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Full text of "Dictionnaire de physiologie"

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DICTIONNAIRE 


DE 


PHYSIOLOGIE 


TOME    IX 


DICTIONNAIRE 


DE 


PHYSIOLOGIE 


PAR 


CHARLES    RICHET 

PROKESSKUR    DE     PHYSIOI.OGIR    A     LA    FACULTÉ    DE    MÉDECINB    DE    PARIS 


AVEC     LA     COLLABORATION 


MM.   E.  ABELOUS  (Toulouse)  —  ANDRÉ  (Paris)  —  S.  ARLOING  (Lyon)  —  ATHANASIU   (Bukarost) 
BARDIER      Toulouse)   —    BATTELLI    (Genève)    —    R.    DU    BOIS-REYMOND    (Berlin)    —    G.    BONNIER    (Paris 

F.    BOTTAZZI    (Florence)  —  E.  BOURQUELOT   (Paris)  —  A.  BRANCA  (Paris)  —  ANDRÉ   BROCA  (Paris) 
J.  CARVALLO   (Paris)    —    A.  CHASSEVANT  (Paris)  —   CORIN   (Liège)  —  CYON  (Paris)    —    A.   DASTRE   (Paris) 

R.   DUBOIS  (Lyon)  —  W.  ENGELMANN  (Berlin)  —  G.  FANO  (Florence)  —  X.  FRANCOTTE  (Liège) 

L.   FREDERICQ   (Liège)   —  J.   GAD    (Leipzig)   —   J.    GAUTRELET   (Paris)  -  GELLÉ  (Paris)  —  E.  GLEY  (Paris) 

GOMEZ  OCANA    Madrid)  —  L.  GUINARD  (Lyon)  —  J.-F.  GUYON  (Paris)  —  H.  J.  HAMBURGER   (Groningen) 

M.  HANRIOT  (Paris)  —  HÉDON  (Montpellier)  —  P.  HÉGER  (Bruxelles)  —  F.   HEIM   'Paris) 

P.  HENRIJEAN   (Liège)  —  J.  HÉRICOURT  (Paris)  —  F.    HEYMANS  (Gand)  —  J.    lOTEYKÔ    Bruxelles) 

P.  JANET  (Paris)  —  H.  KRONECKER  (Berne)  —  LAHOUSSE  (Gand)  -  LAMBERT  (Nancy)  —  E.  LAMBLING  (Lille) 

P.  LANGLOIS  (Paris)  —  L.  LAPICQUE  (Paris)  —  LAUNOIS  (Paris)  -  R.  LÉPINE  (Lyon)  —  CH.  LIVON  (Marseille) 

E.  MACÉ  (Nancy)  —  GR.   MANCA  (Padoue)  —  MANOUVRIER  (Paris)  —  MARCHAI  (Paris) 

M.     MENDELSSOHN     (Paris)    —    E.    MEYER    (Nancy)    —    MISLAWSKI    (Kazan)    —   J.-P.    MORAT    (Lyon) 

A.   MOSSO  i^Turin)  —  NEVEU-LEMAIRE  (Lyon)  —  M.  NICLOUX  (Paris)  —  P.  NOLF  (Liège) 

J.-P.  NUEL  iLiège)  —  AUG.  PERRET  (Paris)  —  E.  PFLUGER  (Bonn)  —  A.  PINARD  (Parisi  — F.  PLATEAU  (Gand) 

M.  POMPILIAN  (Paris)  —  G.  POUCHET  (Paris)  —  E.   RETTERER  (Paris)   —  J.  ROUX  (Paris) 

C.  SCHÉPILOFF  (Genève)  —  P.  SÉBILEAU  (Paris)  —  J.  SOURY  (Paris)  —   W.  STIRLING  (Manchester) 

J.  TARCHANOFF  (Pétersbourg)  —  TIGERSTEDT  (Helsingfors)  —  TRIBOULET  (Paris)  —  E.  TROUESSART  (Paris) 

H.  DE  VARIGNY  (Paris)  —  M.  VERWORN  (Bonn)  —  E.  VIDAL   (Paris) 

G.  WEISS  (Paris)  —  E.  WERTHEIMER  (Lille) 


TOME    IX 

I-L 

AVEC  136  GRAVURES  DANS  LE  TEXTE 


PARIS 
LIBRAIRIE    FÉLIX    ALCAN 

108,     BOOLEVAttD     SAINT-GBRMAIN,     108 

1913 

Tous  droits  réservés. 


DICTIONNAIRE 


DK 


PHYSIOLOGIE 


IBOGAINE.  —  Alcaloïde  cristallisé  que  Dybowski  et  Landrin  ont  extrait  en 
1001  de  la  racine  du  Tabenianthe  iboga  (Bâillon).  Cette  racine,  broyée  avec  do  la  chaux, 
abandonne  à  l'éther  un  alcaloïde  qui,  traité  par  les  acides,  donne  des  sels  bien  cristal- 
lisables.  Sa  formule  est  C'-H^'^N'^O-.  Il  est  probable  que  l'ibogaïne  est  identique  à  l'ibo- 
gine  que  Lambert  et  Heckel  ont  extraite  aussi  de  la  même  plante. 

Les  effets  physiologiques  de  cette  substance  se  (rapprochent,  à  certains  égards,  de 
ceux  de  la  cocaïne. 

Chez  le  chien,  à  0,0007S  par  kilogramme,  il  y  a  déjà  une  légère  excitation  psychique, 
comparable  à  celle  de  l'alcool.  A  la  dose  de  0,0013,  on  observe  de  l'incoordination 
motrice,  des  tremblements  et  de  véritables  hallucinations  (Phisalix).  Chez  le  lapin  et  le 
cobaye,  les  effets  sont  plus  marqués  encore  que  sur  le  chien.  L'ibogaïne  est  donc  un 
poison  du  système  nerveux  central,  agissant  d'abord  sur  le  cerveau,  puis  sur  le  bulbe 
et  la  moelle  épinière.  Elle  a  la  propriété  d'élever  la  température  de  1°  à  2"  au-dessus  de 
la  normale,  sans  qu'on  puisse  expliquer  cette  hyperthermie  par  des  contractions  mus- 
culaires plus  intenses.  Quelle  que  soit  la  dose  injectée,  il  n'y  a.  pas  d'action  sur  le  cœur. 
C'est  par  la  paralysie  des  centres  respiratoires,  chez  la  grenouille  comme  chez  les  homéo- 
thermes,  que  la  mort  se  produit  (Phisalixi.  D'après  Lambert,  le  cœur  se  ralentit,  même 
chez  l'animal  atropine,  et  il  y  a  de  l'arythmie  cardiaque.  En  injection  sous-cutanée, 
elle  provoque  de  l'anesthésie  localisée,  et  on  peut,  avec  l'ibogaïne,  comme  avec  la 
cocaïne,  rendre  la  cornée  insensible.  La  dose  mortelle  par  kilogramme  serait  de  0,o  chez 
la  grenouille;  0,075  pour  le  cobaye  et  le  lapin;  0,06  chez  le  chien.  La  pression  artérielle 
augmente  avec  les  doses  faibles;  avec  les  doses  fortes  elle  diminue.  L'injection  intra- 
veineuse est  bien  plus  toxique  que  l'injection  sous-cutanée. 

Bibliographies —  Dybowski  et  Landrin.  Sur  l' iboga,  ses  propriétés  excitantes,  sacom- 
posilion,  et  sur  Valcaloide  nouveau  qu'il  renferme  iC.  H.,  1901 ,  cxxxiii,  748-750).  —  Lambert 
{B.  B.,  1901,  1906).  —  Lambert  et  Heckel  [C.  R.,  1901,  cxxxiii,  1236-1238).  —  Phisalix 
(B.  B.,  1901,  1077-1081).  —  Kuborn  {Centr.  fiir  Bacter.,  1902,  562).  ■ 

IBOGINE.  —  V.  Ibogaïne. 

ICHTALBINE.  —  Combinaison  d'ichtyol  et  d'albumine.  V.  Ichtyol. 

ICHTILEBIDINE.   —  Substance  organique    contenue  dans    l'écaillé   des 
poissons  (Morner,  Z.  p.  C,  1895,  xxiv,  12o"i. 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.  —   TOME   IX.  1 


2  ILLICIUM. 

ICHTYOL.  —  Substance  bitumineuse  qu'on  retire  par  distillation  de  l'huile  de 
schiste  de  Seefeld  (Tyrol).  C'est  un  produit  assez  mal  défini,  bouillant  entre  100"  et255''. 
En  pharmacie  et  en  thérapeutique,  on  prescrit  généralement  le  produit  sulfuré  (acide 
ichlyolsulfurique)  tantôt  sous  forme  d'acide,  tantôt  sous  forme  de  sel  (sel  ammoniacal 
surtout)  [C^-8H36S30«(NH^)-2]. 

On  l'a  employé  sous  la  forme  de  combinaisons  diverses  :  avec  l'aldéhyde  forniique, 
c'est  l'ichtyoforme  :  avec  l'argent,  c'est  l'ichtargane  :  avec  l'albumine,  c'est  Tichtalbine. 

Ingéré  à  l'intérieur,  il  n"est  pas  toxique,  encore  qu'il  provoque,  quoique  rarement, 
des  exanthèmes.  Il  est  éliminé  par  l'urine.  Appliqué  sur  la  peau,  il  agit  comme  analgé- 
sique, mais  surtout  comme  modificateur  de  la  nutrition  cutanée  (Unna),  non  seulement 
par  son  action  vaso-consLrictive,  mais  par  une  sorte  d'influence  spécifique  sur  la  kérati- 
nisation  de  l'épiderme.  Aussi  l'ichtyol  a-t-il  été  recommandé  dans  un  grand  nombre 
d'affections  cutanées. 

Une  autre  action  remarquable  de  l'ichtyol,  c'est  son  action  antiseptique.  De  là 
son  emploi  dans  les  affections  intestinales,  même  dans  la  tuberculose. 

Dans  les  suppurations  externes  et  les  inflammations  des  muqueuses,  il  agit  favora- 
blement. Expérimentalement  on  a  vu  que  l'ichtyol  ralentissait  le  développement  des 
streptocoques  à  la  dose  de  i  pour  4  000  (Fessler),  et  de  1  pour  2  000  (Abel).  Les  germes 
sont  tués  en  vingt-quatre  heui'es  par  des  solutions  à  0,o  p.  100.  Les  staphylocoques  sont 
beaucoup  plus  résistants,  comme  aussi  le  bacille  typique  qui  se  cultive  encore  dans  un 
bouillon  ;i  2  p.  100  d'ichtyol. 

Bibliog^raphie.  —  Abel.  Ueber  die  antiseptische  Kraft  des  Ichtyols  [Centr.  f.  Bact., 
1893,  xiv,  413-422).  —  Ziilcer.  Ueber  dcn  Einflussder  Ichtyolpruparate  auf  den  Stoffivechsel 
{Monatsh.  f.  pract.  DermatoL,  1886,  v,  547-554). 

ICHTULINE.  —  Nucléo-albumine  de  l'œuf  des  poissons.  V.  Vitelline. 

ICHTYOTOXIQUE.  —  Nom  donné  par  A.  Mosso  à  la  substance  toxique 
contenue  dans  le  sang  de  certains  poissons.  {Un  venin  du  sanij  des  Murénides.  A.  i.  B., 
X,  1888,  141-169).  V.  Sang,  Venins. 

ICTÈRE.  -  Y.  Bile. 

ICTROGENE.  —  Substance  dérivée  de  la  lupinose.  V.    Lupinose. 

IGASURINE.  -  V.  strychnine. 

IGASURIQUE  (Acide).  —  V.  Strychnine. 

IGAZOL.  -V.  FormoL 

I LIGI NE.  —  Substance  amère,  précipitant  parle  sous-acétate  de  plomb,  extraite 
des  feuilles  du  houx. 

ILICIQUE  (Alcool).  —  C^2H380.  Extrait  par  Personne  de  la  glu  de  houx  {Ilex 
agidfolium). 

ILICIQUE  (Acide). —  Corps  mal  déterminé,  extrait  de  la  décoction  aqueuse 
des  feuilles  de  houx. 

ILIXANTHINE.  — Substance  colorante  jaune,  extraite  de  la  décoction  des 
feuilles  de  houx. 

ILLICIUM.  —  La  badiane  ou  anis  étoile  {lUicium  nnnisatum),  contient  ime 
essence  qui  ressemble  à  l'essence  d'anis  (Voy.  Essence,  v,  o76).  On  a  signalé  divers  cas 
d'empoisonnement  par  l'anis  étoile  du  Japon  {Illicium  rcligiosum)  qui  contiendrait  une 


IMMUNITE.  3 

substance  convulsivante(AuMArrRE.Jo/o'u.  de  uiciLde  l'Ouest,  1885,  xix,  19.  —  Grim.vlu.  ibid.^ 
14-19).  — Skihatkcki.  Kron.  Ici;.,  1893,  xiv,  l-yi-ioO.  —  X...,  Netc-York  ined.  Journ.,  1901, 
LXXIII,  042.  —  VoGi..  Mltlh.  d.  Wicii.  med.  Doct.  Coll.,  1881,  vu,  107-173). 

I M  M  U  N ITE  ' .  —  On  peut  appeler  immunité  la  propriété  que  possèdent  certains 
orijanismcs  et  certains  tissua  de  réi^istcr  plus  ou  moins  à  l'action  des  poisons  et  des  virus. 
On  voit  alors  tout  de  suite  que  l'immunité  doit  se  manifester  à  tous  les  degrés  :  car 
la  résislanco  des  espèces  animales  diverses,  et  môme  des  divers  individus,  sera  néces- 
sairement 1res  variable.  ** 

L'historique  des  découvertes  relatives  à  l'immunité  contre  les  parasites  et  les 
maladies  parasitaires  a  été  bien  exposé  par  Kollk  {Handb.  der  pathof/enen  Mikroonja- 
nismcn,  etc.,  iv,  408,  1904),  et  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  le  reproduire,  en 
traduction  libre.  «  Le  nom  de  Jenner  restera  éternellement  attaché  à  l'immunisation 
contre  la  variole,  à  la  vaccine.  Pasteur  fut  le  premier  qui  intentionnellement  atténua 
des  cultures  bactériennes,  les  transforma  en  vaccins  et  les  employa  à  immuniser  des 
animaux.  Ces  observations,  ainsi  que  cette  donnée  médicale,  établie  par  l'expérience 
d'innombrables  médecins,  qu'une  maladie  immunise  seulement  contre  elle-même  et 
non  contre  d'autres  maladies,  concordent  absolument  avec  la  brillante  découverte  de 
RoBKRT  KocH,  que  la  spécificité  des  bactéries  pathogènes  est  absolue,  tant  au  point 
de  vue  de  la  culture  de  ces  bactéries  qu'au  point  de  vue  de  la  maladie  qu'elles  pro- 
voquent dans  les  organismes.  Les  autres  grands  progrès  dans  la  connaissance  de  l'im- 
munité sont  dus  à  lloBERT  KocH,  Behring  et  Ehhlich.  Ils  montrèrent  que  l'action  des 
bactt'ries  de  chaque  <'spèce  est  spéciiique  (production  de  tuberculine,  action  de  la  tuber- 
culine  sur  les  localisations  tuberculeuses,  production  d'anticorps  spécifiques  dans  le 
corps).  liEiiRixG,  en  découvrant  les  antitoxines,  a  donné  des  méthodes  générales  pour 
étudier  plus  profondément  la  nature  de  l'immunité.  Ehrligh  a  introduit  des  méthodes 
de  dosage  positives  pour  la  valeur  antitoxique  des  sérums.  La  découverte  des  bacté- 
riolysines  par  Pfeffer,  des  agglutinines 'par  GrOber,  nous  ont  donné  des  moyens  précis 
de  connaître  quelques-uns  des  processus  extraordinairement  compliqués,  par  lesquels 

1.  Il  est  impossible  dans  un  dictionnaire  de  physiologie  de  traiter  cette  question  avec  tous 
les  développements  qu'elle  comporterait  dans  un  traité  de  pathologie  générale,  môme  élémentaire. 
D'autre  part  il  faut  bien  qu'un  résumé,  fût-ce  extrêmement  bref,  soit  donné  ici,  des  faits  qui 
intéressent  plus  spécialement  la  physiologie  générale,  considérés  au  point  de  vue  de  la  iihysio- 
logie  générale. 

La  limite  est  impossible  à  tracer  entre  la  physiologie  et  la  pathologie.  Les  phénomènes  ne  se 
préoccupent  pas  de  savoir, Jquand  ils  apparaissent, "s'ils  rentrent  dans  telle  ou  telle  de  nos  factices 
classifications.  Toute  délimitation  est  terriblement  arbitraire.  Quoi  !  l'immunité  naturelle  serait 
phénomène  normal;  rinnnunité  acquise,  phénomène  pathologique.  La  physiologie  étudierait  le 
pouvoir  antitoxique  du  sang  à  l'état  normal,  et  non  le  pouvoir  antitoxique  du  sang  di's  animaux 
infectés.  Les  toxines  normales  (venins  des  serpents)  seraient  un  chapitre  de  la  physiologie  ;  et  les 
toxines  bactériennes,  un  chapitre  de  pathologie.  Tout  ce  qu'un  peut  ici  tenter  —  et  c'est  là  le  but 
de  cet  article  très  sonmiaire  —  c'est  une  synthèse  des  processus  biologiques  qui  constituent  l'im- 
munité. Mais  le  sujet  est  devenu  tellement  vaste,  les  travaux  si  nombreux,  l'interpréiaiion  si  diffi- 
cile, que  nous  avons  dû  par  avance  nous  résigner  à  être  absolument  incomplet. 

Il  ne  sera  pas  donné 'de  bibliographie  spéci.de  :  chacun  des  sujets  divers  traités  dans  cet  article 
exigerait  une  longue  et  détaillée  bibliographie.  J'ai  simplement  indiqué  les  travaux  qu'il  m'a  ))aru 
utile  de  signaler. 

Comme  travail  d'ensemble  sur  l'immunité,  signalons  avant  tout  l'admirable  livre  de  Metcu.nikokk 
[V  immuni  te  dans  les  malndies  infectieuses.  Paris,  Masson,  1901).  J'y  ai  largement  puisé.  Les 
traités  (le  pathologie  seront  utiles  à  consulter,  et  notamment  le  Précis  de  patholot/le  générale 
de  P.  CuuRMONT  (Doin,  1908)  qui  est  d'une  précision  rare.  Pour  des  études  plus  complètes, 
il  faudra  consulter  surtout  :  pour  les  mémoires,  les  Annales  de  l'instiiul  Pasteur,  depuis  l'ori- 
gine, et  les  liulletins  de  la  Société  de  Biologie  de  Paris;  pour  les  analyses,  le  Bulletin  de  l'Inti- 
litut  Pasteur;  le  Centralblatl  fii.r  Bactériologie  und  Infections-Krunkheiten;  et  Zeitschrift  fier 
Irnmuii,it<it.tfor.schung  und  expérimentale  Thérapie;  pour  les  ouvrages  didactiques,  Uandljuch  der 
pathogenen  Mi/croorganismen,  de  Koli.k  et  \VASSEu.^rA^•^•  (Fischer,  léna,  1902-1901,  n  Handbuch 
der  Techni/c  und  Melhodik  der  Immunitntsforsckung  de  Kraus  et  Li;v.vditi  (Fischei-,  léna,  1907- 
1008,. 

Ou  devra  aussi  cuusulir^r  ilivers  articles  de  ce  dictionnaire,  Actinomycose.  Ferments, 
Hémolyse,  Sang,  Sérothérapie,  Toxines,  Venins,  où  Iden  des  questions,  ici  obaucliées  seule- 
ment, sont  traitées  avec  les  développements  nécessaires. 


4.  IMMUNITE. 

les  organismes  arrivent  à  l'immunité.  Metchnikoff  a  eu  le  grand  mérite  d'établir  le  rôle 
prépondérant  que  jouent  les  cellules,  fixes  ou  migratrices,  dans  l'immunisation.  Enfin 
nous  devons  à  Ehrlich  des  théories  remarquables  sur  l'immunité,  théories  qui  per- 
mettent de  faire  provisoirement  la  synthèse  des  phénomènes.  » 

.  11  faut  diviser  l'iiistoire  de  l'immunité  en  deux  chapitres  bien  distincts;  l'immunité 
naturelle  et  l'immunité  acquise.  De  plus  cette  immunité  peut  s'exercer  tantôt  contre 
les  poisons,  tantôt  contre  les  infections  parasitaires. 

Ce  serait,  semble-t-il,  étendre  le  mol  immunité  au  delà  des  limites  légitimes  que 
de  lui  rapporter  la  résistance  de  certains  animaux  contre  les  actions  vulnérantes 
extérieures;  par  exemple  la  protection  contre  l'électricité  ou  contre  la  chaleur.  On  sait 
que  les  poissons  électriques  présentent  une  véritable  immunité  contre  leur  propre 
décharge  et  contre  toute  excitation  électrique.  De  même  la  résistance  au  froid  ou  à  la 
chaleur  est  très  variable.  Mais  on  n'emploie  pas  le  mot  d'immunité  pour  ces  sortes  de 
protections  de  l'organisme.  Le  sens  du  mot  immunité,  consacré  par  l'usage,  implique 
une  résistance  d'ordre  chimique. 


S   I.   —   IMMUNITÉ    NATURELLE. 

A.  Immunité  naturelle  contre  les  poisons. 

Définitions.  —  Si  nous  prenons  un  poison  quelconque,  et  si  nous  étudions  la  dose 
toxique  nécessaire  pour  tuer  un  kilogramme  d'animal,  nous  trouverons  des  différences 
considérables,  selon  l'animal.  Par  exemple,  la  morphine,  la  cocaïne,  l'atropine,  sont 
toxiques  très  différemment  chez  les  invertébrés,  les  vertébrés,  les  mammifères  et 
l'homme.  Alors  qu'un  déci-milligramme  d'atropine  par  kilogramme  entraîne  la  mort 
d'un  homme,  un  milligramme  par  kilogramme  est  à  peu  près  inoffensif  pour  le  chien, 
comme  à  une  chèvre  uu  centigramme  par  kilogramme,  voire  même  un  décigramme; 
de  sorte  qu'on  aurait  le  droit  de  parler  de  la  grande  immunité  des  chèvres,  et  de  la 
relative  immunité  des  chiens  à  l'atropine.  Le  chloraiose  est  dix  fois  plus  toxique  pour 
le  chat  que  pour  le  chien.  Donc  le  chira  est  doté  d'une  certaine  immunité  contre  le 
chloraiose. 

La  dose  de  cocaïne  qui  détermine  les  convulsions  est  très  variable  suivant  l'espèce 
animale.  J'ai  trouvé  que  cette  dose,  voisine  d'ailleurs  de  la  dose  mortelle,  est  par  kilo- 
gramme d'animal  : 

Lapin 0,18 

Cobaye.   .    .   .  0,07 

Pigeon.   .   .    .  0,06 

Chien 0,02 

Singe 0,012 

Il  m'a  pai'u  qu'on  pouvait  chercher  une  relation  entre  ces  variations  de  toxicité  et 
les  variations  du  poids  cérébral,  par  rapport  à  la  masse  du  corps  : 

Poids  du  cerveau 
pour  1  kil.  de  poids  vif. 

Lapin 4 

Cobaye 7 

Pigeon 8 

Chien 9 

Singe.    ,,.    .    .     18 

Tout  se  passe  donc  comme  si  l'animal  était  d'autant  plus  sensible  à  la  cocaïne  que 
son  poids  cérébral  (relatif)  est  plus  élevé. 

L'immunité,  étant  un  phénomène  tout  relatif,  signifie  donc  uniquement  une  moindre 
vulnérabilité  aux  poisons.  Or,  dans  certains  cas  nous  pouvons  parfaitement  expliquer  la 
différence  de  vulnérabihté  des  animaux  différents,  et  cela  est  intéressant;  car  on  peut 
espérer  trouver  ainsi  une  explication  adéquate  de  l'immunité. 


IMMUNITE.  0 

Ainsi  l'oxyde  de  carbone,  qui  esl  toxitiue  à  la  dose  de  i  p.  :{  000  pour  l'oiseau  et  les 
vertébrés,  est  absolument  inolTensif  pour  les  invertébrés.  On  a  vu  des  limaçons  et  des 
écrevisses  vivre  dans  l'oxyde  de  carbone.  Pour  les  plantes,  l'oxyde  de  rarbone  n'est 
nullement  toxique.  On  peut  donc  dire  que  les  invertébrés  et  les  végétaux  ont  une  immu- 
nité presque  absolue  contre  l'oxyde  de  earbone.  Or  nous  connaissons  suffisamment  les 
propriétés  de  l'oxyde  de  carbone  pour  <|ue  le  fait  s'explique  tout  de  suitn.  L'oxyde  de 
carbone  tue  par  son  action  sur  les  globules  du  sang,  et  spécialement  sur  rhémoglol)ine 
des  globules.  Donc  les  animaux  qui  ne  possèdent  ni  globules  rouges  ni  hémoglobine 
ne  seront  pas  intoxiqués  par  l'oxyde  de  carbone.  Ilien  n'est  plus  rationnel  ni  plus 
simple. 

De  même  nous  savons  que  la  strychnine  est  olVensive  par  son  action  sur  les  cellules 
nerveuses.  Il  s'ensuit  que  chez  les  plantes,  dépourvues  de  système  nerveux,  la  strych- 
nine sera  inactive.  De  fait  les  cellules  végétales  ont  uiir  immunité  presque  absolue 
contre  la  strychnine. 

Les  alcaloïdes,  les  sels  de  potassium,  qui  agissent  spécialement  sur  la  cellule  ner- 
veuse, sont  par  cela  même  offensifs  sur  les  animaux  et  inoffensifs  pour  les  végétaux. 
L'immunité  des  végétaux  contre  les  alcaloïdes  est  un  phénomène  lié  à  l'absence  de 
système  nerveux  '. 

De  même  qu'il  y  a  immunité  des  organismes,  il  y  a  immunité  des  tissus.  Les  divers 
tissus  d'un  même  organisme  n'ont  pas  à  l'action  des  poisons  la  même  sensibilité.  La 
dose  de  pilocarpine  qui  va  exciter  les  glandes  salivaires  n'aura  aucun  eifet  sur  la  cellule 
musculaire  ;  on  peut  donc  presque  dire  qu'il  y  a  immunité  des  cellules  musculaires  vis- 
à-vis  de  la  pilocarpine.  Au  contraire  la  vératrine  agit  sur  le  muscle  à  des  doses  qui  sont 
inefficaces  pour  provociucr  quelque  action  sur  les  glandes  salivaires.  Il  y  a  donc  immu- 
nité des  épithéliums  salivaires  contre  la  vératrine. 

Il  me  paraît  utile  d'envisager  la  question  ainsi,  et  sous  cette  forme  élémentaire; 
car  on  pourra  ensuite  aborder  avec  fruit  létude  de  phénomènes  beaucoup  plus  complexes. 
En  définitive  nous  comprendrons  de  la  manière  suivante  le  mot  immunité.  Quand  on 
soumet  un  organisme,  un  organe,  ou  un  tissu,  à  Vaction  d'une  substance  toxique,  la  sensi- 
bilité à  cette  action  peut  être  moindre  que  pour  d'autres  organismes,  d'autres  organes  et 
d'autres  tissus.  Cette  sensibilité  moindre,  à  des  degrés  divers,  c'est  l'immunité. 

Nous  voyons  par  là  que  l'immunité  est  un  phénomène  pour  ainsi  dire  nécessaire.  En 
eflet,  du  moment  que  la  constitution  morphologico-chimique  des  diverses  cellules  n'est 
pas  la  même,  elles  ne  peuvent  être  également  atteintes  par  les  poisons. 

Poisons  universels.  —  Cependant,  comme  il  y  a  dans  toutes  les  cellules,  même 
les  plus  différenciées,  une  certaine  composition  chimique  analogue  (en  albuminoïdes 
et  sels  métalliques)  avec  une  trame  plus  ou  moins  semblable,  il  s'ensuit  que  certains 
poisons,  agissant  sur  les  parties  communes  à  toute  cellule,  doivent  les  trouvei-  à  peu 
près  également  sensibles.  Ainsi  l'éther,  le  chloroforme,  l'iode,  les  sels  de  mercure, 
d'argent,  de  plomb,  de  platine,  le  phénol,  le  sulfure  de  carbone,  sont  toxiques  pour 
toutes  les  cellules  et  tous  les  êtres,  et  il  n'y  a  que  de  faibles  difiérences  dans  la  sensi- 
bilité des  êtres  à  ces  poisons  universels. 

On  remarquera  que  ces  substances  sont  essentiellement  dvîs  antiseptiques.  Et  ce 
n'est  pas  là  une  coïncidence  fortuite.  En  effet,  antiseptique  veut  dire  toxique  pour  les 
microbes,  c'est-à-dire  pour  des  végétaux  unicellulaires  à  organisation  très  simple, 
réduits  au  minimum  de  complexité  organique  compatible  avec  la  vie.  Ils  ont  les  pro- 
priétés générales  communes  à  toutes  les  cellules,  et  n'ont  guère  que  celles-là,  de  sorte 
que  les  poisons  qui  tuent  les  microbes  (antiseptiques)  sont  aussi  des  poisons  qui  doivent 
tuer  les  autres  cellules.  Mais  la  réciproque  n'est  pas  vraie.  Des  poisons  qui  tuent  la 
cellule  nerveuse,  comme  la  strychnine,  comme  certains  virus,  n'ont  aucune  raison  pour 
être  toxiques  aux  cellules  microbiennes,  car  il  y  a  dans  la  cellule  nerveuse  des  éléments 
complexes,  fragiles,  labiles,  qui  font  défaut  dans  les  cellules  microbiennes,  tandis  que 

L  .]'ai  proposé  jadis  d'établir  une  dillérenciatioa  eatre  les  végétaux  et  les  animaux,  selon  que 
les  sels  de  potassium  étaient  plus  ou  moins  toxiques  que  les  sels  de  sodium.  Pour  les  plantes, 
les  "sels  de  sodium  sont  plus  toxiques  que  les  sels  de  potassium.  C'est  l'inverse  chez  les  animaux. 
Je  ne  crois  pas  qu'on  ail  encore  trouvé  d'exception  à  cette  loi. 


f)  IMMUNITE. 

les  éléments  protoplasmiques  des  cellules  microbiennes  se  retrouvent  sans  doute  dans 
toute  cellule,  nerveuse  ou  autre,  quelle  qu'elle  soit. 

Ce  que  nous  disons  des  cellules  peut  s'appliquer  aux  organismes.  Les  organismes 
simples,  qui  ne  connaissent  qu'une  seule  forme  de  cellules,  sont  beaucoup  plus  résis- 
tants que  les  organismes  complexes,  dotés  de  plusieurs  sortes  de  cellules,  et  par  consé- 
quent beaucoup  plus  exposés  aux  actions  toxiques  diverses.  Les  animaux  qui  n'ont  pas 
de  cœur  ne  peuvent  être  intoxiqués  par  les  substances  qui  sont  toxiques  des  cellules 
nerveuses  du  cœur.  Pareillement  les  invertébrés,  dépourvus  de  globules  rouges,  sont 
immunes  contre  l'oxyde  de  carbone,  poison  des  globules  rouges.  Alors,  dans  les  orga- 
nismes, des  différences  de  vulnérabilité  s'établissent,  suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins 
compliqués,  constitués  par  des  cellules  de  plus  en  plus  vulnérables.  La  muscarine  ne 
peut,  à  faible  dose,  être  toxique  que  pour  les  animaux  possédant  un  système  nerveux 
cardiaque.  Les  êtres  dépourvus  de  cœur  seront  donc  immunes  contre  la  muscarine. 

Un  exemple  remarquable  et  très  simple  de  cette  variation  de  résistance  nous  est 
donné  par  la  pbysiologie  comparée  de  l'asphyxie. 

Les  différences  de  résistance  peuvent  porter  soit  sur  les  diverses  cellules  d'un  même 
être,  soit  sur  les  diverses  espèces. 

i°  C'est  une  véritable  immunité  que  la  résistance  de  certaines  cellules  à  la  priva- 
tion d'oxygène.  Que  l'on  asphyxie  un  animal  quelconque,  on  verra  que,  toutes  con- 
ditions de  température  étant  égales,  il  y  aura  mort  par  anoxhémie  des  cellules 
nerveuses,  alors  que  les  autres  cellules,  musculaires,  glandulaires,  osseuses,  vont 
continuer  à  vivre  (Voir  Asphyxie).  On  peut  donc  dire*  que  ces  cellules  résistantes  sont 
immunes.  Cela  est  fort  instructif  au  point  de  vue  de  la  conception  même  de  l'im- 
munité, puisqu'on  pressent  la  cause  de  celte  résistance  plus  grande;  une  moindre 
consommation  (et  par  suite  un  moindre  besoin)  d'oxygène,  itne  vie  chimique  intérieure 
moins  active. 

2»  Entre  les  animaux  on  observe  de  grandes  différences  dans  la  résistance  à  l'asphyxie, 
même  à  égalité  de  température  interne.  Un  des  plus  curieux  exemples  qu'on  puisse 
donner,  c'est  celui  des  vers  intestinaux,  qui  ne  meurent  pas  par  privation  d'oxygène, 
et  qui  cependant,  lorsqu'ils  vivent  dans  l'intestin  des  homéothermes,  ont  même  tempé- 
rature que  l'hôte  dont  ils  sont  parasites.  Le  système  nerveux  d'un  helminthe  ne  meurt 
pas  par  l'absence  d'oxygène.  C'est  donc  une  immunité  complète,  absolue,  qui  contraste 
avec  la  sensibilité  extrême  de  certaines  cellules  nerveuses  de  l'homéotherme,  cellules 
qui  ne  supportent  pas  sans  périr  une  minute  d'asphyxie. 

Il  y  a  donc  une  hiérarchie  de  vulnérabilité  pour  les  organismes.  Tous  sont  tués  par 
les  poisons  universels  :  mais,  outre  ces  poisons  universels,  il  y  a  des  poisons  spécifiques, 
pour  ainsi  dire,  qui  ne  sont  offensifs  que  pour  certains  organes  différenciés,  et  qui  seront 
par  conséquent  innocents  pour  les  animaux  dépourvus  de  ces  organes  différenciés. 

De  l'immunité  individuelle.  —  Dans  les  organismes  très  différenciés,  les  divers 
individus  d'une  même  espèce,  voire  d'une  même  race,  n'ont  pas  tous  exactement  la 
même  conformation  chimico-morphologique;  car  les  dkers  individus  d'une  espèce 
unique  ne  sont  jamais  identiques.  On  appelle  idiosyncrasie  cette  variabilité  d'un  indi- 
vidu à  un  autre  pour  la  sensibilité  aux  poisons,  l'espèce  et  la  race  restant  les  mêmes. 

C'est  encore  de  l'immunité;  mais,  au  lieu  d'être  de  l'immunité  spécifique,  c'est  de 
l'immunité  individuelle. 

Or  il  ne  peut  en  être  autrement.  Dans  une  forêt  aucune  feuille  n'est  identique  aux 
autres.  Chaque  grain  de  sable  d'un  gravier  est  différent  d'un  autre  grain  de  sable.  A  plus 
forte  raison  s'il  s'agit  d'êtres  aussi  complexes  qu'un  chien,  un  cobaye  et  un  homme.  Or 
cette  idiosyncrasie,  quand  elle  se  traduit  par  une  vulnérabilité  moindre,  c'est  une  cer- 
taine dose  d'immunité. 

Cependant,  jusqu'à  présent,  les  physiologistes  et  les  expérimentateurs  ont  étudié 
fort  peu  cette  immunité  individuelle.  Je  citerai  seulement  quelques  exemples  empruntés 
à  mes  recherches  sur  ce  point.  Si  l'on  proportionne  exactement  au  poids  de  l'animal  la 
quantité  de  bichlorure  de  mercure  injecté  dans  ses  veines,  on  voit  que  certains  chiens 
meurent  à  la  dose  de  0'^''",002,  tandis  que  d'autres  ne  meurent  pas  à  la  dose  de  0,0035. 
En  mesurant  la  dose  d'apomorphine  nécessaire  pour  provoquer  le  vomissement,  j'ai 
vu  que  certains  chiens  étaient  plus  réfractaires  que  d'autres.  La  sensibilité  indivi- 


IMMUNITE.  7 

duelle  a  varié  plus  que  du  simple  au  double.  Tel  cliieii  vomissait  toujours  à  la  dose  de 
Off^OOGlQ  par  kil.,  tandis  qu'un  autre  ne  vomissait  qu'à  0,UU0!J7.  {B.  B.,  1905,  955. 
Anapfii/laxie  par  injections  (ï apnmorphine .) 

Même  pour  les  poisons  minéraux  il  y  a  encore  des  difTérences  individuelles  appré- 
ciables. En  injectant  des  sels  métalliques  à  des  tanches,  des  tortues,  des  pigeons,  des 
t;renouilles,  des  cobayes,  des  chiens,  j'ai  vu  que  l'écart  individuel  allait  de  100  à  140: 
autrement  dit,  si  la  tlose  qui  n'est  jamais  mortelle  est  égale  à  100,  il  faut  arriver  à  la 
dose  de  140  pour  avoir  une  dose  t|ui  soit  toujours  mortelle,  chez  tous  les  individus 
expérimenlés. 

Avec  les  zyraases  ou  poisons  animaux,  les  divergences  individuelles  sont  plus  consi- 
dérables encore.  J'ai  extrait  de  Siibcritcs  domuncula  une  albumose  (subérito-conges- 
tine)  dont  les  elïets  sont  très  dillérenls  chez  les  individus  divers.  La  "dose  qui  sur  le 
chien  nesi  jamais  mortelh^  étant  de  100,  il  faut  la  dose  206  |»our  qu'il  y  ait  toujours 
mort.  (De  la  variabilité  de  la  dose  toxique  de  subéritine.  B.  B.,  29  déc.  1906,  686.) 

Ces  divergences  individuelles  ont  été  aussi  observées  par  Ehrlich,  avec  la  ricine 
{Untersuchungen  ùber  Immunitdt.  D.  med.  Woch.,  1891,  n"  32).  Si  l'on  prend  une 
même  préparation  de  ricine  que  l'on  injecte  à  des  souris  blanches,  on  voit  que  la  dose 
toujours  toxique  {certe  efficax)  est  de  1/250.000,  tandis  que  la  dose  quelquefois  mortelle 
[lethalis  miniina)  peut  être  de  1/750.000;  soit  dans  le  rapport  de  1  à  .3;  1  étant  la  dose 
quelquefois  mortelle,  3  la  dose  toujours  mortelle. 

H  me  paraît  qu'il  y  aurait  grand  intérêt  à  établir  cette  zone  d'incertitude  pour  les 
divers  poisons,  zone  due  àdes  difTérences  intimes,  inconnues  encore,  entre  les  individus 
d'une  même  espèce,  et  qui  permettrait  d'établir  pour  les  divers  poisons  et  les  diverses 
espèces  animales  les  limites  extrêmes  de  l'immunité  individuelle. 

Nous  appellerons  donc  immunité  individuelle  cette  différence  dans  la  vulnéra- 
bilité des  individus  d'une  même  espèce  et  d'une  même  race.  Nous  verrons  tout  à  l'heure 
qu'elle  peut  être  modiliée  par  des  réactions  diverses.  Ici  il  n'est  question  que  des  êtres 
normaux. 

De  rimmunité  spécifique.  —  Ainsi  l'immunité  naturelle  individuelle  est  un  phé- 
nomène général,  conséquence  nécessaire  de  la  différenciation  des  divers  individus.  De 
même,  et  à  plus  forte  raison,  l'immunité  naturelle  spécifique  est  la  conséquence  néces- 
saire de  la  différenciation  des  diverses  espèces. 

Assurément,  plus  les  espèces  sont  élevées  dans  l'organisation  biologique,  plus  les 
diversités  de  résistance  sont  marquées.  Mais,  même  chez  les  protistes,  les  monocellu- 
laires, les  microbes,  il  y  a  des  diversités  de  résistance  extraordinaires. 

En  étudiant  l'action  des  antiseptiques,  on  voit  que  tel  poison  minéral  tue  un  microbe 
à  la  dose  de  1,  alors  qu'il  suffit  d'un  centième  de  cette  dose  pour  tuer  un  microbe  d'une 
autre  espèce.  Si  les  microbes  pathogènes  étaient  aussi  résistants  à  l'action  de  la  chaleur, 
de  la  lumière  et  des  poisons  que  sont  résistants  certains  bacilles  (jB.sw6<i/Js,  par  exemple), 
il  y  aurait  partout  des  infections  et  des  maladies. 

Il  serait  très  désirable  que  la  raison  de  ces  différences  spécifiques  pût  être  méthodi- 
quement donnée.  Nous  avons  vu  que  pour  l'oxyde  de  carbone,  inoffensif  aux  inver- 
tébrés, l'explication  est  très  simple.  Mais  cette  explication  logique  et  évidente  est  vrai- 
ment exceptionnelle.  Dans  la  plupart  des  cas  on  ne  voit  pas  pourquoi  cette  variété  de 
résistance.  Comment  comprendre  pourquoi  le  chloralose  tue  un  chat  à  la  dose  de  Os^,iQ 
par  kilogramme  en  ingestion  alimentaire,  tandis  qu'à  la  dose  de  0"'",50  par  kilogratnme, 
il  ne  tue  jamais  les  chiens"?  Pourquoi  la  pilocarpine  se  fixe-t-elle  sur  les  glandes  sali- 
vaires,  la  muscarine  sur  les  cellules  nerveuses  du  cœur,  et  la  phlorizine  sur  l'épithé- 
lium  rénal? 

Notre  chimie  physiologique  est  impuissante  à  expliquer  ces  affinités  des  poisons  pour 
telles  ou  telles  cellules,  et  pourtant  ce  sera  là,  à  n'en  pas  douter,  la  seule  explication 
rationnelle  de  l'immunité. 

Il  va  de  soi  que  nous  supposons  les  conditions  biologiques  extérieures  identiques; 
caron  ne  peut  comparer  des  animaux  que  si  le  milieu  extérieur  esta  peu  près  le  même. 
P.  Bert  a  montré  que  le  protoxyde  d'azote  n'agit  que  lorsque  sa  pression  est  de  0^',760. 
Par  conséquent,  à  la  pression  barométrique  normale,  si  l'on  ne  respire  pas  du  protoxyde 
d'azote  pur,  on  ne  ressentira  aucun  effet  anesthésique  ;  on  sera  immune  contre  le  pro- 


«  IMMUNITE. 

loxyde  d'azote,  tandis  que  le  même  individu,  mis  sous  une  cloche  à  pression  de  deux 
atmosphères,  sera  anesthésié  par  une  même  proportion  de  protoxyde  d'azote.  Son 
îmmunité  aura  disparu.  Tous  les  physiologistes  savent  que,  chez  les  grenouilles  refroidies 
aux  environs  de  0",  les  poisons  n'agissent  presque  plus.  Spallanzanm  avait  déjà  vu  que 
chez  les  hibernants  refroidis  les  poisons  sont  peu  actifs.  Sur  des  chiens  échauffés  ou 
refroidis,  la  dose  convulsivante  de  cocaïne  peut  aller  du  simple  au  double  (Ch.  Richet 
et  P.  Laxglois).  La  durée  de  l'asphyxie  est  variable  avec  la  température.  L'absence 
d'oxygène  arrête  le  cœur  au  bout  de  2  minutes  chez  un  chien  à  40°,  au  bout  de  12  minutes 
chez  un  chien  à  28°  (Ch.  Richet).  Ce  sont  là  des  immunités  passagères  liées  aux 
variables  conditions  du  milieu. 

Or,  même  en  éliminant  toutes  les  causes  connues  de  différenciation,  on  trouve  encore 
des  vulnérabilités  très  différentes,  et  il  faut  se  résigner  à  les  mentionner  ;  car  elles  sont 
peu  explicables.  Pourquoi,  par  exemple,  aux  nouveau-nés,  cette  effrayante  susceptibilité 
vis-à-vis  du  laudanum  et  de  la  morphine? 

Les  zymases,  venins,  poisons  animaux  ou  végétaux,  sont  plus  variables  encore,  dans 
leurs  doses  toxiques,  que  les  poisons  minéraux.  Je  n'en  prendrai  qu'un  exemple  récent. 
M.  Phisalix  Iimminilè  naturelle  des  serpenta  contre  le  venin  des  Batraciens  et  en  particulier 
contre  la  salunuindarine.  C.  II..  29  mars  1909,  cxlviii,  8n7-8o9)  a  donné  le  tableau  sui- 
vant des  doses  toxiques  de  salamandarine  par  kilogramme  d'animal. 


Salamandre  . 

mgr. 

Couleuvre.    . 

.    m 

Crapaud.   ,    .    . 
Grenouille.   .    , 

'M) 

H'M-isson.  .    .    , 
Cohaye.  .    .    . 

7 
2.6 

Chien 

l.S 

Chai 

1,1)7 

On  pourrait  multi|ilier  les  cas  analogues,  et  établir  que  les  poisons  animaux,  ou 
virus,  sont  très  dilTéremment  loxitiues  pour  les  diverses  espèces  animales  (Bonnamour 
et  Thévenot.  Variations  de  résistance  des  lapins  à  l'adrénaline.  B.  B.,  509-511,  1909).  La 
tétanotoxine,  quoique  étant  une  substance  chimiquement  définie,  tue  à  des  doses  encore 
plus  variables.  D'après  Knorr  (cité  par  Eisler  et  Pribram,  Uandb.  der  Technik  und 
Methodik  der  Immunitdtsforschung,  1907,  i,  134),  la  dose  mortelle  pour  1  gramme  de 
cheval  étant  1,  elle  est  de  2  pour  le  cobaye,  de  4  pour  la  chèvre,  de  13  pour  la  souris, 
de  2000  pour  le  lapin  et  de  200,000  pour  la  poule. 

Il  faut  faire  rentrer  dans  ces  cas  d'immunité  naturelle  les  exemples  nombreux,  si 
intéressants,  de  venins  qui  sont  inoffensifs  pour  certaines  espèces,  et  offensifs  pour 
d'autres.  Le  hérisson  n'est  pas  sensible  au  venin  de  la  vipère.  On  prétend  que  l'ours 
n'est  pas  sensible  à  la  piqûre  des  abeilles  (?).  La  vipère  n'est  pas  intoxiquée  par  son 
propre  poison  quand  on  le  lui  injecte  (Voir  Venins).  Les  crustacés  sont,  énormément  plus 
que  les  poissons  et  les  vertébrés,  sensibles  aux  poisons  salivaires  des  céphalopodes 
(Briot,  B.  B.,  1905,  384).  Le  mangouste  [Herpetes  ichneumon)  est  très  peu  sensible  au 
venin  des  serpents.  La  couleuvre  (comme  naturellement  aussi  la  vipère)  résiste  à  l'injec- 
tion de  fortes  doses  de  venin  de  vipère. 

"  Le  hérisson  est  au  point  de  vue  de  l'immunité  un  être  extrêmement  remarquable. 
Quel  que  soit  le  poison  qu'on  lui  injecte,  il  résiste  plus  que  tout  autre  animai.  Oken 
jadis  avait  déjà  observé  le  fait.  Harisacr  a  vu  que  le  hérisson  supporte  une  dose  de 
CAzK  six  fois  plus  forte  qu'un  chat.  D'après  Lewin,  il  résiste  à  l'alcool  beaucoup  plus 
que  le  lapin  et  le  chien.  Horvath  et  Lewi.n  ont  constaté  qu'il  résiste  à  des  doses  de 
cantharidine  sept  fois  plus  fortes  que  celles  qui  tuent  sûrement  un  chien.  (Toute  cette 
bibliographie  d'après  Metchnikoi-f,  loc.  cit.,  354.)  11  est  difficile  en  présence  de  pareils 
faits  de  ne  pas  supposer  chez  le  hérisson  une  vulnérabilité  moindre  du  système  nerveux 
central  que  chez  le  lapin  et  les  autres  mammifères.  De  même,  si  le  canard  résiste 
mieux  à  la  privation  d'oxygène  que  la  plupart  des  autres  oiseaux,  c'est  par  suite  d'une 
moindre  sensibilité  de  son  système  nerveux  à  l'asphyxie.  (Ch.  Richet.) 


IMMUNITE.  9 

Il  est  cependant  probable  que  contre  certains  venins  (venin  de  la  vipère)  auxquels  le 
hérisson  est  40  fois  plus  résistant  (jue  les  autres  animaux,  le  hr-risson  possède  uu  sang 
doué  de  propriétés  immunisantes  (antitoxines).  Cela  a  été  mis  en  évidence  par  Phisalix 
et  Bertua.nd,  immunisant  des  cobayes  en  leur  injectant  du  sang  de  hérisson  cliauffé  à  55°; 
l'antitoxine  n'étant  pas  détruite  par  ce  chauffage.  Mais  rien  ne  nous  autorise  à  dire  que 
la  nature,  pour  assurer  l'immunité  d'un  animal,  n'a  pas  recours  à  des  moyens  divers, 
aussi  bien  la  moindre  fragilité  du  système  nerveux  que  l'existence  d'une  antitoxine 
dans  le  sang.  Loin  de  là.  Tout  nous  fait  penser  que  «  les  chemins  sont  divers,  mais  le  but 
est  le  même  ».  Autrement  dit  encore,  pour  assurer  l'immunité  d'un  animal,  la  nature  a 
employé  plusieurs  variétés  d'immunisation  qui  concourent  au  même  ell'et.  11  ne  faut 
jamais  être  exclusif  dans  l'explication  qu'on  donne  d'un  phénomène. 

La  variation  de  toxicité  des  divers  sérums  injectés  à  des  animaux  divers  est  un  fait 
bien  connu,  et  de  nombreuses  recherches,  trop  nombreuses  pour  pouvoir  être  mention- 
nées ici,  ont  été  faites.  De  même  les  extraits  des  tissus  animaux,  l'urine,  la  bile,  ont  un 
pouvoir  toxique  très  variable  suivant  qu'on  les  injecte  à  tel  ou  tel  animal.  Il  ^st  inutile 
d'insister  sur  ces  données,  qui  sont  aujourd'hui  classiques.  (Voir  Sang,  Urine.) 

Nous  avons  supposé,  dans  tous  ces  cas  d'immunité  naturelle  contre  les  poisons,  que 
les  organismes  étaient  normaux  :  car  il  est  évident  que,  sur  des  organismes  anormaux, 
alîaiblis  par  la  fatigue,  par  le  jeune,  par  une  circulation  imparfaite,  par  une  débilitation 
du  système  nerveux,  la  résistance  sera  variable.  En  thèse  générale,  et  presque  sans 
exception,  la  résistance  aux  poisons  diminue  dès  qu'il  y  a  une  perversion  quelconque 
de  l'état  normal.  Nous  sommes,  quand  la  santé  est  parfaite,  dans  un  état  optimum,  où 
l'immunité  est  maximale.  Tout  changement  dans  cet  état  diminue  sa  résistance.  11  n'y 
a  peut-être  d'exception  que  pour  l'état  de  gestation;  car  dans  certains  cas  les  femelles 
en  gestation  sont  plus  résistantes  aux  poisons.  Encore  pourrait-on  dire  qui'  la  gesta- 
tion n'est  pas  une  anormalité;  et  d'ailleurs  en  lui-même  le  fait  est  contestable,  néces- 
sitant de  nouvelles  recheixhes. 

En  comparant  la  résistance  aux  toxines  des  animaux  normaux  d'une  part,  d'autre 
part  des  animaux  vaccinés  et  antitoxinisés,  on  verra  que  les  animaux  normaux,  quels 
qu'ils  soient,  ont  toujours  un  pouvoir  antitoxique  très  faible.  Les  sérums  antitoxiques 
sont  très  rares  chez  les  animaux  normaux  (Metchinikoi-f,  loc.  cit.,  215).  Vaillant  a  cons- 
taté que  le  sérum  de  poulet  n'a  aucune  action  antitoxique  contre  la  toxine  diftérique, 
alors  que  cependant  le  poulet  est  immune  contre  elle  (1891).  D'après  Kouprl\,\oi-f  (1894) 
le  rat  gris  n'a  aucune  antitoxine  dans  ses  tissus,  encore  qu'il  soit  réfractaire  à  la  dif- 
téi'ie.  La  résistance  des  animaux  aux  poisons  ne  peut  donc  en  général  être  attribuée  à 
la  présence  d'antitoxines.  Il  vaut  mieux  supposer  que  les  cellules  vivantes  ont,  selon 
l'espèce  animale,  des  sensibilités  différentes  aux  toxines,  de  même  qu'à  la  privation 
d'oxygène.  Mais  ne  nous  faisons  pas  d'illusions.  Ce  n'est  pas  là  une  explication  :  c'est 
simplement  la  constatation  d'un  fait. 

Si  l'on  pousse  plus  loin  l'étude  de  cette  immunité  naturelle,  on  voit  que  la  voie  de 
pénétration  du  poison  n'est  pas  indifférente.  D'après  Roux  et  Borrel,  la  toxine  difté- 
rique, à  laquelle  le  rat  est  éminemment  réfractaire  quand  le  poison  est  injecté  dans  le 
péritoine,  peut  tuer  rapidement  ces  mêmes  rats  quand  on  l'injecte  dans  la  substance 
cérébrale,  de  sorte  qu'on  ne  saurait  conclure  ni  que  "les  cellules  nerveuses  sont  réfrac- 
taires  à  la  diftérotoxine,  ni  qu'il  y  a  un  pouvoir  anti toxique  dans  le  sang  des  rats, 
puisque  aussi  bien  l'expérience  a  prouvé  que  cette  antitoxine  n'existe  pas. 

Metch.nikoff  et  d'autres  auteurs  ont  pu  établir  par  des  preuves  très  fortes  que  ce 
sont  sans  doute  les  leucocytes,  qui,  fixant  la  toxine,  empêchent  alors  le  poison  de  par- 
venir jusqu'au  système  nerveux.  Une  belle  expérience  de  Calmette  (cité  parMETCHNiKOFF, 
415)  tend  à  prouver  que  les  leucocytes  ont  une  forte  affinité  pour  les  poisons.  Chez  des 
lapins  qui  ont  reçu  beaucoup  de  sulfate  d'atropine,  et  dont  on  prend  immédiatement  le 
sang,  on  ne  retrouve  presque  plus  d'atropine  dans  le  plasma,  tandis  que  les  leucocytes 
ont  fixé  presque  toute  l'atropine.  Besredka  a  vu  le  même  phénomène  avec  le  trisull'ure 
d'arsenic.  11  est  vrai  que  là  le  phénomène  n'est  pas  tout  à  fait  comparable,  puisque  le 
trisulfure  d'arsenic  est  pulvérulent,  presque  insoluble,  tandis  que  le  sulfate  d'atropine 
est  parfaitement  soluble.  Mais,  même  avec  des  arsénites  solubles  (AsO^K),  l'arsenic  est 
encore  fixé  parles  globules  blancs.  Aussi,  quand  on  injecte  le  sel  dans  le  péritoine,  la 


10  IMMUNITE. 

dose  mortelle  doit  elle  être  cent  fois  plus  forte  que  quand  on  l'injecte  directement  dans 
le  cerveau. 

Il  ne  faut  donc  pas  admettre  sans  réserve  l'hypothèse  exclusive  d'une  résistance  plus 
grande  des  cellules  nerveuses  pour  expliquer  l'immunité  de  certains  animaux  à  cer- 
tains poisons.  Celte  i-ésistance  variable  existe  :  cela  nest  pas  douteux,  mais  l'activité 
lixatrice  des  leucocytes  sur  les  poisons,  toxines,  alcaloïdes,  sels  métalliques,  n'est  pas 
douteuse  non  plus,  et,  comme,  chez  les  différentes  espèces  animales,  cette  activité  fixa- 
trice est  probablement  d'assez  longue  durée,  permettant  une  graduelle  élimination, 
elle  peut  expliquer,  au  moins  partiellement,  les  variations  de  l'immunité. 

Finalement  nous  arrivons  à  une  conception  de  l'immunité  qui  est  assez  simple,  à 
savoir  que  les  diverses  cellules  d'un  même  individu,  ou  les  divers  individus  d'une 
même  espèce,  ou  les  diverses  espèces,  ont  une  résistance  variable  aux  intoxications, 
Quand  la  résistance  est  considérable,  on  dit  qu'ils  sont  Immuues.  Si  dans  certains 
cas,  comme  dans  l'empoisonnement  par  l'oxyde  de  carbone,  une  explication  adéquate 
en  peut  ^tre  donnée,  dans  d'autres  cas,  les  plus  nombreux,  toute  tentative  d'expli- 
cation est  impossible.  On  ne  voit  même  pas  bien  comment  pourrait  être  résolu  le 
problème,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  la  structure  chimique  des 
cellules. 

Outre  cette  variation  de  la  réceptivité  du  système  nerveux  aux  poisons,  il  y  a 
des  variations  dans  lu  constitution  chimique  du  sang,  qiïi  contient  ou  ne  contient  pas 
d'antitoxines,  et  aussi  dans  les  propriétés  fixatrices  du  sang,  qui,  par  ses  leucocytes, 
peut  fixer  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  poison. 

Nous  arrivons  alors  à  une  sorte  de  théorie  mixte,  éclectique,  d'après  laquelle,  sui- 
vant les  poisons  d'abord,  suivant  les  animaux  intoxiqués  ensuite,  il  faudra  attribuer 
plus  ou  moins  d'importance  a)  ei  la  résistance  variable  des  cellules  et  spécialement  des 
cellules  nerveuses,  [3)  à  la  neutralisation  des  toxines  par  les  antitoxines,  y)  à  la  fixation 
des  poisons  par  les  leucocytes  plus  ou  moins  abondants,  plus  ou  moins  actifs. 
B.  Immunité  naturelle  contre  les  infections. 

Nous  retrouverons  les  mêmes  iniluences  en  étudiant  l'immunité  acquise  contre 
les  parasites  et  contre  les  toxines. 

L'immunité  naturelle  contre  les  maladies  parasitaires  existe  chez  les  végétaux  comme 
chez  les  animaux.  L'orobanche  du  lierre  ne  peut  vivre  sur  le  genêt.  Le  gui  ne  se  déve- 
loppe pas  sur  tous  les  arbres,  etc.  L'exemple  le  plus  remarquable  esl  celui  du  Phyl- 
loxeravaiitatrix,  qui  ne  tue  pas  les  vignes  américaines,  et  l'ait  disparaître  les  vignes  fran- 
çaises. On  a  pu  préciser  le  mécanisme  de  cette  immunité,  qui  est  toute  spéciale.  Les 
radicelles  sont  attaquées  par  le  phylloxéra,  qu'il  s'agisse  de  plants  français  ou  de  plants 
américains;  mais  la  vigne  américaine  a  la  propriété  de  pouvoir  pousser  de  nouvelles 
petites  radicelles  qui  suppléent  aux  radicelles  détruites  par  le  phylloxéra. 

L'exemple  est  intéressant,  puisqu'il  nous  montre  une  immunité  naturelle  qui  résulte 
de  propriétés  tout  à  fait  particulières.  Il  est  probable  que  l'immunité  naturelle  des 
divers  êtres  est  due  à  des  causes  très  diverses,  et  qu'on  aurait  le  plus  grand  tort  de  trop 
généraliser  quelques-uns  des  mécanismes  observés. 

Chez  les  animaux  l'immunité  naturelle  contre  les  infections  a  été  étudiée  par  tant 
d'auteurs  que  la  bibliographie  seule  de  la  question  prendrait  plusieurs  pages.  Il  nous 
suffira  d'indiquer  quelques  faits  élémentaires,  ainsi  que  les  hypothèses  principales 
émises  pour  les  expliquer. 

Dans  la  plupart  des  livres  de  pathologie  on  distingue  les  microbes  en  "pathogènes  et 
noji  pa<Ao</É'?;es.  Cette  distinction,  encore  qu'elle  soit  classique,  ne  signifie  rien  d'essentiel 
en  biologie  générale,  ou  du  moins  elle  indique  simplement  ceci  :  que  les  animaux  (et 
l'homme)  sont  immunes  contre  certains  microbes,  et  ne  sont  pas  immunes  contre  les 
autres. 

Autrement  dit,  il  est  des  microbes  qui  végètent  dans  le  sang  et  dans  les  tissus  :  ce 
sont  les  pathogènes,  et  d'autres  qui  ne  peuvent  pas  s'y  développer  :  ce  sont  les  non 
pathogènes.  De  même  que  certains  parasites,  helminthes^  ascarides,  ténias,  ne  peuvent 
évoluer  chez  telle  espèce  animale  (qu'on  dit  alors  immune)  et  se  développent  facilement 
chez  d'autres. 

Il  n'est  pas  besoin  de  s'adresser  aux  organismes  vivants  comme  milieux  de  culture, 


IMMUNITÉ.  H 

pour  constater  cette  différence  dans  le  cioît  des  microbes.  Si  l'on  ensemence  tel  micro- 
organisme dans  un  bouillon  de  culture  mal  préparé,  il  poussera  mal,  ou  ne  poussera 
pas  du  tout.  L'addition  de  diverses  substances  va  modifier  énormément  sa  croissance, 
qu'il  s'agisse  de  sels  métalliques,  de  chaux,  de  peptone,  de  glycérine,  de  gélatine,  etc. 
En  milieu,  ou  acide,  ou  neutre,  ou  alcalin,  le  croît  n'est  pas  identique.  Donc,  pour 
qu'un  microbe  ne  soit  pas  pathogène,  autrement  dit  pour  que  l'animal  soit  immune 
vis-à-vis  du  parasite,  il  suffit  que  le  parasite  ne  trouve  pas  des  conditions  favorables  à 
son  développement. 

De  nombreuses  recherches  à  cet  égard  ont  été  faites  sur  le  Bacillus  anthracis  (hacté- 
ridie  charbonneuse).  Le  mouton,  le  cobaye,  le  lapin,  la  souris  sont  extrêmement  sen- 
sibles à  l'infection,  tandis  que  l'homme  est  assez  résistant.  Les  carnivores  sont  rebelles, 
ainsi  que  les  gallinacés  et  les  reptiles.  Les  espèces,  même  voisines,  ont  une  résistance 
différente.  Chauveau  a  bien  montré  que  les  moutons  algériens  sont  réfractaires  au 
charbon,  tandis  que  les  moulons  français  sont  très  sensibles.  Le  rat  blanc  résiste,  tandis 
que  la  souris  succombe  à  l'injection  de  doses  extrêmement  faibles.  Mais  cette  immunité 
n'est  pas  absolue;  car,  en  variant  les  conditions,  et  notamment  en  injectant  des  doses 
très  fortes,  on  finit  par  triompher  de  l'immunité  naturelle.  D'après  Chauveau,  des  doses 
fortes  de  bactéridie  charbonneuse  tuent  les  moutons  indigènes,  et,  d'après  Toussaint,  le 
chien  et  le  chat,  qui  résistent  à  l'inoculation  sous-cutanée,  ne  résistent  pas  à  l'injec- 
tion intra-veineuse. 

Ce  que  nous  disons  de  la  bactéridie  charbonneuse  peut  se  répéter  pour  presque 
toutes  les  infections.  Mais  surtout  il  faut  bien  se  rendre  compte  de  cette  loi  biolo- 
gique essentielle,  que  les  êtres  vivants  sont  presque  toujours  rebelles  à  l'invasion  par 
des  parasites.  Vimmunité  est  la  règle.  Qu'on  songe  à  l'invraisemblable  quantité  de  bac- 
téries qui  par  l'air  et  les  aliments  pénètrent  dans  notre  organisme,  et  on  sera  forcé 
d'admirer  notre  résistance  à  leur  action.  Presque  toutes  les  espèces  qu'on  trouve  dans 
la  bouche,  l'estomac,  l'intestin,  sont  inoffensives;  car  elles  ne  trouvent  pas  dans  notre 
sang  ou  nos  tissus  un  miHeu  de  culture  favorable. 

Peut-être  après  tout  est-ce  une  question  de  doses.  Si  l'on  injecte  quelques  bactéri- 
dies  charbonneuses  à  une  souris,  elle  meurt  rapidement  par  infection  générale,  et  le 
nombre  des  bactéridies  injectées  n'a  pas  grande  importance.  Au  contraire,  si  l'on 
injecte  du  Bacillus  subtilis,  ou  du  Bacillus  lacticus,  elle  survit.  Mais  qu'adviendrait-il,  si 
on  lui  injectait  des  doses  énormes,  cent  fois,  cent  mille  fois  plus  fortes,  de  B.  subtilis  ou 
de  B.  lacticus?  Il  n'est  pas  certain  qu'elle  en  sortirait  indemne,  et  qu'on  ne  pourrait 
pas  déterminer  l'infection  générale  et  la  mort  par  l'inoculation  d'un  nombre  énorme 
de  parasites.  La  distinction  entre  les  microbes  pathogènes  et  les  microbes  non  patho- 
gènes n'est  peut-être  pas  aussi  tranchée  qu'on  affecte  de  le  croire. 

Mais  on  s'est  peu  attaché  à  cette  étude,  et,  quand  on  parle  de  l'immunité,  on  entend 
par  là  le  plus  souvent  :  résistance  de  certaines  espèces  animales  à  des  microbes  qui  enra^ 
hissent  victorieusement  d'autres  espèces. 

Il  en  résulte  qu'il  y  a  des  microbes  pathogènes  pour  une  espèce  animale,  qui  ne 
sont  pas  pathogènes  pour  une  autre  espèce. 

La  tuberculose  est  très  inégalement  offensive.  La  chèvre,  le  cheval,  l'âne  la  prennent 
difficilement;  le  chien,  avec  une  facilité  plus  grande;  le  cobaye,  le  lapin,  avec  une  faci- 
lité extrême. 

La  syphilis  ne  se  communique  pas  aux  animaux,  qui  sont  à  peu  près  immunes  contre 
elle,  sauf  peut-être  les  singes  anthropoïdes. 

Les  oiseaux  sont  réfractaires  à  la  morve,  ainsi  que  les  bovidés,  tandis  que  les  soli- 
pèdes  la  prennent  facilement.  La  rougeole  et  la  scarlatine  n'atteignent  que  l'homme  et 
non  les  animaux. 

Dans  l'espèce  humaine  les  nègres  sont  réfractaires  à  la  fièvre  jaune  et  à  la  malaria; 
ils  semblent  au  contraire  spécialement  sensibles  à  la  tuberculose. 

Enfin,  il  existe  des  différences  individuelles.  Si,  en  temps  d'épidémie,  certains  indi- 
vidus ne  sont  pas  atteints,  ce  n'est  vraisemblablement  pas  parce  qu'ils  n'ont  pas  été 
infectés,  c'est  parce  qu'ils  sont,  grâce  à  un  mécanisme  quelconque,  inconnu  encore,  en 
état  d'immunité. 

La  cause  de  ces  différentes  immunités  contre  les  microbes  est  beaucoup  plus  obscure 


;i2  IMMUNITE. 

que  lu  cause  des  inimuiiités  contre  les  poisons.  On  peut  pour  les  expliquer  faire  diverses 
hypothèses.  Aucune  n'est  complètement  satisfaisante,  ou  plutôt,  selon  toute  vraisem- 
blance, les  causes  de  l'immunité  ne  sont  pas  identiques  selon  les  diverses  infections  et 
les  diverses  espèces  réceptrices. 

1.  —  Les  humeurs,  et  notamment  le  sang,  constituent,  par  leur  composition 
•chimique,  un  milieu  défavorable  au  croît  des  agents  infectieux. 

Metciinikokk  a  cherché  à  démontrer  par  maints  exemples  que,  dans  la  plupart  des 
cas,  cette  explication  n'était  pas  recevable  {De  l'immunUc,  156  et  siiiv.\  En  effet  le  sang 
de  chien  est  un  bon  milieu  de  culture  pour  la  bactéridie  charbonneuse  (Ann.  de 
l'instftut  Pasteur,  1887,  i,  43)  et  cependant  le  chien  est  à  peu  près  immune  contre  l'ino- 
culation de  cette  bactéridie.  Inversement  le  sang  de  rat  est  très  bactéricide  pour  la 
bactéridie  charbonneuse,  mais  les  rats  sont  facilement  infectés.  Le  sang  de  pigeon  favo- 
rise le  développement  du  bacille  de  l'influenza  (Pkeifi-er),  mais  le  pigeon  est  réfractaire 
à  Tinlluenza.  Le  microbe  de  la  péripneumonie  bovine  se  cultive  dans  les  humeurs  du 
lapin,  qui  est  réfractaire  (Nocard  et  Houx).  Le  spirille  d'OBEiiMKVEit  meurt  très  vite  en 
dehors  des  organismes  vivants,  et  on  ne  peut  le  cultiver.  Malgré  cela  il  végète  admira- 
blement sur  les  organismes  vivants. 

Metchnikoff  conclut  de  ces  faits  à  une  loi  générale,  à  savoir  que  l'imnmnité  natu- 
relle n'est  pas  due  à  la  composition  chimique  bactéricide  des  humeurs,  mais  le  plus 
souvent  à  la  résistance  phagocytaire. 

Que  la  phagocytose  joue  un  grand  rôle  dans  l'immunité  naturelle,  ce  n'est  pas  dou- 
teux. Mais  il  est  diflicile  de  ne  pas  considérer  comme  d'importance  fort  grande  aussi  la 
fonction  bactéricide  des  tissus  et  des  humeurs,  et  peut-être,  plus  encore  i|ue  la  fonction 
bactéricide,  la  composition  chimique  normale  de  ces  tissus  et  de  ces  humeurs,  peu 
favorable  ou  très  favorable,  suivant  les  cas,  au  développement  de  tel  ou  tel  microrga- 
nisme.  Si  l'on  fait  in  vitro  des  cultures  d'un  même  microbe  dans  divers  sérums,  on  voit 
qu'il  ne  végète  pas  également  hien  dans  tous.  De  même,  si  l'on  fait  des  extraits  aqueux 
de  divers  tissus,  ou  si  l'on  prend  diverses  humeurs,  on  constate  de  très  grandes  diffé- 
rences dans  le  développement  des  microbes  cultivés  en  ces  milieux  divers  :  la  bile  de 
poisson,  l'urine  de  chien,  le  lait  de  jument,  le  sang  de  poulet,  le  plasma  musculaire 
de  grenouille,  ne  sont  évidemment  pas  des  milieux  com[)arahles,  et  il  serait  absurde 
de  supposer  que  tous  les  microbes  poussent  également  hien  dans  tous  les  milieux 
organiques.  L'expérience  et  la  théorie  sont  d'accord  pour  établir  que  l'intensité  et 
la  rapidité  du  développement  varient  énormément  suivant  la  nature  des  milieux  de 
culture. 

Le  développement  des  microbes  dans  les  organismes  ne  peut  pas  être  indépendant 
de  la  composition  chimique  de  ces  organismes,  non  pas  seulement  parce  qu'il  y  a  des 
substances  bactéricides,  mais  encore  parce  tju'il  y  manque  certains  éléments  nécessaires 
au  développement  de  ces  microbes. 

Si  donc  il  y  a  des  différences  de  réceptivité  pour  une  infection  chez  les  diverses 
espèces,  c'est  que  la  composition  chimique  des  humeurs,  et  spécialement  du  sang  de  ces 
diverses  espèces,  n'est  pas  la  même.  Cette  conception  de  l'immunité  a  été  le  point  de 
départ  de  la  sérothérapie.  Quoique  mes  recherches  à  ce  sujet  n'aient  plus  maintenant 
qu'un  intérêt  historique  (1888),  il  me  paraît  nécessaire  de  les  rappeler  ici  (Héricourt  et 
Ch.  RiCHET.  De  la  transfusion  péritonéale  et  de  l'immunité  qu'elle  confère.  C.  R.,  5  nov. 
•1888.) 

Guidé  par  les  expériences  de  Chauveau  sur  la  résistance  différente  au  charbon  des 
moutons  indigènes  et  des  moutons  français,  j'avais  pensé  à  injecter  du  sang  de  mouton 
algérien  à  un  mouton  français.  Mais,  ne  pouvant  réaliser  ainsi  cette  expérience,  je  la 
fis  en  injectant  du  sang  de  chien  à  des  lapins.  Avec  Héricourt,  nous  avons  observé  un 
staphylocoque  {St.  pyosepticus)  qui  développe  chez  le  lapin  un  œdème  énorme  et  le  tue 
en  trois  jours  :  chez  le  chien  l'inoculation  ne  provoque  qu'un  abcès  insignifiant.  Eh 
bien!  chez  les  lapins  injectés  avec  du  sang  de  chien,  l'évolution  du  St.  pyosepticus  est 
très  ralentie. 

A  vrai  dire  cette  immunité  —  transmise  par  le  sang  d'un  animal  sain  doué  d'une 
immunité  naturelle  à  un  animal  d'une  autre  espèce,  et  non  doué  d'une  immunité 
naturelle,   —  n'est  jamais  bien  intense.  Toutefois  elle  a   été  trop  négligée   par  les 


IMMUNITE.  13 

divers  expérimentateurs,  qu'ont  éblouis  les  admirables  résultats  que  donne  l'injection 
d'anticorps  pour  développer  l'immunité.  Il  est  des  milliers  de  travaux  entrepris  sur 
l'iminiuiité  des  animaux  vaccinés;  il  en  est  relativement  peu  sur  l'immunité  naturelle 
transmise  par  bématothérapie.  En  faisant  des  greffes  d'organes  (rate,  thyroïde,  pan- 
créas) empruntés  à  des  animaux  iinmunes,  on  arriverait  peut-être  à  communiquer  aux 
animaux  non  immunes,  sinon  l'immunité  totale,  au  moins  une  résistance  plus  grande; 
peut-être  aussi,  en  injectant  méthodiquement  et  fréquemment  de  grandes  quantités  de 
sang  complet. 

Le  oonfert  de  l'immunité  naturelle  par  le  sang  ou  les  organes  d'animaux  naturelle- 
ment immunes  a  été  tenté  pour  la  tuberculose,  sans  grand  succès  d'ailleurs.  Mais 
l'insuccès  s'explique;  car  il  n'est  pas  d'animal  complètement  réfractaire  à  la  tuber- 
culose. Et  quant  au  charbon  (B.  anthracU)  môme  le  chien  n'est  pas  absolument  réfrac- 
taire; il  n'est  que  partiellement  immune,  et  cette  immunité  semble  être  siutout  un  fait 
de  phagocytose  (Hess,  Malon,  Martel,  cités  par  Metchnikoit,  loc.  cit.,  158-159).  Il  fau- 
drait trouver  un  animal  qui  fût  pourvu  d'une  forte  immunité  naturelle,  et  dont  en 
outre  les  tissus  et  les  humeurs  fussent  impropres  au  développement  du  microbe.  L'in- 
jection de  ce  sang  ou  la  greffe  de  ces  tissus  exercerait  peut-être  quelque  influence,  et 
conférerait  quelque  immunité.  Mais  quel  est  le  microrganisme,  pathogène  pour  une 
espèce  animale,  qui  est  complètement  inoffensif  pour  toute  autre  espèce? 

IL  —  La  seconde  hypothèse  pour  expliquer  l'immunité  naturelle  n'est  pas  essentiel- 
lement différente  de  la  première,  malgré  les  apparences.  C'est  l'explication  par  la  pha- 
gocytose, dont  Metch.mkofk,  par  de  mémorables  expériences,  a  établi  presque  toutes 
les  conditions  (V.  Phagocytose). 

Mais,  si  l'on  approfondit  la  nature  essentielle  du  phénomène  de  la  phagocytose,  on 
voit  que  le  rôle  des  phagocytes  ou  des  leucocytes  ne  peut  guère  être  qu'un  r(Me  chi- 
mique :  l'action  des  cellules  sur  les  microrganismes  ne  se  comprend  que  si  l'on 
admet  la  sécrétion,  par  ces  cellules  mêmes,  de  certains  ferments  détruisant  chimique- 
ment le  protoplasma  microbien. 

La  différence  entre  la  théorie  d'une  action  bactéricide  des  humeurs  et  la  théorie 
phagocytaire,  c'est  que,  dans  la  première  hypothèse,  les  humeurs  possèdent,  toutes 
préformées,  les  substances  bactéricides,  tandis  que,  dans  l'hypothèse  de  la  phagocy- 
tose, ces  substances  bactéricides  ne  sont  pas  préformées  ;  elles  sont  sécrétées  par  les 
leucocytes  que  stimule  la  présence  d'un  corps  étranger.  Mais  nous  renvoyons  pour  tous 
les  détails  au  beau  livre  de  Metchnikoff  où  la  question  est  traitée  magistralement  {De 
Vimmunité,  chap.  VI  et  Vil,  130-217).  V.  Phagocytose. 

Des  diverses  conditions  physiologiques  qui  font  varier  l'immunité.  —  Même 
chez  les  espèces  pourvues  d'une  immunité  naturelle  contre  les  microbes,  cette  immunité 
n'est  ni  absolue,  ni  perpétuelle.  On  peut  la  modifier  (c'est-à-dire  presque  toujours  la 
diminuer)  par  des  iniluences  qui  modifient  l'état  normal.  La  poule  qui,  à  sa  tempéra- 
ture normale,  est  réfractaire  au  charbon,  perd  cette  immunité  naturelle  si  elle  est 
refroidie  (Pasteur).  Une  élégante  expérience  de  Bordet  [Ann.  de  VInstUut  Pasteur,  1897, 
XI,  177)  prouve  que  dans  certains  cas  l'immunité  contre  un  microrganisme  diminue  avec 
l'injection  d'un  autre  microrganisme,  parce  que  les  phagocytes  se  portent  sur  ce 
dernier,  et  oublient  pour  ainsi  dire  de  phagocyter  l'autre. 

De  fait  toutes  les  substances  qui  diminuent  l'activité  des  leucocytes  diminuent  aussi 
l'immunité  :  la  morphine  notamment. 

Mais  le  rôle  du  système  nerveux  est  au  moins  aussi  important  que  celui  des  leuco- 
cytes. Chez  les  animaux  surmenés  il  n'y  a  plus  de  résistance  aux  infections.  Ch\rrin  et 
Roger  (cités  par  Marfan,  Tr.  de  path.  génér.,  i,  477)  ont  fatigué  des  rats  et  des  cobayes 
en  les  faisant  tourner  dans  un  cylindre  rotatif.  Chez  ces  individus  surmenés,  les  infec- 
tions, même  légères,  auxquelles  des  individus  normaux  résistaient,  déterminaient  la 
mort.  Le  pouvoir  bactéricide  diminue  par  l'effet  de  la  fatigue  (Cenf).  L'injection  d'acide 
lactique  dans  le  sang  diminue  la  résistance  aux  ferments  figurés.  Le  morphinisme, 
l'alcoolisme,  toutes  les  déchéances  toxiques  rendent  les  êtres  de  plus  en  plus  sensibles 
aux  infections.  L'alcoolisme  fait  le  lit  de  la  tuberculose,  a  dit  Landouzy.  Avec  0,1  par 
kilog.  d'alcool,  Laitinen  (Zeitsch.  fur  Hygiène,  vin,  1907,  139)  a  vu  diminuer  la  résistance 
globulaire,  et  augmenter  la  sensibilité  de  l'organisme  à  la  toxine  diftérique. 


14  IMMUNITÉ. 

L'état  optimum  de  résistance  aux  microbes,  (ju'il  soit  dû  à  une  active  phagocytose 
ou  à  une  forte  tonicité  nerveuse,  s'observe  cliez  les  «Hres  sains,  non  surmenés. 

L'état  moral  joue  aussi  un  rôle  important.  Les  armées  vaincues  sont  décimées  par 
les  maladies,  alors  que  les  armées  victorieuses  sont  beaucoup  moins  atteintes.  Il  est  inU' 
tile  de  multiplier  ces  exemples,  qui  sont  classiques,  et  qu'on  trouvera  dans  tous  les 
ouvraj^es  de  médecine. 

La  température  organique  exerce  évidemment  une  très  grande  intluence.  La  lièvre, 
qui  élève  de  i,  2  ou  3  degrés  la  température  normale,  modifie  la  réceptivité  aux  infec- 
tions. A  priori,  on  pouvait  supposer  que  la  lièvre,  phénomène  naturel,  est  favorable  ù 
la  défense  organique,  mais  les  expériences  nombreuses  entreprises  à  cet  égard  sont 
absolument  contradictoires  (Y.  Fièvre). 

Dans  l'hibernation,  les  phénomènes  sont  complexes  :  car  il  y  a,  en  mémo  temps 
qu'abaissement  thermique  qui  ralentit  l'évolution  infectieuse,  une  tonicité  nerveuse 
diminuée,  ce  qui  favorise  cette  évolution. 

D'ailleurs,  il  faudra  toujours  distinguer  l'/mmu/aYt'  de  fait  et  Vimnmnità  expérimentale. 

L'immunité  de  fait,  c'est  par  exemple  la  résistance  à  la  tuberculose  de  ces  individus 
qui,  sans  devenir  tuberculeux,  ont  cependant  de  nombreux  bacilles  de  Kocii  dans  la 
bouche,  ou  de  ceux  qui,  sans  avoir  de  pneumonie,  ont  des  pneumocoques  virulents  sur 
leurs  muqueuses.  Il  est  probable  que,  par  suite  de  la  résistance  des  épithéliums,  ces 
microbes  infectieux  ne  pénètrent  pas  dans  le  sang.  Pourtant,  quoiqu'ils  ne  soient 
peut  être  pas  immunes  en  réalité,  ils  se  comportent  comme  s'ils  l'étaient  vraiment,  et 
résistent. 

