élud'é Faction des ferments sur les arides lactiques;
les uns attaquent plus facilement le droit; et d'autres, le gauche.
Knlin^ parmi les sucres en iy, un grand nombre ne sont pis fermenteseibles; 3 seule^
ment fermentent avec la plus grande facilité : le d. i^Hucose, le d. mannose et le
d. galactose.
Nous pouvons multiplier les exemples de choix d'un aliment de préférence à m
autre. La levure de bière» mise en présence de dexlrine et de maltose ou de glucose,
ne touL'he pas à la dextrine; seul, le maltose ou le plucose fermente (0. SutuvA.f,
Gayûîs et Dubourg). Certains Mucors, an contraire, le Mucor atiernam eu particulier,
hydratent la dextrine et l'amidon, et les transforment en produits directement fermeo-
tescibles (maltose) (Gayon et Dlbolrg)* Le Buciîht^ orthobutfflkm de Grihbkbt^ mis en pré-
sence d'un mélange de lévulose et de glucose, de sucre interverti par exemple, détermine
tout d'abord la fermentation du glucose^de telle sorte que, lorsqu'on eiamino la solu-
tion alors qu*elle ne renferme plus que les 2/$ du sucre initial, il n'y a plus que da
lévulose.
L'aliment employé de préférence varie avec la manière de vivre de la plante. En
milieu anaérobie, par exemple, la levure ne fait pas fermenter tous les sucres; seuls, sont
attaqués ceux dont le nombre des atomes de carbone est 3 ou un multiple de 3, le glo*
cose C^H^O', tes hexoses C*H*^0*^, le mannononose C*H**U^. Au contraire, les sucres en
C^,C\C\C**, en milieu aérobie, sont altaqués et peuvent servir d'aliments,
Lauhe.nt a recherché quels étaient les aliments qui pouvaient convenir plus ou moins
à la levure de bière alfamée par un séjour de quelque temps en milieu faiblement
nutritif.
Le corps en expérience était mis en sohttion à la dose de 1 p. iOO dans de Feau
distillée avec :
Sulfate de magnésien. . , . \Mi\
Phosphate de pola«5P. , . , 0,073
Sulfate d*ammoaîa.que. . . 0,171
Le» éléments hydrocarbonés qui ont pu servir à FaUmentation de la leTure oot été :
4
FERMENTS — FERMENTATIONS,
•
357
I
I
ï loéuus akmlins.
L »ciiit* Uctique «t les lacUles.
L'ftcîde sucritiique et \c sticcioAte d'ammoniaque.
Lt nuilonate et le pjrolariratê de potaatf .
L* glycérine et les glycérate».
I«ca «cidcj» matîque, Lartrique, futnarique, ci-
irîqtie. et \e% m&latos, UkriratcsVt citrates,
L'ôrylhrite, la qiiercite et la mannlte*
Les sucrea en C et an C**.
Le saccharate de potasaium.
L'amîdon-enipois%?t Tamidon solubïe*
Le glycogène*
La gomme arabique,
L*<^rythrodettnno et la dextrloe*
L'acide muciquc.
La saltcine. resculine, la conifénne, l'arbutine
et la siaponmo.
Au couirailre, les liydrocarbonés suivaats n*ont pas pu en général être utilisés par la
levure :
Les alcooli mêlhylique^ éthylique, propylique,
butjlique et allyltque.
Les acidcft formique, propiomquc, butyrique,
talérianique et oxalique; les formîates, pro-
pionates, butyrates, valérinnales et oxalates.
Le stéarate et loléate de pùiaasium,
L*ACidc pyroUrtrique et Tacide glycérique,
L'ether <^thylique et l'acéuie d'éihyle.
Laboude a recherché quelle était la valeur uulrilive des dllTéreaU alimeuts hydro-
caibonés vis-à-vU de VEuroîiopsisgayonL
L'aldéhyde acétiquei la paraldéhyde.
Le phénol, l'hydroqulnoue, la phéoo glucose.
La quînone.
La sali^êtune.
Lea benxoates et les salicyLates.
Le galUte et le tanuate d'ammouiaque.
Le taiiain.
AUttSNTS HYDROCARBONÉS.
tiK LA CliLTtaf^
c*n jours.
POIDS
DBJl RBCOLTKS.
HEMïEMKM
MOTK.X
p. 100.
Aiiudon. ,
Dcxtrinc. . . .
Maltose. ,....>.
2U
20
9
6
6
6
15
7
8
12
2U
t2
12
2,50
2,00
3,0(»
2.85
2,90
4JU
3.t0
2.50
2.60
1.2:;
i,oo
3.33
4,83
4p83 ^
5,60
2, le
iM
3,5(>
4.8:i
3,et»
2,10
Sucre inlerTerii . , , . .
Olucose. ... . ....
Lévuloae. . . ..,,..
Lactitse
Lactose interTCrli. .
Galactose.
Mannite.
Alcool
Olyeërine, »...
Acide saccinîque.
Acide lactique ,
Au contraire, le saccharose ne peut être utilisé.
La glyoériue joue un r^le favorable des plus manifestes dans le développement du
bacille de Kocii (Nocar» el Rol'.\J. Cultivé sur t»crum f^çélaliné et glycénijé, sur gélose
nutritive glycériûéej dans des liouilluns glycérines, voire même dans le liquide de Gobn
glycérine, le bacille de Kûch se développe iiicomparablemeal mieux que dans les mêmes
milieux sans glycérine. Dans le Liquida de Coux, en Tab^ence de gtycénuc^ il n'y a pas de
développement,
Ëritin, certains sels d'arides (Erras peuvent être Tunique aliment des ferments orga-
nisés. Le tartrale de chaux sert d'aliment hydrocarboné à un ferment étudié par Pas-
TEUR. Ce ferment se développe bien dans le milieu suivant :
Eau dislillr*-. ........ 2 litre 1/2.
Tartrate neutre de chati.v . . 100 grammes.
Phosphate d'ammoniaque. . . 1 gramme.
^ magnésie l —
— potasse. . - . . , 0*^,5
Sulfate, d'ammoniaque. . . . Or-^s
Il se produit dans ce cas de tacide carbonique et de Feau» de Tacide acétique et de
l*acide propionique.
a58
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Naturellement, les aliments modifient souvent Télat physiologitiocd*uneciiJlare. Cutt-
RiN et DiSi^AriT ont déterminé dans quelle mesure le bacille pyocyanogène s'accommode de* j
différents aliments. Ceux-ci étaient introduits à des doses variables dans une îiolutiou
salioe répondant à la formule suirante :
grajutaes.
PO^KH*. . . . \ . OJOO
PO*Na'H + 12H«0. O.fOO
CaCI* O.UfiO
MgSOi + 7Hao. , . U.U50
CO^KH* . . * . . i^^U
Eau q. s. pour I litre.
LesréstiltalB obtenus pour les matières hydrocarbonée» sont résumés dans le tableau
suivant :
NATURE
D08B
POGIt SO C. C.
de «olatioD
lalÎQe.
CARACTÈRE!^ PIIYSIOLXXÎIQUES
do la
RÉACTION
dm la
COLTUVtC
UIucos*».
«llycogène.
A« ide lactique.
— acétique.
1 gruintiit:.
Culture très nettp, lugèr^m^^ntchnimag^Tie.
Culture faible.
Culture faible.
A''A'\f. 1
Les cultures sur nmtiert's bydîocarbouées de ces ferments sont acides, >'ùus verrùir^
plus loin que celles sur matirres albuminoïdes sont alcalines»
Alimenutîoii azotée. — L'azote peut iVlre pris au milieu extérieur sous les foimes ÏH
plus diverses, Raulin fait assimiler l'azote ki'Aspergillus sous la forme de sels ammo-
niacaui : azotate, sulfate, phosphate*
Pour 1000 grammes d'eau, le liquide de Raulîn renferme :
Azotate dammciniaqite. â.tîtitî
Phosphate W,400
Sulfat« IIJ66
Pastecr avait montre que l'ammoniaque peut servir d'aliment aïolé à la levure d«
bière, et, après des essais eni'ourag-eants, il parvint k déterminer la fermentation du
sucre, avec reproduction de la levure, dans un milieu qui ne renfermait que de*
cendres de levure, du sucre candi et un seï ammoniacal, du tarlrale droit, par exemple,
La levure présente, an point de vue de son «Hude, des difficultés trè^ considérables.
lUcLACx a montré, dès iMTu qu'il fallait distinguer ta levure végétale de la levure
ferment- L'ammoniaque semble être favorable h la seconde, et s'opposer au développe-
ment de la première. Ditci^^cx le démontre de la façon suivante : il cultive de ta levais
dans des milieux différents, où l'azote est fourni, soit par de ranimoniaque, soit parde
Teau de levure, et il mesure le poids de levure qui sVst formé, Tammouiaque absorbée,
le rapport entre le poids du sucre fermenté et le poids de levure*
Sucre candi. * . . ^
Tiirlrate droit d'ammoniaque
Extrait de levure. , . . ,
PoidB initial de levure si^ehe (5 grammes k VéUl frai»
Pûidft de levure aprè« ferme ma tioo* * . ,
Ammtmiaque absorbée.
La levure a fait fermenter. .,..,,....,,
U,171
3S fois.
0,G$5
Û,IÛ4
^ fois.
in
o,2sa
0,665
0.1A4
0,315
0,OU
26 fois.
Son poide de sucre.
FERMENTS — FERMENTATIONS, 359
ine l'expérience 1 eat celle qui a été le plus vite, les deux autres vont à peu
prè'S du même pas, et, si Ton compare seulement ces deux-là, on voit que» en présence
d ammoniaque (Kxp, III), il y a eu une fermentation peu différente de la fermentation
saiis ammoniaque (Exp. II).
Nous pouvons ainsi, a ce point de vue, étudier ce qui se passe dans les fermentations
du jus de raisin. L'ammoniaque <|ui se trouve dans tes moûts des raisins disparaît peo*
dant la fermentation, et sert, par conséquent, d^alimonl de choix pour la levure, qui, en
présence d'autres substances azotées, les cîioisil eucore. IhniLAUx a trouvé pour les moûts
et les Tins d'Arbois des quantités d'ammoniaque qui montrent bien cette utilisation de
Tammoniaque comme aliment.
CSFAai» MOÛT VIK
Snfamie. ...... 120 0,5
Plousiard ..... 8.8 2,0
Trousseau. ... 40,2 5,0
Nature 71, 2 r,4
Pinot 72.1 0,0
ViUet ni>ir 20,8 5,à
Les matières albumînoïdes proprement dites sont souvent une source d'azote.
PasteI'r a montré que l'albumine, en présence de sucre, et délayée dans IVau, ne
saurait être un aliment pour la levure et ne permet pas la fermentation. Il en est de
même, d'après BlArEfl, pourla caséine et la fibrine. Cependant* la caséine, d*après Bol'l-
laxgkh, se dédoublerait à la Ionique eu <îonnanl de la leucine, de ta tyrosine, des sels
ammonicaux. VAmyloba^^tey butytkm fait fermenter Talbumine et la fibrine. Avec
l'albumine, Dcclalï a obtenu, au bout de 40 jours d'éluve, en partant de 10 grammes
d'albumine sècbe dissoute dans 600 centimètres d'eau de touraillons :
grammes.
AmuinioQiaqut'' ... 1
Acide butvrit|ue. . . 0,38
Acide acétiqui^, . . 0,12
Avdc un peu diacide sucduique, mais aani irace d'atcool.
Il restait encore un peu d'albumine non décomposée. Avec la fibrine il ne se produit
pas d'acide soccinique. Entin, ni avec Tun, ni avec Tautre, il n*y a production d'alcool.
Le Tyrothrix tenms de DucLàux fait fermenter la caséine. Fheldkxbëiuî a montré que
la caséine étail^ au muins en partie, solubilisée par les fermenta lactiques. Les résultats
qu'il a obtenus sont résumés dans le tableau suivant Les laits sont abandonnés nor-
malement à eui-mêmes; on laisse ta fermentation lactique pendant Irois mois à Fétuve;
on filtre à ta bougie Chambebla.nd; on détermine ensuite la quantité d'azote qu'ils ren-
ferroent, et, par suite, la caséine solubilisée.
AZOTE
PAR UTRE.
CASKINK
t!orrQS)»)DtIantc.
L.Mts nu-maux, *..,.......,..
[ '
Lrût.'< abandoonès \ IJ
i la } 111
fermentation lactique. i IV^ J Même
1 V J forment.
liT. U,3â
1,32
1,91 \ Moyenne
u,4i [ 1,35
If). 2
il,78 \
àaatr Miïvenne
2,S9 \ ^'^^
7,30 !
La quantité de caséine solubilisée est donc variable avec chaque fermenlalion ; elle
est considérablement augmentée ^ 4 fois plus en moyenne — dans les laits abandonnés
à la fermentation lactique que dans les laits ne fermentant pas.
FREUDENREica a cherché aussi comment pouvait se décomposer par précipitation et
séparation grossière l'azote total soluble. Par Tacide phospbo-iun|^stique,il a pu obtenir,
S60
FERMENTS — FERMENTATIONS.
d'une pari, un azote albuminoîde* d'aulre pari» un azote amidé formé par des produiu
de dislocation de la molécule allmminoîde.
La moyenne de II eaipériencLs faileh avec des hacilles diff^reuts pendant des t«nip*
▼adables a été :
p. 100,
Ajiotrï total . . , !*58
Azoio albuminmrl \}M
Azote Jirajd©. .*.... I,i0
Le Tyrothrix tenuU dt5 DucLAtjx a donne à Fbkudeî^rkicb, au bout de 4 semaines, des
résultats analogues, quoique beaucoup plus^éievés.
I* 100.
Azote total 2.6Î>
Âioïc aJliaminoùfe . . . l.tH
Aïoie amidé l,2i
Labactéridie charbonneuse Iransforme en amnioniainje la matière azou-t^ àes bouillon*,
celle du sérum, et la caséine, en présence de l'oxygène de Tair Cette transformation s'ar-
réle pour un milieu déterminé quand laquantitt^ d'ammoniaque atteint un chifTre déter*
miné variable avec la matière ^albuminoide et avec la concentration iPEaDRix],
L'hématosoriim et le myosérum sont clVxcellenls aliments azotés pour la levure do
bière; i) en est de même de ces liquides soomis à rébulUtiou et filtrés.
Les peptones sont les matières azotées qui sont le plus favoi^ables aux ferment*
lactiques tant au point de vue de Tactivité que de la puissance (HrEï'CE, Scholl* Katsm).
Ch. RicHET a établi que faddilion des matières azotées solubles à du lait en présence
des ferments lactiques augmenU* la limite d'acidité à laquelle la fermentation s'arrête.
On cl de même compan; aussi, au point de vue de l'alimentatton azotée, Teau de
levure, les peptones, l'asparagine* Hayoouck, puis Kt ssrrou, ont vu que Tasparagine
jouissait des propriétés des sels ammoniacaux; elle active la fermentation alcoolique;
les peplones au contraire facilitent le développement de la plante, et agissent par suite
comme Feau de levure. Hess a montré que Teau de levure était le meilleur aliment : pois
vient Tasparagine qui permet une fernienLatioa un peu moins active» Avec la peptone
enfin, la fermentation est 1res lente. L'activité du ferment, €*est-à-dire la plus grande
quantité de sucre que fait disparaître un m^mn poids de levure dans l'unité de temps
est maximum avec l'asparagine.
Le bacille pyocyanogène, mis en présence d'asparagine et de sucre, détruit l'asparagioc
et dédai^me le sucre (Chahrik et Dhsahd). L*Oosporu gui^ftiardit au contraire^ préfère les
€01 p 5 bydrocarbonés.
P. MiouEL a déterminé la quantité d'azote transformé en ammonioque par te baciU«
succiniqiie cultivé sur osparagine après 4, 6, 1* jours de fermentation,
ASPARAOINE
AZOTE
TOTAL
do
0^|iai{igiiie.
AZOTE
TRAMSPORHÉ
eo AiH^.
AZOTE
TRANKOBHE
en Al H 'p. lit)
d'Aç. toul
Fermentation urrctiV 1* 1 juur. , . ,
— — le ti' jour, , . .
— — II- !0* jour. . , ,
LU6
l,t75
fit.
0,â37
0,S14
11,219
{1,14.1
0J78
0,201
Parmi les autres aliment;» azotés^ Mavkb a étudié la pepsine, qu'il a trouvée Irtî*
favorable au dévéluppement de la fermentation alcoolique, la pancréatine, la ptjaline, la
créatine, la créalinine, lu guanine, la caféine, tous à peu près sans action; Tasparagioe,
qu'il a trouvée peu propre â servir d'aliment (?) ; l'urée, rallantoiue un peu plus favorables
à ralimentation. Au contraire, d'autres auteurs ont vu que la guanine et l'acide urîque
sont favorables au développement de la levure, que le nitrate d'urée et i'amygdabue^
au coutraircj ne permettent que des fei^menlalions très lentes. Uappelons enfin que
l'azote des nitrates n'est pas assimilable (Mavkh, Lalrent),
On a comparé aussi les uns avec les autres les divers aliments azotés. Laïjhint a
étudié, de la même façon que pour les aliments bydrocarbonés, les différentes substanefâ
FERMENTS — FERMENTATIONS.
361
petit*a5similcr la levure de bière, ou &u conlraire celles qui ne peuvent lui
semr.
I
1
Suiffiancei azotées non tusimilahUs
par In levure,
Mèlhjl — é\hj\ — et propylanoitie.
OïjcocolJf.
If ippunite de fodium.
F'ormiïimido et nc^taroid*'.
Acide unqup,
Anllini? et cMoruns d*Jtnitin«'.
Diphénylaminp.
ChlQrh}'drai«s de n»phtylAminc* et de pbénylhy^
dr&ztne.
TyroSïue i?).
Cblorhvdrate de cocaïne, do morphine, de
êtrychaine et de iei^riûe(?).
Caféine.
SulfAiei de clacîiotiaiiiltie. d*«lrûpine et de qui-
nine (neulre).
Nucléinc*
LABOfiDe d recherché ijnelle étail la valeur nutritive des divers éléments atotés sur
Eurotwpsi$ gayonien observant 1rs mêmes rèf:li*& que pour les alimenb hydrocarbonés.
^uàtiancft ntotétâ astimiiaitieâ
par ta irvurt,
Aeîde a»partiqut* et asparaginr.
Acide li^^luumiquc elfglutaiDine.
Am\gd:ilm«*,
Atrapiiii^ ^1 eolcKit^tne,
Oi^lAline.
humme.
ptan« et eatéîne.
DURÉB
PfMDS
REIVDEIEVÎ
ACil»IT^:
MATIÈRES AZOTÉES.
de»
rCLTI RE»
drt,
par
4*t
1 en jours.
KÉCOLTIK.
JOCR.
jiar Ittre
/ Témoin. , ,
f
ti
6
3,50
3,56
5,8
5.5
i.88
L A;f.ota(c d'ammoniaque
A 10 te
1 Aïoiate de soude ou de potasse.
H
3^0
3,i
0,37 1
^ TAi'trale d'ammoniaque , . , , .
10
3.10
3,4
43
laorganiqae*
j Phosphate —
13
3,02
2.5
7,10
( Sulfate ^
12
2,80
2,3
;i.25
\ CIdorhjdrale —
te
2,70
l.î
4J2
Ëau de levure
8
3,î»0
4,8
i,85
Asparagîne. . ,
' 8
3,ao
4,5
In84
. Caséine. . .
?»
3,95
4.^
2.55
Atote
Gluten. .
9
3,70
4i2
i.n
Urée. . .
9
3,64
4,i
0,45
j Gélatine.
9
3.00
4.0
2,62
Fibrine. . .
10
3,00
3,6
2.40 1
Pcptone. .
12
3,70
3.1
2,40
Albumine du ^au^. .
14
3,60
2.6
2,l.:î
i — de l'cruf. .
14
3,60
2.t
2,85
CuAiihtN el DissAni» ont étudié l'iiiJliiefice de diffèrenls rotps azotés sur la vif* du
bacille pyocyanogène*
NATURE
Da L'ALtMMKT.
DOSE POUR
50 c. n.
40 aolutioQ
laline.
CAHACTfcrRi:^ PHYSluLO0igLîE.S
DB Uk. CULTURH 1*1 B&CILLK l't^KYJiWOOfrXr:.
HÊACTIONS
DK L& CULTCBH.
Pepione.
Asparagine,
Urée.
1
0,50
1
l
0,50
0,25
Culture 1res abondante, peu cbrnmogcne.
Culture tr^9 ahondiinte, peu chromogéno.
Culture très abondante, {vés chromogéne.
Ne cultive pas.
Culture légère iranspareate, non chromog^ne*
AJcatine.
m
36$
FERMENTS
FERMENTATIONS.
On voit qae r&liment albuminoîde rend le milieu alcftlin^ alors qoe ralimeDt bjdro-
carboné le renJ at*i<Je.
J. Nicolas et F, âbloing ont éludié llnnuence de ta consiitmUon du milieu nutritif
sur la végétabililé et la Timtence du bacilte diphtérique. Its ont cultivé des baciltes
diphlérîques dans quatre milieux difTérents.
i° du bouillon de bœuf ordinaire renfermant 2*/o de pepLone; 2« du bouillon deveaa
préparé suivant la formule de xMassol, de Genève, c'est-à-dire : un liquide de macéra-
Lion de viande de veau légèrement pntréûé et bouilli* (iltré, neutralisé et entln atcalioi&é
par 0*f^28 de Na OH par litre; ;)" du bouillon de bœuf additionné de I/IO de ^runi
humain ; 4° du bouillon de bœuf additionné de 1/10 de sérum de cheval.
Les milieux les plus favorables à la végélabîtité seraient par ordre croissant :
Le bouillon ordinaire;
Le bouillon Massol; *
Le bouillon additionné de sérum humain;
Le bouillon additionné de sérum de chfvaL
Au point de vue de la vimlencp, Tinlluence de ces difTérents milieux est moins mu^
quée, et néanmoins ceux qui semblent le plus favorables sont te bouillon Ma^sol elle
bouillon additionné de sérum de cheval.
EiJÏin, rappelons ijne t'azote de l*air peut servir d'aliment (Voy. Aiote, 0. IloCî^sJ^aàULT
rechercha si l'azote de Tair pouvait être directement fixé par les vé^'étaui, mais se*
expériences ne furent pas timcluanles. G* Wolf, au conlraire, montra nettement cetl*
absorption, Selmi reconnut que les i'hampi;u;non!?, en se développant sur une terre arable,
augmentent la quantité d'azote qu'elle renferme* Lbstim et Dël Torre montrèrent que
les moisissures» en se développunt sur des produits organiques, an^sfmentent la quantité
d*azote que ceux-ci renferment, Kn tout cas, la fixation de Tazote atmosphérique est
aujourd'hui délinitivement demonlj êe. Hellhiegf.l et \Vjlf\kth, Akûre et Bertrelot uiii
prouvé que l'azote atmosphérique pouvait servir et servait d'aliments à certains microP'
l^anismes qui le fixent alors dans le sol.
Action de la chaJeuri — Des températures optima. — La température exerce
sur les fermefits organisés une artion très puissante. Des températures exlrémeraenl
basses déterminent peut-^tre la morl de certains ferments. En tous cas, toujours ellei
arrêtent le développement âv for^anisme, développement qui ne peut avoir lieu qu'au-
dessus d^m certain niveau thermique, variable pour chaque microbe. On en connaît qai
peuvent vivre et se développera la température de la glace fondante; d'autres, au contraire,
exigent 2S ou 30". Lorsque la température s'élève, la végétation se fait de plus en ptos
facilement, et on arrive assez rapidement à un état particulièrement favorable : c'est
la température optimum, au-dessus de laquelje le développement est gêné, ralenti et tr*^
rapidement arrêté. Même pour des cultures en pleijie vigueur, une etévatlon légère,
mais brusque, au-dessus de la température optimun» amène la mort.
Comme dans tous les phénomènes physiologiques, la température optimum est fOifiiit
de la tempéi'afwe mortclie. U y a néanmoins, entre les deux, un écart suffisant pour que
Ton puisse observer un certain nombre de phénomènes consécutifs à raclioo alléranU
d'une température trop élevée. C'est ainsi que Von produit dans un microbe des modi-
fications dans la résistance, donnant ensuite naissance à des générations ultérieures for-
mant une race affaiblie, que l'on a prise parfois pour une espèce dilT^rente, Ainsi eacorc
Rorx et Bodet expliquent la difTérence faite entre le BacUlus coH commuais et le Bacille
d'EBERTIl,
Quant à la recherche de la température optimum, Raulin a étudié la proportion iJU*-
pergiihis niyer obtenu en trois jours dans le jnéme milieu et les mêmes conditions dViij-
tence, mais à diverses températures.
U a trouvé
i]i3)çré«. griunmos.
A lî»,
27 .
32.
84.
0,3 d*Aspergiltus.
1,2 ^
2,5 —
J,5 —
4,2 -
FERMENTS — FERMENTATIONS.
S6a
I
I
A 36 .... , 4,1 d^Àrpertjéttui,
31. . , , . 3,8 —
39 3 —
42-43 . . , des irtce».
La lempéralure optimum est dooc 34*».
Hiuui^ a observé de f*lus (\ue la température favorable pour le développement Test
aussi pour la fructification; en effet, une culture d'AspenjHtua maintenue à uue tempé-
rature inférieure à 20'* pendant quirue jours uo peut pas fructifier. Maintenue à 24", elle
brunit au bout de douze jours; après quinze jours» elle noircit» c*est-â-dire qu'il y a for-
mation de spores noires, A 31'», il lui faul quatre jours pour noircir. A 34<», troi» jour» lui
sulOsent. A 38*, de nouveau, il lui faut quatre jours. Enfln, à U% le mycélium brunit
très leolemenL
On peut aussi effectuer cette recherche^ de la même façon que Mar.^hall Wabd a
recherché le temps nécessaire au Eucillm ramosuii pour doubler de longueur à des tem-
pératures dilTérentes, Ce temps, période de doublement, piésente un minimum lorsque
Ton elTectae la culture à la température optimum. Cette période est variahie suivant
la température : à 8'* ,5, elle est exlrémemenl lente; et on est presque à la limite raini^
mam de culture.
Elle devient
degré».
A 14. . .
iuu iiiinutcs.
16. . .
tûu —
20. . .
70 ~
30, .
30 -
¥
W A partir de cette température, la période de doublement ne change guère pendant
■ quelques degrés : c'eat la tcmpéiature oplinmnh A 30**, la période augmente brusque-
■ meut^ de telle sorte qu'A 4U'\ elle devient de 120 minutes environ, A peine un peu plus
haut, c*c8t la température mortel le, avec coagulation du proloplasma.
La lone de température optimum est très différente d'une espèce à ranlre. Nous
avons TU que la température optimum de VAspergittua nti/er était de 34"; celle de IMsper-
gilius glaucua de GayoiN esl de 25" environ. Enfin on connaît des bacilles vivant àO". dont
les températures optima sont 15°. C'est ainsi que KonsiEft a étudié la bactérie qui rend
■ la mer et la chair des poissons phosphorescentes; elle peut vivre à 0^.
■ Les différents auteurs ne sont uiérae souvent pas toujours d'accord sur la tempéra-
ture optimum d'une même espèce. C'est ainsi que, pour la fermentation lactique, elle
t serait pour Hurppe de :îo à 42**; pour Liebig, de 30 à 35**; pour Maykk, de Ail à 4U"; pour
les différentes espèces étudiées par Kagoes, de 3*» à 40*'.
Parmi les espèces vivant h des températures très élevées, MnîUfit a trouvé dans Tenu
de Seine et Teau d'égout un bacille poussant de 42 à 72*». Van Tieguem cite un strepto-
coque vivant à 74**. Globig et Lydia Raîîi^vowitcu ont découvert successivenienl, dans les
couches de terrains à ileur du sol, toule une série d'espèces vivant facilement à 60 et
même à 70**. Il est remarquable que ces êtres aient été trouvés dans toutes sortes do terres
Iel à toutes les latitudes.
Températures mortelles. — Si Ton dépasse, même de très peu, la température opti-
mum, les microbes souffrent et meurent vite. Ils meurent par coagulation dn proto-
plasma. Déjà à 52*», par exemple, les filaments du BadUu.< anthracis présentent des cha-
pelets de granulations formées par du protoplasme coagulé; la vitalité de rôlémenl est
» considérablement diminuée,
BiiHSHALL Ward a étudié ce qui se passe dans le Bûcitlm ramosm lorsqu'un le chauffe
, à une température limite de fa îtone mortelle. Un filament de ce bacille est semé â Tétai
de spore dans de la gélatine d'abord à2'2*: puis on le porte à 39'^. il croît alors avec une
tlelle rapidité, qu'en un quart d*beure il parait doubler de longueur; maïs, après cinq
minutes pendant lesquelles il s'allonge ainsi, il se contracte tout à coup et meurt*
La température mortelle est assez variable suivant les espèces, selon que Ton fait agir
la chaleur sèche ou la chaleur humide. Déjà Leuwenhobk, en étudiant le rotifère de«
Sfallakzani, l'animal qu'il appela tardigrade, remarquèrent que ces êtres» qii
364
FERMENTS
FERMENTATIONS.
nieureDt dès que Teau oQ ils vivent est à nue Leoipérature de 45*. peuvent résister Ion*
qa*ilâ sont desséchés a 120^. Dotèri^ a pu sans les Luer les soumeitre à une tempéralurf
de 140».
A l*élat humide, les levures meurent entre 60 et 63^; dans une chaleur sèche, le^
levures vivent jusque vers 100 et lâO".
H faut doni% lorsque l'on veut déterminer ta température mortelle pour un organifme.
distinguer absolument rét<it de dessiccation plus ou moins grand de rélément.
Parmi les appareilsetïes procédés imaginés pour dtHerminer cette température mnr-
telle» nous citerons ceux de Miouel.
MiocisL et Latthayb, pour mesurer la résistance des microbes à la chaleur humide,
emploient un appareil composé d'une marmile ferm^'e remplie aux trois quarts d^one
solution de chlorure de calcium dont lejpoinl déhullilion est connu. A l'intérieur de m
récipient se trouve un autoclave cojitenant une mince couche d'eau et un petit dia-
phragme qui doit supporter les milieux ensemencés. Cet autoclave est privé d'air par uo
courant de vapeur prolouf^é, Oïi connail la température exacte par un thermomètre prt'Cis
et par un manouièlre ù air lihre. Un réfrigérant à reflux empêche la solution de cLIorurf
de eaïciitm de s évaporer. Après un certain temps d^ébuMilion on retire les milieux eB*^-
menées et on les abandonne à Tëtuve. On peut déterminer ainsi le temps que met le
microhe à se développer, la nature de la culture, etc.
Au contraire, pour déterminer la température mortelle d'un microbe, Mïqukl et Cam
BiEH emploient un appareil qui se compose d'un vase cylindrique servant de hain-mane.
dont la température est invaiiable, et dans lequel on immerge des ampoules de verre
contenant les microbes k étudier, avec un ppu «l'eau distillée. Ces ampoules sont fixées
à la tige du Ihermomètre qui marque la température du bain. Après les avoir laissé
séjourner pendant un certain temps, on verae leur contenu séparément dans un milieu
irés nutritif permetianl le rajeunissement rapide de la bactérie. Selon le temps d'tm-
mersion et la nature du microbe, la culture est stérile ou est altérée.
MiouEL, eufm, pour mesurer la température mortelle des spores sous rinfltience de h
chaleur sèche, les mélange à du sable fin et stérilisé, sèche le tout à une température de
35° et rinlroduit dans un tube métallique sec et bien bouché. Le tube est tîxé à un Iher*
momètre, el plongé avec lui dans un bain d'air de température constante. Après uo cerl^ùn
temps d*exposition plus ou inoins lon^% les spores sont versées sur un milieu très nutritif
stérilisé.
La température mortelle est fort variable. Sternbeag a montré que, pour un certain
nombre d'espèces asporqgénes, elle oscillait entre 50^ et 60^, D'après von Trait, une tem-
pérature de 07" à 137" arrête la putréfaction, mais ne détruit pas absolument tous les
germes. MoHO>iT a montré que la bactéridie charbonneuse sans spores, contenue dans li*
sang desséclié, qui [leul rester vivante pendant plus de soixante jours à la température
ordinaire, résiste à un chauffage de |>his d'une heure et demie à 92**. La bactéridie cul-
tivée sur bouillon résiste moins bien. D'autre part, ItucLAifx, en cbaulTaiit, durant une
minute, divers bacilles du fromage, a trouvé comme températures mortelles des nomtïrej
variant entre 80^» et ItO-^.
Certains microbes présentent, dans certains cas au moins, une résistance toute parti-
culière; c'est le cas par exemple du bacille de la tuberculose^ qui peut résister parfois k
des températures assez élevées.
Pour Ykhsin, qui a recherché quel était le temps qu'exigeait un milieu ensemencé
pour se développer après avoir été porté pendant dix nnnules à une température donnée,
le point mortel sérail 70° pour une culture sans spores.
Avec ces milieux
GIiauJi''és k 55" peaijaint 10 minuleSf ou obtient une culture après (5 jours.
_ 60- ^ — _ _ 37 jour».
— Td" — — ue donnent pas de culture.
ScuiLL et FiscHEH avai(^nt pu inoculer la tuberculose k des cobayes par des crachats
tuberculeux exposés quinze minutes à l'aciion de la vapeur d'eau à IQO''. Vœlscu avait
prétendu qu'après un chaufîage à 100", môme répété, la semence tuberculeuse eit
aiïaiblie, mais non détruite. Hablnowitch, entin, avait prétendu que la graisse prolègs
le bacille tuberculeux. D'après A. Gottscukin et U. MtcHA£ixis cependant» une ébuJIitioade
FERMENTS
FERMENTATIONS.
u:i
« la graisse pendant cinq minnles lue le bacille, car toutes les injections Faites avec ce
Plkacilte chaotré restent négatives.
Un point essentiel relatif à cette action de la chaleur, c'est que la résistance â de
hautes températures est beaucoup plus grande pour laj spore que pour le bacille adulte.
C'est ainsi que Ton peut admettre, après eipériences, que presque tous tes bacilles
meurent au-dessous de 100^, tandis que presqne toutes leurs spores survivent à plu-
gieurs minutes d*ébullition.
Déjà SpjiLLAjii7.ANi avait étudié sur les spores de mucédinées l'intltience de la chaleur,
et avilit remarqué qu'elle!^ peuvent subir ri'fbnlliiion dans Teau ou la chalfur d'un
brasier, Pirg^ï a vu \ Oïdium aitnmtincum, clmnipi^^nno de la mie dcî pain, résister k la
■ température de 1*10^» el mourir h 142°. Pasteuh a fait germer Tari le ment au bout de
qaarante-buiv heures des spores de Pénicillium fflaucum qui avaient supporté la tempé-
rature de I0S**,4; la germination avait encore lieu, quoique plus diriicilement^ après un
séjour d'une demi-lieuro à 120'\ A t27"-l32*, loulf^s prfrissenl. Quant au Mucor tnucedo.
Pasteur a montré que ses spores périssent à ttHI* lorsqu'elles sont imméritées dans refiii.
MiuLEL et L\rTRAYK ont montré que» pour détruire les spores les plus i*ésistanles, il
fallait, en milieu humide.
^^^B^^pores de la bactéridie eharbounense sont tuées en milieu humide ù une tempe-
^^^Bre de 100<> maintenue pendant pius de cinq minutes ; elles résistent pendant dix
mutiUs à 95^ en milieu humide. A la température de 100'' à Tabri de Tair, les germes
OD sont pour ainsi dire jamais détruits. Roux les a retrouvés aussi vivants après cent
soixante-cinq heures de chauffe; seule leur germination est retardée, et le retard est
» d'autant |ilus considérable que le temps de chaulîé a éié plus long.
Des bacilles sporutés vieux, étudiés par Ybusin dans les mêmes condilîons que les
bacilles non sporulés cités plus haut, ont donné après avoir été
Une température de 102^,3 aouteoue pcndiuit 2 heures^
— — de 104", 8 — — 1 bourt'.
— — df? tD7*,5 — — an minutrs.
«- — de 109' — — 1.1 miniues.
I
Cbauflfës à 55' pendant lû minutes : une culture après tu jour^.
— SU* — — — È2 jours.
— 70* ^ — ne donn4?nl pas de ctiiiures.
HoFVMAN.^» en soumettant des spores û'UstilaQO carbo et d*Ustilago de&truem à 1*20*
à l'étzit sec, les voit résister, tandis que dans une atmosphère saturée d* humidité elles
meurent entre 58" et 62^
La spore de VActinomyces résisterait, d'après LiBiufArfN, À une èbullitiou d*un quart
de minute de durée, et à trois heures d*exposilion â lS-5* en milieu set:; d'aprt-s Dokec,
aile résisterait à cinq miiAutes d'eiposition en milieu humide a une lempéniture comprise
entre ÔO* et 73". D'après Béhard et Nicolas, les spores d" Àctinomyces sont luées par une
exposition de quinze minutes â 80^, en milieu sec comme en milieu humide.
CaAJiER pense que la résistance plus *;tande des spores de mucédinées à la chaleur
provient de leur pauvreté relative en eau; en effet, taudis que te mycélium en contient à
peu près 87 p. 100, la spore n'en a que 3S p. 100, Dcclaux suppose que des analyses
faites sur des spores de bacilles donneraient des résultats analogues.
InHuence de la réaction. — Va facteur important, qui fait viirier beaucoup la lem-
péralnre mortelie pour le ferment, est la réaction même, alcaline ou acide, du milieu.
La nature du liquide dans lequel on chauiTe les microbes a une iniluence ccrLiine sur le
temps qu'ils résistent et sur la température qui leur est mortelle. Dés le début de ses
eipériences sur la génération spontanée, Pvstkijh avait remarqué qu^m li(|uide atTide se
stérilisait plus facilement par rébuiritionet plus vite qu*Ufl liquide neutre. C'est ainsi qtll^
certains germes chauffés dans Tean résistent deux heures à une température de lOO^; dans
l'eau de levure, il faut cinq heures pour les tuer; dans Teau de foin, cinq heures; dans
le bouillon Liebig, trois heures; dans le motit de raisin neutralisé, une demi-heure, Ue
plus, Pasteur avait remarqué que le hiit n'est pas stérilisé après une simple ébuHition.
11 fattl le chauffer jusqu'à 105°. Or il en est ainsi de tous les liquides alcalins, tandis
306
FERMENTS — FERMENTATIONS.
qa^ane simple ébulliUou suTdtà slériliacr un liquide acide. L'acidité en effet, nuit aq
tlévcîoppemenl des {germes. Par exemple, une infusion de foin reste stérile après ébul-
lltion, niais seulement à cause de son acidité ; car, si l'on neutralise le liquide par de ti
potasse, aussitôt les germes se développent. Au contraire, W. Bodeiiti eo 1874, Goa^
en 1876, purent chaufîer pendant plusieurs heures des infusions de foin nentralisées m
alcalinisêes sans parvenir h détruire tous les ^jermes.
Influence eur les conditions Mologlqaea — La mort n'est pas toujours U ro^*
séquence de Paclion de la clialeiir. Quand rorjEranisme résiste ù une rertaine élévation
de tenipératur*^, et lorsque Ton répète plusieurs fois (Vchauflera ent de la cultare, on
moditie prorondèment les conditions biologiques de la vie du ferment. Le bacilJi'
d'EBKiiTH est ainsi remarquablement sensible aux variations de température. REvu^^VEa
a montré qu'un bacille d*EtJERTH, cultivé â 37" et plongé cinq ou six fois par jour, pendant
dix minutes, dans de l'eau à 22**» perdait totalement au bont de dix jours sa virulence.
au bout de vingt jours, des cultures se reproduisaient avec difliculté; au bout de trente-
cinq jours, le réensemence ment d*un nouveau bouillon ne donna pas de ciiUore. (Le^
rt^eiisemencementâ étaient pratiqués tous les cinq jours.)
Cne modiflcation très imporLinte que produit raction incomplète d*aiie lempéfAlure
supérieure de quelques degrés à la zone ojïtimnm est r-iUénnalion de viralenoê d*im
microbe palbogene, et on en peut citer un grand nombre d'exemples.
Pasteir, en cultivant la bacléridie charbonneuse â 40*, est arrivé à la transmission
héréditaire de l'atténuation de viruhMice. Pour cela, il en fait des rultures en couche^
minces dans un bouillon tr^s aéré, qu^il maintient deux mois à 42'''43«. Ce laps detempA
écoulé, la baelérîe meurt, après avoir passé par tous les stades de dégradation.
L'atténuation du bacille charbotineui a été facilement obtenue, par Toussaint et Chic*
VRAI, par raetion simultanée de la chaleur et de roxyf?éne. Si Ton chauffe du sang
cbarbonnetix a des lempi-ratures variant entre 50*^ et l>»V, Tatlénuation de loiicité e$it
d'autant plus rapide que la lempératun' est filys élevée. (Ihautfé pendant huit minutes,
à 50** seulement, le sang reste touL à fait toxiqtie; pendant dix-huit minutes chauffé àli
mAme lempéralure, il vaccine les animaux auxquels on riiiocuïe ; chauffé pendant ri %'(
minutes, il est stérilisé, el les animaux inoculés ne sont plus vaccinés; le même résultai
est obtenu eu seize minutes à une tempét^ture de lt2'\
Arlokno, CoivxKviN et Thomas atténuent la virulence du bacille du charbon sympto-
malique en portant 1rs masses t-harbonneuses à des lempéralnres oscillant de 100* à I04*,
On obtient, suivant tes conditions de chaufîajy;e, des virus plus ou moins actifs.
Les autres caractères biologiques varient d intensité sous raetion d'une chaleur uu
peu trop forte. Ainsi, le HacHUts anthmcis, soumis à 47°, étant à Tétat illainenieux ou
en bâtonnets, donne des spores extrême raenls sensibles à ta température de 80*.
Wassehzuo a pu modilîer ta forme du Mkromccm pradigioms par des chauffes à la tem-
pérature de '6(1'* répi^tées [pour chaque nouvel ensemencement. La forme micrococciquê
disparait dans ces conditions, et se transforme en une forme bacillaire. On peut obtenir
une transformation plus rapide en ajoutant l'action des acides à celle de la chalenf.
Héaietance au froid. — La résistance au froid est âncoraparablement plus grande
que la résistance à la ohalenr.
On connaît de no m lu eux exemples de mucédinées résistant aux froids d'hivers rigOQ-
reux. C'est ainsi que les spores d'Vromiiœs appcmiicuialti^ et de Paccinia (frfimini^
peuvent germer, quoique ayant vécu à — 13" ou — 20*. Janowsky a trouvé un certaiii
nombre de bactéries dans la jieige fraîchement tombée, et Scbmklbk en a trouvé dans la
neige d'un glacier le Jostedalsbra. Iï'rakxkkl a trouvé un grand nombre de bactéries
dans la ^lace alimenlaire, jusqu'à 5 000 par centimètre cube. CAGNïAfto-LATOiia a vu
germer de la levure de bière qui avait été maintenue à — 90" dans un mélange réfrigériot
(aeide carbonique et éther). Schuhachkr a constaté la survivance de la levure et de diverses
bactéries à eu séjour de quelques instants dans une atmosphère à ^ 113'». Pictet et You-s^
n'ont pu qu'atténaer le pouvoir fermootescibit; de la levure après un séjour de yin^i
heures dans un mélange à — 1/10*^. W. Hrehsi; d*après de nomhreuses expériences, conelal
que le vibrion du choli^ra est capable de résister cinquante-sept jours à des températures
très basses ( — iû^], lue brusque variation de lli** â — 10» ne le tue pas. 11 en est de même
pour le bacille tjphiuue. Aussi tous deux résistent-ils fort bien aux hivers de nos citante
FERMENTS — FERMENTATIONS.
afi7
I
I
I
VX cependant les vanalioni» de température brusques el répétées semblent beaucoup
pluâ néfii§tes qu*un froid intense longtemps maîuteim^ Ainsi Pruddex a essayé une
K^rie de congélations successives suivies de décongélations. Une eau renfermant
lOOtK) bactérieft par centimètre cube est congelée trois fois en vingt-quatre heures.
Le rliiffre s'abaisse à 90; au bout de liuit congélations en trois jours, il n'y a plus de
|»aclénes vivantes. Au bout de cinq jours de congélation continue, il en restait encore
En nssuiné^ le froid tue difiicilement les ferments^ mais il arrête complèLemi.Mit leur
défeloppement.
lafluenoe de la lamière sur iea fernaents organisés* — En 1845, Scuhabda cons-
tata, à la suite de nombreu>es expériences, que les Infuïioires m^ peuvent se développer
qu'à la lumière, mais (jue cependant Paction continue des rayons solaires directs leur est
nuisible. DowwEs et Bll%xt ont montré eu 1877 laction de la lumière sur les ferments.
microbes sont rapidement détruits par la Inmit^re solaire. Laissant simplement des
ouverts, lemplis de liquide Pastedh, exposés au soleil, les uns librement^ et les autres
d«nii une chemise de plomb, Downes et Blum constatèrent que, porté;* ensuite à rétuv«.\
le^ tubes insulés restent stériles, tandis que les autres développent une abondanir
véi^étation* Ils attribuent raclion retardatrice et néfaste à la partie chimique du spectre
stdaire. Elle serait due à une oxydation produite sous Tinfluence des rayons lumineux.
Tvivujux* Tannée suivante, fut moins uftirmaiif que Downes et BtuNi; il observa bien
que les rayons solaires exercent une action nocive sur les ferments, et empêchent leur
développement, mais que le.^ germt-? ne sonl pas détruits, Yamikson allnboa l'action exercée
sur les microbes par ta lumière à la chaleur riiimagasinc-p par le llacon exposé au soleil.
j4?towsEi| eipéiiment.tnt sur le bacille d'ËHKinB, a pu le détruire par exposition aux,
rayons solaires direi ts en dix, six, et même quatre lieures. La lumière dilïuse avait Uï^e
action moins intt*nse. Pa^zlni a Irouvé que la lumière dilFuse ralentît le développement
de B, prodi'jiû9tix, B^ viohums^ B. pyocyanetts, B, anthiutcis, H. choleni, B, munae^ticus ei
de SiapkylococcHs pyofjmes albm.
Les rayons solaires directs stérilisent complètement les cultures après une journée
dVxposition. Les spores ne sont pas k l'abri de l'action solaire, quoiqu'elles soient beau.
coup plus réststantes, pni«>que le^ spores de V Actinomyces sont fortement éprouvées par
une exposition de six heures aux rayons solaires. Elles sont complètement détruites par,
une exposition de quatorze heures et demie, à condition toutefois qu'on ait eu soin di^
les placer en suspension dans du bouilfen* A rèlat sec» les actions solaires sont nulles
(Bérahd el .Nicolas).
ARtoijjr. a expérimenté sur le bacille du charbon, et a remarqué que même la lumitTe
du gaz suflit k retarder le développement des spores; leur virulence n'e^it pas touchée, La
lumière du soleil, au contraire, nuii st^ulement arrête l'évolution du lUicillus anthrmis, mais
encore modilie et atténue su virulence, el cela pour des expositions d*un temps relati-
vement très court (deux heures au mois de juillet).
DrcLAUX, eniin, a établi les lois générales de Tactiou de la lumière, en opérant sur le,
Tyrothrix scaber du lait, les TtjrothrLv du froma^çe, sur Certains microcoques, etc. Il a pu
montrer ainsi :
l" Que chaque bacille présente une résistance variable à l'action de la lumière ;
2^ Que la résistance de chaque bacille varie avec le milieu de culture dans lequel il
se trouve placé ;
2" Que les spores à félat sec exigent* pour être complètement détruites, un mois
d*exposition à la lumière solaire;
4» Qutt les cûceus sans spfjreî* sont plus rapidement tués que ceux qui en produisent;
5" Que les coccus r^-sistent mieux en bouillon de culture que simplement exposés à
l'état sec à la lumière du soleil:
6*> Que la rapidité de laction mortelle de la lumière du soleil est d'autant plus grande
que cette lumière est plus intense.
Quel e^l le mécanisme de l'action destructive de la lumière? Nous avons vu que les
uns lattribuaient ii la chaleur, d'autres aux radiations chimiques, Dcclaux a émi»
Thypothèse que c'était une oxydation déterminée par les rayons lumineux. Dow.xes et
Bllîxt avaient déjà montré que l'action de la lumière dans le vide était à peu près nulle.
S68
FERMENTS
FERMENTATJONS.
Houx, en opérant sur le B. anthiacis, a observé le même Tait, et les conclusions de ton
travail onl *^té que len spores sont tuées beaucoup plus rapidement quand elles sont
exposées à raction simullanée de l'air et de la lumière.
Ce pliénrjiiïvne est donc lié à un processus d'oxydation, et il [est important d'obsefrer
que les liouillousde (Culture oiydés sousTinlluence de la lumière ne laissent plu9 germer
les spores du B. anthracis, alors que sous sa forme filamenlaire il se développe parfai-
tement.
Il y a donc lieu de déterminer, s*il est possible, raclîon de telle ou telle radiatioo.
Les résultats ont été assez souvent contradicloires. ABLorNG avait essayé de rechercher
quelle est la partie du spectre qui a^il. Aucune des sept couleurs spectrales n*a paru, dus
ses expénenc^^s* arrt'^ter le développement du B. anthracis* La lumière rouge semble
cependant être cf*lle qui lai est le plus ravorable, SajNTORI a montré que les rayons
rouges et violets n'avaient aucune injluence sur la vitalité des liactéries. tandis que la
lumière blanche est ofTensive, surtout a Tétat bumide. Cette action bactéricide e«l
manifesle même h de basses températures, EnlinT l'action de la lumière électrique ett
beaucoup plus faible que celle de la tumière solaire.
D'après GessleRp expéritnef^tatit sur le développement du bacille typhique» il n'y a pat
de ditléreiice qualildtivB entre la lu»uière solaire et la lumière électrique; les rayom
roUj^es n'agissent pas, et les aulre«? couleurs ont une inlluence d'autant plus grande
ijue riudice de réfraction est plus grand. En 1819, Serbano Fatigati essaya rinduencedi^
couleurs k peu près monoeîiromatiques sur ces mêmes infusoires. Il trouva que U
lumière violette active le développement des organismes inférieurs, que la couleur verte
le retarde. La production de CO^ est toujours plus larrande dans la lumière violette ijue
dans toutes les autres lumière'?;» et moindre dans la lumière verte. Par suite^ la respi-
ration de ces ^tres est plus active dans la lumière violette que dans la lumière blanche;
moins active dans la lumière verte.
Enfin* d'aprt^s jA^iOw^iii, Taction bactéricide est due surioui aux rayons cbimiquei
Les bacilles se dévelo pipent aussi bien bous rinlluence d'une lumière tamisée par une
solution de bichromate de potasse que dans l'obscurité.
Il existe encore d'autres raètbodes pour rechercher quelle est Tiofluence des diffé-
rentes couleurs. C'est d'abord le procédé d'ENGELMANN, puis Tétude des modillcattOR!
chimiques apporlées à la t:on<^titution du «:orps; enfin^ l'inlluence exercée par les bacilles
patbofçénes. ENCEuuANr^ a recherché l'action exercée par les diirérentes rouleurs sur le
Bacterittm photomelricum, qui jouit de ia propriété de se déplacer rapidement dani tes
préparations. Sur une goutte de liquide* il pr€»jette nti spectre lumineui, et voit les bac-
téries se porter en cerUiins poinis de préférence; elles arrivent à former des ligne*
d'éléments suivant certaines lignes du spectre. Elfving étudie les dilTérences de compo*
sition des mycéliums cultivés à la lumière et de ceux qui sont cultivés dans Tobscurité; il
emploie des cultures sur bouillons peploniséset bouillons sucrés* A la lumière, la quantité
d'azote paraît ptws considérable; mais Tau^meutation n*est pasconslanle. Ce mémeauteor
observe que la respiration des hyphomyc^es n'est pas altérée par l'action de la lumière.
Rappelons enlin que certaines inaLidies infectieuses et certaines dermatoses sont
inlîuencées par la lumière : la variole, la rougeole ont leur évolution peut-être modifiée
par une exposition à nn jour spécial (Finssen, etc.).
Pour la bibliographie, voir V. Rogovïne {Influence de la lumièTe blanche ei de la lumiàre
eolori'f sur te!i étrt'ii licunts. 0. in.^ Paris, lÙOi).
Action de l'électricité sur les ferments organiBës. — Lehikl avait observé, ea
18H0, qu'en faisant passer le couranl de deux éîéments iie.NSEN dans une solution suerée
additionnée de phosphate d'animoniaque, de jus de viande et de levure, on empdchait
toute formation de bactéries sans entraver te phénomène de la fermentation.
GouN et B, Mr>îoblsoiin, pour étudier ractiou du courant électrique sur les microbe.*,
emploient une solution de :
Pboîfpiiato de potasse. . * 5 grammes.
Tavlrate neutre d'ammoniaque. . . , !0 —
Suîfttle de magnésie. .,.,.... 5
Chlorure de calcium ,...,.,, ©,5 —
Ce liquide était placé dans un tube en II, au travers duquel on faisait passer uo cou*
FERMENTS — FERMENTATIONS.
ao9
»
I
ranl électrique. Il y «» dans ces conditions, éleclrolyse da milieo, [1 ea résulte que.
pour peu que le courant soit intense, on a au pôle positif une réaction fortement acide»
tandis qu'au p61e négatif s'accumulent les bases et l'aminouiaque. Il y a par suite stéri-
lité du miliea, et il peut y avoir mort des bactéries,
[/action est partfculièrement plus énergique au pôle positif, ^râce à l'acidité du
milieu. Ce fait a été retrouvé par Apostûli et Lvoi'K"Riè«e, (Juî i^tudit^rent le pbénomèntî
siurloui au point de vue des applicalion> nïédicalp^; par Prûgunovick et Spaetit; par
Krcgkr, Enfin, jusqu'il présent, il a été pour ainsi dire impossible de déterminer exac-
tement Taction des courants continus sur les bactéries. Un n*a lait que déterminer des
modiOcations rhimiques de milieu qui ont consécutivement réa|(i sur les ferments.
Avec les courante alternatifs on n'a pas obtenu non plus de résultats exlrémement
^tisfaisants. Il est* en effet, bien peu probable qu'une culture placée à rintérieur d'un
solénoide puisse subir grande influence de la part du courant qui le traverse, Ch. Richkt
a montra" qu'en faisant passer dans un litjuide fermeiitescible de très foHs courants
d'induction, capables de tuer les têtards qu'on mettait dans le liquide, on ne changeait
rien aux .évolutions des ferments organisés (ferment lactique, ferment ammoniacal,
putréfaction)*
D'Aaso?fVAL et CiiABRm ont étudié Taetion exercée par les courants de haute fréquence
sur les bactéries, en parliculiersur le Bfuitlc ptjocyanofjëne. La culture est placée h Tinté-
rieur d'un solénotde parcouru par un courant donnent 80D00l> oscillations à ïa seconde. Au
bout d*une heure, la couleur de la «nlture seule est légèrement changée. Si la durée de
l'action est suffisatile, il j a obstacle à la prolifération des i^^ernies, et même arrêt com-
plet. L'action varie aussi en fonction de l'énergie électrique dépensée/SpiLKKR et lioTTSTRUx
ont cru observer dans de semblables conditions que les bacilles mouraient rapidement.
Cependant Fhikoknteal, reprenant ces expériences, n'a obtenu aucun résultat. Opper-
UK?is a montré que Faction de réleclricité se traduisait peut-être par l'action de l'ozone
produit. 11 est arrivé à délruire, à Taide d*un courant d'ozone, les microbes contenus
dan* un liquide, tandis qu'il lui était impossible iJe le faire pour des microbes répandus
sous forme de poussières sèches. Il en conclut que la quantité approximative de microbes
contenus dans une eau n'a aucune iniluence sur ta quantité d*ozone nécessaire pour la
stériliser; tandis que, phis une eau est souillée, plus la quantité d'ozone doit être forte.
Ces résultats ont été utilisés industrietlenient par TvNtJALL, pour puritier les eaux du
Vieux Rhin à Ondshoorn, prés de Leyde. Après une action d'une demi-heure à peu prés,
Teau est complètement slénlïsée, ou plutôt il n'y reste que quelques bacilles, non patho-
gènes, des genres les plus rèsistant?i» tels que H. >^ubti(h.
Proctncticm do lumière par les microbefl. — Un |8;rand nombre de phénomènes
de phosphorescence sont dus à la [*réseiice de micror^anismes producteurs de lumière.
C'est ainsi que la pliospborescence de la nier, la pbosphorescence observée sur des
débris de poisson ou de chair inusculaire, appartiennent à des phénomènes de fermenta-
tion particulière, à des microbes photogènes.
MicuABLis montra que l'eau de mer phosphorescente gardait sa propriété même après
tîltration sur papier Ihi, mais non après llltration sur papier d'imprimerie, La matière
phosphorescente n*était donc pas dïssoule, mais composée de particules très petite* en
suspension dans te li(]Uîde. PKLiJ<«£a observa sur une tête de morue un mucus lumineux
qui lui parut i^ire formé au microscope de petits granules, tantôt isolés, tantôt associés à
deux ou lï plusieurs, La piésence de l'oxygène était nécessaire à la production de la
pbosphorescence. Le phéuofnène lumineux disparaissait quand la matière organique
entrait en putréfaction. Coïin donna au bacille hypothétique producteur de lumière
le nom de Micrococûu.i pho^phoreuf!. Lassar reconnut que la viande de porc présentait
parfois des lueurs, et que l'apparition de ce phénomène était concomitante de la présence
de microcoques. Ffugru et Lassah démontrèrent l'un et l'autre que la présence du sel
était indispensable au développement du bacille phosphorescent. Lldwig put faire déve-
lopper sur de la viande fraîche des microcoques recueillis sur de la chair de poisson
lujnineuse. Nubsch étudia ta phosphorescence de la viande ordinaire, et appela le bacille,
auquel il en attribua la cause, Haûîerium lucens, Giauo a étudié un cerlain^nombre de
bactéries phosphorescentes, et a montré que c'était à elles qu'est due la maladie photo^
gène de certains Crustacés. On connaît encore le bacille indien phosphorescent de
DlCT. De PHYSIOLOOIE,— TOME Vt.
u
370
FERMENTS — FERMENTATIONS.
FiscHiRi apporté des Iodes par cet auteur, le Bacterium phospharenœns de HKaiiEs, le
bacille de Forster, le bacille indigène de FcscBiiR trouvé dans le port de KieU etc
La nature de la lumière varie avec chaque raicrobe; le bacille de Fiscasa donne UA«
lumii^re vert bleuâtre; le bacille de Hermès, une lumière vert émeraude;le bacille indien
de FoBSTER, une lumière presque bleue. C*e3t ce microbe que fon rericontre dans la phoi-
phorescence en masse des rners des tropiques, appelée mer de lait par les anarin^.
L'examen spectroscopique de la ïmiiiùre émise par les bactéries a étt» fait par
Luuwir. d abord, qui a observé daii> le Mkrocucoiê Forsteri un spectre coutiau compre-
nant la presque totaïité des radiations lumineuseâ (tout au moins la partie ^çauche
jusqu u la raie b). Forstrr a obtenu avec le bacille indien un spectre s'étendaijt de
Poranfîé au violet moyen.
La lumière produite jouit de propriétés chimiques assez marquées» puisque l'on a pu
obtenir des épreuves photograpliiques (Forsteb), IL Dubois a pu obleoir la ptiotographie
de pièces de monnaie t^nveloppées dans du papier dans les mêmes conditionâ qu*avetlu
rayons Rœntgen, avec la lumière émise par des photobactériacées lumineuses,
La température exerce natuDïllemeut, comme dans tous les phénomènes de la fie
cellulaire, une inilucnce prépondérante sur le dégagement de lumière par les microbe?.
La température optimum à laquelle se développe la phosphorescence varie pour chaque
bacille lumineui.
M, Fovuteri (Ludwio: ...
Bftcilio indien de Fischer » . . ,
Bacille phosphorescent (Hbrms.s .
Bacille indigène de Frscasii . . .
arrjluiit fa phosf»boroa««uco. optimum,
encore luniineut à 50"
3 à 10»
Ue T'Hitre c^té de Téchelle une faible élévation de chaleur fait perdre leur pouvoir
photogèue aux microbes phosphorescents. C'est ainsi que le Mkrocfyccwi Porsteri (Ldowig)
s'éteint monnNitaiiémeut à 3l)'\ ibHiriitivemenl k 47"; le bacille de Fisi;her s'èteinl àHJ*;
le bacilli? de FonsreR, â 32"*
Les milif^iixde culture sont assez variés; mais en jçénéral on les cultive de préférence
sur de la géîaliue en pr+^sence de sel* En effet, le phénomène de phosphoresceuce eïi^*e,
pour la plupart des microbes connus, la présence d'une certaine proportion de sel, et
pour tous la présence de Toiygène, L, TghougaÎëv en particulier a observé que les bac-
téries phosphorescentes de la mer ne peu veiit se développer que dans des milieux coo-
tenant au moins 3 à 4 p* lOD de sel marin, ou tout autre sel dont la solution serait isoto-
nique de celle-ci. La concentration du glucose dans un milieu nutritif qui eu renfernic
n aussi sur la vitalité des bactéries une influeiicf considérable»
Le mécanisme de la phosphorescence dépendrait» d'après H. Dubois, de l'existeuift
d'une diastase particulière, la hiciférase, pour Têtu de de laquelle nous renvoyons aui
para^rapîiei^ suivants fp. 389 1, et à rarticle Lumière.
Action des microrganlsmea les uns sur les autres. — Les ferment» organise?
peuvent réagir les uns sur les autres, soit parce qu'ils sécrètent des produits toxiqui^s
pour dViutres espèces, soit pan'e que, dans la lutte qu'ils soutiennent pour leur alimeû-
tation, les plus vi/troureux résisleral mieux^ <^t consomment les aliments nécessaires*
Le second mode d'action est île beaucoup le plus fréquent; c'est ainsi que VAsfïctgiUfn
niger se dévelnppi* seul sur le liquide de Raulin» parce que ce milieu lui est éminem-
ment ftivi^rable* et que dans ces conditions il peiït lutter victorieusement contre tous les
autres microriîauisnirs. Ceux-ci se développent mal, très lentement, et par suite dispa-
raissent sous Tenvahissement de l'hyphomycMe,
Un autre exempli^ très frappant de l'action exercée sur un mélange de deux fermealî
par la plus grande vitalité de l'un des deux sur l'autre, est t'intluence exercée par le
bacille pyocyauique sur la levure [de bière {d'Arsonval et Cearrin). La fermentation
alcoolique est jarrétée quand la température est de 37^'; elle n'est pas intluencée, ou i
peine ralentie, finand la tf-mpérature est seulement de 10' (le bacille ©st cultivé sur
bouillon et additionné d'une solution sucrée).
Ce ne sont pas les produits sécrétés par le bacille pyocyanîque qui arrêtent Tactivitè
I
I
I
FERMENTS — FERMENTATIONS. 3îl
de U levure et empêchent le dédoublemeiil du sucre on alcool cl acide cJArbouique, ce
•fonl les bacilles em-mt^mes. Au contraire, les produite» soïubles sécrétés par le bacille
pyocy7ini([ue en l'absence de tout ferment pathojytèiie organisé semblifïit artiver le déve-
loppement de la levure de bière, et jiar suite lu ferme ril;i Lion. La levure sut-rêe, renfer-
mant une culture stérilisée de bacille pyocyanique, fermente plus activement que la
même levure pure. •
Le bacille pyocyanique «Mitrave la fermentation pendant huit ou dix heure». Au bout
de ce li»mps, la levure exerrp très lentement son action. D*Ahso-\val et Cuahrin ont
montré que la cause de celte reprise de la rcrmenlatton alcoolique tenait à ce fait, que
le bacille est fortement aérobie, el qtre la levure, en abfiorbatil l'oxygène, le met peu à peu
dans un étal d'infériorité qui permet a la levure de triompher. On peut arrêter de nou-
veau la fermentation alcoolique en intmduisant dans le milieu où se fait la culture une
certaine quantité d'air.
L*actîoD d'arrêt de la levure n'a pas Hpu quand le bacille est atténué, et lorsqu'il a
cessé d'être pathogène, mais elle est iiid^'' pendante des fonctions pif^nienlaires ou chro-
mogénes.
Les produits sotubtes sécrétés par un microbe sont souvent extrêmement toxiques
pour d*autres. Il n'y a en effet pas de raisons pour que les cellules végétales résistent
autrement que les cellules animales à Taction des toxines. Elles produisent là aussi des
modifications profondes du protoplasma cellulaire, modifications qui sont relativement
faciles à observer chez les Infusoires, H^fkjme, en 1890, a découvert qu'un milieu nutritif
pouvait, après avoir servi de bouillon de cdlure à certaines espèces» devenir toxique pour
d*aulres. Dans une eau naturelle pauvre en matière organique, il observait certains Infu-
soires et autres microrganismes; dans une infusion artificielle^ il plaçait au contraire
quelques Paramécie», Les deux liquides étant m^lan^'és, on voyait périr les organismes
du deuxième milieu, tandis que ceux du premier survivaient. Les phénomènes qui
aceonipakgnaient la mort étaient la dégénérescence^ Thydratalion du proloplasma^ et le
gontlement cellulaire. Cette action est indépendante de la concentration du liquide; par
suite ce n'est pas une conséquence de phénomènes de plasmolyse, et c'est ïà nette»
aent une action produite par des substances en dissolution sécrétées par des orga-
lllstnes.
On peut encore citer dans le niénn» ;^rotjpe de phénomènes raclion des toxines
sfecrètées par le BacUlm pyocymieuSf qui arrêtent le développement du bacille du
charbon.
Formule chimique d'une fermentation. — Il est presque indispensable, pour
étudier une fernientalion* de représenter par une formule chimique les transformations
de la molécule de la substance en fermentation.
Lavoisieh le premier rechercha quelles pouvaient être les quantités de gaz carbo-
nique, d'alcool et d'acide acétique, produites dans une fermentation alcoolique. Il montra
que le poids de ces substances représentait à très p^u prés le poidï^ du sucre mis en
(pavre. Bien que des erreurs se fussent introduites dans son interprétation, Inéquation de
LwoisiEH conduisit Gay-Lussac et Tm?^ARD, puis DuM.is et Boullav, à la véritaiile repré-
Mutation de la fermentation alcoolique, à ce que Ton esl convenu d'appeler la formule
de la fermentation.
Pastel^» a repris rétudo des proportions de substances que Ton obtient par la fer-
mentation alcoolique. En 1860, il montra que l'on obtenait non seulenrent de l'alcool
et de l'acide carbonique, mais encore une cerlaine proportion de glycérine, d'acide
toccinique, de cellulose, et de matières indéterminées.
Pasteur essaya alors de chercher quelle était la formule vraie de la fermeulatiou
alcoolique répondant aut cbilfres de ses analyses :
9«',998 de sucre candi ont donné î
Alcool absolu ...,,, • D,1Û0
Acide cArlmnJqiir 4,9U
Glycérine . ,,,,....,,.., 0,340
Acide sQccJnttpte • • . . 0,065
Cellulose et maiicrcs indéterminées, 0,130
TotaL . . 10,54a
Èli FERMENTS — FERMENTATIONS.
Or 9«^998 de sucre candi, de formule C*^H^O^S représenlent par Oxatton d*un« i
cule d'eau lOt^^oâi de sucre fcrmentescible C^ll^^O*.
La différence entre ce chiffre Ihétiritjue et le chilîre expérimental esl donc de 0,031
Tandis que pour Gay»Lussac eL Lavoisier la formule de la fenneulation alcoolique
était :
pour DtTMAs et Boullay^ elle était :
Pour Pasteur, il faut en plui introduire Tëquation de transformation du sacc
en acide succinique^ glycérine et acide carbonique, soiL approxîinaiivemenl :
(2) t»CHH2i(ni + H,i.Hîi) = *4(:aH«0^ 4- ttiCWOi; -f fiftCOî»
On ne tienti dans ce cas, pas euci*rM compte de la production de celluïose. îl faal!
eu oulre» savoir dans quelles proportions les ♦■quatirms (1) et {%) sont reliées Tua
l'autre.
Or Pasteur a montré que 10€ grammes de sucre eu se détruisant dounent :
Atcaul ....... 51,10
Acidtt carbonique. . 49,20
OJyc^^rine 3,40
Acïdfi succiniqun . . . 0,65
Cellulose êtc . . . . . 1,30
Donc l'équation (2) donnera :
Glyeériue . 3,607
Acide succinique . - . 0,160
A<ndc carbonique. . . 0,10$
Pour 4«',5ti de sucre candi.
Dans 100 grammes de sucre il y a donc très sensiblement 9a»',o qtii se dédoublent
suivant Téquation (l) et 4^',ri suivant l'cqualion (2). La fermentation alcoolique totale est
ainsi représentée par 21 fois C^^^liioii transformé en alcool et acide carbonique et i fois
(^iifjîïQu iranformé en glycérine, acide succinique et acide carbonique.
On peut rapprocher de la levure de bièi e VEurotiopf^is Gayoni^ qui, on culture anaéro*
bie, donne aussi naissance h de l'alcool, de l'acide carbonique, de l'acide succinique, de ]
la glycérine (Laborde), de la cellulose, et d'autres produits qui se tixent dans le tissa |
de la plante^ Nous pouvons ainsi comparer VEurotiopsis et la levure,
EurDiiopsii
(Laboiuji).
Alcool 46.4
Acide carbonique. . . 44.4
Actdo succinique. ... 2,3
Glycùrine 1.8
Poids de pUnles. ... 4 a S
Une plus grande quantité de substances fermentesciltles est employée k produire
les tissus vivants de la plante. La même formule va représenter ta glycérine et Tacide
succinique formés, nmis il y aura lui plus grand rapport entre Téquation (Ij et
Téquation (2J.
Il y a en effet 3 grammes de sucre seulement qui fermentent suivant (2) pour 97 fer-
meutaut suivant (i)» Soit 32 fois C'-ll*'0'* transformé en alcool et acide carbonique
pour l fois (I^^ll-^O^ï transformé en glycérine, acide succinique et acide carbonique.
Les formules générales représentant la fermentation du saccbarose par la levure de
bière et \*Eurotiopm Gayoni seront donc, en négligeant complètement le poids deplanti»
formé : pour la levure :
IÎ39 CtniasQ»* + 563 H^O = 2 058 C«H«0 + 12 C^H^O* + 72 CaH*Oa + 4146 CO*.
pour VEurotiopsis Gayoni :
639 CiSH»Oi* 4- iiSO H*0 ^201*1 CtH^O + S C*H«0* -^ 48 CaH^C + 4 201 CO*.
FERMENTS — FERMENTATIONS.
573
(/exislence de c€s deux formules montre donc bien ]a diiïérence enlre les deux
fermentations.
La production d'un on plusieurs alcools dan? une fermentation peut dtre accompagnée
de la production d*un ou plusieurs acides gra«. Tel est le cas du Bfwiîlus ortkobutyHctts de
GftiMBKnT, qui donne naissance» en Taisant fermenter \e glucose» le seccharose et un cer-
tain nombre d'autres sucres, à de l'alcool butylique normal avec uu peu d'alcool isobu*
tjrlique« à de Tacide butyrique normal, à de TaL-ide acétique, avec des traces diacides
lactique ctformique, à de l'acide carbonique pi à de l'hydrogrue.
Le phénomène est donc très complojse, t-l Duclaix Ta suivi de très près dans la discus*
sion de la formule établie de la façon suivante :
La fermentation du glucose, par exemple, peut Jonni^r des quantités variables de pro-
duits suivant le moment même où Ion considère la fermentation. Ainsi le rapport de
l'hydrogène à Tscide carbonique dé;îagé sera r
Du !•' au 4' jour 1,16
Du 4* ftu 13*" jour f),:U
Du 13' au 22' jour, ...... QM
L4L moyenne totale éUni« . . 0,50
La quantité d'bydrogèue diminue donc par rapporta la quantité d*acide carbonique.
De même, si nous étudions les quantitt^s de maliùres liquides obtenues, nous voyons
que Takool butylique reste stationnaîre ou augmente, tandis que l'acide butyrique
d/'croH, ainsi que Tacide acétique. Il s'est formé dans un cas par la fermentation de
! jy^ramme de sucre :
ALCOOL
lltTTYLIQCB.
ACIDE
BIJTTRIQUK.
ACIDE
ArrtTlQtTK.
Au bout d« 1 jour
^^ de 4 jour»
— de 16 _.,.._
-: ;
miMigr.
93
S95
329
QiLLIlirr.
mllllifr,
251
Si Ton ^laisse la fermentation sVIfecluer en présence de craie, la qwanlilé d'acide
diminue moins rapidement :
1
ALCOUL
BVTTLUïtni.
ACIDE
ACIliK
Vi t - l jour. . , , . .
4 jour* . . . , .
- 16 —
— S mois
15
S9
m
108
4ti4
423
405
215
313
114
110
U,
On voit donc que Talcool butyliqutî continue à se produire pendant toute la fermeu-
talion^ tandis que la formation diacides gras s arrête ; et que même ces corps disparaissent.
L'alcool butylique ne peut se former que d'après la lormuîe suivante :
11 peut se former aussi une certaine proportion d'acide butyrique avec d<5gAgeraent
d^hydrogène parla fermentation du sucre :
C«>H>îO<* = C^H'CO^B + 2C0' 4 4H {à}
Enfin la formation d'acide acétique doit se produire, soit aux dépens du sucre, soit
aux dépens de l'acide butyrique en présence des éléments de Teau :
C"Hï»0 ■ + 2ir-«0 = 2CH ^CO*H + 2C0s + 4H (c)
C*H CO»H + 2H5IO =2CH*C0*H + 4H (O
374
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Soit enfin, par suite d'une fermentation spéciale du sucre donnant naissance à de
Tacide butyrique, de l'acide carbonique et de l'eau, ces deux derniers termes s'onissant
pour former de l'acide acétique :
5C«Hi20« = CaH^C02H 4- 2C0« + 4H
OU :
5C«H»«0« = SCaH^COSH +J4C02 -f- 16H| -I- 6C0« + 4H (rf)
|2CH3CO»H 4- 4HÏo|
Ces formules représentent donc chacune un des phénomènes élémentaires de la fermen-
tation; elles peuvent en se groupant différemment produire l'équation totale, etc. Chaque
fermentation en particulier va répondre à une formule spéciale suivant; la quantité de
sucre en expérience, la présence ou l'absence de craie, la durée de la fermentation, etc.
Ainsi une solution à 3 p. 100 de glucose a fermenté en vingt jours en donnant poar
1 gramme de sucre :
milligr.
205
185
84
Alcool butyiique.
Acide butyrique.
Acide acétique. ,
cç qui correspond à :
8C6H«20« = 4C*H90H -f- SCaH^COni + 2CH3C02H + lOCO» + 2H«0 + 20H
comprenant par suite deux fois la formule de la formation de l'alcool butyiique (a), trois
fois celle de la formation de l'acide butyrique (6), une fois celle de la formation de l'acide
acétique (c). La formule totale F est donc :
F = 2a -f 3ô + c.
Dans un autre cas on a trouvé, dans la fermentation d'une solution à 2,4 p.. 100 de
glucose, pour 1 gramme de sucre :
grammes.
Alcool butyiique. . • OJIO
Acide butyrique. . . , 0,331
Acide acétique. . . . 0,095
ce qui correspond à :
7C6Hi20« = 2C*H«OH + SCaH'CO^H -h SCH^CO^H + lOCO* + 4H«0 4- 4H
comprenant une fois la formule de la formation de l'alcool butyiique (a) et une fois celle
de la formation des acides butyrique et acétique (d),
F = a + rf
FiTZ a fait fermenter la glycérine, la mannite et le saccharose par le Bacillus butylicus^
voisin du B. or thobuty liens, et obtenu les produits suivants :
100 GRAMMES
DB OLYCÉRINB.
100 GRAMMES
DB MANNITB.
100 GRAMMES
DB SUCtB INTBRTBRTI.
Alcool butyiique
8,1
n,4
grammtH.
10,2
35.4
0,4
0.01
0.3
42.3
0.3
traces.
1»
Acide butyrique
— lactique
— succinique
Tfimëthylèiicglycol
Mais l'élude de la fermentation par ce bacille a été encore trop incomplète pour per-
mettre l'élablissemcnt d'une formule.
Nous allons encore trouver un exemple de variations dans les fermentations en étu-
diant les phénomènes que détermine le liaciUe amylozyme.
Le bacille amylozyme de Perdrix fait fermenter le glucose en présence de carbonate
de chaux, en doimant naissance à de l'hydrogène, de l'acide carbonique, de l'acide acé-
tique et de l'acide butyrique. Les milieux de culture étaient formés de :
Sucre fcrnientesciblr. . . H
Poptone sèche 2 j
Eau 100
Carbonate de chaux. . . Q. a.
FERMENTS — FERMENTATIONS*
3T5
PsiDiix a étudié dans ces coudîtions la marche de la fermentation; et les nombres
qu'il a obtenus sont les suivants :
i
850 c. c. BOCILLON DE T£At A ls^95 OLUCO^H X>. I0<>
ADbtTIONÏVK DE 10 &8&tfMEJi CO'Ca PrL% BRUL7I«T. 1
Volume an gai dégagés.
Aciil*^ carbonique
proTOoant
de la dx^composition
du farboDaL9
d«* rliaux-
H,vdrogéDfl. Acide cArfK.>tiii]ue,
3*; heures apréf rcnscmcncomftivL
IH - — —
3 joari —
9 ^ _ —
(K»*riînMUalioD achevée depuis
deux jours.)
12ÛÛ
2640
3650
5340
1480
â410
4 080
r. c.
liû
365
1010
La simple observation de ce tableau montre que la fermentation n'est pas W^guïière
An débat, la production d*hydiogèQe est plus abondante <îu*à la fin. Le rapport du
folume de Thydrogène et de l*ocide carbonique va constamnienl en diminuant ;
Au bout de 36 heures. . ~"
™ 48 heures. ,
CO^
30
H
64
CÙi
^M
H
m
LO^
40
H
36
COî
~4i
— 3 jours. . .
— ÏI jours, * ,
(Fermentation terminée
depuis 2 jours.)
Les variations dans la production des acides ^^ras sont âussî assez considérables.
Perdrix a trouvé, dans le ballon déjà étudié plus haut, et renfeimant 16»?^, 6 de glucose :
gramtneK.
6,685
Acide ac<^tique. . .
— bu lyrique . .
Ce qui donne pour l'ensemble de la ternientalion
«[ramiue».
Hydrogèûo 0,n
Acide carbonique. . , 8,(14
-- acëdque .... \,lî^
— butyrique . , . G, 685
Eludant à une formule :
ta) UîC«HiîO'^ + IBH^O = E25H H- »4C0a + 15C>H*0î ^ 38C*H«0«.
Or Perdrix u mesuré aussi les quantités de substances produites dans une culture
Itée au troisième jour, et il a trouvé :
pour 16*^^6 de glucoae employé.
1
■ 1
t:ULTL-RK
AJialTÉ£ AT7 3« JOUR.
CULTUHK
DIFFERKNCK.
Hydrogène »
Acide carbonique. . , ,
— acétique, . . . ,
— butyrique. ....
0,32 \ c«rr«i|«iidiit
4,73 \ là 9^.6
1,11 i de sucre
3.11 / empîoyé.
6.41 \ j .
gf, IJtr«4.
OJtl =1,6»Û\ . '
3,31 =l,67J'*'7'«^"'
On voit donc que, dans la dernière partie de la fermentation, il n'y a plus production
d'acide acétique, et que, dans ce cas, il y a volumes égaux d'hydrogène et d'acide carbo-
nique produits.
37a
FERMENTS — FERMENTATIONS.
La formule de cette dernière partie de La réaction devient donc :
ih) C'HiîOû = -ill 4- 200* -f C*H«0*,^
équation de la ferra en talion butyrique.
Au contraire, poar une fermentation d'une durée de trois jours, PEaoaix était arfÎT<2 i
l'expression :
(c) 53C«HJ*0« + 42Hî0^312H + 114CO"î + 30CaH*O* + 36C*H»O».
Si ron retranche des expressions (a) et (c) la formule (6} de la fermentation butyrique,
On voit que {a) la renferme trente-huit fois et le) trente-siî fois.
Étudions d'abord les transformations de (a) :
, , ( a8[C*H'20«^4H + 2C0S + CH^O*]
^^^ \ 8C*H»îOû + ISHîO - 72H -h 1800' + ISCiH*©-',
Maïs, dans la deuxième formule, on pent remplacer le glucose en fermentation par k^
produits mêmes de la fermentation butyriqne :
8[CMÎî*03 H- 2C02 + 4H] + 18H-*0 = 72H + ISCO^ ^ I5C*H*0«
La fermentation totale peut donc être représentée par
4fiC^H«''0*-- + 18H20^38 [C^HsQî -f 200^ + 4H) +|8rC*H«0« -H 2C0« -H 4H1 + 18H>0|
^ ' 1 » t- 18CU« + 72!Ï K
Dans la fermentation arrêtée au bout de trois jours la formule va devenir :
. . f 36[C(iH*«0« = 4H + 2C0i + C*HiO»j
^^^ \ nC«HitO« + 42H*0 = 168H + 42CO* 4^ 30C*H*O*
et en remplaçant 17 CMl'W par sa valeur en aride tïutyrique il vient :
W
aOtC^Hi^Ùû^^H + 2C0-i -f cmi^Oî]
n[4H + 2C02 + CiH*02] + 42HïO^ leSH + 42CO* + 30C«H*O«
et la fermentation au bout de trois jours devient donc :
53C«Hi30^ + 42H20^3«(>H''02 + 2COî + 4H] + InjC^H^Oa + 2C0» + 4H] 4- iSH^^Î
1 ,10CSH*O* 4- 42COÎ + I68H I
La fermentation du saccharose sous lintluence du bacille amylozyme vaiia aussi aveej
la durée de la fermentation» ainsi que le montrent les chiffres suivants ;
FERMKNTATÏON
aurktvib au doct
de 5 jotirp.
FKRMKNTATION
THRICINÉK
(Il joan).
tUFFÉREXCE.
Quaniito de sucre ayant feraient*^,
Bjdrog<^nie * . . .
1.(8
0,031
11,610
0,139
0,526
2,44 '
0,059
1,24
0,142
1,180
grinimc*.
1,2U
0,0283
û.ôao
0,003
0,651
Acide CHi'bonique
^ acétique, .,.,...»
— butyrique. . ,,»...
Ainsi la fermenlation totale du saccharose est représentée par :
30Ci3H«Oii + 34HÎO — 240H + HGCO^ 4- IOC2H*Oi ^ 56C»H»0.
La fermentation pendant les cinq premiers jours correspond à Téquation ;
39Ci^H2aOn -h 59H20 ^ 344H 4^ 453CO» + 26Cm*0» + eSCkH»0».
Et enfin les chiffres correspondant a la dernière période répondent à TéqualioD :
Cini^^On + H20 = 8H -K 4C0* + 20*11*0*;
FERMENTS — FERMENTATIONS.
H77
ispotiiTiona appliquer à ces formules les mêmes considérations que plus haut, ce
uoos montrerait le bacille amjlozyme déterminant la ferrnenùitioit biityriqtie du
sacre î sur cette fermentation vient se prefTer consi-eulivemen! l'hydnitation de l'acide
formé, cl sa transformation en acides acétique, carbonique ^^i hydrogi-ne,
Nous trouverions des résallats identiques en étudiant les quelques fermentations où
une tri le discussion a pu être faite, c*est*à-dire le Bacillm ethaccticus (Franklawd), le
ferment mannitique (GAYurf et DoBounG), le pneumo-bacille de Fbiei>landsii, etc.
I
I
I
I
riEL'x n:\iH: PAitTiK
Les Ferments solubles.
On a donné le nom de ferments «olnlile^, diaslases iPastkcr, 1870), zymases (Bh!i;H \mp,
1800), eni^ymes iKunNS, t878), a des substances inanimées, capables de produire des
actions identiques aux pliMnomenes de rermentatious provoqués par les ferments orga-
nisés. Il est eitr^mement probable, d*ailfeur8, que les terments organisés ne déterminent
tontes les transformations qu'ils produisent que par la sécrétion de ferments solubles.
Les propriétés générales des diaslases sont en grand nombre; mais il est 'néanmoins
extrêmement difficile de Jes définir, car ces propriétés sont ou trop mal définie^, ou
communes à un grand nombre d*autres mat ii- ces chimiques.
La composition cliimique en e.sl mal connue, pour Jie pas dire inconnue, car on n'a
jamais obtenu que des précipités très impurs, jouissant de propriétés diastasiques; mais
rien n'autorisait à affirmer la proportion de ferment pin^ qu'ils renfermaient.
Les diastases très impures ainsi obtenues contiennent du carbone, de Toxygéne, de
lliydrogène et de Tazole, quelquefois du oblore, du soufre, du phosphore, avec une
certaine proportion de cendres. Dans un tel ensemble, il est impossible de dire ce qui
revient aux ferments solubles, et ce qui revient aux impuretés qui les entourent.
Si une défmition reposant sur la constitution rbitnique des diastases était possible,
tl faudrait l*adopter; mais on ne peut y songer actuellement. O'autre part, l'action dias-
tasiqueest une propriété parfaitement définie et sur laquelle on pourrait s'appuyer pour
donner une définition : le^. diastases sont des substances qui ont pour propriété de déter-
miner, sans se détruire, des fermentations dans les milieujt organiques où elles sont
placées, la quantité de substance en fermentation étant, pour ainsi dire, illimitée et hors
de proportion avec la quantité de ferment soluble employé.
Mais un grand nombre de substances chimiques bien définies ont des propriétés
identiques, par eiernple, Taclion des acides très dilués sur Tamidon, sur les
graisses, etc, est comparable â ce point de vue à faction des ferments solubles.
On pourrait, pour *:onîplèter l'énoncé des caractères qui limitent la classe des dias-
tases, faire entrer en ligne de compte Taction de la chaleur qui les détruit, l'effet des
anti!*eptiquesqui n*empéchent pas leur action, Tinlluence de certains poisons qui farréten*
au conlraii-e ; cependant ces propriétés ont été encore retrouvées dans un certain nombre
d ♦ produits artificiels qui ont paru être doués de propriétés identiques à celles d'un
ferment soluble.
C'est ainsi que les métaux, à un étal de division extrême, semblent avoir des pro-^
priètés fernienlescibles. Une très petite quantité de platine en solution colloïdale est
une véritable oxydase et détermine facilement la décomposition de l'eau oxygénée
(1 gramme de platine dans 3000110 litres d'eau). H e^tiste pour le platine colloïdal, comme
pour les oxydases ordinaires, une température optimum. Le platine colloïdal rougit
î'alotne et bleuit le gaîac. Son pouvoir est augmenté par suite de Taddilion de faibles
proportions d'alcalis, tandis qu'il est diminué lorsque les proportions sont fortes.
Enfin, on a remarqué de i^'randes analogies entre le platine colloïdal et les diaslases,
quant à la manière dont ces deux corps se comportent en face de certains poisons tels
que Tacide cyanhydriqiie.
Il reste, pour détinir un ferment soluble, ta ressource de s'appuyer sur Torigine
même de ces ferments, en nïéme temps que sur la totalité des propriétés que nous
Tenons d'indiquer. Ils sont produits par les organismes vivants, animaux ou végétaux,
pour déterminer des trausformalions chimiques utiles à la nutrition uu à la défense de
37H
FERMENTS
FERMENTATIONS.
ces organlsmt^s; ils aiarissent ea particulier sur les aliments afin de les rendre aJ^î^îmi'
labiés» ou laAme alui df les traiislontier dans Tintétieurde la cellule pour donner na
sance à un dt^pagement d'éuer^ie, de chaleur, eic* *
La déllnition totale d*un ferment soluble sera donc pour nous : C7ii carpi àt «tdfii
indéterminée^ probablement orfjaiwiuc, secrHé par ks iHre$ rivants et «laceph'dte de dit^
miner ia tram format ion de aubstance^ organiques dont la quantité efit pre&que infink paP^
rapport à la masue d^ ferment. Ces transformations ou fermentations wnt influencées jyar té
chaleur, pfir les a^puts physiques et par quelque» puisons; elles ïie sont poê néanmotm arrê-
li^es par les antiseptiques.
Les Qoms sous lesquels on désigne chaire ferment ont été, tout d'abord» pris un peu
au gré de l'auteur i|ui Tavait isolé. Ainsi ont été donnés les noms de diasta^e, invertlne,
émidsinef papaïne. Actuellement, avec Dltclalx, on donne aux ferments solnbles Je nom
dû corps sur lequel ajj;it tel ou tel rerment, et on termine par la désinence «s^. Ainsi amy-
Ime est le corps qui agil sur l'amidon, .vucfvf*;^ sur 1p, sucie, caiéafic sur (a casT^inel: il fAut
garder néanmoins les fioins consacré!^ |)ar i'usape, tels que pepsine ou ptyaline.
Composition chimique des ferments sotubles. — Quel que soit le mode de pré-
paration employé pour isoler les ferments soluble*^, on n'a jamais obtenu que des pré*
cipités dont rien ne pouvait déterminer l'état de pureté, et cela seulement encore pour
un 1res petit rjonibre de ferments. On a néanmoins analysé ces précipités, et UD eert&iii
riombre d'auteurs ont indiqu*^ les résultats de ces analyses.
On a beaucoup cherché a détertniner La nature même de la substance organique,
sans arriver, d'ailleurs, à autre chose qu'a émettre des hypothèses peu proliabies. La
nature des cendres avait été laissée complètement de cûté, jusqu*à ce tjue Bertra?;» ait
constaté la présence du manganèse dans les cendres de la ïaccase. Il a montré que It
fonction oxydase semblait liée 4 la présence de ce corps. D'autre part, les diastases coa*
gulantes exfffent, pour aju'ir, la présence d'un alcatino-terreux. Le fer semble jouer» dans
le sang, un rûle fondamental dans les phénomènes chimiques qui s*y passent. Il y a donc
lieu de croire, étant données surtout les propriétés que possèdent les métaux dans cer-
tains cas, que le phénomène de fermentation diastasique est intimement lié à la présen^^
des métaux.
Composition élémentaire des ferments Bolubles.
NOM
des
riRlTKXTII.
ArnjrJuie.
SuCrase .
Enmkme
Pepsine .
Papaine.
o
m
ai
<
45,68
4tï,8U
45,57
i5,8Û
46.2(1
48,(10
50,10
40.50
43,90
48,80
43,06
&0,37
50,71
B2,36
52, id
6,78
6,90
iiM
7,44
6,49
6,î>0
l/yH
7,50
7,20
»
6,63
^.8i
7.10
7,20
6,88
747
7,37
7,12
s
<
7 H 8
4,70
4,57
8,92
9,98
5,t4
a.9(j
4,ÎJ4
6,01
8,i:î
4,30
9.41
6,60
!4.20
JL5i!
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15.0
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16,40
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AUTEURS.
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WURTZ»
FERMENTS — F ERM ENTATIONS»
au
Classification des diastases. — La l'IassincAtion des diastases ne pouvant repoier
ittf leur consliluïion ehimique, puisnu'elle est inconnue, on doit s'appuyer pour I*éta-
^Ur onlqu*^meQt sur les réactions auiquelles ce?i corps donnent naissance.
D'autre part, au^ Uiastases vienneot s'ajotiter presque nécessairement les toxines, les
agi^lutînines, etc., tous corps dont la fonction est encore si mat déterminée qu'elle rend
presque iniposâihle une méthode exacte qui puisse guider dans le is^roupement.
Un troisième ordre de faits vient au^si troubler It^ cas le plus simple où TacUon chi-
mique produite semble nettement déterminée* Ost la réversibilité d*un grand nombre
de phénomènes diaslasiques. Le» réactions produites par la malta^ie, la lipase. seraient
dans ce cas. D'autres fermentations sont donc susceptibles d'avoir b*^ mt^mes propriétés.
I^armi tous les auteurs qui ont cherché à classiller les diastases, nous n'en citerons
que deux.
BoçHQUCLOTf en s'appuyanl uniquement sur la nature des corps sur lesquels agissent
l69 diaslases, a proposé la cla^sitkation suivante :
i* Ferments solubles agissant sur les hydrates de carbone :
al Invertine, maitme, tacfaae, tréhalasef agissant sur les sucres;
6) Diastase, înulasr, pecia^e, ctjtme, agissant sur les amidons,
2* Ferments solubles dédoublant les glucosides : ànubine, mifroshie^ rhamnoêe el
3* Fermeuts prijtt'oiijtique$ exerçant leurs actions sur les matières albuminoides :
pepêine, papame, tnjpsine, présure, plasinase,
4* Ferment de l'urée : uréasc.
5» Ferments sapouiJiant les mati^'^res grasses ; iipase&m
0» Ferments sohibles pathogènes.
DucLAUî class»^ les diaalases de la "façon suivante» d'abord d'après les actions qu'elles
produisent, et en second lieu d'après les matières sur lesquelles elles agissent :
w 1* DiastiLses *te coatpitaîiont et de déco(i*julaUon provoquanl des changements d'état phy-
rique, et ne paraissant pas iuQuencer notablement la structure chimique de la molé-
cule. Rentrent dans ce groupe les diastases suivantes t
a) Ferments agissant sur les matières albuminoïdes :
a) Coagulants :
Prémre, déterminant la coagulation de la caséine du lait.
Piaatnase — — de la fibrine du sang*
p) Dêcoagulants :
Camne, dissolvant la caséine en rendant ses solutions limpides; antagoniste
de la présure,
Fibritifvie, s'opposant à la coagulation de la llbrine; antagoniste de laplasmase.
rypsme \ ji^tgp^jjji^^pt i^^ iiqii,s friction et la solubilisation des matières albu-
Pepsine - - 1
Papatm ]
/jj Ferments agissant sur les matières ternaires et les hydrates de carbone, ferments
mal connus et en petit nombre.
Pecîa€t ou ferment déterminant la coagulation et la gétificatton des sucs de certains
fruits «
extase, déterminant la liquéfaction des parois ceîlalosiquets des cellirles végétales,
2* Diastasts tV hydratation et ti<; des A ,v 6fmf<i f i oh provoq a an ( des dédoublements par tixa-
tâoQ sur la molécule scindée en deux parties des éléments de Teau dissociée en ses
ions, hydrogène et hydroxyle.
Les diastases de déshydratation paraissaient bien peu nombreuses quand on a
démontré ta réversibilité de deux ferments solubles hydratants, la lipase et la maltase..
Ce fait semble montrer que, comme dans le cas précédent, il y a poss-iblité de deux
actions diastasiques de signes contraires :
Ifl) Ferments agissant sur les n>atières albuminoïdes :
hdiptpùne, îa tnjpsine et la papaïne du groupe précédent rentrent dans celle famille.
Uréase agissant sur l'uré^i et la Iraiisformant en carbonate d'ammoniaque.
t} Ferments agissant sur les matières hydrocarbonées :
s) Sur les matières amylacées :
$m
FERMENTS — FERMENTATIONS.
^imyi^S'', Ifansformation de l'amidon en maUo8e;ifitii4M«, transformation de Fini
lirie en lévulose.
p) Sur les sucres :
Sucrnse du saccharose, ou invertine, transformation do saccharose en glucose et
lévulose*
Siicrflsv tlu maltose, ou maltme, transformation du maltose en deux raolécules
dextrose.
Sucrase du Iréhalose, ou I r Ma ^<i5e, transformation du Iréhalose en deux moléculi
de dextrose.
Sucrase du laclose, ouHactufie, transformation du lactose en dextrose et cù gai
tose.
y) Sur les tri- et les polysaccharides*
5) Sur les gîucosides :
Elles sont d'une très grande importance, par suite du nombre considérable de corjjs
sur lesquels agit rharune d'entre elles ;
Émuhme, dédoublement de Tamyg-daline, de lasalidne, de riiélieîne, de Tarbntioi
de resciïline, de la couîférine, de la populinc, etc.
Myroaine, dédoublement de la sinijErrine, de la sinalbine; elc.
Hhamnasc, d«^do«iblemeot de la rhamnétine, et probablement aussi des autres dénvés
du rhaninose (rhamnolîdes),
il Sur tes glycêrides :
Lipase, siipouifiaut les ^^raisses et jouissant de la propriété de permettre au con-
traire leurs ^jnlhèsesi
3** Diasiases â^Qxijdation et de réduction qui fiient sur un corps une certaine quautité
d*oxygène, empruntée soit à i air, soit à des corps oxygénés. Dans ce dernier cas
Faction oxydante est accompatfni-e d*une a-^tion réductrice.
a) Diastases oxydanles :
Laccfls^, oxydation d'un grand nombre de corps par Toxygène de Tair.
Tyrosinase, oxydation de la ty rosi ne.
p) Diastases réductrices ou hydrogénanles :
Philolhion, transformation du soufre en hydrogène sulfuré.
4'J Diastases de di^compositton et de recompo^^ition provoquant de simples d*5douhleraenli
d'une molécule, et la combinaison de deux molécules indépendantes sans rintervenlioir
de l'eau. Le type de ce groupe, et ijresque le seul connu, est la iym(ise^ dédouldeojeol
du glucose en alcool et en acide carbonique.
Dans cette c!assi(i cation ne rentrent ni les agghitinines^ ni les Itjsineïi, ni les immtinh
sines, présidant à des pbéuomènfs complexes, généralement d'ordre pathologique, ^t
plus mal fonnties encore, si possible, que les diastases.
Diastases k ptiénomëiies de dëcompoBition et de recomposition. — Ce sont d^
beaucoup les phénomènes Ie5 plus simples : le ferment soluble semble n*agir que par si
seule présence, pour déterminer la destruction d'une molécule, et son ^dédoublemeut
en deux corps de constitution plus simple.
Le phénomène inverse se produirail, si deux corps mis en présence pouvaienU p^i
simple addition, donner naissance à un troisième. Cesdiaslases longtemps inconnues ont
actuellement un représentant d'une importance fondamentale, la zymase de Buchner.
Elle existe dans la levure de bière, et c'esf par suite de sa présence que se produit le
dédoublement du glucose en alcool et en acide carbonique, C*H<W = 3C0*'f iC*tl*0.
Elle avait été déjà entrevue et discutée par Tkaube, Clalue Bernard, Berthelot,
Trattbe, en 1858, formula nettement Thypolbèse de son existence, et Claude BEiiKAnt)
chercha à démontrer par des expériences publiéespos? mortem l'existence de cet enîyroe.
Pasteur repoussa au contraire toute intervention diastasique dans la fermentation alcoo-
lique. Il n'admettait que la seule intervention cellulaire, La diastase alcoolique exiftait
pourtanL Blxuker Ta isolée en mettant en liberté le contenu cellulaire des levunïs,
par broyage et rupture des membranes. Le sur de levure, filtré ou non à travers um
paroi poreuse, détermine dans une solution sucrée un rapide dégagement d'acide cartH>-
nique avec production d'alcooL Lorsque le suc est très actif, il contient une malièrp
albuminolde, incapable de traverser les bougies Chaïberland, et qui coagule à 41". Cette
2
M 'S^'
FERMENTS
FERMENTATIONS.
im
r
matière dîeparalt dans le nue à Tétat de repos^sous riiifluctice du fermenl prott^otytii|ue
qui y est contenu (WROOLKwsKr),
Diaataaea a phèaoïnèiiea d*oxydation. — Les oxydtiseii sont des dlaslases permet-
tant la fixation d^oxyji^èiie sur des corps, qui, sans leurinterveution, ne s*oïyderaient que
trèà Jeuti^ment, ou pas du tout.
ScM«>r<»erN arail réuni en un seul#j;roupe tous les phénomènes dans lesquels on observe
le bleuissement de la leiiiture de gaîac sous l'influence des l'orp» l«^s plus divers, soit en
ptésence de l'air, soit on présence de l'eau ojiygriu'e.
SaiaiEiitttÊttc;, puis SciniiriiRBKRG et tk^NtiK, avaient recborché Tac lion in vitra du sang
artériaLi«»é sur d^» substances réductrices (alcool bciizyiique et aldéhyde salicylique) et
étudié les phénomènes qui se passent lorsque Ton fait circuler du sang tenant ces sub^
stanot?» en solution dans cerluins orj^^anes. En li^ââ, TtuuuK avait signala dans certains
Mssus animaux la présence d'une ^^lobulifie possédant les propriétés d'un ferment oxydant
Jauukt montra que le sang seul ne détermine qu'une action oxydante insiKniflante.
Gertainfi organes, au contraire, jouissent de propriétés manifeslemenioiydantes, le rein»
surtout le poumon. Il démontra que ces propriétés étaient dues à une diastase contenue
dans les tissus et dans les extraits de tissus; elle était délruile par la chaleur, cl pos-
sédait la pro[iriété de liier Toxygène de Tair sur des corps réducteurs.
Bektraxo, reprenant les ejspériences de HiRLmoKURO Voshida, a démontré que les
phénomènes d'oxydation, de noircissement et de coagulation de la laque, sont dus à une
oxydasé^ ainsi qu'un grand nombre de phénomènes du régne vé^étaL
Enlln signalons quelques ferments solubles oxydanb qui paraissent s*écarler un peu
des vraies oxydases.
RoHMANN et Sp(T£Er, puis RsY-PAtLiiADB, ont ppouvé Texistence, dans le règne végétal et
le règne animal, de ferments oxydants produisant de l'indo phénol bleu dans une solution
sodique très étendue de naphtol et de paraphénytèiiediamine. Il diffère de la laccase en
ce qu'il ne bleuit pas la teinture de gaiae. Laccase et ferment de Houman;m-Spitzkb
eJlistent donc simultanéaient dans les cellules végétales,
A côté des oxydases véritables, Ahklous et BiAHNiis ont montré l'existence d'une glo*
balme oxydase jouissant à peu prés des propriétés des ferments oxydants*
Les ferments solubles hydrolysants^diastase, pancréaLine,émulsine, semblent posséder
les propriétés des lernienls oxydants indirects. Scfionbêin admettait que cette propriété
leur était spéciale. 1 a cou son a montié que c'est grâce à la présence d'uue certaine propor-
tion de ferment oxydant que Fon observe la décomposition de l'eau oxygénée dans
l'action des ferments bydrolysants.
Les produits qui peuvent servir plus spécialement à la recherche des ferments oxy-
dants sont, d'après Bocruukuot :
1* La teinture de gaîac : fornialion d'une coloration bleue (ScHorKBsm).
2^ Le gaiacol : coloration rouge grenai ([ïoLingiiELOT).
i^ l*a paraphénylène-diamine en présence d'i naphtol et de carbonate de soude
(EoaiiANf( et Spitzkh).
Un grand nombre de substances donnent des réactions analogues.
BornouELOT a classé les matières ox3'dantes en quatre groupes :
1" L'oxone, que Ton peut trouver dans les macérations d'un certain nombre de pro-
duits organiques.
î" Les oionides {Ozontràger de Sghunkein) oxydant au moyen d'une certaine propor-
tion de l'oxygène qu'elles contiennent ila quinone rentre dans ce groupe;. Une fois cet
oxygène employé, le phénomène s'arrête,
3** Les véritables aijsydasês, qui déterminent une activité chimique remarquable de Toxy-
^^éne de TaLT. Cet oxygène est alors capable de se Qxer sur telle ou telle substance ajoutée
Hâ la solution de ferment.
V 4» Les fermcnti oxijdants indirecH, qui décomposent l'eatj oygènée. L*oxygéne qui se
K dégage alors est susceptible de se fixer sur un produit oxydable. Os ferments ont été
Bàèsîgnés sous le nom de peroxydases par Llnossieh.
Cette dénomînalion n'est pas heureuse» car elle semble indiquer une diastase agissant
sar les peroxydes. Nous nous en tiendrons donc à la nomenclature de Houkquelot. (Voy*
OzydaieB.)
I
38S
FERMENTS
FERMENTATIONS.
PhéDomènes de réduction. — En opposition aux fermenU solubles oxyd&nU, néon
se placer des feniieiils soluble» réducteurs, dont le type, et le seul vraiment bieoétâh
est le phitothion ou diastase hydrogénarite. De REY-PAitaADE a montré rexistence <
philotbton dans les germes d'un grand nombre de plantes, dan5 tous les» tissus aaimaat.
dans la levure de hiere* Le pbilotbion est, dans toutes les cellules vivantes où il eust/^.
un produit de leur fonctionnement. Le pbîlutbion, qui serait de nature albumiiioide,
d*aprt>9 BkY'Pailhade, aurait pour constitution BH, dans lequel H serait faiblemeot lié j
H* li serait comparable
à si H.
Tous deux» en elTet, se détruisent lentement son
Tinflmmce de Toxyi^ène libre, réduisent par hydrogénation le carmin d'indigo, et soot
précipités par un grand nombre de sels méLaitiques. Le philothion lixe de Thjdrogf'a
sur Toxygène, sur le soufre, sur le pbospbore et sur diverses matières colorant^^s. Cefj
un corps qui fait concevoir les phénomènes de réduction de Torganisme comme dei
phénomènes diasLasiques; c'est une djaslase réductrice.
Phénomènes d'hydratation* — !>a fixation d'une ou de plusieurs molécules d*eta
produit dans une molécule chimique soit rinlroduclion de fonctions nouvelles, ^oil un
di^rtoublement. CVst à ce dernier cas qu'appartient la totalité deîi phénomènes d'hydra-
tation des matières ternaires. Il y a dédoublement dans l'action des ferments solubles
sur les amidons, les sucres, les glucosides, les g^raisses.
Au contraire, parmi les matières axotées, nous voyons la transformation de Turée en
carbonate d'ammoniaque, sous rinfluence deTuréase; il y a là modification de fooclion
a) Dédoublement des matières amylacées par hifdratatian, — L'hydratation des amidon
est un phénomène complexe, considéré autrefois comme une simple liquéf&eljon
Tamidon, suivie de sa transformation en dextrine, en maltose, en glnco>e, Ua fallu dis
socier chacune de ces actions, et actuellement on définit les amylases des fennenti
solubles liquèllant Tamidon. On les rencontre le plu> souvent associés à des dexfi
nases transformant les dextrines en maltose, et à des maitases transformant le milto
en glucose : le mot d*amyla^e désigne, {lar suite, cet ensemble.
L'amylase formant ainsi un tel mélange a été la première diastase isolée. Entrevue
par ICiBCBOFK en 1814, son action a été étudiée par DL'iiKL>FAUT|en 1823. Elle a été isolée
par Paustî et Persoi en 1K33.
Les transformations que subissent les molécules d'amidon consistent en une dégra-
dation méthodique, dégradation par laquelle on arrive par hydratations successives A des
molécules beaucoup plus simples, La réaction est facile à suivra au moyen de l'eaa
iodée qui colore ramidon en bleu. Parmi les dextrines, les unes se colorent en rouge, et
les autres ne se colorent pas. Brîcke a désigné les premières sous les noms d*£rylftrd«|
dextrine, et les secondes sous le nom â^Àchroodextrine*
L'amidon transformé par ébullition avec Teati en un empois mucilagineux est
soumis à Taction d*un extrait de malt. Il se liquéfie alors, colore l'eau iodée en violet, et
commence à réduire la liqueur de FEHLi^a, Il s'est dédoublé en ér>tbrodextrine €t
maitose.
L'éryt brode itrine à son tour va se dédoubler en une deuxième dextrine plus simple,
et mettre en liberté une deuxième molécule de maltose. Le dernier dédoublement '
formera enûn la dernière achroodextrine eo deux molécules de maltose.
(C»«H*»Oie)» + iH«0 = tCi-*HîîOn,
tlcfttlèr*
Souvent la transformation va plus loin, et le maltose se dédouble à son tour en deuf '
molécules de glucose : C^^U^îO** 4- H^O — 3G*H»*0*.
L'inuline, variété d'amidon que Ton rencontre dans les tubei^ules de topinambour ^
l'année, les liliacées, est dédoublée par hydratation en lévulose, au moyen d'un ferment ^
spécial : Cinula^,
fC*H«*Oï^« H*0 + iiH*0 = «C«H<»0*.
FERMENTS
FERMENTATIONS.
H83
Géttê li^nsformatioH a été observée pour la première fois par Gresn dans les tuber-
cules dctopinambour ffermaut; le fennent ainsi isolé, auquel il donna le oomd'itiulase,
transformerait directemeui Tinuliiie sans passer par aucun intermédiaire.
ïy«ne action beaucoup moins bien déllnifî sont les diastases cyto-hydrolytiques,
déterminant la liquéfaction et la digestion de la cellulose. Les cytoie^ produijsenl proba^
blenient un rertain nombre de sucres; mais ces ferments sont en général mal détlnis,
r/esl h des cytases qu'est due lu di^'estion des al b< miens cornés de certaines p:raines.
Gîtons parmi elles U semence de dattier el du LivinystoniUf ou encore le fermerii étudié
,|>ar Baowîi et Monnis, dans le seutelluin de l'orbe en germination.
C'est De Bary, en 1880^ qui a publié tes premières et importantes observations au
fojel des ferments cyto-hydroly tiques. El étudie deux cba m pignons : le ScUrittinia
stct^raliontm et Sclerotinia irifoîiovnm, cultivés sur de la pulpe de carotte ou de navel.
Les tissus se ramollissent peu à peu» et. en les pressant, on ot^tîent uji suc capable de
dissoudre la cellulose. Mak^u all Wahl», en étudiant le développement à'\m ItottiryUs,
explique par la présence d'un fcrmeiil. cytohydrolytique les dégâts qu'il produit dans le
lis dont il constitue une maladie, Le uiycélium pénètre à l'intérieur des tissus du lis et
siécr^te un liquide qui désagrège ces tissus, et les digère. Lorsqu'on fait macérer des
parties de raycéliuni dans l'ean, et que Ton y plonge des feuillets de parencbyme, celui-ci
gonfle pour se dissoudre ensuite. llAiintï^ pense que la destruction que les champignons
irent de certaines fibres ligueuses est due à un ferment so lubie analogue. Plus lard,
le trouva dans V X$pcrqillus nigcr et le PenicUlium fftaitcum, et Atkînsox» dans
Ulus orii3B. La mieux déterminée des cylases, et comme action et surtout comme
produits de la fernientalioti, est la séminnse de BonaouELOT et HÉnissEY, Elle hydrolyse
les byd rates de carbone que Tuti rencontre dans le> albumens cornés de certaines graine»
t caroubier, casse» etc.). Il y a alors formation de mannose et de galactose par dédou-
blement de la cellulose.
b) Dédouhtement des sucres par hydratation. — La transformation du saccharose et
dédoublement en /[glucose et en lévulose sont produits par un ferment soluble entrevu
DiEURiiKi^ieR et MiTsùnsnLicH, étudié pMr BmiTHKtor en l8Hf>, qui lui donna le nom de
ferment gluconque* Il a été désigné depuis loi*» sous des noms bien dilîérents. C'est la
symase on zythozyttmse de Bki.uauis Vinccrtinc de DoNArii, la suettise df* Duclaux.
La transformation qu'elle produit est représentée par la formule :
SftiyhAi-4>i^. 0 lue ose LévulMu*
'Le maltose subit une transforniatton identique par l'action d*urie diastase spéciale, la
maltojte, trouvée par Bora^juBLOT, que Ton rencontre générale nient associée à un très
grand nombre d*autres ferments, t^est ainsi qu'elle vient compléter Taction de Tamylase
et des dextrinases dans la saccharitication de l'amidon. Le maltose est dédoublé en
deux molécules de glucose.
- blei
r
BotmQL'KLOT désigne sous le nom de îrèfialiuenn ferment soluble qu*il a observé dans
Atpergiilus niger^ PtnidlHum glaucurn, dans le malt et plusieurs sortes de champi*
uns» enfin dans l'intestin f^réle. Lo dédoublement du tréhalose est identique au dédou-
ement du maltose; il se produit d'apréî^ la même formula* et avec le même résultat:
transformation en deux molécules de glucose.
FiscnnH, d^autre pari, a découvert la iacia.^e^ ferment capable de transformer le aucre*
de lait, La lactase dédouble le lactose en glucose et en galactose :
CisH"On + H20:
Lactopcu
OlaQOkc Galictrjwe.
Les polysaccbarîdes, rafllnose, mélézitose, etc. sont dédoublés par des fenuents
spéciaux qui produisent leur délriplemeut d'uite façon comparable à raction des
■ ferments dédoublaut le saccharose et ses isotnères.
■ La maltase présente un caractère fondamental, qui d*abord a paru lui être parti-
im
FERMENTS — FERMENTATIONS.
ruHfir« mah f\u\ l'eut ff^iiérali»é à des ferments ayant des actions analogues. L'actioD de
lu iTi(tilu*n <>Hl r^^viTHibl**. ainsi que l'a moDtré A. Ckoft Hill. (Vov. 8acrea/i
rj UMtmhU'tnaU dm ffluronideii par hydratation. — Les glucosides sont des composé»
nitiirf'1«i'iMr/,ncïmbreui, provenant de la combinaison du glucose aveeteU ou telsproduil^
firf{rtiii'|iir!i dfi nature firiée. Les glacosîdes sont dédoublés par des ferments solubt
ilririt f«»* ncnh tonnas soot rémaUiue. ta myrosine, la rhaninase et Térythrosine.
\*cmtihitiû A Hé troiJfée par LiEHtc» et WŒBLia, en 1837 ; ils reroarq^jèrent qa
(trovoqnnit la d^foroposilion de l'ainy^idaline pour donner de Tessence d'amandes arn^i
i*n prilfcniM^ de l'eau. Ils obsenrèrenl en même temps la formation de glucose et d'acid?
f janhydriqne. On rencontre rémulstne dans les amandes amères et douces, dan» k<
ff'iitllrff de laurier cerise, en même temps que la lauro-cèrasine, analogue à l*amyi;?driliot
l'artout, elle est accompagnée d'un glucoside capable de donner avec elle en pré^eac«
de Teau, entre autres produits, de Tessence d amandes amères. Seulement ces deax
corps sont toujoars dans la plante localisés dans des cellules distinctes et séparé^*!^. de
sorte que la réaction ne peut se faire que sous t'iutluence d'une action mécaniqon* ou
d'one <ii li. (V\ ÉiDiiUiiie. v. '{43.)
Les ^ s réactions d'hydratation auiquelles Tëmulsine donne naissance soat^
le dédoubkûienl des principes suivants :
1
Salieu)''
&C8line.
AftmlÎDe.
Cotâîéemt.
Populioe. ,
àmygiaMmt.
Ctmï»0" ^ H20 = C*H*îO'i 1- C'H»0».
C^^MO* ^ m»0 = C«Hi«0« + U-H»0* + CïH»0».
^Hî"AjOh -h 1H*0 = 2C«H*«0* + C^HKl + CA*H.
On dott ajouter encore à cms réactions le dÀdouMeaieiit du lactose en gluci^
galactose iFisciia»), ce qui a mèoie permis d^émettre r^poUlèse de l'identité de la 1 i
et de réniulsioe.
LVmulsine, d'ailleurs, agit très |différefnmenl sur .le» diTers glucosides : c'est ma
(^ue les quantités p. 100 de glocosîde dédoublés ont été pour rémulsine de l'Aspr-
tjiilus nii/ir :
AU mVT D£ 1
2J tlKtlIMl A 31*.
21 HKtRSS 4 37,
f 1 BSITBBS A SI*,
Arlmtine.
EscuUnc. .
Amygd^liti'"
Hélïcine. ,
Coiiifériiif.
Salicioe, . , . , , , , .
m M
un ,2
4u.;.
82
62
49,1
45,2
33,81
30,r»
88.7 1
69 5 Qnmué
^-j ^ l jrlucositle
De même rèmulsine des amandes a^it de la façou suivante (solution d'émub
0^025 p. 100 sur 0,20 de glucoside) :
FERMENTS — FERMENTATIONS*
38S
HéUcine. . ,
S^tciue. . .
Eiculiue. *
Coaifénoe.
Arbuûne. .
^ HKtIttKS \ 17
€1 BBCRi» 4 fSi*.
88,7
60.6
50,2
faible.
Dtjdouhjement
Uvs faible»
tl imrRt^s A li* I
i% nscuM \ 18-.
93,3
81
Gi
n,3
Dédotiblentf^nt
U'i's fnîMe
88.1
fit», 6
35,î»
D6doabletn«nt
faibk--
DéJotiblcment
tiês fiiibtc.
81,4
38,8 i
DôdoublemAiri ]
iré» faible. |
f D<^doubl«mfni
/ r- lOD.
L'aclion de l'aniyçdalnie est donc tivs van^Mt* suivant l'on^^ne du lermenU
Aussi y a-l-il peut-t^lre lieu de* supposer de^ ferm*?nts diJl'éieuls,
[jn mi/rmine, découverte par Hr^>v, donne imissrinre â Tt-sseiice de îiiou larde, ou iso-
Milfocyanale d'allyle, en réagissant sur le invronate de polai^se, appelé (luelnuefois ^f>n-
grine, l»a réaction produit secondairement du glucose et du bUiilfale de potasse.
Myi*onalf> île pnla*4r,
En présence de la sinatbiiie, ou essence de nioalarde blanclie, il y a encore décompo-
5ÎUon et formai ion df* glocosêT d'un eurpH à propiiétés voisines de Tessence de mou-
tarde, risosuirot-yanate d'orlboiybenzyje, et de sulfate acide de sinapine.
r
SldAlbinn. lilueog*-. hoiulfEtryAtiftl^ SuLfhti^ acide <|>
Klle dédouble *jîicore un ^rand nombre de produit* pt^u ronou*^, et met ainsi en
iberlé les essences de t'ocA/fY*rm o/'/ïciiiuff>, oii isnsoirocyanule disobiityle, de racine de
Riseda odorata ou i sus ulfocy anale de pbénylétbyle, puis des nitriles, dans les essenceA
de cresson, celui de rncide pbénylpropionique dans' le rresson de fontaine, relui de
Tacide a-toluiqui- dans le cresson alénoit?, elc.
L^rhammtse, qui existe dans les Hhamnus, dédouble un glucoside qu'ils renferment,
[a xanthorbamninp, en rbnnmf^tine et isodulcile.
Xantliortuuiiiitiitt. Htiama^tini?. Ii>04fukili^.
Eiidn, Vénjthrosine serait, d'après Schu.nk, le fenaenl solable dédoublant le rubian.
glucoside de la garonre, en glucose et alizarine.
bédùitbhiment du tjiitcome. — Le glucose est détruit dans un cerlain uombre de
circonstances. Dans le san^» par exemple, il y a glvcoly*e, et disparition du glucose
lorsfpie le san^ esl sorti des vaisseaux do raiiinitil. Le/ermenl glycolytiqiie du sau^ a été
indique par Claiuik liKRXAiin; R, Lépine en a étudié compb'temenl révolution et les pro-
prie U'^s. Il existerait dans un assez grand nombre de tissus, notammunt dans le globule
blanc, et serait mis en liberté par la destruction du leucocyte.
Kraus et SKRut.N ont admis la production d'acide carbonique pendant la glycolyse,
Skegkn signale en outre la formation d'acide lactique, soupronnée autrelois par €LAt;aK
Bernard. Arnaud, n'admettanl pas la desIrucUon du glucose dans le sang circulant,
croit a une déshydratation du glucose et transformation de celui-ci en glycogenc. Le
ferment agirai!, poar Scitaku, pur otydatioji, puisqu'il y a, daprcs îSKEiiE.\ et Kiuus, dé-
gagement d*acide carbonique; nmis Nasse fait observer la rareté des oxydations directes
dans les tissus, et il c<insidère la glycolyse comme un pUénonH''iîe d'oxydation indirectes
aux dépens de Teau» ce qui corrélativement amènerait une action cnmpïémentaire d*hydra-.
tatioji. Diaprés A. Gautier^ d'ailleurs^ le sang est presque Tunique siège des pbénotnênes
d'oxydation, grâce h la grande quanlité d*ûxygène dispo*iiblr qu'il contient, sous forme
d'oxyhémoglobine. Dans les autres tissus le$ réactions d'bydratation sont générales.
En défmitive, le ferment glycoly tique agirait probablement comme convoyeur de*
orcT, tîE nivsiûLouifi. -* tome ti.
U
386
FERMENTS
FERMENTATIONS-
f'Iémenla de Teaii, dissociaiU cette dernière (?) et fixant l*oxygèae sur le glucose, pais refoi
nierait de Teau avec Thydroifène restant et roxyhémogîobine; puis le cycle recommed
Cfnait, (Vny. Sang.)
Dédûulilemeiit des graisses par hydratation, — Claude BËaxvRD a montré que
le sur p!iMcréalii][ue agissant sur une Imile rentiait le milien acide par suite de la mii«
en liberté d'acide gras. Berthelot ronlirtna la dêt'ou verte de Claude DERr^Atit». Hanhiot
trouvt^ que le swnini san«;uin posiiède la firopriéte de dédoubler la monobutyrîne et Jei
graisses. Il a douoé le nom de tipases aux diaslases qui ont pour action riiydratatioD et
le dédoublenienl de» graisses, i,Voy, Graisses el Lipases.)
La Inaction peut élre représentée, en désignant par AOH im acide gras quelconqu(
par ta formule suivante :
CH^OA CHîOH
I !
CHOA H- 3B*0 = CHOH + 3A0H
[ I
CUiOA CH^OH
Fixation de Teau Bur Turée ; changement de nature chimique, — L*orée est
hydratée par un lorment soliible, ïwéiue, dérouvertc par Musculis dans furine, pa
ï*ASTPA'R el Van TrEGïiEîi dans les produits de sécrétion des Torula el au 1res fermeoC
organisés qui Iransfornient Tarée en carbL»nate d*amraoDiaqiie. (Voy. Foie, Urina, Urés.W
Cette trau^formation se fait en fixant deux molécules d'eau sur les deux ^ruopementi
ainidés de l'urée.
C0<^^|],* + 2HîO = C0*( AiH*)*,
In certain noaibre d'autres amides peuvent être de même hydratés par des fermeub
analo^nes.
Ferments hydratant les matières albuminoîdes. - Ces ferments possèdent lil
propriété dbydraler et de siinpliller prnfondén»enl la molécule d'albmnine. Les pcpiittu
sont des diasLasL's liydrolysant les malif^res albuniinoïdes en milieu acide avec productioa
ultime de peptones. Lei* trypùncfi sont des dtasiasea bydrolysant le* matières albomi-
îioïdes en milieu neutre ou alcalin avL^c formation ultime de leucîneet de lyrosîiiejl y a
plusieurs trypsines, et plnsienrs pepsines, dont raelion dilîère avec leur origine même»
La impdiHc extraite dn Ctirica jMpnifd {Wiuui] dissout aussi la librine en milieu
neutre ou alcalin avec producLion de lencine fl de tyi'osine. lîoi?ROLELor et Hérjssky oqI
trouvé dans les champignons Ar/unutu mascoria el Pohjporits sulftireH:; un ferment
proléo-hydrolylique, resi^emblaiit à la trypsinc. Ce ferment esl capable de digérer la
caséine du lait en donnant naissance à de la Ivrosine.
Etant données les incerliludes qui régnent encore sur la consîitntion même de II
matière albuminoïdej il est extrêmement dillicile de détinir chimiquement Factiou des
ferments prnléolytiques, Cest une acliou d'bydrotation ; car il y a lixaliou des éléments
de Teau avec scission de la molécule, eu difîerenl* points t?ncore mai déterminés. Ln
produits ulliïues de ce dédoublement sont tes peplones, les leucîncs, les tyrosuies, ou
autres acides aniidés,
Du€L-M X place ces trtiis diasfases parmi les ferments solubles décoa Emulants f>ar suite
de leur action liquétlanle sur les dilb'-rents alhuminoides coagulés; lespeptooes produites
se dissolvent dans l'eau .
BiastaaeB de coagulation et de dècoagulatlon, — Les unes appartiennent aa
règne vé;j:étal : ce sont les pcttiti^es et les cjjifiscs, qui délerminenl, d'une part, la coagu-
lation de certaines celluloses, d'autre part, la liquéfaction des membranes cellulosiques
de certaines cellules. Les autres diastase^ analogues, du règne anintaL détermineol
soit la coagulation des matières albumlnoïdes, soit la liquéfaction des albumines
coaf?ulées.
Les diastases décoagiifantes agissent génératement par hydratation ; c'est ainsi que les
cylases dissolvent la cellulose par un phénomène d'hydratation (BouaguELOT)*
La pepsine, la trypsiue» la papaïne dissolvent les albumines coagulées, et la Qbnne,
par hydrolyse et formation de peptones.
u
FERMENTS — FERM ENTATIONS.
387
I
I
I
I
l^hénomênei de caaguiation. Coaguiation des hydraUn de carbone, — Fréuy a prétendu
que les carottes^ navels et .mires racines similiiires, ainsi que les fruits verts, contiennent
un ferment soluble, la pectase. En I88j, WKssNBa Ta retirée de la gomme arabique» ce que
Kkimit/er n'a pu confirmer. HEnTnA.ND et Mallevre ont recherché 1*3 mécanisme de la coa-
guUtion par les peetases, et ils ont admis que la celtulose précipitait, grAceâ la présence
du Calcium» par la formation d'une combinaison insoluble. Cependant il n*y a pas absolue
oéctitllA et la prêsencâ de ce m^Hal, et ta poctase agit seulement en milieu acide, ce
qai semblt déiruire rbypoLhèse de RicnTRAMi et Mallèvrr.
Cûfujulaiicndei mnti**frs ntbuminoid^s. — oi) Caséine. — Liebig expliquait la coagulation
du lait pHr la présure en admettant que le sucre de lait se convertit en acide lactique.
Selmi en i8V6» Scumuit en 1871, Heinz et Hammarstkn en 187*2, ont montré que la coagu-
lation du lait pouvait se faire en milieu neutre. [Voy. Eitomac, v, 674.]
La caséine e^t coasfulée sous Taction d'un certain nombre dtr ferments solables dési-
gnés sons le nom de pnHuret^ et que Ton peut classer en trois groupes différents suivant
leur origine et leurs propriété»
a) La présure extraite des glandes gastriques de la plupart des animaux et môme
quelquefois rencontrée dans Tinlestin grille*
6) Les ferments coagulants, extraits d'un certain nombre de plantes, telles que le Galium
rerum ou Caille-lait, le Pinguecuta lutgaris ou Grassette. le Carka Fapaya [B\(;in5Rv), les
semences de certaines Solanées; DiifuM Hram^^nium (Grken), Withanià çoafjidamf etc.
c) La présure que sécrètent les mii^robesqui attaquent la ca*^«ine du lait (Orri^Ani;).
D*aprés Arthds, la coagulation de la caséine proviendrait d'un dédoublement de la
matière albuminoîde en deux substances, dont fune reâterait en dissolution, et dont
Tautre se combinerait à la chaus ou à une base alcalino-lerreuse pour former un pro-
duit insoluble qui est le caséum. En ofTet, ie lait décalcifié ne coagule pas en présence
de présure, et il coagule» an contraire, par addition d*iï\ie certaine prciporlion d'an î^el
alcalino-terreux. Le oasénm renferme toujours, en outre» de la chaux, et il reste tou-
jours en dissolution apr^sla coagulation une certaine proportion de matière albuminoîde.
Pour DucLAUx, la na^éine existerait dans le lait sou'i deux états : îl y aurait de la
caséine en solution et de la caséine eu suspension. Cette dernière pourrait être préci-
pitée et agglomérée sous de très f.iibles inlluences : certains sels, surtout les sels de
chauip déterminent la pr^cîfiitation de cette caséine « par une très légère modiflcation
de ses liens d'adliérence physique avec le liquide ambiant »,
La présure jouit de la même propriété : îl y a donc superposition d*aclions et non
«*ommunaaté d*action; au contraire, les sels alcalins solubilisent la caséine et empêchent
les acti<ms de coagulation; c'est ce qui se passe dans un lait décalcilié parie fluorure ou
Toialate de potasse.
p) Fià%mn, — Le flbrin- ferment, ou p/fwmasîc, détermine la précipitation de la fibrine et
la coagulation du sang. (Voy. Goagiilatiom rt Fibrine.)
Les mêmes théories que pour le lait se retrouvent pour expliquer les phénomènes
de coagulation du san^v Pour Arthus et ses prédécesseurs, la matière librinogéne se
dédoublerait sous Taction de la plasmase en deux substances albuminoïdes» dont l'un©
resterait en dissulutiou, tandb que Tautre se précipiterait à l'état de sel calci<jue. Mais
Hamvarstk?! et PKKi£LHARi^i:î out uioutré que la chaux n'est pas absolument nécessaire.
Pour Dttciaux la coagulation de la fibrine ne serait que le passage à Tétat visible
d*une de« matières albuminoides du sang qui s'y trouverait, non à Tétat de solution, mais
h l'étal de suspension. Les sels de cbiiut facil itéraient beaucoup cette coagulation, tandis
que les sels alcalins, les alcalis, le Uuorurede potassium, s'apposent à cette action. Il y a
donc, dans un sang décakiOé par un de ces produits, retard de la coagulation; il y a, au
contraire, acc>'?lér«itii>n du phénomène eu présence des sels de chaux.
y] Aatrei divit ne^ roatjutunie!^. — On doit encore citer, parmi les diastases coagulant
les mUiéres aU>uminoide«^, la véhiculai:, de Cv«u;i et Gley, qui coagule le sperme de
cobaye on plus etar.tement le contenj des vésicules séminales. Cette coagulation se
produit lorsrju'on met en présence simplement le liquide vésiculaire avec une goutte
du liquide pioslatti|ue. Il y a formation^ au bout de quelque temps, d'un caillot avec
_ exsudai de sérum.
■ Cette coagulation ne se produit pas par Tacttoû de la présure, du flbrin-ferment on
I ^
I
I
m&
FERMENTS — FERMENTATIONS.
des autres principes coagalanU. Il y a doue là encore une diasta&e frpéciGqoe. Cavu*^ et
Glky ont de plus montré que celte vés-iculase se conserve fort longtemps eti milieu
aseptique et peut sana inconvénient ôlre desséchée. Elle relrouve toutes ses propriété
lorsqu*on la redisaout dans l'eau distillée. ^
Les phênomène'>â'ûfjglutmation des microbes rentrent encore dans le cadre despkéii
mènes de coagulation, la malière coagulable étant représentée par les microbes, tro
par letirs cadavres ou m^me par le liquide de niacéralion; la diaslase coagulante ser
contenue dans le se mm d'un animal immunist».
Dissolution des matières albuminoïdes coag^ulèes. — La coagulation de
rayosijie dans le muscle rigide, et pmbaldemenl. les coagulations qui ri nidifient 1ê
cerveau, le foie, et le rein après la mort sont dues probablement a la présurt^ et
librin-ternvenl dëtermiûanl la coagnlation, soit de la caséine, soil de la fibrine, A
deux ferments correspondent deux diaslases décoa^fulantes: ]eiCfL\éa^e^ et les thrornba^es.
Les casèases dissolvent et liquéfient le coagulum de caséine provenant de ractioa de
la caséine sur le lait. Surtout sécrétées par les microbes, ce sont elles qui déterminent L
liqy éfaction des fromages avancés» la caséase des moisissures, du Penwitittm du from^i ^ '
Brie, qui exerce sou action sur la caséine coagulée des fromages de Brie et de G ru
La caséase de certains bacilles {Tyroiknj: iaïuis de Dcclauï) se trouve sécrétée eu
même temps qn'une certaine quantité de présure : quand on ajoute ce mélange de diâ;-
tasesà du lait, il y a donc d'aboi d coagulation de la caséine, puis sa liquéfaction,
addilion d'une nouvelle quantité de liquide diastasique ou simplement en laiss
l'action du produit se prolonger un certain temps.
Le& thromboses exercent leurs actions sur les coagulums satiguins; elles dissolvent
Obrine coagulée» ou plus exactement elles s'opposent à la coagulation du sang. Ce soi
des corps anticoagulante, ou retardant tout au moins dans de très fortes proportions if"
moment de la coagulation. Havguai-t a d<-nionlré, en 1884, que Vextrait de fiangsue (sétr*?-
tïon buccale), préparé en faisajU macérer des têtes de sangsues dans Talcool, s'oppose
k ta coagulation du sang in vitro. Cttlte action qui s'applique a tous les sang^ dt
mammifères, se produit m vitro. Le sérum duaany dea tmguiile^t f.leA murèneiit pûssèdtf le?
mêmes propriétés. Mosso a montré que le sérum des animaux auxquels a été injecté c#i
sérum toxique est aussi anticoagulaot.
On peut encore citer comme substances anticoagulantes :
Vhidoite de Kossel et de LitiKNFEi.o, i?xtraite soit des globules rouges du sang di
oiseaux, soil des leucocytes, du tbyraus, etc,
La cytoglobinn de H. Scmmu)?, extraite des globules rouges du foie, de la rat^i etc. {elle
se confond peut-être avec rhistone).
La peptone, qui possèile un pouvoir anticoagulant très énergique, ainsi que i'oDl
montré les premiersScHMmTMiiMLHEïM en Allemagne et Aluehtoni en Italie. (Voy.Peptott«-
Enfin un certain nombre d'extraits d'orfjams, ieU que muscle d'écrevisse, foie de cbicti,
etc., jouissent de propriétés anticoagulantes illKn)K.MJAi?«, Comejein, Dklezewnb)*
La dictstase ik Lindnek est un ferment solublc sécrété par certaines levures (Li?t»Mui,
BouLLANiiBK) qui liquélîe la gélatine. FF.aMi a retrouvé le même produit dans les miliem.
de culture d'un ceitaiti nomlne de bacilles.
Réversibilité de ractioa des diastases. — A. Croki Hill a montré que Vm
pouvait etfectuer la syntbése du mallose en faisant agir la mallase sur une solution
aqueuse concentrée de glucose. Il sVst s*^rvi d'une maltase de levure qu'il citnviut
d'une levure de fermentation basse par broyage dans un mortier avec un peu d'eaffl]
distillée. Lorsqu'on fait agir cette inallase sur une solution concentrée, à 40 p. 10(1, d(
glucose, il y a formation de mallose,
HMMEauNG a repris les expériences de A. Ckoft Hill. La maltase, en agissant sar uû#]
solution concentrée de glucose, donnerait naissance non h du maltose, comme le croyait
HtLL, mais à de Tisomaltose, car i*osazone obtenu en ^Iraitant le produit par de Ij
pbL'nylbydrazine fond k J50". Emmerllng a pu produire aussi la syntbése de l'amygd*-
line en mettant en présence de la maltase le glucose et le glucoside du iiitrile amygda-
lique pendant trois mois à la température de 35''. Il n'avait, au contraire, rien obtenu
en soumettant à Taction de la diaatase un mélange de glucose, d'aidébyde benzoïque el
d*acide cyanhydrique.
1
l<*
de
le,
1
FERMENTS
FERMENTATIONS.
3S9
Hambiot a démoDtré la réversibilité des actions lipasiqued.
Ifeltaot en présence de la j?lycérine»de Tacide isobutyrique et du ^i^rum, il â pu cou-
4ktat^f que Taeido bntyriquc se combine à la glycérine en présence de lipase dans tles
conditions d' acidité, de temps et de température où la combinaison directe serait presque
nulle.
DURÏ&B DE LEXPkRIKNCE. 1
TmifFAïUTinife 37* 1
1/2 liettf«.
1 heure.
1 Imure 1/î.
Aeîdité do fn^rum * . ,
â 1
ïl !
19
34
54
M
21
il
5
29
j Gl>ct-*nnc 9 grammûA.
— du mèUngt, J Acide isobuiyriqu© . S —
( Eau .,./,. iri —
Total. , .
— du mélAng« précèdent apréi addiiiou de féniiiï. ,
Diffëience. . . . » J
DilTérencf* p, M^L . ,
On toit d'apré* ce lal»leau que 50 p. iOO de l'acide butyrique ont disparu en une
h'^ure et demie.
On peut observer aussi que dans cette réacUon les quantités d'élher formé vont f!n
décroissant.
Dans la première demi-heure.
•> deuxiùaiG —
— Iroiaième —
30 p. IflO,
14 -
I!) ^
I^ courbe tend donc vers un point d'arrîl* limite entre les deux actions, saponiBante
et synthétique, de la lipase.
Bappelons enfin que les produits d'une fermentation *'iercent presque toujours sur
la niéirche de rette rermeulation une action iiihihilriee qui semble indiquer au moins une
tendiir){!f* à la réversibilité,
Productlan de phénomènes physiques par les diastases. — B. Dubo*;: a admis
que U produriion de Ium)i>'re par rertaiiis anvitiaux, Uts l!lUténde» lumineux et les Pho-
lades, était le résultat de Taction d'une diastase, la inciférase, sur un produit spécial, la
luciférine.
Celle luciférase serait insoluble dans l'alcool, tandis que la hiciférine y serait
soluble Le corps des animaux lumineux épuisé par l'alcool donnerait la solution dt*
lucîférinc : le résidu Iraité par l'eau donnerait la luciférase. La réunion des deux solutions
produirait le phénomène lumineux; il n'a pas lieu en présence de rorps réducteurs, ou
si la luciférase a été portée ù Tébullition ou additionnée d'une forte proportion d'alcool.
(Voy. Lumière.)
Phénomènes physiques accompagnant les fermentations par le» diaatases.
— L'?s fermentations ^ont-elles ai compagnéen de phénomènes pliy.'iiquesf
il faut nécessairement admettre les changements que couipurteut les variations de
structure chimique dans les substances eu dissolution dans les liquides»
C, Chabrié a montré que les ferments solubles, en changeant le nombre des mole
cales du milieu dans lequel ils sont sécrétés, font varier la pression osraotique de ce
milieu*
Le Bacterium cùU augmente la pression osmotique du bouillon, et l'abaissement du
point de congélation propartlonnel à raccroissement de la pression osmotique croît
avec l'âge de la culture.
On a recherché si la coagulation du sang était acrompagnée d'une certaine élévation
im
FERMENTS — FERMENTATIONS.
di^ température. Valentin, Schiff. LÉPifŒ, Fbedkrico, crurent constater en cfTet ce d»*gage-
niiMiL d<î clialeur. Jolyet et Sir.ALAs ont montré que la vitesse de refroidissement du
s an y abandonné à la iToagulalion est toujonrs plus faible que ceKe du sang oialaté :
Mais cela ne démontre point qu'il sh fait un di^gagenienl de chaleur Si. en effet, où
prend deux quantités équivalentes de sanf; oxalate maintenu à la température ambiante»
et que ToD ajoute dans ruii une certaine proportion de chlorure de calcium, on Yoit
la coa^mlatioii se produire rapidement, sans qu'un thermomètre très sensible indique
quelque variation thermique*
Le retard dans la vitesse de refroidissement du sang coagulé tient donc aux états
physiques diiïérents dans lesquels se trouvent le liquide et le caillot; et la coagulalioû
du sang n^est accompagnée d'aucuu phénomène Ibermique.
CuAr^oz et Doyok ont montré qu'il n*y avait aucun dégagement de chaleur dans tt
coagulation du lait par la présureiOu du moins que le phénomène thermique était
extrêmemejït faible (inférieur u i/30 de degré,)
On a recherché si Faction des diastases pouvait ôtre accompagnée de phénomèaeft
électriques. Chanoz et Doyon ont admîâ que la coagulation du sang ne poov&it pro*
Toquer un phénomène électrique supérieur à 1/40(J0 de volt; la coagulation an lait, un
phénomène électrique supérieur à 1/3000 de volt, qu'il était donc impossible d'afflrmer
leur existence.
État naturel des diastases. — Les diastases sont sécrétées par tous les Atreç
vivants, de tout onlre et de toute nature. C'est grâce a elles qu'il y a élaboration de*
produits nutritifs et possibilité de leur assimilation par les organismes*
1" Sécrétion des diistases par lea microbes. — VAspergiUus niger sécrète des fub-
stances jouissant de propriétés diastasiques et inhibitrices éneri^'iques (Boouquilot et
HéaissEY). Si Ton lave avec soin un myce'lium dWsiperifiilua avec de Teau distillée» et
qu'on le mette eu contact avec une nouvelle quantité d'eau pure pendant deux ou trois
jourSi on obtient une solution très étendue (résidu sec, 0,20 p, iOO) très légèrement
acide, ne précipitant pas par le^ acides acétique et azotique, Tazotate de baryte, \t
sublimé, Tacétate de plomb, le lanin, rabroot, ne se troublant pas par la chaleur, Seab,
Tazotate d'argent et le sous-acétate de plomb produisent un léger louche. Ce liquide
hydrolyse rapidement le saccharose, le maltosc, Tinuline, le tréhalose, Tempois d*amidon
en quantités relativement faibles* Ajoutée à une fermentation alcoolique commencée,
la liqueur é\A.<pertfïlltiii ralentit la fernienlation, et ppul même l'arrêter complètemeuL
Cette action inhibitrice n'est pas détruite par une êbullilion à IOO'*.
Le rôle des ferments soluhles sécrétés par les microbes est fondameiitaL C*eat
grâce à eux que le ferment organisé <*xerce son action, et qu'il détermine les modîûca-
lions profondes qu'il lait subir auï matières qu'il assimile, ou sur lesquelles il exerce soq
action.
Il s'ensuit que les diastases doivent être modifiées suivant ta nature même du milieo
de culture. Vïoxal, par exemple, a pu montrer ainsi certaines moditlcalions apportée*
dans les sécrétions diastasiques*
Ainsi le bacille de la i^omme de terre, BaciUuft mesentericm vulgatus, donne naissance
h Tamylase* ou bien k la présure, ou bien à la caséase, suivant la nature des milieut
nutritifs dans lesquels on le pla^e.
Cesdiastases mû, d'ailieurs, les effets les plus divers, et leur natai*e est inconnue. Ou
peut en rapprocher peul-Atre les toxines, les antitoxines, etc., que nous avons étudiées
dans le chapitre précédent, et peut-être encore des produits de nature loul à fait spéciale,
puisque IL ïIogeb a montré que, parmi les mal i ères soïnbles sécrétées par les microbe*,
il en est qui favorisent leur développement. De même Wildirrs a tu que la levure n
besoin pour se développer de la préseni:"e d'un corps spécial dénature inconnue,l6fiû>i.
dont le rôle est fondamental et absolument indéterminé (?).
Les diastases sécrétées par les ferments organisés agissent sur presque toutes les
subMances organiques.
Un grand nombre de ferments organisés sécrètent des diastases agissant sur
Tamidon, VAapergiltwi nigcr, VEitrotiopsis ;/ayoni sécrètent de ramylase,dc la dextrinase,
et rendent ainsi assimilables Tamidon et la dextrine,etc.
La saccharilicationet la fermentation de l'empois d'amidon sont produites par un cer-
FERMENTS — FERMENTATIONS.
391
r
m nombre de moisissures ; le PemeilUum gtaucum (Duclaux), V ÀitperfjiUus oriza^ (Aul»usg,
Atkix^x)» les Mucor altemnns, circinettoïdeSt spinosiis (Gaton), VAmytomyceit liotixU
CikUiKTit, Saîiguineti), VAspêrgiltus Wentii et par des microbes tels que le bacille de
oaM, etc.
BouAOïi^i^T a montré rexistence de Tinulase dans VAspergHlm nigcr et le Feni^
titUwn gtaucum.
Parmi les fermenta dédoublant l«"s sucres, VÀsperiiUlus nigef les sécrète presque
us, l/i maUase, rinvertitie, la tréh^lat^c, Il t;ii est de même de VEurotiopah fjayoni i[uî
sécrète de la maltase» de la tactase» de la Irébatase et de l'étimlsine.
La formalion de ces diastases dépend de Tétait végétatif du lerment. C'est ainsi que
certains diam pignons sécrètent de ta sucrase au moment de la formation de leurs conî-
dies (Wassrb7ï"G|.
Entiii lloirx a pu isoler une levure faisant fermenter le glucose, mais restant sans action
sur le sucre de canne, par suile de Tabsenee de sécrétion de ferment inversit
D'autre part. G a von a établi que les levures; tie Mncor circincitoifies et if $pinoâU9 ne
peuvent délerminêr [a fermentation du saccharose, parce qu'elles ne sécrètent pas de
ferment inversif dans IVïtit dp bourgeonnement cellulaire où nlles se trouvent.
Le dédoublement môme du glucose est produit par une diastase; la zyroase de
BrcB^iSR. CocuiN avait cru montrer la non*existence du ferment alcoolique eu coUivajit
ta levure dans diflérent.s milieux non feruienteâcibles, et JiUrant le liquide; il n'avait
^trouvé dans aucun d*eux la diastase pouvant détc^rminer la transformation du glu
>9e. Btcu^TKa a établi que la zymase se trouvait incluse dans Icprotoplaii^ma cellulairep
et que pour l'ubteuir il fallait briser la cellule et mettre et» liberté le plasma cellulaire.
Les ferments sapouifiant les graisses» ou lipase^^, sont produits par quelques microbes.
C'est ainsi que CAaaiÉFiE a trouvé dans les cultures de bacille de Koch un ferment
décomposant la monolmlyrîne. qu'il considère comme analof;ue ou identique à la lipase
de Hanhiot. L'existence de cette lipase est peut-être liée à la présence de la capsule
graisseuse (?) qui entoure ie bacille de Kocb.
Le rôle fondamental des matières azotées dans la nutrition des ferments organisés
eulriikie la production de ferments corrélatifs à TassinjUation de Fuzote. En caltivant
le bacille pyocyaniquc dans ynjnîlieu artillciel dont les matières azotées étaient repré-
tentées par de l'aspara^^irte, Arnaud et Ciiarrin ont pu révéler la formation d'une
iftstase dédoublant rasparagine. Le Micrococcm uvese sécrète un ferment soluble
issant sur la carbamide à la manière des hydratants énergiques, et la transformant
pidemeni en carbonate d'ammoniaque i SI iisculus, Pasteur et JodbkrtU
Les albuminoîdes sont, en général, profondément modiHés par les ferments soïublet
d'origine microbienne. Il y a sécrétion di* trypsine,de caséase.etc. Un des plus intéres-
sants peut-être de ces ferments semble être celui qni liquétle la gélatine des miUeux
de culture.
Entin la levure de bière, le bacille de Koch, te bacille d'EaeRTa, et les autres ferments
organisés^ entre autres les ferments de la putréfaction, sécrètent des ttypsines hydro-
lysant les albuminoïdes en milieu alcalin, avec formation des mêmes acides amidés
Les ferments oxydants» laccase et oxydase, existent dans les végétaux inférieurs* La
laecase se rencontre dans les cbampi^nons (Rolibolirlot et HEaTRAND).Le noircissement
on le bleuisssement à l'air de certains champignabs {Boletm eyanmœns, Ru^mta
nigrkans) est dû à la Uxation d'oxygène au moyen d'uue laccase oxydante. La levure
de bière, mélangée à de l'eau où à de Talcool, possède la propriété d'absorber Toxygène
dissous dans tes liquides au milieu desquels baignent les cellules; elles décomposent
ènergiquemcnt Teau oxygénée; mélangées à du soufre, elles donnent à froid de Thydro-
ne sulfuré.
La faculté de sécréter des ferments solubles est pour les microbes une fonction émi-
nemment variable. (ifiOTENFELD a pu faire perdre à plusieurs microbes le pouvoir qu'ils
avaient de faire fermenter le lactose» La fermentation des sucres déterminée par le Bac-
terium co/t est de même sujette à variations. Roux et Uodet cultivèrent du Bticiiim noli
en deux échantillons, et remarquèrent qu'ils s'étaient modifies de telle sorte que l'un
avait complètemeut perdu la faculté de faire fermenter le lactose, tandis que le second,
nt
FERMENTS — FERMENTATIONS.
après ravoir perdue, l'avait rclrouvée à diiFérentes reprises. M\i.vo7,» reprenant U mAme
culture à4'2«suruu boiiilltm |théuitjiit\ a diraiiiué de tteaucoap la fcruclioa fcrnient du
liadUus cùli cùmmutiis. KnOn plusieurs ailleurs oiU trouvé de rette espèce des échantillon^
ivH ôiWéreniSt les uns ne coaf^ulatil pas le laàt, d*âulres n'ayant même aucune action
sur le sucre de lait.
\ji fonction ferment du Baeilim coti, lorsqu'elle ne varie pas en intensité, varie encnr*»
par les produits qu^elle duutie, l/a«:*ide lactique que le hacille produit ordinaire
est lévogyre, Nenthi, Van Khmknûes et Vvn Lver ont successivenienL trouvé des t
tillons produisant de Tacide laclii(U€ inaetif.
Le mf^me bacille est aussi très susceptible de variations dans sa fouclion toxinogèn?,
si voisine de la fouetion diastastque ; il sulRt, pour que la puissance toxique s'afTaihljsse
graduellement ju*qn*à disparaître, que le bacille soit conservé quelque temps dans le labo-
ratoire, ou qu'on fait placé dans des milieux défavorables.
Qtianl au bacille d'KnEftTHT il présente, tii encore, de grands rapports avec le Baeiihu
coli. Son ] ion voir ferment esl moins aclif, et la Permeutatton produite par le bscille
d'KiiKnrji ne donne presque jamais de dégagemenl gazeux, Blacîistein a étudia spécîi-
lemcnl les variations de puissance chimique du bacille d'ËBEaTU, qui sont aussi évidentes
que celles du BacUlNA coUf nouveau point de rapport que Roux et Rodet ont fait valoir k
Tappui de leur thèse pour idenliUer les deux i^spèces en une seule, qui variej*ait suivant
diverses conditions. La seule difTèrenco vniif^ que IJon trouve encore à opposer À cett»
hypolbese est Tii^action du bacille d'EnERTii sur le lactose. Enfin le^ cullures de IhiciUui
coli dégafjent en général une odeur désai^io-abh*, dont sont dépourvues celles du bticille
^i'EBEHTH* Mais ici encore rien n'est traucbé; il y a toute une gamme de tran>t
le hacille J'^berth exhalant parfois une faible odeur, tandis que le BaciUus coU cmr*?' nr
est presque inodore.
Roux et Rouet considôrent donc le bacille d'EnERin comme une déchéance, une fornie
très affaiblie du Baciltus cott communist celui-ci n'étant déjà pas le type possédant au
maximum la fonclion ferment. Ce serait le BacillKsi iftcli^, puis viendraient toutes lei
formes dt* BacUhts coli, et enfin, tout au bas de l'échelle, le Bttciilus typho^u^.
Le pouvoir liqui^fiant du bacille cholL^riqne, quoique étant un des plus exempts dr
variations, est soutnis, lui aussi, à de sensibles cbang-erur^nts d'intensité, (iamai^ia, en h
GOllivanldans des milieux de coucentralions diverses et ^laduées, a pu donner naissance
à des races diiïéraul cotnpJélemenl par rinlensilé de cette fonclion. c'est^-dire par
rinlejtsile de production du ferment liquéfianL
%" Sécrétions de diastaseï par les animaux. — Les diastases sécrétées par les animaux
se rencontrent : i'^ dans !e sang ; 2'* dans les glandes de l'ap^^areil digestif; 3*» dans toutes
les c*^lluies même de l'organisme. Le protoplasma sécrète des diastases qui président aui
fonctions de nutrition et de défense des cellules.
La dissolution des amidons est eËTectuée par la plupart des animaux de manière à
rendre ces substances assimilables en les transformant eu glucose. Lesaoïylases saliraires
(Leuchï^, 1835; Miahle, 18IIj) déterminent cette dissolution; elles sont quelquefois dësi-
gnées sous le nom de p(fjaîin€J<.
Les amylases pancréatiques i Bouchabdat et Sandras, 18i5) liquéfient Tamidon et le
saccbarifient chei les verlébrés. Ces amylases ont une action d'une énergie variabk
suivant l'animal auqtiel on s^adresse ainsi. Le pancréas du porc est plus riche en ferments
aniyloly tiques que ceux du bœuf et du mouton, et celui du bœuf plus que celui do
mouton. Chez d'autres animaux, les amylases sonl sécrétées, comme chez les Céphilo-
podes, par le foie (Kkiirenberg, FredericoK
Le ferment glycosique du foie a été très discuté; son existence a été admise par
Claude Bsrnard» Wjttich» Epstein; mais elle a été contestée par Dastre en 1888. Pour
Kautmamn, il existerait dans la bile. Le sang (Magknihe et CLAuaE Bernard), le foie
(DtiBDUBc). l'urine (Béchvhp) renferment des diastases transformant l'amidon en glucose.
Ils possédeLit donc un mélange d'ainylase et de maltase. B. LÉeiNsa admis dans le sajig
ta présence d'un ferment glycolytique capable de provoquer la glycolyse. Arthos a montré
que lâ destruction du sucre dans le sang est bien provoquée par un ferment solable.
Ce ferment soïubïe n'existerait pas dans le sang m vivo, mais se formerait aux dépens
des éléments Hgurés, dans le sang extrait des vaisseaux. Le mode de formation do
FERMENTS — FERMENTATIONS.
3Î>3
I
I
I
I
I
ferment jçlycolytiqac serait donc comparable à celai du Obnn-fermeiiL La glycoljsc
■srait donc un phL^nomène cadaférique comparable à la roii^u laiton de la fibrine.
La Irébalase existerait dans quelques liquides de Torgaiiisme : ainsi lo sauf; et
Tunnc m renferment une certaine quiinlité (Diuoltrg, M. B»al, Tkbu).
K, Wkinlixd a trouvé lalactase dans la muqueuse ititestijmie du cheval et du bœuf, et
dans Jour pancréas» alors qu'il avait été impossible de la découvrir dans ce dernier
organe. La lactase y existe surtout apriîs une alimentation lactre, Hohmann «l Lappe,
puis PoKTiEH, ont montré l'eiistence d'une laclase dans Tintestin grêle du veau et du
ehieiK Pohtik» a en particulier prouvé Fextréme abundanct* ile ce ferment sokihie dans
le suc intestinal des jeunes chiens* Il eu existe beaucoup moins chez les chiens
adultes^ et le ferment a presque complètement disparu chez les vieux chiens.
Les diastases agissant sur les matières azotées sont non moins abondantes.
Cu. HicHKT a montré la fonction lîréopoîélique du foie ♦^t rexistciice d'une dtaslase
concomîtanle.
Parmi les ferments proLéolytiques, la pepsine stomacale est sécrétée par les glandes li
pepsine de la nniqueuse gistrîqne de riioniineet des vertébrés supérieurs^ 11 exisie pro-
bablement diverses sortes d^ pepsine. La pepsine des poissons est remarquable par son
activité (Cm. Ricorr). Elle semble êlre nellemenl distincte des pepsines des mammifères
par sa température optimum, 20* par exemple, pour la pepsine du brochet (Hoppe-Sbyleb).
On trouve aussi des pepsines dans les organismes les plus inférieurs (METcuNïRorF, Kru*
lENBCRG). Enfin, dans les digestions inlra-cfîlulîiires, digeslions d'animaux en inanition
faisant de l'autophagie, il y a sécrétion de f-epsine. On eu a donc trouve! dans un grand
nombre d'organes (Bhucke, Kuhne, Cohnheim). (V, Estomac.)
Les trypsines sont en général sécréléef par le pancréas, et on les trouve par suite
dans le suc pancréatique ou dans les maeéralions de cet or^^ane (Claude BgRiXAnD, Dani-
LEVSiY» Pachutink), ÏA encore, il y a diiïérence d^aclivilé eulre les sécrétions des difl'é-
rents animaux. Ainsi le pancréas du cbien sécrète un suc dont Tactivlté pixiléolylique
est un peu inférieure à celle du porc (Flouesco).
1^ trypsîne des invertébrés ijïiollusques, etc.) est sécrétée par rhépalo-pancréas. Il
n'y a pas localisation de raction des ferment* digestifs, puisque le même organe sécrète
les ditrérentsfennenls iKhiilenuëug).
La caséuse se rencontre dans l'estomac «le tous les mammifères adultes (Artiils). La
caséase du pancréas (Duclal'x) se trouve dans le suc pancréatique et dans les macé-
rations de Torgane.
Enfin les fermenta coagulants proprement dits» et anlicoagulants, se trouvent soit
dans le sang, soit dans le foie. Le foie sécrète certaines substances anticoagulantes.
(V. Foia.) Hê(oenh\i\, puis Contejean, ont montré que les extraits de divers
orgaues, tels que muscles d*écrevisscs, corps d'anodonles, intestin et foie de chien, etc.,
introduits dans rorganisme, rendent Ip sang incoagulahle» Ces substances ajoutées au
sang in vitro activent, au contraire ia coagulation. Mos^o a observé qu*.* le sang ou le
sérum des Muréuides, Anguilles, Murènes, Congres, détermine la mort à des doses très
faibles. « Le san^ des animaux tués par l*ichtyotoiine ne se coagule pas (Mosso). v
Delezsnne a montré que le sérum d'anguille in vitro rendait plus rapide la coagulation
du sang. Enfin, ou sait que tes peptones ont une action identique (Fano). Le foie
de5 crustacés, écrevisse ou homard, donne par un traitement convenable un extrait qui
jouit de propriétés anticoagulantes m t;îfro (Abeloos etBiLLiRu); le liquide qui exsude
du foie de ces animaux, alors qu'il est retiré du corps et abandonné quelques instants à
lui-même, jouit des mêmes actions anticoagulantes. Il y a probablement formation de
plasmase dans rinfeetion pesteuse, puisqu'on y observe la coagulation de la fibrine du
sang. Cette coagulation se fait rarement d^une manière globale; la fibrine s^ coagule
plutôt en fins filaments (Nepveli).
Le sang et les tissus renferment des oxydases qui permettent roxydation de Talcool
benzylique et de faldéliyde salicylique (ScflaiEDEBBEG). iAifurr a montré que le poumon
était particulièrement riche en oxydases. Salkowsej avait observé Toxydation de faldé-
hyde salicylique par te sang. Abelocs et Iîiarnês confirmèrent et complétèrent les résul-
tats de S.4LI0WSK1 en montrant que le sang de tous les mammifères ue présente pas
le même pouvoir oxydant. Le sang des animaux jeunes semble présenter ce pouvoir à
394 FERMENTS — FERMENTATIONS.
lin degré bien plus considérable qoe celui des aiiimaiix d'an certain ilge* Les quantités
dVide saïicylique forniées aux dépens de l'aldéhyde salicylique, en présence d*aneméme
quantité de sang, et danî^ les mêmes conditions, sont :
gromo&ta.
Pour le îiîing de veau. . . * ^,174
— — de bouc . . . 0,174
_ _ a agneati . . . 0»08lil
_ — d« porc. . . . 0,0606
— -«de cheval. , * irAces.
— ^ do bœuf . , * n(»atil,
— — de mouton]. . néant,
Abklous et BiARNÈs ont ans»! recherché le pouvoir oxydant d'un certain nombre
d'organes; ils ont constaté que quelques uns d'entre eux présentaient» k das de
variables, la propriété de transformer Taldéhyde salicylique en acide.
Ce pouvoir ne disparaît pas^ mi'^me lorsque les éléments anatomiques sont détmîls.
Mais il diiîiparaît quand on porte rorjtj;ane k lOQ*. Les résultats d'ABBLOUR et Bua
peuvent être résumées à ce point de vue dans le tableau suivant :
^^UASTfTÉ dVciDU HALICYUQVK
fourni pour tùO grammot d'orgân^s
àtins éf*t conditions identiquoit.
Veau. Hceur
Mutcles . . . 0 0
Cerveau 0 0
Pancréas. , .0 0
Ti^siicale a.Oâlî »,025
Capaules surrénales , . . UMn 0,Û2l
Thvnni!* «,06! •
Rein 0,062 0.t»2l
Corps thvroidc 0,U98 O.OOÔ
Fuie. . .' 0,131» Û,i2e
Poumon O.tiÙ 0.046
Rm© 0,252 0,078
Abblous et BiARNi-!s ont démontré IVxistence d'une oxydase dans riiémolympbff le
foie, les branchies, les muscles, les organes génitaux de l'écreviiise.
H existe enliu un ferment o.xydant dans la salive, dans la sécrétion nasale et lei
larmes (Paul Cabnot). (V. Oxydases.)
Z" Sécrétion des diastases par les végétaux. — La sécrétion, ou tout au moins la for-
nialion d'un milieu lavorable aux iictions diastasiques, parait aussi évidente dans le
règne végétal.
Les diasta^eSt là aussi, sont sécrétées par des cellules spéciales, souvent par des épithé-
liums glandulaires, et la plante ne semble produire les diastases qu'au fur et à mesure
de ses besoins. Souvent môme, il y a séparation abs^olue entre les retlules diastasigèuits
et les cellules renfermant la substance sur laquelle elles peuvent agir. Il y a donc
localisation des fenjients solubtes dans le temps et dans l'espace. Ces faits sont surtout
bien connus pour les ferments agissant sur les amidons et les glucosides. La diaxtOM ou
amylase de lorge gerniée (KmcHHOFK, 1S!4; Dubhilnkact, 1823; Payew et Persoz, lS33i ^e
rencontre dans la plupart des végétaux, lirmww et Moanis ont montré que dans l'orge eo
germination la diastase est sécrétée par l'épiderme du sculellum. Cet épiderme, qui
sépare la plan Iule de rendosperme nutritif, attaque ce dernier et le digère au protil de
l'embryon qui vit ainsi en parasite sur le reste de la graine. Cette digestion s'effectue
en deux temps: dans le premier temps, il y a dissolution de l'euveioppe cellulosique des
cellules de rendospeime, par suite de la sécrétion de cytases : dans le second temps, il
y a dissolution «t saccharificaiion de i'amidon, par suite de la sécrétion d'amylase.
On trouve aussi de ramylase dans les feuilles des plantes,
Em. BooRôi^ËLOT et H. Ht^atssEY ont déterminé l'individualité de la séminnse, ferment
qui se produit pendant la germination des graines de légumineuses à albumen camé.
La séminase est differiMite de la diastase et n'existe pas dans la salive* On la troaw
dans tes graines de luzerne» d'orge, de fenugrec.
FERMENTS
FERMENTATIONS.
395
l
I
I
I
I
Le matiQ$$ Tient compléter raclion des diastases dans la saccharification du «^ucre.
RossMAJtN et Krauch l'ont signalée dans les feuilles el les bourgeons; Brown et Monais,
dans Têmbryon des planles; (jrekn» dans les graines.
Iji iaeraée se renconlre dau^ les plantes qui accnmolent comme provision de réserve
du »aci*harose. Aussi la Irouve-t-oii dans la carme à sucre el la betlerave.
Parmi Irsrernif^utsdesglucobideH, rémulsinese rencontre dans les graines des amandes
âméres, dans les feuilles du lanner-cerise, dans le manioc, l/émnlsine se rencontre dans
tftt cellules spéciales; c'est ainsi que, dans la feuille du Umier-rerise» Temulsine existe
dans les cellules de la gaine endodermiqne des faisceaux. Gcrr.NARD, qui a di-montré ce
fait^a prouvé aussi queramygdalineque Ton y rencontre était contenue dans des cellules
très dirterentes du parenchyme des feuilles. Il y a \h localisation dans l'espace de prin-
cipes pouvant réagir Tun sur Tautre. Enfin, rémulsine peut encore se rencontrer dans
certains champignons vivant sur le bois ou parasites des arbres; tels sont le Poti^ru,i
$uifUrtu$t le Pùiy parus fomcntaritts, VArmiUaria mellea, etc.
On rencontre la myroainf dans les Crucifères, les Résédacées, les Tropéolées, les
Capparidées. Partout ce ferment est contenu dans des cellules parliculi*>res faciles à
reconnaître d'apxes la propriété qu'elles possèdent de se colorer vivement en violet sous
Tinlluence de lacide ♦ hlorliydrique pur. GurGNAHo a montré que les cellules renfermant
de la myrosine étaient principalement situées dans le parenchyme cortical et lîLériun de
la racine, dans le péricycle de la tige et la région correspondante des feuilles, enfin dans
\e parencbyme de la graine,
t>n renconlre dans ïea plantes des ferments digestifs : Wurtz a isolé la pnpaïne du
<uc du Caricn Papàta, Certaines plantes, les Drosera (D. rotundifùlia), les Dioncea
(b. muscipula)^ïes Népenlhes, toutes plantes ins**ctivores, sécrètent des diastases digérant
les albuminoîdes en milieu acide (Darwin, BamsexU Certains champignons : plasmodes
de myxomycètes (Krlîmînbehg, ENiiKLitANN, Mctchmkoff, LeDaxtec) produisent des liquides
acides pepsinifère^ dissolvant les matit'res albuminoîdes. La graine de vesce renfermerait
un ferment capable de digérer la (ibrine, même à froid (Gorui^-Bksanezj. Des ferments
analogues, d'après les mêmes auteurs, se retrouveraient dans les graines de chanvre
(Cannnbia sativa) et de lin {Limtm mitatissimum)^ dans Torge germée, elc.
La formation d'un milieu favorable a Taction de ces ferments digestifs semble être
complètement sous la déppudance des inlluences extérieures*
Gorcp^Besakez el Wjll, en étudiant le suc de N^penîhes phyiiamphora et iV. gracilts, ont
constaté une dillérence considérable suivant que le liquide avait été sécrété dans des
urnes excitées par des insectes ou des urnes où cette excitation avait manqué. Le suc
des urnes excitées est légèrement acide et dissout rapidement les albtiminoides; le
suc des urnes non excitées est neutre et n'agit sur la fibrine ou lallmmine cuite
qu*après addition d'un acide.
Les diastases oxydantes et réductrices végétales sont nojnhreust^s.
Les oxydases végétales, oxydases du noircissement du cidre (Linui^î, du la coagu-
lation de la laque (Bertrand), la tyrositui^e, do lîKRTuvNr», déterminent la fixation de
Toxygène sur les corps en présence desquels ils se trouvent (Latex du Hhtts sutxidanea
ou arbre à laqueK La iuccaiie se renconlre dans un ^^rand nombre de végétaux
(Bbbtrand). Userait superilu de les énumérer tous; il y en a probablement partout où
la cellule respire.
Le philothion se rencontre dan^ le règne végétal; il se développe dans la graine
pendant le premier acte de la germination, et il se consomme dans les phénomènes
ultérieurs; cette apparition, suivie d'une disparition, son action sur l'oxygène, tout
concourt h prouver qull joue un nMe fondaraeniul dans la gerniination de la plante.
Proenzymes et prodiastases. — Les diastases ne paraissonl pas eiister sous leur
forme active dans les tissus glandulaires qui les sécrètent. Elles semblent exister sous
iine forme primitive, dénuée de toute activité fermentative» et ne se transforment en
ferments véritables que sous Taction d*un milieu favorable.
La première diastase sur laquelle une telle oriitçine ait été entrevue est la pepsine.
LiNGLKY, après avoir montré que le produit de la macération de la muqueuse de
rcstooiac de porc dans l'acide chlorbydrique étendu* ne résiste pasà une température de
37^ maintenue une minute, après neutralisation et avec excès de soude, a étAjLdié ce
396
FERMENTS - F ERM ENTATtONS.
inêmL* phénomfTie sur la muquetHe elle-même. I.a muqueuse ^ou des extraits aqtteui
peuvent Atrn pendant bnglentps maintenus à 3^" eu présence d*un exc^s de soude sani
perdre de leur aclivili% lorsqu'on les remet en milieu acide. La pepsine ne se trouverait
ilonc pas au même état dans le tissu de la muqueuse et dans la roari^ralioti de
celte muqueoae, La muqueuse donueraît naissance à de la propepsine se transformant
ultérieurement en pepsine. Fodwyssotsky a raontr'^, d*auire part* qu'en soumeltaat de»
extraits filycérinés de muqueuse stomacale k Faction de l'aoidechlorhydnque pendanld^i
(emps différenlSt on fait varier dan* des proportions considérables la puissance digesHfe
de TextraiL (Voy, Estomac. \\ b:1!*. >
Les mêmes faits se retrouvêjil a propos de l'étude de la présure. ÏIaii«aiist!Cï a
reconnu que toutes les muqueuses j^iastriques renferment une substance solable dam
Teau ne coagulant pas ta caséine, substance qui n'est donc pas du ^«6, mais qui» «oos
rinduence de Tacide chlorhydrique à. 1 p. 100 ou de Tacide lactique, donne rapidement *
du ferment. Boas a admis Texistence de la proprésure comme conséquence d'une diflH-
reiice de résistance aux alcalis, Z\i:heh, prenant un exti'ait glycérine de moqueuse déport,
constate que cet extrait coagule le lait avec des vitesses variables, suivant que rextriil
a été laissé préalablement pendant H beures en contact avec de l'acide chlorhydrique, oti
qu'on le fait agir immédiatement sur le lait. Il s'est donc formé, dans le deuxième c-ii,
de la pi-ésîire; il y avait, dans Textrait, de la proprésure. On a difTérencié de raAme
une prûptasmatt^ du (ibrin-ferment (Schmidt). Le globule blanc renfermerait, non h
plasmase, mais un corps susceptilde d'en fournir*
Le suc pancréatique semble aussi doué d'une activité beaucoup plus grande lorsqu*»
la macération de l*organe a été etTectuée â une température très légèrement supérieur'»
à 38°.
fiREEN, enJin, a fait voir que l'action de certaines radiations lumineuses avait poor
effet d'augmenter beaucoup ta puissance diastasique d'une infusiou d'orge germée. et il
en a condu que l'amylase existait en un état primitif, et dilTérent, dans le grain d'orf^»
Tenzyme se produisant sous rinlluence de certains rayons lumineux.
Préparations des diaitasea. — 11 ne s'agit pas ici de l'isolement ou de la préparatiou
d*unc diastase pure; il nous suffira d'indiquer les métbodes généralement employée*
pour préparer des liquides ou des sotide^ jouissant de propriétés diastasiques« On prul
obtenir les diaslases en solution, soit dans le milieu de culture d'un microbe, soil dans If
Irquide de macération d'un organe^ soil encore dans le sérum provenant de l'éf lalemenl
des cellules par un moyen mécanique quelconque, avec ou sans addition d'eau. Ou
peut les précipiter au moyen d'un certain nombre de réactifs, soit par Talcoal, dam
lequel la plupart des diastases sont insolubles, soit par entraînement des diastases an
moyen de précipités spéciaux, tels que le phosphate de cbaux (Cohnhkiii), la eliolesténûe
(BftUCKK), la cellulose nitrique (Danilewskii.
Enfin, pour un p;rand nombre de diastases* on étudie simplement les propriétés dia»-
tasiques des liquides naturels teîs qu'ils les possèdent. Tel est le cas des diastase* qiï«
renferme le sérum «lanyuin.
Lois Kèoér&les de raction des diasiases. — L'étude de l'action des diastases
comprend : 1^ une étude pliysiologique qualitative, qui comprend l'analyse des condi-
tions pbysiologiques qui entourent tes phénomènes provoqués par un ferment solubl^:
2° une étude chimique quantitative, dans laquelle on détermine la nature des ré^:
lions qui se passent dans la fermentation, la formule qui y correspond et les conditions
pbysiques et mécaniques cpii accoinpat'nent le pbénomêue,
La physiologie des ferments peut, selon Dastae, être représentée par le schéma
suivant :
l* Formation intra-cellulaire d'un ztjmogène^ proferment ^ proenzyme, contenant de II
diastase,
2*» Transformation du profermeot en ferment, par l'action de substances spéciales ou
de conditions de milieu, ngents zymoplastiques,
3** Le ferment constitué, les milieux ditrérenls réagissent sur son activité, et Toa a :
a) Agents zyrao-excilateurs, provoquant ou exaltant l'activité du terment.
6) Agents zymo-frénateurs, ou zymo-inhibiteurs d'AniHUs, entravant ou arrêtant soe
action «
iaMi
FERMENTS — FERMENTATIONS.
3^7
c) Ageutszymolyliques, détruisant le ferment,
Les lois mathématiques qui représentent l'action des diastases sont des plus diftlciles
à éUbltr.
L'intenrersion du sucre est le phénom<^ne de choix pour l'étudier, ét^nl donnés, d'une
IHirtJe.s corps bîeudélinis qui constituent les cbanioiks de iari-actiou, et» d'autre part» la
facilité de leurs dosages.
Bartu a montré (1878) que iaetion de l'inverLine était jusqu^a une certaine limite
proportionnelle au temps; l'inversion serait ei» outre â peu pr»'*^ proportiortnelle à ia
quantité dr ferment. î/activité dépend de la concentration de ta solution sucrée. Avec
0«%005 d'inverline, au bout d*une de mi- heure, B\nTU a obtenu :
Pour uae solution ^
0,5 p.
lUO do sucre. .
0,020 de iiucre mtei'veni
l
— . .
rt.0i3 _ _
5
— ..
0,ltH) — —
in
0,10* — —
2li
— . .
0,083 — —
i»i LLiv.\^s et TnoiiV^nN ont rechercbé la rapidité de l'aclion de la sucrase sur le sucre
t, en déterminant pour chaque température, au bout de t^mps variables, la quan-
d« saccharose intenerti. Ils ont défini aiusi une courba, la courbe d'inversion,
qoi représente une logarithmique*, lU en oui coochi que rn.^tion de la diastase est pro-
portionnelle il Kl quantité de sucre présent daf»s la liqueur; mais Uuclaux, opérant sur
la sucrase, et Dubouhg, sur une diastase de ruriiic. ont montré, au contraire, que raction
de la diastase était constante et indépeudaiite de la «|uanlité de sucre mis en expérience;
La conclusion de 0* Sullivan et TnoMt*soN est donc sans doute erronér.
Le ralentissement de la vitesse de la réaction ne dépend donc pas de la diminution
de la quantité de sucre eneîipérience, mais d'une action inbibitrice provenant du inîbeu
même en fermentation. Cette action inbibitricp est due A la présence des produit? de la
réaction. Ces produiU ralentissent, puis arrêtent complètement, en générai, la fermenta-
tion, alors qu'il s'en est produit une certaine quantité.
Il j a donc là équilibre chimique, traction ne pouvant avoir lieu au delà d*une certaine
UiYiîLe, Si cette limite est dépassée, c'est la réaction inveree qui se produit; l'acLion des
fermenta solubles correspondrait donc à des pht^-nomènes réversibles. C'est ce que nous
avons vu pluif haut.
l/actiou irdiibitrice des produits de la fermentation ne serait pas, d'oprèn Dlxlvix,
variable proportionnellement â l^i quantité rnéme de ces produits, mais au rapport eiis-
tant entre celte ifuantité et le poids total de sucre.
Par suite, soit S la i[uantité de saccbarose tenu en dissolution dans ruiûtè de volume;
X la quantité de fourre interverti au bout du temps ^ Au début de la fermentation, alors
qu'il n'y a pas de produits retardateurs, la quantité de sucre interverti est proportion nelle
an temps.
K représente par mde la quantité de surre interverti dans l'unité de temps. Dans de
telles conditions, c'est lu constante d'inversion. C'est cette quantité qui diminue en fonc-
tion du rapport . K est donc diminué d'une quantité K ^ . et rexpression devient :
rfx = K(t_^) fit.
oa
dx
dl
= SIS-.:
K
t , S
ou« en intégrant :
Cette formule n'est vraie quo pour une même fermentation. En elfel, d'une fermenta-
lîOQ à l'autre on doit, pour pouvoir appliquer la formule, faire intervenir un coeflicient n
variable avec les conditions mêmes de température, de milieu de culture^ etc.
La formule dans ce cas devient :
Kïi ! , S
398
FERMENTS — FERMENTATIONS.
Victor Henri a repris cette étude, et de ses expériences il a conda à iioe modifica-
lion profonde dans les termes de la formule, qui reste néanmoins logarithmique.
Pour V. Henri, l'étude de raclioii de riuverline, de rémuîsine et de l'araylase donnt?
les résultais eipérinieiUaux suivants :
1«* Li vitesse d'inversion du saccharose (nombre de grammes invertis) par mtnato est
\aiiable avec la concentration du sticcliarose, toutes choses égales d'aUleans, Elle cr<
d'abord jusqu'à une concentration dérinormale, et, à partir de ce point, reste alors iiié
pendante; il eo est de mi^me pour Tactioii de rémulaine sar la salîcine et de raoïTtâse
sur Tainidon et la dextririe.
tî** La vitesse de la réaclion est proportionnelle à la quantité de ferment.
30 L*addition du sucre interverti ralentit ta vitesse de l'hydrolyse du saccharose, el
ce ralentissement est surtout dtii au lévulose. Il en est de même pour la transfonnatiori
de la salicine et de Tamidon, dont la vitesse est ralentie par Faddltion des produits sur
les fermentations.
4'* La vitesse de Tin version du saccharose par l'inverti ne est plus rapide que celle
qui est provoquée par les acides.
La vitesse d'inversion de la salicine par Téinulsine est, au contraire, plus tente que
celle produite par les acides. Enfin la vitesse de l'hydrolyse par l'amylase est très voisii
de celle que produisent les acides,
K augmenterait donc d'une faron ré^lière, et l'expression ^ doit être remplacée p;
d'où
et, en intégrant
'ïïl
K, (1 +i|).
1
K, .t + ,
i^jLogS
(S-x),
et
on;
I, dans les expériences de Tauteur, est très voisin de I, de telle sorte que
;-;f = K,(. + |)(8_.);
2K, = i[Log^+I.og(l +0],
■tu • I 8 + j?
formule qui délinit l'action de la sucrase eu fonetioti de la quantité de sucre mise en
expérience, et de la quantité de sucre inverti, du temps et d'une comtante (Vinversm,
Cette constatite varierait avec la concentration eu saccharose. Le produit KiS angmenU
avec S pour les concentrations faibles, inférieures à ?» p, 100, reste constant de 5 è
25 p. iOO» diminue pour les concentrations fortes, supérieures à 25 p, IQO.
BoDENSTEiN, eu étudiant les résultats d'HeNRi sur 1 invertine, proposa une interpré-
tation d après laquelle ractivité du ferment est ralentie par le saccharose et le sucre
interverti, faction inhibitrice du saccharose étant la plus forte.
Soit a la quantité totale de saccharose; x celle de sucre inverti; {a — .c) sera la
quantité de saccharose non encore transformée, et les deux actions inhibitrice s seroot «1
(a — u) pour le saccharose et ru* pour le glucose, m et x étant deux constantes.
L'activité du ferment est donc diminuée dans la proportion m (a — n) + wa-. De toile
sorte qu'à un moment donné cette activité est représentée par
F
m ta — 71) + nx'
La vitesse delà réaction est, d'autre part, proportionnelle :\ la quantité de saccharose
(<t — a?). De telle sorte que l'expression de cotte vitesse est ;
Tt ^ Kl ^^g_„j^^^ (« - n).
FERMENTS — FERMENTATIONS-
399
D*o(i il vient
X n \og.
i — xj
Cette formate coirvient pour àm soin lions variant outre les concentralions en saccha-
roie deminorniate (^l décm4»rmale, mais no convient pas pour des di!ul.ions plus faibles.
V. U£?4ii a alors admh ijiie la dia^slase se coiubiiiaiL en partie au corps à transformer,
en partie aux produite de la fermentation, et restait libre enfin pour une certaine
proportion.
Soit la quantité de diaslases, a la quiiiUité de saccharose initiale, n ïa quantité de
glucose transformé, (<i — nj la quantité de saccharose encore inlact.
Soit a la quantité de ferment qui i^e combine avec le ^accliarose, } celle qui so fixe
sur le* produite de la fcrmenlatîon, y ^^^^^ q^» reste libre. Ces combinaisons se faisant
d'après la loi de Taction des masses, on a par suite
*
— a = {a — «) y
t
d'où
«t.
-Î*=^Y
a = m (fl — je) y
^ m (rt — X) + fia + i'
On peut alors admettre que c'est :
P !%oit ta fractioii non combinée 7 du ferment qui agit; la vitesse est alors propor-
tionnelle à (a — ;r) et a y et
dj: ^ K y (n — x)
tii^ m {a — x} 4- Il j + r
â* Soit, au contraire^ la fraction a c«)mbinée au saccharose non encore interverti» La
vitesse de la réaction est donc proporlionnelle à la quantité de cette combiuaisou a.
Ce qui conduit encore à la même expri^ssioii :
dj: _ K y) (a — «)
dl m {a— n) + " J? -f l *
V. IIknri a alors constata IViactilude de cette formule eu l'appliquant an dédoublement
du saccharose par Tinvertine, de la salicine par Vémulsine. Les constantes m et n sont
caractéristiques du Ferment, des conditions de te mpérature et de milieux. K reste constant
pendant toute la durée de la réaction.
De telles considératiojis ne s'appliquent qu'à des ferments soîulïles a;^MSsant snr des
produits en dissolution et présentant ainsi en tous les points de la masse un contact
ftarfaitemenl intioie.
Lorsqne la diastase agit sur des matières solides^ son action ne s'exerce que sur des
surfaces. Si donc l'on augmente la quantité de diaslase par unit»* de volume, il faut
seulement, dans Taction exercée, considérer l'ang'mentation de la quantité de diastase
par surface.
C'est ainsi f|ua Doclvux admet que la loi de l*action de la Irypsine sur l'albumine
cuite et coagulée répond tbéoriquement à la formule suivante ;
l et r étant respectivement les longueurs d'albumine dissoute dans le même tempd
par des solutions de diastases dont les concentrations sont respectivement l et i x n.
l^ formule peut encore s'écrire :
r* fi«
Les cubes des longueurs d'albumine dissoutes dans le même temps sont proportionnels
aux carrés des concentrations des substances diaslasiques.
400 FERMENTS — FERMENTATIONS.
Inflaence des agents chimiques. — Action de Tair et de l'oxygène. — Cette
action est variabU^ suivant qu'on Tétudi© à la pression <jrdiiiaire ou a de haulei
pressions.
P.Bert a montré que roxjfîAne à hanle pression afçit sur les ferments organisés aasai
bien qne sur les animaux» tandis t|u'îl est sans itifluence sur les ferments soinbles :
ta diasïase» loin d'ôtre allérée par foiygène h hante pressioi), y conserve presque indéfi-
niment son pouvoir, tandis qu'elle le perd à Tair libre ou dans TeaUjdès le deuxième ou
le Iroisièrae jour.
L'air exerce une influence remarquable sur ta coagulation de la caséine par les dit^^
stases du Baciilm septicus pittidui^ el rie la hactéridie charbonneuse (Rogrb). Dans I^H
deux cas, lorsqu'on cultive les microbes sur du lait dans des tubes à essai, il y a coa^^^
tation. Dans des ballons trEiiL£MiEVEa (liallons triangulaires à fond plat), comme il
s'agit de couches minces très aén'^es, iî ny a pas (oagulalion, mais transformalioo da
lait en un liquide brun rhocolat f/4ide renfermant une substance visqueuse IrèsdifÛci-
lenient llltrable sur papier. Un peut observer^ Suivant l'apport variable d'air, tous le*
lype=^ intermédiaires entre ces deux exlr<>mes.
On peut encore déterminer une coagulation plus complète en cultivant le Badilus
septicm putidm sur du lait sous une couche d'huile. On a ainsi une coagulation pi-esqoe
totale au bout de quarante-huit heures^ ce que montrent les chiffres suivants d'une exp^.
rience de Roger :
roiD«
de niAtJères coagiilées
p, 100 c. c. de lait
dans (tes culutre«
àgéot de 48 hcuret.
Cultures à Tair libre. Grand ballon d'EnLENiiEVER . 0,868
~ ^ Petit ~ — K662
— — Tuïï^s :i,859
Cultures sous huile. 4,028
Lait pur (doaa^o dé casëine) , 4JB8
Si l'on .s*adres5e à des cultures plus vieilles, on observe une diminution considértlile
dans ces cbitfres. Il y a di.^solutîon alors de ta caséine coagulée :
d« matières coagulée*
p. 100 c. c, dé tait
dan* Jet culture
àgéefr de L mois.
jfruDoies.
CuttiiiTS :i l'iiir litifc. Grand hMm d'ERLRNMKYRR. 0,7»R
— — Fciit ^ — 0,981
— — Tuhes 2,13H
Cuknivs sous huûe *.,.,. 2,872
Pour une tonour en caséine de lail pur 4,ISH
Avec la tiaclL-ridie charbonneuse, tes faits sont identiques» mais moins nets, tl y a
sécrétion de diastase, quelle que soil ta forme du vase; mais, quand il y a accès d'air,
il y a évidemment destruction de la caséine. L'acide acétique n'en décèle plus au bo«*
de quatante-huil heures, rjuelquelois même au bout de vtn^'l-quatre heures.
Action de l'eau. — L'action do l'eau se ramène en général à la simple action de h
dilution.
La diluliod retarde la coaf^ulation du plasma oïalaté; mais, si ce plasnia renfernif
une certaine proportion de leucocytes, surtout si l'on a atFaire à du sang ordinaire »oo
oîcalaté^ il y a mise en liberté de ferment par destruction du globule, et par suite ct>v
centra/ion. Ce phénomène a lieu jusqu'à une certaine limite, au delà de laquelle nur
addition d'eau dilue réellement la solution de plasmase et retarde la coagulation.
Action des acides. ^ K*eluaï!L a montré que des doses faibles d'acides déterminent
sur la sucrase une action variable suivant la teneur en acidité du milieu.
lî y a tout d'abord accélération dans l'inveràion; puis, après avoir passé par un maii-
mum, la quantité de substance intervertie diminue, pour augmenter enfin une deruière
FERMENTS — FERMENTATIONS.
40t
I
I
[fols quand la proportion d'acîde devient assez grande. Ce dernier phénomène est dû à
ion même de TaciJe. Diaprés ce qui précède, il y aurait par conséquent un opti-
faYortBanl raction des diastases.
Feanhacm a recherctiiî quelle est la dose optimum de certains acides 9ur la sucrase. Ces
^ doses soni, en millionièmes :
Acide sulfuriquo» . . 25
— oxalique. . , , no — IftÔ
— laririque. . * . l OOa
— acétique. . . , 2 000
— succioiquf*. , - 2 000
-^ lactique. , . . 5 000
Leyser» puis Kjeldahl. ont démontré le même fait pour Tamylase, BASwrTz a fait ?oir
que la sacharirication par la diastaâe est activée même par ractde carbonique : la
qoaiktité de sucre fourni dans ces conditions est plus considérable qu'elle ne le serait
en 1 absence de l'acide carbonique. L'acide salicylique se montrerait particulièrement
actif, d'après Brown et Hsron«
Mais l'action des acîdeaa été particulièrement iutérejïsante à étudier sur la pepsine,
les oxydases et la lipase.
[ji pepsine agit en milieu acide, et on a cherché quelles étaient les doses les plus
favorisantes pour un certain nombre d'acides. A. Petit, enlre autres, a umntré que les
doses optima pour la pepsine varient de 3 à 6 railli^^mes pour les acides minùraux;
elles peuvent atteindre 4 centièmes pour les acides organiques.
La iipase, mettant en liberté des acides par saponification, est, par cela même,
modifiée d'une façon particulièrement nette,
Eti laissant conslant le temps de réaction (trente minutes i avec les mêmes propor-
tions de Klycérine et d*eau, Hankiot a pu rechercher l'action de proportions variables
d'acide isobutyrique sur l'acliou synthétique de ta lipase.
Acidité toUl« I 22
— disparue. . . . . J 8,4
— ihsîwmie p. 100. . . i tO
La lipase o*a donc d'action synthétique que dans des limites bien déterminées; de
plus* la quantité p. 100 d'acide cùmhiné dans un temps déterminé diminue k mesure que
la quantité d'acide augmente. Ces deux faits sont la conséquence de Taclion inhibitrice
des arides libres sur If ferment Irpasique.
M. H wnroT a recherché l'action de racirîe acétique sur la lipase, et il a constaté qu*uue
acidité croissante arrête ractivité de la liptise.
ât»
H6
43
50
57
6i
72
19 1
m
93
11.6
H.8
15
il.2
14.4
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20
22
8
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4
Nombre de goutiei d'acide acrylique au l 10* J o
Activjlé lipasique eorresponduritc. . . , . .| 11
13.1
1 1"
1 11.3
i3
10,9
20
25
5,5
40
0
Il en a conclu que la îipase s'onisaait avec Tacide «n formant une combinaison înac-
tive. Si l'on attend un certain temps, on voit l'activité lipastque reparaître, et cela au bout
d'un temps d'autant plus long que la dose d'acide a été plus fnrle.
Dautres acides ont été aussi étudiés vis-à-vis de leur action sur la lipase (Hanriot),
Le tableau suivant donne l'activité du ferment immédiatement après neutralisation, et un
certain temps après cette neutralisation.
1
1
ACTlVlTfe.
SO*H*
AiO*H
HCl
C«H»0*
tJI*<»'
(.:*(! «o"
Immédiatement, . !
Aprèi 2 h. 45. . .
— 3 h. 45. . .
!
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1
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12
Ô.5
15
15
6
21
35
U
in
18
M. llANniot en a conclu qu'un ferment atténué par une action chimique peut se régé-
nérer» et revenir à son aclivité première, de sorte que l'action de la lipase sur les acides
DICT. D8 PBTrsiOLOam. — TOM« VI.
402
FERMENTS — FERMENTATIONS.
et les éLUcrs semble èlre une c^mbitiaisoii chimique régie par tes lois de la disso-
eialion.
LiNossiKR .1 recherché Tacttoti des acides sur les oiydases indirectes; les oxydaseï
ALudiées étaient les macérations aqueuses ou glycérinées de certaÎDi orgaaes^ et lear
activité était mesurée p«r le volume d*oxygène défçagé*
Volume d'oxygène dégtL^é en des milieux d acidité dlfréreota.
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Aqueuse.
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Oiycérinée.
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Aqueuse.
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(Porc).
Glyoérinée.
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d
Ovaire i .
3,6
24,30
C*
l\
II
0
0
0
L*oxydation du phénol et de la résorcine par lesoxydases des ebampignon5*est empé-
chée ea milieu acide {acide arétique). En soluHon lu^utre, elle est très lente; en milien
légèrement alcalin, à 1, 2» 3 ou 4 p. 100 de carbonate de soude, il y a rapidem^al
oxydation, et une solution de plii^nol dans ces conditions vire au rouge, pais au noir;
une solution de résorcine vire au rouf^e avec fluoreaceoce verte (HouaguELOT/. L'addition
d*un acide peut favoriser ou enlraver Toxydalion par le ferment oiydant des charapi*
gnons (BouROtTELOT}. l/aniline, corps réducteur, mis en conLacl avec des quantités croii-
santes d'acide acéliqwe en solution neutre ?'oxyde et les proportions qui conviennent le
mieux à Inaction du ferment sont 1, 2» 4, 10 p. KM) d'acide acétique, La quanti!** i^ui
paraît optimum est 4 p. 100* A 2 p. 100, la n'-action e^t très lente, de même qu'eu l^absence
de tout a*lde: à Ti p. 100, il n'y a pins aucune oxydation.
Signalons enfin T action de facide carbonique sur la plasmase, Matuieo et I'iiaix
(1874) avaient cherché ù prouver que Tagent de la coaf^ulalion spontanée da san^ i^t^
Tacide carbonique, et que Tobstatie à cette coagulation in vivo résidait dans les global?^
sanguins, fixant non seulement Toiiygène du sang^ mais encore facide carboniqxie,
CjLÉNABir a montré que Tacide carbonique ne Jouait aucun nMejcar du sang conserTé
dans la ju^-iilaire d'un cheval ne se coagule pas quand on le sature d'acide carboniqii*?.
Al. Scîimidt a supposé que l'acide carbonique retarda la coagulation du sang.
L'acide carbonique exerce, au contraire, une action inverse sur la coagulation du
plasma oxalaté; il y a accélération.
Action des alcalis. — ^EaNBACw a montré sur la sucrase â\isper(}iUus que la neutrali-
saliou semble arrêter très rapidement l'action diastasique; puis le ferment loi-m^ra?^
semble se détruire.
Les acides et les alcalis gênent Tactton de la trypsine, La digestion trypsique ne p«ut
commencer que dans un milieu très faiblement acide (renfermant, d'après KOaî^K, 5 t'*'^
d'un acide minéral, Tacide cblorbydrique, par exemple); elle croit progressivem .
devient optimum pour une proportion de 2 à 4 millièmes jusqu'à 1 p. 100 de carbonate de
soude; elle décroît eusuite pour être à la lin arrêtée complètement,
Ebstein et MuLLEfl, en 1875, ont étudié l'action des acides et des alcalis sur le fermeiii
inversif du foie. Les alcalis retardent la transformation du glyco^ène; les acides l'ir*
rêtent complètement, et en solution irès étendue la retardent encore (acides chlorbydriijti<^
snlfurique, acétique et lactique).
FERMENTS — F ERM ENTATIONS*
j^m
SacUon du milieu a une grande influeuce sur la vitesse de coagulation du sang
K^tui et Flobe?<co1,
CV:*t ainsi que le plasma peptoné, légèrement alcalin* reste indéfiniment liquide^ tandis
qu'il cûa^ule en deux heures à 40^, alors qu*il est neutralisé. H en est de mémo pour leîi
plasmas renfermant l p. I iM}0 doxalate Je potasse, pour le plasma de peptone hépatique.
LètMxoi? a fHadié raclion deç alcalis sur les fermentations diastasiques provoquées
par les oxyda^jen indirecte?., f.es (|unntUéft d'oxygène dé^^agées en des milieux d'alcalt-
ntié viriable sont résumées dans le tableau suivant:
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(PûPC).
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Aqueuse.
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0
a
0
AcUon des teli. — Les sels acides ou alcalins ejcercenl naturellement la même action
que les acides ou les bases.
Certains sels n*ont aucune action sur la maltase; d'autres, au contraire, retardent
son action; d'autres euflu arrêtent coiiiplètemeul la fermentation* €*est ainsi que
IKmôiîRr* a montré qu'en solulion au i tOO. les chlorures de sodium, de potassium.
d'ammonium, de ralcium, les sulfates de soude, de magnésie, d'ammoniaque, de
peroxyde de fer, l'hyposullite de sonde, Tiodure de potassium, Témétique. les phosphates
de soude, de potass*? *>t d'ammoniaque et les tartrates des mi^mes bases n'ont aucune
action. Au contraire, k la nn'^me dose, le chlorure, le sulfate et l'acétate de ri ne, le
sulfate ferreux, le sullale de cuivre, les trois alnos, les acétates de plomb et de
mercure, etc., arrôlent complf^ement l'action de la di?istase.
ï/aclion des sels est parUculi<'M'emeiit rem-'iiquable sur les phénomènes decoaf^ulatiou
du snng. Hewsoî*, eu 1770, utilisa le premier Tintluence des sels, du sel marin en parti-
culier, sur la coagulation du satig. pour séparer globules el plasma* D*aprè5 A* tJ^uriEa,
le sel marin ajouté h la dose de :> p. lOU au sang de boeuf maintenu à 8" en empêche la
coagulation. Le plasma que l'on en sépare peut être coainulé a volonté par simple addition
d'eau. Le pyrophosphate de potassr? possède un très faible pouvoir aniicnagulant (Dasthi
et Floresco). Les citrates de soude et de magnésie, à la dose de 4 p. IWO, relardent la
coagulation pendant sept à vingt minutes. Les tartrates de soude, de potasse et d'ammo-
niaque, uexercent presque aucune action sur la coagulation du ^ang. Les larlratea d*'
soude l'accélèrent peut-^tre. Les sels de fer empêchent en général la coagulation du
>ang (DvsTRE et Floresco;. Parmi les sels acides minéraux, le pymphosphate de fer, en
solution dans le citrate d ammoniaque à la dose de 40 p. lOO, maintient le sang liquide
in vitro.
Le tarlxate de fer, employé en solution à la proportion de V p. l tJOO de sang, empêche
la coagulation in vitro après quarante-huit heures : à la dose de O^^fi p. 100, pendant
vingt-cinq minutes; k la dose de 0^,4 p. 100, pendant dix minutes. Le tartrate de fer
ammoniacal employé in vitro possêile des propriétés encore plus anticoagulantes; à la
dose de O^S p. 1 Or>0^ le sang reste encore liiiuide qaaton:e heures; in rîvo, à la dose de
0«%1 par kilog., le sang reste liquide pendant plusieurs heures. Le peptouate de fer
présente des propriétés anticoagulantes variables avec la qualité du prodaîL Uu centi-
404
FERMENTS — FERMENTATIONS.
mètre cube de fieptonate de fer laissant 0,154 d*exlrait sec empêche la coagutalioa d**
W centiraètres cubes d'un sang de chien formant normalement caillot en nne minale;
le sang traité était encar.3 liquide ([uamnte-liuit heures après; in viio, Tactioa ett
analogue, La ferrine de DASTtiR et Flohesco, sorLe de proléosate ferriqae, erapéche à Iréi
faibles doses la coagulalion du san? in vitro. Dblezenne a montré que le produit
l'action d'une solution de ppptoiie sur le foie, ou peptone hépatique, produit riche en
e^l un aniicoagularit remarquable.
Les décaleifiauls, oxalates »j{ fluorures alcalins ( Arthus et Images, tH90), s'opposeoJ
ta couf^ulation du sang par précipitaiioti de la i^haus. La chaux semble en efTet abi
lumenL nécessaire à la fibrine» et cette question de la présence du calcium dan»
fibrino est encore à Tétude. (Voir, pour plus de détails, les articles Coagulation, Fibrine,
Sang.)
On a recherché Taetion des sels sur la coagulation de la caséine. LdacuKfi a montré
que tous les sfis, jnéme ceux de sodium et de potassium, agissent sur la coagulation
de la caséine par la présure. Le potassium a une action plus retardatrice que le sodiam*
surtout aux fortes doses. Les alcalino-terreux sont accélérateurs. Le poids moléculaire
n'exerce pasd*iiitluence hien neile,
De faibles pioporlions de shIs iie s*oppnseîit pas k la digestion peplique en mitif^H
chlorhydiiqtje. Ainsi, du chlorure de soilium à l,i ou 2 p. 1QQ, du rblorh}drate d*ammi^|
niaqtie a celte «ïénte dose ne gênent pas laf«'rmentatiou ; mais u«i »^.xc^s de ces substance!
relarde ou même arrête la digestion (Dvstre;. A 5 p, 100 Jl y a déjà ralentissement par
le chlorure de sodium ou le clilorbydraie d'ammoniaque; à 15 p. 100 pour le chlorure
de sodium, et à 2 p. 100 pour le chlorhydrate d'ammoniaque, la digestion e#i tout à tèî^^m
entravée. Fkttt a montré que laoétate et le pitospliale de soude, le lartrate de potass^f
et de soude, le salicylate de soude» le bidiïorure de mercure, retardent et empêchent h
digestion gastrique.
Il y a donc toute une série d'actions secondaires exercées par les sels sur les actions
diastasiqnes, peut-être même sur les diastases elles-mêmes, quelquefois sur les produits
de la fermenlutioii.
Action dei alcools. — Les diaslases sont légèrenteiii solubles, et d'une façon ?ahab]
dans TalcooL En 1868, Loscb a observé que te liquide provenant de la Ollration de laptyj
line par l'alcool agissait encore sur l'amidon, KJtLOAiiL^en 1879, a montré qne, dans uni
liqueur aïcoolique à 11", 3 p. 100, le pouvoir amyloîytique existait ♦'ncoi«% bien qu'il fût
réduit de moilié. La pepsine est aussi soluble dans l'eau alcoolisée à I> p. 100 que daas
Teau acidulée et dans la glycérin*^ (Petit:. Ivlle n'est pas complélement insoluble dans
Tah-ool à 95" {BaruhtJ. De Jagew a constaté que la plyalinc précipitée par l'alcool absolu
laisse un liquide qui jouit encore di* propriétés amyloïyliques. D'après DAMUWîii
ï'amylase pancréatique est soluble dans l'alrool à 4û^ insoluble dans Talcool absolu. La
trypsine pancréatique y serait insoluble. D'après Dastee la trypsiiie est, au contraire,
sensildemeui solulde dans Talcool à ïi'\ el un tel milieu n'empêche pas son action fer*
raentesciblfi. Guio.vAfio a indiqué le même fait pour lu myrosine, soluble el acli¥e encore
dans Talcoûl à 00^. L'émulsiiK", au contraire, est paralysée dans une solution alcoolique
à 8^ (Boccuahûat). D*a]iiés Damrk, racliou d*^ l'alcool sur les diaslases irait en croissant
dans l'ordre suivant : plyalme, pepsine, amylase (pancréatique), trypsine, myrosinc.
ferment de la fiaultérine, de Sch\kkoass el Gi-iaocu.
Dastrr a poursuivi celte étude sur les ferments digestifs pris à Tétat sec. La pcpsinr
est, dattsces conditions, entièrement insoluble dansTalcool. Les ferments pancréatiques
traité» -par l'alcool à dilferents degrés ont donné à cet auteur les résultats suivants :
la lryp»iii« est sotuble et active en milieu alcoolisé. La digestion trypsique peut se faire
jusqu'à 15® d'alcool, avec le suc pancréatique du porc; et jusqu'à 22** pour celui du chieo.
La trypsine exerre encore son action dans des extraits alcoolique? allant jusqu^À M) p, lOO.
A parLir de ce ftoint, son activité se raletUit, de 40 à 55 p. 100, où il n y a presque plui
de ferment dissous. I/amylase pancréatique est encore solubïe jusqu'à 65 p. (OC
d'alcool, et la digestion amyloîytique peut s'accomplir en milieu alcoolique jusqu'à ÎO*
pour le porc, t.es ferments du sang sont extrêmement sensibles à l'action de lalcool; il
y a insolubilité tot^I*^ pour le librin-fermenl, ta diastase du sang, la protéase du sang.
On voit donc que l'activilôdes fcrmeuls digestifs diminue beaucoup plus vite que leur
bl^y
FERMENTS — FERMENTATIONS- 401$
soliihilité; Tune cesse complètement de 15 p 1(M> Urypsine) à 22 p. <00 (amylose)» tandis
qu<» l'autre persiste jusqu'à 50 et 6r» p. 100.
U^to^siicii tt poursuivi Tétude de ractiori d*^3 alcools élhylique. propylique, bat^'liqu*?
et amylique sur la pepsine, la li^^psine, la présure, la sucrase. Tous retardi^nt ractioo
du ferm**nt, et cette action grandit eu raison directe du poids moléculaire des alcools.
En représentant par 100 Taclion ét^ h\ pep^ïne pure, celle de la pepsine en présence de
ees différents alcools (à 2 p* (00) peut être représentée par les nombres suivants.
Pcpsinp pure * . . .
. \m
Alcool étUyIique, , .
87
— propyliqtie , .
Tî»
— bulylîquc. . .
T.I
— uimlique. . ,
Ul
LiNOsaiBR, pour étudier celte action, faisait réapir un suc gastrique artificiel addi-
tionné de 2 p. 100 d'alcool mv de petits cylindres d'albumine; la longueur d'albumina
dissoute mesurait Tintensité deâ actions diastasîques.
L'acliori de la trypsine était étudiée de la même façon : or, dans ces conditions, les
longueurs d'albumine dis^soule étaient :
rrnlbumiue di.H»outf
Pepêijie.
Tryp^ioe.
S«n« alcool ....
8»3
8,2
Alcool élhylique , . .
73
7,b
— propyliquo .
7,2
03
— burjlifiiu^
5,9
S.9
— aniyhqii**
2.fi
f^*4
!^o^>mH n d pa;* tloimé de nombres exacts pour l'action de la présure : il a constaté
un retard dans la coai^îulalion du lait d*Liulant plus marqué que le poids moléculaire de
Talcool ajouté était plus considérable.
Enfin radiûii inbibitrice des akoob sur lasucrase peutôtre représentée par les nombres
suivants :
QVA."<TITK I>ll «veau l.'fTRItVBItTt
au tioiic itr t heures à 4S*.
Avec t p. 100
Avec 4 p. tÛO
d'alocH^L
d'alcool.
2.12
2.10
1,82
1,72
î.in
1.6!*
IJO
0,00
1,50
OJÎi
i,7r.
1,22
Sucra s (? pur« . .
Alcool méthyliciue .
— êlhjflique ,
— propylique ,
— Hutjïique . ,
Bien que les chiffres trouvés pour l'alcool amylique soient un peu en désaccord avec
la théorie, cela ne prouve nullement la fausseté de cette loi; Talcool amylique est, en
effet, peu soluble dans Teau, et la proportion dissoute était loin d'atteindre 2 p. lOÔ dans
ces expériences. Les derniers chifTres ne sont dont pas quantitativement comparables
aux autres; ils indiquent ï»eulement pour ralcool amylique une très grande action inhi*
bitrice*
E, Laborde, au contraire, a cru voir que la digestion gastrique était activée par lalcool
raétbyiique (dans une 1res faible mesure)» et par Talcool isobutylïque ; retardée par les
alcools éthylique et propylique; la digestion pancréatique était activée par les akools
méthylique et isobtityliquê; relardée par les alcools étUylique et propylique, E. LAnonDB
a dosé séparément alburaose et peptone produites pour 100 d'albumine; au bout de
quatre heures pour ta pepsine, el de trois pour la trypsine, (E. Labohdr ue donne pas les
chifTres qull a obtenus avec les ferments sans addition d^alcooL)
106
FERMENTS
FERMENTATIONS.
Âicooi iï)éthyliqu«
— isobulyljque
— propylique
il 2ù p. xm .
â 3 — .
à 20 — .
il 5 — .
à 20 ^ ,
à r» -- ,
îi 20 -^ .
à 5 - ,
DIGESTION
AlbuinoBc.
10,30
9,36
13.46
13,:1U
10,80
I0,9U
Peptoiie,
i3,05
3H,»»0
39,30
54.31
52
45,10
i6M
DIGESTION
AlUumose,
6.40
5.62
7.64
5.68
B,80
1,02
7,»3
PeptoQt
66,or»
56,63
40,06
46>62
55.45
24.48
29M
Action des anesthéiiques. — Les aoeslhésîques ti*ont, en gétiéraU pas d'action sur les
ferments solul»!es.
MiîNTz s'élait allaché à rechercher un moyen de distinguer les fermentations produit<*>
par des ferme u (s or^anisé^ de celîea qui avaient pour origine le>s ferments soluhles.
avait montré que le chloroforine empêche toute fermentation concoraitanle avec la
et était sans inlJueiice sur les fermenlations dépendant des diastases. Le lait, l'orii
une solution de sucre de canne en préseuc*- de craie et de fromage ne fermenlent pasfu
présence de chloroforme; la chair et la gélatine, l'empois d*amidon ne a*allèrent pas
dans ces conditions. La fermentation alcoolique des sucres en présence de levure de bière
est arrêtée par du chh^roforme.
Les fermentations chimiques ne sont pas entravées par le chloroforme (A. IICkti).
L'orge germée, les amandes amères, l'empois d*amidon en contact avec de la salive» la
farine de graines de moutarde, le sucre de c^nne mélangé à la liqueur de levure (iuver.
tine) fermentent en présence c!e Tanesthésique dans des conditions rigoureusenietil
identiques à ce qui se passe en Tabsence de tout élémetït anormal.
Les ferments oxydants conservent leurs propriétés dans les solutions chloroformées
f»endant plus de trois mois {Bolhûleum), dans les solutiun*; glycérinées pendant plus d'uo^
année rScuAEn» Bour^lelot;. Môme exposé à la lumière dîlfuse et dans un vase incom-
plètemenl rempli Je ferment du Laclarius vclutmtts ne s'altère pas eu solution glycérine^?.
Action des autîaeptlquoB. -^ Les antiseptiques, le formol en particulier, relardenl la
coagulation de la caséine par la présure (PoRTKvi\\rReL'i)ENREiCn); même la présure main-
tenue longtemps au contact dti formol devient inactive. Ce m^me corps a une action
particulière sur la sucrase dont Tactivité spécilique est amoindrie, puis supprimée iLœw,
Pûrtkvin;.
Le phénol, au contraire^ jusqu'à des solutions concentrées au 1/10^, n'ererce aucacK"
influence sur l'action du ferment îuversif du foie. A cette concenlralion il empècbe h
transformation du glycogène en glucose prohablemenl en coagulant les matières aJ bu-
mi noide (Ebsteia et Ml LLcaJ.
L'action des antiseptiques ne présente donc autun caractère général. Elle ne dépend
que de la façon dont l'antiseptique agit sur les produits en fermentation. Il §embl«
néanmoins que dans certains cas ils peuvent attaquer et détruire la diastase.
Influence des agents physiques. — Action dfl la chaleur. — L'influence de h
température sur î^^s phénomènes diaslasiques est aussi considérable que sur les phéno-
mènes de fermentation microbienne. Là encore on retrouve deux périodes :
1^ Une zone pendant laquelle l'action diaslasique, de nulle qu'elle était à de IréibafSti
températures, va en croissant de plus en plus rapidement pour atteindre un raaiiinum :
la température optimum ;
2* A partir de la température optimum i! y a, au contraire, décroissance dans TaclH^J
vite diasiasique jusqu'à une température particulière où le ferment est détruit, etfll^H
Tact ion s'arrête : c'est la température mortelle,
La détermination de ces deux points n'est pas très facile; car ils sont non seulement
variables d'une diastase à l'autre, mais variables pour des diastases ayant le même
FERMENTS — FERMENTATIONS.
effet lioutefois d'origine ditférenlej, Même pour uno ditsiase idenlique, ils varient avec
la réaction du milieup avec la durée de l'échauiïeraeDt, etc.
Eu irénéraK i-epetidanl, la température optimum varie enlre 40' i»l 50*^; la tempéra-
iuns mortelle, autour de ^%
L'inlluence de U température sur la fermentation de l'amidon par la maltase est
êxtr<'*mi?nienl scniible, D'apr^8 0, Sulljvan, les proporlioos de mailose et de dextrine
ablimvies en dix minutes seraient suivant les températures :
Aa-deisou»dP 63*, D« 01* à (Mv De M* à 70*.
I
I
p. m.
f». 100.
^, 1M.
lbUKo«ç. , ,
67,85
14,54
17,4
Deitrioê. . .
32,15
6S,4d
8S.G
Âu-deâsu». Ja maltase est détruite; ces résultats sont représentés par les équations
suivantes (0. Scujvan) :
Au-dessou» île 65v . . tC6H*oO«i)« + H«0=^C»»H««0»« + C«H«»0».
De 68* à 70- 4^t>H»»0"j3 + 1^0= C»îH2^0i* + iOCnHoQ*
C,-0, Sullivan» Brovvn et Herox, Kjkhld.uil ont étudié l'action de la chaleur sur
Tamylase pour des températures t emprises entre OC* et sa température de destruction.
Us ont corislalé que Tamylase, une fois portée à une certaine température, ne peut plus
produirif une quantité de sucre supérieure à celle qu'elle produit aui l^mpt^ratures
tnérnr«i où elle a été portée, et cela, quelles que soient les conditions de milieu et de
température dans lesquelles on la place.
boTHgijetoT a démontré que la ptyaline salivai re s'affaiblit aussi quand on la porte à
une température égale ou supérieure à o7<>. Le m^^me auteur a aussi prouvé que Tamy-
lase chauffée ne peut pas pousser la dégradation de la molécule amidon aussi loin que
Tamylase non affaiblie. La présence ou Tabsence d'oxygène n*inlluent pas sensiblemenl
sur l'anaiblissemenl de la diastase.
Bbown et Bkhon d'abord, puis BouHOt^ELOT, ont cherché en outre k faire admettre la
l'existence de plusieurs dîastases dans Tamylase de Torge germét\ chacune d'elles
étant détruite à des températures de plus en plus élevée». Bbown el Morris, enfin,
ont démontré que la lempéralure à partir de laquelle la diastase commence à s'atténuer,
15* environ, était aussi celle à parlir de laquelle le liqtiîde diastasifère commence à se
coaguler. PozBRsii a étudié riniluence de la température sur Tinvertine de la levure
de bière. Ce ferment soluble, porté à une température supérieure h 25*^, puis mis en
présence de 50 c. *\ de saccharose à II p. 100, à la température de 25**, a donné les
résultats suivants :
I
^1 IVTITi 1^T£8YE}ITII
\v not'ï UU
ÎNVKHTIMÎ AYANT Tt/tK POUTf^E A
9 S*
36'
42*
SO'
66-
30 iiiinule<^. . * . . .
l heurp .
1 h. :i0 m, .....
2 heure»
2 !i, 30 m
grauuiiicii,
0J!)2
0.409
0,721
1,000
1,928
l»,270
0,:JiO
nil27
2^70
0,317
0,675
1,800
1,542
2,480
0,270
0,500
1.125
l,45«
1,3«4
0,186
0,251 '
0,000 '
1,148
0,257
L'intensité du ferment est donc augmentée cjiiand on l'a porté a un monient donné
pendant quelques instants à des tenif^ératures variant entxe 2:i* et 40". La température
optimum parait être voisine de 40^'; rintansité de raclivilé diastasique décroît à parlir
de ce point: la diastase est alors atténuée. Une diastase, soumise pendant quelquet
inslanls à des (empératures croissantes, reçoit d'abord une influence excilalrice, puis une
inlluence irdtibitrice. Le même auteur a cherché aussi quelle pouvait être Faction sur
finvertine d'une température de 40^ supportée pendant des temps variables, et il a
408
FERMENTS
FERMENTATIONS.
montré que, quelle que soit la durée delà cbatiJTe, l'intensité du ferment reste la fuème.
L'action de \a chaleur sur rifivertine est donc in^^taïUanéc, et n'eat pas modifiée par uue
prolongation de séjour à Tétuve.
De mSme que sur les fermenU Uydrolysants et sur les sucres, la température a une
inflaence considérahle sur la lipase. L'acllvilé de la lipase présente an oplimotii vers ^)*
et cesse entre 65° et 7(>« (Hanuiot et Camus),
Il y a aussi des variations importantes dans la vilessede coagulation desalhuminoîdês
avec la température. La température optimum dt- coagulation du plasma oxalaté apré*
addition de sel de calcium, est, d'aprt*^ AftiHLis, de iO»» à "iO^, A Sti " il y a encore coasçu-
lation; à SS»*, îl n*y a plus coagulation, le flbrinogène étant moditté à cette température.
Enflni la nature même d'une diasiase fait varier dans de grandes proportions la tem-
pérature optimum. Les pepsines sont dans ce ca^. Elles ont en effet, suivant leur i
^ine, des variations eonsidérables dans la valeur de leur température optimum :
; 35, 5ô* Wnrrctt.
Pepsine d animaux .iWDB chaud. ... . ^o- H.i.i.ahst.«. ~
{ SO" Pbtit, etc.
Pepsine d'tinînkiiuK à sang-froid (timcliet). iO"* HoppK^SBViKa.
Les pepi^iues des vertébrés supérieurs agissent à une température tiède; leur action i
arrêtée par un froid de O**, et m»^me moindre» ou une élévation de température trop
élevée. Elles agissent encore néanmoins k 80*" (Petit).
Les pepsines des animaux à sang froid ont encore, nu contraire, une certaine adJ?itÀ
à 0*^. Les basses températures semblent d'ailleurs simplement s*opposer k la fermenta*
lion elle-même, et ne pas toucher au ferment.
PijzKasRK en éludianl^Faction de la très basse lompéralure produite par i*évaporaUon
de Tair liquide, a constaté qu'il n*y avait aucun changement dans Inactivité des fermenté^
solubJes qui ont pu être ainsi traités; c'est-à-dire, ïa présure, U diastase salîiratrej
sucrasf% l'amylase, l'irmlase, la trypsine et la pepsine*
Action de la lumière. — Dowxrs elBLouNTont démontré que lessucrases sont détraites
avec U[ie très grande rapidité à la lumière soiaire; mais il faut pour cela rinlerveotifl|
de Toxygéne; dans le vide, racLiun destructrice. D'autre part, (Jreen a montré que I
lion de la lumière (rayons rouges) augmente raciivité diaslasique des solutions de
salive» ce qui a permis à ce dernier d'admettre une prodiaUa^e que la lumière dédou-
blerai L
Action de réleotricité. — Smirnow a étudié Taclion des courants continus sur les toxines,
et il a obtenu ainsi une atténuation de l'activité physiologique de ces sv*bstances, Kblv.h
est arrivé aux mêmes résultats. D'Absonval et Cuahhi^t ont recherché l'action des forces
électriques sur les toxines bactériennes. En faisant agir le courant continu avec éfe<:-
trolyse sur la toxine diplilérique et fur la toxine pyocyanique, ils ont vu que ces deiu
produits ont leur virulence profondément atténuée.
Si l'on a fait agir sur ces mêmes toxines des courants continus intermittents k haute
fréquence» on observe* là. aussi» une atténuation, et, dans ce cas, le phénomène a aussi bien
lieu au pôle positif qu'au pôle négalif. l/aclion alténuatrice n'est pas en rapport arec
la quantité d'électricité qui traverse les toxines. Les toxines ainsi atténuées par celle
méthode deviendraient, d'après ces auteurs, vaccinantes. Deux animaux témoins morts
sur trois, pour deux animaux immunisés morts sur quatre, dans le cas de toxine diplit^
rîtique électrolysée par le courant continu; deux témoins morts sur deux, pour Iroiu
immunisés survivants sur trois dans le cas de toxine pyocyanique. D'après Marïîkn,
eoPm, les courants continus ou alternatifs de basse fréquence détruisent les toxines bat-
tériennes par la production d'hypocblorites et de chlore au sein de ces toxines, tandis
que les courants de haute fréquence ne détermineraient aucun cbangemenL
Dosage des diastases. - Les métbodes de dosage desdiastascs reposent uniquement
sur le fait de la mesure de leur activité; on détermine quelle est dans runité de temps 1&
quantité de matières dédoublées. C'est ainsi que, pour la lipase, HAwaior mesure raciditf
du milieu où se trouvent en contact la monobutyrine et le sérum sanguin. On détep
mine Tactivité d'une pepsine en mesurant quelle est la quantité de matières alboim-
noïdes peptonisées dans l'unité de temps (Mette, Bwvcke, Pktit, etc.). FI en est de même
FERMENTS
FERMENTATIONS.
409
I
I
I
»
pour r&cUvIié d'une irypsine. Eotio, pour déterminer l'aclmté d'une prèsare, on mesu-
rera qnelje est la vitesse avec laquelle il y a coas^ulalion d'une certaine quantité de
lait,
Kôle des ferxuQntf an pathologie^ — Depuis l'époque où Dwatne montra que la
cause du charbon était le bâtonnet que l'on trouvait dans le sang des animaux infectés,
le rîile des microbes en pathologie n'a fait que s^élendre* Il est devenu prépondérant,
presque unique. En dehors des inloiications, des malformations et des traumatismes»
il estf^eu de maladies qiiî ne soient microbiennes. Or les microbes n'agissent sans doute
que par les ferments sotubles qu'ils produisent. Ces diastases sécrélées par les microbes
font vobines des loiines, et aucune notion chimique précise ne peut nous les faire dis-
tinguer, puisque nous ijfmorons â peu prés tout sur leur composition.
On a donc pu rapprocher de Taction des diantases l'action de cerlaînes toxines;
la toxine tétaniq *e (Courmont et Doton), les toxines du venin de vipère (Pbisalix et
BinTMANbtt etc. Ces toxines, injectées dans le sang,déterjninent la formation de substances
antitoxiques, et d'imniunisines. Le venin de vijière, par exemple» peut être considéra-
blement atténué par la chaleur, mais il provoqut* encore la formalioti dans le sang de
l'animal auquel il se trouve mélangé de rarililosine du venin de vipère complet.
^ons avons là le mécanisme de5 immunisationa contre les venins et les toxines, tra-
vaux qui ont été repris par CALMFTTr,FHi>ALii *'l Beuthaî^o, etc.^ et pour Tétude desquels
nous renvoyons aux articles Immunisation, Sérothérapie, Toxinet.
Bibliographie. — La bit»tio;j;raf>hie de l'arlirle Fenneots et Ferme n ta tiout est telle-
ment vaste qu'on ne petit soucier à lu donner ici, .Nous n'indiquerons donc que les
ouvragi*s <ç;énéraax, d'autan l plus que. pour l*^s détails, on devra se reporter k d'autres
articltfs du Dictionnaire, ntenlIonntS ;Mf.ss/m.
On trouvera des résumés analyliqttes dans les deux recueils suivants : JtthresberkfU
ubtr iifc Fortschintie indci' Lettre ton dir GàftniniporQanismcn, de A. Koca; et le JaAres*
bcricht ûbet' dit VorUchritlf in dei* tehrc von dtn pnlhogaien Mikroorgnnthmen, urtifn^nemi
Pilu und Pratoioen.de HkinKWiTm et ÎAMiL. Les Annales de i'ïnstitut Pasteur d'une part,
et d'autre part le l'enirathtfilt fur Hnktcrwhfiie.Parasitenkundt nnd infiXlmtii-Krankheiien.
i* Abthfduftg : Mediiinjiytjiat, !Uiktt*riotogie und tieri'iche Parmitcnkundc, T' Abtht'ifuntj
Atl*jemeinr tandwirtschafiUche terhuologi^cke UahtcriolofiiCj Garnngsph y biologie, Pflanzen-
pathotiMjie utid P/Ianzenachutz, cotitiennenl, outre de «lonibreuses «nulyses, des travaux
originaux extrêmement imporlants qu'il faudrait citer en presque totalité.
Voici seulement quelques indications générales.
AuLOi^r. (S.i< Lei t'înts I vol. in-8'% Paris, p, Alcan, 1801, 38D p. — hnmvs et HuBBR.
Fermenté noluhtes et ferments fiijuré» :A, d. P.. 1892, 031-653). — Bf.cuAHï'. Les Microtymm,
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Pari*, Sue. d\'dit. scientit,, 1803, 202 p. — BîcBNEii. Ueber zetlenfreie Gâhrtiny [ii^sterr,
Cfiem, Zeit., Wien. 1898, i. 229-232), — Cuahrl\(A.). Les dé femes natureUe» de l* organisme,
1 voK in-8% Paris, Masson» 1898. ~ Chaivrau (A.). Etude des ferment» et des ninw {As6,
franc. pour t*amncemenl des sciences, 1881, Paris, 1882, x, il-3i). — Duclaux (E.). Fermeriez
rt mntadici, 1 vol. in-8«, Pnris, Masson, 1882. — Dullaux (E.). Traité de microbiotùgie, 4 voL
10-8** Paris, Masson, 190! . — Gayon. De la fermentation a kooUque nvàr te Mueor circinel-
hUies [A. Chim. et Phy$., 1878, iiv, 258-288). — Ghrrn (J. H.). Thr soiubk ferments and
fermenUdion, in-8°, Cambridge, 1899. — rrftCrzNBa (P.). Veher Uildung und Au^scheidun:/
ion Fermenten {A. f/. K, 1877, xvr, iOîi-123; 1870, xx, 39K-420). — Miller (A.), l>ic Lehre
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chungcn tlher îésiiche Fennente [Z, p. C. 1891. xvi. 340-369)* — Jôar.BwsEri. Oie MiAro-
ot^anijtmen der Gârung$indmtrie, in-8*, Berlin, t886 itrad. franc., in-8**, Paris, t89S). —
Katsrr. Lestemret (Encgctopédie Lèauté). I voLiu-12^, Paris, Masson et Gauthier- Viilars.
200 p, — KriHiNK (W.), Erfahrungen tmd Bt-merkungeti itber Enzgnie und Fermente {Vnters,
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bution ta the germ theory uf putréfaction and ôther fermentative changes and tù the natural
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Paris, Alcaii, 1896. — Schwiening. Ueber fermentative Processe in den Organen (A. A, P.,
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Paris, 1886, Alcan. — Woodhead (Geruan Sims). Bactei'ia and their produets, 1 vol. in-12**,
Londou, Walter Scott, 1891. — Wroblewski. Gàhmng ohne Hefezellen (C. P., 1898, xii,
697-701 ; et 1899, xiii, 284-298).
AUG. PERRET.
FERRICYANURES. — Voyez Cyanures.
FERROCYANURES. — Voyez Cyanures.
FEUILLES. — Voyez Chlorophylle, III, 639, et Respiration.
FIBRINE. — Synonymie (diaprés Robin et Verdeil, Chimie anatomique, iii, 199,
1853) : Fibre du sang (Malpighi). Matièn^ fibreuse du sang (Rouelle, Bdcquet). Lymphe
coagulante ou coaguiable, gluten (Sénac, Hunter). Partie flbrease du sang, flbrioe
( Fourcroy). Le mot fibrine se rencontre pour la prennière fois dans Extrait des 06ser-
vations, etc., par Chaptal, lu à la première classe de l'Institut, le 6 nivôse an V, par Four-
cROY (A. Chim., Paris, 1795, xxi, 290). On trouve ensuite le mot fibrine dans : Fourcroy,
Syst. des conn. chim., an IX, ix, i57.
Définition. — Substance albuminoîde provenant de la transformation du Ûbrinogène
du sang, de la lymphe, du chyle et des liquides de transsudation, constituant ordinaire-
ment des tractus libreux, incolores, extensibles, élastiques, lévogyres, décomposant Feau
oxygénée en produisant une vive effervescence, insoluble dans Teau distillée, difficile-
ment attaquée à froid par les solutions salines diluées, passant plus facilement en solu-
tion à 40^, en se transformant en une ou plusieurs globulines solubles, fournissant éga-
lement sous l'influence des ferments digestifs ou de la putréfaction, comme premiers
produits de transformation, deux globulines solubles. La librine est altérée, coagulée par
la chaleur, et ne se dissout plus alors dans les solutions salines; elle a perdu la pro-
priï^té de d<*coinposer Teau oxygénée. Elle est aussi coagulée et dénaturée par Faction
de Falcool, du formol (Benedicenti, .1. P., 1897, 219).
Préparation. — On reçoit à Tabattoir le sang de porc (ou d'un autre animal), au
moment de la saignée, dans un grand cylindre, et on le bat au moyen d'un balai de
baguettes. Les flocons et les fllainents de fibrine sont recueillis, lavés et malaxés sous
un courant d'eau, jusqu'à ce qu'ils aient perdu leur teinte rosée. On peut les laver à froid
avec une solution saline diluée, pour leur enlever la paraglobuline qu'ils pourraient con-
tenir. Ils renferment toujours une assez grande quantité de leucocytes, emprisonnés
m«'cani«iuement.On peut laver à l'alcool et à féther, pour enlever la lécithine, les graisses,
etc., de ces leucocytes.
Pour avoir de la flbrine tout à fait pure, il faudrait prendre du plasma sanguin»
débarrassé autant que possible des globules blancs par Tappareil à force centrifuge, ou
par flitration, ou, mieux encore, une solution pure de librinogène, et la traiter par do
ferment de la flbrine, puis recueillir la fibrine, la laver à l'eau, à la solution de chlorure
de sodium, à l'éther, etc.
H AMMARSTKN recomniaudc de se servir de sang de cheval. On recueille le sang de cheval
dans une quantité de solution saturée de chlorure de sodium, telle que le plasma en con-
FIBRINE,
4M
I
I
I
I
I
I
I
tienne environ 4 p« lOÛ. Go atiend le dépdl des globules rouges; on recueille le plasma
ikoroageant; on le débarrasse des leucocytes par filtration, et on le dilue avec de l'eau ri
+ 10* : par le battage de ce mélange, on obtient de la {Ibrine d'asperl tout à fait nonnal
(Haji]u19TKv,vI. 0. p., XXX, 439, 1883). C'est avec de la (il>iiiie pure préparée de cette façon,
qu'il conviendrait de répéter les expériences de dissolution et de digestion de la fibrine
qui ont fourni des résultats si divergents entre les mains de différent» physiologistes*
On peut trouver de la Obrine à Téiat pathologique dam Tépaisseur des tissus, ou a
U surface des muqueuses, des séreuses, etc.
Bo«age. -^ Procédé de Hoppr-Skyler (Traité d'Anal, chm, appU à la Physiologie^ irad*^
1817, 434).
30 à 40 centimètres cubes de sao^' sont rei^us directement dans un petit gobelet cylin-
drique, que Ton recouvre immédiatement d*une chape en caoutchouc, destinée h éviter
révaporation jusqu'au moment de la pesée. A travers la chape passe une baguette de
baleine, au moyen de laquelle on déflhrine le sang par le battage. On prolonge le battage
pendant au moins dix minutes, puis ou pèse tout rappareil. Le poids du sang se déduit
par dilTérence. connaissant le poids de Tappareil vide.
On dilue le s^iugavec de Teau, en ayant soin de recueillir tous les flocons de fibrine.
On les lave à l'eau jusqu'à décoloration» puis on les porte sur un petit Hltre taré; on lave
sur ce filtre, à l'alcool et à Téther, on dess»'che à Téluve à -{- t tO'' pendant plusieurs heures,
et Ton pèse entre deux verres de montre après refroidissement dans le dessiccateur.
On a à défalquer du poids trouvé, celui des cendres, que Fou détermine par incinéra-
lîoQ du filtre et de la fibrine dans un petit creuset.
Procédé de Dastke {A. de P,, i«\13, ùim.
On reçoit le sang dans un liai on taré cou tenant une douzaine de baguettes d'éhonite
de 2 à 3 centim^'tre?^ de long et de 5 à 7 mtllimètres de diamètre; on bouche et l'on agite
fortement pendant une dizaine de minutes. On liltre ensuite le sang sur une étamine
très fine et on détache facilement la fibrine fixée aux baguettes d'éhonite. On fait un
uouet avec ce linge, et on lave sous un courant d'eau pendant vingt-quatre heures. Le
reste comme dans le procédé de Hopfk-Seyler.
Dasthe insiste sur le fait i[ue la tibrine est partielleinenl sotuble dans le sang qui lui
a donné naissance. Si on la laisse en contact avec ce sang, la perte par (ibrinuifise pourra
atteindre 3 à 6 p. 100 {A. de P., 1893, 0*11),
Dji^tre a décrit égalera eut (.4. de P., I 89o, 58;» i un appareil permettant de préparer et
de recueillir la Fibrine du sang aseptiqiiemeut.
Procédé de H\llibi]hton \Textl*ùok ûfehemicai Physiûlogy, 1891, 234) pour restimatton
comparative de la tlbnne. Pour estimer comparativement la fibriue contenue dtins deux
Liquides» deux échantillons de lluide péricardique par exemple, la fibrine est recueillie
et colorée au moyen de «arniin, puis dissoute à 40'' dans la même quantité de suc gas-
trique. Le carmin passe en solution. Le liquide le plus coloré conespond à la plus grande
(juantité de fibrine. La proportion relative de fibrine des deux liquides s'obtient en cher-
chant combien il faut ajouter d'eau au plus coloré des deux pour qu'il ait la même teinte
que l'autié.
HéBuUats des dosages de fibrine. — On a publié dans la première moitié du
Xix*^ siècle un grand nombre de dosages de (ibrine : malheureusement beaucoup de
ces dosages n'ont pas été exécutés d'après des méthodes sufti^ainment exactes.
On trouvera dans le Traite de Chimie anatomiiiue de Robin et VEHUKiL (m, 200 et
suiv,, 1853)* un grand nombre de cbilfres de dosages de fibriue, empruntés aux travaux
de Marchand et Colberg {Arch. Mtiîîet; 1838, I'i9); ISasse {arL Chylus dans UandWm
der PhysioL de IL Wui^F.a, 1842. r. 43 et 234); Poûgialk et Marchejli A. C.);de Millon et
Reiset (1849, S64); Clément [C. H. 1851, xxxi, 289) ; Fu>KE(De mnguine veuae lienatis, 1851 ;
LiHMANN(/OMm.f,j)ra*LÇftemte, 1851, 111,205); Pogg»ale(C\H. 1847,xxv, 198); Andiul et
Gavaehct(C. a. 1840, n» 196, 1842 ;xiv, fK)3 et 617. 1844; xix, 1045); Becquerel et Roûieb, etc.
Le sang veineux de fhomme ou de la femme contient en moyenne 2,20 à 2,30 p,
1000 de fihrine (Andral, Heculeîiel et Hôiuer). Les chilTres extrêmes seraient 1,90 à
2,80 p. 1000. Il y aurait un peu plus de tibrine dans le sari^ artériel que dans le gang
veineux; celui de la veine porte serait pauvre en fibrine; celui de» veines sus-hépatiques
en CDD tiendrait fort peu. D'après Lebmann, il n'en contiendrait pas du tout, ou seule-
4ii
FIBRINE.
ment des traces. Il en serait de môme du sang de la veine rénale, d'après Cl. Bsbkaiû.
Paulrsco [Arch. âc Fhijsioi,, 181*7, ix, 21) acorjsLalé que l£t diminution de la coagulé-
bililé dû san^' des veines sus-hépatiques, signalée par Lehuank, ne se montrait que peu-
dant la dff^'eslion»etqii*elle ne correspondait pas à une diminution dans te taus des glo*
bulineîi du sang.
La quatitilé de Jibrine serait la ni^me dans les deux seies; mais pendant ta gros-
sesse elle s'élèverait jusqu'à 3,5(» (Bbcouekkl et Bodirb). C'est surtout dans les Iroi^
derniers mois que Ja quantité va en augmentant, d'après Andral et Gavarret. La fibrine
apparaît vers le quinzième jour de la vie intra-utérine cheï les fuetus des grands mam-
mifères.
Le sang des nouveau-n^s contient moins de fibrine que celui des adultes. La quantité
subit particulièrrment une augmentation vers Tàge de la puberté. Dans le sang du cor-
don placenlaire, Poggiale a trouvé 1,00 p. i 000.
Il y aurait plus de fibrine chez l'homme à jenn que chez celui qui se trouve dans les
conditions normales d'alimentation ; plus de librine aussi pendant la diète animale «lae
durant 1*^ régime végétal» etc. Cependant il y a généralement plus de fibrine dans h
sang des herbivores (3 à 5 p, 1 000) que dau^ celui des carnivores (2 p, t 000)*
Chez l'homme, la quantité de fibrine n'est nyllement en rapport avec la vigaeurd**
la coiistitnlion, La quantité peut au^^menter uolabiement (5, 6 el 7 p. 1 OOO) dan« Ict
maladies inflammatoires argués : rhumatisme articulaire aigu, pneumonie, pleurésie.
péritonife, érisypèle, etc.
Dans la lymphe el le chyle de Thonime, il y aurait 3 à 4 p. 1 000 de fibrine.
On Irouvera également» dans le Traite de Rom:^ et Verdkil [ni, 212), des indio
lions nombreuses sur la rapidité variable avec laquelle le sang se coagule dans diven
circonslances et chez divers ftnimauv.
Solubilité de la Ûbrine dans les solutions salines. — tJn grand nombre d'exp
rimentateurs ont étudié Taction des solutions salines sur la (Ibrine. Malbeureusenifl
ces recherches ont toutes, ou presque toutes, élé faites avec la fibrine impure ordintin
chargée de leucocytes et de plaqtieites. Les résultats sont peu concordants. Il sen
intéressant de reprendre ces recherches avec de ta libriue pure, préparée d'après le pro*"
cédé de Hammamsten.
De Hakn (cité par Fehii) avait constaté la solubilité de la fibrine dans les solutions^
salpêtre.
ScriEioKaANTEL fcité par Fermï} U vit se dissoudre dans le sulfate de sodium ; Aii5od
(cité par Permi) obtint le même résultat en employant le chlorhydrate d*ammoniaqae.
ScHERin (^. CAim. ei Phij^., xl, !8> cité par Pkrmi) observa que la fibrine du sanglé
neui est soluble dans le ntlrate de potassium» que la fibrine artérielle est insoluble,
admit aussi que îa fibrine du sang de bœuf est difficilement soluble.
G* ZiUKEftstANsf/Irr/i. f. ph/sioL Heilkttnd^^, \\ H-t-'i. ÏHU), et vi,53, 18^7) essaya ta diss©
lution de la fibrine dans une solution de salptUre à G p. iOO, el constata que cellt» du Iweil
et dn veau est insoluble dans ce liquide, que la libriue arlèrielle du cheval est moril
soluble que la fibrine veineuse, que la solution s'obtient difficilement avec de la fibri»
artérielle de l'homme, etc. Il constata aussi que la dissolution de fibrine a les mêmes
propriétés que celle d'albumine.
Cl. Febmi (Z. h., 181H, x, 229) arriva à des conclusions analogues.
Drms {Essai sut' tWppîicndoit (h la Chimie à t Étude tk ta Physiologie du Sanq. Paris, 183H-
1856-I8îi{> et Mi^moirc mr feSantj) distingua trois variétés de fibi ine provenant du saog 6<*
i*homme : 1^ h fibrine concrète modi^ee ou Olnine ordinaire du sang artériel derhommt',
insoluble dans les solutions salines; 2° la fibrine concféte pure ou librine du sang veineuï
de l'homme, inlégmlement soluble dans lessolulionsde chlorure de sodium; 3*^ la fibrine
concrète glohuline, qui» dans îa solution de chlorure de sodium à 10 p. 100» gontle et forme
une masse visqueuse, Olof 11\mmarsten (A» ;/. IK, ïxx; 437» 1883) a constaté des dififérencis
analogues. D'après lui, la librine concrète globuline doit ses propriétés à ce qu'elle est
mélangée d'une très grande quantité de leucocytes.
Olof Hamm^rsten {Nova Acta Hegis; Soc, scteu, Upmi., sér. m., vol. x, t, I87<>) admi
que ta fibrine peut, dans certains cas, rester dissoute au moment de sa formation, gr^ce
à sa solubilité dans les soltilîons salines. Si Ton ajoute, dîr-il, h une solution pure de
FIBRINE.
4td
I
I
Ûbrinogène sunisammenl de TitkO, pour que la coagulation spontanée ne se produise
pas, et si l'on attend deux ou trois Jours, on obtiendra, par addition d*iiri égal volume
d'une solution siitorée de NaCU mi préciptt/^ formé de gros flocons, qui, au contact de
Tair ou de Teau, se transforment facderaenl en Jibrine, L*expérif'iice est encore plus
t démonstrative, si, au bout des deux jours, on mélange la solution de fibrine avec un
grand volume d*eau : ii se précipite un corps albuminoïde qui a tous ies caractères de la
fibrine. l*a substance qui était en dissolution a tous les caractères de la fibrine soluble
de DE!>n!^, Heynsius, Vax dfji Horst et Eichwild.
pLiVsi {Â. g., P. VII, 382, i873; ix, 442, 1874. Voir aussi Kistiakowsky) constata
qoe la llbrioe digérée à 3IV> à 40<* avec des sotutions salines se dissout en grande partie
et asscï rapidement, tandis qu'à, froid Textraclion de la Obrine par de grandes quantités
toujours renouvelées de solutions salines loi euKne de la parafa lobuline, mais ne disant
pas U fibrine. Plôsz eu avait conclu que la fibrine contient une substance (un ferment
par exemple) qui la dissoul, et que les lavages au moyen de la solution saline éloignent.
Son action dissolvante ne s'exerce que si on laisse la Obrine au contact d'une seule et
même portion de solution saline. lUniiARsTKN (A. (/. P., xxx, 451, 1883) et Hermann confir-
mèrent le fait, mais en tentèrent d*autres oxplicalions.
A. Gactticr (C. /i., IS74, 227) ilécrivit la dissolution de la fibrine dans la solution de
chlorure de sodium à 10 p. tlK). La solution ainsi olitenue ofi"re les réactions des albu-
minoides : elle est précipitée par M^'SO^ et par Facide acétique dilué, se coagule par les
f acides minéraux, par la cbaleur^ etc.
La solution dialysée et évaporée dans le vide fournit un résidu dont la solution se
iQagule par la cbaleur & + 61**, et qui, additionnée d*aeides minéraux, se précipite par le
Mlkltmé corrosiL
R. Dkitschmann (A. g. P., xi, .'iOlt, 1875) trouva qu*il faut uuf' denû-heure pour dissoudre
la fibiin*^ du rat dans une solution de soude h Ti. p. lOlK), trois quarts d'beure k une
heure pour celle du cocbon d'indf , du poulft, du rnonlon, du canard, du pigeon et de
Toie, et plusieurs heures pour celles du chien, du cbal, du porc et de riiornme.
nom?< et Verdeil (Chimie anaL, 1853, ni, 255), Wubtz et Hoppe-Skyleb (2. p, C, H7),
ainsi que Salrowski (Z. B., 1880, xxv, 92), attribuaient la dissolution de la fibrine dons
les sotiitions salines à la putréfaction.
Hujtk-Sevler reconnut dans ces soluliuns la présence d'une globuïine se coagulant à
une température supérieure à -f 0<)'\ précipi table par la saturation au moyen de
NaO, cm par la dilittion mi moyen dVau distillée.
Qa^trb (*i. d. P., Ili9^, 9l*J) démontra, au contraire, la dissolution de la fibrine dans
les solutions salines en prenant toutes les précautions pour exclure tes geriu6S de putré-
faction « ainsi que Faction dissolvante des ferments digestifs.
Halukurton (J. P, .vu, 1887, 150, et Textbook ofchem, Physiolmjy, 1801, 232) montra que
la température de coa^ulalion de la globuïine obteiïue par dissolution île la fibrine varie
considérablement, suivant la nature et le degré de concentratioi de hi >olutjon
fiaJine employée: coagulation à tî0<>-65« pour la solution dans le chlorure de sodium à
10 p, 100; coagulation à 75'^ pour la solution dans le sulfate île magnésium ï\
5 p. 100. La solution de fibrine dans le chlorure de sodiuîr* ou dans le ^tilfate de
magnésium, privée de sels par dialyse, puis aildilionuée d*un peu de sel pour redis-
soudre la globuïine qui commence à se précipiter, fournit un liquide qui se coa^uile par
la chaleur entre 73" et 7:i".
GnKR?« (/, P., vur, 1887) montra que la fibrine de mouton ou de bœuf est soluble
dans une solution de clilorure de sodium k j ou 10 p. 100, en debors de tout
ptiénomèoe de putréfaction (exclue par la basse température, voisine de 0**, et par
ta concentration des solulions employées). Il faut un temps fort long, une trentaine de
jours, et *in renouvellement journalitvr du dissolvant, pour obtenir la dissolution con-
plète. La fibrine se dissout aussi, quoique plus lentement, dans la solution de NaCI à
tO,<i p. 100; elle est également soîuble dans \mz solution saturée de sulfate de calcium.
La solution de fibrine; dans le chlorure de sodium contient deux globulines; Tuim»
est soluble daus les solutions diluées (1 p. 100) de chlorure de sodium, et se coagule par
la chaleur à + o6», ne se précipite pas par les acides faibles, est précipitée par le ferro-
cyanure de potassium en présence d'une goutte d'acide acétique dilué et se transforme
4U
FIBRINE.
facilement en syntoiiine et albuminate alcalin. L'autre glo bu Une est peu soJuble dans)
Mihilion de NaGl iv l p. 100, se coagule vers 59« h eo^^est précipitée par moins de 0,4, p. 1C
deHCI, se priicipite par le ferro-cyamire de potassiuna à *:oadilîon que la réaction soii
fort^meol acide, se transforme facilemerU en albuminate altmlin, mais non en sjrnlonioe*
Ces globuliiies sont intégralement précipitée» par MgSO*» incomplMenient par NaQ»
Le ferment de la fibrine ne tran^ifarme ()as ces global ines en fibrine.
LiaiBOUHt; {Z, p, (\, xm, 18B9» ^tTS) admet comme GasEN que les produits de la <
lu lion de la fibrine dans les aolotions salines constituent un mélangée de deux^ globu-
lines; Tune se coaj^ulant vers 55"^, Tautre entre 70<* et 75°-
Artiios (A, de P., 1893. :t92) constate que la fibrine se dissout lentement de lO*» k 15%
rapidement et abondamment à 40° dans le iiuorure de î^odium en solution aqueuse i
i p* iOû. Cette soluLinn a une action antiseptique marquée, ce qui exclut toute interren-
tiou de phénomènes de putréfaction.
Artbus a const'ili* également que les solutions de librine, cbaufîées graduelïcraettl,
fournissent un premier coagulum (le plus abondant) vers Îï5*; puis un second entre 70* et
75"* 11 admet que la fibrine se dissout comme l(»lle dans les solutions salines, et qu'elle se
dédtiubleà 55** en une globuline qui se pn-ripile,«ten une seconde ^lobulinequi se C4>aguk
à une température plus élevée (70" à Ta'*). Le phénomène serait comparable au dédouble-
nient par i\k cbateur du lîbrinogéue admis pur Hahmarsten. La solution de ûbrine coulient
en outre des peptones et des propeptnnes.
On sait depuis longtemps que frbullittou rend la fibrine opaque, cassante, difficile à
attaquer par les sucs dif^estifs, insoluble dans les solutions salines diluées, et incapable
de décomposer l*eau oxygénée. Daprés Aaraus, celle coagulation par la chaleur de U
fibrine se fait en deux stades. Chauffée à 50**, la fibrine se dédoublerait en deui sub-
stances : l'une coagulée, devenue insoluble dans le fluorure de sodium à l p, 100; l'autre,
qui conserverait sa solubilité dans les solutions satines, (chauffée à 75*»» la fibrine sérail
définitivement coagulée, et deviendrait totalemerit insoluble dans le fluorure de sodium.
Ahtiius range la fibrine dans ie groupe des globutiues, parce que, dit-iL la dissoluUon
de la iibrine dnns tes solution!? salines a toutes les propriétés des i^toi'Ulines, On peut lui
objecter que le liquide que fou oblient par macération de la fibrine dans une solution
saline ne peut être assimilé à une vraie dissolution : cette prétendue dissolution est
incapable de régénérer la llbriiie dont on était parti. Les gtobulines qiii s'y trouvent en
solution ont dans les solutions salines une solubilité 1res dilTéreute de celle de la fibrifle*
Dasthe {A.d. P., iHU, 919; C, I\, 1894, vni, 819; C. R., 1895, ex, 3«9- A. ± ?.,
1894, 4tï4 et 9i8) considère au contraire le [>hénomcue de la dissolution graduelle de la
flbrine dans les solutions salines, comme amenant une altération progressive de la sub-
stance, très voisine de celle que produit l'artian des ferments digestifs. Il appelle fatten-
tion sur ridentifé des prodeiits de dh/ention de h /ihrine dam les saluHon» salines et de
ceux de la digestitm proprement dite de cette substance.
ÛASTHB a constaté égaltmient que ta fibrine se dissout à la longue dans les solutions
diluées des sels neutres (de sodium, d*ammonîum, etc.) à un degré de concentration ana*
logue k celui qui' ces sels présentent dans les liquides de forganisme. On retrouve dans
la dissolution mie globuline se coagulant vers 55*'(a-/î6n>(//t)6u/me}, une globuline se *o.i-
gulaot a -h 75° {p-fibroyltjhiitinG), des proléoses et des traces de peptone.
D'après ïttrLor (fterherches inéditfis qui parallrout dans les Mi^moircfi de VÀcudaïuf
H. de Bdtjique], la dissolution *ic ia lUiriue dans les solutions salines serait un phéoo»
mène de difiestion enaymatique (comparable à la digestion chloroformîqiie de Demts). Les
ferments peptonisants proviendraient de la désagrégation des globules blancs empri-
sonnés dans le caillot de fibrine. La dissolution ne s'obtiendrait plus si Ton opère sur de
la fibrine pure, exempte de leucocytes.
La ïibriue, bouillie avec une solution, même très étendue, de choline (1 à 2 p. 100), sa
gonfle fortement et finit par se dissoudre; la solution peut être filtrée. Elle se précipite
de cette solution par l'addition d*une quajïlité considérable de chlorure de sodîtnir et
partes acides; mais un excès d'acide redissnut le précipité {Bull, Soc. chim.^ de Paris,
1875,11,227).
HAMUAasTEN attribuc la dissolution de la fibrine en partie à Taction de la cholioe, on
ne urine, qui provient de la désagrégation des leucocytes.
FIBRINE,
4i:
Lu Ûbrine »e dissout égalemeiil dans les solutions d*urée (Pu. Limboikg, Z. p. C,
Action des tiucs digestifs sur la Ûbrine. — ScfiWAX?(, BhCxke eL IUeis^neh avaient
uot/' t|ue la di^solulioii Je la fibi itb^ rnie dans le ïïUC gastrique foiiriât un tjquide qui,
après s«)paratioQ du préripitr de neutralisation, donne à i'«Mm1iit]oii des llocons abon-
dants d'une substance albuminoîde coagulée.
Otto (Z. p. C, vin, !2y, 1884) constata que la dissololion de la librine dans Je suc
pancréatique en présence dVtlier (pour exclure la putrt^factioDj donne naissance a de la
globuHne. outre de la propeptone, de la peplone et de l'antipeptone. Cette globuJine
présente les mômes caractères de solubilité et de coaguîabilité parla cba!eurqtie la para-
i^dobnliue, Son pouvoir rotatotre spécifique, — 48^ J, se rapproche de celui de la para-
frlobuline ( — 47°, 8, d'après L. Fredericu).
K. llAsEeaoEK {Z. p. (\, xu 3'i8. tS87) reprit ces expériences on se servant de fibrine
fraîche lavée au préalable avec une solution de chbvrure auimonique à 1*2 p. KiO (afin d'en-
lever la gtobuline qpii aurait pu adhérer k la fibrine). Il constata que l'action du suc gas-
trique, aus«i bien que celle du suc pancréatique, provoquait comme premier stade de la
digestion, la formatioUt aux dépens de la librine, de deux i^lobulines, dont le^ points de
coagulation respectifs (+ :i2" à IW' et -h 72^ à T»**) correspondaient à ceux du llbrinogène
et de la pardjLçlobuline, Cependant les globutines en question ne peuvent régénérer la
fibrine quand on les soumet k l'action du ferment de la fi farine. La librine cuite ne donne
pas les mêmes produits.
Les stades ultérieurs de la digestion gastiique de la hbriiie sont : syntonine ou albu-
mine acide, propeptone ouaîbumose, et peptone ;J, MonLENFELti, A, </. P., v» 381, 1872).
HsnaiiAKxM {Z. p. C,,xï, 508, 1887) est arrivr'.indépetidammeut de Ik^EunoKk, au même
résultat en ce qui concerne Taction de la trvpsine, Il rfien he en outre à identifier les
deux islobtilines au moyen de leur pouvotr lulatnire spéçiliqîie.
NEUiiRiNTEft {Z. /!., xxiu, :iLi9, 1887^ avait admis que la f^lobuline qui se trouve dans les
produits de la digestion pancrif'atique provient uniquement de la dissolution ordinaire
dan:^ la solution saline de la ^lobiiline adbérant mécaniquemenl k la fibrine.
M. Abthus et A. Ucher (.4. d, t\, t893, 45i) admettent que les globulines retrouvées
dans les produits de digestion de la fibrine proviennent d'une siuiple diss^olulion phy-
sique de la fibrine dans les solutions de protéose ou propeptnne et noîi d'une action des
ferments digestifs.
Nous avons vu que ÎJAsrHE identifie la dissolution de ta fibrine dans les solutions
salines à faction des sucs dig'estil^.
H^itttAASTEN a moiïtrê que le résidu delà librine insoluble dans le suc ^'astrtque, et
connu sous lenomde dyspeptone, ne lui appartient pas en propre, mais» provient des leu-
cocytes emprisonnés dant^ la tiame librineuse. Si fou prépare de la fibrine pure au moyen
de plasma filtré, la dissolution dans le suc gastrique se fait intéjiralement, sans résidu
insoluble,
D après Dexys (T. P., lH8'.i, ui, :120, aussi dans lit CeiUde, V et Vl, 1889). Teau chloro-
formée ou additionnée dalcool ou de pliéjioL agirait comme les sucs digestifs, pour
dissoudre et transformer la librine du san^. Dknys admet qu'il se forme, dans ce cas.
sous finlîuence du cbloioforriie, de lalcool ou du phénol, un ferment analogue aux fer-
ments digestifs* Les acides empéclient son action.
Ajoutons que la plupart des expériences classiques sur la digestion des matières albu-
mÎDOides par le sur gastrique et par le suc pancréatique ont été exécutées au moyen de
fibrine (iropure). Les aibumoseSt étudiées par KOhne, UoFMEtsTKn, Pich, etc., sont des filtrinQii€$ ♦
Oe rat^me la peptone de VVitte est un produit de digestion obtenue au moyen de fibrine*
La digestion de la fibrine fournirait, d'après SiLitowsKi et Rexcu (A. A. P., 1890^
CLvm, 288), au moins 3,8 p, tiK) de tyrosine.
SulQliiJit^ dans Tacide chlorhydrlque. — C. Fkrïi (Z. B , ïxviii, 1801. 22'J^ a cons-
taté que la fibrine de porc se dissout en qaelqrw» beucas- dans Tacide cblorhydrique pur
à 5 p. lOoo, La dissolution nest guère plus rapide dans du suc gastrique artillciel pep-
sine et lïGl :► p, lOiJOj. La fibrine de bo'tif demande plusieurs jours pour se dissoudre
dans l'acide cblorhydrique à o p. KKNi.
La fibrine dissoute est une substance aïbuminotde qui se précipite par neutralisation.
4f0
FIBRINE.
La fibrine dû mouton et celle du cheval se classent enlre ceJle Ûa bœuf et celle du
porc^ au poiut de vue de la rapidité de leur dissolution.
La libriiir^ cuite est peu attaijuée. La dissolution dans l'acide chtorhydri<nie dilué m
peut Ur^ altribut"^ à Tacliim de petites quantités de pepsine *jui seraient restées adàé-
retiles à ia librine, car le séjour de la Jibrine duns une solution de saude à M) p, <O0,
prolouf^é pendant dix heures^ne lui enlève pas sa solubilité dans HCL, tandis f|ue la pep-
sine ne peut résister â ce traitement.
Action de reau oxygénée sur la Ûbrine. — Thênahd (ÏVai*é (k Chimie èlémeniamt^
ly 528, O** êd-, 18J4) a montré que l.i tibrine décompose Teau oxygénée en H*0 et 0» en
produisant une vive eiïervescence due au dégagement de Toxygène. Une le rapé rature d«
4- 70" supprime cette propriété.
D*après BÉnnAai% le résidu insoluble du traitement de la fibrine par Tacide chlorfay-
drique jouirait de la mj'^nic propriété, mais ta perdrait par l*ôbutlition (C. H,* XCIV\
1270- «281). Ce résidu insoluljle est formé en partie de MicrozymaSy auxquels la flbrioi
devrait de décompoMer l'eau oxygénée {C. H , LXIX. 713 et C. R„ XCIV, 1653).
Th^nabd croyait que la fibrine ne subit anr un changement par son contact avec Teaii
oxygénée* BÉcrtAiip u vu que 30 grammes de tVbhne» après avoir épuisé leur action sur-
Teau oxygénée, avaient cédé au liqtiide ♦►s^JG de subàtance organique : la (Ibrioe avail^i
perdu la propriété de fluidifier l'aruidoti et de décomposer IPO- (C* !i. , XCIV, 925)*
P. Hkrt et Kegnard {B. /!., i882» 738) constatent que la fibrine^ rendue inactive par fnon
contact avec l'eau oxygénée, recouvre par des lavages à Teau la propiiété de décoai-
gloser Teau oxygénée. On peut répéter l'expérience plusieurs fois avec le même échtti*
tillon, mais finalement il perd son activité.
Si Ton mélange de la fibrine et de Teau oxygénée, la décomposition s'arrftle alors
qu'il reste encore de l'eau oxygénée d;ins le liquide. Dans ce cas, la décomposition Je
Tcau oiygénée reprend dés que Ton ajoute de nouvelles quantités de fibrine.
La biréfringence de la fibrine diaparalL par rébullilion (Hkrmann).
Les filaments de Fibrine conserveraient leur biréfringence après l'ébuilitioa dans
l'eau, à condition d*é!ro bouillies à I*état d'extension. — 0. N\8se. Znr Anaf. «. P%«. Af
(juerg. Muakeîsuhst., Leipzig» 1882, VogeL {BioL CentmtbL, 1882, 2, n<> 10).
Dastre {A, P., 1803» 7\ll f a constaté également la hiréfringence de la fibrine.
Composition centésimale de la fibrine. — Le tableau suivant donne en partie,
d'après Si HUiEiiEitERii (J. P.t ï897, xxxrx, 1). la compo!?ition de la fibrine d'après les
analyses les plus dignes de confiance.
I
1
Pîî<iVKN ANCE,
AUTKtrKs.
fribrmed. i,UMn...( ,.,, „„^ 48,, ^80,
par la chaleur. - .| /^, xxn, m, 1«8U).
*VL ' j 1 ,l>tJMA8 et Cabours
I.bn..e du,a„î; ,le| , .i. c. />., (31,18*2,
divers iniimTnilorcs.i ... ^qj., ^ '
\ IV, éoo)
Filjriue de bii^iifiROHUNG {À, C. P,
, (sotifro). , . . , ,
Fibrille de sang de
iMBUf. .......
Fibi'iric de sang de
îinMlf , . ,
1846, Lvni, 301). .
KjSTlAKOWSKY(J,f/,
p.. 1874, ix, 442).
Mai.y {A. </ f\,
1874, 586 elS88),
0
rr
As
8
52,68
6,82
16,91
1,10
j2,4G
6,83
16,93
1,24
52,68
o,m
16,63
1,32
:î2,32
7,07
16,23
L35|
52,67
6,98
17,21
FORMULES CALCULÊBS
C"*Ht«tAï«ûSon+ i i;,H»0.
4
4
La librine laisse à la calciniiiiou un minime résidu de cendres,, dans lesquelles Vi«-
r.How, Brûcke et d'autres ont signalé la présence constante de composés de calcium.
A «TU us consirlérait le calcium comme faisant partie intégrante de la molécule de II
fibrine, et avait môme admis que le calcium pouvait être remplacé par le strontiaui.
Hammarsten a montré iju^il s'agissait d'impuretés étrangères à la molécule de fibrine.
FIBRINE.
iVi
I
I
ranri nombre d'autie;* analyses de fibrine ont élé fiiites avoc des prodi»its in«»unî-
simment purifiés, nolaniment par Mllî)e:r(1838). SciiEREfii I8tl). ScHtossBEuci::» ilSiÛ),
Sc:oiiiEt>EBEii(i adrnpt pour la paraglobuliiie la formule C*'"H*'-Az^**SO^ '. Il constale que
la formule d»^ la fibrine du plusm^i est peu diirn roule de celle de ïn fibrine du xanQ, Ccfto
deniîère suhsUnce a une compcisîtion iivLermédiaire entre celle de la, fibrine dtt plmma
(fibrinogênc pur coagulé) et celle de la pura^tobuîtne, ce qui correspondra il â l'ancieone
théorie de Sr.nicmT, d'ap^^5 laquelle lu Qbrine se formerait par Tuoion un fibrinoifenr et
de i^ghbuline {toc, cit., 14).
Hiii)f/\RSTEM i'L p. r.» IHy.i, XXVIII, 08) admet à présent que lors de la cna^'iilation par
le ferment de la fibrine, le librinogi^ne se transforme intégralemeiiL en fibrine, mais
qu*aiiG partie de cette fibrine reste en solution. Cette partie qui reste eu sqIuUoj), et *]ui
*ie coagule par la chaleur à -f 64'\ représeatr faucienne globuline de fibrine un intHue
nut€or.
FERMENT DE LA FIBRINE. - THROMBINE OE SCHMIDT
THBOMBASE DE DASTRE
En 1836, A. Bucha.nak découvrit que le liquide de l'hydrocéle, qui ne se coagule pus
spontanément, peut fournir un at»onilanid6pôtde fibrine si ou radditionne snit do sang,
soit des filaments fibrineux provenant du lavage à l'eau d*un caillot sanguin. 11 admit
que In coagulation s\fpère alors par solidification d'une substance aUmniinoïde primiti-
vement dissoute, sous Tinlluence d*une seconde substance fournie par le caillot de llbrine-
Il montra que celle seconde substance émane des globules blancs, el compara son action
à celte de la préaure dans lucaséillcation du lait i lS45j, Le caillot pouvait être conservé sous
falcool sans perdre son activité. BrrHANsx trouva ipii? dînVrents tissus do IVconomie
jouissent également de la propriété de pruvoquer la coa^ialation. Ces travaux de Bycu.v-
PfâN avaient été peu remarqués et étaient oubliés, lorsque Alkx. SntiMiuT annonça la décou-
verte du ferment de la fibrine (1871). A. Scumïût reconnut que la transformation du
fibrino^^ène en fibrine est un phénomène de fermentation, et que le ferment qui provoque
la coagulation du sang dérive des globules blancs, La plupart des ailleurs qui se sont
occupés de cette question, ont admis avec Sciiuiot que le ferment dérive de?* éléments
figurés du sang autres que les globules rouges ! leucocytes ou ptaqurtte^j. Mais un grand
nombre font jouer un n\le tmportanl ou même exclusil aux plaqut*ttes, Nouîs renvoyons
pour la discussion d^.' celtt* question aux arttrles CûagutalioDp Leucocyte, Sang.
Préparation. — l^rotéthUiW. Scumiot (1811 ,, Le sérum de sang de bœuf, par exemple.
est mélangé avec quinze à vingt fois sou volume d'alcool; le précipité qui se forme com-
prend le ferment et les albuminoïdes du sérum; on le conserve sous l'alcool pendant plu-
sieurs mois, ce qui permet la cuaguîation des albuminoïdes* Le précipité est recueilli,
lavé à l'alcool absolu, déïfséché au desstccateurâ facide sulfurique, et pulvérisé. Ka Traitant
celte poudre par l'eau, on obLient une solution fort active de ferment, qui provoque la
Coagulation du liquide péricardique et de tous les liquides qui contiennent du fibrinogéne.
procédé de I'iaiigee (J,P., ISIl^-SO, rt, 149). Ou ruélangL' le sang delà saignée avec huit
à dix volumes d'eau, eu ayant soin de brasserie mélange pendaut une dizsdnes de mifiutes*
La coagulation s'elfectue fort lentement. Le coagula m gélatineux qui se sépare après
plusieurs heures est reçu dans un linge de toile, et exprimé et lavé sous un courant d'eau.
Au bout de peu de minutes, on recueille une masse fibreuse correspondant à ce que
Bcc:aÀNA>*a appelé le caiîhjl lavé [washcd blood dot). Ce caiiht tavè traité dir«.*ctement, ou
après dessiccation ù rexsiccateur, par une solution de chlorure de sodtuuL iX p. 100),
fournit une solution qui provoque la coagulation,
Proci-dê de S. Lea et L H- tiREKN (I88i)* De la fibrine ordinaire obtenue en battant le
sang dilué est traitée par la solution de chlorure de sodium à H p. 100, et fournit une
solution aussi active que celle de Gamgee.
Procédé de Hamuarsten (A. g. P., ïviïj, 8i», t878*. On sature le sérum de bceuf par MgSO*
pour précipiter les globulines, on dilue le filtrat avec de l'eau, et on ajoute, tout en
remuant, une lessive de soude très diluée, jusqu'à ce qu'on obtietme un précipité flocon-
DICT. DB rUYSIOLOOlB. — TOM£ VI. 27
IJ8
FIBRINE.
neux assez aboiidaiU de MgO^H'*, Ce précipité est lavé, puis dissous dans de l'acide ao
tique, jusqu'à réaction neutre, et punfté de sels par dialyse. La solution est riche
fermeul nu cuuleiiatil f>as de gkdiuliixe.
Pour obtenir un ferment trtVs pauvre en t:baux (0,0004 à 0,0007 p, 1000 CaO],
Hammab^tkn lei'ornniande de traiter au préalable te sérum par un oxalale arant de^
coaguler par riilcool.
Procédé dr Pekëlhahing (!891-9rii. Un pré^ipile par l'acide acétique la solution
ferment de IlAimAîisTEx, ou" mieux ou dialyse le plasrua saturé de MgSO^ et privé
globulines, puis on précipite par Taeide acétique. On peut aussi s*adress»er directeme
au sérum, le diluer avec de Teau et ajouter une petite quanlilé d'acide acétique
manière à redissoudre la plas grande partie de la para|;lûbuline qui avait été précipité
On purilie le ferment en le dissolvant dans de l'eau alcalinisée et en le précipitant par"
l'acide aretique diUié. On répète pltisieuis fois de suite la dissolution et la précJpiLatioii.
Propriétés et nature du ferment. A. Scïimidt avait constaté que le ferment de
la fibiine pressente les propnétt^s générales communes à tous les fenueiils sohible*»
notamment qn*il perd son activité quand on le cbauffe à l'ôbullition eu solution aqueuse,
tandis qu'à sec îl supporte la température de -f lOO**. A. Iîaiigek trouva qu'une tempéra-
ture de M*' à ii8° suffît déjà pour l'altérer (luand il est humide. Il constata aussi que la solu-
tion de ferriicnt contient une f^^lolmline et perd son activité par toutes les circonstanc
qui précipitent ou altèrent celte ^dobnliiie : dialyse, saturation par M^SO*. Scbmidt avi
observé une diminution d'aelivilé du ferment de la fibrine par dialyse, tandis que Ham
MARSTKN n'avait pas constaté d'affaiblissement du ferment dans les mêmes circonstance
S. Lka et H. J. GreevN (1884) fixi^rent avecScuMioT la lempérature à laquelle le fermei^
perd son activité aux environs de + 70". Dans nn premier travaiU W. D* Ualliburti
(1898} admit que le ferment de la fibrine est une globuline, identique avec la substi
appelée par lui tflobuthie celtidaire des eelfulei» lyjnphatiques. 11 constata que les proléidt
(globulines) extraites des cellules lympbatiques possèdent k un degré marqué la pr
priélé d'agir comme ferment de la librine dans les solutions de Ubrinogène. Ultérieur*
njent, il ae rallia auï vues de Pekelharjno, el admit avec ce dernier que le ferment délai
fibrine est une nucféo-protéide (tSî^Ii),
pEREUJAiiiNG (1892) formule de la façon suivante le résultat de ses expériences sur It,
ferment de la fibrine et son mode d'action :
tt Le ferment ipii transforme le filirinogène du plasma saufïnin en fibrine se forme par'
!a combinaison d'une nucléo-proléide (prothrombine de ScimniT) fournie par la mort ûa
éléments organisés incolores du sang, avec la chaux (ou le calcium) qui se trouve en dis-
solution dan^ te plasma sanguin.
H Des nacléû-protéides d'antre origine* provenant des cellules du thymus, du testicule,
de la glande mammaire {ca^^iéine), sont également capables de se combiner à la chaui et
de fonctionner comnie ferment de la fibrine.
« Après avoir cédé au flbrinogène la chaux nécessaire à la formation de la libride, le
ferment peut se régénérer, s'il y a dans ta solution des sels de chaux disponibles, aux-
quels la nuctéo-protéide peut enlever de la chaux. Mais celte ré f^'é né ration est liantét,
attendu rpie la nncléo-protéide dissoute se décompose facilement,
H Le fejinent devient inactif parla chaleur, a la température a laquelle la nucléo^alhu-
mine se coajîiile» Cette température de coagulation est de 4- *>o* environ pour lauucléo-
albunrine des leucocytes, mais elle est inlluencée par la durée plus ou moins prolongé©!
de l 'échauffe ment, et parla présence de su bslances éti an gères, notamment de sel s. La tempe- 1
rature de coagnialion des nucïéo-protéides des tissus et de la caséine paraît pluji éleTév,,
i En dehor!5 de l'organisme, lesddférentHs nucléo-protéides se décomposent facilement^]
parlicu1i<^reiiient en préîîcnce d'alcali libre, et par une température de +60** en four
sant, d'une part, de la nucléine ou ses produits de dédoublement, de l'autre de Talbumose.
« L'oi'ganisme vivant possède, à des degrés dïveiiî suivant l'espiVe anirnale, la propriété |
de décomposer de la même façon la nacléo-proléide ou le ferment de la fibrine, lorsqoe
ces corps ont pris naissance dans le sauj^, ou lorsqu'on les y a introduits du dehors-
L'albumose qui devient libre en ce cas peut être éliminée par la voie rénale.
ti Mais, si la quantité de nucléo-protéide ou de ferment dépasse une certaine limite daos
le sang circulant, de telle sorte que les forces de l'organisme ne suffisent pas à décom-
FIBRINE.
*\9
I
r
I
poser U nueléoproiéide, en ce ca^ celte subâtance, en supposant qu'elle ne soit pas
déjà coinliinée à la chaux, pourra absorber, la chau^ du plasma et provoquer la trans-
formation du fibrinoçène du plasma en llbriiie, et, comme conséquence, amener lu for-
tnalion de coagulations à l'intérieur d'un nombre pluiii ou moins grand de vaisseaux» »
\ai nucleo-proléïde du sing parait ^tre identique avec le fibrinogèoe A de WooLoninoE*
c*est-â-dir*e avec le précipit»* ^ranuleui qui se forme dans le plasma de peptone,
lorsqu'on le refroidit à Û". La nudéo-protéide eitraite des liâsusest sans doute voisine du
librinogène des tissus de VVooldridck, et de la nucléo-histone de Lilienfëli» et Kosseu
ScHMiDT a abandonné l'idée que la fibrine rf^AuUerait de Taction du flbrinogtïne
turUparaglDbutine.La préglobuline. provenant de lacyto^lobine cellulaire, se décompo-
serai el fournirait de la paraglobulijie; la pitï'a^lobuline se transformerait r>n Ubrtno-
ghne qui lui-môme deviendrait fibrine. La llirombîne jou»*rait un double nMe* Klle pro-
Toquerait d'abord la formation du librinogèue aux dépens de la paraglobuline; puis
transformerait le fibrinogène eu ftbrine.
L^ plasma ne contiendrait pas de préglobuline, mais seulement de la para^lobuline«
Quant au flbnnog^ue, SciiMiDr semble admettre qu'il ne préexiste pas dans le plasma
sanguin, mais qu*il se forme aux dépens de la paraglobiiline au moment même de la coa-
gulation du sang, sous Tînlluence de la thrombine. Cela nous parait bien hypotlièthique.
Al. Srjrîin»T, dans ses dernières publications, admet également (pie le fermt^nt de la
Ohnne se forme aux dépeiisd'un pro/iTment ioaclif conbînu dans le plasma, <^t auquel il
domie le nom de prothrombine. La prothrombine du t»lasma se transformerait en ferment,
oa thrombine, sous rinlluence de substances de nature tiR'onuue> provenant des globules
blancs, les uibj>tances ziimo^ihistique^. Liliknfeld (189:î) range le phosphate de potassium
(KH'PO*) parmi les substances zymoplastiques. Ajoutons que la théorie de Pekjclhaeiing
a été combattue par Lilienfeld et par HAHMAasTEN, Lilœnfrli> (1895) admet avec WooL-
DRiDGE que le ferment de la fibrine ne joue pas de nVle actif daus la coagulation physio-
logique du sang. Le ferment de la llbrine serait non un antécédent de la coaï^ulation,
mais un produit secondaire de la coagulation, qui ne se retrouverait qu'à la Hn de la
réaction.
ll\tfii\[isTE!i (1896, 1899^ ne peut admettre que fa fibrine résutte de l:i combinaison
du fibrinogène avec la chaux. La fibrine peut en efiet se prépara' au moyen de liquides
d'où la chaux a été précipitée par un oxalate. Dans certains cas, les écbantiltous de
fibrine obtenus sont si pauvres en chaux ,0,007 p. 100 CaO), que si le calcium faisait
partie intégrante de la molécule de fibrine, cela conduirait à assigner à la fibrine un
poids moléculaire extravagant (dépassant 800 000). Pour HAMMAasTe.s, les sels de chaux
que l'on trouve dans les cendres de la (ibrine représentent de simples impuretés (con-
trairenient à ropiniou d'AwTHDs), — Voir les travaux d'AftTHUs cites plus haut.
HAMs*AKSTe,v hésite aussi à identifier le ferment de la fibrine avec la nudéoprotôide
de F*EiELH\RixG. Il est tenté d'adnieltre qu<.' le ferment représente uut^ impureté mélangée
à la nucléoprotéide, qui elle-mi^me serait inactive.
Quant au mode d'action des ferments coagulants (présure ou ferment de la fibrine),
Ficï {1889, 1891) a appelé Tattention sur la rapidité pour ainsi dire foudroyante avec
laquelle les ferments coagulants, notamment la présure, provoquent la solidification de
masses énormes d'albuminoïdes primitivement dissous. Il lui parait difficile d'ddmcttre
que, dans ces cas, chaque molécule de corps fermentescible ait pu subir le contact direct
d^ine molécule de fermtint, d'autant plus <[ae la solidification du corps fermentescible
doit emprisonner la molécule de ferment et empêcher son action ultérieure. Fïce a émis
ridée que la coagulation, déterminée dans une partie du liquide par la présence et le
contact direct du fermeul, peut ensuite se propager de proche en proche à travers la
substance fermentescible sans contact direct du ferment.
Waltukr (181)1} il démontré fineiactitude do cette hypothèse. Ou prend un vase en U»
présentant inférieure ment un canal étroit faisant communiquer les deux branches de TO.
Dans Tune des branches on place la solution coagulable : laiL ou solution du fibrinogène»
dans l'autre la solutioti de ferment^ pfésurc ou ferment de la fibrine, en ayant soin de ne
pas mélanger les liquides. Si fou empôdie ainsi la diffusion du ferment dans le liquide
;uUble, celui-ci ne se solidifie que dans la zone i[ui est directement en contact avec
r>l6rmf>Dt.
4Î0
FIBRINE.
f5<
i
Le ferment de la librine ne préexiste piis dans le sang circulau!. Il ne paraii
exister non plus dans le plasma de peptnno, ni dans celui d'exlrait de sangsue (coni
par Oastïik). Le moyen de vérifiei Texistence du. fermeni dans un liquide L-ODftisit« à
préparer le ferment par le'procédé de SctiMtOT. et d essayer l'aclivilé de la prépamtiaii
au moyen d*un liquide proplaslique, nolaniiaent au moyen du plasma au sulfate d*'
magnésitim convenablemenl dilué.
Le plasma de sang Uuoré à 3 p. lOQ (sang dans lequel on a suspendu la coagolatioa
en le recevant directement dans une solution de llnorure de tjodium) est» d*après Aftiac*,
le meilleur réactif du ferment de la Jibrine. Ce plasma ne eonlient ni cbans, ni nuclèo-
proléide : il ne se coa«^iik que ai on y ajoute le ferment, tandis que le plasma de Jâuf
oxatalé ou citralé contient le proferment inucléoprotéide); il suffît d'ajouter un sel de
chaux au plasma oxatati' pour y provoquer la coagulation {Journ, Phi/sioL ei Path, yen,.
H, 887),
Bîl>liographie. — Plusifuis indiialions bibliogropliiques ont èiè données an coui>
de rarticîe. (Voir aussi la liste l>(bUo^rapliique des arlictus Coagulation^ Foie» Ptpione ei
Sang.)— Bijchanan ' Andhrwl (ki tht* euayutathn of ihe bhod tnui olhrt- fibriniferotif liquida
[Lond4}n Med, Gaz,, 9 a\ril 1«3G, et 184Ii, i, [New $er,], 617, réimprimé par (Umci:!: dam
J, P,, iSVù'{%m, II, ib8-l63). — ScBMiDï (AlkxO* ^Yeue Vntersuchungen ûber Fa^ienioffgf'
rinnmig {A. jf/. P.» v(, iia-ÎKiHi; — Ueber die Bcziefmng der Faserstoffgerinnung zu f/^-n
kërpvrticîten Eletncnte des Bhtes, IL Vebcr die Abstommuny des FibrinfennenU, etc, itbtd.t
IH7.H» xr, r»r5-o77,i pL); — Veber die Bczicftuttfj dvs Kothmlzes zu einifjcn thicrischen
mentatiompvocvs:>ch [Ibid,^ i8*B, xni, 93-140;, — Die Lchre t'Ort den fermentai
GerimumQserschcinunijen in den c iwinasar tiy ai tkierischen Korper/liii,)iigkeHen^ Ooj
C. Malliieseu, 1876, iii-8, l-tj2; — Z«r Bhitkhn\ Leipzig, Vof^^eL 18tl2. — Weitere BdU
zur Hluîlehrt\ 1895. — IIollktt (A.). Phijsiolotjie de» Btutea und der lilutgerinnung^ ààtt^
H. H. d. Phjsiol., 1880, jv, in-8. — Birk LldwjgJ. Ban Fibrinfermenl in lebcnden Orga-
nismen {Biss. itmiig,, Dorpat, 1880). — Wooldhidge (Leonari>). Die GennnunQ des Bluter,
her, i\ M. V. Fhey, Leipzig. 18^1. — SuEntoAN Lea et V. R. Grebn. Some noies m fkf
fibriufcntmit [L /*,, 4884^ iv, U88-38t>L — H^LUHiriTH», On (he nature of fibrinfermcnt
(Ibid., I88H» IX, 22\»-286). — UhLLmvhTos ei Buooie. /. P., xvii et xvm. — Bo;^.\k Geou.k^
Veber diis Fibf in ferme nt% und !^einc Bezichumj zitm Organismua, WurzburjLÇ, 188î>, I-I2S.
— FicK (A.). Veber die WîrkmhjMtrl der Gerinnuugiifermenie (A. y. P., 1889, XLV, 293-îîWu
— Zu P, Waltheii's Abhandiung Hdd., 1891. xux, 110» 111). — W'àLTHsa (P.). Veber Piik*
Théorie der Ldbwirkttng und Bîttl\ierinnung {ïbid,^ 1891, iLViii, 529-536). — LAXScaESjUJi-
ciKH (1.). Ueber die Wirkungsweise der Gerintinngsfermentc {t\ P,, 1800, iv, 3- 10). — Hat-
chaft (ioHN Bekry). An iuxount ûf nome e^rperimcntti which sAatt) ihal fl brin ferment isab^m
ftom circiitatifig btoo<i {Jottrn. of Anat. und PhijjiioL, 1890, xxn, 172-HIO). — Lka (A. S I
et DtcKïNsuN (VV. L.). Nuira ou Ihe of neiion ttf rettntn atui fibrinfrrment (J. /*., 1890, «,
307-îlll). — HAMMEHscHLAti (Alh.). Ueber die Heziehuny des Fibrinfermenles zur Enl$t€hnnfj
des F. {A, F, P., 1890, lïvji, 4l4-4f8}. — Fkrklharixc (C. A.). Oier de Stoiiing ^a^
bel btoed, Amsterdam» 1S92; - Unfers. ûh. dus Fihrinfi'rmmL VerhandL d. Kon. Akui
d, Wetens,, Amsterdam, 1892 et 189a; — Veber die Bezichung des Fibrinferinentca am dm
Sérum zum Nucfeoproteiti uekhe» ans dem Btnîpîasma zu erhaiten ist (C. P,» 1895. ri.
102-111). — Cabteluno (P.k Sulia mUura det zimo'jt'no del (ibrino femiento del v^/*/'
{Areh. ituL di viintca tuedieu, 1H04. n"3L — Haluuurio^. Nucteo-proteids [Schmifti\ f
ferment) {J. P. 189."i» xvni, It06-318i. ^ liAMOEE ^Aethur). Some old and ne w t'
on the pbrin ferment [Ibid,, i879-!8H0, ti, 145-1631 — Hammahsten. Veber die _/
der lôsiichen Hailisaize fur die Fasermtoffiferinnung (Z. p.JC, IH^Q, xiii, 333); Wettff<
Heitmge zur Kenninvis der Fibrinbildung (Z. p. f.» 1899, xxvin» 98-M5). — LiLiKUftu».
Uàmaluiog. Vnters {A, P,, 18^2, 115, 167, 550; 1893, 560); Ueber Blutgerinnung (Z.p»('.»
1895» XX, 88). — AnTiirs. Recherche!^ aur la cotiifukuîon du sang (0. m., Paris, 18S>01. — Ifl
cofignîation du $nng et ies i^els de chaux {A. P., 1896» ixvjii» 47-Ô7)* — R. M. IIou^l
Tfie action of cnîcinm^ strontium and barium satts in'preventing coagulation of the hM
[J. P., 1806, SIX, 3!Hi-:i71]. — J, Atbakaî^iu et J, Carvallo. Remarques sur le fermeni dt
la fibrine f etc. (A. de P.» 1897, u» 375, 384). — Il astre, Fibnne de battage et fibrine di
caillot (B. B., im2, 554); La digestion mline de lu fibrine (A. d. P., 1894, vi. 919-929). -
Fibrinotyse ; digestion de la fibrine fraîche par Us solutions salinefi faible» (Ibid.t 1895, tu.
FIBRINOCÈNE,
4il
I
I
I
I
408-414). — Oasthb et FloebscOp De ia méthode fkn plasma a Vetai liquide ùu en pùudre
pùur C^udt du fibrîn ferment (B, B., 1898, 22. — Maïllar». Sur une fibrine crhtatli%(*f
[C. /*., 1891». ex XVI II, 37:1-375). — KocHEL. Kine neuc Méthode ikt^ FibrinfiXrhunQ {Venir, /V
nlhj. Faih. u, pntH, Ànnf.^ 1899. x, 7iy-757). — Ko«^slf.r et rFRippER. Einencm Mcthotlc drr
quantitaiiten Fibrinhé^stimmung. if\ f, alig. Med.^ 18%, xvii, H- 14). — Pion. Zur Kmntnm
rfff peptinchrn SiyttltunfjBprodukte dt*^ Fibrine (Z. p. C, 1899, xiviri, 219-287). — Matbkwi^.
The oTi(fin of Fibrinogen (Aw, Jonnu Pbt/swi,, iHO'.i, m, 53-85), — RsvR* Ueber Nachweis
und liestimnunQ des Fibrinogem. {lUm^,, Strashourg. 1898). — CAitrs (L,). Hechenhefi sni
in librinolyxê \C. R., KlOi, cx^xii, 2i:)-21H).
LÉON FREDEBICQ.
FI BRI NOGEN E. — iPt'opitrte, Pla^minc de Denis. i8a9)'( ? identique ave«* lu
Thrombtmne de IjLii^NhELi», IHy5}.
(Ê^nératcur île In /Î6n ne, existant, chejs tous leî^ VertébréSi a. l'iUat de dissolivlion clans
le pU^ïiua du sang, de la lymphe, du cliyle et de beaucoup de liquides de transsudalion.
Le llbrinogi''iic est une gïabuline, constituée par des f^rumeaux ou des flocons incolores»
insolubles dans l'eau dislilU^e et les solutions saline*? satutL^es, ioluble dans les solutions
Hitines dihires, coagubV» par la chaleur vers -f r>*>^, se coagulant spontané rnt^nt en four-
nissant de la fibrine sous l'intluence du fermeiil de la rihiint^ D'après Hammarsten, la
coagulalioti spontanée- du llhiinogène, ainsi que la coagulation par la chaleur à + 56*»
donne naissance, à cùté du produit insoluble ifibriiieou llbrinvi^ène coagulé], à uneglo-
buliue qui reste en solution et qui se L^oajifule par la chaleur h -f- CA*^, Le librino^ènc
semble donc dans les deux cas se d*^doubler en deux produits : Tnn soluble, Tautre inso^
Uible (IIammabste.n. A. g. P.. xxri, 480).
Dans un travail récent [Z. p. Ch., wvm, HS, 1899), Hammvr&tex a dontié une nouvelle
interprétation du fait précédent. Le |{hrino;;éne serait transformé inl<Vfiraïeinent en fibrine
par le ferment coagulant; mais une partie de celte (Ibrine resterait en solution. Ham-
14iistk:« faiî remarquer que la température de + tii", à laquelle la globuline de lîbrine
se coagnle.est précisément celle à laquelle la fibrine eUe-m*'^mf^ se coagule par la chalcui
Son pouvoir rotaloire serait ai [D] — — kW* d'après Hkrmann {Z, p* C, xi, aOS). Cette
drlerminatioo n'est qu'approximative. Mittelbach fZ. p. Cm xtx. 289), expérimeatanlavec
une solution pure de fibrinogène de cheval, trouva en moyenne « [D] ^^ — oi'*,^. CriAUEH
fZ. p, C, xxm, 74-80» 1897), trouva une valeur analogue pour le fibrinogène de cheval
et seulement — 36'\8pnur celui du hceuf-
La composition centésimale est, d'uprès HAMiiiASTEN (A, f/. P., xxn. 450): G : 52,93;
U :6,9;(Az : i6, 66; S : 1,25;0: 222fi.
CiiA«E« a trouvé des valeurs analogues il, p. C. xiin, 74 » 1897).
Le fibrinogène est un peu plus riche en charbon, hydrogène et oxygène que la fibrine,
Il ne contient pas de calcium, d'après HauuarstExN. Les traces de calcium qu'on y trouTc
doivent être regardées comme des impuretés (Z. p. C, xxir, 333, 1896 et xxvm, 98, 1899),
L'eipôrience suivante semble prouver que le fibrinogène doit être considéré comme
préexistant dans le plasma sanguin, alors que le liquide est encore contenu dans les vais'
seaui. JVxlrais la veine jugulaire du cheval, je ïa lie aux deux bouts et je la suspends
verticalement, de manière à permettre aux glohules de s'accumuler daus sa moitié infé-
rieure. J*isoIe au moyen d'une ligature la portion supérieure de la veine ne contenant
que du plasma transparent, je Tintroduis dans un tube de verre que je plonge dans un
bain dVau chaude. La veine peut être cliaulTée jusqu'à + o5^,5 sans que le plasma se
trouble et sans qu'il perde ta propriété de se coaguler spontanément au sortir de la veine.
Dès que Ton atteint i- 56", le liquide se trouble par la formation d'un précipité tlocon-
neui de fibrinogène :îl perd du même coup la faculté de se coaguler spontanément. (Léox
FBKDEBrco, BulL Acad. de Belg,, et Rech. sur ht constit, du plmma mnguin, 1878, Ciand.)
Hkwî>o>( avait, pirall-il, au siècle dernier, fait une expérience analogue (Hrwson Work^^
editeit by GnUixer, cité par Schafkr, X PJ.
Origine du fibrinogène du sang^ — D'après M atiibws (A m<?r. lourn. PAj/stoL, m,
53-85, 18991, après driibrination totale, le fibrinogène se régénère en 2-3 jours. Il se for-
merait principalement daus la paroi intestinale. Le sang de la veine mésentérique est
plus riche en fibrinogène que le sang artérieL
4123
Préparation* — Pracédé de Haiuiabsten. On extrait généralement ïe Ûbrinog
du pliisnm en sang de cheval. Le sskn^ de cheval est reçu au moment de ta saignée i
un vase cuiiliinanl de la soluiian snluiée de stilfate de ma;?nésuim jusqu'au quart da
hauteur, ou coiUenanl une quantité de sfjhitiua saturée de NaCI, telle que le pksfS"
sanguin en retdcrnte après mélange 4 p. 100 iGaltier). On sépare le plasma surnageanl
par n^pos et décantation, ou au moyen de l'appareil à force ceutnltige. On le déharrji>^,
par (iltratiun. des globules blapca qu'il contient eu grand nombre. On mélange le
plasma avec un égal volume d*une solution saluréo de NaCl, ce qui le précipite, maîi
laisse la paragtobufine en soluUon^On lave le précipité an moyen d*une solution à moiUf
saturée de NaCl, puis on le redissout dans une solution de NaCl (6 à S p. 100)» et Tûa
reprécîpile. Ou oh tient Hnalement une solution pouvant contenir plus de i p» 100 d«
flbrînogéue.
W, Re\t. [UisA. Strasboury, 1898) a constiité que, si l'on ajoute du sulfate ammonîqut
à une solution de Uhrinogêiie, cette .substance commence à se précipiter lorsque le liqmdf
contient t»T à 1,9 p. 100 du sel, et que la précipitation est complète avec 2,5 à â,8 p. tW
du seL II a proposé de préparer le flbcinogèue en mélangeant 10 volumes de plasma avec
un volume d'une solution saturée de suHate ammonique»
Ces opérations doivent être exécutées assez rapidement; car le fîbrinogène s'altfff
facilenieut et perd sa solubilité par uu contact prolongé avec les solutions salines»
L'ancien procède de préparation d Alkx. Scumidt (1861-62), consistant à diluer U.
plasma avec quinze fois son volume d'eau froide et à précipiter la pnraglobulme par un
couratit de CO-, à liltrer, à diluer davantage et ;i précipiter ensuite le ûhrimogène par
un nouveau courant de C0"% fournit un produit peu abondant et impur.
La Ahrine cristallisée décrite par Maillaho {Bidl, Soc. chim.t Paru, n*5, i39, ixi-iiui
dans le sérum ajittlipfitéri tiquer ne serait autre cbose qu'un mélange de aels de cakiont
des acides gras, d'après S. D/jebgowski (Z. j). C, xxvm. 65-72, 1899),
Dosage. — Procédé de Léon FnEOEBico.
Hue quantité pesée ou mesurée de plasma est mélangée avec le quart de son volamr
d*une solution saturée de sulfate de ma L'Inès iuin, renfermée dans uo tube, et soumise pen-
dant quelques minutes au bain d'eau à la tenij>*'"rature de + GO", légèrement supé-
rieure à celle de coagulation do fibrinogène. Ou recueille les grumeaux de librino^'éûf
sur un petit filtre taré, on lave à Teau, Talcoal et IVdber, on desséche à l'étuve à -h HO*,
et fou pèse en observant les précautions usitées dans les dosages de subsUiuces albaioi-
noïdes. Ce procédé donne pour le plasma sanguin un poids de librtnogène supérieur au
poidsde llhrinequele même plasma peut fournir (Ha hmarste.n, l876;LfeoN Frkdeiico. 1877;
M, Arthi's (A, d. P., f895, 5'i2). On a fait à ce procédé Tobjection que. d'après HAMaAiu-
TEN, le fibrinogéne se dédoublait à -f 56'» eu une substance insoluble (le librinogéo*
coagulé) et une petite quantité d'une seconde globuline coagulable par la chaleur a
-h 65*, Hayrm considère également ce procédé comme inexact (B, B,, 1895, XLvi. 309l.
La thrombosine de Liliknfeld serait un antécédent non du librinogèiie, mais du fibri-
DOgèue typique d'après Crambr (tSî#7i et Hammarsten.
Fhedehiksl (1. p. r„ JSM, XIX, U3) a constaté que la présence de paraglobulinie
n'augioente pas le poids de tlbrine fourni par nu© quantité donnée de fibrinogèû*
{contra Alex. Scuhidt).
RiBLJooiiArBie. Voir la bibliographie des articles Coagulation el Fibrine.
LÉON FREDBRIGQ.
FIBROINE. — Partie essentielle de la soie. Par sa composition centésimiilr
(C=48. Az=l6 à 18), elle rapproche de la gélatine. La soie en contient <î!î p. 100. Ont*
prépare en dissolvant les graisses par le savon et Téther, et les sels par Teau. Le réiido,
fibroïne pure, se dissout dans HCI et est précipité par ta potasse et TalcooL II ne coa-
tient pas de soufre. C'est la ^hicome de Wkvl. En chaulTant la fibroïne avec SO*HU
2?) p. ItH}, E. Fjschek et A. SiiTA (Ciber das Fibroin imd den LeimderSeidk^ Z. p. i\, i^'^-t
XXXV, 221-226) ont obtenu des acides diamides, et de Targinine. La tibroine peut donner
aussi un i'orj»'^ que TtscHEB a isolé à Tétat de pureté, la sértnc, (CTl'O'Ax) ; 100 grammes
de llbroïne doiment i^'fi de sériUf, 10 de tyrosiue; 21 d'alanine et 30 de glycocoUe.
FIÈVRE.
m
FIÈVRE* — La fièvrt" èsl caractérisée par uue exagération des processas protéo-
lyljque^ *^t une pertuibatïon de Tapparcil régulateur thermique entraînant presque
ioujaurs aoe éléTalion de la température.
Cette définition suffit pour nous permettre de distinguer tr^s nettement l'hyper-
Ihcrmi** pure et simple df* l'iiypettliernue fébrile. Il vti de soi que T^lévalion de la
température représente le symptôme le plus fréquent, W* plus marqué, de la fièvre; mais
nous ne pouvons négU/^er actuelïenipnl. les pijrc:ritfi apyretiques dans lesquelles on ren-
contre Tensemble des syniptùmes habituels de la lièvre, moins Telévaliou Iberttiitpie.
Quant au plan même de cet article, il nous a paru sufli^anlf dans un hictioniiaire d«'
plijstologie, dVxposer les faits acquis sur les modiiîcations apportées dans forganisme
par le syndrome fébrile. En dehors d'un seul point, qui nous paraît aujourdlmi
nettement établi, Vactiiitc exagérée du processm protéotif tique, il n'existe aucune b>i géné-
rale applicable k la fièvre. Si BofJiLLAno pouvait avec raison dire à s*^s élèves : «i Pour le
m«^dfM»in, il n*y a pas de pneumonie ; il y a des pneuriioniques »» ; i) est encore plus juste de
dire qu'il n'y a pas une pèvrt', mais des fîèirts, ayant des orifLîines multiples, el évoluant
différemment suivant leur étiologie et suivant les réactions de l'organisme attaqué.
Nou* croyons devoir» au conimenremenl même de celte étude, citer les paroles
•oivanles de BaiîGii,\Rn. Elles justifieront, nous l'espérons, les nombreuses obscurités, les
contradictions mêmes, que fon trouvera dans les pages qui suivant : */ La fl»>vre est un
phénomène si complexe que l'on ne sait pas toujours si tel de ses éléments appartient
en propre à l'état fébrile, ou n'est pas plutôt un accident spécial h la maladie qui
engendre la fièvre. Cette incertitude et cette complexcité font la difficulté d'un problème
qui se pose chaque jour, et que nous ne savons pas en<'ore résoudre compïètenienl. >-
(05 Daeirineu tif la fièvre. Semaine méd., 1893, 117.) « Dans Texanien des doctrines pyré-
ioi^ènes, on se heurte a chaque instant à des cottirvidictions, et je me vois réduit à cet aveu
humiliant pour un professeur de pathologie fj;énérale : je ne sais pas ce que c*eat que la
fi^irre, » {Icçonii sur les nuto-intoJ'irfîthJif, !887.)
S I. - HISTORIQUE. APERÇU GÉNÉRAL
Aatears anciens. — Les anciens, n*ayant ni thernioiuMie. ni calorimètre, ni
sphygmographe, n'ont pu étudier d'une façon véritablement scientifbjue les modifications
de la température et celle concomitante du pools, tgnoranl^ d'autre part, les phéno-
mènes intimes de la nutrition, les causes de la chaleur et la réfïulation de celle-ci, ils
ne pouvaient pénétrer dans le mécanisme des phénomènes, Ciîpendant, au point de vue
clinique ils fonl quantité d'observation-^ importantes et intéressantes. Ils reconnaissent
^ro^so modo les intensités diiïérentes de lu lièvre, et ses perturbations générales. La plu-
part de ces notions cliniques se retrouvent déjà dans rencyclopèdie bippocratique,
HippocrnU;, — Les ouvrages d«» fencyclopéilie hippocratique les plus riches en rensei-
gnements sur les fièvreg sont : d'aboi d, les Épidémie;!, puis ïe Traitr des mnhtdie» aîgu^n,
les Cooi^ues^les [*rorfhétitiucs,\es Aphorismei^t etc.
1** Idécfi pathogéniques. A Tépoque où vivait Uippocbate^ deux grandes théories se
disputaient les esprits : 1" la théorie, purement médicale, des quatre humeurs, qui semble
la plus ancienne et la plus répandue; 2"^ la théorie des quatre éléments d^EurKOOcus,
d*après laquelle la flévro résultait d'une altération d'un de ces quatre éléments, le
pneuma. On retrouve ces deux Ihéones dans l'encyclopédie hippocratique. Dans le
Itfre des Airs, fauteur attribue toutes les lièvres à Tair qui est renfermé dans le corps,
mais dans les autres ti aités il n'est parlé que des altérations des humeurs : en premier
lîea, de la bile, puis aussi de la pituite (mais beaucoup moins), du sang, ou à fVcAaiif-
fement de ces trois humeurs. — 2* Fièvres symptomatiques et fitt^res primitivefi. Bien
qu'HiPFH>caàTK ne se soil pas proncmcé d'une façon formelle, il est facile de voir qu'il
considère la (iitvre, tantôt comme un symptôme, tantôt comme une maladie. Ainsi ^ pour
les maladies locales, pour des lésions chirurgicales, telles que plaies, fractures (de tète),
il dit qu'elles peuvent s'accompagner de lièvre. Dans le traité des .lirs, il dit que la fièvre
est très commune, et qu^elle accompagne d*habilude f inllammation, A côté de cela, il
décrit comme une maladie la lièvre phrénétique, la léthargie (ûèrre adynamique.l* le*!
in
FIEVRE.
Ilèfres intermiUenles, etc. — îï<* Type d>: la courbe. Dans le livre de la Naturr de fhow]
on distingue les fièvres continues et les fièvres iotermittenles (quotidienne, lien
quarte, etc.) — 4" Aupeft clinique. Hn^pocRATE distingue romrae aspects syruptomatiqm
de« formes aiaxiques (phréiiésie), adyDamiques (léLliarf^^ie), inflammaloires, des lièvn
putrides, des Uèvves peslilentielles^ bilieuses, c.utatTha]ei<»(pitt]itaîre)* 11 sait que cerlatoi
fièvres sont caraclérbées par une hyperthennic Liés marquée (fîfîvres hrâlantes); ma;
chose intiTessanle, il signale des fièvres à température centrale très exagérée et d
lesquelles la peau ne parait pas très chaude^ si Ton s*en lient à un examen soramain
Les dilFerents troubles respiratoires, eircalatoires fpouîs), stoma*:aiix, buccaux, lanpii
saburiale (soif), iiitesliuaux (constipalio*» ou diarrhée), urinaires (polyurie dans certains
cas, urines rouges, chargées ou îdaoches], etc., sont déjà bien connus^ ainsi que
l'aspect variable que peut présenter la peau (chaleur variable, chaleur mordicante, pe&a
pâle ou rouge, fièvres rouges, sueurs variables, chaudes ou froides, ou, au contraire,
sécheresse absolue)» tl note la courbature, la céphalalgie, rescitation lég»*re avec uu«
certaine dépression; dans les formes graves, il décrit Itien le délire ataiiquc, le subdélj
riura, le coma, — 5** Marche. U sait que les fièvres peuvRut avoir une marcbe aigué
chronique. — iV Pronostic, Les Prm'r he tiques ^ les Prènotiotu de Coê, les Apfiorism\
indiquent toute une série de symplAmes tels qu'état de la langue, état des forces, dé li
coma, hoquet, vomissements, qui permettent de prt'voir Hssue fatale. — 7*» TliérapeuUquf
HippocuArE varie le traitement suivant la nalure de la fièvre. S'il n*a pas de iné^ici-
ments antifébriles, il reconnaît comu*e moyens efficaces pour abaisser l'byperlherniie
1^ la saignée; 2^* les boissons froides et les bains froids; 3** les purgatifs et lestavemen'
I'* les sudorifiques.
Successeurs immédiats d*Hippoerate. — Leurs œuvres ont été perdues ; mais Cri
Gauen. OeL!i;s At.REUANCs» OaJBASE, jKtils, permettent de combler ces lacunes* Pboîi
GORAs admeUail que toute fièvre provieJit de la putridiU des humeurs. 11 distinguait df*4
fièvres pbrénéliques, léthargiques, enlériques, ictérîques, gastriques, etc. fléaoroiu
admet que la fièvre résulte d'une altération des humeurs, Érasistrate admet : !• que
la fièvre se relie à la phlegmasie; 2" qu'elle résulte comme celle-ci d'une collision de
Tair avec le sang, c*est-à-dire qu'elle reconnaissait nne cause hématrque. C'est là un«
première ébauche de cette ihéone fameuse qui naîtra sous tant de foniies et de noms
différents. Suivant lui, les artères renferment d*^ Tair, et les veines du sang, ces deui
ordres de vaisseaux se touchant par leur extrémité. Si le sang va des veines dans l'i
artères, la maladie commence; si le sang s'oppose seulement à IVcoulement du pneuma,
c'est la fièvre; s'il pénètre dans les vaisseaux, c'est rinilammation.
AscLÉeiADE attribuait la fièvre H une obstruction des pores par des atomes plus ii
tils que ceux qui forment le corps humain; il luttait contre la fièvre à l'aide des rooa^
Teroenls communiqués (litière et siège suspendus, secoués d'une façon plus ou moi
rythmique), par lea lotions et les bains, dont il faisait un grand emploi, par les frictioi
huileuses et le massage; il admettait que la lumière a le plus souvent une action cal-
mautç et antifébrile. Celsb distingue iielteruent : l« les maladies générales; 2« les
phlegmasies locales, qui, du reste, peuvent s'accompiigner d'une fièvre secondaire; U
décrit les types continus, quotidiens, tierces, quartes, éphémères, les fièvres, qu'il appelle
lentes, te causus, la phrénésie, la léthargie, les fièvres pestilentielles. Arêtier, le pneo-
matiste, incrimine naturellement le pneuma ou air vital; mais il s'est occupé presqu*
exclusivement du causus ou fièvre ardente, dont il trace un tableau imagé. U iam\
sur les jeux bt illants et rouges, la face colorée, la langue sèche et rugueuse, la chi
leur brûlante à rintérieur, les extrémité?^ froides, Tagitation, Tinsomnie, les pulsatioi
fortes, les sueurs énervantes et le délire.
Notons que tou^ ces auteurs, depuis le fameux Traité du pouls à' HÈROi^mL^, ne €om[
talent plus seulement la température, comme Hippogratf, et ses successeurs directs, mtij
encore les modillca lions de la circulation locale, et qu'ils distinguaient déjà un pool*
bondissant, faible, irrégulier, petit et dur, etc.
Les méthodistes, qui faisaient dépendre la maladie d'un resserrement ou d'une dita-
tation anormate des pores de l'organisme, admettent que la fièvre résulte d*un resserre*
ment des pores de l'organisme : le corps deviendrait meilleur conducteur de la cbaleiif
interue» et celle-ci arriverait plus facilement à la main de Tobservateur, en même temps
iu«
r^H
(il*. ]
FIÈVRE.
4^.%
qu'il i*cn d^penlrait moio*, C*eftl la première fois que Ton voit iiilerveiiir la deperdilion
d<9 U diaknr ;ia niveau de fa surface €Utani^e«
Galien perfeclifinrie l'étude du pouls, qu'il roaiplique, du reste, de divisions et d*hypo-
ihr^sf» inutiles; il eu fait 1** ^rand critérium du dia|^nust»r, d*^ «orle qu'ap^^s lui Tétudo
du pouln va tenir hi place printipale dans iVlude des lièvres. Il sépare nettemeul les
fièTtes primitives des flèvrrs serondair^^s ou phl^^iBfmasies Jorah'îî; les premières ne snnt
qu'au Mumptôme de ririllanitnatiou de la partie malade; aussi doil-on appeler la
rnalidir du nom de cette inflamniatiim. Il dislinjîue les dévies en épbériièreâ, hecliquet*
el putrides. Il y a Mevre hertiqne quand U cnuse de la fièvre réside dans le cœur; fièvre
éphémère» quand le^ esprits vitaux sont envaliis; fièvre putride, quand les humeurs
résultiïnt des fi«'^vres continues 'qui peuvent êlre rémittentes) et des fièvres intermittentes
(quotidiennes, tierces, quartes, etc. . La fitnre inleiniittenle quolidienne est due à lai
CDfruptiun di* ta pituite; tfi tierce» à la « onuptîon de lii bile; la O^vre quarte, à. celle de
r«trahiie* l^ fièvre sans réiuîs^ion esl la svïirope; avec rémission» elle s'appelle ayneches.
OnrDàsr n'est *]u'un compilal*;ur; mais sa compilation oiïre des passades bien inU^-
re^saoLs empruntés à des auleurs antérieurs el qui sans lui auraient lUé perdus. Tel est
ce pass«ge tiré de IUtis, o(ï il esl insisté sur les effets hienfai^iants que peut produire la
fièvre êU faisant disparaître des catarrhes, des suppurations, des maladies cutanées ou
orrveos»?*; la pratique des bains, des t>oisfons froides, des lavements, du massage, de>
lotirons huileuses y est expos»'C en d*^tails*
Arahrf^, — C'est l'énorme ouvrage, connu sous le nom du canon ffAvicEiïNB, qui
nous fournit les notions des plus originales el les plus étendues pour cette période. t,a
flèvfê est considére'e comme une chabiur anormale (étranjfj'e) allumée dae^s le co'ur el se
propageant delà dans le reste de l'organisme par le pneuma larlères), le sanp (veines).
Celte chaleur, par son caractère morbide, bien difiérent, a ce point de vue, de la chaleur
amenée par la fn ligue, perturbe les fonctions de Torganiame. FI faut distinguer, à Texcmple
de< Itrecs, (es lièvres essentielles, des lièvres symptomatiques de lésions locales* Quant
à la classification, Avicknne trouve oiseuses les discussions auxquelles on s'était livré
avant lui sur ce sujet. Aussi se born*^-t-i! à accepter la division proposée par Tialikh
(fièvreft dues au pneuma, au canir, auï liunieurs). Mais cependant il nVst pa^ un simple
copiste* Ainsi il ajoute aux causes humorales relevées par (iALiEPî (bile, pituite, alrabile),
la putréfaction du sang. C*est k l'altération de ce liquide qu'il rattache les formes infiam-
matoires et typhoidt-s. [>*autre part, Avict\?rc insiste beaucoup sur les idées de fermen-
tation et de putréfaction, qu'AHÉTKE avait déjà esquissées, ainsi que G\Li£pf. H compare
certaines maladies f^énérales à un véritable empoisonnement. La métastase est te plus
iouvent invoquée comme facteur pathojçénique; mais .\vii:enne, bon observateur et
clinicien expert, a ajouté beaucoup au fond commun (voyez notamment ce qu'il dit de
1 et de la phrénésie). Enfin il a beaucoup insisté sur !a notion d 'épidémie et «le
|lon ijont on trouve* du reste, déjà des éléments importants dans les auteurs
grecs. Parmi les agents morbides des fièvres putrides, il signale les eaux corrompues,
dont UiriHicRATE avait déjà brièvement parlé.
Mo^en iige et RenaL^sancc. — Les auteurs do moyen âge, tels que Goboon {Lilium
medicum) et Valescds de Tarenta iPhitonium), u** font qu'exposer avec beaucoup d'érudi-
tion le» idées de Tépoque des lirecs et des Arabes; il en est de même des auteurs du
xvt' siècle. Fernêl, PaospEa Alpim s, Merclrialî, Massaria, ne font preuve à ce sujet
d'aucune orifîinalité. Il en est de même de Forestus, qui consacre six livres de son
remarquable recueil d'observalions à l'étude des fièvres; mais les histoires de malades
qu'il rapporte illustrent très bien les idées de l'époque.
îairochimistes, — Paracklse, qui fut un précurseur du îatrochimisme de Sylvios i>i
ui Hot et de Willis, invoque tantôt les troubles de l'arcbée, tantôt les humeurs; si la
bile devient toxique. *''est parce qnVIle s'est chargée de produits excrémentitiels qui lui
conimuniquent leurs venins.
SvLVius DE LA Bon admet un excès d'Acieté, ou d'acidité deshumeurSf ce qui les rend
corrosives et engendre la fièvre; c'est tantôt la pituite, tantôt la bile qu'il incrimine,
WiLLis, le rival de Sylvius, soutient que la lièvre ne peut résulter que d'une elferve.s-
cence du sang, et non des autres humeurs^ qui sont sécrétées par lui. Cette elfervescencc
résulte de la combinaison tumultueuse des cinq grands principes du san^, c'est-à-dire :
436
FIÈVRE.
]v soufre, l*es|>rit, le sel, la terre et l'eau; il adiuel que lest angines et les pn^omoaie}
qui f**accompagnent de fièvres putrides graves soqI le résultat de ces flèvreA» et non leur
cause productrice» comme on radmettail gétiuraîement. Il y aurait donc une Teritable
liovre pneumoniquo à détermination locale sur ]e. poumon.
hftromtcanictrns. — l.a découverte de la circulalion par Harvky avait appelé TaUen*
lion tles médecin'* sur le sang. Aussi, à partir de lOlU), voit-on les iatrochimisles réceiil&,
mais surtout la nouvelle secte m<'*dtnale des iatromôcaniciens, tenir le plus grand compte
du sang, de telle sorte i[u'j|s reconnaissent surtout à la fièvre une cause bématique.
C*est au ralentissement, à la con|:;est(on, à l'arrêt et à la coagulation du sang qu*iîs atlri-
liuant réclusion de la fièvre; la lièvre résulterait de la viscosité anormale du sanf^, qui
tend h en ralentir ou môme en arrêter le cours. Pour expliquer la fièvre, ils in^iateut sur
les frottements et les chocs qui résultent du passage dans les vaisseaux d'un san«r plu»
épais ou des coagulations (Baglivi), Boehhavk fait jouer un grand rôle au choc des globules
rougCH sur les parois, mais il parle aussi de fermentation, d*aciditt% c'est-à-diri* qu'il fait
des emprunts aux iatrocbimisles.
Au commencenït^iit du xix" siècle s'aflîrnie la tendance à placer dans une altération
p:»tliuloi;;i<iuo des tissus ou des humeurs les causes de la fièvre, Si Pjnel hésite à douner
une dùlluition do la fièvre, Prost est plus audacieux : <* La fièvre est un trouble de li
circulation artérielle causée par rexcitalion directe ou sjmpalliique du système à sanjr
rouge, » Elle est inllammatoire et ange ioté nique quand les artères sont alTeetées* Elit
peut aussi résulter d*' Taltr^ration des nmqueush'S. Les fièvres dépendent d'une allénitioD
nmtérielle des organes. C'est cette idée qui fait déciire à Bobdeu les fièvres stomaraJfJv
abdominales, hépatiques, ete. ÎÎhoL'ssvis identifie fièvre et mouveraent fébrile; toute* lei
fièvres essentielles ne sont que des jnouvements fébriles sympathiques de la gastro-
entérite, et tout mouvement fébrile est dû à une infiammation. L'école or^anicienne, aver
BomLLAUD, rattache de même la fièvre à rinflammation du lissu vasculaire.
Nous arrivons ainsi à Tépoque véritablement expérimentak', où les tbéoiies cherchent
à s'ajipuyer sur des faits, et nous résumerons quelques-unes de ces théories célèbre*.
Théories modernes. — Théovir ik Tralbe. — Pour Tkalde, l'élévation de l<fmpé-
rature dans la fièvre résulte essentietlenienl de la diminution des perles de chaleur, par
suite de la vaso-constriction péri (ibérique entraînant une diminution dans la radiatioQ
thermique et dans févapûralion. « Par suite de Tinfiuence que la cause fébi'ifère exeme
sur le système nerveux vaso-moteur, et que je cousidèie comme irritante, les niusclw
des vaisseaux, qui sont surtout développés dans lesartérioles et les plus fins ramus^JûJei
artériels, entrent violemment en contraction. Le rétrécissement de la lumière du
artères qui en résulte doit avoir un double elTet, Il y a diminution de la quantité dt
sang que les capillaires reçoivent en un temps donné du système aortique, et en rném*
terap,s de la pression qui s'exerce sur la face interne de ces petite vaisseaux. Dans le»
preuiiers moments, il en résulte, indépendamment de l'apport moins grand d*oxyi£t»oe
aux tissus, un refroidissement du satï^ï par le transport et le rayonnement à la snrfact
du corps; (*n second lieu, une diminution de l'élimination de la liqueur du sang, c'est4«
dire de ce liquide qui, sous rinfiuence de la pression latérale des capillaires, est exprimé
à travers les parois de ces vaisseaux, et qui apporte à chaque tissu les conditions nfiOtA-
saires à sa vie. La diminution de rafllux de l'eau aux cellules épithéliales de la peau et
de la muqueuse pulmonaire est suivie nécessairement d'une diminution de révaporalioii
par ces deux surfaces, d'où une nouvelle cause restrictive du refroidissement du corps
Celte hypothèse est confirmée par les faits que nous fournit Tétude du frisson f '
Pendant le stade de froid, la turgescence de la peau et du tissu cefiulaire sous i r
diminue; les mains, les pieds, le nez sont plus froids qu'à rétatnomal; les petites arlèrf's,
accessibles à Tobservalion, sont rétréci es. Evidemment, le rétrécissement des arlèrcf
n*apas, pendant le frisson, la même cause que dans le cas où nous nous exposons à no*
basse tempe rature^ car le sang iVnn fébrjcitaut est encore plus chaud dans le frissan
qu'à l'état nnrmal. et l'infiuence d'un milieu qui atteint à peine la température do *an|
artériel suffit déjà à dilater les artères de la périphérie.
On ne peut faire ici que deux suppositions : ou bien la cause fébrifère agit d'ajie
fa*;on en quelque sorte paralysante sur le ca>ur, et détermine^ par La diminutioQ df
laffiux du sang dans le système aortique, une réaction de tous les vaisseaux, et atis^i
FIÈVRE.
ii7
\
I
I
dei trières de lisorracc; ou Ivif^u, elle produit, par rexcilation du sjrstème nerveux
vaso-moteur une coulraclioii des artères de petit calibre et des capillaires.
Lu première hypothèse a contre elle la différence de coloration que présente un
homme, suivant qu'il est en proie au plus fort frissoti ou qu'il est évanoui; puis, et sur-
tout, le d^gré d*expansii;Q qu'oUre Tartère jradiiile d;in^ la pression fébrile. Heste donc
seulement la supposition que la cause fébrifère agît d'une façon eicitante sur le système
nerveux Taso-raol<*ur.
Théorie d€ LiEBERMEisTEB. — La dépense de chaleur cheï le fébriritaut peut être
^eiilique à celle de Tbomme sain» quoiqu'elle soit souvent au^^nnentée; mais la diffL^rence
^INside surtout dans une altération de l'appareil régulateur tbernjique. L'homme sain
rèirte son «'quilibrt? thermique vers 37°; le frbriciUint vers 30" ou 40°. IMongez un homme
s&in dans un bain chaud, il maintietulra sa température i\ 31"» nu du moins la ramènera
rapidement à ce niveau; mettez \m féhricitant ayant JU** dans un bain chaud ou dans un
bain froid, il reviendra plus ou moins rapidement après le bain à sa température initiale.
Théorie de Sinator* — La fièvre est due : 1° à une exagération de production de
la chaleur tenant k une augmentation dans la combustion des matières atbuminoides, la
©orobustion des substances ternaires ne variant pas (d'où accumulation de graisses dans
réconomie); â'* h une r«Henlion de clialeur passagère par contraction alternative des
artérioles cutant^es. Sexvtoh ini^isle beaucoup sur les variations de Tétai des vaisseaux.
Théorie de Claude Bernard* — « La fièvre n'est que l'exagération des phénomènes
pliystologîques de combustion, par l'excitation des nerfs qui régissent cet ordre de phé-
nomènes. » Cl. Bernard se prononce résolument contre la théorie de la rétention de calo-
rique ; « Nous admettons que !a chaleur développée cl dégagée pendant toute la durée de
la fîèiTe est supérieure à celle que fournirait pendant le mémo temps le même animal
imid aux mêmes conditions, la lièvre exceptée. »> Les idées de Cl. Behnahd sur le r51e du
itème nerveux dans la fièvre sont cependant assez confuses. C'est ainsi qu'il conçoit
r^lëvation thermique comme provenant : lantât d'une paralysie des nerfs du grand
sympathique, ces nerfs étant pour lui vaso-constricteurs et fiiguriûques; tantôt comme
une excitation des nerfs < alorillques ou vasii-diltitatcurs. En ce qui concerne lu «^nuse
m^me de la fièvre, relevons cette opinion, qui semble erronée, que la lièvre est un réllexe
vasculaire; elle éclate quand on enfonce un clou dans le sabot d'un cheval. Or l'irri-
tntinn pathogéniquede la lièvre est transmise par les nerfs, puisqu'il suffit de sectionner
les nerfs de la patte pour empêcher l'apparilion de la fièvre. Le fait expérimental était
mal observé, ainsi qu^il fui prouvé plus tard.
Les conclusions de Cl. Rkrnard peuvent se résumer ainsi :
I** La physiologie nous montre dans la fièvre des troubles de nutrition» caractérisés
par une dénutrition constante, par suite d'une cessation d'action des nerfs vaso-constric-
teurs ou frigorifiques, et d'une suractivité constante des nerfs vaso-dilatateurs ou calo-
ritiqucs.
i^ La pathologie nous montre, dans cet excès même de chaleur produite, un empêche-
ment à rassimilation ou à la synthèse nutritive, et une source de dangers dont la mort
peut être le résultat plus ou moins rapide.
3'' C'est contre cette persistance de Tétat de d*^ nutrition ou de calorilication due
il la suractivité des vaso-dilatateurs que la thérapeutique doit chercher h réagir, soit eu
trouvant un moyen de mettre en jeu le système nerveux vaso-constricleur, de manièie k
ramener le froid dans le milieu intérieur, soit en substituanl à l'action nerveuse physio-
[logique des équivalents physiques, tels que les réfrigérations artificielles extérieures ou
intérieures du milieu sanguin.
Il est juste de reconnaître que Claude BeRNARUt qui a émis ces opinions dans nés
premiers écrits, ne semble pas y avoir attaché d'importance fondamentale, et n'a pas
essayé plus lard de les développer.
Théorie de Marby, — Lorsqu'on touche la main d*un fébricilant, on ta trouve brûlante,
et l'on n'hésiterait pas, d'après le témoignage des sens, à déclarer qu'elle est beaucoup
plus chaude qu'a l'élal normal. Mais, pour plus de rigueur dans l'expérimentation, on
emploie le thermomètre alin d'évaluer raccroissemenl de chaleur : l'iustrumenl signale
quelques degrés de plus qu'A l'état normal. .Mais, dans les lièvres les plus intenses, on
trouve seulement 3 ou 4 degrés d'augmeulatiou de la température.
HS
FIÈVRE.
Cette discordance entre les enscignemeiiLs fournis par le loucher elles îudicalioos du
IhermoTTièlre lient en ffrantle partie h ce que la main et l'instniment ne sont pas applt
qués taux mêmes r*ip:ions du corps. Ou explore par le toucher les réf^ions supedicieUi
la main, les lé^nmenîf^ des membres el de la lace du malade, tandis qu'on applique
thermomètre tantôt sur raisselle, lanlil^l ddns les cavités naturelles où la têinpérataj
présente une II xi té l>ien plus grande.
Lclévation de la température sous l'inlluencR do la Ûèvre consiste hien plutôt en un
nivellement de la temp«^rature dans lesdilléreuls points de l'économie, qu'en unéchauf^i
temenl absolu. 11 se produit, sous rinrtuence de la fièvre, un efTet analo^^ue à celui doi
a parl<* llurfTEB, dans ses expériences sur le nMe de rintlammation pour la prodncti<
de la chaleur* eiFel tout physioloçiqufi, qui se rattachait à la rapidité plus
du mouvement du saii;^. La chaleur fébrile est assimilable à celle qu'on produit
un organe par la section des nerfs du i^rand sympathique; seulement, le pbéni
de dilatation des vaisseaux étant pour ainsi dire ^ënéialisé dans toute Técoi
r*''Chauilemejil (jui en résulte se généralise é^'alement pour toutes les répions supei
cielles du corps. Mais le thermomètre, lorsqu'on le plon^çe dans les cavités profondi
accuse une élévation réelle de température, qui, toute faible qu'elle est, u^en mérite
moins d'attirer fatleniion. La masse du san^^ s'est donc i^cbaufTée de quelques dej
Peut-on expliquer le phénomène par la plus grande rapidité du cours du sang?
Clatoe Bernard a prouvé par une expérience célèbre que îa section du grand symp«'
iliique*n'écbaiiire pas seulement Voreille du Japin par un renouvellement plus rapide da
sang qui le traverse, mais qu*ellp amène aussi la production d'une quantité de chaleur un
peu plus grande qu*à l'état normaL 11 est donc naturel d'admettre que, chez le fébricitant,
Ja rapidité du mouvement circulatoire produira non seulement le nivellement dans la tem
pérature, mais aussi un accroissement dans la production de chaleur. Quelque léger qi
soit cet accroissement dans la production de chaleur sous Tinfluence de la fièvre,
comprendra qu'il fvuisse élever la température centrale d'une manière appréciable,
I on lient comple des obstacles qu'on apporte à la déperdition du calorique chez
fébricitanls, La rapidité de ta circulation périphérique refroidirait probablement bien
vile l'homme qui a la lièvre, si une plus ^rande sensibilité au froid ne portail le maladi»
à se couvrir de vêtements; de plus, les idées qui dirigent la thérapeutique des lièvre^
font qu'en général on dépasse les exigences du malade, et que, lors même qu'il désire
un peu de fi-aîcheur, on lui impose un supplément de couvertures, sarjs compter les bois-
sons chaudes et Tatmosphère chaude de la pièce dans laquelle on le tient enfenné.
Ajoutons que la peau du fébricilanl est sèche, de sorte qu'il n'a plus, dans la sécrétion
et révaporation de la sueur, les moyens habituels dont Thomme normal dispose pour
perdre du calorique dans les milieux à température élevée.
En résumé : l'augmentation de la chaleur dans la fièvre porte principalement sur
périphérie du corps. Ce qui prouve qu'elle consiste surtout en un nivellement de
température, sous rinfluence du mouvetnent plus rapide du sang. Toutefois il existe
aussi dans la fièvre une légère augmentation de la chaleur centrale, ce qui peut
s'expliquer par une augmentation légère de ta production de chaleur quand la circula-
lion s'accélère, mais ce qui peut tenir en grande partie à la suppression presqiK
complète des causes de refroidissement chest les malades,
Tht'ûrie de Mubfu. — La fièvre n*est pas produite par une rétention de calorique, mail^
par une augmentation de la thermogénèse. C'est la fa caractéristique de la IMorieda
médecin italien. L*élévaiion thermique est le résultat d'une action thermique^ action
directe de la substance pyrélogène sur les celluîes de Torganisme, indépendammenl
du système nerveux. On retrouve cette idée dans Vulpian : « Nous devons admettre, dit-il,
que les causes morbides Jagenis pyrélogenes) peuvent agir aussi sur cette substan(
organisée, y modifier les processus nutritifs et thermogènes, d'une façon tout à fail
directe» et, par conséquent, sans l'intermédiaire obli^^é du système nerveux » iteœnsfiw
k$ vaso-moteurs^ p. ■265). Les expériences sur lesquelles s'appuie Muarï sont discutables:
élévation de température sur un chien à moelle sectionnée à la suite d'injection putride;
refroidissement plus lent d'un chien tué pendant rhyperthermie par infection, comparl
avec un chien hyperthermique par la mise à Tétuve, et tué en mémo temps que le premier.
Nous avons exposé très sommairement les principales théories émises d&os la
du
i
*'
FIÈVRE.
ii9
cofide moitié duxix* siècle sur la iiene et son mécanisme. On Irourera plus loin, dans
te chapitre traitant des causes munies de la fièvre, les idées plus récentes l'omises h ce
sujet, notamment le rôle des centres régutaleurs thermiques.
§ II. — PHÉNOMÈNES THERMIQUES DE LA FIÈVRE
Oscillatîotift de la température. — On duit tidraettre que, chez l'homme sain,
les oscjUalious Uit'ïjniqucs peuvent s eJTeiluer entre 'W' el 38'\ soit une divergence de
deux degrés. Mais ce sont là des chiiïres extrêmes et qui ne sont pas observés dans un
CoiiTi espace de tefnp» sur te môme individu. Dans les conditions normales, la variation
yctémérienne est de ! degré envirou : Zû'^fi k 4 heures du matin, Zl^fi ven» cinq heures
itii soir.
Dans la fièvre, ces oscillations peuvent atteindre des amplitudes considérables; ou
trouve, par exemple, dans la raâme journée, des différences de 4 el même tî degrés.
En laissant de côté, pour le moment du nioiri^, \*is variations de température chez les
byntériqiies, variatioits qui délient tonte analyse, il est iutéressant de noter la rapidité
avec laquelle la température s'élève dans Torganisnie féhricitanl.
Le type fébrile le |^lus caractéristique est certainement celui de la fièvre inlermit*
tente.
LoRALX a étudié la marche d*un accès en prenant simultané ment le pouls et la tempe-
mture des différentes parties du corps : rectum, aisselle et bouche. La première tempé-
rature fut prise à 7 heures du matin» avant raccés, pendant l'i-tat normal : 37", i (rectale)
(chiffra qui indique certamement un état l'ébrile débutant . La période de frisson éclata
îmmédiutemenl^après, à 8 h. 30; en moins iFuue heure et demie, elle atteignait 39' et, à
10 heures, 40° ,8. A cette température correspond un stade de chaleur, qui persiste pendant
deux heures; puis ta température accuse une légère tendance k baisser : 40*, 7, à midi>
l^ stade de sueur qui survient ensuite s'accompagne d'une descente lente de la courbe,
et, à G heures du soir, dernière lecture, elle était descendue h 38^^,4.
La marche des trois courbes ttiermiques suit ici une marche presque parallèle.
RKCrUM
AISHELI.K.
BOUCNK.
heur.-t
Siade de froid. ....
1
3b,l
37.8
H — d« chiilctir . . .
1 ^"
12
4a,:
40.3
40.2
4t>
|r — de sueur , , . ,
l
1
38,8
38
37,2
38
I
La courbe de la température axillaire indique une descente assez rapide, pendant le
stade de sueur, ce qui s'explique par le froid périphérique produit par Ti^vaporation
cutanée.
Après Taccès, et dans rintervafle des crises, la température rectale restait inférieure
il 37". Étant donnée Fubsence de toute médication antithermtque, Lorain insiste sur
IV cette sorte de réaction en dessous qui se produit dans le cours des maladies aiiiUes
fébriles ».
Dans tes lièvres intermittentes, la poussée thermique peut encore être plus rapide.
Dans un autre cas de Loraln (toc. c<7,, p. 18), oti la lecture du thermomètre était faite
tous les quarts d*heure, on voit la température monter de 3" en moins d'une heure,
passant de 37*^8 à 40",1 en une demi-beure.
Quant à la corrélation entre la température centrale (rectum) et la température
périphérique, elle se montre ici assez, accusée. Au début de Taccès, l'écart est faible
(37^.8, rect. ; 37^, 4, axilL). Pendant le stade de froid, la marche est rigoureusement
AZQ
FIÈVRE,
parallèle, mais, aussilôl qu' apparaît le stade de chaleur, l'èeart s'accentue; aa momeo
de racmiS on note ^,3; 40,7, et, pendant le stade de sueur, Técart augmente encore et^
dépasse mônift un degré.
Mais, ^i les dmii ahservotions que nous venons de rapporter peuvent être consirlérô^$
comme ty iniques des a€cès de fièvres intertiiittentes, on note parfois des courtes absolu*
meni iibentintes. Par exemple, un antagonisme complet ciisle enti^e les courbes des j
te rnptî rat tires rectale et buccale. Les températures buccale et axillaii^ montent dans le
mt>me niomenl que descend la tenipôralure rectale; puis l'inverse se produit après
l'accès. C'est là une forme qui se présente surtout av*»c un type algide très acciintuéJ
lY'cart ma*cimtim i'ImuI de fi degrés iSS** rect.» 31»,8 bouche).
Variations thermiques suÎTant les fièvres. Stades fébriles. — Au point de^
vue des variations de U iempéralnre on a distingué plnsi<?urs sortes de lièvres : les
llt'vre^ légères» les fièvres modéri^es, les fièvres fortes. Les fièvres /eyére< sont celles où
la leropérature ne dépasse pas 38*», .'ïS'^^â; les lièvres modérera sont celles qui altci;,metil
39*; enfin, les lièvres sont fortes lorsqu'elles s'élèvent à M)<*. A partir de 40*, 4i* et aa-
dessus^ ou a les fièvres ht/perthcrmù]ues.
Dans le cours de ces dilTérentes formes de fièvres, on a constaté des oscillations réga«i
Ingres de la température,
Kn deliors de la lièvre» ctiejr. les individus sains, la température est toujours plus
basse à quatre heures dii matin et plus élevée à «|uatre lienres du soir.