L'immunité  individuelle  e.rperimcntale  est  au  contraire  lieaucoup  plus  rare  :  car 
elle  ne  dépend  pas  des  contingences  de  la  pénétration.  Si  l'on  inocule  des  cobayes 
avec  la  tuberculose,  quand  le  microbe  est  virulent,  et  que  l't'xpérience  est  bien  faite, 
tous  les  animaux  meurent  sans  exception,  et  il  est  probable  que  même  les  individus 
ayant  dans  la  bouche  et  les  voies  digestives  de  nombreux  bacilles  de  Koch  ne  pour- 
raient pas  résister  à  l'inoculalion  sous-cutanée,  el,  à  plus  forte  raison,  intra-veineuse, 
des  bacilles  tuberculeux. 

Conclusions.  —  En  dé'linitive,  des  deux  théories  de  l'immunité  nalurellr,  théorie 
humorale  et  théorie  cellulaire  'phagocytose),  aucune  n'est  probablement  exclusive  de 
l'autre,  et  il  faut  les  considérer  comme  partiellement  vraies  l'une  et  l'autre. 

A.  L'immunité  contre  les  poisons  dépend  essentiellement  de  la  dillérence  de  vulné- 
rabilité des  divers  organismes,  aux  divers  poisons,  et  spécialement  des  cellules  ner- 
veuses lesquelles  sont  toujours,  dans  les  organismes  complexes,  les  éléments  les  plus 
vulnérables. 

On  peut  encore  distinguer  une  immunité  primitive,  qui  est  une  différence  de  sensibi- 
lité aux  poisons  et  une  immunité  secondaire,  due  à  la  destruction  des  poisons  introduits, 
soit  par  les  humeurs  (théorie  humorale),  soit  par  les  phagocytes  (théorie  cellulaire). 

B.  La  résistance  aux  microbes  est  corrélative  de  la  résistance  aux  toxines. 
Aussi  bien  pourrait-on  introduire  dans  l'immunité  trois  phases  successives  : 

1")  Immunité  par  non-pénétration  des  microbes.  C'est  le  cas  des  organismes  qui 
opposent  des  barrières  infranchissables  à  l'envahissement  des  tissus  par  des  microbes. 
Les  épithéliums  de  la  peau,  des  muqueuses  digestive  et  pulmonaire  ne  laissent  guère 
les  microbes  offensifs  pénétrer  dans  le  sang  et  les  tissus. 

2°)  Immunité  par  défaut  de  développement  des  microbes  dans  les  humeurs:  a,  parce 
que  les  humeurs  ont  un  pouvoir  bactéricide  ou  empêchant;  h,  parce  qu'elles  sont 
impropres  à  la  nutrition  des  microbes,  soit  par  l'absence  de  telle  ou  telle  substance 
nécessaire,  soit  surtout  parce  que  les  phagocytes  détruisent  les  microbes  ayant  pénétré. 

3")  Immunité  par  résistance  des  cellules  aux  toxines  microbiennes  :  et  alors  évolu- 
tion du  microbe  qui  produit  des  substances  empêchantes,  ou  détruit  les  substances 
nécessaires,  de  sorte  qu'au  bout  d'un  certain  temps  il  disparaît  de  lui-même,  et  l'orga- 
nisme infecté  n'a  pas  été  atteint  dans  ses  œuvres  vives.  En  effet  les  microbes  tuent  par 
les  toxines  qu'ils  fabriquent,  mais,  en  même  temps  qu'ils  font  des  toxines,  ils  produisent 
des  substances  dites  empêchantes,  qui  s'opposent  à  leur  propre  développement,  de  sorte 
que,  si  les  organismes  résistent  quelque  temps,  alors  les  microbes  se  chargent  eux- 
mêmes  de  se  faire  disparaître.  Un  organisme  pouvant  résister  dix  jours  à  une  toxine 


IMMUNITE.  15 

sécrétée  par  les  microbes  qui  pullulent,  au  bout  de  dix  jours  par  exemple,  n'aura 
plus  rien  à  craindre;  car  les  microbes  auront  produit  des  substances  empêchantes  qui 
paralysent  leur  développement  et  leur  croissance. 

Il  est  probable  que  l'immunité  naturelle  (contre  les  microbes)  dépend,  suivant  les  cas, 
de  ces  trois  conditions  fondamentales,  quelquefois  même  de  ces  trois  conditions  réunies. 

Quelle  que  soit  la  théorie  adoptée,  il  faudra  toujours  reconnaître  au  système  ner- 
veux une  grande  influence;  car  c'est  lui  qui  dirige  la  nutrition  des  tissus  et  leur 
composition  chimique. 

IMMUNITÉ    ACQUISE. 

A.  Immunité  contre  les  poisons.  —  Accoutumance  et  immunité  ne  sont  pas 
synonymes.  L'accoutumance  est  un  des  mécanismes  par  lesquels  s'acquiert  Fimmunité. 
On  peut  donc  dire  qu'il  y  a  immunité  par  le  moyen  de  l'accoutumance. 

De  tout  temps  on  a  observé  qu'il  y  avait  pour  certains  poisons,  par  un  long  usage, 
une  sorte  d'accoutumance.  Le  type  de  ces  poisons  auxquels  l'organisme  s'habitue,  de 
manière  à  acquérir  une  véritable  inuiiunité,  c'est  la  morphine  (V.  Morphine;.  On  peut 
citer  à  oet  égard  des  faits  extraordinaires;  par  exemple  l'histoire  des  iniiividus  qui 
boivent  par  jour  un  litre  de  laudanum,  alors  que  quelques  gouttes  suffisent  pour  tuer 
un  enfant.  La  cocaïne,  l'arsenic  produisent  aussi,  quoique  à  un  moindre  de^vé,  pareille 
accoutumance.  Les  montagnards  du  Tyrol  sont  arsenicophages;  ils  peuvent,  sans  être 
incommodés,  en  ingérer  des  quantités  doubles  ou  triples  de  celles  qui  tueraient  un  indi- 
vidu non  habitué  (V.  Arsenic). 

Le  fait  est  incontestable,  mais  il  est  impossible  d'en  donner  une  explication  tant  soit 
peu  satisfaisante.  En  se  basant  sur  d'autres  faits,  que  nous  résumerons  tout  à  l'heure, 
relatifs  à  l'action  antitoxique  des  humeurs,  on  a  essayé  de  trouver  des  propriétés  anti- 
morphiniques  dans  le  sérum  des  morphinomanes,  ou  anti-alcooliques  dans  le  sérum 
des  alcooliques.  Mais  on  n'a  obtenu  que  des  résultats  contradictoires.  Même,  si  quelque 
chose  se  dégage  de  ces  expériences  confuses,  c'est  qu'il  n'y  a  pas  de  )>ouvoir  anti- 
toxique dans  le  sérum  des  morphinomanes  et  des  alcooliques. 

Immunité  peptonique.  — Avec  lapeptone,  on  a  pu  observer  des  effets  remarquables 
d'immunité.  Il  est  vrai  que  c'est  une  immunité  passagère;  mais  elle  n'en  est  pas  moins 
importante  à  étudier  ;  car  elle  donne  des  notions  utiles  sur  l'immunité  contre  les  poisons 
en  général. 

L'étude  de  l'immunité  contre  la  peptone  ne  porte  que  sur  un  point  spécial,  une 
fonction  toxique  tout  à  fait  particulière  de  la  peptone,  à  savoir  l'action  sur  la  coagula- 
bilité  du  sang.  Albertoni  et  Schmidt-Mulheim  avaient  montré  que  les  injections  intravei- 
neuses de  peptone  rendent  le  sang  incoagulable(18S0).  G.  F.vxo,  reprenant  métiiodique- 
ment  cette  belle  expérience,  a  montré  en  outre  qu'une  injection  faible  de  peptone 
(ou  mieux  de  tryptone)  confère  une  immunité  passagère  contre  une  injection  ultérieure 
de  peptone  (1882).  (On  trouvera  la  bibliographie  complète  dans  le  travail  de  Grosjeax, 
Rec/i.  sur  Vact.  physiolog.  de  la  propeptone  et  de  la  peptone.  Mém.  de  VAc.  roy.  de  Bel- 
gique, avril  1892,  xlvi,  et  Trai».  du  lab.  de  Vhysioloç/ie  de  Liège,  1892,  iv,  .^4;j-83).  Plus 
tard  G.  Lebas  (Rech.  sur  l'immunité  contre  l'action  anticoagulante  des  injections  intravas- 
culaires  de  peptone.  Thèse  de  Paris,  1897)  et  surtout  Gontejean  [Rech.  sur  Va.ction  phy- 
siologique des  injections  de  peptone.  Th.  de  Paris,  1897)  ont  apporté  quelques  données 
intéressantes,  mais  qui  laissent  cependant  subsister  encore  de  nombreuses  incertitudes 
sur  la  cause  même  de  cette  immunité  (V.  Peptone). 

"  Une  forte  injection  de  peptone,  dit  Fano,  si  elle  est  faite  après  une  injection  faible 
et  insuffisante,  n'empêche  pas  la  coagulation...  ce  n'est  que  vingt-quatre  heures  après 
la  première  injection  que  l'animal  est  en  état  de  sentir  l'effet  d'une  seconde  injection 
de  peptone  (non  coagulabiiité  du  sang).  » 

Ainsi  l'animal  qui  a  reçu  de  la  peptone  a  été  placé  dans  un  certain  état  d'immunité 
contre  le  principal  efTet  de  la  peptone. 

Cette  immunité  n'est  probablement  pas  directe.  Coxtejea.n  a  bien  prouvé  que,  si 
l'on  injecte  dans  le  péintoine  de  notables  quantités  de  peptone,  on  confère  encore  l'im- 
munité. D'autre  part,  si  l'animal  a  reçu,  même  en  petite  quantité,  du  sang  de  peptone, 


16  IMMUNITE. 

l'immuiiilt-  Un  est  conférée.  (On  appelle  sant;  de  peplone  le  sant;  d'un  animal  i|iii  a  leçu 
une  injeclion  intraveineuse  de  peplune.)  l.a  tjuanlité  ellicace  de  saiip  de  peplone  peut, 
dans  certains  cas,  Ctre  extrêmement  faible,  même  de  1  centimètre  cube  (Gontejf.an,  loc. 
rit.,  p.  15). 

CoNTEJEAN  conclut  (]ue  l'immunité  temporaire  conférée  par  la  peptone  contre  la  pep- 
tone  est  le  re'sultat  de  la  réaction  de  l'organisme  vis-à-vis  d'une  substance  organique 
étrangère,  autrement  dit,  et  en  adoptant  la  terminologie  contemporaine,  la  formation 
d'un  antivorpsK 

Nous  sommes  donc  amenés  à  ceci  —  ce  qui  n'est  nullement  une  explication  — 
que  l'organisme  réagit  aux  poisons  en  produisant  des  anti-poiaons  qui  neutralisent  les 
effets  des  dits  poisons,  et  par  conséquent  amènent  un  certain  état  d'immunité. 

La  durée  de  cette  immunité  peptonique  est  très  courte.  Exceptioniieilement  elle 
peut  durer  vingt-quatre  beures;  le  plus  souvent  elle  est  de  quelques  beures  à  peine. 
Mais  avec  d'autres  substances  la  durée  est  beaucoup  plus  longue. 

Autres  poisons.  —  Avec  des  poisons  à  noyau  albuminoïdique.  plus  complexes 
encore  que  les  peptones,  on  peut  provoquer  un  certain  état  <rimmiuiité  en  modifiant 
l'état  chimique  du  sang  et  des  humeurs,  en  donnant,  comme  on  disait  auliefois,  des 
antidotes.  Mais  évidemment  ce  mot  d'antidotes  s'applique  à  des  effets  tiop  divers  pour 
comporter  quelque  valeur  scicnfitique. 

Si,  après  ingestion  d'un  poison,  on  administre  une  substance  qui  le  neutralise  chi- 
miquement, ou  bien  qui  en  provoque  l'élimination  (comme  l'émètique  dans  le  cas  de 
champignons  toxiques,  ou  les  sels  de  chaux  dans  l'empoisonnement  par  le  mercure  et 
le  cuivre  il  ne  peut  être  question  d'immunité.  Les  antidotes  et  les  substances  immu- 
nisantes ne  sont  aucunement  comparables.  On  peut  appeler  substance  <inti<loti(pic  la 
substance  qui  agit  après  (jue  le  poison  a  été  administré,  et  substance  immuiiisunle  celle 
qui  atténue  l'effet  du  poison  donné  ultérieurement. 

Il  peut  y  avoir  antagonisme  entre  deux  substances  chimiques,  comme  par  exemple 
entre  l'hyposulfite  de  soude  et  les  composés  cyanés  (Lang,  1895;  Hev.mans,  i897  ,  de  telle 
sorte  que  le  cyanogène  (toxique),  se  combinant  au  soufre,  forme  un  composé  sulfocya- 
nique  relativement  innocent.  Il  s'ensuit  (jue  l'injection  préalable  d'un  thiosulfate 
alcalin  va  neutraliser  l'efTet  toxique  d'un  nilrile  ultérieurement  injecté,  et  va  par  consé- 
quent conférer  une  sorte  d'immunité  contre  le  nitrile.  (Voir  le  travail  récent  d'un 
élève  de  Hkymans,  J.  Melrice.  Hccit.  exp.  sur  le  pouvoir  antitoxique  du  srirnosulfale  de  soude 
vis-à-vis  des  poisons  cijanonénés.  Arch.  intern.  de  pharmacodi/namie  et  de  thérapie,  xvi, 
190G,  469-:-.fG.) 

Soit  le  cyanure  de  sodium  et  le  thiosulfale  de  soude,  lorsqu'on  les  met  en  présence, 
il  se  produit  la  réaction  suivante  : 

NaCAz  +  x-^S'^SOs  =  NaCAzS  +  NaiSG-'. 

c'est-à-dire  que  le  cyanure,  très  toxique,  est  aussitôt  décomposé  et  qu'il  se  forme  deux 
corps  inoffensifs,  ou  à  peu  près,  le  sulfocyanure  et  le  sulfite  de  sodium.  .Vussi  l'adminis- 
tration préalable  du  thiosulfate  de  soude  crée-t-elle  un  véritable  état  d'immunité  contre 
les  composés  cyanés. 

Ce  qui  prouve  qu'il  en  est  ainsi,  c'est  que,  chez  les  animaux  à  sang  froid,  pour  les- 
quels le  sulfocyanure  est  aussi  (oxique  que  le  cyanure,  il  n'y  a  pas  d'immunité  contre 
les  composés  cyanés  par  injection  préalable  de  thiosulfale.  Au  contraire,  chez  les  ani- 
maux à  sang  chaud,  on  peut  injecter  des  doses  considérables  de  poison  cyanique,  si  leur 
sang  est  saturé  de  thiosulfate  sodique. 

Soit  par  exemple  le  nilrile  malonique  (CAz  — CAzH-  —  CÂz)  toxique  sur  le  lapin  à  la 
dose  de  0S',096o  par  kil.  On  peut  injecter  presque  0,055  de  cette  même  substance  sans 
déterminer  la  mort,  si  l'animal  a  ébé  au  préalable  saturé,  c'est-à-dire  immunisé, 
par  une  dose  suffisante  d'hyposulfite.  Sur  le  rat  blanc  immunisé  par  l'hyposulfite  de 
soude,  on  a  pu  donner,  sans  déterminer  la  mort,  une  dose  quatorze  fois  mortelle  de 
nitrile  malonique  (Heymans  et  Masoi.n.  Etude  physiologique  sur  les  dinitriles  normaux. 
Arch.  intern.  de  pharmacodynamie  et  de  thérapie,  1897,  m,  150). 

l.  Le  mol  de  antipeptone  (Kutscher,  Z.  p.  C,  1898,  xxv,  19o-201)  a  un  sens  tout  différent. 


IMMUNITE.  17 

Ces  faits  sont  très  iDtéressanls;  car  ils  établissent  bien  à,  quel  point  l'iinniunilé  est 
dans  certains  cas  un  phénomène  d'ordre  purement  chimique.  Et  pourquoi  en  edet  les 
réactions  qui  se  passent  m  vitro  ne  se  produiraient-elles  pas  i/j  uùo;^  La  seule  différence, 
c'est  que,  peut-être  par  la  rapidité  de  son  action,  le  composé  toxique  cyané  va  se  fixer 
sur  les  cellules  nerveuses  pour  lesquelles  il  a  une  puissante  affinité,  et  les  détruire, 
avant  que  le  corps  chimique  qui  le  décomposera  ait  pu  agir.  De  là  des  divergences 
notables  entre  les  divers  nitriles,  quant  au  pouvoir  de  neutralisation  dont  est  doué  contre 
eux  l'hyposulfite  de  soude.  Il  a  été  d'ailleurs  démontré  par  Heymaxs  :  \°  que,  pour  pro- 
duire un  effet  antitoxique,  il  faut  une  dose  d'Iiyposullite  égale  à  la  dose  moléculaire 
de  nitrite  malonique;  2"  que  cette  dose  sullit;  :i°  que  pour  une  dose  massive  de 
nitrite  malonique  (plus  grande  que  dix  fois  la  dose  mortelle")  la  mort  est  fatale,  quelles 
que  soient  les  quantités  d'hyposulfite  préalablement  injecté;  ce  qui  ne  laisse  pas  que 
d'être  assez  difficile  à  expliquer. 

Quoiqu'il  s'agisse  d'un  effet  absolument  opposé,  on  peut  comparer  à  l'immunité 
que  confèrent  certains  poisons  contre  les  corps  cyanés,  la  sensibilité  plus  grande  que 
provoquent  d'autres  poisons  contre  ces  mêmes  corps  cyanés.  Il  y  a  longtemps  Claude 
Bernard  a  établi  que,  si  l'on  injecte  de  l'émulsine  à  des  animaux  ayant  reçu  de 
l'amygdaline,  le  ferment  émulsine  détermine  la  formation  de  CA.z  aux  dépens  de  l'amyg- 
daline,  et  qu'il  se  produit  des  phénomènes  d'intoxication  cyanhydrique  suraiguë.  Ni 
l'émulsine,  ni  l'amygdaline,  séparément  injectées,  ne  sont  des  poisons;  mais,  lors- 
qu'elles se  trouvent  simultanément  dans  le  sang,  il  se  dégage  de  l'acide  cyanhydrique, 
qui  est  toxique.  Claude  Bernard  comparait  ce  phénomène  à  l'action  du  lactale  de  fer 
sur  le  ferrocyanure  de  potassium  :  ces  deux  corps  ne  réagissent  pas  dans  un  milieu 
alcalin,  mais  ils  donnent  une  coloration  bleue  intense  (en  formant  du  bleu  de  Prusse), 
en  milieu  acide,  dans  les  cellules  périphériques  de  la  muqueuse  stomacale. 

Pour  le  dire  en  passant,  l'état  d'acidité  ou  d'alcalinité  des  humeurs—  et  notamment 
du  sang  —  exerce  une  telle  influence  sur  les  réactions  chimiques  des  substances  toxiques 
vis-à-vis  des  cellules  qu'on  trouverait  sans  doute  des  phénomènes  de  sensibilisation  ou 
d'immunité  très  remarquables,  si  l'on  pouvait  diminuer  notablement  l'état  d'alcalinité 
du  sang.  Il  semble  que  sur  ce  point  des  recherches  méthodiques,  probablement  fruc- 
tueuses, pourraient  être  faites. 

La  teneur  du  sang  en  sels  exerce  une  influence  manifeste  sur  l'action  des  poisons.  11 
a  été  prouvé  que,  si  l'on  diminue  l'ingestion  des  chlorures,  en  instituant  un  régime  ali- 
mentaire spécial,  la  sensibilité  à  l'action  thérapeutique  du  bromure  de  potassium  est  tel- 
lement augmentée,  que  les  doses  thérapeutiques  qui,  pour  supprimer  les  attaques  épi- 
leptiques,  étaient  de  10  grammes  par  jour,  pouvaient  être  abaissées  à  2  grammes  quand 
on  supprime  ou  même  quand  on  diminue  le  sel  de  l'alimentation  (Ch.  Richkt  et  Toulouse, 
{Influence  des  sels  alcalins  de  Valimentation  dans  le  traitement  de  l'épilepsie,  C.  II.,  déc. 
1899).  On  peut  donc  dire  que  l'excès,  presque  physiologique,  des  chlorures  de  l'aliinén- 
talion,  et  par  conséquent  des  chlorures  du  sang,  met  dans  un  certain  état  d'immunité 
vis-à-vis  des  bromures.  Tout  se  passe  comme  si  l'affinité  de  la  cellule  nerveuse  pour  le 
bromure  ne  s'exerce  complètement  qu'en  l'absence  des  chlorures;  il  semble  que  le 
proloplasma,  ayant  à  choisir  entre  les  deux  sels,  ne  prenne  le  bromure  que  lorsque  la 
tension  moléculaire,  c'est-à-dire  la  dose,  de  ce  sel,  en  est  très  forte,  ou  bien,  ce  qui 
revient  à  peu  près  au  même,  lorsque  la  dose  du  chlorure  est  insuffisante.  Les  observa- 
tions de  Ch.  Richet  et  Toulouse  constituent  les  premières  tentatives  de  régime  de 
déchloruration,  et,  dans  le  traitement  de  l'épilepsie,  les  effets  sont  si  éclatants  que  c'est 
maintenant  la  méthode  classique  du  traitement  de  l'épilepsie. 

Les  expériences  de  E.  Lesniî  et  Ch.  Ricuet  fils  ont  confirmé  ces  données  {Modification  de 
la  toxicité  de  certains  poisons  par  addition  de  substance!<  solubles  non  toxiques.  Arch.  intern. 
de  pharm.  et  de  thér.,  1903,  xii,  327-335).  En  déterminant  la  dose  toxique  d'iodure  de  K,. 
ils  ont  trouvé  0.33  par  kil.  Mais,  si,  en  même  temps  que  Kl,  on  injecte  NaCI,  la  dose 
mortelle  minimale  est  alors,  pour  KL  de  1,15,  soit  trois  fois  plus  forte.  Donc,  contre 
l'iodure,  comme  contre  le  bromure  de  sodium,  un  excès  de  chlorure  de  sodium  entraîne 
une  relative  immunité. 

Il  me  parait  encore  ici  que  des  recherches  pourraient  être  tentées,  alin  de  savoir  si 
un  grand  excès  de  NaCl,  ou  de  substances  inoffensives  (sucre  et  urée),  n'entraînerait 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIK.    —   T.    IX.  2 


18  IMMUNITÉ. 

pas  une  relative  immunilé  contre  les  toxines  liaclériennes.  Tunao  et  Pi  Y.  SvsEf\(Mccha' 
nisvnis  der  naturtichen  Intmunitdl.  Centr.  f.  Bactcr.,  xxxix,  1000,  liO-159)  ont  il'uilleurs 
constaté  que  les  injections  de  NaCI  très  concentrées  diminuent  la  toxicité  des  infec- 
tions miirobiennes,  ce  qu'ils  expliquent,  non  en  supposant  une  moindre  sensibilité 
aux  (oxiu'^s,  mais  par  une  tout  autre  hypothèse,  la  libération  dune  plus  grande  quan- 
tité d'alexine  dans  le  sang. 

Enfin  il  est  un  autre  phénomène  qui  n'est  pas  tout  à  fait  de  l'immunité,  mais  qui 
cependant  à  certains  égards  s'en  rapproche  :  c'est  la  relative  insensibilité  des  ani- 
maux aneslhésiés  à  l'action  de  certains  poisons,  notamment  des  convulsivanls.  Un  chien 
ou  un  lapin,  profondément  anestliésiés  par  le  chloral  ou  le  chlorofoi  me,  résistent,  sans 
donner  trace  de  convulsion,  à  rmjection  de  iloscs  énormes  de  sirychnine  ou  d'acétate 
d'ammonia(iue.((ji.  Hicijet.)  J'ai  pu  lonstater  aussi  que,  chez  les  chiens  chloralosés,  la  vul- 
nérabilité du  cœur  aux  toxiques,  notamment  à  l'action  du  chloroforme,  est  très  amoindrie. 
Alors  que,  sur  un  chien  normal,  une  dose  massive  de  chloroforme,  brusquement  inhalé, 
détermine  la  mort  immédiate  par  arrêt  cardiaque,  chez  les  chiens  chloralosés,  cet 
arrêt  ne  se  produit  plus  si  facilement,  comme  si  les  ganglions  cardiaques,  saturés  de 
chloralose,  ne  pouvaient  plus  fixer  d'autre  substance  toxique. 

De  même  encore  les  animaux  anaphylactisés,  lorsqu'ils  sont  endormis  par  l'éther  et 
le  chloroforme,  ne  présentent  plus,  lorsqu'on  les  éprouve,  d'actidenls  anaphylactiques 
(Roux  el  Beshedka^  :  en  effet,  comme  essentiellement  lanaphylaxie  est  une  intoxication 
suraiguë  du  système  nerveux  central,  si  le  système  nerveux  central,  paralysé  par  l'anes- 
thésiijue,  ne  peut  plus  réagir,  il  ne  peut  plus  donner  le  choc  ana|diylactique. 

D'autre  part  les  animaux  narcotisés  par  la  morphine  sont  devenus,  par  suite  de  la 
paralysie  des  phagocytes,  plus  vulnérables  aux  virus  que  neutralisent  les  phagocytes 
(Metch.mkoi  f).  Un  pourrait  j)eut-être  par  ce  moyen  distinguer  les  virus  qu3  les  phago- 
cytes détruisent  'sensibilité  plus  grande  dans  la  narcotisation  et  l'anestlK'-sie)  et  les  virus 
qui  agissent  primitivement  sur  la  cellule  nerveuse,  sans  pouvoir  être  déti'uits  par  les 
phacocytes  (sensibilité  moindre  dans  la  narcotisation  et  l'aneslliésie). 

A  vrai  dire  ce  ne  sont  là  que  des  immunités  relatives,  partielles  et  passagères.  En  effet, 
quand  Tanesthésique  disparait,  au  fur  et  à  mesure  qu'il  disparait,  les  phénomènes  con- 
vulsifs,  qui  étaient  masqués,  reviennent,  et  finalement  l'aneslliésie  ne  conjure  pas  la 
mort.  Mais  ces  faits  ne  sont  pas  moins  importants  à  mentionner,  puisqu'ils  nous 
montrent  que  la  plus  ou  moins  grande  résistance  aux  toxines  dépend  des  conditions  chi- 
miques, tant  du  milieu  intérieur  que  du  protoplasma  vivant. 

Formation  des  antitoxines.  —  On  a  pu  déterminer  quebpies-unes  des  causes 
et  des  modalités  de  l'immunité  acquise. 

Ce  sont  les  admirables  rechexxhes  de  Behring  qui,  introduisant  dans  la  science  la 
notion  des  antitoxines,  ont  donné  une  première  base  scientifique  à  la  théorie  de  l'immu- 
nité acquise  (1890  . 

Mais  il  ne  faut  par  oublier  que  la  découverte  des  antitoxines  par  Behuixo  n'eût  pas 
été  possible  sans  les  belles  expériences  de  lloix  et  Yersin  (1888  et  1889),  (]ui  purent 
extraire  la  toxine  diftérique  des  bouillons  de  culture  on  avait  poussé  le  bacille  de  la 
diftérie.  L'injection  de  celte  toxine  produit  les  mêmes  phénomènes  à  '[leu  près  que  la 
maladie  diftérique,  avec  prolifération  du  microbe  virulent.  L'année  suivante,  Brieger 
et  Frânkel  purent  préparer  la  toxine  tétanique,  qui  produit  tous  les  sym[)tômes  du 
tétanos  d'origine  microbienne. 

Tout  de  suite  après  que  ces  toxines  eurent  été  découvertes,  on  chercha  le  moyen 
d'immuniser  contre  elles.  Frankel,  d'une  part,  dautre  part,  et  indépendamment  de  lui, 
Behring  et  Kiïasato,  ayant  modifié  par  le  chauffage  ou  des  réactifs  chimiques  les 
toxines  diftériques,  les  injectèrent  à  des  animaux  qui,  ayant  résisté  à  l'injection 
de  toxine  diftérique  faible,  devinrent  immunes  contre  l'injection  de  toxine  diftérique 
forte.  Puis  Behring  démontra  que  le  sérum  de  ces  animaux  ainsi  vaccinés  et  immunisés 
devient,  lui  aussi,  vaccinateur  et  inimunisateur.  Tout  se  passe  comme  s'il  contenait 
une  substance  antitoxique  protégeant  contre  la  toxine  de  la  diftérie  (1890-1892). 

A  la  vérité,  j'étais  arrivé,  avec  Héricolrt,  avant  Behring,  à  une  conception  analogue, 
encore  que  je  n'eusse  pas  formulé  de  théorie,  ni  même  imaginé  l'existence  des  anti- 
toxines. Mais,  ayant  démontré  l'influence  (faible  d'ailleurs)  des  injections  de  sang  et  de 


IMMUNITÉ.  19 

sérum  des  animaux  normalement  réfractaires,  ou  rendus  ri^fraclaires  par  vaccinafion, 
pour  protéger' contre  des  infections,  j'avais  tenté  les  injections  de  sérum  contre  une 
maladie  infectieuse,  la  tuberculose;  et  on  me  permettra  de  dire  ici  que  la  première 
injection  sérothérapique  tentée  sur  l'homme  a  été  faite  par  moi,  dans  le  service  de 
A.  Vï:rneuil,  à  l'Hôtel-Dieu,  le  0  décembre  1890. 

Il  s'est  trouvé  d'ailleurs  que  la  sérothérapie  anti-tuberculeuse  est  de  médiocre 
efficacité,  et  qu'on  n'a  pas  encore  pu  en  retirer  de  bons  effets,  alors  que  d'autres  séro- 
thérapies, trouvées  ensuite  par  Behring  et  d'autres  savants,  se  sont  montrées  d'une 
efficacité  merveilleuse.  Mais  personne  ne  peut  me  contester  la  priorité  de  la  méthode 
sérothérapique,  et  sa  première  application  (G  décembre  1890). 

Les  applications  de  la  sérothérapie  aux  intoxications  se  sont  multipliées  depuis  1890 
jusqu'à  aujourd'hui,  mais  je  ne  puis  même  les  mentionner  ici.  Elles  seront  étudiées 
(Sérothérapie).  Il  me  suffira  de  dire  que,  pour  les  poisons  microbiens,  pour  les  poisons 
végétaux,  et  poui'  les  poisons  animaux,  la  sérothérapie  constitue  un  traitement  efficace, 
et  qu'elle  peut  préventivement  conférer  Timmunité. 

i  Ehrlich  a  pu  démontrer  que  les  poisons  végétaux,  ricine,  abrine  et  robine,  étant 
injectés  à  des  animaux,  développent  dans  le  sang  de  ces  animaux  des  antitoxines  pro- 
tectrices. J'ai  constaté  la  même  protection  pour  la  crépitine. 

Le  venin  des  serpents,  injecté  dans  le  sang,  provoque  aussi  la  formation  d'anti- 
toxines, de  sorte  qu'on  peut  préparer  des  sérums  anlivenimeux.  (Phisalix,  Calmette.) 

Quoique  nous  ne  sachions  pas  exactement  en  quoi  consiste  l'action  d'une  antitoxine, 
nous  en  savons  assez  cependant  pour  affirmer  que  c'est  une  action  chimique. 

C'est  d'abord,  et  avant  tout  l'expérience  fondamentale  de  Behring,  répétée  des  mil- 
liers de  fois  par  les  divers  observateurs.  En  mélangeant  la  toxine  avec  du  sérum  d'un 
animal  injecté,  on  atténue  in  vilro  la  toxicité  de  la  toxine,  absolument  comme  par 
l'acide  sulfurique  on  diminue  l'alcalinité  de  la  potasse.  C'est  donc  une  action  chimiciue. 
Une  expérience  de  Donitz,  à  laquelle,  non  sans  raison,  Ehrlich  ajoute  grande  impor- 
tance, eu  est  aussi  la  preuve  [On  immunity  ivith  spécial  référence  to  cell  life.  Proc.  Roy. 
Soc,  Lxvi,  1900).  Si  un  lapin  reçoit  une  dose  mortelle  de  toxine  diftérique  dans  les 
veines,  pendant  plusieurs  heures  il  ne  semble  pas  incommodé.  Or,  si,  en  même  temps 
qu'on  lui  a  injecté  la  toxine,  ou  tout  au  plus  cinq  à  six  minutes  plus  tard,  on  lui  injecte 
une  quantité  d'antitoxine  suffisante,  il  ne  meurt  pas.  Mais,  si  l'on  a  attendu  plus  long- 
temps, alors  il  est  devenu  impossible  par  l'antitoxine  de  neutraliser  la  toxine  injectée, 
et  la  mort  survient  exactement  comme  si  l'animal  n'avait  pas  reçu  d'antitoxine.  Par 
conséquent  il  faut  admettre  qu'à  ce  moment  la  toxine  a  disparu  du  sang,  et  qu'elle 
s'est  fixée  dans  les  tissus  (probablement  dans  les  tissus  nerveux)  pour  ne  plus  pouvoir 
alors  y  être  neutralisée  par  l'antitoxine.  Nulle  substance  chimique,  antitoxine,  narco- 
tique, anesthésiques,  ne  peut  plus  empêcher  l'évolution  de  la  maladie  devenue  fatale, 
parce  qu'il  s'est  fait  une  combinaison  chimique  de  la  toxine  avec  les  tissus,  encore  qu'à 
ce  moment  aucun]  symptôme  morbide  ne  se  soit  manifesté. 

L'affinité  des  toxines  pour  le  système  nerveux  est  démontrée  enfin  par  l'expérience 
deRoux,qui,injeclantde  la  tétanotoxinedansle  cerveau  des  lapins,  provoque  la  mort  avec 
des  doses  vingt  fois  plus  faibles  que  si  l'injection  est  faite  sous  la  peau,  quoique 
l'absorption  se  fasse  également  bien.  Au  contraire,  chez  les  cobayes,  dont  le  système 
nerveux  possède  pour  la  toxine  une  affinité  plus  forte  que  le  système  nerveux  des  lapins, 
la  dose  mortelle  est  à  peu  près  la  même,  que  l'injection  soit  faite  dans  le  cerveau  ou 
sous  la  peau. 

Celte  fixation  des  toxines  par  le  système  nerveux  est  bien  démontrée  aussi  par  l'expé- 
rience de  Wassermanx,  qui  mélange  avec  la  matière  cérébrale  du  cobaye  une  certaine 
quantité  de  toxine,  et  constate  que  ce  mélange  n'a  plus  aucun  effet  toxique. 

Il  est  assez  vraisemblable  que  les  nucléines  et  lécithides  de  la  substance  nerveuse 
jouent  un  rôle  essentiel  dans  cette  neutralisation  de  la  toxine.  Nous  y  reviendrons  {dus 
loin. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  toutes  ces  expériences,  dans  le  détail  desquelles  nous  ne  pou- 
vons entrer  davantage,  elles  établissent  ce  fait  fondamental,  sur  lequel  Ehrlich  a  édifié 
sa  théorie,  que  l'action  des  antitoxines  est  un  phénomène  d'ordre  chimique.  Quant  à  la 
formation  des  antitoxines,  elle  est  sans  doute  aussi,  quant  à  son  essence  intime,  d'ordre 


20  IMMUNITE. 

chimique.  Mais  la  vie  des  tissus  exeixe  une  influence  si  prépondérante  sur  celte  forma- 
tion des  antitoxines  que  nous  pouvons  ranger  ce  phénomène  dans  le  groupe  des  phé- 
nomènes biologiques,  quoiqu'on  dernière  analyse  il  s'agisse  toujours  d'un  fait  de 
chimie. 

Quel  que  soit  le  rôle  du  proloplasma  cellulaire  dans  la  formation  de  rantitoxine  qui 
assure  l'immunité,  il  semble  bien  que  la  neutralisation  de  l'action  toxique  par  l'anti- 
toxine soit  un  phénomène  d'ordre  chimique  et  non  plus  d'ordre  biologique,  comme  la 
sécrétion  de  l'antitoxine. 

Une  belle  expérience  d'EHRLicH  [Zur  Kenntniss  der  Antitoxinirirkang.  Fortschr.  der 
Medizin,  xv ,  janv.  1897)  nous  en  donne  la  preuve.  Il  s'agit  en  effet  d'une  action 
chimique,  relativement  simple  :  l'agglutination  des  hématies.  Si  l'on  mélange  des 
hématies  avec  de  la  ricine,  on  constate  le  pouvoir  agglutinant  remarquable  de  cette 
toxine  végétale.  D'autre  part  on  peut  immuniser  des  animaux  en  leur  injectant  de  la 
ricine;  ce  qui  développe  dans  leur  sang  une  antitoxine.  Dans  l'expérience  d'EHRLicu  on 
a  ajouté  à  des  hématies  mélangées  avec  de  la  toxine  ricinique,  le  sérum  anlitoxique 
d'une  chèvre  immunisée  en  quantités  favorables,  et  on  a  vu  que,  suivant  la  quantité  de 
sérum  antitoxique  ajoutée,  ilj'  avait' agglutination  complète  ou  incomplète  des  globules, 
comme  si  l'antitoxine  du  sérum  de  la  chèvre  avait  plus  ou  moins  neutralisé  (selon  la 
quantité  injectée)  l'effet  agglutinant  de  la  ricine.  De  môme  des  souris,  injectées  avec  un 
mélange  d'antitoxine  et  de  toxine,  meurent  si  la  dose  d'antitoxine  est  faible;  sont 
malades,  si  la  dose  est  moyenne;  et  survivent  sans  maladie,  si  la  dose  est  forte.  Tout  se 
passe  comme  s'il  s'agissait  d'une  combinaison  chimique. 

Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  cette  conception  simpliste  ne  répond  pas  en  toute 
rigueur  à  la  complexité  des  faits. 

Dans  certains  cas  la  sensibilité  de  l'animal,  quoique  son  sang  contienne  des  propor- 
tions considérables  d'antitoxine,  est  très  accrue.  Il  va  anaphylaxie,  et  il  est  très  vraisem- 
blable que  l'anaphylaxie  et  l'immunité  suiveiît  des  voies  parallèles,  sans  se  confondre, 
par  des  processus  synergiques,  mais  absolument  distincts.  Des  animaux  anaphylactisés 
peuvent  être,  en  même  temps,  immunisés. 

D'autre  part  des  animaux  très  bien  immunisés  ont  un  sérum  antitoxique  très  faible. 
Cela  a  été  vu  nettement  chez  les  chevaux  qu'on  prépare  pour  leur  faire  produire  le 
sérum  antidiftérique.  Tel  animal,  parfaitement  résistant  à  la  toxine  diftérique,  a  un 
faible  rendement  en  antitoxine,  alors  que  sur  d'autres  animaux  on  observe  tout  le 
contraire,  c'est-à-dire  une  presque  nulle  immunité,  et  un  pouvoir  antitoxique  considé- 
rable (Metchmkoff,  loc.  cit.,  392.) 

En  tout  cas,  la  combinaison  entre  la  toxine  et  l'antitoxine  est  d'ordre  chimique;  il 
n'est  pas  possible  de  le  contester.  .Mais  cette  combinaison,  plus  ou  moins  comparable  à 
l'éthériflcation  des  alcools,  n'est  pas  stable.  Une  expérience  de  Calmette  a  prouvé  que 
la  toxine  neurolytique  du  cohra,  mélangée  à  l'antitoxine,  et  chauffée  à  68°,  n'est  pas 
détruite,  de  sorte  que  le  mélange  toxine  et  antitoxine,  qui  est  inactif,  redevient  actif 
quand  on  le  chauffe  à  68»,  température  qui  détruit  un  des  deux  composants  (antitoxine) 
et  qui  ne  détruit  pas  l'autre  (toxine).  De  même  Morgenroth,  expérimentant  avec  la 
toxine  hémolytique  du  cobra  combinée  à  l'antitoxine,  a  pu  dissocier  cette  combi- 
naison par  l'acide  chlorhydrique,  et  régénérer  à  la  fois  la  toxine  et  l'antitoxine  {Wie- 
dergetuinnung  von  Toxin  ans  seiner  Antitoxinverbindung.  Berl.  klin.  Woch.,  1905,  1550- 
1554). 

D'innombrables  travauxont  été  de  toutes  parts  publiés  sur  laformation  des  antitoxines  : 
je  me  contenterai  de  résumer  ici  quelques-unes  des  principales  et  plus  certaines 
conclusions  qu'on  en  peut  déduire. 

i"  Les  antitoxines  sont  thermolabiles;  elles  sont  détruites  parle  chauffage  à  60°. 

2°  Les  diverses  antitoxines  sont  à  peu  près  spécifiques;  mais  non  complètement. 

3°  La  formation  des  antitoxines  est  soumise  à  de  grandes  variations  individuelles, 
qu'il  est  impossible  d'expliquer. 

4°  L'immunité  des  animaux  et  la  quantité  d'antitoxine  que  contient  leur  sang  ne 
sont  pas  absolument  parallèles.  Certains  individus,  très  résistants  aux  toxines,  ont  un 
pouvoir  antitoxique  faible. 


IMMUNITÉ.  21 

'6°  Des  saignées  n'^pétées  n'épuisent  pas  le  pouvoir  anlitoxique,  de  sorte  qu'il  faut 
admettre  une  régénération,  sinon  perpétuelle,  au  moins  prolongée,  de  l'antitoxine 
(Roux  et  Vaillard). 

6°  l/immunité  contre  les  loxines  est  diiïérente  de  l'immunité  contre  les  infections 
microbiennes.  Des  animaux  vaccinés  contre  la  toxine  cholérique  peuvent  être  infectés 
par  le  vaccin  cholérique,  et  vice  i'(?/'S«  (Metghnikofi',  Uoux  et  Sammbeni,  1896). 

Les  relations  entre  l'antitoxine  et  la  toxine  sont  assez  nettement  délerminables  pour 
qu'on  ait  pu  proposer  une  sorte  (Vunitc  antitoxique.  Unification  exclusivement  adaptée 
jusqu'à  présent  au  sérum  anlidiftérique. 

Il  faut  distinguer,  comme  BEHRiNr.  l'avait  déjà  fait  dans  son  premier  mémoire,  dans 
la  valeur  d'un  sérum  antitoxiquo,  quatre  propriétés  différentes  : 

a.  Préventive  contre  l'intoxication; 

|3.  Gurative  contre  l'intoxication; 

y.  Préventive  contre  l'infection; 

0.  Gurative  contre  l'infeclion, 

A  ces  diverses  propriétés  rt'pondent  des  quantités  d'antitoxine  difTéronlos. 

A  rinslituL  Pasteuk,  depuis  les  recherches  de  Uoux,  on  a  adopté  une  unité  en  rapport 
avec  le  poids  de  cobaye  que  protège  1  ce.  de  sérum  contre  la  dose  mortelle  (minimale) 
de  diftérotoxine.  Behring  et  Ehrlich  ont  adopté  des  mesures  un  peu  différentes.  A 
rinstilut  de  Francfort,  on  conserve  des  sérums  antitoxiques  desséchés  dans  le  vide, 
qui,  par  conséquent,  ne  peuvent  pas  subir  d'altération  sensible.  Il  suffit  de  leur  rendre 
de  l'eau  pour  qu'ils  redeviennent  actif;;,  servant  à  tous  les  contrôles  nécessaires,  et 
gardant  ainsi  l'échantillon  type  de  l'unité  antitoxique.  Dans  l'admirable  Institut  de 
RosENAU,  à  Washington,  on  a  une  pratique  semblable.  De  même  aussi,  par  Madsen  à 
Copenhague  (Voy.  Th.  Madsen,  Diphterie-antito-rin.  Handb.  der  Technik,  etc,  ii,  91). 

(Pour  cette  étude,  v.  Toxine  et  consulter  les  grands  ouvrages  didactiques  de  Kraus 
et  Levaditi  et  de  Kolle  et  Wassermann.) 

Les  théories  de  l'immunité  contre  les  toxines  sont  multiples.  Mais,  avant  de  les 
résumer  ici,  il  faut  généraliser  cette  étonnante  propriété  de  la  matière  vivante;  qui 
est  de  fabriquer  contre  tout  poison  une  substance  spécialement  adaptée  à  ce  poison; 
une  aiiticytase,  ou  antitoxine,  ou  anticorps,  ou  antizymase,  tous  mots  étant  à  peu  près 
synonymes,  et  indiquant  un  des  plus  étranges  phénomènes  de  la  nature,  qui  consiste 
en  ceci  :  que  les  organismes  réagissent  à  l'introduction  d'une  substance  offensive  par  la 
production  d'une  substance  défensive.  Autrement  dit  ils  répondent  à  un  antigène 
(substance  offensive)  par  un  anticorps  (substance  défensive). 

Nous  pouvons  formuler  ainsi  celte  loi  biologique,  qui  est  une  des  conquêtes  les  plus 
remarquables  de  notre  époque  : 

('  Les  organismes  répondent  à  l'introduction  de  certains  poisons  par  la  production 
de  contrepoisons,  qui  neutralisent  plus  ou  moins  l'effet  de  ces  poisons,  et  qui  ont  une 
spécificité  parallèle  à  la  spécificité  de  ces  poisons  mêmes.  Non  seulement  c'est  contre 
les  toxines  qu'il  se  forme  des  antitoxines,  mais  encore  contre  toute  substance  chimique 
étrangère  à  l'organisme.  Ces  corps  étrangers  à  l'organisme,  ou  antigènes,  provoquent  la 
formation  de  substances  spéciales,  ou  anticorps,  qui  neutralisent  les  antigènes.  Les 
antitoxines  ne  sont  qu'un  cas  particulier  de  celte  loi  générale.  » 

Le  point  de  départ  de  cette  doctrine  a  été  d'abord  le  travail  fondamental  de  Behring 
(1890),  puis  les  recherches  d»^  Bordet  (1895)  sur  la  fixation  de  l'alexine  (v.  Hémolyse), 
enfin  les  recherches  admirables  <le  Ehrlich. 

On  savait  depuis  longtemps  que  le  sérum  du  sang  d'une  espèce  animale  a  un  pouvoir 
dissolvant,  hémolytique,  sur  les  globules  du  sang  d'une  autre  espèce.  Daremberg  (1891) 
avait  montré  que  cette  propriété  disparaît  par  le  chauffage  à  S5°,  et  BiicHNER,  étudiant 
cette  action  avec  plus  de  détails,  avait  trouvé  qu'il  s'agissait  là  d'une  substance  particu- 
lière, probablement  albuminoïde,  qu'il  appela  alexine. 

En  1895,  Bordet  démontra  que  le  sérum  frais  d'animal  immunisé  contre  les  vibrions 
cholériques,  mélangé  à  ces  vibrions,  les  transforme  en  granulations,  mais  que  ce 
pouvoir  disparaît  quand  le  sérum  est  chauffé  à  55°.  Toutefois,  si  l'on  mélange  à  ce 
sérum  chauffé,  et  rendu  par  là  inactif,  du  sérum  d'animal   normal,   par    conséquent 


22  IMMUNITE. 

inactif  aussi,  le  niélanf?e  de  ces  deux  séiuiiis  iiiactifs  devient  actif.  C'est  ce  que  Bordf.t 
appela  la  réactivation  (Bordet.  llevue  liistorique  et  critique  sur  la  fixation  de  l'alevine  cl 
sa  signification  pour  l'immunité.  Zcitschr.f.  Immiinitdtsforschun(f  und  e.vp.  Thérapie,  1,  1, 
1-38,  1909).  Il  en  déduisit  que  le  pouvoir  bactéricide  de  l'iiumunsérum  est  di'iau  con- 
cours de  deux  substances;  l'une,  spécifique,  propre  aux  animaux  immunisés,  et  résistant 
à  la  chaleur,  therniostable  ;  l'autre,  générale,  et  commune  à  tous  les  animau.x,  vaccinés 
ou  non,  et  Ihermolabile. 

11  appela  la  première  substance  spécifique,  la  sensibilisatrice,  et  à  l'autre  substance  il 
conserva  le  nom  d'alexine  donné  par  Bïchner. 

Il  s'ensuit  que,  chez  les  animaux  immunisés,  le  sang  contient,  comme  chez  les  animaux 
normaux,  une  alexine,  mais  qu'il  contient,  en  outre,  une  substance  spécifique  ou  sen- 
sibilisatrice, qui  n'existe  pas  chez  l'animal  sain. 

Or  BoRDET  put  découvrir  en  1898  un  autre  fait  d'une  importance  fondamentale;  car 
il  ne  s'agissait  plus  seulement  de  l'immunité  contre  les  microbes,  mais  bien  de  l'im- 
munité contre  des  corps  étrangers. 

En  effet,  si  l'on  injecte  à  des  cobayes  du  sang  de  lapin,  le  sérum  de  cobaye,  qui 
normalement  n'est  pas  hémolylique  pour  le  sang  de  lapin,  devient  héniolytique.  Ce 
sérum  de  cobaye,  immunisé  contre  le  sang  de  lapin,  contient  une  alexino  et  une  sensi- 
bilisatrice. I/aloxine  n'est  pas  spécifique;  la  sensibilisatrice  est  spécifique,  thermo- 
stable; aussi  rimmunsérumchaufTé  est-il  inactif,  pour  redevenir  actif  quand  on  leniélange 
avec  du  sérum  non  immunisé.  De  là  ce  fait  physiologique,  vraiment  paradoxal,  que 
deux  liquides  isolément  inactifs  deviennent  actifs  quand  on  les  mélange. 

Beaucoup  d'observations  importantes  sur  ce  phénomène  furent  bientôt  après  publiées. 
Ehrlich  et  MoRGENROTn  'J899)  prouvèrent  que  la  sensibilisatrice,  anticorps  spécifique, 
s'unit  aux  globules  avec  lesquels  elle  se  combine  assez  fortement  pour  que  le  lavage  dos 
globules  ne  puisse  plus  la  leur  enlever.  D'autre  part,  l'alexine  a  aussi  de  l'affinité  pour 
les  globules  et  se  combine  avec  eux.  Ces  deux  combinaisons,  d'une  part,  de  l'alexine 
avec  les  globules  :  d'autre  part,  de  la  sensil)ilisatrice  avec  les  globules,  permettent 
sans  doute  à  l'alexine  de  s'unir  à  la  sensibilisatrice  pour  dissoudre  les  globules. 

Ehrlich  avec  ses  élèves  a  fait  sur  le  même  sujet  une  série  de  travaux  remar(|uables. 
La  théorie  qu'il  propose  doit  être  mentionnée  ici,  autant  pour  son  ingéniosité,  i|ue  pour 
la  diffusion  rapide  à  laquelle  elle  est  arrivée.  Assurément  elle  risque  bientôt  de  dispa- 
raître devant  les  nouveaux  faits  qu'on  découvrira  et  qui  ouvriront  la  voie  peut-être  à 
une  explication  plus  simple.  Mais  c'est  là  le  tort  commun  de  toutes  les  théories  :  en 
fait  de  doctrine,  il  n'y  a  jamais  que  du  provisoire. 

Ehulich  appelle  complément  l'alexine  de  IUch.ner,  et  substance  intermédiaire,  ou 
ambocepteur  la  sensibilisatrice  de  Bordet.  Il  généralise  les  faits  observés  par  Bordet  sur 
la  bactériolyse  et  l'hémolyse  d'animaux  par  le  sérum  immunisés,  et  il  admet  que  dans 
tout  sérum  hémolytique  il  y  a  deux  substances  :  l'intermédiaire  et  le  complément;  l'in- 
termédiaire étant  thermostable  et  le  complément  étant  thermolabile  (v.  Hémolyse). 

Il  s'ensuit  que,  d'après  Ehrlich,  la  dissolution  des  globules  est  un  phénomène  chi- 
mique nécessitant  le  concours  de  deux  substances  qui  se  rencontrent  dans  le  globule; 
isolées,  elles  ne  peuvent  rien;  réunies,  elles  sont  actives.  On  a  comparé  avec  raison  ce 
phénomène  aux  curieux  effets  de  la  digestion  pancréati(iue.  On  sait,  depuis  B.wliss  et 
Starli.ng,  que  la  trypsine  pancréatique  n'agit  sur  la  fibrine  et  les  albuminoïdes  que 
s'il  y  a  eu  au  préalable  inhibition  de  ces  corps  par  l'enlérokinase.  Ni  l'entérokinase 
seule,  ni  la  trypsine  seule  ne  sont  efficaces  pour  digérer  la  fibrine.  Mais,  réunies,  elles 
opérer t  la  digestion. 

«  En  s'appuyant  sur  ces  faits,  dit  Metchmkoff  [loc.  cit.,  105),  on  a  le  droit  de  consi- 
dérer que  la  substance  hémolytique  des  sérums  renferme  deux  ferments  solubles,  dont 
l'un,  l'alexine,  correspond  à  la  trypsine,  tandis  que  l'autre,  le  fixateur  (ou  sensibilisa- 
trice), ressemble  à  l'entérokinase.  » 

Quel  que  soit  d'ailleurs  le  mode  de  résistance,  il  est  bien  établi  par  tous  ces  faits 
que  l'organisme  résiste  aux  toxines  par  des  antitoxines,  aux  corps  étrangers  à  l'orga- 
nisme par  la  formation  de  substances  dissolvant  ces  corps  étrangers.  L'antigène, 
substance  étrangère,  provoque  la  formation  d'un  anticorps. 

De  nombreuses  et  variées  expériences  allaient  prouver  que  c'est  là  une  loi  générale. 


IMMUNITE.  23 

Landsteiner  et  Metciinikoki'  (1899)  oui  montré  que  les  humeurs  normales,  spéciale- 
ment le  sérum,  n'ont  aucun  pouvoir  sperinotoxi(iue,  mais  que,  si  un  animal  a  reçu 
antérieurement  une  injection  intra-veineuse  de  liquide  spermatique,  son  sérum  devient 
spermotoxique.  D'après  Mgtciinikoff,  il  y  aurait  là  encore  concours  de  deux  substances, 
une  alexine  et  une  sensibilisatrice.  La  sensibilisatrice  n'apparaît  dans  le  sang  qu'après 
injection  de  l'antiçène  sperme;  elle  est  probablement  produite  par  les  phagocytes. 
L'alexine  est  produite  aussi  par  les  phagocytes,  de  sorte  que  l'une  et  l'autre  substance 
qui  détruisent,  parleur  action  énergique,  les  cellules  spermatiques  injectées,  sont  des 
produits  de  la  sécrétion  leucocytaire. 

Non  seulement  contre  les  éléments  figurés,  tels  que  microbes,  hématies,  sperma- 
tozoïdes, mais  encore  contre  les  diastases  môme  normales,  l'organisme  produit  des 
anticorps.  Autrement  dit  les  diastases  sont  aussi  des  antigènes  provoquant  la  formation 
d'anticorps. 

Frentzkl  (1891)  avait  admis  que  les  cellules  épithéliales  de  la  muqueuse  digestive 
sécrètent  des  anti-enzymes,  ou  anticorps,  ou  anlidiastases,  empêchant  l'action  des  sucs 
digestifs  sur  ces  cellules.  Il  avait  même  supposé  que  les  parasites  intestinaux  résistent 
à  l'action  des  sucs  digestifs  (sucs  gastrique,  pancréatique  et  intestinal)  par  une  sub- 
stance empêchante  analogue,  {Die  Verdaminçf  khenden  Gewebes  und  die  Darmparasiten, 
A.  P.,  1891,  293).  Comment  expliquer,  en  effet,  que,  dans  l'estomac  des  poissons,  qui 
sécrète  un  suc  digestif  si  actif,  se  puissent  trouver  parfaitement  vivants  tant  de  para- 
sites? Comment  comprendre  (jue  certains  cestodes  vivent  pendant  plusieurs  années  dans 
l'intestin,  alors  que  le  même  intestin  digère  toutes  lesmatièresalimentaires  qui  y  pénètrent 
et  digère  aussi  ces  mêmes  cestodes,  lorsqu'ils  sont  morts  ?  C'est  là  un  exemple  d'immu- 
nité qui  ne  se  peut  expliquer  que  par  la  présence  d'une  antizymase  présente  dans  le  corps 
des  parasites.  Weinlamd  a  repris  la  question  d'une  manière  méthodique  {Ueber  ausge- 
presste  Extrakte  von  Ascaris  lumbricoïdes  undihre  Wirkiing.  Z.B.,  1902,  xLin,  86.  —  Ueber 
Antifer mente.  Ibid.,  1902,  xliv,  1-4o).  En  soumettant  le  corps  des  ascarides,  parfaitement 
broyés,  à  une  forte  pression  (méthode  de  Bûchner),  on  obtient  un  liquide  qui  a  la  pro- 
priété d'entraver  les  digestions  peptique  et  tryptique.  Peut-être  est-ce  grâce  à  un  anti- 
corps analogue  que  les  cellules  de  l'estomac  ne  sont  pas  digérées  par  le  suc  gastrique, 
ni  les  cellules  de  l'intestin  par  les  sucs  pancréatique  et  intestinal? 

En  tout  cas,  on  a  démontré  que  le  sang  normal  et  le  sérum  ralentissent  ou  arrêtent 
la  digestion  peptique  et  la  digestion  tryptique  (Mesnil,  Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  1901, 
XV,  332). 

Mais  on  ne  saurait  affirmer  qu'il  s'agit  là  d'anticorps  plus  ou  moins  analogues  aux 
antitoxines;  car  on  peut  expliquer  cette  action  d'une  manière  plus  simple.  Il  suffit  de 
supposer  que  les  lécithides  contenus  dans  le  sérum  se  combinent  à  la  zymase  pour  la 
transformer  en  un  produit  inactif.  Ce  qui  tend  à  confirmer  cette  supposition,  c'est  que, 
d'après  Pick  et  Pribram,  le  sérum  traité  par  l'éther  (lequel  lui  enlève  les  lécithides)  n'a 
plus  d'action  antizymasique. 

Le  ferment  lab  injecté  à  des  lapins  provoque  la  formation  d'une  antiprésure  (Boriot). 

La  gélatine  injectée  provoque  la  formation  d'une  substance  gélatinolytique.  Le  sérum 
empêche,  d'ailleurs,  l'action  protéolytique  du  suc  pancréatique  sur  la  gélatine.  Ainsi, 
en  ajoutant  0^'=,7  de  sérum  de  chien  à  2  centimètres  cubes  de  gélatine  à  10  p.  100,  on 
ne  peut  plus  observer  la  digestion  de  la  gélatine  par  le  suc  du  pancréas. 

Il  faut  donc  admettre  qu'il  y  a  à  l'état  normal  une  sorte  de  résistance  naturelle,  ou, 
si  l'on  veut,  de  relative  immunité;  mais  il  est  évident  que  cette  immunité  naturelle, 
normale,  est  notablement  renforcée  par  l'injection  intra-veineuse  de  l'antigène.  Tout 
semble  prouver,  d'ailleurs,  quand  on  étudie  l'histoire  de  l'immunité,  que  l'immunité 
acquise  n'est  que  l'exagération,  le  développement  d'une  immunité  naturelle  qui  n'est 
jamais  négligeable. 

Delezexne  a  beaucoup  insisté  sur  cette  fonction  générale  des  organismes  produisant 
des  anticorps  spécifiques  suivant  la  nature  de  l'antigène  injecté,  cet  antigène  étant 
tantôt  du  tissu  hépatique,  tantôt  du  tissu  rénal.  On  peut  ainsi,  par  des  injections  intra- 
veineuses préalables,  avoir  des  animaux  possédant  des  sérums  névrotoxique,  hépato- 
toxique,  néphrotoxique  (V.  Sang). 

L'inj«ction  de  bile  amène  un  certain  degré  d'hémolyse.  Cette  action  héiuolylique  est 


2.;  IMMUNITE. 

retartléopar  le  sérum  Jesaniniaux normaux  ;  maisla  piopritUt' t'mpt'cliante  osltrèsaccrue 
lorsque  los  animaux  oui  reçu,  au  pn'alablo,  une  injection  liiliairt-  inira-voineuse  (Hhdon.) 

On  a  pu  obtenir  aussi  des  sérums  anlipeplique  et  anlitryplique. 

r.e  qui  est  remanjuable,  c'est  la  spécincité  étroite  de  ces  anticorps  que  fabrique 
l'organisme.  Morgenroth  a  montré  que  les  antiprésures  qui  apparaissent  dans  le  sérum, 
après  injection  soit  do  présure  animale,  soit  de  présure  végétale,  ne  sont  pas  iden- 
tiques, et  ne  se  confondent  pas  {('cntmlhl.  fur  liaktrrioL,  1000.  xxvn,  721).  C.  Gessard 
a  très  bien  démontré  aussi  cette  même  spécilicité  pour  l'antilyrosinase  animale  et  l'an- 
tityrosiiia^e  véuélale.  {Tyroainasc  et  Anlili/iosiiKist',  B.  li.,  1902,  .'liil;  et  Aulilj/rosinaxe 
animale,  ibid.,  1398.) 

Cette  rigoureuse  spécificité  rend  la  formation  des  anticorps  par  l'injeclion  d'un 
antigène  un  des  phénomènes  les  plus  extraordinaires  de  la  biologie. 

La  spécificité  de  la  réaction  de  l'organisme  parla  production  d'un  anticorps  est  facile 
à  étai»lir  par  des  preuves  nniltiples.  Si  l'on  injecte  soit  simultanément,  soit  successive- 
ment plusieurs  antigènes,  l'organisme  va  réagir  par  production  d'anticorps  spéciaux 
contre  les  uns  et  les  autres  antigènes,  de  sorte  qu'agissant  isolément  on  pourra  pré- 
parer des  sérums  anliloxiques  pohii alcnls,  c'est-à-dire  possédant  des  propriétés  anti- 
toxiques multiples,  répondant  aux  divers  antigènes  injectés.  Très  exceptionnellement,  on 
observe  une  même  anti-toxine  spécifique  agissant  sur  divers  antigènes,  le  sérum  du 
choléra  des  poules  contre  le  liacilltts  anthracis,  le  sérum  anlidiftérique  contre  le 
B.  ant/imcis.  On  sait,  d'ailleurs,  que  pour  l'anaphylaxie  la  spécificité  est  absolue  aussi 
HosENAU  et  Andf.rson,  !..  Urf.yiis  et  I.e-^m';).  .\insi  les  oiganismes  vivants  peuvent 
sécréter,  après  stimulation  par  un  jjoison  déterminé,  une  substance  spécialement 
adaptée  à  la  destruction  de  ce  poison  déterminé  limmunité),  ou  à  la  sensibilisation 
contre  ce  poison  (anaphylaxie). 

Celte  fonction  de  l'organisme,  production  des  anticorps  ou  antitoxines,  a  un  rapport 
étroit  avec  l'immunité  acquise.  En  clVet  elle  nous  montre  (sans  d'ailleurs  que  nous 
puissions  en  pénétrer  le  processus  intime)  que  la  nature  se  défend  contre  les  inocu- 
lations de  certains  poisons  par  un  mécanisme  chimique,  (/antigène  provoijue  la  créa- 
tion d'un  anticorps;  la  toxine  provoque  la  formation  d'une  antitoxine  ;  et  par  cela  même 
l'immunité  apparaît. 

La  théorie  célèbre  (Ju'Eiirlicii  a  instituée  pour  expliquer  la  formatiDU  des  antitoxines 
sera  mentionnée  brièvement. 

Ehrlich  suppose  que  chaque  cellule  peut  s'unir  par  des  chaînes  latérales,  (comme  le 
carbone  dans  les  composés  organiques),  à  des  substances  chimiques;  soit  alimentaires 
(assimilation),  soit  toxiques  (intoxication). 

Sans  entrer  dans  l'histoire  de  l'assimilation,  rigoureusement  soumise  aux  lois  de 
l'osmose  et  des  forces  électriques  qui  gouvernent  les  actions  chimiques,  voyons  com- 
ment se  peut  faire  l'intoxication;  et  pour  cela  supposons  que  la  toxine  est  composée 
d'un  élément  haptophore,  non  toxique,  qui  lui  permet  de  pénétrer  dans  la  cellule,  et 
d'un  élément  toxophore,  toxique,  n'agissant  sur  le  protoplasma  cellulaire  que  si  l'élé- 
ment haptophore  a  d'abord  pénétré  dans  la  cellule,  en  s'unissant  à  une  des  chaînes 
latérales  de  cette  même  cellule.  Si  une  toxine  est  injectée  à  forte  dose,  elle  se  com- 
bine à  la  cellule  par  l'élément  haptophore  qui  permet  à  l'élément  toxophore  de 
pénétrer,  et  alors  les  cellules  sont  empoisonnées.  Au  contraire,  si  la  toxine  est  injectée 
en  quantité  faible,  alors  il  y  a  stimulation  cellulaire,  production  abondante  de 
chaînes  latérales  ou  récepteurs  :  ces  récepteurs,  devenus  libres  dans  le  sang,  se  fixent 
aux  haptophores,  les  rendent  inotTensifs,  et,  par  conséquent,  jouent  le  rôle  d'anti- 
toxines. De  sorte  que  les  antitoxines  (c'est-à-dire  les  anticorps)  ne  sont  que  les  chaînes 
latérales  des  cellules  qui  se  combinent  aux  toxines  (antigènes). 

Le  rôle  de  la  toxine  serait  donc,  à  faible  dose,  de  provoquer  la  formation  d'anti- 
toxines. 

Pour  Ehrlich,  toute  cellule  est  capable  de  produire  une  antitoxine,  c'est-à-dire 
qu'elle  a  des  chaînes  latérales  qui  peuvent  se  libérer;  tandis  que,  pour  Metchnikoff,  ce 
sont  les  leucocytes  seuls  ou  presque  seuls  qui  seraient  capables  d'agir  ainsi.  Il  est, 
d'ailleurs,  assez  vraisemblable,  étant  donnés  les  faits  ci-dessus  énoncés  sur  la  sperma- 
tolyse,  l'hémolyse,  la  néphrolyse,  etc.,  que  les  cellules  leucocytaires  n'ont  pas  une  fonc- 


IMMUNITE.  25 

tion  de  résistance  universelle,  mais  qu'au  contraire  chaque  organe  soit  doué  de  ce 
pouvoir,  chaque  cellule  possédant  des  groupements  chimiques  (récepteurs)  qui  peuvent 
s'adapter  à  telle  ou  telle  toxine  :  ces  groupements  jouent  le  rôle  d'une  antitoxine  quand 
ils  se  sont  libérés  de  la  cellule.  (Voyez  tig.  1  et  2,  page  32). 

Ehrlich  a  pu  aussi  montrer  qu'il  y  avait  dans  certaines  toxines  (comme  par  exemple 
la  toxine  dil'térique)  des  substances  non  toxiques  [toxoides),  provoquant  la  formation 
d'antitoxines,  mais  n'étant  pas  toxiques  par  elles-mêmes,  et  il  a  alors  supposé  que  ces 
toxoides  ne  sont,  en  réalité,  que  les  éléments  haptophores  de  la  toxine,  capables  de  pro- 
voquer la  formation  des  antitoxines,  mais  non  d'intoxiquer;  car  ils  n'ont  pas  de  groupe 
toxophore.  (V.  Toxines.) 

Cette  théorie  est  relativement  simple  ;  elle  peut  sans  grandes  modifications  s'adapter 
aux  phénomènes  décrits  plus  haut,  relatifs  à  l'hémolyse  et  à  la  bactériolyse  par  les 
alexines  du  sérum.  En  effet,  il  est  bien  prouvé  par  les  expériences  de  Bordet  qu'il  y  a 
nécessité  de  supposer  deux  substances  ;  l'alexine  et  la  sensibilisatrice.  Ehrlich  suppose 
que  l'alexine  (qu'il  appelle  complément)  est  douée,  comme  toute  toxine,  d'un  élément 
haptophore  et  d'un  élément  toxophore.  L'élément  haptophore  ne  peut  se  mettre  en 
relation  avec  le  microbe  et,  par  conséquent,  l'empoisonner  que  s'il  y  a  sensibilisatrice 
(qu'EHRLiCH  appelle  ambocepteur) .  (V.  Hémolyse.) 

Rôle  des  lécithides  et  des  lipoïdes  dans  l'immunité.  —  A  côté  de  ces  fonctions 
cellulaires  spéciales,  qui  consistent  essentiellement  en  la  formation  d'une  antitoxine 
qui  neutralise  la  toxine,  il  existe  d'autres  processus  de  défense  de  l'organisme  qui 
peuvent  provoquer  l'immunité.  (Voir  Porges,  Ûber  Colloïde  und  Lipoïde  in  ihren  Bezie- 
hungen  zur  Immunitàtslehrc.  Handb.  der  Melhodik  und  Tcchnik  der  Immunitàlsforschung, 
1909,  1162.) 

Il  s'agit  du  rôle  que  les  corps  gras,  de  la  famille' de  la  cholestérine  et  des  lécithines 
(substances  qu'OvERioN  appelle  lipoïdes),  exercent  sur  la  digestion  et  la  neutralisation 
des  toxines. 

Fraser  avait  vu  que  l'extrait  alcoolique  de  la  bile  confère  une  immunité  notable 
contre  le  venin  des  serpents.  Phisalix,  dans  une  série  d'intéressantes  recherches, 
a  montré  le  rôle  spécial  de  la  cholestérine.  Le  venin  de  vipère,  injecté  à  des  cobayes 
à  une  dose  qui  est  mortelle  en  quelques  heures,  n'a  plus  d'effet  si  le  cobaye  a  reçu,  au 
préalable,  2  à  5  centigrammes  de  cholestérine.  «Ainsi,  dit  Phisalix,  malgré  son  peu  de 
solubilité  et  ses  affinités  chimiques  faibles,  la  cholestérine  pure  immunise  contre  le 
venin  de  vipère...  C'est  le  premier  exemple  connu  d'un  composé  chimique  défini  qui 
agisse  comme  un  vaccin  ».  (La  cholcst/^rine  et  les  sels  biliaires  vaccins  chimiques  du  venin 
de  vipère.  B.  B.,  1897,  H  déc.  1057.) 

Ranson  a  montré  que  l'action  hémolysante  de  la  saponine  est  annihilée  par  de  petites 
quantités  de  cholestérine,  et  il  a  comparé  cet  effet  à  l'action  antitoxique.  Il  admet 
que  Taction  du  sérum  normal  contre  la  saponine  dépend  de  la  quantité  de  cholestérine 
qu'il  contient.  D'autres  auteurs  ensuite  ont  montré  que  la  cholestérine  agissait  comme 
antitoxique  sur  l'agaricine  fNoGUCHi),  la  tétanolysine  (iNqguchi),  le  venin  de  cobra  (Kyes), 
la  vitriolysine  (Pibram),  l'arachnolysine  (Belorowski),  le  venin  des  abeilles  (Morgemroth 
et  Carpi),  alors  que  sur  la  ricine,  l'abrine,  les  hémolysines,  les  staphylolysines,  il  n'a 
pas  d'action.  La  lécithine  semble  être  décidément  moins  protectrice  que  la  cholestérine. 

Ce  pouvoir  antitoxique  de  la  cholestérine  est  tel  que,  d'après  beaucoup  d'auteurs,  le 
soi-disant  pouvoir  antitoxique  des  organes  est  dû  probablement  à  la  cholestérine  qu'ils 
contiennent.  Les  globules  rouges,  dont  le  stroma  est  riche  en  cholestérine,  agissent  dans 
ce  sens.  Quand  le  tissu  cérébral  a  été  épuisé  par  l'élher,  son  pouvoir  fixateur  de  la 
tétanotoxine  a  presque  disparu  (Landsteiner). 

La  lécithine  semble  avoir  une  action  analogue  à  celle  du  complément  d'EHRLicH. 
D'après  des  travaux  récents,  notamment  ceux  de  Kyrs,  elle  peut  activer  des  sérums  peu 
actifs  (Kyes,  Lecithin  und  Schlàngengift.  l.  p.  C,  1904,  xli,  273-277).  Le  venin  de  cobra 
traité  par  la  lécithine  se  combine  avec  elle  :  il  se  forme  une  combinaison  chimique  ana- 
logue aux  combinaisons  connues  de  lécithine  et  d'albumine.  Eu  outre  cette  combinaison 
a  des  propriétés  hémolytiques  très  nettes.  Ni  la  lécithine  seule,  ni  le  venin  de  cobra 
seul  n'agissent  sur  les  globules;  mais,  lorsque  les  deux  corps  sont  mélangés,  ils 
acquièrent  la  propriété  de  dissoudre  les  globules.  Si  donc,  dit-on,  le 'sérum  joue  le  rôle 


26  IMMUNITE. 

d'ambocepteur  vis-à-vis  du  venin  de  cobra  et  des  ylobules,  ("est  à  cause  de  la  lécilbine 
et  des  lipoïdes  qu'il  contient.  Cependant,  quoique  la  lécithine  semble,  à  certain  point  de 
vue,  jouer  le  rôle  de  complément  (ou  d'alexine),  il  ne  faudrait  pas  trop  se  hciter  de  con- 
clure; car  d'abord  les  lécithides  ne  sont  pas  détruites  par  la  cbaleur  à  100*',  tandis  que  le 
complément  est  détruit;  ensuite  parce  que,  dans  les  sèrums,  les  lipoïdes  se  trouvent  en 
un  état  inconnu  encore,  très  dill'érent  d'une  dissolution  simple,  état  qui  leur  enlève  tout 
pouvoir  d'agir  comme  complément.  Rappelons  une  ancienne  observation  de  Calmette, 
que  le  sérum  cbaufl'é  à  62''  est  plus  actif  que  le  sérum  fiais.  (Y  a  t-il  eu  destruction 
d'une  antihémolysine  naturelle,  ou  mise  en  liberté  des  lipoïdes  du  sérum?). 

En  définitive,  le  rôle  des  lipoïdes,  si  l'on  excepte  leur  pouvoir  lixatour  des  toxines, 
n'est  pas  déterminé  avec  précision  encore.  Mais  il  est  vraisemblable  qu'ils  jouent'  un 
grand  rôle.  Leur  dillusion  dans  l'organisme,  et  surtout  leur  prépondérance  dans  les 
organes  essentiels  (cellules  nerveuses,  sperme,  œuf,  globules  du  sang),  indiquent  claire- 
ment que  leur  rôle  est  considérable  dans  les  pbénomènes  de  la  vie,  et,  par  conséquent, 
dans  les  fonctions  de  défense.  11  y  a  quelques  années  encore,  on  considérait  la  cholesté- 
rine  comme  un  produit  d'excrétion,  un  résidu  dont  l'organisme  avait  h;\le  de  se  débar- 
rasseï  ;  les  études  récentes  faites  sur  l'immunité  semblent  prouver,  au  contraire,  que 
son  action  est  très  puissante,  encore  que  sa  fonction  soit,  dans  l'état  actuel  de  la 
science,  assez  mal  précisée. 

Certains  auteurs  ont  voulu  expliquer  la  fonction  antitoxique  du  foie,  et  surtout  du 
cerveau  en  supposant  que  c'est  tout  simplement  une  action  des  b'-cilliides  sur  les  toxines. 
Mais,  en  l'état  actuel,  il  faut  se  garder  de  toute  aflirmalion  prématurée  et  de  toute 
généralisation  hâtive.  Dans  le  foie,  les  phénomènes  chimiques  sont  si  compliqués 
qu'une  transformation  par  d'autres  substances  que  les  lipoïdes  est  fort  possible.  Dans 
le  cerveau,  encore  que  la  matièie  cérébrale  fixe  certaines  toxines  (la  tétanotoxine,  par 
exemple),  elle  ne  parait  pas  les  transformer.  De  récentes  expériences  de  Marie  et  Tu-fe- 
î)EAU  {Étude  de  quelques  modes  de  neutralisation  des  toxines  bactériennes.  Ann.  Inst.  Pas- 
teur, 1908,  xxn',  289  et  644),  il  semble  résulter  que  le  cerveau  ne  détruit  pas  le  virus 
tétanique,  mais  qu'il  le  fixe  seulement;  car,  par  la  digestion  protéolylique,  la  toxine 
se  libère,  et  reparait  avec  toute  son  activité  toxique.  Eu  outre,  la  chaleur  (56°-60'')  fait 
perdre  au  cerveau  sa  propriétc'  fixatrice;  de  sorte  que  c'est  probablement  une  protéine, 
et  non  un  lipoïde  qui  intervient  dans  le  rôle  protecteur  du  cerveau;  car  la  chaleur 
(SC-ôO")  n'altère  pas  les  lipoïdes  (?),  et  altère  certaines  protéines. 

Déviation  du  complément.  —  D'après  Bordet  l'alexine  est  unique,  et  la  sensibili- 
satrice est  variable  selon  chaque  microbe  (ou  chaque  cellule).  «  C'est  toujours,  dit-il 
en  un  récent  travail  sur  la  question,  la  même  arme  dans  tous  les  cas;  c'est  une 
alexine  uniipie,  qui  réagit  avec  les  microbes  les  plus  variés,  et  qui,  sans  (jue  sa  nature 
change,  est  simplement  dirigée  contre  un  microbe  ou  contre  un  autre,  grâce  à  la  spé- 
cificité des  sensibilisations.  » 

Bordet  a  comparé  le  rôle  des  sensibilisatrices  (ou  ambocepteurs)  au  rôle  chimique 
des  mordants  dans  la  teinture  des  étoffes,  qui  sont  nécessaires  pour  que  sur  une  étoffe 
se  fixe  telle  ou  telle  couleur,  même  très  diluée. 

L'affinité  de  l'alexine  (ou  complément)  pour  les  antigènes  lorsque  les  antigènes  ont 
fixé  la  sensibilisatrice  (ou  ambocepleur)  est  si  grande,  que,  lorsque  l'on  met  en  présence 
un  antigène  sensibilisé,  par  exemple  des  globules  de  sang,  avec  un  sérum  chargé 
d'alexine,  en  peu  de  temps  ces  globules  se  sont  emparés  de  l'alexine,  si  bien  qu'on  ne 
la  retrouve  plus  dans  le  sérum.  (Bordet  et  Gengou.)  Quand,  au  lieu  de  globules,  on  met 
en  présence  d'un  sérum  chargé  d'alexine,  c'est-à-dire  non  chauffé,  des  bactéries  sensi- 
bilisées, ces  bactéries  se  comportent  comme  les  globules  et  fixent  l'alexine  ou  complé- 
ment. Pour  employer  la  terminologie  d'EHRLicH,  à  peu  près  unanimement  adoptée,  ces 
bactéries  sensibilisées  dévient  le  complément. 

Nous  indiquerons  brièvement  cette  méthode  ingénieuse,  clairement  exposée  par 
A.  Delille  {Anticorps,  antigènes  et  déviation  du  complément.  Monographies  cliniques, 
n»  b5,  1909). 

Les  vibrions  cholériques  sont  rapidement  détruits  par  le  sérum  des  cobayes  immu- 
nisés; mais  deux  substances  sont  nécessaires  à  cette  bactériolyse;  une  substance 
thermolabile,  l'alexine  ou  complément,  qui  existe  dans  tous  les  sérums;  et  une  sub- 


IMMUNITE.  27 

slance  thermoslable,  la  sensibilisatrice  ou  aml)ocepteur.  Si  le  sérum  est  chauffé,  le 
coiuplément  a  été  détruit,  les  bactéries  qu'où  place  dans  ce  sérum  sont  sensibilisées, 
mais  elles  ne  se  désagrègent  plus;  car  le  complément  fait  défaut,  et  le  complément  est 
nécessaire  à  celle  désagrégation.  On  mélange  ces  microbes  sensibilisés  avec  une  petite 
quantité  de  sérum  frais;  et  le  mélange  alors  cesse  d'être  hémolytique  pour  des  globules 
d'un  sang  étranger.  Donc  ce  sérum  a  perdu  une  partie  de  ses  propriétés  normales  :  son 
complément  aura  disparu.  La  seule  explication,  qu'on  en  puisse  donner,  c'est  que  les 
bactéries  sensibilisées  ont  fixé  et  dévié  le  complément.  Phénomène  qui  indique  qu'il  y 
avait  un  anticorps  (ou  ambocepteur,  ou  sensibilisatrice)  qui  s'était  fixé  sur  les  bactéries. 

Par  conséquent  en  employant  la  méthode  de  déviation  du  complément,  on  peut 
indiquer  la  présence  ou  l'absence  d'anticorps  dans  tel  ou  tel  sérum. 

«  Pour  déceler  la  présence  d'un  anticorps  présumé  dans  un  sérum  donné,  il  suffit  de 
mettre  en  contact  avec  l'antigène  correspondant  un  échantillon  chauffé  à  55°  du  sérum 
en  question,  puis  d'ajouter  un  sérum  neuf.  La  déviation  du  complément  (décelée  par 
l'absence  d'hémolyse  des  globules  sensibilisés  ultérieurement  ajoutés)  manifestera 
l'existence  de  ces  anticorps.  »  (A.  Delille,  lac.  cit.,  22.) 

La  discussion  détaillée  du  phénomène  nous  entraînerait  trop  loin.  D'ailleurs  on 
trouvera  à  l'article  Hémolyse  (viii,  470)  la  question  très  amplement  traitée. 

Disons  seulement  que  la  méthode  de  déviation  du  complément  (autrement  dit 
absorption  de  l'alexine  du  sérum  par  des  microbes  sensibilisés)  a  été  appliquée  à  la 
mesure  du  pouvoir  antitoxique  des  sérums,  et  en  clinique  au  sérodiagnostic  de  la 
syphilis  (Wassermann).  Le  liquide  céphalo-rachidien  des  sujets  syphilitiques  contien- 
drait un  anticorps  syphilitique.  On  a,  paraît-il,  des  résultats  positifs  dans  40  p.  100  des 
cas.  Mais  nous  devons  ajouter  que  d'autres  hypothèses  que  celle  d'un  anticorps  spéci- 
fique peuvent  être  adoptées  (action  des  lécithides). 

En  tout  cas  tous  ces  phénomènes  établissent  ces  deux  grandes  lois,  que  nous  avons 
déjà  mentionnées,  mais  qu'il  faut  mentionner  encore  :  car  elles  dominent  l'histoire  de 
l'immunité. 