Dans les fièvres, c'est vers cinq heures du matin que le thermomètre descend le plos
bas, et vers six heures du soir qu'il monte le plus haut. Toutefois celte régulation subit i
de nombreuses variations dans le cours des aîTections fébriles, sous les inllm^ïices N
plus diverses: absorption de méd»«amenl3» changements de raliinentation.
Si fou envisage révolution ^éof^rale de ces fièvres, on les disliu^'ue en typique^ M
régulières, el Hti/ftifptf!Hf ou irré;ru!iéres.
Les fièvres donl révolution est luyjours senilïlable sont eïles-roémes divisées ta
fièvres éphemèrea, lièvres rontinue^, lièvrtis intermittentes.
On appelle fièvres éphémères les lièvres de courte durée, comme vinjçl-quatre
heures ou deujt jours. Ces fièvres éphémères ont un début brusque ; la température
tilteint son maximum après quelques heures. Fuis, dans la méuio journée, ou le lende-
main, il se fail un retour à l'état normal*
Les fièvres contiimes sont des fièvres qui, ayant atteint le fastigium, persistent â ce
degré pendant assez longtemps, ainsi <juf cela se voit dans la pneumonie. Brosquement,
le malade a une tempèiature élevée; pendant que les sif^nes iocaux se manifestent, la
température reste la même; cela pendant cinq^ sept, huit jours; puis, brusquement aussi,
il se fail une défervescence.
Les fièvres intermittentes ont des caractères difTéreals; elles peuvent apparaître et
disparaître brusijuemenl. La température monte tout k coup; le lendemain elle red*»?-
cend; le maïade, pendant toute la journée, n'a pas de lièvre; ïe sui lendemain, là
temptralure remonte; puis le lendemain le thermomètre indique l'état normal, et ainsi
de suite. Quelquefois la fièvre est tierce, quand il y a un jour d'intervalle sans fièvre :
entre deux jours d^^ fièvre. LVautres fois, le sujet reste deux jours sans lièvre : c*«st U
fièvre quarte, avec deux jours d'apyrexie. C'est seuleuïcnt le quatrième jour que se
produit le nouvel aecès. Enfin, il y a des combinaisons de fièvres intermittentes; on a
ainsi les do u Ides tierces, les doubles quartes.
Il existe d'autres hôvresoù la température n'est pas possible à prévoir; elle est etsen-
tiellenient variable, tant comme durée que comme intensité : c'est ce qui se produit dam
la pneumonie, la septicémie, l/iuilividti peut avoir un fri-sson violent, une poussée de lièvre
intense; puis tout rentre dans l'ordre jusqu'à ce qu'une nouvelle poussée se produise*
Il y a, sans doute, dans ces cas, accunmlalion des éléments toxiques qui sont tout
d'un coup jetés dans la circulation et qui produisent la poussée fébrile.
Wu.NxuaucH distingue une série de stades dans raccés fébrile.
Le premier stade, pyro^éuétique, comprend la période d'ascension ou d*augmeutatioii,
de durée essentiellement variable. Qaand rélévation thermique se fait Icntemenl, eo
plusieurs jours, avec uiie courbe oscillante, comportant une certaine rémissiou le matin,
le frisson peut manquer. Quand, au contraire, la température monte brusquement eu
FIÈVRE.
4HÎ
I
I
I
une heure ou deux; il e&l rare que ce sympLOme fasse défaiil; c'est alors que la sensa-
tion de froid à la périphérie est Irès inltinse.
Dans le second slade, ou fastiginm, la ronrbe lliermicjue atteint son niaximora; ici
encore la durée est très vtiriablep de quelques fieures souvent, de quelques minute«ï
même; dans les accès palustnvs elle pput pt-rsisler plusieurs Jours, et aussi dans les
tjpes dWs continus : fièvre typhoïde, etc. M va de sot c|u*il s'agit très rarement d'une
courb*^ thermique en plateau vrai. Le plus souvent, uîie rémission plus ou moins marquée
se fait le malin, la température maximum s'ûl»serv;mt alùiï» dan:^ la soirée*
Sous le nom de stade nmphiboU, WuNDEauca dei^rit une troisième période, caracté-
risée par une irrétçularité complète dans la courbe thermique, et qui se présente quand
la maladie se prolonge un certain temps; ces oscillations indiquant un retour ollensif de
nufection.
Quand la maladie se termine par la ^uérison, la température s*abaîsse. Mais tantôt
lise produit une déferveacence hru3i]ue, le thermomètre revenant en vin^t-quatre heures
au chilfre normal, et même au-dessous : tantôt la chute se fait eu hjus^ pur oscillations
graduellement descendantr's, la tempi rature du matin étant uormale, alors que l'altéra*
tion thermique porte uniquement sur la température du soir.
Itans les cas où la mort survient, on distingue chez rbomiue un stade proarganique,
et un stade organique. Le premier étant essentiellement byperthermique, mais avec des
osctUations considérables; quelquefois même la dernière ascension est pré^^édée d'une
rémission trompeuse de quelques heures, et même de t|uelques Jours, Quant au stade
organique, s'il est souvent algide. o]ï doit &ip[iialer é;^alemeul des cas où l'élévation
thermique se manifeste, nonseylernent jusqu'à la mort, mais même après Tarré l du cœur.
Chez les auimaui qui succombent nux infections expérimeut/iles, le stade proarga-
nique est presque toujours caractérisé par une hypothermie graduelle, ta température
baissant successivement Jusqu'à W*, On peut, en général, admettre que, chez eux, l'état
général se maintient tant <iue la fièvre dure, et que Tag^^ravation des symptL^me*^ concorde
avec la chute de la tem[iérature. l^our expliquer cette différence^ RoijEd admet que
rorganisrae de Tanirnal en expérience résiste plus longtemps à rinfeclion, et qu'il peut
atteindre amsi te stade de coHapsus algide, qui ut? se présente que très rarement chez
l'homme, parce que ce dernier ineuit par son syst«'me nerveux, plus sensible, avant de
pouvoir parcourir le cycle conïplet.
Le frisson fébrile, — Le frisson est caractérisé par la sensation de froid, le spasme
des vaisseaux cutanés et le tremblement musculaire. Le frisson peut avoir une étiotogie
très variatde, et on distingue le frisson psychique provoque par un état meulaï parti-
culier, le frisson réflexe par impriîssion du froid sur la surface cutdnée, le frisson
d'orii^ine central par refroidissement des centres, et le frisson fébrile* (V. Frisson. j
Nous ne nous occuperons ici que du frisson fébrile, Téliologie de ce frisson étant en
réalité dilFérente du frisson physiologique. Le frisson fébrile n'est pas, comme le
frisson physiologique (réflexe ou central), un effort contre le refroidissement. Il se
produit quand la lempArature centrale est élevée, et la tecnpérature périphérique n'est
généralement pas au-dessous du niveau normal quand il éclate. Gava^het a très bien
décrit la marche de la température au moment du frisson. Avant son apparition, les
températures axil taire et rectale montent lentement; quand Thorripilatiou apparaît, la
température rectale monte rapidement; la température axiîlaire tomhe plus rapidetnent
encore, l'écart entre les ileux pouvant atteindre jusqu'à 10*». Quand la température
centrale est très élevée, le frisson cesse et la température cutauée remonte; puis lesdeui
températures commencent à baisser parallèlement.
Plusieurs théories ont été émises pour expliquer le frisson fébrile.
L'une est défendue par Con.vimiM, Maecy, Pi€i>t. Pour Cobnhbiu» la cause initiale réside
dans la contraction des petits vaisseaux cutanés provoquée par Tétévalion brusque de la
température du sang; cette contraction entraîne une diminution dans la radiation ther-
mique, et c'est cette diminution même qui provoque eu nous la sensation fausse de froid.
Cette théorie repose sur une hypothèse qui est loin d'être établie : l'élévation de la
température du sang, provoquant la contraction des capillaires cutanés. Maary admet
également la vaso-constriction des capillaires périphériques, la sensation de froid
résultant du refroidissement de ta surface cutanée.
43^2
FIÈVRE.
One seconde théorie, complèLeinent opposée, fut exposée par BiLLROTit, et soutenue
par LoRAi^!, Le frisson n'est pas liû à l'abaissement de la température cutanée, inat5 | j
IV'levalion Jirus^ue de la leinpérature centrale» de sorte que la ditférencc tlierroique
entre le milieu ambiant et le milieu organique s'accenlue rapidement-
IJgbktti reprend la théorie de Lotuvir»; il pose en principe qu*un chaiigemeot de 1'
dans notre température interne provoque les mêmes réactions iju'un changement dr ÎO*
dans le milieu ambiant; par suite, qut:\ si â^m la lièvre la température s'élève bru^ue- <
ment de !n**,H à 38*, Ji, c/est comnio si le milieu ambiant passait de 20" à 0"* Pour
LJghetti, le frisson se rattache essentiellement k ia poussée brn-^que de ta température,
et non il une action des a^'ents psyi^bo^éne^^. Il invoque en faveur de cette opinion le$
observations de Fileane et d'HALLOPEAu. qui, utilisant chez des fébricitants les antipyre- j
tiques» observent ijue le frisson reparait chaque fois que, Tellet anlitherraique dispa-
raissant, la température remonte brusquement.
Le rôle étiologique de^ agents toxiquc^â dans l'apparition du frisson, s'il e&l nié poi'
Ughbtti, était admis déjà par Picot, Billkoth et les auteurs classiques. Pour BoccîtàHD I
aussi, les poisons sont la cause essentielle et primitive du frisson. Le frisson fébrile, dit
BorcHAtii), est le résultat dune toxine spéciale qui agit »ur les centres; cette matière pealj
Hre distincte de celh* qui produit la (ièvie : la première agirait sur les centres vaso*
moteurs, la seconde sur le centre thi-rmugéiif^ La tui^ine produit le spasme vasculaire;]
rancmie cutanée entraîne h* refroidissement et la sensation de froid» et, comme cotisé^ j
quence, une incitation des centres muteurs, d'où le tremblenienL
Variations calorimétriques. — Calorimétrie directe. — Les premières recberd]çs|
de calorimélrie directe sur Thuînme lébricitanl sont duesà LtEBERHKtsrKE, qui emplOTai(|
la méthode des bains (voir Caloriitiétrio, n, 91»*,» l
Un exemple peut être cité. En introduisant un fiévreux de 39 ki log ranimes "dans le j
bain, oo constate que la quantité de calories cédées à Teau est de 172 OOO; en prenant 0,Sîj
pour coefficient calorique du corps humain, on devrait trouver un abaissement de tempe*
rature de
3» X o,8:i '
: 5\3.
Or cet abaissement nVsl que de 2^\1. L'écart a été comblé par une au pigmentation dit|
production égal«^ à 830x.'i9x3,2— 103,730»
LiRBERMEisTER emploie des bains à diverses températures et obtient d*is résultats trriJ
différeids suivant la jeinpérature de Tenu. La diïTérence entre la quantité de chdeufj
dég'agée par l'homme sain el ïliornine malade, suivant la température du baiu» s^atiénut 11
mesure que les bains deviennent plus fruids.
Diaprés les résultats de ses expériences, LieiiKUMEisTeit admet qu'un fét>ricitant« poufl
conserver sa lempératun*, doit augmenter sa production de chaleur ;
Pour !* dr.
2- de.
3- de.
4' de.
VI —
18 —
24 ^
Ainsi, d'après lj£at:RMKi:^Teii, l'augmeutation dans la production de chaleur cbei 1*
lîévreux suivrait exactement une progression arithmétique,
Levden utilise le procédé de la calorimétrie partielle. Une première séné dil
recherches faites, ~ la jambe étant mise nue dans lappareil, ^sur Thomme sain, sor lia '
phtisique, sur un typhique et sur des malades atteints de febris recurtens, prouve i[qv
la perle de chaleur est bieu plus forte dans la lièvre qu'à Tétat sain : â 4i>'% cette perte peut |
être près du double de la quantité normale. La quantité perdue n'est pas proportionadle i
à la température fébriïc. C'est à la tJii de l'accès, et non lors du mmmum de la fièm,]
que cette quantité est le plus considérable.
Une seconde série d'expériences a été faite ëur le membre recouvert, de sorte que l»J
pertes répondent à des conditions normales. Poiu Thomme sain, le calcul montre qu'<;n
une heure la perte est de 0,12 calories, soit pour tout le corps, en -^4 heures, 2 Î4U00O »-
iories, soit 44,3 calories par pouce carré de la surface. Dans la fièvre k plus intense, la
FIÈVRE.
433
perle de calorique s'élèTc, au point de devenir double de TéLat normal; la perte eal
surtout considérable dans le stade critique; la quantité de calorique perdue s'élève à
3 fois la normale.
nosENTHAL S eiécuté de longues et patientes recherches calorimétriques avec le calo-
rifjiètre à air plac^^ danii ti«ie ambiance constatite. Plus que tout autre physiolof^isie, il
défend la théorie de la rétention du caloric|ue, au moins pendant le slrtde d'élévation
Uii^rniique. Dana nue série de trente et mie recherches failes sur un mAiiie lapin, it
trouve, comme moyenne de 14 jours apyrétiques, un chilTre d<* 2 7tt4 calories, et pour
10 jours de lièvre 2 729; enlin» dans 7 jours intercalaires, c*est-â-dire pendant lesquels
la lièvre était latente, 2 598. D'apr^-s ces ehifTies il n'y aurait pas de dilTérences sensibles
entre les jours d^apyreiie et de pyrexie franche, alors que pendant la (jériode dlncuba-
lion la rétention de calorique serait évidente (?).
Chejt l'homme, Hosenthal n'a pu faire que des mensurations catorimétriques locales
k^nir le brasi. U reconnaît tui-méme rinsuriisance de celte méthode. Kn outre, il est
presque impossible d'étudier le début de la fièvre, à moins d'avoir des paludt*ens. ce qui
n'était pas le cas. Chez un sujet, où il put cependant faire une détermination calorimé-
trique locale pendant le stade d'élévation, il trouvai o,8| calories alors que, peudanl la
défervascence, il constata (,1Ô calories. Malgré ces difficultés, il maintient ses conclusions
primitives : p*^ndant le stade d'ascensioo, l'émission de calorique est plus faible que
pendant le htade d'acmé, et surtout que pendant h stade de défervescence.
May. avec le calorimètre d** flunvKïi, i^x péri mentant sur des lapins, admet que pen-
dant le premier stade rémission de calorique oscille autour de la normale, soit en
pluSf soit en moins; mais dès le second jour raugmenlation est manifeste : cite peut
atteindre 31 p. tOO par kilogramme.
Les rechenhes de Isaag Ott, poursuivies avec un calorimètre à air, soit sur des ani*
maux rendus f*.'bricitants par injections d'albunmaes ou de pus, soit sur des hommes
atteints de pal udisjne, aboutissent aux conclusious déjà connues : la température n'est pas
en fonction directe de la thermogénèse. Dans le premier stade, la première est souvent
diminuée par rapport à la normale, alors qu'elle est augmentée pendant le» stades
suivants.
Rbehl et Matthks utilisenl le calorimètre de Kibner. Ils produisent rbyperlhermie k
Taidc d'injections de substances diverses : solution d'azolate d'arj^ent à J p. 100; deuléro-
albuuioses obtenues par des procédés divers de digestion pepsique, cultures du Bacte-
rium coli, de pneumo-bacilles, ou d'un Proto oon de Pfkiffkr; etc. Pendant la période
d'asiTension tljermique, on note pajfois une diminution dans la perte de chaleur, mais
c*est la un fait exceptionnel, et, en régie générale, il y a une légère augmen-
tation; lU p, 100 en moyenne, mais sans qu'il y ait parallélisme entre la tempéra-
ture et la thermogénèse. Pendant le second stade, l'augmentation, presque constante,
est en nioyenne dans le rapport de 119 à lÙQ; ce rapport pouvant s'élever jusqu'à
10 p. 100.
KAUf-'iiA.Nrv, expérimentant sur un chien soumis à l'inanition et rendu fébricitant par
injection de pus pulrélié dans le péritoine, trouve une augmentalion dans la radiation
cnlorique pendant les jours de lièvre, sans qu'il y ait un rapport exact entre les courbes
thermométriques et calorimétriques. Pendant le premier jour de la lièvre, la tempéra-
ture rectale atteignait iO%l, soit i -^,5 au-dessus de la normale, et Taninial avait produit une
augmentation de 45 p. 100, en calories, alors que, le deuxième jour, avec 40", 6, soit
2» au-dessus de la normale, Texcés n'était plus, en calories, que de 24,6 p. 100.
La perte de chaleur se fait par trois voies ; conduction, radiation, évaporation. S'il
esl bien difficile de faire la part des deux premiers facteurs, il e'-t plus facile de rrcon-
tiaitre celle du troisiome, et les auteurs donnent les chiffres moyens suivants ; chilTreî*
qui concordent avec ceux de Neuelthad.
p. ioo
4a cbaieur pcrduo
p«r évaporalkn.
Lapin nurmaL
Cgba>'
fébricitant,
normiil. .
fébriciUui.
16,6
17.2
15,6
I5«;i
PICT, PE PBYBIOLOOIB. — TOMB VL
434 FIÈVRE.
Mai» ce sont là <ies moyennes, et, si Von étadie les m(u:imn et les minima7
trouve det* ëcarU considérables.
Lapin normal 24,3 8,8
— fébricïUut 23 »3 11,8
Cohfiyf> TiormaL . * . . . 23,5 $,fl
î>*fju Ion peut conctiire quf^ dans la fièvre la pruportionde la radiatioD ihermitfusf
ctvapoinlion vai la même que dans l%Hat normal.
On voit que h* rapport enlre la clia!eiir perdue parévapoiation el celle qui est perdu
par radiftlion ne varie pas ious rintlaence de l'élat fébrile.
Celle coïistaïice dans la ré parti lion des dilTérentes pertes de calorique pendant 1
période f« hrtle conslitue un fait très important, el qtii est peut-être c;irartéri*Lique <
lé Ut palliolo^iquc. Si l*on compare, en efTet, cette constance avec rau;,*mentatiaa reli
tive fornndidile i|ue Ton trouve chez rindividu sain, luttant, contre l'élévation Lberraiqu^
on eî5l friippi^ iJe Ili dillérence : UriîNEn» sur un individu travaillant, calcule que la perli
par évaponitiun d'eau peut atleindi»^ 87 p, UXL Wulpkht arrive auï mêmes coiiclu^iion
IMalbeureuseiiieut noui^ n'avons pas de données précises sur l'élimination d'eau chex l^
malades fcbriciUnls,
La qufistion des modifi^'ations d*»^uilibre entre la production et la perte de chaleu
doit être envisagée suivant les diverses périodes de l'accès fébrile. Pendant le premi«
stad^, correspondant à l'èlévalion plus ou moins rapide de la température, la plupaii
des auteurs s'accordent à reconnaître qu'il y a plutôt rétention de calorique (RosEXTUAt,
NKBKLniAu* KnKHL et Mattbks;. La vaso-ronstriclion, qui domine à ce momeiit, entrain
une diiniiuition daiïs la radiation et dans la < onduction à la surface du corps. J. HosE.\TUid
provoq«ie la llèvr*; chez des lapins par l'inoculalion de crachats tuberculeux, de pu
laticêreux, de pyocyanine, et, chaque fois, il note, pendant le stade d'ascension, uni
dimiïrution dans rémission du calorique, enregistrée avec le calorimètre à air.
D'AR>nNVAL et OrvRFUNt eu injectant de la tub»»rculine k des lapins ou à des cabaya
tuberculeux, obtiennent des bypertliermies très marquées avec une diminution dans 1||
radiation calorique. Déjà, en 1881, [i'Ar5onval, en provoquant un état fébrile par inj?c-^
lion d'ammoniaque ou d'une culture charbonneuse, constatait que la radiation
modifiait peu, alors que la température s'élevait très rapidement.
Mais, dans le second slade de la llévrep alors que la température a atteint sou maxif
mum» la plupart des auteurs qui avaient admis la théorie de Trausiv, c'esil-à-dire I^
rétention de calorique pendant le premier stade, reconnaissent que» pendant cette périodfl
seconde, l'émission de calorique, et, par suite, la production de clialeur dépassent le chiffri^
normal. Tout concourt alors à cette perte de calorique : la radiation, la conductiou d«j
la peau, et surtout révaporalion aqueuse.
Neheltuvu estime rau^^mentation dans la perte de calorique parévaporatiou à lôuçj
17 p. 100 : RuBNER, WûLPKHT, liST/. altribueut à ce dernier facteur le rôle le plus impor
tant; la radiation n'apporhuit qu'un faible appoint dans la lutte contre riiyperthermie*!
Les rei^hen lies de Lanclois, faites avec le calorimètre à air de Ch. Riciîet, ont parlèj
presque exclusivement sur des enfants en pleine période fébrile (broncho-pneumoniel*
Or il a pu constater que, dans ces conditions, il existe d'une façon générale une corrél»»|
tion directe entre la thermo^^énèse el la température; raugmenlation étant de lU p, iODI
avec 38<*5; de 12 p. lUQ à 3 9 "a, et, enfin, de l^i n- 100 à 40" îi. Toutefois ou peut obsenTri
des faits trt?s divergents. Ainsi, chez un enfant atteint de broucho-pneumonie el t?al
incubation de rou^^eole, le maximum de radiation est atteint avec 30*9; et, bien que Itj
température continue à monter pour atteindre 40<'3, la radiation diminue les jours sm-[
vants.
D'autres enfants, avec des' températures nettement féliriles de 39^, fournissent dei
quantités de calories inférieures au cliiffre normal d'enfants bien portants de môme poid*,
et c'est souvent pendant la défervesceuce que le cbiiïre de calories s'élève. Toute cett#
question se rattache nécessairement à Tétat des vaisseaux. HcroK^niAm avait montré qoe
les vaso-moteurs se comportaient dilTéremment chez le sujet sain et le sujet malade.
L'excllation d'un nerf périphérique sur un sujet normal provoque facilement une ddâ*
FIÈVRE.
435
UUati des fabfteaux et un abaissement de température; tandis que» sur ratiirnal fi^bri-
eitaol, cette excitation ne pi*ovoqtifï ni dilatation, ni abaissement thermique. Senatoii a
êgBh}meni vu que l'itijeclionde cultures d«^ IV'rysipéledu porc à des lapins détermine uni'
fiso-constrîction des vaisseaui^ de l'oreille, très intense, que les excitations locales u«*
]pciiivaieol effacer. Maraoliaxo a signait* dans certaines forraes aigut^s fébriles chez
riiomme une vaso-constriclion qui précède réïévation de la température.
Khkhl et Matthe^ iusiâtent buv les oscillations rapides dans Tétat de la surrnce
radiante, qui peuvent se faire pendant la période de fastigium.
Pendant le troisième stade, ceïui de la défervescence, rémission de chaleure«>t géné-
ralement nccrue. Le ^tadc de sueur critique» la vaso-dilatatioii« que Ton constate pendant
cette période, sont autant de signes certains qtie la déperdiUon est considérable» et
qu'elle p*?ul suffire pour expliquer la chute de la température centrale. Malheujeuse-
ment nous n*avons ni donnéos précises» ni recherches calorimétriques directes four-
nissant des chiffres exacts sur lu radi^ition pendant cette période. Sur les animaux, cette
chute de la température paraîl due principalement îi une diminution dans les processus
chimique-^ î mais il faut tenir compte ici des différences considérables que présentent lu
surface nue de riiomme et celle couverte de poils des animaux.
liiisCNTiiAL déclare n*avoir pu couvenablemenl observer ce stade chez les animaux;
mais, quand il réussissait h provoquer un abaissement thermique notablf par les anti-'
pyfétiques. il constatait une très forte nui^mentatioo dans 1 émission de chaleur.
Pour résumer cette série d'observations, on peut, en totalisant les résultats obtenu*»»
dire que, pend?int le premier stade, ou stade d'ascension, rémission de calorique est
souvent inférieure au chiffre normal; que, pendant la période dVtat, celte émissiou est
AUfi^mentée, sanij quHl y ait corrélation exacte entre la température et rauf^mentalion
d'émission; que, pendant la période de défervesceuce, rémission atteint son maximum.
Calorimètrie indirecte. Ghimisme respiratoire. — On a cherché depuis
longtemps les variations de Téti mi nation di* Tiicide carbonique et de Tabsorption d'oxy-
gène dans les cas pathologiques,
Lbhua.nn, en i8SU, décUraii que jamais, dan** aucune maladie, on ne trouvait d'aug-
mentation dans l'acide carbonique exhalé; mais, onze ans plus tard, Lkyok.n apportait
une conclusion toute opposée; il trouvait une augmentation constante du CO* dans
la fièvre, et il aflîrmait que cette augmentation pouvait atteindre 50 p. 100. A la môme
époque, SiLUJAiXOKF, rendant rébricitants îles chiens par injection de substances putrides,
constatait que Texcrétion de €0"^ marchait parallèlement à la lempérature.
LiKBGaxKrsT£H, dans ses observations sur un malade atteint de lièvre intei mittente, a
trouvé que la proporlioii d'acide carlionique dans Tair expiré avait diminué. Cette
diminution de lû p. lÙO environ est duc a la plus ^Tande IVéquence des mouviMiient'*
respiratoires; la quaiiliié absulue est au contraire augmentée de 2(1 à Viù p. 100. Citon.*'
une de ses observations faites sur un homme de G 2 kilogr. atteint de (iévre tierce. Len
chilfres indiquent l'acide carbonique en grammes a4nffres absolusi.
IfMUHKS.
PÉRIODE
l> K 'H \l f 1 R. j
APYHKXIK.
PÉRIODE
APYRKXIE.
h m
1 ^*^^^
1 i.Uf
n 2,00
Totaux. . .
in-'
20,7
19,0
18.7
VIS
15.0
19,&
47,H
18,8
17.3
16.1
iT.a
16,0
IM
M,«
5S.t
73/;
ftn.o
Pendant la durée de l'observation faite dans la période de chaleur (2 beures)t la tem-
pérature s'était élevée de 3y à 40*^.5,
Dans la troisième observation, stade de sueur* elle avait baissé de 40 à 38^3 dans tti
436
FIEVRE.
même laps de lemps (2 heures)* l/excrtHion de l'acide carbonique dans la pr«mîèréîj
observalion a donc augrnenté de 3i p- 100 sur U seconde observation.
Cette augnienlatioïi n'est plus que de 20 p* 100 dans les deux autres.
LiRuiiîmgisTEH avait signalé ce fait que raugmenLatîoii d'élimination de l*acide carbo-1
nique prvct?d*^ l'au^menLation de la température. Il l'expliquait de la manière suivante :|
Tcxcrétion exagérée de CQ' correspond bien au monienl où tes combustions augmenlcnt;!
au contraire la chaleur périphérique ost forcément en retard; car il faut un cer
temps pour que la masse du corps arrive à s*échautrer.
TflAUBE et Se.nator n*ont pas admis cette augmentation, et Sbiiatoii, pour expliquer lesl
résultats de Liedermeisteb, émet l'hypotlièse suivante : Texcès de Go^ observé serait dA]
essentiellement à l'activité plus grande de la ventilation pulmonaire qui balaierait
ainsi le sang veineux ; hypothèse étrange, et contraire à tout ce que nous connaissons sur
les lois qui président à la ventilation pulmonaire et à t^hémalose.
Il est vrai qu il propose une autre théorie aussi problématique. L'acîde ctrbontqae i
serait exhaté en plus f^rande quantiie, par suite d*une aiidité plus grande du faog. Rien 1
ne venait appujer cette opinion k celte époque, et, si, depuis lors, il parait évidofit que]
Talcalinité ilu sang (terme pitiâ convenable que t'îieidtté) est, en efTet^ diminuée daitsl
les maladies fébriles, cette diminution, très faible, ne saurait expliquer la quanlîlé et ïij
persistance de l'acide carboaiquo exhalé.
RErtNAiiD confirme les recherche:^ de Lieberueiï^ter. Dans une première séria expert
mentale, il provoijue Thyperthermie en plaçant les cobayes dans une atmosphère sur-J
chauiïée, et obtient ainsi des tempénitures de il**.
La courbe c'onstrutte avec les six expériences citées montre que rab<4orption d«
l'oxyi^ène marche avec la température, suivant une courbe parabolique, que Tacide car-
bonique éliminé croit progressivement jusqu'à 38^ mais qu*à partir de ce chilFre Téli- |
GO*
mination s'abaisse plutôt, de sorte que le quolieut respiratoire -j^ devient très faillie*
Il faut donc admettre qu'une partie de l'oxygène absorbé se combîue, dans les tempe- ,
ratures fébriles, autrenient que pour faire avec le carbone de Tacile carbonique.
Les recherches de Kalmin sur les lapins recevant des cultures diphléritiques ou pyocya-1
niques, de Pakotchensky sur des chiens, conduisent à des coïichisions identiques. L'hyper-
thermie peut augmenter Félimination de CO* de fiO p. 100; mais, pendant la période qui
suit Tinjection, et avant Télévation thermique^ on observe plul<^t une diminution des
échanges.
Dans rexpériencedfi K^upuuiAN déjà citée, k propos de la thernio^ênèse, on reli*oaire
la coutirmation de Texa^^ération des combustions organiques dans la fièvre.
Il y a une relation évideiile entre rau|»menlatioti de la thermogénèse et les ërhan^es
respiratoires. Ces deux q<ianlilés cruissent et dérroissent ensembl<\ Il existe surtout nn
parallélisme et une proportionnalité remarquables entre Taugmentaiton de Tabsorptionde
l'oxygène et celle de la production de chaleur. Ainsi l'absorption deToxygéne a augtneaté î
de 47 et t^ p. 100; la thermogénèse a augmenté lespectivemenl de 56 et 24. 6 p. l()0, ,
c'est-à-dire sensiblement dans les mêmes proportions.
Ce parallélisme si remarquable entre l'exagération des échanges respiratoire* et celle '
de la thermogénèse pendant hi lièvre, constitue un argument nouveau et puissant en
faveur de la doctrine de CiiAUVEAU, d'après laquelle la chaleur produite par l'animal
dérive d*irn processus ctiimii[utï d'oxyd;itiun ou d'une simple combustion plus ou moio*
complète des principes immédiate de Torganisme. H prouve également que pendant U
lièvre les phénomènes intimes de la nutrition, comme la thermogenèse, ne sont jiAS
moditiés dans leur nature, mais tout .simplement exagérés.
FIÈVRE.
437
Ntitrltloii %t tbermogèQése comparées à l'état normal et à Tètat de llèTre oliex le otdeii
en abstinence
y
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ÉTAT
TEMPÊRATCRK
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0,556
21
TvtlLEA! IL
AUGMKNTATIOX P. 100
SOT « r/ïSFLriiNrK OK LA KrifTlS.
l'* jour do fièvre-
2* jour de flfvn*.
Ethalation d*acide cnrbontquc
Abiofpiion d'oxyg^èoH ,........, .
Drstrucûoo tl'aibunûoe?
1 Production de» chaleur. ...........
n
p. 100
4H
47
08
45
2^
26
78
24,0
Tahleau HI.
JOURS
et
état d9 ranima'.
CHALEUR PRODÇITK
P4R LA FORMATION I»IT SI'CBK
aux déprçi!!
ÇliALEUR
TOTAI.K PRODOrTK
dufis lo foi©._
CHALEUR
TOTALE f*aol>UlTl
parrantftial.
RAPPORT
[ti: IJ^ CIIALKUH
produite
dau?* W foie
ti La
chaleur totale
produite
parl'aiiiDial.
de r&lbumino
détruit».
ûe la gra»fc*o
brûlé**.
f Noimal. ....
g FiiWrc. . . . .
3 Fièvre. ....
4 Normal, , . . .
1,6
2,7
1,8
8.0
6,îi
»,2
12.2
103
R.3
rat.
21
30,5
2IÎ
2i
rai.
dM
U,*0
0,41
0, 39
Sternubiig, expthiriMfilani mr des lapios, dans le iaboraloire de Hosk.ntiial, consltite
» également que au^menlation de l'excréliou do CO^suiL une marche parallèle à laccrois-
i^ment de la tempéraltire.
CoLASA?<Tr, dans ses recherches relatives à rinfluence de la température extérieure
sur les échanges organiques, ayant eu l'occasion di* rencontrer un cjhave fébricitaut,
trouve cijez cet animal, pour Télat uormaL 9 t8d"0 absorbé et 872 de CO'* éliminé parkiL
et par heure^ el pendant la lièvre 1 243 — — 1202 — —
Le quotient respiraloire passe donc de i>,92 h Q,M.
Flnkler. dans le laboratoire de pFUJ*iER, poursuit les mêmes recherches. Il opère sur
des cobayes, el arrive à des résultats très variables. S*il constate une élévation du taux
de r.O', il ne peut établir aucune relation entre cette élévation thermique» la tempéra-
ture et les oxydations. Il fait remarquer qu'il est possible qu*an début de la lièvre
^38
FIÈVRE.
Taugraen Letton des oxydatiotis soit plus énergique que pendant la période de flèv]
continue.
A. LrLiENKKLn* dans le laboialoire de Zumz, étudie les <'xha»ïgP5 respiratoires sur
chien tratJiéfitomisé, la fii'vre étant produite par une injeclmn de rnacéralioii de foi
Une demi-heure après rinjection» la lempéralure s'rlevaît à un demr-degré. Vn quart
d*lieure Hprès Tinjection, les écîianges ga/.eux au^^meiiLiient. L'absorption d'O suit U
même marche que réliinination d© CO*, de sorte que le quotient respiratoire ne
modilie pas. L'activité des échanges augmente de 75 p/lW.
L*augnïentation des écliiiuf^es se produit et ne maintient, njôme si foii a éle^é
température de Tanima! par an bain chaud, avant ïa lièvre. Chez un animal fébricîtatit,
la différence entre sa cbaUnn' propre et celle de l'eau chaude est lieaucoop plus j^randej
que chex un animal normal, si la température du rorps reste constante.
iQt^l
o.
GO«.
QUOTIJSÎST
BB*I'IRATOIRP
de rmiimal.
iJÏirÊRENrE
det
l«mpér*ttir6i
du bsin
fX de r&ntnïat
Avant \n îîèvre ,.,..,
l/4ci"hpure après riiycclion.
2 beurras
H heures. .**....,*
528,5
326
378,7
* 889
902
720
390
:i83
654
669
523
0,74
(1,7a
0.73
t»J4
t).73
39,1 G
39,20
39,20
39,2U
38,20
39.10
L7
2
2»,6
2,9
i heures. ...*»...*
MOVKN.VE
4
Les recherches de Ivhals ont porl*i sur des malades atteints de pneumonie, de flèv;
typhnïde, d*ér}sipèle. UH le d»^hut de la lièvre les échanges gazeux étaient nett«*meal
augmentés, raccroisscment atteignant en moyetine 20 p, 100. flans deux cas seulement dft]
fièvre typhoïde prolongi^e, avec une alimentation très mauvaise, tes échanges ne fv^éle-
vt-rent pas. Chez l'un des sujets les combustions furent éf^ales à celles qy*on avait
observées chez le mt^nie individu à l'état nûrn:ïaL Chez l'autre l'absorption d'oiygèna
fut à peine supérieure à celte de la convalescence, malgré une hypertherinie très
marquée. Lœwy, employant, couime Kwads la niétbode Zuntz-Gf.ppert, trouve jusqu'à
SO p. 100 d'an|J5inentation dans les échanges; mais aussi, dans quelques c«s d'hyper-
thermies intenses^ une auf^mentation très faible. En pleine période d'acmé, et sur-
tuul au début de la descente thermique^ la consommation d'oxygène fut parfois Ironvée
normale.
Utilisant la léaclion fébrile de la tuberculine chez les phthisiques, Lckwy, Kiur^,
arrivent k des résultats concordants : huit fois, sur douze sujets, ils trouvent une aug^
nieutatton de 8 à 22 p. tOÛ de roxygêne brûlé, Télimination de CO^ étant égalemeaf
augmentée. Diuis d'autres cas, malgré Télévalion de température» les échanges n'étaient
pas modifiés.
En fait, d'après Kraus et Lœwy, s'il y a généralement exagération des processus chi-
miques, il n*y a pas parallélisme entre la courbe thermique et celle de l'activité des
i^clianges- L*exagéralion se manifeste surtout dans la période initiale de la fièvre, et
chez les sujets à ventilation puhnonain' intense, Kitius et Lœwy ont tous deux une teo-
dance à admettre que l'augmentation constatée est due à une exagération de ractivil*^
muscitlaire : mouvements respiratoires plus fréqueots, frisson ou simple exagération du
tonus musculaire.
L'étude dy quotient respiratoire permet de juger la qualité des combustions orga-
niques. Nous devons citer les travaux de REGNAaii, FtNxx^Rp LïLtCNFELU, Kiuus» A. RoBi.i
et litSET.
P. Rkcnard étudje les modifications des échanges gazeux dans les fièvres de différenli
types, et il établit que :
1"* Dans les lièvres franches et les inflammations aiguës, la consommation d'oxygèae
«
j
i
4
FIÈVRE,
i3f>
angmentéep et Texhalation de 1*adiie carbontqno également, mais dans des pro-
CO-
portions moindres* Le quotient respiratoire -^ varie entre ()»'i et 0,6; au lieu de 0,8»
chilTre phy*tolo^if|Ue,
*2° Dans les Hèvres tenles hectlqnes, les combnsLions sont encore augmetitées; mais,
dans les fièvres franches, Texlialation de CO* est moiodre encore par rapport à Toxy*
gène.
> D&ns les cachexies, il existe une diminution dans l'absorption de Voxfghne et
us l'esbalatiou de Tacide carbonique, sans modi tien tion du quotient respiratoire.
0^
=== 0,7 et 0,9.
r
^^m A. Robin et Bixkt ont Tait porter leurs recliercbes sur des typhiqnes : leurs conclusions
né sont applicables qu'à cette maladie, et ne sauraif^nt Atre gén<5ralisées sans danger aux
autres afîerlions bypeitbemiisanles. !<» Dans la lirvre typhoïde commun**, pendant ta
période dVtat, les proportions renlésimales (FO- consommé et de CO- produit sont légè-
rement au-de«^snu?ï de la normale. Le quotient respiratoire varie peo, mai** Toxygènn
ahsorh»'' par ks lissns croît sf^nsibletnent. Quand viont la convalescence^ VÙ^ consommé
est utitisé presque tout entier pour la formation de CO^ d'où relèvemenl du t|notienl.
2* Dans la forme grave, suivie de guérison, les proportions centésimales de CO' et de
0* sont plus faibles que dans la forme bénigne; au contraire, rabsorplion de l'O* par les
tissus augmente. Le quotient re^ipiratoire baisse* Au moment de ta convulescence, les
échanges se règlent et s'exag-éreul; 0^ et CO* angmenlent tous deux, et le quotient se
feU>ve, 3^ Dans la fièvre typhoïde à i^sue fatale, il faut considi^rer deux périodes; celle
dans laquelle Torganisme lutte encore avec quelques avantages, et celle ùix r<>rga-
uisme est en déroute. La première période elle-m^me comprend deux phases; Tune (a)
correspondant à la pleine activité de la lutte; Taulre (b) dan* laquelle l'organisme pré-
sente des signes de défaillance, a) Dans la première phase de la période de bitte en
pleine activité, la ventilation s'accroît; GO* et Décroissent aussi bien dans leurs propor-
tions centésimales que par rapport au kilogramme*minute. L'açUvilv- chimique auguïcntr
donc comme l'activité méeaiûque. h] Dans la deuiième plias*», quand apparaissent les
premiers signes de défaillance, la proportion centt^aimale d'O-et de CO- faiblit, Tabsorp-
lion totale de 0^ est moins considérable; seules, la ventilation et une production totab*
plus grande de Consignaient les derniers actes de la résistance organique. Le quotient
s'élève bien, ce qui semble correspondre à des oxydations plus actives; mais, en réalité,
il no monte que parce que rabsorplion de 0* a faibli, et c'est cet afTaiblissement, com-
paré à l'auguientation de la ventilation et de l'excrétion de CO^, qui caractérise ce der-
nier eiïort d'une activité déjà: vaincue, c) A la période de défaite, les écliangcs t<jmhent à
des chiffres très bas; « te chimisme n'indique plus aucune trace de lutte, puisque la
ventilation i?lle-niéme a fnibti ^^ Donc « l'activité de,s échanges respiratoires est en raison
inverse delà gravité de la maladie; plus la fièvre typhoïde est grave, moins les échanges
sont élevés *>,
Quant aux rapports qui peuvent exister entre la température et les échanges,
A. Robin et BiMETiléetarent que, dans la fièvre typhoïde, fi des températures élevées corres-
pondent des oxydations respiruloires abai^nées; mais ils reconnaissent qu'il y a des excep-
tions, puisque les échanges respiratoires sont moindres avec des températures moyennes
qu'avec des températures maximates.
Krals n'avait pa-S trouvé que le quotient respiratoire fût influencé par la lièvre; il
serait gênéralenienl assez abaissé, mais sans tomber cependant beaucoup au-dessous de
la normale. Lœvvy donne de.s chiffrer faibles, mais qui ne descendent pas au-dessous de
Op65. Avec Rikthus nous retrouvons des chilTres concordant avec ceux de REONAnu.
OAns plusieurs cas le quotient descend au-dessous de 0,6, et m^me, chex des chiens
rendus féhricitants par iujection d'azotate d'argent dans la plèvre, il baisse k O/tk L'abais-
sement du quotient respiratoire s'expliquerait par une oxydation incomplète des sub-
440
FÏÊVRE.
stances organiques, entraînant dans rciri^aiiisme une accumulation de subalances incom-
plètenient oxydées (Hb«nahd). l/étude des produits élimmés par l'urine nionlreri
combien cette vue pîiralt jusliliée,
^ III - PHÉNOMÈNES CHIMIQUES DE LA FIÈVRE
Destruction des albuminoides, — La lii^vre est caractérisée essentiellement par
une exagération des processus prolêoïyUques; r'est-à-dire que la destruction des matière!»
atbuminoides chez les sujets fùbricilants e.st plus active que chez les sujets apyrétiques»
soumis au m^e régime atimentaire.Ou conçoit qu*il est nécessaire d'ajouter cette dernière
phrase, car les f^bricitartls sont généralement dans un état de régime particulier» le
plus souvent voisin de Télat d'inanition : et qu'on ne saurait donc comparer, au point
de vue du déchet protéolytique, un individa recevant une ration d*hydrales de carbone
et de graisses, qui lui permet de ménaj^er ses réserves proléiques, avec un malade
réduit aux seules réseivi*s protéïques de ses tissus.
Ce qu'on peut établir d'une façon générale, c'est qu'on trouve dans Turine des fébri-
cîtants plus d'azote que ne le comportent leur nourriture et Jeur état nutritif.
Les auteurs qui se sont les premiers occupés de celte question ont envis/igé presque
exclusivement l'urée, el, dès iStH, W. Mosi^ indiquait qu'il existait une étroite relation
entre réliniination de Furée et la courbe thermique. Leydbn, Senator, Usruh ont traité
avec détails le même sujet.
Le problème peut se résumer en quatre questions :
1" L'élimination de l'urée est-elle proportionnelle à la courbe thermicjnet
2" Existe-l-il, peudant la fièvre, une nViention des corps azotés de désassimilaliont
3*» l/élévation thermique précède-t-elle ou suit-elle l'exagération protéoly tique t
4** l/eiagéralion protëolytique permet-elle d'expliquer rhjperthermie?
1» l/excrélion de Turée est augmenter pendant la fièvre, mais sans qu'il 7 ait parai*
lélisme entri^ la quantité ext rétée d'uiée el la courbe thermique. L'excrétion varie avee
les maladies, elle est plus abondante dans les fièvres inlerniitlentes que dans la fièvre
continue. Dans la fièvre typhojde, par eiemple» on trouve un jour I2'f'^,;i d'urée avec
39**6, et, le surlendemain, i7 grammes avpi^ HH", Pendant la crise, réiiminatton atteint
souvent son maximum, constiluant l'élimination uréique épicritique,
2** La rétention variable des substances azotées de déchets explique, mieux qoe
toute autre théorie, les jurandes oscillations de Téliiuination uréique. Il est probable que c©$
variations tiennent surtout à des dilTérences dans le lavage des lissus et dans le fonction*
nementdes êmonctoires rénaux. Feut-*Hfe également y a-t-iï rélention des substance»
azotées dans le foie, dont les fonctions uréojioiéliqnes sont perturbées par le syndrome
fébrile.
3** L'élévation thermique précêde-t-elle toujours Télévation de rélimination azotée?
Notons d'abord que rbyperthermie provoquée par l'excès de la ehaleur extérieure suflU
pour augmenter considérablement l'élimination de Tazote; en chaufTant un chien à
l'étuve, Naunyn a vu l'élimination de Furée, qui était de 6,8 en 4 heures à la température
normale, monter après l'hypertliermie de 2,oî> à 9»%7. Mais^ dans l'hypertbermie fébrile^
il n'en est probablement pas ainsi. Dans la fièvre intermittente, SroNKY Ringer signale
l'élévation du taux de Taisote urinaire avant TasceJïsion thermique, et il en cstde même
chez les chiens de NaCnyn, rendus fèbricitants par des injections de pus. Il faut ajouter
cependant *iue les lapins de M.w, inoculés avec les cultures du rouget du porc, n'ont pas
présenté d'hypereicrëlion azotée avant Télévation de la courbe thermique.
4^ Quant k l'explication des températures fébriles par la combustiou exagérée des
substances azotées, elle ne saurait être admise- Les chiffres d'urée les plus élei'és corres-
pondant à 42 grammes par exemple, soit 20 grammes en excès, représentent environ
W grammes d'albuminofdes comburés en 2t heures, ou 'M^H par heure, donuaul
12 calories au maximum pour une heure. Ces 12 calories, pour un homme de 60 kilo-
grammes, en admettant que toute la chaleur' disponibU' 5oit utilisée dans Torganisme
sans régulation ni excès de déperdition, ne pourraient amener qu'une élévation de 0*^.
Nous devons citer les auteurs qui, reprenant l'opinion de Moss, soutiennent, contrai-
rement à l'opinion de Sknatoh, Leyoex, Unhuh, que Texcrélion de l'urée est en fonction
de la fièvre, tels Traube, Jociima.nx, Naumyx,
I
FIÈVRE.
151
^En r»%iiUe, liîs expériences de Naunï.s sur leb uliiens montrent simplement, ce qui est
hors de cuDlestalion, que la quanlitf^ d'urée excrétée peut douhter sous Tinlliience de la
fiérre. Dn là à arfirraer que IVKcrétion de l'urée mesure la HèvTe, îJ y a loin.
SiXAT*»R» dans ses recherches expérimentales» donne les chiffres suivants, pris sur un
chien a jeun rendu fébricitant par finjectidn de substances putrides.
Ufée.
Acide carbooiqui*. .
Albominoides brûlée
Graisse» brûlées.
Ctl!K?<
citrKX
oormnl
fébrîciunt.
«rr
«T.
7,08
V6
67
12
21
i2
to
tO,2
Si ta combuistion de fa graifise n'a pas varié, la deslruclian des albujninoides a
logmenté de 80 p. iOO. D*o»^ cette conclusion que, pendant la (iévre, l'organisme s*ap-
[^âvrit en albuminoîdes et s'enrichit en caisses.
Si le fait d'une destruction exagérée des matières albuminoîdes est inconlesté» il
|A'en est plus de même des voies et moyens dn re processus. La proléolyse est-elle sim-
ipïement exagérée, ou les produits do dédoublement de la molécule albuminotde sont-ils
différents à Tétai sain et k Télat fébrile? L*étudi^ de% variations dfs dilTérents coeffliients
urinaires sous rinfluence de l'étal fébrile ne donne pas de renseiiînements bn^fi probants.
Mkhilk?*, après avoir fait remarquer Ttufluence prépondérante de Tétat du foie sur les
j ariaUons du coefficient
Az uréique
M'
f
, admet qup, chez les sujets ne présentant pas d'alté-
s hépatiques graves^ ce coefficient a plutôt une tendance à s*éiever avec la tempe-
liure, et ipie. vers 39<»> on trouve fréqunmmp'nt nn rapport de 0,95» alors qu'avant la
lie on notait chezl^ même sujet (),HJ, Il est vrai que^ dans un cas d'érylhème infec-
leux, avec W'\ le mériie auleur trouve un rapport extrêmement bas» 0,62.
D'après quelques auliurs. la lièvre serait caractérisée par l'apparition dans l'orga-
nisme d'aJbumoses (ScanMEN, Hofmeisteh, Kkehl) provenant d'une destruction partielle
défi molécules albuininoïde^. Ces albumoses étant ensuite agents déterminants de
qiielt]ues sympt^^tmes fébriks, Kreul et Mattjies leur font jouer un nVIe imporlanl danb
i le mécanisme de ta fièvre. On trouve en elTet celle deuléroprotéose non seulemeni dans
les fièvres d'origine bactérienne, mais aussi dans les pyrexies aseptiques^ comme celle qui
P^st déterminer* par des injections irritantes d'iode ou de nitrate d'argent dans la tunique
fa^inale pour la cure de rhydrocèle. Lesditrérenles modalités df^s tiévresj'actton domi-
nant** de tels ou tels symptômes, s'eipli«|uerait'iit par la formation .ralbumoses dilîé-
, rentes; mais Sto&vis émet des doutes .^or ce nMe si imporlant joué par des alliumoses.
Kaufmann, d'après les chiffres obtenus sur un cliien féhricilanl {voyez le lableau de la
page 437)» soutient que le mécanisme de destruction des albuminoîdes est identique à
l'état sain et k Tétat fébrile, et que cette destruction se fait suivant la théorie de Chai^-
It3i non ]iar clivage hydrolytiquè ; mais par oxyilalion, pour donner du sucre.
' Destruction dea graisses et des hydrates de carbone. — LiKFŒBMeisTRn avait pensé
jue la destruction des j^raisses est accélérée pendant la lièvre; mais Sk?(,vtor a posé un
principe absolument opposé. L'organisme, dil-iU s'appauvrit en albuminoîde? et s'enricliil
relativement en graisse, ce qui est prouvé parla dégénérescence graissseuse des or^i^anes.
Celte diminution relative de la destruction des graisses est également admise par
Krads et Lïwv. qui ont expérimenté sur des malades soumis à des injections de tuber-
Ieuline. On peut, disent -ils, constater quelquefois une légère augmentation dans la des-
truction des graisses; mais il s'agirait, d'après eux, de câs particuliers, qui peuvent
aussi bien se présenter chez les sujets sans lièvre, et d'une manière générale la combus-
tion des graisses chez les fébricitanls serait plutôt diminuée. May, dans ses expériences
sur les lapins fébricitanls, par l'étude comparative des échanges gazeux, de l'éliniina-
tion azotée et des mesures calorimétriques, se range à l'avis de Sknator, REONAnD, au
contraire, s'apptiyant sur le chiffre très bas du quotient respiratoire observé chez les
malades fébricitanls, sur Tobservation clinique qui montre les fébricitanls a'amaigrissant
très rapidement, déclare que la combustion doit se faire, eu partie tout au moins, sur
Ui FIÈVRE.
la réset-ve de pruiluils ronibustibles qoi coasUtueiii les graissas* Samusls, d&ns rarticte
cf FièHre » de la Henlencyctopedie d'EuLENBtnG, admet également que la combostion àm
graisses est augmentée.
ËQ fait, il est difiicile d'admettre pureineol et simplement l'opinion de SeNJiToa. Sa iu
fébricitarjls présentent parfois, souvent môme, des dé^^énerescences graisseuse», îl n'eu
est pas moins? vrai qu'il y a diâpariiion des réserves graisseuses; que chei IVnfant etch^i
la femnir il suffit de quelques jours^ de rH''vre pour voir diiparallre le pannicule adip^'oii
qui assure le modelé des conlonrs. D'autre part, les oscillations du quotient respiratoire
peuvent s'expliquer en admettant pour les graisses un cycit; réversible ; taot6t les
graisses s'oxydent en grande quantité, d'où abaissement du quotient vers 0,5; tantôt, tn
contraire, des graisses se forment aux dépens des albuminoides et des traces de carbone
disponible, d'où relèvt-menl du <|iiolipnt vers 0,S*
V, Nooudkn admet que dans la consomption fébrile deux facteurs entrent en jtu :
1** Faction desinictive cara*^térisliquL" du processtjs fébrile, véritable erapoisunnementdu
protoplasma, intéressant uniquement la sulistauce albuminoïde; 2** les eiTets J'uue
alimentation ou (ilutol d'une nutiilion insuflisanttî entrabiaut rutilisation, comme sour&é
d'énergie, des albuminoides, des ji^raisses et des hydrales de carbone. Ce» derniers ne
sont cités que pour mémoire; car il doit en exister fort peu chex le fébricitant. La d»-
Imclion des hydrates de carbone est certainement accélérée par l'état fébnl«î : Jedyço-
gène ne peut séjourner dans le foie; il disparaît trop lapidemeut; un accès de Hèvre siiffil
pour faire tomber ou disparaître le sucre des dialiéliques. May a montré que, si l'on fait
ingérer a des lapins fébricitants :i(J grammes de sucre, ce dernier est bien plus rapide*
ment détruit que chez les lapins normaux. Fait paradoxal ; les muscles des preniiei^ Upioa
seruieftt plus riches en j^lyi^ogèneque les muscles des animaux sans ûèvre, 0,20 p. luOati
lieu de ÛJ 2 p. tOO. Il ne faut pas oubher que dans l'état d'inanition le sucre brûlé provjail
des alhuniiuoïdes ift des graisses de constitution.
Perte de poids dans la fièvre. — Le fébricitaut est presque toujours en état« iiooB
d'inanition, tout au moins d'tiypo-alimentalion; il faut doue tenir compte de cette cou-
djtion spéciale.
LiEiiEUMFJSTER étudie avec soin cette «juestion.
Dans tes maladies cJironiques, où la tlevre ne survient que par périodes éloigiïêeii
comme dans la ptitiste, il a pu constater que toute poussée fébrile entraînait une au^
mentation dans la perle progressive du poids.
Wkbeh indique pour les fébricilants une perte de 30 a 44 grammes par jour, alors que
les individus sains» soumis à la diète, ne perdaient que 23 h 30 grammes* WiCBsiCTi,
étudiant des pneurnoniques, trouve une perle de poids qui peut atteindre par jûUf
10 p. 1(K\ alors que ramaigrissemenl dans rabslineacc complète ne dépasie jm»
12 p, iOO PETrKNKOFE» el Voit).
La perle de poids chez les fébricitants, la conmmption fébrile, a fait l'objet de patieat^
et nombreuses recherches de Lkydkn. Le sujet eu expérience était couché dans un lîtdii-
posé sur une bascule. Les ingesta et excréta étaient régulièrement pesés. Le tabledii
suivant résume ces observatious :
PKRTK
par kilogr.
el par lieuri'.
Hypeiitierniie (3fl a 41"). I,0t>
CvHo , . . 1^20
Stade lipicritique. . . . , 0,55
Crise. 1,55
GoDvalescencc. . .... 0,64
lîtaL apyré tique 0,73
La perte de poids pendant la durée de la maladie indique un cbilTre mov^
O'",^? par kilogramme et par jour, soit une augmentation (dans la perle du por
1 i p, 100 environ par rapport au sujet sain. Il est u noter que c'est au moment de ii
crise que la perle du poids atteint son maximum.
TiïAON, étudiant la lièvre chez les enfants, trouve que pendant la période d'ascension
\r poids augmente dans les deux premiers jours; qu'il en est de même quand, au c^on
de ta h^vi'e typboifde, on observe «ne nouvelle ascension thermique. Pour uu enfant de
^1
FIÈVRE-
1(3
P
35 kîlogr. cette augnienlation fut de 3CK> #?raniraes; pour u» enfant de i:» kiloçr.» de
iOO grammes. Tdaon semble admettre que cette augmentation a lieu par rétention d*eaa.
Pendant la période d'état, avec Tiuanition et la diarrhée qui sont la règle cher les
ty^pliiques, la perte de poids esl manifeste. Enfin, pendant la d ♦'• ferve scène e, la perte s'accé-
lère même quand la diarrhée a disparu et que les malades s*alimentenl* Dans une défer-
tfieence en lysis, de dix jours ,40'* û 37"r*) une liîle de 12 ans pasîîe de IG'^^'JOO à
U^*',700. La diminution peut êlre encore plus rapide; 2''^,4O0 en quatre jours pour
un sujet de 34 kilogr., soit un douzième du poids. Dan^ le type de typhus abortif, où
lia courbe thermique tombe brusquement, les sujets perdent jusqu'au 1/15 de leur poids
fn un jour.
Ces observations de Lkydkn, Botkj», Thaon» sont concordantes. La perle de poids est
itirlout exaj^érée pendant la défervescence, et elle s'explique par le^i oscillations de
Thydratation des tissus.
FiNàLKR étudie comparativement la perte de poids rhez des cobayes en inanition el
des cobayes noimaux. Les cobayes fébricitanls perdent plus de poids que les cobayes
fkormaux; en tenant compte de la durée de rinanitionf cette perte est relativement faible;
divisant la perte pour cent du poids de Tanimal par ,1e nombre d'heures de jeûne, il
trouve en effet les chiffres suivants :
PBKTK
DB lHni«M p. ItHÏ
divisa
pmr
» liffurrs.
Heurts «le j0(iti«.
Normaux.
l't^lifidtAnt».
24
0,3T
ti,4U
4«
0.34
0,37
im
0,28
(},29
soutient que dans la fièvre la courbe de la perte de poids est surtout accentuée
4)uand la température s'abaisse, alors que, si riiypertliermie ^e maii^tient, le poids du
Lc<^rpâ iiîsto souvent invariable pendant deux ou trois jours. Pendant la défervesL-ence, et
|tual^ré l'alimentation jErraduellement donnée» la perte de poids esl 1res accentuée ; elle
s'expliquerait, d'après Botkin, par un lava^^e plus complet de l'or^^anisme, les malades
absorbant alors piu^ de liquides. L'auteur russe fait jouer dans la perte de poids un rùle
j considérable au lavage exercé par les liquides absorbés : c'est ainsi que rhyperlliernjïe
javec grande perte de poids s'observerait presque exclusivement dans les cas de coma
lintrainant la diminution ou la suppression des boissons. Lessueursne provoquent qu'une
perte de poids très passagère, rapidement compensée par Tabsorption des liquides; la
quantité des substances solides éliminées par la peau est en etîet des plus négligeables.
L*opitiîou de Bothin peut en réalité se r^unier ainsi. Périude fébrile correspondant à un
^iaiH quo relatif. Période de défervescence correspondant a une jierte de poids marquée.
Cette opinion n'est pas adoptée par les autres observateurs, qui, comme Le:ydei«
L^déjà cité, admettent tous une consomption fébrile : Layto.x et Monnehet posent cette loi*
^npplicable k toutes les maladies aiguës pyrétiques : période fébrile ou de périt? ;
^Miériode de convalescence ou de réparation: la perte par jour dans la fièvre typhoïde
^■oscillant entri^ lUO et 40Q grammes (Mon.nehet alimentait .^es typhiques).
r Pour expliquer ce fait signalé autrefois par Leyi>kn, mais surtout défendu par
BoTKiN» que la perte de poids ne correspond pas au moment de rhyperlbermie, alors que
les combustions intùriêurfS atteignent à ce moment leur maximum, on a fait inter-
venir un mécanisme spécial : la rétention^ de l'eau dans les tissus. Mallieureusemenl
il est difficile dYqablir la part jouée par l'infection, cause de la fièvre elle-même, et
^«eUe du syndrome lièvre.
Kheul rappelle que, dans les maladies à type essentiellement cachectique comme le
feancerf on constate !>ouvent'ime rétention très nette de Teau dans les tissus.
On sait que dans la lièvre la quantité d*urine rendue est souvent très diminuée, el
|que par suite la concentration atteint son maximum, mais nous ne connaissons pas net-
jlemenl quelle est la part du poumon et de la peau dans Tévaporation aqueuse chez
Iles malades atteints de tièvre. Chez les animaux rendus fébricitants, les recherches de
Krehl, Mattbes, Xebeltuai', tendraient à montrer que cette perte par les poumons ut la
peau présenterait une augmentation absolue, mais que le rapport entre les diJTérentei
AU
FIÈVRE.
causes de dépr»rdilioii reste coustanL H est juste d*îJJouter que Fcii*Ra arrivait à Ans
conclusions opposées : il y aurait d^iprès lui diminution relative de révaporation.
Siè^e de rélév^aiîon thermique dans la fièvre. — Le dosage des excréta monlrr
que chez le febncitaal l'or^'aïiisme consomme plus âv substances que dans les condi-
tions ordinaires, et en outre que ret excès de destructiofi porte» sinon excUisivemenl, au
oioiiia pour la plus grande [lart, sur le^ matières albumiiioides. Mais on a voulu poof-
suivre le problème plus avant, et chercher si, dans les pyrexies» la deslructioQ portett
plus spécialement sur certains tissus ou <:ertains organes.
Le sang a été incriminé. On trouvera plus loin les raisons qui permettent dUnvoquer
une destruction exagérée de^ éléments du sanf^ : diminution du nonihn' des globulcssel
de rhémogtobine^ apparition dans les urines el dans les fèces des pigments dérivé* de
rhémoftiobine, atigmentation de l'excrétion des sels potassiques, diminution corrfla-
tive des sels de :<oude, excrétion de la lécithine. (V, Noorden, Salkowsri, etc.)
Mais ces phénomènes, qui sont loin d'être constants dans toutes les pyreiies, el qui
ne présentent pas de corrélation régulière avec la conrb*? Iberniique, seraient tib^iu-
ment insuriisants, même s'ils étaient toujours au maximum^ pour expliquer ïa très faible
élévation thermique,
La destruction du tissu musculaire est autrement importante, l/atiiaigrissemefil des
muscles est incontestable, même si on le compare avec l'amaigrissement résultant de la
simple diminution de la ration alimentaire. Aussi Tazote excrété en excès, soit sans
forme d'urée, soit sous forme d'autres corps azotés plus complexes» provient-il ccrtim^
ment de la masse musculaire. La production d'énergie calorique par le muscle dtuti U
fièvre doit donc se Taire par un processus chimique iîilTcrent de la prodtiotion d'énergie
dans le travail musculaire, puisque, dans ce dernier cas, ce sont surtout les hydrates d^
carbone qui entrent en jeu. Rappelons cependant que, pour Kaupmann, il n'y a aucooe
moditlcation dans la nature du lra?ail chimique.
Une preuve du rûle des muscles comme source de l'hypertherniie fébrile a été donziéi
par ZvTiTi. Deux lapins reçoivent la même dose de substance pyrélogène: mais Tun es(
curarisé. Alors que, sur ranimai ayant conservé le tonus de ses muscles, on note ooe
exagération des échanges gazeux, le tapin curaris'' n'indique aucune niodiûcation daiij
ses échanges. Nous n'insistons pas sur les critiques nombreuses qui furent adressées 4
cette expérience.
Hkïûrnhain et KoRNEft démontrent également celte exagération des processui chi-
miques dans les muscles par une série d'expériences, où ils trouvent la température dd
sang plus élevée dans la veine crurale que dans le l'entricule droit. Pourtant d'antf»
recherches nous conduisent à admettre que c'est dans le foie et dans tes glandes anD€ié«(
au tube digestif que se produil, en partie loutî'au moins, l'exagération des combustior»
En 187Q, Jagobsun et Lkvob«, en utilisant des aiguises tbermo-électriques. trouv^renl
que,cheii les chiens rendus fébricitanis par des injections de pusjexcès de tempémlare
du foie sur celle du rectum était le nvf^nse que chez les animaux sains. Albert, en profO-
quant la lièvre par une injection d'amidon en émulsion, trouve que le sang? des vciiw»
hépatiques et rénales est plus chaud que le sang des artères.
D'Ahsonval et Cuarrin, reprenant les expériences de Cl. Bernvrd avec un dispo-
sitif plus perfectionné, qui provoque un Iraumatisrne moindre, déterminent la topo-
graphie calorique des cobayes fébricitanis (tuberculine, mallèine). La température Cffl-
trate était mesurée par une aiguille introduite directement daivs rnbdomen, fautif
aiguille étant plongée directement dans les autres organes* La différence de températort
des divers organes par rapport a celle de la cavité abdominale prise pour terme de com-
paraison', était de + l"a à -h 'l"" pour le loje; de 4- O^'i , pour la rate; de — 0*7 ii -
i^'l, pour le cerveau; de — i° à — 1^2» pour les muscles. Les différences scraientde
même ordre que celles indiquées par Cl. BEBNAarj, mais beaucoup plus fortes, puisM^rt
les chiffres de Cl. BKBNARti, obtenus autrement il est vrai, en prenant la lempêrâturr
dans les vaisseaux, iiidiqueul une différence entre la veine porte el la veine bépati^fiif
de 0^4 au plus, et entre la veine porte et l'aorte, de 0"4 également. D'Ahsonval et Ciufijn^
insistent encore sur l'élévation nolable de la température de la moelle osseuse.
Iro {Z.B,, 1899,ixvui,H5), au laboratoire de Kronkcker, constate* chez le lapin reo<ia
bypertbermique par piqûre du cen^eau, que le duodénum est plus chaud que le rectow:
FIÈVRE.
445
Fîleo cûuclut que le duodénum et son voisin le pancréas. " la glande la plus «^aergiquf*
d« l^ècoDomie »« d<!^vtiloppentp consécutivement i\ l'excitation des corps opto-striés, plus
decbaleur que les autrt*s organe*^.
LAPINE conrirme TobservaLion d'ÎTo en la pnVisaiit, Dans une première note» il
^sigOAle même ce fait curieux , que lu dilTérence en pins de la tenipéralure pancréatique
n'existerait que chez les chiens rendus hypertherrniques par pi<iùre c*^rébritle, alors
^u'oii ne la retrouverait pas chex les chiens réhricitauts par injection de toxine Ivphique.
[Mai« dans une deuxième note il déclare avoir retrouvé beaucoup plus souvent l'excès
Mhcrmique du pancréas aprè^ infecUon cxpèrimenlale.
Kbehl et Kratsc» ont, avec la méthode des aiguilles thermo-électriques, mesuré la
ITér^nce thermique entre le foie et le sang de Taortet prenant à dessein Taorlts cVst-
jre rendroit où le sang de tout l'organisme est réuni. Chez les lapins normaux à
j*iàn, Texci-s hépatique oscillait entre OH et 0°8; chez le^ lapins fébricitants (injection
[d^ pneumocoque) l'excès pouvait dépasser tî degrés et oscillait entre Q'*8 et 2". D*ailleurs^
Liout en nîcOQnaissant le rote prépondérant du foie, Kiit:iiL arrive k celte conclusion que
(fexagéralion des processus fébriles a lieu dans les muscles, le foie, la rate, le rein et
également dans tous les organes.
A»ONsoji?ï el Sachs accordent aux glandes de Tintestin un rnle secondaire; les muscles
Jouant l6 f<Me prépondérant. Ils provoquent l'iiyperthermie chex le lapin par piqûre du
[iu,et constatent que l'augmentation de température est de î'^lj dans le rectum, de
I dans les muscles, et que Télévation thermique musculaire précède relie du rectum.
R!h^i un animal féhricitanl, le curare fait tomber la température beaucoup plus rapide-
ftnent que cher un animal normal. Par fraclions de dix minul^'S, la chute thermique est
trois foi» plus rapide.
KAtiPiiANx, calculant d'après les méthodes de Cbaovbau le rapport de la chaleur pro-
Induite dans le foie ù la chaleur lolale produite par Tanimal, trouve que, si chez Tanimal
Inormal le foie contribue pour 39 p. 100 à la thermo^énése générale, dans la lièvre celte
[contribulion s'élève h U p. 100.
I IV.
TROUBLES DE LA RESPIRATION ET DE LA CIRCULATION
L il c
■ex{]
P^adr
Rythme respiratoire dans les fièvres-— Les moditkations apportées au rythme
j>iratoire par Tétai fébrile sont fréquentes et importantes, 0 y a lieu de faire immé-
ritfttement une distinction entre deux modes respiratoires parfois confondus : la polypnée
[ et la dyspnée.
La polypnée thermique est caraelé risée par un rythme respiratoire d'une rapidité
[extrême, pouvant atteindre jusqu'à 360 par minute; mais ce phénomène n'est pas un
I phénomène morbide. C'est nu mécanisme de défense, qui entre en jeu, ehe* les animaux
r tn parfaite santé, quand ils sont exposés a des températures trop élevées.
GoLDSTEi?< le premier sii^nala raccéléraliun du i ythme respiratoire ch«z b'S chiens dont
^il chaulTait le sang carotidieu, et il attribuait cette a dyspnée Ihermique », suivant son
[pression, k un éclmuffement direct des centres respiratoires bulbaires. Sm^KW» tout en
'^ admettant réchaullenienl possible des centres, montra qu'il y avait également dyspnée
thermique par excitation pêriphériquep les terminaisons nerveuses cutanées jouant un
»rôle important. Walcu attribuait, de son côté, la dyspnée aux effets de Fair chauJ ins-
piré. Chez des lapins placés dans des caisses très chaudes el par suite en pleine poly-
pnée, on voyait le rythme respiratoire tomber brusquement quand on les relirait de leur
cage chaude. Ca. HtCHEr, dans une étude 1res complète de ce phénomène, pour lequel
il a substitué le terme de polypnée k celui de dtjspnèe, a nellemenl dJlfêiencié la polyp-
.oée d*ongine centrale de la polypnée d'origine réllexe (voir Chaleur, Ill,l7j),eta montré
es relations avec la régulation thermique. Lasgloïs a montré c[ue la polypnée ther-
nîque de Ch. lltcuET se reneonirait également avec toutes ses lois chez certains animaux
.sang froid, tels que les sauriens du Sahara : ourane et varan.
La polypnée thermique ne paraît donc pas devoir être rangée parmi les symptômes
Ifespiratoires de la tlévte. Mais il n'en est pas de môme de la dyspnée.
La dyspnée pealafTecter toutes les formes : accélération du type respiratoire normal,
[ans jamais atteindre le type polypnéique vrai; altération dans le rythme, soit qu'il
ue
FIÈVRE.
â'agîsse de l*étaMissernenl do périodes, les mcmv*^menls respiratoires restant à pea
deaiéme force : type périiidiqoe vrai, soit que ces mouvemenU varient en intenjilé
dant les pt^riodes, suivant une progression plus ou moins régulière : type CoETXB-îÏToiE^'
L'accélération simple du rythme peut trouver, dans quelques cas, son explication dans
Taugmentation des échanges gazeux. La respiration dyspnèique peut avoir des origme»
diverses : mécanique (pleurésie avec épanchement» hjdropneurao thorax, météonim*?,
con<^estiûD, 5plénisatii>n du poumon) ou toxique» par action sur les centres nerveux (iré-
?idanl aut mouvements respiratoires,
Klu'pkl^ étudiant spécialement la potypnée dans les nmladtes fébriles* airive & cette
conclusion que le nonibi'i» patholo^'tque des respirations »'st habituelteinenl sopérieur à
celui des pulsatiofis, par comparaison naturellement avec le rapport physiologique. On
pourrait exprimer LHèvement cetle opinion en disant que, dan^ la nèvre« le rap|iurl
R
- tend vers Tunilé, el le fait est surtout évident quand les causes palhogéniquês inté-
ressent plus piirtientii^reraent la sphère pulmonaire. Klipprl insiste encore sur un aulrp
symplAnie. La palypoée ne suit pas la même marche que la température, I/Iiv^m-t-
tliermiea disparu, alors que japolypnée et la tachycardie persistent encore plusiearsjjoor».
C'est le cd'ur qui ensuite tend à revenir, avant l'appareil respiratoire, au type iionml
Rapports entre la température et le pouls. — Sans poser de chiffres absolus, os
peut admettre i[ue, sauf exceplious, ta cli.ileur et le pouls suivent de^ courbes pand-
lèles, WoLFF et Viehordt avaient émis la loi suivante :
M Le pouls marche parallMement à la température; les couches du poub cUan^i
avec la températirre. et nn peut, d'après la température, mesurer la fornie de la courlnr
du pouls, comme, d*;iprès celle-ci, mesurer la hauteur de la température. >*
Ce parallélisme est loin d'être aussi absolu que le veulent les auteurs allemands, «t
LiKtuvHMËisreii est pdus exact en disant que ce parallélisme est une toi générale, mais
une loi qui comporte de nombreuses exceptions. Sur 280 observations, il a pu établir Iff
conditions de ce parallélisme ordinaire.
Degr<^t. Fuis.
Depréa.
FpIs.
37,0 = 78
40,0
^ 108
37.3 - 64
40,0
— iOλ
38,0 — 91
4!,0
— no
38,5 — 94
iL5
— Hft
39,0 — 99
42£,n
— 137
39,5 — 102
LiF.DEKMSisTEH a mém*' dûuné une formule qui permet de calculer app rosi m a ti ventent
la lempératcre quand on connaît le nonibro des pulsations :
Puuls:- 8(1 + S ;T — 37
Tcinpér.ilure —
P^ 2lft
8
Ces chiffres ne correspondent pas tout à fiiit à ceux que donne Loriin; ou peul
udjaeltre, dit-il, que^si 37®, ."î représentcul la température rectale à Tétat de santé, et IdU
nombre des pulsations dans les mêmes conditions^ chaque élévation de température dti
1 degré se traduira par une augmentation de 2;'» pulsations. On obtient ainsi les ûmt
séries ;
Tclmpépatu^f^ . . 37"5 38*5 39*5 40*5 4t»5
Pulsaiions. ... 70 9o 120 145 16U
Ainsi, pour l'auteur allemand, k une élévation de température de 1** correspond unr
augmentation de 8 contractions cardiaques en excès par minute, tandis que pour Iùul\
il faut eu compter 2t>.
Jua>iE.NSE2>i signale chez les vieux pneumoniques des températures de 39'>,avec uupuuL*
tornbaut au-dessous de 40. Dans beaucoup de maladies infectieuses la dissociation dp^
deux phénomènes est très marquée.
L*accélération du iîœur a pour cause deux facteurs : 1"» l'élévation de tempéraiofï
jénérale; 2" l'action des toxines.
Dans rhypertherniie expérimentale, par léteatiou de calorique» le cudur s'aecéièit;
FIÈVRE.
AM
1
I
l en est de même quand on chauffe directement le cœur p&r une injection dt^ liquide»
hiiads (AîMANASiu et Carvalu))*
Les toxines pruv^nt exercer leur action par deux inécttiiisnies difTêrenU, en provo*
quant soit reicitation du svstéme accélérateur^ soit l^inhiUition du systèuie modérateur
vago-spiiial, QufinL auK causes mécaniques* c'eâtà-dtre aux modifications dans la résis-
tance opposée au cours du sang- dans les arlérioles, c'est un facteur l»icn hypothéLique. Si*
«u effet, la vaso* dilatation q^ii ne |ii-oduil pt'iidaut le stade chaleur pouvait exjili^uer à la
rigueur l*acct*vléralion du rythme, suivant la loi de riiuiformili* du travail du c<pur, on
devrait, eu tertu de la mémo lui, obseï ver pendant le stadt* du frisson un ralenUssement
ou de la va$o-con5trîction. La meitleure preuve que le rythme cardiaque e'^i surtout sou-
mis à l'action dei toxines nitcrobiennes ou des toxines produit»'% par rorganisme, c'est la
diBSocialioïi si fréquente entre tes courbes thermique et cardiaque» Dans la Ilêvrr
iypboide, dans la pneumonie franche, on observe fréquemment une discordance notable
entre les deux &ympt<^mes, c^ostà-dire de fortes osciïlattoiis tliermométriques avec un
rythme cardiaque li^taliounaire. hans la méuingite^ c'est moins l'acttou cUimique géné-
rale des toxines que ractioo^ focalisée sur le systénje nerveux central, des agH||t^ infectieux
qui explique cntte dissociation, ^uand les lésions portent sur la région bulbaire, voisine
de Tori^âue des pneumogastriques, l'excitation de cesi noyaux provoque une action inbi-
bîtrice permanente de ces nerfs sur le co^ur* et, tandis que la temp^^^ature s'élève au
ddà de Vt^» le pouls se maintient à 80, quelquefois môme au-dessous (J/kccoLin),
Troubles de l'appareil circulatoire dans la fièvre^ — Ùicrotisme. — Chez les
rébricitauty, surtout dans la tb>vre tvfdioid" e( dans le rhumatisme articulaire aigu, le dicro-
tisme est si fréquent» que l'on avait été lente de rousiilt-rer comme idenlicpies les termes
de pouls fébrile et dw pouls dicrtite. On a niArnecru qu *>ii pouvait évaluer l'intensité de la
ibèvre d'après le déféré du dicrotisme. Rifj.kl a combaitu cette idée, en inontianL combien
rjfteteurs peuvent intervenir dans !a tonnatîon de celte ondulation secondaire. En
lé* le dicrotisme se rattache surtout â la difninutiou de la tension vasculaire, vl
toutes les opinions sur la gravité pronostique du dicrotisme élevé (Bol'u.laud) reviennent
à dire qu*il y a lieu de craindre dans ce ras une hypotension progressive.
Brtiitâ de souffles cardioifuty. —On a si«j;nalé très fréquemment des sonftles cardiaques
dans la plupart des maladies fébriles : lièvre lyphoide, rhumatisme articulaire aigu, iiévres
éruptives. Toutefois ils sont loin d*étre constants, et ou peut dire simplement que l'état
fébrile constitue une condition favorable à leur production* Ces souftles se rattache-
raient, pour quelques auteurs (Tan'iEB), À la diminution de la densité du ^^ang, ijui est
fréquente dans les maladies fébriles.
T/ou6/es vaso-moteurs, — * La première expérience démontraîit les mnditications
des vaso-moteurs dans la lièvre est due aScmpr. Dès 1856» à Tépoque même de la décou-
verte de ces nerfs, sur un cliien il coupe les principaux nerfs d'un membre, constate
après la cicatrisation que la température du membre opéré est supérieure à celte du
membre sain, mais que la diîïérence est renversée quand on provoque une poussée
fébrile par injection de liquide seplique ou irritation d'une séreuse. Schu-k explique ces
résultats par une action vaso-dilatatrice produite par la fièvre, action qui ne peut se
produire sur les vaisseaux du membre énervé. Toutefois il proteste contre Topinion
qui lui a été attribuée par quelques auteurs, d'une théorie néctviiqui de la fièvre, faisant
dériver les phénomènes de la calonlîcatlon pendant la lièvre, des nerfs et surtout des
nerfs vaso-dilatateurs, h 11 m'a toujours paru impossible d'expliquer la température
fébrile au moyen d'une acïion positive ou négative des nerfs, et j'ai tonjoiirs été con-
vaincu que sa cause doit être de nature chimique. iHeciieU dca màmares de Siruirr, L
m.) n
Mais VuLPrvr^t répétant l'expérience cte Sch!hk, arrive à des résultats opposés. Le
membre énervé reste plus chaud que le membre inUict, même quand la température
rectale atteint 4r^4, et Vllhiax explique ce fait en admellant que la lièvre provoque bien
une certaine dilatation des vaisseaux, mais que celte vaso-ddalalion reste inférieure à
la dilatation paralytique de l'autre membre; par suitp, le sang plus chaud qui du cœur
est lancé dans l'aorte, chez un animal fébricitant, passe en plus grande abondance par
les vaisseaux des orteils quicorrespondent aux nerfs sectionnés que dans reui de Tautre
membre (Vulpian, Ltrom swr ks vaso-ntolcurH, II, 263).
448
FIÈVRE,
ScBirp, dans tous les cas, ne voyait dans la vaso*molncité qu'un phénomène consé-
cuLif à riiypertlierraie: au coiilraire, pour M.irby eL Thaube, les vaso-raoleai-s jouêut !«
rAle important dans les modjfkations thermiques fébriles. Pour Tralbk ce rrtle est
presque essentiel : la lenipéraLure s'élève parce que ta vaso-coD^^triclion pt^riphérique
anit»ue la dirturuition de la radiation caloriifiie. C'est la Ibéorie pure de la réteuLjon de calo-
rique, PniiT Mahey, la cousIricLion n'est qu'un phénomène secondaire, consécutif à la dilt-
iatioïi primitive. C'est du moins ce qui parail rt^ssorLir de son premier mémoire de 1853.
(p. H58). Dans l;i (îèvie^ il y a d'abord une dilatation périphérique* amenant un réchauf-
fement de la supiîTlicie cutanée; puis la température ambiante plu^ froide, en ftgisi&nt
sur la peau à température plus élevée, détermine par voie secondaire la constnctiou
des vaisseaux. Cette tîiéorie a été reprise en i873 par liAUMLBft, alors que Marky lui-même
semble devoir rabandouuer, puisqu'en 1885 {Sur la circuiation du mng) il s'étonne que
la doctrine vasculaire de la fir'vre soit attribuée à Trauhiî, alors que son mémoire est
antérieur n« quelque mois au travail du médecin allemand.
Lps conceptions de Tralibe-Marev reposaient sur robservatîon du stade frisson, maii
non sur la constatation directe de l'état des artérioles. Sei^ator observe directement VtUl
des vaisseaux de Toreitle cheiL les animaux fébricitants, et ilconstate que, dans l'acmé de
la ûévre, les vaisseaux de la peau se trouvent lantnt dans ua état de dilatation parait*
tique, tantôt dans uit état de constnction tétanique, et qae ces deux états alternent
Mara**uano, avec le pléthysmographe de Mosso, étudiant les phénomènes circulatoirei
fébriles sur Thomme» trouve que les vaisseaux cutanés commencent à se resserrer, alors
que la température n'est pas augmentée; a mesure que la constriction s'accentue, la
température commence à croître; lorsque la coiistriction a atteint son maximum, la
température atteint également le sien; puis, quand la température s'abaisse, cet abais-
sement ent précédé d'une dilatation de*» vaisseaux; et, quand la dilatation des vaisseaux
cutanés a atteint son point culminant, le chitTr^ tln^rniique revient au niveau normal,
I.e frisson n^apparaît que lorsque la conslriclion des vaisseaux est dé|à cainniencée; Ici
expériences de MAftAGLiANo expliquent alors les cas de Sidney Ri?>i6eR, dans lesquels Tappa-
ritiun du fiisson n^a lieu que longtemps après le début de l'ascension thermique.
Les rétlexes vasculaires cutané;;, que l'on observe à l'état pbysiologitfiie (exp. de
Browtj-Séiïuard etTnoLo/ANy, sont loin d'être constants, et il estdifljcile, en les éludiaul
par les métbodes pîéthysmograpbiques les plus sensibles, d'en déduire des conclusions
fermf*s. C'est ainsi que Mauaguiano et Lussana, ayant tout d'abord étudié ces réilexe^chet
rhomme sain, sont amenés à dire : que les excitations cutanées ue déterminent pa*
toujours des mouvements réflexes dans tes vaisseaux, et que ces réactions, qnand etlesM
produisent, sont tantôt vaso-constrictives, Untôt vaso-dilatatrices. Chez les fébricîtaati,
môme incertitude, car les réactions vaso-coustrictives dominent, Rt sont souvent précé^
dées d'une réaction dilatatrice très fujçace. Le seul fait notable est que, cliez le même
individu, les réac lions vasculaires piraissent plus é liturgiques, plus promptes et plut
durables dan^ la lièvre que dans l'apyrexie. Mais, ajoutent les auteurs, « quelquefois on
peut observer le fait contraire i>,
La circulation capillaire est exagérée pendant la période d'hyperlbernii*^ franche.
HALLmN et L\ioNt:L-LAVAsTiXE démontrent le fait par une expérience très simple* Ik
appuient la pulpe du pouce sur la face dorsale du premier espace interosseux du sqjêI
pendant trois secondes, et noient le temps pendant lequel la place pressée reste anéraitîe;
or la tache blanche disparaît vite dans les maladies fébriles, sauf si le cœur est profon
dément touché, ou si les artères sont sclérosées.
SEiSATOii s'est proposé de rechercher qtiel est l'état des vaisseaux dans le frisson, si
c est une dilatation paralytique, on une contraction permanente des petites artère-^
(FaAaXCK), ou une contraction périodiijue changeant suivant le temps et le Heu. Pour cela,
il compare l'état des vaisseaux de roretlle ch«i£ un lapin albinos à L'état de santé été
l'état fébrile. Voici le résultat de ses observations :
i" Immédiatement après l'injeclion de la matière pyrogénélique soas la peau du dos.
il se produit une forte contraction de tous les vaisseaux de T oreille, et, par suite, on*
décoloration et un refroîdissement de l'oreille, auxquels succèdent bientôt an ou plu-
sieurs ntouvements de dilatation. Mais cette contraction a aussi lieu après une émotioD
quelconque, par exemple, après la peur, et n'a rien de spécial.
FIÈVRE,
U^
I
I
I
I
I
p
^ Longtemps après riojcclion, quand la température du rectum s*élève de l« à 1°5
«Q-dcssus de la normale, et que le corps de Tanimal est échauffé, on voit les vaisseaui de
4*oreiUe demeurer souvent resserrés pendant des heures enli»>resî, et plus contractés qu'iU
4ie te sont jamais à l'état normal ; mais, de temps en temps, lantdl sans cause, tantôt
sous uue intluence extérieure, ainsi que par la peur ou après une excitatiou mécanique,
^n voit survenir des alternatives de resserrement et de dilatation de durée considérable.
3* Après plusieurs jours de fièvre^ et chez les animaux très fatigués, les dilatations
deviennent fort rares, courtes et peu marquées*
4* Pendant la dilalalioii des vaisseaux, on peut sentir sur le tronc aortique des puisa*
«lions très accusées, ce qui n'avait pas lieu auparavant.
5^ Les deux oreilles ne se comportent pas toujours de la même manière.
De ces faits résulte cette notton, que l'auteur considère comme nouvelle, que la O^vre
tie donne lieu ni à une paralysie, ni à un tétanos permanent des vaisseaux. 11 faut con-
clure, avec Heidrihiiain, qu'il y a des circonstances pathologiques où rexcitabilité des
vaisseaux, notamment celle des vaisseaux de la peau, est très surexcitée.
Variation de la tension artérielle. — A priori il sembla* naturel de présumer
^e le mouvement fébrile, dont l'un des prmcipaui caractères est une accélération
parfois considérable du pouls, ait une inûuence notable sur la pression artérielle. Mais
«quelle est la mesure de cette influence, et dans quel îem agit-elle? C'est là uue question
di/Hcile à résoudre, puisque les auteurs sont en complet désaccord.
Zadec, qui fit un des premiers des rechercheîY sphygraomanométriques, l'observation
du doigt ayant jusqu'ici été sente utilisée, arrive à cette conclusion : « Je crois avoir
démontré que dans la Oôvre la pression artérielle augmente d'un tiers, et quelquefois
m^me de moitié, de 30 k 6(i millimètres en plus. »
Aii.NH£iïi : « Dans la fièvre typhoïde, l'auf^rnentation de pression est évidente; elle suit
•iane marche f>arallèle à la température axillaire, atteignant son maximum pendant te
ffastigiam, descendant avec la défervesceiice. Dan» la lièvre récurrente» le maximum de
tension est atteint pendant le paroxysme de la lièvre, et descend pendant Tapyrexie,
tnais moins rapidement que la courbe Ihermique. »
EcREftT : « Les processus fébriles aifçus et à rapides évolutions s'accompagnent d'une
élévation de pression très nette; on retrouve cette élévation dans les ûi'vres de longues
durées, mais seulement au début. »
Pour RiKGKL et Wet/.kl, au contraire, il y a antagonisme complet entre la pression et
la leropérature : chaque lois que la température s'élève, la pression baisse, et elle
ne remonte que si la courbe thermique tend à la normale. En outre, les données du
spbygmomanométre coïncident avec les oscillations du dicrotisme données par les
sphygmographes. Bascii, malgré de nombreuses recherches, déclare nettement que,
si l'on pose la question de savoir si la lièvre augmente ou diminue la pression, on ne
peut répondre ni oui ni non. Wjegvsb déclare qu'il n^existe aucune corrélatmn entre
Jes variations de la pression et la courbe thermique, et, contrairemetit à Wetzel, il ne
peut retrouver le rapport admis par celui-ci entre le dicrolisme et la chute de ta tension
-sanguine.
PoTAiN, dans un grand nombre d'observations de maladies diiïérenles, trouve les
moyennes suivantes : dans la phtisie, une pression de 12; dans la lièvre typhoïdetl3;
-dans le rhumatisme articulaire aigu, 14; dans la pneumonie^ 15; dans l'embarras gastrique
fébrile, 15,1»; alors que la pression normale oseille entre 16 et 17; c'est ce dernier cbi^re
-que Ton observe pendant la convalescence. Mais, si les maladies fébriles abaissent en
général la pression, Pot.vin fait remarquer que dans le cours même de la maladie on
voit les élévations rapides de la tejnpérature s'accompagner d'une élévation plus ou
TDoins forte de la pression, de sorte que les courbes se suivent, non d'une façon absolue,
mais en général à peu près exactement; et dans les brusques déferveseences on note en
même temps un abaissement de la pression. On peut citer deux exemples de ces faits,
empruntes à Potain. Un homme de 41 ans, le cinquième jour d'une pneumonie, a 40*2,
IDO pulsations et 15 de pression: le sixième jour, 30*», 108 pulsations et iZ de pression; le
septième jour, défervesrence et 37^2, 72 pulsations et 13,3 de pression. Un garçon de
IB ans, cinquième jour de pneumonie : 40*^92 pulsations et 10 de pression; te septième
jour la température tombe à 37<*, le pouls à 61 et la pression à 8|3,
DÏCT. t>B PHYSIOLOOIE, — TOMB Vi. 29
450
FIÈVRE.
Quand la défervescence est en Itjsù^ la chute de pression sait parfois la même mar-
che progressive.
Deuï fadeurs antagonistes entrent en jeu ici': d*Aine part rinfection, qui a poar effet
de diminuer la tension san^iuine, — et, dans les maladies infectieuses, ce facteur étant
dorainaiil, on constate un abaissement; — d^autre'part le mouvement fébrile considéré
en lui-même, qui agirait comme hypertensenr. Ce dernier effet est en réalité plutôt
intermittent, et il sera d'autant plus marqué que la tension moyenne de la période morbide
sera inférieore h la uormale.
Vitease du courant sanguin. — La rapidité de la circulation est-elle aug'meutèe
pendant la fièvre? Geppbrt avait émis fhypotliése qu'il devait eu être ainsi ; mais VituotW
avait observé qu'il était irrationnel de conclure de l'accélération des balleraenls du
cœur à l'accélération de la vitesse du sang, le cœur envoyant une quantité de liqo
mo indice à cbaque contraction.
HuETER, en utilisant le Stromuhr de Ludwig, a trouvé, en effet, que chez tes animS
fébricilants la vitesse du san^ dans la carotide était nettement ralentie. Ce travaillai
vivement critiqué par Bern au point de vue expérimental; mais sur ce point spé
nous ne connaissons pas d'autres travaux.
Toutefois on peut poser la question autrement : la durée totale du cycle sang
est^lle modillée pendant la fièvre?
Hêhing^ à Taide de sa méthode» trouve que, lorsque le pouls est très accéléré, il y a un
allongement très marqué daus la durée de la circulation. Wolff, avec la méthode i
Hebianj>[, étudie la circulation des lapins fébi'icitants. Après avoir établi que. sur un lafj
normal de 2^,200» ta durée de la drrututîon est de 5,t5 secondes, il trouve chei le méû
animal, ayant une température tie 40«5,iin ralentissement très marqué, soît eo moyeone
7,3 secondes. Toutefois il note deux cas où, malgré une température de 40°4, la durée
o*a pas été modifiée et reste à5.'j secondes : il déclare qu'il est impossible de conclure ^i
te ralentissement observé en général est dû à rîofection ou à l'élévatioa de la tempé-
rature,
11 résulte cependant de l'ensemble de ces travaux que la rapidité de la cîrculatiou
du sang parait ralentie pendant la fièvre,
I V. ^ TROUBLES DES FONCTIONS RÉNALES
Meâlflcations de rurine en général* Ouantlté des urines. — Dans les fié
à courtes périodes, dans les accès de îiévre intermittente par exemple, la quantité
urines augmente pendant le stade du frisson, et la densité diminue; pendant le stade
de chaleur, et surtout pendant celui de sueur, la quantité diminue très nettement Jt
densité augmente, et par refroidissement les urines laissent déposer un précipité plus ou
moins abondant d*u rates,
Dans les lièvres continues, si le malade boit peu, ou tout au moins absorbe autant de
liquides que dans les conditions ^de santé, la quantité des urines est plutôt diminuée.
La moyenne oscille entre 800 et 1 100 c. c. (hommes adultes), avec un»^ derisilé de lOIU».
Senatoh admet que, dans ces cas, un tiers seulement de l'eau absorbée est éliminée par
le rein, alors qïi'a Tétat normal la moitié de Feau passe par cette voie.
La diurèse peut encore être très diminuée, si les sueurs sont abondantes, comme dao»
les longues crises de rhumatisme articulaire, ou bien encore si la respiration tend au
type polypnéique. Dans ces deux cas, lelimination aqueuse se fait néanmoins, mais cer-
tains processus fébriles peuvent se compliquer soit d'aîfectîon rénale, soit d'altération
du cirur, et alors Teau s'accumule dans rorf.,'anisme. Mais souvent» par suite soit de !i
soif du malade, soit d'une thérapeutique appropriée, la quantité de liquide ingérée p««t
provoquer une éhmination urinaire considérable, dépassant de beaucoup le chiffre nor-
mal; Turine alors, par suite de sa dilution, perd les caractères extérieurs de Tunne
fébriïe, et peut être plus claire qu'à Télat de santé.
Chez un fébricitant qui boit peu et dont la quantité d'urine se maintient au chiflrr
moyen ou le dépasse, il faut toujours songer soit à une altération du rein (mal de BwigïtI
soit au diabète. Avec Tétai fébrile simple* la polyurie disparaît, alors qu'elle persiste ciie;
les album inuriques.
FIÈVRE.
i51
nand la tempéralore s'abaiste, penilant le stade épicrilique, on observe géaérale-
'ment une grande décharge urinaire, pouvant dépasser trois à quatre litres et persistant
I pendant plusieurs jours, quelquefois même une semaine. C'est surtout dans lu pneumonie
H dans la scarlatine que cette abondante diurèse se manifeste. Cette cri^e urinaire est
Oioios accusée dans la fl^-vre typhoïde, mais la courbe des urines» dans cette maladie,
augmente sensiblement avant la chute finale de la tempérât ure^ et elle se maintient à
un taux élevé pendant la longue convalescence.
Dans les afTections de longue durée, s'accompagnant de poussées fébriles irrégu-
li^res, comme dans la tuberculose et la septicémie, on observe, avec de grandes variations,
fklot^t une diminution de la sécrétion urinaire. Vov Nooiiden, observant deax malades
; atteints de septicémie chronique, avec des oscillations de 37^ h 39^, a constaté, dans une
observation qui a duré cinq jours, que la quantité d'urine représentait plus de la moitié
de IVau introduite dans l'organisme.
ftllmination des éléments normaux azotés de ruHne (Vrée, \, p. 440). —
éiÛdê ttri'jue. — Les travaux sur réliniination de l'acide urique dans les maladies
fébriiessont très nombreux : malheureusement les procédés de dosage sont souvent très
défectueux. BâBTELs admet que pendant la fièvre l'aeide urique augniente d'une façon
constante ei surtout par rapport à l'urée éliminée. C'est principalement dans la période
de défervescence que cette augmentation se manifeste ; il y aurait alors une véritable
décharge urique. B\htels explique ainsi la courbe obtenue: l'acide urique est le résultat
d'une combustion imparfaite; or, pendant la défervescence, les processus d'oxydation
sont ralentis, et alors l'acide uriqne se forme en plus grande quantité.
Les analyses de Gsrdk*; conlirment, sinon la théorie de Babtels très discutée aujour-
d'hui* au moins les variations de facide urique.
Pneumonie croupale, Itl anst doraat 5 joars et donnant lie a à une b^pertberaile
oscltlant eatre 38* et 40*^6.
i jours do fiovre. . . , , ,
3 jours de déferTescence. .
9 jours de convalescence. .
Fièvro tvphoïde, 15 an» :
Pendant la fli5vre, 19 joura
Défervescence, i jours. . <
4GU)B uarQUB.
Mtgreane.
1,80
m* TOTAJL..
2,34
2,01
3,02
3,15
tra
■ ain
Le dépôt d'acide urique ou d'urates par le refroidissement de l'urine ne peut donner
qu'une indication très relative^ le précipité étant fonction de la concentration de l'urine
et des variations des autres sels, surtout des sels phosphatiques.
S*il est aujourd'hui bien établi qu'il se produit ordinairement une décharge urîque
au moment de la chute de température, il est plus difficile d'afllrmer les modifications
que subit l'élimination de cet acide pendant la période fébrile niêuie. Les oscillations
constatées sont en réalité dans les limites de celles qu'on observe à l'état normal* Et on sait
que ces oscillations chez l'bomme sain sont d'une g-rande amplitude. Scbeude admet que
dans les fièvres la courbe de l'élimination urique suit celle de l'urée, Gkrdes, vox Nooboex
trouvent des chilTres très contradictoires. Chez certains sujets, alors que l'urée varie
ormémenl d'un jour sur l'autre, le taux de l'acide urique ne varie presque pas; chez
É'autres on observe un phénomène inverse: l'urée oscille peu, et l'acide urique varie du
simple au double à deux jours d*intervalle.
Vo?t NooBDENcile l'exemple suivant :
45i FIÈVRE.
Tuberculose palmonalra arec hypertberinle continoe (38"9 II 40*). Fille de 21 ans.
URINE.
AZOTE.
AZOTE
DE L'ACttiR rHrQUB. '
AZOTE TOT4L,
i" jour
2* jour
3* jour. , . . .
4" jour, ....
lOÛO
î>50
1U20
12,2
12
11,8
U
6,28
0,1S
0,40
0,42
2,3
3.4
3
HoBBACZEWBi ayant émis l'opinion q(ie la formalioo de Tacide urique a liea aux dépens
des îeiïcocytes» on aurait dû trouver, d'après celle théorie, des variations împorUntes
dans (es maladies infectieuses fébriles, quand elles provoquent uneleucocylose variable.
Or JAtiscï! indique^ précisément dans la pneumonie» maladie essenliellemenL leucocytaire,
une augmentalion de Tacide urique dans le sang, alors qae dans la fîèvre typhoide. où
ta leucocytose est moins accentuée, le sang esl pauvre en acide urique.
Baltalowosry trouve également que l'élimination urtque est plus forte chez le pnca-
monique que cbeï le typliiqiie, pour un état fébrile analogue*
Crèatine. —La créaline est augmentée pendant Tétat fébrile (Hofhann, Muxr, Schotte*!.
Si Ton tient compte de la faible alimetilation en viande des fébricitants» cet excès petit
s'expliquer par la destruction du tissu musculaire du sujet, qui présente une véritable
autodigestion. Pendant la convalescence, Munk signale une diminution de créatine. et il
attribue ce fait h ce que les albuminoïdes absorbés sont utilisés en grande partie pour
la réfection musculaire.
L'élude de Féltminalion créalinique, faite par Baldi sur Succi pendant ses trente jou«
de jeune, montre que le rapport entre l'azote total et l'azote de la créatine dansées
conditions reste constant, variant de 12 À 15.
Acide hippurique. — L'acide hippurique est toujours en quantité très faible chei
l'homme, et les observations sont peu probantes. Mais les recherches expérimentales
faites cheï les lapins el les chiens fébricitants par Anret* cIWeil conduisent à des déduc-
tions intéressantes. On sait que, quand on donne à un herbivore normal de l*acide bea-
zoïque, ce corps s'élimine par les orines sous forme d'acide hippuriqtie, par suite de m
combinaison avec le glycocolle; el en outre, d'après Scbiiedkberg, que, contrairement à
ce qui se passe pour les autres prodoits éliminés par le rein, Tacide hippurique se forme
dans la glande rénale même. Or, chez les animaui fébricitants, Tacide henzoïque inj:^rè
est éliminé sous sa forme primitive. On [lourrait admettre, il est vrai, qae leglycocolleei!
détruit pendant le processus fébrile, mais, même en ajoutant du gljcocolle à ralimcn-
talion, la synthèse ne se fait pas, ou se fait maL On peut donc conclure de ces expériences
que Taclivité spéciale de la glande rénale, en dehors de ses fonctions éliminatrice*,
esl altérée pendant le stade fébrile.
Albuminurk, — L*albuminurie est assez fréquente dans les maladies fébriles, mais
iurtout dans la scarlatine; 77 p. 100; rérysipèle, 67 p* 100; la pneuuiouie, 74 p, <'*wi f:.
malaria, 75 p. 100 (HtJBE.NER).
Généralement, quand il n'y a pas eu de lésions permanentes du rein, ralbumiue
disparaît dans les deux ou trois jours qui suivent le fastîgium.
L'albumine de Turine est un mélange des deux albumines du sang, ta sérumglobulioe
el la sérumalburnine. V. Noorden a recherché chez dix fébricitants atteints de maladies
diverses la proportion de ces deux proléides, en uli lisant ta méthode de Kandeh et Pohl
De ses analyses ou ne peut tirer aucune déduction, en ce qui concerne Tioftaence de 11
fièvre sur le quotient protéique : ■ . . .. . Dans la fièvre typhoïde, par exemple, il troiiit
tantôt 25 p. 100, tantdt 5G p. 100 de glohuline. Dans la pneumonie, la proportion et
glohuline parait cependant atteindre son maximum, S8-C9 p. 100. Dans la pneumonia
on trouve une substance précipilahle par l'acide acétique après fi Itratlon de ïuriût
chauffée el refroid ie^ et qui paraît être une nucléo-albumine.
FIÈVRE,
45?
»
I
L'albamintirie 5*a€compaf?nanl trèa fréquemment de la présence de cylindres hyalins
<iaiis Tnrine, il y a lieu de s»? demander si elle n*est pas consécutive à une népbriîc
l^rovoquée par les Loxines produiles dans le cours de rinfection pyrétogène. Il est probable
cepeudanl que deux facteurs peuvent entrer en jeu : la néphrite toxique et les troubles
fm$o-nioteurs liés esseutiellement À la fièvre.
Albumostirie, — La peplonurie nu albumosurie se rencontre fréquemment dans la
période fébrile^ et elle paraît liée à la deslruclion des tissus du malade.
La pneumonie croupale, surtout pendaut la période de résoliïlîon de l'exsudat ou pen-
dant la crise, est une des affections où on rencontre les peptones en pïus grande abon-
dance (N'acnyx). On trouve également la peplonurie dans le rhumatisme articulaire ai^u,
quand les épancheraents se résorbent rapidement; dans Térysipèle. au moment où Tin-
fillration de la peau est en régres*iion. Eniin, partout où il y aune suppuration localisée,
on peut rencontrer la peptonurie : pleurésie purulente, tuberculose, ostéomyélite, etc.
Quand le diagnostic d'un foyer purulent est nettement posé, et que la peptonurie
n'existe pas, on est autorisé à conclure que la rt'^sorption n*a pas lieu*
Expérimentalement cette albumosurie peut tHre obtenue en provoquant une destruc-
tion rapide des tissus par l'intoxication phosphorée.
Pour expliquer la peptonurie observée dans]le cours de la convalescence de la Rèvre
typhoïde, on a évoqué la même cause» à savoir la résorption des glandes de LtEBBRKCBN»
hyperplasiées pendant le cours de la maladie. Toutefois une seconde hypothèse a été
émise par Maixner, et elle paraît applicable à tous les cas de peplonurie coexistant avec
une altération de la muqueuse intestinale : la pepione des urines serait d*origine alimen-
taire (peptonurie enlérogêne;. La muqueuse intestinale, profondément lésée, aurait perdu
la propriété de transformer de nouveau les peptones du contenu intestinal en sérum-
globuline et sérumalbumine, et les peptones, pénétrant alors dans le sang, seraient
éliminées par les reins.
Y a-t-il lieu de distinguer parmi len produits protéiques qui passent dans i*urine les
différents corps qui se forment pendant le clivage^ de la molécole aihuminoîde? Bnuciiiî
différenciait ainsi rbémialbumosurie de ta peptonurie. GREG0!ïA\T2et Senator ont signalé
chez les fébricîtants une substance prot^'-ique dans les urines, soluhleà chaud et se pré-
dpîtant par le reFroi disse ment. Von Noordkn pense que les peptones proprement dites
n'existent que très rarement dans les urines, qu'il n'y a pas de peplonurie, mais , des
albumosuries, les différents produits du clivage pouvant se rencontrer. A vrai dire» les
données actuelles relatives à ces corps multiples, et sans doute très instables, ne per-
mettent pas d'émettre actuellement des opinions arrêtées sur les caractères différenciels
de ces albumosuries»
Êliminaiion des corpa aromatiques* — En 1881, RRrECER] signala Télimination de
certains corps aromatiques dans les fièvres, telles que la scarlatine, la diphtérie. Par-
tant de ce fait que ces divers corps, phénols, crésols, se forment par suite des processus
de la putréfaction; il en concluait que ces maladies devaient être considérées comme
des*maladies de putréfaction : Faulnhakmnkheiten. Eu admettant cette opinion, on peut
cipiiquer le cycle de certaines affections par le rù\ù de ces phénols, qui, s*accumulant
dans l'organisme, arrivent à s'opposer au développement des germes morbides, d'où la
guérison spotnanée.
Haldane a repris cette question en 18SS, mais il s'est borné à Tétnde des variations
des corps su Ifo -conjugués de l'urine dans la scarlatine ;f il fait remarquer que, dans la
pyohémie et dans la dipht^'^rie, il peut exister des foyers purulents qui ne permettent
pas de conclure à rimportance exclusive du processus fébrile.
Le rapport des pbényl-sulfates aux sulfates est, d'après Vin der Vklde>\ de 1/tO.
Dans la scarlatine, il trouve comme chiffres moyens i/18. soit if il pendant la période
d'hyperthermie, et i/2t pendant la convalescence. Il y a donc diminution très nette de
l'élimination des corps aromatiques pendant la fièvre de la scarlatine, La diphtérie donne
i/t2, soit encore une diminution,
Diazoreaclion, — La diazoréaction d'EuRUCU consiste en une belle coloration rouge
que prend le mélange 4 parties égales d*urine et du réactif d'EunucH au moment où l'on
alcali nise ce mélange avec quelques gouttes d'ammoniaque* Cette coloration est due à la
présence de corps azotés encore mal déterminés. Tout ce que l'on peut affirmer, c*est
454
FIÈVRE,
raire- !
que ceUe réactton n'a pas lieu avec les urines d*uri sujet normal, alors qu'elle se reo-
contre dans beaucoup de cas pathologiques ; la substance qui produit la réaction pou-
vaul provenir de la décomposition des protéides de Forganisme, ou, d'après Nïsscx, df
La transformation destoiînes microbieones dans le caiirs de rinfection.
D'après Germai^ï Sée, on constate souvent la réaction d'EHftucu dans les atreclioni
fébriles graves^ âans que cependant elle dépende de la lièvre. Elle se retrouve çonstam
menl dans la rougeole, la fièvre typboide, alors qu'elle manque constamment dam It
pneumonie et la diphti^rie. Elle est variable dans les autres maladies fébriles. Contraire-
ment à celto opinion de Gehmaïn Ske, W Noorden donne la diazoré action coin me
fréquente dans la pneumonie» la diplilérie, la scarlatint'.
M*>me contradiction en ce qui concerne Tinfluence de la température» cliez les ti
culeux tout au moins. Elle seiait nulle, d'après V. Noorden, alors que pour d'autres
teurs la diaioréaclion coïnciderait avec la poussée fébrile.;Cette réaction est surtout utile
dans la fièvre typiioîde, où elle serait constante du sixième au dixième jour (RnriRa).
Elle permet de dilférencier rapidement la lièvre lypboïde de Tembarras gastnqoe
fébrile. GERaAaoT et V. Noordkn insistent sur la constance de cette réaction chez tes
tjphjques, m^^ne quand ces derniers sont apyrétiques. D'après V. Noohden, dans tout état
morbide généralisé et oii le diagnostic est en suspens, quand oo trouve la réaction
d'EuRLicH, on doit soupçonner une infection typbitine.
Ammoniaque. — La quantité d'ammoniaque est sensihlement'augnaeDtée dans le coori
des fièvres (Dlxhek, Koppe, Hallervorden, Lelbe, Bouland* fiuupp.etcO- Au lieu du chiiïrt
j /v*, .^ 4 * t. ^ w _* Ai. ammouiic4l
moyen de 0^,7 par jour, on peut trouver jusqu à 2 grammes. Le rapport ^ — ,
au lieu d'osciller autour de 5 p. 100, atteint de 10 à 12 p^lOO.
Pendant la convalescence, Tammoniaque diniitmeraiti d'apr**s HALLERvoanEN, et
rait au-dessous du cIiîfTre normal; ttuMPF, au contraire, trouve que raugmenlationpci
pendant cette période. Cet excès d ammoniaque est li^^ à la production plus
d'acides, et il servirait à les neutraliser et k les e:npAçher de soustraire les alcalis
rorganisme. Ruiipp^ ayant alors pensé que Tammûntaque résultait de Taetion directe dei
fermentations microbiennes, a cherché si les cultures des divers agents pathogènes
fournissaient une quantité appréciable de ce corps, 11 est arrivé à des résultats plutiït
négatifs, les bacilles du choléra, les streptocoques et staphytocoques seuls donnant u a
peu d'ammoniaque,
ÉtlminatLon des corps non azotés. — Acéîùnurie, — L*acélone n'existe dan»
l'urine normale qu'à i élat de traces non dosables, soit moins d'un centigramme p4r
24 heures. Dans la Ûévre, cette quantité est sensiblement augmentée. Il ne parait pi*
toutefois que cet eic»*s soit dû à Thyperthermie; car les fièvres types, telle» que les
fièvres intermittentes, donnent bien moins d'acétone que les fièvres continues (Jaucï)»
D'après ce dernier auteur, on trouverait, dans les pneumonies graves surtout, l'acétoat
non seulement dans Turine. mais aussi dans les fèces et dans l'air expiré. L*acétooe *ê
rencontre du reste en dehoi*» de la pyrexie. Von Noorokn indique une augmentation et
l'acétone dans les cas de lièvre typhoïde, de pneumonie, d'angines apyrétiques. H fiul
remarquer que, d'après Jaisch et Mi llkr, on trouve cette substance en quantilé apjjrê*
ciable chez les sujets sains, mais à Tétat d'inanition, et que les malades sont précisénieat
dans ce cas.
Acide diacétique. — L'acide diacétique a été signalé dans l'urine des fébricilanls paf
Jarsch; sa présence aggraverait le diagnostic, au moins chez Tadulte, car cbei l«
enfants la diacéline est relativement fréquente (SrjjAcit, Baginsky]. V"qn Nooroeï 00
pense pas que la diacétine soit si rare et surtout si grave chez Tadulte; elle ne sérail
pas liée au syndrome fébrile proprement dit, puisque dans les maladies chrooiqa».
dans la phtisie notamment, elle se rencontre assez souvent, aussi bien pendaal If»
périodes apyrétiqnes que pendant les accès fébriles. C'estsurtout l'état d'inanition proro-
qué par une inappétence complète qui inlluerait sur Texcrétion de l'acide diacéliqae.
Acides gras, — Les acides gras n'existent pas dans rurine normale, ou du moins Ifuf
quantité est presque impondérable, puisque le chiffre le plus élevé signab.^ par JAfciOî
serait de 0,008 par jour. Dans les infections avec lièvre on peut constater une lipiiculane,
l'acide gras pouvant varier suivant les cas, Roiitansky, chez un pneumonique, trouve 0,50
FIÈVRE.
455
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I
I
d'acides gras poor Tingt-qualre heures; Jaicb,0»10 d'acide acétique dans le rhumatisme
articulaire aigu. Vo\ Noohdkn signale de Taeide lactique dans rurine d'un typbique,
QmaiU à rorigine de ces acides* elle est discutée; elle peut provenir de riiUeslin, par
suite de troabies dans la résorpltonp ou par suite de perturbations dans le cataboiisme
des tissus.
Élimination des éléments minéraux. — Chlorures* — L'éUmination du chlorure
de sodium est diminuée pendant la période d'augmeot des fièvres en grénéral; il faut
toutefois faire une exception pour les fièvres intermiltentes, où Ton observe un pliéno-
m(>De inverse* Rbdtejîbacheb, tjni avait constaté ie premier celte, diminution des chlorures
dans le cours de la pueumonie, avait cm qu'il s'agissait là d'un cas spécial à cette
aliection et Favait raltaché à la formation de Texsudat; mais celle dimînulion, qui peut
aller jusqu'à la disparition totale du NaCl dans les urines, fui observée ensuite dans les
autres états fébriles par Jul. Vogel, Lîmhuh, Trauëb, BùuMJkNN.
Traudb pensait que les chlorures absorbés ne passaient plus par les reins.
RoBMAN.'^ a fait l'étude minuLieuse de cette question. Dans la pneumonie, le typhus
exanthémalique. la rougeole» il constate que le minimum d'élimination correspond à
Tacmé de la courbe thermique^ le maximum à la période de crise. La quantité de chlo-
rures dans les fèces est normale; il s'agit donc bien d'une rétention, pui^^que les chlo-
rures sont absorbés par l'inlestïn. Aussi Hohmann, et plus tard A* Iîautieb, expliqïient-ils
c^tle diminution par une altération des échanges intra^orgaiiiques. Il y aurait, au
cours de la lièvre, rétention des corps albuminoldes, et ceux-ci retiennent avec eux NaCI.
(Il s agit évidemment de KCl et non de NaGl ; mais les dosages sont généralement évalués
en NaCl, sans que Ton difTérencie les deux sels.)
Cette rétention des albuminoides dans le cours de la période fébrile est loin d'être
démontrée, et Tfrray, qui constate comme Rohmann la diminution des chlorures, se rat-
tache aune antre opinion. Il s'appuie sur un fait établi par LEYi>EN,que| pendant la fièvre,
l'eau est retenue dans Torganisme : les tissus deviennent plus riches en eau, et p<ir suite
retiennent ptus de chlorures; c'est encore la même opinion que nous trouvons défendue
par luuDEXHEiMER. Kast émet une autre hypothèse, surtout applicable au cas opposé,
c'est-à-dire à la fièvre intermittente, où raugmentation de l'élimination des chlorures
coïncide avec le paroxysme de la flt-vre. Fendant la période fébrile il y a destrurtian
des hématies, et mise en liberté de chlore, Quand il y a formation JVxsudat, le chlore
est retenu dans l'organisme; maïs, quand ce processus fait défaut» il doit y avoir au
coulraire augmentation. Tel est précisément Le cas de la fièvre in term illente*
Ueaz, Vogkl, F»ânrel, Korany, Tehhav, admettent tous une augmentation coïncidant
avec l'accès : cependant Uulë et Gûssler soutiennent une opinion opposée.
Mossé. dans la période de convalescence de la lièvre iulermittente, signale une
polyurie accompagnée d'une élimination énorme des chlorures, jusqu'à 05 grammes de
NaCl dans les vingt-quatre heures.
Hftii*Ptoci et V. Cacclni ont fait de nombreux dosages méthodiques chez des pala-
diques : sur 37 cas, Téliminalion totale des chlorures pendant la crise a été augmentée
22 fois, diminuée ou simplement non moditiée dans les autres cas.
L^aogmenlalion de Texcrétion chlorurée coïncide le plus souvent avec Tau gmen ta-
lion de la sécrétion rénale; elle existerait surtout au début, et s'expliquerait par la
destruction des globules rouges, suivant la théorie de Kast, et par Télévation de pression
sanguine au moment du frisson, ce qui entraîne une augmentation de la sécrétion.
Acide siitfurique, — L'élimination des sulfates suit une marche parallèle à telle de
Taiote : elle est liée à la destruction des albuminoides. Toutefois une partie du soufre
provenant de la protéolyse peut être imparfaitement oxydé, et donner des combinaisons
organiques avec les phénols» ainsi que nous le signalons plus haut.
Potasse. — Augmentation pendant la période fébrile^ et rétention pendant la convales-
cence, r/est-à-dire au moment de la reconstitution des tissus : telle est la conclusion du
travail de Salkowski.
jici(/e phmphorique. — Oscillations très variables» même en tenant compte de l'état
de nutrition des fébricitants. Alors que les uns (Edlessex, A. Robin, Grimm) signalent une
pïQ-
augmentation sensible dans le rapport
Az
de Turine, d'autres auteurs (RosexsteiNp
456
FIÈVRE.
RosENFELD, Prïbbaii, CARfo) IrouTént une diminution pendanl la période aignè des fièrxys
infectieuses, suivie ensuite d'une décharge phosphafuHque. Il y aurait donc retenti on des
phospbatesj attribuahïe, soit à une altération fonrlionnelle du filtre rénal (Fleiscberj,
soit à une byper-leucocjtoso eiigeanl une certaine quantité de phosphore (EoLEssijiji,
Tô^clté urinaire — En I88*i, Bouchard signala dans Turiiie des typhiques It
présence d'alcaloïdes en quantité apprédable. En 1884^ R, Lépixe et Aubeut montraient
que dans les urines fébriles les tnatièreii toxîqui^s de nature organique augmentent
«onsidérablemenl» alors que les poisons minéraux ne subissent pas de variations. Let
rechercbes failes sur la toiicité des urines dans les maladies infectieuse.^ tendent
cependant en général à celte conclusion : pendant la période de pyreiie, la toxicité
urinaire est normale» ou faiblement augmentée ;5 mais elle augmente brusqoenient
pendant la défervescence. 11 y a à ce moment une crise [urotoxique (AucHiel Jo.^cEinr
dans la Tariolei MiZAtiD dans la scarlatine» Bouchard dans la lièvre typhoïde, Rooic
et Lkmoine dans !a (lèvre inlennittente).
Toute lois, alors que Mazaco trouve que la courbe uratoxique ne s'élève qu'après U
cliule thermique (dans la scarlatine), Roger (dans la pneumonie) indique que cette oriîe
précède souvent la defcrvescence de vingt-fjualre heures. Dans plusieurs cas de pneu-
monie à rechutes successives, Roger signale que chaque poussée hyperthermique coin-
cidaiL avec une chute de la courbe urotoxique. La décharge urotoxique ne serait pàs
la cause de la défervescence, mais seulement la conséquence.
§. VI. — TROUBLES DES FONCTIONS HËMATIÛUES
Modlflcationfi du san^. — La composition chimique du sang Tarie généraleroenl
peu dans les lièvres aigm*s. La densité présente des oscillations très variables, tantôt
positives» lanl«M négatives. Cl» Bernard signale une augmentation de la densité, qo'il
attribue à la perle d'eau par évaporation pulmonaire ou cutanée» Celle augmentation est
certainement une exception ; les sujets fébriles compensent, et au delà, les pertes de
l'eau d*évaporation par la quantité de liquide qu'ils absorbent, et, d'autre part, la rési-
stance du sang à maintenir son équilibre physique et chimique est telle, que, chcî
des chiens rendus hyperthermiqties et présentant une polypnée intense , GAUTHELm' et
Langlois ont vu que la densité du sang n'augmentait sensiblement que lorsque ces
animaux avaient perdu II» p. 1000 de leur poids lolaL L'augmentation de la densité
est alors en moyenne de 10 p» iOQO, c^est-à-dire que la densité, qui est primitivement
de H)00, passe linalement à 1070. Quand la déshydratation générale se cootinue. It
résistance du sang est telle, que l'on peut constater des pertes de 44 p. 1000, sans qa'alorf
la concentration du sang augmente. On voit donc que le sang prend aux tissus Teau
nécessaire à la lutte thermique, en maintenant avec la plus grande énergie sa constitu-
tion normale.
Dans les dernières périodes d*une fièvre on note très souvent une diminution notable
de la densité du'sang. V. Nooh&en signale, en effet, que Texlrait sec peut alors dimintier
d'un tiers, celle diminution portant sur les éléments figurés. Mais le fait doit surtout être
attribué à Tétat de jeÛue où se trouvent les malades, car très rapidement, avec la reprise
de l'alimentation, le sang récupère ses élémenls^'^Une donnée importante et qui parut
manquer totalement, serait de connaître les oscillations de la quantité de sang pendant
la durée de la maladie. Y. Noordex croît qu'il y a souvent diminution de la masst
totale, Nous devons rappeler .seulement que^ dans les [recherches de Lukjanoff sur les
variations de la quantité de sang chez les lapins soumis à finanition, cet auteur a can-
slaté que le rapport entre la quantité de sang et le poids total restait constant, soit, pour
le lapin, 1;2L 11 est probable qu'il doit en être ainsi pendant les périodes d'amaigris-
sement morbide.
Les oscillations dans ta proportion de l'hémoglobine sont tellement variables qu'il nt
impossible de tirer une déduction quelconque des cbilfres cil»is par les auteurs. L'anéiaie
caractérisée f*ar la chute du nombre des hématies et la diminution de rhémoglobioe es!
cependant très fréquenle,
Y-a-t*il destruction exagérée de rhémoglobîne pendant te stade fébrile? La coostaU-
îon directe d'une variation de celte substance dans le sang est insunisante poor per-
FIÈVRE.
457
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»
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I
)
mettre une déduction^ paisqa*on ne connaît pas les oscillations de la masse sanguine elle-
métne.
fi faut rechercher dans les excréta les produits de décomposition de Thémoglobine, le
fer et les pigments biliaires. La recherche dn fer dans les fèces, attendu que les urines
n'en reofermant jamais que des traces â peine dosables, présente des difficultés telles,
même arec les méthodes si sensibles de LAprcgeE, de Jolles, que l'on ne peut compter
sur des résultats probants. Le seraient-ils, qu*tl ftiudrait encore compter sur réiimination
du fer par les autres tissus : cheveui, poils, glandes cutanées, et enûn sur la rétention
du fer dans Torganisme : dans le foif^, la rate et les autres appareils frlandulaires.
La transformation du pigment hémof^lobine en pigments biliaires est un facteur
pins démonstratif de ta destraction de Fliémo^'Iobine. L'apparition en quantiti^ notable
de rbydrobilirubine dans les urines a été notée par nn certain nombre d'auteurs; en
même temps les matières fécales contiennent des quantités sensibles de pigments
biliaires plus ou moins transformés (Gerhardt, Viglkzio» Ti^sier, Hoppe-Seyler}.
Toutefois VoGEL, qui a beaucoup étudié cette question* fait remarquer Timporlance du
dosage simultané de t'bydrobilirubine dans l'urine et dans les fèces. L'examen purement
rolorimétriqiie de Turiue ne saurait donner d'indic^itions eiactes sur l'intensité de la
destruction du pigment sanguin. La concentration de fiirine d'une part, mais surtout
Texistence dans Turine d'autres substances colorantes qui n'c»ul aucun lien d'origine
avec Thémoglobinef condui raient à des résultats absolument erronés.
Dans les intoxications expérimentales^ avec élévation de température, notamment
après les injections de tubcrculine, on observe une élévation très forte de réiiminatîon
totale de Thydrobilirubine (HoprE-SEvtEa), Kraus signale dans le sérum des fébricitants
une diminution de la lécitbine, ce qui s'explique mal avec la destruction des globules
sanguins.
La cryoscopie du sang a donné lieu, depuis quelques années, à des recherches
importantes, mais il est difficile encore de déterminer quelles sont les variatioDS
apportées dans la pression osmotique sanguine par le processus fébrile lui-même,
BousQCET conclut que dans les maladies fébriles qui ne portent pas réeUement atteinte
à rhématose, Tabaisï^ement du point de congélation est amoindri dans la malaria,
rabaissement du point de congélation est maximum immédiatement avant l'accès
(— 0,621 pour diminuer ensuite (— 0,511 au point culminant et — O.^ig après raccès).
Mais dans les affections fébriles où l'hématose est gênée, comme dans la pneumonie,
la tension peut atteindre jusqu'il 0,78. Il suflU de faire disparaître la cyanose par des
inhalations d'oxygène pour voir s'abaisser la tension.
Hématie». -^ D'après Uayeu, les bématoblastes présenteraient des oscillations trèa
earaelêristiijues dans les différents stades de la Ûèvre. Pendant la période d'état, leur
nombre s'abaisserait, pour augmenter rapidement au moment de la défervescence. Ce
semt là « un fait capital et constant qui conslilue le phénomène le plus saillant et le plus
caractéristique de tous ceux que la numération des élémeuts du sang peut mettre en
évidence •». En quararite^huit heures leur nombre peut tripler, passer du rapport normal
de 1/18, à celui de 1/7; le numérateur se rapportant aux hématies. C'est en général
UD ou deux jours après le début de la défervescence que se produit cette augmentation :
après avoir atteint un maximum pendant le cours de la défervescence^ le taux
normal est retrouvé vers le dixième jour, HAYt:u considère cette poussée hématoblastique
comme rindite de la réfection des éléments hénioglobigénes du sang, et comme absolu-
ment indépendante de l'alimentation, la poussée précédant la reprise de cette dernit're.
Les hématies, toujours diaprés IIaveu, diminueraient pendant la période d'élat. Toute-
fois leur richesse en hémoglobine ne parait p.is diminuer pendant cette période. Les deux
courbes du nombre des globules et de Tintensité colorimétrique varient dans le même
sens, mais peudaiit la période de convalescence les deux courbes s'écartent brusquement.
L'hématopoîèse morphologique se faisant plus rapidement que l'hématopoièse nbimiiiue^
on constate que le nombre des hématies a atteint, mémn dépasséson chiffre normal,
alors que le taux de riiémo^^lobine est encore en dessous.
LeucoajteH. — Le nombre des leuixicytes peut varier extrêmement dans les difFérents
états fébriles; mais il faut songer aux dilférentes suppurations qui peuvent coïncider avec
rélévatioQ thermique. Dans la pneumonie, la leucocylose atteint des proportions considé*
FIÈVRE.
i59
F'
rvU
lement aUribnée à la plus f^rande quantité diacides eiiislanl d&ns le saiig et déplaçant
Tacide carbonique combiné aux alcalis ou même aux substances protinques.
Geppert trouve que la proportion d*oxygène ne subit pas d'oscillations pendant la
flèrre, alors que l'acide carbonique est en décroissance, quli n'y a aucune relation
entre le^ quaulités d'acide carboni*iue éliminées par la respiration et celles qui existent
dans le sang. La diminution de la leneur en CO^ ne dépendrait, d'après lui, que de la
diminution correspondante de falcalinité du sang. Les travaux poursuivis dans le labo-
ratoire de ScBKiEDEBKBG sont venus conOrmer celte opinion. Hess et Loghsinger» au
eontraire, ne voient dans la diminution de l'acide carbonique que Teffet d'une diminution
des processus d'oxydation dans les tissus : pourtant leur théorie, admissible dans les
ca^ d'intoxications où les échanges sont diminués, ne l'est plus dans la (lèvre où ils
sont, au contraire, augmentés.
Les recberclies de Geppkrt, confirmées par MrNSOwsKi, montrent que^ dans la fièvre
tique, la teneur ^en CO- du sang artériel est diminuée; mais que ta rapidité du
rythme respiratoire ne saurait être incriminée. Geppeht, sans faire de dosage du sang
feineux, et en partant de cette opinion que la rapidité du cours du sang chez led fébri*
citants est plutôt accélérée, conclut que le sang veineux doit être également plus paurre
en CO^ Nous avons vu que toutefois la plus grande rapidité de la circulation dan» les
fièvres est loin d'être démontrée.
MiNKOwsKi [,se ratlache complètement à l'opinion de Schmiedeberg, à savoir que la
diminution de GO^ est due à une diminution de 1 alcalinité du san^, provoquée par une
production d'acides plus grande. Ace propos, il rappelle qu'il a trouvé de Tacide lactique
dans le sang des chiens fébricitants. Les recherches de Miskowski montrent qu'il n'y a
pas de parallélisme entre la température du fébricitant et la diminution des gaz de son
sang. Dans certains cas d'hyper thermie, pour une élévation de l*^ on peut trouver une
diminution de CO- oscillant entre 5,3 p, 100 et 18, r» p. iOO. Du reste, chez les animaux
Injectés avec du pus, mais plutôt en hypothermie i38'^3, chien) la diminution de CO* est
manifeste également.[Ge sont donc les troubles métaboliques multiples, et la diminution
de Talcaleseence, non Thyperthermie, qui cher les fébricitants provoquent l'appauvris-
sement |en ce. Chei les animaux échauITés, peut-être faut-il faire intervenir d'autres
causes : la polypnée avec le balayage incessant du poumon, le travail musculaire^ etc.
Nous donnons ici les tableaux classiques de Mathieu et Chbain, mais il faut se rap-
peler qu^il s'agit d'animaux in soles, non d'animaux fébricitants.
Sangr artériel.
CRIKNS NORMAUX.
CHIFNS SOUMIS A L INSOLATION. 1
Température .
Rct pi râlions .
0.. , , . • .
Az. . , . • ,
CD*
39,6
2S
17
1,98
49,30
39,8 '
16
11.56
2,04
47,55
40,4
130
18,37
2
43,95
41
200
20,70
2,49
38,14
42
300
25
233
17,85
43
20O
11,79
1,83
14,15
On voit que l'acide carbonique est fortement diminué*
Les expériences faites sur les gaz du sang veineux montrent également que, à mesure
que la température propre de Tanimal augmente, la proportion de CÛ* décroît, en même
temps que la quantité d'oxygène; toutefois» dans les expériences où l'hyperthermie était
produite par l'insolation, au bout de deux ou trois heures, quand la température était
revenue à la normale, on constatait une élévation très marquée de la quantité de CO'
im
FIÈVRE,
S&Qg velneitz.
CHIENS NORMAUX.
Respi râlions .
0
At
CO*
39,5
22
il
2
39
18
9,90
2,2ÎÎ
54,15
CHIENS INSOLES-
ITflOLATtOM. 1 KKVRR A^uAs. 3 ffSU*B APVtti
H. 4
200
2
2
39
39,$
24
4,25
2,25
73.75
38,2
16
2.75
2
ti!,75
Âicatescence du sang, — L*alcalesceoce du san^ s'abaisse dans la fièvre. Ces! I*un de*
rares points qui paraissent nellement acquis. Les difTérentes méthodes de dosages, soil
par analyse des izaz (<iEppRKT, MiNKOwsKif, soit par des îitrages directs (iAXSCH, Ptii'E»,
DnoL'i.-vE) sonl venus conlirmer les observations de Pflugkb, de Zontz, de SKr*ATOR*
Il faut citer les résnllats discordants de biwY, de Lihbeck et Steindler, de Stoacss
Pour eux Tatcalinité du saoj^ augoventerait, ou varierait sans règle précise, dans les
maladies fébriles. Pour la majorité des auteurs, l'aîcaliniié du sang diminue chez lei
piieumoniques, k^s érysipélateux. Dans la fièvre typhoïde l'alcalmité s*êlève parfois légè-
rement au début de la maladie» puis subit une diminution progressive dans la suite. Il
en serait de même dans les fièvres éruptives, d'après Dessisves, Bere.vd et Pheïsich.
Cette diminution de la réaction alcaline ne parait pas due à uae diminuUo»
des alcalis du sang; nous verrons plus loin que Tamnioniaque est souvent aug-
mentée, mais elle proviendrait d'une augmentation des acides mis en liberté par la
destruction des albtiminoides. Bn outre des acides sulfiirique et phosphorique, il faut
tenir compte ries acides organiques les plus divers : formique, acétique, oxybutyrtqne^
lactique* Van Noorden indique une diminution de l'alcalinité telle que Ton peut neutra-
liser le sang avec 40 railtigramraes de NaOll, alors que le sang normal exige 250 milH-
grammes environ.
Toutefois il n'y a aucun rapport entre eette diminution de l'aîcalescence et ta tem-
pérature, les deux courbes ayant des rapports absolument irréguliers. Les recherches de
W»TTio\vsRv, poursuivies sur des animaux rendus hyperthermiques par la piqûre du cer*
veau, montrejjt d'ailleurs que Télévation pure et simple de la température reste sans effet
sur les réactions du sang. Chez les chiens échaulîés par rayonnement et maintenus pea»
dant plusieurs heures au-des«us de iO*", G.vltrelet et Langlois n'ont observé que de»
variations insignillantes de la réaction sanguine,
La quantité d'ammoniaque varie dans des proportions diverses. Wintbrberg, qui ehes.'
Thorame sain trouve dans le sang veineux des chiffres oscillant entre 0 »«iutf» ,ô et 1»*^"*^ J
pour 100 c. c, trouve chez les fébncîtants (érysipèle, scarlatine, pleurésie, pneumûtiie)
tanlét une augmentation notable, tantôt une diminulion; mais en réalité, chez le sujet
sain, ces oscillations, d'après i'auteur, varient du simple au double.
Fibrine. — L'étude de la fibrine, qui préoccupait tant les anciens cliniciens, parait
aujourd'hui reléguée au second plan. Et il faut remonter à Andral (1844), à Wdnderlïcii
(1845), pour trouver des observations détaillées sur les variations de la fibrine dans le&
différentes affections fébriles.
Le sang d'un individu sain renferme tout au plus 0,4 de fibrine p. 10€. Dans un cer-
tain nombre de processus fébriles, ce cliiffre peut atteindre 1,3 p. 100. Deux affection»
pyrétiques sont surtout accompagnées d'une hyperinose ou hyperflbrinose considérable.
Ce sont la pneumonie pneumococcique franche et le rhumatisme articulaire aigo,
U'autre pari, dans la fièvre typhoïde, la quantité de fibrine reste non changée et, dans
d'autres affections également fébrile*, comme la variole hémorrhagique. la fibrine
n'est plus que dans la proportion de 0,1 p. 100. Les causes mêmes de ces oscillalions
dans la proportion de la fibrine sont absolument inconnues. Il nV a aucune corrélation
avec la tempe rature ^ et, si Ton a pu noter parfois un certain rapport entre fa leucocy-
tose et l'byperinose, on ne saurait, devant les nombreux cas où l'hyperleueocyiose n»
FJÈVRE.
461
I
I
I
I
I
•Vceompa#(ne nullemeot de Obrinogënèse eiagérée (septicémie par exemple)» rechercher
dias la destruction exagérée des leucocytes, et la mise en liberté du Obrin-ferment, la
eaose de ratxgraentatioii de la fibrine (GtLBeriT et FotmNrER). Pour Gilbert, l'h^perinose,
oUt fluîvant son expression» riiyperObrinose, serait un moyen de défense de l'orgaaisme;
la fibrine jouerait un n^le purement mécanique, par sa précipitation dans te poumon;
notamment, elle enf»lûberait les ag^ents microbiens, les immobiliserait, les livrant ainsi
aux attaques incessantes des phagocytes.
Action du sang mr la tempéyature. — Le sang d'un animal fébricitant injecté dans le
système veineux d'un autre animal de même espèce modifie la température du sujet
injecté. Mais cette influence varie» d'après Roger, suivant les conditions opératoires,
les effets étant tantôt bypothermisants, ianlèt au contraire hyperlhermisants. Ainsi le
sang artériol injecté dans la veine d'un lapin â la dose de 5 c. c. par kilogramme provoque
une légère baisse de la température, baisse qui dépasse rarement 0*,4, et qui serait
contestable si l'auteur n'aflirmaît que ses lapins présentaient une con<^tance de tempé-
rature que nous nliésiterons pas à appeler exci^pLioimelle. Le même sang artériel,
défîbrinë par battage, provoque au contraire une élévation thermique, oscillant entre
0^ et t". Celte hyperlhermie légère persiste deux et trois heures. Le sérum sanguin
se comporte comme le sanj; dtfibriné. Cette différence dVtion ne saurait être attribuée
au Ûbrinogène existant dans le premier cas, et absent dans te secx^nd, puisque des
solutions riches eu fibrioogéne, telles que le liquide pleurétique, sont byperlhermisantes :
il eu est de même du liquide Je l'iiydrocèle.
UiYEM avait déjà montré que le Obrin- ferment est susceptible d'élever la tempé-
rature ; mais ce facteur ne saurait être invoqué seul, puisque le sang défibriné, chaufTé
à Ù0°, et dans lequel le ferment est nécessairement détruit, est encore nettement
Ibermogène.
11 faut sans nul doute chercher la cause de la diiïérence d'action des deux sangs en
la production dans le sang mori ou délibriné d*une série de subiàtances ma! définies,
mises en liberté ou créées par la destruction des leucocytes* Le sang veineux est
presque toujours thermogène, et, dans les transfusions sanguines d*homme à homme,
qui sont toujours opérées avec du sang veineux, on note constamment rappariLion de
symptômes fébriles peu de temps après rinjection : frisson et élévation de 1" à 1^*5 de
la température centrale. L'élévation thermique est d'ailleurs toujours très variable et
échsppe à une toi quelconque. La quantité de sang injectée ne paraît pas influer sur
la marche de la température : il en est de même de la ualure du sang, veineux ou
artérieL Flien ne vient êtat>lir que le sang sortant de ^tel organe soit plus hyperther-
mUant que le sang de tel autre.
Le travail musculaire, qui modifie si profondément Je sang, exerce-t-il une iniluence
sur sa valeur thermogène? Les résultats de Roger sont bien peu concordants, et il arrive
Ûnalement à supposer qu*il eiiste dans le sang deux substances, ou plus exactement
deux groupes de substances; les unes excitantes, les autres inhibitrices de la teuipéra-
tare. Si le sang artériel total est hypothermisant, c'est qu'il perdrait la substance lliermo-
gène pendaut son passage dans te champ pulmonaire. Et cette hypothèse se conÛr-
merait par ce fait que l'eau provenant de la condensation de l'air expiré et injectée à un
animal provoque une élévation thermique de quelques dixièmes* Quant à la substance
hypothermisante, elle s'éliminerait par les urines.
En se basant sur ces données, rien n'est plus facile que d'en déduire des hypothèses
pAthogéniques originales. L'élévation de température constatée pendant Tasphyiie
s'expliquera parle fait que la substance thermogène, ne pouvant plus s'éliminer par la
voie pulmonaire, s'emmagasine dans le sang. Ne pourrait-on pas expliquer de même
certaines hypertbermies dans les affections des poumons? Au contraire, les abaissements
thermiques dans Tu ré mie trouveront leur justification dans rarrêt de Texcrétiou de la
substance tbermoly santé par le rein.
Le sang des animaux rendus hypertliermiques par le séjour à Tétuve (41*6, par
exemple)» provoque, injecté à un animal sain, même à de faibles doses, une légère
élévation de température. Au contraire, Tinjection du sang des animaux fébricitauts
vrais, c*est-à-dire intoxiqués soit par des cultures virulentes, soit par des toxines, est
très lariable, et il ne saurait eu être autrement^ étant données les innombrables
462 FIÈVRE.
modalités des agents toxiques. Vincent a montré qae le sang des cobayes morts d'hyper-
thermie injecté à de jeunes animaux de même espèce les tue en quelques jours* en pro-*
voquanL ua amaigriaeeineBipiogreaftif et une véritable cachexie. 11 attribue cette action
toxique aax produits dérivés de la destroeties des leucocytes, la leucolyse étant très
intense>ux hautes températures. Il a reconnu dans le sang dManimaax sains, à jeun,
soumis à l'hyperthermie, la présence de microbes quand la température all/Mgpait 42<».
Les agents les plus fréquents étaient le staphylocoque, le bacille coli, le baciifo aiéMa-
térique, etc. Toutefois ces microbes avaient en général perdu leur virulence quand on
les inoculait à des animaux sains.
Il est bon d'éliminer les injections de cultures virulentes rendant possible le transport
des agents virulents vivants de Tanimal transfiiseur à l'animal transfusé. 11 est donc de
toute nécessité de n'étudier que l'action des toxines, dont la dilution sera certainement
extrême au moment de la transfusion.
Roger expérimente avec des toxines du coli bacille, de la dysenterie, obtenues par
stérilisation des cultures à l'aide du chloroforme. Les doses injectées aux premiers lapins
varient entre 20<^<' et 0<»<>,025. Le temps écoulé entre l'injection et la prise de saug oscille
entre 10 minutes et 20 heures, la quantité de sang transfusé étant de 3 à 5 c. c.
Presque constamment on note chez le transfusé une élévation thermique qui peut
atteindre 2 et même 3<>. Néanmoins les résultats ne permettent de tirer aucune conclusion
sur l'action thermogène du sang des fébricitants ; il n'existe aucune corrélation entre la
température du transfuseur et celle du transfusé; et les fortes hyperthermies n'ont été
notées que dans les cas où les doses de toxines injectées étaient considérables, 20 ou
48 c. c. On est donc en droit de se demander si, dans ces cas, l'élévation de la courbe du
transfusé n*a pas été provoquée par une quantité suffisante de toxine injectée, présente
flans les 5 ce. de sang transfusé. Cette quantité atteignant 0^^,66 peut expliquer l'hyper-
thermie, sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir l'apparition dans le sang du trans-
fuseur de nouvelles substances thermogènes.
§ VIL — TROUBLES DIGESTIFS ET TROUBLES SËCRËTOIRES
Action des flèvres sur rappareil digestif. — On peut admettre d'une manière
générale qu'il y a diminution des sécrétions du tube digestif et de ses annexes pendant
la période fébrile.
Salive, — La sensation de sécheresse de la bouche et de la gorge, si fréquente chez
les fébricitants, la soif ardente dont ils se plaignent, sont autant de signes d'une dimi*
nution de toutes les sécrétions de la cavité buccale.
MossLER signale la réaction acide de la salive de certains fébricitants, mais il n'est
pas prouvé que la salive soit véritablement sécrétée acide, et qu'il ne s'agisse pas, ainsi
que le suppose Hoppe-Seyler, de quelque influence acidifiante des fermentations buccales
si fréquentes chez les malades. Quant à l'opinion de Sticker, que celte acidité pourrait
être le résultat de la diminution de Talcalescence du sang, elle est au moins probléma-
tique ; dans tous les cas, cette cause serait exceptionnelle.
L'action de la salive surjl 'amidon est-elle modifiée pendant la période fébrile? Les
recherches de Salkowski, Harald, Schlesinger, Jawein, Georges Robin, sont peu concor-
dantes : surtout il est difficile de faire la part de la fièvre et celle de l'infection. Jaw'Ein,
après avoir trouvé que la quantité normale de salive sécrétée pendant une demi-heure
oscille entre io et 25 c. c. (il recueillait purement et simplement la salive collectée sur la
langue), estime que, dans les maladies fébriles légères, la quantité de salive augmente,
son pouvoir amylolytique restant identique. Toutefois le rapport de la quantité de fer-
ment à la quantité de salive serait fréquemment diminué.
Dans les fièvres graves, la salive diminue; mais le pouvoir amylolytique par unité
de volume augmente, sans que cette augmentation puisse compenser la diminution de
la quantité de salive sécrétée. Dans les états très graves, salive et pouvoir amylolytique
diminuent d'autant plus que l'état du sujet est plus grave. Enfin, dans les états aigus
fébriles et prolongés, la quantité reste souvent normale, mais le pouvoir amylolytique
est diminué.
FIÈ;VRE. -463
Estùmac. — Les fonctions stomacales subissent le plus souvent uûe perturbation notable
au cours de la fièvre. On sait, depuis les recherches expérimentales de Manâssei.n sur les
animaux, que le suc gastrique perd de son acidité dans les états fébriles. Les recherches
faites sur l'homme concordent avec les expériences faites sur les animaux (Hilobbrandt,
Klkhperer, 0. Briegbr, Schely, Gldcinzki); cependant l'acidité ne disparaît pas totale-
ment, bien qu'elle soit assez diminuée pour gêner beaucoup l'action du suc gastrique
sur les aliments. L'acide chlorhydrique dans la fièvre semble céder le pas aux acides
organiques qui résultent des fermentations ou de l'alimentation elle-même. Cependant,
quand il y a beaucoup de sel et de poivre dans les aliments azotés (viande), Yon NooaoBir
a trouvé une acidité évidente dans la phthisie aiguë, la pneumonie, Térysipèle, la scar-
latine. On peut en conclure que les condiments excitants peuvent surmonter la torpeur
sécrétoire engendrée par la fièvre.
Contrairement à ce qu'on constate pour l'acide chlorhydrique, la pepsine est toujours
en quantité suffisante dans le suc gastrique. Les infections aiguës diminuent presque
toujours l'acidité (Gluzinski); mais, dans les infections à caractère moins rapide (tuber-
culose), cette diminution de l'acidité est beaucoup moins marquée (Hildebrandt, Klem-
PERER, ScHEDTY, 0. Brieger), parfois même l'acidité est normale. Toutefois Detweiller
pose en principe que chez les tuberculeux Tacide chlorhydrique disparaît quand la
température dépasse 38^5. U y a donc une sorte d'accoutumance des organes de la sécré-
tion gastrique à la fièvre. D* ailleurs les cas individuels sont loin d'être identiques.
D'autres fonctions stomacales peuvent aussi être troublées, par exemple la résorption
stomacale, notamment pour l'iode (Sticker) ; cela arrive surtout quand le mouvement
fébrile est en voie d'accroissement; l'élévation de la température» une fois atteinte, a
moins d'importance.
Les fonctions motrices de l'estomac sont peu influencées, et, quand on donne à des
ébricitants un repas d'épreuve (thé et pain), on trouve l'estomac complètement vide,
quand l'exploration stomacale a lieu une heure après le repas.
La perte de l'appétit est la règle dans toutes les maladies fébriles, même quand les
troubles gastriques ne sont pas suffisamment accentués pour justifier cette anorexie.
Y. NooRDEN pose la question de savoir si cet état vient de ce que l'estomac « cesse d'être
le miroir des besoins nutritifs de l'organisme »? Il est certain que cette perte d'appétit
coïncide précisément avec le moment où les pertes sont les plus intenses, et où le
besoin d'alimentation paraîtrait le plus urgent. On peut objecter, il est vrai, que, l'orga-
nisme se défendant mal alors contre les auto-intoxications, la perte d'appétit peut être
considérée comme un moyen de défense.
Foie. — Presque tous les processus fébriles agissent sur le foie; à l'autopsie les
cellules hépatiques montrent des traces évidentes de dégénérescence graisseuse, plus ou
moins accentuée suivant les cas, et que l'on peut regarder en grande partie comme
indépendantes du degré de la température fébrile. Il semblerait devoir en résulter des
changements notables dans les échanges nutritifs, et cependant les résultats consignés
dans les nombreux travaux qui ont eu lieu à ce sujet sont presque insignifiants. On
sait cependant qu'en général la fièvre perturbe la glycogénie (Cl. Bernard, Manassein,
Stolnikov), mais le fait est encore très mal étudié.
BiDDER et ScHMiDT oiit VU que la bile diminuait dans les accès de fièvre. Pisenti
a trouvé une légère diminution de la quantité de bile sécrétée, avec augmentation de
la densité et de la viscosité/, le liquide était très trouble chez des animaux auxquels il
avait inoculé la septicémie.
On a soutenu que l'hémoglobine des^ globules rouges, lesquels diminuent beaucoup
dans les maladies infectieuses, passait dans le foie, pour y être transformée en bilirubine.
Tarchanoff, Gorodecki, Stadelman ont constaté, dans leurs recherches sur l'hémoglobi-
némie expérimentale, que la bile était plus dense et plus visqueuse. Il est donc probable
que Pisenti avait affaire à une destruction active des globules rouges, ayant amené
cet état visqueux et trouble de la bile qu'il a signalé. Malheureusement cet auteur ne
s'est pas préoccupé de fixer le chiffre de la bilirubine dans le liquide biliaire recueilli.
L'état visqueux de la bile en relation directe avec l'élat trouble des cellules hépatiques
empoisonnées vraisemblablement par les toxines (toxalbumines, protéines bacté-
riennes, ptomaines), doit faire prévoir que, quand les perturbations des cellules glan-
|7-
-'^ '« . V
464
FIÈVRE.
dulaires augmentent, ta sécrétion biliaire doit être notablement diniintiée ou mènie
supprimée, et qu'il en résulte de Ticlére, qui n'est qu'un ictère par slagnalion. Cela do
reste n*a lieu que dans quelques points du4foie, et la stagnation Liliarre eat loin de se
généraliser à l'organe tout entier*
HinTz, IValntx, ScnLEica avaient cm pouvoir établir un parallélisme entre la pro-
duction de t'urée et la température. Kaupp, Bouchard, A. RoB*.t se sont élevés contre celle
opinion. MsnKLETf, au L'ours de ses études sur les lésions du foie dans les gastro*enténles
et les autres états infectieux, a été amené à conclure que, si l'urée s'élève quelquefois au
cours de ta fièvre, le plus souvent elle a tendance à s'abaisser. Mais ou ne saurait de ce
fait conclure à une altération de la fonction uréopoïétique du foie, car les sujets» surloat
dans le cas de gastro-entérite, sont à une diète ai^olée d'autant plus sévère qoe l'iufec-
iion est plus sérieuse.
La glycosurie diinintie ou disparaît même chez les diabétiques fébricitanis (Lsmi^
Rayer, Pavy), Sexator attribuait cette chute de ta quantité de sucre â la diminution de
l'alimentation et de la digestion pendant la période fébrile. Celte opinion est discutable»
et il est plus probable que la combustion du glycose dans le sang est exagérée par
rhjperthermie* Les recherches en péri m entai es de Gaglio confirment cette hypothèse.
Les animaux curarisés présentent fréquemment du glycose dans les urines, mais a ce
moment leur température est toujours basse. Si Ton maintient artiÛciellemeDl leur tem-
pérature au niveau normal, le glycose ne se montre pas» D'autre part, en provoquant
riijperthermie par la mise à l'éLuve, on voit alors que la piqûre du quatrième venin- j
cule n'amène plus de sucre dans les urines. Les processus glycogéniques peuvent étfi^J
altérés, il est vrai, par ces modifications thermiques; toutefois Gaglio n'a pas trouvé d^i
différence dans la teneur eu sucre des foies des animaux hyperthermiqties et des
animaux normaux.
Cl. Bgrnaro avait déjà signalé Tinlluence de la fièvre sur la fonction glyc^génique.
HoppE-ScYLSR, HALLiuaRTOx couclueut à une diminution duglycogéne dans les affectioui
fébriles. Manasseïm, sur des lapins fébricitanis, trouve une diminution énorme du glyco-
gène, quelquefois même une disparition totale.
Mat a recherché quelles étaient les teneurs respectives en glycogène du foie des
animauï normaux ou fébrîcitants auxquels^ on fait ingérer des hydrates de carbone
(30 grammes de sucre pour un lapin).
Atiimaaz «acriflés.
15 heures après. .
24 heures a prêt. .
GLYOOOKKB HÀPATIQÛR VÙV% 100 OR. OB FOIE.
PéliHcitaDtii.
Normaux.
18
i 9M
{ i2M
5,73
( 0,42
( 2,71
Sudation» fébrile». ^ Le stade de sueur est surtout marqué dans la Qèvre inter-
niitlente. Ou trouvera dans IbppocRATE une série d'aphorismes sur les sueurs critiqaes,
qu'il est inutile de rapporter ici {Aphoï\, &ect, iv, 36,37, 38i.
A quel moment survient la sueur? Il est impossible de préciser une température où
se produit, môme pour un maïade déterminé, dans le cours d'une série d'accès» ta
sudation. 11 est souvent difficile de délimiter le stade chaleur et le slade sueur, et
on voit la courbe thermique rectale continuer à monter quand la sudation est nette-
ment établie. On ne peut donc pas admettre l'opinion de L. Du Cazal (.\rt. s Sueur, »
m, Dicl. ennjd. des se. méd,) que, i* dans tous les cas, la sueur ne se montre que lors-
qu'on a alfaire à une défervesceoce brusque et, même dans ces cas, la température
s'abaisse avant que la sueur apparaisse ». Hirtz est plus exact, en disant que la sueur n'e^l
pas le signe de la défervesceoce : elle ne la produit pas : elle Fannonce. Notons que h
courbe thermique pendant le stade de sueur peut présenter des oscillations étranire*.
Alors que généralement te stade de sueur s'accompagne d'une chute de la tempéralare
penphériqiie plus rapido que celle de la température centrale, on voit des cas où l'inverse
se produit. La température rectale baisse quand la température axillaire monte. On peut
expliquer ces faits par une vaso-dilalatiou cuUnée brusque, permettant l'arrivée d'un
sang îiépatique très cliaud.
ÉÊ
FIÈVRE.
485
I
§ VIM. - LES CAUSES DE LA FIÈVRE
Cliude BenNABD avait cru pouvoir eipliqiier la lièvre par un simple réllexe vascnlaire.
La (lèvre éclate^ dit-il, quand on enfonce un clon dans l** sabot du cheval; rirrilatian
logéniqiie de la ftévre esl transmise [mv tes nerfîs, et il sufÛt d'énerver au préalable
patte poar ne pins voir Thyperthermie suivre l'enfoncement du clou. L'erreur de
Claude BERJiARDest d'avoir généralisé trop rapidement sur un fait ex p»? ri me niai, La fièvre
par irritation locale des nerf» ne saurait être contestée, mais ce processus est en réalité
tout à fait rare, et c'est à d'autres causes qu'il faut faire remonter Tétiologie des pyrexteB
durables.
La théorie de la lésion locale, déjà défendue par Galikn, a été soutenue par beau-
coup de médecins; Hunîbr» Bukschet, Becquerf.l, Zcuueruann. Tous ces auteurs, cons-
tatant qu*une région enflammée est plus chaude que le reste du corps, et que la circu-
lation y est plus active, admettaient que te sang s*échau(Tait dans ce foyer, et qu'il en
résultait un écbauffement de la masse totale. Hais, ri Ton calcule la petite quantité de
calorique qui peut être emporté par le (lot sanguin traversant le siège de rinllammation,
on s«rerid compte facilement que.mAmedans les cas extrêmes, l'excès de catortllcalion,
dû k cette senle cause, ne pourrait faire monter la température génitale que de deux ou
trois diiiènu'S de degrés; et pou i tant une simple an ^^ine détermine une température de 41*.
llierarir&Qlsmes et leurs sécrétions pyrétogénea. — En 1864, Weueb, en mon-
trant que la fièvre cor»séculive au traumalismo est due à la résorption de substances
putrides, pyrétogènes, fabriquées dans le foyer, jeta la première base de la théorie pyre-
tilgéoe actuelle.
Les agents pyrétogènes sont avant tout les microrganismes. Le fait est aujourd'hui
hors de conteste, et, s'il est vrai que les (lèvres aseptiques, les fièvres nerveuses, telles qu»?
les concevait t.^L. Bernard, ne sauraient être niées, nous devons surtout chercher dans les
poisons produits par los organi-smes inférieurs la cause des pyrexies.
Kn disant organismes inférietirs nous restons volontairement dans des limites très*
larges; les bactéries proprement dites : bacilles, microcoques, etc., ne sont pas les seuls
agents rivants pyrétogènes. La maladie qui constitue le type par excellence de la fîèvre,
la rnatana, est due à un ^organisme plus élevé, plus compliqué que la bactérie. La
Tariole également, ainsi que tendent h le montrer les recherches deFcNCK. Guahnieri^
IsiHGAMt, a pour agent actif un sporozoaire. C'est encore un organisme de cette espèce,
encore mal connu, il est vrai, qui serait l'agent patbogène de la fièvre jaune.
Mais, si ces facteurs vivants sont aujourd'hui reconnus sans discussion, il n'en est
plus de même du mécanisme par lequel ils provoquent le syndrome fébiite.
On sait aujourd'hui, depuis les premières recherches de Salmo^; et Shith, de Ceâbri?!,
de HcFFER, confirmées par de nombreux travaux, que les bacilles pyrétogènes agissent
par leurs produits solubles, que les cultures stérilisées sont susceptibles de provoquer
les accès fébriles quand elles sont introduites dans le courant sanguin. D'autre part, la
vitalité du microrganisme, et par suite son activité sécréloire, paraît subir des phases
difTérentes, et certains d'entre eux peuvent vivre a l'état de vie latente, inclus peut-être
dans les cellules de l'organisme pendant une certaine période. C'est ainsi que l'étude
bactériologique de la lièvre récurrente, en démontrant l'existence du spirille d'ÛBEniiEiBR
dans le sang des malades, au seul moment des accès fébriles, et son absence dans les
intervalles apyrétiques, établit que les alternances du cycle morbide de cette fièvre sont
liées inlimement aux aUernances de l'activité biologique du spirille.
L'étude des rapports de la biologie des hématozoaires de Laveran et de la pyrétolo-
gie du paludisme conduit aux mêmes conclusions.
Dans la pneumonie» m>4ladie cyclique également, le pneumocoque virulent ne se
rencontre qu'au moment de la poussée fébrile, et, dès le début de la défervescence, la
virulence est énormément atténuée.
Avant d'exposer le peu que nous savons sur la nature même des substances pyréto-
gènes, il faut faire remarquer que les sécrétions des inicrorganismes ne sont pas les
senls agents capables de provoquer Thyperthermie fébrile, que les extraits d'organes, non
pas seulement d'organes malades, mats de tissus parfaitement sains, ont suftl pour
faire apparaître le syndrome fébrile arec toutes aes complications.
mcT. DR poYjiTOLooii. ^ TOUS vr* 30
im
FIÈVRE.
Sans que Ton ait pu déterniiner exactemenl la nature de l'agent pyrétogène dans lei
cultures bactériennes» beaucoup d'auteurs adrueltent qu'il s*agil d*aiie substance ou plu-
tôt de plusieurs substances albuminoîdes (Buchneb, KnEHL). Mais il ne faut pas oublier
que Ton a afTaire ici à des substances agissant à dose impondérable» et que les réac-
tions des matières albuminoldes obtenues avec les produits de culture purifiées au maxi-
mum sont peut-être encore dues à des impuretés accompagnaiit la substance véritable-
ment jtyrAiogène (Bhieger et Bobr).
Les substances solubks bactérieanes sont-elles les agents directs de la pyrexie, ou
agissent-elles médiatement, en provoquant dans Torgarnsme attaqué des réactions
chimiques difTérentes, causes secondes, mais alors irumédiales, du syndrome ft?brile? Le
fait que la rnéme culture injectée à la même dose sur des animaux d'espèces différeotes
produira toujours des efiets différenls; chez les uns une hypertbermie nette, chez les
autres une réelle hypothermie, plaiderait en faveur de cette opinion.
Les faits observt^s sur les animaux de même espèce ou sur rhomme, avec desmalè*
dies ayant une seule étiologie, peuvent encore être invoqués. Ce n'est pas la substance bac-
térienne qui serait pyrétogène, mais b réaction même de forganlsme vis-à-vis de cttte
subsîauce. Nous aurons plus lard à revenir sur cette question à propos des
pyrexies apyrétîques, et également en traitant du sujet si coairoversé de l'unité de U
Oèvre.
Parmi ces produits de déssassimilatiou» dérivaDt d^ Forgaaisme même, deux notun-
ment ont été mis en taiise : la fibrine, ou plus exactement le fibrin-ferment^ et les albo-
moses. Le ferment de la librine a principalement été incriminé daiiâ les Uèvres trauma*
tiques aseptiques. On observe assez fréqueninient^ apr*^s des r^^panchements sangtuiis
sans communication avec rextérieur, et par suite absolument aseptiques, des fièvres d'un*
certaine durée Xes fièvres ont été attribuées àla mise en liberté du librin-ferment cont€iio
dans les leucocytes de Tépanchement (Bëhgua.nn, ângebea, Ejjelqëro). D'autre part,
un certain nombre de pyreiies s'accompagnent d'hyperleucocytoses avec hyperijiose,
d'où possibilité de mise en liberté du librio-fermeat. Mais ces données sont très bypo*
tbéliques, et, en tout cas, elles ne peuvent s'appliquer qu'à des faits spéciaux ; \m
pyrex i es dans lesquelles ou découvre dans le sang du fibnu-fermeat eu liberté ét&ul
extrêmement rares (Hamheuschlai;),
A propos du sang et des.urînes, U a été question déjà de l'existence dans ces deux
humeurs de deuléroproléoses. Keeul et HatmeSi ayant découvert de Talbumose chez les
fébricitants, même quand la pyrexie n*était par d'origine microbienne (cure de TbyditK
cèle par injection de teinture d'iode ou de nitrate d'argent), sont portés à attribuer à ca
albumoses un rôle impôt tant dans la genèse de la fièvre. Cette question des albumoseï
prend aux yeux de Krehl et Matues une imporUnce extrême, puisqu'ils vont jusqu'à con»
cevoir fespérance de trouver dans le dédoublement des albuminoîde3,sous Tmllueuce
des dîiïérentes substances pyrétogènesj'unilê étiolo^îque de la fièvre.
ISons rappellerons ici quelques faits qui plaident en faveur de ce rôle des albumosci^
Déjà Bi cfi.NEH, le premier, en discutant la spécificité de la tuberculose de Kota oonui^
agent pyrétogéne, montra que Ton obtenait des élévations thermiques îdentiqueâ pir
riïjJ€clion d'une solution de caséine de gluten. Spiegler, en injectant une série de sub-
stances^ thiophène, benzol, acétone, obtient chtz les individus atteints de lupus des
réactions locales identiques à celles que provoque la tubercuUnc* Klkne démonlre
que la tuberculine renferme en réalité une série d albumoses, toutes âusceptible$ 4e
provoquer des réactions fébiîles, Hahn obtient des résultats du même ordre.
Matues étudie les effets des albumoses de la digestion chez les animaux sains ou
tuberculeux et trouve les réactions identiques à celle de la tuberculine.
Krehl isole, d'une culture de Buctenum coîi, une albumose nettement pyrétogèoe,
Haaciî eipérimenle sur des lapins ; il provoque une réaction fébrile en injecltiijî
la peau une solution stérilisée de niiralt.' d'ar;L;ent ou de tcinluie d'iode, La temp
s'élève en ê heures de 39^,2 à 40**,3 en moyenne. Chez les animaux alimenlés on trouve
toujours de l'albumine dans les urines; leur température est d'ailleurs {>lus élevée qae
chez les animaux en inanition. Chez ces derniers on peut déceler la présence d'iUiu-
mosea dans les urines par la réaction du biureL Chex l'homme» l'injection de teialuif
d'iode dans la tunique vaginale comme cure de Thydrocéle provoque une rétclioe
fïèvre;
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1
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I
& ât*ceijtU(''e ei une Albuniosurie parallèle avec la marche de la t«*mpérQ(ure.
Toutefois IUack n'ose pa« con<:lare que ralbumose est cause, el non elTel, de la fièvre.
bAAC Urr étadie raclion pyrétopVrie des albumoses et des peptonea» La Iherinoiyse
eit diminuée dans la premi«>re heure qui suit rinjeclion d'albutriose, alors que la If mpé-
rature s'élève rapidemeol» Oaus la seconde période, dont la durée est variable, il y a à
la fois augmentation dfi la tiiermof^a*nèhe et de la Ihermolyac. La t^urarisAtiûii de
ranimai empêche Télévalion Uieruiique. Ott (m coud ut que les albumoses provoquent
la Oèvrc par rinlerniédraire d*i système iiervcut. et non par une action directe sur îes
Usau§; c'est ta répétition de Texpérieuce de Heidenbain et KoRNEa avec le pus comme
agent pyrétique.
C*est encore du côté de? produits de dédoublement des albnmmoîdes qu'il faut
ébenïher la cause des poussées fébriles se produisant à ta suite de traumatisme, sans
lénon» extérieures et saus porte d*entrée pour les agents virulents.
La fièvre aseptique a été beaucoup discutée, Webcr, Hergua.nn, VEftWBtrîL ont tait
remarquer qu'il fallait attribuer nue origine infectieuse à la plupart des fièvres dites
traunuitiques^ que la réunion imnii-diale, rabsence de suppuration, ne sauraient suffire
pour aftlrmer l'asepsie absolue du champ opératoire.
Parmi les causes invoquées, citons seulement, pour mémoire :l'inûuence du refroidis^
sèment (Ërede); de la chloroformisalion (Hilliiotii).
Il faut cependant expliquer certaines formes de pyrexie franche sans infectioa
possible, comme dans les cas de fractures sous-cut.mées. F^mechon allribue le mouve-
ment fébrile 4 une simple exagération des phénomènes nutritifs qui acconipaguenl U
formation du cal, et DEHtscHf à Tappui de cette opinion, observe que la consolidation est
plus rapide dans les fraclnres fébriles. Vernsu il et MAuNouav incriminent des lésions arti-
culaires concomitantes, U oiiste donc nécessairement une substance pyréto^ène d'ori^Mne
non microbienne. Hillroth avait incriminé la ieucine.KouLER, Eoelbkrg, ExiiÊRER, Hiefikl
accusent le Ubrin-fermenl mis en liberté par la mort des leucocytes dans l« san^ extra-»
vaté* VoLKMMViV rejette le rûle du fibrin-fernient, et admet Tinlluence de la réabsorption
dds élèmpnls anatomiques privés de vie par le traumatisme. C'est l'opinion de GANr.oLi»t|
et CouKifONT. En réunissant des observations cliniques et des faits expérimentaux, ces
deux auteurs concluent que la lièvre trauraatique a pour causf^ primitive roblitératiort
vasculatre consécutive au traumatisme, obliLéralion qui entraine de^* troubles de nutri**
lioQ,des nécrobio5es,d*où apparition de substances pyrétogènes aniicrobiennes. Ganuolpii
et CocHHONT opèrent sur des béliers : ils posent une ligature élastique sur les bourses,
provoquant ainsi sans traumatisme la nécrobiose de& testicules; la lièvre n'apparaSt pa4
les jours suivants, alors que la température s'élève brusquement quand on enlève \s
lig'atnre. Chez Tanimal ayant !>nbi le bistourna^e ordinaire, la lempérature nvoute dès le
premier jour, par suite de la résorption immédiate des produits. Les extraits aqueux des
testicules nécrobiose^ provoquent la fièvre» alors que les extraits des tissus sains injectés
dans les mêmes conditions sont iaactifs. La substance pjrétogène est donc soluble dans^
l'eau, mais non dans J'alcooL
PiLLON réussit à provoquer des hypnrlhermies aseptiques chez les animaux tti
provoquant des épanchemeuls sanguins intra*arti*'ulaires ou inlra-péritonéaux. Puis, en
injectant des liquides aseptiques renfermant des globules blancs obtenus par centrifu-
i;ation du sang de cheval frais et oxalalé, il obtient des états fébriles d aulanl mieux
marqués que l'intervalle compris entre Fisolement des leucocytes et leur injection aux
animaux était plus considérable. 11 admet que les leucocytes vivants ou en étal de
nécrobiose y donnent naissance à des substances pjrétogênes résorbées par le système
vftsculaire.
Les liquides hémolytiques provoquent l'hyperthermie par suite de la phagocytose/
Parmi les produits pyrétogènes résultant de la destrucïion des globules rouges, il faut
ranger rhémoglobiue; car une solution de ce corps provoque, par injection, une hypers
thermie très marquée (Castellano, Laurent, Pillon)» '
Jusqu'ici il a été surtout question de substances ajoutées ou fabriquées dans Torga-
ni»me et susceptibles de provoquer par leur accumulation le syndrome fébrile. Il nouf
faut citer, pour terminer, Topinion de Be.'ïcê Jomcs, qui a décrit sous le nom de ^jwinof^ime
une substance hypothétique, existant dans le sang normal et disparaissant pendant la^
im
FIÈVRE.
fièTrc. Bep*ce Jonis part de cette idée que les urines fébriles perdent la fIaon»scence i
Ton trouve dans les urines normaJes. Cette substance, h rinverse des oxydase^, que Ton
ignorait à cette e'poque, s'opposerait aux combustions intersLîlieUes. BoccaAtiD» auijuel
nous empruntons l^exposé de la Ibéone de Beace JoNKS^faît remarquer qu'il a en effet
rais en évidence la présence dans l'urine cfune subslance hypalberroisante; mais il
ajoute qu'on retrouve souvent cet effet bypotbermique avec les urines fébriles, et que,
dans la polyurie, il n'y a pas en général l'élévation thermique que devrait provoquer
le dépari de cette anlifébrine. Au contraire*
Rôle du aystëme nerireux. — (jue la lièvre soit provoquée le plus soaveat par
une intoxication de Torfianisme, qu'il s'agisse de toiines microbiennes ou de poisons d'ori-
gine cellulaire, nous n'en avons pas moins à discuter le rAle du systt'me nerveux. Les
auleurs qui admettent une action directe des produits pyrétogénes sur les celtules de
rorgaiiisme sont peu nombreux* Murbi est le représentant le plus déclaré de cette
théorie, admise partiellement par Vlxpian et reprise par Ugiiio*sov. Quant au rNe du
système nerveux^ il est interprété difTéremment. Happelons la conception de Cl. BE&Hàio
sur les [nerfs frigorifiques et les nerfs caloriliques, sur la paralysie du système grand sjnn-
patique [comme facteur essentiel de la ïièvre. Les théories de Tracub, de M are y, font éui-
lement intervenir le système nerveux, puisque c*est par son intermédiaire que les fais-
seaux cutanés se contractent, d'où la diminution de la radiation. LiEseRUEf^TEH pose te
principe de la perturbation du système régulateur tbermique,
La première expérience mettant en évidence le rôle du système nerveux dans k
production de l'hyperthermie est due à Tscbeschichin (Zur Lehre von der Ihierisekin
Wârme; A, P*» 1866, 15i), Il vil que la section sus-bulbaire au*dessous du pool de
Va ROLE provoquait une élévation thermique notable (31l''4'42^6). Mais il faut remarquer
que l'animal mourut cinq beures après l'opération dans des convulsions généralisé^;,
et ces mouvements musculaires auraient pu à eux seuls déterminer rr^lévatioo de la
température. C'est d'ailleurs la critique que fait Lbwizri ^Ueber den Einftuss des ScAnv*
feimuren Chininst tmf die Tcmperatur [Knd Blutcircui., A. A, P., xlvu, 186^, 35âj gai ne
put réussir à retrouver le mouvement fébrile après section sus-bulbaire.
En IB7Û, BfiU€K et GciNTHERf dans le laboratoire de Heidcnhaiiv, refont 23 sccUûns
analogues sur des lapins. Dans 1 1 cas le thermomètre monte; dans 12, il reste stalioniuirr
ou descend; mais ils notent qu'une simple* piqûre, et surtout une série de piqûres répétées
de fa région du pont de Varole amènent presque fatalement une élévation. ScajtAlil
(1874) montre comment on obtient à volonté par la piqûre du pont de Vahole, et d«
pédoncules, etc., des oscillations thermiques positives ou négatives. Si ranimai eit
enveloppé de corps mauvais conducteurs, la température s'élève; elle baisse, au coïi*
traire, si le rayonnement se fait librement.
Toutes les expériences précédentes avaient été poursuivies sur des lapins. Wood[1880)
les répète sur des chiens, et constate l'agmentation thermique après la lésion du bord infé-
rieur du pont de VAaOLE. Il reprend l'opinion de TscaEscuirniN, et admet que ce n'e<«t pti
reicitalion d'un centre thermogénétique qui provoque l'hyperthermie, mais bien la d»-
truclion d'un centre modérateur.
La destruction de ta zone motrice amènerait l'hyperthermie, parce que dans C0Uf
région existeraient, niin pas de véritables centres thermo-régulateurs, mais tout la
moins des régions exerçant une certaine influence Ihermo-modératrice sur les ceutm
thermiques réels placés plus bas dans la protubérance. Noos retrouvons la même opi-
nion soutenue par Borai.
Ce centre modérateur, dont la destruction ou Tinhibition laisseraient les centres mf^
dullairea livrés à eui-mômes, et qui par suite accélérerait les combustioûs, est loin d*£lif
admis par tous.
Déjà Bhcck et Gunther avaient pensé à une excitation centrale : c'est là roplnionqur
nous retrouvons avec Frederick, Ch*Richet,Ahonsoh.v et Sachs. Cil Rigbet« en piquaiillf
cerveau^ ou en cautérisant la surface, provoque une bypertbermie avec eiagératioa des
combustions et de la radiation calorique* ARONsoii:^ et Sachs localisent ce centre byper-
thermisant entre le corps strié et la couche optique. Le rôle du corps strié comme centrf
thermique est encore défendu par Sawadohosrj et surtout par Hale Wuite. Les expé*
riences de F. Guyon, donnant des résultats contradictoires, ne lui permettent d*a(ï\rmtj
FIEVRE*
469
il«ocê dé centres thermiques lEitra-cérébraux. Gi^hard tes admet, mais saos pouToîr
Irtner s'ils sont inhibiteurs ou excitateurs, el la déstgimtioD qui leur convîeut le mieux
estc^lle de régions régulatrices de la production de chaleur animale, Ch. Riguet recoa-
K naît que te corps strié paraîl apte plus que les autres parties de rencéphale à déterminer
■ Thyperthermie réflexe; maij,en face des observations de Goltz sur sa chienne sans cer-
veau» de CoaiN et A. Van Beneoe74 sur les pigeons excérébrés, comme tous ces animaux
• consenrent leurs facultés régulatrices, ii ajoute que les centres r<^gulateurs de la chaleur
n'eitsleot pfis dans Tencéphale» mais dans le mésocéphale.
REicDenT admet dans les centres supérieurs Texistcnce de centres therrao-accélé râ-
leurs ou thermogêniques, et de centres thermo-inhibiteurs ou thermolytiques» qui
exerceraient leur action sur un Iroisieuie groupe de centreSi le centre Lbermogénique
général ou automatique. Le centre thermogénétique général placé dans la moelle assure
une dépense d'énergie cbimique à peu près constante par son action automatique. Mais il
esl inlluencé par les centres thcrmogéniques ou thermoly tiques disposés dans la partie
supérieure de l'aie cérébro-spinal.
La résultante de Taction de ces dilFérenU centres constitue la thermotaxie, ou régula-
tion thermique. Dans la Hèvre, sous fintluence, soit de Texcitation des centres thermo-
lytiques, soit de la paralysie des centres thermogéniques, la thermotaxie est troublée» et
la n'galation se fait à un autre niveau (Cm. Ricfiet). C'est la reprise de la théorie de
XiiilaiicisTcn* Finkler avait déjà écrit : La îu-vre est une névrose» une altération morbide
du système nerveux régulateur de la température, Ahonsohn conclut de même : la flèvre
est produite par une excitation morbide des centres thermique;*, provoquant Tactivité
Itropho-niotrice des muscles squelettiques et ceux des vaisseaux, d'où augmentation de la
theriDogénése, des combustions organiques^ et moditîcations de la thermolyse.
M.
iê
sen
du
I (X. - THÉRAPEUTIQUE EXPÉRIMENTALE DES FIÈVRES
I
Doit-on traiter la fièvre? Cette question a souvent été posée, et dans le dernier congrès
médecine de Paris de 1900 elte a donné lieu à de très intéressants rapports de ILLéPtNB,
jiB SroRVis^et ii des discussions importante?, La question est cependant mal posée, en ce
sens que c'est Thyperthermie seule que Ton a en vue presque toujours^ et non Fensemble
du processus fébrile. Mais nous pouvons nous demander si l'élévation anormale de la
température dans le cours des maladies est un sympl^ïme favorable ou non, si l'on doit
toujours combattre rbyperthermie, ou plutôt s'il faut réserver les ressources de Tantipy-
rèse & quelques cas particuliers.
La médecine antique considérait la ûévre comme uneréaclion salutaire deTorganisme,
Sans remonter à l'école de Cos, qui déclare que la fièvre est un acte qui purifie, ni discuter
las opinions d'HippocajvTE ou de Gaue.v, il nous sufllia de rappeler quelques opinions
d'auteurs moins anciens. Pour Boerbave elle est curalive, même curative des maladies
antérieures, parce qu'elle possède mie vertu dépurative, en séparant, comme Ta dit
Stdcnbam, les parties pures des parties impures. Uoll affirme qu'elle est médicatrice
des maladies invétérées. L'école de Montpellier, avec Dvmas, déclare que la fièvre est un
acte salutaire de la nature qui tend i la conservation du corps. Au commencement de
ce Siècle, les doctrines de Broussais régnant en mallre,la fièvre n'est plus que la consé-
quence de la phiegmasie (BftoussAiii),ou même une véritable p!dogose(BooiLLAt'D), et l'in-
tervention médicatrice doit consister uniquement datis la saignée.
Si quelques thérapeutes avaient déjà songé à, utiliser l'eau froide contre Fhyper-
thermie [école écossaise, avec Ccbie, 1750, HoR.\en Allemagne, Ghannini en Italie), c'est
.seulement dans la seconde moitié du xix* siècle que la médication antipyrétique (prise
comme synonyme d 'antithermique) prend une importance considérable avec Liebermeis*
TER, Le grand observateur allemand établit que l'élévation thermique provoque l'excès
de désassiniilalion, entraîne la consomption fébrile, et par suite que, dans les maladies
aigttes, le danger réside dans l'élévation de la température.
Les pbysioîofîistes, à la suite d'études expérimentales, adoptent ces idées. •< C'est contre
la chaleur que nous devons nous armer, et, si nous parvenons à en supprimer les causes ou
k en diminuer les effets, nous pouvons à juste litre noua vanter d'avoir vaincu la fièvre, »
^Leçom sur la Chaleur animale, Lei\ xxii, p, 4i6.} Notons cependant, dans celte phrase
Itlf t = "=■'- -IF^-
470 FIÈVRE.
de Cl. Bernard, ces mois : 6( nom parvenons à en supprinur le$ cavses. Ce nVtl donc |
uniquement U médication s^'mplonialique, mais étiologique, qu'eotreTOÎt l'ilk
^hvsioîoinsle.
La quinine, •employée à haute dose pour faire tomber -la ipr
TitilîsêeavaiU les travaux de LiEBERMCisTER.ûMoNNPRET, i843;LEGRoui;.
VoGTjWACnsMUTH, etc.) L'acide salicvli^ue»aveo ses sels, vînt ajouter son action grâce à
l'intluence de Sbkator. Puis la chimie apporta uno séri^ de substances capables defirn»
baisser la température, et ce fiU l'ère des innombrables antipyrétiques ; aultpyrïne,
kairStie, etc.
A fôt^^ des antîpyrétiqfues chimiqnes,se produit la recrydescence de la méthode hTdm*
thérapique. Les bains froids, institués comme traitement m/ibodique de la fi' ^ ' "uk
par Brano. sont introduits en France par tit^?ïARD» Tripier, lîoçvBnET, M^iL , li
tendance actuelle est une réaction contre la théorie de LiEïmRUEisTER- Canta^i dédarf
que la fièvre est Texpression du combat de l'argauisme contre l'agent morbide. La fièvrt
est la réaction générale de tout le corps contre les altérations que Tai^enl morbtde
"provoque dans les échanges nutritirs et dans la masse sanguioe, et celle réaction «t
"one condition de guérisou; Uale Whitr» admettant que la ilèvre diminue la nruleno^
des germes et active la phagocytose, la considère, lui aussi, comme une réactiou salo-
taire qu'il est dangereux d*entraver.
HoLCHARD écrit : *< N*étant pas certains de ce qu*est la fî^vre, nous sommes obligée de
renoncer à instituer contre elle une thérapeutique palliogé nique,». L'hyperthermie nVst
une cause de danger, ni au point de vue des lésions anatomiques» ni au point de voede
la dénutrition. On peut dire que l'hyperthermiç indi((ue la gravilé de ia maladie; mais
ne la produit pas. v
Stokvis, chargé de rapporter au Congrès de médecine de Paris de 1900 cette
question : Doit-on combattre la Mèvre? répond nettement : <» Il ne faut pas la combattre,
hormis les cas dans lesquels on a à sa disposition des médicaments spécifiques contrf
des nialadiei:^ infectieuses spéciales, et hormis ceux dans lesquels une hyperthcrmie
excessive, avec des sympll^^rles alarmants concomitants, nous force à intervenir. Dan*
tous les autres cas, il faut se contenter du rôle d'observateur cliniqîie minutieax el de
Ihérapeutistc expectant. »
Et puisque nous avons cité,'à côté des mt-decinsde Técofe de LiEOEniiErsTER, Tatild-
rtté de Cl. Bernabd, il noos semble juste d*ajouter qup IH-lCger se range corn pi élément
a l'avis de ceux qui reconnaissent à la tiévre une influence salutaire : « C'est l'hyper-
thermie qui rend l'organisme capable d'oxyder les substances nuisibles et b*s ferroeiilf,
et qui fait ainsi recouvrer la santé, en punllant par le feu : Das Pieber ditrch FfUfr
reinigend heiît. {A. g, T., xiv, 513), »
Si les maîtres que nous venons de citer se prononcent en général contre la médi-
cation autipyrëlique, ils reconnaissent qu'il faut distinguer entre les hyperpyrexies et
les pyrexies ordinaires; qut? les premières peuvent constituer, par l'exagération mém*
des désordres que produit une chaleur centrale excessive, un danger grave, qu'il fant
combattre *[uand me me, mais la balnéalion reste pour presque tons le traitement dt
choix, BoucBARû admet cependant que pour trois maladies pyréliques» la lièvre typbofdr',
la scarlatine, le rhumatisme cérébral, les médicaments antipyrétiques peuvent, en pro-
voquant un abaissement thermique, atténuer certains symptômes morbides. QoaoJ h
température dt'-passe 40^, la thérapeutique antipyrétique se justifie.
Si Bouchard, tout en donnant la préférence à la balnéalion, accepte p«>ur dei tu
déterminés quelques agents pharmacodynamiques, CANTA^ft est beaucoup plus exclusif
Il rejette coinjdùlement ces agents, ne voulant pas « altérer la therniogen»>se qui esî
essentielle à la iniissance de réaction organique »j et il n'admet que les bain<> fruid?,
c*est-à-dire la soustraction de calorique en excès. C'est également l'opiuiou de Hui
Wbite, de ScuMtDT, de Kaï^t, etc.
Ajoutons cependant que, dans la pratique, les antitherraiques sont journellement
employés, que le médecin cherche toujours à lutter contre la poussée fébrile d
que, de fait, les médicumentâ désignés sous le terme d^antithermtqnes analgé^^jup
procurent souvent ai»x malades un soulagement réel. Et nous ne pouvons mieux faire fip
do citer ici les remarques si judicieuses de Li^hxe dans son rapport au Congrès de 19(1*.
FtEVRE.
47t
I
I
4 Gardons-notis d'un entralnenieiit irréUéchi; ear la clinique ne nous monire pas qne
rhTp«rlhi»rmie sort favorable aux malades. A toot médecin observant sans parli pris
elle donne, au contraire, la pi'enve qu'il est presque toujours avantaiiem de modérer la
ûèrre. Laisson^t decAté la théorie : ce qu'il importe, c'est de déterminer cliniquement le
meilleur traitement des malades atteints de fièvre; or je nie qu'en général rexpectation
soit la méthode préférable, » Celte opinion a été défendue de nouveau par Jendrassik,
Inflaenee de la température fébrile sur rinfeclion. — Pour déterminer
IHntlaence de la température fébrile sur la marche des maladies infeclieusest plusieurs
méthodes ont été utilisées.
!• L'observation clinique portant soit sur les maladies infectieuses à forme apyrétique»
soit sur \p9, résultats obtenus avec les antipyrétiques physiques ou médicanienleux. On
pourrait in multiplier les statistiques, compnnir le tant pour cent de guérisoDS suivant
la méthode thérapeutique utilisée. Mais on sait combien sont tn^rapeuses ces tlontiées,
et nous renvoyons aux différents ouvrages de miMecine; car nous ne pouvons tirer
aucune conclusions des documents réunis sur ce sujet;
2* La méthode expérimentale consistant à étudier ractton de la chaleur sur les
inferobes m vitfo. On a comparé les effets observés sur des animaux préalablement
infectes, puis rendus h>Tperlbermiques, soit par éehauflement du milieu ambiant, soit
pat- piqûre du cerveau. Les résultais obtenus sont, comme on pouvait s'y attendre, très
disc<3 niante.
Pour soutenir Tidée de l'action lutélaire de l'hyperlbermie, on a apporté une série
d'observations sur Ijnfluence nocive des températures dites fébriles sur Tactivité dês
microrjBranismes. La première en date est Tobservation de PAfîterïi sur Tatténiiation de
la bactéridie charbonneuse par le chauffage à 42'', Kor.a confirme le fait en montrant
que Top li mu m est vers .l^». De Simone constate qu'une température^de 39 à iO° arrête le
développement du microbe de l'érysipéle. Koch montre que le bacille de la tuberculose
se développe au maximum vers 37-38*», et qu'au-dessus les cultures sont moins vivantes,
s'arrétant à 42**. Heidexrkich observe que les spirilles de la lièvre récurrente perdent
rapidement leur motililé vers SO**. Bcîim atténue les cultures de gonocoques en les
maintenant à 39'^ et Finger leur fait perdre toute virulence pu les portant h ¥}" pendant
12 heures. Le diplocoque de Frieolaneier est arrélé dans son développement à 41*»,^
(PifpiîtcJ. Le pneumocoque de Fraet^kel se comporte de même (Kleîïperer). Babd et
P* AcTBKRT déclarejît que les matières fécales des fébricilants ne renferment plus que le
coli-hacille, toutes les autres bactéries ayant été d»' truites par la cliaîeur.
Les recherches de Mclle« sur la résistance du bacille typbique sont particulièrement
înlëressantes, puisque la question de la médication antitbermique a surtout été soulevée
à propos de la fièvre typhoïde. Dans les cultures, ïe bacille résiste bien jusqu'à 42"*, e(
c'est «seulement à 44 » qu'il tend à disparaître. Toutefois M uller signale ce fait intéressant
que le développement des pénérations successives du bacille typhique est considéra-
blement l'etardé entre 37*^ et 40° : il estime à 16 p. 100 ce retard, soit 32 minutes a 40» et
37 minutes k 37*.
UjcvEHRicHT, commentant les résalt&ts de Mcller, insiste sur Timportance de retle
^broiére obseiTation, IJans Tarsenal thérapeutique, il n'existe, dit-il, aucun moyen qui
permette d'aider forçait isme, dans sa lutte contre Tin fcctton^ d'une façon aussi gétiérale.
et dans une telle proportion de Kî p. 100.
Toutes ces éludes oui lieu sur les microbes en bouillon de culture : il est évident que
tout autres sont les conditions de ces mêmes agents pathogènes dans Torganisme.
Les recherches que nous allons rapporter ont été entreprises sur des animaux
hyperihermisants , les uns par suite de leur séjour à l'etuve — ce ne sont donc pas
des fébricltants vrais — les autres ayant une température au-dessus de la normale,
soit à la suite d'une infection expérimentale» soit par piqûre des centres cérébraux.
FiLEiiNBa étudié rinfection érysipélateuse chez des animaux chauffés ariificîeliement.
Il a vu que le mal arrivait beaucoup plus vite» mais qt^il sv cantonnait bien davantage que
normalement. Il nVuvaliissail par exemple que la moitié de rorciltc, et le microbe dispa-
raissait, au bout ilu troisième jour, du sang du lapin. Chez les lapins non chauffés, le mal
n'atteignait sou complet développement qu'au bout de quatre à cinq jours; mais toute
K Toreitle était prise et devenait le siège d'un fort œdème, et le microbe ne disparaissait
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FIÈVRE,
qu'au bout de dix à dauze Jours. Ches des lapius qu'il avait maiotenus dans un miliea
refroidi (étuve à glace), Filehjse ne vit aucun microbe se développer au bout de trois jourf ;
Diais, quand it eut retiré les animaux (lapins) de I*éluve à glace, ils furent pris d'un
érysîpMe très grave. Les expùriencesde C^^ëinisse parlant dans [e même sens; il lUJeeUit
àes cultures de staphylocoque; puis il abaissait la température des animaux par desbadi*
geonnages au gaîacaL Or ces animaux ainsi refroidis eurent une alTection beaucoup plus
grave que les animaux témoins ayant subi l'injection de staphylocoque* et n'ayant pas
été badigeonnés au gatacol. On peut, il est vrai, dire qu'en diminuant la température des
animaux on diminue leur vitalité par rempoisonnement avec le gajacol;mat5 CHBiNtàse a
réfuté cette objection en portant les animaux ainsi badigeonnés dans des étuves chaudes.
Dès lors ces animaux badi^eoJinés se comportaient comme des animaux témoins. HoviuBi,
qui a étudié rinlUience de la température sur des animaux infectés avec de la salive, a vu
également que les animaux réchauffés résistaient mieux que les autres, tandis qu*aii
contraire les animaux refroidis avaient des affections beaucoup plus graves. Les eipé»
riences de VValthfr avec le pneumoccoque de Frankel parlent dans le même sens; tes
animaux cbaulTés ont résisté beaucoup plus longtemps, et d*autre part Wagner a injecté
le bacille charbonneux à des poules qu'il plongeait ensuite dans Teau froide pour les
refroidir. Or ces poules avaient des infeclions beaucoup plus graves que celles qui
n'avaient pas été refroidi** s* Dans la clinique de Senator, Lœwy et HiCHTER ont fait des
recherches qui ont donné des résultats serablablesaux précédents en pratiquant la piqûiv
du cerveau suivant la méthode de Cu. Biguet, SAcuset Ahonsohpi, qui donne pendant des
semaines une température de 42^. On pouvait, chez ces animaux ainsi piqués* observer
<|ue l'infection par te choléra des poules, par la pneumonie, par la diphtérie, subissait
un proloagement de durée plus ou moins notable* Les animaux inoculés avec le rouget
des porcs étaient plus longtemps malades et arrivaient parfois à guérir. Cet auteurs font
du reste remarquer avec raison que Thyperthermie n'entre pas en jeu seule dam cei
guérisons, et que la phagocytose doit être fréquemment invoquée : ils en concluent néan-
moins que félévaliou de température peut être considérée comme un moyen de défense
que la thérapeutique ferait bien d'invoquer. Sirotiniv a injecté aussi deux lapins avec
des bacilles typbiques, et il a vu chez celui dont ta température était très élevée, que la
guérison était survenue, tandis que chez TautreiOÙ la température avait baissé» la mort
survint. Welch a vu également que la guérison survenait surtout chez les animaux^qui
ont beaucoup de fièvre immédiatement après Tinjectton. KRiRGift n*a pas trouvé d'hyper-
toxine dans une Liilluie maintenue pendant 24 heures à 39**.
HiLOEBHASiiT provL*que la fièvre avec des ferments hydrolysants> tels que rinvertine-
émulsine; ranimai qui avait une température de 41 <* résistait, alors que les témoins
mouraient en quelques semaines.
Kast étudie le problème par une autrejvoie : il se propose de chercher quelle e«t
l'influence exercée par Thyperthermie sur les substances protectrices du sérum sanguin.
Laissant de côté les alexines» auxquelles on attribue Taction bactéricide commune da
sérum, il étudie plus spécialement les substances spécifiques, Kast utilise la méthode de
PrKiFFEH etKoLtK : il prend du sérum de chèvres immunisées contre la lièvre typhoide,*?l
l'injecte à des animaux infectés par des cultures virulentes. Les animaux soumis k ujir
hyperthermic de 40*" à 41" furent sauvés par une dose de sérum qui se montrait rnactivc
pour les animaux injectés, mais laissés ù la température ordinaire.
Bemascb a trouvé que les variations de la température n'entraînaient pas de raodiflca-
ttons dans la courbe agglutinante, et que les antipyrétiques étaient aussi sans action.
Hydrothérapie. — La balnéalion dans les cas dliyperthermies graves est n-coni-
mandée par la presque unanimité des auteurs, m^me par ceux qui rejettent radir^l»-
menl les anlilbermiques. Elle constitue, pour BaANO, le traitement par excellence delà
fièvre typhoïde. La manière de donner l'eau froide varie avec chaque école :
1** Le premier et le plus simple de tous ces moyens consiste à prendre unegro»'-
éponge plongée dans de Teau à 12" ou t5«, te malade étant au lit, et à faire des lotion'
par tout le corps. On essuie le malade, et on Tenveloppe ensuite dans une couvertiJfï'
bien sèche* Ce procédé est peu employé;
2^ La méthode de Tkoussealt est également abandonnée; elle consiste k placer le
malade dans une baignoire et à Tasperger avec de Teau froide;
ÊÊÊÊÊi
FIÈVRE. 473
3« Le procédé du drap mouillé est très oftilé. Un drap est plonge dans de l'eaa
A 10*; 00 Texprifiie et on en enveloppe le malade, qui y séjourne pendant io ini-
mités ;
4* La méthode de Brano, consiste à donner des bains à la température de 20*et.dûns
les états graves, à celle de IS*, dont la durée est de 15 minntes. Chaque fois que la tempé-
rature dn malade d**passe 39*^,00 en donne un toutes les trois heures. Il est donc indis-
pensable de prendre toutes les trois heures tes température» rectale ou vaj^inale. î»ès
après le bain, quand le malade est recouché, on reprend la température pourdétennitier
J^infloence exercée sur la thermogénèse ;
5* Enfin, les bains tièdes, niètliodo très employée autrefois, et qui est reprise par
Bouchard. Le malade est placé dans un bain dont la température est de 2*» inlérieure à
sa température propre; on Vy laisse séjourner quelques instants, puis on abaisse pro-
gressivement la tenipéralure dn bain à 30". On donne 8 bains analogues par jour.
Comment agit le bain froid dans les pyrexies? La soustraction de calorique ne
paraît pas être le mécanisme utile du bain froid. On sait^ en effet, que le bain froid pro-
voque une réaction de défense de l'organisme telle que les échanges sont considérable-
ment auf^mentés. Kernio, dès 186Q, avait montré qu'un bain à 28*^ double l'activité
des échanges chez Thcimme sain, Liebkbmeister a prouvé qu'il en était de m t'orne chez le
Çlbriciiant, Tons le^ travaux à cet égard concordent ((Iildemeisteh, Lbhmann» Rœngu»
L'inlUience du bain froid sur la courbe thermique est tn>s variable. D'aprto
LiKBSRiiEisTSR, la température pendant le bain (2B<') reste stationnai re, ou niéiiie s'élève
«ocore, mais elle baisse ensuite graduellement à la sortie du bain. Aubert, Segalas
n'obtiennent pas des courbes analogues. La température rectale ^ qui s'élève en effet
chez Tbomme sain de quelques dixièmes de degrés pendant le bain, baisse au contraire
graduellement et lentement chez le fébricitant (typhoique ou pneunionique), la courbe
descendante se continuant après le bain. Quant à la courbe axillaire, elle est identique
chez le sujet sain et chez le fébricitanl; chute brusque pendant le bain, ascension
rapide à la sortie. D'après Fiedler et Hartenstei.n, une demi -heure après le bain, et
pendant trois quarts d'heure, la température de Taisselle était plus élevée que celle du
rectum, fait contredit par S^galas. Cet abaissement thermique central const^cutif au
bain est obtenu, d'après Liebehmei&ter, par une diminution dans les combuslious
organiques ; l'analyse des échanges gazeux iitdique en effet une diminution dans Féli-
minalion de l'acide carbonique.
La destruction dQ^ albuuiinoîdes, le processus le plus essentiel de la fièvre, est-elle
modifiée par les bains froids? Sassbtzki conclut à une diminution dans l'urée excrétée,
malgré Tangmentation des urines. Baïjer etKcrssiCE trouvent, en apparence du moins, des
résultats opposés : ils donnent des bains froids h leurs fébricitants tous les deux jours,
€t c'est le jour du bain que rélimination azotée atteint son maximum; mais Sceilkich a
montré que réliminalion de Turée ne correspondait pas au moment de la destruction
de la matière protéique, qu il y avait un retard pouvant atteindre 24 heures, et qu'en
fait les expériences de Bauer et Kc^siîe pouvaient être interprétées en faveur de la
diminution de la protéolyse sous TinOuence du bain froid.
Le bain froid agit sur le système nerveux par vuie réilexe cutanée ; le tonus artériel
est augmenté (Wiihter.vit?,), le rythme cardiaque régularisé; le dicrolisme disparaît. La
diurèse est considérablement augmentée, et c'est peut-être là le facteur essentiel- Chez le
lyphoisant, la quantité d'uritie peut passer de BOO grammes à G litres en 24 heures après
le bain froid, et les expériences de Roques et Weil montrent que non seulement la
sécrétion urinaire n'est pas plus abondante, mais que la toxicité de l'urine s^élève, ce
qui prouve qu'il y a éli ni i nation de toxines.
AJlmentatton des feb ri citants. — « Quand la maladie est dans sa force, la diète
la plus sévère est de rigueur (Hippoirate). »
M L^inanilion est la cause de mort qui marche de front et en silence avec toute mala-
die dans laquelle l'alimentation nVst pas à Fétat normal. Elle arrive à son terme, quel-
quefois plus ti>t, quelquerois plus tard, que la maladie qu'elle accompagne, et peut ainsi
devenir une maladie principale, la où elle n'avait été |d'abord qu'épiphénomène
(Chossalj. >i
4M
FrÈVRE.
ser-
Ces deax citatioB^ Mument les discussions innombrables qui ool lieu eQ mé>
ciii6 sur cette quesUon :'la djététiqtie d«tis les oialadies fébriles.
La destruction eiagérée des albuminoïdes étant aujourd'hai admise sans eonteste,
le problème doit ^e poser ainsi :
Une ati me niât ion azotée f^eut^elle contrebalaneer la destruction exagérée de Taioie
perdu?
Une alimentation non azotée peut-elle dîminuer réliminatton de l'azote?
Hfppert et BiKîiELL, en !80î>, répondent pur la négative à la première question. Obser-
rant un typhique, ils n'arrivent Jamais à compenser par une nourriture azotée le déci
protéique.
L'élimination de l'urée croissant à mesure que l'on élevait la ration azotée, Iami
MANSf en 1871K aboutit aux marnes conclusions : chez les fébricitantSi rapport d^albniui
noïdc* favorise Li protéolyse.
Au contraire, B A CTFR etKuNSKLE arrivent à des résultais opposés. lis prescrirent alti
nativententâ un typhique un r^^ime sans azote, puis un régime riche en albuminold
soupe, œuf, lait, et constatent que le second régime protège les tissus protéiques
corps.
Il y a bien augmentation réelle de l'azote éliminé; mais^ si l'on tient compte
Tazote ingéré^ on remarque que la désassimilalion protèique est certainement dimin
PuTLNG, étudiant la même queslioji cbez les enfants scarlatineux, conclut que souvenl
ralimetitation azotée peut contrebalancer, ou du moins atténuer la destruction dtÈ sub-
stances protéiques,
Getïmaïn SIe se prononce nettement pour ralimentation azotée des fébricitants,
MtiNK et ËwALD, résumant la travaux antérieurs, concluent dans leur traité de dî<
tique :
i< L'administration des albuminoîdes aux fébricitants peut déterminer une éparj
de cette substance, alors même que la perte totale en aiote s'élève, par suite d'one ai
mentation <ra/olc dans la ration. »»
Kn admettant même que Taïi mentation protèique est utile au point de tue de
compensation de la perte azotée, un certain nombre de cliniciens s'élèvent contre T;
mentation azotée. Ils supposent, en ©(Tel, que les produits de dédoublement des albumi
iioTdes peuvent, par suite de l'état du tube digestif, devenir vraiment toxiques : aloi
du tube digestif: diminution de Tacide cbïorbydrique; absorption plus lente despeptoni
(Sanetzky et L'rFELMANN); alTaiblissement probable du rà\e antitoxique du foif.
Pour éviter les aulo-intoxications^on a essayé do substituer, en partie du moins, am
matières protèique s des bydrates de carbone. Les travaux de Mat sur les animaux fébrî
citants tendetît à montrer qu'il y a en etfel éparene très caraciérisée de l'azote parl'iiH
gestion d'hydrates de carbone.
En d'autres termes, l'orjçranisme des fébricitants se comporte à ce point de v
comme celui des sujets sains; May va plus loin, il admettrait volontiers qne la destn
tion des albuminoîdes chez le fébricitant en inanition résulle du besoin en hydrates
carbone de l'organisme,
llappelons que. pour V. NoonnEX, la deslnietion de^ albuminoîdes est due a dei
causes; Tune, c'est l'aclion immédiate dos pinsons pyrétogènes sur le protoplasraa;
l'autre, c'est â l'inanition plus ou moins relative du malade; ringeslion d'bydrates d^
carbone peut agir sur la seconde cause, non sur la première.
Vaquez, récemment, a défendu très énergiquement l'alimentation oiotée, mèmeehei
les typhiques.
Lea pyrexies apyrétiqiies. — Une étude sur la fièvre doit comporter nécessaire-
ment un exposé sommaire des travaux sur les pyrextes apyrétiques. Terme paradoi^l
évidemment, mais qui est aujourd'hui adopté par les cliniciens, bien que Li-rrr^E propose
avec plus de raison de leur subsLituer celui de pyrexie athermique. Certaines afîeclion?.
s'accompapînant généralement d'une élévation thermique notable, peuvent dans certain.*
casévoluer avec tous leurs syndromes ordinaires Ja température seule ne s'élevantpw.ott
môme restant au-dessous de la normale : srarlatine (Fiesslnokr), Qèvre tvphoide (Valui.
Gerloczy, Wendlano, Teissier), grippe (Potatn), etc. Il est bien entendu qu'il ne s'agrilp»*
ici de fièvre algide avec col lapsus.
IDX I
FrèvRÊ.
m
Ptusitur^ explications ont été fourmes. Dû a ioToqué une réaction anonnale des
centrpfi r^^mlatenrs Iherniiqties. Reicbert disait qu'il y a e^caj^é ration d'action des
centres tbermolTtif|ues sur les centre thermogéniques; mais cette réaction ne paraît
devoir se produire qoe parce que les poisons p}Télogènes sont autres dani» ce cas. Pour
CiiAitiii:^ et Caenot, il y aorait dans Torganisme prédominance des substances hvpother-
misant^s. TIs citent les effets différents obtenus avec les urines de deui lyplioisants;
r«n avec hyperlhermie, Taulre restant au-dessous de 38". La phase <l'livpotliermie
observée chez les lapins injectés avec les urines ctait beaucoup plus forte chex le sujet
athermique. J^Teissieh, sans nier une hyperproiluction de substances liypolhermisantes,
penche plutôt à admettre unf rétention de ces substance!» par suite de rirapermiJ^aLilité
plus ou moins complète du rein.
Les antipyrétiques. — Le nombre des substances utilisées en clinique pour
combattre l'élévation de température est considérable, et it serait impossible de les
étudier spécialement. Les antipyrétiques agissent par plusieurs procédés, il en est qui
s'uttaquent à la cause même de Tacc^s fébrile. Ce sont les médicaments spécillques»
comme la quinine pour la malaria, l'acide saïicyliquejpoiir le rhumatisme et peut-être
aussi contre le pneumocoque. Rien ne démontre mieux les effets de res médicaments
que les effets variables de la quinine dans les fièvres intermittentes. Donitée pendant
l'accès, même par la vole sous-cutanée, la quinine, à moins d'employer des doses
énormes, toxiques même, inûue peu sur la température, alors qu*une dose beaucoup'plus
faible, administrée avant raccès, prévient ou modère tout au moins la poussée fébrile.
Dans ce dernier cas. la quinine a agi directement sur les înfusoires.en arrêtant leur vita-
lité et la production des substances pyrétogèues. Dans le second cas, elle s'est montrée
incapable d'agir, soit sur les toiînes produites, soit sur les centres nerveux intoiiqués.
Peut-être la kairine et les corps analogues de la série quinolique sont-ils, sinon des
spécifiques, au moins des agents bactéricides ^énéraui du san^. Dans tous les cas, ces
substances ne sauraient posséder des propriétés antiseptiques qu'à des doses od elles
deviennent toxiques pour le sujet traité, La plupart des antipyrétiques introduits par
les chimistes sont des poisons du sang (transformation de l'bémogiobine en métbémo-
globine, diminutiou de !ii capacité respiratoire, allératioa morphologique des globules)
et aussi du protoplasma des cellules, C*est en diminuant les échanges, et par suite la
réaction de Torganisme, qu'ils provoquent !a chute de la température.
Sous la direction de Kreml, un certain nombre de travaux importants ont été publiés
en 1899, sur rinfluence des antithermiques sur les échanges, Liepklt arrive à cette con-
clusion que la quinine ii dose moyenne oe modifie ni la température ni les oxy-
dations, mais qu'à doses plus élevées elle peut provoquer des perturbations graves dans
la tliermogénése. SiûyLiNGER soutient qt^il n'y a diminution de la chaleur produite que
par suite d*une véritable paralysie neuro-musculaire,
ËnOn^un groupe important de substances ayant pour type Vantipyrine a pu être dé-
signé sous le terme général de médicaments antîî)y rétiques analgéstques. Eu diminuant
Télément douleur, on conçoit que ces substances atténuent rexcitabilité exagérée des
eentres nerveux, et par suite provoquent une chute thermique. Mais il faut sans doute
Taire intervenir également ici un autre mécanisme. >léme quand la douleur n'entre pa*
en jeu, que le système nerveux, en apparence du moins, n^est pas dans un état dhyper-
excitation, Tantipyrine parait agir sur les centres régulateurs, sur les centres thermo-
taxiques. Les expériences de l**-J. MAaTr:^, de Girard, de Gottliuw, parlent dans ce sens.
Après radministration de 1 gramme d*antipyrine à des lapins, la piqûre du corps strié
ne produit plus dliyperthermie. Une expérience de Gottlied tend k établir ie méca-
nisme de ce pouvoir régulateur de Tantipyrine sur les centres cérébraux. Sur un animal
normal Tautipyrine augmente la déperdition de calorique de 10 h 20 p. 100: sur uu
lapin rendu hyperlhermique par piqûre cérébrale, cette augmentation peut atteindre
55 p, 100.
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Uebcr den absoiuten und rctaliven Werth der SchuefeUâureausfuhr durch den Harn èM
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4890, 920J, — Semmola. Die Toa^ieitai des Vtins, deren Diagnose, Prognose und Thempie
(Intem. A/m. Bundsch., 1891, n* 40). — Bi>giiE el VVeill. De rélimination des produU^^ im-
ques dms la fièvre typhoide (Bei\ de Med., 1891, 758). — Feltz. Es$. expér, sur le pomoir
toxique des urines fébriles \€. R., 1886, g»ï, 880, 282). — Roger et Gaumb. Toxicité de Cmne
dans ta pneumonie {Bec. de Mcd,, 1889),
J -P. LANGLOIS.
1
4uni
ûntrt
itunu
FILICIQUE (Acide) — FLORAISON-
4SI
FILICIQUE (Acide) (C«*H**0' ou mieux C»H«0«), — Corps erisUillisable,
lobld dans Téthor, qu'on eitrait du produit élhéré de Texlraîl de racine de fougère
'teâle. Il donne avec les bases des sels cnslallisables. [1 est probable que c'est un étlier
butylique de la naphtoqumune.
D'après Pollsson Tacide JlJicique est toxique chez le lapin à la dose de 0'*'',50 en un
• ou deux jours, après ingestion stomacale, Hullf, dit qu'un homme adulle, après ini^'es-
tîon de l gramme d\icide Ulicique, a de \a diarrhée, des nausées et un malaise général»
mais que les accidents disparaissent vite* K\layama et Ojcamato, professeurs de méde-
cine léjiale à Tokyo, ont appelé l'attention sur un phénomène remarquable consécutif à
l'usage d*acide Ulicique» c'est à savoir one atrophie de la rétine, avnc c<*cité complète.
Masius a communiqué des faits analogues à TAcadémie de médecine de Bruielles. Chez
l'homme des doses répétées fde 5 à 10 grammes par jour) ont amené l'amanrose ol
des symptômes de générale intoxication. Misris a pu répéter ces phénomènes d'empoi-
sonnement chez le chien. Sur 14 chiens intoxiqués, 5 présentèrent une amaurose notable,
et chez deux animaui la cécité ne disparut pas après la suppression du poison. Il a suffi
de donner des doses quotidiennes de 5 à 20 centigrammes par kilogramme «l'animal
pour amener ce résultat. Van Aubel a répété les expériences de Masius, et il a de plus
observé les accidents déterminés chez des grenouilles placées dans de l'eau tenant en
^aspension quelques gouttes d'essence de fougère mAle. li admet qu^ cette substance est
^assex analogue, quant à ses effets, à l'essence de térébenthine, et que, chez les mammi*
fères, elle produit de la contraction des artères de la rétine par excitation du grand
sympathique. A dose toxique, sur le chien, l'essence de fougère produit un ralentisse-
ment du cceur, avec impuissance des mouvements volontaires; et la mort survient dans
ie coma. Van Aubel admet que c>st niï poison du système nerveux central,
D'aprr^ HiyEa)i{Bei(r*uje zur Kmntniss der Fiiixmitretjruppe, A. P. P. ,1897. XXXVIII, 35-
58), on peut, en traitant l'entrait éthéré de fougères par la magnésie, extraire un corps cris-
Lallisable que Bokhsî a appelé H'upitUne, et auquel il donne pour formule C*^H^-0'. L'as-
pidine,àla dose de *2 ou 3 milligrammes, tue les grenouilles, avec des convulsions téta-
niques. Elle a été mortelle sur le lapin, en injection veineuse, à 0>''%025 par kil. Plus tard
il y a eu des convulsions d'înlensîté assez médiocre, la mort est survenue par arrêt res-
piratoire. BoRtiM a encore obtenu d'autres corps voisin! de Taspidine (G^^H-''OrJi^O*);
l'acide Jkvaspidtque (C"H»0*); l'albaspidiue {C"H^"0'!; riispidinol iC'-ll«^tV) ; tous
corps voisins de l'acide lîlicique (C'^lî-O'^j dont certaine n^nt ils dérivent. 9laiâ
4'acide Hlicique, d'après Boehst, n'aurait pas les propriété physiologiques et théra-
peu tiques des extraits de fougères et do Taspidine.
Bil)liographie. — Vax Aubkl. Contrihulion à fétwle de ta toxicité de h fouyère mdte
(Bult, de tÀL\ de médecine dv Belgique, 1895, ii, 84l-8ïU). — Koukrt, Sur /es pnncip€ê
actifs de la fowjère mdk (Soc. des natnr. de Dorpatt déc, 1892). — Katayv^v et Okamato.
Studien ithev die Filix Awiitrose (Vkrtjahrsschr. f. ger, Mtfti., 1894). — Masili^. Amtturos^
^ieique {BulL (/c VAc. de mhiecinc de fîtî/f/ïVywf, 29 iuiii 1893)* — Poulsso.w Veberdic Foly-
sUchum^durc {Àrch, /". pharmak., mars 1895). — Rulle. Eiu Heitrag zur Kaintniss einiijer
Bandwunnmitlei und dereu Anwendunij (0. m., Dorpat, 1807)»
FISCIQUE (Acide). — Entrait parTalcool de F i^c ta par ietina, il cristallise
en petits cristaux rouge brun.
FISETINE {C'*HIW)» — Combinaison de tanin et d'un glucoside, nûmmé
fustine^ quon trouve dans le bois de fusiet. L'acide acétique le dédouble en ces deux
éléments. L'acide suifurique étendu dédouble la fuîsltne en liséline et un sucre qui parait
être ri 30 du Ici te.
FLORAISON. — La floraison, ou, comme on disait autrefois, la lleuraison,
st la biologie des Heurs, surtout considérées dans leurs enveloppes extérieures, le calice
la corolle. L'étude des parties centrales, les étamiiies et le pistil, conslitue trois
'autres chapitres de la biologie, la pollinisatiou, la fécondation et la fructîQcatioiK
Généralement les tleurs apparaissent aprè^ les feuilles, ou plutôt pendant la période
-de plus grande vigueur de celles-ci. Les exceptions sont assez rares; mais, comme
DICT, DB l'UYSlOLOaiR. — TOME VU 31
483
FLORAISON.
elles sont relatives à des espèces vutgaires, elles paraissent beaucoup pins fréquea
qu'elles ne le sont en réalité. Citons particulièrement le pécher, l'orme, le peuplû
le tussilage, le maf^nolier.
Le? pièces constituant les fleurs sont, quand elles sont jeunes, rabattues les unes sur
les autres pour constituer ce qu'on appelle le bouton. Quand celui-ci est mûr, le calice {
la corolle se rabattent au dehors, de manière à exposer h l'air les parties centrales : c*i
Vépanojmsement , qui se continue jus qu*à la mort de la fleur,
La durée de répanouissement est très variable. Il est des Heurs qui ne vivent gn
que douze heures : on les dit alors e^p/témi^rcg. Les unes s'épanouissent le soir et meurent!
malin : ce sont les t^p/iêwètVes noclumt's (Belle-de-nuit* Cereus). Les autres s'épanoai^î
le matin et meurent le soir; ce sont lea éphèmê^rcs diurnes (Gestes. Certains Lins).
Si la fleur dure phis d'un jour, on la dit vivace.
Il y a un assez ^l'and nombre de plantes, des aibres notamment, où les Ûeurs
déjà formées, du moins en partie, bien avant leur épanouissement. Elles passent alo
FMver enfermées dans des bourgeons dont les écailles sont garnies de poils blancs et
cotonneux, destinés h les protèfçer du froid,
L'âf^eoù les plantes fleurissent est variable. Les herbes fleurissent la première anx]
Les platiles bisannuelles, îa deuxième année. Les arbrisseaux et les arbres co mm en ceii
généralement à fleurir d*aulaut plus tard que leur croissance est plus lente, etlourduré^
habituelle plus prolongée. 11 y a à celte régie des exceptions i Ricin d'Afrique; Rosier i
Bengale; Pin des Canaries!. Lne m<*nie espèce fleurit plus lût dans les pays chauds i
dans les régions froides ou tempérées.
Les plantes bien nourries ont une tendance à produire peu de fleurs et plus de feuille
Les boutur^'s tendent k fleurir plus UM que si elles étaient restées en place. D'ui
manière générale, je eroîs que Ton peut dire que tout ce qui peut faire souËTrir
piaule (transplanlalion, voyages, traumatismesj l'engage â fleurir plus vile et pli|
abondamment.
Les plantes k fleurs vivaces fleurissent généralement Lous les ans à la même époq
Cependant il n'est pas rare de voir un arbre, qui a beaucoup fleuri et fructtOé i
année, ne pas fleurir Tannée suivante. Par contre, on voit parfois les marronniers d*In<le,^
qui mènent une vie misérable dans les boulevards de Paris, fleurir plusieurs fois par
au.
La tloraison u lieu surtout au printempSi et d'autant plus tôt que celal^ci est pioi
chaud. Mais elle peat avoir lieu à diverses autres époques, ce qui a permis aux hoU
nisles àràmepoélique de faire un Calendrier de Flore, Celui-ci ^ nature 11 enieni, est variabi
avec les régîpns, et, jusqu'à une certaine limite, avec les conditions météorologiques <
l'année. En voici un exemple ;
Lauréole. — Noisetier, ^
Janvier. — Peaplit^r blanc. — Perce-neige.
Février, — Anémone hépatique. *- Daphiié bois gentil.
Violette.
Mars, — Am^mone sylvie* — Giroflée jaune, — Narcisse. — Primevère. — Amandier.
Pêcher. — Abricotier.
Avril. — Couronne impériale. -^ Jacinflie. — Lilas, — Pcliie? pervenche. ^ TuUp^, -
FrÔne. — Poîripr. ^ Prunier* — Mari^onnier.
Mai, — FilipeDdule* ^ Iris. — Mu^çuel, — Pivoine. — Pommier, — Fraisier^
Juin. — Bleuet. — Nénuphar, — Nielle. — Pavot. — Pied d'&louelte.
Juillet. — C'itiilpa. — Chicorée sauvage. — Laurier- rose. — Menthe. — Œillet.
Août. — Oabamiue. — Laurier-lin. — Maj.':nulia. — M>rte. — Soibicuâe.
Septernùt*e. — Cyclanien. — Colchique. — AnaarylHs jaaae, — Lierre. — Hlctii,
Octobre. Aralia. — Chrysanthèmes. — Topinambour. — Aster.
Novcmfii*€. — Anémone du Japon. — Ëphémérine. — Verveiue.
Décembre. — EUébot-e noir. — Lopézio.
L'heure à laquelle les (leurs s'épanouissent varie avec les espèces, ce ([di a pen
de faire des Horioges de Flore. En voici une, relative ù Paris, en été :
Entre ^ et 4 heures du malin.
— 4 cl 5 — du —
Convohmlm nil et sepium*
Traffopogon, — IUntricarta fuaveolens.
FLOU RE N s (P.-M.-J.).
4«!t
Eotre S et 5 K. f /t
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— —
10 *-
Papawr nudicauU, — Chitai'acées,
Momordica flaUiium, — Lafttuna eommunis. — Çonvùivutuâ
(rirMor.
Ihfpijçhctrik mnciihla, — Convoivutm siciiltts,
Serinpftar, — Laitues. — Cameiinex, — Prennntheâ mumih,
Mesembryanthemum harhaium^ — Spéculât in ftptatlurn. —
Cncumin tmguria,
Anoffallts fr/viiftf.
Solona pî'ostrata*
Caleuduta arvenfif.
GUictalê,
Mêsem bvya n th em um n ùdiftoru m ,
Pou>'piet\ ^ OuUihotfatum umheUaium. — TigHiUa pavonm,
Ficoïdei [Le. piu|>{a-l de»),
SiUne noctiflora*
Bflle fie nuit.
Cereut ffrandiflortis. — Fi€oïdenocti/!oi'i>— Mnothtra letrapfera
Convoltulm purpuveus.
Cest la lumière qui semble surtout agir dans Theuro de l'épanouîssemenl des fleurs,
La chalear peut faire aussi étaler certaines (leurs, les tulipes par exemple.
Les fleurs respirent activenienU Au moment de la fécôJidatioji, elles semblent [ité-
senier une augmentation de tenipt^rtilure, mais mal connue.
Le développement des (leurs à Tobscurité a été, en dernier lieu, étudié par L. Bku-
&ATGLe [Àcad. des sciences, 18 mars ItlOl). Voici les conclusions de ce travail : 1 vA l'ob-
scurité, les fleui^ éclosenl, le plus souvent, plus tard qu'en pleine lumière; 'i* La cou-
leur des llears subil, en grénéral^ à robscurité, une diminution d*intensité «jui est trt^s
légère pour certaines fleurs, assez sensible pour d*autres» cl qui, pour quelques-unes»
|>ar exemple iieliotroinum petuviamtm et Tcurjium fruticans, peut aller jusqu*à drcolora-
lion complètes" Les fleurs développées à Fobscurité présentent, en général, des dimen-
sions moindres que celles des fleurs développées à la lumière, mais» par contre, les pédi-
celles sont parfois plus développés; 4** Le poids et le volume des lleurs développées à
Tobscunté sont toujours inférieurs au poids et au volume des lleurs développées à la
lumière.
HENRI COUPIN.
FLO U RE NS ( Pierre-Marie- Jean), né à Ttiézan(Héraull)Jel3avriI
i7i)4,raort à Monlgeron prés de Paiisje 0 décembre 1867, a été le premier titulaire de la
chaire de physiologie comparée au Muséum. Par sou enseignement et par ses écrits il
Ljl exercé une très tiiaude intluence sur le développement de la physiologie dans la pre-
Iftière moitié du xii'' siècle*
De situation sociale modeste» Floubens fut élevé par un prêtre oratorien qui lui
donna» dans une humble cure desCêveunes, les premières notions des sciences; à quinze
ans il s'inscrivit 4 la faculté de Montpellier; il n'avait pas vingt ans lorsque, ses études
terminées, il partit pour Paris. Recommandé par De Candollk à Cuvïkr qui était alon*
fl'l'apogée de sa réputation, Klolrkns fut introduit par son protecteur dans une société
d'élite; il connut DKLAHiiREj Ampère, Lai'Lach, Ara«io, Geoffroy Saint-lliLAiBK, Biot,
UuLONG, PotssoNjiîAY-LL'ssAC, DESTUTf DE Tracy, etsut couquérir restinie et m^nie Tamitié
de plusieurs d'entre ces ^'rand^^ hommes; cependant ses débuts à Paris forent difficiles
à d'autres poiiits de vue ; il écrivit des articles de revues, organisa des conférences pour
gagner sa vie, tout en continuant ses études et en parachevant sa formation intellec-
tuelle*
FLOuaRxs possédait de précieux dons de nature : w Une volonté ferme, orientée dans ses
desseins par un caractère droit» par un esprit élevé, secondée par une heureuse habileté
et *oulenue par un grand travail, le fit arriver à la renommée qu'il avait rêvée dès sa
jeunesse *, '» Il disposait d'une grande vigueur de pensée; tl avait du style, de l'imagi-
1. Éloge de Plourrn$^ par Claldb BeKX^aD.
êi
FLOURENS (P.M.-J.),
Ai
I
nalion el «ne r.îm ir-itiable clarté dans rexposition; il atilisa ses talenls d'écrimin ea
cjllaboranlâ de^reviifl-s scientifiques; en 1822 il fil, à l'Athénée, un cours public sur tes
Sensalioiis. A Texem^ile de Mvgevdir, il expérimenta sur les animaux; de 1822 à 1828
il poursuivit des rncherclie> sur les fondions du système nerveux; ses premiers travatit
m^^rilerent les eacouragements de TAcadéniie qui. à deui reprises, en lS2i et en l«25,
lui décerna le prit Moxtvon.
Appelé en 18-28. sur k recomtnaniialion de Cuvikr. à la suppléance de la chaire â*aaa-
tomie au Jardin des Plantes, il devint, en !83i, titulaire de la chaire de phjsiologie
comparée créée au Muséum du Jardin; en 1813 il succédait à Covier au secrétariat de
TAcadémie des science»; enfin, eu 183 j. il prenait possession de la chaire d'histoire
naturelle des corps organisés au Collège de France.
Certes Plouren^ devait un succès si rapide à stî quiUtés personnelles; mais raniiiîé
dontCuviER l'avait honoré lui était venue puissamment en aide,
FLOURK^sne dédai^^na point de faire une iricuriioti diins la politique; député de Bézien
en 1838, il prit place dans les ran^çs de la gauche, nuis ne joua qu*un rôle eifac^ 4 la
Chambre *
Rien ne démontre mieux la haute réputation acquise par FLouaB.MS que son électî<»a à
TAcadémie française, en 1840; il remporta, en cette circonstance, sur un concurrenl
redoutable : Victor Hutio, On trouve dans ta Rcouc dfii Deue xlfoAfJe»* (décembre 1840^ an
écho de certaines critiques occasionnées par ce triomphe du savant sur le grand poète.
En 1818. Floupem;* devint pair de France; la révolution de 184S lui enleva celte fonction
et le décida à se retirer de la vie politique; en 1850, il fut représentant de l'Institut ai
conseil supérieur de rinslructton publique; en f85S, membre du Conseil manicipal
du Conseil général du département t!e la Seine.
Après cette brillante carrière, comblé d'bonieurs dans son pays, devenu membre
la plupart de* Académifîs et des Siiijété^ savante* d'Europ> et d'Am 'crique, grand oflioiei
de la Lïgion d'honneur, Flolt.iev.* abiadonm. en 180t, le Secrétariat de fAcadémie des
sciences, non sans avoir, à Tinstar de Cdvikh, désig lé soi successeur. Il se retiras ta
campagne après avoir ressenti le* premières atteintes d'une paralysie k laquelle it
succomba trois ans plus tard.
Flouhens a su conquérir pour la physiologie le droit de cité qu'on ne lui avait pis
accordé encore à l'épaque où Mvoevdib professait ses admirables leçons sur les phéa
mènes physiques de la vie; il imposa, grâce à ses brillantes démonstrations, les résultai
obtenus par la fn^th<Mle eipérimentale; il fut l'ennemi des conceptions abstraites, cl,
lui-même ne sut pas toujours s'en défendre, au mrjins faut-il lui recan naître le mérii
d'avoir toujours cherché à les appuyer sur rinlerpréiation des faits.
Lorsque, en 1^24, Floqbkns fit connaître ses premières recherches sur les fouctioi
du cerveau et sur le rôle du cervelet dans la coorlination des mouvements* on compi
qu un*? voie nouvelle était ouverte désormais dans une direction qir^ nul n'avail »'nco(
entrevue; Ccvieh pnt dire avcf! raison à TAcadémie que '* le seul fail d^avoi^ ima^in^
(elles expériences était un trait dri génie dtgoe d'aimirat'on »*
La postérité a conlirmé un jugem'înt si llatleur : Flourbns apparaît aujouni'htu
comme l'un des initiateurs des méthodes qui ont permis à la physiologie de so coi
stituer.
Lablalion partielle ou totale des hémisphères cérébraux chez le pigeon, la piqâf#j
du bulbe et la découverle du « nœui vUal » sont des expériences révélalrîce^ et déci*
sives, grâce auxquelles dincontestables progrès ont éti réalisés dans un des domaines
les plus obscurs de l'in/estigation physiologique; ces expériences appartiennent entière-
ment à Flourk^^s, et c'e^t avec justice qu'on y a rattaché son nom* On peut regretter
pourtant que le grand physiologiste sa soit arrêté en si beau chemin, et qu'au lieu do
poursuivre se^ expériences, au lieu de les étendre, comme on Ta fait depuis, il ait pré-
féré combattre la doctrine des localisations cérébrales*
Adversaire résolu du système de Gall, Flourbns semble avoir interprété les résultats
de ses propres expériences d'une manière trop exclusive, afin de pouvoir les opposera
ce qu*il considérait conim? un^ mauvaise philosophie, « Je cite souveiit DE^CAH^e$, dit
il, je fais plus, je lui dédie mon livre, — J*écris contre une mauvaise philosophie el je
rappelle la bonne... Le sens intime me dit que je suis un, et Gall veut que je sois mol-
FLOU RE NS (P,-M.-J.).
i85
liplé; te »ens inlime me dit que je suis libre» et Gall veut qu*il n'y ail poiot de liberté
momie. ••
m On pent retrancher, dit eiîcore Flol'rens, sotl par devant, soîtpar derrière, soit par en
haut, soit par côté, une portion assez étendue des lobes cérébraui sans que leurs fonc*
tions soient perdoes ; une portion assez restreinte de ces lobes suflll à leurs fonctions...
Hais, U d<^perdtlion de subntance devenant plus considérable, dès qn*une perception est
perdue, toutes le sont; dès qu'une faculté disparaît» toules disparaissent,., il n'y a donc
poîiii (le sièges divers pour les diverses facultés ni pour les diverses perceptions. La
faculté de percevoir, de Juger, de vouloir une chose* réside dans le ui^nie lieu que
celle d'en percevoir, d*en juger ou d'en vouloir une autre. »
La psycliolof^ne de Flolrens lui est toute personnelle; certes, il suit pas à pas l'expé-
rience, mais on voit qu'il l'interprète en se laissant intluencer par ses convictions pbiloso*
pbiques, A ta fois eipérimentateur et philosophe, Flouk^ns obéit à cette tendance à la
synthèse qui se retrouve dans les œuvres de plus d'un «avant de la même école, oolam-
meni dans celles de Blffon et de CtTviER, Il a comme eux des vues générales et larges,
un horizon intellectuel qu'il ne cherche pas à restreindre, et qui donne à l'ensemble de sîi
doctrine en même temps une incontestable grandeur et un défaut de précision.
Irréprochable lorsqu'il expérimente, Flol'hfns est trop enthousiaste par nature pour
ne pas aller au delà des faits. ** La vie, dit- il, est un principe d'activité, principe com-
plexe par l'ensemble des forces qui ïe composent, simple par l'unité même du na-ud
f ital ot il réside. « Kl ailleurs : « Toute pitrlie tenant à ce point vit; toute partie détachée
df' CB point, nieurL ( île ta mison, du génk et de ta foiie^ p. 2" 3). »>
llans toutes les questions qui ne louchent pas aux grands problèmes psychologiques,
el tant qu'il ne s'agit que de l'observation des phénomènes organiques, Flolrens émet
ées jufj;ement3 d'une «b^otue correclioo ; ses expériences sur la régénération des os
sont typiques à ce point de vue*
FLocnKNs a professé aussi un cours d'ontologie; mais, en cette malière, on ne peut
dire qu'il ait contribué au progrès de la science; dans la question h\ disculée alors de
rorigine des ôlres et de la fixité des espèces, il s*esl ranpé panni les adveri^aires de révo-
lution, et a combattu éner|?uiuement les théories de Lauarck, de Gëoffrov Saint-Hilahir,
de Dabwjn. Traitant « de la quantité de vie sur le globe »>, il affîrnje que, si les espèces
se perdent, la quantité île vie reste la même. « Les partisans de la mutabilité des
e»p»-cef, dit'tl, n'ont pour eux aucun fait : depuis Aristotk le règne animal est resté le
même.... L'homme, dit-il encore, n*a nulle espèce voisine» il n*a pas d'espèce consan-
guine. »»
Il combat lagéuéralion spontanée, la préeiistence des êtres; pour lui la vie ne se forme
pas ; elle continue : ce que nous voyons^ ce que nous louchons des corps n'est qu'une
matière dépositaire passagère des forces et de la forme qui transmettra ces forces el
cette forme à la matière nouvelle el lui cédera la place. Cette rénovation durera autant
que la vie. Les forces qui consli tuent l'être et maintiennent la formerions ne les voyons pas...
Il admet avec Cuvier les créations successives : «Je suis persuadé, dit- il, que l'avenir du
grand problème qui nous occupe (une création unique ou des créations mulUples) est
tout entifîr dans U vue ingénieuse el judicieuse de Cuvieh* » Et il raille « ce bon M. de
Lauarck ».
Floorens paraît avoir eu pour les hommes de science en général, et particulièrement
pour ceuji d'entre eux qui lui avaient rendu quelque service ou dont il approuvait les vues,
une bienveillance qui témoigne de la générosité de ses sentiments; le nombre des éloges
historiques donl il est l'auleur, la manière dont il défend îes opinions de Cuvier, ïe culte
intime qu'il avait voué à Bcffo.v, s'expliquent dans une certaine mesure par un enthou-
siasme puisé dans les élans de son cœur; il est juste de lui en tenir compte. Il faut
feconnaïtre que, même dans ceux de ses ouvrages où il professe des opinions erronées^
il y a des séries de faits bien observés, des djscussions'du plus haut intérêt, et surtout,
jivec un grand art el une érudition vraie, une science profonde.
Flolirkns a, le premier, démontré l'action anesthésiante du chloroforme. Le 8 mars
1847, il annon^'ait k TAcadémie des sciences que le chloroforme exerce sur les animaux
une action analogue à celle de réther, mais bien plus énergique el plus rapide, Flui'rki^s
croyait à une « action élective » de Tanesthésique sur le système nerveux central*
480
FLOURENS (P.'M.'J,}.
Les doctrines de Flouiirt^s, envisagées dans leureiisemble, appartiennent à celte ëpû<
de transition ou les raisonfieriieuls df» l'école n*ont pas désiirniê devant rexpériance,
n'en tîsl pas moins un des toiidaleurs de ta phy^iolojçie el de la psychologie maderti<
Blblioirraphie. — Cours tk phyuotogk comparée. De rontoionie, ou étude dei ét\
leçons rectieillies et vèdvjée» par Chakles Roux, vm, 184 pp*, 8, Paris» J,-B. BaillJère, 1
— Mémoires d'anatomie et de phyaiolfjfj h' comparées contenant des recherches f^ur : (• le$
de ta stjmHrie dam le règne animal; 2" le mècanifimc de I'J rumination; 3** le mecanitme
la respiration dci> poiaaona; 4^ les rapporta dea ej'trémitéii antérieure!^ et pûi^tèrteur^
l'homme, tes quadrupt^des et les oiseatac, 101 pp., 4, Paris. J»-ïi. Baillière, 184^. — Xouxel
obx. mr fe parallèle dei> e.ntremité^dans t homme et tes quadrupèdes {Ann.Sc. nat., [ZooL
1838, 35-41)* — Antdyse de ta philosophie anatomique^ où t\m considère pttt^ particulh
ment tinflueticc qn^aura cet ouvrage mr Vétat actuel d€ ta physiologie et de l'anatomie^ '2H
8, Paris, Hécliet jeune, 1819. — De la mutation conlinuelte H de ta force métaplasth
(C. il, 1850, XLvni, 1000). — Observât, sur les caractères comtitutifii de V espace en zim)Ui
{Ann. Se. nat,, [ZooL\, 1838, ix, 302*307). — Rech, mur le$ communications vasculaires er
ta mère et te fn'tUi^{Ann. Se. mit., [ZooL], 18:M, 5:i-Ô8; C. /t., 1830, nO-lTâ). — liech.
la structure du cordon ombilical et mr sa continuité aiec te /Vu^m.s {Ann. Se* nat, [Zool,]^
1835. 334-338; C. il.,1835, (, 27-28; 180-182). — Note sur le trou ovale et sur le canal
rlel (C, H., xïïvuî, 1834, !07Vi). — (observations pour servir à l'histoire natureite de
^aupe{Mém, du Mm. dllist, nal., xvit, 1828, 193-204). — Sur deux trufs de poule qui
sentent quelques circonstances singtdi^res (C, /t., 1835, ï, 182-183). — Hech, anatomi
mr le corps muqueujr ou appareil pitj mental de la peau dans t Indien charrv^^ le nègre et
mulâtre (C. il., 1830, \u, 029-7061.— flech, anat, sur la manière dont Cépidertne ^ rompt
arec les poitii et avec les oi/y/e* {Ann. Se. nat,,[ZooL], x, 1838, 343-348). — Rech.anat,
le corps muqueiLv de ta tangue de fhomme et dcfi mammifères {Ann* Se. naf., [Zooi/. m,
2iy-220; (j. H,, tv, 1837, 445-451). — Hech. anat, sur les structures comparée* d^ la iw^TOt ^^
brane cutanée et de la meiubraue muqueuse {Ann, Se, fuit, [ZooL], il, 1838, 239-246; C. A^^M
1838, VI. 262-268), — Des membranes muqueuses gastrique et intestinale (Ann, Se. nat.,^
\Zool.\ XI, 1839, 282-287; C. [{., vni, 1839, 833-837; Ann. Se. nat.,[Zùol,], 1841. %\u 349-
3îi4; C, H., xiii. 1841, 093-9^*8^. — Nouvelles recherches sur In structure comparée de lajiem
humaine (C. il., 1843, xvii, 333-338). — Anatomie générale de la peau et des membranes
muqueuses [Arch. du Mus. d'hist. nat., ni, 1843, 153-233). — Expériences sur le mCrani^re
du mouvement ou battement des artères fC. R., 1837, iv, 103). — Expér. sur la force de cjh-
traction propre des veines principales dans la grenouillt {Ann, Se. na/., xxviii, 1833, ^5-71;
Métn* Ac. Sc.^ xuî, 1835, 1-7). — EÀypériences sur te mécanisme de la respiration des poistum
{Ann» Se, «at. xx, 1830, 5-25; Mém. Ac. Se, x. 1831, 53-72|* — Expér. sur le mécûnimi
de la rumination {Ann. Se. naL, 1832, xxvn, 34-57, 291-300: Mém. Ac. Se., xii, (833, â31-
540). — Vomissement dan* les Ruminants \BulL Soc. philomathiquet 1833, :i0-51 > —
Mémoires sur la nimination. Aelion de l%^mètique sur les animaux ruminants [Ann. Se. noK,
[ZooL , 1837, viii, 50-î;8; Mf*m. Ac.Sc, xvi, 1838, llilM7V»).— Note sur le non-iomimcmenl
du ctieval (A un. Se, «ni., \Zooi.\ 1848, x, 145-152). — De V hibernât ion et de l'action du
froid en géntrat sur les animaux iBuUet. des se. nat.^ xxiii, 1820, 104-107; Edinb. Joura,
.Se, 1830, 1 1 1-122). — Cours sur la génération, l'ovotogie et Vembryolagie (8, lOO p., Pam,
Trinquart, 183C) [Irad. ail. par Bedhend, Leipzig, Kollmann, 1838], — Mém. sur k pro-
portion des sexes dans tes naissances des animaux, vertèbres \(\ B,, 1838, vu, î)48; 1839, ti,
338-346), — De la tongévite humaine et de la quantité de vie sur le globe, 3* éd., 264 pp.,
12, Paris, Garnier, 1850 (trad. angl. par Charles Martel [T, Peirj, London, H, Baillièrf,
1855). — De la quantité de vie sur le globe {Journ. des Savants, 1853, 325-333). — Fi^tt
des fonues de la vie ou des esprces {ibid.t 406-417). — De la formation de la vie (ifri-f.,521-
!i33). — Extrait des expériences sur la régénération des os (Ann. Se. nat., 1830, xi, 16M7J).
— Heeherehes sur le devehppemenl des os et des dents. 149 pp., 12 pi., 4, Paris, Gide, lS4t
— Recherches concernant raciion de la garance sur les os (C. il., 1840, x, 143, 305; 18^1.
xïi, 276). — Sur les dents (ibid., 1840, x, 429).— Lettre sur Taction de la garance sur lis o»
(ibid., 1842, xiv, 280). -^ Recherches sur le développement des os : formation et rêsorptim
des couches osseuses {C. H., 1841, xni, 671 1. — Formation du cal {ibid., 1841. xni, 755). -
Rôle de la membrane mt*dutlaire dans la formation de l'os : expériences mécaniques conar*
nani le développement des os en groiseur et en longueur : mécani&mt de la reproduçti&n an
FLOURENS (P.'M,-J,),
4«7
f
I
ibUL, \Hî, XV, 875), ^Hecherche$ sur la farmathn de^ os (ibid., 1844, iix, 521).
^nces mr ta résorption de Tos {ibid,^ <84»i, xxi. 4S<), — lUsoï-ption et
rc. nefi des tHes des os {ihid,, 184.'t, 3ur, 1229)» — Ht'manjue» à l occasion
if'UM^ communication de M. Largui sur l'extraction sons-pêriosti^c des os et mr leur reproduv
UOH iibid., isn. x\iv, 84^). — Note sur la coloration des os du fœtus par faction de ia
"iiwrr mHéi^ à la nourriture de la mère (ibid., 1861, l. 101 0* ti, 1061). — Théorie ejcpéri-
lie de h formation des os, viii, 104 pp., 7 pK, 8, Paris, J.-B» Kailiiérc, 1847, — Note
la durc'mi*fc ou périoste intente des os du crdnc \C. fi., 185ï>, xlix» 22ri|. — Note sur le
"périoste diplttique et ^ur le r*Ue qu'il joue dans rocciusion dc& trou^ du crdne {ibid,^ 8W). —
liote sur te développement des os en fomfueur (C. H,, 18l>l, u». 180). — Sur la coloration des
i^ d*nnimauj: nouveau-nés par la simple lactation de mères à la nourriture desquelles on a
Wèêlé de la garance (C. /i., 1862, liv, «Ki). — Histoire des études sur k cerveau humain
{Journal des Savants, 1862. 221-234; 406-417, 453-463). — Recherches physiques sur les
propriétéÉ et les fonctions du sijstême nei*veux chez tes animaux vertébrés (Arch. gén. de méd,^
II, 1823. 321-370J. — Nouvelles e.vpér, sur le syst. nerveux {ibid., viir, 182^, 422-426; Mem.
Acatt, des sciences » ix, 1830, 478-497) . — Recherches eoîpcrimentate^ sMr h-s propriétés et les
fonctions du système nerveux^ dans les animaux vertébrés^ xivi; 331 pp., H, Paris, Ci'evoL»
1824; 2« éd., xxvm, 516 pp., 8, Paris, L-H, Baillière, 1842. — Expériences sur le Sfjstémc
nerveux, faisant suite aux recherches expcrimvntates sur les propriétés et les fonctions du
système ncrreux dans les animaux vertébrés (8, ïv et 53 pp., Paris, Crevot, *K2n). — Expêr*
tMr l'action qu'exercent certaines substances lorsqu'elles sont immédiatement appliquées sur
les différentes parties du cerveau {Ann, Se. nat., Jtxir» 1831, 337-345). — Considérât, sur
l'opération du trépan et sur les lésions du cerveau. Action mécanique des épanehements céré-
braux (Ann. Se, nat., 1830, xxi, 353-372; iB3t, xxij, 22:i-238; Mcm. Ac, dcn Se., 1832, xi,
101-122, 369-391). — Expériences nouveUes sur V indépendance rehtiic des fouet iuns céré-
brales \i\ /{., 1801, Lir, 673). — Expériences sur les canaux semi-circulaires de l'oreille cfu^z
ies Oiseaux tAnn. d. Se. nat,, xv, 1828, 113-124; Mim. de VAc, des Se,, ix, 1830, 455-466).
— Expériences sur les canaux semt-t-ircuhtires de i*oreiHe,chez les Mammifèrea {Ann.des se,
nat,, XVI, 1828, 5-t6; xviir, 1829, 57-73; Jff m. Ac. des se, ix, 1830, 467-477). — Hech, sur
tes effets de la coexistence de la réplétion de Cestomac arec tes hlessureni de Vencéphale (Mém,
de l*Ac. des $c,, 1823). — Heaume annlt/lique dcA observutions de Fréoéum: Citvieh sur Vim-
tinct et finie Uiijence des animaux^ 1 vol. 16, Paris, Pilois, IHtl. — Psycholo'jie compmxe,
1 vol. 12, Paris, 1864, Garnier, — fie l'instinct et de t'inteiiiifcnce des animaux 1 voj. 12,
Paris, (iarnier, iH55. — Nouccdes e.rpériett(cs sur les deux mouvements du cerrrau; le res-
piratoire et rartériel {Ann. Se. nat., [ZooL], xi, 1849,5-12). — lie ta phrenohgie et des
études vraies sur le cerveau. Paris, liarnicr, 304 p., 12, 1863 [trad. angl, par Cli, tle Luceua,
Meigs., Pbiladelpliie, Hogaii et Thompson, 1846 , — Note sur la curabilité des blessuresda
cerveau (C, /!., 1862, lv, 60). — Des abcès du cerveau (ibid,, 745). — Note sur le diagnostic
des apoplexies à l* occasion d^une lettre de M. P^XLMA^'^î sur un cervelet pétrifié (C, /t., 1860,
tJ» 747)* — Note sur le point vital de la moelle allongée (C. H,, 18al, xxxiii, 437). — Nou-
veaux détails sur le ntrvd vital du lapin {ibid., iHliH, XLvii, 8O3'80o; 1859, XLviii, 1 136-1 138).
— Detennination du wrud vital ou point premier moteur du mécanisme de ta respiration
dans les Vertèbres à san>j froid (C. ft., 1862, uv, 314). — E,F2}érien€es sur l'action de ta
moelle épinicrc sur la circulation {Ann, Se, nat,, xvni, 1829, 271-274; Mém. Ac. des Se., x,
1831, 625-628 L — Expériences sur la réunion ou cicatrisation des plaies de la moelle epinière
et des nerfs {Ann. Se. uaL, xtii, 1828, 1 13-122 «n Mem. Ac. fies ^c, \irj, 1H35, 'J-IO). — Note
sur la sensibilité des tendons {C, fl., 1H56, xliii, 630). — Sur la sen^ifnlité de la dure-mére,
des ligaments et du péTtosie \ibiiL, I8:i7, xLiv, 801 ;. — Réponses a des remaequ*'S faites par
M. Mai^kmjih (i Voccasion de la découverte. du siéfje distinct de la sensibilité tt de ta motricité
(C. W., 1847, XXIV, 258, 259, 316), — ÉloQes historiques, las dans tes séances putAiques de
l'Académie des sciences, 2 vd),, 12, Paris, lianiier, 1856. — Histoire de la dccout crie de la
circulation du sang, 1 voL 12, Paris, J.-B. Baillière, 1854, vu, 216 pp. [trad, îtaL par
de Martin et de Luca, Napoli, 1858; trad, anglaise par fieeve] (Cincinnati, Hichey, 1859)
— Histoire des travaux et des idées de Buffon, 12, Paris, Garnit* r, 1855. — Analg^e rai~
sonnée des travatixde G.Ci-jvier, précédée de son élorje historique, 12, Paris, J.-B. Baillière,
1841. — Fontenelle, ou de la philosophie moderne relativement aux sciences physiqucé,
Paris, 12, Garniei', 1855. — Éloge hisiorique de F, M\oe?<die, suivi d'une diacussion sur
488
FLUORESCENCE.
FLUOR. — FLUORURES.
lei (ilï*tfs respectifs de Bell et de Magendie d la dilcouvcrte des fonctions distinctes des radm
de^ nerfs, i voL, 8, Paris, Garnîer, 1858, 174 pp. — Théorie physioloi/ique de réthàrisati*
{JonJih des Savants, 1847» l<i:î*202). — Note touchant raction de diverses substances injec-
téea dan^ /es artires {€. H,, 1S47, \xï\\ 90r>; 1849, xxix, 37), — Note touchant raction
Vèther injecté fliiji.s les artt-'rcs {€. H., Ï847. xxiv» 340), — Noie touchant les effets de fin/ia-'
lution de Véther sur la mocilc épimère C. H., 1847, ïsiv, 161). — Sur la moelle ailongée
(lôtVi., 242, 23^3). — Sur les centres nei^veux {ibid,,3kO), — Note louchant les effets de t'ether
chlorhydrique chloré sur les animaux [C, R., 1851, ixxir, 25). — Sur la di&tinction entrt
coma produit par ta mcnimjite et le sommeil que produit le chloroforme : distinction entre
méninfjitc et rapoplexie iC H,, 18*13, Lvr, 567). — Note sur l'infection purulente {C.H.é *863,
LVi, 241-244). — Observations sur quelques maladies des Oiseaux [Mém.Ac.des Sc.,x, i83l^
P. HÊGER
FLUORESCENCE. — Voyez Lumière-
G07-624).
ée
4
FLUOR, FLUORURES. — Le lluor (FJ) est un corps simple, très dil-
(Kile à isoler de ses cofiibiîiaisons, k cause de ses affinités énergiques. Après les essais
rëpétés el ptuâ ou moins infructueux de Davy, Knû\ et quelques autres. Muissa^i a pu le
prépan^i pur par réieflrolyse h basse température (1885). C*est un gaz coloré en jaune^
qui attaque le verre et le plaline. Poids alomique : 19,03. Point d'ébullitîoii du tlaor
liqui'rjt" : — 18:i" Derisit^i : [.^iMl
Les (Itiorures métalliques sont des corps généralement solubles, cristaUisables» pooi
l'étude détaillée desquels nous renvoyons aux traités de cbimie.
Nous étudierons successivement révolution des lluorures dans les organismes; el
Taction pharmacodyiiainique et tliérapeutique des lluorures : fixatïoii el assiniilalion des
lluorures.
Fluor et fluorures dans les organismes. ^- Le Ouor existe dans la nature, surtout
à 1 etal de spatb lluor : on le trouve aussi dans quelques minéraux. U en existe des
quantités faibles, mais non négligeables, dans certaines eaux minérales | Plombières,^
(lonlrexeville, Yicby. Néris, lierez). L'eau de mer n'en contient que des traces difficiles^
h doser* Il est probable qu*îl y a de très grandes variétés dans la teneur en fluor det
différents sols*
Dans le corps des animaux le iluor existe surtout à l'état de lluorure de calcium; dam
les os, ainsi que Berzelii:?i l'a montré le premier, et notamment dans Témail des dents,
MoflicHLM icité par Radute\l:) Ta trouvé dans l'ivoire fosaiJe; Chevrbul et d*autres cLi-
mistes lont retrouvé dans les os fossiles. Lassa ig?«k (cité par Raeuteau) en aurait trouvé
jusqu'il tO p. 100 dans tes dents d'un Anoplotberium, et Leshann (ihid.) 10 p. 100 daas
les côtes d'un Hydrarcbos. ÎSicklès l'a trouvé dans le sang de l'bomme et des dirert-
animaux, ainsi que dans la bile, rurine, la salive, les poils, ralbumine de IVuf» les»
eaux de ramuios, etc. En un mot, c'est un des éléments conslitutifs de rorgauisme
vivant
Voici, d'après Berzeuus (cité par Habcteâu), la composition des os eo ûuorure de
calcium pour cent parties :
Os du rhoiiïme» »
Éiriiiil iÎl- riiûmnic
Us de bœuf* . . .
Émail de b<euf. .
griunmoi.
2.00
2,50
4,00
D'apns pREissER et Girardi:^!, il y eo aurait 2,64 p. IW dans la défense d'un éléphant
fossile, et, d*après Marchami, 2,08 dans le fémur d'un cerf (cités par Babuteau). Tous ces
cbiffres sont manireslement trop élevés*
En elTel Tamman n'a trouvé que des traces de lluor dans la coquille de l'œuf de poufer
il Y eu avait un peu plus, quoique la quantité ne fiH pas dosable encore, dans le blauc
d'œuf : dans le vitellus il a trouvé pour lUO grammes 0,00114 de fluor, el dans le cer-
veau 0,00074; dans le lait de vache, 0,D0O3.
Lo même auteur a essayé de vériHer l'assertion de Sa ut Hobtsmau, que des plantes^
4
I
FLUOR, ^ FLUORURES. 18^
f^ois et lupins, ne peuTcnt paa germer dans les sots complètement dépourvus de lluor;
mius il n*a pas pu arriver h cetii> d«>mc>aslration. Il a seulement constaté que la u^rmi-
iiatiun ^e fait mal dans les liquides coutetiant la minime quantité de 0,1 de Uuorure de
potassium par liire.
liABRiKL a donné une étude criliqut* et hibliojk'raphique complète de la teneur des o*
en fluor. Il rappelle les analyses de Zalf^ski, qui, évitant lés causes d'erreur des analyses
de Betiituus, PitEii^sER et Gibardin, lesquels dosai enl le lluor par diiïé renée, a trouv*5 let
cliidres ÈUÎTants* bien moindres que les cliiiïres donnés plus haut {évaïuation en lluor) :
gr&mmMt
Os debœur. 0,300
Os humait!* ... 0,220
Os de torioc ..,..,.. 0.204
Émail dcnUiiro de rhinocéros fossile. . , 0,284
fil u'jr a donc pas lieu de faire une difTérence essentielle entre la teneur en tloor des
o» fossiles ou des os frais.
A.Carnot a trouvé des cliilfres encore un'pcu plus faibles que Zalesri; soit, en fluor,..
les chiffres suivants :
Corps fie fémur (liommei . 0J7
Tête de lëmur hniiimr^ . 0,18
Fémur de bœuf. ..... 0,22
Os de lamantin moderne. , 0,31
Fémur d'éléphant (de Si;*m;, 0,24
Dent (l'clëphani (dcnlloe) . . I>;21
Deal^d'êlù|iUa»l Jivoiro), . (JJO
Mais, cunlruirement à Zaleski, il a trouvé des proportion;^ considérables de (luordans
les Oïj fossilisé.*» ce qu'il altritme avec raison k des infiltrations lentes de Tos fossile par
les eaux voisines qui contiennent des fluorures.
l,es quantités de lluor trouvé ont Hé :
gramme».
Oi de lamantin (miocène) â,5î
Os de !ama.iùtn (Charlestown). , . , . . .1,03
Défense d.fc7f///<aj meridionatU {pUocètw , 2J1
Défense de Mastodonte (miocène). , . . » 2, '19
Gabsiel a trouvé des chiiïres encore plus faibles que Zale^ski et que Car.not pour la
teneur des os vivatits en lluor. Il adntL^t que le maximum est de 0,1 p. 100, et que le plus
souvent la proporlion de Êluor ne dépasse pas dans le tissu osseux 0,05 p. 100, Selon
lui, les dents et l'i^mail n'en contiennent pas plu:< que les os,
K Tu* Wii^oN donne des cbilîres qui se i^approchent de ceux de Caenot :
m u
^rAminef.
0« de veau 0,23
Vertèbres humaines 0,25
Hakiis, sous la direction de Tappener et Bra.vdl, avec des méthodes un peu dilîérenles
que les méthodes précédentes, mais dont le détail ne peut pas davantage être donné ici,
pense que les cbiffres indiqués par tous les auteurs précédents sont trop forts^ et qu'il
faut admettre les chilTres suivants, ett lluor :
^m grammes.
H Os de veau , . . 0,005
^^^^^H Os de bœuf , . . 0,005
^^^^^^ Os de porc
^^^^^B Os de lapin. ... 0.022
^^^^^K Dents de veaux. . . 0,005
^^^^^^ Dent» d'hommes . 0,003
^^^VJ Denis de porcc , 0,01 S
^^^T' Dents de chîcQS. ,.,,,. 0,009
■ Il est £
I tulif, mai
Il est alors amené à conclure que le fluorure de calcium n'est pas un élément coostî^
tulif, mais bien un élément accidentel du tissu osseux ou du tissu dentaire*
4V»Û FLUOR. — FLUORURES.
En Somme, U question est indécise encore; mais il me semble cUfficile dd coQBÎdéi
iifi élément t|ui existé toujours dans ie tissu osseux comme un élément accessoire;
les Irataux de la j>lu[>art des physiologistes coutemporains teudent à nous faire coa
dérer comme très imporUnleà môme de très faibles quantités pondérales de telle ou I
substance.
Je tlois, pour terminer, mentionner uu rae'raoire excellent de BfiAXDLet Tappkixwi i
ont proc<^dé par uue méthode qui diffère notablement d'une simple analyse chimiqut
its ont tl^abord expérimenté sur deux chiens, cliez lesquels ils injectaient du NaFl s
la peau; or l'urine ne contenait que l/;> du NaFl introduit ainsi dans Torpanisme.
Alors ils ni<*^lèrent du NaFl aux aliments d'un autre chien pesant^ le 1 férrier 18
12750 grammes, et, le 16 novembre 1801, 122fK); par conséquent, étant resté pendant^
long temps en bon état de sauté. La quantité de tluorure ajouté aux aliments a été
402,9: la quantité éliminée par («surines et les fèces a été de 3110,5. Reste donc an déOcit
de 72^', 6, La quantité quotidienne de NaFl donné per on n\ pas dépassé 1 gramme, elj
varié de 0,ii à 1 gramme.
Le fluorure de calcium fixé par Torganisme a été alors dosé, et des chiffres ont i
obtenus qui concoident admirablement avec le déficit de 72,6 obtenu par différence;.
grammes. gramnet.
750 Sang , . 0,14
5 710 Muscle», ... 1.84
,160 Foie 0,51
1430 Penii 1.98
2i\m Os et canila^s, * Îi9»9*
25 Deuu tU3
64.61
Ce qui donne pour les tissus desséchés les proportions centésimales suîvantesl
Pour 100
Sang, . , . , 0,12
Muscles. . . , 0,13
Foie 0.a9
\em 0,a3
Sf|uektte* . . Ii,19
Dessus 1,00
Bbandl et Tappeiner concluent que les fluorures ne font pas partie intégrante i
Forganisme et, quant k leur fixation dans le (issu osseux, ils ont noté la présence^
cristaux visibles an microscope, et à caractères cristallog'raphiques déterminés et ind
cutables (spath lluor), qui remplissaient les canaux de IIavbhs.
Enfin* contrairement à une assertion souvent émise, l'émail des dents cooteo
moins de fiuur que la racine dentaire : et la dent elîe-mémc, moins que le tis5U ossé
du squelette.
Il nous parait qu*il y aurait quelque intérêt à reprendre cette hiborieuse eipérien
en combinant Falirnenlation tluorée avec rhypochloruralion; peut-être verrait-on ai^
menter dans ce cas les proportions de CaFH ou de NaFl fixés par les organes.
Action du fluor et de ses composés sur les org^anismes. — Nous iravons ;
à dire de notable sur Faction du tluor libre, qui est caustique et irrilanl» mèmekûé
très faible» D'après Muissan, il est danp;ereux de respirer Fair contenant un peu de flud
car ce f;az produit facilement une violente irritation des bronches, et une anesthésic i
la muqaeasr nasale qui peut durer îiuit ou quinze jours.
L'acide iluorhydrique est aussi un caustique énergique; on Fa employé, comme on le
verra plus loin,' en inhalations thérapeutiques; Fair qui contient i/10 000 d'acide tlu«- ^
rhydrique est encore respirable; mais il semble qu'à dose plus forte il soit offensif Jp
Cependant, comme le remarque Scuiiltz, on peut faire vivre des chiens dans un milicfl''
aérien contenant assez de H FI pour troubler le verre.
L'action des fluorures, et spécialement desjïuorures alcalins, est plus intéressante!
étudier.
Ràblîteau a. un des premiers fait des expériences méthodiques sur leur action \i%%
FLUOR. — FLUORURES.
'491
Il avait été précédé par Macjiiexb qui avait conclu* ua peu légère metil peut-être^ de
«]uetqyes expériences, que IMngestion répétée de fluorure de potassium produit des goitres
chez les chieos.
Au temps où Rabcteau fai<^ait ses expériences, on ne procédait ifiie d*une manière
assez imparfaite dans la détermination de Téquivalent toxique des corps; )o poids de
lanîmal expêrinienté n'élait pas indiqué, et les i|iianiitps proportiontreUes au kilo-
gramme de poids vif restaient par conséquent inconnues. D'autre part, on agiss^ait avec
<les solutions de métaux divers, alors que l'action J'on sel doit toujours porter, si l'on
vent analyser IVlfct du radical électro-négalif, sur un sel de sodium ; les sels de [lolassium»
de calcium, etc. , étant lous plus toxiques que les selscorn*spondantsde sudiuni. Pourtant
flAfiiTKAL' put constater divers faits intéressant;*» à savoir rinnocuilê relative du lluorure
de sodium. Un cliieu fde 15 kilogr. [?') reçut i gramme de fluorure de Na en injection
intra-veiueuse, H sun'écut. Vn autre chien (de W kilogr, i?j) iugéra 27 grammes de N'aFl
^n dix jours, sans Hre incommodé* Rabute.u' lui-même put prendre, sans aueuu
accident, 0^,23 de NaFK pcr os.
En comparant, sur des i^renouilles et des salamandres, les elTeb des iliiorures, chlo-
rures, bromures, lodures de sodium^ RABurEAV a pu constater que les lluoiures' d'un
métal sont plus actifs que les autres sels de ce métal, et la dilférence a été considérable,
|>Qisque des grenouilles meurent très vite (une heure ù deux heures ) dans des solutions
de NaFI à 1 p. 100, tandis qu'elles vivent presque indéfiniment dans des solutions au
ni<?me titre de Nal, Xafer, NaCl» etc.
TAPPEt.xBR, d'abord, à Munich; puis, presque en même temps, U.ScnuLz, à Greifswald.
ont, en i88U, poussé un peu pi us loin l'analyse des effets des fluorures.
La dose toxique piirait l'être, per n«, de 0,5 par kilogramme et, par injections iutra-
reineuse ou sous-oulanée, de 0,15. Les etïels principaux «les doses actives, niais non
mortelles, consistent en une salivation intense, déjà notée par RAiiLTEAr\ éconlement de
Jarmes (lacrymationf, des tremblements et des frissons très intenses. Ce dernier
phénomène est ti^s marqué, et en général il domine U scène de J*intoxicdtion. Ces
frissons deviennent quelquefois épileptiformes, et on observe des convulsions* si là' dose
<?5l plus fort^.
Bn outre, i! y a de> vomissements, de la diurèse, un aflaiblissemeut notnble de la
pression, malgré Tiritégrité relative de la fonction cardiaiiue» La mort parait due à des
troubles progressifs de rinnervation n-spiratoire.
Les lluorures, et spécialement NaFl, paraissent donc être des poisons du système
nerveux central, produisant de la dépression psychique, de la dépression des vaso-
^coostricteurst ralTaiblissement du centre respiratoire, tou<> phénomènes coïncidant avec
une excitabilité plus grande des centres moteurs de la vie animale» qui commandent le
frisson et les convulsions générales.
Ces expérience*, pratiquées sur des mammifères, chats, chiens, lapins, cobayes, ont
été répétées sur des «renouilles, et TAF'f'EiNFJi a pu constater aussi des frémissements
flbrillaires dans les muscles^ bientôt suivis d'une paralysie des extrémités motrices termi*
tiales, analogue à celle du curoie. A doses plus furies, tes muselés sont intoxiqués, et la
rigidité cadavérique survient vite. Le creur n*est empoisonné que par des doses relative-
ment plus forles. On a aussi, par application locale du Nal-'l sur les nerfs elles muscles,
des eiïels localisés qui dm eut a^seï louiîtemps.
On constate daus l'urinf l\MimiiKition d*uiie certaine quaiitité de lluon et [tart'ois en
même temps il existe «m peu d'albuminurie.
fJerDF.NKAr> a étudié l'absorption par riutestiu du lluorure de sodium injecté; mais les
résultats en oui été assez inconstants,
Blaizot, contriMant les observations de Tappeiner et Sciicltz, a constaté que la dose
toxique par kilo^sramme de lapin est voisine de 0,1» chtlTre un peu plus faible que ceux
des auteurs alleumniJs
Telles soHt Ips observiitions faites sur les organismes vivants. Elles prouveut que,
comme la ptu[iart des sabslances toxiques, les lluorures agissent d'abord sur la cellule
nerveuse. Le fait était a prktrt presque assuré* Mais il ne suffit pas d*établir que la sen-
sibilité de la cellule nerveuse est plus grande que celle des autres cellules vivantes pour
^e$ poison»; il faut encore déterminer quels groupes de cellules nerveuses sont plu»
(
492
FLUOR,
FLUORURES.
parlîculièrêment atteuits. Or nous ne pouvons pas encore préciser en toute rigat
est certain cepcndaulqiie le NaFI n'est ni un poison cardiaque, ni unarïesthésicjac; protË^
blement c'est sur !es exln^mités terminales des nerfs moteurs, et sur les centres moleiirs
de la nioelte qu'il ai; il priintLi veinent.
Action de» fluorures sur les cellules M les tissus. — Sur les organismes rudi>
mentaires les iluorures agissent plus activemenl que les autres sels lialoides at câlins. Ce fi
a été bien établi par Loew et par Bororny. Dans des solutions à 2 p. tOO de tluonire de
Na, LoEwa vu njuuriren vingt-quatre heures les algues (O^cî^/arm^ Chidopkora^ CEdogonium]^
et il range les tluorures parmi les poisons généraux qui Inent les organismes. Les bac-
téries, dont Tiiction sera étudiée plus loin, sunl intoxiquées par des solutions lluorurées
de même conrent ration.
GRtT7.seR a fait des éludes très intéressantes relatives à Taction que les lluorure*_
exercent sar les nerfs. Mftme à I p, 100 ils sont des excitants énergiques; mais ceU
excitabililé esf pasafj;t^re, et bientôt te neiT meurt. Il est remarquable de comparer cet(
fi^ to i^ ^ ¥1 jo m m m m im m rji m m sm ma //// hoi^.ut
Nu Fi JVtif Xtàit* W^O
Fio. 05. — Courbf* -1<? l'irritabilité nr^rvetito dans Ipï iQt<}]ùcutioD& par le fluorure [V)\ lo bromtifft
hodure (t) et te cbloruro de Na (Ubutïnkb), A TAbciste \n tompi cd minalea. A rordonné» ['«xcif
bUité du Dorf mesurée par la distaict» n^ceiKaîro pour rexcitAtioa dt^a bot>iAe8 du chariot dlndoctil
action k celle des bronmres, chlorures, et iodures, qui sont relativement peu actifs. Le
figure ci-jointe pst trèis instructive à cet égard. Elle montre que, si la durée de rînloxica-
tion nerveuse, dans des solutions de titre égaU est de 30 pour les fluorures; elle est de
55 pour les iodures, 120 pour les bromures, et 140 pour les chlorures. Ch. Rigsbt, eo
comparant dans divers f*roupes d*étres la toiicitédes iodures^ bromures et chlorures, avait
d'ailleurs trouvé^ en poids moléculaire toxique^ 125 pour les chlorures, 1 H pour les hi
Qioreh et 97 pour les iodures, Les chiiïres de GrCtzner se rapportent aussi aux poî^
moléculaires.
On voit que, somme toute» le fluor paraît être le plus actif physiologiqnement, el
conséquent le plus toxique, des quatre métalloïdes de la même famille : Huor^ iode» brora i-
el chlore^ combinés au sodium.
Nous irentrerons pas ici dans Télude des changements que produisent des solutlooi
fluorées aux phénomènes de coagulation du sang et du laît, Artuus avait d'abord pensé
que, si les lluornres, comme les oialales, empêchent la coagulation du sangria caase en
est à la préi i|ntatioii des sels de calcium nécessaires à la /ormation d'un coagulum
(Voyez Coagulatian, m, 837}. Mais il est probable que la question est plus compteie, el
que la précipitation des sels de calcium n'est pas la cause immédiate de l'action anticoa-
gulante des tluorures et des oxalates. (Voyez Fibrine, vi, 31>5.)
Action antiseptique des fluorures* — LWtion antiseptique des tluorures e$t
incontestable. Parmi les premières expériences entreprises à cet égard, citons celles dt
Chevv, très rudinienlaires d'ailleurs, qui montra qu'avec desdosesde 1 p,2 500; 1 p. 3 000;
i p. 3 500 d'acide lluorhydrique^ on entrave complètement toute fermentation putridèr de-
FLUOR. — FLUORURES.
40S
viande, de lait ou d'urine. Quant aux ûuorures, il faut citer d*abord les observations de
^ir WtLUAii TaoHPiOM (citopatH^RARD, Cornil, Hanot), qui établit eu 1887 la vuLeur anltsep*
tique des solutions contenant des tluornres ou des fluosilicfiles. ALvvao A^BEnTo avait
lait des expériences analogues, un peu avant W. Thompson [Braùl medicoy juillet 188T).
Des expériences plus préciîies ont été faites par Viqdeiut (1889) h Tinsti^ation de
ICocHcn. Il étudia Taclion du fluorure de sodium sur divers bacilles pathogènes
S. coH^ B. anthracis, B. pyocaneus, B. attreus^ etc.; et il coiishita r|ue, tout en étant
assez antiseptique, le fluorure de sodium Test beaucoup moins que les sels de mercure.
Pour juger de raotisepticitt"' de ces sels, Viqlehat mesurait le temps nécessaire pour la
mort ée& microbes étudiés. Il vit que dans une solution de NaFl h ^i p. tOOO beaucoup de
•ces microbes pouvaient conserver leur vitalité m^nie avec un contact de plusieurs jours,
tandis qoe le sublimé les tue presque lous, en cinq mintites de contrict, à une solution
^u millième,
Ukwklk»; a constaté qu'a une dose de 1 p. 300 le fluorure de sodium arrête la fer-
mentatiou alcoolique, et que, même h i p, 4 000, la fermentation de b Tôrala cerevisim
se trouve quelque peu raU^ntie. La pul réfaction est arrêtée pour lon^Hemps h des doses
ôa i p. i\0(y. Elle est ralenlie à I p. 2il€0. Des milieux de culture solide où le fluorure de
sodium est dans la proportion de ! p. 200 demeurent stériles; et à I p. 600 il y a ralen-
tissement*
Les expériences de t»oTTBHKCHT; entreprises sur l'acide fluorhydrique» sont moîtjs pro-
l*antes; car raclion de l'acide se surajoute à celle du radical FI» de sorte qu'il est di fa-
cile de séparer le rôle de l'acide mméral (en tant qu*actde) et le rôle du radical tluor
<lan9 Teffet antiseptique.
TAPPEtxEn ne trouva pus une très grande puissance antiseptique au NaFI. Dans les
tubes de gélatine, si le sel est incorporé a la dose de 1 p* l 000^ c'est à peine si l*on peut
Toir une légère diminution dans l'activité des cultures microbiennes sur cette gélatine
Huorée. La dose de 5 p, i 000 est nécessaire pour qtfil y ait arréL Ko solution, pour tuer
les bactéries, il faut plusieurs jours d*une solution d la dose énorme de 2 \k 100. Et méme^
à cette dose, les spores ne son! pas enroie délruiles.
De ces divers faits on peut conclure que les fluorures alcalins se séparent nettement
des autres sels haloîdes alcalins, et qu*ils sont antiseptiques^ alors que ni les chlorures,
ni les bromures, ni les iodures de polassiuni et de sodiuii» ne présentent celle propriété.
Or» comme les fluorures, au moins îi i pour îiOO, ne précipitent pris Talbumine, il aV-nsuil
qu'ils ont cet avantage de conserver des liqueurs à Tabri de hi pulréfarlion sans déter-
miner de coagulation et d'altération, au moins apparente, de* albumindides. Que leur
-action antiseptique soit moindre que celle des sels de mercure ou de cuivre, cela n*est
fULs douteux; mais tous les sels des métaux lourds ont le grand inconvénient de pré-
cipiter les albumines, de sorte que les fluorures nous apparaissent comme des antisep-
tiques minéraux qui, à la dose de i p. 500, ne coagulent pas l'albuoiine et empêchent
la pulréracLion.
Les beaux travaux d'EFPHo.NT ont Iréi bien établi celle doulilc action : d'une part,
innocuité vis-a-vis des fermenU solubles; d'antre part, action toxicjue sur les fermeuta-
lions microbiennes. Presque en même temps qu'EFFaoNT^ Aetrus et Huber itïtroduisaienl
dans Tétude de la chimie physiologique les fluorures alcalins pour réalifser le problème
d^un antiseptique minéral ne coagulant pas l'albumine. Effront employait surtout le
lÛQorure d'ammonium; Artiius et Hcbeb, le Iluorure de sodium; mais le*» effets sont
identiques.
Effroxt a d'abord constaté que les fluorures sont beaucoup plus actifs en solution
acide qu*en solution neutre, ce qu'on ne peut guère, croyons-nous, expliquer romme il
4e fait» en supposant le déplacement du tluor par Facîde de la liqueur; car if n*est pas
d'acide qui puisse déplacer totalement le fluor des fluorures, à moins qu'on ne suppose
-que l'acide déplacé se combine au fluorure non décomposé pour donner du lluorhydrale
de fluorure. En somme, ces phénomènes, correspondant â une dissociation partielle
des chlorures et des lluorures, donnent naissance à un peu d'acide cblorhydrique libre,
-ei à un peu d'acide lluorhydrique libre, l'équilibre entre les deux acides étant déler-
tniné par la stabilité des deux sels.
Si alors, dans une liqueur fermentescible contenant de l'amidon, on ajoute une
491
FLUOR,
FLUORURES.
certaine quii(ilit<? de fluorure li'aninioïHuivj* on n'enlraveni niiUemeut la sa cchîiri fi catioo
de ramidoii; mais Ie> rermeiitalioiis lactique et butyrique seront arrêtées. Non seulemen
le lluorure n'enipôfihe jias ractioïi de la diaalase, mais encore il la surexcite et augmenta
son pouvoir saccliaritlant. De là ce double avantage d^augmenter raction diaatasique el!
d'arrêter le développement des ferments nniaibles»
L'n autre fait, plus important peut-ôheau point de vue de la biologie fçénérale, a été!
mis en lumière : c'est que, lorsqu'on cultive des levures de bière dans un nûïieii conlt^^J
nant des cotnposés du tluor, on aboutit lînalemenl à les accoutumer à ces antiseptiques '
et h les amener à un état tel que leurs cellules peuvent résister à des doses de lluor quàd
ne supporteraient pas les (emres non accoutnmées. Celles-ci perdraient imniédialemeoK|
leur pouvoir lermenL
L'accoutumance des levures à Tantiseptiquâ produit un grand changement dans U
vie physiologique de la cellule. On constate qu'elle devient beaucoup moins apte à se
reproduire. Sa multiplication se ralentit; mais en même temps elle acquiert une eial-
talion beaucoup plus prononcée dann son pouvoir ferment; l'énergie fermentescible Ml
fortement aug-iiienlée. Dans un travail ultérieur Effront a pu en effet démontrer que k
levures accoutumées af^issent d'une manière un peu dllférente des levures non accoq
tumées. La levure accoutumée au fluorure donne plus d'alcool, transforme plus de glu
cose; mais, d'autre part, elle donne plus de glycérine et d'acide succinique.
Presque en même temps que Effro.xt, Arthus et Hçber étudiaient raction des êùh
tions de Uuorures sur les liquides ûrgani*|ues et les fermentations par les fermenli
O^urtSs et solubles. Ils ont d'abord vérifié le fait signalé plus haut, que la dose
i p. tO<> de lïnorure de sodium arn^'te toute putréfaction; tons les liquides organique
sont rentes inaltérés pendant plusieurs mois. On ne peut attribuer cet effet antiseptiqu
k la préciprtatÈon des sels de calcium; car l'oxalate de sodium n'a aucune action antisep
tique, el, cependant, il précipite tous les sels de calcium, aussi bien que le fluorure <
sodium. Il arrive même que, dans des liquides très riches eu calcinm, la dose de 1 p. 10
de lluorure de Na est insufllsante; car une partie du lluor est précipitée à Tétat de flu(i4
rure de Ca. Arthus et Huuer indiquent comme dose de NaFl empochant les altération
fermentatîves microbiennes :
l p. lui» pour la plupart des liqueurs animales;
0,S pour l'urine;
0,3 pour la fermentation alcoolique;
t>.8 pour la disparition du sucre dans les transsudats péritonéaux.
I l'autre par t, les fermenta solubles, même après plusieurs mois, n'ont pas paru atteinlj
par le contact avec dessolulioos lluorées de i p. iOû* ïl a été' constaté par Arthus et Hpbb
que ni lemulsine^ ni l'invertine, ni la tjypsine ne perdent leurs propriétés.
Cette séparation entre les fonctions des ferments solubles, non atteints par le pobûn
el des cellules vivantes, très sensibles à l'action de ce même poison, a permis à Artbuî
et llruEH de faire quelques expériences instructives pour dissocier dans divers phéno
mènes physiologiques complexes ce qui est la part de la cellule vivante et ce qui est 1
pari de la substance solubte, agissant comme élément chimique.
1^ Une solution de saccharose additionnée de levure (en milieu tlnoré à K p. 100) nt
produit pas d^alcool, mais amène l'inversion de la saccharose.
2^ Le sauf; additionné, au sortit de l'artère , de lluorure de Xa, conserve son glycose^
Mais, si Taddilion du NaFt se fait une ou deux heures après que le sang" est sorti de
Tarière, la destruction du sucre continue à s'elfectuer dans le liquide tluoré. Donc il
formation d'un ferment glycolytique est un phénomène vital, que le NaFi entrave; maiaj
une fois que ce ferment^a été sécrété, son action sur le sucre continue, sans que le NaF
puisse la troubler.
3^ Le j^'lycogène hépatique est transformé en sucre dans les solalions Ûuorées.
V* Les proportions de 0- et de CD- du sang ne sont pas inodiliées au bout de plusieurs''
heures quand le san^ a été additionné de NaFh
5** La fonction chlorophyllienne des plantes est supprimée par NaPl.
Toutes ces expériences extrêmement intéressantes ne prouvent pas cependant qoe les
phénomènes appelés vitaux par Authu.'^ ettltiuEU ne soient pas au fond de véritables ph*
noiïiéues chimiques; ils indi<(uent seulement qu'il y a une dilTérence entre certainel^
FLUOR. -- FLUORURES. 4».^
foiiclian» plas délicates, exigeant peut^-ètre aae sorte d'ÎDtégrïté mofitliologiqoô â»
Ai ceUu|t*t et d'autret fonc lions diimîques indépendantes de toute intaifprté niorpiu»t9-
g^iie, cellulaire. On peut appeler litak cette fonclion plus délicate, plus complii^u4#
p6ot-4trei qni nécessite une cellule iiUacte; ce n'en sera pas moins esseutiellemeut ita
|ihénoniène chimique, et le mot « vital )i n'explique lien. 1
Pour ne pas faire d'hypothèse, il faudiait alors se contenter de Jire que cerLaines
fonctions chimiques sont arrêtées^ et dVmlres non arrêtées par le lltiorure de sadiuni.
En touteaj, il 8*agit là d*une méthode Irès générale, et de haute valeur, non seulement
au point de tue théorique, mais encore au point de vue pratique, pour conserver des
liquides organiques sans putréfaction d'itne part, et^ d'autre part, sans destruction des
feriiienla solubles.
Action thérapeutique des fluorures. Traitement de la tuberculose. — L'actiob
thértipenlique des lluorures se réduit à peu près au traitement de la luberculose.
L'histoire eu est assez intéressante, et elle a été bien exposée par HénARD etCon?Jit*Le
point de départ de toutes les tentatives de traitement de la tuberculose pat* Tacide (luo-
rhydrique a et*'* l'oliservation, faite par le directeur des Compagnies de Baccarat el de Saint-
Louis; que les ouvriers graveurs sur verre, travaillaut dans des ateliers où sont répandu^
d'abondantes vapeurs d'acide Duorhydrique, ne sont pas atteints par la phtisie, et nirnie
guérissent de la phtisie, Hastien, guiilé par ces faits, essaya d'introduire les inhalatiatis
Ouorhydriques dans le traitement desatfections pulmonaires, asthme, coqueluche, diphtvriè,
tuberculose, et Cuarcot cl Boucuard firent quelques recherches dans ce sens, qui n'abou-
tirent qu'à des résultats douteux. Mais, en i877, H, BERGinoN appliqua raélhodiquenient.
H avec succès, au traitement des angines diphtériques les inhalations d*acide lluorhy-
driqite. Enfin Seileu» en 1895, signale les bons eiïcls de ces inhalations dans le traitement
de la phtisie. En nit^me temps, dans le service de Dliardln^Beaumetz, Chkvy étudia la
question avec plus de détails; et d'autres auteurs, Gaulipi, Auuollewt, II, BIvutin*, Trudeau,
GiLUvRO, IlÉHARD et CoR.XiL, GoETz, Gager, publièrent des observations favorables.
La médication consiste en inhalations d'un air chargé de vapeurs d'acide fluorby»
drique. L'air barboUe d.ins un vase à gutta-percha rempli d'une solution contenant
300 grammes d'eau et l'iO grammes diacide tluorhydrique coinniercial {dissolution &
environ 4S p. 100 d*acide tluorhydrique gazeux). Les mesures précises de la- quantité di
ghz tluorhydrique mélangé à Tair font d'ailleurs défaut. Crcvy et Dl'jai\din-Braumetz
estiment que la proportion doit être d'environ i j^ramnie de HFI gazeux pour 2t> métrés
cubes d'air. La respiration de cet air lluorhyilrique ri*est pas pénible ; il y a quelques pico*-
iementâ aux yeux, et une léf^ère sensation de chaleur à la poitrine/, mais on s'y habitue
vite.
Les tuberculeux soumis à ce régime, et restant uae beure par jotir dans la cabine è
inhalations, présentent au bout de quelque temps une amélioration véritable. L'appé*
til augmente; le poids augmente; la toux et l'expectoration diminuent; surtout la
dyspnée est très heureusement modillée. La fièvre persiste souvent. On aurait observé
aussi une diminution notable du nombre des bacilles dans les crachats.
GiLUAHD donne unestatislique empruntée à divers auteurs qu*il a résumés, et d'aprèt
laquelle, sur 294 tuberculeux, il y aurait eu 21 stationnaires, 3" aggravés, 24 morts,
198 améliorés et 4t jf^uéris. Mais ces statistiifues de la tuberculose ne sont ^uére
probaules, pour beaucoup de raisons trop longues à rappeler ici.
rrailleurs, tous les auteurs n*ont pas été d'accord sur la valeur thérapeutique de
l'acide tluorhydrique inhalé, Chuqi'et icité par Gilliakdi et Jaccocd n'ont obtenu aucun
succès.
Il faut ajouter que, depuis une douzaine d'années, alors que vers 1888 de nombreux
travaux paraissaient sur ce sujet, la méthode semble abandonnée à peu près totalement,
ce qui tlonne à supposer que les résultats, dans l'ensemble, ne sont pas aussi satisfaisants
qu*on l'avait d'abord espéré.
Enlin, il n a pas été possible de guérir des animaux rendus tuberculeux expérimenta*
lement par des inhalations fluorhydriques. Dans quelques expériences, d'ailleurs. très peu
nombreuses, <iftA?<cHKR etCuAUTAao ont constaté l'absolue inefficacité des inhalatïonï^ sur
des lapins rendus tuberculeux, Cest là un fait de grande importance; car l'appréciation
de la valeur d'une thérapeutique antituberculeuse ne peut être exacte que dans la luber*
AU
496
FLUOR — FLUORURES.
-culose expérimentale; en cliniqtxe bamaine les conditions sont si compleies» iejagemeiit
si difficile à porler qu*il faut towjourà s'en rapporter k rexpénmentatton qnaud on veul
donner une conclusion définitive.
Il est évident assurément, comme H* Martin d'abord, puis Grancher et Chactuh
l'ont bien établi, que le Ûnorure de sodium atténue à doses faibles la virulence de#
.bacilles tuberculeuï, el, à doses fortes» la délruiL Ce n'est qu'un cas particulier de l'ac-
tion antiseptique ^des lluorures et des acides sur les ferments ïlgurés* Blême û lou
admet, avec H. Martin, que les cultures tuberculeuses sont retardées quand on ajoute
seulement 1 p, 15 000 d'acide fluorhydriqne du commerce» cela ne prouve rien quant
â la valeur tbérapeutique de ce corps dans l'organisme d'un individu lubercnleui*
Toutefois, dans l'ensemble^ il est bon de noter lesbenreux effets, cer lai nemenl conf-
iâtes chez quelques malades, des inbalations lluorhydriques, et il serait peut*^lre
injuste d'abandonner complètement celte métbode, au moins comme raétbode adjavinU
-daiis certains cas. D'autre pari, raclion désinfectante, antiseptique, de l'acide tloorhy-
drique pourrait être utilisée dans des conditions particulières à déterminer. LIocout^-
nieut de ces composés du (luor sera d'ailleurs toujours la facilité avec laquelle ils atta-
quent le verre et les récipients métalliques,
Quant â Taction auliseplique des lluorures et de HFl, en chirurgie, elle a été peu
'étudiée. QuÉsu a noté quelques bons effets. Mais il n'est pas probable, vu la dose élevée
de sel nécessaire, soit 10 ^Tammes par litre, que te lluorure de sodium puisse rempla-
cer les autres antiseptiques. Blaizot l'a employé dans les maladies do la peau,
lleste à savoir qtielle serait Ja valeur du lluorure de sodium conrime médicameat
-interne. On a pensé à le donner contre les fermentations stomacales anormales, car il
,n*entiave pas Faction de la pepsine* Peut-être aussi des doses assez élevées se^aien^-cUe^
supportées par les tuberculeux. Même, avec une bypocbloniratîon coiicomiiaDle, il se
ferait sans doute une plus rapide assimilation eu Uuor par Torganisme. Il nous parait
qu'où atn ait le droit de tenter cette élude, légitimée par les expériences analogue» dr
-Cti, RicHKT et Tot'LorsE sur l'action des bromures.
Action physiologique de quelques composés du fluor autres que les llao-
jrures alcalines. — t.es composés du Uuor autres que les Ouorures alcalins ont été fort
-peu étudiés.
Alvaho Aliikrto a étudié le Jluorure de bore (BF^u II a fait respirer des animaux el
môme des malades dans des milieux contenant des vapeui's de lluorure de bore, saib
provoquer d'accidents. Mais on peut à bon droit douter de Teflicacité du fluorure de boff
en tant que corps déterminé; car au contact de l'eau ce gaz se décompose immédiate-
ment en acide borique et en acide hydrolluoborique. Heste â savoir la tolérance de Ton
gauisme pour l'acide bydrolluoboriqtie, et la quantité précise de cet acide qui a été înbatée
par les malades d'ALVAHû Alukrto.
CoppoLA a étudié à un autre point de vue les lluobenzoates, et il a constaté que at%
corps «e transforment dans rorganisme en tluobippurates; comme les benzoales en hip-
purates. Cei lluohippurates, qu'on peut extraire de Turine, donnent, par ébuUition a^H
net» du glycocolle et de Tacide lluobenzoîque.
MoissAN a fait quelques eipérienees sur l'action de lluorure d'étbjlc i^C^H^F) en inhala-
tions. 11 semble que ce ^az possède de faibles propnétés aneslbésiques, quand la i]Ui.u-
tilé dans Tair inspiré est voisine de 7 p. 100. Mais, à celte dose, on est très près lic U
^ose toxique, de sorte que la zone maniable est peu étendue, et qu'il n'y a pas lieo Je
le considérer comme un bon anesthésique. L*intnxication se traduit par un afTaiblisst-
ment de la motilité du train postérieur, avec secousses convulsives, et paralysie de in
respiration»
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FLUOR.
FLUORURES.
497
I
I
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DICT. DE PHYSIOKOOIK. *^ TO»K VI. 32
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FŒTUS.
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1883, iviit,pftS8i>r»),
CHARLES RICHET.
FOETUS. — ûri confondra dans cet article la physiologie da fœtas et celle d«
l'emlnyuu. Le produit de la conception s*appelle ftplus, lorsqu'il a pris Uis^tiiictenoeiit là
forme de Tespôce a laquelle il appailieîil : mais la démarcalion entre les deux eUta de
développemeiiL un se base sur aucuii caractère précis, analomique ou physioloj,'it|ue;
puisque aussi bieu'daii» l'espèce humaine Têtre nouveau prendle nom de fœtus dès laib
du deuxième mois de lajvie inlra-atérine pour certains auteurs, à la fin du troisième
mois seulement pour d'autres. Au point de vue physiologique, chez les mammifèreà
supérieurs, Torgonisme nouvellement formé, qu'it soit encore à ÎVtat d'embr)*oTi ou
déjà arrivé a la période ftctale, se nourri! el se développe aux di'^pens de la mère. Cesl
un organisme parasitaire*, et. ce qui nous importe, c'est de suivre rapparîtion, la succes-
sion régulière, les progrès des grandes fonctions qui tut permettent d'accomplir et
d'achever son évolution intra-utérine, jusqu'au monit-nt où il pourra se libérer des
attaches maternelles.
La diversité des fonctions qui s'accusent graduellement chez Tètre nouveau coires-
pond à la ditférenciation graduelle des éléments et des tissus qui le composent : miii
nous ne pourrons nous arrêter aux modificationi morphologiques des organes embryon*
ua^ires; et nous nous bornerons k rappeler, quand il en sera besoin, qucdques notioii
indispensables.
Depuis quelques années une nouvelle branche de la biologie s'est ci-éée, et a prisim
^rand essor. L.a «^ bio mécanique >' {Entwtckclunysmechanik] se propose, en roodiflAnt
eipérimenlalemenl les phénomènes évolutifs, de voir comment Porganisme en forma-
lion réagit aux actions modilicatives, el de délermioer par h\ les influences auxqutUei
l*cauf oiiéit pour suivre son développement normal. Quel que soit l'intérêt de cci
recherches, nous ne pouvons leur faire une grande place; comme rinterventioa expéri-
mentale s'exerce surtout tout à fait au début, aux premières phases du développemeol,
c'est à propos de la segmentation de l'œuf que ces 4jueâtious seraient plus utilemeat
exposées.
Mous laisserons aussi de côté, autant que possible, les changements que subit Torp-
nisme après sa sortie de PipuL La physiologie du nouveau-né se distingue À tant
d'égards de celle du fœtus, même arrivé à. complète maturité, et aussi de celle de
Padulte, qu'elle doit être traitée séparément. Enfin nous insisterons plus particulière*
ment sur la physiologie du fci'tus de mammifère sans négliger cependant les ré&ailiti
obtenus cheï les ovipares. 11 n'est pas besoin d'ajouter que, môtne réduite aux h'milw
que nous venons de tracer, une telle étude ne peut encore être que fragmentaire, dioi
rêlat actuel de la science.
I. Ud cas de parasitisme oxpérimeDtaloment réaliti^ consiste à Lransporl«r ot â (Mire détv-
lopper «up une lapîno ortlioBire uo OBuf fécondé pris surfine lapine 'angora.
FŒTUS.
i9V
CHAPITRE PREMIER
Circulation.
I
I* Historique. — riALtE>j counaissait la structure do cœur fœtal, i'oriflce t|ui a été
appelé plas Lard trou d« Botal, et le caoot artériel; mais c'est Harveit qm a vu l'usage
dé ces parties.
(UuKN suppose eu elîel qae le sang, après avoir passé de la veine cavedaus Toreillette
droite^ puis daus roreillette gauche par le trou ovale, se rend au poumon par la vrine
pulmonaire, tl admet également que le canal artériel sert à conduire le ran^,, non de
Tartère pulmonaire dans Taorte, mais de 1 aorte dans l'artère pulmonaire, et de là dans
le poumon. Le trou ovale et le canal artériel sont fjiits, d'après Galik\\ pour que le sang
aille au poumon obez le fœtus par une autre voie que chez radulte, tandis (ju^iis s«iit
faitt, comme Ta montré I1arvev% pour qu'ils n^}' aillent pas du tout. On peul voir dans
PLOUREfis {Histoire de ta découverte de la circulation^ Paris, lë54u eomnieut (rAUt^N a
accommodé ces données fausses à sa théorie générale de la «:ircu laiton, avec un admi-
rable esprit de suite dans l'erreur. Chez Tadulte» le poumon, orf»aue délicat, a besoin de
plus de sang spiritueux que de san? veineux ou grossier, à l'inverse de tous les autrts
organes qui ont besoin de plus de sang veineux que de sang spirttueui : aussi tous
les autres organes reçoivent-ils le san^ spiritueux par des arttMes dont les tuniques
danses ifen laissent passer que la pailie la plus subtile, et le sang grossier par les
Tticioa dont les tuniques minces laissent pa^^ser fa^^ilement ce sang. Le poumon, au
ooniraire, reroil le saug spintueux, qui eit le sauf^ du ventricule gauche, par une veine,
on, pour parler comme Hauev, par une artère qui a les minces parois d'une veine, Tart^re
veineuse (notre veine pulmonaire), et le sang veineux par une artère ou, dans le langage
de GàUEN, par une veine qui a les épaisses tuniques d'une artère, la veine artérieuse
(notre artère pulmonaire). {Il faut se rappeler que, d'après Galisn, la veine pulmonaire
ou artère veineuse est aussi chargée de porter du sang aux poumons, et que dans la
nomenclature galénique tous leîi vaisseaux qui partent du ventricule ^au^lie ou y abou-
tiisent sont des artèri?s, ceux qui partent du ventricule droit soûl des veines.)
Mais chejt le fœtus le poumon est immobile : il est, comme tous les autres organes»
épaiSf grossier, rouge, et il n'a pas d'autres besoins qu'eux, c'est-à-dire qu^il réclame
comme eux beaucoup de sang veineux et peu de sang spiritueux. Au*si le sang spiri-
tueux, au lieu de lui arriver comme chez l'adulte par un vaisseau à parois minces, c'est-
à-dire par la veine pulmonaire, lui arrive-i-îl, au contraire, par Tarière pulmonaire»
gHLce au canal artériel qui le conduit de l'aorte dans cette artère.
Par contre, le sang veineux, qui arrive au poumon chez l'adulte par Tarière puimo*
naire, lui arrive cbez le fœtus par la veine pulmonaire, parce que chei lui la nature a
percé un trou qui permet à ce sang de se rendre directement de la veine cave dans la
veine pulmonaire.
Ainsi l'eiïet du canal artériel et du trou ovale est préciséraeraent d'intervertir le rWe
des deux vaisseaux donnant k la veine pulmonaire le rôle de l'artère pulmonaire, et à
l'artère pulmonaire le rôle de la veine.
Parmi les anatomistes du xvi« siècle, Faclope est le premier qui ait vu à nouveau le
eanal artériel; V^:sale, le premier qui ait vn le trou ovale; et il admire, dit FtouaENs, la
manièf^ lumineuse dout G a lien en a parlé, Gepeudanl cet orifice a été appelé trou de
BoTAL, bien que Bot al, qui croyait l'avoir décrit le premier, paraisse avoir ignoré qu'il
s'agissait là d'un caractère irorganisalion fiBtale; la description qu'il en a donnée a trait»
en effet, à im cas de perdus Lance anormale du trou ovale obez un adulte.
Harviv a découvert le véritable usage de ces canaux, auxquels Galten attribuait un
rôle si singulier. Dans les lignes suivantes, il résume admirablement le mode de fonc-
tionnement du cœur chez le fœtus, h Ces faits nous font comprendre comment, chez le
fœtus humain... les contractions du cœur chassent le sang de la v«3ine cave dans l'aorte
par les deux ventricules à la fois. Le ventricule droit, recevant le sang de l'oreillette, le
dans la veine artérieuse et dans sa continuation, c'est-à-dire dan» le canal arté-
500
FŒTUS*
s là
I
1 iel, de sorte que le sang est chassé dans Faorle. En même temps, le Tcntricule
reçoit le sang qui a passé de la veine cave dans roreilîetle gauche par le Irou
l/oreilletle jçauclie se cantracle,el le ventricule gauclie par sa contraction chasse lesaag
dans relie même arlère aorte. Ainsi chez le fœtus, comme les poumons n'agissent pas et
ne servent pas plus que s*ils n'existaient pas, la nature fait iisaj^e des deux ventricules
comme d'un seuï pour faire circuler le sang». {Mouvement du ca*ur et Circulation du fmij:
traducLîoQ par Ch. Richet, p. 96.)
Plus loin^ après avoir montré comment le ventricule droit est pour ainsi direct le ser-
viteur du ventricule gauche -►, qu'il a une épaisseur trois fois moindre, Harvey ajootiê :
te Notons qu'il en est autrement chez Tembryon, et qu'il n'y a pas une telle différence
entre les deux ventricules : ils sont comme deux amandes dans un noyau, presque égaui,
et le cône du ventricule droit atteint le sommet du ventricule gauche. D'ailleurs, chez lei
embrj'ons» le sang ne va pas traverser les poumons, mais passe du ventricule droit au ven-
tricule gauche. Tous deux communiquent par le trou ovale et le canal artériel, ainsi
que nous Favons déjà dit. Ils ont tous deux pour fonctions de ramener le sang delà
veine cave dans la grande artèro et de le lancer dans tout le corps. »
Plus d'un demi'si^cle plus tard, en 1G99, lorsque les idées de HAnvRv étaient adoptét»
presque partout, il s'éleva cependant ^^ntre Mérv et Diverney une discussion fort me
sur la marche que suit le sang du cœur du fœtus, Méhy voulait que le sang allât de Toreil-
letle gauche à roreilïetleJîdroite |par le trou de Botal. Dcvkrnev soutient Topinion dr
BAitvcY (Floitrens, loc, cit.) qui n'a plus dès lors rencontré d'opposant.
l^ démonstration de l'indépendance de la circulation du fœtus et de celle de là
mère est de date assez récente, puisqu'elle est due aux travaux de BoxAMy, Cosi%
Robin, etc., sur fanatomic placentaire. Cependant Robert * (Btillet. de la Soc. mcd,
PaUt janvier t002) a trouvé dans un livre imprimé ù Leyde en 1708, et écrit par Ji
Palfv?(, anatomiste et chirurgien de Gand ijkîicription auat. des parties de la femme
aervent à ht génération), la doctrine moderne aussi nettement indiquée qu'on le peut «ra-
haitcr. Le passage vaut la peine d'être reproduit, non seulement parce que Pilfiîi va
vu juste en ce qui concerne la circulation placentaire, mais aussi parce qu'il y avaocf
des idées très remarquables sur la nutrition du IVrtus. « Les artères de la mère et les
veines de Tenfant ne sont pas jointes dans le placenta par une commuuicaliou ioimé*
diate, et par conséquent, comme la mère ne reçoit point de sang de Feu faut, aussi Tenfiat
n'en reroil point de la mère. Mais, comme le sang de Tenfant sort par les artères de
Tombilic pour être porté au placenta et qull retourne par la veine ombilicale dans le
foyer- de renfant et ensuite au ccrur de l'enfant, aussi le sang de la mère est-il porté
parles artères de la matrice dans rarrière-faix et retourne par les veines, peudanl que
Je chyle est séparé par les glandes du placenta et qu*il est porté au fœtus par la veine
om]bili€ak% où il se mêle avec le sang qui retourne au foyer du fu^us et ensuite partout
son corps. Ce que Ton peut démonlrfT dans la dissection analomique par le moyeu ûtî
injections, w L'élaboration des matériaux de nutrition du fœtus par le placenta est tré*
clairement exprimée ici, ainsi que dans un autre écrit de Palfyn sur la circulalïott
du sang dans le fie tus.
2** GcBur, — Noliona anatomiçues. — Le cœur apparaît dans Tépaissêur de la
antérieure de Finteslin céphalique r chez les vertébrés supérieurs, sous forme de
ébauches distinctes qui se rapprochent et se soudent sur la ligne médiane [bxw
ll£NSEN, His); cheaî les amphibiens (Vax Iîauukke, (ioiTE» Bracqet) et cher quelques autre*
groupes de vertébrés, sous forme d'une ébauche impaire et médiane.
Si, avec TouaNEUx (Pr^ci.v d'einbryolotjie}, on prend comme type rembo'on de lipio,
on constate que, vers la 20r** heure, il existe de chaque côté sur les parties latérales de
rextrémitô céphalique un rudiment cardiaque, sous forme d'un tube longitudinal à paroi
endothéliale, contenu dans un épaississement de la lame libro-iutestinale qui ftit
saillie dans la cavité du cielome. Inrérieuremeut et en dehors, ces tubes se conljoa«nt
avec les veines omphalo-mésentériques, on viteîlines^qui, également situées dansTépaii*
seiir de la lame fibro-intestinale, ramènent à l'embryon le sang de Taire vascolaire. Ui
utriM ™
t. Cité d*aprè» le journal la Chronique médicale, 19Û2, 281.
2. Nous aroas reproduit textuellement : mais c'est sans doute faye et non foyer qu'il fASlfiif.
FŒTUS.
501
I
I
nidîmoDts c^rdiAques. pnr suite du rapproclienienl des replis qai tes portent, se fusion-
nent en un seul lube r**cevanl par son eitréniilé inférieure les dc-nx veines vitellinef.
L*aiJot}gement du repli cardiarjue jusqu'aux veines omplsaLo-mésentériques, la soudure
•deftdeox nidîments cardtaipios, la disparition de fa cloison interposée, s'opèrent chez le
lapin dan^ l'espace de quelques heures^ de la 20^»* h la 210''.
Puis le tube cardiaque primitivement droit sNnfléchil a cause de son allongement
rapide. Lorsque l'inflexion est lemiint^e, le ctrur alTecle la forinp d*un S courbé dont le
coude Tenlral se dirige en bas et à droite, le i^oude dorsal
en haut et à gaucbe. Le tube cardia qtie ainsi contourné ne
présente plus un calibre uniforme, mais on remarque sur
sa longueur trois tegments séparés par des portions rétré*
eîes. L'un de ces étranglements est le canal auriculaire
qui sépare la portion veineuse du cœur, dorsale et infé-
rieare, de la portion artérielle, ventrale et supérieure. La
portion veineuse ou oreillettfî primitive communique eu bas
avec le sinus veineux, La branche antérieure du tube car-
diaque présente aussi un étranglement, nioins'accusé toute» ^^^^^^^^if^ ^^7r^^-^
fois que le canal auriculaire; c'est le détroit de llAtLEn, qui ^^^_lj (L-tf^
sépare le ventricule primitif du butbe aortique, lequel fournit ^
en [haut les deux aortes primitives ou artères vertéli raies
sopérieures (fig. 66 et 67).
Au cours de sou développement, le ventricule s'abaisse,
tandis que roreillelle remonte en arrière de lui et tend fi Be
placer dans son prolongement; elle subit en même temps un
mouvement de torsion en vertu duquel l'embouchure du
sinus feîneux se trouve déplacé li droite. Puis a lieu le cbii-
aonnement de roreillette qui débute chej£ Tembryon humain
^ au cours de la quatrième semaine. On admet généralement
que le trou de Botal, qui fait communiquer les deux oreil-
lettes pendant toule la durée de lu vie intra-utérine, résulte
d'un cloisonnement incijj»Tplet de fa cavité auriculaire primitive; d'après les recherches
de BoRx, rorilke se produirait par perforation secondaire de la cloison. Quoi qu'il en
soit, le bord postérieur de rorifice, concave en avant, est aminci et forme la valvule du
trou ofale : le bord antérieur, plus épais, constitue la valvule de Vjkossens. La valvule
^^^H Wto. 67. ^ Tortioot îueùrvmtioQ et cloîsoaiieineiki Un cœur.
^^^C| 1, 8ulb# anériot. — 2, Ventricalts. — 3, Or«ilteiUc, — B) 1, Bulbe artérieL — 3
H »uriL'Ul*ire. — 4, Venlricule. — C) t, Oraitletie droliû. — 2, VnuiruuU droit. — 3, Hulbe urt^noL —
' 4, nroiU«tt4ï gauobo. — b, Sdlou iQt*irv9tilnc\i[aïrt. — 6, Veatricalia (d'aprûi DiUiJËAit<}.
^ ^
Fio, 06, — Le cœiir ca v«i«
do dèvcloppemeai.
Buibo artériel. — ï. Veatri-
culot. — 3, Oreillc-ttes. —
4t 4t Veîooi omphaito-mé&i*iité-
T\qti6%, — 5, S, La» d4ux aortes
vcDtralea ou aicoDdani«i. —
6, 6, Les deux, aortes donaloi
ou doscead&oite* (d'aprèt D»-
(Jfeillelle, >• 3. CanuJ
d'EusTACHE, qui se trouve à rembouclmre de la veine cave inférieure, se prolonge du bord
inférieur de roriflce veineux jusqii*au bord antérieur du trou de Botal, et délimite ainsi
une sorte de gouttière par laquelle le sang de la veine cave inférieure est conduit direc-
tement dans roreilletle gauche à travers le trou de Hotal.
Le cloisonnemeni du ventricule commence peu après celui de roreilleUe, vers ïa fin
du premier mois, et est complètement achevé au déhui de la huitième semaine, chez
4'homme. Endn le cluisonnement du butlie aortique le divise en deux cavités : Tune au-
térieure, qui forme le tronc de lartére pulmonaire; l'autre postérieure, aorte ascendante-
Nous réunirons ici quelques renseignements empruntés, pour la plupart a Tourneux,
502
FŒTUS.
sur les premiers rudiments du cœur de rerahryon humain. Chez un embnroii de GtâT '
SpÊE, de 1 millimètre à 1"'"\5, le cœlom*? iiitra-embryonnaire; el le c<rur tout encore
défaut. Sur des œufs de quatorze k seue jours (longueur de lembryon l'"**'.5Â 2**»',5j, te
cœur est apparu entre ta tête et rinsertion de la vésicule orubiiicale. Etkh:«od, dan^ une
obsen-ation rrcenle (Anaî, Anzeig.t iv, 189H-99» 181), a fourni sur les stade*! primitifs
de la circulation embryonnaire des données encore inconnues jusqu'à ce jour* Sur un œaf
humain Je 10 niîllimètrea dont l'emhryon mesurait {^^,'i de long et inoniraît un Misto*
pore, une ligne primitive, nu niêsodernie non clivé dans sa partie extra-embryonnaire et
un pédicule abdominal, le cœur était formé par une double ébauche symétrique k cbcut
sur la partie antérieure de rorillce omphalo-niésentérique, avec un segment médian
commun qui donnait naissance à un cône artériet duquel partaient les deux aortes primi-
tives. Dans deux œufs observés par Allrn TH0ll^o^, Ton de quatorze, l'autre d'environ hoit
jours^ te cœur était visiblement dessiné, il en (ul de même chez l'amC SH de Mis, dont
Fembryon avait une lorijçueur de 2*""\2, et était A^é d*environ quatorze jours; mais le
CiPur n'était pas encore fermé, et il existait une demi- gouttière sur chaque partie
opposée (cité par PnEYKR, PhfistoL de Vembfyon, 1887. 38 f.
Sur des ii'ufs de seize à dix-huit joufîi, le ca*ur déjà incurvé est composé de trûis
sefzments distincts et fait saillie entre
l'extrémité céphalique el le sacvitd-
lin. Le système des veioes cardioalei
est constitué : les vaisseaux omphalo-
mésentériques sont au nombre de qua-
tre, dont deux artères et deui veinei.
Sur les cEufs de dix-neuf à vingt et
un jours (longueur de l'embryon 3 i
4 millimètres), le coeur, encore cou-
tourné en S, montre plus nettemetit
ses trots segments constitutifi, Lei
aortes descendantes se réunissent
au-dessus de Testomac en ud seul
tronc qui se divise au niveau de U
partie inférieure du cloaque en deoi
irlères ombilicales. Les veines des annexes se fusionnent entre elles de chaque aVté,
puis les deux troncs communs se réunissent pour former les sinus veineux dans
lesquels viennent s'ouvrir imniédialement les deux canaux de Cuvier.
Chez le poulet, le mode de développement du ca'ur est, dans ses grands Iraits, le même
que chez les mamuiifères; il suffira d'indiquer Tordre suivant lequel se succèdent *ef
principales transformations. L'or^^ane apparaît par un double bourgeon à la Un do
premier jour, puis il s'allonge et constltuejun tube droit avec Tébauche à son extréiniti*
antérieure des deux arcs aortiques et k son extrémité postérieure des veines omphalo*
mésentériques (fig. 68 1, A la fin du deuxième jour, i! s'incurve et se segmente comme li»
cceur des mammifères, de sorte qu'à h lin du deuxième jour le sang veineux se teneur
l'oreillette VK dans le ventricule K et par le bulbe aortique dans les deux aortes primr
tives PA [iig. 69).
Le troisième jour, le sang veineux du corps de Tembryon se déverse dans le segmcni
veineux du cœur par le double conduit de Cl'vîer CD, en se mêlant au s*ng amen<^ par
le tronc veineux omplmto-mésenlérique OMV (Iig. 70).
Le quatrième jour intervient la veine cave inférieure VHV. et le segment veineai
reçoit d'elle le sang veineux du corps ainsi que des 'canaux de Ccviua CD, en outre le wcg
des veines ombilicales NV et des veines omphalo-mésenlénques DSV (llg. 71).
Mouvements du cœur. —A Tùpoque de Habvey, il était admis que le cœur de Vemhtjùu
de mammifère ne cijmmeuraiL à 4battre qu'à la naissance, bien que G%lie.n eût d^j
connaissance du pouls du cordon ombilical : même Michel Scrvet le considère vMtm
comme immobile. « C'est une erreur, dit Hahvev, de rcf'ardei le cœur de lembryon
comme oii*ïf, snns a«-tion etsans nionvement. xNc voyons-nous pas, au contraire, âan&ki
œufs que couvent une pouie, et sur les embryons arrachés de l'utérus de certains gm-
maux, le cœur se mouvoir comme chez les adultes? » iXoc. cit., 97.-
ÛiS.V
PtO.68, — PA, Aort<»s primi-
tives. ^ DSV, Veities VI tel'
lîn«sou oTnpkialo-DQil^senté-
riqtieti (d'après Preyhuu
Fio. fl». — VK. Oreillolte.
— K, Vantriculo. — AB,
Bulbe aottiqna (d'tprts
ÉÊÊm
FŒTUS.
50a
Le cœur, eo effet, suivant la remarque de Cl. Bernard, apparaît Comme un argane
Atmnge par »oii activité exceptionnelle. Alurs que dans le développement du corps chaque
CB'g&ne n'entre en KéiK'ral en fondions qu*après avoir achev*? son évolution et acquis sa
texture, le ca«ur manifeste son activité bien longtemps avant de posséder sa forme ache-
tée et sa structure caructénstiqye.
On ne peut éUiblir d'une]façoti bien nette te début'et la cause de La première systole;
mais il est probable que celle-ci ne survient qu'après la soudure complète des deux p?ft-
miers rudimenls du cœur et non avant. Chez le lapin, Bischoff a vu le cœur se contrat
ter le neuvième jour qui suivit la féconda lion, trois heures encore après Fablalion.
1^ npiir de Teuibryon humain commence à battre au début delà troisième semaine.
Chez le poulet, les battemeols sont évident» le deuxi^^me jour de rincubation,el» en
général, dans la seconde moitié du deuxième jour. Harvey n'avait constaté qu*à la tin du
troisième jour lu première apparition du puncium naiiens, ^iTP^ ntvûyt^evT] d'AuiâTOTK*
Puis Ualleh, a remarqué les premières cotitractions de la 40** à la al* heure; Von Baer,
/"
AS
4-j,
J'K.
CM
s.r.
Fio. 70. — CB. Gamiut do CmntB. —
OMV. Troac vcinoux ompha^Lo^më-
fifDtériqijo (d^aprèi Phrtve).
ViQ. 71. — UHV, Veio« eavo iofémare. — NV, Tronc
coroitiuii det veîiKft» ombiliulot,^ DS\\TroDc commua
dos veines omphalo-mt^^eatériqueii (d'après Prkyer).
vars la On du deuxième Jour ; Hkvak, Prévost et Duua^^ vers le milieu du deuxième jour.
C'est au bout de trente- six heures que la plupart des observateurs, y compris
PaEYEn, ont vu le cœur du poulet commencer à battre. Cependant dans les cas favorables
on a pu surprendre pttis M ces premières systoles. Laborde {Gaz. méd. de Pnris, 1878,
Sft8) et Laveran (T/m? Lancel, déc. 1878] afllrment qu'on peut voir le CLPurse contracter à
partir de la 20" heure; Carphnter, à partir de la 27*".
I>*aprè5 His, les contractions se succèdent au début avec la même régularité quVUes
auront plus lard: il altrihue rirréffularilé à la réfrigération. D'après Prevbr, mAme si
on maintient l'organe à une température constante, les premiers battements ont lieu
néanmoins k des inlervalles inégaux; ce physiologiste accorde cependant que, dans cer-
tains iinifs, ils présentent un rythme cniistant et régulier*
Ce qu'il y a de certain, c'est que les premières contractions s*ctablissent et ont déjà
Due grande énergie à une époque od il n'est pas encore possible de trouver dans l'organe
m libres musculaires, ni éléments nerveux. Les parois, lors de la fusion des ébauches
primitives, sont formées, comme ila été dit, d'une couche endolhéliale doublée en dehors
d'une couche mésodermique, c'est-â-dire de simples cellules non différenciées. D'ailleurs,
d'après His junior, les cellules nerveuses ne font leur apparition dans le cœur embryon-
naire du poulet qu'au sixième jour, onlre l'aorte et t'arlère pulmonaire; chez d'autres
▼ortébrés encore, tlis a observé que la fonction cardiaque précède toujours Tapparition
das ganglions intrinsèques du cteur. Chez l'homme lni-méme,ces amas nerveux n'appa-
raissent qu'à la qualriôn»e semaine.
D'après Pueyer, la condition nécessaire pour que la première contraction se produise,
c'est la préexistence d'un liquide comparable fiu san^, mais encore incolore^ une sorte
50i FŒTUS.
d'hémolymphe qui servirait d'excitanl à la membrane endotliéliale. Le premier moaTe-
menl du contenu des vaisseaux ne serait pas produit par ractivité cardiaque, mais
s^efTectuerait avant elle, grâce à des différences de température. Prêter, développant
une idée déjà émise par V. Baer, se rend compte de la façon suivante de ces courants.
Le premier rudiment de l'embryon du poulet est situé à la partie supérieure de l*œuf ; le
ctiDur vient se placer tout en haut, de sorte que, si réchauffement produit clés courants,
ceux-ci doivent se diriger principalement dans la direction du cœur. Le liquide contenu
dans les vaisseaux prend donc une direction centripète, c'est-À-dire qu'il se porte vers If"
cœur; quand une systole survient, il prend la direction centrifuge. Le premier mouve-
ment du contenu vasculaire serait donc passif.
Pour démontrer que dans les premiers jours de l'incubation l'action excitante du
liquide nutritif est nécessaire à Tactivilé cardiaque, Preyer invoque les expériences de
Wernigke. Celui-ci intercepta chez le poulet, au troisième ou au quatrième jour, l'arrivée
du sang dans le cœur par section, cautérisation ou compression des veines omphalo-
mésentériques : le cœur pâlissait, ses mouvements devanaient beaucoup plus rares, et,
quand Torgane n^i recevait plus de sang, les contractions s'arrêtaient tout à fait au bout
de quelques minutes.
Cependant i opinion de Preyed se concilie difOcilement avec tout ce que Ton sait de
l'automatisme, si développé, du cœur, et du cœur embryonnaire en particulier. 11 est
plus probable que les propriétés rythmiques de l'organe se manilesteut sans cause exci-
tante extrinsèque dès que les éléments cellulaires qui le constituent sont arrivés à ce
stade de leur évolution où ils sont capables de réagir aux phénomènes chimiques dont
ils sont eux-mêmes le siège. Comme le fait d'ailleurs remarquer PreyEr, le cœur de
l'embryon à un stade plus avancé continue à battre longtemps sans le secours du sang
pourvu qu'il soit maintenu chaud. On peut même, comme l'a observé Schemck, détacher
un co^r d'embryon de poulet, le diviser en segments et voir chacun de ces segments
battre plusieurs minutes, si on lui conserve sa chaleur.
La vitalité du cœur embryonnaire persiste longtemps. Sur un embryon humain de
trois semaines qui avait été conservé au froid dans son œuf pendant toute la nuit entre
deux verres de montre, Pfluger a vu an matin, après que la chambre eût été chauffée,
la poche cardiaque déjà incurvée se contracter avec des pauses de vingt à trente secondes;
les contractions durèrent pendant plus d'une heure pour diminuer graduellement de fré-
quence (A. g. P., 1877, XXIV, 628). Dans un œuf extrait de l'utérus d*une chienne qui avait
été couverte pour la dernière fois quinze jours avant Textraction, Bischofk a observé
des battements du cœur séparés par de larges pauses, quatre heures et demie après l'abla-
tion, bien que l'embryon eût été plongé dans un liquide froid. Rawitz, chez un fœtus
humain de trois mois, d'une longueur de 8 centimètres, a compté 20 pulsations à la
minute pendant quatre heures après l'ouverture du thorax. Zuntz, ayant ouvert un fœtus
do six semaines, quinze à vingt minutes après son expulsion, vit que le cœur conservait
encore une grande vitalité pendant près d'une heure. Bischoff aussi a vu les cœurs de
deux embryons de cobaye, l'un de seize jours, l'autre de dix-sept jours, battre, le pre-
mier vingt-quatre heures, le deuxième quarante-huit heures après que l'œuf eut été
enlevé à la mère.
L'auscultation du cœur du fœtus humain, encore contenu dans la cavité utérine
(Lejumeau de Ker(;aradec, 1822). a permis d'évaluer la fréquence de ses battements. Le
nombre des pulsations est en moyenne de 135(Nœ<;ele), 144(Durois), 136 à 14i (Depaul),
134 (Franckenhauseu), 140 (IIkcker), Oauzats {Arch, de TocoL, 187i>J a trouvé comme chiffres
extrêmes lOo et 180, Hohl 108 et 175.
Kehher a compté, chez les fœtus de brebis et de vache, 120 à 142 pulsations; de
cliienno, 210 à 22 V; de chèvre, 170.
Il est adnïis, en gén«'*ral, que les mouvements propres du fœtus augmentent la fré-
quence des battements du cœur qui peut s élever alors à 180 et au delà, ce que l'on
attribue à l'accélération du cours du sang dans les veines, due à la compression de ces
vaisseaux parles muscles contractés; mais l'iniluence des mouvements musculaires est
sans doute plus complexe, comme elle l'est aussi après la naissance. Chez le fœtus qui
reste longtemps tranquille, on observe une diminutionde fréquence qui pourrait être due
au sommeil (Houl), de même que le cœur se ralentit chez le nouveau-né qui dort. Dao-
FŒTUS.
$W
jtATs eef>endaQt n'a observé aucune raodifioalian des rythmes du arur sous riniliienca
des monvemcnL^ du firlus.
On a beaucoup discuté »ur les rapports entre le sexe du fielus et la fréquence habi-
tuelle dos pulsations. D'après Dadzats, à qui l'on doit le travail peul-«5lre Je plus com-
plet sur cette question, la relation se vérifie dans la plupart des cas, lors*que le nonibri*
des pulsations e^l supérieur à 14o ou inférieur à 13!i; au-dessous de 135,, il annonce en
général un garçon, au-dessus de I4;i une fille. En se fondant sur cette donnép, et en laissant
de c^lé les cas inlernïédiiiires.on toinberait juste en moyenne 7 fois aurlO. iMais, comme
il naît à peu près aulanl de garçons que de Ailes, la proportion des prédiclions eiactes
n'est que de 2/10^ plus forte que celle qu'on peut obtenir en annon<;anl le sexe au hasard*
On sait que chez Tadulte k fréqnenre du pouls est en reîatiot* avec la taiile, qu'elle
diminue quand la taille au^'mente. Comme les enfants du sexe féminin sont ordinairement
moins volumineux que ceux du sexe masculin, les variations de fréquence liées au sexe
ne seraient qu*un cas parlicutier des variations liées à la taille, Devillier^ affirmait en
effet cjue, plus un firtu< est lourd, plus la fréquence de son pouls est faible, et que des
fcrtns IV^minins, quand ils sont grands et lourds, peuvent aussi présenter une fréquence
aussi faibie que lesf*ptus masculins. Opendanl, d'après Dacïats, le rapport entre le sexe
et le nombre des pulsations est plus constant et plus manifeste que celiû qui existerait
eulri* le poids du fœlu^ et le nombre.
D'après Gansr, une t'*léviitiûn de tenipénilure de 0,1* chex la mère produit une aug-
mentation de 3,2 pulsations cliei le fa'lus (Vù'ckow et Uinrh's Jb., iKfll, n, 573).
Itelativement à Vàge, la fréquence du cu'ur reste la. même chez le ftelus humain du
'Cinqutème mois jusqu'à la lin de la 4;e«^latit>n. Par contre» chei les fintus du mouton de
1200 à 1500 jjranimes, la. fréquence tlu pouls est plus j^-rande que chez If îs ftetus arrivés à
maturité de 3001) grammes* Chez les premiers, elle e?*t comprise entre un minimum de
il4 et un maximum de 2!0; chez les seconds, entre 77 el 125; chez les moutons adultes,
la fréquence est de 60 à 80 (Gobnstein et lixjt].
Chez Je foHus humain on observe souvent un ralentissement du pouls pendant les vio-
lentes contractions utérines* I] s'agit très probablement d'une excitation des origines
bulbaires du nerf vague* Car, si le nerf modérateur ne fonctionne pas encore chez le fœtus
il ne s'ensuit pas que son centre d*origine ne soit pas excitable»
Les contrai'lions utérines pourraient d'ailleurT* Texciter de différenles façons, soit
parce *[u'eiles exercent une compression sur le crâne du fietus, soit parce qn'eiles gênent
la circulation placentaire et amènent un étal asphyxique du sang, soit »ju'elles com-
priment la surface du faqus, et par conséquent les nerfs cutanés qui deviendraient ainsi
le point de départ d'un réflexe modérateur. C'est la deuxi«3me opinion qui paraît la plus
vraisemblable. On a objecté, il est vrai, que Texcitation a&phyxique devrait réagir aussi
bien sur le centre respiratoire bulbaire que sur le centre modérateur du cœur. Mais
JiMRï a montré que, pour l'aduUe, si l'on interrompt la respiration artificielle chez
un animal à Ihorax ouvert, le ralentiss*imenl du cu'ur précède la dyspnée, l*noEa
a obtenu des résullals contraires à ceux de Tumv; mais on peut très bien admettre que
dieile fri*lu5 le centre modérateur est plus excitable que le centre respiratoire, et qu'il
peut être ainsi provoqué à l'activité par un degré de veinosité insuffisant pour agir sur
le centre bulbaiie voisin. D'ailleurs, on verra aussi qu'il tulervienl probablement dans ces
coaditions certains mécaniisnies protecteurs qui mettent obstacle aux respirations pré-
maturées^ quand cetle^-ci tendent à se produire.
PisTALo/^.A a pu, dans une grossesse gémellaire avec présentation transversale, enre-
-gistrer le graphique des pulsations. Il est à remarquer que, dans ce cas, le pouls fmtal ne
s'est pas modilié pendant les douleurs [Virdtow et HirscfC^ /6., 18U1).
Chejt le poulet, la fréquence du cœur a été trouvée très variable au début de l'incu-
bation, Hemak comptait SLuilement 40 systoles dans une minute; Koeluko, de 40 à 60;
?. Hakh jusqu'à KiO; ces grandes ditrerences tiennent probablement à des inégalités de
température. Prkvkk a donné un tableau réunissant ses nombreuses numérations cheï
le poulet. Il divise lescasen trois catégories : l* fréquence faible, au-dessous de liO /^mini-
mum 80,1 ; 2" fréquence moyenne, de 120 à 150; tl^ fréquence grande, au-dessus de 150
(maximum iHt i. Le nombre des pulsations augmente jusqu'au cinquième jour, et reste
ensuite stationnai rc.
506
FŒTUS.
Lfs propnét<!s du cœurembryonnaîie, rinlluence des agents thermiques, électriques,.
et des pf^i^ons.oni été étudiées trop complètement dans Particle Cœur de ce DictionDaii^
pour qu'il soit nécessaire d'y revenin
Nous ne parlerons pas ici des eipériences qui ont été faites par Solthann, Anrep.
TAncHANOFF, Langewdorff, E. Mkykr, sur rinnervation du ca?or(voy. article BiUb€), parce
qu'elles intéressent la physioloj^ie du nouveau-né. Nous pouvons rappeler cependanl
c**lle3 cît« ScuwARTz et de Kehrrr. Le premier a constaté que chez les lapins, immédiate*
ment après la naissance, la compression du crâne produit un ralentissement du cœur,
et le second a trouvé que cet elFet ne se produit plus si Ton sectionne préalablement le*
pneunio-gaslriques. Ou peut objecter, il est vrai, que les conditions ne sont peut-être
plus leî» mêmes que pendant la vie intra-utérine.
Cependant Heinricjc^s a noté que l'excitation du pneumoicrastriqne ralentit ou arrête le
coeur chez les fœtus de chien arrivés à maturité, alors que la circulation placentaire per-
siste encore. Le nerf modérateur du c^i^ur serait déjà excitable, bien qu'il ne mani-
feste pas encore son uclivité tonii]ije fZ. B., 188*.*, 100).
Par contî-e, chez le poulet, d'après Botta/^i, reicilalion électrique du vagne n'a aucun
efTet sur la fonction motrice du ca*ur pendant toute la vie embryonnaire. Ce n*esl que
quelques heures après quo le poussin est sorti de ro*uf que de fortes excitations appli-
quées sur le nerf arr^lent le cœur en diastole [A. ». fi.» 1896, xxvr, 462)*
3** Cours du sang chez le foetus. — L'œut des mammifères subissant la segmenta-
tion totale, chaque élément blastodermique renferme une certaine quantité de résenre
rnitritive, ou deutoplasraa, intimement mélangée au protopUsma pour subveuirà ses pre-
miers besoins. Lorsque les réserves nutritives auront été épuisées, le g-erme devra cber^
cher, en dehors de la substance des éléments qui le composent, les matériaux nécessaires
à son évolution.
Ces matériaux, il les trouve d'abord dans le contenu du sac vilellin ou vésicule ombi-
licale : mais, tandis que chez les ovipares, dont la segmentation est partielle, ils consti-
tuent une masse considérable, c'esl-à-dire le jaune, qui servira à la nutrition de l'em-
bryon jusqu'au moment de son éclosîon, chez tes mammifères, ils sont représenté? par
la faible quantité de liquide albumineux qui remplit le sac vitellin.
Ce liquide ne pourra donc subvenir longtemps aux besoins de l'embryon, qai devra
alors emprunter directement à ror^'anisme maternel les substances nécessaires à soa
développement, et la circulation allantoidienne,ou placentaire, se substituera à la circu-
lation vitelline comme circulation d'apport. On distingue donc deux formes de cinrola-
tion chez le fœtus : l'^la circulation omphalo-mésentériquer ou première circulation; 2*U
circulatton allant<jk1ienne, placenta» i^e, ou deuxième circulation.
Première circulation. — Les premiers vaisseaux apparaissent au dehors de rébaocbe
embryonnaire dans Taire opaque qui, chez les mammifères, se transforme en aire vascn-
laire dans loute sa largeur, el de là envahit le reste de la vésicule ombilicale. Ainsi
on voit se développer dans rèpaisseiir des parois de cette vésicule, dans sa lame fihro-
intestinale, un réseau capillaire qui occupera toutefois une étendue plus ou moins grande
suivant le mammifère envisagé. Chez l'iiomme, les carnassiers, les ruminants^ il tapisse
toute la surlaee de la vésicule ombilicale; chez le lapin, il reste limité au pourtour de la
tache embryonnaire, dans la région du cœlome, comme chez les ovipares.
Lorsque le réseau vasculaire a atteint son complet développement, il est limité exlé-
rieuren»eut par un vaisseau annulaire, désigné sous le nom de sinus lerminaL A ce réseau
aboutisseut les artères omphalo-mcsentériques qui naissent dans le corps de rembryoo
des aortes descendantes. Du même réseau partent deux gros troncs veineux qui, rampant
dans ré|):nsst^ur du feuillet fibro-intestinal, vont se jeter dans rextrémilé inférieure du
tube cardiaque : ce sont les veines omphaïo-mésentériques ou vitellines. On décrit ordî*
nairement deux artères et deux veines de ce nom. Mais <■ il résulte des recherches de vis
BeNiciiEN et JcuN sur le lapin, Vialleto\' sur le poulet, qu'au début le réseau de Taire vascu-
laire se prolouç'e à Tintérieur du corps de Temhryon dans l'épaisseur de la splanchno-
pleure jusqu'aux aortes, qui représentent en quelque sorte la limite interne de ce réseau.
Les aortes se trouvent donc à l'origine largement anastomosées avec les vaisseaux de
Taire vasculaire. Ces anastomoses diminuent progressivement de nombre, et au dixième
jour il ne persiste plus cliex le lapin qu'une seule artère omphalo-mésentérique prote-
j
FŒTUS.
807
naot de TaoTte du c6té gauche (fig. Il), €ette artère trairerse tout le réseau de l'aire
vasculaire pour se jeter directement dans Le sians terminal. Cliez l'homme chacune des
aortes deseendaiite^ donne d'abord naissance à une artère omphato-mésentérîque;
mais, vers le trente-cinquiùme jonr» celle de gauche disparaît, et l'arlère ompbalo-mésen-
tértque droite contione seule à alimenter le réseau vasculaire » (ToimNEUx).
Telle est la circulation qu'on peut appeler avec Tourneux circulation d%ipport : en
mêiae temps se développe dans le corps de Tembryon la circulation de dùiribution, qui
traiMporte aux organes les matériaux apportés par les veines omphalo-mésentcriques
et n^mène an cceur le san^ veineux. De Textrémit^ supérieure du tube cardiaque, c'est-à-
dire du bulbe artériel ou aoi tique, on voit partir deux troncs art»^rielji, les aortes primi-
tives» Ces aortes s'élèvenl d'abord dans la paroi antt-riiurp de rinlestin céphalique
jusqu'à son extrémité supérieure» aortes ascendantes ou artères vertébrales supérieures ;
puis, logées dans Tépaisseur du premier arc branchial, élites contournent en dehors le
eut - de - sac supérieur
de Fintestin (crosseê
des aortes), se placent
à ^ partie postérieure
et desrendent ainsi
dans toute la longueur
de Tem bry on entre Ten-
doderme et le tube mé-
dullaire (aortes descen-
dantes ou vertébrales
iuférieinvs). De la sur-
face des deux aortes
primitives îsc détachent
de nombreuses arlé-
ri oies qui se répandent
daas tout le corps de
Tembryon et vont ali-
menter le réseau capil-
laire des organes.
Le san^î revient au
cœur par le système des
vein es ca r d i n al es ; o n
désigne ainsi quatre
troncs veineux longitu-
dinaux, deux supé-
rieurs, veines cardi-
nales supérieures, deux
inférieurs, veines car-
dinales inférieures. Les premiers ramènent le sang de l'extrémité céphalique, les
seconds celui de l'extrémité caudale. En regrard de l'extrémité inférieure du c*pur, tes
deux troncs du ra*^me côté se fusionnent entre eux et donnent ainsi naissance à un
canal horizontal, qui va se jeter dans la veine omptialo-mésentérique au voisinage de
sa terminaison; les deux troncs collecteurs des veines cardinales sont connus sous le
nom de canaux de Cuvieh.
Ainsi le sang chargé des principes nutritifs qui revient par les veines omphalo-
mésenlériques est lanc*^ par les contractions du coeur dans les aortes primitives, qui le
conduisent daiH la terminaison caudale de l'embryon. Mais la plus grande partie de ce
sang s'écoule latéralement par les artères omphalo-mésentériques et quitte l'embryon
pour passer dans le sinus terminal et le réseau capillaire de la véî^icule ombilicale, et
retourne au v*v\ir par ïes veines vitellines. Il est probable, comme le fait remarquer
PftirCRf que les principes nutritifs apportés par ces dernières sont, au début, partielle*
ment consommés par b^ lube cardiaque en raison de raccroissement rapide? et du travail
énergique de cet organe! de sorlt" qu'immédiatement après sa sortie du c^i'ur le sang a
déjà perdu les propriétés du sang artériel qu'il avait au moment de son enti-ée. Durant
Fil». 72. — CircutAtJoQ ompbalo méicutt^riquo ftur iu mvd dtt laptn d^
Îl5 hAdrc^A (d'aprèa TorRft»tix).
1, Ccear. — 2, 2, Aortos primîtivê»» *- 3, Artèro oin|ibalo-mét0uléri<)tie. —
4, Sînus terminal. ^ &, S. Veiii«B ompliailo»iaé5«tiiériqot-\s. — 6, 6, Vtities
cardinatâs hO J«tAiic par l«a CAnatix de CuviBR horif«ntAQX dan» Jes vriAes
ompha1o-méfteot<:iriqtio«.
508
FŒTUS.
le resle de son trajet, il cédera cependanl encore des matériaux et de l*oxygène. et aies
ce sera du sang extrêmement veineux qui circulera dans les ramifications des artères om*
phalo-raésetitériques. Il faut aj*juier enllii qu'au sang frais ou artériel qui revient parle>
veines vitellines vieat se joindre le sang veineux du corps de rembryon qui revient
par les veines cardinales, de sorle que c'est un sang mélangé qui est lanc^ parle
cœur dîins les aortes primitives.
Deuiièm© circiUaiion, — a* Notions nnatomiques, — Quand les réserves de la fésîcQle
ombilicale sont épuisées, ce qui ai rive de bonne beure chei Tefubryon de majnroifèîe.
celui-ci, avons-nous dit, est oblig** de puiser h une autre source. H se met en rapport aver
la muquetise utérine par
le cboriou et rallanloide, m A ^ B
el alors commence la ^-
dêuxit^iiie t'irculatian.
L*alîanloi[li% en pous-
sant dans la cavité du
«:fplt>ine externe» en-
traîne les extrémités in-
férieures des ûeunL aortes
primitives qui se rami-
fient dans l'épaisseur de
la couiHie mésodermique
provenant du bourrelet
allanloidien. Les extré-
mités inférieures des aor-
tes, entraînées parti elle-
menl dans les ann+^xesde
l'embryon, cunstiluent
les artères allantoldien-
nes, ombilicales ou pla-
centaires. La poussée de
rallantoîde (fig. li) s'ef*
feetue cbez le lapîn nu
com me n re tnen i 4 u d î x ir*
mejour. Vase ni a ri sët* par
lesvaissearuoinbiliianx,
«lie fournit des botïppes
vasculaires aux villosités
du cliorion, qui, elles-
.«énies, sontenvelopp(?es
parla myqupuse utérine
DU caduque- Le rrsean
vasculaire de l'alianto-
chorion, c*est-à-dire du
fœtus, se trouve ainsi en-
vironné par le réseau vasculaire de la mère. On verra plus loin ce qu*il devient. !,«>
artères onjbilicales donnent naissance à des vaisseaux qui s'engagent avec la couche
mésodermique superticielle de rallantoîde dans les villosités du cboriou^où ils se capil-
larisenl. He ces capillaires partent des veines qui aboutissent à deux gros troncs» ks
veines allantoïdienues ombilicales oti placentaires, lesqueHcs pénétrent à l'intérieur dn
corps de l'embryon par ! on vert are ombilic aie jet vont se jeter dans les veines omplialo-
aésentériquL-s tuut près de leur abouchement dans le sinus veineux du cœur.
Ces dis posi lions se modifient avec le^développement de la veine porte et de la veine
cave. Le foie vient s'interposer entre les exlré mités des veines vitellines et ombilicale}-
Les premières accompagnent le tube digestif dans son trajet au-dessous du foie» tandis
que les secondes, contenues dans la paroi abdominale ou somatopleure, passent au-desms
de rébaucbe Uépatique pour déhoucher ensuite avec les veines vitellines dans le sinus
%'einenx] du cœur. Les veines vitellines se ramitlent dans le foie, et constituent l'on
Ffû. Ta. — QtiAtr« stades siice«»ttr« da déToloppMueot du «jrttème pocit
veineux chûx l'embryon bnm&iD («n grande fkartlo d*»pr6i Hts). L«« of^aae»
recouverts par let Ugnt% ljaii«voraal«B tout cacbéf par la foi© iûgvtt
empruntée a Todrnivx}.
1, CoQtûiir dû foio, — 2» Buodèmim* — 3. Sinu» vainoux. — i, i, Veiuet oca
l»iljcales. — S, 5, V<»inei viK^Uioes réunie* en B et ad C par 1© «iou» anav
ïoire. — (V, Veine cave aupérieure. — fl*. Veine coronaire. — 7, Veine port*»
— 8, Ciiiial voiûoux d'AitAXTiui. — », 9, VoîQOS bépati<|aea alTéreutf^ —
10, 10, Veines hépatiqne« afléreoies.
FŒTUS.
f&09
gine da fjsiémt veinenz hépatique, ?eines affér<?i)les, on reioe portf», el veines at!é-
tnUs, Teines sus^hépaliques (fi^'. 73 1,
Penddnl un corlaiû temps, le sanp veim de la vésicule ombilicale pourra ainsi suivra
fte double \foie : une voie directe, celle des veines vitellîiies ; une voie indirecte, repré_
inlée par le réseau î^anguin hépatique. Mais bientôt la portion des veines vitellines
comprise enire le» veines hépatiques ^afférentes et efTérentes s'atrophie, el tout le sang
de la vésicule ombilicale traverse le système porte. Les extrémités supérieures ou car-
diaques de» veines vitellines reçoivent les veines hépatiques efTérentes. Peu après» Tei-
trèmité cardiaque de la veine omphalo-mësentérique droite donne naissance par un
bourgeon à la veine cava iuféneure dont les veines sus- hépatiques ne forment bicnlôt
plus qu'un prolongement.
Les veines ombilicales subissent aussi des moditlcatious importantes; la droite
l'atrophie, et son vestige fournit une veine épi gastrique* La veine gauche envoie une bran-
rche qui passe au-dessous du foie, et va s'anastomoser avec là vein« vi tel Une devenue
F», T4. — Œtirde tO à 95 jotirt. Dévelop[iement de
rvoinÎQS. origimo do ValliuDtotd* (d'aprèB Dkbikriui}.
l^ Membrane viiftlliue. — î^ MembraDe léreuse (chorion
doni Vù3 villo»ttés ont él^ roprésootées dans an paint
teul^meai de U surface de Vamî}. — 3, Amnîos iiportioB
réfléehio du chorion bla»todermîque). — 4, 5. 6t Embrjron.
» 7, Capuchon oéphaIib)ue, — 6, Capuchon caudal di;
taniaioB. — 9, Ombilic amuiotique. — 10, Cavité de run-
Bîo«. — Il«lot«stiEi,— 1?, Condiiit omphalo-mésenlérîque,
— 13, H, YaiaMaux onipbj|to-niésent^'Hi|UM artorit ao ra-
miflê^r vers ta v6ucule ombilicale. — 15 v 16k W^^njcuIo
alhuitoTde à »«& débuts. — 17, Cavité amaio^horiate.
FiG. 75. — Œuf d'environ IKjoars. D^voloppeineat
de raUaiito-chorioli (d'après Dsmjtjuu),
1, Membrane ▼itelUne auropbiéo. — ï, Cborioii'
blanlodcrmique (membrane tëretiitit'l. ^ 3, 4, 5,
Allajitûidr. — 6, Vaifiteaun ombilicaux. — 7,
Atiacltp de raUantoKdo h l'adiiua posterior
(oura^ueu — 9, Ëmtirjron avec lO, s% portion
C4^phali<iue et U, «a portion caudale. — It
Ainnios désctntiai^ fermt** — 13, Cavik^ do l'am-
niu«v — U, Int«atin. — 15, V(i*i!>iculo ombilicale
en voie de régreasion»
veine porte, co qni entraine la disparition de son extrémité cardiaque, située au-dessus
du foie. A ce nmment donc, tout le sang ctiarrié pur les veiueâ vitellines el ombilicales
doit traverser le réseau sanguin hf^palique.
Un peu plus tard, et, comme si cette voie n*était pas suffisanle, Textrémité de la
veine ombilicale, tout en restant unie à la veine porte, se prolonge Jusqu'à la veine
cave inférieure, ou plutôt au début dans la veine 5;U5-b«'patique d roi le, par un canal
qui porte le nom de canal veineux d'ARANTUi?» et qui restera pmne'ahle ju5qu*à la nais*
sance {Ûg. 73). Le san^' des veines ombilicales, c est-à-dire du placenta, sera ainsi conduit
directement à la veine cave inférieure; mais il pourra aussi suivre la voie collatérale
du système porte.
Après avoir étudié la disposition de ta partie intra-embryonnaire des vaisseaux allau*
toidiens» il convient aussi de dire comment ils se comportent dan» leur partie eitra-
cmbryonnaire, L*allantoïde recouverte, comme nous Tavons vu, par les branches el les
rameaux des vaisseaux ombilicaux, gaj^me le cœlome exLra-embryonnaire cavité inter*^
amnio-choriale), s'étale à la face interne du chorion et fournit à cette membrane ses élé-
ments vasculaires, Le cliorion s'est en efTel de bonne heure, vers la fin de la deuiième
semaine, ehez Tembryon humain, couvert de villositès qui sont bientôt pénétrées suivant
pn^^ï^
510
FŒTUS.
leur axe par des prolongements vasculaîrês ûb rallantaide et prend alors le nom d'aJ*
lanto-chorion (iîg. 74), A la lin dp la troisième ou an commencement Je la qualnèa
semaine» le chorion est vasçulairfi dans toute son «tendue (tlg. 75)*
Dans le deuxit^me mois, k la cinquième età lasiiième ^maioe, les vîllosités sont pltl
allongées et rameuses, et s'engagent par quelques prolongements dans le tissu de
muqyetise utérine ou caduque : le roseau vasculaire de l'allanlo-chorion se trouve nIo
enveloppé par le réseau vasculaire de la mèi^e; mais dès cette époque les vlUoâités so
plus nombreuses et plus ramitlL^es^ leurs adhérences sont plus intimes au niveau et I
région de la muqueuse uttVine sur laquelle l'œuf est venu primiliveraenl slmplant
et où le placenta coiuincnce maintenant à se dessiner (fig. 76). Celle région s'appelle I
caduque sérotine ou membrane intor-uléro-placentaire.
Au commencement du troisième moisîtes villosiiés continuent à se ramifier^ se dé f
loppent on touffes arborescentes /chorion loufîu^ ffond<mum) au contact de la sérotine i
va former le placenta matemeljl
tandis qu'elles constiluenl elles-
mêmes À ce niveau le placenl^j
fœtal; parcontre, sur le rcsted^
chorion qui est enveloppé parla*
caduqui- réiîéchie, elles ont poar
la plupart cessé d*étre vascula
res (chorion lisse, l^t'c) (ftg. 76)i
On pourrait donc, dapr
pREYER, distinguer : l« la cir
culaUoQ ciioriale commença
avec la formation des vaisseaux^
ombilicaux (fin de la troisième
ou commencement de la qui
trième semaine); 2« la circula
tîon placentaire commençaa
avec la formation du placenttl
(troisième mois)*
Ce qui vient d*ètre dit *e
rapporte a la circulation d'ap-
port; nous nVvons pas k suivre
dans tous ses détails le déve-
loppement du système vasca-
laire de distribution. Nous
devons cependanl indiquer
sommairement comment il naît
aux dépens du système de dis-
tribution de la première circa-
lalionel se substitue à ce dernier.
On a vu que le système artériel comprend primitivement deux aortes émanées du
bulbe artériel, qui parcourent toute la longueur du corps et fournissent avec les artères
omphato-méseutériques de nombreuses branches pour foutes les parties du corps de
rembryojri.
On assiste d'abord à la formation, au niveau des arcs branchiaux, d'anastomoses
qui unissent la branche ventrale, ou artère vertébrale ascendante, à la braochf
dorsale, ou vertébrale descendante des aortes primitives (fig. 77 et 78). Ce sont les arcs
aor tiques, au nombre de cinq, d'après ïlATiiiiE, de sii, d'après Boas et autres; les crosses
des aortes primitives sont considérées comme les premiers arcs, droit et gauche, eo
comptant de haut en bas.
CesL de cet ensemble d'arcs que naissent les gros troncs artériels définitifs, ainsi que
les artères de la léte et des membres supérieurs (fig. 79). Les premiers, deuxième et
cinquième ares disparaissent. Les artères vertébrales ascendante et desceadaule donneal
naissance aux carotides externe et interne, taudis que le troisième arc, persistant de
chaque cAté. prolonge la carotide interne vers l'externe, Le quatrième arc donne âdraito
Fit». 7<S. ^ Hv^ Cftdu(|u« vraie. — c/«> Cadoqne sérotine ou mtmr
braua iutor-iitéro-placeii taire. — dr^ Cadiiquo réfléchie. -^ oA,
Cborîoii. — nm, Amaios» — ^, V^skulti ombilicale et loa pédicule.
— at, AlUntolde, — u, YAifl^eaux Oinbiljc&ux. — c, Orifice» éû%
FŒTUS*
511
te Irono braduo-céphaliqoe, à gauche la crosse de Taorte avec la carotide commune et
Ja iouft-claYière gauche. Le sixième arc disparaît dans presque loute son étendue, ainsi que
ta portion descendante de Taorte droite; mais, dans sa portion interne, il l'orme la branche
droite de t'artère pulmonaire; à gauche, le sixième arc donne la branche gauche de
l'ftrtiSre pulmonaire, et le caual artériel ou canal de Bot al, qui élablil une large com-
niuaication entre Tarière pulmonaire et Taorie descendante. Entin ^extrémité supé*
rieurc du bulbe aorlique «l'est divisée de telle sorte que son segment antérieur forme le
iroDC de T^trlère pulmonnire, tandis que le segment postérieur apparJiendra au système
4iortique* Tout à lait au dùbut de la période qui correspond à la circulation aUanloi-
^û. 7T. -^ SyitèraM artériel et T«tn«<ui
prioitUfa. ^ o* n, Voïdcs omphAlo-
fMW«Dtériqa«s. — C, Caiur« — A* Â,
Aort«s doruloa. — l, Arca aortic|iia«;
1, VeLae eaf dinald antérieura ; t), V«iïi«
cardinalo pottérieun». — 4, Aorbe dea*
coodante. — 5, Arterat omphalc^mé-
«•etëfique*. — S. Aono cauttjito. — 7,
T« Art^rcn ombiUcalM. — h, 8, C^oaus
d« CDVisn (d'aprôA DaBiERaa).
Fw. 1S. -^ Sdièraa da Tapparvil cardio-aortlqaa
de l'embryon.
Los tt arcs aortit|Ucft «ont compleit, le cœur •« dé-
doubla eD iiû« oreilletto (OJ «t uo vûntricula <V|' ^
C«r, Détruit tétraoifl ornent) Auriculci-veotriculairc.
— CèP, Détroit fétranglemeiit) bulho-ventriculatrc
(oDtro ib bulba artériol et le ventricule!. — Ap, Artère
ptiliiioiialr«» — \(iJ, Aorte» deteoudante* droîie et
gauche. — a. Aorte alidotaioale» — Aufti, Artère
OMpbalO'tD^aeotèriqiitf (d'aprf'V DxaiRRat)*
dienne, les deux aortes deiceiidaiites se sont fusionnées sur la ligne médiane an-dessous
du cteur en tin caual impair et médian, puis la portion de Taorte descendante droite
qui s'étend jusqu'au point de fusion des deux aortes primitives disparaît, comme il a été
dit» avec les cinquième et sixième aortiques droits. Les extrémités inférit^ures, non fusion-
nées, des aortes sont devenues les artères ombilicales. Chea l'embryon humain Ja fusion
des deux aortes se produit du dix-neuvième au vingt et unième jour, alors que Tembryou
mesure une longueur de trois à quatre millimètres; ctiex l'embryon de lapin vers la deux
cent vingt-quatrième heure. Par i^uite de la soudure dos deux aortes, les artères vitelliues,
qui naissaient isolément de chacun de ces vaisseaux, proviennent maintenant du même
canal. Dans la suile Tarière vileltine j^aucbe^ comme nous lavons déjà vu, s'atrophie et
disparait; le tronc persistant de l'artère droUe fournira la mésenlériquo supérieure.
512
FŒTUS.
Les artères du bassin e( tl«s membres inférieurs, arlères iliaque primitive, interne ff
externe, doiveul être considérées comme des expansions des artère» ombilicales;
pins lard Tarière ombilicale ne représente plus qu*une branche de l*art»*re liyp
gastrique et s'y implante, non loin dn point où celle-ci se détache de l'iltaq
primitive.
Le déveioppoment du système veineux marche de pair avec celui du système ;ir
rieL Quand !a druxii me circulation commence à se constituer, le cœor se continue da
sa portion auriculaire avec une sorte de conllnent appeté le siuus veineui, que forment
par leur r<!!nnion si\ troncs, les canaux de Clvieh, les veines omphalo-mésentériques et
les veines ombilicafes.
Tous les gros troncs Teineux, à Teiception de la veine cave inférieure, dérivent do
système veiïteux du début. La disposition symétrique des canaux de Cuvier et des veine»
4mrdinates persiste loute la vie chei les poissons. Chex les reptiles, les oiseaux et oncer-
rross5o«r^Drff
hr.dr.
^C*Troric4c ext-
f 1^ Jit.Carolicie \nl.
Cdrohdc int.vtrs IVxL
-Caroti'de primit.
f- -Sous-cUv.ttverffbn
JfiL^ortt d«sc*
- — Canal cirtêrî?!
-aorte ^
Aor^? descend. ■-
FiG. 79. — Schéoiâ do U trausforiniition di>s arcs aoriiqaes cbii* rbomine, A droite, oo Toii ïû
vaicukiro d'un *.rc aortuiue» traireriant Jet arcs branchiaux (d'apr^i DaBi£RK]f).
tain nombre des maromifcres, les deux veines caves supérieures dérivent des canail
de CuviEH. Chez les m.imniilères, le canal de CuviEft gauciie perd de bonne heure
connexions avec tes veines cardinales correspondantes; ce (jni en reste forme la grande
veine coronaire. Mais la disparitmn de la veine cave supérieure gauche cit précédée Je
la formation d'une anastomose entre les deux veines cardinales supérieures ou veines
jugulaires. Celte anastomose, c'est le tronc brachio-veineux céphalique gauche. Le Irooc
brachio-céphaiique droit est formé par la portion de la veine jugulaire droite comprise
entre l'anastomose et la veine sous-claviére droite, branche de la veine cardinale supé-
rieure.
Le canal de Cuvma droit, c'est-à-dire la veine cave supérieure, reçoit la veine cardinale
inférieure droite : la moitié supérieure de cette dernière persiste et se détache do
segment inférieur pour former la grande veine azygos. Le segment moyen de îa veio
cardinale gauche inférieure persistant après la disparition de la veine cave sopérieuf
gauche constituera la petite ajsygos, qu'une anastomose réunira à la grande.
Ainsi les veines cardinales inférieures, qui constituaient primitivement, comme eUesl
font toute la vie chei les poissons, les veines de toute la partie inféneure du tronc (
l'embryon, s'atrophient partiellement; elles sont alors remt^lacées par une veine
FŒTUS.
513
ciouvelle formation, la Teiiie cave inférieure. Celle-ci s'est formée de deux tronçons: Tuu,
«up^^rieur, qui »e développe de haut en bas, h partir du sinus veineux du cieur : Taulre,
inférieur, constitué par la portion sous-réimle persistante de la veine cardinale droite. Le
4)remier tronçon, en descendant, vient rejoindre le second au niveau de Tembouchure des
reines rénales.
he sinus veineux disparaît peu à peu i embryon humain de 10 millimètres) en parti*
cipant À la constitution de Toreillelte droite. La veine cave supérieure, la veine cave
inférieure et la veine coronaire s'ouvrent alors, par autant d'orifices distincts, dans
l'oreillette.
L*oreillette gauche ne reçoit de même h Torigine qu'un seul conduit assez grêle, îe
Cronc commun des quatre veines pulmonaires : dans la suite du développement, ce
tronc est absorbé par la paroi auriculaire, de la m<^me façon que le sinus veineux par
roreillfette droite» et les quatre veines pulmonaires deboticlieront alors, par groupes de
deux^ directement dans la cavité de roreilletle,
d. Cours du sawj pendant ta deuxième circulation, — Les caractères particuliers do la
circulation placentaire sont : 1^ la cx)mniuni-
calion des deux oreillettes par le trou de
»Botal; 2** la communication de Tarteie jjuI-
monaire avec Taorte descendante par le canal
-artériel; 3* l'état rudimentaire de la circu-
lation pulmonaire; enfin 4^ le mélan^^çe du
sanif artériel et du sang veineux. Pas plus
pendant la circulation placentaire que pen-
dant la circulation viteîline^ il n'y a de com-
tnaoication directe entre les vaisseaux ma-
temels et des vaisseaux du fa^tus.
Du placenta le sang chargé de substances
nutritives et d'ox^vgène est amené au corps
du fœtus par la veine ombilicale persistante;
arrivé au niveau du foie, il peut suivre deux
voies distinctes : la voie de la veine porte ou
celle du canal veineux d'ARANTius, c'est-à-
dire qu'une partie du sang passe dirâctement
-dans la veine cave inférieure, tandis que
Tautre va se distribuer dans le foie par les
veines hépatiques afférentes en se mélangeant
au sang que la veine porte ramène de Tin-
-testin et de la rate.
Tout ce sang', en di^finitive, aboutît à la
veine cave inférieure au-dessus du foie. Là il
se mélange avec le sang veineux qui vient de la moitié inférieure du corps du fœtus,
rein, membres inférieurs, organes pelviens» et est conduit à l'oreillette droite. Mais, au
lieu de tomber dans le ventricule droit, il est transporté presque en totalité vers la
cloison interauriculaire et le trou de Botal, d'où il pénètre dan* Toreillette gauche, puis
dans le ventricule gauche qui le lance dans Taorte. Dans roreillettejgauche, il s'est mêlé
à une très petite quantité de sang veineux venu des poumons.
Le sang exclusivement veineux transporté par la veine cave supérieure passe, lui,
directement de ï'oreillette droite dans le ventricule droit en raison de l'existence de la
valvule d'KusTACHi qui cloisonne en quelque sorte 1 oreillette en deux compartiments
distincts (fîg. 80). Le tubercule décrit par Lower sur le cœur des animaux entre les ori-
fices des deux veines caves, et qui servirait à séparer l'un de Taulre les deux courants
rein eux, sf^mble n'avoir que peu d'importance chez le fœtus humain. Une très faible
j)artie du sauj^, chassée par le ventricule droit, va aux poumons par les branches encore
peu développées de Tartére pulmonaire; la presque-totalité de ce sang est lancée par
l'intermédiaire de l'artère pulmonaire et du canal artériel dans la crosse aurtique, La
séparation entre les deux courants veineux dans l'oreillette droite n'est sains doute pas
absolue : mais^ en résumé, le sang qui vient ne la veine cave inférieure vadirectemeutdaas
DICT. DK PBYSIOLOQIB — TOMB VI, 33
Fio. 90. -^ Cœur d'uD foetus k terme va par si
face po8l*mure. L» paroi poi»tôri«uro de
ror«iOo(t« a été enlevée, et 1& velue câve lofé-
rieuro déjotéo à gauche pour mouiror le iron
ovaIo avec 9a valvule (d'aprèii Tourxkux).
1, Valvule du trou ovale. — 2, Valvule d*KuB-
TACBJ. — 3, Grande veine coronaire avise ta
valvule de THEBisiufi. — 4, Veiae cave infé-
rieure. — 5, Veine caTO supérieure. — 0, 0,
VelQca pulmonaires droite». — 7, Auricul«
droite. — (J, Ventricule droit. — 9, Veu trie aie
g^auche. — 10, Aorte (d'après Tour.'vbux^.
514
FŒTUS.
l'oreillette gauclie par le trou de Botai. pour être lancé daas l'aorte par le YdDincul»
gauche, tandis que le sang de la veine cave supérieure est envoyé dani cette méi
artère par le ventricule droit à travers le canal artériel.
Cependant, les deux courants ne se confondent pas même dans Taort^. Comme
artères destinées à la tt^te et aux membres supérieurs ont I eu r^'orîgi ne au-dessus du poii
d'abouchement du canal artériel, le sang purement veineux qui vient de la veine cave
supérieure est chassé principalement dans l'aorte descendante par le ventricule d
I
Cïrcukt
PtQ. 81. — Schéma do Ia circulatioa fcct&le, d'après Pekvkr.
(fig, 81 )« Par contre I le saup qui arrive au cœur par la veine cave inférieure, et qat"
renferme, avons-nous dit, une fortejproportion de sang ptacentiire, c'est-à-dire héma-
tose, est en grande partie lanc/; par le ventricule gauche dans les vaisseaux qui nais&eût
de la crosse aortique, c^est-i-dire dan^ï le tronc hrachio-céphalique, carotide primitive
et sous-elavière gauche : une faible quantité de ce sang se nit^le au-dessous de raboo-
chement du eafial artériel avec celui qui est envoyé par le ventricule droit aux parties
inférieures du corps*
Ceât donc du sang très mélange, provenant pour la plus grande partie du ventricu
droit, et en faible partie du ventriculfi gauche, qui parcourt les dilTé rentes branches (
FŒTUS,
515
I
I
I
rAort# dtscendaato et les organes auxquels elles se diâtribuenL Sur l'aorte vient se
greffier aussi la voie collatérale représentée par les artères ombilicales qiti conduisent
ce même sang au placenta : il est à remarquer que le liquida qui relourne ainsi vers
lo^ane de nutrition pt dMiéraatose est, il est vrai, très veineiis; mais il Test au même
degré» et pas davantage, que celui de Taorte descendante, lequel sert cependant à nourrir
tine f^rande partie des organes du fcetus : de même, il renferme encore une petite
quantité de sang artérialisé qui retourne au placenta, sans pront ponr le fœtus.
Ainsi la circulation foHale est disposée de telle sorte que le sang le plus veineux est
envoyé par le ventricule droit à la plupart des organes du corps et au placenta, tandis
que le sang le plus artérialisé, mais toutefois encore mélangé, est lancé par le ventri-
cule gauche dans les organes c*^phaliques qui paraissent avoir besoin pour leur dévelop-
pement de plus d*oxygène et de matériaux nutritifs. Comme Ta fait remarquer Harvey,
ehei le firlus, contrairement à ce qui est cliez radulie, les deux ventricules sont utilisés
par la circulation f^énérale. On peut ajouter cependant que, chei le fœtus aussi, c'est le
▼entncule droit qui est plus spécialement chargé d'envoyer le sang le plus veineu:c vers
Torgane de T hématose.
Au point de vue de la qualité du sang qu'ils reçoivent, on peut diviser les organes en
quatre catégories: 1<» ie foie; 2* le cœur, la tête et les extrémités supérieures; 3"* le*
extrémité* inférieures, les organes abdominaux ; 4^ le poumon. De tous les organes, le
foie est en effet celui qui reçoit le sang le plus pur» puisqu'il lui vient directement du pla-
centa; cependant, il s'y ajoute aussi du sang exclusivement veineux de Tintestin, de la
rate, du pancréas et du sang de Farté re hépatique, qui est déjà très mélangé. Le foie se
trouve donc vis-à-vis des matériaux de imlrîtion dans les mêmes relations chez le
fœtus qu'après la naissance, c'est-a-dire que le sang qui revient des surfaces d'absorp-
tion, le traverse en grande partie, comme le traversera après la naissance celui qui
fient de la cavité digestive. Après le foie, les organes qui reçoivent le sang le plus arté-
rialisé sont la tête et les membres thoraciques; en troisième ligne, il faut placer les
viscères de Tabdomen et les membres inférieurs. «)n s'explique ainsi que le développe-
ment de reitrémité céphalique soit plus précoce que celui de rextréraité caudale. Plus
lard les rapports changent, et la partie inférieure du corps est desservie plus favorable-
ment; te trou ovale devient de plus en plus étroit, ce qui permet à des quantités tou-
jours plus {grandes du san^^ de la veine cave inférieure, c'est-à-dire de sang plus artéria-
lisé, de passer dans le ventricule droit et de là dans Taoi te descendante.
Au point de vue de la nature du sang charrié parles principaux vaisseaux et du rôle
de ces derniers, ou peut dresser le tableau suivant, emprunté en partie à Ph^ver*
t* La veine onibiticale amène directement le sang artériel au foie et par le canal
d'ÂBAlvTius à la veine cave inférieure,
S" Les artères ombilicales ram*ment dans le placenta du sang veineux avec un peu
de sang artériel.
3° Le trou ovale est ouvert pour TaHlux du sang (artérioso-veineui) de la veine cave
inférieure dans roreillette «auche.
4' Le canal artériel porte du sang veineux avec un peu de sang artériel du ventricule
droit dans l'aorte.
5<» L'artère pulmonaire conduit ce même sang, mais en très faible quantité, du ven-
tricule droit dans le poumon,
6° Les veines pulmonairesVaniènent â roreillette gauche du sang exclusivement vei-
neux, mais en très petite quantité,
7° L'aorte descendante transporte le sang^des deux ventricules du cçeur> le plus vei-
neux et le plus abondant venu du ventricule droit par le canal artériel, le plus artériel
venu du ventricule gauche-
8° L*aorte ascendante porte du san<î fortement artérialisé, mai» mélangé encore à du
sang veineux, vers la tête et les extrémités supérieures,
9" La veine cave inférieure porte dans les deux oreillettes, mais surtout dans Toreil-
lelle gauche, le sang veineux de la partie inférieure du corps de l'embryon et le sang arté*
riel du placenta.
10** La veine cave supérieure ramène du sanj; exclusivement veineux dans Toreillette
droite et le ventricule droit.
516
FŒTUS.
Remarquons pour terrainer que» si l'on décrit d'habilude deux formes de circalaliou
chez le fœtus, il ne f/iurtrait pas croire que ta seconde se substitue brusquement k U
première : la transformalion se fait d'une façon *gradnelle, et la circulation omphalo-
îuésenlêrique persiste pendant quelque temp?, parallèlement à la circulation cfaorio-pîa*
centaire, ce qui est évidemment uue ii^^aranlie pour Tembr^'on.
Eu ou'Te, cïiez IVmbryon barnainjl semble que^conlrairemenlau schéma classiquf,
la circulation choriale soit plus avancée dans son développement, dès les premiers stades»
que la circulation de la vésicule ombilicale. C'est ce qui ressort du moins de la descrip-
tion donnée par Étrr^îod de Tembryon de 1°^",3, dont il a déjà été question. Du «ror
encore double partaient deux aortes qui devenaient plus loin arliVes chorio-plac^ntaires
ou ombilicales; un tronc veineux chorio-placentaire unique, future veine ombilicale, pro-
duit de la fusion des veines de retour, longeait la marge du champ etnbrvonuairv'
pour aller au cœur. Il y avait ainsi un cercle sanguin complet qui, parti du etpur de
l*embryorï, passait dans le pédicule abdominal pour se capillariser au cbnrioo et «u futur
placenta» traversait de nouveau le pédicule ombilical pour revenir au coeur : une partie
des villosîtéâ eboriales étaient déjà canalisées et perméables. Dans la partie (mandate de
la vésicule vilelline se trouvait un vaisseau que Étehnod propose d'appeler anse veiueim
vitelline : cette anse s'abouchait par ses deux branches dans chacune des veines cborio*
placentaireâ et représentait le premier vaisseau de retour de la circulation de la vé
cule vilelline. Elle serait probablement destinée, d'après Étkunod, à s^efTacer pour fai
place aux veines vitellines classiques.
A partir de la rupture de l'œuf, quand la respiration pulmonaire commence, la i
culation et la distribution du san^ devieniieul ce que nous les trouvons chef Tadulle;
mais l'étude de roblitération du canal artériel, du trou de Botal, et des vaisseaux omk
lîcaux appartient à la physiologie du nouveau-né.
c) Pre&sion et vite^^e du «diif/. - D'après les recherches de Cohsstein et Zuxtï, la pfl
sion moyenne dans rart^re ombilicale des fœtus de mouton non à terme semble aii_
me nier avec l'âge, comme le montre le tableau suivant, oè nous mettons i m médiate menr
en regard le chiffre de la pression dans la veine ombilicale.
POIBS
PRESSION
ca mUVimhtTts».
on 3:iLiiiiik.'Lr':^s.
DR PRS»^IO?>
va niiUsmt'trrs.
1536
1320
1200
1564
39,3
S0,5
43/2
51J
16,4
34,0
29.0
21.0
22,n
1Ô,5
14,2
30, t
Chez un fiî'tus à maturité, de 3 6Q0 grammes, la pression dans Tartère ombilicale était
de 83,7, la pression dans U veine de 32,6 millimètres.
La saignée a produit un abaissement momentané de la pression» qui est reftiuie
cependaht rapiilement, au bout de quelques minutes, au niveau primitif; comme l'adullf .
le ftptus est donc capable de maintenir sa pression à son degré normal, après une perU
modérée de sang. Alors que la pression artérielle aileintchez te fœtus la moitié h peine du
chiffre que Ton trouve après la naissauce, la pression veineuse est, par contre, beaucoup
plus élevée chez lui. Le chiffre le plus bas observé dans la veine ombilicale a été de 16,*
millimètres; or Jacodson a évalua la pression dans ta veine cruraTe du mouton adulte i
11,4 millimètres, et dans la veine cave elle doit être sensiblement moindre. Si la teosioo
veineuse est plus élevée chez le fœtus, c'^tà cause de Tabsence d'aspiration thoraciqoe.
U autre part, la faible différence entre la pression artérielle et la pression vcinea^
implique une faible force impulsive imprimée au courant sanguin, et Ton pourrail
comparer sous ce rapport la circulation du fmlus à celle d'un animal adulte auquel on
aurait pratiqué une section haute de la moelle. Oo verra plus loin les dédaclions qae
Couv^TEiN et lusTi out tirées de cette uotioa au point de vue des échanges outritifs «l
de la sécrétion rénale.
FŒTUS*
%tl
HtniiioerT {Areh. de TocoLt, f 8T9, vi» 57d), dans des expériences faites de 10 à 15 secondes
.après lu naissance, a trouvé chez l'enfant nouveau-né des chiffres qui se rapprochent de
«eux qu'ont obtenus Cuh^steïx el ZtwTz chez le fœtus de moiiton. La pression moyenne
était dn ùS^l millimètres dans Tarière ombilicale, A^,û raillinvètres dans la veine. Schuo
fciMG avait trouvé également chex le iiouveau-né, dans les premières niinutes qui suivent
la naissance, 40 à tjO millimèties daus la veine ombilicale^ 85 à (00 millimètres pendant
les contractions utérines.
CaBxsTEiN et ZuT^Tz s*éjèvent contre Topinion régnante qui veut que la pression aor-
ticfue baisse au moment de la naissance, dès que la respiration pulmonaire commence.
Il est vrai que raspiralion du sang \'*2r^ le poumon doit tendri^ ù produire un abaisse-
ment de la pression» maïs si, en mémi'' lemps, il arrive dans le système circulatoire une
quantité supplémentaire de sang, les deux effets 'peuvent se compenser, et c*est ce ijut
airire. La masse de sang qui doit lemplir l'appareil vasculaire du poumon distendu
|fcar les premières inspiralions est moindre que celle que le placenta peut founiir en ce
moment au foetus. UÉr.Ea et Spehl ont» en effet> évalué la quantité de sang contenu dans
le poumon, chez le lapin, au 1/12 ou 1/13 de la masse totale de sang; mais l'apport de
sang placentaire est, d'après Coensteun et Zitntz, équivalent à ce chiffre, et chez le fœtus
humain il peut même y avoir^ lorsque la déplétion du placenta est complète, un accroîs-
s<^menl d'environ 1/3 de la masse totale du sang. De là aussi Tavantage de la ligature
tjkrdive du cordon, question qui ne doit pas nous occuper. Signalons seulement que, dans
les expéi ieiices de Ribesiont, la pression arténelle, observée immédiatement après TexpuU
siondu nouveau-né, ne se niodilla pas quand le fœtus restait en communication avec le*
fllacenla, tandis qu'après la lifçature prématurée du cordon elle baissasensiblcmeut, de
S4,8 millimètres à 48 millimètre?, sur une moyenne de huit expériences. Dans ce der-
nier cas, en effet, l'enfant est oblif^é d'emprunter à sa circulation générale la masse de
sang qui doit ren»plir ses vaisseaux pulmonaires.
La disparition du poub dans les artères ombilicales ne doit donc pas (*'tre atlribuée
à rabaissement de la pression aortique, mais bien à la cuntraclion des libres circulaires
de la paroi vasculaire, contraction qui se propage dans le cordon jusqu'à rombilic,et qui
est [telle qu'une pression ^de lOQ millimèlres llg ne peut faire pénétrer une goutte de
liquide dans le vaisseau.
Les mesures de la vitesse du sang ont donné à Cohkstein et Zuwtz des résultais
moîn^ concordants que celles qui concernent la pression :
POIDS
^^l l'animal.
VAISSEAU.
VITÏiSSE KN c
KNlïMhTKKS l'AK SKlONDE.
Masiima.
Miniina. j
3 S()0
t i2Û
12%
Arlèrc»
Veine.
Artère.
Art«^rc.
n,Û794
U.IUH!
o,ai9
0,143
0,625
»
0,0555
En comparant ces cbr fifres avec les cbitTres classiques de Doc.iel, on trouve que dans
Tarière ombilicale fa vitesse est beaucoup moins grande que dans les vaisseaux de même
calibre de l'animal adulte. Le résultat était à prévoir après que les déterminations de la
pression avaient montré que la dilTérence de tension qui pousi^e le sang k travers les
rûpiilaires du placenta est beaucoup moindre que celle qui existe cher le mammifère
adulte entre le sys^tème artériel et le système veineux. Quant aux grandes variations de
la vitesse consignées dans le tableau ci-dessus, il faut remarquer qu'elles se montreul
aussi chez Tadulle.
d} Déreloppemeni sans circutation. — Ctiei des poissons marins, Fundulus, Lobd
(A. g. P., 1893, Liv, 525) a vu, après suppression de l'activité du cnjur, le développement
de Tembryon continuer pendant quatre à six jours environ, près de la moitié de la durée
de la vie embryonnaire,
La durée du développement de Tembryoude Funduius est d'environ dou^e à quatorze
518
FŒTUS.
jours. Le eceur commence à battre soixante à soixanle-du heures après la fécondation.
Si l'on prend des embryons âgés de quatre à six jonrs^ et si on les naet dans de l*eaû de
mer additionnée de t^'.S de chlorure de potassium, dans Tespace d'une heare au maxi-
mum, le cœur s'arrt^te, et l'animal meurt. Mais, si Ton dépose dans la môme solution des
œufs fécondés depuis une demi- heure environ, ces œuf» se développent tout à fait nor*
malement, et les embryons restent en vie cinq à six jours.
Dans certains cas, on peut observer cependant, au troisième et au quatrième jour, des
pulsations excessivement faillies et lentes du sinus veineux» mais TactiviLé du cŒur ne
s'établit pas chez tous les embryons, et, quand elle se manifeste, elle ne dure pas long-
temps. Dans aucun cas^ les mouvements du cceur ne purent entretenir la circulation, ee
dont il fui facile de s*assurer sur les vaisseaux du sac vitellin. Le système circulatoire ne
s'en développa pas moins, et cela d'une façon complète, par conséquent sans circulatioo,
sans pression intra-vasculaire ; on trouvait aussi dans les gros vaisseaux des amas de
globules rouges. La seule différence présentée par ce» vaisseaux était rirrégularilô de
leur lumière.
Dans la crainte qu'un vestige de circulation n'eûtpu échapper à Texameu, Lue» eoiployi
ensuite des solutions plus concentrées, jusqu'à 5 grammes de KCl p. 100; il ne se mani-
festa plus le moindre indice d* activité cardiaque; et, bien que des embryons âgés àt
quatre jours meurent en deux minutes dans une solution de KCl à 3 p, 100, le développement
normal des œufs récemment fécondés se poursuivit de trois à six jours dans la solutioQ
à 5 p. 400, Le cu'ur se développa, ainsi que le système vasculaire typique de rembryoû
et celui du sac vitellin. L'évolution de Tembryon était cependant notablement ralentie,
et Tou ne put s'assurer que de Tétat des gros vaisseaux et de leurs principales ramiOea-
lions; les irrégularités dans la lumière des vaisseaux furent aussi très prononcées;
néanmoins ces expériences montrent que le bourgeonnement et raccroi^semeot des
vaisseaux sont indépendants de la pression sanguine.
Tous les autres organes du poisson, le cerveau, r*i'il, roreille, les vertèbres prîmitites,
se développèrent normalement. Lue particularité, cependant, esta signaler; le sac vilelliu
de Fuîidulus a un aspect tigré dû à des chromatophores qui se déplacent et vi#>^nnent s af*-
pliquerà la surface des vaisseaux sanguins dont ils ne peuvent plus ensuite se détacher:
ils perdent leurs mouvements amibohles pour former une sorte de gaine aux paroii
vasculaires. Dans les animaux chez lesquels la circulation ne s'établit pas, les chroma-
iopbores se développent comme les vaisseaux, mais ils en restent indépendants et isoléi,
comme si, dans les conditions normales de la circutation, les vaisseaux exerçaient sor ces
éléments une attraction chimiotaclique qui les force à s'f?taler à leur surface.
Un autre point intéressant pour la physiologie du myocarde, c'est la toxicité plos
grande du KCl à mesure que l'erabryon avance en âge. Alors qu'un embryon âgé de quatre
à six jours meurt au bout d'une heure dans une solution à 1,5 p. 100, un embryon du
mémo âge, qui se trouve dès le début du développement dans cette même solution, peut
continuer à vivre, et son cœur manifester des traces d'activité. Il est possible queEClsoil
doutant plus toxique pour le cœur que cet organe fournit plus de travail dans l'unité
de temps, et que certains processus chimiques y deviennent plus intenses. Dans un*?
solution de 0,5 p. 100, Tembryon peut vivre aussi longtemps que le coeur n'a pas besoin
de fournir beaucoup du travail; mais, dès que l'organe est obligé de fonctionner ploj
activement, vers l'époque de la maturité, il meurt. Peut-être la toxicité de KCl e&t-elle
due au développement des cellules nerveuses intra*cardiaques spécialement sensibles!
l'action des sels de potassium (Ch. Richet).
CHAPITRE II
Sang.
Prévost et Duhas, dans leurs observations sur la formation du sang chez les poulets,
avaient trouvé, après Hewson toutefois, que pendant les premiers jours de l'incubatiàn
les globules rouges du sang dilTéraient par leur forme et leur volume de ceux de Tanirail
adulte. Prévost, ayant ensuite étendu ces recherches aux animaux vivipares, s'est assuré
FŒTUS.
51»
que« chez un fœtus de clièvre de 4 à S pouces, les globules ont uu Yolnme double de
oètui de la chèvre adulte : non seulement il en avait conclu à rindêpendance des circu*
latjons maternelle et fœtale, mais il ajoutait ^ que cette difTéreoce ne se conçoit bien
<|u*eu supposant que rembryon opeie lui-même et pour son compte la sanguiflcaiion»
«o emploY^Lnt des malériaux [fournis par la mère '* {Ann, des Se. nat., iv, 1824, p. 99).
Hématopolèae embryonnaire. Lieux et mode de développement des premiers éléments.
— Ue mode de défeloppemeiit dei* éléments liguréa du 'san^ est aujourd'hui assez bien
eonnu dans ses grandes iigties, mais beaucoup de faits particuliers restent eucore à
étudier*
Un premier point sur lequel tous les auteors sont d*accord, c'est que les globules
rouges H les vaisseaux primitifs ont la m^me origine btastodermique. Cest en dehors
46 rébitucbe embryonnaire dans la région postérieure de Taire opaque qu'apparaisseni
les premiers vaisseaui sanguins des mammifére<^, au huLtit'vme jour chez rembryon du
lapin. Maià^ pour les uris^ ToriginG des germet) vascuUiires est mésodermique; pour les
autres, elle est endodermique. La plupart des auteurs qui ont ëtudié les mammifères» les
oiseaux, les téléostéeus (IIenneguy, 1888; Van dbr Strïcht, Bult. de rAcad. roy, de Beig»,
1896, 336; B. B., 1895, 181 ; Laguesss, Journ. de/An,, 1890; Swann et Brachet) ont sou*
tenu la première opiniou. Ceux qui ont étudié tes ampbibiens^ les sélaciens ont soutenu
la seconde (Rockert, BaACHETf Arcfu (Vanat, mkrosc., 1898, 2^1). Cependant Math i as Doval,
ViALLKTON, Renaut {Traité d'hisioL, i, 785) admettent que chez le poulet aussi les premier»
germes des vaisseaux et du sang sont une formation endodermique, et pour Matutas
Dt7VAL il en est de môme chez les mammifères [heiy. acknt., 1896, 2, 518). S'il est vrai que
Tune de ces opinions soit exacte pour certains groupes, la seconde pour d'autres, iL y
aurait encore h se demander laquelle des deux origines est primitive dans la série.
ZiiOLBi inclioe à croire que c'est Torigine mésodermique» se basant sur ce que» chez les
ioTeriébrês, sang et vaisseaux proviennent du feuillet moyen.
Quoiqu^il en soit, les premiers germes vasculatres qui font leur apparition dans Taire
Opaque sont formés par des amas de cellules qui se réunissent entre eux pour former
un réseau. Des éléments qui entrent dans !a eom position de ce réseau^ les pi as super-
ficiels s*aplatissent et deviennent cellules endotbéliales, les plu» profonds se transforment
progressivement en hématies embryonnaires nucléées ou érythroMastes; ceux-ci sont
particulièrement abondants aux pointa de rencontre de plusieurs cordons vasculaires, et
y forment des amas appelés îlots sanguins de Wolff. Bientôt des fissures apparaissent
à l'intérieur de la masse cellulaire des cordons pour donner naissance à la cavité vascu*
faire, taudis que tes érytbroblastes sisolent les uns des autres et deviennent libres dans
une faible quaotité de liquide albumineux qui se produit entre eux.
Cependant, chez le Tntoii, ce sont les éléments figurés du sang qui se forment d*abord
dans les llols sanguins aux dépens des cellules endodermiqnes, et s'entourent plus tard
•d'une paroi endothéliale (Brachet).
La production des globules rouges primordiaux a donc lieu en dehors du corps de
l'embryon (stade extra-embryonnaire). Mais des vaisseaux se forment bientôt dans le
corps même de Tembryon; le cœur lui-même représente, tout à son début, comme il a
été dit plus haut, un simple tube endothéliaL Toutefois lors de sa formation les cellules
qui vont te constituer ne produisent pas de globules sanguins, de sorte que le cœur ne
renferme d'abord qu'un liquide transparent sans éléments figurés; ceux-ci lui arrivent
-dès que s^étabiit la première circulation des réseaux vasculaires périphériques où ils
ont pris naissance. Alors les globules rouges, entraînés dans le courant sanguin, se
multiplient par division, et cette genèse de nouveaux éléments a pour siège toutes les
ramifications vasculaires indistinctement.
Cependant, l'hémalopoièse, qui est ainsi devenue intra-embryonnaire, se localise
bientôt dans des territoires spéciaux, surtout dans le foie, puis dans la rate et la moelle
des os. Limportance du rôle du toie avait déjà été reconnue par Prévost et Duuas. En i845,
FABaNER décrit le premier la [multiplication des corpuscules sanguins dans cet organe.
Puis KoELURER, Drummond, Mjlxe-Edwakds se rallient à cette manière de voir. Neumann,
surtout, étudie à ce point de vue le foie de Tembryon humtwn à partir du troisième
mois de la vie intra-utérine, et y constate la présence d'un grand nombre de cellules
nucléées faisant défaut dans d'autres territoires vasculaires. Ces éléments naissent eux-
5!20
FŒTUS.
mômes dans rintérieiir de grandes celJules formées probablement aux dépens d*4
prolûplasmatiques «^ui doivent «Hr** considérés comme des prolongements iiuclé^s déi
paroi des vaisseaux saiigiiii^js, Foa et Salvioli, puis Kduorn, suivent de pîus prt-s le pr
cessus qui conduit à la formation des hématies embryonnaires. Nous reproduî&ûns ic
d'après Mathias Uuval [toc. cit.), la description donnée par Kdbob^, Dans une premier
phase» sur rembryoïi de mouton dont la longueur est inféneure à 3 centimètres, ou vol
le5 noyaux de ces bourf^eons vasculaires, appelés encore cellules géantes, donner pi
gemmation une série de noyaux plus petits» sphériques» autour de chacun desquels i
condense une couche de protoplasme; il se forme ainsi autant de petites cellules h\i^
lines qui s'individualisent, puis s'imprègnent d'hémoglobine, el apparaissent comme
autant de jeunes globules rouges nucléés. Comme le bourgeon vasciilaire s'est en rn^cûf
temps crensi^ à ce niveau» et que sa cavité s'est mise en communication avec celle du
capillaire dont il émane, ces jeunes globules rouges se trouvent dans cette cavité» c'e*
à-dire mêlés aux éléments du sang. On voit donc que rélaboration hémoglobique a don
naissance à des hématies nucléées encore semblables aui hématies embryonnaires, c'esl
à-dire que les choses se sont passées dans le foie à peu près comme dans Taire vasi
laire, lors de la transformation des Ilots de Wolff.
Mais ce n'est là qu'un stade de transition relativement court; dans une deuiièmf
phase, aprr^ que Tembryon a atteint 3 centimètres, les noyaux des bourgeons vasculaire^
ne subissent plus de gemniation. Et cependant on voit encore s'isoler au milieu
protoplasnia de ces bourgeons des corpuscules sphériques imprégnés d'héraoglobia
D'abord peu distincts du protoplasma où ils prennent naissance, ces corpuscules
délimitent de plus en plus nettement, puis s'isolent et acquièrent leur indépendance, (
tombent dans la cavité vasculaire k l'état d*hématies non nucléées, caractéristiques i
sang adnlte; celles-ci doivent donc leur origine à un processus d'élaboration iut
cellulaire.
En résumé, d'après un premier groupe d'histologistes qui décrivent le même phéoo*
mène avec quelques variante»^ l'hématopoïèse dans le foie est sous la dépendan*^
d'éléments spéciaux, dits bourgeons on Ilots vaso-formatifs, celluïes géantes, mégacaryo-
cytes, et le processus pourrait être considéré comme analogue à celui que Raxvïeb i'
observé dans les cellules vaso-formatives des taches laiteuses de l'épiploon. D'ailleurSi-
d'après Renact, sur une multitude de point», des centres de sanguificalion» semblables à*
C6UX du foie, s'établissent par suite de la poussée vaso-formative qui s'effectue au sein du
tissu connectif et de ses dérivés, dès les premiers mois de la vie intra-utérine» La portioa
de répiploon, par exemple, située ejitre la grande courbure de Teslomac et la rat«, esl
un de ces centres, d'après Melissenos, dont les recherches ont porté sur TembryoD 4e
chat (ÀtiaL Anzeig., 18Ô9, 430).
D'autres hi&tologistes dénient au contraire aux cellules géantes du foie toute pan
cipatiijn à la formation des nouveaux globules sanguins. Les premiers érythroblastes i
foie dérivent de jeunes globules rouges nucléés existant déjà dans te sang en circulation
en d'autres termes, la formation d'érytbroblastes nouveaux ^e fait par division raito
sique d'éléments préexistants de même nature. Vax iier Stricht s'est fait le défenseur de
celte opitïion (vlrcA. de BioL, 1891, xi, 19)*. C'est le réseau capillaire iijha-trabéculairei^M
futur réseau intra-iobulaire, qui sert de subslratum à ta multt[dicalion des ^tobalo^H
rouges. Dans ce réseau, qui peut s'appeler réseau capillaire hématopoîétiquer les éry-
throblastes sont fixés, restent sur place, séparés du parenchyme hépatique par uot
paroi endothéliale : les globules nouvellement formés, situés au voisinage de Taxe du
vaisseau, sont enlraînés par le courant; mais, en définitive, aucun élément cellulaire va
étranger au sang n'intervient dans leur formation. WÊ
11 est vrai, dit \sy uia Sthicfit, que les cellules géantes apparaissent dans le foieao
moment où cet organe commence à coopérer d'une façon active à la production des
globules rouges; mais ils n'auraient à jouer qu*un rôle destructeur à l'égard des noyatt
érytbroblastiques devenus libres. La preuve, c'est que ra[i pari lion des cellules géaût<
chez les embryons des mammifères correspond à celle dans le sang de globules rougi
I m9
i. On trouvera dans le mémoire de Van der Stricht uue bibliographie très complète dt 1»
.question, jusqueii 181H.
des f.
FŒTUS.
MV
purCàits &aiii noyaux. Une nuire preuve, c'est que, d'après Hirxoitt^Ot les ceitutes ^éanles
font défaut dan» les organes hématopoïéliqucs de tous les verl»*brës dont les filobiiles
roages conservent leurs noyaux. Lesi cellules géantes devraient leur origine aux leuco-
I blutes*
Poar Ba^cHBT également, chez les ampliibiens urodèles, niol sanguin primitif qui s^^
développe dans une région bien déteriiiînée de l^hypoblaste vitelliu caudalemcnl à
rébaiiche du foie^ esL, dans <^e groupe, le seul lieu de formation des cellules sanguines.
Les organes dits liématopoié tiques ne ménteraient donc ce nom que parce qu'ils sont le
siège d*ane prolifération active d'éléments sanguins préexistants,
L'ne Iroisiénae opiuiuu, qui peut être rapprochée de la précédenle, est celle qui admet
que les cellules qui, dans les organes de sanguification donnent naissance aux globules
rougeSf y sont arrivés par migration. Ainsi, d*après Saxrr {Aiiat. Anzeig., 1805, 355), Ja
forme primordiale des gïobules rouges comme des globules blancs est représentée par
des éléments mobiles ou cellules migratrices, distinctes des éléments du tissu conjonctif,
mais ayant probablement ta même origine que les vaisseaux sanguins. Ces cellules
peuvent, par division directe ou par mitose, se transformer en cellules géaules.
Les cellules migratrices primitives, de même que les éléments uninucléés qui provien-
nent à leur lourdes cellules géantes^ si? divisent continuellement par voie de caryocinèse
ml forment les globules rouges. Le début de celte Iransformation se mairifesle par la
» coloration hémoglobique du corps cellidaire'hyalin, par un état granuletix plus marqu^V
du noyaUt par la perte de la molilité propre do réiénient; le processus se poursuit par
one augmentation sensible du volume de la cellule et par un rapetissement du noyau.
I Les cellules migratrices comme les cellules géantes, grâce à leur molilité, arrivent dans
toutes les régions du corps par la voie du tissu cellulaire lûche et des espaces lyrnpha-
Liqui^s, en partie aussi par la voie de la circulation : la transformation des cellules
migratrices en cellules géantes semble d'ailleurs pouvoir se faire partout. Iilles s'accu-
mulent parLiculiér*^ment dans les organes hémalopoiétiques de Fembryon» surtout dans
la vésicule ombilicale et le foie; en pénétrant entre les éléments épithéliaux, elles lor-^
meut des espaces sanguins qui entrent ensuite en relation avec les capillaires en voie
Id'accroisspment. D'autres foyers de sanguitlcation semblables se trouvent dnns le tisso
eellulairt* sous-cutané et profond^ dans les rudiments des gariglioiis lymphatiques, etc.
Les organes dont la fonction bématopoié tique ne parait pas douteuse sont lu ratt
et bi moelle osseuse; cependant, l'une et raulre n'y parlii^iperaient cbey. l embryon
humain qu*A partir de la Un du troisième mois, d'après Engkl (Arch, f. mikrosk, ÀJiat,,
iMH, LUI, 53). L'hématopoièse dans la rate a été bien étudiée par Lagcks?.e chez les
poissons.
► Éléments figurés primodiaux. — D'après le» descriptions de L<>wit, de Denys, de Vam
CEB SmicHr, on peut assigner aux globules rouges jeuues ou érythroblastesles caractères
suivants. Le protoplasma de ces éléments, d'abord complèlement incolore, forme une
couche mince autour du noyau et se charge graduellement d "hémoglobine; le noyau
volumineux est arrondi, et sa substance chromatique, trV-s abondante, est disposée en
réseau à l'élat de repos; le corps cellulaire est limité par une membrane bien neltei
d*après Dhnî>. Les érylhroblastes se multiplient très activemeut, non pas par division
directe, comme on Ta cru longtemps, mais par caiyocinèse; a leur premier stade, ils cor-
retpondenl aux éléments que Koellikeh a décrits depuis longtemps dans le foie embryon-
■ Daire sous le nom de globules sanguins nucléês incolores,
D*aprés Engkl {toc. cit., et Arch. /. mikrû^k, Anat., 1805, xuv), les globules dei*
premières périodes embr>'onnaires, qu'il désigne sous le nom de métrocytes, sont des élé-
ments sphériques, deux à trois fois plus grands que rbémalie normale, avec un noyaO'
relativement petit, avec un protoplasma qui se colore fortement par les substances aci-
des, cûmnie les globules rouges. Ces éléments, qui sont donc déjà chargés dliémogîobinef-
disparaissent assez rapidement, et on trouve à leur place des métrocytes de deuxième
génération qui ne se distinguent de ceux de la première que par un noyau plus petit
où l'on ne constate plus de mitose. Ces premières phases ont été étudiées par E.xGKLches
t, la Souris et le poulet.
Ctiez Thomme^ où ses observations ont porté sur des embryons de deux à six mois, il a
trouvé également des métrocytes de deuxième génération jusque vers le troisième mois.
522
FŒTUS.
« fudi-
rmdH
Tu ni qae le san^ est un foyer d'hématopoîèse, les métrocyles semblent po avoir st
diviser en un macrocyte, c'est-à-dire enjuî* globule rouge folamineux sans noyau, el en
normoblaste, €*est-à~dire en un globule rouge nitctéét d'où dérivera rbéniatie normale
sans noyau. Vers la fm du iroislètne mois de la vie intra-utérine on ne trouve (»los, soii
dans le sang, soildans les organes bémalopoiëtiques^ ni métrocytes» ni macrocytes.
A côté des éléments précédents qui, traités par le mélange d*Etiïiuc», sont orangiéo*
philes, comme rhémaiie adulte, on en trouve d*aulres qui sont fuchsinophiles, les nm
avec noyau (normoblasLes fucbsinophiles), les autres sans noygtu. Les norrooblastes fuch-
sinophiles ont un noyau plus volumineux qae celui des orangéophiles, et dans
organes hématopoîéliques ils sont souvenl polynucléés.
Dans le foie, la rate, la moelle des os» ils prédominent, et de beaucoup, sur les noi
blastes orangéophiles, et, comme ils ne sont pas aptes à la formation d'hématies non
non nucléées, il faut en conclure que les globules nucléés hémoglobinifères ont encon
une autre destination que celle de produire des érythrocytes. On verra plus loin ce qg'ilj
deviennent, d'après Engel. Toujours est-il que» diaprés cet auteur, le Joie contnbuerEÎt
moins à la produiction des globules rouges qu*à celle des globules blancs.
Avec les progrés du développement, le nombre de globules rouges nucléés dlmiDue
chez les mammirères, taudis que celui des globules sans noyau augmente. On admet
généralement que les st^conds dérivent des premiers. Comment se produit cette trtiji-
formation? Quelques auteurs (Bokttcher, Stricker, etc.), ont soutenu que l'absence do
noyau dans rhématie déllnitive nVst qu*apparentc; mais cette opinion a trouvé peude^
créance. Pour les uns, le noyau est expulsé. Hîndfleisch, Fellner, Mklïssbjsos ont observé
directement cette expulsion. Le noyau qui a quitté le corpuscule sanguin serait détrait
alors, soit dans le sang lui-même, soit dans certains éléments cellulaires, par exemple
dans les cellules géantes du foie (Van ûeeî Strickt), Pour d'autres, le noyau disparaît p4f
fusion au sein du protuplasma. On a même soutenu (Giglio-Tos, Sakbaroff, Macallci«
cités par Bogdonokf» Fhifsiohg* lusses i, J808. 41) que riiémoglobinese forme aui dépeos
de la substance chromatique du noyau; la transformation ne serait que partielle cbet
les animaux dont tes hématies restent nucléées chez l'adulte» mais totale chez les muii<*
m if ères. ^^
Pour Engel, il est vrai qu'une grande partie des noyaux des érythroblaites subtsa^^^
la caryolyse; d'autres, cependant, abandonnent ta cellule, entourés d'une bordure de pî^^
toplasma non chargée d'hémoglobine, pour continuer leur évolution, de telle sorte qu'aoi
dépens des globules rouges nucléés, il se produit à la fois une hématie sans noyau etnn
leucocyte. De même aussi, le protoplasma hémoglobique du normoblaste pourrait subir
laplasmolyse, et le noyau devenu libre se développer également en un lymphocyte.
Le globule rouge privé de sou noyau peut présenter dès cet instant tau» les carac-
tères d'un globule rouge parfait. Le plus souvent cependant il doit encore se riiirger
d'une partie ou même de la totalité de son hémoglobine (Va.\ i»kr Stbicht).
Les globules blancs apparaissent plus lai:d que les globules rouges, au neuTÎème joar,
chez Tembryon de lapin (Tourneux). L'élément dont ils dérivent a été désigné sotts k
nom de leucohlaste. LiJwiT, qui a créé cette dénomination, puis Drnvs, Van heu SmicsT
ont décrit un certain nombre de caractères qui permettent de les distinguer des érythro-
blastes. Contrairement à ces derniers, le leucoblaste présente un noyau assez petit qii
n'est pas toujours arrondi, mais ovalaire ou en bîssac, et situé le plus souvent excen^
que ment; la substance chromatique, beaucoup moins abondante que dans le noyan des
érythroblastes, est disposée en amas d après Lùwit, en réseau d'après Van deh Strtcbt. Le
protoplasma, relativement abondant et finement granuleux, est doué de mouvements
amihoïdes* Tandis (]ue rérythroblaste présente, comme nous l'avons vu, une membraoe
bien nette^ daus le leucoblaste on n'observe à la périphérie du corps cellulaire qu'uae
simple condensation du proloplasma. Lqwit avait admis que la division des leucobltate*
était directe; d'après Flemming, Denys, Van dkr Stricht, elle se fait également parcaryo-
ciné se*
La gsnèse des globules blancs est aussi discutée que celle des globules rouges* Poor
les uns, érythroblastes et leucoblastes doivent leur origine à une cellule tnère dout le»
produits de division évoluent chacun de son côté, soit dans le sens de rérythroC3rte, soit
dans te sens du globule blanc. Pour d'autres, les leucoblastes auraient une origine dii*
FŒTUS.
5âH
I
I
I
I
I
I
I
Itûcll^ : d'après M* De val, les premiers globules bUoes pro?iet)nenl d'éléments mésoder-
miques arnîboîdeSt de eeltatcs migratrices situées en dehors des capillaires embryon-
naires, dans lesquels elles pénètrent en traversant leur paroi iloe, eif.)-
Les globules blancs sont nombreux dans le foie aux premiers stades de dévekippetjient,
el plus nombreux que dans le sang en circulation (Lùwît)» Le foie jouerait donc un rôle
dans la genèse de ces éléments, mais déjà, chez un embryon de lapin de V6 millimètres»»
ils ne sont pas plus abondants dans le foie que dans le sang. Van uer Stricht admet éga-
lement que le foie exerce une influence sur la multiplication des leucoblastes. On a vu
plus baul la pari impartante qa'ËNGEL attribue à cet organe dans la production des glo-
bules blancs.
Pour Saxer, les foyers de formation sont, en première ligne, le thymus, les rudiments
des ganglions lymphatiques et le lissu cellulaire en général. Quant aux rapports gêné-
tiques des diverses variétés de leucocytes, il est encore plus difilcile d'en dire quelque
chose de précis.
Volume et nombre dea globules routes. — Hewson (1773) avait déjà remarqué
que chê£ le poulet observé au sixième jour de rin^ubation les glubules rouges sont plus
gros que chez fadulte et que le sanj^ d'un embr)'on de vipère comparé à i^etui de la
mère offrait des différences de même ordre. Puis Dumas et Prévost. R. Wa^^nk» (1838),
GOLLivER (1846), Davy (1847) ont étendu ces recherches h un grand nombre de vertébrés,
et RiscHOFF à l'embryon humain (Voir Mu-ne-Edwaids. Le^m sur la physioL et famiL*
camp,, L 178).
On trouve dans le mémoire d*E.NGEL {loc, cU,) les données suivantes, relatives aux
dimensions des éléments figurés du sang. Chez Tembryon humain de 8 centimètres,
Agé d*environ trois mois, les métrocytes (dont il reste 4 h 6, pour tOO globules non nucléés)
ont de 12 à 20 \t. avec un noyau de 3,;) à 0 a; les petites cellules orangéophilcs ont de
S à 9 ;a avec un noyau de même dimension que les métrocyles; les fuchsinophiles
Ducléés ont de 7 à 8 p. avec yn noyau de 5 à 6 (j.. Le plus grand diamètre des glo-
bules non nucléés était, chez l'embryon de 5 centimètres, de 14 à 18 p.; chez celui de
it centimètres, de 12 à 14 }k; chez celui de IG â 19 centimètres, de 10 pi; mais la majo-
rité des hématies non nucléées avait de 7 à 8 \l,
IUtem a noté que, même au moment de la naissance, les globules rouges sont, sous le
lapport de leurs dimensions^ beaucoup plus inégaux que chez l'adulte, ce qui du reste
avait déjà été observé par Bischoff; les plus grands dépassent les grands globules de
Tadulte* de même que les plus petits sont plus petits que chez ce dernier* Leur diamètre
varie entre 3,1 et 10 jx (Piîrier, C. W., 1877, 1 404) entre 3.25 el 10,2Ei (Hayeii, Ibùî., 1877,
Lxxxiv, i 166). Lorsque les enfants viennent au monde avant terme, les grands éléments
sont tellement prédominants que la valeur globulaire est très supérieure à la normale
(Voir aussi Di;pêbié. Th. P., 1878).
On a déjà dit plus haut que, chez ïes mammifères, le nombre des globules nucléés
dioainue progressivement en même temps que celui des non nucléés augmente. D'après
LANDots (T. P,), chez Tembryon humain, il n existe encore à la quatrième semaine que des
éléments nucléés; vers la fin du deuxième mois, on voit apparaître les premiers globules
dépourvus de noyaux; au troisième mois, le nombre des nucléés ne représente plus que
le quart ou le huitième de la totalité.
Si nous nous en rapportons aux numérations d'Erft;EL, il y a, chez Tembryon humain
de 6 centimètres, it globules rouges sans noyau pour 1 globule nuclêé; chez celui de
12 centimètres, 53 p. 1; de 10 centimètres, 130 p, 1; de 19 centimètres, 176 p. 1; de
23 centimètres, 120 p. 1 ; de 27 centimètres, 200 p. 1. En comparant les chilTres chez les
embryons de 19 et de 23 centimètres, on voit qu'il subsiste chez le second relativement
plus de globules à noyaux que chez le premier, parce qu'il peut y avoir des variations
individuelles, indépendantes des différences d'âge.
Dans le sang du foie, il y avait encore, dans les premiers stades, un nombre consi-
dérable de globules nucléés : leur rapport à celui des globules sans noyaui éLaitde 1 : 1/2
chez l'embryon de 6 centimètres; de 1 : l chez celui de 12 centimètres; de 1 : 3 che«
celui de 16 centimètres; de 1 : u chez celui de 19 centimètres.
Dans les derniers mois de la ge^ilalion, on ne trouve plus chez le fœtus humain des
globules rouges à noyau. Us disparaissent cependant un peu plus tard, dit HayëKp qu'on
ùU
FŒTUS.
ne te croit gériéralemeDl : il en subsiste encore quelques-uns chez les fœtus de 6 mois et
de 6 mois 1/2. D'aprùs les chiffres (I'Engel, la proportion vers cet âge serait même âsseî
élevéep puisque diei le ft±4usde27 centiint^lresoti compte 1 globule oucléé pour "200 noo
uucléés. Au 19* juor, chez l'eml^ryon de lapin, il y a encore autant de globales oocl^
que de plobuîes sans nojanx (&!ATHT^s Duval, Le placenta des rongeuis). Les mammi-
fères de laboratoire, chien ^ lapin, cochon dinde, difTèrent de l'homme en ce que» chez
eux, on trouve encore normalement quelques glubules rouges à noyau, même pendant
les premiers jours de \n vie (Havem).
En ce ([ni concerne le cbiflVe absolu des ji^lobules rouges, les numérations des auteun
concordent à peu près sur ce point, que la richesse globulaire augmente avec Tâge du
ftrlus.
Chez Tembryon de '2:1 centime'- 1res dont le cœur ballait encore, Engel a compté
3 300000 globules par millimétré cube, chillre qui représente à peu près les deux tiers
du chiffre normal chez le eiouveau-n<^. Bktiie (li<Sii. Strasbourg, 18911 donne les chiffrei
suivants :
FoMiis dd 4 mois 1 :£, . . 3 410 000 ^labtdes
— 5 — . . , :j6a0 00u —
— 5 — 3;i. , . Viiiitùno —
Chez deux fœtus de sept mois, Cadet (cité par ilAYgy) trouve ;
nOMBItS
TfOMDRIt
V^LKVft
de iplobules rouget.
d'hématoblutas.
gtobalaire.
4 774 000
ueooo
1,45
4 202 Oi»0
205 000
1.31
On voit qu*â sept mois, ajoute Mayem, le nombre des globules rouges parait moini
élevé quVi lerme, tandis que celui des hi^matoblastes e»t le m(^n\e que dans les nai&saoces
normales. Ce qui frappe ïe plus, c'est l'éléviition de la valeur globulaire, plus grande qne
chez radullp, l,4i> au lieu de i.
On doil a CoH.NSTEi.N et Ivstt. [A, g. P,, xxxiv, 4884) de nombreuses namé rations sur
des embryons de lapin, de cochon d'Inde, de mouton, de chien* De ces obserralions qas
ont été faites soit sur des embryons de nit^me à^e et de la m^me portée, soit sur dei
embryotis d*àge différejil provenant de la mtime mère, il résulte que le nombre àt$
globules est très faible dans les premières périodes de !a vie intra-otérine et qu*il s'élète
progressivement avec Tàge. L'an^inentation est déjà très sensible chez des fœtus delà
même portée extraits à cinq ou six jours d'inlenalle, tandis que, chez deux petits eitniilf
en même Lemps> il n*y a que des différences insîgiiilianles. D'autre part, le nombre de*
globules rouges n'atteint pas celui de la mère; l'écart est d'autant plus grand que
Tembryon est plus jeune* Ainsi, pour I globule de ïa mère, il y a chez l'embryon de
0,0895 à 0.00 globules.
Nous reproduisons quelques-uns des chilfres du tableau inséré dans le mémoire
COHNSTKIN et ZUNTZ :
SUJETS D'OBSERVATION.
NOMBRE DE GU>BULE.S
fAft mu'.
NOMBRK DE GLOBULE*
de la in^rf».
l. Lapine (uièr*}] .»..**....
i2DO0OÛ
376 000
4 733 333
420 000
45G 000
487 000
464 000
0,0890
0,0965 1
a) Fœtus (0,5ftgr. ; l ^ U mm.).
2» Lapine (mf>re),
a) Foetua {l,28t gr.; 1 == 3 ciit.j,
ù) KtEtu5(l,:M>Cgr.). ,,../,
c) Foetus !,4Ugr.;l=3,5cmO-
d) Fœtus \l,47t gr.). , . . , ,
6. Lapina (mère). ,
5 000 000
1 905 000
OJSÎÏ
0) FcptusflOJâErr. :1 =9cm). .
, .
EU
FŒTUS.
hî$
SCiCTS D OBSERVATION.
NOMBRE DE GLOBULES
vxK nu".
NOMBRE DK GLOBULES
00 PŒTV» l-OrR 1 OLOBULB
tlf la nu^r<î,
10* Lapine fmèri) • . ,
5 2m ODO
2 8ti0000
0,48
a) Fcetus (25 gr.)
15. Lipine (mère) . . . .
a) Fœttt» [45,86 gr, -7 = 13,5 cm,)
16, Cobare fmèrc) , ,
4650 000
4 000 000
4 2t0 000
0,8i>0
a] Prpius (25,59 gr.; U cm). , .
6} Pii?ius (34,18 gr.; Il cm.).. .
17, Chienne (mère), . ,
3 521 700 ' 0,83
3 498 000 0,825
5 300 000 0,71»
i^tz ^-™
8 305 555 A siK
715D000 J *^***'
a) FiBinê (I15,7lgr.; IScm.) . ,
à) rii?ti« (117.08 gr.; 18 cm,) . ,
18, BrebU (merci* , .
a\ PcRttift (25 em.).. ......
22. Brebis (mèr«). ....
a) FoRtUfl (1721 gr, ; 5* nm,} , .
i3. Bi^biâ (m^reU ,......,.,
' * j
9 3r»o 000 0 g.
7 850 000
8 non ooo ^ .. .... 1
a) Foetus (3l>00gr.;60cm.). , ,
8 sr»o 000
, .. j
TiETZE, cbez une lapine pleine, a compté '>3(î7 2tH) globules et, chez les Iroi^ faillis
qu'elle po riait, 2 733 000 : 2 7C00O0 : 2 790000 :Virchoiv et Hîr$ch'$ J^„ 1887, I, ri5j. Chez
la mètne espèce animale, sur des fœlus de 4,5 h 11 centimètres de long, Tscbîstovitsch
et YoçiKwiTSCH [Ann. de l'htat, l^asteur, iOOl j ont trouvé i|ne le nombre des globules
rouges oscillait entre 2!>I.t 000 et 4391 000 par milliiiieire cube, îl y avait dans le nombre
de 484 à 2 Oit globules rouges nucléés.Dans ses ntimérations faites sur des souris et des
cobayes, Brthe trouve inégalement, comme CmivsTRLs et Zuntz, que le nombre des glo-
bules rouges augmente progressivement pendant hi vie întra-utérine.
Chez le poulet aussi^ d'après Ascarklu {HemhÉnn^ J6., 18y4i, le chilTre de ces élé*
ments s'élève régulièrenieut pendant rincubatton, pour passer de 1 tl>2000 a4IQO0ÔO;
on observe une diminution au dix-neuvième jour, au moment où la respiration allan-
tûidiennA cesse et où la respiration pulmonaire comnveDce,
On sait, comme l'avaient déjà montn'^ les recherches de Dknis, d'A.NOiuL et Gavarket,
de Del.^pù^d» de Poggiale, confirmt'es plus tard par celles de Léplsc, de LitCBTCK-
sTER.x, etc., que le saug dn nouveau-né chez Thomme et chez diverses espèces animales
est plus concentré que celui de la mère. « Le nombre des globules ronges est aussi
élevé au niomont de la naissance que chez les adultes les plus vigoureux elj par suile,
toujours notablement i^upérieur à celui des globules du sang de la mère (IIayemj, » La
moyenne chez 17 enfants a été de 5 368 000 globules par millimètre cube avec un
maximum de 0 262OO4J et un minimum de 4 3iQQOO,
Celte augmentation du nombre des globules rouges tient, au moins en partie, à ce
<fu*une grande quanlit«5 de sang piacenlaire est transfusée en quelque sorle au fcetus» au
moment de la naissance, et qu*à la suile de cette tran fusion Texcès de liquide est
bientôt élimin*^ du système circulatoire, tandis que les éléments figurés du sang y sont
i-reienus. Mais cette question, comme celle de l'inlluence plus ou moins tardive de la
^ligature du cordon, conceroe la physiologie du nouveau -né et non celle du fictus.
Nous avons toutefois à nous demander ici si la concentration plus grande du sang
I observée chez le nouveau -né débute déjà vers la fin de la vie intra-utérine» ou si elle ne
lépend que des circonstances inhérentes k l'expulsion du fœtus et des modifica lions que
sobit ion organisme aussitôt après la naissance. D'après Cohnstein et ZyNTZ, c'usl cette
deuxième opluion qull faudrait admettre, puisque, même chez le fœtus arrivé à matu-
rité, la richesse globulaire est encore sensiblement au-dessous de celle de la mère.
SS3^
FŒTUS.
En outre« pour déterminer l'innuence que peuvent avoir, sur La richease du %&ng
globules, les phénomènes qui riccompa^nenl et suivent la naissance, ces phjsiologial
ofit praltqué d6s ivuméra lions comparatives, d'une pari, sur des foBlus extraits de Tuté:
el examinés immédiatement; d'autre part, sur des fœtus qu^on a laissé respirer pins on
moins longtemps. It résulte de ces expériences que chez ïes fcttus qui ont respiré le
nombre de globules est plus grand que chez ceux qui n'ont pas respiré, que le saujç est
plus concentré après la section lardire du cordon qu'après la section précoce, qu'il est
plus concentré chez les lapin» nouveau-nés, âgés de 5 heures, que chez les petits de U
môme portée dont le cordon a été sectionné tardivement et qu'on a sacrifiés tout aussitôt
après cette section, mais que toutefois, si, îi heures après la naissance, le nombre des
globules rouges du nouveau-né peut atteindre celui de la mère, il ne te dépasse pas. Ce
n'est que plus tard, entre la cinquième et la dix-huitième heure, que le sang du nouveau-
né peut être plus concentré que celui de la mère, à la condition que le fœtus soit arrivé
à complète maturité, lors de son expulsion.
Cependant, si ces conclusions de Cohkstkin et Zuntz sont exactes en ce qui concerne
le fœtus de lapin, il ne semble pas qu'elles doivent s'étendre à tous les autres mammi-
fères; on peut remarquer d'abord, d'après les quelques numérations données plus haut»
que, chez le fœtus humain^ déjà dès le sixième ou le septième mois, le chiffre des globules
ne s'éloigne pas beaucoup du chiffre normal de l'adulte. Denis, en comparant le sau|;
veineux de ia mère avec le sang de Fartère ombilicale du fœtus à terme, a trouvé, pour
le premier, 2t9 pour i 000 de matières fixes, avec 139,9 p, 1 DOO de globules roages, et.
dans le second, 208,5 p. 1 OOO de résidu fixe avec 222 p, 1000 de globules rouges. Po<.
GiALE conclut aussi, de ses analyses, que le sang du nouveau -né est très riche en glo
butes. D'après Bmo:vE et GAanir^i, chez le fœtus humain à terme, le nombre des globutes
rouges est de 0 500000 par millimètre cube, beaucoup plus élevé que chez la mère, et
à la fin de la grossesse la difTérei^ce des hématies peut être de 2 millions 1/2 en favi
du fi-Btus [CenîraL f. inn. Med.y ix, 1099). Sur des fœtus de cobaye arrivés presque à
lurité, TscHrsTowiTScn et Yourewitsch {îoc. ci(.} ont trouvé de 4îî6OO00 à 6 230 000
bules, sur lesquels tOO k 906 éléments nucléès. Mais ce sont surtout les déterminations
d'hémoglobine qui teudent pour la plupart à faire admettre quVn règle générale le sao|c
iœlal, au terme de la gestation, est plus concentré qtie celui de la mère.
Quantité d'hémog:lobine. — Qlmnquauu {Chimie p^ithol. , 1B80, 2491 a recueilli lesan^
de Tarière ombilicale pendant les dis premières secondesjqui suivent Texpulsiou de
l'enfant, avant que celui-ci ait respiré, et le sang de la veine ombilicale immédiatemeot
après rexpulsion, et il a trouvé que l'un et l'autre sont plus riches en hémoglobine que
celui de la mère, que celui de l'artère est plus riche que celui de la veine. Le sang de
la veine ombilicale en renfermait jusqu'à 11,97; iO,riO; 10,9 p. 100; celui de l'artère
ombilicale jusqu'à 12,5; iU; 11,9; 11*45 p. 100. Les chiffres suivants se rapportent aax
obt^ervations dans lesquelles le sang de l'artère et celui de la veine avaient été fournis
pnr le même fœtus et comparés à celui de la mère.
iules .
1. Foetus. {
Mère. .
IL Fœtus
Mère.
Veine. . .
Arlére. , ,
Veine . . .
Artère. . .
nKMOOLOmKK.
9,57
10,6
7,91
9,89
11,20
9.10
MXTI^BRS «OLTDIS
dd sànuai
5,6
8.0
6,a
6,5
On remarquera, soit dit en passant^ que, si le sang de Tartère ona^hiticale est plu»
riche en hémoglobine que celui de la veine ^ il serait par contre, d'après Quinquaud, moins
riche en matières solides du sérum.
CoNVERT a donné pour le sang du placenta des cbifîres supérieurs encore à ceux de
Qclxquaud; dans un cas, où la mère était anémique et Tentant faible, la proporlioa
d'hémoglobine s'élevait chez ce dernier à 14 p. 100; dans un deuxième cas, où la mère
et Tenfant étaient bien portants, ju5qu*à 17,0 p. 100.
HoEssLix évalue la quantité d'hémoglobine, dans le bout placentaire du cordon, k
ii,93 p. 100; dans le bout ftetal, à 12,&9 p. 100, avec un maximum de 13^82 p. 100,
FŒTUS.
$Î7
I
I
I
I
I
WtSKKVAîfTt trou?e dans le san^' dr l'artère ombiticale plus d^hémoglobine que dans
celui de la m(>re.
L«i quanlilé de malière colaranle Loritetiue dans le sang d'un placenta encore chaud
fut de 12,^0 p. IDO dtifi^ une détermination de Freyer, tandis que le même observateur
n'en trouva chez les femmes enceinles que 8 p. 100; lO^fiî» comme moyenne de neuf cas»
H, 07 comme maximum et 13,33 comme cas exceptionnel.
11 faut encore cUer. parmi les auteurs qui sont arrivés à des résultais semblables^
CATTA:«eo {TL Bdle, 18911, BmoifE et TiArdiki (Ioc, cit,,) Par contre» d'après ScaEnENziss,
rbémoglobine du sang fa'tal serait à celle de l'aduite comme 76,8 : 100 [Maly's Jb.,
xvr», Sn, 1889).
Enfin» KauGER (4. P., cvi, 1886) a trouvé dans le bout placentaire de la veine ombi-
licale» avant la première respiration, 10»r»2 p. 100 d'hémoglobine, c'est-à-dire une
quantité à peu près équivalente à celle de la femme enceinte^ ii Ton admet pour celle-
ci le chiiïre de Becouercl et RoDiin, à savoir 10,36 p. 100.
L'ensemble de ces données aboutit donc à la conciliation qu'à la (in de la gestation»
la richesse du sang fœtal en hémog-lobine est ou égale [ou plus g-énéralement supérieuie
À celle du sang* maternel : il faut ajouter aussi qu'elle est moindre que celle du sang du
oonveau-ué, examiné quelque temps apr^s la nois^ance.
Les chiffres précédents s'appliquent au fcetns humain, arrivé à maturité; chez les
animaux, Cohnstein et Zv^n sont arrivés à des résultats qui concordent avec ceux que
leur avait donnés la numération des globules rouges. Antérieurement déjà^ Zctvtz, chez
deui fœtus de lapin, n'avait trouvé que 3,5 p. 100 d'hémoglobine, quantité bien inférieure
par conséquent à celle de l'animal adulte (.4. g* P,, xiv, 622),
Dans les expériences que ce physiologiste a entreprises plus tard en collaboration
avec CoHNSTEiN, et qui ont porté, comme nous l'avons dit, sur diverses espèces animales^
U teneur du sang en hémoglobine s'est toujours trouvée moindre chez le fœtus que
ehei la mère, sauf dans un cas où, chez une brebis à terme, la différence a été en faveur
da fcptns. Dans tous les autres cas, le sang du fœtus était plus pauvre en hémoglobine,.
comme il Tétait aussi en globules ronges, te nombre des hématies et la richesse en
matière colorante se modiûeni d'aiJleurs dans le même sens avec les progrès du déve-
loppement, c'esl-à-dire qu'ils augmentent Tun et l'antre. Cependant, ces modiflcalions ne
sont pas proportionnelles, parce que la constilulion des globules rouges varie avec Tilge*
En effet, dans les premiers stades embryonnaires, les hématies sont en majorité nucléées,
et renferment par conséquent, à cAté de rhémoglobine, une forte proportion d*autres
substances; mais, par contre, le diamètre de chaque corpuscule est plus grand chez le
fœtus. De la ronibiiiaison de ces înlluences antagonistes il résulte que, chez le fœtus, on
trouve 0,011»7, et, chez la mère, 0,Olîit milligrammes d'hémoglobine pour un million de
globules, c'est-à-dire que chaque globule contient chez le fœtus un quart d*hémoglobine
en plus que chez la mère.
Les premières respirations provoquent une nouvelle et brusque augmentation de la
quantité d'hémoglobine, qui marche parallèlement à celle des hématies, et qui progresse
encore dans les premiers stades de la vie intra-utérine, et c*est alors seulement, d'après
CDBNSTein et Zu?iTz, que la quantité d'hémoglobine du nouveau-né dépasserait, en règle
générale, celle de la mère.
Les observaltons de ces deux auteui^ se rapportent surtout k des fœtus de lapin, de
mouton, de cochon d'Inde; une seule détermination a été faite sur deux fœtus de chien
de la même portée; l'un, du poids de 115 grammes, mort au moment do son extraction,
contenait 9,05 p. 100 d'hémoglobine; l'autre, de 117 grammes, auquel on avait sectionné
tardivement le cordon, et qui avait respiré cinq heures, en contenait 12,78 p. 100, alors
que le sang de la mère en renfermait 12;32 p* 100.
WmTERî^iTz (Z. p. €,, xxir, 440) a repris ces expériences sur des fœtus de chien
presque à terme, dont on pratiquait l'extraction peu avant le moment présumé de la
naissance, et dont on liait immédiatement le cordon : le plus souvent^ le sang était exa-
miné avant que le fœtus ertt respiré. Dans tous les cas, on trouva une richesse en hémo-
globine sensiblement supérieure à celle de la mère, quoique inférieure k celle du nou-
veau-né. Ainsi, par exemple, chez la mère, le sang renfermait 10,19 p. 100 d'hémoglobine ;
chez le foetus, 17,36; 14,11 ; 13,97; 12,71 p. 100. Dans un autre cas, chez la mère, 11,88;
.Mî%
FŒTUS.
cbeziroi!» fœtus, i3,69; 13,59; 12,35 p. 100. Panuh avait même trouvé que la proportion
d'hémoglobine, cbiï7. le «bien nouveau-oé. est à celle du sang de la mère comme 96 ou
100 est à 50 {A. P., 186i, %%\x, 481),
Chez le chat, les résullats obtenus par Wjnterxïtz furent les mêmes que chez le chieo;
^maÎ5 il s'agit d'animaux exdmini's quelques heures après la naissance. Par eonlre, même
chez des lapins nouveau*nés, ki^é^A de douze heures, le sang n'était pas sensiblement plai
riche en héniofilobine que celui de la mère.
En résumé, il est ceitttin f|ue, chez le fœtus, la quantité d'hémoglobine, comme aosii
le nombre de globules rouges, augmente progressivement et arrive à son maximum â b
lin de la vie intra-utérine î il y a lieu d'admettre également qu'à cette dernière péricKlr
sa proportion att<'int et dépasse, dans certaines espèces animales, celles qu'on trouve dam
le sang de la mère.
On s'explique d'aiîlt'urs renricbissement graduel du sang en hémoglobine et en kémi-
lies parce que, chez le fœtus, la formation d'élémenU nouveaux l'emporte sur les phéno-
mènes de destruction. Nau?îvn a fait encore intervenir une autre condition; il part de c«
fait que, chez les dyspnéiques, c'est-à-dire chez les sujets dont les échanges respiralûirei
sont défectueux, on constaterait un excès d'hémoglobine; dû à ce que la matière coloranli
fonctionnerait moin*; activement; il en serait de même chez le fœtus, parce que chez
aussi les échanges sont peu intenses; mais celte interprétation repose sur des do;
discutables.
Chez l'embryon de poulet ta proportion d*hémoglobine augmente aussi avec
(Ijebermann, a, g. P*, 1888, xliii, iiKO. Elle est au onzième jouj*, par rapport au poids do
corps, comme ! : 728, au vingt et unième jour comme 1 ; 421 ; au huitième jour après
^réclosion comme \ : 2tL LtEBERMAXPr estime, d'après les chilires fournis par les auieun^
qu'elle est chez Toiseau adulte comme 1 : 440.
En ce qui concerne les caractères de rhémoglobine fœtale et de ses dérivést il n'a ries
été signalé de particulier. Notons seulement que, d'après Ascarkllt, on n'obtiendrait des
cristaux d'hémine chez le poulet qu'a partir du treizième jour de rincubation. On trou-
vera plus loin, au chapitre relatif à ta respiration, ce que Ton sait sur la capacité re^
piratoire du sang fcetaL
La résistance des globules rouges est plus grande chez le fœtus que chez la mfre;
«n etlet, chez le fœtus de vache, l'he'moglobine ne commence à se déposer dans une solu-
tion de ClNa qu'à un titre inférieur (3,34 p. lOCK)), à celui qui est nécessaire pour lesaagde
la mère (5,46 p. 1000) [Zameh, A, i. B , 18%, xxv, d8). L. Camcs etGLEv ont trouvé égalemeat
que les globules des lapins nouveau-nés sont beaucoup plus résistants à Taction glolio-
licide du sérum d*anguille que ceux de l'adulte (C, /t., 1897, i3i, et Ann,de VInsL Pasteur.
xm, 779, 1809),
Globules blancs, — E.\gel n'a trouvé chez le fœtus humain de 6 centimètres que
de globules blancs : 1 par 500 à 1 000 érytbrocytes; les formes semblables nui iympi
çytes sont les plus précoces et les plus nombreuses. Chez le fœtus de 23 cenli mètres, iî a
compté 40000 globules blancs par millimèlre cube, soit environ i pour 83 globules routes;
le rapport des leucocytes avec granulaliiinî> étant aux éléments sans granulations cyron^e
2:5, Chez le fœtus de 27 centimètres, il y avait 1 globule blanc pour 90 érythrocyiw
(5 lymphocytes pour 4 polynucléaires). Chez 3 fœtus âgés de 4 mois 1/2 à 5 mois 3/4,
Bktbe a trouvé respectivement 298B0; 17 030; 25 270 leucocytes, par millimètre cube.
Cependant Havkm, pour deux fœtus un peu plus âgés, tous deux de 7 mois, donue des
cbifTres beaucoup moins élevés; G 200 et 9 000 globules blancs par millimètre cube, tandis
j|ue dans les quarante-huit heures qui suivent la naissance, on en compte 18 000.
KrCgbh (A. A. P,f cvi, 1886) a trouvé, comme moyenne de deux examens pratiquai
immédiatement au moment de la naissance : 15 387 leucocytes par millimètre cobe,
10 700 dans l'un des cas, et dans l'autre, où la numération des globules rougis aîail
été faite également 20 007 pour 6 120 000 érythrocyles, soit 1 : 304.
TscaisTOviTscu et Yourevitsch ont étudié, chez les fœtus de lapin et de cobaye, les
caractères et la répartition des diverses variétés de leucocytes. Ils en distinguent quatre
espèces : t* les polynucléaires à granulations pseudo-éosinophiles, dont les noyaux sout
norabreujt et polymorphes. Par l'aspect de leurs granulations, ils occupent une place
. intermédiaire entre les neutrophiïes et les ôosinophites de l'homme : ces granulatiodé
I
FŒTUS. 5S9
sont plus nombreuses et plus grandes que celles des premiers, plus petites que celle» des
Sêoondâ. Quelques-uns possèdent de grrosses granulations et ressemblent tout à fait à de
T^ritablet éosinopbiles. i^ Une deuxième variété de polynucléaires ont leurs noyaux mul-
tiplfis ou polymorpliiM comme les précédents, mais avec un protoplasroatoutà fait Irans-
p&renl, incolore ou légèrement coloré en rose. Ce sont des formes de passage au troi-
sième groupe. 3*» Le truisième groupe est couatitué pardeg-randsleucocytesmononucléaires
& grand oo?ao ovale et u protoplasma non granuleux. 4'^ Enfin, viennent les lymphocytes,
p«tiU leucocytes à noyau rond, facilement colorable, et à protoplasma faiblement ne-
ciwé sous forme d*une couronne.
Chez des fcelusde lapin de 4.5 à 1 f centimètres, pesant de 24 à 40 grammes, on trouve
202 à î WÎS globules blancs par millimètre cube, soit :
IK 100
\* Polynucléaires pseudo-éosinopbiles hvec quelques éosinophîlês. 41,3 à 62,7
£* Leucocytes à fornii:; de passage 2,9 à it
3* Grands mononucléaires. .... . . H, S a 29
i' Lymphocytes . 43 à 5
Cher des fœtus de cobaye arrivés presque à terme, do 8,î à 1 1 centimètres, et pesanl
uée 17,2 à 40,5, les deux auteur*, russes ont trouvé de 5ttA î 587 globules blancs par milli-
mètre cuhe. Mais, t«*ndis que le sang des fœtus de lapin contient en majorité des poly-
nucléaires pseudo-éosinopbiles, celui des fcelus de cobaye ne présente que très peu de
f leucocytes â proloplasma granuleux : ce sont les lymphocytes qui sont les plus nombreux :
p. 100
1-* grroupe. . . 0,7 îk 9,9
2» groupe , , . 0 ù 6.7
^K 3* groupe. . 9.9 à 42.5
H 4* group« . 53,2 h 88,2
rinf<
daiil
I
I
I
I
L'hyperleucocytoae provoquée chez les lenjelles pleines, lapines ou cobayes» par
rinfectiun microbienne ou par des toxines, n*a pas été suivie de modifications correspon-
dantes dans le nombre des leucocytes du sang fœtaL La maladie de la uiére n'a pas réagi
non plus ïïUr le nombre respectif des différentes variétés de leucoi^yles du sang du f<ptus.
Il est vrai que les ficLus des lapines infectées donnaient un pourcentage plus considé-
rable de polynucléaires pseudo-éosinopbiles et de lymphocytes que les fcetus normaux;
mais la différence était très peu marquée. Le nombre de globule«s rouges et celui des
érylhrocytes nucléés ne différait pas non plus de celui des foîtus normaux.
On pourrait expliquer Tabsence de réaction de la part du f<rtus en admettant que les
agents d'infection ne passent pas dans son sang. Une explication qui parait plus plau-
sible, d*aprés Tschistowitsch et Yolrewitsch, c'est que la réaction de défense fait encore
défaut dans le sang du fœtus* Le petit nombre de leucocytes qu*on y trouve doit faire
penser que, pendant la vie intra-ulérine, la défense pbngocylaire est peu développée et
confiée a l'organisme maternel : celle propriété se uianifVsï»^rait surtout au moment de
la naissance. En effet, le nombre de leucocyles augnieute dés le premier jour de la nais-
sance et atteint au troisième jour le chilTre de 3 3^11 par millimétré cube; l'augmentalion
porte surtout sur les polynucléaires pseudo-éosinophiles.
Quantité de sang, — Chez des chiens nouveau-nés, Panlm a trouvé que la pro-
portion dt* sang était de 6à 7 p. 10i> du poids du corps, plus exactement 0,061 à 0,u72 :
che« drs chiens de 7 ;* 8 semaines, de (},(>72 à O,08S. Zlmz, le premier, a évalué chez un
fœtus de lapin, avant la naissance, la quantité de sang, et a trouvé qu'elle s'élevait a
12,9 p, 100 du poids du corps, sur lesquels 9,04 p. 100 proviennent de Torganisme
fœtal lui-même et 3,86 du placenta et des vaisseaux du cordon.
Dans les expériences de Coh!V5tf.i;« et ZcnTz {loc. ctL), les résultats varièrent dans des
limites assez larges. Chez le lapin, on trouva comme minimum —, comme maximum
r-j-j du poids du corps; chez le cobaye» le chien, le mouton^ les écarts furent moins
g;rands : - à -^ *^^ poids du corps.
Ces chifTres s'appliquent à la proportion de sang contenue dans le corps du fa^lus. Si
OICT. DR raVSIOLOGIB. *- TOMR VI. 34
530
FŒTUS.
Ton tient compte aussi de celle que renferme le placonta, on constate qae la misse
totale de sang diminue propûiiionneUpmcnL au poids du corps, à mesure que le dévelofi-
pement avance. D'autre part, U\ répartiUou du sang entre le fœtus et le placenta vtrie
avec la durée de la gestation. On peut disting^uer, sous ce rapport, trois périodes: dans
ia première, tout à fait au début de la vie intra-utérine, il y a dans le placenta une pro-
portion bien plus forie de sang que dans le fœtus lui-même; dans une deaitième période,
la dilférence tond à disparaître ; dans une troiâièrae période, h fii'tus renferme plus de
sang que le placenta. Quelques chiiïres, empruntés au tableau de Cobnstbin et ZiMi,
permettront de s*en rendre compte : les déterminations ont été faites chez le lapin.
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3,75
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0,6
5.7
0.9
Respire : v^ction tardiva du cordoiL
*3,<î9
3.5
1 : 12,5
6,!*a
n,6
1,27
Rei«pir« : section bàlive.
45.8fS
2,45
1 : 18.7
S,37
7,3fi
1,81
Heipire' : «usction tardtr«.
1
Ainsi, tandis que, chez le fœtus de lapin arrivé à maturité, on trouve proportionocU
lement au poids du corps unç quantité totab> de sang i^i nival en te à celle de Tadulle, soit
environ 7 à 8 p, 100, au contraire, nhf*z les lupins de 0,6 à 1,4 gramme, elle s'élève à
1D,1 et 22 p. 100, Seulement cette masse de sang doit traverser non seulement le corps
du fœtus* mais encore le placetita, d'autant plus volumineui que le fœtus est plus petit;
et celui-ci n'en renferme, au début, dans son corps que 3,5 k 4 p. 100; c'est-à-din
que dans les premiers stades du développement la proportion de son sauf; est moindre,
par rapport au poids ducorps, que chez l'animal adulte, à cau-sede la répartition inéflr»l«
du liquide entre te fœtus et ïe placenta,
TiETZK (Virehow et Hirscft*s J6,, 1887, i, 86) a évalué aussi la quantité de sang cbe
des fœtus humains d'environ 52;'i h 1 380 grammes. Il a trouvé fi,0; 7,7 ; 13, <5; 7,2; 0,0 cen*
tim^tres cubes pour 100 grammes du poids du corps, c'est-à-dire l/!5 à 1/10 du poidi
du corps, si Ton attribue au san^ fo/tal un poids spécifique de 1,050, Sur le fœtus humain
à terme, chez lequel on pratique immédiatement la ligature du cordon, la proporliou
de sang est de 1/14 à 1/16 du poids du corps, diaprés ScBiiCKmo; dans les cas de ligatoif
tardive, la proportion est comme 1 : 7; 1 : 10; 1 : H. Chez les fœtus de lapin du poi6
de 5,6; 7,4, 7^6 grammes, Tietze a trouvé une quantité de sang équivalente à 1/16 on
a 1/14 du poid.-^ du rorps.
Propriétés physiques et chimiques du sang. — La densité du sang chez 1«
fœtus humain k terme est de 10.'îll,2, très voisine par conséquent de celle de Tadolte;
celle du sérum est de 1022,9 (Schekenziss, cité par ScBWfNCK, ^4. ç. P,. 180^, lxîiu, W,
Detni? Ta évaluée dans le sang total des artères ombilicales à 1 070 et même I 073, et
Panlu dans le sang de jeunes chiens, immédiatement après la naissance, à 1 0^»3,69,
Ju3qu*à 1 060,4, Chez des fœtus de lapin, Tietze a trouvé pour le poids spécitiqoe du
sang 1045 k 1046.
Chez un fœtus humain de 23 centimètres, l'ai cali ni té du sang, estimée d*après lamé,
tbodede b^w^-ZuMTZ, était de 426,4 milligrammes îNaOH p. 100, chiffre qui est à la limier
inférieure des chiffres normaux chez Tadulte, compris entre 420 et 553 niillÎLTanjrai:
(£hgel).
FŒTUS.
531
DiNis a troa?é, dans le sang de Tarière ombilicale du nouveau-né, 21), 85 p. iOO de
Slida sec rPoGGULE, -24,00; 23,62; 27,63 p. 100 daas le bout fœlal du cordon et 2I,$3;
S^5; 28,04 p. 100 dans le bout placentaire (C. fl,, i847, xxv, 198).
KaiCER (toc. c<f.], qui a exaniioé le sang fourni par rexirémilé placentaire do cor-
don avant la première respiration» n'a pas obtenu des chilTres aussi élevés /lue PoiiGJALK.
Dans une moyenne de dix cas, il a déterminé un résidu sec de 21,068 p, 100, soit
78,932 p. 100 d'eau. La richesse du sang en matériaux solides serait donc de peu supé-
rieure à ce qu'elle est chez la mère, si l'on admet pour celle-ci le chîJTre de Bëcouerel
el RoûiEB» soit 80,16 p. fOO d'eau.
D'nprt'sSFAMENi (A. i.B., i900, xxitv,216)f le sang fœtal contient en moyenne une quan»
litè plu» (grande d'eau que le sang de l'adulte* Chez ce dernier on trouve 77,28 p. 100;
cheî le fictus 78,S248 p. 100. On voit que ce dernier chiffre concorde avec celui de
KjiOgcr, et que, si les deux auteurs arrivent à des conclusions différentes en ce qui con-
cerne la richesse comparée du ^SLUg en matériaux solides chez le fœtus et chez Tadulte»
cela tient à ce qu'ils n'adopleot pas pour ce dernier une môme moyenne. Scherenziss,
de son côté, avait trouvé la richesse en eau égale chez le fœtus et chez Fadutte. SpAii£!ti
objecte que Scderenziss n'a fait que trois expériences, et que dans deux cas sur trois
les fœtus étaient du sexe masculin. Le sexe aurait nne notable inlkience; les fœtus du
sexe masculin renFerment en moyenne 2 p, 100 d'eau en moins que les féminins. Rap-
pelons aussi que, d'après Ouinol'al:d, le sérum^de la veine ombilicale serait notablement
plus riche en matériaux solides que celui de Tarière,
La proportion de substances organiques dans le sang du fcetas masculin est de
21,8797 p, IIH); dans le sang des fœtus féminins de 20,1 3r»4 p. tOO (Sfaïieni).
La quantité' d'albuniine et de matières grasses sefnble être à peu prt's la m^^me chez
le nouveau-né et chez radulte, d'après Pïiggialk.
Monu«i;iA a démontré la pauvreté en glucose du sang des embryons de chi«^n, de chat,
de bu?i*f, spécialement dans les premiers stades do développement. Dans le sang du
fœtus humain recueilli au moment de la naissance, Cav^^zzani a cherché plusieurs fois
4 doser la glucose, mais il n'en a trouve que des traces {A, i. B., 1895, xxni, 140).
La présence de Turée dans te saug du fœtus a été signalée par Stas (1850) et par
Picard (1856J* Des recherches de Jolyit et Lepour (Gaz, hebd, des Scméd.^ Bordeaux,
1802, 407), il résulte que cette substance se trouve dans le sang fœtal dans la proportion
de 0,283 p. 10<J0. Cette valeur est déduite de neuf observations dans leisquelles on a obtenu
des données très divergentes, puisque Técart est compris entre un minimum de 0,056
el un maximum de 1 p, 1000. Gavazzani et Levi {A. i. fi,, 1895, xnu, 133) ont trouvé une
moyenne de 0,215 p. 1000, un peu inférieure à celle de Jolïet et Lefour, avec des
dations très sensibles entre 0,091 etO,îiH. Il n'existe pas, d'après les mêmes auteurs,
rapport fue de la quantité d*urée ni avec le développement du fœtus, ni avec sou
sexe, ni avec l'Age de la mère, ni avec la richesse en urée du sang maternel qui, recueilli
directement de Futérus apr^s la délivrance, peut renfermer une proportion de cette
substance double de celle que l'on rencontre chez le fietus.
Le sang du fœtus est noUblement moins riche eu fibrine que celui de la mère; la
proportion serait de 2 : 7, d'après ScuERE-fziss {Maly*s Jb., 1880, xvm, 85), Poggiale a
trouvé dans le sanj^ placentaire fourni par le cordon 0,190, et Krûger 0,1200 p, 100,
alors que Nasse donne pour la mère 0,382.
SPAHEffi a signalé la présence de nuctéone ou acide phosphocarnique dans le sang
fœtal et dans le placenta* La quantité de nuctéone qui se trouve dans le premier est en
qu/intité presque double, 0,2106 p. 100, de celle *]ui se trouve dans le second. Le fœtns
de poids plus grand possède un sang plus pauvre en nucléone; les fœtus nés prématu-
rément eu renferment plus que ceux qui sont nés à terme (.4, i. B., 1901, xxxv, 389}.
On a fait aussi quelques recherches sur ta présence des ferments dans le sang fœtal.
BiAL a constaté que le sang du nouveau-né humain, comme celui des fœtus de bovidé
ou de Iruie, a une action faible ou nulle sur raniidon {A. g. P., 1893, liij, 164). Gavvezani
a vu au-^si que le sang du nouveau-né ne contient pas de ferment amylolylique, alors
que le sang de hi mt'^re en contient toujours une certaine quantité. La diastase du sang
maternel trouve donc dans le placenta une barri^^re qu*elle ne peut frauchir {A. i. B.,
I
I
I
I
el ur
■ moyt
I
532
FŒTUS.
toujours dans le ^ang dn fœtus : IIanriot et Clerc ont pa l'y caraclérîser dès Tâ^e de
cinq mois, chez le firtus le ^Uis jeune qu'ils aient pu observer. Cependant, chez l'enfant
né à terme, le pouvoir Hpasique est moindre que chez ta mère (B. B,, idOl, il89j. Um
l'existence même de la lipase dans le sang est encore sujette à contestation . Biebrt a
trouvé le saug des ftelus d ovidés el de bovidés très riche en raaltase {B, B., J900, iOHO).
Les suhslunces minérales sont, d'après Sfamem, en proportion un peu moindre chez le
fœtus, 0,"4.H:i p, lOi), qu«> chez Fadulte, 0*78fl p, 100; chez le fœtus féminin elle« sont
représentées par un chiffre légèrement supérieur, 0,7401 p. 100, à celui du fœtus mis-
culin, 0,7081. Le m^^me auteur a tiouvé chez le fœtus féminin 0,0202 p, 100 de seb
aolubles, et 0,1 199 âa sels insolubles; chez le fiiHua masculin 0,j996 p. 100 des premiers
et 0J08;j des seconds.
D'après ScHËftENziss (Joe. cit.], le sang f<Ptat est au contraire plus riclte en sels qae
celui de radulle; en particulier.il y a plus de sels insolubles dans le sang total. Le séruni
contient aussi plus de sels iusalubles et de chlorures que celui de Tadulte* Le sang^ fce-
lal est encore plus riche en Nu, par contre sensiblement plus pauvre en K que celai de
fadulte, ce qui eoucoide avec les expériences de Bunge, d'après lesquelles l'embryon de
mammifère est plus riche en CINa que Tanimal nouveau-né, qui devient de plus eu plui
pauvre en CINa à mesure qu'il avance en îîge. La somme du K et du Na non cotabinét
au chlore est plus petite dans le san^^ fcttal que dans celui de Tadulte» Vkït \Zeiiichr,[,
Gebnrfsh.f 1900, xl>i, 316) a trouvé que, pour le sang des foetus à la naissance, rakaitf^
ment du point de congélation A = 0,^79 ; pour le sang maternel A= — 0,551. Le ito^
fcelal est donc isotoniquo h une solution de CL\a à 0,9^3 p. 100 le sany maternel â uoe
solution de 0,90î* p. iOO el la tension osmotique du premier est supérieure à celle di
second.
La teneur en fer du sau^' de fœtus a terme est de 0,038 à 0,0^28 p. f 00 en moyenne,
de O,04'22 p. lOO, diaprés Kbigeb. ISicloix {IL Jî,. il»02» ::»8;i) trouve également que la
quantité de fer dans te sang du nouveau-né à terme oscille autour de 0,045 p. 100;
chez le nouveau-né avant terme, autour de 0,047 p. 100; chez les fœtus morts elniacérés^
la quantité de fer devient moitié de la proportion normale.
Coagulation. ^ La coagulation du sang fo'lal est lente et incomplète. Si Ton cnriiagf
dans son ensemble le phénomène de la coagulation chez les vertébrés adultes, on êst
immédiatement frappé de cette particularité que, très rapide chez les mammîfèref»
animaux dont les globules rongées sont dépourvus de noyaux, la prise en caillots se fait
au contraire avec une extrême lenteur chez tous les vertébrés a globules nucl^é». Ci
fait trouve son application dans la physiologie de Tembryon. Dklkzknxk a obsenré, ea
effet, que chez les embryons de mainniiferes au stade de développement qui corret pood
à rexistence exclusive rrhémalies nucléées dans le sanç, la coagulation suit le rartne
1>rocessus que chez les vertébrés adultes dont les globules rouges sont pourvus de oojaui
{B. fî., 1897, o07).
Cependant il est à remarquer que chez les vertébrés ovipares, dont les globule*
rouges restent nucléës pendant toute la vie emhrj'onnaire, le pouvoir de coaçuler «t
modifie aussi avec l'âge de l'embryot», puisqu'il ue se manifeste qu'au ijuiiiiiéme jour
de rincubation d'après Boll, au douzième jour d'après Ascarelli qui a vu un véritaMe
caillot ne se former même que vers le seizième et le dix-septième jour. Mais il reslerail
à déterminer si cette propriété est acquise par le sang lui-même ou si ce ne sont pas
plutôt les tissus <|ui, k une certaine phase du développement, deviennent aple^ à provoquer
la coagulation diaprés te mécanisme étudié par Delezknne, chez les ovipares adultes*
Les renseignements précis sur la rapidité et les caractères de la coagulation c1j«
l'embryon ne sont pas nombreui. Chez le fœtus humain, te sang présente, au momeul
de la naissance, d'après KrOgeh, une grande tendance à la coagulation, mais celles
9'opêre lentement, c*est-à-dire qu'elle commence tôt et dure longtemps. Elle déboleaa
bout de 30 à 70 secondes, en moyenne au bout de 45 secondes, et dure de 13^25" à
^\W\ en moyenne 18^1".
On a déjà vu plus haut que la Obrine est relativement peu abondante dans le nnz
firlal. Mais, d'après Km «iEB, la lenteur de ta coagulation dépend d'une résîMaiK'' :
grande, d*una altérabitité moindre des globules blancs qui fournissent, comme un
le fibrin-fermeut.
FŒTUS,
533
Pour compléter ce chapitre sur (a composilion du sang fallait nous reproduisons; le ta-
bleau donnant d'après KrCgsh la proportion île quelques-uns des éléments qu'il renferme,
coraparalivenient à celle qn'on trouve chez la femme normale ou enceinte. Les chilTres
qui se rapportent à cette dernière ont été empruntés pour la plupart à Becquebel et
RoDtER. NassEp etc. Nous laissons de cAté ce qui dans ce tableau concerne le nouveau-né :
Fer
Héîiïoglolime, , . . .
Fibrioti, . . ............
Hémuties par nullimèti'o cube . . . .
Lc^ucocytea.
Rapport des leucocytes «ui bématîcs
Aoctnt.
p. lOÛ.
0,0503
11,03 ou 15,2!
0,236
4 384 708
Variable.
Variable.
KEMXJE
icNcKi:rrK
(jQ on tTjivâiL
P ïofi.
0,043r»
t0,36 on 13,18
0,382
3.514 500
13240
I : 270
FOvTCS
AU UOMKKT
p, 100
0,04lâ
10,52 ou 13,39»
0.1200
OlâOOOO
15 387
1 : 3015
I
I
I
L La qiiaiiiit*^ <l'hemog:1obi[QG a été évalisAe d'apr^^i KAionour en fer : les dc^us chifircn domiéB dans
!• talil«ftQ sp rapportent auJE réaultati da calcul, luivant que i'oa a aUopuv pour la proportion centésimale
do f«r Ifl chiffra ittu«l ou caIuî d« ZixoFKsat.
t. Le chtlfro d«t globalea rodgei danii la deuxième colonno eu la résultat de deux uuinÂratiout taUes
par KxrtoBR tur deux fe^mnifoa en travail; eolat dei globiile« raugas «lu fteiu», le résultat d'une «rulc tiumi*-
railioa; crlxi de^ ^lohulct btancH, la moyenot? de deux nuin^rati<»na.
Le tableau suivant est dû à Schire:^zi?s
PnlliS SPÉCIFIQUE
RÈSIIïLî SKC DANS
ES
S.
HÈM
<H\
luuinp:.
t»U tAKG.
Dtr i#.Ritiit.
lUO GRAMMES
liK) aRAMMItft
de sérum.
d'hémaiio
CHKZ
laduïte.
CHKZ
le fœtua.
1059,2
i022,9
22,366
7.071
16,133
L25
Û,9C *
FIBRINE
p, 100.
SEI^ INSC
»LDBLRS
CHLOH
E*
E p. 100
Na p. Xùo
Da aAKo. ,
SAKG.
rKrl'm.
SANO.
K Alt en.
0.1 191
u/smi
U,1439
ij.3i:ii
0,J859
0,0831
0,2241 ^
1. C» chiffres repré»cut«oi la dchesae relative eu matière coloraate ftxpriméo oo oaybÀmoglobiiie^ 1
d'aprèales coefflcioau d oxiini tion. 1
Toxicité du sang. — pAGA\r> {A. i. B.» 1897, xxvii, 440] a étudié la toxicité du san^
total. Le san^ des embryons de chien, depuis le milieu de la vie inlra-utérine jusqu'à
ta maturité, n'a pas d'action globulicide ni spermaticide. Son action toxique à Té^^'ard
du lapin est beaucoup moindre que celle du sang malerBel, Le pouvoir globulicide
se manifeste quelques henres après la naissance, et augmente rapidement, de sorte
qu'au bout de buit jours environ il est peut-^^tre supérieur à celui du sang niaterueh Malgré
cela, un mois après la naissance, la toxicité du sang du cUien à l'égard des lapins est
encore inférieure à celle de^ animaux adulte«i parce que le pouvoir globulicide et le
pouvoir loxique sont, d'après pAGAxo^clioses distinctes. Ainsi les substances qui confèrent
au sang quelques-unes de ses propriétés toxiques ne passeraient pas du sang maternel
au sang fœtal ou n'y passent qu'en faible quantité, et d'un autre côté, Torganisnie
&£tal (rélaborerait pas ces poisons par lui-même. Cependant If^iLUANE et Landstei.neb,
comme on le verra dans un autre chapitre, ont trouvé au sérum fœtal un certain pouvoir
hématolytiquey quoique plus faible que celui du sérum maternel.
Mé
FŒTUS
CHAPITRE III
Respiration,
i" Fœtus de mammifère. Historique. — La respiralîon du fœtus a été eotreTue pv
Mayow (1674) bien longtemps avant la découverte de Toiygène. BiAtow afliriTiaJt, eoefliet,
que le placenta a rhez le îœin^ les fondions du poumon, en ce qu*U laisse arriver parle
cordon ombilical non seulement les matériaux de nutrition^ maïs encore Tesprit nitro^^y
aérien, et il comparait avec sagacité Télat apnéique du fœtus à celui d'un chien quI^S
avait amené à l'état d'apnée par la transfusion de sang artérieL Ces vues ont été déve-
loppées par RoY (1750) (cité par Pembuey, in Tewt Bmk 0/ PhysioL de Schafkb. j, 731)
dans ce passage curieux : « Le sang maternel qui arrive aux cotylédons et qui baigne W
villosités communique par leur intermédiaire au sang du fœtus Tair dont il est lut-roême
imprégné, de même que Teau qui circule autour des rayons charnus des ouïes des
poissons leur apporte l'air qu'elle contient, n
Le premier qui a indiqué d'une façon précise que c'est de' Toxygène qot va
constamment du placenta au fti^tud et que celui-ci asphyxie s'il ne peut receTOtr Toxy-
gêne du sang, fut Girtanneh, en 1794 (PaKifER).
Mais Vésalë déjà avait obtenu par une expérience simple la preuve de la respiratii
placentaire, en enlevant à une chienne 00 à une truie à la fm de la gestation un fusrf
dans ses enveloppes intactes et en voyant le fœtus faire des mouvemeuls respiratoire*
par lesquels il aspirait l'eau de Tamnios, Donc, conclut-il, Tembryon séparé de la
mère et maintenu dans Tiruf à l'abri de l'air a besoin d'air. Vénale fit même la contre^
épreuve en ce qu'il observa un second fyr*tus qui, resté en relation avec le placenta dans
le corps de la mère, n'avait pas fait la moindre tentative de respiration^ niais com-
mença h respirer dès qu*il fut mis à nu et que la circulation placentaire eut été
eu même temps interrompue*
Par contre, IIoukkt Whttt (1751) avait déclaré que l'embryon reçoit le pahuium vitm
par le cordon et que le besoin de respirer n'existe pas chez lui, parce qu'il y est cooti-
nuellement satisfait. Ce raisonnement a été reproduit à peu près sous la même forme
par des physiologistes émînents, tels que Mulleh, Biscdoff» Longet. C'est une concep*
tion trop étroite et incomplète des phénomènes de la respiration qui leur a fait nier
reiistence de cette fonction chez le fœtus. MuLusn cependant (De respiratione ftfiut,
1823) avait d'abord admis une respiration placentaire, mais très rudimentaire ; elle
serait semblable à celle du poisson, qui est elle-même à [celle de l'homme comme
1 : 50 000, ^
Mais plus lard, dans son Traité de Phifswiogie (1835), il déclare que le passage dir«^^|
de» sucs nutritifs de la mère au fœtus rend la respiration inutile. Cétait déjà 1^^
l'argument de IL Wuytt : nous allons le retrouver avec plus de développement dans
BlSCHOFF,
Pour RjscHOFF, le fœtus se comporte comme un organe maternel : c'est la mère qui
respire pour lui. A rabsence de respiration correspond aussi Tabsence de chaleur propre
du foîtus- BiscnoFF rappelait à ce sujet les expériences anciennes de Schctz et d'AcTSwarcn,
qui avaient trouvé la température des fœtus de lapin, mesurée immédiatement après leur
extraction, inférieure de 3" Ft. à celle de la mère. LV autre part, ai l'oblitération, la compres-
sion du cordon tuent rapidement le fœtus, ce n'est pas par asphyxie, mais parce qu'il eu
résulte une pléthore sanguine du fœtus très suffisante pour interrompre le fonctionae-
ment du cœur et du cerveau.
Loxget(T. p., m), après avoirreproduitcet argument,conclut que la fonction respiratoire
u*existe pas chei fembryou, et il ajoute : « Les physiologistes qui ont tant agité celte que*-
tîoD auraient dû, avant de chercher dans le fœtus des organes respiratoires, constater
Texistence d'une respiration et la nécessite de cette fonction. On ne peut douter qu'd*
ne se soient laissé guider par de fausses analogies entre les organes des embryons d'oiseani ,;
et les organes des embryons de mammifères. S'ils avaient rèttéchi aux conditions d'ans-
FŒTUS.
53$
ience de ces deroiers* ih auraient reconnu que chez eux rabsûrplion de liquides puisés
d&ns un sang qui a dejïi respiré rend une nouvelle respiration inutile... Le fœtus, pour
me 5ervir de Texpression de Biscyopr, se comporte à cet égard à peu près comme un
orij^uie de la mère : le» organes de La mère ne respirent point eux-mdraes, et néanmoins
ib ont besoin d*nn sanff qui ait respiré; de même l'embryon, sorte d'organe maternel»
ne respire pas lui-même, mais il a besoin du sang artériel de la mère, du sang qui a,
respiré* »
Mais, en reprenant le raisonnement de Bischoff et de Lqmget, il faudrait précisément
en conclure que le fix*tus respire. Nous savons maintenant que les organes de la mère
respirent cbacun pour son compte, et il devra en être de même pour le fœtus. D'ailleurs
l'assiniitation du fa*tuâ avec un organe maternel n*est pas exact : il i^présente un orga-
oîsme greiïé sur l'organisme maternel avec sa circulation propre et indépendaule, de
toile sorte que le sanf? de la mère qui constitue à chacun de ses organes un milieu inté-
rieur est à regard da fo'tus un milieu extérieur.
A Tinverse des auteurs précédents. Litïmann, à la même époque (Wagnefm Handwôr-
terbuch^ 1840), considère déjà le placenta comme un vrai organe respiratoire. Celui-ci ne
se comporte pas, dit- il, comme un organe de la mèra, en ce sens qu*il ne consomme
pas Toxygène poor sa nutrition, mais qu'il transmet ce gaz au fœtus par la veine
ombilicale*
Cependant Pfligeh, en 1868 (A. ^. P., 1, ^l), pouvait dire encore qu'on n*avait aucune
preuve certaine de la respiration du fœtus. 11 conclut toutefois à l'existence d'échanges
gaxeux entre la mère et le fœtus, particulièrement d'après ta coloration plus foncée que
prend le san^ des vaisseaux ombilicaux, quand on supprime les échanj^es placentaires,
et plus lard il proteste avec raison iA. g, P.^ 1875, x, 171) qu>n lui ait fait dire que le
fœtus ne respire pas : il a affirmé seulement que sa respiration est très faible, comparati-
vement à celle de Tadulte.
Px*euveB de la respiration placentaire. — L'hématose du fœtus est prouvée par
trois ordres de faits : 1^ la différence de coloration entre le sang de l'artère et celui de
la veine ombilicale; 2^ Texamen spectroscoptque du sang des vaisseaux ombilicaux ï
Z* lanatyse comparative du sang de ces vaisseaux.
ElUIMHT, AlITE.NniKTH, SCBliTZ, HàLLER, OsiAXDER, BtCHAr, MaCENÎJïE, ScHWARTJt avaieut
trouvé que la couleur du sang tlait la môme dans les artères et dans la veine ombili-
cale. Cependant déjà ScHKUL, en 1798, d'après des expériences sur les animaux, avait dit:
« Le sang artériel du fœtus qui a été soumis & Taction du placenta et qui retourne par
la Teine ombilicale est d'un rouge un peu plus vif (tant soit peu) que le san;^ veineux
des artères ombilicales. » Toutefois, comparé avec le sang des adultes, il ne paraissait
pas plus rou^e que leur sang veineux.
D'autres observateurs ont signalé également une faible ditîérence : 6oflN chez le chien,
Josaû chez le cochon et le cheval, Hérissant, Diest, Uouocken, Girtanner» Baitoelocque,
Carus et Bi^cHOFF chez Thonime, 1. Muller Favait également constatée une Ibis chez le
mouton, mais il ne Ta plus rencontrée ensuite chez le lapin, le cochon d'Inde, le chat.
pFLiJûER a noté que la couleur du sang de la veine ombilicale est rouge brun dans les
conditions normales, mais qu*il devient noir dans Tasphyjiie.
Le fail a été définitivement établi par Zweifkl {Arch, f. Crynssk., 1876, jx, 291). Sur
des fœtus de lapin extraits avec le plus grand soin de la cavité abdominale, de façon
à éviter les troubles de la circulation uléro-placenlaire, et placés ensuite dans un bain
chaud d*eaii salée, cet observateur a vu très distinctement le sang de la veine ombilicale
rouge, celui de l'artère noir, tant que la mère respirait librement. Quand on asphyxiait
la mère, la difTérence commençait à a'elTacer au bout de trois minutes, et après 3'25"
elle avait complètement disparu : elle se rétablissait ensuite si Ton permettait de nouveau
à la mère de respirer librement.
La dilTérence de couleur du sang dans la veine et dans les artères ombilicales n*est
cependanl pas, dit PaE^YKa, habituellement aussi grande que celle qui existe entre le
sang des veines et celui des artères pulmonaires après la naissance. Phibyer a pu voir
toutefois, en opérant assez vite, un premier fœtus de cobaye recevoir du placenta mis
à nu un sang rouge vif et rendre au placenta par les artères ombilicales un sang rouge
sombre et faire en môme temps des mouvements respiratoires irrégulier«. Chez un autre
UB
FŒTUS.
fœtus de cobaye, il a observé la coloralion rouge vif jusque dans le caoal d*A«A-xm3
tandis que le cteur qui battait encore vigoureusemeut et le sang s'écoulanl du fd
paraissaient d*un rouge sombre»
L'absorption d'oxygène est confirmée f*ar rexamen spectroscopique. Zwteifel, cheil
foetus humain, a reconnu la présence de roxybémoglobine dans le san^ des Taisscan
embilicaux, quand le cordon a^^ait Hê lié avant la première inspiralioo. Preyeb
que, sous sa direction, Albert Scumidt avait ti-ouvé déjà, dH 1874, dans ie sang du eu
et de la veine ofubilicale dembryons de cobaye Q*ayant pas encore respiré, la présent
de l'oxyhémoglobine.
Hais les premières évaluations quantitatives sont dues à 'Cohnstkin et Zu.\tz {loc* cU^
Ces deux physiob^îistes ont analysé comparativement le sang de Tartère et de la veii
ombilicale an point de vue de la teneur en 0 et en CO^.
Chez un îœim de mouton de l ol^o grammes et de 53 centimètres de longueur, YmâT
lyse donna les rL-siillats suivants :
0.
COK
ArtiL'rc ombilicale .
Veine — . .
Différence, .....,.,
p, liXI
6,69
Moins de 11,36
Moins de 4,67
41.83
41,12
Il est à remarquer que, dans cette expérience» l'analyse du sang de la veine ombilic
a échoué; le chiffre de il,36 est la quantité d'oiygène que ce sang a absorbé en!
saturant de ce gai, par agitation avec l'air. La teneur du sang de la veine en 0 tîoiT
donc être inférieure à ce chiffre.
D'autres analyses où le sang n'a pas été retiré simullaaéinenl des deux vaisseaux
ont donné des résultats suflisamment concordants avec le précédent. Ainsi, le sang de
la veine onibilicale ayant été recueilli vingt-^5uatre minutes plus tard que celui de l'ir-
ière, on a obtenu :
0.
co*.
1
Ai'tùrt? , , . , .
p. lUO,
6.3
4
p. 100.
47
40,5
«,5
Veine. .
Différence. . , ,
Les niodiïications que sutjit le sang de l'adulte dans le poumon étant en moyenue (
8jto p. lïH> pour 0, de i*/2 pour CO^, celles que subit ie sang du fœtus dans le placeatf
sont donc environ moitié moindres. Butte {B. B., i8Ù3, 2Ï2) a trouvé :
0.
oo*.
Anèrti ombUîeiile.
Veine —
Diffrireocc
4a, t
7,9
Incidemment CoH,xsrELN et Zistk ont nolé que le sang frétai a une graode aptitude
FŒTUS,
53 7
I
h consommer très rapidement l'oxygène qu'il conltenl, alors que celle propriété n'est
que faiblement développée dan^ le sang de fadulte : la cause en est probablemenl à la
richesse du î*an?? fœtat en globules rouges iiucléés, c'est-à-dire en éléments ayant encore
la iiirnîllcation de cellules t*u pleine activité. Aussi ne peut-on considérer comme nor-
males que les analyses dans lesquelles le san;i a été immédiatement introduit dans la
pompe.
Pour se faire une idée de la saturation relative du sang firtal en 0, CoMssrEiN et Zuwtx
ont comparé U qtiaulilé de gaz que renferm*? ce sang avec celle qu'il peut absorber
lorsqu^il en est saturé. Voici ce^ cliilTres :
I
I
TENKCU BN O
TENEUR EN 0
Site RATION
DL- «ANO.
tm lAXo KiVTurjL
ui.LATivr, MN o.
1. *oo.
Arlère ombilicale. . . .
i*,'t
lli»
Îi9
Artère ombibcâlc j .,
Vcioc ombilicale ]
►•me
liPlUS. , .
2,3
6,3
14*9
H,9
16
43
C&pacitè respiratoire. — La capacité respiratoire est le volume d'oxygène fixé par
tOO centimètres cubes de sang. Le tableau précédent fournit déjà quelques indication»
sur celle valeur i elles sont plus complètes dans le suivant, oii Con>(STEi\ et ZuxNtz ont
réuni les cbiffres donnant la quantité d'Q absorbé par le san^' fu'tal après saturatioUp et
d'autre part la quantité dliénioglobine que ce sang contenait. Le cïiilTre qui exprime la
quantité d*0 cbiniiquemeiH combiiîée est obtenu en retranchant de la quantité totale
d'O mesurée après saturation le coefïlcient d*absorption^ 0,485 p. U>0, déterminé par
POIDS
Df7 FSTTJl 1
en grammes
imoutoo'i.
LONGUEUR
on
QUANTITÉ DO
A o" kT 760
ToUle.
XYiiKNE p. 100
MILLlMJrrRES.
QUANTITÉ
l>'aÙUOCL06lKB
eu gr«fDnDi*4
^iir 104 rc. lit ii9|
NOMBRE
DB ce. t> 0
qoefllr* î frr.
<|'liéaioglobine.
Cûipbiiiàe
chimiquement
1535
3 6ao
1290
1564
39,3
83,7
43,2
5f,l
21,165
H,»62
14,12
20,08(1
11,317
13,636 '
5,47
11,6
7,08
6,235
IdOYEMNB .
2,08
13U9
2,03
î*,19
. 2,03
1 gramme d'hémoglobine foetale llxe donc en moyenne 2,03 d'O. Cbe^ Tu fie des
mères, CoHNsTKi.s et Zuxtz ont trouvé après saturalion 16,172 d'O et une teneur en bérao-
globÎDe de 7,3 p. 100, soit 2,22 ce. d'O* pour 1 gramme d'hémoglobine, chinVe qui
concorde sensiblement avec celui que Ton a obtenu chez le fœtus. Il en résulte que, rela-
tÎTement à la propriété de fijter l'oxygène, rhénioglobîne firtale est identique avec celle
de Tadulle.
NiaAici(fi, B., 1901, 120) a évalué récemment la capacité respiratoire du sang chez le
fœtus humain, en saturant le sang par CO, puisqu'on sait que le même volume de san^
fixe le même volume d'O et de CO. Chez un fœtus de 6 mois 12 de 1320 grammes la
capacité respiratoire était de 21,2; cbei un groupe de fœtus de 2000 à 2oOO grammes
(8 mois), elle était eu moyenne de 22,2; groupe de 2500 i 3000 grammes 8 mois 1/2»
tnoyenne : 23,3 ; groupe de 3 000 à 3 500 à terme, moyenne : 23,3 ; groupe de 3 500 à 400O
grammes & terme, moyenne : 23,2, Ainsi la capacité respiratoire moyenne est constant»
(I) Ces chiffres n*oiit qu'une valeur relative.
538
FŒTUS.
ou à peu près» et le sang d'un fœtus de 6 mois 1/2, pesant i 320 grarames est caps
de fixer autant d'oxygène que c^hn d'an fœtus à terme peâaiU 3 7îiO gramanes.
Cependant sur 5 fœtus avant terme, Jolyet et Lefour ((oc. cit.) oat troaré la capacité
respiratoire compriae entre li,4 et 19,3; et îl semidait qu'elle fût en rapport avec i"l
ou le poids du fœtus, sauf, dans un cas. Aussi Jolyet et Lkfour n'osent-ils pas être U
affirmaiifs à eel égard. Chez 12 fœtus à terme les mômes expérimentaUurs ont dél
miné une capacité respiratoire moyenne de 17,49, avec un maximam de 18,9 un mi
mum de 10; dans un cas, pourtant elle ne sMIevait qu*à 13,4.
D'après Duuois et Regnard (Ji. if., 1883, 171), clieï les ftrtus d'herbivores, le pouTCwr
respiratoire est plus considérable «lue chez les animaux adultes : la proportion à'Ù
fixée a été, ch*?z les premiers, de 14,50 p. ïOO, chez les seconds de 10 à 12 p. 100-
Mècanisme de la respiration placentaire. — Le mécanisme des échanges gaxeu
au niveau du placenta parait assez simple, et l'on ne voit pas la « grosse difficuil
théorique dont parie Prevër, 11 y a d'un eôlé, ditce physiologiste, de rhémoglobine o:
gênée, de l'autre côté de Thémoglobino non oxyg^énée ou très peu oxjgénée. Pourquoi
l'hémoglobine oxygénée de la mère se dissocie-l-elle, et cède-t-ello son 0 à l*hèiao-
glohine du fii4us? Pourquoi dans des couditions apparemment semblable» y a-t-ilducAté
de la mère dissociation, du côlé du fn^lus fixation d*oxygène?Pour répoudre à cette que»-
tiou PitETRa émet Thypothèse qu*i! s'agit d*une action de masse; comme le fœtus possède
relativement plus d'hémoglobine dans son sang que la mère, une prande quantité
d'hémoglobine non oiygénée se trouvant séparée par une membrane perméable d'uûe
quantité beaucoup moindre d'oxyliémoglobiiie, lui prend une partie de son oxygéoe.
En réalité Tabsorplion de t'oxygène dans le placenta est fondée, de même que chn
Tadulte, sur les lois de la dissociation de rhémoglobine et de la diffusion des gai, comme
l'ont particulièrement fait ressorUr Cûuhstein et Zcisr/ (.4. |/, P., xlii, 1888^ 342). A la tem-
pérature du corps Toiybémoglûbine abandonne constamment de l'O au plasma» t&ntqoe
la teneur de ce dernier en 0 se maintient au-dessous d'une certaine limite, limite
sera d'autant plus reculée que Tosybémoglobine est plus près de sa saturation. Invci
ment l'hémoglobine prend de l'O au milieu oxygéné qui Tenloure» jusqu^à ce que 1a Un
sion de dissociation de la combinaison formée soit en équilibre avec la tension de To:
gène dîï milieu.
Mais, dans le sang de l'artère ombilicale, rhémoglobine n'est combinée à 1*0 qu'
faible proportion; tandis que dans le sang des artères de la mère elle est presque f^\
rée* Il y aura donc dans le plasma du sang maternel une tension d'O plus élevée qoe
dans celui de l'artère ombilicale, et en verlu des lois de la difîusion ce gaz passera cons-
tamment du milieu où la tension est la plus forte à celui où elle est la moindre, c'e*l-
à-dire du plasma maternel au plasma fœtal. La teosion de l'O diminue dâJis le plasini
de la mère, aui^mente dans celui du fœtus; il en résulte que l'hémoglobine de la mrtt
pourra sans cesse abaudonner de nouvelles quantités d'O et rhémoglobine du fœtJJs cq
prendre sans cesse de nouvelles quantités à leurs milieux respectifs. Si les couches un-
guines restaient assez longtemps immobiles en présence Tune de l'autre, il s'établirait
finalement un état d'équilibre tel que le plasma maternel et le plasma fœlaJ auraient b
même teneur en 0 et les globules rouîres arriveraient de part et d'autre à ua état dr
saturation incomplète correspondant à cette teneur.
Si nous supposons, pour nous rapprocher de la réalité, que le sang fœtal reste au
repos, tandis que le sang de fa mère circule avec rapidité, au bout de quelque temp*
le sang du fœtus sera arrivé au même degré de saturation que le sang artériel de k
mère. Mais, comme le sang du fœtus se renouvelle incessamment, Téquilibre parfait ot
pourra jamais s'établir, la saturation du sang de la veine ombilicale devra toujours être
au-dessous de celle du sang de la mère. En eUet la proportion du sang fœtal n*est pAi
négligeable comparativement à celle du sang maternel i|ui arrive au placenta ;^ce dernier
s'appauvrit donc sensiblemeul en 0, et dans les conditions les plus favorables le saniç
fu'lal ne peut que se mettre en équilibre avec le sang maternel plus pauvre en 0, qui
quitte le placenta. En second lieu, if faut tenir compte du temps que met le gaz à pas^t
des globules rouges do la mère à ceux du fœtus, à travers le plasma maternel, les parois
tasculaires et le plasma fœtal.
Pour ces raisons la saturation du sang de la veine ombilicale sera donc toDJonn
FŒTUS.
SS»
I
I
inférieure h celle du »ang materneL La difTérence devra diminuer dans la mesure ob la
▼iti^sse de la circulation du sanjî fœtal dans Je placenta diminue ou dans la mesure oii
eelJe du sang maternel augmente. Il est facile de prouver expérimentalement l'exactitude
de ces déductions. Comnst£u« et Zu^'r^, eu oblitérant incomplètement les artères orabili*
cales pour ralentir la circulation fcptale, ont vu constamment ta veiue ombilicale prendre
niiê coloration d'un rouge plus vif. Un certain degré de compression du cordon, quelque-
foi» même de la veine ombilicale seule, peut produire ce changement de coloration. Oii
arrÎTe à nu résultat semblable en comprimant lu région occipitale du fœtus, ce qui amène
un rainnlissement du cœur par excitation des pneumogastriques, Cohnsteln et Zuntz ont
mAme observé une fois au début de lasphyxie, cbez un cobaye, que la coloration de la
veine ombilicale devenait plus claire, à cause du ralentissement du cœur. On trouvera
plu!» loin une application de ces faits.
On verra aussi que si, dans les conditions normale:^, TO passe do sang maternel au
sang foetal, dans certains cas il suit au contraire te chemin inverse.
D'après les analyses de Counstei.x et Zqntz, la richesse du sang en CO* s'est trouvée^
remarquablement éf3;a\e pour le san^ maternel et pour le iang fœtal. 11 faul en conclure
que grâce à la diffusion il s'établit entre les deux sangs un équilibre parfait des alcalis
qui fixent C0-. Signalons encore ici que, dans le sang fœtal s'écoulant immédiatement
après la naissance du bout placentaire du cordon sectiounëp Niclodi a trouvé en moyenne
(K*,il d'oiyilc de carbone (B. B,, 191)1, fiH). Ce gaz n'est sans doute pas élaboré par
Torganisme» mais provient probablement de Tair atmosphérique par rinlermédiaire de
la mère, quoique les expériences publiées jusqu'à présent par Nicloux n'aient pas encore
tranché la question.
Intenaité des échangea respiratoires. — C'est une question encore discutée de
savoir quelle est l'ijUensilé des échanges chez le fœtus, si elle est inférieure à celle de
Tadulte, comme Tadmettent la plupart des physiologistes, ou si elle lui est é^ale et même
supérieure, comme le soutiennent quelques auteurs. Nous reviendrons sur cette discussion
À propos de la nutrition en général, nous bornant pour le moment à exposer les faits
qui ont trait aux échanges respiratoires. Jusque dans ces derniers temps les seules donnée»
numériques que Ton possédât à cet égard étaient celles de Coonsteim et Zunts^, dont nous
avons reproduit les principales. Les deux physiologistes ont d'ailleurs pris soin de
résumer dans un travail spécial les conclusions auxquelles ils étaient arrivés (€, P., iv,
I8ÎJ.1, 571).
lU y font valoir ; 1" que chez le fœtus le sang, d'après leurs recherches, est à la fois
moins concentré, c'est-à-dire moins riche en hémoglobine, et eu quantité moindre que
chez Tadulte; par cotïséquenl un apport plus grand d'O ne serait possible que si ta vitesse
du sang était supérieure à celle de l'adulte ; mais ils Font trouvée notablement inférieure.
fin outre, ils ont couistaté, comme on a vu plus haut, que dans Thématose placentaire la
quantité d'O p» tOO absorbée est la moitié de celle qui chei radult« est absorbée dan*
le poumon. Pour mesurer la consommation totale d'O, ils ont fait d'ailleurs te calcul sui-
Tant (A, g. P., xxïiv). Il passe dans le placenta, d'après leurs déterminations, 0",6de i^ang
par seconde, chittre maximum. Comme la masse totale du sang du fœtus considéré^
pesant environ 1300 grammes, est le 1/S du poids du corps» soit 165 grammes, il fau-
dra donc un peu plus de quatre minutes pour que toute la masse de ce sang ait traversé
le placenta. Lorsque 100 centimètres cubes de sang ont passé par le placenta, ce qui
demande 2 minutes 2/3, le fœtus a absorbé 4 centimètres cubes d'O, puisque telle est la
diflérence p. 100 entre le sang de Fartère et celui de*la veine ombilicale. Par minute il
aurait donc absorbé l""^, 5 c'est-à-dire par kilogramme de son poids, 1*^*^,16, Le moutou
adulte a besoin en moyenne, d'apr*^s les estimations de Reiset, de 5*^*^,8 par kilogramme
et par minute. La consommation d'O est donc environ 4 fois moindre chez le fœtus que
chez la mère.
Si Ton prend comme mesure de la vitesse du sang non plus la valeur maximum, mais
la valeur minimum qui a été trouvée, la consommation d'O du fœtus serait encore
beaucoup moindre, soit 0*^3 par kilogramme et par minute. La consommation d'O che*
un fœtus de 3t>00 grammes arrivé à maturité tient le milieu entre ces deux extrêmes :
elle était, d'après un calcul semblable, de 1 **,']{> par minute, de 0*^^,49 par ikilogramma
et par minute» c'est-à-dire le 1/12 environ de ce qu'elle est chez Tadulte.
UÙ
FŒTUS.
Cb. Bohh [Skand, Arch, f. Pht/»ioL, x, 1900, 413) a opposé récemment aux expériencet
de'^CkiUNSTBiN et de Zuntz un certain nombre d'objections, en insistant sur les cause
•d*incet1iUide que diverses diftinultés opératoires ont introduites dans les résultais obleiiti
En oulre» pourCn. Huiir, il n^esl pas cerlatn que l'analyse comparative du »ang de rartèij
-et de la veine oml>ilicaltf [juis^e renseigner sur la totalité des échanges respiratoires i
fœtus. Peut-être Tartêre ombilicale transporte-t-elle an placenta des substances rédac-
trices qui s*y combinent avec t'O du sang maternel, tandis que CD* formé passe
partiellement ou en totalité dans^Ie sang de la mère : alors Ie« échanges qui ont lieu
^ans le corps de rembryon ne représenteraient qu'une fraction de rechange lotaL
Ch. Iîoiih a donc employé une autre méthode, plus sûre, d'après lui» pour évaluer I
totalité des édianges gazeux du fœtus. Il recherche comment se modifient les édiang
chez la mrre après la ligature ou ie pincement du cordon ombilical. Eu effet, le
^han^es gazeux du fœtus, qui étaient précédeoimenl mesurés en même temps que ceu
de la mère, sont maintenant exclus de ces nouvelles déterminations. Une femelle <
cobaye» pleine, est anesthésiée : on lui fait la trachéotomie, puis la laparotomie : ou ploa§
Ja partie postérieure du corps de l'animal dans un bain de la solution salée physif
logique â 39°. On ouvre l'utérus au thermocautère en un point où il ii*y a pas d'insertii
placentaire, et on arrive facilement à faire tomber dans le bain un embryon envelopjl
dans ses membranes et les bords du la plaie abdominale sont rapprochés par ua
fpince à pression. On fait alors une série de déterminations des échanges gazeux de II
raére, dont chacun^ dure en général dix minutes. A un moment donné on lie le cordon
pendant qu'on continue à mesurer les échanges respiratoires sans qu'on ait besoin d<*
toucher à la mère. Les modifications de la respiration produites par rexclusioo des
échangea gazeux du fu^tus seront faciles à reconnaître si, auparavant, lef échanges
respiratoires de la mère étaient sensiblement «ronstants. Dans quelques cas, au lieu
lier, on a comprimé le cordon avec uue pince à pression, H Tenlè veine [it de la pin
permettait ainsi une expérience de contrôle : enfin on déterminait le poids de Tembry^
en même tenrps que celui du placenta et de ses membranes. Voici le détail d'une de i
€Xjiérience8 :
Cobaye du poids de \ 096 grammes. Opération terminée à une heure. Trois embry«
qui pèsent 107,5 : le poids moyen d'un embryon est donc 33,8* Température du b^
3î>,2. Pendant la détermination n° 4 des échanges respiratoires. les cordons ombilvca
sont comprimés; après la déiermination n** 7 ils sont liés.
BURÊE
PENDANT
DÉBUT
do
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NUMÉRO.
de
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OBSERVATIONS.
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0,72
Ligmture k 3 fa. 1.
9
3.Î5
lû
72
1U4
o,()y
Après la compression du cordon, T^jiniination de CO* a diminné de 10 centimètres
cubes, l'absorption d'O de 11 centimélres cubes; quand la compression a cessé, lei
échanges sont revenus à leur grandeur primitive; puis ils diminuent de nouveau eo
dix minutes de H centimètres cubes de CO* et de 12 centimètres cubes d*0, après (jue
le cordon a été lié.
La part de Tembryon dans les échanges était donc en moyenne pendant dix miaot»
^e 10"»û de CO* et de H«,5 d'O,
FŒTUS.
54 1
Par kilogramme et par heure réiimîrratîon de CO' est^ cbez Tembryon» de 5S6 centi*
métrés rubes; et» citez la mère, de 4ri2.
Cm. Bonn a résumé dans le lahleati suivant les cbiGTres qui expriment l'étitiiinattun
comparée de CO* chez ta mère et chez l'embryon :
CO* PAR KILOGR. KT P.\H
irKUUK EN Cil.
P01DS£DE L EMBRYON.
UhHV-.
KMBriYON-
16
^m
756
24
4S3
250
as
452
nm
3i»
41)8
462
fia
478
•
m
MOYI
iSSK ,
. . I*i2
5«1»
Les échanges i^'azeui sont donc un peo plust^levéa cbez le fœlus que che^ la mère, ow
du moins» comme l'écart entre les moyennes n'est pas très iraportaut, on peut dire qu'Us
sont de {rraiideur à peu près ogale chez Tun et chez Taulre.
Excitabilité dea centres reapiratoires et respirations prématurées, — Les
centres respiratoires sont au repos pendant la vie iiitra-iitériue. Ahlfkld soulient
cependant que le firtus exécote dé|à dans rntérui des mouvements rospijatoires nuper-
Ocicls, Il est arrivé à cette opinion par robservatitin de mouvements rythmiques ondu-
laioires« perçus au niveau de la région abdominale de la plupart des femmes â lernie,
se produisant environ soixante fois par minute et se traduisant par des ijraphiques
analogues aox courbes respiratoires du nouveau-né. La première respiration ne serait
donc qu'une première respiration profonde, RUiVCE {Àrch. f, Gynaek., 18^4, xlvi. 5i2) a
ob&enré des mouvements semblables à ceux que décrit Amlfeld, mais il n*ose sa
proitonccr sur leur sig-rrirn^alion. Dans ses expériences sur les animaux il n'a jamais rien
observé de semblable.
En réalité les mouvements respiratoires prématurés doivent ôire considérés comme
des phénomènes anormaux. Le ftetus est pendant la vie inlra-ulérine en éiat d'apnée,
Haîâ cette apnée ne reconnaît pas la même cause que l'état que Ton décrit sous ce nom
chez l'adulte. Elle paraît dépendre de la faible excitabilité du centre respiratoire plutôt
que de la composilinn gazeuse du sang du firtiis. CoH>fsTEiN et Zuntz font en effet remar-
quer avec raison que ïa mt^me composition du sang qui n'est pat capable dlulerrompre
Tapnée du fœtus provoquerait des mouvements respiratoires énergiques chez l'animaJ
adulte.
L'apnée est [due, comme on sail, à une auf^mentation de la quantité d'O du saniird'après
uns, a une diminution de la quantité et de la tensioo de CÙ^, d*aprés les autres ^
Mais ni Tune ni l'autre de ces deux causes ne peuvent ôtre invoquées pour expliquer
l'apnée intra-utérine : car, d'une part, le sang du fœtus est relativement pauvre en 0;
d'autre part, les analyses do Codnsteïn et Zuktz ont montré qu'rl est aussi riche en
CO' que celui de ta mère. Il faut donc admettre que les centres respiratoires du fcetus &oiU
mains excitabtes que ceux de la mère*
On n'a pas eticore une idée exacte de cette différence d'excitabilité, si l'on se borne à
coniparer le sang de la veine ombilicale à celui du san^' artériel d'un animal qni respire
à Tair : il faut considérer aussi que le bulbe rachidien du fœtus ne reçoit le sang arté-
rialisé de la veine ombilicale qu'après son mélange avec le sang veineux des extrémités
iaférieures et des viscères abdominaux. Bien que rencéphale reçoive du sanjç plus arté-
rialisè que tes autres organes, ce sang est, comme nous Tavons déjà dit, fortement mélangé-
CoB>STELN et ZiiNTZ se sont assurés directement que le sang de la carotide du fœtus» ce
qui était à prévoir, est plus foncé i|ue celui de la veine ombilicale.
1* Voir Pai3»S]iicQ, Bull, de t'Acad, roy, de Belg,, imù, 464^82.
943
FŒTUS.
H est vrai qu'outre CO'-' il y a fl*autres substances excitantes pour le centre re<]>ini-
toire; ce sorU celles qui se forment pendant le travail musculaire. Mais l'orgaolsiiie du
fu'tiis ne Jes produit qu'en très faible quantité.
Deuï conditions qui eontribuent à déprimer rexcilabilité des centres respiratoires soot
U pauvreté relative du saiig^ en 0 et ta lenteur de la circulation chei le ftjetus. L*ane et
l'autre sont» il est vrai, chez l'adulte des excitants des centres respiratoires, mai* cllfts
n'agissent alors que temporairement. Cohnstein et Zuxtz admettent que, quand cci
influence» s'eiercent d'une manière permanente, comme chez le ftptus, elles contribuent
à maintenir à un niveau assez bas l'excitabifité des centres. Ils rappellent que d'après
P. Bert, d'après Fraenkel et Gepi'Eht, pour une pression de 4/3 d'atmosphère, il ne se
produit paSf en règle générat«\ de dyspnée sensible et Tanimal parait plutcVt somnolent.
D'un autre cCtté, ils reproduisent chez Tadulte les conditions de la circulation fœtale eu
mettant une artère en communication avec une veine pour abaisser la pression artérielle.
élever la pression veineuse, et ils observent alors dans certains cas une diminutioD pro*
gressive de Tamplilude respiratoire,
CoH.NSTEiN ef ZuNiz out d'aîHeurs montré qu'immédiatement après la naissance Tei-
citabilitè des centres respiratoires est encore beaucoup moins marquée qu'elle ne l'est
pins tard, Ils se servent, comme excitant* de CO- mélangé à Tair inspiré, et la mei^nred^
Texcitabilité est fournie par rinteusité de la ventilation pulmonaire. Or radditton de
CO^ produit un renforcement beaucoup moins marqué de l'amplitude respiratoire» an
moment de la naissance que dans les jouns suivants.
Cependant rex^Mlabilité des centres respiratoires peut être réveillée dans certaine*
circonstances et le fn'tus exécuter des mouvements respiratoires prématurés, soit qnlls
aient lieu dans Tnlérus ou hors de Tutêrus dans les eaux de lamnios. V^sale, Wl^slov
avaient déjà observé ces mouvements. [S.vsse, ayant comprimé Taorte d'une chienne â h
tin de la gestation, vit le foetus respirer avec elTurt, quoiqu'il fût laissé dans la cavité
anmiotique.
L*étude de la cause de ces respirations prématurées se confond avec celle de la cause
de la première respiration chez le nouveau-né. Ce qui interrompt l'apnée du fœtus» ce
sont les trouble» de la circulation utéro-placentairCi les Iroubles des échanges gazem
entre la mère et le f*rtus. Preykr a soutenu, par contre, que reicitatioa des nerf» de U
peau peut à elle seule mettre en activité le centre respiratoire. Aucun embryon. dit-U
n'est en état d'exécuter un mouvement respiratoire prématuré, ni d'inspirer de V
après la i upture de l'ipuf, s'il n'a pu auparavant répondre à une excitation réflexe pi
des mouvements des membres. En d'autres termes, la production des respiratinns pi
maturées. comme celle des premières respirations normales, est étroitement liée k Te:
labililè réflexe,
l/hypoth^se que la première inspiration chez le nouveau-né a pour point de dépj
un réïleie cutané peut se soutenir, quoiqu'elle n'ait pas été vérifiée par t'expérieui
On comprend plus difikilement comment les excitations cutanées interviennent dans
les respirations prématurées qui se produisent chez le fœtus encore enfermé dans les
eaux de l'amnios ou dans rutêrus inlact. Faever fait valoir, il est vrai, que ce gean
d'excitation ne fait pas alors défaut; ta pression exercée par l'utérus sur la surface eotaoée
du fœtus, les frottements de ses membres entre eux, les mouvements 6% ta mère, seraieot'^^
des causes d'excitation pour les terminaisons des nerfs de la peau. PaErEK s'est appayi^f
surtout sur les observations où, chez des ftrtus de cobaye dont il avait dégagé, sous l'eaa
salée, la tête ou seulement la bouche et ïe nez, il obtenait un mouvement d'inspiration
par une forte excitation cutanée, telle qu'une piqûre de la lèvre, aloi^s que le sang de ta
veine ombilicale restait cependant d*un rouge vif : ce qui semblait indiquer que la cir-
culation utéro-placen taire n'^'tait nullement troublée*
Mais Engstr<Vm {Skand. Arch. f, Pht/sioL, 1891, n, i58), qui a répété e«f
expériences dans le laboratoire et en présence môme de Preybe, n'a pas toujoun
dans les mômes conditions obtenu des résultats positifs. D'autre part, la coloration rougt
clair de la veine ombilicale ne prouve pas que la circulation placentaire soit normale.
ficNGE avait déjà vu que, niAme lorsque le cordon était compris entre deux ligatures el U
circulation par couséciuent complètement interrompue, ta dtiférence de coloratîoo dei
Taisseaux ombilicaux persistait nettement pendant une demi-heure. Non moins démuo»-
FŒTUS.
UZ
tralifês iont les expériences de CoH.'^sTBiFf et Zdntz dont nous avons déjà parlé, et d'après
le$+|ue)le!^ la coloration plus claire de la veine ombilicale est une conséquence du ralen-
lissement de la circulation fœtale. Engstrùm reconnaît» lui aussi, que la persistance de la
coloration prouve seulement que le foetus reçoit encore de TO, mais non que Tapport
d*0 et la respiration placentaire restent normaux. La richesse du sang en 0 pourrai!
varier sans que ces variations se traduisant par des différence» appréciables dans la
coloration des vaisseaux ombilicaux.
D*Qn autre côté, alors tnéme que le sang de la veine ombilicale est plus oxygéné, il
ne faudrait pas en conclure que le fœtus est pour cela mieux approvisionné en 0 : 1a
quantité d*0 que reçoit le centre respiratoire ne dépend pas seulement de la teneur du
sang en 0, maïs aussi de la quantité de sang qu'il reçoit; de sorte que« malgré la colo-
ration rouge clair de la veine ombilicale, le besoin de respirer pourra tenir à une dimi-
nution dans l'activité de la circulation placentaire.
RçwE, CoHNSTEiN et ZuNTi Ont d'ailleurs constaté que, chez l'animal sur lequel Preyeii
a expérimenté, cbez le cobaye, il est à peu près impossible d*arriver au foetus sans com-
proniétlre la circulation placentaire. Ces physiologistes ont alors expérimenté sur la bre-
bis, chez laquelle le décollement du placenta n*est pas a craindre après la section de
rutérus. Chez une femelle à terme ils ont exposé à Tair la ti'^te et une partie de Tavant-
train d'un ftetus : le pincement, la piqûre de la peau, le chatouillement du pharynx et
de la muqueuse nasale ne provoquaient aucune respiration. Le frrlus fut ensuite extrait en
totalité de Taléruâ et coucli*; sur le ventre de la mère sans que le cordon fût tiraillé.
Les excitations furent continuées encore pendant plusieurs minutes; même les iusuflla-
iions d'air dans les fosses nasales n'eurent aucun effet sur la respiration ; il n'y eut que
des mouvements rétlexes <;énéraux. Le fœtus suçait ou mordait le doigt qu'oji lui introduis
sait dans la bouche et le pharynx : souvent îl e\»''cutait des mouvements spontanés qui
le faisaient changer de position. Mais presque aussitôt après que le cordon eut été lié, le
fcetus se mit à respirer.
Ces expériences permettent de conclure que par «^lles-mémes les excitations cuta-
nées ne peuvent provoquer de mouvements respiratoires tant que la circulation et la
Inspiration placentaire restent intactes : elles se sont montrées impuissantes même
^ii&ns quelques cas où te sang de la veine ombilicale avait pris une coloration assez foncée
et où le fœtu!» répondait à chaque excitation par des réllexes énergiques.
BcNGR {Arch, f. Gynsek,^ 1804, xlvi, 512) a répété ces expériences avec les mêmes résuU
iats chez la brebis, Cohnstein et Zqntz chez le lapin et même chez le cochon d*Inde. Chez
une chienne à terme, Hkinbicics (Z, D,, \Hh9, xxvi, 137) met à nu le rnuseau du fœtus et
introduit daus les fosses nasales un mélange d*eau et d*ammoniaque à parties égales; il
te produit des mouvements réflexes violents des muscles de la face. On ouvre la bouche
de ranimai et on instille quelipies ^^outtes de la solution dans la cavité buccale et daus
le pbarynx. L'animal fait des mouvements de déglutition, ouvre et ferme la bouche,
tire la langue, mais ne respire point. Ce n'est que quand on trouble la circulation pla-
centaire en retirant le kvins de l'd'uf que Ton voit la respiration commencer.
Une expérience qui sert en quelque sorte de contre-épreuve aux précédentes est celle
où le fœlus succombe k l'asphyxie, alors que les membranes sont restées intactes et
fait cependant d^s mouvements respiratoires, bien qu'il n'ait été soumis à aucune cxci-
tmtion cutanée. Hungk, Dupcv (B. Iî., 18ftti, 16|, Engstrom ont rapporté des observations
de ce genre, et ce d*Tnier en conclut que Tarrét de la respiration placentaire peut à lui
seul provoquer des mouvements respiratoires, sans le concours d'excitations cutanées,
contrairement à Topinion de Peever.
Ainsi qu'il était à [uévoir, des respirations prématurées peuvent se produire sans
li'uubles de la circulation placentaire, si Ton diminue Tafllux dti sang vers la moelle
allongée chez le fœtus parla ligature des carotides (lÎEiNHicrus). D'après FA,iNKKNHACsKA,
ht compression de la tête fœtale, en ameriant un ralentissement du cœur, aurait aussi
des effets semblables : mais il ne semble pas que les respirations prématurées soient
dues alors, comme le p^nse cet auteur, a une hématose imparfaite, mais, d'après les con-
sidérations exposées plus haut, au ralentissement de la circulation placentaire et fœtale,
c'est-à-dire àtine irrigation insuffisante du bulbe par un sang suffisamment artérialisé,
m Quand le liiîlus respire ainsi prématurément, Teau de l'amnios peut être absorbée
I
544
FŒTUS.
largement jusque dans les poumons^ comme Test l'air après la nalssaoce. BérxARD liSISi,
après avoir observé les mouvements respiratoires dans Foeuf intict, serra le coa du fn^
tus par uneiforLe ligalure, ouvrit la trachée et y trouva un liquide analogue à l'eau de
Tamnios. Lorsqu'un liquide coloré avait été préalablement injecté dans la caWlé amnio-
tique, celui que contenaient les bronches était également coloré. Preyer, après avoir
onTert Tutérus chez des cobayes, injecta une solution de fuchsioe dans le liquide de
Tamniûs et vit que non seulement les lèvres, la langue, le pharynx des fœtus qui aTaient
respiré dans Wvuï intact étaient colorés en rouge, mais aussi le poumon, ainsi que
Tes to mac.
La pénétration de Teau de l'amnîos dans les poumons amène soevent, après noe
dyspnée intense, 'une mort rapide, comme Ta vu Pheyer chez des ftetus qu^l eoleraltasseï
lentement à la mère pour leur laisser le temps de dilater prématurément leur thorax
dans Tieuf, alors que des fœtus de la même portée respiraient à Pair sans difllculté, si l*oa
avait soin de les extraire assez vile pour qu'ils ne pussent exécuter aucun mouvemeat
respiratoire intra-utérin. 11 est évident ijne la cause de la mort, c'est robstacle apporté
à la pénétration de l'air parla présence du liquide amniotique dans les voies respiratoire?,
Geyl cependant a montré, par des injections colorées chez des lapines pleines» que
le fcetus peat aspirer Teaii de I*amnios pendant la vie intra-utérine el cependant survivre,
Il est probable, ajoute Preyer, que la production de mouvements respiratoires préraat^i
rês avec aspiration de l'eau de l^anmios, même chez le fœtus, dans les derniers mois^^f
la grossesse, n'est ni aussi rare ni aussi dangereuse qu'on Tavait crit d*abord. ^^
Il peut arriver aussi que, malgré la gène progressive de la circulation placentaire et
l'asphyxie qui en résulte, le fœtus encore contenu dans l'œur meurt sans avoir respirr:
c'est ce qu'a observé V, Phkcschen chez le chien, Schultze, Schrùdeh et d'autres chez le
fcelus humain .Chez des lapins, Pfligeh et Dobmen {A. y. P.» j, 8i) ont vu aussi que, si Ton
enlève le fœtus avec le placenta sans ouvrir le sac ovulaire, le petit peut succomlier sani
avoir respiré on bien n'ext'cuter que quelques rares inspirations, séparées par de nom-
breux întervallesi tandis qu'il se produit des mouvements respiratoires violents qui
transforment bientôt en respirations régulières si l'on donne accès à Tair par rincisM
de Tamnios.
Au premier abord l'absence de mouvements respiratoires dans ces condiiîans seml
venir à l'appui de la théorie de Preyer sur la nécessité des excitations cutanées. Um
on peut faire intei venir avec Cohnstein et Zuntz un réHexe inhibiteur qui empéth*' !*
mouvement respiratoire, dès que celui-ci tend à se produire, et cela d'autant plus *
ment que le centre respiratoire est moins excitable chez le fœlus. Dès que le liquida
à pénétrer dans les fosses nasales, il survient un réilexe d'arrêt semblable à celui que
l'on observe chez un animal adulte au moment où on le plonge dans Teau et que Tao
appelle le rétlexe de submersion, Cohnstein et Zumz se sont assurés que rinhibition rw-
piratoire est plus énergique et plus durable chez le nouveau-né que chez l'adulte. Od
objectera qu'il est diflicile de concevoir qu'un liquide, dans lequel le fœtus est ronstam-
ment plon«^'é, puisse être un eicilant pour ses nerfs de sensibilité; mais il faut remar-
quer que c'est rextrémité seule des voies respiratoires qui est immerjjjée dans le liquide,
et celui-ci pourra éveiller un réllexe, s'il pénétre un peu plus profondément, appelé pir
l'aspiration pulmonaire. IlEiNHiaïus a voulu vérilier cette théorie en rechercbaul quelle
induence exerçait sur le fœtus récemment extrait du sac amniotique ou sur le nou-
veau-né, l'immersion de la léle dans l'eau ou le passage ininterrompu d*un courant
d'eau qui, pénétrant par une canule œsophagienne, ressortail par la bouche et le nei.
On constate bien qne^ dans ces conditions, le nombre des respirations est dijxiinué, maii
il n'y a pas arrêt de la respiration.
Il n'en est pas moins possible ifue le mécanisme d'arrêt, invoqué par Coh.nsteiji et
ZuNTz, intervienne; mais il est évident qu'il n'est pas toujours efficace, puisque le fœtuj
peut respirer dans Tamuios intact. Il est vraisemblable aussi que, si certains fœloa
asphyxient pour ainsi dire silencieusement sans réagir par des mouvements respin*
loires. cela tient à ce que cliez eux rexcilabilité du centre respiratoire est encore tom-
bée plus bas que chez un fœtus normal, de sorte i]ue les variations dans la compositioo
du sang deviennent impuissantes ù la niettre en jeu.
La section des centres encéphaliques supérieurs (HisiNaicics.Z. B., iê89, xxvi, 18Ô|
FŒTUS.
^45
I
I
section et l'excilatîon des nerfs pneumogastriques ajtrissent déjà sur le centre respira*
toîrcs dès le moment de la naissance et, en particulier, Feicitation du bout central du
nerf peut provoquer un arrôt en expiration (Anoissoiix, A. P., 4885, 267). La difliculté
ou rimpowibilité d'obtenir l'apnée chez le nouveau-né par des insufflations pulmonaires
prolongées ne doit donc pas Ôlre attribuée à ce que l'influence iiihibitoiri* des fibres
centripète» du pneumogastrique n'est pas encore développée. Cette question appartient
à la physiologie du nouveau-né : sigrnalons cependant tjue, chez des fœtus à terme qui
Tenaient d*Stre eitraits de l'utérus» Hbinricius n^apas obtenu 1 apuoe en injectant par la
Teîne ombilicale ou la veine jugulaii^ du sang saturé d'O; l'injectioa produit, au con-
traire, de la dyspnée.
L activité des centres bulbaires voisins est-elle associée chez le fœtus à celle do rentt
respiratoire t La question est surtout intéressante en ce qui concerne le centre de ta
déglutition. Le fœtus exécute, comme on sait, de fréquents mouvements de déglutition;
chex l'adulte, ceux-ci s'accompaiH'uenl, par un mécanisme d'association iiilercentrale,de
mouvements respiratoires. S*il en est de même chez le fœtus, la déglutition Texpose à
aspirer le liquide amniotique. Mais il est possible, comme le pense Mjlhckwald, que le
centre respiratoire, en raison de sa faible excitabilité, ne réponde pas encore aux exci-
tations du centre de la déglutition, ou bien, comme le suppose Stei^er, la respiration
dite de déglutition a vraiment lieu, mais est trop faible pour distendre le poumon. Il
semble cependant plus vraisemblable que, chez le foetus, ces associations interceotrales
ne fonctionnent pas encore; du moins, E. Mevék a constaté {A, de P., 1893) que les réac-
tions du centre respiratoire sur le centre modérateur du cij»!ir,si puissantes chez le chien
adulte, ne sont pas encore appréciables cliez Tanimal nouveau-né.
L'activité du centre respiratoire résiste souveoLâ l'arrêt de la circulation. HEmmciira
a vu parfois, chez des fœtus qui venaient de naître ou qui étaient âgés de quebfues
heures et auxquels il avait enlevé les viscères tboraciques et abdominaux, la respira-
tion continuer, à de rares intervalles, il est vrai, pendant une quinzaine ou une ving-
taine de uiinules.
Asphyxie. — La suppression ou les troubles des échanges gazeux entre la mère e|
le f»*îtus amènent l'asphyxie du fœtus. Les premières manifestations de cet état, ce sont
les respirations prématurées souvent accompagnées de mouvements généraux; puis la
respiration s'arrête, tandis que le co^ur continue à battre et que l'excitabilité réïlexe per-
siste pendant un temps plus ou moins lon^.
XwEiFEL iloc, cit,) avait trouvé que, si l'on asphyxie la mère par oblitération de la tra-
chée, les phénomènes de Tasphyxie évoluent aussi rapidement chez le fœtus que chez
Tadulte, et il en avait conclu k une consommation très active d'O pendant la vie intra-
utérine. Mais Zl:ntz (A. g. P., 1877» xiv, «lOoi a montré que les résultats obtenus par Zwkifel
pouvaient recevoir une autre explication* Quand le sang maternel s'est, par les progrès de
Tasphyxie, appauvri en 0, c'est maintenant te sang fœtal qui lui en cède : le courant
gazeux change de direction, eton constate en effet que lesangdela veineombiïicaledevient
plus foncé que «elui des artères. Si, pendant que la mère asphyxie, ou laisse le fœtus
respirer à Tair, la différence entre les deux ordres de vaisseaux se prononce encore
davantage, le sang des artères devenant plus clair quand la respiration pulmonaire du
fœtus a commencé. On peut s'assurer aussi, de la même façon, qu'un fragment de la paroi
utérine réséqué avec le placenta, et qui n'est plus parcouru par le sang maternel» enlève
au sang fœtal de notables proportions d'O. Ai^isi, pendant Tasphyxie de la mère, ce n'est
|»as seulement le sang maternel qui soustrait de TOau fœtus, mais aussi la p;iroi utérine
elle-même, et d'autant plus qu'elle se contracte activement sous rinfluence même de la
veinosité du sang.
On comprend donc que le fœtus asphyxie plus rapidement dans ces conditions, puisque
la mère non seulement ne lui fournit plus d'O, mais lui en emprunte. C'est pour la
même raison, d'après Butte (/oc. cef.), qu'à la suite d'une bémonbagie considérable
chez la mère, le fie tus succombe avant la mère. Au contraire, roblitération des vais-
seaux omhiïicaux e*t beaucoup plus longtemps supportée par le fœtus que l'asphyxie
de la mère bien qu'elle empêche, comme celic^ci, l'arrivée de Toiyjiténe; mais, par suite
de la suppression des échanges placentaires, le fœtus est alors seul k consommer sa
provision d'G, et la mère ne peut plus y contribuer*
DICT. DE RQYSlOLOaiE. — TOME Vï.
U
546
FŒTUS.
C'est, d'ailleurs, un fait bien connu que des fœtus ont pu être extraits ?i?anLs un \em^
plus ou moins long- après b tnort de la mëre.pREYER déclare cependant que, même ùànt
les cas les plus favorables, le temps qui peut s*écouler depuis le deruier mouvemeat
d'inspiration de la mère jusqu*au moment de la délivrance des faHus à ïenne, san» que
leur aptilude h vivre soit abolie, ne se compte que par minutes. Mais, dans rexpérienre
même qu'il rapporte, ou voit que, huit minutes après la mort de la mère, empoisotmè«
par Tacide cyanhydrique, le fœtus exécutait eucore des mouvements actifs; treiie
minutes après rempoisoiinemenl, on ouvrit Tabdomeu, et ou constata Tasphyxie de dem
ftFlus à terme, dont aucun ne put <^tie rappelé à la vie, mais dont cependant les tctan
bat! .lient encore.
D'autre pari, Hênricius, après avoir tué des lapines par ouverture des carotides et l4»é
leur système vascutaire avec une solution de CLNa. retira de l*uléru>, au bout de vingt |
vingt-cinq minutes, des fœtus qui, après leur extraction, se mirent à respirer.
La résistance à Tasphyxie des f<ptus séparés de leurs mères a depuis longtemps frippe
les observateurs. Haller a vu de jeunes chiens extraits de l'utérus remuer pendant plu-
sieurs heures sans respirer : il a maintenu sous Teau pendant une demi-heure un de ce?
animaux qui continua à vivre, PacNULtiER a réuni quelques observations d'où il résulte
qu'un fij^tus humain de 4 mois, né dans les membranes intactes^ peut vivre encore Irob
quarts d'heure dans hs eaux de Famnios, ainsi qu'on le reconnaît a se^ mouveraeiits
rigoureux et variés. Chez un fcrlus de iî mois 1 /2, qui avait fait des mouveraenls pendant tu
quart d'heure, Toihdes a constaté qu*il n'existait aucune trace de respiration IVutW de
Mvd. it-g,, 40, t8t»6). Zu.vtz a également rapporté l'observation d'un fix*liis de 4 mois chef
qui il se produisit encore des mouvements vingt minutes après qu*il ^ûl éi« expulsé,
enveloppé de ses raembrane.> *. le cœur battait encore éueri:iquement au bout d'une heaw.
Un a vu au chapitre de la physiologie du cieur fœtal de nombreux exemples de sunie
de cet organe.
La résistance du nouveau-né à l'asphyxie n'est donc que la persistance d'une pro-
priété de l'âge fœtal. X tjuoiest due cette propriété? Probablement en partie à ce qut
la consommation d'O est très faible chez le fœtus; mais elle doit tenir surtout à ce que
les ï issus du fœtus résistent à une privation même totale d'O, Il y a donc lieu de se
demander pourquoi l'aspliyxie évolue dans certains cas si rapidement, que Phbicr a ptt
écrire, en contradiction avec les faits précédents, que le fœtus ne .survit pas à um?
asphyxie passagère, môme d'une durée très courte, de la mère; ce qui ind icj ut.* d'une façoit
péremptoire, ajoutc-t-il, une grande dépendance de l'existence dn foetus à l'égard de II
faible quantité d'O qu'il reçoit de la mère,
11 est à remarquer que IVxpérience citée par Pabyer à l'appui de son assertion a'eit
pas très démonstrative, puisqu'elle comporte deux parties, Tune avec des résultats iié^»-
lifs, l'autre avec des résultats positifs, peut-être discutables. [EdiL franr.^ J37. i
Néanmoins il semble bien que, dans certains cas où le brlus asphyxie pn même temps
que ia mère, il meurt assez rapidement, ijn trouvera sans doute que les expérienoei de
ZuNTz dont il !\ été question plus bnut nous donnent ta clef des faits. <je ce ^icnre, L'cipli-
cation n'est cependant pas tout a fait satisfaisante. Puisque le fœtus partit pootaîr
vivre pendant quelque temps sans 0, on ne voit pas pourquoi il succomberait k un»
asphyxie *( d'une durée très courte de la mère », lorsque celle-ci lui emprunte tme
partie de son 0. La résistance moindre du fœtus dans ces conditions tient peut-être n<m
pas tant à la soustraction de ce gaz qu'à sa soustraction trop rapide. Je m'expliqaç ;
quand le fœtus est seul à dépenser sa provision d'O, ses tissus sont mieux pré parcs, pir
suite de rappauvtissement fjradudl, a supporter ensuite une privation totale d'O,
Cl. Bernard n'a-t-il pas montré par une expérience bien connue que, même chez raiialln
lorsque laviciation du milieti est lente et progressive, l'organisme acquiert une certaiiif
tolérance? Si, au contraire, la continuation des échanj^es galeux au niveau du placent»
prive rapidement le fœtus de son oxygéue, celle accoutumance n'a pas le temps de «e
faire. It est vrai que iIhakpentier et BrixE [Nouv, Arch. d*O0stètr,, 1888, ni, X^i9] ont ti
que même la désoxygénatioii lente du sang maternel peut tuer les firtus, alors i|U'U
mère survit, mais il est possible que sous ri«illuence de l'asphyxie lente rorgaui»m«
maternel élabore des substances toxique sjpour le fœtus.
Un cas intéressant d'asphyxie fœtale est celle qui est consécutive à T intoxication de
FŒTUS.
m
;>ar Toxyde da carbone. Lorsque ce gaz a chassé VO d» sà& combinaison avec
obine du sang maternel, celte-ct ne pourra plus apporter d'O aux jsriohulcs du
fu'tus. mais elle ne pourra pas non plus leur en enlever, pas plus quVlle nVst apte, chez
Tadoltc, à emprunter TO de Taîr au niveau dû poumon. D'ailleurs, môme si toute Th^ma-
globine de hi mère n'a pu être transformée en hémoglobine oxycarbont'é, la présence de
CD dans le sanp, d'après ue Saint-.\L%rtin, emp^klie ou rend plus difliLÛle l'absorption d'O
par Itî reste de rhémoglobine demeurée disponible. Donc, à supposer iju»^ CO oe passe
pas dans le san^ du fceluBf celui-ci se trouvera dans les mêmes conditions que si on lui
^Tttii supprimé l'apport d'O par la compression des vaisseaux du cordon.
L«s observations d*Hor,YEs ont montré que le fœtus peut survivre lon^f^temps à cette
d'asphyxie (A, y, P., \v, 335 1. Ainsi, dans l'une de ces expériences, l'extraction d*un
ifœtus eut lieu neuf minutes après la mort de la mère : le fd'tus contenu dans Ta^uf
iiict se met aussitôt à respirer; puis les mouvements spootanés s'arrAtenl; raais par
es excitations mécaniques an entretient la respiration pendant 20 »0' ; plus tard on
l'obtient plus que des mouvements réflexes de la tête et des eitrémilés ; le fœtus a s.ur-
6cu quarante-quatre minutes,
Un autre fœtus remuait encore dans les membranes ll'lO^' aprc^s que la mère eut
esse de respirer. Extrait après 18'35'^, il ne respire plus ni spontanémeul, ni par exci-
fttion mécanique. Les mouvements réflexes persistent encore 35 20 \ et ont disparu
Hprès 42'2n".
.Nous avons supposé que CO n'agit qu'en rendant les globules de la mère impropres à
en-ir de vehii^ule à l'O; il y a lieu de se demander si les globules du fœtus ne sont pas,
eux aussi, intoxiqués, IIogyes, à rexainen specLroscopique, n'a pas trouvé CO dans le sang
lu fcptus, qui de plus était rouge sombre et non rouge cerise. Preyer, dans des expériences
lu môme frenre, a fait des observations analogues.
Il est certain cependant que CO peul passer de la mère au fœtus. C'est ce qu'avaient
'montré déjà Fehllng, puis Gbkh.vxt et Qufnqlal'd (IL D,, 1886, î»02i, (|ui ont aussi con-
staté que^ pour un mélan^^e mort**! de CO et d'air respiré par une thienne en gestation,
Lia proportion de ce gaz était ."sT fois mjjitidre dans le sang fo'tal que dans te sang matenieL
iTout récemment NicLorx (iJ. B., iiKM, 711 j s'est demandé s'il en serait de tnénie pour des
îélanges dilués de CO et d'air, et dans quelle proportion se ferait la fixation»
Voici le résultat de ses expériooces faites sur des cobayes :
PROPORTION
DUnÊE
DE LA KESPlilATIOK.
<>\YDK DE CAHU<»NE.
<1aoi l'air.
l'Otrïi li)OtM,
dn sang- msUTi»**!.
POUR 100 t, c.
do ^an^' f'ï^tnl.
1 : JftOOU. ......
1 : .^oao. ......
1 : 2S0O
Il : lOOO
U; 5011. ......
■i-: 250. ..... .
■Y; iôO
Il: 5(1
1 1 : t')
4ti. ao
50' (mort)
15' fïîiort)
.V 10'^
0,15
1.45 1
2.7
7
12,4
13J
15,1
16.2
0.75
1,45
2,7
6.8
11,1
3,73
2.8
t,7
Ainsi, pour des mélanges d'air et d'oxyde de carbone dont la proportion varie entre
l/iOOO et l,, ly lïOO, les teneurs des deux sangs en oxyde de carbone sont identiques. Au
' dessous de 11 OOO. la proportion de gaz toxique contenue dans le san^ f»plal devient infé-
rieure â celle qui est ^:ontenue dans le sang rnaterneUet la différence va eu s'accejituant
d*aulant plus tine le mrlanf:»; mortel est respiré moins longtemps, ce qui conlirme les
résultats obîenus par ÇntuAiST et Quinol'aud.
11 n'en est pas moins vrai que dans les expériences de Hogyes les globules du fu-tus
I Im-même ont dû rester à peu près indemnes, puisque, d'après le tableau ci-dessus, pour
54H
FŒTUS.
des mélang-es riches en gaz toxique et ayant amené îa tuorl en tio temps relatÎTemeut
court, la quantité de CO dans le sang fœtal est très faible en con^paraîson de relie du
saiic: maternel ; or dans \ii principale observation de HotîYEs la mère a succombé à rialoij-
caiiijn en i 30",
Laspiiyxîe contribue aussi puur une grande part à la mort du fœtus, lors-
qu'on sectionne t hez la mère la moelle cervicale, et qu'on détermine ainsi un abai^inoenl
considérable de sa pression artérielle, comme l'a fait Hc.vge (A. P. P., x, 324, 1879 . Pir
suite du raUmtisâement de la circulation maternelle, les écbaoges gazeux placentaires
sont notablement diminués. Dans les expériences de Rcxge, le fœtus mourait quitiif à
trente minutes après la section médullaire, avec des ecchymoses pulmonaires, indico
probables de respirations prématurées.
^administration prolongée du chloroforme, en abaissant suffisamment la pressioa,
pourrait amener aussi par le même mécanisme la mort du fœtus, alors que l&jnftt
survit* Il faut cependant que la diminution de pression soit maintenue pendant u*^
longtemps. En tuant rapidement la mère par le chloroforme, Bresl^iu, Rckûé ont pn»
quatre à cinq minutes après sa mort, extraire des fœtus parfaitement vivant*, Dan* ooc
expérience de Rn<GE, un f<ptus fut extrait vivant après que la pression eut été mm-
tenue pendant douze minâtes au-dessous de 30 millimètres, tandis qu'au bout de viort
minutes, avec le même abaissement de pression, le fœtus avait sacconibé. Si Ton règlQ
la chloroformisation de sorte que Tanesthésie soit complète, mais que la pressioo of
baisse que d un tiers, on peut à volonté prolonger Tadministration du ebloroforme laiti
dauber [>our la vie du frptus (Rince).
Poumon et thorax avant la nalssanoe. — On sait qu'immédiatement aprkfi
première respiration, le poumon extrait de la poitrine emprisonne une certaine quiolité
dVir que l'élasticité de l'organe ne parvient plus à en chasser, et par conséquent il sur.
nage si on le plonge dans l'eau. Avant la première respiration le poumon est formé d'm
tissu dense, rouge [brun, privé d'air; et, plongé dans Teau. il va au fond; il est ditca
état d'aléleclasie, ou mieux, suivant Texpression de HEnMA:^.^. en état d'anectasie.
Chez Tenfiint qui a respiré, le poids des poumcHis sérail, d*après Toubde.-^ foc. dfJ,d*
ItO à 60 grammes : 30 à 35 grammes pour le poumon droit, 20 à 25 pour le ganrbe.Gbtt
le mort-né a terme il serait de 35 à 40 grammes pour les deux poumons. Sappst donne
des chilires plus élevés : 60 à 05 grammes pour les poumons qui n*ont pas respiré. 901
i08 grammes pour ceux qui ont respiré; dans le premier cas, leur poids représente li
cinquantième partie du poids du corps (3 000 à 3 500 grarïimes), dans le secondais la
Irenle-qualrième partie environ. Il n'est pas besoin de dire que cette différence lî«at4
l'appel de sang qui se fait vers le poumon qui a respiré. Chez Tenfant mort-né le fraidi
spécilique est de iA't2 k 1,092 (moyenne I,0ô8i; chez Tenfant qui a respiré, de 0,3514
U, 624 (moyenne i>,4i}0)» d'après Si^ppev.
Chez le mort-né, le point le plus haut auquel correspond ta voûte du diaphragme i»
trouve entre la quatrième et la cinquième cijte;chez le nouveau-né qui a respiré, ce point
est situé entre la sixième et ta septième côte (TocnDEs),
Beknsteix [A, (f. P., 1878, xvn, 6t7) a appelé Tattention sur ce fait, dont il a eosoite
donné la dénioiistration expérimentale (*l. g. P., 1S82, xxvni, 2"20), que, chez l'enfanl^jm
n'a pas respiré, Taspiratiûii lln>racîque nVxisle pas. Si elle existait, il pourrait en resnlkr
une aspir.'ition du ]ii[ui<lo amniotique vers les poumons pendant la vie inlra-utérinf, tm
au surtir de l'utérus une pénétration d*air dans les voies respiratoires, même chei la
enfant qui n'a pas respiré. Cependant Hehmann et Keller (A. j/. P., xx,3C5) ont montré qar,
si ffuelque aspiration thuracique préexistait à la naissance, elle ne serait pas en élatde
déplisser le poumon, parce que cet organe en état d'atélectasîe oppose, en ratsoo dr
radhésion et de raccolemenl des parois bronchiques^ une résistance bien plus 'j: '
la distension qu'un pùunion déjà rempli d'air. Il faut des forces plus actives, Ull
développent les muscles inspirateurs ou rinsufflation pulmonaire, pour îolroduirT litr
dans des poumons anectasiés.
Mais, en réalité, il résulte des expériences de Hermaxn (A. g. P., xxx, 1883, 276] (jw,
même après la première respiration, Taspiration thoracique ou vide pleural nViT-t" r^M-i
encore, et qu'elle ne se développe que progressivement. Sur le cadavre d'un enfa
déjà respiré, le poumon remplit encore complètement ta cavité thoracique, ne s aiiûi^i^
-^m
FŒTUS.
519
^
pas quand on perfore les es^paces intercostaux, et u'cxcrcc donc ap^^s celle perforation
•uciinr pression (pression de Dondersi sur un manomètre introduit dans la trachée.
L*aspiratiu!i pleurale permanente fait donc encore défaut, et il n'y a d'aspiraUun qn*au
moment île linspiration. Par conséquent aussi, Tair dit rcsidual ne co»nporle encore
€Ïïet \t nouveau-né que cette fraction du contenu f;azt*ux du pouiuun qtu rje f^ent pfus en
êtrtr chassée après une première respiration, et que 11erm\>\ appelle l*;iir minimal : il y
miinqu»^ la fraction qui plus tard sera expulsée par le collapsus pulmonaire. Hfrmann a
tiré de ces particularités des déductions intéressantes pour la ventilation pulmonaire
chez le no«veau-né. Bernstein soutient par contre que Vaspiration Ihoraciqiie se mani-
» leste des la première inspiration, bien qu'elle s'exerce alors avec moins de force que
plus tard. Mais cette discussion, comme celle qui concerne te mode de production de Tas-
piration thoracique, sont t'tranpèiçs à T histoire de U vie fœtal c.
8^ Respiration chez les embryons d'ovipares. Mlatorique. — AmsTOfE :âavaît
déjà que» si l'on approche un eruf de l'oreille au vingtième jour dt* Tinculation, on peut
, entendre le poulet piauler. Par conséquent la respiration pulmonain' ne «rétablit pas
^^comnie citez les mamniifères au moment même de la naissance* mais elle est antérieure
^Ëà Téclosion. Mais rien n indiquait qu'il y eût une respiration antérieure à la reî^piration
^■pulmonaire.
" Fabrice d*Acquape?îdevti: paraît ^tre le premier qui* étudiant le développenient du
poulet, fut amené à parler de la cavité qui se produit au ^ros hout de l'n'uf pet*dant
»J'incubation et qui est la chambre à air* Il dit très neltenienl qup Taircontefiu dan$ cette
cavité sert à la respiration de Toiseau, sans d'ailleurs prouver son assertion, tout en ayant
naturellement sur la respiration les idées inexactes de son temps; Haavey n'a rien ajouté
sur ce sujet aux vues de sou maître. Ce fut un physiologiste allemand nommé Hehl
qui analysa les gai contenus dans la rliambre a air et constata que ces g-az ne sont que
^^4ie Tair atmosphérique (171*6), observation fort importante pour l'époque; car les idées
^■de FAMBtcE avaient été oubliées, et on croyait avec FIuffon que les ^9i de la chambre à
~ air sont un produit de la fermentation des liquides contenus dans l'ieuf. lie plus, Heiil
ajouta ((ue la couleur rouge du sang de l'embryon dépend de l'oxygène, et que le passage
e l*ôxyf;ène dans le san;.r peut se faire aussi biej» à travers les membranes qui enferment
ies liquides de IVeuf qu'à travers les parois des vaisseaux capillaires des poumons où
Pbïestlet venait de le démontrer*
Toutefois ce dernier fait ne fut mis complètement en éridence qtie par BLrïiKNBAca,
n avait bien soupçonné que raïlantoide du poulet est un organe de respiration; mais ce
^Cait n'était pas prouvé, et lesobseiTations de IIallkr indiquaient le contraire* î^i rallantoîde
stun or^'ane respiratoire, le san^ doit être plus clair dans tes veinesallantoïdietmes que
ans les deux artères qui se rendent à cet organe. Or, d'après Ualler, Ios artères allan-
Idiennes contiennent du sang rouge, et la veine allantoidienne du sançr noir, ce qu'il
cherche à expliquer par le volume plus ^rand de la veine et l'accumulation plus grande
^es globules sanguins dans ce dernier vaisseau. BlumenbacHp partant des expériences de
HciiL, prouva que ç*est le contraire qui devait avoir lieu et qui a lieu en effet; qu'il y a
entre le sang des veines allautoidiennes et celui des artères allantoîdiennes une ilifTé-
rence de couleur tout à fait conforme à co qu'exigeait la nouvelle théorie chimique de la
respiration (1805J. Cn physiologiste anglais, Paris (ISlOj, analysant alors le gaz de la
eliainhre à air, constata, comme Hehl, qu'il ne diffère point de Tair atmosphériqucp
mais aussi, ce que Heul n'avait point fait, qu'après vingt jours d'incubation les gaz de la
chambre à air contiennent de Tacide carbonique.
Ainsi Hehl, en prouvant que le gaz de la chambre à air est de l'air atmosphérique,
Blcvcxbach, en constatant la dilTérence de couleur qui existe eulre le sang de ïa veine
allaotoïdienne et celui des artères allantoifdienoes, Pa^js, en reconnaissant la production
d*acide carbonique dans les a^ufs incubés, avaient si«;nalé les principaux faits qui éta-
lilissent rexîsteiice de la respiration du poulet avant rèclosion.
Mais, si Temploi de métboiles directes avait permis de constater Pexistence d'une
respiration embryonnaire dans le poulet, d'autres méthodes avaient semblé conduire à
des résultais contraires, Vn physicien allemand, Ermax, avait cru trouver que le dèvelop-
ment du poulet peut s'effectuer lorsqu'on fait incuber les œufs dans des ga2 irrespirables.
Mais SciiwANN, en soumettant à l'incubation des umfs olacés dans des i^az irrespirables
550 FŒTUS.
mais non toxiques, tels que Fhydrofïène et Tazote, établit que dans ces conditions les
embryons ne se formenl pas.
ToutefûiâTScawANiN ne se croit pas encore en mesure de conclure à la uéeessîté 4*tra#
resptralioû pendant toute la période de l'incubation. Au contraire, il a admis que 1*^
premiers phénomènes organog ioniques, c'est-à-dire la formation de l'aire li i 1= a
la séparation des feuillets du blastoderme, peuvent s'opérer dans l'azote et . ;,j-
gène aussi bien que dans Tair atmosphérique.
Mais DAREbTR» k qui j'ai emprunta les éléments de cet bistorique» fait remanper
(Ann, des Se, nat,, 1861, (^\lZool„ x\\ 5) que, si Ton prend les chiffres de ScuwAîi?f, il y 4
eu dans ses expériences des phénomènes respiratoires, puisque Tanalyse indique qae le
mélange employé n'était pas exempt d'oxygène et que d'autre part l'œuf avait produit de
Tacide carbonique en quantité tr»' s appréciable. '
Conditions de la respiration chez 1 embryon d*oiseaa; preuves de sa néces-
sité. — Toutes lis tdjser^ations démontrent qu'il existe une respiration dans r4j'uf jé!
le moment même un rincubation met en mouvement les phénomènes embryogéniques,
que cette respiratiun, d'abord difftise, puis localisée dans Tappareil de la circulation ntei-
line» est fort peu intense, mais qiie, lorsque rallantoïde s'est développé, la comboitjpia
respiratoire prend une activité beaut!oup plus grande. 11 est, d'ailleurs, indispenstble
que la circulation allnntoïdienne se substitue pour cet le fonction à la circulation vit«l-
line, parce que la vésicule ombilicale, diminuant progressivement, n'offre plus une stir-
face respiratoire sufUsantc. l/allantolde est indiquée au 4*^ jour seulement, et deTen»
va.^'cuîairej à la fin du 5* jour elle forme un sac qui s'applique d'abord au gros boni dt
rtt'uf et qui en peu de temps tapisse entièrement le feuillet interne de la membn&e
coquitlière, de sorte que les échanges gazeux s'opèrent entre le contenu de les ut*-
teaux et lair extérieur â travers les pores de ta coquille.
Une disposition qui favorise ces échanges, c*est l'existence de la chambre à air. Oo <*il
que celle-ci commence à se former, en règle générale, d'abord au grosboutde rcruf, immé-
diatement après la ponte, aussi bien dans les teufs non fécondés que dans les tnifs
fécondés. L'air pénètre à travers l'enveloppe calcaire et le feuillet externe de la mem-
brane coquilltére, et la cavité qui se forme entre ce feuillet et le feuillet interne s'aœmîi
sans interruption jusqu'à la Un de l'incubation, qu'un erabrj^on se développe darw IW
ou non.
La pénétration de Tair est hi conséquence naturelle de la dimîaution du poids dt \
Ttjpuf ; car Tceuf qui ne se développe pas, comme celui qui se développe, perd de Teiu é j
aussi de l'acide carbonique; par conséquent, étant donné la rigidité de la coque, il «<• pro»
duit, bientôt après la ponte, dans l'intérieur de l'iruf. une aspiration qui y appelle Tiif i
atmosphérique.
U est intéressant de connaître la composition des gaz de la chambre à air. Du c(f> '
tain nombre d'expériences avaient amené à croire qu'elle renferme plus d'O et moïni
d'Az que l'air atmosphérique, Biscîjoit a trouvé dans l'air de 5 œufs un volume d*0
variant entre 21,9 et -24, :j p. lOn, avec une moyenne de 23,47. Dlxtr (i830i a trouva d«
chiffres eucore supérieurs: 25,20 et 2fV,77p. 100. Pour expliquer ces faits, on a invoqué l«&
expériences de Graham sur la diffusion des gaz, d'après lesquelles Tair atmoaphériqw
qui pénètre dans un ballon de caoutchouc rempli de CD- renferme plus d*0 que d'JU
(pRËVER). Cependant BraxnELOT* dans des analyses reproduites par Daresie, était amvéi
des résultats différents. Sur des o^ufs non soumis ù rincubation et coosenrés pendtn
plusieurs jours avant l'analyse, réminent chimiste a obtenu :
N* 1. — Volume total dxj oaz hbcueillt, 0 c. c, 2,
Sur 10 partiea.
Oxygène , , , 2,0
Azôle , 8,0
Acide carbonique 0,0
N» 2. — VOLtniK TOTAL DU GK7, RECUEtLU, 0,4-
Oiygéne !,4
Azote 8,6
C0« 0,0
FŒTUS^
$$t
Sur des obuf» soumb à riucubaUon pendant 3 et o jours îa proportion d'O était com-
prise entre 1Î5 et 20,11 p. iO(»; la proporlioo d*Az entre 19,'6 t*l 8:v p. ÏOÛ; pas de CO^
Leîi analyses les plus récentes sur la composition des ^nz de la chambre k air sont
ducs à Ni KNEu (A»f*.pl892, 4*iT). Cepbvsiolopiste a trouvé dans les gaz fournis par 42 nnih
de poule, non soumis k rincubaUon, et Ages de queljues semaines ; 0 ^=:^ lïi,94;
U — 7^,97; CO' = 1,U*J vol. p. HX); dans 2 aHils d*oie couvés pendant 16 jours, mais qui
se renfermaient pas d^embryon : 0 = iu,58 et l9,Ha; Az == 79,55 et 7H,62; CO* ^ 0,87
et 1,53 p, lOtL lU'F?iia a établi que la vitesse de diffusion des gaz à travers les mem-
branes de l'u'ur ne se comporte pas comme le veut la loi de Ghauam, qu*el(e n'est pas
inversement proportionnelle à la racine carrée de leur densité*
Quoi qu'il en soit, la chambre à air est donc un réservoir à oxygène qui joue un rôle
important dans les échange? ;iazf'ux de Tembryùn. Disons tout de suite qu'elle est encore
d'une ulilitr- particulière à la fonction respiratoire quand lu respiration pulmonaire s*est
établie dans iNeuf et que le poulet n'a pas encore brisé sa coquille. Cest un fait connu,
comme nous Tarons déjà signalé, qu'on peut entendre au terme de rincubatiou le poulet
piauler sous la coquille complètement intacte : il respire alors gr/lce à la chambre h air.
La nécessité de la respiration pour Ttruf des oiseaux, avant rétablissement de la fonc-
tion pulmonaire, a été d»*montrée par deux méthodes prîncipaies: T'si Tr^n introduit Tamf
dans des milieux irrespirables, on en arrête le développement; 2^^ il en est de même, si
Ton applique à sa surface un vernis qui met obstacle aux échanges gazeux.
SCHW4NN a prouvé, contrairement aux assertions d*EiiMAN, que les o^ufs de poule frai-
chemcnt fécondés ne se développent que jusqu'à la 15" heure dans Tliydrogène; qu'aprt^s
avoir été soumis pendant 3(3 heures à l'incubation dans Thydrûgéne, ils meurent, même
rtmis dans Tair; que cependant, après 2^ heures d'incubation dans ce ^az, ils peuvent
continuer leur développement dans Tair atmosphérique. Scbwann avait donc cru pouvoir
admettre qu'il y a absence de respiration dans To^uf, tout k fait au début de son déve*
loppemenl*
On pourrait supposer que la quantité extrémeraenl faible dT* nécessaire dans les
premières heures de la vie se trouve en dissolution dans le blanc d'ceuf ou dans le
vitellus. Mais on a cléjà vu plus haut les remarques suggérées à Darestr par les expé-
riences de ScHWANN. D'ailleurs S. Bakoctninb [à* i. B.. xxui, 420), en les répétant et en
prenant les pn^caulions nécessaires pour que l'espace clo« dans lequel était contenu
Tœuf De renfermai plus trace d'oxygène, n'a observé qu'exceptionnellement des traces
de développement ; il ne faut donc admettre qu'avec beaucoup de réserves, dit cet
auteur, Texistence d'une période en quelque sorte anaérobie dans les 15 premières
heures de Tincubalion.
Cependant les expériences de Barouninb, comme celles de Scaft-'ANN lui-même,
démontrent que pour les premiers stades du développement une quantité d'O presque
inappréciable suflit, Bakouxine a vu dans des ivuh tenus sous Teau le développement
atteindre à peu prés ta 24* heure. Dans une atmosphère d'Az, si pauvre en O qu*un
poussin lécemnienl éi los y mourait rapidement et i]ue la combustion y était impossible,
le dével«ippenient di^ Toeuf put commencer, et atteindre la 48- heure; après quoi il fut
remisa l'air, et l'embryon continua normalement son évolution. Dans cette même atmo-
sphère d'Az, le cœur d'un embryon de A jours donna des pulsations pendant 4 heures.
On peut interrompre complètement Tabsorplion d'O en tenant les embryons sous
l'huile : le cceur, dans ces cas, continue à l>allre un temps variable suivant ïàge de
Tembryon, et, alors même que les pulsations ont cessé, si Tou remet l'embryon à l'air,
l'activilé du c*pur se réveille de nouveau. Ces derniers faits, d'ailleurs, ne prouvent
qu'une fois de plus l'extraordinaire résistance du cœur embryonnaire à l'asphyxie. Notons
cependant encore, d'après Bakoumne, que dans les premiers stades de développement
rembryon de poulet tolère très bien le séjour dans une atmosphère d'oxydo de carbone.
La tolérance pour les milieux pauvres en 0 cesse brusquement vers le 0* jour, dès que
Fallantoïde est développée.
Dans ces expériences, où IVuf est placé expérimentalement dans des conditions
d'aération insufllsante, il faut naturellement tenir compte des dimensions plus ou moins
grandes de la chambre à air, qui s^accroît sans cesse à partir de la ponte. Ainsi, des
CBufs que Lot sel a mis en incubation 5 à 6 heures après la ponte dans do la parafllne
ont forme seulement une aire embryonnaire. Dans d*autres œufs qu'il a mis en incuba-
552
FŒTUS,
lion dans le môme milieu^ mais 24 heures après la ponle* le développemeot esl allé
jusqn*à la formation de la \lg\ie primitive. Enfin des œufs âgés de 3 ou 4 jours^ pUoéi
en incubation dans de Teau distillée ou bouillie, puis recouverte d'huile, se sonl dite^
loppés jusqu'à formation d© la gouttière médullaire (J* de CAnat., 1900, xxxvi, 4*18)*
lue aulreprfiuve de la nécessité des échanges gazeux est la suivante : Si l'on chanlîe
l'œuf dans une petite cloche conlenant de l\iir et fermée, la fûrmatioii d«^ Temlinoo o*â
pas lieu, ou bieu il meurt de bonne heure. L'air qui entoure immédiatemeul l'œuf cour^
ne doit pas rester stagnant un jour, si l'on veut que Tembryon se développe davaijU|«
(Prêter).
Les expériences de vernissage de l'ieuf ont conduit aux mfimes résultats* Ldspbviif
survient rapidement quand le vernis ne laisse pas pénétrer dans l'œuf un mtoimuo)
d'O» Déjà Réausiur (1728) avait observé qu'an vernis qu'il composait avec de la goronje
laque et de la colophane dissoutes dans l'alcoot s'opposait d%ine manière complète au
développement dn germe» Oareste a constaté, il est vrai, que le procédé de BéJitMi'n ot
permet pas, contrairement aux assertions de ce dernier, d'atteindre complètement le
but; mais, en soumettant a l'incubation artificielle des œufs dont la coquille avait été
frottée d'huile à brûler ordinaire, il empil^cba l'embryon d'arriver h formation, panot
que l'huile rend l'œuf imperméable à l'air extérieur. Lorsqu'il employa au coutraif»
certains enduits, tels que le cirage, le collûdion ou le méïanj:^e de Kéaijmuk, il vil, alors
même que Ta^uf avait été verni on totalité, le travail embryofîénique conuiiencer, maïs
ne durer que pendant un certain temps et s'arrêter nécessairement et comme faUïernent
à une époque toujours la même, après rétablissement de la circulation viteUioe» et
avant rétablissement de la re^^piratiou allantoïdienue.
Mais Dakeste n'a pas conclu de là qu'il y a absence complète de respiration dans
les premiers temps du travail embr>'ogénjque : il a bien vu, au contraire, que les veraii
employés diminuaient la porosité de l'œuf, mais ne la supprimaient pas, et qu'alors t
un certain moment du développement la quantité d'air qui pouvait p^^nétrpr dercnail
jnsuffisajite pour permeltre à l'embryon de continuer son évolution. Ces faits, et quel<|oc!
autres dont il sera question plus loin, semblent conduire, ajoute Dareste, à soupronner
rexislence d'un phénomène physiologique d'une certaine importance : c'est que, dans
l'embryon de poulet, la respiration qui s'établit dés le début du travail embryogénique
est d'abord très faible et ne commence à prendre une certaine intensité qu'après h
formation de rallanloïde» Avec Dareste, S. Barocni.ne distingue : V* mie période dt
respiration de l'aire vasculaire, pendant laquelle la consommation de l'O est très pen
abondante et d'autant plus faible que Tâge de l'embryon est moins avancé; 2' unt -
période de respiration de ralîantoide, pendant laquelle les besoins respiratoires sont
à peu près aussi forts qu'après la naissance, et la résistance à Ttisphyxie moindre.
D'après GiAcoii.Nr {A, i. B.y 1895, xxiir ITl)» qui a fait ses expériences dans l'air rtréflé
à 16 ou 17 cent. Hg, l'époque à laquelle l'embryon commence à avoir besoin d'une plus
grande quantité d*0 correspond au monjent où le sang apparaît dans les tlots de Woin,
c*est*^-dire à la fin du \" ou au commencement du 2* jour. Dans la plupart des œufi
soumis à riiieubalion dans Tair raréllé le développement commence et évolue usah
bien le l^^jour; mais, une fois que les principaux rudiments des vaisseaux commencent
à se dessiner, le blastoderme est en grande partie frappé d*arrât. La diminution dt
pression arrête le développement en empêchant la formation du sang et de l'aire vascu-
laîre. A des périodes plus avancées, la même diminution de pression tue rapidement
l'embryon par asphyxie.
Les vernissages partiels ont aussi permis des constatations intéressantes. BAUDanfo.n
et Martjx SAIXT-A.NOE avaient déjà trouvé que, si la partie de l'œuf qui correspond à U
chambre à air est seule vernissée, la mort de l'embryon arrive rapidement, tandis que^
dans 3 Oiuh dont toute la coquille avait été vernissée, sauf au niveau de la chambre à
air. le développement marcha normal emenL Dareste, en vernissant le gros bout de
l'œuf, celui qui correspond à la chambre à air, avant le développement do rallantoide,
a toujours vu, dans les cas ou le développement s'est opéré, l'allantoïde venir s'appliquer
seulement contre la partie de l'œuf qui n'était point veraie; quand il vernissait le gros
bout de rœufduîi* au S" jour du l'iocubation, à l'époque où Tailantoîde vient s'appliquer
contre les parois membraneuses de la chambre à air^ TembryoD périssait asphyxié;
ÉH
FŒTUS.
S33
I
I
I
I
enOtl, quaod il vernissait cette tnéine partîi? lorsque rallantoide s'est étendue au-dessous
de la co{|iiiile sur la plus grande partie de sa surface interne, l'eiribryDn contimiait à
vivre. Dans d'autres expériences, Darestr, ù Texerople de Baudrimont et Martin Saint-
AfifiK, a verni des œufs dans une moitié de leur fMendue parallèlement à leur «i^rand
axe et les a mis en încubalion en les plaçant de telle sorte que la moitié vernie fût
supérieure chez les uns et inféiieure chet les autres. Quand la partie vernie était placée
en dessus, comme le germe vient toujours s'appliquer coï»tre la partie supérieure de
Ttruf» il s*appliquaitdoDC contre une partie vernie, et se trouvait ainsi dansdes conditions
analoiçues à celjes qui agissent sur le gerrae dans les o'ufs vernis en totalité, mais non
absolument imperméables à Tair; c'est-à-dire que le germe commenrait à se déve-
lopper» mais pour périr à l'épuque fatale, cVst-à-dire après rétablissement de la circu-
lation vitelline. Au contraire, lorsque la moitié de l'œuf non vernie était placée en dessus,
Tenibryon s'est complètement développé, mais en présentant le phénomène curieux du
déplacement de Tallantoïde, déjà signalé dans des circonstances semblables par Baudri-
mont et Martix Saint-Ange, c*esl-à*dire que 1 allanloide ne se développe alors qu'à moitié»
il ne s^élend que dans la partie non vernissée et accessible a l'air. îl est à remarquer
d'ailleurs que les bonnes poules couveuses retournent journellement leurs œufs pour
qu'aucune surface de Ton ou de Tautre ne reste longtemps soustraile a Tair.
Cependant, d'après PnEVEtt, les expériences de Dareste ne seraient exactes qu'en
partie. IK sïng, après avoir verni le i^ros bout de loMjf avec de la laque, a vu le poulet
normal éclore dans la couveuse, sans que fallantoïde se distinguât d'une allanloide
ordinaire. Preyeh dit n'avoir pu constater dans aucun cas l'inégalité de développement
et d*eipansion de l'allantoïde sur des œufs partiellement recouverts de laque et dans
lesquels ^e sont développés des poulets.
Les expériences de tiAUDniMONT et Martin SAiNt-AxtiK, celles de Darestg sur les «pufs
vernis par moitié, ont déjà montré qu'une grande partie de la surface de l'œuf peut-être
soustraite à l'accès de Tair sans que le développement soil troublé. Di sing et Prêtêb
ont parsemé la surface de la coquille de petits Jilots de vernis de telle sorte que plus
d'un tiers et même plus de la moitié de la surface fût devenue imperméable, les poulets
s© développèrent normalement jusqu'au 18" et au 19* jour. Dans beaucoup de cas ils
sortirent de la coquille en parfait état de santé, et il ne fut pas possible de constater avec
certitude des anomalies de ratlanloîde. Dans un *'as même l'embryon se développa
normalement, avec une allantojde normale. jusqu'au l'J- ou au 2û« jour, l'œuf ayant été
ainsi recouvert d'tlnts de laque aux deui tiers. Par conséquent la perméabilité de la
moitié et mAiiie du tiers de la surface de Tœuf suffit aux besoins des échanges gazeux.
Par contre, Gerlach et Kocn (Rio/. Centrabl, 1882, fiSt) ont pu produire une atrophie
de l'embryon en vernissant l'œuf efi totalité, moins un llotdei, 5à 1* millimètres de dia-
mètre pour le passag^e de l'air à proximité ou immédiatement au voisinage du disque
germinalïf. Au bout de 3 ou 4 jours les œufs furent retirés de l'étuve : les embryons
s'étaient développés, mais iîs n'avaient pas atteint les dimensions correspondant â la
période de l'évolution où ils étaient arrivés. Le retard dans la croissance et le dévelop-
pement, le nanisme en un mot, était encore plus niarqpié, en même temps qu'il se produi-
sait des anomalies et des monstruosités lorsque la partie perméable à l'aïr, tout eu
n'ayant qu'un diamètre de 6 millimètres, ne correspondait plus au disque ^^erminatil,
mais se trouvait à ï centimètre plus en arrière'.
Évaluation quantilative des échanges gazeur chez l'embryon de poulet. —
Les premières évaluations de ce genre se sont surtout appuyées sur la perte de poids
que Ttetir subit pendant son incubation. Pekvost et Olmas (Ann, des Se. nnf., ïHt^, 47) ont
constaté que les œufs fécondés ou non fécondés éprouvent à peu prés la même perte en
poids pendant la durée ile l'incubation que cette perte suit dans î'un et l'autre cas une
progression décroissante à dater du commencement de l'incubation : mais elle serait
entièrement due, d'après ces auteurs, à Tévaporation de feau ou bien a des altérations
ctûmiques indépendantes de l'évolution du fœtus, puisqu'elle est en rapport avec la durée
de Tincubation et non point avec le développementplus ou moins rapide de l'embryon.
1. Pour l'iûfluence des vernisiages parUcls, voir «ussi Fer^ {B, B,, 18^i> Tii) *t Jfjurn, de
lAna(., J900. 210.
554
FŒTUS.
En incinérant comparativement des waîs frais et des ceufs coovés à terme, Pmfosr
et DunAs ont trouvé que le poids de la matière inoPgAnifjue demeurait 'sensiblemHit ^
rialilH pendant l'incubation, tandis qu'il y avait une perte réelle de matière or;;,';ini»|
ils affirniér<?nt que celle perte de poids provient en grande partie de Teau qui ^ est • vi-
porce, que le rt*ste est dû à la transformation d'une certaine quantité de carbi»ne en
acide carbonique.
En 1847. Bu'DHiiiowr et Mabtix SAiYr-ANaK (Ann, de Ch. et Phys,, 3' série, xxi. \%)
ont institué des eipériences destinées à résoudre tous les éléments du problème jiQ*é et
ftont arrivés aux cancîusions 5uivanles, Le poids des œufs diminue peiidant l'incubaiioo,
L*air respirable contenant une certaine quantité d'humidité et une lempt^rature convi
naldc sont indispensables pour que l'incubation ait lieu. Les a>uf s absorbent de Toxiçiêoè-
pï émettent dans le môme temps de l'eau, du gaz carbonique» de Taiole et un prcnloil
sulfuré iudélerminé. La perle de poids des œufs est toujours inférieure à la somme
des poids de iVau, de raxole et de Tacide carbonique qu*ils eibaleut; cela est évidem*
ment dd à ce qu'en môme temps que le poids des ipufs diminue par la perte de ce?
produits, ils absorbent de l'oxygène qui l'augmente* Cet oxygène se divise en deoi
parties :Vune donnn naissance à de Tacide carbonique ; une autre parlie est nbsorbt^r^
c'est-à-dire, au sens des deux auteurs, fixée, ou sert à produire de Peaa. L'oi^'gt^ne
cmployi*, le carlpt>ne et l'azote sont sensiblemL*nt en proportions délinies qui pcuvrnt
Mre représentées par 8 0 -f C -f Az lesquels donui-nt ^ Ù -^ 2C0^ H- Az^ aulrenit^ut dit
la moitié seulement de Toxyf^ène employé se trouve dans CO'; Tautre moitié est tué*
ou se combine avec Tbydrogénc pour produire de Feau; il y a moitié moins d*MùU
excrété que d*acide carbonique. La matière grasse diminue dans les h'uTh pendant l'in-
cubation en ml^me temps que la matière azotée est altérée dans sa composition la plu*
infinie, ninsi que cela est démontré par le décaçement d'axote. La perte de poid* d*
rœnrpout être utilisée pourcaJculer Tévaporation de l'eau d'après ta formule : perte df
poidîi -^ poids d'O absorbé ^= somme des poids de carbone brûlé, de Teau et de Iziob;
exbalés, formule où la quantité d'eau est la seule inconnue, les autres valeui*s ayant él^
déterminées directemenL
BAiMcÂnTNKfi (1847) est le premier qui ait poursuivi les échanges gazeux du I"au21*
jour de rincubalion, mais chaque jour avec un o»uf dilTérent. La consommation d'O et U
production *le CO* ont été déterminées jonrneïlemèiii pour les 24 heures. BAtMâiiiTxri
trouv(* que l'ii'uf pl^ndant toute la durée de l'incobation produit 3/23 f^v, ;i.03 litrei de
€0^ et consomme 2,q2 gr. (i,7B litre) d'O» ce qui correspond à un quotient res[)initotfT
de 0,93.
U faut arriver jusqu'à Pott et Prever iA. ?;. P., xxvn, t882, 320; Preyeb, Fhfûolâf
tEmbnjon, 1887, lOtii pour trouver de nouvelles recherches sur ce sajet : celles de c«i
physiologistes no portent que sur la production de CO* et l'élimination d'eau. Leur
principale objection aux travaux de leurs devanciers est que les cpufs non fécondé*
comme les leuls fécondés consomment pendant Tincubation de TO et exhalent CO* + iPO
et qu'on ne pr^ut déterminer la part qui revient à l'embryon que par la comparaisOD
des vab urs trouvées dans ces deux condition-^,
Pott et 1*rrvkb ont d'abord fait *ine série de déterminations coraparatî\'cs sur ti
perte de poids des œufs fécondés ou inréconds soumis a rincubatioa, et des uiofs OOD
couvés,
t.a diminution totale du poids en 2t Jours a été la suivante :
et
ŒUFS
•tt DRVKLOPPANT.
ŒUFS !
su is DirsLqfP&ïiT pa».
ŒVFs 1
P. JOO
Oraînmes.
P. HMJ
Gramm«i. '
P. H«
OraniTit"»
Mîaimum. . . . .
Maxiiimm
Moyenne. , . , ,
IH,8
2t,a
t9.tl
S,87
10.27
16,5
8.18 1
12,07 •
2,95
1,37
3*7
t. 40
iM
^
^rflMMI
FŒTUS,
5:>5
Par conséquenlf les cpufs eu incubation perdaient r^n poids plus de n fois autant eu
ti jours que des œnfs non couvés laissés à la température de ta chambre pendant Tété.
Par contre la perle de poids ne permet pas de reconnaître si IVuf en incuhation renferme
ou non lin embryon. Â ta chaleur de la couveuse les œufs féconds ou inf»^conds
perdaient en 21 jours plus de 7 grammes et moin^ de f:i grammes; ceux qui se déve-
loppaient perdaient, en rè^le générale, quelques décigramines do plus que ceux qui no
se développaient pas; cette différence toutefois devient seulement manifeste dans la
2* seniaiue d*^ riueubatiùn.
En résumé, les œufs couvés, féconds ou inféconds, perdent dans le courant de Tin-
cubaliou 4/.*» h 16 de knir poids iniliaL Ce chilfre paraît sensiblement constant; car
R^tutrn a trouvé une diminution de 1/6; Copinead, de 1/7 à 1/6 au bout de 20 jours
dlncobatton; Che\tieul, le 21^" joor, environ 1 '4; Pboust, 16 p. 100; Sacg, 17 p. 100.
Dans les expériences de Porr et Pretteh, la perte d*eau et rélimination de CO^ ont
été évaluées directement; la consommatinu d'O déterminée par diiïérence d'après la
formule P — CO^ 4- H-0 — 0, c'est-a-dire la perte de poids P est égale à la perte
d'eau, plus l'exhalation de CO*, moins la quantitt^ d'O absorbée. Les conclusions aux-
quelles sont arrivés les deux physiologistes peuvent se résumer ainsi qu'il suit : Tout
œuf couvé élimint^ CO-, qu'il renferrot' ou non un embryon, et dans la première moitié
de l'incubation réliminatiuri de fW tout comme l'absorption d'O ne dilTérent pas chez
l'œuf fécond ou infécond. Mais comme» a partir de la On de la t2« semaine, Tn^uf qui
se développe eihale des quantités de plus en plus lerrandes de CO-, particulièrement
dans la dernière semaine, tandis qne Tiruf couvé, mais infécond, n'nn élimine guère
plus pfudant t^e temps que vers le 13^ ou le 14'' jour, il en résulte que l'embryon
lui-ménie produit CO- lonu-temps avant l'établissement de la respiratiotj pulmonaire,
La difTérenre s'élève en 24 heures entre les iFufs féconds et inféconds, le poids
mojen de l'imxf étant 50 grammes :
mx iri*
t5*
16-
17-
18'
19*
ti tû
25
27
44
50
52
2n* 21* jour :
52 70 centigramme» de CO^.
C'est dans la dernière semaine de l'incubation surtout que le volume de CO's'accrott
jonrneïlemenl. De même, comme du début à la lin de la 3* ^emaïue l'anif non fécondé
consomme uTie quantité moindre d'oxygèneque Tu'uf fécondé, il en résulte que Tembryon
emprunte de ce gaz à l'air.
Outre CO^, Vœuî de poule, qu'il soit fécondé ou non, élimine de la vapeur d'eau. Dans
Tcpuf en voie de développement, les quantités d'eau éliminées quotidiennement sont, â
part les premiers et le» derniers jours de l'incubation, équivalentes aux pertes de poids
quotidiennes, de sorte que, ao moins pendant la durée de la 2* semaine, le poids do CO'
éliminé par jour doit être le même que celui de l'O consommé. Car, dan^* Tégalité
P (perte de poi.ls) = CO^-h H-'O — 0, on a C0-=0, si P =r HMj.
De plus, à îa lin de la 2" semaine de l'incubation, l'ietif infécond élimine une
quantité d'eau qui augmente continuellement, et qui est notablement plus grande qur
celte qui s'eihale pendanlle même temps de l'œuf en voie dedéveloppenienU La présence
de Tembryon manifeste donc son influence en ce sens qu'elle détermine une diminution
de ta perte d'eau.
L'œuf contenant un embryon perd journellement, de la première semaine jusqu'au
milieu de la dernière, la même quantité d'eau et cette perte d'eau ne provient pas de
l'embryon; elle dépendrait de l'évaporalion de l'eau de l'œuf; elle ne constitue donc pas
. un facteur de la respiration de l'ernhryon : celui-ci absorberait pIutM de Teau jusqu'au
commencement de la respiration pulmonaire.
Les recherches les plus récentes sur la valeur des échanges gazeux dans l'embryon
de poulet sont dues à Ca. Bohr et à Hasseluach {Shaud, Arch, f, Physiot,^ i90i>, x, 140; et
3H3) et ont conduit à des résultats tout dilTéienls. Ces physiologistes ont fait la critique
détaillée de la technique de leurs devanciers, et de plus ils ont appelé l'attention sur
Itine cause d'erreur dont on n'avait pas encore tenu compte, à savoir que la coquille
de l'œuf contient des bicarbonates et dégage par conséquent CO-, lorsque Tœuf est
introduit dans une atmosphère privée de ce gaz. Pour éviter cette cause d'erreur* l'œuf fat
556
FŒTUS.
enfermé pendant quelques jours dans une atmosphère privée de CO*, et, lorsque IVlimina-
Lion de ce gaz était devenue à peu près nulle^ l'expérience essentielle commençait; dans
d'autres cas elle débutait immédiatement: mais comme elle se poursuivait peodaut
plusieurs jours sur un même truf, et que l'on évaluait la production de CO' à d^-s inler-
yalles réguliers, on pouvait facilement reconnaître quand le dégagement de GO' par k
coquille avait cessé.
Les expériences faites sur les oeufs non fécondi^s montn'rent, contrairement à celles
de PoTT et PnEVEn, que le contenu mAmede Fceuf ne produit en réalité qu'une quantité
minime de O)-; réliminatîon de ce gîii devient insigniliante au bout de 2 à 3 jours,
une fois que la coquille ne dégage plus CO^.
Pour le^ (f ufi fécondés, ou observa que vers le 2"" jour la production de CO^ lomlie
à un minimum» pour dtfs raisons faciles à comprendre d'après ce qui vient d'être dit:
elle a en e(Tet au début deux sources, Tune dans rembryon lui-même. Taulrc dans les
processus étrau^^ers à Tembryon et dont l'inUuence est alors prédominante; mais Tere
le 2*^ on 3' jour celle-ci cesse de se faire sentir. Après ce minimum commenceraugmenta-
tiou régulière de la quantité de gaz étitriioée, et eu outre on constate que du 9' au
18* jour le rapport de la production de CO- au poids de l'embryon est à peu prèî
constant.
La quantité de CO^ produite par un œuf sur lequel les déterminations furent faites
jour par jour jusqu'au 21 ^ s'éleva à r>,939 grammes, soit 3,022 litres. Rapportée au
kilogramme et à Theure, Télimination de CO- atteint en moyenne, à partir du 8* jour,
le cliilfre de 718 ce, c'est-à-dire le même que chez l'oiseau adulte, si l'on se reporte aux
expériences de Regmclt.
Hasseldagb a* peu après, complété ces recherches en déterminant rabsorption d*0
pour la comparer à la production de C0% Pour les lAîufs inféconds, çoDlrairement encore
aux conclusions de Phever, la consommalion d'O est insignifiante, sinon nulle. L'œuf
fécondé, eiposé avant rincubation à la température de 13 à IG*', élimine non seulement de
Tacide carbonique, mais aussi de roxyg*''ne, et absorbe une quantité notable d*azote.
L'élimination d'O contitme encore pendant quelques heures à la température de rincuba-
tion. en même temps qu*il y a un dégagement relativement coiisidérahle d'Aï, qui
paraît dépendre des échanges nutritifs de l'embryon. Le dégagement d'O pendant les
premières heures de Fincuhalinn ne prouve pas qu'il n*y a pas en même temps l'onsom-
malion de ce gaz; on peut supposer que les processus cliimii|ue3 qui mettent de Ï'O en
liberté et'qui sont peul-étie les mêmes que ceux qui produisent le dégagement d'Aï
sont contemporains d'autrr^s plié rjom eues qui consomment de l'O. A la tin du
t"' jour, c'est l'absorption d'O qui est devenue prédominante; après avoir présenté im
minimum au 3" jour, elle augmente ensuite avec une grande régulante, comme la
productioo de C0^ Comme celle-ci, elle cesse d'augmenter à partir du il* ou du 18* jour
jusqu'à Téclosion, soit parce que la respiration pulmonaire commence déjà à ce moraeat
et met fin aux échanges allantoldiens, soit que la fonction rénale prenne alors une part
plus active aux ^'changes.
Le tpiotient respiratoire est peu élevé pendant la plus grande partie de la vie
embryonnaire : il est en moyenne de 0,Ij77 avec des oscillations comprises entre 0,(>06
et 0,734. Connaissant ce quotient, on peut calculer la quantité d'O consommée pendant
toute la durée de la vie embryonnaire, puis que, comme nous l'avons vu, la quantité de
CO^ produite par un seul et même embryon pendant les 21 jours d'incubation s'élève
à 3,022j litres. Si l'on admet que le quotient a été de 0,677 pendant toute la durée
3 02*^5
de rmcubûtioo, la consommation totale 'd'O de cet embryon sera -^f-^^ = 4,4646 litres,
0,677
soit 6.384 grammes. Le poids d'O absorbé est donc à peu prés égal au poids de CO*
éliminé, et la perle de poids pendant Tinrubation dépend exclusivement de l^évaporatioQ
d'eau. De ce que le quotient respiratoire est peu élevé, il y a lieu de supposer que
les échanges chez Tembryon consistent surtout en une combustion des graisses; cette
hypothèse concorde avec les observations de Lieberiianx, d'après lesquelles les graisses
du vite! lus diminuent fortement pendant rincubation.
Par kilogramme et par heure la quantité de CO^ produite par l'embryon est de
<H8,ii ce, si on le pèse avec les annexes; de 718 ce, comme il a déjà été dit, sans les
41
n
^H FŒTUS. 1^57
nnneies. En résumé, Télimination de CO* chez rembr}*on de poulet n*est que de peu
inférieure à ce qu'elle est chez la poule, tandis que ta consommalion il'O esl un pea
plus jurande-
La difTérence des résultats obtenus par Porr et PriEvcn d*une part, pur Ch, Bonn H par
Ha^selbach d'autre part, tient surtout à ce que les premiers relranclient cbaqut? jour
la quantité de CO' éliminée à la température d*iiïcuhalioii par un «-af non fécondé de
la quantité éliminée par un Œuf fécondé au même d^e, Rohb et Hasselbach montrent, au
rontraire, que Tteuf peut être débarrassé de CO' accumulé dans la coquille, de telle sorte
que rélimiualion de ce jçaz par un «ruf ainsi préparé, puis exposé à la température de
l'incubation, peut être attribuée à bon droit aux seuls échanges gazeux de l'embryon.
Ainsi PûTT et PaRYEn retranchent 21 fois, de la quantité de CO^ produite par
Tcmbryon, les lOd milligrammes environ de ce gaz qui n*ont pas leur source dans les
échan^»es du jeune animal, tandis que dans les expériences de Uobr et Hasselrach cette
soustraction est faite une fois pour toutes. Preyer résume les résultats de son calcul
pour les 21 jours de Tincubation dans les cbitfres suivants, applicables à deux œuf^*
Tun fécondé, l'autre infécond, d'un poids moyen de aO grammes.
p II«0 CO» o
(Eufs féconds. . . , 9,80= 7,90+6,13 — 4,25
— infocondf . , , fl.2:î = 10,26 + 2,ri0 — 3,51
(On a indiqué plus haut la sip^nification de ces formules.) D'après Preyer, le poids de
CO* produit par l'embryon est donc de 0,15 — 2.50 = .'ï,OH grammes pour les 21 jours
de rincubation» tandis qu'il est de G ^îrammes environ, d'après Ck. Bonn et Hasselrach,
En poursuivant le raisonnement de Pbëykr, la consommation d'Ode l'embryon serait donc
4,25 — 3,51 =^0,74 grammes. Si Ton voulait utiliser les chiïTres de CO^et d'O ainsi obte-
nus pour calculer le quotient respiratoire, on trouverait qu'il s'élève à 3»3M. comme le
liait remarquer Hasselbach. Enfin, de ce que IVenf fét'ond perd iO,2G ^7.90 = 2,36 f^rara-
tmes d'eau en moins que l'tetif infécond, Preyer a conclu, comme il a déjà été dit» que
Pembryon n'exhale pas d*eau et qu il en absorbe au contraire. Mais, pour évaluer à ce
point de vue les échanges de l'embryon, objecte encore Has^elbach, il ne suffit pas
de connaître ta perte en eau que subit Tiruf dans sa totalité, puisqu'on ignore abso-
lument la part qu'y prend l'enibryun. La s>>ulc conclusion permise, c'est que la présence
de l'embryon et surtout des membranes a pour conséquence une diminution dans la
perte en eau du contenu de t'«euf tout entier; il serait toujours possible qtie l'embryon
lui-même continuât h éliminer de l'eau.
On a fait aussi quelques expériences sur la respiration de l'œuf dans des atmo-
sphères suroxygénées. BAULiRiiiûM et Martim Saïnt-A.vge ont trouvé alors Tembryon
rouge ainsi que l'eau de l'amnios et rallantoîde. Pott et Preyer ont fait des constata-
tions semblables et ont vu que la coloration rouge du liquide amniotique provenait de
l'hémoglobine dissoute* L*œuf fécondé, d'après Putt, élimine plus de CO- dans l'oxygène
pur que dans fair, tandis que Tceuf non fécondé n'en produit pas davantage. D'après
Hasselrach, lelTet d'une atmosphère suroxyi^énée peut se traduire, soit par une aufç-
mentation, ^oit par une diminution des échanges, de sorte qu'une diminution de la
production de GO^ s'accompagne d'une augmentation dans la consommation d*0, ou
inversement; dans certains ras i( y a eu une légtïre augmentation de l'une et de l'autre.
L'élimination comme labsorplion d'azote observées par Hasselrach ont été aussi
parfois beaucoup plus prononcées que dans l'air ordinaire* Il semble que l'embryon
présente une résistance individuelle variable à l'irrilation causée par l'air suroiygéné,
et alors, quand la résistance est insuffisanle, il y a diminution momentanée ou durable
des échan^îes; dans ie cas contraire, Toxy^^ène tes stimule et les active.
Respiration des embryons d^amphibiens^ de reptiles, de poissons. — Bau-
DBiMONT et Martjiv Saint-Ange ont montré que l'embryon de grenouille, porté dans une
eau privée d'air, sous une cloche sans air, périt en peu de jours; de même dans une
eau qui ne coTilenait pas d'O, mais CO^ en abondance. Preyer a constaté qncn main-
tenant les embryons et les têtards de grenouille dans de l'eau chargée d'O, de manière
à les empêcher de respirer dans l'air atmosphérique, la période larvaire et la respiration
branchiale peuvent être notablement prolongées chez ces animaux; le poumon restait
558
FŒTUS-
Irt'S petit» et coatetiail beaucoup de pijument foocé. Pheveb a fait des ot>Aar?aliot]S do
même genre sur les larves de salamandre terrestre.
La production de CO^ par les œufs fécondés de couleu?res et de lézards a déjà'èt^]
signalée par Baudhimom et Mabtln- Saint-Ange, et ils ajoutent qu'on doit regarder cefail
comme f^énural.
Bataillon [B. B., t89»i,73t ) a pu couduire jusqu'à l'éclosion les œufs de diverses^ espèces
de léléostéens et des nuifs d*amplnbiens en exposant ses pontes sur un tamis h un courant,
d'air saturé dMiuraidité et enlretenu par la pompe; la fonction respiratoire n'est pas troi
blée par le ctiangement de milieu, puisque les stades du développement dans lair humidd
et dans Teau restent rigoureusement comparables. Le même auteur indique une mélbodê
très simple i|ui loi a donné de bons lésuïtats pour les déterminations de CO^. 11 s>j
d^abord assuré que, dans une eau contenant une faible quantité de baryte, les œufs d'iui
phibiens comme ceux des poissons évoluent normalement. Ce fait acquis, iJ plaça da]
mie quantité délerniinée de liquide titre et rougi par la phtaléine une masse connai'
d'œufs; le temps nécessaire au virage donnait la mesure de l'activité respiratoire. Batail-
lon a ainsi établi ïes courbes d'élimination de CO- pour les principales phases du déve-
loppement embryonnaire des espèces considérées. |
LoEU (.-l. y. P., 1894, Lv, tJHO: ibid., 1806, lxu, 429) a recherché Tinfluence de la priva-'
lion d*0 sur le développement des œufs de poissons, et il est arrivé à des résultais dif-
férenls .suivant les espèces. L'œuf de funduim est capable de se développer pendaul
IH heures dans un milieu sans 0 : la segmentation a lieu, le disque germinalif se fomie,'
puis le dévelnppement s'arrête. Dans le môme milieu, les <eufs âgés de 24 heures dont le
blastoderme est déjà formé continuent leur évolution jusqu'à ce que l'embryon suit ébau-
ché, mais le développement ne va pas plus loin. Toutefois la sensibilité de Tembryon po
le manque d 0 augmente avec les progrès du développement. Un œuf fraîchement fécoudi
est enciire capable de se développer même après avoir séjourné 4 jours dans ui
milieu sans G, paice qu'il n'y a encore que le disque germinatif de formé* tandis qu'oa
neuf dans lequel rembrvon est déjà visible y meurt au bout de 48 heures.
Chez les (rufs de 48 heures .se développant normalement» on voit apparaître 1«,
pigment et le système circulatoire. En l'absence d'O» le pigment se forme encore, niaiseï
faible quaJitité; toutefois le systèmt- circulatoire ne se développe pas, et déjà au boat à
32 heures les irufs ont perdu leur aptitude à se développer. Chez les œufs normaux de
72 heures, le système circulatoire est déjà formé; après 7 heures de si^our dans le
milieu non oxygéné, les battements du comr ne sont plus perceptibles, et au bout de
24 heures l'embryon n'est plus en état de poursuivre son développement.
Ainsi, si l'on s*élait borné à expérimenter sur Tu^uf de Fimdulwi on aurait pu en con-
clure que la segmentation et la formation de l'embryon sont possibles en l'absence d*0.
Mais celte conclusion ne doit pas être généralisée. Loeu a constaté en effet que Tœuf d*
CrenfitatjrHn jpoisson osseux marin) n'est pas capable de se segmenter sans O, et que, si
ses sphères de segmentiilion déjà formées sont privées d*0, elles subissent des modifi-
cations de structurt^ telles qu'elles perdent leur contour et se fusionnent en une masie
unique. M est probable qu'il s'agit d'une liquéfaction et d'une dissolution de la mem-
brane ou de la couche superficielle des sphères de seginentation, et que d'aulre part
rohstaclê apporté à la formation de cette membrane par te niauque (1*0 est aussi la cause
du défaut de segmentation.
Ces ditférences de sensibilité vis-à-vis du manque d'O s'expliquent par ce fait que
IVeuf ib^ crénolabre, dont la densité est plus faible que celle de l'eau de mer, se développe
à la surface où il trouve l'O dont il a besoin, tandis que l'œuf de Fitndulii'i, plus dense
va au fond, et, comme son développement se fait ainsi dans un milieu où la ^juautité d*0
est moindre, il ïnonire une inilépendance plus grande vis-à-vis de la privation d'O.
Ce qui «st vrai de la segmentation Test aussi d'autres manifestations physiologiques,
telle» que l'activité du cu^ur. En l'absence d'O, le cœur de l'embryon de crénolabre
s'arrête brusquement, tandis que le cœur de ri^mliryon de Fnfidnius continue à battre
pendant plusieurs heures, mais sa fréquence diminue progressivement, et île 120 environ
à ta minute elle tombe à 20 quand tout lYJ a disparu. L'organe peut continuer ainsi k
battre pendant 10 heures a une température de 22*» suivant ce rythme ralenti : ce qui
tend à démontrer que, si l'énergie nécessaire pour celte faible fréquence des mouvement
4
FCETUS,
!>59
I
I
I co^or peut être fournie par des phénomènes autres qne les oxydations^ celles-ci cepen-
îanl fionl nécessaires pour sub>'enir à un travail plus considérable.
Ces observations ont suggéré a Loeb des considérations intéressantes sur rinfluence
do manque d*0. Lorsqu'une fonction physiologique n'e^l plus possible sans 0^ on f'st porté
4 croire que Torganisrae ou l'or^^ane en cause ne dispose plus de réner>;ie chimique
Qèceft&aire, mais, si l'on remarque que la transformation dé l't'ner|t;ie chimique en travail
physiologique a pour intermédiaires les phénofnènes moléculaires dont les cellules sont
le siège létat d'agrégation, pression osmolique, tension superlîcielle, etc. j, il est permis
d^admeltn* que la privation d*0 a amené des chang«*menls dans Tédiflce moléculaire de
ta cellule. En etlet, de telles modilications de structure s'observent très neltenieut sur
r«i»urde crènolttbre, tandis qu'elles font dt'fauL daris relui du Funduhts^ demi les éJémeiits
restent distiucl^i, ne s#? fusionnent pas, même après :;4 heures de séjour dans un milieu
pauvre en 0. 11 est probable que, si le cœur de Tembryon de crénolahre s'arrête brusque-
ment, bien que la soustraction d'O se fasse graduellement, c'est aussi parce qu'il subit
des altérations qui empêchent la transformation de Ténergie chimique eu travail méca-
nique.
U*un autre côté, si la sensibilité de Tembryon de Fundulus au manque d'O se prononce
à mesure qu'il avance en Age, c'est sans doute parce qu«i les cellules qui dérivent des
premières sphères de segmentalion sont chimiquement dillérentes de celles qui se
^.fcrraent plus tard» c'est-à-dire qu'elles s'allèrent plus fariiemeut en Tabseuce d'O,
L artîon de CO- est qualitativement et quantitativement différeutc de celle du manqu*;
d'O aussi bien a l'égard de ru?uf du crénolabre qu'à l'é«;aid de Ta'uf du Fundulus. Par
tiemple, alors qne ce dernier peut, dans un milieu non oxygéné, se segmenter et garder
ift vitalilé pendant 4 jours, il ne présente pas trace de se|j;mentation, si on le soumet à
Vaclion d'un courant de CO^, et il n'est plus apte à se développer après qu'il y a séjourné
4 heures.
S.i MASSA {Année Molo'j.^ 1S06, i95) a fait quelques recherches du mén»e genre sur les
MoÎM de grenouille. Si Ton place des œufs fécondés de Hana temporaria, nue heure envi-
vM^lltfîés la fécondation, partie dans de l'hydrogène, partie dans une cloche de verre où
1*0 t Mé absorbé par l'acide pyrogallique, au bout de 4 jours ils se trouvent tous au
stade blastula, cumme les amh témoins* Setilemenl cesuîufs se développent un peu plus
lentement que dans l'eau et montrent des désorganisations, par exemple des spina
hifidn. Ceux qui se trouvent dans t'hydrogène sont plus fortement modifiés que ceux
qui se trouvent dans Az. Dans 11 il ne se développe qu'un œuf sur 20, qui donne des larves
normales: dans Ax, iî ou 4 sur 20, L'inllneuce d'H est donc plus nuisible que celle de Az, Si
par contre on prend des œufs îlgés de 4 jours et arrivés au stade blaslula, et qu'on les
expose durant 20 heures à un courant d'H, on les retrouve encore au même stade.
Il faut donc penser que l'œuf de Hami Umpororia n'est insensible au manqu»:! d'O que
dans les premières heures. L'action de CO- est différente : des œufs portés ijpres fécon-
dation dans CO* ne montrent aucune division, ou une division irréguliére; après
^ heures de séjour dans ce gaz ils sont tués. Dans roxyjtiéne pur, ils sont aussi bien
développés au bout de 4 jours que les *rufs témoins. Lue pression d'environ 00 cent, Hg
" lerçaut pendant 3 jours n'occasionne aucun ralentissement de l'évolution.
CIIAPITIIE IV
Nutrition.
l** Composition chimique du fœtus. — I/étude des éléments qui constituent Torga-
nisme du fœtus doit précéder celle de ses échanges nutritifs; déjà abordée en 1858 par
TON BE/.OLD qui publiait l'analyse des cendres d'un fœtus de 5 mois, par Bïs^^hokf
en 1863, puis par Feuling en 1877 {An^h. f. Gyndk., ir, 523), elle s'est enrichie dans ces
derniers temps de notions nouvelles. Elle a été reprise en effet récemment par Iùacosa
560
FŒTUS.
53S), UcGOUNENo (B. B., 1809, 337 et S23; Joum, de PkysioL, 1809, 703; îWdL, IMô. 1
et 309; Hevuc fjenur. des Se., 1901. 435).
BiscHOFF avait trouvé qu»i le corps du nouveau-né conlient 6^,4 p. 100 d'eau et 33,€ dt
résidu fixe, alorîs que chez Fadulte on admet une proportion de 58,5 p- lOOdVau. Ftiruic
donne, pour le tu^las liumain à terme* 25, 9 p. iOô d«? malérianr solides, el 21»S5 poor
le fœtus de l*ipin.
Voici la moyenne de trois analyses de nouveau-nés de poids presfpie î de a tique, faites
par Camebër et Sûldneb :
Poidi du Xa&tTis. ....... 2685
Kau , , , . 1912
Résidu fixt' 113
Matières albuiiiinoidcs 308
— citracLives, 43
— grasses. .... 357
Cendres * . . . . . , fi5
100 grammes de fœtus contîenneui 71,2 grammes d*eau et 28,8 de résidu fixe, dont
13,3 de i^raisse — 2,40 de cendres — H, 5 d'albumine et pélaline — 1,6 de roatières
extractives (1, 92 d*Az), Soit, pour 100 grammes de résida sec, 40,^ de graisse ^^ 8,3 de
cendres — 40 d*albiinijne et f?élatine — 5»5 de matières eitractives 1 6,66 d'Az}*
Le cadavre d'un de ces nouveau-nés pesant 2616 grammes contenait 4^4,2 grammes
de carbone, 64,1 d'hydrogène, 40,8 d'aiote, soit en centièmes :
t> 100
C= . . . 16,5»
H _ . . 2,45
- Az. . . , 1,78
Les déterminations de Fehling, de Michel et de Hcgodnenq ont porté sur des fiBlOi
d'âge dilféreut; celles de Hugouneno ne visant touterois que la composition raioértle de
rorgaiiiîjme fœtal.
Le tableau suivant donne l'ensemble des chiffres établis par Michel :
POUR J
/ORGANISME
TOTAL.
AGE
Dr r'tTcs.
POIDS
FŒTUS
SKC,
■BL9
C!.
â2:oTE,
TOTArX.
CiiO.
M go.
r*o*.
fr»intue<i.
grniiinir^.
çrnrmnrv
gTATumci.
gt*mmmû.
frsmiDnL
^rUDlIMF*.
rrmvMC
2 inois et demi. .
n,8a ,
IJ»
(1,122
t,
n
M
»
•
3 à 4 mois. . . .
123,80
12,6i
1.384
2,116
0,586
0,034
0.616
•
5 motîr
445
5i.26
5,881
8,610
2,«ni
0,115
2.862
L07i
5 mois
448
59,44
6,228
11,133
3,342
0.1 il
3,773 1
•
6 mois
672
100,62
11,048
16,884
5,715
0,221
5,598
0
7 mois
1024
156,30
16,04)S
23,416
8,233
o,3in
8,077
2,968
A terme* * . . .
3335
î028,3l>
72,700
112,489 1
46,56.1 !
1,351
42,768
fi.tS!
MiCHFiL trouve, d'accord avec Fehllng, que le fœtus est d'autant plus riche en eau
qu'il est moins âgé (94 p. 100 d'eau environ Ters le milieu du 3" mois, et 69 p. 100
chez le nouveau-né).
Les tableaux de Fêblino montrent que, si raugmentation absoltie du poids du fœtus
augmente avei: l'df^e, cependant la croissance rapportée à l'unité de poids est la plus forte
au 4*^ mois, époque à laquelle le fiirtus augmente tous les jours de 0,178 pour 1 iirnnime
de son poids; puis la croissaace relative diminue^ de sorte que dans le 10'^ mois (luoairei
il n'y a plus pour t gramihe qn*une augmentation de 0,lH5 gramme par jour.
On voit par les chiffres de Mïcuel que la quantité d'azote Hxée par le fcetus peadâot
les 2 ou 3 derniers mois est relativement énorme, soit trois fois et demie environ la
quantité flxée pendant les 7 premiers mois. La quantité d'azote rapportée à lOOgrammei
FŒTUS,
56t
fœtus sec varie peu, elle décroll de 1*2 à 9 p. 100 envlroo, da commencement à la An
grosses&e.
Au 3** mois, le fœtus, d'après Frhling, cootieût environ 5 p. 100 de son poids de
matières protéiques, le nouveao-né à terme !l»8 p* iOO, chliïre qui concorde bien avec
celui de Caiier£R et Soldner. L'assioiilation quotidienne d'allmmine augmente, cela va
sans dire, en valeur absolue jusqu'au moment de la naissance» puisquij au *" mois elie
est par eiemple, de 0,174 grajiime et au îê* mois de 4,79. Mais» rapport^^e â l gramme
4u poids du corps, elle est au 4« mois de 0,0087, au iO" mois de 0,0022, par consé-
quent quatre fois moindre.
En ce qui concerne la graisse, il n*en n'est plus de même» Ft;tïUN*i constate d al»ord
que vers la lin du cinquième mois il n'y a encore en valeur absolue qu'un j^'ramme de
graisse; à partir de ce moment se produit une augmentation rapide des matières j^Tasses;
mais de plus rassimitation quotidienne^ rapp^ntée à 1 i^r. du pioid* du coi ps augmente
constamment , de sorte qu'elle est au cinquième mois de 0,UO(>0 et au dixième mois de
0,0022. (On trouvera les tableau t de Febllx<i dans larlicle F^tui du Dtct. etu\)
Maïs ce qui ressort plus particulièrement de ces données, c'e*.t que t'est en somme
(tendant les deux derniers mois de la gestation que lorganisme fœtal lixe» élabore et
constitue les deux tiers de sa masse totale, qu'il s'agisse des matières organiques ou,
comme Tout démontré Hugoune-nu, puis MnmKL, des sels minéraux.
Voici le résultat des analyses des cendres de fa'tus, dont deux à terme, ducs à
UUG0U?(ENQ.
AGE
DIT r<KTfr«.
SEXE.
POIDS
nu KŒTDS.
poin?^
i mois el demi . . , .
S moi*
Feuarùîi.
Id.
îd.
Id.
Id.
Id.
Masculin.
Id.
0,522
0,570
o,8eo
1,115
1,285
1,1165
2.720
3.300
j;rauHnr*.
li,0U24
18,7I5V
18,3572
2», 0743
:i2.a78li
aû,1705
!^)8.755tj
t06,ift:ju
5 mois. , .
5 mois à 5 mots el demi.
5 mois et demi,
6 mois
A t«ro]e. j
A terme , . . ,
D*où Ton peut déduire : 1*^ Que la fixation des éléments minéraux par r«?nïbryon, peu
marquée au début, devient très active à la lin; 2° qu'au cimrs des trois der»»ieis mois
le poids global des sels llxés par le tcetus est environ deux fois pluïi considérable que
pendant les six premiers mois de la gestation; 3^ qu'au moment de lu naissance Tenfant
de poids normal a soustrait A Torganisme maternel 100 gr, environ de ^els minéraux.
HuGoovENO a égaïem**nt déterminé chez 7 fœtus la statique d*ensembte de tous les
éléments minéraux de Torganisme depuis le quatrième mois de la gesslation jusqu'au
ferme de la grossesse, en rapportant les résultJits des analyses soit à 100 >j^ï'. de rendres,
soit à 1 kilog. de poids vif; un troisième tableau donne les proportions de i:!jucuii des
éléments minéraux pour l'organisme tolal des fœtus incinérés, lletivuyaul puur ces
tableaux aux méjnoires originaux, nous nous bornerons h reproduire les juinripales
conclusions qu'en a tirées Tauteur.
Si toutes les substances minérales augm*inteut au cours du développement, la fixation
a cependant lieu éleclivement : Taccroissement est surtout marqué pour la chaux et
l'acide phosphorique. H n'y a pas fixation par:illèle de Tacide et de la base dans les
proportions exigées par la formule jPO^V-Ca^: l'orizanisnie ne fixe pas diieetement le
phoiiphate de chaux tout formé; il paraît d'abord assimiler du phosphore orfianiqoe
sans doute sous forme de nucléine et de lécitbine. Il emprunte à ces composés de l'acide
phosphorique, qu'ultérieurement, vers la lin de la grossesse, et surtout après kumissanre
il neutralisera par de la chaux peut-être assimilée, elle aussi, à t'état de substance orga-
nique. Si l'on suppose toute la chaux à l'état de phosphate tricalcique, il reste pendant
Dirrr. DE PaV^TùLOOlE. — TOMM VI. 3(j
562
FŒTUS.
touL le cours de la grossesse un excédent d'acide phosphorîque non saturé par U chi
et probablement a l'étaL organique,
La teneur de^ cendres en potasse et en soude fournil également quelques eompt*
raisons intéressantes. C'est d*abord la prédominance de la soude dont la proportion
continue h s'élever au cours do développement de rembn'on, mais moins rapidement
q»ie la teneur en potasse, Vers le milieu de la gestation on trouve plus de 2 molf-
culei5 de soude pour I de potasse : à la lin la proportion devient I, 2 molécule de soude
pour 1 de potasse, rapport presque équimolécutaire. Comme les variations du cliiow
sont à peu près parallèles à celles de la soude, on jîeut en conclure que rorganisoie
mile d'abord des sels de soude, puis à la fin des sels potassiques de préférence.
La prédominance de la soude tient à Tabondancc relative du tissu cartilagineux dm
le fœtus, le cartilage étant très riche en chlorure de sodium. C'est surtout au débat et
dans la période mojenue de la grossesse que le fœtus assimile du sel pour édilJer se5
cartilages. Au contraire, la potasse prédominant dans le globule ronge et le muscit rtfié
augmente vers la lin de la vie intrà-ut«rine : sa proportion est en rapport avec le degr^
du développement.
Si maintenant l'on envisage Tensemble de la statique minérale du fœtus pend«^nt !§§
six derniers mois de la vie embryonnaire» on conslale d'abord que, si l'on fait abstrac-
tion des bases alcalines» de l'acide phosphorique et de la chaux, dont les variations sont
dues à la genèse des globules rouges et à la formation du tissu osseux, la rompoAiUoii
centésimale des cendres varie peu. Vers la lin, le poids total des cendres augraeott
beaucoup; mais, sauf les particularités signalées plus haut, les rapports des éléments
entre eux ne subissent pas de grandes modifications.
Quant à ralimentation minérale, ta cellule de Tembryon de 4 mois a donc les mêmei
exigences que la cellule du nouveau-né. Au cours de révolution embryonnaire le nombrt
des cellules augmente î mais la composition du squelette minéral ae change pas, sad
pour les sels nécessaires k l'édification de deux tissus spéciaux, le sang et Tos.
Une autre question se pose, celle du rapport entre la composition minérale de l'or-
ganisme global et la composition des cendres du laiL Blwûe a montré que pour un
certain nombre d'espèces (chat, chien, lapin) il y a parallélisme entre la compositioD
minérale de Torganisme et celle du lait maternel, tandis que ce parallélisme ne se mani-
feste à aucun degré entre les sels du plasma sanguin et ceux du lait, La cellule épitbé*
liale de la glund^^ mammaire, a écrit B^tngc, prélève sur les sels nainéraux du plasmi
toutes les substances inorganiques exactement dans la proportion où elles sont néca-
saires au nourrisson pour se développer et constituer Torganisme de ses ascendajit^.
Chez Thomme, comme le montre Hugûlneno, il n'en est pas de même; il n'y a aucun
rapport dans la composition quanlitiitive entre les cendres du nouveau-né et celles dn
Lait de la femme. La loi de Rungk, vraie cbez les petits mammifères, ne s'applique pasà
Tbomnie. SoLDXEriconlirjiie sur ce point Toplnion de Hugounenû (2. B., 1002, XLtv, 61
Nous ne nous sommes pas encore occupé j«squ*à présent d*uue question important?,
celle de la richesse en fer de l'organisme fœtal. Huiîocwenq a trouvé :
Ago du fœtuâ. F©"0».
tr.
4 mois ;i 4 mois et demi* . » . 0,060
4 mois ot demi h 5 mois. . • . 0,061
5 înoïi k 5 mois et demi. . . . 0,073
6 mois. , , 0,119
6 mois et demi • . 0.126
A terme 0,383
A terme . 0,421
Ici encore apparaît l'intensité de Tassimilation pendant les trois derniers moif|
néanmoins» comme la même loi règle la llxation des autres éléments minéraux, le rapp^
du fer à rensenible des cendres reste à peu près constant pendant la gestation. La qi
tité de fer contenue dans l'organisme global du nouveau-né est de 0^*,38a à 0^,4H,
moyenne Osr,40 Fe-0 ', ce qui correspond â 0*%28 de fer métallique, La quantité de fer
Féconomie est plus faible qu'on ne le croyait autrefois : la soustraction de fer subie
rorganî.*^me maternel au bénéfice de l'embryon ne dépasse guère O«%30 de méUl
FŒTUS.
.%63
eonséqueut répond à un peu moins de tOO grammes d*hémoglobine humaine,
M)ii à 800 grammes environ de sang maternel.
Il est intéressant de savoir comment ce fer est ri*parti. Combien fait partie iolégranle
dusang. combien, des autres tissus? D'après Bi'NtiE, en effet, i** jeun<^ animal doit posséder
à sa naissance la réserve de fer nécessaire uux premières phases de son développement;
sa nourriture exclusive au début de la vie exlra-ulérîne. le lait» ne lui fournissant que
des quantités insuffisantes de ce mélaL Ainsi, chez le ïapin nouvcau-îîé, Hli^*;e a trouvé
iê,*l miUigrammes de fer pour 100 grammes du poids du corps el 3,2 milligrammes
seulement chex un animal àg«' de 24 jours.
On a va ensuite que les ri^serves de fer se constituent dans le foie. Mais il semble
qu'il y ait sous ce rapport une distinction à faire entre les espèces animales. Dans le foie
des chiens nouveau-nés, Zalesrt a établi que la proportion de fer dans le foie est de 4 à
9 fois supérieure à celle de l'animal adulte; de mt^nie Bcnge. Lapicuue (B. B,, 1889, el
1895, nO; Th. Faculté des Se. de Paris, 189*) n observé également que cbez le chien et le
lapin nouveau-nés il y a ilans le tissu hépatique une très forte proportion dr fer qui
diminue très rapidement à partir de la naissance'. Chez les chiens, il peut y avoir des
écarts très considi^rables pour de^ frrlusde la même portée; chez le lapin le phénomène
est à la fois beaucoup plus marqué et plus régulier. Dans les analyses de Tzdescbi
|i. de PhyfiioL, 1899, xxix) le minimum de fer trouvé chez les fœtus de lapin a été de 0,51
p. i 000; te maximum 0,94; !a moyenne 0»tj4 ; c*est*à*dire à peu prés 10 fois supérieure
k la teneur en fer du foie des lapins adultes. KrCgeu a obtenu dos résultats semblables
chez des fœtus de vache dont le foie s'est montré 10 fois plus riche en fer que relui de
Tadulte iitnal. in C. P,, ISOI, 283) ; la teneur t-n fer n*est pas dViillenrs la même aux dif-
férentes périodes de la /Lîestalion : elle diminue en ççénéral vers la lîti de la première
moitié de la vie fœtale, auf^mente de nouveau pendant la deuxième moitié pour tomber
rapidement pendant le dernier mois. Voici la moyenne dfn délorminalions de IvRiriKn
pour les fœtus d'âge diiïérenl :
Fcetos loog : de 20 À 30 cent. .1 de 30 à 40 I 40 à 50 f 50 à fiO | 60 à 70 1 70 â 80 1 80 à 100
Pour 100 du poids sec: 0^,3586.1 0r,2l43 | (}ï*,U02 1 0»M8H | 0^,2900 | 0»%3092 I 0«^J809
Le fu*lus humain apporte-t-il aussi en naissant une provision de fer pour subvenir à
*édineatiou de se<^ tissus et pour parer à riusuftissnce de ce métal dans te lait maternel?
Hdgocmkiso penche vers celte opinion; d'après un calcul fondé sur des données qu'il con-
lîd^re d'ailleurs lui-même comme hypothétiques, il estime qu'à la naissance oOàGO p. 100
r^kl fer total sont à l'état d'hémoglobine, le reste entrant dans la composition des lisstjs
ou liquides qui contieimenl beaucoup moins île l'er que le sang: il s'ensuivrait que la
majeure partie du fer non hémntique serait non pas h Tétat d'élérneriL constitutif des
tissus^ mais sous forme de réserve déposée dans tel nu tel organe (foie, rate).
Cependant d'après les déterminations de LAriccof: et^de (jFtLLEMOMAT (fi. B-, 1897, 32),
Tbomme parait rentrer dans la catégorie des animaux dont le foie ne contient pas de
réserve de fer à la naissance. La moyenne étant chez l'homme adulte de 0,i:i gr, p. 1 000
de tissu frais, Lapicqur a trouvé chez un fu^tus masculin mort pendant raccouchemenl
0,17 |t:r., alors que cependant Zaleskv avait obtenu antérieurement citez un nouveau-né
0,30 K^ D'autre partKfiùQEB et Levz donnent pour le fer hépatique de l'adulte 0,0!i'> p. iùà
et pour celui du nouveau-né 0,314 p. ii)(i{l. f*.. t89:j, xxxu^Oti et 400). Les recherches de
(iujLLEMOMAT oulportésur 20 sujets comprenant H fa^tusa terme, 4 autres de 8 mois à 8 mois
et demi, et H compris entre 4 mois et demi et 8 mois. Sur 8 fœtus à terme, la moyenne des
teneurs du foie en fer étant de 0,2û p. 1000, soit, 0,25 pour les 13 garçons et 0,27 pour le»
3 filles, la moyenne de ces 8 sujets était donc voisine de celle de l'homme adulte (0,23),
IL est à remarquer qu'on ne trouve pas encore à la naissance la ditférencc sexuelle que
GuiLLEiiONAT et Lai'icouk ont observée chez l'adulte, au détriment de la femme : le chiffre
0,â7 est, en elTet, le triple de celui des femmes adultes {50,09;. Les 4 sujets ayant entre
8 moiset8moiseldemi donnèrent aussi une moyenne dfi 0,J7. Les 8 sujets restants pn^sen"
iaienl des variations très grandes; en déllnitive la proportion de 1er dans ïe foie du
fiBtus humain n'a aucun rapport avec le développement de Tembryon, et elle est tout &
faîl irrégulière.
1»64
FŒTUS.
Chiodera (VmcHOw et Hmsca's, J, B., 1801, 0 a déterminé chez des fcetas €t des doo-
veau-nès la teneur du foie en ferratinc fnucléiiie ferrugioeuse) et sa rîcbease en fer. Sur
h fœtus il ne troîjva cette substance qu'une fois, dans la proportion de 0,12 p. 100 da
poids du foie, et elle contenait 1,43 p. 100 de fer. Cbez des nouveau-nés qui avaient véeu
quelt|ues jours il la trouva constamment, mais en moindre quantité que ctiez l'adulte, et
en même temps elle était moins riche en fer (2 p. ino au lieu de. Ti à 6 p, l()0).
D'après Westphale.n» le fer serait déposé non pas dans la cellule du foie f<ptal, maià
bien dans le tissu conjonctif et dans la paroi des vaisseaux: ce qui paraît peu vraisem-
blable. Le foie contiendrait déjà beaucoup de fer au moment où la rate D'en contieat
pas encore. Dans l\ cas» Westpualen a trouvé un riche dépôt de fer dans l'épi thélium
des canaltcules contournés du rein, en même temps que dans la rate. Il 5*agirait proba*
blement d*un état pathologique dans lequel, rbémoglobine étant déiniite en grande
quantitt^, le rein tend à débarrasser le sang de l'excès de fer qu'il contient (Arch. f,
Gyn^k,, 1897, !i3, xxxij,
Lapicque a moDtré encore que, contrairement au foie, la rate est, chez le lapin «i
chez le chien, pauvre en fer au moment de la naissance. Il en est de même chez lesfœUis
de vache (Kroger) et chez le firtus hymain. Guilleuonat a trouvé que chez les 8 f<plut|.
terme la moyenne était de 0,16 (0,18 pour les 5 garçons — 0,H pour les 3 filles), aioa
que chez Tadulte, elle est de 0,32 pour Fhomme et 0,23 pour la femme. Les 4 sujet* sol-
vants de 8 mois à 8 mois et demi donnèrent comme moyenne pour la rate 0.18.
Krl'Gëh et Lensz ont étudié les proportions de calcitim, de soufre, et de phosphort
dans les cellules hépatiques aux divers âges de la vie chez les bovidés, PeDdanlUvie
fcetale il y a deux niaxima pour la teneur du foie en ciilcitim. Le premier correspond m
cinquième, le deuxième au dixième mois de la gestation ; à ces époques les «î-^llolei
hépatiques contiennent environ 4H p, 100 de calcium en plusque celles de Ta nimal adulte
Pendant la vie inlra*utérine il y a une sorte de balancement entre la richesse en fer eiU
ncbesse en calcium, de telle sorte qu'à une augmentation de la teneur ea t3a correspood
une diminution de la teneur en Fe, et inversement. On pourrait supposer que tous les
orf,'anes de renibryon ne se développent pas ensemble avec la même régularité, de
sorte qu'une accumulation de fer aurait lieu dans les cellules hépatiques quand le déie-
loppemenl du système osseux prédomine, et avec lui la consommation de calcium,
tandis qu'inversemenU par suite des progrés de Thématopoîèse et d'un aiTél relatif
dans la formation du tissu osseux, le fer serait consommé en quantité plus grand?, et le
calcium se déposerait dans le foie.
La richesse du foie en phosphore est plus grande chez le fœtus que chez ranioul
adulte, et elle reste à peu près la même pendant toute la durée de la vie intra-utérioe;
immédiatement après la naissance elle diminue. La teneur en soufre est approximati-
vement la même aux divers aifes de la vie.
Chez rhomme, Khogeh et Lenz ont trouvé pour le foie du nouveau-né 3,50 p. lOOde
soufre, et 1,Ij4 de phosphore, tandis que chex l'adulte les quantités respectives sont î,38
eti,2H p. 180; donc, comme chez l'animal, le phosphore est en plus forte proportion qnt
chez Tadulte, Mais, tandis que la quantité de isoufre est la même cbez les ruminants â
toutes les périotles de ta vie, elle est chez Thomme plus élevée à la naissance qu'àTigt
adulte.
Chez les fœtus de bovidés, la richessse de la rate en soufre est supérieure à celle ik
foie d'environ 10 p. 100; mais après la naissance elle est à peu près égale de part êl
d'autre, par suite d'une diminution dii soufre dans les cellules de fa rate. La richesse ^
phosphore du même organe est la plus grande chez les fœtus de 30 à 00 r en tira, de loni;
©telle diminue ensuite progressivement jusqu'à la naissance : au moment où elle alteiok
son maximum, elle dépasse d'environ 39 p* 100 celle du foie, lui derieut à peu prèséfJt
chez les fti'tua de ^0 à 00 centimètres de long, puis inférieure de i<î p. 100 eûTimB
chez les f^rtus de HO à 100 centimètres.
2" Ktttrition de TiBuf avant la formation du placenta. — Quand on traite ili
la nutrition du fœtus des mammifères, on n'envisage en général que celle qdi se fait pif
l'intermédiaire da placentn. Mais il y a heu de se demander aussi où l'œuf et Tembrroa
trouvent leur nourritures avant rétablissement de la circulation placentaire.
D'abord, l'ovule emporte avec lui un ensemble de granulations graisseuses et albi»-
FŒTUS.
565
minoîdês qui représentent une réserve nutritive, destinée à Ôlre utilisée dans les pre-
mières phases de la segmentation. Van Beneden a donné k celte réserve le nom de deu^
topêâtma. Le protoplasma proprem**nt dit el le deutoplasma peuvent être mélangés
bnirorniément à Tintérjeurdu vtlelins. Habituellement, les grains deutoplaismiques sont
accu m H lés dans la zone marginale, comme chez la brebis, soit au contraire dans la zone
centrale au pourtour du noyau, comme cela se voit, d'après Nagel, cUez la femme
(TOCHNRUX, loc. Clf., 25).
La lone pcllucide sert aussi probablement d'aliment à Fœuf ; elle renferme, en effet,
des éléments cellulaires en dégénérescence (cellules du follicule d^ Graaf), et d*un autre
c6t»' elb* diminue dVpaisseur, au fur et à mesure que l'œuf descend dans Toviducte.
Un deuxième aliment serait constitué par une couctie de substances albuminoides
qui vient ensuite envelopper rœuf. C*est ce que Hensr\ avait appelé le prorhorion. Cette
couche» très épaisse dans Tœuf des monotrémes et, à un degré moindre, dans celui des
marsupiaux, a été retrouvée chez plusieurs placentaires et en particulier cher le lapin» le
cHieii, le chat : elle ne Ta pas été chez d'autres, tels que le porc, le mouton, la chauve-
souris. Cit. Bonnet (1897) Ta de nouveau étudiée chei le chat et chez le chien. Il a
montré qu'elle provient d*une sécrétion des glandes utérines. Cette couche d\ilbumine
est couverte de touffes villeuses, qu'on pourrait prendre a priori pour les villosilés du
chorion; en réalité ce sont les moules des conduits excréteurs des glandes nt^lrine»,
formés *ous Tinlluence des réactifs par la Ci>agulation du produit de sécrétioiK Jenrinson
trouve chez les souris une sécrélion semblable, qui contient des substances grasses et
probablement aussi des matières protéiqiies.
Tout au début, chaque blaslomére se nourrit par lui-môme. Lorsque Tcruf est
devenu un blastocyste, ce sont les cellules les plus supertiiielles de la vésicule qui
puisent dans le milieu extérieur. On peut considérer Tensemble de ces cellules péri-
phériques comme formant un premier organe de nutrition, d'oii le nom de trophù-
blaUe, que ieur a donné Hijukecht. Jenkinson a vu chez les souris que les cellules du
trophoblaste ingèrent par phagocytose, dissolvent ensuite par digestion intra-cellulaire,
de ta graisse, des débris de cellules et des corpuscules sanguins, lia vu également «|uel-
ques-unes de ces cellules grossir énormément et se creuser de lacunes dans lesquelles
vient circuler le sang maternel; les grandes cellules renfermeraient également du fer.
Dans unelroisiénie période les villosilés du choriou se forment, se vasculartsent et8*im-
plauient dans la muqueuse utérine, y puisent des n*atériauï de mitrition.PALADrNo(^t.iMÏ.,
1890, xin, 59; ifnd., lOtïi, xx%\, 4l>6) a bien insisté sur le rAle nutritif de la caduque qui»
dit-il, a une bien plus haute signincaliMu que celle de servir d'enveloppe protectrice â
l'embryon; elle doit suppléer dés le principe au manque de vitellus nutritif dans l'œuf des
mammifères. On comprend, en effet, que les villosités choriales puissent absorber direc-
tement les liquides qui transsudent des vaisseaux de la muqueuse utérine. Mais il
semble que le phénomène soit plus complexe, et que la muqueuse élabore^ 4 son contact
avec le chorion, un liquide d'une nature particulière. Paladino, qui a étudié récemment
le mode d*uniou de la caduque et des villos-ités choriales sur un embryon humain de
qualrc semaines environ, a do[rné du contenu des espaces inter^ilîeus la desiription
suivante : il se présente, dit-il, sous Taspect de masses granuleuses el réticulées reii-
fermaiit des leucocytes mononucléaires et polynucléaires en abondance, quelques héma-
ties nucléées (normoblasles}; des éléments épithéliaux provenant des glandes utérine»
en dégénérescence, des globules jaunes de différentes dimensions, et enfin des cellules
jdurinucléaires, (C, «. dt( XfM* ('om/rCs inta-nat. de mcd. Scct, d'HistoL, l'HK), B7.) Il
s'agit là, en somme, d'une uéoformalion déciduale, qui jouerait le rôle d'une glande
diffuse ofi viendi aient puiser les villosités choriales.
Palaoijvo insiste sur ce point, qu'il ne faut pas confondre le liquide qu'il a décrit
avec ce qu'on appelle le lait utérin; on ne peut cependant s'empêcher de remarquer
t qu'il y a entre l'un el l'autre d'asseE grandes analogies. Nous aurons à revenir sur la
nature et le râle du lait utérin que Ton a rencontré aux diverses périodes de la gesta-
tion. Mais c'est ici le lieu défaire observer, avec Prenant (Ê/em, d'Emftrytd., 18yi, u 402),
que ce mode particulier de nutrition aux dépens d*une sécrétion lactéiforrae de l'utérus
ne s'exerce surtout que pendant les premiers stades de la vie embryonnaire. De Taveu
même de Bonnet, qui s'est occupé particulièrement de cette question, il faut pour étu-
l
l
I
M^
FŒTUS.
dier^le lait utériu, s* adresser h des stades jeunes du développement. Cependuoi, MtnD
iî existe encore quand le plari^nta est formé et mÔme, d'après quelqaes-tms, jusqu'il
un de la gestation, une étude plus compléle de ce liquide trouvera mieux sa place
plus loiD.
te contenu de la vésicule ombilicale est aussi utilisé pour la nulrition dai»|
période prépîacerilaire du développement : elle ne renferme toutefois, sauf chei les Mon
trèmes, dont l'œuf est niéroblaslique,qu*uo peu de liquide alhumineux : ce liquide pe
parvenir au fœtus, soit directement par l'orifice de communication rjui réunit la cavi
de la vésicule ombilicale à celle de rintestiti, soit» ce qui est plus probable, par riuten
Fto. 82. *- fitnbryoû humain do ÎS à të jours, gTOKsî «nvirou six totë i;.^ ovrEi.
O, «il. — e^ oreilla. ^ h, cœur. **- o, canal de Cuvikr. — f, foio. — w, corps d« WotFr* ^- m, •» (
'déchtrd. — c, e^ cborioo viUeux. — u, alLanloidc, — y, véaicule ombilirale.
diaii e des veines-omphalû-mésentériques. Hauber a décrit, dans le contenu du sac viteïliû
d'unembryon de lapin, des formations semblables àcelles qui existent dans le jaune dWf
de la poule, c'est-à-dire des globules volumineux plus ou moins finement graualêux.
sans noyaux et amassés au voisinage immédiat de répilhélîum de la vésicule ombili-
cale. Quant à la proveniince des matériaux contenus dans le sac vitelliu à mesure qu'il
s'accroît, les éléments en sont évidemment empruntés à la mère.
La vésicule omblicale se réduit peu a peu chez les mammifères et au bout d*^
temps plus ou moins long s*atrophie complètement, Mais il y a, cet égard, de grandes
différences chez les divers mammifères. Il en est, en efTet, tomme les marsupiaux, c!i«i
lesquels la v«^*ïeule conserve jusqu'à la naissance une importance coDsidèrable. Aiileim,
comme chez tes ron{j;eurs, elle s'accroît, puis décroît leîitement. D'autres fois enilû
(ruminants), elle augmente très rapidement de volume pour s'atrophier ensuite toutauiii
rapidement (Prenant) (Og, 82),
Sur IVeuf humain elle atteint son plus grand développement k la fin du deuxième nioii
et mesure alors uu diamètre de ù h iO millimètres avec un canal vitelUn long de 25 mil*
FŒTUS.
Ul
i
I
Umètrfs, Elle dimimie ensuite de volume, mais ses vestiges persistent ju^qu^au moment
de la naissance. Le canal vitellin s'oblitère du trente cinquième au quarantième jour;
i*artâre et la veine omphalo-méseiitériques persistent plus longtemps que le canal
(Touiiï4i:ux). Cependani, d'après les données recueillies par Pheyer, on trouve encore à
la vésicule au quatrième et cinquième mois un diamètre de 7 à li millimètres.
Lépithélium du sac vitellin présente de nombreuses excavations sig'nalées par Toun-
tmuXf et que GB.kf Smee assimile à de véritables glandes dont le produit de sécrétion se
déverserait dans la cavité ombilicale par un orifice plus ou moins rétréci. Le caractère
glandulaire de la vésicule est surtout marqué, d'après Ciraf Spêe, vers la llu de la troi-
sième semaine chez l'embryon humain, et il est tel qu'on pourrait considérer le tissu
dont elle est formée comme Thomologue du lissu hépatique futur. Sa siluatîon par rap-
port au point de pénétration du san^ dans le corps de Tembryon, la présence dans son
épaiiseur de cellules ^^éantes renfermant des corpuscules analogues aux hématies nu-
déées de Tenibryon, sa régression quand le foie se développe, justi fieraient cette homo-
logie [Aiwit. Anzeiger, 1896, 76).
Mais, en déUnilive, la vésicule ombilicale n'a qu'une importance secondaire pour la
ouirilioD. C'est un organe qui rappelle Torigine sauropsidienne de l'œuf des mammî*
lères. Celui-ci perd sou vitellus; car il peut se suffire à lui-même, dès qu'il a commencé
à se développer dans l'utérus. Trouvant alors dans les substances sécrétées par les
parois ulérines et tirées du san;ï malcrnel une source nouvelle et inépuisable de maté-
riaux nutritif», Tembryon n'a plus besoin de l'appoint vitellin. Mais les. enveloppes qui
avaient pris naissance sous TinOuence du contenu vitellin primitif se sont conservées en
s*aJaptant à la nutrition utérine et eu se niodilianl en conséquence.
3"" La nutrition du fœtus après la formatioD du placenta. — a. Les surfaces
â*écliange. On peut délinir le placenta on organe exlra-embryonnaire qui sert aujc
échanges nutritifs entre la mère et le fcelus. Le parasitisme profond de l'embryon sur la
mère se caractérise bien par la formation de cet organe nourricier et fixateur. Houssâys
(La forme et la vie, U^OO, IQJ) a présenté à ce sujet des considérations intéressantes*.
D'après les recherches récentes, dit cet auleur, en particulier celles de HuuRECRT^de Matbiâs
DuvALj de Seogvmck Minot, u on peut concevoir un placenta tout simplement comme une
approche des tissus embryonnaires et maternels qui par leurs surfaces Tune et Tautre
^ufrées contractent une adhérence capable de se dégager sans rupture et donnent lieu
seulement à des échanges osmoliques : ce sont les placentas iodécidus; soit comme une
prolifération de certaines régions embryonnaires qui allaquent la paroi utérine mater-
nelle» la ilii^-èrent, la rongent et la creus<^nL d* an frac tu os i tés profondes pour s*y insinuer,
et constituer avec elle en quelque manière une continuité de tissu aussi *^ompïète que
cela peut avoir lieu datts une cicatrice ou mieux dans une greffe, Tadhérence ne prenant
fin que par une rupture : ce sont les placentas décidus »,
Les placentas décidus zouaires (carnivores, proboscidiens, elc*) ou discoïdes (rongeurs»
chéiroptères, insectivores, primates) sont ceux qui fixent le plus solidement l*eiubryon à
la mère, et la façon dont ils se développent montre €^ un haut degré le caractère para*
sitaire de cette fixation. Si Ton prend comme type le développement du placenta cheî
le lapin« on peut y distinguer, avec BImhus Dl:val, trois périodes. Dans une première
période, il y a formation de ce qu'on a appelé Te cto placent a, dérivé de l'ecloderme ovu
laire. Dans la région où le premier chorion {chorion amniogène ou séreuse de Von
Bajîr) touche l'utérus, sa paroi présente la structure suivante : une couche cellulair
profonde extérieurement doublée par une couche plasmodiale (symplasle placentaire
de Laulanié), syncytium ecto-placeutaire d'HENRjciusj, dans laquelle les contours cellu
iaires sont indistincts. Le protoplasma de cette plasmodie attaque à la façon des phago-
cytes les cellules de la muqueuse utérine. Sous l'intluence de cette irritation, celle-ci
prolifère, se boursoulle et prend FaspecL mamelonné : on appelle celle zone le cotylé-
don mal*?rnel. Au niveau d'elle, le chorion de la muqueuse s'est notablement épaissi, et
les vaisseaux sauKuins se sont dilatés en sinus dont les parois se trouvent renforcées
par plusieurs assises de cellules globuleuses.
Mais la couche plasmodiale attaque et digère répithélium utérin, qu'elle détruit et
l. Voir aussi à ce iuj«l un exposé instruciif dans LAULAKié, Ê(ém, de t^hfjntoL, u, 1902.
568 FŒTUS.
remplace en proliférant. Elle arrive ainsi jusqu'à englober les capillaires maternels
dont l'épithélium finit lui-même par disparaître et dont le sang circule alors dans des
lacunes que M. Duvâl a appelées espaces sangui-maternels, limités directement par
Tectoplacenta, c'est-à-dire que le sang de la mère coule dans la substance même de
l'embryon. Telle est la formation de Tectoplacenta.
Dans une deuxième période, quand Tallantoîde s* est développée et s*est étalée contre
la face profonde du premier chorion qu'elle transforme en chorion vasculaire, celui-ci
bourgeonne en dehors et se soulève en lames vasculaires qui cloisonnent la masse ecto-
placentaire ; de sorte que le plasmode se trouve maintenant pénétré par deux sortes de
cavités, d'une part les lacunes san gui-maternelles et, d'autre part, les capillaires de
l'embryon, ayant conservé leur tunique endothéliale.
Enfin, dans une troisième période, la paroi plasmodiale, qui sépare le sang maternel
du sang fœtal, se résorbe plus ou moins complètement, de sorte que les capillaires fœtaux,
sur la plus grande étendue de leur surface, sont directement en contact avec le sang
maternel dans lequel ils baignent à nu.
La nature et la disposition des tissus qui séparent le sang maternel et le sang
fœtal sont d'ailleurs absolument différentes dans le placenta de tel animal, compara-
tivement au placenta de tel autre; elles peuvent même être différentes, comme on
vient de voir, pour un même animal, suivant qu'il s'agit de la première ou de la
deuxième moitié de la gestation. La description qui précède s'applique au groupe
des rongeurs. On peut, avec Mathias Duval {Placenta des rongeurs, 617), la résumer
en quelques traits caractéristiques. Dans la première moitié de la gestation, le
sang maternel remplit des lacunes creusées dans une vaste formation ectodermique
d'origine fœtale. C'est la formation ecloplacen taire, sorte d'épongé dans les mailles de
laquelle circule le sang maternel, éponge qui est bientôt pénétrée par les capillaires
fœtaux, et, lorsque cette pénétration est complète, les dispositions sont telles que le sang
fœtal est séparé du sang maternel seulement par deux barrières, la barrière du capil-
laire fœtal el une couche ectodermique. Mais, à la un de la gestation, les éléments ecto-
dermiques s'atrophient, sont résorbés, et ils ne persistent plus qu'à l'état de noyaux qui
forment une couche discontinue. Il n'y a donc plus alors entre les deux sangs qu'une
seule couche de séparation représentée par la simple et mince paroi endothéliale des
capillaires fœtaux. Le schéma du placenta des rongeurs à la fin de la gestation, c'est
un chevelu de capillaires plongeant librement dans un liquide.
Chez les pachydermes et les ruminants, le sang fœtal est contenu dans des capillaires;
le sang maternel l'est également. Entre les deux systèmes est disposée une double
couche épilhéliale, à savoir l'ectoderme fœtal et l'épithélium utérin. Ces dispositions
persistent jusqu'à la fin de la gestation. Donc, chez ces animaux, il y a toujours entre le
sang maternel et le sang fœtal une quadruple barrière, à savoir les deux couches des
parois capillaires et les deux couches épithéliales.
Plus tard, M. Duval a montré que sur le placenta des carnassiers l'envahissement du
chorion et l'englobenient des capillaires maternels par la couche plasmodiale de l'ecto-
placenta s'opèrent sensiblement de la même façon que chez les rongeurs. La seule dif-
férence observée, c'est que les vaisseaux maternels conservent leur revêtement épithélial.
Il reste à examiner les dispositions du placenta humain ; deux tissus d'origine diffé-
rente concourent à sa formation ; l'un, de provenance maternelle, la sérotine, constitue
le placenta maternel ou utérin; l'autre, de provenance fœtale, la membrane choriale avec
ses prolongements villeux, représente le placenta fœtal. Il faut noter d'abord que le
chorion fœtal est revêtu, à sa surface, d'un épithélium divisé en deux couches; une, pro-
fonde, où les éléments cellulaires sont nettement délimités; l'autre, superficielle où les
cellules sont fusionnées en une masse homogène parsemée de noyaux (couche plasmo-
diale). Au niveau de la sérotine, ces deux couches de la membrane choriale se compor-
tent de la façon suivante. La couche cellulaire profonde s'épaissit irrégulièrement et
constitue par place des amas cellulaires qui font saillie dans les lacs sanguins mater-
nels : la couche plasmodiale se modifie profondément de son côté, et se transforme en
une substance jaunâtre réfringente, creusée de canalicules anastomosés et montrant çà
et là des éléments cellulaires. Cette substance, comparée par Koelliker à du tissu osseux
mou, est connue depuis Langhans sous le nom de fibtine canalisée.
FŒTUS.
5a9
»
I
I
La slrticturA de la membrane choriate se retrouve dans les villosilés placentaires, pro-
l^f^emeiits qt&i s'engagent et plongent dans les lacs sanguins maternels, en partie pour
-f^'y terminer librement, en partie pour se souder au tissu du placenta maternel. Cha-
cune de ces villosilés est formée d*un axe conjonctif allantoîdien, à la surface duquel
répitiiélium choriaJ est étalé en forme de manchon, fcî repithéliuni ne se comporte pas
de la ni^me façon qu*au niveau de la membrane choriale : c'est la couche cellulaire pro*
fonde qui disparaît, tandis que la couche plasmodiale persiste et constitue à elle seule
è partir du quatrième mois le revêtement éplthélial des villosités; cette couche n'est
pas «talée régulièrement au pourtour de Taxe conjonctif, mais elle présente des épais-
sisseroants locaux qui s'alloogent, se rentleot et forment des bourgeons arrondis, appen-
dus par un pédicule plus ou moins grêle à la surface de la villosité [bourgeons,
appendices épitb^lîauxK
Chaque villosilé reçoit une branche des artères ombilicales qui se divise autant de
fois que la villosilé elle-même. Les dernières artérioles se résolvent dans les différentes
ramilieations en un réseau capillaire superficiel, placé immédialement au-dessous de
répithélium. Les veinules émanées de ces vaisseaux se réunissent dans le tronc de la
Tillosité en une seule veine efférente.
Les espaces intervilleux remplis par le sang de la mère représentant un système de
larges excavations irrégulières communiquant toutes entre elles. D'après Koelliker« le
courant se dirigerait, de la partie centrale du placenta vers les bords où le san^; est
recueilli» dans un sinus coronaire, en relation avec les veines utéro-placentaires. Ce sinus
veineux parait constitué par les espaces sanj^uins marginaux, à Finlérieur desquels
les villosilés n'onl pas bourgeonné.
Les parois des espaces sanguins ne sont tapissées en aucun point par un revêtement
endolhélial : les villosilés plongent donc librement dans le sang maternel. Comme
dans le plar-enta maternel à lerme, il n'existe nulle part de cdpillaires intermédiaires
aux artères et aux veines, la pliiparL des observateurs admettent aujourd'hui que les
lacs sanguins ne sont autre chose que ces capillaires eux-mêmes propre ssivemeot dis-
tendus et transformés en un système de cavîLés anfraclueus>es dans lesquelles se rami-
fient les expansions villeuses du chorîon fœtal, après avoir en quelque sorte érodé la
surface muqueuse. De sorte que, comme le dit Tourneux, k qui nous avons emprunté tes
éléments de cette description» tout permet de supposer que les choses ^e passent de la
même façon chez l'homme fiue chez les rongeurs, avec cette diflérence peut-être que
chez lui les phénomènes de destruction du tissu ulérin y soiii encore plus accusés. Il
y a cependant une distinction à établir entre le placenta des rongeurs et celui du foetus
tiumain, puisque, chez ce dernier, les villosilés plongent, il est vrai, à nu dans les lacs
sanguins de la mère, maïs restent recouvertes jusqu'à la tin d'un revêtement épithélial»
c'esl-à-dire de la couche plasmodiale. Le sang maternel demeure donc séparé du
sang fœtal par une double barrière, cette couche plasmodiale d'une part et l'endothé-
lium du réseau capillaire de la vîllosité, d'autre part.
Notons encore, pour terminer, que, si chez les groupes précédents le chorion s'est
doublé de rallanloïde pour former le placenta^ par contre chez les marsupiaux il se
double de la vésicule ombilicale, et, au lieu d'un placenta et d'un chorion allantoïdien,
on a un placenta et un chorion ombilical (ompliafo-chorion),
SpAMENl {A, i. R, iQDO, ixxiv, 216; ibid.. lOOi, iixv, 371>j a étudié la romposition
chimique du placenta humain. Le tissu placentaire contient 83,iV7 p. 10(J d'eau : il est
donc au nombre de ceux qui sont le plus riches en eau, ce qui tient à ce qu'il est con-
stitué en grande parlie par du tissu muqueux. Les substances minérales s'y trouvent
dans la proportion de 0,80Sl p. ItiO, par conséquent dans le même rapport que dans les
autres tissus, malgré la richesse du placenta en eau.
La différence de seie n'entraîne pas de différence notable dans la composition du
placenta, sauf en ce qui concerne les substances minérales: celles-ci sont en plus grande
abondance (0,8441 p. U)ù) dans les placentas des fuptus féminins que dans ceux des fietus
masculins \0^7997 p. 100). La quantité plus forte de matières minérales chez les fœtus
féminins est toute en faveur des sels solubles; les sels insolubles sont prépondérant»
chez les fœtus masculins.
SfAMK«i a constaté que, lorsque la proportion des sels insolubles du résidu inorga-
S7D
FŒTUS.
nique dti tissu placenLaîre était supérieure à 10 p. lÛO, la moyenoe du poids des fuïUis
tUait plus élevée de 30û gramuies environ que quand la praportion était inférieure à ce
chifTre. Dans le premier cas on trouve souvent daus le placenta des concrétions ealeiirti
dont la présence ne trouble pas, par couséqueut, révolution du fœtus, comme on Ta
pensé, mais au contraire la favorise. Ces faits viendraient appuyer Thypothès^ que le»
sels ininératïi doivent être considérés comme les facteurs principaux de rabsorption,
de raftsiinîlaiion et de la désassimilation des matières organiques.
Gha.nuis avait constaté la présence de notables quantités d*acide phosphocamique
ou nticléone dans le placenta humain. Sfameni a fait sur ce point des délermiaationi
quantitatives et pour le sanj^ faUal et pour le placenta; il a trouvé dans le tissu pltceiK
taire 0,1180 p, 100 de nucléone, et dans le sang fœtal 0,21U6 p. 100, c'esl-â-dire un*
quantité presque double.
Le sexe du fœtus^ le poids du placenta n'ont pas d influence sur la proportion de la
nucléon^?,
h, La nutrition par le placenta. — Par quel mécanisme et sous quelle form« l«â
îïUbstances nutritives corileuues dans le san^ de la mère par?ienneat-<?lles au It^toftt
L'absorption placentaire n'ahéit-elle qu*aux lois physiques de la diffusion et deToNDaM
et à celles de lu liltralion, ou bien Tactivité des éléments cellulaires, interposés enlre 1«
î*anf; maiernel et le &ang fti?lal, intement-elle pour donner au transport de matièifi
rinlensité et la direction nécessaires. Si Ton tient compte des dispositions «natotDÏqiif»
de la villosité^ du moins telles qu'elles se présentent dans le placenta humaiu, si Ï'ûïï
raisonne par analogie en se reportant an mécanisme de labsorption intestinale, on »ffi
porté à croire qu*aui forces physiques viennent se joindre, suivant Texpression d'En-
i»ENUAi?4, des forces physiologiques pour favoriser le passage des matières nutrilirt» k
travers le placenta. Il est encore une autre manière de concevoir le rôle du revéteoieol
cellulaire de la villosilé plttcenliiire : elle représenterait non seulement uu organe d'ab-
sorption, mais un organe de digestion, €*est-à^dire qu'elle ferait subir à certaiaes sub-
stances les transformations nécessaires pour les rendre absorbabtes.
Il y a lieu d'examiner, à ce point de vue, les diverses catégories de principes qui
doivent servir d'aliments au fœtus. On peut considérer comme démontré que l'eau, J«
sels solubles, les substances facilement dialysables, telles qiie le sucre, passent de U
mère an fœtus en vertu des seules lois de la diffusion. Cependant V. Ott, pour qui la nu-
Inlion du faHus est assurée exclusivement par le li*juide amniotique, a soutenu que r«ao
même ne traverse pas le placenta, {Arck. f, Gynmk,^ 1886, xxvn, 129.) Cet expérimeala-
leur comuienre par déterminer chez des chiennes et des lapines pleines la teneur Jq
sanj^ en eau et en matériaux solides; puis il leur soustrait la moitié environ de leursaaj;
pour la remplacer par une quantité équivalente de la solution physiologique de cbiûrurt
de sodium (G p. I0t)û), Vers le troisième jour, ou après un inlervalb* plus lon^Bf encow,
il extrait les fii'tus, et il trouve que leur sang renferme la même quantité dWuqut* celui
de la mère avant l'injection, tandis que chez la mère il existe encore un état pronoD' -
d'hydrémie. Lïtins d'autres expériences on enlève â la femelle ses fœtus, les uns vingt-
quatre heures avant, les autres vingt-quatre heures après rinjeclion de la holuliou salioe
et le sang a la même composition cheï les uns que chez les autres.
Mais CoiiNSfEiN et Zumtz font remarquer {A. */, P., xur. 1888, 342) que dans les con-
ditions de cette expérience il ne s'établit pas de courant de difl^usîon du sang de i^mért
vers ses propres tissus, à plus forte raison vers le fœtus. Ces physiologistes sont am^r-
d* ailleurs, à mettre très neltement en évidence non seulement le passage de Teau, mti^
encore celui du sucre à travers le placenta. Ils injectent k des femelles en gestatîoo, H»ii
une solution de chlorure de sodium A À p. 100, soit une solution concentrée de gluco5«,çl
déterminent avant et apiès 1 injection Tétat de dilution du sang de la mère et du safir
fœtal par la numération des globules rouges et l'évaluation de sa proportion d'hémofiio-
bme. CoiiNsTEiN et ZuNTz ont obsené de la sorte que la concentration du sang materael
baisse sensiblement et rapidement après rînjecliou de la solution de clilorure de sodiiu»
à 3 p. 100, en même temps que celle du sang fiptal augmente : d'où Ton peut conclure
que celui-ci abandonne de l'eau au sanf,' maiernel et qull se produit, par voie de diffo-
sion, entre le sang du hetus et celui de la mère un échange d eau aussi rapide qu*ealf»
le sang de la mère et ses propres tissus.
FŒTUS.
671
I ce
En même temps que le san^ du fœtus perd de l'eau, it s^eurichit soit en chlorure de
itiin, soit en sucre. Counstein et ZuNr7. n'ont pas évalué qQaQt.iiativemeul Tau^jimen-
Dn du sel dans le mn^ fœtal ; mais ils ont fait cette déterminai] ou pour le sucre.
Une minute déjk après la fin de rinjeclion, on peut reconnaître que dans le sang du
i/a'tus la richesse en sucre a notablement augmenté : au bout d'une heure, elle a fortement
idimiuué, ainsi que la conceniratîon, tandis que dans le sang maternel la proportion de
■HWB % baissé également, et la concentration a de nouveau augmenté.
P^NlMNilpériences ont donc démontré pour la première fois avec certitude que l'eau et
Icf substances solubles passent à travers le placenta dans le sang fœtal. Ces échanges,
comme le l'unt remarquer Coh^stein el Zuntz, ont loua les caractères d'un processus de
ii/Tusion. Cependant ces physiologistes ne veulent pas, «ans plus ample informé, d^^duire
Fde l que les substances non dilfusibles, telles que ralliumineel les graisses, parviennent
au fœtus par un mécarièsme semblable. lisseraient plutôt portés à croire que le placenta
a la proprit^té de peptoniser l'albumine, pour en permettre l'absorption* La nécessité
d^unc peptouisation des matières proléiques avait déjà et*' antérieurement soutenue par
fUMT. 1^. fy. P., XI v).
Cette opinion a récemment trouvé un défenseur dans A- Ascou (Z. p, C„ 1902,
txxvi, -408 ), qui a étudié le passade de t'ai bu mine de la mère au fu'lus en se servant
Tcomme réactifs de sérums prucipilants spécifiques. Cet expérimentateur a trouvé que,
si Von injecte à des femelles en gestation, par voie sous-cutanée^ ditférentes substances
|Albumînoïdes, il est facile de constater par ce moyen leur présence dans le sanj; de la
aère, el souvent aussi dans celui du fœtus; mais dans tous les cas il y a une JilTérence
rés prononcée dans rintensitéde la réaction enlre le sang de la mère et celui dn fœtus:
iUe est toujours beaucoup plus faible dans le san;; du fœtus, Si ta réaction dans le sérum
naternei est faible ou modérée, le qui s'obtient soit en injectant de faibles quantités
[*albumîne sous la peau, soit en faisant ingérer même de grandes quantités par le tube
ligcstif, la réaction fait défaut dans te sang du fa^lus. De même, si Ton fait ingérer de
Tovalbuniine à des femmes enceintes ou en travail, le réactif physiologiune permet de la
lettre en évidence dans le sang de la mère, mais non dans celui du fœtus. Ce qui revient
dire que dans les conditions normales l'albumine ne passe pas dans te san^ du fœtus»
au, du moins^ que les sut>staiices que pix-cipitent tes sérums spécifiques n'y passent pas.
11 faut donc supposer an placenta des fonctions digestives; cette manière de voir
encorde avec cet autre fait découvert par Ascou, que le placenta débaixassé de son
sang contient un ferment protéolytique i ce ferment ai:il à peine en milieu alcalin, fai-
Wement en milieu neutre, et plus activement en milieu acide ; il est tzapable de digérer la
brtoe, et dans cette digestion on trouve comme produits intermédiaires des albumoses
I, comme produits terminaux, de la leucine, de la tyrosine et des bases nucléiques. Ce
erment existe déjà dans le plact^nta à des stades peu avancés du développement.
Il est vrai que les peplones diflusent plus facilement que l'altyumine dont elles
dérivent : mais peul-êtr© leur dilTusibilité a4-elle été exagérée, si l'on s'en rapporte aux
~ tpériences de v. Wittich (H. H. v, 2, 290) et à celles de Malv. Toujours est-il que Weh*
aeiVER et Deleî&isnc (B. B., 1895» il»!;, en injeetanL des peptones à des fenj elles pleines
n'ont pas pu rendre incoagulable le sang des fo'tus. Cette eipérience, comme ou verra
^^lus loin, peut recevoir diverses cxplicatinns, el elle devrait être complétée p»ar la re-
^Biercbe directe des peptones dans le sang du fœtus; mais on peut néanmoins en con-
^■lure que les protéoses ellès-niéraes traversent difficilement le placenta, ou du moins
Hkrès lentement.
~ Il n*est pas probable que le placenta oppose au passage des albumines contenues dans
Je sang maternel un obstacle absolu, et leur peptouisation préalable paraît supertlue;
Aie suppose d'ailleurs que te même épitliélium de ta villostlé placentaire qui est chargé
transformer Talbuniine en peptone transforme ensuite immédiatement la peplone en
llmmine du sérum, puisque la peptone est un principe étranger à la constitution nor-
► du Hang, et dont rorganisme se débarrasse quand il a pénétré directement dans ta
Kiioa.
ils Talhumine, dira- t*on, ne traverse pas les membranes» 11 faut pourtant bien que
les matières aLbuminoides du sérum traversent constamment les parois des vaisseaux
pour faurtiir aux besoins des éléments extra-vasculaires.D^uu autre cOté, puisque J'étuda
572
FŒTUS.
de fabsorption digestWe nous montre que des malières album inoîdes non Iransfor
ni peplonisées, arrivent dans les vaisseaux sanfçuins des villoait^s mtesUnales, on neroit
pas potirquoi les villosités placentaires qui sont plongées directement dans Je sang ma-
ternel ne laisseraient pas passer la sérumalbymîne et la sénimglobuïine qui y sont con-
tenues. D'ailleurs, aussi bien pour l'absorption intestinale que pour rabsorpUoD pUcea-
taire, on est obligé jusqu'à présent, si Ton veut expliquer ces faits, de faire iuterreoir
raclivité vitale des olénienls épithéliaux^
C*cst surtout le passage dn la graisse qui a paru le plus difficile à expliquer, el Ton
s'accorde généralement à admettre que le fiDtus la fabrique lui-même aux dépens àm
hydrales de carbone et des matières albumiiioîdes. Comme la slructure des villosités^dil
pRKVKfi, elles expériences sur le passage des éléments morphologiques dusaugdelara^j>?
au fœtus sont cutt-goriquement hosliles à la migration régulière de corpuscules graissem
à Fétal libre dans le sang du fœtus, on ne peut que regarder corinnie vraisemblable use
production de graisse par l'embryon et une importation de celte substance par les lea-
cocytes* Celle opinion paraîtra cependant moins vraisemblable que iie le croit Piktpi.
si l'on considère quelle iiche réseiTe de substances grasses toutes faites la u ^
déposée dans Toeuf des oiseaux, alors que rembryon ne peut pas les recevoir de 11
et bien que son orf;anisnie soit tout aussi apte que celui des fœtus de mammifères à Iditt
subir aux hydrates de carbone et aux 'substances quaternaires les transformatia
nécessaires,
On ne peut comprendre, dit encore Preyer, comment la graisse doit francbir par i
fusion répttbélium du cborîon et les tuniques des vaisseaux. Mais on ne comprend
mieux commeitt dans Torganisme adulte elle arrive à la vésicule adipeuse qni la metl
réserve. Le problème de la pénétration des graisses de l'intestin dans le système an
latoire a été bien souvent agitée et il continue encore à Têtre; mais il est r-
que celui du passage inverse, du sang vers les tissus, n'est en générarpas m*.
11 n*y a peul-ùtre que BuPicEqui en ait proposé» non une solution, mais un essai dexplt-
cation, en ces termes : si les globules graisseux peuvent émigrer à travers U paroi
intestinale, pourquoi ne pourrraient-ils pas traverser aussi les parois des capiliatres t\
pénétrer dans les organes ? Mais alors, peut-on ajouter, puisqu'ils traversent la paroi
intestinale et la paroi des vaisseaux, pourquoi ne pourraient-ils pas traverser aossih
paroi des villosités placentaires et celle de leurs capillaires?
Cependanl» pour expliquer le passage de ta graisse en nature à travers las raisseani,
il ne serait plus permis d'invoquer» avec Bcnge, Texempie de Tabsorption intestinale, 51)
est vrai, comme le soutient pFLur.EK, que celle-ci exige la saponitication préalable des
matières grasses. Mais, si fon veut admettre que, pour sortir des vaisseaux, elle* otu
besoin aussi d'être dédoublées par uts ft'rmenl saponifiant, leur absorption par les villo-
sités placentaires se comprendra encore plus facilement, puisque les produits de dédoih
blement seront des substances diiïusibles.
M faut dire toutefois que les deux seules tentatives expérimentales qui, à nottt con-
naissance, aient été faites sur cette question ne semblent pas favorables à ridécquelt
trraisse du fcptus provient de la graisse contenue dans Talimentation de la mère.
Ahlfeld (cité par Schrkwe; donne à une femelle pleine, qu'il a laissée d'abord à jean
pendant deux ou liois jours, une certaine quantité de lard. Au bout de douze heures *>d
fait une saignée à l'animal; puis on extrait les fœtus, et on détermine ainsi la propor-
tion de graisse de leur sang. Dans le sang de la mère ou trouve 8,i à 9,3 p. 100 d'eitriil
éthéré : dans le sang du fœtus. t>,5 à t),84 p. 100. Le sang de la mère a l'aspect lactesceot,
et au bout d*un quart d'heure it laisse surnager une épaisse couche crémeuse; jiiaif,
dans le sang du fœtus, rien de pareil. Ahlfeld conclut donc que même les plus finn
particules graisseuses ne traversent pas le placenta. La conclusion ne parait cepeudâfli
pas absolument justifiée, puisqu'on ne sait pas quelle était la proportion de grals?*^
dans le sang du fœtus avant rexpérience.
Plus probantes sont les observations de Martin Tuïbmiscu (€. P., (898^ SdOj, .p^^ ^^
nourri une chienne pendant deux portées successives avec des graisses aussi difréreDi»
1. Voir cependant
1902.
H* Friedenthal, Ueùer die Permealnlitât dei- DarmmtndHng, À. D .
FŒTUS,
573
I
que possible et a déterminé ensuite la composition de U graisse des nouveau-nés* Dans
la première expérience Thtemisch a employé la palrnine, graisse extraite de l'huile de coco,
dont rindice d'iode est 8; dans la deuxième, Fhuile de lin, dont Tindice d'iode est 180.
L'esp^riance a commencé, dans les deux cas, quelques jours après que la chienne avait
été couverte et «ans qu'elle eût été débarrassée préalablement des réserves graisseuses
de ses tissns. Il s*est trouvé que la graisse des nouveau<nés présentait dans les deux cas
la même composition au point de vue de l'indice d'iode, composition qui était donc
indépendante de celle de la graisse qu'on avait fait ingérer à la mère pendant toute la
durée de la gestation, soit sept à huit semaines. Donc ta graisse du fœtus ne provient
pas directement de la graisse alimentaire de la mère ou en faible proportion seulement.
Mais, comme le reconnaU Tijikiijsch, ta question reste ouverte de savoir si le fœtus na
lire pas sa graisse des réserves graisseuses de la mère,
La seule observation que l'on puisse citera Tappui de Topinion, que le fœtus reçoit
sa graiise toute formée de la mère, est due à 0astbe. Ce physiologiste a constaté {toc,
ûit,)^ pendant toute la durée de la vie embryonnaire, la présence de la graisse dans les
cellules du chorion* et même dans tes cellules de la parui des petits vaisseaux, sous la
forme même quelle affectât lorsque dans la digestion elle traverse J'épitbélium iules-
Linal, c'est-à-dire sous la forme de granulations.
Quant au transport de la graisse et même de Talbumine par les globules blancs, il ne
parait pas devoir être admis» puisque iVxpérience montre, comme ou le verra en un
autre chapitre, que ces éléments ne franchissent pas le placenta.
Le placenta est donc certainement un organe d'absorption ; peut-être, d'après quelques-
uns, un organe de digestion; rm y a vu également un organe de sécrétion. Beaucoup
d'aoteurs ont admis, en eiïet, que le liquide spécial dont nous avons déjà parlé, le lait
utérin, élaboré par le placenta, nourrit le fcetus, ou, du moins, contribue a sa nutrition.
La présence de ce liquide et sa signification avaient déjà élé indiquées par H aller dans
cet apophtegme : in mmiiifiutibus muni festum fit mutrem iftlcr et fœtum, non f>anyuiuis &ed
lacth ^&^' commrrcinm. Ce n'est plus le sang qui nourrit le fœtus, c'est un lait, c'est-à-dire
une sécrétion de la mère. ^ Le placenta maternel est une mamelle, une ^Oande sécrétant
UDe humeur que rVEEDJiAU (1667) appelait te biit utérin, que Vieussens confondait avec le
lait véritable; que Duveh^ev (1835) et Eschriciit (1837), ont considérée comme Thumeur
des glandes utriculaires; que Fn>ho^T et M<irin, ScuLOssoEaGEh en 1855, Spjëoeldbrg et
GiMGiE en 1864 ont isolée et analysée. » (r)ASTi4E0
On peut exprimer le lait utérin des cotylédons placentaires des ruminants sous la
forme d'un liquide blîinc ou faibleraenl rosé, crémeux, à réaction alcaline, mais deve-
nant facilement acide. Sa composition est la suivante : matériaux solides; 81,2 à 120,9
p. tOOO ; 01,5 à 105,6 d'albumine; 10 de giaisse ; :î J à 8,2 de cendres (Hammarstex, Phy-
BioL Chemie, 1895, 373).
L'origine du lait utérin a été diversement comprise par les auteurs. Tandis que la
plupart ont admis qu'il est un produit des glandes utriculaires de la maliii:e (IUller,
YoN Baer, BiscROFF, SnvpEY, J vssiNSEY Glc.),oumême de la totalité de la surface Je l'épi-
ihélium utérin (HEN^îïNii), d'autres, tels queTuRNER, Ercolam, Homiti, ont petîsé, Ercolapu
T^urtout, qu*il était di\ à un organe sécréteur nouveau : cet organe sécréteur, rîéoformè»
n'est autre que le derme uliTiu remanié et devenu particulièrement riche en grandes
cellules.
Quant au mode de formation du lait utérin, Ercolani le fait naître d'une décomposition
des cellules du tissu même de la muqueuse utérine, Bojjnbt, observant dans ce liquide une
('•norme quantité de globules blancs, en attribue la production à ces derniers : les glo-
bules blancs fournis par les vaisseaux sanguins de lu mère émigreraient k travers l'épi-
Ihélium de la muqueuse et des glandes. Tafa^i considère le lait utérin comme formé par
la destruction des cellules épitbéliales de la muqueuse et des glandes utérines.
Xous avons dê]h, dit que le lait utérin se rencontre surtout dans les premiers stades
dudéveloppement; cependant, chez les ruminants et les solipèdes, il persiste encore 4 des
stades avancés, 11 est probable que ce mode de nutrition au moyen d'un liquide spécial
diminue d^imporlance au fur et à mesure que les rapports placentaires se compliquent
et se perfectionnent^ puisque le lait utérin est surtout abondant dans les gvuupes infé-
riears indéciduates, tandis qu'il se réduit beaucoup ou fait mtïme défaut cbez les mam-
574 FŒTUS.
mifères à placenta zonaire et discoïde, quand les relations vascalaires entre la mère et
le fœtus deviennent plus intimes (Prenant).
Cependant Hopmann a soutenu que le fœtus humain tire aussi sa nourriture non
seulement du sang maternel, mais d'un véritable lait utérin qui se mêle à ce sang. Ce
lait serait sécrété par la sérotine et se rencontrerait jusque dans les espaces interviU
leux, de sorte que les villosités placentaires pourraient y puiser directement.
Wbrth, par contre (Arch. f. Gynœk., xxii, 233), trouve que les globules sphérîques
décrits par Hoffmann manquent entièrement dans les placentas frais, ou n'y existent
qu'en petite quantité, tandis qu*ils augmentent de nombre quelques heures après la
naissance. AVerth les a vu exsuder des villosités et les considère comme des gouttelettes
albumineuses éliminées par l'épithélium chorial mourant.
C'est ici le lieu de signaler les formations que l'on a décrites récemment comme des
produits de sécrétion du placenta. Nattan-Larrier (B. B., 1901, 1111) rappelle que
Creighton avait déjà dit qu'en divers points de îa portion fœtale du placenta les cellules
périvasculaires se transforment en se fondant en une sorte d'humeur aqueuse qui est
absorbée par les villosités fœtales, de sorte qu'on peut conserver, ajoutait-il, pour le
placenta l'expression d'organe glandulaire. Mais Nattan-Larrier constate que c'est
dans les vaisseaux maternels que Ton trouve des boules arrondies et colorées en gris,
nées du plasmodium, et que c'est vers l'organisme de la mère que sont portés cas pro-
duits (( de la sécrétion interne du placenta ».
Letulle {B. B., 1903) a signalé dans le placenta humain normal des boules ou gout-
telettes identiques à celles décrites par Nattan-Larrier et Pinoy dans le placenta des
cobayes; elles apparaissent soit ûxées à la surface de l'épithélium plasmodial, soit
flottante dans les sinus sanguins au milieu de globules rouges. 11 s'agirait d'une matière
albuminoïde dont il est malaisé d'établir les caractères ; mais ce qui est certain, c'est
que c'est la couche épithéliale plasmodiale recouvrant la vtllosité placentaire qui leur
donne naissance.
A quoi servirait cette sécrétion interne du placenta? Nous n'en savons rien. On verra
cependant plus loin, à propos des échanges entre le fœtus de la mère, quel rôle Kollxann
a attribué aux produits de ce genre. D'après Pinoy (B. B., 1903,6), les petites boules
du placenta normal sont entièrement solubles dans l'acide acétique, ou les acides forts
étendus; les grosses boules y sont altérées au point d'être méconnaissables; il ne reste
le plus souvent que leur contour extérieur. Ces boules doivent être considérées non
comme une sécrétion, mais comme des déchets sarcodiques rejetés par le plasmode.
Le plasmode est l'équivalent d'un épithélium qui travaille et se renouvelle : les boules
sont constituées par du plasmode mort; elles sont l'équivalent de cellules desquammées.
Au même ordre de faits qui vient de nous occuper il faut encore rattacher une parti-
cularité que présente le placenta annulaire des carnivores; pendant la seconde moitié
de la gestation ses bords présentent dés bandes ou bordures vertes. « L'étude du déve-
loppement montre qu'au niveau des bords du placenta l'ectoderme placentaire et la
muqueuse de l'utérus sont séparés primitivement par une série de cavités communiquant
les unes avec les autres, et qu'à l'intérieur de ces cavités le sang maternel s'épanche du
22« au 23" jour chez la chienne, vers le milieu de la gestation chez la chatte (Tournxux). »
Dans ce sinus (sinus latéral ou canal godronné), le sang extravasé subit une série de
modifications. « Vers la fin de la gestation le contenu du sinus se compose de globules
rouges, de globules blancs, de cristaux d'hémoglobine, de granulations brunes et d'une
substance colorante verte, sous forme de grains irréguliers. » Brachet avait déjà com-
paré cette matière colorante à celle de la bile ; Mecrel lui avait donné le nom d'hémato-
chlorine; Cadiat lui a trouvé les mêmes réactions qu'à la bilirubine, et ëtti la considère
comme identique à ce pigment (Mahj^s J, B., ii, 287). Preyer met en doute cette identité.
II est probable que le contenu de ce sinus est absorbé, puisqu'on y trouve des villo-
sités choriales, dont la surface est recouverte de grosses cellules épithéliales, remplies
de globufes rouges.
c. Rôle du liquide amniotique dans la nutrition. — Une autre source d'alimen-
tation pour le fœtus serait, d'après nombre d auteurs, le liquide amniotique. 11 n'est pas
douteux que ce liquide peut être ingéré par le fœtus une fois que l'appareil nerveux et
musculaire qui préside aux mouvements de déglutition est complètement développé, et
FŒTUS. 575
dans les premiers stades il serait, d*après Prêter, absorbé par la peau. Déjà Harvby et
Hallbr avaient observé que les embryons de poulet dans Tœuf déglutissent Teau de
Tamnios, qu'on peut retrouver dans leur estomac en quantité plus ou moins grande.
Il en est de même chez Tembryon de mammifère : de nombreux faits le démontrent.
C'est ainsi qu'on trouve constamment dans le méconium du duvet lanugineux et d'autres
produits de desquammation de la peau du fœtus, ainsi que de la graisse provenant du
vemix caseosa. Gr^pin a rencontré dans Testômac de fœtus de jument, âgés de 7 à
8 mois, des fragments de corne détachés des sabots, ainsi que des amas de poils. Chez
des lapines pleines, auxquelles Zontz et Wiener ont injecté de l'indigosulfate de soude,
le contenu de l'estomac du fœtus était coloré en bleu, en même temps que Teau de
l'amnios, à l'exclusion de toutes les autres parties fœtales. On pourrait multiplier les
exemples de ce genre.
On a quelquefois considéré les mouvements de déglutition du fœtus comme des
mouvements anormaux associés à des mouvements respiratoires prématurés et provoqués
par des troubles de la circulation utéro-placentaire. Il faut plutôt y voir un acte physio-
logique normal. Le fœtus, de même qu'il meut ses membres, exécute sans doute des
mouvements d'ouverture et de fermeture de la bouche, et alors le liquide amniotique,
entrant en contact avec la muqueuse buccale, provoque des mouvements réflexes de
déglutition. D'ailleurs, de même que la succion s'opère instinctivement chez le nouveau-
né immédiatement après la naissance et pendant le travail même |de l'accouchement,
quand un corps étranger entre en contact avec la bouche, de même il est probable qu'elle
s'exerce déjà pendant la vie intra-utérine. Ahlfeld a observé, à l'exploration de la paroi
abdominale chez une femme enceinte, de petits ébranlements dont il a pu compter H3
en huit minutes, et qu'il a attribués à des mouvements de succion et de déglutition du
fœtus, ce qui sembla confirmé par le fait que l'enfant vint au monde avec un pouce
rouge et gonflé et se mit à le sucer immédiatement après la naissance. Reurold a signalé
un cas du même genre et considère ces ébranlements de la paroi abdominale comme
dus à des mouvements de va-et-vient de la main que suce le fœtus (Virchow ei Hirschs*
J. B., 1885, 1, o3o).
L'albumine et d'autres principes contenus dans le liquide amniotique, le sucre par
exemple, peuvent donc être déglutis et résorbés. Les expériences de Wiener {Arch.'
f, Gynaek. xxiii, 183) montrent en effet que les substances introduites dans le tube
digestif du fœtus sont soumises à l'absorption. Wiener injecte avec une sonde œsopha-
gienne du lait dilué dans l'estomac d'un fœtus: au bout de neuf heures environ on trouva
des gouttelettes de graisse dans les villosités intestinales. Dans une autre expérience on
injecta du ferrocyanure de potassium dans l'eau de l'amnios ; on obtint la réaction du
bleu de Prusse au bout de deux à trois heures dans les parois de l'estomac, de l'intestin,
dans le mésentère.
Ajoutons encore, pour n'avoir plus à y revenir, que de l'huile d'olive injectée dans
la cavité péritonéale fut retrouvée dans les vaisseaux lymphatiques du diaphragme, le
canal thoracique, la veine cave supérieure, ce qui prouve que les lymphatiques généraux
sont déjà en état d'absorber chez le fœtus, de même que les chylifères.
Par conséquent, l'albumine déglutie et résorbée pourrait être utilisée par le fœtus;
mais la quantité qu'on en trouve dans le liquide amniotique est vraiment trop faible
pour qu'elle puisse représenter un appoint sérieux dans l'alimentation du fœtus. D'un
autre côté, il n'est pas certain que cette albumine ne provienne pas du fœtus lui-
même. On peut en dire autant de l'eau de l'amnios, à l'absorption de laquelle Preyer
attache une importance considérable, parce que, pense-t-il, l'apport de l'eau par le sang
de la veine ombilicale serait insuffisant pour répondre aux besoins de l'organisme fœtal.
Mais, en réalité, il est difficile de savoir si le fœtus emprunte plus d'eau à la cavité
amniotique qu'il ne lui en donne. Le rôle du liquide amniotique dans la nutrition ne
peut être en définitive que tout à fait secondaire, si toutefois il faut lui en reconnaître
un, et la source la plus importante des matériaux de nutrition, et probablement la seule,
c'est le placenta.
d. Transformation chimique des substances nutritives dans l'organisme
fœtal : glycogëne. — L'orfjanisme du fœtus, comme celui de l'adulte, doit faire subir
aux principes nutritifs qu'il reçoit des modifications et des remaniements profonds.
5T6
FŒTUS.
Avec les miiU^res protëiques qui ne lui arrivent sans tloute que sous forme d*alk>QmÎÉ
et de globtîlines, i) doit reconstituer celles qui entrent dans la composition de ses Ussos"
avec elles il doit élaborer toule une série de composés spéciaux, tels que rhémo^Jo-
bine, la mucine, la matière chondrogène, qui sont autant de produits de synthèse, ou
encore d'autre.* corps moins complexes, tels l'élastine, la gélatine, mais dont la con^U-
tution s'éloigne déjà notablement du type de Talburaine ordinaire.
Nous avons déjà discuté la question de savoir si la graisse est fournie direetemeot
parle sang maternel au fœlu3, ou s'il doit la'fabriquer lui-même; il est probable que
î*uu et l*autre mécanismes concourent à la production des substances grasses : qoq»
avons seulement tenu à montrer qu'il n*est pas permis de nier a priori leur passade à
travers le placenta*
La masbo totale de graisse est chez le fœtus humain, d'après Febli?«6 :
Aux 4*
De 0.45 à 0,37
0.28 à 0,6
6<
0,1 à 1.9S
2,S1 à 3,47
8-
4,U
9-
8.7
10* mou^
9a p. 100
Jusqu'à la fin du a* mois le ffetus ne reçoit ou ne produit que des traces de grais»
moins qu'aux premiers stades du développement elle ne soit pas encore emcDagisio
mais uliiisée immédiatement,
P.ianoT a signalé au moment de la naissance dans les viscères de Thomme et des
mammifères une abondante diïTusion de granulations graisseuses ; cet étal ^raisseti
décroît ensuite rapidement. Nataus Guillot a trouvé une quantité moyenne d»
12 p. 100 de graisse dans les poumons de l'enfant qui n*a pas respiré et, après quelque»
heures ce chiffre est tombé à 6 p. 100 (cité par Dastre).
Une substance abondamment répandue dans l'or^^anisme embryonnaire, c*i
matière glycogène. Comme le plasma maternel n'en transporte pas, et que les glob
blancs qui en contiennent ne traversent pas le placenta, cette substance ei>t door im
produit de Factivité des tissus fi±4aux. lie mt^me que chez l'adulte, elle doit donc 5« for-
mer aux dépens soit des hydrates de carbone, soUdes matières albuminoides, »oit peut-
être aussi aux dépens de la graisse*
, Les recherches de Cl. Beh.varo (C. R, 1859, 48-77; ibid., 673. — C. iL 1871, 1î, -
Leçons de Phy$iûl. ewpérim,, 1855, i, 382. Phénom, de la rie, 1879, n. 57) ont moQtrë
que la fonction glycogénique est d'abord ditFuse dans de nombreux organes et tissoi
de Tembryon, ainsi que dans ses annexes, avant de se localiser définrtivement dans le
foie.
Pendant les premiers temps du développement, c'est le placenta qui est desUnéi
remplir cette fonction. Chez les rongeurs la substance friycogène est incluse dan* de»
cellules situées entre le placenta maternel et le placenta fœtal. La masse qu elles formeot
ne présente pas le même développement à tous les âges; elle paraît s'accroître josepi'aii
milieu de la gestation, pour s atrophier ensuite à mesure que le fœtus approche da
moment de sa naissance.
Chez les carnivores, c'est à la périphérie du placenta que la matière giycogtne
s'accumule, pour en disparaître t*nsuite, à mesure que le foie approche de sa cansti-
tution complète.
Chez les ruminants, l'organe glycogénique est constitué à l'état embryonnaire paf c«
quQ Cl. Behnard a désigné sous le nom de plaques amniotiques. Ce sont des amas cellQ*
laires se développant d'abord sur la face interne de Famnios et pouvant acquérir une
épaisseur de 3 à 4 millimètres. Elles apparaissent d'abord sur la face interne de ranutios,
puis recouvrent le cordon ombilical jusqu'à une ligne de démarcation bien nette qai
sépare le tégument cutané de Tamnios. Chez Tembryon de vache, ces plaques alteigaent
leur entier développement vers le sixième mois de la vie intra-utérine, puis s'atrophient
graduellement.
Si nous passons maintenant au corps même de lembryon, nous voyons que la matièrf
glycogène se produit dans la peau et dans les annexes du système cutané. Les cellules
de Tépiderme contiennent des granulations qui offrent les réactions caractérisliqiws :
chei le IVl'Ius de veau, de mouton, de porc, la corne des pieds se comporte de mèmf;
la matière glycogène disparaît de l'appareil tégumeniatre vers le 3* et le 4* mois de Uw
FŒTUS.
577
i
I
I
I
ÎQlra-uténoe chez U veau. Mac Do?«nku. (/. de la Phys.^ 1863, 553) a vu de même que la
sobsiance carnée d un fœtus de vache de 4 mois fournissait 18 p. 100 de glycogène.
tandis que celle def pattes d'un fœlna presque à terme n*en contenait que des traces.
Lis surfaces muqueuses des appareils digestif, respiratoire, génital, sont aussi recou-
Teri#s de cellules chargées de matière glycogène. Dans le tissu pulmonaire Je résidu sec
-en contiendrait, d'après Mac Donnell, pins de 50 p* I0€; mais, quand ranimai est près
de naître, elle est réduite à une quantité très taible ou môme a disparu complètement.
Quoique les glandes sativaires, le pancréas ne rtinfermeut Jamais de matière glyco-
^De, TépiUiélium de leurs conduits excréteurs en contient presque constamment. Ainsi
!•§ surfaces limitantes extérieures, dit Cl. Bernard, oiïrent toutes dans leur développe*
naenl embryogénique le caractère d'être fortement chargées de matière glycogène, tandis
que la surface des cavités closes des séreuses, les glandes, le tissu nerveux, le cerveau,
U moelle éptnière, le tissu osseux s'en sont toujours montrés dépourvus. Mac Dofi{:vKLL en
A trouvé dans le tissu cariitagineux immédiatement après sou apparition, et Ten a vu
disparaître pendant le cours du développement.
Un tissu relativement riche en matière glycogènCp c'est le tissu musculaire, surtout
le tissu musculaire strié. Sur 8,30 à 11,75 de résidu sec, il contient suivant KiYge de 0,8
à 3,5 de glycogène ^Mai: Donnell), Cl, Bernard., Mac Dohnell, Brauxis (T. P., 1888, 1,
lâO) s'accordent pour reconnailre que celte matif*re diminue très notablement dans les
muscles vers la fin de la vie intra-utérine ; diaprés Cl. BeniNAiiD, elle disparaît très rapi-
dement après la naissance sous l' influence des mouvements respiratoires et autres.' Il
faut donc qu*il s'en reforme plus tard, puisqu'on trouve de la matière glycogène dans les
muscles de Tadulte.
Cette substance existe aussi dans le cœur embryonnaire, d*après Ct. Bernard ; mais
Mac Donnrll n'y a trouvé que des traces, ce qu'il attribue à ce que Tactivité de cet or-
gane est antérieure à celle des autres muscles. Sur 6 fœtus de chien de 57 jours, et
sur 5 autres firtus de cbien plus âgés, examinés par Bkac;nis, le cœur était absolument
dépourvu de glycogène ; tes autres muscles n'en contenaient que des quantités très
léigëres, à l'exception du diaphragme qui en contenait un peu plus.
Le foie enfin se comporte d'une manière tout à fait spéciale en ce sens que, comme
tous les autres organes glanduleux, il ne renferme pas au début de la matière glyco-
f^ène, mais que, vers le milieu de la vie intra-utérine, il commence à foncliouner comme
organe glycogénique. Alors la fonction gtycogéntque tend à disparaître de tous les
Autres points de Torganisme fu^tal pour se localiser dans le tissu hépatique.
ZwEiFLL a trouvé du glycogène dans le foie d*un foetus humain de 4 mois. V. Wittich
a eu occasion d'examiner le foie d'un fœtus de 5 à 6 mois immédiatement après son
expulsion et après Tarrèt des battements du cœur. Il y a trouvé 0,24 p. 100 de glycogène
et dans les muscles 0,0 p, iOO (H. H., v, II).
ht foie est donc, au début, trt-s pauvre en glycogène.
Dans le foie d'embryons de vat-*he de 10, (i, 21 centimètres de long, Paschitin n'en t
pas trouvé; chez un embryon de 40 cenlimèires il n'en a trouvé que fort peu. Par contre,
HoppK-SEYLEn dit avoir observé, déjà dans les premiers rudiments du foie, à en juger
d'après la coloration par l'iode, une teneur 1res forte en glycogène.
Pour le foie du nouveau-nè les données sontassez discordantes. Chez un chat nouveau-
né» V. Wittich n'a trouvé que 0,22 p. tOO de glycogène. Salomon, chez un enfant de 4 kîlogr.
obtint d'un foie assez petit 1,2 gr. de celte matière, et d*un foie de 238 gr. plus di? 1 1 gr.
Cependant les analyses les plus récentes donnent pour le nouveau-né des chilTres très
élevés, Deua.nt (Z. p. C, 1887, xi, 112) a trouvé chez des chiens nouveau-nés, une
heure après la naissance, 11,389 p. \ÙÙ^ mais cette proportion diminue déjà dans le»
quelques jours qui suivent la naissance. BcrrK fi. fî., 1894. 379) est arrivé h des résultats
semblables; chez une chienne pleine à terme, il a trouvé dans le foie de la mère 0,40 gr.
p. 100, et 8,71 gr. dans ceux des ffptus. On voit par ces chifi'res que la proportion de gly-
cogène est non seulement très élevée chez le fœtus* mais très faible chez la mère :
elle diminue donc considérablement chez cette dernière, à l'époque du terme. Par contre,
dans la même expérience, il y avait chez la mère 1,40 gr. p. HXI de glucose, et chez les
fœtus 0,41 «r. Buttg a trouvé, en effet, que le glycogène ne se comporte pas de la même
manière au point de vue de sa transformation en glucose chez Tanimal nouveau-né que
OÏCT. 1>B PHVSIOLOOJE. — TOME VI. 37
570 FŒTUS.
chez Tadulte* Ainsi, dans un© exfïéneuce, il sacrifle 4 pelits chiens quelques heoq
après leur naissance, et dose le f^Iucose et le glycogèn© de leurs foies six miautei <
quatre heures après la mort. Voici les résultais obteous :
Mornoot; de Voviémifm* GivcfMe Qljcoekn^
pr loo. p, 100,
6 minutes après U mort. • 0,66 11,3
4 heures après •,,,.. 0,53 10.82
Un voit encore une fois que la quantité de glycogène contenue dans le foie des nm*
veau-nés est bien supérieure à celle qui existe dans celui des adnltes, et, de plus, queci
glyc-ogène est beaucoup plus stable que cbez ces derniers. En effet, au bout de quatre
heures, il n'a disparu qu'une très faible quantité de glycogène, et il ne s'est formé qu'âne
quantité minime Je glucose; la transformation se fait donc chez le nouveau-né^ et am$i
chez, le fœtus, avec une lenteur extrême,
C A vAzzAN ((.'!, î. /i, 1897, xxuu 140) a conllrmé l'observation de Bdtte, que dans k foie
fœtal il ne se produit que peu de fj;lucose; dans 15 gr, de foie de fœlus arrÎTés & îi
5* semaine, on n'en trouva que des traces, tandis que le foie delà mère en contenatlO,^
p. 100.
Il faut rapprocher ce fait de cet autre, signalé par Bïal (A, g. P., 1884, lv, 434) et con-
firmé par Cavazzani, que le sang fœtal est pauvre en ferment diastasique, ou n'en ren-
ferme pas.BiAL a montré que du foie de chien, laissé pendant cinq heures à la températort
de la chambre en présence de 20 à 25 ce, du sang placentaire du nouveau-né humiin,
donne moins de sucre qu'en présence du sang de ruminant ou de chien adulte. Ainii
î>0 ce. d^une solution de glycogène à 1 p. 100 tonliennent après une digestion de
cinq heures :
Avec 5 ce. de sang placeotaire. . . 0,1 p. 100 de sacre.
— 5 ce. de sang de hoTidé. , . > 0,2 —
— S ec, de sang de chien . . , . 0,25 ^
Dans une autre expérience, SO ce, d'une solution de glycogène h 1 p. 100 ont (
Avec 5 ce, dû saog du nauvcau*né pas de sucre.
— 5 ce. dû nan^ placentaire .,.,.. 0,06 p. 100.
— 5 ce. de sang de bovidé 0,12 —
— 5 ce, de sang de chien 0,28 —
H semble logique d'établir un rapprochement entre la lenteur delà formation desocre
dans le foie du fœtus, et l'absence ou la faible quantité de ferment diastasique dans sott
sang, si Ton admet toutefois, avec la majorité des auteurs, que la production de gloeofc
dans le foie aux dépens du glycogène est le résultat d'une fermentation diastasique et
que le ferment amylolytique du foie est le même que ce ui du sang. Cependant
C.iVAzzANi, qui, avec quelques physiologistes^ pense que la formation du glucose dans le
foie est un résultat de l'activité de la cellule hépatique, soutient que cette activité est
presque nulle pendant la vie intra-utérine^ que c'est là un deuxième mécanisme qvi
vient s'ajouter à la non pénétration de Thémodiaslase dans l'organisme fœtal pour metirç
obstacle à la ^accbanficatioii du glycogèoet probablement parce que le glycose ne trouve
pas encore son emploi dans la vie fœtale.
Quoi qu'il en soit, s'il n*y a que peu de sucre formé dans le foie fœtal, comme Toiil
constaté Butte et CAVAZiANt, il doit en passer peu dans le sang ; c'est, en effet, ce qu'oui
observé MoHJGorA et Cvvazzani, ainsi que nous l'avons déjA signalé à propos de Tétuile
du sang fœtal. Cependant Cohnstein et Zuxtz mentionnent incidemraeut dans leurs eipé-
riences {ioc, cit.) que la teneur du sang en sucre chez des fœtus de rhatte et de cobaye
était «le l»ri3» de 1,-2:5 p, 1000, c'est-à-dire à peu près la même que chez Tanimal adulte.
Cl, BsR.'^iAHD dit également que, dans les quatre ou cinq derniers mois de la vie intra-
utérine, chez les veaux, il y a beaucoup de sucre dans le foie et dans le sang qui en îort,
ce qui prouve que le sucre se détruit dans le torrent de la circulation. Il faut recon-
naître cependant qu'une production faible et limitée de glucose est plus en rapport avec
ridée que Ton se fait généralement du peu d'intensité des combustions chez le fœtui.