1"  Chaque  élément  étranger  à  l'organisme,  figuré  ou  non  figuré,  provoque  la  forma- 
tion d'une  substance  qui  lui  esl  antagoniste.  L'antigène  provoque  un  anticorps  :  et  les 
anticorps  sont  aussi  spécifiques  que  les  antigènes. 

2°  Ces  anticorps  sont  inefficaces  contre  l'antigène,  s'ils  ne  trouvent  une  substance 
contenue  normalement  dans  les  humeurs,  substance  qui  permet  à  l'anticorps  de  s'unir 
avec  l'antigène  et  de  le  détruire. 

NicoLLE  {Une  conception  générale  des  anticorps.  Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  1908)  a  pro- 
posé de  tous  ces  phénomènes  de  réaction  organique  une  généralisation  hypothétique. 
Il  y  aurait  deux  sortes  d'anticorps,  les  coagulines  (ou  agglulinines),  et  les  lysines,  qui 
ne  peuvent  agir  qu'avec  le  concours  de  l'alexine  (ou  cytase,  ou  complément).  Les  coa- 
gulines produiraient  l'immunité,  lès  lysines  produiraient  l'anaphylaxie.  On  sait  en 
effet  que  l'immunité  et  l'anaphylaxie  peuvent  très  bien  coïncider  (Ch.  Richet,  1902). 

Évidemment  ce  ne  sont  là  que  des  pierres  d'attente  dans  la  théorie  générale  de  l'im- 
munité. 

Quant  aux  relations  de  l'immunité  avec  la  formation  des  précipitines  et  des  agglu- 
tinines,  elles  sont  encore  assez  incertaines  (voy.  Sang). 

B,  Immunité  acquise  contre  les  parasites.  —  Au  point  de  vue  historique  l'étude  de 
l'immunité  et  de  l'immunisation  contre  les  parasites  (microbes,  mycoses,  sporozoaires) 
a  devancé  de  beaucoup  l'immunisation  contre  les  toxines;  car  on  a  connu  les  microbes 
avant  desavoir  que  la  maladie  et  la  mort  étaient  produites  par  les  toxines  qu'ils 
sécrètent.  Même  l'immunisation  contre  les  maladies  a  précédé  l'immunisation  contre 
les  microbes,  puisque  jusqu'à  Pasteur  on  n'avait  pas  considéré  la  maladie  comme  un 
phénomène  dû  exclusivement  au  parasitisme. 

Aussi  bien  pour  les  maladies  a-t-on  presque  de  tout  temps  constaté  qu'une  première 
atteinte  immunise.  Cela  a  été  appliqué  non  pas  à  toutes  les  maladies,  mais  à  beaucoup 
d'entre  elles.  Pour  la  variole  notamment,  on  avait  remarqué  qu'un  individu  qui  avait 
jadis  contracté  la  variole  était,  par  cela  même,  protégé  contre  une  nouvelle  atteinte.  De 
là  la  pratique  de  l'inoculation  au  xviu^  siècle. 

L'inoculation  était  d'ailleurs  un  procédé  assez  barbare.  Le  génie  de  Jenner  l'a  rem- 


28  IMMUNITE. 

placée  par  la  vaccination,  qui  confère  rimmunité  par  rinoculation  d'une  maladie 
légère,  la  vaccine,  laquelle  protège  l'organisme  contre  une  maladie  grave,  la  variole, 
voisine  de  la  vaccine,  mais  difTérente  d'elle. 

Quoique  la  vaccination  jennérienne  soit  le  plus  grand  bienfait  que  la  science  médi- 
cale aitapportt'  à  l'iiuniaïuti',  la  doctrine  même  en  était  resiée  ignorée  jusqu'à  l'époque, 
presque  contemporaine,  des  travaux  de  Pasteur. 

Avant  les  admirables  travaux  de  Pasteur,  Toussaint  avait  fait  une  expérience  remar- 
quable; injectant  du  sang  ciiarbonneux,  cliauHé  à  jj",  il  avait  pu  immuniser  des  ani- 
maux contre  le  cbarbon.  Pasteur,  avec  Chamiierland  et  Uoux,  a  pu  généraliser  et  déve- 
lopper cette  belle  expérience,  si  bien  que  la  vaccination  par  le  charbon  atténué  est 
devenue  une  pratique  agricole  commune.  'D'ailleurs,  au  point  de  vue  de  la  théorie, 
l'expérience  de  Toussaint  n'était  pas  tout  à  fait  probante,  car  le  sang,  dans  l'expérience 
de  Pasteur,  était  chauflé  à  42"  seulement,  tandis  que  dans  l'expérienoe  de  Toussaint 
on  ne  pouvait  décider  si  la  chaleur  avait  agi  en  détruisant  une  toxine  soluble  ou  en 
atténuant  un  microbe. 

Lue  autre  expérience  de  Pasteur,  d'une  précision  irréprochable,  allait  ouvrir  la  voie 
à  de  nouvelles  découvertes  et  de  nouvelles  théorir-s. 

Si  l'on  examine  le  microbe  du  choléra  des  poules  cultivé  méthridiquiMucnt  dans  du 
bouillon,  on  constate  : 

1°)  Que  b's  microbes,  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  végètent  dans  le  licjuide,  deviennent 
de  moins  en  moins  nocifs,  et  que  linalement  ils  doimeiit  une  maladie  légère,  au  lieu  de 
la  maladie  grave,  toujours  mortelle,  (juils  pioduisaient  d'abord;  2°)  Que  cette  maladie 
légère  confère  l'immunité,  c'est-à-dire  que  les  poules,  (jui  ont  été  rendues  malades  par 
le  microbe  vieilli,  deviennent  réfractaires  au  microbe  virulent  ;  .3»!  Que  le  bouillon 
où  ont  poussé  les  microbes  est  devenu  impropre  à  la  nutrition  de  ces  mêmes  microbes 
(1880). 

De  là  deux  théories.  Pasteur  avait  d'abord  conçu  la  théorie  de  la  soustraction, 
d'après  laquelle  le  milieu  nutritif  du  microbe  sang  de  l'animal,  ou  bouillon  de  culturel 
aurait  perdu  quelques  substances  nécessaires  au  dt'veloppement  de  ce  même  microbe. 
Or  Cuauveau  soutint  avec  raison  (et  Pasteur  se  rangea  bien  vile  à  son  opiiiionj  que, 
rimmunité  n'étant  pas  absolue,  mais  relative,  il  était  impossible  d'admettre  la  soustrac- 
tion d'une  substance  nécessaire,  qu'il  était  iloni;  plus  rationnel  de  supposer  l'addition 
de  certaines  substances  nuisibles,  produites  par  le  microbe  pendant  sa  prolifération, 
et  entravant,  gênant  l'évolution  ultérieure. 

Jusqu'alors  il  était  impossible  de  savoir  si  la  vaccination,  c'est-à-dire  le  confert  de 
rimmunité,  était  due  aux  microbes  évoluant  dans  un  organisme  ou  aux  produits 
soiubles  sécrétés  par  eux.  Il  fut  bientôt  établi  que  les  produits  soluldes  ont  une  action 
vaccinante.  (Pour  l'hisloriijue  voir  Ciiarrin,  Traité  de  patholo(jie  r/cnérale  de  Bouchard, 
i89G,  M,  280).  WooDHiDGK  d'abord  avait  supposé,  sans  prendre  nettement  position,  que  la 
toxine  du  charbon  immunise  contre  la  bactéridie  charbonneuse.  Salmon  et  Smith,  chauf- 
fant des  cultures  de  chob'-ra-hog  à  i>9°,  G0°,  ce  qui  est  insuflîsant  pour  détruire  les 
spores,  immunisèrent  des  pigeons  contre  le  microbe  du  choléra-hog.  Mais  c'est  surtout 
Charrin  qui  a  rendu  indiscutable  la  vaccination  par  produits  soiubles  (1887).  En  chauf- 
fant à  iiij°  des  cultures  du  bacille  pyocyanique,  il  a  rendu  la  résistance  du  lapin  (à 
l'inoculation  du  microbe)  complète  et  durable  :  par  conséquent  il  a  produit  l'immunité 
en  injectant  préalablement  les  cultures  de  ce  microbe. 

En  peu  de  temps  ce  procédé  de  vaccination  est  devenu  général,  et  la  démonstration 
en  a  été  surabondante;  par  Roux  et  Chamberland  contre  l'œdème  malin;  par  Mastbaum 
contre  le  rouget  du  porc;  par  Roger,  Mironoff,  Marmorek,  contre  le  streptocoque;  par 
divers  auteurs  contre  la  dolhiénenterie,  le  pneumocoque,  le  choléra  indien,  la 
diftérie,  etc. 

Nous  allons  examiner  brièvement  quelques-unes  des  conditions  de  cette  immunisa- 
tion. 

Elle  est  en  grande  partie  spécifique,  c'est-à-dire  que  l'immunité  conférée  contre  un 
microbe  n'entraîne  pas  l'immunité  contre  un  autre  microbe.  On  pouvait  le  pré- 
voir, en  se  rappelant  qu'un  individu  qui  a  eu  des  pustules  vaccinales  peut  être  sujet  à 
diverses  maladies  infectieuses,   autres  que  la  variole.  Cependant  on  n'a  pas  le  droit 


IMMUNITÉ.  29 

d'admettre  une  spécificité  absolue,  puisque  aussi  bien  la  vaccine  et  la  variole  ne  sont 
pas  identiques,  et  que,  malgré  cela,  la  vaccine  protège  contre  la  variole.  Le  sang  des 
animaux  qu'on  a  immunisés  contre  le  charbon  protège  contre  le  vibrion  'septique 
(Dunschmann).  L'infection  par  le  Proteus  vidgaris  augmente  la  résistance  contre  le 
choléra  indien,  et  réciproquement  (Sobernheim).  On  a  donc  pu  penser  à  des  méthodes 
bactério-thérapeutiques  pour  guérir  certaines  infections  par  d'autres  infections.  Toute- 
fois, d'une  manière  générale,  c'est  la  spécificité  qui  est  la  règle,  pour  les  immunités 
contre  microbes,  aussi  bien  que  pour  les  immunités  contre  toxines. 

L'immunité  contre  microbes  ne  s'observe  guère  chez  les  invertébrés,  ou  du  moins 
les  expériences  sont  insuffisantes.  Kowalesky  [Arch.  de  zool.  exp.,  189S,  m,  591)  n'a  pu 
en  toute  certitude  protéger  les  myriapodes  contre  la  bactéridie  charbonneuse. 
Gheorghiewskv,  dans  le  laboratoire  de  Meïchnikoff,  n'a  pu  produire  qu'une  faible 
immunisation  des  grenouilles  contre  le  charbon  {Ann.  de  l'inst.  Pasteur,  1899,  xiii,  314). 
Aussi  presque  toutes  les  recherches  relatives  àl'immunité  portent-elles  sur  les  animaux 
à  sang  chaud  :  et  ces  recherches  sont  actuellement  (fév.  1910)  innombrables.  La  multi- 
plicité des  faits,  parfois  incomplètement  observés,  toujours  trop  hâtivement  généra- 
lisés, donne,  à  cette  histoire  de  l'immunité  acquise  contre  les  microbes,  une  apparenc» 
chaotique  qui  est  celle  de  toutes  les  sciences  en  voie  d'évolution. 

Deux  théories  principales  sont  en  présence,  et  il  paraît  tout  à  fait  vain  de  les 
opposer  l'une  à.  l'autre  ;  car  selon  toute  vraisemblance  elles  sont  vraies  l'une  et  l'autre, 
mais  plus  ou  moins  complètement  applicables  dans  tel  ou  tel  cas  spécial,  selon  la 
nature,  et  de  l'organisme  infecté,  et  du  parasite  infectant.  Nous  distinguerons  donc  ; 
1°  une  théorie  humorale,  chimique,  d'après  laquelle  les  microbes  sont  détruits  par  une 
substance  chimique  (ou  empêchés  dans  leur  évolution);  2"  une  théorie  cellulaire,  biolo- 
gique, d'après  laquelle  les  microbes  sont  digérés  par  les  phagocytes,  ou  par  les  cellules 
de  l'organisme,  douées  d'un  actif  pouvoir  cytolytique.  A  vrai  dire,  comme  il  a  été 
exposé  plus  haut,  ces  deux  théories,  en  dernière  analyse,  arrivent  à  se  confondre: 
car  l'action  des  phagocytes  ne  se  comprend  que  si  l'on  admet  un  phénomène  chimique 
de  digestion  par  les  sucs  cytoly tiques  sécrétés  par  les  phagocytes. 

L'action  bactéricide  des  humeurs  est  un  phénomène  découvert  par  Fodor,  Ncjttall, 
BiJCHNER.  Elle  est  absolument  démontrée  pour  l'immunité  normale.  Si  l'on  ensemence 
un  nombre  déterminé  de  microbes  dans  du  sérum,  on  les  verra  d'abord  dimitmer, 
puis  en  quelques  heures  complètement  disparaître.  Chez  les  animaux  rendus  réfrac- 
taires  par  la  vaccination,  quel  que  soit  d'ailleurs  le  procédé  de  vaccination,  l'action 
bactéricide  du  sérum  est  énormément  accrue.  Behring  et  Nissen  d'abord,  mais  surtout 
Pfeiffer  ont  très  bien  établi  ce  phénomène  fondamental  de  la  bactériologie  (1894-1896). 
Pfeiffuu,  en  injectant  le  vibrion  cholérique  dans  le  péritoine  des  cobayes,  a  vu  que,  si 
des  cobayes  sont  immunisés  contre  le  vibrion  cholérique,  leur  liquide  péritonéal  a 
acquis  la  propriété  de  dissoudre  ces  vibrions,  de  les  désagréger  en  granulations, 
tandis  que  chez  les  animaux  normaux  le  liquide  péritonéal  n'a  pas  ce  pouvoir  bacté- 
riolytique,  et  que,  malgré  la  phagocytose  active  qui  se  produit  alors,  pour  peu  que  la 
quantité  des  vibrions  injectés  soit  suffisante,  le  cobaye  meurt  infecté.  On  appelle  ajuste 
titre  phénomène  de  Pfeiffer  cette  dissolution  granuleuse  des  bactéries  par  les  humeurs 
organiques. 

BoRDET  a  ajouté  à  cette  donnée  essentielle  une  autre  notion  très  importante.  Il  a  vu 
que,  pour  que  les  microbes  fussent  détruits  par  les  humeurs  des  animaux  immunisés, 
il  fallait  deux  substances  analogues  à  celles  qu'il  avait  découvertes  en  étudiant  l'hémo- 
lyse normale  ;  une  substance  thermolabile,  que  détruit  une  température  de  55°,  véri 
table  alexine  ou  cytase;  et  une  autre  substance  résistant  à  la  chaleur  de  5.j°,  substance 
qui  n'existe  que  chez  les  animaux  immunisés.  De  sorte  que,  si  l'on  chauffe  au-dessus 
de  55°  la  lymphe  péritonéale  d'un  cobaye  immunisé,  cette  lymphe  ne  pourra  plus  dis- 
soudre les  bactéries,  mais  elle  reprendra  son  pouvoir  bactérioly tique  dès  qu'on  lui 
aura  ajouté  quelques  traces  de  la  lymphe  d'un  cobaye  normal.  Le  concours  de  deux 
substances  est  nécessaire  aussi  bien  pour  la  dissolution  des  microbes,  que  pour  celles 
des  hématies. 

La  sensibilisatrice  des  animaux  immunisés  est  spécifique;  c'est-à-dire  agissant  sur 
une  seule  variété  de  microbes.  Si  l'on  injecte  simultanément  des  microbes  d'espèce 


30  IMMUNITE. 

(Ufférente,  ou  a  des  sérums  poh/ralent^:  cliaqne  sensibilisatrice  agissant  comme  si  oUe 
était  seule. 

E.  METCHNiKori-,  le  savant  propagateur  de  la  tlu'orie  oeliulaiiv,  pliagocylaire,  n'ac- 
cepte pas  sous  cette  forme  le  rôle  cytolytique  des  humeurs;  et  il  donne,  pour  appuyer 
sou  opinion,  d'intéressantes  expériences.  D'après  lui,  il  faut  attribuer  à  la  phagocytose 
un  rôle  beaucoup  plus  important  dans  l'immunili'  acijuise  qu'au  phônomt-ne  de  I'if.ifker 
[loc.  cit.,  238).  En  efTet  les  animaux  parfaileint'nt  immunisés  contre  le  viliriou  cholé- 
rique, et  chez  qui  la  transformation  gianuleuse  est  active,  n'ont  i)as  dans  toutes  leurs 
humeurs  de  substance  bactériolytique.  injectés  sous  la  peau  ou  dans  l'humeui"  aqueuse 
des  animaux  immunisés,  les  vibrions  cholériques  continuent  à  vivre,  ef  ne  sont  pas 
détruits.  Ils  ne  sont  attaqués  que  là  où  il  y  a  des  leucocytes. 

L'expérience  suivante  parait  surtout  décisive.  Elle  est  due  à  Cantacuzè.nk,  un  élève 
de  Metcumkoit  {Ann.  de  l'Iust.  Pusleur,  t89s,  xii,  288>  .Si  l'on  injecte  à  des  cobayes 
immunisés  une  forte  dose  d'opium,  non  mortelle,  mais  suffisante  jiour  paralyser  l'acti- 
vité des  leucocytes,  ces  animaux,  quoique  immunisés,  succombent  à  l'iuleclioii  par  le 
vibrion  cholérique.  S'ils  n'ont  pas  résisté,  c'est  (jue  leurs  leucocytes  avaient  été  paralysés 
par  la  morphine.  Oi'hel  a  répété  ces  expériences  (1901)  avec  le  bacille  typhique.  Des 
cobayes,  bien  immunisés  cependant,  meurent,  quand  ils  sont  morphines,  à  la  suite  d'une 
infection  typhique.  De  même  aussi  (Ihkorgiewsky  (i-ln/i.  de  rinst.  Pasteur,  1899,  xiii,  308) 
a  pu  par  la  morphine  paralyser  les  leucocytes  de  cobayes  immunisés  contre  le  bacille 
pyocyanique,  et  empêcher  ainsi  leur  immunité  de  se  nianil'oster. 

Dans  diverses  infections  encore  on  voit  nettement  (jue  le  pouvoir  bactériolytique  du 
sang  et  l'immunité  ne  sont  pas  deux  phénomènes  lie»  l'un  h  l'autre.  Le  sérum  des  lapins 
vaccinés  contre  le  roufiel  des  porcs  est  un  milieu  de  culture  pour  le  microbe  (Mesml). 
Chez  les  rats  vaccinés  contre  la  l»actéridie  et  chez  les  rats  normaux,  le  sérum  est  éga- 
lement bactéricide;  tandis  que  la  lymphe  des  exsudats  cutanés,  chez  les  immunisés 
comme  chez  les  normaux,  est  également  dépourvue  de  pouvoir  bactéricide  (Switciie.nko). 
Le  sérum  des  rats  blancs  immunisés  contre  le  trypanosome  n'a  aucum'  action  bactéri- 
cide (Laveuan  et  Mesnil). 

On  trouvera  dans  Iîôhme  [Bacteriolytif^che  Sera.  Handb.  dcr  Tcchnik  imd  Mcthodik 
der  Immunildtsforschwig.  de  Kracs  et  Levauitf,  ii,  1909,  378-4G2i  l'histoire  détaillée  de 
tous  les  sérums  bactériolytiques  des  animaux  immunisés:  contre  le  typhus  (Pi-eiffer),  le 
paratyphus,  le  choléra,  la  dysenterie,  le  bacille  pyocyanique,  avec  les  procédés  do  pré- 
paration et  d'immunisation  que  la  pratique  a  montrés  utiles. 

L'expérience  a  établi  que  pour  tous  ces  sérums  bactériolytiques  deux  substances 
sont  nécessaires;  l'alexine  du  sérum  normal,  et  la  fixatrice,  spécifique,  dérivant  de 
l'immunisation. 

Pour  Metcun'ikoi-k,  l'analogie  est  complète  entre  ce  processus  bactéiiolylique  et  la 
digestion  pancréatique  des  matières  albuminoïdes.  Rappelons  que  l'albumine  et  la 
fibrine  sont  digérées  par  le  concours  de  deux  ferments  :  la  trypsine  et  l'entérokinase. 
La  trypsine,  ferment  du  pancréas,  mise  en  présence  de  fibrine,  est  inactive  quand  elle 
est  pure;  mais,  dès  que  la  fibrine  a  subi  le  contact  de  l'entérokinase  sécrétée  par 
l'intestin,  alors  elle  est  attaquée  par  la  trypsine,  quoique  l'entérokinase,  à  elle  seule, 
n'ait  pas  d'action  digestive.  Nous  pouvons  donc  considérer  la  destruction  des  microbes 
par  un  sérum  comme  un  phénomène  de  digestion  (par  des  leucocytes)  analogue  à  la 
digestion  pancréatique.  Alors,  dans  cette  digestion,  deux  ferments  interviennent  :  le 
ferment  digestif  proprement  dit  (trypsine  ou  alexine  du  sérum)  et  le  ferment  sensibilisa- 
teur (entérokinase  de  l'intestin,  ou  sensibilisatrice  du  sérum  des  animaux  immunisés;. 

Poussant  plus  loin  la  théorie  du  phénomène,  Metchmkoff  considère  que-  ces  deux 
ferments  bactériolytiques  sont  sécrétés  par  les  leucocytes  du  sang.  Si  dans  le  sang  nor- 
mal on  trouve  des  substances  bactéricides,  c'est  que  les  leucocytes  du  sang,  après  la 
mort,  se  sont  dissous  et  ont  abandonné  leur  ferment  {ci/tase  d'après  Metchnikoff,  plus 
ou  moins  analogue  à  l'alexine  de  BCchner  .  Au  laboratoire  de  Metchnikoff,  Gengou 
et  BoRDET  ont  recueilli  du  sang  dans  des  tubes  paraffinés,  de  manière  à  empêcher  le 
contact  des  leucocytes  avec  une  paroi  étrangère,  paroi  qui  stinmie  leur  activité,  et  ils 
ont  constaté  que  ce  liquide,  qui  a  les  propriétés  du  sang  véritable,  circulant,  et  non  pas 
du  sang  mort,  n'a  pas  de  puissance  bactéricide,  in  vitro.   De  même  qu'il  n'y  a  pas  de 


IMMUNITE.  31 

fibrin-feinient  dans  le  sang  normal,  lequel  circule  sans  se  coaguler,  de  mêreie  il  n'y  a 
pas  de  ferineiiL  bactéricide  dans  le  sang  normal  qui  circule.  Il  faut  la  stimulation  (ou  la 
destruction)  des  leucocytes  pour  que  ce  ferment  se  libère  dans  le  sang.  {Ann.  de  l'Inst. 
Pasteur,  1901,  xv,  232.) 

Chez  les  animaux  immunisés,  comme  chez  les  normaux,  la  cytase  n'est  libérée  que 
par  la  stimulation  des  leucocytes.  Or  ce  sont  précisément  les  microbes  ou  leurs  toxines 
qui  mettent'on  jeu  le  chiniiotropisme  des  leucocytes,  lequel  provoque  cette  formation 
de  ferments  bactériolyliques,  et  par  conséquent  le  phénomène  de  Pfeiffer.  Il  s'ensui- 
vrait que  le  phénomène  de  Pfeiffer,  c'est  la  destruction  granuleuse  des  microbes  par 
les  ferments  que  ces  mêmes  microbes  ou  leurs  toxines  ont  stimulé  les  leucocytes  à 
dégager  et  à  verser  dans  le  sérum. 

Cette  substance  stimulatrice,  qui  apparaît  dans  le  sérum  des  animaux  immunisés, 
c'est  Vopsonine.  Metchnikoff  l'avait  à  un  moment  dénommée  stîmuline.  Son  existence  avait 
été  mise  hors  de  doute  par  les  expériences  de  Denys  et  Leclef,  montrant  que  l'arrêt 
du  développement  des  microbes  est  plus  marqué,  quand  on  ajoute  aux  leucocytes  de 
i'immun-sérum.  Marciia.nd  avait  établi  que  des  steptrocoques  virulents,  qui  poussent 
parfaitement  bien  dans  le  sérum  de  lapin  normal,  cessent  de  pousser  quand  on  les 
met  en  contact  avec  les  leucocytes  d'un  lapin  immunisé. 

En  1903,  Wright  et  Douglas  firent  l'étude  méthodique  de  cette  substance  favorisante 
ou  stimulante,  et  ils  l'appelèrent  l'opsonine.  Ils  constatèrent  d'abord  que  le  Staphylococcus 
aitreim  n'est  phagocyté  par  les  leucocytes  humains  que  si  l'on  ajoute  un  peu  de  sérum; 
donc  qu'il  y  a  dans  ce  sérum  une  substance  préparant  la  phagocytose,  substance  qu'ils 
appelèrent  Vopsonine.  (Voir  Levaditi  et  Injia.nn.  Handb.  der  Technik  und  Meth.  dey  Immii- 
nitàtsforsclmny,  de  Kraus  et  Levaditi,  1909,  ii,  342-366).  Cette  opsonine  est  détruite 
par  la  chaleur  de  60°.  Elle  est  probablement  identique  à  l'ambocepteur  d'EHRUcH,  et  elle 
a  la  propriété  de  permettre  aux  leucocytes  de  phagocyter  les  microbes. 

Cependant  il  est  prouvé  que,  même  sans  opsonine,  il  y  a  encore  possibilité  de  phago- 
cytose. LoKLiiiN,  après  avoir  centrifugé  soigneusement  des  leucocytes,  a  constaté  que 
leur  pouvoir  phagocytaire  était  encore  très  fort.  (V.  Leucocyte,  Phagocytose.) 

Le  rôle  des  opsonines  n'en  est  pas  moins  très  important;  car,  soit  dans  le  sérum  nor- 
mal, soit,  plus  manifestement  encore,  dans  le  sérum  des  animaux  immunisés,  les  opso- 
nines accélèrent  et  favorisent  notablement  la  phagocytose.  L'opsonine  a  la  propriété  de 
se  fixer  sur  les  bactéries,  à  la  manière  des  teintures  qui  se  fixent  sur  un  tissu,  et  d'y 
rester  adhérente  malgré  des  lavages  répétés.  C'est  seulement  après  cette  imprégnation 
du  microbe  par  l'opsonine,  que  le  leucocyte  peut,  en  règle  générale,  le  phagocyter  et  le 
dissoudre.  Le  sang  normal  contient  peu  d'opsonine.  Le  sang  des  immunisés  en  contient 
beaucoup:  ce  serait  là  la  principale  raison  pour  laquelle  le  sang  des  immunisés  est  nocif 
aux  microbes  qui  y  sont  injectés. 

Wright  a  appelé  indice  opsonique  le  rapport  entre  le  nombre  des  bactéries  phagocytées 
par  un  sérum  normal,  et  le  nombre  des  mêmes  bactéries  phagocytées  en  des  conditions 
identiques  par  un  immun-sérum.  Nous  n'avons  pas  à  indiquer  ici  la  technique  de  cette 
méthode,  mais  seulement  le  principe,  qui  est  simple.  On  fait  réagir  des  leucocytes  sur 
une  émuliion  bactérienne,  et  on  compte  la  proportion  des  bactéries  qui  ont  été  incluses 
par  100  leucocytes  après  l'action  de  tel  ou  tel  sérum.  Soit  A  la  proportion  trouvée  après 
addition  de  sérum  normal,  B  la  proportion  trouvée  après  addition  de  tel  ou  tel  sérum, 

A 

l'indice  opsonique  sera,  pour  ce  sérum,  de  -.  La  méthode  est  assez  précise  pour  être 

applicable  à  la  clinique. 

Agglutinines  et  précipitines.  —  De  même  que  pour  l'immunité  contre  toxines 
rimmunité  contre  microbes  paraît  être  sans  rapport  causal  avec  la  formation  des  agglu- 
tinines ou  des  précipitines.  Quoiqu'il  soit  assez  peu  satisfaisant  de  multiplier  outre 
mesure  h  >  espèces  chimiques  iou,  si  l'on  veut,  les  fonctions)  des  humeurs  organiques, 
on  est  bien  forcé  de  constater  que  la  fonction  agglutinante  diffère  de  la  fonction  bacté- 
riolytique.  de  la  fonction  antitoxique,  de  la  fonction  précipitante,  de  la  fonction  sensi- 
bilisante; et  que  ces  diverses  fonctions  sont,  dans  les  multiples  expériences  invoquées, 
tantôt  indépendantes,  tantôt  dépendantes  l'une  de  l'autre.  Widal,  dans  ses  belles 
études  sur  le  séro-diagnostic  et  l'agglutination  de  la  fièvre  typhoïde,  a  bien  montré  que 


3S 


IMMUNITE. 


la  réaction  de  l'agglutination  inii^iuait  ItHat  d'infection  plutôt  que  l'état  d'immunité 
Toutefois  le  seul  fait  mécanique  de  l'agglutination  des  microbes,  par  conséquent 
d'une  aptitude  moindre  à  la  mobilité  et  à  la  pullulation,  semble  en  soi  une  condition  qui 
doit  contribuer  à  l'immunité  des  organismes  contre  un  microbe.  Les  observations  de 
P.  CouRMONT  sur  ce  point  sont  tout  à  fait  probantes.  Sans  que  l'agglutination  et  l'immu- 
nité soient  absolument  synergiques,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  dans  les  infections 
graves,  le  pouvoir  d'agglutination  disparait:  qu'elle  est  très  nette  dans  ces  mêmes 
infections  légères,  de  sorte  qu'on  peut  par  l'agglutination  établir  une  sorte  de  séro- 
pronostic  {Précis  de  path.  ycnér.,  1908,  905;. 

La  théorie  d'EiiuLiCH  sur  la  formation  des  antitoxines   peut  s'appliquer  aussi  à  la 
lutte  de  l'organisme  contre  les  microbes  et  à  la  formation  d'un  immun-sérum. 

Il  suffit  d'appliquer  au  microbe  le  schéma,  indiqué  plus  haut,  de  la  cellule  vivante. 
Alors  on  accordera  au  microbe  un  récepteur  (homologue  de  la  chaîne  latérale  ,  capable 


R.V 


FiG.  2. 

PiQ.  1.  Schéma  Je  l'aclion  sur  un  microbe  d'un  sérum  Lactéricide  (alexine  et  sensibilisatrice)  d'après  ta  théorie 

rf'EHBLICH. 

M.  Microbe.  R.  Récepteur  (chaîne  latérale)  de  ce  microbe.  S.  Sensibilisatrice  (ou  ambocoptour)  composée  ilo 
doux  parties;  c.  groupe  complémentophile  :  h.  groupe  haptopliore.  A.  Alexine  (ou  complcmeut)  composée 
de  Jeux  parties;  z,  groupe  zvmolique;  A,  groupe  haptophorc. 

FiG.  2.  Schéma  de  l'action  de  la  toxine  sur  une  cellule,  et  de  la  production  de  l'antitoxine  (mise  en  librrté  des 

récepteurs  ou  cliaines  latérales)  d'après  la  théorie  (rEllRLKH. 

C    Cellule.  Ri.  Récepteur  (chaîne  latérale).  T.  Toxine  avec  son  groupe  toxophore  (/)  et  son  groupe  haptopliore 

(h)  qui  s'unit  à  la  chaîne  latérale  R'. 
A  la  droite  de  la  figure  on  a  figuré  une  toxine  libre  T  unie  à  un  récepteur  devenu  libre  (R/).  L'union  Je  la 

toxine  et  du  récepteur  représente  l'antitoxine. 

de  s'unir  aux  antito.xines  :  cette  combinaison  détruit  la  cellule  microbienne.  Mais, 
pour  que  cette  combinaison  s'effectue,  deux  éléments  sont  nécessaires,  l'alexine  (ou 
complément)  et  la  sensibilisatrice  (ou  ambocepteur  .  L'ambocepteur  est  le  lien  qui 
permet  à  l'alexine  de  s'unir  au  microbe  et  de  le  détruire.  Il  est  spécifique,  c'est-à- 
dire  il  constitue  la  substance  spécifique  qui  caractérise  tels  ou  tels  immun-sérums, 
tandis  que  le  complément  est  plus  ou  moins  banal,  existant  dans  le  sérum  de  tout 
animal,  normal  ou  immunisé.  Ainsi  la  notion  de  la  bactériolyse  se  rattache  à  celle  de 
l'action  antitoxique. 

Les  deux  schémas  ci-joints,  d'après  Courmont,  permettent  de  comprendre  cette  ingé- 
nieuse théorie. 

DE    QUELQUES-UNES    DES    CONDITIONS    DE    L'IMMUNITÉ. 


Immunité  passive  et  immunité  active.  — On  appelle  depuis  [Ehrlich  immunité 
passive  celle  qui  est  conférée  par  la  sérothérapie,  c'est-à-dire  par  le  sérum  injecté  dans 
les  veines  ou  inoculé  sous  la  peau.  En  fait,  immunité  passive  suppose  qu'il  n'y  a  pas 
d'organismes  vivants  microbiens  injectés  en  même  temps  que  le  sang. 

L'expérience  de  Maurice  Raynaud  (1877),  qu'on  a  parfois  regardée  comme  étant  la 
première  en  date  pour  établir  l'efficacité  des  transfusions  de  sang  ou  de  sérum  dans  le 


IMMUNITE.  33 

conTert  de  l'immunité,  n'est  pas  du  tout  une  expérience  d'immunité  passive;  car 
M.  Ray.x.vud  injectait  le  sang  d'une  génisse  en  éruption  vaccinale,  par  conséquent  dont 
le  sang  contenait  des  germes  vivants,  et  la  transfusion  de  ce  sang  était  équivalente  à 
une  injection  microbienne.  Donc  on  ne  peut  parler  d'immunité  passive,  puisque  le  sang 
injecté  contenait  des  germes  vivants. 

L'immunité  passive  est  déterminée  par  l'injecliou  des  antitoxines  contenues  dans 
le  san"  des  animaux  :  A,  normalement  réfractaires;  lî,  immutiisés  par  un  procédé  quel- 
conque. 

A.  l-e  sang  des  animaux  normalement  réfractaires  ne  confère  qu'une  immunité  très 
imparfaite,  si  tant  est  même  qu'on  puisse  parlei-  d'immunité.  En  elTet,  dans  le  sang 
normal  il  n'y  a  que  des  quantités  très  faibles  d'antitoxine,  et  elles  sont  tout  à  fait 
impuissantes  à  neutraliser  les  toxines  du  microbe.  Donc,  si  un  animal  est  réfractaire 
à  telle  ou  telle  infection,  c'est  surtout,  et  presque  exclusivement,  comme  Metchnikoff 
l'a  si  bien  établi,  parce  que  les  leucocytes  de  cet  animal  ont  un  pouvoir  phagocytaire 
considérable.  Or  les  leucocytes  d'un  animal,  transportés  dans  le  sang  d'un  autre  ani- 
mal ne  vivent  pas,  ou  tout  au  moins  ne  se  reproduisent  pas,  de  sorte  que  leur  action  est 
très  limitée  et  s'éteint  vite.  Ajoutons  qu'on  fait  presque  toujours  des  injections  de 
sérum,  et  non  de  sang  complet  :  or,  dans  ce  cas,  bien  évidemment,  on  n'injecte  pas  de 
leucocytes.  On  comprend  donc  que  l'injection  du  sérum  des  normalement  réfractaires 
est  presque  sans  effet. 

B.  Le  sang  des  animaux  immunisés,  —  quel  que  soit  le  procédé  employé  pour  cette 
immunisation  —  est  plus  efficace  que  le  sang  des  normalement  réfractaires;  car  alors 
il  agit  par  les  substances  antitoxiques  qu'il  contient.  L'étude  de  ce  pouvoir  antitoxique 
du  sérum  (spécialement  dans  la  diftérie  et  le  tétanos)  a  été  faite  d'une  manière  adtni- 
rable  par  de  nombreux  investigateurs,  et  nous  n'avons  pas  à  entrer  dans  tous  les 
détails,  si  intéressants  qu'ils  soient,  de  cette  immunisation.  (V.  Sérothérapie.) 

Pourtant  nous  devons  examiner  les  diverses  bypothèses  proposées.  Elles  sont  toutes 
appuyées  sur  quelques  faits,  toutes  contredites  par  d'autres;  ce  qui  fait  penser  naturel- 
lement qu'il  n'y  a  pas  de  loi  générale,  et  absolue,  et  universelle,  pour  le  mode  d'action 
des   sérums. 

1°  Le  sang  des  immunisés  (ou  l'antitoxine  de  leur  sang)  ralentit  le  développement, 
la  puUulalion  des  germes,  par  ses  propriétés  bactériolytiques.  Par  là  s'explique 
l'action  préventive  des  sérums,  incontestable  dans  certains  cas,  par  exemple  pour  le 
sérum  antipesteux. 

On  emploie  maintenant  le  sérum  diftéritique  comme  préventif  et  prophylactique 
de  la  diftérie.  Le  sérum  antitétanique,  injecté  à  des  chevaux,  les  préserve  du  tétanos. 
NoGARD  (cité  par  P.Courmont,  loc.cit.,  p.  966)  donne  une  statistique  d'après  laquelle  sur 
2  527  chevaux  opérés  et  injectés  préventivement  avec  du  sérum,  pas  un  n'a  pris  le 
tétanos,  tandis  -que  sur  les  chevaux  non  traités  (quel  nombre?)  il  y  avait  191  cas.  Charrin 
et  Roger  ont  observé  que  le  sérum  des  cobayes  vaccinés  contre  le  charbon  est  encore 
apte  à  la  culture  de  la  bactéridie,  mais  que  la  végétation  y  est  lente,  incomplète.  Dans 
le  sérum  des  animaux  vaccinés  contre  le  bacille  pyocyanique,  le  bacille  perd  bientôt  sa 
fonction  chromogéne. 

En  somme  dans  le  sérum  des  animaux  immunisés  la  virulence  diminue,  absolu- 
ment comme  elle  diminue  dans  les  milieux  nutritifs  défavorables,  ou  en  présence  de 
certaines  substances  faiblement  antiseptiques,  encore  que  l'action  paralysante  d'un 
sérum  sur  le  croit  des  microbes  ne  puisse  guère  être  comparée  à  l'action  d'un  véritable 
antiseptique. 

Ainsi,  dans  ces  cas,  qui  sont  assez  restreints  d'ailleurs,  le  sang  des  immunisés  agit 
comme  un  antiseptiiiue  faible. 

i°  Le  sang  des  immunisés  stimule  la  phagocytose  de  l'animal  à  qui  on  l'injecte  et 
par  conséquent  accroît  sa  force  de  résistance,  en  stimulant  aussi  bien  la  réaction  des 
leucocytes  que  celle  des  autres  cellules  de  l'organisme  et  spécialement  des  cellules  ner- 
veuses. 

3°  Le  sang  des  immunisés  neutralise  les  toxines  produites  par  les  microbes,  et  par 
conséquent  aimule  l'elïet  nocif  que  ces  toxines  exercent  sur  l'organisme.  Cette  neutra- 
lisation des  poisons  produits  par  le  microbe  empêche  l'animal  infecté  de  mourir.  Elle 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME    IX.  3 


34  IMMUNITE. 

permet  donc  au  microbe  de  poursuivre  toute  son  évolution  et  de  produire  les  sub- 
stances empêchantes  qui  vont  limiter  sa  multiplication.  On  peut  supposer  que  c'est  là 
l'action  la  plus  efficace  du  sérum  des  immunisés  :  son  principal  effet  est  la  neutralisa- 
tion des  toxines  dans  le  sens  chimique  du  mot  icomme  un  alcool  neutralise  un  acide, 
en  faisant  un  étherV  Les  limites  de  réaction  entre  l'antitoxine  et  la  toxine  se  rappro- 
chent en  effet  beaucoup  des  limites  de  rétht'-rification. 

Des  degrés  de  l'immunité.  —  Le  sang  d'un  animal  immune  A  injecté  à  un  autre 
animal  H,  confère  une  immunité  plus  passagère  et  moins  intense  que  si  l'animal  B  est 
directement  immunisé.  Autrement  dit  l'immunité  active  est  plus  efficace  et  plus  pro- 
longée que  l'immunité  passive. 

D'autre  part,  un  animal  immunisé  contre  une  infection  par  une  toxine  est  beaucoup 
moins  solidement  et  durablement  immunisé  que  s'il  l'a  été  par  une  infection  micro- 
bienne. Il  s'ensuit  (jtie  l'immunité  est  à  son  maximum  d'intensité  quand  elle  est  conférée 
par  une  infection  microbienne. 

A  vrai  dire  cette  longue  et  prolongée  immunité,  due  à  une  infection  qui  a  évolué, 
—  comme  l'immunité  des  individus  vaccinés,  qui  restent  parfois  pour  trente  ans  et 
davantage  protégés  contre  la  variole  —  est  assez  déconcertante  pour  toutes  les  théories 
jusqu'à  présent  proposées.  On  comprend  tant  bien  que  mal,  par  la  théorie  d'EHRLicH, 
ou  par  celle  de  Bobdet,  ou  par  celle  de  Mktchnikofi-,  qu'il  y  ait  pendant  quelques  jours, 
quelques  semaines,  ou  même  quelques  mois,  immunité  conservée.  .Mais  déjà  il  est  dif- 
ficile de  se  rendre  compte  du  mécanisme  qui  prolonge  et  continue  la  sécrétion  anti- 
toxique; et  il  est  plus  difficile  encore  de  concevoir  cette  fonction  antitoxique  comme 
devenue  stable,  définitive,  faisant  partie  intégrante  de  l'organisme,  si  bien  qu'un  indi- 
vidu vacciné  il  y  a  quarante  ans  n'est  pas  encore  revenu  à  l'état  normal,  puisque,  par 
le  fait  de  la  vaccination,  ses  humeurs  ou  ses  cellules  ont  acquis  des  propriétés  spéciales 
par  lesquelles  il  diffère  des  autres  individus. 

Ce  qu'on  appelle  l'état  normal  est  impossible  à  préciser.  L'n  individu  de  quarante 
ans  a  été  sujet,  pendant  ces  quarante  ans,  à  des  infections  multiples.  Celles-ci  ont 
parfois  passé  inaperçues^,  d'autres  fois  elles  ont  été  très  accentut'-es.  Toutes  ont  cepen- 
dant modifié  d'une  manière  permanente  l'étal  de  ses  humeurs.  Par  suite  des  diverses 
antitoxines  que  son  sang  contient,  et  doit  contenir,  fût-ce  on  très  petite  quantité,  son 
sang  est  différent  du  sang  d'un  autre  individu  qui  a  subi  d'autres  injections.  De  là  la 
personnalité  biologique  des  individus  d'une  même  espèce  et  d'une  même  race; 
c'est-à-dire  l'idiosyncrasie.  Si  à  cette  idiosyncrasie  acquise,  résultant  d'événements  indi- 
viduels propres  à  chacun,  accidentels,  fortuits  et  complexes,  nous  ajoutons  l'idiosyn- 
crasie naturelle,  due  à  des  transmissions  héréditaires,  nous  pouvons  comprendre  com- 
ment le  même  poison,  la  même  mfection  n'ont  jamais  des  effets  rigoureusement 
identiques  chez  les  divers  individus. 

L'expérience  pourrait  être  tentée  en  comparant  les  variations  de  la  vulnérabilité  (aux 
toxines  et  aux  infections)  chez  les  adultes  et  chez  les  nouveau-nés.  Il  est  probable  que 
les  variations  seraient  grandes  chez  les  adultes,  tandis  qu'elles  seraient  faibles,  presque 
nulles,  chez  les  nouveau-nés  et  les  très  jeunes  sujets.  On  aurait  ainsi  prouvé  que,  par  le 
fait  des  infections  antécédentes,  la  réceptivité  de  chaque  individu  a  notablement 
changé. 

En  tout  cas  il  est  établi  par  cjuantité  de  preuves  que  l'imnmnisation  par  une  infection 
est  beaucoup  plus  profonde,  et  plus  durable,  et  plus  stable,  que  par  la  toxine  de  cette 
infection.  Est-ce  parce  qu'une  toxine,  préparée  par  des  moyens  chimiques  nécessaire- 
ment offensifs,  est  moins  puissante  pour  l'immunisation  que  les  produits  bactériens  non 
altérés?  Est-ce  parce  que  l'intoxication  a  été  lente,  progressive,  prolongée?  Nous 
sommes  réduits  à  des  hypothèses.  Nous  devons  seulement  constater  ce  fait  essentiel 
que  parfois  l'immunité  persiste  indéfiniment,  et  que  la  cause  de  celte  immunité  ne 
réside  pas  dans  une  sécrétion  prolongée  des  antitoxines;  car  dans  ces  cas  il  n'y  a  pas 
d'antitoxines.  Il  faut  donc  nécessairement  admettre  que  les  cellules  organiques  (système 
nerveux  ou  leucocytes)  ont  été,  par  une  maladie  qui  semblait  passagère,  modifiées 
d'une  manière  durable,  voire  même  définitive,  dans  leur  constitution  chimique. 

Voies  diverses  dUntroduction  des  toxines  et  des  parasites  au  point  de  vue 
de  l'immunité.  —  D'une  manière  générale  on  peut  dire  qu'à  l'élat  normal,  quand  il 


IMMUNITE.  35 

n'y  a  pas  de  traumatisme,  la  résistance  des  organismes  supérieurs  aux  toxines  et  aux 
parasites  est  à  peu  près  parfaite.  La  peau,  avec  son, épaisse  couche  épidermiqiie,  n'absorbe 
pas  les  poisons  liquides  ou  solubles,  encore  moins  les  particules  solides.  Tout  au  plus 
est-elle  (très  faiblement)  perméable  aux  gaz,  ot  encore  cette  pénétration  des  gaz  dans  le 
système  circulatoire  par  la  peau  intacte  n'a-t-elle  presque  jamais  grande  importance. 
Les  bactéries  les  plus  virulentes,  si  la  peau  est  intacte,  ne  pénètrent  pas  et  sont  inofTen- 
sives. 

A  l'état  naturel,  c'est-à-dire  quand  il  n'y  a  pas  de  traumatisme,  il  ne  peut  y 
avoir  pénétration  des  toxines  ou  des  microbes  que  par  les  muqueuses  aérienne  et 
digestive. 

Pour  les  toxines  il  n'est  pas  douteux  qu'elles  puissent  être  absorbées  quand  elles 
sont  introduites  dans  le  poumon,  car  l'absorption  pulmonaire  des  liquides  se  fait  très 
rapidement  et  sans  obstacle;  mais  il  n'y  a  introduction  de  toxines  dans  les  voies  pulmo- 
naires que  par  une  sorte  de  traumatisme  avec  effraction,  et  dans  les  expériences  de 
laboratoire. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  microbes  qui,  à  l'état  de  spores  ou  à  l'état  adulte,  sont 
inhalés  avec  l'air  atmosphérique.  Il  n'est  pas  douteux  que  l'infection  puisse  se  faire 
par  cette  voie.  Mais  la  défense  de  l'organisme  est  tellement  active  que  ce  procédé  d'in- 
fection, pour  être  efficace,  exige  de  grandes  quantités  de  germes  pathogènes.  Nous  inha- 
lons dans  les  conditions  ordinaires  à  peu  près  60000  germes  par  jour,  et  ces  germes, 
dont  la  [dupart  à  la  vérité  ne  sont  pas  pathogènes,  ne  causent  aucun  dommage  à  la 
santé.  Remarquons  de  nouveau  que  dire  d'un  germe  qu'il  n'est  pas  pathogène,  cela 
veut  dire  qu'il  est  immédiatement  détruit  par  les  humeurs  ou  les  phagocytes;  car  .sur 
un  animal  mort  ce  germe  non  pathogène  croît,  pullule  et  se  répand  dans  toutes  les 
parties  du  corps.  Donc  les  tissus  épithéliaux  du  poumon  et  les  leucocytes  de  la  circu- 
lation pulmonaire  doivent  être  destructeurs  des  germes  non  pathogènes  avec  une 
extrême  activité.  Le  mucus  nasal  est  bactéricide  (R.  Wurtz  et  Lermoyez,  B.  B.,  189.3, 
756).  Les  cils  vibratiles  de  la  paroi  nasale,  de  la  trachée  et  des  bronches  chassent  les 
particules  solides  qui  y  pénètrent.  En  introduisant  des  B.  anfhracis  dans  le  poumon  des 
animaux  normaux.  Morse,  Wyssokovitch  et  Hildebrand  n'ont  jamais  pu  reproduire  la 
maladie  charbonneuse.  11  est  vrai  que  Bûghner  est  arrivé  à  un  résultat  opposé  (cités 
par  Metchnikoff,  loc.  cit.,  432].  Cela  prouve  seulement  que  l'immunisation  par  les 
voies  aériennes  n'est  pas  d'une  efficacité  absolue,  et  qu'on  finit  par  la  vaincre  en  injec- 
tant de  grandes  quantités  de  germes. 

La  question  a  un  intérêt  tout  spécial  pour  l'infection  tuberculeuse.  D'une  part  en 
effet  il  est  évident  que  nous  avons  tous,  plus  ou  moins,  à  un  moment  de  notre  existence, 
respiré  des  bacilles  tuberculeux,  sans  contracter  la  tuberculose.  D'autre  part  en  faisant 
respirera  des  animaux  des  poussières  de  crachats  tuberculeux  desséchés,  onleurconfère 
une  tuberculose  aiguë.  Mais,  d'après  Calmette,  dans  ce  cas  il  y  aurait  infection  digestive 
plutôt  qu'infection  par  les  voies  aériennes.  En  tout  cas,  quand  les  germes  pathogènes 
sont  en  prodigieux  excès,  il  ne  peut  y  avoir  d'immunisation  assez  puissante  pour  une 
protection  efficace. 

D'ailleurs  la  nature  a  ajouté  aux  défenses  d'ordre  chimique  des  défenses  d'ordre 
névro-musculaire,  mécaniques  pour  ainsi  dire.  Les  réflexes  expulsifs  de  l'éternuement  et 
de  la  toux  protègent  contre  toute  altération  de  la  muqueuse  respiratoire  par  des  para- 
sites. La  toux  des  tuberculeux  est  un  phénomène  de  défense,  et  détermine  l'expulsion 
de  quantité  de  germes. 

Quant  ù  la  conjonctive  oculaire,  qu'on  peut  considérer  à  certains  points  de  vue 
comme  relevant  de  la  muqueuse  respiratoire,  elle  n'est  pas  très  facilement  attaquée  par 
les  microbes.  Il  semble  que  les  larmes  aient  quelque  pouvoir  bactéricide  (Ber.\heim, 
Bach,  cités  par  Metghmkoff,  loc.  cit.,  428).  En  outre  la  sensibilité  de  la  conjonctive  est 
tellement  délicate  que  la  moindre  atteinte,  chimique  ou  mécanique,  provoque  aussitôt 
un  tlux  abondant  de  larmes  qui  entraîne  l'expulsion  du  corps  étranger. 

Dans  le  tube  digestif,  bien  plus  exposé  aux  intoxications  et  aux  infections,  les 
défenses  sont  multiples  (V.  Défense  (Fonctions  de),  iv,  699). 

Les  toxines  et  les  liqueurs  putrides  sont  le  plus  souvent  accompagnées  de  produits 
volatils  nauséabonds,  (jui  exhalent  une  odeur  suffisante  pour  produire  un  dégoût,  qui  va 


36  IMMUNITE. 

jusqu'au  vomissement.  Mais,  même  dans  le  cas  où  celte  défense  primitive  ne  suffirait 
pas,  apparaissent  des  réactions  chimiques  dans  le  tube  digestif,  qui  neutralisent  ou 
désagrègent  les  toxines  et  les  microbes.  Il  y  a  des  épilliéliiims  protecteurs  qui  oITrent, 
comme  l'épiderme,  une  barrière  aux  agents  d'infection.  Il  y  a  enfin  des  cellules  phago- 
cytaires  très  actives  qui  contribuent  à  l'annihilation  des  parasites  olïensifs. 

La  bouche,  si  exposée  aux  infections  de  toutes  sortes,  puisque  elle  est  en  même 
temps  la  première  voie  digeslive  et  la  première  voie  aérienne,  est  munie  d'un  épithé- 
lium  de  revêtement  qui  assure  l'immunité.  Cela  est  nécessaire,  car  d'une  part  les 
microbes  de  la  bouche  sont  extrêmement  abondants,  d'autre  part  la  salive  n'est  que 
très  peu  bactéricide.  Quoique  Sanahelli  ait  cherché  à  prouver  tiue  la  salive  est  anti- 
septique, cela  est  difficile  à  admettre,  puisque  la  salive  peut  être  regardée  comme  un 
bouillon  de  culture  assez  favorable  pour  la  plupart  des  microbes.  IIugensciimiut  iAnn. 
de  rinstitut  Patiteur,  1896,  x,  ;i4o)  ne  l'a  pas  trouvée  bactéricide,  ou  à  peine.  Il  admet, 
avec  Metchnikofk,  que  son  rôle  est  surtout  de  stimuler  la  réaction  phagocytaire  des 
leucocytes.  Quant  aux  toxines,  il  paraît  que  la  ptyaline  neutralise  le  venin  des  serpents 
Wehrmann,  cité  par  Metchnikofk,  loc.cit.,  p.  437). 

Le  suc  gastrique  est  antiseptique  et  antitoxique.  Sur  les  toxines  son  action  est  mani- 
feste; il  les  digère  et  les  décompose.  Son  action  est  faible  sur  le  venin  des  ser()eiits, 
mais  sur  les  toxines  diftérique,  tétanique,  et  les  antres  toxines  microbiennes  sa  puis- 
sance de  destruction  est  considérable.  Aussi  ne  peut-on  guère  avec  des  toxines  micro- 
biennes intoxiijuer  les  animaux  par  la  voie  digestive. 

Déjà  avec  les  poisons  ordinaires  par  la  voie  gastrique  il  faut  des  doses  beaucoup  plus 
fortes  que  par  la  voie  veineuse.  J'ai  vu  que  le  chlorure  de  potassium  tue  à  dose  au 
moins  dix  fois  plus  faible,  quand  il  est  injecté  par  les  veines  que  quand  il  est  ingéré 
(Trac,  du  lab.  de  phyuiol.,  ii,  1803,  4i6).' Maurel  a  fait  une  bonne  étude  comparative  de 
ces  différences  de  toxicité  suivant  la  voie  {Comparaison  nu  point  de  vue  f/<?s  doftcs  ininima 
77iortelles  entre  la  voie  sous-cutanée  et  la  voie  veineuse.  B.  B.,  1909,  782)  et  il  a  dr- ■^isé  le 
tableau  suivant,  très  instructif.  La  dose  mortelle  par  voie  veineuse  étant  do  I,  li  dose 
mortelle  par  voie  gastrique  a  été  chez  le  lapin  : 

BLchloriire  de  mercure 8 

Salfocyanurc  de  K 7 

Chlorhydrate  d'cmétinc 5 

Bronihydrate  de  raféine 4 

Broinliydrate  de  quiuiae   ....  21 

Sulfate  de  strychnine 6 

.  Sulfate  de  spartéinc 17 

Convallamarine 80 

Strophantiue 133 

Ouatiaine 6G 

Digitaline 7 

Ainsi,  pour  des  raisons  multiples  (lenteur  de  l'absorption,  digestion  peptique,  fixa- 
tion dans  le  foie,  etc.),  il  y  a  une  remarquable  immunité  (de  fait)  contre  tous  le-  poi- 
sons, quels  qu'ils  soient, introduits  par  ingestion.  .Miis,  si  ces  poisons  sont  des  toxines 
ou  des  albumotoxines,  alors  presque  toujours  ils  sont  digérés  par  le  suc  i-'asirique,  et 
l'immunité  est  absolue. 

Notons  seulement  quelques  exceptions.  Ehrlich  a  prouvé  que  l'abrine  n'élait  pas 
détruite  par  les  sucs  de  l'estomac.  Il  a  pu  vacciner  des  animaux  contre  l'abrine.  eu  leur 
faisant  ingéier  de  petits  gâteaux  de  farine,  dans  lesquels  il  avait  incorporé  <le  l'ab'  ine. 
D'après  van  Ermengen  (cité  par  Metchnikoff,  440)  la  toxine  du  bacille  botulinique  n'est 
pas  détruite  dans  l'estomac. 

En  règle  générale  on  ne  peut  ni  intoxiquer,  ni  immuniser  par  la  voie  digestive. 
Mais  il  est  permis  de  penser  qu'on  trouvera  quelque  jour  des  substances  qui.  comme 
l'abrine,  passeront  dans  le  sang  sans  être  tran-foimées  par  les  sucs  dig  ^tifs,  ni 
altérées  par  le  passage  à  travers  le  foie.  La  non-immu!ii>ation  par  les  voies  diges- 
tives  dépend  seulement  de  l'actiori  chimiqU'i  de^  sucs  digestifs  sur  la  rdu.Mit  des 
toxines. 


IMMUNITÉ.  37 

Contre  les  microbes  le  suc  gastrique  agit  à  la  manière  d'un  antiseptique  faible.  J'ai 
montré,  en  même  temps  qu'ALiiKinoM  (1878),  que  cette  action  a'.itisepti(iue  du  suc  gas- 
lrii|ue  était  due  à  l'acide  clilorliydritiue  ;  car  le  suc  gastri(jue  bouilli  est  tout  aussi 
antiseptique  que  le  suc  gastrique  frais,  et  le  suc  gastrique  frais  neutralisé  n'a  presque 
pas  d'action  bactéricide  ou  empécliante.  Chez  les  carnivores,  dont  l'acidité  gastricpie  est 
parfois  de  4  ou  même  5  p.  1|000,  cette  antisepsie  est  donc  plus  marquée  que  chez  les  ber- 
bivores  dont  l'acidité  est  de  1  à  1,5  p.  1  000.  Dans  les  affections  morbides  où  la  sécrétion 
gastri(|ue  de  HCl  est  tarie,  il  y  a  puUulation  de  microbes.  .Mais,  même  chez  des  indi- 
vidus normaux,  la  flore  cryptogamifpie  de  l'estomac  est  extrêmement 'riche.  Les  fer- 
mentations, lactique  surtout,  mais  aussi  butyriiiue,  acétique,  et  peut-être  alcoolique, 
sont  très  actives.  Peut-être  les  mic;'obes  pathogènes,  beaucoup  plus  sensibles  que  les 
levures  et  les  microbes  non  pathogènes,  sont-ils  altérés  davantage.  En  tout  cas  on  sait 
que  le  coccobacille  de  la  lièvre  typhoïde  n'est  pas  détruit  par  le  suc  gastrique,  et  que 
le  vibrion  3u  choléra  se  retrouve  dans  les  fèces  (Metchnikokf,  loc.  cit.,  439). 

Le  microbe  de  la  tuberculose  n'est  certainement  pas  détruit  par  les  sucs  digestifs. 
Les  admirables  travaux  de  Chauveau  avaient  il  y  a  longtemps  prouvé  qu'il  peut  y  avoir 
infection  tuberculeuse  par  ingestion  de  viandes  tuberculeuses.  Et  depuis  lors  la  démons- 
tration de  ce  fait  fondamental  a  été  surabondante,  si  bien  ijue  Calmktte,  dont  l'autorité 
est  considérable,  regarde  l'ingestion  digestive  comme  la  voie  principale,  sinon  unique,  de 
l'infection  tuberculeuse.  Nous  n'avons  pas  à  entrer  ici  dans  les  détails  de  cette  question 
si  importante  à  tous  points  de  vue.  Il  nous  suflira  d'établir  qu'il  n'y  a  pas,  pour  le  bacille 
de  la  tuberculose,  d'immunité  digestive. 

Carvallo  et  Paciion  ont  étudié,  dans  mon  laboratoire,  iin  chat  auquel  ils  avaient 
complètement  enlevé  l'estomac.  Cet  animal,  nourri  quelque  temps  avec  des  viandes 
pourries,  n'a  été  incommodé  en  aucune  matière. 

Aussi  pourrons-nous  conclure  que  la  muqueuse  stomacale,  si  efficace  contre  les 
toxines,  ne  produit  pas  de  liquides  franchement  bactéricides,  encore  que  lesuc  gastrique 
acide  soit  un  milieu  peu  favorable  au  développement  des  microbes  pathogènes. 

Dans  l'intestin  nous  retrouvons  la  même  différence  d'action  vis-à-vis  des  toxines  et 
des  microbes.  Les  toxines  sont  altérables;  les  microbes  sont  à  peine  attaqués  chimique- 
ment. La  trypsine  du  suc  pancréatique  détruit  la  toxine  diftérique  (Nexcki,  Sieber, 
ScHOLMOFF,  SiMONOwsKi).  La  bile  (par  sa  cbolestérine  ?)  neutralise  plus  ou  moins 
le  venin  des  serpents  (Fraser,  Phisalix,  CALMETTE),et  le  virus  rabique  (Franzius,  Vallée). 

Pourtant  les  microbes  sont  rendus  à  peu  près  inofîensifs,  sans  qu'on  comprenne 
bien  par  quel  mécanisme.  Au  niveau  de  l'ampoule  de  Vater,  dans  l'intestin  grêle,  les 
microbes  sont  en  prodigieuse  quantité,  microbes  banaux,  non  pathogènes.  Mais,  pour 
abondants  qu'ils  soient,  peu  à  peu  ils  disparaissent,  si  bien  que  dans  les  fèces,  quand  il 
n'y  a  pas  de  diarrhée,  et  dans  le  gros  intestin,  ils  ont  en  grande  partie  disparu.  On  ne 
saurait  guère  attribuer  cette  disparition  à  l'action  des  sucs  digestifs;  car  in  vitro  ni  le 
suc  intestinal,  ni  le  suc  pancréatique,  ni  même  la  bile,  ne  sont  bactéricides.  C'est  plutôt 
le  contraire  qui  serait  vrai.  Dans  les  liquides  diarrbéiques,  il  y  a  prolifération  extra- 
ordinaire des  microbes,  et  cependant  ils  ne  pénètrent  pas  dans  le  sang,  et  ne  franchissent 
pas  l'épithéliura  de  la  muqueuse. 

Une  expérience,  qui  acte  faite  non  intentionnellement  dans  mon  laboratoire,  prouve 
cette  innocuité  des  microbes  ingérés,  même  quand  ils  sont  en  quantités  formidables. 
Étudiant  l'influence  alimentaire  de  la  viande  chauffée  à  62°,  64°,  j'avais  mis  trois  chiens 
à  ce  régime  :  or,  pendant  une  absence  de  quelques  semaines  que  je  lis,  on  laissa  se 
dérégler  l'étuve  où  était  chauffée  la  viande,  si  bien  que  la  température  tomba  à  58°. 
Dans  ces  conditions  la  putréfaction  est  rapide  et  complète.  On  crut  alors  que  c'était 
une  des  données  de  l'expérience,  et  on  continua  pendant  quinze  jours  à  alimenter  les 
trois  chiens  avec  1  200  grammes  de  viande  alfreusement  pourrie  :  ils  ne  s'en  portèrent 
pas  plus  mal. 

De  fait  les  microbes  abondent  dans  l'intestin  grêle,  mais  dans  la  circulation  ils  ne 
pénètrent  pas,  de  même  que  les  microbes  qui  contaminent  la  peau  ne  pénètrent  pas 
dans  le  sang.  L'analogie  est  complète,  puisque  la  bactéridie  charbonneuse  n'infecte 
pas  quand  l'intestin  <'st  intact,  mais  produit  une  infection  mortelle  si  l'on  mélange,  aux 
aliments  imprégnés  de  ce  microbe,  des  herbes  piquantes,  traumatisantes  (Pasteur,  1880). 


88  IMMUNITE. 

Dans  le  gros  intestin,  soit  par  destruction  (épithéliale  et  pllagocytaire),  soit  par  aiito- 
lyse,  soit  pour  toute  autre  cause,  les  microbes  diminuent  énormément,  sauf  bien  entendu 
dans  les  cas  de  diarrhée,  ou  d'infection  spéciale. 

En  définitive  contre  les  microbes  la  barrière  épithéliale  de  la  muqueuse  digeslive  est 
presque  aussi  efficace  que  la  barrière  épithéliale  de  notre  revêtement  dermique,  et  contre 
les  toxines  les  sucs  digestifs  agissent  à  la  manière  de  zymases  destructives. 

Le  foie  joue  un  rôle  défensif  important  contre  les  toxines  (v.  Foie).  Mais  contre  les 
microbes  on  ne  voit  pas  bien  quelle  peut  être  son  action,  sinon  par  la  sécrétion  biliaire. 
Or  la  bile,  peu  active  contre  les  toxines  (excepté  toutefois  contre  le  venin  des  serpents), 
n'a  aucune  action  bactéricide  bien  nette. 

C'est  surtout  contre  les  substances  toxiques  produites  par  l'organisme  même  que  le 
foie  a  une  action  puissante.  Il  détruit  l'ammoniaque,  qui  est  un  poison  redoutable,  et, 
en  déshydratant  le  carbonate  d'ammoniaque,  il  fait  de  l'urée,  qui  est  inofîensive.  Les 
belles  expériences  des  physiologistes  russes  ont  montré  que  les  animaux*  qui  n'ont 
plus  de  veine  porte  perméable,  sont  empoisonnés  par  les  produits  de  la  digestion  riches 
en  ammoniaque,  tajidis  que  l'animal,  à  circulation  portale  intacte,  transforme  cette 
ammoniaque  en  urée. 

Accessoirement  le  foie  retient  pendant  quelque  temps  les  substances  toxiques  venant 
de  l'appareil  gastro-intestinal,  soit  que  ces  toxines  aient  été  indûment  ingérées,  soit 
qu'elles  résultent  d'une  fermentation  plus  ou  moins  putride  ayant  lieu  dans  les  pre- 
mières portions  de  l'intestin.  La  toxicité  de  diverses  substances  est  très  atténué,  si 
elles  sont  injectées  par  la  veine  porte,  au  lieu  de  l'être  par  une  veine  quelconque  de 
la  circulation  générale.  Donc  le  foie  contribue  pour  une  large  part  à  l'immunité  relative 
de  l'organisme  pour  les  poisons  ingérés  (par  comparaison  avec  les  poisons  injectés). 
Cependant,  d'après  Teissier  et  Guixard  (cités  par  P.  Courmont),  loc.  cit.,  83),  la  toxine 
diftérique,  la  malléine,  la  pneumo-bacilline  sont  plus  actives  quand  elles  sont  injectées 
par  la  veine  porte  que  quand  elles  sont  injectées  par  les  veines  périphériques  (?).  Le 
foie,  d'après  Guixard  et  Artaud,  supprimerait  les  accidents  primitifs  et  renforcerait  les 
accidents  toxiques  éloignés.  D'ailleurs,  dans  l'ordre  naturel  des  choses,  les  infections  par 
toxines  microbiennes,  telles  que  celles  de  la  liiftérie,  de  la  pneumonie  et  de  la  morve, 
ne  viennent  pas  du  tube  digestif.  Le  foie,  au  point  de  vue  des  phénomènes  primitifs 
de  la  protection, ne  doit  protéger  que  contre  les  intoxications  habituellement  di^estives. 
Le  rôle  antitoxique  des  autres  glandes  n'est  pas  moins  manifeste  que  celui  du  foie. 
Pour  les  capsules  surrénales  Abelous  et  Langlois  ont  montré  qu'elles  détruisent  les 
poisons  formés  par  la  contraction  musculaire  :  quant  à  la  glande  thyroïde,  il  est  pro- 
bable qu'elle  détruit  des  poisons  qui  agissent  sur  le  système  nerveux  central.  Les  organes 
lymphoïdes  (moelle  osseuse,  ganglions  lymphatiques,  rate)  ont  peut-être  une  action 
analogue,  bien  que  les  expériences  soient  encore  assez  incertaines.  En  tout  cas  on  peut 
conclure  que,  contre  les  poisons  que  l'organisme  fabrique  lui-même  (antitoxines)  la 
destruction  est  assurée  par  ces  appareils  glandulaires  sans  conduit  excréteur,  en 
même  temps  que  l'élimination  est  assurée  par  les  autres  glandes  à  conduit  excréteur 
(glandes  sudoripares  et  rein). 

Le  rôle  de  la  rate  dans  l'immunité  antitoxique  ou  antiparasitaire  est  encore  très 
incertain.  D'après  J.  Nicolas  et  Beau  (cités  par  Courmont),  la  splénectomie  protège  contre 
certains  alcaloïdes,  tandis  qu'elle  diminue  la  résistance  envers  d'autres.  Les  lapins 
splénectomisés  résistent  mal  à  l'infection  charbonneuse  (T.  Mazzei,  in  Bull,  de  l'Institut 
Pasteur,  vi,  1908,  87).  Mais  d'autres  auteurs  n'ont  pas  pu  constater  de  différence 
appréciable.  Il  est  vraisemblable  que  la  rate,  riche  en  leucocytes,  agit  dans  le  même 
sens  que  les  organes  à  phagocytes,  et  que  sa  fonction  est  liée  à  la  phagocytose  (V.  Rate, 
Phagocytose  et  Leucocytes). 

Nous  pouvons  donc  considérer  l'individu  normal  comme  protégé  contre  les  poisons 
et  les  parasites,  tant  que  ces  poisons,  par  leur  quantité,  et  ces  parasites,  par  leur  rapide 
prolifération,  ne  triompheront  pas  de  sa  résistance.  De  fait  les  poisons  arrivent  sur 
nous,  nombreux  ;  et  les  parasites,  innombrables.  Pourtant  il  y  a  résistance  à  ces  poisons  et 
à  ces  parasites.  C'est  par  l'ensemble  des  appareils  organiques  que  se  fait  la  résistance, 
et  le  plus  souvent,  puisque  l'être  continue  à  vivre,  cette  résistance  est  efficace. 
La  protection  et  l'immunité  sont  la  règle  :  la  maladie  est  l'exception. 


IMMUNITE.  39 


III.—   DE    L'HEREDITE    DE    L'IMMUNITE. 

Evidemment  il  ne  peut  s'agir  do  l'iiérédité  spiîciliijuo,  mais  de  l'iiérédité  indivi- 
duelle. Si  les  reptiles  ont  une  immunité  contre  la  toxine  tùtaniijue,  et  les  chiens  contre 
la  bactéridie  cliarbonneuse,  c'est  par  liéréditr'  (ju'ils  ont  cett(!  immunité,  comme  par 
hérédité  leurs  caractères  de  reptiles  ou  de  chiens. 

Mais  l'immunité  individuelle  (acquise)  est-elle  transmissible  des  parents  aux  enfants  ! 
Il  faut  distinf.;uer  l'hérédité  paternelle  et  l'hérédité  maternelle. 
On  admet  en  général  que  le  père  ne  peut  transmettre  son  immunité   à  ses  descen- 
dants (EiiRLicii,  avec  les  toxines  végétales,  i89t^.  Divers  auteurs  (cités  par  Metchnikoff, 
loc.  cit.,  4G8)  ont*contirmé  cette  donnée  fondamentale. 

Au  contraire  la  mère  peut  donner  quelque  immunité.  Mais  comme,  pendant  la  vie 
embryonnaire,  l'antitoxine  de  la  mère  passe  dans  le  sang  du  fœtus,  il  s'ensuit  que 
l'immunité  (contre  la  ricine,  notamment)  des  nouveau-nés  issus  d'une  mère  immune  est 
analogue  à  une  immunité  passive.  Cette  immunité  héréditaire  peut  persister  assez  long- 
temps, un  peu  plus  longtemps  peut-être  que  la  simple  immunité  passive,  ce  que 
Metchmkokk  exjdique  en  rappelant  que  le  sérum  d'une  môme  espèce  confère'une  immu- 
nité passive  plus  prolongée  que  le  sérum  d'une  espèce  difTérente.  Wernicke  a  vu 
persister  celte  immunité  héréditaire  (contre  la  diftérie)  jusqu'au  troisième  mois  chez 
des  cobayes.  Même  contre  le  tétanos  Vaillard  a  vu  une  persistance  plus  grande  encore, 
presque  à  une  deuxième  génération.  Une  cobaye  femelle,  née  d'une  mère  immunisée 
contre  le  tétanos,  a  rais  bas  un  petit,  qui,  éprouvé  un  mois  après  la  naissance  avec  une 
dose  six  fois  mortelle  de  la  toxine,  n'a  pris  qu'un  tétanos  léger. 

DziERGOwsKY  a  VU  quc  l'immunité  pouvait  aussi  se  transmettre  par  l'œuf.  Il  a  trouvé 
immunes(contre  la  diftérie)  des  poussins  nés  d'une  poule  immunisée,  et  il  a  pu  constater 
que  le  vitellus  de  ces  poules  contenait  l'antitoxine  diftérique.  Mais  cette  expérience  ne 
peut  pas  prouver  que  chez  les  mammifères  l'immunité  se  transmet  par  l'ovule;  car 
l'œuf  vitellin  des  oiseaux  n'est  pas  comparable  à  la  cellule  ovulaire  des  mammifères. 
«  Il  est  donc  très  probable,  dit  Metchî^ikoff,  que  cette  immunité  des  petits  issus  de 
mères  vaccinées,  se  réduit  simplement,  comme  l'avait  admis  Ehrlich,  au  passage  d'an- 
ticorps tout  préparés  de  la  mère  au  fœtus.  Dans  les  cas  d'immunité  contre  la  diftérie 
et  le  tétanos,  il  s'agit  du  passage  direct  des  antitoxines;  dans  les  exemples  d'immunité 
transmise  contre  l'infection  par  les  vibrions  de  Koch  et  de  Gamaleia,  exemples  bien 
étudiés  par  Vaillard,  il  s'agit  très  probablement  du  passage  de  la  mère  au  fœtus 
de  fixateurs  correspondants.  » 

Le  passage  des  antitoxines  et  des  alexines  à  travers  le  placenta  fait  qu'il  y  aurait 
sans  doute,  même  chez  les  nouveau-nés,  des  dilférences  individuelles,  des  idiosyncra- 
sies,  assez  notables,  et  qu'on  ne  pourrait  pas  trouver  une  identité  parfaite  entre  la 
vulnérabilité  des  divers  individus  nouveau-nés  contre  telle  ou  telle  toxine.  Il  est  vrai- 
semblable pourtant  que  l'écart  entre  les  vulnérabilités  individuelles,  pour  les  nouveau- 
nés,  serait  plus  faible  que  pour  les  adultes. 

L'immunité  peut  aussi  se  transmettre  par  l'allaitement.  Cela  a  été  prouvé  par  les 
curieuses  expériences  d'IiHRLicH  avec  les  toxines  végétales  chez  des  souris.  Les  petites 
souris  que  la  mère,  immune,  allaitait,  devenaient  immunes  aussi,  et  même  d'autres 
souris  nées  d'autres  mères,  non  immunes,  devenaient  immunes  lorsqu'elles  étaient 
allaitées  par  une  mère  immunisée.  Seulement  il  ne  faudrait  pas  trop  généraliser  ;  car 
ce  confert  de  l'immunité  par  l'allaitement  iqui  suppose  une  absorption  par  l'intestin) 
ne  se  retrouve  pas  pour  la  toxine  tétanique,  chez  les  lapins  (Vaillard).  Uemlinger  a  pu 
constater  le  passage  par  le  lait  de  la  propriété  agglutinante  donnée  par  le  bacille 
typhique  aux  petites  souris,  mais  chez  les  petits  lapins  et  les  petits  chats  nouveau-nés 
le  résultat  a  été  négatif.  Chez  l'homme  il  y  a  des  observations  contradictoires  dont  on 
ne  peut  déduire  de  conclusions  formelles,  car  il  est  difficile  de  séparer  ce  qui  est  le  fait 
de  l'allaitement  même,  ou  de  la  transmission  héréditaire,  soit  par  les  humeurs  du  sang, 
soit  par  l'infection  microbienne  elle-même  de  la  mère  au  fœtus. 


40  IMMUNITÉ. 


IV.   —   COMPARAISON    DES    DIVERS     PROCÉDÉS    D'IMMUNISATION. 

L'immunisation  peut  être  conférée  soit  par  la  vaccination,  soit  par  l'injection  d'an- 
tigènes (toxines),  soit  par  la  transfusion  de  sang  anlitoxique,  soit  par  des  agents 
chimiques,  autres  que  des  antigènes.  Dans  les  quatre  cas  les  méthodes  et  les  résultats 
sont  essentiellement  différents. 

A.  Immunisation  par  vaccination.  —  La  vaccination, c'est  l'infection  par  un  microbe 
dont  l'évolution  préserve  l'organisme  contre  une  infection  semblable  ultérieure. 

Le  principe  de  la  vaccination,  c'est  que  certaines  maladies  infectieuses  ne  sur- 
viennent pas  deux  fois  chez  le  même  individu.  Les  maladies  infectieuses  à  ce  point 
de  vue  se  divisent  en  deux  groupes;  celles  qui  peuvent  récidiver  (diflérie,  tétanos, 
tuberculose,  choléra);  celles  qui  ne  peuvent  pas  récidiver  (ou  du  moins  rarement, 
et  après  un  assez  long  temps)  (variole  typhoïde,  syphilis,  etc.).  La  vaccination  ne  peut 
évidemment  agir  que  contre  celles-là. 

Cette  vaccination  est  naturelle,  quand  c'est  la  maladie  elle-même  qui  survient,  ou 
provoquée,  quand  on  inocule  intentionnellement  le  virus  plus  ou  moins  atténué.  La 
vaccination'naturelle  est  celle  qui  apporte  l'immunité  la  plus  puissante  et  la  plus 
durable.  Encore  peut-on  citer  d'assez  nombreuses  exceptions  à  cette  immunilé.  La  vac- 
cination provoquée  consiste  en  l'inoculation  d'un  virus  vivant  qui  préserve  de  la  maladie, 
a.  Vaccination  par  des  virus  vivants,  non  microbiens,  ou  à  microbes  non  décrits 
encore. 

Le  type  de  ces  immunisations,  c'est  la  vaccination  avec  la  vaccine  contre  la  variole. 
Dans  ce  cas,  il  s'agit  sans  doute  d'un  organisme  microbien,  mais  cet  organisme  n'a 
pas  pu  être  décelé  encore,  de  sorte  que  c'est  par  analogie,  par  vraisemblance,  qu'on 
parle  du  microbe  de  la  vaccine.  L'efficacité  de  cette  immunisation  est  un  des  faits  les 
plus  rigoureusement  établis  par  la  science.  Mais  la  théorie  en  est  encore  singulièrement 
incertaine  ;  car  ce  microbe  de  la  vaccine  n'a  pas  pu  être  isolé  et  démontré,  et  d'autre 
part  le  cow-pox  (vaccine)  et  la  variole  ne  sont  pas  dus  au  même  microrganisme, 

A  la  vaccination  contre  la  variole,  il  faut  joindre  la  vaccination  contre  la  clavelée, 
maladie  des  moutons,  très  analogue  à  la  variole.  On  appelle  clavelisation  la  vaccination 
préventive,  avec  la  lymphe  des  pustules. 

BoRREL  a  établi  (Études  sur  la  clavelée.  Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  xvii,  1903,  123- 
138  et  738-763)  que  la  lymphe  virulente  du  claveau  donne  souvent  la  maladie  grave  : 
et  qu'il  faut  combiner  la  sérothérapie  à  la  clavelisation;  ce  qu'il  appelle  la  séro-clave- 
lisation.  Comme  le  sérum  contient  une  antitoxine,  l'injection  de  sérum  rend  la  maladie 
moins  grave,  et  alors,  en  inoculant  simultanément  le  claveau  (virus)  et  le  sérum  anti- 
toxique, on  provoque  une  maladie  très  atténuée,  mais  qui,  malgré  l'atténuation,  pro- 
tège contre  une  atteinte  ultérieure  de  la  maladie. 

La  vaccination  antirabique  est  tout  aussi  incertaine  quant  à  son  mécanisme.  Elle 
n'est  d'ailleurs  pas  préventive  seulement,  mais  aussi  thérapeutique.  L'inoculation  des 
moelles  rabiques  est  une  opération  complexe  dans  laquelle  non  seulement  le  virus  est 
injecté  (sous  quelle  forme?-,  mais  encore  des  toxines  (et  peut-être  des  antitoxines)  et 
des  cellules  nerveuses. 

La  vaccination  contre  la  peste  bovine  a  été  réalisée  par  Kocu  (1897).  Là  encore  il 
s'agit  d'un  virus  dont  le  microbe  n'a  pas  été  décelé;  là  encore  il  s'agit  d'une  méthode 
empirique.  La  vaccination  se  faisait  d'abord  par  l'injection  de  bile  des  animaux  morts 
de  la  maladie  (Koch).  Puis  on  a  employé  le  sérum  des  animaux  infectés  (Kolle  et  Tur- 
>'er).  Le  procédé  auquel  on  a  recours  dans  la  pratique  est  un  procédé  mixte  de  séro- 
thérapie et  de  vaccination  (vaccination  simultanée)  ;  on  injecte  en  même  temps  du 
sérum  préventif  et  du  sang  virulent.  Et  cela  est  assez  analogue  au  procédé  de  la  séro- 
clavelisation. 

p.  Vaccination  par  des  virus  vivants,  à  microbes  atténués.  —  Dans  les  quatre 
exemples  que  nous  venons  de  donner  (cow-pox,  clavelée,  rage,  peste  bovine)  l'immu- 
nité n'est  pas  conférée  par  l'inoculation  du  microbe  lui-même,  puisqu'il  s'agit  de  ma- 
ladies à  microbes  inconnus  encore.  Mais,  pour  les  infections  dont  le  microbe  a  été 
décelé,  des  méthodes  moins  empiriques  peuvent  être  adoptées.  C'est  le  microbe  qui  est 


IMMUNITE.  41 

inoculé.  Or  il  ne  l'aiU  pas  que  la  maladie  inocult'-e  soit  de  ^nivilé  éfjîale  à  la  maladie 
contre  la(|uelle  la  vaccination  est  diiif^ée,  de  sorte  que  la  iiremit''re  opération  consiste  à 
atténuer  les  microbes  iju'on  inocule. 