U n'en est pas moins vrai que ces combustions existent, aussi restreintes qu'oo les
I
^ FŒTUS. 579
suppoi^t ^(> puisque le glycogèue est nu débat abondauimcnt répandu dant les tissus du
ferlas et qu'il j disparatl ensuite progressive; ment pour ne subsister que dans le foie, il
y a lieu d'admettre qu'il a été utilisé pour ces combustions, ou bien encore qu*il a servi
en pnrtie À faire de la graisse. Gl. Bernard voit surtout dans le glyoogène embryonnaire
ta preuve que la matière amylacée, chez les animaux comme chez les végcHaui, est indis-
pensable à la synthèse histologique, et que sa présence dans c»?rlain$ tissus est liée à
l'érolatiou des éléments cellulaires qui les composent.
Enfin « si le glycogène s'emmagasine en grandes quantités dans le toie vers la Qn de
la TÏe intra-utérine, c'est sans doute pour que ces resserves puissent fournir au surcroît
énorme de dépenses que l'organisme nouTeaunt' va avoir à supporter, à son arrivée
dans le monde eiténeur, ne seraiL-ce que pour le maintien de sa température.
A certaines périodes de la vie fn^ale, l'organisme se constitue aussi des réserves miné-
rales (Dastrk). Chei les ruminant», les juments^ les porcins, on voit se déposer dans la
trame conjonctive du chorion des plaques blanchâtres [plaques cboriales) formées de
phosphates terreux et presque exclusivement de phosphate Irihasiqoe avec une petite
quantité de phosphate de magnésie. Chez le mouton, ce dép(^t de phosphates atteint son
maiimum de développement, de la quatorzième k la dix-septiéme semaine : arrivée à ce
summum, la produrtion décline très rapidement, et il n'en reste plus que des traces au
terme de la gestation. Les dépôts phosphatés disparaissent du cliorion au uioroenL même
où le travail d'ossification devient le plus actif dans le squelette de l'etnbryon» et où par
conséquent les matières qui les composent peuvent trouver leur emploi. Les plaques
cboriales représentent donc une sorte de réserve^ où s'accumulent les substances phos-
phatées^ en attendant le moiïjent où elles seront utilisées par l'embryon.
e. Réactiom chimiques (fam i*orffani$me ffital. — On a pu voir par tout ce qui pré-
cède que Ie5 réactions qui s'opèrent dans ror^^anisme frrlal sont au tond les mêmes que
celles qui s'ellectuent dans Torganisme adulte. Il n'y a sans doute entre les unes et les
autres qu'une dilîérence de degré. C'est surtout en ce qui concerne les réactions d'oxy-
dation ou de combustion que la question a été agitée de savoir si elles ont chez lefrptus
la même intensité que chez Tadult^. Pflitger (.4,^/. P.» 1867, i, 61)a réuni les arguments
théoriques qui tendent à démontrer qu'elles n'ont pas besoin d'être bien actives
chez le fiptus. L'éner^'ie libérée dans les réactions en cause est dépensée sous forme de
chaleur et de travail mécanique. Or il est vrai que la température du fœtus est no peu
supérieure à celle de la raére; mais cet excès de température n'eiige pas une production
bien forte de chaleur, puisque, même si le fœtus ne produisait pas de chaleur, sa tempé-
rature serait encore égale à celle de la mère.
D'autre part, la plus grande partie de l'énergie mise en liberté par les combustions
organiques se dépense chez Tadulte, sous forme dechaieurrayonnée et d'eau évaporée â
la surface du corps ; le fœtus n'a pas à subir ces pertes, puisqu'il est plongé dans le
liquide amniotique qui est à la même température que lui : en outre, il n*évapore pas
d'eau par les poumons, il n'aâ réchaulîer ni aliments ni boissons, ni air inspiré. Pfu ger
estime que les perles sont, pendant la vie intra-utérine» inférieures de 95 p. KW» à re
qu'elles sont après la naissance*
11 n y a guère a tenir compte que des dépenses engagées dans le travail musculaire.
Mais le plus souvent le fœtus dort; il se meut rarement, et ses muscles respiratoires sont
SDCore inacLifs. Les mouvements qu'il exécute s'accomplissent sans effort, puisqu'ils se
font dans un liquide dont le poids spécifique est à peu près celui de son corps. Le seul
muscle qui travaille peut-être plus activement que chez l'adnïte, c'est le cœur. Enfin il
n'est pas démontré qn^à ce travailsoit attachée une consommation dVjxygf^ne libre, puis-
qu'on sait que les contractions musculaires peuvent être alimentées par des réactions de
■ dédoublement,
Wiener, tiussBnow, et, plus récemment, Cii. Bonn, ont combattu l'argumentation de
Pflu'^eb* Wienrh fait valoir que le travail du cœur n'est pas négligeable, parce qne chet
Ile ftptus le poids et le volume de cet organe sont proportionnellement plus grands
que chez l'adulle. comme Ta montré W, Miller* Il rappelle également une observation
de CoHNSTEiN et Zi:nt/,, qui ont vu le sang de la veine ombilicale devenir noir sous Tin*
ûuence des mouvements du fœlus- On ne tient pas compte, ajoute encore Wïener, — et
l'objection a été reprise par Cm, FIohr, — de ce que le foetus, s*il ne perd pas de chaleur,
I
I
I
580 FŒTUS.
par les âarfaces Légumentaires.est exposé à une déperdition constanle au niveau du pla^
centa, où le sans maternel et le sang fœtaî tendent à se mettre en équilibre de tempéra-
tare par une larçe surface de contact. Enfin Ch. Bohh, d'accord avec GusâEROw,émet Tbypo,
thèse que rénergie libérée par les combustions trouve peut-être d'autres emplois dias
Torganisme fœtal que dans !*organisme aduïte, et qu'elle est utilisée pour raccroissemeiil
et rentrelien des tissus nouvellement formés. Comme argument de même ordre^ ou paur^
rait aussi ajouter que les réactions de synthèse, si nombreuses, qui s'effectaent peadaat Je
développement, étant endotbermiques, c'est-à-dire absorbant de la chaleur, doivent forcé-
ment emprunter le concours d une énergie étrangère et qu'elles rempruntent à d autrea
réactions simultanées, exothermiques.
Il semblait que la détermination directe de la graudeur des échanges respiratoirei
chez le fœtus aurait pu trancher le différend. Mais on a vu que, si les analyses deCoi(?îs-
TXiN et ZuNTz se sont montrées favorables à Topinion de Pfluger» celles de Cn, Bohb uot
donné des résultats tout à fait opposés; il convient donc d'attendre, avant de se prononcer,
de nouveaux docurnents expérimentaux.
Quoiqu'il en soit des deux ordres de phénomî^nes qui caractérisent la nutrition, I
savoir ïes phénomènes d'usure et de destruction vitales, et les phénomènes de créalioi
vitale ou synthèse organique (Cl. Bernard), ce sont évidemment chez le fœtus ces der-
niers qui l'emportent, et de beaucoup, à cause de la puissance de multiplication des cd*
Iules embryonnaires, de ce qu'on pourrait appeler teur énergie de développement.
2° Nutrition de Vmuî d'oiseau. -— 1"^ Composition chimique de Vmvd, — Lœof
comprend, en laissant de côté la coquille et les membranes : l^ le blauc ou alhoinea;
2» Je vilellus.
Chez la poule le blanc présente la composition suivante :
p. 100.
Eau, 86,68
Résidu fixe 13,32
AlbtuniiieB , , . 12,27
Eiti'actif. 0,38
Sucre, . 0.50
Oraiflies.. . Iracea
Sels minéraux 0,66
Ces derniers, rapportés à 100 parties de cendres, se répartissent comme suit :
p. loo.
Chlorure de potassium 41,29
— sodium 9,16
Carbonate do soude, .,.*.. 23,14
Soude. . ,\ . . 12,50
Poussa, , 2,36
Chaux., , 1,74
MagQësîd l,GQ
Oxyde de fer 0,44
Anhydride phosphorique 4,83
— autfurique 2,63
— silicique 0,43 (Hoooukknq^J
l^L'éléraentle plus important est formé par les matières albumînoîdes. On en distiogœ
plusieurs : !•* ovalbumine oy albumine proprement dite, dont nous n avons pas ici à
étudier les caraclères; 2^ une globuline (deux, d'après Cori.n et BÉaAan], qui serait foistae
de la sérumglobuline (0,7!i p. iOO, Dill^yeh); Z^ une substance récemment décrite pv
A. GAunEK, dite ovofibrinogène, analogue au fibrinogène et au nijosinogèue. apte comme
ces substances à se transformer sous les inOuences qui favorisent en général r«ctioo
des ferments solubies en membranes pseudo-organisées (JB. B., !902, 968) ; sa proportiou
est de 1,5 p. 100; 4° une substance ovo-mucoîde, riche en soufre, et pauvre en aiote qat
founiil par èbullilion avec les acides dilués un sucre réducteur.
L'albumen de Tœuf reuferme encore, mais en très petites quantités, des mabèm
eitractives azotées, une trace d'urée, des corps gras, de la cholestérine, des savoo^, m
Éi^fÉMil
FŒTUS. 581
peu de glacose; eailn des seU, dont le potassium et le chlore conslituent la majeure
partie,
2* Dans le viiellos il y a lieu de distinguer : a) le vitellus blanc ou formateur; b) le
vitellus jaune 0(1 nutritif, ou jaune proprement dit. — a. Le vitellus blanc, ou plutôt la cica-
iricule. dont la^composilion a été étudiée par L. Liebermann (A. f/. P. 1888. îun, 71), est
constituée principalement par des matières albuminoïdes qui sont probablement des
globulines; on j trouve également de la lécilhine. du potassium et, d'après Cl. BsiiNàBD,
des granulations de glycojir^ne; 6. Tandis que le blanc d'œuf est un dépôt de réserves
nutritives albuminoïdes, c^est dans le jaune que s'accumulent les corps gras. L'analyse
suivante est due à Goblby :
p. 100,
Kau » 51,49
Résidu fixe 48»5i
Vitelline et autres albumines. . . 15,7(>
Corps gras 21.30
Cholesiérine . 0,44
Lécithine 8,43
Cèrébrine. ... 0,30
Sucre, pigments 0,53
Sets minéraux. It33
Examiné au microscope, le jaune se montre composé de sphérules de deux espèces :
les unes, nchos en graisse et en lipochrome ou lutétne ; les autres, petites, transparentes,
presque incolores, semi-cristallines et de nature albuminoïde, qu'on a assimilées k
l'aleurone des semences végétales.
La vilelline est une substance albuminoïde romplexe qui oiïre certains caractères
des globulines, mais qui est actuellement rangée dans la classe des nucléo-albumines;
elle contient constamment de la lécilhine, elilest probable qu'elle lui est chimiquement
combinée.
En soumettant le vitellus à l'action du suc gastrique^ les matières albuminoides sont
transformées en peptones, et il reste une nucléine ferrugineuse, rbématogène de Bungr,
d'où dérive sans doute l'hémoglobine de Tembryon {Chimie 6î"o/., 1801, édit, fr., 92).
On trouve encore dans le jaune d'ceuf, outre la vitelline et la lécîthi[»e, de la choies*
lénne,des graisses, de la cèrébrine et du protagon; d'aprt*s quelques auteurs, un peu de
glucose.
La graisse de Vœuf a la consistance d'un onguent peu épais, et consiste en un mé-
lange d'une graiâse solide et d'une graisse liquide, La partie solide est formée principa-
lement de tripalmiline avec un peu detnstèarîne. Par saponiûcation de la partie liquide
ou huile d'œuf, on obtient 40 p. IQO d'acide oléique, 38,04 p. 100 d'acide palmitique et
ia,21 p. 100 d'acide stéarique. La graisse du jaune est moins riche en carbone que les
autres graisses du corps, ce qui peut tenir à la présence de mono ou de diglycérides, ou
bien h la présence d'an acide gras pauvre en carbone (Libbkbmaxxn).
Le résidu salin est très riche en acide pbosphorique (63,8 à 6^,7 p. 100 des cendres i
on y trouve 12,21 à 13,28 de chaux; ^05 à 8,93 de potasse; 5.12 à 6,57 de soude;
2,07 à 2,H de magnésie; 1,19 k 1,45 d oxyde de fer, et 0,55 à 1,40 de silice.
L'opuf d'oiseau, qui se développe en dehors de Torganisme malernel, apporte donc
aveclui tous les éléments nécessaires à l'évolution du jeune *^tre. Ou y trouve d'abord
une abondante réserve de matières albuminoîdes de nature diverse, et particulièrement
dans le jaune une forte proportion de combinaisons albuminoîdes phosphorées. On
trouve de plus dans le jaune des nuclôines et de la lécilhine.
KossEL a fait remarquer que les nucléines du vitellus, comme celles du lait, ne con-
tiennent pas de bases xanthiques dans leur molécule, tandis que celles qui srint extraites
de cellules possédant une substance nucléaire en pleine activité vitale en contiennent.
A cette différence chimique correspond une signiticîUion physiologique différente. Les
premières, ou paranucléines, sont des substances de réserve destinées à être assimilées
facilement par l'embryon; la présence des secondes, ou nucléines vraies, est liée par
contre à l'activité des noyaux cellulaires. Ce qui prouve reiactitude de 'ces déductions,
€*eat que les bases xanthiques, absentes de la nucléine de l'aBaf, se trouvent abondamment
582 FŒTUS.
dans les lissus de l'embryon, où leur apparition correspond à la formation de nombreux
noyaux, c'est-à-dire à la formation de nucléines vraies. D'ailleurs la richesse des organes
en nucléines vraies est proportionnelle à leur richesse en noyaux cellulaires. C'est ainsi,
pour le dire en passant, que le tissu musculaire de l'embryon en contient beaucoup plus
que celui de l'adulte (Nolf, Ann, de VInst. Pasteur, 1898, 361).
La présence de la lécithine dans le jaune mérite aussi une mention particnlièrey
parce que cette substance semble se rencontrer constamment dans toutes les cellules en
voie de développement, et activer l'énergie de leur croissance et de leur multiplication.
Danilewski (C. a., déc. 1895) a montré que de la lécithine ajoutée dans la proportion de
1 pour 15 000 à de l'eau où se trouve du frai de grenouille hâte étonnamment la crois-
sance des têtards. Cette influence stimulante d'une intensité inattendue surpasse de
beaucoup celle d'une nourriture riche en albumine. Si l'on considère la minime quantité
de lécithine contenue dans l'eau, on ne peut pas croire qu'elle agisse seulement comme
substance nutritive proprement dite : elle favoriserait donc, d'après Dan ilewskt, l'assimi-
lation des substances nutritives et stimulerait les processus de multiplication des élé-
ments cellulaires. L'action favorable de la lécithine sur la [nutrition a cependant été
contestée par Wildiers; elle a été confirmée par Desgrez et Ali-Zaky, du moins pour-
l'organisme adulte.
Si nous passons maintenant aux hydrates de carbone que renferme l'œuf, nous
remarquerons qu'ils ne sont pas largement représentés. La présence de matière glyco-
gène est niée par Cl. Bernard ; Dareste a bien signalé dans le jaune l'existence de
grains d'amidon; niais Dastre et Morat ont montré que ces grains sont uniquement
formés de lécithines. La proportion de sucre dans l'œuf est faible, 3,80 p. 1000 (Cl. Bsa-
nard). Il ne reste plus à citer que l'ovomucoîde qui contient dans sa molécule un sucre
réducteur.
Par contre, l'œuf est très riche en matières grasses qui doivent avoir une grande
importance pour les phénomènes nutritifs et respiratoires de l'embryon.
Au point de vue des substances minérales, l'absence de phosphates préformés est
compensée par la présence des combinaisons phosphorées, et l'on a déjà vu plus haut
la signification de l'hématogène de Bunge; enfin la silice, nécessaire au développement
des plumes, se trouve également dans l'œuf.
2^ Mode d'absorption des rétenres nutritives. — Les réserves nutritives de l'œuf peuvent
être absorbées par les vaisseaux omphalo-mésentériques et allantoïdiens, en second lieu
le contenu du sac vitellus peut pénétrer directement dans l'intestin par Torifice de com-
munication entre les deux cavités, par l'ombilic intestinal. Ce dernier mode d'alimen-
tation ne parait pas douteux, puisqu'on a trouvé chez quelques oiseaux des parcelles de
vitellus dans l'intestin. Schbnk a constaté, chez des embryons de pigeons de 2 à 3 jours,
que les éléments vitellins pénètrent non seulement dans l'intestin moyen qui est encore
en ce moment en large communication avec la vésicule ombilicale, mais encore, grâce
aux contractions du cœur, dans l'intestin antérieur, bien que l'ouverture par lequel ce
dernier communique avec l'intestin moyen soit relativement petite. Le cœur se trouve,
en effet, du côté ventral de l'intestin antérieur, auquel il est relié par un mésentère, et
ses contractions se répercutent sur ce segmcgpit du tube digestif dont la lumière sera
alternativement élargie et rétrécie par les mouvements de systole et de diastole. C'est
ainsi que les éléments vitellins pourraient pénétrer dans l'intestin antérieur, être main-
tenus en mouvement et même liquéfiés : de sorte qu'à une époque où le cœur ne contient
pas encore de sang, ses contractions semblent sei*vir à l'absorption du vitellus {Année
hioL, 1897). Mais ce premier mode d'alimentation ne dure pas longtemps ; l'ombilic intes-
tinal, se rétrécissant de plus en plus, finit par se fermer complètement, et l'absorption
du contenu du vitellus ne peut plus se faire que par les vaisseaux omphalo-mésen-
tériques.
On a cru pendant longtemps que Tallantoïde de l'oiseau ne fonctionne que comme
organe respiratoire, qu'elle n'est, suivant l'expression de Baudrimont et Martin Saint-
Angb, qu'un demi-placenta. Mais les recherches de Mathias Duval ont montré qu'elle est
véritablement un placenta entier, c'est-à-dire qu'elle sert aussi bien à l'absorption des
sucs nutritifs qu'à celle de l'oxygène. L'allantoïde, suivant la face interne de la coquille
vers le petit bout de l'œuf, arrive à former un sac qui renferme la masse albumineuse
FŒTUS.
563
•
I
I
I
iccumnlée vers ce petit bout, et farme à ce niveau un 9ac dit sac placentoîde. Ce sac est
constitué en bas et sur les ciHés par rallanto-chorioiî, en haut par rorophalo-cborion, et
pousse dans la masse du blanc des villoaités choriales qui y puisent des matériaux un-
Iritir^^ (Jotirn. de i'Anal,, 1884, 203). L'organe placentoîde des oiseaux est donc un organe
respiratoire par sa surface extérieure, un organe d'absorption nutritive par sa surface
intérieure.
La pluj grande partie du jaune persiste encore à l'époque qui avoisine l'éclosion,
p&ree que la circulation omphalo-mésenlérique se réduit de plus en plus. Immédiate-
ment aTani que le poulet sorte de sa coquille, ce qui reste du sac vilellin rentre dans la
cavité abdominale. Cliez le pig-eon, à la naissance, Phisalix a vu que le sac se retrouve
flottant librement dans ralidomen. On ne sait pas e^cactemeni comment se fait la
résorption de son contenu après la naissance. Sighcinei (1900) a étudié la question chez
les poissons (voir Loisel, loc. ciU). Chez divers Poissons Elasmobranches (Musteliis iwvis,
Carcharias)^ on sait que les œufs, au lieu d*élre pondus au dehors, se développent dans
rntêrus de la m^re; quand Tembryon a consommé son vitellus, la vésicule ombilicale,
très vasculaire, s'appliquo sur la paroi utérine, également très vasculaire, et forme un
placenta vitellin. II peut y avoir mieux encore pour quelques espèces (Alcooe) : t'em-
bryon vit d'abord sur rabtnidant viteilus de Tœuf, et, quand celui-ci est absorbé, le sac
Titellin 5*alrophie au lieu Je former un placenta; il ne se développe pas de membranes
enveloppantes, de sorte que Tembryon se trouve entièrement à nu dans la cavité utérinc-
Les parois de cette cavité sécrètent alors un liquide gras et visqueux, quelquefois d'ap-
parence crémeuse, ayant un goût douceâtre : ce liquide est coagulable par la chaleur,
contient de Talbumine et de la graisse, mais pas de sucre. Ce lait utérin est sans doute
absorbé directement par Tembryon; en tout cas, on Ta trouvé a plusieurs reprises, non
modifié, dans son intestin.
3<> Transformaiiona chimiques de l'cBuf et de Fembryon pendant rincubaUon. — Les
recherches les plus coniplétes sur cette question sont dues à L. Liedkrmais.n, (hr. cit.).
Comme il a déjà été dit, Tceuf diminue de poids surtout par la perte en eau. Mais la
résidu fixe du contenu de Tteuf, pris dans son ensemble, diminue également, pendant
que Tembryon lui-même devient de plus en plus riche en albumine, en graisse et en
substances minérales.
A la perte de poids du [résidu fixe total de Fceuf participe non seulement la graisse,
comme ravalent déjà signalé H. Porj, BaluriiiOxNT et Martip« Saint* Ange, mais aussi
raJbumineou, du moins, des substances azotées. Il y a lieu de rappeler que Baudhîmont
et Martin Sajnt*A.voe avaient aussi noté une exhalation d^a^ote pendant Tincubation.
Le résidu fixe, qui est de 1 1 ,460 grammes pour un œuf frais de 49,7 grammes, n'était
ploSt chez un poulet à maturité, dont Tœuf frais pesait 49,6, que de 7,rj38 grammes; il a
donc diminué de 3,9*22 grammes, c'est-à-dire de près d'un tiers. Les substances s ilnbles
dans l'éther sont tombées de 5,40 grammes à 2,72 grammes; elles ont donc diminué de
2,08 grammes; c'est-à-dire de moitié environ. Les substances azotées sont réduites de
5,621 à 4,289 grammes, soit de 1,,322 gramme; c'est-à-dire à peu près du quart.
L'analyse élémentaire comparative du résidu sec de l'œuf frais et de celui du poulet
à maturité a donné les résultats suivanis :
C= .
H= . .
A»=. .
Cendre s.
RÉSIDU SBC
d'u^ œuf frais
du poidi moyeD de i9r,
1,0804
0,9258
3,2691
C»,U86
ltJ605
RÉSIDU SEC
D*(?M POt-LUT k MATUSITA
provenant d'un mrt(
du poidu do A9rA.
0,69Ȕl
0,%61
t,6499
0,5198
7,5385
584
FŒTUS.
PERTES PENDANT l'iNCDBATION
TROUVÉES
PAR l'analtsb Alémeictaike
comparative.
CALCULÉES
d'aprbs la diminution
de l'extrait éthéré et de l'albumiae.
c — . . .
2,7606
0.3837
0,2297
0,6192
2,6828
0,4111
0,2064
»
H—
At —
0 + S —
Ainsi rœuf perd un peu moins de la moitié de son carbone, moins da tiers de son
hydrogène, un quart de son azote, un peu plus du quart d'O+S.
La proportion des matières minérales du contenu de l'œuf ne se modifie pas : les faibles
différences observées tiennent sans doute à ce que d'un œuf à l'autre leur quantité esl
variable. On s'était demandé si les éléments de la coque calcaire peuvent servir à la
nutrition de l*embryon. Roux et d'autres avaient répondu affirmativement à cette ques-
tion, et trouvé qu'à la fin de l'incubation le contenu de l'œuf renferme sensiblement plus
de calcium et de magnésium qu'au commencement. Mais G. Voit a déjà vu que la coquille
dés œufs couvés ne contient pas moins de chaux que celle des œufs frais. R. Pott et
Prêter, dont les recherches ont porté sur un plus grand nombre d'œufs, ont pu conclure
avec certitude que ni la quantité de chaux, ni la quantité de phosphore renfermées dans
le contenu de l'œuf et dans celui de la coque ne sont modifiées par l'incubation et la
formation de l'embryon.
LiEBERMANN a étudié aussi en détail les transformations chimiques que subit l'orga-
nisme embryonnaire lui-même dans le cours du développement. Les matériaux solides
augmentent progressivement aux dépens de la richesse en eau; mais les substances
minérales ne participent que peu à cette augmentation, et de plus leur quantité ne
s'élève pas proportionnellement à celle des matières organiques. En effet, leur aug-
mentation dépend moins de la quantité que de la qualité des tissus ou des organes qui se
développent, puisque parmi ceux-ci tous n'ont pas le même besoin de matières miné-
rales. C'est ainsi qu'au début de l'incubation il se forme d'abord des tissus riches en
cendres, plus tard d'autres qui sont moins riches, et, à la fin, de nouveau, des tissus for*
tement minéralisés. Dans les dernières périodes du développement, ce sont les matières
albuminoïdes qui augmentent le plus rapidement, puis les cendres; la graisse ne vient
qu'au dernier rang.
Les déterminations quantitatives des principes constituants de l'embryon ont montré
que la quantité absolue des substances solubles dans l'eau augmente avec les progrès du
développement; mais que leur quantité relative, c'est-à-dire rapportée aux autres prin-
cipes fixes, diminue; leur formation a donc lieu d'une façon continue, mais se ralentit
avec les progrès du développement. La quantité de substances solubles dans l'alcool
augmente rapidement ; d'abord inférieure à celle des substances solubleâ dans l'eau,
elle la dépasse à la fin de l'incubation. La teneur en graisse, très faible au début, encore
peu importante au quatorzième jour, s'élève notablement vers le moment de l'éclosion»
Cependant cette augmentation n'implique pas une production abondante de graisse par
l'embryon lui-même; elle est due, pour la plus grande partie, à ce que le reste du
vitellus est reçu dans la cavité abdominale du poulet. La quantité absolue de matières-
alburainoîdes insolubles dans l'eau augmente progressivement; mais leur proportion
relative ne se modifie pas, c'est-à-dire que leur assimilation est régulière et constante.
On rencontre de bonne heure dans le poulet des produits de transformation de
l'albumine ; l'embryon de 7 jours contient déjà une quantité notable d'une substance
analogue à la kératine ; chez l'embryon de 6 jours on trouve une faible proportion d'oB
corps analogue à la mucine, qui disparaît ultérieurement. Jusqu'au dixième jour le poulet
ne contient pas de substance collagène; à partir du quatorzième jour le cartilage fournit
une substance qui par coction dans l'eau donne un corps analogue à la chondrine; on
FŒTUS.
S85
n'obtient de la gélatiDe à aucune période do développements Ljedkbmann rappelle, h ce
propos, que ni Schwattk, ni Hoppe-Seyler n*ont pu en extraire davantage des cartilages
des ftptus de truie et de lapine.
Le phosphate de chaux àes os de remhryon n est pas une substance préformée dans
Fceaf qui serait simplement absorbée parrorganisme embryonnaire; mais les matériaux
en sont sans doute fournis^ pour l'acide phosphorique, par les nucïéines du jaune; pour
la chaux, par un allmminate calcaire.
Au point de vue des échanges nuLrilîfs de Tembryon, ce qui résulte donc des recherches
précédentes, c'est que Tœuf perd, outre de Teau, du carbone» de Thydroj^ène, de fazole
et de l'oxygène dans les proportions suivante;», si on prend Tazote comme unii<'',
( 12 C
î 2,7 O
( 1.6 H
I
€*est la graisse et l'albumine qui fournissent aux combustions respiratoires, mais
surtout la graisse.
Il y u lieu cependant de tenir compte dans une certaine mesure de la destruction dy
glucose de roîuf* Cl. Bernard a constaté que la quantité de sucre qui esl, au premier
jour» de 3,80 p. JOOO, diminue progressivement jusqu'au onzième jour (où elle n'est plus
que de 0,S8) pour remonter jusqu'aux environs de son niveau primitif. Il y a donc d*une
part une deslroclîon de la matière sucrée lié»* à la nutrition de Tenibryon, et d autre part
Wie reconslittitiou de celte matière. La formation correspond au début de la fonction
glrcogénique.
Dans rincubatiou, l'évolution glycoRénique part de la cicatricule pour gagner l'aire
vasculaire ; on voit des cellules chargées de graine, de glycogéne se montrer dans le
champ envahi par les vaisseaux el disposées en ama^^ le long du trajet des veines omphalo-
mèsentériques ; au huitième jour les extrémités de ces veines forment de véritables vîl-
losités glycogéniques llollanl dans la substance du jaune. Cl. Bervah» fait remarquer
que les cellules glycogéniques se rangent plus particulièrement sur le trajet des
vaisseaux qui ramènent h l'embryon le sang li^^malosé^ c'est-à-dire des veines vitellines.
Dans Torganisnie embryonnaire lui-même, la ghcogénie est d'abord diffuse comme
chét le fcrtus de mammif^^re pour se condenser également à un rertain moment dans le
foie* Vers les ciiiq ou six derniers jours de l'incubation on trouve du glycogène dans
le foie des petits poulets. Cl. Behnabd n*a pas pu mettre en évidence ta matière glyco-
gène dans les muscles de l'embryon de poulet. Cependant, d'après 0. Meyeb (cité in
Lehrb. d, physiol. Chemie, de NtciiErsTEa, i. 1^3), il y a di^jà dès le deuxième jour du gly-
cogène dans le rudiment du ca-ur ; plus tard il en apparaît aussi dans tes plaques mus-
culaires naissantes, dans r^pithéliiim intestinal, dans le cerveau et la moelle. Mais ce
n'est également qu'au quinzième jour que 0. Me ver a trouvé un dépôt de glycogène
dans le foie, dépôt qui augmente ensuite rapidement.
Si l'oji considère Tensemble des processus chimiques liés & l*incubation, Tidée s'im*
pose avec force, déclare Liebebma-Nn, qu'ils sont de la nature des fermentations ; et on
ne trouve rien qui s*oppose à cette conception : ainsi les graisses, avant d'être oiydée»,
sont d'abord di'doublées. Un certain nombre défaits récemment signalés viennent appuyer
l'opinion de LiEDEftaïAMN. Abelocs et Rtamnès ont trouv*^ dans le jaune un ferment sapo-
nifiant les graisses neutres; J. M L'LLKH et Maslwasia (Z. B», xxxix, 1900, 547) y ont trouvé
un ferment qui transforme l'amidon en dextrine et en un sucre, qui paraîtfitre Tisomal-
lose : reste à savoir cependant si ce ferment est utilisé pendant T incubation. Endn^
c'esi encore sous l'intluence d'un ferment soluble que, d'après A. Gautier, i'ovo-fibri-
QOgêne se transforme en membrane pseudo-organisée.
I* U faut remarquer toutefois que la cbondriae est aujourd'hui considérée comme de la
géUtine,
586 FŒTUS.
CHAPITRE V
Passage des substances diverses de la mère au fcBtus
et du fœtus à la mère*
I- Passage de la mère au fœtus. — A défaut d'observalions assez nombre oses et
précises sur le passage des matériaux nutrilifs de la mère au fiflus, on a fait un jtnnd
nombre d'expériences sur le passage de subslances étrangères à l'organisme uormal et
facilement rt^coouaissables à l'analyse chimique. On se proposait, par cette méthode,
non seulement d'apporter des documents à la question des échanges de matières entre
le fœtus et Torganism*^ maternel, mais encore d'étudier la provenance du liquide am-
niotiqtie et la sécrétion de l'urine chez le fœtus, de sorte que les mêmes faits ont pt
recevoir des applications variées» ce qui en complique singulièrement Texpo&é, Notu
nous bornerons dans ce chapitre k indiquer les principales substances, qui, adminiitrces
à la mère» ont été retrouvées soit dans les tissus du fa- tus, soit dans les annexes pU^
centa^ liquide amniotique, etc.), soit dans les uns et les autres, pour retenir plus iué
sur les conséquences qu'on a tirées de ces constatations.
Mais il faut remarquer, d^s a présent, qu^une substance qui a passé dans le liquide
amniotique peut provenir directement de la mère, ou avoir traversé d*abord Toïi^isme
du fœtus, soit que celm-ci l'ait éliminée par les voies nrinaires, soit qu'il l'ail laissée
transsuder, comme l'ont admis quelques auteurs, par les vaisseaux ombilicaux ou leurs
ramifications dans les annexes. D'un autre cûté, une substance qu'on retrouve cbei It
fœtus peut avoir été fournie directement par te sang maternel au sang fœtal au niveau
du placenta, ou bien elle peut avoir passé d'abord dans le liquide amniotique où lefœtos
Ta déglutie* Cependant, quand on constate sa présence dans l'estomac, ce n'est pai tou-
jours par déglutition, comme ou pourrait le croire, qu'elle y est arrivée. Cbet dis
cochons d'Inde, des lapines non arrivées k terme, Krckb.nberg {Centralb* f. GynadL, iM^
vin, 337) a trouvé qu'après des injections sous-cutanées d'iodure de potassium la riêctioft
de l'iode faisait défaut dans k liquide amniotique, alors qu'elle était très pronoiicéf
dans Testomac des fœtus: ceux-ci avaient donc leçu le sel par la voie du placeutaet
l'avaient éliminé par la muqueuse gastrique.
Les premières expériences faitesdans le but de rechercher si en général les matièr«i
étrangères passent de la mère au fœtus seraient dues, d'après Prêter, à A.-C. MâfiB
(1817). Mais Ualleh cite déjà des tentatives de cegenre faites par Dettuf ei
Hertodt^ Maveb injectait dans la trachée d'une lapine pleine un liquide vert composé
d'un mélange d'indigo et de teinture de safran : il trouva Teau de l'amnios colorée cd
vert. Testomae et l'intestin presque pleins d'un liquide également coloré de la m^ine
manière. Cependant ces mêmes expériences ont été répétées sans succès par Prkti:* sut
deux cobayes à terme, qui ont succombé cinq minutes après Tinjection du mélange dam
la trachée.
Par contre, les expériences faîtes par Meyeh avec du ferrocyanure de potassimn
injecté à la mère, et retrouve dans le liquide amniotique, l'estomac, les reins^ It
vessie du ftptus» ont été confirmées plus lard, en tout ou en partie, par d'antres eipdi-
mentateurs.
Magenûte (1817), ayant injecté du camphre dans les veines d'une chienne pleine, dit
avoir nettement perçu Todenr de celte substance dans le sang d'un fœtus extrait au boat
de quinze minutes.
En 1844, Edwahd Beatty sî^'oale des accidents convulsifs et tétaniques chez le nouveau!-
né h la suite de radministration du seigle ergoté à la mère peu avant raccouchemPDt;il
!♦ Cité d'après Schbewk. Ûtker die Herkunft de* Fruekivmsferx und sctne Hedeutung
Frucht. Inaug. Disserl., lèna, 1896. On trouvera dans ce travail un expose historique «: '
des recherches taites jiuïqu'à cette date sur la proreuanco du liquide ammotique ; de ûaïubi^uî^a j
expériences sur le passage des sabslsnces de la mère au foetus y sont également citées.
FŒTUS.
S«7
I
I
•
I
die WtGHTB, qui a obtenu les mêmes elîets chez tes animaux en leur injectant de t'ergotine
dans It* nang» et il arrive à la conclusion que ces substances ont éù être amenées au ta^tuB
par la veine ombilicale.
Alix p^emi^^es recherches positives laites chez l'homme apparliennent celles de
ScHA(TE\8Tii7f et Spakth (18à>8) qui, ayant administré de Tiodure de potassium À des
femmes syphilitiques au terme de la grossesse, en retrouvèrent une fois dans le méconmmi
une autre fois dans le méconium et Teau de Tamnio» ; par contre, ils n'ont pas retrouvé
le mercurCi dont le passapçe a cependant été constaté plus récemment.
En 1860, Flolirems (C. H., L, itïlOi présente à TAcadémie des sciences les os d'un fartas
dont la mère avait été soumise h un régime mélangé de garance dans les quarante-
cinq derniers jours de la gestation. Les os de ce fœtus étaient devenus rouges, du plus
beau rouge, et d'une manière beaucoup plus complète et plus uniforme» dit Flou-
«tNS que lorsque le petit, dès qu'il penl manger, e.st soumis au régime de la garance,
« tant la perméabilité des tissus de Tembryon est facilement préparée h la p<.^nétration
du saug de la mère ». Les dents aussi étaient devenues rouges. Ni le périoste, ni le carti-
lage, ni les tendons n*é talent colorés. Deux des fœtus morts se sont trouvés également
colorés; trois autres étaient vivants, mais, par la coloration de leurs dents, ou pou-
vait juger de la coloration de leur squelette*
RiGHLNi |[IS63], à la suite de remploi de Tiodcforme chez la mère, signait^ la présence
de l'iode dans te liquide amniotique. En 1865 Clouet étudie le passage du cuivre
lie la mère au fœtus. Puis viennent en 1872 les premières expériences de Gcs^erow,
^j ont été le point de départ de toute une série de recherches, toujours à peu
près conçues sur le même plan, et auxquelles on a demandé à la fois des rensei-
gnements et sur la grandeur des échanfçes entre la mère et le fœtus et sur l'origine du
liquide amniotique. 11 nous paraît préférable, au lien de continuer à suivre l'ordre chro*
uologique^ de passer en revue les principales substances qui ont été étudiées à ces points
de vue.
Substances minérales. — Gisserow (ArcA. f, liynaek., m, 24i, 1872), en administrant
de rîodurf dtf pfAassium à des femmes enceintes, n'a obtenu que quelques résultats positifs.
Sur 10 cas dans lesquels Turine du nouveau-né put être recueillie, il ne trouva Tiodure qne
quatre fois. Dans 12 cas où le liquide amniotique fut examiné, ou y constata aussi quatre
fois la réaction caractéristique : deux lois elle fut assez prononcée, et les deux autres fois
il n^était pas certain que le liquide anmiolique n'eftt pas été mélangé a l'urine mater»
nelle, qui contenait elle-même de Tiode. (iltsserow croyait aussi que le passag*^ de TIK
itait extrêmement lent et qu'il faut administrer le médicament à la mère au moms
quatorze jours avant l'accouchement pour le retrouver chez le fœtas.
liais, en perfectionnant les procédés de recherches, dantres expérimentateurs furent
plus heureux. Hunge a trouvé Tiodure deux fois sur trois dans le liquide amniotique;
de même dans l'urine, dans le seul cas ofj celle-ci peut être recueillie.
KRUKENBERt; (AtrJt. f. Giftiaek., 1884, xxn)est arrivé a mettre constamment en évidence
IK dans les cendres du liquide amniotique qu*il obtenait pur par ponction des mem-
branes, après avoir donné aux femmes en travail 1*% 50 k 4^',50 du seï, de une heure à
qoatre heures auparavant.
Haidlen, dans 10 cas on IK avait été donné après le début des douleurs, a toujours
trouvé la substance, soit rlirectemeni dans le liquide amniotique, soit dans ses cendres,
en même temps que l'urine donnait toujours également une forte réaction. Dans 2 cas
où l'enfant vint au monde trois heures après l'administration d*IK, tandis que le liquide
amniotique avait été évacué déjà, au bout de quinze minutes chez l'une des femmes, au
bout d'une lieure chez Taulre, rexamen du liquide anmiotique donna un résultat négatif;
celui de la première urine du nouveau-né un résultat positif* Dans 8 cas où l'ingestion
du médicament avait été suspendue cinq jours avant la naissance ou trois jours avant
le début des douleurs, le liquide amniotique* comme l'urine, ne donna que des résultats
fiëgatifs, bien que la mère eût pris de l*iodure pendant un mois. Dans â ras cependant
où Tenfant vint an monde six et quatre jours après qu'on eût cessé de faire prendre
riodure, îe liquide amniotique donna une fois une réaction nette, une autre fois une
réaction faible; Turine un résultat positif chez le premier enfant, négatif chez le
second.
i
588 FŒTUS.
Même à la dose de 25 centigrammes, d'après Porak {Joum, de Thérapeut,, 1877 et i878),
l'iodure passe constamment dans l'urine du nouveau-né : à plus forte raison lorsque la
dose est supérieure. Il faut plus d'une demi-beure pour que la substance ait trayersé le
placenta; à quarante minutes d'intervalle, on trouve toujours la réaction dans l'urine
de l'enfant.
Si nous passons maintenant aux expériences instituées chez les animaux, nous voyons
que d'abord Gusserow (loc. cit.) n'a pu retrouver, ni dans le liquide amniotique, ni dans
l'urine des fœtus de cobayes ou de lapines, la teinture d'iode qu'il injectait dans l'estomac
des mères. Par contre, Krukenbbrg (loc, cit.), en injectant sous la peau 16^',50 d'IK à des
lapines à terme qu'on sacrifiait au bout d'une heure et demie, a obtenu constam-
ment la réaction caractéristique dans le liquide amniotique, même sans avoir besoin de
concentrer les liquides; il a trouvé également la substance, mais en faible quantité, dans
les reins incinérés, des fœtus. Mais ces mêmes expériences, répétées sur 7 lapines,
dix jours avant la (in de la gestation, ne donnèrent pas les mêmes résultats : le liquide
amniotique ne contenait pas, en règle générale, d'iodure, ou n'en contenait que des traces,
tandis que les fœtus, incinérés en totalité, donnaient une faible réaction. Kauxenberg
arrive donc à cette conclusion, à laquelle était déjà arrivé Wiener, que chez le lapin les
substances se retrouvent dans le liquide amniotique lorsqu'elles sont injectées à la mère
à la fm de la gestation, mais non quand elles le sont dans ses premières périodes. Cet
auteur admet que chez les femelles à terme il s'est produit une altération des mem-
branes ovulaires qui les rend plus perméables, et permet ainsi à l'iodure de passer dans
le liquide amniotique.
Plus tard Krukbnbekg {Arch. f. Gynaek., 1885, xxv;, 258) chercha à montrer en effet à
quel point la différence dans la structure et la disposition des membranes, suivant les
espèces animales, influe sur le passage des substances dans le liquide amniotique. C'est
ainsi que chez le cobaye, en raison de l'inversion des feuillets germinatifs, la réaction
de l'iode s'observera de bonne heure dans l'espace compris entre le chorion et l'aronios,
à une époque où elle fait encore défaut dans ce même espace chez le lapin; d'ailleurs,
chez le cobaye comme chez le lapin, ce n'est qu'à la Gn de la gestation qu'on la trouve
constamment et nettement dans le liquide amniotique, et pour la même raison, c'est-à-
dire à cause des modiGcations subies par les membranes. Par contre, chez le chat et le
chien, même à la un de la gestation, non seulement les couches extérieures à l'amnios,
mais encore le contenu de l'amnios, ne donnent que rarement et faiblement la réaction;
celle-ci serait cependant très nette, chez les mêmes espèces animales, dans le liquide
de l'estomac, et par conséquent ici encore ce ne sont pas les mouvements de déglu-
tition qui ont pu introduire l'iodure dans le tube digestif.
Le bromure ih potassium passe lentement (Porak); on le trouve dans l'urine du
nouveau-né seulement lorsque l'administration en a été faite deux heures et demie avant
l'accouchement, et il passe en petites quantités, puisqu'il en faut donner de très fortes
doses à la mère pour en constater des traces.
Le chlorate de potassium passe très vite, de sorte qu'on le retrouve ordinairement dans
l'urine du nouveau-né après dix minutes d'administration ; c'est la substance dont le pas-
sage s'effectuait le plus rapidement à travers le placenta parmi celles qui ont été expé-
rimentées par Porak.
La même auteur a trouvé que Vazotate de potassium met plus de quarante minutes à
passer ; après une heure, surtout après une heure vingt minutes, il passe constamment
lorsque la dose est suffisante.
Dans ses expériences sur les animaux, lapins, cobayes, chats, A. Plottier (Maly's
J&., 1898, 489) a trouvé le chlorate de K, le bromure de K, le chlorure de lithium dans
les tissus du fœtus et dans le liquide amniotique, mais non le bromure de strontium.
MiURA (A. A. P., 1884, xcvi^ 54) a introduit dans l'estomac de lapines et de cobayes,
à terme, laissées préalablement à jeun pendant deux jours, de petites quantités d'huile
phosphorée. Au bout de quelque temps, les animaux ayant été sacrifiés, on trouva
que les lésions anatomo-pathologiques étaient exactement les mêmes chez le fœtus
que chez la mère ; le foie était le plus fortement stéatosé ; l'estomac présentait les alté-
rations de la gastro-adénite ; les muscles, le cœur et les reins étaient atteints de dégé-
nérescence graisseuse, mais à un degré moins prononcé que chez la mère.
I
I
I
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FŒTUS. 5K9
PoiAK (Nomettei Arch, d^Obitétr,, iSH, 130 el 173)» dans des condilions semblables,
fi obsenré la aléatosedu foie chez les foelus comme chex la mère; mais les recherches du
phosphore dans les tissas des petils son! restées négatives. Par contre, Bokri (Maiy'i
Jh,, 1S99, 420) a relroiivé au boni de qupl<|ues heures, dans le sang du fielus, le phos-
phore administré 4 des lapines et à des cobayes pleines» ta rapidité du passage ne per-
IQctidonc pas d'accepter ropiiiion de SinroEtt d'après laquelle il faudrait IVipliquer par
des altérations et des ruptures des vaisseaux placentaires, puisqu'au mnmant où l'on
constate la présence du phosphore chez le fœtuSi les lésions anatomiques n ont pas
eiieore eu le temps de se produire.
Le passage de IVir^enic, d'après les expériences d'ARCAWGBLls faites îiur des chiens
et des cobayes (Virtihow et Hinch^s i6., 189i, i. 521), a lieu aussi bien dans les intoxi-
cations aiguës que dans les chroniques, et semble plus facile dans les premières
périodes de la gestation ; en général, celle-ci est interrompue par Tarent toxique, mais
elle peut cependant suivre son cours norm.iL Porak {loc. cii,) a également expérimenté
sur des cobayes ; dans 3 cas où la mère avait absorbé de 3 milligrammes à 6 centi'
grammes d'arséniate de soude^ en un temps qui a varié de 4 à 7 jours, les examens chi-
miques du fœtus sont restés négatifs. Ce n'est que dans une observation où Tanimal avait
absorbé plus de 26 cenligrammeï* en 39 jours que le résultat a été positif. L'arsenic
traverserait donc dinicilement le placenUi, et Porak a trouvé de plus que chez le fœtus,
c'est la peau qui est Torgane électif d'accumulation de la substance toxique, alors que
c'est le foie chez la mère.
Glockt parait être le premier qui ait étudié le passage du ciarrede la mère au fœtus.
Il a administré ù des chatte^i en gestation du sous-acétate de cuivre. Dajis une première
série d'expériencesjl retrouve le poison dans tout le corps du fœtus. Dans uue deuxième
sériet il compare les quantités de poison accumulées dans le foie du ftetus et dans un
l^oidségal de chair musculaire, et constate qu'elles sont égales de part et d'autre. Il en
conclut: l'^ qu'il est facile de retrouver dans le produit de la conception les «substances
qui ont occasionné fempoisonneiuent chez la mère ; 2» que Tageut toxiquf* ne se
localise pas chez le fœtus dans certains organes de préférence à d'autres, par exemple,
dans le foie, mais qu'il se répand dans tout l'organisme,
PeiLLipPEAUx (B. B., 1879, 227) a répété celle expérience ; il a fait prendre à une
lapine pleine, tous les jours, pendant toute la durée de la gestalioii, 2 grammes d'acé-
tate de i^uivre mêlés à sa nourriture. L'animal se porta bien, engraissa même, et mit
bas, le 32* jour, iO petits qui pesaient ensemble 500 grammes. Incinérés dans un créa*
set de platine, ils contenaient 5 milligrammes de cuivre métallique, »oit un demi-milli*
grtmme par chaque fœtus.
PoaAX a, de son cdté, constaté nettement le passage du cuivre* Dans un cas où il a
donné du sulfate de cuivre, il n*a trouvé le métal que dans le foie des petits. A la suite
de l'intoxication par le carbonate de cuivre, il la trouvé dans le foie, dans le sjstèmcner-
veux central, et il'une façon plus constante dans la peau. La diffusioii du poison est
donc plus étendue, comme l'avait déjà dilCLOUBT, chez les petits que chez la mère, ponr
laquelle il s'accumule de préférence dans le foie. En outre, la totalité du cuivre recueilli
chez tous les petits de la même portée a dépassé la quantité accumulée chez la mère«
Dans un seul cas où l'on a cherché le cuivre dans le placentap on l'y a constaté mani-
festement.
Balii et SALiGsa ont publié aussi une observation intéressante d'intoxication des fœtus
par le cuivre (C. P., 1896, 752). Vue grande chienne pleine reçut, du 2 mai au 25 juin»
tous les jours, i5 centigrammes de sulfate de cuivre mêlés à ses aliments. £lte mit
bas le 10 juin, sans qu'elle parût avoir été incommodée par le poison. Un premier petit
fut tué le 1 1 juin : il n'y avait pas de cuivre dans ses reins; par contre, dans le foie il j
en avait des quantités pondérables, 00024 p. 100. Dans rintervalle du 27 juin au 4 |uillet,
les autres petits moururent. A la naissance ils Ji'avaient rien présente d'anormal ; mais
bientôt, lorsque la mère eut du lait en quantité suffisante, ils vinrent mal et augmen*
tèrent h peine de poids ; à 3 semaines et demie, ils étaient à peine plus grands qu'immé-
diatement après la naissance, et paraissaient très faibles. Environ 10 jours après la
naissance ils furent pris de convulsions, qui devinrent de plus en plus violentes jusqu'à
la mort. Les petits ont encore dû^prendre du cuivre avec le lait de la mère, car, dans le
590
FŒTUS,
"1
foie du petit, mort le dernier, on trouva 0,0031 p. 100 de cuivre, c'esl-à-dire plus
chez le hoq veau-né sacritlé immédiatement.
Comme le cuîvrei le phmb passe cûristatrimeût k travers ie placenta, et fte difli
davarttii^e chei tefcelus fiuecliejî la mère (PoRAii). Taudis qu'on le trouve chez les petits
en proportion âensiblemeut égale dans le foie» le système nerveux central, et U péta
chez la mère^ c^est surtout le foie^ et à un moindre degré la peau, qui est organe éh
tif d'accumulation.
RoBOL5K[ (1884) eu injectant sous la peau à des lapines pleines, sait une solution de
sublim»^^ soit du cyanate ou du peptonate de mercure, a pu retrouver dans tous les cas U>
métal chez tp% fœtus. A la suite de frictions d'onguent mercuriel, pratiquées peadant
quelque temp? chez deux femmes syphilitiques, il a constate une fois la présence du
mercure dans le roéconium, une autre fois dans Turine du nouveau-né et dans le
sang du cordon ombilical. A. PLorrrER a trouvé également chez le fœtus, maiî
non dans le liquide amniotique, le mercure injecté aux mères sous la forme
pep tonale.
MiRTO (1899), en employant le sublimé chez des chiennes et des lapines, a pu coi
tamnienl mettre en évidence le mercure dans les fcetus et dans le placenta. Dans
expérienc'^s de Pubak faites sur des cobayes^ l'examen des organes des fœtus a dom
par couti e, des résultats négatifs» tandis que la présence du mercure dans le placenta
été constatée neltement. Porak admet que, si le mercure ne passe pas, c'est à cause d^
sa grande affinité pour le placenta*
Strassmann (A. P., Supp!.^ 1890, 95) a voulu s'assurer si les contra dictions entre
expériences de Mirto et celles de Pqfiar ne tenaient pas à la différence des espèces
maies, mais les résultats furent les mômes chez les souris, les cobayes, les lapins
les chiens. Après les intoxications aigui^s par de fortes doses de sublinaé, cet aotéi
constamment trouvé le mercure chez ces fœtus ; quelquefois, il est vrai, en faible proj
tion, mais il n'a pu le déceler dans rinloxicatiou lente, par de petites doses répétée;
probablement parce qu'il passe en quantité minime.
Substances organiques* — Bbnicke est le premier (1876) qui ait employé Yoddf
salicylique : il eu donnait i^^bO à *2 grammes à des femmes en travail, dès le dél
des douleurs. Les nouveau-nés étaient calbétérisés, et, au moyen du perchlorore
fer, on cherchait la présence de Tacide salicylique dans leur urine, ainsi que dans o
de la mère et, en outre ^ dans le liquide amniotique. Oaus 17 cas, où Teufant vint
monde au moins 2 heures après l'administration du médicament, sa première urtse
donna la réaction ; dans II cas la vessie était vide, mais ta réaction se trouva daji^
l'urine recueillie au bout de 2 heures ; dans 2 cas où Tenfant fut expulsé 40 et 8n minuli^
après Tingestion de la substance par la mère, il n'y eut pas de réaction dans la ^«rc-
mière urine, mais bien dans la seconde ; dans 2 cas où la naissance survint au bout de
10 et 15 minutes, l'urine de l'enfant ne donna pas la réaction; enOn, dans un cas oè
raccouchement eut lieu au bout de 26 heures, il n'y eut d'acide salicylique ni dans
l'urine de l'enfant ni dans celle de la mère. Dans les cas où le liquide amniotique ]
être recueilli pur de tout mélange, Bemckg ne trouva pas trace de la substance.
Fin répétant ces expériences, Rltnge (1877i n*obt(nt d'abord que 2 résultats posil
sur 19; lorsqu'il rechercha Tacide salicylique dans le liquide amniotique. Mais plus
au lieu d'ajouter directement le perchtorure de fer à Teau de Tamnios, il se déb
de l'albumine en acîdulaut le liquide et en ragîtantavec de Pétlier, et après évapoml
la réaction réussit 5 fois sur 8.
ZwEiFFx {Aixh.fAhpinek,, 1877, xii, 235) a cherché à montrer par l'exemple du iatk^-
tate de sowte combien est faible la quantité de substafice qui parvient au fœtus* Ui
expériences dont voici le résumé ont été faites sur des femmes en travail .•
!<• 3 grammes de salicylate, 43 minutes avant raccoucliement. Urine de Teofaot :
résultat négatif ;
2° 3 grammes, 4 heures avant raccouchement. Urine de Tenfant : résultat posii
Sang placentaire, 0 «^ IXIOj {pour 30 grammes de sang) ;
3^ 3 grammes, 1 h. iO avant raccouchement Vessie vide. Safl^ du. cunloii
0,000937 grammes;
4<* Moins de 0,0*X)2 grammes;
I
FŒTUS.
591
I
5* 3 grammes, 5 beures et on quart avant raccouchement. Sang (ilac^ntaire :
0,00157 (jKJur i3t%14 de saug).
Ces eipériences montrent que» dans les recherches qui portent sur le liquide amnio-
tique, on ne peut pas toujours s'attendre à des résultats positifs ; car, si Zm-EircL diluait
la quantité d'acide saircylique, trouvée dans 30 grammes de sang, avec une égale
quantité d*eau, la réaction caractéristique cessait d*étre appréciable. On s'explique donc
qu*elle puisse faire défaut dans le liquide amniotique, où la substance doit se trouver à
un étal de dilution très grande, même si le fœtus a évacué à différentes reprises des
quantités d'acide salirjlique équivalentes à celles qui se rencontrent dans Turine.
immédiatement après la naissance.
A la même époque, Fehling [Arch. f, Gynaek., 1877, 12, ÎJ23) publie des expériences,
faites sur des lapines, dans lesquelles la recherche du salicylate^ et aussi du ferroeyanure
de potassium chez le fi^tus, ne lui ont donné que des résultats négatifs, pour faire voir
précisément que de tels résultats peuvent souvent être prévus, d'aprt*s la miniiue quan-
filé de Mubstance qui traverse te placenta. Mais, en administrant ces mêmes composés à
des femmes à terme, il les retrouva constamment chez le foetus, quand ta mère avait
pris le médicament au moins pendant un joui. Dans ce travail, Ff.hu^io ne fournit pas
d'indications sur le contenu du liquide amniotique. Plus tard {Arch* /, Gynaek.^
1879, II v, 221), cet auteur a donné dans 3 cas, pendant 28, 32, 33 jours. 43'^',4,
63"*,6, S6 grammes de salicylate de soude à des femmes enceintes; raccouchemetil eut
lieu 3 heures et demie, H heures, et 27 heures et demie après t'admtnistration de la der-
nière dose. Deux fois sur trois la réaction fit défaut dans te liquide amniotique ; dans le
troisième cas elle s'y trouva, mais faiblement. Dans 2 cas où Furine fut examinée, elle
donna la réaction. Par contre, Dielb {Virchùw vi Hirsch's Jb.^ 1892, i, 86j a obtenu des
résultats conformes à ceux de RrNOE', en donnant de Tacide salicylique tantôt quelques
heures et tantôt quelques jours avant raccouclienienl, it Ta retrouvé 7 fois sur 0 dans
les eaux de t'amnios.
En ce qui concerne le passage de Tacide satîcylique dans l'urine du nouveau-né, on
voit que tous les auteurs sont d*accord, Porak avait déjà dit qu'à la dose de 40 centi-
grammes l'acide salicylique et le salicylate de soude peuvent y passer en 20 minutes ;
qu'au delà de 30 minutes, et à une dose supérieure à 40 centigrammes, ils y passent
constamment.
Une substance qui a souvent été utilisée, c'est te ferrocifanure de K, Noua avons déjà
tignalé plus haut les expériences de M vyer. Dans 17 cas où Feqllng a donné ce com-
posé à des femmes en travail, ît n'a pu le mettre en évidence dans le liquide amnio-
tique que ti^jis fois ; la première urine du nouveau-né ne donnait pas la réaction, mais
la seconde la donnait.
Le passage du prussiate jaune, d'après Pohar, se fait assez lentement ; it peut s'ac-
complir en trois quarts d'heure à 1 heure et demie: c'est surtout lorsque l'administra-
tion a eu lieu depuis plus de quatre heures qu'on le retrouve presque constamment
dans l'urine du nouveau-né; mais il passe en petite quantité.
Bar {Tk. P., 1881) injecte dans une veine utérine d'une lapine sor le point de mettre
bas 60 gouttes d'une solution de ferrocyanure de potassium h I p. im), et tue l'animât
au bout de 3(1 minutes. En traitant te liquide amniotique de tous tes <eufs par une solu*
lion de sulfate de fer, il y fait apparaître ta coloration bleue ; la membrane de Tarn-
nios s'est aussi colorée fortement par l'adjonction d'un sel de fer : l'estomac était
distendti par du liquide qui donna également la réaction. Mais on ne put ta pro-
duire dans les reins d'aucun des fœtus. Chez l'un d'eux, la vessie contenait quelques
gouttes d'une urine claire, qui, traitée par le sel de fer, ne donna aucune réaction.
C'est-à-dire qu en résumé la substance avait passé dans le liquide amniotique, et non
dans les fœtus, en faisant abstraction du contenu de l'estomac où elle avait pénétré par
la déglutition.
Zuwz {A. g. P., 1878. xvi, 548) a injecté dans la veine jugulaire de lapines pleines,
dans l'espace d'une heure, 30 à 40 ce, d'une solution saturée à froid de sutflntfitfotfite
de soude. 11 a trouvé au bout de ce temps le liquide amniotique teinté légèrement en
Weu, à peu prés comme la sérosité péritouéale de ta mère, moins fortement cependant.
tandis que les quelques gouttes d'urine que renfermait parfois ta vessie du fiKus, ue
sn
FŒTUS.
pré«en(aien^ pas trace de eoli>raUon. Celle-ci fabait défaut ëgalemeat dans les orgmts
fœtaux» foie ol rein : le contenu de t^eslomac seul présentait quelquefois use teinls
bleue» semblable h relie du li(|ijide amniotique*
\Vik:*eh iAnh. /, G^wt-k,, 18S4, x\iii» 183) a répété ces expériences en liant prêt,
lablement le» vaisseaux rénaux de la mère pour empêcher la substance ÎQJdclée de
^'éliminer par Turine. Ici encore les fœtus ne renfermaient pas trace de matière eoliw
rante, et au microscope on ne put en déceler dans le rein* 11 n'y arait que restomacet
les parties supérieures de T intestin dont le contenu était coloré en bleu. Cepeodaal, si
tes animaux étalent encore dans la premî^^e moitié de la gestation, Tindigotalc de
soude ne passait pas dans le liquide unitiiotique» au il n'en pu-^saiL que des trar#i.
WtïN'gR ajoute encore que la quantité de matière colorante qui se mélange au contenu
de Tamnios ne paraît dépendre iiî de la quantité de liquide injectée à ]a mère, ni iu
temps écoulé jusqu'au moment de sa mort ; la coloration, quoique manifeste, était taa
jours faible.
SicAR» et Mkhcike (fl. B., 1898, 63) ont eniplojé chez des femmes à terme le Moi
de TniHhylene, en injections sous-cutanées, à la dose de Q<',0."», de 3 minutes à
22 heures avant raccouchement. Le temps minimum nécessaire pour le passage du li]«a
dans l'urine a paru osciller entre 1 heure 20 et i heure 30. l/urine des DOUveiQ-Déi
colorait le linge durant 2 à 3 jours après raccouchement. Dans 6 cas où ces expèrimeii-
tateurs ontpueiaminer le liquide amniotique, clair et sans trace de méconium^ tlsa'joat
trouvé ni coloration directe, ni chroraogèoe. Chez une cobaye pleine, les résoltatt
furent également négatifs.
GussEHOw {Arch. f, GyntrU,, 1878, xni, 56) a donné à des femmes en travail de 2 à
5 heures avant l'accouchement du btnzoate de soude à la dose de 1 gramme â i^^
et a trouvé dans le liquide amniotique, et dans Turine du nouireau-né, de Tadd» bifipa'
rique, mais non de Tacide henzoïque. Duaasssx {Arch. /L Gynwk.t 1888^ xxxn, 339) a répéta
ces expériences avec les mêmes résuUats, et a réfuté, comme on le verra plas loi», 4
propos de la provenance du liquide amnîotiqtie, les arguments opposés aux cooclusioai
de GcssEBOw.
ScBALLER {ArcL f. Gynœk., 1899, Lvn, 566| a eu recours à l'emploi de la pA/orAi-
zine. On sait qu'à la suite de ringestion de cette substance on voit apparaître de k
glycosurie, tandis que la quantité de sucre dans le sang n'augmente pas.
Si donc, apr^s administration de phlorhizine à la mère, on trouve du sucre dans
l'urine de reniant . c'est que la phlorhizine a traversé le placenta. El eu cffel, dans
26 cas où elle avait été donnée moins de 48 heure? avant l'accouchement, i urine da
nouveau-né renfermait du sucre ; mais, dans 5 cas où il s*était écoalé au miuioiuiii
48 heures, au maximum 28 jours avant laccoucheraent, elle n'en contenait pas. Scaotin
admet que dans ces derniers cas la phlorhizine retourne peu à peu, par i 'intermédiaire
du placenta, dans le sang maternel, parce qti'avant la fin de la gestation le rein teUl
n*est pas encore apte h la transformer et à féliminer» Dans le liquide amniotique, oa
ne trouva du sucre que très rarement, ou toujours en faible quantité*. Nous aoroni
Toccasion de revenir sur la signitication attribuée à ces expériences et sur leur discas-
sion. Chez les femmes diabétiques, le mcre peut aussi passer en nature du san^deU
mère dans le liquide amniotique. Luowig (Mah/ê Jb,, 1896, 159), Hossa» y ont troutéj
Tun, 0,3; l'autre, 0,345 p. KK) de glucose.
ZwKiFBL (Arc/i. f. Gyn^k, 1877, xu, 235) a démontré le passage rapide du chlorofm
du sang de la mère en travail dans le sang du cordon. Par conséquent, dans les i
chements où Ton a recours au sommeil cbloroformique, l'enfant participe à Tiuloxiea- '
tion chloroforraique : mais on a déjà vu que l'anesthésie peut se prolonger loogtemps
sans inconvénient pour le fœtus, si rabaissement de la pression sanguine n'est pas trop
considérable. Poaak n'a pu déceler le chloroforme dans le sang fœtal, mais il a c^ostabé
ta présence dans l'urine du nouveau-né trois quarts d'heure après que la chloroformiii'
tion eut été entreprise.
Le chloral donné en lavement à la mère ralentit au bout de 5 à IQ minutes le poob
du fœtus (KôUDASsow).
D'après Pete» Miller, du bromure d'éthijle est eipîré par Tenfaiit au moment de 11
naissance^ quand la femme en travail en a inspiré une grande quantité.
ag de U
troav6^J
>a«eQ«H
à
FŒTUS.
MS
I
I
A. Purrrfxn a déjà signalé le passage de l'alcool dans le TcBlas et le liquide aninioii-
cfue. Plus récerDinent, N!Cloui(B. B., 1899, 980) a montré que les teneurs du sang en
alcool de la mère et du îcaias sont très voisines. Lorsque les r|uantîiés d'alcoot ingé»
rées sont trop petites pour que lalcool puisse Hre dosé dans le sang du fœtus, la com-
paraison de la teneur en alcool des tissus du fœtus avec la teneur en alcool des foies
maternels est instructive en ce que les cbilFres sont à peu près identiques. On voit que^
pour petite que soit la dose d'alcool ingéré, 1/2 c, c, par kilogramme, elle est suffisante
pour faire apparaître Talcool dans l'organisme fcetal. Chez une femme eu travail, on fit
prendre 1 heure avant raccouchement une potion de Toi>r>, et tout de suite après Ter
pulsion on recueillit, venant du bout placentaire du cordon, 20 à 50 [grammes de sang
fœtal; on y trouva de ralcool.
PoaAK a reconnu très nettement lodeur de violette dans f urine du nouveau-né quand
OQ avait administré à la femme en travail de l'essence de térébenthine , Par contre, il n*y a
pas perçu Todeur fétide caractéristique quund la mère avait mangé des asperges pendant
le travail.
Le'ntifatc de quinine passe lentement à travers le placenta, puisque sa présence n'est
décelée d*une façon constante dans Turine du nouveau-né que lorsque l'administration
a pHicédé de 1 tieure et demie raccoucliement. Le passage s'observe encore lorsqu'on ne
donne que 50 centigrammes^ et même moins (Fobar). Plottïts» chea les anîmauiL n'a pas
trouvé la substance dans le liquide amniotique,
La santonine, d'après Porar, passe constamment lorsqu'on en donne 'SO à 50 centi-
grammes à la mère, 45 minutes avant raccouchement.
Waltkr, qui a empoisonné des femelles presque à terme avec du nitrate de stnjchninet
de V acétate de morphine^ de la réiairine, du curare^ àeVerQotine, n*a pu rei* on naître dans
aucun cas ces poisons dans le sang du foetus. Peut-étre, comme le fait remarquer Preyeb^
le temps écoulé entre rinjection du poison et l'extraction du fœtus était-il trop court. Il
est vrai que Feuling, qui a injecté de très fortes doses de curare à des cïiiennes et à des
lapines pleines, a vu aussi que les fœtus avaient encore des mouvements très vifs, alors
i^e la mère était fortement curarisée {Arch, f. Gjfn3Bk., *876, ix, 313). Mais comme, d*après
les observations de PiiEVEU et de SoLTMANPf, il faut une grande quantité de curarine ou de
curare pour abolir la moUlité du fœtus, il est possible que ces substances passent, mais
en proportion trop faible. Toujours est- il que le passage de la morphine (et aussi de
Vuntipijrine) a été constatée par Plottier.
PoRAK dit avoir arquis dans plusieurs cas la certitude que les petits étaient sous Tin-
floence de Tatropine administrée à leur mère avant la naissance. Preyer est plus explicite :
un quart dlieure après Finjection d'un centimètre cube d'une solution de sulfate d'atro-
pine à 1 p. li>0 sous la peau d'une femelle de cobaye à la lin de la gestation, ce physio-
logiste a observé que le premier fœtus extrait présentait des pupilles dilatées ; de même
les trois autres, extraits dans les W minutes suivantes. Dans un cas où chez une femme
on avait injecté, 3 heures avant raccouchement, 2 milligrammes d'atropine, l'enfant avait
des pupilles dilatées, qui ne réagissaient pas à la lumière.
Plottier a retrouvé Vacide phénique chez le fœtus et dans le liquide amniotique.
Après avoir fait ingérer à une chienne pleine 0»'",20 à^anidnc par kilogramme,
WiETHSiHER et Meveu n'ont pu constater au bout de 7 heures, ni dans le sang du cordon»
ni dans celui du cœur ou du foie des fœtus, le spectre caractéristique de la méthémo-
globine : le résultat fut le même après Teniploi de la mêtatoluidine ; par conséquent ni
celle-ci ni l'aniline ne traversent le placenta {A. de P., 1890, 193)*
Charpentier et Botte (Arch. nouv. irohslétrique, 1887, ii, 397), en injectant de Vurée à
des femelles pleines, soit en une fois à dose massive, soit à doses successives pendant
8 à 10 jours, oot trouv<' que l'urée s'accumule dans les tissus fœtaux, que la proportion
peut y être même plus forte que dans les tissus maternels et que le foetus succombe
avant la mère. Comme la cause de sa mort ne peut s'expliquer ni par un abaissement
de la pression artérielle de la mère, ni par une diminution de l'oiygène de son sang, il
faut Tattribuer k une intoîtication directe par lurée. L'a^'cumuiation de la âuhstance
dans les tissus du Tci-tus serait due aussi bien à son arrivée dans le sang fœtal qu'à l'im»
possibilité de son élimination, le sang de la mère en étant surchargé.
Le tableau suivant donne le résumé de ces expériences en ce qui concerne
DICT. DB PEYStOLOQIB. ^ TOUE VI. 28
51U
FCETU3
le dosage de Turée dans Je sang et les tissus de la mère ainsi que dans la mas» do
fœlas :
Urée eontemifi dans 100 grammes :
M^:ke,
FŒTl'> 1
© '* p
£ §
|!î|
315^
t< ♦- -Si c
K
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il
5
1" eiemple d'intoxication ai^rue, .
1" exemple d'intoiiciition lente. .
2* - - ^ . ,
(3,020
iTHoycone)
0,098 1
M
0,048
0,07fi
H
n
0,030
1 moyenne)
0,05 i
0,012
(moyc*n]i6)
0,i»4i
^^1
Fris {Arch.f. (hjnxk., 1894, xlvt, 147) est arrivé à des résultats semblables. Après 11a-
jectioii de fortes doses d'urôe, 6 à 16 grammes, kde^ lapines pleines, les tissus du lirltts»
au lieu de L^<^^lM p, U>i>, chiiïre noimaU en contenaient dans divers cas 0,385, 0,003, 0^!^
et jusqu'à 0,857 p. \00. Feis admet également que Tarée est pour le foetus un poÎMiû
anqiiel il résiste moins longtemps que la mère; mais cette substance, m^'Hie à fortes
doses, ne provoque pas de coiitraclions utérines.
Matières albuminoTdes. — WEBTHïrrMER et MeYKRont observé que la ntéthéfuoghhim
en solution dans le sang maternel ne passe pas dans le sang fœtal [A, de P,, 18^1, i04),
niors qu'elle Iraversp facilement le Jlïtre rénal, puisque dans ces conditiuUi tiptti'
mentales rurine de la mère en contient en notable proportion : le filtre placeiitaii^ ^'op-
pose à sou passage* Le spectroscope montre en eiïet Tabsence de la mélhémo^lobine
dans le saug du fti-tus.
Nous avons mentionné en un autre endroit que, d'après AscoLi^ le placenta met obets.
cle plus ou motus complètement au passaji^e de l'albumine. Déjà WgBTBEiitEit et Dsl»-
ZBNiVE avaient montré que la peptone^ injectée à une cliienue pleine, ii*empèche pas U
coagulation du sang des fœtus, tandis qu'elle rend incoa^ulable* comme on sait, le ft2i|
de la mère. On ne peut i^ependant pas rigoureusement conclure de ce fait que la peptoM
elle-même soit arrêtée? par le placenta. Il est possible qu'elle passe» mais que le foie ou
se forme la substance anti-coagulanle, ou bien que les leucocytes aux dépens de^qutli
elle se forme ne réagissent encore à l'action de Ja peptone pendant la vie inlra-utt^
rine. Mais, d'un autie aùié, Wertfieimer et Delo.bnne ont constaté aussi que Vertrmtà
santfsuef qui empêche, par lui-nn^me et sans aucun intermédiaire, c*est-à-dire in rtlw.
la coa^'utation, n*(] pas rendu incoagulable le sang du fœtus, quand on rinjectail k It
mère. F*ar coitséqueut. ou bien le placenta arrête ou modille les substances aoti-cM*
g niantes, ou bien it les laisse passer avec une lenteur telle et en si faibles proportio»*
qu'elles n'ont plus d'action sur le sang ftelaU
Charrln et Delà MA RE {H. B., 1901, 77Sl ont publié des expériences qui sont eu qodijiîf
sorte la contre-partie des précédentes. En injectant du mucus dilué dans la circulsuoo
cheï des lapines pleines, ils ne sont pas parvenus à produire la coagulation du san^ <ia
fœtus, alors que che?. la mère le contenu vasculaire se prenait en masse. Comme ces
expérimentateurs ont opère avec assez de lenteur; comme d'autre part, m vitro, le janjc
fœtal subit Taction anticoagulante de ce principe^ ils se demandent si le placeala a'iu-
tervienl pas d'une façon active pour s'opposer à cette inlluence du mucus sur ta cOà%n-
lalion du san^'.
Éléments morphologiques et poudres insolubles. — Il est absolument certufi
que les hématies de la rnèn! et celles du fielus restent toujours indèpendanlês les 03f*
des autres. Mais on peu! se demander si les leucocytes, en vertu de leurs mouTemeat*
amiboïdes, n'arrivent pas à franchir la barrière placentaire. S.i^nger (-4rcA. /• GfjnrL,
1B88, XXXI, 161} a fait remarquer que la pathologie réalise une expérience qui rri '
FŒTUS.
595
r
à cette question, quand elte nous montre qne le fœtus d*uDe mère leucémique ne de-
vient pas leucémique; le sang du placenta ffptal, des vaisseaux ombilicaux, celui du
fœtus lui-môme n'ont aucun earaclère anormal. Tchistowitsch et Yodr^witsch {hc, cit.),
ont implicitement confirmé cette observation par le fait que l'tiyperleucocytose de la
mère provoquée par les infections ou les intoxic^iUons bactériennes ne retentit pas sur
le fœtus.
La question da passage des sub^^tancos pulvérulentes à travers le placenta est, dans
une certaine mesure, li^e à la précédente» parce qu'on a supposé que c'est incorporées
aux globules blancs qu'elles peuvent pénétrer dans la circulation fœtale. Ce mécanisme
ne peut donc ^Ire admis, et» si les poudres insolubles passent, ce ne sera que par une
véritable effraction.
Le cinabre est le corps avec lequel on a le plus souvent expérimenté. Reit/,. en Tin-
jectânl à des lapines pleines, Ta retrouvé dans le placenta* dans \e^ caillots du cci'ur du
icetUN, dans les vaisseaux de la pie-mère, Caspahv, Pebls sont également arrivés à des
résultats positifs. Il n'en n'est pas de même de Hofman^ et Langermaxs; il est vrai que
ces auteurs ne rapportent qu'une seule observation : ils injectaient des grains de cinabre
dans une veine du cou ou de l oreille à des animaux qu'ils sacrifiaient au bout d'un temps
variatde ; parmi ces derniers se trouvait une femelle qui fut tuée 89 jours après l'injec-
tioa, alors qu'elle était presque à terme: on ne put déceler la présence du cinabre ni
dans Tutérus, ni dans le foitus. De môme Maaik Miaoï'OLiiKY {A. P., 1885, !()«), qui a fait
avec la même substance toute une série d'expériences^ l'a vainement recbercbé dans Tor-
ganisroe fœtal.
FsHLiXG, TuicRFKLDER, AuLFKLD, Malvoz {Ànn, de rtnntiiut P*istew\ 1«88, 121) ont em-
ployé sans succès reiicrede Chine» Parcontre^ Pbbls, Pyle ( Firc/ion? ef Hirsch's.Jb. i88S),
ont tous deu^ injecté ruUramarine avec des résultats positifs. Dans les expériences de ce
dernier, sur 61 cas, 46 fois les tissus du foetus étaient pirsemésde grains bleuâtres. .Mars,
qui a utilisé des pigments divers, ainsi que dos microrganismes, a trouvé \',\ fois sur
iS les corps étrangers dans le sang même du fij4us ; il insiste sur la nécessité, pour
réussir dans cet examen, d'y procéder au plus tôt 5 minutes, au plus lard 5 heures
après rinjection. parce qu*au bout de ce temps les corps étrangers sont déjà sortis des
vaisseaux pour se fixer dans les organes. KncRKNBERG, à son tour {Arch. f. (itjni^k,^
1887, XXXI, 3tl), a injecté dans le bout cential de Tartère crurale de femelles pleines un
précipité fraîchement préparé de sulfate de baryte, mais sans succès; il n*a pas été plus
heureux en employant le [kidUtt.^ prodigiostts. Eu définitive, le passage des substances
pulvérulentes est un phénomène incunstaiit, mais possible*
Microrganismes, toxines; substances agglutinantes, défense du fcetna. —
Bien que ce chapitre soit pluttU du domaine de la pathologie que de la physiolu;;ie* il se
rattache trop intimement aux précédenls, pour ne pas faire l'objet d'un exposé som-
On a cru pendant longtemps que les microrganismes ne franchissent pas le pla-
En iHlJH, Bratell avait constaté que le sang d'un embryon dont la mire est
inorte du charbon ne transmet pas ta maladie. Vn peu plu*? tard, en 1867» Davalve,
après avoir inoculé le charbon à un cobaye qui portail un betus presque à terme,
observa que le sang de ce ftElus était tout à fait exempt de tllaments du sau^ de rate,
tandis que celui de la mère et celui du placenta en contenaient par myriades. Ces obser-
vations furent encore conTirmées par Bôllinger, en 1H7 6, qui avait conclu, avec Da vaine,
que le placenta constitue un appareil de liîtration physiologique dont n'approche aucun
filtre arlitlciel.
Mais Stradss et CBAMBEaLANO [B. B., iHH2, t\83 et 804), qui avaient, dans une première
série de recherches, adopté sans restriclions rexactitude de la loi de Bracell-Davainb,
en ce qui concerne la bactéridie charbonneuse, trouvèrent bientôt que le placenta n'est
pas pour eîle une barrière infranchissable*
D*ailleurs, déjà en IH8I, Arloixo, Cornevin et Thomas (C. W., xai, 730) avaient rais
en éTÎdence chez 2 fœlus de brebis mortes du charbon symptomatique, les bactéries
ca'*actéristtques de cette maladie. SrRàoss et Chahhkhlano voient, en outre, que le cho-
léra des poules, le vibrion septique peuvent se transmettre de la mère an fcetus.
Les recherches ultérieures ont démontré qui! en est de même pour beaucoup d'autres
microrganismes, probablement pour tous, pour le staphylocoque, le streptocoque, le
i
596
FŒTUS.
bacille coli (Chambkrland), le streptocoque de rér}^9ipèle (Lkbedbff), le bacille de li.
morve (Lôffler)» ïe bacille d'EBEBTH [Chantemcssk et Widal, Euerth, Neohauss et aalr«i)
le bacille du choléra (Tïzzoni et Cattawi), le diplocoque delà pneumonie (Nkttkh), lebacille
pyocyatiique (Ciiarrîn), le bacille de la tuberculose (Johne, Malvoz et Bouvieb, MAPruea)
{CeniraUK f. atlg. Pathot., 1894), le spirille de la fièvre récurrente (Spïtz, Albrecht), On
peut dire qu'il n'y a pas de maladie infectieuse qui ne puisse être transmise de la m^re
au fiBtus *.
Mais, pour que le placenta se laisse traverser partes microbes, il faut que Ie»fiUoiilé#
soient le siège d^altéralions de structure, comme l*a montré Malvoz (toc. cU,}. Cet expé>
rimentatear constate d'abord que des microbes non patbogènes» tels que le mierorocan
prodigto^us, injectés à la mère* ne se retrouvent pas dans Torganisme fœtal. Il inocule i
des lapines pleines le bacille du charbon, et avec les tissus de leurs 32 fuetus, it enie-
rocnce 163 tubes on placiues de culture; sur ce nombre 4 tubes seulement donuenl la
culture caractéristique* S'il inocule, par contre, à des lapines le choléra des poalê*^
toujours dans les tissus du fœtus il retrouve le microbe.
C*èst qu'en effet les placentas provenant de ces lapines montrent des hémorrha§iei
reconnaissables même k l'œil nu^ tandis que ceux des lapines charbonneuses ^ne préî^-
taient pas de lésions du même genre, DVutre part, alors que chez les lapines les badUet
du charbon ne passent au fœtus qu'en très petite quantité et dans la rainorilé des cas^
chez le cobaye ils passent plus régulièrement, parce que^ chez cet animal, les lésions
placentaires sont plus fréquentes.
Les produits microbiens sol u blés qui circulent dans le sang maternel semblent devoir
rencontrer moins de difficultés à traverser les parois des villosités; et de fait, learrôli
dans les intoxications intra-utérines, comme dans la f^^enése des tares pathologiquef da
rejeton, ne paraît pas douteux» En revanche, la réaction de Torganisme fu*tal & ces
sécrétioos bacillaires est sans doute une des conditions de rimmunilé qu'il Ac^jniert
parfois. Il est permis de penser aussi que les substances auxquelles sont dus et Tétat
bactéricide et les propriétés an ti toxiques des humeurs chez la m»Vre frandiiâseatf
elles aussi r le placentap c'est-à-dire que l'immunité peut provenir de Tsctioa de ce^
matières déversées par le sang maternel. Il e^t possible enfin qu'elle soit pom* lîoe ptri
la conséquence de la transmission des attributs cellulaires des {générateurs à leon
rejetons, en d*autres termes de la transmission héréditaire d'un caractère acquis. Méffle^
quand le mâle seul est vacciné (contre le bacille pyocyauique), on peut voir, dans des
cas, en réalité asse^ rares, Timmunité transmise aux descendants (CuARaiN etGLET. A.6.»
ISOl, 809; A, de P,, 1893, 16; tbid., 1894, l; Chabrin, Jonm, de Physiol., igf»9, n).
Cependant le mécanisme de la transmission héréditaire de l'immunité est encore bico
controversé. Wehnicse, cherchant a savoir si c^est le mà!e ou la femelle imrauniséi^
rontre la dijihtérîe qui transmet Timmunité à la progéniture, a trouvé, contrairement a
CsARRin et Gley, que cette propriété n'appartient qu'a la mère. Euaucu a été conduite
la même conclusion en étudiant chez l3s souris blanrhes la transmission de rimnitioité
vis'à-vis du tétanos, de la riciiie, de Tabrine. Vaillari» confirma les expérirnnei
d'EHRLicB pour le tétanos et démontra quil en est de même non seulement en ce qnt
concerne Timmunité vis-à-vis des toiines, mais encore vis-à-vis des microbes.
DziËRCowsRi [Avch. des se, bviL, St. Pétersb., 1001, viii, 212 et 4-29), qui a employé poor
ses expériences des chevaux immunisés contre la diphtérie, a trouvé à son tour que \es
conditions de la transmission sont plus favorables du côté de la mère que du côté da
père. 1/ovule, baigné dans le liquide des vésicules de GRAAFqui contient presque aatmt
d'antitoxine que le sérum sanguin a toutes facilités pour acquérir Timmunité, tandis
que le spermatozoïde se développe dans un milieu qui en contient relativement pea.
Il est probable aussi que dans les premières périodes du développement les hnmeart
de la muqueuse utérine qui renferment des quantités considérables d'antitoxine soat
capables de conférer l'immunité à l'œuf qui s'est greffe sur cette membrane. Mars, lUJt
fois que le placenta est formé, il ne laisserait passer ni toxine ni antitoxine : aussi, hk»n
que TcKuf et Tenibryon soient très fortement immunisés dans les premières semaines d*
la vie, rimmunitê baisse notablement au cours de la vie fœtale lorsque rapparitîon du
1. On trouvera dans Scbuewe [hc, cit.) une longue énumératioa d'observaûooft do C4> gcnte.
I
FŒTUS. 597
plae«Dla arrête rîmniunisi&lion. Touteroîs le liquide Jamniotique, dëglutl par le fiFtus,
peut avoir une certaine action inimunisaiite, très faible il est vrai, puisqu il contient Torr
peu d'antitoxine.
Dans une autre aérie d'expériences faitt's sur les ceufa de poule, Dziergqwsiî» trouve que
l*antitoxine peut passer dans le jaune et du jaune dans rembyou. 11 conclut eu définitive
de l'ensemble de ses recherches que rimmunité héréditaire ne dépend pas de ce que la
<^llule embryonnaire acquiert par hérédité la propriété d'élaborer rantiloxiiie, mais de
ce qu'tlne partie de Tanlitoxine a pu passer du san^ maternel dans le fœtus pendant la
période embryonnaire. L'immunité n'est pas une immunité active transmise par la mère;
c'est une immunité passive, qui ne résulte pas de Tactivilé des éléments cellulaires de
Kenfant.
RoMESy soutenant sur ce point les idées de BEnRj?iûf s'accorde avec Dzikki^owski pour
admettre que la transmission du pouvoir antitdiique de la mère au fcetus trouve un
obstacle dans le placenta. Ransom avait observé que le sérum d'un poulain issu d*une
jument immunisée contre le bacille de Nicolaikr est doué du pouvoir antiloiique. Pour
Romi, cette antitoxicité est due à des hémorrbagies placentaires ayant permis le mélange
des sangs maternel et foetal ; car la molécule antitoxique du sérum e^^t unie à une protéine
incapable de traverser les membranes animales. Il le prouve parTexemple d'une jument
pleine immunisée contre ta diphtérie; le sérum de son poulain n'avait aucun pouvoir
«ntitoxtque à ta naissance, et ne l'a acquis que par rallailement. La transmission se
ferait très rarement par la voie placentaire {Anal, in J.de FhysioL et de Faih, j/tv*., 1902,
229).
Cependant Beclèrr, Chambon, Ménaro, Jousskt et Coulomb ont cm pouvoir caractériser
4a substance antivirufeuLe, qui par son passage à travers k placenta confère à l'enfant
l'immunité vaccinale. Cette substance contenue dans le sérum de sujets vaccinés a surtout
pour propriété d'exercer m vitro une action telle sur le vaccin que celui-ci, après y avoir
baigné, cesse d'être inoculé avec succès, et ne produit plus ou presque plus de réaclion
locale* La transmission intra-utérine de l'immunité vaccinale s'observe exclusivement
parmi les femmes dont le sang antivirulent à Tégard du vaccin a transmis ses propriétés
antivirulentes au sang du faHus, quel que soit d'ailleurs le moment où la mère a été
'vaccinée, alors mt'iite que sa dernière vaccination remoole à la première enfance.
Mais ici encore, iï faut remarquer que Timmunisation du fœtus par la vaccination de
«a mère pendant la gestation est un phénomène exc<^ptionneL si bien que sa réalité
même est contestée. Les auteurs que nous venons de citer reconnaissent d'ailleurs que
la transmission intra-utérine de rimmunité vaccinale ne s'observe pas chez toutes les
femmes en possession de cette immunité, mais seulement chex un petit nombre d'entre
^lles: d'autre part, même parmi les nouveau-nés dont le sang se montre antivirul*^nl, il
en est qu'on peut inoculer avec succès. Gast et Wolpf vont plus loin, puisqu'ils soutien-
nent que le fielus ne participe jamais à rimmunisation de la mère. Dans un travail
récent Palu {Arck. f, Gtfnwk., 1901, Lin^ :U8) amre à la même conclusion, d'après le
résultat d'opérations pratiquées sur cjuarante-trois femmes et leurs enfants; aucun de
ces derniers ne s'est montré réfractaire à Tinoculation, bien que leurs mères eussent été
Taccinées avec succès pendant la g-rossesse. Cependant, chez cinq de ces enfants deux
YMccinalions, et chez un autre quatre vaccinations successives furent nécessaires, L*in*
fluence de Tinoculation maternelle ne s'est traduite que par une réaction locale moins
tive et un développement plus lent des pustules vaccinales.
Par contre, la transmission au fœtus des propriétés agglutinantes acquises par le sang
•de la mère au cours des infections pathologiques ou expérimentales a été démontrée
récemment par des exemples déjà asseï nombreux. Acuakd et Lanmelonguk {B. fî., 1897,
25S), en inoculant des femelles de cobaye par le Proteus, ont trouvé la réaction ai^gluti-
Dante dans le san/L' du foetus et du liquide amniotique, plus fort même parfois dans ce
dernier. Achard et BENSAur*K ont observé un fait analogue dans l'infection cholérique :
une femelle de cobaye, soumise depuis trois mois et demi aux inoculations, et dont le
sang possédait un pouvoir agglutinant intense, mit bas deux petits. Ton mort né, l'autre
vivant; le sang de tous deux donna fortement la réaction, et celui du petit, qui survécut, la
donna pendant trois semaines* Widal et SicAaa ont obtenu des résullats positifs chez
let nouveau-nés d'une lapine inoculée avec le bacille d'EsKara.
i
598
FCETUS.
Des faîls du m^me genre ont été signalés, dans le cours ou à la suite de la HhtÈ
typhoïde, par Chambbelent et Puilippiî, Mossiê et Dauïiic, (B, B., 1897, 238), Mo^âi çl
Fraenrel [Soc, mî-tt des hèpiî., 1800, iO), ÉtiKpmE (B. JB., 189ï>. 860), Zaenoeblé iUunch.
îtteiL Wochcmch., 1000, 890)* Il résulte de r.es observations que, quatid la mère est
atteinte de dotiiiéîientérie, la réaction afJtglutînanle peut se rencontrer soil chez le fœtus,
soit clieï le nouveau-né h terme, et dans ce li^rnier cas elle s\ittêniie progressi^emcnl
après b naissance ; elle s'est montrée, eu règle gënérale, sensiblement plus faible ebtz
Tentaut que chez la mère, Etienne seul a constaté le contraire, et il a trouvé, en outre,
que le liquide amniotique avait, comme le sang du fœtus, un pouvoir agglutinant supé^
rieur à celai au sang de la nit-re. Dans ces divers cas la propriété agglutinante du sang
fiiHal ne pouvait être attribuée à une infection ébertbienne, par effraction du ptacenta,
puisqu'on a pu établir que les bacilles n'avaient pas envahi Torgatiisme fœtal. H fftat
donc admettre que le placenta a laissé filtrer soit les matières agglutinantes conUooc»
dans le sang materne], soit des matières ag gl u lin og eues, auquel cas le f<rtus aumil |iro-
duit Tagglutinine pour son propre compte.
A ces faits positifs viennent cependant s'en opposer quelques autres négatifs» enre-
gistrés soitcliei ranimai i AcuABoetBExsAUDE) soit en pathologie humaine (Ëtikntci, Cmik
RiN et Afebt, h. il, 1806, H04), On a supposé que l'intensité plus ou moins grande d&
pouvoir agglutinant du sang maternel (Acoaiid), la durée pendant laquelle les matière»
agglutinantes imprègnent te placenta sont des conditions qui favorisent la transmissioo
au fietus ; si la mort, ou l avortement, arrive trop vite, le placenta n*aura pas été assa
longtemps au contact de ces substances (iïossÉ et Fkaenkel). D'après Schchacbeh {tmûL
in Journ, de P%.sï'o/. et de Puth, gèn., 1901, 850), les agglutinines typhiques ne se trans-
mettent pas généralement au fœtus quand la fiôvre typhoïde est survenue pendant Ji
première moitié de la grossesse ; ce n*esl que si l'infection se produit dans les demien
mois de la gestation.
Une observation récente de Cmarrin et Moussu (Sem, mé^K, 1002, 413) montre que les
cytotûxines peuvent traverser le placenta. A une chèvre en cours de gestation, ces eipé-
rimentateurs ont injecté par voie sous-cutanée des doses variables d'èmulsions b«:f»a-
tiques. Depuis seize jours, lanimal n'avait rien reçu lorsqu'elle mit bas un unique che-
vreau à terme, mort en naissant. Or. exempt de tout microbe, ce chevreau avait taui»feâ
organes raacroscopîquement sains, sauf le foie réduit en bouillie.
Si l'on considère les moyens de défense que l'organisme fcelal oppose par lui-méiiit
aux infections et aux intoxications bactériennes, ils semblent assez précaires. On ad^jà
vu que, d après Tchïstowitscï! et Yourewitsch, il n'aurait pas la ressource de rhrp'H»*»^-
cocytose, Halbanb et L.inosteiner constatent également (Munch, med, ^\
1902, 473) que le pouvoir hémolytiqiie du sérum fœtal, son pouvoir a^,-
l'égard des globules rouges, son pouvoir bactéricide à l'égard des vibrions du cbolêa,
son pouvoir antitryplique, sont inférieurs à ceux du sérum de la mère. La présenc*
d'une quantité moindre de substances actives dans le sérum du nouveau-né împliquertil
donc une résistance moindre à l'égard des infections,
La véritable défense du foilus, c'est le placenta, défense efÛcace contre les micrw-
ganismes, tant que l'organe a conservé son intégrité de structure, moins efficace pi?iil-
étre contre les lo.xines. Gependaut, il ne. suOit paSpàce qu'il semble, que des toiines cir*
culent dans le t^ang mriternel pour qu'elles fassent sentir leurs etfetâ au fœtus : celiii-d
reste souvent absolument indemne. Les produits microbiens, en effet, doivent, en Itor
qualité de matières albuminoîdes, traverser difficilement le placenta, et sans doute, dtai
bon nombre de cas, elles passent assez lentement pour que les moyens de défense <io
fœtus restent suffisants à leur égard. Il est probabbi que le passage des toxines à dô«
massive a bosoin d'être facilité par des conditions adjuvantes encore mal détenn!
il est permis de supposer, par «exemple, que, très abondantes dans le sang m.*
elles arrivent à modifier la perméabilité du plasmode et des capillaires de la vilïositL*;de
méJTie quVMi a dû expliquer raclîon de certaines substances Ijmphagogues, telles (jn^
les peplones, l'extrait de muscles d'écrevisse, avec lesquelles les toxines oui de TanaW
gie, par une augmentation de la perméabilité de l'endothélium vasculaire.
On s'est demandé aussi si le tissu placentaire n'était pas capable de modifier fti
d'atténuer la toxicité de certains produits. Qn^lques essais faits dans ce sens par Chamui
I
FŒTUS.
599
et DKtAiiAiit iloe. eii.), en mellant en contact la niroline et la toiiue diphtérique aveo
le délivre, n*onl donné que des résaliats. négatifs pour ralcatoîde. peu concluaolî» pour
lato^nr.
Dans le inAme ordre d*idées, notons encore que, dans Tœuf des obeaux, raltmniine ue
sert pas seulcmenl à nourrir IVmbryon, maisauf^si, d'apri^^s Fi, Wuhtx i ISUO). k le protéger
r.onUf renvjihissemeïit des microh^is, Cet expérimentateur a constat»'* que Talburneu,
mai» l'albumen d'un a»uf vivant seulement, possède une action bactéricide très éner-
gique. Oa prélève le blanc d'un œuf de poule, et on le répartit dans des tubes à essai
stArileSt à raison d'un eenlimètre cube par tube ; on ensemence ensuite chacun de ces
tubes avec de très faibles quantités d'une culture de divers microrganismes, bactéri-
dte d« DAVAtNE, spirille du ciioléra, microbe du choléra des poules. Tous ces ïnicrobet»
sont tués dans I albumine au bout d'un temps qui varie d\mc k plusieurs heures.
D'autres fiavants, Maffltuci, Hlirppe, en inoculaitl de$ riticrohes patbogènes directement
dans l'albumine de Toeuf à travers la coquille, avaient toujoui^ observé, au eontrairej un
développement plus ou moins rapide. Mais R. Wdhtz fait remarquer qu'une dose détermi-
née de blanc d'œuf ne peut tuer qu'un nonïbre déterminé de microbes, Maffuccï et
Ht'Eï*pe avaient ensemencé des quantités relativement ^'randes de microrganismes
(cilé« pnr LoHiL : La défense dé tœuf, Joum, de rAnat., 1000, ixnvi, 338.)
t/albtimine pure est, d'ailleurs, pour beaucoup de microbes un mauvais terrain de
culture, ainsi que beaucoup de liquides alUuniineux (DtiCLAux. Ann. hut. Pmteur,
1888, tu %éï].
IL Passage de Bubstances du fœtus k la mèrep — Si les matériaux nutritifs et
autres passent iri^a activement du lu mère au liLaus, il semble cependaut vraisemblable
a pnori que des échanges peuvent s'établir en sens inverse, c'est-à-dire du fcetus à la
mère. MacéRhiue avait affirmé, il est vrai, que les injections de poisons violents dans les
vai«»seaux ombilicaux vers le placenta n'exercent aucune action sur la mère; mais
expérimentalement Savory a le premier démontré que des substances toxiques peuvent
passer de Tori^arnsrae foïtal dans la circulation maternelle. En injectant de Tacétate de
stiTTchnine à deux fœtus de rhienne, par f'xempb?, il provoqua chez, la mûre des convul-
sions tétaniques <[ui se manifestèrent au bout de neuf minutes et se terminèrent par la
mort au bout de vingt-huit minutes. Il répéta l'expérience avec des résultats à peu près
semblables sur d'autres cmimaux, chatte, lapine.
SAVoriT retirait le ftetus de ses membranes en le laissant en communicatiou avec la
mère par le cordon ombilicul, puis le remettait en place ^4 recousait la plaie abdominale.
Ses observations furent condrmées par liussRHow (Arcft, f, Gyiiwk., 1878, xni, 5t>) et par
Pheykr. liLT^smftow opérait in ^itu^ injectait la solution au moyen de la seringue de
Phavaz sur une partie de la peau mise à nu et fermait aussitôt la plaie avec une pince h
pression* Quand le foetus avait reçu de 0K^,i)2a à (K'^^Oo de strychninei les convulsions se
produisaient constararaont chez la mère, et se montraient au plus t<Vt vingt a vin|y;t-cinq
minutes après rinjection. Dans un cas ou les trois fœtus avaient reçu chacun Ô«S5, elles
commencèrent déjà au bout de onxe minutes et» une autre fois o(i un seul fœtus avait
reçu la même dose, au bout de quatorze minutes.
L*îs expériences de Preykr sont intéressantes en ce qu'elles montrent avec quelle rapi-
dité certaines substance.s faciîement dilTusibles sont transportées du fœtus à la mère. Il
injecta 0^«,2 d'une solution d'acide prussique à l^ p. 100 dans le membre arïtérieur d'un
fœtus de cobaye ; au bout de deui minutes, la mère avait des convulsions et de la dys-
pnée, et au bout de quatre miimtes elle ne respirait plus. Dans un autre cas où, il injecta
k2 c. e. de la même solution, les accidents ronvulsifs débutèrent chez la mère au bout
d*tine demi-unnute.
Avec la nicotine, les résultats furent éf^alemenl positifs» mais peuprononcés.etlamère
survécut. Une dose de enracine capable d*amener la paralysie en dix minutes et la mort
»en un quart d'ht-ure^injeclée â un fœtus de cobaye presque à terme, ne détermina chesla
mèiff^ un affaiblissement de la motilité qu'au bout de cinquante-deux minutes, et la para*
lysie totale qu'au bout de une heure vingt. D'autres expériences faites avec la curarine
I montrèrent que la rapidité de la résorption dépend de la quantité et du degré de con-
CéntralioTt de la substance injectée. Il est à noter cependant que, d'après Pheyeh, les
femelles en gestation sont un peu moins sensibles a l'action de la curarine que les
■^
600
FŒTUS.
femelles non pleines et sartoiit que le§ mâles; celle observatioD a élé conûrméft ptr
Delezenne^
Chari*entïeii et Butte» en notant que, lorsque le sang malemel est surchargé denrée,
celte substance s'accumule dans les tissus fœtaux, où, d'après eux, elle serait retenue^oot
admis implicitement le passage fœto-maternel ; maïs riuterprèlation du fait lui-même
est discu table.
Par contre il n^eat pas douteux, et il suffu de le rappeler ici, que, lorsque par ïes
progrès de l'asphyxie le san;^ maternel s'appauvrit en oxygène, les échanges gajecu
arrivent à se faire en sens inverse de leur direction normale (Zlinti).
Des expériences démoiistratives ont été faites récemment par Laiînois et Bruu (Lyoi
tnédic,^ 1898, lxxxvii, 323], par Baron et Castaignr (Arch, de méd, e;jpfr.^ 189S, ,093), ptr
GuiNARD et HocjiwKtKEft {J. (h Pftya. et de Path. gén,, 1899, 456).
Lannois et Briaiî ont injecté h des fœtus de cobaye et de lapine du salicylate de soud
de l'iodure de potassium, et du bleu de méthylène, et ont obtenu les résultats auivanîfl
Salicylate de soude (4 expériences): 3 résultats positifs (présence du sel dans Turine
de la mère au bout d'une heure ou sel dans le rein seulement, après cinquante minutes],
i résultat négatif après une heure ;
lodure» 3 expériences: 2 résultats négatifs: 1 positif [sel dans le sang seulement
après une heure cinq) ;
Bleu de méthylène (6 expériences): t résultat négatif après une heure; 5 résolub
positifs; mais au bout de deux heures on n*a encore que du chromogèoe dans t'uriDe, et
ce n'est qu'au bout de plusieurs heures, six à sept, qu'où a la coloration franche.
D'après Lannois et BRrAU le passa^je a lieu plus rapidement chez les fœtus À lermeque
chez ceux qui sont moijis avancés, et il faut en règle générale un temps assez long pour
qu*il se produise, puisqu'au bout d'une heure rexpérieuce est eocor*^ négative. Mai*.
d*après Baron et Castaicne, ces conclusions fondées sur l'emploi du bleu de méthylène ne
sont pas justifiées, parce que les expériences faites sur les animaux de laboratoire o/ûnt
pas permis d'établir les lois précises de son élimination. Ces derniers expértmenlalears,
en injectant de l'iodure de potassium à des fœtus de cobaye, Tont retrouvé dans Viirine
de la mère au bout de quarante minutes en moyenne, et déjà an bout de trente minute?
chez une femelle encore loin du terme, ce qui est en contradiction avec les ohserralions
de Lannois et Briac. Ils ont, eu outre, injecté du bîeu de méthylène sons la peau ducria^
d'un fœtus humain au début du travail, et ils ont déjà pu déceler la matière colorante
dans l'urine de la mère après une demi-heure, au moyen du chloroforme.
Un fait qui ressort implicite m enl des expériences de Lannoïs et Briac, très nettement
des expériences de Baron et Castaigne, c*est que la substance ne se retroufe pas daos
l'urine de la mère, toutes les fois que le fœtus est mort ou qu'il meurt du fait de Tinjec-
tion. C'est surtout pour vérifier ce point que Guiwahd et HocH\\^LKEn ont entrepris leurs
recherches. Ces auteurs se sont servis du rouge de Cazeneuve (rosaniline Irisulfonateile
soude), en solution à t p. 100, substance très facilement dilTusîble, absolument jnof-
fensive, facile à déceler dans les urines ou dans le sérum sanguin, et avec laquelle il n'yt
pas lieu de tenir compte des chromo^ènes, puisque la rosaniline n'en produit pas. Gui^ar»
et HocawELRFJi arrivent aux conclusions suivantes : lorsque le fœtus est vivant, et q'«1
pas troublé dans ses fonctions normales, le rouge passe très facilement, parfois très rapi-
dément, et se trouve dans les urines de la mère et même dans son sang; quatre eip^
riences donnèrentdes résultats positifs : dans un cas déjà on put obtenir au bout de fingl-
cinq minutes la réaction caractéristique dans t'urine de la mère, presque à terme.
Une condition indispensable k ce passage, c'est que la circulation fœtale ne soit pAS
entravée ni suspendue. Toute injection du rouge ou d'un poison tel que la strychnine oq
Taconitine dans un fœtus mort ou dont la mort a été provoquée par arrêt du cœur, m
moyeu de la strophantine, est négative dans ses résultats. La mort du fœtus suspend
invariablement les échanges fœto-muternels et le passage des substances solubles du
petit à la mère. Ainsi, par exemple, dans un cas où les fœtus élaîent morts, non seulement
le rouge n*a pas passé, mais la mère a conservé sans accidents des petits cadavres aoi-
quels on avait injecté un total de 0»^017 de strychnine et 0«%0024 d*aconîtine.
1, Le Lilre seul de Ja communication a été pubhé {BulL méd, du Nord, 1895, 117),
FŒTUS.
601
I
I
I
I
I
On s'explique ainsi que la mort du fœUts puisse faire cesser divers acciUenls de la
grossesse et ootammerit les crises éclamptiques : Tétatde la mère s*ainéLioreraiL, parce
qu'elle oe reçoit plus du ftetus des prodiiilsi loiîques.
En elFet, Cbahri.n {A<lc P., I89S, 703), en injectant au ftrtus des toxines di phtisiques,
a constaté chez la mère les signes caractéristiques de Tintoxication; Inexpérience faite avec
la toxine pyocyanique a montré la possibilité d'accroître parFintermédiaire d^i fœtus la
résistance de la mère aux agents itifeclieux. On comprend ainsi comment il peut arriver
qu'au travers du placenta les virus ou quelquefois les germes vivants atteignent les tissus
de la génératrice. Tout peut se réduireàune Légère iuffîction, à une intoxication minime»
attribuable aux faibles proportions de principes microbiens que te placenta a laissé
fllirer. Cetle atteinte ébauchée suffit à augmenter la résisUince delà mère, et on s'expli-
que de la sorte comxnenl un rejeton syptiilitique est impuissant à contaminer la généra-
trice, en apparence saine, et contamine au contraire une nourrice non syphilitique (loi de
Colles); que cependant, diantre part, cette mère qui parait indemne ne peut être infectée
par inoculation directe.
Les échanges firto-maternels permettent aussi de se rf^ndre compte dans une cer-
taine mesure des phénomènes dits de telégoniet c'est-à-dire de rinfluence exercée par
un premier père sur tes rejetons issus de fécomlations ultérieures provoquées par d'au-
tres générateurs, et telle que ces rejetons portent encore en quelque sorte, par quelques-
uns de leurs caractères, Tempreinte du premier procréateur On suppose que tes produits
déversés par le fœtus dans Torganisme maternel en modifient les attributs cellulaires.
KoLLMANN [Z. B.^ Stippl.^ 1901 f i) a cherché â appuyer cette théorie de la télégonie sur
les considérations suivantes. Dans les premiers mois répitliélium du chorion est doué
d'une ^'rande activité. Il émet des renflements et des bourgeons qui fournissent des cel-
lules géantes. Tous ces bourgeons se composent de protoplasma nucléaire et internu-
cléaire qui est confondu dans le syncytium ou plasmode de Tépithélium des villosités.
Cet épithélium provient de rectoderme primitif^ et, en dernier ressort, des sphères de
segmentation et contiennent, par conséquent, du plasma germinatif. Une certaine quan-
tité de cellules géantes et autres parties du plasmode d'origine eclodermique qui
plongent, comme ou sait, directement dans le sang maternel y sont dissoutes, et con-
tribuent probablement à provoquer 1*^ pliénomène de la lélégonie, par Tinlermédiaire
du plasma germinatif qu'elles renferment. Ces bourf^eons ^;t ces renllements ne sont
peut-être autre chose, soit dit en passant, que les boules placentaires dérrites par le%
auteurs français, fi dont il a déjà été question.
On ^a aussi avancé que, vers la lin de la gestation, toute Turée produite par le fu tus
et d'autres produits eicrémentittcls ^LiEDiiE, Hasse), ne pouvant plus être élintinés par
l'organisme de la mère, s'accumulent dans son sang, excitent les centres moteurs de
rutérus et deviennent ainsi la cause du travail d'eipulsion. Mais c'est une hypothèse que
rien ne justifie.
Une autre question qui est connexe de celle des éebauges fœto-maternels, mais qui ne
doit cependant pas être confondue avec elle, est celle de savoir si les substances conte-
nues ou injectées dans la cavité amniotique sont résorbées par l'organisme maternel ou
si. suivant l'expression de Bah, l'amnios est un sac fermé qui reçoit toujours sans rien
donner, «jussiaow est le premier qui ait cherché à félucider. Il injecte de fortes doses de
strychnine. 5 centigrammes, dans la cavité de l'amnios. Dans 7 cas il n'y eut pas d'acci-
dents convulsifs chei la mère, au bout de trente à quarante-cinq minutes; tandis que, si
après cet intervalle on évacuait le contenu de l'œufdans la cavité péritonéalc de la mère,
celle-ci était prise» an boni de trois minutes^ de convulsions violent*'s. Daus 3 cas cepen-
dant, chez des animanx presque k terme, les effets de Tintoxication se montrèrent sur la
mère au bout de vingt minutes. I^ussebow avait conclu de là que le passage de l'amnios
à la mère est presque nul.
Phbyer. dans sa critique de ces expériences de Gusskrow, fait remarquer que l'in-
succès pouvait être dû soit k Femploi simultané du chloroforme qui affaiblit l'action
de la strychnine» soit à la faible dose de substance toxique injectée, soit encore dans
certains cas au jeune âge des fœtus, qui ne présentaient pas une surface d'absorption
suflisante. Toujours est-il qu'il y a à retenir des observations de Gusserow 3 cas positifs.
Bientôt après Bar, qui n*a fait que deux expériences du même genre, réussit dans les
aoî
FŒTUS.
deux cas. Dans le premier, il injecte dans la cavité amniotique d'une UfMne îa |
d'une soluliou contenant 10 centip:rammes de sulfate de strychnine; «près d
minutes, Ja mère présente des crises létaniformes. Dans une deuiiéme expéfifoet,
rinjecLion de ïa rnAme dose de strychnine dans Tamnios provoque à la vingtième nioBt^
des convulsions violentes qui durent deux minutes pour reprendre eosaite. A ta ?in^-
quatrième minute, t'animai fut sacrifié : tous les petits étaient vivanls, sauf <»tm tlim
rœuf duquel rinjertion avait été faite.
Bar se demande quelle est la voie suivie par le poison pour arriver à la m^re* et t)
ne lui semble pas ni''cessaire que le fostus ait dû absorber le poîsoD pour le renvi»Ti?f
par la voie du placenta,
Tœbnghen (fî. a., Ateh. de TomL, 1888, 4:>3) a étudié plus en détail ce cAt^ d^J
question. Il constate d'abord que l'iodure de potassium, injecté à la dose de if
2 grammes dans la cavité de ramiiios é^nw^ lapine, passe dans l'arine de la inè
ijue le temps nécessaire au phénomène est en moyenne de 45 minutes : le passade i|
d*ailleurs, qu'il s'agisse de lapines à terme ou à une époque motus avancée de la ftté
tion. Rappelons que, pour le passage en sens inverse. Krukenbebg est au contraire \
à des résultais variables avec Tàge du fa'lu&. Quoi qu'il en soit, Tceio(Gre.n s'est att^oj
surtout à dtHerminer les voies de la résorption. La substance doit-elle passer par IV
nanisme du fœlus pour être transportée dans la circulation maternelle? L'absonition i
riodure par Testomac du fœlus n'est pas douteuse, mais cette absorption n'est pasias^
active pour contribuer essentiellement aux échanges entre le liquide amniotique etJ
mère. Pour Tormuler cette conclusion, Tœrngre.n s'appuie sur ce fait que^ si ron inje
directemeiit llodure de potassium dans l'estomac du ftetus, ce uVst qu'après 1 h©
%i minutes qu'il se retrouve dans Turine de la mère, tandis que dans les iiifectj
intra-aniniotiques il nefaut pas plusde V^î minutes. Mais la substance passe-t-elleparl
membranes, nu le placenta possède-t-il la faculté de Tabsorber directement dans Teauj
Tamnios? Pour répondre à ces dernières questions, Tcerncre^s a analysé à part les/iqniiil
amniotiques, les organes du fœtus ffoie et rein), les placentas et les membranes, fli
trouvé de Tiode :
1° Chez les fœtus retirés des œufs injectés; dans leurs placentas, dans leurs ra«
bran es ;
2° Dans les liquides amniotiques provenant des œufs où on n'avait pas fait d'iajil
tion : dans les fœtus de ce& derniers œufs (des traces) ; dans leurs placentas (quaulj
appréciable) ;
Mais, 3** dans les membranes de ces derniers œufs, l'iode faisait absolument défaiiL
Parmi b^s résultats de ces analyses, les uns intéressent le mécanisme de la résorp-
tion des substances contenues dans Tamnios ; les autres, celui de leur passade de la
mère au fœtus. De la présence de l'iode dans les membranes et dans le placentt des
œufs injectés, Tœrngren conclut que celles-là comme celui-ci contribuent à Tabsorptiau
du liquide amniotique. Si» d'antre part, l'iode se trouve dans le placenta et dans li»
liquide amniotique des œufs non injectés en quantité appréciable, en minime propor-
tion dans tes f(*Hus de ces mêmes œufs, alors qu'il nVn exisle pas trace dans leurs mem-
branes, cola dépend, d'après Tœb.noren, de ce que le placenta par sa face fœtale Uisée
Iranssuder directement dans l'eau de Tamnios une partie du contenu de ses vaisscattx,
de telle sorte que la veine ombilicale et, par conséquent, l'organisme fœtal en rece»root
moins. T<krngrkn conclut donc que les substances solubles contenues dans le sang de la
mère passeni dans l'eau de l'amnios, non par les membranes, comme le soulietineot
beaucoup d'auteurs, mais par le placenta, sans traverser toutefois l'organisme du '
Pour en revenir à la résorption du liquide amniotique, on peut encore citer qi.
expériences de IIaidle-v et de Dlthb^skn îloc. cit.) qui la prouvent, moins direc;
cependant que celles que nous avon;? signalées Jusqu'à présent. Quand Hviole.n »
d*admininistrer Tiodure de potassium aux femmes enceintes, 5 jours avant TaccouclK^
meni; DiTRHs.^EN, IVide benzoîque 52 heures avant la naissance de Tenl'ant, ils ne retrou-
vaient plus dans le liquide amniotique, soit Tiodure, soit l'acide hippurique. Et, comme
il est certain que tout le liquide qui se trouvait dans l'amnios au moment de l'i -
tion de la substance par la mère n'a pu être, en un si court espace de temps, rer
par du liquide nouveau, quelque actifs que Ton suppose les mouvements de dé^luli
^^^
FŒTUS-
lion du fostas, il faut admetlri" que riodure ou racide hippurique ont repassé daii^ la
circulation iualernelïe. En sorte que DunnssEx, qui nie toute transsudation de dehors en
dedans vers la en vite de l'amniosp est obligé de reconimltre qu'elle peul se faire en sens
inverse.
Baron et Castaigme ont repris cette question dans leur travail (hc. cii,). Ils ont
ttijecté de Tiodure de potassium dans le liquide amniotique de plusieurs cobayes et
d'une chienne, et ils ont constaté à nouveau que le sel passe dans la nirt^ulation mater-
nelle ; seulement le passag^e est lent, et il faut au moins deux heures pour retrouver la
sabstance dans les urines de ia mère, alors que, injectée directement au fetus, elîe y
passe, comme on Ta vu, au bout de 40 minutes. Il faut croire que la rapidité du passage
▼arie avec l'espèce animale, puisque T(KfLX*iUKN à la suite de ses injections intra-amno-
Uques avait retrouvé Tiodure dans l'urine de la m^re, après 45 minutes.
D'apnVs Guinaro [B. il., 1809^ 27). il faudrait encore faire intervenir une autre condl*
tîoo, c'est la période du développement : dans la dernit»re période de la grossesse, l'am-
iiiv>s absorbe difticilement et très lentement, labsorption paraissant d*autant plus rapide
qui* la gestation est moins avancée.
MoissKNKY, qui a expérimenté sur la femelle de cobaye avec le rouge de Cazbneuvk
{Écho mèd, d** Lt/tm, 1900, 33), aconllrmé sur ce point l*opinion de GcrxAno, Ainsi, pour
un fœtus de 21 grammes, la réaction de la rosaniline dans Turine de la mère n'a rom-
mencé à être caractéristique qu7i partir de la 3* heure après l'injection. Pour ua fœtus
de 18 grammes la réaction a commencé à se majiifester une heure et demie À deux
heures après rinjection. Les urines de cobaye portant des fœtus du poids de 80 grammes
environ n'ont présenté aucune réaction positive, même au bout d'un temps assez long,
S à 10 heures. Ainsi, la perméabilité de la memi>rane amniotique diminue à mesure
que U'- terme de la gestation approche. H est remarquable que, pour la perméabilité en
sens inv*.'rse, Krurenberg et Wie.\kr sont an ivés à des r«?sultats absolument opposés.
Les expériences de Moisseney ont porté encore sur un autre point. Baron et Cas-
TAiGNE avaient trouvé qu'après la mort du fœtus la substance injectée dans Tamnios ne
passe plus dans la circulation maternelle. Moisseney a constaté an contraire que, quand
on a tué le ftetus par la strophaotine, le rouge passe encore, sous la réserve toutefois
que la gestation soit peu avancée. Dans les deux cas de ce genre où les fœtus étaient
jeunes, la réaction a été très caraclérii^Hque dès la 4'* heure. Dans les autres cas où les
IbHus étaient à^ès, la réaction a été négative, Ain^i la niort du foetus n'a pas sur le pas-
Pîs substances injectées dans t'amnios l'influence remarquable qu'elle a sur le
5 des produits injectées au fœtus, réserve faite pour les fœtus Agés.
CllAlMTUt: Vil
Sécrétions et excrétions du fœtus.
Liquide amniotique. — CaracièreB physitiuâs et chimiques; quantité, — Dans les
premiers mois de la grossesse le liquide amniotique est clair et transparent comme de
ia sérosité; mais vers la tin de la gestation il devient le plus souvent blanchâtre ou jau»
ndtre par suite de son mélange avec des fragments de mati»*re sébacée sécrétée par la
peau du fœtus. Il a une odeur fade; sa saveur est légèrement saléCt sa réaction est neutre
et faiblement alcaline. Comme éléments anatomiques on y trouve des cellules épider-
mîques, et même, d*aprè.s Ch, Hobin {Traité des humeurs^ 909), <les cellules épithéliales de
la vessie et du rein, quelques leucocytes; il contient aussi des poils de duvet,
La quanlitu de liquide amniotique est variable; il est peu abondant au début de la
gestation; mais à p-irtix du 2^ mois il augmente d'une façon notable. Le poids du foetus
et celui du liquide sont, d'après TAtiNtER et Qiantrecil (Traité //e?ç Accouchements^ 1888,
I» 371), h peu près les rm^mes vers le milieu de la grossesse; mais, à partir de |cdtt©
époque, le poids du fœtus est plus considérable et devient, au terme de la grossesse,
cinq à six fois plus grand que celui du liquide amniotique^ qui ne s'élève guère au delÀ
I
Mi
FŒTUS.
de îîCM) grammes. Aussi i on peut dire, d'après les auleurs que nous venons de citer, que
les eaux de l'amnioiî augmentent d^une façon absolue jusqu'à la flo de la grossesse;
mais qui:% relativement au ftetus, elles augmentent dans la première moitié et diminuent
dans la deoxièrtie. Du reste, au moment de racrouchement, il peut y avoir de graodes
variatiotis suivant les sujets, puisque parfois on ne trouve que quelques grammes seu-
lement, et que, d*autre part, Fehling donne comme chiffre moyen 6B0 ce.; Lewso.^,
821 grammes; et Gasnneb, 1 730 grammes. Hobin a trouvé 09 ce* dans un œuf dont Fem-
bryon était tong de 18 millimètres, et 25 ce* dans un œuf contenant un embryon longue
-8»'^S5 [lac. cit.).
Les auleurs ne sont d'ailleurs pas d'accord sur les proportions relatives do liqoj
amniotique aux différentes périodes de la vie fœtale. Tarme» et CnANTHRuiL, Bau-
OELOcoiE, CAPUfto.v, Plavfair, Bar (foc. Ci/.), Gassner» Fehung admettent que Ja quan-
tité de liquide ne cesse de s'accroître d'une manière absolue jusqn'â la ÛD de U gro»-
sesse. Par contre, Carl Ukws pense qu'au 7^ mois la quantité de liquide amnîotiqut^
est double de celle qu'on trouve au moment de l'accouchement. D'après Cajipaka,
quantité atteint son maximum du \'r au ù" mois ; à la lîn de la g^rossesse elle est rédu
de moitié ; tel est aussi Tavis de Litzhann et de Scanzoni. De môme encore, d'api
Kœllikkr ' Tmité dEmhrf^oL)^ Tôorneux [toc, ciL}^ Kamdois (T. P.), la quantité e^i d'envîroo
i kilogramme à 1,500 kilogrammes vers le milieu de la grossesse^ et de 500 grammes i
Ja fin. Il serait cependant assez important de savoir exactement à quelle période de i«
gestation le liquide est produit le plus abondamment, parce qu'il ne paraît pas av^
la même origine à des époques différeules*
D'aprèâ Bar, et contrairement à Gassner, il n'y a pas de rapport direct entre le poii
de la mère et la quantité de liquide amniotique. Suivant Fehling, finiluence de la lon-
gueur du cordon ombilical eei manifeste : la résistanfe qui existe dans un canal ^Uût
proportionnelle à la longueur de ce canal, plus long est le cordon, et plus grande sen
Ja pression à laquelle sera soumise le liquide circulant dans les vaisseaux ombîljeaoi,
de borte que, d'après la théorie de Pehunc;, ce liquide Iranssude dans la gélatine de
Wharton, et de là dans le liquide amniotique* La résistance devient encore plus forte, s'il
y a des circulaires du cordon. Bar n'accepte pas les conclusions de FeeLrNG; Haidlbîi d^
môme n'a pas trouvé que la quantité de liquide amniotique fût inlluencée par là lon-
gueur du cordon, ni par le poids du fuîtus ni par celui du placenta {Ai*ch. f, Gyn^A.,
i88S, XXV, 40)*
Le poids spe'ciflque est de 1.0005 à 1,007 (Levison), de l,O0G9 à 1,009 (Pftocoowma);
de 1,0122 à la vingtième semaine, d'après ce dernier,
Fehung a trouvé dans le liquide amniotique 1,07 gr. h 1,60 gr, de résidu sec et 0,J
â 0,88 p. 100 de cendres; Prockownick, l,a à 1,8 gr. de résidu sec et 0^39 à 0,50
p* iOO de matières inorganiques vers la fin de Ja grossesse*
Nous empruntons à Laubling {Encychp, chim,) les trois analyses ci-dessous daei
Wayl et à SiEWERT :
lAU-
an-
I
si
r là
i™
PRINCIPES
COMSTITUTIPS.
WEYL.
SÏEWBRT.
7* MOIS,
î*^ MOIi.
Densité.
1,007
988,15
6,S5
*»
traces.
3,50
haccs.
0,1 ♦
non dosés.
non doeëe.
1.008
988,22
3,65
s
u-ftcet,
2,37 '
0,2
non dosés*
non doiëe.
1,011 ]
Eau , , , . *
yS".,S8
îlatièros minérales
Oraisses ,
7*037
0,277
Acide lacriquc
Serine ,
Albumine
Vilclline
6J34
Mucin«
Allanloïdes
Urée. . .'
0,352
FŒTUS.
60S
I
Un principe imporiaiit du liquide amnîntiqufï, c'est l'urée; mais les chiffres donnés
par les aulears sont exlrémement Tariables. D*après les évaluations de Fehling, sur
15 fœtus, l'eau de Tamnios à la sixième semaine contenait 0,006 gr. p. 100 d'urée; chez
un nouveau^néf 0,0083 gr. ; dans 7 cas, de 0,02ft à 0,048 gr,, et, dans 4 cas de 0,051 à
0,081 gr. ; dans le neuvième mois» 0^030 gr., dans le diiième mois, 0,045. Les chiffres sui-
▼anls ie rapportent Ions à la fin de la grossesse : 0,38 gr. p. iOO (Funki); 0,05 gr. [Lm-
MAHff-CoLBEni;) ; 0,34 et 0,42 gr. (Maiewsri) ; 0,035 gr. (BeA^LE); OJ gr. (Tschehnow); 0,37 gr.
(SpiEOELVKRrO ; 0,035 gr. (Siewkrt); 0,42 gr. et dans les cas d'hydramnios de 0,085 à
0,1«»4 gr. (Wt>'CRÉL); de 0,14 à 0,35 gr. (GussEaow) ; de 0,0267 à 0.035 (pBicAnD); de 0,0155
h 0,034 (Prochownick) (Arch. f, Gynaek,, n, 304). L*analyse la plus récente est celle de
ScnôFCDORF (A, g* P., L\iv, 324), qui a trouvé au moment de l^accouchement dans deiti
analyses 0,0604 gr. et O»04i4 gr. p. 100, c'est-à-dire une quantité d'urée égale à celle du
sang ou du lait humain.
D'après PnocHowNicK, le liquide amniotique renferme de l'urée à toutes les périodes
de la gestation à partir de la sixième semaine; h ce moment sa quantité est de
0,0166 gr, p. 100. Dans quelques analyses cependant on a noté l'absence de l'urée, sur*
tout dans les première^) phases de la grossesse; on a fait remarquer que la substance
peut avoir disparu par résorption.
On a signah^ la présence de la créatine et de la créatinine (Scserea, HoarN et Verdbil)*
du lactate de soude (Vogt, Beg»auld}.
Il n'y a pas de gtucose dans le liquide amniotique de Thomme, d après Majbw«ïki;
c'est ce qui parait résulter aussi des expériences de Schalleb. TscatRNow y a cependant
constaté ce principe (cité par Kœlliker)» D'après Hobin {loc,yit,), le glucose disparaît dans
le liquide amniotique des œufs humains avant la tîn de la première moitié de la
gestation.
Au début, Teau de Tamnios ne parait contenir que peu ou pas d'albumine. Quand
elle en contient beaucoup, c/est que le placenta est déjà formé (Preyek). Chei le ÎŒïns
humain, la proportion d'albumine parait diminuer avec Tàge, si Ton s'en rapporte au
tableau suivant de Vogt et Scheher :
3* MOIS.
4* MOIS,
B- MOIS.
ë* Mi>[3.
10- MOIS.
Eau. . ,
983,47
7.28
9,iS
979,tj
!0.77
3,69
6,09
975,84
7,65
7,21
9,25
990,29
6,67
0,34 i
2,70
991,71
0,82
0,60
7,06
Albumine et mucine , . .
Citrait
Sels .,.,,.
PaocHOWNiCK a trouvé dans le deuxième mois de 0,43 à 0,85 gr. ; dans le cinquième
mois, 7.1 gr, p. 1000 d'albumine. Au moment de la naissance, Feïiling a trouvé de 0,5*.*
à 2,5 gr. p. 1000; SpiEr.ELBERi;, 1,4 gr. Dni>RftLEiN {Arch, f. Gyn^k,, 1890, xxxvii), de
1,54 à 6,10 gr., en moyenne 3,48 gr. p. 1000.
Mouron et Sculagdexhaufex {C, /I. 1882, xcv) ont constaté la présence de ptomatnes
en faible proportion dans Teau de l'amnios. Se^ator y a trouvé 3 fois sur 5 des composés
sulfoconjugués (Z. p. C., 1884, xuv).
Le principal élément minéral, le chlorure de sodium^ ne présente pas de grandes
variations; sa quantité oscille entre 0,57 et 0,66 p. 100; elle est notablemenl supérieure
à celle que Ton trouve dans l'urine du nouveau-né. D'après J. Veit (toc. ctf.), le point de
eangélatian du liquide amniotique est moins bas que celui du sang fœtal el du sang
maternel. A = — 0.4% en moyenne, et In liquide serait ainsi isotonique à une solution
de ClNa de 0,818 p. iOO. Bodsouet a trouvé une fois A^ — 0,51 et pour un fœtus
macéré, A === — 0,585.
Le liquide amniotique des fœtus d*herbivore a été souvent étudié, plus récemment
par DouEBLEïx (hccit.). D'après cet auteur, chez le veau, la quantît»*du liquide augmente
d*abord avec^le développemeut du fœtus; maiîîi, à partir du mHieu de la grossesse, elle
diminue constamment. La diminution est non seulement relative, par rapport au poids
600
FŒTUS-
du fœtus, mais absolue. Le liquide n*esl plus formé dans les mêmes proporlioos à la fin
de la gestation qirau débuU sa production est alors raleotie ou mAme arrêtée*
Dans la premicTe moitié 'de la gestation^ les eauit de Tamuios ne contJeancnt qoe
irèh peu d'albumine, de 42 à 86 miiligr. par 100 ce. Une augmentation de la quantité d'*l-
buniine coïncide dans fa deuxième moitié de la gestation avec la diminution de ta quan-
lilf^ de liquide et s'éli>ve alors de t>,124 à 0,455 gr. p. lOO* Majewski avait également
trouvé que dans cette période la richet^se en matériaux solides est plus grande. Comni'*
à ce moment la production du liquide amniotique diminue ou môme cesse, la rirhcve
en albumine ne peut pas s'expliquer en admettant qu'il se forme un liquide plus ttch
en albumine; il faut plutôt conclure que les eaux deFamnios se concentrent parrésor
lion du liquide; ce (jui doit le faire supposer encore, c*est que le contenu de l'ammoi'
devient alors visqueux, filant, et contient de nombreux grumeaux.
La ptus grande quantité de li(]uide amniotique trouvée par Do0EBLEii<( fut de 43Sn c*:.
avec 0^060 inr. p. 100 d'albumine, soit en tout 2,592 gr. L*estomac du fœtus qui pêfr
1 800 gr. renfermait tOO ce. de liquide amniotique. En supposant m^me que le fofia
déglutisse plusieurs fois par jour une pareille quantité de liquide, la proportion d'aibo
mine y est trop faible pour tiu'on puisse lui attribuer une valeur nutritive. Comme la
production de liquide est à peu piès nulle vers la lin de la gestation^ ces 2,5^2 gr. d*a
buinine représentent d'ailleurs toute la provision disponible.
L'aujzmentalion de l'azote total trouvé par Dudeblein dans la deuxième moitié de 1
gestation tenait uniquement à Tangnientation de Talbumine. [.'azote non albuniîDOld
n'augmente pas et n*oscille dans le cours du développement que dans des limites I
étroites, entre 20 et 33 milligr. pour tÛO ce, valeurs qui correspondent à celles qo
Ton trouve dans le sérum san^^uin.
Pour ce qui concerne les matières minérales, la teneur en Cl est à peu près la roén
k toutes les périodes du développement. Elle varie entre 0,300 et 0,407 gr, ; elJo est dùu
en moyenne de 0,358 gr. soit ÙJtHH ^r. de ClNa p. tOO. La richesse en Cl est -^
du sérum sanguin, qui chez te %*eau en contient 0,325 gr. De même que Cl, >'.i
dans le liquide amniotique à peu prés le même chiffre que dans le sérum sanf^m, loit
0,367 gr. en moyenne. Na : K comme 1 : 0J6. Ca ne se trouve qu'à l'état de traces: fa
quantité varie de 6 à 23 raitligr. pour 100 ce; Mg est encore en quantité plus faible,
Ca : M g comme i : 0,271.
BoDERLEJN conclut douc que le liquide amniotique du veau doit, en raison de m com-
position, i^tre considéré comme un produit de Iranssudation du sang; ce qni le déronnîrf,
c'est que sa composition reste à peu prés identique aux différentes périodes du dévelu^»-
pement, et, d*autre part, c'est que sa teneur en Cl et ClNa correspond à celle du sérum
sanguin, alors que K, Ca, M g ne s'y trouvent qu'à l'état de traces, encore comme
dans le sérum.
D'après Lanlje également, hi proportion centésimale des sels aolubles ci insolubles
reste à peu près la même pendant tonte la durée de la gestation dans le liquide amoio-
tique de veau; mais ni la quantité de liquide, ni la proportion de résidu sec, ni la ricbeuf
en albumine et en substances exlractives ne sont dans un rapport déterminé avec l'âge
du fortns {Virchow et Hirsch's Jh., 1802. i, 100),
Le liquide amniotique contient du glucose dans les premiers temps de la vie em*
br)'onnaire chez les herbivores ;Cl. Berxahd, Liquides de torganismey u» 406). Le sucre dis-
paraît chez le veau vers le cinquième on siiiénie mois de la vie intra-utérine, à la même
époque où il disparaît également de rallantoïde et de l'urine. Cl. Ber.-^ard insiste sar
cette particularité remarquable, c'est que le sucre existe dans les liquides du f<Hus
lorsque le foie n*en t:ontient pas, ce qui lui suppose une autre source, et qu'au moment
où le foie produit du sucre, ces liquides perdent peu à peu celui qu'elles renfermaicuL
Des observations analogues ont été faites par Cl. Bbrj^ard, non seulement cliez les veaux,
les lapins, mais aussi chez les carnivores.
Cependant, d'après les analyses du liquide amniotique faites par Bastrs chez le mou-
ton (TA, de la Fttc, dei sciences, Paris, 1876), la proportion de sucre y augmente d'une
manière continue, si bien qu'à la fin du troisième ou quatrième mois elle est le tri|)k
de ce qu'elle était à la On du premier: I pour loOO dans les premières semaines, de 34
3,7 p, ltHX> dans les dernières.
FŒTUS,
«07
ORIGINE ET ROLE DU LIQUIDE AMNIOTiayE
^^^^^ liquide est- il «le prox^nance fœtale ou nialeriielle? Sert- il à ta nulrition et h !'*tc-
^Bproissement du ftrtus? Ces deux que^tion^, dont la seconde nous a déjà occupé, noni,
^^pans une certaine mesure, connexes. Si en eîïei le liquide est fourni excluîsivemeiit imv
^ftt fii*tus, il ne doit pas servira la nutrition* puisqn'il n'y a aucun bénéfice pour le fu'tu-^
à te noorrirde matériaux qu'il a lui-nii^me élaborés, à s'alimenter en quelqyf* î^orte aux
dépens de sa propre substance^ Si, au coiïlraire, le liquide est d'origine maternelle» il
pourra contribuer à la nulrilion du fœtus, à la condition toutefois que l'analyse cbi-
mique permette de lui reconnaître les qualités requises à cet elTeL L'une et Tautre do
ces opinions ont de tout temps trouvé des partisans (pour rhistorique, voir S»jhrbwk,
loc. cii.; BrscHOFK. Traité du développement de r homme* Trad. fran*\ par Jourimn, iSKl,
, 491'u et la discussion, aussi vieille que la connaissance tni^me du liquide umniotîquf ,
Il est ouvert© encore aujourd'hui. Nous passerons en revue les arg-umeiits qui ont et*** invo-
! qués de part et d'autre, mais h partir du moment seulement où la question eî<t entrée
il dans la phase expérimenlale.
I A. Origine fœtale du liquide amniotique. ^ P II est un produit de lécrétioa dei
I organes orinaires du fatus. — Gusseaow, qui a inaujETuré la sërie des recherches expé-
rimentales destinétis à i^*lucider la provenance du liquide amniotique^ a trouvé, comme
il a déjà été dit, que Ttodure de potassium, adminislré à ta mère, peut passer dans ce
liquide ainsi que dans l*urine, et qu*il n^existe jamais dans le premier quand il fait
I défaut dans la seconde; il en a conclu c[ue dans les derniers temps de la gestation du
moins l'urine du fœtus est évacuée dans le liquide amniotique, mais non cependant
d'une façon régulière. Benigke, peu après» a combattu Topinion de GusstRow par^^e que en
donnant de Tacide salicylique à des femmes en travail il n'avait retrouvé cette subs-
I lance que dans Turine de l'enfant et non dans le liquide amniotique. Mais Zweifkl et
IIl'Xue ont démontré que l'acide salicylique passe dans l'une et dan»? l'autre,
' KiL'K£XfiERt; s'est élevé aussi contre tes conclusions de Gussehow, d'apriVs ses expé-
nences sur les animaux* En opérant sur des lapiiies à terme, auxquelles il injectait IK,
I il a constaté que la réaction de l'iode est très prononcée dans te liquide amniotique,
' tandis qu'elle est très p«^n marquée et souvent absente dans les organes et les reins du
I fœtus; par conséquent, Piodure contenu dans le liquide amniotique n'a pu provenir de
rarine. Cependant, ajoute KniKENBEiiG, on n'aurait pas encore pu déduire de ces expé-
riences que Taciivité du rein fietal est peu développée^ parce qu'il serait possible que
Tiodure ne passe pas en quantité appréciable dans l'organisme fœtal lui-même. Mais
plus tartl cet auteur a constaté que l'iodure arrive directement en notables proportions,
de la mère au fœtus, puisqu'on en trouve dans l'estomac des animaux à une certaine
période du développement, sans qu'il y en ait dans le liquide amniotique : it admet donc
que chez le fœtus le rein ne fonctionne pas encore*
Il faut rappeler cependant ici que Porai, 11%ii»len, ont toujours trouvé l'iode dans
Turine du nouveau-né quand la femme en travail recevait de Tiodure. D'ailleurs Km:-
KK.SBERG lui-même a trouvé, dans un certain nombre de cas, l'iodure dans les reins et
dans Turine des fœtus de lapines; mais il soutient que ceui-cî étaient alors dans des
conditions anormales, en état d*aspfiyxie, ou bien que, comme leur cceur continuait à
battre quelque temps après leur extraction, Turine n'était déjà plus une urine fœtale,
mais une urine de nouveau-né.
DcBas?EN a objecté aussi aux expériences de KaL£E>B£Ri« que, s'il a trouvé Tiodure
dans le liquide amniotiq«e,et non dans les reins incinérés» c'est sans doute parce que ce
sel provoque le rein à une activité exagérée, et que cet organe le rejette alors rapidement
I dans la cavité de l'amnios.
' Pour démontrer le défaut de fonctionnement du rem chez le fmtus, KarEgxBfi^' in*
' yoqne encore un autre argument tiré des différences observées che^ diverse» espèces
I animales, et que nous avons déjà signalées. Tandis que chez les lapmes et les cobayes
le liquide amniotique à la (In de la gestation donne une forte réaction d'iode, chez les
chiennes et les chattes il la donne rarement et toujours faiblement. Si le rem fœtal était
ITàntatlement la source de l'iodure trouvé dans le liquide amniotique, dît Kivci^kxbebo,
I
i^m
FŒTUS.
on ne s'expliquerait pas pourquoi les TubLus de ebîenne ou de chaLte n'élimioeraîent pts
aussi bien celle substiince que ceux de lapines ou de cobayes , tandis que l'on serâd
mieux compte de la ditTérence des résultats observés, si Ton admet que l'Iodure fuite
directement des vaisseaux: maternels dans le liquide amniotique, et que la facîtité de et
passage varie suivant les espèces animales avec la strncture et, par suite, avec le degré
de perméabilité df^s membranes fœtales. Ces reclie robes comparatives lar des ammam
différents ne paraissent pas avoir^été reprises depuis Krokenberg.
On put croire que la question avait fait un pas décisif, quand GussEitow* admintstraul
du benzoate de soude à des femme? en travail^ trouva 3e lacide hippurique et non de
l'acide benzotque dans le liquide amniotique et dans Turine des nouveau-nés. BuKOtet
ScBMiEDEBEiiG Ont d^montfé, comme on sait, que la transformation de Tacide benzoftfttt
eniacide hippurique se fait dans 1<* rein. Gcsserow pouvait donc conclure : !*» que le rein
du fœtus a les mt^lnes propriétés que le rein de radulle, puisqu'il est capable d'opéror
celle transformation; 2° que le fœtus évacue son urine dans le liquide amniotique, piiifr*
que ce dernier contient de l'acide hippurique. Si, d'autre part^ il y avait un échange adit
entre le sang maternel, ou fu^tal, et le liquide amniotique, et si celui-ci représentait m
produit de iranssiidation de Tun ou de Vautre sang, on devrait toujours y trouver de
Tacide benzoique. Or dans les eaux de Tamnios on ne trouve jamais que de laddi
hippuitque.
Mais AutFixii objecta que les expériences de Bunge et Schmiedeberg faites sur lechieo
ne donnent pas les mêmes résultats chez tous les animaux; que, d'ailleurs, s*il est vfiî
que, chez le chien, la transformation de l'acide benzoïque se fait dans le rein, lesangqai
revient de relor^'ane contientcependant de l'acide hippurique; par conséquent cet acide
trouvé dans le liquideamniotique et dans l'urine du fœtus pourrait provenir directement
comme tel de l'organisme maternel, sans que l'organisme fœtal ait pris aucune part à»4
production. Rien ne dit, ajoute encore Aotr^Ln, que k transformation n*a pas lieu dans
te placenta» organe à fonctions cojnplexes qui, chez le fœtus, assume pent-ètre le rA/e
du rein, Enlin il fait remarquer que toutes les expériences de Gl'ssbrow ont été faites
sûr des femmes eu travail, de sorte que, mi^me en laissant de côté les objectioos pré-
cédentes, on serait en droit de soutenir que le fœtus ne commence à uriner que pendj
le travail, et que Turine avec l'acide hippurique qu'elle renferme n*a été éliminée qi
ce moment
H y a cependant dans les expériences d« GusïifiHow un fait auquel les ar^menti
d'ÀBLFELD ne répondent pas : c'est l'absence d'acide benzoîque dans le liquide amoî
tique. Si eu elTetce liquide était un produit de transsudation du sang maternel, il de'
comme celui-ci contenir de Tacide benzoîque. Mais KatiiLENBERG se deo)ande si, pai
qu'on ne l'y trouve pas, il est bien certain qu'il n'y existe pas, et si la présence
petites quantités d'acide benzoîque n'est pas plus difficile à reconnaître que celle dt
l'acide hippurique.
Pour répondis à ces objections, et particulièrement à colles d'AuLFELo, OaHassev a
répété les expériences de Gosserow. 11 a voulu s'assurer surtout, en donnant à des femmes
enceintes ou en travail du benzoale de soude (plus du glycocolle), si [c'est de Tacid*
benzoîque seulement, ou en même temps, comme a pu le soutenir non sans raiwo
Ahlfelo, de Tacide hippurique qu*on trouve dans le sang de la mère, et de plus si Tacidt
benzoîque passe dans le sang fœtal à Tétat naturel ou à l'état d'acide hippurique. Il a
examiné à cet effet, d'une part le sang de rhématome rétro-placentaire, c'est-à-dire k
gang de la mère et, d'autre part, celui de la veine ombilicale ; mais lés résultats ont été
négatifs, tant au point de vue de l'acide benzoîque que de Tacide hippurique, ce que
DuHKssEN attribue, avec Salrowski, à la rapide élimination de l'acide benzoîque par le»
reins de la mère. Par contre, dans 6 cas, il a trouvé des quantités notables diacide bec-
zoique dans le placenta, et vraisemblablement dans le placenta fœtal, sans aucune trac«
d'acide hippurique. La présence de l'acide benzoîque dans le placenta a pu être mise en
évidence 5 heures et demie encore après l'administration de la substance : ce qui, eu
opposition avec sa rapide disparition du sang tend à montrer que le (litre placentaire
retient plus ou moins longtemps les substances qui le traversent pour ne les laisser
passer que lentement» Toujours est-il que. d'après Duhrssbn, c'est uniquement â Tétit
d'acide benzoîque, que cet acide arrive au fœtus et uniquement par le placenta; en effet
■^
lenti ,
»ai^|
j
FŒTUS.
609
I
Tabsence d'acide henzouine dans le liquide amniotique exclut la poss^ibililé du passage
par cette dernii^re voie.
Dans l'urine fœtale, comme dans te liquide amniotique^ Duhbssen, de même que
GussEBOW.ne trouve qtie de l'acide hippurique, el nou de l'acide benzoique, L'aciiJe hippu*
rique apparaît déjà dans l'urine du fœliis i heure» ! Iteureel demie, 2 heures après l'in*
gestion d'a€id*?benzûîque parla mère; il se montre plus tard et moins coiisïamment dans
le liquide amniotique que dans l'urine de l'enfanL Les expériences de Ddhrsskn confir-
ment donc entièrement les conclusions de Gusserow, à savoir que les reins fonctionnent
déjà vers la fin de la vie intra-utérine commfi après la naissance^ puisqu'avec le glyco-
colle et l'acide benzoîque ils font la synthèse de l'acide hippurique. Si Ton ne trouve pas
dans tous les cas ce corps dans le liquide amniotique, c'est que le fa-lus nV évacue pas
son urine d'une façon constante. Si, au contraire, comme le soutient Ajilpeld, Tacide
hippurique transsudatt directement du sang maternel dans le liquide amniotique^ il
devrait toujours yAtre présent. EnOn, de ce qu'on ne trouve pas d'acide benzoîque dans
ce liquide, il faut en déduire que celui-ci ne peut être fourni par la mère, puisque les
vaisseaux maternels n'y laissent pas transsuder Tacido benscoîque qu'ils contiennent. Ce
n'est pas seulement dans les derniers jours de la grossesse que le liquide amniotique ne
doit pas être considéré comme un transsudat d'origine maternelle; car^ diinsdeux cas,
ni au huitième ni au quatrième mois le liquide amniotique ne contenait de l'acide
benzoîque (ni de l'acide hippurique).
Duhussen peu'^ait ainsi avoir démontré que dans la deuxième moitié de la gestation
le rein du fœtus fonctionne déjA régulièrement, que le liquide amniotique formé pendant
cette période n'est autre chose que de l'urine fœtule» et qu'il ne peut provenir de la mère.
Maïs les expériences plus récentes de Scuallur ont encore une fois abouti à des con-
clusions tout opposées. Cet auteur s'est adressé, comme on l'a déjà vu, à une substance,
la phtorhizine» qui olTre cette analogie avec l'acide benzoîque de ne pas être éliminée en
nature par le rein, mais qui jouit de la propriété d'éveiller dans cet organe une forme
particulière d activité, ilont la conséquence est la glycosurie sans glycémie. Si donc on
fait prendre ù des femmes enceintes ou en travail de la phlorhizine, celle-ci passera
dans le sang du t<etus, et» si sou rein fonctionne déjà comme celui de l'adulte» on devra
trouver du sucre dans son urine. Si, d'autre part, le liquide amniotique est constitué
exclusivement ou principalement par l'urine du fuetus, il contiendra une proportion de
«ocre en rapport avec celle qui est contenue dans l'urine, et ainsi la richesse du liquide
amniotique en sucre mesurera en quelque sorte l'activité du rein fœtal. Le sucre en
effet ne pourra provenir ni du sang maternel, ni du sang roelal puisque la teneur du sang
en sucre est plutôt diminuée dans le diabète phlorhiziuique.
En faisant prendre à des femmes enceintes de fortes doses de phlorhizine, con-
tinuées jusqu'au moment de la parturition (30 grammes en dix*buit Jours, 32 grammes
en onze jours, 69 grammes en vingt-trois jours, 66 gr. en 23 jours, etc.). Sch4LLer dans
iô cas n'a pas trouvé dans le liquide amniotique trace de sucre: 6 cas seulement furent
positifs, mais avec des quantités de sucre très tai blés f 0,004; 0,0072; O,0076;O,0lî 0.01'25;
0,017a 0,02 grammes p, iOO). Dans ces 6 cas, it y adonc eu réellement évacuation d'urine
dans le liquide amniotique; mais la faible proportion de sucre doit faire admettre que
l'urine n'a été sécrétée que pendant te travail, sauf peut-être dans le dernier cas où les
Ofi% »•" p. 100 ont sans doute été éliminés dans les derniers jours de la grossesse.
tScMALLEK a fait d'autres expériences du même genre pour rechercher si le firtus peut
évacuer son urine dans le liquide amniotique à des périodes moins avancées de la gros-
sesse. A cet etfet, il donna la pblorhiïine en grande quantité à partir du huitième n*ois,
pendant une période plus ou moins longue, et eut soin d'en suspendre l'administration
plus ou moins longtemps avant raccouchement, de onze heures à vingt-buit jours avant.
Dans les 8 cas de ce genre, it ne trouva pas non plus de sucre dans le liquide amniotique.
On pouvait se demander, il est vrai, si dans ces conditions le sucre n'avait pas été de
nouveau résorbé par les vaisseaux maternels. Mais Scoalleu s'est assuré par des* expé-
riences sur les animaus qu'on retrouvait dans tetiquide amniotique le sucre qu'on y avait
injecté, alors que sa proportion centésimale était 44 fois moindre que celle du sanj;;, con-
dition très favorable iVsa résorption. 11 faut ajouter que ScHALLfcn n'a attendu au maxi- ,
Imum que six heures pour procéder à la recherche du sucre injecté dans le liquide
OICT. OB PBYSÏOLOOtK. — TQMl VI. 39
I
I
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I
I
6iÛ
FŒTUS.
aumiolu^ue : il conclut cependant que^ ât une résorption a lieu, elle doit se faire irèâ leu*
tement, D'autre part il n'^st pas admissible que les motivements de déglatUion se rép*?-
lent assez fréquemment pour faire disparaître le sucre conteDU dans le liquide iiunio-
tique. Si donc on ne l'y houve pas quelque temps après que Tona suspendu IVmploidek
phlorliijLine, ce n'est pas parce que le sucre a disparu, mais parce qu'il a y eijsuil a
aucun moment. Dans les avortemeuts au quatrième et au sixième roois I Je
phlorbizine ne fut pas suivie non plus de Tapparitiondu sucre dans le» eaux < **.
Ëalia quelques expériences sur des chiennes à terme donnèrent des résaUats élé-
ment négatifs.
Par contre, ainsi que nous Tavons déjà signalé, il y avait du sucre dans Vurine du
nouveau-né, dans tous les cas oii îa phlorbizine avait étédonnée /noiosde quarante-hàil
heures avant l*accoucheme»ït; donnée plus tûl, elle ne provoquait pas de glyco*urie,
ScHALLBR arrive donc à la conclusion, que Tévacuation de l'urine dans le liquide i"
K{ue est un fait exceptionnel, m/*jne à la dernière période de la gestation; que, -
Ûeu quelquefois, cVst nu peu avant ou pendant le travail; que in/^me dans ces cas <?Uein?
peut preudre qu'une part très faible à la production du liquide amoiatique. D*un aulri^
cùiè^ comme le sucre fait défaut dans Tu ri ne du nouveau-né, si la mère a reçu la pW»-
rhizine plus de quorante-bnit heures avant racconchementp il faut en déduire que te rou
du firtits ne fonctionne pas encore ; ce sont les contractions préparantes on le IriTail
même qui mettent en jeu son activité, en troublant la circulation placentaire et eu ânw-
nant, r.bez le fœtus, un certain degré d*asph3'xie.
Mais la nïèlhode de Scwallkr pr»"^le aussi, à notre avis» le flanc à la critique. Ce û'eit
pas seulement raclivité du rein fœtal qu'elle met en cause, c'est la question de la glyco-
genèse embryonnaire tout entière. Le mécanisme du diabète phlorbizinique est tel qu'iu
far et à mesure que l'épithélium rénal extrait lesucre contenu dans le sang pour rèliaji-
ner, ou, si Ton veut, k mesure qull le laisse passer, il doit s'en former de nouvelle^ qatzi-
tités. soit aux dépens des malènaux hydroi^arbonés, soit aux dépe^^ des matières pit>-
téiques. Et devant les résultais négatifs de Tinjeclion de la pblorhiiîne à U m*r^ m
lieu de conclure que le rein du fŒ»tu8 n'est pas encore apte à réagir à ruction ùv.
side, on est aussi bien en droit de se demander si la ^lycogéaèse embryonnaire ^
active ponr permelire rm diabète phlorbizinique de se produire, ou si le mode particulier
de glycogéuèse qui, d'après certaines théories, donne lieu à cette forme de diabète eiule
déjà dans la vie intra-utérine. La première question est d'autant plus légitime qœ la
fabrication du sucre par l'organisme fœtal parait très restreinte, si Ton s*en rapporte
aux recherches de Cavazzani et de Butte. D^autre part, d'après Loewi (4* P. F*, u»«i,
427\ répilhélium des tubes contournés sous Tinfluence de la pblorhiune, libère b» mm
du sang d'une combinaison dans lequel il serait normalement engagé : il resie à 54nnr
si cette combinaison existe chez le firtus.
Il est à remarquer, d'ailleurs, que ïa quantité de sucre trouvée par Sciiallu ika*
l'urine du nouveau-né a toujours été assez faible, de 0 gr. là 0,5 p* 100, en moveimf
de 0,33 p. 100, dans la masse totale du liquide fournie par les 2 à 4 premières étacua-
tions après la naissance* En suivant Tauteur dans son argutnentation, on pourrait iloae
admettre qup, si le sucre apparaît dans l'urine pendant les dernières heures de la j^e^-u-
tion, ce n*est pas parce que les troubles de la circulation placentaire éveillent ratUvjU'
da rein, mais parce que les phénomènes asphyxiques» qui en résultent ont pour con*f-
quenre une augmentation de la glycogénèse, et que la glycosurie devient alors possii*k
Arijumnifs tirés dt' fa marrhe de ht sécrétion urinaîre chez le nour eau-né. — Eeiïico,
PoBAt, Fehling ont fait valoir contre l'opinion de Gusserow que les substance! èlraogrr^
administrées à la mère, qui passent dans t urine du fœ4.us, se trouvent toujours e»<}tuii-
lité plus forte dans la deuxième et la troisième urines recueillies après la n*
dans la première; que dans celle-t*i elles maïjqnent parfois, et que leur élijrj
plus longtemps aussi chez le nouveau-né que ch*^£ la mère. Tandis que par exenjpi^
cylate de soude a disparu deTurinedela mère au bout de vingt-quatre à trente-six b«
ne disparaît de celle de T enfant qu'après trois ou quatre jours (Benicke). Schallbb afail,iiir
la durée de réliminaliondu sucre chez le nouveau-né, des observations semblables. Si vru-
ment le rein fonctionnait activement pendant la vie intra-utérine, ditFEHUî<G, le^siibslanos
données à la mère, à doses répétées, devraient se trouver en plus forte proportion dajiâ
FŒTUS.
61 i
l
U première urine que dans les sui?aiites; mais, puisque c'est le contraire qu'on observe,
ei que leur élimination réclame plus de temps chez le nouveau-né que chez Tadulte,
eela prouve que la sécrétion urinaire ne s'établit vraiment i^u'après la naissance. Duuai»*
MW souHentf par contre, que, si l'acide benisoïque est administré à la mère assez long*
lainps avant Taccouchement, la miction inlra-ulérine élimine la totalité de Facide hippu-
riqne, de sorle que, dans Furine évacoc^e immédiatement après la naissance* on n'en
trouve plu», ou on n'en Irouve que des traces. Mais ïe& observations contraires sont Irop
nombreuses pour pouvoir être contestées.
WiENEN (Àrrhiv f, (i*/nxk. 1881, xvij, 24) y répond en faisant remarquer que, suivant
lea observations de Martin et Rugb, la première urine du nouveau-né est naturellement
plus diluét* et moins riche en matériaux solides que les suivantes; si celles-ci sont plus
concentrées^ cV'st parce qu'il s'établit après la naissance une évaporation active par la
peau et par les poumons, laquelle, jusqu'alors, n'existait pas, et, Texcrétion d'eau par les
reins étant devenue moindre, la concentration de Turine augmente- D'un autre côté, il est
possible aussi, comme le veut Klahroth (cité par Schbewe}, quft réiiminalion de la sub-
stance étrangère se fasse, tant que dure la vie intra-utérine, h la fi>is par le placenta et
par les reins, tandis qu'après la naissance elle ne peut se faire que par les reins seule-
ment. Krïfin Pheïiih admet que la première urine n'est déjà plus de l'urine fœtale; elle n'est
sécrétée en partie ou peut-Atre en totalité qu'après rétablissement delà respiration pul-
monaire, c'ect-à-dire apri'S la rapide diminution de la pression dans Taorle et dans les
artèfêB rénales : de sorte que l'absence de la substance étrangère dans la première
urine» sa présence dans la deuxième et la troisième urines peuvent forl bien dépendre du
trouble de jla fonction rénale durant la naissance, trouble dû à la diminution de rapi-
dité du courant sanguin dans les reins, quand diminue la pression artérielle. Cependant
ta baisse de pression, qui, d'après Pheteb, serait liée à rétablissement de la respiratian
pulmonaire^ est discutable (voir p. Ml). Par contre, les remarque» de WrENER méritent
d*ôtre prises en considération.
Arguments tiret de h composUhn tin liquide amniotique, — La composition de ce
liquide n'a pas fourni de renseignements précis sur ses relations avec la sécrétion uri-
naire. PaocHOWNir.K était, il est vrai, arrivé à ce résultat que chez le fcrlus humain le
liquide amniotique contient en tout temps de Turée à partir de la sixième* semaine» que
celte substance est excrétée en partie par ïa p*^au, en partie par le rein du fit'tus, et que
sa quantité, dans le dernier tiers de la grossesse, est proportionnelle àïa longueur et au
poids du fœtus. Mais Fehum; a pu soutenir, de son côté, que la richesse du liquide a m*
niotiqtie ^n urée ne correspond nullement au degré du développement du fa4us, qu'elle
est excessivement variable» et qu*ell© présente en définitive les mêmes variations que
celles des (raussudats séreux,
DoDERLEiN, cependant, a cherché de nouveau, dans les analyses des liquides amniotique
etallantoïdîen du veau, un moyen d'élucider la source et la signiticalion de ces humeurs.
Ses recht^rches, dont nous avons rendu compte, l'ont amené à celte conclusion, que le
liquide amniotique eî>t un produit de Iranssudation du sang maternel, tandis que le
liquide atlanlnîdien n*est atitre chose que de l'urine firtale sécrété^ dès le début du
4éf*ioppemflnt. Chez le UHu% humain/cheï lequel le produit de sécrétion du rein ne peut
s'accamtiier dans un réservoir particulier, puisque la vésicule allantoïde n'existe pas, le
liquide amniotique aurait donc une double origine, et serait le mélange d'un Inmssudat
séreux, probablement d'origine maternelle, et de l'urine fœtale. On n'a pas manqué d'ob-
jecter qu<^ les résultais obtenus chez le veau ne sont pas applicabb^s à rhornnie.
Arffumi'utii tirvs des vonditions tic ia circuliiiitm rvnatf ehcz le ffvtu^, — t^es rouditions
ont été considérées depuis longtemps comme peu compatibles avec un fonctionnemeut
régulier du rein. Ahlfeld avait déjà émis l'idée que probablement la pression aclérielle
était trop faible chez le fœtus pour que la sécrétion urinaire puisse avoir quelque acti-.
vite. WiENRR (/oc. eit^) avait pu répondre que ta valeur de la pression artérietle chejc le
fœtus n'était pas connue, que d'ailleurs la sécrétion dépendait plus de la vitesse de la
circulation que de la valeur de la pression dans le glomérule : il invoquait, en elTet,
Texpérience de Hëidenhain, d'après laquelïe la ligature des veines rénales empêche la
sécrétion, bien qu'elle augmente la pression dans le glomérule. Mais Cohxstiiî» et Zdntz,
(A. i/- P., xxxrv, 220) ont apporté à l'opinion d'AuLFiLU l'appui de l'expérimentation. On sait
i
*iH
FŒTUS.
i|ue la sécr^lion d'urine s^arréte lorsque la pression artérielle loinbe à 30 ou 40 milliQ}.
Hg ; OTp chf^t le fœtus, elle ne dépasse pa$ de beaucoup ces cbinres, si Ton so mt
détermioations de ces physiologistes ; en onlre» et ceci répond à la deuxtèfnt- ' i dr
WiEXER, la pression veineuse est relativement élevée, de sorte que la différence «^ntre la
pression artériolle et la pression veineuse, qui est chei Fadulle d'au moins 100 miUioL
Hg,, varie chez les fœtus, dans les quelques déterminations qui ont été faites, entre U,2
et oKi millim. Les conditions de la circulation sont donc aussi défavorables que posnhte
h rétiihlissenient cFune sécrétion régulière, tant soit peu active. Ces conclusions ne noms
paraissent cependant pas devoir être acceptées sans réserves. H est vrai que dans IVxpé-
rience de Hfjiîe>haïn l'augmentation de la pression veineuse amène un arrêt de la sé-
crétion ; mais c'est parce que la stase sangnine a comme conséquence une compression
des canalicules urinifères* Par contre, une élévation modérée de la pression dans Its
vaisseaux elTérents du rein, telle qu^elle a été observée par Cohnstklx et Zuntz, s'tcc4>TO*
pagnera d'une élévation correspondante^ dans les capillaires du glomérule, qui semble
véritablement devoir favoriser le processus de flllration. D'un autre côté, cependant.lt
pression artérielle est basse; mais ici il y a d'abord une distinction à faire : dans lei
dernières sentainesde la gestation, la pression atteint un chiffre assez élevé, comme le
reconnaissent Cûhnstein et Zuntz, pour que la sécrétion urinaire puisse s'établir avec
régularité; à des périodes moins avancées du développement, elle oscille dans len expé-
riences de ces physiologistes entre 39,3 et îit,l millim.; sans doute, ces valeurs *flii!
faibles, mais elles sont encore à la limite où la sécrétion est possible. Si Ton conaid^
enfin que le rein du fœtus, comme nous le verrons, laisse souvent, peut-être coostan-
ment, passer Talbumine, on peut se demander si les conditions de la tlltration sont 1^
mêmes pour lui que pour celui de Tadulte. Quoi qu'il en soit, ce qui est démontré eipéri-
menlalpment, «Vst que, ^ei^ la On de la gestation, ce n'est pas le niveau de U presstoo
qui peut mettre obstacle h la sécrétion urinaire.
Il n'est donr; pas légitime d*ad mettre, avec quelques auteurs, que la pression îirté-
rieîle n'atteint une valeur sufûsantc compatible avec le fonctionnement du remquepen*
dant le travail, parce qu'alors elle augmente sous l'influence de la compression dafcetui
par les contractions utérines et les troubles de la circulation utéro-placentaire, et qut
l'urine trouvée dans la vessie du nouveau-né commence à s'y accumuler seulement, loît
un peu avanî, S(.it pendant la parturitîon même. Les causes invoquées seraient plulM
favorables à l'évacuation du contenu vésical qu'au processas de la sécrétion* LVtat *ul>-
asphyxiqne du fiiilus lié à la gêne de la circulation placeiitaire doit s'accompagner, il eft
vrai, d'une augmentation de pression. Mais il ne faut pas oublier que celle-ci dépend,
dans ces conditions, du resserrement des vaisseaux abdominaux, c'est-à-dire d'une dimf*
nution dans l'activité de la circulation rénale; si l'on ajoute gu'en ménne temps lecmrr
foetal est en outre ralenti, il paraîtra plus vraisemblable que la fonction du rein doitie
trouver défavorablement inilucncée par les phénomènes du travail.
WiENEii ad'aiilenis montré que la vessie du fietus pouvait contenir de Turine sans que
le travail ait commencé. Une femme en état de grossesse avancée mourut d*hèmorrhi|Brif
h la suite d*nne rupture de varices : du côté de Tulérus on ne trouva aucun indice ti*uîi
comniencenient rie travail; dans la vessie du fœtus il y avait 10 ce. d'urine.
Aiyitmenh (ires rfes maîfoi'mations des voies urinaires. — Parmi les preuves les plas
importanies de Taclivité du rein pendant la vie intra-utérine on peut confipter les £iil»
téralologiques ou pathologiques d'oblitération des voies urinaires. Déjà PoRTAL,en IfTt,
avait constaté uue distension de la vessie du fœtus à la suite d'un rëirécisseaienl éé
Turéthre, et il en avait conclu que le fœtus urine, EsGUïiM (1881; a affirmé que la fonni*
tiou de l'urine coïjinien^'ait silremeot ù la fin du quatrième ou au commencement éa
cinqiîièine mois, parce qii'jt avait trouvé, h diverses reprises, la vessie et les bassinet*
remplis d'urine et distendus, dans les cas d'oblitération des voies urinaires« au pomi
que la distension pouvait être une cause de dystocie. Billard et Kïng ont vu des ruptorf*
.de la vessie produites par l'imperforation de Turéthre.
ScHAFFER'fcité par ScimEWE), dans un cas d'atrésie de rurèthre» a trouvé, aodeaiièiit^
mois de la vie mîra-utérine, chez un fœtus de 9 centim. 5 de long» et pesant ?iO _■
vessie distendue sous forme d'une petite poche. Par contre, comme Ta fait i-^id.:
Viacuow, si Toblitéralion porte sur les papilles rénales, ïa vessie est ratatinée et vide
ik^Hft
FŒTUS.
«ita
I
La qaaDtiiéde liituide que renfermenl la vessie et les urelères chez des firius altemts
de mdformatîons de rurèlhre et âgés de quelques mots ou à terme est assez variable.
Ole s*est élevée ju&qu'à un litre dans une observalion de grossesse gémellaire arrivée au
MpUème mois et où cliez Tun desftrttis Furèthie manquait (Moaiuu), Mais en moyenne
on trouve 150 ce, de liquide (Salllxc;br, Bah)» et les reins présentent les iêsions caracté-
ristiques de Thydrooéphrose. Chez un enfant pesant 3 880 gr,, Bmv {loc. ciL) a retiré deî^
iiret«!res et de la vessie 300 çr. de liquide qui renfermait de Turée. On peut même sou*
tenir avec cet auteur que les lîiO ou 200 ^r, de liquide que l'on rencontre habitnelleraenl
dans ces cas ne repi^sentenl pas toute la masse d'urine que peut sécréter le fa*tuâ peu-
dant (a vie intra-utérine» puisque le champ de la sécrétion se restreint de plus en plus, à
la suite de la compression et de la désorganisation du parenchyme rénal.
On a objecté que ces faits sont sans valeur: 1<^ parce que des cas de mûllurmalion ne
peuvent servir à prouver un fait physiologique; 2^ parce que le liquide contenu dans les
Toies urinaires n'a pas la constitution de Turine; 3*^ parce que la quantité de litjuide
amniotique n'est pas diminuée dans ces conditions. Mais on ne voit vraiment pas com-
ment et pourquoi une quantité considérable de liquide s'accumulerait dans la vessie et
les uretères, derrière un obstacle siégeant dans rurëthrei si le rein ne le fournissait pas.
En second lieu, de nombreuses analyses duesàPaoïsr, Fhec;*;», Joay, Doiihx, Bah, signalent
dans le liquide la présence de Purée, celle de l'albumine, une fois celle de l'acide
urique. Il ne parait pas cependant qu*on ait cherché à évaluer lu proportion d'urée qui
y «si contenue; du moins les indications données par Ba» sur ces analyses ne nous ren-
seignent pas à cet é^'ard. 1/analyse, sans doute la plus complète, d'une urme recueillie
dans une vessie fœtale à la suite de malformation est due à Panzeh [Zeitsehr, f. Heiik,^
1902, ixin, 79). Le réservoir urinaire renfermait 210 ce. de liquide, dont ta réaction
était neutre et la densité de 1008 : ou y trouva des traces d*albumine coa^ulable; mais
pas de sucie» pas d acétone ni indican* La teneur en azole total f"tail de 0,08 grammes
par litre, en urée <le 0,36 grammes, en acide urique de 0,21 grammes : pas de créati-
nine, mais une certaine quantité d*allantoïne. D'après (jussebow, la quantité de liquide
aimiioiique serait faible dans les cas d'oblitération de TurèLlire.
Les auteurs qui se refusent à admettre la sécrétion urinaire intra-utérine font valoir
de leur côté, avec Aiilfelo, les observations de fœtus qui manquent complète meut d'appa-
reil urinaire, et qui arrivent cependant à maturité; chez ces monstres, qui peuvent ne
présenter aucune autre anomalie (voir Wf.^tphalen, Iùc. cit.), les principes constitutifs de
4*arine doivent donc être éliminés par ïe placenta et,dViulre part, le liquide amniotique ne
fait pas toujours défauL Rissman (cité par Scu aller) a également signalé un cas de ce
^enre dans lequel un enfant pesant 1500 grammes fut expulsé vivant maigri* Tabsencc
de» reins. Ces faits prouvent, il est vrai, que la fonction rénale n'est pas indispensable
âu fœtus pour qu'il se développe et même arrive 4 maturité; mais on n'est pas autorisé
à en déduire que chez le foîtus normal le rein est inactif; on comprend, en *:^lVel, que
<heï ces monstres il puisse être suppléé par d'autres organes, et particulièrement par le
placenta.
I>e plus, en même temps que Tabsence des reins, on a noté parfois celle du liquide
amniotique; enfin on n'a pas encore démontré que, quand celui-ci existe dans ces con-
ditions, il a la même composition que le liquide normal. L'émission de l'urine dans
Jamnios est etn:t»re prouvée par ces observations de grossesse gémellaire (Schatz; dans
lesquelles, l'un des fu;Lus étant plongé dans une quantité considérable de liquide amnio-
tique, et laulre dans une quantité très faible, les reins elle cœur du premier avaient une
fois et demie le poids des mêmes organes du second : l'hydranmios devait donc être la
conséquence de ractivité exagérée des reins. Strassmann (A. D., SuppL. 1899) a signalé
récemment un cas semblable, et appelé surtout rattention sur Thypertrophie de la vessie
du ftrtus contenu dans l'oeuf atteint d'hydraranios, hypertrophie qui Jie pouvait être que
fonctionnelle, puisque l'urétlire était tout à fait perméable. Il faut ajouter cependant
que chez ces fœtus les conditions de la circulation sont anormales^ qu'il y a chez eux
surcharge sanguine et augmentation de la pres^sion.
■ 2" L« liquide amniotique est un produit de iranasudation dei vaisseaux ou de la p^tu
■ du fCBiui. — La première de ces deux opinions a trouvé surtout un appui dans les faits
I signalés par JUiNOBLciH (1809) qui a décrit sur la face fœtale du placenta, dans la coucbe
I
614
FŒTUS.
membraneuse imiiiédiatement accolée à la face profonde de Tamnios, uq i*és«aii capH*
laire sanguin en communication directe avec les vaisseaux ombilicaux* Jcri^oBLuni, t^
est arrivé à injecter ce réseau, considère que c'est par son intermédiaire que le fœtus
laisse tr^issuder le liquide amniotique. C'est donc dans la couche interposée entre Tmo-
nios et le placenta et qui se poursuit au delà du placenta entre le chorion et raiimiuf,
que se trouve le siège de la transsudation. Waldeyer (cité par Bar) a constaté aasii la
présence de vaisseaux si mieux, accolé ia contre la face profonde de ramnios, gorg6ii
sang, et ayant un diamètre suffisant pour qu'il fût possible de recoDiiaîLre leur eiisl
à Tœil nu. Bar lui-même n'a trouvé à la face profonde de Tamnios qu'un réseau veîneai
fourni par les rameaux de la veine ombilicale.
Le réseau décrit par Jonuhlute e, d'après la plupart des auteurs, une évolution spé-
ciale. Ce n'est que pendant la première moitié de la grossesse que les vaisseaux sangotos
qui le constituent sont perméables au sanfj; ; mais dans le milieu de l«i jEçrossesie ces
vaisseaux s'atrophient, et au moment de l'accouchement les vasa propria ont dispcnt
Leur persistance jusf|u'â la fin de la f^estalion serait une cause J*hydramnio3, En rét-
lité, d'après Jungblcth, ils existeraient encore aux 8«, 9* et 10" mois (lunaire) louteo
s'oblitéranl graduellement, et ils fonctionnent encore activement aux S"*, 6* et !• mois;
les quelques capillaires qui persistent jusqu'à la un de la grossesse continueraieot 1
servir a la production du liquide amniotique (ArcA. f» GynR^k,, 1872, iv, 354).
L'amnios lut- même n'est pas vasculaire ; cependant ïes dissections de Peyhot et celki
de Gampknon semblent démontrer qu*au moins chez certains animaux, porc, brebis, che-
val, il possède des vaisseaux propres* Wissorsii a pu suivre le développement des vais-
seaux sanguins de TâniTiios du lapin et y constater Fexistenne de cellules vasoformativei
(TAANiEri et ChaxVtreltil). Toutefois Bah n'a Jamais vu de vaisseaux dans l'amnîosdu lapïji.
VVïr^cxLER (Ârch, f. (hjtimk.* iv, 238) a décrit un réseau de canal icules Ijmphatiqties
auxquels i! fait jouer le même r6le que Jungbluth à ses vaisseaux sangoias. Ces G«nali<
cules s'ouvriraient librement dans la cavité de Tcauf (comme les canalicules lymphatiques
qu'on a décrits sur le centre tendineux du diaphragme, communiquent avec la cavité
pénton*^ale) et pouvaient être poursuivis, d'autre part, jusqu'à la couche épithélia^e dd
chorion. 11 trouva très fréquemment les canalicules reliés aux vaisseaux de différent
calibre, artères et veines, particulièrement aux premières; il les vit aussi reltésaQi vaif-
seaux du cordon ombilical^ et c'est précisément dans la gelée du cordon et dans la por-
tion placenlaire du chorion qu*il chercha le siège principal de la sécrétion de Teau de
l'amnios, après l'atrophie du réseau de Jungblotb. PnsYca croit aussi à l'existence de c*5
canalicules, surtout dans le cordon, et leur attribue le m*>me rôle que VVincklkr.
D'après Cu. Hoblx, dans les premiers temps du développement, le liquide amniotiqoi
est fourni par Tamnios emprutitant les malériaux nécessaires aux capillaires des ot^^n
vasculaires qui le tapissent, tt^ls que le chorion allantoîdien, c'est-à-dire à des vaîsse&ax
du fœtus.
FeuLiMG a émis l'hypothèse qu'une partie de Teau de Tamnios provient directemeut
des vaisseaux ombilicaux. ïl a vu que, si l'on injecte dans un cordon ombilical ime so-
lution de salicylale de soude, et qu*on le plong-e dans un verre rempli de liquide
amniotique, on trouve au bout d'une heure le salicylate de soude dans ce liquide. Dans
d'autres cas, il distendit la veine ombilicale par de l'eau, et au bout de six à douM
heures il put reconnaître que le liquide dans lequel le cordon était plongé conte*
nuit des matières albuminoides, et particulièrement de la jnucine provenant du cordoo.
Pour prouver que le salirylate de soude passe déjà pendant la vie des vaisseaux dtt
cordon dans la gëlatiiH» de Wjiahton^ il prit un cordon ombilical provenant d'une femOM
qui avait reçu avant Taccouchenient du salicylate de soude, le débarrassa du san;? qaH
contenait par compression et lavage; puis il injecta de l'eau tiède dans le cordon, qui fat
ploof4é é(;'alement dans feau tiède. Au bout de huit a douze heures, il trouva de l'acidé
salicylique dans le liquide extérieur. Comme les vaisseaux avaient été vidés préaJafeltH
ment, il faut conclure, dit Fehijng^ que Tacide salicylique ne peut provenir que deli
gélatine de Wahrtûn, où il avait déjà pénétré pendant la vie.
Bah a vu aussi que sous une certaine pression les parties liquides contenues dans U
veine ombilicale peuvent transsuder dans la cavité amniotique^ mais que f^ous unepns-
sion égale elles ne traussudent pas â travers tes parois des artères ombilicales.
FŒTUS. eu
KnuiCfBua a obteuu des résultais semblables h cent de Fehumg en rpinplissatït
qoelqcie temps après ta naissance une parité du cordon par de Tiodiire de potassium ;
mais il soiiUent qu^ils ne sont applteables quïi des tissus morts, à des vaisst^aux dans
l(!tf{ueb la circulation a cessé. En injectant immédiatement après la naissance dans le
placonla une solation dUodure de potassium, et en suspendant une anse du cordoti daaa
un vase rempli d'eau salée où elle resta Jusqu'à ce que la veine ombilicale fût dégorgée,
il ne trouva point trace d'iodure dans la solution saline, bien que Turine de Tenfant don-
Qài une forte réaction.
Ce n*est d'ailleurs pas un processus pliysiolo^ii|ue habituel que celui de la prodoc*
lion d*une humeur normale par une transsudation à travers les parois de gros troncs
vascul aires. Ce sont las réseaux capillaires qui Hoiit te sié^e ordinaire de ce phénomène»
et les capillaires font défaut dans le cordon* du moins chez le ftj^tus humain.
ScHEnea (1852), paisScHUTz(IB74)ontpluspartîculièrementsoiUenuquela formation du
liquide amniotique est une fonction de toute la surface cutanée du fuHus^ Gcssinow, Wib-
ptEt ont également admis celle origine pour les premières phases du développement. On
a fait taloir qu'au début la peau du fœtus est encore très perméable, à cause dfi dévelop-
pement incomplet de la couche épidermique» et qu'elle est eu mérne temps extrêmement
vasculaire. On a voulu aussi faire intervenir la sécrétion sudorale; mais toujours est-il
qu'en raison de rapparition tardive des glandes sudoripares ce n'est qu'au cinquième
mois qu'elles pourraient participer à la pro<luction du liquide amniotique, si toutefois elles
fonctionnent vraiment pendant la vie intra-utérine, re qui ne parait pas vraisemblable.
B. Qri^ae ma ternelle du liquide ananiotique. — Il ne parait pas douteux que
Torganisme maternel ne participe à la formation du liquide amniotique. Comme nous
rivons vu» les expériences de Zuntz et de Wienkr, celles de Khukenbkbo, de Bar, ont
montré que l'indigo -sulfate de soude, le ferrocyanure de potassium, Fiodure de potas-
sium peuvent pa.nser du sang maternel dans le liquide amniotique sans traverser l'or-
ganisme fœtal, du moins chez les lapins. t*our montrer encore plus sùmment que la
circulation fœtale n'avait pu servir d'intermédiaire au passage de la substance» Zcntz a
tué pn^alablemenl le ftPlus eu lui injectant au moyen d une seringue de l'aw/^z, à tra-
vers la paroi utérine, une «ohition de potasse pour arrét<?r le coîur; quand il injecta
ensuite A la mère te sulfate d'indigo, le liquide amniotique l'ut néanmoins trouvé coloré.
On peul rapprocher de cette expérience le cas suivant dû a Haiolkn. Chez un enfant
macéré, né d'une mère syphilitique à laquelle on avait administré de l'iodure de potas-
sium, on trouva la réaction de l'ioiie dans le liquide amniotique, ur»e heure après Tad-
ministratjon du médicament. L'enfant étant mort depuis longtemps, l'iodure avait dû
passer directement du sang maternel dans le liquide amniotique'.
NicLOUx a montré {H. H., 1902, 754) que l'alcool introduit dans l'esli^mac de cobayes
pleines peut être mis en évidence dans le liquide amniotique cinq rninules après la fin
de Tini^estion ; d*autre part, le.s quantités d'alcool dans le sang maternel et dans le
liquide amniotique augmentent avec le temps, dans les mêmes proportions, pour une
quantité d'alcool ingéré ; faits qui, d'après NicIvOL'x, plaident en faveur du passage direct
de la substance à travers les membranes.
Je rappellerai aussi que, diaprés WtENRn, confirmé sur ce point par Krltkbnbbrg, la
substance injectée k la mère ne passe dans le liquide amniotique (jue vers la fin de la
gestation. L'expérience faite chez la lapine au début de la gestation ne réussit pa^.
D'après Wieseh, il ne peut encore rien arriver à ce moment du san^ maternel dans le
liquide amniotique, parce que, d'une part, le chorion et la caduque ne sont encore que
Iftchement unis, et que, d'autre part, le chorion n'est pas encore accolé à l'amnios. Le
liquide amniotique ne pourrait dans ces conditions être fourni par la mère. Il serait
donc formé exclusivement par l'embryon, aussi longtemps que ses enveloppes ne sont pas
en contact intime avec les tissus maternels et que le placenta n'est pas développé. D*après
KRUfiEXBERti, au contraire, la différence des résultats dépendrait, comme il a déjà été dit,
du degré de perméabilité des membranes fcetales, d'autant plus prononcée que la gesta-
tion est plus avancée.
On a encore invoqué en faveur de rorigine maternelle du liquide amniotique les cas
on l'hydramnios coïncide avec de l'œdème et de l'ascile chez la mère : inais rbydrémie
maternelle pourrait s'accompagner d'hydtémie fœtale.
61G
FŒTUS
Quels sont les vaisseaux de la mère qui concourent k la'prodaetioa du Uqaide amoio*
tique? Les auteurs ne sont pas explicites à cet égard. D*après ScANzaNi* c*e%i le ftlicefilt
maternel qui fournit le liquide; suivant Ahlfeld, au drbut, ce soat les vaisseaux d« la
caduque rétîécïiie qui le laissent transsuder à travers le tissu lilche du chorion dans U
cavité amniotique. Il faudrait aussi, dit KttLLiEER, penser aux i iches réseaux vascuUirts
de la caduque vraie; car, à partir du moment où les deux caduques s'accolent ToDe à
Taulre, ces réseaux se trouvent dans une situation très favorable pour remplir ce rôle.
Ces deux caduques sont accolées Tune à l'autre à partir du cinquième mois. Mais li
caduque réfléchie est au milieu de la grossesse entièrement dépourvue de raisseaui ;
KiELURER n>n a renconlré que jusqu'à la dix*sepliôme semaine.
C- Résultats acquis. — Lorsqu'on a passé eu revue ce qui a été fait et écrit surkprv*
venance du liquide amniotique, on ne peut guère que répéter encore aujourd'hui ce^
disait Bar en 1883 : « Si des faits intéressante ont été signalés en grand nombre, $i lai
expériences les plus ingénieuses oui été iustituées, les couclusions générales qut; loa a
cru pouvoir émettre sont touti's plus ou moins sujettes à contestation, et la question d«
l'origine du liquide amniotique n'est guère moins obscure qu'il y a vingt ans. bien qae
nous ayioDS à notre disposition une quantité plus considérable de documents, i
Un fait qu'on peut considérer cependant comme établi, c'est que la mère ainsi quel*
fœtus prennent part à la formation du liquide anmiotiquc. Expérimentalement, la
ticipation de la mère est démonlrée surtout par les observations de Zu.ntz, de
NEtt et de NicLOux, auxquelles il faut ajouter celles de Kucilrxbero et de Tosuiao^
quoique ces dernières prêtent peut-être à discussion, puisque l'organisme fœlaJ coDtè-
nait au^si des traces de la substance trouvée dans le liquide amniotique.
En ce qui concerne la sécrétion et Texcrélion de Turine chez le fœtus, il est à remar»
quer que l'expérimentation, rjui semblait devoir donner la solution du problème, a coq-
duit à des résultats absolument contr;idictoires, parce que précisément les méthodes les
plus ingénieuses qu'on a imaf^inées pour le résoudre y ont introduit elles-raémei d«s
facteurs encore mal connus. C'est ainsi qu'on a pu objecter â Gcssebow que V ' ' u-
hque circule dt^jà dans le san;^ maternel, et Scuallkr ne paraît pas s*étre laiss it
par les expériences de Ddmhsse^î, puisqu'il reprend encore pour son comple ct^Ue objrû*
lion déjà soulevée par Ablfeld. On a vu plus haut les réllexions qu'à leur tour suggerenl
les résultats obtenus par Scualler ; pour les appliquer en toute certitude à la quejUoii
en litige, il faudrait» à ce qu*il nous semble, que les conditions de la glycogènie imUàt
fussent mieux connues.
Par contre, un argument de DunnssE^s qui nous parait garder toute sa valeor, ttat
qu'on n'en aura pas démontré l'inexactitude, c'est la présence, dans le placenta, de YàcaU
benzoïqne seul, à Texclusion de l'acide hippurique, et, puisque ce dernier corps se Iroûfe
par contre dans le liquhb? amniolique, il a donc dû se former dans Tor^atiisme et ^rii-
semblablement dans le rein ftital. Mais l'une det» preuves les plus importantes en fa» cuf
de l'activité de cet organe' et de l'évacuation de Turine dans la cavité de Tammos, c'e^l
l'accumulation de liquide derrière un urèthre oblitéré : on ne peut méconnaître la [por-
tée de ce fait, bien qu'il ait pour cause une malformation. La proportion d'urée ij««
renferme parfois, d'après certaines analyses, le liquide amniotique et qui est beaocoup
plus «^levée que celle d'un simple transsudiit séreux, parle aussi dans le même «riii
L'argument de Doderlejx, quoique indirect, ne peut cependant pas être néiîlîff^: y*jii-
que, chez certaines espèces, l'urine est sécrétée en telle abondance qu'elle rci
cule ailantoïde, quand celle-ci existe, faut-il admettre qu'elle cesse de se yn -i
les fœtus qui n'ont pas de poche distincte pour la recevoir ?Cela u'esl pas vraisemblable,
et il y u lieu de croire qu'elle se raétauge alors au liquide amniotique. Et même la part
que prend la sécrétion urinaire à la formation de ce dernier doit être assez imparUato,
si l'on en juge par la quantité de liquide trouvée dans la vessie et les uretî^res àlasaili
d'une imperforation de Turéthre.
Il est difficile de dire si d'une façon générale l'apport maternel est plus considénl^le
que l'apport fœtaL ou inversement, et si l'un ou l'autre prédomine aux dilTé rentes périod»
de k gestation, La physiologie comparée, qui nous apprend que les embryons otiparts
{oiseaux» reptiles) ont une cavité amniotique remplie de liquide, bien qu'ils se dèî^
loppenl en dehors de la mère, tend à faire croire que Tembryon a une part préponde
ÉinÉ^U
FŒTUS.
617
ftnte dans la production de ce liquide. Phsyer objecte^ il esl vrai, «[ue dans Tceuf de
oulê ffAlcherneivt pondu se trouve déjà toute l'eau que contiendra Tembryon arrivé à
maturité, el que c'est aux dépens de cette eau que se forme le liquide amniotique; mais
ce raisonnement est purement spécieuse et pourrait s'appliquer a tous les matëriaui
élaborés directement par Teinbryon d'oiseau, puisque, en dernier ressort, tous les élé-
ments qui entrent dans leur constitution, à part Toxygène, proviennent de la mère.
En ce qui concerne le mode de formation du liquide amniotique aux différeoteâ
phases de la gestation, Preyer admet que. si les membranes de ropuf, les vaisseaux de
JuNGBLure et peut-être aussi les reins du fœtus sont nécessaires pour une sécrétion
abondante de leau de Taranios» les premières le sont davantage dans les stades du
début, les vaaa propria après la formation du placenta, les reins dans la {dernière
période du développement seulement.
Pour ce qui est des membranes, cette opinion ne concorde pas avec les résultats des
[e:xpériences faites chez les animaux, puisque, d'après Wiknek el KnLKENbEac, dans les pre-
mières périodes de la gestation, les enveloppes frptales ne laissent pas passer dans le
liquide amniotique les substances injectées à la mère. D autre part, comme c'est vers la
flu qu'elle!» deviennent le plus perméables, et qu'en même temps le fonctionnement du rein
devient sans doute de plus en plus actif avec les proférés du développement/, il semble
que les eaux de Famnios doivent être produites d'autant plus abondamment que la ges*
tation est plus avancée : on a vu, en elTcl, que certains auteurs sonlienuenL qu'il en est
ainsi ; mais un plus grand nombre admet que la proportion absolue de liquide diminue
À partir du milieu de la grossesse. Il serait donc intéressant d'être fixé sur ce point.
C'est surtout quand il s'agit d'expliquerl'origine du liquide amniotique pendant les pre-
mières périodes delà gestation que les données positives font défaut, et on en est réduit aux
diverses bvpotbèses que nous avons énnmérées: cependant, si Ton doit faire uncboîx entre
les unes et les autres, il ne faut pas oublier que les résullats expérimentaux ne parlent
^pa$ en faveur d'une participation précoce de la mère à la formation du tiquide. On peut
Alors faire intervenir une transsudation qui aurait f»on siège soit dans les vaisseaux de la
peau de Tembryon, soit dans les vaisseaux orapbalo-mésentériques, soit dans le cborion
allantoJdien, et plus tard dans les vaisseaux de lo\r.Bî.uTu ou dans chux du cordon ombi-
lical; mais il faut reconnailre qu'on n'a aucune preuve directe ou certaine du rule de
toutes ces parties. Par contre, il ne parait pas douteux qu'à ces stades primitifs le corps
de WoLFP fonctionne, et qu'il déverse ses produits de sécrétion dans la cavité de Tam-
nios. On y reviendra plus loin à propos de l'urine fœtale.
XJsutje^ du tiqitidt' nttmioiufue. — Pendant le premier mois de la vie ijitra utérine,
chez Thomme, ramnios est intimement appliqué à ta surface du corps de Tembryon ; ce
D est qu*au deux iî^ me mois (Tourneux), à la Un du premier mois (Phevêh) qu'on constate
l*apparïtion d*une sérosité qui distend progressivement la paroi de l'amnios et la refoule
contre le cborion. Par conséquent le développement de Tembryon a pu se poursuivre
un mois et au delà satts que le liquide amniotique ait eu à contribuer à sa nutritiou el
à son accroissement. Une fois formée, l'eau de l'amnios n'est pas destinée davantage à
servir, quoi qu'on en ail dit, d'aliment à rembryou; il ne remplit qu'un rôle de protec-
tion, en favorisant les mouvements actifs du ftetus, en le mettant a l'abri des chocs
extéritîurs ; il facilite aussi l'expansion uniforme de la matrice et ccmcnurt à la dilata-
tion de To ri lice utérin penda[»l la parturition, Uvbestb a montré que chez le poulet
l'absence ou la diminution considérable de liquide amniotique, ainsi que les anomalies
dans la formation de Tamnios, amènent des arrêts de développement derembrjon (voir
Amnioij,
II. tJrine, Fonctions du rein et du corps de WolIT. — L'activité du rein n'ap-
paraît pas comme uïie fonction absolument nt^ces&aire petidant la vie intra-utérine : les
produits dedésassimilation qui seformentdans l'organisme fœtal pourraient être éliminés
dans les échanges placentaires; d'autre part, le nVle que joue le rein chez l'adulte dans la
régulation de la pression sanguine et probablement aussi dans celle de la tension osmo-
tique du plasma sanguin pourrait être également rempli chez le fuHus par le placenta,
1. 11 faut rappeler co pendant ici que, diapré» les expériences de Sicjuui et MEnciaa ftur réUmi-
nation du bli>u de mêtliyU-ne, le liquide anmiotique ne recevrait plus les produits d'éxcréiion âfi
rein ftj^iûl, aux d«ruier« temps de la rie intra-utenue.
0Î8
FŒTUS.
OOQS I
i
mies ^
•M
CepeDdanl il existe uu ensemble de preuves asseï fortes en faveur d*ane séci^i
uriaaire inLi'a-utériae : nous les avons énumérées^dans le précédent chapitre^ et ooQS
n'y reviendrons pas, sinon pour les compléter sur quelques points.
n y a ïieu surtout de signaïer les expériences de \Vik?«eh (A. f. Gynmk,, 188^, ixiu, i
Chez des lapines pleines cet auteur a injecté» à travers la paroi abdominale, de rîndij
sulfate de soude sous la peau de la ré|S[ion dorsale du fœtus : au bout de vingt ttiiool
répittiêlium dos tubes contournés tHait fortement coloré en bleu, tandis que les glomémles
restaient incol*Dres; c'est ce qui se produit aussi, comme on sait, chez l'adulte : Tei
rience réussit déjàchez uti fœtus de4<"entimètres Ta de lon^^. Ou^'^^^^s tieures aprè* 1*1
jection, ou trouvait aussi furiue colorée eu bleu, et le liquide amniotique présentait
même coloration. Ctiez le ftrtus de chien il y eut même déjà» après iringi-cinq minâtes,
li ou 4 gouttes d'urine bleue dans la vessie.
L'injection de |];lyrérîne dilu45e sous la peau de» fœtus encore contenus dajis Ttraf i
produit au bout d'une heure à une heure et demie de l'héraoglobinurie» comme Uc»-
siNGKB l'avait constaté chez l'animât adulte; les canaticules urinaires du rein du fcBtos.
ainsi que les bassinets, étaient remplis de niasses d*hémog^lobine; souvent on trouva, dani
ta vessie, de l'urine fortement colorée en rouge : dans plusieurs cas, te lifpiide anmi^
tique et le liquide allanloldieu présentaient la même coloration.
Bar (loc. cit.) a répété ces exp+^riences eu employant le ferrocyaimre de poiasûl
et déjà, au bout de quatre minutes, quelques gouttes d*unne contenues dajis la
donnaient la réacliotj du bleu de Prusse.
VViENKR a aussi injecté la solution de ferrocyanure^ non plus au foetus» mais daai h
liquide amniotique, et a retrouvé la substance au bout de deux heures et d^roie
Turine du IVilus; celui-ci avait dég-hUi le ferrocyanure, dont ta présence put être démoi^
Iréo dans les parois de l'estomac et de l'intestin, dans le mésentère, comme aussi
îa peau et le rein.
On a objecté, avec quelque raison» à ces expériences qu'elles prouvent Sieulement que
le rein fu'tal est déjà en état de fonctionner comme chez l'adulte, et non qu*tl toiic-
tionne réellement, et que rinjection d'une certaine quantité de liquide au fœtus troable
les conditions de la circulation; cette dernière objection cependant u'esl plus valable poar
les cas où Tinjeclion a été faite dans le liquide amniotique.
D'ailleurs on a trouvé trop souvent de l'urine dans la vessie des enfan ts et des AUimi
nouveau-nés pour qu'on puisse nier quVUe soit sécrétée pendant la vie intj'a-uléni
Cette sécrétion n'a pas eu lieu po&{ parium; car dans beaucoup d'observations on a
soin de pratiquer le cathélérisme aussitôt après la naissance* Kn outre, on a vu son
aussi des enfants émettre une assex grande quantité d'urine, soit immédialemeol api
la naissance, soit déjà avant la sortie de la téte^ dans les cas de présentation pelviemiii
11 n'est pas vraisemblable^ comme nous lavons déjà dit, que l'uriae trouvée dans li
vessie du nouveau-né soit la première manifestation de l'activité du rein qui s'éveillerait
seulement sous Tinlluence du travail de raccoucheinent. L*observation de WiK<ia rap*
portée dans le prcccdent chapitre suffirait à le prouver, Prever a vu aussi la vessie com-
plètement remplie chez les embryons de cobaye extraits rapidement d© Tatérus et déca-
pités aussitôt; cliez d'autres espèces animales on a souvent fait des constatations woh
blables. DoHiiN a noté, en outre, que la vessie renferme d'autant moins d'urine cliei k
nouveau-né que le travail a été plus prolongé, ce qui tend à démontrer que celui-ci
favorise l'émission d'urine, plutAl que sa production.
Les grandes variations dans la quantité d'urine, trouvée immédiatement après la
naissance, dépendent probablemeïit de ce que le fœtus a évacué ou non le cotjt«»rm dr
sa vessie dans t'amnios, avant son expulsion. D'ailleurs, chez les feetus de mammif^n^s.
extraits rapidement de rutérus, la vessie contient é^'aïement tantôt peo ou point, tantôt
beaucoup d'urine, et Ton ne peut guère expliquer ces différences qu'en admettant ont
évuacuation intermittente.
Il est probable que Tunue commence à se former de bonne heure. Ce n'est qu a partii
du cinquième mois que la constitution du rein se rapproche sensiblement de celle àé
Tadulte; mais, comme les tubes unnifères apparaissent k la fin du deuxième mois, elles
premiers corpuscules de Malpigbi dès le commencement du troisième mois (TocRîfxtnil»
il est probable qu'a partir de ce moment déjà le rein commence à fonctionner.
FŒTUS. 619
Toujours esl-U que Naûel a trouvé, quatre fois, chez des fœtus humains de ^ à i mois,
mesuraut 6^8 à 12 centimètres de Jou/l; de la tète au coccyx, la vessie sous la forme d*une
vésicule transparente de la grosseur d'un haricot, remplie d'un liquide clair; cbe2ooar>
autres embryons du même âge, la vessie était vide [Arch, /". Gynmk,^ 1889, xxxv, î'ài),
KftuiENBKRG^dans la première urine d'un fœtus né prématurément et pesant l''^ 830, a
pu mettre en évidemre Tiodure de poiassiuni administré à la mère,
(Ihez le uouveau-né, dans 75 cas, Dohrn a trouvé de ruriiie dans la vessie 69 fois p. 100;
la quantité d'urine a été eu moyenne de 7",6, ie maximum de 23 ce. Dans 8 cas d*HoF-
HEiKH \A. A, P,, 1882, Lxxxfi, 493) les chiffres étaient compris entre 1,5 et 24 ce. avec une
moyenne de 9^*,9, Sca aller {toc. ciY.), chez 24 nouveau-nés, a trouvé la vessie vide
10 fois, soit dans ta proportion de 41 p> fOO; dans 4 cas on ne recueillit que quelques
gouttes d'urine; dans les 10 autres cas la moyenne était de 4*'*',9,
L'nrine du nouveau-né est très pîlle, et, d*après Hofuejer, presque claire comme de
Teau. La densité est en moyenne de 1009 à 1010 d'après les uns, de i 002,8 d'après
DoHRN (minimum 1001,8; maximum lÔOGj.Ce dernier a trouvé une densité de 1012 chez
un enfant mort-né avant terme. Cependant chez un autre fœtus humain de 8 à ^ mois
mort-né, dont l'urine fut analysée par Lïruermann, le poids spécifique n*ètait que de 1003.
ViRCHow a trouvé l'urine du fu»tus acide; dansîe dernier cas que je viens de meulion-
ner, elle était neutre. Chez le nouveau-né, sur les 7a ras de Doiibn elle était acide 73 fois
p. 100» neutre 23 fois p. 100 et alcaline 4 fois p. 100. Hofmeier l'n trouvée 7foisacide
sur 8, une fois neutre. L'urine conte^me dau^ la vessie des embryons de cobaye récem-
ment enlevés de Tutérus était toujour;^ acide, dans les observations de Preybr.
La première urine du nouveau-né humain bien portant et l'urine des enfants mort*
oés ne contiennent qu'environ 0,5 à 0,6 de résidu s»?c el 0,24 à 0,27 de cendres. Dans une
analyse de Hoppe-Seyler, la proportion d'éléments solides n*a pas dépassé 0,34 p. 100.
Cependant, dans Turine du premier jour, la teneur en eau a varié, dans 4 cas, rapportés
par d*auLrcs atileurs, entre '.»H,0.^i et 99,62 p. 100, et dans un cas elle ne s'est élevée qu'à
95J2p. 100.
HomKiËR a trouvé 0,245 p. 100 d'urée immédiatement après la naissance (moyenne de
5 casj; 0,360 dans les douze premières heures, el 0,921 dans le^ douze heures suivantes.
Dans 10 cas^ de Doorn, les chilfres ont varié de 0,14 à 0.83 p. 100 pour l'urine rei^ueilUe
immédiatement après la naissance. Dans celle du premier jour, Mahtln et ItrcE, BiK-
DCHMAMN ont déterminé on maximum de 1,6637 p. 100, un minimum de 0,06. Sjûqvist
(Ifafj^*» J6., xxxni, 245), a trouvé chez le nouveau-né, avant la période des infarctus
rénaux, une moyenne de 0,50 grammes pour 100 ce. et l'urée ne représentait que 74,5
p. 100 de Tazote total. Chez le frrlus mort-né de LiEBEiiMAN:^, la proportion d'urée était
de 0,111 p. 100, et la vessie contenait 16,2 d'urine. Je ne rappelle que pour mémoire
le cas de Gi'ï^serow, dans lequel Wislicenus aurait trouvé 6,00 p. \ùi\ d'urée; il y a proba-
blement là une faute d'impression.
L'acide uriquepeut être sécrété en quantiténotable, du moins dans les stades avancés
du développement. On a constaté presi^ue régulièrement ce corps inmiédiatement après
la naissance, WoHLER (1846) a trouvé chez un fœtus mort-néavant terme un calcul d'acide
urique. Dans l'urine d'un fcetus à terme, mort à la suite d'un accouchement laborieui, Vir-
CHow a trouvé des sédiments d'urate d'ammoniaque. Dans Turine recueillie immédiate-
ment après l'ouverture de la vessie, chez des embryons de cobaye, Preyer a constaté régu-
lièrement la présence d'acide urtque. Gcssehow a trouvé également des cristaux d'acide
unque chez un enfant mort pendant TaccouchemenL Dans les analyses de Sj+jqvist, la
proportion d acide urique était, avant la période des infarctus, de 0,082 grammes pour
100 ce. et représenlait 7,9 p, iOO de l'azote total. On sait que chez le nouveau-né il se forme
presque constamment, vers le deuxième jour, des dépAts d'acide urique dans les reins. Ces
infarctus uraliques n'ont été observés qu*exceptionnelïement chez le fœtus; cependant,
Martïn, HooiiEWEG, ScHWARTz, HuDiN et 0 vR i/oc. cit,) en ont rapporté des exemples,
La quantité de chlorure de sodium a été de 0,18 p. 100 dans une observation de Wis-
licenl:s et GussEROw chez un fœtus inorl-né, de 0,2 p. 100 chez le fœtus de Liebermann;
dans les 76 cas de Dohrn elle a varié chez le nouveau-né entre 0,02 et 0,3 p- 100* Cette
grande différence entre les inuiima elles maxîma dépend probablement, comme l'admet
pREYEH, de la proportion de sel contenu dans les aliments de la mère avant Taccouche-
(
€S€
FŒTUS.
ment. Riige et Mab-ffm ont établi que la première urine est moins concealréc et pîus
pauvre en sels que la seconde, dont k composition se restent de rinllttencc de l^érapo*
ration pulnioiiaJre et cutance.
Senator (Z. p. C, 1880, iv, 1) s*esl demandé si les principes qui dans rurîiie déhfCQ
après ïa naissance, des produits de la patréfacHon iuteslinaJe^ exisleot déjà chez
nouveau-ne qui n'a pas encore été alimenté, It a trouvé des composés su)ro-conju^u4
dans les 7 cas où il les a cherchés, et 2 fois sur 5 le phénol et le crésol ; par contre, tli
pas trouvé d'indican. D'après Preyeh, on aurait cependant constaté la présence de
corps [dans furine an nouveau-né. Les susbstances phénoliques ne peuvent provenir de
l'intestin du fœtus, puisque le méconium ne contient ni indol ni phénol. 11 faudrait do
supposer que les composés sulfo-conjugués passent directement du sang de ta mé
dans celui du fœtus, puis dans son urine. Cependant dans l'analyse de Liebeiuhn]? (
ii'n pas trouvé d'acide sulfnrique, et fauteur insiste sur cette absence complète de
fales. Ajoutons aussi que *laus ce dernier cas les terres alcaline» faisaient égale
défaut, l/aride phosphorique put élre mis en évidence.
l/albnmine paraît éLre un élément fréquent, et même, d'après Vrncuow, à peu pH
constant dans l'urine du fœtus liumain. Les recherches de Rjbbert (A, A. P-,iS9k,%c%'i
S27) tendent à conllrmer Topinion de Ynicuow. Chez des enfants et des lapins notivea
nés la proportion d'albumine était si forte que l'urine qui se trouvait dans les bassii
coagnlait en masse. Il y aurait clic:^ le nouveau-né une desquanitnation épithéltale
glomérule et des canalicules urinifères, analogue à celle qui se produit à la surface <
tégument externe et qui serait liée à une régénération physiologique de répithéliom.
Dans de nombreuses observations sur des embryons de diverses espèces animale
RiBBEHT a coiistaté également que les gloraérules elles tubes contournés élaient danstoa
les cas, sauf une eiception chez un embryon de porc, remplis d*albuniine. Cette sub-
stance était d'autant ptus abondante que Tembryon était plus jeune. Hibbeut admet donc
qu'il se fait pendant la vie inlra-ulérlne une transsudation continuelle du plasma san-
guin à travers les parois vasculaires, probablemenl parce que les glomérales sonleacott
incomplètement développés et incapables de s'opposer au passaj^e de ralbumine.
Il faut remarquer cependant que la richesse de l'urine en albumine ne correspondiit
pasà celle des reins. Cbexancun embryon de porc on n'en trouva trace. Chez 2embryoni
de vache, l'aclion de la cbaleur et de l'acide nitrique provoqua à peine un trouble, t\m
2 autres un précipité abondant. Chez un veau long de aO centiraètres environ, la ve
contenait une grande quantité d'urine avec des traces d^'albumine.Chez un fœtus deuio
ton, le résultat fut négatif; enfin che^ plusieurs fœtus de lapin presque à terme la pn
portion d'albumine était modérée. Chez les jeunes embryons, par contre, on obtenait i
coagulum massif dans la vessie et les reins, en exposant, il est vrai, directement
orj-^anes à l'action de la chaleur. Hibbert pense que, si chez les embryons plusAfjés larichejj
de l'urine en albumine ne répond pas à celle des reins, c'est qu'une partie de la i
stance est résorbée dans les canalicules contournés.
On verra plus loin que l'étude de la composition du liquide allantoîdien cbei le ftan
a conduit de même Dùderlkin k conirlure que l'albuminurie est chei le fuàtus un phéo
mène physiologique.
L'albuminurie du nouveau-né ne serait donc que la continuation de celle du fœlO
HoFMKiETfi, en eïfet, sur 22 cas, n'a trouvé qu'une fois l'urine non albumineuse; elle l'éU
constamment dans les observations de Scmwartz, faites sur des enfants mort*nés, P||
contre, Martin et Huge n'ont trouve souvent l'albumine qu'à l'état de traces dans Turin
du premier jour. Dohhn n'en a point trouvé du tout dans 62 p. 100 de ses 75 cas; dad|
23 p. 100 ii j en avait des traces, dans 0 p. 100 des quantités appréciables, dans 6 p. (0
il y avait beaucoup. .Uissi Dohrn ronsidére-t-il que la présence de l'albumine daas
Turine des enfantin moi t-nés est un phénomène cadavérique. Martin et Ruge ont,
elTet, montré qu'à la suite duo séjour prolonj^é dans la vessie il peut se mêler à rorio
de Talbumine provenant des parois. Quoi qu'il en soit du nouveau^né, il semble bien,"
d'après les obs>^rvations de Rïubebt et île Duderlin, que l'élimination d'albumine par le
rein fœtal soit un fait normal.
Cl. n^aNÀuD a constaté aussi que l'urine du f(jBtus contient du sucre pendant uoe
période très limitée de la vie intra-utérine, c'est-à-ilire jusqu'au moment oii la matière
FŒTUS.
6f!
sQcrée se développe dans le foie; à parlir de cette époque, à plut forte raison au moment
de U naissance, on ne trouve plus de sucre dans Turine, ni chez le fœtus humain» ni chei
les animaux (Le^*. de pftysioL expérim,, t$j4« ii, 39.1)«
La loiicité de !*urine du nouveau-né est beaucoup moindre que celle de l'aduîte : il
en faut de 80 à 140 ce. au lieu de 40 à 60 par kilogramme d'animal, pour amener ta mort
(CiuRRiN B. B., 1897, 581). Mais il s*agit dans ces observalions de nouveau-nés déjà
alimentés.
Au début de la vie embryonnaire, alors que le rein n'eiisle pas encore» ses fonction*
sont remplies par le corps de Wolff* Jacoûson déjà avait montré que chez les oiseaux
cet organe sécrète de Tacide urique, J, Mcllrh et Bischoff ont trouvé que chez d'autres
animaux encore il fournit un liquide analogue à Tunne. Mm4LKowicz a fait remarquer
aussi que cbe2 les anamniotes le rein primitif fonctionne comme organe d'excrétion pen-
dant toute la vie.
Les études auatomiques de Nagel {Arch, f. Gynmk,, I88Î*» xxxv, I3t), et surtout celles
de Nicolas (Journal intern, tVAnat, ïWèX, vin), les recherches expérimentales de Sophie
Baiou.nine (A. ï. lî., 1897, xxir!,530) ont montré que le corps de Wolff fonctionne réellement
dès son apparition. NAr,RL conclut de ses observations que sa sécrétion contribue â la for-
mation du liquide amniotique. Nicolas a pu saisir sur le fait rélaboratîon du produitformè
par répiibétîum des canalicules du rein primitif et son passage dans la lumit^re du tube;
la subï^taoce élaborée sort de la cellule sous furme de fines gouttelettes ou bien d'une
boule volumineuse rlaire.Ce travail s'opère constammeiU même chez des embryons très
jeunes^ cbei lesquels le corps de Wqlff n'a pas encore atteint sou complet développe-
ment; il doit favoriser dans une large mesure la destruction progressive de Torgane et
être Tun des agents tes plus actifs de sa disparition,
D'après Loisel. les canalicules wolfQens élaborent aussi dans leur bordure épittiéliale
des substances graisseuses; des granulationsde cette nature avaient déjà été signalées par
Nicolas et Lagije>se, Chez un embryon de canard, Lotsel a trouvé également une sécré-
tion se colorant en vert par le bleu de Unxa et formant parfois bouchon dans la lumière
des canalicules (fter. gêner, des Sciences, 1902, 1147).
S. Baioumni est parvenu à injerier du sulfate d'indigo à des embryons de poulets,
soit dans l'aorte dorsalei soit môme dans les vaisseaux omphalo-mésenlériques, et a cons-
taté que Taptitude à la sécrélion est peut-être moins grande dans les épitliéliums wol-
ffiens que dans les épilhéliunrs réoaux proprement dits; mais qu'elle existe indubitable-
ment tiés le commencement de l'évolution embryonnaire. Dans les reins primitifs, comme
dans les reins adultes, l'indigo-carmin est sécrété seulement par répilhélium des canali-
cules et non par celui des nloméniles.
Chez le fu4us humain, la régression du corps de Wolfp commence k la On du deuxième
mois» et alors le rein le supplée; mais le rein primitif n*est pas encore devenu inapte à
fonctionner, et les deux organes, suivant k remarque de Nagel, unissent encore leur
activité. Cet état existe d'ailleurs cher les reptiles, quelque temps encore après la vie
embryonnaire (Bbal::\)*
IIL Liquide allantoïdlen. — Ce liquide n'existe pas, distinct, chez le fœtuS'
humain, puisque chez lui l extrémité dislale du canal allaiitoidien ne se renÛe en vési-
cule qu'exceptionnellement; que celle vésicule, quand elle existe» est d'ailleurs peu
développée et disparaît rapidement. L^ liquide allantoidien a été surtout étudié chez les
ruminants, les pachydermes, etc. Ini-olore et transparent au début, il prend ensuite un©
teinte ambrée, puis jaune brunâtre. Sa réaction est alcaline : sa densité est de lOtO vers
le milieu de la vie fœtale, de 1020 vers la Un. Il renferme, d'après Ce» Roblv (îoc* ciY.),
des carbonates terreux et alcalins, du chlorure de sodium, du sulfate de soude, des phos-
phates de Na, Ca, Mg, du tactate-de soude, de l'albumine, de la mucine, de furée, de
l'allantoïne, du glucose.
Nous suivrons plus particulièrement l'étude que Dodbrlein a faite de ce liquide chea
le veau. Chez cet animal la quantité absolue de liquide s'élève continuellemenl du début
de la gestation à la fin, de sorte que, chez les fœtus les plus âgés, on en trouve jusque
ô litres et demi; mais proportionnellement au poids du fœtus elle diminue dans les
derniers stades du développement. De même Dartre (toe, cit.) a constaté que, chez le-
mouton, dans une première période qui se termine vers la sixième semaine, la quantité
6âi
FŒTUS.
de liquide est considérable rdativcment au poids du foetas. Dans une deuxième pério4
qui se termine vers la fjii du (fuatrième mois, la proporlioti s*ahaisse graduelleroen
Dans la Iroisiènie période, qui fiomprend le dernier mois» le poids du fœloa e^i 5up/«r
au poids du liquide allanloîdien.
Ce liquide contient à toutes ies périodes du développement de l'albomine, el toujoun
DOiablement plus que le liquide amniotique ; la proportion de cette substance ^'éléf
progressivement jusqu^à atteindre le chiITre de l,J75 p. JOO (Doderlein). D*aprea Iknu
(hc, cit.), elle présente des variations très prononcées et tout à fait irréi^ulières» '
SAIGNE avait déjà signalé Talbumine (1821). Majewsri n'en avait point trouvé. î>Ar
par contre, déclare tenir pour certain que le liquide allantoldiên en renfeniie toujoa
Dôdeulëin explique les résultats né^'atifs de Majewski, parce que le procédé emplo
ne permeitiiit pas de précipiter l'albumine du liquide allantoidie».
Uallantoine a été di^cou verte, comme on sait, dans le liquide allantoïdien da ve
LassAiG.sE ne ïy a pas trouvée cbez les fœtus de junient. IIastre n'est pas arrivé a l&(
ractériser chez le mouton, de sorte que, si elle existe cbei cet animal, ce ne peut é
qu'en quantité très fatble, et son existence dans le liquide allanloidien ne paraît
avoir un caractère de généralité» (Pour ta constitution et les propriétés de cette su
stance, voir AllaniaïneL
Majew^ki et Dastke ont trouvé de 0,2 à 0,6 gr. d'urée p. 100; Tacide uriqua n'a pi»
pu être mis en évidence parÛASTRE. Hemar (in Lanoois, T. P.| a signalé la présencf dea
urates d*ammoniaq«e et de soude (probablement chez le poulet).
Le liquide allantoïdien, d'après les analyses de Dodehlein, contient à toutes les périodes
plus dénote total que le liquide amniotique; Falbumine en représente naturellerofei
une grande partie; mais cependant fa/^ote non albuminoîde augmente aussi vers la fin (
ta gestation. Ainsi sur 0,429 p. 100 âWz total il y a, à ce moment, 0.220 d*aiote alba
niinoide et 0,209 d'azote non aîbuminoïde.
Il y a toujours dans 1p liquide allantoïdien du veau moins de chlore que <
liquide amniotique. Les chiffres oscilieut entre 0,103 et 0,1^6 gr. p. 100, et n'ançîïïf
pas avi^c les proprés du développement. Si l'on compare sous ce rapport la « '
du liquide avec celle de Turine du veau nouveau-né^ qui n'a pas encore reçu il
on trouve pour cette dernière 0,149 de Cl, soit 0,244 de CINa p. 100, ce qui équivaut à
peu près à la quantité contenue dans le liquide allantoïdien. Celui-ci est également tU
moitié moins riche en Na-'D que le liquide amniotique : il en contient de 0,HO à 0.2*jT,
en moyenne 0,1 1>3 p, 100 : de même dans l'urine du veau nouveau-né on n*cn trouTf
que 0,066. Par contre KH), le principe minéral le plus important dans Turinedu nouveau-
né, puisque celle-ci en rcntemie 0,30a p. 100, asgnenlB aussi daoA le liquide allantoïdien
avec le développem*'nt du ftrtus ;de 0,081 à 0,154 gr* p. HX>), et pour des fioitsa ém mhag
âge on obtient des cliifTres sensiblement concordants. Na : K comme 1, 0,^7. La propi
tton de Ca est de 4 à 26 milligr. p. 100; la quantité de Mg est de 49 milligr. en mojenoe,
relativement élevée vers le milieu delà gestation et semble diminuer vers la lin de la gea*
taliou, comme si cette substance était alors retenue pour la formation des os* Ca : M^
comme l : :i,2ri, Ici encore s'accuse une diirérence notable avec le liquide amniotique.
Ces diHermifiations permettent, suivant Dooerleix, des conclusions certaines sur U
provenance du liquide allantoïdien* l/aoalyse des cendres indique qu'à toutes les périodes
de la vie fœtale il le faut considérer comme de Turine fœtale, et que celle-ci est sécrété*
et évacuée dès le début du développement.
La comparaison avec le liquide amniotique montre aussi qae les deux liquides ne
sont pas de même nature, et que déjà chez les plus jeunes fœtus la ditTéreoce est bien
nette. Ainsi chez un fci-tus de 3(iO gr. la proportion de Cl est dans le liquide amniotique
de OMh p. 1(M>; dans le liquide allanloidien de 0,149 p. 100. Comme autre preuve tlt
Toriginc de ce dernier, U faut signaler sa teneur en K et en Mg, qui concordtî avec c^Hf
de Turine de Tanimal nouveau-né.
Le liquide allanloidien, en raison de la forte proportion d*albuinine qu'il contient,
pourrait avoir une véritable valeur nutritive; mais il est à remarquer que le fœtus M
peut pas puiser dans ce liquide, La présence de ralburaine doit faire conclure que le
rein fœtal sécrète normalement une urine aJbumineuse.
L'augmentation de la quantité d'albumine avec le développement du fii*lus monlrc
m^ÊÊ
FŒTUS.
«23
que dans Ibb derniers stadt^s ruriiie est sécrétée plus coucen(rée, ce qu'indique aussi
l'augmenta tien progresiïive du potassium. Elle ne p«ut pas tenir à ta ii^sorplion de Peau,
puisque la quantité abâolue de liquide allantoïdien s'élève constainfiient juâqu^à la (ïu,
et d'une façoa très sensible. Ainsi Falbumine du liquide allant oïdieu proviendrait du
rein, qui chez le foetus la laisse passer dans aon produit de sécrétiou- Chez le veau nou*
Teau-nét on trouve également l'urine aibu mineuse, mais déjà à un moindre degré que
pendant la vie intra-utérine. Chea^ un fœtus de 1 350 gr., §ur lequel ta vessie renfermait
iO ce, de liquide» Talcool précipita 0,33 p. iOO d'albumine; dans l'urine d*un veau
noUT6AU-né il n'y en avait que OJâ p, 100.
Le fftere est en proportion plus forte dans le liquide allantoïdien que dans le liquide
amniotique; il a, d*après Cl. BernarDp le même sort dans les deux liquides, c'est-à*dire
qu'il disparaît quand se développe ta fonction ^lyco^énique du foie. Cependant, d'après
Dartre, la teneur du liquide allantoïdien en sucre varie peu ches le mouton dans le cours
de la gestation; elle est de 2,4 à 4,4 p. 1000.
Chês le cheval, on trouve parfois dans le liquide allantoïdien des corps aplatis sphé-
riquesou ovoïdes, d'une lo^i^ueur de 12 à 13 centimètres, connus sons le nom d'ity^po-
mânes. Ces corps, d'une couleur jaunâtre, dérivent du chorion allandoïdien par bour-
geonnement suivi d'étranglement. Leur partie centrale, recouverte par une enveloppe de
provenance allantoïdienne, se compose d'une masse pâteuse sans structure déterminée,
dant* laquelle on rencontre des sels divers, dont quelques-uns à l'état cristallin ioxatate
de cbaui, pbospbate aminoniaco-magnésien, des corps gras, et, en proportion assez con-
sidérable, des substances azotées i;Tolr:^kci),
En définitive, la plupart des auteurs considèrent le liquide allantoïdien comme un
produit d'excrétion des corps de Wollf d'abord, du rein dérinitif plus lard; et celle opi-
nion est confirmée par les analyses de DonEaLEiN. Cependant Bischoff, et avec lui Dastre,
pensent que la quantité du liquide allantoïdien est trop considérable pour provenir ex-
clusivement de cette source. Môme, d'après Biscmoff, le liquide sciait d'origine
maternelle.
IV, — Contenu de l^lnteatin. Méconlum. — Le développement des ferments diges-
tifs étant traité d/ins d'autres aiiicîes de ce Dictionnaire (Voy. EatomaCt Intestin, Pan-
créas, Salive), on ne s'occupera que de l'étude du niéconium. Le nom de méconiuin a
été donné, par analogie de couleur et de consistance avec le suc de pavot, aux matières
qui s'accumulent dan^ les intestins du fcetus, à compter de la Sn du troisième mois de
la gestation, et que t'enfatit rend immédiatement après sa naissance.
Le confenu de rinlestin est visqueux, grisâtre, entièrement composé de mucus et
d'épitbélium jusqu'à la fin du troisième mois. A partir de cette époque, il commence à
être légèrement teinté en jaune par la bile vers le haut de l'intestin ^'tV-le, Zweifel a pu,
en effet, caractériser les pigment* et les acides biliaires dans rinlestin d'un fœlus détroit
mois {Arrh, f, fiynwL^ 1875, vu, 4'*4). llEKNit; a trouvé du méconium d'un jaune clair chez
un embryon humain de H centimètres, à la première moitié du quatrième mois. Duqua-
trième au sixième mois la coloration devient plus prononcée, mais ne dépasse pas encore
la valvule iléo-cœcale {Robin, Traité des humeurs, î}44). Au septième mois la plupart des
observateurs ont trouvé le gros intestin complètement rempli, et du septième au neu-
vième mois le méconium est déjà semblable à peu de chose près k ce qu'il est après la
naissance.
Il forme une sorte de pâte homogène, visqueuse, d'un brun parfois presque noir; ordi-
nairement sans odeur ou d'une odeur fade. Le méconium est constitué essenliellemenl
par des débris épithéliaux, par de la bile épaissie, et parquelqueséléments provenant du
liquide amniotique dégluti, et dont Tun des plus caractéristiques est lepoilde duvet; il
y entre probablement aussi un peu de suc pancréatique (Cl. BEnNAnDj et de suc intestinal.
Au microscope, on y trouve des granulations graisseuses, des cellules cylindriques de
l'intestin, tantôt isolées, tantôt réunies en lambeaux; mais aussi des produits de des-
quammationde ta peau, venus avec le liquide amiitutique, ou bien des cellules épitbéltales
pavimenleuses, provenant de la partie supérieure du lube digestif et entraînées par les
mouvements de déglutition; tous ces éléments sont colorés en jaune verdûtre. Des cris-
■ taux de cholestérine se rencontrent régulièrement dans le méconium à partir du cin-
■ quiéme mois.
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eu FŒTUS.
Un de ses caraetôres les phis iiil^ressaiits, c'est la présence de cristaux de bilinibme,
D'aprèâCu. Ranm, la matière coloraule delà hi le se montre dans le mécooiunisous lafomie
de granules ou de grumeaux quelqtie(ijîs globuleux» ovoïdes le plus souvent, ou polyédri-
ques k angles arrondis :ils sont remarquables par leur couleur d'un beau varl, lors<jti'îlf
sont vus par lumit^te Iransmise sous le micrnsnope. Leur diamètre est de 5 à 30 et m^me
40 fi ; mais la plupart ont 10 à 20 [l. En réalité; Zweifel a constaté que c'est à l'étal de
cristaujt rhonïboédriques que se rencontre le pigment biliaire dans le mécooiura. L'em-
ploi de l'acide nitrique permet de constater swr ces cristaux placés sous le raicroscope
tous les changements de couleur qu'il détermine dans la matière colorante de ta bde.
Zweifel a trouvé encore des cristaux réunis en gerbe qu'il considère comme de l'acide
stéarique. Un mucus Iranspareot, tenace, lineraenl strié, tient en suspension tous eu
éléments.
Le mécotiium contient 72 à 80 de résidu fixe et 28 à 20 d'eau. Dkvr a iroaTé 7i,7
d^eau, 234,6 de mucine et d'épittiélium, 0,7 de cholestérine et de margariae.
Les analyses suivantes sont dues à Zweifel :
I ri m
Eau p. 100 79,18 80,45 —
Maléri&ux fixes 20, 2â if>,55 —
Cholestérine 0,797 — —
Graisse 0,772 — —
Substances minérales .... 0,978 0,87 fl,238
Ce qui caractérise le mécomum et le distingue des matières fécales de traduite, c'est
la présence d*une forte proportion de matériaux de la bile non transformés, .iiûsi le
inéconiam donne la réaction de G«eun, ce que ne font pas les fèces ordinaires; parcootre,
il ne contient pas d'bydrobilirubine. Ce principe est, en effet, considéré comme résullat
d'une action réductrice exercée dans l'intestin par l'hydrogène naissant sur la biliru*
bine. Mais, comme les processus de fermentation qui donnent naissance aux gai deTiu-
leslin n'existent pas» encore, la bilirubine du fœtus reste inaltérée. Le mécomum esl
d'ailleurs assez riche en bilirubine pour que, chez le veau, il ait fourni à Hoppe-Situli
jusqu'à 1 p* Î(H} de ce pigment; la biliverdine y est également abondante ; il y existe
encore une matière colorante qui présente deux bandes d'absorplion : l'une à gaucbecl
près de D; l'autre plus large, et plus foncée entre D et E (Gamgee, FhysiohQ^ Ckemiftry,
t893, M, 461).
La saveur fade que possède le méconiura au lieu de l'amertume caractéristique deU
bile avait fait croire que les acides biliaires y font défaut; mais Zweifel y a démontré
avec certitude la présence de l'acide taurocholique.
La graisse provient en grande partie de l'enduit sébacé ou vemix caseosa de la p^au.
Des analyses de Zweifel il résulle encore que le méconiura ne contient ni aJbuniine,
ni peptone, ni sucre, ni leucîne,ni iyrosine, ni acide lactique, ni acide acétique; maiâde^i
acides stéaiique, palniitique. oléique, des traces d'acide formique et peut-être an^i
d'acides propionique et bu lyrique.
L'absence de fermentations microbiennes dans l'intestin du fœtus pouvait faire pré*
voir qu'on n^y trouverait pas des produits de décomposition des matières albuminoîdef,
tels que Tindol et le phénol : c'est» en eJTet, ce qu'ont constaté Senator (/oc* ciL\ «t
Bagin^kv. Les substances minérales du méconiiim consistent en sulfates de chaux et de
magnésie, chlorures de sodium et de potassium. Zweifel a trouvé dans les cendres de
1,7 à 3,4 p, 100 de phosphates.
GuiLLEuûNAT (fi. fi., {99d, 330) a obtenu chez sixfcetus humains les chiffres saivants:
du mâcoDium.
4 mois 1,70
5 — 5
5 — . . . . , 11
A terme 30
A terme 'M
A terme 24
de fer.
traces nettes,
tri&ces.
Oa»»28
0"»,65
0-»,37
0-».4»
FŒTUS.
6SS
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Comme te fait remarquer GtjjLLEHQKATi rintérét de ces petites quanlilés de fer excré-
léeg pendant la vie embryonnaire par riiilèstin et Tensemble des glandes digcstlves est
qu'elles représentent évidemment un produit de désintégra tinu physiologique» le fer ali-
mentaire étant eiclu.
L absence de microbes et de fermentations niicrohiennes dans l'intestin du fœtus a
pour conséquence, comme nous Tavons déjà dit, l'absence de pai. Le canal intestinal du
fcBtci^n'en contient jamais; leur présence dans l'intestin du cadavre d'un nouveau-né, qui
n*e^l pas encore en état de décomposition, serait aussi importante d*aprés Breslau, au
point de vue médico-légal, que celle de l'air dans te poumon. Elle prouve que Tenfant
u respiré et que de Tair atmosphérique a pôn^^tré dans le tube dige&tif par déglutition.
Les premières huiles d'air arrivent dans Testomac avec la salive avalée, avant même
que Tenfaut ait pris aucune nourriture. Les germes des microrganismes sont ainsi
întroduits dans le tube digestif, et donnent alors lieu à la formation de ga^ produit;^ par
la fermentation. Mais ce n'est que de Tair atmosphérique qu*on trouve au début dans le
canal intestinal du nouveau-né, après rélahlistement de la respiration pulmonaire, et
sa quantité augmente avec le nombre des inspirations.
Autres sécrètionii. — On a fait jouer autrefois un rôle important aux sécrétions
cutanées de lembryon» puisqu'on considérait la sueur comme rélément principal de Teau
de l'amnios ; il y a, au contraire, tout lieu de croire qu'une sécrétion qui sert tout spécia-
lement à la régulation de la température n'ciiste pas encore chez le fti'tus» puisqu'elle
serait chez lui sans but.
L'enduit qui recouvre la peau du nouveau-né est un mélange de matière sébacée et
de cellules épidermiques macérées renfermant 47,3 p. lOQ de graisse» et très riche, parait-
il, en cholestérine.
Pai*oii les sécrétions internes il n'y a guère que la fonction glycogénique qui ait pu
être étudiée, chez le fœtus; il en a été question ailleurs. Notons cependant que la subs-
tance vaso- tonique des capsules surrénales existe déjà chez fembryon de mouton, après
la première moitié de la gestation (Langlois etRusxs, B, B., 1899, 140J.
CHAPITRE VI
Chaleur produite par le fœtus.
I
avons déjà eu occasion d'aborder cette question au chapitre de la nutrition,
ctérise très bien les conditions dans lesquelles se trouve à cet égard le foetus,
disant avec Cii^ RicuRr (Art. Chaleur) que, renfermé dans l'utérus, enceinte k chaleur
stanle, il en prend la température, mais y ajoute quelque peu de sa température
propre. Tous les observateurs s*accordent, en effet, k reconnaître que la température du
fœtus est supérieure à celle de la mère. Le fait a ét«i signalé pour la première fois par
H. Ro*,ER [Arch, génér, de Méd., 1K44, v, 273), qui^ dans deux expériences faites immé-
diatement après Tespulsion du fœtus, a trouvé 37*^715 et 3<j,75% pour la température axil-
laire; dans le premier cas la température de la mère était inférieure d'un degré, dans le
seoond d*un demi-degré à c»^lle de l'enfant.
Mais H. Rouen s'était demandé si ce n'est pas la chaleur utérine, communiquée à l'en-
fant et conservée par lui pendant les premiers instants de la vie indépendante, qui serait
la cause de cet excès de température. Pins tard, Anuhal {€. H., 1870, lxï, H2j) a recueilli
quelques faits qui semblaient montrer qu'elfectivement « la chaleur en excès de Tenfant
ne lui appartient pas, mais lui eât donnée par le milieu qu'il vient de quitter, c est-à-
dire par l'utérus i». Des observations d'ANORAL il résulterait que la température axillaire
deTenrant, sensiblement plus élevée quVile ne le sera plus tard, suit une ascension pro-
[" onnelle à celle de la température utérine, lui étant d'ailleurs constamment un peu
ieure, ce qui contirme i 'opinion que le degré de la première «st lié a celui de la
ide. Il est donc probable, ajoute Anuhal, que c'est de l'utérus que vient cet excès de
eur.
DÏCT* DB rHTSIOLOOIB, — TOME VI.
40
6i6
FŒTUS.
Mai» les observations d'ÂNûRAL ae doivent être considérées que comme des c^ ptr«
ticulion qui dérogent à la règle générale, BAEaRXSpauNQ (1851) et Veït, en comparant la
lempératun^ du iiouvcaa'né à ta température de Tntéruâ immédiatement après ia naî^^
sauce, ont trouvé que douze fois la première était plus élevée que la âeeonde, lu'q^H
fois seulement elle lut était égale, et deux fois inférieure.
ÙBÈ mesures de ScuiFBa (1863) il ressort que la moyenne de 23 cas fat de 37*8 pocf la
température rectale des eEÏaaifl nouveau-nés, immédiatement avant la section da cof-
doui et 37^5 pour le vagin de ta raèrep immédiatement après la délivrance; il y eut, par
conséquent, un écart de 0,3 en faveur de l'enfant.
Chez un enfant qui veuait de naître, Schrôder (1866) a trouvé pour le rectum 3^4â,
tandii que rutérus avait une température de 'S%^%f trois à dix minutes après Taccot-
chemeut. Dans 85 naissances normales, WuftSTEa a constaté entre la température du vagia
de la méte et la température rectale de Tenfant un écart moyen de 0,2 en faveur delà
seconde.
On a aussi mh à profit les présentations de la face et du siège pour mieoi étuàm
les didérences de température entre la mère et le fœtus (Sommer, Albxikff). Bien qae
température de 1 utérus s'élève dans ces accouchements laborieux sous rintluence
contractions utérines, ceîle du fœtus lui reste tant soit peu supérieure. Dans un traTiîl
récent Vïcaaelu [A. i. B., 1899, ixxir, 65), qui a fait ses mensurations avant que li
fût engagée dans le bassin, a trouvé que la température fœtale dépassait touj(
de 0,2, et même plus, celle que l'utérus avait présentée au même moment. Dans deui
où Tauleur prit la température du liquide amniotique^ celle-ci se montra de très
supérieure à celle qui avait été observée un peu auparavant dans Tutérus, moins élev<
ce[iendant que celle du fœtus. Vicarelu insiste aussi sur ce point que, pour avoir
Téritable température de Tutérus, il faut la prendre avant la rupture des membranes,
parce que, après lécoulement des eaux, le thermomètre donuera plutôt la températurt
du fœtus que celle de Tutérus ; aussi la plupart des auteurs ont-ils donné pour cette der*
ni ère des chiffres trop forts.
Nous avons déjà dit que le fœtus, en raison de son excès de températuref doit céder
de la chaleur au sang maternel au niveau du placenta : il en cède peut-être égalemeat
à la paroi utérine par l'intermédiaire du liquide amniotique. Aussi a-t-on trouvé eotr?
l'utérus gravide et le vagin une différence de Cr,i3 à 0",11> en faveur du premier, laadiî
qu'entre Tulérus non gravide et le vajf^in il n*y a pas de différence. Cependant l'eicés de
température de Tutérus gravide sur le vaglu pourrait tenir aussi à ce que le premier de
ces deux organes est échauffé par une masse de sang plus considérable.
Toujours ost'il que, d'après Cohnstein, on pourrait se senûr du thermomètre paor
savoir si le fœtus est vivant ou mort. Si Ton introduit le thermomètre entra la paroi uté-
rine et Tœuf, et s*tl indique une température plus basse que celle du vagin, ou ég«alei
celle-ci. il y a lieu de diagnosliquer la mort du fœtus. pEaLLxo, contrôlant Tutilitr pra-
tique de la proposition de Cohnsïelx, trouva en effet égalité de température de rul^m»
et du vagin, dans 10 cas, avant Texpulsion d\m fœtus macéré. Les évaluations ^tes
quand le fœtus vivait donnaient, par contre, des différences de D'épis; 0^2; 0,25 ; 0,3 eo
faveur de l'utérus. Vjcarelu rapporte aussi que par deux fois, dans ses expériences, oo eut
le soupçon, qui devint ensuite certitude, que le fœtus était mort ou souffrant dans l'utéi
parce qu'on avait constaté que la température de Tutérus était égale k celle do vagii
dans Tnn de ces cas aussi, la température rectale du fœtus déjà mort était la même qi
celle qu'on avait rencontrée chez la mère. En effet, le fœtus mort, ne représentant pli
une source de chaleur, arrive à prendre la température du milieu, à la manière des coi
inertes.
Quant à la valeur absolue de la température de l'enfant prise dans le rectum, imroédift-
tement après la naissance, B\aE>spRU.NG a trouvé, dans 37 cas» en moyenne 37'8 arec im^
maximum d^ M'^ et un minimunj de 36* (t^; Sch.cfbr, dans 30 cas, immédiatement &|
la sectkan du cordon, Sô^'T, avec un maximum de SQ"*! ; Wurstbr, dans 85 cas, le plo»
souvent après la section du cordon» une moyenne de 37<*5, avec un maximam d€3t^
(cités par Preveu).
Chez des femelles de cobayes. Prêter a observé que le fœtus encore dans l'utérus m
refroidit plus lentement que la mère, quaad par un moyen quelconque on abaiMe II
FŒTUS.
Ûfl
I
température de cette dernière, La différence peut être de plus d'iui degré lorsque le
refroidUsement est lent, et atteindre jusqu'à 2'* 2 lorsqu'il est rapide. Ces expériences
Codent aussi à démoïilrer que le f«i4us est par lui-même uae source de chaleur.
r ^ Influence des variations de température de la mère sur le fœtas. — Hohl
avait déjà constaté, eu 1833» que la fréquence du ctrur de rembryoïi augmente avec la
température de la mère et diminue lorsqu'elle »*abaisse. Puis Kamin^^ki a observé que^ si
la ten>pèralure de la mère atteignait 42 à 42**5, et qu'elle se maintenait un cerUin temps,
l'enfant mourait. L'hyperthermie du falu» doit effectivement être toujours supérieure
à celle de la mère, puisque à la chaleur que lui communique sa mère il joint la sienne
propre.
RuNGR (^trc/i* f, Gynjek.f 1877, su, 16] a repris cette question expérimentalement. Il a
vu que, si uoe lapine pleine^ introduite dans une étuve à air chaud, est tuée rapidement
par la chaleur, tous les fœtus sont trouvés morts, si on les extrait immédiatement après
qu*elle a cessé de respirer. Si Te x traction est faite un peu avant la mort de la mère,
pendant la période convulsive, le plus ^rand nombre des fintus ont également déjà suc-
coinbé. Lorsque ta température vaginale se mainlienl pendant vingt à trenle minutes
entre 40,5 et 42,5, rhyperthermie tue encore les petits. Hunor, en résumé, concluait dt
068 expériences que la limite à partir de laquelle Thyperlbermie est capable de tuer se
trouve vers 40* 5, et que la mort dti r<i4us ^e produira d'autant plus vile et d'auUnt plus
sûrement que cette limite aura été davantage dépassée et t|ue félévation de la tempé-
rature aura été maintenue plus longtemps. Par contre, un fœtus put supporter pendant
1 h. 55^uue température de ^9^8 à 41**.
DoLéars (li, B., 1883, 508) a montré que tes lonclusionâ de Runge ne pouvaient être
acceptées. Des lapines pleines, ayant en moyenne une tempi'^rature normale de 38 à 31*%
placées eu liberté dans une étuve spacieuse dont la température intérieure ne dépasse
pas 35 à 37*^, peuvent acquérir au bout d'un temps variable un excès thermique de 1 à
3*, et leur température s'élever à 42*5, sans avoir à souffrir du coup de chaleur. Or des
femelles chauffées dans ces conditious Jusqu'à 42,5 et plus de température anale, l^nite-
ment et pendant loujtçtemps, plusieurs fois par jour et plusieurs jours de suite, mettent
bas des petits vivants, La lapine peut même être surchauffée jusqu'à 43« de tempéraLure
rectale et survivre» ainsi que ses petits, lorsque Texpérlence est très courte et arrêtée à
temps.
Les expériences de PaEVER prouvent aussi la résistance des fœtus à IVUévation de la
température. Si Ton plonge des femelles de cobaye dans un bain chaud dont on élève
projarressivem^nt la lempératuie, les fa*tus pt^uveul impunément atteindre une tempéra-
ture propre de plus de 42^, et la supporter pendant dix minutes au mt£>ins.
Ronge, plus lard (,trr/i. f, Gyna^k., 1885, xiv, il), reprend les expériences de Dolkius et
reconnaît elfectivemeni que, si l'on réchauffe lentement la m^re,aulieu d*élever brusque-
ment sa température, l'hyperthermie peut être maintenue pendant des heures entre
41 et 42** 5 sans que les petits succombent. Rltxge prétend cependant que, tout en éle-
vant progressivement la température de la mère, si on la maintient pendant des heures
entre 42, o et 43,5, les fa^tus succombent, sans fjue la mère soit en danger immédiat.
Quoi qu'il en soit^ il est certain que, si l'hyperthermie de la mère se produit lentement.
des températures très élevées peuvent être supportées pendant longtemps, sans préju-
dice, par le f^^tus.
PaETER a fait quelques expériences chej! les cobayes sur les conséquences du refroi*
dissenient de la inére. Il a vu que fa température du fmtus dans Tutérus peut bais-
ser de plus de *>" dans l'espace d'une demi-heure sans qu'il paraisse eu souffrir, et
qu'elle remonte ensuite en peu de minutes de plusieurs degrés dans un bain chaud. La
rapidité avec laquelle tes embryons se refroidissent et se réchautfent prouve que les
^écani.^mes régulateurs de la cfraleur tv^ fonctionnent pas encore.
, Température de l'embryon de poulet. — BAEaE^^scRU.HG, comparant la tempéra-
ture des (uufs en voie de développement à lelle des a»ufs morts, a trouvé dans tous les
cas les premiers plus *"hauds que ies seconds : la différence était en moyemi<» de 0,33-
Kn outre, dans neuf cas sur onze, l'ipuf vivant était plus chaud que l'air de la couveuse,
I tandis que l'œuf mort a été six fois plus froid, cinq fois plus chaud. Dans un cas où la
tentpérature de la couveuse tomba à 33,02, celle de iwtit mort s'abaissa à 33 02, celle
I
I
628 FŒTUS.
de l'œuf vivant à 34*87 seulement : on était au quatrième pour de l'incubation. De ces
mesures, qui ont été faites entre le troisième et le dixième jour de l'incubation, il résulte
que déjà, à cette époque, l'embryon de poulet produit probablement une faible quantité
de chaleur. La production! est plus grande dans les derniers stades du développement;
h ce moment les œufs contenant un embryon vivant peuvent se distinguer même à la
main, par leur température, des œufs non développés ou de ceux dans lesquels l'embryon
est mort depuis longtemps.
Pembrêy (J. p., 1895, xviii, 361) a suivi, chez le poulet, le développement graduel du pou-
voir régulateur de la température. Au début l'embryon répond aux variations de la
température extérieure comme un animal à sang froid; le refroidissement produit une
diminution ; réchauffement, une augmentation des échanges respiratoires. A la On de
l'incubation, vers le vingtième et le vingt et unième jour, il y a un stade intermédiaire,
pendant lequel les modifications de la température n'ont pas d'effet appréciable. Enfin,
quand le poulet est éclos, et qu'il est vigoureux, il réagit comme un animal à sang chaud,
c'est-à-dire qu'il répond à l'abaissement de la température par une production plus
forte de C0«.
L'influence qu'exerce la température sur le développement des embryons d'ovipares
a fait, dans ces dernières années surtout, l'objet de nombreux travaux. Disons seulement
qu'il y a pour l'œuf de poule un optimum compris entre 38 et 40®, au-dessus et [au-dessous
duquel le développement donne naissance à des produits monstrueux. Au-dessous de 30
à 28<* (35 d'après Rauber); au-dessus de 43 à 45<> le développement ne se fait plus. D'après
Prêter, ce chiffre de 45<> est trop élevé, et une température de 42* même n'est pas sup-
portée pendant longtemps, surtout à la Un de l'incubation. Les limites entre lesquelles
les œufs peuvent se développer sont donc relativement restreintes ; néanmoins ils peuvent
supporter impunément, soit avant, soit pendant l'incubation, des écarts de température
très grands. Harvey constata le premier que l'œuf de poule peut, vers la fin du troisième
jour, descendre de la chaleur d'incubation à la température ambiante et continuer en-
suite à se développer sous l'influence du réchauffement. Des variations même considé-
rables de la température ne troublent en rien le développement des œufs d*oiseaax, lors-
qu'elles ne durent pas longtemps, el d'ailleurs les oiseaux qui couvent abandonnent par
moment leurs nids. Preybr a laissé pendant des heures la couveuse se refroidir à 32* et
35* et se réchauffer jusqu'à 43 sans préjudice pour l'embryon. Dareste (cité par Loiscl,
La défense de Vœuf. Joum. de l*An, et de la Phys,, 1900) a montré (1891) que des œuCs de
poule retirés de la couveuse au début de l'incubation pouvaient être placés plusieurs
jours ou plusieurs heures à la température de 10*, 2* et i* sans être tués. Le développe-
ment s'arrêtait pendant tout ce temps, mais il reprenait sa marche normale quand les
œufs étaient replacés dans la couveuse. Colasanti (1875) a vu se développer normalement
des œufs qui avaient été refroidis pendant 2 heures jusqu'à — 4*, ou pendant une demi-
heure environ jusqu'à — 7* et— iO*.
CHAPITRE VII
Motiiitè et sensibilité du fœtus.
Contractilité des muscles de l'embryon. — Soltmann, E. Meyer {A, P., 1894) ont
étudié le mode de réaction des muscles striés du nouveau-né à l'excitation électrique.
La durée plus longue de la secousse élémentaire, et par suite le nombre relativement
restreint d'interruptions du courant nécessaires pour produire le tétanos complet,
l'apparition extrêmement rapide de la fatigue, tels sont les caractères principaux qui
dï^inguent la contraction des muscles striés du nouveau-né de celle de l'animal
adulte.
Il n'y a que peu de recherches faites sur les propriétés du muscle avant la naissance
et pondant la vie embryonnaire. Bichat avait trouvé que l'excitation mécanique et élec-
trique des embryons de cobaye provoque des mouvements avec d'autant plus de difB-
FŒTUS.
699
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I
culte qu'ils sont plus jeunes, ce qui est parfaitement exact, ajoute Preyer. Hiceiat ti
sif^alé aussi l'ext'mclion étonnamment rapide de rexciiabiiité motrice, après que l'em-
bryon A été séparé de ta mcre. Plus le ftelus est proche de sa'maturité» et plus longtemps
en efîet, d'après pB^reR, persiste Pexcitabilité, alors que chez te fœtus plus jeune elle
s'éteint immédiatement.
Récemment, G. Wkiss (Joiirfi.f/ePAyfto/.,i899, 655) s'est proposé d'étudier les rapports
<pii existent entre les propriétés du muscle et son évolution histologique^ défaire la part
d« ce qui revient au sarcoplasraa et à la fibrille difTérenciée. Ces expériences ont porté
sur des musclfis d'embryons de grenouille et d'axoloti; en suivant ces organes dans le
cours de leur développement, voici ce qu'on observe. Au début, alors qu'il n'y a pas
encore de tlbrilles, et que c'est au sarcoplasma seul qu'il faut attribuer tous les mouve-
ments, ceux-ci sont lents et automatiques. Chaque fois que l'on fait une excitation queU
conque, il se produit le même mouvement, qui n'a aucune relation avec la grandeur de
rexcitatlon, ni avec fendroit oii elle a été produite : on n'a fait qtie déclancber le mou-
vement. Ainsi une petite larve d'axolotl, ?^ans cause extérieure apparente ou sous Tinfluence
d'un attouchement, s'incurve lentement; sa tète et sa queue quittent le fond du cristal-
Usoir et elle forme un anneau plus^ ou moins aplali : elle s'étend ensuite avec une égale
lenteur pour reprendre sa position primitive. Si on l'excite ovec une onde électrique
unique en mettant les électrodes dans une positron axiale, on pourrait s'attendre à f oir«
au moment du passage de Tonde, l'embryon se raccourcir plus ou moins, si tout son
appareil moteur était également excité. Il n'en est rien : après la décharge l'embryon
fait un mouvement absoltiment identique à celui qu'il exécute spontanément ou sous
rintluence d'une excitation mécanique. Même résultat avec l'excitation unipolaire. Le
passade du courant induit à oscillaliojis plus ou moins fréquentes semble simplement
accélérer les mouvements automatiques de l'embryon; il n'y a aucune analogie avec ce
que l'on constale dans la télanisation des muscles striés. Des coupes au travers des em-
bryons de cet âge montrent qu'il n'y a encore aacun vestige de fibrilles.
Lorsque le muscle est uniquement composé de Jibrilles, ou plutût quand ces fibrilles
ont pris une part prépondérante à sa structure, le muscle est excitable localement, et
répond par une petite secousse brève à chaque excitation; l'amplitude de la secousse
croît alors avec la grandeur de Texcitation.
Lorsqu'on prend un état intermédiaire, on voit se produire une superposition de deux
effets, la lîbrille donnant, si l'on prend un courant périodique, une série de petites
secousses en escalier; le protoplasma changeant de forme plus lentement que la tibrilley
et jouant dans le muscle un rôle de soiUien intérieur pour permettre aux secousses suc-
cessives de produire un raccourcissement de plus eu plus grand.
Cher le poulet, Preyër a observé que, même après la manifestation des premiers mou-
vements de fenibryon, les excitationâ les plus fortes, électriques on mécainque?*, directes
ou indirectes» ne provoi|ijent pas encore de contractions manifestes. Mais, à partir du
cinquième jour augmente retcitabilité électrique directe du tissu contractile, et le neu-
Tième jour on peut obtenir par eicitation du dos Textenaion des quatre membres, mais
non encore leur tétanisation. Ce uGii que te quinzième jour qu'on arrive à tétaniser les
muscles des pattes et des ailes. Et même alors ils se montrent encore paresseux à l'exci-
tation électrique, comme des muscles fatigués d'iinimaux adultes.
G, Wkiss a continué sur certains points re^î observations de Pheyeh. Il a constaté en
effet que dans une première phase à laquelle existent déjà les mouvements automa-
tiques de l'embryon de poulet, ces mouvements, à l'inverse de ce qui se passe pendant
la phase correspondante chez la grenouille et l'axolotl, ne peuvent être provoqués par
de» excitations artificielles, ce qui tient peut-être seulement, d'après Weiss, à une diffi-
cnlté de technique.
Dans la phase suivante, qui commence à peu près avec le sixième jour del'inmbation,
on voit apparaître l'excitabilité éteclrique : le muscle répond par une secousse ({u'il est
facile de localiser. Comme chez la grenouille et Taxototl, l'apparition de la secousse
coïncide avec l'apparition de la fibrille différenciée.
Il est intéressant de rapprocher le développement des propriétés de l'appareil élec-
trique de celui de la contractilité. A. Morbau a eu l'occasion d'examiner de jeunes tor-
pilles tirées de l'utérus, qui étaient déjà capables de donner dus décharges très notables.
630 FŒTUS.
Maia, d'après Babughin (cité par PRBYBR),les embryons de la torpille, tant qu'ils ne sontpat
pigmentés et tant que la vésicule ombilicale demeure yisible, ne produisent pas de
décharge, bien qu'à cette époque ils se meuvent vivement depuis longtemps déjà. Ce
n'est que quand le vitellus est résorbé qu'il est possible de constater la décharge an
moyen de la patte galvanoscopique. Alors on peut reconnaître aussi le réseau nerveux
de l'appareil électrique.
Il faut une forte dose de curare pour paralyser les mouvements du fœtus, et l'empoi»
sonnement est plus lent à se produire. Dans une expérience de Prxysr, un fœtus de lapin,
presque à terme, enlevé de l'utérus, ne demeura sans mouvement qu'au bout de 17 mi-
nutes à la suite de l'injection d'une solution de curare, tandis qu*un lapin adulte fut
paralysé au bout de 5 minutes avec une dose moins forte de la même solution. Il
semble donc que, même peu de temps avant la naissance, la connexion entre les fibres
nerveuses et musculaires n'est pas encore entièrement établie.
On a soutenu que les muscles du fœtus ne sont pas susceptibles de se rigidifier après
la mort. Les observations faites sur les animaux prouvent que cette opinion est erronée.
Preyer a vu souvent la rigidité cadavérique s'établir chez les embryons de cobaye aussi
bien dans l'utérus qu'après leur extraction. Le fœtus humain peut aussi devenir rigide
dans la cavité utérine (Dagincourt, Th. P., 1880). Il reste cependant à savoir à quel stade
de développement du tissu musculaire celui-ci acquiert la propriété de subir la rigidité
cadavérique. Les observations de Dagincourt ne se rapportent qu'à des fœtus à terme ou
arrivés au huitième mois. On a souvent affirmé, dit Prêter, que chez le fœtus humain
la rigidité musculaire ne peut se produire avant le septième mois, mais cela demeure
très douteux. Tourdes a signalé en effet un cas où elle aurait été observée sur deux
jumeaux de cinq mois.
En ce qui concerne les fibres lisses, celles des parois vasculaires réagissent 161 à
l'excitant électrique. Vulpian a observé les contractions des vaisseaux veineux allantoî-
diens dans les cinq ou six derniers jours de l'incubation.
La contractilité de l'intestin de l'embryon a été étudiée par Prêter, qui a pu provoquer
des contractions, tant des fibres circulaires que des fibres longitudinales, en employant
les excitants électriques, mécaniques ou chimiques. D'autre part, en injectant du bleu
d'aniline dans le pharynx, il a trouvé au bout de seize heures la matière colorante dans
l'estomac et dans tout l'intestin grêle jusqu'à 5 millimètres au-dessus du cœcum. Les expé-
riences de Wiener, dans lesquelles du lait injecté dans l'estomac du fœtus se retrouva
^u bout de 9 heures dans les vaisseaux chylifères, démontrent ainsi les mouvements pé-
ristaltiques de l'intestin fœtal. C'est d'ailleurs grâce à ces mouvements que le méconium
emplit progressivement tout le canal intestinal. Il n'est pas douteux cependant que le
péristaltisme de l'estomac et de l'intestin ne s'effectue avec une grande lenteur. Ce n*est
que dans certaines conditions anormales qu'il s'exagère, et alors le méconium est
expulsé prématurément dans les eaux de l'amnios.
La présence du méconium dans le liquide amniotique, quand il s'agit de présentations
autres que les présentations du siège,est généralement considérée comme un symptôme
grave qui prouverait que le fœtus souffre, qu'il asphyxie, et que le sphincter anal est
paralysé. Rossa (Arch, f. Gynœk., 1894, xlvi, 303) s'est élevé contre cette opinion : il a
observé que 78 fois sur 100 le méconium est évacué prématurément sans que le nou-
veau-né présente aucun indice d'asphyxie. Rossa admet que les mouvements péristal-
Uqued peuvent s'exagérer sous l'influence de toute autre cause que l'asphyxie. Porak et
Ronge ont constaté en effet que souvent, après l'administratiou de la quinine à la mère,
il se produit une évacuation prématurée du méconium, sans que le fœtus souffre et sans
que les mouvements du cœur se modifient.
0. Flœl [A, g. P., 1885, xxxv, 157) a étudié l'influence des sels de potassium et de
sodium sur les fibres lisses de la paroi intestinale de l'embryon. Nothnagbl a montré que
l'application d'un cristal de chlorure de sodium sur l'intestin de l'animal adulte produit
une striction en anneau, non pas au point excité, mais immédiatement au-dessus, tandis
que les sels de potassium agissent sur le point excité lui-même. Notbnagsl pense que las
5els de potassium irritent directement le muscle, tandis que les sels de sodium exercent
leur action par l'intermédiaire des plexus nerveux. Flœl a observé que chez les embryons
ou les nouveau-nés les sels de potassium agissent comme chez'l'animal adulte; mais que
FŒTUS-
631
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en
lês sels de sodium ou bien n'agissent pas du lotit ou agissent comme les sels de potas*
tinm, mais phi* faiblement. La réaction spécifique de la musculature de TintesUn à
VégRTÛ des sels de sodium ne se manifeste que tout à fait à la tin de la vie embryon-
naire, ou seulement après la naissance. En outre, c'est seulement quand elle s'est déve-
toppée que Tintestin devient apte à exéciiterlesmouvementsvermiculaires qu'on observe
après U mort : les deux propriétés sont donc intimement liées Tune à Taulre. Ces exfïé-
lienees tendent à prouver que les plexus nerveui de la paroi inleï^iinale ne réagissent pas
encore pendant la vie embryonnaire aux excitants appropriés, tandis que la fibre muscu-
laire elle-mi^me répond déjà.
Kxcitabilité des centres nerveux. — Soltmann avait irouvê que» cbez le cbieu et
lapin nouveau-nés, l'excitation de la zone motrice du cerveau n'a pas encore d'elTet, et
IfUe son ablation ne provoque aucun trouble de ta locomotion jusqu'au dixième jour.
Plu» tard il a observé également qu'au moment de la naissance les hémisphères n'ont
pas encore, chez ces animauï, d'action modératrice sur les réftexes.
TABnHAXOPF (fîertie tte mciL, 1878, 721) eut l'idée d'examiner, «u point de vue du
foncliomiF'ment des «Montres corticaux, des animaux tels que tes codions d'I(ide« qui, à
rinverse du chien et du lapin, naissent avec les yeux ouverts et dont la locomotion est
parfaite d'emblée. Ce physiologiste put constater que chez eux la zone motrice était
excitahle, non seulement h la naissance, mais m^me pendant les derniers jours de la
m intra-utérine, et aussi que l'intluence modératrice exercée par les hémisplières sur
les réflexes médullaires existe déjà. Bbchtrrkw (cité par La\doîs, T. P.) a obtenu dea
résultats semblables chez le veau, le poulain nouveau-né.
ù'oiï it résulterait que, dans les espèces animales chez lesquelles les fonctions motrices
et sensorielles sont bien développées au moment de la naissance, les centres moteurs
corticaux sont excitables et qu'ils ne le sont pas chez celles où ces foncLîons sont impar-
faites. C'est en effet ce qu'on enseigne communément. Mais la distinction paraît trop
absolue. Lkmoini (TA. P., 18S0) a vu, contrairement à Soltmann, que, chez les chiens et les
chats nouveau-nés, l'excitation de la zone motrice est déjà efQcace. Marcacc»» qui a opéré
sur six petits chiens extraits de l'utérûs un peu avant terme, deux chiens et deux chats
d'un ou deux jours, a obtenu également des résultats positifs dans tous les cas [A, ». B.,
1882, 161], Ces animaux étaient chloroformés, et chez ceux qui n'étaient pas encore à
terme il était nécesiaire d'enfoncer légèrement les électrodes dans Ja substance céré-
brale. Paneth (à. g. P., xxxvti, 202) a expérimenté sur des animaux non anesthésiés, et a
apporté de nouveaux faits conOrmatifs de ceux de Marcacci et de Lemoine. (Pour Texposé
des recherches de Flechsig sur I© développement des voies conductrices, voir Cenreau.)
L'excitabilité directe de la moelle est déjà développée avant la naissance. Chez des
embryons de lapins extraits de l'utérus à une époque rapprochée du terme, l'excitation
de la moelle 'dorsale par un courant induit très fort produit une extension convulsive
de ranimai, et une inspiration tétanique (Prêter). Des embryons de cobaye enlevés de
Tutérus en état d'asphyxie, tel qu'aucun moyen ne pouvait plus provoquer de mouvement
respiratoire, répondirent également par un tétanos des membres postérieurs à la faradi-
salion de la moelle dorsale; ce n'est pas seulement Texcitabilité directe, mais aussi Texci-
labilité réilexe qui persistait, malgré l'asphyxie.
Cependant le fœtus eiige. pour Aire tétanisé, une excitation très puissante. Les suh-
etances convulsivantes, même les plus actives» ne sont pas encore efticaces. Sur quarante
et un fcplus (lapins, chiens, chats) auxquels tiussEROw {toc. cit.) a fait des injections de
strychnine, alors qu'ils étaient encore dans Tutérus, aucun n'a eu de convulsions. On
pourrait supposer qae c'est l'apnée du fœtus qui y met obstacle, puisqu'on sait que l'apnée
diminue rexcitahilité des centres nerveux. Mais, nous favons dit, tapnée du fœtus n'a
pas les mAmes causes que l'apnée de l'adulte, et d un auti^ côlé Gusskrow, qui a injecté
à quarante-sept foetus presque à ternie Oi^'^O^j à 0*^%15 de strychnine après la ligature
du cordon et rétablissement de la respiration pulmonaire, n'a observé de convulsions
manifestes que dans un seul cas. Chez quelques-uns de ces animaux, il se produisait
cependant quelques contractions tétaniques» mais non de vraies convulsions. L'acide
prussique ne provoque pas davantage, chez les fœtus, de manifestations convulsives (Pri-
yxr). Dans un cas cependant ofi Bvr {toc, cit.) a injecté dans le liquide ara niotique che»
une lapine 20 gouttes d'une solution contenant 10 centigrammes de sulfate de strychnine»
631
FŒTUS.
le fcetas contena dans est œuf fut trouvé mort, la télé rortemeot étendue en arrière, en
opisihotUonos.
Le système nerveux n'exerce aucune inlluence, pendant une rerlaine période de
Tontogenèse» sur le développement des différents organes. Schàfeh a enlevé à des Unes
d'ampliibies tout rencéphale avec la région qui le reoferme^ mais en respectant U por-
tion de la télé <[ui appartient à (^appareil digestif, pour que la nutrilion ne fui pas
entravée. L'une des larves était mourante au bout de six jours]: une autre, dont la motlle
a^Uongée avait été respectée était encore bien portante onze jours après l'opération ion
put constater en la comparant à une autre larve de contrôle, que tous ses orsiû'î*
s'étaient développés uormalemenL Ainsi Tabïation de l'encéphale ainsi que desor^aoe*
sensoriels céphaliques ne modilie en rien l'évolution ontogénique de Torganisme : U
différoncialioii niorpiiologique qui caractérise le développement larvaire des Amphihieni
n'est aucuïMMn *nl placée sous la dépendance fonctionnelle du système nerveux cetiLnl
{Année biol.. mm, 281).
On sait d'ailleurs que, même chez les vertébrés supérieurs» le développement se poll^
suit dans des conditions semblables, puisque les anencéphales peuvent être rais au monti-?
à terme el vivants : sans cerveau ni cervelet, ils remuent leurs menabres: ils pemeal
aussi respirer, dit Preyer, quand la moelle allongée existe; il est vraisemblable. ajoute-
rons-nous, qu*ils peuvent respirer môme quand elle n'existe pas. pourvu que la moelle
cervicale soit intacte. Enfin les fœtus à terme sans cerveau et sans moelle cervicale»
peuvent naître vivants, mais non respirer.
Mouvements et sensibilité du fcBtus. — Les mouvements actifs du fœtus hamaio
débutent prohablement vers la Ô** ou la 7« semaine (Prkyer). On professe d'ailleurs en
obstétrique qu'ils peuvent être perçus par Toreilie à partir de la lïn du troisième moii
de la grossesse. L'application d'un corps froid sur la paroi abdominale de la mère ne
parait pas, d'après la plupart des auteurs, avoir de riniluence sur ces mouvements; iii^
peuvent s'exagérer par contre à la suite d'une forte hémorrbagie de la mère (KcstSîacLl :
ces convulsions intra-utérines sont provoquées par l'oxygénation insuftîsaute du smç
fœtal, consécutive à l'abaissement de la pression artérielle cbez la mère. Depaul rapporte
cependant qu'une femme qui. dans trois grossesses successives, s'était fait pratiquer une
saignée tomba cbaque fois dans un évanouissement profond, et qu'à partir de cemomeot
les mouvements du fielus ne furent plus appréciables: les trois fois» il naquit au bout
d'un certain temps un fœtus mort. Mais ce sont là des faiU exceptionnels.
Cbez les fœtus de mammifères, les mouvements actifs et leurs caractères peTiteot
être étudiés plus facilement; chez eux. on les provoque facilement par voie réflexe. <»l
on constate aussi qu'ils deviennent beaucoup plus vifs, si Ton soustrait à la mère du mm
en quantité sufltsante.
Quand on ouvre Tutérus dans un bain de la solution physiologique, on voit, àtrafers
les minces memliranes, le fœtus de cobaye presque à terme exécuter à un faible attou-
chement des inouvements rétlexes bien coordonnés. L'amnios étant intact, on peut tnènif
voir le fœtus, h la^uite d'un tiraillement d*un poil tactile, exécuter avec la patte antérieur!^
du même côté un mouvement comme pour se gratter: c'est déjà une réaction de défen«^
Ou a déjà dit que ces actions réflexes peuvent être inhibées par une excitation d*onjj!j'^
centralCi cérébrale; elles peuvent l'être aussi par une excitation périphérique. Ainti
chez le cobaye nouveau-né on expulsé avant terme^ le pavillon de l'oreille se raeul arec
force chaque fois qu'un bruit un peu intense éclate : mais, si Ton pinre fortement la pea»
de la nuque, le réilexe auriculaire ne se produit plus, ou il est très faible.
Les mouv^ements actifs du fœtus sont donc principalement des mouvements réfleiw;
mais ils sont sans doute aussi en partie automatiques» c*esl-à-dire dus à des excitatinos^
non périphérifpies, mais internes, dont la cause échappe^ parmi lesquelles pourtant il (àui
compter les modilications qualitatives et quantitatives des bumeurs interstitielles. Tou-
jours est-il que tout à fait au début ils ne semblent pas avoir une origine rétlexc. puis-
qu'au moment où Tembryon exécute déjà des mouvements spontanés, il n*est pas encore
sensible, diaprés Preyeu, aux excitations externes, aux excitations cutanées.
Chez le poulet, les mouvements aclifscommencent dans la première moitié du cinquième
jour : Tembiyon allonge tantôt la moitié antérieure, tantôt la moitié postérieure ducorps, 05
bien il se recourbe en arc en rapprochant les extrémités céphalique et câudale. En niénie
FŒTUS,
i\n
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I
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iit^^lllféLablii un mouyement de va At vient particulier à i*embryon d'oiseau et dû à la
cootnictilite deramoios. L'erabryon, parson mouvement propre, excite mécaniquement un
bout du sac coDtractile dans lequel il Hotte; la région eicitée le repousse vers la paroi
opposée de la poche amniotique, laquelle, sr contractant à son tour, renvoie Fembryan
dans la direction première, t^t ainside suite. Qo compte ainsi 8 osciltations en une demi-
minute. Ce mouvement de t»alancenient dure jusque vers le douzième jour; à partir de
ce moment il diminue^ et dans les derniers jours iî ne se manifeste plus parce que la
cavUé amniotique n'est plus assez spacieuse pour lui permettre des'eïënutpr. Ce balan-
cement est doue pour le fœtus un mouvement passif^ qu'un premier mouvement actif met
en branle;c*estramniosqui y joue le rûle véritablement actif; cette membrane paraît d'ail-
leurs n'être contractile que cbei les oiseaux et non chez les mammifères (voir Amnios).
On observe aussi, à partir du quatrième Jour, des mouvements pendulaires purement
passifs dans les extrémités céphalique et caudale de Tembryon; ils sont dus aux pulsa-
tions cardiaques avec lesquelles ils sont synchrones.
Quant aux mouvements actifs de Tenibryou de poulet, ils prennent à partir du cin-
quième jour les caractères les plus variés, que PaBYBaa minutteusemenl décrits. Le seul
point à relever, c'est que, si des mouvements spontanés existent des le cinquième jour, les
mouvements réflexes ne peuvent cependant élre provoqués que vers le dixième ou
ontième jour.
Leicitabililé des nerfs sensibles de la peau chez le fœtus est démontrée par les réac-
tions réflexes «jue provoquent les fortes excitations électriques» mécaniques» chimiques
ou thermiques, La sensibilité culanée se développe surtout vers la tin de la vie intra-
utérine ; mais, même à ce moment, il s*écoule toujours un temps assez long entre la sti-
mulation et la réponse.
Les fa'lua de cobaye et de lapine extraits de l'ulérus un peu avant ternie paraissent
déjà sensibles a la douleur» car ces animaux poussent des cris forts et prolongés» si Ton
excite les nerfs cutanés par une piqûre, une brûlure, ou de fortes décharges d*iiiduction-
Nous avons déjà signalé, d'après Preyer, que la sensibilité de l'embnr^on apparaît plus
tard que la mobilité, de sorte que les premiers mouvements actifs du fir*tus ne peuvent
être attribués à des excitations périphériques. On peut se demander toutefois si dans les
premiers stades la sensibililé culanée fail vraiment défaut, ou si plutôt les moyens usuels
n'arrivent pas à la mettre en éveiL
In fait iuLéressant noté par Pabyer, c'est que raneathésiechloroformique s'obiientplna
diflicilement et disparaît plus rapidement que chez l'animal après la naissance. Mar-
Cacci {lo€, cit) a incidemment fait la même observation. L'action plus faible des agents
anestbésiques sur les centres nerveux de l'embryon tient probablement À ce que ceux-ci
sont encore incomplètement développés et, surtout, à ce que ïeur conslitutic-n chimique
diCTère de celle de l'animal adulte. Toujours est-il que, d'après Bo^rb et Witkovvsry (cités
par Damlkwsky), le cerveau de l'embryon contient relativement peu de lécithine (et en
revanche plus de nucléine) etque^ à mesure qu'il s*accroit, sa teneur en lécithine et en pro-
tagon augmente. Or la richesse des éléments nerveux en substances grasses est, d'après
certaines théories, «ne condition de leur impressionnabilité à Taction des anesthésiqaes.
On a fait aussi quelques essais sur rexcitabtiité des nerfs sensoriels avant la naissance^
et on a pu con s ta 1er qu'un frrtus avant terme réa|<it déjà» par des manifestations motrices
variées, aux impressions gustatives et lumineuses, et non aux impressions olfactives et
auditives. Mais, si le développement des fonctions setisorielles après la naissance est un
chapitre inléressaut de physiologie psychologique', la question est sans intérêt, quand il
s'agit de la vieembryonnaire, puisque le fcetusest soustrait dans l'utérus à toute excitation
externe autre que quelques impressions tactiles. C'est donc avec raison qu'on a pu dire
^ue le f*Rtns, habituellement, dort, puisque Tétat de veille n*est entretenu que par les
excitations extérieures (expérience de Strumpkll et autres).
Nous avons dû renoncer h étudier dans cet article rinfluence des agents physiques
et chimiques sur la nutrition et le développement de l'embryon; à montrer Tapplicatiou
qu'on a faite des résultats expérimentaux à des théories générales de rontogénèse, parce
i. Voir à Tarticle Cerveau lea expérience» de Stbîner, Rabalmann, Kniits, ainsi que Pretsr^
L'âme de l'enfant Biblioth. de philos, contemporaine).
TT"
CSi
FOIE-
que les recherches entreprises dans celte dii edîoti pendant tes dernières aDiiéei m i
ienemeni miiïtipliées que la tâche eût été trop lourde.
Pour les tableaux de croissance de l'embryon, voiries ouvrages suivants :
Embryon humain : PRBnEii, Physiologie spéciale dt l'embryont 1887» — Pixaud, Ar
Piftus an Bict, enc, d. se, méd.
Embryons de jument, vache, brebis, chèvre, traie, chatte, chienne : Tabteaun deGcai
dans Colin. Traité de physiologie comparée (Us animaux, 1873; ou dans Lbye» Analon
comparée dca animaux domestiques, 871, 565.
Embryon de cobaye : Arb. des Kieter physiolog, înstit., 1868» et Prbyer {loe. eti).
Embryon de poulet : Tableaux de Falcr dans Touvrage de Prevsb. — Bôbji et Hiséa
BALCH [Skand. Arch, f, Physiol,, 1900, 149 et 353).
Nous n'avoQiv donné dans te courant de cet article'qne tes indications bibliographiqiti
des auteurs que nous avons consultés. Pour ceux qui sont cités de seconde main, on tfonren '
les renseigiienients nécessaires dans les ouvrages ou mémoires auxquels nous renvoyons,
E. WERTHEIMEil
FOIE'.
g 1. — DES FONCTIONS DU FOIE EH GÉNÉRAL
Le foie est un des organes les plus iniportanls de Téconomie animale. D'une pirl]
est très volumineux; car il représente de 2 à ■$■ p» 100 du poids total du corps. D*aiiti
part fl existe dans tous les organismes^ les plus compliqués comme les plus mdimtd
taires» et, dés les premières périodes de la vie embryonnaire» qu'il s'agisse d'an ^ti
simple ou d^n Tire supérieur, il apparaît déjA, de sorte que son importance est aua
f^rande dans la phylogénèse que dans TontogéDèse des êtres.
On ne peut supprimer complètement la fonction hépatique sans entraîner très rapi-
dement la mort. Si certains animaux peuvent vivre quelques heures , même vingt-
quatre heures même quelques jours (Batraciens), sans foie, c'est que la foiictioa hépa-
tique n^est pas indispensable immédiatement à la vie, comme celle du cœur ou du
bulbe, et que l'empoisonnement dû au défaut de fonction hépatique peut être plus on
moins aigu, plus ou moins rapide, suivant l'intensité des combustions organiques. Il
faut d'ailleurs se rappeler que la mort de Torganisrae, cbez les êtres inférieurs, n'efl
jamais soudaine pour les tissus, et que le cœur, le Lulbe et le sang peuvent être enlevés
à des grenouilles ^ans déterminer la mort immédiate. De même des grenouilles sans foie
peuvent, à des températures basses, présenter encore pendant quelques Jours Tappareoc^
de la vie, comme des grenouilles sans cœur, sans buthe, et sans fiqaide sanguin.
La fonction du foie est complexe. Il a un rôle mécanique dans la régulation de U
circulation veineuse; il a une action digestive par récouleinent excrétoire du hquide
biliaire qui agit sur les aliments; il a une fonction pifjmcntuiref très obscure encore; tli
peut-élre une action fiématopoietiquef comme formateur de globules. Mais ces direrseï
fonctions sont relalivement accessoires» Le foie est surtout, et presque uniquement, (u
organe chimique de transformation des matériaux du sang. Il est, pour employer ujie
expression un peu vulgaire, le grand chimiste de réconomie.
Celte fonction chimique est certainement des plus compliquées, et on peut Tenvisa^cr
â divers points de vue, également essentiels.
i° Comme les opérations chimiques qti'il accomplit sont très intenses» et que, ciea
l'animal, le plus souvent les réactions chimiques sont exothermiques, il est un gnnd
producteur de chaleur. Producteur dechateur/û est par ceïa méme^ dans une mesure qoe
nous connaissons assez mal, régulateur de chaleur ^ puisque aussi bien tous les processus
chimiques, hépatiques ou autres, des êtres vivants sont réglés par le système nerT*?ui,
De même que les nerfs excités transforment dans les muscles le sucre en CO* et H^>t
de même dans le foie Texct talion nerveuse lUe H^O sur le glycogène et permet &o
glycose ainsi formé de servir à la contraction musculaire et à la production de chaleur
2« L'autre opération chimique du foie, non moins importante, est de fixer des
1. Voyei le «ommAire à la un de rarticJe.
FOIE.
635
I
I
I
matières ternaires, b^rdrates de carbuue. et éTentuellemeut matières grasses, pour nccu-
muler ces réserves de force nécessaires à Torganisme. L'alimeniaLîon introduit des
sources ehîmiques d'énergie à des moments 1res distants et irréguJiers. Le foie intervient
poor (tierces sobslances nulritiTes, et en permettre à un moment le déversement dans la
circulation; c'est donc un régulateur de la nutrition, et l'organe essentiel des réserve»
nutriiiveê. On peut dire que nous nous nourrissons sur notre foie. Cette action nutritive
d'assimilation est si intense que la plus grande partie de Turée produite par le dédou-
blement âe& matières protéiques provient d*opéralions chimiques qui se sont eïTec-
tuées dans le foie. Mais, pour que cette transformation se fasse pleinement» malgré ta
lenteur des phénomènes chimiques et la rapidité du cours du sang, il faut que les
matières qui doivenf être transformées passent et repassent dans le foie. Ces passages
suecesaifs constituent la circulation enléro-hépatiqtie. La bile sécrétée est absorbée dans
rinteslini et revient au foie pour y subir de nouvelles transformations. Grâce à la bile
qu'il sécrète, le foie reçoit incessamment des niaténatix d'assimilation et de nutrition;
car cette bile sécrétée lui revient incessamment, et y est transformée en produits ultimes,
déOnitifSf sinon la première fois, au moins après uue série de passages dans son tissu.
3^ Le foie est un organe aniitoxique. Non seulement il arrête les poisons introduits
par l'alimentation dans la circulation porlale, mais encore il opère des dédoublement»
multiples (inconnus encore) sur les substances chimiques que crée la combustion de nos
organes. Les antitoxines que nous produisons sans cesse sont sans cesse détruiteis par le
foie et transformées en substances non toxiques. IJammoniaque, si toxique, est changée
en urée inofTensive, et il en est probablement de même pour d'autres produits nocifs,
qui, après qu'ils ont subi l'action du foie, deviennent tout à fait innocenti<i, constituant
de l'acide lactique, de l'urée, de l'eau, de l'acide carbonique, toutes substances dont la
toxicité est nulle. Une partie de ces produits élaborés par te foie passe dans le sang;
une autre dans la bile; et les parties biliaires incomplètement transformées sont reprises
par l'intestin et restituées au foie qui les élabore définitivement,
Voilà donc les trois [grandes fonctions chimiqyes du foie. Il déverso du sucre dans
le San (4, en produisant do la chaleur, et en permettant aux muscles d'en produire, 11
accumule les réserves nutritives sous la forme d'amidon facib^meiit saccharissable, et
permet à l'organisme, par le lent ou fe rapide écoulement de ces réserves, do suffire
au dégagement d'énergie nécessaire tantôt au travail musculaire, tantôt à la nutrition,
de sorte que l'aninial qui a un foie n'est jamais en état d'inanition véritable. Enïln il est
antitoxique, et protège l'organisme contre les poisons venus de l'inlestin (toxines étran-
gères, ou les poisons venus de Tor^anisme, autotoxines) qui, les une> et les autres,
après l'élaboration hépatique, deviennent inofîensives.
L'agent de toutes ces transformations, c'est la cellule hépatique. Toutes ses réactions
sont connexes, si étroitement unies, qu'on ne peut les dissocier, de telle sorte que, par une
synergie dont les êtres vivants nous donnent si souvent l'étonnant exemple, la fonction
antitoxique est en même temps une accumulation de réserves nutritives, une source de
chaleur et une sécrétion digestive.
11 n'y a donc pas lieu de séparer la glande biliaire de la glande glycogéniquef ni de
la glande antîtoxique, ni de ta glande tbermogène ni de la glande hématopoiétique.Tout
cela est confondu dans des phénomènes chimiques communs; l'harmonie des transfor*
mations intra-hépatiques, de ralbtimîne, de la graisse, du sucre et des antres prodoits,
ôst un complexus qui» au point de vue didactique* doit être dissocié, à la condition
qu'on sache bien que cette dissociation n'existe pas en re'alité, et que le même phéno-
mène chimique est à la fois antitoxique, exothermique et assimilaleur.
D'ailleurs, il faut bien te reconnaître, malgré dlmportants travaux, les fonctions
chimiques du foie sont encore très obscures, et on peut dire que c'est une des régions
its plus ténébreuses de la physiologie.
$ IL — HISTORIQUE
L'historique de la fonction du foie est irésctiurt; car ce n'est que depuis Claitok
BEimAaD que son étude a été faite méthodiquement.
Cependant, dès la plus haute antiquité, le foie était considéré comme un organe de
636
FOtE,
souveraine importance. G\uen, le seul physîoloçiste des temps anciens, conceTâit
foie comme le centre des veines du corps. D'apivs lui, les alimetiU arrivent aa foi<^ j
la veine porle : là ils subissent une coction vérilabïe qui les transforme, le ian»
mentaire est élaboré dans le foie, lequel en sépare une partie destin»5e à être rejeU
eif!r^menl qui est la bile, i/aulre partie des aliments se distribue d'nne part aa cώ
la veine rave supérieure,'' d'antre part au corps et aux diverses partie* de Torganba
par la veine cave inférieure»
Ainsi, d'après Galien et tous ceux qui Tout suivi, le foie est an appareil annexe del
digestion et jouant un rôle fondamental dans TeUboration des aliments et dans I*hén)ft-
topoîèse, ou la sanguification. comme on disaîL alors.
Mais la découverle des chylifêres et des lympïiatiques, ainsi que de )& circulatl
gên^^rale, vint rbanger la direction des idées (1620-1670). D'une part Har\^y prou
que dans la circulation le sang qui passe par le foie va au cœur droit, fans revenir |
les veines directement dans les tissus; d'autre part Aselli, Pecqukt, Bartboun.
TAcur, RuDiîECK montrèrent que le chyîe résultant de la digestion ne passe pas pari
foie, mais retourne directement au-dessus du foie dans la veine sous-claviére, sans i
rélaboration hépatique soit nécessaire. Ce fut le renversement de la domination
foie, Dans l'ivresse de son triomphe, Barthôun déclara le foie déchu de sa puissance, j
il publia un livre où furent célébrées îes obsèques définitives de riofortuné viscère |
imsis ïijmphalkis; hepatk despiyata causa; t'xsequia epitaphium).
Pourtant RARTyouN lui-même attribuait au foie un rôle sanguiflcateur considèrali
« Le foie» dit-il dans son traité d'anatomie^ fait le sang du chyle attiré par les veto
mésaraïques dann les rameaux de la veine porte comme dans son propre îaboratoij
Le parenchyme du foie n'est pas seulement^ comme quelques-uns estiment, l'appuy et 1
soutien des vaisseaux, mais aussi la cause efficiente de la sanguiBcation. Or le foye j
ensemble avec ïe sang fesprit naturel... Le foye est le véritable lieu où se fait la ^n^
fic^lion, et le parenchyme du foye change la matière sur laquelle elle travaille (cVsH
dire les aliments à Tétat de chyme qui viennent par la veine porte) en une substance qd
porte la couleur rouge du foye. Celte qualité active delà chair du foye pénètre facileme
la tunique des racines de la veine porte, parce qu'elle esl tellement déliée en cet endn
qu'une partie du sang coule par les pores dans la substance du foye pour sa noarritull
le reste va se rendre par des anastomoses dans les racines de la veine cave où le
s'élabore el.se perfectionne davantage. Indépendant la bile est séparée du sang pari
rejetions qui aboutissent à la vessie du bel et au méat cholédoque. » (G. Bahtsou?*. /a
tuliom analomiques, trad, franc., Paris, Hénault, 1647. 104 et 105.)
A la même époque à peu pn'^s, GLii^o?î [Ânatomia he^iaiis, Amsterdam, Warberg, iÔ
s'exprime ainsi sur les fonctions du foie, auxquelles il consacre de nombreux chapiti
(xxxvn i xLv| : « La bile est un liquide excrémentîtieî que le sang sépare du foie: ell
sang ne doit pénétrer dans la veine cave et la circulation générale qu'après que lef prio*
cipes sulfureux et amers qui y sont contenus ont été introduits dans la bile, et par 1^
éliminé>. hicirço ratum esto hepatis intt'fpi offmum ess^c, sanguinem impurum per porU
affluent em evcipere.bilcm ab eo secemere, nUidumque jam factum in cavatn reducere [XtiïJ
Un siècle plus tard, l'opinion des physiologistes n'avait pas changé. Bordbnavc [Bmi
sur la physiologie, 1777, ii, S6\ n*atlribue au foie d'autre fonction que la sécrétion de li
bile. Haller (Eiementa ph/sioîogiw, vi^ 1777, p. 64 fi) consacre un chapitre aux fourtîojii
du foie [Hepatts utiliiates) et ne lui attribue, outre la fonction biliaire» qu'un rôle de sus-
tentation du diaphragme, tout en s'étonnanl qu'un organe si volumineux, et eiistcat
dans toutes les espèces animales, ait une fonction si restreinte. Alors, cherchant quel
peut être le rôle du foie, il n'en trouve pas d'autre que celui de modérateur du cours du
saug : m êanguinis impeiv diminulio.
Le seul point discuté alors, et naturellement sans expériences à Tappui, uniquement
fondé sur de^ inductions anatoraiques, était de savoir si la bile sécrétée vient du san^ deU
veine porte, ou du sang de l'artère hépatique. Hallkr et Huroenave, sans preuve?, admet-
taient qu'elle pnjvieol du sang porte; BicuAr (1801) pensait que Tartère hépatique j«?rl
à la sécrétion de la bile. Mage?«die (18'2!>, Précis de physiologie^ n, 466) ne prend ^t^
parti, et déclare les deux opinions également dénuées de preuves, D'ailleui'^ il ne seniblo
pas songera une fonction du foie autre que ta sécrétion biliaire* Enfin, Buadacu (1837i,
V FOIE. 6^7
dans son grand traité de phyâtologie, ne parle que de la bile« et» s^il s^occupe du foie, c'est
pour en donner, d*uue manière d^ailleurs fort imparfaite^ la structure ûnataniique. Dam
le précieux traita de physiologie de J. Mîlleu (1845, u, 121), on ne trouve que ces paroles;
« Le sang est débarrassé par le foie d'un excès de graisse et de luaténaux carbonés et
hydrogénés, tandis que le? reins le dépouiNent d'un excès de substances aïolées* Les
ponmons et le foie peuvent être compar*^s Tun à l'autre sous ce point de vue que tous
deui entraînent au dehors des produits caibonés. le premier u Tétai brûlé» l'antre à Télat
de combustible, n Mais c'étaient là des comparaisons plus littéraires que scietitiflques.
En réalité les fonctions du foie ne commencent à être connues qu'après les admirables
découTertes de CLAuae Bbrxaaû.
Nous n'avons pas à Tex poser ici, car elle sera développée plus lard à l'article Glyco-
génèiei avec tous les développements qu'elle comporte* Il nous suOira de mentionner les
troi* faiU fondamentaux établis par CLAUoa Bkhxard.
1* Le Itssu du foie est la source normale du sucre du sang, indépendante de ralimen-
iation; car le 5^an^ qui sort du foie par les veines hépatiques est plus riche en sucre que
celoi qui y entre par la veine porte (i84y).
2" Le foie contient une substance qui donne du sucre, môme après la mort (1855), et
cette substance, qu'on peut isoler, est le ^lycogène, ou amidon aninial (ISÎiO).
3*> L*excitation de certaines réj^ions du système nerveux, et spécialement la piqilre
du quatrième ventricule, produit une sécrétion abondante de sucre au moyen d'une action
qui le transmet au foie par les nerfs hépatiques (185*7).
Telles sont les trois grandes découvertes de Claudr BKRNAnOf qui établirent hieu le
rôle du foie. Ainsi était comblée la grave lacune qui n^avaît pas échappé à la sagacité de
Haller : disproportion entre la fonction biliaire et l'énorme prépondérance, évidente,
du foie dans les phénomèn*fS biolofîiques.
L'inipulsion était donnée à l'étude de la physiologie hépatique, et alors successive-
ment furent faites des constatations importantes» quoique elles soient assurément
accessoires en comparaison de la graude découverte de la glycogénèse hépatique : et je
les mentionnerai rapidement.
1« Le rôle du foie dans la formation de l'urée (Meissner, 1864), comuïe le prouvent
les circulations arlilicielles (Cyo.n, 1870), par transformation des sels ammoniacaux
(ScHHôDCH, 1885), et Texistence dans le foie d'un ferment uropoiétique, diastase soluble
(Ca. BicHËT, i806).
2** Le rôle du foie dans la nutrition chez les oiseaux (transformation d'ammoniaque
en acide urique) (Minkowski, i883).
3^ L'action anti toxique du foie (SaHrrp, 1856).
4^ Le rôle du foie dans la transformation des produits de la digestion (Fistule d'EcK,
^E?<cxi, Pawlow, 1894).
5<^ L'action anticoagulante du foie à la suite d injections întra-veineuses de peptone
(Conte JE AN, 1897:.
«»* Le rôle du foie dans la fixation du fer (Dastre et Floresco, 1897).
7^ La circulation entéro-hépatique de la bile (ScHiFP« 1857),
go La proportion pondérale du foie avec l'étendue de la surface cutanée, autrement
dit avec la radiation caïonque (Ck. Hicbet, 1893)*
Tous ces faits, et d'autres encore, qui seront exposés au cours de cet nriicle, ne
doivent pas, si intéressants qu'ils soient, nous faire illusion sur l'étendue de nos conuais-
sances relativement à la fonction du foie. 11 est certain que bien des faits nous échappent
encore, et que les transformations chimiques accomplies par la cellule hépatique, pendant
la digestion, ou en dehors de l'état de digestion^ ne nous sont encore que très imparfai-
iement connues.
§ HL - RÉSUMÉ ANATOMIÛUE
ÉVOLUTION PHYLOGÊNIQUE ET ONTOGÉNIQUE DU FOIE
I
Le foie est une glande volumineuse, qui, chez l'homme et les mammifères, est
placée à la partie supérieure du péritoine, immédiatement au-dessus du diaphragme. Il
est enveloppé d'une membrane résistante tibreuse, la capsule de Glbson* Sa forme est
L
6i0
FOIE.
d'ailleurs chez le chien). Un a&se^. grand nombre des chiens dont la pesée du foie i été
faite par nous avaient été sacrifiés par Liémonhagie, ce ijni tend jtWidenmïenl à dimi*
fiuer quelque peu le poids du foie pesé (Voir Trtw. du Laborat.^ 1893. ii, 381).
En procédant ainsi, j*ai pu déterminer pour les proportions pondérales dn foie uae
loi qui n'avait pas été soupçonnée, à savoir que, cheï des animaux de même espèce ii
quantité de foie est proporlioniieïleù félendue de la surface,
Voici le tableau donnant la moyenne des mensurations. Il s'agit de 120. poids àe foie
sur des chiens pris adultes, en tout cas n^étanl plus à la mameUe; allant de 44 kitiji
à 3 kilos. La plupart de ces mensurations ont été faites par nous. Quelques autres imt
été prises dans des mémoires de Majsouvbieh, de Colin, de Falcr, de Moos, de Pavt,
il'AFANASsrEK*p et de KCxz. i'élimine seulement une observation de Pavtt dans laquelle
le foie était d'un volume anormal» 190 grammes pour un chien de 8 kilos.
Le sexe paraît être sans influenre : il y a 8 fois plus dû chiens que de chiennes àim
les animaux dont le loie a été pesé.
Le poids maximum du foie (poids absolu) a été de 1 210 grammes pour on cbiea dt
35 kiliigranimes. Le maximum (relatif au poids du corps) a été, sur un chien toherculetîi«
de 1114 ^'ranimes de foie (stc) pour 11 kilogrammes de poids vif, soit 10 p. 100 du poith
du corps. Le tableau suivant résume ces 120 observations.
NOMBRE
t>*0BnRVATl01CS.
MOYENNE
BKfl IKtlDS
du chieo.
KCART
SNTRIÏ
lo max, et lo jsÎD,
du poid»
de rariiiiiaJ>
l>OU»S
DU fOIB
par 100 grammes
d'&nim&L
POID.S
DO Fom
'par déc. carré,
de surface.
da foi»
(AD kiiogr.r
(lloycûop),
13
1 *^
r 19
31
26 .îi
20,6
16,5
12,8
5,35
16
De 30 k 44
De 23,5 k 29
De n;5 il 25
De 15 à 17
D6 ii,â h i4,n
De 7,5 k 11
De 3,0 à 7
Do 3 à 44
2,21
2,19
2,63
2,75
3.21
3,61
4,24
2,80
6,5
6,0 1
6,5
6,4
6,7
6,1
80d
5S0 ;
540
435
412
:i40
^0
Au contraire, la rate ne semble pas suivre la même loi de proporlionnaiité aTec la
surface du corps, et elle parait bien nettement conserver un rapport iav^ariable arec
Funiié de poids de corps, ce qui entraîne naturellement une dimiDulion reUlire da
poids de la rate par rapport à la surface, il mesure que Tanimal devient plus petil.
Poids du foie dautres mamnalfëres. — Pour les chats, voici les résultats d»
75 mensurations, dues en grande partie à Boehm et Hoffhanj^ {A* P, P., 1878, vui, 2^2^
POIDS
POIDS
POÎDS ËK GRAMMES l>U FOIE CHATbL f
NOMBRE
MklL. BT AUX.
MOTBX DU COAPa
■
D'oBSBRVATiaNS.
Absolu.
par
par
de raiiira^j].
en in^ammei.
<}éc. carré.
UKi gr&mtD«i.
5
De 1230 Â 1430
1,337
46
3,35
}»4S
8
De 1620 à 2004
2,000 ;
72,3
3,60
3,fô
15
De 2200 à 2460
2,300
78,1
4
3,3
12
De 2500 A 2650
2.57a
77
3,75
Î.75
13
De 2700 4 2620
2,777
88,4
4
3,15
9
Dû 2 900 à âl20
3,021
40.8
3»&5
3,02
8
De 3210 k 3830
3,170
119,5
4.45
3.ai
:>
De 3910 à 4685
4,170
137.4
4,78
3,30
Moy. des ; 75
L ^
2,ti70
4
3,2i 1
FOIE.
liit
Chez le lapin, nous avons TQ inensuratroii^, doQt 20 duos à Mâcha y {A. P. T., 1888, xtx,
mU): les autres à Nas-k, Ialck, Lai^koue, Muos, HiuuEti et Scîisjii>t* Voit et njoi-mt^inL'
- ■ =
M»)iiriHK
poiiis
MAll. ET XIff.
4a corfM
POIDS
I40YKN!I.
ininiS CN 0 RAM MRS D1
^ FOIK.
l>Ar 100 ^.
AWOn d.^c'TIrrc.
1
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De 1125 à nB4)
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t. 31
1.17
Voici mainlenant les poids du foie de quelques autres animauiL :
POIDS MOYEN
Wiih^ m: FojK
Âltsolii.
par
par
100 grammes.
yi.
SOI
400
51
20
74>0
680
635
Chei'ut.
6,020
5,225
Lion,
2,UU0
488
Hérisson.
28,ti
33,0
17,5
1.3
♦.0
2,5
3,7
4.8
2.8
6,7
D1CT. HE PtrtBiOLOÛtB. — TOHE VI
41
biâ
FOIE,
POIDS MOYEN
DB l'animal.
POIDS DU FOIE 1
Absolu.
par
déc. carré.
100
par
grammea.
Marmotte.
1,083
1,083
i>
36,2
33,9
Lièvre.
"
3.3
3,1
3.422 1
»
1 13r.,0
Souris,
1 > 1
4,0
5»%6 1
De 4",45 à 6«',60 |
0.29 1
Hats.
o,8:i 1
.-•,1
261
De 140 à 375
13,27
2,9
r.,1
D'après Maurel les poulets au-dessous de 8CK) grammes ont un foie de 25,62 (soit
3«»'%4 p. 100 du poids). Au-dessus de 1100 grammes le poids du foie est de 35,12 (soit
â,88 p. 100 du poids total). Les pigeons au-dessous de 350 grammes ont un foie de 10,73
fsoit 3,59 p. 100); et au-dessus de 400 grammes le poids du foie est de IS^Sll (soit
à»',l p. 100).
Maurbl (1903) admet la proportionnalité du foie à la surface, et ses conclusions à cet
égard sont identiques à celles que j'avais formulées; mais les chiffres qu'il donne ne
ressemblent pas aux miens, car sa formule pour calculer la surface n'est pas la même.
Au lieu d'adopter, dans la formule rigoureusement exacte K Y/pîf pour K la yaleur 11,3
déterminée expérimentalement par Mbeh, il prend très arbitrairement la constante K
= 7,35, ce qui le conduit à des chiffres différents. Il faut donc , pour avoir an chiffre
comparable aux chiffres classiques de la mesure de la surface, faire une correction aux
chiffres de Maurbl; c'est-à-dire diviser par 1,5 les chiffres qu'il fournit. Alors la concor-
dance devient très exacte. Voici le tableau (ainsi modifié) de Maurbl :
Poids du foie par décimètre carré de tnrlaoe.
A nimauj' j'euneê,
Cobayoa do 350 à 450 grammes 2,70
Lapina do moins de 1 400 grammes. . . . 4,60
Hérissons de moins de 500 grammes.. . . 4,05
Poulets de moins de 800 grammes. . . . 2,65
Pigeons de moins de 350 grammes 2,50
Chiens de 4 à 10 kilogrammes 5,80
Chiens de 4 kilogrammes 7,60
Animatix adultes.
Cobayes de 800 à 900 grammes 2,85
Lapins au-dessus de 1 800 grammes. . . . 4,50
Hérissons au-dessus de 750 grammes . . . 4,25
Poulets de plus de 1 100 grammes 2,60
Pigeons de plus de 400 grammes 2,25
Chiens de 30 à 40 kilogrammes 6,60
Chiens de 40 kilogrammes 6,50
On voit qu'alors, pour les lapins et les chiens, les poids deviennent identiques à (
que nous avons donnés plus haut.
Maurbl conclut avec raison de ces données que chez les animaux d'âge différent il j
a ta même quantité de foie pour l'unité de surface.
FOIE.
<>4^
Poids du foie ches i'homme. — Voici, d'après ïvs ehilfres de VibuorutiAuo/. baten
kmnd Tabelient léna, 1893, 21), les proporiions du foie chej£ renfunt et lad u lie aux divers
AOK.
POIDS
DU ootn.
POIDS
Dtr roie.
l'OUR t KÏL
UU CUftPft,
rjiicl poid» do foieT
Pour
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63,0
1810
27,5
9,65
On voit par ce tableau que, d*one manière, il est vrai, assez irrégolière, le poids du
foie par rapport à la surface va en croissant avec l'âge» mai» qu'il va au contraire eu
décroissant par lapporl à limité de poids.
Celle croissance du foie par rapport a la surface est remarquahle, car elle semble en
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p ^or tocgr, d^ p&ùùf.
Fia. 81. — Pruportioai dii faif» cliex rbomme par kilogramcuf*
«t p&r ^arfftCfi aux difTéreou âges.
cootradiction avec cet autre fait constaté plus haut, que le puids du foie reste piopor-
tionnel à la surface, à mesure que Tanimal augmente de poids. Mais la contradiction
n'est qu*appareiite, et elle conduit à une intéressante conclusion.
Puisque cheK des animauj: adultes^ de poids variable et de même espèce, comme chex
le chien, il y a nu Foied'autanî plus gros (relativement au poids) que l'animal est plus petit,
il devrait en être de m^me chez l'homme aux divers âges; elles jeunes enfants devraietil
avoir proporlionnellemeiit un foie plus gros que les adultes; car ils sont de poids et de
surfaces moindres que l'adultes. S'il n'en est pas ainsi, c'est que chez eux les fonctions
644
FOIE.
hépatiques sont moins importantes que chez l'adulte; les opérations chimiques moins
actives, et alors le volume relatif du foie, qui se conforme aux exigences physiologiques,
est moindre chez eux que chez l'adulte. A moins toutefois, ce qui est à la rigueur possible,
que l'activité de la cellule hépatique soit pour un même poids de tissu plus grande chez
eux que chez l'adulle. Mais cette supposition n'est pas très vraisemblable, et il faut plutôt
admettre une intensité moindre des fonctions hépatiques cli^z l'enfant que chez Tadnlte.
Si, ainsi que nous l'avons fait pour les chiens, nous comparons chez les enfants et
adultes hommes le poids de la rate au poids du corps, nous voyons que, comme chez
les chiens, qu'il s'agisse d'an adulte ou d'un enfant, le poids de la rate est assez exacte-
ment proportionnel au poids du corps, soit pour 100 grammes de poids vif :
1 mois. .
6 mois. .
1 an. . .
2 ans . .
4 ans . .
0,29
0,23
0,23
0,34
0,38
7 ans.
10 mois
15 aas.
20— .
0..32
0,33
0,33
0.31
0,25
Les chiffres que nous venons de donner sont empruntés à Vierordt; mais noosen
avons nous-môme relevé d'autres d'après divers auteurs (Ch. Richbt. Poids du cerveau,
du foie et de larate chez Vhomme, Trav. du Laborat., 1893, m, 154, n» xLvin}, en particulier
d'après Boyd (Tables of the weight of the human body. Philosoph. Transact., 28 févr. 4861,
241-262).
Nous pouvons, d'après ces chiffres, construire le tableau suivant :
POIDS
POIDS
POIDS MOYK.N 1
POIDS MOYEN
NOMBRE
MOYKN
ABSOLU MOYEN.
PAR OBC
CARBK.
VAR UK) GRAIUIBII
da poids vif.
DOBSKRVATIONS.
du corps
en grammes.
Foie.
Rat«.
Foie.
Rate.
Foie.
Rate.
168
3,190
153
11,7
6,35
0,48
4,80
0,37
153
5,680
276
26,1
7,75
0,73
4,85
0,46
58
8,810
420
41
8,78
0,86
4,82
0,49
49
11,460
547
49,4
9,61
0,87
4,75
0,41
38
18,320
855
79
10,99
1,02
4,70
0,47
719
37,800
1326
139
10,50
1,10
3,50
0,37
205
42,500
1363
192
10,00
1,40
3,50
0,45
470
47,000
1532
158
10,50
1,08
3,35
0,34
80
51,300
1570
188
10,10
1,21
3,05
0,37
47
56,900
1680
219
10,20
1,33
2,95
0.37
29
63,100
1726
261
9,75
1,47
2,75
0,41
16
67,300
1861
346
10,01
1,87
2,75
0,51
24
73,200
1901
366
9,70
1,36
2,60
0,37
5
89,000
2101
391
9,40
1.30
2,35
0,44
Ce tableau nous montrera la même loi que le tableau construit d'après les données
de Vierordt, à savoir que la quantité de foie par rapport à l'unité de surface va en (gran-
dissant de l'enfant à l'adulte, ce qui est en contradiction apparente avec la loi trouvée
pour des chiens adultes de poids très divers, que la quantité de foie pour l'unité de sur-
face ne se modifle pas, que l'animal soit grand ou pelil.
Nous le répétons, cette contradiction ne s'explique que si l'on admet soit une inten-
sité plus grande des actions hépatiques chez l'adulte que chez l'enfant, soit, ce qui me
parait moins plausible, l'aclivité plus grande d'un même poids de tissu hépatique chei
l'enfant que chez l'adulte.
En tous cas, ce qui est bien reraarquiible, c'est ce fait, que j'ai été le premier à éta-
blir, que le poids de la rate est proportionnel au poids du corpsj tandis que le foie Test à
la surface du corps.
FOIE. un
De tous e«» chiffres nous pouvons dresser le t.ihlean snivant seini-schi'-maliiiue) :
AMMAi \,
POIDS MOVKN 1
DU COllt'K,
roiD.s
rotas DU vrnE, 1
»*Alt DHC. CARHl^.
t*OV^ ]00 ORAXIMBC^^
Souris . , * * , « ,
5,G
460
Li:iO
2,670
a,190 1
î»,00l>
20.000
3K,000
ri6,uoo
«4,000
1 HH.OOO
92,000
525,000
0,29
i;i»25
60J
97
153
310
540
1 'MB
1 tî8«
l 07O
G âSO
O.fi'i
2, m
2,83
i,20
\,m
ei.sr,
6.8
ï(î.5
10,2
5J0
6,30
'>.tO
5.1
5.1
4,1
4,2
:ï,2S
4.80
2,«>3
3.no
2,9ri
1.66
1,4fï
t.n:;
1.31
Rats ..,..,.
CoKayp* , ,
Lapine. . .
Chais . . .
Hommes . . .
Chiens. ...
Chien*. . . , , .
Hciinfuc5 .....
Hommc!^ . , .
-Mouton» .
Moutons . .
Pofr*. . . .
De ce tableau on peut déduire diverses coiisrquenees ioléressautes,
La première, c*esi qoe, en prenant la proporlionnalité à la surface, IMiomme est de
lous les auimaui celui qui a la plus crainte qiiaritilé de tissu li*îpatiqQe. Il est possible,
et niéHie très piobabJe, cjae cela tient k la plus grande quîinlitr de chaleur qull est
forcé de pruduire, élar^t df>rii>*'^ qu'il e^t animal à peau nue, dépourvue de fourrure, et
par consé'^ucnl avt?c »ine irradiation très active.
Ainsi, pour eompiirei îles individws de poids sensiMemeul <^^al, des chats pesant en
moyenne 2''^«^G70 ont t granimeâ de foie, par déc. carré, taudis que des enfants de
3 kilo;rr*immes ont 0*^*,3H par déc. rarré. Des moutons de <j4 kilogrammes ont .'>*f*,90,
taudis que des hommes de Îi6 kilo^rranuiies ont li>*fS2 par décimètre ciiré. Des chiens
de M kiloprammes ont rj«^f,:i. tandis que des hommes de 38 kilogrammes ont 10«VV f»ar
décimètre carré.
Et naturellement retle diïFérence se relrouve» très marquée aussi, dans ta propor-
tion du foie au poids total du corps.
nnîis DU foïIl e.n cîhammkk.
l-Ml UUi tïRAMMKS.
l'AR Ï>I-.C. CARfl^..
l'haU de 2\670 ,
Hv>ttimoa de 3^,190. .
Chiens de 2Q\%
Homme* de 18 kilos
Chiens de 36 kdoi
Hommes di? 38 kilos
Moutons de 64 kilos.
Hommes diifi3kilo«. . . . . , .
3.25
4,80
2.63
4,70
2.21
3.50
\M
2,75
6,35
fi.50
10,99
6,50
1D,50
5,90
9,75
C*estlà un premier fait qui paraît important à constater.
Le second fait, c/estque la proportion de tissu hépatique, à mesure qu'il s'agit d*ani.
maux plos gros» va en croissant assez régulièrement par rapport à Tunité de surface,
et eu diminuant par rapport à ruuité de poids, si bien que la moyenne reste sensible-
ment constante.
(i«fi
FOIE.
ANIMAUX
POÎDS
DU COaAVB.
rmns i»u F* me.
par
«Jé«?. carre.
paj-
100 eranime*.
MctjrasF '
RaU, , . .
260
ifïO
1 500
2 fi 70
20 OOJ)
t>4 000 1
D2 00»
525 0[}U
2,90
2,83
4;20
V,00
6,5
5;yo
ti,:io
9.40
5,1
4.S
3.25
2,63
1,6(1
1,53
l,3i
4*0
4,2
3,«
Cobayttj >
Lapins. , , .
Chais . . .
Chiona. . .
Moutons
Porc» . .
Bœufs . . ,
Tout se passe comme si le foie était par moitié proportionnel â la surface, el
TQoilié proportionnel au poids.
Oji voit enfin que, chez tes aniiuaux divers, il y a d'assez grandes difTéreoces. k\
paraîi-il essentiel d'étudier avec plus de détails ces proportions pondérales du foie e
le t'iiien,
Proportionn alité du foie à la surface chez les aniinausc de même e«pèc«.
C*esl surtout chez le^i chiens que Toliservation est fructueuse; car il existe des chi^
lie tailles très rliilérentes, ce qui permet des comparaisons.
Keprenous alors le tableau ci-dessus, en prenant des moyennes qui diminueront l#s
écarts; nous aurons :
MOYENNE DES POIDS
l'OlDS DU FHlK 1
PAR l>KC. CARU]^.
du corps.
(2S, :ït
(30; 18,5
1 i3i; lt,0
(3!) 5,3
6,25
6,75
6,70
2.20
a,44
I
Ou peut donc dire que U^ foie est 1res sensiblement proportionnel à la sarfacf da
corps, et qu'il ne Test pas du tout au poids du cor(ïs.
Or il est important de rattacher cette proporlioimalité à la radiation calorique de
l'animal. L'animal produit d*antani plus de elialeur, pour se maintenir à un iiiv«Én
thermique constant, qull irradio plus de chaleur. Cette irradiation est futiCtiOQ de U
surface (et comme étendue de surface, et comme nature de surface); de sorte qae^chei
les auimaujt dont le foie n'irradie pas de la même manière, la proportion de tissu l»<fp«-
tique n'est pas identique. Chea; rtiomnje, qui a la peau nue et qui par conséqueiil pM
heaucoup de chaleur par irradiation, il y a, comme nous rav«ms vu (en ne compari^H
<ine des individus do poids à peu prrs identiques), It grammes de foie par dt'ciin»'l^^|
carré, au lieu de 6,5 chez le chien. Cheit des chats, pourvus d'une fourrure épaisse I*
proportion du tissu hépatique avec ta surface est encore moins forte que ctiez le chien,
Chez iï chats de 4^*', ;iiKj (moyenne} la proportion a été de 4tf%8, par décimètre CAfnf,
a*ors que, chez 5 chiens de 4'«*^',:>0û (moyenne), la proportion a été par décimètre carré d*
f|f^5.
Chez 4 moutons de 23 l*ilo|Lîranimes, presque aussi bien pourvus en fourrure qflf
les chats, la proportion a élé de t,HO, alors que, chez 32 chiens de 23»^*,:->, elle a ét« 6^
Mail, chez une même espèce animale, la quantité de tissu hépatique esl asseï eiicle-
FOIE.
Hi7
roenl paraUèle à la surface, et si. arpc l^s Irès peliU chiens, elle paraît quelque fitîu
diminuer, c'est que |>rob.jblera<*rit la mesure des surfaces d*après la formule de Mkeii
tiuu!i donne des chilTies un peu faibles pour des animaux très peliis* l/écart pour le
|»oids est de 2^20 à 4,24; c>st'à-dire du simple au double^ l/écarl pour les surfaces iTest
que de 6,25 à 6,70. c'esl-â-dire d'un diiiAme.
Poids du foie des poissons. — H faut comparer À ces chiîfres ceui que j'ai pris sur
les poissons cartila^^ineux (B. Jï., 18»H, 780), cliitlVcs trop peu nombreu:t pour une cou-
I
• *qualc5i de I i»ÛO graaiiite^, »
l t'ou.'itpLtc ûfi 4 055 gi'iiuinn'S .
! congre de 3 010 grnmmc» • ,
pot R
I(K) grunincs
5,8
clttsion formelle, mars qui prouvent que par rapport au poids la. proportion de foîe chez
Im poissons n'est pas très dilTérente de ce qu'elle est chez les mammifères. Quant a la
proportion k la surface, la forme des poissons efi tellement différente de celle des
mammifères qu'on ne peut faire à ce sujet de tapprocbemejit utile.
Autres causes des variations du poids du foie. — D'après Mahhel, Fait me n*
talion exercerait une influence considérable snr le vol u nu* du foie. Mais il me semble
que ses arguments, pour démontrer rette proposition» ne sonl pas recevables; car il no
iiont pas compte, au moins drins nu premier travail, anlérieur h son mémoire de 1U02«
sof If rapport du foie aver la surface, de la proporlionnalité du foie à la surface. Or il
n'est pas possible de supposer que pour les rhicns adultes, gros ou petits, ralîmentatioii
ne soit pas, en moyenne, identique. Cependant leur fuie varie avec la taille. Que ks
adultes aient toujours une proportion de foie moindre, par kilogramme de poids vif,
que les jeuneî*, il n*en faut pas cberclier d'antre eau>e qu'une surface différente, moindre
pour l'unité de prtids, à mesure que l'animal grandit. Quant à la dilTi^rence entre le
chien et le lapin (de poid^ ^g^ili' ee n eBt pas une question d'étendue, mais de qualité de
surface; car les chai-?, dont la nourriture est tout aussi animate que celle des chiens,
ont un foie plus petit par déi\ carré) que les chiens; ce qui s'explique bien par leur
fourrure plus épaisse et mieux protectrice. Reste donc, pour étayer l'upinion de E.
Maurel, uniquement la ditFérence entre le hérisson, insectivore, et le lapin, herbivore :
ce qui n'est gui^re démonstratif. Il est vrai que Miihkl a remarqué ([ue des lapins
nourm avec du fromage cmt un foie plus gros <]<je les lapins nourris avec de l'herbe
(4,1 pour les lapins nourris au fromage j et 2,7^i pour les hipins nourris à l'herbe). Mais
là encore les expériences (10) sont trop peu nomlneusen, et on pourrait tout aussi bien
iocri miner la graisse du fromage que les matières azotées.
Enfin les oiseaux, granivores, ne peuvent être considérés comme étant plm herbi^
w)re»(?» que les herbivores eux-mêmes; ib ont rependant, d'après MAtJaEL, un foie plus
petit par l'unité du poids. De fait ta ditTérence entre T herbivore et lo Carnivore n'est
notable que pour la digestion intestinale; car au point de vue de l'assimilation, qui fait
suite h la dif^estîoii intestinale, une fois que les produits! de la digestion intestinale ot»t
passé dans la circulation portale et dans le foie, herbivores, j^ranivores et carnivores se
ressemblent trop pour qu'il y ait une diJTérenciation profonde à établir. La seuïe dé-
monstration expérimentale rigoureuse serait de nourrir une dizaine de chiens avec de la
viande, une dizaine de ihieris avec du pain et du sucret el de chercher an houl de quel-
ques mois s'il y a une différence daris le poids du foie de ces deux lolfï de chiens. Or je
I n'ai pas pu constater, cheT: des animaux, il est vrai, tuberculeux, que Tahmentation trén
dilîérente d.ins les divers cas observés ait entraîné une dilférence dans le poids du foie.
Tout comple fait, il ne semble pas que l'alimentai ion modifie le volume du foie.
Les conditions pathologiques, au contraire, le font varier énormémeuL Les cirrhoses,
les hypertrophies, les dégénérescences graisseuses ou autres, de cause infectieuse ou
toxique, exercent une inlluence énorme sur îe volume du foie. Mais il s'agit alors de ci'l-
lules hépatiques altérées, et Taugmcntation de volume n'a peut-être aucun rapport avec
Iune fonction plus intense.
Conclusions. — Il est assurément regrettable que iles mesures plu» nombreuses
I
^
ÛiS
FOJE,
n'aient [las été piises, sur les yiseauTç,5ur les Replile5, sur les inveriébrêis même; ar
elles condmraienl certainemenl à des constatations iiiléressantes. Chez les cbev&ui h
les bœufs, et les animaux de très grand o taille, les docainents ne sont pas aussi aboo-
dants qu*i!s pourraieiit l'être. Sur beaucoup d'auimaux on ne possède qu'un tm dent
cbitTres, ce qui est cêrlainement insuffisant l*our un assez jçrand «omhre d^aiiire5, ou
n*a n»Ônie pas un seul diliïre.
Peut-être enfin conviendrait-il de prendre comnio tenue de comparaiâoo, au lieu du
jujuls total do corps, un organe dont le poids serait relativement peu variable, tommf
le coeur. Il semble qu'il y ail la une étude rructueuse à entreprendre.
En tout cas, ce qui se dégage des faits établis ici sur le poids et le volume du foie»
c'est la proportionnalité; en premier lieu, à Tétendue de la surface; en second lien, in
raractêre de cetle surfaee.
On comprendra sans peine la portée de ces deux grandes lois, qui semblent primor-
diales> La surface d'un animal est un élément plus imporlJïnl qu<»son poids, b'^ibord U
surface indique la quantité de cbaleur irradiée et, par conséquent, irénergie dé^ét.
Et comme féquilibre entre le dégagement d'énergie et la production dVuergie doit
être eonstamment maintenu, c*e3t la surface [comme étendue» et comme qualité; «pii î*
régler la production d'énergie cbez Têlre vivanl (homéotherme)- Aussi bien ai-je pu
démontrer que toute la production d'énerqie de l'boméotlierme (radiation calonqui,
absorption d^oxygeuE?, corisommalion d'aliments, production de ("tt'i était fonction tkU
surface. Le foie, qui, par ses fonctions < bimiques portant à la fois sur le ;:lyco^éne, b
graisse et les matières azati'-es, est un ^^rand producteur d'énergies chimiquef, se
conforme à celle loi générale; et il a un ilévefopperaent prô[iortionnel à l'uott^de
surface. t)n peut admettre, en eiret,que l'activité du foie est exactement proporUonoeH*
à son volume. Donc le volume [du foie doit être et est réeîlenaent en rapport arw
rétendue de la surface cutanée de l'organisme.
A un autre point de vue, tout dilféreut, la surface joue un rtVIe considérable, et iJofi
ce n'est plus seulement chez- les buméollieruïes, mais cbez tous les êtres. C'e»t |nr
rétendue de la Jîurface que l'être esl en rapport avec le monde extérieur. Les mîii
péripliériitues qui se dishibnrnt à la surface ont dune une importance propoH.iotJDellcâ
la surface^ et les centres Mervèu.>c^ qui sont le point de convergence de tous eus o«fff
supertîciels, représentent un loyer d'autant plus actif que ces rayons convergents saal
plus abondants.
Par srm rôle de distributeur jou déperditeur) d'énergie, comme par son nMe decol-
Ii fleur des excitations extérieures, la surface régie l'intensité de vie de TanimaL
§ V, - COMPOSITION CHIMIQUE DU FOIE.
Propriétés chimiques générales du foie, Métbode d'exameti. — ( 'étude de It
composition cbimique du foie est plus ilifficile que celle de tout autre organe, à caoîf de
la grande quantité dusan^* qu'ilcontient. La mesure précise de la quantité du saugeoû-
tenue daus le foie n'est pas donnée par les auteurs qui se sont occupés de la quanlilé
du sang contenue dans les organes. La seule indication que j'aie pu trouver est celle de
Bame (cité par Viëroeiut» An. Datai, 18U3, 128) qui dit que« cbez le lapin^un quart da II
masse totale du sang se trouve dans le foie {24a 2Ù p , lOOj. Il s'ensuivrait que ?ur uncluta
de IQ kilogrammes il y aurait 220 grammes de sang environ dans le foie. SI invraisem-
blable que soit ce chiffre, il ne doit pas nous étonner; car, en fait, les pesées dafeie
donnent des chiffres très dilTérents, et les différences sur des chiens normaux et de méfie
taille tiennent en partie sans doute aux différences dans la quantité de sang qui resteoi
qui ne reste pas dans le foie. Ces ditTérences sont probablement liées au genre de mort;
et chex les chiens ou les lapins tués par hémorrbagie, le foie doit paraître moias volo'
mineux, par suite d'une notable diminution dans les quantités de san^ qu'il coaticoL
t*ar exemple, sur deux cbiens de fû^sfe^o, j'ai trouvé, sur l'un, uu foie pef^Jit
no grammes; sur Tautre, un foie pesant 415 granïmes.
De là une première difllculté. Pant-il^ pour étudier le foie, Tétudier avec le sangipi'il
contient, ou aprèg avoir fait ïe lavage du foie? Quelque inconvénient qu'il y aîLàctr
FOIE.
<i4^
tains potiils de tuc, à faire passer une grande masse liituide dans le tissu du foie, il me
par«ll que les inconvénients sont encore moindres que si l'on étudie le Foie avec la urnude
m.i*ie de sang (jif il contient, masse (jui, dans rerlains cas, (>eul Mre é;;alp au fxjîds mi^nie
du f«ïie. On fera donc passer par la Teine porlf», avec nn*^ prei^îiion atusi faible que pos-
î»iMe. mais suffisante pour qu'il v ail écoolemenl : 0",30 /» 0*,^O dp hauteur, un courant
d'eftuc1îargéede7 grammes par litre d<? NaClà une température de 37*etiviron, et onu'ar-
ri^tera quand récDulement de liquide par le* v>'inos sus-hépatiques sera picsi|uc incolore*
4 vrai dire, le plus souvenl les fiuleurs qui ont fnit l'étude cljîmiijue du foie
irimliquent pas s*iU ont opén> sur un foie contenant encore du sang ou stir un foie lavé.
Il faut en excepter 'âkllski, qui dT^crit avec soin les moyens de laver te foie t:iO litres
dVau pour un foie de cheval\ Le mieux, d*après lui, est de faire rbydroloniie sur l'ani-
mal vivant. Il emplovail de I eau sucrcp, isoionique au sérum, et prenait >oin de vider
autant que possible les conduits biliaires de la bile qni y était contenue.
Quoi ifu'il en soit, le tissu du foie est, comme \e sang lui-m/^mc, ff^;;êrenient alcalin.
Il devifint, quelques heures après la nM»rl» plus ferme (prau moiiienl de la mort, comme
s il sVqi*îrait dans son tissu une sorte de ri^'idilé €adavén«|ue. Il est probable qu'il y a
coatfuîntion d'une niali»^re albuminoîde plus ou niuiiis an;iloj2oe à la joyosiine, niais assu-
rémrnl non identique (Pui-^/ . D'apirs Higahi, qui a bien élodii^ la eomposilion du foie
en albuminoides, celle rigidité ne serait pas due à la coa;;uUlion spontanée de la sub-
stance qu'il appelle la n/tosinc (Voir plus loin, p* 65ô), substance qui cependant peut se
coaguler spontanémenL
En tout cas, cette acidiRcation est asseas rapide. (Est-ce par formation d'acide lacUque?
H*ujwrnTo>i itS^âi a «mntré rinlluefice de la température sur celte acidillcalion après
la mort.
Temps nèceas&lr« pour raclette.
TEMPKHVTritK AMBIANTH
(IS- '
BAIN A
10-
Foicf de l:q>iti
Foîtf de lâpin .
Foie de chai.
Foio de chat. ......
*M\ itiiniiles.
Plus do 2 heures.
Pbis de 2 heures.
Pbii de 2 heures.
un m in II tes.
65 —
90 —
Le foie conlienl de IVau, des si*is rtiinéraux, des hydmles de carbi>ne, des graisses et
savons, des matières azotées cristallisables, et des matières azotées albuminoides. ^ous
étudierons séparément ces diverses substance*.
Eau «t sels minéraux du foie. — La proportion dVau dans le tissu hépatique a
élé donnée anciermenicnl par IbiiaA (|R4l*) (pour luOO parties ,
I
PEMMR.
HOMMK.
J»iKU>f,
iKiii .
VI.AU.
t'HKVRRtUI.,
PiOKOTC.
Eau.
7fi3,t
223,1^0
764,1
238,3
700
2îM
719,2
280,2
72H.0
272,0
7i«.6
27t,l
7t9,7
28a,a
Blaiières âoliden . . .
ÛiûTMÂTSN a donrn'' tes cbilfres suivants :
HOMMK
58 »n9.
HOMME
!»8 ftZIS.
TCOtVKJkU
VIKUX
elilen.
JKU.Mi
chien.
LAPÏ3*.
DTUaOKO\,
(àKt'K.
Eau . . . . , . . .
Maiiérei solides, . .
7i0.3
259,7
H25,t
tl4,î»
632,8
3fi7,2 '
792,7
201, a ,
439,5
818,2
tHl,S
18M»
217,t
ti$0
FOIE.
VoLiHANX (cité par Virhohot, Àmt. ùuten und Tahelim, lH03^i51) a trouvé ^H d'eau
rhf^z un boni me de iî2 kil.
r^ans des foies pathologiques (oirrliosn et squirrlier, Hifin\, Ffutaicas et Folwabczkt
(cités par Gordp^Bfisane/., 1N89) ont Irouvé "50,9; 802,0; 783,3; T31,î>; 7iO,a;T7M;
753^7; HQ1,H d'eau dans milïe parties»
On peat, avec OiUTMAr<N, déduire de ces chiffres que la proportion d*eau daas le Uwo
hépatique» comme d*mJleïirs dans la plupart des tissas^ va en diminuant avec l'i^,
pour passer de 823 *het le (nouveau -né à G.'iO environ chez les animaux Agés.
La moyenne de la ^troportion d'eau e^t d'environ 725» sur les foies normaux. Sur lei,
huit foies pathologiques dont nous doTinoni^ plus haut l'analyse» elle a été de 760 gramme
ce qui est une difle rence minime. On peut donc admetlre le chiffre moyen de 7*25 gt amil
chiffre qui se rapproche singulièrement des proportions d*eau qu'on trouve dans le«
et dans les muscles.
Zaleskï (1886), dans tes nombreuses recherches faites jiar lui poordo««er le fer du foit^j
a trouvé» en prenant de grandes précatilions pour le lavage dtr foie» les proportions 8tt
vat»les de matieret? solides el d'eau;
t^liien.
Chien ,
Chien
i'hevnl. . , . , ,
Cheval. . ,
Chien nouveau* né. , . ,
Lîijrni. ....
Hérisson . ,
Hérisson
Fœtus de veau. .,,♦.,
Kcrevisse (48 siijcU). , . .
Mu^leU ' . .
Mustelu
l'Ci'Ureuil . , .
Li<^vrc .,,...-.,.
Lièvre * , , . .
{'"■ptiift humain de 8 mois.
Honniie ani^uïe,.* . . . .
HtMOtnc «liali^lo^, . . , .
MATlf-'lIKH 80U0IS*
fujnr I0û<t paniet.
1 i3»6
rrsA
223.2
I8i,5
i89,0
tSM
07,8
172,4
223,8
2U7»8
223,6
!45»1
IU»7
221,9
207,0
2i0,8
L:i moyt^nue de ces mensurations donne environ t83 parties solides pour mill^
l^'raniraes de foie» chîÛVe plus faihie que celui donné plu-* haut.
Hefftkr (1890,1 donne les jiroportions suivantes pour des foies de lapin i moyenne »k
!;i dosages).
726,6
Knu
Maûôrci solides j
273 »4
CheK 12 lapins empoisonnés avec le phospïiore les proportions ont été :
Eau. ......
Mal,ièri*H solidiL^s ,
7H2.5
237.5
I
Pkhls cité pat BuTTAz/i, 4-04) a trouvé sur Thonime, pour mille patiies, de Î07 i
iOS grammes de mali^res solides.
Enfin LuRJANuw (1889) a compare les proportions d'eau des divers tissas chez ile>
pi^'eons.
Matières solides poiir 1000
roin.
»*-X*i.
L ERVK AU.
uvmch%i.
10 pigeoLift nmles . . , . ,
fO pij;eons feraellps
Élal
25R»4
256.2
232, i
226,5
200,6
196.3
257,8
215.0
FOIE,
({51
M&tléres solJdes pour 1 000 i9uitr\
10 pipi^ -.,. ;;.jicS. ♦
10 pigeons femelle».
Dam t manition.
273.4
282/J
22 LU
CBmVBAU»
HDaCLK 8.
202,1
201,8
2as,o
C€s chîiïrea prouvent que, dans l'inaïiition, il se rait une certaine déshydratation du
tûi«» et qu'elk esl plus iiilense que dans le sang, le cervean et l^s musclsî*.
Bu tout cas, le cbiiïre moyen de 20 ri 25 p. tOO de matières solides dans le foie paraît Aire
Lien établi. C'est autour de cette moyenne que peuvent osciller tes ditférences indi-
viduelles.
Quant auï seb minérntix roulenus dans W. foie, ils ont été délerminés par Oidtmamn.
La profvoilion a élt* la suivante :
MOHMIt
If OMM ^
d9 &8 ans.
VtKO-l-K
LAI*IX.
rliii!a
cbita.
r-*TCH<»iaN.
cAimu
11.0,1
io,(»a
0,08
7.18
8,ii
8.%
1,39
!-,!'• 1
1.T.4 1
La moyenne e^l donc très voiîsine de fU p. MiOQ : comme d'iiilleurs pour la plupart
des tissus ou des liquides de t'ori^'anisme.
Les proportions de ces divt;rses matières minérales sont les suivanles, d'après Oiot-
UAsn. Nous les rapproe lierons des matières contenues dans la cliair muscalairo iGuhl'ï'-
BesANRz, ât7).
p
S^ls do Fol? nur 100 parties de cendres ,
■
FO
rtJAlK.
Hoill|Q«.
Uicul
\ <^ati
\
(Olî»T3klA>S .
ninTMAXT*.
<\t\i:/.r.H .
Stak» fl .
fPotafi5e
2ri.23
3i,72
r,,n
34,40
V rSoude. ,
u,r»i
11.27
M
2,35
■ 1 Mu^néiie,
0 20
l>,07
:i,:il
1,45
■ 1 Chîiui . .
:t,61
o,aa
1.7.1
1.29
t f'hiorc, .
2,58
1,21
iM
it
P«u-
50, IK
42,7:;
:u.:m
48,13
SO*H*.
0.ÎI2
ft,i*i
.i,:t7
»
Silice . , .
0,27
0.1 s
2,07
0,81
Ojivdn de »«îr. .
2,7*
M
i>
MiiO, ,
0.10
«
*i
CuO.
O,0j I
5,45
W
.,
PhO.
DM '
1
** i
14
On voit nettemenl par la que le phosphate de potasse représente à lui tout seul les
ilrois riuart"^ des sels inorganiques du foie, aussi bien que pour la cliair niusculaire, les
l^obules rouges du sang et le cerveau.
La détermination plus esacte de ta chaux contenue dans le foie & été faite par Kiif geh
dss
FOÏE.
(1894). Ses dosages portejit sur 97 foies ûf veaux et de bœufs de divers A^es* Le Ubtea
suivant ^/^H^lr^e ses recherches, poiiaiit sur le calcium, le fer» le phosphore el le fioufn
Mais il faut reuiarquer que ses l'hilTres se rapportent à mille grammes de matièr^^
solides. Or les infilir'res suiides ne conslituent que le quart du tissu hépatique Si donc
on voulait rapporter les rhifîres .-lu faie imVme, il faudrait les prendre quatre fois pim
faihics.
Mliièraajc du Fote (pour 1 000 parties de substances sècbes).
Fn»tus de *20 n 30 rfntimrli'f**.
^
de
:i0 k
40
—
de
40 û
5«
—
dti
50 à
(iO
itc
6Û :i
11)
—
dr
7Ù à
8U
—
Û*^
80 à
iOO
V#?aui
d'i
no
SPmnin
—
de deux
—
—
de
trois
—
—
de.
qurjtr* —
Veaux
plus à'^é3 ....
«,38
0.81
0,88
0,61
0,78
1.01
ï»23
(1,71
Fe.
3,5Î>
3,14
1,40
1,81
2,94i
3,oy
1.81
1.80
0,80
0,15
0,32
0,:f6
1,75
1.74
1,71
1,7:1
i.e5
1.6î>
1.72
14.li
I3,«l
18.«
17.8
IM
tt,l
17,5
n.ft
* .:
/
Il constale ainsi qu'il semble j avoir un certain antnponisme, ou plutôt un certain balao-
comi^nl, dans ta teneur du foie en i^alciuiii ou en fer. Ce qui est bien (T^^vid^^nt, c'est qne Je
calcium a uu maximum au mouTent de la iiais^am^e, et qu'à partir de celte époque >a
proporlioti dans le foie va en diminuant jusqu'à Tâge adulte.