Le  principe  de  cette  admirable  expérience  (atténuation  d'un  microbe  parla  cbaleur, 
le  vieillissement,  l'o.xygène,  etc.)  est  dû  à  Pa.stelh,  Ciiauuf.hlam)  et  Roux.  Il  a  été 
d'abord  appliqué  au  cbarbon. 

i.  Vaccinations  anticliarbonneuse.s  (1881).  I.e  microbe  est  atténué  par  la  cbaleur 
(42°, 5)  et  confère  une  maladie  Ié|^ère.  I/élat  réfraclaire  se  développe  au  bout  de  quinze 
jours  et  se  maintient  iiondant  prés  de  deux  ans. 

2.  Vaccination  contre  le  cbarbon  symptomatique  (Arloing,  GortNEvix  et  Tuomas.  1882). 
Le  chauffage  est  à  90°-94°.  température  qui  ne  détruit  pas  la  vitalité  des  spores.  iJ'après 
Leclainche  et  Vallée,  les  animaux  sont  vaccinés  avec  une  culture  pure  du  microbe 
{Bacteriuin  chaiivaei),  cbauffé  à  70°. 

3.  Vaccination  contre  le  rouget  des  porcs  (Pasteur  et  Thuillier,  188'3).  La  méthode 
primitive  a  été  perfectionnée  par  divers  auteurs.  Lohknz  (1893),  injectant  le  bacille  du 
rouget  à  des  lapins,  constate  que  ces  lapins  ont  un  sérum  qui  confère  une  immunité 
relative,  de  sorte  qu'on  combine  l'inoculation  avec  le  bacille  virulent  et  b;  sérum  (séro- 
vaccination),  méthode  assez  analogue  à  celle  de  Horriîl  pour  la  clavelée. 

4.  Vaccination  contre  la  péripneumonie  des  bovidés.  Depuis  longtemps,  on  vac- 
cinait en  prenant  la  sérosité  pulmonaire  virulente  et  en  l'injectant  au  niveau  de  la  queue 
(Méthode  de  V^illems).  La  vaccination  ainsi  pratiquée  provoque  une  maladie  légère  qui 
confère  l'immunité  pendant  un  au  ou  deux.  Roux  et  Nocard  ont  perfectionné  ce  pro- 
cédé en  remplaçant  la  sérosité  pleurale  par  une  culture  pure  du  microbe  de  la  péri- 
pneumonie. 

o.  Vaccination  contre  le  bacille  pyocyanique  (Charrin)  par  des  cultures  atténuées 
du  microbe. 

6.  Vaccination  contre  le  choléra  des  poules  par  le  virus  atténué  (Pasteur). 

7.  Vaccination  contre  le  streptocoque  par  le  virus  atténué. 

8.  Vaccination  contre  la  peste  par  le  virus  atténué  (Versin,  Borrel,  Calmette,  1895^. 

9.  Vaccination  contre  le  vibrion  septique  (Chauveau  et  Arloing)  par  le  virus  atténué. 

10.  Vaccination  contre  le  choléra  asiatique  (Ferran,  1893).  Ce  savant  a  eu  le  grand 
mérite  d'appliquer  le  premier  la  vaccination  à  la  prophylaxie  du  choléra.  11  a  inoculé 
plus  de  20  000  personnes  avec  des  résultats  favorables.  Pourtant  cette  méthode  est  à 
peu  près  abandonnée  dans  la  pratique  ;  et,  quant  à  la  théorie,  i!  est  assez  douteux  que 
le  microbe  injecté  par  Ferra.x  soit  identique  à  celui  qui  provoque  le  choléra  asiatique 
chez  l'homme.  On  n'est  pas  certain  en  effet  que  la  septicémie  cholérique  expérimentale 
du  cobaye  soit  identique,  quant  au  microbe  pathogène,  avec  le  choléra  asiatique  de 
l'homme.  Haffkine,  modifiant  quelque  peu  la  méthode  de  Ferran,  a  eu  aussi  des 
résultats  remarquables. 

On  pourrait  multiplier  les  exemples  de  l'immunité  conférée  par  des  virus  atténués; 
puisqu'il  s'agit  là  d'un  phénomène  extrêmement  général.  On  peut  le  représenter  sous 
la  forme  d'une  loi  très  simple  :  pour  les  maladies  qui  ne  récidivent  pas,  une  immunité 
plus  ou  moins  durable  est  conférée  par  cette  maladie  elle-même,  atténuée  ou  non.  Or  il  est 
toujours  possible  d'atténuer  un  microbe,  soit  par  la  chaleur,  soit  par  des  agents  chi- 
miques, soit  par  le  vieillissement,  soit  par  l'oxygène. 

-;.  Vaccinations  par  les  virus  ou  microbes  morts. —  1°  Fièvre  typhoïde.  Divers  auteurs, 
en  particulier  Ciia.ntemesse  et  Widal,  ont  montré  que  les  cultures  des  cocco-bacilles  de 
la  fièvre  typhoïde  pouvaient,  lorsqu'ils  étaient  stérilisés  par  la  chaleur,  produire  l'im- 
munité (voy.  Frieoberger,  Handb.  der  Techn.  und  Meth.  der  Immunilutsforschung ,  1908, 
I,  723-773).  Pfeiffer,  avec  Wassermann,  puis  avec  Kolle,  a  montré  alors  qu'on  pouvait 
injecter  à  l'homme  des  cultures  stérilisées  par  la  chaleur,  et  que  le  sérum  de  ces  per- 
sonnes avait  les  mêmes  propriétés  préventives  que  le  sérum  des  individus  convalescents 
de  la  fièvre  typhoïde.  Wrigfit  a,  par  une  méthode  analogue,  pratiqué  de  nombreuses 
vaccinations  sur  l'homme  (2  835  vaccinations).  La  mortalité  a  été  de  0,95  p.  100,  alors 
que  sur  les  non-vaccinés  la  mortalité  a  été  de  2,5  p.  100. 

2"  Choléra.  Kolle,  reprenant  la  méthode  de  Ferra.n,  mais  remplaçant  les  microbes 
vivants  par  les  microbes  morts,  a  pratiqué  avec  succès  la  vaccination  anticholérique. 


42  IMMUNITE. 

Il  est  à  remarquer  que,  pour  les  vaccinations  anticholériqne  et  antityphique,  la  cause 
de  l'immunité  est  différente  d'une  action  antitoxique.  En  effet,  l'injection  des  cultures 
stérilisées  fait  apparaître  dans  le  sang  de  l'individu  injecté,  non  pas  une  antitoxine, 
comme  dans  le  cas  des  toxines  tétanique  ou  diftérique,  mais  des  substances  bactéri- 
cides qui  empêchent  le  développement  ultérieur  du  microbe  pathogène.  Le  résultat  est 
à  peu  près  le  même.  C'est  toujours  l'immunité;  mais  le  mécanisme  est  différent. 

3°  Peste.  Haffkine  a  employé  avec  succès  contre  la  peste  la  méthode  qu'il  avait 
employée  contre  le  choléra  (injection  de  cultures  microbiennes  stérilisées)  (1897). 
Actuellement  on  ne  se  sert  de  ce  procédé  que  pour  préparer  du  sérum  antipesteux  :  on 
injecte  des  microbes  morts  à  des  chevaux,  puis,  pour  les  éprouver  et  pour  renforcer 
leur  immunisation,  on  injecte  des  cultures  vivantes,  à  faible  dose.  C'est  le  sérum  de  ces 
chevaux  ainsi  préparé  qui  est  employé  comme  sérum  antipesteux. 

B.  Immunisation  par  des  antigènes  ou  des  sérums  antitoxiques.  —  Au  lieu 
d'injecter  des  virus  vivants  et  des  microbes,  vivants  ou  morts,  on  peut,  pour  obtenir 
l'immunisation,  injecter  des  ferments  solubles  (antigènes),  soit  encore,  ce  qui  revient  à 
peu  près  au  même,  les  sérums  antitoxiques. 

En  effet  l'expérience  prouve  que  les  sérums  antitoxiques  peuvent  être  employés 
comme  préventifs.  On  peut  faire  plusieurs  hypothèses  pour  expliquer  cette  double  action, 
antitoxique  et  préventive.  D'abord  il  est  fort  possible  que  ce  sérum  antitoxique  ne  soit 
pas  seulement  antitoxique,  mais  aussi,  comme  l'a  dit  Metchnikoff,  qu'il  excite  la  fonction 
phagocytaire.  Il  peut  être  aussi  quelque  peu  bactéricide;  et  enfin,  par  le  seul  fait  qu'il 
est  antitoxique,  il  empêche  les  toxines  de  désorganiser  le  système  nerveux,  dès  le 
début  de  l'infection,  et  par  conséquent  permet  à  la  défense  organique  de  s'exercer  dans 
toute  son  énergie. 

-  Par  le  sérum  antipesteux,  par  le  sérum  antitétanique,  par  le  sérum  antidiftérique, 
par  le  sérum  antistreptococcique,  on  obtient  non  seulement  des  effets  curatifs,  mais 
encore  des  effets  préventifs  incontestables.  Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  de 
ces  faits  (de  si  haut  intérêt  pourtant);  on  les  trouvera  exposés  dans  les  plus  récents 
ouvrages  de  pathologie.  En  somme  il  est  probable  que  les  nombreux  sérums  thérapeu- 
tiques (qu'on  a  employés  un  peu  dans  toutes  maladies)  possèdent  quelques  propriétés 
préventives;  mais  pratiquement  on  n'en  emploie  aucun  encore. 

Tuberculose.  Contre  la  tuberculose  on  a  tenté  de  nombreux  procédés  de  vaccination. 
A  vrai  dire  a  priori  les  expériences  sur  l'immunisation  tuberculeuse  ne  semblent  pas 
bien  rationnelles;  caria  tuberculose  est  une  maladie  qui  récidive,  à  moins  qu'on  ne 
prétende,  ce  qui  est  presque  exact,  qu'on  ne  guérit  jamais,  malgré  les  apparences 
contraires,  de  la  tuberculose  dont  on  fut  une  fois  réellement  atteint.  Pourtant  de  nom- 
breux faits  prouvent  1"  qu'il  y  a  des  individus,  hommes  ou  animaux,  vivant  au  milieu 
des  tuberculeux,  exposés  à  des  inoculations  multiples,  qui  ne  deviennent  jamais  tuber- 
culeux; 2°  que  chez  des  individus  atteints  de  tuberculose  chronique,  très  rarement 
cette  tuberculose  se  transforme  en  maladie  aiguë  à  marche  rapide;  3°  que  la  tubercu- 
lose primitive  est  une  maladie  aiguë  du  système  lymphatique,  et  que  la  tuberculose 
secondaire  n'est  que  la  propagation,  par  le  système  lymphatique,  dans  tous  les  organes, 
de  l'infection  primitive. 

De  fait  on  a  d'abord  supposé  que  la  vaccination  antituberculeuse  pouvait  être  réa- 
lisée en  injectant  des  races  bacillaires  tuberculeuses  voisines  du  bacille  de  Koch  (bacille 
ayiaire,  bacille  bovin,  bacille  humain)  de  commencer  par  les  moins  virulents,  pour  per- 
mettre à  l'organisme  de  supporter  les  plus  virulents.  Or  il  s'agit  là  de  bacilles  presque 
identiques,  mais  modifiés  par  une  série  de  passages,  et  ayant,  par  ces  passages  mêmes, 
acquis  des  caractères  à  demi  spécifiques.  J'ai  été  le  premier,  avec  Héricourt,  à  faire 
cette  étude  en  injectant  à  des  cobayes,  à  des  lapins,  à  des  chiens,  à  des  singes,  des 
bacilles  d'origine  aviaire  pour  les  vacciner  contre  la  tuberculose  humaine.  Les  résultats 
n'ont  pas  été  absolument  satisfaisants,  puisque  les  chiens  vaccinés  ont  tous  fini  par 
mourir;  mais  le  retard  de  la  tuberculose  a  été  manifeste.  Ils  ont  fait  une  tuberculose 
chronique,  osseuse,  à  marche  lente,  au  lieu  de  la  tuberculose  suraiguë  des  autres.  Le 
retard  de  l'évolution  tuberculeuse  a  été  considérable;  puisque  la  durée  de  la  vie  chez 
les  témoins  a  été  de  28  jours  (en  moyenne)  et  chez  les  vaccinés  de  285  jours  {Vaccina- 
tion contre  la  tuberculose.  Trav.  du  laborat.,  m,  1895,  348). 


IMMUNITE.  43 

D'autres  auteurs,  Grancher  et  Mautin,  (iRANCiiEn  et  Lkdoux-I.ebarij  ont  aussi  obtenu 
des  résultats  analogues,  sans  pouvoir  réussir  à  réaliser  une  immunité  complète. 

MtKLLER,  avec  la  tuberculose  des  [)()issons,  Dieudonnk,  avec  la  tuberculose  des  gre- 
nouilles ne  sont  [tas  arrivés  à  des  résultats  plus  favorables  (cités  par  Romkh,  Tuberculose- 
vaccin  in  Hanclb.  dcr  Meth.  und  Technik,  etc.,  i,  1908,  934 1. 

Il  semble  que  Behring  (1902)  ait  réalisé  une  vaccination  un  peu  plus  efficace  en 
injectant  à  des  veaux,  d'abord  une  quantité  très  faible,  puis  une  quantité  un  peu  plus 
forte  de  virus  tuberculeux  vivant.  L'immunité  est  assez  irrégulière  :  dans  quelques  cas 
elle  se  prolonge  pendant  près  d'un  an.  Le  plus  souvent  elle  ne  dure  que  5  à  6  ou 
7  mois.  (Weuer  et  Tiï/k,  liull.  de  l'Institut  Pasteur,  vi,  1908,  1039).  En  somme,  la  bovo- 
vaccination  de  Behri.no  confirme  les  résultats  qu'on  avait  déjà  obtenus  par  des  pro- 
cédés de  vaccination  analogues;  mais  ni  lui,  ni  les  auteurs  précédents  n'ont  pu  obtenir 
mieux  qu'un  ralentissement  notable,  un  retard  dans  l'évolution  tuberculeuse,  de  sorte 
qu'on  ne  peut  parler  de  vraie  immunité.  (Voy.  aussi  Galmette  et  Guérin.  Vaccination 
des  bovidés  contre  la  tuberculose.  Ann.  Instit.  Pasteur,  xxii,  1908,  689-703).  Toutefois  la 
question  reste  ouverte,  et  il  est  permis  de  supposer  que,  par  quelque  procédé  différent 
de  ce  qu'on  a  imaginé  jusqu'ici,  une  vaccination  efficace  contre  la  tuberculose  sera 
réalisée. 

G.  Immunisation  par  des  substances  chimiques  définies  non  antigènes.  —  A 
côté  de  ces  méthodes  d'immunisation  qu'on  pourrait  appeler  biologiques,  puisque  l'on 
emploie,  soit  des  virus  vivants,  soit  des  virus  morts,  soit  des  sérum  s,  soit  des  anti- 
gènes albuminoïdes,  en  tout  cas,  toujours  des  sub.«tances  chimiques  non  définies,  on 
peut  placer  les  méthodes  d'immunisation  chimique.  Nous  avons  le  droit  d'employer  ce 
terme,  quoique  bien  évidemment  l'immunisation,  même  celle  qu'on  dit  biologique, 
soit,  dans  sa  nature  intime,  un  phénomène  chimique. 

H.  Peyraud  a  eu  le  réel  mérite  d'essayer,  sans  grand  succès  d'ailleurs,  de  trouver 
des  substances  chimiques  déterminées  capables  de  conférer  l'immunité  (V  immunité  par 
les  vaccins  chimiques,  Paris,  1888);  et  il  donnait  comme  exemple  l'essence  du  Tanacetum 
vulgare,  qui  préserverait  de  la  rage  (?).  Plus  tard  il  a  voulu  constater  encore  l'immunité 
contre  la  strychnine  par  des  injections  préalables  de  strychnine,  mais  les  effets  observés 
ont  été  incertains,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte  de  visu. 

On  pourrait  signaler  aussi  quelques  observations  isolées,  égarées  dans  les  traités  de 
thérapeutique,  et  qui  n'ont  pas  été  consacrées  par  l'assentiment  des  savants  (par  exemple 
l'usage  de  certaines  herbes  pour  préserver  du  cancer;  l'emploi  de  la  belladone  pour 
immuniser  contre  la  coqueluche,  etc.). 

Le  seul  fait  bien  positif  qu'on  puisse  citer  d'une  substance  chimique  définie  produi- 
sant une  immunité  remarquable,  c'est  la  malaria,  contre  laquelle  la  quinine,  admi- 
nistrée préventivement,  est  très  efficace.  Sur  ce  point  les  observations  des  médecins 
compétents  sont  absolument  concordantes,  et  il  n'est  pas  permis  de  douter  que  des  doses 
quotidiennes  de  0s'",20  de  sulfate  de  quinine  ne  soient  suffisantes  presque  toujours 
pour  empêcher  l'invasion  de  l'hématozoaire  paludique.  Gertainement  la  quinine  agit 
alors  en  retardant  le  développement  du  parasite.  La  biologie  générale  nous  apprend 
que  des  doses  insuffisantes  à  tuer  un  organisme  sont  suffisantes  pour  entraver  son 
accroissement.  La  quinine  agit  alors  sans  doute  en  retardant  l'évolution  et  la  pullulation 
de  l'hématozoaire.  C'est  donc  une  vraie  immunité  contre  la  malaria  que  donne  la  qui- 
nine, et  je  ne  comprends  pas  pourquoi  certains  auteurs  se  refusent  à  considérer  cette 
action  prophylactique  et  préservative  comme  un  phénomène  d'immunité. 

Un  ordre  de  faits  tout  à  fait  nouveau,  et  d'un  grand  intérêt,  scientifique  et  pratique 
à  la  fois,  a  été  découvert  en  1904  par  Ehruch.  (Voy.  Chemotherapeutische  Trypanosomen 
Studien.  Berl.  klin.  Woch.,  1907,  n°^  9-12.)  En  étudiant  l'action  de  certaines  matières 
colorantes  sur  le  trypanosome  du  mal  de  Gadéras,  il  a  préparé  le  rouge  de  trypan 
[trupanrot)  (SO'Na)^  (AzH'^  ^  Az^SO'H). 

Cette  substance,  très  soluble,  injectée  à  des  souris,  colore  tous  leurs  tissus,  et  les 
guérit  du  trypanosome  de  Gadéras.  Or  ces  souris  guéries  sont  devenues  immunes.  au 
moins  pendant  quelque  temps,  contre  une  nouvelle  infection  trypanosomique. 

D'autres  substances,  le  bleu  de  trypan  (tétra-nitro-toluidine  et  amidonaphtol) 
et  l'atoxyl  (paramido-phénylarséniate  de  soude),  ont  aussi  des  propriétés  plus  ou  moins 


U  IMMUNITE. 

analogues  à  celles  da  rouge  de  Irypan.  Thomas  a  montré  en  1901i  l'efTel  thérapeutique  de 
l'atoxyl,  dans  la  maladie  trypanosomique  (maladie  du  sommeil). 

Ebrlich  a  constaté  ce  phénomène  bien  remarquable,  que  les  trypanosomes  eux- 
mêmes  finissaient  par  acquérir  une  certaine  immunité,  à  la  suite  de  générations 
successives,  contre  les  couleurs  d'aniline,  toxiques  pour  eux.  Cette  résistance  paraît  spéci- 
fique :  sur  certaines  souris  traitées  par  l'atoxyl,  il  y  a  certains  trypanosomes  qui  résis- 
tent. Ces  parasites,  injectés  à  d'autres  souris  traitées  aussi  par  l'atoxyl,  résistenten  plus 
grand  nombre,  et  finalement  on  a  une  race  de  trypanosomes  résistant  à  l'atoxyl.  De 
même  on  peut  avoir  une  autre  race  aussi  de  trypanosomes  résistant  au  bleu  de  trypan. 
Cette  variabilité,  acquise  par  l'hérédité,  dans  la  résistance  aux  actions  toxiques, 
est  un  phénomène  de  la  plus  haute  importance,  non  seulement  pour  la  thérapeutique, 
mais  encore  pour  la  biologie  générale.  C'est  la  première  fois  peut-être  qu'a  été  constatée 
une  immunité  acquise,  nettement  héréditaire;  immunité  de  certaines  races  de  trypano- 
somes contre  un  poison.  La  spécificité  absolue  de  la  résistance  est  aussi  un  phénomène 
remarquable,  puisque  à  des  poisons  assez  voisins  les  trypanosomes  résistent  ou  ne 
résistent  pas,  suivant  qu'ils  ont  été  ou  non,  par  l'hérédité  et  l'accoutumance,  immunisés 
contre  ces  poisons.  On  a  pu  même  arriver,  par  une  double  sélection,  à  immuniser  des 
trypanosomes  contre  deux  poisons  à  la  fois.  (Nous  renvoyons  pour  plus  de  détails  aux 
mémoires  d'EHRLiCH.  Voir  aussi  Mes.ml  et  Nicolle  :  Annales  de  ClnstUut  Pasteur,  1907, 
946,  XXI  . 

Au  point  de  vue  de  l'immunité  de  l'individu  récepteur,  il  est  douteux  que  l'atoxyl, 
le  rouge  et  le  bleu  de  trypan,  confèrent  l'immunité,  et  l'action  semble  être  plutôt 
curative  que  préventive  Plimmer  et  Thomson,  Bull,  de  l'Institut  Pasteur,  vi,  1908,  4'i). 
De  même  Laveran  et  Thiroux  n'ont  pas  vu  d'action  préventive  de  l'acide  arsénieux  contre 
la  trypanosomiase  (C.  R.,  cxlv,  1907,  oGl),  malgré  l'opinion  contraire  de  Lœffler  et 
RuHS  [Die  Heilung  der  experimentellen  Nagana.  D.  med.  Woch.,  1907). 

Le  sang  des  animaux  infectés  par  le  trypanosome  a  des  propriétés  préventives  (La- 
veran et  Mesnil)  contre  le  T.  de  Caderas.  Aussi  peut-on  supposer  que  les  apparences 
d'immunité,  données  par  l'atoxyl  et  le  rouge  de  trypan,  sont  dues  à  une  infection 
rendue  légère  et  cependant  immunisante,  plutôt  qu'à  une  action  de  la  substance 
chimique  même,  laquelle  n'agit  pas  in  vitro  sur  les  trypanosomes. 

D'autres  rerherches  plus  ou  moins  analogues  ont  été  faites  avec  les  matières  colo- 
rantes, en  particulier  avec  l'éosine,  contre  le  tétanos  [SoGVcm,  Local  immunity  to  tétanos 
in  inoculated  rats  treated  witk  cosin.  Journ.  of  exp.  medicine,  ix,  1907,  281,  291). 
De  môme  contre  la  piroplasmase,  contre  la  syphilis,  contre  la  dourine,  de  nombreux 
essais  de  thérapeutique  et  d'immunisation  ont  été  entrepris.  Nous  ne  pouvons  entrer 
ici  dans  le  détail  de  ces  faits  intéressants  dont  on  poursuit  l'étude  partout  avec  ardeur 
(C.  Schilling,  Ueber  linmunisierung  gerjen  Protozoenkrankheiten.  Handb.  der  Technik  und 
Methodik  der  Immunitàtsforschung,  1908,  I  . 

En  somme,  l'immunisation  par  des  agents  chimiques  définis  permet  de  concevoir 
de  très  vastes  espérances.  Et,  à  n'en  pas  douter,  celte  prophylaxie  est,  plus  encore  que 
la  thérapeutique,  l'avenir  de  la  médecine. 

D.  Immunisation  contre  les  néoplasmes.  —  Il  faut,  dans  l'étude  de  l'immunité, 
réserver  une  place  spéciale  à  l'immunité  (acquise  ou  naturelle)  contre  les  tumeurs.  On 
ne  saurait  en  eifet,  à  l'heure  présente,  dire  si  les  néoplasmes  sont  dus  ou  non  à  des 
microrganismes.  L'origine  parasitaire  des  cancers  est  cependant  très  probable.  (Nous  ne 
pouvons  entrer  dans  l'étude  critique  de  ce  difficile  problènie  :  consultez  le  Bulletin  de 
l'Assoc.  franc,  pour  Vctude  du  cancer,  1908-1909,  2  vol.,  et  l'excellente  étude  critique 
de  A.  Borrel.  Le  problème  du  cancer.  Bull,  de  l'Institut  Pasteur,  v,  1907,  497-512;  b4o- 
562  à  592-648;  661-662.  Cette  élude  très  complète  a  fourni  les  principales  données  du 
résumé  que  nous  présentons  ici.) 

Un  premier  fait  se  dégage,  c'est  que,  si  le  cancer  peut  chez  certains  animaux  se 
reproduire,  ce  n'est  pas  à  la  manière  des  injections  parasitaires  qui  permettent  aux 
parasites  de  pulluler  dans  l'organisme,  c'est  plutôt  à  la  manière  des  greffes.  Que  ces 
greffes  transmissibles  constituent  ou  non  un  sporozoaire,  une  bactérie,  une  mycose, 
voilà  ce  qui  est  incertain  encore.  En  tout  cas  la  transmissibilité  est  certaine,  qu'elle 
soit  due  à  un  pa  rasite,  ou  à  une  cellule  cancéreuse,  spéciale,  apte  à  se  développer  et 


IMMUNITE.  45 

à  végéter  sur  l'organisme  sain.  Or  les  diverses  espères  animales,  et  môme  les  diverses 
races  d'une  espèce,  ne  sont  pas  également  susceptibles  d'être  des  porte-greffes.  On  a 
donc  le  droit  de  parler  d'immunité  et  de  non-immunité. 

Pour  rimmuniti'  naturelle,  en  dehors  de  toute  tentative  expérimentale,  on  sait 
depuis  longtemps  (|u'il  y  a  des  espèces  naturellement  immunes.  Chez  les  vertébrés  à 
sang  froid,  le  cancer  n'existe  pas.  Il  est  fort  rare  chez  les  oiseaux,  très  cocnniun  chez 
l'homme.  Il  s'observe  assez  fré(iuemment  chez  le  chien,  le  chat,  le  cheval,  le  rat,  la 
souris,  mais  il  est  d'une  rareté  extrême,  si  tant  est  qu'il  existe,  chez  les  autres  mammi- 
fères. On  l'a  signalé  quelquefois  cliez  le  lapin  (E.  Vidal)  et  chez  le  cobaye  (?). 

Chez  l'homme,  il  n'y  a  pas  d'immunité  pour  les  diverses  races  humaines.  Ni  l'âge, 
ni  le  sexe,  ni  le  genre  de  vie,  ni  les  climats,  ni  les  [)iofessions,  ne  confèrent  d'immu- 
nité, et  il  n'est  même  guère  permis  de  parler  d'immunité  individuelle. 

Mais,  si  les  observations  faites  sur  l'homme  ne  conduisent  à  rien  de  précis,  des 
données  positives  ont  été  acquises,  grâce  à  des  expériences  de  transplantation  faites  sur 
les  animaux,  et  presque  exclusivement  sur  les  souris  et  les  rats.  C'est  à  Mokau  (1894) 
que  sont  dues  ces  premières  expériences  sérieuses.  Il  est  juste  de  citer  son  nom,  trop 
souvent  passé  sous  silence.  C'est  à  lui  qu'on  doit  en  somme  la  méthode  de  transplan- 
talion  des  tumeurs  cancéreuses.  Il  a  été  le  véritable  instigateur  de  cette  méthode,  qui 
promet  d'être  féconde. 

Après  MoRAU,  d'autres  savants,  Loeb,  Je.nsen,  Ehklicii,  Boruel,  etc.,  ont  pu  faire  des 
expériences  importantes  qui  établissent  les  conditions  de  l'immunité  ou  de  la  non- 
inimuiiilé  contre  le  cancer. 

1°  Les  tumeurs  cancéreuses  humaines  ne  peuvent  se  transmettre  à  l'animal. 

2°  Les  tumeurs  cancéreuses  de  l'homme  peuvent  se  transmettre  à  l'individu  porteur 
de  la  tumeur  primitive.  (On  comprend  que  l'inoculation  d'une  tumeur  cancéreuse 
humaine  à  un  homme  sain  n'ait  pas  été  tentée.) 

3"  Les  tumeurs  cancéreuses  d'un  animal  ne  peuvent  se  transmettre  à  un  animal 
d'une  autre  espèce,  même  assez  voisine.  Le  cancer  de  la  souris  ne  peut  se 'transmettre, 
même  au  rat:  le  cancer  du  chien  ne  peut  guère  se  transmettre  au  chien;  ni  le  cancer 
du  chat  au  chat,  etc.  (P.  Delbet,  art.  Néoplasmes,  in  Traité  de  Chirurgie,  1896,  1,432). 

4°  Les  plus  faibles  influences  modifient  (pour  la  diminuer)  la  réceptivité  des  souris  à 
l'inoculation  du  cancer.  De  la  souris  grise  à  la  souris  blanche  la  transmission  est 
pres((ue  impossible,  et  vice  versa. 

5"  Dans  tous  les  cas  de  transmission  de  cancer,  il  a  toujours  été  nécessaire  d'ino- 
cub-r,  en  même  temps  que  le  cancer,  quelques  cellules  cancéreuses,  de  sorte  que  l'ino- 
culation a  toujours  été  une  greffe,  dans  le  sens  strict  du  mot. 

On  peut  donc  dire  que  tous  les  animaux,  même  ceux  qui  sont  susceptibles  d'être 
cancéieux,  ont  un.e  immunité  très  forte  conti'e  le  cancer  expérimentalement  transmis. 
Et  pourtant  ils  ne  sont  pas  réellement  immunes,  puisqu'ils  sont  sujets  à  des  cancers, 
naturellement,  sinon  spontanément  développés. 

Pour  expliquer  cette  immunité  naturelle  contre  le  cancer,  Ehrlich  a  proposé  une 
théorie  spéciale,  celle  de  l'immunité  athrepsique.  Il  a  remarqué  en  effet  qu'un  cancer  de 
souris  inoculé  à  un  rat  continue  pendant  quelque  temps  à  grossir,  puis  s'arrête  dans  son 
développement.  Donc  il  n'y  a  pas  d'anticorps  dans  l'organisme  du  rat;  mais  il  manque 
la  substance  x  nécessaire  au  développement  de  la  tumeur,  substance  qui  existe  chez  la 
plupart  des  souris,  qui  manque  chez  quelques  autres  (ce  sont  celles  qui  sont  réfractaires 
au  cancer),  et  qui  manque  aussi  chez  le  rat. 

Ehrlich  a  montré  aussi  que  l'on  pouvait  immuniser  les  souris  contre  le  cancer, 
sinon  d'une  manière  al)solue,  au  moins  relativement,  en  opérant  sur  des  séries  nom- 
lirt^u-e,  et  en  prenant  les  moyennes  des  succès  et  des  insuccès  de  l'inoculation  cancé- 
reuses. En  iiijedant  îles  liquides  cancéreux  à  des  souris,  on  augmente  les  insuccès  de 
l'inoculation  ultérieure,  de  50  à  90  p.  100,  et  cela  indifléremment,  quel  que  soit  le  type 
histologique  de  la  tumeur  injectée  (chondrome,  sarcome,  carcinome,  etc.).  Scuoene  a 
obtenu  l'immunisation  en  inoculant  des  organes  embryonnaires  :  les  souris  témoins 
inoculées  ont  donné  86  p.  100  de  succès,  tandis  que  les  souris  préalablement  traitées 
ont  donné  seulement . '54  p.  100  de  succès. 

J'avais  tenté  d'injecter  du  tissu  embryonnaire  à  des  chiens  et  à  des  chèvres,  et,  pre- 


46  IMMUNITE. 

nant  le  sang  de  ces  animaux,  j'espérais  trouver  à  ce  sérum  anli-embrj'onnaire  quelques 
propriétés  sérolhérapiques  contre  les  néoplasmes;  mais  le  résultat  a  été  nul.  {Exp. 
inéiiitcs.)  Basford,  Bridrk,  Borrel  ont,  indépendamment  les  uns  des  autres,  injecté  à 
des  souris,  pour  les  immuniser,  des  extraits  d'organes,  et  ils  ont  pu  observer  un  cer- 
tain degré  d'immunité  (voir  pour  les  détails  la  revue  critique  de  Borrel,  604-606).  Les 
essais  de  sérothérapie  anti-caticéreuse  chez  les  souris  n'ont  donné  que  des  résultats 
incertains. 

Si  la  sérothérapie  anti-cancéreuse  chez  l'homme,  que  j'ai  été  le  premier  à  indiquer 
en  1896,  avec  Héricolrt,  n'a  donné  que  des  résultats  insuffisants  encore,  on  ne  peut 
nier  que  l'injection  du  sérum  d'animaux  préparés  ne  donne  pendant  les  premiers  jours, 
sinon  dans  tous  les  cas,  au  moins  dans  la  moitié,  certains  résultats  admirables.  (Voy. 
Beretta,  Trav.  du  lab.  de  physiologie  de  Ch.  Richet,  1898,  iv,  138.  Malheureusement,  vers 
la  troisième  ou  quatrième  semaine,  la  tumeur  qui  avait  rétrogradé  reprend  sa  marche 
progressive,  et  finalement  les  injections  ultérieures  de  sérum  demeurent  sans  effet. 
Toutefois  ce  rapide  et  soudain  arrêt  dans  l'évolution  du  néoplasme  indique  qu'il  y 
a  quelque  action  atitinéoplasiqiie  (par  quel  mécanisme'?).  Peut-être,  en  s'appuyant 
sur  ces  faits  et  sur  les  partielles  immunisations  obtenues  chez  les  souris  par  l'inocula- 
tion de  suc  cancéreux,  arriverait-on  à  créer,  chez  les  individus  ayant  été  opérés  d'un 
néoplasme,  une  sorte  d'immunité  relative  contre  une  récidive,  en  faisant  des  injections 
espacées  de  sérum  anti-cancéreux.  Des  observations  {inédites]  de  Ch.  Rkmv,  de  Vidal, 
de  Delbet,  semblent  à  ce  point  de  vue  encourageantes.  Staker,  Beebe  et  Ewlxg 
(cités  par  Borrel,  653)  ont  vu  que  l'injection  intra-veineuse  de  sarcome  vivant  immu- 
nise les  chiens  neufs  et  guérit  les  chiens  sarcomateux. 

Pour  nous  résumer,  l'histoire  de  l'immunité,  naturelle  ou  acquise,  contre  les  néo- 
plasmes est  à  peine  ébauchée  encore.  Mais  les  faits  jusqu'à  présent  bien  établis,  pour 
rares  qu'ils  soient,  suffisent  pour  nous  faire  espérer  qu'on  arrivera  à  une  solution,  plus 
intéressante  peut-être  encore  au  point  de  vue  pratique  qu'au  point  de  vue  de  la  théorie 
générale  de  l'immunité. 


V.  —  DE    LA    CONTRE-IMMUNITÉ    OU    ANAPHYLAXIE. 

L'injection  d'antigène,  c'est-à-dire  d'une  substance  étrangère  à  l'organisme,  et  de 
nature  albuminoïdique,  provoque  la  réaction  d'immunité,  c'est-à-dire  la  formation 
d'une  antitoxine  ou  hi  suractivité  des  leucocytes;  mais,  dans  certains  cas,  l'elTet  est 
tout  opposé,  et  l'organisme  réagit  en  devenant  plus  sensible,  au  lieu  de  devenir  immune. 

Des  faits  de  sensibilité  croissante  avaient  été  çà  et  là  observés  par  divers  auteurs. 
Mage.n'die,  en  1839,  avait  constaté  qu'une  première  injection  d'albumine  d'œuf  est  inof- 
fensive, mais  qu'une  seconde  injection  faite  à  quelques  jours  de  distance  sur  le 
même  animal  est  mortelle.  On  avait  aussi  noté  que  certaines  toxines  sont  prédispo- 
santes à  l'infection  (tuberculose  bovine,  J.  Courmont).  P.  Courmont  avait  même  établi, 
en  1897,  que  le  sérum  des  typhiques  favorise  le  développement  du  bacille  d'EsERTH. 
Behring,  Knorr  et  d'autres  savants,  en  préparant  des  animaux  par  injections  de  toxines 
diftériques  et  tétaniques  pour  l'obtention  des  séruins  antidiftérique  et  antitétanique 
avaient  noté  que  parfois,  sans  qu'on  en  puisse  connaître  la  cause,  la  sensibilité  des  ani- 
maux aux  toxines  avait  énormément  augmenté.  En  réalité,  ces  faits  épars  étaient  mal 
connus,  diversement  interprétés,  voire  même  attribués  à  des  erreurs  de  technique.  En 
1902,  en  collaboration  avec  Portier,  j'ai  pu  les  rattacher  à  un  phénomène  général,  que 
j'ai  appelé  anaphylaxie,  c'est-à-dire  contraire  de  la  protection  (Voy.  Trav.  du  lab.  de 
physiologie  de  Ch.  Richet,  vi,  1909,  passim.) 

L'expérience  fondamentale  est  la  suivante.  Les  actinies  ont  dans  leurs  tentacules, 
entre  autres  poisons,  une  substance  albumotoxique  précipitable  par  l'alcool,  et  se 
redissolvant  dans  l'eau.  On  peut,  après  trois  ou  quatre  précipitations  et  redissolutions 
successives,  l'obtenir  à  peu  près  pure.  Injectée  dans  les  veines  d'un  chien,  elle  est 
inoffensive  à  la  dose  de  0,02  par  kilogramme.  Mais  si  ce  même  chien,  quatre  ou  cinq 
semaines  après,  reçoit  la  même  dose  de  0,02,  il  est  pris,  au  bout  de  quelques  secondes, 
d'accidents   extrêmement   graves  :   abaissement  de  la  pression   artérielle,   diarrhée, 


IMMUNITE.  47 

vomissements,  dyspnée,  paraplégie,  coma,  insensibilité,  cécité  psychique,  hémorrliagies 
intestinales,  conp;estion  intense  de  tout  l'appareil  gasti'O-inlestinal,  et  parfois,  en  une 
heure  ou  deux,  il  succombe.  Pourtant,  mf'ine  à  une  dose  cinq  fois  plus  forte,  l'actino- 
congestine  ne  détermine  chez  un  chien  normal,  n'ayant  pas  reçu  d'injection  antérieure, 
d'autres  accidents  immédiats  que  de  la  diarrhée  et  de  l'hébétude,  et  la  mort  ne  sur- 
vient qu'au  bout  de  quelques  jours. 

On  ne  peut  donc  expliquer  ces  phénomènes  par  l'accumulation;  car,  en  supposant 
que  la  première  dose  n'ait  pas  été  éliminée,  la  dose  totale  immédiatement  injectée  de 
0,04  eût  été  absolument  insuffisante  pour  produire  les  accidents  foudroyants  de  l'ana- 
phylaxie  aiguë.  L'animal  eût  été  à  peine  malade  immédiatement,  et  il  aurait  certaine- 
ment survécu. 

D'ailleurs  l'anaphylaxie  ne  se  produit  qu'après  une  période  plus  ou  moins  longue 
d'incubation.  11  faut,  pour  que  la  dose  seconde  soit  efficace,  un  intervalle  de  temps 
de  trois  ou  qualre  semaines,  et  c'est  dans  la  cinquième  semaine  après  l'injection  que 
les  phénomènes  d'anaphylaxie  se  manifestent  avec  le  plus  d'intensité. 

Calmette,  ayant  observé  sur  lui-même,  après  une  seconde  injection  de  sérum,  des 
effets  analogues,  conseilla  alors  à  Arthos  de  tenter  sur  les  sérums  l'étude  de  l'anaphy- 
laxie iComm.  orale),  et  en  1903  Akthus  publia  d'importantes  expériences  montrant  que 
le  sérum  de  cheval  injecté  à  un  lapin  est  inoffensif  à  la  première  injection,  mais  que 
la  seconde  injection,  même  si  la  dose  est  faible,  détermine  des  accidents  graves  et  la 
mort.  En  même  temps  qu'ARXHus  sur  des  lapins,  Pirquet  et  Schick,  sur  des  enfants, 
décrivent  les  accidents  de  l'injection  seconde,  accidents  qu'ils  appelèrent  maladie  du 
sérum.  Les  accidents  observés  lors  de  l'injection  seconde  sont  parfois  assez  sérieux, 
vomissements,  urticaire,  état  syncopal,  dyspnée. 

Quelque  temps  après,  Theobald  Smith,  à  Washington,  observe  sur  des  cobayes  un 
phénomène  extrêmement  remarquable,  vraiment  surprenant.  La  première  injection  de 
sérum  de  cheval  à  des  cobayes  est  presque  inoffensive  ;  mais  la  seconde  injection,  faite 
deux  mois  après,  est  tellement  grave,  qu'à  la  dose  d'un  millième  (!!)  de  centimètre  cube 
de  sérum,  la  mort  survient  en  quelques  minutes.  Otto,  puis  Rosenau  et  Anderson,  dans 
de  très  belles  études,  ont  confirmé  le  fait.  Besredka  a  étudié  avec  grand  soin  les  antiana- 
phylactiques, c'est-à-dire  les  substances  qui,  injectées  à  un  cobaye  anaphylactisé, 
empêchent  la  réaction  anaphylactique  de  se  manifester.  (Pour  la  bibliographie,  qui  est 
déjà  considérable,  voir  les  trois  excellentes  études  critiques  et  analytiques.  R.  Dœrr, 
Die  Anaphylaxie.  Handb.  der  Technik  und  Methodik  der  Immunitâtsforschung,  Besredka 
L'anaphylaxie  sérique  expérimentale.  Bull,  de  l'Institut  Pasteur,  vt,  1908,  84I-8o2;  889-901. 
P.  Otto,  Anaphylaxie  und  Serumkrankheit  i  Handb.  der  pathogencsn  Miki'orçjanismen,  ii, 
1909,  231-253. 

Nous  résumerons  les  données  principales  que  les  travaux  de  ces  savants  et  nos 
recherches  personnelles  ont  permis  d'établir  sur  ce  phénomène  singulier,  d'autant  plus 
étrange  qu'il  paraît  être  en  contradiction  avec  la  loi  de  finalité  des  organismes.  On 
comprend  l'accoutumance,  la  vaccination,  l'immunité  acquise,  comme  des  moyens  de 
résistance  contre  les  virus  et  les  poisons.  Mais  comment  comprendre  cette  contre- 
immunité,  cette  exaltation  funeste  de  la  vulnérabilité  aux  poisons  qui  rend  un  orga- 
nisme mille  fois  plus  fragile  qu'il  ne  l'était  d'abord? Peu  importe,  puisque  le  fait  existe; 
il  faut,  en  tout  cas,  en  étudier  les  modalités,  et  essayer  d'en  pénétrer  le  mécanisme. 

1°  Beaucoup  de  substances  —  et,  à  dire  vrai,  tous  les  corps  protéiques  —  sont  capa- 
bles, en  injection  inlra-veineuse  ou  intra-péritonéale,  intra-cérébrale  ou  sous-cutanée, 
de  produire  l'anaphylaxie.  L'anaphylaxie,  dans  quelques  cas  exceptionnels,  a  pu  être 
déterminée  par  ingestion  alimentaire  (l'alimentation  avec  de  la  viande  de  cheval  ana- 
phylactisé contre  le  sérum  de  cheval.  Rosenau  et  A.nderson).  D'ailleurs,  il  est  assez 
vraisemblable  que  la  sensibilité  extraordinaire  de  certaines  personnes  à  un  aliment 
déterminé,  tel  que  les  crustacés,  les  fraises,  l'œuf  peuvent  se  rattacher  à  l'anaphylaxie 
(voir  la  note  intéressante  de  Dœrr,  lac.  cit.,  p.  86G). 

2°  J'ai  pu  provoquer  l'anaphylaxie  avec  les  toxines  des  moules,  des  subérites  {Sube- 
rites  domuncula),  des  actinies  [Actinia  equina,  Actinia  crassicornis)  (mytilo-congestine, 
actino-congestine,  etc.).  Tous  ces  poisons,  en  effet,  ont  comme  caractéristique  chimique 
d'être  des  matières  azotées,  coagulables  par  la  chaleur,  et  ne  se  dissolvant  pas  par  le 


48  IMMUNITE. 

refroidissement;  précipitées  par  l'alcool,  elles  se  redissolvent  dans  l'eau;  et  comme 
caractéristique  biologique,  de  provoquer,  à  doses  voisines  de  0,05  par  kilogramme,  la 
mort  en  quatre  à  huit  jours,  avec  des  hémorrhagies  intenses  dans  tout  l'appareil  digestif 
Aussi  leur  ai-je  donné  le  nom  générique  de  congeslines.  Outre  ces  congestines  toxiques, 
d'autres  substances  sont  nettement  anaphylactisantes,  comme  je  l'ai  vu  pour  la  toxine 
(crépitine)  de  Hura  crepitans,  comme  Arthus  l'a  vu  pour  les  pefitones  et  les  matières 
albuminoïdes  du  sérum,  comme  Rosenau  et  Anderson  l'ont  vu  pour  l'albumine  d'œuf, 
Besredka  pour  le  lait,  Battelli  pour  les  globules  rouges,  Rosenau  et  Anderson,  Krauss 
et  DoERR  pour  les  toxines  bactériennes.  Arthus  a  même  supposé  que  l'anaphylaxie 
pouvait  s'idenlifler  avec  l'empoisonnement  par  la  peptone,  mais  il  est  difficile  d'accepter 
cette  opinion;  caria  quantité  de  peptone  contenue  dans  un  millième  de  centimètre 
cube  de  sérum  est  assurément  négligeable,  même  pour  un  cobaye,  même  pour  une 
injection  intra-cérébrale. 

3°  La  réaction  anaphylactique  est  spécifique;  et  cette  spécificité  est  tout  aussi 
extraordinaire  que  celle  des  antitoxines.  Gay  et  Southard,  Rosenau  et  Anderson  ont  vu 
que  le  lait  de  femme,  le  lait  de  chèvre,  le  lait  de  vache  ne  peuvent  pas  se  suppléer 
comme  substances  anaphylactisantes.  L.  Dreyfus  et  E.  Lesnk  ont  observé  cette  même 
spécificité  pour  l'œuf  de  cane,  l'œuf  de  poule,  l'œuf  de  pigeonne  [Coinm.  orale.].  Celte  spé- 
cificité n'est,  évidemment,  pas  absolue;  mais  elle  est  assez  nette  pour  qu'on  ait  songé 
à  proposer,  en  médecine  légale,  la  diagnose  du  sang  de  telle  ou  telle  espèce  animale 
par  l'absence  ou  la  présence  de  phénomènes  anaphylactiques  (Uhlenhuth).  La  réaction 
de  l'albumine  du  cristallin  est  tout  à  fait  spécifique,  quoique  l'injection  de  cette  albu- 
mine, quelle  que  soit  l'espèce  animale  dont  le  cristallin  ait  été  pris,  provoque  la  sensi- 
bilité anaphylactique  à  une  injection  seconde  d'albumine  cristallinienne,  mais  non 
à  des  injections  secondes  d'autres  sortes  d'albumines. 

4"  L'anaphylaxie  n'a  pas  encore  été  observée  sui'  les  hétérothernies.  On  l'a  vue  sur 
l'homme,  le  cheval,  le  chien,  la  chèvre,  le  lapin,  le  rat,  et  elle  est  surtout  marquée 
sur  le  cobaye.  Ni  Dœrr,  ni  Frey  n'ont  pu  la  constater  sur  les  souris.  Friedberger  et 
Hartogh  viennent  de  la  constater  chez  les  oiseaux  {Zcitsch.  fur  Immun.  forsch.,  1909,  581). 
5°  Une  certaine  durée  de  l'incubation  est  nécessaire  ;  elle  doit  être  de  dix  jours  au 
moins,  mais  c'est  là  tout  à  fait  un  minimum  (Rosenau  et  Anderson).  En  général,  on 
peut  admettre,  après  anaphylactisation  par  le  sérum,  une  période  moyenne  de  deux 
semaines  d'incubation.  11  faut  noter  que  la  durée  de  l'incubation  varie  avec  la  voie 
d'introduction,  et  qu'elle  est  moindre  pour  l'injection  intra-cérébrale  (9  jours,  Besredka). 
Elle  varie  aussi  avec  la  nature  de  la  substance  anaphylactisante.  Pour  la  mylilo-conges- 
tine,  la  période  d'état  est  vers  le  vingt-cinquième  jour;  vers  le  quarantième  jour  pour 
l'actino-congestine,  et  il  me  parait  que,  pour  la  crépito-congestine,  elle  est  plus  retardée 
encore. 

L'explosion  immédiate  des  phénomènes  d'anaphylaxie  ne  peut  s'expliquer  que  si 
l'on  admet  la  disparition  complète  de  la  substance  primitivement  injectée;  car,  si  elle 
n'avait  pas  disparu  totalement,  on  ne  comprendrait  pas  pourquoi  les  phénomènes 
se  mettraient  à  apparaître  avec  cette  soudaineté  à  la  suite  d'une  très  faible  dose.  On 
peut  donc  supposer  que  la  durée  de  l'incubation  est  en  rapport  avec  la  destruction 
totale  de  la  substance  primitivement  injectée.  L'anaphylaxie  n'apparaît  que  quand  la 
toxine  (ou  l'albumine  non  toxique)  injectée  a  totalement  disparu,  ce  qui  suppose  une 
incubation  plus  ou  moins  longue. 

6"  La  durée  de  l'anaphylaxie  est  très  longue.  On  peut  même  supposer  qu'elle  est 
à  peu  près  illimitée.  Je  l'ai  constatée  au  bout  d'un  an.  Rosenau  et  Anderson  l'ont  vue  au 
bout  de  trois  ans.  Sur  l'homme  Currie  a  vu  un  cas  de  séro-anaphylaxie  au  1  817''  jour  (!). 
7°  La  dose  qui  provoque  le  phénomène  peut  être  extrêmement  faible;  d'un  dix- 
millionième  de  centimètre  cube  de  sérum  en  un  cas  (Rosenau  et  Anderson)  (?)  ;  en  tout 
cas,  avec  certitude,  d'un  dix-millième  de  centimètre  cube.  Pour  l'actino-congestine  et 
pour  la  crépito-congestine,  en  injection  intra-veineuse,  des  doses  de  0,0001  sont  insuffi- 
santes :  il  faut  au  moins  0,0003.  Mais  ces  chiffres  ne  signifient  pas  autre  chose  que 
l'extrême  petitesse  de  la  dose  de  substance  active,  puisqu'on  ne  sait  pas  exactement 
la  teneur  en  substance  active  de  ce  qu'on  injecte. 

8"  La  période  préanaphylactique  ou  d'incubation  ne  se  traduit  par  aucun  symptôme 


IMMUNITE.  49 

bien  apparont,  sinon  peut-être  un  peu  d'amaigrissement  de  l'animal.  Encore  n'est-ce 
pas  là  un  pht'-nomt'ne  constant.  La  durée  de  cette  p(''riode  d'aniaigrissonient  dépend 
nalurellenuMit  de  la  dose  injectée.  Elle  est  d'autant  plus  courte  <jue  la  dose  primitive 
est  plus  faible. 

9"  L'antianapbyla.vie  (contre  l'injection  cérébrale)  peut  être  produite  par  une  injec- 
tion massive  dans  le  péritoine  (Resredka  et  SxErNHARDT).  On  peut  encore,  d'après  les 
mêmes  auteurs,  injecter  du  sérum  dans  le  péritoine  pendant  la  période  d'incubation, 
et  plutôt  à  la  lin  de  cette  période.  Cela  suffit  pour  empêcher  l'anaphylaxie  de  se 
produire. 

Beshedka  a  fait  aussi,  à  rinslii^^alion  de  Ilocx,  une  ingénieuse  expérience.  Les  phé- 
nomènes de  l'anaphylaxie  étant  surtout  d'ordre  nerveux,  il  a  paralysé  le  système  ner- 
veux par  un  anesthésique  (éther  éthylique),  et  il  a  vu  alors  les  phénomènes  anaphylac- 
tiques disparaître  complètement. 

10°  L'immunité  et  l'anaphylaxie  peuvent  marcher  de  pair,  de  sorte  que  les  animaux 
anaphylactisés  peuvent  être  des  animaux  immunisés  (Cn.  Richet).  Ainsi,  pour  prendre 
un  exemple  typique,  on  injecte  la  même  dose  d'actino-congestine  à  quatre  chiens,  dont 
deux  avaient  reçu  une  dose  anaphylactisaute  il  y  a  un  mois.  Aussitôt  après,  ces  deux 
chiens  sont  extrêmement  malades,  presque  mourants  ;  les  deux  autres  chiens,  normaux, 
ont  des  symptômes  à  peu  près  nuls.  Mais,  trois  jours  après,  ces  deux  chiens  sont  très 
malades,  et  meurent;  les  deux  autres,  qui  étaient  immunisés,  survivent;  et  pourtant, 
ils  avaient  présenté  d'éclatants  symptômes  d'anaphylaxie.  Dœru  a  observé  le  môme  fait 
avec  le  sérum  d'anguille.  Dans  la  préparation  des  sérums  antidiftériques  chez  les 
chevaux,  on  a  vu  que  parfois  il  y  a  un  grand  pouvoir  antitoxique  chez  des  animaux 
très  sensibles.  On  doit  donc  admettre  que  les  processus  de  l'immunisation  et  de  l'ana- 
phylactisation  sont  deux  processus  différents,  poursuivant  parallèlement  leur  marche 
dans  le  même  organisme,  sans  se  confondre  l'un  avec  l'autre.  Peut-être  même  n'ont-ils 
aucun  rapport  causal  l'un  avec  l'autre. 

11°  Les  substances  qui  produisent  l'anaphylaxie  sont  toujours  des  matières  albumi- 
uoïdes.  Les  essais  que  j'ai  faits  avec  l'apomorphine,  Aducco,  avec  la  cocaïne,  Dœrr,  avec 
la  strychnine,  n'ont  pas  réussi  à  démontrer  qu'il  y  a,  par  ces  corps  définis,  anaphylaxie 
véritable.  Pourtant,  les  albuminoïdes  anaphylactisants  ne  sont  pas  détruits  par  la 
chaleur  (Ch.  Richet,  1903).  Alors  qu'une  solution  de  congesline  chauffée  à  103°  perd  les 
quatre  cinquièmes  de  son  pouvoir  toxique,  elle  n'a  pas  perdu  son  pouvoir  anaphylacti- 
sant.  Cela  a  été  plus  tard  démontré  pour  le  sérum,  le  lait  et  les  autres  substances  ana- 
phylactisantes. 

12°  Il  existe  dans  le  sang  de  ranimai  anaphylactisé  une  substance  qui  est  la  cause  de 
l'anaphylaxie.  — J'ai  montré  (De  la  mytilo-congestine,  Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  octobre 
1907)  que,  si  l'on  fait  à  un  chien  normal  la  transfusion  du  sang  d'un  animal  anaphy- 
lactisé, le  chien  qui  a  reçu  le  sang  est  devenu,  à  l'intensité  près,  anaphylactisé  comme 
le  chien  qui  a  donné  le  sang.  11  y  a  donc,  pour  employer  la  terminologie  d'EHRLicii, 
une  anaphylaxie  passive,  à  côté  de  l'anaphylaxie  active.  Plus  tard  la  même  expérience 
a  été  faite  par  Otto  et  par  Rosexai:  et  A.xderson  sur  les  cobayes. 

Elle  est  de  très  grande  importance,  car  elle  nous  permet,  sinon  d'édifier  une  théorie 
complète  de  l'anaphylaxie,  au  moins  d'en  tracer  une  ébauche  rudimentaire.  Le  sang 
des  anaphylactisés  contient  une  substance  spéciale,  provocatrice  des  phénomènes. 
Appelons,  pour  simplifier,  to.vogénine,  cette  substance  hypothétique.  Il  est  évident 
que  le  sang  des  anaphylactisés  contient  de  la  toxogénine;  et,  d'autre  part,  que  cette 
toxogénine,  en  soi,  est  inoffensive,  puisque  l'animal  est,  en  apparence,  tout  à  fait 
normal.  Mais,  si  cette  toxogénine  rencontre  la  toxine,  alors  une  réaction  foudroyante 
a  lieu;  un  poison  nouveau  se  dégage,  différent  de  la  toxogénine  et  de  la  toxine;  et  les 
phénomènes  anaphylactiques  se  déchaînent. 

Nous  pouvons  établir  une  analogie  entre  ce  phénomène  et  l'intoxication  par  l'acide 
cyanhydrique.  Claude  Bernard  a  montré  jadis  que  l'émulsine,  substance  inoffensive, 
peut  être  injectée  dans  les  veines  sans  accident.  De  même  aussi  l'amygdaline,  égale- 
ment inolTensive.  Mais,  si  l'on  injecte  ces  deux  substances,  l'émulsine,  agissant  comme 
ferment  sur  l'amygdaline,  donne  naissance  à  de  l'acide  cyanhydrique,  lequel  immé- 
diatement provoque  des  accidents  très  graves.  De  môme  dans  l'anaphylaxie  la  toxogénine 

DICT.    DE    PnVSIOI.Of.IK.   —    T.    IX.  4 


50  IMMUNITE. 

unie  à  la  toxine  développera  un  poison  qui  entraîne  des  accidents  immédiats.  J'ai 
appelé  apotoxine  ce  poison,  qui  est  hypothétique,  mais  dont  l'existence  est  rendue  cer- 
taine par  la  manifestation  de  ses  effets. 

La  seule  objection  qu'on  pomTart  faire  à  cette  théorie,  c'est  qu'il  n'est  pas  toujours 
possible,  en  mélangeant  in  vitro  le  sérum  anaphylactique  et  la  toxine,  d'obtenir  les 
effets  anaphylactiques.  Et  en  effet  le  plus  souvent,  probablement  par  suite  de  la  petite 
quantité  de  toxogénine  continue  dans  le  sang,  on  n'observe  pas  cette  anaphylaxie 
passive  immédiate.  Mais  dans  quelques  cas  elle  est  très  nette  (Ch.  Kichet,  B.  B.,  juin 
J909)  et  ces  cas  sont  asbolument  suffisants,  même  s'ils  ne  sont  pas  nombreux,  pour  éta- 
blir en  toute  évidence  :  1°  qu'il  y  a  une  toxogénine  dans  le  sérum;  2°  que  cette  toxogé- 
nine peut  in  vitro  se  combiner  avec  la  toxine  pour  produire  l'apotoxine. 

En  tout  cas  la  toxogénine  du  sérum  n'est  jamais  en  grande  quantité;  et  il  est  vrai- 
semblable qu'elle  est  localisée  dans  les  cellules  nerveuses  de  l'animal  anaphylactisé. 

13°  Les  symptômes  de  l'anaphylaxie  sont  toujours  les  mêmes,  quelles  que  soient  les 
substances  qui  l'aient  provoquée.  Chez  le  chien  ils  se  prêtent  mieux  à  l'analyse  que  sur 
le  cobaye,  encore  que  le  cobaye,  comme  l'expérience  de  Theobald  Smith  le  prouve,  y 
soit  tout  particulièrement  sensible.  Je  les  mentionnerai  brièvement. 

A.  Abaissement  de  la  pression  artérielle.  Dès  1902  j'ai  appelé  l'attention  sur  ce  phé- 
nomène fondamental  que  Biedl  et  Kraus  dans  un  récent  travail  ont  très  bien  étudié, 
ainsi  qu'AniHUs.  Mais  cet  abaissement  considérable  survenant  avec  des  doses  minuscules 
n'est  pas,  comme  les  savants  physiologistes  viennois  semblent  le  croire,  la  cause  des  autres 
phénomènes  de  dépression  qui  surviennent  alors;  c'est  la  conséquence  d'une  intoxica- 
tion très  profonde  du  système  nerveux,  et  ce  n'est  pas  la  cause  de  la  dépression  nerveuse. 

B.  Vomissement.  Les  chiens  sont  sensibles  à  une  dose  cent  fois  plus  faible  lors  de 
la  seconde  injection  que  lors  de  la  première.  Et  ce  vomissement  est  tellement  rapide 
que,  l'injection  étant  à  peine  achevée,  il  y  a  déjà  des  contractions  stomacales. 

C.  A  dose  faible  prurit,  érythème.  C'est  là  un  phénomène  parfois  observé  sur  les 
chiens,  mais  constamment  noté  chez  les  enfants  auxquels  on  fait  une  injection  seconde 
de  sérum.  Il  n'apparaît  pas  quand  la  dépresssion  nerveuse  est  trop  forte;  de  sorte  qu'il 
est  pour  ainsi  dire  symptomatique  de  l'intoxication  légère, 

D.  Dyspnée.  C'est  là  un  phénomène  constant.  La  respiration  devient  profonde, 
presque  asphyxique;  il  y  a  des  contractions  maximales  du  diaphragme;  cependant  le 
sang  reste  rouge,  et  le  cœur  n'accélère  pas  beaucoup  ses  battements;  ou  du  moins  l'accé- 
lération cardiaque  n'est  pas  en  rapport  avec  l'abaissement  de  la  pression  et  la  profon- 
deur des  inspirations. 

E.  Dilatation  de  la  pupille.  L'œil  est  hagard,  fixe. 

F.  Impuissance  motrice.  Le  chien  ne  peut  plus  se  tenir  debout  :  il  se  couche  par  terre. 
Dans  les  cas  graves,  il  lui  est  impossible  de  se  relever.  Dans  les  cas  légers  il  se  relève 
quand  on  l'excite,  fait  quelques  pas,  et  retombe  ensuite,  comme  épuisé  de  fatigue.  On 
peut  placer  les  animaux  dans  des  positions  bizarres  dont  ils  ne  cherchent  pas  à  se 
dégager,  comme  si  une  fatigue  insurmontable  les  empêchait  de  réagir. 

G.  Insensibilité.  Dans  les  cas  graves,  elle  est  complète.  Il  n'y  a  plus  de  réflexes.  Aux 
excitations  les  plus  violentes  l'animal  ne  réagit  plus.  La  cécité  psychique  est  absolue. 
L'animal  semble  être  insensible  à  ce  qui  se  passe  autour  de  lui  comme  dans  les 
anesthésies  profondes.  Il  y  a  une  perte  de  conscience  presque  complète;  il  ne  retient 
plus  ses  urines  ni  ses  excréments. 

H.  Contractions  intestinales  violentes  avec  ténesme  rectal,  diarrhée,  et  souvent 
hémorragies  intestinales.  Si  l'animal  succombe  à  l'anaphylaxie  aiguë,  on  trouve  les 
intestins  gorgés  de  sang.  II  y  a  du  sang  même  dans  l'estomac.  Toute  la  muqueuse  gastro- 
intestinale est  plus  hypérémiée  qu'on  ne  peut  le  voir  dans  n'importe  quelle  intoxica- 
tion. 

Tous  ces  phénomènes,  très  concordants,  se  comprennent  parfaitement  si  l'on  admet 
un  empoisonnement  suraigu  du  système  nerveux  central,  atteignant  l'appareil  de  la 
conscience,  du  mouvement  et  de  la  sensibilité,  ainsi  que  les  centres  vaso-moteurs.  Ce 
qui  caractérise  ce  tableau  de  l'empoisonnement  anaphylactique,  c'est  que  tous  les  phéno- 
mènes, s'ils  ne  se  terminent  pas  en  une  heure  ou  deux  par  la  mort  (ce  qui  est  relative- 
ment rare  chez  le  chien)  semblent  brusquement  cesser.  Tout  d'un  coup  l'animal  se 


à 


IMMUNITE.  51 

relève,  et,  quoiqu'il  soit  encort!  un  peu  affaibli,  parait  momentanément  r»Habli.  La  res- 
piration reprend  son  rythme  normal,  et,  sauf  les  vomissements  (jui  persistent  plus 
louf^temps,  tout  semble  revenu  dans  l'ordre.  C'est  ce  que  Beshkdka  a  appelé  le  choc  ana- 
phl/hicti({iu',  dont  on  peut  dire  que  la  lin  survient  aussi  vite  que  l'invasion. 

Quelquefois  les  lésions  déterminées  par  le  choc  anaphylactiijue  (surtout  les  hémor- 
rhag-ies  intestinales)  sont  tellement  fjraves  qu'elles  amènent  la  mort  en  (juelques  heures, 
ou  plus  rarement  en  quelques  jours.  Les  cobayes  qui  survivent  (juelquos  heures,  survi- 
vent déliiiilivoment. 

Il  faut  nettement  distinguer  l'anaphylaxie  aiguc,  qui  se  produit  une  ou  deux  minutes 
après  l'injection  (intra-veineuse),  et  l'anaphylaxie  chroniqui',  due  peut-être  aux  lésions 
qu'a  déterminées  l'anaphylaxie  aiguë,  foudroyante.  En  tout  cas  il  est  évident  que 
Vapotoxine,  produite  par  le  conflit  entre  la  toxogénine  préexistante  et  la  toxine  injectée 
est  par  excellence  poison  du  système  nerveux  central. 

Nous  avons  même  pu  faire  cette  hypothèse,  à  notre  sens  très  vraisemblable,  que,  sous 
ses  différents  aspects,  l'anaphylaxie  est  une.  C'est  l'empoisonnement  du  système  ner- 
veux [)ar  une  substance  unique,  l'apotoxine,  quelles  que  soient  les  substances  injectées 
en  première  ou  en  seconde  injection. 

14°  Quoique  des  accidents  nombreux  de  la  maladie  du  sérum  aient  été  signalés  par 
divers  médecins,  Pirquet  et  Sghick,  Marfan,  Lemaire,  etc.,  il  n'y  a  guère  eu  de  cas  de  mort 
chez  l'homme  (voy.  Doerr,  Ioc.  cit.).  J'en  citerai  un  pourtant  qui  parait  bien  authen- 
tique, c'est  celui  d'un  médecin  brésilien,  qui,  s'étant  injecté  un  an  auparavant  du 
sérum  antipestoux,  voulut  recommencer,  et  mourut  au  bout  de  quelques  heures  de 
celte  injection  de  sérum,  faite  un  an  après  la  première  [Comm.  orale,  1904). 

D'ailletws  tous  les  efforts  faits  jusqu'à  présent,  dans  les  instituts  où  se  préparent 
les  sérunis,  pour  obtenir  des  sérums  qui  ne  provoqueront  pas  d'anaphylaxic  sont  restés, 
jusqu'à  ce  jour,  à  peu  près  impuissants. 

13°  La  réaction  des  tuberculeux  à  la  luberculine  caractérisée  par  une  réaction  locale 
(dermo-réaction,  ophthalmo-réaction)  et  une  congestion  intense  autour  des  foyers  tuber- 
culeux, c'est  sans  doute  un  phénomène  d'anaphylaxie;  mais  on  n'a  pas  pu  encore  en 
donner  une  preuve  rigoureuse. (Yamanouchi,  jB.  JB.,  27  mars  1909;  Lesné  et  Dreyfus,  ihid., 
13  mars  1909).  11  me  paraît  vraisemblable  que,  si  les  animaux  ayant  reçu  de  la  tubercu- 
line  en  injection  première  ne  sont  pas  anaphylactisés,  alors  que  les  animaux  tuber- 
culeux réagissent  violemment  à  la  tuberculine,  c'est  parce  que  chez  les  tuberculeux  il 
s'est  produit  une  toxogénine  que  les  procédés  de  préparation  de  la  tuberculine  détrui- 
sent ou  ne  gardent  pas.  Ce  que  nous  disons  de  la  tuberculine  s'applique  sans  doute  aussi 
à  la  malléine,  qui  n'a  pas  encore  été,  à  ma  connaissance,  étudiée  au  point  de  vue 
spécial  de  l'anaphylaxie. 

16°  A  l'étude  de  l'anaphylaxie  il  faut  peut-être  rattacher  celle  des  rtof^ressines. C'est  le 
nom  que  Bail  (1905)  a  donné  aux  substances  qui  empêchent  la  résistance  de  l'orga- 
nisme aux  parasites,  et  facilitent  par  conséquent  le  développement  de  ces  parasites.  De 
même  que  la  formation  des  toxogénines,la  formation  des  aggressines  parait  en  contra- 
diction avec  la  finalité  des  êtres,  puisqu'elle  aboutit  à  amoindrir  la  résistance  des  orga- 
nismes contre  leurs  parasites.  C'est,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  une  contre-immu- 
nité. L'expérience  fondamentale  de  Bail  est  la  suivante.  On  injecte  à  des  cobayes  des 
cultures  de  bacille  typhique  ou  de  bacille  cholérique  dans  le  péritoine;  il  se  forme  un 
abondant  exsudât.  Ou  constate  alors  que  cet  exsudât  a  la  propriété  d'augmenter  la  viru- 
lence des  microbes  qu'on  injecte,  de  les  rendre  offensifs  et  mortels,  alors  que,  sans 
cette  injection  d'aggressine,  ils  n'auraient  déterminé  qu'une  maladie  légère.  [Arch.  fur 
Hygiène,  LU,  272;  lui,  302  et  Wien.  klin.  Woch.,  1905  et  1906,  passim). 

Or  cette  action  de  l'aggressine  paraît  suitout  être  une  paralysie  de  la  phagocytose. 
Puisque,  dans  beaucoup  d'affections  microbiennes,  et  spérialement  dans  le  choléra  et 
le  typhus  (des  cobayes),  la  résistance  organique  est  due  à  la  phagocytose,  on  comprend 
bien  que  toute  substance  qui  en  diminue  l'énergie  va  diminuer  en  même  temps  la 
résistance  générale  de  l'organisme. 

Si  l'on  injecte  une  aggressine  (stérilisée),  comme  celte  substance  est  antigénique,  il 
se  développe  dans  l'organisme  une  anti-ar/gressine,  et  alors  bien  évidemment  le  microbe, 
injecté  quehjue  temps  après,  ne  pourra  plus  sécréter  d'aggressine  efficace,  puisque 


52  IMMUNITÉ. 

celle-ci  sera  aussitôt,  au  fur  et  à  mesure  de  sa  production,  neutralisée  parl'anti-aggres- 
sine.  Dans  ces  conditions  l'injection  préalable  d'anti-aggressine  produit  une  sorte 
d'immunité,  puisque  les  substances  favorisantes  (Bouchard),  les  aggressines  de  Bail,  que 
produisent  les  microbes  injectés  à  un  individu  normal,  ne  se  forment  plus  ou  sont 
inefficaces. 

On  a  débattu  la  question  de  savoir  si  les  microbes,  qui,  à  n'en  pas  douter,  produisent 
in  vivo  des  aggressines,  peuvent  aussi  en  produire  in  vitro  ;  autrement  dit  si  les  aggres- 
sines sont  productions  purement  microbiennes,  ou  si  elles  résultent  d'une  réaction  de 
l'organisme  sur  le  microbe.  Or  il  semble  résulter  des  recherches  de  Wassermann  et  de 
€iTR0N,  que,  même  in  vitro,  les  microbes  (rouget  du  porc,  par  exemple)  sécrètent  des 
aggressines.  On  ne  voit  donc  pas  bien  en  quoi  les  recherches  de  Bail,  pour  ingénieuses 
qu'ellessoient,  introduisent  une  donnée  franchement  nouvelle  (voir  Levaditi,  Aggrcssme, 
Handb.  der  Technik  und  Methodik  fiir  Imm.  forsch.,  1907,  1,  236).  Il  y  a  des  substances 
favorisantes  qui  ne  sont  telles  que  parce  qu'elles  sont  paralysantes  des  cellules  et 
amoindrissent  la  résistance  organique.  Rien  là  qui  soit  en  contradiction  avec  la  loi  de 
finalité,  puisque  aussi  bien  la  finalité  du  parasite,  c'est  d'attaquer;  et  que  toute  facilité 
plus  grande  dans  l'attaque  sera  conforme  à  sa  finalité  propre. 

Conclusions. 

L'immunité,  considérée  à  son  point  de  vue  le  plus  général,  c'est  la  vulnérabilité 
moindre  de  telles  ou  telles  espèces  (immunité  spécifique^,  de  telles  ou  telles  cellules 
(immunité  cellulaire),  de  tels  ou  tels  individus  (immunité  mrfntV/«e//e),  quand  ces  espèces, 
ces  cellules,  ces  individus  sont  attaqués  par  des  poisons  ou  des  parasites.  Il  est  diffi- 
cile de  parler  d'une  immunité  absolue;  elle  ne  peut  jamais  être  que  relative,  compara- 
tive si  l'on  veut.  Il  ne  peut  y  avoir  assurément  identité  dans  la  résistance;  et  alors 
on  dit  de  l'espèce,  de  la  cellule,  de  l'individu,  lorsqu'ils  sont  plus  résistants  que 
d'autres  espèces,  d'autres  cellules,  d'autres  individus,  qu'ils  ont  une  certaine  immunité. 

L'immunité  peut  être  naturelle  ou  acquise. 

L'immunité  naturelle  elle-même  peut  être  vraie  ou  apparente.  Elle  est  apparente 
quand  il  y  a,  par  un  mécanisme  quelconque,  impossibilité  pour  le  poison  ou  le  parasite 
de  pénétrer.  Si  l'on  fait  ingérer  de  la  strychnine  à  des  chevaux,  on  ne  les  empoisonne 
pas;  mais  ce  n'est  là  qu'une  immunité  apparente,  due  seulement  à  ce  que  lastr^xhnine 
n'a  pas  pénétré  dans  le  sang  et  n'a  pu  être  absorbée.  De  même,  quoiqu'on  puisse  en- 
duire de  curare  toute  la  peau  d'un  chien  sans  l'empoisonner,  nous  n'en  dirons  pas 
pour  cela  que  le  chien  possède  quelque  immunité  contre  le  curare.  La  réelle  immunité 
ne  s'exerce  que  lorsque  le  poison  ou  le  parasite  a  pénétré  dans  l'organisme  et  est 
absorbé.  La  non-absorplion  d'un  poison,  la  non-pénétration  d'un  virus,  ce  n'est  pas  de 
l'immunité  vraie. 

A  priori  il  est  impossible  de  supposer  une  égale  vulnérabilité  pour  toutes  les  espèces. 
Mais  les  différences  sont  plus  grandes  qu'on  n'eût  pu  le  croire  tout  d'abord;  car  elles 
varient  parfois  de  1  à  100  000,  et  même  davantage. 

I.  — Il  est  des  poisons  universels  pour  lesquels  il  n'y  a  pas  ou  presque  pas  d'immunité. 
L'acide  sulfurique,  par  exemple,  ou  le  phénol,  ou  le  chloroforme,  ou  le  bichlorure  de 
mercure,  sont  toxiques  à  peu  près  pour  tous  les  êtres  sans  grandes  dissemblances,  et 
pour  toutes  les  cellules;  la  cellule  nerveuse  est  cependant  atteinte  la  première;  elle 
est  décidément  plus  fragile  que  toute  autre.  Aussi,  quoique  ce  soit  déjà  un  peu  autre 
chose  que  l'immunité  dans  le  sens  habituel  du  mot,  peut-on  dire  que  les  cellules  épi- 
théliales,  osseuses,  musculaires,  ont  un  certain  degré  d'immunité  contre  les  poisons 
universels. 

Mais  il  est  d'autres  poisons  qui  ne  sont  pas  poisons  de  tout  protoplasma  vivant,  et, 
comme  ils  respectent  les  cellules  autres  que  les  cellules  nerveuses,  une  grande  diffé- 
renciation s'établit  aussitôt.  Les  sels  de  potassium,  l'ammoniaque  et  les  alcaloïdes  qui 
intoxiquent  si  gravement  la  cellule  nerveuse  des  animaux,  respectent  les  autres  cel- 
lules vivantes,  de  sorte  que  les  plantes,  qui  sont  sans  système  nerveux,  ont  une  immu- 
nité presque  absolue  contre  ces  poisons.  Dans  des  solutions  concentrées  de  chlorhydrate 


IMMUNITÉ.  5a 

de  strychnine,  les  champignons  végètent  pacifiquement;  de  môme  le  ferment  de  l'urée 
dans  des  solutions  ammoniacales  foil^'s. 

Môme  pour  les  animaux  qui  ont  un  système  nerveux,  tous  les  alcaloïdes  ne  sont 
pas  également  toxiques.  Ainsi,  pour  prendre  un  exemple  classique,  l'atropine,  si  nocive 
pour  l'homme  à  faible  dose,  est  inoffensive  pour  la  plupart  des  animaux:  il  en  est  de 
même,  quoique  à  un  moindre  degré,  pour  la  nicotine,  la  morphine  et  d'autres  alcaloïdes 
végétaux.  On  peut  dire  que,  pour  les  alcaloïdes,  poisons  des  cellules  nerveuses  céré- 
brales, l'homme,  avec  son  puissant  système  nerveux  cérébral,  est  le  plus  vulnérable  des 
êtres.Com[)arésà  lui,  fous  les  autres  animaux  sont  dotés  d'une  véritable  immunité,  sinon 
contre  tous  les  alcaloïdes,  au  moins  contre  beaucoup  d'entre  eux. 

Pour  les  poisons  plus  complexes,  les  albumines,  les  nucléo-toxines,  les  venins, -les 
zymases,  d'origine  végétale  ou  animale,  les  difîérences  de  vulnérabilité  deviennent 
énormes.  Par  exemple  la  tétanotoxine  est  cent  mille  fois  plus  toxique  pour  une  souris 
que  pour  un  oiseau.  Si,  à  propos  de  chacune  de  ces  toxines,  on  dressait  un  tableau  des 
doses  mortelles  pour  chaque  espèce  animale,  on  verrait  que  l'échelle  de  l'immunité 
naturelle  des  êtres  est  variable  extrêmement,  suivant  la  nature  de  chaque  poison. 

Cela  semble  nous  révéler  que  dans  les  diverses  espèces  animales  les  cellules  (et  très 
vraisemblablement  les  cellules  nerveuses  surtout)  sont  profondément  dissemblables 
quant  à  leur  constitution  chimique  intime.  En  effet,  l'action  toxique  est,  à  n'en  pas 
douter,  d'ordre  chimique  (ou  chimico- physique).  D'où  cette  conclusion  que,  si  un 
même  poison  les  affecte  différemment,  c'est  que  chimiquement  elles  sont  différentes. 
Mais  nos  connaissances  sur  la  structure  chimique  des  êtres  vivants  sont  encore  trop- 
rudimentaires  pour  que  nous  soyons  près  de  trouver  une  explication  chimique  adé- 
quate. Notons  que  l'ordre  de  grandeur  pondéral  des  substances  en  cause  est  du  mil- 
lionième ou  du  milliardième  de  milligramme,  peut-être  moins  encore,  et  qu'arrivés 
à  ce  degré  de  dilution  de  la  matière  nous  ne  connaissons  plus  rien. 

En  essayant  de  }>énétrer  plus  profondément  encore  dans  le  mécanisme  de  l'immu- 
nité naturelle,  qui  au  fond  est  toujours  d'ordre  chimique,  et  ne  peut-être  autre,  on  se 
trouve  en  présence  de  deux  hypothèses  : 

1°  La  toxine,  par  suite  de  son  affinité,  se  combine  avec  certains  éléments  chimiques 
de  la  cellule,  nécessaires,  de  manière  a  les  rendre  inactifs,  et  par  conséquent  de  manière 
à  tuer  la  cellule  même.  Comme  ces  éléments  ne  sont  pas  les  mêmes,  en  importance  ou 
en  proporti'on,  dans  les  différentes  espèces  animales;  s'ils  sont  peu  importants,  ou  s'ils 
manquent,  il  y  aura  immunité  contre  cette  toxine.  Il  y  aura  vulnérabilité  extrême  si 
ces  éléments  ont  une  importance  supérieure  dans  la  vie  de  la  cellule. 

2°  La  toxine  va  rencontrer,  soit  dans  le  sang,  soit  dans  la  cellule  nerveuse  même, 
une  substance  antitoxique  qui  neutralise  son  action,  et  par  conséquent  la  rond  inoffen- 
sive, en  admettant  [a)  que  cette  substance  antitoxique  est  préformée  dans  le  sang,  ou 
(6  qu'elle  se  forme  par  la  stimulation  spécifique  que  provoque  la  toxine.  Suivant  les 
diirérentes  espèces,  qui  sont  de  composition  chimique  dissemblable,  les  proportions  de 
cette  antitoxine,  soit  naturelle,  c'est-à-dire  préformée,  soit  acquise,  c'est-à-dire  provo- 
quée parla  stimulation  toxique,  sont  extrêmement  variables. 

On  ne  voit  guère,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  qu'il  y  ait  place  pour  d'autres 
hypothèses;  mais  il  faut  réserver  l'avenir,  car  les  progrès  de  la  science  consistent  sur- 
tout à  nous  montrer  des  phénomènes  que  nous  n'avions  pas  encore  soupçonnés,  même 
à  l'état  d'hypothèses.  Il  est  probable,  en  tout  cas,  que  l'immunité  naturelle  des  êtres  ne 
se  fait  pas  exclusivement  d'après  Tune  ou  l'autre  de  ces  trois  modalités.  Il  nous  paraît 
donc  sage  d'adopter  une  sorte  de  théorie  éclectique.  Suivant  la  nature  du  poison,  c'est 
tel  ou  tel  processus  d'immunisation  que  la  nature  a  employé  pour  conférer  l'immunité 
naturelle.  Peu  lui  importe,  après  tout,  le  chemin  suivi,  pourvu  que  le  but  soit  atteint. 

II.  —  L'immunité  naturelle  des  êtres  contre  les  parasites  est  plus  variable  encore, 
suivant  les  groupes,  les  genres,  les  espèces,  que  l'immunité  contre  les  poisons.  Nous  ne 
parlons  pas  ici  de  l'immunité  apparente,  ou  immunité  de  fait,  due  à  des  causes  plus  ou 
moins  extérieures,  mais  de  l'immunité  réelle,  après  que  le  parasite,  végétal  ou  animal, 
bactérie  ou  sporozoaire,  a  pénétré  dans  le  sang. 