Nencki et SiîiANOvsiit avaient ûoiîé le chlore du foie, el trouvé une proportion de CJ
extrêmement faihie.soit 0/23 p. 1 000 en moyenne (0, 14; 0,24 ; 0.26; 0,22; 0,39). Maiâ, dans
des expériences faites avec P. LAMiLors, j*ai Irouvr des quantités de Cl bien plus fortci
{ï[ est vrai que le foie n'avait pas été lavé). Les i|uantités ont été de 2, .302; 2,138; 2.0i1;
2,008; 1,6lt; 1,029; 1.9:i3; 2,217; eu moyenne i.tt82. Chez les chiens morts d'hémar-
rhagie la quanlité de Cl a été plus faihie; c'cst-a-dire de 1,331 en moyenne, avec an
maximum de 1,.HH8, et un minimum de l,14*î. Dans un foie lavé, et traversé par un cou-
rant d*eau 5ucrée, la proportion de Cl n'était plus que de 0,388, ce qui peut faire sup-
poser qu'une partie du CI trouvé dans îe foie des chiens normaux non exsangues était
due au sauj? contenu dans le foie. Il nous parait donc assez vraisemblable que cVst It
non-lavawii du foie, dans nos expériences, qui explique la grande dirférence 'de 1,1>8 à
0,23] entre les chiffres de Nem:ki et les UiMres, Chex des chiens à j*Hin, moits dliémar-
rha^ie, la proportion de Cl a été la même que chez des chiens alimentés, soit de 1.33
p. 100. Chex des chiens ayant reçu une alimentation très pauvre en NaCI, le Cl dn foie
n'était plus que de 1,054. Ciiez des chiens nourris avec un excès de NaCl, le chlore dti
foie était de l,i71, c*e^t-à-dire très voisin de la normale (P. Laxglois et On. Ricarr.
De ta proportion dm ehforure.i dan^i les liquides de l'orgmiisme. Trav. du Luh, r/c pAyflfi-
hgie, 1002, V, 159-178).
Le phospliore et le soufre ne se trouvent pas intégraîeraent à l'état de combiri;
inorjL^aniques, de sorte qu'il e^t absolunaent impossible d'affirmer qu*il s'ag^it là m.
ment de sulfates et de phosphates minéraux.
Uuoi qu'il en soit île la nature ar;j;aiiique ou inorganique du soufre et du phosphore
du foie, d'après KnroER, la proportion de soufre est à peu près invariable à tous les
âges, tandis que celle du phosphore ne chan^^e guère pendant la période fœt&le. mttf
va en diminuant notahlemeut à partir du moment de la naissance.
Eu comparant le tissu spléuique au tissu hépatique, Krimikh trouve les chiffres suiranU»
pour 1000 grammes de matières solides.
FOJE.
e53
SOUFRE.
PlIOSt
•HORE.
!
roir.
n A T K i
.,.,,
Pofttus de 80 à 100
Ucpufs .
cenLimt'tr**. . . , .
n,2
1H.3
12,9
15,9
18/2
12/.
13,7
Enlin il donoe les chilTres suivaoU de soufre, de ptiospliorti et de fer chez l'homnie
adulte et le nouveau-nê [pour 1 IKJO grammes de malières solides).
SOU PRB.
PHOSPHORE.
FER.
S individus (donl unn feminf
de 23 H 70 ans.
i nouToau-ni^« .
2M
35,6
11.8
15,4
0,88
3J4
Beaucoup de travail i ont Hr eiUn^pris à l'cfTet de connaHie les f>ropi>rtions de fer
contenu dans le foie. Et le fait rpmarqu.ible découvert par Iijs nombreux ailleurs qui
onl poursuivi cette questioin c'est qtie le f»*r est très abondjint eliei les fwtus et qu'il va
ensuite en diuiiiinaiit avec Tâj^ie. Mais ri s'agit là d'une étude toulc spéciuli* qui ii 61^^
Iracée à l'arLicle Fer, auquel nous reiivovous.
Qurint aui divers méUuK étrangers, zinc, cuivre, arsenic, plomb, mercure, argent, il
t'en trouve souvent dans te foie; mais leur origine est facile à expliquer. Le foie a, ainsi
que nous le verrons plus tard» la propriété de reienir dans son tissu les malifres, miné-
rales on organiques, tqui sont élraugères à rorgauîsme. Alors, dans le cas d'ingestion de
plomb, d'arseuic, de cuivre^ ces corps vont se loratiser dans le foie plutôt que dans tout
autre tissu.
Hydrates de carbone, glycose, ^lycogéne. Ferments dlastasiqttea. — L'étude
des liydjates de carbone couleiiu» dans le foie est Irop inlîmemeni liée a ta luiictitm gly-
COgéiuque pour que nnus r^ibordions icL Nous renvoyons donc à l'article GlycogénQ.
Matières grasses du foie. — Les matières grasses du foie représenlfut, d*apriîs
BtbRA» de 18 à lîB p. ( <nm chez i*homme; de 23 à 53 p. 1 (M»0 chei les divers animaux.
Mais ces cKiiïrrs ne signilienl rien de bien précis; car le plus souvent le dosage se
fait parla quaulilé de substance qui se dissout dans Téther. Or Tétber dissout la cboles-
tèrine, la lécithine, la jécorine, toîites substances qui sont bien différentes entre elles,
et dilférentea surtout des acides |*ras ou des graisses.
Sur des greunuilles ayant reçu, les unes de la peptone, les autres du sucre, les autres
de l'eau, Stulxikow (1887) a trouvu les proportîoji^ suivantes (par iOW grammes de
grenouille).
mpTo.MB suças oBàisaH
ClKilrstcrine. ...... 0,22 traces 0.05
Lecitbiac .*.-.... 0,51 Iracea 0,06
Gruhaca. . M2 0,8« 0J«
ToTVL. 1,13 0,89 0.87
Comme le poids de ces foies est, pour 1000 grammes de grenouille, de 30 grammes
environ» ces cbîtîres sont à diviser par 0.03; ce qui donne en matière grasse totale
environ 25 à 30 grammes p. lOÛO de foie.
Certains poissons conlieunent une bten plus grande quantité de matières grasses
buile de foie de morue). Ces corps ont fait l'objet d'études toutes spéciales, entreprises
surtout au point do vue pUarmacologique. On ne peut d'ailleurs de ces études tirer
aucune conclusion rigoureuse; car les huiles de foie de morue (comme les huiles prove-
d54
FOIE.
liant d'autres pol«»80iii) se préparent en faisant feimenler et pourrir les foi«9. 11 est
assez regrettable qii*il n'y ait pas d'étude niétliodiqne faite sur les foies frai.^de pcM&$uns
et sur les g-raisses i[nï\s contiennent.
Les matières grasses du foie varient énormément avec les ditTérenles condiJioas plif-
siologiques. On sait que dans rerapoisonnement par le phosphore le foie devient grais-
seux (voir Phosphore. Arsftnic et Foi«. Avtion du foie s«r les gmissi^a^ vt, G79). Mais,
nièrne à Télat nninial, i'âHriienlation exerce une influence ronsidéfable sur la teneur du
foie en graisses. Dans Tinanilion complète il n'y a presque plus de matières grasses
hépatiques. Au contraire, si Talimentation est riche en graisser, ou même en hydratet
de carbone, le foie se charge de graisses. Dans les foies gras des oies alimentées d'une
manière toute spéciale et surabondante, la proportion de graisse atteint parfois 17 pour
lOO (Garnie», 689). En même! temps que la graisse augmente» les cellules hépatique
s'atrophie nt, et la sécrétion biliaire diminue iH"»i'PE-SK\LEn}.
Mkissneh (cité par Oarxier; dit que chez les poules*, au moment de la ponte des œufs,
il y a plus de graisse dans le foie; les poules qui ne pondent pas ont moins de graiss*.
Heu conclut que le foie^ pendant la ponle^ est une réserve destinée à fournir la matière
grasse du jaune de Tu^uf. D'ailleurs, à Tépoque de la lactation» chez les mammifères» 1«
foie des femelles est toujours riche en graisse, ce qui concourt à faire adraetlr** que le
foie est un des organes qui forment la graisse du lait^ ainsi que la graisse du i^iteltui
(Voy* Fof'maiion degraii^ifedtui'i k foie^ p. 680).
La structure cliimique du foie est donc, au point de vue de la graisse comme au poinl
dé vue des autres substances, en rapport étroit avec sa fonction.
Matières aHiuminoIdes diu foie, — D'une manière très incomplète, la proportion
de» albuminoïdes du foie a été indiquée il y a longtemps par Bibra, qui détermina de
la manière suivaule, avec les dénominations défectueuses d'albumine solublo et de glu-
tine (Gonrp Bksank/, 2tii), les matières protéiques de foie.
Sur 1000 parties.
MOYKNNE
DB fttX INDIVIDUS
2 BŒUFS
VEAU,
(liBVREUIL.
P1G802I.
humaiui.
uoxEn?iti.
Atbiimiop
2:;j
II!, 9
19.0
3â,2
n.7
GUttiat?.
42.4
m,\
n.2
41,7
43,4
TOTAI
67^
827o
66^
73.9
6t,t
11 est d'autant pins difficile de doser la proportion des matières alhominoîdes que, si
Ton fait, comme cela est absolument nécessaire pour éliminer le sang, le lavage du foie,
on enlève par ce lavage des quantités notables de substances qui précipitent abondam-
ment pdv la chaleur el les acides, même quand il n'y a plus de coloration pir le sang.
Plosx d*abord (1873), puis llALLiiiimTON (I8&12), se sont occupés de la délerminaiion
plus précise des vaiiétés de substances proléii|ues du foie.
Plosz a étudié le foie dans le laboratoire de Ki wr^Ed^après la méthode de KC'BNspoar
ta préparation du plasma musculaire. En traitant la pulpe du foie, tamisée à travers un
nouet de linge, par une solution de iNaCl à 7, 5 p. tOOD, on a une masse qui pea à peu
s'éclaîrcit. Les cellules se déposent au fond du vase, et on peut recueillir à la surface
uu liquida 4|iii llltre tacitement et qui contient :
a, une albumine fvlafr coagule à 45"^,
^. une alhumiiiË qui se coagule.è75^ ta qièi aérait une combinaison de nuetéîue et
d'albumiae.
Quant aux cellules hépatiques, elles contiennent une albumine qui se coagule à 73»,
de ia nucléine et de la caséine, ou du moins uu corps soluble dans les carbonates alca-
lins. Ce corps, une fois dissous ainsi, présente tous les caractères de la caséine ou de
ratcali-albumine, encore qo^îl diCTère de la caséine avant TacUon des alcali nspax la difii-
FOIE. H5S
ctttté avec laquelle it se di<>§out dans ce réacUt l*ar rensenibte de ces caniclères il
parait tr^s aDaloj^ue à la ^lobuliue coagulée*
En prenant def^ cellules hépatiques tnijehes, Plo»z a pu pr^S parer un plasma lièpa-
Itqoc analogue au plasma musculaire de KOimk; mais ce plasma n'abandonne jamais, par
coaifulation »pontant*ç, de myo^im^
IUluiiurton a distingué les alUuruiuoide» du foie d'après la lempéralure de coagit-
latioiL 11 ï^épare par ces roagulations Tractionuées qualre alhiimrnes*
l coagula IjIc de 43 à SU*
% ^ âe 56 à (>0-
3 - de 68 à 70-
do 70 k 72-
l,a dernière est Ms peu abonda!»!*?; les autres sonlen «[uantité notable,
L*albumine est probablement une globuline. Eîle préripite totalement par un excès
de !^uirate de maf^nésiuni. llALLii^nnTON l'appelle hépato^j^iobuline.
1,a seconde pn^cipile au^si en lotalîlé par le sulTale de m'i^nésium : elle laisse après
digesUon un résidu de imcléine très riche en phospbore. C'est rbepato-nucleo-aJbuniine
il»'^45 de pbosphore pour (00 prannups de substance sèche)» Elle se dissout dans une
>olation de carbonate de sodium au cenlième.
L'albomine est une bépato*^'lobul*ne sans nucléiue et sans pbosphore; elle ne préci-
pite pas totalement par une solution saturée de NaCL HALLun^nroN Tappelle bépato-
globuline ^.
E. BrijAitT a étudié le liquide obtenu par broyage et macération du fnteavec de Teau
distillée. Pour que ce liquide ne passe pas Irouble par le papier, il ajoute une petite
quantité de CrHNa- et de SO*Mg ; le précipité de SO*Mg entraîne mécaniquement tes
granulations hépaLii|ues, et le liquide Jlltre clair. Par l'acide acétique faible, ce liquide
précipite. Hi<.aut appetle cytôsine ce précipité qui lesle sur le filtre. Dans une solutioti
pauvre en sels la cytosine préripite même par un courant de C0*« Celte cjtosine se re-
dissout dans une solution de N'aCl à I p. 100, dans les alcalis et dans les acules miné-
raux (excepté Tncide ni trique V Eu solution salée elle précipite par le sulfate d'ammo-
niaque, mais ne précipite pas un excès de >'aCL Elle se coagule par la chaleur. BhiART ne
peut pas rattacher la cytosiiie à une quelconque des albumines hépatiques étudiées pai
HALUOiîRTON, et il pense «pie c'est nue sybatance intermédiaire entre les caséines et les
globulines; elle se dilTérencie des caséines en ce qu'elle se coagule par la chaleur, et
des globulioes en ce qu'elle n'est pas précipitée totalement par le sulfate de magnésium.
Outre celte cytosine» BtGART a obteini d'autres albuminoides qu'il appelle celtutine»^ et
qui diffèrent de la rytosine parce qu'elles ne sont pas précipitées par l'acide acétique
dilué* Leur constitution comme espèces chimiqueïs distinctes est encore très incertaine.
D'après lUttiBiaroN* on ne trouve dans le foie ni peptone, ni albumose, ni pepsine,
ni myosioCf ni mucine ù'i condition qu'on prenne les cellules hépatiques débarrassées de
la trame conjonctive), ni Obrin-ferment.
KatippK-nR a trouvé une substance qu*il appelle c//fïïw qui ne se dissout dans les solu-
tions alcfili nés qu'à l'ébullilion. Il assigne à ce corps (cytin« hépatique, un peu différente
de la cytine des gan/i;lions lymphatiques) la composition suivante : C=55»0, H^TgOV,
A ?rai dire, ce sont là des données assez empiriques qui ne fournissent guère de ren-
seignements inléressants au point de vue du métabolisme dans le foie. 11 est cependanl
assez remarquable de voir que la serine, l'albumine et la caséin*^ manquent a peu
prés totalement. La grande] quantité de nticléine pbosphorée est aussi intéressante à
noter.
Il est probable, d'après les reclierches de Zaleski, qu'une matière albuminoîde spé-
ciale, combinée au fer, et analogue aux nucléines^ existe dans le foie, Zalksiii l'appelle
hépatin*^. Bunce, ScDMitCDeeKRG, Va y et d'autres auteurs ont préparé encore une autre
nucléine ferrugineuse, ou ferra(htt\ qui a été étudiée à Ftr.
M&tièrea azotées du foie non albuminoides. — 1"^ Mntiéres pho^phorécu* — Le
foie contient des corps azotés pbospliorés, et tout d'abord de lalécithine.
HerpTER (1891) a dosé avec soin la lécitbine dans le foie des lapins à l'état normal **t
656 FOIE.
après intoxication phosphorée. Il a calculé la proportion de lécithine d'après la quantité
de phosphore, et il admet que ce calcul est exact ; car dans l'extrait alcoolo-éthéré il n'y
a pas trace de soufre, ce qui indique l'absence de jécorine. Sur treize lapins normaux
la proportion de lécithine a été en poids absolu de ie^,38 en moyenne pour des lapins
de poids moyen de 1 740 grammes. Chez un chien de 9700 grammes; il y avait 9(^, 471
de lécithine; el chez un chat de 2600 grammes, 2f^'',150.
La proportion de lécithine pour 1000 grammes de foie a été chez ces quinze animaux
de 21KM. Le genre d'alimentation ne semble pas exercer d'intluence; mais l'inanition
fait diminuer notablement la lécithine. Si Ton met à part deux lapins morts d'inanition,
dont le foie contenait ld<^%l et 13^'',9 de lécithine, les treize autres foies normaux
donnent une moyenne de 2i5%8 (max. 30ï',7)
Chez les lapins intoxiqués par le phosphore, la lécithine diminue en valeur absolue
el en valeur relative. Douze lapins intoxiqués n'avaient plus que lii^', 3 de lécithine pour
1000 grammes de foie.
Chez Thomme, Heffter a dosé la lécithine dans trois cas où il y avait eu empoison-
nement parle phosphore, et il a trouvé 158^,6 par kilogramme de foie. Chez un criminel
il a trouvé 21 grammes, et, chez un phtisique, très amaigri, 11^^,1, état qu'il compare à
l'état d'inanition.
On peut donc, d'après lui, admettre une proportion normale de 20 grammes de léci-
thine par kilogramme, en chiffres ronds, dans le tissu du foie.
Mais ce chiffre est peut être un peu fort, car 0. Balthazard a dosé la lécithine en dé-
terminant la quantité d'acide phosphorique que donne l'extrait éthéré, c'est-à-dire le mé-
lange de graisses et de lécithine. Il a trouvé, dans les foies normaux, pour 1 000 grammes,
8,5 chez le cobaye; 13, chez le lapin; 12,8 dans le foie d'un homme mort d'accident.
Contrairement à Heffter, il a vu que l'inanition, au lieu de diminuer la proportion de
lécithine, l'augmente notablement: 2o grammes au lieu de 13 grammes. Tous les résul-
tats qu'il obtient sont différents de ceux de Heffter; car, d'après lui, dans l'intoxiraiion
phosphorée, comme dans l'infection typhique expérimentale, la proportion de lécithine
augmente; dans un cas de tuberculose, chez l'homme il y avait jusqu'à 43<^%1 p. iOO de
lécithine. Ce foie pesait 1 950 grammes et renfermait 323 p. 100 de graisse et 431 p, 100
de lécithine. Dans les foies gras d'oies les valeurs de lécithine sont plus élevées encore.
Dans un cas la proportion de lécithine était de 229 p. 100 avec 540 p. 100 de graisse. Il
admet que la dégénérescence graisseuse du foie s'accomplit en deux stades, un premier
stade, formation de lécithine; et un second stade, transformation de ces lécithines en
graisses. La formation de lécithine serait due à la transformation des matières albumi-
noîdes de la cellule hépatique.
Drechsel (1886) a découvert dans le foie du cheval une autre substance phosphorée
et azotée. C'est la yécorine, pour laquelle il propose la formule
Ci06H«8«AzSSP>O*6.
C'est une matière soluble dans l'eau et dans l'éther, décomposée à chaud par les
acides minéraux avec production d'acidr^ stcarique. Elle réduit la liqueur cupro-
potassique. Drbcusel (1896) a retrouvé la jécorine dans le foie du dauphin.
L'étude de la jécorine a été faite aussi par Baldi (1887). Il l'a retrouvée dans le foie du
chien, du lapin, dans la rate de bœuf, dans le sang et le tissu musculaire du cheval,
dans le cerveau humain. Il suppose qu'elle accompagne la lécithine à laquelle elle res-
semble par beaucoup de caractères, et qu'il existe plusieurs variétés de jécorine (jécorine
de la rate, différente de la jécorine du foie), comme il y a plusieurs variétés de lécithine.
Les propriétés réductrices de la jécorine ont fait penser à Manassb (1895) qu'elle
pouvait donner, par décomposition avec la baryte, un sucre, ce qu'il a vériÛé. Elle donne
aussi par l'ébullilion avec la baryte des acides gras, de la choline, et de l'acide glycëro-
phosphorique. Le sucre formé est probablement du glycose (Voir aussi Jacobsen. Reduci-
rende Subslanzen des Blutes. C. P., 1892, 368, 370).
2. Matières non phofipkorées, — Les proportions d'urée et d'acide urique du foie sont
assez variables, faibles d'ailleurs. Cett>i étude sera faite avec plus de détails au chapitre
relatif à la fonction u ré opoïé tique du foie.
Quant aux autres substances azotées cristalli sables, elles ne sont dans le foie normal
FOIE.
617
I
I
I
qu'eu toule pi^lilequaulilé. Alue.v (cité par (Uhmrr.ô^T) a trouvé 0,24 de jrmiîh i ne iiRn%\e
foie d«» l«arui, Brîkger (îôiVi, 66i) a trouvé la nt'uritiim, C^H^*A2*; la sapnne (CH'-Az;; et
la ^ methyttéfnttitéthfjièndiamîfic, Grandin [ihid.^ ùH) a Iruuvé une base crislullisablp
(C*H**Aï*)« qu'il ïipi>elle ht tjt^rnntine^ corps qui paraît faire défaut dans l'*\ge avattcé.
DnECiïSEL(1H9G) atrouvéde lu cysfinr. Kossel {cité parBoTTAzzi, 4-04)» Irouvé, sur iOOOgrain-
miïifs de sybslaiice sèche, l»H7d*^ guanino; 1,21 de ïanLhine; 1,34 dMiypoïanthîne.
Mai> ïl ïiR paraît pas probable ipi'on [-uisse attribuer û ces substances un rôle bieu
aclit Tout fait penser, au crmtraire, que ce sont des produit* non couslitutifs du fuie.
Quand ou fait le titrage et la détenuîualion des malérîau^t d*uu oi'>;anOp uatureMemetit
on y dose les produits qui y sont corilenus, mAme ce nie qui résulte ut des opérations
cbinitqiies intiMTompues Le Foie, pris au luornent où il fait ses actions chimiques^ doit
contenir les produits de son activité, de sorte que les corps azotes cristatlisables qu'on
trouve drtus b' foie doivent être con^id»*^rés comine matériaux de di^sas^imilation plutôt
que rijuime nialériau* de constitution du tissu hépatique*
DaiiH les fiiie> pathologiques (cirrhose, atrophie di|§:ue, cancer, etc.\ on trouve d'autres
sulislatice^ azotées encore, leuciiie, tyrosine^ acides lactique et paralaciîque, inosite, fh\. ;
DiHJs l'histoire chimique de ces foi» j malades est très im^omplète encore. Un fait semble
se dé^a;'er, ciîst que les produits inleruiedtaires sont plus abondants qu'à l'état normal,
comme si le l\>io ronbide ne pouvait pas transformer en urce ces divers produits azotés,
détiv^s de la transformation des rnilières albuminoides dans Tintimit^ des tissus, et
avec Ies^|ue1^ b* ioie probiiblemerit fabriqua? de furée*
Autres substances contenues dans le foie. — Le fuie contient sans doute aussi
d'autr.'S su »stano s dites ejtlraclives, fermants divers, auxquels il doit beaucoup de se§
prupdéléîi pliy»iob»^tqu»^**el<'J*iniiquei. Le foie, en elTet, contient des substances toxiques
qui coafîulent k san;; dans les vaisseaux (voir T(U*rctl(* du foie^ p, 661). H contient des
ferments diastaMqnes multiples et à fonctions compliquées^ antipexines, oxydases, elc,
Mai^ on fie p»Mit ^ui^re étudi^^r res substiinee* chimiques que par les elTets qu'elles pro-
dnis*Mit sur l'orjfanisme. Klles n'ont été ni déterminées, ni isolées. Il en sera parlé dans
les divers chapitres spéciaux de physioloirie du foie.
Quani au loi*» des invertébrés» il conlietît quelques autres substances dont l'élude
sera t'iite a la physiologie comparée du foie.
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FOIE.
ti59
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Bapport du poids du foie n tn iurface tUVanimal [ibid., iri-4«).
î VI
TEMPÉRATURE OU FOIE.
I
Claude Bernaku a Ir premier bien l'tabli que le foir est l'organe le plu^ 4:liuail 4e
toute récanomie, et que la température maximum du sang est dans les veine» s^s-
hépatiques (I8S6) : a Lv sang qui s'échappe des veines hépatiques, djsait-il, résumant
en i>*76 ses travaux de 185G, est plus chaud que celui qui a pénéliV^ par la veine poitej
il est le (dus chaud de toute l'éconoroie. La glande lit-patiquo est le v<'ii table fc>y«*ç
calorique, si Ton doit donner ce nom au centre ortjaniqiie le plus cliaud d<jnl te calo^
rïque paraît rayonner sur toutes les parties voisines, » VX W < rtt, conime prouvant cette
augmentation de la températurt* du sang dnn» le loiCtles «.'xpériences suivantes :
1 VKINK PtmTE.
VEINES
ftD«>HlCt>AtIQLr|iS.
bIPKÉRENCB
40.1
iO.9
40.9
^o,^
^0,3
H^O.2
Toutefois, en consultant les expériences mêmes de Cl. Bernari», on constate que les
^lestins, le duodénum, l'estomac, ont une temprrature notablement pins élevée qnr
Je du/oîe, comm^dan^i Teipérience ci-jointe, quLHi peut presque prendre pour typ« ;
*\9\iTé^,
Carotide «
:iij.;j
Ai>rte.
i0,U
Veinfi porto
m, 2
VVitUî» hèp:ilique<4. ,
lOJ
Dtiodénum , . . .
tl.ï
Cl. Bernard lui-même dit (p. t4ft) : ** Un grand nombre d'éprriuves nousouL consLam-
nient dofiAé ces résultats. Toujours nous avons trouvé Tintestin plus chaud que les
gros vaï^seaui. n ' "
Il n'en reste pas moins élubli que le!» action!» chimiques intra-hépatiques élèvent ta
température du saniî, de telle sorte que le sanjç des veines sus-hépaliques est le sang le
plus chaud de l'arjî-inisme — à Tetception du sing des veines mésaraîques, — parce que
la production jiolable de chaleur n'est pas 'compensée, à cause de la situation profonde
du foie, par une irradiation correspondante de chaleur.
Les travauî de Gt. Bkbjîaro, dïv^nus classiques, ont été confirmés par de nombreùi
physiologistes, HEnîE.\'uviN, Iacobso:* et Leyoen» et parde très intéressantes observations
de R. Dubois. Ahonssohn ©L Sachs {A, g. P., xïxvii, 2V6) ont vu que, dans la fièvre t^ue
j'avais appelée tlèvre traumatiiiue nerveuse (piqiïre du cerveau chez les lapins), la tem-
pérature s'élèvo partout, mais surtout dans le foie:4'2'%7 dans le foie, contre 4l^H dans le
rectum. *
Depuis Cl. BEn^ARD» si Ton excepte un travail de Wavmouth Reid, qui n*a pu trouver
d'élévation de la température hépatique par l'excitation des nerfs du foi*^, et une courte
note de J.^Lefèvue» il faut flurlout se rapporter aux importants travaux de CliVAîazAWi qui
a étudié ta qu<^stion à diverses reprises avec beaucoup de soin.
J. Lekèvre a vérifié sur un porc de 16 kib>s que l«^ foie était plus chaud (4-0^,0) que
les autres parties du corps (Rectuni : 3*>»j. Muscles : 37"). Le foi^î Berefroidt-ssail molufi
vite que les antres parties du corps, si ranimai était soumis au refroidissement par
ma
FOIE.
l*iramersian dain un bani de :i'';et m<^me, au début de rîinmersion, la lempAratiiT^
hépatique 5*èlevMit de f)*,4; montant à iP,3. ce qui constitue la phase tberinrt
initiale, que Tanleur admet comme consliluant le premier phénomène cur ,
rimmurpion dans IVan froide.
Les belles expérien^^es de fl. Dcdois montrent t>ieu la part prépondérante du foie k It
tliermogénêse. Si en eiïel, chez une marmotte en état d'hibernation» et à temprriituni
basao par conséquetil. on riii la ligature des vaisseaux carolidiens ou de rarlére hépa-
liquCr ou de fartèt'e splénique, ou des artères mésenlériquesi, ou de Tartère rénale, an
ne trouble guère le récbaun'ement de Tanimaï, Au contraircp le réchaulTement n'a plut
lieu si la veine porte est liée, surtout si les veines sus-hépaliques sont liées au-dessui* du
foie. Donc la cause principale, presque unique, du réchauffement d«? l'animal *erâiJ
dans les combustions intra-hèpatiques pour tesqrieltes la circutalion portale est mdi^-
pensahle* La transfusion du san;^ de la veine porte dans ta veine cave produit les mémea
effets que la ligature ileja veine porte, ce qui démontre encore la riécessilé de la circii-
Jatiou porto*bépulique pour le rérbauirenienl de Tanimal hibernant.
La mesuri! prise isol^^nient de la lenipéralare du foie permet aussi de reconaaitr*
directement Timpoi tance de cet organe pour le réchauffemenL Ainsi, dans une expé.
rience, au d»'but, entre le rectum et le b^ie, il n'y avait que S^'l de ditré renée» Trois
heures après bî début du réchaulfement, la dilTéience était de 14**. Dans tous les ca*
observés le foie s'est (rcbauiïê le premier, et il s'est refroidi le dernier.
Ainsi, d'après H. Duma, le foie est cliez les animaux hibernants Torgane essentiel du
réchauffement. Bien entendu, cette action est soumise à Finlhii nerveux, La dcstnictîoa
des nerfs sympatbri|nes Jflu système porte, comme celle des ganglions semi-lanaircs,
produit le nn'^me effet que ta ligature de la veine porte, La destruction du c4îrTMii
moyen {quatn*'^me ventricule, qui es^t le centre de ces nerfs, empêche les pliénomènes dt
rt'cbauffement et de réveil île se produire,
(I.\VA7/AM s'est proposé de résoudre une question importante : celle de savoir si
réchauffement hépatique est produit par une combustion intra-cellulaire dans les
cellutes hépatîque:^, on bien sanguine dans le san^. Ko comparant avec des thermcH
mèires Bapdix [très délicats, donnant le centième de degré, les températures du tissu
hépatique et du san^ hépatique, il a d'abord trouvé de minimes différences, tanUM dans
un sens, taidôl dans rautre, ce qui ne pernjettait pas de conclure. Il a upéré sur d«s
foies séparés du corps, et constaramenl trouvé qi»e le sang, au sortir du foie, était on
peu plus chaud qu'à l'enlrée, ce qui prouve, ainsi que beaueonp d*aulre^ fails coutdr-
dants t que les phénomènes chimiques du foie se continuent quelque lemps encore post
Ce qui est particulièrement intéressant, c*est que certains poisons, mélangés att
sang', abolissent cette aptitude du sang intra-hépatique à s'échauffer en passant daus le
foie. Ainsi le chloral,qui û*^il sur les cetlules nerveuses ;le curare, (jui paralyse probablf»
ment les terminaisons nerveuses; le violet de métbyle.qui empoisonne les protoplasma>
cellulaires, empéclient le sang de se réchauffer dans le fote; maisTetTet n'est paslemémt*
selon qu'on a^t sur le foie *i> rii:^o, ou sur le foie séparé du corps. Dan.s ce dernier «is
U uy a que le violet de méthyle qui abolisse la thermogénèse hépatique post mortem. If
curare et Tulropine n*out pas cet effet inhibiteur poi<l mortt;mf alors qu'il l'ont penJaut-
la vie. Au contraire, la cocaïne, Li nicotine, le laudanum^ les sets biliaires, ne chançf^at
rion a la thermogénèse du foie.
. t/excitation électrique des nerfs qui se rendent au foie, et spéciatemeat des ncrfi
vagues, augmente ies phénomènes chimiques hépatiques, et par conséquent la tempë-
raitire du sang qui sort du foie. 1/asphyxie, taquelle équivaut à une excitation des nerfs
Vague^i a le même effet tbermogénétique. L'asphyxie aigué détermine une élévation
rapide de O",!, et môme 0",-i, pendant que la température du rectuon est statioimaire,
ou même baisse.
Dans une dernière série de très délicates expériences, CAVAzzAwr a enfin bien établi
que cette hyperlhcrmie hépatique coïncidait non avec une diminution, m ai 25 a vee âne
-lugmentatiou dans la production du glyeose; que, par conséquent, le phénomène Iher-
nii^ïue observé était, selon loutc vraisemblance, dû à rhydratatioo du glycogène, qai, en
tiiant une molécule d'eau, produit de la ciialëur, Cette action thermique, mUoencéepâr
FOIE.
mi
les nerfi.et spéei&lenient par tes filet! cenirifa^es du pneumogastrique, disparaît quand
les nerfs sont paraisses (atropine el curare , nu quand (e c^^toplasnia est détruit (vio-
let de méthyle).
Avec le suffate de quinine, injcclî: k dose morlelîe, si Ton cntfein.^nL la circulation
arlillcîeïïf» dans le foie, on trouve que la production de sucre est très notablement
diminuée (0,o5ti p. HH> an lieu de 0,060 p. \i)0, état normal)* CaVa/zi^i en conclut quo le
poison a une action inlnlnloire sur la IransFormation dr* glycogèno en sucre, et qoe» en
même Lenips, la température n^ausniente pas, aprt'S la mort, ain*>i que cela se produit
quand il nV a pas d*empoï9onnemenL préalable de la cellitle hépatjquo.
!>e toules ces cxpéiiencc^ ^e dégagent 4 vide ru ment des ion*-'lus.ions générales Irès
imporlanles : la première* c*est qye le rhimisme hépatique est uue des sotirces actives
de la chaleur auiniale; hi î^econde, c'est que ce chimisme est inltuencè par l'action ner-
ireuse, qui semble afiir directement sur le protoplasma hépatique; la troisième, c'est
iju'une des réactions essentielles, et probablement In plus rapide et in pTus facile, de ces
actions chimiques inlra-hép.itiques, c'est la transformation du ^lycogène en glucose.
^Jue d*aotres actions concomitantes on indé[iendantes interviennent, cela ne cban^^'e rien
au phénomène principal, qui est la production dani» le foie de sucre, par hydratation du
gtycogène, phénomène exothermique, soumis directement a Finlluence nerveuse,
. VII - TOXICITÉ DU FOIE. OPOTHÈRAPIE HÉPATIQUE.
Effeli des injecUont d«i liquides hépatiquei. — Les effets prodnils par les injections de
sels biliaires, décrits a Tarlicle Bile, n'ont qu'une très éloignée ressemblance avec les
elTets des injections de tissu hépati(|ue réduit en pulf^e, ou dissous dans des liquides
iipproprîés *.
11 s*agit là d'expéiieuces toutes récr^ntes, dont l'interprélalion est encore assez obscure,
FoA et PtLLAc.vM, dans leurs expériences de 1883 entreprises a relTet d'étudier le fer-
ïuent llbrînogéue, exuniinaient comparativement les ityet.tions fail«'s avec de la pulpe
des divers tissus, et ils constataient qto' finjection iiilraveineuse de ces solutions de
tissus n*est pas très toxique (sauf la dissolution de tissu hépatique;.
Des expériences analogues, plus nombreuses et plus méthodiques, furent faites posté-
rieurement avec lapuliie du tissu béjuatique, par divers auteurs, surtout Gilufjit vi CÎarkOt,
d*uoe partpièlMnrr et ViEKs, de l'autre. Nous les exposerons d'abord; puis nous donnerons
les résultats obtenus par AtiKLors et HiLLAaoavec la pulpe hépatique des écrevisses;otpar
Di:lm.k.\\b l't quelques autres physiologistes avec le sérum d^^s animaux ayant reçu des
injections de tissu hépatique.
On peut obtenir l'extrait hépatique aqueux simplement en soamettant le foie pulpe
à faction de l'eau, avei: addition de cliloroforme pour empéi:her les fermentations micro-
biennes. Cet extrait» quand il est concentré, IHire dilTicilement; toutefois, tsur du papier
Chardin, avec la trompe, on Unit par obtenir un liquide louelie, ojtalescent, se coagulant
en masse par la clialeur» quand l'eau a été ajootée au foie en |iroportion inférieure à
HO p. ïm.
1, Je citerai poyr eiémuiit-, d'après Lvmoïjreux (D. PaHs, I8î»8 ,dc curieui paséa|îe« de Djo*i*
roRTDR !,ti'ad. franc., finv Martin Matuék, Lyan, t'iîîO, : «»l^e foye de l'asttic mangé ii joûii aid« nu
mal caduc, l'on dû qiit^ le foye du Imtic, ni:iii|i7<' par cent qui sont passion ri*)z du mal caduc, les
fait soudîiin (ombev au pacoxisme» Le toye de* porcs sangliers l'éduiL eu pou<he et beu avec du
tin tct'l aux nioréures des scrponls el des volatilles.,. L'on estime qu« lo foye du chion onrafî«S
iiijin^ti rosti par ctni\ qui sont mords leur as^eurc de Ja crninle de l*caue, etc.. - l>uii» un auire
ouvriji^e : Lt* t/rami thirmr ou fti<pi^nuitreet auddtjtmre Utnt gmerai tin** spécial ou particulier Htfs
v^neitf.sxeTvtms a la sa nié du rorps hu/ntau , ffrescée en hitin p<îe Jean JACQims Vrcker, el drpitti
fnîct fmncoif ri enrichi d'annotations pnr Jban nu Val Colojrue, I62<i) on lit ! « Ceux qui vcukni
hiCM pivparer h'» foyr* dr* crissons et autres unimaui firenm-iit surlt^ut gardt.' qu'ih no «oyeni
point par Itop aag^z avant que ilo les tuer; et après leur avoir tire le toye hors du corpt, tl» 1-3
laTcnL fort avec du Wn vin *it l'enrfrmeni dans an TaiascaiJ propre pour le faini seicUer au four;
pum l'on retirent avant qu*d ae puisse bruster et te serrent dan» des vaisseaux de verrtj en lieu sec,
parmi des feuilles d'abMnthr snc eu il se peut garder im an* Il est hon d'en prendre^ <?n brcuTagc
sitec du Tin aijrre contre le* maladies des reins, riiydropisie, les convulsions^ lu k^pre cl pour
arrettfr le ftux dr% viscorei. »•
FOIE.
Ce liquida précipite abaitdaninieiiL par Talcool; après l'addition d'alcool, à froide il
•!»t encore trouble, el ce trouble est dft au glycogène qui passe à havers les filtres.
On peut aussi prépan^r drs extraits glycérinéa des extraits peptiques, dans lesquels
ée la pepsine, ou mieux de la papaîne.onl rendu sotubles des produits albuniinoïdes pn-
jmilivement insolubles,
il est bien évident que relirait alcoolique (après évapomtiou de raleool) et Teilriil
aqueuï cbaufTé à IMbullitiou (après flllration) ne contiennent plus de globuHnes ni d'albu-
mines; et leur toxicité se trouvi* alors trt'S notablement diminuée. La ?raie toxicité do
foie ne peut iMre connue que si le liquide bépatique est injecté avant préci pi talion det
aChujniuoïtles par l'alcool ou par la chaleur.
D*après MAntET el Vjrks, le liquide hépatique lue immédiatement un lapin de t kilo-
gramme, à la dose de G0«%5. Avec des doseif plus faibles, de 8 grammes a 35 grammes,
j! y a eu toujours mort de raniin<al; mais la mort n'a pas été instantanée. Elle s'est pro*
fliiite au bout d'une heure environ. A Taulopsie, on constate, comme phénomène essen*
liel, une vascularisalion intense de tout l'appareil digeslif. L'esloniac, le gros et le petil
Ânteatin< le mésenlère el les parois abdominales sont silloïinés do vaisseaux. Tout k
péritoiue semble porter la trace d'une congestion viscérale très intense. C'est cetl^
même. lésion que j'ai trouv/e porlée a son maximum d ioteusité cliez les animaui
ayant reçu des injections intra-veineuses^ soit de sérum musculaire, soit dn poi*>oa det
tentacules des Actinies* Les ifTets de ces poisons ressemblent beaucoup à ceux ém
injections de tissu hépatique, noiamment par ce caracl«''re essentiel, la coo^esttoa
viscéro-abdominale.
Màirkt et ViRKs ont aussi signalé de la somnolence, une dépression générale, du
tnyosis; souvent des phénomènes demi-convulsifs, c'est-à-dire une phase d*agitatian,
succédant à la phase de dépression, pendant laquelle il y a une course précipitée, sani
reconnaissance des obstacles; puis un arrêt brusque, l/animal tombe : la t^te se rejette
eu arriére, et, après quelques mouvements convulsifs, la mort survient en opislothonos
aigu ; tous phénomènes indiiiuanl qu'il y a un arrêt de la circulation bulbo-eneépbaJiqac,
probablement un arrêt du cœur, par formation d'un caillot, que ce eaillol soit dans \t
cœur, ou dans les carolides, ou même dans les fîrosses veines du cœur.
Mairët el VjFtES ont alors songé à étudier les elîetsdu lissu hépatique après ébnllitioii
et séparation des matières albnminoïdes précipitées par réballition, et ils ont tu qae
le liquide liltré, après ébullitioo à 100«, possède encore des propriétés toxiques, ou peu
amoindries, caraclénsées par la congestion intense de loul le système dif^'estif, par U
diarrhée» et par rafTaiblissement g#*néral de Torganisme : tous symptômes dus à IV-
tion d'une toxine, très voisine certainement de celle que nous avons trouvée dan« le
sérum musculaire du bieuf et dans les tentacules des Actniies, car les pbénoménp*
paraissent à peu près iden tiques.
Quant aux actions coagulalrices du foie, elles sont dues à des ferments que dé*
Iruit la chaleur el dont la nature i^sl voisine des diaslases. Est-ce le tlbrin-fermcnl d^
SCHMIDT?
La conclusion est donc qu^^ le foie possède à la fois des propriétés coagulantes
(diastases détruites h GO'^j et des juoprièlés toxiques (toxines non détruites & 400*»;.
Sur l'homme normal, les résultats obtenus par Mairet et Vikes n'ont pas été très net*-
{1 y a eu une légère hypothermie, si légère, qu'elle est peut-être due à une antre cause
que Finjection même; une augmentation faible de l'urine émise, un peu plus d 'uré«
excrétée, en tout cas, des phénomènes peu accentués.
GiLBEar et Caunot ont surtout étudié riuflnence de Topothérapie hépatique sar l«
glycosurie. Dann une expérience, il s'agissait de la glycosurie expérimentale par piqûre
du plancher du qualrièmc ventrirule. Le lapin qui reçut l'extrait hépatique ne rendit pas
de sucre, taïidis qufS l'autre lapin, egalemenl piqué au plancher du quatrième ventricule,
en rendit O^^â^î. Mais la série des plus noml>reuses expériences comprend des lapini
rendus glycosuriques par rinjeclion directe du glycose dans les veines. Soit la quaatiUi
de glycose jujcclée égale k 100; la proportion de glycose rendue par les urines sera
toujours inférieure, de 20, ou 30, ou VO» ou r»0. Appelons H ce rapport, (jttuERT et€\R.voT
ont établi qii*il est devenu bien moindre quand l'animal a reçu, un peu avant riiyectiaa
é% glycose, une injection de tissu hépatique.
FOIE. m\
R chtt hê lapins oormAui. . . 3S,1)
R — — ayant reçu irxirau 11' iKiiii|ue aqueiiï, H,9
R — — — J'extrait alcool ique. . . , 22,1
R — l'ex irait plyct*no«4 ,28
R ~ - Tcttrail salé i8,l
l^ moyenne de H chez les lapins ay&iil reçu des extraits hi^'patiques est de i4p9, au
heu de 38, U chez les lapins ordinaires. Cottime éléinenl de comparaison, tes ei traits
pincréatirjues ont donnr des rapports très variables» de SI à fO; et les extraits de
muscles, 36; soit à peu prf*s le rapport moyen normd, L'associaliou de Texlrait pancréa-
tique à i eitraii bépatique semble avoir des résultats très favorables, et augmenter la
réeepljfilé dé l'or^ainsme au glycose.
Sur l'hoiurne normal GiLD^nT el CAnt<fi>T ont aussi fart quelques expérences* L'extrait
de foie était donné, soit en lavement, soiten ingestion gaiilrjque. Administré en lavement.
il semhfe avoir diminué notablement la glycosurie alimentaire déterminée par Tiogeslion
d'une grande quantité de glycose.
Mais e*est surtout dans les cas de diabùte que Textrait bépaliqut% administré par la
voie gastrique, a été étudié par Gilbkrt et Carnot. Sur 25 cas il y eut {H fois des résultats
favorables, diminution ou suppression de la glycosurie. Dans trois de ces 18 cas, il y eut
même, sous t*influence de ropothérapîe bépatique, ressatiou complète de ta glycosurie.
Trois faits analogues avaient été antérieureuienl, en décembre 1895, signalés par
JoussiT.
Pourtant LiNOSstKn, dans deux cas de diabète, na obtenu de Topothêrapie bépa*
tique ancun résultat favorable.
L'extrait hépatique, en ingestion stomacale, semble avoir en tout cas un effet mani-
feste sur la sécrétion urinairc, vi il y a toujours une élimination plus abondante d'urée
(Vidal, Giluert et CAHhoTi.
Assurément le mécanisme de celte action du tissu dépatique inséré contre la {Ljlyco*
surie demeure ent'ore tout à fait inconnu. Il nlmportciil pas moins de constater le fait.
Les observations chimiques ultérieures apprendront dans qu«^ts c^s on peut on non
espérer voir s'amender la glycosurie, et il ne semble pas, vu l'impossibilité de reproduire
le diabète constitutionnel sur les animaux, que la solution de la question relève essen-
tiellement de la physiologie eipérimentale*
LVpotliérapie hépatique a été aussi employée dans quelques autres atTections, sans
grand succès, à ce qu'il semble, sauf dnns les hémorrba^ies. Cependant GapEKT el
Caenot admettent que dans les maladies du foie elle a eu une influence lieureuse, dans
quelques cas de cirrhose, peut-èlre dans la goutte. Dans Lictère tes elfets semblent
favorables, et, en tout étal de cause, qu'il s'agisse de l'état normal ou de l'étal patho-
logique, l'ingestion hépatique augmente la sécrétion biliaire, peut-être parce que les
sels biliair^^s, qui sont les meillt*urs ctjola(:,'o*»ues, se trouvent encore en notable quantité
mélangés à la pulpe hépatique. MornAs dit qu'associée au régime lacté l'opotliérapie
hépatique semble avoir donf»é à Vidal (de Blidali) quelques résultats favorables, et à
lui-même non un^ j^uérisou^ mais l'amendement de quelques symplôin' s,
Abelous et Billard ont étudié les elTels du suc hépalique de l'écrevis*e en inj**ction
intra-veineuse, et ils lui ont trouvé des propriétés anticoagulantes stir lesquelles nous
n'avons pas à insister ici. (V* plus loin, p. 073.)
Dans un tout autre ordre d'idées, mentionnons les intéressantes rerhercbes de
Dklkzknmk. 11 a injecté une émulsion de foie de chien dan;^ le pe'riioinc des eanardsipuis»
reprenant le sang el le sérum de ces canards, il a conslaté que le sérum de ces canards
injectés était devenu cytolytique, et spécialement hépato-cytolytique. A la dose de 2 à
4 grammes par kilogramme d'animal, c'est-à-dire à une dose à peu près doulde de la
dose normalement toxique, il jiroduit une mort rapide, parfois en quinze ou vingt heures,
avec les symptômes de rinsuflisance hépatique, notamment au point de vue urologique.
On constate une dimioution considérable du taux de l'urén, ot une augmentation
parallèle des substances azotées non colloïdes autres qui» l'urée. Les lésions sont
strictement limitées au foie. Ou peut rendre tes chiens réfracta ire* à l'action hépatoly tique
de ce sérum en leur en injectant des doses faibles et progressivement croissantes. Il se
produit donc probablement une antihépatolysine analogue aux antibémoly^ine, anti-
ê«4
FOIE.
spermolysine et autres anticorps» doiit Bori>et, Kurlicii et Metcuxïkoff onl^ dans d«
méinorables Iravaux, éiablt l'existence.
Bibliographie des chap. VI et VII, — Aîielolis et BiLL\RD. tk l'actifm anti^^fiQu*
lantv du F, des Cra^tmés. De fartion du suc hppati^jue d'Écreimc tiur la circulation (B. B„
1897» 991 et M>78; t898, 86 et 212). — Berthr (E.). Traitement des hémoptysie» fu6er-
culeuses pnr ropolfiérapie hépatique {fK Paris, i898» 66 p.}, — Billaru 'G.|. De fattiônéi
iuc hcjttttit^ite dr& Cru<^tacês stér Ut circulation et la coagulation du nang \D. Toulouse, \%%^
88 p,)' — Dklezknne. Mît* ^suentiei de^ UucoeifteB dans la production desi liquidée finticua^ju
lanU par le foie isolé [B. B., «H98, Soi-IKll^); Sérum andhépittique .C. IL. i^OO, CXXXIJI
4*27-429). — C\vA7-ZA.Ni. Surja tempcruture du foie {Trav, du La h. de Phya. de Turin, 18'Aj,
1» 1). — La iemperatura del F, dunmle la i^hiusma dci mi rasi Httuguiifni (Att, d. Att. di
Perrara, 1898), — UUeriori ricerche sulln termogeneù epatkhe (i6û/,, 4 juîu 1890). — Action
du curare, de tatropitie^ du violet de methyle sur lu thermoyénèse et aur la qlycogtnèu t
le foie {A. f. t., IMH, xxviji, 284-306), — Sur mie aptitude spéciale du foie à rétame \
violet de méthyi€{A. t. B,, IROG. xxvj, 27): Sur la température du F. {A. i, B., 189», isii
M-35]; Hech. uitérieure^ sur ht thennotjêui'iie hépatique [Ibid., 1900, xxxin, 41 H 4?*!':
temp, du foie durant tu fermeture des vaisseaux sanguine {Ibid,, 18U9^ xxx, 1'»
ait influenza drl chinino ^utlu gtivoyenef^t e -iulia termogeneù del F, (Ace, di St\ j M
di Fetrara^juMi, 1899V. — Culiik Bkhsahd. Uech. €J:périm. sur la température animale €,
H., 18 JioiH et t;'i sept. lHiï6); Lerons sur len propriHesi physioL et les altérât^ patholfuj^ det
liquides de Vurganisme {\Hl)9, i. îiO-164); Leçons mr ta chaleur animale |1876, ni>-l»4|.—
Dubois (R.). Htysioloyie comparée <le ta marmotte^ Paris, Masson, 1896. — InfUienet du F.
sur le rt-ckfiu/femcHl automatique de la marmotte [B. B,^ 1803, 23r>i; Sur V infUience dkt 9^
thne na*vcux atjdominal et défi muscles thoraciques sur le réchauffement de la marmfdte
[B. B.^ tH9i, I72-I74i; Variations du *jtyiOiiène du foie et du sucre, du sang et du foie data
l'état de veille et dans tetat de torpeur chez la mtirmùttc et de Vinflueme dea nerfs pneu-
mogastriques et sympathiques sur le sucre du sang et du foie pendant le pttssaqe de la br-
peur à Vetat de veitle {Itnd., 219-220). — ^'oA et pEtLACAPii. Sur k ferment fH^riHogint et
sur tes itcl ions toxiques exercées par quelques organes frais (A. i, B., iv, 1883, S6-63], ^
Galliahd. (Juerison d'une cirrhose atrophique du foie soumise in extremis à Vop'dheraptf
hépatique [Huit, et Mém. soc. méd. de Hopit., 1903, (3], xx, 81-82), — Gérard (E.)- ^nr k
dédoublement d^'s gluçosifies par l' extra* t aqueux d\ttgffnes animaux {B. B., 1901, 99-100
— GiLHKRT ET ('ahnot. Notc prètiminutre sur fopothérapit hépatique {B, ii., 189**.
Acti**n des extraits hépatiques sur ta glycosurie occasimuwe par rinjection intra-i c
de glycose {Wid., 1081); Aet. des extraits hépatiques mr la glycoaurie alimentaire [Ihià.,
1H2); Sur la glycosurie toxique et la glycosurie nerveuse expérimentales (/6wi » iîi^}; Ik
Vopothérapic hépatique dans le diabète sucré {Sem. méd., 19 mai 1897). — Gilbert. Cauvut
et Ciiovy. Sur ta préparation des extraits hépatiques {B, fî., 1897, fU2H). — GfLREHT et
Cabnut. Opotherapic hepafitiue dans les hémorrhfitfies {B, 8,* 1897, 445); Rapport* fpii
existent entre tes quantités de gtycose absurtn^ et élimine iV}id., 189H, 'A3i)\; Cai*ses influen-
çant le rapport d\diminat*on du glucose {IhkLt 332J; [>e ropothèrapie Ihérapeutique fon-
dée sur Vempkii des extraits d^organes animaux {Collection iJritzmann* Uasson, 1898). —
Jyus9ET. Opothérapie hépatique [B, B.^ iHM, 961). — Lamouiieux (F.l Opothérapie hépa-
tique duns te diabète aucré (D. Paris, 1898, 00 p.)^ ^ Lefèvre (J.). Topographie thermiipu
du pùrc dans nn bain de 50 minutes entre 4 ef 9 degrés. Excitation thermogénétique initiale
du F. (Jî. B., 1808, 300-302). — Linossieii (G.J. Note sur deux cas de diabète traites nims
résultai acre k foie cm et f extrait du foie {Lyon médicut^ 12 mars 1H99). — MAtnET el Vtnr-
Action phjsiûL de Vextruit de F. sur l'homme sain [À. d. P., 1897, 3oi-3f>2; 78:1-:sh.
B. J3.^ 1807, 437-430); To.ricité du F, Son degré et ses car acte 'r s i B. B., lHa<s 1071-1073,
— Mou BAS, De ta curabilité de la cirrhose alcocdique, en particulier par l'opothcrapii hrpa*
tique (D. Pari**, 1901). — Vit*AL (E.). L'hépatothérapie dans la cirrhose atrophique (B. fî.,
1896, 960). — \A AYiiouTH Beid. Note on tke question of heat production in gland$ upon exei-
tation oftheir nerves (/. P., 1895, xviif, pp. xxxi-xxxuiu
FOIE.
m$
fi vin - INNERVATION DU FOIE.
Rétuini anatomique. — Le îole reroil dilT/'renU nerfs; totilefois ces nerrs ne ftont
pas Iri^s volumineux, relativement aui grandes dimensions de Tor^ane innervé. Il est
probable que les nerf^ sensilifs sont pen abondunU.et ijue la plnpmt des nerfs du foie
•ont gliindiilaire'^ (>iVr*^lfnrs^, oti troidiiques, ou vaso-niotenrs.
Le pneumopasli'ique ^anclR* si* t**nnine eii ninieiiiîx r|ui, après avoir contourné lu
face anléneurp de restoma'', passent d.iiis le petit rpiplonn gaslro-liépalîf]ue par où ils
unirent dans le foip. Le pUtînmoea^^Uiiine droit se jotie dans le fçanglion semi-lunaire,
terjuel envoie de nonibreiix lileU an loie, Lt* foie reçoit aussi à sa face convexe des
fllels du nerf phréioijup droit. Le phrt'»nique f;aucbe envoie un rameau iraporlanl au
gaujîlion semi-lunaire, Knlhi les phriini<^ues droil el ffoucUe se termint*nt p-ir un plexus
diaplirafîmatiqne, Icipiel revoit aussi des lïb^ls d*i plexus co^îiaque, el il se trouve là
un i^an^lion i^*an^*liou pliréî»ique de Liscbka) qui donne des rameaux au ligament
coionttiie et hu ple^tos soïwiie. Mais la plut»art des nerfs du foie viennent du plexus
co'liaqne qui donno les deux pb'xus hépatiques; Ttin, anN^rieur, entourant Tarière
hépatique; Taolje, postérieur, suiviint le trajet de la veine porle; tou;^ deux apportant
au foie les filets du sympathique ah lominat, par I inlerniediaîie des ganglions sunri-
lunaires qui eonslilucnt leur point de«dépar(.
Ainsi le foie reçoit des filets des racines rachidienues (nerfs phréniïjue^j, tics
racines crâniennes f nerfs pneumogastriques», et du i^rand sympathique (ganglions semi-
lunaires [plexus solaire , Ln oulre, comme le ganglion semi-lunaire reroit la termi-
naison do grand splanclinique, il se trouve qiie le foii* est innervé, en lin décompte, par
lt?s l"» r»" paires cervicales (fdirénique) el le^ "'; H". 1K, Ur ganglions thoracjqut^i (grand
*planehnii|ue); il y a donc une vaste étendue de Taxe encéphalo-médullaire i|ui se
trouve direclement en rapport avec le foie.
Voici comment s^exprinie Arnozan (DkL enajcL^ Xri, Glyeolnjmîe» 181*3, ii, (4), 383) :
« Du cou ù la région loinltaire, le sympathique eil étendu paralfèlen»ent à la moelle qui
î>ar chaque nerf racliiilien lui envoie un on deux filets radiculaires \rtinii communictiHies}..,
Des six derniiMS dorsaux naisse ut sept a huit filets qui se groupes il eu deux nerfs, nerfs
splanchniqner, lesquels vont ^i perdre dans le plexus solaire, el c'est de ce deinier que
naissent les plexis nei veux qui le long des vaisseaux vont innerver le foie. ïlans ce
réseau, aucune disst.'Clion ne saurait découvrir le trajet d'un lilet nerveux, et c'est
rexperinientalion physiologique seule qui peut nous dire a quelle hauteur les nerfs du
foie iïortenl de la moelle pour se jel^r dans lesyrapalhiiiue, à quelle hauteur ils quittent
le sympathique ponr rejeter dans les plexus, n
Quant à la terni itiai son des nerfs dans le foii\ il est presque impossible d'eu donner
une deserfption certaine» Pfli ok a a vu les neiTs se terminer directement dans les cellules
hépatiques, et son opinion ne seinlde pas avoir été sérieusement contredite, quoique
KonouKoFF n'ait pas pu retrouver ces tcrininarsons glandulaires. Eu tout cas il existe un
riche réseau de tihriltps nerveuses suiviiiit les capillaires et formant, après avoir quille
les capillaires, des plexus nerveux intra-Iol>ula(res. BEftRLEY insiste aussi sur le déve-
lofqiement de ce réseau névro-vasculaire et névro-lHliaire. Les nerfs, d'après lui, se
termineraient par de petils renllemenls inlerposés enlie tes élémenls cellutain's.
D'une manière géuérale, ou petit donc dire que la terminaison des nerfs dans le foie
est assex mal connue.
Fonctions des nerfs du foie. — Il n'est pas possitiie de séparer l'innervalioii du foie^
«»tudiée au point de vue physiotogiipie, des diveises fonciions du foie» sécrétion biliaire,
IheriTiogénese, glycogénèse, circulation, etc. Au^si le c ha pi lie consacré à cette étude ne
peut-il élre que très court, pour ne pas faire double eni[doi avec les articles Bile,
Diabète et Glycogénèse.
a. Sensibilité du foie. -- La sen>^ibilité du foie est certaine; maïs elle est tout à fait
différente à Tétai noiiual et à l'état palliologique. A l'état normal, le foie est peu sensible,
tandis qu'à l'état pathologique la sensibilité devient extrême, sinoo dans le tissu Itépa*
tiqu<', au moins dans les voies hihaires, comme l'aitestent les douleurs extriVuiement
vives, avec irradiations dans l'épaule droite, dans le membre antérieur drtnt et dans les
rr
êêê
FOIE.
Lombes, qu*Du constale au cours tFune colique bépalique; mais le tissu même du foie
n'est pas très sensible à la douleur. Des injeclions faites directement dans le lis*u hép
tique chez des animauï sains provoquent peu de réactions de défense. El ch« 1«
malades les tumeurs, mt^nie volumineuses, du foie sont généralement assez tnd
lentes, quand il n y a pas de propagatiou aux nerfs du bile du foie et des foies biliaires'
Quant aux rétiexes dont le foie est le point de départ, à pari le réflexe glyco-form**
teur que nous examinerous plus loin, ils n'ont été guère étudiés par les physiologiste
Les médecins oui eu Toccasion de décrire les phénomènes complexes qui résultent i
Texcitation pathologique, traumafique, des voies biliaires. Le calcul biliaire détermiq
non seulement des douleurs ti es vives, niais encore des rétlexes très intenses (vomi&
mënts, diarrhée, lênesme rectal, syncopes, sueurs profuses, etc.), tous phénoniè
indiquant la mise eu jeu des centres nerveux bulbaires, par IVxcitation des nerfs da
voies biliaires. Les recherches de Simanowossi (cité par Hogkr) ont montré qu'on pouvAit
reproduire chez le chien, par excitation de la vésicule, la plupart des accidents réûexes
qui surviennent chez Thomme dans la colique hépatique, à savoir les troubles cardiaquet
(arythmie), les vomissements, les troubles respiratoires, Télévation de la températurf
rectale analogue à la tlêvre hépalalgiqutr, l'augmentation de la pression sanguine iii les
pneumogastriques sont inlactsl, et même des paralysies consécutives prolongées*
p. Nerfi Taso-moleurt un faîe. — Le foie possède des nerfi* vaso-URiteurs très puissaoti,
et, sous rintltience de leur inhibition, sou volunniïchange dans des proportions runsidé-
nibles. La circulation y est ralentie ou accélérée; il se congestionne ou s'anémie. Ce»
faits importants, sur lesquels Vulpivn, en 1858, a appelé un des premiers Tatteution,
ont été étudiés par quelques auteurs; c'est surtout Fb. Francs et Hallion qui ont fait
l'analyse métliodique des conditions vaso-motrices qui règlent la cirrufatioQ dans le foie.
La premit^re ex|*licatiou qui ail été donnée de la glycosurie consécutive h la piqrtre du
quatrième ventricule a été que cette piqûre détermine une congestion paralytique des
vaisseaux hépatiques. Mai-» ou se contenlatt d'étudier les changements de coloralioo
du tissu du fuie, prorédé îiiommaire ou indirect, qui n'éclairait guère la question, ainsi
que le font remarquer Fn. Feiancx et Halljon. (C'est aux mémoires de Fa. Franck et
Hallio.v que nous emprunlons tous les faits ci-dessuus exposés, relatifs à rinnervalioa
vaso-motrice du foie.)
Cyow et Alalïoi I' procédèrent plus métliodiquemeul. Ils prirent la pression de Tar*
1ère hépatique et étudièrent les changements de coloration du foie; ils admirent, ait
suite de leurs recherches, que c'est dans Fannesu de VtEus««K.\s que se Iroaveul les nerfs
vaso-moteurs (constricteurs du foie).
CAVAZzvpit et M.^NCA ont étudié la circulation hépatique et l'influence des nerfs pir
une antre méthode : ils ont raesnré le débit du liquide travei-sanl le foie, et rechenhé
les intlueuf es nerveuses qui modifient ce débit. Ils ont conclu île leurs rcrhf^rches qui»
le sympathique firovoque la contraction des vaisseaux hépatiques, mais que le nerfvagiM
est ditatatetir des ViUsseanx.
Fkani/hs-Fran+ik et Halluix ont étudié avec une précision beauroup plus grande Hn-
nervation vaso-motrice du foie. Eu etfel, ils ont pu mesurer les ehangetnents de volume
du foie (pléthy^mographie), en saisissant le lol>e gauche hépatique (chez le Upin
entro deux nieukbranes exploratrices dont la dilatation traduisait les chaagemenls Je
volume liépatiques. En même temps étaient prises les pressions de rartére hépatique
et de la veine porte.
En éliminant les inlluences rétlexef, qui, si elles nVlaient pas eomplélemenl suppn*
raées par In section des rameaux conimuniquanls du sympathique, induiraient en erreur,
on voit que les véritables excitations centriTuges vaso-constrictrices directes corameiiciînt.
dans le cordon sympathique abdominal, â partir de la f»'' et de la 7'' côte. Les vaso-mo»
teurs hépati(|ues fournis au symjiathique par la moelle dorsale desrendeni dans la cliaÎD^
pour s'en détacher en presque totalité au niveau du grand splancUuique. La priucipàle
origine de ce nerf se fait au niveau du dernier rameau communiquant dorsal. Les effet*
de vaso-constriclion obtenus par divers auteurs, en particulier par Cyon et AnDOKf, [^t
Texcitation du sympathique cervical et di* t*anueau de V»elssrns sont, d'aj»rt?s Fii^n
FflAxcK et ïÎALUov, surtout iles elTels indirect?i, rétlexes, centripètes. Eu effet, Texcii -
canirifuge dj nerf vertébral, qui, che?, l'animal intact, produit une conslricUoa hépa-
m
FOIE.
6tJT
Ka produit plus lorsque les
iquûDls dorsaux supé*
_ alor
■ hép
I
I
I
I
Uque très nelte,
rieurs ont été sectionnés.
11 est important de noter que ces elîels vaso-constricleurs du grand splaochniqtie por-
lent aussi bien sur les branches artéi ielles que sur les branches veineuses, aussi bien sur
les capillaires de l'artère ticpatique que sur les capillaires de la veine porte. Aussi la
compression de l'un ou de Tautre de ces vaisseaui n*empôche-t-eUe pas feffel vaso-cons-
iHcleur de se produire.
Quant aux effets réflexes, le foie est «easible k toute excitation de la sensibilité géué*
raie. Les excitations des nerf^^ de sensibilité générale et du grand sympathique provoquent
toujours la vaso-constriction rélkxe : celles des nerfs st^nsiblcs, vijicéraui en venant du
pneumogastrique ne la provoquent que dan» de rares ciicunslanccs, car Telffit observé
alors est plus sauvent une vaso-ililalation. En même temps que cette vaso-dilatatioti
hépatique, on observe une va so-con strict ion de la périphérie cutanée.
Quoiqu'il y ail une ct»rlaine indépendance entre les variations de volume des divers
ères abdominaux sous Finfluence d'une excitation nerveuse* cependant, en général, les
faUse&ux de la rate, du foie, du ]mncréas et de Tinlestîn se conli actent en même temps; en
même temps aussi il se fait, sinon toujours, du moins le plus souvent, une vaso-dilata*
lion musculaire et cutanée qui compense les efTets de Thypertension aortique coinci*
dant avec le rétrécissemeiil ihn vaisseaux abdominaux.
En outre, quand une substance toxique, comme la nicotine par exemple, arrive au
contact du tissu hépatique, elle provo(|ue le resserrement dus vaisseaux hépatiques, tantôt
de la veine porte, tanlôt de l^artrre bépalique, comme pour Ikriliter la fixation des
poisons dans le tissu du Toie.
^. Fonctioni hépatiques du nerf pneumogaiihque. — Depuis Claudel Bernard raclinn
soit centrij»ète, soit centrifuge du nerf vague sur la «-lycogénése a été l'objet de divers
travaux que nous résumerons brièvement (V. aussi BiabèU et (vlycogèD*;.
11 faut distinguer dans Taction du nerf vague son rôle centrifuge et son nMe
centripète.
Pour le rôle centrifuge (moteur ou sécréteurj» Clacuk Bkbnabu ayant montré que la
section des pneumogastriques abolit la fonction glycogénique, on avait pensé que le nerf
vague agissait comme nerf centrifuge; mais, Jusqu*à une époque relativement récente,
on n'en avait pas eu la démonstration, Bien f>lus, on prouvait que d'autres nerfs trans-
mettent au foie IVxcitatïon glyeoso-formatrire de la piqûre du 4* ventricule, l*ourlant ce
n^était jias une raison de nier l'inlluence ilu nerf de la X* paire. Les premiers, Ahtiiaco
et Hutte signalèrent ce fait intéressant que l'excitation du bout périphérique du nerf
ragiie par l'injection de poudres irritantes, qui provoquent une névrite tente» produit de
la glycosurie. Dans quatre expériences concordaules, Butik vit que ta quantité de ^ly-
.cose produite parle foie était normalement de 0,1>2H (en moyenne), tandis qu'elle s'éle-
vait à 0,120, c est-à-dire quatre fois davantage, après éîectrisation du bout périphérique
du nerf vague. Ces rbiffres se rapportent à 100 grammes de sanf^ et donnent la dilTé-
rence de sucre entre le sang de la vtrine porte et le sang des veines sus-liépatiques.
Butte rapproche ce fait de l'observation classique de Claude BER.fHA!*&, qu'il a
d ailleurs cônllrmée, que les animaux dont le nerf vague a été coupé, et qui meurent de
cette double vagotomïe, n'ont plus de glycose ni de glycogène daus leur foie. Cependant
le fait a été contesté par Levene, qui a trouvé du sucre dans te foJe et dans te sang de
trois chiens qui avaient subi la vagotomie.
Levenë croit pourtant avoir dé m oui ré par Texcitation directe du bout périphérique
du nerf vague le rôle de rinnervaiion dans la production de sucre. Il lui a semblé que
la production de sucre au^^mentait, comme dans les eipériences de Butte; et ses chittres
blent mset démonstratifs : t^Ot sans excitation; 1,86 après excilalion; et, cbex des
animaux à jeun : I.Oîï sans excitation; et â,tl après excitation. La proportion de glyco-
gène, d'ailleurs bien moins facile à doser^ n'a pas été modifiée.
D'après Mobat et Olifoitut, les phénomènes sont plus complexes; et le nerf vague con-
tiendrait h la fois des filets stimulateurs et des filets inhibiteurs de la fonction glyco-
poiétique ; de même qu'il contient des tïtets accélérateurs du copur» à côté des (II et s modé-
rateurs, plus puissants. Quant au nei f spïauchnique^ il stimulerait toujoui-s la fonction.
MoiAT et iluroDiiT concluent en disant : L'action centrifuge du vague sur la glycogénèse
FOIE.
^st dépresfïive» iiihibittice; celte action paraît être la i*ègle. quand ou a pris tain, ifâiit
reicitation du vague, de cou|>er les deux *>jjlanchiïujues et de détourner du foie les riti.
tations qui pourraient lui arriver piir celte voie... mais celte action du vague peat j|ti*^j
s*exerccr dans le sens d'une aufimeulation de ta sétTétiun glycosique du foie. Les faiU
leur manquent pour d<iterininer les conditions précises dans lesquelles le vague, an lieu
d'être intiibiteur, ainsi qu'il est en général, est, comme le nerf splanchniqtie. stimula-
teur de la fonction gîycosique.
BonuTTAU admet auissi que la fonction du nerf vague est une sorte d'action régulatrice.
Les expériences de IL Duiiots, sur les conditions de rédiaulTemcnl des tnarmottesrfl
état rriiibernation, se ratlacUeut très étroitement h cette question des nerfs du foie: etl
tl semble Lien prouvé que les |iliênoraèné5 de réchautteinent soient dus aux a*:ti<
chimiques iiitra-hépatiques. H. Di;iiois a vu que la section des pneumogastrique* d
Fabdoinen déterminait de rbyperp;lycémie, tandis que la section des sympathiques abdl
miiiaux et des spinnchniques difïiinnait beaucoup la fornialion de sucre.
En résumé, le rôle du nerf de la X" paire, comme excitateur centrifuge de la sécrétiQii
^^lycosique, est encore inrertain; et provisoirement il paraîtra saj^e d'admettre l'opi*
nioii d*j MririvT ei DuFoyftT, qu'il tend plutôt à inbiber la sécrétion qu*a la provoquer.
11 est d'ailleurs inutile de rappeler que le diabète d'origine nerveuse par piqûre du
qualriénie ventricule n'est pas eniptî^cbé par la section des pneumojL;astrique5, que par
conséquent l'action centrifuge dont le bulbe [uqué est le point de d^'part ne se transmrt
pas par les nerfs vaj^ues, niais cerlaini*ment par d'autres ttlets nerveux.
Uuant i l'action centripète du nerf vague» elle ne parait pas douteuse; Ci*AiTDt &ba-
NAKi>t ayant coupé les nerfs vag-ues au cou, vil la formaiioti de sucre s'arrêter; mats.siU
section était faite d.ins l'abdomen, la producijon de sucre ♦continuai L Donc il y a comme
une stimulation normale des terminaisons du pneumogastrique dans le poumon, destinH
A maintenir uti dévi^rseinent régulier du sucre dans le sang* D*autre part, l'excitatiou
du bout *' entrai a donné Je la^îycéniie. Mais, comme toutes les excitations nervetisessoDt
plus ou moins capables de provoquer celte glycémie, on ne peut vraiment pas altrilnjei
un rôle spécifique formel au pneumogaslrique, comme stimulant de secrétiou n
Sans doute, par suite de son escitaliilité propre, peut-être aussi par les relations d » uvn
voisinage entre sou centre et le centre des nerfs sécréteurs, il a une action préponde*
raotesui la jinidurtioti de sucre; mais cetlo aclion n'est ni e%clnsive,ni sp<''t:ilique.
l. Action du nerf iplanchniqiae sur la formation de sucre. — L'action du nerf splui-
cbniqite esl njoins douteuse; et cependant clic a provoqué de nombreusi'S controverse*.
D'abord la simple se«:tion n'a pas donrnt do résultats concordanis. ViLeiAN, qui résuindii
en IBTS les résultats t^blenus. et Lafpont, en 1880, ne concluent pas d'une manièrv
formelle. Ko cllet, si, d'une part» Claude Berî^abd a vu que la section des nerfs splan-
cbniques enjpécbe la piqûre du quatrième ventricule de prodtiire de la glycosurie,
d'autre part ïtK iinAKFË et Sluiff ont vu que la section des nerfs splanchniques petit*
par elle-môine, déterminer de la tilyrosurie.
Ce(ieiidanl» d'une nianiért' ;jénérale, Cvon ef ALAooFt-, comme Clai'I»R Bernaru, conini*
Lafkom, coniuift la plupart des auteurs contemporains» admettent qu'il ne peut y avoir
gtyi^osurie expérinirnlale qu'avec riufégnté des nerfs splancbniques;que par conséquenl
l'intluence, quelle qu'elle soit, des centres nerveux passe par ces nerfs pour se traiïf-
mettre au foie.
Mokat et Dii^ouar fournissent sur ce point des expériences précises. Le diab^t
asphyxique di\ a la glycosurie que détermine Texci talion a;$phyxîque du bulbe cesse de
se produire iiprèû la section des grands splancbtîiques. D'autre part, rexciiation de rei
nerfs leur a donné constamment un accroissement notable de la formation du sucre, fî
bien que l'etTel glyco-sécréteur des splancbniiiues ne leur paraît absolument pas dou-
teux, ils font alors remarquer que cette e-VCitation nerveuse, qui amène la forniatioùde
sucre, coïncide souvent avec une vaso-constriction li^patique, de sorte que les deux plif-
ménes sont indépendants. Vlxpian avait déjà remarqué que Teicitation des spian-
cbniqoesne modilie pas la circulation dans le foie. Morat et Durocnr disent qu'en géoéfil
la circulation est ralentie par l'excitation de ces nerfs, et, comme conclusion génértie»
que les deux pbénoménes, l'un sécrétoire et faulre circulatoire, tantôt s accom-
pagnent, tanlùt se suivent, tan lût s'ajoutent, et tantdl s'inversent : ils »out
1
FOIE,
m^
donc en somnie sans connexion nécessaire, et gouvernés chacun par leurs nerfs propre*
P'aîllpiirs, ils out po montrer dired<*nient rinUiience de rexcilation norveuse iiidé-
pendante dt* tout pliénouiène circulatoire. Lf* foie est séparé en deux parties : l*une cotl-
»efve ses nerfs; Tuntre est *;omplètement is(il*^e. Puis on fait la ligature de l'aorte et celle
de la veine porte, ce qui interrompt toute circulation, et alors on excite la moelle par
une série de petites asphyiies répétées : dans ces conditions le glycogèue diminue dans
le lobr soumis k l'excitation par rapport A Tautre qui nti reçoit pas d'iolliieuce nerveuse.
Sait la (]uantité de glyco^ène égale à IOi> dans le lot>e excité» elle a été (moyenne de
10 expériences assex concordantes) de 1S3 dans le lobe ^non excité. Or retlo di^pm-ition
du ^lycofçëne ne peut être qu'une Irausformalion en j:lycose, et celte expérience f}ruuviï
nettement que le f;raud splanclmique est un nerf t;lyco-sécnHeiir, lequel, indépeudatn-
ment de toute action vaso-motrice, transforme le glyco^rrie en glyco*ie.
Des démonsirationa analogues ont été depuis longtemps faites pour la glande sali-
Tiiire. On a pu les gAnéraliser h l'estomac, aux i^landes suJorales : il e^t donc tout natu-
rel que cette loi de physiologie générale, qui domine l'Iiistoire des actions glandulaires,
s'appliqui? nus^i au ft:iie. La sécrétion eit une fonction glaudulaire soumise à feieitation
ll«rveu*e propre, ind«''pendaute des actions vaso-motrices.
(juant à la voie par laquelle se transnieltentaux nerfs splanchniques, nerfs réellement
excito-sérrélt'Urs, les e.teitatitms de la moelle et du bulbe qui déterminent la glycémie,
M. l.it^ï^ONT a montré que c'étaient tes trois premières paires rachidienntjs dorsales.
ï,or?*que ces trots racines sont sectionnées^ on ne peut plus provoquer la f;lycosiirie par
ptqAre du quatrième Tcntricufe, C'est la voie centrifuge de l'excitation médullaire.
Mfii'^t dans sou important travail, ricbe de faits expérimentaux et de docuraenU biblio-
grapbiques, M. I^A^Faxr me paraît faire une part beaucoup trop large aux pbénornènes
vaso-moteurs. Il semble bien, contrairement à ce que croit M, Lvffoxt. que raclivité
plus ou moins grande de la circulation bépatique ne cbange rien au phénomène essen-
tiel de la sécre'lion de glycose par excitation nerveuse, et (|ue les vaso- dilatations ac-
tives ou paralytiques du foie ne sont pas la cause déterminante de la glycémie. Qu'il y
ait concomitance des phénomènes, i:ela n'est pas douteux, mais très probablement il y
a indépendance entre la sécrétion hépatique et les conditions circulatoires.
Kn tout *'as, quelque positives que soient les expériences de I^afj-oxt sur le rÔle des
trois premirres dorsales comme voies centrifuges, elles n^'inlirment nullement les autres
expérience:^, notamment celles d'ËCKiiAitui ipii vit apparaître la glycosurie après section
du sympathique cervical, et après l'ahlation du ijanglion cervic^il inférieur. Il est vrai
«|ue cette expérience d'ËcnHAnuT peut s'expliquer aussi bien par un etTel centripète que
par un efïet rentrifuge. ll'après tout ce que nous savons sur le rôle des excitations ner-
veuses viscérales dans la production du iliabète, il n'est rien de surprenant à ce que la
section du grand sympathique an cou a>;isse comme un stimulant rellexe.
î. Action du plexus cœtiaque, du ganglion aemî-lDnairi et d«t plexus nerveux du foie.
— Les etTels de Te limitation de ces nerfs équivalent à ceux de Texci talion du grand îsplan-
chnique, et elles eiercent une action imuïédiale sur la sécrétion de sucre. Les recher-
clies très précises de A. Cav \x/ani, dans le laboratoire de Strkani, ont bien établi ce fait
fondamental. Voici cinq expériences dansjesquelles il y a eu excitation du plexus cœ-
iiaque, et qui ont donné les chiffres suivants :
tnFFt^RENCE
OLYC*»nteNK «/o
OIAX'OSE 0/u 1
Ol.fO(KiRNB.
OLYcori.
AVâNT
L*»XCITATI0K.
APUB»
L'KlCtTATlOîf.
4VAIIT
L'iXriTATlOïf,
i/iwcrrATfoîf.
-1,1111
-h o,:i8
2.ims
i,Èhl
o,5:iU
O.Î>30
— D.7M
-h 0.048
l.75t
0.9»^
(1.281
0.329
— 0,Mt
-h 0,281
s,5:to
1,96»
^JU
o.*5n
— O,a02
+ Û,IJ6H
1,6T0
0,718
0.08t
0Ji9
- l,6«
— I,0t»ï
-f o,at7
2,577
2,301
i»577
0,523
0.833
0,53;^
0.322
d70
FOIE,
Saus entrer dans le mécanisme même de celle Lraoâformalion (V. Gljcogéne . nou^
devons assur^ti^ent conclnre de ces expériences, comme de celles de Mobat et de DrioruT,
que raclivité nerveuse transforme en f^iyçose le gljcogène de la cellule b«^pali'iue.
[I semble d'ailleurs, |mur des jaisons qui, quoique théoriques, nVo sont pas moins
imporlaiiLes, qu'il ne piu^sse en iHre autrement. Si le glyco^éne était immédiatement, an
for et à mesure de hul formation dans Je foie, transformé en ^Mycose, il ti'y aurait jamais
de glycogène accumulé dans le foie. 11 faut donc que rhydratation du glycogêcie pmsn
§e faire à certains moments, sous riniluence d'une stimulation spéciale, qui est ceik du
système nerveux, niïn que le déversemeal du gtycose dans le sang se conforme aoi
besoins p^énéraux de rorganisme.
On peut supposer^ par conséquent, que In diastase qui préside à cette hydratalioa du
glycogène pour en faire du sucre, n'exisle pas à l'état normal, ou n'existe qu'iMi propoi^
rions très faibles; mais qrie, sous l'influence de la stimulation nerveuse, rétlexe ou céq-
trale. elle devient subitement plus abondante. Tout se passe comme s*il existait 1109
prodiaifiase, qui par TacUon nerveuse se changerait en diastase active. L*abseoce d'O dan»
le sang, ou le 00^ du sang, ou la contraction active des muscles seraient les incïtatifMII
centrales ou réilexes qui détermineraient la production de celte di&sta&e, cbangeutU
prodiastase inactive en une diastase active.
Par une auLre métbod<\ qui semble moins certaine, Cavaj^anj a constaté l*actiou dts
ncifs sur fe foie. Il a vu, apr*!s rexcitation du plexus co'lia«[ue cbez le chien, se produire
des altérations hi^Lo-morpholoinques de la cellule hépatique. Akanassieff, d'une part,et
Lauoijsse, de Tautre. avaient constaté des fails analogues. Le rôle des nerfs cœliaqttei
dans la vie et la puissance sécréloire de la cellule hépatique est donc bien déroootl^,
l/exci talion du pli'xus cu'liaqiie n'est pas la seule méthode dont nous dispostonv
pour juger de son ariion. L'ablation et la destruction de ce plexus ont été fait^ ptr
iieaucoup d*auleur4, mais elles ne donnent pas de résultats aussi nets que Feicilatiôn,
VoLKHANN, Pixcus, Lamansky ont observé des troubles divers» très graves, consécutif! à
la lésion de ces nerfs importants; diarrhées, péritonites, con;L;estions paralytiques dt
l'intestin; mais en général ils n'ont guère porté leur attention sur les pliénomènes hépt-
tiques. Cependant Munk et Klebs (cités par Luârkci ob:$ervèrenl de la glycosurie aprn
Tablation, totale nu partielle, du plexus. LusTki, opérant d.m.s de meilleures conditions
iranlisepsie, a trouvé, chez des chiens et des lapins dont Je pteius cueUa^tte a. i
détruit, de notables quantités d'acétune dans les urines, et il admiit qu'an peut
quer Tacétonurie expérimentale par les lésions du plexus, Souvent, mais non toi
il y a une glycosurie concomitJinte. l*ans quelques cas c*jtte acélonurie guérit, et 1 •.
se rétablit si bien que Llstig conclut qt»e le plexus iirl laque n'est pas absolument indii^
pensable à la vie, et que la fonction de ces nerfs peut être remplacée par d'autres nert
Conclusion qui paraît assez lémérairu; car, malgré une grandi* habileté upératoire,iU
difticile d'être assuré qu'on a détruit tout le plexus ciPÎiaque. D'ailleurs Viola a coiit4
les expériences de LusTitf, et racélonurie observée ne lui a paru nullement spécifiq
d*une lésion du plexus.
D'après H. Dubois, la sc^ction des ganglions semi-lunaires, ou même d'un icul
ganglion semi-lunaire, empêche réchauffement delà marmotte refroidie, c'est^ù-dtrê.i
d'autres termes, elle suspend les actions chimiques du foie qui sont la cause prinàji
de réchauffemenl.
D'après tk>NoiiE, chez des lapins qui purent rester vivants plusieurs jours
Textirpatiou du ganglion c^iiaque, il y eut une diminution considérable de ta prodtictia
d'urée : en nié tue temps on put constater des hémorrhagîes dans le tissu hépatiqoê/
hémorrhagies interstitielles que Bonoue attribue à un trouble de la circulation dans)*?
loie. Il tend à penser que c'est par perversion de Faction vaso-raolricefou trophit^ae) qii«
se produisent ces lésions.
L'extirpation des ganglions et du plexus t^œliaque diminue certainement la r«ti-
tance du foie aux causes de destruction et d'altération. Bomome constate que les chieas
dont les plexus cu^Uaques ont été détruits en grande partie ou en totalité (?) surrivent
bien, mais que l'injection de tubercuiiue ou de poudres inertes dans le fuie prO'luit
chez eux une sorte de cirrhose expérimentale aiguë, alors que chez les chiens nor-
inaui cette même îj\jectioii est sans effet. Tout se passe comme si la section des mrU
FOIE. ûl\
aT4Îl abotî la force de résistance de la cellule aux IrautatUsnies. Bonomb atirait aussi
observé que cheR les cirrhotiqu^s il y a toujours qtieïijue lésion plus ou moins grave
dea ifanglioris du ple\us cœliaque, de sorte qu'il teiid à considérer le cirrhose comme un
lirttable phénomène Irophique dû t une altération de rinflut nerveux anr la cellule
èa foie.
Ile toutes ces expériences, à quelques points de vue démonslralives, à d'autres points
de vue assez imparfaites, il résulte que ta fonctio:! sécrétoire glycosiqtie du foie est sou-
mise à Taction rierveuse du splanchnique et des ganglions du sympiilliique La section
de ces nerfs, quand elle est complète, abolit la sécrétion; et leur eicitaliou la stimule.
Mais les voies ceiiLrifuges sont-eli*!s muiliples? et quelles sont-elles exaclenient ? Quel
est le rôle précis du ganglion semi^unaire ? l!lst*il un simple organe de transmiâ^ion ? Ou
a*t*ii quelque pouvoir autonome? Voilà ce qui n'est pas déterminé encore. On ne doit
d*ailleurs pas oublier que^ m^me en Tabsenc** de toute stimulation nerveuse, le glyco-
gène est transformé en sucre, dans le foie enlevé du corps ; par conséquent, il est probable
que la vie de la cellule hépatique se continue aprt^s la mort^ même en Tabsence du sys-
tème m*rveux stimulateur. Probablement aussi »'lle ne peut persister longtemps sans sys-
If^me nerveux, et« si la section des nerfs hépatiques abolit la fonction glytrosique a la
lon^^ue, il est possible qu'au début il y ait un trouble notable, qui puisse induire le
pbystologisLe en erreur. En tout cas, la fonction glycogénique est refilée par des nerfs
sécréteurs. Elle ne fait donc pas exception aus autres sécrétions organiqneis, et elle est
soumise aux inOuences psychiques, réflexes ou autres, que lui transmettent les nerfs
sympathiques et rachidieos.
i;. Action du tjiiènie nerTaux central et phi nom 6a et réflexet de la sécrétîoD glyco-
tiqiit. — Nous n'étudierorîs pas ici les condiLions, établies par Claltoe BeaNvau dans son
expérience fondamentale de L:i piqûre du quatrième ventrii'.ule, d'après lesqtielle& la
glycosurie et la glycémie d'origine nerveuse se produisent, ce phénonn-ne important
devant être exposé à l'article Glycog eue.
Rappelons seulementque, de même qu'il y a un diabète d'oriiîrine centrale, il y a aussi
an diabète d'orîgme réllexe; par exemple, après l'excitation du bout central du nerf
vague [Cl. Bkr.xard), ou après la seclion du sciatique (Schiff» Klhne), ou après l'asphyxie
iDasthe), ou après des excitations du sympathique cervical (Pkyr\nï}» du nerf dépres-
*eur de Cyon (Kilemnk), ou des autres parties du système nerveux central (Schiff).
Tous ces fdils, très probanis et très nombreux, montrent bien que, comme toutes le»
sécrélioiis, la sécrétion du sucre par le foie est soumise à rintluence soit directe, soit
réÛexe des centres nerveux. Cette preuve est tellement puisî^ante qu'il y a lieu de se
demander si les diabètes d'origine toxique ne sont pas en réalité des diabètes d'origine
nerveuse; autrement dil, on peut hésitera admettre que les substances toxiques agissent
directement 5ur la cellub^ hépatique; peuUétre agissent-elles indirectement, par une
action primitive sur la cellide nerveuse qui alors va exciter la glande.
Quant au3; jdiénomènes pathologiques et au diabète essentiel, dans ses relations avec
le système nerv<«ux, nous n'avons pas à nous en occuper ici (voy. Diabète, ar, 804 et suiv,,
et Glyco genèse).
0. Action des nerfs sur le système blliairi» la formation ai rexcréUon de la bils. — OIte
élude a été faile à Tarliclc fille in, l.'eZ et 154).
Conclusions.^ Eu résumé, nous voyons que, malgré Texiguïté relative des nerfs hépa-
tiques, le foie est, comme tous les organes, sounils à rinllnence du système nerveux,
d*abord pour sa circulation par les vaso-moteurs; puis, pour des phénomènes chimiques,
par ses nerfs sécréteurs. Qu'il y ait des uerfs trophiques différents des sécréteurs et des
vaso-moteurs, cela est probable, mais non piouvé encore. Eu tout cas, à côté de ces
trois ordres de nerf^ r.enirifuges, il 3* a des nerfs centripètes, de sensibilité consciente,
surtout de sensibilité excito-motrice, nerfs par lesquels le foie se met en rapport avec
le reste de rappareil organique*
Le foyer nerveux central excitateur de cette sécrétion est dans le bulbe, et toute
stimulation directe ou rèllexe de ce centre glycoso-formaleur amènera la glycémie. Que
ce soient les origines du nerf vague excité par l'inspiration, ou par l*asphyxie bulbaire,
que ce soit iVlber injecté dans le foie eicilant les terminaisons sensitives intra-hépa-
tiques, que ce soit la stimulation de tout autre nerf périphérique agissant par voie
e7d
FOJE.
réitexe, peu importe; tl !»*agit toujours d*une excilaLion bulbaire. Cette escitatioti, p^r.
tant du tmibe» coïnciilaut peut-être avec une inbihittoii qui se transmet par les neii ~
vagues, ciiemino par Us trois premières paires dorsalesi pour aboutir au sympalhiqu
à la chaîne abdominale et spéL-iab^metit au splancliiiique, lequel se di^stribuc nu ^ntck
gUon se mi -lunaire et au plexus solaire* Les n^rh du plexus solaire, à la fois v«sd^
moteurs et sécréteurs, se teriiiineiil pur les (deitis hépatiques dune le foie, el 14 iU
agiss<mt tiireclement sur la vie cliimique de lu cellnlp hépatique.
Bibliogpraphie. — Innervation et autres phénomènes fonctionnels. — BARGHttiM(A:i,
Condacîihiliift tkt F, milo sfato vh^o comparatu a qnvtt*t dei F. neito slaio cadmericf* U.
Cottg. tjim. d. Ai^s* mtd. itat.^ Sieua, 4 81>.l, 171). — BAHBErr. Cari man or any other anmai
exht whitkout a L [Virg. mcd. \t*mlkiy, 1875, u, 871). — B/^yi.\c (J.). l>e la valeur de k
glgc'tmrie atimctittûrt' dans le dhnfuostic de f in.^uf/imnce hépatique {B. fl., 1897, luô5*!06ftl,
— Bo.xoUË. Ùe quelifues ultémli^ms du F* à la smla de l'e.Ttirp'dion du ganglion ariinque
{A, t* B., 1892, xvM, 2:4-28:î). Suifimportanza dcUe allernzhni dtl plessuâ celi»tco ndla
cirr/t<jsi rpaticaddVuomo e netUt citrkosi sperimenlalc ([iîcercke di fisioloyia perel m* An*
niven. di P, ALiiEaiOM, 8'\ llolo^ne, 1001, loUtltO). — Bubuttau (H.). Weiti^tt Erfahrungtn
ùhcr die Bcziehimg dtr iW vatjm zur Athmung uud Vvrdnuung {A. g. P., 1897, LV», 39u —
tliaiKii (C). Exp. Untt'Vfi, ùber den Ort dcr Hesorptkm in derL. {D. Tubiupeti» liH>l; A. y.
P-, l'iKJl, Lxxxm, 241-352). — Butte (L,), Action du nerf pneumogastrique sur ht ftmctiou
gUjOHjéniquc du foie {H. /*., 189i-, 166 169). — £,7*'^'* de lu section des nerfs vagufs mr tafùut-
tionghjeogèniijHC du foie ilMd., 734-73H), — Cavazzani (K.). Uebcf die Veranderungn der
Leberzt'lkn wnhrend der Heizumj des Hexits cœliaeus (A, g. P., 1874, Lvii, ISi-lHI*)» —
C.wAiZAM (A. hL E.). Sidlu fonzitmc glicoi/enica dei fegato \Ann, di Ckimira e di f*trmn*
cologin^ mars IH^f, in Lavori dei Lab, dtd l^rof, Stefani, iv, 1893-1 8î»4^ — Cava3UU?i! et
MA?«t;A (li.s Viiertûre contribittfj tdlo siitditt detta innervazit^ne d^l F. e nervi imÂty-maUm
diiC arieria epaticn i L/jto, dei Lab, dtl Prof, Stefuni, P/i-iiva, J8S)5» v). — FruAiiAiia,
Hislor. de h pfujsiuhgie du F. [Vu. méd, du Camtla, 1H79, viii. 289-300). — FuELTEtiia.
The L. as an organ of élimination of c*vpfiîi' utae vtemcnttf {Medieine, Détroit* 189-3, t'%
— Gaulis (A.). D*e gencktechtlidten Uuterschiede in der L. des Frosuhen (A. g, P., <90i,
utiiiv, 1-5). — GiRAKB ^H.). Vebtsr die ptstmortttle Znekerhildang in dt^r Lebrr (A. y. P.,
!887, XLi, 294-302J. — Hugounenq et Doïu.n. tiech. .sur /■* désintégra lion du ti'fsu fiéftaluim
dans U foie st^paté de l'ùripmi$mc (B. /!.. 18119. BlH; A, de P., 1899, u UI7). — KCi- î
Ueitrngezur Lehre vum kûn$ilicken IHaMes \ K g. P., IHHI, xxiv, 9 *-10o), — l-A.iior>-
Contribittitm û t étude des modificHtioas morphufogiques de la vellute hépatique pen '
j^ècrétion (A. B., 1H87, vu, 182). — laFfONi (M.). Uedierche^ mr la glgrosurie roii-
dans seK rapports nvee le mgstèmc nciTeme {D, Pans. 1880), — 1.eve?ie. Ùie zuchertd frwk
Vunction des N. vagua {il P., aoiit 1894). — Litstig (A.) Sar Is effets *U fejctirpation du
plexm cœfiaque {A. //. *., 1889, xii, 43 81). — MAUatiL. De i influence d'un régime furtemifd
(fzoté chez tes herbti^ores sur rmigmvntat. du V'dutne du F. (IL H,, 1884, G46-6i8:i. — - Moï-
TUOfli(A.). Azione délia vorrente eleltrira sulla glicogrnesi epattea (Ace. r/, Se,, fijn, et malt'
maU di Ntip'dit juîd^ 1901), — i\Ior\t et l)i fouht. Les nerfs glyco-secréteur» (A. d. P.,
1894, 371-:180), — PKLt r.EH jE.) Ueber die Ablnùoji fkeit dt^r L. von dem Nerven^ystm
(A. g. P., 1869. n, 4:^9-475 et iv, 1871, o0'5;j.l ^ Stkfpo (A.). Ueher Grosse vnn L uni
ètiiz (Jahrb, f, Kind^f 1871, v^ 47-6â). — Viola ((i,). Sur la prétendue acét^nmie |«ro-
duite par rexportalfon du ptexm emtinque (A. ». fl,, 1892, xviï, 336). — Vdlpuïi. Sur fat
effets dea excitatûtus protuitCH directement sur l^ foie et tes reins (0. B., 18 «8, 5-IÛ|» —
W^:BTiieiMËR H Lep^ge. Sur feu v^ti'S d'aùsorption des pig^nents daris le foir ^A, il. P.,
(897^ 363-:n4}, — We.>kneii. Urber die VolumoerhàUnisne der L, und der Lungen in dm
Vcrschiedenen Lebe usait ern [D. Marburg* 1879>.
g. IK. — ACTION DU FOIC SUR LES MATIÈRES ALB U M I KOI DES.
L'action du foie sur les matières ulbumiuoî les «^^t très complexe et a^se£ iti»! r.iiiinur
Nous pimvoiis l'envisager à divers points d** vae, Nous rés-rverons pour uu fliafulrc
spécial (1^ XI. p. 6B2) l'action uréopLiïétiqu<^ du l'oie, et la Iransfarniatioa de» uiatieffi
azolée^ non aliiumiij«ndes.
a. Action dïi foie iiir la coagulatian ûu sang. — Cette élude ayant déjà été faite l
FOIE.
67:i
I
Tarticte CoAgulatioD (m, 831-8:>lt), nouâ n'avons k y revenir que pour indiquer quelques-
uns des faits plus récemnient élabtb.
On sait que Coxtrjra?c avait montré que, lorsque le sang peptonisé passe par le foiCi
Je foie lui communique la propi iété d'5tie incoa^ulable. Le prupeplone lia presque pai
de pouvoir anlîcoagulani in vitm, ou sur un animal dont la fonction hépatique est sup-
primée. Tout se passse comme si le foie, stiniule par la p*^plone, versait daus le sanguin*
flubiiance auticoagulante. Cette belie expérience, reprise par Glky l't Pachon et par
Dsiinmiit, a été solidement et irréfutablemt^nt démontrée, Sriao et Elun^ieh ont prouvé
que sur des oies, dont le foie a été enlevé et qui cependant peuvent vivre ainsi pendant
qu^dque temps ^'injection de peptone ne rend pas le sang incoajculable. HiDACTadémonïré
par une ingénieuse expérience cette propriété du foie de verser, sous l'ioiluence de la
peptone^ une substance coaf^ulante. Utilisant ce fait découvert par C^vaxzani que le violet
de métbyle injecté par la veine porte se fixe sur les cellules hépatiques, et les rend
incapables de produire leurs opéralious chimiques coutumiéres» Uibadt a vu que les
animaux (l'hiens) ayant reçu ainsi cette injection de violet de niélhyte gardaient la
coaçulabilité de leur sang, malgré des injections de fortes doses de peptone*
Dastre et FLORE^coont appelé plasma de pepîone hf^patique le plusina bépatique résul-
tant de la macération ilu foie d'un animal qui a re«2u une injection de peptonc. Ce
plasma de peptone hépalique, s'il est vrai, comme tout ht fait penser» que lu fonction
anticoagulante de la peptone soit due à Taction du foie, conliendrtiit la substance anii-
coagulante que Dastre et Floresco ont appelée agent zymo-frénateur^ ïa coagulation du
sang étant due à une zymase, et le plasma de piptoue bépatique infiibant Taclion de
celle zymase. Stuno et EujN"<iKH avaient montré que celte aubstani.e conserve ses pro-
priétés, mï^me après ébullilion à lOU". OxsraK et VuMn:<iAt prennent le foie d'un chien
qui a subi une injc<Hion de peptone et le dig'Tent par la papaîfie, Ce produit bouilli pro-
duit Tarrét de la coagulation du foie in n/ro exactemenl comme le plasma de propeplone
hépatique. Mais si, au lieu d'employer ie li(|uido bouilli, on remploie t^Vl quel, on constate
qu'il accélère la coagulation in vitro et in vivo. On peut donc croire qu'il y a, dans le
produit de ta digestion papaînique, à côté de Tagent ïymo-frénateur hépatique (substance
anticoagulante du foie) un agent antagojiiste (zymo-accélérateur) qui y ejti*terait comme
dans d'autres extraits d'organes (VVouldridoks LVbullition serait le moyen de séparer
ces deux agents.
I^: MoAP et Pachon ont fait remarquer que la production de Tagent zymo-frénateur
(que, pour simplilier, nous appellerons -in^ijje-rwe) est liée à rintégiitéde la cellule hépa-
tique; car la peptone bruyée avec le foie extrait du corps ne la fournit pas, alors qu'elle
se forme par injection de peptone dans le sang,
Rillaud a fait, sous la direction d'AnELous et en collaboration avec lui, une série de
travaux méthodiques sur les elTels anticoagulants du foie des crustacés. IkibKxuAiN avait
montré que le sérum musculaire des crustacés relarde et même empêche la coa^uïalion
du sanir. Billard a vu que le suc hépatique des crustacés a la même action : tri vitro le sue
hépal «que agit sur la coagulation (antipexine directe] ; mais, s*il pst inif>€té dans les veines
d'un animal (chien ou lapin)* les efTt^ts sont encore plus nets à plus faible dose. Us ne se
produisent pas si te sang ne circule pas dans le foie ; par conséquent, le mécanisme est
!e môme que pour la peptone. C*est le foie qui sous l'inlluence (indirecte) du suc hépa-
tique sécrète une antipexine.
La substance qui agit ainsi directement sur le foie n'est pas détruite par la chaleur
(100*), ni par Talcool. L'alcool donne un précipité qui e^i actif, et qui se redissout ilans
Teau salée. C'est rantipexine directe. Au contraire, rantipejtine in lirecte, qui n'agit
qu'après avoir passé par le foie» n'est pas précipitée par TalcooL H y a donc, selon toute
apparence, deux sortes de substances qui arrêtent la coagulation : les unes agissent
directement comme zymofiénatrices du iibrin-ferment; les autres agissent médîatement
en provoquant Taction anticoagulante du foie.
Dklbzkn-ne montreqae la propriété de déterminer une antipexine dans le foie est com-
mune h beaucoup d'autres substances que la peptone. Le sérum d*auguille, les muscle»
d'éerevisse, les extraits d'organes contiennent tous ces antipexines indirecte*. Les venins
de spfpent, les toxalbumoses végétales (liciue, abrine), lesloxinesdu staphylocoF|ue et du
Ibacillus pyocanique ont aussi cette action. Mais, d après lui, ces corps u'agi raient pas
mcT, &■ ravsioLoatK. — tomb vi. «U
I
I
mi
FOIE-
ilirectemmitsur le foîe. Ce serait par l^interniédîaire des leucocytes. Ils aniêQenUeael
une leucocytoljse énergique, de sorte que les agents aalicoagulants «e seraieat.dâj
lui, aoticoagulaiils que parci? qu'ils sont leucolyliques. Aussi bien le* produits de
ngrégaLiou des globtjle» blancs (histones et cytoglu bines) seraient-ilsà la fois p«iiqtiei et
iuUipexiques; et, si le foie parait a^ir» c*est parce qu'il orrôte les substances quihâtentU
coagulation et laisse passer les autres. . .
Mais, sL ingénieuse que soit cette théorie, elle est diTlicile à soutenir; car, ain^lqae
Va fait remarquer AnTiiLT s, nombre de substances, voire m^me l'eau distillée, sont leaco-
lytiques, et cependant elles ne provoqueiit dans le foie aucune formation d'aotipeiioe. U
-est certain que les phénomènes sont bien plus couaplexes que nous ne le supposons; cir
une injection première de peptone donne rimnxunité (au point de vue de TanUpeiie]
contre une seconde injection de peptone ; mais ne protège pas contre d'autres aciîooi
antipexiques. Il faudrait donc admettre autant d'antipexiques qu'il y a de corps différeiita
(extrait de sangsue^ sérum irau^uille, venin de vipère, foie de crustacés, extraits àtt*
mouleSf etc.); ce qui n'est pas absurde assurément, inai^ ce qui rendrai! cette chimie
physiologique singulièrement compliqu^^e, et presque inabordable.
En tout cas, ce qui est évident, c'est qu'à côté de la substance anticoagulante du foie
(aiitipexine indirecte) il existe une substance coagulante.
WooLDBiDt;K, BucuANAN, ¥o\ cl Pkllacl\m, et, avec pïus de précision, Contkjba:i, oui
montré cetle action zymo-acL*élératrice des extraits d'orjiçanes, et notamment de r«itrait
liépatique. On pouvait donc supposer a priori que ces extraits sont toxiques parce qulb
bâtent la coagulation et déterminent des thrombus dans les vaisseaux. De fait, c'est U
contraire qui s'observe, et la mort survient avec un sang incoagulable. Comment expli-
quer celle anomalie apparente?
WooumujtiK a essayé de l'expliquer par une différence de dose. A dose faible, le saaf
est incua^'ulable; à dose forte, au contraire, il se fait des thrombus; mais cette explicttion
ne peut être considérée comme valable; car la peptone, par exemple» rend le sin^
d'autant plus incoagulnble qu'elle est injectée en plus grande quantité. A vrai dii
on ne peut comparer l'injection de- peptone à l'injecUon d'extrait hépatique, beaucoi
plus complexe.
\\\ H. Thoupson, dans un très bon travail, a montré que les dilTérentes peptones ne
sont pas identiques. Les antlpeptones (tryptones) activent la coagulation, tandis que U
peptone vraie (puriûee) la retarde, à des doses variant entre 0,2 et 0,iN>5 par kilo.
Tous ces faiis, encore mal expliqués et assez disparates, semblent établir que le (bie
possède simuUant^raent des pexines et des antipexines. Que les pexines (ou zyma-accé-
tôratrices) existent dans le foie normal, cela n'est pas douteux, U est moins certain quil
existe des antipexines (ou zyrao-inkibitrices), exception faite du foie des crustacés. Entoot
cas, sous rinfluence de certains stimulauts, soit directement, soit par l'intermédiairt
des produits de désagrégation des leucocytes, le foie donne naissance à des antipexines
et ii les produiten quantités si considérables queractivité des pexines est alors tout à fiit
annihilée.
Toute cette étude physiologique est d'ailleurs encore fort obscure, et ce n'est pas
l'action du l'oie sur la production de llbrine qui contribue a Téclaircir,
Anciennement Lehma.nn avait constaté, dans des expériences classiques et reprcv-
duites pnr tous les auteurs, que le sang des veines sus-hépatiques ne contient pi3
de llbrine. et en tout cas beaucoup moins que le san^ de la veine-porte, qui en a de 4 à
îi p. n)t>D.
Ce fut aussi l'opinion de Cl. Berna an qui cofistata cependant que le sang sus-hépa-
tique, privé de tVbrine, reste coagulable, et que par conséquent les deux phénomènes
»Qnl indépendants fun de Tautre. Mais cette diminution de fibrine daos le san^* sit^
hépatique a été contestée par divers auteurs* par Paulesco, par Gou?i, par Matrbws, par
Béclard, de sorte que rien n'est plus discordant que l'opinion des physiologistes sur U
teneur en fibrine du sang des veines sns-hépatiques, soit ù Tétat de jeûne, soit pendant
la digestion. (iiLiiKni et Carnot, reprenant cette expérience, admettent que la fibrine tilai-
menteuse manque dans les veines sus-hépatiques, mais qu'il y a néanmoins de la fibrioe,
qui se coai^'ule en petits crains* 11 n'existe f^as, disent-ils, identité absolue entre le pbé-
:Uoméne même de la coagujatlon et la forraalion des Olaments dje fibrino (i-oy, Tiliria* .
Il
FOJE-
*i75
I
E&Uce à la desirucUcn de fîbrint>gène dans le foie qu'e»t due cette dimioulîon de ta
fibrine V Dasthb, en faisant la détlbrination successive du sang, admet que le foie est,
conarne le rein, un orgaoe destructeur de tîbrinogène. Mathews, sans avoir fait d'expè*
rience sur le foie^ accepte cette opinion provisoireiiient, et conclut que le librinogène
vient de t'intestîn, et probablement des leucocytes el gan^diona lymphatiques de rintestin»
En rabsenced*ob.servations plus précises, il semble plus rationnel de rester, avec Gilbert
«t Caaïvot, dans le doute scientiEique, relativement au rôle du foie dans ta production ou
destruction du fihrinog'ene, tout en regardant comme plus vraisemblable que le fibnno-»
gène se détruit en passant dans le foie.
11 est d'ailleurs difikile de voir le lien qui réuïrit celte destruction du librino-
gèoe (très hypothétique) avec les phénomènes de pexie et d antîpexie étudiés plus haut.
p> Action sur lei matièrei album inol des . — Il reste peu de chose à dire de Taction du
foie sur les matières albuminoïdes, si Ton élimine d'une part Taclion sur la tibrine*
d'autre part celle de la coagulation du sang; et surtout si l'on traite à part, comme on
le Te[ ra plus loin, raction uropoiélique du foie.
Pour Talbumine comme pour les toxines, pour les matières grasses et peuf-élre pour
les matières sucrées, le foie a la*propriété de garder et de retenir dans son tissu les élé-
ments chimiques qui ne font pas partie de ta constitution normale du sang; c*est-à-djre^
en somme, les matériaux de la digestion. Au moment où la digestion introduit des pep-
iones dans le sang, ces peptones de la digestion, qui ne sont sans doute que partiellement
transformées en albumine et serine, sont retenues par le foie, l/expérience directe a été
faite par injection de peptone* En même temps que le sang peptonisé a la propriété de
faire produire une antipexine par le foie, la peptone est arrêtée dans le foie. Selon toute
apparence, au moment de la digestion, il n*y a que 1res peu de peptone qui passe dans
la circulation; car la peptone est presque intégralement transformée en albumine; en
tout cas, celte petite quantité de peptone, qui écluippe à Taction déshydratante de la
muqueuse intestinale et des lymphatiques inteslinaux, est retenue par le foie. BotrcHARn
et RooEE ont montré que le foie transforme la peptone en albumine parfaite. « Si
en effet on injecte, dit Hogbr, de la peptone par une branche de la veine porte, on ne
trouva dans Turine ni peptone ni albumine; si Tinjeclion est pratiquée par une veine
périphérique, il se produit de la peptonurie et de raLbuminurie; une partie de la pep^
tone peut donc se transformer, en dehors du foie, en une albumine qui n'est pas assi*
milable. Ce résultat, contredit par BouLeNctER, Dcr^AïKa, Deros, cadre pourtant avec
d'autres expériences. Ptosz et GyBUGyAî, au moyen de circulations artiflcielles, ont cons-
taté que les peptones disparaissent en traversant certains tissus ou certaines glandes,
notamment le foiu; reste k savoir si elles se transforment en albumine, comme cela est
[irobable, ou en sucre, comme le soutient Sekoen» ou en matière flbrinogène» comme le
pensent Aiithaud et Bmi;,.. Si l'on juge par la fréquence des albuminuries et des peptih-
ntinV.v, uu cours des affections hépatiques, on est porté à conclure que le r6le du foie sur
ces difrérentes substances mériterait d'être mieux étudié ; seulement on se heurte à des
difficultés techniques considérables. »
L'action du foie sur les albumines non normales du sang ressemble à celle du foie
sur les peptones. Claude Brr«a«i*, ayant injecté de l'albumine d'reuf dans la veine jugu-
laire, la retrouve dans l'urine. Mais, si cette albumine est injectée dans la veine porte,
etie ne reparaît pas dans l'urine. Donc elle a été retenue, ou ptutÔl assimilée après
4xansforniation, par le foie.
Bouchard (cité par Roger) a constaté un fait très analogue après injection intra-veineuse
de caséine. Injectée dans le sang général, cette caséine reparaît dans l'urine; mais, si elle
est injectée par la veine porte, on retrouve de Talbumine dans l'urine, et non plus de
da caséine, comme si le foie avait transformé la caséine en albumine, mais en une albu-
mine imparfaite qui n'est pas assimilable. C'est une expérience qui aurait assurément
besoin d'élre vérifiée. Quant à la transformation de l'albumine en sucre ou en graisse,
nous renvoyons à l'article Gtycogéiièsa, ainsi qu'au ehapître relatif à la formation des
matières grasses dans le foie i p, 675).
Tf. Autre» fonctioui chimiquei, — Le foie a encore d'autres fonctions chimiques, mais
elles sont vraiment bien inconnues; cependant nous pouvons admettre qu'elles sont
très importantes, même si Ton élimine l'action glycogênique et la sécrétion biliaire.
676 FOIE.
D'après Poulet (cité par Roger), le sang porte renferme un tartrate, qui dans le foîe
se transforme en hémocitrate, lequel jouerait an rôle capital dans la respiration; car,
au niveau du poumon, il régénérerait de l'acide tartrique.
Wyssokovitch a constaté que le sang passant à travers le foie se chargeait d'acide
lactique, qu'il s'agisse de sang artériel ou de sang veineux. Soit x la quantité d'acide
lactique contenu dans le sang avant son passage (circulation artificielle) dans le foie,
après passage cette quantité a été en milligrammes de a; + 16 + 68 + 9 + 44 + B7 + 38
-h 77 + 39 + 33. Ce fait semble être en contradiction avec l'observation classique de
MiNROwsKi que les oies dont le foie a été enlevé ont une grande quantité d'acide lactique
dans les urines.
Nous ne parlerons pas ici des modifications graves de la nutrition, déterminées ;par
les maladies du foie (acétonurie, indicanurie, etc.); car il s'agit là de phénomènes
plus compliqués encore que les phénomènes normaux, et on n'explique pas obscwrum
per obscurius.
BibliograplUe du § IX. — Arthus (M.). Influence des macérations d'organes mr la
vitesse de la coagulation du sang de chienj in vitro (B, B., 4902, 436-137). — Billard (B.). De
l'joction du suc hépatique des crustacés sur la circulation et la coagulation du sang (0. Tou-
louse, 4898). — Dastre (Â.). A propos de la recherche des ferments endo-cellulaires par la
dialyse chloroformique (B. B., 1901, 171-173). — Dastre et Floresco. Méthode de la
digestion papainique pour épuisement des tissus en général et Visolement de quelqttes fer-
ments et agents zymo-excitateurs ou frénateurs en particulier (B. B., 1898, 20-22); De la
méthode des plasmas à Vétat liquide ou en poudre pour Vétude du fibrin-ferment (thrombase)
(/6td., 22-24). — Delizenne (G.). Le leucocyte joue un rôle essentiel dans la production des
liquides anticoagulants par le foie isolé (B. B., 4898, 354-356); Rôle respectif du foie et des
leucocytes dans l'action des agents anticoagulants [Ibid,, 357-359); Action du sérum d^ an-
guille et des extraits d'organes sur la coagulation du sang (A. d. P., 1897, 646-660). —
FiQUBT (E.). Action des albumoses et des peptones en injections intra-vasculaires (C. A., 1897,
cxxiv, 1371-1374 et B. B.. 4897, 459). — Lebas (G.). Recherches sur Vimmunité contre
Vaction anticoagulante des injections intra-vasculaires de propeptones (D. Paris, 1897). —
LjipiNE(R.). De ta formation du sucre aux dépens des matières albuminoides (Glycogénie sans
glycogène) (Sem, méd., 43 déc. 1899). — Matbkws (A.). The origin of fibrinogen (Am.
Journ. of Physiology, m, 1899, 53-84). — Pick et Spiro. Ueber gerinnungshemmende Agen-
tienim Organismus hôherer Wiebelthiere (Z. p. C\, 1900, xxxi, 235-281). — Ribaut (H.).
Action du violet de méthyle sur la fonction anticoagulante du foie (B. B., 1901, 442-443). —
Spiro (K.) et Ellinger; (A.). Der Antagonismus gerinnungsbefôrdernder und gerinnungs-
hemmender Stoffe im Blute, und die sogenannte Pepton-lmmunitat (Z. p. C, 1897, zxui,
121-160). — Thompson (W. H.). Tfie physiological effects of peptone when injected into the
circulation (J. P., 1899, xxiv, 374-410).
Pour les travaux antérieurs voir Coagulation, m.
§ XI. — FONCTIONS ADIPOQËNE ET ADIPOLYTIQUE DU FOIE.
Le foie acertainementune double action manifeste sur les graisses; il contribue à leor
formation et à leur destruction. Nous allons examiner successivement les points suivants :
A. Fixation des graisses du sang et de l'alimentation dans le foie.
B. Formation de graisses dans le foie aux dépens des hydrates de carbone et aux
dépens des albuminoides.
C. Destruction des graisses dans le foie et transformation en sucres et en autres
substances.
A. Fixation des graisses du sang et digestion dans le. foie. — La méthode
la plus simple pour résoudre cette question parait être la méthode ancienne, celle
qu'avait adoptée Simon, en 1840, dans des expériences classiques, à savoir l'analjse
comparée du sang de la veine porte et du sang des veines sas-hépatiques. Lbhjian?!
(cité par Cl. Bernard, PhysioL expér,, j. 146) avait trouvé sur des chevaux 0,04 de graisse
dans le sang de la veine porte, et 0,0005 dans le sang des veines sus-hépatiques.
H Otte méthode, employée par Dhoï^dûkf sur quatre cbîens eo digestion, lui a donné
H les résultaU suivants, qui semblent extrèmenient nets :
I
I
FOIE.
«77
POUR 100 ORAlfMKS DE SkHO, |
MOTVKItK M» 1T KSI>ÉRimCKl. Il
Chol«9tériti«.
LécithiOD.
Grattset.
Sang de la veine porte. ....
— d«s ruines sus-bép&tiquf s. .
0,097
0,110
0,241
0,504
0,0S4
C*?ite expérience, quoiqu'elle soit cooteslée par Fuitjr.E il'unti part et par Paton de
l*aulre, semble pourta^tt proiiver que les graisses de la digestion passetit au moins par-
UellcnieDi dans la veinfi porte (souii forme de savons?) et que dans le foie elles y
subissent une transformation; peut-Ôtre ut|e liiation, peut-être en partie une dissocia-
lion, devenant cliolesténne et likithine qui passent dans le sang des veines hépatiques.
Maisfeipérience a été faite d'une manière plus simple et, à ce qu'il parait, plus con-
cluante, par d'autres auteurs.
L MuNEf injectant des savons dans une veine périphérique, voit que la dose toxique
(sur le lapin) est d'environ OJO par kilogramme. Miiis^si rmjeclionest faite par la veine
porte, le savon cesse alors d*étre aussi toxique, et il en faut environ 0,4 ou D,r> pour
amener la mort. Par conséquent, le sel gras de soude a été retenu par le foie. Peu
importe qu'on appelle ce phénomène accumulation de graisse dans le foie, ou action
anlitoxique du foie, le résultat e^i le même : c'est la lUation des matières grasses dans
le tissu hépatique.
Lkdedkff a expérimenté sur un chien en inanition : il lui a donné à manger exclu-
ai veillent de la graisse, ce qui n'a pas empêché l'animal de mourir. Son foie, de
210 grammes, contenait une quantité énorme de graisse, 41, t>. Par conséquent, la graisse
de raJimeiitation s'était accumulée dans le foie.
Salomo^t (cité par Lkuedeff) a vu, chez des lapins nourris avec de Thuile d'olive, la
graisse s'accumuler dans le foie.
GiLBEar et Carnot ont fait sur ce mt^mf» sujet des eipériences décisives.
Ils injectaient par la veine porte, chez dei^ lapins, des cobayes et des chiens, une cer-
taine quantité d^huile nnement émulsionnée. Sur les animaui ainsi injectés et sacrillés
en série, de quelques minutes à quelques jours après i'injeclion, on pouvait voir que le
foie était graisseux* huiieux, laissant écouler, quand on le coupait, un liquide gras, iden*
tique à ta graisse injectée ; la conclusion formelle est donc que la graisse avait été rete-
nue par le foie. En injectant du tait par une veine mésaraîque, on constate que la coupe
du foie laisse écouler un liquide blanc contenant les graisses émulsionnées du lait. Si
Ton regarde ces foies au microscope, on voit que les cellules hépatiques contiennent
quantité de gouttelettes graisseuses qui se colorent en noir par Tacide o^miqne. Quant
aux capillaires, ils sont remplis de gouttes graisseuses qui sont appliquées aux parois
des capillaires; quelques-unes ont même pénétré dans les cellules endoihéliales.
Cette localisation cellulaire dure quelques jours. Vers te dixième jour toute graisse a
disparu.
(tiLDERT et CAniXOT out aussi refait avec les savons rexpérience de Murfs, et constaté,
comme lui, que les savons injeiHés par la veine porte sont pris par la cellule hépatique.
Plus récemment, Carnot et M*^* Dkflanorr, étudiant celle llxation de graisses dans le
foie — c*est ce qu'ils appellent la fonction adipopexique, — ont fait ingérer a des cobayes
différents corps gras, beurre, huile de foie de morue, huile de pied de ba-uf, huile végé*
taie, et ont constaté que les quantités de graisses Tixées dans le foie sous la forme, soit
de graisses neutres, soit de savons, élaient assez variables. Les huiles animales, et no*
taniment les matières grasses du lait et de beurre, sont filées en plus grandes propor*
tions que les huiles végétales. Il est possible que cette fliation soit en rapport avec
Tussimilation même des graisses {B. fî., 1902, iaf4-13l6).
U est donc impossible de nier ie tdle da foie dans la fixation, temporaire an noo. dei
graisses de l'alimentation. Sans donner, il e.hi vrai, à ce qQ*il semble, d'expérimetitaliâ
directe à rappui, Cl. Bernard avait dit ; «* Si Ton pousse une injection de graiftse dansl
veine porte, elle ne passe que trèsdiflicilement dans les veines sus-bépatiqaes et se fiie
dans le tissu du foie. » Il est certain que, dans la digestion normale des matières alimeu-
t aires djargées de grai^îses, les graisses ne passent qu'en petite quantité par les veioi^s.
La pliipart des nialières grasses suivent les chyliféres, mais les savons peufent passer
par les veines, et il y a sans doute des matières grasseii qui échappent aux chyliféres,
Expt^rimentalemenl on peut injecter des graisses dans la veine porte. D.-N. Patoîi a
fait quelques expiviicnoes sur ce point. D'abord, par la composition [en graisse] du foiiî
déjeunes lapins nonveaii*nés^ d'une même portée, il constata que ralimentalion stuh
conslammenl augmentait la quanlité de i^raisse du foie. Quatre jeunes lapins i^nt mis 4
rinaniiîon ou à urie nourriture sans graisse. Le quatrième lapin est, au contraire,
Houiri avec du lait et de la crème. Chez celui-là il y a un extraclif éihéré de fl,^
p. 100 : chez, les trois autres lapins Textractif éthéré est de 4,93, Sur quatre lapins, dool
deux furent noiirns avec du bil, deoi avec une olimentfttton végétale, l'eattractif a dooaé
en moyenne 4,\>5> pour les lapins nouiris au lail, 4»4I pour les lapins nourris iver des
lierbes. Sur deux aulres lapins, Ton fut nourri avec du lait; il y avait 6,03 p, 100 d*ei-
trnil éthéré dans le foie; l'autre, en inanition pendant quarante-huit heures, o*avail
que 4,Ô3.
Ho6C»FELD a montré (sur des chiens recevant de la pblorîdzine) qu'il nj avait d'accQ-
mulation de graisse dans te foie que si Ton donnait aux animaux une alimentation grai»-
iîeuse.On retrouve dans le foie la nature même de la graisse qui a servi d'aliuieot (huiJe
de la noix de coco], de sorte que certainement cette graisse a été déposée dans le foie «t
provient directement de raliment. Si alors on interrompt l'alimentation grasse, on loil
cette graisse, déposée en f;ranulations dans les cellules, disparaître en peu de jours, pont
servir à la ronsommalion or^^anique.
11 serciil intéressant de faire quelques recherches sur la manière dont S€ oomporlêiit
les oies nourries de manière que leur foie devienne gras. Mais les physiologiîiles. comme
LsDftnsFF et Fohsteh, n'ont pas pu réaliser cet engraissement du foie que les industriels
obtiennent facilement, sans que des détails nous soient donnés sur les procédés mis eo
usage, de sorte que Lebeiiekp suppose, à tort sans doule, qu'on ajoute aux aJimeuls des
oies, dont les foies sont destinés à foni nir des foies gros, de petites quantités d'arsemc
ou d*antimoine (1883).
En lout ca^t, il est d*observation rerlaîne que, pour développer des foies adipettx (foifs
gras des oiesi, une alimentation grasse est Irt^s efficace. Sans doute on ne les noonît
pas imiiiuemejit avec de la graisse, niais encore avec des féculents et des albumines^ éû
sorte qu'on ne peut pas conclure rigoureusenrerj! que la graisse qui s'accumule daof le
foie provient exclusivement de la grai«;se de ralinienlation.
U est probable que cette graisse accumulée ainsi dans te foie disparaît peu h pÂ
f*Aro\ admet (Exp. 47, p. 197j qu'au bout de trois jours d'inanition cette grai*^se, di«i
l'e l«pin en iuatiition. a disparu {i,25 p, tO€ au H'HI de 0,1, avant Tinanitton). Tonlrfo«>
cette disparition de la graisse est très variable. Chez les animaui à sang froïd, elt*? *ê
fail sans doute ties lenleinent. Le foie des poissons^ qui contient de grandes quantités de
graisse, en contrt^nl encore» même après de longues périodes d'inanition. Chez toos les
grands squales vivant au large que j'ai pu observer (une diraioe environ], Testomac étiit
presque totalement dépourvu d'aliments, et cependant le foie était encore graissetif,
comme si la graiîvse accumulée par le foie servait ii la nulritioo de l'animal pendant If^
temps probablement très prolongés des jeilnes forcés auxquels il est soumif^^ne poovaat
tJ-ouver de proies à sa disposition. De même les saumons, à une certaine éptKjue de leur
existence, quand ils peuvent trouver de la nourriture, ont un foie très gras; et, aprèi
cette période d'alimentation facile, quand le moment arrive où Tatintent leur fait
^iéfaut, leur foie s'appauvrit en* graisse, déversant cunslatnnient des matériaui de r^w^
bUstîon-p de manière à constituer une sorte d'alimentation intérieure, qui remplace Viù^-
irteintation exiérieure impossible. ïl en est de même du foie des animaux hibernant*,
ifûoique ilb tifent-une glande hibernale ; V. Gratues). Et chez eux^ pendant le sommeil
biberiial, la graisse, comme le glyco|féne, va disparais sa ut du Tdie f^^ur rémpliccr
ÉlMIlItaJ
FOIE,
«79
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l'ftlkdÉiiUtiah qui ait impossthle, et produire la petite quantité de chaleur nécessaire.
t« foie nous apparaît donc eu premier lieu comme un organe accumulateur des gnii&se».
Xôus ebereherons plus loin 8*iï n'a pas en outre un rôle fomiateur de» graisses; mais son
rCtïç dans l'accumulation des graisses est loiil à fait évident.
Ajoutons que» puur admettre celte foncUon, il n'est pas indispensable de supposer le
passage des graisses de la digestion par la veine porte. Si les graisses passent en partie
par les chylifères pour Hre déversées dans le système veineux général, elles repasseront
de nouveau (par Tartére hépatique et la veine porte elle-mt^mel sans être intégralement
coD5omn|t^es dans le foie; de sorte que le passage par les chylifères'de la majeure partie
des i^raisses ne contredit nullement le tait de la lixation et de l'accumulatton des graisses
alimentaires dans la cellule hèpalique.
B. FormattoQ de graisses dans I0 foie. — a. Aux dépens des matièret aîbuminoides,
— Non seulement le foie fixe les graisses du sang et de la digestion; mais encore il
transforme d'autres éléments nutritifs en graisses.
Le fait que les graisses se furmeiildans le foie est d'abord démontré directement par
les intoiicîitions aiguës du foie. C'est nne question qui a préoccupé depuis longtemps
le** médei^ijis physiologj?^tes que de savoir le mécanisme des rapides dégénérescences
graisseuses du foie, (l/hiï* torique est complètement présenté par A. Lebedeff.)
Deux hypothèses, en tout cas, sont en présence : la première, c'est que la graisse se
forme dans la cellule hépatique aux dépens des albuminoïdes dn foie: c'est rhypothése
soutenue par Hauer. L'autre liypotlièse, c'est que la graisse de Torganisinp vient s'accu-
nmler. dans le foie. Telle est l'opinion de Lebbdkpf.
Bauieii, en effet, a remarqué qu'après l'intoxication phosphorée il y a un excès notable
dans la production d'urée* (Dans un cas entre autres, un chien, qui rendait en moyenne
13 grammes d'urée, a rendu, le quatrième jour de fintoxicalion phosphorée, 42*'8 d'urée. j
Eu même temps la consommation d'oxygène a diminué; et ces deux phénomènes coïn-
cident avec la stéatose hépatique.
Mais Lebkdeff n'admet nullement celle hypothèse de Bacer, D'abord, en dehors de
toute stéatose viscérale, laugmenlation de l'uréopotèse va de pair avec ta diminution
des combustions respiratoires. Ensuite on ne saurait expliquer l'énorme production de
graisse par une stéatose de l'albumine îiépatiqtje. (Dans un cas, chez l'homme, nn foie
de 1530 grammes contenait 4H() grammes de «graisse.) Enlln rien ne serait moins certain
que la transformation di/ l'albumine en graisse. 1 Bemarqtions que sur ce point la position
négative de Lebkdefp n'est pas admissible; car la ff*rmation de graisse aux dépens des
matières protéiques n'est guère douteuse.) Quoi qn'ilien soit, d'après Lebboefk, la graisse
s'accumule dans le foie, non parce qu'elle y est formée, mais parce qu elle y est trans-
portée, venant des or^^anes gras de l'organisnïc; de sorte que le phosphore est un poisoa
stéatosant le foie, non pas directement mais bien indirectement, parce qu'il produit des
graisses dans l'organisme et que le foie arrête ces graisses qui circulent. En effet, en
dormant à un chien de riunle de lin, puis, quelques Jours après, du phosphore, il a
retrouvé dans le foie très gras de l'animal mort d'inloxicalion phosphorée, des graisses
constituées en majeure partie (4/^»'; par de Thuile de tin.
Lko a, dans un très bon travail, essayé de concilier les deux opinions, 11 monli*e
d'abord que, par le phosphore, la production de graisse augmente dans l'organisme
tutal, et non seulement dans le foie. Sur deux jeunes cobayes dont l'un fut empoisonné
par le phospliore, la graisse totale fut dosée après cinq jours d'inanition, La grnisse du
cobaye phospliore repn'^sentait 5,8 p. tOO du poids du corps, tandis que la i^raisse du
cobaye normal ne représentait que 3,03 p. 100, c'est-à-dire moitié moins. Sur des ^^e*
nouilles, animaux A s^ing froid, pour lesqnels nne diminution des oxydations par te phos-
phore ne peut être invoquée, l'auf^^mentation des graisses hépatiques après ringestîon de
phosphore a été de 10 p. lOfl. Donc il y a eu une production augmentée des graisses»
D'autre part, comuic cette stéatose hépatique coïncide avec une grande augmentation
du poids du foie, d'autant plus surprenante qu'il s'a;iit d'animaux inanîliés» on est forcé
d'admettre qu'il y a eu, comme le pense Lriiei>eff, transport des graisses de l'organisme
dans le foie» et par conséquent infiltration graisseuse. Quant à la nature ménie de ces
matières grasses, Leo admet que la lécithine n'y joue aucun nMe, et qu'il ne s'en forme
pas dans la dégénérescence graisseuse phosphorée.
680
FOIE.
C^RNaT et Albarry ont constaté aussi qy*il n*y avait pas de lécitbine dans \ts stti
du foie. Au contraire, d'après Stolnikoff, sur de» grenouilles empoisonnées par le plioi
phore» la proportion de lécithine est d'environ 50 p. 100 dans la i^Taisse» tandis que d<
la graisse des grenouilles normales elîe n'est que de U) p. iOO,
Ces fails sont d'ordre palhologique ou loxicologique, mais il est étident qu'ils
s'appliquent à la physiologie normale. Si le phosphore (el, u un moindre degré, rarsetiir,
rantimoine, Falcool et les toiunes irifeclieuses) détermine la stéalose du foie, ce ne peut
être que par l'exagération d'un processus organique normaK Prouver que le foie des
animaux phosphorisé* fabrique de la graisse awjt dépens de l'albumine, c'est par ceU
même rendre très vraisemblable que le foie des animaux normaux fabrique aussi de U
graisse aux dépens de ralbumine. Et celle probabilité n'est guère diminuée par les expé-
riences de N. Paton, qui n'a pas pu constater l'aui^menlation des graisses dans te foie
apr^s une alimentation exclusivement albumijioïde»
D'aulres preuves, eu elfti, peuvent être invoquées.
O'Rbord ou sait que» che£ les femelles eu lactation, le foie se charge de gouttelettes
graisseuses (Sinéty). Cette graisse, identique c^ la graisse du lait, est tout à fait dilTérenie
des autres graisses du corps (Lkbruefi I; cm ne peuldonc dans ce cas supposer un Iranf-
porl des graisses de l'organisme. C'est une mmvelle matière grasse, qui n'existe pas d«ùi
le t'ang on les lissus, el qui par conséquent est formée iti situ dans la cellule hépatique.
Est-ce aux dépens du glycogène ou aux dépens des matières protéiques? La quesli^
est difficile à décider. Toujours est-il que les cliniciens savent que dans les cas d'insi
fisanco hépaliqiie rallailemenl est impossible, et qu'il n'y a pas de sécrétion lactée.
'* Pendant la vie utérine, et aussitôt après la naissance, disent Carnot et GitseaT (p. iX\],
le foie est normalement surcliargé de graisse. 11 en est aitisi chez le cobaye, el aussi chex
l'homme. A cette période il est aussi surchargé de glyca^éne: toutes les réserves ali-
mentaires sont donc prévues dans le foie pour assarer la vie, si défectueuse, des premier*
jonrs. Le glycogène est surtout péri-sus-hénuLique, et la graisse péri-portale iN
LAimiKH). Dans les quelques joui*s qui suivent la naissance, la graisse disparaît en;
ment, et Je foie devient encore plus riche en glycogène, M semble y avoir une corrélation
étroite entre l'activité de la cellule hépatique, caractérisée histologiquemenl par la réac-
tion erga^toplasinique et l'accu mutation, à son niveau, des réserves glycagéoiqiies et
graisseuses, m
Ctiez les poissons il y a, comme uous t'avons dit, un foie chargé de graisses» et aussi
chez les mollusques. Or les uns el les aulres ont une nourriture presque eiclasivemen
aKolée. J'ar conî^équent il est nécessaire d*admettre un foie lipopoîélique^ formant de*
graisses aux dépens de l'albumine, »oil directement, soit indirecte ment après Iraasfor-
mation de l'albumine en glycogène.
En tout cas, la transformation de l'albumine en graisses, sans que nous paissioos
entrer ici dans ta discussion de cet important chapitre de la physiologie générale, panit
vraiment démontrée, malgré les exagéraiious de Votr, et il serait t>iea iovraisemblable
que le foie ne fût pas un des principaux organes chargés d'opérer cette mutation. Les
larves des vers, qui n'ont (pie des proléides, se chargent de graisses. Le muscle mort ^
charge d'adipocire; la caséine du fromage se transforme en matières grasses; il est pro-
bable que te protoplasma de la cellule hépatique est capable de subir la même transfor-
mai ion, qui semble vraiment être générale.
L'opération chimique, qui la produit, peut être facilement mise en formules; maisoB
formules n*ont pas grande valeur, tant qu'elles ne s'appuient pas sur des expériences
directes, et nous Jious en abstiendrons.
[3. Formation tUs tj misses dans le foie aux dûpens des hydrater de carbone, — La l]
formalion des hydrates de carbone en matières grasses est tout aussi probatile — pour
ne pas dire certaine — que celle des matières albuminoïdes eu graisses.
(Test une grande loi de physiologie générale que rengraissenient des animaux peut se
faire aux dépens des matières féculentes ingérées. Mais en réalité la question est un pea
plus complexe, et il s'agit de savoir : T* si cette Iransfurraatîon des }nialières gnftseï
en hydrates de carbone est directe ou par l'intermédiaire de ralbumine; 2* si le siènt
essentiel de celte transformation est dans le foie.
Comme il y a toujours assez de matières protéiques dans le sang pour sufGre à ou
FOIE,
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transfomialion en matières grasses, on ne peut démontrer directement ce passage des
féculents en graisses; mais on en peut trouver une preuve indirecte en étudiant les
édianges respiratoires qui succèdent immédialernent h une alimentation très riche en
hjdrales de carbone. H\nr»ot et €h. Ricmet ont vu, en etfel, qu'après une abondante iiiges-
lîan de sucre le quotient respiratoire allait rapidement en croissant jusqu'à i'unité»
et môme arrivait à la dépasser quelque peu. Or il faut bien admettre que, m^me alors,
U combustion des malirres prolétques n'a pas complètement cessé, et que cette combus-
tion comporte comme quotient respiratoire 0»6, Donc la transformation des sucres n'est
plus une simple combustion; car alors on trouverait un chiffre loujours inférieur àt
pour le quotient respiratoire; la combustion complète des sucres donnant le quotient i ;
et la combustion des protéides n^étant pas arrêtée. Si Von trouve I, et jnéme 1,!, et même
l»2, c'est qu'une partie des sucres formant de la graisse donne de l'acide carbonique, de
Teau et de la graisse, suivant TéquaLion schématique suivante :
A vrai dire, ce n'est là qu'une induction, et la preuve directe manque encore; mais,
lotit compte fait, cette tran.sformatioii des hydrates de carbojie en graisses est en tel
accord avec toutes les données expérimentales de la physiologie animale et de la phy-
siologie végétale et agricole qu'on ne peut se refuser à l'admettre.
Heste à savoir si c^est dans le foie que celte tran.sformation a lieu, s'il y a une action
fermeritative quelconque» intra-hépatique, donnant de la graisse aux dépens du sucre.
LAiff^LKï (cité par ScHAFER, T. Bookof Physiot., t,935), observant le foie des i^îrenouilles
d'été et des grenouilles d'hiver, remarque qu'en hiver le plycopène s'accumule dans
la cellule hépatique, en même temps que la graisse, et qu'au printemps ces deux sub-
stances disparaissent en même temps tout à fait parallèlement, ce qui indique le con-
traire de Id mutation d'une »le ces substances dans l'autre, N. Paton atioutit aux mêmes
conclusions : sur des lapins, des chats, des moutons dont on dosait simultanfîment dans le
foie le glycogene et la graisse, on n'a pu trouver quelque function vicariante dans le^i
rapports de ces deux éléments. Cependant dUmportantes expériencesdc Patox paraissent
prouver d'une part qu'une alimentation rïcbe en sucre augmente les graisses du foie
(mais les rhilTres ne sont (las IrAs concluants); d'autre pari, qu'il y a une augmentation
des acides gras du foie au monu-nt ou le glycogène disparaît. Sur deux lapins à jeun
depuis soixante -douze el quarante -trois beui-es, ta proportion de j^lvcoj^ïêne n'était que
de 0,60 etO,i:i ; et la proportion de g-ruisse de 4,30 et de 5.15 p» tOO du foie. Deux lapins
normalement nourris avaient '2.68 et 5,t>5 de gly€Of(ène; et 2,17 el 2,07 de |,'raisse. Après
▼ingt-quatre heures d'inanition, sur d'autres lapins de même portée, le gly^:og^ne était
de 2»î>3, et de ^,00; el les graisses de 3»34 et 1,60, ce qui peut se résumer dans le
tableau suivant, qui donne les moyennes.
OI>-cogèD<*i GrftiMo.
Lapîuâ normaux 4,t6 2,12
Lapins iuanitioii, de 24 heures. . . 2,% 2^17
Lftpins inanition, de 12 heures. . , 0*40 4,7T
Or il n'est pas vraisemblable qu'il s'agit d'un transport de graisse, car jamais chez
tes animaux en inanition le sérum ne devient laclesceut; il est bien plus rationnel d'ad-
mettre une transformation in situ du gtycogfene eu graisse.
Il faut tenir compte aussi d'un fait signalé par Natta:4 LARRrRR, et qui semble en
opposition directe avec les expériences de Paton, à savoir que, dans les premiers jours
de la naissance, le foie, très gras, du nouveau-né perd rapidement sa graisse, à laquelle
«mble succéder» avec la même localisation dans la celluli» hêpalique, une accumulation
de glycogène.
Sekgen a essayé de prouver que le foie augmente en glyco^t'^ne, après une alimen-
tation grasse. En mettant un fragment de foie en présence de graisse et d'un peu de
sang» H a vu se former du sucre dans le mt^lange; mais cette expérience, ainsi que
disent avec raison (tiLUKHT et CAa.vOT, mériterait d'être confirmée.
Môtne s*il était prouvé que le glycogène se forme aux dépens de ï a graisse* ainsi que
l'admettent Boucharo et Desurt^. pour les muscles (et non pour le foie), cela ne prouverait
aucunement que Topération inverse n'est pas possible, el une même réversibilité de cette
m
FOIE.
t^,li(m chimique es^^ dans «ne certaine mesure, rraisemblable. kiml bîen serioiu-nous
|«ïilé d'admeUre que les deux traiisforraalions peuvent avoir lieu, selon le* intln
nerveuses, dans la cellule hépatique* Bans certains cas, le glycogèn^ devient |^ .
dans d'autres cas, la graisse se ir^insforfiie en ^lycogène. Mais assurément le pa^^^a^e
éu' gljToi^ène en graisse est bien mieux démontré que ïe passage de graisse en giyco-
giuie, Il est diftîcile do contester celle formation de graisses aui dépens de^ féculenti,
et môme de douter que celte formation ait lieu dans le foie. Au contraire, la formatioû
de glycogt'ne aux dépens de la graisse est bien plus douteuse (V< Glycogénèse, Huiri-
tion, Graisies).
En somme, toute cette question de la formation des graisses dans le foie est loin d*èlre
(iqlaircie. Kt la d»fricull<^ est plus prninde encore sHl s* agit de déterminer la natorede»
ffraîssen formée:^. (V. Graisses.) Quelle e&l la part du foie dans la formation de la léci-
Ihine? Y a-t-il une fonction ptiospliorique du foie comme il y a une fonction ferratiqae.
fixation du phosphore sur les pioléides? La glycérine, qui augmente le glycogène hépa-
tique, conlrihue^l-elle k la formation de graisses par Tuiiion aux acides gras du foie!
Au dédoublement des graisses dans l'inlestin peut-on admettre que vient succéder leur
synth^;<ie dans le foie (combinaison des savons avec la glycérine pour reformer dci
graisses neutres)? ce sont \k des questions non résolues encore, et que nous noai
i'ontentons d'indiquer, ne fût-ce que pour appeler Tattefïtion sur ce r**>le prépondéraat
du foie dans la lormaiion des uraisses.
C. DestructiOD et traBaformation des graisses dans le foie, — La transfor-
mation et rassinjilation des matières grasses du foie sont peut-être plus obscures encore
que leur formation. Il est évident que cette graiss»? qui s'amasse dans le foie, fh«
certains animaux^ est destinée à suppléer h la nutrition de Tanimal en l'absence d'une
alimentation sufilsante. Mais comment s'opère celte désassimîlatton de la graisse?
Si la graisse du foie était versée dans la circulation générale par les veines sus-hépt-
liquu^, on verrait alors, au moins dans l'état de jeûne, le sang des reines hépatique!
plus riche en graisse que le sang de la veifie porte* Mais, en réalité, c'est le contraire qui
a-été observé, comme semblent le montrer les expériences dt* Drosdoff, rapportées plus
kaut. En tout cas, si la graisse du foie passe dans le sang, ce ne peut être qo'en très
minimes quantités, impossibles à déterminer par l'analyse.
(il Indirectement on n'arrive pas davantage k préciser cette destruction des graisssi.
On sait seulement que la graisse peut passer dans la bile (Viacaow, cité par Rdgh),
HosE^^iîKFn; a montré qu*uïie partie des éléments gras d*un repas riche en graisse passai!
dans ta bile, faisant une î^orte de vernis protecteur sur les parois de la vésicule btUaire,
Gilbert et Gaexot ont trouvé après injection veineuse d*huile émulsioimêe, chez le cbi«;n^
l€ï> parois de la vésicule infiltrées de graisse, et la bile elle-même riche en matières
grasses, D'après ces auteurs, si Tingestron d'huile donne d'asse7. bons résultats comme
traileuipnt de la lithiase biliaire, c'est qu'il se fait «me éliniinalion d'huile par la bile, et
qup la graisse agit alors mécanîquemtMrt en lacilitant le glissement du calcul.
Mais ce passage de la graisse dans la bile est un pliénoméne qui n'est presque pai
normal; en tout cas il tw se présente que dans le cas tout à fait particulier d'une alimen-
tiition très riehe en giaisses. Kl d'ailleurs cette graisse de la bile, déversée dans finleî-
tia^doit assun^mt?nl revenir de nouveau par les chylifères dans la circulation générale,
sinon en total it<:*, au moins en grande partie; la stercorine, Texcrétine et la cholestérinî
passent dans les matières fécales; mais les autres graisses sont reprises par les vaisseâui
sanguins et lymphatiques de l'intestin.
m!! La graisse amassée dans le foie doit donc disparaître autrement que par l'excréliûii
biliaire; et alors deux hypothèses se piésentent : ou la graisse est transformée in fitu
dans la cellule hépatique, ou elle passe à l'élal de graisse dans la circulation générale.
r l*a transformation des graisses dans la cellule hépatique n'est pas un phénomène bien
certain. Seêgen a essayé de prouver que la graisse pouvait donner naissance au ghrci*-
géne* «iiLBERT et CAttNor citent CuArvKAU, Hltmpf, Comejean, Babtoou et ^CHijaATi comme
favorables à cette opijiion, tandis que Buuchah» et Desgrez admettent, d'ailteui-s sanê
ppeuves directes, qUe s*iï y a transformation en glycogêne dans les muscles il n*y ea a
paiS dans te foie. Au demeurant nous ne pouvons aborder ici la quoslion qui sera traitée
avecidélaiis à rartlcle Glycogénèse.
FOtE.
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I
Il ike paifnlt pas très probable, ea tout t^as, qae le foie, qui relient les graiBses de ia
cligeslk>n» sojt charf^ de la foïicLîoo inverse, c'est-à-dire du dévei-semeiil des graisse*
daoàlesang, à TéUt de graisses. Sans doule la cellule hépatique préside elle-même k
rutilisaUon de la graisse, en faisanl du glycogène, el peut-être d'autceâ produit»^ pltiii
facilement oxydables que la graisse. Uais il n*y a pas d^expérieuces directes qui pejS
mettent de résoudre la quesliou*
Conclaaiûns. — Si maintenaiil, résumant ce chapitre, no*is essayooî? d'en déduire
quelques conclusions précises, nous voyous : i° que le foie accumule cerlaînement tes
l^Taisses qui .«K^nl eu excès dan;» le sang de la veine porte; *1" très certaioemeut aussi qu*il
traBsfonne les hydrates de carbone en graisse; 3** que probablement il fait de la graisse
avec les itiati^res azotées, soit directement, soit par Tintermédiaire des hydrates de
carbone; 4<» que peut-être il aceomplil l'opération inverse, transrormant les graisses en
liydratei de carbone.
liais il s'agit là de fait? iricamplets, obscurs el assez incertains, de sorte qn^on con-
çoit très bien que révolution des malièies grasses hépatiques puisse devenir, à la
<Uite de qu^^lqui^s expériences ûïiprévues, un tout ntHivejiu chapitre de la physiologie.
Bibliog:raphie, — Diverses fondions chimiques du Foie. — Atn\zo et AriTUEN (E.).
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I
I
§ XIL — FQBMATfON DE UURÈE PAR LE FOIE,
Aperça général sur la, fanctloii urèoporétlque du foie. Historique. — De
nombreuses expériences, depuis Phkvost et Dl:mas (J823), ont établi que l'urée ne se
forme pns dans le rein, mais dan^ d'autres parties de rorgantsme. Bien que combattue à
diverses reprises, celte opinion n'a pas cessé de ré^^ner dans la science, et à Ttieure
actuelle elle e^^t eticore, avec raison suivant nous, délinitivement acceptée.
Mais ce li'est pas ici le lieu de rapporter IVnsemble des faits qui donnent la preuve
de la non-production de Turée par le rein (v. Rein, 0rine, Urée).
Nous regarderons donc comme établi par Pwevost etOuMAs, Picard, GhébanTjSchbodkii,
et bien d'autres auleiirs^ que l'urée est en plus grande quantité dans le sang artériel
rénal que dans le san^ veineux rënaL Si cette expérience si simple, qui coosisle à doser
comparativement Turée du sang dans ces deux vaisseaux ne réussit pas à donner des
chilTres qui entraînent toujours la conviction, c'est que les diJTérences ne portent que sur
des fractions extrêmement petites, Adrnetlons qu'un cbien de 10 kilogrammes produise
8 grammes d*urée par jour; la quantité de sang qui existe dans ses reins est égale à
peu près au 25» de son san^ total; soit, en su|>posant tOOO grammes de sang et une
révolution totale de sang égale à un quart de minuits ^ environ 160 grammes de sang
par minule, ce qui représente 10 litres de sang par heure, soit, en vingt-quatre heures,
240 litres» La dilution de 8 grammes en 240 litres équivaut à 0,03 par litre; ce chiffre
de 0,03 représentant la différence par litre entre le sang veineux et le sang artériel du
rein, il s'ensuit que, si l'on opère sur 50 centimètres cubes de sang, on a à trouver en
poids absolo une différence de 0^^,0011), différence qui n'est guère accessible k Tana-
lyse, étant données les difficultés techniques considérables pour extraire et doser (à
Pétat de pureté suflisante) Turée du liquide sanguin,
Toutefois les preuves indirectes, à défaut d'une preuve directe formelle, établissent
formellement la formation d*urée par les divers tissus, et en particulier par le foie.
Pbevost et Dumas avaient, dit-on, trouvé que les urines de nialades atteints d'hépa-
tite chronique contiennent peu ou point d'urée; ce qui semblerait tivoir prouvé k ces
auteurs que les fonctions du foie sont nécessaires à la formation de t'urêe. Mais Erocah-
DEL, qui a fait une excellente étude historique de la question» n'a pas pu retrouver < e
passage dans le mémoire de Prévost et Dumas: d'ailleurs les deux illustres physiologistes
n'ont pas insisté sur cette fonction du foie.
FOIE.
6B7
d'ajouter que celle métliode donnerait, d'après Ciusscvant [comm. inédite), des rétultaU
trop faiblps, et que, dans les liquides c»rganiques« la perte d'urée peut s*éleTer À ^
|). 100. D'aprè» SctifioDEa cependant^ la perte ne dépasse pa5 2 p. 1CK>.
Quoi qu'il en soit de l'exactitude de cette méthode analytique de dosage» ScuRùDEn a
fait des circulation â arti Ile telles de sang normal et de ^ang chargé de carbonate d*atïi*^
moniaque à travers les reins, les muscles, le foie. Or, quand le pas^sage ite faisaii dans
les reins ou les muscles, les dilTérences d'urée ne dépassaient pas les limites des erreurt
e^cpérîmeniales.
Oftéft poom 1000 os. pn s>^o
r
Avâut.
Après.
0.402
0.396
0,t40
0,131
0,312
Mats, si l'on faisait passer dans le foie du san^ chargé de carbonate d*ammoniaque,
alors on constatai L la formation d*urée en proportions très notables.
Avant
0,462
0,538
0,193
0,499
0,418
Après
0,812
ÎMl
0,r»99
0,120
f,35ï
S heures opr^s. .
1,25»
Par conséquent, il est éyident que le sang, par le passage dans le foie, produit de
l'urée. Il semble aussi que ce soit par translbrroation du carbonate d'ammoniaque en
urée; mais nous n^insisterons pas actuellement sur les origines mAmes de cette urée* Nous
nous contentons en ce moment de prouver qu'il semble s'en produire dans le sanm par
passage dans le foie.
J'ai modifié cette expérience, et j'ai pu la rendre, semble-t-il, pîus décisive* en opé-
rant non sur un foie soumis à la circulation artilldelle. mais sur un foie lavé, comme
dans rexpérience célèbre de Claudk Hkrxahd sur la formalion de glycog^ne dans le foie.
Si l'on prend le foie d*un chien bien portant, et si l'on établit un courant d'eau légè-
rement salée, à 6 grammes de NaCl par litre, passant par ta veine porte et sortant par
les veine» su.H-liépallques, on prive à peu près complètement le foi(^ de tout le sang qu'il
contenait. Que si alors on dose l'urée qui reste dans le tissu hépatique, on constate que
la proportion d'urée est d'environ 0^:^ par kilogramme de foie, c*est-à-dire une quantité
très faible*
Voici comment je procédais pour doser cette urée. Le foie très bien lavé était préala-
blement haché; puis le tout était porté à rébullition : et les parties insolubles étaient
épuisées deux on trois fois par de petites quantités d'eau, de manière que toutes tes
parties solubles fussent dissoutes. Le liquide était ensuite traité par une grande masse
d'alcool; puis filtré. Le résidu alcoolique était évaporé avec précaution en ayant soin
que la tempiTature ne dépassât pas ÎO*»; pais épuisé à deux ou trois reprises avec un
mélange à parties égales d'alcotd absolu et d'éther. Ce liquide» ÛUré et évaporé, était
repris de nouveau par Talcool absolu, concentréi puis additionné de baryte, et laissé pen-
dant vingt-quatre heures dans le vjde en présence d'acide, sulfurique de manière que toute
irace d'ammoniaque ait disparu. L'urée était alors dosée par rhypobroiuite de soude,
soit par la mensuration de l'azote dégagé, soit par la mesure (avec le protocblorure
d'étain) de la quantité d'hypobromile consommée.
Ce chiffre de U,â par kilogramme esta peu prés conforme à celui qu*ont admis divers
auteurs. Booaiiito (cité par BaouAtioBL, 10) donne 0,2Q2 par kilogramme; Mêissneii a
trouvé 0,!SI par kilogramme; Munk a trouvé 0,39,0,65, 0,20; en moyenne, 0,34. (Ibèhant,
et QuiNOUAL^a, 0,21, dans le foie d'un chien à jeun, etO,4i3 dans le foie d*un chien en diges-
tion. Quant aux chiffres de Picarû (1877), ils sont tout à fait erronés. Par des méthodes
précises, (iorruEB, en dosant Turéedu foie, a trouvé par kilogramme des chiffres variant
de 0,044 à 0,25,
Or il se trouve que, si l'on laisse ce foie de chien à fétuve, en éliminant autant qua
possible les fermentations microbiennes; ta formation d'urée continue après la mort,
sans qu'on puisse faire intervenir une circulation quelconque par le sang chargé de carbo-
nate d'ammoniaque ou d'oxygène. Le seul fait de la vie des cellules hépatiquesi conti-
nuant après la mort de l'individu, produit de Turée en quantité appréciable.
68« FOIE.
J'ai montré ainsi que le foie, trempé dans de la paraffitie k ÎQÙ* f>our délruirt ïh
germes extérieurs, puis abandonné à lui-même ù. rétuve à 3K" pendant quatre heures eoii-
ron, se charge d'urée : ulors, au lieu de 0,2 p, 1000, ou trouve 0,8 p. IDOU.
On ne peut invoquer ractioo de ferments microbiens; car les ferments prodoct^ors
d'un-e sont rares, et d'ailleurs le foie avait été lavé par de Teau stérilisée. Entiu, Timmer»
sion dans la paraffine à 100*" avait produit une stérilisalion siuperficielle suffisante pouf
empêcher pendant queïqtt«is heures Tintervention des microbes de l'air, en grande partie
dr*truits*
Cette expérience éUb lissait donc nettement le fait de la formation d'urée par le foi«
après la mort, parallèle à la formation de ^lycogène après la mort.
Kn poussant Texpi^rience plus loin, j'ai pu prouver que cette formatioa d*urée éttit
due à la présence d'un ferment soluhle, rfia^siave uréopoiétique.
Voici par quels procédés on peut arr iver à cette démonstration.
Si Ton lïroie et réduit en bouillie un foie lavé et privé de sang^, et si on l'additiODaf
lie son poids d'eau (contenant 5 ^'ranimes de lluorure de sodium par litre pour empêcher
les fermentations microbiennesi, on peut obtenir par filtration à la trompe sur du papier
mire très^ros un liquide que j'appellerai iiquidc hépatique ^ Ce liquide est alors additionné df
trois fois son voltime d'alcocd. Le [irécipité, desséché â Tessoreuse» est mis en contact avec
trois fois son volume d'eau iluorée pendant 24 heujes. Le liquide llltré cootieot Ja dias-
tase urêopoïetique en nrème temps que la diastase glycogénolytique-
En ettei, ce liquide tîltré diastasiqne» mis en contact avec le liquide hépatique bûmlli,
provoque la formation d*urée.
Voici les chiffres ^moyenne) résultant de nombi'euses expériences :
Liquide hépatique bouiUi avec dîastase noo bouiOiG. . . 0,2til
— — avec diastaie bouillie. . , . 0,2Î6
Différence eu faTour de la diiisus-- non uuurin 0,Ûôt
Liquide hépatique uoq bouilli avec disi^tase non boudUo. û,U6
— — avec diastati^ bouiliio , , , 0.45Î
Diâ'c'rence en faveur de k diasta^e non bouillie. . Q,\tH
Il est certain que ces chiffres sont faibles et ne dépassent que très peu les erreors
expérimentales^ mais» comme les difTêrences sont toujours dans le môme sens, elle*
îious autorisent à conclure qu'il y a un ferment s<jluble dans le foie qui transforme eo
urée certains corps, faisant partie de la cellule hépatique elle môme.
évidemment, quand on op^re avec le foie intact, ou même avec le foie broyé et rédoii
en pulpe, on obtient des chiffres plus forts que lorsque Ton opère avec la diastase soluhle.
car les précipïlations par l'alcool, les dissolutions par Teau et les Oltrations diminaent
forcément en très grandes proportions les activités des ferments. Mais il ii*en est yu
moins certain que, quoique en faible quantité, cette diaslase existe dans les liquides» (iltrés
et traités de la manière indiquée ci -dessus.
Reprenant à d'autres points de vue cette étude, Scuwarz (Î 898) a retrouvé cettt
notable augmentation de Furée dans le foie après la mort. Il a constaté pour le foit
au moment de la mort 1,26^5 parkilogr,, et après 4 heures à 40"* à Tétiivc l,5U7; l.W;
1,580; 1,748, Ni l'ammoniaque ajoutée, Jii roianiine, ni Tacideoiamique n ont augmeaU
la proportion d'urée formée.
Enfin, dans des recherches entreprises avec A. Chassevant, nous avons encor*^ m
l'urée augmenter dans le liquide hépatique filtré (additionné de chloro forme) ;
Au moment de la morl. . . 0,016 0,021
48 heures après «ÏJIS 0,222
Ainsi cette nouvelle série d'expériences montre hien que la formation d'urée danslt
foie est due à la présence d'un ferment soluble qui transforme en urée certaines sub-
stances.
Cette formation d'urée dans le foiepost m'triem a été cependant, depuis mon tipé-
rience de 181*4, Tobjet de quelques contestations et critiques iutiSressanles. Le procédé
de la digestion du foie par lui-même (que Salrowskï eu 189! avait inauguré, et qu'il
avait appelé autolyse) ^si été soumis à de nombreuses investigaUana^
FOIE.
689
I
fioTTLiift, 011 189S, reprenant Tiiuto digestion dti foîe, a Irouvt^ que le foie, dans un
milieu aseptique n 4f>". produisait nn corps soluble dans l'alcool «bsolti H l*élher. ne
prt^cipUanl p-is par Tacidn phosp|jolong>liqne^ mais précipitant par le nilralc raercu-
rïque, et pnr i'onséqu»^i»t Ires prohalilement de Tarée,
On ;i vu qtte ScHWAaz tétait arrivé aux meniez conclusions* 11 a constaté que 1 kilo*
gramme de rnie pouvait donner en quatre heures (en muyeiuie) 0,367 d'urée, dans des
conrlition^ n^'oureuses d'asepsie. Mais if dosait Ttirée par la mûlhodede HôiiNEaSjOQViST,
ce qui ne dontif^ pas la preuve absolue il'une augmentation d'urée (car il est des com-
btuais»ns HUtres que Tammoniaque solubles dan«i l'i'dher).
0. toîwi a rnpris la question avec beaucoup do «oin^ et bien établi qu'il se produit
une substance arolre spéciale par Taction d'un ferment soluble contenu dans le foie; que
celte sub'^Uiice donne de i*azol»^ avec riiypohrofnile de sodium, n'est pas de Tammo-
niaque, *e dissout dans ralt*ool et Tétlier, ne prfîcipite pas par Tacide phosphotnngstique,
et se précîpile p.ir le nitrate mercuriqu*^. Pourtant ce corps ne serait pas de l'urée,
ear il ne cristallise pas par Taddilion d'acide nitrique ou d*acide o^^alique; mais il
serait plulôl nu acide ainidé Ir^s voisin de Ttirée, et, en tout cas, dérivant du içlyco-
colle; car l'nddilfoii de glycocolle eu augmente nutablemenL la quantité, tandis que
rac«Hale d'ammonium est sans elfet.
M. JvcoiiL .1 fait ta coiislalation d'un aulre intéressant phénomène : le llssu b^^pa-
iiquf* jiban donné ta tui-mArne donne [eu «éliminant par un antiseptique, el, dans le ca»
pn^s^^nt, par le t»duoL toute action mii'njbienue) des quantités croissantes d'azote se
déjîafî<*ant par la coction avec MgÔ.
En vimçt jours les quantités (en poids d'aiote) ont été dans vingt (laçons contenaiit
des quautilt's identiques de liquide h«;patiqne :
l"joiir. . .
ûji(î!:{
Le
H* jour. . .
ûj)flr»fl
2* —
«,(J035
12* — - . .
0,0045
»• —
i}.m:n
13- — . . .
o,oo4n
4* — . . .
{i,i>i»a7
U- — . . ,
0,OOIS
*»• — *
o.itditi
15- — . . ,
o.ooiri
«• — . , .
n.ûoio
te* — . . .
0,0058
T - , . .
0,€0i6
IT — . . .
, ù,(m9
8- - , . .
0,(I01»Î
18* — - . .
0.005'9
9* — . . .
0.(1(07
20» -^ . . .
0,0007
10* - , . ,
0pt»u47
Quoique une partie de cet azote soit due à l'urée ("ÏK Jacobi l'attribue à rammoniaque
pour iiUf' p;utiM (m[ioriante; car il a fait directement dans d'autres expériences» en
d«»saut ramnioniaipie par l;i niétbtide de SrjiyïS(NG, la preuve qu'il s'agissait, sinon
totalem^'ut. au rnoins en irrande partie, d'ammoniaque. 11 en conclut, s appuyant sur
les obsi'rvaiiuns autérieures de SiLRowsni et de Blondi, qu'il y a dans te foie une sorte
d'autodi^rstinri, de ternieut proléid\liqye qui ne digère pas toutes les albumines, mais
seiileuioiit «[ii»dqiies-unes, et qui les transforme en produits azotés solubles, diiïérents
des albumines, et plus avances m-^fue i|iie les produits de la digestion tryptique, non
seulement b-ni^ine» lyro>ine, ^dvcocolle, mais eîicore ammoniaque et peut-être urée.
L'urée elle-oiV^ine semble ^tre transformée partiellement en aranioniaque. Quoique il
soit asî^i'î pi»u vra»>e.'nUlable que ce pbénom^ne de production d'ammoniaque aux
déppus de r«rôe ait lieu iVi vwo, il faut admettre qu'il se produit dans Tautolyse du foie.
HiTiiOU^n-VQ et lïavo.v ont par la même méthode d'autolyse étudié les phénomènes
chimiques tpii s*^ p.i'^scnt dans le foie séparé du corps. Ils ont noté l'augmentation de
tenritie, *d une léut're dimirintirm des acides gras.
Voici les chifTre^ qu'ils donnent ;
Èluve {{2 heures).
T*»nioini, . , » , .
ÉLiiTc (3 jours).
EXTRAIT
ALCOOLIQUE
12,2152
6,2S51
I8,16d5
5,05«3
EXTRAIT
3,1630
3,441»
4,2784
3,5889
'L'augmentation est donc considérable dans ce tissu séparé du corps,
nr'T T»S PiJtSLOLOOlE. — TOME Vï.
44
690 FOIE-
J'ai pu coiJstaLer tout récemment un autre fait intéressant, relatif ft celt« imoffoir-
in;»tioii pîir atitolva^ Jet» albumîiioïdfîs hépatiques {Def firmnifx protcolytiques çt de Fa^o-
Igse du foiL\ B, fi,, 'J3 mai {invA, Ga6 058), A cet elTet, j'ai Lraîté la hauillie hipalnjiK^
toute fraîche d'un chien» par un vohime éjîal d*uae solution de Ûuorurft de sodium
à 6 gr. p. loti Dansces conditions, toute action microbieime est absolument sappnm«.
Le liquide filtré a été séparé en deux portions. Les purtions A^ que omis appdlcrom,
pour simplifiMT» Foie cnit, ont «Hé coagulées à l'autorUve par une température de 1 lO*. Le$
autres portions H or>t été mises à l'éluve, à 3H'\ sans avoir suhi l*aclion de la cbalfur
Nous les tippelleronH, poui simpîitipr, Fok crti. L'albumine »ie ces deux porlitm» a i*(è
dosée par pesée. Le liquida comi^uI*^ par la chaufl'e dans Tautoclave à 110° a ét^ Iraîlé
ensuite par trois fois son vohniïe d'alcool ù 90 degrés; et le tout a été mis sur un U\in
taré, piïis, après illtration. le filtre avec le prôci^ilé û éiv pesé. Jessi^ohé à lOiP, liai
néeessûjre de déduire du poids du précipité le poids des cendres, obtenu parcalrination,
à cause de rinsolnbiUté relative du llunrure de sodium dans TalcooL
Les chiffres trouvés montrent neltement qu'il y a dans le foie des ferments prot^o-
lytiqûes; «olubles, digérant les albumines hépatiques. Cetle expérience es! différente de
iVxpériejict^ de Saljvûwpkj et de celle de5 auteurs cités plus haut; car il s'agit, dans Cfllei
que je, rapporte ici, de liquide hépatique dissous, ayant fHtré, et non de cc^Hules bt^pi-
tiques intactes. *
Pour ino
Poids d'*lliuxniQe
d'&lbumiod du foio (:uit
coagulalile. ont dispAru.
Exp. 1. j !:°!« -^"'^ f^, \ 26.9
•^ ( Foie cru 2.32 )
"■"P' - ( Voit- cru 2,10 ( •*'
Eip.X { î,""!»'^'^' ?■•■» i 10
*■ \ Foie cru. . , . . . 3,15 |
Dans cette exp, 3 les cendres n'ont pas été dosées; ce qui donnerait, en supposant H'3
de cendres :
, Foie cuit 2»25 j ,«
* Foie cru 1,90 \ '
Si la digisstion est prolongée, les quantités d'albumine dissoute augmentent.
(^3tp. iV.)
'.Mb. 48 h. 90 h. 7 jourt. IIJQQTI.
Foie cuit t .06 0.!>9 1,22 g. 11 0,*»
Foie cm, . 0,7^ 0,71* 0.77 U,45 0,3^
Pour 100 d'albtiuuiic du loie cuit '>ni disparir.
32
20
37
37
La moyenne générale de ces expériences donne 32 p. 100 d*albuniiiie ayant disparu,
sans doute transformée par les ferments solubles du foie en matières azotées non coaini'
laides par la clialeur et TalcooL ,
Or le fait remarquable, c'est que les autres albumines, par exemple les albumiwfà
du sérum musculaire, ou les albumines hépatiques, après qu'elles ont été coagulée^, fif
subissent pas cette dissolution.
En effet, si Ton a mélangé à ce liquide hépatique des proportions variables d«
sérum muscolaire, on ne change pas les quantités d*aïbuinine dissoute.
D'autre pari, en mélangeant 50 centimètres cubes de bouillie hépatique (Oltrét '■l
crue) avec 50 centimètres cubes tle bouillie hépatique (filtrée et cuite), après liltratioin
on trouve des nombres qui se rapprochent absolument des nombres qu'on eût dû troQTCf,
si Ton n'avait eu alfa ire qu*au liquide hépatique cru.
Foie cuit
Foie cru*. . ,
Mèl. à parties égales de lu^e cuit et de loïc cru.
24 11.
1J6
0,72
0,91
0,87
96 h.
1,22
0,77
0,12
7 jottrs. 14)oan
0,71 0,S3
0,45 0^35
0«54 0,49*
FOIE. 1)91
A sapposer ^m VnWianûne caliê ii*aifc*pas éié iratisforinée, od eùi dû Iroavt^r dnm
\t fn^tange h pari i os légales de foie. cuit al d€ fois cru :
0,19 a,S9 DM 0«^H U.r^îJ
* ♦
tJt qui donne les différeiices jiiiiiirnes de :
H faut donc admeUre qur ces ftvrmotiU pmtéolyliques solubles du foie soi iihi lisent
Jfis matière!* albumiduîde!^ du foie» mais «;elle«-là si^ulemenL el qu'eUcs sont incapables
i^igir sur les autres atbtimirieâ.
C'est là un fait très génùnil. «'fi.iquf^ lissa t-ontient de** feraionts inlra-cellulairi*»
etflables de dig**rer son propre tissu ♦•(. non de dig«'rer les autres tissus. Autrement dit,
il y a dans chaque cellate un ferment antoprotèol^tiq^f.* qui parait èl^e absolument spé-
cifique.
Dans celte même expérience Turée a àié égalenjeut dosée (par^Je procédé de Moea;^RR
el Sjoqvist, encoio que nous n'ignorions pas qpc la mi-'lhode Ji'esjt pas irréprochablo).
Im iiquide évaporé avec précaution a été repris par un mêlante d*éther et d'«I«^ool ; ôt
U'ffoiution élhéroralcooiique a été Lraitée par une dissolution aquense dejiaryle t^t de
chlorure de baryum qui précipite toutes les matières axoLées, sauf run^e et Fiiunno-
iiiaiiue, L'aminoniaqUH a été éliminée par la lufignési*^; et ruréo a été dosée en déter-
minant la quantité d'azote par la méthode de Kjiîluaiil.., ,
Bans rex péri en ce et-dessus indtqi^eles quantités d'urée onl é|.é (ptifir 1 000 i^ramme^
de foie) : . * ^ /.
34 h. 48 b* 9« fa , 7 jnui'i. tl juun<.
Poiecra.. 0,^3 ' «,10 1,37 îM 1,80
Foie cuil 0,30 O.'iS 0,00 0,15 ÙM
Mélange de fuit» cru et de foie cait. 0,60 . 0.43 O.IKI 0,«3 I M *
Dani tous les cas, il y a eu un notable excédent de l'urée dii foie i:rn Miir Tnrée dn
foie cuit.
2\ lieutTs, , l,Oa
48 heui'«s, 0,25
m heure», 0,17 .
7 jours* . , - , . 0,^5
14 jours. 1,00
Mais il est iinpossible de trouver une autre relation entre les quantités d'albumine
ayant disparu et la quantité d'urée formée, car, dans Lclte même expérience, U's quan-
iités d'albumine trouvées eu eicès pour i 000 grammes de foîe/daus le foie cuit, ont été :
24 heures. . , . ,
U
48 houres. . .
â,o
96 heures.
4,5
7 jours. .
2,6
Y\ jours, . , , . .
4,«
I
Il s*agit là assurétnent d'un processus très compteie, et peut-être, avant de passer à
rétat d'uré^i l'albumine pas3e-t*elle par une série d'étapes intermédiaires, qui, dans ce
foie soumis à l'autolyse, ne .sont achevées qu*au bout d'un assez long temps.
Des 9u]>a^aiiees qui se trauaformeut en urée dans le foie, y- Toutes le^ expé^
rienjce» relatées plus haut prouvent qu'il y a formation d'urée dau'* le foie; mais, dans
lout co que nous avons dit jusqu'ici^ nous n'avons pas abordé la question de savoir aux
(tëpeus do quelles substances azotées se fait celte formation d'urée.
ties cipérieuces innombrables prouvent que ralimentation par des maliéres albu-
ininoides fait croître Teicrétiou de l'urée, Oa peut même soutenir que la presque tula-
lité des matières proléiques ÎDgérëes et assimilées est rejetée à l'état d'urée, En, faisant
la proportion de l'azote éliminé et de l'ait o te inséré, on constate que, pour Jiso parties
*)9S
FOIE.
4
d*axole, les 4/3» sait 80 p. 100, sont excrétés en urée; 86 p. 100 d'après Pflligk ogIKlii».
THKU, 11 s'agit de savoir par quel procédé se fait ce possage de la motécole d'albumine À
Télat de molécule d'urt e>
Tout d*abord il paraît probable que ce n'est pas par im phénomène d'oxydati
mais bien par des processus d'bydratalïon et de réduction. A. Gautier a insisté sur
formation anaérobie de Turée, démontrée par mon expérience du foie trempé dans 4f
la parafline qui eonlinue à faire de l'urée. U donne la formule générale suivante, Iréi
Spb«^malique.
Alhitfittnrv Eau. Ur^. Ol^oiiéKtvmarirLFior. <j))<iH>g:«M.
+ 4S0»H* + iSCO»
Acide Acîd*
l/albumiue en présence de l'eau donnerait donc de Turée^ de là gTai:îS€, du glycogiae,
de l'acide sulfureux f*t de Tacrde carboniqui\
Mais cette étjuation ne rend pas compte des termes intermédiaires» et d'ailleurs, dan
aiirune des eipéneuces relatées plus haut, on n'est arrivé à prouver que dan«i le Jbie
l*albnmine dnnne par hydratation de Turée : la formule indiquée plus hanl e^l ooê
formule indirecte, vraisemblable d'après les donrtées générales de la nutrition; mais oo
sait qu'en pbysialogie, plus encore jieut-être que dans toute auti-e science, les preitt»
directes ont nue importance prêpondéranle.
Or les preuves directes de la transformation d'albumine en urée font à peu pm
défaut. Si i'on fait dans le foie pa%ser du sang dépourvu de carbonate d ammoataqup,
nu du sang d'un animal à jeun, quoique ce san^ soit très riche en albuminoîdes, if n'j
a pas, d'après SctinutiKB, formation de quantités appréciables d'urée. Par conséqueM^
l'albumine du sang ne suffirait pas à produire de l'urée. ^H
Ainsi donc les expériences faites in vitro ou avec le foie lavé tendraient à prouver qije '
les albumines du sang de l'aïiimal à jeun ne se transforment pas en urée dans le foi**. Il
serait certainement peu ju^iliOé d'en conclure que cette transformation n'a pas lieu pea-
daut la vie. On sait en ellet que rUez les animaux inanitiés depuis longtemps, depuis
quinzet vinf;t, trente^ quarante jours, il y a encore formation d'urée en quantité notable.
Il y a donc production d'urée aux dépens de Talbumine du sang. Mais cette rormatiao
s'opère-t-elle dans le foie ?
Les belles oxpériences de Hahn, Masses, Nencki et Pawlow (1892) ont fourni
documents importfints sur ce point. Ces physiologistes ont pu aJioucher la veine poi
avec la veine cavp inférieure de manière à empêcher le passage du sang veineux portl
dans Le foie. Dans quelques cas ils ont à cette opération ajouté la ligature de l'artère hé]
tiquei de sorte que, dans ces conditions, le sang ne circulait plus du tout dans le foie
du moins ît n'en passait que des quantités extrêmement faibles].
Nous reviendrons plus lu in sur cette expérience fondamentale. Il nous sufllrt à
présent d'établir que, malgré la suppression de toute circulation hépatique, il y a po
encore production d'urée. In cliien (p. 45î) a donné en seize heures 0*î'',283 d'urée; no
autre, en treize heures, 2s^Ii7; un autre, en quatorze heures, S^"",!.!.
Donc, sur les chiens op<^rés de la fistule d'KcK, soit après ligature de l'artère tépi*
tique, soit après ablation du foie, l'urée se formait encore, quoique en bien moindre quan-
tité, de Jsorte qu'il est difficile de nier qu'il se produise encore de !*urée dans Tori^*
nisme lorsque la fonction du foie est supprimée. D est permis d'adopter celte conclusina
ijuand on voil(p.463i un cïiien, sans irrigation sanguine hépatique, produire en 20 heures
i'^'.iS d'urée. Par conséquent, à supposer qu'il ne s'agisse pas d'urée existant déjà dans
le sang et éliminée consécutivement à Topération; à supposer que la vessie ait été m
préalable complètement vidée et que Turine recueillie ne soit pas Turine du fond de U
vessie, des bassinets et des uretères; à supposer aussi que la ligature de l'artère hépa*
tique ait supprimé toute la circulation du foie, toutes objections auxquelles par les pro*
cédés employés les expérimentateurs ont répondu, il paraît prouvé qu'il peut y avoir
formation d'urée dans l'organisme indépendamment du foie.
Mais assurément cette production d'urée est extrêmement faible, comme chei 1«
oiseaux la production d acide urique, quand te foie a été euleYé.
FOIE*
tji*3
I
MiMEOwsii a montré que, landls que les aies à Tétat normal âliminenl de i à 4, H
cl*iicîde urique parjour« selon raliirienialion; elles éliniinent seulement 0,5 a 0,25 quand
on a estirpé le foie; de sorte que l'aLlatîon|dn foie a pour conséquence^ chez les oieti
la presque totale suppression de IVxcréLion azotée sous forme d'acide nrique.
D'autre pari, d'après SciiùMioRiT, qui a fait dans le laboratoire de Pplucer de très
nombreuses expériences, avec des dosages très exacts d'urée, le tissu bépatiqub des
chiens à jeun est incapable de donner de Turée quand on fait traverser le foie par du
smng ^â jeun). Dans un cas, que je prends au hasard parmi beancoup d'autres, le sang
conlenaîi avant son passage dans le foie 0,6i80 d'urée par litre. Après qu'il etrl fait
cinq passages dajjs le foie, sa teneur en urée a'élevait à 0;6331; c'est-à-dire qu'elle ne
s*étail pas modifiée.
De ces faits il ressort deux conclusions^ assez probables; la première, c'est qu'il y a
production d*nne certaine quanlilé d'urée, mais d'une quantité très faible, indépen*
dammenl du foie. C'est la conclusion à laquelle arrivent Neiscri, Pswlow et Zaleski (iSDrj,
p, 224). La seconde^ c'est que le foie est incapable de former directement de î'urée aux
dépens êes matière» alburainoîdes.
11 faut ajouter à ces expériences les recherches de Pokiff qui a montré (1880) que
Vurée s'accumule en plus grande quantité dans le fuie que dans tout autre organe,
lorsque les leitis ont été enlevés ou que les ot étires ont été liés. Déjà (Îschecolen (1871
avait constaté que le san^ ducirur, chez des chiens népbroiomisést contient, vingt heures
après Topéralion, 0«'J4 d'urée par litre, tandis que le foie en «oTUient ls',24- par kilo-
gramme. Dans un autre cas, après quarante heures, le sang contenait o^'^27 d'urée, et le
foie 4*%20. Keprenatit ces faits, et Texpérience de Gamgee qui trouve constamment plus
d'urée dans le sang des veines sus-hépatiques que dans le sang delà carotide, Popoff con-
clut que le foie est bien un formateur d'urée, bin eOTet, en liant les uretères d'un chien,
il trouva au moment de la mort, qui survint au troisième jour, 14S'',D d'urée dans le foiej
clïiiïre considérable, le plus fort de tous ceui que nous avions eu jiisqu ici i mentionner.
Sur un autre chien» mort le troisième jour, après ligature des uretères, il trouve dans le
foie 3"f^77, dans le muscle S^^^^Gi, dans le san^' 0k%56'J. La li|:;ature des artères rénales
donne aussi le même rô*^iLillar: au troisième jour de la mort. 2'^%74 dans le foie; t^%7(i dans les
muscles; 08',27 dans le cerveau. Oppler (cité par Popoff) a trouvé enfin doivs l'urémie 2 tir.
(en nitrate d*urée) par kilogramme, dans le foie, et seulement 0«%25 dans le san^. de sorte
qu'il semble bien prouvé que l'accumulation d'urée se fait dans le foie, beaucoup plus
que dans les autres organes, quand l'excrétion rénale ne peut plus se faire. Ce n*est pas
une preuvf- absolue; c'est seulement une présomption, pour établir que le foie joue un rûle
fondamental dans la production de Turée*
Formation de Turèe par le foie aux dépens de Tammoniaque. — Des eipéi iences
déjà anciennes ont mr»ntié que les sels ankinoniacaox ingérés dans l'organisme étaient
éliminés k l'état d'urée (voir àminomaque, r, 418). L'observation n'est pas très nette quand
l'ammoniaque est donnée sous forme de sel ammoniacal à acide minéral (chlorure,
sulfate)* Mais, quand on administre des citrates, tarlrates, malates, ou acétates d'ammo-
nium, les proportions d'urée excrétée augment»?nt, et les urines ne contiennent pas
plus d'ammoniaque que dans ralimeiitalion ordinaire (Kniehiru).
U s'ensuit que l'ammoniaque se transforme dans l'organisme en urée. Est-ce par une
combinaison avec l'acide cyanique? SalivOwhkl n'avail pas pu résoudre la question; mais
des expériences ultérieures permettent aujourd'hui de connaUre par quel mécanisme
Fammoniaque donne de l'urée.
En elTeL, Schhudkr a d'abord montré que le passage du sauf; chargé de carbonate
d*<immoniaque k travers le foie donnait de l'urée, commes'it se faisaituuc déshydratation
du carbonate d'ammonium.
Voici le résultat de ces expériences faites avec du sang chargé de carbonate d'ammo-
niaque :
_
I
Circulation dans le itin,
UmSK PAR LITitC.
Avant. , . 0,402
Après. .
0,390
un
FOIE.
fiyruffffioti dans lai muscle** '
Avrnil ,
Avani.
OJiO
o,î:n
0,372
Cétxu!athn dans k fuie.
Avanf. . 0,452 *>,53R 0,236 0,418
Apn-, . . u,!il2 l,;i53 U,i>91l l,3ol
Ainsi. Oans le foie seulemerilt mais fum dans les muscles ni dans les reins, le carbo-
imle d'annnotiiaquo se IransforrnaiL en urfe. Si d'autre part ou fait passer dans le foie
du sang dépourvu de sel ammoniacal, on ne fait pas croître la quantité d'urée.
Quant au sang des animaux en digestion, il se comporte comme le sang chargé de
carboï>ale (ou de formiale) d'auiuK^nium.
ScmiNiioRiT a corHlrméces résulUits, et y a ajouté une donnée nouvelle Jl a vu cfuelesani;
d'un animal àjeun, s'il passe dans le Ibie d'un animal en pleine digestion, s'enricliitenur^t»
Avant. . . 0,3161 0,5159 0,3^^429
Après.. . . iK70fit 0Jâ29 0,7122
y'aulre part, si Ton failcirculerle sangd^m anHitalaltmenLé aveojde la viande danslefoU
d'un animal en itianition.il semble que cesang«au Heu de s'enrichir, s^appauvrisseenurfer
n conclut alors de ses recherches qiïe la teneur du sang en utée dépend de Téttlde
nutrition de Tanimal; que, pendant la digestion, il y a un minimum de 0,3iS, et un
niaximnm de l/j29; et que très probablement cette urée provient d'une opératton clii-
mique qu*on peut di5doubler en deux périodes : l*' it se Tait des prodiiits de destroctioii
de la molf^cule d'albumine dans îes lissus (en grande partie dt^ ratnmoniaque); 2'' cw
produits sont par le foie transformés en urée.
Mabfoîu (1803) a montré que le lactate d'ammonium injecté à des chiens, à la dosé
de 0,1 à 0/15 ptir kilof^Tamme et par heure, était intégralement transformé en uré**
Sâlomon a pu établir le même fait chez des moutons et des chiens pour le carbooiti
d'ammonitim* LoaitEa et Buchhicim (cités par ScHvFEa, T, of FhysioL, i, 907) ont pemartfié
que le citrate d'ammonium injecté se tran^iforme nn urée* tandis que le citrate de potasit
donne une nrifie alcaline, tîar il se fait du carhonate de potassium qui passe dans Tunoet
tandis que le carbonate d'ammoniaque formé par IVixydalion du citrate ne donne qa<?
de l'urée. f> après KKOEa et Voir, l'acétate d'ammonium se transforme en urée. Pour \i>
chlorhydrate d'ammoniaque ot pfobablemeîil les sels ammoniacaux à acide minéral^ la
choses sont un peu diUérentes. Chez les herbivores (lapins) auxquels on donne (fa
chlorhydrate d'AiH', l'A»H^ reparaît entièrement sous forme d^urée, tandis que chez fas
cMirnivores (homme et chien) une partie île TAzH' passe dans les urines sons forme de î^H
ammoniaciiL BiNiiE pense que dans ce cas le soulre oxydé des prott'itles donne dtîl'acide
sulfuiique qui fait du sullate d'A7jl\ alors que chez les herbivores Texc^s de CO liH fjiil
du carbonate d'Azîl^ qui se chan^-'e en urôo dans le foie. D'ailleurs, par le pa5tsji^e de
sels aiamoniacaui dans le foie soumis j\ la circulation artilicielle, le ctilorure, le snlfilî
ne sont pas transformés, tandis que le lacate, racélate, le tartrate, le carbonate se clioû'
genl en urée. Chez les «biens à jeun iFedkii] tool le Azlî*tM ingéré pass<^ dans l«;s urinei.
Les admirables Iravaui de Neng&i el Paulow nous font connaître la nature dcswls
annnoniacaux ainsi transformés, en même temps que, par toute une série de preuve* ith
fortes, ib élablisseiit i[ue la fonction fondamenlale du loie est de faire de Turée et de
détruire l'ammoniaque.
Si Ton dose ramnioniaque de Furine d'un rhien ayant subi ropération d'Eci, c'e»t-4-
dire l'abouchement de la veine cave avec la veine porte, on trouve que les proportions
*rammoniaque ont augmenté èfïotméraeitt par rappoi 1 à Turée : dans certains casTafcMc,
de Tammoniaque représentait 20 p. 100 de l'azote total; alors qu'à l'étui normal ellf
ne forme guère que 2, 3, 4, p. 100. Ceux des chiens opérés qui survivent ne supportent
FOIE.
6n
pas aans élre iatoxlqués les plus pelîtes doses d'ammoniaque, et, aussitôt aprè» Tm^cs*
lion et la tîiResliofi de viande, ils présoutent tous les sytnpU^in^^s de rempoisrinnpmeat
par len sels amniornacaux» ijtioique avec e|uel*jue6 légères jnydilieations du compleius
syniplomatique, ronvuJsionîî» vr>rriisserô*^iits, aneslhé^ie, conni, amaurose.
Bitn plus, il parait prouvé que la digcetion di.^ la viande introduit dans le sysUme
circutiiloire dos substances toxiques amnioniacales *ai analogues h Tammoriiaque, et qu*
lie peuvent plus, parle Toiei être transformées en urée, de sorte que ralimenlntion avec
la viftHflt' pri»voque tous les symplôjni\s d'un empoisonnement par ramnionirique. \e.ncki*
Pawldw et ZALk:sKt en déduisent cette conclusion *jue le foie des animaux carnivores
pré!»erve tacessaïuent Torganisme de rintoiîcatton aminoniacidr.
En chercbant la sut>stance, voisi^je de l'ammoniaque, qui peut donner soit de Tammo-
nîaque dans les tisî^us, soit de l'ui ée dans le foie, ils ont été amenés à trouver que c'était
racide carbamique. et eu eiîet IIrkchsel n'a lrouv«5 que de l'acide carbamique et non de
raniiiioniaque, dans le sang. Il donne la formule suivant»' m"' ''■''ililil les conditions de
transformation di^ carbamate d'aniiuonium en urée :
C«rlkkm«tp
4 «m(iiotiis<]ac.
Les eipi^rienres faites sur les poissons sélaciens par Schrùder ne sont pas faciles à
interprêler. Il a vu sur SajIHum rntutua qno Tablaiion du foie, qui permet encore jusqu'à
70 heures de vie, n'ebl pas suivie d'une ditninution dans l'urée des muscles. Mais il
j a lieu de faire des réserves sur la conclusion à tirer de cette observation; car la fonc-
tion uréopoîétiquû du foie est probablement très variable dans les divers groupes ani-
maux* **t il parait difficile de conclure des Sélaciens aux Mammifères; car cbez les Séla-
ciens tous It^s ïissuî* Nonl imprégnés d'uréf*.
Divers auteurs ont repris Télude de la suppression de la fonction hépatique par
rabourhenient de la leine cave avec la veirre porte (fistule d'Ecu); vi an [umi dire que,
d'une mfini<^ie j^'ï^nérale, ils n'ont pas appoité beaucoup de faits nouveaux aux donnê^'s
fournies par les physiologistes ru-^ses qui ont les premiers pratiqué cette opération.
D'atjord on a cLerché à rendre plus facile l'opération de la fistule d'Ecit, qui est
laborieuse, délicate,, et qui» même lorsiju'elle est très habilement exécutée, entrainep
dans les deui tiers des cas, la mort de ranimai, Qlkirolo a préféré, après ligature du
Irojtc de la veine porte, faire aboutir la portion périphéiique de la veine porte (bout
intestinal) h une canule de verre, laquelle mène le sang dans la veina cave inférieure.
Cette niétbode, pour le détail de laquelle nous renvoyons au mémoire ori^ittal, a été
employée par Mai.naxjmi, puis par Biiîi»L et Wjntkhbkro. Elle présente un sérieux incitu-
vénieol, au«juel d'ailleurs on peut remédier, cV»st que rabouclieinent de la veine porte
avec la veine cave se fait assez loin du hiïe du foie, plus près de Tinleslin que du foie, de
sorte que la veine pancréatico-dnodénule, qui est relativement impmtanle et volumi-
neuse, ronliuue à déverser du san^' dans le Iryor de la veine porte et dans le foie.
Aussi faut-il absolument lier la veine pancréatico-duodénale, si l'on a fait abouehcr
(loin du bile de foie) la veine porte avec la veine cave (Proc. de QukiholoJ.
iNbncki et Paulôw, dans une communication ultérieure, ont essayé d'extirper totale-
ment le foie (181*7) après avoir abouché la veine porte avec la veine cave. ï^es animaux
ainsi opérés ne survivent que quelque* heures; mais c'est a^^sea pour qu'on constate une
augmentation de l'ammoniaque du sang, et une légère diminution de l'urée du sang*
Parallèlement on trouve que ta quantité d'azote excrété et contenu dans l'urine se
trouve dans les proportions suivantes :
Azotf: china niE
TfJfT^L = iW\.
' ExPÈUIBÎtClÈ 1.
AVAWT
L'ofÈkATlOîf.
I/OPKRATIOX
— BLiïNnontactil. * ,
— résiduel.* , .
i,3i
9.23
4,41
2i,Û0
^m
FOIE.
EXPÉRIENCE IL
Azote uréique, . . ,
— Ammoniacal. ,
— résiduel.. , ,
8f,5
1^,4
i2.e
21.4
36,0
Ces eipériences établissent donc que, in^nie sans foie. îl coiitÎDue à $e former de
l'urée. Ce qui est d'ailleurs ronflrnii^ par d'autres expériences, notamment celï*^* de
ScHÔNDOftFF, i]m a vu qu'il y avait de Turée dans les muscles piusque dans le san^;, et pr
Kaofmann, qui, cliercliant la teneur des tissus en urée, alrouv/^ (pour 100) 0,03â da^nsle
sans, iMO*J dans le foie» 0,086 dans le cerveau, et 0.062 dans la raie {chiffras d^ailleurs
probablement 1res forts).
MÛNZER, ayant objecté qu'une partie de Tammoniaque^dans les cas de cirrhose bépa-
tique et d'atrophie aiguë du foie, pouvait f^lre éliminée par le poumon à l'étal gaieui.
Sala SRI N a recherché sur les chiens à fistule d'EcK si réel leur eut il ne se trouvait pas
quelques petites parcelles d'ammoniaque dans les pax expirés, et il n'est arrivé qu  d^
conclusfons néj^atives. D'ailleurs Salaskin confirme l'augmentation d'AxH* daos Ici
tissus, notamment dans le sang et dans le cerveau,
Fujpi'i a Irouvé de grandes irregularitt^s dans les résullats que lut ont donDés des
chiens à fistule d'EcK. Quelquefois dps accidents survenaient après îng^eslîoo de (natièrpj
hjdrocarbonéês; quelquefois, niéme après lUf^estion de viande, il n'y avait pas dVfTfts
toxiques. Cependant» après ingestion d'extraits de viî^nde, toujours l'azute résiduel a
augmenté dans l'urine (dans un cas 24 p. 100 de l'azote total).
L'acide urirpre de Tu ri ne augmente en proportion double et triple. Les deux seuls
faits constants, c'est qu'il se produit nne glyt:osurie alimenlaire, phénomène qui n'est
rien moins que caractéristique, et que la Iransformalion des matières albumiDoidesen
urée devient très inconjplele. Il y a toujours moins d'urée, alors que le surplus de
Taiole est tantôt en ammoniaque, tantôt en aïtole irsidueL
Kiuppt, comme la plupart des physiologistes qui ont étudié celle question, admi^t
que, si Tarière hépatique est conservée, elle peut encore, quoique d'une manière très
précaire, suffire au bon fonctionnement du foie. Mais, pour t|ue celle circulation [ar
l'artère hépatique suffise, il ne faut pas qu'il y ait surcharge alimentaiie; caralor*la
transformation en urée des produits azotés de la digestion (ammoniaque et autres acid^f
amidés) ne peut plus s'opérer dans des conditions satisfaisantes.
Pour justifier la théorie de NEiNCRi et Pawlmff, que la mort des animaux à fîslulc d*Ea,
parle fait de la digestion de viande, ou par le seul développement des accidents consé-
cutifs non infectieux^ était due à rempoisonneinent par rauiinoniaque^ un point essen-
tiel restait à étabtir, l'i savoir la dose exactement toxique de t'ammouîaque.
BiRDi. et \Vi\T£RBEBG ont fait à ce sujet de nombreuses recherches, et ils ont d'abord
constaté que, si la quantité ilammoniaque i|ui se trotive dans le sang* ne dépasse pas
t'"^'", 74 d*A7Jl^ pour KM) grammes, soit par litre 0«\OI74, on ne voit survenir auciui
phénomène toxique. Il ne s'agit pas évidemment de la dose d'ammoniaque injectée,
mais seulement de la dose d'ammoniaque qui existe dans le sang^ ; car très rapidemeiil
sur un animal les sels ammoniacaux, disparaissent de la circulation, soit que le foie les
tran^^forme, soit que le rein les élimine, soit que fammoniaque dilTuse dans les tissux
Dans le tableau VI (p. t77] ils indiquent avec quelle rapidité disparaît l'ammoniaque «lu
sang. La moyenne, qui était de 4""^'", 082 (pour !00 grammes de sang), une demi-heure
après, n'était plus que de !"«% :iOtj pour 190 grammes de sang). Après avoir constaté que
l'injection d'une solution d'un sel ammoniacal par la veine porte équivaut à Finjectionde
la même quantité par une veine périphérique quelconque, ils ont cherché à voir ce que
devenait l'ammoniaque injectée dans le sang d'un chien à fistule d'EcK (ils opéraient rn
modifiant légèrement le procédé de Qiieirouj). Ils ont vu constamment que l'amaio-
niaque est moins rapidement éliminée chex les chiens à fistule d'txK, Toutes condilion»
égales d'ailleurs dans la quantité et la rapiilité des injections, faites sur le même chien
à quelques jours de distance, ils ont Irouvé :
AMMO?(IAQDB KM IIITXJORAMUKS
dans 100 ce. de s^og.
Chien norniftl.
Même chiea à Qsiule d*Eck*
2,98
2,95
3,20
7,08
5,0t
4,37
5,75
2,86
7,:il
FOIE- 6H7
l«es r^suUaU ont été plus nets encore quand Tartère hépatique était liée,
AmH* KN lULLltiRAMUBt
flui» lÛO ce. d<» tAnfC,
Chien normal 5.22 i%:i4 0.18 4,a3
et li^Hture de Tarière hô- ( 8,09 gji 4^1 4,33
fi^liquo . . )
tl est à remarquer qu'une demi-Iicure après^ malgré la suppressioEt de la cirrulatiou
h^^patique, Tamnioniaque du saitg avait notablomenlditiiinué.et n'éUtt plus que de 1.63;
5,21) ; 1,08 ; l,6î.L Ce qui prouve que le foie n'est pas le seul organe qui puisse éliminer
l'ammoniaque ou le détruire.
BiEDL et WiNTURDERG onL olois pssavr^ de sufiprimer ki fonction du foie par injecUons
caustiques dans le canal cholédoque (acide sulfurique au trentième). Dans ces conditions
Ic5 chiens survivent trois ou quatre jours, et le Joie est dès le début profondément altéré.
Mais les animaui ainsi opérés ne meurent ni avec des convulsions, ni avec ïes symp-
tânics d'antmonihi-mio : on n\ibserv<' qu'un coma profçressif, L*aïiimoniaque injectée
dans le sang n'est pas plu^ mal supportée par ces chiens sans foie lâ foie détruit par
Tacide î)Ulfori(|uei que par de^ chiens normaux. Les tleuic auteurs en concluent qu*il
est alors impossible d^alliibner la mort à un empoisonnement par l'ammoniaque.
Pour juger la quesLion de nouveati, ^p.wc;^iï et Zalesri ont repris Télude de la quîin-
lité d'ammoniaque contenu dans le foie.
La distillation des extraits animaiii dans le vide avec un lait de chaux avait été
employée par Nkmcki et Zaleski dans leurs premières recberches. Mais Bield et Wintich-
BiHG ont, depuis lorà (lOOl), démontré que la quantité d'ammoninque obtenue par ce pro-
cédé dépendait de ta concentration de la liqueur. Nkxcki et Zalesiii ont olors proposé de
remplarer le lail de cbaux par un ^'tand excèi d'uiyde de magnésium, ce qui a de
grand.s tivatitag^s, car l'excès de magnésie n'eutraine pas de dédoublement des proléides
eu ammoniaque. La quantité d'AzH^ trouvée dans 100 grammes de foie a été (moyenne
de Vil expériences), cher, les chiens cjï état d'alimentation» de 0+^' ,02327 ; ce chiffre est bien
plus considérable que la proportion de Tammoniaque du sanj^, O.OOOi pour 100 parties.
Cliez les chiens à jeun (4 observations) ramuiouiaque a été *^ti faible quantité : 0,0i7^il
au premier jour de jeiïnc; 0,007 au cinquième jour; et 0,(*10 au huitième Jour. Au con-
traire, l'atnmiHiiaque augmente dans les autres tissris des animaux qui jeûnent. Le
tableau suivant indique ces dilTé renées:
AMMOKIAQCK (AzEl^j BS MILLlGa*lllUl«
pogr ÎOQ fï^r«mmet.
J^ûno du Jfûn* du
Sang veineux (iliaque) nM t^M . . .
Sang artériel Û.H ojiî ...
Sang de la veine porte l,8r> |,*'J . . ,
Foie 23.27 n;it l.Ol
Muscle» 12,94 U,3I> . . .
Muqiieuie «loujacalu. HH.^0 29,0ÎÎ 21,C5
C^rireau IL95 fijfï , , ••
Muqueuse ijitcaÛHiile '4i*M 11,72 16.1H
Ainsi, de ces faits, qui complètent et confirment leurs expériences antérieures, les
physiologistes russes peuvent-ils avec, raison conclure, contre Bikiil el Wir^TtwBERG, que
Je rôle du foie comme orpane destructeur de Tan^moniaque apparaît en toute évidence.
En effet, d'abord et avant tout, il y a toujours une différence notable entre le sang
de la veine porte et le san^» des autres tissus (sanj: veineux général on sang artérieli
quant à leur teneur en ammoniaque. l*ar conséquent, il est absolument nécessaire que
le foie transforme cette ammoniaque, puisque aussi bien le foie seul peut intervenir
pour la détruire^
D'autre part, le grand excès d'ammoniaque qui se trouve dans la muqueuse stomacale
et la muqueuse mteslînale au moment de la digestion indique en toute évidence qu'il se
"^TT"
§98
FOrE/
fait pendant la dige&tion de grandes quantités d ammoniaque, laquelki est enlTAioè^^
par la veine parle dans le foie, el y esl dèUuile.
D'ailleurs, fiuoiiiuo 1res peu de travaux aient été entrepris à ce sujet, tt c*t pr^Mil?
que la rornialion d'ammoniaque ou de corps amidés pendant Ja digestion ej^t uta
importante, A. Hihscmler a montré (I886J que pendant la digestion panrréatique de U
fibrine il se faisait un peu d'AzH^; et Zu^r/ a Ironvé de même que pendant la digestion
pepLique la production d'Â?,H^ n*éUiit pas négligeable. Au bout de cinq ou six jours dt
digeî>iion artificielle, l'Az de l'ammontaqtte représentait 2 p. 100 de î^azute total des
matières prôtéiques. U est vrai, que, dans celle expérience, Zvsn ne résout pas U qu^v
lion de savoir s*il s*af^it d'ammoniaque, ou d'acides nionoamidés donnant d*- !':îmmn*
niaque par ébullîtion avec la magiiéîsie. Comme jadis P. SiiufiTZKMiKKôEB et ■ j
menl Uaussmanv ont montré que raininoniaque est un produit de dédoifi ::
l'alburôine; il n'est pas surprenant que re corps ^e produise dans la digeslioft* c'est*
à'dire en somme dun:^ le dédoublement des matières protéiques.
' On n'a pas précisé davantage celle formation d'ammoniaque dans la digestion, et
c'est une lacune as^ez regrettable, car il est évident que la formation dans la digettloii
j|<astro-intestinale d'une ^irande quantité d*timmonJaque expliquerait très bien etlat^ntur
considérable en AzH^ du sang de la vrine porle, et la formation d*urée au moment delà
digestion I et les accidents de toxémic {iinmoniacîde qu'on observe après digestioa àé
viande chrz les chiens k lislule d'EcK,
La naluip des alinienls modihe beaucoup la Leneiir du sanj? en ammoniaque. Vaid
en effet, d'après un tablrau donné par Aiithus (ii^L^m. de Fhjiioioffie, i902. H14], les pr©.
portions d'Aîtll^ dans les tissus, chez le chien :
Sang ;iftëneL
IjjftoiUou,
No urrituro carDé».
FAlfi «1 kit.
t . . , •
0,38
1,5
(fUOJ?.)
? 7
Siing veineux
général .
«I
1,5
(moyO
SaÙ^ VelQCLlX
porie . , , .
♦»
4>9
(inoy.)
m
Snng veineux
?us-hép II tique. ,
>l
l.i
(moy.J
•
Lyuiphr^. -
U
0.57
«
Foie . .
i:^
U
1,6
PancrrHï^
6,0
10»6
».l
Rate.
4,6
H,8
^1
Muscle >
'»
!9,4
1U
Cerveau. . .
M
lOJ
S.8
Rein». . , .
M
ia,a
12,3
Poujuon:^ . ,
21,5
17
(œoy.)
a
MinpU'U*e {fâsiriquc . ,
16,0
Cfmit'uu gastrique. ....
H
le.î»
(moy,J
3,1
Muqueuse intestinale . . . .
J0.2
31,2
9.1
Contenu inlestinal
T)
35,1
29.0
On noiera la grande dllférence au point de vue de ranimoniaque entre le snog veinrui
porte el le sang veineux sus-liépalique, lequel esL identique, k ce poiiil de vue, au saag
artériel et au sang veineux général; ce qni prouve bien qu'il va destruction de ["ammc^
niaque dans le foie. On peut tfonstiitcr aussi qu'a|)reâ une alimentation carnéo it r a*
partout, mais snrlfntt dans la muqueuse gastrique^ beaucoup plus d'AzH* qu'après ati«
alinienlalion do pain et de lait.
Mais les physiologisles de Saint-Pétersbourg, qui ont fait cette expérience, ne sop*
posent pas que celle duimoniaque suit due aux décomposilions des protéides'pat* l^sfer-
ipenb di^Cî^tils. En i^llel, UH^me après un repas fictif (expérience de Paulovv), c*e4t*i-dirr
quand les aliments, au lieu de passer dans restonmc, provoquent simplement Ia stvré-
tion gastrique par voie rcUexe psychique» on cotislale que la muqut*use gastrique eit
encore très ridie en ammoniaque 42, ii, ctimnie la muqueuse intestinale i,2>,0) H le foie
|3t,il). Ainsi donc cfi serait la ^liniu talion névro-sécrétoire qui aniasserait de raiiiriii'>-
niaque dans les muqueuses digcsLiv^es» non la digestion ménie des proléides. Il ri
toutefois de faire rernaïquer que ces dosages ont été faits par la méthode de la dnuii--
tion avec CaO, qui donne de moins exacts résultais que la distillation avec MgO.
Cependant Tazole éliminé par les urines augmente p{«r le fail môme du repai Qclil
FOIE,
«<*«»
Chien,
Homitié.
0.608
0,875
0,414
r),64iï
0,266
0,400
foninie fct kt séeréliona gaslHque, pancréatique et ioleilHiale provoquaient l*augmfnïa-
tion d(? l'^ate urinai re*
Enfin la teneur des urines en ammoniaque augniente noLablcmenl ^vpr \n r*''>/\mf*
rarné, comme rindique ïe tableau suÎTant (Artiius, /oc. ci7«, 522) t
mille. ...
•3-. végétal pùi
Ce fnil dômunlre biei) que^ quelle que soit l'impoi tance de la fonction hépatique pour
U trar^sfornialion dv ranirnonraque en urée, elte n'est pas absolument saftlsante, puisque»
dans le cas d'un régime carné pur, malgré Tinti^gn lé de l'appareil hépatique, il y a àan^
le sang excès d'ammoniaque, qui est alors élimiisée par les urines.
11 est d'ailleurs den condition* dans lesquelles ou peut diminuer la transformation de
4'animnnJuque en ui-^e* 11 semble, en effet, aini^i que nous t'avons indiqué [dus baiit, que
la fonction uropoïétiqae du foie sur Tacnfiianiaque ne s*exeree qu'aux dépens des f»eli
ammoniacaux à radical acide organique i l.ictate, ou tartrate ou acétate, et snitout carbo-
nate), de sorte que, si l'on donne des acides minéraux, cbîorbydrique ou sulfurique, qui
forment avec Tarn mon ia que des sels à radical aciile mincraï, on soustrait alors à la for-
mation en urée une certaine quantité d^ammoniaque, laquelle est alors ('diminée bous 1^
forme de sel ammoniacal dans les urines. Un individu, qui normalement élimine en cinq
jours 4J'jO d'AïH\ prend pendant les cinq jours suivants la mt>me nourriture, nvec en plus
2f'',NI de ItCL et alors il élimine par les urines G^MUi d*A/Jl\au lieu de 4'-'M:i9. Un chien
qui élimine de 0,438 à O.iiîri d'A/.ll* dans les urines, re^-oit 4 grammes d'acide sulfuriq je : il
élimine 0,776 d*AzIi^ Il reçoit 7 f;ra m mes d'acide sulfurique;il éliinine alors ts'',ii70d*AzH\
Tous ces faits établissent bien ie mécanisme des transformations de l'ammoniaque
dans le foie. Klles sont vraisemblablement identiques chez les herbivores et les carnl-
fores. I^ seule diiïérence, c'est que cbeales herliivorcs il y a un grand excès de sels alca-
lins (oxalal«-s, citrates, tarlrateSp nialates, acétales de potasse et de soudtO qui donnent
par oxydation des carbonates de potasse et de sotide, lesquels avec les sels ammoniacaux
fournissent du carbonate d*ammoniaque, étape probablement nécessaire pour la forma-
tion d'urée dans le foie aux dépens de AstII'.
Il y a donc là une double défense de ror;,Mnisme (Arthus). D'une part» contre les
acides l'organisme se défend en saturant les acides par Tammoniaque et en faisant des
sels ammoniacaux à radical acide minéral (AzH^Cl; (AkH^^J-^SO*;, qui sont éliminés par
Turine; d'autre part, coijtre l'ammoniaque, qui est lantrit saturée parles acides minéraux^
lanlî^ti s'il y a exc*ïs d'alcali, changée en carbonate d'ammonium, lequel est ensuite trans-
formé en urée dans le fme,
Reinarquorts enlin, quoiqu'il sagiss^de calculs exlrêmemenl hypothétiques, que^ si la
diftérence entre le sang porte et le tan? sus-hépatique est de 3"«,*î pour KHI grammes^
soit de O'^*^.0;i'> par litre, celte difTérence explique tant bien que mal la quantité d'urée
excrétée par un chien de iO kilogrammes en vin^^t-qnnlre heures. En elTet 0»^%03:i d'AzH*
équivalent k DK^06U d'urée. Or on admet K(Kï grammes de sanp, dont un quart est dans
le foie, soit 2Q(> grammes, et pour chaque révolution totale du sang une demi-minutfe
environ, soit 400 grammes par minute dans le foie : ce qui fait par heure 24 litres dé
ftang : et le chifTre total de Turée calcule'e ainsi, en supposant bien entendu que tout 1^
déficit de l'ammoniaque, dan^ la veine sus-hépatique, est remplacé par de l'uiée, seriiit
alors, pour Îi7*» litr+*î> de ^an^^ de ;i4,*iG d'urée, rliîlTre très forl, mais assez proche
cependant du chilïrequ*on trouve chez les chieïis abondamment et exclusivement nourris
de viande, pour que ce calcul très approximatif puisse être provisoirement adopté.
Quant aux expériences de Biedi, et Wintebhkbg, d'après lesquelles la destruction du
foie (par injection d'acide sulfurique dans le cholédoque) n'eniraînerait pas, comme chci
les cbii^ns a Ostule d'Ecii, une rapide intoxication ammoniacale, il Jie faut peut-éfre pas
y ajouter très grande importance, car les deuxïnélîiodes d'élimination de la fonction liépa-
Uque sont trop dissemldaldes pour qu'on en [luis^r diiduire conclusion de Pune a l'autre.
B Tleste alors ce fait que, après injection d'un sel ammoniacal, on voit très rapide-
I
I
700 ^^ir FOIE.
ment cheE les chiens normaux disparaître Tammoniaque du saog, et saus sympliVmi^i
graves, alors que chez les atiimam à fislnl*? d'Kcit los symptômes d'inloxicalîon aliiaMn-
taire sont graves et tenaces, pour des quantités certainement moins grandes d'ammrh
niaque, dans le cas d alinîenlation carnée, que dans rinjection intra-veincuse eipén-
mentale d'un seï ammoniacaL HacoDVNSKi, Salaskiive elZ.iLKSRi essayent d'expliquer ceîU
différence en supposant que le rein des animaux à fistule d'Eci fonctionne moins bita
que îe rein des chiens normaux; mais cette explication, quoique plau^^ible^ nesl pas
très satisfaisante.
Kn résumé, malg^ré les incertitudes qui subsistent encore, dans ce point Lr*'s l»
de la chimie ptiysiologiqîie gr^néiale, certains faits demeoreni pourtant incontes!
d abord» c'est que par la suppression de la fonction hépalique la fonclion uréopoirti/ju*
esl, sinon supprimée totale niejit, au moins profondément altérée. Certes le foie n'est
pas le seul organe qui fasse de Furée; mais c*esl probablement celai qui en fait i«
plus. Peut-être le tbie n*êsl-il pas le seul organe qui dr^truise Tammoniaque^ mais c'tfl
prohablement celui qui le détruit le plus vite et le mieux,
Amsi que nous le disions à propos des fonctions chimiques du foie en général^ elle*
sont très obscures; et la fonction uréopoiétique n'est pas moins obscure que les aulr?î.
Mats, malgré celte obscurité, elle semble maintenant déJinitivement prouvée*
Formation d'urée aux dépens d^antres substances que rajmnonlaqiie, —
D'autres corps que fammoniaque peuvent encore donner de Turée dans le foie, etc'e^
en premier lieu Tacitle u ri que.
Ne.n<:iii et Pawlow avaient nettement constaté un accroissement d*acide urique apn^
ropéralitiii d*EcK. Si Ton fait la Qstftle d*EcK sans pratiquer la ligature de Tarière hépa-
tique, dans les premiers moments qui suivent Topéralion la quantité diacide onqne
augmente en proportions très notables :
ATanl ropérfttion. ...... 0,065
- -^ a,oni
- — 0,0243
Après ropératiuii . 0»i05T
. — — ..... 0.277
- - ....... 0J602
puis peu à peu le taux de l'acide urique revient à la normale, sauf dans les cas ou ^ê
présentent des accidents d'iidoxicalion. On a trouvé alors, dans un c^s, jusqu'à 0,3îî
d acide urique. Filu-i j a eunslaté aussi une augmentation considérable de l'acide unqiie
chex des chiens à lislule d'KcK.
Si Tartere hépatique est liée» en même temps que la veine porte esl abouchée à It
vt!ine cave, iî y a toujours augmentation notable d'acide urique.
En mettant en contact, avec le liquide hépatique frais, par conséquent eu élimioant
toute formation cellulaire protoplasmique et en ne prenant que des liquides diastasiquei.
à ferme itts soluhleSt éludes solutions bien lilréesd'urale de soude, qûus avons, avec Cais-
SEVANT, trouvé que l'acide urique diminuait, en même temps que l'ur»':o augmentait. Au
bout de quarante huit heures, à Téluvc, en présence du chloroforme, mis pour éviter
toute fermentation microbienne, il y a eu diminution de 0,034 diacide urique et augiuen*
talion de 0,103 d'urée dai^s un cas et de 0,201 dans un autre, ce qui semblerait prouver,
autant que l'on peut en conclure de celte seule expérience, que, outre Tacide uri^pe»
il est d'autres substances encore pour former de l'urée, par l'action des fermenta hépa-
tiques solubtes. Dans notre expérience, ui l'ammoniaque ni les fiiatières albuminoidf*»
n'ont diminué de quantité; ce sont dom: sans doute d'autres substances azotées cristil-
li sables.
Le rôle du foie dans cette destruction de l'acide urique en urée n'est donc pas
douteux (quoique ScHRiJiJEft ait constaté, ^d'après A. GALiiEHt 766). que le sang pâsanl
dans le foie se charge d'acide urique).
Chez les oiseaux, la fonction du foie paraît être bien différente. Minkowski a fait lor
ce sujet de très belles expériences. Si 1 on enlève le foie des oies, on peut les garder
parfois vingt heures en vie, et on voit alors l'aramoniaque augmenter, en même tempt
FOIE,
701
que facide urique rliminue. Les proportions de Tum m o iliaque à Tazolo total ont été clies
des oies pri?cti8 de foie r
Ammoniaque
0,81Û
0,549
0,309
0.214
0,310
o,n*
0,392
0,â3«
raes I
chiffres qui indiquent que l'ammoniaque repri^enle alors 6^ p, JOO de Fazole éliminé,
tandis qu'à Félal normal cette proportion o'est que de iH p. 100. DaiUpurîî, antérieure-
ment, les recherche!^ de SranoDEa (1878) avaient établi qu<*, si Ton nourrit des oiseaux
en mélangeant des seb ammoniacaux à If^ur nourriture, la proportion d*acide urique
excrété augmente, tout comme» d'après KNEamu, chez les mammifères, la proportion
d'urine»
Nous somme* donc en présence de deux fa ils dont la rontradiclion apparente est très
oelle» Chei les mammifères l'ablatinn du foie entraîne un excédent d'acide urique, comme
Isi l'acide urique était détruit par le foie. Chez les oiseaux l'ablation de foie entraîne une
diminution d'acide tirique, comme si l'acide urique était formé par le foie,
i'ai fait une expérience qui prouve directement cette différence remarquable, fon-
daraentale^ entre le foie des mammifères et le foie des oiseaux (1898). En faisant macérer
un foie de canard avec une solution d'urate de soude contenaiit 0,0^0 d'acide urique,
après vingt-quatre heures d'étuve, j'ai retrouvé exactement la même quanlité d'acide
urique, Q,(J9't et 0,085. Mais, si c'est un foie de chien qui a été mi?* â l'étuve avec urate
de soude, après vinj^-quatre heures Tacide urique a complètement disparu, et on ne
retrouve plus que 0,003 (au lieu de 0,000) d'acide urique. Celle expérience est trè^ im-
portante, car elle établit bien, par des expériences in vitro: 1" que le foie des mammi*
fères, pur un ferment soluble, transforme l'acide urique ; 2" que le foie des oiseaux
n'agit pas sur Taride urique.
A tous les points de vue le contrasie entre le foie des mammifères et le foie des
oiseaux est saisissant. Kn effet, Meveu (1877), puis Ckco et Salxowski (cités par Min-
IiowsKi), ont vu que l'urée ctiez les oiseaux se change en acide urique, tandis que chez
les mammifères c'est l'inverse qu'on observe» MLNfawsKi a montré que, cheK les oies
privées de foie, l'urée ingérée n'était, pas plus que l'ammoniaque, transformée en acide
urique dans ror^anisme quand le foie n'était plus là* Donc c'est bien le foie qui fail
de l'acide urique avec l'urée.
Les expériences de Mi.nkowsri ont, en outre, rendu très probable que la synthèse de
l'acide uriqtie aux dépens de l'urée se fait par (Ixation d'acide lactique sur Turée. Il
y aurait alors cliezles oiseaux deux étapes datjs la formation de Tacide urîque; d'abord,
dans leurs tissus, comme dans les tissus des mammifères, formation d'ammoniaque qui
se transformerait eti urée dans le foie :
ï
^o<aÎhÎ-Ka:Îi'+^«^^
\Aï
pois formation d'acide urique par llxalion dVide lactique sur l'urée, en présence de
l'oxygène :
(COAxSH*)» + C3H<0a + 0 = C5H*A«*0a + (H»0)>
et c'est encore dans le foie que se ferait cette réaction*
C'est une réaction tout à fait analogue A la synthèse de l'acide urique aux dépens de
l'urée (lIoBBvczKWsKip 1886) chauffée avec de la trichlorolactamide.
CaCl»
OH-t-(CO/
OH
.ASH2
= AiH'Cl + HCH2H»0+C=H*Ai'0a
Poursuivant les recherches de Mi.vkowski, Lano a cherché à se rendre compte des
différentes formes que revêt Taiole éliminé chez les oies, selon qu'elles ont ou non leur
fonction hépatique intacte. On ^pare l'azote de Turinê eu trois parties^ par la melhode
de pKAV.NDLgR :
702 FOIE.
a. Azote qui se dégage de la magnésie': c'est presque entièrement AzH^.
^. Azote qui, après élimination de AzH^ par la magnésie, précipite par l'acide phos^
photungstique : c'est presque entièrement llacide urique.
7. Azote qui reste après élimination de Tacide urique et de AzH' (urée et créaline).
Et on a alors sur les oies à l'état normal les chifîres suivants pour Tazole urinaire
(moyenne de trois expériences) ;
Pour 100 parties Pour 100 parties
d'urine' d'azote uhoaire.
A20te total. 0,321 100
a — de AzHî 0,079 24.3
6, 1-^ de l'acide urique.. . ., .. . ....,.,. . Môî» :» .: . . 60,24 ;
y — de l'urée et des acides monoamidés. 0,056 15,5
f
Mais« après ablation du foie, les produits sont difTérents. Si l'animal survit plus de
dix heures, et si on ne lui a pas donné du carbonate de soude, on a les chiffres suivants:
Pour 100
d'azote urinaire.
Azote a. .
67,8
— 6. .
6.6
— ï- .
2o,&
Ce qui démontre, comme l'avait si bien dit Minkowski, que l'azole est alors élimmé
sous forme d'ammoniaque, au lieu de l'être sous forme d'acide urique.
D'ailleors, si l'on donne à ces oies sans foie du carbonate de soude, une partie plui
grande d'àto te est transformée en acide orique; une partie moins grande en ammo-^
niaque, comme si le premier besoin de l'organisme était de sat\irer les excès d^acidf
par un alcali quelconque, soude ou ammoniaque, interprétation qui n'est vraiment
qu'un expédient mnémotechnique, et non une explication rationnelle.
K. KowALESKi' et Salaskine ont donné une forme très élégante à Pexpér'ience dé
MiNxows^i. lis ont fait passer du sang défibriné d'oie à travers le foie' d'une oie, enleva
du corps, et ils ont pu constater que dans ce sang il se produisait des quantités 'appré-
ciables d'acide urique.
PASSAGES DU 8ANO
dans le foie.
AOIDB
dans 100 grai
URIQi:
mmes
de sa^R.
5. .
15. .
25. .
0,0144
0,0184
0,0201
Il
0,0150
0.0210
'0,6220
En ajoutant au sang du lactate d'ammoniaque, on voit augmenter énormément celle
production d'acide urique.
PASSAGES DU SANQ
• dans le foie.
ACIDE URIQUE
dans 100 grammes de
»»ng
5.. .
15.. .
25.. .
I 11
0,0164 0,0122
0,0262 0,0181
0,0415' 0,0270
III
0.0151
0,0169
0,0219
L'acide lactique ne semble pas nécessaire à cette production d'acide urique, peut-
être parce que d'autres substances peuvent fournir de l'acide lactique à l'organisme. En
ajoutant de l'arginine au sang, on fait croître presque autant (|ue par addition de lac-
tate d'ammoniaque les proportions de l'acide urique du sang.
En tout cas, le foie des mammifères serait dépourvu de cette fonction uréopoîélique;
il aurait même une fonction toute différente, c'est dé faire passer l'acide Qrique à 4'étjii
d'urée par le dédoublement (en iwide kctiqne?) de lajnolécule d'acide uriqde% • •
Pourtant les observations physiologiques sont bien positives, et elleâ ont- fonatlle»
FOIE. 703
ment proayé qu'il y a une transformation d'acide urique en urée dans le foie des mains-
roifères (par un ferment soluble). et d'arée en acide urique dans le foie des oiseaux.
Etant donnée crette puissance de transformation de l'acide urique en urée dans le foie,
il me parait difficile qu'il n'y ait pas quelque liaison causale entre la diathèse urique
et les maladies du foie.
Les observations pathologiques sont loin de donner à cet égard des notions satisfai-
santes, et elles sont trop contradictoires pour qu'on puisse, dans les affections du foie,
établir nettement, de par les analyses d'urine, que Tacide urique augmente ou diminue
quand l'urée augmente ou diminue.
Cependant, d'une manière générale, il semble que la diminution dans le taux de
l'urée coïncide avec une diminution dans le taux de l'acide urique.
Mais ce fait, s'il était bien prouvé, ce qui n'est pas le cas, serait loin d'avoir de l'im-
portance; car une quantité relativement considérable d'acide urique, s'il fallait admettre
qu'il se dédouble en acide lactique et urée, ne produirait qu'une quantité insignifiante
d'urée, échappant presque à l'analyse, puisque la quantité, vraiment colossale, de 1,68
d'acide urique en vingt-quatre heures ne fournirait que 0,6 d'urée. Par conséquent, il
n'y aurait à tenir compte, dans ces observations, que du chiffre de l'acide urique, sans
s'occuper de la plus ou moins grande quantité d'urée. Gr il parait bien que, dans les
maladies du foie, la quantité d'acid'ï urique est parfois énormément augmentée. Hanot
(cité par Genkvoix) rapporte un cas de cirrhose hypertrophique où la quantité moyenne
d'urée n'était que de 6 grammes, mais où la quantité des urates était considérable.
On peut donc admettre provisoirement que lafonctiôn du foie consiste à transformer
en urée, non seulement les sels ammoniacaux, mais encore les urates. Si l'on introduit
des urates dans l'alimentation, une partie de l'acide urique est éliminée à l'état d'urée
par les urines (Zabelin, C. Voit, 1877).
Sur la transformation dans le foie en urée des autres corps amidés, nous avons
quelques documents, bien incomplets encore. L. Schwartz a étudié l'acide oxamique,
qui, injecté sous la peau, augmente la production d'urée; mais il n'a pu constater, en le
mélangeant au tissu hépatique broyé, d'augmentation dans l'urée produite après la mortw
De même chez les oies Minkowski a vu que l'asparagine,' la leucine, le glycocolle conti-
nuaient à êtr« dans les tissus transformés en ammoniaque, même quand le foite avait étë
enlevé. Lœwi a montré que le glycocdlle était transformé, sinon en urée, du nioins eu
un corps très voisin.
D'après Salas^ink (18fl9), l'acide aspartique en solution dans le sérum se transforme
en urée lorsqu'on le fait circuler artificiellement dans le foie.' Dans une expérîen(5e, la
proportion d'urée était primitivement de 0,036 sur 100 c. c. de feang. Après la seizième
circulation, elle était de 0,0617 (soit une augmentation de 51 p. 100). Le glycocolle et la
leucine se comportent comme l'acide aspartique. Avec le glycocolle l'augmentation a
été, en urée, de 65,7; 73,8; 7i,9; 146,2 p. 100 d'urée primitive. Avec la leucine, elle a
été de 18,6; 90,3; 55,5 p. iOO d'urée primitive.
Observations pathologiques et autres expériences relatives à la formation
d'aréé dans le foie. — Les faits pathologiques, presque avec autant de netteté que
les expériences de physiologie, démontrent que le foie est le principal appareil formateur
de l'urée.
Dans l'ictère grave, affection Caractérisée anatomiquement par une atrophie aiguë
du foie, la diminution de l'urée est telle que parfois il n'y en a plus que des traces
(Frbrichs, cité par BaodAROBL). En même temps que l'Urée est absente, on trouve des
qn intités considérables de leucine et de tyrosine. Harley (1890, i92) dit qu'au début de
la mala lie il y a augmentation d'urée, (lar suite de la désintégration des éléments azotés
du foie lui-ro^me, mais que, plus tard, à mesure que la proportion de tissu hépatique
diminue, la quantité d'urée produite va en diminuant.
Dans la stéatose phosphorée du foie, soit accidentelle, soit expérimentale, il y a éga-
lement abaissement énorme du taux de l'urée.
ScHULi%EN et RiEss (cités par Brouardel) disent que la prof)ortion d'urée, dans un cas
d'empoisonnement par le phosphore, était tombée au minimum (?), et que l'uréé fetait
remplacée, non par de la kucine et de la tyrosine, mais par un corps analogue aux pep-
tone» (?)^ P. Brouardel, en injectant, de l'huile phosphorée à des chiens, a vu les prbpor-
70i FOIE.
tions de l'urée diminuer énormément, et tomber, dans un cas, de 32 grammes à 29;
puis 18, puis 4»%6 par jour. Dans une autre expérience, voici les résultats :
URBB MOYKNNB
par 24 heares.
Ayant l'injection 30,9 ) ». o
19,7 J '*''
!'• injection 8,5 | . « ,
24,9 ! **•'
2* injection 22,4 ) 05 7
3* injection 4,8
— 15,9
— 7.2
4" injection 12,8
— 17,0
5* injection 14,2
9,3
14,9
z ::::::: ,^-^ | ".3
- 11,4 /
Dans une observation de pseudo-ictère grave, due à Bouchard, la proportion d'urée,
chez un hommes de 60 ans, est tombée à 0,50 par vingt-quatre heure's.
Nous croyons devoir donner ici les conclusions de l'important travail de Brouardel,
pour les autres affections du foie.
« Dans ï hépatite suppurée^ l'urée augmente au début; elle diminue quand l'abcès a
détruit une grande partie du foie, bien que cette lésion soit accompagnée de fièvre.
Dans la lithiase biliaire, ayant pour conséquence l'oblitération du canal cholédoque et
l'atrophie des lobules hépatiques, l'urée diminue de quantité. Cette diminution semble
encore plus notable pendant la crise de colique hépatique; il en serait de même dans la
fièvre intermittente hépatique. Dans la cirrhose atrophique ou hypertrophique, la quantité
d'urée éliminée est représentée par un chiffre extrêmement faible, même lorsque le
malade continue à se nourrir. Dans les maladies du cœur, le développement du foie car'
diaque entraîne une diminution considérable de la sécrétion de l'urée. Dans la dégénères^
cence graisseuse du foie, qui survient chez les phtisiques et les malades atteints de
suppurations osseuses, la quantité d'urée excrétée tombe à des chiffres très peu élevés.
Dans les affections chroniques du foie, cancer^ kyste hydalique, la destruction d'une por-
tion considérable de la substance hépatique entraîne une diminution correspondaole
dans la quantité d'urée sécrétée. Dans la congestion du foie, la suractivité de la circu-
lation hépatique se traduit par une augmentation de la quantité d'urée éliminée. Dans
la colique de plomb, le foie se rétracte, et l'urée diminue; dès que la colique est terminée,
le foie revient à son volume normal, et l'urée augmente. Dans la glycosurie passagère,
l'urée augmente pendant qu'existe cette glycosurie, ou au moment de sa disparition. Dans
le diabète, la quantité d'urée atteint parfois un chiffre plus élevé que dans toute autre
maladie. Une similitude si remarquable dans les variations de ces deux phénomènes
n'autorise-t-elle pas à se demander s'il n'y a pas communauté dans leurs origines? »
S'il est vrai que Turée soit produite dans le foie par une transformation de l'ammo-
niaque, il s'ensuivrait que, chez les malades atteints de cirrhose atrophique, l'ainmo*
niaque ingérée devrait se trouver à l'état de sel ammoniacal dans les urines. Wbintradd
n'a pas craint de faire cette expérience sur des malades (1892), et il a constaté que,
malgré la destruction presque totale du foie, constatée à l'autopsie, l'élimination
d'ammoniaque par les urines n'augmentait pas, quoiqu'on administrât aux malades
jusque à 9 grammes d'ammoniaque (p. 34).
Cette question a été aussi traitée par Mûnzer dans un travail riche en indications
bibliographiques (1894). Il a vu, comme Weintraud, que, chez les malades atteints de
cirrhose hypertrophique, la transformation de l'ammoniaque ingérée se faisait à peu
près comme chez les individus normaux, et il arrive à cette conclusion, bien différente
de celle de tous les auteurs cités plus haut, sauf Weintraud, que la fonction uréopoïé-
tique du foie n'est pas suffisamment démontrée {dièse Annahme der hamstoffbildendê
FOIE.
705
Funcditn der Ubir Ut bisker nicht gemgend bewiesen). Tout au moins fandraît-il alors
admetlre que la destruction totale de toutes les cellules hépalïf|ues est nécessaire pour
que la Iranaforniatian de l'ainraoniaque en urée et la l'ormatiou de Fur^c soient
supprimées. Si, dans Tintoïicalion plioïiphort'e, la proportion (Vammoniaque eicrétée
est considfjtabÏH (ENasLKKw), c'est parce que^ toutes les foi^ que les urines sont très fof-,
tement acides, il y a excrétion plus abondante d*ammoriiaque, . ^
Le tait que les sels d*ammoniurn se transforma' tit en urée dans roif^anisme a é\é
contredit aussi, pour ifaulres raisons, par AxK.Ni^KLr> ii88if,i. Kn donnant i riionime ou
AU lapin en état d'équilibre azoté des quantit/^s variables de laclate d'amnionitim, il a
vu croître énormément la quantité d*urée éliminée; et raccroissement était tiors de toute
proportion avec la quantité d'azote introduittî à l'état d*ammoniaque- Ainsi un homme,
qui avait pris seulement 2 t^ramnses de tartrate d*ammonium correspondant à rK»'/222
d'azote, rendit en cvcédent d'urée ty»«\HO, quantité correspondant ù y'^"",24 d'azote, sait
40 fois |iluï« d'azote que l'azote ammoniacal ingéré. Notons en passant qu'AxRXKeLU n'a
pu voir de destruction d*ammoniaqne par le ï'oie post mortem.
Il est diiricile de contester l'exactitude des oliservalions d'AxKXFELO. Pourtant»
Kkieuëm avait tri s nettement établi qu'en inj^^éranl 4 grammes de clilorbydrate d'ammo-
niaque, les 9; 10 de Tazote ainsi introduit reparaissaient dans les urines sous forme
d'eicédent d^irée.
M ne parait pas cependant que tons les faits rapportés ptus baut dans riiistoire pby-
liolo^iquc de la ionclion uréopoîé-liqne du foie doivent «Hre passés sous silence par les
patbologistes, d'autant plus que Stadfxmann (18SM), chez des malades atteints iralfectiorr
hépatique, a vu croître en quantité absolue, et surtout relativement à l'urée, Tammo-
niaque de l'urine. Ka\vit7,<ky a fait la même consLalation, quoique celle au;^mcntatïO0
d'amnïoniaqye lui paraisse trop faible pour admettre que le foie est le seul organe
chargé de le transformer en urée i;i88A>i. Il ne faut pas oublier qu'avant ces auteuj*s, et
même avant qoe Scart»MJK« eiH fait ses mémoraideseiperiences, HALLKïtvoRDK?j avait trouvé
dans l'urine d'un individu atteint de cirrhose jusque à 2»''^H d'ammoniaque par jour.
Il ne semble donc pas que les faits, assez coîtfus, de Minzrr et de Weinthalo, puissent
ébranler i'opinioncomumne que le foie est le principal producteur d'urée, et qu'il trant*
forme rammoniar|iie en urée.
D'ailleui^» les extirpations du foie ont semblé prouver que, lorsqu'on l'ait la sup-
pression d'une plus uu moins grande [»ortion du tissu bépatique, la quantité d'urée est
diminuée. Cela a été bien établi par Mkisteh (189IJ- Il esl vrai que. quelque temps après,
la proportion normale d'urée revient. MC.nzeb en cnnclul que par coni^équeut ce n'est
pas le foie qui forme Turée, conclusion qui me semble inadmissible; car rien n'est plu»
rationnel que la suppléance, parle tissu hépatique conservé, des portions de tissu hépa-
tique qui ont été dèlniiles. Quant aui observations de E. Pjck (1893) qui a injecté dû
l'acide sulfurique dans le canal cholédoque pour détruire le foie, elles ne portent |{uère
que sur les troubles analomiques et hislolo^'iques consécutifs h cette injection, et il n'a
pas recherché les causes delà morl, ni dosé les quantités d'aramoniaquô ou d'urée for-
mées après la suppression loiique de la tbnctiori hépatique.
Mitme sans qu'il y ait la crise violente convulsive qui emporte souvent l'animal
opéré de la fistule d'KcK quelques jours après l'opération, ou qui survient presque fata-
lement si ou lui donne un repas abondant de viande, on voil souvent chez les chiens à
Fistule d'ICcK des accidents to\i*jues, qui sont peut être atlribuahles, malgré l'opinion con*
traire de ÏIw3l et Wintkuhkiic, à une sorte d'ammoniémie chronique. Les animaux
deviennent somnolents ou alaxiques; leur démarche est titubante; ils sont à un certain
degré aneslbésiquûs et insensibles. Mais peu ù peu ces troubles s'amendent, et le chien
revient à la vie normale. Quelquefois cependant il en est qui, un mois ou deux apré^
l'opération, mai^Missent et Unissent |)ar mourir (Filippi'l La cécité et Tanalgésie sont
d'ailleurs des sy m pliâmes de l'empoisomietnent par l'acide carbonique plutdl que par
l'ammoniaque qui^ avant de produire des convulsions, donne de l'agitation et une exa-
gération des réllexes* Mais ce sont là des mesures de différenciation assez délicates, et
il est bien vraisejnblable que la suppression de la fonction hépatique doit entraîner
^ d'autres troubles toxiques que l'intoxicalLon ammoniacale. A vrai dire, ces substances
B toxiques, autres que Tammoniaque, ne sont pas connues*
^K DICT. DK PHT8lOl.0OtK' — TOME VI. iS
706
FOIE.
En mémo temps qu'on a éludiê les eflfets de la sappression de la foncliou bt'paliijtje,
on a essayé de voir le* effets de rejtcilalion de celte fonction. Sur des maUdes
alieinli^ de cirrhose, Sigrist (1H80), reprenant quelques expériem^es de Stouxiroff. 4
pratiqué IVlecIrisalion à\i foie. Il a tibtenu des au^raentaiions d*arëe f^i formidabl^^
qui! me paraît diflicilc de ne pas croire à quelque erreur expérimentale. Par eiempl*»,
un malflde» dont le foie avait éiv faradisé, a eu 68 grammes d*urèe en vingt-quatre heurfi
(!) lin autre fi8^',82fî). Dans ce dernier cas il s agissait d'un individu presque normal,
atteint seulement de c^Lirrhe ga:>tf ique. En moyenne. d*après Sigrist, IVleclrisatioo da
foie augmente de 15 grammes l*excrôtion quotidienne d*urée; ce qnt est 1res peu ttaj-
semlilable. D*ailleurs S\in«;kii (cité par I'aton) n'a pas pu, sur cinq individus hîen por-
ianUt retrouvnr r.ette au^menlatiun d'urt^e que SiGRifT cr»3yait avoir vue.
Lf mi^mc aiîleur a au'^si prrtendu que IVIeelrisation de la peau voisine du foie
mente beaucoup la quanlilé d'urôe* Mai» il n»* semble pas que C(*s expériences m.
d'élre retenues. (Iukhant cl Mislawski ont directemenl ^lectrisè la foie et recueilli le
san^ des veines qui vit*unent du foie. Or, dans ces conditions, ils ont pu constater qof
l'excitatîon électrique du foie est absolument sans elîet âur la teneur en urée du saaç
des veifiL's li>paliqnes.
Par IVutirpalion do portions plus ou moins grandes de tissu hépatique on peut,
avonS'UOUN dit, d'afo-As xMfjstkh, cliao^^er la proporlinn totale d'nr^^e excrétée; mais
razoledos matières extraclives autros qu« Turée diminue moins vite que l'urine» de î»orlc
que. t'ipcLs l'ûldiitiun d*uiic notable partie du foie» le rapport entre Tazote uréique et
ra/.otç total f'sl des ilimîJMnV. A parlir du ciuquienïe jour, p»*u à peu ces troubles du
niélabolisnnî a/ailt? s'amend*ait et, vers le qtûiuièmc jour, il y a retour à Tètal normal.
(Voy. le laldeou d«' In p, 72L)
Ainsi les expériences d*ablalton du foie ronrirmenl de tout point ce que nouâ afoos
dit sur te r^le uri>poièliquo du foie. Les produite azotés divers, non anuiniinoîdes, ètiat
détruite en moin'* grande proportion, s'aci^umulent dans le sang et passent dans rmêe.
Il çembU' qtie l'analyse cofnplôt'^ rle^ nulières extraclives, contenues dans t'urine de$
malades chi*zqiij lafonciion liépatiqu^^a élt^pîir la cirrhose alroplnqnc ai^ûe brusquement
supprimée, dcvr.iil donner de précieux renseignements. Mais ces anulyse^i d^unne sûot
le plus souvent fort insurii'iaotws; et,daiis ïe> plus récen's traité* de iiiédecino, il est scit*
lemenL dit que Turine est surchargée de malii^res extractives, leucine» tyrosine, xanthin^
hypoxanthiue, créatinc on grande quantité, acide lactique, substances analogues &«
peptones. Ce sont là des données peu précises.
Le point le plus obscur de toute cette question de la Irans^'umialion des malif-r^
aîotécs est de savoir h quel degré elle est spéciale au foie.
Que le fi>ie Iraiisforme Tammoniaque en urée, cela tj'est pas douteux. Il n*esl
douteus non pîm^ depuis les eiperiences de Salhowski» de Schulzbn t*t Nemcki, de Sa.
iiîN, de L(E\v¥ cl d autres, que Tasparagin©, l'acide aspartique, Targinine, le glycocoll^
la leucine, et les acides aniidés, se transfonniîul en urée dans rarg^auiscne. il eU
probable, certain même, que celte transformation s'opère dans le foie; mais il est imp
sible d'aflirmei que ces transformations chimiques ont lieu ej;c/ti8ivc!nirnt dans le fuit
Au contraire, il est vraisemblable que ce sont des propriétés générales de la vie cellolaictl
communes à tous les |>rolopIasmas vivants, et que le loie n'a à cet égard qu*une spéctlî, '
cité très relative. L'expérience de ScijurEUKttKHO sur ta formation de l*arid** bippuhqof
dans le rein tendrait â faire admettre que d'autres tissus que 1»? tissa * soni
capables de synthèses, de déilouhleraents et de transformations des pro«Ji; 1 le^dr
1 *assi m i l.il ion a ^oiée .
Formation de Turée aux dépens de rhèmoglobine. — Une autre bypotbf^^c i
été soutenue* qui mériterait d'être plus étudiée qu'elle ne l*a été encore, cest que fttitf
du foie provient de la destruction de rhémoglohine du saug. Cette opinion &'tp^i«
sur certaines expériences posîti\fes, fort ingénieuses, de Nuiîl Paton. Ce physiologisU i
montré que les substances qui dissolvent les globules, Tacide pyrogaUîque, les acidï^j
biliaires, la toluyléne-dianiine, font crollre en quantité notable l'excrétion biliaii^, amë-
mentent la quantité d'urée di^ Lurine, et diminuent le nombre des f^lobules sangoin*
Ces trois phénomènes, d'après lui, seraient le résultat d'un même et unique phéno-
mène, destruction de rtiémoglobino des globules, dont les produits seraient : bilirubine
FOIE.
707
[(2 moL); urée '150 mol); glycog*iae (32 mol.); UO^ [tù mot.), d après la Jéi^ompositioii
de deux molécules d'hériioj^'lobiae.
I
I
H admet que .) gramme:» d*héma;L;lobiite peuvent donner eo se dôdaublaul el s'oxydaal
1 gramme d*urée, Noeu Pato:^ a étudié aussi d*:uilres ï?iib5Lancfiîi cliohigogues, par
exemple, le salicylateot le bcrizoate de soude, et ïo ^iulilinié, et il a vu ijue Técoulrmeut
de bile plus abomhtnt s'augmente toujours d'utie ptuduciioii plus ahondaïiie d'urée* Le
plus souvent faeide uH»|ue sécriHè va on di*iiiiuiaijl, à mesure que la i(uautité d*urée
form<5e est plus grande.
De ces n'cherches l'vrùN conclut : 1** La destruction des globules sanguins est un sti-
mulant de la si^t'rélion biliaifie ;
2* Li pruduirlion de l'urée est accrue p.ir Li d^slructton des ;jltibuleâ Siinfîulns;
3» La siciètion biliaire et la production de Turùe sont doux pbcuomènes liés directe-
ment fuu à l'autre, et coïncidant itvcc la desLrucUoii de^ hùmalies;
4" L* action cholagogue des!» salieylatei et benzoatcîi da soude, de la cokbicine, d'i
sublime, de l^acide pyrogaUîf|uef de la toluylène*diaminc, {iuasi bien que leur influeuce
dans raciTuisseuïent d»? la pioductiou de Turée, est due, au moins pour une fj;rande
part, à leur actiuu liéuiolytu|ue directe.
On p>?ut, ce semble, acccpler, ne fftUrc que provisoirement et partit^lleraent, celte
théu^i^^ df* P\niN, d*aulant plu-* quVlle n'inllrnie nuIieniLS'it riiuLre tl»âorie, celle de la
(onnatioti Je l'urne aux di^pens de rammoniaque qui vicnl des pruduils de la di^esltôtL
Rapports de la fonction urèopoîé tique du foiis avec la sécrétion biliaire
#t la fonction glycogénique. — On peut admettre que toutes le** manileslations de
racLtvité du foie sont solidaires, et qu*elles ne doivent pas. sinon pour l'élude didicliquCp
être séparées les unes des autres. La fui uution de ïnvèv doit don-: coïncider avec d'autres
fonctions hépatiques, maii il y a à cet égard plutôt des présomptions que des preuves
rigoureuses.
D*abord, pour ce qui est de la fonction biliaire, il parait bien détnoiitré que la forma-
tion d'acides biliaires eéi liée k la déc^mpoi^ition de rinhnoglobine, et k la dissolution
des globules rouges. Au moins cela est-il rendu évident |)otir la production du pif^inenl
biliaire, la bilirubine, dérivunl de l' h»- mâtine de l'liL'mo;^lulniïe (V, Bile, n, tH9). Toutes
actions pbysiolo«îiques décomposant les globules rouges vont accroître la quantité de
bilirubine f'diminée par la bile, et la formation du pigment biliaire se fait aux dépens du
piliçmont sanguin. Dans cette transforuMlion de i'béniof;lobine, très probablement la
globuline devient de Turéc. W. Ftcn, on mettant de riiénio^lobine en contact avec la
t^ouilKe bépaLique, a obtenu un corps qui est très voisin de l'urée, et qui tien dilTère que
par des caractères secondaires (soluble dans Talcool absolu, préripitant par Tacide
oxalique^ mais non par l'aciiie nitrique). Nou^ avons vu que, d'après N. Paton, toutes
les subslnuoes qui détruisent le globule rouj^e, en particulier Tacidc pyrof^allique, font
croître eti nu* me temps la sécrétion biliaire et l'efcrétion d'urée, l/origine de Tacide
cholalique, radical prulable des acides glycocholiqiie ei taurocholîijuc, est encore trop
obscure pour qu'on puisse cbercber comm^nit la molécule dalburnintî fournit ces acides
et l'urée; mais, d'autre pari, l'acide ;:lycocboli<iue donne dans l'intestin du glycocoUe,
lequel est certaioeraent par le foit% soit dirociernent, soit après être devenu carbonate
d'ammoniaque, iran^lormë en urée. Aussi bien la sécrétion biliaire peut-elle, précisé-
ment par son acide glycocbolique, être regardée comme une des sources de la produc*
tiou d'urée. It est vrai que culte considératiuu ne s*applique qu'aux: animaux dont la bile
cootient de l'acide f^lycficbolirjue. Sur le cbittn il faut admettre que Tacide taurocbolique
subirait une fermentation analogue.
La présence de la cUolestérine dans la bile est aussi une preuve de la destruction
du it<lobule rouge par le foie. Il y aurait doms, on niôme temps que production de bili-
rubine, de cboleslérine, et d*acides biliaires, deslruclion d'bémogiubtne et formation
d'urée.
La glycogénèse est aussi une foucUon concomitante de la produclion d'urée. La
fonction antitoxtque du foie sur l'ammoniaque et les corps homologues est étroitement
708 FOIE.
liée à la fonction glycogénique. Roger a prouvé que, chaque fois que le glycogène
a disparu du foie, par cela même le foie cesse d'agir sur les matières toxiques qu'il doit
arrêter ou transformer. Il en est ainsi chez les animaux soumis à l'inanition, chez ceux
dont le glycogène a disparu par suite de la ligature du canal cholédoque, ou de la section
des pneumogastriques, ou au cours de l'empoisonnement par le phosphore. Si Ton stimule
le foie en injectant de Télher dans une branche de la veine porte, on voit s'exalter son
rôle protecteur (Roger). A. Gautier a donné la formule suivante, très schématique évi-
demment, qui établit une relation entre i'uréopolèse et la glycogénèse :
4 C^» H*»«Az»80" + 68 H80 = 36 COAz«H*
Albamine. Urée.
+ 3 C»5H»o*0« + 12C«HiOO» -,- 4 SO*H«
OUottéaroBiargarine. Glycogène.
+ 15 COî
Il est vraisemblable, en tout cas, que cette formation de glycogène d*nne part, et d'urée
de l'autre, n'est pas un phénomène d'oxydation; car d'abord in vitro, sans oxygène, on
peut reproduire tout on partie de ces actions chimiques, et d'autre part le sang qui
arrive au foie, et qui a le rôle le plus important, par sa qualité et sa quantité, dans ces
actions chimiques, c'est le sang veineux porte, pauvre en oxygène^
La Nature, a dit H. Milns Edwards, avare de moyens, est prodigue de résultats. Dans le-
cas dont il s'agit, nous avons un bon exemple de cette économie de forces. L'action anti-
toxique, qui est à coup sûr une des fonctions les plus importantes du foie, est accom-
pagnée de calorification, et d'accumulation de réserves alimentaires (glycogène et
graisse), de sorte que la même opération chimique détruit dès poisons (Az H' et corps
similaires), accumule du glycogène et de la graisse, et dégage de la chaleur. Nous n'en
savons pas assez pour préciser les termes de l'équation chimique, équation peut-être
simple, quoique probablement très complexe, qui intervient alors; mais nous pouvons
pourtant en tracer résolument, comme nous avons essayé de le faire dans les pages qui
précèdent, les lignes principales.
Conclusions sur le F61e aréopolètique du foie. — Si nous résumons les faits
exposés plus haut, nous voyons qu'à côté de certaines expériences dont les conclosions
sont douteuses, nous avons bon nombre d'expériences dont les résultats sont positifs.
i^ La suppression fonctionnelle totale, ou même partielle, du foie, soit par extirpation,
soit par interruption de la circulation, soit par stéatose toxique, soit par cirrhose atro-
phique, entraîne soudain un abaissement énorme dans l'uréopoïèse.
2<» La circulation à travers le foie d'un sang chargé d'ammoniaque montre que le
sang se charge d'urée. Pareillement, chez les animaux privés de foie, il se fait une intoxi-
cation ammoniacale, et l'ammoniaque n'est plus, comme à l'état normal, transformée
en urée.
2^ La preuve directe que le foie transforme en urée des substances autres que l'ammo-
niaque, l'acide urique, et quelques acides amidés, pour probable que soit cette trans-
formation, n'a pas été donnée encore. Il est possible que l'hémoglobine soit transformée^
par le foie en urée.
4<* C'est par un ferment soluble, contenu dans les cellules hépatiques, et qui agit*
sans intervention de l'oxygène, que se fait cette formation d'urée.
o^ L'évolution des matières azotées dans l'organisme parait consister en deux phé-
nomènes essentiels : d'une part, dans les cellules générales de l'organisme, il se fait aux
dépens des matières protéiques une incessante production de corps azotés divers, glyco-
colle, leucine, tyrosne, aaparagine, arginine, xanthine; lesquels aboutissent finalement i-
l'ammoniaque et à l'acide carbamique, corps toxiques; d'autre part, il s'opère une inces-
sante transformation de ces corps azotés ou ammoniacaux en urée, substance non toxi-
que. Le rôle antitoxique du foie se confond ici avec son rôle uréopoiétique.
6<* Chez les oiseaux le foie ne transforme pas l'acide urique en urée ; il semble avoir
plutôt une fonction inverse.
1^ 11 est d'ailleurs possible que la transformation de l'ammoniaque en urée marche de-
pair avec la transformation des corps azotés cristallisables solubles en ammoniaque. K
mesure que celte ammoniaque est formée, dans le foie lui-même ou dans l'appareil
FOIE.
709
I
digtâtif par un ferment A; elle est traiisJormée en urée ptir ua ferment 6; ou, sinon en
urée* au moins en des corps trùs voisins.
8« Le rôle de ralbumine et de l*bémo>;lobine dans ces actions chimiques aboutissant
il la formation d'urée est encore tout à fait inr^onriu.
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injecliotta répétées d*urée (B. B., H4!-il43j, — Kowalesky et Salaskin. Vcber dte Hitdun^
von Ham&nure in der L. der V^gel {Z, p, C, xxiiti, 210-222). — Mkrrlen, Hech. aur Veta
fonctionnel du foie dans la ymlro-entMle des jiunes enfanls par V étude des cueflicients
urinnirei B. B,t 130-132). — NK^f.Ki et Zalesru Veber die dc»timmunif der AzfP m thie-
rifchen Fïfmigkeiten (Z.p. C, xxviu. 1 92-209). — Pato.x (N.) et Easo.n (J.j, Ou n wethod of
esttmaliwj the interférence with the hepatic metnboUsm pr^dvced by drny$ (J. f^., xxvi
lt)<i-i72).
i!*02. — Vous \0.]. Eine neue Méthode zur Bebtitnmwi'j der Ammoniaks in Harne und
anderm thieriichen Flussigkciten {Z.p» €., xxxvii, IGl-170)» — Friei»m*\tual. Veber /îe^toï-jî-
lions vermche nnch Auaschciduny der L. mitteh Vebc'rfnhruny des Blutes der Vena cuva in
ferior unterhatb der Nitremencn [A, P., 1902, I4«î-i46lp — liûHO0tX!>KY, Sala^kïn et
Zalcssi. Veber die Vertheiluny dn AzH^ im Btuie und den Organcn normaler and hungern-
der Hunde (Z. p. C, xxxv, 2^0-203). — Jacobv (M.). Vber die Htîrmtoffbiiduny im Orga^
nismm \ Ergebnisse der Physiologie, i, u îi32'îir»4). — Kowalusky (K,) et SALA^^iiiN fS.), Vebei*
den Ammonitik und MikhsuuregehaU im Itarne ion Gitmen nnler venschiedenen Vfrh(dtnis$€
(Z. p. (l, XXXV, 552-568;. — Nobkcocrt «'t BiuAiiT. Influence des injecliam intra-portale^ de
naphtol sur certaines fonctions hépidi^uen iJ^, /*.♦ HOI-l*03j. — SKRJ!:t;K. ^ur la teneur en
urée de chaque lobe du foie en rapport avec lc% phnseni de la diyeêtion [Bj B., 1902, 200-
202). — Taylor (A.-E/>. Viber dan Vorkommen wu Spattungsproduklcn der EiweisskÔrper
der denenerirten L. (Z. p, C, \xxiv, Î>80-$84l — Wieniui (H.). Die Uanm'iure [Ergebni&ae
[der Phyûoiogie, i, i, 5.^5-050).
§ Itni — LIGATURE DE LA VEINE PORTE. DE UARTËRE HÉPATIQUE,
DU CANAL CHOLÉDOQUE. ABLATION DU FOIE.
Nous éludierons ilatis ce chapitre reflet de^ opéialiot*« quVfi peut praliquer sur le
foie à TeiTet ilV'lu<nei' exfMH'iineiitahMiienl les fonctions rie rel or^Miie.
I, Ligature de la veine porter. Ligature de Tarière bèp^atique. — L.i ligature
ie la veiii*/ |tuiie ;idem oiTeis aljsolumrnl disllncls qui toncouronl ii j<m«?ner rapidement
via moit de t'atitmal (inammitV«re> quiind la li^'ature a été faite brtis«|uemeijt : à savoir,
d'une part» l^airt^t de la circulation abdominale; d'autre part» la cessalÎLin ou tuut au
moins la dimiiiulioii considérnhie de toutes les foiiclions hépatiques. Nous allons exa-
miner suicessivetnenl ces ileiix ellets.
Effets de la itgnttwe d*' ht veine porte f^ur ht srrrt'tion biliaire. — Glis5on, d*aptt^s LQ^GET
(T. l\, ti, 284 , admeltail que lasécréliou Uiliîiirc se laisailaux d»^p**nsde la veine porle;
et Malpkjîu aurait coiiî^latt% après ligature de l'artère liépalique, que la hiîe coriliime à
èlre sécréU'è llKinKMiAiN n'a pu iclnMiver dans les ouvraç«>^ de Maiimgui l'ifïdicalioti de
cette expérience;. Kn tout cas, frappés par le volume cunsiidénible de la veine porte.
et prenant en considéralioii les cas dans lesquels robUtéralion de ce vaisseau enlraî-
naît des accidents graves, les médecins tendaient Iquh h admettre» vers la lin du
xvuî" siècle, que la veine porte est le vrai vaisseau nourricier du foie. Hichat cependant
s*ûpposa à cette opinion commune. Partant de cette idée générale, vraie en principe»
quo le sang artériel oxyiçéné est seul capable d'apporter rélément nutritif aux tissus, il
déclare impossible que la veine porte nourrisse le Foie, et il attribue à Tarière hépatique
teule le rôle de vaiïiseau nourricier du loie.
En 1828 SmON (de Metz) lit sur des pigeons la ligature taat*U de l'artère hépatique,
tantôt de la veine porte; et il constata par cette double expérience que la sécrétion
biliaire s*arréte quand la veine porte est liée» mais qu'elle continue encore quand
Tartére bépalique e»t liée, lî fit au^si Taulre expérience qu'on a si souvent répétée
depuis, la ligature des canaux biliaires, et il vit qu'après ligature de ces canaux la
712
FOIE.
sécrétion de bile continue; maiâ, comme l'i'coulemenl de bîie ne peut plus se faire, It
liquide sè«Tété s'amasse dans le foie qui se coloie en vert, et ne tarde pas à être résorW,
de sorte qu'il apparaît dans la circulation et dans les urines.
Ckiez les mainrnilères, Ork fît, <^n l8îïG, des eipéiiences imporf-antes el ra«Hhodiques.
fïi.xTBAC, a3ant observé que la sikrétion biliaire ii*avait pas éU* interrompue chei des
malades dont le tronc veineux portai t'iait oblitère, pria Ohé de faire des exp'^rieaeef
sur ce sujel. La ligalnre totale el immédiate de la veine porte, faile à des cbiens, amcia
en moins d'une heure la mort de ces animaux. De même les chiens inonmrent aa99jviti|
quand on provoqua par îlnjeclion de percblorure de fer la formatioii d'un caillot d&iit|
la veine porte. Alors, cliercbant un autre proL-V-dé, Oré passa sous la veine un û\ f\\i%t
laissait au detiors. En le tirant graduellement i pendant quelques jours) on détermiaiitT
roblitéraliou leote de la veine porte. Kinalement, quoique la veine tùl par uu cailloi
devenue imperméable, les ebiens se rétablissaient, et la sécrétion biliaire ftontiuittit,,
Oaé en concluait que c'est l'artère bépaliqiie qui fournit les éléments de la bile.
Mais celte conclusion n*est pas absolument justifiée, car il peut se faire elmémeJ
certainement il se fail des cireulalions collatérales qui permettent une certaine quantité!
de sang veineux intestinal de passer encore dans le foie. (L*histonque de la questioul
est ma^stralement exposé par Schjif. Uefitr iht^ Verhnltnhs der Lcbercirulfjtion iwGalkih^
bitdung, Hec. de mân. phy^stotoff., Lausanne, t80H, \\\ ;i:i0-2i7.)
C'est ScHiFF qui le premier a fait sur ce sujet important des expériences vrairaeq
décisives (1862). Il opérait sur des cbats, anhual classique pour les recUfrches sur
sécrétion biliaire. D* abord il constata que la ligature de l'artère hépatique est saufl
inlhieuce sur la quantité et la qualité dejlrile sécrét«'e. Deux heures et Lbrmie après It
li(j;ature totale de Tartère, les chats opérés sécrétaient autant de bile qac les chats nor-
maux. Au contraire, si la liffature totale el immédiate de la veine porte était pratiquée, j
dans llieure qui suivait l'opération (et les aninninx ne survivaient pas plus louf^tempsif i
n'y avait plus de sécrétion biliaire* (La plus longue dutée de survie a été de c*nquiiiita*1
quatre minutt;s.j Des ebiens ont survécu de une heure quinze miuatea à deux heures.]
Mais il n'y avait pas davantage de bile sécnlée.
La conclusion générale, cV-st que la vt-ine porte fournit à la bile ses éléments.
Ces expérience» de Scuikf ont été répétées pjr Hôhhig, SdiMULfeYiTCH, A<P, «rêcdâ
résultais sensiblement identiques.
Hutnuc. a vu que la compression de la veine porte arrête presque complètement 1
formation de la bile, tandis que la compression de rartére hépatique est sans efîcL U'
compression simultanée des deux vaisseaux arrête toute sécrétion, La ligature de 11
Tcine cave ralentit quelque peu la serré lion, de sorte qnon ne doit pas admettre qoe
celte sécrétion est fonction d'une pression trop forte tlans les vaisseaux. Comme, d'autre
part, les excitations nerveuses, soit reiitrales, soit pérîpliériques (centrifuges ou centripète
réOexes), sont à peu prés inefficaces^ Hùuîui- en conclut que la sécrétion de biledépeod
et de la quantité et de la qualité du san^qui passe dans le foie. (Il eû,t été plus rationnel
de parler de l'état de la cellule hépatique.)
ScHMCLEVîTcu et LuowiG oiil pratiqué la circulalion arlifieielle dans le foie, el ils ont
vu un éfoulemeul biliaire i?i se produire par les vaisseaux cboléd^»ques,
Asp, pour éviter la mort rapide que produit la ligature de la veine porte, ne bit la
ligature que d'une des branches, et il ne recueille que la bile de l.i portion hépaUqti
ainsi anémiée. Il voit alors que la sécrétion, si rartère hépatique est intacte, est
notablement diminuée, mais non abolie. Inversement il y a une légère dimlnulion <
sécrétion après ligature de Tarière, de sorte que la fonction biliaire parait dépendre i
la fois du sang des deux vaisseaux, et dans la proportion même du calibre différent <
l'un et de Taulrc; c'est-à-dire beaucoup plus de la veine porte que de l'artère hépatique.
Cependant Cohnheim et Littex ont vu des nécroses se produire dans l« foie apfès
ligature de rartére hépatique. Cette expérience, faite sur les pigeons, ne donne pas les
mêmes résultats; car Stolmkoff (18821 n'a jamais constaté, apr^« lif^atnre de l'artôn!
hépatique, le moindre firocessus nécrobiolique dans le foie, Doyon et Dcpount, en fai-
sant sur le chien des Jigatuies multiples des branches de Tartère hépatique de manie
à supprimer toutes les anastomoses, ont vu survenir la partielle nécrose du foie^ comn
CoHsiém el LiTTEN.
FOJE.
713
I
I
I
I
Causa de la mort après ta Ufjatttre delà veim porie^ — Pour expliquer la mort après
la ligature de la velue porte, oo ne peut donc invoquer \à suppression de la sécrétion
biliaire ; d*abord pnrce que cetle-ei n'est pas totatenient supprimée, ensuite parce que toute
la bile sécrétée en une heure (et m<^me eu dix heur^^s) n*a pas .d'eiïet toxîtjue mortel.
Restent ators deui causes po^^ibles tour à tour invoquées par les divers physiologistes
la perturbation mécanique (circulatoire) al la perturbation chimique.
Rappelons hrièvemenl Ws symplùnies consécutif'^ A^ la lipature de la veine porte. Les
lapine ne survivent pas plus de trois quarts d*heurp ; les chat^ ne survirent pas plus
il'une heure; les chiens ne survivent pas plus de deui heures iSc«ikf), quelquefois
trois heures (Hogehi. Mais ce sont la des termes ♦l'xïrème.'î, et le ptus souvent au bout
dVne demi-heure (chat et lapioi, ou d'une heure (chien, Taninjal est mort ou mourant.
Chez les oiseaux, les conditions chimiques et mécaniques (système porte rénal;
mnastomose de Jacorson; étant tout à fait difTérentes, ta survie est beaucoup plus lougue
^doQze et même vingt heuresi.
Le sjnjplôme dominant ehei les chats et les chiens, c'est un étal de dépression g6ié-
rale qui ressemble beaucoup, dit Scani', à celui que produit Tinjection d'une substance
narcotique très oclive, La pression artêi ielle s'abaisse, jusque à devenir presque nulle :
mais elle s<^ relève si Ton l'ait la compression de Tartérç aorte, sans que cependant les
phénomènes de narcotisation et d'insensibilité diminuent, La section des va^mes n'aug-
mente plus la fréquence du ca^ur. Quoique la fréquence du cu'ur ailen^'énéral augmenté,
«lie n'est pas beaucoup plus f^randequ'à Tétul normal. La température ne subit presque
pas de moditlcatious. Quaut a l'excrétion rénale, elle est complètement supprimée.
On a supposé d'abord que ces pliénumènes étaient dus â la diminution de la pres-
sion san^^uine par suite de l'aftlux du 5ang dans le systènn' intestinaL Et en etiet, à l*au-
topiie on trouve les intestius el le péritoine ^îorpjés de sanjtr. On a alors comparé la
mort des animaux à veine porte liée à la mort des animaux que tue une anémie céré-
brale ai^uê. Mais ScHiiT déclare que c'est une théorie mort m^c^ car dans Tanémie céré-
brale on observe une augmentation dVxcitabililé qui va parfois jusqu^aux convulsions,
sans qu\>n puisse observer, chez les animaux âjfoie enlevé, d'autre phénomène qu'une
diminution rapide et progressive de Texcitabiltte'.
En tout cas, le système circulatoire intestinal des animaux qui meurent après liga-
ture de la veine porte est tellement gorgé de saug, qull est bien difficile de ne pas attri-
buer quelque it^lluence à cette congestion intense du train postérieur, qui doit être accom-
pagnée d'une anémie considérable de la tète et des parties autérieures.
Cependant TAi-rBtNgR, dans le laboratoire de Liiuwiti, lit sur le lapin des expériences
qui semblèrent prouver que la con^^estion n'est pas réellement aussi intense qu'elle
parait Tétre au premier abord. En dosaut la quantité de sang accumulée dans le système
inleslioal après ligature de la veine porte, il trouva que la masse de ce sang, pour ainsi
dire soustrait à la circulation générale, était de 10, 2 p. 100 de la totalité du sang. Or
une hémorrhagie équivalente n'entraîne pas la mort. De plus, après ligature de la veine
porte, la pression artérielle baisse immédiatement, ce qui prouve que cette diminution
de pression n'est pas due au lentaftlux de âang (sans issue possible) dans la sphère des
branches d'origine de la veine port#. Enfin, en comparant rabaissement de pression arté-
rielle dans îe cas de ligature de la veine porte, ou dans le cas d'hémorrbagie, on voit
qu'une perte de sang de 3 p. ItX) du poids du corps (par hémorrhagie) ne fait pas des-
cendre la pression, tandis que la ligature de la veine porte, qui abaisse la pression, ne
peut jamais déterminer la soustraction d'une égale quantité de liquide sanguin.
Four toutes ces raisons, TAPPËiNsn conclut que la ligature de la veine porte ne tue
pas par anémie encéphalique.
Quelque fortes que soient les raisons invoquées par Scan f et Tappeixeh, C.istaigne et
Bendeh ont fait une très intéressante étude qui les a conduits à des résultats absolument
opposés, qu'accepte L. GnuvEiLinER dans sa thèse inaugurale, en rapportant les expé-
riences de Castaione et Bendeh.
L^expérience fondamentale sur laquelle ces deux physiologistes appuient leur opinion
est la suivante, La ligature de la veine porte tue en une heure et demie ou deux heures
les chiens. Si Ton fait simultanément la ligature de l'aorte (au-dessus du tronc ctBliaque)^
on aggrave évidemment les effets de rinsurfisauce hépatique. Et pourtant les chiens dont
714 FOIE.
Tarière aorte est liée succombent plus tardivement que les chiens normaux à la liga-
ture du tronc de la veine porte. Donc ce n*est pas par accumulation de poisons hépa-
tiques, ou non destruction de poisons par le foie, que la mort survient, puisque la liga-
ture de Taorte, qui augmente les phénomènes d'insuffisance hépatique, prolonge la vie.
(Voir entre autres Texp. xi, p. 51 de Cruveilhier, où la vie s'est prolongée 3"35', après
ligature de Taorte et de la veine porte.) Remarquons que la ligature de Taorle à elle
seule suffit pour tuer un chien en quelques heures.
Toute cette série d'expériences est très positive, et paraît bien démontrer que l'accu-
mulation de san^' dans le système intestinal est sinon la cause absolue de la mort, au
moins une cause adjuvante.
Quant aux expériences dans lesquelles il y a eu injection de sérum ou de sang, elles
sont moins décisives; car, malgré ces injections, la mort survient encore assez vite.
L'autre hypothèse pour expliquer la mort, ce serait la présence d'une substance
toxique, substance que le foie serait chargé, à Tétat normal, dé détruire. Par suite de
la suppression de la circulation, cette fonction hépatique serait supprimée, et le poison,
non détruit, s'accumulerait dans l'organisme.
Les expériences de PAwi.owet Nencki, sur lesquelles nous avons donné précédemment
(v. p. 694) beaucoup de détails, ne permettent guère d'accepter cette opinion; car
l'abouchement de la veine porte dans la veine cave, avec ligature de l'artère hépatique,
n'amène pas une mort aussi rapide que la ligature brusque de la veine porte, puisque
les animaux, même dans les cas les plus défavorables, peuvent survivre quelques heures,
et que, dans certains cas, si l'on prend pour les alimenter les précautions nécessaires,
ils survivent indéfiniment. Cependant la fistule d'EcK équivaut à une suppression
complète de la circulation hépatique. La suppression de la circulation hépatique n'est
donc pas en soi mortelle. La seule différence entre l'opération d'EcK et la ligature de la
veine porte, c'est que dans le premier cas la circulation intestinale n'est pas entravée,
tandis que dans le second cas il y a accumulation de sang au-dessus de la ligature dans
tout le système intestinal. Mais, au point de vue de la destruction des poisons par le
foie, les conditions sont identiques.
Il semble doue nécessaire d'admettre au moins une théorie mixte. Qu'il y ait, par suite
de la suppression des fonctions hépatiques, accumulation de substances toxiques (pour
le système nerveux) dans le sang, cela est probable; mais cette intoxication serait insuf-
fisante pour amener aussi rapidement la mort, s'il n'y avait pas simultanément un trouble
considérable dans les phénomènes mécaniques de la circulation. A vrai dire, l'explication
mécanique est en général défectueuse pour rendre compte des troubles morbides; mais,
dans le cas présent, il faut reconnaître que cette interruption de la circulation portale,
cette stase sanguine abdominale, si elle n'est pas la cause unique (ce qui est presque
admissible, d'ailleurs) est au moins la cause adjuvante, dans une très large mesure.
Toutefois, il ne s'agit sans doute pas d'une action purement mécanique; car la stase
veineuse intestinale peut agir par une sorte d'intoxication. Rien n'empêche de supposer
que la ligature de la veine porte entraine une sorte d'intoxication réno-intestinale,
marchant de pair avec l'intoxication hépatique, et la compliquant ^Tavement. Autrement
dit, lorsque nous parlons des troubles déterminés par l'arrêt de la circulation portale,
nous ne prétendons pas que ces troubles soient uniquement mécaniques; car le ralen-
tissement énorme des circulations intestinale, splénique, gastrique, rénale, diminue
les échanges de ces organes essentiels, et par conséquent ce doit être une cause d'in-
toxication très active. Lier la veine porte, ce n'est pas seulement supprimer la fonction
hépatique, c'est encore suspendre presque complètement la fonction de l'intestin, de
l'estomac, de la rate, et môme, dans une certaine mesure, la fonction du rein.
C'est il une conclusion assez analogue qu'était arrivé Netter. Mais nous proposons de
la modifier lég«''rement et d'admettre que ce n'est pas par l'accumulation de poisons in-
testinaux que la ligature de la veine porto est funeste, car, ainsi que le fait remarquer
avec raison Roger, il no peut y avoir pénéli ation de ces poisons dans la circulation. C'est
un autre mécanisme qui entre en jeu. Les poisons normaux de tout l'organisme, et du
sang lui-même, ne sont plus détruits par l'intestin (et le rein). Ce ne sont pas les poisons
intestinaux qui s'accumulent, c'est la fonction dé[)uratrice del'intestin qui estsuppriméo.
En tout cas, le contraste entre la ligature de la veine porte et la ligature de l'artère
FOIE.
Jl&
I
hépatique est saisîssanL Après que l'artère hépatique a été liée, la bite confintie à être
sëcr^lëe, et, après un raleutissement qui dure peu de temps, elle reprefid son cours noi-
mat. Les seuls troubles fonctionnels sont les phénomènes de n^crobiose observés dans
le foie; encore ne sont-ils pas constiinls.
E. flLEY et V. Pachon, en liant le^ IjmphaUquea du foie, ont constaté que le foie perd
quelques-unes de ses propriétés, notamment son aptitude a rendre le sang incoagulable
après injection de peplone. Mais il es^t assez difficile de savoir exactement quelle est, en
celte expérience assez délicate, la part du traumalisnje et des Irouhïes neiveux réflexes.
II. Ligature des canaux cholédoques. — Les effets de la ligature des canaux
biliaires ont Tiè décrits k rarticle Bile lu, 190-200) au point de vue de la rt'sorplion de
la bile formée.
Nous avons à étudier ici les etTels produits sur la fonction hépatique et s\ii l'orga-
nisme en général par l'interruption de la circulation biliaire.
Fait essentiel : les animaux survivent très longtemps, même sans qu'on puisse invoquer
la régénération des canaux liés et te rélablissemenl de la circulation biJiairc. En prenant
la précaution de lier le canal thoracique» comme font fait KiFf>;nATH, puis \\ Hahley, il
n'y a presque plus de résorption toxique de la biîe» et les symptùmes d'intoxication sont
réduits à leur minimum. Aussi certains animaux peuvent-ils survivre dix^sept jours k la
ligature du cholédoque. Cette longue durée contraste avec la rapidité des accidents qui
saivent la hgature de la veine [torte. Dans ce cas la survie se compte par quartl d'heure,
et dans l'autre (ligature du cholédoque j par jours,
r/est sans doute parce que Tablât ion du foie erapf>che les substances toxiques d'être
détruites, tandis quti la ligature des canaux biliaires n'entraîne Tabsorption que des
produits déjà rendus presque inoO'ensifs. Autrement dit encore, la bile est un élément
moins toxique que les produits qui lui ont donné naissance.
Legg, W^mcii, Kco et FREniriH ont établi qu'après ligature du cholédoque la teneur
du foie en glycogène diminue beaucoup. Si la piqiire du ventricule bulbaire ne provoque
plus alors de glycosurie {Legg), ce n*est pas que le ferment glycopuîé tique ait disparu»
c'est qu'il nV a plus suffisamment de glycoj^'^ne dans le foie (Kcxz et Fmehichsï. W»t-
TiCH a ronsLité, an contraire, de la jt^lycosurie.
Quant à la durée de la vie, chez le cobaye, qui est généralenieut pris comme sujet
d'expérience dans ce cas, Charcot et Gombault ont noté une fois une survie de vingt-irols
jours; Belocssow a vu une survie de dix-huit jours. STiiMiAtis» dans drx-buit opérations, a
noté une fois dix jours, avec une moyenne de six jours. Chamuahd admet une durée de
Irois A sept jours, ce qui est tout à fait eu rapport avec les conclusioos de Steishaos.
IIablry, chez le chien, a trouvé une fois dix-huit jours, et dans les antres cas de trois
à sept jours. Mais ses expériences ne sont pas comparables, à cause de la ligature conco-
mitante du canal thoracique.
Sur tes ^Tenouilles dont le cholédoque avait été lie, Laeousse n'a pas observé de lésions
hépatiques. M ne dit pas combien de temps elles survivaient À l'opération. Il est probable
que la survie est longue.
La plupart des auteurs se sont occupés surtout — presque exclusivement — des
lésions bistologjques déterminées dans le foie par l*accumulation de la bile dans le»
origines biliaires, avec une augmentation considèrale de ia pression. Les lésions chro-
niques sotit caractérisées par une prolifération du tissu conjonclif, une sort^» d'hépatite
• interslilielle, de cirrhose qui évoluerait peut-être dans le sens d'une cirrhose totale,
nettement caraclérisée, si les accidents toxiques mortels n^arrêtaient pas l'évolution de
la maladie. Les lésions aiguës sont une dégénérescence nécrotique du lobule de foie;
.qui se désagrège, avec destruction du protoplasma cellulaire. C'est la pénétration dans
le sang de ces produits toxiques de désassirailation cellulaire, qui, sans doute, entraine
la mort après ligature des canaux.
Il semble, en eiïet, que la bile soit toxique pour les divers tissus, et plus spécialement
pour le tissu hépatique, de sorte que tes mêmes produits biliaires qui, après la hgature
Idu canal ctiolédoque, s'accumulent dans le tissu du foie et sont aptes à en déterminer
promptement la nécrose, sont aussi très nocifs pour répilhélium rénal. Aussi les ani-
maux à conduits biliaires liés meurent-ib par suppression de la fonction rénale (albumi-
nurie et anurie) presque autant que par suppression de ta fouction hépatique.
716 FOIE.
III. Ablation du foie. — Chez les Batraciens, l'extirpation du foie peat se faire sans
déterminer la mort immédiate, ainsi que Tont montré des expériences andennes de
MoLEscHOTT. Nebelthau a essayé d'analyser les changements du métabolisme organique
consécutif à labiation du foie chez les grenouilles. H a d'abord recueilli pendant neof
semaines l'urine de 600 Rana esculenta. Il obtint dix litres et demi d'un liquide riche en
urée. Puis il extirpa le foie à 431 grenouilles : les animaux survivent de trois à sept jours.
Pendant ce temps ils sécrètent 269 1*^'' d'une urine qui ne contient pas durée. Le réiido
«ec, au lieu de 0,106, est de 0,140; et l'ammoniaque s'élève de 0,0054 à 0,0122 p. 100.
Avec 261 grenouilles de Hongrie, privées de foie, Nebelthau recueille 7800** d'urine.
Le résidu sec est de 0,2809 p. 100 et contient 0,0154 d'ammoniaque. Dans cette deuxième
expérience l'urine renfermait une substance qui donna 0,1279 d'un sel de zinc cristal-
lisé, lévogyre, se colorant en jaune par le perchlorure de fer. L'auteur pense que c'est
de l'acide lactique ; mais il se montre plus réser\'é que ne l'avait été Marcuse, qui, dans
les mêmes conditions, avait trouvé dans l'urine une substance qu'il caractérisa seulémeot
parla méthode d'UppEuiANN (coloration jaune avec le perchlorure de fer). (Voy. Rogei,
loc. eit.f p. 158).
Cette expérience de l'ablation du foie aux grenouilles a été reprise par Gilbbit et
€ar.\ot d'ilne manière très intéressante (loc. cit,, p. 228). Si, au lieu d'enlever simplement
le foie, on l'abandonne dans la cavité péritonéale, l'organe, quoique séparé de ses con-
nexions normales, et complètement réséqué, est peu à peu résorbé par le péritoine, et
la survie de l'animal est plus longue que si le foie avait été, après sa résection, rejeté
au dehors. Il y a là, dit P. Carnot, une indication sur l'utilité de l'opothérapie hépatique.
Roger a montré aussi que la survie des grenouilles est plus longue quand on les
place, après l'opération d'hépatectomie, dans de l'eau courante, de manière à mettre
l'animal dans de bonnes conditions d'aération.
Pour les oiseaux, nous avons rapporté] plus haut les expériences de Minkowsei, qui
enlève le foie à des oies très grasses, et les voit survivre vingt heures environ, parfois
même plus longtemps.
Chez les mammifères la survie est beaucoup moins longue; les chiens, les chats, les
cobayes, ne survivent que rarement phis d'une heure.
Mais l'expérience est tout particulièrement intéressante quand il s'agit d'animaux
tiyant déjà subi l'opération de la fisctule d'EcE. Alors il n'y a plus les troubles circulatoires
mécaniques immédiats, puisque aussi bien la circulation hépatique a été à peu près
totalement supprimée par l'opération antécédente; et la survie à l'ablation totale da
foie faite dans ces conditions peut être de quelques jours (Pawlow et Nencki). L'animal
succombe avec des phénomènes d'intoxication lente rappelant en partie la symptomato-
iogie de l'ictère grave (P. Carnot). Cette expérience montre bien que, si importante que
soit la fonction du foie, l'arrêt de cette fonction, s'il n'est pas brusque, n'est pas cependant
de nature à suspendre immédiatement les phénomènes de la vie.
L'ablation incomplète du foie n'entraîne pas la mort, quand une partie de l'organe,
même minime, 1/4 ou i/6 même, d'après Ponfjck, a été conservée. La question sera
étudiée plus loin à propos des régénérations du foie (v. p. 720).
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7n
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^Èà
718 FOIE.
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Zur Stalik des Leberglycoyens [C, W., 1875, 113).
CHARLES RIGHBT.
§ XIV. — FONCTION BILIAIRE DU FOIE.
(Voy. Bile, ii, 144-209.)
§ XV. - FONCTION GLYCOGÉNIQUE.
(Voy. (tlycogène.)
§ XVI. - FONCTION HÉMATOPOIËTIQUE.
(Voy. Sang.)
i$ XVII. — FONCTION FERRATIQUE DU FOIE.
(Voy. Fer, vi, 2(59-304.)
i$. XVIII. — RÉGÉNÉRATION. CICATRISATION,
EXTIRPATIONS PARTIELLES DU FOIE.
Régénération. — Dans certains groupes zoologiques la régénération de seftoieots
<iu corps après section est d'observation vulgaire. Une pince d'écrevisse, de crabe ou de
homard, violemment amputée, se reproduit à brève échéance; de même une patte de
triton, la queue d'un lézard, les najçeoires de certains poissons, les tentacules et les
yeux de Tescargot, la tête de la limace, les pattes de diverses espèces d'insectes, etc.
Plus on descend dans l'échelle des êtres, plus la régénération est facile, surtout si l'ani-
mal est jeune; quand on s'élève, cotte capacité de régénération segmentaire fait défaut.
Chez Toiseau, chez le mamrnifèro, les grosses pertes de substance restent aci{uises; elles
se terminent par un moignon; une cicatrice obture la plaie.
Sans doute, chez tous les êtres, il se produit une incessante rénovation cellulaire qui
assure la continuité du tourbillon vital; ces phénomènes de régénération physiologique
s'accentuent à certaines époques de la vie : la mue des volailles, (a perte et la repousse
FOIE-
rid
I
I
I
I
de la ramure da c^rf en sont des exemples. Grâce a celte lendance aux réfiarations spon-
tanées, nos organes conservenl leur inlégrit45 aiifitomique et peuvent récupérer leur
consiiluUoii norctiale, malgré Fusure iiihéretitc u leur ruMcliotiiieinr'ut et piirfois malgré
leur* adulk^raiinns patholo^îiquciï. Unis lous Ich oj ganes n'ont pas, a leaticoup près, les
mêmes facullt's lit» rèparuliun : un neurout* lésé dans ses expaiisions périphériques tend
à retrouver aa slruclure; frappt^ à inortdan.s son corps cellulaire, îl e&t irrémédiablement
perdu, et ne peut ^Ire que sofiplée ù dislance. \iu fa»(, les régénéralions proprenienl dites
ti 'in 1ère s*»' ni chez l'Iioinmc et chex les niiimmifères que certuijjs tissus; elles sont
le plus souvent aiibordonnécs a rexisLenivc et h l'inté^rilé d'une cou»:lie dilp matri-
cielle cjui foinnit d(»s (^lïuli's de rt»n!plin:onienl. I.'évîdemenl d*uri os nboulira a la
repouî^Si' sur pUcir d'un r** mHiveuu, si (r* pirioste a «^lé «iparj^né ou loul au moins ménagé;
celte grande loi» formuléf» par Dujjiïikl en 1781*, devienne si If^r.ondL* entre les mains
d*Ou.if:n, domine la chiiurt>iv osseuse. Lut' injure faite k la surtaee de la peau, telle
qu'une plaie traumatique, brAlure, ulci'^rc qurlconqne, pourra ^Ire suivie d\^pidermistt-
lîon de la pt'He de substance^ si le corps muqueux de Maupiueii a conservé sa vitalité et
«i sa nuliîtion est assurée par les papiltrs sous-jacenle^; sii»on la folulion de continuité
sera *'oniblée par une cicalrict* librt'UMiS â moiiis (|n*on n'ait eu recours h une greffe.
l/ûptHodi^ à réparer les p»?rles vaiie énorni^mienl avec Td^e. avec la nature des sys-
tèmes i4 des tissus fiivisa^és. L^liypergénrs*' coujimrilivo-Vîi?*cutaire rrpréspule la tnoda-
tité la plus active d«) léfiaïahoti, dépa^ïsanl parfais le but, inliUrant comme d'un tissu
parasite le parenchyme dont Télé ment noble a soofTcrI, faisant sailhr les cicatrices en
cbéloîdes. Les revêtements épitbéliaux et endolhéliuux se reforment aussi, quand ils
ont subi une atteint»^ supcrOciefle, et assurent ainsi, dans umï grande mesure» l*intégnlé
de surface de nos cavités, barrières protecLrices cotrlre les a^îciil> infeclioux el toxiques.
11 est des ca^^ où, sous riniluent*e d'incitalions ericote mal délerminées, la multipli-
ealion régénératrice des cellules n*' se liiiutc pas à la trslitutiu mi intcffrnm de l'organe
maladi'; elle dépasse les bornes assignées par la conformatuHi aoalomique régulière;
dès lors trn uéopUsme se développe.
Certains organes très vulnérables et très exposés, comme le fuie, nVut pas do cellules
malricieltea de remptacement diirércnciées, h Tétai pbysiotogique. Normalement, toutes
les «cellules bépalîqucs ont une même valeur morpbologlqae et concourent avec la niéine
activité au travail glandulaire, .\lais les cellules du foie ont sur celles d'autres organes,
les éléments nerveux, pai" exemple, l'avanLige de pouvuir se multiplier, lorsque des cas
pathologiques oïd mis à mut beaucoup d'entre elles, et cela au prtjrata îles exigences de
la fonction, à la condition bien entendu tpie les iufluences nocives n'aient pas irréraédia-
Llemeiit r<*mproniis leur vitalité. Les cotlules é[nthéliales des canalicules biliaires sont
égaleuicnt douées d'aptitudes prolifératives. Les enseignements de rejtpérimentation el
<lw ranat<imi(ï patliolo*j;ique vont nous donner la preuve de ces assertmns.
Cicatrisatiou et résection du foie. — Le mode de gué ri son dt*:^ pluies r^pf^rimentales
du foie a suscité de nomîireus 's recherches. Ou pensa tout d'uburd que le tissu conjonctif
faisait les frais de !a réparation, soit dircclemont, soit secondairement à l'évolution
libreuse des infiltrations leucocyliques de bi plaie, soit encore en vertu d'une uïétupîasie
ijes cellules hépatiques qui, se nmltipliani au niseuu île la perte do substance, seraient
devenues cellules indifférentes el ensuite cellules connectives.
Âiï premier groupe de travaux sont attachés les noms de IIolu, Kostrr, Joseph^
IIUTTK.>IBRKN\ER, MaYEH, FrŒLICH, UwKRSIi*, TjLLIIANUS, BufAUM, etC.
En I88t, I'etho.xk parle le premier de régénération du foje.
En I88J, (jLicK fait chez les animaux la résection partielle du b*ie et iirnve aux
conclusions suivantes : 1" On peut enlever chex les lapins un tiers du foie sans nuire â
l*antmal;2<^ L'ablation des deux tiers du foie dans une seule séance cause la mort au
bout de quatre â cinq jours.
En 188:1, TizzoM pratique des incisions de 3 à 10 milliraMres darjs la profondeur du
foie du lapin. L'hémorrbagie cède à la compression. La plaie, comblée par du lissa con-
jonctif blcbe, ne tarde pas à être envahie par des productions cylindriques, contournées,
ramifiées, renllées en masstie aux extrémités, formées par la juxUiposilion de cellules à
protopla.sma granuleux coutonant du pigment biliaire; ces formations rappellent les
cylindres hépatiques de Hrïak du foie embryonnaire; ultérieurement les cellules qui
7^0
FOIE.
les composent s'individualiseat et ne se différencient pas de cetles du foie nonn&l.
Parmi ces cylindres de cellules hépatique», il en est qui suLiçisent ane sorte de elJTA^t
trabéculaire; d'aulres, cernés par le tissu conjonctif ambinnl, %*^ creusent d'une lumirre
centrale, tout en restant en rapport direct ;ivec ïes précédents : ce sont des Déo-canaliruhi
biliaires. La capsule de Gli-^îHon ne parlicipe an processus de régénération qu'en couln-
buanl à la genèse des vaisseaux. Ces cylindres cellulaires proviennent «le la inultipliMÙon
rapide des cellules hi'^paliques qui bordent la plaie. La rénovation est définitivement
accomplie lorsque la solution de continuité eal remplacée par do lîssu hépatique normal,
orienté suivant les tralt^cules préexistantes, âe conTondaQl avec elles; parfois mèinelViu-
bérance de la ré^^nêraUon est lelle que le foie csl trouvé augmenté de volume tprei
rexpérience. Sur un chien dont le foie avait été mutilé au cours d'une laparotomie, Ttziic»ii
constata^ dix mois après, que la ré^^énénition élait oûm|>lète.
CoLTccii dans une série de treize expériences, incise le foie, résèque des serments ée
diverses grandeurs, supprime ia lolalilé d*iin lobe. l*eux de ces Animaux eurent oae
cicatrice fibreuse; dix, une régénération totale du foie; un, une régénération partielle.il
fait dériver les vaisseaux néofonnés el les cellules hépatiques nouvelles des leucocyte
immigrés dans la plaie.
CmioNA, tiniFUM. L*iJiBTrï, Hojiurci, Clkmenti confirment ces résultats en opérant ^r
le chien et sur le lapin. Ils rallachent \es cellules brpaliques régénérées aux cellult*
hépatiques préexistantes.
Canalis enlève nseptiquement à des lapius, à des cobayes et à des chiens des se|f-
menis cunéiformes de deux nu trois renlimétres de parenchyme hépatique; il satun;
et colludit*nne la ligne d'incision et sacrilie leaaniniuuxà des intervalles variant de «iem
à cent vin^t jours. Les lèvres de k plaie mortifiées se réparent tout d*abord; un ti«u
bourgeonnant émerg^^e de la profondeur de ta surface de seclion. Les proliférations ttin-
jonctives des espaces portes et du tissu connectif interlobulaire — qui conlriboent pouï
une lar;,^e part k obturer la brèche — servent de soutien à des néo-caoalicuïes biliairti
et à des cylindres de cellules bépaliques issues par karyokinèse des épithéliums bilîtirei
el des cellules du Toie au pourtour de la plaie* il y a hyperplasie plati>t que régéoén-
lion véritable.
En 1880, MixivowsKr recli»^rche les «^iïets de Textirpalion du foie sur les échanges de
matières et sur rexcrétion urinaire d'acide lactique.
LuKJAXow (1890) étudie l'influence exercée sur la fonction biliaire par les résectioni
partielles du foie.
On commencatt doncà connaître le mode de réparation dos blessures du foie lonqve
PoNKicK se demanda, en I88ÏÏ, ce que deviendrait la fonction hépatique si l'on rédaisajt
considérablement le volume de Torgane. f^es chiens et des lapiuii subirent rablttion
d'un quart de leur foie sans que leur existence fût compromise; d'autres lapins suné-
curent plusieurs mois à l*exiirpatinn d'une moitié; quand on supprimait les trois qatrls
du foie, la mort survenait généralement en quelques jours. Néanmoins, même daosct
dernier cas, quelques animaux survivent r trois, appartenant à cette catégorie, ont
résisté. Plus tard, quand on les sacrifie, on constate que le foie a repris — el au delà
— son volume et son poids normaux, même dans un laps de temps très court, endeui
ou Irois semaines. Béjà, au bout de cinq jours, la régénération peut atteindre 80 p, 100.
Après quatre à cinq semaines, lorsqu'on a enlevé le quart, la moitié et jusqu'aux trois
quarts du foie on voit le segment épari^iné a'hypertrophîer au point de tripler de volome.
Trente heures après l'opération, les cellules sont eu voie de multiplicatioQ. Au septiène
juur, les phénomènes de division cellulaire sont le plus marqués : les cellules néoforméet
dépassant en nombre ïes anciennes; du vingtième au vingt-cinquième jour, ils décroisj<BL
mais persistent jusqu'au trentième jour; au bout de deux mois, le poids primitif est
atteint ou même dépassé : dans un cas, par exemple, l'ablation de 82 grammes de fwe
fut suivie d'une reproduction de 102 grammes de tissu hépatique. Aiosi, la partie du foia
respectée par la section est le siège d'une prolifération active des cellules hépatiques;
les lobules ont conservé leur structure, mais leurs dimenssons ont quadruplé; on dislingut
à leur périphérie les cellules jeunes émanées des anciennes. Les canalicnles biliaire» se
sont également accnis par hyperplasie de leur revêtement épilhélial.
Von Mfistkh opine dans le même sens. Les animaux (chiens, lapins el rats) peurvnl
FOIE.
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46
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FOIE.
survivre à la perle de la moitié, des trois quarts, des quatre câaqfoièmes de leur foie»,
La n^génératiou consécutive aux grosses mutilations partielle» est d'autant plus rapide
que l'animal est plus jeune et plus vigouieux; elle est entier t: le deuxiêrae mois qui
suit la section (quaraule-cinq à soixante jourî*) : il s'agit d'une sorte d'Iiypertrophie com-
pensatrice des lobules restants (jui deviennent trois à quatre fois plus volumineux que de»
lobules noimauï, au pnint d*ètre facilement visibles à l'rpil nu. Ce sont les cellules de li
péripliexie des lobules qui prolifèrent, et cela dés le premier jour ; leurs noyaux sont trb
ebromatiques; le corps proloplasmique est exubérant; ces cellules forment des trivéei
qui pénètrent ensuite dans Fintiraitt'' des lobules et compriment les cellales centrales.
Le début de la régénération est précédé par un stade d'byperémie. Les é pi tbéliums biliaire»
et les endolbeliums vasculaires participent à la régénération.
V. MKtsTKR invoque à Tappui de la réalité de^ce processus de régénération du foie le
retour de la fonction bépalique daus toute sa plénitude marchant de pair avec la néi>-
formation de rorgane. Ainsi, cbez des lapins en équilibre azoté. Tablation des trois quart*
du foie était si bien tolérée que. dès le deuxième jour, TaUmentation se faisait romoif
auparavatit. Immédiatement après l'opération^ Tazote excrété, l'urée, le rapport de Vtuti*'
de Turée â l'azote total diminuent- par contre, l'azote résiduel et le rapport de cet axote
àTasiute total aui^mentent. L'urée baisse proportionueliement à l'augmentation de Véioli^
résidueL Le taux de la diminution de l'urée est en rapport direct avec la quantité .!<»
pareiicbyme hépatique enlevé; la baisse est très considérable dans rexlirpation tolde.
Dans les résectious partielles, l'urée s'élève, après la baisse qui suit Topération, panl-
lèlemeuL aux progrès de la régénération du foie.
En reproduisant le tableau d'une des expériences de von Mej^ter^ tableau que uoui
empruntons au travail de A. Ver Eecke sur l'hypoazoturie^ nous ferons ressortir te luut
intérêt de ses recherches. (V. le tableau de la page 721.)
En résumé, les recherches de Ponfïcil et de vo.n Meisteb sur le chien, le lapin et l«
rat ont démontré que ces animaux peuvent subir Tablation d'une très grande partie da
foie sans que la mort s'ensuive. Ou enlève ainsi, en une seule séance, la moitié du foie
et jusqu'aux sept huitièmes en plusieurs fois.
Très peu de temps après Topération, le foie augmente de volume; parfois, ao bout
de trente-six tieures, le poids initial de l'organe a été récupéré. Sans doute, les phétio-
raènes con^^estifs qui précédent le début de la régénération ne sont pas étrangers k cette
hypertrophie si précoce. La réjk'énératiou n'équivaut nullement à une nouvelle formation
de lobules; elle consiste en une hyperplasie des cellules hépatiques se faisant aux dépens
des cellules de la périphérie des lobules préexistants ; aussi ces lobultis acquièreat-iU
des dimensions démesurées.
Les cellules uéoformées, volumineuses, bourrées de granulations biliaires, cenlrèei
par un noyau très chromatique ou même en karyokinèse, pénètrent peu ii peu dAns
l'intimité des lobules et compriment devant elles les cellules anciennes centro-Iobulaires.
Flo-:ck I 18Î*4) arrive aux m*?mes résultats. II note l'hyperémie prémonitoire porLiat
sur le système porte intra-hépatiquet Thypertrophie et la division par karyokinèse Je*
cellules de la périphérie des lobules et des épithétiunis canaliculaires; il cooetol &
Tabsence de ïobules uéoformés m toto^
En 1897, UmstAXN publie également un travail sur la résection du foie et sei mtei.
LÉON-Z. Kah.n a pratiqué au thermocautère sur des lapins Textirpatian du lob»»
gauche el de la moitié du lobe droit du foie. Au huitième jour, il a constaté une conges-
tion intense des vaisseîiux iulertrabéculaires, surtout au voisinage de la veine centrale;
une hypertrophie des cellules hépatiques avec étal clair de leur protoplasma, mullipli-
cité ou karyokinèse des noyaux^ et cela surtout à la périphérie des lobules. Au seizièm**
jour, ce qui frappe, à la première inspeclion du foie, c'est l'augmentation de volume
que présentent ses éléments, comparés à ceux de la portion enlevée. Chaque lobule es*
le double d'un lobule normal. On distingue nettement deux régions, comme dans le
1, L'exUrpaiion du fiîi^ ne permet une survie de phia dxin jour que chez les anima^ui dom itâ
vaisseaux porte ot c.ivc soiu unis par ries anasiomos^s (Batraciens, Oisciius). Chex les Mâmmi-
fèrt*s, les comiiiiuns sont Jiff^reute^ (voir plus haut, ju 715)*
FOIE.
7Î5
I
prtmier cas : la rég'ion périphérique» qui occupe les deux tiers du lobule, est formée de
cellules claires à protoplasma ûneinetit grafiuleux; elles renfermenl presque toujours
deux noyaux. U existe peu de (Igures de karjokin^se, sauf sur (a limite de la zone
centrale. Celle-ci est constituée par des cellules sombres, à protopfasma très granu-
leux, h noyau 1res coloré; il j a ta au^si quelques rares cellules claires. Bref ces expé*
riences concordent avec celles des auteurs précédents, et Z. Kabn insiste avec Hanot sur
ce fait, que le processus de regénération suit roidination lobulaire préexistante.
ConxrL et P. Carnot ont beaucoup expérimenté sur le mode de cicatrisation et de
réparatiou des perles de substance du foie. Nous résumerons leurs reclierches d'après
Texposé qu'en a fait fuu d'eux dans son litre sur tes Regfué'aimns d'organtê.
Quand oti fait une plaie linéaire dans la profondeur du foie d'un chien, les lèvres de
U plaie s'agglutinent, de la fibrine s'interpofant entre elles. Le foie se mortifie, dès le
début, dans ta xone de bordure^ ce qui est dû en grande partie à Tinterruption den
voies nutritives. Autour de la zone superficiellement mortilîée on remarque des lésions
de dégénérescence vaeuolaire ou graisseuse, des figures de division nucléaire, dea
phénomènes de congesLion et de vaso-dilatatiou parfois considérable. Loin de la plaie
on peut constater que les cellules hépatiques prolifèrent. Dans Thiatus de la plaie, tantôt
la Ubrine disparaît, et des ponts de cellules hépatiques comblent la perte de substance;
tantôt la fibrine s'organise en tissu fibreux de cicatrice.
Si Ton ri!^sèque un segment de foie, la moitié d'un lobe, par exemple, après hémo-
stase à la gélatine, au bout Jde quelques jours l'organe a repris son volume normal sans
qu'il y ait eu, à pro|M'cment parler, rég*5nératiu(* de la partie réséqut^e, ainsi que le
démontrent des points de repère laissés en place. Il s'est produit une hyperplasie, une
augmenliilion difTuse, compensatrice, de la part de:* lobules hépatiques épargnés par la
résection. La plaie est ou bien devenue adhérente au grand épiploon par Tin tormédi aire
d un coagulum librineux dissocié par des cellules endoihéliales a prolongement^ anasto-
mosés et par des llbrttles conjonctives entre croisées; eUe est comblée peu à peu par
une cicatrice fibreuse : ou bien elle reste libre: un caillot librineux l'obture, traversé
par des cellules conjonctives ramifiées et étroitement utties qui pr«jsident à son organi-
sation et à sa vaseutarisation. Kn dehors ^de la plaie les cellules hépatiques prolifèrent,
mais leur multiplication **st impuissante à combler la perte de substance.
Mêmes résultats quand on di^tache à rempurte-piéce des «cylindres de tissu liépatique :
« Le plus souvent, le creux du cylindre se remplii^saîl immédiatement de sang qui bientôt
se coagulait. Les filaments de fibrine entre-croisés servaient i rascension. à la llxalion,
puis à la nutrition des cellules conjonctives à prolonî^eraents anastojnosés. Ultérieure-
ment on obtenaif du tissu fibreux rétracté qui diminuait les dimensions de ta plaie,
sans parvenir h la faire disparaître, et qui constituai!, longtemps après, une cicatrice
étoilée. Il y avait é^çalement, du cûté du foie, une tendance prol itéra tive assez marquée.
Si Ton laissait en place le cylindre de foie privé de connexions et de vascularisation, il se
produisait le plus souvent une mortification hépatique de ce cylindre, et ultérieurement
une cic^itrice fibreuse. Pourtant certains îlots hépatiques et certains canaux biliaires
subsistaient indemnes, nourris par imbibitiim, présentant souvent des cellules considé*
râbles, généralement désorbltées, à plusieurs noyaux ou ©n multiplication active. La
circulation, diins *es cas, est rapidement rétablie par les nouveaux vaisseaux qui
s'établissent dans la fibrine, circulairement autour du cylindre en le rattachant au reste
du foie. *>
CoRML et Carnot n'ont obtenu qu'une^icatrisation fibreuse plus rapide lorsqu'ils ont
bourré la plaie de divers corps nutritifs -^ fibrine, jaune dVeuf, éponge imbibée de
sang, de gélatine, d'albumine — espérant obtenir par hypernulrilion cellulaire une
régénération plus intense des éléments épilhéliaux. Voici commeni ils s'expriment sur
ce point : *' Si nous bourrons une plaie hépatique avec de la fibrine préparée aseptique-
ment, nous la voyons très rapidement pénétrée par des cellules conjonctives à grands
prolongements anastomosés et, dès le troisième jour iplus tôt, par conséquent, que dans le
processus normal), par de nombreux vaisseaux. Une organisation conjonctive se fait
d'une façon précoce. Mais nous n'obtenons, en tant que régénération hépatique, aucun
autre phénomène que la faible prolifération nucléaire et cellulaire, vers les troisième et
quatrième jours, au voisinage des lèvres de la plaie, avec multiplication plus active des
ri"
m FOIE.
•épilliétiums canaliculaîres. Quand on a bouché la plaie avec uae éponge imbibée d'uut
des substances nutnLlves énumérêes pEtis haut» on ne modifie f;uèra la marcbe àt U
proliféralîon épilbéliale. Au bout d'un cerlain temps, les travées de Téponge sonleatuo-
rées de ^rafides cellules géantes contenant parfois une vJni?Laine de noyaux. Elles »oni
résorbées peu ù peu, et on n*en trouve plus trace au bout de deux mois. Dans le lis^u
■conjouetif de la cicatrice (activée surtout par la fibrine et par le jaune d'œufl, on note U
présence, à une assez grande dislance des bords de la plaie, de gros canaux biîiairt?s.
Ces canaux se trouvent isolés» au milieu du tissu libreux, par la dégénérescence «t U
dîfpariiiou du parencb3^nie bépaliqye voisin. P. Cahnot Uit eepeudaat observer, saui
a'arréler à cette conclusion, que peut-être la cicatrisattou fibreuse ainsi obtenue fs\
ult^rieuremenl modelée et pénétrée par des bourgeons bèpatiques; il ne croit pâ>.
Jusqu'à plus ample informé^ qu'il en soit ainsi, car ses examens ont porté sur des organ^v
réséqués depuis deux mois : « La cicatrice se rétracte, dit-il, mais elle ne s'bépatise pat ;
el la compensation se fait d'une façon dilFuse» par hyperplasie trabéculaire, à la pén-
phérie des lobules; elle se fait aussi et aurlout, par prolifération épithéliale des caaili-
eu les biliaires, dans toute Téleudue du parenchyme liépaliqtie. >»
Notons que ces expériences de Cornil et Carnôt ont été faites sur des chiens, laotlis
que celles de Ponfcr ont eu en grande partie pour objet le lapin; c'est peut-être U
Texplication des divergences dans les résultats,
La cbirurgie du foie s'est inspirée de ces expériences, ainsi qu'on la Jugera à la lectorr
des mémoires de Michel Kocsnctzoff et Jules Pknsky (1896), de TKaarEB et Auvray (18ÎW ,
de ArvnAY (1897).
L'élude des gteffen du foie peut-elle nous renseigner sur les processus de règénéralkaî
FltnnFJiT opérait ainsi : de petits morceaux de foie prélevés sur le vivant étaieot
déposés à la surface d*un ganglion lympbatique d'un animal de même espèce ou même
d'espèce dilTcrente. Si ces particules de foie contracLaieut des adhérences à leur
substratum, elles restaient parfois des semaines sans subir de moditlcation. Fuis da Ùsstt
conjonctif se développait dans les iulerslices des cellules hépatiques du segment L'mfT
qui étaient comme dissociées; le protoplasma de ces cellules linissait par se désa^-r .
Les canaux biliaires du débris hépatique se comportaient différemment : leur ctoii-
sance s*accusait; ils poussaient parfois des ramifications; or on suit que la régénériUon
du foie se fait, en grande partie, aux dépens de Tépithélium des canalicules biliaires*
€\RNOT a greiré des cellules hépatiques sur Tépiploon préalablement eutlaramé; il
a observé une proliféralion cellulaire, se disposant anatomiquement sous une forme lit^
différente de celle du lobule sanguin ou biliaire : « Les cellules sont tout d'abord prw-
sées les unes contre les autres» rappelant les bourgeons embryonnaires; elles se dispoiMt
finalement en nodules, rappelant révniution nodulaire bien connue dans certatnei
lésions du foie, parfois même révolution adénomateuse. »»
Altérations du foie coniôcutives aux intoxicatioiis. — Zieglbr et Obolonssi, tu iobii*
quant par le pbospliortî des lapins et des chiens, ont déterminé des lésions àà^hà*
ratives du foie; ces ïésions étaient suivies de phénomènes réaclionnels» niultiphcjln''n
des endothéliums vascul aires, des cellules du tissu conjonctif interlobulaire, des épiUiè-
liums des voies biliaires; en dernier lieu, les cellules hépatiques, qui présentaient des
images mitosiques, participaient à ce travail de réparation.
PohWYs-sozKi a, de son (n\U\ eu recours au phosphore et k rarsenic. Les Ilots de oécm*^
hépatique produits par raction du poison étaient circouscrils et progressivement rem-
placés par du tissu conjonctif et par des néo-caaaïicules biliaires. On trouve aupr^î» d*'^
lèvres de la partie réséquée de nombreuses ligures dekaryokinèse dans les cellules îi ;»>
tiques et dans les celiules cubiques des voies biliaires; ces dernières cellules couLii-
bueraient à la régénération d*^s cellules hépatiques proprement dites.
^Ai'EVBE a étudié, en 1H81K les phénomènes de régénération du foie consécutifs am
nécroses provoquées dans la glande chez le chien par finjection de solutions phéaiquéev
Le cytoplasma des cellules hép.'itiques et de répilhélium des voies biliaires se mortilie
au contact du poison; les noyaux nus se multiplient, et le long de travées directrice?
de nature conjonctive (mais qui ne seraient pas ïst^us du tissu conneclif préexîîiaol^
s'échelonnent des cordons cellulaires néofoi niés qui s'entoureraient peu à peu de protô»
plasma et reconstitueraient des cellules hépatiques.
^ÊÊk
FOfE. 7?îi
Dci^rs et STUBBe ont injecté dans les roies biliaires du chien de l*acide aeétiqae ditiié ;
tU ont constaté, après l'expérience, une forte diminution de rcxcrt'Uon de Tnrée chez
ces animaux.
LiEBLEi?îa infusé de Tacide sulfurique dilué dnns le canal cholêdoijue de chiens; il a
déterminé des nécrose» massives du foie. Dans tes conditions, r^xciétion d*acide urique
augmente; de Tacide carbamique apparuU dans rurine(?). Les rapporls de Tanimoniaque
urinairc à Tazote total et â Tazotp de l'uré€* ne sont modillés (augmentation de l 'ammo-
niaque] que pendant l'agonie des animaux qui lonibent dans le conju.
Le CoimtrR a repris les [expériences de I^apeyrk sur le lapin. Le foie l'tait mis à
découvert aseptiquement. L aiguille de la seringue à injeciiod pêntl'trait en plein puren-
yne« à quelques millimètres de profondeur et un peu obtiquementen haut : u On faisait
ouler deux ou trui?» gouttes de liquide facîde phéniqne pur) et l'on retirait brusque-
ment l'instrument en ayant soin de le renqdacer par un tani]>on d'ouate stérilisée, pour
absorber l'excès d'acide. Le tissu blancliis'iait immédiatement au point piqué, marquant
ainsi un repère facile à reconnaître à Tautopsie. »
Les suites opératoires* bien surveillées, ont été satisfaisantes. Seize lapins de l HOO à
2OO0 grammes ont été opérés de la sorte. Jusqu'au quinzième jour un en sacriJiait un
tous les deux jours; du quinzième jour au cjuararitième les autopsies u^étaient faites que
de trois en trois jours. Le foie préleva à Taulopsie était Tobjet d'un examen histologique
minutieux. Voici le^ résultats obtenus par Le Col-teur, dont la thèse a été faite sous la
direction de B, Aucuk : «« A la suite des injections intra-hépati(|ues d'acide phénique, on
observe deux processus dilTérents : un processus nécrolique et un processus réparateur.
« Le processus nécrotique se produit d'emblée et consiste dans des lésions cellulaires
allant depuis la mort pure et simple des cellules, avec disposition vacuolaire du proto*
pbsma et perte, pour le noyau, de ses éïectivités colorantes, jusqu'à la désagrégation
complète des travées tiépatiques se traduisanl par un élat lacunaire du tissu. Le pro-
cessiis réparateur consiste dans une néoformation conjonctive qui débute très rapide-
ment au niveau des cellules endothcliales Jes capillaires sanguins iutertrabêculaires et
des cellules lixes du tissu conjonctif, et qui arrive h constituer un vérit/ible anneau
ûbreux autour du foyer de nécrose. De cet aniieau se Jètaclient des travées de même
nature qui pénètrent dans ce foyer en suivant les espaces ou les vestiges d'espaces inter-
trabéculaires et arrivent ainsi dans les cavités lacunaires dont il est creusé- Là le tissu
conjonctif se développe plus farilement» fait disparaître les cloisons qui séparent les
lacunes et constilue de la surte de gros bourgeons conjonctil's dnns Tépaîsseur du bloc
nécrosé. Attaqué tout à la fois sur sa périphérie et dans ses parties centrales, ce bloc
diminue progressivement: il arriverait vrat.«*:'mbîabîement à disparaître, bien que cette
disparition n'ait pas été constatée, fii ce n'est Jans les cas île lésions très limitées. Dans
les lésions plus étendues» il persistait encore au quarantième jour*
u A la périphérie de Tanneau fibreux, les cellules hépatiques présentent par places dea
traces indéniables d'un processus irritattf, caractérisé par l'existence de quelques figures
karyokînétiques et surtout par la présence de deux noyaux dans presque tous les
éléments et^tlulaires.
La régénération hépatique ne joue donc aucun rôledans la réparalion des lésions déter-
minées par l'acide phénique.ll s'agit purement et simplement d*une cicatrice fibreuse. *»
RégénératioD du foie dans les conditionB pathologiques. Hypertrophie compentairica.
— Les modifications du foie d'ordre dégénératif produites par la tiaitture de iartvre
hépatique (Janso>), du canal chotMoque (Charcot, GoiiBAirLT, Foa et Salvioli) suscitent
également une réaction régénératrice de la part des cellules hépatiques qui présentent
des figures de karyobinêse et se multiplient; les épilhéiiums des voies biliaires jouent
aussi un r5le actif dans la régénération.
GouGET, après ligature du cholédoque chez le chien, le lapin, le cobaye, a vu le tiâsu
de régénération affecter un groupement en nodules formés par des couches cellulaires
concentriques, comme dans les hépatites nodulaires paludéennes, tuberculeuses, syphi-
litiques. EîiRHARDT a lié séparément chaque branche (k bifurcation de ta veine porte: il s'est
produit chaque fois une alrophie du !obe correspondant avec formation d'ascite; Tautre
lobe s'hypertrophie consécutivement. Remarquons, en passant* que cette expérience
corrobore les assertions de Gléxabd» Siraud, Serégé, relatives à l'indépendance fonction-
7«6 FOIE.
nelle et anatomique des deux lobes du foie, assertions basées sur des observations cli-
niques et histologiques et sur de nombreuses expériences de laboratoire. Ces derniers
auteurs ont montré, en effet, que le lobe gauche et le lobe carré paraissent être en rap-
port avec la digestion gastrique : le courant de la veine splénique s'y épuise; le lobe
droit et le lobe de Spieobl, irrigués par le courant de la grande mésaraique, sont en rap-
port avec la digestion pancréatique et intestinale.
Les données de la pathologie concordent avec ces constatations; une altération exclu-
sivement limitée du lobe gauche est subordonnée à un trouble dans la sphère des origines
de la veine splénique; une modification pathologique du lobe droit trouve son expli-
cation dans un processus morbide aux sources de la grande mésaraîque. Ici aussi le lobe
opposé à la lésion pourra présenter une hypertrophie compensatrice comme dans les cas,
signalés plus loin, de kyste hydatique du foie. L'observation clinique el anatomo-patho-
logique et la médecine expérimentale ont contribué à établir sur des bases indiscuta-
bles, et la vulnérabilité de la cellule hépatique et son aptitude à se régénérer.
Au cours d'un grand nombre d'affections hépatiques, on a l'occasion d'enregistrer, à
côté des lésions dégénératives, des modifications d'ordre irritatif : la cellule du foie
témoigne par ses figures de division] karyokinétique de l'effort que fait l'organe pour
conserver son plein fonctionnement. Souvent cet effort de régénération aboutit à l'hyper-
trophie compensatrice. Un kyste hydatique se développe-t-il dans l'épaisseur du foie, les
pertes que subit le parenchyme de ce chef sont compensées, surtout dans le lobe opposé,
oar une néoformalion de cellules qui maintiennent l'organe à la hauteur de sa tAcbe
^ysiologique.
Cette hypertrophie compensatrice a été depuis lonlemps remarquée dans les cas de kyste
hydatique de cet organe. On la trouve déjà mentionnée , en 1880, dans une observation de
JosiAs; Rbboul et Vaquez, Paul Tissier, Marius Polaillon en rapportent aussi des
exemples à la* Société anatomique de Paris, sans qu'on puisse encore décider s'il y a
compensation par hypertrophie des cellules préexistantes, ou si l'on est en présence d'une
néoformation. Max Durig constate également cette hypertrophie dans dix-sept cas de
kyste hydatique.
PoNFiCK étudie au microscope ces hypertrophies compensatrices dans six cas de kyste
hydatique du foie. Il montre que ces processus de régénération sont comparables à ceux
qui succèdent aux résections expérimentales, sauf que, chez l'homme, « la néoformation
est irrégulière, ne ressemble pas au reste du parenchyme respecté, n'en a pas la dispo-
sition radiée; les cellules se rangent sans ordre, plus souvent serrées les unes contre les
autres, formant des travées plus ou moins sinueuses. Les cellules hépatiques situées à
la périphérie de l'acinus sont plus petites quà l'état normal; leur forme est souvent
modifiée » (L. Z. Kahn).
Hanot a publié de son côté deux exemples d'hypertrophie compensatrice dans le
kyste hydatique.
Dans un cas publié par Chauffard, en 1896, le foie débarrassé du kyste pesait
2600 grammes; le lobe gauche, à lui seul (le kyste occupait le lobe droit}, pesait
\ 205 grammes, presque autant que la totalité du foie normal. L'examen histologique
ne laissai! .lucun doute sur la régénération compensatrice.
L. Z. k\HN apporte au débat quatre observations personnelles; il constate l'augmen-
tation de volume parfois double, par rapport à la normale, des travées hépatiques, la
tendance des cellules à former des nodules composés de plusieurs couches circulaires
et concentriques; au centre de ces nodules existe tantôt un espace porte, tantôt une
veine sus-hépatique; çà et là on voit des figures de karyokinèse dans les cellules hépa-
tiques. Le tissu conjonctif contient de nombreuses cellules embryonnaires avec quelques
cellules plates. Les néo-canalicules biliaires sont en petite quantité. De ces faits
L. Z. Kahn tire au point de vue pronostique la déduction suivante : « Le lobe gauche
hypertrophié suffit à l'accomplissement régulier de la fonction hépatique. » Nous le
savons, ajoute-t-il, par tous les moyens d'investigation que la clinique, aidée de la
ohimie, nous fournit sur l'état de la cellule (taux de l'urée normal, absence de glyco-
surie alimentaire et d'urobilinurie, etc.). De plus l'hypertrophie compensatrice du lobe
gauche fera penser le clinicien qui le constate, à la possibilité d'un kyste hydatique du
foie dans le lobe droit.
FOIE,
757
I
Rbineckb a publié une observation de ce genre; il y avait hypertrophie fompensa-
trice avec formations noduTaires,
Dès lors on rechercha systématiquement, dans toutes les affections du fale, les phéno-
mènes de régénération. Ha^ot a eu !e grand mérite de montrer Timportance de cet
phénomènes qui dominent le pronostic, en matière de pathologie hépatique. Même dans
les ras on la lésion paraît être massive^ dans la'cirrhose de Laknnec, dans l'iclère grave,
les tendances r*'génératnces se révèlent à robservation microscopique.
Voici ce que nous enseigne Tétude de la cirrhose de LaKjinec et de ses variétés, envi-
sagées à ce point de vue.
Dans la cirrhoa^; atrophique de Laënnec, l'examen attentif de:^ coupes hîstoto|riques met
parfois sous les yeux de Tobservateur des segments de foie dans lesquels la dégénéres-
cence graisseuse n*a pa^s détruit toutes les cellules hépatiques; celles qui persistent
témoignent par leur hyperplasie de l'effort qu*a fait Torgane pour persister et pour
s'accroître. Cet eiïort k peine indiqué dans ce type morbide iMANïcvTiDEl s'accuse et
lievient prédominant dans fa forme dite hypertrophique, en vertu d'une sorte d'idiosyn-
crasie originelle de la cellule hépatique (IIaxot), qui la fait résister et réagir plus vivement
que dans ta cirrhose vulgaire.
Ce processus de multiplication cellulaire est particulièrement marcjué au niveau des
cellules épithéliales des canalicules biliaires, ainsi qu*il résulte des recherches de
Bhouow-^ri, Prus» l^iioLMOGOROw, PïCK, BiELOLMïw et RurpeRT.
H.^NOT et Gilbert ont décrit, en I8î>0» Iti eirrhme akoQtiq ne hyper iropkiquc dans laquelle ^
par suite de phénomènes de régénération compensant les pertes subies par le foie, on
voit les symptômes d'insuffisance hépatique — glycosurie alimentaire,, hypoazolurie,
urobilinurie, oli^urin, hyperloxicité urinaire —constatés au début de ratTection, s'atté*
nuer et disparaître. Le n*ot de Las^IcjuRi cité par Z. Kahn : « Dans rhistoire pathologique
de la cirrhose alcoolique le pronostic est lié non pas au parenchyme disparu, mais à
celui qui reste, i> se justifie donc tout ù fait. Tantôt Thypertrophie est diffuse; le foie pèse
2à 3 kilos; son bord est mousse; sa surface f^ris-jaunâtre est finement mamelonnée.
Tanttit riiypertrophie porte sur un segment, d'où une voussure de l'organe, ce qui, lors de
retameu cliniqui», pourrait en imposer pour un kyste hydatique. Dans tous les cas, la
sclérose est, comme dans la lorme commune atrophique, annulaire et périveineuse.
L'augmentation de volume totale ou partielle est due à rhypertrophie et à la multîpli*
cation de celles, parmi les cellules hépatiques, qui ont été relativement épargnées par
iiéatose; il en résnite des Irahécules nouvelles, montrant des mitoses, non radiées à
Finstar des trahécules normales, mais tubuiées, ou encore ramassées en nodules qm
sont formés de séries cellulaires concentriques. Cette disposition anatoiuique rappelle
l'hépatite nodulaire des paludéens de KEL^caet Kienkh, celle des tubercuîeuî (Sabouejk)
et des syphilitiques; elle nippelle aussi Thypertrophie compensatrice, telle qu'on la
constate dans les kystes hydatiques du foie et dans la cirrhose hypertrophique biliaire ;
$11 y a eu, de ce chef, surproduction de cellules hépatiques» ces cellules n^ont pu édifier
des groupements lohulaires nouveaux, avec ordination radiée, autour d'une veine
ce n tra I e s u s- h é pa 1 i qu e .
Le!A cirrhoses fîvf'c ndénomes représentent un degré encore plus élevé de régénération;
mais il est exceptionnel que ces productions adéuomateuses restent vivaces au point que
« Thyperplasie épithéliale confine à ia néoplasie >► (Ghacpfahd); des conditions défavo-
rables inhérentes k une irrigation défectueuse du foie, à la persistance dans Torganisrae
des causes morhiiiques, entraînent la déchéance des adénomes; l'hépatite nodulaire
graisseuse de» tuberculeux est un exemple typique de régénération impuissante.
Cmaofpahd a mis en regard de révolution cliniiiue et du pronostic des modalités de
cirrhose les divers types de régénération du foie. Dana la forme atrophique de LaI^xnbc,
dans la cirrhose hypertrophique graisseuse de IIltinel et SAiioraiN, l'hypertrophie com-
pensatrice est trop rudimentaire ou trop compromise pour înlluer sur le cours de la
maladie qui se dénoue plus ou moins vite. Les troubles mécaniques dans la circulation
porte et Tinsufflsance hépatique représentent les principaux facteurs de gravité. La
cirrhose hypertrophique biliaire (maladie de HAJfOT),grâceà l'hypertrophie compensatrice
qui prend le pas sur les lésions dégénératives, a une évolution très lente; mais les par-
ties incessamment en régénération ne restent pas vivaees; la persistance du primum
728 FOIE.
movens pathologique les achemine vers la nécrose; de plus le foie est à la merci d'infec*
tions microbiennes nouvelles; la mort s'ensuit par ictère grave secondaire. Par contre^
dans la cirrhose alcoolique hypertrophique de Hanot et Gilbert, l'augmentation de volume
de l'organe assure la fonction; il en résulte des survies très longues, et même, si tout»
autre influence morbide générale a disparu, si le malade consent à suivre les prescrip*
tions d'une hygiène des plus sévères et à ne plus boire de boissons fermentées, de véri-
tables guérisous, au regard du clinicien, sinon à celui de l'anatomo-pathologiste. 11 nous
a été donné d'observer et de suivre deux cas de cet ordre.
On peut aller plus loin encore « et dire que Vhypertrophie cùmpensatrice est une loi
générale en pathologie hépatique. Dans les lésions les plus diverses, aiguës et chroniques,
pour peu que la destruction du parenchyme ne soit pas immédiate et définitive, ou
trouve des îlots, des foyers d'hypertrophie cellulaire, évoluant le plus souvent aux con-
fins des espaces porto-biliaires, c'est-à-dire dans les régions du lobule où l'apport
nutritif est le plus direct et la vitalité la plus grande.
« Quand ces foyers hyperplasiques ont un développement très actif, les extrémités des
trabécules hypertrophiées se tassent au contact des lobules voisins, sont refoulées,
aplaties, et finissent par encapsuler le nodule. Ce sont des figures de ce genre qui ont
été vues et décrites par Sabourin sous le nom d'hépatites nodulaires, de foyer d'hyper-
trophie nodulaire (Chauffard). »
L'intervention de ces phénomènes de régénération a été signalée dans la plupart des
afTections du foie; citons, en outre de celles que nous avons déjà passées en revue : les
hépatites syphilitiques, paludéennes, le foie cardiaque (Médbr, Auché), le cancer (Flœck),
les intoxications à localisations prédominantes dans le foie (Pilliet), les infections suppu-
ratives des voies biliaireS; l'ictère par rétention avec angiocholite dû à un carcinome de
Festomac et du duodénum (Ruppert), la cirrhose mixte (Sabrazès), les abcès, etc.
Nous nous sommes renseignés auprès de Kartulis (d'Alexandrie) sur la réparation
des pertes de substance dans Y abcès du foie opéi^é : la cavité abcédée se comble de tissm
fibreux et, tout autour, on constate des phénomènes d'hyperplasie compensatrice avec for-
mation de néo-canalicules biliaires. Dans les cas très rares de guérison spontanée la cica-
trice fibreuse qui se substitue à la cavité est très pigmentée à la périphérie, parsemée
de zones caséo-calcaires au centre.
Dans la Bilharziay parfois l'hépatite, au lieu d*étre atrophique, est hypertrophique et
nodulaire, témoignant de phénomènes de régénération (Kartulis).
La vitalité du foie se réveille également dans les hépatites graves, telles que celles
qui aboutissent à Vatrophie jaune aiguë. Mais la mort du malade coupe court au pro-
cessus de régénération. On a cité cependant quelques exemples de retour des foncUoos
hépatiques avec guérison définitive.
Dans les formes subaiguës, l'autopsie éclaire le mécanisme de la réaction du foie. Alt
Bey Ibrahim a publié, en 1901, un travail important sur cette catégorie de faits; nous
allons y puiser la plupart des éléments de cet exposé. Nous renvoyons à ce travail pour
les indications bibliographiques relatives à ce sujet.
WiRsiNG a rassemblé 15 cas, empruntés à divers auteurs, d'ictère grave prolongé, et
les a envisagés sous le rapport des tendances régénératrices.
Aly Bey Ibrahim a de son côté relaté une observation semblable qui lui a fourni
l'occasion d'un examen anatomo- pathologique détaillé.
Dans un cas d'ictère grave symptomatique d'une intoxication phosphorée, Hedderioi
fit des mensurations en série de la matité hépatique qui lui donnèrent les résultats
suivants :
5* jour de la maladie. . . 10 — 9 — 8 centimètres.
6*— — ... 7—6 — 4 —
9*- — ... 6—3 — 3 —
13- — _ ... "7,5 — 5 — 4 —
14«— — ... 9—7 — 6 —
L'auteur conclut à une régénération active.
GiANTURCo et Stampacchia, Pick, Ribbert insistent aussi, en relatant des cas d'intoxi-
cation phosphorée, sur les phénomènes de régénération qui se manifestent à la périphérie
des foyers de nécrose.
FOIE.
n^
Aly Bey Ibhabii synlhétise dans soo travail les acquisitions les plas récentes sur le
mode de régénération du foie dans Tictère grave. Trois facteurs interviennent : la multi-
plication des cellules \ hépatiques préexistantes et des épithéliums des canalicule»
bîii&ires interlobulaires; la prolifération du tissu ronjonctif interstitiel. Laprédominancf
de chacun de ces divers factetirs s*observe dans tels ou tels cas.
Après la résection nous avons vu que la réparation coniporlait surtout une surpro-
duction de cellules hépatiques nouvelles développées aux dépens des anciennes.
Dans Tatrophie jaune aiguë, ce mode de régénération n*a qu*uni* importance secondaire
par rapport ù la néoformation des épitliéliums biliaires. Cela s'explique^ d'après Medkr,
parce que, dans les grandes résections, si le foie a perdu une grande partie de son
par**nctiyme, les cellule» épargnées couijervent néanmoins louto leur vitalité et leur
aptitude à se reproduire. Par contre, dans Falropbie jaune aiguë, la plupart des cellules
ont été mises en souffrance par la cause morbide; elles sont ou bien complètement
détruites, ou bien stéatosées ou tout au moins en état de tuméfaction trouble. Incapacité
de régénération de semblables cellules se trouve par suite très compromise. Les cellules
épithéliaJes des voies biliaires sont bien moins intéressées, ainsi que le démontre
Texamen microscopique : çà et laces cellules ont disparu: quelques-unes sont granuto-
graisseuses ou en tuméfaction trouble; mais beaucoup restent intactes et présideront h
la régénération des cellules du parenchyme. On comprend qu'il en soit ainsi, si Ton se
rappelle que les cellules de revi^lement des voies biliaires sont très voisines, au point
de vue pbylogénélique et physiologique, des cellules hépatiques,
L*iiïtervention de tissu conjonclif n'a rien de spécifique; il réagît comme il le fait
dans toute inllammation qui ne se limite pas seulement à Télémeul noble.
Une réaction exajtfiTée du tissu conjonctif aboutit à la cirrhose, c'est-à-dire à la
substitution d*une lésion à une autre; tandis qu'une prolifération suffisante desépithé-
liums biliaires et des cellules hépatiques est capable d'assurer une j^uérison complète.
Ajoutons que, dans l'ictère grave très prolongé et en quelque aorte chronique, ta réaction
coujonctive peut manquer*
Aly Bëv Iurahim envisage ces divers Pactetirs de régénération.
La muitipticatton des cellules hépatiques est prouvée par la constatation de
nombreuses figures de karyokinèse, ainsi que Tont vu M^Dt:», Me. Phadyan, Mac Callusi,
SiaoBE.