A  la  plupart  des  parasites,  les  organismes   résistent.  Ils  sont  faits  pour  vivre,  et 


54  IMMUNITE. 

ils  savent  se  défendre.  Mais  il  y  a  des  exceptions,  et  alors  les  parasites  sont  pathogènes. 
Autrement  dit  on  appelle  microbes  pathogènes  ceux  contre  lesquels  la  défense  de  l'or- 
ganisme est  plus  ou  moins  imparfaite. 

Pourtant  même  ceux-là  ne  sont  pas  également  offensifs  pour  toutes  les  espèces.  La 
bactéridie  charbonneuse  est  terrible  pour  la  souris;  elle  est  peu  offensive  pour  le  chien; 
absolument  inoffensive  pour  les  reptiles.  La  syphilis  n'atteint  guère  que  les  singes  et 
l'homme.  On  pourrait  énumérer  presque  tous  les  parasites;  jamais  on  n'en  trouverait 
un  également  offensif  pour  toutes  les  espèces.  Même  le  bacille  tuberculeux,  qui  peut 
infecter  à  peu  près  tous  les  animaux  (vertébrés  tout  au  moins)  est  inégalement  infec- 
tieux, pour  le  cheval  par  exemple,  très  résistant,  et  le  cobaye,  extrêmement  sensible. 
Les  animaux  immunisés  naturellement  contre  un  microbe  pathogène,  se  défendent 
probablement  de  diverses  manières,  soit  par  des  phagocytes  (théorie  cellulaire),  soit 
par  les  substances  bactéricides  du  sang  (théorie  cellulaire).  Tout  ce  que  nous  avons  dit 
plus  haut  de  la  diversité  nécessaire,  dans  la  structure  chimique  des  humeurs,  dans  les 
réactions  chimico-biologiques  des  phagocytes,  s'applique  rigoureusement  à  l'immunité 
naturelle  contre  les  parasites. 

Là  aussi  il  faut  être  éclectique  et  supposer  que  les  processus  de  défense  sont  variables 
selon  le  parasite  infectieux,  et  selon  l'espèce  envahie  par  lui. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  différences  sont  si  grandes  qu'il  y  en  a  de  considérables  entre 
les  races  diverses  d'une  même  espèce.  Les  cobayes  du  Nord  et  du  Sud  de  l'Amérique 
ne  réagissent  pas  de  même  aux  mêmes  microbes.  Pour  le  cancer  il  y  a  des  différences 
de  réceptivité  énormes  suivant  qu'il  s'agit  des  souris  de  Berlin,  de  Copenhague,  de  Nor- 
vège ou  de  Paris.  Les  moutons  algériens  ne  réagissent  pas  à  des  doses  de  D.  anthracis 
qui  tuent  les  moutons  français.  La  fièvre  jaune  ne  frappe  que  rarement  les  nègres. 
Ainsi  les  variations  dans  l'immunité  nous  montrent  à  quel  point  de  minuscules,  et  cer- 
tainement inappréciables  à  nos  moyens  d'investigation,  différences  chimiques  ou  biolo- 
giques des  cellules  peuvent  modifier  l'immunité  ou  la  réceptivité  des  organismes.  On 
observe  des  différences  suivant  les  races  d'une  même  espèce  :  on  en  trouverait  certai- 
nement suivant  les  individus  d'une  même  race. 

Quoiqu'on  oppose  d'ordinaire  la  théorie  humorale  à  la  théorie  cellulaire,  il  me 
paraît  qu'essentiellement  elles  relèvent  de  la  même  cause,  une  résistance  chimique.  Si 
le  phagocyte  est  plus  ou  moins  vite  attiré  vers  le  parasite,  s'il  le  digère  plus  ou  moins 
totalement,  c'est  toujours  au  fond  un  phénomène  chimique.  C'est  par  des  moyens 
chimiques  qu'il  est  attiré  (chimiotropisme).  C'est  par  des  moyens  chimiques  qu'il 
digère  (bactériolyse).  L'immunité  contre  les  microbes  dépend  de  la  réaction  chimique, 
simple,  des  humeurs  contre  les  microbes,  ou  d'une  autre  réaction  chimique,  plus 
complexe  (stimulation  des  leucocytes  et  phagocytose). 

On  peut  concevoir  aussi  d'autres  théories  pour  expliquer  l'immunité  contre  les  para- 
sites, par  exemple  le  défaut  d'une  substance  nécessaire  (théorie  de  la  soustraction  pré- 
sentée jadis,  et  abandonnée  depuis,  par  Pasteur);  ou  la  non-production  d'une  substance 
favorisante.  Mais,  quelle  que  soit  l'hypothèse  adoptée,  c'est  toujours  au  chimisme  cel- 
lulaire qu'il  faut  revenir. 

Nous  n'avons  parlé  jusqu'ici  que  d'une  immunité  spécifique,  mais  il  y  a  aussi  une 
immunité  individuelle;  elle  se  meut  dans  une  moins  large  étendue  que  l'immunité  spé- 
cifique, mais  cependant  elle  n'est  pas  négligeable.  Tient-elle  à  l'hérédité  de  certaines 
immunités  acquises  par  les  parents?  Tient-elle  à  des  immunisations  acquises  par  l'indi- 
vidu lui-même  ?  Toujours  est-il  qu'elle  existe  et  qu'il  faut  en  tenir  compte.  La  vulnéra- 
bilité de  l'individu  -=-  c'est-à-dire  la  non-immunité  —  est  d'autant  plus  variable  qu'il 
s'agit  d'espèces  où  l'individu  est  plus  fortement  différencié.  Elle  s'observe  dans  l'infec- 
tion des  parasites  bien  plus  que  dans  l'empoisonnement  par  les  zymases,  ou  ferments 
solubles,  ou  toxines;  et  surtout  bien  plus  que  dans  l'intoxication  par  les  poisons  uni- 
versels. Avec  ceux-là  les  variations  individuelles  sont  très  peu  étendues.  De  sorte  que 
pour  chaque  microbe,  comme  pour  chaque  poison,  il  y  a  une  dose  d'incertitude;  une 
dose  constamment  mortelle,  et  une  dose  constamment  inefficace. 

Entre  l'immunité  naturelle  et  l'immunité  acquise  la  démarcation  est  impossible  à 
tracer  d'une  manière  absolue.  En  effet  un  individu  d'un  certain  âge,  quoique  n'ayant 
pas  été  soumis  à  une  immunisation  directe,  connue,  appréciable,  a  sans  doute  été  plus 


IMMUNITÉ.  5S 

ou  moins  soumis  à  quantité  do  partielles  immunisations;  et,  pour  peu  que  ces  immuni- 
sations accidenlielles  soient  communes  à  la  grande  généralité  des  individus  de  cette 
même  espèce,  on  ne  pourra  guère  distinguer  cette  immunité,  qui  est  en  réalité  acquise, 
(le  l'immunité  vraiment  naturelle.il  en  est  sans  doute  de  môme  pour  l'anaphylaxie,  qui 
modilio  profondément  les  réactions  aux  toxines,  et  qui  est  le  contraire  de  l'immunité; 
et  c'est  sans  doute  cette  complexité  des  immunisations  et  dosanapliylaxios  individuelles 
qui  constitue  ce  qu'on  nomme  Vidiosi/ncrasie,  c'est-à-dire  les  spéciales  réactions  de 
chaque  individu  ;i  telle  ou  telle  intoxication,  à  telle  ou  telle  infection. 

Les  phénomènes  sont  d'autant  plus  complexes  que  ces  immunités  et  anaphylaxies 
individuelles  peuvent  se  transmettre  par  hérédité,  de  sorte  que,  même  chez  les  nouveau- 
nés,  il  existe  encore  des  idiosyncrasies  créées  par  les  accidents  individuels  de  la  vie 
physiologique  ou  pathologique  des  parents. 

III.  —  Donc  on  peut  distinguer,  dans  l'immunité  acquise,  d'une  part  celle  qui  est 
spontanée  et  d'antre  part  celle  qui  est  expérimentale,  que  l'on  étudie  dans  les  labora- 
toires, et  dont  on  peut  exactement  mesurer  et  doser  la  cause  provocatrice. 

Même  avec  le  secours  de  l'expérimentation,  cette  immunité  acquise  expérimentale 
est  d'une  étude  très  difficile,  plus  diflicile  encore,  si  possible,  que  celle  de  l'immunité 
naturelle. 

L'immunité  peut  être  acquise  par  accoutumance.  Accoutumance  n'est  d'ailleurs 
qu'un  mot,  et  non  une  explication;  car  on  ne  comprend  vraiment  pas  pourquoi  un 
individu  non  accoutumé  à  la  morphine  supporte  des  doses  deux  mille  fois  plus  fortes 
qu'un  individu  accoutumé.  Pourtant  c'est  un  fait  devant  lequel  il  faut  s'incliner,  sans 
qu'on  en  puisse  même  soupçonner  le  mécanisme.  L'accoutumance  est  d'ailleurs  assez 
rare.  A  part  la  morphine  tt  l'arsenic,  on  n'en  connaît  pas  d'exemples  bien  décisifs. 
Presque  toujours  l'immunité  est  acquise  par  d'autres  processus,  processus  que  le 
génie  d'innombrables  expérimentateurs  a  en  partie  pénétrés. 

Il  faut  distinguer,  dans  les  poisons,  les  poisons  universels,  poisons  cristallisables 
et  définis  contre  lesquels  l'immunité  ne  s'acquiert  pas;  et  enfin  les  zymases,  les 
toxines,  les  albumines,  contre  lesquelles  l'immunité  s'acquiert  par  une  intoxication 
antérieure.  En  eiïet  l'organisme  possède  cette  propriété  remarquable  de  répondre  à 
rinjection  de  ces  substances  offensives  par  une  réaction  défensive. 

Le  point  de  départ  de  ces  études  a  été  la  belle  découverte  de  Behring  (1890). 

L'injection  d'une  toxine  excite  l'organisme  à  produire  une  antitoxine.  Nous  pouvons 
appeler  ces  corps  qui  produisent  des  antitoxines  des  antigènes.  Or  toute  substance 
étrangère,  de  nature  albuminoïdique,  est  antigène.  Les  venins  des  végétaux  et  des  ani- 
maux, les  albumines  même  alimentaires,  les  poisons  bactériens  et  mycosiques,  les 
extraits  des  organes,  toutes  ces  substances  sont  antigéniques. 

Les  anticorps  qui  se  produisent  alors  sont  spécifiques;  c'est-à-dire  qu'à  un  antigène 
déterminé  répond  un  anticorps  déterminé,  spécifique.  L'injection  d'un  extrait  rénal 
provoque  la  formation  d'une  antinéphrine,  qui  n'est  ni  uévrolytique,  ni  hémolytique. 
L'injection  de  globules  de  cheval  à  un  lapin  provoque  la  formation  d'un  sérum  hémoly- 
tique pour  les  globules  de  cheval.  L'injection  d'une  toxine  diftérique  provoque  la 
formation  d'un  sérum  antidiflérique,  qui  n'est  ni  antityphique  ni  anticholérique. 
A  l'injenlion  de  catalase,  l'organisme  répond  par  la  formation  d'une  anticatalase.  A  des 
injections  de  cellules  spermatique,  bactérienne,  globulaire,  l'organisme  répond  par 
des  substances  antispermatique,  antibactérienne,  antiglobulaire,  certainement  parce 
que  ces  cellules  contiennent  des  substances  chimiques  spéciales  qui  jouent  le  rôle 
d'antigènes  chimiques. 

La  sécrétion  de  cette  antitoxine  est-elle  due  aux  leucocytes  seuls?  ou  à  l'ensemble 
des  cellules?  ou  à  telles  ou  telles  cellules,  variables  selon  la  nature  du  poison  injecté? 
Il  n'est  pas  permis  d'en  décider  encore,  et  il  paraît  prudent  d'accepter  une  théorie 
éclectique,  d'après  laquelle,  selon  la  nature  des  intoxications  antigéniques,  des  cellules 
différentes  exerceraient  leur  activité  antitoxique.  En  tout  cas,  ce  qui  est  bien  établi, 
c'est  que  les  variations  dans  la  production  de  l'anticorps,  variations  non  seulement  spé- 
cifiques, mais  encore  individuelles,  sont  considérables.  Ce  qui  n'est  pas  moins  diffi- 
cile à  expliquer,  c'est  que  la  production  d'antitoxine  dure  beaucoup  plus  longtemps  que 


36  IMMUNITE. 

ne  dure  la  tosiue  provocatrice.  Au  bout  de  quelques  mois,  voire  même  de  quelques 
années,  après  une  injection  de  toxine,  il  y  a  encore  sécrétion  d'antitoxine,  et  toutes  les 
théories  sont  impuissantes  à  expliquer  rationnellement  cette  modification  permanente, 
prolongée,  qu'une  atteinte  unique  a  portée  définitivement  à  la  nature  physiologique  de 
la  cellule. 

La  réaction  entre  la  toxine  et  l'antitoxine  est  une  réaction  de  nature  chimique  :  cela 
n'est  pas  douteux.  On  a  vu  que  cette  combinaison  était  partiellement  dissociable,  et 
qu'elle  ne  s'opérait  pas  exactement  comme  la  saturation  chimique  dun  acide  par  un 
alcali,  ni  même  comme  l'étliérification  d'un  alcool  par  un  acide.  On  pressent  même,  au 
point  de  vue  chimique,  que  contre  les  toxines  pourront  agir  des  lipoïdes,  cholesté- 
rines,  nucléines,  lécithines,  capables  de  fournir  avec  les  toxines  une  ve'ritable  combi- 
naison chimique,  bien  déterminée,  et  plus  ou  moins  inofîensive. 

On  a  pu,  en  outre,  démontrer  que  le  plus  souvent  deux  substances  étaient  néces- 
saires. En  comparant  les  phénomènes  bactériolytiques  à  ceux  de  l'hémolyse,  on  a 
découvert  qu'il  y  a,  pour  déterminer  la  réaction  bactériolytique,  concours  d'une  sub- 
stance préexistant  dans  le  sang,  non  spécifique,  thermolabile  [alexine  de  Blchner, 
complément  de  Ehrlich  et  d'une  substance  spécifique,  produite  précisément  par 
la  toxine  spécifique,  et   défensive   contre  elle   {sensibilisatrice  de  Bordet,  amhocepteur 

d'EHRLICH). 

Ehrlich,  qui  a  fait  de  mémorables  études  sur  l'immunité,  a  donné  une  théorie,  ou 
plutôt  un  schéma,  de  ces  phénomènes.  Jusqu'à  présent  ce  schéma  s'adapte  assez  bien 
aux  phénomènes,  si  diversifiés  cependant,  de  toutes  les  inloxications.il  a  supposé  que 
la  cellule  vivante  est  munie  de  récepteurs  (chaînes  latérales)  par  lesquels  elle  se  com- 
bine à  la  toxine,  la  toxine  ne  pouvant  agir  sur  la  cellule  que  par  l'intermédiaire  des 
récepteurs.  Or  la  toxine  provoijue  la  formation  de  nombreiix  récepteurs  qui,  devenant 
libres  dans  le  sang,  constituent  l'antitoxine;  car  ils  neutralisent  l'action  de  la  toxine  en 
se  combinant  avec  elle.  Cette  même  théorie  s'applique  aussi  à  l'action  des  corps  bacté- 
ricides sur  les  bactéries. 

Le  microbe  est  muni  d'un  récepteur  sur  lequel  agit  la  sensibilisatrice  (amhocepteur) 
trait  d'union  entre  le  microbe  même  et  l'alexine  normale  des  humeurs. 

L'immunité  contre  les  toxines  est  donc  due  uniquement  aux  humeurs  antitoxiques; 
mais  il  n'y  a  pas  lieu,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  d'opposer  la  théorie  phagocy  taire  à 
la  théorie  humorale.  Ce  que  Metghmkofk,  avec  une  sagacité  admirable,  a  soutenu,  et  ce 
qui  est  certainement  vrai,  sinon  totalement,  au  moins  en  grande  partie,  c'est  que  les 
leucocytes  sont  les  principales  cellules  aptes  à  sécréter  la  substance  antitoxique. 

11  faut  distinguer  l'immunité  active,  résultant  d'une  injection  directe  d'antigène  dans 
la  circulation,  injection  qui  provoque  la  formation  d'un  anticorps;  et  l'immunité  pas- 
S(De,  dans  laquelle  il  y  a  seulement  injection  du  sérum  contenant  la  substance  anti- 
toxique. Cette  immunité  passive,  moins  durable  et  moins  protectrice  que  l'immunité 
active,  a  pris  une  impoitance  considérable  en  thérapeutique,  sous  le  vocable  de  séro- 
thérapie. La  sérothérapie,  dont  j'avais  établi  le  principe  en  1887  (avec  Héricourt),  a 
été  deux  ans  plus  tard  avec  un  succès  éclatant  appliquée  à  la  diftérie  par  Behring,  puis 
par  Roux;  on  l'a  aussi  employée  contre  le  tétanos,  [le  choléra,  la  dysenterie,  la  fièvre 
typhoïde,  et  contre  quantité  d'autres  maladies  encore  avec  des  résultats  divers.  Quoi- 
qu'elle soit  essentiellement  à  effet  thérapeutique,  la  sérothérapie  a  encore  un  effet 
immunisant,  dû  peut-être  à  ce  qu'elle  protège  les  cellules  leucocytaires  ou  nerveuses 
contre  les  effets  délétères  de  la  toxine,  et  qu'elle  conserve  aux  cellules  de  l'organisme 
leur  intégrité  pour  la  résistance,  intégrité  plus  ou  moins  indispensable.  Cependant, 
d'une  manière  générale,  l'immunité  passive  n'est  que  passagère;  tandis  que  l'immunité 
active,  provoquée  par  les  toxines,  est  plus  durable. 

Mais,  si  durable  que  soit  l'immunité  active  due  aux  antigènes  injectés,  elle  est  bien 
inférieure  en  durée  et  en  puissance  à  l'immunité  active  créée  par  les  microbes  infec- 
tieux. Comme  si  les  vraies  toxines,  celles  qui  sont  capables  d'immuniser  pour  long- 
temps, étaient  détruites  ou  altérées  par  les  préparations  chimiques  que  nous  leur  faisons 
subir  avant  de  les  injecter!  Comme  si  les  cellules,  entrant  en  contact  direct  avec  les 
microbes  infectieux  pouvaient  sécréter  des  substances  immunisantes  que,  lorsqu'elles 
sont  seules,  les  toxines  ne  peuvent  éveiller  qu'imparfaitement  ! 


IMMUNITE.  57 

iV.  —  Si  maintenant  nous  éludions  l'immunité  acquise  contre  les  infections,  nous 
verrons  d'abord  que,  dans  cette  défense  contre  les  infections,  les  leucocytes  jouent  un 
rôle  prépondérant.  C'est  à  eux  surtout  qu'est  dévolue  la  défense  de  l'organisme.  Attirés 
par  une  aflinité  chimique  spéciale  qu'on  a  appelée  chiniiotropisiiie,  chimiotaxie,  —  et 
on  ne  peut  supposer  d'autre  attraction  ([u'une  attraction  d'ordre  chimique,  —  ils  se  pré- 
cipitent sur  la  bactérie,  et  la  digèrent,  de  sorte  que,  si  l'on  paralyse  leur  activité  par  la 
morphine,  il  n'y  a  plus  ou  presque  plus  de  résistance  à  l'action  des  microbes  infectieux. 

Dans  certains  cas  les  microbes  sécrètent  des  aggres^ines,  qui  paralysent  la  défense 
phagocytaire,  et  favorisent  la  puUulation  des  parasites.  Mais,  le  plus  souvent,  il  y  a  sti- 
mulation du  pouvoir  antitoxique,  et  bactériolyse,  de  sorle  que  la  phagocytose  et  la  bac- 
tériolyse  concourent  à  assurer  la  défense  de  l'organisme,  tant  par  les  sécrétions  des 
leucocytes,  et  leur  action  mécanico-chimique,  que  par  les  humeurs  organiques,  les- 
quelles sont  faiblement  bactéricides  à  l'état  normal,  et  deviennent  énergiquement  bac- 
téricides quand  le  parasite  a  stimulé  la  phagocytose. 

Là  encore  il  faut  sans  doute  le  concours  de  deux  substances  :  le  complément  et  l'ara- 
bocepteur,  l'alexine  et  la  sensibilisatrice.  De  même  que  pour  la  digestion  des  albumines 
par  la  trypsine  du  pancréas,  la  trypsine  ne  devient  active  que  lorsqu'il  y  a  eu  sensibi- 
lisation par  lentérokinase. 

On  remarquera  que  nous  parlons  de  la  défense  de  l'organisme  autant  que  de  l'im- 
munisation. C'est  qu'en  effet  pour  l'immunisation  la  défense  de  l'organisme  est  néces- 
saire. Si  les  parasites  infectieux  pouvaient  librement  exercer  leurs  ravages,  il  n'y  aurait 
pas  d'être  qui  pût  être  immunisé.  On  n'aurait  que  des  décès  à  constater. 

Donc,  pour  que  l'être  soit  immunisé,  il  y  a  trois  voies  parallèles,  aboutissant  au 
même  résultat:  1°  On  peut  atténuer  le  parasite  de  manière  que  la  maladie  provoquée 
soit  légère,  et  que  cependant  elle  confère  l'immunité:  c'est  l'immutiité  par  vaccination; 
2°  On  peut  renforcer  la  résistance  organique  par  l'injection  de  toxines  qui  neutralisent, 
au  fur  et  à  mesure  de  leur  production,  les  toxines  microbiennes  :  c'est  l'immunité  par 
intoxication;  3°  On  peut  prendre  les  antitoxines,  déjà  formées  et  ayant  apparu  dans 
le  sang  d'un  autre  animal,  et  injecter  ce  sang  protecteur  :  c'est  la  sérothérapie. 

L'immunité  par  vaccination  est  bien  plus  stable  et  plus  prolongée  que  l'immunité  par 
sérothérapie. 

A  vrai  dire  toutes  les  maladies  sont  loin  de  conférer  l'immunité.  Par  exemple  contre 
la  tuberculose,  en  dépit  d'innombrables  tentatives,  on  ne  peut  guère  conférer  d'immu- 
nité stable  :  de  même  contre  les  mycoses,  de  même  contre  la  plupart  des  maladies 
dues  aux  sporozoaires.  Il  faut  par  conséquent  admettre  que  tous  les  parasites  ne  sont 
pas  également  des  antigènes.  Tous  ne  peuvent  pas,  à  un  égal  degré,  provoquer  les  cel- 
lules vivantes  à  sécréter  des  anticorps.  La  défense  de  l'organisme  ne  peut  s'exercer  que 
pour  les  substances  chimiques  sécrétées  par  certains  parasites  et  non  par  tous  les 
parasites. 

D'ailleurs,  ce  qui  domine  dans  cette  histoire  de  l'immunité,  c'est  la  variété  presque 
infinie  des  cas  particuliers.  Assurément  il  est  des  lois  générales  qu'on  peut  établir, 
des  théories  d'ensemble  qu'on  peut  concevoir.  Mais  ces  lois  et  ces  théories  comportent 
tant  d'exceptions,  tant  de  variations  qu'elles  sont  vraiment  insuffisantes,  au  moins 
aujourd'hui.  Ce  qui  est  vrai  pour  le  B.  anthracis,  chez  le  chien,  n'est  pas  vrai  pour  le  B, 
anthracis,  chez  Ir  souris.  Les  infections  des  lapins  par  le  streptocoque  et  le  piroplasma 
n'ont  aucune  analogie.  Tout  est  dissemblable,  complexe,  presque  incohérent.  Les  varia- 
tions dans  les  réactions  générales  sont  profondes.  Les  exceptions  sont  plus  fréquentes 
que  la  règle.  Aussi,  pour  la  connaissance  tant  soit  peu  précise  de  l'immunité,  un  grand 
effort  de  mémoire  est-il  nécessaire. 

Il  en  est  ainsi  sans  doute  parce  que  nous  n'en  sommes  encore  qu'à  la  période 
d'empirisme.  Nous  avons  quantité  de  faits  disparates  à  enregistrer,  et  nous  les  enre- 
gistrons sans  les  réunir  l'un  à  l'autre  par  un  même  lien  causal.  Ce  n'est  certes  pas  un 
aveu  d'impuissance  :  c'est  simplement  la  preuve  (jue  la  théorie  scientifique  de  l'immu- 
nilé  n'est  encore  qu'à  l'état  de  très  imparfaite  ébauche. 

CHARLES    RICHET. 


58  INANITION. 

INANITION. 

Les  manifestations  vitales  ont  pour  cause  essentielle  l'apport  incessant  de  matière 
aux  tissus  des  êtres  organisés.  Tel  est  le  principe  inéluctable  qui  répond  à  la  double 
nécessité  pour  tout  organisme  de  renouveler  sa  propre  substance  et  de  produire  dé 
l'énergie.  Les  aliments  satisfont  à  ce  double  besoin,  et  ainsi  l'être  vivant  emprunte  au 
milieu  extérieur  les  éléments  indispensables  à  sa  vitalité.  Non  pas  qu'il  ne  possède  dans 
sa  composition  chimique  les  matériaux  propres  à  sa  réparation,  non  pas  qu'il  ne  puisse 
à  leurs  dépens  accomplir  les  diverses  réactions  libératrices  d'énergie.  Mais  il  ne  s'adresse 
à  ses  propres  ressources  et  ne  les  utilise  que  lorsque  des  conditions  nouvelles,  anor- 
males, l'y  obligent,  lorsque,  par  exemple,  l'apport  des  matières  alimentaires  fait  défaut- 
Il  met  aussitôt  à  profit  les  réserves  nutritives  qu'il  puise  dans  ses  propres  tissus.  Tout 
un  système  de  défense,  qui  règle  économiquement  la  consomption  organique,  s'organise 
contre  la  privation  de  nourriture  et  la  mort  ne  survient  que  tard,  au  moment  où  les 
dernières  ressources  ont  été  complètement  épuisées.  Mais  pendant  tonte  cette  période 
l'organisme  a  vécu  de  lui-même  sans  apport  extérieur.  La  suppression  de  l'alimentation 
crée  donc  une  circonstance  nouvelle  et  constitue  le  point  de  départ  d'un  processus,  qui 
après  une  déchéance  progressive  détermine  la  mort. 

Ces  quelques  considérations  précisent  la  signification  du  mot  inanition.  L'inanition 
consiste  en  réalité  dans  l'absence  complète  d'alimentation  et  comprend  l'ensemble  des 
phénomènes  physiologiques  survenant  chez  les  animaux  privés  de  nourriture. 

Le  champ  de  cette  étude  est  forcément  très  vaste;  car,  outre  l'analyse  des  troubles 
présentés  par  chaque  fonction  en  particulier,  il  y  a  encore  lieu  de  tenir  compte  de 
l'inanition  totale,  de  l'inanition  partielle,  do  l'inanition  volontaire  et  de  l'inanition  dans 
les  maladies. 

Nous  nous  limiterons  en  laissant  systématiquement  de  côté  tout  ce  qui  se  rapporte 
à  l'inanition  volontaire,  et  à  l'inanition  dans  les  maladies,  pour  nous  en  tenir  à  l'étude 
de  l'inanition  proprement  dite,  envisagée  sous  le  point  de  vue  que  nous  avons  défini 
plus  haut. 

L'ère  des  recherches  expérimentales  sur  cette  question  n'est  pas  de  date  très 
ancienne.  Il  faut  arriver  à  la  moitié  du  xix«  siècle  pour  assister  à  l'éclosion  de  travaux 
importants,  dont  le  premier  en  date,  et  le  plus  considérable,  est  celui  de  Chossat 
(1843). 

C'est  à  lui  que  revient  le  mérite  d'avoir  appliqué  la  méthode  scientifique  à  l'étude 
de  l'inanition,  en  enregistrant  de  très  nombreuses  observations  de  jeune  expérimental. 
Le  premier  il  eut  l'idée  de  soumettre  au  jeûne  complet  des  animaux  d'espèces  didé- 
rentes  et  d'étudier  méthodiquement  leurs  perturbations.  Son  travail  si  consciencieux, 
si  complet,  représente  un  document  des  plus  précieux  dans  l'histoire  physiologique 
de  l'inanition  et  constitue  la  base  de  toutes  nos  connaissances  sur  ce  sujet. 

Depuis,  les  travaux  se  sont  multipliés,  soit  en  France,  soit  à  l'étranger.  Bidder  et 
ScHMmx  (1852),  Bischoff,  Heide.xhain,  Kohler,  I'anum  et  Voit  (1866)  représentent  en 
Allemagne  les  noms  des  principaux  auteurs  qui  se  sont  intéressés  à  cette  étude.  Dans 
la  littérature  russe  qui  compte  aujourd'hui  de  très  nombreux  travaux  sur  l'inanition, 
nous  trouvons  en  première  ligne  les  noms  de  Ma.\asseï.\  (1869),  Paschutun  (1881).  En 
Italie,  Manca  a  publié  dans  ces  derniers  temps  une  série  de  mémoires  importants  sur 
l'inanition  des  animaux  à  sang  froid. 

Nous  diviserons  l'étude  de  l'inanition  en  deux  parties  distinctes,  en  tenant  compte 
des  espèces  animales  dont  l'influence  imprime  au  jeûne  des  caractères  très  particuliers. 

Dans  un  premier  chapitre,  nous  nous  occuperons  de  l'inanition  chez  les  animaux  à 
sang  chaud.  Nous  l'étudierons  ensuite  chez  les  animaux  à  sang  froid. 


INANITION. 


59 


I.  —  INANITION  CHEZ  LES  ANIMAUX  A  SANG  CHAUD. 
["  De  la  perte  de  poids.  —  Perte  absolue,    peute  diuhne.  —  Perte  intégrale.  —  Perte 

PROPORTIONNELLE.    —    PeRTE    PROPORTIONNELLE    DIURNE. 

2»  Durée  de  la  vie.  —  Or('.anes  et  poids.  —  Hydratation  des  tissus.  —  Influence  de  la 

TAILLE  ET  DE  l'eSPÈCE,  DE  l'oBÉSITK,  DE  l'aGE,  DE  LA  CROISSANCE,  DE  l'i.NGESTION  d'eAU,  DE 
LA  LUMIÈRE,  DES  CHLORURES  DE  SODIUM  ET  DE  POTASSIUM,  DE  l'ÉTAT  PATHOLOGIQUE,  DE  LA 
FIÈVRE  ET  DE  l'hYSTÉRIE.    —  ALTERNANCES  DE  JEÛNE  ET  d'aLIMENTATION. 

i°  De  la  perte  de  poids.  —  Une  des  conséquences  les  plu.s  constantes  de  l'inaniliou 
consiste  dans  la  diminution  f^raduelle  du  poids  du  corps.  Dans  de  rares  cas  toutefois, 
(Regnault  et  Reiset,  Manassein  et  autres)  on  a  observé  après  quelques  Jours  de  jeûne 
une  augmentation  de  poids.  Cette  constatation  a  été  faite  en  particulier  sur  la  marmotte 
pendant  le  sommeil  hibernal  (Sacc,  Valentin,  Voit).  Il  s'agit  là  de  pures  exceptions 
dont  l'interprétation  est  établie. 

L'étude  de  la  perte  de  poids  a  été  magistralement  traitée  par  Chossat.  Nous  ne  pou- 
vons mieux  faire  que  d'énoncer  les  résultats  très  précis  auxquels  il  est  arrivé. 

Un  animal  inanitié  présente  jusqu'à  la  mort  une  diminution  progressive  de  son  poids 
dans  laquelle  on  peut  distinguer  une  perte  diurne  et  une  perte  intégrale.  La  première 
s'exprime  par  la  différence  de  poids  à  24  heures  d'intervalle,  la  deuxième  correspond  à 
la  différence  entre  le  poids  initial  et  final. 

Perte  absolue.  —  Perte  diurne.  —  La  perte  diurne  affecte  un  rapport  étroit  avec  la 
taille  de  l'animal.  Elle  lui  est  proportionnelle.  Toutefois,  la  courbe  de  la  perte  diurne  est 
régulièrement  décroissante  du  début  à  la  fin  du  jeune.  Elle  présente  à  considérer  trois 
phases  distinctes  pendant  lesquelles  on  constate  successivement  un  maximum,  un  mini- 
mum, et  enfin  dans  la  dernière  période,  un  nouveau  maximum. 

Le  tableau  suivant  rend  très  bien  compte  de  ces  trois  phases.  Chossat  divise  ses  expé- 
riences en  trois  parties, [de  durée  aussi  égale  que  possible.  Il  prend  la  moyenne  diurne 
de  chacun  de  ces  tiers  de  série  et  additionne  entre  elles  les  moyennes  correspondantes. 


PERTE    DIURNE 

SOMME     DES     MOYENNES     DIUKNES 

des  tiers  de  la  durée  de  l'inanition. 

l"  tiers. 

2«  tiers. 

3°  tiers 

9  tourterelles 

gr- 

91,37 
301,01 

59,. 59 
198,72 

g'-- 

76,68 
269,95 

346.63 

15  pigeons 

Somme  générale 

392,38 

258,31 

En  définitive,  on  voit  que  la  perte  diurne  du  tiers  moyen  est  toujours  inférieure  à 
celle  des  deux  tiers  extrêmes  avec  lesquels,  en  les  supposant  égaux,  elle  est  dans  le 
rapport  de  2  :  'i  environ. 

Perte  intégrale.  —  La  notion  de  la  perte  intégrale  est  plus  intéressante  en  raison  des 
déductions  d'ordre  général  qui  en  dérivent.  A  cette  étude  en  effet  se  rattachent  les 
relations  qui  existent  entre  la  perte  intégrale  absolue  et  le  poids  initial  de  l'animal  en 
expérience.  D'autre  part,  le  poids  du  corps  ne  pouvant  diminuer  d'une  façon  indéfinie 
il  est  très  important  de  fixer  les  limites  extrêmes  de  sa  déperdition. 

La  perte  intégrale  absolue  est  éminemment  variable,  suivant  le  poids  des  animaux. 
D'une  façon  générale,  pour  des  animaux  de  même  espèce,  les  plus  gros  sont  ceux  dont 
la  perte  intégrale  absolue  est  la  plus  forte. 

Perte  proportionnelle.  —  La  perte  intégrale  absolue  représente  donc  une  simple 
contingence  qui  est  incapable  à  elle  seule  de  nous  donner  un  renseignement  général 
sur  le  mode  de  la  déperdition  organique  dans  tous  les  cas  d'inanition.  Il  en  est  autre- 
ment si,  au  lieu  de  prendre  la  valeur  absolue  de  cette  perle,  on  en  recherche  seulement 


60 


INANITION. 


la  valeur  relative,  autrement  dit,  si  on  fait  le  rapport  entre  la  perte  intégrale  absolue 
et  le  poids  primitif  de  l'animal  inanitié.  Ce  rapport  exprime  ainsi  la  perte  proportion- 
nelle. C'est  cette  dernière  qu'il  importe  tout  particulièrement  de  connaître. 

Selon  que  l'on  rapporte  la  perte  proportionnelle  à  la  totalité  ou  à  un  seul  des  jours 
de  l'inanition,  il  y  a  lieu  de  distinguer  là  perte  proportionnelle  intégrale  etlà  perte  propor- 
tionnelle diurne. 

Perte  proportionnelle  intégrale.  —  Dans  la  généralité  des  cas  observés,  et  en  prenant 
leur  moyenne,  Ghossat  a  parfaitement  vu  que  la  perte  intégrale  proportionnelle  s'élève  à 
0,397,  ou,  en  chiffres  ronds,  0.400.  Autrement  dit,  la  mort  des  animaux  inanitiés  survient 
lorsqu'ils  ont  perdu  0,4  du  poids  initial.  Les  quelques  écarts  numériques  que  l'on  a  par- 
fois constatés  n'entachent  nullement  la  valeur  de  ce  principe  qui  s'applique  à  tous  les 
animaux,  quels  qu'ils  soient.  Il  s'agit  en  l'espèce  d'une  loi  générale  d'après  laquelle  une 
perte  équivalente  aux  quatre  dixièmes  du  poids  du  corps  est  incompatible  avec  la  vie. 
Ce  résultat  est  un  des  premiers  et  non  des  moins  importants,  mis  en  lumière  par  Ghossat. 

Perte  proportionnelle  diurne.  —  En  rapportant  le  poids  initial  à  la  perte  diurne,  on 
obtient  un  rapport  qui  exprime  la  valeur  de  la  perte  proportionnelle  diurne.  Cette 
perte,  d'après  Chossat,  est  de  0,044  pour  les  oiseaux,  de  0,040  pour  les  mammifères,  de 
0,042  pour  les  uns  et  les  autres,  en  moyenne.  Dans  ses  expériences  faites  dans  le  labo- 
ratoire de  LouKiA.xow,  Lazarew  a  étudié  l'inanition  sur  60  cobayes. 

En  ce  qui  concerne  la  perte  du  poids,  il  trouve  :  1°  que  le  maximum  de  la  perte  de 
poids  se  produit  au  premier  Jour  du  jeûne.  Elle  est  alors  de  9  p.  100,  au  deuxième  jour 
de  7  p.  100,  au  troisième  dt;  5  p.  100,  au  quatrième  de  4  p.  100,  au  cinquième  et  au 
sixième  de  5  p.  100,  enlin  au  dernier  de  1,5  p.  100.  La  perte  de  poids  sur  ces  herbivores 
suivrait  d'après  lui  la  même  loi  que  celle  trouvée  par  Falck  sur  les  carnivores. 

Il  reconnaît  à  l'inanition  quatre  périodes  principales  d'une  durée  moyenne  de  1  à  2 
jours  qui  se  succèdent  dans  l'ordre  suivant:  1°  période  indifférente;  2°  période  d'exci- 
tation ;  3°  période  d'affaissement;  4°  période  de  paralysie. 

Durée  de  la  vie.  —  L'inanition  chez  les  animaux  ne  présente  pas  une  durée  uniforme. 
De  nombreuses  circonstances  interviennent,  dont  on  doit  tenir  compte,  qui  modifient 
très  sensiblement  la  résistance  de  l'organisme  à  la  privation  complète  de  nourriture. 

On  peut  cependant  établir  une  moyenne,  en  opérant  sur  diverses  espèces  comme 
l'a  fait  Chossat.  Sur  48  expériences  faites  sur  des  oiseaux  et  des  mammifères  (cochons 
d'Inde  et  lapins)  Chossat  trouve  une  durée  moyenne  de  9  jours  08.  Cette  moyenne  varie 
non  seulement  suivant  les  espèces,  mais  aussi  suivant  d'autres  conditions  qu'il  est  utile 
de  signaler.  On  verra  par  la  suite  la  différence  à  ce  point  de  vue  entre  les  animaux  à 
sang  chaud  et  les  animaux  à  sang  froid.  Pour  l'instant,  ne  nous  occupant  que  des  pre- 
miers, nous  croyons  devoir  tout  d'abord  insister  sur  les  rapports  entre  la  durée  de  la  vie 
et  la  perte  de  poids.  Chossat  est  ainsi  arrivé  à  une  formule  générale  expliquant  toutes 
les  autres  conditions  susceptibles  de  retentir  sur  la  durée  de  la  vie  dans  le  jeûne. 

Lorsqu'on  établit  sur  un  grand  nombre  de  cas  la  valeur  de  la  perte  intégrale  pro- 
portionnelle et  celle  de  la  durée  de  la  vie,  on  observe  entre  les  deux  un  parallélisme 
significatif. 

On  peut  s'en  rendre  compte  par  le  tableau  ci-contre  : 


PERTE    INTÉGRALE 

PROPORTIONNELLE 

DURÉE    MOYE.NNE 

DE     LA     VI  H 

De  0,2  à  0,3 
.    —  0,3  à  0,4 

—  0,4  à  0,3 

—  0,3  à  0,6 

jours. 

3,07 

7,90 

11,71 

18,52 

(Chossat.) 

Toutefois  la  progression  de  la  durée  de  la  vie  est  beaucoup  plus  grande  que  celle  de 
la  perte  intégrale  proportionnelle. 


INANITION. 


61 


Il  s'agit  là  d'un  fait  constant.  Au  contraire,  l'influence  delà  perte  diurne  proportion- 
nelle est  l'inverse  de  la  précédente.  Plus  la  perte  diurne  proportionnelle  est  considé- 
rable plus  la  vie  est  courte. 

De  telle  sorte  que  la  durc'-e  de  la  vie  correspond  assez  exactement  au  rapport  de  la 
perle  intégrale  proportionnelle  moyenne  :  ce  que  Cuossat  exprime  par  la  formule 
suivante  : 

l'ei'te  intép;rale  proportionnelle 


Durée  de  la  vie 


Perle  diurne  proportionnelle  moyenne' 


En  rappelant  ce  que    nous    avons  déjà  dit  sur  la  perte   intégrale  proportionnelle,  a 
savoir  qu'elle  correspond  en  moyenne  à  0,4,  on  peut  écrire  l'équation  suivante  : 


Durée  de  la  vie  = 


0,4 
l'erle  diurne  proportionnelle  moyenne 


Comme  le  fait  remarquer  très  judicieusement  Cho?sat,  outre  l'intérêt  scientifique  qui  se 
rattache  à  des  déterminations  de  cet  ordre,  il  en  découle  encore  une  notion  pratique 
importante.  Il  est  en  effet  possible,  en  connaissant  la  valeur  de  la  perte  diurne  propor- 
tionnelle, de  déterminer  la  durée  probable  de  la  vie  dans  l'inanition.  Il  va  sans  dire  que 
le  calcul  sera  d'autant  plus  exact  que  l'on  connaîtra  le  jour  du  jeûne  auquel  correspond 
le  chifTre  de  la  perle  diurne  proportionnelle,  puisque  l'on  sait  que  cette  déperdition 
atteint  son  maximum  au  début  et  à  la  fin  de  l'inanition. 

Il  y  a  toujours  lieu,  malgré  tout,  de  se  préoccuper  de  l'âge  de  l'animal,  de  l'état  de 
ses  réserve^  adipeuses,  pour  faire  les  corrections  nécessaires. 

Poids  des  organes.  —  Étudions  maintenant  la  participation  des  divers  organes  dans 
la  perte  de  poids. 

Chossat  a  encore  parfaitement  établi  que  l'inanition  n'entraînait  pas  une  perte  de 
poids  égale  pour  tous  les  éléments  anatomiques.  Certains  tissus  perdent  plus  de  40  p.  100, 
d'autres  au  contraire  bien  moins. 

Voici  les  chiffres  extraits  de  son  travail  : 


Parties  perdant  plus  que  la  moyenne 
de  40  p    100 

Perte  intégrale 
proportionnelle. 

Graisse 0,933 

Sang 0,150 

Rate 0,714 

Pancréas 0,641 

Foie 0,520 

Cœur 0,448 

Intestin 0,424 

Muscles  locomoleurs 0,423 


Parties  perdant  moins  que  la  moyenne 
de  40  p.  100 

Partie  intégrale 
proportionnelle. 

Estomac 0,397 

Pharynx 0,342 

Peau 0,333 

Rein 0,319 

Appareil  respiratoire 0,222 

Système  osseux 0,167 

Yeux 0,100 

Système  nerveux 0,019 


En  prenant  la  perte  intégrale  absolue  sur  un  pigeon  inanitié  on  obtient  les  chiffres 
suivants  : 


PERTE  INTKGRALE 

absolue 


1°  Éléments  du  sang  : 

Sang 

Système  musculaire  : 

Muscles  locomoteurs 

Cœur 

"       Appareil  musculaire  de  la  digestion 
Organes  divers  : 

Système  glandulaire  abdominal  .    . 

Appareil  pulmonaire 

Peau 

Autres  parties 

2»  Système  osseux 

3^  Graisse  


Perte  intégrale  absolue. 


7,86 

66,32 
1,87 
6,4  i 

7,46 
0,86 
5,64 
1,91 
5,34 
38,47 

142,17 


62 


INANITION. 


Si  l'on  fail  abstraction  de  la  graisse,  on  voit  que  c'est  le  système  musculaire  qui  fait 
presque  tous  les  frais  de  la  perte  du  poids  du  corps. 

Le  système  nerveux  au  contraire  conserve  son  poids  intégral. 


ÉTAT    HUMIDE. 

ÉTAT    SEC. 

ÉTAT   NORMAL 

INANITION. 

ÉTAT     NORMAL. 

INANITION. 

Cerveau 

Moelle  épinière 

Somme 

fil- 
2.23 

0,83 
3,08 

o,n 
3,02 

0,64 

0,64 

gr. 

0,38 
0,58 

Ce  fait  est  très  important,  car  il  montre  bien  qu'au  milieu  de  la  déchéance  orga- 
nique le  système  nerveux  résiste  seul,  maintient  sa  composition  normale  et  assure 
encore  la  régularité  des  échanges  nutritifs  jusqu'au  dernier  jour  du  jeûne. 

Pour  bien  apprécier  la  perte  de  poids  subie  par  chaque  organe,  Lazarew  (loc.  cit.) 
divise  ses  animaux  en  expérience  en  cinq  groupes  de  dix  chacun.  Un  premier  groupe  est 
sacrifié  pour  obtenir  le  poids  normal  des  organçs.  Il  servira  ainsi  de  terme  de  compa- 
raison. Les  animaux  du  deuxième  lot  sont  inanitiés  jusqu'à  une  perte  de  poids  de 
10  p.  100.  Ceux  du  troisième,  jusqu'à  une  diminution  de  20  p.  100,  du  quatrième 
jusqu'à  30  p.  100  et  les  animaux  du  cinquième  meurent  dinanition. 

Les  principales  conclusions  de  ce  travail  confirment  d'abord  cette  donnée  générale 
que  la  perte  de  poids  des  organes  ne  suit  pas  une  courbe  parallèle  à  la  chute  du  poids 
du  corps.  Chez  les  uns,  la  déperdition  est  plus  forte  dans  le  premier  tiers  de  l'inanition 
que  dans  les  deux  derniers. 

Pour  d'autres  au  contraire  le  phénomène  est  inverse. 

Dans  la  première  période  du  jeûne,  alors  que  la  chute  de  poids  n'atteint  pas  encore 
10  p.  100,  le  foie  a  perdu  en  moyenne  17,98  p.  100,  les  muscles  7,28,  le  coeur  4,84,  le 
pancréas  3, .33,  la  peau,  1,97,  le  système  nerveu.t  central  0. 

Hydratation  des  tissus.  — D'autre  part,  en  faisant  la  comparaison  entre  les  tissus  et 
organes  au  point  de  vue  de  leur  teneur  en  eau,  on  constate  que  l'inanition  ne  modifie- 
rait guère  leur  composition  aqueuse  (Lukjanow). 

Choss.\t  a  pris  20  pigeons  normaux  et  20  pigeons  inanitiés.  La  pesée  comparative  l'a 
conduit  aux  résultats  suivants  : 

PIGEON  PIGEON 

normal  inaoitié 

'-=  100  gr.  ^^  100  gr. 

Cerveau 0,66  0,990 

Cœur 0,81  1,05 

Cerveau 0.64  0,99 

Rate 0,032  0,022 

Pancréas 0,39  0,270 

Os 0,243  0,407 

En  somme,  l'inanition  n'inprime guère  de  changement  de  poids  au  cœur,  au  cerveau 
et  au  système  osseux. 

Mais  dans  la  participation  des  tissus  à  la  perte  de  poids  qu'entraîne  la  suppression 
de  l'alimentation,  il  est  intéressant  d'opposer  à  la  disparition  presque  totale  de  la 
graisse,  le  maintien  à  peu  près  normal  du  poids  du  système  nerveux.  C'est  là  un  fait 
acquis  par  l'expérimentation  et  l'observation  anatomo-pathologique  sur  les  enfants 
morts  dathrepsie,  ainsi  que  le  signale  Ohlmuller. 

Influence  de  la  taille.  —  Revenant  maintenant  à  la  question  de  la  durée  de  la  vie 
dans  le  jeûne,  on  sait  déjà  depuis  longtemps  qu'un  animal  inanitié  ne  meurt  pas 
aussitôt.  Redi  fit  l'expérience  sur  deux  chiens.  L'un  résista  25  jours,  l'autre  34. 
Depuis,  les  observations  se  sont  multipliées  à  cet  égard,  et  en  ne  tenant  pas  compte  des 
cas  exceptionnels  (comme  un  chien  qui,  d'après  Falgk,  résista  pendant  60  jours  à  la 
privation  complète  d'aliments),  il  est  possible  d'arriver  à  un  principe  général  sur  lequel 
Ch.  Richet  a  attiré  spécialement  l'attention  et  qui  met  en  évidence  l'influence  de  la 


INANITION.  63 

taille  sur  la  durée  de  la  vie.  Soit  que  l'on  compare  entre  eux  des  animaux  de  la  même 
espèce  ou  d'espèce  différente,  on  remarque  toujours  que  plus  la  taille  est  petite,  plus  la 
durée  de  la  vie  est  courte. 

Le  tableau  suivant,  emprunté  à  Charles  Uighet,  établit  nettement  cette  relation. 

Influence  de  la  taille  sur  Tinànltion. 

Mammifères. 

DURKH 

moyonno  nombre 

ESPÈCES  ANIMALES.  do  l'iuanition.     d'observations. 

jours. 

Chien 33  XVII 

Cheval 21  IV 

Chat 20  VIII 

Lapin 13  XVII 

Poule 14  VII 

Souris,  rat,  taupe 1  à  3  IX 

Ces  chiffres  sont  particulièrement  instructifs,  car  ils  mettent  en  relief  une  grande 
loi  que  Ch.  Righet  énonce  en  ces  termes  :  <(  Toutes  les  fonctions,  dans  leur  activité  et 
dans  leur  intensité,  sont  déterminées  parla  taille  de  l'animal.  » 

La  déperdition  calorique  étant  d'autant  plus  considérable  que  la  surface  est  plus 
grande  par  rapport  au  volume  (c'est  le  cas  des  petits  animaux),  l'activité  de  leurs 
échanges  nutritifs  sera  conséquemment  plus  grande  que  chez  les  animaux  de  grande 
taille.  Et,  de  même  que  vis-à-vis  des  réactions  chimiques  intra-organiques  il  existe  une 
loi  de  proportionnalité  suivant  la  taille  des  animau.x,  de  même  nous  retrouvons  cette 
même  loi  dans  la  durée  de  l'inanition.  Telle  est  la  raison  des  différences  que  résume  le 
tableau  précédent.  Il  est  évident  que  cette  proportion  n'intéresse  pas  seulement  la  durée 
totale  du  jeûne,  qui  n'est  qu'une  résultante  :  on  la  retrouve  aussi  bien  à  tous  les 
instants,  par  exemple  dans  la  valeur  de  la  perte  de  poids  quotidienne. 

Perte  de  poids. 

(Ch.  Richet.) 

PERTE 

par  kilogr. 
Oiseaux.  et  par  heure. 

i  oie  de  4  800  grammes 0,46 

.5  poules  de  1700  grammes 1,06 

20  pigeons  de  350  grammes 1,73 

Chats. 

Chats  de  o  800  grammes 0,43 

—  2  500    —    0,72 

—  2  500    —    1,20 

—  2  300    —    1,20 

—  2150    —    1,06 

—  1900    —    0,85 

—  1800    —    1,20 

—  1700    —    1,36 

Il  ne  s'agit  ici,  bien  entendu, que  des  animaux  à  sang  chaud.  Les  espèces  animales  à 
température  variable,  en  raison  de  la  faible  intensité  de  leurs  réactions  chimiques,  font 
exception  à  celte  loi,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin. 

Selon  la  remarque  de  Ch.  Richet,  parmi  les  homéothermes,  les  carnivores  parais- 
sent supporter  plus  facilement  le  jeûne  que  les  herbivores.  L'explication  de  cette 
différence  doit  être  recherchée  dans  la  dissemblance  de  leur  alimentation.  Chez  ces  der- 
niers, l'alimentation  n'est  pour  ainsi  dire  jamais  interrompue,  tandis  que  les  carnivores 
seraient  mieux  préparés  au  jeûne,  en  raison  de  l'intermittence  de  leurs  repas,  qui,  pour 
certains  d'entre  eux  (les  carnassiers  par  exemple),  sont  pour  ainsi  dire  abandonnés  au 
hasard. 

Quanta  la  durée  de  la  vie  dans  l'inanition,  elle  dépend  de  la  plus  ou  moins  grande 
activité  nerveuse  de  l'animal.  Plus  cette  activité  est  considérable,  plus  la  durée  de  la 
vie  sera  faible  et  inversement. 


64 


INANITION. 


Influence  de  la  taille  et  de  l'espèce  (d'après  Cii.  Kiciiët). 

DURKE    DE    l'inanition 


ESPÈCE 

ANIMALE. 

OBSEIÎV.VTEURS. 

INDICATIONS 
bibliographiques. 

OBSERVATIONS. 

jours. 

Chien. 

Redi. 

^?j/»jfl/.y/re«/.,  etc.,  éd.  Amster- 
dam, nos,  in-18,  p.  136..    .    . 

34 

— 

Gallois. 

Id 

30 

Hist.  de  l'Ac.  des  Se,  éd.  Ams- 

terdam, din,  p.  6 

41 

Chienne    pleine,    aban- 
donnée    dans    uno 
chambre,  a    mis   bas 
pendant  son  joùne  et 

- 

Dl-  Hamll. 

COLl.AliD. 

Id 

42 

a  mangé  ses  petits. 

Journal  de  Phys.  de  Mogendie, 

viii,  1828,  p.  154 

36 

= 

De  Martigny. 

Id 

27 
21 

Avait  subi  une   opéra- 
tion sur  le  lai'vnx. 

Id 

— 

L.   LuciAN'i  et 

Arcli.  per  le    sclenze  mediche. 

BUKAI.INI. 

V,  1882,  338 

43 

Observation  très  com- 
plote. 

— 

Hayem. 

Leçons  sur  les  modifie,  du  sang, 

p.  381 

2:j 

Avec    numération    des 
irlobules. 

— 

POSASCUXY. 

Thèse     russe     de     S'-Putersb. 

Laborde. 

d'après  le  Jahresh.  fur  Phy- 
siol.,  1886,  360 

30 

Observation  incomplète. 
Privé  de  boisson. 

B.  B.,  1886,  33i 

20 

— 

— 

Id 

39 

Assez    bien   portant  le 
39'  jour,   a  survécu  ; 

non  privé  de  boisson. 

— 

Rauuteau. 

Id..  1S74,  p.  318 

29 

- 

Carvii.le  et 

bochekoxtaine. 

Falck. 

Id 

31 

29 
27 

Id..  p.  313                 .... 

Id 

Cité  par  Voit,  Ilermann's  lland- 

buclt,  vr,   l"  partie,  p.  99.    . 

61 

Chienne  vieille  et  grasse 
soumise    à    l'absti- 
nence des  boissons. 

— 

HOFMAN. 

Id 

24 

38 

Chien  d'un  an. 

Id.,  p.  99 

Moyenne  poir  les  chiens. 

33 

Chat. 

Colin. 

Traite:  de  Physiologie  comparée. 

II,  606  (2'  éd.,  1873 

11 

Non  adulte. 

— 

— 

Id 

11 
27 
14 
23 

Adulte  maigre. 

Id                    

Id 

jd 

— 

— 

Id 

28 

Très    gras,    tué     alors 
qu'il  était  très  vigou- 

reux le  28»  jour. 

— 

BiDDER    et    SCHMIDT. 

Cité  par  Voit,  lac.  cit.,  p.  89.   . 

18 

Redi. 

Cite  par  Haller,  Elem.  Phys., 
VI,  170 . 

20 

Moyenne  pour  les  chat.. 

20 

INANITION. 


65 


Influence  de  la  taille  et  de  l'espèce  (Suite). 

l)t;ilKK    DE    l'iN.XMTION. 


KSPi;CK 

AMMAl.K. 

OU.SEHV.VTKUUS. 

INDICATIONS 

UIIlI.IO(;RAI'HIyUKS. 

as  . 

v;  «  o 
-><  = 

OBSERV.VTIONS. 

Lapin. 

ClIOSSAT. 

Rlbnkh. 

Wkiskiî. 
An  ri; p. 

DUGKS. 

Bernard. 

ClI.    RlCIIKT. 

Itecli.  t'xp.  sur  Vlnanilion.   Ac. 

des  Se,  1843,  12 

l(/ 

jours. 

6 
!) 

Privé  d'eau. 
Avec  eau. 
Privé  d'eau. 

Avec  eau. 

Il  y  a  sans  doute  une 
erreur  d'observation. 

Vivant  encore,  mais  très 
malade  le  10'  jour. 

M 

11 
14 
16 

9 

i:; 

1 

32 
27 

9 

Id 

Id 

Au.  dans  Jahrcshcricht  /'.  l'Iuj- 

siol.,  1881,  20!) 

Cite  par  Voir,  loc.  cil.,  101..    . 
Id 

Id 

/(/ 

■1.  y.  /'.,  XXI,  69 

Id 

1 
1 
12 

n 

9 
10 

Id              

Cité  par  Colin,  loc.  cit 

Id 

Observ.  inédite 

Id         

Moyenne  pour   les  lapins. 

13 

Cheval. 

- 

Colin. 

GURTL. 
BoiLEY. 

Colin. 

Magendik. 

Loc.  cit.,  p.  563 

Cité  par  Colin  (/oc.  cit.  .    .    .    . 
Id 

30 
27 
12 
12 
■2Ï 

Id 

Cité  par  Voit,    loc.  cit 

Moyenne  pour  les  chevaux. 

21 

Taupe. 

Cobaye. 
Porc. 

Souris. 

Rats. 
Phoque. 
Gazelle. 
Ilvène. 

Rats. 

Flouress. 

Colin. 
Chossat. 

Colin. 

Maoendiic. 

Colin. 

Redi. 

Cité    par    Colin,     loc.    cit.,    I, 
563 

1 

1   1/2 

6 

34 
3 
2 

35 

20 

10 

2à3 

/(/  .                    

Loc.  cit 

Loc.  cit 

Cité  par  Colin,  Id 

Loc.  cit.  (Moyenne  de  o  exp.).. 
Loc.  cit 

Loc.  cit 

Loc.  cit 

Loc.  cit 

Buse. 
Epervicp. 
Vautour. 

Aigle. 

Vautour. 

Effraie. 

Grand-Duc. 

Dindon. 

Redi. 

BUFFON. 

Sl'ALLANZANI. 

Colin. 

Loc.  cit 

Loc.  cit,                         

18 
18 
21 
25 
35 
14 
10 
6 
4 

Loc.  cit 

f^oc.  cit 

Cité  par  Colin,  Id 

Id 

Id 

Id..                      

Id 

DICT.    DE   PHV3I0I.I 


6(1 


INANITION. 


Influence  de  la  taille  et  de  l'espèce  (Suite). 
DURÉE    DE   L'lN.\NrriO.N. 


ESPÈCE 

ANIMALE. 

OBSERVATEURS. 

INDICATIONS 

BIBLIOGRAPHIQUES. 

—  J 

OBSERVATIONS. 

Moineaux. 

Fauvettes. 

Rossignol. 

Corbeau. 

Corneille. 

Canard. 

Oie. 

Colin. 

El<  HHORST. 

Chossat. 

COI.IN. 

/,/                                           ' 

jours. 
1 

.13 
"  4 

15 

44 

19 

Oie  à  foie  gras. 

Centralhl.  f.  mcd.  Wiss.,  1879, 
p.  161 

Loc.  vit 

Loc  cil.       .    .       

Loc.  cil 

Loc.  cil 

Pigeons. 
Toui'lfielles. 
Pigeons. 

ClIOSSAT. 

Rkdi. 

Loc.  cit.  !. Moyenne  de  20  exp.  . 
Loc.  cit.    Moyenne  de  16  exp.). 
F^oc.  cit.  (Moyenne  de  2  exp.). . 

MOYKNNE    POUR    LES    PICEONS  . 

11 
10 
12 

11 

Poule. 

SCHIMAXSKI. 
KrCKEIN. 

Chossat. 
Redi. 

Cité    par   Kuckeix,  Zeilsch.    f. 

Riol.,  XVIII,  1882,29 

Id      

9 
6 

32 
8 
11 
18 
12 

M 

Loc.  cil 

Id 

Id.  (Moyenne  de  2  exp 

Id.  (Moyenne  de  6  exp.  .    .    .    . 

Moyenne  pour  les  poules.   . 

14 

Or,  si  l'on  compare  l'importance  relative  du  système  nerveux  chez  des  animaux  de 
taille  différente,  on  voit  bien  que  c'est  chez  les  plus  petits  d'entre  eux  que  le  système 
nerveux  est  proportionnellement  plus  volumineux  (Lecret  et  Gratiolet). 

En  faisant  le  poids  du  corps  égal  à  100,  on  trouve  : 

Oiseaux. 

Poids  du  cerveau 
par  kilogr. 

Autruche 0,9 

Oie 3,0 

Canard 4,0 

Sarcelle 13,0 

Mésange 80 

Mammifères. 

Baleine 0,3 

Bœuf 1,21 

Mouton 3,0 

Lièvre 4,0 

Rat 7,0 

Souris 25,0 

L'activité  des  échanges  nutritifs,  et  partant  l'activité  du  système  nerveux,  nous  donne 
donc  la  clef  des  différences  dans  la  déperdition  que  présentent  des  animaux  inanitiés 


INANITION. 


67 


d'espèces  différentes.  En  outre,  nous  avons  vu  ([ue,  lorsiiue  celte  déperdition  atteint  la 
proportion  de  40  p.  100,  l'animal  succombe. 

Influence  de  l'obésité.  —  D'autres  inlluences  sont  susceptibles  de  modifier  dans  cer- 
taines limites  la  perte  de  poids,  en  particulier  l'obésité  et  l'âge.  Il  est  un  fait  surabon- 
damment démontré  (jue,  chez  les  animaux  gras,  morts  d'inanition,  la  presque  totalité 
de  la  graisse  a  disparu.  Cette  substance  subit  donc  une  déperdition  plus  forte  que  celle 
subie  par  le  reste  du  corps,  et  la  perte  intégrale  proportionnelle  est  de  ce  chef  modifiée. 
D'après  les  calculs  de  Chossat,  la  perte  intégrale  proportionnelle  peut  chez  les  animaux 
très  gros  s'élever  à  0,500  et  dépasser  ainsi  de  0,100  lavaleur  moyenne  de  cette  déper- 
dition qui  correspond  à  0,400. 

L'influence  de  la  graisse  découle  tout  naturellement  du  rôle  que  Jouent  les  réserves 
adipeuses  pendant  l'autophagie  du  jeûne.  La  durée  de  la  vie  est  d'autant  plus  longue 
(jue  ces  réserves  sont  plus  considérables.  Or  nous  avons  vu  (ju'au  moment  de  la  mort  la 
presque  totalité  de  la  graisse  a  disparu.  Cette  perte  équivaut  environ  à  100  p.  100. 
Elle  peut  être  même  si  importante  qu'elle  modifie  la  valeur  de  la  perte  intégrale  pro- 
portionnelle. C'est  ce  que  Chossat  a  mis  en  lumière  en  montrant  que  la  perte  propor- 
tionnelle, qui  est  en  moyenne  de  40  p.  100,  arrive  parfois  chez  les  animaux  très  gras  à 
.^0  p.  100. 

Influence  de  l'âge.  —  D'autre  part,  l'âge  influe  incontestablement  sur  la  résistance  au 
jeûne.  C'est  un  fait  connu  dès  la  plus  haute  antiquité.  Les  histoires  légendaires  de  la 
famille  d'L'GOLi.x,  et  du  naufrage  de  la.  Méduse  montrent  que  les  plus  jeunes  succombent 
les  premiers.  Rien  d'étonnant  si  l'on  se  rappelle  que  la  quantité  d'urée  et  de  CO'^ 
croît  en  raison  inverse  du  poids  du  corps.  Chez  les  personnes  âgées,  cette  quantité  est 
relativement  plus  faible  que  chez  les  adultes  et  chez  ces  derniers  plus  petite  que  chez 
les  enfants  (Scherer,  Scharling). 

Voici,  d'après  Falck,  les  pertes  de  poids  que  subiraient  des  animaux  d'une  même 
espèce,  mais  d'âges  différents. 


Perte  d 

e  poids  p.  100 

Espèce  animale. 

Age. 

par 

24  heures. 

Chien.    .    .    . 

.    .     18  heures. 

8,37 

—     .    .    .    . 

.    .       2  semaines. 

7,83 

—    .    .    .    . 

.    .       7       — 

.5,21 

—    .... 

.    .       3  mois. 

4,13 

—    .    .    .    . 

1  an. 

2,96 

—    .... 

.   .       3  ans. 

2,38 

—     .    .    .    . 

.    .       Très  âgé. 

1,099 

Les  expériences  de  Chossat  sur  les  tourterelles  montrent  que  les  animaux  jeunes 
succombent  plus  vite  par  l'inanition  que  les  animaux  adultes. 


POIDS  DU  CORPS. 

PKRTK  DE  POIDS. 

DURÉE 
de  la 

POIDS 

POIDS 

PERTK 

PBRTK 

PERTE 

initial. 

final. 

intégrale 
absolue. 

intégrale 
pi'0|)or(ionnelli-. 

diurne 
|iro|)nrlioniifIlc 

VIE. 

y- 

yr- 

gr. 

yr. 

gr. 

jours. 

Tourterelles  jeunes.   .    .   . 

110,42 

82,84 

27,58 

0,2.30 

0,081 

3,07 

—           d'âge  moyen. 

143,62 

91,60 

.32,02 

0,362 

0,059 

6,12 

—          adultes.  .    .    . 

189,66 

101,61 

87,75 

0, 463 

0.035 

13,36 

On  voit  ainsi  que  l'àge  modifie  très  sensiblement  la  perte  intégrale  proportionnelle. 
A  l'inverse  de  l'obésité  qui  l'augmente  de  0,1  environ,  le  jeune  âge  la  diminue  très 
sensiblement. 

On  ne  saurait  donc  assigner  à  la  perte  proportionnelle  une  uniformité  absolue. 

Influence  de  la  croissance.  —  J.  NoÉ  a  repris  sur  le  hérisson  l'étude  de  l'influence  de 
l'âge  sur  la  durée  de  la  vie.  Pour  lui  il  y  a  lieu,  dans  l'interprétation  des  résultats,  de 


68 


INANITION. 


tenir  compte  de  ce  qu'il  appelle  la  vitesse  toxique  (?)  d'inanition.  Il  désigne  ainsi  la 
perte  quotidierine  moyenne.  Le  coefficient  toxique  d'inanition  répond  à  cette  même 
perle  quotidienne  rapportée  au  kilogramme. 
Il  arrive  aux  résultats  suivants  : 


POIDS 

MOYEN. 

DURÉE 
do  la 

RKSISTANCK. 

PERTE 

TOTAL K 

par  kilogr. 

VITESSE 

TOXIQLE. 

COEFFICIENT 

TOXIQUE. 

De   50  à  100  gr.    . 
De  100  à  300  — 
De  350  à  500  — 

pr. 

73 

192 

438 

jours. 
46 
22 
12 

328 
336 
295 

~l,'o 

18,5 
33 

103 

98 
76 

La  croissance  influe  donc  sur  la  durée  de  la  lésistance  au  jeûne.  Celle-ci  est  plus 
longue  chez  le  Jeune  que  chez  l'adulte.  La  perle  totale  est  sensiblement  la  mc^me. 

Il  a  fait  des  constatations  analogues  chez  le  lapin,  étudié  h  partir  de  200  gr. 

Influence  de  l'ingestion  d'eau.  —  Il  est  assez  généralement  admis  que  l'ingestion  d'eau 
permet  à  un  animal  privé  de  nourriture  de  résister  plus  longtemps,  hien  qu'il  y  ait  à  cet 
égard  des  expériences  assez  contradictoires. 

Les  observations  de  Chossat  failes  sûr  les  oiseaux  (pigeons  et  tourterelles)  ne  com- 
portent guère  une  conclusion  générale,  étant  donné  la  si  faible  quantité  d'eau  que  ces 
animaux  absorbaient  (à  peine  1/3"  ou  1/G*  do  la  quantité  normale).  Aussi  la  durée  de  la 
vie  pour  les  pigeons  a-t-elle  été  sensiblement  la  même,  qu'ils  aient  été  ou  non  privés  de 
boisson. 

Au  contraire  Choss.^t  a  constaté  sur  cinq  lapins  l'influence  conservatrice  de  l'eau. 
Trois  d'entre  eux  privés  d'eau  moururent  après  6,  11  et  13  jours:  les  deux  autres,  les 
plus  légers,  qui  eurent  de  l'eau  à  leur  disposition  moururent  après  9  et  16  jours. 

Toutefois,  la  diminution  du  poids  du  corps  dans  l'inanition  serait  peu  modifiée 
par  l'ingestion  d'eau,  d'après  une  expérience  de  Choss.vt  consistant  à  peser  comparati- 
vement deux  tourterelles  iuanitiées,  dont  lune  de  179  gr.  recevait  chaque  jour  une 
injection  de  4")  ce.  d'eau  dans  le  jabot,  dont  l'autre  de  100  gr.  était  soumise  à  une 
abstinence  complète. 


Jours. 

1 

2 
3 
4 

5 

6 

7 

8 

9 
10 
11 
12 


PERTE   DE 

POIDS 

Tourterelle 

.\. 

Tourterelle  B 

er. 

gr. 

13,6 

11 

21,5 

18 

28,2 

26 

3i,3 

33 

39,5 

39 

44,3 

46 

49,7 

51 

57,2 

58 

64 

64 

72 

70 

83 

80 

90,5 

83,7 

L'une  et  l'autre  moururent  au  douzième  jour.  Il  n'y  a  eu  de  différence  entre  ces 
deux  animaux  qu'au  point  de  vue  de  la  quantité  de  sécrétion  plus  abondante  chez  la 
tourterelle  soumise  à  l'ingestion  d'eau. 

BoussiNG.\irLT  confirme  aussi  ce  résultat  sur  deux  tourterelles  soumises  à  l'inanition,, 
mais  dont  l'une  recevait  tous  les  jours  une  certaine  q-ianlité  d'eau. 

BiDDER  et  ScHMiDT  n'out  guère  observé  sur  leur  chat  de  particularité  relative  à  l'action 
de  l'eau  sur  la  courbe  des  pertes  diurnes,  de  la  quantité  d'urine,  d'urée  et  de  carbone 
expiré. 


INANITION. 


69 


Toutefois,  si  les  faits  que  nous  venons  de  citer  laissent  planer  quelque  doute  concer- 
nant riiillueiice  de  l'eau  sur  la  durée  de  la  vie  de  certains  animaux  inanitiés,  il  en 
est  tout  autrement  pour  le  chien. 

Pette.nkofer  et  Voit  soumettent  au  jeûne  de  six  jours,  et  à  deux  reprises  différentes, 
un  chien  de  31  kgr.  Pendant  la  première  période  d'inanition,  il  absorbait  63  grammes 
d'eau.  La  perte  de  poids  fut  de  2.980  gr.  Pendant  la  deuxième  expérience,  a»  cours  de 
huiuelle  il  but  1.478  gr.  d'eau,  la  diminution  du  poids  ne  fut  que  de  2.575  gr,  Kn 
outre,  pendant  ce  deuxième  jeûne,  il  y  eut  une  moins  grande. élimination  d'urée.  Celte 
expérience  plaide  donc  en  faveur  de  la  remarque  faite  par  Chossat  que  les  mammifères 
succombent  moins  vite  quand  ils  ont  de  l'eau  à  leur  disposition. 

I. ABORDE  a  étudié  cette  action  de  l'eau  et  institué  l'expérience  suivante  :  «  Étant 
donnés  deux  animaux,  dit  Laborde,  deux  chiens  de  même  poids,  de  même  âge,  de 
même  race,  étant,  en  un  mot,  dans  des  conditions  physiologiques  absolument  identi- 
ques, l'un  est  soumis  à  la  privation  absolue  de  tout  aliment  et  de  toute  boisson,  c'est-à- 
dire  [au  jeûne  complet,  l/autre  a  à  sa  disposition  de  l'eau  potable,  uniquement  de 
l'eau. 

«  L'un  et  l'autre  sont  placés  dans  une  niche  respective  et  fermée  à  clef,  d'où  ils 
sont  extraits  toutes  les  48  heures  pour  être  pesés. 

«  Le  second,  celui  qui  est  au  régime  exclusif  de  l'eau,  est  dans  une  cage  disposée 
expressément  pour  que  toutes  les  déjections  puissent  être  recueillies. 

«  Toutefois,  et  toujours  dans  le  but  et  avec  la  détermination  bien  arrêtée  de  ne  pas 
compliquer  l'expérience,  ['urine  seule  sera  recueillie  pour  mettre  sa  quantité  en  regard 
de  l'eau  absorbée;  en  sorte  que  l'observation  est  réduite  aux  trois  termes  suivants  : 

«  Enregistrement  du  poids,  de  la  quantité  d'eau  absorbée  et  de  l'urine  rendue 
chaque  48  heures.  » 

Les  résultats  sont  consignés  dans  le  tableau  ci-contre  : 


CHIEN  A. 

JEÛNE   ABSOLU. 

CHIEN  B.  JEÛNE  AVEC  EAU. 

DATKS. 

POIDS. 

l'OIUS. 

F..\U    CÛNSOMMKi;. 

URINE   RENDUli. 

kgr. 

kgr. 

grammes. 

grammes. 

1" octobre.    . 

1 0,500  initial. 

15,500 

.. 

4       - 

12 

13 

120 

104 

8       —        .    . 

11 

12 

460 

575 

11       —        .    . 

10 

11 

320 

435 

13       -        .    . 

9,500 

10,500 

300 

260 

15       — 

9 

10 

200 

210 

n     — 

8 

9,500 

300 

230 

19       — 

8  (mort). 

9,500 

250 

160 

21       —        .    . 

» 

Très  vif,  voi.\  forte, 
caressant. 

23       —        .    . 

» 

9,200 

250 

150 

25       —        .    . 

» 

9 

108 

105 

27       — 

» 

8,800 

100 

110 

29       — 

» 

8,500 

200 

115 

31       —       .    . 

» 

8,200 

170 

110 

2  novembre.. 

» 

8 

100 

100 

4       — 

.) 

8 

130 

70 

6       -        .    . 

» 

7,800 

110 

90 

8       — 

" 

7,800 

120 

95 

Le  8  novembre  au  soir,  on  administre  un  repas  au  chien  B,  qui,  après  quelques  jours, 
avait  repris  sa  vigueur  habituelle. 

Cette  expérience  montre  donc  l'influence  de  l'eau,  et  sur  la  perte  de  poids,  et  sur  la 
durée  de  la  vie.  Le  chien  A  est  mort  après  20  jours  de  jeûne  avec  une  perte  intégrale 
de  7  kgr.  500.  Le  chien  B  a  survécu  même  après  3'J  jours,  avec  une  perte  totale  de 
7  kg.  900. 


70  INANITION. 

Laborde  conclut  que  «  seule,  l'intervention  de  l'eau  potable  permet  la  prolongation 
du  jeûne  avec  survie  au  delà  du  double,  au  moins,  de  la  limite  mortelle  du  jeime  abaolu  ». 

En  ce  qui  concerne  l'inanition  chez  l'homme,  bien  qu'elle  ne  se  présente  guère  dans 
des  conditions  favorables  pour  porter  un  jugement  au  point  de  vue  qui  nous  occupe, 
nous  savons  cependant  que,  soit  dans  les  jeûnes  accidentels  ou  volontaires,  soit  dans 
les  observations  de  jeûne  hystérique  enregistrées  par  Debove  en  particulier,  l'inges- 
tion d'eau  parait  avoir  aussi  exercé  une  influence  favorable. 

Il  est  vrai  d'ajouter  qu'en  dehors  de  l'action  que  possède  l'eau  sur  les  phénomènes 
de  la  nutrition,  il  faut  aussi  tenir  compte  des  sensations  de  faim  et  de  soif  que  présen- 
.tent  les  inanitiés  (V.  Faim  et  Soif.)  Les  souffrances  du  jeûne  sont  moins  grandes  quand 
on  a  la  possibilité  de  boire.  ((  Car  ce  qu'il  y  a  de  caractéristique  dans  la  privation 
d'aliment  et  dans  la  privation  de  boisson,  dit  Ch.  Richet,  c'est  que  la  soif  torture 
beaucoup  plus  que  la  faim,  et  ceux  qui  ont  éprouvé  ces  cruelles  souffrances  ont  dit,  en 
effet,  qu'elles  étaient  causées  bien  plus  par  la  soif  que  par  la  faim.  Il  me  paraît  cepen- 
dant que  l'heure  de  la  mort  n'est  pas  beaucoup  retardée  par  l'ingestion  des  boissons.  » 

Influence  de  la  lumière.  —  Aducco,  reprenant  dans  ces  dernières  années  une  ancienne 
observation  de  MoLESCHOTXsur  l'influence  de  la  lumière  vis-à-vis  des  échanges  nutritifs, 
a  étudié  cette  action  sur  des  pigeons. 

Il  a  observé  que  les  pigeons  qui  jeûnent  dans  un  lieu  exposé  à  la  lumière  vivent 
moins  de  16  jours  dans  le  cas  d'inanition  complète,  avec  une  perte  de  poids  de  .3'j  à 
à  48  0/0,  en  moyenne.  Au  contraire,  en  plaçant  d'autres  animaux  de  même  espèce 
dans  une  chambre  obscure,  sans  toutefois  les  soustraire  complètement  aux  excita- 
tions normales,  il  vit  que  ceux-ci  supportaient  bien  mieux  le  jeûne.  La  durée  de  la 
vie  fut  au  moins  de  16  jours,  en  général  de  24.  La  perte  de  poids  fut  également  plus 
forte,  puisque  les  pigeons  inanitiés  dans  l'obscurité  perdirent  en  moyenne  de  50  à 
54  0/0.  Le  résultat  devient  encore  plus  net,  si  l'on  examine  quotidiennement  la  perte  de 
poids.  Elle  fut  de  2,59  0/0  pour  les  animaux  exposés  à  la  lumière,  de  3,785  pour  ceux 
soumis  aujeûne  dans  l'obscurité. 

L'absence  de  lumière  favoriserait  donc  la  résistance  à  l'inanition. 

Action  des  chlorures  de  sodium  et  de  potassium.  —  Bien  qu'il  n'ait  pu  démontrer 
d'une  façon  absolument  claire  Taction  qu'exercent  sur  les  animaux  inanitiés  les  chlorures  ■ 
de  sodium  et  de  potassium,  A.  Pugliese  reconnaît  que,  d'une  façon  générale,  le  premier, 
à  doses  peu  élevées  (0,25  à  0,27  par  kg.)  sur  les  chiens,  possède  une  influence  sur  le 
cours  de  l'inanition  en  diminuant  la  perte  de  poids  et  la  quantité  d'eau  sécrétée  au 
niveau  des  reins. 

Le  chlorure  de  potassium,  à  la  dose  de 0,40  par  kgr.,  augmenterait  la  perte  de  poids 
et  la  sécrétion  urinaire.  L'élimination  d'urée  ne  subit  aucun  changement. 

Action  de  l'état  pathologique. —  Certains  états  pathologiques  retentissent  d'une  façon 
manifeste  sur  la  durée  de  la  vie,  soit  en  diminuant  la  résistance  au  jeûne,  soit,  au  con- 
traire, en  la  renforçant  parfois  dans  des  proportions  vraiment  extraordinaires. 

Parmi  les  causes  morbides  les  plus  importantes  à  ce  point  de  vue,  nous  signalerons 
la  fièvre  et  l'hystérie. 

Ch.  Richet,  dans  ses  recherches  sur  l'inanition  des  lapins,  donne  le  chiffre  de  1  gr.  5 
par  kilogramme  et  par  heure,  comme  représentant  la  perle  de  poids  moyenne  de  cet 
animal.  Sur  des  lapins  fébricitants,  la  dénutrition  a  correspondu  à  une  perte  de  poids 
horaire  et  par  kilogramme  de  5  grammes.  Quant  à'ia  durée  de  la  vie,  il  a  trouvé  les 
résultats  suivants  : 

Durée  de  la  vie. 

Lapin  bien  portant 10  jours. 

—     malade 4     — 

Colin  a  fait  des  observations  analogues  sur  le  cheval.  Alors  que  la  perte  de  poids 
pour  un  cheval  bien  portant  est  de  0  gr.  28  par  kilogramme  et  par  heure,  elle  est  six 
fois  plus  forte  pour  un  cheval  fébricitant. 

En  ce  qui  concerne  la  durée  de  la  vie,  d'après  Colin,  elle  serait  de  trente  jours  pour 
un  cheval  bien  portant,  de  cinq  jours  seulement  pour  un  cheval  malade. 

Il  n'en  est  pas  différemment  chez  l'homme.  D'une  façon  générale,  on  admet  qu'un 


INANITION.  71 

homme  normal  soumis  au  jeilne  perd  en  moyenne  0  gr.  30  à  0  gr.  50  par  kilogramme 
et  par  heure.  Les  ft-bricitants  perdent,  au  contraire,  bien  davantage. 

Dans  ses  ol)servations  de  perte  de  poids  prises  sur  des  typliiques,  Colin  donne  les 
chiiïres  suivants,  prouvant  bien  que  ces  malades,  malgré  une  alimentation  relative, 
subissent  une  dénutrition  considérable. 

Porto  do  poids 
par  kilogr.  ot  par  houro. 

Typhiques  en  5  jours 0,61 

—  9    — 0,88 

—  7    — 0,75 

La  moyenne  de  la  perte  proportionnelle  serait  donc  le  double  de  la  même  perte  sur 
l'homme  normal  en  état  d'inanition. 

Hystérie.  —  Parmi  les  influences  qui  peuvent  quelquefois  se  manifester  d'une  façon 
intense,  on  trouve  surtout  l'hystérie  que  l'on  ne  saurait  passer  sous  silence  en  raison 
de  son  action  si  curieuse  et  si  mystérieuse  à  la  fois  sur  les  phénomènes  généraux  de  la 
nutrition.  Ce  serait  sortir  du  cadre  de  cette  étude  que  de  passer  en  revue  tous  les  détails 
relatifs  à  cette  inlluence.  Qu'il  nous  suffise  de  rappeler  que,  de  tout  temps,  on  a  observé 
des  cas  d'inanition  hystérique  extrêmement  curieux.  Il  est  certain  que  l'on  peut  émettre 
quelques  doutes  au  sujet  de  l'authenticité  de  plusieurs  de  ces  récils  qui  signalent  des 
résistances  à  l'inanition  variant  de  plusieurs  jours  à  des  mois,  voire  ihême  à  des  années. 
Toutefois,  nous  trouvons,  en  particulier  dans  les  observations  de  Lasègue,  Debove, 
Ch.  RiCHKT,  toutes  les  garanties  d'une  observation  rigoureuse  et  scientifique. 

Lasègue  a,  en  effet,  publié  l'histoire  d'une  jeune  hystérique,  qui,  prenant  de  temps 
en  temps  du  thé  coupé  avec  du  lait  et  un  peu  de  café  au  lait,  vécut  une  année  en  ingé- 
rant à  peine  ce  qui  serait  nécessaire  à  l'alimentation  d-'un  adulte  pendant  deux  jours. 

Debove,  dans  ses  recherches  sur  l'inanition  hystérique,  a  signalé  sur  deux  hysté- 
riques une  résistance  au  jeûne  qui  se  manifestait,  en  particulier,  par  une  diminution 
de  poids  extrêmement  faible.  Ces  deux  malades  ont  très  bien  supporté  un  jeûne  de 
quinze  jours.  Leur  dénutrition  était  seulement  de  Ogr.  13  par  kilogramme  et  par  heure. 

Ch.  Richet  et  Hanriot  se  sont,  d'autre  part,  assurés  que  dans  l'inanition  hysté- 
rique il  y  avait  un  ralentissement  énorme  des  échanges  respiratoires,  une  diminution 
très  forte  des  réactions  intra-organiques,  ce  qui  permettrait  ainsi  de  mieux  comprendre 
les  phénomènes  généraux  de  l'inanition  chez  ces  malades. 

Alternance  de  jeûne  et  d'alimentation.  —  Il  est  possible  de  maintenir  en  vie  pendant 
de  longues  périodes  des  chiens  que  l'on  soumet  à  une  inanition  d'une  durée  de  cinq 
jours  alternant  avec  une  période  égale  d'alimentation  à  la  viande  crue.  Ch.  Richet 
a  vu  ainsi  des  chiens  résister  pendant  six  mois. 

Les  herbivores,  au  contraire  (lapins),  ne  peuvent  supporter  plus  d'un  mois  et  demi  ce 
régime  alterné.  Ils  perdent  chaque  jour  0  gr.  55  de  leur  poids  :  ce  qui  fait  au  bout  d'un 
mois  et  demi  une  perte  de  25  0/0  de  leur  poids  initial. 

«  On  conclura  de  cette  expérience,  dit  Ch.  Richet,  que  l'alimentation  chez  les 
herbivores  ne  peut  pas  être  interrompue  par  d'aussi  longues  périodes  d'abstinence  que 
chez  les  carnivores  alimentés  à  la  viande  crue,  mais  que  cependant  la  persistance  de 
la  vie  dans  ces  conditions  alimentaires  est  plus  grande  qu'on  ne  l'eût  supposé  d'abord.  » 

n.  —  DES  PHÉNOMÈNES  GÉNÉRAUX  DE  LA  NUTRITION. 

DÉPENSE   TOTALE    u'ÉNERGIE.   —   DÉPENSE    d'aLBUMINE.     —    COURBE      DE    l'ÉLLMINATION    AZOTÉE. 

—  Influence  de  la  graisse.  —  Grandeur  de  la  désassimilation  azotée.  —  Rôle  de 
l'exgkétion  azotée.  —  Dépense  des  graisses.  —  Leur  rôle.  —  Dépense  des  hydrates 
DE  carbone.  —  Glycogène.  —  Transforaiations  chimiques  intra-organiques.  — 
Échanges  respiratoires.  —  Variations  du  quotient  respiratoire. 

Des  phénomènes  généraux  de  la  nutrition.  —  La  ration  alimentaire  satisfait 
au  double  besoin  organique  de  la  réparation  de  substances  et  de  dégagement  d'énergie, 
grâce  auquel  l'équilibre  nutritif  est  assuré  sans  usure  apparente  des  matériaux  intra- 
organiques.    Or,   pendant   toute  la   période  d'inanition,  l'animal    lutte   constamment 


72 


INANITION. 


contre  la  déficience  alimentaire,  et,  puisque  l'apport  extérieur  lui  fait  défaut,  il  puise 
dans  ses  propres  substances  les  éléments  propres  à  sa  conservation.  Le  dégagement  de 
chaleur  d'une  part,  et,  en  second  lieu,  l'excrétion  de  substances  minérales  et  orga- 
niques en  représentent  le  témoignage  indubitable.  Les  phénomènes  de  nutritition  durant 
le  jeûne  constituent  à  n'en  pas  douter  la  question  la  plus  importante  à  étudier,  et  comme 
sur  l'animal  normal  on  doit  les  envisager  à  un  double  point  de  vue,  en  déterminant 
d'abord  la  dépense  d'énergie  et  ensuite  la  destruction  organique. 

Dépense  totale  d'énergie.—  Il  convient  tout  d'abord  de  rappeler  que,  dans  les  condi- 
tions de  l'alimentation  normale,  l'organisme  se  règle  d'après  ses  propres  besoins,  qu'une 
alimentation  suffisante  ou  surabondante  n'imprime  guère  de  modifications  à  la  pro- 
duction de  calories.  Les  expériences  de  Zuntz  et  V.  Mering  (1883),  de  Wolfer,  Pothast, 
tendraient,  en  effet,  à  démontrer  que  les  combustions  n'augmentent  pas  même  après 
l'introduction  directe  de  substances  oxydables  dans  l'appareil  circulatoire.  Cependant  les 

Dépense  totale  de  calories  pendant  l'inanition. 


ESPÈCES 

JOURS 

POIDS 

SOMME 

CALOUIHS 

do 

(lu 

TOT.\LK 

AUTEURS. 

ANIMAI-KS. 

Ji;UNK. 

(  ORPS. 

de  calories. 

l'AK    KGR. 

Cobaye.  .    .    . 

1 

0.672 

101,1 

149,9 

RÏBNER. 

— 

2 

0,625 

102,6 

162,6 

— 

— 

3 

0,582 

89,9 

156,5 

— 



4 

0,5.50 

77,1 

140,5 

— 

— 

5 

0,52i 

72,4 

137,3 

— 

— 

6 

0,498 

75,5 

150,6 

— 



7 

0,474 

74,4 

157,4 

— 



8 

0,450 

65,1 

155,6 

— 

— 

9 

0,428 

69,1 

162,6 

— 

Chien 

2 

32,9 

1177,0 

35,8 

Pettenkoffer  et  Voit. 

.... 

'6 

:m,7 

1161,0 

36.7 

— 

—      .    .    .    . 

8 

30,5 

1  08S,0 

35,7 

— 

Cetti 

1   il    4 

55,9 

1618,0 

29,5 

LeILMANN  et  ZUNTZ. 

5  à    6 
7  i    8 
9  à  10 

52,5 
52,1 
50,9 

1501,7 
i  662,0 
1508,5 

28,4 
31,7 
29,3 

— 

travaux  de  Lkvy,  Voit,  Fick  (1890),  Speck  {Arch.  f.  exp.  Path.,  II,  412,  1874)  indiquent 
une  augmentation  de  combustions  après  l'ingestion  alimentaire.  Pour  Fick,  l'introduction 
de  substances  nutritives,  en  augmentant  surtout  la  proportion  de  l'albumine  du  sang, 
serait  suffisante  pour  expliquer  cette  suractivité  des  phénomènes  de  combustion.  Au 
surplus,  cette  question  se  rattache  directement  à  l'étude  de  V alimentation  de  luxe,  pour 
les  détails  de  laquelle  nous  renvoyons  à  l'article  :  Aliments  (i,  294).  Des  connaissances 
que  nous  possédons  à  l'heure  actuelle  sur  l'alimenlation,  il  résulte  que  son  action  sur 
la  dépense  de  calories  n'a  pas  lieu  directement.  Si  les  substances  ingérées  entraînent 
momentanément  un  surcroît  de  destruction  organique,  c'est  surtout  par  le  surcroît  de 
travail  mécanique  imposé  à  l'intestin.  Telle  est  l'interprétation  actuelle  de  ce  phéno- 
mène (LÉVY,  Voit,  Zuntz  et  Lehmann).  Quant  à  l'excès  de  substances  alimentaires,  il 
se  localise  dans  l'économie  sous  forme  de  réserves,  dont  l'utilisation  se  produira  au 
fur  et  à  mesure  des  besoins. 

En  un  mot,  il  existe  un  mécanisme  régulateur  des  phénomènes  nutritifs  qui  subor- 
donne leur  intensité  à  la  grandeur  des  besoins  organiques. 

Ces  besoins  organiques  dont  dépend  la  dépense  totale  sont-ils  les  mêmes  lorsque 
toute  alimentation  est  supprimée?  Les  expériences  effectuées  à  ce  sujet  montrent  que, 
s'ils  sont  en  général  abaissés,  il  n'existe  pas  une  grande  différence  entre  l'état  normal 
et  l'état  d'inanition.  En  J'autres  termes,  la  dépense  totale  reste  sensiblement  la  même. 


INANITION. 


73 


I.es  diverses  substances  alimentaires,  ternaires  ou  (juaternaires  contribuent  d'une 
façon  variable,  suivant  les  conditions,  à  ces  dépenses,  nnais  la  somme  totale  de  calories 
reste  constante. 

Si  la  dépense  totale  d'énergie  est  sensiblement  la  même  chez  l'animal  à  jeun,  il 
s'ensuit  naturellement  une  perte  de  poids  progressive  sur  laquelle  nous  avons  suffisam- 
ment insisté.  Mais  il  reste  maintenant  à  rechercher  la  part  qui  revient  à  chaque  groupe 
de  composés  organiijues  dans  cette  production  de  chaleur.  Or  pour  faire  face  à  celte 
dépense,  l'organisme  ne  pourra  utiliser  de  sa  propre  substance  que  les  trois  groupes  de 
corps  suivants  :  Albumines,  (/misses,  hi/drales  de  carbone.  Il  faut  étudier  dès  lors  l'utilisa- 
tion de  ces  éléments. 

Dépense  d'albumine.  —  Elle  peut  se  mesurer  par  l'élimination  d'azote  dont  nous 
allons  nous  occuper.  Or,  le  fait  général  sur  lequel  tout  le  monde  est  d'accord  est  le  sui- 
vant :  à  l'état  d'inanition  l'animal  continue  à  éliminer  de  l'azote  et  cela  jusqu'à  la  tin, 
ce  qui  revient  à  dire  qu'il  use  jusqu'à  la  mort  ses  albumines. 

Courbe  de  rélimination  azotée.  —  L'étude  de  la  désassimilation  des  matières  albu- 
minoïdes  qui  traduit  la  part  de  la  matière  azotée  dans  les  échanges  nutritifs  durant 
l'inanition  a  suscité  un  nombre  très  considérable  de  travaux,  (^es  recherches  ont  déjà 
été  entreprises  par  Bidder  et  Schmidt  eu  18o2  sur  un  chat.  Ils  évaluèrent  à  204  gr.  13 
l'albumine  consommée,  soit32  gr.  7  d'azote  pendant  la  période  déjeune.  Falck  (1877) 
trouve  sur  un  chien  de  8kgr.,  et  pendant  un  jeûne  de  24  jours,  220  gr.  d'urée  ou  102  gr. 
d'azote. 

Élimination  d'azote  pendant  l'inanition  (chez  l'homme). 


JOURS  DE  JEÛNE. 

CETTI. 

JOURS 
(le 

JEÙ.NE. 

SUCCI. 

Dernier  jour  d'aliinenlation 

!'■''  jour  de  jeune 

13.5 
13,6 
12,0 
13,1 
13.4 
10,7 
10,1 
10,9 

8,9 
10,8 

9,0 

BREITH.^UFT. 
13,0 

10,0 

9.9 
13,3 
12,8 
11,0 

9,9 

sucer. 

16.2 
13,8 
11,0 
13,9 
12,8 
12,8 
10,1 
9.'t 

8 
9 
10 
11 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 

19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 

27 
28 
29 
30 

s, 4 
7,8 
6,8 
7,9 
7,2 
3,5 
5,3 
5,1 
5,5 
6,2 
5,5 

5,0 
4,4 
3,9 
3,2 
4,8 
5,6 
6,0 
5,1 

;J,4 
5,6 
4,1 
6,6 

» 

Oo                 

3'             —            

4*             —             

oe                —                

6'             —             

7«             —             

8'=             —            

9°             —            

10"            — 

Dernicf  jour  d'aliniciital.ion 

1"' joui"  de  jeune 

2"             —             

3'             —             

4'             —             

5'            —            

6«            —            

Dernier  jour  d'aliinentaiioii 

I"' jour  de  jeiioe 

2-            

3'            —           

4»            —           

5°             —            

6'             —            

Après  eux,  Rib.ner,  Voit,  Piiàge»,  Schondorfk,  Botuung,  Schclz  ont  constaté  que  la 
marche  de  l'élimination  azotée  ne  présentait  pas  une  courbe  absolument  régulière.  Il 
y  a  surtout  un  maximum  relatif  d'élimination,  qui  n'a  pas  échappé  à  l'atlention  de  ces 


n  INANITION. 

expérimentateurs  et  qui  précède  de  très  peu  le  moment  de  la  mort.  Mais,  dans  la  courbe 
générale  de  l'excrétion  azotée,  on  remarque  plusieurs  phases. 

Tout  d'abord,  et  aussitôt  après  le  début  du  jeûne,  l'élimination  de  l'azote  est  encore 
sous  l'iiilluence  des  jours  précédents.  Il  n'y  a,  pendant  cette  première  période,  nulle 
économie  d'albumine;  et  la  dépense  correspond  à  l'apport  assuré  par  le  régime  anté- 
rieur. Plus  l'alimentation  était  riche  en  matière  azotée,  et  plus,  dans  l'inanition,  l'excré- 
tion est  abondante.  Sans  entrer  dans  la  cause  de  cette  utilisation  d'albumine,  rappe- 
lons toutefois  que,  d'après  Voit,  l'explication  de  ce  phénomène  serait  basée  sur  les 
deux  formes  d'albumine  que  l'organisme  retient.  Il  y  aurait  à  distinguer  d'une  part 
l'albumine  des  organes  et  l'albumine  circulante  d'autre  part.  Nous  nous  contentons  de 
mentionner  cette  hypothèse  que  nous  retrouverons  plus  loin,  ne  voulant,  pour  l'instant, 
que  mettre  en  lumière  ce  point  important,  qu'au  début  de  l'inanition  l'excrétion  azotée 
dépend  de  la  nature  du  régime  antérieur. 

Ce  fait  a  été  constaté  à  la  fois  sur  l'iiomme  et  sur  l'animal. 

Il  s'établit  ensuite  un  régime  de  moindre  dépense  azotée,  variable  suivant  les  indivi- 
dus, et  se  maintenant  sensiblement  au  même  niveau  pendant  la  majeure  partie  de  l'ina- 
nition. Cette  phase  correspond  véritablement  à  une  utilisation  minimum  d'azote  pour 
l'organisme.  C'est  simplement  au  moment  où  l'épuisement  des  réserves  graisseuses  est 
complète,  et  vers  la  fin  de  l'inanition,  que  de  nouveau  l'azote  urinaire  augmente  sensi- 
blement. C'est  le  signe  d'une  déchéance  rapide  et  de  mort  prochaine.  En  prenant,  par 
exemple,  une  expérience  de  Voit  sur  un  chat  bien  musclé,  mais  assez  pauvre  en  réserve 
de  graisses,  on  voit  très  nettement  ces  trois  périodes  caractéristiques.  L'élimination 
d'azote  est  ici  calculée  sous  forme  d'urée. 


urs. 

Uréo. 

Jours. 

Urée. 

Jours. 

Urée. 

g'-- 

?>•. 

gr- 

1 

5,7 

6 

3,7 

Il 

4,1 

2 

4,5 

7 

*,1 

12 

6,1 

3 

3,9 

8 

4,2 

13 

6,1 

4 

3,7 

9 

4,1 

» 

» 

5 

3,8 

10 

4,7 

» 

>i 

D'après  Deho.n,  la  période  d'élimination  constante  de  la  phase  moyenne  de  l'inani- 
tion chez  l'adulte  ne  se  produirait  pas  en  raison  de  la  précocité  de  la  mort  chez  le  très 
jeune  chat  inanitié.  Pour  tous  les  autres  phénomènes  du  métabolisme  azoté,  ils  seraient 
analogues  à  ceux  de  l'adulte. 

Influence  de  la  graisse.  —  Le  sens  général  de  la  courbe  de  l'azote  excrété  peut  chan- 
ger lorsqu'on  l'observe  sur  un  animal  très  riche  en  pannicule  adipeux.  On  remarque 
alors  d'une  façon  bien  moins  nette  les  trois  phases  que  nous  avons  indiquées.  L'élimi- 
nation azotée  suit  une  courbe  régulièrement  décroissante,  comme  nous  le  prouvent  les 
expériences  de  Ridder  et  Schmidt  ou  de  F.\lck  sur  un  vieux  chien  très  gras  et  qui  ne 
mourut  qu'après  60  jours  de  jeune.  En  se  reportant  aux  moyennes  hebdomadaires  de 
l'élimination  d'urée,  on  obtient  les  chiffres  suivants  (Lambling)  : 


Jours. 

Urée. 

Jours. 

Urée. 

1 

14,91 

31 

6,39 

2 

11.27 

38 

5,72 

3 

9,46 

45 

4,30 

10 

8,40 

52 

4,25 

14 

9,26 

59 

3,50 

16 

7,07 

» 

» 

Le  rôle  de  la  graisse  devient  ainsi  très  important,  puisqu'elle  permet  une  utilisation 
minimum  d'albumine.  Voit,  Hofmann,  Mu.\k  en  particulier  ont  mis  ce  rôle  en  évidence, 
en  étudiant  la  désassimilation  azotée  sur  des  chiens  plus  ou  moins  riches  en  tissu 
adipeux.  Ils  ont  vu  que  sur  des  animaux  maigres,  la  disparition  complète  de  leurs 
faibles  réserves  adipeuses  marquait  le  début  d'une  augmentation  d'excrétion  d'azote 
se  maintenant  jusqu'à  la  mort. 

De  même  sur  des  chiens  bien  portants  et  assez  gras,  la  destruction  azotée  n'augmente 


INANITION.  75 

sensiblement  qu'au  moment  où  les  réserves  graisseuses  ont  été  presque  complètement 
utilisées. 

Cette  exagération  de  laifuantilé  d'azote  excrét<?  possède  une  haute  signification  pour 
le  pronostic  de  la  morl  dont  elle  représente  un  des  premiers  symptômes. 

Voit  a  donné  des  variations  de  la  courbe  de  l'excrétion  azotée  une  explication  que 
nous  avons  mentionnée  plus  haut  et  dont  nous  devons  parler.  D'après  lui,  il  y  a  lieu  de 
considérer,  dans  tout  être  vivant,  une  albumine  «  de  réserve  »,  dont  la  quantité  est 
proportionnelle  à  l'albumine  ingérée.  Plus  celle-ci  est  abondante,  plus  la  quantité  de 
la  première  croîtra.  En  plus,  il  existe  une  autre  albumine  «  organisée  »,  qui  fait  partie 
dos  éléments  analomiques,  organes  et  tissus.  Pendant  l'inanition,  l'instabilité  de  l'al- 
bumine de  réserve  la  désigne  tout  naturellement  pour  les  échanges  nutritifs.  Aussi 
l'élimination  d'urée  est-elle  forte  au  début.  Mais  cette  albumine  est  vite  épuisée  (3«  ou 
4"=  jour).  L'albumine  organisée,  plus  stable,  se  décompose  à  partir  de  cet  instant.  On 
peut  admettre,  d'après  Voit,  que  l'abaissement  de  l'élimination  initiale  de  l'azote 
représente  la  fin  de  la  réserve  d'albumine  et  le  commencement  de  l'utilisation  de  l'al- 
bumine organisée. 

PpLi  GKR  et  Voit  sont  en  désaccord  quand  il  s'agit  de  préciser  l'influence  des  injec- 
tions sanguines  sur  l'excrétion  azotée.  Alors  que,  pour  Voit,  l'injection  d'une  assez 
grande  quantité  de  sang  frais,  d'un  animal  d'une  même  espèce,  n'augmente  pas  le 
taux  de  la  désassimilation  azotée,  car  cette  albumine  organisée  persiste  après  l'injection 
sans  altération;  pour  Pfllger,  au  contraire,  l'introduction  du  sang  entraîne  une  augmen- 
tation de  la  décomposition  d'albumine  directement  proportionnelle  à  la  quantité  d'azote 
contenue  dans  le  plasma  sanguin,  tout  comme  si  l'albumine  du  plasma  avait  augmenté 
par  l'absorption  intestinale. 

D'après  Pkllger,  la  destruction  d'albumine  n'est  pas  liée  à  la  quantité  d'albumine 
circulante,  mais  bien  au  mode  d'état  nutritif  des  éléments  anatomiques.  L'albumine 
absorbée  soit  par  l'intestin,  soit  par  les  voies  sanguines  dans  les  cas  d'injection  intra- 
vasculaire  s'organise  d'abord.  Elle  subit  ultérieurement  la  décomposition. 

Quant  au  phénomène  de  l'accroissement  de  l'élimination  d'azote  pendant  les  der- 
niers jours  du  jeune,  il  a  reçu  plusieurs  interprétations.  D'après  Voit  et  Munk,  la  dispa- 
rition des  réserves  graisseuses  oblige  l'organisme  à  s'adresser  aux  substances  albumi- 
noïdes,  de  telle  sorte  que  leur  consommation  devient  plus  grande  qu'au  moment  de 
l'utilisation  des  graisses.  Cette  explication  parait  d'autant  mieux  justifiée,  que,  chez  les 
ani(naux  très  gras,  ce  phénomène  peut  ne  pas  se  produire  ou  se  produit  à  un  moment 
beaucoup  plus  éloigné  du  début  du  jeûne.  Cependant  certains  auteurs  ont  adopté  une 
manière  de  voir  différente.  Schimanski,  Schôndorfk  et  Schulz  auraient  constaté  en  effet 
une  décomposition  très  énergique  des  albuminoïdes  chez  les  animaux  très  riches  en 
réserves  graisseuses.  Schimanski  a  observé  ce  fait  sur  des  poules  qui  meurent  avec  des 
provisions  considérables  de  matières  grasses.  Pour  lui,  la  mort  seule  de  nombreuses 
cellules  à  la  fin  de  l'inanition,  peut  expliquer  cette  consommation  exagérée  de  matières 
albuminoïdes.  La  désagrégation  anatomique  permet  aux  sucs  organiques  de  s'enrichir 
de  nouvelles  quantités  de  substances  nutritives,  qui  augmentent  la  résistance  des  cel- 
lules restées  intactes.  Cette  hypothèse  repose  sur  d'autres  faits  d'observation,  enre- 
gistrés par  Fra.nkel,  Albitzki,  Popel,  d'après  lesquels  certains  facteurs,  exerçant  une 
action  nocive  sur  l'organisme,  ont  pour  etïet  d'augmenter  également  la  décomposition 
d'albumine  et  l'élimination  d'azote.  Kumagawa  et  R.  Miura,  Cramer,  soit  sur  le  lapin, . 
soit  sur  le  chien,  ont  encore  remarqué  que  l'abondance  plus  ou  moins  grande  des 
réserves  de  graisse  n'empêchait  pas  inéluctablement  l'augmentation  prémortelle  de 
l'élimination  azotée. 

D'ailleurs  l'interprétation  exacte  de  ce  phénomène  ne  serait  pas  intimement  connue, 
puisque  l'augmentation  de  l'excrétion  azotée  persiste  malgré  l'administration  de  graisse 
par  la  peau  (Knoll)  ou  par  la  bouche  (Sciiwarz).  D'autre  part,  l'injection  de  sucre  de  raisin 
ou  d'albumine  n'empêche  nullement  les  chiens  inanitiés  de  présenter  ce  dernier  phé- 
nomène. 

Erwin  Voit  a  cherché  récemment  à  déterminer  la  relation  entre  ces  deux  facteurs, 
et,d'a<cord  avec  la  plupart  des  auteurs,  il  a  noté  que  la  destruction  d'albumine  est  faible, 
lorsque  les  réserves  graisseuses  de  l'animal  sont  abondantes,  et  inversement.  Quant  au 


76 


INANITION. 


moment  de  l'accroissement  de  l'excrétion  azotée,  il  coïncide  avec  celui  où  la  graisse 
atteint  une  valeur  relative  déterminée.  La  relation  entre  la  destruction  d'albumine  et  la 
teneur  en  graisse  serait  tellement  évidente,  qu'on  peut  conclure  l'une  d«  l'autre  d'après 
E.  Voit,  pour  une  espèce  animale  donnée. 

Grandeur  de  la  désassimilation  azotée.  —  Quant  à  la  grandeur  de  la  désassimilation 
azotée,  on  sait  qu'elle  varie  suivant  plusieurs  influences  au  nombre  desquelles  on  doit 
d'abord  citer  la  taille.  Si  un  individu  de  grande  taille  détruit  plus  d'all)uniine  qu'un 
individu  plus  jtetit,  il  est  facile  de  voir,  en  rapportant  le  chiffre  d'excrétion  azotée  à 
l'unité  de  poids,  que  plus  la  taille  est  petite,  plus  l'excrétion  azotée  est  forte. 

Les  chiffres  suivants  que  nous  empruntons  à  Munk  et  Ewald  mettent  ce  fait  en  évi- 
dence. 


POIDS 

DES      ANIMAUX. 

DÉCOMPOSITION  D'ALBUMINE. 

PAR     JOIR. 

PAR      K  1  L  0  G  R. 

Vieux  chien  gras  .    .    . 
Chien 

kiloiir. 

35 

19,6 

10,1 

8,9 

3,2 

f-'l'- 

29 

31 

21 

21,2 

10,4 

0,83 

1,6 

2.13 

2,4 

3,25 

Sur  des  chiens  de  taille  ditlérenle,  Rïb.ner  a  établi  que  la  désassimilation  d'albumine 
et  de  graisse  dépend  exclusivement  de  la  surface  du  corps.  Plus  celle-ci  est  grande 
par  rapport  au  poids,  plus  le  rayonnement  est  considérable,  et  conséquemnient  plus  le 
phénomène  de  désassimilation  se  pi'oduit  avec  énergie.  C'est  là  un  fait  expérimental 
que  confirme  cette  donnée  aujourd'hui  classique,  et  dont  nous  retrouvons  à  l'état 
normal  l'application  chez  les  animaux  normaux,  à  savoir  que  les  individus  de  petite 
taille  ont  toujours  besoin  de  réactions  chimiques  ititenses  pour  lutter  contre  le  refroi- 
dissement beaucoup  moins  grand  chez  les  animaux  de  plus  grande  taille. 

Cette  raison  est  de  nature  à  expliquer  éj^alement  la  différence  observée  à  ce  point 
de  vue  entre  les  animaux  à  sang  chaud  et  les  animaux  à  sang  froid. 

En  comparant  l'excrétion  azotée  sur  diverses  espèces,  et  en  prenant  la  moyenne  par 
kilogramme  et  par  vingt-quatre  heures,  Athan.\siu  dresse  If  tableau  suivant  : 

Azote  de  grenouille  étant  égal  à  1 

Grenouille 0,250  1 

Chien 0,610  2,4 

Rat 0,740  3 

Cobaye 0,8)80  3,5 

Lapin 1,200  4,8 

Il  corrobore  à  cet  égard  la  différence  essentielle  entre  les  homéotherraes  et  les 
poikilothermes. 


LAPINS. 

ÉTAT    NORMAL. 

AZOTE     TOTAL 

en  grammes  par  24  heures. 

INANITION. 

AZOTE     TOTAL 

en  grammes  par  24  heures. 

N°  3 

0,6626 
0,7196 
0,6877 

0,7021 
0,8744 
0,7735 
De  Buhtlingk. 

N°  4 

N°  6 

Jusqu'ici,  nous  n'avons  mentionné  que  les  résultats   les  plus  généraux,  relatifs  au 
mode  de  désassimilation  azotée.  11  y  a  lieu  maintenant  d'indiquer  une  particularité 


INANITION. 


77 


intéressante  qui  a  été  l'objet  de  rechercli<;s  fjiites  par  Hrymans  et  de  Bothlingk.  Ces  au- 
teurs ont  suivi  la  désassiiiiihilion  azotée  chez  les  herbivores,  et  constaté  (jue  des  ani- 
maux placés  préaliibleinenl  en  écpiilibre  pour  une  ration  déterminée  présentent,  après 
le  début  du  jeune,  une  augmentation  notable  et  croissante  de  l'élimination  d'urée. 

Chez  quelques  animaux,  cette  augmentation  fut  très  considérable. 

Ces  animaux  présentaient  donc  une  augmentation  absolue  de  la  quantité  d'azote 
urinaire  au  cours  de  l'inanition.  Cela  ne  s'est  pas  produit  dans  toutes  les  expériences. 
Mais  en  pieuanl  comme  base  d'appréciation  le  rapport  de  la  quantité  d'azote  au  poids 
de  l'animal,  l'augiuentation  n'a  jamais  i'aitdéfaut  et  s'est  montrée,  danscinq  expériences, 
supérieure  à  ce  qu'elle  est  normalement. 

Il  en  a  été  de  même  pour  l'urée  qui  s'est  accrue  proportionnellement  plus  que  l'azote 
tolal. 


L.\PINS. 

ETAT    NORMAL. 

AZOTE     URKIQUE 

en  «grammes  par  24  heures. 

INANITION. 

AZOTK     URKIQUE 

en  grammes  par  24  heures. 

N»  :i 

0,5721 
0,6362 
0,9051 
0,5837 

0,6471 
0,8054 
0,9751 
0,7096 

N»  i -  .    .    .    . 

N°  0 

L'inverse  se  produit  sur  les  chais  ou  sur  les  carnivores  en  général. Chez  ces  derniers 
et  dès  le  commencement  de  l'inanition,  on  observe  la  baisse  de  l'azote  tolal  el  de  l'urée. 

Quelle  est  la  raison  de  celte  différence  entre  les  lapins  et  les  chats?  L'augmentation 
de  l'azote  tot.tl  pour  les  premiers,  par  unité  de  temps  et  de  poids  correspond, à  100  :  133; 
chez  les  seconis,  au  conh-aire,  l'abaissement  s'exprime  par  le  rapport  100  :  20. 

Les  conditions  de  l'expérience  étant  les  mêmes,  on  doit  en  trouver  l'explication 
dans  la  différence  de  régime,  car  les  uns  sont  herbivores,  les  autres  carnivores. 

Voici  quelle  serait,  d'après  dk  Bothlinok,  l'interprétation  de  ce  phénomène.  En  élimi- 
nant les  réserve»  sous  forme  d'hydrates  de  carbone,  qui  ne  sont  guère  abondantes  dans 
l'état  déjeune,  on  doit  reconnaître  tout  d'abord  que  les  herbivores  aussi  bien  que  les 
carnivores  exécnlent  leurs  échanges  nutritifs  aux  dépens  des  albumines  et  des  graisses. 
Les  conditions  sont  les  mêmes  pour  les  uns  et  les  autres  dès  le  début  du  jeune.  Toute- 
fois, ils  n'y  sont  pas  préparés  de  la  même  manière  et  en  tenant  compte  de  l'alimenta- 
tion antérieure,  les  uns  (lapins)  reçoivent  des  quantités  abondantes  d'hydrocarbonés 
et  peu  daibnmine,  les  autres  (les  chats),  normalement,  ingèrent  plus  d'albumine  que- 
d'hydrate  de  cari»i»ne.  Sous  l'influence  de  l'inanition  brusque,  les  chats  passent  donc 
subitement  d'un  étal,  d'alimentation  riche  en  azote  à  un  autre  qui  en  est  plus  pauvre  et 
nversem  V  poui'  les  lapins.  Celte  différence  chez  les  herbivores  et  les  carnivores 
expliquerait  l'inversion  de  la  courbe  d'élimination  azotée.  Ces  résultats  sont  absolu- 
ment comparaltles  à  ceux  qu'a  obtenus  Heymans,  en  montrant,  en  1896,  que  sur  des 
lapins  en  équilibre  azoté,  l'inanition  est  suivie,  pendant  trois  à  cinq  jours,  d'une 
augmentation  imi'orlante  et  croissante  d'excrétion  azotée.  L'herbivore  se  transforme- 
en  Carnivore.  I.'uiée  diminue  ensuite  au-dessous  de  la  normale  et  subit  l'augmentation 
prémorlelle  sur  laquelle  nous  avons   suftisamment  insisté. 

Rôle  de  l'excrétion  azotée.  —  Il  convient  maintenant  de  rechercher  la  signification! 
de  cette  consian  •  d'azote  dans  le  cours  de  l'inanition,  et  la  valeur  de  sa  contribution  à 
la  dépense  d'énergie  mise  en  liberté  par  l'animal.  C'est  là  une  question  extrêmement 
importante  qui  se  confond  avec  l'étude  des  phénomènes  généraux  de  la  nutrition. 

«  Il  esl  dans  la  loi  du  protoplasma  de  mourir  sans  cesse,  dit  L.\UL.\^'l^;,  et  d'aban- 
donner une  partie  d«  lui-même.  La  matière  vivante  est  entraînée  dans  un  mouvement, 
irrésistible  d'^  désnigmisation  et  de  ruine  qui  met  en  liberté  de  l'albumine  morte.  Cette- 
déchéance  onlimielle  est  la  loi  même  de  la  vie.  Elle  relève  d'une  propriété  immanente 
du  protoplasma,  de  cette  instabilité  déjà  étudiée  et  qui,  par  sa  nécessité,  par  sa  cou- 


78  INANITION. 

stance,  prend  le  caractère  d'un  attribut  essentiel.  On  ne  voit  pas,  il  est  vrai,  la  raison 
de  cette  fragilité  nécessaire,  qui  se  pose  provisoirement  comme  un  fait  premier  et  irré- 
ductible, mais  elle  donne  toute  sa  clarté  au  rôle  de  l'albumine  alimentaire,  et  on  se 
trompe  quand  on  dit  que  ce  rôle  est  inconnu.  Il  est  aussi  apparent  que  possible.  L'albu- 
mine des  aliments  est  faite  pour  remplacer  l'albumine  morte  et  pour  devenir  vivante  à 
son  tour.  » 

De  telle  sorte  que  l'inanition  représente  une  circonstance  particulière  favorable  à  la 
recherche  du  rôle  joué  par  l'albumine.  Or,  précisément  dans  ce  cas,  on  remarque  que 
sa  contribution  chimique  est  très  faible.  En  prenant  les  exemples  empruntés  à  Lau- 
LANiÉ,  nous  voyons  que,  dans  une  expérience  de  Ranke,  un  homme  à  jeun  de  09  kilo- 
grammes emprunte  jO  gr.  i'6  d'albumine  et  206  grammes  de  graisse.  Voici  l'expression 
en  calories  de  cette  dépense. 

Chaleur  produite  par  la  combustion  de  l'albumine .^0,13x4  860=      243  cal.  729 

—  —  de  la  graisse 206       X  9  400  —  1  936  cal.  400 

Total :>180  cal.  129 

Part  de  l'albumine  dans  la  production  de  la  chaleur  totale  :  1,1 1. 

Cette  part  est  partout  très  réduite  et  oscille  dans  des  limites  très  faibles,  comme 
nous  pouvons  le  voir  sur  le  jeûneur  Cetti,  très  pauvre  en  réserves  graisseuses.  Au  pre- 
mier jour  de  jeûne  ses  dépenses  étaient  : 

Albumine 88  gr.  donnant     427  cal.  680 

Graisse 160  gr.        —         1 .504  cal. 

Total.    ...     1931  cal.  680 

Part  de  l'albumine  dans  la  production  totale  :  22,1  p.  100. 

Le  chien  de  Voit  et  Pettenkofer  dépensait  au  10«  jour  d'inanition  28  grammes 
d'albumine  et  83  grammes  de  graisse. 

Chaleur  produite  par  l'albumine 28  x  4,86  =  136  cal.  08 

—  la  graisse 83  X  9,4    =780  cal. 

Total.    .     916  cal.  08 

Part  de  l'albumine  dans  la  production  totale  :  0,148. 

Ces  chiffres  permettent  de  conclure  que  la  part  qui  revient  h.  la  destruction  de  l'albu- 
mine dans  la  production  d'énergie  est  extrêmement  faible,  puisqu'elle  varie  de  10  à 
20  p.  100  environ.  Comme  le  dit  encore  Laula.nié,  «  il  est  impossible  de  soutenir  que 
la  destruction  d'albumine  est  commandée  par  les  besoins  de  la  calorilication.  Elle  reste 
trop  loin  du  but,  pour  qu'il  soit  légitime  de  l'y  rattacher.  » 

3°  Dépense  des  graisses.  Leur  rôle.  —  D'après  les  considérations  précédentes  et  les 
exemples  que  nous  avons  donnés,  on  comprend  le  rôle  important  que  joue  la  graisse 
dans  la  production  d'énergie,  aussi  bien  chez  l'inanitié  que  chez  l'individu  normal.  Elle 
représente  en  réalité  une  réserve  que  l'organisme  utilise  immédiatement,  avant  de 
s'adresser  ù  l'albumine.  Sa  destruction  est  liée  à  la  grandeur  du  besoin  de  calories,  et, 
partant,  la  quantité  de  graisse  détruite  par  24  heures  est  essentiellement  variable. 

L'expérience  de  Ranke  nous  renseigne,  sur  la  part  importante  qui  revient  aux 
graisses  dans  la  production  d'énergie.  Il  s'agit  d'un  homme  pesant  60  kilogr.  et  soumis 
à  un  jeûne  de  48  heures.  Au  second  jour  de  l'inanition  il  élimine:  azote  total  urinaire, 
85'',024;  carbone  total,  184  grammes. 

L'albumine  représentée  par  cette  quantité  d'azote  correspond  à  8K'",024  x  6,25  soit 
îiO^^lS  dans  lesquels  on  trouve  268'", 88  de  carbone  (8,024  X  3,oo).  Le  carbone  dû  à  la 
destruction  des  graisses  est  de  184, o  —  26,88  soit  175^^,62,  correspondant  à  206  grammes 
de  graisse  (157,62  x  1,307). 

L'apport  total  de  calories  se  décompose  de  la  manière  suivante,  comme  nous  l'avons 
déjà  vu  en  citant  cette  même  expérience  : 

Albumine 50  gr.  15  x  4,8=    240  cal.  7  ou  11      p.  100 

Graisse 206  gr.       X  9,3  =  1  915  cal.  8  ou  88,9  p.  100 

Si  nous  opposons  à  cette  expérience  faite  sur  un  individu  gras  une  observation  de 
même  ordre  de  Voit  et  Pettenkoffer  sur  une  personne  maigre,  nous  obtenons  des  résul- 


INANITION. 


79 


tats  parfaitement  comparables  mais  avec  cepeiidaiit  une  différence  qui  met  en  lumière 
le  rôle  dévolu  aux  matières  tarasses. 

Au  premier  jour  de  jeune  sur  cet  individu,  Voit  et  PETiENKOMEn  trouvent: 

Albumine 78  gi-.  X  4,8  i=    312  cal.      ou  lu  p.  100 

Graisse 215  gr.  x  9,3  =  1999  cal.  5  ou  84  p.  100 

La  présence  des  réserves  de  graisse  dans  la  première  de  ces  expériences  a  permis 
de  diminuer  la  valeur  de  l'apport  tiiermique  relatif  des  albumines. 

HiDDKu  et  ScHMiDT  sur  leur  chat,  Voit  et  PETTKNKori'ER  sur  deux  chiens  ont  fait  la 
même  constatation. 

Au  cours  de  l'inanition,  Biddeu  et  Sciimidt  ont  trouvr  sur  le  chat  les  chiffres  suivants: 


JOURS  DE  JEINE 


1,     6 

1,  12 
13,  18 


.A.LBUMINK  PAR   24  HEURES. 


RAMMKS.  CAI.ORIKS.  PlIURCtNTlCK 


1:3,6 

10,7 

,7,8 


t)3.96 
43,87 
31,98 


47,-) 
38,3 

33,:; 


GRAISSE  PAR  24  HEURES. 


GRAMMF.S.  CALOUIES.  POIRCESUGI! 


7.6 
7,61 
6,8 


70,68 
70,77 
63,24 


o2,5 
61,7 
66,0 


Sur  deux  chiens,  Pettenkoffer  et  Voit  trouvent  : 


ALBUMINE  PAR  24  HEURES. 

GRAISSE  PAR  21  HEURES. 

GRAMMES. 

CALORIES. 

porRCEsnr.E. 

GRAMMES. 

CALORIES. 

P01RCF.NTASF. 

72,46 
3o,49 
29,32 
37,19 
17,64 

297,1 

145,3 

120,2 

132,3 

72,3 

27,1 
13,2 
11,5 
13,3 
8,6 

86 
103 

99 
107 

83 

799,8 
957,9 
920,9 
995,1 
771,9 

72,9 
86,8 
88,3 
86,7 
91,4 

—  5  .    . 

—  S  .    . 
Chien  n"  II  :    6  .    . 

—             10  .    . 

Somme  toute,  l'étude  de  la  courbe  de  la  destruction  de  la  graisse  pendant  la  durée 
de  l'inanition  ne  présente  donc  pas  les  particularités  que  nous  avons  relevées  à  propos 
de  l'excrétion  de  l'azote.  La  destruction  se  fait  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  chimiques 
intra-organiques  et  croît  proportionnellement  à  leur  intensité.  C'est  seulement  lorsque 
les  graisses  ont  complètement  disparu  que  l'organisme  utiliserait  d'autres  ressources. 
N6us  avons  vu  précédemment  l'opinion  de  certains  auteurs  sur  cette  disparition  de  la 
graisse  qui  entraînerait  aussitôt  l'élimination  prémortelle  d'une  quantité  plus  considé- 
rable d'azote. 

4°  Dépense  des  hydrates  de  carbone.  —  Glycogénie.  —  Transformations  chimiques 
intra-organiques.  —  La  présence  du  glycogène  dans  les  tissus,  même  après  quinze  jours 
de  jeûne  Ch.vuveau),  la  quantité  du  sucre  que  renferme  le  sang  des  inanitiés,  propor- 
tionnelle h  la  consommation  organique,  démontrent  la  constance  et  la  continuité  de  la 
fonction  glycogénique.  Le  sucre  ne  disparaît  que  dans  la  période  ultime  du  jeûne,  et  sa 
disparition  coïncide  avec  le  refroidissement  prémortel.  Sa  présence  pendant  la  majeure 
partie  du  jeûne  ne  peut  se  comprendre  sans  une  reconstitution  incessante,  parallèle  à 
sa  destruction. 

Quel  est  le  mode  de  cette  reconstitution  ?  Aux  dépens  de  quelles  substances  le  sucre 
prend-il  naissance?  Tels  sont  les  faits  qu'il  y  a  lieu  d'examiner  et  qui  ont  donné  lieu  à 
des  interprétations  différentes. 

D'après  Kaufman.n,  beaucoup  de  raisons  plaideraient  en  faveur  de  la  transforma- 
tion des  albuminoïdes  et  des  graisses  eu  sucre  pour  assurer  ù  l'organisme,  sous  cette 
forme,  une  réserve  mobile  immédiatement  utilisable  pour  les  besoins  du  travail  physio- 
logique. Pendant  l'abstinence,  toute  l'énergie  résulterait  de  l'oxydation  des  matières 
albuminoïdes  et  des  graisses  qui  sont  toujours  consommées  à  l'état  de  sucre. 


80  INANITION. 

Kaufmann  distingue  à  ce  sujet  trois  périodes  principales  :  une  première  pendant 
laquelle  l'organisme  utilise  sa  réserve  hydrocarbonée;  une  deuxième,  caractérisée  par 
la  reconstitution  de  cette  réserve  ;  une  troisième,  enfin,  pendant  laquelle  le  sucre  se 
détruit  dans  les  mêmes  proportions  où  il  se  reconstitue,  ce  qui  revient  à  dire  qu'alors 
l'animal  ne  brûle  que  de  l'albumine  et  de  la  graisse.  En  tout  cas,  chez  l'animal  à  jeun, 
comme  chez  celui  qui  est  alimenté,  «  la  totalité  de  l'énergie  qui  apparaît  sous  forme  de 
chaleur  sensible  dérive  d'oxydations  pures  et  simples  ».  (Kaufmann.) 

Nous  trouvons  dans  une  expérience  de  Kaufmann  l'interprétation  de  ces  phénomènes 
de  transformation. 

1°  Échanges  i*espiratoires  par  heure  : 

C02  produit 4  lit.  -49*     ^  n    Tî      n  7" 

0  absorbé 5  lit.  992     )  ^"  ^^'     "' 

Chien  au  l'ô'  jour  de  l'inanition.   •/  2°  Excrétion  azotée  : 

Azote  total 0,913 

Albumine  correspondante  .    .     1  gr.  2683 
3°  Chaleur  dégagée  au  calorimètre.     27  cal.  9 

Les  calculs  sont  faits  en  supposant  Vo.vydation  complète  et  simultanée  de  l'albumine  et 
de  la  graisse. 

i'  Transformation  de  l'albumine  en  urée.  —  Cette  transformation  exige  : 

Acide  carbonique 0,872  X  1,2683=1  lit.  1059 

Oxygène i,04o  X  1.2683=1  lit.  3254 

Chaleur 4,857  +  1,2683  =  6  cal.  2 

Ces  chiffres  sont  plus  faibles  que  ceux  fournis  par  l'expérience. 

Excédent  de  C02  exhalé 4  lit.   494—1  lit.   1059=    3  lit.    388 

—  d'oxygène  absorbé 5  lit.    992  —  1   lit.  3254=    4   lit.  666 

—  de  chaleur  dégagée 27  cal.  9      — 6  cal.  2        =21  cal.  7 

Un  autre  corps  a  donc  brûlé  en  même  temps  que  l'albumine,  et  on  prévoit  qu'il  s'agit 
de  la  graisse. 

2°  Oxj/dation  de  la  graisse.  —  Dans  l'oxydation  de  la  graisse,  il  y  a  un  dégagement 
de  6  cal.  647  pour  chaque  litre  de  CO-  et  de  4  cal.  650  pour  un  litre  d'oxygène. 

La  chaleur  correspondant  à  l'excédent  de  CO^,  en  admettant  qu'il  provierme  de  la 
combustion  de  la  graisse,  sera  de 

6  cal.  647  x  3,888  =    2  cal.  5 
Quant  à  l'oxygène 

4  cal.  666  X  4,650  =  21  cal.  69 

En  tenant  compte  des  causes  d'erreur  in'nérenles  à  l'expérience,  l'excédent  de  chaleur 
dégagée  au  calorimètre  est  très  sensiblement  voisin  du  chiffre  théorique  21  cal.  69,  et 
on  doit  tirer  de  cette  coïncidence  une  forte  présomption  en  faveur  de  ce  fait  que  chez 
l'animal  inanitié,  en  plus  de  l'albumine,  il  y  a  aussi  oxydation  de  la  graisse. 

Quant  aux  réserves  de  glycose  qui  se  reconstituent  sans  cesse  au  fur  et  à  mesure  de 
la  destruction,  elles  doivent  être  considérées  comme  essentiellement  mobiles.  Les  hydrates 
de  carbone  ne  sont  qu'une  phase  dans  la  transformation  des  albuminoïdes  et  des  graisses 
dans  l'ensemble  des  réactions  qui  les  font  aboutir  aux  deux  derniers  termes  H-0  et  CO'^. 

ZuNTZ  et  Lehmann,  en  se  basant  sur  le  faible  coefficient  respiratoire  d'un  homme 
soumis  au  jeûne,  avaient  conclu  à  la  formation  d'hydrates  de  carbone  de  réserve  aux 
dépens  de  la  graisse. 

D'un  autre  côté,  des  raisons  d'ordre  théorique  et  expérimental  conduisent  Chauveau 
à  cette  notion  que  la  graisse,  dans  l'inanition  comme  à  l'état  normal,  se  transforme  en 
potentiel  hydrate  de  carbone. 

On  ne  saurait  en  effet  interpréter  différemment  la  fixation  d'oxygène  qui  se  produit 
pendant  le  sommeil  hibernal,  avec  disparition  graduelle  de  la  graisse  et  réfection  inces- 
sante du  glycogène  et  du  glucose.  Et  il  ne  s'agit  de  rien  de  particulier  aux  hibernants. 
Chez  tous  les  animaux  inanitiés,  la  résorption  delà  graisse  coïncide  avec  la  permanence 
du  glucose  dans  le  sang  et  la  conservation  du  glycogène  musculaire  et  hépatique. 


INANITION.  8t 

Ouaml  ces  réserves  disparaissent,  c'est  que  leur  ilépciise  n'est  pins  compensée  par 

une   restiUition   suflisante   que   devrait  assurer  la   transformation  de    la  graisse.  Les 

iiydrales  de  carbone  formés  sont  consommée  en  totalité  par  les  travaux  intérieurs  de 

i'orj^'anisme.  De  plus,   le  quotient  respiratoire   présente  une  tendance  très  marquée  à 

l'abaissement. 

(liiAUvEAi;  a  trouvé   une    conlirmation  de  ces  notions   générales    dans   l'étude   du 

,  ,     .  .  C02 

quotient  respiratoire  chez  1  homme  à  l'état  d'abstinence.   La  marche   du  rapport  — ~ 

dans  ces  circonstances  suit  toujours  la  môme  courbe  : 

1"  Accroissement  du  quotient  des  échanges  respiratoires. 

2°  Atténuation  marquée  de  cet  accroissement  pendant  le  cours  de  travail,  s'il  se 
prolonge. 

3°  Chute  du  quotient  respiratoire  h  sa  valeur  primitive,  même  à  une  valeur  inférieure, 
pendant  le  repos  consécutif  au  travail. 

Le  premier  accroissement  du  quotient  concorde  avec  un  fait  que  tous  les  expérimen- 
tateurs ont  vérifié,  à  savoir  que  les  hydrates  de  carbone  assurent  la  dépense  éner- 
gétique exigée  par  le  travail.  Mais  la  diminution  des  quotients,  dans  le  cas  de  prolonga- 
tion du  travail,  ne  saurait  s'expliquer,  d'après  Ciiauveau,  sans  l'adjonction  de  phéno- 
mènes de  même  sens,  mais  de  moindre  intensité  que  ceux  qui  se  produisent  après  le 
travail  et  qui  entraînent  alors  une  forte  chute  du  quotient.  Cette  chute  est  si  sensible 
qu'on  ne  saurait  l'interpréter  sans  invoquer  une  oxydation  des  graisses,  avec  le  quotient 
0,27,  pour  leur  transformation  en  hydrates  de  carbone  et  la  reconstitution  des  réserves 
de  glycogène. 

D'ailleurs  tous  ces  phénomènes  s'accordeVit  très  bien  avec  la  constatation  directe  de 
la  dispoi'ition  des  réserves  de  glycogène  hépatique  et  musculaire  pendant  le  travail:  ce 
qui  explique  l'élévation  du  quotient  au  début.  D'autre  part,  la  reconstitution  des 
réserves  d'hydrates  de  carbone  par  transformation  des  graisses  explique  la  diminution 
consécutive  du  quotient. 

Comme  conclusion  on  voit  don(î  que  :  «  1°  D'après  les  renseignements  fournis  par 
1-es  échanges  respiratoires,  la  graisse  ne  constitue  jamais  le  potentiel  directement 
utilisé  par  les  muscles  en  travail  de  l'homme  à  l'état  d'abstinence. 

«  2°  C'est  sous  la  forme  d'hydrates  de  carbone  que  ce  potentiel  énergétique  est  fourni 
à  l'activité  musculaire. 

«  3°  Le  travail  des  muscles  tend  à  épuiser  les  réserves  de  glycogène  et  de  glycose 
où  ce  potentiel  est  accumulé.  Mais  ces  réserves,  malgré  l'abstinence,  tendent  à  se 
reconstituer  à  mesure  de  leur'consommation.  Le  quotient  des  échanges  respiratoires 
înontre  que  cette  reconstitution  a  lieu  surtout  par  transformation  des  graisses,  dont 
l'utilisation,  comme  potentiel  énergétique  consacré  à  la  contraction  musculaire,  se 
trouve  être,  de  celte  façon,  tout  à  fait  indirecte.  »  (Voir  Laulanik,  p.  499.) 

Nous  trouvons  donc  encore  dans  le  mode  d'utilisation  des  graisses  dans  l'inanition 
des  preuves  nouvelles  de  leur  importance  au  point  de  vue  énergétique,  puisqu'elles  con- 
courent à  la  reconstitution  du  glucose  que  l'organisme  utilise  directement.  C'est  en  cela 
que  la  constance  du  sucre  dans  l'inanition  reçoit  son  interprétation.  En  effet,  si  certains 
auteurs  ont  cru  constater  la  disparition  rapide  des  hydrates  de  carlione  dès  le  début  du 
jeune,  c'est  qu'ils  n'employaient  pas  des  méthodes  suffisamment  précises.  Pi-Li'oKii  a  bien 
montré  par  exemple  que,  tant  que  la  vie  persiste,  il  y  a  du  glycogène.  Après  trente-huit 
jours  d'inanition  chez  un  chien,  20  grammes  de  muscles  contiennent  encore  18  milligr. 
de  glycogène.  Il  en  est  de  même  pour  le  glycogène  hépatique:  Kulz  sur  des  poulets  ina- 
nitiés  a  vu  qu'après  une  diminution  primitive  la  proportion  du  glycogène  augmente 
Jusqu'à  dépasser  de  44  p.  100  la  teneur  des  premiers  jours.  Mais  il  convient  de  dire  que 
Pi-li;gf,r  met  en  doute  ces  résultats,  qui  seraient  dus,  d'après  lui, à  des  erreurs  d'analyse. 

')"  Échanges  respiratoires.  — Il  est  facile  de  déduire,  d'après  l'étude  que  nous  venons 
de  faire  delà  perte  de  poids  et  deséchangcs  nutritifs,  les  modifications  imprimées  par  le 
jeûne  aux  échanges  gazeux  respiratoires.  D'une  façon  absolue,  les  quantités  d'oxygène 
absorbé  et  d'acide  carbonique  dégagé  subissent  une  diminution  importante  qui  n'avait 
même  pas  échappé  à  Lavoisier,  puisqu'il  avait  remarqué  que  du  jeune  à  la  digestion,  la 
consommation  d'oxygène  passe  de  20  litres  et  demi  à  30  litres  et  demi  par  heure. 

DICT.    nu    PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  <i 


82 


INANITION. 


De  même,  Bidder  et  Schmidt  observèrent  sur  leur  chat,  et  au  premier  jour  de  jeûne, 

une  absorption  de  48^'",20  d'oxygène,  accompagnée  d'une  élimination  de  50»''%96  d'acide 

carbonique.  Au  dernier  jour,  l'absorption  d'oxygène  tomba  à  22e'',  12,  et  la  production  de 

GO- 
C02  à  226',26.  Le  rapport  -^  fut  en  moyenne  de  0,765. 

Cette  diminution  a  été  diversement  appréciée  par  les  différents  auteurs.  D'après 
BoussiNGAULT,  BiDDKR  et  ScHMiDT,  elle  Serait  de  50  p.  100  pour  la  tourterelle  et  le  chat. 
Pour  l'homme,  la  diminution  serait  bien  plus  faible  et  d'après  Vieuordt,  Valentin  et 
ScHARLiNG  elle  correspondraità  0,142.  D'après  les  chiffres  de  Speck,  Voit  et  Pettexkoffer, 
JoLYET,  Bergonié  et  SiGALAs,  Hanriot  et  Ch.  RiGHET,  elle  serait  pour  Thomme  de  14  p.  100. 
Comme  le  fait  observer  Laulanié,  le  jeûne  a  plus  d'influence  à  ce  point  de  vue  sur  les 
animaux  de  petite  taille  que  sur  les  grandes  espèces.  D'après  ses  propres  recherches,  sur 
des  animaux  de  5  à  4  kilogr.,  l'absorption  d'oxygène  tombe  de  1/4  ou  1/3,  24  heures 
après  le  repas. 

D'ailleurs,  tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  du  chimisme  respiratoire,  spéciale- 
ment FiNKLER,  RiJBXER,  OcHOTiN,  Regnault  et  Reiset,  Pettenkoffer  et  Voit,  Ranke, 
Hanriot  et  Ch.  RiCHET  sont  d'accord  sur  ce  point.  En  général,  la  diminulion  du  chi- 
misme respiratoire  suit  une  courbe  parallèle  à  celle  de  l'excrétion  d'urée,  sulfates,  etc. 

Voici  quelle  serait,  d'après  Reg.naclt  et  Reiset,  la  valeur  de  cette  diminution  des 
échanges  pour  une  série  d'animaux  appartenant  à  des  espèces  différentes. 


Ei^PÈCE  ANIMALE. 

ÉTAT 

de 

l'alimentation. 

QUOTIENT 

RKSPIKATOIRE. 

OXYGÈNE  ABSORBÉ 

PAU  KIL.  ET  PAR  HEURE 

en  grammes. 

Lapin \ 

} 
Chien ' 

{ 

Poules ^ 

/ 

Canard  

1 

Ktat  normal 

Inanition 

État  normal 

Inanition 

État  normal 

Inanition 

État  normal 

Inanition 

u.;ii 

0,67 

0,10 
0,74 
0.72 
0,92 
0.70 
0.63 
0,6 1 
0,77 
0.69 

0,918 
0,735 
0,763 
1,183 
0.902 
1,164 
0.846 
1,100 
1,177 
1,474 
1,38 

Chez  l'homme,  les  échanges  diminuent  également,  comme  l'ont  très  bien  montré 
Voit  et  Pette.xkoffer,  Zcntz  et  Leuma.xn,  Llxia.ni,  Ha.xriot  et  Ch.  Richet.  L.  Voit  et 
Pettenkoffer  donnent  les  chiffres  suivants  sur  les  échanges  de  Thomme  au  repos  avec 
alimentation  mixte  et  en  inanition. 


Alimentation  mixte  au  repos. 


Inanition. 


\  J. 
(  N. 
\  J- 

f  N. 
p. 

f  N. 
I-J. 

I  N. 


co« 

DÉGAciÉ. 


533 
379 
539  / 
404  \ 
427  } 
312  \ 
379 
316 


912 


943 


738 


67  c 


OXYGENE 

ABSORBÉ. 


235 
474 
469 
450 
450 
330 
420 
323 


709 


919 


780 


743 


QUOTIENT 

RESPIRATOIRE 


1.75 

0,58 
0,8  i 
0,65 
0,69 
0.69 
0.66 
0,71 


0,94 


0,74 


0,69 


0,68 


Cette  diminution  porte  sur  tous  les  éléments  à  la  fois,  aussi  bien  sur  l'absorption 
d'O  et  le  dégagement  de  CO^  que  sur  le  quotient  respiratoire. 


INANITION.  83 

En  ce  qui  concerne  la  diminution  d'acide  carbonique,  on  peut  avec  Gh.  Richet,  à 
qui  nous  empruntons  ce  tableau,  comparer  les  chiffres  des  divers  auteurs  et  noter 
une  constance  remarquable. 

CO*  produit  (par  kilogr.  et  par  lioure)  en  poids. 


Poids 

de  l'individu. 

Jeûno. 

Digestion. 

kilogr. 

60 

0,518 

0,628 

Sl''ECK. 

71 

0,433 

0,542 

Petïenkofker  et  Voit. 

52 

0,545 

0,580 

JOLYET,    BeRGONUO    et    SiGALAS. 

65 

0,514 

» 

— 

50 

0,4'»2 

0,569 
0,580 

Hanriot  et  Ch.  Richet. 

Moyenne.    60 

O.oOO 

Cetti,  Zu.ntz  et  Lehmann  en  1887  ont  signalé  une  diminution  rapide  de  la  produc- 
tion d'acide  carbonique,  qui  se  maintint  à  ce  minimum  pendant  la  plus  grande  partie 
du  jeune.  L'absorption  d'oxygène  diminua  aussi,  et  le  qu^otient  respiratoire,  qui  était 
de  0,74  avant  l'expérience,  tomba  à  0,68  dès  le  2"  jour  et  oscilla  dans  la  suite  entre 
0,66  et  0,68. 

LuciANi  observa  encore  le  même  ordre  de  phénomènes  surSucci. 

Voici  les  moyennes  de  ces  déterminations  sur  les  18  jours  de  jeûne  : 


C0«  produit 

Oxygène  absorbé 

par  kil. 

par  kil. 

CO* 

Jours. 

et  par  heure. 

et  par  lieure. 

02  ■ 

12 

0,433 

0,407 

0,77 

14 

0,282 

0,251 

0,80 

16 

0,171 

0,246 

0,50 

18 

0,109 

0,135 

0,58 

20 

0,313 

0,413 

0,68 

22 

» 

» 

» 

24 

0,417 

0,398 

0,762 

26 

0,3.j3 

0,319 

0,804 

28 

0,362 

0,409 

0,643 

30 

0,491 

0,581 

0,613 

[oyenne.    . 

.    .    .     0,325 

0,351 

0,68 

Variations  du  quotient  respiratoire,  —  Sous  l'influence  de  l'inanition  le  quotient 
respiratoire  tend  assez  rapidement  à  décroître.  Dans  une  expérience  de  Hanriot  et 
Ch.  Richet,  nous  voyons  une  différence  importante  s'établir  déjà  au  bout  de  48  heures. 

Cette  expérience  a  été  faite  sur  un  homme  soumis  préalablement  aune  alimentation 
copieuse,  et  pesant  'Ô2  kilogr. 

1"  avril  (à  jeun Q.  R.  =  0,88 

—      (après  repas) —     =0,93 

2    avril  (à  jeun). —     ^0,92 

4  —    (à  jeun  depuis  26  h.).    ...  —    =0,84 

5  —    ;à  jeun  depuis  48  h.).    ...  —     =0,81 

Du  5  au  21  avril  le  régime  du  sujet  est  modifié.  Il  est  bien  moins  riche  et  la  chute 
du  quotient  respiratoire  est  bien  plus  rapide  dans  une  deuxième  expérience. 

22  avril  ^à  jeun Q.  R,  =  0,76 

23  —    (à  jeun  depuis  48  h.).    ...         —     ^0,68 
Le  même  jour  à  jeun —     =  0,79 

—  —  —     =0,64 

Le  même  jour  deux  heures  après  le 

repas  qui  rompt  son  jeûne  ...        —     =  0,81 

Nous  avons  eu  roccasion  nous-même  d'étudier  les  échanges  respiratoires  sur  deux 
animaux  gras  en  inanition.  Nous  choisîmes  à  cet  effet  des  oies  bien  engraissées  qui 
furent  soumises  pendant  17  jours  à  l'inanition  complète. 


u 


INANITION. 


Elles  n'avaient  que  de  l'eau  à  leur  disposition,   Nous  résumerons  ces  recherches 
dans  les  tableaux  suivants  : 


Élimination  d*aclde  carbonique. 


OIE  N»  1. 

CQî  PAR  KILOG. 

KT  P.\R   HEURK. 

OIK  N»  2. 

COi  PAR  KILOG. 

KT   PAR    HEURE. 

Volunios. 

Poids. 

Volumes. 

Poids. 

État  normal.   .    . 

Inanition  : 

1"  jour 

3-     — 

4«     — 

Ifi»   — 

;  7  '■  — 

0.615 

0,666 
0.445 
0,711 

0,418* 

0,415 

0.403 

0.356 

0.300 

0.251 

1,14 
1  22 

olsi 

1,27 

0,75 
0,74 
0,73 
0,65 
0,51 
0,46 

État  normal.. 

Inaniiion  : 

1"  ioiir. .    .    . 
2-  ■  -  . .    .    . 
3"     —  ..    .    . 
4'     —  ..    .    . 
16'   —  ..    .    . 
17"   —  ..    .    . 

0.5Gi 
0,476 
0,637 
0,500 

0,451 
0,461 
0.309 
0,333 
0,348 
0,365 

1,05 
0,87 
1,14 
0,90 

0.81 
0,82 
0,67 
0,61 
0.64 
0,67 

Elimination  de  CO-  et  Quotient  respiratoire  (Moyennes). 


OIE  N»  I. 

COî  PAR  KILOG. 

ET    PAR    HKIRE. 

y.  R. 

OIE  N»  2. 

CO'  PAR  KILOG. 

ET    P.\R    HEURE. 

Q.  R. 

Poiils  en  trr. 

Poi'ls  en  gr. 

Etat  normal. 

1,11 

0,75 

Etat  normal. 

0,99 

0,89 

Inanition  : 

Inanilii)n  : 

0.68 

0 

0,72 

0,59 

0,71 

0,53 

0.71 

0,52 

V 

0,.57 

0,57 

0,63 

0,60 

L'inanition  entraîne  donc  chez  les  animaux  gras  (oies'i  une  diminution  de  CO-  dès 
le  début  du  jeûne.  Cette  diminution  reste  à  peu  près  constante  dans  la  période 
moyenne.  Elle  s'exagère  dans  les  derniers  jours.  Parallèlement  on  observe  un  abaisse- 
ment de  la  valeur  du  Q.  R. 

Mais  il  ne  s'agit  que  des  quantités  absolues.  En  tenant  compte  de  l'abaissement 
progressif  du  poids  dans  l'inanition,  on  comprend  aisément  que  les  échanges  gazeux 
soient  considérablement  réduits. 

Ces  faits  prennent  une  tout  autre  signification  en  regard  de  la  loi  générale  qui 
règle  les  combustions  respiratoires  sur  les  besoins  de  l'organisme.  On  voit  alors  qu'en 
prenant  les  quantités  d'oxygène  consommé  et  eu  les  ramenant  à  la  valeur  horaire  par 
unité  de  poids,  la  consommation  reste  à  peu  près  invariable. 

III.   —  DE  LA  TEMPÉRATURE  DANS  L'INANITION. 

Courbe  thermique.  —  Chute  de  la  température  dans  le  dernier  jour  de  la  vie. 

Courbe  thermique.  —  La  cons,tarice  thermique  n'est  guère  troublée.  Toutefois  la 
température  présente  certaines  variations  qu'il  faut  indiquer.  D'une  façongénérale  l'ina- 
nition fait  baisser  la  température,  sans  que  cet  abaissement  soit  uniforme.  Les  expé- 
riences de  Ghossat,  comprenant  12  séries  de  déterminations,  prouvent  cetta  diminution 
thermique. 


INANITION.  85 


Chai 

leur 

animale 

à  midi. 

Sonimo. 

^^ 

Moyoïine, 

Defiri's. 

Degrés. 

505,3 

42,11 

:i02,4 

41,87 

406. 4 

41,37 

!"■  tici"S  des  douze  séries.. 

Or       

3'     —  —  . 

Moyenne 41,78 

A  chacun  de  ces  tiers  correspond  un  abaissement  diurne  de  la  température, 
(|ui  tend  progressivement  à  s'exagérer  à  mesure  que  la  vie  se  prolonge,  mais  toutefois 
dans  de  faibles  proportions. 

En  répétant  les  mêmes  expériences  sur  la  température  nocturne,  on  trouve  des 
résultats  dans  le  même  sens,  mais  beaucoup  plus  accentués.  C'est  ainsi  ({ue  la  chaleur 
animale  pendant  l'inanition  est  de  3°, 06  plus  basse  à  minuit  qu'au  même  moment  à 
l'état  normal,  et  qu'ainsi  le  refroidissement  inanitial,  selon  l'expression  de  Chossat,  est 
en  moyenne  six  fois  plus  fort  pendant  la  nuit  que  pendant  le  jour. 

Quant  à  l'oscillation  diurne  de  la  température,  c'est-à-dire  la  différence  entre  la 
température  prise  pendant  la  nuit  et  pendant  le  jour,  oscillation  à  peu  près  égale  à 
0,74,  elle  arrive  à  3°, 28  pendant  l'inanition,  mais  ne  se  maintient  pas  d'une  façon 
constante  pendant  toute  la  durée  du  jeûne.  Elle  augmente  avec  la  durée  de  l'expérience 
et  arrive  à  être  près  de  G  fois  plus  grande  qu'à  l'état  normal. 

La  diminution  de  la  température  ne  suit  pas  une  courbe  absolument  régulière. 
Pendant  les  premiers  jours  d'inanition  la  chute  est  relativement  importante.  Elle  est 
bien  moins  accusée  pendant  la  durée  moyenne  du  jeûne  pour  s'abaisser  fortement  aux 
derniers  moments. 

Il  s'agit  de  variations  relativement  faibles.  Plusieurs  observations  prises  sur 
l'homme  démontrent  qu'il  en  est  ainsi.  Luciani  a  enregistré  sur  Succi  à  la  fin  du  jeûne 
les  mêmes  variations  nyctémérales  qu'à  l'état  normal  et  une  température  sensiblement 
égale.  Au  43' jour  de  son  jeûne,  Meblatti  avait  une  température  de  36°, 8.  Nous-méme 
avons  pu  constater  sur  deux  oies  grasses  une  température  de  39°, 75  et  de  39",!  au 
12' jour  d'inanition  et  de  39°, 1  et  39°, 2  au  17«  jour,  alors  qu'elles  avaient  déjà  perdu 
35  p.  100  de  leur  poids  primitif.  Dans  la  courbe  thermique  de  deux  canards  en  inani- 
tion, Martins  constate  l'abaissement  suivant  : 

Degrés. 

État  normal 42,25 

24  h.  d'abstinence  ....  41,84 

48              —               ....  41,80 

72              —               ....  41,91 

90               —              ;    .    .    .  41,94 

120              —              ....  41,62 

Y  a-t-il,  à  ce  point  de  vue,  des  différences  entre  les  espèces  animales?  D'après 
Ch.  RiCHET  (Art.  Chaleuri,  (c  chez  les  animaux,  la  chute  de  la  température  du  l"  jour 
est  suivie  les  jours  suivants  d'une  chute  très  lente,  mais  régulière;  tandis  que,  chez 
l'homme,  après  une  chute  notable  le  premier  jour,  (0,S7)  d'après  Jurgensen,  le  niveau 
ne  se  déplace  plus,  comme  on  le  voit,  d'après  les  mensurations  prises  chez  Merl-^tti 
Tanner,  Succi,  Cetti.  Peut-être  les  animaux,  avec,  leur  température  de  39°  ou  de 
42°,  peuvent-ils  perdre  plus  que  l'homme,  qui,  ayant  normalement  37°,  ne  dépasserait 
que  de  1°  à  1°,5  les  limites  thermiques  compatibles  avec  la  vie.  » 

Il  y  aurait  donc,  au  point  de  vue  de  l'abaissement  thermique  initial  du  jeûne,  des 
différences  en  rapportavec  les  diverses  espèces  animales.  De  même,  l'intensité  de  la  chute 
de  la  température,  pendant  la  période  moyenne  de  l'inanition,  n'est  pas  la  même  dans 
tous  les  cas.  Ch.  Righet  a  observé  une  chute  de  1°,2  sur  un  chien  à  jeun  depuis  cinq 
jours.  Au  lD«jour  d'inanition,  Bidder  et  Sghmidt  ont  observé  38°, 6,  au  16''  38°, 3,  au 
i7<^  37°, 6,  au  18'=  35°, 8  et  au  19>'  33°.  Autrement  dit,  si  le  sens  général  de  la  courbe  de  la 
diminution  de  la  chaleur  reste  la  même,  il  n'en  est  pas  ainsi  en  ce  qui  concerne  la 
valeur  de  cette  diminution. 

Chute  de  la  température  dans  le  dernier  jour  de  la  vie.  —  La  chute  brusque  de  la 


86 


INANITION. 


température  qui  marque  l'instant  précis  où  l'animal  ne  tardera  pas  à  succomber,  cons- 
titue une  des  particularités  les  plus  curieuses  des  dernières  phases  de  l'inanition. 

C'est  encore  Chossat  qui  a  bien  mis  en  relief  ce  phénomène  important. 

Si  l'on  compare  le  refroidissement  journalier  des  animaux  en  inanition,  évalué 
par  Chossat  à  0°,3  par  jour,  au  refroidissement  durant  le  dernier  jour  de  la  vie,  on 
constate  une  différence  très  considérable.  Dans  le  dernier  jour,  la  température  a 
baissé  47  fois  plus  vite  qu'auparavant.  Et  encore  faut-il  ajouter  que  le  dernier  jour 
n'ayant  pas  toujours  été  un  jour  plein,  ce  chiffre  est  un  peu  faible.  En  tenant  compte 
de  ce  fait,  on  arrive,  d'après  les  tableaux  de  Chossat,  à  un  refroidissement  de  1»,29  par 
heure  pendantcedernierjour.  Quantàl'abaissemeut  totalquiadéterminé  la  mort,  il  a  été 
de  16», 3  en  moyenne,  et  le  degré  de  chaleur  auquel  la  mort  est  survenue  a  été  de  240,9. 

Il  est  certain  que  cette  chute  brusque  de  la  température  est  en  rapport  direct  avec 
les  phénomènes  de  nutrition.  L'organisme  dispose  pendant  le  jour  de  tous  les  maté- 
riaux de  réserve  accumulés  dans  ses  tissus;  mais,  aussitôt  que  ces  substances  sont 
épuisées,  dès  que,  par  ce  fait,  il  ne  trouve  plus  en  eux  les  éléments  de  réparation  et 
l'énergie  nécessaires  au  maintien  de  sa  vie,  la  température  baisse,  et  très  rapidement. 
C'est  un  des  signes  certains  de  la  mort. 

Quant  à  la  valeur  absolue  de  cet  abaissement,  nous  la  trouvons  exprimée  par  les 
chiffres  suivants  : 


T  !•;  M 1  '  É  K  A  T  U  R  K  M  O  Y  E  N  N  E . 

MIDI. 

MINUIT. 

DIFFÉRENCE. 

Premier  jour 

Degrés. 
42,3 

42,0 
41,8 
41,6 

41,4 
41,0 

» 

Degrés. 
40,4 

39,6 
38,7 
37.9 

37,5 
36,7 

26.0 

Degrés. 
1,9 

2,4 
3,1 
3,7 

3,9 
4,3 

10,7    Chossat.) 

Jours  entre  le  \ 

1"  et  Tante-  /  1"  tiers  des  7  jours. . 
pénultième  ,\  2'     —          — 
en  moyenne  V  3'    —           — 
7  jours.  .    .   } 

Pénultième  jour 

Dernier  jour  :  chaleur  au  moment  de 
la  mort 

En  définitive,  si  nous  résunâons  d'après  Chossat  l'action  du  jeûne  sur  la  température, 
on  voit  que  : 

L'abaissement  thermique  est  progressif  avec  un  maximum  au  premier  et  au  dernier 
jour  de  l'inanition. 

IV.  —  MODIFICATIONS  CHIMIQUES  DE  L'ORGANISME. 

LES    VARIATIONS   DE    l'eAU    DANS   l'ORGANISME    DES    INANITIÉS.    —    POTASSIUM    ET    SODIUM. 

Modifications  de  la  composition  chimique  intra-organique.  —  Nos  connaissances  sur 
ce  point  sont  peu  nombreuses. 

Les  observations  de  Bidder  et  Sghmidt  sont  incomplètes  en  raison  du  nombre 
restreint  de  leurs  expériences  et  des  conditions  mêmes  de  leurs  recherches.  Ils  ont 
déterminé  la  quantité  totale  d'eau  dans  l'organisme  inanitié,  ainsi  que  la  proportion 
d'eau  et  de  résidu  solide  dans  les^divers  organes  d'un  chat  mort  d'inanition,  par  compa- 
raison avec  ceux  d'un  animal  normal.  Ils  prirent  comme  témoin  un  animal,  de  même 
espèce  il  est  vrai,  mais  pesant  beaucoup  moins  et  bien  plus  jeune  :  ce  qui  devait  for- 
cément diminuer  la  valeur  de  leurs  résultats.  Les  travaux  de  Lurjanow  et  de  de  Bothlingk 
sont  plus  complets.  Lukjanow,  sur  des  pigeons  inanitiés  et  normaux,  a  recherché,  dans 
les  différentes  parties  de  l'organisme,  la  proportion  centésimale  du  contenu  aqueux  et 
du  résidu  solide.  Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  de  ses  expériences.  Il  suffira  de 
comparer  les  deux  tableaux  suivants  pour  en  dégager  les  principaux  résultats. 


INANITION. 


87 


D'une  manière  gt'nérale,  la  quantitc'î  d'eau  et  de  résidu  solide  des  organes  et  des 
tissus  est  indépendante  du  sexe,  du  poids  du  corps  et  de  l'âge. 

Quant  aux  niodilicalions  dues  à  l'inanition,  elles  ne  sont  pas  très  considérables, 
et  varient  suivant  les  tissus  et  les  organes.  Ainsi  le  cœur,  les  reins,  les  muscles  pecto- 
raux, l'intestin,  le  sang-  et  les  poumons  possèdent  à  peu  près  la  même  quantité  d'eau 
que  normalement.  La  proportion  est  plus  forte  pour  les  muscles  de  la  cuisse  et  le 
fémur,  plus  petite  pour  la  rate  et  les  glandes  salivaires. 

Le  rapport  de  la  (juantité  d'eau  au  résidu  fixe  s'accroît  chez  les  animaux  inanitiés. 
En  moyenne  les  dilférences  observées  entre  les  organes  sont  plus  sensibles  dans  l'ina- 
nition, bien  que  pour  le  foie  et  l'intestin  il  y  ait  une  exception. 

Ces  chifîres,  comme  le  fait  observer  de  Iîothlinok,  ne  permettent  pas  de  juger  de  la 
quantité  totale  d'eau  contenue  dans  l'organisme  entier,  «  car  les  poids  absolus,  ne  tou- 
chant pas  directement  le  but  des  recherches  mentionnées,  ne  s'y  trouvent  indiquées  que 
pour  quelques  parties  du  corps  seulement.  Ainsi  donc,  même  pour  la  proportion  d'eau, 
nous  ne  savons  rien  de  bien  précis;  et,  quant  à  celle  des  autres  substances,  notre  igno- 
rance en  est  absolue.  » 

Aussi  DE  BoTHLiNG  a-t-il  voulu  établir  la  proportion  d'eau,  de  substances  extraites 
avec  l'éther,  d'azote  et  de  sels  minéraux  dans  l'organisme  inanitié.  Il  a  choisi  comme 
sujets  d'expériences  des  souris  blanches. 

Voici  les  chiffres  moyens  qu'il  a  obtenus  : 


MOYENNES 

POUR     UNE     SODRIS     INANITIÉK. 

MOYENNES 

POUR     UNE     .SOURIS     T  É.MO  IN. 

En 
grammes. 

P.   100   du 
résidu  sec. 

P.  100  du 
[loids  total. 

En 
grammes. 

P.  100  du 

résidu  sec. 

P.  100  du 
poids  total. 

Poids  du  corps 

Eau 

14.4770 

10,3382 

0,;i057 

0,3527 

0,6249 

12,227 

8,492 
15,134 

100 

71,467 

3,486 

2,426 

4,316 

22,0930 

14,8616 

0,6666 

2,3921 

0,6705 

9.246 

32,884 

9,294 

100 
67,190 

3,017 
10,904 

3,036 

Azote 

Graisses 

Cendres 

Ou  voil  d'abord  dans  ce  tableau  que  la  graisse  diminue  considérablement  dans 
l'inanition,  conformément  aux  renseignements  exposés  plus  haut.  Quant  à  la  quantité 
totale  d'eau  contenue  dans  l'organisme,  elle  serait  diminuée,  d'après  Bidder  et  Sgh.\iidt. 
Ils  donnent  les  chiffres  suivanls  en  pourcentage  : 

CluUle  en  inanition 58,32  p.   100  d'eau 

Chat   témoin 07,96  — 


Mais  cette  conclusion  ne  concorde  pas  entièrement  avec  celles  de  Lukjanow.  Si 
l'on  se  rapporte  aux  deux  avant-derniers  tableaux,  on  constate  que,  pour  le  sang,  le 
muscle  crural  et  le  fémur,  chez  les  pigeons  inanitiés,  la  proportion  d'eau  est  plus  élevée 
qu'à  l'étal  normal  :  inversement  pour  le  cerveau,  le  foie,  le  pancréas,  la  paroi  intesti- 
nale, la  rate  et  les  poumons.  Datis  le  muscle  pectoral,  les  reins  et  le  cœur,  elle  est 
augmentée  chez  les  mâles,  diminuée  chez  les  femelles. 