Beaucoup d'observateurs mentionnent l'hypertrophie des acini [Lewitzry et
BnoDOwsKr, Van Hahen, Xorman); Ips cellules centro-acineuses, épargnées dans une
certaine mesure, augmentées de nombre, mais plus petites, ont deux ou plusieurs
noyaux, ce qui est un indice de leur prolifération. Voilà donc un processus d^accroisse-
ment des acini grâce auquel le foie retrouve son volume et ses fonctions. A vrai dire, il
est tout h fait exceptionnel que la néoformatioti des cellules hépatiques, dans l'ictère
grave subaigu, l'emporte sur celle des épilhéJiums biliaires. Kn règle générale, le travail-
de réparalioo s'eiïectue, dans l'atrophie jaune aiguô du foie, aux dépens des cellules
cubiques qui révèlent les voies biliaires intertobulaires; ces cellules changent d'aspect,
deviennent polymorphes, entrent en karyokinèse (MKDKa et SxBiiBE), Ce dernier décou-
vrît une mitose à la jonction d'un canalicule interlobulaire et d*uu néo-canalicule biliaire,
preuve de leur filial ion. Ces néo-canal icu les abondent; leur accumulation ne saurait
s'expliquer par un simple rapprochemejït, les ponts de parenchyme intermédiaires s'élant
pour ainsi dire etfondrés au cours de la maladie (Hlava, Me. Phadyan, Mac Callum). Ces
néo-canaliculessout le fait d*une prolifération des épithéliuras biliaire».
Stroiie, MEDrji, HiRScuaERG, Marchand, Alv Bey Ibrahim ont insisté sur ce mode de régé-
nération que nous avons nous-mème constaté dans un cas de cirrhose mixte complexe,
à évolution rapide avec infection biliaire. Dans noire observation nous avons vu nette-
ment des néocanalicules biliaires se difTérencier eu trabécules de cellules hépatiques.
Sans doute ce stade de transition des cellules canaliculaires aux cellules hépatiques
échappe te plus souvent : la survie trop courte ne permet pas celte dilTéreuciation. Bans
le cas de Marchand, où la réalité en put être établie, Tictère grave dura six mois; dans
celui de Sthode, quatre semaines ^ dans celui d'Au Bet Ibrahim dix semaines; dans notre
observation trois mois.
En dehors des constatations anatomo-pathologiques la rétrocession des phénomènes
730
FOIE.
d'insuffisance hépatique» raugmentation de Tolume du foie plaidenl eo f«?Éar d'une
?érital)Ie régênératioD*
AÎDsi» mt^me dans les cas où le parenchyme est profondément dégénéré, la teoiUftoe
à la régénération se révèle à l*observat.€ur.
Cbeit Panimal, après les résections expérimentales, les cellules hépatiques te inclti-
plieot et se placent dans la continuité des trabécules préexistantes, d'oCi Thypertn^phie
parfois considérable des lobules. Le tissu ronjonctif, les canalicules biliaires» le* capil-
laires sanguins participent à la réparation dans une large mesure*
Chez rhomme» dans les affections du foie les plus diverses, les cellules néoforméei n
disposent en nodules plus ou moins volumineux, bombant à la surfac-e du foie : etlei
peuvent même, dans les cas où est réalisé l'adénome, se juxtaposer en productiônt
tabulées rappelant les cylindres embryonnaires de Hf.mak.
Dans ces deux groupes de faits, si la ré^'énération du foie assure à nouveau rîntégrill
du fonctionnement liépatique, « celle régénération fonctionnelle ne correspond pasàtse
régénération morphologique, »?t ni la forme lolmire ni la forme lobnlaire du foie ne tout
restituées ». 11 ne se fait pas de nouveaux lobules» ajoutent Gilbert et C\aNOT, maijtf
nombre des cellules augmente dans les anciens de façon à mettre en batterie une mémi
quantité d'unités actives sécrétante». La régéuéraliou du foie se fait donc par hyper-
trophie et hyperptasie diffuses; le poids Onal de la f;Iande est égal au poids inîlial, mm
la partie réséquée ne se reproduit pas à proprement parler. Le retour au fonctionoe-
ment physiologique intégral n'exige donc qu'une chose : Fintégrité de la cellule hé]
tique, quelle iiue soit sa position anaiomique.
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influmce of gii/cerine on the L. (J. P., 1887, vni 99-116). — Schmacs (H.)- Ueber doA fv*
halten osmirten Fetles in der L. bci Phosphorierijiftung und membranartige Biidungen ni
Feîttropfcn [Mùnch. med. Woch., 1897. 1463-1465). — Trolldenieb. Die Wirkungen dn
Cu auf £. und Niere (Arch, f. nisa. u, prakt. ThierfuilL, 1890, xxiu, 301). — Veiii»ciiiA,1
Sur une infiUiatian spéciale des éléments parenchymateux du F, dans diiei^es conàiiMmi
expêrimenîukii {Arch . (ieplutrmacodynamie, 1895. h. 47-95). — Yam*mk. Ueber die L. atr^kk
nach Vergifimvj dttrch Ph(jiîphor(Wini. A/ïjl Woch,, 1801. 507). (Voir *--i»T/io.ie alcoolî(
dans les Trailôs de mëdeoine).
SABRAZÈS.
§ XrX,— ACTION PROTECTRICE DU FOIE.
Placé comme uno barrière sur le irajel du saag proveaaut de rinlesiiD, le foie pos-
sède la propriété de retenir un grand nombre d'éléments figurés et de substances s^k-
bles. U peut les emmagasiner, les laisser partir peu à peu, par peliles quantités iooffeo-
siTes; les éliminer par la bile, ou enûn leur faire subir des modiGcatious plus ou 100101-
profondes» Pour mettre un peu d'ordre dans notre exposé, nous étudiermiâ succeaiii^-
ment ractîon du foie sur les matières minérales, sur les poisons organiques, d*ori|iac
animale, vitstlale ou microbienne, et sur les particules solides.
Action du foie sur les substancei mineralea. — L'action du foie sur le^ ïuIh
stances niïjiérales se réduit à une simple accumulation dans le parenchyme ou à ujm éli-
mination par la bile.
Cetle action d*arriH, indiquée parOariLA, bien étudiée par Cl, Rebnari», llo^^ER, Pdmiu
Melsens, ne s'e,\erce pas iudiiréremmeut sur toutes les substances minérales. Les sdide
potasse ou de soude ne semblent pas arr«^lés par le foie. Nous avons constaté que II
toxicité du chlorure de potassium, du chlorure ou du lactate de sodium est exactemesl
la même, que le sel soit introduit par une veine périphérique ou par un rameau dek
veine pot te. Ces expériences négatives otit leur intérêt, car elles Justilient la inèl
elles donnent une valeur aux expérieuces, démontrant que certaines substances
une partie de leur toxicité en traversant le foie.
Il résulte, au contraire, des recherches de Cl. BER.NAR0,MosLEn, Lussa.xà. que leiselsde
fer, de manganèse, d'antimoine, d'argent, de zinc» de plomb, de cuivre ou de roemiii
sont arrêtés par le foie et se retrouvenl dans la biïe* Il en est de même des sels de cad-
mium (.\lAflFONi) et de bismuth i Brick).
Les sels de fer ont servi à d'assez intéressantes recherches. Paûa^uxzi, en atiUsaiU le
FOIE,
733
€ftrat6| a relroavé cette substance dans )a bile, qaand rinjeclion était poussée par uue
veine mésaT&î<|ue. Etudiant avec nous le laclate de protoiyde de fer, Boitchahd a
^)onstaté que la toiicité de ce sel est de 0^^ 4 par kilogramme quand rinjection est
poutsée par une veine périphérique, 1J6 quand elle est faite par un rameau de la veine
porte. En examinant la bile, nou<ï avons trouvé des traces de sel ferreux; mais la quan-
tité en était minime, et l'élimination n'expliquait pas la diminution de toxicité. Un calcul
très simple démontre, en elTet, que le ùO p. 100 de la dose injectée ont été retenus par le
foie. Ce chiffre cadre avec celui qu*a obtenu G')TTLIeb. Diaprés cet auteur, 50 à 70 p, 100
des sels de fer restent dans le l'oie ; ils y séjourneni de vingt à trente jours, puis s'élimi-
nent peu à peu, non par lu bile, mais par le ^ros intestin»
Les sels de cuivre, de plomb, de men^ure, s'emmagasinent ép^alement dans le foie, et
fiaiient en quantité plus ou moins considérable dans la bile. On retrouve encore dans
eette sécrétion Tiodure de potassium, qai sV montre desix à huit heures après son admi-
nistration (Cl, Bernahd, Mohler, Lussana, Peîpeh). L'arsenic s'accumule dans le foie, mais
ne passe pas dans la bile (Mosleh, Melsf.ns).
Il était intéressant de rechercher sous quelle forme se trouvent les matière» miné*
nUes qui restent dans le foie. Le fer y séjournerait, d'après Gottlieb, Jacobt, ^^alesey, à
Tétai d'un hydrate ferrique ou d'un composé orfa^anique. Le mercure, d'après Slowtzoff*
est fixé par les gtobulinesde Torgane ; au contraire Tarsenic se porte sur le stroma et s'unit
aux nucléines. La première combinaison est inslable; la deuxième est très solide: après
traitement de l'organe par la pepsine chlorbydrique, on obtient un précipité denucléine
arsenicale.
Alimination par la bile des composés organiques, — ta bile n*élimtne pas
^ulement des sels minéraux, on y retrouve un grand nombre de composés organique»,
comme le salicylate de soude, le ferroryanure et le sulfocyanure de potassium (PEti>Bn,
BocLEvet CoLLN), l'acide pbénique^ la térébenthine. On peut y déceler des traces de strych-
nine Uacqceïî), de curarine (Lissana i, de caféine (STBAtJcH); mais on n'y retrouve ni la nico-
line, uî la quinine. Ce sont surtout les matières coloranlt's qui ont été utilisées 4 ce point
4e vue. CHRZ0NS2czEwskY,qui s'est attaché à Tétudede la que^^tion, a constaté que certaines
couleurs ne passent pas dans la bile : ce sonl le carminate d'ammoniaque, le bleu de
Berlin, le bleu d'aniline; parmi celles qui viennent teinter la sécrétion, nous ciierons
t'indigo-carmin, l'indigo-sulfate de soude, le rouge d'aniline. Il faut ajouter le bien de
méthylène (CflARHis), la chlorophylle (Wehtueimer), la matière colorante de la rhubarbe
(Heidenhaln)» les pigments du sang et de la bile. Nous ne reprendrons pas la théuiie de
ScHiFF sur la circulation entéro-bépatique du pigment biliaire. On trouvera à rarlicle
Bile un exposé de la question (n, 1441
Action du foie sur !«» alcaloïdes d'origine Tègètale. — En 1877, Schiff an-
nonça que le foie est capable d'arrêter et de transformer certains alcaloïdes notamment
la nicotine. Quelques mois plus lard, un de ses élèves, Lautenbach, confirmait celte décou
verte et constatait que îe foie neutralise Thyoscyamine et le venin du cobra, tandis qu'il
reste sans ai lion sur le curare, l'acide prussique et Talropine.
Avant ces auteurs, en 1873, Hégeb, en faisant passer pur des foies préparés pour la
Circulation artiticielte du sérum contenant de la nicotine, availreconnu que le sang des
veines sus-hépatiques ne présentait plus l'odeur si caractéristique de cet alcaloïde. L'au-
teur revint sur ces faits en 1877, et établit par des expériences de circulation arlificielle
que le foie retient, dans la proportion de 25 à riO p, 100, les alcaloïdes qui le traversent,
tandis que les poumons les laissent passer et que les muscles n'en arrêtent que des
quantités minimes. En 1880, nn de ses élèves, V. Jacques, en étudiant l'action des alca-
loïdes sur la pression sanguine, constata que, lorsque l'injection est poussée par la veine
porte, il faut, pour produire le même effet, introduire deux fois plus de poison que
lorsqu'on emploie les veines périphériques. ll^fiER et Jacqiîbs expliquèrent ces résultats
par une dllFusion de ralcatoule; raction d'arrél du foie ne serait qu'un cas particulier
I d'une propriété générale appartenant à tous les tissus.
Si les interprétations difb^^aient, les faits eui-mèmes étaient mis en doute. Rewé,
au laboratoire de Beaunis et, plus tard, Cbouppe et Pinbt, au laboratoire de VrLPUN,
déniaient au foie toute action sur les alcaloïdes.
Aujourd*bui de nombreux travaux ont mis hors de conteste l'action du foie sur les
I
734 FOIE.
poisons. Les aulears ont eu recours à des méthodes diflSrenUs qae nous ramëneroDs à
quatre principales :
i» On peut étudier comparativement la marche de l'intoxicaiioQ chez un animal
normal et chez un animal dont ou a supprimé l'action do foie, soit en extirpant la
viscère (batracien), soit en liant la veine porte (chien, cobaye) ou, ce qui est préférable»
en établissant une fistule porto-cave (chien).
2<> On peut empoisoimer un animal et rechercher le poison dans les viscères et les
tissus soit par un dosage chimique, soit en déterminant la toxicité des extraits.
3° On peut étudier la toxicité du liquide chargé d'alcaloïdes qu'on a fait passer dans
un foie préparé pour la circulation artificielle.
4<* On peut injecter comparativement le poison par une veine périphérique et par
une veine intestinale.
Si Ton emploie cette dernière méthode, qui donne de bons résultats, il faut avoir soio
de diluer la substance en tenant compte de son équivalent toxique : autrement dit, la
dose reconnue mortelle, quand on Tinjecte dans une veine périphérique, devra être con-
tenue dans 10 ou 20 ce. de liquide, et celui-ci devra être introduit peu à peu et très len-
tement. C'est pour avoir négligé ces précautions que plusieurs expérimentateurs n'ont
pas réussi à mettre en évidence Faction protectrice du foie. Qu'il s'agisse des poisons oa
qu'il s'agisse du sucre, cette glande laisse passer les solutions concentrées. Nous avons
montré, par exemple, que le foie ne modifie pas Ja toxicité d'une solution de nicotine à
0,5 p. 100; que Tinjection soit faite par une veine ^périphérique ou par un rameau de
la veine porte, la dose mortelle est la même ; elle oscille autour de 0<r'',005. Mais, si l'on
emploie une dilution à 0,05 pour 100, les résultats sont Lien différents : pour tuer 1 kilo-
gramme d'animal, il faut introduire 0,007 par une veine périphérique, 0,014 par une
veine intestinale.
La plupart des expérimentateurs qui ont étudié l'action du foie sur les alcaloïdes ont,
à l'exemple de Héger et de Schiff, utilisé la nicotine.
Nous avons fait un certain nombre de recherches avec cet alcaloïde. Opérant d'abord
sur des grenouilles, nous avons étudié l'efTet de l'intoxication sur des animaux normaux
et sur des animaux dont on avait extirpé le foie. Cette opération permet, comme on sait,
une survie de quelques jours et même, si les animaux sont maintenus dans l'eau courante,
une survie de plusieurs semaines. Or, en injectant dans le sac lymphatique postérieur
une solution à 5 p. 1 000, nous avons constaté que la dose mortelle est de 34 mg. (par
kilog.) pour une grenouille normale, et de 8 pour une grenouille privée de foie. Si l'on
fait la ligature des vaisseaux rénaux, on provoque, comme l'a montré Schiff, nue con-
gestion et une suractivité de la glande hépatique : dès lors une dose de 36 mg. reste sans
effet. Enfin, quand la nicotine a été triturée avec le foie, il faut en injecter 100 mg. pour
amener la mort.
En opérant sur des lapins on obtient des résultats semblables. La dose mortelle étant
de 7 mg. par kilo, quand on pousse par une veine périphérique une dilution à 5 p. 1000,
il faut, pour tuer l'animal, introduire 14,9 par une veine mésaraîque; ou bien injecter
par une veine périphérique une dose correspondant à 14 ou 15 mg. quand le poison a
passé au préalable à travers un foie préparé pour la circulation artificielle, ou quand il a
été trituré avec un fragment de tissu hépatique.
Les résultats que nous avons obtenus nous ont valu un certain nombre de critiques.
Chouppe et PiNET ont soutenu que le foie est sans action sur la strychnine. Les faits
négatifs rapportés par ces auteurs tiennent simplement à ce qu'ils employaient des solu-
tions trop concentrées. Depuis longtemps, Dragendorff avait montré que la strychnine
s'accumulait dans le foie. Héger avait établi, par la méthode des circulations artificieUes,
que cette glande retenait la moitié de la quantité de poison qui la traversait. Ayant em-
poisonné des cobayes avec de la strychnine, nous n'avons pas trouvé trace du poison
dans le sang. Mais nous avons constaté que le foie en renferme, à poids égal, dix fois
plus que les muscles. Nous avons poursuivi enfin quelques recherches sur des grenouîfies,
les unes normales, les autres privées de foie. Le poison a été introduit sous la peau ou
par le tube digestif: dans les deux cas, l'action du foie a été manifeste. Mais nous avons
reconnu, en même temps, que la strychnine agit un peu plus énergiquement quand,
chez lies grenouilles saines, on la fait pénétrer par le tissu sous-cutané; au contraire,
FOiE.
735
chei les grenouilles privées de roîe« le poison est plus rapidemcol mortel quand on i'in<
trodnît par Je lubo digesUrCe fait nous semble de nature à modiÛer les idées courariteb
ior rabsorplion. Pour ne parler que de la strychnine, nous rappellerons que Cl. Bsn^fAiiD
pensait que cet akaloîdepde mémeque le curare, ît^abî^orbe mieux sous la peau que liaus
le tube digestif. L*aetion du foie qui vient troubler i'étude comparative, en apparences!
«tmple, ne permet pas d'accepter sans réserve une telle opinion.
L'action du foie, qui est également manifeste pour la quinine, la morphine, la co-
caïne, ne s'eiterce pas indistinctement sur tous tes alcaloïdes. Elle varie aussi suivant
les espèces animales. C'est ainsi que, d'après Hkger, le foie de la ^Tenouille a^it ëner-
giquement sur rhyoscyamine ; le foie du lapin n'a que peu d*inlluence sur cet alcaloïde;
le foie du cobaye n'en a pas du tout.
Avec l'atropine, les résultats ont été assez discordants. Cependant les recherclies
de KoTTLiA» semblent démonstratives; en opérant sur des chiens auxquels on avait
pratiqué la fistule d'Eck,cet auteur a bien mis enévideme Facliondu foie sur ce poison.
Les alcaloïdes s'enuna^asinenl-îls simplement dans le foie ou y subissent-ils une
transformation? C'est à cette deuxième conception que se rangèrent Schii-t et Lactk>>
BACH. Ce dernier auleur soutient que la nicotine renferme deux poisons: l'un, qui ne
serait pas retenu par le foie, diUerminerait des symptùmeîs d'alaxie; l'autre est une suJï-
Stance tétanisante que la glande détiuirait.Cette conception iw semble guère admbsible.
Mais la tbrone de SrnrKr paraît exacte. C'est ce qui résulte des intéressantes recherches
de Veauooi^EN. De l'hyoscyamine est triturée avec un foie de is'renouille; après ce traite-
I tnent Talialoide perd son pouvoir mydriaLique. Il y a donc nioditication du poison; et celle
modification résulte d'une sotte do digestion attribuable à un ferment qui perd ses pro-
priétés cfuand on le chauffe à 70". Il est inutile d'insister sur l'importance de ce résultat
qui semble éclairer d'un jour tout nouveau le mode d'action du foie sur les alcaloïdes.
Action du foie sur les divers poisons org^aniques et sur les produits micro-*
biens. — L'acliou piolet-trice du loie, si elle ne &'exer<;ait que sur les poisons introduits
accidentellemenl dans Torg-anisme, n'aurait qu'une importance relative. Ce serait une
fonction inlermiltente, n'ayant Toccasion de se manifester que d'une façon exceplion-
nelle. Il n'en est rien, en réalité, car le foie agit sur les nombreuses substances toxiques
^ que renferment les aliments et sur celles qui se f*n*ment conslammenl dans l'organisme,
^ »oit par suite de la vie cellulaire, soil par suite des fermentations et des putréfactions
intestinales.
Nous n'insisterons pas sur les modifications que le foie fait subir aux produits de la
lîdésassimilalion. Il contribue à les transfojmer pu uî'ée. c'est-à-dire en une substance
inoffensive. et même utile, puisqu'elle sert à assurer la sécrétinn rénale. Il agit de même
sur le carbonate, le carbaniate dammoniaque et, «l'une façon i^'énéraïe» sur les sels
ammoniacaux à acide ocj^janique : it les retient, les emmagasine et les transftinne éça-
tietnenl en urée. I^n produisant ainsi un diurétique physiologique, le foie se trouve être
Ije collaborateur du rein dans la dépuration organique ; il exerce donc une double
[action protectrice.
Parmi les poisons d'origine alimentaire, il faut mettre en première ligne T^lcool.
' nioFFfirat i\ montré qu'on augmente un peu la sensibilité de la grenouille à l'alcool et
lui extirpant le cerveau, beaucoup en lui extirpant le foie. Si Ton retire ces deux organes,
des doses qui ne produisent aucun accident chez une greoauiUe saine, amèneront une
mort rapide.
il Si Tacélone et la glycérine traversent librement le foie» les sa vous y perdent leur toxi-
cité (MljXKI.
Les produits de putréfaction y sont profondément modiflés : Tindol et le phénol s*y
»ulfo-conjut;uent et donnent naissance à de Tindoxyl et a du phé ny l-stilfate, c'est-à-dire
à des corps peu toxiques, L*hvdrogène sulfuré y est également en grande partie neutra-
lisé,
A côté de ces substances bien délinies qui se produisent dans un grand nombre de
putréfactions, à l'intérieur ou en deliors de l'organisme, on place des substances fort
actives rentrant dans le groupe des alcaloïdes. Si on les étudie en bloc, comme nous
l'avons fait en 1887, c'est-à-dire si on les extrait au moyen de l'alcool ou de l'étUer, on
constate que le foie est capable de les arrêter et de les neutraliser. L'extrait alcoolique
mw-^.
♦ "%'
?36
FOIE*
^e matières pourries, débarrassé de potasse et d'ammoniaque^ pord la maitiéde utoti*
cité quand on lui fait LraFerserle foie.Le résulLat est analogue quand o a emploie Teitraii
4\\ contenu intf'stinal.
Actuellement rattention est détournée des poisons putrides. Les importaales décoQ*
^vertes (aucliant hs toxines produites par les bactéries pathogènes oot dirigé les étudei
daoî< un autre sens.
Ou avait cru tout d'ahord que ces toxines étaient de nature alcaloidîqtie. Aussi, von-
(ant étudier leur action et désirant employer ïes substances telles qu'elles se troQTeol
SUBSTANCES INJECTÉES.
Chlorure de potassium-. . ,
— de f^odium, ....
i«a€tal<! do «iouiie. .....
Salicylait' di? §oude. ....
Laclale de protoxydc d«î fer.
AlUtiminale do cuirre. . . ,
Nicotine* . » , ,
Sulfate neutre d'atropioc.« .
Cui'iire. ,
Sullavinato de t]iiîulne* . . ,
Sulfate de iîtrjclininc !
Cocaïne **...,
Chlorhydrate de inorphioo .
Anlipyrine* .,.,,,..
Biacératioi] de di^'irale . , ,
Digilalino. , , .
Alcool. ...
Acétooe
Glycérine. .
Naphtût a *........ .
Naphtol p '
Produits de ilédoulilemcnt
ralburiiine *...,..
Chlùi'hydriitw d'ammorûiique, .
Carbonate d*imirnoniaque. . .
Lacinte d'itmiuoniaquo, . , . .
Matières pourries (extp, alcoo
lique)'J
de
Maii«>ros tyjihiquos sextr. alcoo-
Toxine» du colibacille do k dy-
senlérie. ,*.,,.,../
TITRE
ceotésinial
il en
saluijoii».
«,55
fû
10
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1,81
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0,23
0.025
0,001
t
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5
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0,02
20
20
20
I
1
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i.5
100
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DOSE HaRT^U.K
VkK KlLr>€IRA\iax ; iNJICCnOît PAR
V firri{ilii^rîquc<,
0,18
5.n
2,41»
U.9
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0,4
O^OOfil
0,001
0,041
0,0024
0.00
0,00028
0,00016
0,011^
0,33
o,m
1.4
0,0031
1.77
10
0,13
0,08
1,13
0,39
0,24
0,6a
22,83
111
9,83
vu
401
0.5
V , portç-
0.1B
$M
2,90
1,19
0,81
0,0048
o,ou
0,192
0,0066
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0.0013
o.oao3
0.042
0,6»
0,95
1,6
o^ooai
9.44
6,95
o,ta
0,12
0,t2
o,a4
0.4
i,i3
54,2
ou
216
21,14
991
RAPPORT
1.6
2.9
2
3
2,7*
2,^
2,6»
ue»
2.14
l.i
1,2)
l.TI
2,3Ô
2,13
4''
1. Expérîoncos moalranl FiruporUiiicç do U ditutioo.
2. D apr^» Jacqubk cli«« lo ehîoo.
3. L« dose qui a traverié le fate ae proilatt aucun tronUe.
4. D'après Glbt et Bon du Val.
8. D aprùB Gley et Capital.
fl. D'aprè& MAxniovtTcu.
7. D'après Bouchas d.
8. Produiia obtenu» oa ionoiatiaiit ralhuuiino à ua rhauillige eo vmao clos ftu contact de la bafjtfr
9. LuxtraJi alcoolique ^d<^barrasKé de potasse) de 400 grammes do Tiaade pourrie avait était r»«i*
dan."* 100 ceotimètre^ cabes d'eau.
10. Extrait aïc»ùliqiin (sans potaise) de 4 OSO gnnimcs de matières féealea typhiane*. Msti* 4ii*
lc>0 centimètres cubes d'eau. '■— ^ r*-
11. La dose qni a rra versé le foie produit seal^mecii uuo diarrhée passa^rêre.
FOIE.
m
dans ror^nisme malade, avons-nous utilisé les extraits de malières lyphiques, Deé
expériences, faites avec Legry, nous ont nionlrt^ que le fnie est sans action sur les
^extraits aqueux, tandis qu'il neutralise les extraits hydro-alcooliques.
Depuis l'époque où nous avons fait ces recherches, il a été démontré que les alca-
loïde* microbiens ne représentent pas le poison véritable. Ce sont des dérivés. On admet
que les produil4 primaires sont des molécules protéiques complexes, renfermant un
radical alcaloïdique. Celui-ci est mis eu liberté pendant les manipulations. La molécule
primitive est tellement instable qu'on ne peut arriver à Tobteuir à félat de pureté. Il
faut donc opérer avec les cultures microbiennes sans chercher à eu extraire un prin-
cipe défini.
Les premières recherches entreprises dans cette voie sont dues à Camkba p£STANAqui
attribue au foie une certaine action protectrice. Les expériences de Teissik« et GuiNARa,
poursuivies avec les toxines diphtérique et pneumohacillaire, conduisent à une con-
clusion diamétralement opposée : le foie n*exerce sur ce poison aucune action protec-
trice; souvent môme, surtout cb ex le chien, la toxine, en traversant le foie, devient
plus énergique.
E. FoA, qui a repris la questioni constate, avec la toxine typhique^ que ce sont les
animaux injectés par la veine porte qui succombent les premiers. Avec lajtoxine diphlé*
rique, Teiïet est diïlérent : le foie exerce contre ce poison une légère action protectrice.
|Ce dernier résultat ne cadre pas avec les expériences de TEtsstER et Glm.vahd. Peut-
lêtre faut-il ailribu^^r la contradiction k la complexité des poisons microbiens et à leur
itariabilité. Eu tout cas nos eipénences ont été négatives. La toxine diphtérique a eu le
même pouvoir toxique, qu'on l'introduisit par une veine périphérique ou par une veine
intestinale^ ou qu'on Tinjectàt après une circulation artilkîelle longtemps prolongét à
L travers le foie.
Les animaux injectés par fa veine porte succombant souvent les premiers* on peut se
demander ai l'arrivée soudaine d'une grande quantité de poison dans le foie n'altère pas
le parenchyme hépatique. On conçoit qu'elle puisse ainsi précipiter la terminaison fatale.
Celte idée trouve une conllrmation dans les recherches que nous avons poursuivies avec
le bacille de Tentérile dysentérifonne.
Le foie arrête et détruit ce microbe quand on injecte dans la veine porte une culture
datant de quelques heures; c'est qu'à ce moment le milieu ne renferme pas ou presque
pas de toxine. Si Ton utilise une culture ancienne, le résultat est bien dilTérent, les ani-
maux inoculés par la veine porte succombent en même temps que les témoins injectés
par une veine périphérique, souvent même avanteux. La toxine a supprimé faction pro-
lectrice contre les éléments figurés ; loin d'être détruite par le foie, elle annihile l'ia-
fluence de cette glande; elle exerce une action inhibitoire.
Cependant il ne faut pas se bâter de généraliser ces résultats négiitifs, La toxine du
colibacille dysentérique est neutralisée par le foie. Tandis qu*un demi-centimètre cube.
Injecté dans les veines périphériques d'un lapin, le tue en deux ou trois jours^ une dose
quatre fois plus forle, introduite par la veine porte, détermine simplement de la diarrhée*
Si l'on administre des quantités considérables, le foie ne sera pluscapablede sauver rani-
mai: mais il prolongera son existence. Ou injecte à deux lapins 20 ce. d'une toxine
légèrement allai blie : l'un, pesant tB*23 ^ramm^;^, reçoit le liquide par une veine périphé-
rique; il succombe dans le colïapsus au bout de 7 heures et demie; l'autre, pesant
1815 grammes, reçoit le poison par la veine porte; il survit quatre jours.
Résumé. — Pour qu*nn puisse se rendre compte de l'action du foie sur les poisons,
tious avons réuni dans im tableau (v. plus haut) les résultats obtenus en injectant com-
parativement les substances toïiques par une veine périphérique et par un rameau de Ja
veine porte ; sauf indication contraire, toutes le^ expériences nous sont personnelles.
Variations de ractlon protectrice du foie. — Il ne suffît pas de constater que le
foie est capable d'arrêter et de transformer diverses substances toxiques. Il faut
rechercher euOTre ce que devient cette action au cours des divers états physiologiques
ou pathologiques.
Or de nombreuses expériences nous ont fait voir que l'action protectrice du fuie varie
parallèlement k sa richesse glyi^ogénique. G* est ce qu'on peut déjà démontrer en mettant
des animaux à Tinanilion. La dose mortelle» quand riujectiou est poussée par les veines
DÏÛT. DK eavSIOLOUlE, — TOJIB VI. 47
us
FOIE.
pénpbënqoes, Tarie peu ou est lëgèremeTit augmentée. Au contraire, déjà an baal
vingt-qualre beures, raclion du foie est <1iminuée; au bout de trois ou quatre jour
quand ie foie ne contient plus «le glyco^'<>rie, elle est abolie. Voici quelques cbifTrei? *\^
ilieroni les idées à cet t\eard* 11 â*ajjit d'exjn^riences personnelles faites sur des lapins.
SUBSTANCE
INTRODUITIE.
ÉTAT
DR L'aKIMAL. I
DOSK MORTEL!. E
KAPP'jftT [
par T«iae&
périphériques.
par veine
port*».
SulfoviDale de quinine. .
— d atropine . . ^
1 Nicotine
Bien nourri
24 11. iuanilioa.
Bien nourri
£6 li. inanition.
Bien nourri
72 b» iaaniuon.
0,06
0,078
0.041
0,04î>
«,0U7
0.0O72 '
aj6
n.09f
«.192
0,1 aB
o.ou
0,l)l>76
2M ;
1.16
3
U5
Ces i't*suUais uuu» semblent Je iiaiure à éclairer ceilains faitt* anciens. On a qùU
depuis longtemps que les animaux sont plus facilement intoxiqués par la Toie diffestifi
quand ils sont à jeun que lorsqu'ils sont en digestion/,Les mêmes différences no s'olse
vaut pas quand on emploie la voie sous-cutanée» on en conclut à une suractivité^
Tabsorption intestinale. Ne sembie-t-ïl pas plus juste diovoquer une modification daQ|
l'action du foie? On peut expliquer »'galement par un trouble hépatique raugmentalioi
lie ta toxicité urinai re au cours de l'abstinence ou à la suite du surmenage (BoucBâu
Nous avons étudié encore rinlluence d'autres causes qui diminuent la teneur eu ^l|
co^ène : Tasphysie, k section des pneumogastriques, riutoxication phosphorée, la lig
lure du canal cholédoque.
Dans tous les cas, nou.? avons reconnu^soit en pratiquant des iDJeciions par la veiji
portej soit en recherchant sur des grenouilles la toxicilé du liquide obtenu en iTïliiran
la nicotine avec des morceaux de foie, que faction protectrice diminue ou disparaît ftjil
même temps que le glycogene. Le parallélisme est presque parfait ,
L*étude du foie chez le fœtus coulirme encore la loi que nous avons essayé d'éUblirJ
Le foie du fuetus à terme est riche en glycogène et neutralise les poisons. Le foie de&j
embryons reste sans action. Dans une de nos expériences nous avons sacrillé an»
femelle de cobaye. Le foie de la mère neutralisa la nicotine. Le foie des embryon*», qiùii
ne contenait pas encore de glycogône, n'eut aucune inlluenca. Le placenta n'a^t p^s
davantage.
Si Ton excite la glycogénie, par exemple en injectant de l'éther par la reioe porte^onJ
voit parallèlement augmenter l'action du foie : c'est la contre-partie des expériencfjJ
précédentes. Enfin si, opérant sur des animaux qui ont jeûné, an injecte dans la veiiin]
porte un mélange d'alcaloïde et de glycose, le foie récupère une partie de son aclion.uJ
résultat est d'ailleurs assez inconstant, ce qui tient à la complexité de rexpérieuee, cif
le jeûne produit suivant Tétat antérieur du sujet des effets bien différeuls. Mais, si roui
fait ingérer, trois heures avant Texpériencei une dose suffisante de glycose, le résultat [
sera beaucoirp plus net. Le foie se charge de glycogène et, de nouveau, devient apU à ,
arrêter les jjoisons.
On peut véritiei tous ces résultats par un procédé très simple. Il sufOt dlnjecterà
des lapins une solution bien titrée d'hydrogène sulfuré et de recherclier à quel momeat
le poison passe dans Tair expiré* Le foie normal retient de grandes quantités de cette
substance, comme on peut s*en convaincre en pratiquant des injections comparatiT«i
par les veines périphériques et par la veine porte. Or, en faisant une série d'expériencti
sur de>* animaux dont les uns sont Jiormaux, dont les autres ont été soumis à rinanitiou
ou à racMûu du phosphore, on constate^que l'hydrogène^ sulfuré passe d'autant plus vit*
dans i'dir expiré que la fonction glyco^énique est plus profondément atteinte. L'emploi
de l'bydrogène sulfuré permet d'explorer le foi-i sans vivisection préalable : il suffit
d'introduire fa solution dans le rectum.
La méthode que nous venons d'indiqu^^r^et quenous avons étudiée avec fiAa.Msa, d^-
FOIE.
739
peut s'ippUquer à l'hooimû. Quelle que sort la dose d'hydrogène sulfuré qui ait été
iDlroduîle dans le rectum» jamais il ne s'en élimine par le potimûii une quantité appré-
ciable*
Tous les faits que nous venons de rapporter rioui semblent concordants : ila per-
mettent de conclure que l'action du foie sur lea poisons varie parallèlement à la fonction
glycog^nique.
Comment comprendre cette relation? On peut supposer que le glycogène est un
simple témoin de l'activité glandulaire on peut admettre qu'il sert à former des combi-
naisons peu toxiques, Cette dernière idée seiubtc trouver une di^monstratiou dans les
recherches récentes de Teissier. D'après cet auteur» la nicotine, mise en contact avec
le giycogène, perd une partie de sa toxicité. Mais le sulfate de strychnine n'est pas
modillé dans les mêmes conditions. Enfin la loxine diphtérique devient plus active.
Il serait intéressant de reprendre ce côté de la question. Quelle que soit d'ailleurs
l'interprétation, le fait subsiste, et comporte un certain nombre de déductions intéressant
également la physiologie et la palholo|^ie»
Action du foie sur les microbes. — Les microbes charriés par la veine porte
s'arrêtent dans les capillaires hépatiques. Or le foie a la propriété de détruire certaines
espèces microbienn^^s. Il protège ainsi rorganiame coutre rinfection.
Pour mettre cette actiim en évidence, on peut avoir recours k une des méthodes qui
ser\*ent ii démontrer raciion du foie sur les poisons. On injecte comparativement la
culture par une veine périphérique et par un rameau de la veine porte. Mais il est
certaines précautions qu'on ne doit pas négliger. Il ne faut pas qu'une trace de culture
passe à côté du vaisseau ; il se produirait, dans ce cas, un foyer microbien dont l'évolu-
tion fausserait complètement les résultats. On aura recours, d'autre part, à des cultures
de virulence moyenne, ou bien on les diluera dans certaines proportions, car Tarrivée
d'une trop grande quantité de microbes virulents pourrait fausser complètement les
résultats. ïl faudra se rappeler enûn^ comme nom Tavons déjà établi, que les effets
peuvent être complètement modiûés par la présence dans la culture de toxines
microbiennes.
Il est facile de démontrer que le foie arrête et détruit la bactéridie charbonneuse.
Dans une de nos expériences, une dose de t/8 de miltimèlre cube injectée dans une veine
périphérique» tua un lapin de 23ia grammes en trente*trois heures. Une dose de 8 mil-
limèires cubes, introduite par un vaisseau porte, ne provoqua aucun trouble chez un
lapin de 191S grammes. Autrement dit, une quantité de bacilles charbonneux, B4 fois
supérieure à celle qui Lue par les veines péripliériqueSi est complètement annihilée par
le foie.
traction protectrice du foie est également ^manifeste quand on étudie le staphylo-
coque doré; elle ett seulement moins intense : le foie neutralise H doses morielïes.
Au contraire, le foie est sans action sur le streptocoque qui trouve dans sou paren-
chyme un excellent milieu de culture.
Les résultats obtenus avec le colib:icillo varient suivant les échantillons qu^on
emploie. Le foie n'a paï^ d'action sur certains, taudis qu'il agit sur d'autres. Il exerce
uue destruction marquée sur le colibacille de la dysenlprie, du moins si les cultures
sont récentes; au bout duu certain temps les bouillons contiennent des toxines
qu'annhile Taclion du foie.
Pour donner plus de généralité à nos recherches, nous avons fait quelques expé*
riences avec VOiffntm (jlhictins, et nous avons constaté encore que le foie arrête et
détruit ce parasite avec une grande énergie.
Il serait facile de discuter lou^ueraent le mécanisme de la protection exercée par
le foie. Évidemment deux hypothôsei se présentent k Tesprit : ou bien les microbes fixés
par une adhérence moléculaire subissent l'intluence des liquides nocifs sécrétés par
les ceîtules hépatiques; ou bien ils sont englobés et d»^truits par des phagocytes. C'est
généralement aux cellules endothéliales qu'on attribue ce rûle. Wkrioo les a vues se
gOQtler, faire saUlie dius l'iuténeur des vaisseaux; elles envoient des prolongements
qui englobent les microbes. E.j opérant sur des grenouilles et des poissons» .Mesnil a
observé également u-i englobe meut de la bactéridie charbonneuse par Les cellules
endothéliales.
740 FOIE.
Lexaire a constaté, à ce sujet, quelques faits intéressants. En injectant à des
animaux un échantillon de colibacille peu virulent, il a vu que les microbes sont
rapidement saisis par les cellules endothéliales; ils sont tellement bien fixés qu'un
lavage énergique et prolongé d'un des lobes ne parvient pas à les entraîner. Au bout de
quatre heures ils sont détruits. Si Ton utilise un échantillon très virulent, la phagocy-
tose des cellules endothéliales du foie est insutûsante, et les colibacilles rentrent dans
la circulation, où ils ne tardent pas à pulluler.
Enfin, quand la résistance des animaux a été augmentée par un sérum préventif,
ies cellules endothéliales exercent une action énergique, même sur les colibacilles viru-
lents.
Variations de raetion du foie sur les microbes, — Gomme l'action sur les poisons,
i* action du foie sur les microbes varie dans diverses conditions physiologiques ou patho-
logiques; elle s'affaiblit au cours de Tinanition, mais elle n'a pas encore complètement
disparu après deux ou trois jours de je(\ne.
Les substances hydrocarbonées, comme le glycose; les modificateurs de la fonction
glycogénique, comme l'éther, exercent une influence bien différente suivant la dose
qu'on emploie. De petites quantités augmentent l'action du foie; des quantités élevées la
diminuent ou la suppriment.
Enfin, les poisons microbiens ont pour effet d'annihiler Faction du foie; les cultures
stérilisées du Bacillus prodigiosus ont notamment le pouvoir de supprimer Faction
protectrice de la glande. Ce résultat explique peut-être, au moins en partie, le méca-
nisme si complexe des associations microbiennes.
Fonctions cyto-pezique et fl^ranulo-pexique. — Ce ne sont pas seulement les
microbes que le foie peut arrêter, ce sont également les cellules animales. Eu face de
la fonction bactério-pexique, ou peut donc admettre, avec Gilbert et Carnot, une
fonction cyto-pexique. Le meilleur exemple nous est fourni par l'étude des cancers
secondaires du foie. Gomme l'ont bien montré Hanot et Gilbert, les cellules néoptasiques
s'arrêtent dans les capillaires, à la périphérie des lobules ; elles s'y détruisent ou s'y
gonflent pour donner naissance à des noyAux secondaires.
Le foie exerce également une action d'arrêt sur les hématies, sur celles qui pro-
viennent d'un animal d'espèce différente ou sur celles de l'individu lui-même quand
«lies sont altérées ou fragmentées (Kuppbr). Il arrête encore les parasites animaux et
notamment les germes d'hydatides qui ont, comme on sait, une prédilection marquée
pour le foie. Enfin il retient les diverses granulations que peut charrier la veine porte.
Gette fonction granulo-pexique, manifeste dans le paludisme, a été étudiée avec soin
par P. Carnot. On injecte dans les veines, à un certain nombre de lapins, des granulations
mélaniques en suspension dans de l'eau salée. En sacrifiant les animaux à des jours
successifs, P. Garnot constate que le pigment est saisi par les endothéliums; puis il passe
dans les cellules hépatiques et s'y détruit. Des faits analogues s'observent avec les
pigments ferrugineux, et notamment avec le pigment ocre.
Avec les matières grasses, Gilbert et Garnot ont obtenu des résultats semblables:
les gouttelettes graisseuses sont retenues par les capillaires, et elles passent par les
cellules endothéliales pour arriver aux cellules hépatiques où elles disparaissent en Son
10 jours.
FonctioD antitoxique. — Baltus (E.). Conlribut. à V étude de la localisation des alcaloïdes
dans le foie{J, d, se, méd, de Lille, 1884, vi, 233-250). — Buts (E.). Contribution à faction
distinetivc exercée par le F. sur certains alcaloïdes {Ann, Soc, Roy, d. se, méd, et nat. de
Bruxelles, 1895, iv, 73-88). — Capitan et Gley. De la toxicité de Vantipyrine suivant les
voies d'introduction (B. B., 1887, 703). — Gavazzani. Sur une aptitude spéciale du foie à
retenir le violet de méthyle (A. i. B., 1896, xxvi, 27-32). — Ghouppb et Gley. Action du F,
sur la cocaïne (B. B., 1891, 638). — Chouppe et Pinef. Note sur la dose mortelle de strych-
nine par injection intra-artérielle (B. B., 1897, 574). — Eon du Val (H.). Rech. sur Vaction
anHtas^ue du foie sur la cocaïne. Emploi de la cocaïne à ^intérieur (D. Paris, 1891, 48 p.).
— FRAsin. Note on the antivenomous and antitoxic qualities of the bile of serpents and of
other animais (Brit. med. Journ,, 1897, 59oj. — Gley. Action du P, sur la cocaïne (B. B„
f 891, 560). — Herzen. Di una nuova fanzione del F, di M, Schi/f et B, Lautenbach (Impar
ziale, 1877, xvii, 463-466). —Jacques (V.). Essai sur la localisation des alcaloïdes dans le foie
FOIE. TIf
(D, Bruxelles, 1880). — Eotljar. Contribut. a Cétude du f^te du F. comme organe dtfenHf
contre len mb^tance$ toxiques {Àrch, d, se. tnoL, (894, ït, 587*631). — Ladtwibach. On a
new furtction of the L. (PAi7. med. Time^, 1876» vu, 387-3H). — Pktronk (G. A.), hech, exp.
fur te rate protecteur du F. contre quelques akahïdeg chez les animaux jeunes et adultes
(Ann, de med, et de ckir. infant., Ï90f>, iv, 702-802)/— Queirolo. Sur la fonction pro-
tectrice du F, contre les intoxieations intestinalts {A. i, IL, 1895, xxiii, 28îi). — Roger (il.)
et Gauntcr (M.) Sur un procédé jyermettant de déterminer Vetat fonctiHunel du F, (B. B.
1898, 7fi-715): Influence du jeune et de Valimentul. sur ie rtUe protecteur du F. {Ibid.^
!890i âOft), — RocRR* De quelques conditions qui modifient l'action du F. sur le$ microbes
{3. B„ 1898, 943-946); Nouvelle/i rcch. mr le nHe du F, dans les infections {Ibid., 1899,
781 1; Action du foie sur les poisons (D. Paris» 1894, 230 p*). ~ Schupfer (F.). Vaction pro-
îidrice du F. contre les alcaloïdes {A. î, B,, 1895, xxtii, 285), — ÎErssifiR et Gitinaro.
Agfft^vation des effets de certaines toxines microtjUnnes par leur plissage tiam le P. (C. H,,
1895, cxjï, 223-220); A propos des accidents consécutifs à rinjection des toxines dans ta
veine porte [D. B., 1896, 333-335); Effets de la mfilléine après injection dans k système
porte {Ibid., 335-337). — Zagaku Sur la fonction antitoxique du F. [A. i. B., 1895, ixin,
285).
S XX. -PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE ET PATHOLOGIE GÉNÉRALE.
La situation topographique du foie, ses rapports, d'an côté avec la paroi tboraco-
abdominale et de l'autre avec des organes fri'quemroent lé^és, la connexion que S69
nombreux vaisseaux H ses voies d*excrétion établissent avec les diverses parties de l'or-
Ranisnie sufJisent k expliquer la fréquence de ses lésions.
Sans vouloir entreprendre l'étude des alTections hépatiques, nous devons nous arrôler
un instant sur diverses questions ressortissant à la physiologie pathologique età la patho-
logie générale du foie.
Étioloe^îe et pattiogènîe. — 11 est fréqueoL d'observer des troubles et des lésions
du foie relevant de causes mécaniques ; parmi celles-ci ïes unes agissent extérieurement,
à travers la paroi: tels sont les corsels et les ceintures; les autres sont nées dans l'inté-
rieur niênïe du corps, comme les tumeurs ou les hypertrophies des organes.
Plus importantes sont les lésions d'origine vasculaire/La veine porte charrie fréquem-
ment des substances :solubles capables d'adultérer le parenchyme hépatique, des para-
sites, des bactéries ou des cellules cancéreuses capables de s'y greller et d'y pulluler.
Ces éléments, solubïes ou Ûgurés, proviennent parfois de la circulation générale, plus
souvent des deux grands organes dont le sang veineux traverse le foie, la rate et le
tractus gastra-intestinal. I^a coexistence des altérations hépatique et splénique avait été
remarquée depuis longtemps. Mais on avait admis que les lésions du foie étaient primi-
tives et que, par les troubles circulatoires qu'elles suscitaienl, elles déterminaient un
engorgement de la rate. Aujourd'hui on tend à renverser la Ûliatîon, au moins pour
un certain nombre de cas. La rate, fréquemment atteinte au cours des maladies
et notamment des infections, est sauvent le siège de lésions chroniques, qui, à un
moment donné, retentiront sur le foie et y susciteront des altérations plus ou moin*
profondes.
Plus souvent que la rate, le tube digestif réagit sur le foie. Les substances ingérées,
les aliments fermentes ou putrélîés, contiennent ou abandonnent des substances toxi-
ques. Si le foie est capable de les arrêter et de les transformer, trop souvent il subit leur
influence norive. Nous avons à peine besoin de rappeler la fréquence des abcès, des.
dégénérescences et des scléroses du foie d'origine intestinale^
L*artère hépatique joue un rôle moins important en pathologie. Par contre, Tinlluence
des veines sns hépatiques est considérable. Il s'y produit souvent, même à Tétat normaU
des reflux qui nous expliquent le mécanisme de certaines embolies rétrogrades et nous
rendent compte du développement, autour des ramifications sus-hépatiques, de certains
abcès pyétniqnes. C'est surtout quand survient un obstacle à la circulation veineuse^
notamment dans le cas d'insultisance Iricuspidieune, qu'on voit se développer, autour
■ des vaisseaux sus-hépatiqueS| des lésions qu'explique la stase sanguine.
74S FOIE.
Les voies biliaires sont fréquemment atteintes ; elles peuvent être envahies par des
microbes remontant du tube digestif, être comprimées ou obstruées par des productions
morbides développées autour d'elles ou à leur intérieur.
Le système nerveux doit évidemment agir tantôt sur les cellules, tantôt sur les vais-
seaux, tantôt sur les voies biliaires. Cette dernière éventualité semble la plus fréquente.
L'ictère émotif en est le type clinique le mieux connu.
Si les lésions des divers organes retentissent facilement sur le foie, réciproquement
les troubles ou les altérations du foie retentissent facilement sur les autres parties de
l'organisme.
En s'hypertrophiant,ye foie peut comprimer les parties voisines, gêner l'expansion des
poumons, le fonctionnement du cœur et du tube digestif. Les troubles de la circulation
portale ont un contre-coup sur la circulation des veines périphériques et des veines abdo-
minales; les modifications de la sécrétion biliaire ont pour résultat le développement
d'accidents intestinaux : enfln les troubles des fonctions glycogénique, uropoiétique, antito-
xique, entraînent des modiûcations de la nutrition générale ou amènent une entrave au
jeu régulier de certains organes, et notamment des reins. Si l'on tient compte encore des
manifestations d'ordre réflexe qui ont pour point de départ une lésion hépatique, on
comprendra avec quelle fréquence et avec quelle facilité les affections du foie provo-
quent une série de troubles et d'altérations dans les parties les plus éloignées de l'éco-
nomie.
Action des poisons sur le foie. — Si le foie est capable d'arrêter et de modifier un
grand nombre de substances toxiques, il est fréquent, en revanche, d'observer des
lésions hépatiques provoquées par les poisons auto-ou exogènes. On a cru pendant
longtemps que parmi ces poisons les uns provoquaient des dégénérescences cellulaires,le8
autres de la sclérose. Les travaux modernes semblent renverser cette conception. Toutes
les substances toxiques portent d'abord leur influence sur l'élément noble, c'est-à-dire
le plus sensible, sur la cellule hépatique: ils en provoquent la dégénérescence. Le travail
de sclérose est un processus secondaire : il représente, en quelque sorte, un moyen de
réparation ; il assure la cicatrisation des lésions. Le tissu fibreux remplace les vides
laissés par la mort des cellules. Ce qui prouve la réalité de cette conception, c'est que la
même substance produit, suivant les conditions dans lesquelles elle agit, des efiets
différents. Le phosphore, comme l'alcool, amène la dégénérescence graisseuse ou la
cirrhose ; la différence des résultats s'explique par une différence dans les doses intro-
duites ou dans l'état du sujet. Pour que la réaction fibreuse se développe, il faut donner
le poison à doses minimes, fréquemment répétées, et opérer sur des animaux résistants.
Si les individus intoxiqués sont affaiblis, s'ils sont mal nourris ou placés dans de mau-
vaises conditions hygiéniques, le processus réactionnel fait défaut, la stéatose l'emporte.
L'évolution est analogue, qu'on étudie le phosphore, l'arsenic, l'antimoine, l'iodoforme
ou l'oxyde de carbone.
L'alcool et les boissons alcooliques méritent évidemment de fixer l'attention et on
conçoit que leur étude ait donné lieu à un certain nombre de recherches expérimen-
tales.
Pour avoir des résultats acceptables, il est indispensable, comme l'a montré A. LiFFrm,
de faire avaler aux animaux les boissons alcooliques en les mélangeant aux aliments.
Si l'on utilise une sonde, comme l'ont fait Straus et Blocq, on provoque des lésions gas-
triques qui faussent complètement les résultats, car elles suffisent, à elles seules, i
produire des lésions du foie. Eu faisant ingérer à des animaux pendant un temps qui a
varié de 9 semaines à io mois, du vin, de l'alcool ou de l'absintbe mélangés à du son
Lappittr a provoqué des lésions et des atrophies cellulaires. Jamais il n'a obtenu de
sclérose. Sabourin a observé une stéatose péri-sushépatique. Strassman.n, Richt»
signalent également la stéatose; mais ce dernier auteur a reconnu que des doses
minimes longtemps répétées finissent par provoquer la sclérose.
Parmi les autres substances sclérogènes, on peut citer le plomb. Potain a décrit une
cirrhose atrophique saturnine, souvent curable, dont les expériences de Laffitte démon-
trent la réalité. Lancereaux, Welgh nous ont fait connaître une cirrhose anthracosique.
On sait enfin que Lancereacx a voulu faire jouer un grand rôle au sulfate acide de
potasse dans le développement des cirrhoses alcooliques.
^■F FOIE. 719
Les venins des serpents et des scorpions consUluent des poisons sléatosants, ils pro*
voquent dans le foie la dégénérescence graii>seuae et la nécrose des cellules, et dëlermiT
nent la vaso-dilalation et la dislocation des tiabécules hépatiques.
Il est fréquent d'observer la dégénérescence graisseuse au cours des diverses maladies
infectieuses. Les toxines microbiennes amènent, en efTet. de la stéalose, et, comme
!e« autres poisons, elles produiront, suivant leur nature, leur do!^e ou l'état du sujet, des
effets variables. Cne même toxine provoque la congestion. la thrombose vas«:uiaire, les
dégéoérescences dilfuses ou en foyers, la sclérose, La divernité des résultats dépend
bien plus de Tétat du sujet intoxiqué que de la nature du poison.
Dans ces dernières années est née la question si Imporlaute des sérums eytolytiques.
DiLEZE.vNC en a transporté Tétude dans le domaine de la pliysioloi^ie hépatique. Il injecte
à des canards des extraits préparés avec du foie de chien. Le sérum de ces animaux
devient hépatolytique : Tiujection d*une dose de 2 à 4 ce. par kilugramme provoque chez
le chien une atrophie jaune aiguë du foie» et fait périr l*aoimal au milieu de troubles
rappelant ceux de l'iclêre grave*
Les relations vasculaires qui unissent le tractus gastro-intestinal à la glande
hépatique rendent compte de la fréquence des It^sions du foie dans les affections diges-
tives .
D&ns un grand nombre de cas on petit incrîmtner Tusage d'aliments toxiques ou
avariés.
Skgers a appelé l'attention sur la fréquence de la cirrhose chez les habitants de la
Terre de Feu qui consomment des quantités considérables de moules: ces mollusques
contiennent une substance toxique qui s*accumule dans le foie.
Labus des épices et du piment provoque des lésions hépatiques, comme Vont
démontré les expériences que Pr.NOzn a faites sur des chiens et des lapins. Les extraits
de viandes pourries ou de mais putréfié ont aussi la propriété de produire de la
sclérose (Rafsco).
Les états dyspeptiques, les troubles gastriques ou intestinaux retentissent facilement
sur le foie. Bouchahd a longuement insisté sur la fréquence de Thypertrophie hépa-
tique chez tous les individus dont le tube digestif fonctionne m aL Pendant longtemps le
foie semble être le siège de phénomènes congestifs, survenant et rétrocédant assez vite,
La glande augmente de volume pour se rétracter ensuite, méritant ainsi te nom de
n foie en accordéon ^ que lui a donné Hanot. A la longue la sclérose se développe, et
cette cirrhuse, dont Bcod et surtout Hanot ont démontré la réalité, semble due principa*
lementauz acides qui se produisent dans le tube digestif. Bon a mis en évidence raclion
stéatosante et sclérogène des acides gras, et notamment de l'acide butyrique, de l'acide
lactique et surtout de t*acide acétique.
De Vkiêre d'ùrif/im toxique* — Parmi les substances toxiques que nous avons citées,
un grand nombre sont capables de provoquer de Tictère. On s^est demandé naturellement
par quel mécanisme elles agissent.
Il faut placer, en tête de la tiste, le phosphore,'r'arscniCi et notammeut Thydrogène
arsénié dont Tinlluence ressort de nombreuses expériences. On a observé assez souvent
Tictère après l'administration de la santonine, de la lactophénine,de l'extrait éthéré de
fougère mâle, après Tiogestion de la morille rouge, à la suite des empoisonnements par
l'aniline ou le naphtol, et après les piqûres venimeuses. Les substances volatiles semblent
jouer, à ce point de vue, un rôle important. On a cité des cas d'ictère à la suite de Tanes-
tbésie cîiloToformique; chez des individus qui avaient été exposés à des émanations de
viandes putréfiées, chez les tanneurs et les égou tiers, chez des ouvriers qui avaient curé
des ruisseaux et remué de la vase.
Il est possible qu'une même explication pathogénique ne puisse convenir à tous les
cas. Cependant les ictères toxiques semblent dus, le plus souvent, à rhématolyse. Des
globuli\s rouges sont détruits par le poison. Or l'expérience démontre que riotroduction
soit dans Tinlestin, soit sous la peau, soit dans les veines, d'une certaine quantité de sang
dé fibrine ou d'hémoglobine a pour elTet de rendre la bile plus épaisse; le pigment aug-
mente, et sa production exagérée a pour conséquence son passage dans le sang. Le»
expériences de ScaniE&EBtBG, Afanassiew, Staoelman.n, poursuivies avec la toluylène-
diaraine, démontrent que le mécanisme est le même dans ces empoisonuemeats. H se
L
744 FOIE.
produit une dissolution des hématies, puis la bile devient plus épaisse, et un ictère pléio-
cbromiquese développe. Le pigment passe dans Turine au bout de 15 ou 20 heures, les
acides biliaires apparaissent plus tardivement de la 22* à la 48* heure. 1^ foie est
indispensable à la production de l'ictère. La transformation de l'hémoglobine en biliru-
bine ne peut se faire en dehors de son intervention. Stern, Minkowski et Nauntn font
parfaitement démontré. En opérant sur des canards empoisonnés par l'hydrogène arsé-
nié, on constate que l'ictère provoqué par le poison disparaît dès qu'on a lié le canal
cholédoque et les vaisseaux sus-hépatiques : très rapidement le sérum et l'urine cessent
de contenir des pigments.
Les troubles morbides d'oriflrine hépatique. — Pour mettre un peu d'ordre dans
l'exposé des troubles morbides d'origine hépatique, nous allons étudier successivement,
à l'exemple de Gilbert et Garnot, les troubles des fonctions sanguines, des fonctions ali*
mentaires, des fonctions antitoxiques, des fonctions biliaires.
Troubles des ^fonctions sanguines. — Les lésions hépatiques provoquent fréquemment
des modifications de la circulation sanguine, c'est ce qui a lieu notamment dans la cir*
rhose atrophique. Il en résulte une augmentation de la pression portale,qui a pour con-
séquence l'ascite, le développement de la circulation sous-cutanée abdominale, la con-
gestion de la rate, les hémorrhoîdes, les varices œsophagiennes, la congestion de l'inteslinr
l'opsiurie (Gilbert et Lereboullet), c'est-à-dire le retard de l'élimination aqueuse de
l'urine.
L'hypertension portale amène forcément une hypotension sus-hépatique qui se tra-
duit par l'hypotension artérielle, la tachycardie et l'oligurie (Gilbert et Garnieb).
En môme temps qu'il représente un important centre vascnlaire, le foie joue uu rôle
dans la formation des ferments coagulants et anti-coagulants du sang. Aussi ses affec-
tions entraînent-elles fréquemment le développement d'hémorragies telles que l'épistaxis,
les hématémèses, les hémoptysies, le purpura.
Aux fonctions hématopoîétiques,on peut rattacher la fonction martiale du foie. H se
produit dans cette glande des accumulations du fer provenant de la destruction des
globules ou inséré avec les aliments. 11 est bon de rappeler, À ce propos, que la biliru-
bine ne contient pas de fer, et que, par conséquent, dans la transformation du pigment
sanguin en pigment biliaire, une certaine quantité de ce mêlai, mise en liberté, doit
rester dans le foie, contribuer à la formation de nouvelle hémoglobine et jouer un rôle
dans les échanges organiques dont la cellule hépatique est le siège.
Le fer entre aussi dans la constitution de pigments qui, à l'état pathologique, s'ae-
cumulent dans le foie. G'est ce qui a lieu dans le paludisme et dans certaines cirrhoses
que leur coloration spéciale a fait désigner sous le nom de pig mentaires. Il est intéres-
sant de remarquer que, dans ce dernier cas, la cellule hépatique est en hyperfonction-
nement : elle sécrète plus de sucre et plus d'urée (Gilbert, Gastaignb et Lbrbbodllet).
Troubles des fonctions alimentaires, — Le foie agit sur les substances alimentaires par
deux procédés différents. La sécrétion de la bile sert à la digestion de certaines sub-
stances, et notamment des graisses; d'un autre côté, les cellules ont la propriété de faire
une deuxième digestion et de compléter la transformation des substances qu'amène la
veine porte.
Quand la bile ne se déverse plus dans l'intestin, les matières fécales deviennent
grasses, de couleur mastic, d'odeur fétide. A un degré moindre, la sécrétion continue;
mais l'élaboration se fait mal : les graisses ne sont plus digérées et le malade éprouve
souvent le dégoût des matières grasses.
Les troubles survenus dans l'action exercée par le foie sur les hydrates de carbone
se traduisent par la glycosurie alimentaire, dont on admet actuellement deux variétés,,
l'une par insuffisance hépatique : c'est une glycosurie intermittente survenant après
les repas riches en féculents ou après l'ingestion de sucre; l'autre est due à la surac-
tivité des transformations organiques : c'est le plus souvent un diabète avec glycosurie
abondante.
On utilise fréquemment en clinique l'épreuve de la glycosurie alimentaire; le foie
malade ne peut arrêter le sucre ingéré. Pour réussir l'expérience, c'est-à-dire pour
avoir des résultats valables, il faut donner à jeun 100 grammes de lévulose (Fxrranim) t
le foie normal doit retenir cette quantité de sucre.
FOIE,
I
On connnlt moins les modiflcalions que subissent dans le foie les substances
axotées. On a cependant décrit des albuminuries el des peptonuries d'origine hépatique*
Troublée (les fonêtions antitoxiques, — On peut meltre en évidence les troubles des
fondions antiloxiqoes du foie par Tétude de la toxicité urinaire. On peut encore recher-
cher comment se tait le passage de sobslances faciles à déceter dans Tan ne, ou dans
Tair expiré. C'est ainsi qn'on obtient d'excellents résultats cheï les animaux, en utilisant
l'hydrogène sulfuré. Mais celte méthode n'est pas applicaJjle à l*tiomme; l'bjdrogène
sulfuré introduit m^nie à dose élevée ne peut être décelé dans Tair expiré. Il faut donc,
en paUiologie humaine^ utiliser des substances qui sMliminent par Turine : on a proposé
l'injection som^-cutanée de bleu de méthylène. La décharge, dans les cas de troubles
hépatiques, se ferait par saccades, d'une façon intermittente (Chauffard). Mais ce résultat
est contredit par iltLEEnr.
GitBEHTel Weil attachent de l'importance à Tindicanurie, qui constituerait sourentun
des premiers signes de rinsumsance hépatique, et serait suivie plus tard de glycosurie
alimentaire et d'urobilinurie.
La valeur séméiologique de l'urobilinurie est très discutée. G. Hayeu en fait un eicel-
lent signe d-altération hépatique : l'urobiline est, diaprés cet auteur, le pigment du foie
malade. Bien que ses conclusions aient été vivement attaquées^ le« observations clini-
ques indiquent très nettement un rapport entre les lésions du foie et rurobilinurie. Au
point de vue du pronosliu» rurobilinurie a une certaine importance: elle permet, même
après guérison de cet état morbide transi toirt, d*incriminer une lésion persistante du
foie (GinoùE. Chauffa h»),
L'înfîueiice du foie sur les produits excrémentitieli se traduit par une diminution de
Turée urinai re et par une augmentation des produits moins avancés dt désassimilation,
comme Tammoniaque, les arides ami dés. Aussi le coeflicietit azolurique est-il nettement
ababsé: au lieu de 82 à 95 p. 100, qui est le chitTre normal^ on trouve de 19 k 71 (Van
Nooroen) et môme 67 (Bacht) et 44 (A. Fr.enkel).
Troubles des fonctions biltairea. — Les troubles de fa fonction biliaire peuvent
porter sur Texcrétion ou la sécrétion. Dans le premier cas, par suite d*un f^bslacle méca-
nique ou d'un spasme réflexe, la bile au lieu de se déverser dans l'intestin, passe dans lo
sang: rietère se produit, s'accompagnanl, si Tobslruction est complète, de décoloration
des matières.
Les troubles de la sécrétion sont caractérisés par de l'hypercholie, de j'hypocholie ou
de Tachulie, Souvent se produit une sécrétion dépourvue de pigment, c*est l'acholie pig-
mentai re de Hanot.
Modifications de Ttirine dans les cas de troubles hépatiques. — G^est en étu-
diant Turine qu'on peut avoir les meilleures notion;^ sur l'état des cellules hépatiques. Le
dosage de l'urée et de Tapote total» la recherche des acides amidés, des pigments nor-
meauxde la bile ou des pigments moditîés,derindicanurie,de la glycosurie alimentaire»
et l'étude delà toxiiitéurinaire, voilà les principaux moyens auxquels on devra s'adresser.
Reste à savoir si les résultats obtenus par les divers procédés sont concordants.
On est tenté de l'admettre a prt on", puisque les diverses fonctions du foie sont enquel-
que sorte solidaires^ qu'elles subissent des modifications simultanées et parallèles. Les
recherches de Wirricu, Dasirs et Aainus, Klein, Hoffmann démontrent les relations qui
existent entre les fonctions glycog-énique etblligénique. Les travaux de Schmidt et de ses
élèves, Antiiei^ en particulier, ont fuit voir que le foie n*sgit sur l'hémoglobine qu^ lorsque
ses cellules contiennent du f^lycogéne. Les expériences de Noël Paton établissent, d^autre
part, que l'uropoiése est solidaire delabiligénie. Enfin nous avons essayé de monlrer que
l'action du foîe sur les poisons varie parallèlement àta richesse gtycogénique de cet organe.
Ainsi, être renseigné sur une fonction, c'est être renseigné sur les autres. La physio-
logie le démontre; el la clinique établit la même relation en nous faisant voir qne I«
toxicité urinaire est généralement augmentée quand existe de la glycosurie alimentaire*
Cependant, dans certains cas, malgré une altération profonde des cellules hépati-
ques, la toxicité de I*urine peut être normale ou diminuée; dans ce cas, les poisons
s'accumulent dans rorganisme, pour être rejetés brusquement, au niomeat de la guéri -
son. II se produit ainsi une crise urotoxique: c'est ce qui a lieu notamment dans let
ictères infectieux.
746 FOIE.
Insuffisance hépatique. — Il est facile de saisir Timportance, en médecine, des
notions nouvelles que nous possédons sur le rôle protecteur du foie.
Nombre des manifestations cliniques qui surviennent au cours des affections hépati-
ques, s'expliquent par une auto-intoxication; elles sontcomparablesàcellesqu'on observe
dans l'urémie. Dans ces deux cas, en effet, nous relevons l'hypothermie, la tempéra-
ture centrale pouvant tomber à 35 ou 34»; les hémorragies multiples, les troubles
dyspnéiques, les manifestations nerveuses, les accidents comateux, que la saignée peut
faire disparaître. Enrm,de môme qu'il existe une folie brightique,il existe une folie hépa-
tique, dont la clinique avait démontré l'existence et dont l'expérimentation prouve la
réalité.Sur des chiens auxquels ils avaient pratiqué la fistule porto-cave, Pawlow et
Massen ont observé des troubles fort curieux. Les animaux, primitivement doux et
obéissants, devenaient méchants et entêtés : dans quelques cas, ils étaient tellement
furieux qu'ils ne laissaient même pas approcher le garçon chargé de leur apporter la
nourriture. D'autres marchaient continuellement, montaient aux murs, rongeaient tout
ce qu'ils trouvaient, puis étaient pris de convulsions cloniques et tétaniques. A la suite de
ces attaques ils conservaient une démarche chancelante on ataxique ; parfois ils deve-
naient momentanément aveugles ou analgésiques.
On connaît depuis longtemps un syndrome spécial qu'on a décrit en clinique, sous le
nom d*ictère grave. Les interprélations pathogéniques n'ont pas manqué. Il semble facile
aujourd'hui d'expliquer le mécanisme des accidents. Gomme on l'a dit assez judicieuse-
ment, l'ictère grave est au foie ce que l'asystolie est aucGeur,ce que l'urémie est au rein.
C'est un ensemble de troubles morbides dus à une insuffisance des cellules hépatiques;
les poisons, qui sont introduits ou formés dans l'organisme, ne sont plus détruits on
transformés, il en résulte une auto-intoxication dont les effets funestes sont retardés
grâce À l'activité vicariante du rein. Mais tôt ou tard, le filtre rénal, par suite de
l'excès de travail qui lui est imposé, finit par être lésé à son tour. Si les troubles
hépatiques se prolongent, l'insuffisance rénale achèvera la défaite de l'organisme qui
succombera aux progrès de l'intoxication.
Au-dessou9 de la grande insuffisance hépatique, ou anhépatiet on peut placer l'in-
suffisance relative, Vhypohépatie (Gilbert), souvent compatible avec un état de santé
assez bon. C'est par un examen attentif du malade qu'on décèlera les troubles caractéris-
tiques: l'urine contient un peu de pigment anormal, un excès d'urobiline, ou bien elle
renferme de l'indican. D'autre part, par l'ingestion de sucre on provoque de la glyco-
surie alimentaire, ou bien on constate une diminution dans le rapport azoturique, parfois
une augmentation de la toxicité urinaire.
Hyperhèpatie et parhépatie. ~ En face de l'insuffisance hépatique, il faut ouvrir
un chapitre à l'étude de l'hyperfonctionnement morbide du foie.^L'hyperhépatie se tra-
duit par de l'hyperbiligénie, de Thypercholie, comme dans la cirrhose hyportrophiqae
biliaire de Hanot, par de l'hyperazoturie, et enfin par une hyperglycémie avec glyco-
surie considérable.
Quant à la parhépatie, il est impossible actuellement d'en tracer la physionomie di-
nique : tout se borne à l'étude, à peine ébauchée, des pigments modifiésqu'on peut trouver
dans le sang ou dans lés urines au cours des diverses maladies qui retentissent sur le
foie.
6.-H. ROGER.
§ XXL - CIRCULATION HÉPATIQUE.
Notions anatomiques. — Le foie reçoit ses vaisseaux de deux sources : 1^ de l'ar-
tère hépatique; 2» de la veine porte. La première est destinée à sa nutrition; la seconde
lui apporte les matériaux sur lesquels s'exerce son activité fonctionnelle, au profit de
l'organisme tout entier. A rencontre du poumon, qui possède aussi une double circu-
lation, le foie n'a pour deux systèmes afférents qu'un seul système efTérent : celui des
veines sus-hépatiques; une fois que le sang de l'artère est devenu veineux, il peut em-
prunter comme voie de retour, celle du sang de la veine porte. Il y a aussi quelques
réserves k faire à la distinction établie, au point de vue physiologique, entre les deux
FOIE.
•47
vat»s#aui : s'il parait prouvé que la veine porto est eiclusiveraent dévolue à la circu-
lalion fonclionneUe, et qu'elle ne peut à elle seule fassurer la vitalité de l'organe et
empêcher sa nécrose, par contre l'artère hépatique n'est pas qu'un vaisseau nourricier,
puisqu'elle cûDtribue k entretenir les fonctions biliaire, glyco^'énique (Aiithauo et Bitte),
uropoïétique (Qoïox et DupouitT). Le rôle respectif des deux vaisseaux a d'ailleurs dCg,ï
été étudié dans d'autres chapitres de cet article» et nousjn'avons à nous occuper ici que
des conditions mécaniques de la circulation du foie.
Artère hépatique. — L'artère lièpatique, née du tronc cteliaque.se divise au niveau du
hile du foie en deux branches, dout la droite est la plus volumineuse : ellfs s'engagent
dans les gaines fournies par la capsule de Gu^;>on, suivent le tnéme trajet que les
branches correspondantes de la veine porte, se'di visant et se subdivisant comme ceïle*ci.
Avant de pénétrer dans le foie, l'artère fournil : !» la pylorique; 2* la gastro-duodé-
oale, qui se divise elle-même en gastro-épiploïque droite, ana^^lomosée avec la gastro-
épiploique gauche, branche de la splénique, et en pancréaticû-duodéuale, anastomosée
avec la mésenlérique sypérieure, 11 en résulte que, si on lie lartère hépatique avant
l'émergence de la gaslro-duodénale, l*> foie sera encore largement approvisionné de sang
artériel. C'est un argument que l'on a pu opposer à Scbipf quand ce physiologiste est
venu soutenir que même ta ligature des trois branches àe l'artért^ cœliaque n'empêche
pas la sécrétion biliaire de continuer, et que celle-ci peut être entretenue excïusi-
vtnMIit par la veine porte, ce qui est d'ailleurs parfaitement exact- C'est encore
ce mémo argument qu'AnTHArn et Butje, puis Dovon et Dltourt, ont invoqué pour expli-
quer comment certains expérimentateurs ont vu les animaux survivre indéliniment à
la ligature de Variire hépatique, alors que celte opération doit, si elle est bien faite,
amener fatalement ta mort en quelques jour*. De Dominjci» est arrivé, il est vrai, à des
résultats difTérenta de ceux des physiologistes français, même quand il avait soin de lier
Tarte re hépatique après Témeri^ence de ta gastro-duodénate. Mais, pour âupprimer tout
afilux artériel, il convient, comme l'ant fait remarquer Doyon et Dufourt, de lier aussi la
pylorique.
La dernière collatérale fournie par l'artère hépatique avant de pénétrer dans le foie
est l'artère cystiqup. Cavaué et Pari^, puis C.walié et Billaho ont montré que chei
rbonime et divers animaux le territoire de distribution de celte arière n'est pas limité
à la vésicule biliaire, mais qu'elle fournit aussi des rameaux cystico-bépa tiques qui
irriguent la portion avoisinante du foie, el s'y anastomosent avec des ramifications de
Tartrre hépatique ;d'aulresramiOcations artérielles hépatiques passent à leur lour dufoie
sur la vésicule, vaisseaux hépatico-cystiques. Grâce à ces deux groupes d'anastomoses,
la circulaliim de la vésicule el celle du foie sont, jusqu'à un certain point, solidaires.
Les rameaux fournis par Tarière hépatique dans Tintérieur du foie peuvent être
divisés en : 1» rameaux vasculaires; 2** rameaux des conduits biliaires; S"* rameaux per-
forants ou superOcieb; 4'^ rameaux mterlobulaires ou parenchymateux, (Il nous aparu
préférable de ne pas employer la dénomination de rameaux cafisulaii es, que certains
an leurs appliquent aux rameaux 1^ et t' réunis, les autres aux rameaux 3".)
Les rameaux vasculaires sont destinés aux organes contenus dam la capsule de
Gliston, c'est-à-dire que ce sont des vasa-vasorum pour les branches de division de la
veine porte, et pour celtes de l'artère hépatique elle-même, ainsi que des vaisseaux
nourriciers pour la capsule; d'autres ramtlications du même genre vont aux veines sus-
hépatiques.
Une place à part doit être faîte aux rameaux des conduits biliaires, qui eo reçoivent
un SI grand nombre, qu'après une bonne injection leurs parois en sont entièremenl
couvertes, et se colorent aussi vivement que l'artère.
Les rameaux superficiels ou perforants sont ceux qui, en cerlaius endroits, passent
entre les lobules du foie pour émerger à la surface de l'organe, et constituer, sous soo
enveloppe fibreuse, un réseau à larges mailles; ils se terminent en partie dans cette
enveloppe, en partie dans les lobules sous-jacents.
Les rameaux interlobai rcs accompagnent les veines de même nom. Comme ces der-
nières, elles se divisent dan'^ les espaces inlertobulaires en quatre ou rinq rameaux qui
pénétrent dans les lobules voisins et s'y terminent dans ta zone toute superllcielte du
lobule. Celui-ci reçoit donr, en petite quantité, il est vrai, du sang artériel.
748 FOIE.
La participation directe des ramuscules artériels à la vàscalarisation du lobule n'est
pas admise par tous les auteurs. Le mode de terminaison des veinules qui font suite
au réseau capillaire fourni par l'artère hépatique aux vaisseaux sanguins et aux
conduits biliaires est également un sDget de discussion. Ces deux points doivent être
examinés avec quelques détails, en raison du double intérêt physiologique et patholo-
gique qu'ils présentent.
Gbrzonszczbwsky avait soutenu que le réseau capillaire du lobule est composé d'une
zone centrale provenant de l'artère hépatique et d'une zone périphérique fournie par la
veine porte. En injectant du carmin d'indigo à l'animal vivant, il avait trouvé la matière
colorante au centre du lobule, quand il liait la veine porte; À sa périphérie, quand il
liait l'artère hépatique. Cohnheiii et Littbn reprirent cette étude, en se servant du même
procédé que Gbrzonszczkwskt : ils virent qu'après l'oblitération de l'artère, la veine porte
transportait encore la substance colorante dans l'acinus tout entier; les résultats
contraires obtenus par leur devancier étaient dus à ce qu'il avait injecté une quantité
insuffisante de matière colorante, qui s'était donc localisée à la périphérie du lobule.
Si, d'autre part, le centre du lobule se colore encore après la ligature de la veine porte^
il faut l'attribuer, d'après Gobnheiii et Litte^n, au reflux du sang qai se fait de la veine
cave vers les veines sus-hépatiques : car la réplétion de la zone centrale s'observe
encore, si l'on a lié à la fois l'artère hépatique et la veine porte.
Pour GoHNHBiM et Litten, le réseau capillaire de l'acinus appartient donc tout entier
au système de la veine porte. En outre, le sang de l'artère hépatique, devenu veineux,
n'arriverait au lobule que par voie indirecte : du réseau capillaire fourni par l'artère aoi
vaisseaux sanguins et aux canaux biliaires, partent des veines qui portent le même nom
que les artérioles correspondantes, veines vasculaires et veines biliaires, et qui vont
s'aboucher dans les rameaux interiobulaires de la veine porte. G'est ce qu'on a appeîé
les racines internes ou hépatiques de la veine porte, que connaissait déjà FKaaiui* et
que KiBRXAN a étudiées plus complètement.
La même manière de voir a, été soutenue par Hbioenhain, qui la résume en ce»
termes : « Les rameaux de la veine porte déversent leur sang dans le réseau capillaire
du lobule directement, les rameaux de l'artère indirectement. Geux-ci alimentent l'eii-
veloppe séreuse du foie, la vésicule biliaire, les canaux biliaires, les grosses divisions de
la veine porte (comme vasa vasorum), et le tissu conjonctif. Le sang qui revient de ce»
parties est recueilli par des veines qui débouchent, en tant que racines internes de la
veine porte, dans les rameaux interiobulaires, pour arriver, par leur intermédiaire, a»
réseau capillaire intralobulaire. Ge n'est qu'en certains points que le réseau capillaire
de l'artère communique directement avec celui de la veine porte, sans que des trooc»
veineux collecteurs soient intercalés entre eux. Mais nulle part le sang artériel ne pénitrt
directement, comme on Va souvent soutenu autrefois, par des rameaux artériels dans U
système capillaire des lobules, sans avoir traversé un réseau capillaire nutritifs c'est-à-dire
sans avoir servi déjà à la nutrition d'autres organes. »
On prévoit quelles sont les conséquences que l'on a cru pouvoir tirer de ces disposi-
sions au point de vue physiologique. Lorsque, après la ligature de la veine porte, la sécré-
tion biliaire, par exemple, continue, il ne faut pas conclure de là, dit Asp, et avec loi
Hbidsnhain, que le sang artériel soit apte à entretenir cette sécrétion; car le sang de
l'artère hépatique est devenu veineux avant qu'il parvienne au lobule par l'intermédiaire
des ramiûcations interiobulaires de la veine porte.
Les choses se passeraient de même dans ces cas de malformation où la sécrétion
biliaire persiste, bien que la veine porte débouche directement dans la veine cave sans
traverser le foie. Dans ces observations, on a trouvé des veines interiobulaires perméable»
qui représentaient des branches de division de la veine ombilicale oblitérée. Les rameaux
interiobulaires de rarlère étaient très développés, et leur sang, dit Hbiobnhain, s'était
manifestement déversé dans les rameaux veineux interlobaires, de sorte que les lobule»
hépatiques étaient suffisamment pourvus de sang veineux.
Le même raisonnement peut s'appliquer à toutes les autres fonctions du foie aux*
quelles participe l'artère hépatique. Il serait possible, en effet, que ce vaisseau n'inter-
vint dans l'activité fonctionnelle de l'organe que par cette fraction de son sang, la plus
importante d'ailleurs, qui s'est transformée en sang veineux avant d'aborder le lobule.
FOIE. 7i»
Mais il n'est pas permis d'être arflrmatîtâcet égards puisque rartère hépatique, contrai-
rement à l'opinion de HEiDB.MBAiNt fournit directement à l'acînus du sang oxygéné qui
n'e^t sans doute pas destiné exclusivement h sa nutrition.
L*eiistence de ces ramuscuïes artériels destinés à la périphérie du lobale a toujours
été admise par Koklliker, parSAPPEY, et en général par les anatomistes français; il y a
quelques annf^es^ RATTorfs et Mo.vdini Tont confirmée par des preuves nouvelles,
$ur an autre point encore, la description de Coeivheisi et Litte.v. et de Hkidenbain doit
être rectifiée* Ces auteurs ont exagéré Timporlance et le nombre des racines internes de
la veine porte. Lama jorilé des veinules vasculaires et biliaires, loin de s'ouvrir dans les
ramifications interlobulairesde cette veine, forme un système indépendant et se décharge
au moyen de troncs propres dans les capiMaires des lobules. C'est ce qui résulte des
recherches de Ratto.vk et M(JNDmr '. C'est ce i[u*a soutenu depuis longtemps Sappey, qui a
ranf^é cet ensemble de petites veinules dans son troisième groupe de veines portes
accessoires, veines qui se ramifient directement dans la glande, S.vppky est rn»}rae encore
allé plus loin que les auteurs italiens, puisqu'il n*admet pas qu'il y ail des racines internes
de la veine porte : » Kiernan s'était mépris, dit-il, en pensant que ces veinules allaient se
jeter dans les dernières divisions de la veine porte hépatique. t>
L'ensemble de ces dispositions permet au.ssi de comprendre une particularité qui a
frappé les patholo^istes, à savoir la rareté des infarctus du foie, bien que les divisions de
la veine afTé rente du foie se comportent comme des artères terminales, c'est-à-dire ne
s'anastomosenl pas entre elles. On a beau injecter, d'après Cou.NHFaM, des particules solides
dans la mésaralque et provoquer rohliiération d'un grand nombre de branches de la
veine porte, on ne détermine pas d'infarctus du foie. Counheim et Litten pensaient que
dans ces cas, de mt^me qu'après l'oblitération totale du tronc vasculaire, les racines
intra'hf5patiquG3 de la veine porte sufQseui à entretenir la circulation des lobules, lors-
que li^s veines interlobutaires sont restées perméables, Miiis HArroNg et Mondimî font
remarqut^r que, si le san^ arrivait alors aux tobules exclusivement par cette voie, on
devrait t^onstater de la nécrose du tissu h<^patique quand les dernières divisions de la
veine porte sont elles-mêmes oblitérées. Comme c'est le contraire qu'on observe, il faut
en conclure que firrigation sanguine persiste, gr4ce au système des veines vasculaire s
et biliaires indépendant de celui de la veine porte, mais plutôt encore grâce aux ramus-
cuïes que l'artère fournît directement aux a ci ni.
Outre farlère hépatique, le foie reçoit encore quelques artérioles accessoires, venues
de la coronaire stomachique, de la pylorique, des mammaires internes, des diaphragma-
tiques inférieures.
Veine porte. — La veine porte, formée par la réunion de veines volumineuses, la
grande mésaraïque, la splénique et lu petite mésaraîque, amène au foie le sang de toute
la partie sous-diaphrugmatique du tube digestif, de la rate, du pancréas et des nombreux
gainglions lymphatiques de l'abdomen.
Comme collatéraîes, le tronc du vaisseau reçoit la veine coro naire stomachique, la
pancréatico-duodénale, quelquefois la veine cyslique. La disposition de la pancréatico-
duodéuale mérite d'attirer fattention au point de vue opératoire. Cheï le cbien, elle peut
se jeter à un niveau variable dans le tronc principal, quelquefois 1res près du point où
celui-ci s'enfonce dans le foie, et, ai Ton vient alors à pratiquer la ligature de la veine
porte, il arrive qu'on place le fil au-dessous du point oh elle s'n boucha. Le vaisseau e&l
assez volumineux pour permettra au sang ac^^umulé dans le tractus intestinal de se
déverser encore en partie dans le foie, ce qui fausse absolument les résultats de Texpé-
rience (Cm vejluieh).
En atteigtïant le hile, le tronc de la veine porte se partage en deux branches qui se
dirigent; l'une à droite, fautre à gauch3,et qui s'écartent sous un angle si ouvert qu'elles
semblent former un seul et même conduit, horizontalement couché dans le sillon Irans-
verse,et désigné sous le nom de sinus de la veine porte» La branche droite, plus courte
et plus volumineuse, reçoit, dans la plupart des cas^ la veine cjstique qui se Jette aussi
!. Ces auteurs nient cep«ndftQt rexlstence des vasa vasorum fournis par l'artère hépatique, el
par conséquence aussi colle des veines vasculairea; mais il p&rftU peu vraisemblable que les
parois des branches de la veiae porte el celles de rarière elle -même soieui dépourvues de vaii<
«eaux nourriciers.
750 FOIE.
quelquefois dans le tronc de la veine porte. La branche gauche reçoit quelquefois la
veine pylorique, et donne attache, par son extrémité gauche, en avant au cordon fibreux
de la veine ombilicale, en arrière au cordon fibreux du canal veineux.
Chacune de ces branches se ramifie dans le foie À la manière des artères. Leurs divi-
sions successives parcourent les canaux que leur présente la capsule de Glisso^c, accom-
pagnées par Tartère hépatique et les conduits biliaires : il y a ane veine pour une artère,
la veine étant dix fois plus grosse que l'artère (Gharpt). Indépendamment de leurs
rameaux progressivement décroissants, qui naissent suivant le type dichotomique, les
branches portes fournissent aussi par leurs parties latérales un certain nombre de
ramuscules de difl'érent calibre; elles sont terminales comme les artères de certains
organes, rein, rate, poumons, c'est-à-dire qu'elles sont indépendantes les unes des
autres et ne s'anastomosent pas entre elles.
Les dernières ramifications de la veine porte viennent se placer dans les espaces de
KiERNATT, où elles prennent le nom de veines interlobulaires. — Ces veines, au cours de
leur trajet, s'engagent dans les fissures de KiBRXAif et s'y anastomosent avec les veines
interlobulaires voisines de façon à former tout autour de chaque lobule un réseau
périlobulaire. En général, chaque lobule reçoit des branches veineuses de 4 ou 5 vais-
seaux interlobulaires, et chaque veine interlobulaire se distribue à 4 ou 5 lobules dis>
tincts. Du réseau périlobulaire partent des rameaux extrêmement courts qui pénètrent
dans le lobule et s'y résolvent presque inlmédiatement en de nombreux capillaires.
Capillaires, — Ils traversent le lobule de la périphérie au centre, à la manière de
rayons (capillaires radiés), pour converger vers la veine centrale, intralobulaire, qui
devient ainsi le tronc collecteur d'un système de veines interlobulaires; les capillaires
dont le diamètre est de il à 13 \l s'anastomosent en un réseau dont les mailles logeât
en général 2 ou 3 cellules hépatiques, (une seule cellule, chex le lapin). .Comme les
capillaires, chez la plupart des mammifères, s'unissent de lobule à lobule, la circulation
de l'organe est assurée d'une façon plus parfaite, malgré le type terminal des branches
de division de la veine porte.
La paroi de ces vaisseaux ne présente pas de cellules endothéliales différenciées ; elle
est uniquement constituée par une lame granuleuse continue, particulièrement mince
et délicate, et parsemée de noyaux : ceux-ci, allongés suivant le grand axe du capillaire,
font dans la lumière du canal une saillie très appréciable. Ces particularités, qui rapel-
lent celles des endothéliums vasculaires du fœtus, ont amené RANviBB,qui les a décrites,à
conclure que les capillaires du foie sont restés à l'état embryonnaire, comme on l'observe
aussi dans les villosités intestinales et les glomérules du rein.
D'après Kuppfer, les noyaux des capillaires, avec le protoplasma granuleux qui les
entoure, appartiennent à ces éléments que l'on connaît depuis longtemps sous le nom de
cellules étoilées du foie, et que l'on avait considérés soit comme des cellules conjonctives,
soit comme des cellules nerveuses; cet endothélium possède à un haut degré le pouvoir
phagocytaire : il incorpore les corps étrangers, particulièrement les globules rouges du
sang et leurs débris. C'est une des formes sous laquelle se manifeste le rôle protecteur
du foie (fonctions granulo-pexique, cyto-pexique, etc. Voir plus haut, p. 740).
Le caractère embryonnaire des capillaires hépatiques implique aussi une grande
perméabilité de leurs parois, ce qui doit faciliter les échanges osmotiques; les propriétés
de ces vaisseaux se sont adaptées à la valeur de la pression sanguine, en ce sens qu'une
pression normalement très faible est compensée par une perméabilité plus grande des
parois vasculaires. Celte perméabilité a, en particulier, des conséquences intéressantes
au point de vue de la transsudation des matières protéiqnes. Si l'on classe sous ce rap-
port les capillaires de diverses régions du corps, ce sont ceux du foie qui occupent le
premier rang, puis viennent ceux de l'intestin, et en dernier lieu ceux des membres. En
effet, la lymphe des membres ne contient que 2 à 3 p. 100 de substances albuminoide^.
celle de l'intestin en contient 4 à 6p. 100, et celle du foie 6 à 8 p. 100, quantité à peu près
égale à celle du plasma sanguin (Starli.ng). Comme la lymphe sert d'intermédiaire entre
le sang et les tissus, les cellules hépatiques ont donc à leur disposition un liquide riche
en albumines. D'autre part, comme la lymphe du foie et le sang du foie présentent à peu
près le même degré de concentration, leur pression osmotique, en tant qu'elle dépend
des matières protéiques, sera à peu près égale de part et d'autre; le liquide transsudé
FOIE.
731
I
de tendance à renlrer dans les vaisseaux sanguins, d'où il résulte que Je foie
ne qMi produit la pltis grande quantiït'- de lymphe (Starlipïg).
Vdnes aus-fiépiitique^, — La circulation de départ se Fait par les veines sus-hepatiques»
dont les origines occupent le centre du lobule sous la forme d'un vaisseau collecteur des
capillaires de l*ilot bépalique. Les veines intra-Eobutaires s'abouchent à angle droit vers
la base du lobule daus des veines plus volumineuses, les veines sublobulairesde Kiernan.
qui se réunissent à leur tour pour former des troncs d'un diamètre de plus en plus grand,
jusqu*à ce que se constituent les veines sus-hépatiques, qui se dirigent vers le bord posté-
rieur du foie pour s'ouvrir dans la veine eave inférieure. On distingue : 1^ les petites
veines sus-hépatiques qui naissent des lobules voisins de la veine cave, et qui, au nombre
de 20 environ, sont irréiïulièrement distribuées le long de la gouttière du foie qui reçoit
oe vaisseau; 2^ les grandes veines sus-hépatiques, en général au nombre de deux ; Tune,
droite, plus volumineuse, qui reçoit ses racines du lobe droit et quelquefois du lobule de
Spiegel; Taulre, gauche, qui reçoit les veines du lobe gauche, du lobe carré et générale-
ment du lobule de Spiegel«
Les parois des veines hépatiques adhèrent au tissa do foie, de sorte que, dans let
troupes que Ton pratique sur Torgane, elles restent béantes, alors que les branches portes
au contraire, lâchement unies h la capsule de Glisson, s'affaissent quand on les coupe.
Structure et rulvides df& reineia afférentes cl effércntes, — L'épaisseur de la paroi du
tronc porte est d'un demi-millimètre ; la tunique musculaire atteint une épaisseur de
!58 [A (Kôlureb). La veine porte est comprise dans le deuxième groupe d'EpKHTH, c'est-
à-dire dans le groupe de veines qui possèdent deux couches de fibres musculaires, une
interne circulaire, une externe longitudinale. Les caracti^res essentiels sont les mêmes
chez l'homme, le chien, le lapin, le rat. Dans tous ces animaux, la ttmique intr^rne est
réduite à une simple couche de cellules «judolbéliales qui reposent sar un réseau élas-
tique dont les principales travées alfectent une direction perpendiculaire à celle du vais-
seau. SucHARD a montré que Torientation de Vendothéliom varie avec la direction des
fibres musculaires et avec la forme que présente le vaisseau au moment de lear contrac-
tion; c'est ainsi par exemple que chez le rat, comme les libres longitudinales l'emportent
sur les transversales, les cellules de Tendothélitim sont allongées, non plus suivant Taxe
du vaisseau, mais perpendiculairement à cet axe.
Chei le chien* Koeppe divise le territoire de la veine porte, au point de vue de la
structure, en trots segments : i*» le tronc de la veine et se» principales branches qui ont
une double couche musculaire et sont dépourvues de valvules; 2* les veines intestinales,
longues et courtes, qui possèdent des valvules et qui ont une forte couche transversale
interne avec peu de libres longitudinales externes; 3° un territoire sans valvules et sans
muscles, le réseau sous-muqueux. Si Ton poursuit la veine porte dans Tinlérieur du
foie, les branches de division gardent une épaisse couche de fibres longitudinales et se
dépouillent peu à peu de leurs fibres annulaires. Ainsi, tandis que dans le tronc de la
v^ine porte les deux coucher musculaires sont également développées, vers Tintestin c'est
la couche circulairep dans le foie c'est la couche longitudinale qui prédomine.
On voit aussi «jue, contrairement aux données classiques, les origines intestinales de
la veine porte sont munies de valvules. Il est vrai que celles-ci font défaut dans le tronc
de la veine porte et *les grosses branches, a Hyrtl dit que, parmi tous les animaux qu'il
a examinés, le rat est le seul qui possède dans le tronc porte une valvule d'ailleurs remar-
quable ; mais il faut faire une exception pour les petites branches viscérales» On a
constaté des valvules che^ le cheval, le porc, certains singes. Les carnassiers et les rumi-
nants possèdent des valvules de tout le système gastro-splénique (Hocrstetixr)* C'est
»ebei le chien qu'elles sont les plus fortes et les plus suffisantes; c'est également étiez cet
animal que Bryant et Korppe les ont constatées dans les veines du gros et du petit
intestin. Ces valvules sont paires et siègent de préférence sur les petites veines au point
ou elles s'appliquent sur le viscère et oii elles s'ouvrent dans les arcades veineuses
marginales; on peut compter jusqu'à 9 paires valvulaires sur un territoire de 7 milli-
mètres. (CHAHPYf. » Elles existent également chez l'enfant nouveau-né ; mais elles dispa-
raissent rapidement par atrophie, et on ne les retrouve qu'en petit nombre chez
traduite.
Les parois des grandes veines sus-hépatiques sont plus minces que celles de la veine
I
752 FOIE.
porte et mesarent 360 (i; elles possèdent également une forte tuniqae musculaire à
double couche, longitudinale externe et circulaire interne. CSependant, ches Thomme, la
tunique musculaire est relativement peu épaisse ; chez le cochon, elle est déjà très accu-
sée ; chez le cheval et le bœuf elle atteint une épaisseur de 3 à 4 millimètres (Sappit).
L'ensemble des veines efférentes est généralement considéré comme dépourvu de val-
vules. Toute/ois Ghauvbau et Arloing décrivent des valvules incomplètes aux orifices
des veines sus-hépatiques chez les solipèdes. Même, d'après Donnbl, on trouve de grandes
et fortes valvules sur les troncs et les branches de ces^ veines chez diverses espèces ani-
males. Le fœtus humain en posséderait également, tandis que chez l'homme adulte elles
ont à peu près disparu.
Veines portes accessoires : Communications de la veine porte avec le système veineux
général, — Indépendamment du sang que lui amène la veine porte, le foie en reçoit
«ncore de certaines veinules qui se réunissent pour former un tronc qui se ramifie
^ans la glande, de sorte qu'elles constituent autant de petites veines portes, appelées
veines portes accessoires. Après Toblitération du tronc porte, ces veinules laissent donc
«ncore arriver au foie une certaine quantité de sang; d'autre part, dans les mêmes con-
ditions d'imperméabilité de ce vaisseau, quelques-unes de ces veinules permettent au
sang de la veine porte de se déverser dans la circulation générale.
Sappby a divisé les veines portes accessoires en 5 groupes. Le premier groupe, situé
dans i'épiploon gastro-hépatique, comprend plusieurs veinules qui proviennent, soit de
la petite courbure de l'estomac, soit de I'épiploon lui-môme. Elles viennent se jeter dans
les lobules qui limitent en avant et en arrière le sillon transverse du foie; quelquefois
la veine pylorique fait partie de ce groupe.
Le deuxième groupe est formé par 12 ou 15 veinules qui de la vésicule biliaire se
rendent aux lobules hépatiques voisins.
Le troisième groupe, ou groupe de veinules nourricières, comprend tout cet ensemble
de veinules fort petites qui, naissant des parois mêmes de la veine porte, de l'artère hépa-
tique et des conduits biliaires, viennent se ramifier dans les lobules du voisinage, après
avoir traversé la capsule de Glisson. 11 a déjà été question de ce groupe à propos de la
distribution de l'artère hépatique; on a vu que le mode de terminaison de ces veinules
nourricières est bien, d'après les recherches plus récentes, celui que leur avait assigné
■Sappet, au moins pour la grande majorité d'entre elles; ce n'est qu'un petit nombre de
•ces vaisseaux qui constitue les racines internes de la veine porte.
Le quatrième groupe est formé de veinules très grêles qui prennent naissance à la
face inférieure du diaphragme et descendant vers le foie en suivant le ligament suspen-
seur. Toutes ces veines cependant ne se rendent pas au foie, quelques-unes suivent oo
trajet ascendant et se jettent adns les veines diaphragmatiques inférieures. Ace groupe
il faut en rattacher un autre, décrit par Galori en 1880, et situé dans le ligament coro-
naire; ces veinules rappellent exactement celles qui cheminent entre les deux feuillets
du ligament suspenseur, c'est-à-dire que les unes se jettent dans le diaphragme, les
autres se rendent au foie (Mariau).
Le cinquième groupe, groupe parombilical, est le plus important; il est composé de
veines qui se portent de la partie sus-ombilicale de la paroi antérieure de l'abdomeo
ers le sillon longitudinal du foie. Situées dans la partie inrérleure du ligament suspen-
seur, elles suivent le cordon fibreux de la veine ombilicale, dont elles sont les satellites,
«t qui leur sert pour ainsi dire de support. Les unes vont se jeter dans lesjlobules hépa-
tiques du sillon longitudinal et mériteraient en réalité seules dans ce groupe le nom
de veines portes accessoires. Les autres aboutissent, en efi'et, soit à Tembouchure de la
veine ombilicale qui reste toujours perméable sur une étendue de 12 à 15 millimètres»
soit à la branche gauche de la veine porte; elles représentent par conséquent des racines
de la veine porte, mais racines pariétales et non plus viscérales. Parmi elles la plus
grosse et la plus constante a reçu le nom de veine parombilicale ou adombilicale (Schiff),
tandis qu'on réserve le nom de petites veines parombilicales aux autres veinules du
groupe.
Ge qu'il est important de noter, c'est que deux des groupes de Sappet, le quatrième et
le cinquième, proviennent exclusivement de l'enceinte abdominale (diaphragme et paroi
ventrale antérieure), où elles entrent en relation, d'uns part avec les radicules des veines
FOIE.
7Si
I
thoraciqQes et mammaires luternes, tributaires de la veine cave supéneure, d'aatre
part avec les veines épigaatriques et sou s -cutané es abdomioales, Iribtitaires de la veine
cave inférieure; elles établissent ainsi» entre le système porte et le système veineux
général, des commnnicalion:^ multiples qui dans certains cas peuvent prendre un grand
développement. La principale de ces voies anastomotiques est représentée parle cinquième
groupe. Dans les conditions normales, fa circulation s'y fait de la périphérii? au Poîe;
elles sont en effet munies de valvules qui regardent cet organe. Mais^ quand la veine
porte est oblitérée, le rellux force les valvules, et le sang circule en sens iaveise» du foie
à la paroi abdominale, surtout vers les veines épîgastriques qui l'amènent dans la veine
iliaque cï terne.
Le rôle que joue la veine ombilicale dans rétablissement de cette circulation dériva-
live a été fort discuté, D'aprôs Sappry, tous les faits invoqués pour démontrer la persis-
tance de cette veine, doivent être considérés comme autant d'exemples de la dilatation
de Tune des veinules comprises dans le ligament suspensenr, de celle que Ton a nommée
depuis la grande veine parombilicale; lorsque ce vaisseau est anormalement distendu,
il représente si bien p^r son calibre, sa situation, sa direction, la veine ombilicale qu'il
a été pris pour celte dernière, restée cependant imperméable.
Par contre, BATMiiAaTEN aurait constaté. 5a fois sur 60, au centre du cordon de la veine
ombilicale, un canal ayant t> à 10 centimètres de long, tapissé d'un endothélium et con-
tenant du sang. Normalement, ce canal est parcouru pendant la vie par du san;^' qui
va au foie et qui lui est apporté par des branobes collatérales, c'est-à-dire par les veines
parombilicales. La grande veine parombilicale ne serait autre cbose que la veine signalée
par RfHow chez le fœtus, et qui coiïtinue à se développer après la vie intra-utérine.
BrHow (1838) avait, enelTet décrit, comme un fait constant cbez le nouveau-né l'existence
d'an petit tronc veineux qui naît des veines épigaslriqués, et qui, apréi avoir cheminé
quelque teni|w sur la paroi abdominale, vient s'ouvrir dans la veine ombilicale près de
son entrée dans le foie. Dans un tiers ou un quart des cas, la veine de BuKOW, devenue
la grande veine pat ombilicale, au lieu de se jater dans la veine ombilicale, se jette direc*
loment dans le sinus porle, et te canal ocnbilical ne reçoit plus que les petites veines
accessoires* C'est de la persistance du canal ombilical et de sa lar^'eur orijyinelle que
dépendrait l'importance de la circulation collatérale an niveau de Tombilic dans les cas
de cirrbose.
Vau Robin, de son côté, s'accordait avec Saitby pour nier la perméabilité de la veine
ombilicale chez laiulte, sanfà son ©mboucbure: en outre, de ses injections chez le nouveau-
né, il a conclu que dans son trajet le long des parois abdominales et jusqu'au bile du foie,
celle veine ne reçoit aucune branche des vaisseaux de la paroi, contrairement à Bcnow,
WRaTHEiMEn a trouvé» corami Bicmoarten, dans le cordon de la veine ombilicale, une
cavité remplie de sang, mais a fois sur 16 seulement; l'orillce mesure 14 à t 5 de milli-
mètre, et se dilate dans les casde cirrhose; mais ce n'est pas la lumière de la veine ombi-
licale qui est re.^tée perméable; l'onlice appartient à une veine de nouvelle formation,
développée au centre du bjuclio:i de tissu conjonctif qui a oblitéré la veine ombilicale*
WtRTHEiiiEK a désigné cette veinule sous le nom de veinn, centro-ombilicale par opposi-
tion à la veine parombilicale. Il a pu injecter aussi 5 fois sur li la veine de Bufiow cheJt
le Douveau-né à terme; mais il est d'avis que ce vaisseau partage le sort du tronc dans
lequel il se jette, c'est-à-dire qu'il s'oblil*>re avec la veine ombilicale elle-;néme. Eu
résum'i, les veines que Ton trouve au centre et à la périphérie du cordon de
celte veine n'auraient aucune relation généalogique directe avec le système de la veine
aîlantoidiênne.
Le dernier auteur qui s'est occupé de la question, MjintAU,e9t arrivé à des conclusions
qni se rapprochent sen^ibleuient de celles de Wërtheiveh. .\Ueiau a trouvé que, 22 fois
sur 40, le bout hépatique de la veine ombilicalel aisse écoulerdusang à la coupe, etTorifice
représente l'ouverture d'une veinule centrale, par l'intermédiaire de laquelle on peut injec-
ter le groupe des veinules paronibilicales. Dan-» d'autres cas, il reste une cavité qui semble
représenter l'ancietme lumière de la veine ombilicale; mais cette veine ne donne pas de
sang à la coupe, t;t, si Von fait une injection dans son oritice, le vaisseau se remplit jusqu'à
sa réflexion sur la paroi abdominale, sans que jamais rinjeclion envahisse les veinules
du 5* groupe ou celles de la paroi abdominale.
01CT» t>i pavsiOLooiK. — Toaie vu êi^
lU FOIE.
D'après TexÀmen microscopiqae de ces yaîsseaux fait par Vialleton, tantôt le canal
plein de saog a paru n'être qne la veine ombilicale elle-même; tantôt la disposition de
la veinule était bien telle que Ta décrite Werthsimbr; tantôt une simple fente indiquait
l'existence d'une lumière, et des coupes de vaisseaux se montraient çà et là dans le
champ de la préparation. Les injections de Mariau lui ont montré également que le
réseau veineux abdominal afférent à la veine ombilicale n'existe plus à la naissance, ce
qui revient à dire que ce vaisseau ne peut plus servir de voie collatérale.
Malgré l'autonomie de son territoire, le système porte, comme on vient de voir, n'est
donc pas absolument fermé ; mais, en dehors des anastomoses qui l'unissent au système
cave, au niveau de la paroi abdominale antérieure, il entre encore en relation avec lui :
i^ par des anastomoses œsophagiennes; 2° par des anastomoses rectales; 3° par des anas-
tomoses péritonéales ou système de Retzius.
Au niveau du cardia, les radicules de la coronaire stomachique s'anastomosent
avec les veines diaphragmatiques inférieures, tributaires de la veine cave inférieure, et les
veînes œsophagiennes, tributaires de l'azygos. La veine splénique entre aussi normale-
ment en rapport dans le voisinage de la queue du pancréas avec les branches radiculaires
de l'azygos (Luschea).
L'existence des communications avec l'azygos a été démontrée expérimentalement
chez le chien par Mall. Ce physiologiste lie, d'une part, le tronc de la veine porte ; d'autre
part, Faorte et la veine cave inférieure immédiatement au-dessus du foie. Les artères
intestinales ne reçoivent plus de sang, mais les grosses branches et le tronc de la veine
porte en sont encore remplis. Si l'on vient alors à exciter le splanchnique, la constriction
des vaisseaux portes, qui reçoivent de ce nerf des filets vaso-moteurs, produit une augmen-
tation notable de la pression carotidienne. 11 est facile de voir, d'après les conditions
de l'expérience, que ce sang n'a pu passer de la veine porte dans la circulation générale
que par l'intermédiaire de l'azygos et de la veine cave supérieure.
Mariau a signalé aussi l'existence de nombreuses veinules qui partent de la face posté-
rieure de l'estomac, gagnent la région du c^dia, puis passent sur le diaphragme pour se
jeter dans les veines capsulaires et rénales.
A l'autre extrémité du tube digestif, les veines hémorroïdales supérieures, origines
de la petite mésaraique, communiquent d'une part avee les hémorroïdales inférieures,
branches de la honteuse interne et les hémorroïdales moyennes, branches de Thypogas-
trique. Cette dernière anastomose est peut-être la plus considérable de toutes les anas-
tomoses porto-caves : c'est une voie de communication relativement large.
Enfin, en divers points de la paroi abdominale, des radicules des veines mésen-
tériques s'unissent à des veines du péritoine pariétal qui vont se jeter elles-
mêmes dans quelque veine tributaire de la veine cave inférieure, telle que capsulaire,
spermatique, rénale, etc. C'est ce qu'on a appelé le système de Retzius, qui est surtout
développé dans les points où le tube intestinal est rapproché de la paroi abdominale posté-
rieure, et où il repose sur elle sans interposition de péritoine (duodénum, côlon lombaire
ascendant et descendant). Tuffier et Lejars ont décrit des anastomoses porto-rënales
directes, c'est-à-dire des canaux veineux qui se rendent directement d'une veine colique
ù la veine rénale. Cl. Bernard avait déjà appelé l'attention sur ces communications.
« Lorsque chez les mammifères on a détruit la veine porte, il se produit des anasto-
moses constantes avec la veine rénale. » Ces anastomoses, Cl. Bernard tendait même à
les considérer comme l'équivalent du système de Jacobson des oiseaux et des vertébrés
inférieurs.
L'ëpiploon peut aussi servir à établir des relations entre le système porte et les veines
caves. Dans un cas, rapporté par Doyon, où des lésions consécutives à la ligature du canal
cholédoque avaient^ entravé la circulation veineuse hépatique, et où l'épiploon avait été
accidentellement compris par une suture entre les lèvres de la plaie abdominale, on put
constater l'apparition d'un riche réseau d'anastomoses réunissant par l'intermédiaire
du repli péritonéal le système de la veine porte avec les fémorales et les axillaires. En
cas d'ascite par cirrhose du foie, il peut donc être avantageux, comme l'ont d'ailleurs fait
(les chirurgiens, de fixer l'épiploon dans la paroi abdominale.
D'une manière générale, les anastomoses du système porte avec le système cave ne
siègent que sur de petits vaisseaux, et n'ont qu'une fonction physiologique insignifiante :
FOIE.
755
I
I
elles n'acquièrent leur împ<>rtanc3 que dans les cas d'obstacle k la circalalion hépalique.
Cl. BiRNAUO a décrit chez le cheval des communications directes entre la veine porte et
la veine cave inférieure » par rintermôdiaire de petits rarauscîiles qui vont déboucher
dans ce dernier vaisseau au niveau de la gouttière du foie destinée à le loger : on les
rencontrerait aussi chez des animaux autres que le cheval, et même chez Tliomme; mais
elles sont plus variables et moins dt^veloppées. D*après Sappey, c'est à tort qye ces anasto-
moses ont été mises en doute par quelques observateurs chez le cheval; cependautCHAC-
vtAU et Arloing ne croient pas qu'il y ait des voies directes chez les animaux domestiques.
Chezrhomme, Sappey» Cvlori, CrtAnnY le sont vainement cherchées, SinouaiN soutient,
au contraire, que les veines sus-hépatiques reçoivent un certain nombre de rameaux qui
proviennent directement des branches glissoniennes de la veine porta sans passer par le
jobnie, veines porto-sus-hépaliques.
iDdèpendance de la circulation des deux lobes du foie. — GlAnard et Sinvct»
avaient observé que, si Ton injecte de Teau dans une des branches de la veine porte, la
branche droite, par exemple, le lobe droit augmente de volume, devient turg^escent,
tandis que le lobf* gauche reste llasque et mou. Les vaisseaux communiquent donc entre
eux dans le même lobe, mats non d*un lobe à l'autre. Skhkgk a repris et complété ces
expériences, et est arrivé aux mêmes résuttals. Si Ton injecte dans la brani^he gatiche
Ue bifurcation de la veine porte 600 c, c. d*une solution aqueuse de bleu de méthylène,
la ligne de démarcation des deux territoires vaseulaires examinée sur la surface convexe
est absolument nette; elle repnSsente une ligne s'étendant de Tincisure biUaire à Tem-
bouchure des veines sns-hëpatîqaes; la ligne obliquement sinueuse délimite une partie
du lobe carré et laisse intact le lobe de Spik<;el. Sur une cotipe transversale la ligne de
démarcation est «ncore bien plus nette; l'un des lobes est entièrement bleu, l'autre a sa
teinte normale.
Il existe la mt^me indépendance entr+! les territoires donnant naissance aux veines
«us-hépatiqties. En injectant dans la veine issue du lobe droit une solution ]de bleu de
méthylène, le lobe droit en entier, avec le lobe de SPiEr,EL, se gonfle et se durcit,
alors que le lobe gauche et le lobe carré restent llasques et incolores,
Sétéoiî. est encore allé plus loin : il a cherché à démontrer que le sang porte n'est pas
homogène, qu'il existe dans la veine porte deux courants sanguins» orientés^; l'un, de la
grande mt^saraïque vers le lobe droit du foie; Tautre, de la splénique et de la petite
raésaraïque vers le lobe gauche, courants qui restent distincts dan»? le tronc commun de
la veine ; telles deux rivières qui, ayant une couleur, une densité, des propriétés spéciales,
conservent encore leur individualité quelque temps après leur réunion.
En efTetn, apr^^s l'injection d'une très petite quantité d*encre de Chine dans une veine
d'origine de la grande mésenléri«îue, SnaK^iiS n'a trouvé les particules de la matière
injectée que dans le lobe droit, et uniquement dans ce lobe. En répétant Texpérience sur
nne veine d'origine de la splénique, on a conslaté la présence de iVncre de Chine eiclu-
sivement dans le lobe gauche. Les ré??uîtats ont été les mêmes ch'^z l*^s chiens et les
lapins. Ainsi il semble que le sang des deux veines, grande mésentérique d'une part et
splénique de l'autre, Tje se mélangent pas dans le parcours commun de la veine porte vers
le foie.
Les observations cliniques concordent avec les résultats de Teipérience : une lésion
primitive du territoire intestinal, qui donne naissance à la grande mésentérique, s*accom*
pagne d'une lésion ser.ondaire du lobe droit du foie; une lésion primitive du territoire
de la splénique et de la petito m^^senlérique, d'une lésion secondaire du lobe giuche.
Mécanisme de la circalation hépatique. Pression et vitesse du sang. — La
veine porte eî^t comprise entfiî deux systèmes capillaires; à rintérieur du foie la fdus
grande partie du sang de l'artère hépatique est reçue dans de petits troncs veineux qui
représentent eux-mômes de* veines portes mina:*cules; le système de Tartère hépatique
et celui de la veine porte sont enchevêtrés Tun dans l'autre; de là. pour la circulation du
foie des conditions complexes, dont quelques-unes sont encore imparfaitement coormes.
Les principales influences auxquelles est soumise la circulation porte sont : {'* ta vU
a tertjo, qui dépond non seulement de la pression artérielle générale, mais encore de la
facilité plus ou moins granie avec laquelle le réseau artériel des viscères abdominaux
756 FOIE.
impulsive les capillaires hépatiques; 3<> les variations du vide pleural et de la pression
abdominale; 4<> Tétat de tonicité des parois veineuses elles-mêmes.
L* action combinée de la vis a tergOf des résistances capillaires dans le foie, de la
pression abdominale positive entretient dans la veine porte une pression d*environ 7 mil-
limètres de mercure. D'après Rosapelly, ce chiffre serait un minimum, et la pression
constante s'élèverait souvent à 15 ou môme 20 millimètres; en réalité, la moyenne ne
dépasse guère 7 millimètres, d'après les données de différents expêrimentateurs,'et aussi
d'après nos propres observations. Mais, dans les veines sus-hépatiques, la pression
constante s'élève à peine au-dessus de la ligne du 0 et devient souvent négative, grâce à
l'aspiration pleurale qui s'exerce avec d'autant plus d'efficacité sur les veines eCTérentes
du foie que ces vaisseaux sont maintenus béants par leur adhérence au tissu hépatique,
elqu^elles viennent s'ouvrir dans la veine cave en un point où celle-ci adhère elle-même
au centre phrénique du diaphragme. La différence de pression entre la veine porte et les
veines sus-hépatiques, qui est donc d'environ 5 à 6 millimètres de mercure, suffit à assurer
la circulation du sang à travers le foie.
Mais la progression du liquide est encore facilitée par diverses influences, dont la
plus importante est celle de la respiration. Les mouvements respiratoires font varier la
pression en sens inverse dans les veines sus-hépatiques et dans la veine porte. L'abais-
sement du diaphragme qui agrandit la cavité thoracique pendant l'inspiration et renforce
le vide thoracique, diminue en même temps la capacité de l'abdomen en comprimant
les organes et les vaisseaux qui y sont contenus. Or les veines sus-hépatiques obéissent
à l'influence thoracique, la veine porte à l'influence abdominale, c'est-à-dire qu'à l'inspira-
tion, la pression diminue dans les premières, augmente dans la seconde; c'est l'inverse à
l'expiration.
On doit à Rosapelly une étude complète de ces variations. Dans les veines sus-hépa-
tiques où la pression moyenne est toujours, comme nous l'avons dit, très faible, les
marima ne s'élèvent pas au-dessus de 3 à 4 millimètres, les minima varient entre -h 1
et — 7 à — 8. On peut d'ailleurs, à ce point de vue, distinguer, d'après Rosapelly, deux
types de tracés : ou bien la courbe reste toujours au-dessus de 0, c'est-à-dire que la
pression, quoique peu élevée, reste positive aux deux temps de la respiration ; ou bien les
oscillations sont plus considérables, et les minima descendent bien au-dessous de 0, iodi-
quant ainsi une pression négative intermittente. Dans les cas d'obstacle à l'inspiration,
la courbe dénote à chaque inspiration une pression négative plus prononcée encore, en
même temps qu'il se fait un abaissement notable de la pression constante, le tracé restant
presque toujours au-dessous de la ligne du 0.
Par contre, dans la veine porte, si la pression est, par exemple, de 7 millimètres, elle
montera pendant Tinspiration à 9 ou 14 millimètres, suivant que l'inspiration est plus
ou moins forte. Lorsqu'on apporte un obstacle à l'entrée de l'air dans la poitrine, la
pression dans la veine porte n'est pas sensiblement modifiée; mais, lorsqu'on gêne l'expi-
ration, elle s'élève à une hauteur de 22 ou 32 millimètres.
Il est à noter que dans la veine cave abdominale, même au-dessous du foie, les. modi-
fications de pression liées à la respiration ne sont pas les mAmes que dans la veine porte:
elles suivent les variations de la pression pleurale, et non celles de la pression abdomi-
nale. S'il en est autrement pour la veine porte, c'est que le réseau capillaire du foie
empêche l'aspiration thoracique de se propager à ce vaisseau.
On admet généralement qu'au moment de l'inspiration le sang, qui est appelé vers les
veines sus-hépatiques par le renforcement du vide pleural, y est en même temps refoulé
par la poussée abdominalequi s'exerce sur la veine porte. Mais il est possible que les effets
de cette poussée soient plus que contrebalancés par l'augmentation des résistances due à la
compression du foie, et que l'inspiration soit plutôt une gêne pour la circulation dans le tronc
porte. Ce qui est certain, c'est que la déplétion veineuse du foie lui-même est facilitée
à chaque inspiration par l'action à la fois aspirante et foulante du mécanisme respiratoire.
C!omme autres causes adjuvantes de la circulation porte, il faut signaler les con-
tractions de l'intestin, et surtout celles de la rate. L'intestin, dansses mouvements péris-
taltiques, expulse le sang contenu dans l'épaisseur de ses parois : ici apparaît l'utilité des
valvules qu'on a signalées dans les petites veines, le long du bord adhérent du viscère;
elles s'opposent au reflux du saug quand l'intestin rentre au repos.
FOIE,
757
Plus imporianU paraissent être les effets des contractions de la raie. Chaque fois que
-tel organe revient sur lui-méine, il exprime une partie de son saniî dans la veine porte.
Ce» relations entre la circulation du foie et celle de la rate sont connues depuis long-
temps; IdALOWicz et Pal les ont étudiées avec plu» de précision ; plus récemment François
Fbangk et Ballion les ont enreju'istrées au moyen de la méthode pltHhjsmographique.
Sur les courbes publiées par ces physiologistes, on voit que^ pendant Tercilation du
splanchnique^ le volume du foie (énervé, if e.^t vrai, au niveau du hile) augmente, en même
temp-^ que le volume de la rate diminue. Comme les contractions de la rate se succèdent
normalement à itjtervalles assez réguliers, cet organe agît en quelque sorte sur la circu-
lation porte à la manière d'un cceur périphérique.
Ba\lis* et Starling ont cherché à déterminer comment ^e modille la pression dans les
capillaires hépatiques sous rinlluence de divers facteurs» nerveux ou mécaniques : il ne
sera question ici que de ces derniers. Le principe de la méthode consiste A juger de la
pression dans le réseau capillaire du foie d*après les valeurs respectives de ta pression
dans le vaisseau afférent, la veine porte^ et dans les vaisseaux efTérents, c'est«à*dire les
feines sus-hépatiques ou plutôt la veine cave inférieure.
A la suite de roblitération de Taorle tboracique, la pression diminue dans la veine
porte; mais elle ne se modifie pas ou même elle s'élève légèrement dans la veine cave, à
cause de l'obstacle que la conipr^^ssion de Tarte re apporte à la déplétion du cœur,
Coratne la pression dans les capillaires, d*après Batliss et Stabling, dépend plus direc-
tement de la pression dans le vaisseau efférent que de celle ilu vaisseau alférent, ces
physiologistes en corjcluent qu'elle a gardé sa valeur normale et quVlle peut même
avoir faiblement augmenté, malgré la chute de pression dans la veine porte.
L^obstruction de la veine cave au-dessus du diaphragme aura évidemment comme
effet une élévation simultanée de pression dans le segment sous-diaphragmalique de
cette veine ainsi que dans la veine porte et, par suite, aussi dans les capillaires hépatiques.
Si l'on provoque un état de pléthore hydrémique en injectant à un animal 500 c. c*
de la solution physiologique de chlorure de sodium, on détermine une forte augmentation
de pression, et dans la veine cave et dans la veine porte. Ainsi, par exemple, dans ce
dernier vaisseau, la colonne manomélrique s'élève de 08 k 320 millimètres (solution de
sullfale de magnésie d'une densité de 1046) pnur tomber ensuite lentement à 194 [milli-
mètres. Dans la veine c^ve, elle monte de 33 millimètres à 24a pour s'abaisser un peu plus
tard & 120. Par conséquent, la pression dans les capillaires hépatiques sera fortement
augmentée; et, comme Ja pression dans la veine porte s^éb'ive relativement plus haut
<|ue dans la veine cave, il en résulte que la vitesse du courant sanguin à travers le foie
sera accrue; l'hyperémie est active, non passive. L'intérêt de ces observations réside
dans les conséquences qu'on en a déduites au point de vue du mécanisme de la produc-
tion de la lymphe par le Ifoie.
Les actions nerveuses ont aussi une inlluence considérable sur la circulation hépa-
tique. Elles ne se bornent pas, comme on Ta cru pendant longtemps, à modifier les
résistances dans le Lerriloire des artères viscérales tributaires de la veine porte; mais
on sait aujourd'hui qu'elles s'exercent directement par Tintermédiaire des splanchniques
sur les vaisseaux du système porte qui ne possèdent leur épaisse musculature que pour
répondre plus activement à ce mode d*excitation. Aussi les variations de calibre de la
veine porte et de ses branches ont-elles une large part dans les variations de vitesse et
de pression du courant sanguin. Mais, l'innervation vaso-motrice du foie ayant déjà fait
Tobjet d'une étude spéciale, on n'y reviendra pas ici. Notons seuletnent dans cet ordre
de faits que, pendant la période dif^i^stive, la pression constante dans la veine porte est
plus forte que chez ranima! à jeun, et est comprise entre iO et 24 millimètres (Uosapelly) ;
les artères du tractus intestinal sont alors le siège d'une dilatation active, et laissent
passer dans la veine porte une plus grande quantité de sang.
Chez le fœtus, les conditions mécaniques de la circulation hépatique ue sont plus les
mêmes que chez l'adulte, puisque le mécanisme respiratoire n'est pour rien dans la progrès,
sion du sang, et que la vtJia tergo intervient seule, ou du minns n*a plus d'aulre aide que Tas-
piration propre au cœur lui-même. Il est intéressant de voir ce qui sapasse dans le domaine
du système porte au moment de ia naissance. Pendant la vie intra-ulénne, la pression
Teineuse est très élevée, de 16^4 à 34 millimètres, dans la veine ombilicale (voir Fottut)
758 FOIE.
et d'une valeur sans doute à peine moindre dans les veines sus-hépatiques el la veiat
cave. Dès les premières inspirations, la pression dans les veines sus-hépatiques, d'après
GoHNSTEiN et ZuNTz, doll subir brusquement un abaissement considérable et tomber aa
voisinage de 0, sous rinlluence du vide pleural. C'est à ces changements de pression
dans les veines effé rentes que ces physiologistes ont cru pouvoir attribuer l'ictère des
nouveau-nés, parce qu'une partie du contenu des canaux biliaires tend à pénétrer dans
les veines intra-lobulaires ou dans les voies lymphatiques, qui sont soumises, elles aussi,
à une chute de pression semblable. En réalité, il n'en est pas tout à fait ainsi ; Hebmaioi
a montré que l'aspiration pleurale constante ne s'établit pas brusquement dès les pre-
mières inspirations, mais se manifeste, au contraire, progressivement dans les jours qoi
suivent la naissance. Il faut donc déduire de là que l'élasticité pulmonaire n'exerce paf
encore au début une succion permanente sur les gros vaisseaux contenus dans le
médiastin, et que l'appel du sang veineux vers le thorax ne se fait que par intermittence
à chaque inspiration.il est possible que ces premières aspirations, en facilitant la déplé-
tion des veines sus-hépatiques, tendent à y attirer la bile : mais le mode d'action de
l'appareil respiratoire serait alors quelque peu différent de celui qu*ont admis Cobnstiuc
et Za.NTz.
On a encore invoqué, pour expliquer l'ictère des nouveau-nés, rabaissement de pres-
sion qui se produit dans la veine porte parla cessation du courant de la veine ombilicale
(Fherichs). D* après une autre théorie, soutenue par Quinolb et reprise plus récemment
par ScHREiBEB, c'est la perméabilité du canal veineux d'ÀRANTius qu'il faut incriminer.
A l'état normal, la bile résorbée dans l'intestin ne dépasserait pas le foie et retournerait
ensuite à l'intestin (circulation entéro-hépatique de la bile) ; si le canal d'ÀBAinrius est
resté perméable, une partie de ce liquide résorbé passerait directement dans la circu-
lation générale et jrait imprégner les tissus. Il n'est d'ailleurs pas certain que l'ictère
des nouveau-nés doive être attribué aux modifications que subit la circulation hépatique
au moment de la naissance.
La vitesse du cours du sang dans le foie a été évaluée par Rosaprllt et par FlOggi
d'après des méthodes un peu différeutes. Rosapelly injecte dans la veine porte SO cen-
tigrammes à 1 gramme d'une solution de ferrocyanure de potassium au 1/4 et détermine
le moment où la substance commence et celui où elle cesse d'apparaître dans les veines
sus-hépatiques. Dans les conditions normales de la circulation et de la respiration, c'est
en moyenne vers la huitième seconde que le prussiate fait son apparition dans les vaisseaux
afférents : c'est au bout d'une minute environ qu'il disparaît. Les parties du réactif qui
sont arrivées les premières, c'esi-à-dire au bout de huit secondes, sont celles qui ont
suivi le plus court trajet ; celles qui sont arrivées les dernières, après une minuta, ont
suivi le trajet le plus long. Rosapelly détermine approximativement la longueur des
deux trajets,'et trouve que le plus court est d'environ 5 centimètres, et le plus long d'en-
viron 25 centimètres. Ainsi le réactif traverse en huit secondes un trajet de 4 centimètres
et en soixante secondes un trajet de 25 centimètres, ce qui indique que le cours du sang
se fait avec une vitesse de 4 à 5 millimètres par seconde.
Flûgge injecte à un chien du ferrocyanure de potassium dans une veine crurale et
recueille le sang de l'artère crurale pour déterminer la durée totale de la circulation. Au
bout de quelques jours, on injecte au même animal le réactif dans une veine de Tintestin,
et on recueille également le sang par l'artère crurale. On peut admettre, sans grande
erreur, que la distance de la veine intestinale et de la veine crurale au cœur est à pei
près égale; le ferrocyanure aura donc à parcourir dans la deuxième expérience le même
trajet que dans la première, plus la voie du réseau capillaire hépatique. La différence
entre les résultats des deux expériences donnera donc le temps que met le sel injecté
à traverser ce réseau. Chez un chien de 20 kilogrammes, la durée de la circulation de la
veine crurale à l'artère crurale fut de dix-sept secondes; d'une veine de l'estomac à
l'artère crurale, de trente-trois secondes : la différence, soit seize secondes, indique approxi-
mativement la durée de la circulation à travers le foie.
Influence réciproque des courants artériel et veineux. — Les rapports intimes des dei^
nières ramifications de la veine porte et de l'artère hépatique dans les espaces et les
fissures de Kiernan, l'intrication des deux systèmes dans l'intérieur même du lobule
font prévoir que la circulation dans l'un des vaisseaux doit être influencée par le degré
FOIE, 7»
d& répléiion et de tension de l'aulre. La prévisioa a été conûrmée par les expériences
de Bm el de Gad, qui ont fait passer à travers Tarière hépatique et la veine porte ; le
premier, une sotutioiide ^omnie; le second, une solution decblorure de sodium à ^ p, IGOO»
et ont dél«*rriiîne le débit dans l'an des vaisseaux, pendant que Tautre restait vide ou
était également traversé par un courant de liquide. Bet/, a trouvé ainsi que la circula-
Ion dans la veine fait obstacle à la circulation dans Tarière, et Gad, que la circulation
dans l'artère fait obstacle à la circulation dans la veine* 1^ réplélion des canaux biliaires
diminue aussi, d'après BErr,, Fécoulement par la veine. La ^éne apporté*? à i'ëcuutenient
de la bile pourrait même entraver la circulation au point de déterminer parfois de
l'ascite, el de Tliypertrophie de la rate (Maragliano, cité par Rogeh),
Plus récemment, Cavazzani a constaté également que, quand du liquide circule en
même temps dans les deux territoires yasculaires. le débit total est moindre que la
somme des débits de cbaque territoire pris isolément. D'après ce physiologiste, et confor-
mément aux données de Gad, ce n'est pas le courant veineux qui porte un préjudice
sensible au courant artériel; c*est au détriment de la veine porte que dans ces circula-
tions simultanées se fait la diminution de récoulemeut. Cwazzam s'est enc-ore demandé
si les Vtiriatious de pression dans les deux vaisseaux influent sur cette diminution : Télé'
Tation de la pression dans la veiue porte n'a pa^ ilonné lieu k ce point de vue à des effets
constants; par contre, Taugmentation de la pression artérielle tend à mettre obstacle au
passage du liquide qui circule à travers le foie, et spécialement du liquide qui passe par
la veine porte.
Cependant Rosapklly^ qui avait déjà abordé cette question, avait obtenu des résultats
contradictoires de ceux des auteurs précédents : il avait trouvé que l'écouleinent simul-
tané par les deux vaisseaux est un peu plus considérable que la somme de leurs écoule-
ments successifs : diaprés Japellt, il le serait mÔme beaucoup plus. Les observations de
Gad, Bbtz et Cavazzani s'expliquent mieux que ces dernières.
En ce qui cont:erne la part respective que prennent Tarière et la veine à rirrigation
du foie, il semble évident, si l'on tieiiL compte de la ditTérence de capacité des deux sys-
tèmes, que celte de|la veine doit être de beaucoup prépondérante. Ce qui pourrait, jusqu'à
tin certain point» compenser cette inégalité, c'est la pression plus forte à laquelle est
umis le sang de Tartère.et qui pourrait être la cause d*uï»e vitesse plus grande dans
ce vaisseau. Mais il ne faut pas oublier que^ d'autre part, le courant artériel rencontre des
résistances plus fortes, puisqu'il doit traverser un double réseau capillaire. Rosapellt a
observé en edet que» si Ton Fait passer du liquide par la veine porte, U faut, pour arrêter
l'écoulement, que la conlre-presston dans les veines sus-hépatiques soit élevée presque
au niveau de la pression dans la veine porte, tandis qu'il suflit pour arrêter Técoukinenl
par Tartère.que lapression dans les veines sus-bépatitiues soit de six à dix fois moindre
que ctVlle dt? l'artère. Cette plus forte résistance dans le réseau de l'arlére doit donc dimi-
nuer la vitesse du courant dans ce vaisseau, malgré la pression élevée qui y rè^me. Tou-
jours est'il que, dans les expériences de Bktz (cité par HE!DE^'HAlN), la canalisation
veineuse donnait un débit de ût et même de ùl fois supérieur à la canalisation arté-
rielle, la pression à 1 orifice d afflux étant la même dans les deux systèmes, c'est-à-dire de
400 millimèlres (solution de gomme). Même quand la pression était portée à 830 milli-
mètres dans l'artère, récoulement par la veine porte tétait encore 48 fois phis grand.
Cependant Fjl Kkancx et Hallîox ont vu que la compression de Fartère hépatique
produit sur le volume du foie un effet très marqué et qui paraît même excessif/eu égard
;iu petit calibre du vaisseau. L'importance du débit sanguin de l'artère doit être assex
grande, puisque la décompression du vaisseau amène une chute sensible de la pressiou
aortîque, d'environ 10 millimètres.
Mais ce qui peut paraître paradoxal, c'est que la compression de la veine porte,
malgré l'importance de la diminution de la masse de sang hépatique qu'elle entraîne»
produit une réduction de volume du foie toujours beaucoup moindre que la compression
de l'artère hépatique. Cette dilTérence tient, d*après Fit. FaA^iCit et Haluon, à ce que le
tissu du foie reste tendu par la pression artérielle, et ne s'affaisse pas dans la mesure de
la diminution de l'apport veineux qu'il subit. Cette explication ne paraît pas très satis-
faisante, puisque la compression de la veine porte est suivie d'une chute importante de la
pression aortique. H est probable que, si le foie ne diminue que faiblement de volume
fi ce
I rèj
im FOIE.
pendant Toblitéralion de la veine, c'est que, par suite de i*abaîsseroent de pression dan
la yeine porte il se fait un reflux de la veine cave vers le foie, reflux d'ailleurs expéri-
mentalement démontré, comme on le verra plus loin.
Il résulte encore des expériences de circulation artificielle à travers le foie qu6,nor-
-malement, le courant artériel s'engage dans les veines su^-hépatiques et n'a pas de
tendance à refluer vers la veine porte. Un fait curieux, dit Rosapbllt, c'est que le liquide
qui passe par l'artère sous une pression de 8 à 10 cent, de Ug s'écoule exclusivement par
les veines sus-hépatiques et non par la veine porte, les deux veines étant ouvertes.
Il ne s'écoule par la veine porte que quelques gouttes de liquide qui proviennent de
rimbibition, et dont la quantité n'augmente pas quand la pression dans l'artère est
augmentée et l'écoulement par les veines sus-hépatiques plus considérable. Gavazza.xi
a fait des observations semblables, ce qui le porte même à croire qu'il doit y avoir 4
l'embouchure des ramifications de l'artère dans les veines sus-hépatiques une disposition
qui favorise l'écoulement vers le cœur et fait obstacle à l'écoulement rétrograde vers les
origines de la veine porte. D'un autre côté, cependant, la communication de l'artère
avec la veine porte est facile ; le liquide reflue dans cette veine quand elle n'est soumise
à aucune pression, dès que dans les veines sus-hépatiques fermées la pression s'est
élevée à 2 ou 3 centimètres d'eau. La régurgitation du liquide par la veine porte
ouverte égale l'écoulement ordinaire par les veines sus-hépatiques, alors que la pression
dans ces veines n'est pas supérieure à 10 centimètres. Mais, si l'on permet à l'écoulement
de se faire par les veines sus-hépatiques, le liquide injecté reprend sa voie ordinaire, et
rien ne passe plus par la veine porte.
Courant rétrograde de la veine cave vers le foie, — Le foie peut encore recevoir da
^ang, alors que tous ses vaisseaux afférents sont liés. Gohnheim et Litten, comme on a va
plus haut, ont déjà expliqué certains résultats expérimentaux observés à la suite de
la ligature de ces vaisseaux par le reflux qui se fait de la veine cave vers le foie. Le fait
n'avait pas échappé à l'attention de Cl. Bernard, qui, dans ses Leçons sur le diabète, est
très explicite à cet égard. Cl. Bernard note qu'après la ligature de la veine porte le
foie n'est pas du tout exsangue, mais qu'il reçoit « par ,les veines sus-hépatiques » du
sang qui vient refluer jusque dans le tronçon de la veine porte au-dessus du point
d'oblitération.
« En faisant une coupe transversale d'un lobe du foie de l'animal mort, mais dont le
cœur battait encore, on voyait les battements de l'oreillette droite'pousser, k chaque con-
traction, du sang qui jaillissait par les rameaux des veines hépatiques coupées. »>
(c Quand on divise en travers un lobe du foie sur un animal vivant dont la veine porte
n'a pas été liée, on voit an moment des mouvemements de la respiration le sang jaillir
par les ouvertures béantes des veines et rentrer en attirant de l'air à chaque inspiration,
de façon que l'animal meurt bientôt par entrée de l'air dans le cœur. »
Au résumé, pour Cl. Bernard, ta circulation du foie est telle « qu'il y a une sorte de
reflux oscillatoire perpétuel entre le sang de la veine porte et des veines sus-hépatiques n,
et, la veine porte étant oblitérée, le sang 'peut parfaitement entrer dans le foie par les
veines efférentes.
Stolnikow a consacré à cette question toute une série d'expériences. Ce physiolo-
giste pratique chez des chiens la flstule d'EcK. Les animaux survivent de trois à six jours,
et à l'autopsie le foie a son volume normal : il est plein de sang et ne montre aucune dif-
férence d'avec un organe dont les vaisseaux sont restés intacts.
Chez d'autres animaux, à la flstule porto-cave on joint la ligature de l'artère; ces
chiens vivent de trente-huit heures à quatre jours : ici eucore le foie a ses dimensions
normales et contient du sang.
Dans une troisième série d'expériences, après avoir fait la flstule d'Ëcs, on lie tooi
les organes qui pénètrent dans le bile du foie, y compris les lymphatiques. Deux à
quatre heures après, onlnjecte dans la veine jugulaire une solution d'aniline, et au bout
de cinq à quinze minutes on tue l'animal. On voit que le foie est coloré comme si on
l'avait injecté parles veines sus-hépatiques; les veines centrales du lobule sont forte-
ment colorées, la coloration diminue vers la périphérie, qui elle-même est incolore.
Stolnirow attribue le reflux aux variations de pression produites par la respiration et
les mouvements du cœur dans la veine cave, et il conclut, comme l'avait déjà fait Cl. Bo
FOIE.
Wl
5A1ID, qu'il doit s'opérer. Ultime dans les cooditions normales, quand les vaisseaux du foie
sont restés perméables. Il en fournit la démonstralion parl*exp<^rience suivante. On fait
passer du sangdéribriné dans la veine porte, sous une pression de 30 à 40 millimèlres Hg,
et dans l'artère hépatique sous une pression de 183 millinaètres, pour se placera peu près
dans tes conditions physiologiques de lu circulai ion hépatique. On injecte une solution
d'aniline dans la veine crurale : si Ton fait alorsune plaie dans un lobe du foie, on voit
que la surface de section laisse écouler alternativement du sang défibriné et du sang
coloré par l'aniline. Sur des fragments du foie extirpés a ranimai encore vivant on put
constater au microscope que te tohule était fortement coloré par Taniline autour de la
veine centrale el incolore à la périphérie. Si Ton avait lié préalatilemenL une veine sus-
hépatique, il n'y avait pas trace de matière colorante dans le territoire correspondant,
tandis que le reste du foie était coloré. Par conséquent, le retlux veineux se produil^
alors même que Tartère hépatique et la veine porte sont parcourues par du sang sous
pression, et il serait même plus prononcé que dans les expériences otL ces vaisseauxsoni
tiés.
Notons aussi que/d'après Stolwuow, le courant sanguin rétrograde sufiît pour assurer
la nutrition du foie; la nécrose ne se produirait dans un segment de l'organe que si Ton a
lié la veine sus -hépatique qui y a ses origines. Cet auteur est ainsi en contradiction avec
les physiologistes qui font de l'artère hépatique le vaisseau nourricier exclusif du foie*
Mais Massen et Pawlow sont arrivés à des résultats différents de ceux de Stolnikow.
Dans les cas où la ligature de l'artère hépatique était combinée à la fistule d'ËcK, et alors
même que Fartère gastro-duodénale était respectée, la mort survenait au bout de douze
à quarante heures, el le foie présentait les altérations de la gangrène.
Quantité du san^ du foie : action régulatrice de r«rgane sur la circulatlozi
générale. — Brown-Séouabd, eu se basant d'une part sur la quantité de sang lancée
parle ventricule gauche à chaque systole^ et, d'autre part, sur le rapport des surfaces de
ôectiondu tronc cœliaque, des artères mésentériques supérieure et inférieure à la surface
de section de Taorte, a estimé que chez Thomme il passe par te foie 1076 kilogrammes
de sang en 24 heures. Ftu^r.E a évalué la quantité de sang qui traverse le foie en un
temps donné d'après les considérations suivantes. Si l'on recueille le sang que laisse
écouler l'organe après la mort, on obtient une masse de liquide qui équivaut au minimum
à 20 p. 100 du poids du foie; le poids du foie équivaut lui-même à 3,oÛ p. 100 du poids
du corps. Chez un chien de 20 kilogrammes^ cet organe contient donc 140 grammes
de sang. Ces 1 W) grammes traversent le foie en seize secondes, durée de la circulation
hépatique, d'après les déterminations de Fllgge, chez un chien de cette taille; ce qui fait
500 grammes de sang par minute, 720 kilogrammes en vingt-quatre heures.
lliioENHAiN calcule qu'un chieo de 8 kilogrammes contient 013 grammes de sang, que
la durée totale de la circulation est de treize secondes, que le poids du foie est au
poids du corps :: ^, Si Ton admet que la masse du sang est uniformément répartie dans
tout te corps, il passera en treize secondes dans le foie -^ ^ 22 grammes, c'est-à-dire
en vingt-quatre heures un peu plus de 146 kilogrammes.
Seegen^ chez trois animaux de taille différente, a déterminé directement la quantité
de sang qui s'écoule par la veine splénique après qu'on a lié le tronc de la veine porte,
et il a trouvé : 1* chex un chien de 7 kilogrammes une vitesse d'écoulement de 1 ec.
par seconde, soit tTl» litres en vinglnjuatre heures (chiïTre qui se rapproche de celui
que Heidevhain a établi par le calcul); 2'* chez un cliien de 10 kilogrammes, 233 litres en
vingt-quatre heures; chez un chien de 40 kilogrammes, 433 litres eu vingt-quatre heures.
Ces chiffres se rapportent à la période de pleine activité digestive, les expériences ayant
été toutes faites trois heures après un dernier repas de viande. Pplugbb a objecté aux
déterminations de Skbgen qu'elles ont été faites après ouverture de l'abdomen, et que
cette opération doit nécessairement modiller les conditions de la circulation hépatique.
Les chiffres donnés par les divers auteurs n'ont évidemment qu'une valeur très approxi-
mative, mais ils permettent néanmoins déjuger du degré^d*activilé de celte circulation.
De même, en étudiant Tintluence du système porte sur la répartition du sang, Mall a
constaté que le rétrécissement des vaisseaux abdominaux produit par rexcitation du nerf
765 FOIE.
splanchnîque peut déplacer une quantité de liquide qui va de 3 à 27 p, 100 de sa masse
totale, celie-ci étant évaluée à 7 p. 100 du poids du corps.
On peut déjà se rendre compte de la distension dont le foie est susceptible par des
observations faites sur le cadavre. « Tous ceux qui ont eu à pratiquer des lavages du foie
savent combien, sous une pression relativement faible, on peut emmagasiner d'eau dans
cet organe en produisant une véritable érection du tissu hépatique... Monnehbt a montré
qu'un foie de 1600 grammes tombe après évacuation du sang et lavage à 1269 grammes»
pour s'élever au poids de 2523 grammes à la suite d'une injection forte, mais incapable
de déterminer des ruptures vasculaires. Bru.nton, et plus récemment GliSnard et Sirauo»
ont confirmé ces résultats (Gilbrrt et Garnot, Les fonctions hépatiques), »
On comprend donc que le foie puisse jouer le rôle d'un réservoir, qui, annexé au sys-
tème veineux, est destiné à recevoir l'excès de liquide qui à certains moments pénètre
dans la circulation, ainsi qu'à épargner au cœur droit un travail trop considérable.
Dans leurs expériences de lavage du sang, Dastrs et Lots ont appelé l'attention sur
l'imprégnation du foie et la dilatation des vaisseaux hépatiques par le liquide qui s'es
accumulé dans [l'organisme. Le foie contribuerait ainsi pour sa part à l'équilibre de la
pression artérielle.
A la même époque, Johansson et Tibgerstedt signalaient des faits semblables, et mon-
traient que le foie intervient pour garantir le cœur droit d'un afQux exagéré du liquide
injecté dont il soustrait une quantité notable à la circulation générale. A la suite de trans-
fusions de solutions salines ou de sang, ces physiologistes ont trouvé que le foie était
devenu dur comme une planche, et qu'à la coupe il laissait écouler du, liquide en aboo*
dance.
Le foie est appelé constamment a exercer sa fonction de régulateur de la circulation^
puisqu'il se trouve sur le triyet centripète de vaisseaux qui ont à absorber dans le
tube digestif des quantités souvent considérables de liquide.
Mais cette même action se manifeste encore sous une forme |diflfèrente, en ce sens
que le foie sert de diverticulum aux courants rétrogades de la veine cave inférieure,
lorsque le cœur droit est astreint à un surcroît de travail, et qu'il ne suffit plus à la
tâche. G'est ce que montrent bien quelques-unes des expériences de Stolnixow. ,Les
chiens auxquels ce physiologiste avait pratiqué la fistule d'Ecx survivaient, en moyenne,
six jours ; mais, lorsqu'il enlevait en même temps le foie lui-même, les animaux mouraient
au bout de six heures. Immédiatement après l'opération, la fréquence du pouls se main-
tenait à 110, la pression artérielle à 16 ou 17 centimètres; puis, au bout d'une demi-
heure, l'une et l'autre commençaient à baisser graduellement jusqu'à la mort. A
l'autopsie, le cœur était dilaté au plus haut degré, et avait Taspect du « cor bovinum «
classique ; les grosses veines étaient fortement distendues.
L'expérience ne dilTère de la fistule d'EcK ordinaire que par fabsence du foie; dans
Tun et l'autre cas, le courant centripète de la veine porte ne peut plus évidemment
passer par cet organe. Mais, tant que le foie est intact, il laisse le sang s'accumuler dans
son intérieur par l'intermédiaire des veines sus-hépatiques, et empêche ainsi la tension
de s'élever trop haut dans la veine cave; il paraît donc représenter un mécanisme
indispensable à la régulation du travail du cœur, puisque son absence produit rapi-
dement la mort avec tous les signes de l'asystolie.
Le foie offre ainsi, en diverses circonstances, un refuge à l'excès du sang qui reflue
de la veine cave. A une phase de l'asphyxie, on voit les ventricules se distendre, et
l'insuffisance auriculo-ventriculaire se produire. A ce moment, les reflux veineux déter-
minent un engorgement du foie qui se manifeste par une énorme augmentation de
volume, avec pulsations de reflux. On reproduit ainsi le tableau clinique du foie distendu
par la régurgitation tricuspidienne (François- Franck et Hallion). Ges phénomènes,
doivent correspondre au moment où le cœur, déjà affaibli, ne peut plus lutter efficacement
contre l'augmentation des résistances périphériques due à l'action excitante du sang
noir.
u Les cliniciens savent à quelles variations de volume parfois considérables sont
exposés les foies cardiaques, en sorte que la valvule tricuspide constitue, pour ainsi direj,
la valvule du foie, et que pour les cœurs forcés l'ensemble des veines hépatiques devient
une annexe de l'oreillette droite. La valvule tricuspide une fois forcée, et le foie devenu.
FOIE,
Ta
I
puhatile, certains symptdtiies de l'asystolie, tels que la dyspnée, diminuent très nola^
biement, It* t'oie serrant là eiicare, mais h rebours, de régulateur vis-à-vis du courant
rétrograde qui s'établit alors (Gildert et Caknot). h
Le foie se comporte également comme un réservoir pour le sang veineux dans refTort
prolongé qui relient, comme on sait, ce liquide a l'entrée du thorax. Cheî cerlains mam*
miferes adaptés à la vie aquatique, chei lesquels les arr<^ts prolon^'és de la respiration,
pendant le plonger» s'accompagnent nécessairemenl de stase veineuse, des dispositions
anatomiques spéciales viennent en aide à cette fonction du foie : c'est ainsi que chei le
phoque, le dauphin, la veinecave inférieure présente de vastes dilatations anipullaires,
ou sinus, entre l'emboucbure des veines 6Us-hépa tiques et Toritlce du diaphragme,
BiMiographie. — Une partie de la bibliof^raphie des travaux cités a déjà été faite
dans d'autres chapitres (Voir surtout Ligature des vaieieaux du foie) : nous n'aurons
donc qu'à la compléter. — Traités d'anaîomie de Sai»i»by, Poihïer, Testut, De81xrre. —
Cl. Bernahd. Le^, sur te^ Hquideii de Corganisme, 1859, ii, 195, — CoHMiEisi et Litten. Vehet
Circulnlionsstôrungm'jin der Leber. (A, A* P,, 1876, lxvii, t.i3). — E, WEaTHEiMF.B, Recherches
sur la veine embii. (J, de VAnat. 1886, %xu). — Ratto«b et Mondink Sur la circulation du
i»ang dam te foie (A. >. B., 1888, ix, 13; ibid., 1889, xn, 156). — ECoefte, Miiskein und
Ktappen in den Wurzetn der Ffortader (A. /\» Suppi., 1890, 174). — Ma nue. Recherche:^
anatomiques sur ta veine porte (0. Lyon, 1893). — Cavaué et Pabis* Branehea hépatiques
de Vartére cyclique {B. B., 19tî0, 454; *6i^., 55). — Saboueiin, Le$ communicttUons porto-sus*
hépatiques directes datm te foie humain {Rei\ de médecme, t900, xx» 74). — Suchard,
Structure du tronc de ta veint- porte {B, B., 1901, 192 et 300). — Doyon, Ana^itomoief^
entre k si/istrme porte et le sijstéme des reines caves (B. B., 1901, 812).
Ônowpî-SéoL'AUD. Joum, de la Physiot.t 1858, I, 298. — Hosm^elly. Recherches théoriques
et ej^périmentaieii sur les causer et te mécanisme de ia circulation du foie |D. P., 1873). —
Flugge, Ueber den Nachweis des Stoffwechnel^ in der Leher (Z. B., 1877, xjii. 30}. — Cl,
BKREfAiiD* Leçons sur le diabète^ 1877,340. — Heidenuain. Bie Oallenabsonderung {H. H., v.
*— CoBxsTBiN et ZuNTZ. Vntersuchunffen uber dos Btut, den Krcislauf und die Athmung
b/eim Sttûf/cthier Fabius {A. g. P., 1884, xxxiv, 173; ibid.^ 1886, \xxix, 12t)). ^ QuixcRE.
Ueber die EnntehungGelhucht Neugeborener (A. P. P., 1885» xii, 34), — Iraj-Owicz et Pal.
Ueber die Kreislaufsverhfiltnisse in den Unterteibsùrgunen WVien. med. Presse, analys, in
Virchow et Hirsch's J. B., 1887, î, 194).— Sbegen. Zucker im Blute \A. g. P., 1884, xxxiv,
412). — Joiiansso:^ et TiEGEasTEûT. Gegenseitige Bcziehungen des Herzens und der Gefûsse
(Skand, A. f. Bhg&iol,, 1889, i, 395). — Dastbe et Loye. Nouvelles rechercher mr rinjertion
de Veau salée dam li?s vaisseaux sanguins {A. de P., 1889, 2ri3). — Pflugbr. Einige Erkid'
rungen (A. g. P., 1891, l, 330). Zweite Anlwort {ibid,, 41 ô). — Mall. Eittfluss ttes Systems
der Venu port;v auf die VertheUung des Blutes (A. P., 1802, 409). — Bayliss et Stahlixc.
Obsermtiom on venous pressurea and thcir retationship to aipiiianj pressures i J. P., 1894,
Kvi, 159). — STAUtrNG, The influence of mechanical facton of Lymph Production ijbid.f
1894, xvj, 224). — Gafazzanl Expériences de circubttlon ditm te foie (A. i, fjt., 1896, XI v,
13.1]. — Colasamti. Fonction proteetnce du foie [A. ï- B., 1805, xxv[, ^i. — SÉRéat.
Cùntribulion à t'étude de la circulation du sang porte dans le foie (Journ. de nchL de Bof'
deaux,{mi,tli}.
i XXI[I. — BÈSOBPTIDN ET ABSORPTION DANS LE FOIE.
Les substantes produites dans te foie passent pour la plupart dans le système circu-
latoire, les unes, comme te surre, pour être utilisées par tes diiTérenls tissus, les aulref»
comme l'urée, pour ùtre transportées vers les émouctoires appropriés. Les matériaux de
La bile doivent, au contraire, être éliminés par te foie lui-même. Mais dans certaines
conditions its sont ré:âorbés sur place, et pénètrent, eux au!ïsi,dans I appareil de la circu-
lation, Ce sont les voies et le lieu de cette résorption que nous étudions ici, ainsi que
Tabsorption de cerUiines substances introduites expérimentalement dans les canaux
biliaires,
Hèsorption de la bile. -- La résorption de ta bile est, en règle générale, un fait
anormal. Cependant^ chez les chiens, l'urine renferme souvent, h Tétat physiologique» des
L
764 FOIE.
pigments biliaires qui doivent provenir du foie, puisqu'ils sont accompagnés des acides
biliaires (Naunyn, Arck. f. An. u. PhysioL, 1868, 430). Mais habituellement le passage
d'une quantité appréciable de bile dans le sang résuite d'un obstacle à son éiracuaiion;
pour que la résorption se produise, il suffit que la pression dans les voies biliaires devienne
quelque peu supérieure à la pression normale de la bile. H y a donc lieu de déterminer
d'abord la valeur de cette pression.
Chez le cochon d'Inde, Friedlândeb et Basgh (ArcA. f, Anat. u. PhysioL ^ 1860, 659)
l'ont évaluée à environ 200 millimètres (184 à 212 millimètres). Chez le chien, nous l'avons
trouvée habituellement comprise entre 20 et 25 centimètres, c'est-à-dire que la bile
s'élève à cette hauteur dans un tube vertical introduit dans le canal cholédoque. La
colonne reste stationnaire lorsqu'il s'est établi un état d'équilibre entre^la résorption et
la sécrétion, autrement dit quand dans Tanilé de temps il y a autant de bile entraînée
par la circulation qu'il en est produit par les cellules hépatiques. Les chiffres précé-
dents ont été obtenus alors que le bout hépatique du canal cholédoque était lié sur la
canule. Mais, pour avoir la valeur exacte de la pression normale, il est préférable,
comme Ta fait Burker (A. g. P., lxxxiii, 1901, 241), d'introduire dans le canal une canule
en T qui par sa branche horizontale permette l'écoulement de la bile vers l'intestin,
tandis que sa branche verticale sert comme d'habitude de manomètre : la colonne liquide
ne s'élève pas alors au-delà de 75 à 80 millimètres chez le lapin. Cette faible pression
«xplique comment une concentration plus grande de la bile peut à elle seule empêcher
le passage de ce liquide des capillaires biliaires vers les canaux interlobulaires : c'est ce
qu'a observé Stadelhann chez des animaux empoisonnés par la toluylène-diamine, l'hy-
drogène phosphore, etc., chez lesquels une fistule de la vésicule ne laissait pas écouler
une goutte de liquide, bien que les capillaires biliaires fussent distendus outre mesure,
et qu'il se produisit un ictère intense.
Il suffît donc d'une pression peu élevée pour provoquer la résorption de la bile.
Cependant, lorsqu'il existe un obstacle à son évacuation, la présence des pigments dans
l'urine et les autres signes de l'ictère ne se manifestent qu'au bout de quelque temps.
D'après Frericus, il faudrait au moins attendre vingt-huit à trente heures; il y aurait pour
VuLPiAN quelque exagération dans ces chitfres (Cours de la faculté de Méd.^ 1874, 127).
AuDiGK (D. P., 1874) dit en effet avoir obtenu la réaction de Gheun dans l'urine trois ou
quatre heures après l'occlusion du cholédoque. Cependant Afanassiew (Zeitschr, f, klin.
Med,, 1896, vi, 290) considère comme des cas d'apparition précoce de l'ictère, ceux dans
lesquels il est arrivé, par certains artifices expérimentaux, à déceler la présence des
pigments dans l'urine, au bout de vingt-quatre heures.
Voies de la résorption, — Quelle est la voie suivie par la bile lorsqu'elle s'introduit
dans la circulation? Est-ce celle des vaisseaux sanguins? Est- ce celle des lymphatiques?
Il est curieux de noter que cette question a passé par des phases bien diverses. A
l'époque où Tiedemann et Gmelin publiaient leurs célèbres expériences sur la digestion,
on admettait, sans doute sous l'influence des travaux de Magendie, que les veines sus-
hépatiques él^ent la seule voie ouverte à la bile résorbée. Tiedemann et Gmeun com-
battent cette manière de voir comme trop exclusive. « Les résultats de nos expériences
sur la ligature du canal cholédoque confirment, disent ces physiologistes, les observa-
tions déjà faites par Peyer et Reveruorst, et renouvelées par Cruikshane, Mascagni, Sok-
MERiNG et Saunders sur la résorption de la bile par les vaisseaux lymphatiques : elles '
doivent faire rejeter l'opinion nouvelle qui nie l'absorption de la bile par ces vaisseaux
(Die Verdauung nach Versuchen, 1827, ii, 40). »
De nos jours, une thèse, qui est précisément l'opposée de celle qu'avaient réfutée Tie-
demann et Gmelin, a prévalu : les lymphatiques seraient seuls chargés de transporter dans
la circulation les matériaux de la bile. Cette thèse se fonde en effet sur une série de
travaux dus à divers expérimentateurs, et tous confirmatifs les uns des autres.
C'est d'abord Fleischl qui, après avoir lié le canal cholédoque, recueille la lymphe
par une fistule du canal thoracique, et la trouve chargée des principes de la bile, tandis
que le sang retiré à l'animal cinq heures après le début de l'expérience n'en renferme pat
trace. Il pose donc en principe « que la bile, lorsque ses voies d'excrétion naturelles
sont obstruées, passe dans les lymphatiques du foie, et de là dans le sang par la voie
exclusive du canal thoracique » (Ber. d. sachs. Ges. d. Wiss,, Leipzig, 1874, 42).
FOIE.
79$
Ku^fKEL, un peu plus tard (Ibid,, 1875, i32}, appuie ces conclosbns sur des dosages
d'acideft biliaires dans la lymphe, après ligature du cholédoque, sans qu*i[ ail loutefois
recherché ces acides dans le sang. Mais Kirt^tERATH {A. P., 1880, 92) lie systématiquement
dans un même temps Je ranal cholédoque et Je canal thoraciqae et trouve que les acides
biliaires ne peuvent arriver dans la circulation que si la voie lymphatique leur est
ouverte. Flbj^chl avait déjà afllrmé que lorsqiie, après ligature du cholédoque, le canal
thoracique est oblitéré accidentellement par un caillot, la bile ne passe paâ dans le san^;.
KurmuTH sacritiait ses animaux au bout de deuit heures et demie. Rliis tard, Vacguax
HarlET (il. p., 1893, *29i) étudie à nouveau les effets de la ligature simultanée du cholé-
doque et du'canal thoracique ; mais il suit les chiens opérés pendant des jours el des
semaines et arrive encore à des conclusions conformes à celles de ses prédécesseurs
(Voir Articte Bile, i». 199).
Dans Tarticlt' auquel nous renvoyons, Dastre émet Tavis que V, ll\nLBY a outrepassé
la siguillcation de ses expériences en considérant qu'elles démunirent le rôle exclusif
du système lymphatique. 11 n'en est pas moins vrai que ce sont elles qui ont peut-être
le plus conti ihué k affermir cette opinion. D*un autre côié^ Dastre ne pouvait opposer de
fîiits expéi (mentaux aux conclusions de V. H.^rl^t, et au surplus les observations de
FLfii!*CHL, KnNkEL et KuFFERATu gardaient toute leur valeur.
Il est vrai que LépiNK et Aobert, en 1885 (B. B., 767), avaient déjà signalé la résorption
u éveuluelle » de la bile par les vaisseaux sanguins, Kn soumettant te contenu des voies
biliaires à une forte pression, 2 mètres d'eau^ ces expérimentateurs avaient trouvé que le
sanf^ des v«?ines hépatiques renferme immédiatement après une forte proportion
d'acides bi liait es. Mais on peut objecter que, dans cette expérience» la bile est soumise k
une pression énorme^ qu'elle n'aura jamais à supporter après l'occlusion du cholédoque,
puisque, à la suite de cette opération, elle ne s'élève |;;aëre au delà de 27 à 30 centimètres
dans ce canal* Or I1eidenha(.n a fait remarquer que, si Ton dépasse par trop la pression
nécessaire à la résorption, il se produit des déchirures, des ex travasatio us (Sfud. d. pA*/-
sioi. îmtUut^t BrcshiUt tv, 233).
Par contre, Wertukîïeh et Lepage ont montré, par une série d'expériences systéma*
tiques, que les vaisseaux aan^'uins prennent normalement et constamment une part très
active à la résorption^des fragments biliaires, alors que la pression exercée sur les voies
biliaires n'est pas sensiblemtînl supérieure à celle que l'on observe dans le cholédoque
après son oblitération.
1*^ Che£ un chiea curarisé ou chloralisé, on introduit une canule dans le canal thora-
cique, et on reçoit la lymphe qui s'en écoule; pour plus de précaution on lie encore le
conlluent lymphatique du côté droit. [D'autre part, on isole le canal hépatique droit ; on
y fait pênéirer de la bile de bti*uf ou de mouton sous une preîiâion juste suffisante pour
amener la résorption de ce liquide. Les autres lobes du foie continuent a rûiiclionner
normalement, et on recueille leur'produit de sécrétion au moyen d*uue canule, intro-
duite le plus habituellement dans le canal hépatique gauche, quelquefois dans la vésicule
biliaire.
Le but de l'expérience est donc de faire résorber la bile étrangère par une portion du
foie, el de rechercher si elle apparaît ou non dans la bile sécrétée par les autres lobes
hépatiques, alors quelle ne peut plus être déversée dans le sang par les voies lympha-
tiques. Au bout de quaraiîte-cinq minutes, quelquefois déjà au bout d'une demi-heure,
le spectre caraeléH*^ tique de la bile étrangère de la cholohé mâtine commence à se
montrer dans la bile recueillie* Le pigmant a donc été résorbé dans les lobei droits du
foie par la voie exclusive des vaisseaux sanguins, et, après avoir passé dans le courant
de ta circulation, il a été rejeté p:ir les parties du foie qui peuvent continuer à éliminer
leur produit de sécrétion.
Pour que ces conclusions soient justifiées, il faut évidemment qu'il n'y ait aucune
communication directe entre le canal hépatique droit par où se ftiit Tinjection de bile
étrangère et le canal hépatique gauche par où Ton recueille la bile de l'animal en expé-
rience; après que celui-ci a été sacrillé, on s'assure eu effet, par des injections de sultln-
digotate de soude, que ces communications n'existent pas. Alors que les lobes droita
sUnjectent parfaitement en bleu par le canal hépatique droit, il ne passe pas trace de la
matière colorante dans le canal hépatique 'gauche ni dans le lobe correspondant, .\otoas
766 FOIE.
en passant que Wertheimer et Lepagb ont ainsi démontré incidemment^ et avant SéRict,
rindépendance de la circulation biliaire dans les divers lobes du foie (B. B., 1896, 951 ;
A. de P.. 4897, 363).
2? La résorption des matières colorantes de Ja bile par les vaisseaux sanguins était
donc prouvée; mais la démonstration ne portait que sur un pigment spécial, la cholobé-
mâtine, particulier à la bile des herbivores; il était bonde l'étendre au pigment normal,
à la bilirubine.
L'expérience est plus simple que la précédente, et par cela même peut-être plus con-
vaincante. Une canule est introduite dans le canal cholédoque, afln de faire résorber par
le foie une solution alcaline de bilirubine; le col de la vésicule est préalablement lié pour
empêcher le liquide injecté d'aller distendre ce réservoir; la résorption se fait sous une
pression de 30, quelquefois de 35 centimètres. Deux canules placées, l'une dans le canal
thoracique, l'autre dans la vessie, servent à recueillir la lymphe et l'urine. L'examen de ce
dernier liquide permettra de décider si la bilirubine passe dans le sang, bien qu'elle oe
puisse plus y être amenée par la voie du courant lymphatique. La présence du pigment
dans l'urine se caractérisait soit par la réaction de Giielin, soit parcelle de Maréchal et
Robin, soit par celle de Salkowski, souvent par les deux méthodes combinées. On pat
constater ainsi que, trois à quatre heures après le début de l'injection de bilirubine,
Turine était devenue franchement ictérique, et même la réaction de Gmelin se manifes-
tait souvent plus tôt encore.
Mais les lymphatiques prennent aussi part à la résorption. Très rapidement, la lymphe
qu'on recueille par la fistule thoracique change de teinte, et la coloration particulière
qu'elle prend suffit pour y dénoter la présence du pigment, qu'on y décèle facileroeut
par la réaction appropriée. Ce fait d'ailleurs n'était pas en contestation ; ce que l'ex-
périence démontrait une fois de plus, c'était la participation des vaisseaux sanguins à la
résorption de la bile (A. de P. 1898, 334).
3<> Enfin Wertheimer et Lepage ont, chez 30 chiens, pratiqué la ligature simultanée
du canal cholédoque et du canal thoracique, et dans aucun cas ils n'ont constaté des
faits semblables à ceux qu'avait observés Harley, c'est-à-dire l'absence totale de
l'ictère ou un retard prolongé dans son apparition. Le pigment s'est montré dans
Turine à peu près dans les mêmes délais que si l'on avait lié le cholédoque seul. L'en-
semble de ces dernières expériences n'a été publié qu'en 4899, (Journal fie Phy$. 259);
mais déjà en 1896 {B. B., 930) Wertheimer et Lepage avaient signalé que, chez 6 chiens
auxquels ils avaient lié à la fois les deux canaux, ils avaient déterminé constamment
de l'ictère. Entre temps, d'autres expérimentateurs étaient arrivés de leur côté aux
mêmes résultats. Qceirolo et Benvenuti [La Riforma medica, 1898, p. 259 et Sem. inédic,
octobre 1898), ayant répété l'expérience de V. Harley concluent que l'occlusion simul-
tanée du canol cholédoque et du canal thoracique n'empêche pas la manifestation de
l'ictère : que l'occlusion du canal thoracique ne modifie ni ne fait disparaître [l'ictère
produit par l'occlusion du cholédoque : que dans l'ictère par rétention, l'absorption de
la bile dans le foie est due pour la plus grande part au système veineux intrahépatique.
Gerhardt iVerh, des io Congr, der innere Medic,, Wiesbaden, 1898, cité par K. Burkbr
hc.cit.y) trouve également que, à la suite des opérations de V. Harley, l'ictère apparaît
très régulièrement, et que, chez les animaux auxquels on les pratique, l'urine devient
« aussi rapidement et aussi fortement ictérique que chez ceux dont le canal thoracique
est resté libre ». Cependant, d'après Gbrhardt, quand la voie lymphatique demeure
ouverte, c'est elle qu'il faut considérer comme la voie normale suivie par la bile. Celte
concession faite à la doctrine classique n'est pas fondée, puisque, dans les expériences de
Wertheimer et Lepage, la cholohématine ou la bilirubine sont résorbées dans le foie par
les vaisseaux sanguins, alors que le canal thoracique est absolument libre.
4» S'il fallait une dernière preuve que le système lymphatique n'est pas la voie exclu-
sive de résorption de la bile, on la trouverait dans les faits suivants. L'ictère, si commun
chez le chien au point qu'on pourrait l'appeler physiologique, est, comme l'a montré
Nau.nyn, un ictère par résorption. Si l'opinion courante était exacte, une urine qui con-
tient normalement du pigment biliaire devra cesser de donner laréaction de Gmblin après
qu'on aura lié le canal thoracique. Il n'en est rien : le pigment ne disparaît pas. Dubois
Écho méd. du Nord, 1898j a publié quelques expériences de ce genre. Après Jigature du
FOIE.
767
I canal lymphatique, it a receeillî Turine, dans un cas pendant quinze heares, dan^ un
autre fi^ndant vingt-deux heures; les réactions des pi i^ments biliaires persistaient toujours
cominc au début. Si l'on %mi pendant plusieurs jours des animaux opérés de la même
manière, Turine continue à être iciériquo tantôt d'une façon persistance, tautdl avec dei
interniptions» comme cela arrive d'ailleurs chez Tanimal intact.
Cette dernière série d'expériences est bien faite pour démontrer non seulement que
les vaisseaux sanguins ne sont pas étrangers à ïa résorption de la bile, mais qu'au con-
traire ils y jouent très probablement le rôle principal. L^ quantité de bile résorbée chez
le chien à Tétat physiologique est peu considérable^ puisque sa présence dans Turine ne
s'accompagne d'aucune autre manifestation de TicltTe, et cependanl cette faible propor-
tion lie matériaux biliaires passe exclusivement, après la ligature du canal thoracique,
par lesi veines sus-hépatiques.
Substances diverses absorbées dans les voies biliaires. — HEmE;%uAiN a montré
que, si Ton fait pénétrer sous une certaine pression du sulfo-indigotate de soude dans le
cholédoque, on peut reproduire en quelque sorte le tableau de Ticlére par résorption, si
ce n>st qu'au lien de la teinte jaune, les muqueuses, le tégument et l'urine ont pris une
coloration bleue. WERiHEriiER et Lepa<îb ont prouvé que le rôle principal dans la résorp-
tion de l'indigo revient incontestablement aux vaisseaux sanjEroins. L'expérience est faite
chez un chien morphine et chloroformé. On met en communication une solution de la
matière colorante bleue avec le cholédoque, sous une pression d'environ 30 cnnltm^tres:
on recueille Torine dans Tun des uretères et la lymphe dans le canal thoracique. On
constate que l'urine se *"olore en bleu dix à quinze minutes avant que la lymphe iiil changé
de teinte. Le pigment a donc passé dans le sang, et a été éliminé par le rein à un moment
où la lymphe n'en renfermait pas de trace appréciable. Si d'ailleurs on cesse dès lors
de laisser pénétrer TindïMO dans le cholédoque, la lymphe restera incolore fB.B., 1806,
1077).
C. ToBiAS a vu aussi que la ligature du canal thoracique ne supprime pas l'absorption
du ferrocyanure de sodium, de la strychnine, de Talropine h la surface des conduits
biliaires. L'iodure de sodium ne passerait ni dans le sang, ni dans les vides lymphati-
ques, c'est-à-dire qu'il ne serait pas absorbé en quantité appréciable dans ces conduits*
Rn rapprochant ses résultats positifs de ceux qu'a obtenus 11 a elle y, dont il considère l'opi-
nion comme démontrée, C. Tobias conclut que la voie par laquelle se fait l'absorption
à la surface des canaux biliaires semble d itérer suivant la nature de la substance ab-
sorbée {Trar. Lah. rfe Frkmhic^, 1803*^5, v, 97).
Si l'on introduit du lait dans le camd cholédoque sous une pression suflisante, au bout
de peu de temps, les lynqihatiques du hile et les ganglions correspondants apparaissent
fortement colorés en blane. Le fait a été signalé par K. Bcrker, qui y voit la preuve que
les lymphatiques prennent une part active aux phénomènes de résorption; mais, pour
prouver que cette observation ne peut avoir une portée générale, il suftit de rappeler ce
qui se passe pour le sulfate dlndigo.
BuHKKR a encore fait absorber diverses substances par le canal cholédoque, mais sans
se préoccuper des voies qu'elles suivent. La solution physiologique de CLNa est absorbée
très activement ; pour un accroisse menl de pression de 1,5, \p^ quantités résorbées sont
quarante fois plus grandes. La résorption s'exerce d'une façon inégale sur les diiîérenles
substances ; modérément sur le sangja peptone, l'urèe, le filycocholate de soude; faible-
ment sur la solution de bilirubine; très fortement sur la solution de glucose. La résorp-
tion de bile diluée et de glycocholale de soude détermine des lésions intenses du
parenrhyme hépatique,
Liftt fff h résorption. — D'après Heidenualn, la résorption de la bile ou de toute autre
solution introduite dans le canal cholédoque se fait dans les espaces inlerlobulaires. Le
liquide aurait donc à traverser réi'ithélium cylindrique et la paroi propre des canaux
biliaires pour arriver dans les vaisseau.v san^'uins ou lymphatiques. Le siège de la résorp-
tion, dit Heioe:^hain, ne se confond pas avec celui de la sécrétion : celle-ci a lieu dans
rintérieur du lobule, celle-là dans les canaux biliaires intertohulaires,
Le principal argumenlp et, à vrai dire, le seul argument direct sur lequel sVst appuyé
ce physiologiste, est le suivant ; si Ton fait résorber à un animal de Tindigo-sulfate de
soude, on ne retrouve la matière colorante que dans les conduits interlobulaires, et non
768 FOIE.
dans les capillaires biliaires, alors même qu'il en a passé dans la circulation une quan-
tité telle que les tissus sont fortement colorés en bleu. Par conséquent la sécrétion a
dû continuer dans l'intérieur du lobule pendant que la résorption s'effectuait en dehors
de lui. On s'explique aussi de la sorte que, si après une résorption prolongée d'indigo,
on permet à la bile de s'écouler de nouveau librement au dehors, elle reprend très
rapidement sa couleur naturelle. Si cependant, à la suite d'une rétention durable de
la bile, on trouve les cellules hépatiques teintes en jaune, c'est que le produit de sécrétion
a filtré secondairement de l'extérieur du lobule vers son intérieur.
Mais le fait sur lequel repose l'argumentation de Hbidenha.in n'a pas été confirmé par
K. BOrker. En modifiant la technique, cet expérimentateur a observé qu'à la suite de la
résorption du sulfate d'indigo par le cholédoque, les capillaires biliaires intra-lobulaires
se remplissent de matière colorante, principalement à la périphérie du lobule.
Notons encore que, d'après VircHow (A. A, P.,1857,xi, 574), l'épithélium des canaux
biliaires absorbe activement la graisse et reprend par conséquent une partie de cette
substance à la bile, qui en contient normalement une certaine quantité.
E. WERTHEIMER.
§ XXIII.- PHYSIOLOGIE COMPARÉE DU FOIE.
SOMMAIRE. — I. Introduction. — Notions aaatomiqaes. -* II. Fonction pigmentaire do
foie. — II. Fonction martiale. — III. Fonction adipogéniqne. — I?. Fonction digestive :
Hépato-pancréat. — Y. Autres fonctions.
I. — Introduction. Notions anatomiquei.
1. DéfiDition. — Le foie, reyétement épithélial. — 2. Cœlentérés. — 3. Vers. — 4. Arthropodes.
Crustacés. Arachnides. — 5. Mollusques... a. Brachiopodes. à. Lamellibranches, c. Gastéro-
podes, d, Gymnobranches. e. Céphalopodes. — 6. Vertébrés. — 7. Développement embryogé-
uique du foie chez les yertébrës. — 8. Variations anatomiques du foie. — 9. Constitution du
foie. Lobule vasculaire. Lobule glandulaire. — 10. Cellule hépatique. — 11. Pancréas.
i . Définitions. — Définition anatomique, — Le foie est une « annexe de l'intestiu
moyen ». — Les anatomistes enseignent que le foie a une existence très générale.
C'est un organe qui, envisagé au point de vue morphogénique, se confond d'abord
avec l'intestin, puis s'en sépare graduellement. A cet égard, le développement phylogé*
nique répèle le développement ontogénique.
A l'état de première ébauche, le foie existe simplement sous la forme d'un revête-
ment épithélial du tube digestif, distinct par sa couleur et ses caractères hislologiques;
c'est ce qui arrive chez beaucoup de cœlentérés, chez beaucoup de vers et chez les
insectes.
Ce revêtement se précise et se limite dans une portion plus ou moins distincte de
l'intestin moyen. Plus lard, le revêtement se circonscrit dans une dépression ou diverti-
cule du canal intestinal : le foie présente ainsi un premier degré d'indépendance.
Par un nouveau progrès, ce diverticule se divise et se subdivise en tubes glandulaires
qui restent tantôt plus ou moins distincts ou qui, d'autres fois, se conglomèrent enfin en
un organe compact. L'organe alors a atteint uni haut degré de différenciation : c'est
le foie tubulé des invertébrés et de quelques vertébrés.
Enfin, les éléments perdent leur caractère d'acinis tubulés : ce sont des cordons
pleins (cylindres de Remak) qui s'anastomosent. On a le foie massif ou lobule des verté-
brés supérieurs.
« La différenciation du foie aboutit à sa séparation graduelle de l'intestin, séparation
poussée finalement à tel degré, que l'organe n'est plus relié au tube digestif que par son
conduit excréteur (Gegenbaur). » C'est ce qui se produit chez les mollusques supérieurs
et chez les vertébrés supérieurs.
Définition histologique. — Les cellules hépatiques sont des cellules de répithélium
intestinal différenciées. La différenciation consiste en ce que le protoplasma est granu-
leux et que ses granulations sont de trois espèces : les unes formées d'un pigment
jaune brun : ce sont celles-là qui caractérisent optiquement l'organe; les antres sont
des gouttelettes graisseuses (Leydig) ; les dernières sont glycogéniques.
FOIE.
Tet
Dé/lnition phyêioiogique, — Le caractère le plus général du foie est danc d'ôtre un
organe pigmeoté H chargé de réserves de graisse el de glycogèoe.
E^xaminons maiutenanl brièvemenl les dllTéreots groupes*
2. Rayonnes, -- A. Êchinodermes. — Chez les Oargins le foie commence à se mon-
Irer commr uti épaissî^isement de rinteslin moyen dans lequel les cellules oïTrent les
caractères d*»» cellules hépatiques.
Chez les Astéries^ resLomac envoie des appendices dans les bras; sur ceux-ci »e
grttJTent des ccpcums tuhulés, dispos«:s en grappe, qui sont de véritables glandes bépa-
Itques et qui remplissent toute la cavité virtuelle du bras. — il s'y produit une sécrë-
lion : les aliments solides n*y péaèlrent point, — Les cellules hépatiques sont des
cellules cylindriques exirêmemeut longues,
Caslenli^réfi. — Clîex un grand nombre de Cœlentérés, on observe, dans la cavité élai-gie
en euUde-sac qui constitue l'estomac» un revêtement épithéltal distingué par sa
coloration, en général jaune ou brune. Les cellules colorées, pigmentaires, sont
réparties assez également chez les Polypes hydraires» Elles sont distribuées en séries
longitudinales dans la plupart des cas : chez les Anthozoaires et les Méduses, ces séries
longitudinales sont disposées sur des replis saillants de la paroi stomacale. Chez les
Siphonopbores, ou, pour parler plus exactement, chez les individus nourriciers des
Siphonophores.ces lignes longiludinales forment bourrelet au fond de la cavité digea-
tive. Parmi ces SiphonophoreSp les VfieUide&[Vele{la] présentent une disposition remar-
quable en ce que ce sont les dernières ramiflcations gastriques qui deviennent hépa-
tiques et forment un foie développé; le revêtement épithélial pigmentaire, au lieu
d'être placé dans la cavité gastro-intestinale elle-même, existe dans une grande partie
des conduits gastro-vasculaires qui y prennent origine (Kuluhbr), Une partie de ces
canaux est tapissée de cellules contenant des granulations de couleur jaune brunâtre,
tandis que plus loin les conduits sont tout à fait incolores. Ce seraient ik des canaux
biiiaires. Si cette attribution est eiacte, le foie^ chez ces animaux, offrirait un degré
de diiïerenciation assez élevé, puisqu^il serait constitué par des canaux s*ouvrant par
des ouvertures en forme de fente dans restomac central.
3. Ver». — Les anatomistes considèrent également comme un foie rudimentatre le
revêtement de cellules pigmentées qui existe dans la partie moyenne de l'intestin, chez
beaucoup d'animaux appartenant au groupe des Vers, Leur caractère granuleux et leur
coloration les font considérer comme jouissant de propriétés sécrétmtes. Celte disposi-
tion âe montre chez les Bryozoaires; elle est très apparente chez les Hotifères.
Cbez les Annélides à tube digestif fortement ramifié (Aphrodites), c'est-à-dire dont la
partie moyenne de l'intestin présente des appendices cœcaux bien développés, on voit
ces appendices se rétrécir, s'allonger et présenter le revêtement pigmentaire biliaire»
r/cst un commencement de différenciation, les conduits hépatiques venant s*ouvnr
dans l'intestin moyen*
Chez les Tuniders, on retrouve les deux mêmes états du fuie. Chez les Ascidies sim-
ples, chez V Âppendkulûrîa^ l'intestin médian est revêtu d'une couche de cellules glan-
dulaires colorées, regardées comme hépatiques. Dans les Ascidies composées, chez les
Amât^niciufn, et aussi chez les Botrylloîdes, le revêtement hépatique est disposé dans une
série de cfpcums. Chez les Salpes^ il y a un appendice de ce gt?nre, simple et quelquefois
double, aboutissant au voisinage de la cavité gastrique, qui est également considéré
comme un foie.
Chez les Vers plats, la dilîérenciation se produit de la même manière. Les ramiBca-
tions du canal intestinal de beaucoup de Trématodes sont tapissées de l'éplthélium
coloré considéré comme hépatique. Chez les Planaires, ce sont les extrémités seulement
de ces ramifications qui seraient biliaires.
4. Arthropodes. — A. Crustacés, — Première forme, — Chez les Crustacés inférieurs
î) y a dans Tintestin moyen un revêtement de cellules colorées, pigmentaires, chargées
de globules graisseux, considérées comme bépatiques.
Les Crustacés de tous les ordres présentent des appendices ca^jaui qui s'ouvrent
DICT. I>K PaVSlOLOdlB. -^ TOUS VI, 49
770 FOIE.
soit dans l'estomac — glandes gaitro-hépatiques des entomostracés, — soit au commen-
cement de l'intestin moyen — gltmdes képaUhpffloriquei des malàcostracës. — Ce n'est
que chez les formes les plus inférieures (Gopépodes) que cet appendice est unique et
médian. D*ordinaire, la disposition la plus simple est celle de deaz courts diverticules
— cœcums simples des Daphnides. — Ces dÎTerticules subissent chez d'autres espèces
une complication. Us se multiplient, formant deux on plusieurs paires, et s'allongent
considérablement. D'autres fois, ils se ramifient en arborescences. Les culs-de-sac ter-
minaux prennent le caractère glandulaire : ce sont alors de véritables foies. On peut
constater chez les Phyllopodes tous les degrés de différenciation , depuis une simple
expansion de la paroi intestinale, jusqu'à une gfande tubulée richement développée.
Ce terme extrême est atteint chez les Apus et les Limnadia, — Chez les Décapodes, la
disposition est la môme : les tubes ramifiés forment des groupes en forme de toulTes
compactes qui remplissent le céphalo-tborax. Les tubes glandulaires , en nombre consi-
dérable, s'ouvrent les uns dans les autres, et finalement dans un canal commun latéral
au pylore. Ces organes, colorés en jaune brun, constituent des foies véritables. Lorsqu'on
en suit le développement diez les Décapodes, on les voit naître de deux simples dila-
tations de l'intestin moyen; et c'est cette observation qui permet de rattacher le foie
d'un Crustacé élevé, comme l'Ëcrevisse, aux cœcums permanents des Crustacés inférieurs.
Les tubes sont formés d'une fine membrane tapissée d'un épithélium sécréteur où Tod
peut distinguer deux espèces de cellsles, ceiluteg-ferments (Wbbeb) et cellules hépatiques^
riches en graisse. Chez les Crustacés décapodes on attribue à cet organe des fonctions
multiples : digestive, absorbante, excrétive, martiale, gljcogénique,' d'arrêt pour cer-
taines substances, anticoagulante, etc.
2* foirme, — Le foie existe eooore sous une autre forme chez d'autres animait de ce
groupe. Les diverticules tapissés de cellules biliaires, au lieu de se concentrer en deux
touflfes de tubes, s'abouchant au début de l'intestin moyen, forment un plus grand nom-
bre de touffes échelonnées le long de cet intestin. On trouve ainsi des touffes glandu-
laires ramifiées, colorées en jaune, vert ou brun, et disposées par paires, deux, quatre
ou six, chez les Isopodes. De même, chez les Stomapodes, il y a dix paires de touffes
biliaires à structure [lobée. Ces organes, ces pseudo-foies, sont évidemment des forma-
tions analogues aux précédentes.
B. ArachniAes. — Dans ce groupe, les organes hépatiques se présentent comme daus
le second groupe des Crustacés. Les cœcums antérieurs de l'intestin moyen gardent
généralement la forme de poches, de diverticules. On les désigne comme des caecums de
Vestomae, Les touffes postérieures sont les véritid>les organes hépatiques ; elles débou-
chent, non plus au commencement, mais vers la fin de l'intestin moyen; il y en a trois
paires chez les Araignées et cinq paires chez les Scorpions.
La masse hépatique des Arachnides remplit une grande partie de la cavité abdomi-
nale et pousse des prolongements qui s'insinuent entre les autres organes de cette
cavité, organes circulatoires ou sexuels.
C. Myriapcdei et Insectes. — Les appendices de l'intestin moyen font défaut. 11 est
difficile de trouver aucun organe qui puisse être identifié au foie.
5. MollaBqaes. — L'intestin moyen présente, chez les Mollusques, des annexes dif-
férenciés qui constituent un foie souvent volumineux et bien caractérisé. On y retrouve
la disposition générale : diverticules pairs de l'intestin moyen, pouvant quelquefois être
fusionnés en nn diverticule impair; ce ou ces diverticules, prolongés en tubes plus ou
moins ramifiés, sont tapissés d'un épithélium pigmenté, de coloration plus ou moins vive,
considéré comme sécréteur. — Au point de vue physiologique, le foie est un organe qui
cumule les fonctions digestives (hépato-pancréas), avec le rôle de réserve générale (gly-
cogène et graisse).
A. Chez les Brachiopoiles à charnière, le foie forme deux masses latérales entourant
l'estomac et y débouchant par plusieurs orifices. Chez les Brachiopodes sans charnière,
le foie prend moins d'extension : il est formé de tubes ramifiés aboutissant dans la dila-
tation gastrique par de nombreux orifices (Crania), ou par un seul résultant de la fusi<»n
des précédents {Linguta),
B. Chez les LameUibranckes, le foie forme, à la base du pied, une masse (glande en
FOIE.
Vï
grappe) eulourant le tube digestif sur une asseï graode portion de soti pan ours . elle
«ftt composée de plusieurs lobes aboutissant par plusieurs orifices dans la dilal^ition
gaâiriqiie. — Notons que le foie contiaole des rapports intimes avec la glande jjfénitale
placée è son contact^ par exemple dans un rppli du manteau {Mt/tiius^ Cardium),
Les tubuli glandulaires présentent trois espèces de cellules : des cellules catcairex
{Kaiktêlien) excrétrices de la chaux abondamment introduite par ralimentalîon végétale;
en second lieu des cellaîcs nutritives {NâhrzêUen) surchargées de réserves adipeuses ou
glycog<^niquef ; enOn des cettules ferments à petites granulations colorables (safranopliiles).
C* Chez tes Gaêiéropùde^, le développement n*est pas moindre. Le fore forme chez les
Gastéropodes à coquille la plus grande partie de la masse viscérale cachée dans la
coquille. Cette masse est divisée en lobes (quatre, ordinairement). Elle entoura Tintes^
lin sur une étendue plu» ou moins grande : elle déverse le produit de la sécrétion (li-
quide hépatique ) dans la première partie de Tintestin moyens par un nombre variable
d'orifices, en rapport avec le nombre des lobes, quelquefois par un seul. La glande her-
maphrodite est logée dans le foie, — Chez les Gastéropodes pulnionés. le foie présente
quatre espèces de cellules : i^ des ccUuiefi cfikatrt's {Katkzellen) riches en phosphate de
rhaux et en rapport avec ralimentation d'une part et la formation de la coquillf^ d'autre
part; ces cellules sont grandes (Barfurth); i'^ des cellules képatifjues {Leberz/ellen)^ cylin-
driques, claires, surchargées de graisse, de glycof^ène; 3° des cellules à vacuoles^ Ferment'
zt'Hen de Barfubth, Sccref::ci/e^è de BiEDKRiiANN et MoRtTz, qui sécrètent les sues digestifs;
4'* des cellules petites, à concrétions jaune pâle (cellules cyanophiles de Cuénot) qui
llxent momentanément tes matières colorantes des aliments, et particulièrement la
cliloiophyHe (Dastre). — Le nombre des lobes est très grand chez les Ptéropodes : le foie
s'y résout en un grand nombre de petits caecums, isolés ou réunis en masse compacte
déhouchaiïi quelquefois par tant d'orifices que la paroi stomacale ressemblée un crible,
D. Chei les Gt/mnoijranche», les cœcums s'élargissent encore; ils forment de véri-
tables diverticules, analogues à ce que nous avons déjà rencontré chez quelques Annélides.
Le foie des Éolidiens, par exemple, est formé d'un diverticule assez considérable de l'in-
testin* pourvu, des deux côtés, d'appendices Ct-pcaux qui traversent la cavité du corps et
pénétrent dans les cirrhcs dorsaux, en s'y ramifiant plus ou moins. Ce sont c<^s parties
ramifiées qui se distinguent par le caractère et la couleur de leur revêtement i*pithéliaL
Dans un foie de ce genre, il est difficile de dire où commence le foie et où finit Tinlf^slin,
les particules alimentaires pouvant souvent pénétrer assez loin dans ces conduits. Nous
venons de signaler l'analogie de cet organe avec celui des Vers, des Trématodes et des
Planaires : il y a pourtant une dilTérence, que Gk^evracr a considérée comme très im-
portante au point de vue auatomique : c'est que le foie de FËolidien se forme par les rami*
lications d'un diverticule préalablement séparé de l'intestin, et constitué déj.^ comme
organe distinct, tandis que, dans I13 cas des Vers, il s'agit des ramillcations de Tinteslin
lui-même.
E. Cbe^ les Céphalopodes ^ ^e foie est une masse glandulaire très apparente, compacte,
ou divisée en quelques lobes (deux, quatre) entourant plus ou moins To^sophage ou Tia-
testin,et débouchant dans la première partie de l'intestin moyen par deux canaux excré-
teur*?, lémoins de la dualité primitivt! de rorgane. On a signalé une dilîérence plus ou
moins nette entre la structure de certains lobules qui débouchent directement dans les
conduits excréteurs [lobtilea pancréatique^^ pseitdo*pancréas) et celle des lobules di'hou-
ch^int dans les parties plus profondes (revêtement hépatique, biliaire, foie).
Un a essayé «l'établir une distinction du même genre chez les Gastéropodes. Celte
distinction tend à faire considérer le foie de ces animaux comme l'équivalentp au
point de vue auatomique, comme il l'est au point de vue physiologique, à la fois, de
l'organe hépatique et du pancréas fusionnés des animaux supérieurs.
d. Vertébrés, — Les annexes de Vintestin moyen chez les Vertébrés supérieurs sorties
organes glandulaires de rintestin grêle. Ceux qui débouchent dans la première partie
(duodénum; sont le foie et le pancréas.
Chez TAmphioxus on trouve le premier début de ces dispositions. Le foie est repré-
senté par un diverticule de la première partie de l'intestin moyen, sorte de ca?cum ou
cul-de-sac dirigé en avant et tapissé d'un épîtliélium de cellules cylindriques à cils
772 FOIE.
yibralils colorées en vert. — Ou remarquera que cet état permanent chez l'Amphioxus
se confond avec l'état transitoire sous lequel se montre la première ébauche du foie
pendant le développement embryogéniqne de tous les Vertébrés.
Le foie des Vertébrés offre deux types : le type tubiUaire, qui se rencontre chez les
Poissons, les Batraciens, les Reptiles et les Oiseaux — et le type lobulaire, qui appartient
aux Mammifères. Il y a de nombreux passages de l'un à l'autre.
Les anatomistes distinguent dans le foie des Vertébrés deux espèces d'éléments for-
mateurs :i^ les canaux hépato -biliaires constituant, par leur ensemble, une glande excré-
trice : ils sont formés d'une mince paroi propre tapÎHsée de cellules cylindriques claires ;
2^ les cylindres de Remak, sortes de canaux virtuels à lumière très étroite et irrègnlière,
formés d'un amas de cellules hépatiques^ celles-ci à protoplasma spongieux, farci de gra-
nulations gljcogéniques et graisseuses.
Chez les Mammifères, l'élément du foie est essentiellement le cylindre de Rbmak,
auquel font suite les canaux hépato-biiiaires. L'organe se décompose en lobules, amas
de cellules hépatiques, de 1 millimètre de diamètre, entourés des canaux biliaires et des
vaisseaux porte et hépatiques et pénétrés par les vaisseaux sus-hépatiques.
7. Développement embryogènique du foie ches les Vertébrés. — Le foie est,
chez l'embryon du Fertébré, l'organe glandulaire le premier formé et le plus volumineux,
parmi ceux qui sont permanents. Il a une double origine : Intestinale et vasculaire.
Son origine intestinale est un diverticule du tube digestif. Chez l'Amphioxus, ce diver-
ticule simple, non ramifié, se montre immédiatement en arrière de la région respira-
toire, et se dirige en aérant et du côté gauche du corps.
Chez les autres Vertébrés, c'est encore, au début, un diverticule ventral du duodénum.
Plusieurs alternatives peuvent se présenter : le diverticule, d'abord simple, se divise
ensuite en deux, chez les Élasmobranches et chez les Amphibiens; le diverticule est
double dès son apparition et formé de deux parties d'ailleurs inégales, chez les Oiseaux ;
enfin le diverticule, d'abord unique, se complique par l'apparition ultérieure d'un
second diverticule, comme chez le lapin (Kôllikbr). — Cette évagination (diverticule
hépatique primaire formé par l'hypoblaste) pénètre dans un épaisissement spécial du
mésoblaste splanchnique.
Le bourgeon en question, simple ou double, embrasse le tronc de la veine omphalo-
mésentérique, se divise en branches qui se subdivisent elles-mêmes indéfiniment en
cylindres, unis en réseau, qui formeront l'ensemble des voies biliaires. La question est de
savoir si ces subdivisions, ces masses de cellules hépatiques, sont des cylindres pleins
(cylindres de Rimak), comme cela parait avoir lieu chez les Oiseaux (Remax) et chez le
lapin (Rôllixbr) ou si ce sont des canalicules creux, à lumière de plus en plus rétrécie,
comme il semble que ce soit le fait chez les Élasmobranches, chez les Amphibiens, et
chez quelques Mammifères (canaux hépato-biliaires).
L'origine vasculaire du foie résulte de ce que, tandis qu'a lien le bourgeonnement du
diverticule hépatique, d'autre part la veine omphalo-mésentérique bourgeonne à son
tour. Ses rameaux pénètrent le réseau précédent et y forment un double système de
voies sanguines : un système de vaisseaux afférents (système de la veine porte), qui se
ramifie par dichotomie descendante, et un système de vaisseaux afférents qui se collecte
par dichotomie ascendante (système de la veine sus-hépatique). A cet égard, le foie
constitue une glande vasculaire sanguine de disposition tout à fait spéciale.
On a résumé de la manière suivante les différents stades de l'embryogénie du foie
(Th. Shorb, Lkwis Jones) :
P Le foie est un diverticule de l'intestin, simple glande tubulaire limitée par un endo-
derme sécréteur modifié. C'est le cas de l'Amphioxus et de tous les vertébrés au début.
20 Subdivision des cellules endodermiques à l'extrémité du diverticule, de manière à
former une masse solide. Cette masse est traversée de canalicules pour l'écoulement de
la sécrétion dans le tube primitif transformé en canal excréteur (canaux hépato-biliaires).
3<» Multiplication ultérieure des cellules et pénétration des vaisseaux sanguins qui la
divisent en colonnes solides (cylindres de Remak), ces colonnes étant en quelque sorte
drainées par un système de canaux biliaires intercellulaires. Cet état est celui du foie de
la Lamproie.
FOIE.
774
4* PénélralLon plus complète des vaisseaux sanguins entre les colonnes précédente^.
Celles-ci forment alors un réseau de cylindres composés de cellules hépatiques* les cel-
lules <*taiit d'ailleurs disposées de manière ù former une couche unique autotir des capil-
laires biliaires. Tel est Tétat permanent des Poissous, Amphibiens et HepLiles. C'est lii
condition transiloîre des MammiFères pendant leur développement,
5" Enfin, pénétration encore plus complète des vaisseaux sanguins qui s'iasîuuent
entre les éléments des cylindres cellulaires précédents. De plus» les capillaires sanj^uîns
s'arrangent d'une manière particulière; ils se rassemblent en petits groupes qui abou-
tissent cbaciui par un afltuent unique dans les veinules efTérentes (sus-hépatiques). Chacun
de ces petits groupes de tissu hépatique conslilue un lobule hépatique. C'est le cas des
Mammifères adultes.
8. Vnriations a.n atomiques du foie. — Le développement progressif de ces deux
réseaux, hépatique et vasculaire, constituera le foie de l'adulte.
Les deux moitiés originaires du foie ne restent séparées que cheiles derniers Poissons,
chez les Myxines. Partout ailleurs elles constituent un organe unique, volumineux, plu»
ou moins distinctement divisé en lobes. Quelquefois la masse est indivise : cela a lieu
cheï quelques Poissions osseux, chez le Petromyzon et chez les Serpents. D'autres fois, it
y a deux lobes (Sélaciens» autres Poissons osseux), Crocodiles, Tortues; Tindication des
deux lobes subsiste chez les Oiseaux et chez les rnammilères, la lobulalion multiple qui
se montre chez les Carnivores, les Rongeurs, chez quelques Marsupiaux et chez les Singes,
laissant apercevoir parfaitenienl la division mitiale en deux lobes fondamentaux.
Lii forme du foie varie chez les différents animaux, sans que ces variations aient
beaucoup d'intérêt. Chez les Mammilcres on y distingue deux lobes principaux, eux-
mêmes plus ou moins subdivisés en lobes secondaires. Chez l'homme, il y a un lobe droit,
un lobe gauche«elàla base deux petits lobes complémentaires, le lobe carré, le lobule de
SriEGEL. Chez les singes, le lobe droit est divisé en quatre^ le lobe gaurhe en deux, Chez
le chien, il y a cinq divisions : le lobe droit principal portant la vésicule; le lobe droit
complémenlairejte lobe gauche divisé e»i trois : principal, courplémentaire* accessoire.
Chez certains Rongeurs {Capromys Founucrit il y a uf»e multitude de petits lobules.
Chez tes Itu minants (mouton], les divisions sont peu marquées.
Chez les Oiseaux le foie est volumineux. Il l'est chez les Gallinacés et surtout chez les
Palmipèdes. Chez ceux-ci, le foie est divisé en deux lobes presque égaux : le gauche pré-
sente un commencement de division par une scissure (coq).
Chez les Reptile^! et tes Batraciens, le foie présenle des divisions marginales. Les gre-
nouilles ont un organe hépatique à deux lebes; chez les Ophidiens, l*organeest cylindriqii**
et compact.
Chez les poissons, la variété est poussée très loin. Les uns possèdent un foie en une
seule masse (Saumon, Brochet, Anginlle); chez d'autres, il est Irèî* divisé (Carpe). Nous
n'avons pas à nous occuper de ces particularités.
Quant aux variations de Tappareil biliaire, nous renvoyons pour leur description à
Tarticle Bile du présent Dictionnaire.
ij. Constitution du foie. I#oboleTasciilalpe. Lobule irlaudulaire. —Noos n'avons
qu'à rappeler, à propos de la conception philosophiq«ie de l'analomie du foie, tes rensei-
gnements déjà donnés h propos de la bile.
Chez l'adulte, le foie constitue un organe complexe dans lequel on distingue trois
objets : un réseau biliaire, arbre biliaire; un riche retenu capillaire en uMilles à dispo-
sition particulière; une masse de cellules spéciales comblant les vides des deux réseaux
prét:édenls, les leitulcs hépatiques, élément fondamental dont l'activité résume les diffé-
rentes activités de l'organe lui-même. L'pnsemlde est enveloppé dans la lunique propre
du foie ou capsule de Çlissos (16Ij4) d'où partent des cbûsons qui divisent la masse eu
pai ties plus ou moins distinctes, lobules hépatiques*
Nous n'avons pas à dire ici les deux manières dont on décompose la masse hépatique
pour faire comprendre la disposition réciproque de ses parties constituantes. On peut la
grouper autour des veines Hm'hépntifjties, les lobules étant alors des grains (polyédriques
par pression réciproque) appendus par une petite veine alTérentc (veine intralobulaire) à
774 FOIE.
l'axe de la grappe, qui est la veiiiule sus-hépatique. C'est la théorie du foie iobulaire, ou
du lobule vasculaire. Ou bien, on peut imaginer la masse hépatique groupée autour
des conduits biliaires, avec lesquels cheminent les branches de l'artère hépatique, de la
veine porte et les nerfs. Seulement l'arbre biliaire ne se termine point par des dilata-
tions des acini sécréteurs, comme dans les véritables glandes tubulaires ; il se termine
par un chevelu de branches gréle^ qui plongent dans la masse des cellules hépatiques
qui lui sont appendnes (Théorie du foie glande tubulaire, ou du lobule glandulaire).
On remarquera que, suivant que l'on considère tel ou tel animal, le porc, par exemple,
ou le chien, l'une ou l'autre des deux conceptions rend mieux compte des faits observés.
Le seul point qui importe ici, c'est de faire remarquer qu'en déûnitive les canalicules
biliaires ne finissent pas en extrémités closes, à parois propres, indépendantes des cel-
lules hépatiques. Leurs ramifications d'origine sont de simples interstices canalicules
entre les cellules hépatiques continues. Ces interstices ne sont pas irréguliers; ils sont
disposés systématiquement, et forment un premier réseau, réseau intralobtUaire, consti-
tué par de petits canaux cylindriques de 1 (i à 2 (i, sans paroi propre, réseau dont les
mailles enveloppent chaque cellule hépatique. Ces mailles polygonales, forcément iso-
diamétrales aux cellules hépatiques, aboutissent à un réseau extérieur placé dans les
espaces et fissures de Kiebnan, c'est-à-dire dans les intervalles qui séparent les masses
des lobules et non plus à l'intérieur de ceux-ci. C'est là un reseau interlobulairey pré-
sentant nettement une paroi propre. Celle-ci est formée : i^ d'une tunique lamineuse;
2<> de la mefnbrana propria; 3<> d'un revêtement d'épithélium prismatique régulier. Ces
canalicules interhépatiques se déchargent dans des canaux de plus en plus volumineux,
et finalement dans le canal hépatique, qui prend le nom de canal cholédoque au point de
son trajet d'où se détache de lui l'embranchement canal cystiquCf qui aboutit à la vésicale
biliaire. Le cholédoque continue son trajet vers le duodénum, oCi il aboutit dans l'am-
poule de Vater.
10. Cellule hépatique. — L'organisme élémentaire du foie est la cellule hépatique.
Ces cellules occupent les mailles du réseau capillaire du lobule dont elles reproduisent
la disposition. Ce sont des blocs, polyédriques par pression réciproque, à nombre de
facettes variable, d'un diamètre moyen oscillant entre 18 |jl et 26 {t. Les faces portent
l'empreinte des capillaires sanguins et des canalicules biliaires ultimes, sous forme de
gouttière complétée en canal par la gouttière de la cellule contiguë. La cellule hépa-
tique n'a pas d'enveloppe : une couche de protoplasma condensé à la périphérie en
tient lieu : de celle-ci partent des travées protoplasmiques» très anastomosées entre
elles en un réseau qui aboutit au noyau, ou ducnoins à l'enveloppe protoplasmique du
noyau. Celui-ci est volumineux, 9 {i. Dans les mailles du réseau protoplasmique s'amasse
le glycogène ; dans les travées du réseau lui-même on trouve deux espèces de granula-
tions : i^ des granulations graisseuses y surtout abondantes au moment de la digestion des
graisses et pendant la lactation; 2<' des granulations pigmentaires biliaires, jaunes ou
brunes, rares.
Nous avons dit que la glande appelée foie chez les Invertébrés représente plus ou moins
exactement Teusemble des annexes de l'intestin moyen des Vertébrés, c'est-à-dire nom-
mément le foie et le pancréas, dont il faut dire un mot.
11. Pancréas. — Le pancréas, glande salivaire abdominale, existe chez la plupart
des Vertébrés. 11 parait faire défaut chez quelques Cyclostomes et quelques Téléostéens,
et être très réduit chez la plupart des Poissons osseux et chez le Petromyzon. C'est une
glande en grappe, ordinairement formée de lobes nombreux. Chez les Amphibiens, les
Reptiles et les Oiseaux, ces lobes sont rassemblés en une masse compacte. Chez les Mam-
mifères, la disposition varie; tantôt la glande est compacte (homme, chien, etc.); tantôt
divisée en lobes plus ou moins distincts; tantôt elle est formée d'Ilots disséminés dans
l'épaisseur du mésentère (lapin).
Quoi qu'il en soit, à partir des Oiseaux, le pancréas est placé dans l'anse du duodé-
num. Il présente quelquefois deux conduits excréteurs (Tortues, Crocodiles, Oiseaux,
quelques Mammifères), dont l'un est ordinairement (mais pas toujours) uni au conduit
hépato-enléhque.
FOIE.
77»
L'étade bistologique du |>ancréaâ dt de ses rap[iarU avec le foie a été singulièrement
éetairée» eo ces derajère> aimées, par les études de Li^GOKssR* Nous n'avoas pai^ à en
parler iei« bien qae tes résultats ne soient pas sans importance au poiat de vae des rap-
port* physiologiques da pancréas avec le faie, particulièrement au point de ?ue de la
Tonction glycogénique.
tl sufQt ici de rappeler, à propos de la coafusiou des deux glandes, si générale élus
les Invertébrés, les traits principaux du développement embryoj^énique du pancféia
cheï le^ Craniotes. Il apparaît k peu près à la môme époque que le foie, sous la forme
d*un bourji^eon creux de la paroi dorsale de rintestia* presque en face du bourgeon
hépatique, mais cependant un peu plus bas. tl prend bientôt, chex les Ëlasmobrancbe^
et chez les Mammifères, la forme d'un entonnoir renversé qui se transforme ulténen-
rement en conduit excréteur, tandis que de nombreuses divisions diverticulées de cette
cavité s'allonjj[eront et s^avanceront daus le mésentère (mésoblaste âpbnchnîque)dout le
rôle est passif. La glande primitive se divise quelquefois en deux lobes, ainsi que sou
conduit; c'est ce qui a lieu chez le lapin. D'autres fois, un autre diverticule pareil an
premier sVlève du tube digestif et forrn** une seconde glande bieutAt fusionnée avec la
pn^mii'Te; el «:'est ce qui a lieu chez les Oiseaui.
U. — Fonction pîgm eu taira du foia.
t2« Lumiôrf que la phvsiolofîe compara fournit à l'ctude de;* fondions du foie en général.
§ !. Pj^mcnt'4 lîépaiiques ftt pt^çmfiats bili&iiies. — 13. Caractéws de coloration du foi*. Pi|piienls
h<^p^tique!i. — 14, Bile ei sécréiioii hëpalique. Ptgmtïnift aécréloire* et pigmentm biliairMk —
tS. Ëxi:9tonod plus ù\î moio* générale des pigtneatâ biliAÎi^es, — 16. Rapport dea pigmniiU
hépatiques àvec les pigments btJiairet.
,î 2. Pilîraeiïts hépatiques dw Vertébrés. Ferrinc el choléchrome. — 17. Méthode» pour llsole-
ineot des pigmenU. Lftrm^ du foie. Digestion pap^lnique. — 18. Propriétés et caraeléres du
pigmeai hèpalii^ne aqueux. Ferrixie. — 19, Propriété» et caraictëre* do pigment hépatique
chioroformique ou chotéchrorne. — 20. Autres Vertébrés. — 21. Conclitsion».
S 3. Ptgfnents hépatiques chei iee Invertébré». — 22. Simphflcation de la recherche. Macération
hépatique. — 23. *^ru«tlAcés. — 24. Molluique» c^iphalupode». — 25. Lamellibraochej. —
26. (rasrén>podes. — 27. Conclusion i^ènrrale. — 2S, Orii^ine de h chlarophyllc du foi<».
\^. Lumière «fue la phymiolo^le comparée fonmit À Tètiide des fonctioDS
du foie en général. — Le foie est un organe dont le fonclintinement est très complexe.
On ne le t:onnait que d'une manière insunisanief et chei les Vertébrés supérieurs seule-
ment. Nos connaissances se barnent d'ailleurs à des traits isolés, des épisodes partiels de
son activité. On les étudie à part comme des actes indépendants les uns des autres. Il
est possible* au contraire, qu'ils soient liés entre eux» et qu*ils aient les aspects divers
de Tactivité une et indivisible de la cellule hépatifpie. On di*tînffue itono. et l'on expose
en aulanl de chapitres séparés, comme si elles étaient indf'ppndantes les une,*! défi
autres, re que Ton appelle les diverses fonrtiont du foie. Mais il est entendu que ce pro-
cédé n'est qu'un artifice nécessité par Timperfectlon de nos connaissances et le besoin de
mettre un ordre provisoire dans Texpos^é des faits que nous possédons. Sons le bénéfice
de ces n^serves^ on peut donc distinguer, ainsi que la dit plus haut Ch, Richst, les fooc*
lions suivantes : la fonction gl y coijùiique, p-àr laquelle' le foie règle la quantité de sucre du
sang et utilise les matériaux digérés; ou les réserves de manière à permettre cette régu-
lation; la fonction pifjinentaire: la fonction anliloxique. Ce sont Là les trois aspects prin-
cipaux de son activité. Mais on peut mentionner encore — et c'est surtout la physiologie
comparée qui conduit 4 ces notions — une fonction martiale et une fonction adipogé-
nique. Et, enfin, on peut envisager aussi comme des manifestations de son rôle» Vexcré-
(ion biliaire: faction digesîive de Ja bile; raetion ihtntnoifènique du foie; %on râle méca-
nique dans ta rétfuliHioin delà circulation veineuse; son action hémaiotftique ; son aeîiviU
uropoiètique, son activité absorbante, -- étant bien entendu que cette éuumérûtion n*a.
eomme il a été bien dit dans Tarticle précédent^ qn^un caractère provisoire et purement
didactique.
Lorsque l'on examine les animaux autres que les Mammifères, a propos desquels ont
été acquises presque toutes les notions que Ton possède, on doit se demander quelles
sont les lumières que fournit leur étude à nos connaissances sur les fonctions du foie en
général.
776 FOIE.
Pour répondre à cette question , il faut remarquer que, si le foie est défini anato-
miquement : l'ensemble des annexes on la principale annexe de l'intestin moyen, il
est, en réalité, caractérisé par un revêtement de cellules épithéliales, colorées, pigmen-
taires, qu'on suppose sécréter un liquide rejeté par Tintestin (sécrétion hépatique, bile).
Ainsi le foie des Invertébrés est défini, en fait, comme celui des Vertébrés eux-mêmes, par
la fonction biliaire, et comme organe pigmentaire. Aussi ne sera-t-on pas étonné que nous
commencions l'histoire de la physiologie comparée du foie par l'exposé de sa fonction
pigmentaire.
On a vu précédemment que le foie, tel que le caractérise l'anatomie comparée, est
un organe pigmenté (cellules chargées de pigment) et qui fournit une sécrétion pigmentée
(la bile ou sécrétion hépatique externe).
Le caractère de pigmentation est-il général pour l'organe, et général pour sa sécrétion?
Si oui, quels sont ces pigments? quel est leur rôle? Telles sont les questions qui se
posent et qui ont été examinées par Dastre et Floresco, dans leurs Recherches sur les
matières colorantes du foie et de la bile en 1898.
§ 1. — Pigments hépatiques et pigments biliaires.
13. Caractères de coloration du foie. Pigments hépatiques. — L'organe hépa-
tique (foie, hépato-pancréas), envisagé dans l'ensemble du règne animal, présente des
variétés considérables au point de vue anatomique. Chez tous les animaux pourtant il offre
le caractère d'être coloré, pigmenté; et sa couleur, partout au moins où l'organe est bien
caractérisé, c'est-à-dire chez les Vertébrés, les Mollusques et les Crustacés est jatm^ brun,
ou exceptionnellement vert brun. Cependant, chez les très jeunes Mammifères, le foie
peut être très peu coloré, et il fonce de plus en plus avec l'Âge. Nous appelons pigments
hépatiques les matières qui colorent ainsi le tissu du foie. Les pigments hépatiques
chez les jeunes animaux sont souvent peu développés. C'est ainsi que, chez les très jeunes
chiens et lapins, le foie après l'opération du lavage est tout à fait clair; il n'est pas pig-
menté, ou il l'est peu. Cependant le pigment y existe, car la simple dessication du Ussa
entraîne le foncementde couleur, et l'on peut alors retirer du tissu des principes colorants
habituels aux animaux plus avancés en Âge. On pourrait peut-être traduire cette diffé-
rence en supposant que les pigments du tissu hépatique sont d'abord à l'état de propig^
ments incolores; qu'ils restent ainsi quelque temps chez les très jeunes animaux. L'effet
que produit la dessiccation du tissu (avec ou sans fixation d'oxygène) est d'y faire appa-
raître la couleur : sur le foie vivant, l'âge amènerait le même résultat.
Ajoutons enfin que, chez l'homme, chez le chien et probablement chez d'autres ani-
maux, l'âge amène une coloration de plus en plus sombre du foie, due probablement à
une production, plus ou moins anormale, de matière mélanique.
La sécrétion de l'organe hépatique est, elle aussi, habituellement colorée; mais il
n'est pas certain [qu'elle le soit toujours. Quelques auteurs même (Bungb, par exemple)
admettent à tort qu'elle ne l'est jamais chez les invertébrés. On peut, en tout cas, oppo*
ser la constance des pigments hépatiques à l'inconstance relative des pigments secrétaires.
14. Bile et sécrétion hépatique. Pigments sècrétoires. Pi^pnents biliaix'es. —
Chez les Vertébrés, les pigments sècrétoires sont nommés pigments biliaires, parce que
la sécrétion hépatique externe y prend le nom de bile. Les deux mots y sont pleinement
synonymes.
La synonymie est-elle plus générale, et peut-on toujours, chez tous les animaux
désigner par le nom de bile, la sécrétion du foie déversée dans l'intestin ?
Chez les Vertftrés, la sécrétion hépatique (externe) est caractérisée par deux espèces
de composés : les pigments biliaires (bilirubine et dérivés) et les acides biliaires (glyco-
cholique, taurocholique et dérivés). De ces deux éléments, le dernier seul est caractéris-
tique au point de permettre de dire que tout liquide naturel qui le présente est de la
bile. En effet, les pigments biliaires, bilirubine, biliverdine, dérivent de la matière colo-
rante du sang, l'hémoglobine, et ils peuvent se trouver en conséquence dans divers tis-
sus ou divers organes à la suite d'extravasations sanguines. Au contraire, les acides
biliaires ne préexistent pas dans le sang et ne se trouvent nulle part ailleurs que dans la
FOÏE. 777
sécrétion da foie. II résulte de là que la sécrétion bépalique, la 6)le, est caractérisée, chez
les Vertébrés, par les acides biliaires <jae met en évidcnr© la réaction connue de Pkitenrofer.
D'après cela, la sécrétion de l*ori?ane hépatique chez les Invertébrés, chez les Mol-
lusques, chez les Crustacés, tie mériterait pas le nom de bile; car. à notre conoaissance»
on n'a jamais rencontré â^acide.^ biliaires chez les Invertébrés dont on a pu se procurer
la sécrétion hépatique. Celle-ci n'en présente pas à la fois les deux caractères, à savoir :
le goût amer et la réaction de Pkttknroker. Les bilef^ d't^crevisse et de crabe, qui sont
plut ou moins amères, ue donnent pas la réaction de Pettenkofkr. Les essais de Krukkx-
fiER4;,de Mac-Mlfnn, et les nôtres concordent à cet éfçard. Jusqu'à nouvel ordre, les acides
biliaires constituent donc un élément de la sécrétion du foie, spécial aui Vertébrés; ils
en sont un élément signalétique.
Mais il est clair que, si l'on veut réserver le nom de bile aux seules sécrétions qui le
possèdent, on rompra gratuitement les analogies entre les Vertébrés et les Invertébrés,
analofçies qui sont non seulement anatomiques, mais physiologiques, et que mettent en
lumière précisément les r<^cherches de D^stre et Fldbesco, sur Ja fonction pigmenlaire et
sur la fonction martiale du foie chez tous les animaux.
Il Faut, pour respecter ces anal«igics, faire passer au second plan les acidei biliaires,
et employer les mêmes mots hite et pi^fments biliaires pour dési^'ner chez tous les ani-
maux le liquide excrélé par le foie et les pigments qtit le colorent.
15. Existence plus ou moins efé aéra le des pigments biliaires. — ^Une opinion
commune veut que la bile soit incolore chez les lirverlêbiés (Mollusques, Arthropodes),
et, en général, chez tous les aniuiaux dont le sang ne contient pas d'hémoglobine
(Amphioius), Cette opinion est la conséquenoe de la théorie qui fait dérivei', chez les
Vertébrés, la matière colorante de la bile de celle du sang. Hu.Noe, comme nous l'avons
déjà fait rtim arquer, a donné une expression très catégorique à cette manière de voir.
Mais elle est pourtant contraire aux faits. On connaît des exemples très nets de hiie colorée
chez les Invertébrés; le pluscaraclénstique est celui de l'escargot. Mais il y en a beaucoup
d'autres chez les Mollusques et les Crustacés, saus parler ici des Vers comme Stpko^
nostoma, Spirof/mphis^ etc., dont les diverlicules hépato-entériques sont remplis d*un
liquide nettement teinté* Ce qui fait que cette teinte échappe souvent à l'observateur,
c'est que la sécrètiou est peu abondante, et d'ailleurs masquée par les alimenb qui rem-
plissent le tube digeslit Si l'on pouvait recueillir la sécrétion hépatique en plus grande
«bondance et mieux isolée, on la trouverait généralement colorée.
I
I
I
I
16. Rapport des pig^ments hépatiques avec les pigments biliaires. — Les
pigments du tissu hépatique ne sont pas nécessairement dépendants de ceux qui colorent
Ja bile. Chez le^ Vertébrés, par exemple, les pigments biliaires sont assez bien connus.
[V. article Bile et Tétude de IU>the et Floresco sur les pi^'nients biliaires {Archives de
Physiologie, 1897, p. 725. )J Nous allons faire connaître ici le peu que l'on sait des pigments
hépatiques. Nous verrons que ces deux espèces de pigments sont ditfèrents. Ils n'ont
en commun qu'un lien bien fragile, c'est le caractère spectroseopique d'offrir un spectre
continu.
Cette indépendance est en rapport avec une particularité qui mérite d*être mise en
lumière. r/psL à savoir que la séciétion du foie ne peutélre obtenue par macération de
Torgane» H y a chez tes Vertébrés des glandes dont ta macération reproduit les traits
essentiels de la sécrétion : telles le pancréas, les glandes gastriques, etc. Le fme et le
rein ne sont pas de ce nombre. Leurs macérations ne donnent ni la bile, ni l'urine.
Hais ces macérations (sous certains arlitices) fournissent précisément les pigments hépa-
tiques. Ces pigments sont ici sans rapport avec les pigments biliaires par le fait même que
la macération est sans rapport avec la bile.
Chez les Invertébrés, au contraire, la macération du foie (hépato-pancréas en tubes)
fournit une liqueur très analogue à la bile; aussi les pigments hépatiques sont-ils (par-
tiellement, tout au moins) identiques aux pigments bifiaires. C'est cette analogie intime
de la macération avec la sécrétion même qu'ont admise implicitement, et peut*êtri>
d'une façon trop absolue, les quelques observateurs qui ont, avant nous, traité de la bile
chez les Invertébrés, Sorby, KRUKBNBEaG et Mac Muss.
778 FOIE.
L'étude systématique des pigments hépatiques chez les Vertébrés et chez les Inver*
tébrés comporte les poiats suivants : Préparation et isolement relatif de ces pigments ;
— leurs propriétés spectroscopiques et autres ; — leur teneur eu fer ; — leurs rapports avec
les pigments sanguins et les pigments biliaires.
§ 2. — Pigments hépatiques des Vertébrés: ferrine et choUchrome.
Les pigments hépatiques chez les Vertébrés ont été étudiés au point de vue histolo*
gique ou microchimique par les anatomistes. Us out signalé ces pigments dans le proto*
plasme de la cellule du foie, sous deux états : i^ k Tétat diffus; 2f* et surtout à Tétai de
granulations protoplasmiques, donnant plus ou moins exactement les réactions micro-
chimiques du fer faiblement lié, par exemple la réaction empirique de rhémaloxyline
(A. B. Magallum). Dans le noyau (chromatioe) le fer serait engagé sous une autre forme.
Ces notions, intéressantes à beaucoup d'égard, sont insuffisantes. Il fallait chercher
à obtenir directement les matières colorantes du foie chez les Vertébrés des différentes
classes. C'est ce qu'ont essayé quelques physiologistes, Dastrb, Florksgo, et d'autres à
leur suite.
17. Méthodes pour risolement des pi^^ments. Lavage du foie. DiflrestioB
papaînique. — Le foie des Vertébrés adultes présente une teinte variant du rouge bran
au rouge acajou. — Cette teinte résuite d'un mélange de la couleur propre du tissa
hépatique avec la couleur du sang qui l'imprègne. La première chose à faire est de se
débarrasser du sang par une opération bien connue : le lavage du foie avec la solution
physiologique de NaCl. A mesure que le sang disparaît, la couleur de l'organe s'éclaîrcit,
et le tissu prend une teinte fauve quelquefois très claire (jeunes animaux). Cette coulear
est due précisément aux pigments hépatiques qui imprègnent et teignent les éléments
anatomiques.
Ces pigments sont au nombre de deux, ou plutôt ils forment deux catégories. — Une
des catégories est soluble dans l'eau (saline ou alcaline), ou, ce qui revient au même,
elle est incorporée à des substances solubles dans l'eau. Dastrb et Floresgo les appellent
pigments aqueux. — L'autre catégorie est soluble dans le chloroforme et Talcool {pig-
ment chloroformique). Mais ni l'un ni l'autre ne peuvent être obtenus par l'action directe
de ces dissolvants sur le tissu hépatique. Ces pigments sont incorporés au contenu cellu-
laire. U faut détruire isolément chaque cellule pour en faire sortir le pigment cherché.
L'un des moyens employés pour cet objet par Dastrb est de soumettre le tissu du foie
lavé à la digestion papaînique poussée seulement jusqu'à dissolution. Cette opération, qui
s'accomplit en milieu neutre, est peu altérante pour les substances qu*on veut obtenir.
On a ainsi une liqueur colorée en jaune rouge et un dépôt.
U résulte de là que, dans la destruction de la cellule hépatique, il y a eu mise en
liberté d'un pigment soluble dans le milieu neutre de la digestion (peptones, sucre, etc.);;
et, d'autre part, un pigment insoluble reste attaché au dépôt solide. — Ce dernier, de
couleur gris cendre, devient brun rouge par dessiccation à l'air. Traité par le chloro-
forme, il prend une couleur jaune qui, par concentration, passe à l'orangé, puis au rouge.
On a ainsi les deux pigments : le pigment hépatique aqueux, ou ferrine^ et le pigment
hépatique chloroformique, ou choléchrome (Dastrb).
Les deux pigments ainsi obtenus préexistent bien dans le tissu hépatique, et ne soot
pas le produit artificiel du traitement. En effet, au lieu de soumettre le tissu hépatique à
la digestion pour lui enlever les pigments, on peut les extraire directement après un
simple broiement mécanique, et reconnaître leurs propriétés. — L'extraction est seu-
lement moins complète, et le rendement moins avantageux.
18. Propriétés et caractères du ferment hépatiqae aqueux. — Le pigment
hépatique aqueux qui est en solution dans la liqueur de digestion papaînique, et qu'on
peut obtenir encore du foie broyé par l'action d'un alcali faible est un mélange d'une
substance appelée ferrine (Dastrb), et de nucléo-albumines ferrugineuses. — U n'a pas
encore été isolé entièrement.
Celte liqueur colorée a été soumise à l'action de divers agents, acides, alcalis, oxy-
FOIE.
77!)
dants etc., chaleur, lumière, vide. ^ li suflira de signaler trois particylarîtés de ces
actions.
La première est relative à Tactiou sur Veau oxygénée. — L'eau oxygénée, à peu près
neutre, est décomposée violemment par la lii^ueur hépatique (de digestion papaïnique)
f'omme parla bile ella-même (Dastri). SiTona fait bouillir la liqueuti elle cesse de décom-
poser Teau oxy^îénée,
I*e second point est relatif h Taction de la lumit^re. Le spectre d'absorption n*î pré-
sente pas de bande» isolées : il oiïre seulement deux plages sombres aux deux extrémités*
rouge et violette.
Le troisième point est relatif à la composilion e!iiniii|ue de ce pigment.
Le pigment liépatique aqueux est riche en fer; le pigment chloroforinique n'en con-
tient pas. Si, au moyen de la méthode au sulfocyanale, on analyse le fer contenu dans
10 grammes de tissu frais de foie lavé, on trouve 1"/™*^,10, par exemple. Si l'on prépare le
pigment aqueux au moyen d'un autre échantillon identique, de 10 grammes de tissu
frais, on trouve sensihlemeut le même nombre. — Tout le fer du foie^ en d'autres termes,
passe dan^ le liquide papal^uique. Autrement dit encore: Le pigment aqueiLc^ ohienu en
nùlution par la dii/cstion papainique du foie, contient à peu pré» tout It* fer du foie. Laijuan*
tité qui submte dam le rétiidu de celte digestion est insignifiante, — Si l'on tîltre sur le char-
boo animal la solution de pigment hépatique aqueux, obtenue par quelque procédé que
et soit, la liqueur passe décolorée ; le charbon relient à la fois la couleur et le fer. Le
lien est lout à fait étroiL entre la substance ferrugineuse et la matière colorante. Le pig-
ment hépatique aqueux est la matière ferrugineuse elle-même du foie. Le métal est lié,
dans ce pigment, k une matière organique (probablement voisine des protéoses). La
liaison n'est pas farte au point de dissimuler les réactions du fer. En sulution légèrement
alcaline, ammoniacale par exemple, la liqueur précipite en etfet, rapidement jmr le
sulfure d'ammonium. Elle donne le précipité de bleu de Prusse par l'addition de ferro-
cyanure après aoidiUcation par l'acide chioihydrique. — Enlin, elle est soluble dans le
réactif de Bcnoe (alcool à 0:i% !K) vol., IICI à 2ri p. 100. 10 vol.).
Ainsi la solution de pigment hépatique contient du fer faiblement lié à une substance
organiquf?. Elle se rapproche à cet égard de la ferrafine de MARFoaJ et ScHiïJttJEBtiHCr, Elle
s'en distingue puui'tard, parce quVIle est plus sensible aux réactifs salins du fer, qu'elle
est soluble dans une faible quantité d'acide» et non pas seulement dans un grand excès,
comme la ferraline. — Ces analogie.*^ et ces diiïérences sonl, en quelque sorte, résumées
dans le nom de ferrine attribué à cette substance par Dastre et Flohesco. — La ferrifie
(combinaison d'une matière organique de nature protéosibue avec le fer) est l'étal naturel,
dans le foie vivant» du pi^'inent hépatique a^jneux. — A c^tte ferrine s'ajoute une petite
quantité de nncléo-albumiues ferrugineuses. ~ CeM ce mélange de ferrine et d'une
faible pr>rtion de nucléo-albumine ferrugineuse qi^ii consldue le pigment aqueui du foie.
V}, Propriétés et caractères du pigment hépatique clilorûformique ou cho-
léchrome. — Ou obtient ce pigment en traitant, soit par l'alcool, soit par le chloroforme.
le résidu sec de la digestion papaînique du foie lavé, ou encore K\ poudre de foie séché,
épuisée par la solution faible de carbonate de soude et séchée de nouveau.
On a éludip sur celte litjueur raction des divers réactifs. O^^lqoes particularités mé-
ritent d'être signalées. Elles rapproclienl le pigment hépatique à la fois des lipochromes
et lutéiaes d'une part, et des pigments biliaires d'autre part.
Les voici :
1« Ut eouteur, — Les solutions ont des teintes variant du Jaune au rouge suivant ta
concentration. Les ïipochromes, de même, sont nuancées dans la gamme jaune rouge
du spectre.
2** Solubitiié, pareille meut dans le chloroforme, la benzine; insolubilité dans l'éther,
conformément à ce qui arrive pour les pigments biliaires, mais contrairement à la plu-
part des lipochromes,
3^ Les procédéB d'ortjdation ou de déshydrntation qui font passer les lipochromes
comme les pigmentîj biliaires à la gamme verte et bleue, sont sans elTet sur le pigment
hépatique du foie, ou du moins agissent sur lui en le poussant au rouge, vers la partie
la moins réfringente du spectre. Par exemple, une solution alcoolique d'iode, agissant sur
780 FOIE.
une solution alcoolique du pigment hépatique, renforce sa couleur. Si Ton est parti
d'une concentration faible (couleur jaune), la solution passe au rouge.
4<> Les procédés de réduction (courant d'hydrogène sulfuré) ramènent à l'état ini-
tial le pigment oxydé; la même chose a lieu avec les pigments biliaires.
50 Le spectre d'absorption est le même que pour les lipochromes et les pigments
biliaires, en ce sens qu'il n'offre pas de bandes limitées, mais seulement deux plages
sombres extrêmes; l'une dans le rouge, l'autre dans le violet spectral.
Ces propriétés montrent les rapports et les différences qui existent entre le second
pigment hépatique d'une part, et les lipochromes et pigments biliaires d'autre part —
Ce sont ces affinités et ces différences que Dâstrb et Florbsco ont prétendu exprimer
par le nom de choUchrome^ qu'ils ont attribué à ce pigment.
20. Autres Vertébrés. — Les résultats typiques que l'on vient d'indiquer, ont été
obtenus sur les Mammifères, chien, lapin, etc. — Ils ont été vérifiés chez les Reptiles
(Lézards, Tortues, etc.) ; chez les Batraciens (Grenouilles, Tritons, Salamandres) chez les
Poissons (Carpes, Tanches, etc.). Partout les faits ont été trouvés concordants ils prennent
aussi un véritable caractère de généralité.
21. Conclusions. — Le foie, chez tous les vertébrés, doit sa couleur k deux caté-
gories de matières colorantes, qui se distinguent de prime abord par leur solubilité, à
savoir : A. les pigments aqueux; B. les pigments chloroformiques,
A. Ferrine. Pigments aqueux. Les trois caractères distinctifs des pigments aqueux sont:
la solubilité, la richesse en fer, le spectre continu, — 1* Solubilité. Les pigments aqueux sont
solubles dans l'eau légèrement alcalinisée par la soude ou par le carbonate de soude, et
dans la liqueur neutre de digestion papaînique, ce qui fournit deux moyens de les obtenir.
Ils sont insolubles dans le chloroforme et dans l'alcool. Leur couleur varie dans la
gamme du jaune au rouge. Ils sont toujours ferrugineux, et contiennent à peu près tout
le fer du foie.
Ils sont constitués par un composé ferrugineux que nous appelons ferrine, mélangé
d'une petite quantité de nucléo-albuminoïdes ferrugineux ;
2P Richesse en fer. La ferrine s'obtient in légalement par la digestion papalniqoe du
foie frais : c'est un composé organo-métallique très voisin de la ferratine de Marfoii
et ScuMiBDEBBRG, mais s'en distinguant en ce que le fer y est moins dissimulé que dans
celle-ci. Les réactions avec le ferrocyanure de potassium et le sulfhydrate d'ammoniaque
sont plus rapides à se produire. La ferrine est une combinaison encore plus voisine que
la ferratine de la forme saline ou minérale du fer; elle contient de l'hydrate ferriqae
combiné à un albuminoîde ayant les caractères des protéoses. — Il est vraisemblable que
le fer peut y exister alternativement à l'état ferreux et à l'état ferrique.
3<> Spectre. Le pigment aqueux, ferrugineux, examiné au spectroscope, donne un
spectre continu, sans bandes d'absorption, qui s'éteint aux deux extrémités quand la
concentration augmente.
B. Pigment alcoolO'Çhloroformique. — Le second pigment est soluble dans le chloro-
forme, moins soluble dans l'alcool; il est peu soluble dans l'éther, insoluble dans l'eau.
11 est intermédiaire par ses caractères aux lipochromes et aux pigments biliaires. Nous
l'avons nommé choléchrome.
On l'obtient en traitant le résidu de la digestion papaînique, ou directement la poudre
de foie séché.
Il ne contient pas de fer. Il n'est pas attaqué par la digestion papaînique.
§ 3. — Pigments hépatiques chez les Invertébrés.
22. Simplification de la recherche. Macération hépatique. — La recherche des
pigments hépatiques se trouve simplifiée chez les Invertébrés pour deux raisons qui
n'existent pas chez les Vertébrés.
La première, c'est que, chez le plus grand nombre de ces animaux, le sang est peu ou
point coloré, de telle sorte qu'il n'y a pas à craindre que la couleur du foie soit dissi-
mulée ou compliquée par celle du sang. Dès lors, il n'est pas nécessaire de se débar*
FOIE.
781
rasser du sang par le lavage préalable da foie, opération qui, d'ailleurs, serait le plus
liouveni impraticable.
Cest seulemenl chez les Invertébrés dont le sang est fortemeDt pigmeatét qu*il y
a, à cet égard, des précautions à prendre.
La seconde espèce de simplittcation que présentent les Invertébrés tient h la possibU
bilitè d'obtenir facilement les pigments du foie par macération de Torgane dons Peau
saline. Cette macération qui^chez les Vertébrés, n'avait aucun rapport apparent avec la
êécrétion bUiairc, ici, au contraire, offre les plus grandes analogies avec elle; elle lui est
sensiblement identique. H résulte de là que les pigments fiépati(]iucs se confondent en
partie avec les pigments hiliairc», ce qui n^avait pas lieu chez les Vertébrés.
La question des pigments hépatiques bénéficie donc, chez les Invertébrés, des études
faites sur les pigments biliaires par un certain nombre d auteurs, Sokby, ERcicEFfBRRii.
IIàc-Mun;« et d'autres. D^srnc et Floacsco ont étudié particutierement les pigments
hépatiques chez les Invertébrés qui possèdent un foie distinct. le«î Mollusques et les
Crostacés.
i3. Gpnfltacés. — t^hei les Crustacés qui ont été examinés (Écrevisses, Crabes,
Homards) on retrouve les deux mêmes pigments que chez les Vertébrés, à savoir la
fenine et ïe choléchrome.
Les préparations et les propriétés sont les mêmes. La superposition des faits est
frappante.
MoHusqnea, -- On a étudié des représentants des trob classes : Gastéropodes^ Lamel^
iihmnches^ Céphalopodes,
I
24. Céphalopodes. — Les Ccphaiopodes présentent un foie volumineux, de couleur
jaune ou brune. Chez les Décapodes ce foie est formé de deux lobes et pourvu de deux
canaux excréteurs débouchant dans le sac py torique. Chez les Octopodes, il y a encore
deux conduits excréteurs, mais la masse est indivise; il n*y a qu'un lobe* Au poinl de
vue des pigments, il est permis do distinguer deux types.
Le premier t^^pe est représenté par la Seiche. Les pigments hépatiques y sont Les»
mêmes qu*^ chez les Vertébrés. Ou extrait facilement le foie en évitant lout contact
avec les pigments de la poche ii encre. On peut en retirer les pigments soit en le sou-
me liant à la digestion papainique, soit en opérant sur la poudre de foie séché dans le
vide au-dessus de l'acide sulfurique. On obtient une liqueur jaune qui renferme le pig-
ment aqueux. Celui-ci est insoluble dans le chloroforme : il est riche en fer : il donne
un spectre continu ; il olfre tous les caractères de la ferrine.Le pigment chîoroforraique
s'obtient au moyen de la poudre de foie séché ou au moyen du résidu de la digestion
papaïnique. La couleur ei^t franchement Jaune : elle passe au rouge ^ si la coacentratiou
est sufiisante. Il a Ions les caractères du choléchrome.
Le second type dei Céphalopodes, au point de vue des pigments hépatiques, est oïTert
par le Poulpe. Le foie est de couleur brune. On en extrait un pigment aqueux qui a
les mêmes caractères qu'il présente chez les Vertébrés, chez les Crustacés et chez la
Seiche; il est riche en fer; c'est la ferrine.
Quant au pigment chloniformique, préparé comme celui de la seiche il présenta une
couleur fauve plus ou moins prononcée. Au speclrosrope il offre un spectre très remar»
quable et qui se retrouvera chez le Lamelli branche et leCastêropode. C'est un spectre à
quatre bandes; l'une caractéristique, très noire, dans le rouge: une seconde, très faible,
dans Torangé : une troisième dans le vert (la seconde au point de vue de la netteté) ;
une quatrième, également dans le vert (elle est la troisième dans Tordre de la netteté).
Ce spectre s'observe bien avec la solution alcool -chloroforme, ou avec l'alcool seuL Ce
spectre & quatre bandes est analogue à celui de la chlorophylle. Nous appelons k cause
de cela pigment chlorophylloïde ou xanlhophylloida ce pigment qui remplace ici le
choléchronie.
En résumé il y a, chez les Céphalopodes un type (Seiche | présentant les pigments
hépatiques des Vertébrés et des Crustacés (ferrine et choléchrome) et un autre type
(Poulpe) présentant la ferrine et un pigment chtorophjiloide ou hépaîQ'Chtorophyik.
782 - FOIE.
25. Lamellibranches. — Le foie des Lamellibranches est une masse brunâtre, placée
à la base du pied. 11 entoure le tube digestif. Il contracte des rapports intimes avec les
glandes génitales placées dans un repli du manteau. 11 débouche dans la cavité gastrique
par deux conduits excréteurs, aboutissants des tabules glandulaires réunis en masse
compacte. Les cellules de revêtement sont de trois espèces : des cellules calcaires {Kalk-
zellen), des cellules nutrilives (Nàkrzellen) et enfin des cellules ferments.
Au point de vue des pigments, on a examiné diverses variétés d*Hnitres, les Moules, les
Pectens et les Anodontes. On y a retrouvé les mêmes faits que chez les Céphalopodes. H
y a deux types :
Le premier type, celui de l'Anodonte, rentre dans le plan général. Il possède le
pigment aqueux ferrugineux, sorte de protéosate de fer, la ferrine et le pigment chloro-
formique à spectre continu, le choléchrome. — C'est une complète analogie avec les
Vertébrés, les Crustacés et une partie des Céphalopodes.
Le second groupe de Lamellibranches comprenant les Huîtres, Moules, Pectens, se
comporte comme le second groupe de céphalopodes. Il présente un foie dont la coulenr
est jaune verdàtre. Les pigments de ce foie sont la ferrine ordinaire et VhépatO'CfUorO'
phyllc dont la solution alcoolo-chloroformique plus ou moins colorée en vert présente ie
spectre caractéristique à quatre bandes, analogue à celui de la chlorophylle.
26. Gastéropodes. — Le foie des Gastéropodes est une glande énorme, divisée en
quatre lobes, qui occupe la presque totalité du sac viscéral : sa couleur est brunâtre. On
a distingué, dans le revêtement des tubes glandulaires, au moins chez les Gastéropodes
pulmonés, les trois espèces de cellules des Lamellibranches, mais avec quelques varié-
tés; ce sont : P les grandes cellules calcaires à phosphate de chaux (Kalkzellen). 2<* les
cellules hépatiques (Leberzellen de Barfurth) : elles présentent des granulations petites
jaunâtres, qui leur ont valu de Fhekzel le nom de Kôrnerzellen. Bioeriiann et Moritz,
d'après une de leurs fonctions nouvellement aperçues, les ont nommées cellules absor-
bantes (Resorptionzellen), 3<> La troisième espèce, celle des cellules excrétrices ou celtulen
ferments, présente des vacuoles; ou des concrétions incolores ou d'un jaune très pâle :
de là, deux variétés, la première, constituée par les cellules à grosses vacuoles (fer-
mentzellen de Barfurth, Secretzellen de Bidbrmann et Moritz) et la seconde, comprenaut
les cellules à concrétions incolores (cellules cyanophiles de CuInot) qui retiennent
momentanément, puis rejettent les matières colorantes injectées à ranimai.
Au point de vue des pigments, on a examiné les Hélix, les Buccins, les Planorbes.
Les escargots sont des animaux de choix pour ces études, et cela pour deux raisons : la
première, c'est qu'on peut se les procurer à profusion et en tout temps; la seconde, c'est
que, en même temps que le foie, on peut recueillir en abondance la sécrétion hépatique,
ce qui permet de comparer les pigments de l'organe aux pigments de la sécrétion.
Pigments hépatiques de Vescargot, Préparation, Caractères, — Le foie, facile à apercevoir
quand on a enlevé la coquille, est plus ou moins fortement coloré : tantôt brun foncé,
tantôt jaune clair. 11 est volumineux : il représente en poids le 1/5 du poids du corps, ce
qui est une proportion considérable.
On peut enlever les foies d'un grand nombre d'animaux, les dessécher dans l'exsicca-
teur au-dessus de Tacide sulfurique, traiter une portion par l'alcool et le chloroforme et
l'autre par la digestion papaïnique ou par une liqueur légèrement alcali nisée. On obtient
ainsi deux pigments; Tun aqueux, ferrugineux, dont les solutions se laissent enlever par
le charbon animal leur matière colorante et leur fer; l'autre chloroformique, dépourvu de
fer, insoluble dans l'eau et dans l'éther, soluble dans Talcool.
Il semblerait a priori que l'on eût ici les deux mêmes pigments que chez les Ver-
tébrés : ferrine et choléchrome; mais Texamen spectroscopique nous détrompe. Le
pigment aqueux présente un spectre à deux bandes étroites, dans le vert, entre D et
F; ce n'est donc pas la ferrine. Le pigment chloroformique montre le spectre remar-
quable à quatre bandes déjà aperçu chez le Poulpe et la plupart des Lamellibranches.
Krukenberg, en 1881, n'a vu que la première de ces bandes : les autres lui ont paru
inconstantes. Mac Munn a considéré les deux dernières comme étrangères aux deux
précédentes, et appartenant à ce que nous avons appelé le pigment aqueux. Tel n'est
pas Tavis de Dastrb et Floresgo. Ces auteurs ont constaté que les quatre bandes appar-
FOIE.
7R3
tienaent au même pif^nienl*, et celui-ci n'est aulre qoe [9. chlorophplie. On ailfiiet donc
que le pigment alcoolo-chloroformiqiie du foie chei Tescargol comme chez d'Oyfrcu,
Mytiius, Pecten^ Octùpui est conslîlué par Ene variété do cborophyïle, enUrO'ChlorophylU
de Hac-Munn^ hépatO'ChhrophyUe de Dasthk et Florksgo.
Quant au pigment aqueux à deux bandes, riche en fer, il est très analogue, sous tous
les rapports^ à celui que Ton retfou?e dans la sécrétion Ijépaliquu du même animal, et
qu*^ SoRBY, en 187t3, et Mi€-MuvN, en 1883» ont identifié à i'hémaline rrduite*
En résumé, chez les Gastéropodes pulmoiiés (escargot), le pigment aqueux ferrugi-
IMux est constitué non plus par la ferrinc, qui avait existé partout jusqu'à présent, mais
|Mir un dén?é de Thémogloliine, Thématitie réduite on p$eiido^hémo€hrornoifèu€^ — fait
remarquable» étant donné que rhémoRlobine n'existe pas chez ces animaux.
La sécrétion hépatique de l'escargot qui peut être recueillie en abondance, grâce h
un artifice 1res simple, présente exactement le» mômes caractères; de sorte qu'il est
permis d'identifier la sécrétion à la macération du tissu du foie.
Quant au pigment alcoolo-cblororormique, il est coofltitué par VhépatO'Chtof'Ophylle
(spectre à quatre bandes).
27. Conclusion générale. — Au point de vue des pifïnienls du tissu hépatique,
l'analogie est complète dans toute la série animale* Les analomistes ont donc eu raison,
d*dprès cela,d'idejitifler et de nommer du même nom l'organe souvent très divers qui
est ta principale ou l'unique annexe de fintestin moyen*
Le foie présente partout les in^^rnes pigments, la terrine et le cholechrome. C'est la
traduction précise de ce fait d'observation universelle que, chez tous les animaux, le foie
présente sensiblement la môin© coloration dans la gamme du jaune au brun rouge.
Cette loi d'identité ne comporte que deux exceptions, dont Tune est, d'ailleurs,
purement apparente. V'oici les caractt^res généraux de ces deux pigments :
A. — Le premier pigment (pigment aqueux, ferrine) est soluble dans l'eau légèrement
aicaline ou chargée de substances salines et organiques. Il s'obtient cbe2 tous les ani-
maux par les mêmes procédés d'extraction (digestion papaînique, macération alca-
line, etc.); il existe dans la sécrétion du foie comme dans son tisi^u, contrairement au
dire des auteurs^ qui, comme Hqpf-e-Sevler et G. Bunge, ont cru la sécrétion hépatique
incolore chez les animaux privés d'hémoglobine ; il esjt riche en fer*
La seule exception est présentée par îcs Gastéropodes pulmonés (escargots) qui, au
lieu de ferriiie, possèdent une sorte d'hémaline réduite, le pseudo-hémmhromogène de
SoRBY et Mac-Ml\nn, plus ricbe encore en fer que la Terrine, et olFrant un spectre à deux
bandes, 11 faut noter que ce corps appartient à la série de l'hémoglobine, qui cependant
fait elte-méme défaut chez ces animaux.
B. -^ Le second pigment universel est le cholechrome. Il est soluble dans l'alcool et
le cbloroforme. Il s*obtient en traitant par ces dissolvants le tissu sec* H n'existe pas
dans la sécrétion. Il est intermédiaire aux lipochromes et aux pigments biliaires. Il est
abondant chez certains animaux, en particulier chez ceux dont le foie est riche en
graisse, ce qui peut lenir à Tespèce (Homard), mais aussi aux conditions physiologiques
(altinentation abondante). 11 est rare chez les animaux à foie maigre, inanitiés.
Le second pigment est masqué dans la plupart des cas, et relégué au second plan
par un pigment très répandu, abondant, à caractères tranchés, qui n'est aulre chose
qu'une chlorophylle, ou mieux une xantbopliylle* Celui-ci présente un spectre caracté-
ristique h quatre bandes, dont la première, dans le rouge, au contact de B, est tout
à fait distinclive* Il n'a pas été rencontré chez les Crustacés^ dont le foie est ci^-^s et
contient te cholechrome en assez forte proportion; mais 00 le trouve chez la pruparl
des Mollusques. Il y a donc chez ces animaux une c)ilorophylIe ^hépatique» hépatochlo*
rophylk ou encore hépatûûcaïtthophylk.
28. Origine de rhèpato-chloFophylle. — Quant à rorigine de cette hépato^canthO'
j) /il/ ^/c, elle soulevé le problème général de la chlorophylle animale. Le pigment chloro-
phyllien est-il propre à Torganisme animal ; lui esl-il, au contraire, étranger et de pro-
venance extérieure, végétale et alimentaire? Nos expériences concluent dans ce der-
nier sens. En supprimant toute alimentation chtorophyllée pendant uo temps suffisant
784 FOIE.
(un an) chez Tescargot, nous avons fait disparaître du foie le pigment chlorophyllien,
tout en laissant subsister le pigment choléchrome. En remettant ces animaux au régime
ordinaire chlorophylle, ils ne tardent pas à récupérer le pigment chlorophyllien.
Malgré ses analogies chimiques avec les pigmenls biliaires, malgré sa conservation
pendant le jeûne hibernal, la chlorophylle hépatique n'est pas un produit animal : c'est
une chlorophylle végétale, venant des aliments, Axée seulement et conservée d'une
façon remarquable dans le tissu hépatique.
Cette faculté du foie de retenir avec persistance la chlorophylle végétale, sans la
laisser passer dans la sécrétion, mérite d'être spécialement remarquée, à cause de soo
énergie et de sa persistance.
Il faut noter que la disparition du pigment chlorophylloïde s'accompagne, dans les
expériences précédentes, d'une diminution très sensible du pigment choléchrome, comme
si l'association des deux pigments n'était pas purement accidentelle, mais avait un fon-
dement chimique ou physiologique '.
III. — Fonction martiale du foie.
Définition. — Présence du fer dans les êtres vivants. — 29. Les deux catégories de com-
posés du fer. Fer salin ou minéral. Fer organique ou dissimulé. — 30. Existence d'une
catégorie intermédiaire. ~ 31. Série des composés biologiques du fer. — 32. Existence dans
le foie du fer faiblement lié.
§ I. Fer du foie chez les Vertébrés, — 33. Importance du fer hépatique. — 34. Distribution du
fer dans Torganisme des Vertébrés. — 35. Cycle du fer. — 36. Abondance du fer dans le foie.
— 37. Existence du fer dans la bile. — 38. Ëtat du fer dans le foie k Tëtat physiologique.
Pigment aqueux. Ferrine.— 39. Les mutations du fer hépatique. Le foie comme réserve de fer.
§ II. Fer du foie chez les Invertébrés. — 40. Rôle général du fer hépatique. — 41. Résultats expé-
rimentaux. Mollusques. Crustacés. — 42. Conclusion. Fonction martiale.
§ III. Hypothèse sur la nature intime de la fonction martiale du foie. — 43. Activité des oxyda-
tions dans le .foie. ~- 44. Rôle du fer comme agent d'oxydation. — 45. La fonction martiale
est une fonction d'oxydation.
Définition. — Les relations remarquables du foie avec le glycogène et avec le gly-
cose ont été établies par Claude Bernard, et exprimées par le nom universellement
adopté de fonction glycogénique du foie. On pourrait peut-être exprimer par le nom de
fonction ferrugineuse ou fonction martiale {Mars, Martis, nom du fer en latin) les rela-
tions, très remarquables aussi, qui existent entre le foie et le fer de l'organisme. C*est
dans ce sens que Dastrb a créé ce nom de fonction martiale pour désigner les rapports
physiologiques intimes et étroits de Vorgane hépatique aoeo le fer, c'est-à-dire avec celai
des corps simples métalliques qui est le plus essenliel à l'économie.
Présence du fer dans les êtres vivants. — L.e fer est un des éléments essentiels
des organismes vivants, un de leurs constituants chimiques, comme il est aussi un des
éléments les plus universels de Técorce terrestre. Une faible quantité de fer est indis-
pensable aux végétaux. De môme pour les animaux. On a eu l'idée de son importance
chez les Vertébrés à partir du jour où l'on a su qu'il était partie intégrante et constitu-
tive de l'hémoglobine, c'est-à-dire du sang. Mais ce n'était là qu'une partie de son rôle
qui était dévoilée ; son action dans le foie restait à découvrir, comme on avait dévoilé
son intervention dans le sang.
Dans le sang, le fer n'existe point sous sa forme saline, minérale, reconnaissable
par les réactions chimiqdes du sulfhydrate d'ammoniaque et du ferrocyanore de potas-
l. Nous avons examiné, dans Tétude qui précède, les pigments généraux et constants du foie.
Nous avons dà laisser de côté les pigments plus ou moins accidentels qui peuvent y exister.
En ce qui concerne le foie dos laYertébrés, on peut y trouver, k l'état d'accident plus ou
moins régulier, dos pigments accessoires, par exemple la tétronérythrine, chez les CrosUcés, aux
époques de la mue.
En ce qui concerne les Vertébrés, il semble, d'après certaines observations, que leur foie
acquière un pigment noir qui s'accrott avec l'âge. Ce pigment serait en relation avec Tabsorption
par le foie de Thémoglobine dissoute. Tout au moins s'accroit-il considérablement à la suite
d'injections intra-veineuses d'hémoglobine. Le foie, alors, devient noir. A Tétat normal, le même
phénomène doit pouvoir se produire à quelque degré, par suite de la destruction des globales
rouges. Mais ce pigment ne semble exister ni chez l'animal très jeune, ni ches l'albinos.
FOtE- 788
sium acide (bleu de Prusse). Il est dk$imuU' dans le composé organique, l'hémoglobine»
et il i»sL uécessaire de détruire ce composé — par calcinatioûp par exemple — pour y
déceler le fer.
20. I«e8 deux cftiéforlefi de composas du fer. ^ Fet' salin ou mrn^fral. Fer arga*
niipie ou dissimult*.
D'UEie foçoQ générale, ou a iidniis, depiiiâ les lUudes de Blt.m^e et de ses élèves, (^e
le fer peut être engigé ddJis les tissus f^ous deux formes» sous deux états qui sont dilTé-
rents quant à leurs propriétés chimiques et quant à leurs propriétés physiologiques* On
a opposé ces deux catégories Tuoe à Taulie» et l'usage s^est introduit de les désigner
par les nouîs de fer snlin ou minéral pour Tuue, et de fer arganique ou ttisiimulé pour
lantre.
i* l^a première catégorie {fer salin^ fer minéral^ f^r 'ton atimentaire) comprend les
composés salins* sels ferriques et ferreux à acide minéral ou organique*
Au point iÏK vue chimique, ils se rt^counaissent': en premier lieu, à ce qu*il3 présentent
le& réaclioas classiques des sels de f<*r avec le sulfhydrate d'ammoniaque, les ferro-
cyanure et ferri-cyanure de potassium ; en second lieu, à ce qu'ils réalisent le phénomène
de la combustion ietiic des matières organiqueSi par un jeu alternatif de dégagement
d'oxygène et d'absorplion d'oxygène qui les fait passer de l'état feirique à l'étal ferreux,
et inversemeuL
Au point de vue physiologique, des recherches préliminaires da Bc.nge et de son
école (Socm, 1881) ont paru établir entre les deux catégories d*? composés ferrugineux
une différence importante. Les composés salins ferru^'ineux ne seraient pas absorbahles
par rinteslin chez les mammifères; ils seraient doue inutiles à ralimenlatioa. Au
contraire, les composés de la seconde catégorie seraient absorbés et, conséquemment,
alimentaires .
2« La seconde catégorie {fer QTqaniquc^ fnr dissimulé^ fer atimentairc) comprend, en
première ligne» rhémoglobine; puis des composés que li. Bungk a conlrihué à faire
connaître : les nucléo-albumines ferrugineuse», abondantes dans le Jaune d'u^uf, d'oil a
été extraite la principale, Vhéîfialogfne,
Au point de vue chimique, le fer est dissimulé dans ces composés; les réactions du
groupe précédent sont négatives, t^n solution légèrement alcaline ou ammoniacale, ils
ne précipitent point par le sulfure d'ammonium. L^addition de ferrocyanure de potas-
sium avec aciditication par Tacide chlorhydrique ne donne point h* précipité de bleu
de Prusse, Us ne se dissolvent point daeis l'acide cblorhydiique alcoolique, ou, s'ils se
dissolvent, ils ne donnent point ensuite la réaction du ferrocyanure.
Au point de vue physiologique, ces composés seraient absorbés par Tintcstin, et
constitueraient le fa uiinœntntrc. Il faut ajouter que ces nucléo-albumines ferrugineuses
existent, en général, dans le noyau des cellules, dans la cbromatîne nucléaire. On
comprend par là que toutes les substances empruutées au règne animal ou au régne
végétal, et les aliments, en conséquence, en renferment une forte proportion. C'est ceLl^
proportion qui suffirait aox besoins des organismes,
30. Ex^istence d'une catégorie Intermédiaire. — Cette division est trop net-
tement tranchée. Elle est fondée, au point de vue chimique, sur ce que les composés de la
première catégorie présentent les réactions classique» des sels de fer.à savoir : i*»en solu-
tion légèrement alcaline, légèrement ammoniacale, ils précipitent rapidement parle sulfure
d'ammonium; 2" si l'on aciditie par Tacide chlorhydrique et que Ton ajoute ensuite du
ferrocyanure de potassium,, on obtient le précipité de bleu de Prus.ne ; 3^ ces subalance»
sont soluhlcs dans le réactif de Bunge, c'est-à-dire dans l'acide chlorhydrique alcoolique
(00 vol. d'alcool, 10 vol. de UGl à 25 p. 100).
Au point de vue physiologique» ils seraient ahsorbables et alimentaires.
Inversement, les composés da la deuxième catégorie {fer organique) ne donnent point
ces réactions.
C'est là une distinction trop absolue. La réalité n*est pas si nette: dans la plupart des
cas où la réaction signalétique du fer n'a pas lieu immatiatanent , elle se produit tardive-
ment ;e\\e est plus ou moins leute^ et plus ou moins complète. En d'autres termes, il y a de»
m*:T; DR pavâioLooiE. — tome vï. 50
786 FOIE.
degrés dans la liaison du fer. Suivant que le métal est lié plus oti moins fortement à la
matière organique, l'effet est plus ou moins rapide. L'édifice organique dans lequel le
fer est engagé peut résister, dans le premier moment, à l'acide chlorhydrique ; mais il en
subit l'action prolongée, et se désagrège progressivement en libérant le métal. Il y a, en
un mot, une troisième catégorie de composés, intermédiaires aux deux précédentes, ou
plutôt il y a toutes les transitions des premiers aux seconds.
C'est précisément à cette catégorie intermédiaire qu'appartiennent les composés fer-
rugineux du foie, la ferrine et les nucléinates ferreux.
31, Série des composés biologiques du fer. — En résumé, les composés biolo-
giques du fer forment une série ménagée, ininterrompue.
La série commence à Chématine, qui est la combinaison où le fer est le plus fortement
Hé, dissimulé au plus baut degré. Elle se continue par les nucléo-albumines ferrugineuses,
dont Vhématogène du jaune d'œuf préparé par Bonge est un des types le plus stables;
puis vient la ferratine de Marfori et Sghmiedbbbrg, encore appelée ferro-albumine ou
albuminate de fer, où le fer est moins fortement lié, qui précipite lentement de ses
solutions dans les alcalis ou carbonates alcalins étendus par le sulfure d'ammonium, qoi
est soluble dans l'acide chlorbydrique alcoolique (réactif de BuNGB),et qui donne lentement
la réaction du bleu de Prusse avec le ferrocyanure.
La ferrine de Dastrb et Floresco vient ensuite. Les réactions avec le sulfhydrate d'am-
moniaque et le ferrocyanure acidifié ne se produisent pas immédiatement (fer lié), mais
n'ont pas besoin d'un long délai pour s'accomplir. Elle est soluble dans l'acide chlorhy-
drique alcoolique. Elle est donc déjà très proche de l'état salin du fer, et permet, comme
celui-ci, la combustion lente des matières organiques. La ferrine est la substance qui
donne au foie sa couleur plus ou moins foncée : c'est un pigment hépatique. C'est un
protéosate de fer.
Après la ferrine, on trouve des peptones ferrugineuses et de véritables sels ferreux à
acides faibles, tels que les nucléinates ferreux, les acides^lbuminates ferreux, 11 faut
signaler, parmi ceux-ci, le paranucléinate de fer, étudié par Salkowski (triferrine) et
l'amidalbuminate de fer. Vient ensuite le carbonate ferreux; puis, des oxydes engagés
de diverses manières et liés faiblement au substratum organique (rubigine, hémosldè-
rine); le cacodylate de fer; et enfin des sels ferriques à acides forts.
En résumé, & partir des nucléo-albumines ferrugineuses, les composés organiques
du fer, et particulièrement ceux du foie (ferrines) participent aux propriétés chimiques
du fer salin, et nommément à la plus importante d'entre elles, à savoir de permettre à
froid l'oxydation lente des composés organiques en dehors et au dedans de l'être vivant.
32. Existence dans le foie du fer faiblement lié. — Les études de Dastrb et
Floresco (1897) ont montré l'existence générale du fer dans le foie de tous les animaux.
Le fer y existe sous des formes qui sont précisément comparables aux composés ferreux
et feiTiques, telle la ferrine hépatique.
On ne connaissait point chez les Vertébrés d'autres organes ou tissus que le sang qui
continssent du fer en proportions notables. Du moins, ceux qui en fournissaient à
l'analyse d'appréciables quantités, comme le foie et la rate, puis les muscles, passaient
pour le recevoir du sang, sous la forme compliquée où il y existe (hémoglobine, héroa^
tine) ; ou sous la forme d'une combinaison organique tout aussi dissimulée et aussi
impropre au jeu de bascule des oxydations successives, qui constituent ce que l'on
appelle la combustion lente.
En réalité, la présence du fer dans le foie est un fait constant, universel, indépendant
du fait de son existence dans le sang. La forme sous laquelle il y existe est one forme
chimiquement voisine de la forme saline. Et comme, d'autre part, le foie est abondam-*
ment irrigué par le sang qui charrie l'oxygène comburant^ on peut dire que toutes les
conditions nécessaires à la production de la combustion lente se trouvent rassemblées
dans le foie. On ne peut douter qu'elle ne s'y accomplisse.
C'est donc là une fonction nouvelle qu'il faut assigner à l'organe hépatique. C*est
cette fonction qui a été désignée par Dastrb du nom de fonetion mariiaU. La fonction
matiiaie du foie exprime les rapports de fait existant entre le métal fer et Vargûne hipom
FOIS. m
tique, U est vraisemblable (lu'elle consiste en un mécanmne d'ù^datbn lent$ où U fsr êert
de véhicule à Voxygint comburant, coiiforiuément au type imaginé par Lavoisieh poQr la
granile nK^orité des actions cliimiques de l'organtsme vivant.
U faut maintenant exposer les faits d eipérience dont on vient d'indiquer ia
cnuclasion*
§ 1. — Fer du foie chez lea Invertéhrés,
Le foie joue, par rapport au fer, un réte exceptionnellement important.
33. Importance du fer hépatique. — Chez tes Vertébrés, llrapor lance du fer
hépatique a ^té méconnue jusqu*.^ Bin«;e (1885). Ce savant a aperçu une partie du rMe
qui ïui est dévûlu. [1 a montré que le foie était une réserve de fer pour le jeune mam-
mifère pendant La période de 1 alimentation Uctée. t.e fait est vrai; mais ce n'est
qu'une partie de la vérilé. On a i*'tat>li, en eiïet, que le foie est une réserve de fer,
non seulement cbez le mammifère et pendant raîlaitement, mais chez tous les animaux
el pendant toute la durée de la vie (ÛASTas et Flohesco).
Le rôle du fer hépatique est donc pluâ étendu qu'on ne Tavait cru. Il est, de plus,
d'une autre nature que ne pouvaient le faire supposer les étodea exécutées sur les Verté-
brés supérieurs. Chez ces animaui» en elfet, le lissa ferrugineux par excellence, c'est te
sang» te sang ronpe à hémoglobine. On dut penser que la présence du fer dans le foie
était la conséquence de sa présence dans le sang, que le fer hépatique était la source et
l'aboutissant du fer hématique. La provision du métal que les analyses de BuruGE révé-
laient dans te foie du jeune mammifère en lactation était, selon celle manière de voir^
expliquée par la nécessité du pourvoira la formation du sang, le lait alimentaire n'appor-
tant pas de fer en quantité suftisanle pour cela. Uuand on sut, ^râce à Qltii^cke, Kunkel,
^LRsxi, Nasse» I^^nghaus, L,4PicguB etÂuscaca, qu un dépôt de fer se produit dans le foie
quand, dan^ les vaisseaux sanguins, l'hémoglobine abandonne les globules^ on dut consi-
dérer le dépAt du métal comme une suite delà destruction du san;?. Formation du san^,
destruction du sang, telles élaient les opérations d'où provenait ou auxquelles pouî-voyait
le fer du foie; telles étaient ses fondions,
C« n'est là, en réalité, qu'une fonction accidentelle, secondaire» du fer hépalique, La
propriété de fixer îe fer est une propiiété universelle de la cellule hépatique, propriété
qui a une raison d'être indépendante de la constitution du sang, et qui est aussi bien
développée et même mieux développée chez les animaux qui août point de fer dans le
sang, que chez ceux qui en ont (Dastrb).
34. BistrlliQtioii du fer dans rorganisnae des Vertébrés. — Tous les tissus con-
tiennent du fer; mais il n'y en a que trois qui en cunlieunenl en proportions notables :
le sang, le foie, les musc tes* C'est le sang qui est le plus riche à cet égard. — En
dix-milliémes du poids du tissu frais, on a les chilîres suivants :
Sang z= 3 (i gramme de sang contient 0""*,5).— Fuie =;àla naissance, 4; chez Tadulte»
1,5. — Musclea — 0,2.
Ce sont là des chiffres moyens qui peuvent c'prouver des variations assez considé-
rables suivant Tanimal, et suivant les circonstances. Ainsi, pour le sang, la teneur peul
varier de 2 à 6 dix-millièmes; pour le foie, à îa naissance, de I à 16; chez fadulte, en
eoadïlion physiologique, de t),4à 2a : mais le chiffre le plus habituel est voisin de 2. Pour
les mnsctes, d'après les déterminatitms de Schmey {1903), le chiffre moyen oscille autour
deO;:i [homme, 0,79; cerf, 0,69; bœuf, t»,60; «lievai, u,(îj ; lièvre, 0,59; canard, 0,57;
chèvre, 0,ol; chien, 0^48; oie, 0,4«î mouton, 0,43; porc, 0,4->, chat, 0,40; poulet, 0,33 ;
chevreuil, 0,27; lapin, 0,12]. Le cœur est le muscle le plus riche en fer.ScHMEY a trouvé
les chiffres suivants: cheval, 1,09; bœuf, 0,79; porc, 0,00; chèvre, 0,59 et 0,30,
Les analyses faites chez un même animal (porc) ont donné : pour le «ang 3 dix-
millièmes; pour le foie, 2,12; pour les muscles, 0,4; chez un chien, 4 pourlesanf;;
%fi pour le foie; 0,48 pour les muscles.
U semble, d'après lea analyses faites jusqu'ici, que la teneur en fer du sang et d^
muscles est assez Oxe; elle varie peu par Talimentation. Au contraire, ta teneur du foie
788 FOIE.
peut éprouver des oscillations assez fortes, qui révèlent l'aptitude d'absorption et
rafûnité spéciale de la cellule hépatique pour le fer. Salkowski et Schmet, par ralimenta-
tioii à la triferrine (parauucléinate de fer), ont fait varier l'encaisse ferrugineux du foie
du simple au triple, taudis que la teneur des muscles ne variait que de 0,16 à 0,21,
c'est-à-dire d'une manière à peu près insignifiante.
11 faut noter que la muqueuse de l'intestin peut contenir du fer, à certains moments,
en proportions assez notables. C'est du fer en voie d'absorption. La cellule épithéliale
des villosilés intestinales peut absorber le composé ferrugineux à l'état de particules et loi
livrer passage dans les chyliféres, où les globules blancs les englobent et les conduisent
au foie. Cette absorption est plus ou moins abondante selon les composés du fer qui
sont ingérés : mais elle paraît assez générale. Cette règle infirme l'opinion qui a régné
jusqu'à ces dernières années. On croyait, d'après les expériences de Hamburger (1878-
1880), que les composés du fer n'éprouvaient dans l'intestin qu'une absorption insigni-
fiante. Cet expérimentateur, en effet, après avoir administré un composé ferrugineux,
n'observait pas d'excrétion accrue dans l'urine, ni dans la bile, et il retrouvait
dans les fèces une quantité de fer égale, à peu de cbose près, à celle qui avait été intro-
duite. 11 concluait, de là, à une absorption insignifiante. — Bongb (1885) renchérit
sur cette interprétation : il admit une absorption nulle pour les composés minéraux
du fer, mais une absorption réelle pour certains composés organiques (fer organique,
hématogène).
35. Cycle du fer. — Aujourd'hui, les expériences de Hamburger doivent recevoir une
autre interprétation. Le fer est absorbé dans l'intestin grêle (par les follicules isolés et
les plaques de Peter), et excrété par le gros intestin. Le fait que presque tout le fer
ingéré se retrouve dans les excréments, s'explique tout aussi bien par l'excrétion que
par la non-absorption. De plus, cette explication se trouve en accord avec les constata-
tions microchimiques de Hochaus et Quincke (1890), de Magallum (1894), de Gaule (1896), de
Hoffmann, de H. Hôber (1903) et C. Fuchs. Ces derniers ont affirmé que l'absorption do
fer était intra-épithéliale, tandis que les autres métaux ne traversent la paroi de l'in-
testin qu'en passant entre les cellules épithéliales. — L'explication qui consiste à
admettre une absorption et une excrétion continueUes concorde encore avec les obser-
vations de SMiRSKi,qui trouve le fer à l'étal de fines particules dans l'épilhélium duodénal,
où elles augmentent par une alimentation riche en fer, et d'où elles disparaissent par
une alimentation pauvre; avec les faits de ABDERHALOEN,qui,à la suite d'une alimentation
par le fer minéral ou organique, trouve les mêmes réactions microchimiques du fer
dans le duodénum, les follicules isolés de l'intej^tin grêle, les plaques de Pbybr, et plus
tard, à une phase ultérieure, dans le cœcum.
On peut interpréter tous ces faits de la manière suivante. Le fer est continuelle-
ment absorbé dans l'intestin grêle (particulièrement lorsqu'il est à l'état de composé
organique, protéosique ou nucléiniqiie) ; il est vraisemblable qu'il est transporté par
les globules blancs dans tous les organes; il est particulièrement fixé par les cellules
hépatiques dans le foie, où il intervient pour favoriser les oxydations organiques (par
oxydases ou par actions directes). L'excès est continuellement excrété par l'urine (en très
faible proportion); par la bile (en proportion plus grande), mais surtout par l'intestin,
spécialement le gros intestin. Cette élimination se fait par sécrétion, par desquama-
tion, et, dans les cas urgents, par transport leucocytaire.' Elle est de nature excrémenti-
tielle, c'est-à-dire que le fer est rejeté après avoir été fixé dans les tissus (tissu hépa-
tique), indépendamment de l'absorption actuelle (Dastre).
Il résulte de là, en définitive, que le fer a dans l'organisme des animaux une évolu-
tion, un cycle de transformations, dont le stade principal a lieu dans le foie. La cellule
hépatique a la propriété de fixer le fer, comme elle fixe les pigments (chlorophylle), les
hydrates de carbone et les graisses. Le fer joue son rôle dans les épérations chimiques
du foie (oxydations organiques).
36. Abondance du fer dans le foie. ~ 11 a été publié un assez grand nombre
do dosages du fer dans le foie, débarrassé, bien entendu, de son sang, lavé à Tean phy-
siologique. Le résultat le plus général de ces analyses est d'établir l'abondance du fer
FOIE.
7^9
dans le foie. On Irotivera à l'artide F«r de ce hiciianuaire (Vt, 2S7) le» cbittras rournis
par le& analy^^es de KrCger, Zalkski, LAPicgui, SALKom^^si^ Scjihky.
État phyxiohgique* — Chez les chiens, à la naissance, la qtxanlité du fer s'exprime par
le cIiilTre i«3 (dix-millièmes du poids frais du foîe non lavé}; chez le chien aduUeile
chilîre moyen est 1,5.
Lapina : jeunes. o»35, adultes» 0,W; Èmtfa : à la naisf^nce, 9 ;adulte9. 0,0; Pores.* 1,9;
Hérmons : 5; Ecureuih : 8; Canards : 3, S; Homme : à la naissance, 3,3 ; adultes, 2^3.
A retat pathologiquct il y a des cas où le fer augmente en proporti<-ms considérables
(diarrhée chronique, anémie pernicï<?uâe, typhus, diabète, cirrkoiie pigmunUnre de Hanot
et CiiArFFAHiï). Il y a alors des juirauuUtians jaune orangé {einenhnttitje Komer), qui
forment un hydrate ferrique (2Fe^0\ 3H^0/ cruhiginc de Lapig^ok et Auscher, dont
d*ailleurs les lieux d'élfffc lion sont la rate et les ganglions lymphatiques, et qui ne passe
que secondairement dans le foie.
37. Bxlateitce du fer dans la bile. — La hile élimine du fer. Elle en contient
normalement a un état inconnu (phosphate de fer?]. Les chiffres de Lkiucann (1853)^
de lluf'i'E'SKYLKR, de \vsg (1871), de Klixcilel (187Ô) d'Ivn Novj (1890), de E. \V. Ha«-
uunuKR (1884), sont trop élèves. Dastrk a fourni le chiiïre de 0"»,090 excrétés en 24 heures
par un kilogramme d'animal (chien), Anselï 11892) a abaissé le chiiïre à 0»»,03H. iWj^l
une quantité minime. Celte qu^ntiLi* parait indépendante du régime.
Le fait de 1" excrétion du fer par la sécrétion hépatique est général (DAsiat: et Flohesco).
Ces auteurs ont recueilli la sécrétion du foie chez Tescargot, et y ont constaté une quan-
tité de fer supérieure k celle de la bile vésiculairc des mammifères.
Au résumé, Ut htie contient du fer. EUe est unfi voie uniiersetie trélimination du fer chez
iom Us animaux-,
38. État du fer dans le foie à Tétat physlolo^que. — Pigmmt (iqueiu: : fer-
rine. — Le fer se présente dans le f*^ie ii l'état de pigment on de propigment; c'est-à-dire
que les composés rerriigineui du foie sont colorés (pigments), ou que, étrint incolores,
ils sont susceptibles de se transformer en proiluits colorés sous certaines influences, les
unes artificielles (dessiccation à 103*^; digestion papamiqoe; digestion gastrique), lei
autres naturelles.
Le fait est démontré par les expériences de Dastrk et Florksco (Arch, de P%ir.,1898,
219), Elles démontrent que tout le fer du foie f,<if cotitcmt dan» un imjmcnî qui peut
être ejcirait des ceUtde$ lit'ptitiques par certains ariffiref^, et qui est d'ailleurs soUihle \lana
l'eau léj^èremeni saline.
Vfïp étude ultérieure a montré que ce pigment a^jucux est en réalité un mélange
d'une petite quantité de nuciéines ferrugineuses , et d'une quantité prépondérante de la
substance appelée /irrrme par Dastre et Flore^co. Celle-ci est un composé organométal-
lique, sorte d'albuminos»i ferrugineuse; c'est un protéosate de fer analogue à la ferra-
tine de Mahfori et ScuuiEDEiiEEti, qui« elle, est un albuminate de fer. Ses traits dislinctifs
sont au nombre de trois: 1* ïa solubilité dans Teau légèrement alcalinisée par la soude ou
le carbonate de soude, dans la liqueur neutre de digestion opérée par la papaîne, dans
de petites quantités d'acides; Tinsolubilité dans l'alcool et dans le chloroforme: 2° la
richesse en /er;c*estun composé ferrugineux, et il contient à peu près tout le fer du foie;
enfin, 3" le caractère spechoscopique, la couleur variant, suivant la concentration,
dans la gamme du jaune au rouge. Au spectroscope,elle donne un spectre continu. ï^ans
bandes d'absorption, qui s*éteint progressivement par les deux extrémités rouge et vio-
lette, lorsque la concentration augmente.
Le fer du foie, en résumé, est surtout Axé dans des pigments ou des pr^-pigments
composés de fenine (protéosate de fer), mélangés d'une petite quantité de nuctèines ou de
nucléO'ittbumines fernufinc uses, On voit par là que dans le foie, comme d*ail leurs dans le
sang, la présence du fer est liée à la présence d'un pigment.
39. Lds mutatloua du fèr hépatique. Le foie comme réserve de fer. — Les
tmitations du fer dans k foie sont en général liées à des mutations inverses dans les autres
organes et tissus [sang], L*étude'des variations et de l'évolution du fer à l'état physiolo-
790 Ï^ÔIE.
gique et à l'état pathologique montre qae le foie constitue une réserve destinée & régu-
lariser la répartition du fer dans l'économie et à subvenir & la disette et aux besoins
du reste de l'organisme, et particulièrement du sang, chet les Vertébrés. On remar-
quera que le foie se comporte d'une manière analogue en ce qui concerne le glycogène
et la graisse.
C'est la conclusion que nous tirons de toutes les analyses méritant confiance (de
Langhaus, QuiNCKE, Nassb, Zaleski, Bungb et Lapicoob).
Au moment de la naissance, le foie est riche en fer : puis sa teneur va en diminuant
progressivement (Zaleski, Bonge); elle atteintjassez rapidement un minimum (Lapicqui)i
dont le moment coïncide avec la période de croissance la plus active (veau, trois mois; —
chevreau, 5 semaines; — chien, trois mois). Dans ces circonstances, le fer disparu du
foie se retrouve dans le sang, dont la masse augmente beaucoSp plus rapidement que
celle du foie, organe à croissance lente. Le fer du foie s'est donc comporté comme une
réserve pour le sang.
Inversement, le sang peut servir à reconstituer la réserve du foie. Une circonstance
pathologique, qui ne saurait être que l'amplification d'une condition normale, le montre
bien. C'est le cas où l'hémoglobine du globule rouge se dissout dans le sang (Quinc»,
i880, Glœveke, 1883). Lorsque l'on introduit de l'hémoglobine dans le sang, celle-ci est
détruite par le foie, qui en emmagasine le fer à l'état de ferrine et nucléine ferrugineuse.
Sa pigmentation augmente de ce chef, et aussi par suite du dépôt d*un autre pigment
indéterminé (Lapicque), non ferrugineux, probablement le choléchrome (Dastre^-
La réserve hépatique du fer est, dans une certaine mesure, indépendante de Fespèce
d'alimentation (comme la réserve glycogénique). Un jeûne de quinze jours ne la fait
point varier (Lapicque). Mais Salrowsri a vu qu'en recourant à des aliments ferrugineux
appropriés, tels que le paranucléinate de fer, on pouvait faire tripler, en dix jours, la
teneur du foie en fer. On arrive à des résultats analogues avec l'amidalbuminate de fer
et la ferratine. Les autres organes contenant un peu de fer, les muscles, par exemple,
augmentent aussi leur teneur, mais dans des proportions faibles (Schmey).
Les mutations du fer dans le foie sont lentes, et la teneur ne descend pas au-dessous
d'une valeur moyenne. C'est une nouvelle preuve que le fer hépatique | n'est pas un
élément accidentel, et que sa présence dans le foie n'est pas la simple conséquence
de son existence banale dans le milieu extérieur.
Le fer ne reste pas fixé, immobilisé dans le foie, à la façon d'un corps étranger, et
comme il arrive pour d'autres métaux. Il est continuellement éliminé ; très faiblement
par l'urine, un peu plus par la bile, mais, et suKout, par la muqueuse intestinale
(A. Mater, Stockmann et Grieg, Fr. Voit, 1892, Lapicque, 1897). Le fait dé l'élimination
excrémentitielle du fer par l'intestin a été mis hors de doute par un ensemble de preuves
que Ton trouvera indiquées à l'article Fer, page 297, et dues à A. Mayer (1850), Stock-
MANN et Grieg, Dietl (1875), Gottlieb (1891), Socin, Buchheim et Mayer, Fr. Voit (1892),
Magallum (1894), Hall,. Hoffmann, Smirski, Abderhalden, Guillemonat (1899). — Chez
l'homme, la quantité quotidiennement éliminée est d'environ 31 milligrammes par
24 heures, dont 1 milligramme par l'urine, 5 par la bile et 25 par les fèces. Cette élimi-
nation est indépendante de l'absorption alimentaire Elle est excrémentitielle. Un ensemble
de mécanismes physiologiques règle donc le mouvement du fer dans l'organisme.
S 2. — Fer du foie chez les Invertébrés.
40. R6Ie général du ifer hépatique. — C'est surtout l'étude des Invertébrés qui a
permis de comprendre le rôle général du foie comme régulateur du fer de l'organisme.
Les études antérieures sur les Vertébrés montraient seulement le rôle du foie par
rapport au fer du sang, et non point par rapport au fer de l'organisme entier. C'était on
fait particulier, résultant de cette circonstance spéciale, non universelle, à savoir l'exis-
i. On a TU (Fer, 291 j que, lorsqu'il y a destruction violente d'une grande quantité de globules
oux-mémes, en totalité, le foie se charge encore de for, mais sons une forme décidément anormale
(ruàiginede Lapicqub et Auscher). C'estun composé organique, faiblement lié, d*hydrate(«i^qiie
(2 Fe« 0*j3H« 0). Il correspond à VhémqHdérine de Nbumann, à Vhépatine de Zaleski.
FOïE.
791
tence du fer dans 1 hëmoglobiae du saog des Vertébrés* La présence elles mutations du
fer hépaUqueaemblaienl lices uniquement à la vie du sang, du sang rouge, k rHémoylo-
bine ferrogineose ; les mutations du fer hépatique étaient la contre-partie ilf>s muta-
tions du fer du sang» Le foie apparaissait comme un dépôt pour le fer du -lang, qui ae
détroit dans cet organe [héraûtolyse hépatiquei; comme une réserve de fer pour le
sang qui s'y forme (bématopoi*^se hi'patîque). C'est cette concepLion, appuyée ourles faits
tout à l^heure rappetés. qui constitue la théorie de la sidàrosc ou ihcoric hcmatiqtic du
fer du fùie^ imaginée par Qcixckk de 1877 à 1880.
Celte doctrine n'était qu'un premier pas dans la Toie de ta vént<5. Si en elîct
le fer du foie était uniquement commandé par les mutations du sang rouge il hémo*
globine, on ne devrait point retrouver ce métal dans le foie des Invertébrés, qui
n'ont point de sang rtiu^^e bémoglobinique et feiTugineux.
Or on ly retrouve. Ou revoit chez les Invertébrés les mêmes faits que chez les mam-
mifères, et on tes revoit plus nets, plus clairs, dégagés de la complication que crée, chez
ceux*ci, Texistence du fer dans le sang. Le fer existe dans le foie, avec autant et même
plus d*ahondance et de constance que chez les Vertébrés, C'est donc la preuve que te fer
hépatique n'est pas lié uniquement, ni même principaleoient, à la vï«» du «sang, aux
mutations du fer héraoglobinique, qu'il aun rôle différent et plus général-
■:
41. Résultats expérimentaux. Mollusques. Crustacés.^ Chez les Mollusques if
les Crustacés Torgane hépatique est assez bien limiléet assez distinct pour pouvoir ôtrr-
isolé et étudié. De plus, le sang de ces animaux et des Invertébrés» en général, ne con-
tient pas de fer. Ce métal y est souvent remplacé par le cuivre (hémocyanine). En outre,
il n'y a point de représentant de la rate, autre organe qui chez les Vertébrés est riche
en fer. L'organe hépatique jouit donc, a Tégard du fer d'une situation privilégiée,
exceptionnelle.
Voici le résumé des faits indiqués par Dastrk et FLORESCi>.
I* Le foie est Torgane ferrugineux par excellence, ïl est mieux spécialisera cet égard,
que le foie des Vertébrés supérieurs, puisqu'il est le seul organe chargé de fer. An con-
traire, chez les mammifères, par exemple, le tissu ferrugineux par excellence est le sang
I gramme de sang sec contient 0™«%5 de fer) et la rate est fréquemment plus riche que
le foie. Ici, il n*y a point de rate, et le sang ne contient pas de f<*r : k la place, il
renferme do enivre (hémocyanine).
Chez les Crustacés (homard, langouste, écrevisse) il n'y a de fer en quantité
appréciable que dans le foie. Chez li^s Céphalopodes (poulpe, seiche, calmar) le foie
contient vingt-ciniï foi^ plus de fer, à poids égal, que le reste du corps. Chez les
Mollusques lamellibranches (huîtres, coquilles de Saint-Jacqties, mouler») le foie
contient de quatre à six fois plus de fer que le reste du corps. Méflie résultai chez les
Gastéropodes.
â^ La teneur en fer du foie n*est pas un fait accidentel en rapport avec la présence
du fer dins le milieu ambiant. Elle est, au contraire, indépendante des circonstances
extérieures. Elle ne suit pas les variations de richesse en fer du milieu ambiant; elle
n*est pas iolkiencée davantage par les variations les plus étendues du fer alimentaiie
(jeune, hibernation)- Elle Test, au contraire, par les conditions physiologiques qui ta
font varier entre des limites assez écartées.
42. Conclusion. Fonction martiale. — La faculté de fîxation élective que le foie
possède pour le fer, il ne la possède point pour d'autres métaux, au mén»e degré. Par
exemple, il ne la manifeste pas normalement pour le cuivre. Le sang de beaucoup d'In-
vertébrés, Mollusques et Crustacés, est riche eu cuivre (hémocyanine). Chex eux iô foie
n'en contient pas sensiblement (Dastbb).
Le fer qui s'accumule dans le foie de l'Invertébré n*y est cependant pas immobilisé.
Il se dépense et se renouvelle. Il se dépense par la sécrétion biliaire (chez rescargot la
sécrétion hépatique est aussi riche en fer excrété que la bile des mammifères), sécrétion
qui Tentralne au dehors; il est dépensé aussi par la constitution de la coquille (escar-
got) qui en contient des quantités notables; peut-être par la constitution des oeufs, Il
se renouvelle par l'apport du sang. Le foie prend au san^ du Mollusque l'infime
792 -FOIE.
quantité de fer que celui-ci charrie, quantité qui est inappréciable, en fait» dans les
conditions normales, et qui ne devient appréciable dans le foie qu'à la suite de sod
accumulation. Au contraire, le même foie refuse le cuivre, qui existe dans le sang en
quantité notable.
On voit par là que le foie se distingue des autres organes, au point de vue du fer,
comme le fer se distingue des autres métaux an point de vue du foie.
Le tissu hépatique a, beaucoup plus énergiquemeat que les autres tissus, la faculté de
fixer le fer circulant. Il possède la propriété universelle (Vertébrés, Invertébrés) de rete-
nir le fer, comme il possède déjà (Vertébrés) la propriété de retenir les hydrates de car-
bone pour-former la réserve de glycogène. La cellule hépatique se distingue des autres
éléments cellulaires par le degré de son avidité pour les composés ferrugineux charriés
normalement par le sang : elle se décharge par la sécrétion hépatique (bile) qu'elle
produit.
De plus, le fer est fixé dans le foie de la plupart des Invertébrés, précisément sous It
même forme (pigment aqueux^ fenine, nucléines ferrugineuses) que chez les Vertébrés.
C'est seulement chez les Gastéropodes pulmonés que le fer est fixé sous une forme un
peu diflférente.
Cette universalité du fer hépatique ; l'identité de forme (ferrine) sous laquelle il se
présente chez tous les animaux; son indépendance relative des contingences alimen-
taires; son élimination continuelle par la bile et l'intestin, et son rétablissement conti-
nuel, tels sont les faits fondamentaux de la fonction ferrugineuse ou martiale du foie.
§ 3. — Hypothèse relative à la raison d'être de la fonction martiale du foie.
Nous avons fait connaître, dans ce qui précède, l'ensemble des faits positifs qui con-
stituent les relations universelles du foie avec le métal fer. On peut les désigner, pour
en éviter la longue énumération, par le nom commode de Fonction martiale^ comme on
désigne du nom commode de Fonction glycogénique l'ensemble des faits qui constituent
les relations du foie avec le sucre du sang.
C'est ici que finit la science positive actuelle. Peut-on aller plus loin? Peut-on péné-
trer la raison intime qui fait que, d'un bout à l'autre du règne animal, le fer se trouve
étroitement lié à l'organe hépatique? On le peut, à la condition de sortir des /aits, et de
proposer une hypothèse d'accord avec eux.
Voici cette hypothèse (Dastrb) :
43. Activité des oxydations dans le foie. — Le rôle du fer serait de favoriser les
combustions organiques qui s'accomplissent dans le foie.
i^ On peut admettre, d'une façon générale, que le foie est un des organes où les com-
bustions organiques sont le plus intenses et le plus continues, bien qu'il reçoive un
sang relativement peu oxygéné.
L^ensemble des réactions qui s'accomplissent dans le foie est exothermique. Il s'y
produit un dégagement de chaleur considérable et continu; c'est au sortir du foie
que le sang est le plus chaud ; le foie est l'organe dont la température est la plus
élevée. Laissant de côté les dédoublements, dont la part ne s'élèverait au maximum
qu'à i/7 (d'après A. Gautier lui-même, qui a appelé l'attention sur leur importance),
on peut inférer de cette condition thermique du foie que les oxydations y sont prépon-
dérantes.
On est confirmé dans cette conclusion par des observations accessoires. L'acide carlK>-
nique et l'eau sont les témoins d'oxydations poussées à leur terme. Or l'acide carbo-
nique est formé abondamment dans le foie; car, en outre de l'acide carbonique qui
passe dans le sang, il y en a en quantité considérable dans la bile, à l'état libre ou à
l'état de carbonates (au total 56 ce. i pour 100cc.de bile, d*après Pflûgir). Une partie
même de l'eau de la bile semble provenir des combustions hépatiques, et non pas seule-
ment de la simple filtration de celle qui est contenue dans le sang; car la pression dans
les canaux biliaires dépasse la pression du sang afférent (veine porte). Enfin, le défaut
presque absolu d'oxygène dans la bile, qui est l'un des produits dû l'activité hépatique
FOIE. 793
(0,2 pour iOOcc.de bile), semble indiquer aussi que cette activité coïncide avec une con-
sommation d'oxygène poussée très loin.
La présence du sang oxygéné est indispensable au fonctionnement du foie. Contrai-
rement à ce qu'avaient cru plusieurs physiologistes, mais conformément à ce qu'avaient
affirmé Gohnhbim et Litten (1876), il a été démontré (DoTONet Dufourt, 1898) que la sup-
pression du sang oxygéné entraîne la nécrose du foia et la mort' de Tanimal ; et d'autre
part que la diminution de cet apport fait baisser le quotient de Turée à l'azote total.
Gela établit la nécessité de la présence de l'oxygène.
La masse du foie est en rapport avec la production de chaleur dans l'organisme et
spécialement avec l'absorption d'oxygène. Ch. Richet pèse le foie de diflèrents animaux,
et il constate que la courbe des poids du foie suit exactement celle de la surface du
corps, et celle de l'absorption d'oxygène.
Le tissu hépatique jouit d'un pouvoir d'oxydation considérable. Si l'on classe les
tissas d'après l'activité de leur action décomposante par rapport à Teau oxygénée,
comme l'a fait W. Spitzer, le foie vient en tête après le sang et la rate, tandis que
les muscles sont au septième rang. D'après la capacité d'oxydation de l'aldéhyde sali-
cyliqne, le foie arrive au second rang (Abelous et Biârnès), ou même au premier
. (Salkowski). Cette constatation du pouvoir oxydant du tissu hépatique par A. Jaquet,
Salkowski, Abelous et Biarnès, SpiTzsa^ Portier, a conduit les auteurs à l'idée d'une
ovydase hépatique.
Les transformations des pigments biliaires dans le foie lui-même ont conduit d'autres
auteurs (Dastre) à la même idée d'une oxydase hépatique passant dans la bile {Rech. sur
(es matières colorantes du foie et de la M/e, 1898, 63).
Enfin, G. Bertrand a montré le lien étroit qui unit quelques oxydases au manganèse.
On peut donc supposer dans le foie le pouvoir oxydant lié au fer, voisin par ses pro-
priétés du manganèse.
Ces arguments et d'autres justifient suffisamment la supposition d'une activité d'oxy-
daUaH fkoUMe dans le foie.
44. Rôle da fer comme agent d^ozydation. — D'autre part, en général, les chi-
mistes ont établi que le fer est un agent oxydant pour les matières organiques.
En présence des matières organiques, l'oxyde ferrique Fe^O'.SH'O, qui existe dans les
tissus, cède son oxygène et passe à l'état d'oxyde ferreux; celui-ci, base assez forte, se
combine aux acides même faibles, acide carbonique, acidalbumine, acide nucléinique, et
donne des aibnminates et nucléinates ferreux et du carbonate ferreux GO'Fe, lequel est
soluble dans l'eau chargée de GO'. On peut donc avoir des sels ferreux, du carbonate
ferreux, de l'oxyde ferreux.
Or, au contact de l'oxygène du sang, comme de l'oxygène de l'air, les sels ferreux se
transforment spontanément en sels ferriques; l'oxyde ferreux devient Fe'0^.3HK); si
l'acide est faible (acide carbonique, acidalbumine, acide nucléinique) le sel ferrique
(carbonate, albuminate, nucléinate) se scinde, l'acide (carbonique) devient libre parce
que la base elle-même (oxyde ferrique) est faible et Ton a finalement de l'oxyde ferrique
libre Fe«0'.3H*0.
On se trouve ainsi r-amené au point de départ du cycle, et l'opération peut recom-
mencer indéfiniment; cette opération se résume en ceci, que le fer a servi à fixer de
l'oxygène sur la matière organique, c'est-à-dire qu'il a participé à la combustion
organique. Le rôle du fer se résume donc à celui de convoyeur, de transporteur
d'oxygène.
45« La fonction mat*tiale est ane fonction d'oxydation. — Si nous rapprochons
maintenant ces deux catégories défaits, d'une part ra6on(/ance des oxydations dans te
foie^ de l'autre, le rôle oxydant du fer, leur relation devient évidente. La fonction du fer
hépatique, faiblement lié, voisin du fer salin (ferrine) serait d'activer les combustions
organiques. . "■
La fonction martiale du foie est une fonction d'oxydation: A cet égard le foie ne possé-
derait qu'à un degré plus éminent une propriété universelle des tissus, de fixer le fer et
de l'employer à leurs oxydations. .
794 FOIE.
I?. — Fonction 8dipo-hépatiq[n«.
§^I. Fonction adipo-hépatiqae chez les Vertébrés. II. Fonction adipo -hépatique chez les Inrerté-
brés. — III. Circonstances qai influencent l'activité adipo-hëpatique.
46. Caractère adipogènique de la cellule du foie, en général. — La cellule hépa*
tique a la propriété de se charger de graisse. C'est là un de ses caractères disiinctifs, an
n^ême titre que la propriété de se charger de pigment, de glycogène ou de fer. — Cette
propriété de se charger de graisse est un trait universel de la cellule du foie. U appaiv
tient à tous les animaux, supérieurs ou inférieurs. Mais il est plus frappant et pins net
chez certains Invertébrés, parce qu'il y est presque exclusif au tissu du foie. — C'est ce
qui arrive, par exemple, chez les Crustacés (Dastre, Davbfii&re) où le foie peut être le
seul tissu graisseux.
Les faits que nous allons rappeler le résumeront dans les traits suivants qui définissent
la fonction adipogénique du foie dans toute l'étendue du règne animal :
La cellule hépatique possède Its propriétés \ i^ de fixer fes graisses qui lui sont amenéa
du dehors {aUmentation) ; 2® de fixer les graisses qui viennent des autres organes (réserves);
3^ de produire des graisses aux dépens des hydrat^-iie carbone venant du dehors ou du dedans
(aliments ou réserves) et probablement aussi aux dépens des albuminoides (aliments ou
réserves),
La réserve hépatique sert aux opérations chimiques du foie et aussi aux besoins en
graisse des autres organes (organes génitaux j œufs, etc.) auxquels la graisse est distribuée
au moment opportun,
^\, — Fonction adipo-hépatique chez les Vertébrés.
47. Présence de la graisse dans le foie des Vertébrés. — 48. Diverses formes de la surcharge
graisseuse, graisse d'infiltration, graisse de formation. — 49. Fixation des graisses parle foie :
a. Graisses alimentaires ; 6, Graisses venant des organes. — 50. Formation des graisses du foie
aux dépens des hydrates do carbone (aliments et réserves). — M. Formation des graisses aux
dépens des albuminoides. — 52. Nature des graisses déposées dans le foie. Lécithines.
47. Présence de la graisse dans le foie des Vertébrés. — La simple observation,
(corroborée par les études histologiques, microchimiques et chimiques montre, dans le
^e des Vertébrés, un organe riche en graisse. Cette richesse peut être poussée très loin
chez des oiseaux comme les oies ou lés canards soumis à un régime spécial. Les
Romains savaient engraisser les oies et préparer des foies gras, en utilisant cettQ faculté
du foie de se charger de graisse. Une industrie alimentaire est fondée sur elle.
Chez le chien normal, la graisse du foie représente, en moyenne, iO p. 100 du poids
sec de Torgane. -^ Chez les femelles en gestation le foie se remplit de graisse» sons
forme de fines granulations dans les cellules hépatiques. — Chez les femelles en lactation,
il y a également de nombreuses granulations graisseuses dans le foie (de Sin^y) et cette
graisse est identique à celle du lait et différente des autres graisses du corps (Lcbeobpf,
1883). — Chez les fœtus, le foie est égalemôùt inUlCré de graisse : chel le foetus du poulet
on retrouve dans le foie une partie de la gfaisse du jaune, dans les derniers Jours qni
précèdent l'éclosion. — Chez le jeune animal, à la naissance, on observe une abondante
provision graisseuse (Carnot et Gilbert, Nathan-Larribr). Chez les poissons, la quantité
de graisse peut être très considérable. A certains moments, à l'automne, on peut trou-
ver dans le foie des morues {Gadus œglifius) une proportion de graisse qui atteint
90 p. 100 du poids sec de l'organe. Les poissons cartilagineux, raies, roussettes, four-
nissent aussi beaucoup de graisse hépatique (huile de squale). Cette surcharge grais-
seuse persiste encore après d'assez longue» périodes d'inanition.
Chez les Vertébrés le foie n'est pas le seul organe riche en graisse. La formation de
la graisse n'est pas centralisée; elle est diffuse. Elle se rencontre dans le tissu cellulaire
sous-cutané et dans certaines régions d^élection; dans l'épiplooli, dans la moelle des os,
dans le tissu adipeux. On constate, au contraire, que, chez certains Invertébrés, If. graisse
semble se localiser dans le foie et dans un très petit nombre d'autres organes* La
FOIE,
7»îî
foficlioo adipO'hépaUque prend a.lors un degré de clarté e( de simplicité qu'elle
point chez les Vertébrés (Dastbe).
na
I
l
4^« Diverses formes de la surcharge graisseuse. ~ Qraisses d'inflltratloii .
Graisses de formatioii. — La graisse qmse renconlredans les éléments cellulaires du
foie, comme celle qui existe dans les autres cellules de ror^aaisme. peut avoir deux
origines. Eu premier lieu, elle peut être formée sur place, physiolof^iquement ou patho-
logiquement, c'est alors la graisiie de formation. En second lieu, ellv peut provenir du
dehors, et s'être fixée, s'être iniittrée dans la cellule; c'est alors la graisse din/iUrfition,
11 u'est pas douteux que dans te tissu adipeux les cellules se chariDtent d'une matière
crasse, giaisse neutre, née sur place, qui est un produit de formation : de même, les
cellules de la gaine myéliniqne des nerfs se remplissent d'une substame, la myéline,
en grande partie formée de graisses phosphorées» qui sont encore un produit de forma-
tion locale. — DVutre part, la graisse qui se rencontre dans les cellules épîtliéliales de
rintesliji, pendant la digestion, est un produit d'inlillralion : c'est la substance grasse
des aliments absorbée et fixée momentanément. On discute seulement sur la question
de siivoir si celte matière grasse importi^c Ta été avec ou sans saponillcalion préalable.
La question qui se pose ici pour le foie est de savoir h laquelle des deux catégories
appartient la surcharge graisseuse qu'on y observe. >'ous allons voir qu'elle appartient
aux deux, 11 y en a des deux espèces; de formation et û*inptvalion. La seconde source
parait de beaucoup plus abondante : certains auteurs (Lebedkfp, Li'sana) la considèrent
comme eiclusive dans rétat physiologique : c'est un point encore litigieux.
Il n*est pas douteux» et Ton va en donner les preuves, qu'une partie, sinon la totalité^
de la graisse hépatique est bien de la graisse fVinfiltmti07i. Elle peut avoir deux prove-»
nanees : ce peut être celle même de?^ aliments gras qui ont été digérés et versés k Tétat
de graisses neutres dans le sang : le foie les arrête et les (ixe pour un t*^mps; — en
second lieu, elle peut élre, tout aussi bien, celle des tissus gras de l'économie, et du
tissu adipeux proprement dit, qui à un certain moment est mobiltf^ée» déversée dans
le sang, et de même arn tée et fixée par ta cellule hépatique, tresl de cette manière que
quelques auteurs^ Leukdeff (18^4), Cavaz2a (1903), comprennent le Toie gras de l'intox i-
ration par le phosphore.
Quant à la ijrimac de formnlton^ il semble bien qu*elle ait aussi sa part dans la sur-
charge hépatique* Dans cette catéirorîe, comme dans la précédente, on peut distinguer
deux variétés, que nous avons désignées par les noms de grainse de formation phyùo'
logique (bonne graisse) et de ffràisse de formation pathdogique (mauvaise graisse, sléatose,
dégénérescence graisseuse). L'existence de celte dernière n'est pas douteuse, en général :
la dégénérescence graisseuse est un processus universel Je mortification des cellules :
la cellule hépalique ne saarail échapper à cette règle* — La graisse de formation physio'
têffique est celle qui s*engendre au sein de la cellule aux dépens des malénaux hydro-
êarbonés ou album inoïdes qui y sont amenés du deliors ou ijui y sont ârjk en réserve :
nous ne croyons pas possible de nier qu'une fraction de la surcharge hépatique ait cette
origine, fraction plus ou moins grande suivant les *!as.
Ces deux variétés, physiologique et pathologique, ne sauraient d'ailleurs être con-
fondues, bien que le processus de leur formation soit certainement le môme. Un
caractère extrinsèque les dislmguera. La graisse de formation phy^iolofiique est déposée
dans une cellule saine, dont le noyau est intact : elle-même est une réserve utilisable.
— La graisse de formation pathologique est déposée dans une cellule dégénérée dont
le noyau est atteint : elle semble à peu près inutilisable.
La fonction adipo-hépatique a été étudiée d'abord chez les Vertébrés. On trouvera,
plus haut, dans ie travail de Cu. Rjchbt^ l'exposé de nos connaissances à cet égard* —
On remarquera que les conclusions du chapitre consacré à Texamen de la question ehex
les animaux supérieurs sont presque littéralement identiques à celles dans lesquelles nous
résumons ci-après {n°* 49-52) les enseignements de la physiologie comparée sur cet objet.
Nous n'avons qu'à rappeler brièvement les faits principaux*
4V. Graisses d'infiltratioii. — Fixation des graisses par le foie. — A* Fixation
des Qraiases de r alimentât ion, — Magk.ndik, ayant introduit une très grande quantité de
796 FOIE.
matières grasses (beurre) dans la ration d'un chien, vit augmenter dans des proportions
considérables le dépôt adipeux des tissus et aussi ia graisse du foie. Cette influence de
l'alimentation grasse sur la teneur en graisses du foie a été confirmée par Bidokr et
ScHMiDT, et par beaucoup d'autres expérimentateurs.
Claudb Bernard fit une constatation plus directe : il s'assura, par expérience, que
le foie retient la plus grande partie des graisses introduites par la veine porte.
RosENPBLD (1893), allant plus loin, a décelé, dans l'organe même, l'espèce particulière de
matière grasse injectée dans le réseau veineux aflférent. — D'autres auteurs, parmi les-
quels Gilbert et Garnot, ont retrouvé, de même, une surcharge graisseuse de la cellule
hépatique après injection de graisses émulsionnées dans les veines de l'intestin. Cette
surcharge peut disparaître rapidement.
B. Fixation des graisses venant des organes. — Le foie peut aussi accumuler des graisses
venant des autres organes et tissus et particulièrement du tissu adipeux. Ces substances
grasses, dans cerf ai nés circonstances, sont mobilisées et versées dans le sang. Le foie les
retient. L'expérience caractéristique de Lbbboeff a montré que Tintoxication par le phos-
phore avait fait passer dans le foie une graisse spéciale, l'huile de lin, préalablement
accumulée dans l'organisme de l'animal par une alimentation prolongée.
Généralement chaque animal a sa graisse propre, caractérisée par des proportions
déterminées des graisses neutres, triolèine, tripalmitine, thstéarine.Par exemple, chez le
cMen normal, la graisse contient 70 d'oléine et 30 de palmitine et stéarine. Si l'on fait
ingérer à des chiens amaigris par le jeûne une graisse différente, riche en huile, par
exemple de l'huile de lin ou de navette, il se fixera dans les tissus une graisse plus riche
en oléine qu'à l'ordinaire, contenant, par exemple 87 p. 100 d'oléine au lieu de 70p.i00,
et 13 p. 100 de tristéarine et de tripalmitine au lieu de 30 p. 100. En même temps, et
comme conséquence, cette graisse sera fluide aux basses températures au lieu de le
devenir seulement à 20" comme la graisse ordinaire de chien. A la longue, les propor-
tions ordinaires se rétabliront, et la graisse de l'animal reprendra sa composition
normale.
A un chien surchargé ainsi de graisse oléique anormale, Lbbbdeff donne du phos-
phore, et il voit s'accumuler dans le foie de la graisse oléique. La graisse hépatique,
cette fois, provient donc bien, au moins en partie, des tissus.
50. Graisses de formation. — Formation des graisses du foie aux dépens
des liydrates de oarbone (aliments on réserves). — Cette formation est reudue
vraisemblable par l'observation vulgaire qui reconnaît l'alimentation par les féculents
comme une cause d'engraissement. Elle est démontrée par deux sortes d'expériences.
Dans le premier type, on provoque l'engraissement chez les animant (faisant partie
d'un lot avec témoins) au moyen d'un régime riche en hydrates de carbone, mais trop
pauvre en protéiques et graisses pour que la néo-formation graisseuse puisse être mise
au compte des graisses absorbées ou des albuminoîdes détruits. — Dans le second type
d'expériences, on fixe le bilan des échanges chez des animaux, nourris comme les pré-
cédents et engraissés comme eux, on calcule la quantité de graisses absorbées et le car-
bone correspondant, la quantité de protéiques décomposés et le carbone correspondanL
La quantité de carbone retenue dans l'organisme est plus grande que la somme de ces
carbones d'origine protéique et grasse : la différence provient nécessairement des hydrates
de carbone alimentaires, et, si elle est supérieure à celle qui peut exister dans l'orga-
nisme à l'état de glycogène et de sucre, c'est la preuve qu'elle y existe À l'état dégraisse,
et qu'en conséquence les hydrates de carbone ont fourni la matière première des graisses.
— Tel est, en effet, l'enseignement de l'expérience.
Cette transformation des hydrates de carbone en graisse, démontrée pour l'ensemble
de l'organisme, a ses conditions les plus favorables précisément dans le foie.
51. Formation des graisses aax dépens des albaminoXdes. — Cette for-
mation est vraisemblable; mais elle n'a pas reçu de démonstration rigoureuse et à Tabri
de tout reproche. On a essayé de la manifester dans deux espèces d'expériences.
Dans le premier type, on provoque artificiellement la dégénérescence graisseuse du
foie (stéatose) par une condition pathologique (intoxication par le phosphore, Tarser
FOIE-
7**7
nie, etc.), chez un animal privé autant que possible de ^Tobses et (Thydrale^ de earboue,
et on constate une surcharge graisseuse âupérieureà la quaaUté de graisses et d*hydrates
de carbone pouirant préexister dans Torgaiiisme. — Dans te second type^ on donne à
ranimai une atimentaliou riche en protéiques et pauvre en graisses et en hydrates de
oirbone, et on constate une fiiation de prodoits ternaires supérieure à la quantité
d'bydrates de carbone qui peut exister dans Tùrganisme et à ta quantité introduite. —
J^ft résultats de ces expériences sojH encore controversés, quoique leur orientation géné-
rale soit en faveur d'une Iransformalion des protéiques en graisses.
52. Nature des graisses déposées dans le foie. Léclthines. — DAsmi-: et Mohaî
(1874-1879) ont constaté, dans des cas d'empoisonnement expérimental par le phosphore,
à un certain stade de rempoisonnement, la présence dans le foie d'une assez grande
quantité de iecithine (graisse phosphorée)» lécithine qui était indûment comptée comme
graisse ordinaire à l'eiamen microscopique. La dégénérescence graisseuse était, en
même temps» une dépénérescence lécithique. De plus, cet état de choses, qui correa-
pondait h la première période des empoisonnements, semble se modifier; la graisse
ordinaire augmente, et la lécithine diminue.
Dans d*autres circonstances, les m«nnes auteurs ont trouvé des faits analogues. Le
foie gras du canard s'e^t montré riche en lécithine. Certaines dégénérescences patholo*
giques (rein gras de la néphrite mixte) ont fourni également beaucoup de lécithine.
Le fait fondamental a été vérillé, Lkpine et Evmo.n net (1882) ont trouvé dans certaines
parties d'un foie i^jras lulierculeux la proportion considérable de 31 de lécithine pour IQO
de tissu gras, et dans les urines une quantité nolalile d'acide phospho-glycérique, pro-»
venant delà saponilîcation de la lé«ilhine. Iîoxau*^ et Soi\ichew<ky ont fait des consta-
tations analogues. Depuis lors, Balthazard {B. B,^ 1901) a conïirmé le fait de la dégéné-
rescence lécithique, particulièrement dans les foies gras. Par exemple, che^ une oie
^?éo au maïs cuit, le foie, pesant 850 ji^rammes, a fourni 22,9 p. 100 de b^cithines sur
un total de p-raisses de ,54 p. 100 {extrait alcooto-éthéré). — Dans un autre cas Je foie,
pesant 1 IGO grammes, les lécitliines fornmienl8/J p. 100 de la totalité des graisses (extrait
alcool O'étbéré r HO p, 100).
On ne peut douter qu'il n'y ait des conditions dans lesquelles l'activité adipogénique
du foie engendre ou tixe les graisses phosphorées (lécitbines)^ et d'auties où elle
engendre des graisses simples.
D'autre part, la décomposition des lécithines par saponilîcation ou autrement donnanl
naissance aux graisses, il aurait été possible que la dégénérescence lécithique fiU le pre-
mier stade de la stéatose, pour toute la graisse de formation. C'est l'hypothèse qui
expliquerait le mieux les résultats analytiques obtenus par II astrk dans le cas d empoison-
nement par te phosphore.
Mais le problème est beaucoup plus compliqué qu'il ne parait, et celte complication
explique les contradictions des auteurs. On a vu (n* 48) qu'il y a lieu de distinguer deux
espèces de surchaige graisseuse des cellules : Tune physiologique (bonne graisse); Tautre
pathologique (mauvaise graisse)* Ce qui les distingue d'abord, c'est un caractère extrin-
sèque. Est réputée physiologique, c'est-à-dire est quai i liée Té6enL% la surcharge de la
cellule, lorsqu'elle ne s'accompagne point d*une altération du noyau, lequel garde son
volume et son aspect sain : est réputée pathologique (dé^^énérescence, stéatosej l'accu-
mulation intra-cellulaire de graisse, lorsqu'elle s'accompagne d'une altération du noyau
qui témoigne de la déchéance de la imtritîon.
D'autre part, la surcharge physiologique [réserve de graisse) peut avoir deux sources:
c'est de la grame d'hifUttation, c'est-à-dire qui vient des aliments ou des tissus (tissu
adipeux); ou bien, c'est de la graiase de formation, c'est-à-dire fabriquée sur place, aux
dépens des hydrates de carbone ou des atbuminoîdes du protoplasme. 11 est cïair que
c'est seulement dans ce dernier cas^ c'est-à-dire dans le cas de formation de graisse au
moyen des album inoïdes. qu'il peut être question de la lécithine comme stade intermé-
diaire. Il faudrait donc, pour résoudre cette importante question du processus de la
dégénérescence graisseuse, c'est-à-dire pour connaître les états iutermédiain's entre la
I substance alhuminoîde et la graisse proprement dite et savoir si la lécitbine est l'un
de ces stades, il faudrait avoir des moyens sûrs de provoquer cette espèce déformation
I
(
I
798 FOIE,
grais^ttse intra-celliilaire. Or on ne connaît pas de moyen sûr d'obtenir ce résultat,
et, à parler vrai, les auteurs n'ont, à ma connaissance au moins, pas même cherché à
l'obtenir. La dégénérescence par le phosphore n'est point> hic et nyne, par elle-néme et
sans autres précautions, ce moyen. L'expérience de Lbbbdbpf (n<> 49) montre qu'une
partie an moins, et la plus grande, de la surcharge adipeuse du foie dans l'intoxi*-
cation phosphorique est de la graisse d'infiltration, et non point de la graisse de formor
tUm. Cavazza (C. P., 1903, 310) va plus loin; il admet qu'elle est tout entière de la
graisse d'infiltration ; que rien ne prouve la production des graisses aux dépens des
albuminoîdes. On ne s'étonnera point, dans ces conditions, que certains auteurs
n'aient point trouvé le stade lécithique. Leo (4884) n'a pas trouvé de lécithine dans le
foie graisseux de. l'intoxicalion phospborée. G. Luskna (4903, C. P., p. 311) en a trouvé
une quantité qui oscille entre les limites physiologiques, aussi bien dans les cas de sur*
charge graisseuse commençante (gonflement, trouble des cellules) que dans les cas plus
avancés. L'expérience de Dastre (intoxication phospborée d'un animal amaigri et
dégraissé par un long jeûne) devra être reprise, si l'on veut une solution décisive de ce
problème des stades intermédiaires de la formation endo-cellulaire des substances
grasses. — En tous cas, il n'est pas douteux que, dans beaucoup de cas, ainsi que l'ont
vu Dastre et Morat, Lêpine, Balthazaro, il n'y ait une véritable surcharge lécitbique
des tissus.
§ II. — Fonction adipo-hépatique chez les Invertébrés.
53. Localifation de la graisse dans le foie des Crustacés. — 54. Ponction adipogéoique. — 55.
Variations saisonnières de la graisse hépatique en rapport avec la formation des produits
génitaux. ^ 56. Existence générale de la graisse dans le foie des Invertébrés. Rapports de
la glande hépatique avec la glande génitale. — a. Êchinodermes. •— [p. Mollusques lamel-
libranches. — Y. Mollusques gastéropodes. — 6. Mollusques céphalopodes. — 57. Origine de
la graisse du foie des Invertébrés, graisse d'infiltration; — graisse de formation.
On retrouve, chez les Invertébrés, les mêmes faits que nous venons de voir chez les
Vertébrés, mais, comme nous l'avons dit, avec plus de simplicité et de clarté. La forma-
tion adipeuse y est, en général, beaucoup moins diffuse. Il est certains de ces animaux
chez qui Ton ne trouve de graisse que dans le foie.
53. Itocalisation de la ipralsse dans le foie ches les Crustacés. — Les Crus-
tacés offrent un bon exemple de ces espèces à fonction adipeuse concentrée dans le
foie. Dastre (B. B., 1890, 412) a signalé chez ces animaux, d'une part l'extrême rareté
de la graisse dans les tissus; d'autre part son extrême abondance dans le foie. La
graisse, à première vue, parait faire défaut dans les organes : les dépôts adipeux sont
absents. — L'examen microscopique et les réactions microchimiques confirment cette
impression. On peut faire un grand nombre de préparations des muscles, des parois
digestives, du tissu conjonctif interposé sans rencontrer, non seulement des cellules
adipeuses, mais des corpuscules graisseux ou de la graisse infiltrée. Davenièrb et Pozaasxi,
M'^* DRFLAf^DRB, out fait les mêmes constatations.
Dans leurs recherches sur l'absorption des graisses alimentaires chez les Crustacés,
W. Hardy et W. Mac Dougall en 1893 et L. Coi^NOT en 4895 avaient constaté des faits en
rapport avec ceux-là. L. CuéNox avait vu, par exemple, que la graisee était absoii>ée,au
niveau du foie, et sur une certaine étendue du tube digestif. Le revêtement épithélial
montre, pendant quelques jours, après un repas de graisses, des granulations graisseuses
qui disparaissent ensuite sans qu'on les retrouve ailleurs. Il semble bien qu'elles doivent
être utilisées, dédoublées ou détruites sur place.
Par compensation, il y a abondance de graisses dans le foie. — Chez le homard, la
matière grasse est si abondante qu'elle rend impossible la déshydratation complète de
l'organe. On ne peut pas obtenir, par dessiccation dans le vide auniesaus de l'acide sul<
furique puis à Tétuve à 100«, la matière sèche, pulvérisable, que l'on obtient avec 1^
autres organes et en particulier avec les foies des autres aninaux. Un foie de bomard.
pesant 63 grammes à l'état frais, pesait encore 27 grammes après avoir été réduit ea
bouillie et soumis à l'action du vide suif uri que. Cette matière grasse hépatique se^t^de
support à une petite quantité du pigment soluble dans le chloroforme appelé ckolécknmô
FOIE.
799
I
(Dahtke). Qiei d'autres Grastacés» l'ècrerisse, par exemple, cette matière huileuse
eèt mains abondante; elle nVmptkhe pas la dessiccation de l'oTffaoe. Elle est cependant
encore en proportions très appréciables, et elle sert encore de support à une assert
grande quantité dn pigment tièpatique, le cbolécbrome.
54. IPonctlon adipd^ènlque. — Cette espèce de localisatton de la matière mirasse
est cûmpatit)le avec des variations plus on moins i^tendues dans sa quantité suivant des
conditions dont on pénètre déjà quelques-unes. Elle ne saurait être,, d'autre part, tout
à fait absolue, car on ^ait que les produits de la g-énérationt particulièrement les œufs,
contiennent des matières grasses empruntées à Torganisme ei par conséquent au foie.
Il y a donc une espèce de balancement entre le foie et un petit nombre d'organes (envi-
sagés à révoque de leur activittij ; quant à la distribution des graisses, i< Ou pourrait
rapprocher la ï iobesse de l*organe hépatique en graisse, de sa richesse en glycogône
opposée «également à la pauvreté relativt^ de la ptuparl des autres organes (sauf des mus-
cles) et poser les londementâ d'un parallélisme entre ces deux catégories de matériaux
de Torganisnie, les hydrates de carbone, et les graisses.» 11 y a une fonction adipogénique,
comme il y a une fonction glycogénique {B, D,, i9Qi, 412).
Davkmbue, sous la direction de Dastre, a exécuté des analyses précises. Il a opéré
bur les Crustacés conimuns Carcinm mœnas, Patinurus ruigaris, Cancer paguruStHomaruSt,
ÀBtacus fluviatitis, etc. Il faisait deux parts des organes : le foie d'un càté^ tous les
autres d'un autre côté. Après avoir desséché les deux lots dans le vide sulfunque^ il
les soumettait â répuisement par l'élher dans l'appareil Soxhlet modilié. Le lésultala étt'
constant. Dans 18 expériences» Tensemble des tissus n'a formé que des traces de graisse ;
au contraire, le foie en a donné des quantités notables. Chez le tourteau, par exemple,
0 grammes de foie desséché contenaient 2^^^^ de graisse; chez la langouste J a méme^
quantité de foie a fourni 'i^^Oi.
r>5. Variations Baisonnlères de la graisse hépatique eu rapport avec la
formation des produits génitaux. — M"" Deflv.ndre \Thêse de la F m. dcî Science s»
Paris, 1903) a n*pris cette question. Cet auteur a suivi les variations de la gi ai&se tiépa-
tique au cour» des saisons, Chei réorevisse comme chez les Décapodes, en ^-^ônéral, le
foie forme deux grossi-s masses glandulaires, de couleur jaunàlre, réunies par une bande
de tissu commun. Chacune est un amas de tubes glandulaires déboucbauti en lin de
compte, dans un canal unique, ouvert dans la région pyloriquc. Les «^ellules épithélia-
les de ces tubes sont de trois espèces : i^çdluien hépatiques proprement dites à granula-
tions graisseuses et Klycogéniquos; 2<» ceiiutes excrétrices k vacuoles géantes dont le con-
tenu est coloré en vertr 3* ceHuies ferments (Webkr) à ^Tanulations colorables pai-
l'éosine. — On peut suivre sur les premières, grice à l'acide osmique, les variations
saisonnières de la tjraisse hépatique.
La graisse commence à devenir appréciable au mois de mars ; en avril elle est très
abondante, le^s cellules hépatiques sont farcies de f^t anutations. Une analyse faite à ce
moment donne : pour i¥\^)i de tissu hépatique frais, 2*\M de tissu sec, 1k\30 de
graisse etO^K* de lécithine. — A partir d'avril la proportion se maintient ou diminue.
En octobre on constate une mobilisation de la graisse dans les lacunes inlra-acmeuses^
et vers l'ovaire et les ovules. En novembre ta graisse est très diminuée : une analyse
donne : foie frais 12*^,89; foie sec, 3»ï',4; graisse, t)«%5. En janvier et février elle a à
peu prés disparu.
Chez les autres Crustacés, on observe des variations dans le même sens, mais.
moins marquées.
56. Existence générale de la caisse dans le foie des Invertébrés.
Rapports de la glande bôpatique avec la glande génitale. -— L'examen microsco-
pique ou microchimique [ac. osmique] permet de reconnaître la présence des granula-
tions graisseuses dans les cellules hépatiques et d'en suivre les variations. M""^ Deflandeie
a repris ces constatations dans les dilTérents groupes d'Invertébrés.
Cet auteur s*esl attaché, dans son travail, à mettre en lumière chez tous ces animaux
les rapports de contiguïté ou d'intricatiou de la glande hépatique et des glandes géni*
800 FOIE.
taies. Dans beaucoup de cas, il existe des commanications lacunaires entre les deux
organes, et celles-ci permettent le passage des réserves hépatiques, et particulièrement
des graisses, de la cellule du foie dans les œufs et autres produits de la génération.
a. Échinodermes. — Chez les oursins, où le foie se montre k Tétat d'ébauche, comme
im épaississement de rintestin moyen, les cellnles hépatiques se distinguent des cellules
intestinales par leur protoplasma granuleux, à granulations de pigment jaune bliin, et
à gouttelettes graisseuses. (Letdig, Giard.)
Chez les astéries les dernières ramifications de la cavité digestive dans Tintérieur
des bras sont hépatiques. Les aliments solides n'y pénétrent point : elles produisent une
sécrétion. Les cellules hépatiques sont cylindriques, très longues. Elles sont chargées
de pigment et de graisse dans la période qui précède le développement des glandes
génitales (En août, chez Asterias rvhens, Dbflandrb).
Les glandes génitales occupent l'épaisseur des bras : elles sont contiguës aux rami-
fications hépatiques : quand elles se développent, celles-ci s'atrophient : leur accroisse-
ment se fait aux dépens de la glande hépatique et de ses réserves de graisse.
p. Mollusques lamellibranches, -^ Le foie y constitue une réserve de chaux, de fer,
de glycogène et de graisse. On a indiqué plus haut la disposition de cet organe, grosse
masse brunâtre à la base du pied, constituée par des tubuli glandulaires, tapissée de
trois espèces de cellules, cellules fermenis, cellules calcaires et cellules hépatiques
vraies contenant des réserves de graisse.
Chez les moules, on constate que ces réserves graisseuses, peu abondantes en mars,
augmentent de quantité pendant l'été, diminuent en septembre, et sont très réduites en
hiver. Les glandes génitales sont placées dans un repli du manteau, elles sont voi-
sines du foie; il y a ititrication des tissus des deux organes. Le développement des
glandes génitales correspond précisément à la décharge des réserves graisseuses du foie.
Chez les huîtres, mêmes observations. L'ovulation a lieu de juin à septembre. Avant
la période de reproduction, en avril, la graisse hépatique est abondante : elle diminue
pendant cette période; plus tard, de novembre à mars, elle est épuisée.
Des faits analogues ont été signalés par Dbflandrb dans beaucoup d'espèces, Pec-
ten jacobœuSf Cardium edii/e, etc.
y. Mollusques gastéropodes. — Chez les Gastéropodes, la glande hermaphrodite est logée
dans le foie, dont le développement est considérable. I^s cellules du foie sont de trois
espèces, cellules-ferments, cellules calcaires, cellules hépatiques : ces dernières contenant
(es granulations chlorophylloïdes de Dastre et les réserves graisseuses et glycogéniques.
Chez Hélix pomatia^ la quantité de graisse est abondante. Une analyse a donné :
Eau, 82 0/0; graisse, 3,46, lécithine, 0,67. — Il est remarquable que les réserves adi-
peuses durent peu de temps, en mai et juin. — Chez la limace (Limax cinereus) la sur-
charge graisseuse n'est appréciable qu'en février et en mars. — Chez tous les autres
Gastéropodes examinés par Dbflandrb, Planorbes, Chitons, Patelles, Troques, Littorines,
on observe le même balancement déjà signalé entre les surcharges graisseuses et léci-
thiques du foie et celles de l'ovaire.
B. Mollusques céphalopodes. — Le foie, comme il a été dit plus habt, est riche en
substances grasses qui semblent s'y élaborer progressivement.
57. Oriffiile de la ipraisse du foie des Invertébrés. Graisse dUnflltratios.
Graisse de formation. — On doit se poser, à propos de cette surcharge graisseuse
du foie des Crustacés et des Mollusques, les mêmes questions que soulevait la sur-
charge graisseuse des animaux supérieurs. Quelle en est l'origine? Quel en est le rdie?
Les réponses à ces questions sont les mêmes pour les deux groupes d'animaux. Il y
a une partie de la graisse qui est importée en nature : il y en a une autre qui est formée
sur place.
i^ 11 n'y a pas de doute que les Mollusques (exp. de Bibobrmann sur les escargots)
peuvent fixer les graisses alimentaires; en outre, ils peuvent former de la graisse aux
dépens des hydrates de carbone de l'alimention.
La fixation de f^Taisse (alimentaire et réserve) est démontrée en donnant à un escar-
got, préalablement soumis au jeûne, un mélange de lait et de crème qu'il absorbe abon-
damment. On n'en trouve dans aucun organe (examen microscopique à rosmium), ni
FOIE.
SCI
bientôt ni loiiï^temps apr^. Au contraire, on en irouT6 de grandes qtianLités« dès les
premières liciires, dans le foie iidana les cellules absorbanles et calcairesu Ces graisses y
sont arrivées à i*6lat «libéré de glycérine et acides gras (Eip. d'absorption de graisse
colorée avec le Soudan et Tulkanoai,
2** Kormatîuu aux dépens des hydr^iles de carbone.
On alimente un escargot exclusivement de pain. Son foie se charge de gîycog^ne; il
ue charge aussi iJe j^raissc, tout aulant «jtje celui qui a reçu une ration ririje en graisse.
Le jeûne fait dis[>araître lenfemerit ce dépôt graisseui. Il faut deux h quatre semaine»
pour eu libérer, d*abord les cellules absorbantes» puis les cellules calcaire!*.
Quant au rôle que remplit la graisse hépatique, il est le ra«>rae que chez les Vertébrés.
t'ne partie est probablement consommée sur place parles combustions organiques : une
autre partie est certainement destinée à répondre aux besoins des autres parties de Tor-
ganlsme, et particulièrement des glandes géuitales.