V.  NooRDEN  admet  que,  par  l'inanition,  les  tissus  de  l'homme  s'appauvrissent  en  eau, 
et  C.  Von  a  observé  sur  un  chien  que  la  proportion  d'eau  des  organes  subissait  au 
contraire  une  augmentation.  R.de  Buthllngk  a  vu  le  même  fait  sur  les  souris  inanitiées. 
Il  l'interprète  de  la  manière  suivante  :  «  Alors  que  toutes  les  autres  substances 
(l'albumine  par  exemple)  ne  se  trouvent  dans  l'organisme  qu'en  combinaison  avec  une 
quantité  considérable  d'eau,  la  graisse,  par  contre,  entre  dans  la  constitution  de  l'orga- 
nisme, en  majeure  partie  du  moins,  sous  forme  de  gouttelettes  graisseuses,  presque 
pures,  ne  renfermant  pas  d'eau  appréciable.  Il  est  donc  facile  de  prévoir  a  priori  que, 
plus  l'organisme  serait  gros,  moins  il  renfermerait  d'eau.  »  L'expérience  semble 
confirmer  cette  hypothèse,  puisque,  sur  deux  lots  de  souris  témoins;  l'un,  ayant  8,bo6 


88 


INANITION. 
Pigeons  normaux. 


Moyenne  de 
10  màlcs 

Moyenne  île 
10  femelles 

Moyenne  de 
20  mâles  et  femelles. 


292.6 


2:i('..6 


274,0 


SANG. 


IG'» 


7,3;; 


77,07 


2:5,21 


,65 


22,93 


CKRVE.VU. 


79,94 


80,37 


80,16 


20.0ti 


19,03 


19,84 


MU."<CLK 

l'ECTORAI,. 


72.62 


73,28 


72,9.1 


27,38 


26,72 


27,0."J 


FOIK. 


PANCRÉAS. 


7Î,16 


7  4,. 38 


(4.27 


25,81 


2."., 62 


25,73 


74,67 


75,91 


/5,29 


25,;;3 


24,09 


24,72 


Pigeons  inanitiés. 


Moyenne  de 
10  mâles..    .    . 


Moyenne  de 
10  femelles.    .    .    . 

Moyenne  de 
20  mâles  et  femelles. 


POIDS 

DU    CORPS. 


299,3 


274,0 


286,7 


188,8 


190,3 


189,6 


PERTE 


110,5 


83,7 


97,1 


36.9 


30,6 


33,8 


151,2 


151.1 


152,7 


S.VNG. 


T. 

a 

3 

< 

0 

EC 

W 
H 
Z 

u 

f. 

77,36 

22,64 

77,51 

22,49 

77,44 

22,56 

CERVEAU. 


79,73 


79,82 


79,7S 


20,27 


20,18 


20,22 


MUSCLE 

PIXTORAI.. 


73,90 


72,60 


73, 


FOIE. 


26,10 


27.40 


26,75 


72.66 


71.71 


72,19 


27,34 


28,29 


27,81 


INANITION. 

89 

Pigeons  normaux. 

MUSCLK 

1    INTESTIN. 

ItATIv 

KKINS. 

C(KUU. 

POUMONS. 

FK.MTK.         Il 

IRIJKAI.. 

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2;{.G3 

78,9:; 

2i,():i 

77,31 

22,(i9 

76,96 

23,04 

77.98 

22,02 

71,22 

2.-;,  7  8 

'.7,7  i 

52,26 

76,69 

23,31 

78,84 

71, IC. 

77.01 

22,49 

77,31 

22,69 

78,17 

21,8.') 

7:i,.ÔO 

24,o0 

46,21 

53,79 

16,53 

23,47 

78. 9U 

21,10 

77,  i7 

22, .j9 

77,11 

22,86 

78,08 

21,92 

74,86 

2:j,14 

46,48 

;i3,.';2 

Pigeons  inanitiés. 


PANCREAS. 


74,13 


74,02 


74,08 


25,98 


25,92 


INTESTIN. 


76,11 


76,31 


76,21 


23,89 


23,69 


23,79 


RATE. 


78,75 


77,68 


78,22 


21,25 


22,32 


21,78 


REINS. 


77,7  i 


77,36 


77,55 


22,26 


22,6 't 


22,45 


CŒUR. 


77,13 


76,96 


77,05 


22,87 


23,04 


22,95 


POUMONS. 


77,87 


77,47 


Î7,67 


22,13 


22,. 53 


22,33 


MUSCLE 

(  RDR.\I.. 


76,94 


76,20 


76,57 


23,06 


23,80 


23,13 


FEMUR 

DROIT. 


53,60 


50,03 


;i,.52 


47,00 


49,97 


48,40 


90 


INANITION. 


p.  100  lie  graisse,  renferme  69,59  p.  100  d'eau,  le  deuxième,  ayant  13,21)1  p.  100  de  graisse, 
contient  seulement  04,782  p.  100  d'eau. 

Dans  les  deux  groupes  de  souris  inanitiées,  de  Buthling  a  encore  enregistré  une 
augmentation  relative  d'azote,  ce  qui  «  démontre  que  la  perte  relative  des  substances 
azotées  dans  l'inanition  par  rapport  à  leur  quantité  primitive,  est  moindre  que  les 
pertes  relatives  de  l'organisme  entier  ». 

On  voit  enfin  dans  l'examen  du  dernier  tableau  que  raccroissement  de  la  proportion 
relative  des  cendres  dans  l'inanition  plaide  en  faveur  d'une  destruction  minime  du 
tissu  osseux  que  Chossat,  Voit,  Manasski.x,  Vierordt,  Hermann,  Miescher  et  d'autres 
ont  observée. 

En  définitive,  et  pour  résumer  ses  recherches,  de  Bôthlingk  tire  du  dernier  tableau 
les  chiffres  suivants  concernant  la  dépense  de  matériaux  dans  l'inanition  par  compa- 
raison avec  leur  quantité  initiale. 

Sur  14s',861G  d'eau,  sont  dépensés  4b%5234,  soit  30,44  p.  100 

—  2fc-%3921  de  graisse      —  2k',0394,    —    85,26      — 

—  0k%6666  d'azote  —  0»%1623,    —    24,35       — 

—  0''-,6705  de  cendre      —  0?%0456,    —      6.80       — 


Les  variations  de  l'eau  dans  l'organisme  des  inanitiés.  —  Cette  question  a  été  abordée 
en  France  par  H.  Ro(;er,  qui,  se  basant  sur  l'importance  relative  de  l'élimination 
aqueuse  dans  l'inanition,  s'est  demandé  si  l'organisme  se  déshydrate  réellement  ou 
bien  s'il  fabrique  la  quantité  de  liquide  qui  s'échappe. 

Pour  apprécier  la  valeur  de  la  déshydratation  organique,  il  a  pratiqué  des  dosages  de 
la  proportion  d'eau  dans  le  sang  du  cœur  et  dans  le  sang  veineux,  sur  des  lapins  inani- 
tiés et  ensuite  réalimentés.  Voici  les  deux  courbes  que  nous  extrayons  de  son  travail. 


Es  u 

du 
Sang 

Vo 

68 
66 
S". 
62 

80 

1 

o 

C 

«S 

Période 

de 
Jeune 

Reprise 
de 
■  l'alimentstlon . 

1 

2 

3 

4 

\ 

2 

3 

4- 

5 

6 

7 

8 

\ 
1 

■ 

1 

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du 
sang 

°/o 

90 
88 
86 
S*. 
82 
80. 

o 

Pé rio  de 

de 
Je  One 

Reprise 
de 
l'alimentation 

1 

2 

3 

h 

1 

2 

3 

' 

5 

6 

y 

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1 

1 

1 

1 

FiG.  3.  Proportions  d'eau  du  sang. 


FiG.  4.  Proportions  deau  du  sang 


Ces  chiffres  signifient  qu'au  début  de  l'inanition  la  teneur  en  eau  augmente  pour 
s'abaisser  après  deux  ou  trois  jours  au-dessous  du  taux  initial. 

Avec  la  réalimentation  la  quantité  d'eau  dépasse  la  normale.  Il  se  produit  ce  que 
H.  Roger  appelle  la  crise  hydrcmique.  Telle  est  la  courbe  de  la  proportion  d'eau  que 
renferme  le  sang  du  cœur. 

Celle  du  sang  veineux  est  sensiblement  différente.  En  général  le  sang  veineux  durant 
l'inanition  est  plus  déshydraté.  Par  contre  la  forme  hydrémique  de  la  réalimentation  est 
moins  importante. 


INANITION. 


9i 


Les  tissus  subissent  donc  une  perte  d'eau  importante  pe-idant  le  jeûne.  Mais,  pour 
faire  face  à  cette  déshydratation,'ils  en  produisent  des  quantités  considérables. 


RAT 

1-;  N      DIGESTION. 

RAT    A   JEUN 

(10      IIEIRKS. 

DIFFÉRENCE. 

Poids  de  l'animal 

Teneur  en  eau  : 
Poumons 

148  gv. 

77,65 

77,83 

75,66 

72,15 

70,1 

70,43 

54,59 

154-128  gr. 

73,1 

78,29 

76,26 

73,34 

74,2 

75,64 

61,77 

—  4,55 
+  0,46 
+  0,6 
+  1,39 
+  4,1 
+  5,21 
+  7,28 

Cerveau.    .    .        .    .        .    . 

Rate 

Reins 

Foie 

Muscles 

Peau  et  tissu  sous-cutané.   .    .    . 

«  En  résumé,  conclut  H.  Roger,  contrairement  à  ce  qu'on  aurait  pu  supposer,  l'ina- 
nition n'a  pas  pour  conséquence  une  déshydratation  de  l'organisme.  Dans  le  jeune  absolu, 
de  l'eau  se  produit  en  abondance,  mais  elle  n'arrive  pas  à  répondre  aux  besoins  des  cel- 
lules. Dans  l'inanition,  comme  dans  la  plupart  des  étais  morbides,  il  faut  que  l'eau  se 
trouve  en  grand  excès.  C'est  ce  qui  se  produit  quand  on  reprend  l'alimentation.  » 

L'auteur  a  également  observé  que  ce  sont  surtout  les  tissus  riches  en  graisse  qui 
contiennent  le  plus  de  liquide.  Il  admet  donc  que  la  production  d'eau  doit  être  attribuée 
au  dédoublement  des  hydrates  de  carbone  et  des  graisses. 

Potassium  et  sodium.  —  Il  convient  encore  de  signaler  certaines  recherches  de  de 
BôTHLixGK,  sur  la  quantité  de  potassium  et  de  sodium  que  renferment  les  souris  inani- 
tiées.  Voici  les  moyennes  : 


Moyenne  pour  les  souris  inaniliées. 
Moyenne  pour  les  souris  témoins. 


CHIFFRES 

ABSOLU  .s. 


Potasse. 


0,0138 
0,0151 


Soude. 


0,0147 
0,0260 


POUR    100 

DE     CENDRES. 


Potasse. 


2.208 
2,252 


Soude. 


2,352 
3,878 


POUR    100 

DD     POIDS    TOTAL. 


Potasse. 


0,094 
0,068 


Soude. 


0.102 
0.117 


Les  souris  inanitiées  renferment  donc  proportionnellement  plus  de  potassium  et 
moins  de  soude  que  les  témoins.  Cela  laisse  supposer  que  ces  deux  éléments  possèdent 
un  rôle  différent  dans  l'organisme.  Ce  résultat  est  en  contradiction  avec  des  expériences 
de  MuNK.  Toutefois  il  concorde  mieux  avec  l'opinion  courante  que  le  potassium,  consti- 
tuant un  élément  organique  plus  fixe  que  le  sodium,  n'abandonnerait  les  tissus 
qu'au  fur  et  à  mesure  de  leur  destruction. 


V.  —  PROCESSUS  ATROPHIQUES   DANS   L'INANITION. 

Atrophie  cellulaire.  —  Altérations  du  système  osseux. —  Modifications  des  testicules  et 
DES  ovaires.  —  Modifications  des  capsules  surrénales  et  des  glandes  thyroïdes.  — 
Modifications  du  système  nerveux. 

Du  processus  atrophique  dans  l'inanition.  — Nous  avons  déjà  vu,  dans  l'étude  que  nous 
avons  faite  de  la  perte  de  poids,  que  tous  les  organes  ne  participaient  pas  également  aux 
phénomènes  de  dénutrition  engendrés  par  la  suppression  de  ralimentation.  Mais 
ce  fait  n'infirme  en  aucune  façon  la  possibilité  d'un  processus  atrophique  intéressant 
tous  les  éléments  anatomiques,  même  des  tissus  dont  la  perte  de  poids  est  réduite  au 


92  INANITION. 

minimum  comme  le  système  nerveux,  le  système  osseux.  En  réalité,  les  nombreuses 
observations  anatonio-pathologiques  que  nous  possédons  permettent  de  généraliser  à 
tous  les  éléfnents  cellulaires  de  l'organisme  cette  action  destructive,  comme  il  est  facile 
de  s'en  rendre  compte,  si  l'on  passe  en  revue  les  faits  d'observation  macro-  et  micro- 
scopiques. 

A  ne  considérer  que  les  troubles  les  plus  généraux,  ou  constate  tout  d'abord  que  la 
perte  de  poids  du  sang  suit  une  marche  parallèle  à  celle  du  corps,  que  toutefois  la  quan- 
tité de  matières  albuminoïdes  est  très  peu  niodiliée  (Heide.nhain,  Valentis  et  Pancm). 
Le  nombre  des  globules  blancs  augmente  et  les  hématies  prennent  une  forme  plus  al- 
longée (en  aiguille).  Dans  l'urine  on  trouve  de  l'albumine, des  pigments  biliaires,  surtout 
dans  les  derniers  moments  du  jeune  (Fberichs,  Bischoff,  Schultzen,  Rose.ntiiai,,  Manas- 
sEix,  etc.). 

A  l'autopsie  on  trouve  des  animaux  très  amaigris  et  une  atrophie  musculaire  consi- 
dérable. Le  cerveau  est  très  hypérémié,  le  cœur  mou,  le  foie  rapetissé,  hypérémique. 
La  vésicule  biliaire  est  remplie  de  bile.  La  rate  est  très  petite.  Dans  le  caîcum  et  l'in- 
testin il  y  a  des  matières  fécales,  liquides  dans  le  premier,  solides  dans  le  second.  Les 
parois  du  gros  intestin  sont  très  congestionnées.  La  longueur  du  tube  intestinal  est 
diminuée,  plus  considérablement  chez  les  animaux  jeunes  que  chez  les  animaux  âgés. 
Les  reins  sont  très  anémiés,  parenchymaleux  ;  les  canaux  urinifères,  élargis.  De  même 
pour  les  canaux  séminifères.  Quant  aux  spermatozoïdes,  ils  exécutent  des  mouvements 
30  heures  encore  après  la  mort.  Le  sang  est  lluide,  très  coagulable  et  noir.  On  y  trouve 
des  bulles  de  gaz,  constataiion  faite  par  Manasseïn  sur  108  cadavres.  L'auteur  russe 
pense  qu'il  s'agit  là  d'un  phénomène  encore  inconnu  ou  bien  explicable  par  la  destruc- 
tion ou  la  décomposition  de  certains  •■léments  cunslituanls  du  sang. 

Telles  sont  dans  leur  ensemble  les  principales  observations  d'ordre  anatomo-palho- 
logique  que  l'on  peut  faire  sur  les  cadavres  d'animaux  inanitiés.  Il  nous  reste  mainte- 
nant à  mentionner  le  résultat  des  recherches  histologiques  susceptibles  de  nous  rensei- 
gner sur  la  nature  du  processus  atrophique. 

Ces  moililicationsstructurales  produites  au  sein  de  l'élément  cellulaire  par  l'inanition 
n'ont  pas  échappé  à  l'attention  des  observateurs,  et  à  l'heure  actuelle  tout  le  domaine  du 
vaste  champ  cellulaire  a  été  exploré. 

Atrophie  cellulaire.  — Comme  nous  venons  de  le  voir,  on  peut  admettre  la  générali- 
sation de  celle  atrophie. 

Dans  ses  recherches  histologiques  sur  des  animaux  inanitiés,  Lazakew  a  suivi  l'évo- 
lution atrophique  cellulaire,  son  début,  ses  rapports  avec  la  perle  de  poids,  en  choisis- 
sant les  éléments  cellulaires  du  foie,  du  pancréas  et  du  cœur.  Ses  déterminations  por- 
tent sur  une  série  très  considérable  qui  donne  aux  chiffres  suivants  une  valeur  impor- 
tante. 

Les  expériences  ont  été  faites  sur  des  cobayes.  Le  tableau  (p.  0.3)  monlro  que,  chez 
un  même  animal,  il  existe  un  rapport  entre  le  volume  des  cellules  et  le  poids  du 
corps,  aussi  bien  à  l'état  normal  que  pendant  l'inanition.  Les  modifications  du  corps 
cellulaire,  comme  celles  du  noyau,  ne  sont  guère  apparentes  qu'au  moment  où  la 
perle  de  poids  atteint  20  p.  100.  Et  la  diminution  de  volume  est  surtout  considérable 
dans  la  dernière  période  de  l'inanition,  au  moment  de  la  mort. 

D'autres  auteurs,  Mankowski,  Rosenbach,  Ochotin,  ont  également  observé  des  modifi- 
cations manifestes  du  corps  cellulaire. 

Ochotin  a  ainsi  constaté  que  les  altérations  cellulaires  commencent  à  un  degré  assez 
avancé  de  l'inanition.  Les  expériences  portent  siu"  une  série  de  lapins,  qu'il  a  divisés 
en  cinq  groupes,  distincts  suivant  le  degré  de  la  perte  de  poids. 

Dans  le  premier  lot  (perte  de  .30  à  36  p.  100),  on  constate  les  modifications  habi- 
tuelles :  atrophie  générale  des  organes.  Dans  le  foie,  on  trouve  des  îlots  anémiés.  Les 
cellules  hépatiques  sont  te  siège  d'une  dégénérescence  graisseuse.  Quelques  noyaux 
présentent  des  figures  karyokinétiques.  I>es  cellules  ont  deux  noyaux.  Le  tissu 
conjonctif  est  proliféré.  L'épithélium  rénal,  le  muscle  cardiaque  et  les  muscles  du  corps 
montrent  des  lésions  dégénérées  qui  entraînent  finalement  la  disparition  des  stries. 

Dans  le  deuxième  lot  (perte  de  poids  de  26  p.  100*,  les  altérations  sont  de  même 
nature,  mais  moins  accentuées. 


INANITION. 


^3 


Chez  les  animaux  des  troisième;  et  ([uatii("'me  {j;i'(m|)t\s  (perte  de  poids  de  18-20  p,  100 
et  10-13  p.  100),  il  n'y  a  guère  de  modidcations.  Entîn,  une  perte  de  poids  de  4  p.  100 
n'imprime  aucune  altération  organique  des  tissus. 

Ldk.ia.\ow  a  publié,  sur  cette  question,  des  travaux  très  remarquables. 


NUMÉROS 

GRANDI 

^:UR    NO 

R  M  A  L  E 

FOIE. 

!•  ANCUKAS. 

DKS 

animaux. 

POIDS 

inifal. 

Corps  cpllulaire. 

Noyau. 

Corps  cellulaire. 

Noyau. 

A 

a 

A 

"' 

A 

a 

A' 

a' 

18 

670 

21.5 

18,6 

7,6 

7,0 

31 

r)4G 

21  2 

18.8 

7.8 

6,8 

15.3 

14,5 

6,1 

5,4 

51 

580 

19,2 

19,6 

7,8 

6,9 

15,5 

14,2 

4,9 

5,4 

Moyenne. 

21,1 

19,0 

7.7 

6,9 

15,4 

14,4 

6 

5,4 

Pour  une  perte  de  poids  de  20 

p.  100. 

42 

.jjfi 

17,0 

16,2 

■?,! 

6,4 









■JS 

525 

17.9 

17,0 

7.6 

6,9 

14,9 

14.2 

6,0 

5,5 

G6 

610 

18,7 
17.'.) 

17,8 

7,7 

6,8 

14,9 

13,3 

6,1 

5,6 

Moyenne 

17 

7  ■; 

fi_7 

14,9 

1  i  1 

6  0 

5  5 

J)ans  l'inanition  complets 

29 

563 

17,6 

15,6 

7,0 

6,2 







_ 

34 

600 

16,9 

15,8 

6,8 

5,9 

13,7 

11,6 

5,9 

5,2 

54 

670 

16,9 

16,1 

7,0 

0,2 

13.4 

11,9 

5,6 

6,2 

Moyenne 

17,1 

15,8 

6,9 

6,1 

13,5 

11,7 

5,8 

5,2 

A   =  diamèti 

e  lonf/itudinal  cellulaire. 

A'  =         — 

—             ilïi  »oi/a>i. 

a    =  rliamèti 

e  transuersal  cellulaire. 

(i     = 

—          du  noyau. 

Il  a,  d'ailleurs,  moins  voulu  suivre  pas  à  pas  les  altérations  structurales  de  la 
cellule  dans  leurs  rapports  avec  l'inanition,  que  dégager  de  ce  processus  atrophique  la 
signification  fonctionnelle  du  noyau  et  du  corps  cellulaire. 

Déjà,  en  1889,  Morpurgo  avait  signalé  l'atrophie  simple  des  éléments  spécifiques  du 
foie,  du  rein,  du  pancréas  du  pigeon,  au  point  de  pouvoir  expliquer  entièrement  la 
-perte  de  poids  de  l'organe.  D'après  Ijni,  les  noyaux  ne  prendraient  qu'une  très  légère 
part  à  cette  alrophie.  Ce  sont  justement  les  modifications  présentées  par  le  noyau  qui 
ont  fixé  l'attention  de  Lukj.anow  et  de  ses  élèves. 

L'assimilation  établie  entre  le  noyau  cellulaire  et  les  bactéries  entraîna  tout  d'abord 
un  élève  de  Lukj.vnow,  E.  S.  London,  à  étudier  sur  celles-ci  les  phénomènes  d'inanition, 
qu'il  appréciait  à  l'aide  d'un  instrument  désigné  par  lui  sous  le  nom  de  microhio- 
mètre.  Il  a  constaté  d'abord  que,  par  l'iiuuiiLion,  les  bactéries  perdent  de  leur  poids. 

Elles  arrivent  à  leur  minimum  de  volume  après  une  inanition  de  4  à  16  jours.  Leur 
perte  de  poids  est  corrélative  de  cette  diminution  de  volume,  et  peut  arriver  à  51  p.  100. 

Chose  curieuse  à  signaler  :  après  cette  période,  les  bactéries  peuvent  se  maintenir 
longtemps  —  42  à  80  jours  —  au  même  niveau,  et  les  ensemencements  réalisés 
témoignent  du  maintien  de  leur  vitalité.  On  peut  admettre  que,  durant  cette  phase  de 
leur  inanition,  elles  passent  à  l'état  de  vie  latente. 

Ces  premiers  résultats,  (jui  permettaient  d'attiibuer  au  noyau   cellulaire  un  rôle 


94  INANITION. 

différent  de  celui  de  la  cellule  elle-même,  trouvent  encore  un  point  d'appui  dans  les 
travaux  de  G.  G.  BrOnner  et  E.  A.  Downahowitsch. 

(i.  G.  Brinner  remarque,  en  effet,  que  les  cellules  pancréatiques  du  lapin,  dont  l'ina- 
nition peut  entraîner  une  perte  de  poids  de  35  p.  100,  subissent  une  diminution  de 
10,11  p.  100  pour  le  diamètre  maximum  longitudinal,  et  13,25  p.  100  pour  le  diamètre 
maximum  transversal.  Les  diamètres  correspondants  du  noyau  diminuent  parallèlement 
de  3,09  p.  100,  et  de  6,90  p.  100.  En  se  basant  sur  ces  différences,  il  apparaît  que  les 
noyaux  réagissent  à  l'inanition  d'une  façon  autre  que  le  protoplasma. 

De  même,  E.  A.  Dow.xarowitsch  a  noté  des  résultats  analogues  sur  des  cellules 
de  la  moelle  épinière  de  lapins  privés  de  toute  nourriture  et  de  boisson.  Lorsque 
l'inanition  provoque  une  perte  de  40  p.  100  du  poids  total,  le  volume  des  noyaux  cel- 
lulaires diminue,  en  moyenne,  de  25,4  p.  100.  et  celui  des  nucléoles  de  43,5  p.  100,  et 
on  note  l'absence  à  peu  près  complète  de  modifications  structurales  du  noyau  et  des 
nucléoles. 

Bien  que  le  système  nerveux  soit,  de  tous  les  tissus,  le  plus  résistant  à  l'inanition, 
il  présente  néanmoins  quelques  altérations  histologiques.  De  même  qu'il  y  a,  à  ce 
point  de  vue.  une  hiérarchie  des  tissus  déjà  établie,  ainsi  les  éléments  anatomicjues 
réagissent  différemment  à  ce  processus  atrophique,  qui  ne  les  atteint  pas  tous  au  même 
degré. 

N.  S.  Lazarkw,  comparant  les  cellules  du  foie  et  du  pancréas,  ainsi  que  les  dimen- 
sions de  leurs  noyaux,  établit  celte  inégalité.  Il  soumet  au  jeune  absolu  des  cobayes 
qu'il  répartit  en  trois  séries.  L'une  comprend  des  cobayes  normaux;  la  deuxième,  ceux 
qui  ont  perdu  21  p.  100  du  corps;  et -la  troisième,  ceux  qui  ont  perdu  25  p.  100 
environ.  Or,  en  faisant  les  mensurations  du  corps  et  du  noyau  cellulaire  sur  les  élé- 
ments anatomiques  du  foie  et  du  pancréas,  il  en  ressort  une  iuégalité  indi(|uant  que 
les  noyaux  des  cellules  hépatiqut^s  dans  le  jeûne  absolu  diminuent  de  volume  avant  les 
noyaux  des  cellules  pancréatiques.  Finalement,  la  perte  subie  par  les  cellules  hépatiques 
est  beaucoup  plus  forte  que  celle  des  cellules  du  pancréas. 

LuKJANOw,  pour  mieux  pénétrer  les  phénomènes  de  l'individualité  distincte  du 
noyau  et  du  corps  cellulaire,  a  procédé  à  de  nombreuses  déterminations  karyométriques 
dans  l'inanition  absolue  et  dans  l'inanition  incomplète,  avec  prédominanci;  île  telle  ou 
telle  substance  alimentaire.  Ses  expériences  ont  été  faites  sur  la  souris  blanche. 

En  comparant  sur  les  cellules  hépati(]ues  de  ces  animaux  les  moyennes  de  diamètres 
longitudinaux  et  transversaux  chez  les  animaux  normaux  et  inanitiés,  on  voit  que  l'ina- 
nition absolue,  qui  aboutit  à  une  perte  de  poids  moyenne  de  30  p.  100,  provoque  une 
diminution  de  19,2  p.  100  pour  le  diamètre  longitudinal,  et  de  16,4  p.  100  pour  le  dia- 
mètre transversal.  Prenant  ces  mesures  pour  point  de  repère,  et  déterminant  de  cette 
manière  les  dimensions  volumétriques,  il  a  trouvé  que  le  noyau  cellulaire  de  la  cellule 
hépatique  perd  44,6  p.  100  de  son  volume  initial,  par  conséquent,  plus  que  le  corps 
entier  en  poids.  Dans  l'inanition  incomplète,  avec  prédominance  soit  de  lait,  soit  d'albu- 
mine, soit  de  peptone,  soit  de  sucre,  ces  dimensions  ne  subissent  pas  toujours  la  même 
diminution. 

LuKJANOw  s'appuie  sur  tous  ces  résultats  pour  conclure  qu'il  y  a  une  inanition  cellu- 
laire et  une  inanition  du  noyau.  L'une  et  l'autre  présentent  des  caractères  différents. 
Cette  différence  répond  sans  doute  à  des  différences  histologiques  qui  impliqueraient 
l'indépendance  vitale  du  noyau  par  rapport  à  la  cellule,  comme  celle  de  la  cellule  par 
rapport  à  l'organe.  En  dehors  des  raisons  d'ordre  morphologique,  l'inanition  constitue- 
rait ainsi  un  procédé  de  plus,  capable  de  nous  déceler  la  complexité  de  l'élément  cellu- 
laire, et  l'autonomie  de  ses  parties  constituantes  :  le  protoplasma  ou  corps  cellulaire 
et  le  noyau. 

A  côté  de  ces  phénomènes  de  destruction  cellulaire,  il  est  intéressant  d'opposer  la 
question  de  la  régénération  cellulaire.  Que  devient  celle-ci  pendant  l'inanition? 

Cette  question  abordée  par  Flemmixg  IZellsubstanz,  Kern  und  Zelltheilung ,  1882, 
p.  270).  BizzozERO  et  Vassale  [Archivio  per  le  science  mediche.,  xi,  n°  xii),  Hofmeister 
[Arch.  fur  exp.  Path.  und  Pharm.,  xxii,  320),  a  permis  de  se  rendre  compte  que,  même 
chez  un  animal  mort  de  faim,  on  trouvait  encore  dans  les  diverses  cellules  de  ses 
organes  des  figures  karyokinétiques.  A  la  suite  de  ces  auteurs,  Morpurgo  voulut  pré- 


INANITION.  ^5 

ciser  le  rapport  qui  existe  entre  l'activité  productrice  et  régénératrice  des  éléments 
cellulaires  des  divers  organes,  et  la  suppression  totale  de  ralimentation.  11  opéra  sur 
des  lapins  d'âge  différent,  et  arriva  à  cette  conclusion  que,  même  pendant  l'inanition 
ai"uë, le  processus  de  néoformation  cellulaire  par  scission  indirecte  existe.  Les  figures 
karyokinétiques  se  montrent  aussi  bien  dans  les  organes  en  voie  de  développement 
que  dans  les  organes  d'animaux  morts  de  faim.  Toutefois  ce  processus  de  néoformation 
cellulaire  devient  moins  actif  par  le  fait  de  l'inanition.  II  est  plus  faible  dans  les 
cellules  glandulaires  peu  différenciées,  et  dans  les  épithéliums  de  revêtement.  Parmi 
les  organes  différenciés,  les  organes  génitaux  sont  les  seuls  qui  présentent  un  processus 
caryokinétique  extrêmement  intense,  ce  qui  prouve  leur  haute  individualisation. 

Cette  observation  liistologique  s'accorde  parfaitement  avec  les  résultats  fournis  par 
MiESCHER  dans  ses  belles  expériences  sur  les  saumons  du  Rhin.  On  sait  qu'à  la  suite  de 
leur  longue  migration,  Miescher  trouva  qu'en  dehors  de  toute  alimentation,  ces  poissons 
présentent  une  émaciation  générale  de  leur  système  musculaire  et  de  leurs  divers  sys- 
tèmes glandulaires,  à  l'exception,  toutefois,  de  leurs  glandes  génitales,  dont  le  dévelop- 
pement devient  énorme,  et  paraît  ainsi  s'être  produit  aux  dépens  des  autres  substances 
des  tissus. 

Des  observations  de  Morpurgo  découlerait  cette  constatation  importante  que  l'ina- 
nition n'entrave  nullement  la  néoformation  des  cellules  du  testicule,  et  que  les  glandes 
génitales  continuent  à  foi'nier  des  cellules  spécifiques.  Grandis  rechercha  plus  tard  si 
les  cellules  génitales  fournissent  de  nouveaux  éléments  destinés  à  se  transformer  en 
spermatozoïdes.  Ses  expériences  furent  faites  sur  les  pigeons  qu'il  maintenait  en  inani- 
tion suivant  un  temps  variable  pour  échelonner  une  série  complète  d'observations  his- 
tologiques.  Il  remarqua,  dans  ces  conditions,  qu'uiTjeûne  de  quelques  jours  altère  la 
production  des  spermatozoïdes;  que  la  formation  néocellulaire  n'est  plus  destinée  à 
la  production  d'éléments  spécifiques  ;  bien  plus,  que  les  spermatozoïdes  meurent  dans 
l'intérieur  des  tubes  séminifères.  En  outre,  tous  les  éléments  du  canalicule  spermatique 
ne  ressentent  pas  également  les  effets  du  jeûne.  Les  spermatozoïdes  meurent  d'abord, 
puis  les  éléments  de  la  couche  centrale,  enfin  ceux  de  la  couche  moyenne. 

Ces  considérations  nous  démontrent  donc  que  le  processus  atrophique  intéresse 
presque  toutes  les  cellules  en  généi-al,  mais  que  la  néoformation  dans  certains  organes, 
comme  le  testicule,  peut  rester  encore  assurée. 

Altérations  du  système  osseux.  —  Bizzozero,  Torre,  Goyer,  Neuuann  ont  suivi  les 
modifications  osseuses  dans  le  jeûne,  et  les  ont  réduites  à  une  atrophie  et  une  dispari- 
tion des  graisses.  Soltz  a  repris  cette  étude  sur  des  chiens  inanitiés,  ayant  perdu  de 
14,2  à  52,1  p.  100  de  leur  poids.  Il  arrive  aux  résultats  suivants  : 

L'hypérémie  de  la  moelle  osseuse  est  la  cause  de  sa  rougeur  dans  les  premières 
périodes  de  l'inanition.  Dans  la  dernière  phase,  elle  est  la  conséquence  de  la  dispa- 
rition des  graisses.  La  dégénérescence  muqueuse  survient  dans  ta  période  moyenne. 
En  même  temps  les  cellules  osseuses  se  modifient.  Elles  se  rapetissent  et  preiment 
la  forme  étoilée.  Certaines  se  détruisent,  d'autres  perdent  seulement  la  matière  grasse, 
lovit  en  conservant  leur  forme  et  leurs  dimensions  primitives,  et  se  remplissent  d'une 
substance  qui,  contrairement  à  l'opinion  de  Bizzozero,  ne  donne  pas  la  réaction  de 
la  mucine  et  n'est  sans  doute  pas  de  nature  albuminoïde  comme  le  soutient  Flemuing. 
Les  grandes  cellules  de  la  moelle  perdent  leur  pouvoir  de  coloration  et  sont  le  siège 
d'altérations  nécrobiotiques.  Le  protoplasma  est  réticulé,  les  cellules  perdent  d'abord 
leur  noyau,  et  se  transforment  finalement  en  une  masse  informe.  Leur  nombre  se  réduit 
de  plus  en  plus,  au  fur  et  à  mesure  des  progrès  du  jeûne.  Les  vaisseaux  sont  dilatés.  On 
observe  souvent  des  thromboses  au  niveau  des  capillaires.  Les  globules  rouges  se  décom- 
posent et  abandonnent  leur  pigment  qui  reste  libre  dans  le  slroma,  ou  passe  dans  les 
cellules  de  la  moelle. 

Non  seulement  ces  modifications  s'observent  dans  la  moelle  osseuse  des  animaux 
inanitiés,  mais  aussi  chez  les  embryons,  comme  l'a  observé  Diatschenko  sur  des  lapins 
nouveau-nés,  dont  les  mères  avaient  été  inanitiées.  C'est  ainsi  que,  comparativement 
aux  lapins  adultes,  le  nombre  des  ostéoblastes  du  périoste  est  sensiblement  augmenté 
Alors  que  la  partie  libre  des  cartilages  embryonnaires  ne  présente  aucune  modification, 
la  zone  hyperplastique  subit  une  augmentation  d'un  tiers  de  sa  largeur  normale.  Les 


96  INANITION. 

cellules  cartilagineuses  se  ratatinent,  leur  capsule  s'allonge,  le  septum  intermédiaire 
se  condense.  A  la  suite  d'une  forte  n'-sorption  les  capsules  se  sclérosent. 

Ces  observations  ont  encore  été  confirmées  par  Gusmita  Mario,  qui,  sur  un  chien 
inanitié,  a  constaté  que  le  système  osseux  subit  une  perte  de  '.KoO  p.  100.  Le  volume  et 
le  poids  spécifique  de  ce  tissu  ont  également  diminué.  La  quanlit»'  d'eau  diminue,  mais 
non  proportionnellement  à  la  diminution  des  autres  substances  constituantes.  La  dimi- 
nution des  composants  organiques  et  inorganiques  est  uniforme.  A  l'examen  histolo- 
g:ique,  on  observe  une  dilatation  des  canau.v  de  Havers  et  un  léger  grossissement  des 
corpuscules  osseux.  Dans  la  substance  médullaire,  on  note  une  diminution  évidente  des 
cellules  adipeuses. 

Cette  inlluence  de  l'inanition  sur  le  tissu  osseux  se  manifeste  aussi  à  l'état  patho- 
logique dans  les  cas  de  consolidation  de  fracture.  Sur  deux  séries  de  lapins,  les  uns 
alimentés,  les  autres  soumis  à  l'inanition  incomplète,  Tbifiliev  provoque  des  fractures 
du  radius  et  du  cubitus.  La  consolidation  des  fractures  se  trouve  ralentie  chez  les  ina- 
nitiés  et  présente  des  modifications  partielles,  bien  que  se  faisant  suivant  le  type  ordi- 
naire. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  le  tissu  osseux  ne  commence  à  se  développer  que 
le  0^  Jour  chez  ceux-ci,  et  le  4''  chez  les  animaux  de  contrôle.  L'ossification  du  cartilage 
■ne  commence  que  le  13''jour  au  lieu  du  il''.  La  soudure  osseuse  ne  se  produit  qu'au 
48'' jour  au  lieu  du  42".  Le  canal  médullaire  no  se  reforme  qu'au  09*  jour,  au  lieudu48^ 
Le  développement  du  cal  osseux  est  terminé  le  00*  jour,  et  non  le  48'',  comme  chez  les 
animaux  sains.  Enfin  le  cal  est  moins  volumineux  chez  les  premiers  que  chez  les  seconds. 

Modifications  des  testicules  et  ovaires.  —  lui  dehors  des  travaux  de  Moupcrco,  Mies- 
<;iiER,  Grandis,  etc.,  sur  les  processus  de  néoformation  dont  certaines  glandes,  comme 
le  testicule,  les  ovaires,  peuvent  êtft  le  siège,  au  cours  de  l'inanition,  il  reste  encore  à 
citer  les  recherches  microscopiques  de  Simonowitsch  sur  les  glandes  séminifères  d'ani- 
maux soumis  à  l'inanition  totale  ou  incomplète  (avec  ou  sans  eau). 

Dans  l'inanition  complète  cobayes  et  lapins),  les  tubes  séminifères  sont  le  siège  d'une 
dégénérescence  parenchymateuse,  avec  vacuolisafion  cellulaire  et  chromatolyse.  Cer- 
taines cellules  se  nécrobiosent.  Le  tissu  interstitiel  est  œdématié.  Ces  altérations  sont 
inégales  et  par  place.  Les  tubes  séminifères  qui  sont  resté-s  normaux  renferment  des 
spermatozoïdes  que  l'on  trouve  aussi  dans  les  vésicules  séminales.  Par  la  réaiimenta- 
tion,  la  régénération  se  produit  au  bout  de  cinq  à  sept  jours. 

Il  est  remarquable  que,  sous  l'influence  du  jeûne  incomplet,  les  lésions  dégénératives 
.sont  plus  accentuées. 

MoTROCHi.N,  et  plus  tard  Petrow,  ont  étudié  les  lésions  dégénératives  de  l'ovaire  sous 
l'influence  du  jeûne.  Le  processus  atrophique  ne  l'envahirait  pas  entièrement.  On  con- 
state une  dégénérescence  graisseuse  du  slroma,  des  éléments  épithéliaux  de  la  substance 
<:orticale,  de  la  membrane  granuleuse,  et  aussi  de  l'œuf.  On  note  également  une 
dégénérescence  colloïdale  de  l'ovule  et  de  la  membrane  granuleuse.  Dans  une  autre 
phase  de  la  dégénéralion.  la  graisse  disparaît  des  cellules,  et  il  se  forme  des  vacuoles. 
Les  noyaux  des  ovules  dégénérés  se  ratatinent,  et  la  chromatine  s'accumule  en  de  petits 
grains  qui,  finalement,  disparaissent. 

Petrow  arrive  aux  résultats  suivants  sur  des  lapins  inanitiés  :  L'épithélium  germi- 
natif  est  partiellement  conservé.  Dans  la  substance  corticale,  le  nombre  des  follicules 
[)rimitifs  est  normal.  L'ovule  et  la  membrane  granuleuse  sont  bien  conservés,  et  on 
constate  les  figures  karyokinétiques  normales.  Les  altérations  dues  à  l'inanition  inté- 
ressent la  substance  médullaire,  dont  les  cellules  épilhéliales  subissent  progressivement 
la  dégénérescence  muqueuse,  puis  graisseuse,  et  finalement  disparaissent  par  nécrobiose. 

Modifications  des  capsules  surrénales  et  des  glandes  thyroïdes.—  D'après  Barbera,  la 
substance  corticale  des  capsules  surrénales  présente  des  modifications  plus  sensibles 
que  la  médullaire.  Ces  modifications  consistent  en  ce  fait  que  le  noyau  et  le  proto- 
plasma des  cellules  subissent  une  réduction  de  volume,  mais  d'une  façon  inégale.  Le 
proloplasma  se  réduit  proportionnellement  bien  plus  que  le  noyau. 

Quant  à  la  glande  thyroïde,  elle  continue  pendant  toute  la  période  du  jeûne  à  sécréter 
ses  substances  spécifiques.  Comme  dans  la  glande  surrénale,  les  cellules  présentent  une 
régression  protoplasmique  et  nucléaire.  Toutefois,  le  noyau  cellulaire  est  ici  bien  moins 
atteint. 


INANITION.  97 

Modifications  histologiques  du  système  nerveux.  —  Malgré  la  résislance  mani- 
feste que  préseiile  le  syslètno  nerveux  vis-à-vis  de  l'itianition,  ce  dont  témoigne  surtout 
le  maintien  du  poids  normal  de  l'axe  enioplialo-méduUaire,  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que  les  cellules  nerveustîS  présentent  de  fines  altérations  que  de  nombreux  auteurs  ont 
décelées  au  microscope. 

Popow,  en  1885,  publia  une  observation  d'inanition  survenue  à  la  suite  d'une  hyper- 
trophie musculaire  de  l'œsophage.  Un  rétrécissement  du  conduit  se  produisit,  et  l'ali- 
mentation devint  impossible.  A  l'examen  hisLologique  du  cerveau,  il  trouva  des  modifi- 
cations susceptibles  d'expliquer  peut-être  les  troubles  psychiques  présentés  par  le 
malade.  Au  niveau  du  lobii  occipital,  el  en  d'autres  régions,  il  trouva  des  foyers  hémor- 
ragiques, des  extravasations  sanguines.  Les  cellules  ganglionnaires  étaient  atrophiées 
et  présentaient  des  troubles  du  protoplasma.  En  môme  temps,  ou  observait  une  prolifé- 
ration du  tissu  interstitiel  et  de  la  névroglie. 

M.\NKOwsKi  a  suivi  de  près,  sur  des  lapins  et  des  chiens,  les  lésions  du  cerveau  et  de 
la  moelle  sous  l'influeiice  du  jeûne.  En  général,  le  cerveau  et  ses  membranes  étaient 
pâles  et  œdématiés.  Les  cellules  ganglioimaires  cérébrales  et  médullaires  étaient  en 
voie  de  dégénération  atrophique  :  vacuolisation,  pigmentation  et  dégénérescence  grais- 
seuse. Beaucoup  de  cellules  ganglionnaires  dans  les  cerveaux  de  chiens  étaient  remplies 
de  vacuoles.  On  pouvait  aussi  voir  des  cellules  à  noyau  ratatiné  et  grenu.  Tantôt  ces 
altérations  intéressaient  la  totalité  du  système  nerveux  central,  tantôt  une  partie  seule- 
ment. Dans  ce  dernier  cas,  les  endroits  atteints  étaient  mous;  les  cellules  nerveuses 
grises,  la  substance  blanche  et  la  névroglie  ne  présentaient  pas  de  modification. 

Les  vaisseaux  de  la  moelle  étaient  également  altérés,  et  l'endothélium  avait  proliféré. 
Sur  deux  chiens  soumis  à  un  long  jeûne,  puis  réalimentés  jusqu'à  leur  retour  au  poids 
primitif,  le  système  nerveux  chez  l'un  était  anémié,  chez  l'autre  hypérémié.  Dans  les 
cellules  ganglionnaires,  on  constatait  de  la  dégénérescence  graisseuse;  seulement  on  ne 
distinguait  pas  les  cellules  atrophiées  que  l'on  trouve  chez  les  animaux  morts  d'inani- 
tion. Chez  les  inanitiés  aussi  bien  que  chez  les  réalimentés  toute  modification  de  la 
névroglie  fait  défaut.  Les  parois  des  vaisseaux  cérébraux  sont  normales.  Mankowski 
signale  seulement  une  tuméfaction  du  noyau  des  cellules  endothéliales,  sans  trouble 
protoplasmique. 

Contrairement  à  Cuossat  et  Manassein,  qui  soutiennent  que  le  cerveau  et  la  moelle  ne 
perdent  pas  de  poids  sous  l'intluence  du  jeune  et  restent  normaux,  Maxkowski  et  Popow 
constatent  donc  l'atrophie  et  la  dégénérescence. 

Les  observations  de  Rosenbach  ont  été  faites  sur  douze  chiens  morts  d'inanition,  et 
sur  les  organes  desquels  o;i  a  pu  constater  toutes  les  modifications  ordinaires. 

En  ce  qui  concerne  la  moelle,  sur  des  préparations  fraîches,  les  cellules  des  cornes 
antérieures  sont  granuleuses  et  possèdent  leurs  noyaux.  Durcies  au  liquide  de  MCller 
et  colorées  au  carmin,  les  préparations  permettent  de  voir  tuméfaction  et  dégénéres- 
cence avec  atrophie  des  cellules  ganglionnaires.  Dans  la  cellule  atrophiée,  le  noyau  est 
granuleux  avec  de  nombreuses  vacuoles.  Les  cornes  antérieures  renferment  moins  de 
cellules  que  normalement.  Dans  les  cornes  postérieures,  les  cellules  nerveuses  sont 
moins  altérées,  bien  qu'elles  soient  gonflées.  Le  stroma  de  la  moelle  qui  renferme 
les  éléments  spécifiques  et  les  vaisseaux,  contrairement  aux  observations  de  Popow,  ne 
présenterait  pas  de  lésions  particulières.  Les  vaisseaux  sont  remplis  d'hématies  et  de 
leucocytes,  et  les  altérations  mentionnées  acquièrent  leur  maximum  d'intensité  au 
niveau  des  territoires  où  les  vaisseaux  sous-jacents  sont  le  plus  remplis.  11  n'y  a  rien 
de  parliculier  dans  les  parois  vasculaires,  en  dehors  d'un  renflement  endothélial. 

Dans  la  substance  blanche  en  dégénérescence,  au  point  de  vue  des  altérations 
médullaires,  on  ne  constate  aucune  différence  entre  les  lapins  et  les  chiens. 

Cerveau.  —  Il  est  beaucoup  plus  difficile  de  trouver  dans  le  cerveau  les  modifications 
pathologiques  caractéristiques  que  l'on  observe  dans  la  moelle.  Cependant  une  inani- 
tion faible  entraîne  un  gonflement  cellulaire,  et,  à  un  degré  plus  avancé  du  jeûne,  ce 
sont  des  vacuoles  qui  apparaissent,  des  signes  de  dégénérescence  qui  s'accentuent 
jusqu'à  la  disparition  complète  de  la  cellule.  Gela  s'observe  surtout  dans  les  cellules  de  la 
couche  profonde  de  l'écorce,  cellules  pyramidales,  polygonales,  mais  non  dans  les  cel- 
lules rondes.  La  dégénérescence  peut  atteindre,  mais  non  en  même  temps,  les  cellules 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME   IX.  7 


98  INANITION. 

ganglionnaires  des  divers  centres  psycho-moteurs  de  l'écorce  cérébrale.  Au  niveau  de 
ces  cellules  ainsi  altérées,  on  remarque,  comme  dans  la  moelle,  des  amas  importants 
de  globules  sanguins.  On  ne  trouve  pas  d'augmentation  du  nombre  des  leucocytes  dans 
les  lymphatiques  périvasculaires  quelquefois  élargis.  Les  hémorragies  sont  très  rares. 
On  ne  rencontre  guère  d'exsudals  plasmatiques  que  dans  le  cerveau  du  lapin,  qui  parait 
avoir  moins  do  résistance  que  celui  du  chien. 

Les  cellules  de  Purkinje  dans  le  cervelet  subissent  les  mêmes  modifications  que 
celles  du  cerveau  :  gonllement  protoplasmique  avec  formation  de  vacuoles  et  destruction 
du  noyau.  Les  éléments  des  ganglions  cérébro-spinaux  sont  modifiés  de  la  même 
manière.  La  capsule  est  exempte  cependant  de  toute  altération.  Rosenbach  rapproche 
ces  observations  de  celles  qui  ont  été  publiées  en  clinique,  en  particulier  de  celles  de 
V.  Danillo,  Poi'ow,  V.  ïsciiiGE  à  la  suite  d'intoxication  par  phospiiore,  morphine, 
atropine,  azotate  d'argent.  Les  modifications  anatomo-pathologiques  du  système  ner- 
veux central  étaient  à  peu  près  analogues  à  celles  que  provoque  l'inanition. 

Rosenbach  a  ensuite  examiné  l'excitabilité  cérébrale  pendant  le  jeune  aussi  bien  sur 
les  lapins  que  sur  les  chiens.  La  conclusion  générale  de  ces  expériences  est  que  l'excita- 
bilité cérébrale  est  toujours  diminuée  par  l'inanition. 

II  est  encore  bon  de  rappeler  que,  si  les  animaux  ne  présentent  pas  de  troubles 
psychiques,  il  n'en  est  pas  de  même  chez  l'homme.  Une  forme  spéciale  de  ces  troubles 
est  l'î  délire  de  la  faim.  {\.  Art.  Faim.)  Des  observations  d*»  ce  genre  ont  été  maintes 
fois  enregistrées,  en  particulier  par  Sciilltze  sur  une  jeune  fille  atteinte  d'un  rétrécisse- 
ment de  l'œsophage,  par  Wieiiermeistei»  sur  un  soldat  pendant  l'altaqut'  de  Metz.  La  série 
de  ces  troubles  comprend  du  délire,  des  hallucinations  de  la  vue  et  de  l'ouïe,  des  idées 
de  persécution,  etc. 

JsAEw,  sur  des  chiens  inaniliés,  a  également  vu  que  les  cellules  ganglionnaires  de 
l'appareil  digestif  étaient  rarement  troublées,  tunu'fiées,  mais  plus  souvent  granuleuses. 
Elles  se  vacuolisaient  tout  en  renfermant  leur  noyau.  Les  fibres  nerveuses  étaient 
sitérées,  et  le  tissu  interstitiel  infiltré  de  cellules  rondes.  Les  vaisseaux  sanguins  avaient 
aubi  une  dilatation. 

DowNAROwiTSCH  uicsurc  directement  les  dimensions  du  noyau  et  des  cellules  des 
cornes  antérieures  sur  des  lapins  soumis  au  jeune  absolu  en  prenant  des  animaux 
témoins.  Sans  donner  ici  les  chiffres  obtenus  par  l'auteur,  nous  rappellerons  simplement 
qu'il  a  noté  la  diminution  des  deux  diamètres  des  noyaux  cellulaires.  Cette  élude  se 
rattache,  d'ailleurs,  aux  travaux  de  Lukianow  sur  la  part  différente  que  prennent  le 
noyau  et  le  corps  cellulaire  aux  phénomènes  de  destruction  dans  le  jeûne,  et  nous  avons 
suftisamment  insistr»  [)lus  haut  sur  ce  point. 

D'autres  recherches,  en  dehors  de  celles  de  Jsaew,  ont  porté  sur  les  altérations  des 
ganjïlions  périphériques,  par  exemple  celles  de  Usi-enski. 

Sous  l'action  du  jeune,  les  cellules  nerveuses  des  ganglions  périphériques  subissen 
une  métamorphose  régressive.  Elle  est  surtout  manifeste  au  niveau  du  ganglion 
cœliaque,  et,  à  un  moindre  degré,  au  ganglion  cervical  supérieur  et  aux  centres  du 
pneumogastrique.  Il  existe  un  certain  rapport  entre  la  dégénérescence  du  noyau  et 
de  la  cellule.  TantôL  celle-ci  reste  intacte  et  le  noyau  dégénère,  tantôt  l'inverse  a  lieu] 
La  déiiénérescence  du  corps  rellulaire  consiste  en  ce  fait  que  le  protoplasma  se  vacuo- 
lise  aussi  bien  au  centie  qu'à  la  périphérie,  qu'il  se  transforme  en  une  masse  brillante 
se  colorant  mal  avec  les  procédés  ordinaires  de  coloration.  Ces  modifications  n'intéres- 
sent pas  toutes  les  cellules  ganglionnaires  à  un  égal  degré.  Certaines  sont  assez  peu 
atteinles,  d'autres  à  peu  près  normales. 

MoNTi,  en  1895,  a  également  suivi  les  altérations  du  système  nerveux  dans  l'inanition, 
pour  en  déterminer  d'une  façon  exacte  la  nature  et  reconnaître  les  éléments  qui 
subissant  davantage  les  effets  du  jeûne.  Toutes  ses  expériences  furent  faites  sur  des 
lapins,  en  utilisant  la  méthode  de  Golgi.  Ses  observations  ne  font  que  confirmer  les 
résultats  déjà  exposés  de  l'École  russe  :  «  Durant  l'inanition,  il  se  produit  peu  à  peu  de 
profondes  altérations  nutritives  du  système  nerveux  central.  Ces  altérations  sont  loca- 
lisées aux  prolongements  protoplasmiques  des  cellules  nerveuses  et  procèdent  graduel- 
lement des  subdivisions  des  troncs  principaux^  les  plus  éloignés,  jusqu'à  atteindre  le 
corps  cellulaire.  Il  s'agit  d'un  long  processus  involutif  qui  se  manifeste  par  les  carac- 


INANITION.  99 

tères  d'une  atrophie  variqueuse.  Les  cellules,  en  dégénérant,  perdent  leurs  signes 
caractéristiques  d'éléments  adultes,  et  prennent  peu  à  peu  l'aspect  d'éléments  fœtaux. 
Cette  régression  des  cellules  nerveuses  a  une  parfaite  analogie  avec  ce  que  Grandis 
a  observé  dans  le  testicule,  où,  dans  le  dernier  stade  de  l'inanition,  disparaît  toute 
différenciation  morphologique,  et  où  les  coupes  des  canalicules  ont  l'aspect  des  coupes 
faites  dans  les  testicules  des  animaux  jeunes.  » 

Marchand  et  Vurpas  ont  également  décrit,  en  1901,  les  lésions  analogues  des  centres 
nerveux  de  lapins  inanitiés. 

VI.    —   ALTÉRATIONS    DU    MILIEU    SANGUIN. 

Altérations   globulaires    [nombre).  —   Modifications   des  ganglions   lymphatiques. 
Variations  de  l'hémoglobine.  —  Modifications  physiques  [densité,  extrait  éthéré). 

Les  altérations  du  liquide  sanguin.  —  Les  premières  recherches  sur  les  altéra- 
tions globulaires  du  sang  sous  l'induence  de  l'inanition  remontent  au  travail  de  Schulz 
(1843).  L'atrophie  des  globules  du  sang  de  ses  animaux  était  telle  qu'il  expliquait  la 
mort  par  l'impossibilité  dans  laquelle  se  trouvaient  les  hématies  de  fixer  l'oxygène. 
Manassein,  Andral  et  Gavarhet,  Laptschinski,  Tarner  ont  fait  des  constatations  sem- 
blables. Kahan  observa  que  dans  les  premiers  jours  du  jeûne  les  globules  rouges  ne  sont 
guère  modifiés.  Dans  la  dernière  période,  au  contraire,  ils  prennent  une  forme  étoilée. 

Aussi  bien,  le  sang  ne  présente  pas  seulement  à  considérer  des  modifications  mor- 
phologiques de  ses  éléments  figui'és,  mais  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  altérations 
dans  sa  composition  chimique  et  physique.  Ainsi  Arnold  et  Gollard  de  Martigny  virent 
que  le  caillot  sanguin  augmentait  comparativement  au  sérum.  Collard  de  Martigny 
signala  également  une  augmentation  des  matières  albuminoïdes  et  une  diminution  de 
la  fibrine.  Andral  et  Gavarret,  Simon,  Ghossat,  Nasse,  Bidder  et  Schmidt,  Magendie  ne 
s'accordent  pas  au  sujet  de  la  proportion  des  parties  solides  du  sang  dans  l'inanition. 
Joseph  Jones  trouve  que  l'eau  et  la  fibrine  diminuent  plus  fortement  dans  l'inanition 
que  les  autres  éléments.  D'autres  recherches  de  Panum,  Voit,  Subbotin,  Donders, 
Moleschott  n'aboutissent  pas  aux  mêmes  conclusions. 

Mais,  si  la  question  n'est  pas  définitivement  résolue  en  ce  qui  concerne  les  variations 
de  la  composition  chimique,  l'accord  est  bien  plus  grand  relativement  aux  modifications 
que  subissent  les  globules. 

Altérations  globulaires  [nombre).  —  J.  MOller,  Malassez,  Lépine,  Buntzen, 
Andreesen  observent  qu'au  commencement  de  l'inanition  le  nombre  des  globules  rouges 
s'accroit,  et  que  dans  la  suite  il  diminue. 

Kahan  (1883)  constate  sur  six  chiens  inanitiés  que  le  nombre  des  hématies  est  consi- 
dérablement modifié,  et  que  le  résultat  de  la  numération  globulaire  donne  des  résultats 
contradictoires  avec  d'autres  recherches  faites  sur  la  mesure  du  poids  spécifique  du 
contenu  en  matière  colorante  et  en  éléments  fixes.  Sur  les  six  chiens  soumis  à  Texpé- 
rience,  le  poids  spécifique,  l'hémoglobine  et  les  éléments  fixes  augmentent  dans  la 
première  période  du  jeune.  A  partir  du  moment  où  la  perte  de  poids  est  de  11  p.  100. 
la  quantité  des  éléments  fixes  peut  être  aussi  forte  qu'avant  l'expérience.  Pour  une  perte 
de  20  à  30  p.  100,  cette  quantité  augmente  jusqu'à  la  fin. 

Sur  l'homme,  un  jeûne  de  24  heures  détermine  une  sensible  augmentation  des  glo- 
bules rouges,  une  diminution  des  hématoblastes  et  des  globules  blancs. 

Hayem  et  Cadet  ont  trouvé  des  résultats  différents,  suivant  qu'ils  soumettaient  au 
jeûne  complet  des  petits  animaux  (mammifères)  ou  des  animaux  de  grande  taille. 

Sur  le  cochon  d'Inde  soumis  à  l'inanition  jusqu'à  la  mort,  Hayem  note  une  augmen- 
tation progressive  du  nombre  des  hématies  et  une  diminution  parallèle  des  hémato- 
blastes et  des  globules  blancs,  sans  que  la  valeur  globulaire  soit  sensiblement  modifiée. 

Sur  le  chien  une  expérience  faite  très  soigneusement  avec  Reyne  lui  fournit  les 
résultats  résumés  dans  le  tableau  suivant  : 

Chienne  de  5'*e,400,  soumise  à  l'inanition  à  partir  du  22  septembre.  Morte  le 
2o«  jour. 


100 


INANITION. 


DATES. 

N. 

H. 

R. 

R. 

G 

P. 

22  Septembre.  . 

5  318  000 

395  000 

7  750 

4  094  800 

0.77 

5  400 

23    —    .  . 

0  369  000 

378  000 

6  750 

4  1 87  900 

0,7  S 

5  200 

24    — 

5  452  000 

342  000 

5  550 

4  252  500 

0,78 

5  000 

25    — 

5  480  000 

302  000 

6  750 

4219600 

0,77 

4  850 

26    — 

5  589  000 

281000 

6  842 

4  191700 

0,75 

4  700 

27    — 

5  697  800 

273  000 

6  950 

4  387  000 

0,75 

>> 

28    — 

5  712  000 

235  000 

4  850 

4  455  000 

0,78 

4  600 

30    — 

6  012  000 

539  000 

7  750 

4  629  000 

0,77 

4  500 

1"  Octobre  . 

6  240  000 

241000 

6  400 

4  930  000 

0,79 

4  300 

2    - 

6  248  000 

250  300 

5  550 

4  936  000 

0.79 

4  150 

3    — 

6  634  000 

215  000 

5  425 

4  942  000 

0.76 

4  000 

4    — 

6  642  000 

221000 

6  322 

5  048  000 

0.76 

3  900 

0     — 

6  791  400 

231  300 

4  600 

5  297  000 

0.78 

3  800 

6    — 

6  692  000 

233  800 

6  800 

5  153  000 

0,77 

» 

7    — 

6  944  000 

235  000 

6  200 

5  550  000 

0,80 

3  700 

8    — 

6  848  000 

230  200 

7  750 

5  321400 

0,78 

3  600 

9    — 

6  952  000 

233  320 

4  850 

5  452  000 

0,78 

3  500 

10    — 

7  061  000 

235  600 

6  975 

5  084  000 

0,72 

3  375 

11    — 

7  086  000 

207  000 

6  200 

5  031800 

0,71 

3  300 

12    — 

7  272  600 

21  000 

8  625 

4  872  000 

0,67 

3  200 

14    — 

7  384  200 

2,13  000 

7  750 

4  799  700 

0,65 

3  000 

Il    — 

7  498  900 

186  850 

6  440 

4  799  700 

0,64 

2  900 

16    — 

7  767  200 

177  200 

6  200 

4  815  700 

0.62 

2  750 

17    — 

" 

" 

" 

" 

" 

2  000 

N  :  Nombre  do  globules;  II  :  Nonilire  Mes  liéraatoblastes  : 

h  :  Nombre  des  globules  blancs;  G  :  Valeur  individuelle  d'un  "j-lobulc; 

R  :  Richesse  globulaire  exprimée  en  glolmlos  humains  sains  : 

P  :  Poids  du  corps. 

Cette  expérience  prouve  donc  une  augmentation  progre.ssive  du  nombre  des  hématies 
jusqu'à  la  mort,  et  une  diminution  des  héniatoblastes.  Les  globules  blancs,  au  contraire,, 
ne  semblent  guère  influencés  par  l'inanition.  La  valeur  individuelle  des  globules  ((î  ne 
baisse  sensiblement  que  dans  la  dernière  période.   La  richesse  globulaire   varie  peu 


O 

V. 

O 

ç 

il 

r^  ci 
S 

CONTENU  DU  S.\NG  EN 

H 

o 
ta 

a 

s 
o 

Y. 

liROS    LEUCOCYTES 

à  noyaux  arrondis. 

■y, 

o  a 

5 

H   = 

"■     a. 

•a 
J 

2  051.7 

0 

12,1 
21,6 
32,7 
37,2 

25,9 
24.5 
16,6 
16,1 
9 

51,0 
49,6 
56,7 
60,1 
66,3 

11,6 
12,7 
16,3 
18,8 
21,6 

11,5 
13,0 
10,4 

2,6 

Fin  de  la  1'"  période  du  jeûne.  . 

—  2'   —     —    .  . 

—  3«   —     —    .  . 

1  882,5 
1  607,1 
1  379,5 
1  216,5 

durant  la  première  phase.  Elle  augmente  ensuite  jusque  vers  le  IG'^  jour  et  diminue  de 
nouveau,  tout  en  restant  plus  élevée  au  moment  de  la  mort  qu'avant  l'expérience. 
Dans  le  laboratoire  de  Lukja.>'Ow,  Okentschitz  a  recherché  la  proportion  des  globules 


INANITION. 


\0\ 


blancs  sur  six  lapins  soumis  à  l'inanition,  et  ses  observations  ont  porté   sur  quatre 

groupes  de  globules,  dont  voici  la  proportion  normale. 

« 

1°  Lymi^hocytcs  (Eiirlich) 2o,9 

2°  Gros  leucocytes  ;'i  noyau  arrondi ll,:j 

3"  Leucocytes  à  noyaux  polymorphes  et  polynucléaires.  11,5 

4°  Cellules  éosinophiles ■11,0 

Les  résultats  peuvent  être  résumés  dans  les  tableaux  ci-joints  (p.  100  et  101)  : 


CONTENU 

DU  SANG  EN 

r/j 

eu 

P 

~ 

o 

0.      . 

A        .'£, 

o 

< 

a  2 

'/) 

u 

f-      d 

t"     ù 

P 

Q 

^ 

>■     o 

o      o 

O 

B 
CL. 
O 

2      .^ 

a 

X 

x; 

S     a 

0, 

c 

>- 

^ 

■S 

O       o 

t;     a 

■a 

•M 

Fin  de 

la  3°  période  du  jeune  .    . 

1  410,3 

32,3 

13,6 

60,3 

20,6 

5,3 

— 

l''"    —     d'alimentation. 

1681,8 

19,5 

23,9 

53,7 

12,4 

9,9 

— 

Oe         

1  875,6 

10,2 

25,6 

48,5 

11,2 

14,5 

— 

3»     —              — 

2008,1 

3,9 

24,0 

49,3 

9,9 

16,7 

Lapins 

normaux 

2  089,0 

0,0 

26,0 

52,2 

10,5 

11,3 

Autrement  dit,  la  quantité  relative  des  lymphocytes  et  des  éléments  à  noyaux 
polymorphes  baisse  pendant  l'inanition.  Au  contraire,  le  nombre  des  éosinophiles  et  des 
éléments  arrondis  augmente. 

Le  phénomène  inverse  se  produit  lorsqu'on  interrompt  l'expérience  par  la  réali- 
mentation. L'augmentation  porte  sur  les  éosinophiles  et  les  éléments  à  noyau  arrondi. 

Nous  trouvons  encore  dans  la  littérature  russe  d'autres  travaux  importants  relatifs 
aux  modifications  du  nombre  des  éléments  figurés  du  sang. 

LuiBoiiuDRow  s'est  préoccupé  de  cette  question  dans  son  travail  d'ensemble  sur  les 
diverses  altérations  sanguines  au  cours  du  jeûne.  Ses  recherches  ont  été  poursuivies 
sur  une  série  de  17  chiens,  qu'il  avait  soumis  préalablement,  pendant  une  période 
variant  de  deux  à  trois  semaines,  à  la  ration  d'entretien,  jusqu'à  ce  que  le  poids  du 
corps  fût  absolument  constant.  Il  a  fait  la  numération  des  globules  rouges  et  blancs, 
en  se  servant  de  l'appareil  de  Malassez.  Quant  à  leurs  altérations  morphologiques,  il 
constate  les  mêmes  que  celles  des  autres  auteurs.  Dans  la  dernière  période  de  l'ina- 
nition, le  non»bre  des  macrocytes  s'élève  de  20  à  30  p.  100.  Le  nombre  des  hématies 
n'est  guère  modifié  avant  que  la  perte  du  poids  ait  atteint  10  à  15  p.  100.  Même  il 
augmente  quelquefois,  pour  diminuer  ensuite  jusqu'à  la  mort.  Le  maximum  de  la 
diminution  survient  au  28'=  jour  du  jeûne.  Elle  correspond  à  32  p.  100  du  chiffre 
initial.  Mais  il  convient,  selon  Luibomudrow,  de  tenir  compte  à  cet  égard  des  différences 
individuelles,  qui  ont  une  très  grande  importance. 

Sur  15  de  ses  animaux,  le  nombre  des  leucocytes  diminue  du  commencement  de 
l'inanition  jusqu'à  une  perte  de  20  p.  100  de  poids.  Dans  la  première  période,  il  baisse 
par  rapport  au  nombre  des  hématies,  et  dans  la  deuxième  moitié  il  s'élève  parfois  au- 
dessus  de  la  normale. 

Les  lymphocytes  diminuent  dans  l'inanition,  aussi  bien  d'une  façon  absolue  que 
relative,  excepté  dans  la  première  période.  Le  nombre  des  leucocytes  mononucléaires 
s'élève  de  10  à  25  p.  100.  Celui  des  leucocytes  polynucléaires  diminue  relativement  au 
début  du  jeûne.  Les  éléments  éosinophiles  apparaissent  dans  le  sang  de  certains 
chiens  chez  lesquels  on  n'en  avait  pas  préalablement  observé. 


102  INANITION. 

PoLETAEw  a  institué  des  recherches  sur  8  chiens  soumis  à  l'inanition  totale,  et  2  i\ 
l'inanition  partielle,  pour  suivre  les  variations  de  la  composition  sanguine. 

Il  a  constaté  une  augmentation  des  hématies.  Comme  base  de  ce  fait  général  on 
peut  admettre  une  condensation  du  sang,  bien  que  celle-ci  ne  soit  pas  absolument 
prouvée.  Tantôt,  en  efTet,  on  a  remarqué  une  diminution  de  la  quantité  d'eau  du  sang, 
tantôt  une  augmentation  (Lochschewitz). 

Quant  aux  globules  blancs,  ils  subissent  de  grandes  modifications;  à  ne  considérer 
que  le  nombre,  on  note  au  début  de  l'inanition  un  abaissement,  à  la  fin  au  contraire  une 
augmentation. 

Nombre  de  trlobules  blancs  avant  le  jeune.    , 13,491 

_             "    —          —        après           —     l\^rle  de  poids  de        10  p.  100.    .  11,621 

_                  _          _          _              _                    —                     20       —     .   .  10,729 

_-                  ___              —                    —                     'M       —     .   .  11,461 

_                  ___              —                    —                     40—     ..  13,026 

_                  _          _          _              _                    _                45-30       —     .   .  15,189 

En  s'attachant  aux  diirérentes  formes  de  leucocytes  d'après  la  nomenclature 
d'UsKOw,  PoLETAEW  remarque  que  les  jeunes  éh'-ments  (petits  et  gros  lymphocytes  et 
petits  lymphocytes  transparents)  diminuent  par  l'inanition  totale  ou  partielle  jusqu'à 
une  perle  de  poids  de  30  p.  100.  Dans  les  dernières  phases  elle  augmente.  Au  contraire 
les  éléments  adultes  (petits  éléments  à  forme  transitoire),  diminuent  du  commence- 
ment à  la  fin.  Quant  aux  éléments  âgés  (polynucléaires,  leucocytes  polynucléaires, 
vacuolisés)  leur  nombre  baisse  au  début.  Depuis  le  moment  où  la  perte  de  poids  est 
de  20  p.  100,  jusqu'à  la  fin,  leur  nombre  augmente.  Cela  s'applique  surtout  aux  polynu- 
cléaires, car  les  éléments  vacuolisés  baissent  du  début  à  la  fin. 

Le  pourcentage  des  éléments  jeunes- subit  cette  modification,  aussi  bien  que  leur 
nombre  absolu.  11  en  est  de  même  pour  les  leucocytes  adultes,  avec  cette  particularité 
que  les  éléments  de  transition,  et  quelquefois  aussi  les  petits  leucocytes,  augmentent 
d'abord,  puis  diminuent.  La  proportion  des  éléments  âgés  (polynucléaires)  s'élève  pen- 
dant toute  la  durée  du  jeûne.  Pour  les  éléments  vacuolisés,  elle  diminue  jusqu'à  leur 
disparition. 

Modifications  des  ganglions  lymphatiques.  —  Le  jeune  favorise  l'accumulation 
des  hématies  dans  les  voies  lymphatiques  des  ganglions  et  modifie  également  la  struc- 
ture de  ces  organes  (Retterer). 

Ces  altérations  consistent  essentiellement  en  une  atrophie  du  tissu  et  une  transfor- 
mation du  protoplasma  en  cellules  libres  ou  leucocytes  :  «  Ces  faits,  dit  Retterer,  sont 
une  conséquence  naturelle  de  l'inanition,  puisque  l'animal  soumis  ;iu  jeune  se  nourrit 
aux  dépens  de  sa  propre  substance.  Or  nous  savons  que  le  sang  des  mammifères  tire  ses 
éléments  des  organes  hémolymphatiqiies,  tels  que  les  ganglions  lymphatiques.  Pendant 
l'inanition,  le  renouvellement  protoplasmique  fait  défaut,  tandis  que  la  désassimilation 
et  l'usure  se  poursuivent  :  ce  processus  entraine  nécessairement  la  raréfaction  du 
tissu  du  ganglion;  il  s'y  produit  des  vides  et  on  aboutit  finalement  à  la  formation  d'un 
tissu  plein  qui  se  convertit  en  restes  cellulaires,  indépendants  les  uns  des  autres 
(leucocytes)  ». 

Variations  de  rhémoglobine.  —  D'après  Subbotix,  la  quantité  d'hémoglobine 
resterait  la  même  chez  le  chien,  malgré  un  jeûne  d'une  durée  de  38  jours. 

LuciANi  et  BuFALixi  ont  confirmé  ce  fait,  bien  qu'au  début  du  jeûne  la  proportion  de 
matière  colorante  subisse  une  augmentation  par  suite  de  la  grande  perte  d'eau  de 
l'organisme. 

La  question  a  été  bien  étudiée  par  S.  Groll  et  Hermann,  qui  ont  parfaitement 
démontré  que  l'inanition  n'entraînait  pas  une  disparition  de  l'hémoglobine. 

Les  expériences  de  ces  auteurs  furent  faites  sur  plusieurs  espèces  animales  (lapins, 
chiens,  chats).  On  dosait  la  proportion  centésimale  du  résidu  fixe  d'une  certaine  quan- 
tité de  sang,  et  la  matière  colorante  avec  l'hémomètre  de  Fleischl.  Le  rapport  de  ces 
deux  chiffres  exprime  un  quotient  de  matière  colorante.  Il  est  facile  de  voir  que  ce 
quotient  augmente  pendant  l'inanition. 

Nous  reproduisons  dans  le  tableau  suivant  une  partie  de  ces  recherches. 


INANITION. 


103 


VAISSEAUX 

PROPORTION 

GHIFFRK 

o 
ci 
■a 

JOURS 

où  A  i>Ti': 

POIDS 

U  KSI  DU 

CENTKSIMALE 

OBTKNU 

A.MHUX. 

de 

du 

à  rocliellc 

QUOTIENT. 

3 

pratiquée  la 

Fixi:. 

des  parties 

do 

>C 

JKÙNK. 

saignée. 

SAN(i. 

solides. 

riirmoini'lre. 

1 

Crurale. 

4,. 563 

0,81(i 

17,882 

86 

4,809 

\      ^ 

— 

2,885 

0,499 

17,296 

88 

5,087 

G 

Lapin.     •>      11 

Carotide. 

3,587 

0,620 

17,28  4 

89 

5,149 

14 

— 

3,286 

0,531 

16,159 

89 

5,507 

(      16 

— 

3,283 

0,533 

16,235 

90 

5,543 

(       ^ 

Crurale. 

4,783 

0,807 

16,872 

88 

5,215 

)      •' 

— 

•  6,258 

1,130 

18,056 

82? 

(4,541)? 

1 

Chat.      {      10 

Carotide. 

5,866 

1,093 

18,632 

97 

5,207 

13 

— 

5,293 

0,977 

18,458 

97 

5,255 

[      18 

— 

4,519 

0,734 

16,242 

55 

3,386 

(       1 

Crurale. 

3,664 

0,685 

18,695 

87 

4,653 

1          0 

— 

3,366 

0,640 

19,013 

94 

4,943 

12 

Chat.      /     10 

Carotide. 

4,007 

0,786 

19,326 

97 

5,019 

/    n 

— 

2,587 

0.528 

20,409 

105 

5,140 

(,      22 

— 

2,906 

0,575 

19,771 

102 

5,159 

'       1       1 

Crurale. 

5,331 

1,240 

23,241 

66 

2,839 

? 

V.  crurale. 

4,790 

1,072 

22,379 

62 

2,591 

\       ■>       ' 

Crurale. 

9,420 

2,200 

23,338 

68 

2,913 

16 

Chien.     /              ' 

V.  crurale. 

3,827 

0,905 

23,647 

65 

2,749 

]      1  '* 

Axillaire. 

4,310 

1,021 

23,689 

69 

2,954 

V.  Axillaire. 

3,772 

0,909 

24,366    . 

71 

2,913 

■51     ! 

Axillaire. 

4,168 

1,025 

24,542 

73 

2,968 

1    -^    / 

V.  axillaire. 

4,092 

1,031 

25,197 

80 

3,174 

La  conclusion  qui  s'impose,  c'est  que,  proportionnellement  aux  autres  éléments  san- 
guins, la  matière  colorante  subit  une  destruction  beaucoup  plus  faible. 

D'ailleurs,  la  résistance  des  globules  rouges  à  l'inanition  témoigne  encore  d'une  véri- 
table épargne  de  la  matière  colorante.  On  sait,  depuis  les  travaux  de  Dittm.\r  Fi.\kler, 


ESPÈCE  ANIMALE. 


Lapin.  ,    .    . 

Moyenne 
Chien.  .    .    . 

Moyenne 


MOYENNE    DU    POIDS  SPÉCIFIQUE 

DIFFÉRENCE 

DANS     LE     POIDS 

iN  U  M  É  R  0  S 

DE.S    RECHERCHES. 

DU      f 

,ANG. 

6)  Abstinence 
complète. 

spécifique  du  sang 
en  pourcentage. 
Le  poids  spécifique 
du  sang  dans  une 
alimentation  riche 
=  100. 

a)  Alimentation 
copieuse. 

1 

1042,00 

1058,75 

+  1,61 

2 

1049,00 

10f)2,00 

+  1,21 

3 

1051,60 

1055,33 

+  0,35 

4 

1 010,60 

1046,13 

+  0,53 

5 

1044,00 

1049,63 

+  0,54 

1045,44 

1053,28 

+  0,75 

6 

1047,40 

1039,00 

—  0,80 

1046,40 

1047,11 

-T-  0,07 

1044,30 

1053,00 

+  0,83 

1048,28 

1064,56 

+  1,35 

1051,20 

1050,62 

—  0,06 

9 

1013,17 

1049,85 

-1-  0,64 

10 

1061,60 

1051,86 

—  0,92 

1047,07 

1050,80 

+  0,27 

101 


INANITION. 


Zi'NTZ  et  Lehmann  que  la  courbe  d'absorption  d'oxygène  et  de  production  d'acide  caibo- 
nique  tombe  vite  h  un  minimum  auquel  elle  se  maintient  pendant  la  inajeure  partie  de 
l'inanition,  co  qui  démontre  d'une  façon  indirecte,  et  non  moins  clairement,  lYjiargne 
de  l'hémoglobine  que  TiRoll  et  IlERnMANN  ont  directement  constatée. 

Modifications  physiques  {Poids  spécifiiiuc.  —  Alcalinité).  —  Popel  a  recherché  la 
vabnir  du  poids  spéciliquedu  sang  sur  cinq  lapins  et  cinq  chiens  inaniliés,  en  suivant 
la  méthode  d'HAMMERscHLAC.  Voici  ses  résultats  : 

La  densité  du  sang  change  dès  l'instant  où  commence  l'inanition,  et  cette  niodifi- 
cation  consiste  en  une  augmentation  qui  parait  indépendante  de  l'espèce  animale.  Un 
herbivore  en  inanition  a  parfois  un  poids  spécifi({ue  du  sang  supérieur  à  celui  d'un  Car- 
nivore. D'autre  part,  et  conformément  aux  résultats  de  Raum,  NV.  Popel  signale  que  les 
variations  de  la  densité  du  sang  obéissent  à  peu  prés  aux  mêmes  lois  que  celles  du  pou- 
voir colorant. 

Extrait  èthéré.  —  Sur  le  lapin,  le  pigeon,  le  poids  de  l'extrait  étliéré  du  sang  est 
susceptible  d'augmenter  du  double  pendant  l'inanition  (SciiuLzi. 

Daddi  a  confirmé  le  fait  sur  le  chiiMi.  Il  l'explique  par  une  augmentation  dans  la 
consommation  de  graisse  et  une  diminution  des  processus  d'oxydation. 

La  courbe  des  variations  du  poids  de  l'extrait  éthéré  du  sang,  pendant  une  longue 
inanition,  comprend  trois  périodes. 

La  première,  qui  s'élend  jusqu'au  septième  jour,  indique  une  augmentation.  Puis 
survient  une  iliminuliou  qui  ne  tarde  pas  à  se  lixer  à  un  niveau  constant,  à  partir  du 
quatorzième  jour.  Lnlln  elle  s'exagère  au  moment  di-  la  moit. 

VIL    —    MODIFICATIONS    DU    LIQUIDE    URINAIRE 

RÉACTION.  —  Azote  total  et  ubée.  —  Acide  liumli:.  —  Ckéatimne.  —  Peptonuhie.  — 
Matières  extractives.  —  Matières  minérales.  —  Chlorures.  —  Acide  phosphorique  : 
PHOSPHATES.  —  Acide  sulkurique  :  sulfates.  —  Bases  urinaires  :  chaux  et  mac.nésie. 
—  Potasse  et  soude.  —  Acétone.  —  Acide  diaci'tique  —  Suli-o-éthers  urinaires. 

La  composition  de  l'urine  subit  dans  l'inanition  un  ensemble  de  modifications  que 
nous  devons  maintenant  passer  en  revue.  Et  d'abord,  au  point  de  vue  i|uantitatif,  nous 
signalerons  la  diminution  de  volume.  Chez  des  personnes  (jui  ne  prennent  ni  nourriture 
solide  ni  liquide  (des  cas  de  ce  genre  ont  été  enregistrés  par  Tuczek)  la  quantité  d'urine 
peut  même  tomber  après  quelques  jours  de  jertne  à  2H0  ou  .300  ce.  Cetti  prenait  une 
quantité  d'eau  importante,  en  moyenne  1  200  ce.  L'élimination  d'eau  urinaire  corres- 
pondait à  environ  940  ce.  par  24  heures.  Succi  en  éliminait  44rj  ce.  pour  une  ingestion 
d'urine  de  500  à  700.  Sur  quatre  lapins  soumis  à  l'inanition,  H.  Roger  a  observé  cette 
diminution  qui  correspond  aux  chiffres  suivants  : 


ÉTAT    DES    ANIMAUX. 

U  K  I N  E 

DES    24    II  EL- RE  S. 

I 

II 

III 

IV 

MOVENNIÎ. 