§ UL — Circomtances qui influencent ^activité adipù-hépatique.
5S, Influcnnc âù ralîiiiontatîon. — 50. Influencé det conditioas tli«rmi(iaes. — 60. Intluence
de l'actÎTite jîéniiale.
L'existence de la graisse dans le foie est un fait très général, en rapport avec les con-
ditions extérieures de Torganisme, et aussi avec les besoins des organes. Elle a donc
une fonction dans la vie de Tensenible de l'organisme. L'activité de cette fonction est
en rapport avec des cirronslances physiologiques diverses, avec ralimentatiàn, avec les
conditions thermiques, avec la fonction g^'nilale.
58. Influence de r&Iimentation. — Il a été montré plus haut que le foie fixait let
graisses alimentaires. Il airét»î une [>artie des graisses qui viennent de Tintestin» —
immédiatement si ces graisses sont artificiellemenl introduites d>ins la veine porte
(exp. de Cl. 1ïhb\ari>, I.khedkkf, etc.), — plus lenlemeni, en huit â dix heures» par
exemple^si elles suivent la voie normale d'absorption, vaisseaux lymphatiques et sang di^
la circulation générale. — Cette surcharge est passagère : le foie se dégage sans doute
progressivement au profit des tissus qui peuvent emmagasiner ta graisse.
Cerlaineh fermes d'alimentation igava^e des oies et des canards) au moyen d'ali-
ments riches en hydrates de carbone, maïs cuit, par exemple, donnent lien par formation
indirecte à un dép<>t dégraisses hépatiques (graisses ordinaires et graisses phusplioréesi.
La diète et le jeûne peuvent diminuer considérablement la proportion de la réserve
hépatique : mats ils ne la font pas disparaître entièrement, à in<jins d'être poussés très
loin.
51). Influence des conditions thermiques.— Les conditions thermiques intérieures
ont une intluence qui se résume dans cette règle, qu'il y a prédominance de la fonction
otiipofjt'nitiue du foie chez les anitnaux à sang froid (invertébrés» poissons) et, au contraire,
prédominance de la fonetion tjtycogmtque chez les animaux à sang chaud. Mais ce n'est \k
qu'une loi de iréquenee, comportant de nombreuses exceptions.
On peut dire, sous k bénéfice des nii'mes réserves, que la surcharge graisseuse do
foie se montre, chez beaucoup d'Invertébrés, en rapport avec la saison froide.
60. Infliience de Tact i vite génitale. — Dek^la.xdue a mis en lumière ce rapport
chez beaucoup d'Invertébrés. Il est favorisé par le rapprochement, et même i'intricatiou
habituelle des deux espèces de glande?, hépatique et génitale; par Texis^tence d'un sy**-
tème lacunaire commun (fui permet le passage direct de la graisse du l'oie à la glande
reproductrice. La graisse hépaliqut! est abondante chez la plupart de ces aniiuaux au
moment qui précède lu rejirodui lion, Les glandes génitales m;\les et femelles ou herma-
phrodites, au moment de leur activité, ont, en effet, une réserve graisseuse, qui se
retrouve aussi dans ftêuf.
On a observé, chez les Vertébrés, des faits qui sont analogues. — Chez les poissons,
commenta morue, qui pundent d'une manière échelonnée des milliers d'œufs, le foîo
pOKràde^une abondante réserve, à peu près permanente. — Il y ades conditions analogues
DICT. 1>1 fQYSJOLOOlE. — TOME Vï. 51
802 FOIE.
chez les batraciens, chez les serpents, chez les oiseaux. — Chez les mammifères eux-
mêmes, au milieu de toutes les influences qui agissent sur Tadipogénie hépatique, on
peut. reconnaître Tintluence de l'activité de la reproduction. Le foie se charge de graisse
chez la femelle pendant la gestation, pendant l'allaitement ; chez le mâle, pendant Ja
période que précède la spermatogéuèse; chez le fœtus, pendant la vie intra-utérine.
V. — Fonction digestive du foie. Hépato-pancréas.
61. Fonction pancréatique du l'oie des Invertébrés. — 62. Échinodermes. — 63. Vers. — 64. Mol-
lusques. — A. Diastase amvlolilique du foie. — B. Ferments digestifs des sucres. Sucruse.
Maltasc. — C. Diastase cellulosique. Cytase. — 0. Diastases protéolytiqucs. — E. Dia<tase de
graisses. Lipase. — 65. Arthropodes. — A. Crustacés. — B, Arachnides et myriapodes.
61. Fonction pancréatique du foie des Invertébrés. — On a dit (voir u^ 6i que
le foie des Invertébrés représentait Tensemble des annexes de Tintestin moyen. Il équi-
vaut, par conséquent, au foie et au pancréas des Vertébrés. Au point de vue morphogé-
nique, c'est un hépato-pancréas. — C'est aussi un hépato-pancréas au point de vue phy-
siologique; c'est-à-dire qu'il cumule les fonctions du foie proprement dit avec celles du
pancréas. Celles-ci sont les fonctions digestives essentielles : elles consistent dans la pro-
duction des diastases ou ferments qui digèrent les matières protéiques, les matières
amylacées, les sucres et les graisses : ferments protéolytiques (trypsine rendue active
par l'entéro-kinase), ferments amylolytiques (amylase), ferments saccharolytiques(iover-
tine ou sucrase, maltase), ferments adipolytiques (lipase).
On a retrouvé précisément ces ferments, et d'autres, voisins de ceux-là (cytase),dans
la sécrétion hépatique des Invertébrés, et dans le tissu hépatique lui-même.
Chez les Vertébrés la séparation des fonctions hépatiques proprement dites et des
fonctions digestives est faite à peu près complètement : les unes appartiennent au foie,
les autres au pancréas. Nous disons à peu prèSy et seulement à peu près, pour deux
raisons : parce que la bile intervient encore un peu, mais seulement d*une manière
accessoire, dans la digestion des graisses chez les Vertébrés supérieurs, et parce que le
pancréas devient moins distinct chez les Vertébrés inférieurs.
Cette différenciation n'est pas du tout faite chez les invertébrés. C'est à peine si, chez
les céphalopodes, on distingue, depuis Vir.ELius(l881) des glandes acino-tubuleuses, tan-
tôt incluses dans le parenchyme hépatique, et s'en distinguant pourtant, tantôt dévelop-
pées dans l'épaisseur des conduits hépatiques, et représentant le premier degré de la
différenciation pancréatique (lobules pancréatiques, pseudo-pancréas). Ailleurs cette dis-
tinction s'efface, et l'organe hépatique absorbe l'organe pancréatique.
L*examen des différents groupes d'Invertébrés fournit la justification de celte mani^'i-e
de voir.
62. Échinodermes. — On a vu que dans plusieurs classes d'Échinodermes on distin-
guait des organes représentant !e foie.
Chez les Astéries on a assimilé à un foie les caecums tubulairesqui sont appendus aux
prolongements de l'intestin moyen dans la cavité des bras. Ces cœcums contiennent une
liqueur jaunâtre. Ils sont considérés comme des organes de sécrétion (fo^e) et aussi
d'absorption (Milnb Edwards. 1879). Ils auraient aussi la signiQcation d'un paticréas; car
on y a trouvé une diastase (trypsine) capable de digérer les substances protéiques
(ChiFFiTHs,i892; Chapeaux, 1893; STONE,t897). Cependant ce ferment ne serait pas borné
aux prolongements caecaux; on le trouverait encore ailleurs — et d'autre part KRL'RE>BEHi.
prétend que ces cipcums se sont montrés incapables de digérer de la fibrine colorée (1882).
— Enfin, 0. Cohnheim (1901) y aurait trouvé une diastase saccharifiante, et un ferment
inversif. On ne voit pas bien le rôle digestif de cos deux ferments chez des animaux à
alimentation purement Carnivore. Aussi 0. Cohnheim attribue-t-il à la diastase amylo-
lylique une action surle glycogène de réserve intra-organique.
Chez les Holothuries, Jourdan (1883^ a trouvé l'estomac rempli d'une liqueur jau-
nâtre, amère au goôt, provenant des cellules glandulaires de la paroi. Celles-ci sont assi-
milables à un foie. Ou y a signalé la diastase amylolytique, capable de changer l'amidon
FOIE.
803
en mal tose, ferment qui a ici sa place, puisque ces animaux ont une altmenULiou régé-
Uie. — Le fermenf iuversif y aurait aussi son utilité.
Ces animaux peuvent, d'autre part, utiliser le sucre de |j;lucose. 0. CoaiNnstn \i9Q{} a
vu tlisparaitre en partie le sucre de glucose introduit dans ïe milieu où vivait une Holo»
tlniiie. — Enfin on reconnaît dans le suc en question Texislence de la diastase protéo-
lytîque (in-psine), — La digestion des graisses est, pour une part, l'eiïel d'une Itpase
esistant dans la liqueur intestinale, et, pour une autre part, le résultat de Tlntervention
des cellule amœliocylcs.
63. Vers. — Le foie est représenté chez certains Vers par les appendices c^i'caui
.* vésicules hépatiques » de J'iutosUa. C'est le cas des Apbrodiles. Les organes en ques-
tion sont sécréteurs et absorbants.
Us sécrètent une dia^ïlase capable de différer I albumine. Kburenberg (1882) a recueilli
le liquide (sécrétion hépatique) de ces appendices cwcaux, chez Aphrodite ttcuteata^ en
isolant patiemment cliacun d'eux par une ligature. Avec un grand nombre de ces
aoimaui, il a obtenu l.'îO grammes de liquide de bile. Cette sécrétion digérait entière-
ment Talbumine en solution neutre, alcaline, ou même légèrement acide. C'est la preuve
de Tel i sien ce de la diasljise trypsine.
La trypsine d'ailleurs a été signalée dès 1878 par L, Fbedehico cbez ?fereis pctagica et
chez les Chétopodes {Spironraphk Spaitanzanii cl Arcnkola pUcatonim),
Li*s appendices caecaux étaieul considérés par les auteurs anciens comme destinés
h multiplier la surface d'absorpti<»n. KRCKt-NBEaci, en signalant leur activité sécrétante,
a pens*'' ([ue celle faculté excluait rubsorption* J. Il, Dahiiulx (IOOO) dit que les matières
alimentaires n*y pénètrent pas; mais Smi (1900) prétend, au contraire, y avoir fré-
quemment trouvé des débris alimentaires.
Enfin, chez certains vers qui se nourrissent de feuille* mortes (Lombrics), on a admis
(Ch. Dahïvix. 1881) une faeullé de digérer la cellulose (ferment cellulosique, cytase). Bm-
OKRMASN, comme on va le voir,a démontré positivement rexisteuce de celte diastase spé-
ciale chez les mollusques.
On admet également, chez ces animaux, rexistence plus ou moins abondante du fer-
ment amylolytique.
Oi. Mollusques. — C'est surtout chez les mollusques, où le foie présente quelquefois
un énorme d»''veîoppemenl (il peut atteindre 1/5 du poids du corps chex lescargolj^que
la fimctiim dige*itive du foie a été bre<ï mise en lumière, et que Torî/ane uïérile véritable-
ment le nom «rhépato-pancréas- On a retrouvé, en clfet, dans la sécrétion liépatique ou
dans le tissu lui-même les principales dia^tases digestives.
A. Diastasc uintjlolijtique du fuie. — Le foie des mollusques lécnHe une diaslase
amylolytique capable de transformer TamiJon en mallo?e« CtAUOE BKiiXARD (1855-1856)
avait déjà reconnu au suc intestinal des mollusques de différents groupes fhuUre» limace,
calmarj, entre autres propriétés eelle de transformer l'amidoii. Liiov FREitEftiCij, en 1878,
signalait nettement, dans le foie de TArion et de l'Octopu? la présence d'une diastase
amylolytique. Km rexukrg, ii la même »''poque, faisait une observation analogue.
Mais la question se compliquait, en outre, de savoir si cette diastase appartenait au
lissu ou à la sécrétion, si elle était digestive, c'esi-à-dire destinée à agir sur les ali-
meuts amylacés, ou méhtlodique, c'est-à-dire destinée à agir sur la n-servo du glyco-
gène hépatique. De plus, on observait de Ki'^i'^^b*^ variations quant à l'abondance du
ferment chez certains de ces animaux (Gastéropodes marins, Kri;kknbeug).
Le premier point — présence de la diastase dans le tissu même du foie — se rattache
à Tétude de la fonction |;îlycogénique, KHiKeNBERo (1880) assignait au ferment diasla-
sique qu'il trouvait dans le foie des Casléropodes pulmonés iHelit , Arion) la fonction
de saccbarilier le ^dycogéne de eet organe. Ylxg en 1888 a reconnu à Teitrait de tissu
du foie la même propriété soccbaritlanle qu'au suc gastro-intestinal.
Le travail décisif sur ce sujet est di\ a FlouitoiTELoi (1881*1882). Opérant sur b's Cépha-
lopodes {OctopiLs] cet auteur isolait les conduits hépatiques, et les préparait de manière
h leeueillir la sécrétion. Celle-ci saccharillait rapidement Tempois d'amidon en four-
nissant deladeïtrine et du raaltose. — Enfin, en 1898, BiKDKiiîiANN et Mobitz montrèrent
1
80i FOIE.
que le suc gastro-inteslinal des escargots soumis à un jeûue prolongé contient une dias-
tdse amylolyliqne énergique.
B. Ferments digestifs des sucres, Maltase, Sucrase ou ferment invcr^if, — Les premierei
recherches (Boumourlot), exécutées sur les Ci^phalopodes, n'avaient point permis de
reconnaître l'existence des ferments digestifs des sucres. On ne trouvait pas de mal-
taso capable de transformer le maltose en glucose, et Ton pouvait supposer que le
maltost' était donc absorbé et utilisé sous sa forme actuelle. On ne trouvait pas non
plus de sucrase ou d'invertine pour interrertir et changer en glucose la saccharose au
cas où celle-ci se rencontre dans les aliments. Mais, plus récemment, Biedermvnn et
MoRiTz ont trouve dans le suc hépato-intestinal des escargots le fermcntînvei^sif.
C. Diastasc crllulosique. Cytase, — La sécrétion hépatique de certains Mollusques
contient un feraient cellulosique [cytase) qui y a été découvert par Biedermann et
MoR»Tz (1808).
Ces auteurs ont fuit la curieuse observation que le suc gastro-intestinal de Tescargot
agit avec une énergie remarquable sur les épaisses membranes cellulaires de l'endos-
perme des dattes, qu'elle dissout les réserves cellulosiques résistantes des légumineuses,
des graines de lupin, des grains de café, de l'endosperme du Tropaeolum, Si Ton fait
une coupe mince de grain de blé et qu'on la plonge dans la solution hépatique du mol-
lusque, on observe une dissolution des membranes cellulaires qui précède l'attaque
appréciable des graines d'amidon inclus. — L'action est à peu près nulle sur le colon et
le papier. La cellulose des membranes anatomiques différerait de la cellulose pure pré-
paré (0. V. Furth).
L'action se produit encore en milieux légèrement acides ou alcalins : elle diminae
quand la température s'abaisse ou que la concentration s'affaiblit.
Le ferment cellulosique se détruit rapidement dans le suc qui a séjourné quelque
temps dans l'intestin : il n'est actif que dans le suc frais.
L'action est une hydrolyse analogue à celle que produiraient les acides étendus à
ébullition. Ces produits varient, on le sait, avec la nature de la cellulose considérée.
La cellulose des raves donne des hexoseset des pentoses; la cellulose des noyaux d»*
datle dunne le niannose, mais point de pentoses; Thémicellulose du fromeni donne une
abondance de pentoses ; la cellulose de réserve du grain de café donne du mannose et
du galactose. Ë. Muller (1901) a confirmé ces résultats.
D. Diastases protrotij tiques, — Le foie des mollusques sécrète les diastases capable^
de digérer les aibnminoïdos, la pepsine et la trypsine,
^ Les Céphalopodes possèdent un pancréas accolé au foie ou niché dans celui-ci i Yiiie-
Lius, 1881). C'est une glandule, tantôt tubuleuse, tantôt acineuse, qui existt* chez tous
les Décapodes, accolée aux conduits hépatiques. Elle est constituée quelquefois par de-^
glandes développées dans l'épaisseur des conduits. Chez les Octopodes, la glandulf
pancréatique est incluse dans le parenchyme hépatique. Son rôle serait de sécifler
un liquide actif. Bouiiquelot considère (1882) le liquide digestif de l'intestin comme
un mélange de la sécrétion du foie et de celle de ce « pancréas «.
Ce liquide contient une diastase analogue à la pepsine et une autre analogue à la
trypsine. Il y a quelque incertitude relativement à l'existence prédominante ou exclusive
de l'un ou l'autre de ces ferments ou des deux simultanément.
Pall Hf,kt(18G7) avait noté la pepsine dans la sécrétion hépatique de la seiche qu'il
trouvait toujours acide. Lkon Fredericq lf87S) put extraire du tissu hépatique des sucs
artificiels capables de digérer les uns en milieu aci le (pepsine), les autres v\\ milieu
neulie ou légèrement alcalins (trypsine). La sécrétion naturelle du foie, recueillie par
l'isolement et la fistule d'un conduit hépatique chez VOctopus, manifeste l'existence de
la trypsine. Les auteurs trouvent au suc intestinal des réactions difTérentes chez un
inéroe animal, la Seiche par exemple. Paul Bert et L. FanuKRiog le trouvent toujours
acide; fÎRin-iTiis, toujours alcalin.
Chez quelques lamellibranches, moule, mye des sables, le liquide hépatique di^'ère
la fibrine aussi bien en milieu acide qu'en milieu alcalin (pepsine et trypsine'. Chez. 4rioii
Tufttsle suc intestinal, comme celui du foie, ne digère qu'en milieu alcalin : trypsine
seule , d'après FREhERico, en milieu acide, d'après liRiFFiins. La pepsine parait beau-
coup plus répandue que la trypsine.
FOIE.
805
I
Les reclierchês de Bikokiujann et MoaiTz (1898-1890) faites avec le plus grand soin, et
dans les circonstances les plus variées sur les Gastéropodes pulmonés {llctu-, Um(u\
ArîôH} ont conduit ii ce r^^iultat inatlcndti, que ta sécrélioti hépatique, isolée» fraicbe,
pure, digère les hydrates de carbone, tuais n*excrce aucune action sur les albuminoîdes.
Des flocons de fibrine, après un jour à Tetuve, sont inaltérés. D'autre part, l'allmmine
administrée à riinîmal on solution est parfaitemenl (Wgtîrée : on n'en retrouve point
trace dans les excrétuents; l'albamifie solide est parlietlement digérée. Il semlde que ces
faits ne soient explicables que pnr Thypothèse de Texistence d*uue kinase intestinale
(ÎIaî^tiik).
E* Bimtase fU$ gmis$€tt* Lipase. — Le foie des Mollusques sécrèle une lipase très
adiré,
Cu Bernard (1856) avait constaté que le sac 'acide de l'estomac des Mollusques
(holi\lo, Limnx, Osîrxa] pouvait d<'dtiubler les graisses. Gbïffiths (i888j a vérifié qu*' la
sécrétion hépatique dos Céphalopodes et celle de la Patelb? étaient capables d*émulsiûu-
ner et de dédoubler les matières grasseie. BiEbEniiANN et Moritz (1899) ont trouva dans
la sécrétion hi'patique des escargots un fernientjlipasique énergique. L^absorption est
précédée d'un dédoublement de la substance : elle est suivie d*une reconstitniion ée
celle-ci. Il est remarquable que ces opérations ne s'accomplissent que dans le foie : on
ne trouve jamais de graisse absr^rbée dans fépithéliumde l'estomac ei deTinlestin, mais
ieulenient daos cr-Iui du revél*'nient bépati4jue.
05. Arthropodes. —A. Crmtuces, — On a indiqué plus haut la variété anatomiqae
du foie chez les divers Crustacés, depuis les diverticules ou c.TCurns iiépaliques des
Daphnies jusqu'à la grosse glande qui remplit le céphalothorax des Dét^apodes. On a
indiqué, au point de vue hîslùlogique, Texistence dans les tubuli de la glande de deux
espèces de rel Iules que M. Webeh (1880) a distinguées en vettuU^ hépatique» (Ubcrzcllen)
pigmentées, et cettule;^ fermentai sécrétant un liquide clair vésiculeux.
Le foie des Crustacés décapodes se décharge par deux conduits excréteurs débou-
chant immédiatement au-dessous de rcstomac, et la sécrétion hépatique se répand
dans cet organe. Celui-ci, d*Rtllenrs, est revêtu d'une membrane chitifieusc l't ne sécrèle
pas de liquide. La liqueur hépatique recueillie dans lestoraac contient les diastasei
aniylolytiqne^i et protéolytiques. . *
La S'^ciélion du foie de Técrevisse, du homard, a été étudiée par Stamati (1888i au
moyen de la lislule opérée sur ces animaux (procédé de Da>tiiki. Ce snc est alcalin,
trairemcnt à ce qu avaient dit Hoi'pe-Skycek (187G) et Kruiïenbkro 1878. Ce liquide
anifeste des propriétés protéolytiques et atnyloly tiques; il agit sur les graisses. Les
extraits aqueux du foie ont ces mêmes propriétés, déjà vues par Kr^kenbebo (1878), par
Cattaneo (188"u
On a discuté sur la nature des ferments protéolytiques : ce seraient lautôt de U
pepsine agissant en milieu acide, tantôt la trypsioe agissant en milieu alcalin. A défaut
de celte bypoïbèse, il faudrait admettre qu'il s agit d'une trypsme particulière pouvant
agir plus ou moins efticacemerït en présence d'un léger excès d'acide ou enfin qu'tl
s'agit d'une protéolyse s'accomplissant dans des conditions dilTérenles de celles des
vertébrés supérieurs.
L'activiti' dtgestive du suc hépatique sur les albuminoîdes n'est pas douteuse. La
fibrine est digérée rapidement ; l'albumine coagulée Test lentement li la température ordi-
naire. L'effet est accéléré à ta température de l'étuve.
L'activité amjlolytique a été constatée également.
L'activité cellulolylique a été reconnue aussi cliez Técrevissif, (ï.ir BrEr>EK«\.NN et
Moritz (cylasc). L'utilité de ces deux fermetils, amjlase et cytase, s'explique par ce fait,
qu*ù défaut de nourriture animale Técre visse se nourrit fort bien de végétaux* *
li faut noter, incidemment, t[ae la sécrétion hépatique contient une substanco qutii
une aclion auticoagulanle, lorsqu'elle est injectée â un maïuHiirère, ,
B, Ara€hni<k$ tt imfriapoih'^. — l^es Arachnides ont un tube digestif droit à trois
parties : intestin antérieur à oesophage court» suivi d*une dilatation stomacale: intestin
moyen, qui reçoit des diverticules ou cœcums abondamment ramltlés dont Tensemlde
peut être considéré comme un foie. L'intestin terminai présente des tubes de Malim^ui
tirinaires»
806 FOIE.
C'est rensembledesdiverticules oucn?cuins de rintesliii moyen, encore désigné par le
nom de glande abdominale on foie, qui joue le rôle capital dans la digestion. La sécrétion
est un liquide jaunâtre, à réaction légèrement acide, qui jouit de propriétés protéo-
lytiques énergiques : il contient aussi une diaslase amylolytique, et une lipase pour la
saponification des graisses. Ce sont les propriétés d'un pancréas (Plateau, 1877 ; A. Grif-
FITHS, 1892).
La disposition est sensiblement analogue chez les Myriapodes. La sécrétion est à
réaction légèrement alcaline. Les diaslases digestives, protéolytiques sont actives ; les
diastases amyloiytiques moins énergiques. L'intestin moyen paraît ainsi alTecté h la
digestion. Nous allons voir qu'il Test aussi à l'absorption.
VL — Fonction d'absorption alimentaire.
66. Le foie organe d'al)Sorption alimentaire chez les Invertébrés. — 67. Absorption alimentaire
chez les Vers. — 68. Fonction d'absorption du foie chez les Mollusques. Expériences de Bieder-
MANN. — 69. Absorption hépatique chez les Crustacés. — 70. Absorption hépatique chez K-s
Ai-achnides elles Myriapodes.
66. Le foie org^ane d'absorption alimentaire chez les Invertébrés. — Chez
beaucoup d'Invertébrés, c'est au foie qu'est dévolue la plus importante des fonctions
qu'exerce l'intestin des animaux supérieurs; à savoir, l'absorption alimentaire. Ces ani-
maux ont souvent un intestin qui présente peu de développement superficiel, qui est
court et sans circonvolutions; de plus, son revêtement peut être imperméabilisé en
grande partie par un dépôt chilineux, comme il arrive chez les Crustacés. Bref, la sur-
face absorbante risquerait d'être insuffisante pour l'absorption. L'intervention du foie
pare à cet inconvénient.
Chez beaucoup de Mollusques, le foie n'est pas seulement un organe accessoire
de l'absorption: il en est l'instrument principal. Et l'intestin, contrairement à lopinion
commune, ne jouerait dans cet acte qu'un rôle insignifiant.
Même chose chez les Crustacés. On peut admettre qu'il en est de même chez les Vers.
67. Absorption alimentaire chez les Vers. — Chez les Vers, cependant, la ques-
tion a été très discutée. Le foie de ces animaux est constitué, comme nous l'avons dit,
par des appendices ou caecums intestinaux. On a d'abord pensé que l'office de ces tubes
caecaux était de multiplier la surface absorbante de l'intestin. On n'aperçut que plus
tard leur activité sécrétrice. Krukenbero, en 1882, mit en lumière ce rôle sécréteur et
il le jugea incompatible avec le rôle absorbanL II crut qu'un organe ne pouvait être, a
la fois, sécréteur et absorbant. Il nia, en particulier, la faculté d'absorption chez les
grandes Annélides, les Aphrodites (A. Aculeata), Confirmant cette interprétation,
J.-G. Darboux, en 1902, n'a pas va de granulations alimentaires dans le fond des culs-
de-sac hépatiques de ces animaux. D'autre part, Setti, au contraire, a aperçu ces granu-
lations (1002). D'ailleurs on ne peut admettre, par voie de généralisation, que la solution
apportée par Biedermann, Saint-Hilâire et Cuénot dans le cas des Mollusques et des
Crustacés s'applique aux Vers.
68. Fonction d*absorption du foie chez les Mollusques. Expériences de
Biedermann. — Le foie, chez beaucoup de Mollusques, sert à l'absorption. Les zoolo-
gistes ont prétendu distinguer ce qui est une ramification hépatique de l'intestin de ce
qui est un simple diverticulc,par ce caractère que les aliments ne pénètrent point dans
le conduit hépatique, et qu'il no peut y avoir d'absorption. C'est là une erreur qui ne
peut plus se soutenir. Déjà Barfurth, en 1883, avait exprimé l'idée que le chyme
pénétrait normalement dans les voies hépatiques. Biedermann et Moritz (1899; en ont
donné la preuvo.
La pénétration de la masse alimentaire dans les'conduits hépatiques se démontre de
la manière suivante. En nourrissant des escargots avec de la bouillie d'amidon, on
observe que la masse d'excréments reproduit la forme du canal digestif, et qu'elle est
recouverte de boudins plus fins, englués d'une couche de mucus et moulés sur les canaux
excréteurs du foie. — Une bouillie de farine pénètre non seulement dans les conduits
FOrE,
SOÎ
exL*réleurs principaux, mais dans le» liiluili secondaires, où une coupe peul la déceler. —
AprtîS un sêjnur plus ou moins proloug»^ d.ins les profondeurs du foie, la masâfî non
digérée e^t expulsée par le rnouvemenl de rèpitliélium vihr*ilile qui tapisse les londuits
hépatiques. De plus, le tissu du foie «^st conlracriïe et contient des muscles dans les
divers tubuli, miLscles qui permetlenl la dilatation et la conlraclion de ces conduits.
L'absorption dès produils do la di«t*stion a été constatf'e, au moins en eequ» concerna
les matières proléiques, de In manière suivante :
On nourrit un escargot avet* un mélange de farine et d'albumine llnement divisée et
coinréo par le carmin. On retrouve dans les canaux ln^patiques des (grains d'amidon,
mais point d'albumine, celle-ci a élt' digérée et absorbée, et l'on en a la piéuve en
retrouvant dans quelques tubuli acineux les cellules de revêlement colorées en rou^^e
(ctliules h^patiijues de Barfurth, reUules absorbantes de Bikokrmann).
H Le contenu liquide de la dilatation gastrique et des parties voisines de rintesLin
est ponsî^é donc dans le foie et s'y résorbe en partie; le reste est refoulé dans la cavité
gai^lro-inlpstinale pour ^^tre renvoyé de nouveau au foie. Le mt>me va-et-vient recom-
m^^nct* jusqn a ce «jue la plus grande [lartie du cliyme ait été absorbée. » Le foie, selon
celte manier*' tie vi*ir, serait non p/ïs seulement un organe accessoire de Tabsorption,
mais son instrument principal, et 1 intestin, contrairement à l'opinion commune, ne
Joueruit dans cet acte qu'un rôle à peu près nul. La dilatation décrite par <ivRTKNALTKii
(187 j), sous le nom île c;i;c;i m /serait destinée à pousser le liquide dans le foie, et à rejeter
dans rintestin les particules solides.
lïASTRE a fdit remarquer que ce mf>iiveraenl de va-et-vient du cbyme, du foie à
Tintestin et de rinlestin au foie, peul Ôtre considéré comme le rudiment de la circula-
tion hépato-intestinab' qui existe chez tes Vertébrés, et qui ramène continuellement au
foie la bile ou les éléujents de la bile conlinuflllement déversée dans l'intestin.
La manière de voir de Bikdekiïann et Moritz a encore l'avantage de rapprocher du
foie des Gastéropodes pulinonés, les c^e^um^ intestinaux des Gastéropodes marins,
Molii, Tethtp, etc.
1
I
ti9. Absorptioii hépatique chez les Crustacés, — La parlie du tube di-^eitif
réservée à rabsorplion semlile éttv? très réduite chez les Crustacés, [vuisque son étendue
totale f?st minime et que d'ailleuis il est recouvert sur une paj tie de son trajet (estomac)
d'une couche ebilineusfl peu favorable h labsorplion, l^e foie fournit au contraire cl par
compensation une surface ahsotbanle considérable.
On a cotistaté cette absorption en faisant ingérer à dilTerents crustacés des aliments
colorés avec la fuchsine; ou, encore, en introduisant du blanc de méthylène ou de l'in-
digo carmin ou du vert de mélhjle, par injection (C. de SAiNi-thLiiBE, 1892 et CcéxOT,
1895). On voit que la matière colorante se localise dans le foie^où Tenlrulne un courant
absorbant, dû vraisemblablement au jeu du réseau musculaire qui entoure les conduits
hépatiques. Au contraire, le reste du tube digestif irest point coloré. — D'ailleurs, en in-
jeclaitt un colorant didusible, comme la vésuvine, dans un segment d'intestin de fée re-
visse, on «je constate pas de dilTusion, preuve «fuil n'y a pas en d'absoi [Uiou. Il n'y a
pas davanla/^e de diffusion des peplones. Le foie parait îe seul orf^'ane d'absorption (luur
ces subslauces.
Mais il ne Test pas, d'une façon absolue pour toute» les substances. W. Hardy et W,
Mac Dou*i.\LL en 1893, et L. Cl'knot en ^1895 ont constaté, en effet» que l'absorpliou des
paisses se fait, en outre du foie, par une partie de Tintestin juoyen; chez certaines
pèces, telles que les Pagurides, cette partie absorbante représente les deux tiers du
Iractus intestinal ; chez d'autres, comme Ashicus et Gahleaj elle ne constitui: qu'un
vingtième de la longueur totale.
70. Absorption |^hèpatique chez les Arachnides et les Myriapodes. — Chez
ces animaux encore, l'absorption parait litnitée à l'intestin moyen et  ses appendices
liépatiques qui en muttiplient considérablcmenL la surface.
808 FOIE.
VI. — Fonctions diveries.
71. Fonction hépatique d*accamalation calcaire. — Le foie de beaucoup d'in-
vertébrés accumule, dans des cellules spéciales, des sels calcaires (phosphate de chaux).
Chez les Mollusques gastéropodes {Arion, Hélix), Barfurth a distingué (1880-1885)
dans le re vêlement épithélial des follicules hépatiques des cellules calcaires {Kalkzellen)
à côté des cellules à ferments (Fermentzellen) et des cellules hépatiques proprement dites
(Leberzellen), celles-ci plus particulièrement excrétrices. Les cellules calcaires contien-
nent des granulations résistantes vis-à-vis de la plupart des dissolvants habituels, et don-
nent les réactions du phosphate de chaux (d*après Barfurth). Il faut noter que l'on
trouve aussi, dans le foie de ces animaux, du carbonate de chaux, mais celui-ci est
déposé dans les parois vasculaires do l'organe, et non point dans des cellules. — Le
foie des escargots a fourni une quantité de matière minérale qui varie de 25 p. iC^O à
10, 5 p. iOO. -— Une partie du phosphate de chaux du foie est utilisée, au moment de
l'hibernation, à former Tépiphragme par lequel l'animal ferme sa coquille : aussi
trouve-t-on les cellules hépatiques riches en sel calcaire pendant l'été, pauvres à la lin
de l'automne, lorsque se forme l'épiphragme. — Cette réserve hépatique est encore uti-
lisée à la réparation de la coquille, lorsque celle-ci a subi des pertes de substance;
mais, dans ce cas le phosphate disparaît bientôt de la coquille qui ne contient en général
que du carbonate de chaux. Son rôle a été provisoire.
Il semble ici que le foie ait accaparé encore une fonction qui est une fonction de
Tépithélium intestinal et peut-être de Tépithélium en général. L'intestin chez beaucoup
d'espèces animales, par exemple chez les Crustacés, produit des dépôts calcaires (60 p. 100
de carbonate, 18 p. 100 de phosphate) entre Tépithélium chitinogène et la chitine. Les
gastrolitheà (pierres) de l'écrevisse sont des productions de ce genre.
72. Antres activités de la cellule hépatique. — 1^ On a vu que chez les Veri*'brés
le foie est le lieu de la transformation synthétique en taurine du soufre neutre prove-
nant de la destruction de la molécule albuminoïde ; l'aride sulfurique et l'ammoniaque
provenant tous deux' directement de cette destruction s'unissent à l'intérieur de la cellule
hépatique pour former synthétiquement la taurine. Celle-ci participe à la constitution
de la bile (acide taurocholique) : elle est jetée dans l'intestin avec celle-ci, puis reprise
par absorption après dédoublement de facide taurocholique, et enfin éliminée avec
l'urine.
2^ La décomposition protéique, qui est le phénomène continuel de la vie protoplas-
mique, fournit entre autres produits trois ordres de composés : des acides aniidés. de
l'acide urique et de l'ammoniaque, tous nocifs considérés isolément. L'organisme se
défend contre ces produits de diverses manières, mais principalement par l'activité du
foie.
La cellule hépatique, comme on l'a démontré dans ces dernières années, a la faculté
de -transformer, par synthèse, les acides amidés, les urates, les composés ammoniacaux
carbonates et sels ammoniacaux) on urée qui est une substance inerte, inoffensive, éli-
minable par le rein. Elle seule peut faire de l'urée au moyen de ces déchets nuisibles.
Sans doute, toute l'urée n'est pas formée ainsi dans le foie. Une partie de cette substance
a une autre source ; elle provient directement de la destruction sur place des matériaux
albuminoïdes des divers tissus* et, en particulier, des muscles. On voit toutefois que la
cellule hépatique a un rôle considérable dans celte défense de Torganisnie contre les
poisons provenant de la désintégration continuelle des substances protéiques.
VII. — Fonctions du foie en général.
73. Fonctions univcrsellog du foie : Fonctions spéciales. Manière de les rattacher les unes aux
autres. — 74. Les quatre fonctions de rintestin inoyea. — 76. Les fonctions du foie sous les
divt?rs aspects des activités de l'intestin moyen.
73. Fonctions universelles du foie. Fonctions spéciales. Manière de les
rattacher les unes aux autres. — Si l'on veut indiquer les fonctions multiples du foie
FOIE.
gft»
que Taiialys^ physiologique a faiL suceesâivt^meiiL roniiattre, il faul se livrer U ime éim-
mértttiori. n faudra ensuite faire un clA^senient. Ou pourra dir^tiuguer îles fi>nctions
universelles, c'est-à-dire qui appartiennent à l'organe hépatique ch^t tous les animaux,
et (lea Tonctiou^^ spéciale*, qui apparlienncut à cet or^'ane chez des groupes plus oa
moins éteudu'î du règne animal,
l*armi les fondions universelles du foie, c'est-à-dire qui s'observent cher tous les ani-
maux chez lesquels Tor^ane se montre plus ou moin-* netlement constitué, on peut
uurniii'T: la fonction ^iycogi^nique, la fonction adipo-lié|i4(»qiieJa fonctiott pigmentaire,
la fonction martiale. Toutes aboutissent tt ta mise en réserve, daus le foie, de maté-
riaux divers, hydrates de carbone, ;;raisses, protéique^, composés ferrugineux : qui
ont un rôle utile à jouer dans les échanges matériels de Torg^anisme; ou encore, k
l'arrêt de matériaux qui pourraient exercer une action nuisible. Le foie est ainsi un
entreptVt général pour l'organisme. Organe d'arrêt, de mtse en réserve, voilà son carac*
tère principal. It est aussi un organe dVxcrétion; mais celle-ci prend des formes
variables avec les diverses classcb d'animaux.
La seconde catégorie est oeil»? des fon* lions spéciales, La fonction digeslive est la
première à signaler. Elle appartient à un faible degré au foie des Vertébrés supérieurs;
elle est très développée chei les Mollusques et les tirustacés. — La fonclion d'absorption
alimentaire est dans le même cas. — Si c'est une fonction générale du foio d'être un
organe de mise en réserve, il y a quelques-uns de ces matériaux de réserve qui sonl
spéciaux À tel ou tel groupe zoologiqua : par exemple la mise en réserve du phosphate
de chaux chez les Mollusques. De même, si la fonction d'excrétion est i^énéraU% les
formes (|u'eïle revêt sont spéciales à telle ou telle classe d'animaux. Far exemple le
foie ttes mammifères a la faculté de transformer les sels ammoniacaux, déchets nui-
sibles du foncUoiniement organique, en urée inotTeasive. Chez les oiseaux et les reptiles
ce n'est pins furée, c'est l'acide urique, qui est Je terme de ce changement.
Il est possible —et peut-élre non inutile — de rattacher les unes aux autres ces fonctions
si diverses et si multiples du foie. Au lien d*en faire Tétnde isolée el la sèche énuméra-
tiûu, on peut établir entre elles une sorte de lien originel. Il suffit, pour cela^ de re-
mouler à l'origine embryogéniqne du foie, dépendance et annexe de l^intestin moyen,
et de considérer tes diverses fonctions de cet intestin. Ce sont ces aciivilés fondamen-
tales du revêtement épithélial de l'intestin «pii se retrouvent dans l'organe hépatique
plus ou moi us drvelopf*ées, spécialisées ou niênie déformées.
74. Les quatre fonctions de llntestin moyen, — Le foie n'e^t aulie chose
qu'une annexe de l'intestin nioyen, une portion plus ou moins diirérenciée de cet
inle-^tin. On [leut admettre (ju'il en conserve, en principe, toutes les aplitudes fonc*
lionelles ; et qu'il en développe toutefois certaines au détriment des autres. Chez les
VVrlébrés il ne retient qu'une partie de;» allribuis intestinaux : chet les luverlébrés il les
accapare tous.
Les activités fonctionnelles de l'inteslin moyeu sont au nombre de quatre : l" la
fabrication des ferments digestifs qui solubiliseut et rendent absorbabks les diverses
catégories d'éléments, hydrates de carbone, sucres, graisses, substances protéiques;
2** l'absorption de la masse alimentaire transformée, digérée ; 3*^ la faculté d'imprimer
à celte ma^se de nouvelles rnodilicalions, d'ordre chimique, dans le temps où elle tra-
verse la paroi. C'est la tianï^niutation chimique corrélative de l'ahsorption ; 4^ enlîn,
l'excrétion de certaines substances.
Ces quatre formes d'activité, l'intestin ne les exerce par tontes an même degré: il
peut en déléguer' quelques-unes parlieilenienl ou presque totalement à des organes
annexes auxijuels il a donné naissance, tels que le loîe et le panci éas. ^
CheK les Vertébrés supérieurs l'élaboration des ferments digestifs est réservée à l'an-
nexe [lancréatique qui produit les ferments, araylase, lipase, trypsine. L'élaboration
chimiijne des produits digérés et absorbés est réservée au l'oie ; l'excrétion e>t partagée
entre le foie et Tinlestin ; rintestin conserve à un degré éminent la faculté d'absorp-
tion : il est préposé à T introduction du chyme dans les vaisseaux sanguins et chyliféres.
C'est là que la division du travail est poussée à son point extrême. La surface intestinale
810 FOIE.
semble n'avoir plus qu'une seule de ses quatre facultés originelles. Néanmoins, la dé-
possession n est pas complète en ce qui concerne les trois autres facultés.
L'intestin absorbant du mammifère est encore digestif: le pancréas n'a pas accaparé
toute la fabrication des ferments alimentaires. L'intestin produit Tinvertine, par
exemple, ou sucraso qui transforme le sucre de saccharose en dextrose et lévulose; la
lactase, qui transforme le sucre de lait en glucose et galactose (Weinland, Portier, etc. i;
Tentéro-kinase, qui vivifie le suc pancréatique et lui confère la faculté de digérer les
matières albumiuoïdes.
Cet intestin absorbant du mammifère exerce sur les matières absorbées, pendant
qu'elles traversent sa paroi, une action chimique transformatrice, une dénaluralion
véritable. Le passage de l'aliment digéré à travers le revêtement épithélial n'est pas
une simple fiUration qui respecterait la nature de la substance transitante. On a pu le
croire jusqu'à une date récente : mais cette vue est maintenant contredite. On sait que
l'absorption des graisses saponifiées s'accompagne d'une restitution de la graisse
neutre, et que cette synthèse est exécutée dans la cellule épithéliale de la muqueuse.
L'absorption des matières protéiques en fournit un autre exemple : les peptones absor-
bées ne se retrouvent point dans le sang. Elles ont subi une transformation contempo-
raine de l'absorption et qui est due, sans doute, h l'intervention de l'crepsine de Cohniieii.
Enfin l'intestin du mammifère est aussi un organe d'excrétion. On sait (d«; façon
certaine, depuis l'expérience de l'anse séquestrée en anneau de L. Hermann) que l'intestin
sécrète des produits aboudants qui forment la plus grande partie des fèces. La masse
des excréments, dans le cas d'alimentation modérée, n'est pas constituée, comme on le
croyait, par les résidus échappés à la digestion : c'est un produit d'excrétion intestinale.
75. Les fonctions du foie sous les divers aspects des activités de rintestin
moyen. — On peut rattacher les activités multiples du foie à ces activités primordiales
et originelles de l'intestin. — Chez les Invertébrés, le foie retient et, dans certaines
classes il accapare la faculté digestive de l'intestin qui ne possède plus celle-ci qu'à un
degré insignifiant. De même, il retient et il accapare la faculté d'absorption de l'intestin,
comme on l'a vu plus haut (06). Chez tous les animaux il manifeste, à un degré plus
ou moins manqué, la faculté d'excrétion, et la sécrétion hépatique est un liquide
excrémentitiel. Enfin, chez tous, le foie montre, et, cette fois, à un degré éminent, la
faculté de transmutation chimique que l'intestin possède et qu'il exerce sur les matières
absorbées pendant qu'elles traversent sa paroi. Seulement cette faculté d'élaboration
chimique des aliments digérés atteint dans l'annexe hépatique un degré d'ampleur
considérable. Elle devient son caractère principal. Le foie, par là, se trouve être par
excellence un organe de transformations, d'opérations métaboliques, un laboratoire
chimique de grande importance. Le terme ordinaire de ces opérations chimiques est la
mise en réserve, dans l'organe hépatique, de substances accumulées, de véritables pro-
visions d'hydrates de carbone, de graisses, de substances protéiques, de fer, de phos-
phate de chaux, etc., tous matériaux utiles aux échanges de l'organisme. (^ fonction
adipogénique, la fonction martiale, la fonction glycogénique sont des aspects particu-
liers de cette activité transmutatrice dont nous avons*aperçu l'origine dans ia transfor-
mation que l'intestin est capable d'imprimer aux matières absorbées.
Il sera traité à part, à l'article Glycogéne, de la fonction glycogénique du foie. —
Nous ne dirons rien des fonctions d'excrétion, qui sont encore assez peu connues, au
point de vue de la physiologie comparée.
70. Facultés chimiques multiples de la cellule hépatique. — Le foie cumule,
ainsi qu'on le voit par ce qui précède, un grand nombre de fonctions diverses, d'ordre
chimique. Dans la société de cellules qui constitue l'économie, les cellules hépatiques
sont des agents à aptitudes multiples. L'organe hépatique est l'un des premiers formés :
ses éléments analomiques ronservent les activités multiples des éléments dont la diffé-
renciation est peu marquée. La cellule hépatique est propre à un grand nombre de
besognes chimiques. Elle contribue à des analyses et à des synthèses dont peut-être
on pourrait trouver l'origine dans les [>ropriéti's fondamentales des cellules intestinales,
capables, primitivement, de toutes les élaboralions alimentaires. Le foie est le siège, en
outre, des opérations chimiques d'un grand nombre de synthèses. On vient de citer celle
FOIE,
811
dt la taurine, celle ii(* l'ur^-e. Ilsuffil derappelerla formalîon synl)ii5 tique du glyco^j'me,
dt^ g^niîsses. G'eit là une facutlé qui v$i marquée chez tous les organismes infi^rleurs»
Eu dilf/Ti?nri»'s. Les cf*lluîcs h#?ii4tiques semlilent n'avoir d'émulés, dans colle aptitude
% syiilbèses chîmiqnt's c-t aux (lestruclïons préalables, que les Icucoryles, arlisaus
d^uiie caste inféneure, encore plusaclifs.
A, CASTRE.
Blbliograplii^ (!}. — BinFunTH iD.). Der pho^ihormurÊ Kalk der Gastropodenleber
{Biol, Centtatbl., i8S», m, 435). — BjRïikhsian.n et Morjtz. Heitnhje mtr vt^njtekkenden
Physiologie der Verdaunnif, Veber die Punction der ^oQentinnteH Lcber der Moîlnsken
(A. tf. P., 1899, Lxxv, 1-85). Uiber ein celtutosdôsendtfi Enzym im Lebersecret der Schnecke
(ibid., Lxxrii, 211)-2H7). — BosrNELu fE,}. 1/ ferrù netie vanc operate di asporlazionf. dei
ffgaio; RiiK spa\ (BulLd, se, med,, Bolopna, 1901, lit). — %orT\i/A (F.). Cunirihxdlom
à tft Phy&iologie compank de la digestion, La glande digrraute [hèpato-pancrewi) de
CAplt/sin timarina {A* i\B., 1901, xxxv, 318-330), — BotJn<jtiiiLOT. Hech, »ur lea phèn, de la
digestion chez le& MoUu^queji céphalopodes {Arch. de Zoot, exp., iii, 1885|u — Cohniikiîi (OJ,
Weitere Ver&uchc ûber Èiweissresnrption, Yetsnche an Octopoden, (Z. />, C, 1902, xxxv,
396-416]» Der Mechaniamu^ der barmrcsorpHon bei den (kJopoden [ibid., 417-418). — Cvt-
NOT (L.), Études physiologiques Bur les GaUéropode$ puhnonè^ (Areh, de BioLt Liège,
1S92, 12, 58 p.j. — liAHitoui iCi.). Recherches sur lei Aphrodiiiens {BulL soc, Fr* Belg^t
19(K1, XX XI II, 1-274). — Dasthe. Hépttriition dcA matières grm&es chez te^ Crmtaccs [B, B.,
1901. 412-414); — La Chlorophylle du Foie chez les SSollu^quea {Journ. de l*hyjiiol. et de
pathot. gen,t 1800, 1, 111); — Fùto:li07imarliale du foie chez les Vertébrés et les Incertrhréit
(CjR.cxxvi, 1808, 376-379). — Recherchai sur lea fennents du foie [A, d. P., 1888, 69-78),
— Dastre et FLOi\B?<«io. Le foie, organe pigmentairc chez tes Vertèbrêfi \C, H., 1H08, txxvn,
932-934). — Contribut. à r^tudc des chityrophylles animales. Chlorophylle du foie desInveT'
tébrés (C, /l.. 1809, cxxvin, 398-400). — DflE«:asEL. Bdiniife mr Chemie einiger Scelhière
{Z. C.J80G, XV, 85-107). — EivaigrEs (P.), Il fegalo dei ntollmchi e le ««ic funzùmi {Alitth.
«. d. zooL Station zu NeapeL lOOl, xv, 281-407).— Filiim'I. Rie, sperim, mlln femitina
{Ac. med.di Torino^ 1805, XLiit, 258-264). — Fij^chkr {V.\, Hech.sur la morphologie du foie
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neonato {Haccogiitorc medico, 1897, xstiv, 245-257), — Fbf.dericq (L.). La digestion dei
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tJcbcr die sogeuanntm Knikzetien der ihtsirop^Hlenleher [BioL CentralbL, 1884, m, 323); —
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— Gaule (Aliuk). Die geuihlechtlichen Vaterschiede in der Leber de^ Frosches (A. g. 1*.,
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1001, xïXfii, 417-425;,'* — Karsten IlL). Disquisitio inikrosçop, et cJiimi^m hepntis ac bilii
a^'ustaceorum et moUuscorum {Novn Acta^ xxr, i, 293). — Krukenueui^. Verdauungsorgane
bei den Cephalupodcn^ tiostropoden^ und Lamcttibranchia (Lab. de physiot, de Ueidelberg^
1878,11, 402)/ — lielicorubin und Leber pigmente von llelix pomatia {VergL physiot, Stwlien^
1882, If, 63). — KuuABRO 'Al.}. Einige Beobnchinngm itber die Leber des Fiussneuwinges
(C. ?,, XII, 1808,380-381 ), — LAGressE. Foncrcas intra-hèpatiquechez h-s Poissons (B. fl., 1801,
145; — C. R.. lH9i,c\ii, 440).— Uobua.nn {P.\.Einige Beohuchtungen âber die vevdannng
der Kvhkhytlrate bel Aplysien (f. /*., %i\\, 1899, 4îî5)- — Schlbmm. De hepate ac bite crusia-
ceorum et mollu<corum (Diss. Berlin, 1844). — Vay (F.). Veber den Ferratin und Eisen*
gehait der Lcber il. p, C, 1895, xx, 377-402). — Venturoli iB.). Riv. sperimentale sulla
fcrraiina c suf ft^rro de fcgato nel diqiuno (flic, sp. Lab. Botogna, 1897, xn, 190 p,). —
ViGiÊu (PiEKHE). l^s Pyrénosomes {Pitrasomes) tians Us cellules de la gUindc digcstive de
CécrevissriC. fl. Ass, Anat., 1001 140-I4G).— Yung (Ë.). Contribut. ci l* histoire phy^iiologigue
de V escargot (Bruxelles, 4'», (887); — La\dhjestion gastrique chez les Poissons (Rev, sçicntif.f
1899, XI, 65-74). — liEGLEh (H. E*). Die Entwicktung von Cgelas eornea [Zeitsch, f, uin.
ZooL, xu, 551).
1 . A consulter aussi la bibliographie des autres chapitres de Farlielo Foîe.
815 FONCINE.
Sommaire del'articU « Foie ». — §. Fonctions en général, 634. — S lï- Historique. 633. — îi III. Ré-
sumé anatomiquc. Évolution phylogcnique ctontogcniquc,63". — §IV. Poids, 639. — S V. Ci»in-
posiUon chimique, 648. — Bibliographie des g I à V, 657. — § VI. Température. 63». —S VU.
Toxicité du foie, oj^othérapic hépatique, 661. — S VIII. Innervation, 663. — Biblio<;raphi«*,
672. — S IX. Action du foie sur les matières albuminoïdes, 672.— § X. Fonctions adipogën^ '•t
adipolytiquc, 673. — Bibliographie des fonctions- chimiques, 682. — jîXI. Formation de l'up-e,
687. — Bibliographie, 700. — § XII. Ligature de la veine porte, de l'artère hépatique, du canjl
cholédoque. Ablation du foie, 711. — Bibliographie, 716. — .Ç XIII. Fonction biliaire .voy.
Bile). — S XIV. Fonction glycogénique (voy. Glycogène). — S XV. Fonction hémato[M»iétique
(voy. Sang\ — § XVI. Fonction ferratiquc (voy. Fer). — § XVII. Régénération, l'icatrisation.
Kxtirpations partielles. 718. — Bibliographie, 729. — 8 XIX. Action protectrice, 731. —
Bibliographie, 740. — S XX. Physiologie pathologique et pathologie générale, 741. — § XXI,
Circulation hépatique, 746. — §XXII. Résorption et absorption dans le foie, 763. — îj XXIII.
Physiologie comparée, 768. — I. Introduction. Notions préliminaire.^, 708. — II. Fonction jng-
mentaire,713. — III. Fonction martiale, 784. — IV. Fonction adipo-hépatiquc,79i.— V. Fonnion
digestivc. Ilépato-pancréas, 802. — VI. Fonction d'absorption alimentaire, 800. — VII. Fon--
tions diverses, 807. — VIII. Fonctions du foie en général, 808. — Bibliographie, 811.
FONGINE. — Braconnot a désigné sous ce nom la substance qui reste comme
résidu lorsqu'on exprime les champignons et qu'on les traite successivement par feau,
l'alcool et les alcalis étendus. L'analyse immédiate des champignons a, en elTet, donné à
BracoiNnot d'abord, puis à Vau^cklin et à Schrader, un cei tain nombre de substances
parmi lesquelles des sucres, des graisses, des albumines, des matières extractives et
enfin la fongine.La proportion de cette substance aurait été pour quelques champignons,
d'après ces auteurs.
Holetus juglnndis {Bhaco'ssot). 7,6 p. 100
Roietus laricis (BvcuoLz) . . . . 30,6 —
Ilelvella milra (Scurader). . . 39,6 —
La fongine est décritecomme une substanceblancheoublanc jaunâtre, fibreuse, molle,
alors qu'elle est humide, peu élastique, d'une saveur fade. C'est une matière azotée brû-
lant à l'air, se transformant par ébullition avec l'acide chlorhydrique en matièro géla-
tineuse soluble et précipitable parles alcalis. La potasse concentrée, au contraire, dissnnl
lentement la fongine eu la transformant en une masse savonneuse qui ptécipitc par les
arides.
Brandes obtint une substance analogue en broyant lestremclles, comprimant la masse
dans du papier, épuisant le produit par l'alcool, Télher, les acides étendus, les alcalis,
lavant et séchant le résidu. C'est alors une pellicule translucide qui se gontle au contact
de l'eau en se transformant en gelée ; les cendres renferment beaucoup de phosphate de
chaux. Frksiy admit que le résidu insoluble renfermant de Tazote était un composé
spécial qu'il appelle métacellulose et qui fut désigné plus tard par De Bary sous le nom
de Pilzcellulose (cellulose des champignons) et par Tscuirsch sous le nom de mycine.
D'autre part, d'après Hicuter, la membrane cellulaire des champignons renfermerait de
la cellulose.
(iiLsoN, qui avait obtenu par analyse microchimique dans la membrane cellulaire
vé^vtale des fuîmes cristnllities attribuables à fainidon, n'avait pu néanmoins IfS
retrouver dans celle des champignons Mucor lulyaris, Thammudium vulyari\ Atjttrirui
campestris, et cela en employant la méthod»? que Sciiultze avait proposée et employée
pour préparer la cellulose ({ui entre dans la constitution de la membrane vég«HaIe. II
a donc tenté de reclierclier la nature même du squelette cellulaire des champignons, de
la fongine de Braco.n.not. Gilson traite les champignons [Agaricus campeslris, Mmtita inus-
caria, Polyporus officinalis et P.fumosus; liutnela. Ihletus, Claviceps purpur ea, itic, } débités
en morceaux par la soude caustique diluée, par l'acide sulfurique dilué à lebullition,
par l'alcool et enfin par Téther.
La fongine ainsi pré|)arée est un produit blanc devenant dur, compact et à aspect
corné par dessiccation. Cett«^ fontaine répond à peu près à la composition de la chitin«%
dont elle pos>ùde d'ailleurs les propri»Hés : insolubilité dans tous les dissolvants, sauf
dans les acides cuncentrés; par l'acide chlorhydrique concentré et chaud, elle donne,
conjme la chitine, du chlorhydrate de glucosamine. Chauffée à 18* en présence de
pula^te, elle donne de la mycusine.
FORMALD-HYDE.
sa
D^aulraparl, Wi.xfsaiTKix t trouvé de la chtUne daos de tr^i nombreui cbain pignons.
Enfin G, TANRin- a repris Ti^lude de la forigine et. eu parliculier, CêJle de la fongine d\is-
perijillus. Il Iriiite pour cela le mycélium de la plante par Teau, ralcuol, TéUier, la soude
4 S p. iOO froide, l'acide sulCiirique à chaud h 2 p. ILK*,
Ainsi préparée, la foni^ine dWspenjilUi,^ semble renfermer nn peu moins de carbone
et d'azote que la chitine; chnntféc à [nO** en présence d'acide chlorhydrique fumant o«
À 170® en présence de potasse causlîqne, elle donne du chlorhydrate de glucosamine et
de la chitosane comme la chitine d'Articulés, mais en moindre proportion ; de plus,
après trarlemeut par l'acide sulforique étendu^ 'a fijuii^îne d'Âspergillu^, traitée par la
soude froide U i.Vi p. 100. abanduune au liquide une subi^tance qui s'y dissout et en est
précipitée par les acides sous la forme d'une niasse gélatineuse. Le produit insoluble
dans la soude répond à ta composition de la chitine, ainsi que le montrent les chilTres
suivants :
C.
H.
A«.
H, 30
45,16 îi i6J0
6,18 il éM
D'après TA^nitr, VAapergiUus renferme !.*> p. tOO de chitine. Les autres champignons
•ur lesquels cet auteur a expérimenté. Ctnricepsi purpurea^ Boktns edutis^ Futt/porus offi-
çiiiit/iA% traités de la même façon, donnent unproduil analogue, mais beaucoup plus impur,
et qui ne renferme pas plus de 50 p. !00 de chitine. Seul, VAspergiltus donne dans ces
conditions de la chitine pure identique a la chitine de crabes. Cette chitine est absente
de la levure de bière.
La partie soluble dans les alcalis caustiques après traitement prolongé par l'acide
sulfurique ou chlorhydrique étendu et chaud est un hydrate de carbone que Ton préci-
pite de sa solution sodiquo par Tacide sulfurique à 1,5 p. iOlK On lave sur le tlllre, et
on fait sécher si le produit prnvicnt île la ievure, de Y ÀnpcrfiiUwi ou de l'ergot.
Dans le cas du cèpe et de Tagiiric blanc la solution alcaline doit être aciditlée par
r«cide acétique en présence de quelques volumes d*alcûol k 95"*. Le précipilé est lavé
avec de falcool h 60*.
Les hydr.itesde carbone que l'on obtient dans ces conditions ont à peu près la for-
mule de la cellulose; ils sont insolubles dans l'eau et le réactif de Scjiweit/er; G» Tan-
RET les a désignés sous le nom de font/osen. Ils renferment des traces d'azote provenant
probablement d*une impureté eutralnée. Par hydrolyse, en présence des acides, ils ne
donnent que du f5'lucose.
Les fongoses enûn se combinent ;i Tanhydride acétique pnur donner des éthers acé-
tiques, et à la potasse potir donner des sels.
La fongine est donc formée: 1^ d'une proportion de chitine' variable a%'ec le champi-
gnon considéré; 2'^ dliydrales de carbone ou fon;;oses, donnant naissance par hydrata-
tion à du glucose. Les Saccharomycvs ne renferment pas de chitine et seulement des
fongoses.
Blblio^aphle. — Beiu^lius. Traité de chimie^ VI, 1832, 130 et 247. — iTscpiRScii.
An*jeu(mdtti*flfinzenanatomit'. — S<:urL7E, Stsigeii et Maxwell. ZurTAcmie des Ffianzen-
i^llmembiane {t, p. C xiv, iStiO, 22*)}, — ScHULiè:, Jd, (J6»d. iv. 1892, 38lVi. — titLsox.
La compo:iition chimiifW de ta membrane ctîiuhire vé<jctate {La Ctthtte, tft93, ix, 17 l —
GiLsow. liechiTches rhimiqttes mur hi membrane içîhdaire dea Champignons \ La Ct^tiulc, 1803,
311, 5 et^Sj. — GiLSON. he la présence de la chitine diins la membrane celluiairc \C. /L,
I89S, cii^ 1 000), — C. TANREr. Hetherches sur tes <:htimpi'jnons [HutL Soc. Chnn,, IH1*7.
I. 921).
AOG. PERRET
FORMALDÈHYDE. — Ce corps est encore assez souvent désigné soui
les noms de Mcthnnal d'iutjde de méthylène, aldéhyde formique, aldéhyde méthylique,
Hydmre de formule, formtdine, ou simplement formol. Cette dernière expression dèsigae
néanmoins pluti\t la solution aqueuse à 40 p. ÎOj de ce corps, solution qui constitue le
814 FORMALDEHYDE.
produit commercial. Il est désigné dans la nomenclature de Genève sous le nom de
méthanal. Il constitue en effet le dérivé aldéhydique du méthane, et répond à la for-
mule CH^O, ou, en formule développée :
S>c=o.
fU possède donc le groupement fonctionnel aldéhydique CO — U et constitue ainsi le
plus simple des composés de cette nature, puisque ce groupement fonctionnel est
simplement lié à un atome d'hydrogène. Il peut et il doit être considéré soit comme
le produit d'oxydation incomplète de l'alcool méthylique, soit comme le produit de
réduction de l'acide formique. L'aldéhyde mélhylique a été découvert en 1868 parHoFFM.'LN.**t
dans les produits d'alcool méthylique que l'on fait passer sur une spirale de platine.
État naturel. — L'existence de l'aldéhyde formique dans la végétation a été assez
vivement discutée. Heintz a montré que le liquide obtenu par expression des parties
vertes des végétaux après neutralisation préalable par le carbonate de soude donne à
la distillation de l'aldéhyde formique. Reinke n'a pu obtenir aucune réduction avec des
liquides provenant de plantes sans chlorophylle et traitées de la même façon. Loew el
BoKOKNY ont cependant montré que des cellules de Spirogyra sans chlorophylle rédui-
saient des solutions alcalines de nitrate d'argent, au 1/ iOOOOO*^.
L'existence d'aldéhyde formique dans le règne végétal semble néanmoins bien
établie; peut-être, d'ailleurs, cette existence n'est-elle que transitoire, le méthanal
Jouissant de la propriété de se condenser avec la plus grande facilité pour donner nais-
sance a un très grand nombre de composés. Nous verrons, d'ailleurs, plus loin le
rôle si important que doit jouer le méthanal dans l'élaboration des tissus de la plante.
Synthèse de Taldèhyde formique. — Étant donnée sa constitution extrêmement
simple, les synthèses de l'aldéhyde formique sont relativement simples et nombreuses.
Elles permettent — pour la synthèse totale à partir des éléments — des comi>osés
beaucoup plus complexes, tels que les sucreé et les amidons, produits de condensation
du méthanal.
L'aldéhyde formique se produit synthétiquemcnt :
10 Par le simple passage d'un mélange d'oxyde de carbone et d'hydrogène sur la
mousse de platine (Jolin).
2<» Par Taelion de la décharge obscure sur un mélange d'hydrogène et d'acide carbo-
nique (Brooie);
3° L'acide carbonique peut enfin donner naissance à de l'aldéhyde formique, eu
présence des sels d'uranium réagissant sur Teau et sous l'influence de la lumière
(Bach).
n02H-IIiO = HCOH + ()2.
Etant donnée l'action particulière de la lumière dans cette réaction, on peut
admettre facilement que celte réaction se produit dans l'organisme végétal et quVlle
est peut-i^tre corrélative de la fonction chlorophyllienne ;
4" Un mélange d'éthylène et d'oxygène chauffé à iOC» donne naissance à de l'aUléhyde
formique, à condition toutefois que Téthylènc soit en excès (Schutzenberi.er;.
Préparations. — Un certain nombre de produits organiques donnent naissance eu
se décomposant à de l'aldéhyde formique; tels sont, par exemple, le Ibrniiate d»;
méthyle et l'acide éthylylycolique. ^
Leur combustion incomplète donne aussi naissance à de l'aldéhyde formique; tel
ost le cas de l'azotate d'éthyle iPiiATtzzi} el surtout celui de l'alcool méthylique JHuff-
m\nn). (^e dernier est le mode de préparation actuellement employé.
Leur électrolybe en produit aussi une certaine proportion'. Il est, dans ce «•a^,
mélangé surtout à de l'oxyde de carbone et à de l'acide carbonique.
La foimaldéhyde se produit en abondance quand on détermine la combustion
incomplète de l'alcool mélliylique en vapeurs eu présence de l'air, au contact d'une
*i[iiialc de platine portée à l'iiicanilescence.
La riialcur fournie par la réaction est ^^uflisante pour maintenir au rouge le métal
FORMALDÉHYDE.
Bt la réacltou se poursuit d'elle-même. Le phénomène est connu «lepuis fort longtemps,
mais c'esl Hopfuanv qui a montre dans les gaz produits l'existence d*un corps parti-
culier : la form aldéhyde. Un courafit d'air cliar^'é de vapeurs de mélhanal passait sur
des fils de platine au rou^e somltre dans un tube de même mélaL
Viï certain nombre de modificaliou? ont été apportées successivement à la méthode
d'HoKFiiAWN. KAiiLtioFF remplace le tube et les lils de platine par un tube de verre vert
el de lainianle platinée; Tollens emploie du platine dans un tul>e de verre vert. Tous
deux échauffent le premier ballon récepteur et refroidissent le second. Lovv fait passer
par aspiration un courant d*air sur une spinile de cuivre oxydée supernciellemenL
Les plus petits détails injluent dVîlleurs sur te rendement, «pi peut ^'abais^er Jusqu'/i
Atre nul; les explosions sont possibles, surtoul dans le ballûu lécepleur.
TaiLLAT a remplacé le tubt^ de verre pur un lube de cuivre, et il a obvié aux incon-
vénients du danger d'explosion et à la difliculté de pouvoir oxyder beaucoup d'atcoot
à la fois en remplaçant le courant d'air par un jet conique de vapeurs alcooliques,
1/alcool niéthylique chaufTé sous pression s'échappe par un petit orifice et se trouve
prtijetê contre les substances «uydantes. Le dûn;;er d'explosion est ainsi évité, puisqu'il
y a iolulion de conlinnil*^ entre le récipient d^aleool et le corps incandescent; la pulvé-
risation permet en méni*' temps de soumettre a Toxydation une quantité d'alcool beau-
coup plus grande que renlraîiiement par Tair,
Dans ce }*d conique de vapeurs alcooliques, la proportion d'air mélangé à l'alcool
augmente au fui et a mesure que la base du «:i>ne s'élargit, c'est-à-dire à mesure que
a dîs/ance augmente depuis te sommet du ç5ne. H y a donc, par suite, une zone
optimum, dans laquelle le mélange d'alcool et d'air se trouve dans les meilleures condi-
lions d'oxydation, oxydation qui est provoquée par la présence d'un corps poreux porté
au louge.
On peut, pDur cela, au lieu de platine ou de cuivre, employer du charbon de cornue,
du coke* etc., juxt^po^er m»'*me le coke avec îe cuivre.
l/alcoo! métbylique cbaufTé sous pression s'échappe de Textiémité d'une lame
lIO^i^l«^tale, et le jet alcoolique s'engage daus un tube en cuivre rouge à extrémité
coinque. Les vapeurs, après leur passage sur le corps poreux, sont condensées, et on
obtient ainsi un mélange d'eau, d'alcool méthylique, d'aldéhyde formique, ainsi que des
traces d'acide forinique et d'acide acétique, Nous ne décrirons pas les diiïérents modèles
des appareils qui ont été rlablis sur ces principes.
Armand Gaitiêr, enfin, prépare l'aldéhyde formique en faisant passer l'alcool
métliylique en vapeur dans un tube horizonlal < baulfé daus un bain de soufre fondu.
La préparatiiui de la formaldéhyde pure gazeuse se fait facilement par simple
décompositfoii par la < haleur de son produit de condensation, le trio^ymélhylène.
Propriétés physiques. — La formaldéhyde est un gaz incolore, d*une odeur
piquante et suifocante, extrêmement désagréable» Il se liquétie dans un mélange d'acide
carbonique en neige et d'élher, en donnant naissance k un liquide incolore, très
mobife, bouillant h tiO^ (KuKULéi. l/aïdéhyde formique est soluble dans l'eau, et les
solutions aqueuses de formaldéhyde constituent le produit commercial désigné sous le
nom de formol, fornialine, etc. La teneur du produit commercial est d'environ
4n p. 100. mais on peut pousser la concentration des solutions un peu plus loin, vi aller
jusqu'à obtenir des liqueurs contenant 52 p. iDO du produit actif. Si l'on cherche ù
obtenir une concentration plus grande, la formaldéhyde ne se conserve pas et se
transforme en «u produit de polymérisation de trioxy méthylène.
Produits de polymérisation. — L'aldéhyde formique, comme toutes les aldéhydes,
possède la propriété de se polymériser et de donner naissance h des produits de
condensutioii divers.
Par Condensation de la solution a4jueuse de formaldéhyde , il se produit une
substance solide, blanche, de consistance savonneuse, soluble dans l'eau bouillante, et
se séparant par refroidissement en llocons bbncs. Celte matière, désignée sous le nom
de pijmfornmiifrhydc, reufernie environ 70 p. ItM) de formaldéhyde. Pour DELFj'tKHHK, celte
paraformaldéiiyde serait un hydrate CH^OJFO, Loseiaxx a obtenu un produit analogue
en traitant ce même produit par Tab-ool et 1 élber.
La concentration a froid sur l'acide sulfuriquc de formaline donne naissance à des
816 FORMALDÉHYDE.
flocons blancs, solubles dans l'eau, qui correspondraient à la formule (CH*0* déter-
minée immédiatement par la cryoscopie.
Le trioxyméthylène est le polymère le plus connu. Les deux composés que nous venons
de signaler lui donnent eux-mêmes naissance, soit qu'on les abandonne à eax-méme«,
soit qu'on les chaufTe doucement.
La formaldéhyde liquide, lorsqu'elle s'échauffe légèrement au-dessus de son point
d'ébullition, donne ainsi naissance au trioxyméthylène. Si la température $*élève, la
transformation se produit avec explosion (Kerulé).
Le trioxyméthylène répondrait à la formule (CHO)^ ou mieux, d'après Loseckan.n. k
la formule (GH*0)^ :elle serait alors un hexaoxy méthylène. II est insoluble dans tous les
dissolvants, alcool et éther, et ne se dissout dans l'eau qu'à chaud et en se transfor-
mant en aldéhyde formique. Il fond à ilO^ environ, mais il se volatilise déjà au-dessous
de 100<^ en régénérant Taldéhyde formique.
En revanche, Pralezzi a obtenu un trioxyméthylène cristallisé (CH^O]' sol ub le dans
l'eau, l'alcool et i'éther en chauffant en tube scellé à 115*^, avec une trace d'acide sulfu*
rique concentré, de l'aldéhyde formique. Cette substance fond à 60* el se volatilise : sa
densité de vapeur correspond bien à (CH*0)^; il est donc probable que le triozyméthylèoe
a une formule beaucoup plus complexe.
Enfin, il est un dernier produit de polymérisation de l'aldéhyde formique qui pré-
sente un très grand intérêt : c'est le forniose, de Lorw, ou l'acrose de Fiscoer.
BouTLRROFF, en traitant le niéthanal par la baryte, obtient en même temps que do
formiate de baryte un produit dont la formule pouvait se rapporter à C'H*<K)^ et qu'il
désigne sous le nom de méthylènitane. C'est le premier hydrate de carbone obtenu
synthétiquement en partant de l'aldéhyde formique. Il est stable et ne peut plus
régénérer le corps initial.
Lœw, traitant par exci'^s de chaux une solution à 3 p. 100 de méthanal dans l'eau,
constata au bout de quelques jours la disparition de l'odeur particulière de la formal-
déhyde. Le liquide filtré réduit la liqueur de Feuling à l'ébuUition : on précipite dans
les liqueurs brutes l'excès de chaux par l'acide oxalique; on évapore et on reprend par
l'alcool : il reste du formiate de chaux insoluble et on trouve en dissolution dans Talcool
un sucre spécial, le formose, formant un sirop incolore, à saveur fortement sucrée,
brunissant quand on le chauffe avec la potasse, réduisant à l'ébuUition la liqueur de
Fehu.ng, précipitant par le sous-acétate de plomb ammoniacal et Talcoolal de baryte,
donnant avec le chlorure de sodium une combinaison cristalline; traité par la phényl-
hydrazine, il donne en solution acétique une combinaison cristalline ; mais le sucre ainsi
obtenu ne fermente pas par la levure, il ne peut donner naissance à de l'amidon, lorsqu'il
est absorbé par une feuille vivante.
Le formose ainsi préparé est un mélange; car Fischer a montré que la combinaison
pouvait être dédoublée avec la phénythydrazine.
Plusieurs produits, au moins trois d'entre eux, répondent à la formule et aux propriétés
des azones des sucres; en particulier l'une d'entre elles a pu être identifiée avec la
phénylacroazone ; donc, le formose renferme une certaine proportion d'acrose formé
directement aux dépens de l'aldéhyde formique.
L'acrose de Fischer se forme encore plus facilement et en plus grande quantité.
ainsi que l'a montré Loew, en substituant à la chaux de la magnésie et du sulfate de
magnt'sie. Le formose ainsi obtenu est surtout formé d'acrose; il fermente directe-
ment sous l'influepce de la levure de bière en produisant de l'alcool et de Tacide
carbonique.
L'acrose donne naissance, ainsi que l'a montré Fischer» à la série des sacres en O
(Voir Glycose), puis par condensation aux polyglycosides,aux dextrines,aux amidons, etc.
Propriétés chimiques. — Étant donnée sa fonction, Taldéhyde formique peut
donner facilement naissance à des processus de réduction. Elle se transforme alors
soit en acide formique, soit en acide carbonique, lorsque Toxydatiou est poussée plus
loin.
L'eau ne réagit pas sur l'aldéhydo formique elle-mômo, mais agit sur le trioxymé-
tlivltMie.
D'après TuLLE.Ns, ce trioxyméthylène traité par l'eau à chaud repiend sa forme soluble.
1
FORMALDEHYDE-
Ml
D*après ÛsLK.riNE, clmuiïr à 200'» en Uibes scellés pendant sii heures, ei» présence
«l'e&u« le Uioxymrtliylèiie donne naissance à de l'acide formique et da [iiélbaijal*
2HC0H + H*0 = HCO'H 4: CH^OH
MiHbsnal Acida formiqiii* Méthanal
f^ar une réaclioa plas profonde on a de Tacide carbonique et dn mulhanat.
3HC0H + H?0 = c:u* 4- 2CH> OU
L'aldéhyde formique donne naissance a un certain nombre de dérivés qui, sotl an
point de vue chimique» soit au point de vue pharmaceulique, ont un certain intérêt.
L*aldf^hyde formique peut être considérée comme Tanhydride d'un glycoï, le jjlycol
méthyléûique.
H\ /OH
H /-^NdH*
Lilycoï mtHhyUniquc
S>c=o
Aldéhyde formiqu«
Ce corps n*existe pas, maiâ on conuatt, en revanche, des élhers oxydes,
H\^/OR
H/^\OR*
que l'on désigne sous te nom de fotmoh. Ce sont des liquides incolores, peu soluhtcs ou
insolubles dans l'eau, solublt^s dan*î l'alcool, possédant mie odeur agréable de fruit. Le
prt^nier terme eii est le dïmélhyirormol.
H\ /OCH'
H/'^NOCH"'
L*aldéhyde formique peut se combiner avec uit certain nombre d'aldéhydes et d*acé*
(ones pour donner alors naissance k des ak^oots polyatom»qu*:s (Tollep^s). Celte conden-
[ sation peut s'elFectuer à la température ordinaire si on laisse l'aldéliyde en contact un
temps suffisant, quelquefois plusieurs mois, avec un lait de cUaux« très dilué. Ou tor-
mine la réaction au bain-marie.
C'est ainsi que la combinaison de la formaldéhyde avec l'aldéhyde acétique donne
naissance à la pentaérythrite.
C^iCHJOHj*.
L'aldéhyde formique se combine à l'ammoniaque avec élimination d'eau, en donnant
naissance à de l'hexaméthylène tétramine (Boutleiioff), corps bien cristRlIisé, soluble
dans Teau, l'alcool et le chloroforme.
A 52° les sotubilités sont» d'après Deliîplxe :
p. 100
Dans V&au 81,3
Daa» l'AÏcool rtlisulu 3,22
Dans le clilorotai-mc ....,, **,UU
L*heiaméthyièn» tétramine est pfesque insoluble dans rétber. Elle répond probable-
ment k la formule C*'H**AzSsnsceptible de donner paiévaporation d'une solution aqueuse
un hydr;jte bien ciistaltisé C4l«'Az* 61P0*
Xous n'entrerons pas dans la description des difTcrents dérivés de l'hexaméthylène
tétramine, dont l'étude, purenierit chimique, est Irailét» avec détails dans les ouvrages
de chimie*
Par l'action de l'hydrogène sulfurti sur la f«jrmaldébyde, on peut obtenir des produits
sulfurés analogues aux produits de condensation de la formaldéhyde elleniènie; tels
sont la ti'ithiûforuialdéhyde G^H"S% la mélatbiùf->rnialdéb>de (C'H'S'j'; etc.
L'aldéhyde forniicjue, entin, peut réagir sur les umines grasses et aromatiques pour
donner naissance k un grand nombre de dériréà.
DICT, DE l'UtlIOLOOlK. — TOMC VI,
5â
818 FORMALDÉHYDE.
La foitnopyrine, ou méthylène diantipyrine,est la combinaison de Taldéhyde, ou diao-
tipyrine méthane formique avec l'antipyrine (G. Pallizubi). Cette formopyrine répond i
la formule
C«Hs
Az Az — C«H6
CH3 — Az CO CO Az— CH»
CH3 — C = C — CH2 — C = C — CH3
Elle donne avec Tiode un dérivé tétraiodé et avec les dipbénols en présence d'acide
sulfiirique un certain nombre] de dérivés, combinaisons de la formopyrine avec les
diphénols sulfoconjugués; pyrocatéchine, hydroquinone, résorcine.
L'aldéhyde formique, en solution aqueuse à 60 p. 100, mise en présence d*une solu-
tion concentrée d'hydrogène, donne naissance à la formalagine
précipité blanc que Ton peut laver à l'eau, à l'alcool, à l'éther (Pulvermachbr).
Aiction sur les matières albuminoîdes. — Les matières albuminoîdes, Talbumine
de blanc d'œuf, par exemple, se combinent avec la formaldéhyde pour donner naissance
à des produits insolubles dans l'eau et dans la plupart des réactifs. Trillat a ainsi montré
que Talbumine de blanc d'œuf non diluée dans de l'eau, exposée aux vapeurs de formol,
se transforme en dix jours en une masse vitreuse extrêmement dure. Le sérum traité
par quelques gouttes de formaline ne coagule plus par la chaleur. Une solution à parties
égales d'eau et de gélatine se prend instantanément par l'action de quelques gouttes de
formol en une masse transparente et insoluble.
Elle est restée néanmoins transparente. Mise en contact avec de l'eau, elle se gonlJe.
et son volume peut devenir cinq ou six fois plus grand ; elle est alors très friable et se
pulvérise sous le doigt; complètement insoluble dans Teau, même à l'ébullition, dans
l'acide acétique, l'eau de chlore, l'eau de brome, l'alcool, l'ammoniaque et le carbonate
de soude, même concentré.
La myosine est Insolubilisée également par la formaldéhyde. Les peptones aussi
donnent aussi des combinaisons spéciales avec la formaldéhyde. Les réactions qui se
passent ainsi comportent probablement un mécanisme analogue à celui qui se passe
avec les aminés grasses ou aromatiques ; il y a élimination d'eau et fixation de CH*.
L'étude de l'action de la formaldéhyde sur les matières albuminoîdes. en raison même
de l'importance que joue le formol au point de vue antiseptique, a été reprise par ub
certain nombre de savants.
D'apK's Mosso et P.voLKTTf, la formaline diluée et ajoutée à l'albumen d'œuf produit
un trouble et empêche la coagulation ultérieure de l'albumine par la chaleur. L'oe
coagulation partielle peut néanmoins encore avoir lieu quand la formaline n'est ajoutée
qu'à la dose de l cenlimètre cube pour 300 d albumen. Un blanc d'œuf battu, soit avec
deux parties d'eau, soit avec deux parties de sérum physiologique, ne se coagule pas
non plus en présence de formaline ; OK'",0001 de formaline dissoute dans 1 centimètre
cube d'eau ajoutée ù 5 centimètres cubes de la solution d'albumen d'œuf dans de l'oau
s'oppose encore sensiblement à la coagulation. Cette dose est portée à O'^'^.OOo dan^ le
cas d'une' dilution dans le sérum physiologique.
L'empêchement est beaucoup plus marqué, si l'on laisse l'albumen d'œuf en conta t
prolongé avec la formaline.
Cii. Lepikkhe, enlii), a recherché lactioii de l'aldéhyde formique sur les produits de
la digestion des albuminoîdes, cl, par ce moyen, il a été amené à admettre que Taction
de la formaldéhyde sur les albumin<>ses est un phénomène de condensation et de dés-
hydratation simultanées, avec lixation de groupes CH^. L'action sur ces produits de la
dif:estion est la suivante :
i" Les protoalbuminoses sont insolubilisées par la formaldéhyde à chaud; le pivci-
FORMALDÈHYDE.
81ÎÏ
pilé est insolablo dan» IVou chaude, insoluble dans NaCI à 10 p. 1(H)« inâoluMe dans
Na^CO'.
2" iJL fofiïialdéhyde exerce sur les deut^ro-afbîimoses uneaclion variabli» suivant leur
nature; \es premiers termes de poids mol (''cul aire plus élevé sont insolubilisés; les
dtrniers, les plus voisins des peptcmes, .^ont tout d'abord trausforra^'S en proto-albnmi-
ûoseiy et ce n*est que les produits ainsi obtenus qui sont à leur tour insolubilisés.
S"» Les peptones vraies sont tout d'abord transformées en deutéro*» puis en proto-
albuminoses.
Les produits ainsi insolubilisés ou transformés conservent les caractères des matières
protéiques; ils sont insolubles dans Teau froide ou ehaude; mais ils se dissolvent en
s'bydrûtantf quand on les a soumis pt>udant une heure ou deux à l'action de la chaleur
lOQS pression à Tanloclave. Ils tendent ilans ce cas h régénérer falbuminoîdc primitif.
U y a donc là une sorte de régression progressive des peptones et des albumoses
vert les aibuminoides vrais.
La combinaison de la formaldéhyde avec les albumtnoîdes s'elTeclaerait» d'après
TaîLLAT, par un processus analogue à celui de la combinaison avec les aminés grasses ou
aromatiques. Il y aurait Gxation d'un groupement CU^ avec élimination d'eau.
RAïH» + CH4 0 = H»0 + RAx = CH**
l'ne très petite quantité de formaldéhyde sufSt dans cette hypothèse à immobiliser
et à insiVlubiliser une très grande quanUté d albumine^ étant donné le poids moléculaire
de raitmmine, énorm?^ par rapport à celuj de Taldéhyde, 6 500 à 32.
Action sur les dtastases. — l/aldébyile formique réagit sur les ferments sokibles;
c'est ainsi qui! la diastase en dissolution a i p. lOO^aprèn traitement par la formaldéhyde,
ne ijoaftule plus par rèbullition, ne brunit plus par Facide sulfurique. Le réactif de
MiU/»K donne une coloration jaune^ au lieu d'une coloration rose.
De même, la peptone traitée par la formaldéhyde ne 'donne plus de coloration vio«
lette avei* Tacide sulfurique, et le réaclif de Millo:v a son action modidée d'une façon
identique à celle de la diasLase (Trillat).
Les actions de fermentation ««ont elles-mêmes modifiées. Cependant la diastase et la
ïvmase ne sont pas altérées par l'atdéhyde formique au 1/20000*.
Poitevin a montré que l'aldéhyde formique ajoutée au lail lelarde sa coagulation par
la présure. Ainsi, si l'on représente par R le rapport qui existe entre les temps de coagu-
lation du lait témoin et du lait traité, on voit que ce nombre devient très grand pour
des quantités relativement faibles de formol ajouté au lait.
TSXra DK COAOtTtATlOH
ronMor.
du lait UmolD
ea grnmmoa
en iaiaut«i.
jjw litre.
R
19
1
2
0,§
1,1
2T i
t.o
-^
3,4
—
0.8
un
m
t,2
tr^â grand,
1.0
—
Si la quantité de présure augmente, les doses nécessaires pour empêcher la coagu-
lation s^élèvent.
Lœw a recherché Tiiction du formol stir te^ suciases en mesitraut la quantité de sucre
détruit par une leclure au polariraètre. D'après Puttevjn^ l'aldéhyde formique modilîe
te pouvoir rotatoire des sucres et Ton ne peut» par suite, se servir de cette méLbode.
Par réduction avec la liqueur de FkHUNii, Pottevin a montré que le formol ralentissaït
te déd*jultlement du sm:cliaro?e.
820 FORM ALDEHYDE.
R IDEAL et FouL^TON Ont recherché l'action de l'aldéhyde formique sar les ferxnenU
de la digestion. Les résultats qu'ils ont obtenus sont :
DIGESTION SALIVAIRE DE L* AMIDON
PROPORTION DB FORIIAUMB
(soIatioQ de formol
BFFBT
à 40 p. 100).
reUrdant.
p. 100
1 pour 100 000
0,2
1 — 50 000
4,0
1 — 10 000
11,0
DIGESTION DE L AMIDON
ACTION RETARDANTS SUR LA DIGESTION PAR
PROPORTION
de formalioe.
1 pour 100 000
1 — 50 000
1 — 10 000
la xymine.
p. 100
3.6
8.2
8,5
le sac pancrëatiqae.
p. 100
13,0
16,0
16,7
L'action de l'aldéhyde formique sur la digestion protéolytique peut être résaniée de
la façon suivante :
DIGESTION PAR LA PEPSINE DE TISSU MUSCULAIRE
PROPORTION
ACTION
de formaline.
retardatrice.
p. 100.
1 : 50 000
2,6
8,6
1 : 100 000 après 24 heures de conUct. . . .
1 : 50 000 — — — ....
8,7
1 : 10 000 — — — . . . .
12,6
DIGESTION PAR LE SUC PANCREATIQUE DE LA
CASÉINE
PROPORTION
ACTION
de formaline.
retardatrice.
p, 100
1 : 50000 0,3
l : 100 000 après 20 heures de couuct 5,4
l : 50 000 — — — 5,9
1 : 10 000 — — — 8,6
L'action du formol sur les ferments est donc une action retardatrice, ralentissante,
provenant peut-être d'une destruction partielle ou d'une modification de la substance
active.
Action sur les ferments organisés. — Le formol jouit de propriétés iufertili-
santes très énergiques. Liebreich montra un des premiers ses propriétés antiseptiques
et tannantes. Pohl compara à ce point de vue son action à celle de l'alcool méthylique.
DuBiEP, Berlioz, Jean, Duclaux étudièrent les propriétés toxiques de la formaldéhyde
sur la cellule végétale vivante. Lœw avait montré sa toxicité vis-à-vis de l'organisne
végétal. BucHNER et Ségale observèrent que la formaldéhyde en vapeur s'opposait ma
développement des cultures sur plaques de gélatine. Aux doses de 1/20 000 et iDêrae
de l/oOOOO, elle s'oppose aux fermentations lactiques el butyriques du lait (Trillat;
Béchamp). Sur le moût de bière, l'action est moins énergique/ mais néanmoins le for-
mol y arrêta le développement de ces ferments à la dose de l/iOOOO. Laction sur le
Mycoderma aceli est identique (Tr[llat). Le formol en vapeur jouit des mêmes propriétés.
La levure de bière, au contraire, semble réussir beaucoup mieux, et la fermentation
.se poursuit, par exemple, ,daiis un moût de riz ordipaire additionné de ^/.^0D0 de
FORMALDEHYDE,
8ât
formol et gaccharifié par du malt veH. La fermenlalion était déterminée par de la
l(*vure misi^ en suspensinn avec, une solution de formol A 1/3 000; le rendement en
alcool était le même qu'avec la levure de formoL
PonscOM a montré que les cellules semblent sVmparer des antiseptiques. C'est ainsi
qu'une quantitt^ massive de levure mise en présence de moût formolisé parait fixer une
certaine proportion d'aldéhyde, puisque le liquide filtré en renferme une quantité in-
comparablement plus faible qu'avant rensemencement.
Mosnoet pAOLKrTi ont établi que la formaliae (solution de mélbanal à 40 p. lOO)
comniençail à ralenfir la fermentation ammoniacale k la dose de 1/2O0O0. : elle l'arrête
complètement à la dose de I 4 000.
Voici, d'après Thillat, le résultat des expériences effeclaées en vue de déterminer
l'actioD du formol sur les ferments organisés.
Bacillm anthracis. — Ralentissement ou développement de la culture i la dose de
i/60000^ Thillat.
Infertilisalion des bouillons à fa dose de 1/50 000". Tihll^t.
Infertilisation des bouillons A la dose de 1/20000'. Anowsoiv.
La solution à t/1000' tue la bactérie cbarbonneuse après un quart d'heure de contact.
Staul.
Bacilk trFMHh. — Dose infertilîsante : O*f%0r» p. 1/1000". Bkbuo^*
Ralentissement k la dose de f/20 \H}Ù% ScriiiiDT.
la solution au 1 750* tue les germes après un quart d'heure. Aro.nson.
Bacttrium coii commune. — Les bouillons sont in fertilisés à la dose do Of%03
p» i/IOM?. Bbruoz.
Dose infcrti lisante: 1; "20 000"* .ScuiimT*
Bacittca de la drcompositwn. — Ralentissement 1res marqué de la décomposition du
jus de viande à la dose de l 50 000", Trillat.
Arrêt complet de la décomposition À la dose de l/'2*iO()0*. TittLLAX.
Ralentissement complet de k décomposition à la dose de 1/400000",
WoRTMANN,
Les bactéries sont tuées à la dose de 1/riOOOO. WoitritANN.
Stophtitocoidi^ pyogenes auvem. — La solution au 1/7!>0* tue les germes après un
quart d'heure. Stahl.
Les bouillons restent stériles à la dose de t/20 000* Sciimiot.
BaeiUes iaUvairei (?). — A la dose de l/llOOOO*', les bouillons restent clairs.
TnitLAT.
La solution au 1/1000" tue les bactéries en deux beures. Trillat.
Bai'iites di'<i eaiLc d'cgout (?). — A la dose de 1/20000*, le formol slérihse les champs
de culture. Twillat.
A la dose de 1/1000% la solution tue les germes après quelques heures, ^
Tbillat.
Sporei de la terre (le jardin ('?). — La solution à 1/1 OOO" les tue après une heure.
TBJLL\r.
La solution au t/7oO** les tue après un quart d'heure, Tbillat.
Petneiltium et jUpergittus. — Infertilisation au liquide Raulin à la dose de t/10000*.
Trillat.
Lé Bavittus ituhatîs semble être» d'aprrs M (quel» Tespèce la plus résistante.
L'action microbicide serait, au contraire, d'après Brcck et VANDERLtNuEN, faible et
inconstante. L'n contact prolongé pendant Irenle-cinq minutes avei* une solution de
formol à '* p. 100 n'altérerait pas la vitalité des spores du charbon ; il n'est pas sûrement
mortel pour le Bmterhtm voti; mais il ralentit la roproductiou des bacilles de la diphtérie
et de la fièvre typhoïde, etc.
La formaldéhyde à Télat de vapeur jouît aussi de propriétés antiseptiques, et le
tableau ci-dessous résume l'action de ces vapeurs sur les ferments et les microbes.
Bat itlus mithrdcis, — La bactérie charbonneuse est tuée en vingt minutes par un
courant d'air ayant traversé une solution ào p. 100. Berlioz, Tru-lat.
. — Infertilisation des bouillons de culture sous une cloche contenant de Tair faiblû-
uient imprégné de formol. 6erlioz, Trillat.
825 FORMALDÉHYDE.
Stnphylococcus pyog, aureus, — Deslruction de la bactérie lorsque l'air ambiant
contient en vol. 2,5 p. 100 de formol. Stahl.
Bacille cCEherth, — Est lue après vingt-cinq minutes d'exposition à un courant d'air
ayant traversé une solution de formol à 5 p. 100. Berlioz, Trillat.
Est tué après vingt minutes d'exposition à un air contenant 2,5 p. 100 de formol.
Stahl.
Spores de la terre végétale, — Destruction complète sous une cloche contenant des
traces impondérables de formol. Trill.vt.
Même effet, lorsque l'air contient en vol. 2,r> p. 100 de formol. Trillat.
Bacilles salivaires, — Stérilisation complète des bacilles de la bouche par un courant
d'air ayant traversé dix minutes une solution de formol à 5 p. 100. Berlioz, Trillat.
Bacilles du choléra asiatique, — Est tué lorsque l'air ambiant contient 2,5 p. 100 de
formol en volume. Stahl.
Bacilles du jus de viande, — Infertilisation sous une cloche contenant des traces
impondérables de formol. Trillat.
Le bouillon ne se décompose pas quand l'air ambiant contient 1/50000^ de formol.
Trillvt.
Micrococcus prodigiosus, — Comme pour le choléra asiatique. Stahl.
StapfujL aureus, — Bac. pyocyaneus, — B. anthracis, — B, d^Eberth, — Les réinocu-
lalions restent stériles, à condition que la dilution du formol ait- été au maiimum de
1 p. 100, et le temps d'exposition de quatre heures. Schmiut.
Ferm. lactique, — P. butyrique. — Arrêt de la fermentation lorsque l'air ambiant
contient 1/20000'' de formol. Trillat.
Pénicillium, — Aspergillus niger, — Moisissures, — Les liquides ensemencés par ces
germes restent clairs lorsque l'air ambiant contient 1/20000* de formol. Trillat.
Les expériences de divers auteurs, et surtout de Miquel et de Pottevin, ont été pour-
suivies principalement dans le but de déterminer son action antiseptique sur les poo-
sières et au point de vue des injections. Un grand nombre de recherches ont en outre
été effectuées pour rechercher la puissance de pénétration des vapeurs d'aldébfde for-
mique; mais cette étude, ainsi que la précédente, rentre complètement dans les appli-
cations du formol à l'hygiène.
Toxicité de la formaidéhyde. — Mosso et Paolette ont pu faire vivre un jour
des grenouilles dans de Teau formolée à i p. 4000; mais la mort est rapide dans de l'eaa
à 5 p. 100. La formaline agit sur le cœur de la grenouille en produisant une diminution
de la fréquence des contractions. Quelques gouttes de formaline pure arrêtent les mou-
vements du cœur (Mosso et Paoletti).
Une grenouille moyenne succombe en une à deux heures à Tinjeclion sous-culanée
de 2 milligrammes de formaline, soit 0(<^<',0003 de formaidéhyde (De Buck et Vandis-
linden).
Il semble que la toxicité du formol soit, d'après les auteurs, plus grande pour les ani-
maux à sang froid que pour les animaux à sang chaud. Chez le chien, en injection
hypodermique, ils ont déterminé la mort au bout de vingt-quatre heures à la dose de
1 ce. de formaline par kilogramme, soit 0,i environ par kilogramme. Mosso et Paoletti
ont déterminé sa toxicité pour les injections hypodermiques. A 0,88 par kilogramme, mort
en vin^t-quatre heures; à 0,55, mort au bout de quelques jours.
Par la voieintrapéritonéale, chez le chien, la dose toxique, d'après Mosso et Paoletti,
est de icc. de formaline par kilogramme avec mort immédiate. Avec 0",05 la mort sur-
vient au bout de vingt-quatre heures.
L'injection intra-péritonéale amène chez le chien des vomissements, le rétrécisse-
mont de la pupille, de l'abattement, de la salivation, de l'insensibilité. Si la quantité
injectée est assez élevée, la mort survient rapidement avec arrêt de la respiration, con-
vulsions, abolition de la sensibilité et des réflexes. A Tautopsie, le cœur est en systole,
les anses intestinales contractées et pales, le foie hyperhémique.
Si la dose est moins élevée, le chien survit jusqu'au lendemain, et meurt insensible»
avec une pupille très dilatée, un pouls imperceptible, une température de 36^ A l'au-
topsie, on trouve dans la cavité abdominale un |ainas séro-sanguinolent de 250 cc«
Le réseau veineux de Tépiplooii, de l'intestin et de l'estomac est fortement hyperhémié.
FORM ALDÉHYDE.
833
k
Il en e*t de même du foie et de la pie-mère» Le^ muqueuses stomacales et intesti-
mies sont enflammées avec xones ulcéreuses*
P«r la voie slomaculc, oq a de même apparition de phénomènes convulsifs, perte de
Inconscience et de la sensibilité, salivallon» etc. OJ par kilograniroe d^^ forraaline en
solution k 1 p, 100, Irrite les parois de l'estomac et amène Je vomissement. Une dose
trois fois plus faible, en solution h 0,» p. iOO, ne produit plus le vomissement. EnTm»
administrée à Jeun i ta dose de 0,5 par kilogramme en solution àO,a p. tOO, la forma-
line est rapidemeul absorbée par l'estomac, et exerce une forte action sur le systùm*'
nerveux ceniral, de manière à produire de fortes convulsions, salivation, anesthnsie
Par la voie hypodermique apparaissent surtout des phénomènes de dépression
marquée; une diminution, mais presque jamais une abolition de la sensibilité. Apri'S
rinjection de formaiîne, la pression artérielle s'élève; la respiration s'accélère, puis se
ralentit et devient irrïî'gulière. A dose toxique» la pression ne larde pas à diminuer, le
pouls se fait petit el fréquent; la respiraliLm s'accélère. Le sang est extrêmement eoagu-
iable, et le sérum ronge. Dans la période pr^ mortem, la pression est très diminuée, la
respiration, lente et irrégulirre; le sang est noir et se coagule sous la canule.
Les conséquences de Tintroduction du formol dons l'organisme par la voie stoma-
cale ont été étudiées particulièrement au point de vue de la toxicité possible des produits
alimentaires conservés par le formol. C'est aîni^i que Ridkal et Foulerton ont essayé
l'action du lait formolé sur trois jeunes chats^ un lajùn» deux cobayes; les jeunes chats
Agés de trois mois et les cobayes avaient paru particulièrement propres à ces expé-
riences. AsMETs a repris ces expériences sur des chats Agés de trois et qualre semaines.
Le lait formolé à la dose de 1/30 OOO*' était déjà toxique. Au bout de la quatrième se-
maine, sur cinq animaux, trois avaient succombé, et c'étaient les animaux les pluA
jeunes qui s'étaient montrés le plus sensibles à Taction du formol.
Chez l'homme, les pilules de triformol ou trio xy méthylène additionné de substances
inertes provoquent quelquefois des vomissements, troublent l'appétit, et sont, en
général, mal supportées. Les lavements d'huile formolée sont également douloureux
(Berlioz).
L'injection sous-cutanée de formol présente aussi des effets spéciaux.
Les animaux meurent cachectiques en quelques semaines avec 0B%2a par kilogramme
sous la peau, 0^''*,03 par kilogramme dans les veines. Il y a sclérose du tissu conjonctif
sous-cutané, surtout dans les régions inguinale et axillaire (Pottevi.n]. Il se produit» sous
l'influence d'injections répétées de formol, des nécroses de la peau.
n'a prés Berlio?. et Thillat, rinjection sous-cutanée à des cobayes de (^',:iù et 0«^6Ô
par kilogramme n'est pas mortelle. La dose de Û'î'';80 Test assez rapidement : la dose de
0«',38 est inactive sur le lapin. On doit remarquer que les urines des animaux .ayant
reçu des doses analogues de formol sont devenues imputrescibles.
D'après Aao.'^soN, au contraire, la dose mortelle pour le lapin serait de 0*?'",24.
D'après DE BucK et Va^derllxde^, la formule de la solution de formaldébyde à 40 p. 10U
en injection sous-cutanée serait de t ce. à 1,5 ce. par kilogramme, s6ît 4 à 7 déci-
grammes de fonnaîdéhyde, chiffre qui so rapproche de celui de BEaLroz et Triixat*
Pour le cbien, la dose de 4 décigrammes par kilogramme est mortelle en vingt-
quatre heures.
Sur Thomme, rinjection intra- musculaire de formol émulsionné dans Thuile ou la
vaseline, est très douloureuse et produit souvent des abcès.
En injection intra-veineuse la mort est immédiate chez le lapin à la dose de 4 centi-
grammes par kilogramme (Fottevin), de 9 centigrammes (Beklioz et Trillat); pour le
chien, à la dose de 7 centigrammes par kilogramme (Berlioz et Thillat).
L'action du formol agissant par les voies respiratoires a été étudiée par Mosso et
pAOLBTTi d'une part, par Rebuoz et Triluat d'autre part.
Les vapeurs de formaline sont très toxiques. Sur quelques rats exposés par Mosso ei
Paleotti à Taction de ces vapeurs, dans une caisse, très peu survécurent. Au bout ûr
deux heures de séjour la mort survient avec des signes d'inllammation pulmonaire et un^
extravasation de sérum dans la cavité pleurale.
Pour Behlioz etTiiiLtAT, les vapeurs de formol ne deviennent toxiques que lorsqu'elles
sont respirées en grande quantité pendant plusieurs heures. Un cobaye exposé dans uno
«24 FORM ALDÉHYDE.
caisse aux vapeurs se dégageant d'une solution de formol à 40 p. 100 est mort en trois
jours. Un second cobaye, exposé seize heures par jour au courant d'air traversant U
solution de formol à 5 p. iOO, est mort pareillement au bout de trois jours. D'aprèi
PoTTEVFN un cobaye exposé pendant quelques heures aux rapeurs de formol meurt n
quelques jours.
Sur Thomme on a fait respirer des inhalations d'air ayant barboté dans une solotion
de formol, à des phtisiques ou dans des cas de coryzas ou de trac héo-bronchi tes aigoës.
Ces inhalations ont pour effet de diminuer la purulence des crachats et la toux.
Le traitement des empoisonnements par le formol parait être l'emploi des seU
ammoniacaux. C'est ainsi qu'ANDRé, dans un cas d'empoisonnement par le formol, a
administré l'esprit de Mindererus. Les réactions qui se passent sont alors les suivantes:
si l'on agite Tesprit de Mindererus neutre avec du formol neutralisé, puis avec de la
magnésie, et si l'on filtre, on observe l'apparition d'une réaction fortement acide. Le for-
mol se combine à Tammoniaque en donnant de rhexaméthylènamine; celle-ci se con-
duit comme base monoatomique. Dans le cas de l'acétate d'ammoniaque, il y a miseeo
liberté de trois molécules d'acide acétique pour une combinée à rhexaméthylènamine.
6HCOH + 4CH3C02AzH* = C«H»3A2*CO«CH3 + 3CH»CO«H + 6H40. .
Pour saturer une quantité déterminée de formol, il faiA environ 'trois fois son poids
d'esprit de Mindererus.
Action sur les tissus. — Le sang artériel recueilli en présence de petites quantités
de formaline se coagule immédiatement (Mosso et Paoletti). Le caillot, plus ou moins
sombre suivant la proportion de méthanal, adhère fortement aux parois de l'éprouvette,
ne se détache pas, et ne donne pas de sérum. 0,001 de formaline donne encore lien à
cet effet; avec 0,0001 il y a formation d'un caillot normal, mais le sérum est coloré par
de l'hémoglobine. Le sang des animaux qui ont reçu du formol présente les mêmes
propriétés. D*aulre part, J. Dariès a remarqué que le sang mélangé avec une solution
isotonique de chlorure de sodium additionné d'aldéhyde formique laisse déposer tu
fond du verre la. masse des globules. G. Marcana a appliqué cette propriété à la sé(ti-
meutation du sang. On obtient une sédimentation excellente en mélangeant le sang
avec du sérum Malassez (solution aqueuse de sulfate de soude de densité 1 020) addi-
tionné de iO h 15 p. 100 de formol. La chute des globules débute quelques minutes
après le mélange du s{ing; la sédimentation est complète au bout de yingt-quatre heures.
Lachi et Dell' Isola ont montré que la formaline dissout la substance fondamentale
connective interposée aux cellules musculaires lisses et aux fibres striées, que c'est an
excellent fixateur et durcisseur des épithéliums et du tissu nerveux.
L'action durcissante exercée par le formol sur les différents organes (Blux) est bien
.connue, et en permet une conservation commode. Mais l'action sur chaque tissu semble
un peu variable.
Mosso et Paoletti ont étudié l'action du formol sur les vaisseaux du rein au moyen
d'une circulation artificielle dans un organe récemment détaché du corps. La formaline
mélangée au sang, de façon à donner une solution à 1 p. 100, exerce une action con-
s|rictive, telle que la lumière des vaisseaux est rétrécie de moitié, et que son action per-
siste, alors même que Ton fait repasser du sang normal dans l'organe. Une nonvelle
circulation de sang empoisonné amène une nouvelle contraction de l'organe.
Avec des solutions cinq fois plus diluées, l'action constrictive est beaucoup moins
marquée; mais est encore manifeste.
L<^ formol, d'après E. Lépi.nois, en solution à i p. 100, ne semble pas modifier la
composition chimique du corps thyroïde, au moins en ce qui concerne des matières
ajbuminoïdes iodées; il y a néanmoins une certaine diminution de leur solubilité dans
l'eau pure et saléo. La digestion de la glande est encore facile. Ce fait présente un cer-
tain intérêt, car la solution de formaldéhyde à 1 p. fOO est conservatrice, et les glandes
thyroïdes de mouton sont, dans ces conditions, maintenues fraîches et inallérabies
même sous forme de pulpe fine. On peut môme empêcher complètement la dessiccation
de la glande par l'addition au liquide d'une petite proportion de glycérine.
Kiifin l'aldéhyde formique exerce une action marquée au 'point de vue analomo-
FORMALDEHYDE,
pathologique sur le foie, le rein, l'esloitiar, la raie el les capsules surrt'nales [A, H, Fillikt)*
Le rein est très forlement congestionné, surtout au niveau des gloniérules; il y a en
m^me temps vacuolisation â^s celkles des tubes contournés. Elles sont gonflées, rem-
plies de vacuoles claires, et la lumière des tubes se trouve obturée. Dans le foie, il y a
d*abord congestion, et Torgane présente Taspect dn foie cardiaque. Les cellules com-
prises dans les foyers de congestion pêri-sushépalique sont souvent vacuoK'es, et ello-*
montrent de très nombreuses fi^'ures de division nucléaire. Le cœur présenle des ail»
r&tloDs de la fibre avec de la myocardite segmen taire. Dans IVstoniac, il y a augmenta-
tion et altération des cellules bordantes» congestion des villosités stomacales et duodé-
nales. Dans les capsules surrénales et la rate il y a Lransforrnalinn pigmentain? des g\o^
bules rouges du sang, et tellement accentuée que les coupes de ces organes se montrent
semées de blocs de pigments. Il n*y a presque Jamais dans aucun organe nécrose totale
des cellules.
Rôle cte Faldéhyde formique dans la biologie vég^étale, — IUrykr avait émis
le premier IVjpiiuun que Faldéhyde métliyiique était le point de départ de la synthéï^e
naturelle de tous les principes immédiats.
VVcRTz disait déjà en 187-2, à propos de la condensation de Taldébyde ordinaire et do
la formation d'aldol : <♦ Dans la formalit>n du glucose et des composés analogues par les
procédés de ta nature, les aldéhydes jouent probablement uu rôle important, en raison
de la tendance que montre le groupe aldéliydique COU à former de Foxhydride, et par
suite k Oxer ï'bydrogène et le carbone d'une autre molécule, i^appelle Tallention sur ce
nouveau mode de syiiltit'se orgauique. On conçoit d'ailleurs que la plus simpïe des
aldéhydes, Taldébyde formique H. COI!, puisse prendre naissance dans les procédés de la
végétation par la réduction partielle d'une molécule d'eau et d'une molécule d'acide
carbonique :
co*^n»o = cH»04 03»
I
et que la condensation de plusieurs molécules d'aldéhyde formique puisse donner
naissance à des hydrates de carbone, à la fois atcools et aldéhydes, au même titre et par
le même procédé que la condensation de deux molécules d*aldéhyde ordinaire produit
de t aldoL »
Nous avons vu que Lœw avait réussi à produire la synthèse du formose par con-
densation de la furmaïdéhyde.
ToLLENs ne réussit pas à transformer la formose en acide lévulinique, et refusa par
suite d'en faire un corps analogue aux sucres réducteurs naturels. Woiimkr constata
que le formose ne pouvait donner naissance a de l'amidon, lorsqu'il est introduit dans
une feuille vivanle^ct refusa, lui aussi, d'adm«*tlre le même fait. Enlln on pouvait faire et
on fit h cette théorie une objection peut-i'Lre plu* grave, la toxicité même pour lo
parenchyme végétal de l'aldéhyde formique. Maii celle toxicité n'inlervieiit que s*il y
a des doses appréciables de formaïdéhydi', el on peut et on doit admettre que ce terme
de passage mslable se modiOe aussitôt qu'il est formé» Or Lœw, Bokorny, PruNG^iiEiM ont
montré ({ue ce plasma vivant avait la propriété de réduire les sels d argent, ce qui
semble bien prouver Texistence de petites quantités de produits aldéïiydiques. D'autre
part, FiscuEft a identifié le formose avec Ti-acrose, produit de polymérisation de l'acx^o-
léiue. Le iji bromure d'acroléiue eu présence de baryte donne ri-acrose et du bromure
de baryum :
2C^ H* 0 Bi-a + 2 Ba (OH/ ^ 2 Ba Brt 4- C»ll "2 0».
Le glycérose, mélange d aldéhyde glycérique CH^OH — CIIOII — COH el de dioxyacé-
lone CH'Oli — CO ™CH'Oït, produit d'oxydatiun de la ^dvcérine en présence du noir de
platine ou du brome en solution alcaline, donne aussi par polymérisation IVacrose :
2CaH»0>=C*H»»0*.
L'*-acrose est une lévulose inaclîve, qui peut être dédoublée par les ferments de
levure de bière par exemple, en lévulose lévogyre,qui existe dans la nature, et en lévu-
lose dextrogyre. Le lévulose ordinaire disparaît dans la fermentation, le lévulose
826 FORMALDÊHYDE,
dextrof^yre resle dans la liqueur. L*a-acrose resle donc une lévulose ioactive par com-
pensation. Elle se transforme facilement en un alcool hexavalent Vacrite, inactif à la
lumière polarisée sous Tiniluence de Thydrogène naissant.
L'acrite n'est autre qu'une mannite inactive, car Toxydation du produit ainsi obtenu
donne naissance à une mannose inactive; par compensation et dédoublable en une maD-
nose dextrogyre, identique à la mannose naturelle, et en une mannose lévogyre pouTanl
donner naissance chacune à une mannite dextrogyre, identique à la mannite naturelle,
et à une mannite lévogyre. Enfin Toxydation par le brome de la mannite inaclive de
synthèse donne naissance à un acide mannouique inactif, ou acide racémomannonique,
que Ton peut dédoubler par cristallisation des sels de strychnine ou de morphine eu
deux nouveaux acides, les acides mannoniques droit et gauche.
L'acide mannonique droit peut être transformé par la chaleur en acide glucosiqae,
lequel, hydrogéné par l'amalgame de sodium, donne de la glycose ordinaire. On a ainsi
tous les stades de transformation de Taldéhyde formique jusqu'au glucose. Des consi-
dérations analogues conduisent aux sucres en G'.
La mannoheptose de synthèse C'H**0' de Fiscjier donne par réduction un alcool
heptavalent, G^H*^0^ la mannoheptite, identique à la perséite de Maqcenne retirée des
fruits du Laurus persea. Ces considérations conduisent donc à la notion des synthèses
dans la plante. Le point de départ semble être Thydrate carbonique CO (OHy*. car il ne
se fait point d'amidon dans une atmosphère dépourvue de gaz*CO^. Il y a formation
sous Tinfluence de la lumière d'aldéhyde formique et d'oxygène, et consécutivement
d'alcool mélhyiique, dont la présence est presque universelle'; Maouenne ayant extrait
des feuilles vertes des différentes espèces végétales de l'alcool méthylique par simple
distillation avec de Teau.
Les condensations ultérieures de l'aldéhyde formique conduisent aux dérivés glycé-
riques. érjthriques, sucresenC G* C",elc., tandis qu'il se produit des phénomènes d'hy-
drogénation et de deshydratation donnant naissance dans les organes foliacés à la gly-
cérine et aux alcools plurivalenU, aux gommes, aux amidons, aux polysaccharides.
Par exemple, l'hydrogène naissant nécessaire à la formation de glycérine
3CH20 + H2 = C»H«05
peut provenir du dédoublement fermentatif du sucre sous l'action du ferment butyriqae
par exemple :
C«Hi«0«=C*H«0« + 2C0« + H*.
L'action rentre alors dans le mécanisme des actions chlorophylliennes. D'après
A. Gautier, la chlorophylle verte, soumise à l'action de l'hydrogène naissant, se décolore
et donne naissance à de la chlorophylle blanche se recolorant plus tard à Tair. En outre,
dans les cellules chlorophylliennes on doit admettre la décomposition de l'eau. La
chlorophylle verte décompose l'eau, fixe Thydrogène en devenant blanche, et dégage de
l'oxygène.
La réduction de l'hydrate carbonique par l'hydrogène naissant, chlorophylle bIanch^
donne naissance à de l'acide formique, puis à de l'aldéhyde formique
Nous avons donc un cycle qui se renouvelle constamment.
La formation des gommes, des polysaccharidos, se produit par de simples déshydra-
tations partielles. Il est en de môme de la formation de cellulose et d'amidon.
Des filaments de Spirogyra dépourvus de leur amidon par un séjour d'un à trois jours
dans TobscuriLé à une température chaude, sont exposés à l'action de la lumière solaire
directe. Ils accumulent alors très rapidement des matières amylacées; au bout d'une
demi-heure il y en a déjà une grande quantité. Dans la lumière diffuse, la production
est beaucoup moins rapide (Detuer).
FORMALDEHYDE.
Hn
TiiAC!^ a con^^taté, nu microscope, au Uoui de cinq luiiiulej^ la formation d'Amidon
sous l'induence do U lumière solaire dans les filaments de S/Jirof/yra corn pi èti^ni eut privés
auparavant d<? cette substance. Br*iionNy, enfin, a montri^ que le mélhylal i!ll-iOCir,i *,
aussi bien que lalrool m»?tiïylique, ouun sucre fermenlescible, permet la production de
Tamidon dans les fllamenis de'Spirogyre,
Il semble donc bien que l'origiiin même de ces substances très complexes soit le
f?roupen)C'nt (^H'U.
Ln furmiition de corps aromatiques peut encore, d'après A. Gwtieï^ s'expliquer par
des considéraliuns afialognes. C'est ainsi que la formation de pliloroglucine peut i^tre
railacliée 4 la déshydratation du glucose déjà formé aux dépens de l'aldéhyde formique
Phloroglucïûe.
L'alizarine dériverait d'un polymère de Taldéhyde formique par déshydratation»
ilCHsO — lOH*ù^C<*H»0*.
Alinrioa*
Il m serait de nu^me d'un certiiin nombre d'alcools aromatiques, la salie i ne ou
rarbutine par exemple ;
S<cino.
Arbuiine.
Une autre destinée do l'aldéhyde formique dans les végétaux serait, d'après Dilkim-ve,
son dédoublement possible sous l'action de Teau. Celte actiotr, comme nous l'avons vu,
donne naissance 4 de l'acide formique et à du raéthanal :1e dédoublement du miHhanal
expliquerait donc la présence fréquente de ces deux corps dans la série vé||étale.
En outre, son dédoublement possible en acide carbonique et alcool méthyliquc
pourrait expliquer la présence presque universelle, reconnue par MAguENS'»-:, de ce der-
nier norps dans les feuilles.
La dernière conséquence est l'apport d'un excès d*hydrogène avec élimination d'acide
carbonique :
3(CH*0î = CO» + 2(C + H2 0 + Haj.
L*^ végélal rtMiferme donc, par rapport à an hydrate de carbone, un excès d'hydrogène.
Snimr.-îiNij avait posé le problème en ce^ termes : « Je ne comprends pas comment dans
la plante entière, véritable intégrale de tous les gains ou pertes provenant de la nutri-
tion ou de la dé^Hitrition, l'hydrogène l'emporte, ^n équivalence, sur Toxygènc.
En effet, quand la respiration et la fonction chlorophyllienne travaillent ensemble,
Tbyilrogène est iixé avec son équivalent d'oiygéne^ ei» quand la respiraliûii seule fonc-
tionne, il n'y auniJl pa> de perte d'oxygène ; ia plarrle au contraire en gagnerait.
\ii ne semble-l-ii pas que la manière la plus simple d'expliquer Texcès d'hydrogène
dans la plante entit^re soit d*ddmettre qu'au cours des réactions internes entre les corps
assimilés, il sl- produit quelques corps volatils plus riches eu oxyg<!^ne qu'en hydrogène
que la planle élimine. El est raisonnable de pensert|Ue ce corps est simplement de Tacido
Cdrlunûque.
Wiih HoNNtER et Maxgi:y ont montré que le volume d*ozygène dégagé par Tassimila-
tîûu est supérieur â celui que renferme l'acide carbonique décomposé. De telle sorte que
le corps prévu par Scmuiisinu serait bien pJuIôt Toxygène lui-même. Cet oxygènei d'après
Delkhxe, aurait son origine même ilaus Taldéliyde formique, et, d'après lui, Taction clilo-
nqihyllienne se passerait de la façon suivante :
ou au total
(3CH*0 ^ H*0] +aO«^ (C0* + 2CH*0i 4-0»,
2C0î^ ll|tO = £CH*04^0^
4 ToU 6 vol.
828 FOR M ALDEHYDE,
L'alcool methylique provenant de Taldéhyde formiqae peut aussi, à TéUt naissant,
se méthyler facilement. Plôehl, Brochet et Cauderei ont montré la formation à chaud
de méthylaraine avec dégagement de CO* par l'action de Tjildéhyde formique sur \ti sels
ammoniacaux. C'est peut-être là Torigine, non seulement des mélhylamines végétales»
mais aussi de certaines bases azotées complexes.
L'aldéhyde métbylique contribuerait à la formation des substances azotées de la
plante par réduction des nitrates (Gautier),
2Az03H + 5CHi0 = 2CAzH + 3C0*+5H«O,
avec formation d'acide cyanhydrique, dont l'existence est bien démontrée dans la planic.
D'autre part, Berthelot et Andrk ont montré que la réduction la pins énergique des
azotates avait lien dans les feuilles.
D'autre part, d'après A. Gautier, l'aldéhyde formique réagit sur les nitrates et lesni-
trites avec formation d'un groupe AzH, qui, fixant de l'eau, donne de l'hydroxy lamine.
L'hydroxylamine en présence d'aldéhyde formique donne naissance à de la formaldoiime
CH^ = AzOH, qui se transforme très facilement en formiamide COH — AzH*. L'acide
cyanhydrique, anhydride de cette formiamide, en est le résultat définitif.'
Bach a cherché à démontrer expérimentalement que la formaldoxirae est le premier
terme quaternaire de la réduction de l'acide azolique par l'aldéhyde formique.
Il a pu obtenir ce produit par réduction h froid de l'acide azoteux par l'aldéhyde
formique.
Enfin, d'après Pringsheim, l'acide cyanhydrique proviendrait de la déshydratation da
formiate d'ammonium,
HCOH + 0 = HCO»H,
HC02H+AzH3 = HC02AzHS
HC0«AzH*=:HCAz + 2H»0.
Les chaînons CAzH et CH^O peuvent s'unir avec la plus grande facilité, et on peut en
déduire la formation des groupements :
H H I H H
Il II 11
= C-ArH — C C C — AzH-C — C — AzH — C — C = Azn,
i I I ' Il II
OH OH OH OH
4ont les chaînons G = AzH peuvent se transformer facilement en groupements oxydés.
On est ainsi conduit à la synthèse générale des albuminoïdes.
.. L'aldéhyde formique et le groupement CAzH peuvent donc être l'origine unique des
matières protéiques, avec formation connexe d'acides organiques (Brdnnlbr, A. GAurreii).
66CHâO + i7CAzH = C62H«03Azi7025 + 5C*H*0« + 5C«H«0*-4-CO«-h8H«0.
Albumine. Acide Acido
Formule glyoolique. oxalique.
de LiRBBRKHUN.
Réactions. — Recherches et dosage de Taldéhyde formique. — La formaldé-
hyde possède un certain nombre de réactions colorées qui permettent de déceler sa
présence dans un certain nombre de circonstances. En particulier on s*est attaché à
trouver des méthodes commodes permettant de la reconnaître dans les denrées alimen-
taires dans le lait en particulier.
La fuchsine décolorée par l'acide sulfureux est colorée à nouveau par la fornialdéhyde.
C'est le réactif de Schikf que Ton a modifié de différentes façons dans le procédé de
préparation et dans les préparations des substances employées. On doit le préparer,
d'après Mohler, de la façon suivante :
ce.
Eau distillée 1000
Bisulfite de soude 100
Solution aqueuse de fuchsine à 1 p. 100.. 130
Acide sulfurique à 66 p. 100 15
FORMALDEHYDE.
8id
Le réactif da Gato» ©mplové pour recoonattre les aldéhydes dans les alcools se com-
posail de :
te.
mm
Soluttan atjueLjsf» ^»> iuchîiiiiQ à l p. JUU.
Biatilfllo do soude i 30« B
Aciic chlorhydriquc pur et coneentré. .
20
10
Dans le cas particulipr de ta recherche du rormol, Al. Leep emploie, pour les rurint^s
proportions d'eaa et d*acïde chlorhydrique, uii' qoanlité moilié mniiidre de bisulllte.
Avec ce réacUr, d*ap^^!i Al, Leei', la recherche do laldéhyde formique dans le luit doit
se faire de la façon suivante : 100 centimètres cubes de laîL sont distillés datis un ballon
de 4 titre?, d'une tellt? capacité ù cause des mousses attondantes que jnoduit la cai^uîue.
On recueille alors les 15 ou 20 premiers centimètres cubes qui passent a la distillation, el
on soumet alors ce distillât h l'action de la fuchsine sulfureuse. On verse le bisuliite dans
la solution de fuchsine; au bout d'une heure environ, quand la décoloration est à peu
prfs complète, on ajoute l'acide chlorhydrique. Le réactif doit être coo&ervé en llacons
bien bouchés.
Le disUllat d'un lait formolé à la dose de un cinq cent millième donne, au bout de
quelques minutes, par l'addition de ce réactif, une coloration ronge violette inteiise.
M^me à la dose de I uiillionièrae on aurait encore une coloration nette*
On peut aussi rechercher le formol dans le lait sans distillation préalable. Denigês
applique encore ainsi la réaction de Schifp. O^i verse directement le bisulfite de rosani-
line dans le lail à essayer. Les laits non altérés par le formol recolorcnt ce réactif au
bout d*un certain temps. Si alors on verse dans la solution ainsi recoloréo quehfues
{ioutles d'acide chlorhydrique, le tout redevient blanc; mais il se développe en présence
du formol une coloration bleue. Quand il n*y a que de très faibles proportions de formol,
le temps nécessaire h Tapparition de la teinte bleue exige huit à douze heures^ et Teniploi
du rudclif de iiAYON.
JonissRN a indiqué aussi la phloroglucîne comme réactif du formol. Una solution de
phloroglucine à un cent millième donnt? en milieu alcalin, dans un lait formolé, une
coloration rose saumon fu^'ace, tandis qu'en présence de lait pur ou ne perçoit qu*une
teinte blanc verdàlre semi-lransparenle. Pour faire la réaction, on verse dans 25 ce. de
lait, iO ce. environ de la sohition de phloroglucine à un cent millième, et, après agita-
lion, 5 à 10 €c. d'une lessive de potasse au tiers. La réaction est échiLante avec un cent
millième de formol; elle est nette à la dose de uu cinq cent millième; elle est encore
sensible au millionième.
D'autres réactions ont encore été proposées» et peuvent être employées ; c'est ainsi
que l'aîdéliyde formique donne avec la créosote une coloration violette, tandis qu'avec
Taldéhyde acétique on a une coloration rouge cramoisi.
La méthode de Hebner consiste dans l'a«:tion de l'acide sulfunque tégèrement ferru-
gineux, en présence de lait, sur Taldéhyde forniique. On obtient une teinte bleue spéci-
fiqne du formol. On peut remplacer le lait par une solution de peptone.
Une parcelle de chlorhydrate de morphine additionnée d'une dî/.aine de gouttes de
SO*H- concentré et mise en présence de traces de formol, donne une magnifique colora-
tion pourpre viraut au hïeu indigo (Joiussen).
Tfiillai a proposé Toïydution du tétraméthyldiamidodiphényl méthane par le bioxyde
de plomb et l'acide acétique, qui donne naissance à une coloration bleue intense
résultant de la formation de l'hydrol correspondant. On verse 0,5 ce. de diméthylaui-
line dans la dissolution à essayer, et on l'agite vivement après l'avoir acidulée par
quelques gouttes d'acide sulfuriqtie. L'aldéhyde formique, s'il s'en trouve, se combine
facilement à la diméthylaniline, si l'un chauffe le liquide pendant une demi-heure au
bain-niarie. Après ravoir rendu alcîilin par la soude, on h- porte à rèballition Jusqu'à
ce que l'odeur de la diniélbylaniline ait complètement disparu; ou filtre, on lave et on
étale le filtre au fond d'une petite capsule en porcelaine : on l'arrose avec quelques
ftouttes d'acide acétique, et on y projette uae très petite quantité de bioxyde de plomb
linement pulvérisé. S'il se développe une coloration bleue, c'est l'indice de la présence
du formol dans le liquide essayé.
, TaiLLAT a aussi proposé la forraatiou de ranhydroformahléhydaniline C*H* — Az = CH*.
830 FORM ALDEHYDE.
Celle combinaison se fait facilement en solution aqueuse étendue. On dissout donc
3 grammes d*aniline dans un litre d'eau distillée. Dans un tube à essai, on mélange
20 ce. du liquide à essayer, et on neutralise. En présence de Taldébyde formique, il se
forme après plusieurs heures un nuage blanc très léger. Cette réaction est très sen-
sible; elle permet, d'après Tauteur, de déceler la formaldéhyde dans une dissolution
au vingt millième; mais, dans ce cas, il faut plusieurs Jours pour que le trouble appa-
raisse. Cette réaction est commune aussi à Taldéhyde acétique, et ne peut par con-
séquent pas servir pour reconûailre Tun en présence de l'autre.
F. Jean emploie pour rechercher le formol dans les matières alimentaires, dans le
lait par exemple, la plupart des réactions que nous venons d'indiquer. 100 ce. de lait
sont addilionm'^s de 4 à 5 gouttes d'acide sulfurique, et chauffés à 70<> pendant
dix minutes ; les albuminoïdes étant ainsi coagulés, on place le tout dans un ballon
de 300 ce. avec un excès de sulfate de soude sec en poudre. Le ballon est rac-
cordé à un réfrigérant, et on distille; l'aldéhyde formique, s'il y en a, passe dans les
50 premiers centimètres cubes du distillât. ■ On le caractérise alors de la façon
suivante :
10 Coloration rouge groseille avec la fuchsine décolorée par l'acide sulfureux, virant
au violet rougeâtre par addition de quelques gouttes d'acide chlorbydrique.
2^ Trouble laiteux par agitation avec l'eau d'aniline.
3^ Précipité jaune rougeâtre virant au brun noirâtre par le réactif de Nesslbr.
4» Trouble laiteux avec une solution de chlorhydrate de phénylhydi azine donnant
une coloration bleue par addition de nitroprussiate de soude et de lessive de soude
(Réaction de Cavali).
0° On peut encore contrôler ces résultats par la réaction de Tbillat.
Dans le cas de la viande on doit broyer préalablement le produit avec de l'eau aci-
dulée sulfurique,eton soumet alors le produit dans les mêmes conditions à la distillation
en présence du sulfate de soude. Malheureusement la recherche de la formaldéhyde
dans les substances alimentaires est souvent fort difflcile ; car elle forme des combinaisons
stables et difficilement dédoublables avec les albuminoïdes.
Le dosage peut s'efTectuer de difTérentes façons :
i<* On détermine la ({uaiitité d'ammoniaque nécessaire pour transformer le méthenal
en hexamétliylèneamiue. On verse dans la solution à titrer une quantité connue d'am-
moniaque et on en détermine l'excès alcalimélriquement,
Dans ces conditions, deux causes d'erreurs interviennent; l'acidité primitive du formol
est négligée; il en est de même de la réaction alcaline de . l'hexaméthylcneaniine.
Trillat a modifié le procédé de la façon suivante : on dose préalablement l'acidité d'un»-
quantité connue de la solution au moyen de la soude normale en se servant de la phta-
léine du phénol comme indicateur. On prend alors iO centimètres cubes de la solution À
titrer que l'on verse dans un ballon avec un excès d'eau et une quantité déterminée
d'ammoniaque. On chasse l'excès d'ammoniaque par un courant de vapeur d'eau et on
le reçoit dans de l'eau dont on détermine l'alcalinité par un dosage volumétrique; on
a la quantité d'ammoniaque combinée par différence avec la quantité totale ajoutée, en
ayant soin toutefois de tenir compte de l'acidité primitive de la solution. L'équation sui-
vante permet de calculer le rapport dans lequel se fait la combinaison;
6CH^O + 4AzH3= CH2;.6Az*+6H«0.
Dans ce procédé, il y a encore une petite quantité d'hexaméthylèneamine eniraiuéo
par distillation.
PoriEViN, à la solution d'aldéhyde à titrer, ajoute en grand excès une quantité d'ammo-
niaque connue et abandonne ce mélange '2t heures à la température ordinaire. On dose
l'ammoniaque à la phénolphtaIéine;puis, quand la coloration rouge a disparu, on ajoute
du méthyloiang(; et un vire au rouge franc. On a ainsi l'alcalinité totale du liquide. Dans
ces conditions, c't»st l'ammoniaque qui «/si saturée la première, et l'alcalinité totale
n'est pas gOnée par la présence du sel ammoniacal formé. Les virages sont difficiles
néanmoins à saisir: on doit s'arrêter à une teinte encore légèrement rosée de la
phtaléine, et on a un chiffre approché par défaut; on doit aller jusqu'au rouge franc,
FORMALDÈHYDE,
831
el on a alors uti chîiïie par excès de la qiiaDtité totale d^&lcatî de la liqueur*
Un aura i»ar \f^ calcul soivarU deui vatoars pour la quantrté de formaldéhjdc, Tune
approchée par défaut, et l'autre par excès*
Soil a, le volume d'acide Litre nécessaire pour saturer rammoniaque amplovée diml-
oaé de celui qui correspond à Tacidîté propre de la solution essayée.
6, le volume qui produit le virage à la phlalt^ine.
Cf le volume qui produit ie virajsre au mélhyl-tiran^e.
pf le poids d'ainmoQÎaque saturé par Texcés du volume d'acide»
P, le poids de forraaidéhyde trouvé,
Tbiixat a aussi proposé de peser le précipité formé par l^anhydroformaldéliydaiilfiii.
dans des conditions analogues à celles que nous avons indiquées pour la recberrhe.
Enfin C, NKLTtoEîiii a proposé comme moyen de dosage de l'aldéhyde formique ïe para-
dihydrazinobiphényle :
A«H«-AiH:— (41C«H*(1)
AiH'— AzH— (i)C«H*(l)
qui donne pour cela une hydrazooe de formule :
CH«^A2-AzH — (4 C<HMl)
bien cristalligHeen aiguilles jaunes très fines, insoluble dans ralcool, la benzine, iPéther,
Je siiïfure de carbone et le chloroforme, eic*, fondant mal vers 220^ et se décoraposani
À 2fO**, La formation de ce précipité est une réaction très sensible de la formaldéhyde.
Le dosage doit se faire à la température de oO"*€>U*^; on précipite le liquide renfermanl
raldèbyde formiqup par le réactif en âoUition à Tétat de cblorliydrate, on lave à
Fulcool et rplber absolu, on sècbe et on pè&e. La solution de formol à duser doit être
asseï étendue :l p. lonO au moins). Entln elle peut rcnl'ermer d'autres aldéhydes; la
précipilatiou doit alors se produire en présence de 2 volumes d'alcool mtHhyliqoe qui
mainlieinient en dissolution toules les autres hydrazones.
Bibiiog^raphle. — Pour la partie chimique consulter : Dici. de chimie pure et apitti'
quée df WunTZ. i, 1403; 1»^ SuppL, 835; 2* Stippl,, iv, ^74, où Ton trouvera une biblio-
graphie très compléle des mémoires publiés sur ce sujet.
Action sur les albumlnoîdes. — IIkuuoz et Thillat, C, ft,, cxv, 290. — Tbillat. Muni-
leur scientifique, juillet 1892. — Mo^so et P^olktti. A, i, B., xxiv, 321. — LËf*iKiiag* B, B.,
1800, 236; €. IL, cxxvni, 730.
Action sur les diastaset. — Pottbvix^ Annales ifc ('Institut Pasteur, lHf)4. — Hideal H
FotriLKSTiiN. Puhîie lic'tUh, 1809, S3H.
Aetioii iur les fermenti orfanlsé». — Pazall^^t. D, Paris, 188j. — Latuah. Biit. med.
JourmK l«8G, iLi, ti29, ~ Pjnet. D. Lyon, 1807. - Trïllat. €. H..3t) mai 1892. —
REnLio/ el ïinLL\T. (\ a., (•' aoiM 1802, — Berlioz, BnlLde h SocMe iha\ de Pam, 1892,
— S<aiMiTi>. Sociélr médicale de ^Jîs^ mars 1^*05, — LtKBfiKicH. Thcmp. Monnisch.^ avril
igfys. — MiQUEL. Ànnnles de minogruphie, 1804 et 180^*. — Pottkvjx, Annuttii de t*lnititHt
Pasteur, 1805. — DuctAUX. Annaka de i'imtitut Pa&tmr, 1802, 503, — Bororxy* A. g. P,,
LXVI, 114.
Toncité. — r>e Bltr et VANOERLiffOEN. Arm. Soe, méd. de Gand. 1803,lxxii, Ht>5; Arch.
de méd, exp,, 1895, va, 76. — Bboj^son. Berl. kiin, Woch., 1802, n** 30. — Annett. JLanc«L
1800, (;2), 1284. — André. J. de pharm. et de chimie, 1890, x, 10. ^BocE. Ind. med. Jauf'
nal, 1800, xvm. 122. — Zoax. Mnnch). ined. Woch., 1000, xlviï, 158H.
Action sur les tissus- — Blum. àtùnch. mcd. Woch., 180:{, ii" 30, 3*Z, 36. — Marcano.
ArcA. de méd. exp., 1890| xi, 434; B. B,, 10t)0, 317. — LocHi el Dell'Isola. Monii. soc-
K 832 FORMOL.
l'-^ 47a/., fasc. i, 1895. — Léplnois. Journal de pharm. ei de chimie^ 1899, ix, 76. — Piunn.
?- B. B., 1895, 641.
^ Rôle de raldéhyde formique dam la biologie ▼égétale. — Bayee. D. chem. Ces., ui, 6a.
_- WuRTz. C. R., 1872, Lxxiv, 1361. — Boollkbon. Annales de Chimie, cxx, 293. — Loiv.
Jouimal fur prakt. Chemie, xxxiri, 321 ; xxxiv, 54; D. ckem. Ges.t xxi, 276, xxii, 470. —
ToLLENs, ibid,, xv, 1629; xvi, 917; xix, 2133. — J. Sachs. Vorlesungen ûber P/tenifli-
physiologie, Leipzig. 1887. — Mayer. Lehrbuch der agrik. Chemie, Heidelberg, 1876.—
Lœw et BoKORNY. Ber. d, deutsch. bot. Gesellschaft, ix, 103. — Fischer. D. chem. Gu.,
1890, xxiii, 370, 2114; Journal de chimie et de pharmacie, 1860, xxii, 376. — DimnL
Manuel technique de physiologie végétale, traduit par H. Micheelst Paris, 1890, 43. —
G. BoNNiKR et Mangin. C. B., 1885, c, 1303.— DuLépiNR. Bull, Soc. Chim., 1876, xv, 997.^
ScHLŒsiNG. c. H., 1885, c, 1234. — Ploehl. D. chem. Ges,, 1889, xxi, 2117. — Bochel e(
Camll's. Bull. Soc. Chim., 1893, xiii, 392. — Bach. C. H., 1896, cxxii, 1499. — A.GAcnn.
La chimie des plantes {Revue scientifique, 16 février 1877; Bu//. Soc. Chim., 1884, fui, 141).
— Brunner. d. chem. Gfs.,ix, 984.— Brunnbr et Chuard. Bm//. Soc. CAim., 1894, xii,126.—
Maquenne. La synthèse des sucres. {Revue générale des sciences^ 1890, i, 164). — Iai synthâe
des hydrates de carbone {Annales agronomiques, 1890, xvi, 220).
Recherche et dosage. — Trcllat. C. H., 24 avril 1893. — Gayon. C. B., 1877, cr, 1181
— JouHNY. Journal de pharmacie de Liège, iv, Ï29. — Urbain. Bull. Soc. Chim., 1896,
XV, 455. — Jean. RevUe de chimie industrielle, 1899, x, 33. — C. Dœuberg. D. chem.
Ges., XXXII, 1961.
AUG. PERRET.
FORMOL. — Hygiène. — C'est en 1894 que Miquel fit connaître les pro-
priétés microbicidesde Taldébyde formique. Les résultats obtenus par Miquel et ses col-
laborateurs firent espérer que Ton possédait enfin Tantiseptique rêvé, facile à maoier,
relativement économique, et ne détériorant pas les objets soumis à la désinfection.
L'action bactéricide des solutions d'aldéhyde formique ne saurait être contestée, et,
dans l'article de A. Perret ci-dessus, on a vu que, d'une manière générale, la plupart des
micro-organismes étaient tués quand le milieu atteignait à peine 1 p. 1000, exception
fuite pour Bacillus sublilis, et qu'avec des doses beaucoup plus faibles, soit 1/50000, le
développement de ces agents se trouvait arrêté (voy. plus haut, p. 820).
Cette dernière observation intéresse particulièrement l'hygiène, et on a songé immé*
diatement à utiliser ces propriétés infertilisantes de Taldéhyde formique dans la conser-
vation des denrées alimentaires. Nous aurons à y revenir.
' L'emploi des solutions de formol comme agent de désinfection est en réalité assez
limité. Ce sont surtout les propriétés de l'aldéhyde utilisée sous forme Je vapeur ou de
gaz qui ont été l'objet de nombreuses applications.
Dans une étude critique sur la désinfection par l'aldéhyde formique, A. J. Uartu
fait remarquer que l'usage des pulvérisations et des lavages avec la solution de formai-
déhyde n'a pu être pratiqué par suite des inconvénients qu'il présente pour les désiofec-
teurs. L'aldéhyde formique, même en solution diluée, exerce une.action irritante sur les
muqueuses, principalement sur les muqueuses de l'appareil visuel. Il ajoutait cependant
qu'il serait intéressant de trouver un procédé permettant l'utilisation des solutions de
formol.
L'année suivante, en 1900, Macrensie publiait son procédé. Il pulvérisait, à l'aide
d*un pulvérisateur déjà utilisé en Angleterre pour les autres solutions antiseptiques,
r « equifex Spraycr », un liquide renfermant par litre d'eau 23 ce. de formaline com-
merciale, et une même quantité de glycérine. Malgré 2000 désinfections faites par ce
procédé, Mackensie n'avait rien remarqué de nocif chez les désinfecteurs.
Ce procédé a été repris en 1901 par Dopter, au Val-de-Grâce, à la suite de recherches
scientifiques poursuivies sous la direction de Vajllard.
La glycérine, qui avait le grand inconvénient de retarder la dessiccation, fnl sup-
primée, et DopTEH utilisa une solution aqueuse à 24 p. 1000 de formaline commerciale. La
pulvérisation était pratiquée pendant un laps de temps variable, de 10 minutes à
40 secondes, soit sur des papiers imbibés de cultures pures, soit sur des papiers ou des
FORMOL.
Hls de soie injpré^ii»'S de st?lles lypbiques, d'exsutlals diphtéiiliques, on de cracirals
luben ûleux dcssëch^î*. Il r^sultp de l'ensemble îles r*^eUeii:hes de laboratoire ijue U
destrucltan des germes éldil complète* si 1*011 avait soin de laisser sVcauler ^ heures
après la pulvérisation.
Dans les locaaif on utilisait un pulv<frisateiir t>pe GcNesTB et Hertscuer, la &alle
restait ierrat'^e 24 heures, La désinfection n'était pas absolue, un certain nombre de
moisissures résistaient, B, subtitU et divers genres de StnphphcoccuSf mais le nombre
des colonies était !>iin;4tilii*remenl diminué, et les résult*its turent assez satisfaisants
pour décider rauioritê militaire à faire aimi désinfecter Tïtcole polytechnique^ soit
4Hiït>Ô mMre.< cubes. Le procédé est trè^ économique, 25 ceiUimes de formaline pour
iOO millimètres cubes, et les désinfecteurs no sont pas incommodés.
C'est toutefois soua forme de gaz que le formot a surtout été employé. Les recherches
de TatLLAT, HtL^uoi, ayaut montré que l'air chargé de vapeur de formol à 3 p. iOO au
plus tue rapidement (20 a 25 minutes) la hnctéridie chaibunneuse, le bacille
d'KnrnTn, etc., de nombreuses tentatives de désinfection des locaux furent tentées
depuis i HtrV Jusqu*ii nos jours.
Appareils formogènes. — Les procédés préconisés pour produire de grandes
quantités de vapeur de lormol sont innombrables.
Une des diTiicullés à vaincre réside dans la nécessité d'écarter la polymérisation de
ce corps. On a vu dansTarticle précédent que l'aldéhyde formique, sous Tintluence delà
chaleur, possède une eitrême tendance à former deux polymères, la paraformaldéhyde
et le trîoxymétbyléne. Cn troisième polymère, le formose ou Lacrose, beaucoup plus
difncih** il produire, n'intéresse pas l'byfiiénisle*
Les deux premiers polymères se rencontrent toujours dans la solution de formaline
commerciale, dite à 40 p. 100, Or ces deux corps n'ont pas de propriétés désinfectantes :
il faut donc éviter leur formation ou provoquer leur dédoublemenl, s'ils préexistent.
Le premier procédé, indiqué par HomAN\x en 1808, et rnnsistanL à obtenir de l'aldéhyde
for mi que par foxy dation de vapeur d'alcool métbylique brûlant au contact d'une lame
criblée ou d*une spire de platrne, portée au rouge a dû être abandonné. Les lampes de
THtLL.iT, ToLLKSs, Kkauss, FIei:sler, Hoffmann, SrAiCLize, etc., ne fournissent pas de»
quantités de formaldéhyde suffisantes: elles ont en outre le grand inconvénient de déga-
ger de l'oxyde de carbone. Cet inconvénient est surtout à signaler, pour remploi spécial
auquel sont réservées actuellement les lampes rormog+>nes. Ces appareils, généralement
très réduite, ne sont plus guère utilisés ipte comme désodorisants, lis restent allumés
dans des pièces occupées et non ventilées, et, si elles détruiseni des vapeurs odorantes
désagréables, mais inotfensives, elles les remplacent par l'oxyde de carboïie inodore^
mais toxique.
TniLLAT a préconisé un autre procédé : Tautoclave formogéne. Une solution de for-
tnochlorol (mélange de 1 litre de formaline commerciale et de 200 firammes de chlorure
de calcium, devant avoir une densité de 1 200) est vaporisée dans un autoclave sous une
pression de .3 à \ atmosphères. A celle pression les polymères ne peuvent se former, et
ceux qui préxistenl dans la formalme commercjale sont dédoublés.
OH*eFiH\NN et BosENBBBG Utilisent \Uoltin, solution de 35 p. 100 de formaldéhyde et
de 5 p. iOO de menthol dans ralcool métbylique. L'addilion du menlhol aurait pour
elfet d'atténuer l'odeur désagréable du formol, de provoquer la formation de méthylal.
tout en empêchant la polymérisation du fermoL La vaporisation se fait sous pression,
l.lhtzin a un grave inconvénient pratique : elle coûte beaucoup plus cher que le for-
mochloral.
A\E.\scuY, SciiEVfNi., utilisent les polymères solides : paraformaldéhyde et trioiymé-
Ihylène, qui peuvent étie conrprimés en paitilles de un gramme. Des lampes diverses^
W*/yica, Hscidapt assurent la combustion et le dédoublement des polymères. Les Kurbo-
fonnat-Glûhbtuçkf de Krell et Elb ne sont qu'une modilicalion commerciale du procédé
SCHEVIM*,
BocHET dissocie les polymères solides sous Tiniluence d'un courant d'atr chauffé h
180", Kn .\ngleterre, on utilise VAlfarmanl'Lamp, qui brûle de la paraldébyde avec l'aide
d'alcool métbylique.
Waltbr et Si;yLossMA>'x pulvérisent, à Taide d'un courant de vapeur d'eau, uti mélange
DICT, DE FHYSIOLOCUC -^ TOitK Vl. &3
832 FORMOL.
4ial., fasc. 1, 1895. — LMplnois. Journal de phann. ei de chimie^ 1809, ix, 76. — Pilliet.
B. B., 1895, 641.
R61e de l'aldéhyde formique dam la biologie végétale. — Bayer. D. chem. Ges., iir, 63.
•— WuHTz. C. R., 1872, Lxxiv, 1361. — Boullebon. Annales de Chimie, cxx, 295. — Lobw.
Journal fur prakt, Chcmie, xxxiii, 32i ; xxxiv, 54; D. chem, Ges,, xxi, 276, xxii, 470. —
ToLLKNs, ibid., xv, 1629; xvi, 917; xix, 2133. — J. Sachs. Vorlesungen ùber Pflanien'
physiologie, Leipzig, 1887. — Mayer. Lehrbuch der agrik. Chemie, Heidelberg, 1876. —
Lœw et BoKORNY. Ber. d. deutsch. bot. Gesellschaft, ix, 103. — Fischer. D. chem. Ges.,
1890, xxiii, 370, 2114; Journal de chimie et de pharmacie, 1860, xxn, 376. — Dctthee.
Manuel technique de physiologie végétale, traduit par H. Micheels, Paris, 1890, 43. —
G. BoNNiER et Mangin. C. H., 1885, c, 1303.— Pelèpine. Bull, Soc. Chim., 1876, xv, 997. —
ScHLŒsiNG. c. R., 1885, c, 1234. — Ploehl. D. chem. Ges., 1889, xxi, 2117. — Bochel e(
Camlus. Bull. Soc. Chim., 1895, xiii, 392. — Bach. C. R., 1896, cxxii, 1499. —A.Gautier.
La chimie des plantes {Revue scientifique, 16 février 1877; Bull. Soc. Chim., 1884, tui, U\].
— Brun.ner. d. chem. Ges.,ix, 984. — Brunner et Chuard. Bull. Soc. Chim., \H9i, xii, 126.—
Maquenne. La synthèse des sucres. (Revue générale des sciences, 1890, i, 164). — La synthèse
des hydrates de carbone (Annales agronomiques, 1890, xvi, 220).
Recherche et dosage. — Trjllat. C. R., 24 avril 1895. — Gayow. C. R., 1877, cv, 1182.
— JouHNY. Journal de phaiiTiacie de Liège, iv, 129. — Urbain. Bull. Soc. Chim., 1896,
XV, 455. — Jean. RevUe de chimie industrielle, 1899, x, 33. — G. Dœubebg. D. chem.
Ges., XXXII, 1961.
AUG. PERRET.
FORMOL. — Hyi^ène. — C'est en 1894 que Miquel fit connaître les pro-
priétés niicrobicides de l'aldéhyde formique. Les résultats obtenus par Miquel et ses col-
laborateurs firent espérer que l'on possédait enfin l'antiseptique rêvé, facile h manier,
relativement économique, et ne détériorant pas les objets soumis à la désinfection.
L'action bactéricide des solutions d'aldéhyde formique ne saurait être contestée, et,
dans l'article de A. Perret ci-dessus, on a vu que, d'une manière générale, la plupart des
micro-organismes étaient lues quand le milieu atteignait à peine 1 p. 1000, exception
faite pour Bacillus subtilis, et qu'avec des doses beaucoup plus faibles, soit 1/50 000, le
développement de ces agents se trouvait arrêté (voy. plus haut, p. 820).
Cette dernière observation intéresse particulièrement Thygiéne, et on a songé immé-
diatement à utiliser ces propriétés infertilisantes de l'aldéhyde formique dans la conser-
vation des denrées alimentaires. Nous aurons à y revenir.
L'emploi des solutions de formol comme agent de désinfection est en réalité assez
Timité. Ce sont surtout les propriétés de l'aldéhyde utilisée sous forme Je vapeur ou de
gaz qui ont été l'objet de nombreuses applications.
Dans une étude critique sur la désinfection par l'aldéhyde formique, A. J. Martin
fait remarquer que l'usage des pulvérisations et des lavages avec la solution de formal-
déhyde n'a pu être pratiqué par suite des inconvénients qu'il présente pour les désinfec-
teurs. L'aldéhyde formique, môme en solution diluée, exerce une.action irritante sur les
muqueuses, principalement sur les muqueuses de Tappareil visuel. II ajoutait cependant
qu'il serait intéressant de trouver un procédé permettant l'utilisation des solutions de
formol.
L'année suivante, en 1900, Mackensie publiait son procédé. Il pulvérisait, à l'aide
d'un pulvérisateur déjà utilisé en Angleterre pour les autres solutions antiseptiques,
r « equifex Spraycr », un liquide renfermant par litre d'eau 25 ce. de formaline com-
merciale, et une même quantité de glycérine. Malgré 2000 désinfections faites par ce
procédé, Mackensie n'avait rien remarqué de nocif chez les désinfecteurs.
Ce proct'dé a été repris en 1901 par Doi»ter, au Val-de-GrAce, à la suite de recherches
scientifiques poursuivies sous la direction de Vaillard.
La glycéiine, qui avait le grand inconvénient de retarder la dessiccation, fut sup-
primée, et DopTER utilisa une solution aqueuse à 24 p. lOOUde formaline commerciale. La
pulvérisation était pratiquée pendant un laps de temps variable, de 10 minutes à
40 secondes, soit sur des papiers imbibés de cultures pures, soit sur des papiers ou des
FORMOL. 83;*
fils de soie imprégnas de selles lyphiques, d'exsudals diphlériliques, ou de crachats
tuberculeux desséchés. H résulte de Fensemble des reclierches de laboratoire que la
destruction des germes était complète, si l'on avait soin de laisser sVcouler 24 heures
après la pulvérisation.
Dans les locaux, on utilisait un i>ulvérisateur type Gexeste et Hehtscher, la salle
restait fermée 24 heures. La désinfection n'était pas absolue, un certain nombre de
moisissures résistaient, B. subtilis et divers genres de Staphytococcua, mais le nombre
des colonies était singulièrement diminué, et les résultats furent assez satisfaisants
pour décider l'autorité militaire à faire ainsi désinfecter l'Kcole polytechnique, soit
48000 mètres cubes. Le procédé est très économique, 25 centimes de formaline pour
100 millimètres cubes, et les désinfecteurs ne sont pas incommodés.
C'est toutefois sous forme de gaz que le formol a surtout été employé. Les recherches
de Trillat, Bkrlio/, ayant montré que lair chargé de vapeur de formol à 3 p. 100 au
plus tue rapidement (20 à 25 minutes) la bactéridie chaibonneuse, le bacille
d'EuERTn, etc., de nombreuses tentatives de désinfection des locaux furent tentées
depuis 1894 jusqu'à nos jours.
Appareils formog^ènes. — Les procédés préconisés pour produire de grandes
quantités de vapeur de formol sont innombrables.
Une des difficultés à vaincre réside dans la nécessité d'écarter la polymérisation de
ce corps. On a vu dans l'article précédent que l'aldéhyde formique, sous rinflnence delà
chaleur, possède une extrême tendance à former deux polymères, la paraformaldéhyde
et le trioxyméthyléne. Un troisième polymère, le formose ou l'acrose, beaucoup plus
difficile à produire, n'intéresse pas l'hygiéniste.
Les deux premiers polymères se rencontrent toujours dans la solution de formaline
commerciale, dite à 40 p. 100. Or ces deux corps n'ont pas de propriétés désinfectantes :
il faut donc éviter leur formation ou provoquer leur dédoublement, s'ils préexistent.
Le premier procédé, indiqué par Hofmann en 1868, et consistant à obtenir de l'aldéhyde
formique par l'oxydation de vapeur d alcool mélhylique brûlant au contact d'une lame
criblée ou d'une spire de platine, portée au rouge a dCJ être abandonné. Les lampes de
Trillat, ïollens, Krauss, Beusler, Hoffmann, Sj.hultze, etc., ne fournissent pas des
quantités de formaldéhyde suffisantes : elles ont en outre le grand inconvénient de déga-
ger de l'oxyde de carbone. Cet inconvénient est surtout à signaler, pour l'emploi spécial
auquel sont réservées actuellement les lampes formogènes. Ces appareils, généralement
très réduits, ne sont plus guère utilisés que comme désodorisants. Ils restent allumés
dans des pièces occupées et non ventilées, et, si elles détruisent des vapeurs odorantes
désagréables, mais inoll'ensives, elles les remplacent par l'oxyde de carbone inodore,
mais toxique.
Tru-lat a préconisé un autre procédé : l'autoclave formogène. Une solution de for-
mochlorol î mélange de 1 litro de formaline commerciale et de 200 grammes de chlorure
de calcium, devant avoir une densité de 1 200) est vaporisée dans un autoclave sous une
pression de 3 à 4 atmosphères. A cette pression les polymères ne peuvent se former, el
ceux qui préxislenl dans la formaline commerciale sont dédoublés.
Oppermann et Rosenberg utilisent VHoIzin, solution de 35 p. 100 de formaldéhyde ei
de 5 p. 100 de menthol dans l'alcool méthylique. L'addition du menthol aurail p&ur
effet d'atténuer l'odeur désagréable du formol, de provoquer la formation de mêlbylâJ.
lout on empêchant la polymérisation du fcrmol. La vaporisation se fait sous jê^ssjo^.
\:Holzin a un grave inconvénient pratique : elle coûte beaucoup plas cher fse > *ic-
mochloral.
AvBNscHY, SciiEviNc, Utilisent les polymères solides : paraformaJdéfcyap f-: tnrarmr-
thylène, qui peuvent être comprimés en pastilles de on gramme. Ok ianov» aTur^n,
H'Mfica, Esculap, assurent la combustion et le dédooblemeol de» iwiyiiièwC Iie^ <«*^"-
foi-mal-Glnhblocks de Krkll et Elb ne sont qu'une modificitioa Ofdnmir.uBir di Pi^'=^'*
Se H E VI. N G.
BocHKT dissocie les polymères solides sons llnûëemce ^nc .-:Mr«» •^'
180°. Ku Angleterre, on utilise V Alfarmant-Lamp. qwi hrtte dr mmmm^^ '•'
d'alcool méthylique.
Walter cl ScHLossMA.NN pulvérisenl, i l'ëidt d as i
DICT. Dli PHY8I0L00IE -^ TOME XI.
t
834 FORMOL.
de formaline et de glycérine (10 p. 100) qu'ils désignent sous le nom de glycoformoL La
glycérine empêcherait la polymérisation. Prausnitz, Pelsuschy emploient des procédés
analogues.
Flïggb, laissant de cùté tous les appareils compliqués, déclare que le mieux est dp
vaporiser simplement dans un récipient à fond plat et à grande surface de chauffe, fermé
par un couvercle muni d'une étroite ouverture, une solution diluée de formalint^ com-
merciale. Si Ton opère avec une dilution suffisante, de telle sorte que la concentration
ne dépasse jamais 40 p. 100, il n'y a pas à redouter la polymérisation du formol.
Mode d'action de l'aldéhyde formique. — Si l'on fait le dosage de l'aldéhyde for-
mique dans une pièce soumise à la désinfection, on constate que l'on ne trouve plus
dans la pièce, une heure après l'opération, que le cinquième environ de l'aldéhyde éva-
porée (VoN Brunn, Peerenbboom).
Von Brunn explique cette disparition du gaz par une condensation sur les parois.
RuBNER et Peerendroom rejettent le simple processus de condensation; il y aane absorp-
tion, surtout par certains corps, tout à fait spéciale. C'est ainsi que si l'on fait arriver
(le ta formaldéhyde a Tétat de gaz sec sur des substances, telles que la laine même
portée à ioO'>, l'absorption est telle qu'il suffit d'une mince couche de laine, pour qu'un
second échantillon placé au-dessous n'en reçoive aucune trace. Si la température est plus
basse, il y a à la fois condensation et absorption, et un gramme de laine peut retenir
ainsi 40 milligrammes de formaldéhyde.
Cette facilité d'absorption de la plupart des tissus explique le peu d'efficacité de la
formaldéhyde en profondeur, et, d'après Ruhner, la précaution de soumettre les objets à
un vide préalable avant de faire agir les gaz désinfectants ne serait d'aucune utilité,
puisque ce n'est pas la résistance opposée à la diffusion par l'air qui constituerait l'ob*»-
taclc essentiel, mais le pouvoir absorbant des tissus eux-mêmes.
L'influence de rhumidité de l'air sur la puissance d'action de la formaldéhyde est
admise par pres<]ue tous les expérimentateurs. Aussi Peerenbroom et Ruhner considèrent-
ils que ce n'est pas à l'état gazeux, mais à l'état de solution que l'aldéhyde exerce son
action destructive des bactéries. Il n*y a pas de véritables combinaisons de l'eau avec
l'aldt'hyde, mais une absorption de l'eau par l'aldéhyde, et, d'après Rubner, il existerait
pour une température déterminée, un optimum d'humidité qu'il est inutile, nuisible
même de dépasser. L'hygiéniste allemand prétend d'ailleurs que cet optimum est dans
la pratique à peu près impossible à réaliser.
Nous avons dit que la plupart des auteurs déclaraient que la désinfection était
d'autant plus active que l'air renfermait une certaine quantité de vapeur d'eau (Gemuno,
Czaplewski, Pkerenbroom, Hammerl, Kermal'.ner).
Il faut signaler l'opinion contraire, soutenue par Trillat, Abba, Rondelli, Syuanski.
D'après ces derniers, opérant avec les procédés Trillat, Scherlng. etc., les résultats
seraient d'autant meilleurs que l'air du local serait plus sec. Avant eux Trillat avait
déclaré que la présence de feuu ralentit faction antiseptique du formol proportionnel-
lement au degré de l'humidité.
La quantité d'aldéhyde formique qn'il est nécessaire de déverser dans les locaux i
désinfecter est encore mal déterminée. Nous trouvons les chififres suivants, pris dans
des mémoires divers.
Par mètre culx».
Aldéhyde
formique. Eau.
«r. gr.
Pi-ucédé Trillat 3 5
— Schering 3 i,5
— Scblossmann-Linquer 9 V,4
— Flugge 2,5 30
Van Ermenge.v: indique comme minimum 250 grammes d'aldéhyde formique par
1(^0 mètres cubes avec une quantité d'eau de 300 à oOO grammes au moins, pour opérer
on sept heures. Si l'on veut une désinfection plus rapide, en quatre heures par exemple,
il faut doubler les chiffres.
FORMUL-
AS
En se basant sur ces donnée, Va?c EnMRXOEff donne les indications pratiques sui-
vantes :
Pour une pièce de l(>0 mèLrcs cubes à désinfecter en sept heures, avec Tautoctave
Tbillat» évaporer 3 litres d'eau additionnés à î lilre de fermochloral. — Avec la lampe
ScMERrrta, UîO grammes de paraforme et 380 grammes d'eau. Avec la fornialine, 800 centi-
mètres cubes de la solution commerciale avec 3 litres d'eau*
La température de la pièce où se fait la désitifeclioii joue un riMe très important.
Dès iH'Jî PoTTKViN indiquait que réh'vation de Ta temp/'rature augmentait consid^-
blement le pouvoir bactéricide du formoL Dès que la température dépasse 35**, écrivait-
il, les vapeurs du foimol» même sèches, sont douées d'une énergie qui les rend pré-
cieuses pour la désinfection»
Au-dessous de Jo'*. quel que soit 'le procédé utilisé et le degré d'humidité» la désin*
fection se fait mal. En hiver, il est donc nécessaire de porter la température de la pièce
h 2o" ou 30". D'après Mayer et Wolpeut, l'inOuence de la température est supérieure à
celle de Thuniidité : c'est ainsi que, par 30** et avec un étal hygrométriquo voisin de 40
p. 100, li's résultats sont supérieurs h ceux qu'on ohlient vers 0« eu milieu saturé diî
vapeur d'eau,
Désodorisatîon des vapeurs de formol. — Après avoir laissé les pièces herméti-
quement closes pendant sept heures, on peut se contenter d'assurer une veulilalîon
énergique en établissant des courants d'air. Mais dans ces conditions l'odeur pénètraule
du lormol et son action caustique et irritante sur les muqueuses persiste longtemps,
plus de vingt- quatre heures généraleracnl.
Pour {jouvoir utiliser rapidement la pièce désinfectée, on utilise la propriété â** l'um-
nioniaqiie de transformer l'aldéhyde furmiqueen une combinaison inactive et inodore :
rhexamélhyïènetétrammonïum,
FlCggb conseille par HM} mètres cubes Tévaporalion de 800 centimètres cubes d*unc
solution d'ammoniaque à 25 p* lOQ. Cette évaporation demande vingt minutes. On attend
30 minutes encore pour qvie la combinaison entre le fomïol et l'ammoniaque soit corn-
plcle. ]l suffit alors d'ouvrir les fenAtrea pourrendre la pièce habitable immédiatement.
Contrôle du pouvoir pénétrant. — Pour éitidier la pénètraliou des vapeurs de
formo)» plusieurs méthodes ont été piéparées. De Bois Saint-Sévemin etPÉLïssiEH utilisent
la propriété qu'a la fermaldébyde de transformer la fuchsine en matière colorante
bleue; ils préparent des blocs de gélatine colorée en rose par la fuchsine, et les placent
au centre des objets soumis à la désinfeclion. A la fin de PopèratioUiOu voitsi les vapeurs
d'aldéhyde formique ont bleui la surface ou la profondeur du bloc de f^èlaline. Caluettb
part d'une autre propriété du formol : celle de coaguler les matières alhuminoïdes. Il
colore, avec uncoloratït soîuble dans l'eau, une solution albuminoïde du sérum sangum
par exemple, puis le dessèche au-dessous de *io*^. On oblîcnl ainsi des paillettes roug-es,
qui, traitées par l'eau, donuent très rafiidement un liquide coloré. Si ces paillettes ont
été exposées aux vapeurs de formul, la dissolution ne se fait plus, et le liquide reste
incolon\ C'est la une mélhode très commode et très sûre. Ajoutons que les deux pro-
cédés ont donné presque toujours des résultats identiques et peu favorables au pouvoir
pénétrant des vapeurs d'abléhyile formique.
Désinfections superficielles. — Quel est leptiuvoir désinfectant de l'aldéhyde for-
mique employée sous forme de vapeur?
Comme désinfectant de surface, l'action de la formaldébyde est incontestable» quel
que 9oit le procédé de production, si la quantité d'aldéhyde produite est sufHsanle, ainsi
que le déféré hygrométrique. Les fils de soie, les morceaux d'étoiïes infectés de cul*
tures de Stanhi/lococais mirem ou de BarUlHS prodigto^uHt bacille de Locffler^ d'EiiERTU,
1^ voire les spores charbonneuses furent presque toujours stérilisés. Les plus résistants
H paraissent Ôtre : Baciliwi ^ufjUlU, bacille du tétanos, bacille de l'œdème malin, qui ne
V furent pas détruit s.
H Mais^si Taldébyde formîque est un admirable désinfectant de surface, il n*en est plus
H de même quand il s'agit de la désinfection plus profonde des objets protégés.
H Ainsi dans les expériences de Fllcqe, les vapeurs de formol, quel que soit le procédé
H employé, ont toujours été incapables de stériliser des crachats, du pus, des fausses
H membranes à l'état frais ou desséché, quand ces produits étaient en couche plus ou
836 FORMOL.
moins épaisse et surtout lorsqu'ils imprégnaient des corps poreux, des vêlements, des
literies. Les cultures virulentes sont restées intactes, quand elles étaient placées dansU
poche intérieure d'un vêtement, d{ins une manche retournée, sons le rcA-ers d'on col
d'habit, entre quelques doubles d'étoffe, entre les fissures d'un plancher, au fond d'en
tiroir incomplètement tiré, ou derrière un meuble, sous un lit rapproché do mur.
Abba et HoNDELr.1, Du Bois Saint-Skverin et Pélissier, Rubner et tant d'autres arrirent
à des conclusions identiques. Les premiers auteurs se montrent encore plus séTères,
lorsqu'ils concluent qu'en dehors des surfaces planes, comme le verre, les meubles
vernissés, l'action dé la formaldéhyde est insuffisante : elle doit être rejetée « partout où
il y a de la poussière visible à l'u'il nu ».
A côté de ces expériences, dont les conclusions sont peu favorables à rutilisatioo de
l'aldéhyde formique, il faut citer quelques travaux aboutissant à des résultats opposés.
Fairbanks, utilisant les pastilles de Avkxsoun Scherixg, fournissant 9^^, 50 d'aldéhyde
par mètre cube, a trouvé, après 25 heures d'action, que les bacilles diphtériques et
typhiques, ainsi que les staphylocoques, étaient tués, bien qu'ils fussent eo?eloppës
par des chiffons ou cachés entre des matelas. Le bacille du charbon, même protégé par
des chiffons, fut tué; il n'en fut pas de même quand il était protégé par l'épaisseur d'an
matelas.
Dans d'autres expériences, le même auteur n'eut pas des résultats aussi encoara-
geants. Hinz, en vaporisant du formochloral avec l'autoclave, obtient la désinfection
complète des vêtements : les spores charbonneuses elles-mêmes n'auraient pas résisté.
RosiLZKY réussit à tuer les bacilles de la diphtérie et des staphylocoques après 9 heures
de contact avec 40 grammes de formaldéhyde par mètre cube ; et encore le Bacteritiik
coU avait résisté à celte dose formidable.
LuBBERT, en saturant au préalable les objets avec de la vapeur d'eau, puis en envoyant
de la formaldéhyde à la. 'dose de 4 grammes par mètre cube,obtient de bons résultats.
Une curieuse observation de Gehrre montre le peu de puissance diffusible du formol.
Des cultures sur agar, en couche inclinée, n'étaient stérilisées que sur une longueur de
3 à 4 centimètres à partir de Torifice du tube qui les contenait, alors que ces tube»
étaient exposés ouverts dans le local où l'on dégageait les vapeurs de formol; ces
vapeurs n'avaient point pénétré au fond des tubes, l'air enfermé suffîsant pour opposer
un obstacle à la diffusion.
Ajoutons cependant que, si l'on pratique en même temps des pulvérisations d'eau 4
l'aide d'un spray, les tubes placés dans la même position que précédemment sont sté-
rilisés (Czaplenski).
Pour favoriser la pénétration des vapeurs de formol dans les objets épais: matelas,
vêtements, un certain nombre d'inventeurs ont préconisé des étuves formogènes. Le ride
relatif préalablement fait^ puis la génération d'une grande quantité de formol soos
pression même légère devait assurer la désinfection en profondeur.
Les expériences de Dunbord et Muschold, pour l'office sanitaire impérial aUemaod.
de Merkel, etc., ne donnèrent que des résultats fort peu encourageants. Ruetscb el
Rahbaud n'obtinrent la stérilisation des tests protégés qu'en multipliant les opérations
sur une même série d'objets.
Des expériences plus récentes semblent cependant donner de meilleurs résullat.
Ainsi VoGKs, en envoyant des vapeurs de formol dans un autoclave où un vide de 75 cen-
timètres de Hg, avait été effectué, a obtenu, en moins de quarante minutes, la destroi.'-
lion des agents pathogènes : charbon, fièvre typhoïde et staphylocoques, bien que les ff^f;
fussent protégés par des étoiles.
Dans tous les cas, les étuves formogènes ne répondraient qu'à une indication très
localisée; la désinfection des vêtements et matelas, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui
avec les étuves à vapeur iluente ou sous pression.
Il faut ajouter que, d'après les recherches d'ABBA et Rondelli, les taches de sang et
de pus restent fixées d une façon indélébile sur les étoffes soumises aux vapeurs de
formol.
Conclusions. — L'aldéhyde formique est un désinfectant de surface : son pouvoir de
pénétration est nul, quand il est utilisé dans une pièce. Avec les étuves formogènes,
permettant de faire varier successivement la pression dans le sens positif et dans le
FORMOL.
«17
^
sens n^^atif, il peut «loiiner quelques résultat», i|iiaicnie toujours incerhiins. Fti^cr.K
acceptait la désinfection des pièces par les vapeurs d aldehydo pour la diphtérie, lii
scarlatine, la luheicnlose pulmonaire, loul en réclamant, pour un»* partie des objet.*
contaminés, une drsinfention plus sAre; mais il rejetait ledit procédi^ pour la (lèvre
typhoïde, k» choléra, la dysenterie,
Mal;;re tantes les letitalives Tûites, on peut anirmer que le formol n'a pas justifié
les esp<''ranres qu'avaient fait naître les premières expériences.
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und Nenen de$ Herzens bci einigen Mottmken {Arch, micr, Awtt,, 1877, xtv, 317-321), —
On $ome conditions of reflex action \CamMdge PhiL Soc, Prac, u, 1876, 309-310). —
Ueber einen besonderen Ftdl von HemmungTiwirktm*jen (A, g. P., v, 1872, 191-195).
FOURMILLEMENT, — Voyez Sensibilité.
FRAGARINE- — FRAGARIANINE, — D'après Pmp^s, on peut
extraire de la racine du fraisier un ^lycoside (fragarianine), qui, par Tactioa de BCL,
840 FRACARINE. — FRANÇOIS-FRANCK (Char les- Albert).
donne du glucose et une matière rouge amorphe, fragarine (DicL Wortz. Suppi.
Il, 337).
FRANÇOIS-FRANCK (Charles-Albert),.professeur au Coiitge de
France '. Membre de l'Académie de Médecine.
I. -^ Cœur, cardiographie, circulation. Méthode graphique.
Physioloyie des mouvements du cœur (0. B., 1877, 374-375). — Rech, sur les chantje-
ments de volume du cœur dans leurs rapports avec la réplétion et le débit ventriadaire
{Trav. M.f iii, i877, 187-249). — Rech, sur ^influence que les variations de la pression
intracranienne et intracardiaque exercent sur le rythme des battements du cœur (Trav. M.,
ni, 1877, 273-292). — Compression du cœur à l'intérieur du péricarde. Déductions appli-
cables à la théorie des' épanchements péricardiques chez Chomme (Trav, M,, m, 1877, 107-
122). .— Rech. sur les intermittences du poids et sur les troubles cardiaques qui les déter-
minent (Trav, If., 1877, m, 63-9o). Du retard réel et du retard apparent du pouls dam
l* insuffisance aortique et dans l'anévrysme de l'aorte, avec ou sans insuffisance aortique ; du
ralentissement de Voreillette gauche jusque dans la carotide, chez les malades atteints d'in-
suffisance aortique (B. É, 1878, 115-117). — Influences respiratoires exagérées déterminant
le pouls dit paradoxal (B, B., 1878, 342-344). — Sur les doubles battements des anévrytmes
intra-tfioraciques (B, B.,1878, 387-388). — (En coll. avec BourS'Ikïl) Sur quelques signes dif-
férentiels^ des tumeurs pulsatiles de V abdomen (Ibid,, 336-337). — Diagnostic des anévrysmes
de VaoHe abdominale (B, B., 1879, 276-277). — Mesure de la vitesse du sang dans les artères
et les veines (Journ, de l'An, et de la PhysioL, mars 1880). — Reproduction artificielle des
phénomènes circulatoires (Gaz. hebd,, 1881, 501). — Transmmion de l'aspiration thoracique
jusqu'aux canaux veineux du crâne par C intermédiaire des veines vertébrales (B. B., 1881,
198-201). — Notes sur quelques phénomènes de la circulation inira-cardiaque étudies chez
la grenouille avec un double myographe du cœur (Trav, M., iv, 1880, 406-412). — Mesure
des tumeurs aiu'vrysmales faisant saillie à l'extérieur (B. B., 1882, 751-755). — Effets atpi-
ratifs de la diastole vent ricula ire. Schéma du pouls veineux (B, B., 1882, 62-70). — Méca-
nisme du pouls veineux jugulaire normal (B. B., 1882, 47-53). — Appareils employés pour
Vétude du pouls veineux jugulaire chez l'homme et les animaux (Sphymograpke veineux }
(ibid, y 111-H3). — Sur quelques-unes des conditions qui règlent la circulation veineuse à
l'intérieur du canal rachidien (B. B., 1882, 229-233). — Congestion veineuse encéphalique
dans l'anémie artérielle par arrêt du cœur (B. B., 1882, 223-229). — Lestons valvulaires
expérimentales du cœur. Essai de transmission héréditaires des affections cardiaques (B. B.,
1882, 450-454). — Part importante qui revient au muscle cardiaque dans la production des
insuffisances trieuspidiennes transitoires (B. B., 1882, 8894). — Production artificielle d'in-
suffisance tricuspidienne, mitrale, aortique, chez le chien (ibid,, 188-111). — Augmenta-
tion de force du cœur et ressetrement des vaisseaux contractiles dans l'insuffisance aortique.
Conséquences qui en résultent pour la pression artérielle et la production du pouls capillaire
visible (B. B., 1883, 379-384). — Diminution du retard du pouls dans l'insuffisance aortique
(faits cliniques et expérimentaux) (B. B., 1883, 31-37). — Effets des changements de la
pression intra-péricardique sur la circulation veineuse des ventricules du cœur à l'état nor-
mal et dans quelques conditions pathologiques (B, B., 1883, 216-222). — Lésion congénitale
du cœur chez un chien de deux ans (B. B., 1885, 174-176). — Diagnostic physique des
anévrysmes de l'aorte et des grosses artères (B. B., 1886, 1-8). — Opérations pratiqures
sur les valvules du cœur (Ac. Méd, de Paris, 2 févr. 1886). — Essai sur le mode de produc-
tion des souffles artériels en général et du double souffle crural en particulier (A, d. P., 1889,
659-666). — Notes sur différentes formes du pouls veineux périphérique (B. B., 1889, 603-
000'. — Analyse d'un cas de pulsations de la veine saphène, sans insuffisance tricuspidicnne
(B. B , 1889, 0!8-62l). — Variations de la cite^ise du sang dans les veines sous l'influence
de la systole de l'orciUelte droite [A. d. P., 1890, 346-354). — Nouvelles rech. sur les effett
\. Nous donnons ici l'indicaiion de ses principaux travaux. Trav. M, signifie Travaux du laUo-
raioire de M. Makey ^\ vol. 8o. Pari», Masson}.
FRANÇOÏS-FRANCK (Charles-Albert).
Ul
de la ^&toU dtê omlietteh mr la pression ventricuhire et artérielle {À» d. P*t iHl>0. 1^03-
410). — Application du procédé de cardiographie volnmétriqtie auriculo-vcntriatlaire à
Cctude de faction cardiotoniijue de^ nerfs accciàatcnr^ du lœur [À. d, /'., 1800» HiO-B22).
— Notcâ de V'chniriue opératoire ci fjraphique pour Vèîudc du rrrur mis à nu chez tea
Mummiférc^ {À,d, P., 1802, I05-M8, et t K9 1.760-7 74 u — Nutea du technique pour iVu^ïfo*
ration graphique du cœur mifi à nu chez tes Mammifères {A. d. P., iHOl> 75â-77ï)* — Ai)pH-
cation de ta méthode dea ampouttH cùujuyueea a t'ftude de ta prension intraeardiaiiue arté-
ridte et veine une ^ à ta reeherche de la force maxima du cœur et a V examen den effets de ta
contractilité bronchique (A, d, P,, 1893, 8.i-l>'i)» — Action de ta dii/itate et des dtuitalines
êur te cœur (iii Clinique médicale de ta Charité^ 1894, i vol. m-8^). — Critique de la théorie
de Vhémiâtplole dau% tin^uflisance mitrate [OLierc, cliniques et expcrimoitalea) {A. d. P,,
i80o» 545-554). — Communication arténo-veincuse eorpérimentale {B, B., 1896, 150-153).
— t^éfenses de Conjanisme contre les variations anonnales de la pre&sion artériel le [Buli-
Ac. de med. de l'aris^ juin 18%j, — Assimilation de faction produite fur le cwur par Iv^
poiSQWi systolifjues et parles excitations artificielles directes du mijocardc [B. lï., 1897» III-
114). — Accidents causés par ta compression du cœur dan» le péricarde {Bfi, iSOT, *n-o; .
II. — Ectopîes cardiaques*
Sur un cas d*ectopie congénitale du ca'ur^ avec éveutration au nireau de Vombitic. Sifjnes
extérieurs. Examen fjraphique {H. B., 1877, 340-342). — Rech, sur un cas d\'Ctopie con-
génitale du cœur observé chez, une femme de vingt-quatre ans \Jrax\ M.^ m, 1877» 312-
3â7), — xVowin rech, sur un cas d*€c tapie cardiaque {ectocardie) pour servir à f étude du
poids jugulaire normal et d\me tariété du bruit de qatap (A. d. P., 1889» 70-87), — iVau-
velles rech. sur un cas d^ectopie congénitale du cctur [U. B., 1886, 765-768).
ni, — Réflexes cardiaques, réflexes respiratoires. Innervatioii du cœur.
Effets des excitations des; nerfs sernihlrs sur le cœurt la respiration et ta circulation
artérielle (Trat\ M., il, lH76,22l-288j.— Étude exp, et critique de Vapnèe et du phtwtmCnc
d^ Che^ne-Stokes {Journ. de l*An, et de ta PhysioL, 1877, 545-570). — Note mr les effets
C'trdiaques et vascutaires du choc cérébral {Trui\ M., nr, 1877, :iO3-309). —Action vas-
cataire comparée des anesthésiques et du nttrite d'amylc (fL B., 1879, 137-139). *— Sur les
effets des excitatioHfi simultanées et successives appliquées aux nerfs accélérateurs du
cmur [B. B*, 1H79. 270-272}. — Ligature et contusion du pneumogastrique. Néerotome
électrique, llestitution des fonctions d'un nerf comprimé (B. B., 1879, 293*296), — Sur tes
nerfs accélcratatrs du c^rur cl sur leurs intcrfàencefi avec la nerfs modérateurs B. fl.»
1879, 257-261). — Nerfs sensibles du poumon. Troubles respiratoires et circulatoires pro-
duits par tes inhalations de vapeurs irritantes dam le poumon lui-même {B. B., 1879, 311-
314)* — Sur V innervai ion des vaisseaux des poumons et sur les effets produits dans la circu^
lation intracardinquc et aortique par (e resserrement de ces vaisseaux [B, B.* 1880. 231-234).
— Bech. sur les effets protluitA par l'excitation du bout central flu pneumogastrique et de
>e.< branches sur la respiration, le cour et les vaisseaux \B. B. iv, 1880, 281-38<»)- — Heeh,
sur quelques poinàs de finnerraiton accétvratrice du cœur [Trav. M., 1880^ iv, 73-98). —
Sur te degré d'indépendance de la portion bulbaire du nerf spinal par rapport au nerf
pneumogastrique cl sur la part qui revient à chacun de ces deux nerfs dans l'innervation mo-
tU'ratrice du cœur (fî. B., 1881, 78-82). — Comparaison des effets produits sur les^ oreillettes
et les ventricules du cœur par rexcitatton du pnrumogastrique {B. B., 1881» 1Q8-Il0j. —
Serfs sensibles du ca'ur (nerfs presseurs). Réactions vaso-motrices coustrictives et cardiaques
accétératrices produites par Us irritations endo-aortitiues et intra-cardi4nques {B. /!., 1883,
399'4Ô3). — Sur fattcnuntiim ou la disparition complète des arrêts réflexes du ca^ur pendant
Vanesthésie confirmée légutièrc par te chloroforme et l'ether. S^jncope respiratoire dans
fanesthesic mixte par U- chloroforme et lu morphine {B, B., 1882. 255-259). — /Ict/i, an
sujet de In note de M, Licon sur la présence de fibres modératrices du cœur dam la branche
interne du spinal {B. B, 1885, 755-757). — Hem. sur une note de M. Laffont relatives aux
effets différents produits sur ta pression vasculaire et les battements du cœur par les excita-
tions des deux nerfs vaguer (11. /i., 1880, 2I4-21ol — Contr. à f élude exp. dn névroses
1
842 FRANÇOIS-FRANCK (Charles-Albert).
réflexes â* origine nasale (A, d. P., 1889, 538-556). — Rech, exp, sur le dyspnées réflexes
d'origine cardio-aorlique {A.d. P., 1890, 508-518). — flecA. exp. sur les spasmes bronchique
et vasO'puhnonaire dans les irritations cardio-aortiques (A. d. P., 1898, 546-557). -
Ti'oubles respiratoires et circulatoires dans Canesthesie chloroformique [Ac. méd. de Paris,
^g90). — Rech, exp, sur ratonie cardiaque produite par le nerf pneumo-gastrique : introduc-
tion à V étude clinique des cardiopathies avec dilatation du cœur (A. d. P., 1891, 478-488;.
Rcch, exp. sur Vaction cardiaque antitonique systolique du nerf pneumoyastrique
{Ibid., 575-585). — Et. crit. et exp. de la vaso-constriction pulmonaire réflexe [A. d. V.,
1896, 178-205).
IV. — Nerfs vaso-moteurs. Volume des organes. Grand sympathique.
Du volume des organes dans ses rapports avec la circulation du sang (Trav. M., 187U,
,j^ I-G3). — Rech. sur Vanatomie et la physiologie d4is nerfs vasculaires d^ la tête {Trav.
M., !, 1876, 165-215 et 279-337). — (En coll. avec Brissaud) Inscription des mouvements
d'ecpànsion et de retrait du cerveau chez une femme présentant une vaste perte de substnnve
du pariétal gauche {Trav. .V., m, 1877, 137-153). — Sur Vindépendance relative des cirrw
latiou'i périphériques {B. B., 1878, 317-319). — Contractilité des vaisseaux capillaires vrais
{Gaz. hebd., 30 janv. et 6 févr. 1880). — Inscription des pulsations totalisées des petits vais-
seaux d*u)ie région circonscrite de la peau (B. B., 1881, 211-213). — Contr. à Vétude de
Vinnervation vaso-dilatatrice de la muqueuse nasale (A. (/. P., 1889, 691-701). — Étude
du pouls total des extrémités au moyen d*un sphygmographe volumétrique (A. d. P., 18fK).
118-132!. — Étude des vaso-dilalations passives. Applications à la recherche des vaso-
dilatations actives (A. d. P.. 1893, 729-739). — Rech. sur l'innervation vaso-motrice du
pénis (B. B., 1894, 740-743). — Réch. sur l'innervation vaso-motrice du pénis (A. d. P..
1895, 122-153). — Nouv. rech. sur Vaction vaso-constrictive pulmonaire du grand sympa-
thique (A. d. P., 1895, 744-758 et 816-830). — (En coll. avec Hallion) Innervation va^io-
motrice du pancréas (B. B., 1896, 561-563). — (En coll. avec Hallion] Rech. exp. sur
Vinnervation vaso-constrictive du foie (A. d. P., 1896, 908-936) — Rech. exp. exécutées à
Vaide d'un nouvel appareil volumétrique sur Vinnervation vaso-motrice (fe Vintestin {Ibid.,
478-508). — (En collab. avec Hallion) Effets de V excitation directe, réflexe et centrale de^
nerfs vaso-moteurs mésen ter iques étudies avec un nouvel appareil volumétrique (B. B.^i896.
147-149); Trajet cervical et crânien des filets sensibles du cordon cervical du grand sympa-
thique {Arch. de Phys. et de Path. gén., i, 1899, 753-756). — Rech. sur la sensibilit»-
directe de Vappareil sympathique cervico-thoracique {Journ. de physiol. et de path. gén.
724-738, 1, 1899). — Anatomie et Physiologie du nerf vertébral ; étude d'ensemble {Cinquan-
tenaire de la Soc. de Riologie, 1899, 76-86). — Anatomie du nerf vertébral chez Vhomme et
les mammifères {Journ. de la Physiol. et de Path. gén., i, 1899, 1 176-1 185J.— Le nerf ver-
tébral comme nerf sensible et moteur {Ibid., 1202-1212). — Critique de la théorie vaso-
motrice des émotions {Congr. int. des se. méd. Physiologie. Paris, 1900).
V. — Cerveau.
Leçons sur les fonctions motrices du cerveau^ 1 vol. in-8^, Paris, Masson, 1887. — (En
coll. avec A. Pitres) Des dégénérations secondaires de la moelle épinière consécutives à
V ablation du gyrus sigmofde chez le chien (B. B., 1880, 67-73). — Sur la transmission a
la surface externe de la peau du crâne des variations de la température des couches superfi-
cielles du cei^eau (B. B., 1880, 217-221). — Rech. sur la rapidité des réactions motrices
réflexes et cérébrales et sur les influences qui le font varier {Mém. Soc. BioL, 1888, 17-26).
— Influence des excitations du cerveau sur les principales fonctions organiques (/6id., 27-
43;. — (En coll. avec A. Pitbes) Rech. graphiques sur les mouvements simples et sur les
convulsions provoquées par les excitations du cerveau {Trav. if., iv, 1880, 412-447;. —
Suppression des accès épileptiformcs d'origine corticale par la réfrigération de la zone motrice
du cerveau chez le chien (B. B., 1883, 223-229). — Action paralysante locale de la cocaïne
sur les ucrfs et les centres nerveiLv. Appl. à la technique expérimentale (A. d. P., 1892,
562-:i76\
FRANCULINE. — FREDERICQ (Léon).
84S
IL — Diven.
De la di$so€iatiOH de$ filet» irido-dilatateun et d^a nerfn vascnUiire^ au'd€ssu& du gan*
gUon Cftxkai supéncur (B. B,, 1878, 2U-24r>;. —{tu coll. avec Ar«oz,^n) Hôte de Vas-
piration Ihorat'iqun et p^mmife au cardia des matitrca fitomacahé pendant te vomi^isement
{B, B,» 1879, âT 7-279). — Trajet des fibres iriflo-ditatatrices et va>U'mo triceps carotidiennes
au niveau de t anneau de Vieus$ens (B. B,, IHIO» 246-241» i. — Hech. $ur tes neifs dilata-
teurs de ta pupilie [Trav, M., iv, 188o, 1*72). — Note »tir un appareil pour la rompre»^
fion et in decomprcaaion graduées des nerfs [fi. £1., 1880, 86-8Si» — Manomètre à tnercui*€
inscriptmr modifié (B, B., 1H«0, i27-13M). — * Note sur un double matiùmêtrc cnretjistreur é
mercure^ et sur le dispositif pour Vinacriptvm de ta premon et autres phénomènes [B» B.,
1883. 388-398). — Manomètre à mercure insa-iptenr modifié {Trnt\ M„ 1880, i\% i49-i82,u
— Note éur quetquct' rhnitats d'expériences de réfrigération artificielle, médiate, pro-
greisiie : !• Courbe iTatiaisiiement de la tempérûture profonde ; 2"^ Comparainon des icmp&a^
tures super ficictle et profonde; S*" État de la cireHlntion et de lAnneriation modaatriee du
CŒur (B. B,, 1883, 108-HTj. — Topographie yénerale des appareiU nerveux ocuto-pupii^
laire et accélérateur du cœur. Application à la théorie du gaiire ejcopht ha Unique {fi. B. 1881,
FRANCULINE C-'IFW), — Glucoside qu'on extrail de l'écorce de bour*
diiiiie. En k ULsant btjuillir avec IICI, on obtient de Tacide frangulique (C**H*0*) qui est-
probiiblemeiïL identique à l'^niodinc de la rhubarbe \Dict. \\\ SuppL, 2, 338).
FR AX ETl N E (C'**H*0=^). — Substance qu'on exlrail du frêne. Elle se rapprocbo
tie la dapbnétine et de l'esculétîne.
FREDERICQ (Léon), n^- à r.aud le U août ISol. Professeur de physio-
logie à riniversité de Liège il8Ty,.
Physiologie comparée,
Autotomie. — Amputation des pattes fmr mouvement rèpej:e chez le crabe (A. B., 1882,
Itl, 230). — Sur Vautntomie ou mutilation par voie réflcj^c comme moifcn de défense chez. le$
anirnauj- {Arc h. ZooL e.rp.f 1881, i, (2i, 413). — Nouvelles recherches sur r autotomie chez
le crabe (A. B,, 1802; Mcm. Acad. Belfj,, XLViK— Veber AutotonmiÀ, g.P,, 1801, l, 600}.
— Sur la rupture de la queue chez forrrj {Bull* Acad, Helif,, 1882, iv, 209). — Autres
articksi sur l'autùlomic dans DtdL At\ Beb/., xxvi, 758, el Hevue sctentif.fi'd iiov. 188<5 et
n»ai 1887.
Hémocyanine et fonctioii respiratoire du lang. — i<ur t'hémoctfâmne^ substance nouvelle
du sang de poulpe [C, H., 1878» lxxxvu, 1»% et 18y2, çxv, 61). — ^ur la conservation de
Vhànoajanine à V abri de l*air{BulL Amd. Uety., xx, 582; ArcA. de zoot. ea:p*, 1891, 124).
- Diffanion of copper in the animai kingdom {Nature^ 19 fév. 1880), — Sang du homard
{BulL Acad. Bdg,, 187t>, xLvti, 409). — Stïmj des insecte:^ {BulL Acad. Belg., 1881, ï, 487).
— Sang et respiration du ver à soie {T7'ar. du labQr,^ i803-l80o, v, i96K — La respiration
de t'oiifg^U'' dans ta serin animale {Herue scientif.f 1881).
Sang et milieu extérieur. — Inpuence du miiteu extérieur sur la composition satine du
snng de quelques animaux aquatiques [BulL Acad.Belg., 1882, w, 209 et dans Livre JubiL
Soc. méfi. Gand, 1884).— Sur la physiologie de la branchie {BulL Acad. Belg., xx, 580; Arek,
dezooL exp., 1891, 118). — La physiologie de la branchie et la pression o^motique du tang
de fécrevissc {Trav. du tabor,, vi, 1901, Gt, aussi dans Livre Jubit, de \\s BAj4aEKK,1899).
— Sur h pei^iéitbititè de la membrane branchiale [Butt, Amd. Belg., lÛOI» ùH}. — Sur lu
cômentraiion moléculaire dea liquider cl des solides de l'otyanisme des animaux aquatiques
(ibid,, 1901, 428). — Absence d%ibsorption cutanée chez les Coléoptères aquatiques {ibid., 1882 ,
IV, 209}.
Musclea et nerf». — Sur la contraction des muscles striés de rhtjdrLtphile {BulL Acadn
Betg., I H76, xLi, (2), 583). — Physiologie des muscles et des nerfs du homard [en coUab.avec
G- Vandeveloe) (f6ïVf., 1879, xi.vu, (2), 77t ; A. B., 1880, i, Ij. — Vitesse de transmission
84i FREDERICQ (Léon).
de V excitation motrice dans les nerfs du homard (C. H., 1888, xi:i, 239; Arch. zool. cjrp.,
VIII, ol3; Bull, Soc. méd. Gand, 1879). — Contribution à l'étuile des Échinides (Arch. zooL
ea^p., 1876, v, 429; C, H., 6 et 13 nov. 1876, lxxxiii, 860 et 908). — Sur la fonction cïtro-
matique chez le poidpe (C. «., 1878, lxxxviu, 1042). — Sur Vinnervation respiratoire chez te
poulpe (C. R., 1879, lxxxyïii, 346).
Autres fonctions. — Sur la physiologie du poulpe commun {Arch. zool. exp., 1878, vu,
Vy'SO; BulL Acad. Belg,, 1878, xlvi, (2), 710). — La digestion des albuminoides chez queUpits
invertébrés (Arch. zool. exp., 1878, vu, 391; Bull. Acad. Belg., 1878, xlvi, (2), 213).
La lutte pour V existence chez les animaux marins, Paris, 1889, 8°.
Physiologie.
Sang. — De Cexistence dans le plasma sanguin d'une substance albuminoïde se coagulant
à -f 56<» {Ann. soc. méd. Gand, 1877; Arch. zool. exp., vi, xiv). — Recherches sur la consti-
tution du plasma sanguin (Diss. Gand, 1878). — Recherches sur la coagulation du sang
(Bull. Acad. Belg., 1877, xuv, (2), 56).
Sur le dosage des substances albuminoides du sérum sanguin par circumpolarisation
(Bull. Acad. Belg., 1880, l, (2), 25). — Recherches sur les substances albuminoides du sérum
sanguin (A. B., 1880, i, 457). — Le pouvoir rotatoire de Valbumine du sang de chien (Ibid.,
1881, II, 379; Bull. Acad. Belg., 1881, ii, (3), 110). — Sur le pouvoir rotatoire des substances
albuminoides du sérum sanguin et leur dosage par circumpolarisation {C.R., 1881, xciii, 463).
— Ueber die Gerinnung von Eiweiss durch Hitze {C. P., 1890). ~ Note sur une propriété
optique nouvelle du sang des mammifères (Ann. Soc. méd. Gand, 1877). — Sur la conserva-
tion de Vox\f}iémoglobinc à Vabri des germes atmosphériques (A. B., 1890; BulL Acad. Belg.,
XX, 231).
Cas dn sang et respiration. — Sur la répartition de Vacide carbonique du sang entre les
globules rouges (t le sérum (C. R., 1877, lxxxiv, 661). — Sur le dosage de Vacide carbo-
nique dans le sérum sanguin (Ibid., lxxxv, 79). — Sur la tension des gaz du sang artériel
et la théorie des échanges gazeux de ta respiration pulmonaire [A. B., 1893, xiv, 105). —
Ueber die Tension des Sauerstoffes im arteriellen Peptonblut bei ErhOhuny derselhen in der
eingeathmelen Luft (C. P., 1894, viii, 34). — L'augmentation de la tension de l'oxygène du
sang peut-elle produire Vapnée (A. B., 1895, xiv, 120)? — Sur la cause de l'apnée {A. B.,
XVII, o61). — Le rôle du sang dans la régulation des mouvements respiratoires (A. B., 1892;
Bull. acad. méd. Belg., 1892). — Sur la circulation céphalique croisée ou échange de saw/
carotidien entre deux animaux [A. B., 1890; Bull. Acad. Belg., xiii (3), 417). — Influence
des variations de la composition centésimale de Vair sur rintensité des échnnges respiratoires
{Livre jubil. soc. méd. Gand, 188t; C. B., 188i, xcix, 1124).
Sur la théorie de Vinnervation respiratoire (Bull. Acad. Belg., 1879, xlvii, (2), 41 3i. —
Expériences sur Vinnervation respiratoire (A. P., Suppl. Festscfinft, 1883, 51). — Erci-
talion du pneumogastrique chez le lapin empoisonne par CO' {A. B., 1884, v, 375i.
Circulation. Cœur. — Sur la nature de la systole verUriculaire (Ann. Soc. mcdico-chir.
de Liège, juillet 1886). — Sur la physiologie du cœur chez le chien (BuU. Acad. Belg., xii,
661). — Sur les phénomènes électriques de la systole venir iculaire chez le chien {Ibid.^ xiii,
t*35). — Sur le tracé cardiographique et la nature de la systole ventriculaire (lôici., xiii, 711;.
— La pulsation du cœur chez le chien {A. B., 1887). — Inscription du choc du cœur au
moyen de la sonde œsophagienne (A. B., 1886, vu). — Cinq notes sur la pidsation cardiaque
inC. P., avril 1888, déc. 1891, juillet 1892 et fév. 1894. — Sur les pulsations de ia
veine cave supérieure et des oreillettes du cœur (BulL Acad. Belg., 1901, 126).
Vaisseaux. — De l'influence de la respiration sur la circulation. — 1. Sur les oscillations
respiratoires de la pression artérielle chez le chien. — 2. Sur les oscillations de la pression
sanguine dites périodes de Traube-Hering. — 3. Lascension inspiratoire de la pression caro-
tidienne chez le chien. — 4. Sur le ralentissement du rythme cardiaque pendant l'expiration.
Sur le pouls veineux physiologique [Bull. Acad. Belg., 1881, (3). 513, 626; 1882, iir :3.i.
:il, 117; XI, (3;>, 61 ; .1. B., 1882, m, 55 et 1890).— Was soll man unter denNamen Traibe-
llERi.\r.*5c/tc' Wellen verstehcn (A. B.. 1887, 351). — Procédé opératoire nouveau pour
^'étude phyMologique des organes thoraciqucs [A. B., 1885, vt, ni). — Sur l'existence d'un
rythme automatique commun à plusieurs centres nerveux de la moelle allongée (C. B., 1882,
FREDêRÎCQ (Léon)- — FRISSON.
%c\\', 92). — Sur la dtBCordance entre les v,i,na(ion& re^piratoinâ de$ presmrng intra-caroti'
diennê et êntra-thoracique {€. R,* IBBi, xciv, i4l ). — Versrhluns der iii>r Kopf&chiaQadern
beim Kaninchen ohnc Ki:5fitAt;L-TEXNRR*se/ie Krampfe [C. Ph,, 2'^ déc. 1804). — De l'action
phjsiolùyique dea mmlractionâ sanguinefi (Mém. Arnd, miHL Be/g*» 1896J, — Cùntributton
tt l'élude dû la fiHre ti^aumnt tque chez U ckien. Note ai/r la (itHre chez le lapin {BulL Acad.
m^d, BeUj., «882 et I88li, — Monvemcntii du cerveau (A, B., I88H, lij el 103).
Chaleur atûmalB. — Sur la régulation «/t* ta iemiteratuve diez It's animaux a sang chaud
(A. B,, IH82, m, 68,'i). — Nervcnsysiem und Wàiineprodaktiùn(A. g,/*.,sxiviii, 291). — La
courte diurne de ta température d€$ centres jm^veux mdoripares fonctionnatU ftoua Vinfluence
de la chalear [À, 13., ivii, .'HT). — Sur quelques procèdi^a nourcau.v de préparation de$
pièces anatomiquea seehes, [Bull, Acad. Belgique, }%un 187Ô). — [»€ Vinnocuité du contact
prolongé de rair ntmofiph trique avec le péritoine sain {Bull. Soc. m^d. Gand* \H1Ù),
Attiref fonctions. — iJanànie expérimentale comme procédé de dissociation de^ pro'
piiéten motrices et sensitiies de la moelle épiniere [Bult^Acad, Belg., xviu, 51; A.B.» ISÎM)).
— Une nouvelle fonction de la salive [Liv, juhiL Soc, mêd, Gand, 1884). — Myographe
{A, 6., 1882, i»j, 273). — Un nouret uréomètre {Livre jubii Soc. Biologie, 1899). — Sur
la signification physioloffique du sel de cuisine (Livre jubil, van BAitsEKis, 1890).
Exercices pratique a de physiologie, 1891. ^Manipulations de Physiologie, 1892. — ÉU^
ments de Physiologie humaine fen collab. avec M, Noël), 4* éd,, 1897. — Travaux du
tahoratoire^ i à vt (i8H:i-19rM;, reproduisant une parlie des mémoires cilés plos hiiul. —
Notice $ur le deuxième congrès international de Physiologie, Lièjçe, 1892. — TiïKODOftK
ScriWANN, 1884. Annuaire Acad. Bdg, et Revue scientifique.
FRISSO N, — Le fi'isson est un tremblement^ involontaire, convubif, rvllimique.
de la pliil»ait des muscles striés de l'organisme, accompagné d*yne sensation de froid.
On ne le confondra donc pas avec le tremblement qui n*est qu'une contrailiun mus-
culaire spasmodique el rythmi*]ue plus ou moins localisée, remplaçant la *:ootractiori
musculaire harmonique de IVlal normal. Pourtant on poutdéfmir Le frisson un tremble-
ment généralisé, dont la cause première n'est pas, comme dans le tremblement simple,
une incitation volontaire» mais une incilatioti organique soustraite à la volonté.
En deUors àv «^aelques» observations séméiologiques, d'ailleurs assez peu intéressantes,
faites par Ici^ anciens médecins sur le frisson fébrile, très peo de recherches ont été
faites sur le frisson. Je crois donc pouvoir me rapporter surtout au mémoire que j'ai
consacré au frissoti : Le fri^ison coifune appareil de régulation thermique (A. d. P., 1893,
312-326 et Trai\ du LaU. de Phy.sioL, nu 1893). Voye» auasî G. Bosai. Nota di grafica del
brivido {(lazz. dcfjii Ospcdafi, n"* 12:î, 1901).
Des diverses variétés de frisson. Gl&ssiflcatiûn. — Le frisson est dû, selon
toute évidence, à une excitation bulbo-méduUaire, laquelle commande alors aus^ilAt la
contraction convulsive et rythmique de tous les muscles de Torganisme. A ce compte
tous les frissons ne reconnaissent que la même et unique cause.
Mais cette incitation médullaire peut t>Lre provoquée par divers stîmulanls.
En premier lieu il y a les frissons psychiques, c'est-à-dire ceux dont la cause est un
phénomène psychique.
En second lieu, les frisaonn to.riques^ dans lesquels un poison quelconque, agissant
sur les centres nerveux, va produire la convulsion générale en forme de frisson.
En troisième lieu, le frisson thermique, âéierminè par un changeïnent de température,
soit de l'organisme lui-même, soit du milieu ambiant.
Frisson psychique. — C'est un fait d'observation vulgaire, que la peur fait trembler.
Dans ce cas le tremblement et le frisson se ressemblent beaucoup. On raconte que Baîlly,
allant à l'échafaud, frisson oait : m Tu trembles de peur, lâche, nlui dit un misérable quel-
conque... — « Non,^dit*tl,c'estde froid. »De fait il est impossible de distinguer le frisson
que produit le froid, et celui que provoque la frayeur. Claquement des dents, mouve-
ments rythmiques de tous les muscles, horripllation, etc., tout est identique.
Sur les animaux on observe le frisson psychique. Les cavaliers savent que souvent,
devant un objet qui les elTraye, les chevaux sont saisis par un tremblement convulsif.
Les physiologistes ont tous constaté le frisson des chiens qu'on met sur la table de vtvt*
8i6 FRISSON.
section. Il y a à cet égard de très grandes différences individuelles, et ce sont en fj^énéral
les chiens les plus intelligents qui frissonnent le plus. Les très jeunes chiens ne tremblent
jamais. Au contraire, les vieux chiens, spécialement les chiens à long poil, tels que
caniches et barbets, sont plus portés à frissonner que les autres. Alors ils se débattent
peu et tremblent de tous leurs membres sans aboyer, sans gémir, mais non parfois $ans
avoir envie de mordre. C*est surtout s'ils ont déjà subi une opération qu'ils soni
effrayés. Alors ils sont presque paralysés par la peur; et celte demi-paralysie coïncide
avec un tremblement général.
Je ne sais si d'autres animaux peuvent trembler de peur. Cela est très probable. Pour-
tant je ne connais rien d'analogue sur les lapins et les cobayes. Quelquefois* les lapins
attachés frissonnent; mais c'est un frisson thermique, car dans ces cas-là toujours la
température organique est au-dessous de la normale. Et quant aux oiseaux, si Ton prend
dans la main un oiseau, sa frayeur se caractérise par une respiration précipitée avec une
fréquence extrême des mouvements du cœur; mais je ne me souviens pas de les avoir
vus frissonner.
Une variété intéressante de ce frisson psychique, c'est le sentiment d*horreur que
nous fait éprouver telle ou telle émotion. Par exemple, l'odeur ou la vue d'un objet répu-
gnant amènent, en niéme temps que le dégoût, un frisson convulsif, qui, partant de U
nuque, court le long du dos, et nous secoue d'un tremblement coiïvulsif, involontaire et
passager. Le plus souvent ce frisson est accompagné d'une sorte d'érection des muscles
de la peau ou d*/iorripilation. Un récit émouvant, ou la lecture de tel ou tel passage
sublime ou héroïque, peuvent aussi provoquer ce phénomène. Frisson de dégoût, fris-
son de peur, et peut-être aussi frisson d'admiration, ou d'enthousiasme : c'est toujours
un frisson uniquement psychique, et, quoiqu'il s'agisse làd'un véritable frisson, ce frisson
-pécial diffère un peu des autres, en ce qu'il est très passager. C'est plutôt une rapide
et fugitive convulsion qu'un frissonnement prolongé.
En dernière analyse, ces divers frissons relèvent de la môme cause; c'est-à-dire, pro-
bablement, d'une excitation très forte du système nerveux psychique qui retentit immé-
diatement sur le bulbe et la moelle.
On reniarquera, en effet, que la sensation de froid et de frisson précède de quelques
fractions de seconde la contraction musculaire convulsive.
Frissons toxiques. — Le frisson toxique typique est le frisson fébrile; car il est
impossible d'attribuer à un phénomène thermique le grand frisson de la fièvre. En effet,
comme Gavarret l'a montré le premier dans une mémorable observation, c'est au
moment où la température est très élevée, quelquefois de 40® et de 41<», que survient k
frisson; et la sensation de froid, éprouvée par le malade qui fiissonne, n'est aucunement
en rapport avec sa température organique. D'ailleurs, dans nombre d'affections hyper-
thermiques non infectieuses, il n'y a pas de frisson.
C'est dans les fièvres les plus infectieuses que le frisson toxique est le plus marqu^^,
dans la fièvre intermittente notamment, ou dans l'infection urineuse, ou dans la septi-
cémie; il semble donc être dans une certaine relation avec le degré d'intoxication de
l'individu.
C'est à ces notions assez rudimentaires que se réduisent nos connaissances sur le
frisson toxique. Expérimentalement, sans que des recherches méthodiques aient élé
faites, on n'en sait pas davantage. D'ailleurs, rien n'est plus difficile que de provoquer
par l'injection de telles ou telles substances des phénomènes analogues à ceux de la
fièvre. Quant aux substances minéiales ou aux alcaloïdes organiques, ils ne déter-
minent jamais le frisson, quelle que soit la dose à laquelle on les injecte. En réalité la
lièvre, avec frisson, n'existe que rarement chez les animaux. Pourtant, d'après Chac-
VEAU {Comm, oraie), l'injection intra-veineusc de liquides septiques provoque chez les
ruminants un violent frisson, sans que la température propre de l'animal ait changé.
Le mécanisme de ce frisson toxique nous est encore inconnu. Par analogie nous
pouvons supposer qu'il s'agit d'une excitation bulbaire forte mettant en jeu les appareils
musculaires; et il est vraisemblable que c'est l'excitation par le poison de ces centres
qui détermine le frisson, comme l'excitation de certains centres par des poisons convul-
sivanls détermine la convulsion. Convulsion ou frisson ne sont, en effet, que deux moda-
lités très voisines d'un même phénomène excito-moteur des centres.
FRISSON.
Bscaraclèreî» de ce frisson toxjtjue sont bien couuus de Ions. Ils ne iiunileîU pas de
description spéciale. Notons seulement la prédilection de rexciUtion pour les muscles
iiiA^licateurs, si bien que le malade vtaqnt' ttes dents. Dans tous les fris.sons il en est de
m**me; la frayeur comme le froid font trembler tous les muscles, mais toujours de pré-
férence les muscles masticateurs.
Enlln il y a tous les degrés «le frisson : depuis le léger malaise d'une OèvTe légère,
dans lequel il y a sensation de froid (saii!* abaissement réel de température) avec une
petite horripilatiou, jusqu'au grand frisson de la septicémie, de la H^vto iiilermittente ou
de la pneumonie, dans lequel le malade tremble avec tant de force tjae le ht en est ébranlé.
Frissons tbermiqaes, — A. Dtatinciion du trisiou thermique réilexe et du trUson
thermique central. — Il y a lieu de Taire pour le frisson lu rinîmi^ distinction que j'ai
établie pour ta polypnée thermique et pouj' la sudation Ibermiquc. Eu elTet, detn cas
peuvent se présenter : l** la température organique ne se njodiOe pas, et des excitations
p«5riphériqueâ déterminent un frisson réflexe; t'' les actes réflexes étant abolis, il y a
abaissement de la température organique, et frisson de cause centrale.
Pour que la température de Tanimal soit réglée à un niveau conveuaLle, au niveau
normal, ce sont d'abord les actions réilexes qui a^L^issent, Et le plus souvent elles suf-
fisent. Que l'on entre dans une étuve k fio**. avant que la température du corps ait nionlt*,
il y a sudation (chez fhomme) et polypnée (chez le chien) précisément pour que la
tempéruture du corps ne s'élève pa5. Mais si, pour telle ou telle cause, ce mécanisme
régulateur n*a pas sofli, un auti'e appareil intervient pour produire la polypnée ou la
«udation ; c'est l'appareil bulbo-mcdullaire, sensible à une élévation de sa propre tem-
pératur*^, et réagissant par la polypnée et la sudation contre cet excès thermique.
H. Frisson réflexe. — Nous dirons qu'un frisson est réllexe quand il est provoqué par
une causti périphériijue, etfju'il n'y a pas de chan^çeraent dans la température même de
ranimai.
Le plus souvent l'excitation au frisson, c*est le froid. Ainsi on frissonne quand on sort
brusquement d*une chambre chaude pour entrer dans un milieu froid; on frissonne
quandf an sortir du bain, il y a refroidissement intense de la peau par évaporation de
Peau qui nous mouille.
Il ne parait pas que le frisson produit par le contact de l'eau trop froide ou par le
bain froid" coïncide avec on abaissement notable de la température organique (Lei-èviik).
En tout cas ai abaissement est trop failde pour être considéré comme la cause déter-
minante de ce frisson, à moins qu'on ne suppose, ce qui est peut-être vrai» une extréu>e
sensibilité des contres nerveux aux variations de leur température propre. Pourtant,
si Ton réfléchit que le frisson survient immédiatement, sans que l'organisme ait eu le
temps de se refroidir, et dés le début de l'immersion, on sera tenté de dire que fa
réponse rapide indique que c'est un phénontene réflexe^ et non un phénomène dû à un
changement de la température organique.
Le frisson réflexe se retrouve chez les animaux, et en particulier chez les chiens. Mais
nn peut Tobserver aussi très bien chez les lapins, les cobayes, les pigeons, qui sont
soumis au froid.
A la vérité, sur les grands chiens couverts d'une épaisse fourrure, on ne le voit que
rart'mentî mais, sur les petits chiens ou sur les chiens à poil ras, on l'observe pour ainsi
dire constamment. Que si Ton re^;arde un de ces petits chiens à poil ras qui ne pèsent
que 2 ou 3 kilogrammes, ou les verra en hiver, et même parfois en été, trembler et fris-
sonner sans cesse, mais surtout si on les attache de manière à les erap<^cher de courir
et de remuer* La température de Tanimal n'est cependant pas, ainsi que je m'en suis
.jiouvent assuré, inféricuie à la température normale; mais c'est le moyen qu'il emploie
'•pour se réchauffer, et c*est prérisérnent par le fait de ce frisson qu*il a une température
normale.
Le contraste est saisissant entre la manière d'être des gros chiens à longs poils et des
petits chiens à poil ras* Les gros chiens, dès qu'ils font quelques mouvements muscu-
laires, deviennent haletants et polypnéiques, tandis que les petits chiens sont toujours
tremblants. C'est que les uns perdent peu de chaleur, et ont toujours besoin de se refroi-
dir, alors tjue les petits chiens perdent beaucoup de chaleur, et ont toujours besoin de
se réchauffer.
84« FRISSON.
II faut remarquer aussi que It^ frisson réilexe peut se produire pendant le sommeil.
En elfot, les petits et jeunes chiens, si disposés au frisson, étant endormis, conlinuent
à frissonner. C'est un fait d'observation vulgaire, et facile à véritier. On sait d'ailleurs
que le sommeil n'abolit pas les réllexes, et qu'alors ils sont même parfois exagérés.
L'observation du frisson réilexe dans des conditions expérimentales déterminées e>t
assez délicate et sujette à bien des irrégularités. Ainsi, le plus souvent, un chien altachr,
au lieu de frissonner, se débattra, s'agitera; et ces mouvements vont le réchaaffer, si
bien que presque toujours la température d'un chien attaché s'élève, au lieu de diminuer,
par le fait seul de sa lutte contre les liens qui l'enserrent.
Comme, d'ailleurs, il est probable que, si les causes du frisson réflexe et du frisson
central sont différentes, les effets sont les mêmes, et les conséquences physiologiques
identiques, j'ai préféré porter mon attention surtout sur le frisson central, plus facile à
étudier.
C. Frisson central. — Si l'on attache un chien sur la table d'expérience, et notam-
ment un petit chien, on le voit souvent trembler et frissonner ; mais, pour s'assurer qu'il
ne s'agit |>as de frisson psychique, ni de frisson réflexe, il faut le chloraliser fortement.
Alors son frisson cesse complèloment, et il est, avec une dose suffisante de chloral, en
pleine résolution musculaire. En même temps sa température s'abaisse.
Mais, quand sa température est arrivée aux environs de 'A2^ ou 32*, un nouvetu
phénomène apparaît; c'est le frisson.
D'abord ce frisson n'est pas un tremblement total, général, qui prend tous lesroascles
de l'organisme pour les secouer par de violentes contractions ; c'est une légère modifi-
cation du rythme respiratoire.
Chaque inspiration s'accompagne d'une sorte de contraction des muscles du corps,
muscles du cou, du tronc, des membres antérieurs, des membres postérieurs, qui ne ser-
vent ni les uns ni les autres à la ventilation pulmonaire. Chaque fois que l'animal ins-
pire, il contracte les muscles de son corps, et la môme stimulation des centres nerreux
qui a pour efTet une inspiration va déterminer une contraction d'ensemble, une sorte de
convulsion passagère, dans les muscles non respiratoires.
Par le fait de ce commencement de frisson, la température, qui baissait, cesse de
baisser. Elle reste à peu prrs stationnaire, eteu inérne temps les inspirations qui accom-
pagnent le frisson deviennent de plus en plus fortes ; puis, même sans que l'animal se
réveille, elles se prolongent de plus en plus, fînissant par empiéter sur toute la période
qui sépare deux inspirations, quoiqu'elles gardent toujours une intensité plus grande au
moment de l'effort inspiraloire.
Enfin, à une période un peu plus avancée, c'est un véritable frisson, et alors la tem-
pérature remonte, et l'animal, encore très engourdi, se réveille peu ù peu. Mais jusque-
là il dormait : et sa température était déjà remontée, alors que nul phénomène d'acti-
vité musculaire, en dehors de ce frisson, ne s'était encore produit.
On voit d'abord par là que le frisson suffit pour relever la température ; car on ne
peut invoquer aucune autre cause pour expliquer que la température non seulement
cesse de baisser; mais même se relève.
La cause de ce frisson, c'est, selon toute vraisemblance, l'abaissement de température
des centres nerveux. De même que réchauffement de ces centres détermine la polypné**,
de môme leur refroidissement détermine le frisson; car le bulbe, qui est le régulateur
thermique, réagit au froid par le frisson, qui produit de la chaleur, et réagit à la chaleur
par la polypnéc (ou la sudation) qui produit du froid.
Ayant déterminé exactement le degré thermique (4i<'7} auquel se produit chez le
chien la polypnée de cause centrale, j'eusse désiré déterminer de même le degré ther-
mique auquel se produit le frisson de cause centrale. Mais une difficalté s'est présentée,
qui ma paru presque impossible à résoudre: c'est qu'il faut chloraliser ou chloraloser
les chiens pour déterminer chez eux l'abaissement thermique nécessaire. Alors, comme
ces frissuns modifient, proportionnellement à leur dose, l'excitabilité bulbaire, on com-
prend que le frisson commencera plus ou moins tôt, et sera plus ou moins intense.
srlon que l'intoxication sera plus ou moins profonde. Quand la dose de chloral est très
forte, à la limite de la dose mortelle, à peu près O'^'^V.*» par kilogramme, il n'y a plus
de fn>>un, ni réilexe, ni central.
FRJSSON-
U9
l*our voir apparaître le frisson aux environs île 34\i1 faut une dose de cbloral voisioè
de 0«%3.
D^ailleurs, ïe chloraïose estmieaic adaplê pçul-<^lre à cette expérience que le cliloral:
lar rexcitabiJilé^médullaire est beaucoup moins diniinu<^e.
8
S
.12
3
^ r
2 Ê
2 S
ÏK Phénomènes chimiques et échanges gazeux respiratoireadanale frisson therisique^ —
J*ui cherché à savoir ce que deveiiHJcnt les éclianges chez le^ animaux rrissonnauls.
Il eût été désirable d'eïpérimt^nler sur les chiens non chloialisé:), mais alors h\ (Vissan
est trèî» intermiltent el irrégulier; de sorte que cela ne pennet aucune conclusioiu 11 a
DICT- Di; HIY310L001E — TOME VI. (ît
«50 FRISSON.
donc falla comparer entre eux des chiens chloralisés ; et parmi ceax-là ceux qui frisson-
nent et ceux qui ne frissonnent pas.
Voici la comparaison (pour le CO' en poids par kilogramme et par heure) chex les
uns et les autres. Gomme ces chiens étaient de différentes lailles, et que le CO^ excrété
par kilogramme est inversement proportionnel à la taille, on a mis en face du chiffre
obtenu le chifTre théorique se rapportant à la quantité de GO^ excrété normalement
par des chiens de même poids, d'après le tableau demi-schématique 'que j*ai dressé
dans un travail antérieur {Trav, du Lab., i89o, 1,532).
CO* du <
:hien chloralisé.
CO* (oD grammes;
C0« du chien normal.
Le chien normal ayant 100.
Chiens chloralisés.
grammes.
1. . . 0,234
1,250
20
2. . . 0,450
1,185
38
3. . . 0,187
1.300
1
4. . . 0,288
1,260
43
Quelque disparates que soient ces quatre expériences, elles peuvent cependant com-
porter une moyenne: soit, si le chien est profondément chloralisé, 100 étant la normale
du CO^ excrété à l'état de veille; cette quantité sera sensiblement de 25 pendant la chlo-
ralisation sans frisson.
Mais, si le chien frissonne, la quantité de CO^ croît beaucoup. Voici six expériences
daos lesquelles, pour des chiens de 10 kilogrammes, chez qui par conséquent le poids
de CO'^ par kilogramme et par heure était de i8',250, le CO* excrété a été :
0,630; 0,3i2; 0.688
0,875; 1.203; 0,645
Ces chiffres nous donnent une moyenne de 0,72; ce qui fait, en rapportant à 100 le CO'
de l'état normal, un chiffre de 58 p. 100^. Donc, dans le frisson de l'animal chloralisé. la
quantité de CO* s'est élevée; mais elle n'est pas encore aussi forte que la quantité de CO-
normalement excrétée. 11 faut donc, conséquence assez importante, p6ur qu'un chien
chloralisé puisse se réchauffer, qu'il frissonne avec une très grande force.
Dans un cas de frisson violent la production a dépassé beaucoup la moyenne. Elle a
ét«'" de iP%9o au lieu de 1^^,25. Alors on voyait, en même temps que le frisson et le taux
croissant du CO* excrété, s'élever la température du chien, et on assistait ainsi à la
démonstration formelle de la corrélation très simple qui unit ces trois phénomènes,.
contraction musculaire, combustion du carbone et réchauffement du corps.
Le quotient respiratoire tend aussi à s'élever, ce qui est l'indice d'une combustion des
hydrates de carbone, qui brûlent dans le muscle. Mais la différence est assez faible.
Pendant et
Kxpéricucos.
Avant le frisson.
après
1 lo frisson,
1
0,70
0,84
2
0,55
0,63
3
0.77
0,79
i
0,87
0,84
5
0,74
0,69
6
0,75
0,81
Moyenne. .
. . . 0,73
0,77
Une expérience intéressante établit une analogie évidente entre les conditions de la
polypnée thermique et celles du frisson thermique. En effet, comme je l'ai montré jadis,
si Foxygénation du sang qui irrigue le bulbe n'est pas parfaite, il n'y a pas de polypnée
thermique. Ce phénomène de régulation respiratoire ne peut avoir lieu que si la fonction
chimique respiratoire est complètement satisfaite. De même pour le frisson thermique.
Si Ton commence à asphyxier un chien qui frissonne, au moment où Tasphyxie com-
mence à s'établir, ce qui est rendu manifeste par la coloration violacée de la langue, le
frisson cesse, et il ne reparait que lorsque quelques inspirations d*air pur auront rétabli la
teneur normale du sang en gaz oxygène et anhydride carbonique. Ainsi la cessation du
frisson était bien dne au phénomène chimique de l'asphyxie, et il n'y a de frisson ther-
FRISSON.
051
miqtie, comme il ny a de potypiiée Uiermiqoe, que si U fonction fondamentale de la ne,
c'est-à-dire la saturation du sang en oxygène, est complè-lenieiit satisfaite (Cn* BictiKT.
D€B phénomènes chimiques du fmaon, B. B,, 1S93. 33-35).
Dan» ses expériences sur le ri'chaufTement des animaux hibernants, R. Dl'bojs u
observé des tremblements nmsrnïaires corrélatifs à Télévation de la température primi*
tivement basse {Sur le fviê^on mmathiire :h€z Vanimal qui se réchauffe automatiquçment,
B. /?.» 1B^4» 115-117. Ch, HicHET. Le frisson musculaire comme procédé thcimogéne, ibiii.,
18H» 151). Mais il ne pense pas qu'il s'agisse là d'an procédé de réchautTemenL KncfTel,
comme il le dit lui-même, ces trémulations ne ressemblent pas au grelottement du
cbien» du lapin ou de Thomme qui ont froid: ce sont des trémulations locaîisées, inter-
mittentes, dues ppul-êire à la circulation d'un sang plus chaud ou différemment oxy-
géné. Pom lui le mécanisme du récliauffement de la marmotte consiste dans les phéno-
mènes chimiques inlm-hépatiques dont il a démontré la réalité^ et non dans le frisaou.
11 me parait cependant que, si ces trémulations sont impuissantes à réchauffer l'hiber-
nant, on ne peut les comparer aiii grands frissons des animaui non hibernants qui se
réchaulTent : et rien ne nous autorise à assimiler les faibles trémulations Jibrillaires de
lamarmoite im voie de réchauffement au vrai frisson du chien refroidi. J'admets d'ailleurs
comme parfaitement plausible que le procédé de réchautTement n*est pas unique, et il
me paraît légitime de supposer que, parallèlement à l'activité croissante du foie dans
ses combustions chimiques, iJ n*y aurait aussi, concourant au même but, la contraction
généralisée de tous les muscles de l'organisme.
Le frisson thermique nous apparaît donc comme le procédé que la nature a employé
pour ohlenirlerécbautFement autiîinatique involontaire des animaux refroidis. Le plus
souvenl le frisson rt'tlexe suffit. « Lorsque le corps, dilL. FREi>ERiCQ {Arch, de BioL, 1882,
m, 7ri9}, est exposé au froid, on ressent un certain dej;îré de raideur dans tous les mus-
cles du corps; ceHe-ci se lie intimement au Ireniblemént invotonlaire qui survient pnr
voie réflexe lorsque Taction du froid est poussée plus loin, La lension augmente, et finit
par "^e transformer en un tremhlement intermillent. ■> Mais que ce frisson rétlexe soit
insuffisant, alurs les centres eux-mêmes réagiss^^nt; car ils sont excités par l'abaissement
lie leur température propre, et l'animal frissonne, parce que ses centres nerveux refroi-
dis comniiindent des contractions musculaires généralisées, de mantt'i^ à faire de la
chaleur et â produire la lpn»pérature (|ui h^ur est nécf'ssair«\
Du frisson envisagé au point de vue de son mécanisme. — L ne des caracté-
ristiques du frisson, lorsqu'il est à ses débuts, c*est d'accompagner les inspirations, et
de cesser à peu près complètement dans l'expiration et dans les pauses respiratoires, Lr
faitaune certaine importance, au point de vue de la cause qui détermine le frisson. Il est
en effet permis de supposer que dans le rytlime respiratoire il y a une période de plus
grande excitabilité, qui se traduit par rincitalion inspiratoire, et une période de moindre
excitabilité qui succède à la phase d'excitation excito-molrice de la respiration. Si donc
l'animal frissonne pendant riiispiration, c'est qn*à ce moment les centres encéphalo-
raédullaires sont dans un état d*excitabîlité accrue.
Les excitations réllexes modifient le frisson en agissant sur les centres nerveux qui
commandent aux muscles. SI & un chien refroidi et frissonnant on fait une aspersion
d'eau chaude, on arrêtera soudain tout tremblement. Il est clair que ce n'est pas le
réchaulTcnient qui a agi ; car la température rectale, à la suite de cette passagère
aspersion d*eau chaude, jfa pas été sensiblement modifiée, et, tout de suite après, le
frisson reparaît, comme précédemment {Voy. la fig, 3, p, 319 de mon mémoire).
On ^ait qu'il en est de même pour la polypnée thermique. Des excitations rétîexes la
modifient, quand elle n'est pas trop intense: une eicilation douloureuse, par exemple,
ou une déglutition.
De même aussi tes incitations volontaires peuvent modilier le frisson. Boebi donne
un graphique de frisson pris sur un malade atteint de fièvre quarte (fig. 7, trace 32) oti
on voit le frisson complétemenl arrêté, pour quelques secondes tout au moins, par la
volonté. De sorte que le frisson, commandé parles centres bulbaires, peut être certaine-
ment arrêté ou diminué par les incitations réflexes de la périphérie sensible, ou les inci-
tations volontaires de la périphérie cérébrale,
J*ai pu montrer, par une expérience très simple, que le frisson est bien un phénomène
852 FROID. — FRUCTIFICATION.
bulbaire. En effet, sur un chien chloralisé et fiissonnant.j'ai coupé la moelle épinière au
niveau de la première vertèbre dorsale. La respiration a continué ; mais le frisson acessé
subitement, et, au bout de quelques minutes, on a pu constater, dans les muscles du cou
animés par des nerfs dont Torigine est supérieure à la septième cervicale, que le frémis-
sement n'en avait pas disparu, et qu'il continuait à se faire d'une manière rythmique.
Il était très intéressant de mesurer la fréquence des contractions musculaires du
frisson. C'est une recherche très facile, et il suffit d'inscrire les contractions sur un cylin-
dre enregistreur en les chronographiant. J'ai trouvé sur le lapin et le chien des chiffres
variant entre iO et 12 par seconde, ce qui coïncide absolument avec la période propre de
la contraction du système nerveux (A. Broca et Ch. Richet. Période réfraclaire duns les
centres nerveux. Trav, du Làh., 1902, v, 128). Ce chiffre coïncide avec le nombre maxi-
mum des contractions volontaires pouvant être exécutées par seconde, qu'il s'agisse du
bulbe ou de l'écorce cérébrale. Il semble donc que la période des centres nerveux soit la
même, c'est-à-dire de 0",i environ. D'autre part Herringham, étudiant les tremblements
pathologiques {On muscular tremor. J, P., 1896, xi, 481) a trouvé un rythme de 0, 10, 11,
12 par seconde; et BoERi,dans ses études sur le frisson des malades, a trouvé des chiffres
variant entre 8 et 12 par seconde.
CHARLES RICHET.
FROID. — Voyez Chaleur, m, 8i.
FRUCTI FICATION. — Pendantque les ovules se transforment en graines,
les parois du pistil éprouvent des modifications qui le font transformer en fruit : c'est
le phénomène de la fructification. X ce point de vue purement physiologique, les fruits
peuvent se grouper naturellement en deux catégories :
1° Les fniits seca ou les parois des carpelles ne s'accroissent que jusqu'au moment
où les graines parachèvent leur maturité. A parlir de ce moment, les matières nutri-
tives y contenues émigrent dans les graines ou dans le reste de la plante, en même temps
que les parois se dessèchent. Dès lors, les uns s'ouvrent (capsules, gousses, siliques, etc.),
les autres restent telles quelles et tombent avec la graine, à laquelle ils constituent une
enveloppe protectrice (Akènes, etc.).
Le mécanisme du dessèchement [des parois est encore mal connu et mériterait de
nouvelles recherches, tant au point de vue anatomique qu'au point de vue de la phy-
siologie et de la chimie. On sait seulement que, dans certains pédoncules, il se produit
un tissu cicatriciel comme ceux des pétioles au moment de la chute des feuilles.
Le procédé par lequel s'ouvrent les capsules est mieux connu, grâce aux recherches
de Leclerc du Sablon (Thèse de Paris, 1884).
11 résulte de ses études que les deux propositions suivantes suffisent pour expliquer
tous les cas de déhisi-ence qu'on observe sur les fruits secs : 1° Les fibres lignifiées
se contractent moins dans le sens de leur longueur que dans une direction perpendicu-
laire; 2« Des éléments cellulaires de forme quelconque lignifiés se contractent d'autant
plus, toutes choses égales d'ailleurs, que leur parois sont plus épaisses.
La structure des fruits déhiscents fournit de nombreuses vérifications de ces propo.
sitions, qu'on peut d'ailleurs démontrer expérimentalement. Dans un copeau de bois
mince ethomogène taillé perpendiculairement à la direction des fibres, on découpe deux
rectangles plans de même dimension, la direction des libres étant parallèle au petit côté
de l'un et au grand côté de l'autre; on les imbibe d'eau séparément, puis on les colle
l'un contre l'autre, de façon qu'ils coïncident dans toute leur étendue et que les fibres
de l'un soient. dans une direction perpendiculaire aux fibres de l'autre; on les laisse
ensuite se dess^'clier. On voit alors le système, d'abord plan, se recourber de telle manière
que la partie convexe présenta ses fibres parallèles à la ligne de plus grande courbure.
Un plan passant par cette ligne coupe donc les fibres de la partie annexe parallè-
lement à leur direction et celles de la partie concave perpendiculairement.
C'est, en général, suivant le sjrand cùté du rectangle qu'on observe la courbure ; mais
il ost évident qu'elle a les mômes raisons de se produire suivant le petit côte. Le même
copeau peut même présenter à la fois les deux courbures, autant que sa forme primitive
peut lui permettre de le faire sans se déchirer, hji l'on rend au copeau l'eau qu'il a perdue,
FRUCTIFICATION.
8S3
¥
il se redressera, el on pourra, en l*liiimecUut et le desséchant alteruativeinenl, le faire
se recourber ou se redresser autant de fois qu'on voudra.
La seconde proposition, énoncée plus haut, est siisceptibje d'une démonstration ana-
logue : on prend deux copeaux de boi^ dont Tun est composé de cellules h parois plus
i^paisses que l'autre et, autant que possible, semblables d'ailleurs : on \ef> laisse -'iutbi-
lier d'eau, puis on len colle l'un contre l'autre, de façon à les faire coïncider daus toute
leur retendue.
En laissant le système des deui copeaux se dessécher, on les voit se recourber, et
c*est celui qui renferme les cellules aux parois b?9 plus épaisses qui se trouve sur la face
concave, et qui, par conséquent, s'est contracté le plus. Il va sans dire qu'en reprenant
la quantité dVau qu'ils ont perdue, cescopeaux se dilatent comme ils s'étaient contractés
en se deâsécbanl el reprennent leur forme primitive. On peut donc conclure que les cel-
lules se contractent d^autant plus par la dessiccation que leurs parois sont plus épaisses*
n est assciediKieile de se procurer des» copeaux remplissant les conditions nécessaires.
Le meilleur moyen consisle à choisir un arbre, tel que le Frêne où le Mûrier, où les élé-
ments li;»neui formés en automne soienl plus petits et à parois beaucoup plus épaisses
que ceux formés au prinlemps. On fait avec un raicrolome une coupe transversale d'une
assez grande étendue, et c'est daus cette coupe, présentant plusieurs couches annuelles,
qu'on peut découper des copeaux formés uniquement d*éli*men!^ à parois minres ou à
parois épaisses. Si Ton prenait des copeaux sur des arbres dilTérents, il serait à craindre
que la structure ou la composition ebimique du bois ne fût pas la môme dans les deux
copeaux. On ne saurai! alors s'il faul attribuer la ditTérence de conlraclion a la dîiïérence
d'épaisseur des parois ou à une autre cause.
Dans sa thèse, Leclerc du Saulon indique un certain nombre d'expériences faites
pour montrer que la débiscence des fruits secs est produite par la dessiccation.
Le;^ prolongements fibreux qui surmontent chaque carpelle de ÏErodium peuvent,
mieux que tout anlre exemple, montrer cette influence de rhuniidilé sur la déhiscenoe*
Os prolon'îenients, on le sait, s'enroulent en spirale d'une façon assez complexe; si on
les plonge dans de Teau on dans une almosphère saturée d'bumîditéron les voit aussitôt
se dérouler et reprendre la forme primitive; si on les laisse se dessécher, ils s'enroulent
de nouveau. On peut recommencer l'expérience aussi simvent qu'on vent avec le raôm&
carpelli' sans que les liumeclations et les dessiccations alternatives fassent rien perdre de
leurs propriétés aux tissus. Il n'est pas nécessaire, pour que reipérience réussisse,
d'opérer sur un fruit récemment ouvert; un filet tïKrodium enrouir- depuis plusieurs
années peut encore se dérouler en reprenant la quantité d'eau suffisante. Dans ce cas, il
est bon d'employer de l'eau chaude : le résultat est obtenu beaucoup plus promptemenL
Pour humecter les tissus et empêcher amsi la débiscence, on peut remplacer Teau
par d'autres liquides, des acides, des bast^sou même de l'ai cooL Mais, si l'on met dans la
glycérine un fruit non encore ouvert, on voit la déhiscence se produire comme (par la
dessiccation. Si l'action se prolonge, cette inïluence de la glycérine semble en quelque
sorte changer de sens : le fruit se ferme peu à peu et reste délinilivenient fermé si les
circonstances restent les mêmes. Ces tleux résultats successifs, et en apparence contra-
dictoiresp peuvent s'expliquer facilement par la double i^ropriété qu'a la glycérine d*élre
avide d'eau et d'avoir un faible pouvoir d'imhibilion. En elîet, si Ton plonge un fruit
imbibé d'eau dans la glycérine, l'eau des tissus est d'abord absorbée par la glycérine sans
être remplacée par un autre liquide; l'elTet produit est donc le niéme qoe si l'on dessé-
chait le fruit. Mais, au bout d'un certain temps, la glycérine mêlée à l'eau imbibe peu à
peu les parois des cellules, et le fruit, de nouveau humecté de liquide, se referme.
Une des principales causes qui activent la dessiccation du fruit est l'élévation de tem-
pérature. Cest en effet pendant Tété- et au moment te plus chaud de la journée que les
fruits s'ouvrent le plus fréquemment. On peut d'ailleurs, en approchant un fruit d'une
source quelconque de chtiluur, provoquer la déhisLenci^ ou l'augmenter lorsqu'elle s'est
déjà produite. L'expérience est surtout frappante avec des capsules de ricin ou d'euphorbe
qui s'ouvrent avec explosion lorsqu'on les porte à une température sufhsamment élevée.
Il est difficile de préciser la température nécessaire a la déhiscence d'un certain fruit;
car cette déhiscence dépend, comme nous le verrons, de bien d'autres circonstances
qu'il est impossible d'apprécier avec exactitude.
su FRUCTIFICATION.
On peut se rendre compte de cette influence de la chaleur sur l'ouverture des fruits,
en remarquant que l'élévation de température favorise Tévaporation de Teau renfermée
dans les tissus, et par conséquent active la dessiccation ; mais la chaleur a-t-elle sur la
déhiscence une action propre indépendante du dessèchement qu'elle produit? on ne
peut le conclure des expériences que j'ai citées, où les fruits s'ouvraient sous l'action de
la chaleur, car on ne sait pas si l'on doit attribuer le résultat obtenu seulement au dess *}
chement produit par la chaleur, ou en partie à la chaleur elle-même.
Le meilleur moyen d'isoler, ces deux causes consiste à opérer à des températures
différentes, sans changer l'humidité du fruit. Pour être certain qu'en changeant la tem-
pérature, on ne change pas aussi la quantité d'eau renfermée dans les tissus, il est com-
mode de n'observer que des fruits complètement desséchés ou plongés dans l'eau.
Dans une première série d'expériences on mettra donc des fruits déhiscents dans de
l'eau à des températures différentes. Si, par exemple, on met dans de Teau bouillante
une valve de Spartiumjunceum, elle se déroule rapidement, et reste immobile lorsqu'elle
a atteint une certaine position limite.
Transportée dans de l'eau à zéro, cette valve éprouve un léger changement de forme *
elle commence à s'enrouler comme si elle se desséchait; mais ce mouvement est faible
et il faut une certaine attention pour l'apercevoir. Les fruits d'Erodium peuvent donner
des résultats analogues; le fllet qui surmonte chaque carpelle est un peu moins recourbé
dans Teau chaude que dans l'eau froide.
Il résulte de ces expériences que Taction de la chaleur, lorsqu'elle est isolée, tend à
empêcher la déhiscence. On peut cependant supposer que les tissus ont un pouvoir
d'imbibition plus fort dans l'eau chaude que dans l'eau froide, et que c'est à une perte
d'eau qu'on doit attribuer le commencement d'enroulement qu'éprouvent les fruits dans
l'eau froide.
L'expérience suivante, faite sur un fruit complètement desséché, est à l'abri de cette
objection. On flxe sur un morceau de liège ou tout autre support un carpelle à*Erodium,
de façon à pouvoir en suivre facilement les mouvements; on met le tout sous une cloche
bien fermée dont l'atmosphère est desséchée avec de la chaux. Le carpelle perd alors
presque toute l'eau qu'il contenait et acquiert une certaine forme qui reste la même tant
que la température ne change pas. Si l'on élève la température, l'enroulement diminue;
il augmente, au contraire, si l'on produit un refroidissement. L'action de la chaleur,
complètement isolée dans cette expérience, est donc la même que celle de Thumidité,
c'est-à-dire contraire à la déhiscence.
Nous avons vu que dans la nature il n'en était pas ainsi : les fruits s'ouvrent sous
l'influence de la chaleur; c'est que l'action propre d'une élévation de température est
beaucoup plus faible que l'action indirecte qu'elle exerce en desséchant les tissus, et c'est
seulement le résultat de ce dessèchement qu'on observe dans la nature.
11 était facile de prévoir qu'une élévation de température produirait le même effet
qu'une augmentation d'humidité. En effet, les mesures qui ont été faites sur la dilatation
des tissus végétaux sous l'action de la chaleur montrent que celte dilatation se produit,
notamment pour ce (jui concerne les fibres, suivant les mêmes lois que la dilatation
résultant de l'imbibition.
Si une cellule à parois épaisses se contracte plus qu'une cellule à parois minces, il
en sera de même des parties de cellules qui se contracteront d'autant plus qu'elles
seront plus épaisses. Si donc, dans une assise de cellules, l'épiderme extérieur d'un
fruit, par exemple la partie externe des parois, est plus épais que la partie interne,
la partie externe se contractera davantage en se desséchant et se trouvera sur la face
concave de l'assise recourbée.
Tous ces résultats ne s'appliquent qu'aux éléments lignifiés qui, par leur consistance
et leur rigidité, se prêtent le mieux aux expériences. Les tissus non ligniflés renferment
en général beaucoup plus d'eau et se contractent beaucoup plus par la dessiccation.
Mais, comme leur consistance est faible, ils peuvent se déchirer ou se mouler sur les
parties plus dures dont ils suivent les mouvements, loin de les diriger.
Les exemples sont nombreux qui viennent à l'appui de cette manière de voir.
Sur une capsule de Ricin desséchée, on voit en effet la couche de parenchyme mon,
qui recouvre la partie ligneuse, séparée en six bandes étroites qui couvrent à peine la
FRUCTIFICATION.
85&
I
tuoitit* de ta surface du fruit. La plupart du lemps ce dêchiremeDl ne 96 produit pas,
grâce â Tadliéreuce des tissus voisins. La couche de parenchyme, dont ta contraction
tangentïelle est ainsi g^née, dimiaue en revanche d*épaj*wur d'une façon trt^s notable.
C'est ce qu'oa peut observer aur la plupart des capsules, telles que celles de la Scrofulaire»
de VAntirrhiniimt etc.
2* Dans les fruits chamm le!* parois des carpelles s'accroissent jusqu'au moment où
te fruit tombe et se remplissent de matières nutritives, de sucres en particulier, Mênwî
après, ceti parois éprouvent des modifications chimiques qui en constituent la a nialu-
ralion », Les ptiénomènes qui accompagoenl celte dernière ont été étudiés en dernier lieu
par GeaiiEH \ Thèse de Paris, 26 juin JSÔT),
Dans ses recherches sur la respiration des fruits» OKaKER a adopté la méthode de
l'uir conliné- Mais, comme les fruits doivent si>jonrncr souvent plusieurs mois dans les
appareils et que ces derniers sont soumis k de fréquents déplacements, il a dû chercher
à b«s simplifier le plus possible, tout en leui donnant le tnaiimum do solidité et à éviter
Tinlluence probable des vapeurs mercurielles.
n Un tlacon cylindrique en verrre à large ouverture est fermé par un bouchon de
liège que Ton a maintenu longtemps dans la paraffine fondue; celle-ci obture les pores
du bouchon et la chaleur à laquelle le liège se trouve soumis dans le bain de paraffine
est suffisante pour le stériliser.
i* Le bouchon présente trois ouvertures. Dans Lune est engagé un thermomètre des-
Une à indiquer la température de ratmosphère du llacon.
« A travers la seconde passe un tube de verre sVnfonçant jusqu*à la moitié de la
hauleur du tlacon^ recourbé à angle droit à sa partie supérieure et présentant dans la
branche horizontale un élranglement contre lequel vient buter un tampon de ouate; son
eilrémité libre est coiffée d*un tube de caoutchouc pouvant être fermé au moyeu d'une
baguette de verre pleine. La troisième ouverture porte un tube recourbé comme le pré«
cèdent, mais dont la branche verticale dépasse à peine la surface inférieure dti bouchon;
la branche hoii/^ontale du tube est munie d'un robinet à trois voies qui permet de le
faire communiquer, soit avec un manomètre à mesure, soit avec le tube horizontal qui
porte, lui aussi» un étranglement et un tampon d'ouate. Pour éviter Taclion des vapeurs
mercurielles, nous avons pris la précaution de recouvrir d'ooe mince couche d'eau la
surface a de la colonne mercurielle.
ii Les deux tubes et le thermomètre sont stérihsés à rauloclave et enfoncés dans le
bouchon au moment où celui-ci est relire de la paraffine, et l'ensemble est placé chaud
encore sur le llacon stérilisé. Dans ce dernier, se trouve déjà le fruit lavé à l'eau boriquée,
puis h Teau stérilisée, ainsi qu'un petit tube contenant quelques centimètres cubes d'ettu
destinée à maintenir ratmosphère constamment saturée d'humidité,
« Le bouchon est enfoncé suffisamment pour former avec le Imrd du llacon une cuvette
que l'on remplit de paraffine fondue, en même temps que l'on établit un vide partiel
dans Tappareil, de façon à faire pénétrer celte sni^stance dans les interstices qui peuvent
exister.
« Aux températures de 20**, 30*, 33* auxquelles nous avons opéré» il ne se produit pas
de lissures dans la paraffine, et le manomètre nous a toujours montré que la fermeture
de nos appareils restait parfaite pendant toute la durée de l'expérience.
« Mais, pour les expériences faites à 0% il n'en est pas ainsi| et nous avons dû recourir
alors au bouchon de caoutchouc.
t< Le tube C du llacon ainsi préparé est alors mi» en communication avec une trompe
À eau, le robinet â trois voies d étant disposé de telle façon que l'air extérieur puisse
pénétrer par les tubes Cet D dans le llacon et en renouveler l'atmosphère.
•* On sépare ensuite l'appareil de la trompe; on ferme le luhe C au moyen de ta baguette
de verre, puis on oriente le robinet d de façon à intercepter la communication entre
fair extérieur et l'atmosphère du flacon et h l'établir entre cette dernière et le mano-
mètre. L'appareil est alors prêt à être placé à l'étuve.
« Prises de gax. — Chaque fois qu'il est nécessaire, pour analyser l'atmosphère du
flacon^ d'en prélever un échantillon, nous mettons le tube en communication avec Tap*
pareil semblable à celui qwi a servi dans les [expériences de f». Bon:nier et Mancin. Le
fonctionnement de cet appareil est trop connu pour que nous y insistions davantage.
856 FRUCTIFICATION.
« Si Talmosphère inlernc des plantes ordinaires est assez réduite, et si les dimension:»
do leurs lacunes sont assez fortes pour que le mélange mécanique de celte amospbèn*
avec Tair confiné ne modifie pas sensiblement la composition, comme l'ont établi los
savants précédents, il n'en est pas de môme pour les fruits dont Tatmospb^^re internt-
est beaucoup plus développée. Il faudrait donc, avant chaque prise de gaz, efTectuer un
brassage avec l'appareil qui sert à prélever les échantillons, pour amener le mélange
de l'air contenu dans les fruits avec Tair confiné qui les entoure. Mais l'épaisseur con-
sidérable des fruits, les faibles dimensions de leurs méats intercellulaires, font que c^
mélange est impossible à réaliser d'une façon parfaite. Aussi avons-nous dû tourner la
difficulté de la .façon suivante :
« Supposons que nous venions d'effectuer, sans brassage mécanique préalable, l'ana-
lyse (\) de l'air confiné après un certain temps de respiration du fruit. Nous renouve-
lons cet air, et en efTectuons ensuite l'analyse (B), le tout assez rapidement pour que,
pendant ce court intervalle de temps, les gaz internes du fruit n'aient pas pu difTuser
sensiblement à l'extérieur. Le fruit est alors remis à l'étuve. Au bout d'un temps de res-
piration tel que que la composition de l'air confiné soit redevenue à peu près ce qu'elle
était lors de l'analyse (A), nous efi'ectuons une troisième analyse (C).
< A ce moment la composition des gaz contenus dans le fruit est sensiblement la m^me
qu'au moment de l'analyse A, et, nar suite, de l'analyse B, c'est-à-dire qu'au début de la
nouvelle expérience. Nous pouvons donc admettre que les volumes de gaz carbonique
déf2:agé et d'oxygène absorbé indiqués par la comparaison des analyses G et B sont bion
( eux qui résultent de la respiration du fruit dans l'intervalle de temps compris entre ce>
deux anal3'ses.
u Cette façon d'opérer pn*sente les avantages suivants :
u \** Les opérations sont beaucoup simplifiées;
« 2" Nous n'avons pas, dans la détermination des échanges gazeux qui se produisent
entre les fruits et l'atmosphère confinée, à tenir compte des fiaz contenus dans les méats
intercellulaires et dissous dans le suc des fruits, puisque leurs volumes sont les mêmes
au début et à la fin de Texpérience. — Nous évitons donc de ce chef une grande incer-
titude sur l'évaluation de ces volumes, évaluation que nous serions obligé de faire, si
nous employions le brassage mécanique. «
Voici les conclusions auxquelles arrive Gerber :
« 1. Contrairement à ce que l'on observe dans la respiration des plantes ordinaires,
les fruits charnus sucrés dégagent, à certaines phases de leur développement, un volume
de gaz carbonique supérieur au volume d'oxygène qu'ils absorbent dans le même temp>.
et présentent, par suite, un quotient respiratoire supérieur à Tunité.
« II. Ge quotient respiratoire spécial a une origine et des allures différentes suivant le
degré de la maturation des fruits et les principes chimiques que ceux-ci contiennent.
Nous sommes ainsi amené à distinguer deux catégories de quotients supérieurs a
l'unité.
« Les uns sont dus à la présence des acides : ce sont les quotientfi d'acides. Les autres
sont dus à rinsuffisanc<> de la quantité d'air qui parvient aux cellules et à la production
d'alcool qui en est la conséquence : ce sont les quotients de fermentation,
u III. Les quotiniis d\tcidrs se présentent toutes les fois que les fruits qui contiennent
des acides : citrique, tartrique, malique, etc., se trouvent à une température supérieure
à un certain degré.
'< La limite inférieure à partir de laquelle se manifeste le quotient d'acides est assez
éhîvée (30®) pour les fruits acides tartrique et citrique; elle est moins élevée ' ir»" environ
pour les fruits à acide malique.
<v II est à remarquer qu'on obtient les mêmes quotients supérieurs à l'unité, lorsqu'on
cultive des moisissures, telles que Sterimatocystis nif/ra, sur des solutions ne contenant
que les acides précéd»'nts. Il est ainsi prouvé que l'élévation du quotient respiratoire
si^'iialé plus haut dans les fruits acides est due à la présence de ces acides.
«< Mais, en plus de celle expérience et pour nous placer dans des conditions tout à fait
comparables à celles que présentent les fruits, nous avous cultivé le même champignon
dans des solutions contenant un mélange de sucre et d'acide. Or, dans ce cas, nous
avo:is trouvé les mêmes quotients supérieurs à l'unité que dans les fruits acides et le
FRUCTtFrCATrON.
85T
même écart entre les lim îles iciférîenre^ de le m pé rature où apparaî&seut, pour les di (Té*
reoU acidei» les quotieots supérieurs k Tunité,
« Les quotients d'ncîdes se rencontrent «'gaiement cheiles {ïlantes crasses. Gela nous
permet do lapproclier leur respîralîfm de celle des fruits acides et d*opposer ces deux
respimlions a celles des plantes ordinaires.
4 IV. Les quotients de fermentation se produisent lotîtes les Toit que l'oiygène de
l'aLmosplifre n'arrive^ pins aux cellules en quantité suffisante pour fournir réoergie
nécessaire à raclivité vitale.
*« Ce manque d'oxygène est drt à (a production de pocline; cette production, d'une
part^ est accompa^'oée d*une augmenlation de Inactivité cellulaire et, d'autt'e part, elle
détermine une diminution dans l'apport de l^oxy^ène aux cellules par suite de l'occlu-
sion des méats interccttuluires par le gotiûement de la pectine.
*t Nous avons constaté qoe rajipantion du quotient de fermen talion n*a lîcu que
lorsque le tanin a disparu entièrement, et ceci concorde avec l'tiutre fait que nous
avons également observé, k savoir que le phénomène dit de la transforum lion de la pec-
tose en pectine ne se produit qiiaprrs la disparition de ce tanin. Les relations que
nous avofïs établies entre la formation de la pectine et Tapparilion du quotient de fer-
mentation nous ont permis de démontrer que les fruits, an contact de Foxygône de
Tair, se trouvent, de par cette formation, placés dans les mômes conditions que tes
fruils privés d'oxygène par Lkcbartier et Bellany, et qa*ila se comportent de la même
façon.
" V. Le quùUent de fermentation diffère du quotient d'acides :
« I* ParTépoque a laquelle on le constate. — Chez les fruits cueillis avant la maturité,
il se maiiifesteà la lui de la maturation, tandis que le quotientd'acides apparaît au début;
«2* Par la température miniroa a laquelle il se manifeste. — On Tobserve aux tempé-
ratures basses, nir^me 0**, cliez les fruits qui présentent encore à celte température une
respiration assez forte pour avoir besoin d*une quantité notable d'oxygène, tandis que
le quotient d'acides n'apparaît guère, même pour ces fruits, quàSO-';
« 3<* Par sa valeur. — Cette valeur est souvent jsupérieure à 3, tandis que le quotient
d'acides est toujours inféneur k 2 et généralement plus petit que 1,H0;
« 4'* Par rjnlensité respiratoire correspondante*. ^ La quantité de gaz oxygène absorbée
parle fruit, t[uand r*n constate le quotient dû fermentation, est bien moins forte qu'avant son
apparition, tandis qui^ cette quantité est bien plus forte quand c'est le quotient d'acides
qui se manifeste;
H T^^ Par les modiliirations (ju'il éprouve sous l'influence du sectionnement. — Le sec-
tionnement diminu»^ léj^érement sa valeur et augmente à peine l'intensité respiratoire
correspondante, tandis qu'il élève considérablement le quotient d'acides en même temp>
que rintensité respiratoire s'accroli fortement;
aù'^ Par leschanji;ements diinii(iuesqui se produisent dans le fruit, — Le quotient de
Icrnienlalion indique la formation dalcool et assez souvent d'acides volatils. On ne con-
state rien d'analoifue dans les fruits olFrant le quotient d"acide>.
ir Modi^cations que les fruils éprouvent pendant la maturation. — Indiquons
maintenant les mndirrcattons cbimiques ijul se produisent dans les fruits au cours des
phénomènes respiratoires dont nous venons de montrer les variations.
Ces moditlcations aiïecfent : 1** les acides; 2^ les tannins , 3" l'amidon;, 4^ les ma-
tières sucrées.
H L Les acides des fruits sont partiellement utilisés h la formation d'tiydrates de car-
bone.
i« Cette réaction sa produit chaque fois que Ton observe le quotient d'acides, quelle
que soit sa valeur^ celle-ci étant, comme nous l'avons dit, toujours supérieure à Tunité*
u Nous avons établi ce fait tlo la fa^on suivante :
9 l« Les moisissures cultivées sur un milieu nutritif ne contenant que des acides forment
des hydrates de carbone (myiélium). En même temps» elles présentent un quotient
respiratoire supérieur au quotient que Ton obtiendrait en oxydant complètement la mo-
lécule des acides».
« Donc un quotient supérieur au quotient d'oxydation complète des acides indique la
formation des hydrates de carbone.
858 FRUCTIFICATION.
« Or les moisissures cultivées sur un milieu nutritif conleuant un mélange de sucre el
diacides, ainsi que les fruits acides, présentent, tant qu'il existe une assez grande quan-
tité d'acides et que la température est assez élevée, un quotient supérieur au quotient
d*oxydation complète des acides; donc il se forme dans ces conditions des hydrates de
carbone aux dépens des acides des fruitsJ
« Il est certain que cette formation se produit encore dans les cultures des moisissures
et dans les fruits contenant une très faible quantité d'acides et une grande quantité de
sucre; mais, la combustion du sucre qui se produit avec un quotient au plus égal à l'unité
étant considérable par rapport à celle des acides, le quotient très élevé de formation des
hydrates de carbone aux dépens des acides est fortement abaissé par cette combustion
et, par suite, le quotient observé est inférieur au quotient d'oxydation complète des
acides.
« 2^ Dans les pommes cueillies, nous avons constaté que la quantité de substance
sucrée qui se forme aux températures élevées est supérieure à la quantité d'amidon et de
l'acide disparus.
«H. Le ^antn disparaît dans les fruits par oxydation complète, sans former d*h y d rates
de carbone. Ainsi se trouve démontrée l'opinion émise par Chatin sur la transformation
du tanin dans les plantes. Les deux faits suivants établissent cette oxydation :
. « {^ Alors que le quotient respiratoire que présente \e Sterig ma tocystis nigr a cultivé sur
une solution contenant du tanin de la noix de galle (tanin formé de sucre et d*éther
digallique) et y produisant des hydrates de carbone aux dépens de cette substance, est
toujours supérieur à l'unité, quelle que soit la température, le quotient respiratoire des
fruits non acides contenant simplement du tanin et du sucre est constamment inférieur
à l'unité, jusqu'à la disparition complète de ce tannin.
« 2<> La disparition du tanin dans les fruits voisins de la maturité n'est pas accom-
pagnée d'une augmentation de la matière sucrée.
« IIL Vamidon se transforme en matière sucrée dans le cours de la maturation. Cette
conclusion est démontrée par les dosages de ces deux sortes d'hydrate de carbone faits
à divers moments de la maturation desL pommes, après qu'elles ont été séparées de l'arbre.
Nous avons ainsi confirmé les résultats des recherches de Bcignet et Corenwinder sur
les bananes et celles de Lindet sur les pommes.
« IV. Les matières sucrf^es, en même temps qu elles se forment aux dépens de l'ami-
don et probablement aussi des acides, disparaissent en partie par oxydation.
« En outre, dans les fruits qui présentent le quotient de fermentation à la Qn de la
maturation, ces substances sucrées se transforment partiellement en alcools et acides
volatils. Il en résulte des éthers qui constituent le parfum des ces fruits.
« Puisque les acides et le tanin disparaissent rapidement aux températures élevées,
onpeuthâter la maturation des fruits charnus sucrés contenant soit des acides (pommes,
raisins, oranges), soit des tanins (kakis), soit un mélauge de ces deux sortes de sub-
stance (sorbes, nèfles, poires, etc.), en les exposant aux températures élevées.
9 D'autre part, on peut retarder la maturation des fruits contenant beaucoup d'acides,
et dont la respiration ne présente pas de période de fermentation (certaines pommes,
raisins, cerises, oranges, etc.) en les exposant à des températures voisines de 0®, puisque*
aux basses températures, les acides ne sont pas comburés.
a Par contre, les fruits contenant du tanin et qui présentent à la fin de la maturation
un quotient de fermentation (sorbes, nèfle, kakis, etc.), ne peuvent pas être conservés
beaucoup plus longtemps aux basses températures qu'aux températures élevées, parce
que le tanin est brûlé aussi bien à Tune qu'à l'autre température. Aussitôt après sa
disparition, se produit la transformation de la pectose en pectine, et, par suite, apparaît
la période de fermentation, et le fruit blettit.
« Enfin, la nécessité d'une température élevée pour la combustion des acides tartriquc
et citrique, la possibilité d'oxydation de l'acide malique aux basses températures,
expliquent pourquoi les pommes, les sorbes, les nèfles et autres fruits qui contiennent
de l'acide malique mûrissent sous des climats froids, tandis que les raisins et les oranges
exigent des climats plus chauds ; elles expliquent également pourquoi les fruits à acide
malique (pommes, sorbes, nèfles, etc.) mûrissent après leur séparation de l'arbre dans
des fruitiers dont la température est peu élevée, tandis que les raisins et surtout les
FUCOSE. — FULGURATION.
859
oranges et autres fruits cl*Aaranciac.ées mûrisseflt diflcilement dans ces conditions.
Cependant, en élevant suffi^mment la température» les fruit» à acides citrique et
larlriquo achèvi-nt leur maturation en fruitier. »»
Bibliographie, — Hild^urand [Jakrbùcher fur wi$». Bot,, !873). — STEmsuiXCi
{Unter^uchuitjen uber die analomiscken Urmcken des Amspringens dev Fntchtt\ Bonn., IR73).
— Lkclkwci nu Sablon. Rechercher $ur ta déhiacence des fruits à pèncarpc sec {Thèse d*f ta
Far, des H\d^ Pnrhi, 1 884, eiAntt.den «**. nat* liot,)» — ('orvEncMEL. Mémoire sur la maturation
dc$ fruits (Ànn, d*' Chimie, 1K31). ^ Kb^.iiy. Mémoire «îwr la maturation des fmits (,i*C*»
\%k%). — bGEMMOtîiz Yersuchc mit Ppanicn. l^et lU 1786). — CABotiBs. Sur la respiration
de6 fruité {(l il. Acad. dei^ jrc, lviii, 1804 et Butt. Soc. chim., i, 1864), — Cuvri^f, Étude
$ur la rc%piration défi fruits (C, H., LVnit 1804). — Saintpiebbe et Magkie.n, Recherches
e:tpérimentaks sur la maturation du rainn t Annales agronomv^ues, 1878, iv), -^ Lcoiartieb
cl BiLLAUY. Étude sur les gaz produite par left fruits \C. H,, ^ix, I86*.0; Note sur la fermen-
tation des fruit$ [C. R., %]%, 18(i9j; Oe la fermentation des fntila (C, fl., lxxv, 1872); De
ia fermentation de* pommes et des poirea (C. H., lxiiï, 1874) ; De la fermentation dea fntita
(C. /(., Lxxxi» 187.*i}. — RjccivBDi, Compo aition chimiijue de la banane à différente degrés dé
maturation [C. H., xcv, 1882). — Lindet. Recherche» sur le développement et la nmturaîion
de ia pomme a cidre (Ann, agron.t t894, xi}* — KAU^ai. Hechvrchefi sur la maturation deê
potnmes [Landwirth. Jahrbuchcr, xxO, — Geiukr. Recherches sur la maturation des fruits
charnus (D. P.. 1897 et Ann,dessc. nat,Bot/j, — Rjvièrr (Ch.).JUï datte ^ans noyau iBulL de
la Soc, nationale d'acclimatation de France ^ mars iiHH).
HENRI COUPIN.
FUCOSE ;4>lï"0''). — Sucre mélhylpentose isomère de la rbamnose qu'on
extrait des algues marines. Il réduit la liqueur cupro~|jotassïque. Son pouvoir de rota-
tion (à gauche) + 75*'i?6.
FULGURATION. — t. es troubles graves produits par lY'lectricitè sur l'or-
ganisnie peuvent être occasionnés soit par les décharges d'un condensateur fulyura-
liow), »oit par les courants électriques iélectrocuUon).
CHAPITRE PREMIEH
Fulguration.
Nous avons à considérer : f* les effets produits par la foudre; 2° les expériences de
laboratoire.
M - FOUDRE.
Condiiious mèièOFotogiques. — Nous ne pouvons étudier ici los conditions métécK
rologiques qui donnent orij^ine à la foudre, Uu'il me suffise de rappeler que l'air est
ordinairement êlectrisé positivement par rapport au soK La diÉTérence (mire Tétut élec-
trique de Tair et celui du sol varie d'un jour à Fautre avec la saison et le temps; elle
augmente à mesure (]u'oî» s'élève. Elle peut arriver pendant des périodes d^orafje k
800j lÛOO, 2000, môme 3IKK) volts par mètre. iNous pouvons donc avoir dans^ certain»
moments entre une surface d'air à 3 000 mètres et le s*jI une différence de potentiel de
9 millions de volts. -\lai.^ ces dtlTérences de potentiel par mètre de hauteur variejit beau-
coup suivant la forme du terrain, la saillie des objets, etc.; c'est ce qui eiplique pour-
quoi les montagnes et les arbres sont plus exposés à la foudre.
Nous savons que la foudre est produite par le rétablissement brusque de l'équilibre
électrique de Tatmosphère en un point déterminé. L'énorme différence de potentiel
entre le sol et les nuages nous explique la puissance de destruction de la foudre. Ce qui
frappe immédiatement en lisant la relation de la majorité des accidents produits par
la foudre sur Tbomme et les animaux, c'est le peu de gravité des lésions mécaniques.
On ne peut expliquer ce fait qu'en admettant que l'homme et les animaux ne sont
frappés le plus souvent que par une décharge latérale. En effet, l'éclair principal en
860 FULGURATION.
s'approchant des objets du sol se partage en un nombre plus ou moins grand d'éclairs
secondaires, comme il est bien démontré par les observations de Colla don (i) sur les
arbres. Le plus souvent les feuilles d'un arbre frappé par la foudre ne présentent aucune
lésion. C'est la dissémination de la puissance électrique qui peut seule rendre compte
de rinnocuité d*un violent coup de foudre sur les feuilles.
Les effets de la foudre sur l'homme, les animaux, les plantes, etc., ont fait Tobjet
d'une quantité innombrable d'observations, de communications, d'articles disséminés
dans un grand nombre de journaux ou de société» savantes. Ces diverses publications
s'attachent souvent à décrire les bizarreries de la foudre, mais se ressemblent générale-
ment quant aux effets essentiels produits par la décharge atmosphérique sur les
organismes.
Plusieurs auteurs ont essayé de recueillir ces documents éparpillés. Il faut citer entre
autres Sestier (2), qui a consacré plusieurs années de sa vie à cette œuvre ; Boudin (3.>,
Vincent (4), Bœllmann (5), Pélissié (6), etc.
Les lésions produites par la foudre sont décrites en détail dans le livre de Sestiea ;
nous ne ferons que les passer rapidement en revue.
Lésions extérieures. — Les lésions extérieures produites par la foudre sur
l'homme et les animaux sont variables quant à leur étendue, leur profondeur, leur
aspect, etc. Elles sont dues soit à des actions mécaniques, soit à des actions caloriûques
de la foudre.
Les lésions les plus fréquentes sont constituées par des bnUures; brûlures des poils
seuls ou bien intéressant la peau. Les brûlures de la peau varient beaucoup en étendue
et en profondeur. On observe quelquefois un simple érjthème, d'autres fois des eschares,
rarement des phlyctènes. Ces brûlures peuvent avoir la forme de sillons, de points, d<^
plaques La forme de sillons est la plus fréquente. Ces lésions n'attaquent généralement
que Tépiderme; mais le derme tout entier peut être atteint. Laguérison de ces brûlures
est quelquefois difficile et lente.
Il faut citer ensuite des colorations différentes de la peau, dues le plus souvent h des
ecchymoses. Dans quelques cas les parties colorées présentent l'aspect d'images arbo-
rescentes, de fleurs, de feuilles, etc.; on leur a donné le nom de figures ou fleurs lir
LiCHTENBERG. Elles sont colorées en rouge, forment une légère saillie et sont parfois le
siège d'une vive douleur; elles s'efTacent généralement en quelques heures. Ces images
doivent évidemment être attribuées à des phénomènes vaso-moteurs de la peau, et
l'aspect arborescent est probablement dû au mode de diffusion de l'électricité à la sur-
face de la peau [Macray ("7)].
On a observé dans quelques cas rares des lésions plus graves, tels que morceaux de
peau enlevés, pavillons d'oreille arrachés, fractures du crâne ou des membres, etc.
Il n'existe pas toujours de relation entre les lésions extérieures et les suites de
l'accident. On a constaté des cas de mort avec absence complète de lésions extérieures
et des cas de survie avec des lésions graves. Sur H9 observations de mort par la foudre,
analysées par Sestier, on trouve qu'il n'y avait aucune lésion externe dans un sixième
des cas; dans un tiers des cas les lésions étaient très légères, comme brûlures des poils,
érythèmes limités, ecchymoses, etc.
Système nerveux. — On peut distinguer les effets immédiats et les effets plus ou
moins éloifçnés. Au moment où la foudre tombe, les personnes soumises au choc élec-
trique peuvent perdre immédiatement connaissance ou bien éprouver dos sensations
variables. La perte de connaissance est quelquefois très passagère; dans d'autres cas, elle
dure quelques minutes ou quelques heures; il est très rare qu'elle se prolonge pendant
une journée ou davantage. Les foudroyés qui reviennent à eux déclarent ne se rappeler
de rien et n'avoir ressenti aucune douleur; la perte de connaissance est donc iostao-
tanée. Il faut pourtant faire une exception pour les cas de foudre en globe. Dans ce genre
de fulguration, la victime peut voir le globe lumineux et avoir l'impression d'être frap-
pée avant de perdre connaissance. En sortant de leur état de stupeur, les foudroyés
éprouvent parfois des mouvements conrulsifa de formes diverses : tremblements,
secousses musculaires isolées, et m«^me de violentes attaques de convulsions cloniques
f;/MUM".'iIisf'es. D'autres fois ce sont des contractures musculaires limitées à quelques
muscles, à tout un membre, etc.
FULGURATION.
861
K
Plus tréqueril» sûnt les ca§ de pûralysie^ qui portent sur la sensibilité et la niotî*
\\U% La paralysie est inMaolanée, c'esl-à-dire qij'eUr* exlsto d<^jà lorsque In persafiue
foudroyée reprend connaissance; en outre, à ce nioini>tit. elle est déjà à àon acmé, elln
n*A aninuo lendiiiice û »*iiggraver. On n'a jamais observé la paralysie Je la vessie et du
rectum, ce «pii montnr'rait que ces paralysies sont dues à des troubles périphériques. [,ii
paralysie est surtout prononcée dtms le^ parties du corps frappées par la foudre, elli»
alTei'le plus souvent les menîlir**^ inférieur*^ que les roerabrcs supérieurs, ce qui s'eiplique
facilement» car Télectricité doit traverser les membres inférieurs poeir rejoindre Ii» sol.
ta monoplégie est la forme la plus fiéqueiite.Ces troubles de lu inotilité el de la sensi-
ilité sont le plus souvent de courte durée. Sur 28 cas recueillis par SKsTiEn, la paralysie
fi'a pa^ dépassé viof^Uquatre heures dans it cas. Trois fuis seulement elle a duré de
deux ii trois mois*
Les cas d'hystéro-lrauniatisme dus à ta foudre paraissent être rares. L'observation
de Notuxai.el (H) et celle de CuvRCar {*J] sont bien connues dans la littérature.
Dans la majorité des ras de fulguration, les personnes qui reviennent à elle^»
n'éprouvent que do la faiblesse, des bourdomiemenls d'oreille, desétourdissenienlii, etc.;
lonâ ces troubles se dissipent g«'^nératement avec une osscz grando rapidité. La forme
passagère de tous ces phénomènes (convulsions, contractures, paralysies* anesthéMes]
nous nionire d'une manière évideiile qu'il s'agit toujours de désordres fonctionnels et
non de lésions auatomiques des centres nerveux*
Les sensatiotis éprouvées au moment de la cbuLe de la foudre (lorsqu'il iï*y a pas
perte de connaissanoei sont de différente nature. La plus fréquente est la commution :
les personnes ressentent une forte secousse dans tout le corps, qui souvent les fait tom-
ber à terre. On a signalé des sensations de brAlure, de choc ou de pression sui' certaines
parties du oorp'?, etc.
Effets «ur la circulation et la respiration. — 11 est naturellement impossible do
^ dire d'une manière précise quel est Tétat du co*ur chez Thomme au moment de la
chute de la foudre. On peut se demander ^i la jirrte de connaissance est due a un arrêt
luùmenlané du cirur produit par l'excitation du centre du nerf pneumogastrique. Les
expérionces sur les animaux montrent que cet ariét est de très courte durée; il est donc
probable que la cessation des battements du otrur ne joue qu*un rôle secondaire.
Ln phénomène qu'on a souvent constaté, c'est le gonllement des veines dans les
régions qui viennent de subir la décharge de la foudre; les vaisseaux, dont la tonicité
est diminuée se laissent distendre par le sang. Cette vaso-dilatation localisée donne lieu
dans quelques cas, comme nous Tavons vu, aux f^ures de Licijte.xderg.
Les héniorrhagies sont fréquentes cher les foudroyés; mais elles ne sont {m^ abon*
danles, et n*ont jamois occasionné ta mort. Ou a observé des hémorrha|j;ies par les
oreilles, par le nez, par la bouche, etc.
Les foudroyés présentent souvent, au moment de raccident, un état de coDapsus avec
refroidisse ment des extrémités qui peut durer plusieurs heures. Le pouls eU petit, faci-
ement dépressible, le plus souvent d*une remarquable lenteur, parfois au^ai intennit-
MnL A cet état de dépression succède, après un temps variable, une réaction plus ou
moins vive et prolongée. Le pouls est alors fréquent, dur et plein. La température de la
peau sWléve et une sueur copieuse inonde parfois le malade.
La respiration présente aussi des troubles. l>ans les cas légers, les victimes peuvent
éprouver de la difliculté à respirer avec une sensatiûji de constriction épiga^tnque. Dans
les cas plus graves, lorsqut? le foudroyé revient k la vie, la respiration est lente, sterto-
r«use, irrépuliêre. On a rarement constaté des hémorrbagies pulmonaires on hronchiques,
ou des inllammations des voies aériennes.
Effets sur les org&ues de digestlOQ et de sécrétion. — On a cité la difficulté et
même l'impossibilité d'avaler attribuées à un î^pasnîe convulsif des muscles du pharynx.
On a ôbsi'rvé des voniin^enienls généralenïenl de courte durée, mais qui parfois se renou-
vellent; des gastralgies plus ou moms persistantes; des dyspepsies, etc. La foudre a
sionné dans quelques cas une diminution de la tonicité des parois intestinales, avec
oduction de tyntpaoile abdominale. On a aussi constaté une exagération des mouve-
ments pénslalliaues de l'intestin, de manière que ceux-ci devenaient visibles à IVeil nu;
on peut du reste provoquer experimenlalemenl ce phénomène chez les animaux soumis
862 FULGURATION.
à des décharges électriques. La foudre produit souvent chez ceux qu'elle atteint de la
diarrhée, des évacuations involontaires d'urine et de matières fécales. On a remarqué
dans quelques cas de la polyurie, dans d'autres de l'anurie; l'hématurie a été observée
très rarement.
La foudre exerce parfois une action sur la grossesse : on cite des cas où la fulgura-
tion directe ou à distance, ou même la frayeur causée par les coups de tonnerre, ont pro-
voqué Tavortement ; d'autres fois, par contre, des femmes ont été frappées gravement
par la foudre, sans que cela eût aucune influence fatale sur le développement du fœtus.
Organes des sens. — Les effets de la foudre sur l'appareil de la vision sont nom-
breux et variés. On a constaté des douleurs très vives passagères, une ophtalmie super-
ficielle, de la photopbobie, des contractions spasmodiques des paupières, de l'amaurose,
de rhémyopie. L'opacité de la cornée est rare ; on a noté par contre plusieurs cas de
cataracte.
L'appareil de l'audition est aussi souvent affecté. Les personnes près desquelles la
foudre vient de tomber éprouvent des bourdonnements, des bruissements, des tinte-
ments qui se dissipent en général rapidement. Quelquefois les foudroyés perdent l'ouïe
pendant un certain temps ; mais on n'a pas constaté de cas de surdité permanente. La
rupture de la membrane du tympan, contrairement à ce qu'on pourrait croire, est plutôt
rare.
Les personnes atteintes par la foudre ressentent parfois une saveur d'ozone dans U
bouche et dans la gorge qui dure quelques heures ou davantage.
Atat des cadavres. Autopsies. — Un des effets remarquables de la foudre est de
laisser quelquefois l'homme ou l'animal dans l'attitude qu'il avait au moment de l'acci-
dent. On cite môme deux cas dans lesquels l'homme à cheval resta en selle après avoir
été tué par la foudre, tandis que l'animal continuait à marcher. Pour comprendre ce
phénomène, il faut admettre la production pour ainsi dire instantanée de la rigidité
cadavérique de tous les muscles du corps, ou du moins d'un groupe de muscles.
D'après quelques auteursl, a rigidité cadavérique manquerait chez les foudroyés, mais
elle a été observée dans un grand nombre de cas. Les expériences de fulguration chei
les animaux nous renseignent, du reste, sur les modalités de la production de la rigidité
cadavérique dans ce genre de mort.
L'irritabilité musculaire disparaît probablement très vite chez l'homme tué par la
foudre, mais il n'existe aucune recherche directe.
La putréfaction des cadavres après la fulguration est ordinairement rapide.
Les lésions constatées à l'autopsie sont généralement celles de l'asphyxie et ne sont
pas constantes. Les poumons sont souvent hyperémiés et quelquefois œdématiés. Les
cavités du cœur offrent toutes les variétés possibles de vacuité ou de distension. On a
signalé quelques cas de rupture du cœur. Le sang est noir et liquide. L'estomac et le«
intestins sont en général distendus par des gaz. Le foie et la rate sont hyperémiés.
Le cerveau et les méninges peuvent être absolument normaux. On remarque souvent
une hyperémie de la pie-mère. La moelle épinière, dans le petit nombre de cas où elle
a été examinée, a été trouvée normale, sans déchirure ni ramollissement ; ses membranes
étaient parfois le siège d'une injection vasculaire plus ou moins marquée.
Quant à l'examen microscopique des centres nerveux, on comprend que les cadavres
des foudroyés n'offrent pas un sujet d'étude bien appropriée, car on ne peut se les pr^
curer que longtemps après la mort. Nous en parlerons à propos des expériences sur les
animaux.
Atat de mort apparente. — Nous avons vu qu'un des phénomènes les plus
fréquents qui se produisent chez les foudroyés est la perte de connaissance. On a cité
plusieurs cas où des personnes, chez lesquelles les mouvements respiratoires étaient
arrêtés et le pouls paraissait manquer, sont revenues ù la vie. SESTiEaa analysé 21 obser-
vations semblables, mais dans aucun cas on n'a ausculté le cœur.
Le mécanisme de la mort sera discuté à propos de la fulguration expérimentale. Qu'il
me suffise de dire ici que, lorsque la foudre produit la mort, celle-ci est presque tou-
jours immédiate. Sur 354 observations analysées par Sestier, la mort a été immédiate
dans 340 cas, et dans la majorité des autres 14 cas les victimes ont succombé aux suites
des graves lésions produites par la foudre) brûlures étendues, fractures, etc.-.
FULGURATION.
sn3
PrûDostlc. — ' Pour savoir dans quelle proportion les victimes de la foudre ont sur-
■^ou succomb«% il faudrait connaître le nombre ciact de toutes le*, personnes fou-
— ^es. Ce relevé n*a pas été fait, et il est impossible k faire. SxsTisa a recueilli les
observations faites sur 601 personnes atteintes dîrectenient par la foudre: 351 oui sur-
vécu, et 250 ont succombé ; la mortalité a donc été de 4t p. 100*
Le danger des coups de foudre diJTêre suivant la région du corps frappée. Les coups
de foudre qui nattci«nenl que tes membres ne sont presque jamais mortels; ceux
qui frappL'ût la tétt* sont les plus dangereux. Ces observalioas sont conlîrmées par
rexpérimentation,
Ml
FULGURATION EXPÉRIMENTALE.
Historique. — Les auteurs i]ui ont fait quelques expériences sur les animaux avec
les dccbar|s*eî» de la bouteille de Leyde sont assez nombreux, surtout à la lin du iviu' siècle
et au commeticcment du xixv On trouve de courtes citations dans plusieurs traités de
physique de Tèpoque; on lit, par exemple, qu'une forte décharge a tué une souris,
étourdi un lapin; mais il n'est rapporté aucun détail préciis* Nous ne citerons que lei?
auteurs principaux.
C'est Phie^tley < IO) qui» en t7fi<», lll le premier des recherches un peu étendues sur la
mort par le*^ décharges électriques: il lue des rats et des chats et constate déjà que la
mort a lieu sans lésions appréciables» Les expériences de Prlice FoNTA^îA (M) furent
beaucoup plus détaillées, et cet auteur décrit mieux les symptômes présentés par les ani'
maux soumis aux décharj^es de la bouteille d*- Leyde. 11 trouva qu'en ouvrant le thorax,
peu de temps après la mort, le coeur était arrêté; il conclut que rélecirîcité, comme la
fouiJre» tue par l'abolition dt? Texcit^ibilil»*' musculaire. Marat (12), k^ célèbre démaf^opue.
dit avoir fait des expériences sur la fulguration, et il rapporte les i ésultats de ses recherches
dans un Mémoire présenté à TAcadémie des sciences de Rouen, qui fut couronné. La
description de ses expériences est la reproduction presque toujours littérale du chapitre
du livre de Priestlct sur le m^me sujet.
TaoosTWYK et Krayenhofi- |13j firent des expériences assez nombreuses sur des lapins.
Ils eurent le inérile de mojilrerqne les décharges d'une batterie ont des elTets diiïérents
suivant le Heu d'application, et qu'elles sont plus dangereuses si le choc frappe les parties
supérieures dn sysiéme cérébro-spinaL
La mort par les décharges électriques n'a donné lieu h aucun travail suivi dans la
premitTre moitié du xix* siècle. Les expériences de Touhluîs et Berti^ (1 ♦) et de Highabd-
SON (15) ne foornissent pas de nouvelles données. Dechambre (16) lit» à Toccasion de la
publication de Tarlicle Pulynration de son Dictionnaire encijclopMiqtte, une série de
recherches sur plusieurs espèces animales. C*est le preuner auteur qui inscrit la pression
artérielle (chei^. les chiens], et qui ^tient compte non seulement de la capacité du conden-
sateur mais aussi» bien que d'une matière approximative, de la différence de potentiel
existant entre les deux armatures. D'Arsonval (17), dans une courte note, dît que la mort
par les décharg^es électriques peut avoir lieu par deux mécanismes ditrérents. Lorsque
l'éneri^'ie de la décharge localiâée au bulbe e^i suflisante (3 kîlogrammetres environ), la
mort est irrémédiable par suite de l'altération mécanique du bulbe. Si la décharge n'a
pas, au contraire, Ténergie voulue, elle afïit en excitant le bulbe et en produisant dej»
phénomènes d'inhibition respiratoire» d'inhibition du co^ur, d'arrêt des échanges, etc-
Nous verrons que cette distinction de d'Arso^val ne peut pas être admise. Prévost et
Battelu (i8i oui éludié les efTets produits par les décharges électriques sur les ani-
maux, en déterminant les conditions physiques des expériences» ce qui permet d'ohtenir
des résultats coîrqiarables.
Dispositif pour obtenir des décharges de capacité et de potentiel connus.
— Prévost et BAriELLi ont employé dans leurs expériences l'appareil représenté par la
Rgure H(k Les condensileurs étaient constitués pai' de grandes plaques de verre» recou-
vertes sur leurs deux surfaces de papier d étain; ces plaques étaient disposées en série.
Le condensateur était chargé par une grosse bobine de Rihmroukk; mais naturellement
on peut se servir aussi d'une puissante machine électro-statique. Tour charger le con-
densateur à des potentiels élevés avec la bobine de Rubmkorff, il faut interrompre un
864
FULGURATION.
des conducteurs qui réuDis.Hent une des armatures du condensateur avec le pôle respectif
de la bobiue. Celle interruption est faite à l'aide du spin thé ro mètre D. Chaque armature
du condensateur est réunie au moyen d'uu conducteur métallique à une sphère en laiton
d'un diamètre de 2 centimètres. La distance entre les deux sphères S et S' est variable
à volonté. C'est entre ces sphères que rétincelle éclate, lorsque la difTérence de potentiel
entre les deux armatures atteint une valeur suffisante. L'animal, représenté dans la
iigure par le rectangle Â, est placé dans le circuit qui relie une des armatures avec la
sphère mobile; il est attaché sur une table isolée.
La capacité du condensateur a été mesurée dans les expériences de Prévost et Bat-
TKLLi au moyen d'un galvanomètre balistique. Le potentiel a été calculé en mesurant
d'une manière exacte la distance explosive entre les deux sphères S et S*. Les valeurs
du potentiel correspondant aux distances explosives (longueur de l'étincelle) entre deux
conducteurs métalliques ont été données par les physiciens.
Au moyen de ce dispositif il est facile de calculer soit la quantité d'électricité Q, soit
FiG. 80. — Dispusitit pour obtenir dos décharges de capacité ot de potentiel connus.
D, spinthérom^itro: C. condensateur; SS* aphèros métalliques de 2 contimètros de diamètre
dont Tune, S\ est mobile; (/«.distance explosive: A, animal.
l'énergie électrique W, auxquelles lanimal est soumis à chaque décharge du conden-
sateur. En effet, la quantité d'électricité Q est donnée par la formule :
Q = CV.
où C est la capacité du condensateur et V le potentiel. Si Ton exprime C en microfarads et
V en volts, la quantité Q sera exprimée en microcoulombs.
L'énergie électrique W de la décharge est donnée par la formule
W ^ V, CV2.
où C est la capacité et V le potentiel. Si l'on exprime C en farads et V en volts, réner:ne
W sera exprimée en joules. Et si l'on veut transformer les joules en unité de travail ou
kilugrammètres, il suffit de considérer que : I joule = 0»*'f«»,102.
Influence de la quantité d'électricité et de Ténergie de la décharge dans
les effets de la fulguration. — 11 résulte des nombreuses expériences faites par Pré-
vost et Battllli (ibid.) sur des chais, des lapins, .des cobayes, que les effets mortels
d'une décharge électrique sur un animal ne sont pas en rapport avec la quantité 0 d'élec-
tricité (jui passe par le corps de l'animal, mais avec l'énerf^ie W de la décharge. Eu
«l'autres termes, les elfrls mortels sont pro])orlionnels entre certaines limites à la capa-
riiû du conderiisatenr et au carré du potentiel. On peut chanirer à volonté entre ces limites
FULGURATION.
865
soit la capacité, soH le polenliel, pourvu qui^ la valeur do VV ne chnnge pas, el on a, loutes
les autres condilioDS restant égales, les mi^mcs rcsaUnls.
j*ai dit : entre certaines limites, parce que, si les différences entre les capacilét*
employées sont trop grandes, on change considéralilenieot la durée du llux éleclrique.
En outre, on sait» par les expériences de Hoobwgc (19) et d'autres, qti'au-dessous
d'un cerUun potunttel les décharges restent inefOcaces, quelle que soit la capacilé du
condensateur.
Cybulski et ZANfËTowsKi (iô), ainsi que d*autres auteurs, avaient déjà Irouvt! que le fac-
teur iniportant pour la production de reicilation nerveuse, c'est Ténergie de la
décharge.
Il ne faut pas oublier que, si la dillérence de potentiel entie deux conducteurs sphé-
riques augmente pi*esque proportionnellement à !a lonfiueurde rétincellepour de petites
distances explosives (jusqu'à 10 ou i2 millimètres), il n'en est plus do même pour des dis-
lancçs explosives plus élevées. Ainsi» d*après Mascaht et JotjBBMT (21), le potentiel coires-
pondant k la distance explosive de I centimètre sérail de 4S6O0 volts; celui d'une distance
de 2 centimètres =erait de 64800, et celui d'une dislance de 4 centimètres serait de 7G80O
volts. On devait donr s'attendre, dans les expèrii^uces de fulgii ration, h ve que, dans la
production des eirels mortels sur les animaux, la longueur de Télincelle ait jusqu'à une
certaine limite (15 milliuièlres environ) beaucoup plus dlmportance que la capacité, car
les e {Te là mortels sont proportionnels k la capacité et au carré du polenlieL Mais au-
dessus de cette limite rau^menlalion de la capacité devait prc'senter au moins autant
d'importance que raugmentation do la longueur de l'étincelle, car les valeurs du polen-
ttel ne s'élèvent pa» proporlionnellenienl h la dislance explosive.
Les expériences de Piievost et Battelli ont conlirmé ces prévision!*. Il en résulte quep
pour obtenir urte décharge énergique il est d abord beaucoup plus avantageux d'aug-
menter la dislance explosive; mais ao delà de 15 millimètres environ i! est préférable
d'augmenler la capacité du condensateur.
Autres conditions ptiysiques. — I/inversion des piMes n'a pas d'iiiUuence appré-
ciable sur les effets mortels de la décharge électrique. On obtient le même effet, par
exemple, en plaçant l'électrode qui conmiuuique avec larmature chargée d'électricité
positive dans la bouche, et l'autre dans le rectum, ou vice vet'sa. La durée de la décharge
doit avoir une très grande importance pour les résultats de ta fulguration, comme il
résulte des expériences sur l'excitation des nerfs; mais on n'a pas fait, à ma connaissance,
de recherches comparatives au point de vue que nous traitons ici.
La localisation de Ténerfiie de la décharge, c'est-à-dire la densité éleclrique, dans-
tel ou tel organe a naturellement une grande influence sur les effets de la fulguration,
ce qui avait déjà été constaté par Troostwyr et Kbayenhofk. 1/énergiede la décharge est
d'abord maiîuium au niveau d'applicatio^t des électrodes; elle est ensuite plus grande sur
lu ligne qui réunit les ètecinides que dans les points qui se IfLiuverjt placés eu dehors de
cette ligne. Plus les [laî ties du i orps sont éloignées de cetle ligne, moins ctinsidérabtcs
seront les effets produits par la décharge sur ces parties. Lorsqu'un veut oblenir des
résultais comparables, il faut donc placer les électrodes dans la même position. L'influence
de la localisation de l'énergie de la décharj^e explique aussi le fait que les animaux de
petite tatUc sont tués beaucoup plus facilement que ceux de grande taille. Il est superflu
de dire que les effets de décharges ayant la même énergie ne seront pas identiques, si
la résistance éleclrique de l'animal présente des différences considérables. En effet, le
changement de résistance fait varier la durée de la décharge,
Ènerg^ie nécessaire pour arrêter coroplèteinent la respiration chez diiFérents
animauic, ■- Prévost et lÏArTEUJ ont constalé que l arrêt ciunpiet de la respiration a
lieu avec une constance remarquable lorsque l'on atteint une certaine énergie, qui est
approximativement la même pour des animaux de la même espèce el du même poids. Il
faul remarquer que dans le travail de ces auteurs il s'est glissé une erreur de calcul. A
la suite d'une transposition de virgule les valeurs données pour la capacité et par con-
séquent pour l'énergie (en joules) sont dix fois plus grandes quelles devraient être. Ici
nous donnons les chiffres corrigés.
En appliquant les électrodes constituées par deux petits cylindres métalliques dans
la bouche et le rectum, la respiration est complètement arrêtée, lorsque l'énergie de la
UlCT. r>E r'llVSlOLO«IE, — Ttl.MB VI, 5o
866 FULGURATION.
décharge alteint une certaine valeur. Pour les cobayes de 2^ grammes, cette éneigie
peut être fixée à 13 joules environ. Pour les cobayes de 350 grammes, à 25 joules. Pour
les cobayes de 500 grammes, à 40 joules. Pour les lapins de 1 200 grammes, à 35 joules.
Pour les lapins de 2000 grammes, à 90 joules. Ces chiffres sont naturellement approxi-
matifs. Ils montrent toutefois d*une manière assez nette que les jeunes animaux sont
plus sensibles que les adultes à l'action délétère des décharges électriques. En effet, cbei
des animaux de la même espèce l'énergie électrique nécessaire pour arrêter la respira-
tion augmente (Pune manière plus considérable que la taille de l'animal.
Les décharges les plus fortes (100 joules) que Prévost et Batelu pouvaient obtenir
dans leurs expériences n'étaient pas suffisantes pour produire la mort d'un chien même
avec deux ou trois décharges. Toutefois, après deux ou trois chocs électriques d'une
énergie de 100 joules environ se succédant à un intervalle de quelques secondes,
les électrodes étant placées dans la bouche et le rectum, la respiration s'arrête
pendant une minute ou davantage chez des chiens de taille moyenne; puis elle se
rétablit et devient peu à peu normale. Quatre décharges rapprochées ayant chacune
une énergie de 100 joules ne suffisent pas pour arrêter la respiration d'une manière
définitive.
Si nous voulions appliquer ces résultats à l'homme, nous devrions conclure que les
décharges des plus grands condensateurs qui puissent exister dans les laboratoires ne
présentent aucun danger pour la vie des expérimentateurs. Ce qu'on écrit couramment
dans les traités de physique sur le danger des décharges de grandes bouteilles de Leyde
est tout à fait exagéré.
Système nerveux. — Les centres nerveux paraissent excités par des décharges peu
énergiques, et ils sont au contraire inhibés jusqu'à perte complète et déûnitive de leurs
fonctions par des décharges ayant l'énergie nécessaire.
Chez des lapins de 2 kilos environ, soumis à une seule décharge, et en plaçant le»
électrodes dans la bouche etle rectum, on observe les effets suivants (Prévost etBATTELLn :
Avec une énergie de 7 joules environ, on n'obtient qu'une seule contraction musculaire
générale au moment de la décharge. On ne constate aucun effet appréciable, ni du cAté
de la respiration, ni du côté de la sensibilité ou du mouvement. Lorsqu'on atteint une
énergie de 17 joules environ, le système nerveux commence à être atteint. Dés qu'il
reçoit la décharge, l'animal tombe sur le flanc, et préseule, pendant quelques secondes,
des convulsions cloniques pendant lesquelles il respire déjà. Les convulsions cessées, le
lapin reste légèrement prostré; la respiration est accélérée et les réflexes conservés. Si
l'on augmente encore l'énergie de la décharge, en la portant par exemple à 25 joules, les
convulsions cloniques sont généralement remplacées par des convulsions toniques éner-
giques pendant lesquelles l'animal est incapable de respirer. A la cessation des convul^
sions, la respiration se rétablit le plus souvent.
Lorsqu'on atteint une énergie de 55 joules environ, l'animal tombe comme foudroyé,
et il reste pendant quelques secondes en résolution complète. Il a ensuite un accès de
convulsions cloniques pendant lesquelles souvent la respiration, qui est superficielle,
reprend déjà. Le semorium est inhibé; mais les réflexes existent encore, et peu à peu
ranimai revient à l'état normal : au bout de quelques minutes il se tient sur ses
pattes.
Si la décharge possède une énergie encore plus élevée, 77 joules environ, l'inhibition
du système nerveux est encore plus grande et plus prolongée, et l'on peut même obser-
ver déjà la mort par arrAt complot de la respiration.
Finalement, en soumettant le lapina unt^ décharge d'une énergie^de 95 joules, l'inhi-
bition du système nerveux est complète. Aprt's la contraction musculaire générale qui
se produit toujours au moment de la décharge, l'animal tombe absolument foudroyé; il
ne fait plus aucun mouvement des membros; les réflexes sont abolis, il n'y a aucun
mouvement respiratoire. Le cu'ur batencon' avec énergie. Si Ton abandonne l'animal à
lui-même, il rneurt faute de respiration; si Ion pratique la respiration artificielle, l'in-
hiliilion du système nerveux central disparaît peu à peu, la respiration naturelle se i^ta-
]>lit. ot le lapin, après un laps de temps assez long, reprend la sensibilité et les mouve-
ni»Mils volontaires.
L?s effets qu'une décharge électrique unique produit sur les centres nerveux d'no
FULGURATION.
8t>7
pia (le 2 kilos, les électrode» étant placées dans la bouctie et le rcctuin, peuvent être
résomés dans le tableau suîvjint ;
J^NËRGIE
UK JOULlfl
REbPlBATKON
CONVULSIONS
RÉE'LEXE^»
7
il
95
Nomialf»,
Polj'jinëe.
Dyspnée,
Su|»crâcielk.
Abolie,
flanquera,
Cloniques.
Toniques.
Cloniqaes f&ibies,
Manquent.
Normaux.
Normaux. '
AOkibli^.
Abolis.
On voit ainsi qu'à mesure que Ténergie augmente les centres nerveux sont d'abord
eicilés (polypnée, convulsions), puis con)plètenient inhibas.
Lorsque, au lieu d'une seule décharge, on soumet Tanimal à plusieurs décharges d'unt)
énerf^ie inoyenne, et faites k quelques secondes dltilervalle, les ellets produits sur les
centres nerveux sont semblables â ceux que Tou vient d'exposer. Toniefois la somme
d*énergie dépensée dans plnsieurs décharf^es produit des elTets moins dangereux qui"
lorsque cette énergie a été dépensée eu une seule décharge,
A lautopsie, les centres nerveux ne présenleat aucune lésion macroscopique
caractéristique.
Cliex les co6rtytfîî ractiun des décharges électriques sur les centres nerveux est tout t
fait semblable à celle qu*on observe chez le lapin; maison obtient naturellement les
mî^mes effets avec des de'charge» ayant une énergie plus faible. Toutefois chez les
cobayes les attaques convulsives déterminées par une déchar^'e dV-nergie appropriée
sont beaucoup moins accentuées que chez le lapin. Les chiem présentent les m^mcs
phénomènes, l'oe seule décharge de tOO joules ne produit ni arrêt de ta respiration, ui
convulsions, lorsque les électrodes sont placées dans la bouche et le rectum. Quatre
décharges de 100 joules faites à quelques secondes d'intervalle ne suspandent pas encore
la respiration d'une manii'Te définitive. Mais, si Ton applique une élorlrode sur la mem-
brane occipito-atloidieniH'. l'autre électrode étant placée dans le rectum, une décharge
de 40 joules environ provoque un accès de convulsions Ioniques qui durent plusieurs
secondes. Une déchar£;e de 100 joules arrêta la respiration d'une manière définitive chez
un chien de 5 ou 1^ kilos.
D'après Dklh aubre i /. c), les décharges produiraient une excitation du sympathique,
suivie d'une paralysie. Immédiatement après la décharge on aurait une constriction de
la pupille, el une vaso-conslriction des vaisseaux de l'oreille [chez le lapin) suivie d'un^
dilatation de la pupille et des vais.seftux de Toreille.
Effets sur le cœur. — L'action des décharges électriques sur le cœur est variable
suivant rênergie de la décharge et suivant la localisation de cette énergie. Avec \a
même décharge on pourra avoir des elTets bien dilférents, selon qu'on applique une élec-
trode directement sur le cœur mis à nu, ou qu'on plare les électrodes à la surface dv la
peau.
Prévost et Battelli ont étudié chez le cobaye [**% efTets des décharges sur le ctpur de
l'animal intact [ibid,)^ et chez le chien et le la[Mn les pfTets sur le cœur mis à nu (22)*
Chez de jeunes cobayes de 2i\Q grammes environ, soumis à une seule défliargi-% en
plaçant les électrodes dans la bouche et le rectum, on obtient les résultats suivants :
Si l'énergie de la décharge atteint 8 joules environ, on constate à Touverlure du
thorax, faite immédialement» ijue les oreillettes et les ventricules haltcnt normalement.
Avec une énergie de 14 joules les oreillettes sont arrêtées eu diastole ; les ventricules
ballent encore avec énergie. En élevant Ténergie de la décharge à 3V joules, le3 ventri-
cules battent encore, mais faible ment, ce qui est dû en partie à la paralysie du système
vaso-moteur, car le coîurest vide de sang. Avec une énergie de l'i joules les battements
des ventricules persisterkt» mais excessivement faibles. Enfin, lorsqu on élevé I énergie de
la décharge à 100 joules, on constate que le c*rur est cumplètenient immobile. Les ven»
tricules, surtout le gauche, sont en rigidité musculaire.
8()8 FULGURATION.
Les phénomènes que Ton observe lorsqu'on applique une électrode sur le cœur mis à
nu sont semblables à ceux que nous venons de décrire. Dans les expériences de Prévost
et Battelli, faites chez le lapin, une électrode constituée par un disque de 13 millimètres
de diamètre était placée sur la face antérieure des ventricules au niveau de l'union de
leurs deux tiers supérieurs avec leur tiers inférieur. Une décharge ayant une énergie de
4 joules environ arrête les oreillettes en diastole pendant plusieurs secondes; les ven-
tricules battent bien. Avec une décharge de 9 joules les oreillettes sont arrêtées pendant
plusieurs minutes; les ventricules se contractent encore énergiquement. Une décharge de
25 joules rend les battements du cœur faibles ; le myocarde est rigide au niveau de l'ap-
plication de l'électrode. Finalement une décharge de 70 joules immobilise complètement
le cœur, qui devient rigide en entier. Chez le chien on observe la même série de phéno-
mènes; mais il faut employer des décharges plus fortes.
Nous voyons ainsi qu'à mesure qu'on élève fénergie de la décharge on constate suc-
cessivement : arrêt des oreillettes en diastole, aflaiblissement des contractions ventricu-
laires, rigidité musculaire au point d'application de l'électrode (dans le cas d'application
directe sur le cœur), rigidité totale du cœur.
Une seule décharge, qu'elle soit appliquée à la surface de la peau ou directement
sur le cœur mis à nu, et quelle que soit son énergie, provoque rarement l'apparition des
trémulations fibrillaires des ven-
tricules. On n'a constaté ces der-
nières que dans quelques cas chez
le cobaye. Au contraire, plusieurs
décharges énergiques, de 80 joules
par exemple, faites à quelques
secondes d'intervalle, déterminent
l'arrêt du cœur en trémulations
fibrillaires persistantes chez le
Fio. M. — Effet d'une décharge peu énergique sur la cnien.
pression artérielle, Deux phénomènes intéressants
Lapin de 2 000 grammes. K, décharge électrique, 7 joules. SOUt eUCOrC à signaler. Le cœur.
qui est en trémulations fibrillaires,
reprend son rythme lorsqu'on le soumet à une décharge électrique appropriée. Le
cœur devient incxcitable au niveau de l'application de l'électrode.
Pour faire cesser les trémulations fibrillaires du cœur, on applique une décharge de
2o joules environ chez les chiens de moyenne taille, une électrode étant placée directe-
ment sur le cœur mis à nu. Pour que l'expérience rriississe, il faut que les trémulations
soient bien énergiques (Voir Électrocution, p. 874).
(Jn très fort courant induit appliqué sur le point du cœur qui était recouvert par
l'électrode au moment de la décharge ne modifie pas le rythme cardiaque. Toutefois cet
état d'inexcitabilité est passager. Après un temps, variable suivant l'énergie île la
décharge, l'électrisation du point qui était inexcitable produit d'abord une accélération
des battements du cœur, et finalement l'apparition des trémulations fibrillaires.
Effets sur la pression artérielle.— L'action des déch arges électriques sur la pression
sanguine varie avec l'énergie de la décharge, le point d'application des électrodes, etc.
Chez le lapin, en plaçant les électrodes dans la bouche et le rectum, on peut constater
les faits suivants. Une décharge électrique peu énergique détermine le plus souvent une
chute très passagère de la pression, comme on peut le voir dans la figure 88. La pression
ne tarde pas à remonter après cette chute momentanée, et elle atteint un niveau supé-
rieur à celui qu'elle otfrait avant la]déchai*ge. D'après Dech ambre, la chute passagère de
la pression serait due à l'excitation du bulbe par la décharge; elle n'aurait plus lieu
après la section des nerfs pneumogastriques. Lorsque la décharge atteint une énergie
plus forte, de 55 joules par exemple, la pression monte immédiatement sans descente
préalable, et reste au-dessus de la normale pendant une demi-minute ou davantage. Il
en est de môme si Ton augmente encore l'énergie en la portant à 95 joules par exemple.
On n*a pas fait de recherches pour savoir si cette élévation de pression est due exclusi-
vement à une action directe sur le cœur et les vaisseaux, ou bien si le centre vaso-
moteur lui-même est excité.
FULGURATION.
m^
Nous avons tu plus haut que ta respimiion est coroplèlemcnL arrêtée chez un Japîn
soumis à une déchaige de Oj joules* Or nous consLatons ici qu'avec la iiit^jnedechurçe la
pression s'élève et reste au-dessus de la normale pendant plusieurs secondes; elle des-
cend ensuite peu à peu a Tabscisse à cause de l'asphyxie. Si Ton entreltenl la respiration
artdiciellep la pi*ession reste élevée.
Dans leurs eipériences Prévost et Battelli ne pouvaient pas obtenir de décharges
ayant une énerg^ie supérieure à 100 joules; ils ne pouvaient donc pas étudier reïFct de
décijarires plus fortes sur la pression du lapin. Ces auteurs ont d*"i se limiter à rechercher
rat'lion de plusieurs déchar^^'es se succédant à quelques secondes d'inlervalte en même
lemps (pfon pratifjuait la respiration artificielle. Sons Tinlluenre de 3 on i décharges de
Kin joules les battenienls du cœur deviennent de plus en plus fajble*<^ et lu pression Unit
par tomber à l^abscisse. Le système vascubire périphérique est aussi atteint par ces
fortes décharges succesi»ives* En effet» on couslate qu'après quelques décharges le cœur
est totalement vide de -«^ang, ce qui est Tindice d'une paralysie vaso-motrice. Il est rare
d*observer chez le lapin rapparition des trénuitalions fibrillaires souî* l'intluence de ces
fortes décharges successives.
Chez les chiens de petite et de moyenne taille, eu plaçant les électrodes dans la
bouche et le rectum, une décharge de 100 joules produit une élévation considérable de
la pression, qui descend
peu à peu et reprend son fNt^\i
niveau normal (ftg- 89).
Lorsqu'on soumet ranimai
i plusieurs décharfijes se
succédant à quelques se-
condes d'intervalle, ou voit
que la pression nïonle à
un niveau très élevé, et
que cette élévation se
maintient pendant quelques
d*Vharges. Mais le plu-« sou-
vent, h la quatrième ou à la cinquième décharge, on voit la pression tomber tout h
coup h l'abscisse, et y rester d'une manière définitive (lig. 90).
Si Ton ouvre rapidemenf le thorax, on constate que les ventricules pressentent des tré-
rnuîations ribrillairt-s, tandis que les oreillelïes conlinuent à battre.
Ces trémulations (ibrillaires sont délinitives, et môme, en prolongeant le massaae ilu
i i I i i i i ^ i i i t » i é , à i i t t 1 i l i , 1 i J
Flia. 60. — E0ets il'uue décharge èoergiqtto <nr ïm. prossion «rtéHelliï.
Cttlen de BUHi grtaam^t. K, décharge etectriquo de 9S joul»i.
Fui. m, -^ Effets lio plusieurs dceh«rges ^nergiiinos mi^pmrliécs.
Chiemio do 7 Xilogmitiinos. K, dédâArg«8 éleclri4aes d« T7 jouI^b.
cœur pendant plusieurs minulea, en entretenant en même temps la respiration artili-
cielle, les contractions rythmiques des ventricules ne se rétablissent pas.
Des décharges appliquées directement sur le cti?ur, de façon que la densité élec-
trique «oit considérable dans cet organe, produisent des elFi-ts semblables chez, le
chien- Une seule dt'-cbarge, quelle que soit son énergie, ne détermine jamais l'apparition
des trémulations librillaires. Au contraire, avec trois ou quatre décharges peu fortes,
de 'i joules par exemple, chez un chien de petite taille, on provocjne des trémulations
(ibrillaires persistantes. On voit ainsi q»ril faut qu*îl y ait mmmalioti des effets de plu-
sieurs décharges successives pour que les venlricules soient pris de trémulations.
870 FULGURATION.
D'après ces expériences il faudrait conclure que la mort de l'homme dans les cas de
fulguration n'est pas due à Tarrêt du cœur en trémulations Qbrîllaires, contrairement à
a qui arrive dans les accidents de Tiiidustrie électrique.
Appareil respiratoire. — Nous avons déjà indiqué plus haut l'action des décharges
sur le centre respiratoire. Il faut encore considérer quelques phénomènes du côté des
poumons.
Sous rinfîuence des décharges, les poumons peuvent présenter des troubles circula-
toires, à savoir congestion considérable, œdème, ecchymoses sous-pleurales, etc. (Deciiaii-
BRE, ibid.). Ces troubles sont beaucoup plus accentués chez le lapin, et surtout chez le
cobaye que chez le chien. Chez les cobayes une décharge peu énergique occasionne
souvent la mort au bout de quelques minutes par ces troubles pulmonaires. En outre,
lorsque l'énergie de la décharge est suffisante, on constate une diminution plus ou
moins considérable de Vélasticité pulmonaire. Les poumons ne se laissent insuffler
qu'avec difficulté et sont peu rétractiles. Ce phénomène est surtout très marqué chez les
jeunes cobayes, chez lesquels on peut le déterminer déjà avec une décharge peu éner-
^'ique, insuffisante pour inhiber le centre respiratoire. La perte d'élasticité pulmonaire
n'est pas seulement due à des troubles circulatoires, car elle se produit aussi chez un
cobaye tué par la saignée et soumis à une décharge énergique.
Système neuro-musculaire. — L'influence des décharges énergiques sur les nerfs
a été peu étudiée. Notiin\gel (L c.) a fait des expériences sur des lapins. 11 a constaté
qu'en plaçant une électrode dans le voisinage d'un tronc nerveux la décharge diminue
l'excitabilité du nerf.
Lorsque les électrodes étaient placées au niveau du nerf sciatique et du nerf crural,
on obtenait une paralysie motrice passagère de la jambe. Notbnagbl a observé qu'on
produit facilement une anesthésie passagère du pied ou de la queue en appliquant une
électrode sur ces parties. Les décharges électriques employées par Notunagel étaient
peu énergiques.
Troostwyk. et Krayeniioff (/. c.) avaient remarqué qu'en plaçant les électrodes sur les
deux membres postérieurs d'un lapin on obtient une paralysie passagère de ces membres,
si la décharge est forte.
Nous avons vu que, lorsqu'on soumet un jeune cobaye de 250 grammes à une
décharge de 100 joules environ, les électrodes étant placées dans la bouche et le rectum,
le cœur est complètement arrêté, et les ventricules, surtout le gauche, sont contractés,
rigides.
Les intestins et l'estomac sont aussi, dans ce cas, immobiles, et ne se contractent
plus, môme en employant un courant induit très énergique. Les muscles lisses de Tin-
testin ont donc perdu leur excitabilité.
Par contre, le diaphragme reste encore excitable, et se contracte énergiquement, soit
qu'on l'électrise directement, soit qu'on le fasse par l'intermédiaire du nerf phrénique.
Les muscles du tronc et des membres restent de même encore bien excitables. L'arrêt
de la respiration sous l'influence de fortes décharges n'est donc pas dû à une perte de
la contractilité musculaire.
On peut toutefois abolir l'excitabilité d'un muscle avec une décharge peu énergique,
si la densité électrique est considérable dans ce muscle. Ainsi, si l'on applique une élec-
trode constituée par un petit disque métallique de 8 millimètres de diamètre sur le
muscle-gastrocnémieu dénudé d'un gros cochon d'Inde, et qu'on place l'autre électrode
dans le rectum, on peut observer les faits suivants. Une décharge de un dixième de
joule ne modifie pas l'excitabilité du muscle. Avec une décharge de un tiers de joule, on
constate que le muscle est d'abord excitable dans toute son étendue; après quelques
secondes la partie sur laquelle était appliquée l'électrode devient inexcitable, tandis que
le reste du muscle conserve son excitabilité. Après une décharge d'un joule, le muscle
ne reste excitable que pendant trois ou quatre secondes; il devient ensuite tout entier
inexcitable pour revenir à l'état normal an bout de plusieurs minutes. Avec une décharge
de 4 joules, le gastrocnémien perd presque immédiatement son excitabilité et bientôt
tous les muscles du membre ne se contractent plus, même en employant un courant
induit énergique. Toute la patte est rigide; les muscles du membre opposé, ainsi que
ceux du tronc, gardent leur contractilité. Après plusieurs minutes, les muscles de la
FULGURATION.
871
euisse reprennent leur excitabilité; le gastrocnémien reste rigide pendant une heure on
dataDlûge.
Nous voyons ainsi que, lorsque la densité électrique est considérable, les muscles
sont vile pris de rigidtl«% et d'autant plus rapidement que celte densité est plus grande,
La rigidité du rausde n'est pas permanente; rexcitabilïli* revienr d*aulanl plus vile
que rénergie de la décharge e*t moins élevée.
Par ces décharges bien limitées, on peut, chrome nous venons de le dire, rendre rigide
une partie du muscle* tandis que le reste conserve ton excitabilité. En outre, les points
rigides sont non seulement devenus inexcilables; mais ils ont ausf^i perdu la propriiHr
de transmettre Teicitatlon aux parties voisiufîs du muscle. Nous avons conslalé le même
phénomène sur le cœur soumis à un^urte décharge.
Dans plusieurs cas de mort par la fondre la rigidité cadavérique a été rapide. On ne
peut loiilefoi^ pas admettre l'opinion de Brown-Smjcabd (23 i, que la rigidité est toujours
instantanée et qu'elle cesse aussi presque iramédial^menl. D*apn>3 ce que nous venons
de direi la rigidité cadavérique dans les cas de riilguraLion sera très rapide si la densité
électrique dans Torganisme a été considérable- En outre, la rigidité s'établira pins vile
dans hi partie du corps qui a été directement frappée par la foudre.
Effets sur le san^. — I/étude de Taclion des décharges d'un condensateur sur le
sang est duc à Rollktf, qui, déji en 1862 (24), constate que le sang sorti des vaisseaux
est Itiqué lorsqu*il est soumis à ces décharges. En 1863 (25), Rollett étudie le phénomène
de plus près; et en 4864 (20} il donne une description détaillée des changements que
présentent les globules rouges examinés au microscope. Le iaquage du sang défibriné
des mammifères est observé en plaçant le sang dans de petite tubes ou dans des con-
ducteurs prismatiques, et en l'exposant aux décharges d'une bouteille de Lktde avec une
distanre explosive de plusieurs millimètres, L*hématolyse se fait d'abord dans le voisî-
niijue des électrodes, puis peu h peu sur toute hi li;j;ne qui réunit les électrodes.
Pour IVxamen microscopique Rollett emploie, au contraire, une distance explosive
faible (un millimètre tout au plusi; une gonlte de sang dilué est placée sur le porte-objet
g;irni de deux feuilles de papier d*étain, et on recouvre avec une lamelle. Sous riolluem^e
des décharges les globules rouges des mammifères revêtent successivement la forme de
rosette, de mûre, de pomme épineuse, de sphère cotorée; finalement la couleur de la
sphère dispardît, et on observe un cercle pale à contours peu nets que Hollktt appelle
ombre Sfhtftlc). Les globules de grenouilles passent également par plusieurs stades; leur
noyau apparaît nualement entouré d'un cercle peu net, où la substance coloi-anle a
disparu. Les globules de grenouilles sont beaucoup plus résistants k faction des décharges
que lôs globules de mammifères, Rollctt constate qu*on ne peut expliquer d'une
nu'tniere sattslatsantc ces différentes transformations. )1 lui parait, par exemplet difficile
d'admettre qu'elles soient un acte vital des globules, une contraction produite par une
exritation énergique, car les globules conservés pendant des mois hors de l^organîsme
présentent les mêmes changements sous Taction des décharges,
Nr.eiiAN?< (27) avait constaté que le courant d'une bobine d*induclion peut produire
les modifications dans la forme des globules et Tliématolyse obtenues par Rollktt au
moyen des décharges. Herminn (28), en précisant les résultats de lexpérience de ÎSeumatîx,
arrive à la conclusion que Thématotyse par l'électricité est due uniquement à réchauf-
fement de la couche de sang,
RoLLCTT (29) répond que le sang soumis aux décharges ne subit qu*une élévation de
température de quelques degrés, et il met hors de doute, au moyen d'expériences variées,
que rhéniatotyse est bien due à Faction directe des décharges du condensateur, et non h
récIiaulTemenl du sang sous l'action de ces décharges.
Dans ses dernières expériences, Rollett emploie un condensateur composé de six
éléments possédant ensemble une capacité de 0,01 nncrofarad, et il choisit une distance
explosive de un centimètre, con-espondant à un potentiel de 2(1000 volts environ. Chaque
décharge avutl ainsi une énergie de 3^38 joules. Or, pour laquer une colonne de sang
ayant une hauteur de 44 millimètres et un diamètre de H millimètres environ, il fallait
20 a 23 décharges. Nous avons vu qu'une seule décharge possédant une énergie de
4 joules rt'ud inexeitubles et rigides les muscles de toute la patte d'un cobaye adulte, en
appliquant les êlectiodes sur le gastrocnémieu el dans le rectum. Il en résulte qu'on
872 FULGURATION.
produit la rigidité musculaire avec une décharge ayant une énergie beaucoup plus faible
que celle qui est nécessaire pour laquer le sang. Par conséquent, le saog renfermé dans
les vaisseaux d'un animal soumis à une forte décharge ne sera pas encore laqué lorsijue
les muscles seront déjà rigides. L'hématolyse ne joue donc aucun rôle dans le méca-
nisme de la mort par fulguration. Du reste, les animaux soumis aux décharges d'an
condensateur, ou l'homme frappé par la foudre, ne présentent pas d'hématurie.
Expériences sur les animaux à sang ft*oid. — Ces recherches sont peu nom-
breuses. Priestley (/. c.) a fait quelques expériences sur des grenouilles, et il a trouvé
que ces animaux offrent une grande résistance à l'action des décharges. Une décharge
suffîsanle pour tuer un chat ne tue pas une grenouille. Celle-ci reste plusieurs minutes
immobile, mais se rétablit peu à peu. D'après Fon-mna (/. c), au contraire, les grenouille?,
es anguilles, etc., meurent aussi facilement que les animaux à sang chaud ; les tortues
résistent davantage. Cet auteur trouvait le cœur immobile chez les grenouilles, mais se
contractant sous l'action d'excitations mécaniques.
Antopsie. Examens microscopiques. — Si l'on fait Taotopsie d'un animal tué par
une ou plusieurs décharges, on ne trouve le plus souvent aucune lésion macroscopique
caractéristique, comme l'ont observé la plupart des auteurs (Priestley, Fonta.na.
Deghaiibre, etc.). On peut pourtant signaler dans quelques cas l'existence de troubles
circulatoires dans les poumons : congestion, œdème, ecchymoses sous-pleurales, beaucoup
plus accentués, comme nous l'avons dit plus haut, chez les petits animaux.
Les autopsies des personnes tuées par la foudre sont aussi le plus souvent négatives,
comme nous l'avons vu.
Les organes d'animaux tués par des décharges d'un condensateur n'ont jamais été
soumis, à ma connaissance, à des recherches microscopiques. Jellineck (30) a fait
l'examen histologique de deux personnes tuées par la foudre, et il a trouvé que les
cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal présentent des lésions que d'autres auteurs
ont rencontrées dans les cas d'électrocution. 11 y aurait déformation du corps cellulaire
et des prolongements, formation de vacuoles, dissolution de la substance chroma-
tique, etc. En outre, Jellineck aurait constaté la présence de quelques foyers microsco-
piques d'hémorrhagies capillaires. Autour de ces foyers hémorrhagiques la substance
nerveuse.est refoulée et déchirée.
J'ai soumis (recherches inédites) huit cobayes très jeunes à des décharges électriques
ayant une énergie de 10 à 50 joules, les électrodes étant placées dans la bouche et le
rectum. Ces animaux sont morts sans faire un seul mouvement respiratoire. Le cerveau
et la moelle ont été préparés d'après la méthode de Golgi et d'après celle de Nissl.
Quelques cellules nerveuses ont présenté les altérations citées plus haut; mais j'ai trouvé
des lésions semblables chez des cobayes témoins tués par la saignée, et il ne m'a pas
semblé qu*elles fussent plus nombreuses chez ceux tués par les décharges électriques
que chez les animaux témoins. Je n'ai pas observé les foyers hémorragiques dont parle
Jeluneck.
Mécanisme de la mort dans la falffuration expérimentale. — D'après ce que
nous venons de dire, le. mécanisme de la mort peut être différent suivant que l'animal
est soumis à une seule, ou à plusieurs décharges successives. Lorsqu'on applique une
seule décharge, les électrodes étant placées sur la tète et les membres postérieurs, ce sont
d'abord les centres nerveux qui sont profondément atteints dans leurs fonctions. Nous
pouvons ainsi avoir un animal qui est tué par l'arrêt définitif de la respiration, alors
que son cœur se contracte encore énergiquement. Il suffit, dans ce cas, de pratiquer la
respiration artillcielle pour sauver l'animal. Si la décharge est encore plus énergique, le
cœur est atteint à son tour; il présente des contractions très faibles, ou bien il est
complètement immobile. La respiration artificielle devient alors inefficace pour rappeler
l'animal à la vie. En tout cas, il s'agit toujours d'une action directe de la décharge sur
les organes dont elle diminue ou annihile les fonctions, et on ne peut pas admettre
l'opinion de d'ARso.wAL, d'après laquelle la mort peut aussi avoir lieu par une inhibition
indirecte dQ la respiration, du cœur, des échanges, produite par Vexcitation du bulbe.
Chez les petits animaux^ une décharge peu énergique peut provoquer la mort par
œdème aigu des poumons, pendant que les centres nerveux ne présentent pas encore de
troubles graves. Enfin, chez les cobayes adultes, on peut avoir la mort par l'apparition de
FULGURATION.
87 S
liémixlalions fibriHaires avec une décharge peu énergique^ insuf Osante pour arrêter la
I espi ration d'une manière définitive, Mais ce cas est rare.
Uoe série de décharges se succédant rapidement loe le pfus souvent les ctiieiis par la
paralysie du ctrur en trérnulalions fibriHaires persistantes, avant quo la respiration w*
soit abolie d*une manière définitive. Dan» quelques cas, les Irêniuîations fibrillaires man-
quent : le chien meurt alors par Tarn^t de la respiration avant que le cœur ne soit pro-
fondeuïenl atteint. Cbez le lapin, les décharges successives produisent rarement furrél
du rcHur en trémulalions flbrillaires; la mort a lieu par arrAt de la respiration.
Le phénomène qui prédomine est donc Tinhibition des centre» nerveux; c^est Fiiboli-
tiiin de la fonction de ces centres qui est généralement la cause première de ïa mon
chez les ai>îniaux soumis k la décharge d'un condensaleur. (Comment expliquer cette
tnhUntlou? quelles sont les modil]cattons que subit la cellute nerveuse? Nous ne pouvon>
que constater notre igtmtauce à ce sujet.
Jellinfxk (/. c) attribue les troubles dans les tondions des centres nerveuse ;\ de>
désordres oriffinîques, et surtout aus; hémorragies capillaires, ce qui avait déjà été admis
précédemment par d*aulres auteurs (voir Ëtectrocution, p, 874). Otle opinion ne peut
pas être soutenue ;car les animaiu soumis à des décliarges éuer^siques, et rhomme, frappé
par ta foudre, se rétablissent tr«''S rapidement, î»*ils ne sont pas tués sur le coup. D*autrQ
part, la respiration artificielle réussite sauver un animal, chez lequel e :œur n'est pas
dangereusement atteint. Les troubles sont donc fonctionnels, et non organiques.
Wrown-Siî^juard (31) admet, ce qui avait déjà été énoncé par Uuntru, que la mort par
la foudre s'explique par le fait que, la décharge électrique étant une cause d'excitation
extrêmement puissante, elle détermine la dépense de toute la quantité de force nerveuse,
musi-'ulaire, etc., que possède l'économie. Cette hypothèse est peut-être vraie; mais
toutefois elle s'accorde difficilement avec ce qu'on observe sur les muscles et dans le
sang. ?Jous avons vu que les muscles, frappés par de fortes déchar^^es, gardent leur exci-
tabilité jusqu'au moment où ils deviennent rif^ides; la perte de la contractililé muscu-
laii'ti paraît donc liée à un changement ilatis la constitution moléculaire du muscle»
et non à un épuisement de son énergie. Les globules rouges deviennent sphériquea
et perdent leur hémoglobine lorsque le sang est soumis aux décharges (expériences de
Rollktt); il serait diftkile d'adntellre que ces moditications sont dues à repuisement de
l'énergie spéciale qui fixe l'ht^moglobine sur le stroma (ou endosome) globulaire.
Il est donc probable que les (roubles dans les fonctions des centres nerveux ^ sons
rinfluence des décharges du condensateur, sont dus à un changement dans la coni^titution
moléculaire de leurs cellule-^ nerveuses, comme cola paraît être le cas pour les muscles
et pour les globules rouges. Mais nous ignorons e^i quoi cotisisleot ces modifications.
Mécanisme de la mort dans les cas de fulguration chex riiomme. — En nous
basant sur le:> rr-sullals expérinienlaux et sortes relations des accidents mortels produits
par la foudre, nous devons conclure que probablement la mort peut avoir lieu de deux
manières différentes : 1" la moi t e^l due à l'intiibition profojide des centres neneux et
surtout du centre respiratoire, le coîur continuant à battre avec énergie; 2* la mort
est due en même temf»s à l'inhibition des centres nerveux et à l'anêt ou à la faiblesse
du cteur. Ces différentes tiendront à l'énergie de la décharge qui a frappé la Tictime-
rVous avons dit, en parlant de la foudre, que l'homme foudroyé n'est soumis qu'à une
petite partie de Ténergie électrique totale qui constitue l'éclair.
Or, si la décïiarge que l'homme reçoit est peu énergique, il y a simple commotion,
une secousse plus ou moins violente sans gravité. Si l'énergie de la décharge est plus
considérable, il y a perle de connaissance, sanS que la respiration soit arrêtée; la victime
se rétablira d'elle-même, et la conscience reviendra ajirès un temps variable. Lorsque la
décharge est encore plus énergique» il se produit une inhibition profonde du centre
respiratoire» mais le cœur se corj tracte encore avec force; dans ce cas, la respiration arli-
cielle et d'autres secours administrés à temps pourront sauver la personne foudroyée.
Finalement, si l'énergie de la décharge est encore plus élevée, le cœur est aussi profon-
dément atteint dans ses fomlions; la victime est alors irrémédiobtement perdue. Des
décharges ayant une grande énergie pourront, eu outre, produire une rigidité musculaire
. presque immédiate, surtout dans les membres inférieurs où ïa densité électrique est
r
874 FULGURATION.
Il est superflu d'ajouter que dans les cas très rares où il y a des délabrements méca-
niques graves, comme fracture du crâne, déchirure d'organes essentiels à la Tie, etc.,
la mort s'explique par ces lésions.
Traitement. — Nous ne parlerons ici que des secours à donner aux foudroyés en
état de mort apparente. Les autres accidents présentent, du reste, très rarement une
réelle gravité. Si la respiration n'est pas abolie, la victime peut rester sans connaissance
pendant un temps plus ou moins long; mais la conscience finit toujours par revenir
après un jour ou deux au plus lard. Les autres troubles variés qui peuvent se manifester
n'ont rien de caractéristique et seront traités comme d'habitude.
On a proposé un grand nombre de procédés pour ramener les foudroyés à la vie.
L'étude du mécanisme de la mort par la foudre nous indique que le moyen le plus cfû-
cace consiste évidemment à pratiquer la respiration artificielle, qui pourra réussir à
ramener la victime à la vie, si le cœur continue à battre. Il y a, en effet, une certaine
analogie entre un foudroyé qui se trouve en état de mort apparente et un asphyxié. Dèî»
que la respiration spontanée est rétablie, on cherchera À ramener la conscience chez la
victime, par les moyens habituels, tels qu'excitation des voies aériennes au moyen de
vapeurs irritantes, frictions, effusions froides, etc.
Les procédés employés pour pratiquer la respiration artiOcielle ont été exposés à
l'article Asphyxie. Je dois dire toutefois que je n'attribue aucune efficacité aux tractions
rythmées de la langue, ce qui m'a été démontré par les expériences que j'ai faites sur
les animaux (chiens et lapins) asphyxiés. Il faut empêcher que la base de la langue
puisse tomber sur la glotte et l'obstruer. Pour éviter cet accident, il suffit de tirer la
langue hors de la bouche ; il est inutile d'y exercer des tractions rythmées.
CHAPITUE H
Èlectrocution.
Sous le nom d'élcctrocution nous comprenons tous les troubles produits par les cou-
rants électriques sur l'orf^Mnisme.
IVous avons à étudier l'action : 1^ des courants alternatifs; 2^ des courants continus;
3^ des courants des bobines d'induction.
Nous commencerons par nous occuper des courants alternatifs et continus, qui, au point
de vue auquel nous nous plaçons ici, provoquent des troubles en grande partie sembla-
bles. L'étude des effets produits par ces courants comprend les résultats des recherches
expérimentales sur les animaux, les faits observés dans l'Alectrocution des criminels en
Amérique, la relation des accidents occasionnés par les courants industriels. Les cou-
rants qu'on emploie dans les expériences sur les animaux sont les mêmes que ceux qui
déterminent les accidents de l'industrie électrique chez l'homme. Par conséquent, les
résultats obtenus chez les animaux et les observations recueillies chez l'homme présen-
tent dans l'éleclrocutiou beaucoup plus d'analogie que dans la fulguration, où nos moyens
expérimentaux sont loin d'atteindre la puissance d'action de la foudre.
§ I. - EXPÉRIENCES SUR LES ANIMAUX.
Nous venons de dire que les troubles produits par les courants alternatifs et par les
courants continus sont en grande partie semblables. Nous commencerons par faire
l'historique général des travaux qui ont trait à ces deux espèces de courants; nous étu*
(lierons ensuite les effets des courants alternatifs qui sont mieux connus, et finalement
nous parlerons de quel({ues particularités qui se rapportent aux courants continus.
Historique. — Le premier qui a fait des expériences d'élcctrocution sur les animaux
a été (ORANGE (32j. 11 soumet des chiens à des courants continus de 800 volts eofiron,
et il ronslate leur mort immédiate, qu'il attribue à des lésions bulbaires, consistant
surtout dans la formation d'hémorragies capillaires. Ces lésions du bulbe déterminent.
FULGURATION.
RTS
d*aprè9 GnAi«f;E, la c«ssaUoii de la respîraUou, et en mèoie temps rurrét du ctpur par
eicîtalion du ceulre du neiTpneumoga<*tHque.
D'Aii>o.>(VAt n publié une série de commun! rations à la Société de" Biologie et à TAca*
demie des sciences; les rétfultats sont résumés dntis uni' note à l'Académie des Scieneed
du i avril 1887 (33), Le courant continu d*une \*ï\f de 420 volts n'amène la mort que par
des interruptions fréquente» et Inng^temps prolongées du couranl. Le courant d'une
dynamo à courant continu n'est dnn^^crpuï que par sou exLra-comaul de rupture* Le
coiinmt d'une dynamo k courant allernalif n'entraîne la mort qu'au-dessus de (20 volts.
Le courant des dynamos lue par action rt''n«'Tie ou indirecte, c'est-à-dire (»ar excilntion
du bulbf, en pruduisanl des phénomènes d'inhibition respiratoiret d*inbibition du cirur,
d'arrél de^ *'M:baii|B'es»elc* D'Ah^^onval eipliqnoil ainsi la mort due aui courants électri»
qurs par les idées bien connues de RHOW?(^SKoi;AHr» sur Tinhibilion et la dyiiamo^énie.
En applif|uaiit ces données à l'homme, d'Ahso?(VAL concluait que les courynts iudustrieb
tuent jr plus souvent par arrêt respiratoire, et, par conséquent, la respiration iirtilicîplle,
pratiquée a temps, a grande cbunr(? de rappeler les électrocutés à la vie. Il avait lui-
luAme réussi dans la plupart de ses expériences à ramener à la vie les animaux élcclro-
cuté?» en n^ant de ce moyen. Xoiis verrons que plusieurs des idées émises par d'AusOiXVAL
sont inexactes, ou ne sont û|qd«cables qu'a quelques cas particuliers.
En tS89, BnowN, Kën.mëly et Petkr'^on (3ij ont fait des expériences sur des cbions,
un cheval l't deux veaux en enipluyant généralement des courants alternatifs, et dans
quelques rares cas un courant continu. Le courant alternatif présentait des tonsions
variant tuitre 100 et BOO volts; quand il fut appliqué pendant au moins une SL*conde^
il pf oduisiï toujours la morl iuslanianée. Le courant continu ne fui pas toujours mor-
h'L Les expériences avaient été instituées dans le but d'étudier l'application de Télec-
trocnlion nux criminels; mais ces auleurs ne cherchèrent pas à se rendre compte du
mécanisme qui avait occa^iionné la mort.
En 1890, Tatuh (35), à la suite d'expériences nombreuses sur des chiens soumis a
l'action de courants alternatifs et continus, conclut que les nerfs et les muscles restent
excitables» que le san^ ne présente aucune modilicalion, que la mort csi surloul due k
l'arrêt du cirur, qu*â l'autopsie on ne trouve aucune lésicm constante, Vn couriinl faible
peut arrtiter le cu'ur, sfius trouble apparent de la respiration; un courant de un ampère
peut arrêter le cœur et la respiration en même temps. Après la section des vagues ou
t'udmiiustratiou de l'alropine, Tarrél du cœur a lieu comm*' chez Tanimat à pneumo*
gastriques intacts. Tatcm conclut que riiibibition des centres extrinsèques du cœur ne
joue aucun rôle : il s'agit d une action directe du courant sur cet organe. Mais il ne sait
pas comment expliquer cette action, et il dit qu'il lui semble que le courant agit plutôt
sur le myocarde. Tatcm n'indicjue pas dans son travail quel était le voltage du courant
quil employait.
BiHAUD (UÔ), dans trois expérit^nces faites sur des la[>ins, ç«tnstata qu'avec un courant
atternalif de2;iO«t volts il fallait douze secondes pour déterminer Tarrêt du ca*ur.
DoiîLïN (37) a émis l'opinion tpie l'action du courant altère, en premier lieu, le sang,
et que les lésions du système nerveux seraient consécutives à cette altération. Mais ces
prétendues alléralions du sang n'ont jamais pu être constatées, de sorte que Topinion
de DouLiN n'est partagée par aucun auteur.
Kratter (38) u fait un certain nombre d'expériences sur diverses espèces animales
(rats, cobayes, lapins, chiens,) en se servant de couranls alternatifs, et il conclut que
la mort est due à la paralysie du centre respiratoire et à l'asphyxie qui en est la consé-
quence. Kratter signale, comme facteurs importants de la mort, la durée du conctact
el Tespèce animale ; les cochons d'Inde et les lapins résistent mieux au choc électrique
que les chiens. Krattkr n'expérimenta sur les rats qu'avec une faible tension 1 100 volts)
et constata qu'un contact de trente secondes était nécessaire pour les tuer* Chez les
autres animaux, il emploie den tensions élevées (i 500 ou i ^Zù volts), et il trouve géné-
ralement que le cœur bat. sauf chez un chien (1 500 voltsi, mais il uSnsiste.pas sur
cette dernière expérience, Krattek inscrit ta pression artérielle chez trois lapins
(1500 volts); il montre que la pression subit d'abord une élévation considérable qui est
suivie d'une chute mumenianée« Dans les cas où ta respiration ne se rétablit pas, la
pression ne larde pas k tomber à zéro, et le cieur cesse de battre. A l'autopsidi il ne
876 FULGURATION.
trouve pas de lésions constantes ; les cellules nerveuses ne présentent aucun change
ment appréciable à l'examen microscopique; elles doivent donc sul)ir des changements
moléculaires qui suspendent leur fonction.
Oliver et Bolam (39), en expérimentant sur des chiens et des lapins, sont arrivés à
des conclusions analogues à celles de Tatum. Un courant alternatif de 200 volts arrête
immédiatement le coeur, tandis que la respiration continue, fait que Ton constate bien
dans les tracés publiés par ces auteurs.
CoRRAOo (40) a soumis des chiens à l'action de courants continus à haute tension
(au-dessus de I 000 volts) et il a constaté que, môme avec des contacts de très court*»
durée, ces animaux succombent immédiatement. La respiration et le cœur sont para-
lys«''s dès le premier instant. Corrado n'insiste pas sur le mécanisme de la mort.
Prévost et Battelli (41 et 42) trouvent que les courants & basse tension produi>*.M)l
l'apparition des trémulations fibrillaires du cœur, phénomène qui n'a plus lieu lors-
qu'on emploie des courants à haute tension. Les courants à haute tension inhibent, par
contre, les centres nerveux. Ces auteurs ont ainsi expliqué la cause des différences
entre les résultats obtenus par les expérimentateurs précédents. Au moyen de plusieurs
centaines d'expériences faites chez diverses espèces animales, Prévost et Battelli déter-
minent le mécanisme de la mort par les courants électriques et précisent les conditions
expérimentales.
CuNNLNGiiAM (43) coustale aussi que la mort chez le chien est due à Tapparition des
trémulations fibrillaires du cœur. Il trouve que les trémulations sont également pro-
duites par des courants à haute tension, mais les courants à haute tension dont s'est
servi Cunningham ne pouvaient fournir qu'une faible intensité; ce n'étaient donc pas des
courants industriels,
Jellineck a publié récemment une nombreuse série de travaux, qui sont souvent la
répétition l'un de l'autre (44). 11 n'y a dans ces travaux presque aucun fait nouveau, el
Jellineck parait ignorer la plus grande partie des résultats auxquels sont arrivés les
auteurs qui l'ont précédé dans cette voie.
Arloing (54) a fait quelques expériences sur les chevaux et il conclut que l'opinion
courante, d'après laquelle ces animaux sont très sensibles à l'action du courant, est
exagérée.
A. Gourant alternatif. — Je ne parlerai que de l'action des courants alternatifs indus-
triels qui peuvent donner un débit considérable, de sorte que l'animal est traversé
par un courant ayant une intensité (en ampères) égale au potentiel (en volts) divisé
par la résistance électrique du corps (en ohms). On aurait des résultats bien différents
si le courant ne pouvait fournir qu'un débit peu élevé, de quelques milliampères
par exemple.
J'ajoute que, lorsque je dis courant alternatif tout court, j'entends parler d'un cou-
rant alternatif possédant une fréquence de 50 périodes environ. Je reviendrai plus loin
sur l'influence du nombre des périodes.
Mécanisme de la mort. — Nous avons vu dans l'historique que les avis étaient
partagés sur la cause de la mort dans Télectrocution. Pour les uns, d'ARSoNVAL, Birud,
Kratter, la mort était due à une inhibition des centres nerveux, et surtout du centre re>-
piratoire; l'animal mourait asphyxié. Pour les autres, Tatum, Oliver et Bol.\m, la mort
était produite par une paralysie du cœur, le système nerveux perdant ses fonctions à la
suite de l'arrôt de la circulation.
Les expériences de Prévost et Battelli ont montré que les courants électriques peu-
vent tuer, soit par le premier mécanisme (inhibition des centres nerveux), soit par le
second (arrêt du cœur), suivant les conditions expérimentales dans lesquelles on se place.
D'une mani(>re générale, les courants à haute tension produisent la mort par un méca-
nisme tout autre que les courants à basse tension.
Les courants à haute tension (courant alternatif de 1200 volts et au-dessus, une élec-
trode étant placée sur la tête, l'autre sur les jambes, avec bons contacts) tuent par inhi-
bition des centres nerveux. Tous les animaux sont tués d'une manière semblable par en
courant à haute tension, et la mort a lieu par l'arrêt de la respiration. Le cœur continue
à battre avec énergie et ne s'arrête. qu'à la suite de lasphyxie. Les courants ù basse
FULGURATION»
87T
tension (ne dépassant pas 120 volts environ, le courant allant de la tête aux pieds avec
bons conlacl^j tuent, au nnnlraire, en produi^^ant l'arrêt dn cœur, tandis que les centres
nerveux sont peu affectes et l'antniat continue h respirer pendant quelque temps
encore,
Prévost et Batteuli ont montré que cetarrél du cœur est produit parrapparition des
trémutaiiom ftbrittnires du c^rur. Pendant le passage do courant à basse tension, le ccrur
est pris de Irémulations cbev; tous Je^ animaux. Lorsijire (e courant est iulerrompu* les
oreilleltes reprennent leur rythme normal, mais li^s ventricules restent en Irémulations
fibriHair*»s chez reiiaiiies espèces animales (chien» rhat;,tandiH qu'ils r**couvront leur
rythme chez d'antres i rais). Chez le cobaye adulte» tes Irémulalions librillaires sont le
plus souvent persistantes; chez le lapin, elles sont le plus souvent passa^çèrps.
Les Irémulations provoqui^es par les courants industriels se comportent donc, quant
à leur persistance, de la même manière que lorsqu'eMea sont délei minées par rélectri-
salion directe du cceur au moyen du courant d'une bobine d*induclioD.
Il sVnsuit que les chiens et les chats soumis au passage d*un couran a basse
tension m^^urent loujourJï, car la paralysie du cfpur est chez eux définitive; les cochons
d'Inde adultes meurent le plus souvent, mais pas toujours; les lapins meurent rarement;
Us rats ne nieureut jamais, à la condition toutefois que le contact ne soit pas proloni^té
au delà de quelques secondes.
Entre ces deui divisions de courants à efTet complètement dîjrèrent, courant h haute
tension et courant a basse tension, prennent place les courants a tension moyenne (cou-
rants alternatifs de 240 ;i GOO volts, se dirîiçeant de la tôle aui pieds, bons contacts). Ces
courants produisent chez, le chien la paralysie du c<i;iir en trèmutations flbritlaires et
Tiurêt souvent absolu de la respir.ition.
Détermination de quelques conditions physiques expérimentales. Voltage,
intensité, densité du courant. — Avant d'étudier plus en dotail les efTets des courants
industriels sur Torganisme, je crois utile, pour la facilité de la description, d'exposer
rapidement quelques conditions physiques expérimentales.
Jusqu'ici, nous avons caractérisé les courants surtout d'après leur vol ta^^e. Nous avons
parlé des courants h haute, moyenne et basse tension. Mndicntiou du voltage est naturel-
lement la plus importante h considérer, car c'est îa dilTérence de [lolf^ntiel qui produit le
Courant; mais il faut aussi tenir compte d'autres notions, surtout de celles de llnlensilé
et de la densité. Les courants des grosses bobines d'inducliou possèdent une tension
énorme, et pourtant ils ue déterminent pas d'accidents graves, parce que leur intensité
est trop faible.
I/intensilê a donc une grande importance dans la produclîon des accidents causés
par rétecLrocution, Pour calculer rinlensité, il faut, tétant donn*/ le potentiel, connaître,
comoie on le sait, la lésistance.
H ne sufiit pas d'évaluer l'iiiteiisilé totale rpje possède le courant en traversant le
corps de ranimai. Ce <jui est plus important .'i établir, c'est la densité électjique dans
chaque organe, c'est-à-dire Tintensité dans l'unité de surface de l'organe qu'on examine.
Au point de vue pratique, la densité électrique dans un organe est déterminée Joutes
les autres conditions restant égales, par les points d'application des électrodes et
par la taille de TanimaL La densité est d'abord maxima aux points d'application des
électrodes. Si Ton considère les autres parties du corps, la plus grand© densité se trouve
dans l'espace intrapolaire, c'est-à-dire dans les parties du corps qui sont sur la ligne
qui réuni! les électrodes. La densité diminuera dans le trajet extrapolaîre à mesure qu'un
5*éloignera des électro<les.
Chez les petits animaux, la densité est plus considérable que chez les gros, si l'in-
tensité du courant est la ni^me. C'est pour cette raison que l'on inhibe beaucoup plus
facilement les cenires nerveux d'un rat que ceux d'un lapin.
Tous les troubles que produit un courant électrique industriel dans les différents
organes semblent être proportionnels h la densité que possède ce courant en les tra-
versant. 11 est malbeuifusement impossible d'exprimer par des chiflires !u densité du
courant dans tel ou tel organe chez l'animal vivant. Au point de vue pratique, on aura
déterminé celle densité en indiquant rinlensité du courant, le point d'application des
électrodes et la taille de l'animal.
878 FULGURATIOr*.
La durée du contact a aussi une grande influence sur les effets du courant. Novt y
reviendrons plus tard.
Effets sur le cœur. — Prévost et Battelli ont démontré, comme je l'ai déjà dil,
que les courants alternatifs à basse tension arrêtent le cœur en trémulations fibrillaires
et que, par contre, les courants à haute tension ne produisent pas ce phénomène. Pour
mieux préciser, nous devons dire que le cœur est pris de trémulations lorsque la den-
sité du courant qui le traverse est faible; les trémulations n'apparaissent pas si la den-
sité du courant dans le cœur est élevée. Ainsi un courant alternatif de 240 volts arrête
le cœur d'un chien en trémulations fibrillaires, si Ton place les électrodes dans la bouche
et le rectum ; en appliquant, au contraire, une électrode directement sur le cœur mis à
nu, les trémulations n'apparaissent pas, comme Battelli Ta démontré (45).
Lorsque la densité du courant est élevée dans le cœur, celui-ci s'arrête en diastole
pendant le passage du courant. 11 est difficile de s'en rendre compte en employant les
courants à haute tension, mais on peut aisément constater le phénomène en se servant
d'un courant de 240 volts appliqué directement sur le cœur d'un chien, chez lequel on
entretient la respiration artificielle [Battelli (46)]. Pendant tout le passage du courant,
les oreillettes et les ventricules restent immobiles, diastoles. A la rupture du courant,
les ventricules reprennent immédiatement leurs battements si le contact n'a pas été
prolongé au delà de 4 ou 5 secondes. Si le contact a duré 10 ou 15 secondes, les ven-
tricules restent encore généralement quelques secondes en diastole avant de se remettre
à battre. Leurs contractions sont alors beaucoup plus fréquentes qu'à l'état normal ;
l'excitation du bout périphérique du nerf pneumogastrique par un courant induit ne
les arrête pas, mais cette paralysie du nerf vague est momentanée ; elle ne dure que
<iuelques minutes. Les oreillettes restent souvent diastolées pendant quelque temps,
surtout si la durée du contact a été un peu prolongée; puis elles recommencent à battre.
Dans les mêmes conditions, un courant de 120 volts provoque chez le chien l'apparition
des trémulations fibrillaires qui se manifestent déjà pendant le passage du courant et
qui persistent après la rupture du contact. Par conséquent, dans ce cas, le cœur du
chien ne reprend pas ses battements.
Chez plusieurs chiens soumis au passage d'un courant à haute tension (2 400 ou
4800 volts, électrodes bouche et rectum), Prévost et Battelli (41) ont observé une autre
modification dans le rythme du cœur. En ouvrant le thorax immédiatement après
l'électrisatiou, ces auteurs ont constaté que les contractions des oreillettes n'étaient pas
suspendues, mais qu'elles suivaient celles des ventricules. La contraction du cœur
paraissait débuter à la pointe du ventricule et se propager de là à la base et aux
oreillettes. Après plusieurs secondes, le rythme normal se rétablissait.
Ces différents effets du courant sur le cœur s'observent chez tous les mammifères,
mais le voltage nécessaire pour provoquer soit les trémulations fibrillaires, soit l'arrêt
du cœur en diastole, variera suivant la taille de l'animal, et suivant le point d'application
des électrodes.
Les courants alternatifs à haute tension (2 400 volts, par exemple), appliqués de la
tête aux pieds, ont, en outre, la propriété remarquable de faire réapparaître les contrac-
tions rythmiques dans un cœur pris de trémulations fibrillaires persistantes [Prévost
et Battelli (41 )j. On peut obtenir le même effet chez le chien avec un courant alternatif
de 240 volts, en plaçant une électrode sur le cœur [Battelli (45)]. Au moment où on
établit le contact, on constate «lue les trémulations fibrillaires cessent; le cœur devient
immobile, diastole, et, dès qu'on interrompt le courant, les ventricules reprennent
ordinairement leur rythme, si Ton a suivi cerlaines dispositions spéciales.
En outre, l'énergie des contractions ventriculaires n'est pas affaiblie lorsque le cœur
recommence à battre après avoir été arrêté en diastole par un courant ayant une densité
élevée, comme dans le cas que nous venons de citer. Toutefois, si la densité devenait
trop grande, les battements du cceur seraient affaiblis ou même complètement arrêtés, et
les ventricules deviendraient rapiilemenl rigides. On obtient ce résultat, par exemple, en
appliquant chez un rat une électrode sur le cœur mis à nu (l'autre électrode étant placée
dans le rectum) et en employant un courant de 240 volts prolongé pendant trois ou
<|ualre secondes.
L'explication de ces actions variées du courant sur le cœur est difficile. Elle est liée
FULGURATrON,
ft7î»
à la eonnmissanee de la DaLure icitîme des trëronlation» Obriltaires et du ryihniê dn cœur
que nons ignorons ^n grande partie.
Ji^ vais donner quelques chiffres relatifs aux voilages qu'il Taut employer pour obtenir
les différents elTels sur le coîur.
En plaçant une électrode sur le cœur du chien mis à nu et Faotre électrode dnns le
rectum, on observe déjà lapparition des trémulalions librillaires avec une tension do
Ji volts (je n'ai pas essayé un voltage inférieurs Un courant de 420 volts produit encor*'
les trémulations. Tn courant de 240 volts arrête le cœur en diastole.
En plaçant une électrode dans la bouche et l'autre dans le rectum ou sur les cuisses
rasées et mouillées (résisltuice de 300 otuns environ chez le chien, de 000 chez le lapin»
de 800 chei le cobaye, de i 100 chez le rat), ou obtient les résultats suivants. Tn courant
de 45 à 25 YoltSf prolonj^é pendant une seconde, fait apparaître les trémulations Pibril-
laires rhex tous les animaux. Un courant de fi(>0 volts produit encore les trémulations
chez le chien et le lapin : il ne les provoque plus diez le rat et le cobaye. Finalement,
avec un courant de l 200 volts, le cœur du chien et du lapin est arrêté en diastole pen-
dant la durée de rélectrisation, puis les ventricules reprennent leurs battements, tandis
Mi-à^
-Jk-J- I i I k i t jL à É
À ' --.— «^
Oit—
Fio. 1*2. — Ktfpts .J'un roiirant •.Itcrnaiif à ImMo icnnion chM le Upiti.
E, électritAtio», 20 voItH. — TrAmulnUoDS vetitriculftire* paa^gérei.
Fm. 01, — Ktfot*! 4'uii conraut alt^niAtlif à basse lensioD ch«z le ehi«D« ^ Chien do 9 kîlot.
! Bl«i*irodeM (boucbo, ouliseï et rectum). — Prension «rténeUê.
É, électrîfuitiuo, 40 vottt. — TrémuUtioDt veDinculaire« pertifUmles,
que, le plus souvent, les oretllelle?^ restent quelque temps diastolées, surtout chez le
lapin, Le3 courants de 2400 ou 48t>0 volts produisent les munies effets.
Les chiffres qne je viens de donner ne sont valables que dans les cas où le courant
xade la liHc aux pii^ds, et lorsque les résistances électiiques sont celles indiquées.
Effets SUT la pression artérielle. — La courbe de la pression artérielle cheit les
animaux électrocutés sui-
vra avant tout les modifi-
cations qui auront lieu
dans le rythme du cœur.
Un courant de 5 à 10
VùUs allant de la tCte aux
pieds ne produit pas
d'effet notable, sauf une
éb'vation très pa8saf;èrede
la pression. Mais lorsqu^on
atteint une tension de 20
h 30 volts, le tracé change. Apr*'s avoir présenté une élévation très passagère à la
fermeture du courant» la pression baisse rapidemenl et descend peu a peu à fabscisse,
ce qui est dû A l'apparition des trémulations librillaires du cu-ur. Chez le chien, la
pression ne se reb^ve plus (Og. 01 1, et Tanimal meurt. Chez le lapin, au contraire, dans
le plus grand nombre des cas» la pression se relève après un temps plus ou moins lon^j;
(ftg. 02) et r«nimal se rétablit.
Un courant de 000 volts produit encore les mêmes effets sur la pression chez le
I chien, et souvent aussi chez le lapiiu
Mais le trace est compléteuietit différent lorsque le courant atteint une tension de
1 200 volts. A la fermeture du courant, la pression subit une forte élévation, et, malgré
farriH du cœur en diastole^ elle ne descend pas, « cause de la violente contraction de
8S0
FULGURATION.
cœur est rapide. Avec des courants de 2400 ou de 4800 volts, on obtient des tracés ana-
logues (flg. 93). Si la respiration se rétablit, la pression revient peu à peu à la
normale pour y demeurer. Si la respiration ne se rétablit pas, la pression, après être
restée élevée pendant quelque temps, baisse progressivement jusqu'à l'abscisse (Ûg. 9i).
comme dans les cas de mort par asphyxie.
Nous avons dit que les trémulations fibrillaires des ventricules peuvent être abolies
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Fio. 93.— Effet d'ao courant allomatifà haute tension. — Chien adulte. ~ Électrodes (tête et coissea».
Ë, éloctrisation,4800 volts. — Pression artérielle.
et remplacées par des contractions rythmiques en soumettant l'animal au passage d'un
courant à haute tension. On voit alors la pression artérielle, qui était tombée h cause
de la paralysie du cœur, s'élever au-dessus de la normale et s'y maintenir pendant plu-
sieurs secondes (fig. 95).
Système nerveux. — D'une manière générale, nous pouvons répéter ce que nous
Vu,. 94. — Effet d'un courant alternatif à hante tension un peu prolongé. — Chien adulte.
Electrode» (tête et cuisses). — Pression artérielle.
E, électrisation, 2 400 volts ; chute do la pression consécutive A l'arrêt de la respiration.
avons dit ù propos de la fulguration. Les centres nerveux 4)araissent excités lorsque la
densité du courant qui les traverse est peu élevée ; ils sont, par contre, de plus en plus
inhibés à mesure que cette densité augmente. A parité des autres conditions (volUge,
points d'application des électrodes, etc.), la densité du courant est d'autant plus élevée
que la taille de l'animal est plus petite et par conséquent les troubles nerveux sont
Ki(..95. — Eflct d'un courant alternatif à basse tension suivi d'un courant A haute tension.
Chienne de 9 kilos. — Electrodes (bouche, cuinsos et rectuoD).
K, électrisation, 20 volts. -- Trémulations veutriculaires. — E', électrisation, 4 800 volts. — Rétablissement
des battements du cœur. — Pression artérielle.
beaucoup plus graves chez les petits animaux que chez les gros. La durée du contact joue
aussi un rôle considérable; plus le contact est prolongé, plus grave est l'inhibition des
FULGURATION.
SSI
»
f
I
cenlrcs nerveux» Il ne faul pas, en outre, oublier que raelimi directe du courant stu- les
centres nerveux i!st in compliquée y^^r les pbéJïomènes qui out lieu ilu côté du cii'ur.
En pla4;aiit une éleolrode dans ia. bouche ou sur la léte, el l'autre dans le rectum ou
sur les cuisses rasées et mouillées» on ne constate aucun pfTet roniarriuablo, sauf des
tnanifestalions de douleur, avec un courant de 5 volts prolongé pendant, deux secondes.
Dans !r*s mrines conditions, un courant de 12 ou 15 voUs provoque toujours, divt !c rat,
le cobaye *^l te lapin, raf^purition d'un Ir'rtanos giSnéralinr, qui dure phisioiir^ si'condes,
Peu à peu, 1,1 contraction tonique fait place a de.« corivulsîons clotiiques; prfid.int tj«5-
quelies la rospiiation se rétablit déjà, i'.bei le chien, un i^.onniiitd*^ 15 vults ne si*flU pas»
en général» pour faire apparaître les convulsions ; il faut pour ceLi atteindre 20 voUs
environ.
Lorsque la tension est do liO volts, les convulsions toniques îj^ont plus enerciquis et
plus prolongé*îs, pouvant durer trente secondes ou davantage; elles sont remplacées par
les convulsions cloniques. Les réilexes (palpébral, cornéfn, palellaire, eicj per!*istenL
La respiration spontanée se rétatdit citez tous les animaux, mats elle cesse bientôt si
le co'ur est arrMéen trémulalions ilbrîllaires.
Chez les petils animaux (rat et cobaye), un courant de 2i<> volts produit déjà une
inhibition assez profiinde des centres nerveux, si le conta et est prolon^ré pcnd^mt tiois
ou quatie secondes. Cette inhibition se manifeste pur Tabsence de convulsions, par la
résolution musculaire complète, par la prostration générale, par la perte de la sensihi*
lité et des réfiexes, el par Fariét plus ou moins prolongé de la respiration, Toulerois ces
animaux Unissent par se rétablir. Si le contact est de plus courte durée, une demi-
seconde par exemple, on observe encore le tétanos généralisé à la rupture du courant,
Vn * ourant de i'M) volts prolongé pendant une ou deux secondes arrête dédnilivcment
la respiration chez le rat; on obtient le même résultat chez le cobaye avec une tension
de 1200 voHs. L*iahibition des centres nerveux est si grave, que la rcspiralion arlifl-
cielle ne suftit pas toujours fiour rappeler faninial h la vie.
Chez le lapin, un courant de 600 voll> doit être prolongé au motus pendant
15 secondes pour arrêter la respiration d'unis manière définitive ; à 240 volts, ïe centre
respiratoire est encore moins atteint. Avec un couraiilde de l 2U0 ou de l 80D volts, un
contact de deux secondes sufiit te plus souvent pour suspendre délînitivement la respi-
ration ; on obtient le même résultat en employant un rourant de 2 iOO volls pendant
une secondi^ ou un courant de V8LHJ volts p»vnJaut une fraction de seconde. La sensihi-
lité générale est abolie ; les convulsions manquent ou sont très faibles. La re>(>iration
arlilîcieUe réussit souvent à sauver les animaux, mais pas toujouis. Si l'animal résiste
au choc électrique^ il se rétablit peu à peu après une phase d'alTaiblissemént général el
d'insenaibilité.
Chez le cbien, un courant de 240 ou de 600 volts, prolongé pendant une ou deux
secondes, provoque une crise de tétanos généralisé ; mais lorsque les convulsions ont
cessé, on ne constate aucun mouvement respiratoire, surtout avec le courant iJe
i'iOO volts. Les courants â tension moyenne f2iO à 000 voltsi produisent donc chez bî
chien un arrêt simultané du cteur el de la respiration. Nous avons déjà dit que cet arrêt
delà respiration par les courants a tension moyenne s'explique par le fait que le centre
respiratoire est atteint en même temps par le choc électrique et par le manque de
ehrculation.
Un courant de 1 200 volts prolongé pendant cinq secondes ne suffit pas pour arrêter
la respiration d'une manière définitive chez un chien de moyenne Liille; l'animal se
rétaî*lit petià pRU. Un courant de 2 400 volts su>pend en général déHnitivemeEit la respi-
ration bi la durée da contact est de deux oti truis secondes, et on obtient le nn^me résul-
tat avec un courant de 4 800 volts [prolongé pendant une ou ileux secondes, La ciisc de
convulsions est d'autant plus accusée que le contact est plus court. Avec les courants de
â 400 et 4 800 volts, les convulsions manquent et on observe une inhibition conjplMedu
système nerveux, si Télectrisation dure plus d*une seconde; la sensibilité disparaît, les
réilexes sont abolis. Si Ton pratique alors la respiration arliQcielle, l'animal so réiablit
peu d peu et on constate qu'après quelques minutes la sensibilité et les réflexes ont repris
leur étatnormaL
Nous pouvons résumer dans le tableau suivant les eflels produits sur le cœur et les
mCT. DE PnVSÎOLOOlE, — TOME VI. 5^
882
FULGURATION.
rentres nerveux chez le chien, par le passage du courant alternatif prolonfj;é pendant
une ou deux secondes, en supposant que les électrodes sont placées dans la boache et le
rectum (résistance de 300 ohms environ).
VOLTS
COEUR
RESPIRATION
CONVULSIONS
RÉSULTAT
20-120
240-«00
1200
2 4U0
48*10
Arrête.
Arrêté.
Bat.
Bat.
Bat.
Respire.
Arrêtée.
Continu*^.
Continue ou
arrêtée.
Arrêtêo.
Violentes.
Moin-? énergiquos.
Energiques.'
Manquent.
[Manquent.
Mort par le ronir,
Mort par le Cfpiir.
Survit.
Survie ou mort
par la respiration.
Mort par \.i |
respiration.
Les effets dékHt.*res du courant sur les centres nerveux peuvent être augmentés par
l'élévation de la température du corps, qui devient considérable lorsqu'on emploie un
courant à haute tension, prolongé pendant quelques secondes. Mais, si la durée du con-
tact n'est ((ue dune fraction de seconde, la température rectale n'augmente pas d'une
manière sensible.
Influence de la résistance électrique et du point d'application des élec-
trodes. — Les chiffres donnés jusqu'ici, relatifs aux voltages nécessaires pour produire
los difîérenls effets sur le cœur et lescenlres nerveux, ne sont applicables qu'aux cas où
la résistance électrique était celle que nous avons indiquée, et où le courant allait de la
tôte aux pie.ls. Les résultats seront bien différents si on change l'une ou l'autre de ces
conditions, et il est facile de comprendre que nous pouvons avoir ici un nombre illi-
mité de variélés. Lorsqu'on augmente la résistance, il sera nécessaire d'élever aussi le
potenliel pour obtenir la même intensité, et par conséquent les mêmes elTets. En outre,
si on a une grande résistance, les courants à haute tension appliqués de la tête aux
pieds, atriront comme des courants à moyenne ou à basse tension, et le cœur du chien
sera |)aralysé en trémulations (ibrillaires. Un chien qui aura résisté au passage d'un
courant de 2 iOO voll»*, lorsque la résistance du corps était de 300 ohms, sera tué par ce
même courant si la résistance devient plus grande, de 3 000 ohms par exemple.
Les valeurs delà résistance varient surtout d'après la nature du contact entre le corps
de ranimai oîi de l'homme d'un côté, et le conducteur électrique, de l'antre. La plupart
des conditions (|ui ont une influence sur la nature du contact sont bien faciles à con-
cevoir forme rî étendue des électrodes, étal d'humidité de la peau, épaisseur de la
couche cornée do l'épiderme, présence des poils, etc.).
Mai> il y a, en outre, une circonstance (|ui modifie sensiblement les valeurs de la
résistance, «-t (|ui a une grande imporlance dans les accidents de l'industrie électrique;
je veux i-arler des brûlures causées par les courants à voltage élevé. Dans l'énorme
majorité des a-riihMils électriques graves, il se produit au point de contact entre le corps
et le 1)1 du conducteur une brûlure (|ui est plus ou moins profonde et étendue suivant
le volta/ïe, la durée du contact, etc. La peau est immédiatement desséchée et carbo-
nisée; il en lé-iuite une augmentation considérable de la résistance. Il est facile de se
r«'ndre compte de ce fait par l'expéiiencc. On met en série sur le même circuit di*
2*0 volts un animal et une lampe électrique. Les électrodes placées sur l'animal sont
constituées par un laige tampon disposé «levant le pubis rasé et mouillé, et par un ûl
métallique aiqdiqué sur une jambe rasée. Dès qu'on ferme le courant, la lampe élec-
trique s'alluni'? et hrille d'un vif éclat; puis, au bout d'une seconde et demie environ, elle
s'éteint. Je n'ai pas pu faire l'expérience avec un voltage supérieur à 240 volLs mais il
est évident «|u'avec une tension plus élevée la carbonisation de la peau doit être beau-
coup plu> raiiid»\ et l'augmentation d«' la lésistance, par conséquent, plus immédiate.
r.ettc production des brûlures expliquerait l'issue non mortelle d'accidents déterminés
par dcrs couraiits à haute tension; j'y reviendrai en parlant de la mort par rélcclricité
chez riiunnne.
FULGURATION.
883
Les points (rapplication de^ électrodes ont aussi une grande iuRuence sur les résul-
tats de réiecirocution. En t^lTel, en i^bungeant ces points d'application, on change aussi
la densité du courant qui traverse le cœur et tes centres nerveux. Si Ton place, par
exemple, les électrodes sur les cAt^^s du thorax an niveau du cœur, un courant k basse
tension y provoc|ue les trômulations flbrillair*^», mais n'atteint pas les centres morveux-
En employant dans ces conditions un couraul de 30 à 40 volts chez un chien, on voit
que i*aninial se sauve en poussant des cris; puis, au bout de quidques secondes, il
ch-inrede, tombe sur le cÔlé tout en conlinuanl à respirer, ai finnlenienl il meurt. Si.
par contre, on applique une électrode dans la bouuhe et Fautre sur la nuque, ce sont
les centres nerveux qui sont atteints, et le cœur continue à battre lorscju'on n*a pas fait
usa«e d*un courant k tension trop élevée.
Quand les électrodes sont placées sur les deux jambes postérieures, on peut, chez un
chien, employer tin courant de I 200 volts sans que ni le coeur, ni les centres nerveux ne
pr«'si'nf*'nl de trouble;^ ajiprèciables.
Inâuence de la durée du contact. — Toutes les autres conditions étant égales, la
dur^H' du contact peut naturellement faire varier les elTeta du courant,
Pour tixer un peu les idées sur Timporlance de la durée du contact, je diviserai celte
durée e*n trois caté^'ories : 1<» elle est d'une fraction de seconde; 2* elle est d'une seconde ;
3* elle est supérieure à une seconde.
!• La durée est d'une fraction de seconde, — Le counint continu qui possède un vol-
tage suflisant pour arrêter Je cieiir en Irémulalious fibrillaires (par exemple, che^ un
chien, un courant de 40«> vults allant de la t*^te aux pi«ds avec de bons contacts), produit
déj/i cet effet lorsque la durée du contact est de 1 , il) de seconde, c est-à-dire le temps
de fermer et d'ouvrir rapidement le courant au tnoyen d'une manette.
Le courant allernatif ne présente pas la mi'*me constance. Prévost et R\rTÉLLï ont
trouvé que, dans quelques cas, un courant alternatif de 120 ou de 240 volts allant de la
tête aux pieds, a paralysé le cceur du chien lorsque le contact a été de 1/3 ou de 1/4 de
seconde. Dan*^ d*autres cas (et ce furent les plus fréquents)-^ où les autres conditions
étaient tout k fait identiques, it a fallu un contact de 1 / 2 seconde ou n»éme d*uue sei onde
entière. On n*a pas pu établir la cause de ces difîérences de résultai.
Les fonctions du système nerveux sont, an conlraire, profondément atteintes par des
duréesjde contact tr^s courtes. Ainsi, si Ton fait passer ctiez un chien pendant 1/12 de
seconde, un courant allernalif de 2iO volts île la t(\te aux pieds avec de bons contacts,
ranimai lonibf? en convulsions toniques et la respiration s'arrête pendant plusieurs
secondes (de *iO à 40 secondes), la respiration reprend ensuite, mais Tanimai reste pen-
dant quelques instants sans connaissance, dans un état comateux. Il revient peu k peu
a lui, puis il se relève et, au bout de quelques minutes, il parait complètement rétabli.
t>tte expi^rience est particulièrement intéressante, parce qu'elle peut nous donner
Texplicition des phénomènes observés dans quelques accidents de l'industrie électrique.
Nous y reviendrons plus tard en parlant de Thomme. C'est probablement à cette pro-
priété ([ue possède W canir d^exif^^er une certaine durée de contact pour «Hre pris de
trémutations librillaires qu*il faut attribuer Tabsence de ces trémulalions lors de Tappli-
cation de la décharge énergique d'un condensateur,
2* La durée est d*une seconde. — Dans ce cas, le cœur est toujours arrêté en trémula-
lions Tibrillaires si le courant présente les conditions voulues pour produire ce phétio-
mène,
:i" La durée esi de plusieurs secondes, — Les troubles nerveux deviennent toujours
plus graves; les courants à haute tension peuvent couïplètemenl inhiber les centres ner-
veux, et la respiration peut s'arrêter d'une manière délinitive, comme nous l'avons dit
plus haut.
Influence du nombre des périodes. — l/inlluence de la fréquence du courant
alternatif sur les troubles du cœur et des centres nerveux a été étudiée par Prévost et
Battêlli (47), qui ont expérimenté sur des chiens. Ces auteurs ont trouvé que ce sont
les courants ayant une fréquence de lîiO périodes à la seconde qui produisent les effets
mortels avec un voltage minimum. Non seulement le cœur est plus facilement arrêté en
trémulalions librillaires, mais le;? centres nerveux sont aussi plus profondément inhibés.
Ainsi un courant de 15 À 20 volls (électrodes à la bouche et au rectum, contact de
884
FULGURATION.
4 secondes) détermine en même temps Tarrêt [du cœur et de la respiration, s'il possède
une fréquence de 150 périodes, tandis qu'avec une fréquence de 50 périodes on observe
un certain nombre de mouvements respiratoires avant la mort.
Prévost et Battelli ont dressé des courbes représentant l'influence que le nombre des
périodes exerce sur le voltage nécessaire pour obtenir la mort par paralysie du cœur.
Dans ces courbes, le nombre des périodes est placé sur la ligne des abscisses et la ten-
sion en volts sur celle des ordonnées. Les petites sphères indiquent la mort de Fanimal.
En employant des courants de 9 à 200 périodes, on a obtenu la courbe représentée par
la flg. 90. Cette figure montre qu'avec les courants dont le nombre des périodes a été
de 13 et de 20, on a dû atteindre une tension de 25 volts au minimum pour produire la
paralysie du cœur. Avec les courants de 30 à 150 périodes le voltage nécessaire pour
40
3S-I
30
25-i
20
10'20'30' 40'50'hI U
IN
Fio. 96. — Tensions (ordonuées) ayant occasionné la mort, avec des périodes (abscisse) variant de 13 à 200.
arrêter le cœur a oscillé de 15 à 25 volts. Ces oscillations doivent être probablement
attribuées à des susceptibilités individuelles des animaux en expérience. Toutefois, c*est
avec le courant de 150 périodes qu'on a observé la paralysie du cœur avec le voltage
minimum de 15 volts de la façon la plus constante. A partir de 150 périodes la tension
a dû être sensiblement augmentée pour provoqueras trémulations fibrillaires du cœur
et la mort.
En employant des courants alternatifs de 150 à 1720 périodes, on a obtenu la courbe
représentée par la fig. 97. Le voltage doit être élevé, à mesure que la fréquence aug-
mente pour déterminer la paralysie du cœur. Or, dans l'industrie, les courants alterna-
tifs ont précisément une fréquence variant entre 30 et 150 périodes; cette fréquence est,
comme nous venons de le dire, la plus favorable pour produire les effets mortels. Si les
courants alternatifs industriels possédaient une fréquence supérieure à 400 périodes, ils
deviendraient moins dangereux que les courants continus.
Dans toutes ces expériences, les électrodes ont été placées dans la bouche et le rec-
tum, et la durée du contact a été de quatre secondes.
Le nombre des périodes a une influence moins marquée sur Texcitation des centi^s
nerveux, se manifestant par les crises de convulsions, que sur le cœur. Ainsi les courants
à périodicité très élevée (1720 périodes) provoquent une crise de convulsions toniques,
dos que la tension est élevée à 30 ou 40 volts.
FULGURATION.
88»
»-
ta diminution des effets mortels présentée par les courants de fréquence élevée ne
pout pas Aire due à une répartition saperHcielle plus grande des courants. On doit, au
contraire, l'attribuer à une propriété physiolojLfique des tissus» qui présentent un
maximum de réaction à une fréquence optimum, lï est bien connu^ d*aulre part, que l'or-
^*anisme peut être traversé par des courants à haute fréquence (courants de Ti:sL.\)8ans
manifester aucune ivaction appréciable, rnénie lorsque l'intensité ilu courant est consi-
dérablement élevée (un ampère, par exemple). Toutefois, Hordjeu et Leconte (48) ont
réu5<;i à tuer des animaux de petite taille (lapins, cobayes, rats) en Jes fai«.ânt traverser
pendant plusieurs secondes par un courant de Tesla avec une întenslté de îîOO mîHiam-
pères; maiâ ces effets doivent être attribués à des phénomènes calorifiques.
Ces résultats des expériences de Paevost et Dattelli s'accordent à peu près avec les
900 iOOO 1100 1200 1300 1400 ViOO 1600 1700
M2D0 SilO
S'OO 600 700 8IHI
Fio. 97, — Tension (ordonoét) mjADt o«o&sloiiDé la mort, avec den périodes («IjscJaM) varimat de ISO
à 1 TÏO.
observations de \\ kRiE«. Cet auteur a trouvé que la fréquence optimum pour rexcitatîon
des nerfs moteurs avec le courant alternatif est de tOO périodes, D'Akî^osval avait, au
contraire, constaté que le maximum irexcilalion neuro-musculaire s'obtient avec une
rètjuence de I 2IiO à 2oO(J périuiles.
Considérations sur l'énergie électrique employée dans rélectrocution et
dans la fulguration. — iNous avons vu, en étudiant la ful^îuratiou, que pour arrêter
complctement la respiration chez un lapin de deux kilos, il faut <iue la décharge du
condensateur ait une énerjiçie de iOO joules environ (les électrodes étant placées dans la
la bouche et le rectums Dans les mêmes conditions de contact (résistance de t\W) ahm>
environ), un courant de 1200 volts doit être prolongé pendanJ trois ou quatre secondes
pour produire d'une manière certaine Tarrél déOnilif de la respiration chez le lapin.
En négligeant les modifications de la résistance dues au passa^îc du courant, l'inten-
sité électrique dans le corps de l'animal est de deux ampères environ ; le lapin est donc
soumis à une puissance de 2 400 watts pendant trois ou quatre secondes, c'est-à-dire à un
total de "î 204) à ^600 watts, Je rappelle qu'un watt représente l'énergie d'un joule mi^e
en liberté dans une seconde. Il en résulte que, pour arrêter la respiration chez le lapin
avec le courant de 1 200 voïts, on a employé une énergie de 7 200 à 9 60i' joules.
L'énergie dépensée pour produire une inhibition profonde des centres nerveux est
donc beaucoup plus élevée dans l'étectrocution que daus la fulguration. Cette diiïérence
886 FULGURATION.
doit être attribuée au fait que la durée de la décharge d*un condensateur est
extrêmement courte; toute l'énergie est dépensée pendant une petite fraction de
seconde. Du reste, dans Télectrocution, nous observons aussi que, pour une somme
donnée d'énergie, les efTcts déiélères du courant sur les centres uerveux sont d'autant
plus accentués que cette quantité d'énergie a été employée dans un espace de temps
plus court.
Effets sur le sa,ng et sur le système neuro-musculaire. — Les elTets du cou-
rant alternatif sur le sang ont été peu étudiés. Toutefois le sang ne parait subir aucune
modification appréciable ni chez les animaux, comme Ta montré Tatcm (/. c), ni chez
les criminels électrocutés en Amérique.
Tous les auteurs ont constaté que les nerfs moteurs et les muscles sont excilabb's
immédiatement après la mort chez les animaux tués par le passage du courant. Les
muscles traversés par un courant de très grande densité perdent leur excitabilité/, mais
il est difficile de décider si cela est dû à l'action directe de l'électricité, ou bien à la
forte élévation de température qui se produit.
Animaux à. asing froid. — Les grenouilles résistent un peu plus que les mammi-
fères à l'action du courant. Une grenouille de 50 grammes n'est pas tuée par un courant
de 240 volts, prolonge! pendant huit secondes, les électrodes étant placées dans la
bouche et sur les cuisses. L'animal est complètement inhibé, les réllexes sont aboli<
pendant vingt minutes ou davantage, mais peu à peu la grenouille se rétablit. 11 est
pourtant difficile d'admettre l'exactitude des résultats obtenus par Jellineck (/. c.) qui a
soumis des grenouilles au passage d'un courant alternatif de 3000 volts pendant plu-
sieurs secondes sans réussir à les tuer. Or, dans ces conditions, les grenouilles auraient
dû mourir à cause de la forte élévation de la température.
Autopsies; examens microscopiques. — Les organes des animaux tués jiar
l'action du courant ne présentent à l'autopsie aucune lésion constante et caractéristique.
On observe souvent une congestion des poumons, des méninges, du cerveau, etc. 1^
sang est noir et tluide comme dans tous les cas d'asphyxie aiguë. Les points d'application
des électrodes, quand ils ne sont pas étendus, offrent, surtout dans les cas de haut vol-
tage et de contact un peu prolongé, des lésions locales, des brûlures plus on moins pro-
fondes que l'on peut éviter en étendant les surfaces de contact.
Le cœur présente une rif^idité rapide, lorsque l'animal est mort par la paralysie de
cet or<j;ane en lrt'*muhitions fibrillaires. Ainsi chez les chiens tués par un courant à busse
tension, les ventricules, et surtout le gauche, sont dt'jà rigides vingt ou vingt-cinq
minutes aprèt^ la mort.
L*examon microscopique des centres nerveux a été fait par plusieurs auteurs; les avis
sont partagés. Corrado (/. c.) trouve des déformations diverses et très appréciables des
cellules nerveus^'S chez les chiens tués par les courants continus à liante tension (720 à
217:» voltsj. CoRRAho a observé des érosions ou déchirures du corps cellulaire; une sorte
de dissolution de la substance chromatique qui prend un aspect pulvérulent; une vacuo-
lisation très prononcée du contenu cellulaire; le noyau tend à se porter vers la périphérie;
les prolongements sont souvent fragmentés, variqueux, etc. Qcerto.n (49) remarque que
ces altérations se rencontrent dans tous les cas où les cellules nerveuses sont soumises â
de fortes excitations, et que, par conséquent, elles n'ont aucune spécificité. Jellinbck :3ni
a constaté, dans les centres nerveux, des altérations analogues à celles qu'il a observées
chez les foudroyés, c'est-à-dire les déformations cellulaires décrites par Corrado, et en
outre, des hémorragies capillaires auxquelles il attribue en grande partie les accidents
et la mort par l'électricité.
Par contre Kratter (/. c.) n'a remarqué aucune modification morphologique des
cellules nerveuses. Bordier et Piéry (50) sont arrivés au même résultat négatif. Ils ont
tué des cobayes par un courant continu de 120 volts, prolongé pendant une minute ou
davantage, et ils ont trouvé que les cellules nerveuses étaient normales. D'après Bordier
et PiKRY, ce fait peut être rapproché des résultats négatifs dans les intoxications aurai-
guës ; l'organisme n'a pas le temps de réagir.
Les altérations que produit l'électricité dans les cellules nerveuses ont été aussi
étudiées en employant les courants des bobines d'induction. Mais, dans la plus grande
partie de ces recherches, les auteurs se sont servis de courants faibles dans le but
FULGURATION.
Ml
d'examiner plutôt Veiïet de fexcitalion oa de la fatigue quo l'acliou de l'élcclrjoit^. (Voir
Tarticle Fatigue.)
Traitement; rappel k la vie des animaux électrocutés. — \j^ tnécaiiisme de fa
mort par l'actioa du courant étant variable, les moyen» de traitement devront changer
suivant les cas.
Lorsque la mort est due h rinbibition des centres ner?eux, on fera la respiration
artificielle, qui, pralîquéfi ù temps, sera efficace si les troubles nerveux ne sont pas
trop graves, un réussira, par «exemple» à sauver le plus souvent un chien soumis au pa*i-
sage d'un courant de i8lX> volU (i-leclrodes, bouche et rectum) prolongé pendant une
ou detit secondes. Mais, si la mort est caasée par la paralysie du cœur on trémuLitions
fibrillaires définitives, la respiration arlificielle ne peut être d'aucune uliliré. Dans ce
ca)*, il faut rétablir les contractums cardiaques. Nuus avons vu que Prévost et Battelli ont
démontré que les courants à haute ttînsion ofTreut la propriété de faire cesser lej* trému-
lations flbrillaires; en les employant, on peut sauver des chiens qui auraient éi^ perdus
à cause de ta paralysie du cœur. Mai? pour que ce moyen rt^ussisse. il Tint appliquer le
courant à haute tension 15 à 20 secondes après Tarrèt du ccpur; si Ton altend plu9 long-
temps, les ventricules ne reprennent pas leur rythme.
On peut toutefois rappeler à la vie des cbit^ns dont le cœur est paralysé depuis plu-
sieurs minutes. Pour y parvenir, il faut d'abord pratiquer dei*. compressions rythmique*
du ca'ur mis à nu, en entretenant en même temps la respiration arlificielle. C'e.st Scejri--
{'M) qui a le premier, en (874, employé ce procédé dans le but de ranimer les chiens
dont le crrtir avait été paralysé pendant la chloroformisation. Mais, si la mélho*lc de
ScMiF^ peut servir dans quelques cas de mort par le chloroforme, elle est insuftlsanle
lorsque la mort est due au passage d'un courant ;\ basse tension. Lorsqu'on ouvre le
thorax quelques miuules après la mort chez un chien tué de cette manit're, r»n trouve
que li's venlricules s^irit immobiles, les oreillettes pouvanl biillre ou étant déjà arrêtées.
Si fnu prali*ïoe alors les compressions rythmiques du cœur en faisant en nn'^nie temps la
respiralit>n artificielle, on constate que les ventricules présentent bientôt des héniula-
tions fibrillaires faibles, qui s'accentuent de plus on plus, tandis que les oreillettes battent.
Ces trémulations sont persistantes ; on peut continuer le massage du cu'ur pendant um^
heure ou davantajtre sans que les venlricule^ reprennent leur rythme. Mais si, au mt>ment
où les trémulatious sont bien énergiques, on applique sur le cœur une forte décharge
électrii]ue, on mieux encore, si l'on fait passer un courant alternatif de 240 volU, une
éleclnide ékml placée sur les ventricules, on obtient le rétablissement du rythme du
cœur j Battelu 45)]. On suture alors la plaie du thorax, et, si l'on a pris des prccau-
tions antiseptiques suffisantes, on peut garder l'animal en vie pendant plusieurs jours.
Si, après la mort par les courants à basse tension, on altend plus de 15 ou 2U minutes
avant de procéder aux compressions du cœur, on ne peut plus rétablir les battements
des ventricules, parce que ceux-ci sont déjà rii^ides, coniuie nous l'avons dit pins haut,
H n*en est pas de même dans les cas de mort par asphyxie ou par le chlûrotorme, lu
ri(.:idité des ventricules étant alors généralement plus tardive. Pans i.V2) a f.iit uji grand
nombre d'expériences sur des chiens en eniployanl lu méthode de S*:witF. Cet auteur,
ne coimaissanl pas le procédé pour faire cesser les trémulations librillaires, ne réussit
que très rarement à rappeler à la vie les chiens tués parles courants électriques, tandis
qu'il eut plus de succès dans les cas de mort par asphyxie ou par le chloroforme.
B. Courant continu. — Les troubles produits par le courant continu sont analogues
dans leurs crandes lignes à ceux que nous venons d'étudier avec les courants alternatifs.
M mécanisme de la mort est le même, comme Tout montré Piievost et Battelli (42). Les
courants continus a basse tension paralysent le cieur en trémulations fibrillaires, et ne
sont, par conséquent, mortels que pour les animaux chez lesquels ces trémulations sont
persistantes. Les courants continus à haute tension tuent tous les animaux par irihibitiou
des centres nerveux.
Les effets sur le cœur el sur le système nerveux peuvent être obtenus aussi bien
avec les courants fournis par des dynamos qu'avec ceux provenant des piles à faible résis-
tance interne (éléments de Bunsen, accumulateurs, etc.). L'opinion de i>*Arsonval i/. c),
d'après laquelle les courants continus ne sont dangereux que par rextra-courant de
rupture, ne saurait donc dire admise.
888
FULGURATION.
La plus grande partie des considérations que nous avons faites en parlant du courant
alternatif sont aussi applicables au courant continu. Nous n'y reviendrons pas et nous
allons exposer les principales différences existant entre ces deux espèces de courant.
Effets sur le cœur. — En plaçant les électrodes dans la bouche et le rectum, la
paralysie du cœur chez le chien a lieu lorsque le courant continu atteint une tension de
50 à 80 volts. En se basant sur leurs expériences, Prévost et Battklli (47) ont dressé la
courbe représentée par la figure 98. Les petites sphères indiquent la mort de l'animal.
Cette courbe montre que, dans les mêmes conditions, le courant^ continu doit posséder
un voltage minimum trois ou quatre fois supérieur à celui d*un courant alternatif de 40
à ir»0 périodes pour pouvoir arrêter le cœur. Dès que la fréquence atteint 400 périodes.
• a « a a p
Km. 08. — Tensions (ordonnée) ayant causé la mort avec des périodes (abscisse) variant de 0
(courant continu) à 420.
C, mort par le courant continu. — A, morts par les courants alternatifs.
le courant alternatif doit, au contraire, avoir un voltage minimum supérieur à celui du
courant continu pour produire le même résultat.
Il résulte des expériences de Cohrado (/. c.) qu'un courant continu de 2175 volts,
appliqué de la tête au sacrum, paralyse encore le chien. On n'a pas fait d'expériences
avec une tension plus élevée, et on ne sait pas à quel voltage le courant continu, allant
de la tête aux pieds, ne provoque plus l'apparition des trémulations fibrillaires.
Chez les autres mammifères (lapins, cobayes, rats) le courant continu doit aussi,
d'après Prévost et Battblli, atteindre une tension de oO volts au minimum pour déter-
miner les trémulations, lorsqu'on place les électrodes dans la bouche et le rectum. Ni
la secoussse de fermeture, ni celle de rupture ne sont nécessaires pour paralyser le
cœur, si la tension du courant est suffisamment élevée (100 volts par exemple) ; mais, à
faible voltage (70 volts pour les chiens), les trémulations ventriculaires sont quelquefois
produites par la secousse de rupture, car le cœur continue souvent à battre pendant le
passage du courant et se paralyse seulement lorsque celui-ci est interrompu (Ûg. 99).
En outre, avec des courants à tension élevée (550 volts), la secousse de rupture fait
rebatlre, chez les cobayes, les ventricules qui étaient en trémulations pendant le passage
du courant. Si Ton supprime la secousse de rupture, les trémulations continuent chez
FULGURATION.
8«9
cet aiûinal. L^s ureilleltes sont arrêtées eti ilmstole pendant quelques miimtos chez le
cobaye et le rat «oumis au courant de 550 volts, lorsque le contact dare une ou deux
secondes.
Noii§ voyons donc qoe le ca»ur esl moins inlluencé par Je courant continu que parle
coiiratit alterritttîf A fnnjnenre normale flOà l?>0 [lériodi's). ToutefoiSt le couraul continu
ft voltage élevé parait provoquer lûuj<*ors les trémulutions fibnllaires, ini>me si Ja durée
duconiati a M très courte, un dixième de secondes par exemple, ce qui n'est pas le cas
pour le courant alternatif, le<|uel exigée un conta<4 un peu plus prolonge*
Syatème nerveux. — Le^ plirnamènes d'excitation des centres nerveux (convulsions)
sont produits moins facilement par les courants continus que par les courants alternatifs.
Au contraire, les pliénomènes dinhihition paraissent un peu plus accentués avec les
courants continus.
Il résulte des expériences de Pabvo§t et B\ttelu que, chez le chien, le lapin, lecobaye,
le rat, on courant continu doit avoir une tension minimum de r»0 volts pour provoquer
une crise de convulsions généralisées peu énergiques, Ihs électrodes étant placées dans
ta bouche et te rectum (contact de deux ou trois seconde"»). Il faut atteindre une tension
^ * > * ' « ^ « ■ t j I i I I I I 1 I
Pni, 09. — Kffct dti coarant d'une pUe. — Chienne d» S kWoM, — Êloctrodos (bouche et mttuii).
B, électriflmtion ftvsc te itQitr»ot d'une pile, UO volta. — Trémulaficyn» k la ruptar» «lu couraul,
de lOO volts environ pour obtenir des convulsions toniques bien accentuées et durant
plusieurs secondes. Or nous avons vu que le courant atterncitif, dans les mêmes conili*
lions, détermine déjà la crise de convulsions avec une tension de 15 volts.
Les convulsions ne se manifestent plus lorsque la densité du courant dans les centres
nerveux est élevée, et la durée du contact un peu prolongée, .\insi, chez le cobaye et la
rat soumis pendant dfïux secondes au passage d*un courant continu de 350 volts, les
électrodes étant appliquées dans la bouche et le rectum, on observe que les muscles se
relâchent immédiatement, dès qu*on înlorrompt lo contact.
La respiration se rétablît directement à la cessation îles convulsions toniques, si l'on
a employé un courant à basse tension. A mesure qu'on élève le voltage, le centre res-
piratoire est plus profondément atteint.
En plaçant les «électrodes dans la houebe etlerectum, nu courant continu de550 volts
tue un rat par arrêt détlnitîfde la respiration, si la durée du contact est d'une seconde ;
et no cobaye, si cette durée est de deux secondes. Le môme courant, prolongé pendant
une ou deux secondesi ne tue pas un lapin; mais l'animal parait se rétablir plus lenle-
ment et reste plus long^temps insensible et affaissé, que s'il avait été traversé par un
courant alternatif de même voltage et dans des conditions identiques* Chez le chien, il
est difllcile de bien observer cette inhibition plus profonde des centres nerveux par le
courant continu, à cause de l'arri^t délinitif du coîur.
On n*a pas recherché si l'action inhibitrice du courant continu sur les fonctions ner-
veuses est due en partie k des pliénomènes éîectrolytiques.
l/inversion des pôles n*a aucune intluence appréciable sur les troubles constatés dans
les fonctions du cceur ou des centres nerveux*
C. Courant des bobines d'induction. — Le courant des bobines dHnduction appliqué
à un animal produit des troubles beaucoup moins graves que le courant alternatif ou le
courant continu t
890 FULGURATION.
RiCHARDSON (15) a employé dans ses expériences une grosse bobine de Rubmromff qui
donnait une étincelle d'une longueur de 72 centimètres. Les animaux (pigeons, lapins,
crapauds) soumis à des chocs isolés de cette bobine n*ont jamais présenté de troubles
bien appréciables, quelle que fût la partie du corps sur laquelle on appliquât les élec-
trodes. Lorsque les chocs d'induction étaient fréquents, il en résultait un tétanos des
muscles respiratoires et Tanimal mourait d'asphyxie si le passage du courant était suf-
fisamment prolongé. En outre, on produit une anesthésie qui peut durer plusieurs mi-
nutes. RicHAKDsoN interprèle cette immunité des animaux aux chocs d'induction, en
admettant que le courant passe à la surface du corps et ne pénètre pas dans l'intérieur.
Grange (32) constate aussi qu'on peut soumettre des chiens au passage du courant
d'une bobine de Ruhmkorff pendant 15 à 45 secondes sans occasionner la mort. D'Arson-
VAL signale que l'extra-courant est plus dangereux que le courant de la bobine secon-
daire, surtout si l'on associe un condensateur.
Battelli (53) a fait une étude systématique des effets produits par les courants des
bohines d'induction.
Il est difficile de mesurer les différents éléments du courant induit (intensité, ten-
sion, etc.), et, du reste, ces éléments changent à la rupture et à la fermeture du courant
primaire, etc. En outre, les données qu'on pourrait tirer de ces mesures n'ont pas d'ap-
plication générale, mais varient de cas à cas, d'appareil à appareil, etc.
En se plaçant à un point de vue pratique, on peut étudier les effets mortels produit^
par des bobines de différentes grandeurs. Battelli a employé les courants d'une grosse
bobine (étincelle de 45 centimètres), d'une bobine moyenne (étincelle de 15 centimètre^)
et des chariots de du Bois-Revmond.
Gourants des bobines de fi^rande et de moyenne candeur. — Nous étudie-
rons d'abord le courant secondaire, fourni par la bobine secondaire; ensuite, Vextra-cm-
rant fourni par la bobine primaire.
Le courant secoidairv se montre peu délétère pour des animaux d'une certaine taille,
comme les chiens. Le système nerveux aussi bien que le cœur présentent une résistance
considérable à l'action de ces courants.
Pendant le passage du courant, la respiration cesse complètement, et tous les muscles
entrent eu tétanos, si les éU-ctrodes sont placées sur la tête et sur les membres posté-
rieurs ; mais, si les électrodes sont appliquées sur les côtés du thorax, il n'y a qu'un nombre
limité de muscles qui soient tétanisés, et la respiration continue pendant l'électrisalion.
La respiration ne s'arrête pas non plus si on place les électrodes sur les côtés de la
nuque, ce qui est une nouvelle preuve que le centre respiratoire est peu affecté par ce
courant. Quant au cœur, il s'accélère généralement pendant le passage du courant; mais
il est très rare d'observer l'apparition des trémulations fibrillaires chez le chien. Sa
pression artérielle subit une élévation considérable, due surtout au tétanos généralisé.
A la rupture du courant, on n'observe jamais de convulsions, quelle que soit la durer»
du contact; dès que l'on suspend l'électrisation, le tétanos cesse et les muscles se rehi-
chenL La respiration reprend tout de suite après l'arrêt du courant, sauf dans les cas
d'électrisation trop prolongée. Les animaux se remettent complètement et rapidement,
même dans les cas de contacts de longue durée et répétés.
Pour tuer un chien il faut prolonger le contact pendant deux minutes ou deux mi-
nutes et demie environ, les électrodes étant placées dans la bouche et le rectum. Une
électrisation d'une minute et demie n'est pas suffisante pour mettre la vie de l'animal
<Mi danger. La mort occasionnée par cette électrisation prolongée a lieu par arrêt de la
respiration, et non par paralysie du cœur qui continue à battre. La cessation de la res-
piration est due à l'asphyxie résultant du tétanos qui envahit tous les muscles plutôt
qu'à une action directe du courant sur le centre respiratoire. En effet, si, pendant qu'on
électrise l'animal, on pratique la respiration artificielle, on peut faire passer le courant
pendant vingt minutes sans amener la mort du chien. On doit observer cependant qu'il
ne s'agit pas d'une asphyxie simple, il s'y ajoute aussi un effet délétère sur le centre
respiratoire car l'arrêt de la respiration que provoque l'asphyxie simple (occlusion de la
glotte) n'a jamais lieu chez le chien avant cinq minutes environ d'asphyxie.
Si, au lieu de placer directement les électrodes sur le corps de l'animal, on faitéclater
l'étincelle entre une électrode et un point du corps, on obtient les mêmes effets
FULGURATION.
891
En »pp1it|uant une éleclrorie s^ur le ccrtir mis ii un, on détermine Tappaiition des
irémul-ilioNs filirillaires persistantes. Le courant «les grosses bobines d*itiduclion agit
ilonc.à fe point de vue» comme le courant ordinaire du chariot <!e j>l: rk>i> Beyhond.
Chez le lapin le courant secondaire de» gros»e5 bobines produit des eiïels analogues
à ceux qne nous venons d'exposer pour le chien. La mort a lieu sî l'on prolonge Télec-
Irisation pendant une minute et demie environ.
Chex les petits animaux irobayes et rats), l'action délétère de ce courant des grosses
boîvines de Rhhmrorfk est pfus accusée. Nous constatons d'abord que le avuT est arrêté
en trétnulations fibrillairns, qui cessent comran d'habitude chez le rat dès qu'on inlei*-
ronipt le courant, taudis quelles sont souvent persistantp** ctiez le colvaye bien adulte.
Nous avons vu qne chez lo chien et le lapin le cœur continue h battre pendant le pas-
sage du courant. Celte di tir rence e^t due A In taille de l'animal; chez les petits animaux,
Ja densité du courant étant plu* fçrande, le cnnir est traversé par un courant ayant une
intensité suffisante pour provoquer Tapparîtion des trémulations librîllaires.
Les fonctions des centres nerveux sont aussi plus g^ravement atteintes chez tes pelitss
animaux que chez le ctiien ou le lapin. L'ne électrisation d'ane minute sufOt pour ame-
ner la mort dniz le cobaye et le rat.
Lcrtra-rourattif des grosses bobines de Rithukobff produit des effets beaucoup plus
l^raves que ceux observés avec le courant secondaire, surtout si l'on fournit la bobine
d*uu condensateur» comme Tavail dé\k indiqué o*.Ar50nvaL. En plaçant les électrodes sur
\a iMe et les membres postérieurs, t'extra-courant détermine des troubles assez considé-
rables, Hoitdii cMé des centres nerveux, soit du cAté du cœur.
Les ti onbies dans les fonctions des centres nerveux s*^ manifestent surtout par uno
crise de convulsions violenles, Ioniques d'abord, puis cloniques. Pendant la crise de con-
vulsions toniques la respiration est arr^Mée ; elle i-epreud soit pendant la période des
convulsions cloniques, soit après la cessation de ces convulsions. Dans les expériences
faites par lÎATTtiLLi avec ses deux bobines, h^s couvidsians apparurent ch^z h- chi^n, aussi
bien quand le primaire était ronmi d** condensateur »pie lorsqu'il en était dépourvu*
Le cœur est souvent pris de Irém nia! ions fibrillaires par le passage de t'extra-cou-
rant^ lorsque le condensateur est inséré dans le primaire, en plaçant les électrodes dans
la bouche et le n'Clnm. Rattkllï n'a jamais vu chft le chien le crrur s'arrêter en trému-
lations lorsqu'il n'y avait pas de condensaU'ur. On comprend facilement que ces etTets
peuvent changer avec les variations des dilTérents éléments (capacité du condensatenr,
niiuibre des accurnulaleuis, fréquence des inlerrnjtlions, etc.), maison peut dire, d'uni*
manière générale, que rextra-couraiit provoque plus facilement rap[*arition des trému-
lalions flbrillaires du cœur (orsque la bobine est pourvue de condensateur.
La pression artérielle présente une forte élévation pendant le passage du courant, et
pendant lyute ta durée des convulsions, sauf dans le cas où le cœur est pris de trémn-
lations fibrillaires.
Ctiejj l«? lapin, le cobaye, le rat, l'extra-courant produit, de même que cheï le chien,
des convulsions violentes toniques et clonique'* lorsqu'on applique les électrodes dans
la bouche et le rectum* U's tréinulations librillaires apparaissent plus facilement que
ehez le cbien, ce qui s'explique par la taille plus petite de ces animaux.
Gourant des chariots de du Bois-Reymonil. — Dans ses expériences, Battell
s'est servi de cliariots de du Bois-Revmond de plusieurs modèles. Le courant primaire
était fourni par des éléments Lti'NstN, et les mouvements de l'interrupteur étaient indé-
pendants du courant qni traversait la bobine.
Les troubles produits par un fort courant du chariot de uu Buis-Reymond sont encore
plus prononcés que ceux que Ton obtient avec reTtira-courant des grosses bobines. Du
côté du ctpur apparaissent les trénmlations JibrilUires; du côté des centres nerveux, on
observe surtout les convulsions, et Tarrét plus ou moins prolongé de la respiration.
Pour qne ces troubles se produisent, il faut d'abord que la force do courant atteigne
un certain degré, et qu'en outre la fréquence soit assex élevée. Ainsi, chez le chien,
pour provoquer les trémuïations (ibrillaires du coeur et, par conséquent, la mort avec le
courant secondaire, il faut, en plaçant tes électrodes dans la bouche et le rectum,
mettre dan» le courant primaire It) éléments Bunsen lorsqu'on a 20 intinruptions à la
seconde, la bobine secondaire recouvrant entièrement la primaire. Les crises convul-
i
892 FULGURATION.
sives sont déterminées par un courant moins fort, ou à fréquence moins élevée. Avec
ces courants, la respiration n'est jamais complètement arrêtée, u moins d'un contact
très prolongé ; elle ne cesse qu'à la suite de Tarrèt du cœur.
Les mêmes constatations peuvent être faites chez le lapin, le cobaye ou le rat. En
augmentant peu à peu la force du courant secondaire ou bien le nombre des interrup-
tions, on commence d'abord à voir apparaître les convulsions, puis les trémulations
flbrillaires se produisent.
La force du courant minima nécessaire pour provoquer soit les convulsions, soit los
trémulations flbrillaires, est d'autant plus faible que la taille de l'animal est plus petite.
Ainsi, chez un cobaye, en plaçant les électrodes dans la bouche et le rectum, un courant
secondaire occasionne déjà une crise de convulsions toniques énergiques lorsqu'on
insère dans le courant primaire une pile de deux éléments Bunsen, avec une fréquence
de 20 interruptions à la seconde. Dans les mêmes conditions, le cœur du cobaye est
arrêté en trémulations fibrillaires dès que le courant primaire est actionné par quatre
ou cinq éléments Bunsen.
La force du courant peut naturellement être augmentée ou diminuée dans le chariot
de DU Bois-Reymond par le déplacement du secondaire sur le primaire. Les exemples
rapportés plus haut s'appliquent au cas où la bobine secondaire recouvre complète-
ment la primaire. Si on éloigne les bobines, il faudrait augmenter ou bien le nombre
des éléments de la pile dans le courant primaire, ou bien la fréquence des interruptions
pour obtenir le même résultat.
L* extra-courant d'un chariot de du Bois-Reymond, privé de condensateur, produit des
effets moins marqués que le courant secondaire. Ainsi, pour amener la paralysie du
cœur chez le chien avec l'extra-courant, il faut employer 15 éléments Bonskn environ,
lorsque le nombre des interruptions est do 20 à la seconde. L'action moins prononcée
de l'extra-courant dans ce cas peut être attribuée au fait qu'il possède un potentiel
beaucoup moins élevé que le courant induit.
Le changement du point d'application des électrodes fait complètement varier les
résultats, parce qu'on modifie la densité du courant dans les différents organes. Nous
pourrions répéter ici ce que nous avons dit à ce propos, en parlant des courants alter-
natifs.
Application des résoltats précédents à l'homme. — Si, à présent, nous voulons
appliquer à Vhomme ces résultats obtenus chez les animaux avec les courants des
bobines d'induction, nous devons conclure que ces sortes de courants ne peuvent pas,
dans là pratique, être considérés comme dangereux.
En effet, nous avons mi que les courants des grandes bobines ne tuent les chiens
que par une électrisation très prolongée, en produisant l'asphyxie par le tétanos des
muscles respiratoires. Il faudrait donc, pour causer la mort d'un homme, que celui-ci
fût soumis au courant d'une grande bobihc pendant deux minutes au minimum, condi-
tion qui ne peut naturellement se réaliser que dans des circonstances très exception-
nelles, et qui, du reste, ne s'est jamais produite.
Le courant secondaire des petites bobines ou Fextra-courant peuvent tuer, comme
nous l'avons vu, les chiens par paralysie du cœur en trémulations flbrillaires, et ils
peuvent, en outre, produire des troubles graves dans les fonctions des centres nerveux.
Mais, pour que ces phénomènes aient lieu, il faut que les contacts des électrodes soient
bons, et que de plus le courant soit dirigé de la tête aux pieds. Or l'ensemble de ces
conditions ne peut guère se réaliser chez l'homme qui manie le courant induit dans un
but scientifique ou autre.
Du reste, pour produire la mort de Thomme, le courant induit des petites bobines
devrait être beaucoup plus énergique que celui que nous avons employé pour occasion-
ner la mort des chiens, à cause de la taille plus grande de l'homme.
Une personne qui est accidentellement parcourue par les courants les plus éner-
giques des bobines d'induction ressent une douleur extrêmement vive, mais, sauf dans
des cas tout à fait exceptionnels, elle ne court, je le répète, aucun risque d*être tuée
par ces courants. André Broca (59) a décrit les symptômes obser>'és sur lui-même, ayant
été soumis accidentellement au courant du secondaire d'une grosse bobine de Ruhmkorf» .
Bruga serrait daniS ses mains deux larges électrodes, et le contact dura deux ou trois
FULGURATION. 893
secondes. Il fut jeté à terre par un tétanos musculaire généralisé et perdit bientôt con-
naissance; mais il revint immédiatement à lui dès que le courant fut interrompu. Les
bras étaient complètement paralysés, hyperémiés, offrant une hyperesthésie au froid.
Tous ces troubles se dissipèrent rapidement. Dans la nuit, A. Broca constata une
arythmie cardiaque ; le lendemain, il ne restait plus qu'une forte courbature.
Interprétation de rinnocnité du courant des bobines d^induction. — Comn^ent
expliquer l'innocuité de ces courants, et surtout du courant secondaire des grosses
bobines d'induction, qui pourtant est bien redouté par les expérimentateurs à cause de
la violente douleur qu'il provoque? Il faut d'abord remarquer que la douleur parait due
essentiellement à une contraction très énergique des muscles, plutôt qu'à Texcilation
des nerfs sensitifs de la peau. La sensation qu'on éprouve Iqrqu'ou est soumis au courant
des grosses bobines ressemble à celle qu'on ressent dans les muscles pris de crampe
douloureuse.
Pour expliquer l'innocuité de ces courants, nous pouvons supposer, ou que le cou-
rant, étant oscillatoire, passe à la surface du corps en n'intéressant que faiblement les
organes situés profondément (opinion de Richardson), ou bien qu'il pénètre bien dans la
profondeur des tissus, mais que son intensité est trop faible pour produire des effets
délétères.
La première hypothèse est déjà difdcile à admettre lorsque l'on a égard au tétanos
intense qui se manifeste dans tous les muscles du corps traversé par le courant. Pour
mettre mieux en évidence l'impossibilité de cette hypothèse, BATTELua ouvert le thorax
chez des chiens et a soulevé le cœur à la surface. Si l'innocuité du courant provenait
de ce qu'il passe à la surface du corps, il devrait, lorsqu'on soulève le cœur à la surface,
le traverser et le paralyser en provoquant des Irémulalions fibrillaires. Or le cœur
continue à battre.
La seconde hypothèse, d'après laquelle le courant secondaire des grandes bobines
de RuHBiRORFF uc produit pas d'effets graves à cause de la faible intensité, parait la plus
probable. En effet, soit l'extra-courant des grosses bobines, soit un fort courant d'un
chariot de du Bois-Reymond, qui présentent une intensité beaucoup plus grande que le
courant secondaire des grosses bobines, produisent aussi des effets beaucoup plus gra-
ves. De même l'extra-courant est plus dangereux lorsque la bobine est pourvue d'un
condensateur, parce que, dans ce cas, les décharges du primaire possèdent une intensité
plus élevée que celle qu'on a lorsque la bobine est privée de condensateur. Les petits
animaux, comme le rat^ sont tués beaucoup plus facilement que le chien par le courant
des grosses bobines; résultat qui doit être attribué à ce que, la section du corps du rat
ayant une petite surface, la densité du courant traversant l'animal est beaucoup plus
grande que chez le chien. Enfm, en plaçant une électrode directement sur le cœur mis
à nu, on provoque immédiatement des trémulations fibrillaires avec le courant secon-
daire des grosses bobines; dans ces conditions, la densité du courant est suffisamment
élevée au point d'application pour que le cœur soit alors pris de trémulations.
§ M. — ËLECTROCUTION DES CRIMINELS EN AMÉRIQUE.
Les renseignements que nous possédons sur les électrocutions des criminels en
Amérique nous proviennent soit de rapports officiels, soit d'articles de journaux médi-
caux ou techniques. Je me suis, en outre, procuré des informations privées de personnes
ayant assisté aux exécutions et aux autopsies.
Dispositif employé. ~ Le dispositif des électrocutions est bien coimu. Le condamné
est (\xé sur une chaise à Taide de courroies. Les électrodes sont constituées par de
larges éponges, mouillées par des solutions salines; elles sont placées, l'une sur le som-
met de la tête ou sur le front, l'autre sur un mollet. Lorsqu'on fait plusieurs applica-
tions du courant, les éponges sont mouillées pendant les interruptions du contact.
On a toujours employé un courant alternatif industriel, c'est-à-dire un courant pou-
vant débiter plusieurs ampères sous un voltage élevé. Lafréc^uence varie entre des limites
restreintes. Dans le pénitencier de l'État d'Ohio, le courant présente 130 périodes
onviron à la seconde [Bennett (oo)]. La durée du contact a varié de 10 à 30 secondes
environ dans les premières électrocutions.
894 FULGURATION.
Quant au voilage, on a modifié la manière de procéder dans ces dernières années.
Dans les premières électrocutions, on se senrait uniquement de courants à haute tension
(1 500 à 2000 volts). Un contact peu prolongé n'étant pas suffisant pour tuer le condamné
d'une manière détinitive, on était obligé de continuer rélectrisation pendant plusieurs
secondes, ce qui amenait une forte élévation de température de la peau et surtout de
l'éponge au niveau des électrodes. On voyait apparaître une fumée plus ou moins intens*%
et l'impression des assistants était fort désagréable. Pour éviter les brûlures, et main-
tenir en même temps le condamné sous Tinfluence prolongée du courant, on procèded«
la manière suivante depuis l'année 1899.
On commence par soumettre le criminel au- passage d'un courant à haute tension
(1700 à 2000 volls) pendant sept secondes environ, puis le voltage est abaissé k 200 ou
400 volts, et ce dernier courant est appliqué pendant 30 secondes ou davantage. On inter-
rompt alors le courant pour examiner le patient; d'autres fois, on élève de nouveau le vol-
tage à 1600 ou 1800 volts pendant cinq ou six secondes. Si le patient fait encore des
mouvements respiratoires, ce qui est généralement le cas, on recommence l'opération,
en appliquant lecourantà haute tension, suivi de celui à basse tension. De cette manière
on évite les élévations trop fortes de température.
L'intensité du courant qui traverse le corps du condamné varie naturellement avec
le voltage. Lorsque la tension est de li>00 à 1800 volts, l'intensité est' de 7 à 10 ampères.
Dans les «'leclrocutions plus récentes, où, aprèsl'application du courant à haut voltage,
on emploie un courant de 400 volts, l'intensité est de 2 à 3 ampères pendant le passage
de ce dernier. La résistance du corps dans les conditions de l'électrocution serait ainsi
de lt)0 il 200 ohms environ. Mac DoxNald a constaté que l'électrisation avec un voltafio
si élevé fait considérablement baisser la résistance jusqu'à arriver aux valeurs que nous
venons d'indiquer.
Phénomènes observés dans les premières électrocutions. — Les informations
précises que nous possédons sur les premières électrocutions sont dues surtout à Mal
Donald. Ces renseignements sont exposés soit dans une brochure (36) publiée pour combaltre
l'exagération des descriptions sensationnelles des journaux politiques, soit dans les rela-
tions adressées au directeur de la prison. Ces relations sont rapportées in extenso dans
la thèse de Bikaud (/. c), Rennett (/. c.) a aussi publié la description de quelques élec-
trocutions.
Dès que le courant est fermé, tous les muscles du corps entrent naturellement dans
un tétanos violent; les courroies craquent sous l'effort musculaire. Benxett dit avoir
observé une courte inspiration spasmodique, due évidemment à la contraction du dia-
phragme. Le tétanos général dure pendant tout le passage du courant. A la rupture du
contact la résolution musculaire est immédiate et complète. Il n'y a donc pas de crises
convulsives après la cessation du courant. Jusqu'ici l'analogie avec ce que nous constalonfi
chez les animaux est complète. La crise violente de convulsions toniques, qu'on observe
après une éieclrisation de courte durée, fait défaut, au contraire, lorsqu'ona appliqué un
courant à haute tension pendant quelques secondes. Les centres nerveux ont subi une
inhibition très profonde, et les convulsions manquent.
Comment se comportent la respiration et le cœur après la rupture du courant *? Pour
la respiration, il n'y a aucun doute: elle se rétablit peu h peu, quelques secondes après la
rupture du contact. Ainsi, après la première électrocution, où le condamné Kemmler fut
soumis au passage du courant pendant 17 secondes, Mac Donald constata l'apparition de
légers mouvements spasmodiques de la poitrine au bout d'une demi-minute environ
après la rupture du contact. La respiration spontanée se rétablissait. Bennett a aussi
observé qu'il y a des mouvements respiratoires après l'interruption du courant. Un«*
seule application n'a jamais suffi pour arrêter la respiration d'une manière déflnilive.
Pour arriver à ce résultat, on a dû le plus souvent faire trois électrisations ; dans quel-
ques cas, quatre; et (juelquefois, même, cinq (Bennett).
Quant au cœur on a souvent constaté l'existence du pouls radial après la première
application du courant dans les premières électrocutions. Dans le rapport ofliciel des
docteurs Mac Donald et Ward nous en trouvons quelques exemples. Chez le condamné
Slocuni, le premier contact dura 37 secondes {{ibS volts). Au bout de ce temps le circuit
fut rompu. Mais on trouva alors que le pouls était fort, et une à deux minutes plus tard
FULCURATfON.
89S
une forte respiratiou s'établissait avec une régularité très grande. Le courant fut immé-
diatemf^ril rx^appliqué et continué pendonl 36 secondes. La respiration avait alors i-essé
entièrement, de même que les batteinentïi du cteur. Cliez ïe condamné Smiler, oo fit
d'abord Irois contacts succcsâif» de 10 secondes M 485 volts); à la tla de chaque coutact,
on ari'Atait un instant le couiaut pour mouiller le» éponges. Daits l'intervalle de ces
eonlact!i on ne voyait pas trace d'elTurt pour respirer, mais le pouls battait fort, régulife-
renient. On ferma de miuveau le contact pendant 19 secondes; au bout de ce temps
rauscullalioii montra que lo cceur avait détlnitivemenl cessé de ballre. CKei le condamné
Vugigo, après trois contacts de 15 secondes cliacun, on trouva au poignet un léger frémis-
sement du pouls.
Plijh typique encore est le caîv du condamné Taylor. La première application du cou-
rant dura j'i secondes (1 2r30 volts i. A la rupture du courant, les médecins ne coiif^talèrent
pas l'existence du pouls radial^ mais après une demi-minute environ ils aperçurent un
pouls liliforme qui devint de plus en plus fort. En même temps, la respiration se rétablit.
Un voulut rétablir le contact, mais ïe courant ne marchait plus. Peu à peu la respiration
devint slertoreuse avec {'2 ou 43 respirations par minute; le ca-nr présentait 100 pulsa-
tions k la minute. Une demi -heure après le choc électrique, on constata 120 puhation*
et 18 mouvements respiratoires par minute. Le londamné commençait à s*a^iter. On lui
fil une injecliôti de morphine, et on le soumit à la narcose rhlorûfornïi<jue. Le condiunné
ouvrit les yeux et cria. Au bout d'une demi-heure, on fil la seconde application de cou-
rante, pendant 40 secondes, qui omena la mort définitive.
Dans «pielques cas les médecins n'examinent pas le pouls avec attention» ou bîea ils
sont dans le doule, et ne peuvent affirmer si le ca-ur avail cessé de battre après la rup-
ture du contiict.
Cliez un ?.eul condanuîé iMac Klvaine* on a appliqué le courant sur les deux mains,
en imitant ainsi ce qui arrive dans le plus grand nombre des accidents mortels de l'in-
dustrie étuctniiue. Les mains du condamné furent plongées dans deux baquets d*eau
salée. Le premier contact dura 50 secondes avec une tension de i 600 volts. A la rupture
du courant il y eut une résolution ntuscidaire complète; mais, bientôt» le corps
s'éleva à moitié» la poitrine se souleva» et un gémisseruent s'échoppa iles lèvres du
condamné. Mac Donald attribua ce gémissement à Texpulsion de Fair contenu dans
les fK>ufnons. On n'examina pas le ca'ur et on fil immédiatement une nouvelle applica-
tion du lourant de la télé au mollet; après quoi l'aiTél du cœur el de ïa respiration fui
délinilive.
Le résultat de ces premières électrocutions fut donc bien dilTérent de celui qu'on
attendait en se basîint «nr les accidents de l'indastriê électrique et sur des expériences
sommaires faites chez les animaux, (Comment expliquer la résistance présentée par les
condamnés soumis au passage d'un courani a haute tension et prolongé pendant plu-
sieurs secondes» alors que le même courant ou un courant beaucoup plus faible a pro-
voqué la inorl de plusieurs centaines de personnes dans 1 industrie électrique. Celte dif-
férence de résultais étiit absolument inexplicable avant les expériences de Prévost el
lÏATTKLLi, A présent nous pouvons au contraire nous en rendre compte d'une manière
satisfai*anle.
Nous avons vu qu'un l'hien n*est pas tué par un courant alternatif de 1 200 volts
(ôleclrodes avec bons contacts sur la tête el les jambes postérreures) prolongé pendairt
h secondes» parce que son cœur est arrêté en diastole pendant le passage du courant
et recomoïence à battre avec énergie à la rupture du contact. Les centres nerveux peu-
vent ainsi i ésister au choc produit par ce haut voltage* lin chien est, au contraire» tué
d?ins les mêmes conditions par un courant de 500 volts, par suite de la paralysie du
ca^ur en trénuilations libtïllaires définitives.
De méine, chez un homme soumis à un courani alternatif de 1 500 ù 1 800 volts (élec.
U'ùdes avec bons contacts sur la tête et les jambes postérieures comme dans l'électro-
culion), le cœur serait arrété^en diastole. Si le contact n'a pas été trop prolongé, 10 à 30
secondes par exemple, les ventricules recommencent à battre avec force, généralemeul,
dès que le contact est interrompu, comme dans les cas des condamnés Smiler et Slocum,
Si rèlectrisation a duré davantage, î50 secondes par exemple, la diastole du ctBur con-
tinue quelques secondes encore après la rupture du contact, ensuite les yeutricules
896 FULGURATION.
recommencent à avoir des battements, faibles d'abord, puis de plus en plus énergique^
comme dans le cas du condamné Taylor.
La différence entre les résultats des électrocutions et ceux des accidents de Tinduslrie
électrique doit donc être attribuée aux phénomènes qui se passent du côté du cœur.
Dans les premières électrocutions, le cœur des condamnés était traversé par des cou-
rants à grande densité et, par conséquent, il était arrêté en diastole passagère; dans
les accidents de l'industrie électrique, la densité du courant est faible dans le cn'ur,
comme nous verrons, et les ventricules sont arrêtés en trémulations tibrillairrs
définitives.
D'autre part, les expériences sur les animaux montrent que, k parité des autres
conditions, Tinhibition des centres nerveux est en raison inverse de la taille de l'animal .
Par conséquent, les centres nerveux d'un homme pourront supporter le passage d'un
courant à haute tension beaucoup plus longtemps qu'un chien, sans perdre coniplèle-
nient leurs fondions. Ces fonctions n'étant pas abolies, elles se rétablissent sous l'in-
iluence de la circulation sanguine. L'exemple du condamné Taylor est resté unique,
parce que, dans les autres électrocutions, on a toujours pu faire des applications
successives du courant, mais il est probable que les autres coudamnés se seraient réta-
blis, si l'on avait interrompu l'exécution après la première application du courant.
Ainsi l'analogie est complète entre les faits observés chez les animaux, et surtout
chez le chien, et ceux constatés chez l'homme.
Résultats obtenus dans les dernières électrocutions. — Nous avons dit que,
depuis 1899, le dispositif de Télectrocution a été changé. Après une application de
quelques secondes du courant à haute tension, le voltage est abaissé à 400 volts environ.
Les médecins chargés de la direction des électrocutions ont apporté cette modifi-
cation dans le but d'éviter l'élévation de la température au niveau des électrodes. Ils
ne se doutaient pas qu'ils obtenaient en même temps la paralysie définitive du cœur
en trémulations fibrillaires. Nous n'avons pas, à ma connaissance, de rapports oniciels
détaillés sur ces dernières électrocutions; mais, d'après mes renseignements privés, on
n'a plus remarqué le pouls radial dans les exécutions fai'es avec le nouveau système.
On a pourtant constaté quelquefois des pulsations à la base du cou. Ces pulsations
doivent être attribuées aux battements des oreillettes, lesquelles, chez tous les animaux,
reprennent leurs contractions énergiques dès que le courant est interrompu, si la den-
sité du courant dans le cœur n'a pas été trop élevée. En effet, dans deux autopsies
pratiquées rapidement après la mort, on trouva que les oreillettes battaient rylhmi-
quement, tandis que les ventricules présentaient de faibles trémulations fibrillaires.
Avec rintroduction du nouveau procéda d'électrocution, la perte immédiate de la
conscience, produite par le courant a haute tension, est suivie de la paralysie du cirur.
On évite ainsi les brûlures, et les apparences de la vie cessent plus rapidement. L'élec-
trocution, comme tous les autres procédés d'exécution capitale, est une honte pour
notre civilisation; mais c'est le moins répugnant des moyens employés, parce que la
perte de la conscience est immédiate; le condamné n'est pas défiguré, et l'exécution
n'est pas sanglante.
Autopsies des criminels électrocutés. — Comme signe extérieur de l'elTet du
courant, on n'a constaté que de légères phlyctènes, sur les jambes et sur la tête, dues îi
réchauffement de l'eau dans les éponges. On n'a pas observé de carbonisation de la peau.
La rigidité cadavérique se déclare très rapidement dans la jambe sur laquelle on a
appliqué l'électrode, puis, peu à peu, dans les muscles du corps, et, finalement, dans
les bras. Les organes sont normaux.
Quant au cœur, nous avons déjà dit qu'on a constaté la présence des trémulations
fibrillaires dans les dernières électrocutions, lorsqu'on a ouvert rapidement le thorax.
Dans les cas où on a attendu seulement quelques minutes, on a trouvé le ventricule
gauche fortement contracté et vide, le ventricule droit et les deux oreillettes en diastole,
ces dernières remplies de sang fluide. On a observé, le plus souvent, des ecchymoses
sous-pleurales et sous-péricardi(jues.
Les centres nerveux ont été trouvés absolument normaux dans quelques cas; dans
d'autres, on a constaté la pr«''sence d'hémorragies capillaires sur le plancher du
quatrième ventricule, sous forme de petites taches.
FULGURATION.
89T
l/exnmen microscopique des centres nerreux a été fait chex plusieurs condamnifs
par Ira van Giesuti; les ceJlnles nerveuses ne présentaient aucune altération appré-
ciable .
Nous voyons donc que chez les cntnineh électrocutés, de môme que chez les ani-
maux, ie passage du courant ne produit aucune lésion constante et sp(5c.ifîque» sauf
les brûlures aux points d'application des électrodes.
i m. - LA MORT ET LES ACCIDENTS DANS L'INDUSTRIE ÉLECTRIQUE*
Nous possédons uup littérature déjà Iros riche se rapportant aux accidents plus ou
moins graves dus û l'action des courants industriels chez l'homme. Ces observations, qui
ont fait tVbJet de cotnmuntcations à plusieurs sociétés savantes, sont disséminées dans un
grand nombre de journaux de médecine ou d'électricité; mais^ dans fénorme majorité
des cdy, elles ne nous apprennent rien de nouveau. Lne bibliographie assez étendue sur
ce sujet se trouve dans les travaux de Biraid (30), de Kratteh (38 j et de Jeluneck (44)*
Les deux premiers cas de mort paraissent avoir été ceux rapportés par Grange (32)
proiJmls par un courant alternatif de lîOÙ volts.
Le pa^saf^e d'un courant électrique industriel à travers l'organisme humain déter-
miné l'apparition de phénomènes variables, dont les uns sont immédiats, les autres plus
ou moins éloignés. Ces derniers, constitués es^enfiellemeut par des troubles nerveux
font le plus souvent défaut. Les phénomènes imuMiats sont de nature très différente. En
les considérant au point de vue de leur gravité, nous pouvons étudier la mort, la perte
de connaissance passagère, les sensations douloureuses simples. En outre, le passage du
courant occasionne souvt^nt des brûlures de la peau.
Mort — Les descriptionn que nous avons dans la littérature sur les phénomènes pré>
sentes par la victime sont vagues. On se contente presque toujours de dire que Ja per-
sonne a été foudroyée, que la mort a été instantanée, etc. Mais, par ces moU, ou entend
évidemtnenl que la victime a perdu immédiatement connaissance et que la mort a été
très rapide. Les assistants effrayés n'ont pas le calme voulu pour observer en détail ce
qui se passée. J'ai moi-même interrogé des individus qui avutenl été spectateurs d'acci-
dents mortels à (icut-ve, et je n'a* pas pu savoir <ruue manière positive s'il y avait eu
des niouveint?nts respiratoires, des convulsions, Toutefuis, Ûuvbr et llaLAM (39) rappor-
tent que, d'après plusifiurs témoins d'accidents électriques, les victimes ont quelquefois
respiré «ivant de mourir. Au moment où le contact électrique s'établit, il y a naturelle-
ment une violente «tontraclion musculaire de tous les muscles du corps; la personne
peut ainsi faire un bond pour tomber ensuite sans connaissance; ou bien le contact
peut se prolonger et le tétanos généralisé persister. Quelquefois la victime pousse
un cri; souvent aussi on n'entend aucun son.
Le seul caractère bien déterminé est rinstunlanêUé de la mort* Nous devons entendre
par là que la respiral ion sponlanée ne se rétablit pas, ou bien qu'elle cesse complè-
lemeul deui ou trois minutes au maximum après rétablissement du contact.
Quel est le mécanisme de la mort dans les accidents de rmduslrio électrique'? Nous
avons déjà exposé ropinion des différents auteurs à ce sujet; après ce que nous avons vu
en parlant des expériences sur les animaux et des électrocutions, la réponse n'est pas
douteuse. La mort est due exclusivement à la paralysie du cœur en trémulations fibril-
laircs. Le shock des centres nerveux de Taxe cérébro-spinal ne joue aucun rôle. En effet,
nous savons que les troubles des centres nerveux sont proportionnels à la densité du
courant qui les Ira verse. Or, dans les accidents de l'industrie élecliique, la densité du
courant dans l'organisme n*est jamais très élevée; même avec de hautes tensions, à cause
des grandes résistances qui se présentent aux points de contact. Dans tous les accidents,
ces contacts sont inOuinient plus mauvais que dans les électrocutions, et pourtant nous
avons vu que chez les électrocutés la respiration se rétablil spontanément. En outre, dans
les électrocutions, une électrode est placée sur la tête et les contacts sont prolongés, deux
conditions très favorables à rinlûbilion des centres nerveux; au contraire, dans la grande
majorilé des accidents mortels de l'inilustrie, Tentrée du courant se fait par les mains,
et, le plus souvent, le contact est de courte durée. Par coQséquent^ si les trémulations
DICT. DIS FUÏSlOi.OOlE. — TOMK VI. 57
8<)8 FULGURATION.
fibrillaires du cœar ne se produisent pas, la vie de la personne traversée par le coorant
ne court aucun danger.
Il est donc du plus haut intérêt de savoir si les trémulations fibrillaires du cœur chez
rhomme sont définitives comme chez le chien, ou bien si elles sont quelquefois passa-
gères, comme chez le lapin ou le cobaye. Nous ne pouvons pas donner une réponse
absolument certaine, mais toutes les probabilités sont pour la persistance des trémula-
tions chez l'homme. Chez tous les animaux, les oreillettes reprennent leur rythme à la
rupture du courant; il en est de même chez Thomme, comme on Ta vu chez des con-
damnés électrocutés. Quant aux ventricules, ils ne se remettent pas à battre chez les
gros animaux, comme le chien et le cheval. Chez le singe aussi, les trémulations des
ventricules sont persistantes. Il est donc probable qu'il en est de même chez Thomme.
Nous sommes donc portés à admettre que si, dans un accident de Tindustrie élec-
trique, il y a eu paralysie du cœur en trémulations fibrillaires, la victime est perdue;
nous ne possédons aucun procédé pratique pour influencer la marche des trémulalious.
La respiration artificielle ne peut être d'aucune utilité.
Si, par contre, le cœur n'est pas mis en trémulations fibrillaires, la victime ne court
aucun danger de mort (sauf le cas d'un contact très prolongé pouvant amener l'asphyxie; .
elle pourra rester sans connaissance pendant quelques minutes, mais elle se rétablira
sans aucune intervention.
Le mécanisme de la mort par les courants électriques est donc tout à fait différent
de celui qu'on observe dans la mort par la foudre. Dans ce dernier cas, il s'agit d'une
inhibition des centres nerveux ; le cœur n'est pas pris de trémulations fibrillaires. La
respiration artificielle est alors tout indiquée.
Perte de connaissance passagère. — Les cas sont très nombreux dans lesquels
un individu mis en contact avec un conducteur électrique perd immédiatement con-
naissance, et revient à lui après quelque temps. En général, la victime n'a ressenti
aucune douleur et ne se rappelle de rien. Les accidents de cette espèce sont constatés
non seulement dans le cas où le contact a eu lieu sur la tête, mais aussi s'il s'est pro-
duit sur les membres.
Nous ignorons complètement la nature de ce phénomène. Ce que nous pouvons
dire, c'est qu'il s'agit de troubles fonctionnels et non de lésions organiques, car le réta-
blissement est complet et rapide. Il est très rare que la perte de conscience se prolonge
au delà de quelques minutes. 11 reste ensuite une sensation de vide,, de la faiblesse, de
la pesanteur et des douleurs de tète, quelquefois des palpitations de cœur; le tout se
dissipe peu à peu.
Chez le chien, la perte de connaissance passagère ne se produit que lorsqu'il y a une
crise de convulsions toniques; chez l'homme, il semble que ces convulsions manquent.
J'ai interrogé avec soin plusieurs personnes ayant assisté à des accidents électriques
graves, suivis ou non de mort, et aucune n'a constaté de symptômes pouvant être inter-
prétés comme des convulsions. Celles-ci sont d'une telle netteté chez les animaux,
qu'elles auraient certainement été remarquées chez l'homme, si elles avaient eu lieu.
L'explication plus probable de cette différence me parait être la suivante. Chez
l'homme l'excitation de la moelle épinière ne sufQraitpas pour donner des convulsions,
il faudrait pour cela que l'excitation atteigne le bulbe ou des parties encore plus élevées
de l'axe cérébro-spinal. Chez les animaux au contraire (chien, lapin, etc.), la moelle seule,
séparée des centres supérieurs, peut agir comme centre convulsif. En effet, le tronc di*s
animaux décapités présente des mouvements convulsifs intenses, tandis que le tronc des
guillotinée reste absolument immobile (Loye. La mort par la décapitation, Paris, 188**;.
LoYE explique cette absence de convulsions chez l'homme décapité en supposant que
l'action fortement inhibitrice, limitée au nœud vital chez les animaux, s'étend chez
l'homme à toute la région cervicale de la moelle épinière. Mais il me semble plus pro-
bable d'admettre, comme je l'ai dit plus haut, que chez l'homme la mœlle ne peut agir
comme centre convulsif.
Or, dans l'immense majorité des accidents de l'industrie électrique, le contact se fai-
sant par les mains, la densité du courant dans le bulbe est trop faible pour provoquer Tap-
parition des convulsions.
Sensations douloureuses simples. — Les sensations douloureuses ressenties par
FULGURATION.
»n
une persaone qui se trouve eti contact arec un conducteur électrique et qui ne perd paa
connaissance sont de plusieurs espèces. On observe le plus souvent: des contractions
niusculaîies très douloureuses, une lueur éclatante» une sensation d'oppression a la poi-
trine.
Lorsqu'il n'y a pas eu perle de connaisiauce, le rétablissement est immédiat. La vic^
time peut se sentir un peu étourdie, faible, et présenter de légers treinblenrenls des
membnes, comme dans la fatigue musculaire très prononcée.
Brùlarefl. — Les brûlures qu*on conslate si souvent dans les accidents derinduslrie
électrique sonl d'ordre calorifique; elles sont dues à la chaleur qui se développe nii point
de conlacl des électrodes avec la peau. Mallt (57) en a donné une dej^rri[»tion d*>laillée.
Le siège habituel des brûlures est la main, mais on peut iiaUirellenieul le^. observer
«urtouttïs les parties du corps. Dans la pratique, presque toutes les brûturos sont dues
à un contact métallique et présentent une apparence h peu près invariable. Elles ont
luspect d'une perte de substance neltemenL limitée, comme si elles avaient été faites à
l'emporle-pièce. Les brûlures électriques peuvent être assex profomles et dépasser le
derme; elle> détruisent parfois un lambeau de muscle et peuvent même carboniser un
o?, principalement les phalanges de> doigts.
I.;i formation de la brûlure joue un rAle important dans la protection de rorganisnit?
contre le pa^^sage du courant; j*y revendrai en parlant de la résistance du corps*
Accidents nerveux éloignés. — Les accidents nerveux, qui se matiifesient à la
suite d'un contact électrique et persistent plus ou moins longtemps, sont représentés
essentiellement par rhémitneslbésie et Théraiplégie. On observe quelquefois lu perte des
rélleies du côté malade, des contractures, des tremblements, de rinsomuie, etc.
Dans la grande majorité des cas, ces troubles nerveux diminuent rapidement et dis-
paraissent au bout de quelques jours ou d'un mois ou deux. Ils sont semblables â ceux
qui peuvent être produits pur la foudre et doivent être rangés dans la catégorie des cas
d'bystéro- traumatisme.
CondltioDS phjrsiiiuea des accidents élaotrlqaes^ — Nous n'étudierons ici que
les conditions physiques dans lesquelles le courant peut déternuuer la mort de rbommd;
car, comme nous t*avons vu, les autres accidents dus au pas&a^ie du courant ne pré-
sentent aucune gravité (sauf les cas de lirOlures profondes).
Il faudrait alors déterminer quel est le tottuge minimum qui puisse produire li mort
dans les conditions ordinaires de Tinilustrie électrique. Ou a cru pendant plusieurs
années que le courant alternatif de iilO volt*;, employé ordinairemenl pour réclairagedes
lampes k incandescence, n'offrait aucun dan;îer sérieux. I^s premiers accident** mortels
avec ce courant furent signalés en 181*7 par l Eli'*Hrotechm8che Zeihchrift *p. 78o), et,
depuis lors, on a cité plusieurs autres cas semblables.
Mais, si Ton considère Tênonne majorité des accidents mortels, on peut dire que pra-
tiquement, le courant alternatif commence à devenir dangereux lorsqu'il atteint une
ten*inn de 400 ou SOO volts, et le courant continu lorsqu'il atteint une tension de
1 500 voti^.
Nous n'avons pas à tenir conifde dtt nombre des périodes du courant alternatif, car
les courants industriels présentent un nombre de périodes compris entre 30 et 150.
A mesure que la tension auf^nienle, le courant devient de plus en plus dangereux.
Les courants à très haute tension (5 000 volts, comme dans un cas mortel vérifié à Genève)
paralysent encore le cœur, parce que la densité du courant dans Torganisme est tou-
jours faible à cause de ta grande résistance des contacts.
Mais dans un grand nombre d'accidents où les contacts se sont établis sur les mains
ou par une main et une jambe, etc., des courants alternatifs à haute tension (2 000 volU
et davantage) n'ont pas déterminé la morl, bien qu'il yait eu perte de connaissance pas
sagôre. Nous pouvons faire trois hypothèses pour expliquer ces résultats: 1^ le conlacl
a été de trop courte durée ; 2<* la résistance du corps a été trop grande ; 3" les trétnula-
tions fibrillaires du cœur ont été passagères. J'ai déjà dit que cette dernière hypothèse
était peu vraisemblable, bien cjue nous ne possédions pas les éléments voulus pour U
repousser d*une manière certaine. Restent k examiner les deux premières conditions
ayant empêché la paralysie du ctjtur.
Nous avons vu que, d'après les expériences faites par Pricvost et IUttellu le courant
900 FULGURATION.
alternatif paralyse dans quelques cas le cœur du chien avec un contact de un quart de
seconde; dans d'autres cas il faut prolonger le contact pendant une seconde; le plus
souvent, une demi-seconde suffit. Nous pouvons admettre qu'il en est de même chez
rhomme. Lorsqu'on touche un conducteur, la contraction des muscles peut immédiate-
ment faire cesser le contact; Tinhihition des centres nerveux se produit, car elle est ins-
tantanée, et rhomme perd connaissance; mais le cœur continue à haltreetla victime ne
meurt pas.
Toutefois, dans un grand nombre de cas, les brûlures sont très profondes, le contact
a donc été prolongé. Nous ne pouvons plus expliquer la survie de la personne que par
la grande résistance de la peau. On trouvera une bibliographie étendue sur la résistance
électrique du corps humain dans un article de Courtadon (58).
La résistance du reste du corps est négligeable par rapport à celle des points de
contact. En effet, la résistance entre les deux mains plongées dansun baquet d'eau salée
est de 1 000 ohms environ ; elle varie de 3 000 à 150 000 ohms environ, suivant l'état de
sécheresse de la peau, en appliquant des fils nus sur les deux mains.
C'est certainement la résistance de la peau aux points de contact, qui a la plus
grande influence sur le résultat fatal ou non des accidents électriques. La résistance de
la peau à l'état normal n'entre pas seule en jeu; pendant le passage du courant, cette
résistance change considérablement à cause de la production des brûlures, la peau car-
bonisée présentant une résistance bien supérieure à celle de la peau sèche. On sait que
la résistance du corps diminue par l'action du passage du courant; mais cette diminu-
tion devient absolument négligeable, quand on la compare à l'augmentation produite
par les brûlures.
Les suites de l'accident pourront être très différentes suivant l'état de la peau au
moment de Faccident.Silapeau est humide, sa résistance sera faible au commencement
du contact, et c'est à ce moment que peut se produire l'arrêt du cœur en trémulations
librillaires. Au bout d'une seconde environ, la brûlure sera formée, et les tissus carbo-
nisés présenteront une résistance considérable. Si le cœur n'a pas été paralysé dans la
première seconde, la victime pourra alors résister pendant longtemps (une minute et
davantage) au passage du courant, et la mort ne se produira plus que par asphyxie.
Lorsque la peau est bien sèche au moment de l'accident, l'intensité du courant dans
l'organisme, et par conséquent sa densité dans le cœur, est très faible dès le commen-
cement et le cœur peut continuer à battre. En outre, dans ce cas, la carbonisation de la
peau est plus rapide que lorsque celle-ci est humide; l'intensité du courant dans le
corps diminue donc plus vite, et c'est encore une condition favorable à la persistance
des battements du cœur.
D'après ce que nous venons d'exposer, le corps de la victime tuée par un courant
électrique présentera des brûlures peu profondes lorsque la peau était humide et le
contact de courte durée. Mais si lejcontact s'est prolongé pendant une seconde au mini-
mum, les brûlures ont la même profondeur dans les cas où la peau était humide que
dans ceux où elle était sèche, comme il est facile de s'en assurer par l'expérience.
Nous avons déjà dit, en parlant des expériences sur les animaux, que les troubles
dans les fonctions d'un organe sont dus essentiellement à la densité du courant qui le
traverse. A parité des autres conditions, la densité du courant dans une partie donnée
du corps dépend du point d'application des électrodes. Par conséquent, si un contact
a lieu sur la tête, les troubles nerveux seront plus accentués, mais ce cas est rare. La
dérivation du courant au sol par les mains, et surtout par la main gauche, devrait être
la condition la plus dangereuse, car le cœur se trouve sur la ligne qui réunit les élec-
trodes, mais la grande résistance offerte par les chaussures rend ces accidents moins
souvent mortels. Dans le plus grand nombre des cas de mort, le passage du courant
s'est fait, je crois, entre les deux mains qui ont touché les deux fils conducteurs. Cest
la disposition la plus dangereuse dans la pratique ; aussi recommande-t-on aux ouvriers
de garder une main dans la poche lorsqu'ils travaillent dans le voisinage d'un conduc-
teur électrique. Mais cette recommandation est naturellement impossible à observer par
des ouvriers chargés des réparations.
Secours à donner aux victimes des accidents. — Il faut distinguer d'abord deux
cas : 1° la personne est encore en contact avec le conducteur; 2« le contact a cessé.
FULGURATION,
90t
1« Dans le premier cas, il faut natoreHement faire cesser avant lout le contact» parce
que les brûlures defiendront loujours plus profondes et parce que la mort peut avoir
lieu par asphyxie lorsque le passage du courant dure au delà d'une minute. Si l'on ne
peut pas arrêter inimédialemeot le courant à Tusine, on devrait lâcher de produire un
court circuit à Taide d'un corps bon conducteur, que Ton tient au moyen d'un isolant,
de manière à faire sauter les plombs de «ûreté.
Si Ton n*a rien sous la main, ce qui est souvent le cas, il faudrait chercber» h mon
avis» à dégager la victime avec un coup de pied, Tn courant qui passe irune jambe à
r autre n'offre aucun danger ni pour le cœur, ni pour le système nerveux, m^^me à de
hautes tensions, comme nous avons vu plu!$ haut, La personne qui touche la victime
avec le pied ne ressentira qu'une secousse bien faible, étant donnée la grande résis-
tance des chaussures. Il faut naturellement s'assurer que les fils ne puisaient ensuite, en
se balançant, venir toucher celui qui a donné le coup de pied,
2<» Après la cessation du contact, la victime peut ne pas avoir perdu connaissance ;
alors elle se rélablit complètement au bout de 1res peu de temps*
LorsquMI y a perle de connaissance, ta respiration peut continuer, ou bien elle peut
dire arrêtée. Dans le premier cas, il faut d'abord assurer le bon fonctionnement de la
respiration, en tirant la langue hors de la bouche, car la base de la langue peut tom-
ber sur la glotte et robslruei'. On sVlforcera ensuite de faire revenir îa personne a
elle-même à Faide des moyens habituels.
Si la respiration est arrêtée, on pratiquera la respiration arti (ici elle, après avoM"
sorti la langue hors de la bouche, et on cherchera en même temps à activer la circula-
lion. D'après ce que nous avons dit, la respiration artificielle ne sera d'aucun secours
dans le cas où le ca-ur est paralysé en trérnubilions lîbrillaires. Elle sera, au con-
traire, utile, mais non indispensable, lorsque le couir continue à ballre; car la respira-
tion spontanée se rétablirait d'elle-mÔrae.
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F. BATTELLI.
FUMARINE .C2»H«»0*). — Alcaloïde qu'on extrait de la Fumaria officinalis ou
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I. Cet article l>ibliojrraphique d«jit l'-trc placé, pai* ordre alphabétique à la page 29 du tome xi
dr co Diciit'n'.iaire.
FANO.
903
la coaguiaùone dit mngue c deila linfa lyeptonizzati (Lu S/>eHme»la/ir, 459-467). — Ùi una
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menlalrs sur un nouveau centre màtomatique dans le tmctun bulbo-spinal [A, i*. B., Ui, 365-
368). — (itt ttibuminokte detla linfa e del mnguc nel lavoro mmcotaro. In ço(laf>Qrazime
c&t D' Dr Baidi (Lo Speiùm,^ 1-12),
lB8i. — S^iytjio Sperimentaie nul meecftHÎBmo dei mavimenti voiontarii ndla testuggine
palustre {Efnija €Uropaiia){Pubti€aî, del R, htituto di studi :iupmori, Firenze, Le Monnier],
— Anrora mutla re^pirazione periodica e suite cause del ritmo rc»pir(ttorio {Lo Sperim,,
ftbtraiOt 142'I4<>)* — ^"* movimcnd re^^piratori del Champsa tucius {Lo Sperîm., Marzo,
233*238). — La Fisiohgiu quale scienza autonomn {Riv, di fUosof. scient. ^ iv» ITÔ-iiÔ),
1885. — Sullo nHuppo delUi funzitme cardiaca nett' embrione {Lu Sperim,, fnbbraio-
mnrz/tï, H3-1(H 2o2-^73j. — Sui movimenti rifleêii d*n vasi fanyuini ne//' uomo {Genova^
La Sdiute, XIX, 17-18). — Ui una spéciale oàmciaiione di movimenti nett nltigatùre [Ibtd,,
238-230). — Sut nodo denmhntatùrio bulbare (ïbid,^ !29"i47). — l>i ttn nodo trofico bulbare
nella ttstttguine palustre* In cotlaborazione col t}^ S* Lourie {IbûL, 30!»-320U
i8S5. — Contributo sperimentaie alla p^iço-ftaiologia dei tobi optici nella testuggine
pûlmtê'c, la coUaborazionc col D*" S. Loitrie {Riv* sperim* di Freniatria e di med. teg,,
îï, 480-49I),
J886. — Sulla natura funzionnte del centra respiratorio e sulta respirazione periodica
{Lo Sperim.t gennaio^ 3-14). — Suite oscdlazioni del tono auncolare del euore (La Sperim*^
maggio, aCI 1-304).
1887. — Veber die Tonus&vhuanktingen der Atrien des Herzem von Emy« curopœa
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délie orecchiette nell* Bmys europaea {Gazcttà degli (hpedali, n° 102).
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quclquefi ropports entre les propnéte» contractiles et les propriétés électriques des oreil(ette&
du c^ur. En collaboration arec le D' V* Payod {A. i. B., ix, i43-16t). — Di* alcuni mctodi
d^indagine in /î.Hio%ia {Hiv. di fih^of, %cient. vu, 415-439). — Description d'un appareil
qui enregistre graphiquement les quanlHc$ d*neide carbonique vUminc (.1. i. B*. x, 297-313).
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[H. Acrad. mcd. di Genova), — Contributo alla fisiologifidel corpo liroide. In catlaborazione
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In coUaborazione con t. Jiadano (Arcfi, per le scienze med., iiv, 113-162; A, î, D.^ xin,
387-422), — il* alcuni fondamenti fiuotogici det pensiero {Riv. di fil&s, scient, ^ ix, 193-213).
— Beitrag zur Physiologie des inneren Ohres. In coUaborazione col 0' G. Masini (C- P., iv>
787-788).
1893. — Sulla funzione e sui rapporti fUnzionali del corpo tiroidê (ftiu. clin» Arch. it.
di cL r»rv/,, Milayio, 3). ^ Intorno agli effetti ddle lesioni portati suit* organo delV udito.
In collabora tione col IK G, Masini (Lo Spetim.t 335403]. — Sulla contrait ilità pùlmonan\
în coUaborazione col D"" G. Fatola {Arch. per le science med.^ ivii, 438-4î>4). — Criminali
e proslitulc in Oriente, Letlera aperta al Prof. Cesare Lombroso (.4rc/i. di psichiatria, scienze
penali e antropoL erim,, xv, fasc. i). — La funzione del cuore net sentimcnti {Racolta di
icritti di medieina per colti profani^ Trieste, Morterra),
I80i. — Sut chimismo respiratorio negli ammnli e nette plante (Areh^per le &cicnze med*
XVIII, 1-97; A. i. B., x\\, 272-292). — Sur ta fonction et sur les rappi>rts fonctionnels
du corp^ thyroïde (.1. i, i/.,ixi. 31-40).— Sur ta contractilitè pulmonaire. En collaboration
avec k D^ G. Fasola [Ibitl,, 338). — Sur les effets des lésions portées sur Vorgane de Vouie.
En collatjonttion arec (e D"" 6. Mazini {tbid,, 302-3O9i, — La Fisiologia in rapporta con la
thimica e con la morfologin {Torino, Ltrsctier). — Sur tes rapports fonctionnels entre Tap-
partil auditif et le centre respiratoire. En collaboration avec te D^ G, Masini (A, »\ D., \xi,
1895.^ — Impressioni di viaggio {Oiorn, d. Sac, di Ictt, e conversaz, scient*^ Geneva, xvii,
904 FANO.
fasc. i). — Contribulo alla localizzazione corticale dei poteri inibitori (Atti délia R. Aecad.
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1896. — Il laboratorio di fisiologia di Firenze (Settimana medica dello Sperim,, I,
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Report, 1894, 377-389, Washington). — Die Functionen des Herzens in den Emp/indungen
{Trieste Sammlung medicinischer Vortràge zur gebildete Laien). — La Fisiologia sul pas-
sato e le cause dei suoi recenti progresi. Discorso inaugurale (Firenze, Annuario dei R. Isti-
iuto di studi superiori, 3-29). — Sur la pression osmotique du sérum du sang et de la lymphe
en différentes conditions de V organisme. En collaboration avec le D' F. Bottazzi (A. i. B ,
ixvi, 45-61).
1897. — Sur le sang de peptone (A. î. P., 239-240). — In memoriadi Maurizio Schiff
{Annuario dei H. Ist, di studi superiori in Firenze, 111-130).
1898. — Proposta di ricerche etnograflche italiane (Firenze, Bull, délia Soc. fotogr, it.,
371-372). — Hoôerfo Ardigô prof essore di liceo (Nel 7i>« anniversario di R. Ardiyô,Tonno,
Bocca, 25-29).
1899. — Velettricità animale (La vita italiana nel risorgimento, ni, Firenze, 77). — Un
Fisiologo intorno al mondo (Milano, Trêves). — Descrizione di un apparecchio regislratore
di ricerche cronometriche asseriate (J. P., xxiii, SuppL, 70-72). — Descrizione di una
bilancia autografica per ricerche fisiologiche (Ibid., 69). — Di Lazzaro Spallanzani (Primo
centenario délia morte di L. Spallanzani). ReggiO'Emilia, Artigianelli, 179-185).
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culaire dans le cœur de VEmys Europœa. En collaboration avec le D' J. Badano (A. i. B.,
XXXI V, 301-340).
1901. — In occasione di un congresso di fisiologia. Iproblemi ed i metodi délia fisiologia
moderna (il Marzocco, Firenze. vi, n<» 42). — Bemerkungzu « Beitràge zur Gehirnphysiologie
der Schildkrôte » von Adolf Bickel (A. P., 495). — Sui fenomeni eletlrici dei cuore (Compte
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1902. — Contributo allô studio dei riflessi spinali (Atti d. R. Accad. dei Lincei, (5),
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G
GADININE. — ïîase trouvc^e par Briegeb dans !es produits de pnliéfacUon
de la L'Iifiir de murue. Son chloroplalinale répond à la formule (C' H*» Az 0*) Pt Cl'.
GAIAC (RéSÎnO du)* — La résine de gaïac est extraite du bois du Gatjacttm
officinnih, arbre de la famille des Rulacées qui croit à la Jarnaiqne et àSaint-Dominf^ue.
Lé bois de ^uîac est Irès i-ompact et très résineux, de couleur jaone à la périphérie
et brune au centre, à saveur acre. On en extrait la résine, soit par exsudation nalureUe
du tronCi soit par des incisions pratiquées dans l'écorce, soit mieux encore des bûches
une fois débitées. Dans ce cas on peut les épuiser par Talcool qui dissout la résine; ou,
ayant perforé ta bftcbe dans toute sa longueur, on la cliaufTe h une de ses exlréroités, et
la résine s^écoule ù rantre,
La résine de gaïac se présente en masses de dimensions variables, friable et à cas-
sure briltante: sa cotileurest brune ou verdâtre; l'odeur en est assez agréable et rappelle
celle du benjoin, la saveur en est acre et anière.
Elle est insoluble dans Teau, soluble pour les l*/!L>dans l'alcool et sa solution alcoo-
lique précipite en blanc par addittoa d'eau. L'éther en dissout 75 h 80 p. liKK Elle est
presque insoluble dans l'essence de térébenthine, complètement insoluble dans les huiles
grasses*
la résine de gaîac est un mélange extrêmement complexe qui renferme entre autres
produits les acides gaîacique, gaîarétique, jtjaiacoraique et gaïacimique, des matières
colorantCïî, le jaune de gaîac en particulier, une essence de gaîac, etc.
C*est à la présence de Tacidegalaconique en particulierque la résine de gaîac doit des
propriétés toutes spéciales de coloration diverse en pjésence des oxydants.
L'oxydation de Tacide gaïaconique donne, en effet, naissance aune matière colorante
bleue, la gaïacozonîde, de telle sorte que la résine de gaïac et ses solutions alcooliques
verdissent ou bleuissent suivant les cas en présence d'oxydants. C'est généralement la
teinture de gaïac que Ton emploie dans les réactions, et souvent même uu papier imbibé
de cette teinture.
Le papier jaune de gaïac, en présence de Toxygène de l'air» verdit sous rinfluence de»
rayons chimiques. Il redevient jaune à chaud ou par exposition à des rayons jaunes et
au jour bleuit le papier et la teinture de gaïac*
L*acide azotique fumant verdit la teinture de gaîac et l'addition d'eau produit, sui-
vant la plus ou moins grande proportion d'eau, un précipité vert et une liqueur bleue
s*il y en a peu, un précipité bleu et une liqueur brune s'il y en a beaucoup. Le chlore
précipite en bleu la teinture de guiac; raaii le précipité se décolore en présence d'un
excès de réactif. Fondue avec du carbonate de potasse, la résine de gaïac donne nais-
sance h un résinate soluble dans l'eau. A lébullition avec du perchlorure de fer, cette
solution donne encore un préeipilé bleu. Bleuie par le perchlorure de U'i\ la teinture
de gaïac vire au violet par rbyposulfite de soude, puis ge décolore conipléiement. La
résine de gaïac est soluble en rouge dans l'acide sulfurique concentré, solution que
l'eau précipite en violet.
L'acide gaïaconique pur jouit de ces mêmes propriétés, et son oxydation par l'ozone
et les autres oxydants donne naissance au bleu de gaïac ou gaiacostonide.
L^écorce et le bois de gaïac contiennent aussi deux saponines; l'une, un acide sapo-
nique, l'autre, une saponine neutre. Les feuilles renferment également une saponine
acide et une saponine neutre, différentes de celles de récorce. Les saponines se forment
dans les feuilles et se localisent efi se transfiumant dans les écorces et le bois.
L'acide gataco-sapouique (de Técorce) est un léger dissolvant des globules rouges
du sang (1 : 10). 11 n'est pas toxique en injection intra- veineuse ou en injection
souS'Cutanée chez les grenouilles. Il n'est pas un poison non plus quand il est admi*
906 GAIACOL.
uistré par la bouche. Il n'est pas toxique quand il agit sur le muscle cardiaque à une
concentration sufûsante, soit 0,75 : 100. En solution à 0,50 p. 100, il stupéfle les pois-
sons. La gaïco-saponine neutre, de la tige, agit de la manière suivante. Elle ne dissout pas
les globules rouges du sang. Elle n'est pas toxique en injection hypodermique ou portion
gastrique. L'acide saponique des feuilles est un hémolysant faible. L'essence du bois de
gaïac par injection sous-cutanée paralysp, chez les animaux à sang chaud , le système
nerveux central. Le guajol (principe cristallin de l'essence de gaiac) est incffensif chez
les animaux à sang chaud et les animaux à sang froid.
Réactions de la teinture de galac en présence des ozydaiet. — Les réactions de la tein-
ture de gaïac ont reçu surtout une heureuse application dans les recherches des ferments
oxydants. (Voir Ferments et Fermentations, Ozydaset, etc.) Schônbein avait réuni dans un
seul groupe de phénomènes toutes les réactions chimiques dans lesquelles on observe une
coloration bleue de la teinture de gaïac, soit en présence de Pair, soit en présence de l'eau
oxygén«?e; et il avait attribué ce phénomène à la présence de l'ozone. Cela est vrai dans un
certain nombre de cas, ou Tozone ou des corps producteurs d'ozone en agissant de la
même façon, comme oxydases provoquant le bleuissement de la teinture de gaïac;
mais il est un certain nombre de réactions dans la dépendance des ferments solubW
(jui donne aussi naissance aux mêmes phénomènes. Ces réactions sont sous la dépen-
dance de deux groupes de diastases.
1® Les oxydases, qui déterminent la fixation de l'oxygène de l'air sur une substancf^
et qui déterminent par suite le bleuissement de la teinture de gaïac en présence de l'air:
telle est par exemple la laccase de Bertrand.
2° Les oxydases indirectes, qui déterminent la décomposition de l'eau oxygénée et la
fixation de l'oxygone ainsi produit sur une substance oxydable; la teinture de ^aîar
bleuit aussi en présence de l'eau oxygénée et de la fibrine. Il en est de môme en présence
de la diastase et de l'eau oxygénée.
La recherche d'une oxydase directe au moyen de la teinture de gaïac est des plus
faciles. Une goutte de teinture de gaïac ou de solution alcoolique d'acide gaîaconique
vire au bleu en quelques instants dans un liquide aéré qui renferme une oxydase. S'il y a
un excès de ferment, la solution se décolore ensuite. Mais il faut se défier d'un certain
nombre de causes d'erreurs.
La réaction doit être rapide et intense; car la teinture de gaïac verdit déjà au simple
contact de l'air. Les tissus animaux et végétaux renferment des substances qui peuvent
provoquer directement ce même phénomène en l'absence même de l'air, par simpli*
décomposition et mise en liberté d'oxygène. On agit de la même façon, et on doit prendre
ces mêmes précautions, quand il s'agit des oxydases indirectes; on doit seulement ajouter
aux éléments de la réaction quelques gouttes d'eau oxygénée.
11 est enfin un certain nombre de ferments provoquant la décomposition de l'eau
oxygénée et qui ne bleuissent pas la teinture de gaïac. Ce sont les catalasa de 0<c\k
LfEwy ou hydroijénnses de F. Pozzitinot.
En effet, cos substances, non seulement réduisent l'eau oxygénée et donnent li^^u à
un abondant dégagement d'oxygène; mais encore elles déterminent une action iden-
tique sur le gaïacozonide qui est réduit et ne peut se former.
Une liyJrogénase en présence d'une oxydase enipi^che donc la formation du bleu
de gaïac.
Le bois et la résine de gaïac ont été employés autrefois dans les affections goutteuses
rhumatismales, scrofuleuses, syphilitiques, comme stimulant diaphorétique, sudorifique,
seul ou associé à d'autres médicaments.
GAIACOL (C- H- 0^) = c« H* <^ g™'-
Préparation et propriétés. — Le gaïacol est un des éléments essentiels du proiluit
complexe désigné sous le nom de créosote. La créosote de hêtre contient en effet 260.0
(le gaïacol.
Pour le préparer ou l'extrait delà créosote du commerce. D'après Bi^.hal et Cho\y,
il faut sépan^r les diphénolsde la créosote on les précipitant par des sels métalliques, ou
dos oxydes slrontiane). Les sols ainsi précipités sont décomposés par l'acide cblorhy-
CAIACOL.
907
drii|ue, et le gaiacol, sépara de ses homologues par distillation fractionnée^ e»t pnnûé
par crii^^lallisalion.
BÉHAL el Choay ont aus!ii prépar*^ synihétiquement le gaïacoî pur eu inéthylanl la
pyrocntéchino iodée. H se foJiiie de la méthylpyrocaléchine (gaîarol) et de la dimélhyï-
pyrocalécliine ivéralrol) gu'on sépare facilement. La diméthylpjrocatéchine traitéo
par la potasse alcoolii|ue donne du ^aîai'oL
Le gaïanot syulhélique e£>t un corps cri^lallîsahie fondant h 28<>5 : Deusité h
O» = L1534.il bout à 205<^l. Il est soluble en toutes proportions iLins la glycérine pure;
maïs, dès que la glycérine contient de IVau, sa s<i!nbilité va en dimînuanl Injs vilP, Il
e*t i>^n sofuble dans Teau, i pour 200 parties d'eau. Son odeur rappelle celle de la
cr»''osoli', A l'état liquide^ ou en solution alcoolique conrenhve, il est ranstique. La
solution alcoolique se colore en bleu par le perclilonire de fer. Avec Tacide sulfurique
concentrt' et une trace de chélidonine il donne une couleur rouge carmin caractéristique
(liATTANurER, cité in bkt.dc Wnrii, 1 Suppl,, IV, p. 4*2G;i.
Le gniëcol peut se combiner avec les radicaux acides pour donner des produits
diver*s dont plusieurs ont été employés couinie succédanés du gaïacoL
On a décrit surtout : {^ \^ mrbonatr de ijaimol HÉitALet Ckoay, CAZENKrVK] CO
(C" II' <)* -qu'on obtient en faisant passer du gaz chloroxycarboiiique dans une solution
alcaline ilo pJiïacoL C'est un composé fusible à 80'\ insoluble dans l'eau soluble dans
Talcool.
H 4 / OCIP
" \ OCOC* H*
2* Le ht*niOj/!(faiacot C*
ou benxosol, étudié par M\RKoai4 C!e sont des cristaux fusibles à 52**, Il est moins toxique
que le gaiacoL Pourtant des doses de 0.10 tuent les grenouilles. On a même signalé un
ta>de mort cbez Tbomme après udminîslration de 3 grammes ; il y eut de la diarrhée,
de r ici ère, ulT.tiblissement progressif du cœur» et entérite aigué (Lewln, Toxkohgie,
inid. franc,, I90:i,5t6).
3^ L'uctHyltfaiacol^ obtenu par distillation du gafacol avec ranhydride acétique.
4^ Le stiticylate dt gmacol qui se décompose dans rorgaïusnie en gaïacol et acide
salicylique.Oiirobtient en traitant par loiychlorure de pbospbore uomélangB de gaïacol
sodique el de salicylate de soude. On l'emploie à des doses qui vont jusqu*à tO^uTamme».
D° Le ra/eri'njrï/e dr f/<iiVico/ ou géosote (?) (A. Ki;H?f).
ô** Le eacodytate de gaïacol (MKXUStEn).
7*» Le i^ttpacol ou cinnamyhjaiacott
H'* Le phosphate de gatacol, beaucoup moins toxiquR que le gaïacol (Gu-BRRt), ayant
d'ailleurs les mêmes effets, et pouvant être donné à des doses de 0,40 à 0, (VO par jour
chez l'homme.
Parmi les dérivés de substitaliuu du gaïacol, un des plus importants est le dimétbjl-
pvrocatéchine on vératroL
^ " \OCH»
D'apiés MARFOnt, le vératrol produit d'abord des phénomènes d'excitation, puis de la
paralysie des réilexes et de la respiration, cbex les grenouilles comme chez les mammi-
fères.
Si le groupe éthyie remplace un des groupes métbyle» on a VethylQaiacfjl.
*^^ \ocm*
Ce pjodnil est moins toxique, et, au lieu de phénomènes d'excitation, on voit surtout
»t'paraître des pbénonièn»^s d'hypnose.
Lallulgatacot C»H»<^^g[j\
est moins toxique que les précédents.
Ces trois dérivés du gaïacol passent dans les urines sous forme de combinaison sul-
furique; el très probablement ils sont transformés en gaïacol dans Torganisme.
908 GAIACOL.
D*après MARFORiJes dérivés bivalents: méthylène gaïacol, éthylène gaiacolet trimé*
thylène galacol donnent surtout des phénomènes de paralysie.
Les relations du gaîacol avec les dérivés de la pyrocatéchine sont très simples.
Le créosol est Téther mélhylique du gaîacol. L'homocréosol est Téther éthylique du
gaîacol. D'après RiCHAUD, ces trois dérivés auraient des propriétés très voisines (effets an-
tiseptiques et antitherniiques). Il admet que la propriété antiseptique est commune à
tous les corps dérivés du benzène; mais que la substitution d'un groupe OH à un atome
H exalte la propriété antiseptique, ce phénol étant plus antiseptique que le benzène.
Il est possible, et même selon nous probable, que ces différences de toxicité sont dues
pour une bonne part à la solubilité plus grande. En tout cas, d'après Richauo, l'introduc-
tion dans la molécule des groupements CH^ la rendrait plus antiseptique; et Tintroduc-
tion du groupement G^H^ la rendrait plus hypnotique. Mais il y a, ce semble, une contra-
diction entre cette exaltation du pouvoir antiseptique par Tinlroduction du groupement
CH^, et la diminution nettement constatée par Richaud lui-même, comme* par Markori,
du pouvoir toxique; car il est évident que le pouvoir toxique et le pouvoir antiseptique
ne peuvent être que l'expression d'une seule et même propriété générale, action sur le
protoplasma vivant. Gilbert et Mavrat ont montré que le créosol était moins toxique que
le gaîacol, et Richaud a, de son côté, prouvé que Thomocréosol était beaucoup moins
toxique que le créosol. Il va de soi que l'on ne peut parler dans ces cas divers de toxicité
que par rapport non au poids absolu de la substance, mais à son poids moléculaire.
Beaucoup de travaux ont été faits sur la pharmacologie du gaîacol. Nous ne pouvons
les indiquer ici que sommairement.
Remarquons d'abord que rarement les gaîacols donnés comme purs dans le com-
merce répondent aux indications présentées. Adrian, faisant l'analyse de divers gaîacols,
a trouvé :
Gaîacols marqués à Trouvé à l'analyse.
40 p. iOO 25 p. 100
45 — 28 —
60 ■- 45 —
80 — 54 -
90 — 65 —
Pur 70 —
D*après cet auteur, le gaîacol pur est plus solublc dans l'eau que le gaîacol souillé par
des impuretés diverses : et, quand il est bien pur, 100 grammes d'eau en dissolvent,
1»',602.
La principale difficulté dans l'emploi thérapeutique du gaîacol consiste en sa solubi-
lisalion. On a essayé la glycérine pure, l'huile d'olive, l'émulsion savonneuse. En géné-
ral, les divers dérivés du gaîacol, étant solides à la température ordinaire, sont, à cause
de cette propriété même, préférés au gaîacol, car ils peuvent être employés comme
toxiques externes en forme de poudres. En outre, ils sont moins toxiques, moins caus-
tiques, partant plus faciles à manier.
Pour les injections sous-cut^nées, il faut faire des injections d'huile gaîacolée : on a
proposé rhuile d'olive démargariuée.
Effets physiologiques du gaTacol. — Le gaîacol injecté en solution glycérinique
ou huileuse (huiles d'olive) est un corps assez toxique. Gilbert et Maurat en ont fait une
bonne étude. D'après près de cent expériences faites sur les cobayes, ils ont reconnu que
la dose nécessaire, par kilogramme, en injection sous-cutanée est 0,85 et 0,90. Per on, la
dose toxique est plus forte, et dépasse l^%oO.
11 y a d'abord une période d'agitation, puis des convulsions et des trépidations des
pattes. La sensibilité s'émousse; les pupilles se contractent. Le cœur bat lentement, et
la température s'abaisse progressivement; dans les cas mortels, elle descend jusqu'à 20*.
Il y a sécrétions augmentées partout. La sécrétion lacrymale surtout est singulièrement
accrue. « Les animaux versent des larmes abondantes et limpides. » A l'autopsie, il y a
congestion des organes abdominaux et surtout thoraciques.
A des doses plus faibles (0,40 à 0,45 par kil.),il y a les mêmes phénomènes de trépi-
dation épileptoîde, d'hypersécrétion et d'hypothermie, mais évidemment avec moindre
intensité.
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CAIACOL.
90d
^
GmcsftÂCB a donné qnoUdJennemeni à des chiens (dont il n'indique pas le poids) de
6 à 10 grammes de jraiacol très pur per as, et il n'a %*u aucun désordre, ni dans les fonc-
tions digeslîve*^, ni dans la nutrition et rinnervalîon générâtes.
GiAARO et Jeannil ont vu aussi chez des Uplns de très fortes congestions rénales.
Marfohï, comparanl raction du gaiacol clic/, divers animaux, dit que les phénomènes
roiivulsifs précèdent toujours les phénomènes paralylJf|oes et de dépression. Les plieiio»
mènes convulsifs sont d*autant moins marqué<^ qu'il s'agit d*ansmaux plus élevés dans
Téchelle zoologique. Chex les grenouilles les convulsions prédomîjient, tandis que, chez
les chiens» il y a simplement un tremblement général (frisson thermique). Sur les chiens
que le gaïacol vient de faire mourir, tous les muscles sont encore excitables, sauf le
cœur. Le sang n'est pas altéré.
Athanasiu et Ljinûlois (cités par Crkooire) ont vu, dans mon laboratoire, faction vaso-
dilalalrice très nette du gaïacol injecté « en suspension dans de Teau savonneuse^ dans les
reins d'un chien (l»%75 de gaïacol pour un chien de 1 1 kil.). 11 y eut surtout une hron-
cliorrhée intense, avec vaso-dilatation marquée de toute la face.
Ceitfi action très nettement toxique du ^'aîacol explique que dans certains cas, heu-*
reust'aïKnL fort rares» il a pu déterminer la mort. Dcbourg (cité par Grkgoibk, p» 23) en
rappoiio un cas douteux. Le cas le plus connu est celui de G. Wyss. Lue petite fille de
9 tiri^ (21^700] absorba H ce. de gdïacol liquide, et malgré le lavage de l'estomac, qui fut
pratiqué presque immédiatementp mourut deux jours après. D'autres cas ont aussi été
signalés (Kjonra in LiEBajvico's EnajrAopadiûdrr Thérapie, n, 499]. On observa de l'albumi*
nurie, de ranurie, de rtctère,et la mort survint dans le coma. Bans un cas de Haru (Lt/on
mttitcai, i89i, 387), la mort est survenue après l'emploi d'une dose de 3 grammes
en hiidigeonnages cutanés.
Le gaïacol ingéré pn' os ou injecté se retrouve dans les urines où il passe sous la
forme de gaïanol-sulfonate de potassium* ijuel que soit le dérivé du gaïacol qui ait été
introduit dans rorganisme» c'est toujours sous cette forme chimique qu'il est éliminé : il
apparaît très vite après ringcstion,eton le décèle par sa réaction avec l'acide nitrique.
Alors Turiiie se colore en rouge cerise qui devient d^un rouge do plus en plus intense,
pour disparaître en partie et même totalement quand on chaulTe le mélange. La colora-
tiûij au contraire devient plus netle avec Tammoniaque.
Pour déceler de^ traces de gaiacol dans rurine. Saillet opère de la manière sui-
vante. Ou dislille Tit) ce. d'urine avec 30 ce. d'acide sulfurique à 15 p. 100. Après distilla-
litin de 50 ce. on ajoute au résidu non dislille encore 50 ce, et on distille flnalement 100 ce.
de distillation. On prend âcc. de ce distillât qu'on additionne de 0''%9 d'acide nitrique. On
chauffe légèrement et on ajoute de Tammoniaque pure jusqu'âr légère alcalinisation.
S'il y a du gaïacol, Facide nitrique produit une coloration rouge cerise qui devient jaune
clair par ratlditïond'arujnoiiiaque. La sensibilité de cette réaction serait d'après Saillet
de Tordre du millionième.
Quant a doser la quantité de gaïacol ainsi éliminé, on peut avoir des données très
approximatives en comparant la coloration obtenue à celle qu'on obtient en distillant
dans rie mêmes conditions une quantité connue de phosphate de gaïacol.
G^:^^:vIl!Eî^, par des dosages faits dans le service de Gjlrkrt, a trouvé ainsi une éli-
mination par Turine de 59.8 p. tOO eu moyenne, Gilukrt et Choay avaient trouvé 72 À
73 p. 100. Grasset et IstaERT, 71 p. 100. Stodrm, 74 p. 100. Si le gaiacol» au lieu d*ôtre
ingéré ou injecté^ est appliqué en badigeonnages sur la peau, les quantités éliminées par
l'urine sont moindres. Linossier et Lannoiï* ont trouvé alors des chiffres variant entre
20 et ;>5 p. 100, mais les conditions en sont toutes différentes entre le badigeonnago
cutané et l'ingestion digestivc.
D'après Grasset et Imbekt, rélimination est rapide, et six heures après Tingeslion
presi[ae tout te gaiacol ingéré a été éliminé.
En somme, on retrouve dans Lurine environ 75 p. 100 du gaïacol ingéré. Mais les
procédés d'investigation et de dosage sont asse2 imparfaits (et tendant toujours h dimi*
nuer le chiffre trouvé dans Turine) pour que l'on puisse considérer comme bien probable
que presque tout passe dans les urines.
D'autres procédés ont été aussi indiqués : pourtant il ne sont que rarement employés
comme moyen de dusage. LAiouxetGai.'iVALont proposé pourdéceler les traces de gaïacol
910 GAIACOL.
l'acide paradiazobenzolsulfonique qui donne une belle coloration rouge foncé avec le
gaïacol en solution alcaline.
Effets antiseptiques et antifermentescibles. — Quoique diverses recherches aient
été faites sur l'action antiseptique de la créosote, celle du gaïacol pur a été peu étudiée.
On peut toutefois, a pnori et d'une manière générale, considérer la valeur antiseptique
de la créosote (25 p. 100 de gaïacol, et 50 p. 100 de créosote) comme très voisine de celle
du gaïacol ; car la créosote et le gaïacol ont d'assez grandes analogies chimiques pour que
leur action ne soit pas fondamentalement différente. Or la créosote est antiseptique à la
dose d'un millième environ (Main. Dict, de Phys., Créosote, iv, 480).
P. Marpori a étudié le gaïacol pur au point de vue de son action désinfectante et de
son action antiseptique sur les staphylocoques. Comme effet désinfectant il faut des doses
relativement fortes : de 4 à 5 p. 1000 de gaïacol pendant un contact d'au moins une
demi-heure. Si la dose est plus faible, et si le contact est moins prolongé, les staphylo-
coques ne sont pas tués ; tout au plus observe>t-on quelque lenteur dans leur évolution
ultérieure. Naturellement les spores du B. anthracis sont beaucoup plus résistantes, et il
faut des solutions à 2 p. 100, avec un contact de vingt-quatre heures. Quant aux bacilles
de la tuberculose, ils ne semblent pas être détruits par un contact de deux heures avec
des solutions à 2 p. iOOO.
Les doses antiseptiques sont plus faibles. A 2 p. 10000 on constate déjà une action
retardante dans les cultures des staphylocoques. A 1 p. 1000, il y a arrêt complet du
développement. Pour empêcher le développement du B. anthracis sporigère, il faut des
doses de 1 p. 100.
RicHAUD, étudiant l'homocréosol, a trouvé qu'il était antiseptique à la dose de
i'f'',5 p. 1000 environ; tandis que, pour détruire le pouvoir germinatif de B. anthracis,
il fallait environ 5 p. iOOO.
J. KupRiANOFP a fait une étude assez soigneuse des propriétés désinfectantes du
gaïacol très pur. En le comparant au phénol et au crésol il a vu que le pouvoir antisep-
tique du gaïacol est moindre. La quantité nécessaire pour empêcher le développement est:
Staph. aubbcs. Staph. PY0C\ANEC8.
Sol. aqueuse. iSol. alcoolique. Sol. aqueuse. Sol. alcoolique.
Gaïacol 1/143 1/343 1/300 1/600
Phénol 1/250 1/1200 1/2000 1/2400
Crésol 1/250 1/1200 1/2000 1/2400
La résistance du Favus est moindre encore que celle du S^ pyocanetts. Celle du
choléra bacille est plus grande que celle du St. pyocaneus, mais moindre que celle du
St, aureus.
Il conclut que comme désinfectant externe le gaïacol est peu efûcace, mais que son
action assez puissante sur le choléra bacille, jointe à sa relative innocuité (?}, autorise à
l'employer dans les cas de choléra grave.
Ainsi il est évident que le gaïacol est un antiseptique; mais c'est une action relati-
vement faible, et on ne peut guère supposer que son action médicamenteuse, parfois
très énergique dans les maladies infectieuses générales (tuberculose), soit une action
antiseptique. Il est probable qu'il agit par des mécanismes tout autres. Mais, quand il
s'agit d'action locale sur les plaies ou sur les muqueuses malades, le gaïacol parait être
d'un assez utile secours. Dans les cystites et les uréthrites il a donné à F. (iuvo.N de bons
résultats. On l'a employé aussi sous la forme d'injections interstitielles dans les tubercu-
loses locales (Bonome). D'après Gkkgoire et Villeneuve, il activerait les processus fibro-
forniateurs qui sont la voie de guérison de ces affections tuberculeuses externes.
Comme dans la tuberculose il est eflicace et salutaire, on a supposé, sans grandes
preuves d'ailleurs, qu'il agit comme antiseptique gastro-intestinal. Mais cela est peu
vraisemblable, comme peu vraisemblable aussi l'opinion qu'il est exhalé par la voie
pulmonaire, et que, passant aussi par le poumon tuberculeux, il agit localement sur
les bacilles tuberculeux,
Si'RMONT et Vermesch ont constaté que le vératrol était antiseptique ; mais ils n'indi-
quent pas la doàe.
CAIACOL-
911
Effets aiïtUheriaiqQes et anali^ésicfues. — Sciolla, dans le service de Mara*
GuiA7«o, ifconiiaissaDl les diflu'uUés de l'absorption du gaiacol par iogestîon buccale ou
fifir injection sous-cuianée, a eu l'idée de Tcnij^loyor eu badigeonaages cuiaûés. Celle
méthode est devenue très générale, et elle a conduit à des résuttats intéressants.
On peut employer le gaïacol pur liquide à la Lempéralure du corps; et^ si le produit
employé est bien purifié» on n'observe qu'une très légère rouj^eur de la peau» non dou-
loureuse. Il n'en est pas de même si le gaïacol est impur, et contient du phénol (LÉPîxi).
Le principal eCTet de celte application cutanée est une hypothermie triis accentuée,
Dans certains cas, comme notamment dans le cas de Bakd, Thypothermie est progres-
sive, et va jusqu*à la mort. Dans ce cas remarquable, il s'agissait d'un lubeicnkux.
ayant nnr tempértiture de 30«o« Après t grammes de gaïacol en baiJigeonnages, au bout
d'une heure la température était de 3SV) trois heures après, à 36^; six heures après, à 3^*»;
quatre heures après* ;i34<» 7. La mort survint le lendemain matin dans le coma.
Quoi qu'il en soit de ce cas exceptionnel^ quand la dose de gaïacol n est pas trop
forte, on n'observe qu'un abaissement thermique modéré; et c'est assurément un des
procédés les plus certains dont di.sposent les médecins pour abaisser la température*
Alijert, en faisant des badigeonnages sur le dos du pied chez des enfants rubéoliques
ou tubtMvoleux, a vu la température baisser de i k 3*». HofliLUARO a constaté qu'à la dos '
relativement faible de 0.50 on pouvait abaisser la température centrale d*nn malade *]'>
plus de l**;
L'hypothermie commence au bout d'un quart d'heure, et atteint son maximum
six heures nprés Tapplication du médicament. Pour Gilbert cette hypothermie, fréquente,
mais non lonstante, après une applicaliou de 1.50, est mamfesle au bout d'une heure.
et maximale après trois heures.
Chez les sujets apyrttiques l'abaissement est nul ou peu marqué {VVeiï,» Desplats,
tiuiNABD» e^tpértnienlant sur lui-même, cités par genévrier)*
L'hypothermie consécutive aux badigeonnages de gaïacol soulève plusieurs ques-
tion» inlùressftnles de physiologie générale.
Le premier point est de savoir si le gaïacol eu applications cutanées est absorbé,
Or il paraît difficile de nier celte absorption, et, si quelques médecins l'ont contestée,
c'est qu'ils ont coufondu la non-absorption des liquides par la peau^ qui est évidente,
avec U non-absorption des vapeurs. La peau n^absorbe pas les liquides; mais elle
absorbe rapidentent et facilement tes gax, comme rela a été [trouvé il y a plus d'un
siècle par Chaussieh. Or les vapeurs d'un corps quelconque volatil sont des gaz, et par
conséquent sont absorbables (Voy. Cn. RicuEr, /IccA, s«r la scrmbitité, IK Paris, 1877,
p, 100}. On pourrait citer des faits innombrables témoignant de l'absorption des corps
solides ou lîr|uides par la peau, lorsqu'ils ont une certaine tension de vapeur, et que,
par conséquent, ils sont devenus gazeux. J'ai vu niouiir, en vingt-quatre heures, des
lapins qui avaient séjourné une heure prés d'une cuve à mercure, sans qu*il y ail eu
contact avec le mercure, par le seul fait des vapeurs mercurielles.
Sans qu'il y ait érosion de l'épiderme, le gaïacol, en badigeonnages cutanés, passe
dans rurganisme. Beaucoup de malades accusent, au moment où se fait ce badigeon-
nage, une sensation gustalive, assez désagréable, de créosote. Linossier et La?«xois ont
montré qu/îl passait dans les urines plus de gaïacol, quand le gaïacol étendu sur la
peau était recouvert d'une couche épaisse d^ouate, favorisant l'absorption cutnnée et
empochant presque cojnptètemeut l'absorption pulmonaire. Dans certains ca^^^ ils ont
fait respirer le malade hors de la sïiHc où il se trouvait, et l'absorption a en lieu, comme
cela a été prouvé, par la pins grande quantité de Tacide gaîacol-sulfonique dans les
urines, et par l'hypothermie survenue. Aurert a vu que les onctions faites sur le dos du
pied produisent de rhypnlhermie, et H^^niLLiABD a trouvé qu'une onction de gaïacol sur
une étendue de 1 décimètre carré suffisait à abaisser la température.
Donc Tabsorption par la peau est évidente. Mais suffit-elle k provoquer l'hypo-
thermie ? et faut-il chercher une autre explication dans rexcilation périphérique des
nerfs de la peau ?
On sait, en effet, que ces badigeonnages cutanés exercent sur les centres lliermiques
une action spéciale, Mais, d'antre part, on a reconnu aujourd'hui que les accidents con-
sécutifs au ternissage de la peau sont dus, sinon exclusivement, au moins pour une
i
912 CAIACOL.
très grande part, à une radiation cutanée plus intense car des animaux vernissés mis
à Tétuve ne meurent pas. Guinaro et Arloing, se fondant sar ces faits, ont pensé que
les badigeonnages de gaîacol agissaient par une sorte d'excitation, déprimante de la
température centrale, des nerfs sensibles de la peau. Mais ils n'ont, semble-t-il, pas
continué à défendre cette opinion; car Thypothèse d'une excitation périphérique hypo-
thermisante est difficilement recevable, et Ijnossier et Laxnois ont bien montré que,
selon toute apparence, si le gaîacol agit, c'est parce qu'il passe dans l'organisme et
modifie tout spécialement les centres thermiques. C'est ainsi, d'ailleurs, qu'agissent le
phénol et les composés aromatiques divers à noyau phénylique dans leur molécule.
Quant au fait intéressant de la non-action hypothermisante du gaîacol chez les
individus sains, en opposition à son action si efflcace chez les fébricitants, on sait que
c'est une loi assez générale. La quinine et beaucoup d'agents dits antithermiques sont
dans ce cas. Les centres régulateurs de la chaleur, troublés par les poisons des fièvres,
Sont devenus très susceptibles aux actions médicamenteuses, et de faibles doses des
poisons phényliques sont capables de diminuer l'excitabilité accrue, alors que ces faibles
doses sont incapables de modifier l'excitabilité de ces mêmes centres, à l'état normal.
En dernière analyse, l'action hypothermisante parait être le phénomène essentiel
de l'intoxication par le gaîacol. Il semble que ce poison soit un poison du système
nerveux central, et spécialement des centres thermiques, et cela indépendamment de
toute hypothèse sur la nature même de ces centres, qu'ils soient automatiques, spéci-
fiques ou simplement réllexes, coordonnant les excitations périphériques pour les tra-
duire en excitations centrifuges thermogènes.
Effets analgésiques. — Le gaîacol peut agir aussi comme un analgésique local.
Andrk et J. Llcas-Championnière ont donné les premiers cette utile indication. Le
gaîacol est, pour l'injection, mélangé tantôt à de l'huile, tantôt à du chloroforme, et
on observe une diminution de la douleur, parfois même une analgésie totale comparable
à celle qu'amène la cocaïne. Il s'agit évidemment là d'une action locale sur les
terminaisons nerveuses sensitives. A vrai dire, il semble que, dans la pratique, ou ait
renoncé à cet emploi du gaîacol comme analgésique local. Malot cite des cas de
sciatique traitée par des injections de gaîacol chloroformé. L. O'Followell rapporte
quelques observations d'avulsions dentaires faites sans douleur après des injections de
gaîacol; et souvent on a appliqué les badigeonnages de gaîacol aux orchites doulou-
reuses et aux luxations. Mais le danger, non négligeable, d'une hypothermie trop
intense et d'un col lapsus grave consécutif ont fait abandonner l'emploi commun du
gaîacol comme anesthésique local. Il parait cependant que son action antiseptique unie
k son action analgésique en rendrait l'emploi avantageux comme topique local dans
les plaies douloureuses, ou dans les ulcérations douloureuses des muqueuses.
Effets thérapeutiques du gaîacol dans les affections médicales et spéciale-
ment dans la tuberculose. — Nous n'avons pas à examiner ici les très nombreuses
études qui ont été depuis dix ans entreprises sur l'action thérapeutique du gaîacol. On
trouvera plus loin, dans la bibliographie, l'indication de ces travaux; et d'ailleurs il est
difficile de séparer l'étude thérapeutique de la créosote de celle du gaîacol.
De fait, le médicament s'est montré utile dans les cas légers et tout à fait impuissant
dans les cas graves. Son principal effet est de diminuer la fièvre des tuberculeux. Parfois
il restitue l'appétit et diminue la toux.
On a constaté qu'il agissait médiocrement sur le décours de la tuberculose expéri-
mentale. BuGNioN et Berdez, après avoir inoculé la tuberculose à des lapins, les ont sou-
mis à des badigeonnages au gaîacol. La température des animaux fébricitants a
baissé ; mais la marche de la tuberculose n'a pas paru être modifiée.
Chez quelques malades soumis à un traitement prolongé par le gaîacol, Grégoire a
signalé un assez curieux phénomène, c'est le besoin, pour ainsi dire, de leur injection
quotidienne de gaîacol, laquelle prouve, paraît-il, un certain état d'euphorie qui est
devenu, par l'usage, nécessaire; et il compare l'état d'angoisse des malades habitués, qui
sont tel ou tel jour privésdece médicament, à l'élatdes morphinomanes qui ont besoin de
l'injection de morphine'^n tous cas, de très nombreuses observations (notamment celles
de (jiluebt) prouvent ({u'il n'y a en général ni accumulation du poison, ni accoutumance*
ni intolérance progressive. Pourtant on a note une certaine irrégularité dans les eflfets
GAI ACOL.
î»IS
da poison; irrégularité due peuMtre aux conditions de Tabsorplion, qui est loin d*étre
toujours identtt|ue.
Tous les compo!»é9 dérivés du gaîaeol ont les mèities eiïets thérapeutiques» À quetques
nuances pr^s* Sur ces nuancps, on nura les documents nécessaires dans les travaux
dont nous donnons l'indication luhliograptiique.
Bibliographie. — Adhux. Sur une méthode rapide et fnrile ifdimlffie du Qaïacol et
dfx créofotfê du conimerce, Paris, Henuuyer, 1897. U> p. — Bahï*. Aiition antipyr^lifiue dts
badig tonna fj es tic ifamcol {Mim. de ta Soc. dca %e, méd. de Lyon. IHOi» xxxtk liil*lM, et
Çongr, fran**, de mCd.^ IHUîî» 485*41U)). — Bard. Cas tfe mort opré'n hadi^ft'imnwje avec
2 gratnmen de gaïacol {Ltjon méd,, 4 juin 1893). — Baktolo. Rkerchc spcr. auUa gniaco^
iine \Arch. di farrth e ter*, 1899, vn, 471-405). — Bass (A.). Zr/r Phiji^iotoQic der Gitajace
Unuirkung, {Wieu» med* Woch,^ l(K)l| u, 22t-2â2)« Einige Vermche mit Gtiaiucetin
{Prag, med. Woch.^ 1898, xsin, 633, — Bortolbitj (A.). /( guatacoh nelta moderna terapia
»pe€ie tisido corne antipindco [Clin, mcd, itaL, 1000, xxxti» 60.1-672}. — BunxioN et Ben-
bF/i, Bu traitement de ia granntie par teti badigeùnmtge^ de gaïacol (fter.\ mcd. de ta Suiise
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antithermique {0. Pari$^ 1805). — Castel (J.). iUiiakinol {Vnion pharm,, lUOO, xn, 520-
530). — CoitiiiOM et IVicuus* hu traittment de ta tul/ttenloBe expërimentrjv par tes badi--
geonnages cutaïUs de gaiacol [Cûnyr. franc, de m^d., J8î»4, Paris, 1895» 530-54*). —
Desisquellk ^Ell.). Traitement local de l'érysipète de ta face par des badifjeoDnoge^ de
gaïacof, de menthol et de camphre oHocién {Ann. de Thêrap. dcrmatof, ri i-^tjphii, 1001»
t, 25-27). — Devaucijelle. le yaïacol synthétique dam la tuberculose, fJ. Paris. 1805),
— Domeh. E. i^oiUribut. a Vétude des effets thérapeutiques des badigimutagcii de gaiacol^
particulièrement dans ta tuberculose pulmonaire (D. Toulouse, lSf*5). — Eabp(S. E.)* Some
ofthe mcf^ of benzoate of gaiacol, uith illmtrativc cases {Ciuctn. Larurt-Cliinr, 1002. ii. ».,
xLviii, 103-11*01 ™ EîicHLE. Beitr. zttm Studium dcr lief^orptions und Ausscheidungsrerhâl-
tnisse des Guajtikoh und Guajakolscarbonats [Zeitich. f. klin. Med.^ 1806. vxix. l*,)T-22o:.
— FERftirA [U, iosé). Elcarbonato de guayacot en tcrapcutica [Gaz. mcd* de Granada, P.J02,
Xï, 433-438), — OToLLowELL (L.). L\tne»thém' Ivcate par le gafacot, le t art ouate de ga)aca
et le gaîaryl {D, Paiis, 1897), — Frjkuenwaliï. Poisoning fuj tjuajacol ^^arifland mcd.
Journ., 1804, xxii, 71). — GemïJNO (W.l Hyperkitcoctjto^c dun h Guaiantin bti Vcisuch^-
thieren (Mùnch, med, Woch., 1898, xlv, 229-231 ]. — GÉ>EvniEB (A.)- le p/wspliatc de qautcol
{D. Paris, 1807|. — Gilbert. U phosphate de gantcol [B. B., 1807, 211-212); De raciion
antipyrétique du r/amfo^ et du crêosot (B. B., 14 avril 18041. — lîitnutT et Maihat (L.).
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9li GALACTOSE ET GALACTANES.
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Ch. R.
GALACTOSE ET GALACTANES.
SoMMAiKE. — § I. Définition et préparation du galactose. — § II. Propriétés principales <iu p.ilac-
losc. — S m. Dérivés du galactose dans le règne animal (lactose, cérébrine). — § IV. Dérivô*
du galactose dans le régne végétal (rafftnose, slachyose, lactosine, galactanes, gommes.
pectines, galactanes des albumens cornés). — § V. Hydrolyse et rôle physiologique des
dérivés du galactose; lactase, pectinase, séminase. — S VI. Conduite du galactose dans l'orga-
nisme vivant : galactose et micro-organismes.
§ I. — DÉFINITION ET PRÉPARATION DU GALACTOSE.
Les galactoses sont des sucres en G®, possédant une fonction aldéhydique. Ce sont,
par conséquent, des aldohexoses; ils dérivent de la dulcite. Il en existe deux : le galac-
tose droit et le galactose gauche auxquels on attribue respectivement les formules suÎTantes ;
H OH OH H
Galactose droit : OH — CH2 _C — G — C — C — COH
1111
OH H H OH
H OH OH H
Galactose gauche : COH — C-C — G — C — CH« — OH
I I I I
OH H H OH
Le mélange équimoléculaire de ces deux galactoses constitue ce qu'on appelle le
galactose inactif
Au point de vue physiologique, le premier seul présente actuellement de Tinlérêt»
tant par lui-même que par ses dérivés qu*on rencontre fréquemment chez les êtres
vivants; le second n'ayant été obtenu jusqu'ici que par voie synthétique. Aussi ne
nous occuperons-nous que du galactose droit que nous désignerons, le plus souvent,
simplement sous le nom do « galactose ».
L«- galactose s'obtient dans les laboratoires en partant du sucre de lait ou lactose,
hexobiose qui est un éther oxyde du galactose droit et du glucose droit ou gluco^
GALACTOSE ET CALACTANES.
!M?»
ordinaire. On traile à «tbaud le sucre de luit par un acide minéral éleiidu : il >
byijrolyse, c'est-à-dire llxaliuu d'une tiiolé<:ulc d'eau et dédoublement de rhexobiose en
ses bexoses correspondanU.
Le sacre de lait 6tant assez rt?si»taiit i riiydrolyse. on peut opérera une température
un peu supérieure k I0!>», selon le |jrocédé indiqué par Eu. Bocuquklot (I).
On dissoal le sucre de lail dans de Teau renfeniuint 1,5 p, lUO d'acide sulfarique et
on cliaiiiïe, à tO.V\ dan^ un autoclave, pendant une heure environ. On précipite l'acide
par le rarbonnte de baryte ou le carbonate de chaux; on filtre et on évapore au hain-
marie eu consistance sirupeuse, en ayant soin de filtrer encore une fois au cours de
l'évaporalion; on abandonne ensuite à k cristallisation» On délaie les cristaux formés
dans un peu d'alcool à SO^^^ on essore et on purifie le produit par cristatlisalion dan^
falcool ù 76".
Pur les anciens procédés, on eiïecinait l'hydrolyse au bain-inarie ou à rehulîiliou.
Dans ces candi tions il fallait chaull'er beaucoup plus longtemps (2 jours avec acide
sulfuritiue ù 2 p. !0(> : G, RorcHAriDAT', oti employer une plus forte proportion d*acide
(7 p. lOi) : KtrDAKûWiKi), Ou obtenait finalement un î^^irop très foncé dans lequel la
cristallisation se faisait très lentement.
ni - PROPRIÉTÉS PRINCIPALES DU GALACTOSE.
Le f^alactûse ainsi préparé se présente au microscope sous forme de labiés hexago-
nales ou octogonales. Il e?t anhydre et fond h 164^ Il est très soluble dans Teau,
surtout à chaud; il est très peu soluble dans l'alcool absolu froid.
l^e galactose est dextrogyre et possède la mullirolation. Au moment de sa dissolution
dans Teau, son pouvoir rolatoire s*élève jusqu'à nh ~ -h 130 à UlP, pois baisse peu à
peu. Le pouvoir rolatoire définitif est exprimé par la formule suivante (Miissl) :
atD=s+83»,8a3 + 0,0783^ — 0,209^
dans laquelle p =^ la proporlion de sucre pour tOO (depuis 4,89 jusqu'à 35»36Jet t — la
température du liquide de 10 à iîO*»).
Le galactose est un sucre réducteur comme le glucose; il réduit la liqueur cupro-
potassique et t oxyde d'argent ammoniacaf. A poids égaux, il réduit k peu près ta même
quantité de tnrtrate cupro-potassique que le glucose.
Les deux propriétés suivantes sont fréquemment utilisées dans les recherches de
chimie physiologique touchajit le galactose et ses dérivés.
1" Lorsqu'on chauiïe te galactose ou certains de ses dérivés, les galactanes. par
exemple, avec de l'acide azotique de densité iJ5* on obtient de l'acide mucique.
Voit'i comment il convient d*opèrer. Dans un petit vase de Bobéme, on pèse 2 grammes
de galaclo«îe, on ajoute 24 centimètres cubes d'acide azotique de densité 1,15 et on
cbaulTe au bain-marie en a;,'itant de temps en temps avec une petite baguette d*i verre
jusqu*à réduction au 1/3. On retire du feu et on laisse en repos pendant quelques heures
pour permettre aux cristaux qui se sont formés à la fin de l'opération et pendant le
refroidissement, de se rassembler : ce sont des cristaux d*acide mucique.
Si après les avoir séparés» puis lavé» avec un peu d'eau froide, on les fait sécher et
si on les pèse, on constate <|u'il s'est ainsi formé, pour 2 grammes de galactose, s'il
s'agit de galactose pur. I*f^50 d'acide mucique. soit : 7;j p, lOÛ. Le rendement étant
sensiblement confiant, celle réaction permet non seulement de déceler le galactose,
puisque aucun autre sucre simple ne la donne, mais encore de le doser en présence des
autres sucres. De là son application dans l'étude des dérivés du galactose que Ton
rencontre dans la nature.
2" Lorsqu'on fait agira froid Tacétate de phénylhydraxine sur le galactose, on obtient
la ijfifft€tù$€hijHrazone, f/'H*^0' r= Az-H — CHI\ qui cristallise en fines aiguilles jaunes
fusibles à l^^*^.
Le sucre de lait donne aussi h chaud, avec l'acétate de pbénythydrazine en excès une
916 GALACTOSE ET CALACTANES.
osazone, la lactosazone; mais celle-ci est soluble dans l'eau bouillante, tandis que la
galactosazone est presque insoluble. Cette différence dans la solubilité des deux osazones
permet de rechercher le galactose en présence du sucre de lait, par exemple lorsqu'on
veut savoir si un liquide organique est susceptible d'hydrolyser ce dernier sucre, c'est-
à-dire renferme Tenzyme appelé lactase.
§ III. — DÉRIVÉS DU GALACTOSE DANS LE RÉGNE ANIMAL (LACTOSE, CÉRÉBRINE).
On n'a signalé, jusqu'ici, dans les animaux, que deux dérivés du galactose. L'un est
le sucre de lait ou lactose; l'autre est \a.cérébrine. Le premier se rencontre eu proportions
variables dans le lait des mammifères et en est un des principes nutritifs (voir Lactose).
Le second, qui se retire de la substance du cerveau, est encore peu connu au point
de vue chimique. Ce n'est pas un principe immédiat : il se forme dans la décomposition
du composé désigné sous le nom de protagon et découvert [par Liebheich. Mais les
recherches qui ont été publiées depuis le travail de Liebrrich ont montré que la question
était plus complexe qu'elle ne paraissait tout d'abord. Aussi devons-nous, pour faire
comprendre ce qu'est le dérivé galactoside, nous étendre un peu sur ce point.
Pour préparer le protagon, Gamgee et Blânrenhorn (2) opèrent comme il suit : Le
cerveau est divisé, puis mis à digérer à 45° pendant douze heures, dans de l'alcool à
^5°. On filtre chaud; par refroidissement, le protagon se dépose. Pour le purifier, on
l'agite avec de l'éther qui enlève la cholestériue et d'autres impuretés, puis on le
redissout de nouveau dans l'alcool à SB"*, en chauffant peu à peu jusqu'à la température
de 45° qui ne doit pas être dépassée. On laisse refroidir et le produit cristallise.
Le protagon ainsi obtenu se présente sous la forme d'aiguilles groupées eu rosettes.
Il renferme du carbone, de l'hydrogène, de l'oxygène, de l'azote et du phosphore.
LiEBREicu, Gamgee et Blankenhorn, et, plus tard Baumstark (3) pensaient qu'il
n'existait qu'un protagon, principe d'ailleurs assez peu stable et susceptible d'être
décomposé par l'alcool bouillant et même par l'éther également bouillant. Par la snite,
KossEL et Freytag (4), pour expliquer certaines différences de propriétés que ces auteurs
avaient observées dans des produits provenant de diverses préparations, émirent
l'opinion qu'il devait exister tout un groupe de protagons.
Quoi qu'il en soit, ce ou ces protagons paraissent être des combinaisons de lécithines
et de composés que Thudichum (5) a appelés cérébrosides.
Les cérébrosides ne renferment pas de phosphore. Ils peuvent se décomposer en
donnant de l'ammoniaque, un sucre réducteur et une substance qui, oxydée par l'acide
azotique,-fournit des acides gras, tels que Tacide palmitique et l'acide stéarique.
Parmi ces cérébrosides, se trouve la cérébrine qui est, comme nous l'avons dit, un
dérivé du galactose. Peut-être les autres cérébrosides sont-ils aussi des dérivés de ce
même galactose? Sur ce point les données manquent. Peut-être aussi la cérébrine
n'est-elle pas une espèce chimique, mais un mélange de cérébrosides. Tout cela
demande de nouvelles recherches.
Pour préparer la cérébrine, on peut partir du protagon, comme l'a fait Baumstare.
On chauffe celui-ci au bain-marie bouillant pendant quelque temps avec de l'eau de
baryte qui décompose les lécithines. On fait bouillir dans l'alcool le produit précipité,
et on filtre. Par refroidissement, la cérébrine se sépare sous forme de gros grains
ovalaires qu'on peut purifler par de nouvelles cristallisations.
On peut aussi partir directement de la substance cérébrale, comme l'a fait Mi llf.h.
On triture le cerveau avec de l'eau de baryte de façon à avoir un liquide demi-sinipeax;
on fait bouillir; on sépare la partie précipitée, et on Tépuise à chaud avec de l'alcool.
Par refroidissement, il se produit un précipité abondant, floconneux, que l'on débarnLS>e
par l'éther de la cholestérine et des graisses.
Par ce dernier procédé, on obtient un produit qui se présente sous la forme d^une
poudre très légère, blanche, sans goût ni odeur, soluble dans l'alcool bouillant et Téthcr
bouillant, insoluble dans l'eau, dans l'alcool froid et l'éther froid.
Quel que soit d'ailleurs le procédé employé, on doit admettre, comme nous l'avons
déjà fait remarquer, que la cérébrine obtenue est un mélange de plusieurs espèces
ebimiques.
GALACTOSE ET GALACTANES.
017
LiEBUEicH, le premier, en i867, a conslaté que le pratagon, Irailé par les acides
mint^raux étendus, fournil un sucre n^ducieur. Quinze ans pins tard, TiiUDicuim (5), en
parlant de la cérébrîne ou plul<M des cérébrosideâ obtenus à Taide du protag'Ofi, rènsiit
à isoler ce sucre à Té tat cristallisé; mais il crut avoir affaire k une espèce nouvtdte, et
it lui donna le nom de cén^hrosc, CVsl Thierpelder (7"i qui dém outra que ce sucre n'est
auh'c chose que du palaclose. Encore couvient-iï d'ajouter que ce derufer eipérîmenla-
ieur s'c'^l servi dans ses rerherclies de la cérébrine pi»ipar^e par le procédé de BltiLLEB^
cérébrîne qu'il a hydrolvr^^^e par de Facide sulturique a 2 p. 100.
On ne sait rien de plus sur la nature de la c<'*rébiin>^. T«:iiit ce qu'on en peut dire^
c'est qu'elle f^t une sorte de galactoside. Elle paraît fournir, d'ailleurs, à l'hydrolyse,
une proporliou asseï faible de galactose : 10^1 p* 100 seulement dans lee eipériences
de THÏKnFFLOEB,
On a retiré du cer?eaa de Teslurgeon, du pus^ de certaines tumeurs cancéreuseï, des
produils eu apparence analogues & la cérëbrLne; mais aucune expérience n'est venue
démonlrer que ces produits donnent du galactose par hydrolyse.
Quant au rôle physiologique de la cèrébrine, nous ne le connaissons pas.
S IV -DÉRIVÉS OU GALACTOSE DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL.
>
Les recherrhes qui ont été faites dans ces derniers temps» particulièrement dans
mon laboratoire, ont montré que des dérivés du galactose se rencontrent duns un très
grand nombre de végétaux, et surtout comme matériaux de réserve, par conséquent,
dans les organes où s'accumulent ces matériaux : lorraines, tubercules, rhizomes. On ne
pourrait guère citer que Taniidon et la cellulose proprement dite, lesquels sont, comme
i*on sait, des ardiydndes de glucose droit, qui soient plus répandus.
Ces dt'^rivés sont des sortes d'anhydrides du galactose que Ton peut d<?signer, pour
la plupart et d'une façon générab',.sous le nom de ijalactanes. Mais, sauf le raffinose et lo
stat*hyose qui sont des espèces chimiques définies; sauf peul-êlre encore la jî uahiciane
de Steigeii dont nouR parlons plus loin^ tous ces dérivés se trouvent associés à des pro*
portions variables d'anhydrides d'autres sucres : tels ijue des ilextrancs, des mannanes ou
des arabanes, c'est-à-dire des anhydrides du dextrose, du mannose ou de l'arabinose. Si
nous disons des associations, c'est parce qu'il n'y a pas là, â ce qii*il nous semble, de
combinaisons définies, mais plutôt des mélanges iiUimes de principes immédiats.
Si elles constîtuai«Mit des combinaisons définies — dans cerlainii cas» par exemple, ce
qu'on pourrait appeler des galaçio-mannanes, — elles donneraient toujours, sous l'in-
llueuce de faction hydrolysante des acides, quelles que fussent les coodilions de cette
hydrolyse, pour un nombre déterminé de molécules de galactose, un nombre égale-
mejit déterminé de molécules de l'autre sucre (mannose),oo de chacun des autres sucres
(dans k* cas de combinaison plus complexe). En d'antres termes, le rapport entre b's
quantités des divers sucres obtenus devrait toujours être le même.
0»', il n'en est pas ainsi, comme cela ressort de diverses expériences dont les plus
anciennes dues à BounoLELot et Laurent (8), soift le» suivantes, qui portent sur Talbu-
raen de la noix vomique, Strychnas Nux vomica L, albumen fournissant du galactose et
du mannose a l'hydrolyse.
fhi-a fait agir h une même température, pendant des temps différents, une même pro-
portion darid»; sulfurique dilué à i p. 100 sur un même poids d'albumen broyé an mou-
lin, puis épuisé à Taidi? de Talcool et desséché à l'air. Quatre mélanges identiques com-
posés de :
Albumen épuisé et desséché. ..««.... 15 gr.
Acide sulfuriquo dilué à l p. 100 300 ce.
ont été maintenus à la température de t ICK» : te n^ 1 pendant 40 minutes, le n^ â pendant
80 minutes, le n° 3 pendant 120 minutes et le n*^ 4 pendant 160 minutes. Après refroi-
dissement on a ramené au volume primitif, précipité les parties non hydrolysées par
addition de 1 vol. d'alcool fort, puis dosé le galactose et le mannose.
918
GALACTOSE ET GALACTANES.
On a trouvé
Après 40 minutes
— 80 —
— 120 —
— 160 —
Galactose.
3,14
5,53
6,63
6,94
Mannose.
traces
0,48
1,26
1,82
RAPPORTS KN CKKTIKME».
Galactose. Maoao&e.
100
02,02
83.04
79,23
ti'accs
7.98
15,94
20.77
Eli opérant sar Talbumen de Ja Fève S» Ignace, et, cette fois, en faisant varier la pro-
portion d'acide sulfurique, les autres conditions : température, durée des essais élant
les mômes, on a obtenu des différences analogues.
Les expériences de Goret (9), sur l'albumen de Févier d'Amérique, Gleditschia
Triacanthos L., albumen qui fournit aussi du galactose et du mannose par hydrolyse,
ont abouti au môme résultat.
Ces expériences se rapportent à trois mélanges composés d ; :
Albumen sèche h 35" et moulu 10 jrr.
Acide sulfurique concentré 6 —
Eau distillée 200 ce.
Ces mélanges ont été chauffés à 1I0<»; l'un pendant 30 minutes, un autre pendant 60
minutes, et le troisième pendant 90 minutes. Le tableau suivant donne les proportions
de galactose et de mannose formées.
GALACTOSE.
ma:«xosib.
Après 30 minutes
— 60 minutes
— 90 minutes
1,75
1,81
1,96
5,48
6,85
8,06
L'hydrate de carbone fournissant le galactose était donc déjà presque entièrement
hydrolyse dans le premier essai.
Il y a plus, il ne paraît pas que les produits qui, dans des organes différeats et même
souvent dans un seul organe, une graine par exemple, fournissent du galactose à Hij»
drolyse, soient constitués par une môme galactane.
Envisage-t-on,en effet, ces produits simplement au point de vue de leur solubilité Ûnns
Teau et de leur consistance, on trouve tous les intermédiaires poâsibles, depuis ïe& pro-
duits succeptibles de se dissoudre intégralement ou au moins de donner un mudlage, ius*^
qu'aux produits totalement insolubles, d'une véritable consi5l4iice de pierre, Ll en est
qu'on peut hydrolyser à l'aide d'une solution très étendue d'acide sulfurique et d'autres
qui ne se laissent désagréger que si l'on a recours à de l'acide plus concentré.
Se basant sur ces faits, Sciillze a fait une sorte de clas&incatinîi des galaclanei : tpp^
làni oi-galactanes celles qui sont solubles dans l'eau, et paragalactane^ --**-- —^ — -
insolubles; rapportant d'ailleurs ces dernières à deux types, suî?
solubles dans les acides minéraux étendus bouillants (typa de$
insolubles dans ces mêmes acides (type des celluloses).
C'est là une classification purement conventionnelle et la té**
si l'on fait intervenir la manière dont se comportent tons eit*
ments — qu'il existe toute une série de galaclanes diTar*
même dont les molécules sucrées sont diversement ai ^
Aussi, dans ce qui va suivre, laisserons-nous de ^
GALACTOSE ET GALACTANES,
fit»
eiaminé rapidement Us trois saub ilérivés galactosiques déliui* ^ue naiis conriaîssions,
le rnftiDose. le stachyose el la lactosine, nous étadieroQS les produils noii driinis ; d'abord
ceux que Ton considère comme des galactanes porcs, c*est-ii*dirc comme ne donnant
que du galactose à Thydrolyse; puis tons (e^ autres, nous rojitL'ntiint dt? rapprucher, quand
ftela sera possible, les produits qui par leur origine igomraes), par «'ortaiiH-s propriétés
capitales (pectinesf, parleur rôle phy«^iologiqiie (gaUclanes dfs albumens corntv^. amy-
loïdesï corislituf*nl de véritables groupe naturels.
Haf/inoi^€. Le ratflnose ou mélitmv «>st un hexolriose formé, à mole'cules égales, parle
lévtitoseJe glucoîîc droit et le galaclo^e. Ce dérivé galaclû>ique paniU ètn» asspz répandu
dan!i la nature» Il accompagne, en petite quantité, le sucre de canne dan** la bellerave;
on Ta trouvé aussi dans le blé en germination, dans rorge, dans les semences de coton
et dans celles de iiojn hispida Moencb.
Le rafflnose cristnllise en aiguilles contenant cinq molécules d'eau de cnstallî&atioa.
Sa formule est alors : C* 11»^ 0** + lill- 0, Il no réduit pas la liqueur cnpro-porassique.
t n ïrailement convenable par Tacide sulfurique étendu le désa^uêgf en ses iroi^ molé-
cuîes de sucre sin»]>le.
Stacht/ose. Le stachyose est nn hexolétrose formé par le lévulose ,1 inol.i le glucose
(i moL)et le galactose (2 moL).On ne l'a trouvé, jusqu'ici, que dans les tubercules de S^-
chys îuberifera (Ndn) (10) el dans la manne (H),
Il cristallise en tables avec trois molécules d*eau. Sa formule est alors : C*' H^W -f '
:îI1*U, 11 n'agit pas non plus sur la liqueur cupro-potassique. Traité à cbaud par Tacide
sulfurique étendu, il est hydrolyse et se désagrège en ses trois sucres sinaples.
Utc(oùnt\ La lactosine est un polysaccbaride découvert par A. Mêyeû dans la racine
de Sitcnc Euhjari^i Garcke \Sitene in/îata Smi, et qui, d*aprcs ce! etpérimenlaleur, existe-
rait dans d'autres Caryopbyllée» (12;. Nous signalons ce principe h la suite du raflinose
el du stachyose» parce qu'il est décrit par Mkyer comme un principe cristallisé de tbr-
mule (t_T'* 11"^ rp' -h B*0); mais on ne connaît pas sa constitution. Tout ce qu'un eii
sait« c'est que, traité par l'acide sulfurique étendu et bouillant, il donne du jj^alactose et
un glucose dont la nature n'a pas été déterminée. L'étude de la lactosine est k repren-
dre complètement
p. galactiitie, — La [^ galaclane a été retirée des semences de lupni Jaune par
Steiger Il3f. Elle se présente sous la forme d*uno poudre blanche, sotnblc en ioules pro-
portions dans l'eau. Elle est deilrogyre (i D ^= + I48»,75) et. traitée à chaud par
l'acide sulfurique étendu, elle ne fournirait que du galactose. Ce serait donc nn anhy-
dride du galactose comparable aux anhydrides du glucose désignés sous le nom de (/cr-
Gommes et Mucila.g6s, — On appelle gommer et muciUiges des hydrates do carbone
amorphes qui donnent, avec Peau, des solutions visqueuses, ou qui se i^onllent au cou-
tact de ce liquide.
Les ^'omraes exsudent à travers les fentes de Técorce de certains arbres : ce sont des
productions morbides résultant d'une sorte de métamorphose ré|j;resï^ive de la membrane
cellulaire. Les arbres qui en fournissent le ph\^ appartiennent à la famille des Lùgunii-
neuses et, en particulier^ au iienre Acacia (gommes dites urabiqueà) et au fîenre Astragalus
(gommes dites tf/in^/imfciî). Maisd*autres arbres, appartenant à d'autres famitles, comure
le Cerisier, le Prunier, le Pécher el l'Abricotier (Rosacées, ; rAnacurdier d'Occident
{TéréhinUiacées), les Froinaj.;ers (Malvacées), le Peronia Etephttntum Corre (Ruta-
cées), etc., en fournissent é;fjfatement. Presque tous ces produits donnent, par hydrolyse»
du ^'alaclose, en mém^ temps que de l arabinose. Ce sont donc des mélanges degalac-
tan€s el d'arabanes, ou des galacto-arabanes.
Les mucilages dilTi-rent surtout des «ommes par leur ori^iuc et leur siège. Ainsi ils
peuvent constituer tes couches d'épaississement secondaire de la membrane cellulaire
(cellules épideriniques des semences de Coing), ou le contenu de certaines cellules Irhi-
lome de Consoudei, Quelquefois même, comme les gommes, ce sont des produits de
transformation de la membrane. N'exsudant pas au dehors» leur prépiii alion est souvent
assez difllcile, (cependant, on a pu s'assurer que beaucoup d'entre eux. et on les appelle
mucikif/es vraint fournissent du galactose par hydrolyse (mucilages de Carragaheen, de
guimauve^ de graine de lin, de graine de f*f>yUium, à*(}pimtia vnluarîi Mill) (i4). Les
920 GALACTOSE ET GALACTANES.
mucilages vrais renferment donc des galactanes. Celles-ci sont accompagnées tantôt de
deztranes, tantôt d'arabanes.
Pectines. — Les pectines sont des principes qui, comme les gommes et les moci-
lages, donnent avec Teau des solutions visqueuses. Gomme la plupart des gommes, elles
fournissent, lorsqu'on les traite à chaud par les acides minéraux étendus, du galactose
et de Tarabinose. Mais elles possèdent quelques propriétés spéciales, tant au point de
vue chimique qu'au point de vue physiologique, qui en fout des composés nettement
différents des substances gommeuses. C'est ainsi que leurs solutions aqueuses coagulent,
lorsqu'on les additionne de petites quantités d'eau de baryte ou d'eau de chaux. C'est
ainsi encore, et surtout, que ces mêmes solutions se prennent en masse au contact d'on
ferment soluble particulier que Frémy, qui l'a découvert, a désigné sous le nom de
pectase.
Les pectines ne préexistent pas toujours dans les tissus d'où on les retire; elles
se forment alors sous l'influence de l'eau chaude dont on se sert pour les extraire, et
dérivent, sans doute par hydratation, de principes insolubles dans l'eau, auxquels il
convient de conserver le nom de pectoses qui leur a été donné par Fr^my. Cette forma>
tioa des pectines présente beaucoup d'analogie avec la transformation de l'amidon cm
en empois par l'eau bouillante (io). Quoi qu'il en soit, pectines ou pectoses sont très
répandus dans le règne végétal. Ces principes s'y rencontrent dans des organes variés et
on les voit apparaître çt disparaître à certaines époques de la vie des plantes. II n'est
donc pas douteux qu'elles jouent un rôle physiologique important. Nous reviendrons ud
peu plus loin sur ce point.
On a étudié, dans mon laboratoire, huit pectines provenant d'organes de végétaux
divers. Toutes ont été trouvées dextrogyres, et le tableau suivant montre que, à cet
égard, elles diffèrent les unes des autres.
rOUVOIR ROTATOIRE.
Pectine de Gentiane (BouRQUELOT et Hêrissey) (15) «D=+ 82*,3
— Rose (Javillier) (16) — + 127
— Cynorrhodon (Bourquelot et Hêrissey) (17) — +165
— Coing (Javillier) (18) — +188,2
— Groseille à maquereau (Bourquelot et Hêrissey) (19). . . — + 194
— Macis (Brachin) (20) — +240
— Écoce d'or, amère (V. Harlay) (21) — +176
— Baies d'Aucuba(V. Harlay) (21) — + 217
Il csl à remarquer que toutes ces pectines, lorqu'on les traite par l'acide azotique
(densité = 1,15), donnent des proportions très variables d'acide mucique :
acide MUCKjCB
p. 100.
Pectine de Gentiane 41,23
— Groseille à maquereau 19
— Coings 13,5
— Macis 17
— Aucuba 25
ce qui est encore un argument en faveur de la diversité de leur composition.
Autres principes dérivés du flr&ls^tose; amyloïdes, albumens cornés. — On
a vu plus haut que Steiger avait retiré, en 1887, des graines de Lupin jaune, un
hydrate de carbone soluble dans l'eau et ne donnant que du galactose à l'hydrolyse par
l'acide sulfurique étendu (p galactane). Ces mêmes graines renferment une galactane
insoluble dans l'eau que Schulze, Steiger et Maxwell, qui l'ont découverte, ont appelé
paragalactane, selon la nomenclature de Schulze (22). Cette paragalactane n'a pu être
isolée; elle est mélangée ou combinée à d'autres hydrates de carbone (arabanes), le
tout ne constituant pas plus de 8,76 p. 100 des semences débarrassées de leur tégument.
Des produits analogues ont été trouvés par ces mêmes expérimentateurs dans les
graines de Soja hispida Moench, de Faba vulgaris Moench, de Pisum sativum L. et de
Vicia sativa L., ainsi que dans les graines de Coffea arabica L., de Cocos nucifera L.,
d* Elaeis gttineensis iàcq. ei de Phcsnyx daciylifera L. Seulement, dans ces quatre dernières
graines, la paragalactane est accompagnée, non plus d'arabane, mais de mannane.
GALACTOSE ET CALACTANES.
9tl
Dans Jes ij'raines de Tropa^olnm majus^ L., de Paeonin offidnuth L. et d'Impatiens Bnt-
namina on trouve, comme matière de réserve, un prodait assez particulier qui possède,
conime l'amidon, la propriété Je se colorer en hieu au conlacl de J^eau iodée. On lui >a,
à c.ftuse lie cela, donrn* le nom d'amijlotle. Ce produit fournit cependant aussi du galac-
tose à l'hydrolyse (23), et, en même lemps, du xjlose et du deiitrose, ce qui permet de
penser qu'il est formé de galactane, de xylane et de dextrane.
Les graines de Coffm arahica, de C'^cos nurjfem, etc., possèdent un albumen volu-
mineux, classé parmi les albumens corné-s dils cellulosiques, h cause de leurs propriétés
phy>>iques. De tels albumens, aitisi que des albumens cornés dils charnus, existent dans
un assez grand nombre de graines appartenant à des familles très éloignées Tune ûf
l*autre. Beaucoup de ces albnmeus ont été étudiés dans mon laboratoire; la plupart d'entre
eux renferment des galaclancs, mais eu proportions variées: et elles sont accompa-
gnées d*hydrates de carbone dont la nature et les proportions diffèrent également sui-
vant les espèces examinées.
En ce qui concerne les recherches dont elles ont été l'objet à cet égard, les Légrnni-
neuseï albuminées peuvent être partagées en deux groupes : le groupe des Légumi-
neuses dont les graines sont assez grosses pour que les albumens aient pu être séparés,
el celui des Lé;(iimiiîeu'*es dont les graines sont si petitea qu'il a fallu chercher un pro-
cédf^ pfîriijetlaiit d'extraire, de ces graines pulvérisées, les bydrales de carbone consti-
tuant, au moins en grande partie, leur albumen.
Parmi les graines des Légumineuses du premier groupe ont été étudiées celles de
ifoubier [Ceratonia Sidqua L>j (24). de Canéflcier (Cassia Fistuta L.) (25) et de Févier
^dMmérique [Gleâitschm Triacnniho^ L,] (9).
Dans les albumens de ces graines, les galactanes sont accompagnées de mannanes et
de quantdés relativement faibles d'autres hydrates de carbone qui, Vraisenibaldemenl,
sont des dêxtraties, lîn fait assez intéressant, c'est que la totalité des ^alactanes est
bydrolysêe par l'acide sulfurique à 3 p, 100, tandis qu'une certaine proportion de man-
nafies et d'autre;^ hydrates de carbone résiste à celte hydrolyse et ne peut être désagré-
gée qu'en employant de l'acide beaucoup plus concentré (70 p. <00) et dans des condi-
^lions particulières. Il s'ensuit, pour employer la terminologie de Schclkk, que toutes les
galactanes et une partie seulement des mannanes el des auires hydrates de carbone
sont à l'état d'bémi-celluïoses, le reste des mannanes étant à Tètat de niannocellaloses.
Si, dans ces hémi-celluïoses, qui d'ailleurs constituent la majeure et la plus intéressante
partie du produit, on compare entr»^ elles les galactanes et les mannanes, on trouve les
chifTies suivants; ces chitlres sont rapportés à cent parties de la somme des deux groupes
de composés.
O^LACTA^IRS.
HJkNNAXES.
Ceraionia Siliqtta L.,,
2\M
78,08
Gletiiittrhift TriacantfifM L
2:i.|6
7i.83
Cnxxia Fuixiîa L. * . . .
^,11
6l>,72
Quant aux autres hydrates de carbone, qui font aussi partie de ces hémicclluloses,
leurs proportions, faibles d'ailleurs ainsi qu'on l'a dit, varient également d'un albumen
à l'autre. Elles ont été trouvées, et cela est tout à fait approximatif, de 8Jo, 8,17, 6122,5
pour 100 parties <lc la totalité des hémicelluloses.
Parmi les graines du second groupe, ou a étudié celles de Fenugrec (Tri^oneila
Focnum grsËCUm L.j et de Luzerne [Mcdicago sadra L.) (20),- celle de Trèfle (Tri/"t>^i «m
rcpens L.) ^27); celle de Minette {Medicago Luputina L.), de Melilot de Sibérie [Metilotus
tcUcanthtt Lam,), de Lotier corniculé {Lotus comiculatm L.) et dlndigo {hidtgofera tim-
totia L.) (UL
L>xtraciion des hydrates de carbone a été elFectuéo à l'aide du procédé MCfVTZ [28)
«nodilié sur quelques points de détail. Ce procédé se résume dans les opérations suivantes :
faire macérer la graine pulvérisée dans une solution d* acétate neutre de plomb, laisser
déposer, décanter le liquide clair, Tadditionner d'acide oxalique de faeon à précipiter les
hydrates de carbone par aiklition d'aïcooL
En réalit<\ on n'obtient ainsi que ee qui est soluble dans la solution d'acétalc neutre
de plomb. Le produit, après lavage à l'alcool et dessiccation dans le vide, est presque
9^2 GALACTOSE ET CALACTANES,
pulvérulent, très léger et complètement blanc. Mûntz qui, le premier, Ta retiré de la
graine de Luzerne, Ta appelé galactine. Il supposait qu'il provenait du tégument de la
graine, et, parmi les sucres que lui avait donnés Thydrolyse par les acides, il n*avait
réussi à caractériser que le galactose.
Ce produit provient bien de l'albumen. Extrait de Tune quelconque des graines indi-
quées plus haut, il donne par l'hydrolyse à l'aide de l'acide sulfnrique à 2,5 p. 100, du
galactose, du mannose et une petite quantité d'un sucre réducteur qui pourrait bien être
du dextrose. La presque totalité du produit est d'ailleurs hydrolysée dans ces conditions-
Dans le tableau suivant, nous comparons entre elles, comme nous l'avons fait pour
les graines du premier groupe, les proportions de mannanes et de galactanes que ren-
ferment les différents produits qui ont été obtenus.
GALACTANES. MANNAKE8.
Indigo fera tinctoria \, 34,60 65,40
Trifolium repens L 38,92 61,08
Medicago Ltipulina L 42,31 57,69
Lotus corniculatm \ 42,73 57,27
Trigonella Foenumgrspcum L., . 43,91 56,08
Melilotus leucanlha Lam 45,19 54,80
Medicago saliva L 49,08 50,93
Quant aux autres hydrates de carbone (dextranes), leur proportion pour 100 parties
de la totalité de ceux qui sont hydrolyses dans ces conditions, se trouve évaluée approxi-
mativement dans le tableau suivant :
Indigo.. . . 15,21
Trèfle. . . . 10,33
Minette. . . 10,61
Loticr. . . . 5,38
Fenugrec. . 10,80
Mélilot. . . 5,45
Luzerne. . . 0
Les rapports varient donc avec chaque graine, ce qui montre bien la diversité de
composition de tous ces produits, pourtant si analogues. Cette diversité ressort encore
des pouvoirs rotatoires de chacun d'eux.
POUVOIR BOTATOIRB
des prodaits extraits
par la méthode de Mûntz.
Indigofera tinctoria h. . . aD=+37»,00
Trifolium repens h — 4-8i»,i0
Medicago Lupulina L. . . — -f 69«>,53
Lotus comiculalus L . . . . - + 59",64
Melilotus leucanlha Lmù. . — + 77",20
Medicago saliva L — + 84'',26
Parmi les graines de Strychnées, ont été étudiées celles de Strychnos nnx vomica, L.
(noix vomique) et de Strychnos Ignatii Bergius (Fève de Saint-Ignace) (8). L'albumen de
ces graines, dont il constitue la presque-totalité, est très dur à l'état sec. Hydrolyse par
les acides minéraux, il fournit aussi du galactose et du mannose : il contient donc des
galactanes et des mannanes. Il présente d'ailleurs la même particularité que les albu-
mens dont il a été question jusqu'ici, en ce sens que toutes les galactanes sont hydro-
lisées par l'acide sulfurique étendu (acide à 3 p. 100); car le résidu de l'opération, traité
par de l'acide à 70 p. 100, selon la méthode de Braconnot, ne donne plus de galactose,
tout en donnant encore du mannose et, en plus, un autre sucre qui doit être du dextrose.
Si, dans le produit que désagrège une hydrolyse ménagée (acide sulfurique à 3 p. 100),
on compare entre elles les galactanes et les mannanes, on trouve les chiffres suivants :
QALACTANBS. MANNANES.
Strychnos Ignatii Berg'ms. . . . 53,44 46,53
— nux vomica L 77,72 22,27
Les autres hydrates de carbone (dextranes?) hydrolyses dans cette opération sont à
l'état de trace pour la de Fève Saint-Ignace, et atteignent environ les huit centièmes de la
GALACTOSE ET CALACTANES,
ns
lolatité pour la Noix voniîque. Les parties qui résisleul à riiydrolyse ménagée four-
nissent encore du niannose, quaud on les traite par de Tacide h lù p, !(W),nmiâ ne four-
nissent plus de galactose. Les galaclanes sonl toutes à Tétat d'Iiéiuicellulose*
L*albamen des graines d*Ombellif^res (20 et 30) renferme également des mannanes
galactanes ; mi\i*s il renferme, en plus, des hydrates de carbone que nous n'avons
;ore rencontrés jusqu'ici ; des arabaties. Ajoutons que ces^ arahanei^ constituent,
comme on peut le voir ci-dessouSp une assez forte proportion de la masse totale des
hydrates de carbone.
Ici, encore, les ^^alactanes sont toutes à T'Hal d'hémicelJuloses, c'est-ù-dire sonl Iiydro-
lysées par Tacide étendu, tandis que certaines mannanes et arat»anes sont plus rt^sis-
tâiites et ne sont désagrégées que par l'acide à. 70 p, 100. Dans ie tableau suivant, nousi
ne roœparons entre eiles que les galactaneb, nianoanes et arabanes facilement hydro-
ly sable s.
Coriandrum mtivum L. . -
Carton Carvi L * . .
Petro^etinum sativttniHoïïm,, . .
Fhtfllandriitm uifitaiicum L . . .
OALACTANKi.
IIANANNEA.
AitABANBt
9.28
2i.04
66,66
11.60
zi,n
31.06
19
26,U
41.68
21^01
0
70,98
II
Comme on le voit, la graine de Phellandrie ne renferme pa» de mannanes à Tétai
tl'hémicellulose. Elle en renferme pourtant à un état plus stable, ce qui est un fait curieux
à noter en ce qui concerne la variation que Ton peut observer entre les proporlioiis de
chacun de ces groupes d'hydiales de carbotie, les uns par rajqjoitaux autres.
Uans VAucuba juponica L,, qui appartient à la famille des Cornées, famille que l'on
rapproche généralemenl de celle des Omî)elIiféres, l'albumen 1res considérable de la
lîraine renferme aussi, à Tétat d'hémicellulose, tes trois sortes d'bvdrates de carbone;
mais la proportion darabaney est très faible. Voici d'ailleurs, dans cet albumen préala-
blement épuisé par l'alcool, autant que les données, parfois imprécises» de Cuaiiprnois
permettent de les calculer, les proportions respectives en centièmes de chacun de ces
groupes d'hydrates de carbone :
«ALAUTA^ES^. UA!«NA?tl(«. ABABAXBS.
Aucuàa japoHtcn l, , . 15,91 '2,97 n»07
Les hydrates de carbone, facilement hydrolysables, des graines d'Onibellifères et
dVU/cw6a, ne sont pas uniquement constitués par des galaclanes, des mannanes et des
arabanes. Les produits d'hydrolyse faible renferment, en elîet. outre du ^'alaclose, du
niannose et de Tarabinose, un autre sucre qu'on doit supposer être du dextrose ou glu-
cose droit. Il y aurait donc, également à Fétat d'héraicellulo:*e, des deitranes dans ces
graim^s. Les chilTres suiviinls, tout à fait approximatifs^ et qui se rapportent à \(H} par-
ties de la totalité des hémicellukises, montrent que la proportion de ces dexlranes est
ici, parfois, très élevée.
m\TnA>'iK \> KN).
Cçriandrum ifativum L , * , . . . 34.31*
CanimCariiL 43,00
l*eb'0»eiinHm mttivum IhAtw Ht.OO
PheUandtnuin at/uuticum L . . 19,2(1
Aucuba japonica L 16,47
Pour terminer cette longue é numération des dérivés galactosjiqnes d'origine végétale
actuellement connus, il ne nous reste plus qu'à, signaler les galactanes que renfefmeilt
les fïlbumens cornés des graines des Palmiers. 11 y en a dans l'albuoieu de toutes les
graines de cette famille qui ont été étudiées, nn^rae lorsque cet albumen est très riche en
matières grasses^, comme dans la graine à' AUrocanjuni vutijare Mart»,et quelle que soit
la Iribu à laquelle appartiennent ces graines.
Aux graines déjà citées plus haut (voir page913),il faut ajouter celles de Fhœnix cana*
riensis HorL |31] et les graines suivantes, qui ont été l'objet d'un travail récent île la part
de LiÉJSAHO ;32; : ^Ireca Catechu L., Cfiamavrops ejrcelsa Tbunb., Ai>trocartjum vuiuare MarL,
(jEwocarpus' Bûcaba M art., Erythea edulis S, Wats etSafirus Humphii Willd.
924 GALACTOSE ET GALACTANES-
Dans toutes ces graines, les galactanes sont en faible proportion, représentant un cen-
tième à peine du poids de la graine. Elles y sont d'ailleurs, toujours, à Tétet d'hémi-
celluloses, de telle sorte qu'il paraît bien que c'est là, chez les végétaux, un étal constant
des galactanes dans les organes de réserve.
§ V. - HYDROLYSE ET ROLE PHYSIOLOGIQUE DES DÉRIVES
DU GALACTOSE.
Lactase, pectinase, séminase. — Parmi les dérivés du galactose, il en est qui
jouent, comme aliments, un rôle très important. Ce sont, en particulier, le sucre de
lait pour les animaux, et les galactanes des réserves d'un grand nombre de graines,
pour la plantule, au moment de la germination. Quant aux autres dérivés d'origine
végétale : lactosines, pectines, mucilages, etc., à Fexception des gommes, ce sont, vrai-
semblablement aussi, des aliments, mais des sortes d'aliments intermédiaires qui servent
à la formation de la membrane cellulaire, ou qui, à certaines périodes de l'existence du
végélal, contribuent, en raison de leur résistance aux agents de digestion, à régulariser
la vie de celui-ci.
Quoi qu'il en soit, ce qui nous intéresse tout d'abord, dans cette question, c'est le
processus qui conduit à l'utilisation de ces hydrates de carbone si variés. Disons tout
de suite que ce processus est le même pour tous : c'est un processus d'hydrolyse qui amène
une désagrégation moléculaire telle que, finalement, ces hydrates de carbone sonttrans--
formés en sucres simples (tantôt galactose seul, tantôt galactose et autres sucres) désor-
mais assimilables. Ajoutons que cette désagrégation est toujours provoquée par un ou
plusieurs ferments solubles, ainsi que nous allons l'exposer en suivant l'ordre qui a été
adopté ci-dessus dans la description et l'étude des dérivés galactosiques.
• Lactose. — L'élude de l'hydrolyse fermentaire du sucre de lait a été singulièrement
facilitée le jour où Em. Fischer a donné un procédé permettant de distinguer ce composé
de ses produit» d'hydrolyse (Voir ce procédé, p. 909). Grâce à lui, son auteur a pu établir
(33) que le produit retiré des amandes douces sous le nom d'émulsine et qu'on savait pos-
séder la propriété d'hydrolyser un certain nombre de glucosides, possède aussi celle de
dédoubler le sucre de lait. Mais il a tiré, de ses recherches, une conclusion que les tra-
vaux ultérieurs n'ont pas confirmée : c'est que glucoside et lactose sont hydrolyses par
le môme ferment.
La vérité est que le dédoublement physiologique hydrolytique du lactose ne peut
être effectué que par un ferment particulier, la lactase, qui se trouve, le plus souvent,
accompagner l'émulsine des Amandes. C'est ce qu'a objecté, dès 1895, l'auteur de cet
article en apportant un premier fait à l'appui de sa manière de voir : l'existence d'une
émulsine d'amandes qui, tout en hydrolysant l'amygdaline et la salicine, était sans action
sur le sucre de lait (34).
D'autres faits analogues ont été découverts par la suite. Ainsi l'eau que Ton fait
séjourner sous une culture à*Aspergillus développée sur liquide de Raulin, acquiert la
propriété d'hydrolyser les glucosides qu'hydrolyse l'émulsine, et non celle d'agir sur le
sucre de lait (35). Cette eau renferme alors de l'émulsine et pas de lactase.
De mOmo, le suc de Folyporus sulfureus Fr. est sans action sur le sucre de lait, alors
qu'il hydrolyse tous les glucosides que peut hydrolyser l'émulsine (36).
Nous disions que la lactase accompagne souvent l'émulsine retirée des amandes
douces; elle accompagne aussi celle qui provient des amandes amères, des amandes
d'abricot, de pèche, des semences de pomme; mais elle n'existe pas dans les feuilles
de laurier-cerise qui renferment pourtant de l'émulsine (37).
Inversement, on la rencontre parfois sans émulsine. Ainsi, par exemple, on a constaté
sa présence dans l'intestin du bœuf (38). Elle existe encore dans certaines levures qui
possèdent ia propriété de déterminer la fermentation alcoolique du sucre de lait, dans les
grains de Képhir.
Sauf chez les animaux, et dans ces derniers cas, nous ignorons quel rôle physiolo-
gique peut jouer la lactase, et môme si elle joue un rôle quelconque.
Raffinose et stachyose. — Le raffinose, pour être assimilable, doit être aussi
hydrolyse. Deux actes fermentaires sont nécessaires pour cela : Le premier est provoqué
GALACTOSE ET CALACTANES.
m
par Tinvertine; il conduit à la st'paralion ilu lévulose, le glucose et le galaclose restant
unis sous b forme d'un heiohiose; le mélibiose (30), Le secood est d»Herminé par un
autre ferment que l'on peut appeler mélibiase, et qui parait exister en faible quantilo dans
l'émulsine commerciale (observation inédite)»
Il est vraisemblable que Thydrolyse duslachyose qui est un tétrahexose, exige, pour
être eoiuplête, rinlervention de troia ferments; mais ce point n'a pas encore été élucidé.
Pectines et mucilages. — Coninie nous Ta vous dit, les pectines sont des composés
1res répandus dans le règ^ne végélaL On les rencontre non seulement dans les or^'anes
succulents (fruits charnus}, mais encore dans les tissus délicats <péti»lcs) ou dans i-eux
qui sont le sii*f,'e d*écliange5 nutritifs très importants (écorces, feuilles). Les peclinci^
sont déjà des composés intermédiaires et proviennent de l'hydrolyse des pcctoaes^ hydro-
lyse provoquée par un ferment encore peu étudié, qui existe dans le liquide d'Aspergitim
(40). Mais, pour être utilisées par la plante — du moins à la façon des autres hydrates de
carbone complexes (amidon^ inulines), — il faut qu'elles subissent une désagrégation
plus avancée, qu'elles soient, en un mot, transformées en i^'alactose et arabînose. Celte
jiransfonnalion doit certainement être produite par un ferment soluble* Eu tout cas, il
existe un ferment solnble possédant la propriété de la provoquex% daï»s Torf^e f^ermé
non touraîtlé où il accompagne le diastase. Ce ferment a été désigné sous le nom de
pectinase. Son action a été conslalée sur les pectines de Gentiane (40), de Groseilles ù
maquereau et de Cynon'hodon (Bocrquelot et Héhïssby), ainsi que sur la pectiue du
Coin^: (Javillier).
L'hydrolyse physiologique des mucilages n'a pas encore été étudiée.
Galactanes dos albumens cornés. — lïien que Tétude chimique et physiologique
des albumens cornés ait élr entreprise dans ces dernières années seulement» on peut
dire qu*elle est déjà fort avancée» La nature chimique des hydrates de carbone entrant
dans leur composition est, en grande partie, connue. Les ferments solubles qui pré-
parent à Tépoque convenable Tuiilisation de ces hydrates de carbone par la plante, ont
été l'objet de nombreuses recherches (41). Leur action a été vérifiée in vitro^ et les pro-
duits de cette action isolés et déterminés.
On pouvait évidemment, en considérant la digestion des matières amylacées par la
liastase, supposer que les hydrates de carbone des albumens cornés éprouvent^ avant
d'être assimilés, une digestion semblable, et cela sous Finfluence de ferments analogues
à la diastase. Mais rien ou à peu prés rien n*avait été fait sur ce sujet, avant les
lechereïies qui ont été entreprises dans mon laboratoire dès 1899. Et, aujourd'hui,
l'histoire de lu si'minait (c'est ainsi que nous avons appelé l'onsemble des fenneuts des
hydrates de caibone qui interviennent durant la germination des graines à albumen
corné — les hydrates de carbone de certains de ces albumens ayant été désignés d'abord
sons le nom de sèminine — ) est aussi avancée, bien qu'elle date de quatre ans à peine,
que celle de la diastase des graines amylacées.
La première graine dans laquelle la némtnase a été mise en évidence, est celle de
Caroubier II a été constaté que, pendant la germination de cette graine, interviennent un
ou plusieurs fermenta solubîes qui bydrolysent les mannanes et les galaclanes avec for-
mation de mannose et de ^ialactose : le mannose, seul» ayant pu être isolé et obtenu à
rétat cristallisé (42), mais le galactose ayant été caractérisé par la propriété qu*il pos-
sède de donner de l'acide muciquc avec l'acide azotique (voir p. 010).
Les graines de (Caroubier ne sont pas des graines à germination rapide et lactivité
de leur séminase est relativement faible. De plus, en raison même de la masse considé-
rable de l'albumen, celui-ci ne disparait que très lentement, et il en reste toujours une
assez grande qnanlilé, ce qui présente des inconvénients lorsqu'on veut essayer la sémi-
nase, ou le matt séininaaifiue qui la renferme, sur d*aulres albumens. On a donc pensé à
la reclierclier dans des graines à albumen corné germant rapidement, supposant que
l'activité des ferments devait être en rapport avec la rapidité de la germination. Les
graines de Fenugrec, de Trèlle et surtout celles de Luzerne présentent à un haut degré
cette propriété, et, une foisgerraées, elles possèdent une très grande activité séminastque.
LBes expériences méthodiques ont permis d'établir que la quantité de séminase atteint
'aon maximum, pour de la graine de liiierne mise à germer i 27 à 30, au bout de
treate-^ix à quarante-huit heures (43), aussi s'est-on presque toujours servie pour fétode
926 GALACTOSE ET GALACTANES.
de l'action de la séminase sur les galactanes et les mannanes, de malt de graines
de Luzerne à la quarante-huitième heure de germination.
Ce malt détermine l'hydrolyse des hydrates de carbone (mannanes et galactanes*
contenus dans Talbumen de toutes les graines de Légumineuses à albumen corné (voir,
à ce sujet, les recherches de Boubquelot et Hébissey, de Goret, de Hébissey) et cela,
comme l'a établi définitivement Hérissey, arec prodoelion de galactose (U). 11 semble
permis d'en conclure que toutes ces galactanes ont une constitution, sinon toujours
identique, du moins très analogue.
§ VI. -CONDUITE DU GALACTOSE DANS L'ORGANISME VIVANT:
GALACTOSE ET MICRORGANISMES.
Maintenant que nous connaissons l'hydrolyse physiologique des dérivés galactosiques,
c*est-à-dire leur désagrégation en principes sucrés dont le galactose constitue, le pins
souvent, une partie importante, quelquefois même la totalité, il resterait à savoir
quelles transformations subit ce galactose pour servir à la nutrition; par quel méca-
nisme, par exemple, il se trouve remplacé par du glucose (43) ; quelle est sa valeur nu-
tritive par rapport aux autres sucres. Mais tous ces points ont été peu étudiés et, des
recherches dont ils ont été l'objet, il ne se dégage aucune conclusion nette.
On est un peu plus avancé sur la consommation du galactose par les microrganismes
(levures, bactéries). Certaines levures, celles, en particulier, qui dédoublent le sucre de
lait, déterminent aisément la fermentation alcoolique du galactose. En ce qui concerne
les levures de bière de fermentation haute et de fermentation basse, la question a été
longtemps controversée; les uns, comme Pastel-r (46) et Ed. v. Lippmann (47), affirmant
que le galactose éprouve la fermentation alcoolique au contact de ces levures, d'autres
affirmant, au contraire, que ce sucre ne fermente pas (48). En réalité ces levures
paraissent n'exercer d'action fermentalive sur le galactose, qu'après avoir acquis une
certaine accoutumance, ou lorsque le galactose est accompagné d'autres sucres fermen-
tescibles (glucose, lévulose, maltose). Des expériences très variées ont établi ce dernier
point (49). Ainsi, par exemple, pour étudier le rôle du glucose, on a institué une série
de fermentations dans lesquelles la proportion de ce sucre ajoutée était de plus en plus
faible, la somme du glucose et du galactose étant toujours de 8 grammes, et le poids d^
levure de fermentation basse de i^^,o pour 100 centimètres cubes. Les résultats de ces
expériences sont consignés dans le tableau suivant (température de la fermenta-
tion = 15 à 16°) :
Rapport du glucose
ajouté au galactose.
A. . . 1/1
B. . . 3/5
C . . . 1/3
D . . . 1/7
E. . . 1/31
F . . . galactose incomplètement purifié.
Ou voit que la quantitité d'alcool produit répond sensiblement- à celle que Ton
obtient dans une fermentation alcoolique normale. C'est donc une fermentation
alcoolique normale qui s'est produite. Les chiffres représentant la durée de cette fer-
mentation dans les divers essais indiquent d'ailleurs que son activité a été d'autant plus
grande que la proportion de glucose ajouté a été, elle-même, plus élevée.
Quant à l'expérience F, pour laquelle la solution ne renfermait que du galactose,
c'est seulement vers le sixième jour que sont apparus quelques symptômes de fermenta-
tion. Cette fermentation s'est continuée lentement, et le trentième jour elle paraissait
avoir atteint à peine la moitié du sucre présent. Au surplus, un essai a été institué
avec du galactose chimiquement pur et de la levure lavée par décantation. Au bout de
huit jours, il ne s'était pas encore dégagé une bulle de gaz, alors que la même levure
avait dt'jà terminé la fermentation d'une quantité égale de glucose pur.
Les divers sucres fermentescibles ne favorisent pas au même degré la fermeçtatioii
Durée de la
Titre alcoolique
fermentation.
on volume à 15».
8 jours.
4,5
8 -
• 4.5
9 —
4,6
12 —
4,6
21 -
4,4
GALACTOSE ET GALAÇTANES.
m
du gulacto&e. Voici, à cet égard, Irois opérnlîans dans lescjtieHes on a employé compa-
féitivernent, comme sucre auxiliaire, du glucose, du lévulose et du maïtose.
Puur L'hacune de ces opérations, on a fait dissoudre, dans :îoOcenliniétres cubes d*eau»
logrnmmes de galactosoet 1 gramme du su^re auxiliaire; puis on a ajouté 2gram!neto de
levure de fernieiitatiou haâî^e. La fermenlatian s*est eflecluée régulièrement dans les
trois cas (température : It à 10 degrés). Le tableau suivant donne les proportioos du
sucre réducteur restant dans chacun des trois liquides en fermcnlalion au commence-
ment du dix-septième jonr. Ou a admis que ce sucre restant élait du galactose pur.
Sucrv fttutili«ir6.
Oftlactose rcïUkfil
riramiAM.
Glucose. . . .
Lévulose .
Maltose. .
l
1.33
C'est donc le glucose qui favorise le plus la fermenlatiou du galactose; ensuit*' vI^miL
ic lévulose, puis le maltose.
Le galactose est également détruit par nombre de bactéries, A cet égard, GHiwtihKi a
étudié le Dadlins orihobulylims <iBi«Bt:HT, te pneuiiiobacille de Fuirolanukr, le coli-bacille
et Xi} Baallm (art n eus. Les résullals suivants» surtout, sont intéressants :
Le Bacillusi orthobuUjlkus (^ïO) attaque le galactose eu donnant pour 100 grammes de
ce sucre :
Onuditiff^
Alcool btiUlîquc normal.
Acide acéti<^|tic
Âcido butyrique iionnnl.
'ii.^w
Le pneumobacille do Fhîkdlaxdrr (51) Tattaque en donnant pour 100 grammes :
Alcool étlivliqur
Acide ACiHiqu^ , . ,
Acïdfï lacûquc gauch»
7,66
53«33
Il ressort de là que le processus de destruction varitt considérablement suivant les
espèces.
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lique du galactose (J. Pharm., [5], xviii, 337, 1888). — 50. Grimbert (L.). Fermentation
anaérobie produite par le Bacillus orthobutylicus; ses variations sous certaines influences
biologiques (Thèse de Doctorat es sciences, Paris, 1893); — 51. Rechercfies sur le Pneumo-
bacille de Friedlander ; premier mémoire (Ann. de llnstitut Pasteur, ix, 840, 1895).
ÉM. BOURQUELOT.
GALIEN est l'une des grandes figures de l'antiquité classique; nul homme
n'exerça sur le développement des sciences médicales une influence comparable à la
sienne; la doctrine galénique a régenté la médecine jusqu'au xvi« siècle; si, depuis
cette époque, elle a perdu son empire absolu, quelque chose cependant s'en est
toujours maintenu et, de nos jours encore, elle se retrouve, dès que l'on se donne la
peine de la chercher, aussi bien en clinique qu'en physiologie; les enseignements de
GALIEN.
»»
6âLiEf4 s'étendenl à loales le^ connnissances médtcales« à ranalomîe et & la physiologie,
à la Ihérapeulique, à la psychologie et mL^me à celte pbifosophie basée sur Frlride dr»
sciences nalurelles dont le médecin de Pergame a clairement entrevu la i^M'autleur.
L'œuvre de iîalien est immense : il résume dans ses livres toute la science dr. ses deran-
ciers, il s'elTorce de la coordonner, d'en faire lu critique, de donner un corps et une
organisation raUonnelle à la on'decine, d'établir des règles et des lois; mais, de plu?,
G/iuKN expérimente, il dissèque, il ratlacbe les structures qu'il découvre aux fonction*
qu'il met en Imuiére^ et c'est par celte tendance vraîmeuL scientifique qu'il parvient a
rendre à la physiolo^'ie des services iueatimables. C'est particulièrement h ce point de
vue que nous devons envisager sa carrière et ses écrits.
CiALiKN naquit à Pergaine, ville dr» Mysie, non loin de Smyrne. Tan 128 di* notre ère,
au temfis d^ fempercur Adrien. Celte date a été contestée : Spbkngkl^ Labbe*> D^nirl
LicLF.Rt!, MARQct:* \ IIahn * placent la naissance de Galien en l*an (31; mais il résulti*
d^ono ('tu de attentive des textes, faite par Jkan- Goulln, professeur d*hisloire de In
médecine de Paris en 1795, que c est bien en (28, à ta fin du mois d'août ou au com-
mencement de septembre, que Calien a vu le jour. \L Guilin, Enctjfl, mHhod- mat.
Art. M Gntitn ».)
La ville de Pergame possédait un temple d'Esculape et une bibliotbêque contenani,
au dire de PLCTAngiiK, deui cent mille volumes. Cette bibliothèque avait été fondée
plusieurs siècles auparavant par Elimiine, deuxième roi de Pergame, contemporain de
pToLKMf'E H. Celui-ci, sans doute dans ïe but de favoriser le développement de la biblio*
thèque d'Aleiandrie, ayant interdit Texportatiou du papyrus é^ryptien, Eluésne IH
fabriquer à Pergame du « papier de peau » et cette fabrication devint bientôt une
industrie locale {pergamena charla).
Lors de la conquête romaine (46 av. J.-C). Avtoïne fit transporter à Alexamlrie
raiicienne bibliothèque des rois de Pergame: nous ignorons ce qui pouvait en être resié
dans la patrie de Galien au tj" siècle de noire ère. Quoi qu'il en ^oit, sous la domination
romaine, la ville avait conservé une certaine importance ; tiALig\ nous dit que sa popu-
lation était de 80000 citoyens el 40000 esclaves.
La bîo^rapliie de GAtrKN a pu être établie de la manière la plus complète, sauf en ce
qui concerne la date et le lieu de sa mort; ainsi nous savons de lui tout ce qu'il a pu
nous dire lui-même; en effet, pendant qullipporn^xB ne se mentionne pas dans ses
œuvres» Galie.\ ne laisse échapper aucune occasion de nous initier aux circonstances de
sa vie : sa personnalité, très accusée, se révèle ainï*i dans l^s moindres détails.
Le père do Galiex s'a|ïpelail Nicon; il exerçait la profession d'architecte; îF était
sénateur de Pergame, riche et érudit; il voulut donner h son fil« le nom de raATjvo; qui
veut dire cahne^ doiix^ comme pour lui souhaiter de ne pas hériter du caractère de sa
mère, qui était violent et emporté*
A la fois philosophe, mathématicien, connaissant à fond tous les dialectes de la
langue grecque, Nigon fut le premier précepteur de son tlls. Il Tinstruisit particulier
reroent dans la dialectique et dans la philosophie, circonstance qui semble avoir exercé
une intluence décisive sur le développement intellectuel et moral de Galien, A TtV^^e de
quinze ans celui-ci avait déjà été initié aux doctrines de Platon et d'ARi^^TOTK, d'EpicrRE
el de Ciinvsjpi'E; et c'est un trait marquant de son caractère que d'avoir écrit, dans un
âge ans^i tendre, un commentaire contre Chrv<ippe : il osait déjà s'attaquer à un chef
d'école, reconnu comme tel depuis quatre cents ans!
A 18 ans, Galien perdit son père; il suivit alors les leçons des médecins de Per^^ame :
SATvnt;?, habile analomiste, disciple de Qli.ntus qui venait de mourir; Stbatonicus,
médocin de l'école hippocratique; Ascurîox, attaché à la secte des empiriques. Trois ans
plus tard, il se rendit à Sjnyrne où professaient Pelop?^ disciple de Ndmesianls et le
platonicien Alblxus. Le vieux Pklops enseignait, à la mode du temps, que tous les
vaisseaux découlent de Tencéphale, il ajoutait sans doute que tous les nerfs viennent du
cœur. Par un lel enseignement il préparait dans l'esprit de son élève la formidable réac-
1. Sprbîïqel, Hist. de /a m^tkcine, Trnd. Jourdan, 1815, it, 98
2. C. Labbb, Êfofje de Gfjti^n , Pari», IflGO.
'. • 3, A, Marq-jis, Art.w GûUcn », Biogr. méd., iv, 304,
4, ïÏaiin, ArL » GnUan « du Dlvl, êncycL de$ se. méd., 1880, rv, de ta première série, 500.
mcT. i»e pnYsiOLocîK. — tomb vi.
59
930 GALIEN;
lion qui devait lui permettre d'assigner bientôt au cerveau son vrai rôle et de déclarer
que le cœur ne contient pas de nerfs. Pelops finit par convenir qu'il s'était Irompé.
(G. PoucHET, La physiologie du syst, nerveux jusqu'au XIX^ siècle. — Revue scientifique,
l"mai 1875, xiv, 1029.)
A 23 ans, Galikn, libre dé ses actes et possesseur d'une belle fortune, se met à voyager;
il se rend à Corinthe pour écouter les leçons de Numesiancs, le plus célèbre des disciples
de QuiNTUs ; ensuite il parcourt la Lycie et la Palestine, s'enquérant partout des rensei-
nenients les plus utiles, côtoyant le littoral, se rendant à Chypre pour y trouver les
métaux rares dont il espérait découvrir les propriétés thérapeutiques, achetant à haut
prix les baumes et les médicaments, allant à Lemnos pour voir préparer la terre sigillée.
Ses voyages le mènent à Alexandrie.
Au temps où Galien arriva dans cette ville, elle était encore un centre intellertuel
très important; ce n'était plus la grande Alexandrie des PioLénéEs, et le déclin était
déjà visible : comme Alexandrie avait supplanté Athènes, elle allait être, si elle n'était
déjà, supplantée par Rome d'où les empereurs s'étaient appliqués à comprimer l'essor
des écoles lointaines et des villes rivales; cependant quelque chose subsistait des ensei-
gnements du passé et surtout de cette tendance à la culture des connaissances exactes
qui avait assuré, au temps d'AÉROPHiLS et d'ERAsisTRATE, la supériorité des médecins
d'Alexandrie. Galiem y passa quatre années, sous Stratonicus, Sabinus, Lucius et d'autres
maîtres célèbres de | l'époque.
A 28 ans, Galien revint à Pergame et s'y établit médecin ; on le nomma chirurgien du
temple, chargé de traiter les gladiateurs blessés; sans aucun doute il accomplit ses
fonctions à la satisfaction de tous, car cinq pontifes lui conférèrent le môme emploi
pendant cinq ans.
Une révolution ayant éclaté à Pergame, Galien se décida à quitter cette ville et à
s'installer à Rome; il y arriva au printemps de l'an 161, au commencement du règne de
Marc-Aurèle.
La médecine grecque y était en grande vogue; merveilleusement préparé par ^^s
études antérieures, possédant une habileté réelle et une extraordinaire faconde, donnant
généreusement ses soins aux pauvres comme aux riches, Galien acquit en peu de temps
une grande popularité. Servi par les relations puissantes que lui créait sa clientèle, ami
du préteur Sergius Paulus, du philosophe ëudème, du consul Bœthus, médecin de
Septime Sévère qui devint plus tard empereur, Galien obtint l'autorisation d'ouvrir des
cours publics d'anatomie. Son succès fut considérable : ses contemporains vantent la
justesse de ses pronostics, la force de sa dialectique, l'attrait de son éloquence; il sem-
blait que rien ne pût désormais arrêter le brillant développement de sa carrière. Aussi
s*est-on souvent demandé à quelles suggestions il a pu obéir en quittant brusquement
la ville, l'an 166. Pareille résolution est d'autant plus difficile à comprendre qu'à ce
moment une épidémie de peste ravageait la ville; cependant Galien s'embarqua à
Brindes, passa par Mégare, Eleusis et Athènes pour retourner à Pergame.
L'année suivante, les empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus, se disposant à faire la
guerre en Germanie, rappelèrent Galien auprès de leurs personnes; ils se trouvaient alors
à Aquilée, où la peste régnait; Galien se rendit auprès d'eux, et ce seul fait semble
suffire à prouver que, s'il avait quitté Rome, ce n'était point, comme le prétendirent ses
ennemis, par crainte de l'épidémie.
Quoi qu'il en soit, Galien eut l'occasion de donner ses soins à Lucics Verus atteint
d'apoplexie, et ne revint à Rome que trois ans plus lard; cette fois il se décide à y rester,
si bien que, Marc Aurèle ayant insisté de nouveau pour l'emmener avec lui à l'armée,
il résista, invoquant un songe où Esculape lui-même lui aurait interdit de quitter Rome.
Marc Aurèle lui confia ses deux fils, Commode et Sextus.
A la mort de Marc Aurèle, Galien avait 52 ans; il resta encore à Rome sous les règnes
de Commode, de Pertinax et de Septime Sévère; on croit qu'il termina ses jours à
Pergame, à l'âge de soixante-dix ans, mais sur ce point il n'y a pas de certitude. Ces!
pendant son second séjour à Rome que Galien composa ses principaux ouvrages; on a
de lui 83 ouvrages médicaux authentiques, 19 douteux, 45 apocryphes et 19 fragments.
Lui-même, dans un écrit autobiographique intitulé ; Oewi iwv lôitov pifiXieov ypaç^, déclare
être l'auteur de 125 ouvrages non médicaux.
GALIEN. 93t
La bibliothèque galénique, unique pendant tout le moyen âge, représente toute la
médecine de l'époque. Nous n^entreprendrons pas d'en faire même une analyse
sommaire; disons cependant que l'on a reproché à Galien son immense confiance en
lui-même, l'abus de la dialectique, une prolixité gênante, un dogmatisme autoritaire et
intolérant. Sans doute, la lecture de ses œuvres montre la haute idée qu'il avait de son .
propre mérite et le mépris profond dans lequel il tenait les médecins ses confrères. Mais
il convient, pour être équitable, de juger les hommes avec les idées de leur temps,
non avec les nôtres; les violences du langage de Galien, les subtilités mêmes de son
argumentation trouvent leur explication, sinon leur excuse, dans les mœurs du
temps.
La médecine à Rome n'avait jamais été en grand honneur. Un siècle auparavant,
Pétrone, dans son Satyrieon^ nous donne déjà la mesure du scepticisme qui régnait à
Rome à l'endroit des médecins : discutant les causes de la mort de GuRYSANTE,il se
demande si ce ne sont pas les médecins qui l'ont tué : « Ât plures medici illum perdide-
runt, imo magis malus fatus? medicus enim nihil aliud est quam animi consolatio ! » (Pktrone,
Safyrtc(m,chap. xui.) Au temps de Galien ce n'était plus seulement du scepticisme, mais
du mépris qu'inspiraient les médecins. Lucien, contemporain de Galien, raconte dans
«Le Menteur» ce qu'étaient les consultations médicales de l'époque :1e médecin Antigonus,
appelé auprès d'un malade, se voit obligé de discuter avec Gleodemus le péripatéticien,
avec Oinomaque le stoïcien, avec Ion le platonicien; tous s'accordent à reconnaître l'ac-
tion des philtres et des enchantements : ils ne mettent pas en doute que certaines paroles
ne guérissent les tumeurs inguinales, et que les Aèvres, comme toutes les maladies, du
reste, ne cèdent aux exorcismes.
Témoin indigné de ces divagations, ayant dans sa puissance personnelle et daiïs sa
propre science une conflance que devait fortifier le mépris dans lequel il tenait ses
confrères, Galien lutte seul contre tous : il s'efforce de reconstituer Thippocratisme et
de fonder une doctrine nouvelle. Ginq siècles avaient passé depuis la mort d'UipPOCKATE;
les enseignements du maître étaient déflgurés; Galien n'écrivit pas moins de quinze
commentaires sur Hippocrate, dont il entend être le continuateur; « le médecin de Gos
a découvert la roule, dit-il, moi, j'en ai aplani les difficultés, comme Trajan a aplani les
routes de l'empire romain » {Meth. med. lib. IX, 134).
Galien combat les dogmatiques, traitant d'esclaves les médecins qui se réclamaient
de Proxagoras ou même d'HippocRATE, injuriantjes empiriques, écrasante coups de
syllogismes les pneumatistes, les épicuriens, les méthodistes, et même les éclectiqui's,
auxquels cependant ses préférences devaient le rattacher; fort de son expérience person-
nelle, possédant une notion complète de tout ce qui avait été observé avant lui, Galien
triomphe de tous ses adversaires : il donne un corps aux doctrines médicales éparses et
contradictoires entre lesquelles se partageaient les sectes, il a des vues d'ensemble, il
établit des règles pour le diagnostic et pour le traitement, il édifie enfin cette médecine
galénique, dominatrice et dogmatique, qui a défié les siècles.
Lorsque Galien arriva à Home pour la première fois son premier soin fut d'ouvrir
des cours d'anatomie; c'est sur fanatomie qu'il fonde son traité « De usu partium
corporis humani lihri XVII », qui prend rang dans l'histoire de la science comme le
premier essai d'une interprétation complète des fonctions physiologiques du corps
humain. C'est par l'analomie et par la physiologie qu'il commence son œuvre de
réformateur; et, s'il invoque fréquemment Hippocrate et « les écrits des anciens hommes »>
ù l'appui de ses théories, il en appelle plus souvent encore à l'expérience. Comme le
médecin de Cos, il veut que la médecine soit basée, non sur les hypothèses de? philo-
sophes, mais sur l'observation des faits.
Si Galien était resté lui-même absolument fidèle aux principes qu'il énonce avec
tant de conviction, son œuvre aurait acquis une incomparable grandeur; malheu-
reusement il ne suivit pas la vraie méthode hippocratique; à tout instant on le voit
côtoyer les plus grandes découvertes et s'écarter du bon chemin pour se perdre dans
les explications prolixes, dans les hypothèses, dans les affirmations hasardées. Sans
doute il connaît beaucoup de choses,mais il s'abuse étrangement; car il croittout savoir
et parle sans cesse comme si la nature n'avait plus de secrets pour lui; l'humilité,
qui, chez le savant, n'est que la conscience de tout ce qu'il ignore, est une qualité,
932 CALIEN.
inconnue de Galie.n : il n'est jamais à courl d'explications, il n'hésite pas à déduire la
fonction d'un organe d'après les simples faits anatomiques; au besoin il vous dira
pourquoi le foie est à droite, et pourquoi l'estomac est à gauche; il ternit ainsi sa propre
gloire par des puérilités et par des petitesses.
De tels défauts devaient donner prise aux attaques de ses contemporains; aussi
Galien est-il souvent accablé d'épigrammes par ses confrères; on l'appelle ::apaBoÇoX<>yo:,
faiseur de paradoxes, ::apa8o5o::oi(î;, faiseur de merveilles, ou encore XoyîaTpo;, médecin
phraseur; ses doctrines sont discutées, mais elles sont loin d'obtenir,'de son vivant, une
vogue comparable à celle dont elles jouiront quelques siècles plus tard.
Lorsque les invasions des barbares et l'établissement du christianisme boule-
versèrent le monde romain, les enseignements de Galien, partiellement conservés,
furent recueillis par les Arabes; c'est ainsi que bon nombre des traités de la bibliothèque
galénique, et notamment VArs medica renfermant l'exposé sommaire de tout le système
médical de Galien, sont traduits de l'arabe et non du texte grec original. Galien resta
combattu et discuté; il eut des partisans fanatiques, surtout après sa mort : Ecsèbb,
évoque de Césarée en Tan 313, se plaint de ce que l'on honore le médecin de Pergame
comme une divinité; pendant la longue période du moyen âge, le dogmatisme galénique
s'impose de plus en plus; il tinit par asservir complètement les esprits; au lieu d'imiter
Galien expérimentateur, au lieu de le suivre dans la voie qu'il avait si largement ouverte,
au lieu de s'attacher à la vérification des faits qu'il avait énoncés, au lieu de s*élever,
avec lui, aux points de vue généraux, on s'attarde dans les broussailles de la dialectique,
on interprète les textes, on .les copie servilement, on s'incline devant toutes les afdrma-
lions du médecin de Pergame.
Dans quelle mesure faut-il faire remonter à Galien lui-même la responsabilité de
ces aberrations qui retardent pendant plusieurs siècles l'essor de [la science? N'appar-
tiennent-elles pas à une époque plutôt qu'à un homme, quel qu'il soit? Toute la période
scolasiique n'est-elle pas imprégnée du même caractère de servilité vis-à-vis du dogme?
Sans doute, on est en droit de reprocher à Galien l'abus de la dialectique, la confiance
outrée en lui-même, le despotisme auquel il prétend; mais les successeurs de Galien
n'ontoils pas aggravé les défauts du maître? impuissants à discerner dans son œuvre
géniale et touffue ce qui devait en assurer la grandeur, ils y ont, le plus souvent, puisé
des arguments en faveur de leurs propres doctrines, ils l'ont surchargée de commentaires
puérils et de réflexions saugrenues. ^
11 serait injuste de rendre Galien responsable de l'absence d'esprit scientiOque qui
caractérise le moyen âge; c'est avec d'autres sentiments qu'il faut envisager son œuvre.
Elle a rendu d'immenses services, et, si elle avait été mieux comprise, elle en eAt pu
rendre de plus grands encore; sans doute le progrès des sciences fait que la lecture des
meilleurs traités de Galien nous parait aujourd'hui fastidieuse, encombrée de vains
détails et de déductions inacceptables; mais il serait injuste de juger ces écrits avec les
idées d'aujourd'hui; il faut se reporter au temps où ils ont été composés, et l'on se rend
compte alors de l'immense progrès que l'énergie et la science de Galien ont réalisé : son
œuvre est le testament biologique et médical du monde ancien.
Pendant le moyen âge, l'esprit humain est comme enténébré dans tous les pays
latins; cependant la tradition galénique éclaire l'enseignement médical : l'a Ars juirva »
dos Arabistes, l'u Ars imdica », expliqués dans les écoles et commentés par les étudiants
en médecine, ne sont que des traductions incomplètes de la Tiy vt) tarpur, de Galien ; mais
comment cet enseignement est-il donné? comme renseignement religieux, au moyen
de formules, de préceptes qui ont force de loi et que l'on ne doit pas se permettre de
discuter. Les textes de Galien forment un code médical ou plutôt une sorte de bible
imposée; jusqu'au xv!" siècle, la doctrine galénique reste intangible et tyrannique. Pour
la renverser, il fallut un effort gigantesque que nous mesurons difficilement aujourd'hui.
On doit, pour se rendre compte de l'état des esprits à cette époque, relire la vie de Van
Helmoxt, l'œuvre de Vésale, les écrits de Paracelsb, ceux de Bartholin, de Colombo. On
voit alors avec quelle timidité Vésale se permet de contredire Galien, s'excusant presque
«le n'avoir pu rencontrer dans la cloison interventriculaire du cœur les perforations
dont l'exi^lent^e avait été affirmée par le maître; on partage les indignations du pieux
Van HcLMo.Nr s'insurgeant contre Galien et contre les règles de la logique au nom
GALÏEN.
933
t
I
desquelles on préleml asservir les iatelUgences. m La loj^îqae n*cst pas U m^re des
sciences, la logique n'invente rien », s'écrie Van Helmont; et il conjure ses contem-
porains de revenir À Iti réalité en leurdîsant: n Œi/rolontm^ non rfînrconi/n, stvr* ^«^«t/s •..
Lorsque le souflle puissfint de la Réforine vint enjln réveiller les rotjsciences endor-
mies, une ère nouvelle s'ouvrit pour toutes les couniussanres l»un»aines; la période
rationnelle de la physiologie succéda à la période «icolaslique, reipérrirncnLaliaii et Tin-
duclion, préconisées par Bacon dans son ^'ovum organumj se substitu*!"renL « l'enseigne-
ment dogmatique; mais les représentants les plus brillants des sciences anatomiques
et physiologiques, les philosophes les ptus indépendants, comme Dehcarte^, se res-
sentent encore de l'autoritarisnie de Galien. L'une des particularités du mouvement intel-
lectuel de celle époque, c*est que l'évolution lihératrice s'affirme par une réaction contre
1j^UE^^ Il était naturel qu'il en fût ainsi, puisque lui seul persannttiail tonte la science dti
passé; c'est contre Galien que s'élèvent Pabacelsk et ses adeptes r c*est le i fuie de ïîalien »
<|ue Bartholin enterre ù Copenhague ;c*est Galien que défendent tes partisans de la tra-
dition, ennemis des idées nouvelles. Et pourtanti ceux qui combattaient les doctrines
galéniques au nom de l'observation et de IVxpérience ne faisaient q^^>béir» sans s'en
douter, aux plus profonds enseignements du maître qu'ils répudiaient; mais, nous
l'avons dit, Ta'uvre de Galiem était incomprise, défi^^rée, et d'ailleurs bien peu de ceux
qui la discutaient Tavaient réellement lue. Il est remarquable, à ce point de vue. qu'il
n'existe encore aujourd'hui aucune traduction complète des oeuvres de liALtEx; Tunique
<5dition française date de I8r»4, elle est due A Cil Dahemberg; elle est inachevée; elle
contient Tort heureusement le traité De t'ulUUé des parttes^qKi'i est, pour la pltysiologie»
de la plus grande importance. Dans ce traité^ (jalien se propose d'interpiéter la sentence
d*llrppocnATB, disant : « Tout est en sympatbic dans Tuniversalité des parties^et, dans les
parties, tout conspire pour Topération de chacune d'elles. » C'est donc l'opération
des parties ou, en d'autres termes, la fonction des organes, que l'auteur devrait
envisager; mais, au lieu de poursuivre ce but en faisant de la physiologie, il s'applique
à raisonner sur des fonctions (|u'il suppose connues. « Ce n'est pas le moment, dit-il, de.
faire des recherches sur tes fonctions, car nous nous proposons de parler non de»* fonc*
lions, mais de futilité des parties. Il est doi»c nécessaire de poursuivre ce traité en pre-
nant maintenant et djins tout îe reste de rouvraf,'^, comme fondements de notre raison-
nement, les conclusions des démonstrations faites dans d'autres traités. Ainsi il a été
démontré, dans le traité Dem opinions ffHiFPOcaATE et de Platon, que le cerveau et la
moelle épinière sont le principe de tous les nerfs; que le cerveau Test à son tour de la
moelle; que le cœur est celui de toutes les artères; le foie, celui des veines; quêtes aerfs
tirent du cerveau leur faculté psychique; que la faculté sphygmiquc vient du cniur aux
artères et que le foie est la source de la faculté végétative des veiues. L'utilité des nerfs
-^consistera donc à conduire de leur principe aux diverses parties la faculté seubiliveet
motrice; celle des artères à entretenir la chaleur naturelle et â alimenter le piieunia
psychique; les veines ont été créées en vue de la génération du sang et pour le trans-
mettre à tout le corps.
M Dans le traité du Moiwement des muscles, on a dit en quoi difïèrent les tendons, les
nerfs et les ligaments; on sait aussi que dans ce traité il a été parlé de Irj nature des
muscles, qu'il y a été établi qnlls sont les organes du mouvement volonlaiie, et que
leur aponévrûsû est appelée tendon, »
Le traita" De Vutiiitt* tUs parties n'est donc pas un ouvrage de physiologie, mais une
sorte d anatomie raisonna e et surtout une apologie du Créateur : m Pourquoi chaque os
(de la main) est-il exactement convexe sur la face externe, et ne Test-il exactement ni
sur la face interne, ni sur les côtés"? Assurément cela a été fait ainsi pour le mieux : en
effet, c'est par leur partie interne que les doigts broient, malaxent et prennent tous les
objets; il eût donc été mauvais que les os eussent été arrondis sur celle face; par la face
externe les doigts ne font rien de serablaltle, et ne remplissent aucune autre fonction;
cette face réclamait donc une structure qui pût seulement la proté^'cr aver îiVrelé contre
tout dommage. Sur les côtés/le mutuel rapprochement des doigts les inettail à l'abri de
toute lésion, et ils ne devaient laisser, quand ils sont rapprochés» aucun intervalle entre
eux; il ne convenait donc pas qu'ils fussent arrondis de ce côté. Une conrirmatton sufli-
inte de ce que j'avance est fournie par le grand doigt (pouce) et par le petit doigt ; la
m GALIEN.
circonférence sapérieare du premier, la circonférence inférieure du second sont exacte-
ment convexes. Par cette face, en effet, rien ne les protège et ils ne sont unis à aucun
autre doigt. Il faut donc admirer la nature dans la construction des os. » (Œuvres ana-
tomiqueSy physiologiques et médicales de Galien, par Ch. Daremberg, i, 137.)
Cette admiration profonde pour l'œuvre de la nature est exprimée à chaque page du
traité De VutUité des parties. Sans doute, cette manière de comprendre la mécanique
animale n'est pas du ^oût des anatomistes et des physiologistes du temps présent, mais
elle est profondément respectable lorsqu'elle se base sur la réalité, lorsqu'elle provoque
des recherches consciencieuses, comme c'est le cas en ce qui concerne Gauen : « L'in-
sertion des tendons sur les os et leur connexion les uns avec les autres sont donc admi-
rables et inénarrables, aucun discours ne serait capable d'expliquer exactement ce qu'on
reconnaît par les sens seuls »... « Il n'est pas possible d'admirer l'art de la nature avant
d'avoir étudié la structure des parties », dit-il encore, au moment où il va décrire les
aponévroses palmaires et analyser l'action des fléchisseurs des doigts. En s'exprimant
ainsi, Galien ne professe-t-il pas clairement qu'il faut disséquer, et préférer la dissection
aux descriptions écrites? C'est à de tels enseignements clairement énoncés par Galien
que nous faisions allusion tout à l'heure en disant que ses continuateurs n'avaient pas
respecté ses méthodes.
Après avoir analysé les parties composant les membres, après une élégante compa-
raison entre le métacarpe et le métatarse, entre les muscles de la jambe et ceux de
Tavant-bras, Galiem loue le Créateur qui a réalisé des dispositions aussi parfaites. « Je
pense, dit-il, que la piété véritable consiste, non à immoler des hécatombes sans nombre,
non à brûler mille encens, mille parfums, mais à connaître d'abord et ensuite «Rapprendre
à mes semblables combien grande est la sagesse, la puissance et la bonté du Créateur...
81 vous admirez le bel ordre qui règne dans le soleil, dans la lune et dans le cortège
des astres, si vous contemplez avec étonnement leur grandeur, leur beauté, leur mouve-
ment éternel, leur retour périodique, n'allez pas, en comparant les choses de ce monde,
les trouver mesquines ou mal ordonnées Examinez bien la matière, principe de
chaque chose, et ne vous imaginez pas que du sang menstruel ou du sperme puisse
donner naissance à un être immortel, impassible, agité d'un mouvement perpétuel,
aussi brillant, aussi beau que le soleil; mais, comme vous jugez l'habileté d'un Phidias,
pesez aussi l'art du Créateur de toutes ces choses. Peut-être ce qui vous frappe de sur-
prise dans le Jupiter olympien, c'est l'ornement extérieur, l'ivoire brillant, la masse d'or,
la grandeur de toute la statue? Si vous voyiez la même statue en argile, peut-être pas-
seriez-vous avec un regard de dédain? Mais pour l'artiste, pour l'homme qui connaît le
mérite des œuvres d'art, il louera également Phidias, sa statue fût-elle de bois vil, do
pierre commune, de cire ou de boue. Ce qui frappe l'ignorant, c'est la beautr de la
matière; l'artiste admire la beauté de l'œuvre. »
En dissertant avec cette ampleur Galien tire de la description des parties du corps
et de la manière dont elles sont adaptées à leurs fonctions, des arguments qu'il juge
irrésistibles en faveur de la sagesse du Créateur; il montre que le pied ou le cerveau, ou
toute autre partie, sont aussi bien construits qu'il est possible de l'imaginer, eu égard à
la fonction que ces organes ont à remplir; il revient sans cesse à cette idée, avec une
persistance qui rendrait la lecture de l'ouvrage fastidieuse si l'on n'y rencontrait des
descriptions du plus haut intérêt et des réflexions qui, lorqu'elles ne se perdent pas
dans d'interminables incidentes, tranchent agréablement sur l'aridité du fond; il semble
que (ÎALIEN, en écrivant ce traité de l'utilité des parties, ait été travaillé par les intluences
du milieu, et surtout par le désir de faire accepter la science par les philosophes et les
théologiens du temps, en leur montrant les arguments que Tanatomie et la physiologie
pouvaient fournir à l'apologétique. Dans l'épilogue de son ouvrage, Galien trahit cette
inlenlion en disant : <( Tout homme qui regarde les choses avec un sens libre, voyant un
esprit habiter dans ce bourbier de chairs et d'humeurs et examinant la structure d'un
animal quclconciue (car tout cola prouve l'intervention d'un ouvrier sage), comprendra
rcxrellence d(i l'esprit «ini est dans le ciel. Alors ce qui lui semblait peu de chose, je.
veux dire la recherche de Tnlilité des parties, constituera pour lui le principe d'une
Ihr-ologie parfaite, laquelle est une œuvre phfs */rnnde et plus importante beaucoup que toute
in inrdcciiie. »
GALIEN.
935
I
I
I
r
I
Le chapitre qui traite « ries organes alimentaires et de leurs annexes a nous donne
une idée assez coinpièle de la manière dont Gaurn comprenait (es fonctions de nutri-
tion; on en jugera par Jea passages «suivants : •• L.i roule commun** la plus giande et la
première conduit de k bouche à Ves(oma€ (y*atf,p)t lequel est comme le grenier général
de toutes les parties, et situé au centre de ranimai; le nom particulier de ce conduit est
mwphage (obo^iyoî)... Le réservoir qui reçoit d'abord tous les aliments, et qui est une
wuvre vraiment divine et non humaine, leur fait subir une prcmiilre élaboration sans
laquelle ils seraient inutile^ pour l'animal, et ne Itii procureraient aucun avanUige. Les
gens habiles dans ta préparation du blé le séparent des particules terreuses, de« pierres
et des graines sauvages qui pourraient nuire au corps; tel l'estomac, doué d^une faculté
semblable, expulse tous les corps de celte espèce, s*il s'en nniconlre, et tout ce qui reste
d'utile à k nature de ranimai, après l'avoir rendu plus utile encore, il le distribue dans
les veines qui arrivent dans ^es propres parois et sur celles des intestins. Ces veines
sont comme les portekix des villes. Ceux-ci prennent le blé nettoyé dans le grenier et
le portent à une des boulangeries communes de la cité, oh il sera cuit et transformé en
un aliment déjà utile : de même les veines conduisent k nourriture élaborée dans Testomac
a un lieu de coction commun à tout ranimai, lieu que nous appelons foie (r;~ap). La
roule qui y mène, coupée de nombreux sentiers, est unique. Elle a reçu d*un ancien,
habile, je pense, dans les choses de la nature, le nom de porte, qu'elle a gardé jusqu'à
ce joun.. Les veines ne se bornent pas a mener laliment de Testomac au foie, elles
ratlireni et lui font subir une première préparation très conforme à celle qui s'achève
dans ce viscère, attendu qu'elles sont d'une nature voisine de ta sienne et qu'elles tirent
de lui leur première origine.
« Après que le foie a reçu laliment déjà préparé d'avance par ses servi tears et offrant,
pour ainsi dire, une certaine ébauche et une inia^je obscure du sang, il lui donne k
dernière préparaliun nécessairt^ pour qu'il devienne sang parfait»*. C'est donc avec raison
que la nature a préparé, eu vue de recueillir les résidus de cette préparation, des organes
creux disposés aux deux côlés de k cavilé et propres, l'un à attirer le résidu, l'autre a
Texpuiser... La nature a attfirhé au foie la vessie (vésicule biliaire) qui devait recevoir le
résidu léger et jauni*; quant à la rate, qui tire îi elle les matériaux épais et terreux, la
ualurc pùl bien voulu la fixer aussi vers ces « iiortes » où le résidu atrabilaire devait
être entraîné par son propre poids; mais tl n'y avait pas de place vacante, l'estomac
s'étant hâté de l'occuper tout enliére. Ln large espace restant libre au côté gauche, elle
Y a logé kl raie et des parties concaves de ce viscère {scissure spténitfue), tirant une espèce
de (onduit, qui hsI un vaisseau veineux {veine spténique), elle l'a étendu jusqu'aux porter,
de façon que le foie ne fût pas moins puriOé que si la rute eût été placée près de lui...
L'humeur (k'jjaoî) préparée dans le foio pour la nourriture do ranimai, quand elle a
déposé les deux résidus mentionnés et subi une coction complète par la chaleur natu-
relle, remonte déji rouge et pure à la partie convexe du foie, montrant par sa couleur
qu'elle a rei;u et qu'elle a assimilé à sa partie liquide une portion du feu divin, comme
a dit r*LATOîv, »>
H Cette humeur est alors reçue par une très grande veine qui, née de la partie convexe
du foie, se porte aux deux exlrémités supérieures et inférieures de ranimai {veines
c<nîfs), »
Comme on le voit^ Calikn ne soupçonne en aucune façon la fonction du c<pur et la
circulation du sang; il considère le foie comme « le principe des veines et le premier
inslrument de la sanguification y. A tout instatit, il semble que ses observations vont
aboutir forcément à la grande découverte, mais il passe à côl/- de la réalité. « Ce n'est
pas, dit-il, en vue de rélimitiation que la nature a créé dans k foi** un si vaste plexus
veineux, c'est pour que la nourriture séjournant dans le viscère s^y hématose complète-
ment; car, si elle avait créé dans le foie, comme dans le cœur, une grande cavité unique
jour servir de réceptacle; si ensuite elle y avait introduit le sang par une seule veine
pour l'en faire sortir par une autre, l'humeur (xyu-oç) apportée de l'estomac n'aurait pas
sèjouniè un instant dan^ le foie, mais traver.mni rapidement tout ce eisctVt?, ctlr cùi été
entrai née par la force du courant qui le distnbue dam le corfï^. »
Quelle est donc l'idtje que se fait Calien dii courant dont il parle et qui distribue le
sang à tout le corps? Pour nous en remlrc compte, il est indispensable d'expliquer ici
936 GALIEN.
un terme sur la valeur duquel il convient d'autant mieux d'élre ûxè que Télal actuel de
nos connaissances nous rend son interprétation plus obscure : Fidée de la rénovation et
des mouvements du sang est intimement liée, dans l'esprit de Galien, à Texistence du
pneuma^ terme absolument intraduisible pour nous.
Gborges Poughet, dans une de ses leçons donnée au Muséum de Paris, fait remonter
l'origine du terme TivEUfia aux sources mêmes de la philosophie des Grecs. Pour Galibn,
le pneuma, c'est Tair atmosphérique ; car il fait quelque part cette remarque fort curieuse
que les vapeurs du charbon sont plus lourdes que le pneuma; et il admet aussi que
pendant les mouvements de la respiration le pneuma entre et sort par la trachée-artère.
Le contenu des artères est un mélange de sang et de pneuma. (Des deux sanys et de leur
distribution, d'après Galikn. — Revue scientifique, (3), i, 1881, 6*2.)
Jusqu'ici la conception du pneuma paraît juste et simple : il se confond avec l'air;
mais, où la chosf) se complique, c'est lorsque Galien nous dit que le cerveau élabore un
pneuma parliculier, d'essence supérieure, le pneuma psychique, qui se déverse par les
tubes nerveux jusqu'aux extrémités du corps pour y porter la sensibilité et le mouve-
ment. S'il nous est facile de nous représenter le pneuma qui vivifie le sang et qui l'arté-
rialise, il nous est, au contraire, impossible d'accepter cette idée d'un pneuma psychique
distribué aux organes, pneuma qui sera lumineux quand il se distribue aux yeux, sou-
sitif en allant à la peau, moteur en allant aux muscles. D'après Gauen, chaque organe
reçoit, en proportion avec les nécessités de ses fonctions: i^ du sang nourricier; 2*» du
sang pneumatisé; 3° du pneuma psychique.
Georges Pouchet a particulièrement étudié les conceptions de Galien à ce point de
vue et l'on trouvera dans la Revue scientifique (Loc. cit., 644) un schéma qui les résume;
on remarquera, comme nous l'avons déjà dit, que l'idée même de la circulation du sang
est complètement absente et qu'il ne s*agit,dans la pensée de Galien, que de mouvements
ou de courants dont la direction même est variable, selon les moments, dans un même
vaisseau : ainsi l'estomac envoie au foie le suc extrait des aliments et celui-ci passe par
les veines; à d'autres moments et par les mêmes veines, l'estomac reçoit du sang venant du
foie.
La veine cave descendante, venant du foie, conduit le sang aux reins, qui sont cliarf:és
d'une troisième dépuration, celle du sérum. L'urine n'est que le sérum du sang constam-
ment soutiré par les reins.
Par la veine cave ascendante, le sang nourricier va d'un côté à la tôle et de l'autre au
cœur, d'où il passe au poumon; dans toutes les veines, le sang nourricier s'écoule du foie
vers les organes.
La distribution du sang pneumatisé se fait par les artères; le cœur laisse couler vers
les organes, par l'aorte et ses branches, un sang qu'il a aspiré à la sortie des poumons.
Nous disons bien que le cœur laisse couler ce sang, car Gauen n'a nullement l'idée de
l'impulsion cardiaque communiquée au sang, idée qui n'a, du reste, été dénoitivement
introduite dans la scienr^e qu'avec le schéma de Weber. Galien ne croit pas que le cœur
soit le moteur du sang. La fonction des ventricules est de se dilater, c'est la dilatation du
cœur auB-i bien que celle des artères qui est le phénomène actif; elle n'est qu'une forme
de cette « faculté attractive » qui appartient à la substance vivante. Erreur fatale qui
devait survivre aux découvertes de Servet, de Colombo, de Har>'ey, et que nous retrou-
vons encore, en 1812, dans l'enseignement de Kaltenbri'.nner, à Munich!
ÉHASISTUATE profcssait encore que les artères contenaient de l'air (aussi bien les
artères lisses que l'artère rugueuse ou trachée artère!). Le pneuma, entraîné par les mou-
vements de la respiration, passait de la trachée dans les artères lisses du poumon et
arrivait ainsi à la moitié gauche du cœur, d'où il passait dans la grande artère de
Tèpine qu'ARisToxE avait nommée aorte. Par les branches de l'aorte, le pneuma était
distribué aux différents organes.
Galien reconnaît que les artères contiennent du sang pneumatisé, distinct du sang
nourricier ou veineux; mais, pénétré de l'idée que le pneuma vient de l'air, et que les
artères distribuent ce pneuma (idée fondamentalement juste), il a recours aux raisonne-
menls les plus étranges : .< Il existe, dit-il, dans chacune des artères, une certaine
faculté qui dérivo du cœur et en vertu de laquelle elles se dilatent et se contractent. Si
vous son-^ez à ce double fait que l'artère est douée de ces mouvements et que tout ce qui
CALiEN.
m
dilate attire à soi les parties votsines, vous ne trouverez nultement étoniianl qoe les
n^t^^ç!^ aboulissanl il la peau attirent Taîr extérieur en se dilatant, que les arlères qui
&*aboii" heol par quelques points avec les veines, alLirent la partie la plus ténue et la plus
vaporeuse du sang qu'elles renferment;.., or/de toutes les rboîses contenues dans le corps
la plus légère et la plus ténue est le pneuma; la seconde est la vapeur; en troisième lieu
vient la partie du sang exactement élaborée et atténuée. Telles sont les substances que
les artères attirent à elles de laus les côtés...
« Que les veines laissent passer quelque chose dans les arléres, en voici, outre les
raisons déjà donnf^es, une preuve suffi santé : si pour tuer un animal vous lui coupez
d'importantes et nombreuses artères, vous trouvère?, ses veines vides comme ses artères,
ce qui n'aurait pu avoir lieu s*il n'existait entre elles des rommunîcations. Dans le ccrur
également la partie la plus ténue du sang est attirée de la cavité droite dans ta
cavité gaucbe» la cloison qui les sépare étant percée de trous qu'on peut parfaitement
voir comme des fosses avec un orifice très large qui va toujours se rétrécissant de plus en
plus. Cependant, il n'est pas possible de voir leurs dernières extrémités k cause de leur
ténuité et parce que, l'anima! étant déjà mort, tout est refroidi et affaissa'. Mais ici encore
le raisonnement, en partant d^abord du principe que rien n'est fait en vain par la
nature, explique ces communications des cavités du cœur... » (Du facultés naturelle»^
cbap. xrv et xv.)
Les artères, en se dilatant, attirent donc le pneuma; elles l'attirent par toute surface
aérée du corps, mais surtout par la surface pulmonaire; les artères attirent ainsi la partie
la plus subtile du sang veineux; il y aurait dune des anastomoses entre les veines et les
artères dans toute la longueur de leur trajet, comme il y a des communications dans la
paroi i nie rventricul aire du cœur.
On voit qno les erreurs de Galten sont complexes; Terreur fondamentale est Tidée
d*une facullt' attractive appailenant aux organes. S'il ne s'était pas abandonné à cette
idée, ses exp/Tiences rrmraient vraisemblablement conduit à la découverte de la circulation,
car elles ont porté sur tout le système vasculaire dont il a compris le rûle nutritif, i* Les
conduits des jardins, dit il encore, vous donneront de ceci une idée nette. Ces conduits
distribuent de l'eau à tout leur voisinage; plus loin elle ne peut arriver; aussi est-on
forcé, à Taide de beaucoup de petits canaux d<^rivés du ;L;rand conduit, d'amener le cours
d'eau daii!? chaque partie du jardin. Les intervalles laissés entre ces petits canaux sont
de la grandeur suflisaule pour qu'ils jouissent pleinement de rbuinidilé qu'ils attirent
et qui les pénétre de cba<|ue côLé. La même chose a lieu dans le corps des animaux.
Beaucoup de canaux rarnifiés dans toutes leur parties leur amènent le sang', comme
IVau dans un jnrdtn. Les intervalles de ces vaisseaux ont été, dès te principe, admirable-
ment ménagés par la nature pour qu'il n'y ait ni insuffisance dans la distribution aux
parties inlermédiaires qui attirent le sang k elles» ni danger pour elles d'être inondées par
une quantité supoHlue de liquide déversée à contre-temps. Car tel est leur mode de
nutrition. » (Des fucuités naîurcUes, m, iv, page 318 du tome n de |la traduction de
CH- DAItEMHEBG,!
Le pneuma psychique lai-méme dérive, selon Galien, de raliment : le cbyme stoma-
cal, le sang veineux, le sang pneumatisé, le liquide des ventricules du cerveau et le
pneuma psychique que distribuent les nerfs, représentent autant d*élaborations succes-
sives de Taliment. Il y a là une vue profonde dont il faut| sans s'arrêter aux mots,
admirer l'éLonnante exactitude; et Tidée paraît être de Galif..\.
Iji physiologie de Galien n'est pas condensée en un recueil spécial, et les données en
sont éparses dans tout rensenilile de ses teuvres, Kn ce qui concerne le cerveau, s'il est
exact que Gauen n'a pas disséqué le cerveau de l'homme, mais celui de ditlèrents ani-
maux et surtout celui du bœuf, tel qu'on te trouve sur l'étal des bouchers, il n'en est
pus moins vrai que «es observations ont été capitales; on trouvera sur ce sujet de très
amples détails dans^ce diciionnairei n, 5S9, à l'article Cerveau. L' auteur de cet article
reconnaît qu'au cours de ses vivisections, qui paraissent avoir été, comme il le dit,
très nombreuses et dont il avait certainement une pratique consommée, Galien a
souvent mieux observé que les plus célèbres des physiologistes parmi les modernes, Rien
n*esl plus vrai, et c'est li ce qui doit nous rendje indulgents pour les écarts de langage
d'un observateur aussi éminent* Nous devons à Gausn une première description anato*
938 MALIEN.
inique complète et, dans ses grandes lignes, remarquablement exacte, des organes
encéphaliques; nous lui devons surtout les premières notions expérimentales sur les
fonctions de ces organes.
Galien a décrit les ventricules, la cloison transparente, la voûte à trois piliers, \e»
lignes saillantes qui se remarquent sur sa surface concave et qu'il a comparées aux
cordes d'une lyre, la glande pinéale et la glande pituitaire, Tinfundibulum, les corps
cannelés, les couches optiques, les cordons médullaires situés dans la partie postérieure
des ventricules latéraux et dont la figure ressemble à celle des cornes d*un bélier ou des
pieds d'hippocampe, les tubercules quadri jumeaux (nates et testes), l'appendice vermî-
forme, la commissure artérienne (ou corde de Willis), la fente que ^YLvins a nommée
aqueduc et qui communique du 3" au V ventricule, le cordon médulaire et fibreux qui
en termine l'ouverture, et qu'on a nommé commissure postérieure, la protubérance
annulaire, les. « cuisses » et les u bras » de la moelle allongée (ùictionn, hist, de la
médecine, par J.-E. Dezkimeris, h, 442).
Galien a énergiquement combattu l'ancienne doctrine aristotélique d'après laquelle
le cerveau, organe humide et froid, aurait été destiné à la réfrigération du sang. « Abis-
TOTE prétend qu'il (le cerveau) a été créé dans le but de reftroidir le cœur, s'écrie Gauen,
mais lui-même oublie avoir déclaré que cette réfrigération était l'œuvre de la respira-
tion... Aristote dit que tous les organes des sens n'aboutissent pas à l'encéphale. Quel
est ce langage? Je rougis même aujourd'hui de citer cette parole. N'entre-t-il pas dans
l'une et l'autre oreille un nerf considérable avec les membranes mêmes? Ne descend -il
pas à chaque côté du nez une partie de l'encéphale {nerfs olfactif) bien plus importante
que celle qui se rend aux oreilles {nerfs acoustiquesyi Chacun des yeux ne reçoit-il pas
un nerf mou {nerfs optiques) et un nerf dur {nerfs ocuh-moteitrs), l'un s'insérant à sa
racine, l'autre sur les muscles moteurs? N'en vient-il pas quatre à la langue; deux, mous,
pénétrant par le palais {nerf lingual), deux autres, durs, descendant le long de chaque
oreille {nerf grand hypoglofise) ? Donc tous les sens sont en rapport avec l'encéphale, s'il
faut ajouter foi aux yeux et au tact. Énoncerai-je les autres parties qui entrent daa<
la structure du cerveau? Dirai-je quelle utilité présentent les méninges, le plexus réti-
culé, la glande pinéale, la tige pituitaire, l'infundibulum, la lyre, l'éminence vermiforme,
la multiplicité des ventricules, les ouvertures par lesquelles ils communiquent entre eux,
les variétés de contiguration, les deux méninges, les apophyses qui vont à la moelle
épinière, les racines des nerfs qui aboutissent non seulement aux organes des sens,
mais encore au pharynx, au larynx, à l'œsophage, à l'estomac, à tous les viscères, a
tous les intestins, à toutes les parties de la face? Aristote n'a tenté d'expliquer Tutililù
d'aucune de ces parties non plus que celle des nerfs du cœur; or l'encéphale est le
principe de tous ces 7ierfs{VtHit. des parties, vin, iii-iv,534, de la traduction de Daremberg^.
On voit comment Galien base sa physiologie sur une anatomie profondément étudiée;
il y a même dans les observations de Galien ce caractère de prescience, de divination,
qui n'est qu'un symptôme habituel de l'art avec lequel les observations sont faites : par
exemple, lorsque Galien appelle les nerfs olfactifs des parties de l'encéphale qui
descendent de chaque côté du nez, ne semble-t-il pas nous révéler une notion que
l'embryologie moderne a mise eu évidence? Ne nous dit-il pas que les nerfs olfactifs ne
sont pas des nerfs, mais des parties du cerveau antérieur?
Cette divination géniale se retrouve dans ce que l'on pourrait appeler la« physiologie
générale » de Galien.
Trois forces fondamentales président à la vie des animaux. La première, dont le
siège est au cerveau, agit sur tous les organes par l'intermédiaire des nerfs; c'est d'ellt?
que relèvent les fonctions animales, l'intelligence, la sensibilité, le mouvement. La
deuxième, qui réside dans le cœur, tient sous sa dépendance les fonctions vitales,
l'entretien de la chaleur des orgaues, les passions de l'âme ; la troisième a son centre
dans le foie et préside, par l'intermédiaire des veines, aux fonctions nutritives.
Ces forces fondamentales ne sont pas à ce point distinctes l'une de l'autre qu'elles ne
puissent se transformer. Enfin, et c'est ici que la physiologie générale de Galien apparail
vraiment transcendante, la vie se caractériserait en dernière analyse par des mouve-
ments qui seraient de deux espèces : mouvement par rapport au lieu, mouvement par
rapport ù la qualité. Le premier se nomme action, il est actif; le second, altération, il
CALIEN.
939
esl passif. C'est Tancienne notion ariMotéJique que nous retrouvons ici. mais elle s'est
transformée : VaUeration des éléments du corps, ce qoe nous appelons aujourd'hui le
ehiniisme intérieur desi organes, tel sérail, selon GAUKrt, le caractère de la vie. Il y
aurait, dans chaque organe, quatre facultés nalureUes : attractU^, rétenlricc, altérante,
^xrrr^^ricir; nous exprimons !a nj^^mo pensée aujourd'hui en parlant de l'assimilation et
de la désasaimilatton, mai^, au fond* nom restons, sur ce point, d'accord aver ladorlrine
gal('nic|ue.
Les dognnatistes s'appuyaient sur le raisonnement, les empiriques invoquaient
r«*xp<'rience; Galien est éclectique en ce sens qu'il veut faire la part de Texpérience et
du rais»onnement dans Tacquisition de la science positive. L'erreur du grand homme a
été de ne pas procéder méthodiquement, de ne pas partir toujours de Teipérience et de
l'analyse des faits, tl a voulu, comnie le dit AcnEfiMANN» faire la médecine a prityri : il
déduit la médecine de la physiologie, la physiologie de la physique» et celle*ci de la
philosophie; marche hypothétique et hasardeuse, méthode déduclive dont ses couli-
nualeurs devaient abuser au point de se fourvoyer complètement. Telle fut, dans la
physiologie généiale, la grande faute de Galibn : il n'a pas sagement déterminé Tordre
el la mesure dans lesquelles l'expérience et Je raisonnement devaient intervenir; il a
abusé du raisonnement, il a quitté le terrain des faits. En physiologie spéciale, il fut le
créateur de la mécanique animale qu'il étudia en anaiomiste exercé el en mécanicien
habile : il a réfuté l'ancienne théorie de Platon qui confondait la moelle épi ni ère avec
la moelle des os (Du mouvetnent tks musctes, i. 1, 322), M est juste de dire que cette Ibéï^tt
avait déjà été combattue par HippograteI. Il a prouvé par l'eipérience que les muscles
sont les organes du mouvement, il a défini les rapports des muscles el des nerfs : i- Si
vous coupez tel ou tel nerf qu'il vous plaira, ou bien la moelle épinière, toute ta partie
située au-dessus de Tincision et f}ui reste en rapport avec le cerveau conservera
encore les forces qui viennent de ce principe, tandis que toute la partie qui est au-
dessous ne pourra plus communiquer ni sentiment ni mouvement à aucun organe. Les
nerfs, qui jouent par conséquenL le r<Me de conduits, apportent aux muscles les forces
qu'ils tirent du cerveau comme d'une source; dès l'instant qu^ils entrent en contact
avec eux, ils se divisent d'une manière très variée à l'aide de plusieurs bifurcations
successives, et, s'étant résnhif^s/i la liii entièrement eu fibres membraneuses et ténues,
ces hifurcatiims forment un réseau pour le corps du muscle >• {Du momement des
musckst r, 1,323)»
Galiun reconn«M que les muscles reçoivent des nerfs sensibles et des nerfs moteurs»
le muscle est pour lui un <« organe psychique » {Du mouientcnt des vwsctcs^ i, 1,324),
mais avant tout il est appareil de mouvement : « Sans les muscles, les animaux
n'auraient aucun mouvement volontaire, de sorte que les muscles sont les organes
propres de ces mouvements, tandis que toutes les parties sensibles sont douées de sen-
timent sous rintervention des muscles <> ijki mouranent des muscles, i» 1, 2i4), Contrai-
rement à ses prédécesseurs qui prêtaient aux muscles la capacité de produire plusieurs
mouvements de sens opposés, G aue.n démontre qu'il n'existe pour un muscle qu'un seul
mouvement, le mouvemeut de contraction ou de raccourcissement : « l'n muscle agît
quand il attire vers lui la partie qui est mise eu mouvement, mais il n'agit pas quand il
est ramené au côté opposé par un autre muscle.., le muscle contracté attire vers soi,
taudis que le muscle rehlchê est attiré avec la partie; pour cette raison les deux muscles
$c meuvint pendant raccomplissemeut de chacun des deui mouvements, mais ils
n^adisuni pas tous les deux, car t'arlivité consiste dans la tension de la partie qui se meut,
et non pas dans Taclion d'obéir; or un muscle obéit quand il est transporté in actif,
comme le serait tout autre partie du membre. » TfALiEN démontre ensuite par des vivi-
sections que les mouvements opposés s'opèrent par les muscles antagonistes; il décrit
avec beaucoup de détails le mécanisme des actions antagonistes, et explique notamment
le fait de llmmobilitê du memlire dont tous les muscles sont contractés* 11 conclut que
les muscles tendent toujours par eux-mêmes à l'extrême contraction, et que Içs muscles
antagonistes sunt» avec ies os, le seul obstacle qui les empêche d'y arriver,
La physiologie spéciale des organes de la respiration et de ta phonation a été étudiée
très complètement par (;auen; malheureusement le traité ^ des causes de la rapiratton »
en ;deux livres, auquel Galîen renvoie souvent, n'est pas arrivé jusqu'à nous; il iien
940 GALIEN.
reste qu'un fragment cité par Galien lui-même dans son ouvrage sur les dogmes
d'HippocRATE et de Platon. Le traité «n quatre livres sur la voix est également i»erdu;
mais plusieurs chapitres du traité de l'utilité des parties (Livre 6, 7) renferment d'inté-
ressantes expériences : « Le principal, le plus important usage des membranes médias-
tines (ou de la plèvre) est de diviser le thorax en deux cavités, de sorte que, si Tune
vient à recevoir une grave blessure et perd la faculté de respirer, l'autre cavité intacte
remplit la moitié de la fonction. Aussi l'animal perd-il la moitié de la voix ou de la
Inspiration à Tinslant où Tune des cavités de la poitrine est atteinte de blessures
pénétrantes; si toutes les deux sont percées, il perd complètement la voix et la respira-
tion [UtiUtê des parties, Lib, vi, cbap. m). »
Galie.n a recherché quels étaient, sur la respiration et sur la phonation, les efTets
produits par la résection des côtes, par la section ou par la compression des nerfs
intercostaux, du nerf phrénique, des nerfs laryngés. Le trajet du laryngé inférieur, sa
rêtlexion autour des vaisseaux thuraciques sont, pour Galien, une occasion de faire
étalage de son érudition et de son habileté; au moment de commencer la description
des pneumo-gastriques : « Prétez-moi, dit-il, plus d'attention que si, admis aux mystères
d*Eleusis. de Samothrace ou de quelque autre sainte cérémonie, vous étiez complètement
absorbé par les actions et les paroles des prêtres. Songez que cette initiation n'est pas
inférieure aux précédentes, et qu'elle peut aussi bien révéler la sagesse, la prévoyance
ou lu puiss.ince du Créateur des animaux. Songez plutôt que cette découverte que je
tien:^ dans la niaîn, c'est moi qui l'ai faite le premier. Aucun anatomiste ne connaissait
un seul de ces nerfs, ni une seule des particularités que j'ai signalées dans la structure
du larynx ^VtUiW de$ parties , vn, xiv, 505). »
l.Vnipressomenl que met ici Galien à revendiquer l'honneur d'avoir été le premier à
décrire les muscles et les nerfs du larynx, laisse penser que la plupart des autres des-
criptions anatomîques qu'il a faites n'ont point la même originalité; cependant l'ostéu-
lo*:ie de G\l!en est incomparablement plus complète que celle de ses devanciers; les
muscles qu'il a découverts ou dont il adonné une description détaillée, alors qu'ils éuient
peu connus avant lui. sont les suivants : le peaucier, le buccinateur, le pyramidal du ne/,
le palmaire, le plantairt\ les sphincters de l'anus, le petit pectoral, le rhomboïde, le
peut dïVït antérieur de la léte, les extenseurs du racliis, les intercostaux, le poplité, les
lombrtrau\ et les interosseux des pieds et des mains.
On a sou \ ont reproché à Iîalien d'avoir conclu, dans ses dissections et dans ses
expériences, des animaux à l'homme; il faudrait le féliciter, au contraire, d'avoir aussi
bien mis À prolU pour l'anatomie et la physiologie humaines, les seuls renseignements
qu'il pût se pr\Kurer. Lui-même déclare d'ailleurs, en toute sincérité, quelles sont les
espiVes sur lesquelles portent ses observations; il indique minutieusement comment il
tViwt pr\HV,ler pour répéter les expériences qu'il a faites : il donne la description des
divers instruments dont il se sert ^^k administr. anatom., ix, i. Dans la traduction de
00 iraito l)\iK<'\iir a ikurt» les instruments indiqués par Gallien); ce n'est certes pas
a Un qu'il f*ut s'en prendre si, malgré les exemples qu'il a donnés, la dissection et les
\i\(<ootuMis n*ont pas été ensuite d'un usage courant.
G\i!(\ faisait ses expériences en particulier et en public; pour agir sur la*^ moelle, il
se soivaii onlinairement de petits cochons; il aurait préféré des singes, mais la compa-
rai>.Mi a\or l'Iiotnme aurait pu révolter les spectateurs. Il faisait coucher l'animal sur une
Lil>K\ lui liait le< i|u.itre membres et la tête; pour mettre à nu la moelle épiniére, il divi-
sait, au moyen d'un scalpel, la peau et les musices post-vertébraux, disséquait ces parties
sur les côtés atin de bien mettre à nu la partie postérieure des vertèbies. Quand il expé-
II moulait sur un gros animal, avant de couper la moelle, il enlevait une partie de la
II*; os» postoi iouro du canal rachidien. Sur un animal jeune, il pénétrait entre deux ver-
h^:Mo> oi l'ai^aii la section transversale de la moelle avec un couteau pointu de fer de
Noii.;no. Il ob>oi\o que. si l'on coupe la moelle longitudinalement sur la ligne médiane,
U^ HontimoiK et le niouvonient persistent des deux côtés; si l'on incise obliquement ou
ii»in^\oi>aloinont une dos moitiés latérales, le sentiment et le mouvement sont anéantis
ilik \tMo de la cochon, ol l'animal est à demi muet; il l'est tout à fait quand la division
ili' \,\ inoollo a oto complote Do adm, nuntom., viii, 0. Voir Ch. Daremberg ; Thèse pour te
»• »:: .M wi.rvino. 50 août ISÎI. 81 .
G ALI EN,
1
I
Si Ton dÎTise [a moelle ^ son origine entre la i""* vertèbre cervicale et foccipilal, ou
bien encore entre la 1'^'* et la 2\ l'animal périt immédiatement. Kntre la 3* et la k\ la
respiration est abolie caiiiplt^^tement et tout !♦? trono ainsi que les membres sont immo-
biles et insensibles. Entre la 6» et la 7% les six muscles supérieurs qui vont du cou au
thorax et-le diapbragme conservent leur action ; entre la 7* et la 8% il en est de même : Tani-
mnl respire alors seulement avec le diaphragme, comme il le fait quand il n'a pas besoin
de grands eiïorls respiratoires.,, si alois on coupe le nerf phrénique, le thorax reste
immobile.
Après avoir rendu compte de ces eifièrienoes faites avec t;int de piécisinn el sur les-
quelles il fui le premier à attirer l'attention du inonde savant, Cu. Dakfwberg se demande
comment il est possible que la physiologie expérimentale ait pu Hre oubliée pen>iant
seize siècles. Nous avons déjà exprimé cette pensée en disant, au débul de cet iirticle,
que ceux-là même qui»à l'époque de la Renaissance, ont courageusement combattu contre
CiAtrEK, ne faisaient que rééditer, à leur insu, la vraie doctrine galénique^trop longtemps
méconnue. Le mérite principal de G a lien nVst certes pas dans ses théories, dans ses vues
philosophiques ou dans re que l'on a appelé son « système »; il git tout entier dans ses
expériences, dans Tart de ses dissections, dans les découvertes ruelles qu'il a faites,
Galien en sait sur les fondions du système nerveux anlant qu'on en saura seize siècles
plus tard; il est peul-ôtre, comme le dit Cm. Highet, « celui de tous les mortels qui a fait
le plus pnur la physiologie » iÉtuthhUt*&ur la physiot.du$y$L nemuxAn Revue scientif,,
3- série, .i, 1881, 420) .
Bibliographie, — Les éditions des œuvres de Galien, complètes ou partielles, en
tradiiclioTi ou dans le f^xle original, sont innombrables, et le détail en intéresse plus le
bibliophile qtie le physioîogisle.
Pour les cBuvres complètes» en texte grec, nous signalerouï» l'édition des Aides {!> vol.:
i" Aldus et Andréas, Socer, Venetiis, 1525) et l'édition de Bile iCralander, 1j28); de Bâle
(Frobeniiis, 1542). L'édition des Jnnles (A^enise, UiSO) a été réimprimée.
Les éditions latines sont uombreuses (Lyon^ Frellonius, 1550; les Juntes, Venise,
(541). Celte édition des Juntes a été souvent réimprimée; 1556, etc. La neuvième et der-
nière édition est de 1625,
Les éditions gréco-lalines sont celles de Paris (Pralard, 1679, 13 vol. f*) el» plus tard,
une édition très complète de C.-G. KOhn (Leipzig, 182i-l»33, 20 voL 8'^),
Quant aux éditions spéciales, il est impossible de les citer ici : car le nombre dépas-
serait qualre cenls tâtalions bibliographiques. Nous renvoyons le lecteur curit'Ui de
connaître les titres de ces traités divers à Tarticle Galiees, de Vîndex Catalogue, v, 212-
2t6 ; et (2* série, vi, 13-21), ainsi qu'au Catah<tue tic ia lUbUothèque natfomite de Paris,
Pour ce qui est de l'ouvrage de G au en qui intéresse le plus directement la physio-
logie {tlifi 'ipiio^i (jiopfeov. — De usti partium) il en existe deux Iraductions françaises (Lyon,
Roville, 1555) et Ch. DARKMfiEHG (2 vol. 8«, Paris, J.-B. Bailliere, 1854). Cette dernière
pidilication porte le tiire assez inexact d^CEitvrcs nnatomï'iucs, physiologiques ci médi^
cales de Galien. En réalité, il ne s*ai,'il que d'une petite partie de l'œuvre de Gauen.
De 1res nombreux commentaires ont été écrits sur l'œuvre de Galien, même à notre i
époque- Celui de Sïtviuâ [Ordo et ih'dfiiis ruiio in l€*jendiH ïlippocratia et Gaicni Ubrist^
Paris. l5iG) a été longtemps classique, comnje celui de Sanctoriits (Venise, 1660* Com-
mcntnriû in ariem medicinatcm Onleni).
Au point de vue spécialement physiologique, il faut citer, oulre rouvrai;(e de Ck.
Darëmderg, mentionné plus haut : Vk.ouboux, Étude mmmaire de In phf/^iol(hjic de (ialien^
D. Montpellier, 1878. — Laboulbeve, Histoire de Galien (R^t. Se, 1882, xxix» 6H-685). —
Miller, Ueber Uatena Werk vom wissenschifttiûhen Beueis (4" Miinchen, 1895, K, Bay,
Ak, d. Wiss.i.— KioD, A cursortf anahjsis of the workes of Galen, so far as they relaie to
anatomy and phf/siotoQy {Tr, Froc. med. and Surg^, Ass., London, 1837, vi, 200-:i36), —
HoBsLEV (V.), Galen: an addre^ before thê Middlesex Hospitnl Médical Society {MiddleisèiB
Hosp. J. London, 1899, ur, 37-52),
Nou^ croyons devoir donner ici l'indication, en teite latin, des divers traités écrits
par Gaukn, ou qui lui ont élô attribués. Nous prendrons pour guide la belle édition
latine des Juntes. Au Heu d'introduire Tordre analytique, nous suivrons l'ordre adopté
par les éditeurs de tlàSô :
942 GALIEN.
I. Oratio suasoria ad artes, — Si quis opiimus medicus est^ eundem esse philosophum,
•^ De sophismatis in verho contingentibus. — An qualitates incorporeœ sint. — De Ubris
propriis, — De ordine Ubrorum suorum, — De sectis ad eos qui introducuntur. — De optimd
sectd. — De optimo docendi génère, — De subfiguratione empiricd. — Adversus empirico$
medicos. — De constitutione artis medicae, — Finitiones medicœ, — Introduetio, seu
medicus, — Quomodo morborum simulantes sint deprehendi. — Ars medicinalis, — De
elementis ex Hippocratis sententiâ. — De temperameniU. — In Ulnrwn Hippocratis de
naturd kumanâ eommeniarius. — De atra bile, — De optimd nostri corpom constitutione, —
De bond habitudine, — De oxsibus. — De musculorum dissections — De venarum aritria-
rumque dissectione. — An sanguis in arteriis naturd contineatur. — De anatomicis admi-
nistrationibus. — De dissectione vulvx, — De instrumenta odoratus, — De usu partium
coi^oris humant, — De utilitate respirationis. — De causis respirât ionis, — De pulsuwn
usu, — De Hippocratis et Platonis decretis. — De naturalibus facidtatibus, — De motu
muscxdorum, — Quod animi vires [mores) corporis temperaturas sequuntur, — De fœtuwn
formations —- An omnes particulœ animalis quod fœlatur, fiant simul. — An animal sit
quod in utero est, — De semine, — De septimestri partu,
IL De alimentorum facuUatibus, — De succorum bonitate et vitio, — In librum Hippc^
cratis de salubri dieta commentarius, — De atténuante victus ratione, — De ptisisand, —
De parvœ pilae exercitio, — De dignoscendis curandisque animi morbis, — De cujusque
animi peccatorum cognitione, atque medeld, — De consuetudine. — De sanitate tuendà, —
Num ar!i tuendœ sanitatis ad medicinalem artem spectet an ad exercitatoriam, — De diffe-
rentiis morborum, — De causis morborum, — De symptomatum differentiis, — De sympto-
matum causis, — De differentiis febrium, — De inaequali intempérie, — De marcore, — De
comate ex Hippocratis senfentid, — De tremore, palpitatione, convulsione et rigore, — De
difficultaic respirationis. — De plenitudine, — De tumoribus praoter naturam. — De mor-
borum temporibus, — De totius morbi temporibus, — De typis, — Contra eos qui de typis
scripserunt, — De causis procarticis. — In Hippocratis de morbis vulgaribus libres commen-
tarii, — In librum Hippocratis de humoribus commentarii,
III. De locis affectis. — De pulsibus, — De pulsum differentiis, — De dignoscendis
pulsibus, — De causis pulsuum, — De prwsagiiione ex pulsibus, — Synopsis Ubrorum
suorum sexdecim de pidsibus, — De urinis, — De crisibus, — De diebus decretoriis, — In
primum proslhetici Hirum Hippocrati attributum commentarii, — Diagnostica Hippoerati$
cum Galeni commentariis, — De dignotione ex insomniis. — De prxcognitione. — De
simplicium medicamentorum facidtatibus, — De substitut is medidnis, — De purgantium
medicamentorum facultate. — Quos purgare conveniaty quibus medicamentis et quo temporc.
— De theriacd, — De usu theriacae, — De anlidotis, — De compositione medicamentorum
localium sive secundum locos, — De compositione medicamentorum per gênera, — De
pondcribus et mensuris, — De hirudinibus^ revulsione, cucurbitula, cutis concisione, sire
scai^ificatione. — De venx sectione adversus Erasistratum, — De vense sectione adicrsus
Erasislratœos, qui Romas degebant, — De curatidi ratione per sanguinis missionem,
IV. De medendi methodo, — De arte curatird. — In libros Hippocratis de victus ratione
in morbU acutis commentarii, — De diaeta Hippocratis in morbis acutis. — De remediis
paratu facilibus, — Documentum de puero epileptico, — In libnim Hippocratis de naturd
hwnand commentarius, — De oculis. — De renum affectione^ dignotione et medicatione. —
In Hippocratem de officina medici commentarius, — In Hippocratem de fracturis
commentarii, — In Hippocratem de articulis commentarii, — De fasciis, — In Aphorismos
Hippocratis commentarii, — Adversus Lycum quod nihil in eo aphorismo Hippocrates
peccet, cujus initium, qui crescunt plurimum habcnt caloris innati. — Contra ea quw a
Juliano in Hippocratis aphorismos dicta sunt, — Linguarum, hoc est obsoletarum Hippocratis
vocum crplanatio, — De historid philosophicd. — Prognostica de decubitu ex mathematicd
scientid, — De partibus artis medicue, — De dynamidiis, — De spermate, — De naturd et
ordine cujxislibet corporis. — De anatomiâ parvd, — De anatomia vivorum. — De anatomid
oculorum, — De compagine membrorum sive de naturd humand, — De virtutibus noatrum
corpus dispeiuiantitus, — />e voce et anhelitu, — De utilitate respirationis. — Compendium
pulsuum, — De motibus manifestis et obscuris, — De dissolutione continud. — De bonitate
aquœ. — De vinis. — Prœsagium experientid confirmatum, — De urinœ significatione ex
Hippocrate, — De simplicibus medicaminibus, — De catharticis, — De gynsecaeis, id est de
GALL (François- Joseph).
I»i3
I
pùBSiônibm muHerum, — Liber itcretorum, — be madicMê expfff/s, iwê medieinalia
expérimentation — De melanchoUd, — De citrd ieteri. — De curd lapidk, — Qu^enita in
Hippocratern. — De plantii. — ïn librum Hippocrntis de AlimeMo commentaria. — Brevis
denotaiio dogmatum Bippocratis ex sennone XCIX. — De Ht qnm medic$ dicta sunt tu
Platoni» Tima^o commentaria, — Di motm Ihoraeis et pulmonis. — Vocalium imtrumen-
iorum disseciio, — De Btibstantid facttltatum naluraiium* — Ad}^er$n$ cmpiricos medicos.
Il ost rerUin que plusieurs de ces ouvrages ne sont pas de (iAUEN; mais ce sonl» en
générai, les moindres et les plus médiocres* De fait, môme en éliminant quelques
écrits^ d'origine incertaine, l'œuvre mt^dicnlc et physiologique de Galikn n'en reste pas
moins une des plus cousidérabies qu'un homme ait pu accomplir. P. HfiGER.
GALL (François-Joseph) naquit àXiefeubrunn près de PforzUeim, en
Souabe, le 9 mar!^ 1756, et mourut à Montrouge, près de Paris, le tt août 182S.
Il reçut sou instruction première d'un curé de village; puis il poursuivit ses études à
Bade, à Hruchsal, à Strasbourg et à Vienne. C'est dans cette dernière ville qu'il fut reçu
docteur, eu 1783, et qu'il commença à pratiquer la médecine. Il ne tarda pas à négliger
le soin de sa clientèle pour s'adonner entièrement î\ des recherches sur ranatomje du
cerveau et du crAue; ses premières ol»servalions sur les rapports entre la conformation
de la boite crânienne et Tètat des facultés intellectuelles dateraient du temps où il était
encore au collège; mais ce n'est qu'en 1798 qu'il Ht connaître la doctrine nouvelle dans
une lettre adressée au baron J. P* de Uelzer, lettre publiée dans le Mercure de Wieland.
Dans cette lettre, Gall annonce la prochaine publication d'un »• Prodr<!ime » (qui n'a, du
resle, jamais vu le jour) et il donne* à Tavance, un aperçu de la science cranioscopique
ou « organologie cérébrale ».
Il s'était adjoint un jeune anatomisle appelé Niklas. Entraîné par ses occupations
médicales» ainsi qiril le rapporte lui-inémo dans la préface de rédilion in 4** de son
grand ouvrage sur les fonctions du système nerveux, Gall laissa trop souvent iXiklas se
livrer seul aux recherches anatomiques.
Enseignée publiquement à Vieune, la doctrine de Gall éveilla des susceplibilitès, et
l'opposition du monde de la cour fut si vive que, le 9 jaiîvier 1802, Gall reçut du gouver-
nement l'ordre de cesser ses leçons. Celte absurde prohibition ne pouvait qu'accroître la
célébrité du jeune médecin viennois; il dt/vint Tapôtre d'une sorte de religion nouvelle:
la 3 avril 18Qo, il ouvrit à Berlin, devant cinq cents auditeurs, un cours de pbrénologie;
il parvînt à passionner Topinion publique; le puéte Kotzkboe composa une comédie, « la
Crânomanie »s qui fut représentée devant (jall lui-même à Berlin; deux médailles furent
frappées en son honneur.
Gall était inroniestablemeut un anatomiste distingué, mais ce n'était point par
d*exactes descriptions qull imprel^sionnait la foule; il donnait à sa théorie craniosco-
pique» dont la base anatomique était fragile, une portée philosophique et pédadogiquo
qui ne pouvait manquer de soulever les discussions les plus passionnées. Il n'y avait rien
de révolutionnaire ni même de bien nouveau dans l'affirmation de rapports entre le
cerveau et la pensée; ces rapports avaient été, depuis des siècles, vaguement entrevus
par les philosophes et par les médecine, par Galikn surtout; mais on s^étail depuis long-
temps habitué à ne pas se préoccuper sufrisaniment de ces rapports et à éludier les phé-
nomènes de la pensée indépendamment du jeu des organes. L'un des mérites de Gall
est d'avoir réaj^i contre celte erreur, d'avoir soutenu que u les manifestations morales
et intellectuelles dépendent de l'organisoie j>, assertion qui suffisait »ans doute à ses
adversaires pour leur permettre de raccuser de « matériaii&me ».
En localisant dans l'encéphale le sièjtJîe u de tous les penchants, de toutes les facultés
Gall se meltail également en opposition avec cette tradition physiologique,jaussi ancienne
qu'erronée, qui plaçait le siège des sentiments dans d'autres viscères et particulièrement
dans te cœur.
Gall prêcha sa doctrine avec une persuasive éloquence dans beaucoup de fiçrandes
villes là Dresde, où^on lui défendit de recevoir les femmes dans son auditoire; à Halle,
où il parvint à recruter d'émiuents partisans, tels que,flEiL et Louer: h léna, où il eut
pour auditeur la duchesse Anne-Marie-Amélie de Saxe-Weimar accompagnée du célèbre
WïBLA?ii>» Au commencement de 18l>6, il est à Copenhague, puis il se rend k Hambourg, à
944 GALL (François-Joseph).
Amslerdam, à Leyde. à Francfort, à Carisruhe, à Heidelberg. où il soutient une contro-
verse avec AcEERM^NN. Au mois d'avril, il est à Munich, le 16 juillet à Zurich ; il arrive
enQn à Paris le 30 octobre 1807, à midi, « pour prouver à ses adversaires qu'il ose y entrer
en plein jour ».
Mettant à profit ses voyages, Gall avait réuni de nombreux documents ; il avait visité
ies écoles, les orphelinats, les prisons, les asiles d'aliénés; il avait assisté aux interroga-
toires judiciaires, poursuivi ses démonstrations sur les condamnés jusqu'au lieu même
de leur exécution, sur les suicidés, sur les hommes de conditions diverses; les collec-
tions anatomiques, les statues et les bustes antiques lui avaient également fourni des
éléments de comparaison qu'il n'avait pas négligés.
Gall était accompagné par Spurzheim; celui-ci avait succédé à Niklas et Ton sait
qu'il ne devait pas tarder à partager la réputation de son maître.
A Paris, Gall organisa un cours public à l'Athénée; il poursuivit ses études d'aua-
lomie et de physiologie ; au lieu de disséquer le cerveau en pratiquant des coupes,
comme on l'avait fait jusque là, Gall et Spurzheim « commencèrent l'examen de chaque
partie par sa première origine » en s'appliquant à suivre les trajets des fibres depuis la
moelle jusque dans les hémisphères. « On ignorait, disent-ils, que les fibres nerveuses
dussent leur origine et leur renforcement à la substance grise, et Ton ne savait, ï>ar
conséquent, d'où partait le commencement du cerveau. » (Art. « Cerveau » du Dict. dea
sciences mécftca/es, 1813, IV, 448.)
Le 14 mars 1808, Gall et Spurzheim présentèrent à l'Institut un mémoire intitulé :
« Recherches sur le système nerveux en général et sur celui du cerveau en particulier. "
La rédaction française avait été revue par Demangeon; l'Institut nomma une commission
composée de Cuvier, Pinel, Portal, Tenon et Sabatier pour examiner ce mémoire tt
pour en rendre compte. Le rapport de Cuvier, absolument défavorable, bien qu'écrit sou^
une forme que Gall qualifia lui-même de « diplomatique », critiquait vivement la théorie
de la localisation des facultés ainsi que la prétention de pouvoir découvrir par l'inspoc-
tion du crâne la valeur et les particularités de l'organisation intellectuelle ou morale
d'un individu. En môme temps, Cuvier faisait de bonne grâce l'éloge des procédés
nouveaux de recherche indiqués par le docteur Gall.
« Celui-ci, dit Pouchet (R. S., xiv, 1035, mai 1875), établit d'abord que la substance
grise est la matrice de la substance blanche et qu'elle est, de plus, le siège des faculté>
essentielles du système nerveux. L'autre substance, la blanche, n'est qu'accessoire,
nullement homogène et formée de fibres ayant une direction déterminée. On savait
cela : Vieussens l'avait indiqué dans sa « Névrologie universelle >» ; mais, si Gall n'a
point l'idée vierge, du moins il sait la féconder. Il montre que cette direction est pré-
cisément la chose importante; il veut la connaître pour se rendre compte des rapports
qui relient les différentes parties de renc('phale où il a parqué les facultés, les aptitude»
et les sentiments divers. »
Les théories « cranioscopiques » avaient été combattues en France dès la première
heure par Laknnec; on ne parlait pas encore, à ce moment, de la o phrénologic ». Le
mot ne vint que plus tard lorsque Spurzheim, renonçante sa collaboration avec Gall, se
rendit en Angleterre pour y propager les nouvelles doctrines; d'après Combe {Traité de
phrcnologit\ 1840, Introduction) la dénomination de « phrénologie » est due au docteur
Thomas Forstkr.
Quoi qu'il en soit, pendant que Spurzheim agissait en Angleterre, à Londres, puis à
Edimbourg, où il fit un gran<l nombre de prosélytes, Gall obtenait à Paris l'aaliésion
de personnalités marquantes et de médecins illustres, comme Broussais, qui professa
même un cours de phrénologie; le 25 septembre 1819, Gall fut naturalisé en France; sa
réputation scientifique s'accrut à tel point qu'en 1821 Geoffroy-Salnt-Hilaibe l'engagea à
poser sa candidature à l'Académie des sciences; mais il n'obtint que la voix de son ami.
Gall mourut à Paris en 1828; sa veuve céda au gouvernement, moyennant une rente do
1200 francs, ces célèbres collections craniologiques «commencées à Vienne à une époque
o où chacun tremblait pour sa tète et craignait qu'après sa mort elle ne fût mise en
réqnisition pour enrichir le cabinet de Gall » (Lettre de M. Cn. Villers h Georges
Cuvier sur une nouvelle théorie du cerveau par le Docteur Gall, Metz, 1802. Citée par
G. Poichet).
CALL (François-Joseph)*
945
I
^KUk^mêmoite de Gall resta yénéréa à Paris où irn monumenl lui fut élevé en 1833,
«ans le cimetière iJu Père-Lachaise*
Gall fut un homme à imagination briiïanle, un novateur convaincu, et un
travailleur méritant; Flouren^ lui a reproché d'avoir exploité la crédulité publique, et il
faut reconnattre que ce jugement sévère n'est pas sans fondement; mais il paraît que
Gall était de bonnfl foi; c'est dans une confiance outrée en lui-même, dans un aveugle-
ment cansé par une ronviction qui s'affirme en maint passage de ses discours et de ses
écrils, qu'il faut chercher rexplicalion de sa oondtiite.
Comme il le dit dans sa lettre à M. de Rktzeh, i»xLL s'était proposé ^ de dt^lerminer
les fonctions du cerveau et celles de ses parties diverses en particufier, d^ prouver que
l'on peut reconnaître différentes dispositions et inclinations parles prcflubérances ou les
dépressions qui se trouvent sur la léte ou sur le cr^ne; et de présenter d'une manière
plus claire les plus importantes vérités et conséquences qui en découlent pour Tart
médical, pour la morale, pour Téducation, pour la législation, et généralement pour la
connaissance plus approfondie de Thonime. >»
Ainsi, dés le début de ses travaux et de sa propagande, Gall se faisait illusion sur la
portée de ses propres découvertes et leur allrihuait une valeur qui devait révolutionner
le monde. L'n homme de science ne se serait pas exprimi^ ainsi; mais Gall n'avait pas le
caractère d'un homme de science. Dans le portrait phréuologique qu'a tracé de lui Fas-
8.\Ti, un de ses iuttrnes et de ses admirateur?, nous ne trouvons pas ta <* bosse » de la
modcâlte, et, parmi les qualités ** développées à un haut degré *> nous reniOnlrons,àcôté
de la fécrétivité, le senlîmenl de la propriété et la fierté; Fossati ajoute que ramour de
rapprobation est absent, et, pour qui connaît la vie de Gall, cela suffirait à faire miHtre
en doute l'exactitude de ce portrait. Le système de Gall et de Spni/iiEiM reposiiît en
réalité moins sur de véritables découvertes anatomiquesque sur une conception nouvelle
des fondions du cervi^an; cetle conception elle-même était basée sur l'observaliou de
nombreux faits, il'ordre physiologique et pathologique, d'où l'imagination féconde des
auteurs de la phrénologîe tirait des inductions qu'ils appliquaient ensuite à Tanatomie.
Gall s'appuyait sur des axiomes : il affirmait que les qualités morales et les facultés
intellectuelles sont innées; que le cerveau eï^t composé d'autant d'organes particuliers
qu'il Y a de penchants, de sentiments, de facultés; que la forme du crAne, qui repèie dam
lapittpnrt lies ca.s la forme du cervfait, suggère des moyens pour découvrir les qualités ou
les facultés fondamentales âfi Tindividu.
Sans doute Gall et Spua/nFJM ont rendu h la pbysiologie des centres nerveux un ines-
timable service en fermant Tère des localisations ventriculaires et en aflirmanl que le
t< subutratum ** des qualités *^t des senti mèuls se trouve dans les circonvolutions céré-
brales; on leur doit le renversement détinitif de beaucoup d'erreurs^ et les discussions
qu'ils ont soulevées ont inconleslableraent servi à rélablissemenl de la physiologie céré-
brale. NVsL-ce point pour mieux combattre les « dot^trines pbrénologiques *» que Flouhkns
a été amené à faire des expérienres décisives sur les fonctions des hémisphères cérébraux?
Mais on doit cependant reconnaître la justesse du jugement que Floirejss portait sur
Gall, en iM2, dans les termes suivants : i< On ne connaît rien de la structure du cerveau,
et on y trace des circonscriptions, de? cercles, des limites, La face extertie du crine ne
représente pas la surface du cerveau, on le sait, et on inscrit sur cette face externe vingt-
sept noms; chacun de ces noms est inscrit dans un p^tit cercle, et chaque petit cercle
répond à une faculté précise. Et il se trouve des gens qui, sous ces noms inscrits par
Gall, s'imaginent qu'il y a autre chose que des jjoms. n
La grande erreur du système de Gall, c'est le mode de division qu'il imagine dans
les facultés; il fait de l'intelligence et des opérations psychiques un classement fictif,
vraiment puériL Lorsque nous reconnaissons aujourd'hui dans le Itlencéphale une
région olfactive, une région acoustique, une région visuelle, etc., noua nous appuyons sur
des expériences et sur des observations positives; mais ces subdivisions modernes des
fonctions du territoire cortical ne correspondent en aucune façon à celles que Gall
avait élablies, et l'on aurait tort d'y voir une confirmation, même indirecte, de sa doc-
trine. Gall constituait sa carte cranioscopique sans autre méthode que sa fanlaisie, t4 il
n'est pas étonnant que ses collaborateurs et ses clives aient remanié cette carie
indéfinimenL Quelle valeur faul-il attribuer à des facultés telles que ce a sens de la
mer. DR ntVbioLOc.^K, — » tomi vi. 60
916 GALLE. — GALLIQUE.
circonspection » qui formerait la base du caractère de certains médecins et qui serait
aussi très développé chez les serpents? Si Gall s'était basé sur la physiologie du cerveau,
sur de patientes dissections et non sur Taspect extérieur du crâne, il aurait compris Tina-
nité de celte classification des facultés mentales dont il a eu le tort de faire la clef de
voùle de son système.
Nous avons dit qu'à notre avis Gall n'avait pas le caractère d'un homme de science;
celte appréciation se confirme quand on voit avec quelle légèreté il considérait comme
valables des renseignements qui n'avaient aucune portée, même documentaire : les
bustes de Moïse et d'HoMÈRE sont, aux yeux de Gall, des images fidèles de ces grands
hommes. EnHn, Gall a commis la faute de soumettre à un public incompétent des pro-
blèmes que celui-ci ne pouvait pas juger. On doit regretter qu'il n'ait pas mis à profit
pour lui-même le conseil qu'il donnait aux autres, en disant : « Quiconque a une trop
haute idée de la force et de la justesse de ses raisonnements pour se croire obligé de les
soumettre à une expérience mille et mille fois répétée, ne perfectionnera jamais la
physiologie du cerveau. » On trouvera un compte rendu détaillé de la doctrine de Gall
et deSruRZHEiM sur les localisations cérébrales à l'art. Cerveau, ii, 611, de ce dictionnaire.
Bibliographie. — 1791. — Philosophische mcdizinische Untersuchungen ùbcr Satur
Knd Kuniit im kranken und ifesundcn '/Mslandc des Mcnschen, in-8".
1708. — Lettre an baron Joseph François de Rctzer {Nouveau Mercure allemand, m,
2*^ livr., et Journal de la Soc. phrènolog, de Paris, m, 1835, 16].
1807. — Cranolof/ie ou découvertes nouvelles, concernant le cerveau, le crâne et les
oryanes itrad, de l'allemand), in-8<>, Paris, NrcoLLK.
1808. — Discours d'ouverture à la première séance du cours public sur la physiolwjie du
cerveau (lo juin 1808), in-8".
1808. — liecherches sur le syslt^me nerveux en général et sur celui du cerveau en parti-
culier (on collab. avec Spirzheim).
181*2. — Des dispositions innées de l'ilnie et de Cesprit du matérialisme, du fatalisme et
de la liberté morale, avec des réflexiom surVéducation et sur la législation criminrlU\ in-8".
1813. — Article <* Cerveau » du dictionnaire des sciences médicales. Cet article, rédigé
par Gall et Si'urzheim, conlient un résumé complet de leurs travaux anatomiqucN.
Notices dans la Hevue européenne.
i8l()-l811>. — Anatomie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en
particulier. Avec des obsei^vations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intel-
lectuelles et morales de l'homme et des animaux par la configuration de leur tête (en collab.
avec Spurzheim), 4 vol. in-i^ avec allas de 100 planches.
1822-182!). — Sur les fonctions du cerveau et sur celles de chacune de ses parties avec
des observations sur la possibilité de reconnaître les instincts, les penchants, les talents, ou
les dispositions morales et intellectuelles d^'s hommes et des animaux par la configuration de
leurs cerveaux et de leurs têtes, 6 vol. in-8^
P. HÉGER.
GALLE (noix de) (v. Tanin)
GALLIQUE (acide) : G" U^ 0' + 11-0.— Acide qui existe dans les plantes, soit
*\ l'étal de liberté, soit à la suite du dédoublement du tanin (V. Tanin). 11 se combina aux
bases pour former des gallates neutres. On le prépare, soit en faisant l'extraction directe
des plantes, soit en décomposant le tanin par l'acide sulfurique. ChaufTé à 200", il donne
de l'acide carbonique et de l'acide pyrogallique. Sa combinaison avec le brome, décou.
verte par Grimaux, fournit un corps cristallisable,racide dibromogallique, ou gallobromol
(G" H* Br- 0\i,dont H. Léimne a fait une étude physiologique et théra[>eutique que nous
devons indiquer ici [Sem. méd., 1893, 313-314).
La dose toxique par ingestion stomacale paraît t^tre d'environ 0«%.H par kilogramme.
Encore ce chiffre est-il plutôt un peu fort. Il paraîtrait que le gallobromol, à la dos** d»»
2 à 3 grammes quotidiennement administrés à des malades en état de surexcitation
nerveuse, est un calmant qui ressemble au bromure de potassium, mais sans qu'il ail
les fâtUeux effets déprimants de ce sel.
Quand on le donne à trop forte dose, on voit survenir des troubles respiratoires;
Turine est noire, comme dans les cas d'intoxication phénylique.
CALVANI.
H 17
^
GALVANI (Luigri)i fondaleurde rétectro-phystologie, natjuil à Bologne, le
9 septembre 1737. Il apparfenaît à une famille dont plusieurs membres sV-laient iUuslrés
dari< ïa Ihéolo^ie et la jiirispnjdeaff3, ALinsnT, dans son • l!llo^r^ de Cialv\.m >i, rapporte
que diins un moment de fervnur il voulut prendre rhi4l)it religieux, n»ais que, ses parents
Tayunt détourné de ce projet, il résolut d*ètudier la médecine. En 170:!, it «soutint arec
dislinclion, à l'Université ^U^ Bolo^i^ne, une thèse sur la nature et hi formation des os.
Honoré de l'aïuitié de ses maîtres, admis dans Tintimilé de llEor\fii,de Tacck.m, de Galu,
€l surtout de Galeazzi* il épousii une (llle de ce dernier, nommée Lucie. Attaché à
rilnivcrsité en qualité de lecteur, il y enseigna fanatomie^ fut élu en t7(K» membre de
rin^iitut des scienceâ de Bologne, devint profeitseur en titre, et se Ot connaître itientôt
par d'intéressantes recherches d'anntomie et de physiologie comparées. Pratiquant la
médecine, la chirurgie et surtout l'obslélnque avec succès, Galva.m trouvait cependant
le temps de poursuivre des travaux scientiliques; il avait la rcpnlalion d'aire très laho-
rieax, très méthodique et de réghn* avec exactitude juf^qu'à ses dèlassemenls; il s'inté-
ressait surtout à la ** physique animale -», Ses pn.'mières découverles se rapportent à la
sécrétion de l'urine chez les oiseaux; il lia les uretères, ilêcrivit leur structure et leurs
mouvements péristalliques; îl étudia ensuite ranalomic de l'oreille; il s'occupait de ce
sujet depuis trois aus déjà lorsque Scaeipa publia ses ohserTations sur la fenêtre ronde.
Ayant cru retrouver dans les écrits de Scarpa la description de certains faits antérieure-
ment énoncés par lui, Galvam renonça à remportante publit^ition qu'il avait projetée
et se contenta de consijLfner dans de courtes notices les résultats de ses recherctiea
personnelles.
Comment Gvlva.ni fut-il amené à la découverte de Télertricité animale? Lui-môme
nous le raconte dans le « commentaire *> publié en 1771 ; Hanam dmecui^ atqne prirpa-
ravi ut in fUjurà ( en coupant ranimai transversalement en deux de manière k laisser les
nerfs lombaires en rapport avec un tronçon de la njoeîle épiniére,, puis en enlevant complè*
lemenl les viscères), eamqiw m tabula, omnia mihi ai h proponens, in qwj ernt machina eleC'
iricn^ collocavi^ ab ejtis vondw:tore penitm sejnnclam atffue kaud brevi intervallo di'isilmn;
dum acnipelU cuf^pidem units ex Us qui mihi operam dt(h*mt, cntralibm hujuë rnnne internis
nervis,,, cai^u vct ieviùT admort'rH.continiw omnes artuum muscnti ità conirahi risi mnt^ uini
vehementiores incidisse tonicas comuhiones viderentur : horttm verçidier, qui nobi^ electrici'
latem fentantibus pntsto eraî^ animadvertcre sibi vii<u> est, rem contingere dùm rx conduC'
tore machinac aciniitla extorqucretuv, Hei tiiiviUitcni ilie admiratus de eddem statim me aliat
omnino moUentem ac mecum ipso cogitantem admonuH. lUc euo inçredibili eum studio, U
cupiditale inccnms idem expcr lundi et qitùd occuUnm in re csset in lucem profercndi, etc.
Sans doute, bien avant Galvam, d'antres expérimentateurs avaient démontré que
Télectricité provoque des secousses musculaires, Cav^ndish et Va,\ Maïium n'avaient pu
faire leur découvertes sans s'en apercevoir, et déjà, le lî> novembre 1756, Caldam avait lu
devant l'Institul de Bologne un mémoire dans lequel tl avait rendu compte d'eipériences
Taites sur des grenouilles. Mais personne jusque-là n'avait essayé de pénétrer le phéno-
mène, comme Galva.ni tentait de ie faire dans cet opuscule de 58 (jages, intitulé de
Viftbus ekftricitiitis in motu musculnri Commetdnriuii (171*2!- Quatre gravures (récemment
reproduites dans le traité d'électro-chimie de VV. Ostwald') initient le lecteur à tous
les dispositifs des expériences; ceîles-ci démontrent avec ta plus grande évidence Tac-
lion <te rélectricité sur les nerfs de différents animaux (grenouille, poulets, montotis).
La première observation de Galvani sur Taction de rélectricité est datée du
ù novembre I7H'>. A partir de ce jour, il expérimenta sans cesse; son attention ayant été
atlii*éesur les phéuotnénes produits par réteclricité atmosphérique, il installa un dispo*
sltif expérimental sur la terrasse du palais Zambeccari; c'est la que le 20 septembre
1786 il lit une seconde observation qui devait, mieux emore que la première, le conduire
à la découverte de l'électricité animale. H la rapporte dans les termes suivants :
u Rtmas itaque oimueto more paralas^ uncino ferreo enntm apinali meduttà perforata
atque appen^ia, septemhris initio, die vespfurascenle, supra parapetto horizontatiter attam-r,
vimus, Uncimis ferream îaminam tttnfjebat; en mottis in rana sponianei rani^ haud infre-
quente$! Si digito undnuius adrersus ferream mperficiem premeretur, quitscentes excitu-
bantw't et toties ferm»^ quoiies hujustnodi pressio adhiberntur. >»
1. Etecktrocheniiéj ihre Gachic/tle und Lehre, Lcipxig, 1896,
948 CALVANI.
Les commentateurs de Galvani, et parmi eux son neveu Giovanni Aldini, ont donné
de nombreuses variantes de cette célèbre expérience : d'après Aldjni le crochet traver-
sant la moelle aurait été de cuivre (œreus) et non de fer, ce qui modifie, on le com-
prend, l'interprétation qu'il convient de proposer à ce phénomène.
Galvan[ transforma son dispositif expérimental de toutes façons ; on ne peut qu*admi-
rer son ingéniosité et sa persévérance; dans un domaine où, un siècle après lui, nous
cherchons encore notre voie, il réalisa toutes les démonstrations essentielles; il vit naître
ces surprenantes contractions musculaires au contact des métaux; il en rechercha la
cause, et parvint, avec une sagacité à laquelle on doit rendre hommage, à distinguer re
qu'il appelait « elettricila de metalli » de « l'électricité animale ». Il obtint, en effet, des
contractions en mettant le nerf et le muscle eu communication l'un avec Taulre par un
arc formé d'un seul métal, comme il les obtenait avec deux métaux. Il arriva ainsi à
se convaincre de l'existence de l'électricité animale, et notamment de ce que Ton a
appelé depuis « le courant propre de la grenouille »>. Après plusieurs années de
patientes recherches, Galvani formula sa théorie; elle se résume dans cette proposition
fondamentale : « Tous les animatuv posséderaient une électricité particulière, répandue
dans toutes les parties de leur corps ; elle serait sécrétée par le cerveau et distribuée par les
nerfs; les réservoirs principaux de Vélectricité animale seraient les muscles, dont chaque
fibre représenterait pour ainsi dire une petite bouteille de Leyde, >»
L'apparition du mémoire de Galvani fit grande sensation dans le monde entier; il
faut reconnaître du reste que ces surprenaiites expériences étaient bien faites pour
éveiller la curiosité de la foule et intriguer les chercheurs; physiciens et physiologistes
s'empressèrent de les répéter et de les interpréter. Valli, Powler, Humboldt, Aldini. se
rangeant à la manière de voir de Galvani, s'attachèrent à défendre l'idée de la circula-
tion électrique; le « fluide » né dans les appareils nerveux et distribué par les conduc-
teurs nerveux à tous les organes aurait engendré les contractions musculaires >< en se
recomposant » ; si l'on produisait des contractions en mettant par un arc conducteur un
nerf et un muscle en communication, c'est parce que « les fluides pouvaient se recom-
poser » par l'intermédiaire de cet arc.
D'autres savants contestèrent cette interprétation; parmi les plus ardents contradic-
teurs de Galvani, se trouvaient Acrehmann, Pfaff et surtout Volta.
Volta était professeur de physique à. Pavie; il s'était déjà signalé, au moment de sa
lutte avec Galvani, par des découvertes importantes, telles que l'électrophore, l'électro-
mètre condensateur, l'eudiomètre; Volta avait commencé par adopter les vues de Gal-
vani sur l'origine de l'électricité animale; puis il avait quitté cette voie, attribuant
les phénomènes observés au contact des métaux avec les parties vivantes. En vain Gal-
vani répondait-il que l'on pouvait obtenir des contractions en réunissant nerf et muscle
par un arc formé d'un seul métal; bien plus, que la présence du métal n'était pas indis-
pensable, les résultats étant les mêmes lorsque Von mettait en contact immédiat les nerfs
lombaires et les muscles cruraux; il ne parvint pas à convaincre ses contradicteurs.
Pendaut onze années la discussion se poursuivit; dans une série de mémoires dont
plusieurs sont dédiés à Spallanzani, Galvani s'efforce de répondre aux objections de
Volta et aux questions dont on l'accable de toutes parts; il varie ses expériences, il
poursuit avec ténacité, et souvent avec une admirable patience, la série des arguments qui
lui paraissent justifier sa théorie, il complète ses premiers travaux et s'efforce même
d'appliquer ses découvertes à la pathologie; c'est ainsi qu'il explique par Tinfluenee de
l'électricité la production des paralysies, des tétanos et des convulsions; il attribue
l'épilepsie au transport violent de l'électricité vers le cerveau et conseille de faire une
ligature autour des membres pour arrrêter ce transport. Comme d'autres l'avaient fait
avant lui, il propose de traiter diverses maladies par l'électricité et particulièrement par
le bain électrique.
La polémique de Volta et de Galvani est d'autant plus intéressante à suivre qu'elle
permet de voir naître et grandir, en s'alimentant sans cesse de faits nouveaux, la
théorie de la pile; incontestablement les travaux de Galvani exercèrent la plus grande
influence sur l'esprit de Volta, et préparèrent la découverte qui a immortalisé le nom du
physicien de Pavie.
Si la physiologie ne peut pas oublier que l'invention de la pile musculaire, due à
GALVANI,
»4i^
^
Calvâni, il précédé de dix ans la conslruction de la pile de V'olta, peu de personnes
<*.epcniîant se rangèrent à Tavis d^ÂLDiNi déclarant que la découverte de Volta ne fais^iit
i|ue conlirnier la théorie de Galvani *, Dt-jà, pendant les dernières années de sa vie, lo
ifliysiologiste de Bologne put prévoir le triomphe de son adversaire. A vrai dire, il
a^était rien inoinB qii^'un triomphateur : c'était un laborieux, un persévérant, dont ta
modestie égalait la ténacité; c'était aussi» et par-dessus tout, un homme de cœur dont les
sentiments avaietit d'exquises délicatesses. De tels hommes sont enclins à la niélancoliei
stiHoul lorsqu'ils se trouvent en hutte àlacoutradit tion, La vie de Galvani avait d'ailleurs
été assombrie par d*autres causes; eu 1796, il avait perdu sa femme, cette fidèle Lucie
dont lui-même a poétisé le souvenir-; plus tard, la République cisalpine ayant
exigé de tous les professeurs de Bologne un serment d'ohéissance, Galva.ni refusa de le
prêter et préféra sacrifier sa situation. Par égard pour les senices qu'il avait rendus, la
frouvernement s'oiïrit d le dispenser du serment et lui proposa sa réintégration; mais
Galvani, refusant toute faveur, se retira auprès de son frère* Ses dernières années furent
attristées par une maladie gastrique localisée au pylore. Lorsqu'il mourut^ le 4 décembre
1798, rilalie entière fut plontrée dans le deuil; ses concitoyens lui élevèrent une
statue.
Après la mort de Galvvm, les controverses continuèrent entre les partisans du <• Gal-
vanisme >' et les disciples de Volta. Les découvertes du savant de Bologne furent sou-
vent dépréciées ou considérées comme accessoires, alors qu'en réalité ses vues, malgré
d'inévitables erreurs, étaient pénétranles et justes.
On trouvera dans le livre de E. Du ïiois-I\EY^oyit [Untersuchungen ûber thierUche Elec-
trîcitdt, 1848, p. 31 à 102) une analyse très détaillée des ipuvres de Galvani,
Bibliographie. — Les œuvres les plus importantes de Galvani ont été publiées par
lui dans les Mémoires de rînslitut dea sciences de Bologne; il existait aussi d'intëressauL'*
manuscrits entre les mains de ses héritiers; ces documents ne parvinrentque tardivement
à la connaissance du public. L*édîlion publiée en 1841, à Bologne» par les soins de
Vinstitui des scimceii, est la plus complète; elle forme un voL in-4* intitulé : Ôperf édita
ci inédite del Profcsaorc Luitji Galvani raccoHe e puhbiiccate per cura delf Academia délit
Science detV îstilnto di Bohgna,
ii janvier 1162. — Disaeitaiione latina supra la fonnaûone del calh ncUc ossa fralie*
28 janvier 1762. — Dmert. iat, supra qH effetti detla rubia inffhiotdta dai polit.
25 février 1*63. — Dmert, Int. sopra i teni, gii ureieri e Vorina dei volatili.
21 février 1765. — Dijîsert, lat. sopra Veffeito delta ritbia presa neifti aiimenti sopra le
ta degli anima li.
14 juin 1765, — Biasert. ht, sopra la tiniura di rubia che contraguona k ossa û le altre
parti del corpo tf mw animale che prendra la rubia in cibo,
20 mars 17GG. ^ DLuertazione latina aopra le vie delVoriwi nei voiafilc,
19 février 1767. — Diasertazione hiUna sopra é vilU délia membrana piluitaria,
5 mai 1768, — Disse rtazione latina sopra i'organo del udilo negli occelti.
23 février 1769. — MiUne sttjet, negli volât ili,
9 novembre n*>9, — Même aujet, dei quadrupedi, volatili et del'lîomo,
2lfévnerl771. — }féme fittjet, dei volatili,
9 avril 1772, — [Hssertuzione latina »opra Virritabilita Ualleriana.
22 avril 1773. — DU$ertazione latina sopra il m^tù musculare osseï-vnto da lui apecial-
mente nelle rane.
20 jatïvier 1774. — Disserlazione latina sopra tazione del opio nei nenn âella rane,
6 avril 1775. — Dissertazione laiimt sopra varie scoperte sue c del Boit, Searpa sulla
structura deWorecchio.
25 avril 1776. — Dissertazione talina sulforgano delfudito.
3 avril 1777. — Dissertazione latina su varie sue euperienze inîùmo allô moto del
cuore,
23 avril 1778* — Dissertazione latina su la maniera di fermare il moto del cuore negli
animali a sanguc freddo medianîe la spinal midoUa,
t. Jban Aldini* Essai théorique et expé.rimental sur le galvanisme. Paria, 1804» 2 vol., 11^ 135.
2. On trouvera dans Téloge hisiorique de Galvani, p*r d'ALiBEaT^ le teite dea vers cotnpoféJ
par le professeur de Bologne.
950 GALVANI.
24 mars i779. — Dissertazione latina sopra una cataratte artiflciaïe è sopra anche la
morbosa,
2 mars 1780. — Disserlazione latina sopra Vinflusso deW elettricita nel moto muscolare,
8 mars 178i. — Dissertazione latina sopra le cataratte,
18 avril 1782. — Dissertazione latina sull'uso aei quattro ossetti del timpano.
2 mai 1783. — Dissertazione latina su de principii volatili cavati insieme coW aria fis^a
(la varie parti solide, e fluide di varii animali,
27 novembre 1783. — Dissertazione latina sopra Varia infiammabile délie parti animali.
13 janvier 1785. — Dissertazione latina su Varia del ventricolœ degli intestini.
6 avril 1786. — Dissertazione latina sopra Vanalogia delV electrico fuoco alla fiamma,
21 février 1787. — Dissertazione latina sopra Varia di diverse qualita che si trove nelfe
varie parti del canal intestinale degli animali.
27 mars 1788. — Dissertazione latina sopra le vicende délia bile mescolata a varie specie
d'arie.
30 avril 1789. — Dissertazione latina sopra V elettricita animale,
5 novembre i 789. — Dissertazione latina soprà le acque Porretane.
2 mai 1791. — Dissertazione latina sopra V elettricita animale.
1er mars 1792. — Dissertazione latina sut V elettricita animale in conferma e ampliazione
délie cose da lui sopra questo afgomento.
18 avril 1793. — Dissertazione latina responsiva ad alcune difflcolta masse contre C elet-
tricita animale.
10 avril 1794. — Dissert, latina sopra una materia effervescente cogli aridi da lui trovala
in una parte délie vertèbre délie rane e nel labirintho del oi*ecchio d'alcuni animali.
26 mars 1795. — Dissert, latina sopra la torpedine specialmcnte rapporta aU'elettricUa
propria di questo pesce.
29 avril 1797. — Dissert, latina sopra Vazione délie mefiti nel corpo animale.
19 avril 1798. — Dissert, sopra Vazione delVopio per rispetto aile conlrazioni muscolari.
P. HËGER.
TABLE DES MATIÈRES
DU SIXIÈME VOLUME
rages.
1
. 29
29
. 2!3
. 237
. 269
305
313
Faim Bardier . .
Farine (V. AlimcDls et Pain). . . .
Fatigue J. Joteyko.
Fèces J. NicLoux .
Fécondation E. Rbttkrer
Fer : Physiologie. . . A. Dastre..
Pharmacodynamie :
Thérapeutique ... A. Chasse va NT.
Fermentation : Fer -
ments A. Perret. . .
Ferricyanures (V. Cyanures) 410
Ferrocyanures (V. Cyanures) 410
Feuilles (V. Chlorophylle et Respiration). 410
Fibrine L. Frbdericq. . 410
Fibrinogène ..... L. F'rkuericq. . 421
Fibroïnc 422
FiéTre P. Lanolois . . 423
Filicique (Acide) 481
Fisciquc (Acide) 481
Fisétine 481
Floraison H. Coupin ... 481
Flourens P. Hêoer ... 483
Fluorescence (V. Lumière) 488
Fluor : Fluorures. . . Ch. Richet. . . 488
Fœtus Wertueimbr. . 498
Foie 634
Fonctions on général. Historique. . . 634
Évolution anatomique. Poids 638
Composition chimique. Innervation. . 648
Opothérapie. Action sur les matières
albuminoïdes. Fonction adipogène.
Température
Formation de l'urcc. Ligature de la
veine porte et des canaux biliaires.
Ch. Richet. . . .
Fonction biliaire (V. Bile)
Fonction glycogénique (V. Glycogcne).
Fonction hématopoïétique (V. Sanp\
661
685
718
718
718
Roobr 732
746
Fonction ferralique (V. Fer} 718
Pages.
Régénération et Ci-
catrisation. . . . Sabrazks. ... 718
Action protectrice.
Physiologie pa-
thologique et pa-
thologie
Circulation hépa -
tique Wbrtheimbr
Physiologie compa-
rée Dastre 768
Sommaire 812
Foagine A. Perret ... 812
Formaldéhyde .... A. Perret ... 813
Formol P. Lanolois . . 832
Fosler (Sir Michael) 839
Fourmillement (V. Sensibilité) 839
Fragarine : Fragarianine 839
François Franck. (Ch. A.) 840
Franguline 843
Fraxétine 843
Fredericq (L.) 843
Frisson Ch. Richet. . . 845
Froid (V. Chaleur) 852
Fructification H. Coupin . . . 852
Fucose 859
Fulguration. ..... Battelli. . . . 859
Fumarine 902
Fano (G.) 902
Gadinine 905
Gaïac (Résine de) . . . A. Perret . . . 905
Gaiacol Ch. Richet. . . 906
Galactane : Galactose. E. Bourquelot . 914
Galien P. Héoer. ... 928
Gall(Fr.J.) P. Héoer. . . . 943
Galle (V. Tanin) 946
Gallique (Acide) 946
Galvani P. Héobk. . . . 946
Table.
951
paris. — TYP. PH. RB.NOUARD, It», R l lî DKK S A I N T S - P KRKK. — 43361
ERRATA
A Tarlicle Électricité animale, il y a une tranposition de Ûgare.
La flg. 185 de la page 327 doit se trouver page 354 après la 17® ligne après la phrase :
La fig. 185 indique la manière dont se fait cette expérience.
Page 338, ligne 14 (d'en bas), au lieu de très, lire plus.
A l'article Électricité végétale, page 384, ligne 4, au lieu de externe, lire interne.
A Tarticle Electrotonus il y a une omission et une transposition des figures. La
figure suivante
dqit remplacer la
flg. 204. Ce qui est
dit page 411 de la
flg. 204 se rap-
porte à la flgure
omise et représen-
tée ici. La flg. 204
doit se trouver à
la page 416 entre
les lignes 40 et 41.
Quant à la flg. 203,
elle fait partie du texte de la page 417 (lignes 24 à 32), où elle se trouve.
Page 411, ligne 7 (d'en bas), au lieu de a, lire k; au lieu de k^ lire a.
Page 411, ligne 3 (d'en bas), au lieu de cathode, lire anode.
Page 4H, ligne 2 (d'en bas), au lieu de l'anode, lire la cathode.
Page 410, ligue 17 (d'en bas), au lieu de !£05, lire 204,
Page 417, ligne 2i, après le mot supposons, lire (fig. 203),
y