En  digestion  (moyenne  de  4  joiu-s). 
\  jeun  ■  i"'  jour 

485 

'  330 

10 

120 

CO 

100 

225 

270 

300 

400 

480 

300 
MO 
80 
35 
100 
200 
220 
300 
270 

2:;o 

460 

430 
140 
110 
0 
110 
300 
470 
400 
300 
320 
470 

390 
100 

50 
0 

85 
130 
300 
120 
330 
320 
260 

424 

177 

62 

39 

89 

182 

304 

272 

303 

322 

417 

Oe 

_         3'     — 

Alimentation  :   ]"  jour 

2"     

—  3'     — 

—  4«     — 

—  fi»     — 

Réaction.  —  L'acidité  de  l'urine  augmente  pendant  le  jeûne  et  assez  rapidement. 
Cet  accroissement  correspond,  chez  Cetti  et  Succi  :  pour  le  premier,  au  dixième  jour  et 


INANITION. 


105 


pour  le  second,  an  sixième  jour,  à  0,91»  ^r.  et  1,;{4  ;,'r.  d'acide  oxalique.  Dans  la  suite 
cette  auf^nientation  devint  moins  sensible  et  se  nhkiisitde  moitié  et  même  d'un  tiers. 

L'augmentation  de  l'acidité  tient  sans  aucun  doute  à  la  formation  d'acides,  en  par- 
ticulier d'acide  sulfurique  et  d'acide  urique.  D'autre  part,  l'acide  phosphorique  prove- 
nant de  la  destruction  de  lécithine  et  de  nucléine  passe  dans  la  circulation.  Or  les  bases 
nécessaires  à  leur  saturation  n'existent  pas  on  quantité  suffisante  comme  dans  l'urine 
des  animaux  nourris. 

Azote  total  et  urée.  —  En  ce  qui  concerne  l'élimination  des  corps  azotés  urinaires, 
l'étude  que  nous  avons  faite  plus  haut  de  l'excrétion  de  l'azote  dans  l'inanition  simpli- 
fiera beaucoup  les  détails  qu'il  y  a  lieu  de  donner  à  cet  égard. 

Comme  nous  l'avons  vu,  la  suppression  de  l'alimentation  n'entraîne  nullement  la 
disparition  des  substances  azotées  urinaires.  Leur  taux  est  simplement  diminué. 

Ainsi  voici  les  chiffres  obtenus  sui'  Ceïti  et  Si;cci. 

Observation  de  Cetti. 


AZOTE    DE    L'URINE 

KT    DES     MATIÈRES     K  É  C  A  L  E  S. 

AZOTE 

l'AR     KILOGRAMMK. 

Avant  le  jcùnc 

iZC. 

14 

12,9 
10,36 
9,73 

0,235 

0,202 
0,190 

4  premiers  jours  de  jeûne   .... 
Du  5°  au    7°  jour 

Du  8°  au  10°  jour 

Observation  de  Succi. 


AZOTE    DE    I/URINE 

ET   DES    MATIÈRES    FÉCAI.  ES. 

AZOTE 

PAR     KILOGRAMME. 

Cinq  jours  avant  le  jeûne 

Du     1°''  au    5°  jour 

—  6°    au  10°    —   

—  11°   au  15°    — 

—  16°   au  20°    — 

—  21°   au  25°   —  

—  26°    au  30°    —  

16,230 
12,865 
8,491 
5,806 
5,:i08 
4,687 
5,346 

0,214 
0,150 
0,109 
0,102 
0,094 
0,109 

Acide  urique.  —  L'alimentation  joue  un  rôle  très  important,  comme  on  le  sait,  sur 
l'élimination  de  l'acide  urique,  qui  normalement  chez  un  même  individu  (homme 
adulte)  offre  des  variations  oscillant  entre  0  gr.  20  et  0  gr.  80.  Sous  l'inlluence  d'une 
alimentation  exclusivement  animale  elle  peut  monter  en  effet  à  2  gr.  et  même 
au  delà:  2  gr.  II  d'après  Ranke.  Au  contraire,  le  régime  végétal  réduit  cette  quantité  à 
0  gr.  30;  et,  dans  l'inanition,  elle  monterait  à  0  gr.  24. 

D'après  .Mares,  l'acide  urique  diminue  au  début  de  l'inanition.  Après  15  à  18  heures 
environ  il  atteint  une  valeur  minimum  à  laquelle  il  se  maintient,  mais  en  présentant 
des  différences  individuelles  (13-30  milligr.  par  heure).  Horbaczewski  est  d'accord  sur 
ce  point  avec  Marès. 

Cario,  sur  4  malades  atteints  de  carcinome  de  l'œsophage,  signale  une  moyenne  de 
0,523;  0,488;  0,783  gr.  d'acide  urique  par  24  heures  pour  une  excrétion  d'azote  de 
10,2,  11,1,  7  gr.  V.  NooRDEN  cite  encore  ses  recherches  sur  l'urine  d'une  femme 
atteinte  d'ulcère  rond  de  l'estomac^  La  proportion  d'acide  urique  correspondant  à 
0,683  et  0,398  gr.  par  24  heures  pour  une  excrétion  de  3,9  eto,2gr.  d'azote. 

A  côté  de  ces  résultats,  citons  encore  une  observation  contradictoire  de  0.  Schultzen 
qui,  sur  une  fdle  atteinte  de  rétrécissement  de  l'œsophage  ayant  abouti  à  l'occlusion 


lUti  INANITION. 

complète  du  coiuluil,  a  constalt'que  la  quantité  d'acide  uritjue  deuxjours  avant  la  mort 
était  deux  fois  supérieure  à  la  normale.  Il  est  vrai  qu'il  s'agit  là  d'une  seule  observation, 
qui  ne  paraît  intirmer  nuUeratMit  les  conclusions  des  auteurs  précédents. 

En  léfinitive,  et  conformément  à  ces  observations  auxquelles  s'ajoute  celle  de  Sa- 
j)0\vENK,  on  peut  admettre  que  dans  l'inanition  l'acide  urique  décroît  en  même  temps  que 
rurée. 

Rien  d'étonnant  à  cela  si  l'on  se  rapporte  à  la  théorie  d'HonuACZEWsKi  sur  la  forma- 
tion de  l'acide  urique.  On  sait  que,  d'après  lui,  le  foie  ne  servirait  nullement  à  la  fabri- 
cation de  ce  composé  azoté  ;  qu'au  contraire  l'acide  urique  chez  les  mammifères  est  le 
résultat  de  l'action  du  sang  vivant  sur  les  éléments  lymphatiques  qu'il  renferme  cons- 
tamment. En  effet  l'observation  démontre  le  parallélisme  entre  la  richesse  du  sang  en 
globules  blancs  et  l'excrétion  d'acide  urique.  L'augmentation  de  l'acide  urique  dans 
la  leucémie,  dans  l'urine  des  enfants  dont  le  sangolTre  une  plus  grande  richesse  en  leu- 
cocytes que  l'adulte,  corroborent  celte  manicre  de  voir. 

Inversement,  la  diminution  du  noinbie  des  leucocytes  qui  se  produit  au  cours  de 
certains  états,  comme  dans  l'inanition,  rendrait  compte  de  la  moindre  proportion  d'acide 
urique  éliminé.  Il  s'agirait  donc  en  l'espèce  d'une  action  indirecte  exercée  sur  l'excré- 
tion urique,  par  la  diminution  du  nombre  de  leucocytes  que  provoque  la  suppression  de 
l'alinientalion. 

Créatinine.  —  A  l'état  normal  et  avec  un  régime  mixte,  l'honinie  sain  élimine  envi- 
ron 1  gr.  de  cette  substance  par  2'»  heures  avec  un  volume  de  1500  à  1  fiOO  centimètres 
cubes  d'urine. 

Comme  à  l'état  normal,  la  créatinine  provient  au  cours  du  jei'me  de  la  consomption 
du  tissu  musculaire,  qui  en  renferme  un  moyenne  2à  4  p.  100.  De  môme  qu'elle  augmente 
dans  l'alimentation  carnée,  de  môme  elle  diminue  dans  les  cas  d'insuffisance  alimen- 
taire ou  d'inanition. 

l.uciAM  l'a  observé  sur  Sucer,  qui  éliminait  au  !•"  jour  0,8011  gr.,  au  12'  0,7159  et  au 
IT-^  0,4029. 

Peptonurie.  —  Iassana  et  Auslau,  dans  cinq  cas  cliniques  d'inanition,  ont  noté  de 
la  peptonurie  pour  un  jeûne  de  deux  ou  trois  jours  et  sa  disparition  avec  la  rcalimen- 
lation.  Ils  ont  successivement  éliminé  les  causes  d'erreur  susceptible»;  de  fausser  l'inter- 
prétation de  cette  élimination  de  peptones  dans  l'urine,  et  ont  formulé  le  principe  de  la 
constance  de  la  peptonurie  dans  l'inanition  aiguë  et  de  sa  disparition  avec  une  alimen- 
tation efficace  et  suffisante.  D'une  façon  générale,  la  peptonurie,  d'après  ces  auteurs, 
suivrait  une  courbe  absolument  inverse  de  celle  de  l'urée  ;  le  maximum  de  la  peptonurie 
coïncidant  avec  le  minimum  d'urée,  et  inversement.  Us  ont  admi;:.  à  la  suite  d'autres 
recherches,  que  cette  peptonurie  tire  son  origine  du  sang  et  des  l  -sus  et  qu'elle  cons- 
titue dans  l'inanition  »  l'expression  de  l'involution  générale  de  tous  les  organes;  comme 
la  peptonurie,  chez  les  accouchées,  est  l'expression  de  l'involution  spéciale  de  l'utérus. 
La  présence  des  peptones  dans  le  foie  et  dans  les  organes  digérants  des  animaux  sains, 
selon  eux,  serait  un  produit  de  transaction,  lié  à  des  fonctions  spéciales  de  ces  organes 
et  qui  ne  passe  pas  par  le  sang  dans  les  urines  ;  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  la  pep- 
tone  qui,  pathologiquement,  se  forme  dans  le  jeune,  et  est  un  produit  de  réijrc^sioJi, 
en  grande  partie  éliininable  comme  tel,  infectant  d'abord  abondamment  le  sang.  » 

Matières  extractives.  —  Dans  les  expériences  de  Llciam  sur  Succi,  on  constate  une 
élévation  de  la  proportion  d'azote  uréique  par  rapport  à  l'azote  total. 

De  même  Sokoloff  insiste  sur  l'augmentation  delà  quantité  des  produits  d'oxydation 
incomplète  et  conformément  à  ce  résultat,  Gorokhoff  conclut  de  ses  recherches  que  la 
quantité  de  substances  extractives  s'accroît  de  3  p.  lOOjusqu'à  18  p.  1  00.  Les  résultats  de 
Krougekoff  seraient  contradictoires.  D'après  ces  observateurs,  l'inanition  augmente 
donc  le  taux  des  matières  extractives,  autrement  dit  abaisse  le  rapport  de  l'azote  uréi- 
que à  l'azote  total. 

Matières  minérales.  —  Les  sels  de  l'urine  proviennent  de  deux  sources.  D'une 
part,  ils  tirent  leur  origine  des  aliments,  et,  d'autre  part,  de  la  désassimilation  des 
issus.  L'influence  de  l'alimentation  se  manifeste  sur  eux  au  point  de  vue  qualitatif 
et  quantitatif.  Si  avec  une  alimentation  moyenne  la  proportion  de  sels,  par  24  heures, 
est  de  9  à  25  grammes,  la  suppression  de  l'alimentation  réduit  considérablement  celte 


INANITION.  107 

quantité,  sans  qu'elle  arrive  cependant  jamais  à  disparaître  complètement.  L'excrétion 
minérale  est  alors  intimement  subordonnée  à  la  destruction  organique  dont  elle 
fournit  la  mesure. 

Chlorures.  —  La  plus  grande  partie  du  chlore  urinaire  est  combiné  au  sodium,  et 
le  chlorure  de  sodium  provient  presque  en  totalité  du  sel  de  cuisine  que  nous  ajoutons 
à  notre  alimentation.  Sa  quantité  moyenne  pour  un  adulte  est  d'environ  12  fçrammes 
par  24  heures,  avec  les  limites  extrêmes  de  12  à  16  gi'ammes. 

L'usage  des  aliments  très  salés  augmente  fortement  cette  proportion,  et  la  privation 
de  sel  la  fait  au  contraire  tomber  jusqu'à  2  ou  3  grammes.  Toutefois,  les  réserves  de  NaCl 
que  l'organisme  peut  trouver  dans  les  tissus,  les  liquides,  et  spécialement  dans  le  sang, 
lui  permettent  de  résister  contre  la  déficience  de  ce  sel  ;  et  c'est  ce  qui  explique  sa 
constance  dans  l'urine,  même  après  une  longue  inanition.  Il  est  vrai  qu'alors  sa  quan- 
tité a  singulièrement  diminué.  Chez  le  jeûneur  Getti,  cette  excrétion  de  ;>  grammes  est 
progressivement  descendue  à  0  gr.  6  au  10"  jour  de  son  inanition.  Chez  un  malade, 
F.  MuLLER  a  vu  au  4«  jour  de  jeûne  la  quantité  de  chlore  tomber  à  1,49  en  moyenne. 
Cet  abaissement  progressif  de  chlorure  que  l'on  remarque  dans  l'espèce  humaine  est 
en  complète  opposition  avec  ce  qui  se  passe  chez  le  chien  dont  l'excrétion  chlorurée 
tombe  rapidement,  après  un  ou  deux  jours,  à  une  valeur  minimum  de  0,2  à  0,3  gr. 
de  NaCl  par  24  heures  (Voit).  Elle  se  maintient  dans  la  suite  à  ce  taux.  L'explication 
de  cette  différence  tiendrait,  d'après  Voit,  à  ce  que  chez  l'homme,  consécutivement  à 
son  alimentation  riche  en  sels,  il  possède,  contrairement  au  chien,  dans  le  sang  et  les 
liquides  organiques  un  excès  de  NaCl  qui  s'élimine  progressivement. 

La  si  faible  quantité  de  chlore  que  renferme  l'urine  des  inanitiés  est  de  nature  à 
révéler  que  les  tissus  qui  sont  soumis  tout  d'abord  à  la  désorganisation  sont  les  tissus 
pauvres  en  NaCl,  et  en  premier  lieu  les  muscles.  Pour  une  élimination  de  12  grammes 
d'azote  par  jour,  l'inanitié  perd  300  grammes  de  substance  musculaire  qui  met  en 
liberté  dans  la  circulation  0  gr.  3  de  NaCl.  Le  rapport  de  ce  sel  à  l'azote  excrété  peut 
baisser  dans  l'inanition,  au  point  de  correspondre  à  1/36. 

Seule,  la  quantité  de  sel  mise  en  liberté  par  la  désorganisation  des  tissus,  est 
excrétée.  L'organisme  en  reste  ainsi  saturé.  Aussi  la  réaliinentation,  après  plusieurs 
jours  de  jeûne  absolu,  détermine-t-elle  aussitôt  l'excrétion  d'une  proportion  normale 
de  Nacl. 

Le  rapport  du  NaCl  à  l'azote  urinaire  est  extrêmement  important  pour  apprécier  le 
degré  de  l'inanition.  Tant  que  l'urine  renferme  une  quantité  importante  de  ce  sel  (plu- 
sieurs grammes),  l'organisme  ne  vit  pas  encore  aux  dépens  du  NaCl  de  ses  tissus.  On 
trouve  même  dans  ce  dosage  une  méthode  propre  à  déterminer  si  un  individu  est  réel- 
lement en  état  d'inanition. 

L'alimentation  insuffisante  fait  baisser  le  NaCl  au-dessous  du  chiffre  normal;  mais 
cela  dépend  du  degré  de  la  maladie  qui  entrave  la  nutrition,  et  aussi  des  dispositions 
individuelles  très  variables  à  faire  usage  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  sel. 
V.  NooRDEN  a  vu  chez  des  individus  mal  nourris  que  le  rapport  du  NaCl  à  l'urée  était  à 
peu  près  normal  :  1/2. 

La  chute  de  l'élimination  des  chlorures  dans  l'inanition  explique  pourquoi  les 
diverses  maladies  aiguës  fébriles  le  font  aussitôt  diminuer.  C'est  un  fait  d'observation 
courante  que  l'abaissement  des  chlorures  est  en  quelque  sorte  proportionnelle 
au  degré  de  la  réaction  fébrile  dans  la  fièvre  continue.  D'autre  part,  le  chlore  peut 
descendre  à  la  centième  partie  de  sa  proportion  normale  dans  la  période  aiguë  de  la 
pleurésie,  la  pneumonie,  la  scarlatine,  la  variole,  la  fièvre  récurrente,  l'atrophie  aiguë 
du  foie.  En  définitive,  il  s'agit  toujours  d'une  seule  et  unique  cause  :  le  défaut  d'alimen- 
tation créé  dans  ces  cas  pathologiques  parle  manque  d'appétit. 

Acide  phosphorique.  Phosphates.  —  L'acide  phosphorique  urinaire  provient 
de  l'alimentation  carnée,  ce  qui  explique  la  faible  quantité  qu'en  renferme  l'urine  des 
herbivores,  et  d'autre  part  l'augmentation  que  provoque  sur  un  Carnivore  un  régime 
très  aninialisé.  La  quantité  moyenne  éliminée  par  l'homme  adulte  et  pendant  vingt- 
quatre  heures,  serait  de  3  gr.  5  (Vogel  et  Hûppert)  ;  2  gr,  5  (Gautier);  2  gr.  8  (Beau- 
nier),  sous  forme  de  P-0'.  Un  tiers  environ  de  l'acide  phosphorique  est  combiné  à 
la  chaux  et  à  la  magnésie. 


108  INANITION. 

l/inanition  délennine  uno  augmentation  de  rexcrclion  pliosplialique.  Aussi  le  rap- 
port de  l'acide  phosphorique  à  l'azote  urinaire,  (|ui  est  normalement  1  7,  au?mente-t-il, 
ainsi  (lue  l'ont  remarqué  différenls  auteurs,  Uisciioi-k  1/0.  4,  Mu.nk  sur  Cktti,  1;4.  .">, 
TuzDEK,  i/6.0  et  1/4.3,  F.  Miller,  1/:1.8,  Luciam  sur  Succi,  I/o. 6. 

On  doit  ainsi  conclure  (ju'à  cAté  des  phénomènes  de  dénutrition  des  muscles  et  des 
j;landes,  l'inanition  provoipie  l'usure  d'un  tissu  ]tarticuliérement  riche  en  phosphore. 
En  ell'et  la  variation  proportionnelle  de  la  chaux  et  de  la  magnésie,  et  la  perte  de  poids 
que  subit  le  tissu  osseux  des  animaux  inaniliés  Chossat,  Biddeu  et  Schuidt)  démon- 
trent bien  qu'il  s'af,'it  là  d'une  destruction  importante  du  tissu  osseux.  Cetti,  par 
exem|)le,  éliminait  au  cours  de  son  jeûne  plus  de  chau.\  qu'à  l'état  normal,  et  l'élimina- 
tion parallèle  de  magnésie  se  faisait  dans  la  même  proportion  où  ces  deux  éléments  se 
trouveiil  rf'unis  dans  la  substance  osseuse. 

L'alimeiitalion  insulTisante  crée  des  circonstances  très  défavorables,  pour  apprécier 
d'une  manière  exacte  le  sens  qu'elle  imprime  à  l'élimination  des  i»hos|)liales  (}ui 
tiennent  en  partie  à  la  nature  des  aliments  plus  ou  moins  riches  en  acide  phosphorique. 
Cependant,  d'après  V.  Noorde.n  qui  a  étudié  l'élimination  phosphorique  sur  un  malade 
en  état  de  dénutrition  consécutive  à  une  dilatation  de  l'estomac  et  anémique,  le  rapport 
moyeu  dans  l'alinientation  iiisullisante  serait  1/0.7.  Comme  dans  l'inanition  complète, 
le  ra[)|iorl  Af  racid.'  phospliorique  à  l'azote  au;.'nu'nterait. 

Acide  sulfurique.  Sulfates.  —  On  peut  admeltie  d'après  les  chiffies  fournis  parles 
classiques  que  la  quantité  d'acide  sulfurique  excrété  pai'  l'adulte  et  par  24  heures  est 
de  1  gr.  5  à  3  grammes,  compté  en  anhydride  S0\  La  proportion  des  acides  sulfo-con- 
jugués  est  éminemment  variable  et  soumise  à  de  nombreuses  inlluences  (alimentation, 
putréfactions  intestinales,  absorption  de  composés  aromatiques  pouvant  s'unir  à  l'acide 
sulfurique). 

Comme  l'azote  et  le  soufre  urinaire  proviennent  de  même  source,  il  s'ensuit  que 
l'élimination  d'azote  et  de  soufre  doit  suivre  une  courbe  paiallèle  et  que  leurs  propor- 
tions doivent  rester  semblables  à  celles  dans  lesipielles  ils  participent  à  la  constitution 
de  la  molécule  albuminoïde.  En  moyenne  ce  rapi>ort  corrrespond  à  16  parties  d'azote 
pour  1  de  soufre. 

Sur  Succi,  et  j)endant  les  premiers  12  jours  d'inanition,  le  rapport  resta  à  peu  près 
normal  :  17/5. 

Miller  a  observé  sur  Cetti  une  augmentation  de  2  à  .'{0  p.  100  dans  la  proportion 
des  acides  sulfo-conjugués.  L'excrétion  df  phénol  aux  0'  et  10''  jours  avait  atteint  une 
valeur  sept  à  huit  fois  plus  grande  que  l'excrétion  habituelle  de  l'homme  sain.  Tuczek 
donne  des  chifTres  (jui  concordent  parfaitement  avec  ceux  de  Lucia.ni  et  MCller. 

Il  en  serait  de  même  dans  l'alimentation  insuffisante.  V.  Noorden  a  noté  chez  un 
malade,  pour  une  élimination  d'azote  de  13,7-11,1  et  14,9,  un  rapport  Az  S  de  12,2; 
16,2:  15,7. 

A  côté  du  soufre  acide  dont  nous  venons  de  nous  occuper  (sulfate,  acide  sulfurique  A) 
et  acide  sull'o-eonjugué  ^acide  sulfurique  B),il  y  a  à  tenir  compte  du  soufre  neutre  (Sal- 
RowsKi)  qui  comprend  des  sulfocyauures,  des  dérivés  de  l'acide  hyposulfureux,  de  l'acide 
sulfurique,  de  la  cystine,  de  la  taurine,  des  corps  à  fonction  alcaloïdique,  soufre  qui 
dérive  certainement  de  la  bile  (Kl'nkel,  Spiro.  Lépine  et  Guérinj.  L'adulte  sain  élimine- 
rait une  moyenne  de  17  de  soufre  neutre  urinaire  sur  100  parties  de  soufre  total. 

A  l'inverse  de  son  action  sur  le  soufre  acide,  l'inanition  augmente  très  sensiblement 
le  soufre  neutre.  Autrement  dit,  une  quantité  de  soufre  bien  inférieure  à  la  normale 
échappe  à  l'oxydation.  C'est  ce  que  démontrent  les  expériences  sur  Cetti  et  Breitiiaupt, 
ainsi  que  les  travaux  de  Tit.zek  sur  les  aliénés  jeûneurs. 

Bases  de  l'urine.  — Chaux  et  magnésie.  —  Les  faits  que  nous  avons  déjà  exposés 
au  sujet  de  l'élimination  de  la  chaux  et  de  la  magnésie  prouvent  la  part  importante 
que  prend  le  tissu  osseux  dans  les  phénomènes  de  destruction  provoqués  par  l'abs- 
tinence. En  ce  qui  concerne  l'influence  de  l'alimentation  insuffisante,  si  la  littérature 
est  riche  en  dosages  relatifs  à  la  quantité  de  cbaux  éliminée  par  des  malade?,  elle  est 
bien  plus  pauvre  en  recherches  semblables  sur  l'élimination  de  la  magnésie  (Neubauer, 
Vogel,  g.  Hoppe-Sevler).  Ces  observations  se  rapportent  surtout  à  des  phtisiques  en 
très  mauvais  état  de  nutrition,  et  les  résultats  sont  assez  différents  les  uns  des  autres. 


INANITION.  lOÔ 

On  peut  dire  cependant  qu'en  général  elles  mettent  en  évidence  l'exagération  de  l'éli- 
mination  de  potasse. 

ScHETHG  considère  la  diminution  des  sels  calcaires  et  dos  autres  parties  constituantes 
de  l'urine  comme  caractéristique  de  Tinanilion.  SAOCWENEau  contraire  prétend  en  avoir 
constaté  l'augmentation,  de  même  que  Bkneke.  Les  résultats  de  Munk  sur  Cetti  concor- 
dent d'ailleurs  avec  ceux  de  la  plupart  des  auteurs.  Cetti  présentait  en  eiïet  une  aug- 
mentation de  la  chaux  et  de  la  magnésie.  Avant  le  jeûne,  le  rapport     ''      était  de  ——^ 

Il  devint   par  la  privation  d'aliments  — j-T7r—-  D'après  Munk,  l'augmentation  absolue  de 

la  cliauxetde  la  magnésie  serait  imputable  à  la  désintégration  active  du  système  osseux. 
Potasse  et  soude.  —  Les  quantités  de  potasse  et  de  soude  dépendent  de  l'alinienta- 

.  NaOHj         „     . 

tion.  A  1  état  normal  et  avec  une  alimentation  moyenne,  le  rapport dans  i  urine 

•^  KUH 

est  égal  à  ^.  Il  varie  avec  le  genre  d'alimentation,  diminuant  avec  un  régime  végétal, 

augmentant  au  contraire  avec  une  alimentation  carnée. 

Dans  l'inanition,  le  rapport  précédent  est  inversé.  En  effet,  les  cendres  des  tissus 
contiennent  surtout  de  la  potasse  (3  parties  de  potasse  pour  1  partie  de  soude).  Il  est 
tout  naturel  que  sous  l'action  de  l'excès  de  dénutrition  consécutive  au  jeûne,  il  appa- 
raisse dans  l'urine  une  quantité  plus  grande  de  potasse   que  de  soude.  De  telle  sorte 

qu'au  bout  d'un  certain  temps,  le  rapport  primitif   — - — devient   — . 

NaHO  3 

Le  rapport  ■  était  égal  à  '-  chez  Cetti  avant  l'abstinence.  Au  dixième  jour  du 

1  3,7 

jeûne,  il  devint-^  Bientôt  après  le  jeûne,  il  se  modifia  et  prit  la  valeur  — ^. 

Acétone.  —  Acide  diacétique.  —  La  présence  de  l'acétone  a  été  signalée  dans 
l'urine,  d'inanitiés.  Au  premier  jour  d'inanition,  l'urine  de  Cetti  en  renfermait  une 
grande  quantité.  La  réaction  de  Gerhardt  qui  la  caractérise  (coloration  en  rouge  par  le 
chlorure  ferrique)  était  encore  très  nette  au  3"  jour. 

II  en  est  de  même  pour  l'acide  acélylacétique  ou  diacétique  dont  on  peut  caracté- 
riser parfois  la  présence  dans  l'urine  au  cours  de  certaines  affections  (diabète  sucré, 
alimentation  carnée  exclusive,  périodes  d'érupt,ion  de  la  rougeole  et  de  la  scarlatine, 
maladies  infectieuses  graves  et  apyrétiques).  L'acétylacéturie  ou  diacéturie  a  été 
signalée  au  cours'  de  l'inanition,  soit  consécutive  à  des  lésions  gastriques  (Siemens  et 
KuLz)  ou  après  l'empoisonnement  aigu  par  l'acide  sulfurique  (Koppe-Seyler)  ou  bien 
chez  un  individu  sain  comme  Cetii.  Kulz  a  également  trouvé  de  l'acide  diacétique 
dans  l'urine  de  chiens  et  de  cobayes  inanitiés,  au  6"  jour  de  leur  jeûne. 

En  dehors  de  l'acétone  et  do  l'acide  diacétique,  Kulz  et  Lohenz  ont  constaté  la  pré- 
sence d'acide  fi-oxybutyri(jue  dans  l'urine  d'animaux  soumis  à  l'inanition. 

Sans  qu'il  y  ait  lieu  de  discuter  dans  cet  article  l'origine  de  ces  derniers  composés, 
rappelons  toutefois  que  deux  théories  différentes  ont  été  exposées.  D'après  C.^ntaiNi, 
Petters  et  Kauligh,  Friedlander,  l'acétone  se  produirait  par  un  processus  de  fermenta- 
tion intestinale  anormale,  sans  savoir  aux  dépens  de  quels  éléments.  Ils  attribueraient 
cependant  une  importance  à  cet  égard  aux  hydrates  de  carbone.  L'expérience  paraît 
avoir  réfuté  cette  manière  de  voir,  car  on  n'a  observé  dans  la  suite  aucune  relation 
entre  l'excrétion  d'acétone  et  celle  du  sucre.  Au  contraire,  les  variations  de  l'azote  total 
et  de  l'acétone  ont  lieu  dans  le  même  sens. 

Pour  d'autres  auteurs  (Fr.  Muller,  V.  Jaksh,  Ebstein,  V.  Engel  et  V.  Noorden), 
les  composés  tels  que  l'acide  diacétique  et  l'acide  p-oxybutyrique  représenteraient 
des  produits  d'une  destruction  exagérée  des  albuminoïdes.  Cette  théorie  s'accorde 
avec  les  faits,  puisqu'il  y  a  apparition  d'acétone  après  le  régime  carné,  et  chez  les 
femmes  enceintes  avec  fœtus  macéré  (l'acétonurie  disparait  quatre  jours  après  l'expul- 
sion fœtale  (Vicarelli).  Il  s'agirait,  dans  tous  ces  cas  d'acétonurie  soit  pathologique, 
soit  par  inanition,  d'une  véritable  auto-intoxication. 


110  INANITION. 

Sulfo-éthers  urinaires.  —  H.  Labijk  et  G.  Vitry  ont  récemment  étudié  les  rela- 
tions entre  la  désassimilatioii  azotée  et  la  courl)e  d'excrétion  des  sulfo-éthers.  Or,  sur 
leurs  animaux  soumis  à  l'inanition,  ils  ont  trouvé  une  telle  proportionnalité  qu'ils 
admettent  que  l'origine  de  ces  composés  se  rattache  à  la  destruction  de  l'albumine,  à 
l'exclusion  de  toute  putréfaction  intestinale,  invoquée  par  certains  auteurs. 

Parmi  ces  acides  sulfo-éthers,  ils  ont  choisi  le  plus  étudié  et  le  seul  qu'on  puisse 
doser  :  l'acide  indoxyl-sulfurique  ou  indican. 

Leurs  dosages  ont  porté  sur  les  urines  d'un  chien  aux  diverses  périodes  du  jeûne  : 


AZOTE 

SDLFO-ETHBRS 

urinairo. 

urinaires. 

INDICAN, 

3%  7 

0,0318 

0,00108 

2.2o 

0,0201 

0,00080 

4,26 

0,0235 

0,001018 

1"  période  du    2'  au    5°  jour  du  jeune 

2«    période  du  13'  au  18*  jour 

3*    période  du  31«  au  53"  jour  (veille  de  l;i  mort    . 

En  présence  de  ces  faits,  ils  se  refusent  à  considérer  l'indican  comme  un  indice  de 
la  putréfaction  intestinale,  l/indican  devient,  au  même  titre  que  les  sulfo-éthers  dont  il 
fait  partie,  un  témoignage  de  l'intensité  de  la  désassimilation  azotée. 

A.  Gautier  etCn.  Herviecx  ne  partagent  pas  cette  manière  de  voir.  En  se  basant  sur 
la  présence  de  l'indol  dans  le  gros  intestin  du  chien  au  cours  du  jeime,  ils  admettent 
que  les  courbes  de  l'excrétion  indicanique  traduisent  des  phénomènes  complets,  qu'ils 
n'interprètent  pas  comme  correspondant  à  la  dégradation  d'albumine  sans  intervention 
des  microbes  intestinaux. 

VIII.    —    INFLUENCE    DU    JEÛNE    SUR    L'APPAREIL    DIGESTIF 

SÉCUKTION   S.\L1VAIRE.  —    Sec   GASTUIQUE. 

Acide  chloriiyd%I(jue  et  mucus.  —  Estomac  et  pancréas.  —  Bile. 

L'inanition  imprime  aux  organes  digestifs  des  modifications  qui  ne  les  intéressent 
pas  tous  à  un  même  degré. 

Sécrétion  salivaire.  —  La  sécrétion  salivaire  est  diminuée  pendant  le  jeune. 

Au  septième  jour  de  l^nanition  de  Succi,  si  l'on  excitait  la  sécrétion  par  les  mou- 
vements de  la  mâchoire,  on  ne  recueillait  pas  en  trois  heures  ce  qu'à  l'état  normal  il 
s'écoule  de  salive  en  trois  minutes.  Quant  au  pouvoir  diastasique  on  a  constaté  sa 
diminution.  Par  contre,  Léo  trouve  chez  Cetti  une  quantité  de  plus  en  plus  grande  de 
ferment  diastasique  dans  l'urine,  provenant  sans  doute  en  partie  des  glandes  salivaires 
et  du  pancréas. 

GrCtzner  pense,  d'après  cette  richesse  de  l'urine  en  ferment,  que  l'inanitié  résorbe  à 
la  fois  ses  glandes  salivaires  et  leur  contenu. 

Sur  des  chiens  inanitiés,  A.  G.  Barhera  a  fait  l'analyse  physiologique  des  conditions 
d'activité  de  la  corde  du  tympan,  du  sympathique  cervical  et  de  l'activité  sécrétoire 
des  cellules  de  la  glande  sous-maxillaire. 

Malgré  l'état  très  avancé  du  jeûne,  l'appareil  sécrétoire  en  entier  conserve  son  exci- 
tabilité propre  et  on  peut  obtenir  un  débit  de  salive.  Il  est  toutefois  moindre  qu'à  l'état 
normal.  D'habitude,  l'excitation  du  sympathique  est  inefficace.  On  observe  les  ell'ets 
sécrétoires  de  la  pilocarpine  et  l'action  antagoniste  de  l'atropine. 

Le  jeûne  ne  modifierait  donc  guère  la  sécrétion  salivaire  sur  le  chien. 

Suc  gastrique.  —  On  connaît  les  relations  entre  l'écoulement  du  suc  gastrique  et 
l'ingestion  de  substances  alimentaires.  Ordinairement  la  formation  du  suc  est  très 
réduite  dans  l'estomac  vide,  co.iime  l'a  montré  Schreiber  dans  ses  recherches  sur  le 
contenu  stomacal  à  jeun.  Le  jeûne  prolongé  porte  une  atteinte  très  sérieuse  à  la  sécré- 
tion gastrique. 

Luciani,  en  étudiant  sur  Succi  le  liquide  de  lavage  de  l'estomac,  n'y  trouva  exclusive- 
ment que  des  cellules  et  du  mucus  à  partir  du  7'^  jour.  11  n'y  eut  jamais  d'acide  chlo- 
rhydrique  ou  de  pepsine.  Il  en  résulte  une  résorption  de  pepsine  pendant  l'inanition. 
En  général,  tout  à  fait  au  début,  on  trouve  une  assez  forte  proportion  de  pepsine  dans 
l'urine,  qui  ne  se  maintient  pas  au  même  taux  dans  le  jeûne  prolongé. 


INANITION.  m 

Toutefois,  môme  dans  l'inanition,  les  glandes  gastriques  ne  cessent  pas  de  fournir 
les  matériaux  donnant  naissance  à  la  pepsine  (Heidknhain,  Schifk).  Les  ylandes  gas- 
triques sont  susceptibles  de  fabriquer  du  suc  gastrique  à  diverses  périodes  du  jeûne. 
Au  i2<'  jour  de  l'inanition,  Carvallo  et  Pachon  trouvèrent  sur  des  chiens  que  l'estomac, 
mis  à  macérer,  donnait  du  ferment  pepiique. 

Sur  un  chien  à  fistule  gastrique  et  œsophagienne,  au  premier  jour  de  jeûne,  un 
repas  Actif  provoqua  en  une  demi-heure  un  écoulement  de  100  ce.  de  suc.  Du  2"  au 
5c  jour  la  sécrétion  allait  en  diminuant  pour  disparaître  complètement  (Pawlow). 
Comme  pour  la  salive,  Bardera  conclut  de  ses  expériences  que  :  «  les  fibres  du  vague 
excitatrices  de  la  sécrétion  gastrique,  de  même  que  les  ganglions  nerveux  inlra-stoma- 
caux  présidant  directement  à  la  sécrétion  ainsi  que  les  cellules  sécrétantes,  sinon 
quantitativement  du  moins  qualitativement,  conservent  presque  jusqu'au  dernier  mo- 
ment de  la  vie  de  l'animal  à  jeun,  les  unes  leur  excitabilité  électrique,  et  les  autres  leur 
capacité  sécrétante,  et  les  unes  aussi  bien  que  les  autres  leur  réciproque  connexion 
anatomique... 

«  Le  peu  de  suc  gastrique  obtenu  par  excitation  du  vague  contient  très  peu  d'acide 
chlorhydrique  libre  et  spécialement  de  pepsine,  parce  que,  si  ce  suc  est  capable  de  modi- 
fier l'albumen  d'oeuf  par  une  formation  de  peptones,  il  le  fait  dans  des  limites  extrême- 
ment restreintes.  » 

Lab  Ferment.  —  D'après  Boas  et  Klemperer  il  existe  toujours  une  certaine  quantité 
de  lab  ferment  dans  l'estomac  à  jeun. 

Acide  chlorhydrique  et  mucus.  —  D'après  certains  auteurs,  Johnson,  Bœhm,  Rosin 
et  ScHiJLE,  l'estomac,  à  l'état  de  jeûne,  pourrait  renfermer  des  quantités  variables  de 
suc  gastrique  acide. 

Frouin  a  vu  sur  des  animaux  dont  l'estomac  avait  été  préalablement  séparé  du  reste 
de  l'appareil  digestif  que,  vingt-cinq  et  trente-six  heures  après  le  repas,  le  suc  obtenu  ne 
renfermait  guère  que  0,08  d'acide  chlorhydrique.  Il  paraîtrait  donc  légitime  de  conclure 
qu'en  dehors  des  cas  pathologiques,  la  sécrétion  acide  de  l'estomac  ne  persiste  pas  pen- 
dant le  jeune.  La  muqueuse  gastrique,  à  jeun,  ne  sécrète  qu'une  petite  ({uantité  de 
mucus,  qui  baigne  les  parois  de  cet  organe.  Les  auteurs  qui  ont  obtenu  des  résultats 
contraires  se  sont  trouvés  en  présence  de  conditions  pathologiques;  car  la  sécrétion 
acide  de  l'estomac  disparaît  pendant  le  jeûne,  en  dehors  de  certains  cas  anormaux 
(maladie  de  Reichuann). 

Estomac  et  Pancréas.  —  On  a  recherché  le  pouvoir  de  digestibilité  des  extraits 
d'estomac  ou  de  pancréas  pris  sur  des  animaux  normaux  ou  inanitiés.  Dans  ces  dernières 
années,  les  premières  observations  de  SchH'F  et  Herzen  ont  été  reprises  et  modifiées 
par  Carvallo  et  Pachon,  qui  infirment  l'opinion  admise  jusqu'alors,  à  savoir  que  les 
extraits  d'estomac  ou  de  pancréas  d'animaux  en  inanition  sont  inactifs,  s'ils  n'ont  pas 
été  préalablement  exposés  longtemps  à  l'action  de  l'air  ou  de  l'oxygène  (Heidexhain). 
Ils  ont  vu,  en  etîel,  que  le  pancréas  d'animaux  à  jeun  normaux  ou  dératés,  pris  sur  l'ani- 
mal encore  vivant,  et  sans  exposition  préalable  à  l'air,  est  capable  de  digérer  la  fibrine 
(Carvallo  et  Pachon).  U  est  vrai  que  Herzen,  bien  qu'il  ne  souscrive  pas  entièrement  à 
celte  aiiîrmation  absolue  que  ces  extraits  glandulaires  n'ont  aucune  propriété  digestive 
quand  ils  ont  été  préparés  avec  les  organes  d'animaux  à  jeun,  n'admet  que  la  conclu- 
sion suivante  :  c'est  que  le  pancréas  d'animaux  (chiens)  dératés  se  comporte  comme 
le  pancréas  d'animaux  à  jeun.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  digère  très  lentement.  Ils 
sont  relativement  inactifs.  L'addition  k  ces  extraits  d'infusion  de  rate  congestionnée 
ou  de  sang  splénique  veineux  les  rend  aussi  actifs  que  ceux  qui  proviennent  d'animaux 
en  pleine  digestion. 

A.  Dastre  a  trouvé  que  le  produit  de  macération  de  pancréas  de  chien  et  de  porc  à 
jeun  depuis  quatre  à  cinq  jours  possède  une  action  amylolytique  très  faible,  tandis  que 
l'action  trypsique  ne  difière  pas  de  celle  du  suc  de  pancréas  d'animaux  normaux.  Les 
deux  activités  amylolytique  et  peptique  seraient  indépendantes;  la  première  disparais- 
sant à  peu  près  complètement,  la  deuxième  persistant  dans  le  jeûne. 

Herzen  constate  encore  l'action  de  l'infusion  du  suc  pancréatique  sur  la  fibrine. 
Barrera,  enfin,  montre   (jue  l'excitabilité  sécrétoire  du  vague  pour  le  pancréas   et 
des  ganglions  nerveux  intra-pancréatiques  n'est  pas  abolie,  comme  pour  l'estomac.  Le 


11-2  INANITION. 

suc  pancréatique  obtenu  par  excitatiuii  des  lilels  st'crétoires  du  vaf,'ue,  au  cours  de 
l'inanition,  possède  le  pouvoir  de  transformer  l'albumine  en  peptone,  et  l'amidon  en 
glucose. 

Bile.  —  Le  jeûne  détermine  une  diminution  de  la  bile,  mais,  ainsi  que  le  fait 
remarquer  Rose.nbkrg,  cette  diminution  n'est  pas  iinnii'diate.  On  peut  obtenir,  au  di'but, 
une  augmentation,  ou  bien  un  état  stationnaire  avec  les  mrmes  oscillations  qu'à  l'état 
normal. 

Si  la  sécrétion  continue  jusqu'à  la  mort,  la  quantité  absolue  diminue  ;  il  y  a  liypo- 
cliolie. 

L'écoulement  de  la  bile  a  été  surtout  étudié  par  Nassk,  Rujder  et  Schmidt,  Simro, 
VossiLs,  LuKJA.NOw,  Stadelmann.  Ce  dernier  sif,'nale  sur  un  cliien  de  12  kilogrammes  une 
diminution  importante  de  bile  sécrétée,  qui,  de  282  ce.  i)ar  vini;t-(juatre  beures,  tombe 
à  72,  71,!'),  62,5,  "ji  ce,  après  trois  jours  de  jeûne.  SriRO,  sur  un  autre  cbien,  ne  recueille 
que  38, !j  et  20  ce.  après  cinq  jours  d'inanition. 

Au  point  de  vue  qualitatif,  M.  Miller  trouve  dans  l'urine  de  quatre  individus  nor- 
maux io,M  milligramaies  de  matières  colorantes.  D.  (iEHHARDi  signale  une  différence 
bien  faible,  puisque,  dans  les  cinq  premiers  jours  de  jeilne,  le  licjuide  urinaire  renfer- 
merait li(H'i2  milligrammes  de  ces  mêmes  matières  colorantes. 

Aldertom,  pour  l'appri-ciation  des  modilications  des  acides  biliaiies,  étudie  rt'dimi- 
iialion  de  l'azote  et  du  soufre  sur  des  cliiens  à  listule  biliaire  complète.  Les  résulUils 
coiilirment  ceu.v  de  Stauelman  sur  les  pigments  biliaires,  et  il  conclut:  ■■  que  la  quantité 
de  bile  diminue  progressivement  jusiiuà  la  mort,  ainsi  que  le  résidu  solide,  l'azote  et 
le  soufre.  La  diminution  est  absolue,  le  rapport  centésimal  de  ces  composants  subit 
une  augmentation  progressive  et  notable.  » 

Beccari,  sur  deu\-  cbiens  inanitiés,  a  observé  la  persistance  de  l'élimination  du  fer 
dans  l'inanition.  Cette  élimination  présenterait  un  cours  distinct,  et  complètement 
indépendant  de  celui  de  la  sécrétion  totale. 


IX.    —   DE   L'INANITION    PARTIELLE 
Ina.nition  azotée.  —  Inanition  aqueuse.   —  Lnamtio.n  mi.nérale. 

Inanition  partielle.  —  L'inanition  partielle  constitue  une  forme  spéciale  particu- 
lièrement fréquente,  de  l'inanition.  Klle  consiste  en  ce  que  l'organisme  ne  reçoit  plus 
qu'une  partie  des  matériaux  alimentaires  qui  lui  sont  nécessaires. 

Outre  qu'il  est  intéressant  de  comparer  ses  l'ffets  à  ceux  de  l'inanition  totale,  l'ina- 
nition partielle  tire  encore  de  sa  fréquence  dans  le  milieu  social  une  importance  qui 
ne  saurait  écliapper  à  personne.  Le  problème  de  l'alimentation  des  classes  pauvres  se 
rattache,  en  effet,  directement  à  cette  question,  car  il  importe  de  les  prémunir  contre 
les  dangers  dune  alimentation  insuftisante. 

Nous  entendons  surtout  par  inanilinn  partielle  la  suppression  totale  ou  l'insuffisance 
de  l'un  des  trois  aliments  siinfdes  dans  la  ration  alimentaire,  les  deux  autres  étant 
ingérés  en  quantité  suflisanle  ou  insuflisante  pour  dégager  le  nombre  de  calories  cor- 
respondant à  celui  d'une  ration  d'entretien.  Il  y  aurait  donc  successivement,  dans  les 
trois  cas,  à  étudier  les  phénomènes  relatifs  à  celte  suppression.  Mais  ce  que  nous 
savons  des  transformations  des  albuminoïdes  en  graisses  ou  hydrates  de  carbone  nous 
laisse  prévoir  que,  seul,  le  cas  de  la  suppression  des  matières  azotées  est  intéressant. 
En  deuxième  lieu,  il  sera  nécessaire  d'envisager  les  phénomènes  consécutifs  à  l'inani- 
tion partielle  aqueuse  et  minérale. 

Inanition  azotée.  —  Elle  n'entraîne  nullement  la  suppression  de  la  dépense  d'al- 
bumine. Celle-ci  est  à  peine  diminuée,  comme  dans  le  cas  de  l'inanition  totale. 

L'administration  exclusive  de  graisses  joue  un  rôle  à  un  double  point  de  vue.  Ainsi 
que  nous  l'avons  vu  plus  haut,  elle  diminue  la  destruction  des  matières  albumino'ides, 
et  peut  supprimer  presque  complètement  la  dépense  de  graisse.  Avec  un  excédent  de 
la  graisse  ingérée  sur  la  graisse  dépensée,  celle-ci  peut  se  déposer  en  réserve  dans  les 
tissus.  Mu.NK  et  Ewald  citent  l'expérience  suivante  :  "  Un  chien  qui,  pendant  l'inanition 


INANITION.  113 

perdait  journellement  96  grammes  de  graisse  et  152  grammes  de  chair  ne  détruisit  plus, 
lors  de  l'administration  de  100  grammes  de  graisse,  que  97  grammes  de  celle-ci  ;  la 
perte  de  graisse  était  donc  complètement  supprimée,  mais  non  la  perte  en  albumine  : 
celle-ci  représentait  encore  145  grammes  de  chair.  Ce  chien  i^eçut  ensuite  350  grammes 
de  graisse;  il  détruisit  alors  lOt  grammes  de  graisse  (il  se  produisait  donc  un  dépôt 
de  186  grammes  de  graisse),  et,  en  outre,  227  grammes  de  chair.  » 

Mais,  malgré  les  réserves  de  graisse  qui  s'accumulent  dans  les  tissus,  l'animal  meurt 
par  suite  de  la  désassimilation  azotée.  Parallèlement  à  la  durée  de  la  vie  dans  l'inani- 
tion complète,  il  est  permis  d'observer  que  celle-ci  est  plus  longue  avec  une  alimenta- 
tion exclusivement  composée  de  matières  grasses. 

11  n'en  est  pas  différemment  dans  l'inanition  azotée,  avec  une  alimentation  simple- 
ment composée  d'hydrates  de  carbone. 

En  définitive,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  le  taux  d'excrétion  azotée  suit  sensi- 
blement la  même  courbe  que  dans  l'inanition  totale,  et  il  peut  se  produire  une  accu- 
mulation de  réserves  graisseuses  pendant  la  durée  de  cette  destruction  azotée. 

Inanition  aqueuse.  —  L'eau  est  un  élément  indispensable  aux 'êtres  vivants,  dont 
elle  constitue  une  partie  pondéralement  considérable.  L'organisme  en  renferme  environ 
de  59  à  71  p.  100.  Ainsi,  d'après  les  recherches  de  Lukjanow  sur  la  composition 
aqueuse  des  organes  de  pigeons,  le  sang  renferme  76-77  p.  100;  le  cerveau,  78-80  p.  100  ; 
les  muscles,  72-73  p.  100;  le  foie,  73-75  p.  100;  le  cœur,  76-77  p.  100;  les  os,  41 
à  50  p.  100.  D'une  façon  générale,  on  peut  admettre  que  l'activité  d'un  organe  est  pro- 
portionnelle à  la  quantité  d'eau  qu'il  renferme,  et  nous  savons,  d'autre  part  (Raxre), 
que  les  muscles  renferment  plus  d'eau  à  l'état  de  travail  qu'îi  l'état  de  repos. 

La  circulation  d'eau  dans  l'organisme  est  très  active,  et  son  élimination  se  fait  par 
quatre  voies  différentes  :  évaporation  pulmonaire,  sueur,  urine,  matières  fécales.  Pour 
remplacer  ces  pertes,  il  est  donc  nécessaire  que  l'alimentation  assure  une  quantité 
d'eau  assez  forte.  Les  effets  de  l'inanition  aqueuse  ont  été  étudiés  en  particulier  par 

B0WL\,  KaRTSCHAGIN  et  SKORlTSCHENliO. 

BowiN  a  porté  son  observation  sur  les  altérations  du  poids  du  corps  consécutives 
à  une  nourriture  exclusivement  solide,  sur  l'abaissement  thermique,  la  durée  de  la 
vie  des  animaux  en  expérience,  les  altérations  numériques  des  globules  sanguins,  et  les 
modifications  pathologiques  des  organes. 

Pendant  la  durée  de  l'expérience,  les  animaux  mangeaient  une  nourriture  pure- 
ment solide.  Les  chiens  absorbaient  du  pain  noir  et,  tous  les  deux  jours,  de  la  viande. 
Quant  aux  lapins,  on  leur  donnait  du  foin,  de  l'avoine,  du  pain  noir.  Ces  animaux  sup- 
portent facilement  l'inanition  aqueuse  au  début.  Les  lapins  deviennent  apathiques  un 
jour  ou  deux  avant  la  mort,  et  présentent  parfois  une  parésie  de  l'arrière-train.  Les 
chiens  sont  plus  tût  affaiblis  (|ue  les  lapins,  et  perdent  leur  poil.  Tous  subissent  uul- 
perte  rapide  de  poids,  et  meurent  quand  cette  perte  atteint  50  p.  100,  environ  au  vingt- 
troisième  jour.  La  mort  des  chiens  survient  pour  une  perte  de  poids  plus  faible  que 
chez  les  lapins.  L'ensemble  des  phénomènes  généraux  ressemble  à  ceux  que  l'on 
constate  au  cours  de  l'inanition  totale.  La  température  baisse  seulement  dans  les  der- 
niers stades  de  l'inanition  aqueuse. 

Le  nombre  des  globules  rouges  reste  normal  au  premier  jour  du  jeûne;  puis  s'accroît 
au  point  qu'au  12«  ou  14"  jour  il  correspond  à  7  millions. 

Les  organes  des  animaux  morts  à  la  suite  de  la  privation  d'eau  ne  permettent  pas 
de  distinguer  d'altérations  manifestes.  Les  variations  de  poids  des  organes  se  font 
dans  le  même  sens  que  dans  le  jeune  absolu. 

Il  était  particulièrement  intéressant  de  rechercher  la  quantité  d'eau  qu'ils  renfer- 
ment. Ainsi  le  cœur,  les  poumons,  le  foie  et  le  cerveau  gardent  leur  contenu  normal, 
«t  le  cerveau  est  peut-être  plus  riche  que  normalement.  Ce  fait  est  susceptible  d'expli- 
quer le  défaut  d'altérations  histologiques  au  cours  de  cette  forme  d'inanition  partielle. 

De  son  côté,  SkoritschEiNko  confirme  les  observations  de  Bowm  sur  les  modifications 
progressives  de  la  courbe  thermiijue  qui  diffèrent  très  sensiblement  de  celles  qu'on 
constate  sur  des  animaux  de  même  espèce  soumis  à  l'influence  de  l'inanition  complète. 

La  perte  de  poids  journalière  serait  très  irrégulière,  de  même  que  celle  de  la  plupart 
des   organes.  A  ce  sujet  les  résultats  de  Bouin  et  Skoritsche.nko  seraient  en  coiUradic- 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.   — '  TOME  IX.  8 


H4  INANITION. 

lion.  D'après  ce  dernier  auteur,  le  contenu  aqueux  des  organes  est  plus  faible  que  noi"- 
malenient.mais  proportionnellement  plus  grand  que  chez  les  lapins  soumis  a  l'inanition 
complète  et  chez  ceux  qui  boivent  de  l'eau  pendant  le  jeune.  Les  organes  qui  se 
déshydratent  le  plus,  sont  le  cœur,  la  rate  et  le  foie.  Par  contre,  la  quantité  d'eau 
augmente  dans  les  reins,  les  poumons  et  l'estomac. 

Quant  aux  effets  de  l'ingestion  aqueuse  excessive  ou  insuffisante,  ils  seraient  très 
variables  d'après  les  auteurs.  Hockkr,  Mosler,  Hartels,  Ji  rge.nsen  et  J.  Maver  signalent 
une  diminution  de  l'excrétion  d'urée  et  de  désassimilation  azotée,  lorsque  la  quantité 
d'eau  alimentaire  est  diminuée.  Nous  avons  déjà  vu  au  contraire  qu'ALnETSKi  a  noté, 
dans  le  cas  d'inanition  acjueuse,  une  diminution  des  phénomènes  généraux  de  la  nutri- 
tion. Hayem,  Fraenkel,  Dl'beli.n  et  Debove  admettent  qu'une  alimentation  aqueuse  con- 
sidérable est  sans  inlluence  sur  la  nutrition.  Bidder  et  Schmidt,  J.  Mayer  et  H.  Oppenheim 
signalent  une  forte  élimination  d'urée  avec  une  riche  ingestion  d'eau.  Us  ne  consi- 
dèieiil  pas  ce  fait  comme  signe  d'une  destruction  plus  grande  d'azote  dans  l'organisme. 

BlSCHOlK,    BiJCKEB,   MOZLEH,    (iENTU,    VoiT,    FORSTER,    HkNNEUERG,    StOHMAXN,  TeU-GrEGORIANZ 

et  J.  Mu.\K  se  prononcent  en  faveur  d'une  forte  destruction  azotée  dans  l'organisme 
lorsqu'il  y  a  une  grande  ingestion  d'eau. 

KARTSCHAiiiN  a  fait  des  recherches  sur  7  étudiants  bien  portants,  de  20  à  •2")  ans. 
Chaque  expérience  durait  quinze  jours.  Elle  était  divisée  en  trois  périodes  semblables. 
Deux  ou  trois  jours  auparavant,  chaque  étudiant  était  soumis  à  un  fort  régime  alimen- 
taire, voisin  de  la  ration  alirnentaiio  normale  de  Voit;  et  on  diminuait  considérable- 
ment la  quantité  d'eau  pendant  la  deuxième  période.  Les  aliments  solides  et  liquides 
ingérés  consistaient  en  pain  blanc,  (  rème,  beurre,  lait,  bouillon,  sucre  et  thé. 

On  donnait  très  peu  d'eau.  Les  viandes  étaient  rùties  et  très  soigneusement  di'bar- 
rassées  de  la  graisse  et  de  leur  tissu  conjonclif.  Chaque  sujet  se  promenait  quelques 
heures  par  jour  et  travaillait  modérément.  La  sensation  de  soif  atteignait  son  maxi- 
mum d'intensité  à  la  fin  de  la  deuxième  période.  La  quantité  d'eau  ingérée  pour  cha- 
cun d'entre  eux  était  de  2,300  à  3,900  pendant  les  première  et  troisième  périodes.  Au 
contraire,  pendant  la  deuxième  cette  quantité  était  réduite  à  50  p.  100  de  sa  valeur. 

Voici  les  résultats  au  point  de  vue  urinaire.  La  quantité  d'urine  émise  diminue,  et 
le  poids  spécifique  augmente.  L'assimilation  d'azote  devient,  en  proportion  centésimale, 
93,17  (l^'-  période),  94,92  (2'^)  et  ;93,t9  (S*-).  L'échange  azoté  correspond  à  98,Ii.j  :  95, 6G, 
101,93.  La  quantité  d'eau  introduite  par  kilogramme  de  poids  du  corps  correspond  à 
52,7;  21,7;  51,4.  Ainsi  donc,  à  une  diminution  de  l'eau  correspondant  à  moitié  ou  un 
tiers  par  kilogramme,  l'échange  azoté  est  diminué  de  2,89  p.  100.  Quant  aux  résultats 
qualitatifs,  ils  correspondent  aux  chiffres  suivants.  Pour  100  parties  d'azote  total  urinaire 
il  y  a,  dans  la  deuxième  période  comparée  à  la  première,  2,05  p.  100  en  plus  d'azote 
incomplètement  oxydé  et  autant  en  moins  d'azote  sous  forme  d'urée.  Dans  la  troisième 
période,  malgré  une  plus  grande  quantité"  d'eau,  il  y  a  encore  plus  de  substances  azotées 
inoxydées  que  dans  la  deuxième.  On  voit  donc  que,  dans  la  troisième  période,  la  quan- 
tité d'azote  total  éliminé  est  de  3,38  p.  100  plus  importante  que  dans  la  première.  La 
diminution  d'azote  dans  la  seconde  période  n'est  donc  pas  la  conséquence  d'une  dimi- 
nution de  l'échange  azoté,  mais,  par  suite  de  la  moindre  proportion  d'eau  qui  circule  dans 
les  tissus  et  les  cellules,  les  produits  de  destruction  azotée  sont  retenus  dans  l'organisme 
et  d'abord  dans  la  troisième  période  avec  la  quantité  suffisante  d'eau.  L'analyse  quali- 
tative montre  ainsi  qu'avec  une  diminution  d'ingestion  aqueuse  l'échange  azoté  subit 
un  accroissement. 

Déshydratation.  —  La  déshydratation  des  cellules  augmente  leur  sensibilité 
vis-à-vis  des  substances  toxiques.  Maurel  a  mis  le  fait  en  lumière  sur  des  grenouilles 
déshydratées  par  une  ventilation  énergique.  En  plus  des  accidents  provoqués  par  la 
seule  perte  d'eau,  tels  que  apathie,  déséquilibration,  etc.,  il  a  encore  remarqué  une 
plus  grande  sensibilité  vis-à-vis  de  la  strychnine.  Les  convulsions  apparaissent  sur  ces 
animaux  ayant  perdu  du  poids  par  déshydratation,  plus  vite  que  sur  des  grenouilles 
normales,  à  tel  point  que  l'action  du  toxique  n'était  pas  en  rapport  avec  le  poids  de 
ranimai;  mais  avec  le  titre  auquel  le  mettait  la  quantité  d'eau  contenue  dans  son  organisme 
(E.  Maurel,  Traité  de  l'alimentation  et  de  la  nutrition,  ii,  228). 

Inanition  minérale.  —  Les  substances  minérales  sont  nécessaires  aux  êtres  vivants. 


INANITION.  Ho 

Eu  dehors  de  ce  fait  que  les  tissus  renfermeut  environ  "i  p.  100  do  matières  minérales, 
que  toute  ration  alimentaire  comporte  une  certaine  quantité  d%''léments  minéraux  pour 
compenser  les  pertes  des  excréta,  les  recherches  sur  l'inanition  minérale  démontrent  en- 
core non  moins  clairement  que  la  vitalité  des  éléments  anatomiques  réclame  cet  apport 
de  substances. 

Les  recherches  classiques  de  Forster  sont  particulièrement  significatives  à  ce  point 
de  vue.  Il  nourrit  un  chien  avec  des  résidas  de  viande  qui  avaient  servi  à  la  préparation 
de  l'extrait  Liebig.  Ces  résidus  ne  renfermaient,  après  divers  traitements,  que  0  gr.  8  de 
cendres  pour  100  grammes  de  viande  sèche.  Ils  étaient  mélangés  avec  de  la  graisse,  du 
sucre,  de  l'arnidon  et  le  tout  servait  à  l'alimentation  de  l'animal.  Eu  plus,  Forster  ali- 
menta 3  pigeons  avec  de  la  farine  d'amidon  et  de  la  caséine,  très  pauvre  en  sels.  Le 
dépérissement  de  ces  animaux  fut  très  rapide.  Les  3  pigeons  moururent  aux  13%  25''  et 
290  jour.  Quant  aux  chiens,  ils  étaient  agonisants  au  30'^  et  26"  jour. 

L'élimination  azotée  se  produisit  au  même  degré  que  l'absorption.  Quant  à  l'excré- 
tion minérale,  elle  dépassa  le  taux  des  sels  de  la  ration.  Au  fur  et  à  mesure  de  l'appau- 
vrissement en  sels,  des  symptômes  graves  éclatèrent  sur  les  animaux  en  expérience 
(hébétude,  indifférence,  tremblement,  faiblesse  musculaire,  convulsions,  troubles  diges- 
tifs). Pendant  toute  la  durée  de  l'alimentation  (26  jours)  il  n'observa  qu'une  perte  de 
poids  de  880  grammes  et  une  élimination  de  30  grammes  d'acide  phosphorique  et 
7  grammes  de  NaCl.  Cette  perte  si  minime  d'éléments  minéraux  a  donc  suffi  à  engen- 
drer ces  perturbations  qui  témoignent  d'une  sensibilité  toute  particulière  du  système 
nerveux  vis-à-vis  d'une  insuffisance  de  matières  minérales.  Il  s'agit  en  l'espèce  de  la 
soustraction  à  peu  près  complète  de  la  totalité  des  sels  que  l'on  a  à  juste  titre  appelés 
sels  nutritifs,  et  il  n'est  pas  possible  de  préciser  davantage  sur  ces  données  expéri- 
mentales le  rôle  de  chacun  d'entre  eux.  Toutefois  les  observations  de  Cn.  Richet  et 
Toulouse  nous  ont  démontré  tout  l'intérêt  scientifique  et  pratique  qui  se  rattache  à 
ces  questions  de  déminéralisation.  Leurs  travaux  ont  montré  en  particulier  l'influence 
que  la  déchloruration  peut  exercer  sur  le  système  nerveux,  qui  devient  d'autant  plus 
sensible  vis-à-vis  de  certains  sels,  le  bromure  de  potassium  en  particulier,  qu'il  est 
privé  de  chlorure  de  sodium.  Depuis  la  publication  de  leur  mémoire,  cette  question 
relative  à  la  déchloruration  a  pris  dans  le  domaine  de  la  pathologie  une  importance 
considérable  qu'il  nous  suffit  d'indiquer. 

Revenant  à  l'expérience  de  Forster,  si  l'on  compare  la  durée  de  la  vie  dans  l'ina- 
nition totale  à  celle  de  l'inanition  minérale,  on  observe  une  différence.  Les  animaux 
meurent  plus  rapidement  dans  l'inanition  minérale  que  dans  l'inanition  totale. 

BuNGE  insiste  sur  cette  différence  dont  la  cause,  d'après  lui,  doit  être  recherchée 
dans  la  formation  d'acide  sulfurique  libre  aux  dépens  du  soufre  des  matières  albumi- 
noïdes.  Il  part  de  ce  fait  que  la  désagrégation  lissulaire  entraîne  une  production  de 
substances  acides,  parmi  lesquelles  la  plus  importante  est  l'acide  sulfurique  qui  pro- 
viendrait de  la  destruction  des  matières  albuminoïdes  renfermant  suffisamment  de 
soufre,  pour  qu'une  ration  de  100  gr.  d'albumine  (à  1  0/0  de  soufre)  donne  environ  par 
oxydation  2  gr.  5  de  SO'^H-.  Normalement,  cet  acide  et  l'acide  phosphorique  provenant 
du  dédoublement  des  nucléines  sont  saturés  par  les  bases  dues  à  l'alimentation  (phos- 
phates, carbonates  alcalins).  Chez  les  herbivores,  la  quantité  impoitante  de  ces  sels  à 
réaction  alcaline,  abondants  dans  les  aliments  végétaux,  neutralise  complètement  les 
acides  résultant  des  oxydations  intra-organiques.  Mais  la  saturation  serait  incomplète 
chez  les  carnivores,  s'il  n'existait,  comme  l'ont  vu  Sghmiedeberg  et  Walter,  un  méca- 
nisme régulateur  qui  consiste  dans  la  production  d'une  certaine  quantité  d'ammoniaque. 
Chez  eux,  en  effet,  l'ingestion  d'acides  minéraux  a  pour  conséquence  d'augmenter  la 
proportion  d'ammoniaque  dans  les  urines  et  de  diminuer  la  quantité  d'urée. 

A  la  faveur  de  cette  compensation,  les  carnivores  sont  susceptibles  de  résister  un 
certain  temps  à  l'inanition  minérale.  Mais  elle  atteint  vite  sa  limite  dans  cette  forme 
d'inanition  ;  car,  à  l'inverse  de  ce  qui  se  produit  dans  le  jeune  complet,  la  dépense 
d'albumine  est  normale,  nullement  réduite  à  un  minimum  comme  dans  l'inanition  com- 
plète. La  quantité  d'acide  formé  se  trouve  conséquemment  augmentée,  et  les  bases  néces- 
saires à  leur  saturation  manquent  complètement  à  cause  de  la  soustraction  des  sels  mi- 
néraux à  réaction  alcaline.  Telle   serait  l'hypothèse  de  Bunge,  que  Lunin  a  cherché  à 


H6  INA1MITION. 

vérifier  sur  des  souris  soumises  à  une  alimenlalion  artificielle.  Les  matières  alimen- 
taires étaient  déminéralisées  (mélange  de  beurre,  de  caséine  et  de  sucre).  Ces  animaux 
mouraient  du  6*  au  21»  jour,  s'ils  ne  recevaient  pas  autre  chose.  Au  contraire,  l'addi- 
tion à  la  nourriture  d'une  certaine  quantité  de  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  suffi- 
sant e.vactement  à  la  neutralisation  de  l'acide  sulfurique  produit  par  l'oxydation  du 
soufre  permettait  à  des  animaux  de  même  espèce  de  vivre  de  10  à  30  jours.  L'addition 
d'un  sel  neutre,  comme  le  chlorure  de  sodium,  n'augmentait  en  aucune  façon  leur 
résistance. 

En  définitive,  un  sel  alcalin  prolonge  la  vie  des  animaux  soumis  à  linauition  miné- 
rale, et  l'hypothèse  de  Bunge  paraît  ainsi  justifiée  par  l'expérience.  Toutefois  il  est 
encore  permis  de  se  demander  pourquoi  le  sel  alcalin  ajouté  à  une  alimentation  démi- 
néralisée ne  permet  pas  aux  animaux  de  résister  indéfiniment  au  jeune  salin.  On  pou- 
vait admettre  que  la  composition  des  aliments  organiques  était  peut-être  insuffisante. 
Or,  si  l'on  additionne  la  même  alimentation  organique  des  mêmes  aliments  minéraux 
qui  rentrent  dans  la  composition  du  lait  et  dans  une  proportion  identique,  les  souris 
meurent  dans  le  même  délai,  L'expérience  a  été  faite  par  Luni.n  sur  six  animaux  de 
cette  espèce  qui  moururent  aux  20%  22'^  et  M"  jour.  Au  contraire,  le  lait  en  nature  leur 
permettait  de  vivre  en  bon  étal  jiendant  plusieurs  mois. 

La  question  de  la  nécessité  des  sels  organiques  n'est  donc  pas  encore  définitivement 
résolue,  et  les  recherches  sur  l'inanition  saline  ne  permettent  pas  de  préciser  davantage 
la  qualité  des  éléments  minéraux  indispensables. 


DEUXIÈME   PARTIE. 
.INANITION    CHEZ    LES    ANIMAUX    A    SANG    FROID. 

Résistance  av  jeûne  et  i'erte  de  poids.  —  Influence  de  l'âge,  de  l'eau  sur  le  cours  du 
JEÛNE.  —  Influence  de  la  lumière  diffuse  et  de  l'obscurité.  —  Influence  du  sexe.  — 
Variations  de  la  composition  chimique  des  animaux  inanitiés.. 

Inanition  chez  les  animaux  à  sang-froid.  L'intensité  des  réactions  chimiques 
est  beaucoup  plus  faible  chez  les  poïkiluthermes  que  chez  les  homéothermes.  Chez 
ceux-là,  la  perte  de  chaleur  est  pour  ainsi  dire  nulle;  conséquemment  la  consommation 
organique  est  réduite  au  minimum.  Telle  est  l'explication  générale  des  dilférences  que 
l'on  peut  constater  au  cours  de  l'inanition  entre  ces  deux  groupes.  «  Les  animaux  à 
sang  chaud,  dit  Ch.  Riciiet,  perdent  1  gramme  par  kilogramme  et  par  heure;  les 
animaux  à  sang  froid  perdent  1  décigramme.  Par  conséquent,  si  les  animaux  à  sang 
chaud  peuvent  vivre  trente  jours,  sans  manger,  les  animaux  à  sang  froid  pourront 
vivre  trois  cents  jours.  » 

Résistance  au  jeûne  et  perte  de  poids.  —  Le  premier  fait  qui  se  dégage  de  l'étude  de 
l'inanition  chez  les  poiklothermes  et  leur  très  grande  résistance.  On  s'en  rendra  compte 
en  examinant  le  tableau  suivant,  emprunté  à  Ch.  Richet  (p.  117). 

Ces  observations  sont  entourées  de  toutes  les  garanties  scientifiques.  Axais  on  cite 
encore  d'autres  faits  beaucoup  plus  extraordinaires.  Certains  d'entre  eux  doivent  être 
révoqués  en  doute.  D'autres  cependant  répondent  à  un  déterminisme  expérimental  aussi 
rigoureux  que  possible. 

Pour  la  plupart,  ils  se  rattachent  à  la  résistance  des  crapauds  et  des  tortues  qui  a 
depuis  longtemps  attiré  l'attention  des  observateurs.  Redi  signalait  en  1741  des  tortues 
terrestres  qui  auraient  vécu  18  mois  sans  nourriture.  Blumenbagh  parle  de  plusieurs 
tortues  qui  auraient  vécu  6  ans  sans  manger.  W.  Edwards  signale  une  survie  de 
19  joui's  chez  des  crapauds  scellés  dans  du  plâtre.  Cl.  Bernard  enfouit  sous  le  sol  un 
pot  de  terre  renfermant  un  crapaud,  qui  ne  mourut  qu'au  cours  de  la  3^  année. 
Ch.  Richet  a  également  constaté  que  des  grenouilles  et  des  sangsues  vécurent  plus 


INANITION. 


117 


de  8  jours  dans  du  plâtre.  Deux  tortues,  dont  l'une  avait  été  partiellement  plâtrée  et 
l'autre  complètement,  résistèrent,  celle-ci  plus  de  108, jours,  celle-là,  8 jours. 

Il  convient  d'ajouter  à  cette  liste  l'observation  récente  de  Pellegiun,  faite  dans  le 
laboratoire  de  VaillaiNt. 

11  s'agit  d'un  Pelophile  {Pelophihis  Madaijascariensis,  D.  B.).  Il  vécut  durant  40  mois 
à  la  ménagerie  des  reptiles  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  et,  pendant  cette 
période  de  plus  de  4  ans,  il  refusa  toute  nourriture.  Un  autre  individu  de  la  même 
espèce  mourut  dans  les  mêmes  conditions  après  trois  ans  déjeune. 

Durée  de  l'inanition  chez  les  animaux  à  sang  froid. 


ESPECE 

ANIMALE. 


Saumons  . 
Crotale  .  . 
Python  .  , 
Gi'enouilles 
Caméléon  . 

Tortue.  .  . 
Crabe.  .  . 
Salamandre 
Araignée  . 
Lézard.  .  . 
Grenouille . 
Vipère.  .  . 
Couleuvres 
Anguilles  . 
Tortue.  .    . 


Lézard 


Reinettes 


(!BSERV.\TErilS. 


MlESCHER 

COLIX 

Vaillant 
Bathirsï 
P.  Belox 

Redi 

Kallkr 

Redi 

Chossat 

Redi 

ClIOSSAT 


ClI.    RlCIIET 

et  Rondeau 
Chossat 


I  N  D I  C  AT  I  O  N  S 

m  B  r,  I  o  G  R  A  p  11  ni  u  E  s. 


Cite  par  Voit,  loc.  cit 

Loc.  cit 

Comm.  orale 

Cité  par  IIaller, /oc.  C27., p.  170, 
Observât,  éd.   in-12    de    15.-i5 

p.  222 

Cité  jjar  Haller,  loc.  rit.    .    . 

Loc.  cil 

Loc.  cit 

Loc.  cit.  (nioycnac  de  12  exp.l 

IjOC.  cit 

Loc.  cit.  (moyenne  de  3  exp.;. 
Loc.  cit.  (moj'cnne  de  3  exp.). 
Loc.  cit 

Bull,  de  la  Soc.  de  Biol.,  1882 

]).  692 

Loc.  cil.  (moyenae  de  2  exp,), 

Loc.  cil 


DUREE 

DE    L'.Mi.STINENCK 

iiiortollo. 


8  à  9  mois 
27  mois 
23  mois 

1  an 

1  an 

IS  mois 


PI 

us 

d'uu  an 

8 

mois 

10 

mois 

20 

mois 

2 

tj 

mois 
mois 

4 

jours 

3 

mois 

4 

mois 

6  mois 


OB.SERVATIONS. 


Mises  dans  du  plâtre. 

Deuxautres  lézards 
ont  vécu  plus  de 
■i  mois  et  demi. 


Pendant  la  période  d'inanition,  ces  animaux  restaient  la  plus  grande  partie  du 
temps  enroulés  dans  leur  couverture  de  laine.  Étant  maintenus  à  une  température  cons- 
tante, ils  n'hibernaient  pas.  Ils  se  mouvaient  simplement  pour  parcourir  leur  salle  et  se 
baignaient  assez  fréquemment. 

Enfin,  nous  trouvons  dans  les  remarquables  travaux  de  (Ir.  .Maxca,  qui  s'est  particu- 
lièrement occupé  de  cetle  question,  dans  le  cours  de  ces  dernières  années,  des  expé- 
riences précises  et  d'un  grand  intérêt. 

Le  physiologiste  italien  a  entrepris  sur  les  animaux  à  sang  froid  une  étude  systéma- 
tique, analogue  à  celle  de  Choss.^t  sur  les  animaux  à  sang  chaud.  Nous  lui  ferons  donc 
de  larges  emprunts  pour  notre  description. 

Mais  il  est  nécessaire  de  tenir  compte  de  l'espèce  animale,  pour  énoncer  les  lois 
générales  du  jeûne. 

Manca  a  pris  en  effet  de  nombreuses  observations  sur  divers  individus  appartenant 
à  des  espèces  différentes. 

Voici  d'abord  ceux  qui  intéressent  la  tortue  : 

En  faisant  les  moyennes  on  obtient  : 

Poids  initial  moyen  =  182,52 
Durée  de  la  moyenne  de  la  vie=  J  445  heures 
Perte  intégrale  proportionnelle  =27,25 
—     horaire  proccntuelle  =  0,02004 


11!^ 


INANITION. 


Expériences  sur  les  tortues. 

Données  principales. 


PER 

TES    PROCENTUELLES. 

d'ordbb 

DÉBUT 

POIDS 

DUREE 

DU 

AVEC    hA 

CARAPACE 

SANS    CARAPACE 

OBSERVATIONS. 

des 

DC    JBUNE. 

INITIAI.. 

jeune. 

-v^ . 

■ ^>,-^— 

tortues. 

intégrale. 

horair 

iiUrgrale. 

lioraire. 

gr. 

houres. 

1 

10  II  92 

200 

2G'.0 

10,3 

390 

2 

6  VI  02 

T/,80 

8IG 

Dans    les  '552    premières 
heures   de  jeûne,    perte 
intégrale       proocutuelle 
avec  la  carapace,  12,275  ; 
perte     horaire    p.     100, 
0,02802. 

3 

22  XI  92 

333,00 

Dans   les    081    premières 
houres    do  jeilno,   porto 
lioraire  p.  100  avec  cara- 
pace, 0,00-107. 

4 

Id. 

340,70 

Dans   les   084    premières 
heures    de  jortne,   perte 
lioraire  p.  100  avec  cara- 
pace, 0,00235. 

0 

M. 

207,20 

Dans   les    684   premières 
houres   de   jeilne,   perte 
horaire  p.  100  avec  cara- 
pace, 0,0023. 

6 

4  IV  94 

299,70 

124S 

23,32 

0,1868 

29,48 

0,02362 

1 

Id. 

133.90 

lo8i 

27,91 

0,01761 

40,47 

0,02554 

8 

1(1. 

42,70 

1 1 55 

29.74 

0,02.574 

9 

3  IV  93 

418,50 

2300 

30,08 

0,01307 

44,82 

0,01958 

10 

Id. 

274,00 

1392 

25,04 

0.01798 

34.76 

0,02497 

11 

4  IV  95 

153,70 

1315 

22,64 

0.01721 

34,18 

0,02599 

12 

Id. 

105,50 

1177 

22,74 

0,01932 

33,56 

0.02681 

13 

Id. 

32,20 

1195 

36,74 

0,03074 

45.01 

0,03766 

Quant  à  l'influence  du  poids  initial  sur  la  durée  de  la  vie,  elle  se  dégage  du  tableau 
que  nous  dressons  à  l'aide  des  moyennes  de  M.\nc.\. 


Perte  intégrale 

Perte  horaire 

Durée 

procentuelle. 

procentuelle. 

de  la  vie 

29,28 

0,0233 

1277 

25,27 

0,016 

1563 

Numéros      Poids  initial, 
des  groupes.       nioven. 

N°   1 78,57 

N°  2 283,47 

La  durée  de  la  vie  augmente  avec  le  poids  initial.  L'inverse  se  produit  pour  la  perle 
intégrale  et  horaire  proportionnelle. 

Les  chiffres  obtenus  sur  les  lézards  sont  parfaitement  comparables. 

Pour  un  poids  initial  moyen  de  2  gr.  17,  la  perte  intégrale  procentuelle  a  été  de 
28,87  p.  100,  la  durée  moyenne  de  la  vie  de  310  heures,  enfin  la  perte  procentuelle 
moyenne  par  heure  de  0,0902. 

Comme  pour  les  tortues,  le  poids  initial  possède  une  influence  manifeste  sur  la  durée 
de  la  vie  qui  augmente  proportionnellement.  L'inverse  a  lieu  pour  la  perte  horaire 
centésimale. 

Si,  comme  on  le  voit,  la  durée  de  la  vie  est  proportionnelle  à  la  valeur  du  poids  ini- 
tial, le  rapport  entre  la  perte  horaire  centésimale  et  le  moment  de  la  mort  n'est  pas 
moins  intéressant  à  fixer.  En  général  ce  rapport  est  inverse.  Chossat  avait  observé 
chez  les  animaux  à  sang  chaud  que  la  perte  intégrale  centésimale  augmente  avec  la 
durée  de  la  vie.  Les  recherches  deMANCA  ne  le  conduisent  pas  à  un  résultat  aussi  précis, 
bien  que  toutefois  elles  plaident  dans  le  même  sens. 


INANITION. 


119 


Expériences  sur  les  lézards. 

Données  principalo^. 


NOMBUK 
d'animaux 

POIDS  INITIAL 

MOYEN 

PERTE  KN  POIDS. 

DURKE 

MOYENNH 

INTKGKALE 

PAR    HI5URK 

do  chaque  série. 

(grammes). 

de  la  vie. 

procentuelle. 

procentuoUe. 

S 

0,82 

25,67 

0,149 

172 

21 

1,42 

31,22 

0,103 

313 

4 

2,08 

34,05 

0,070 

400 

2 

3,rjl 

25,92 

0,071 

362 

2 

4,14 

30,15 

0,067 

456 

•i 

5,38 

29,16 

0,076 

389 

2 

6,32 

31,38  . 

0,070 

420 

Le  fait  intéressant  à  noter,  c'est  que  le  moment  de  la  mort,  chez  les  poïkilothermes 
comme  chez  les  homéothermes,  coïncide  avec  un  taux  de  perte  à  peu  près  semblable. 
Cette  perte  intégrale  a  été  de  30  p.  100  en  moyenne  dans  les  expériences  de  M.\nca. 
Pellegrin,  sur  des  ophidiens,  l'a  vue  s'élever  à  38  p.  100,  chiffre  beaucoup  plus  rapproché 
de  celui  qu'a  indiqué  Chossat  pour  les  animaux  à  sang  chaud. 

Influence  de  l'âge,  de  l'eau  sur  le  cours  du  jeûne.  —  Dans  l'impossibilité  de  fixer 
l'âge  des  animaux,  Ma.nca  se  borne  à  rechercher  l'influence  du  poids  initial  qui  appa- 
raît très  bien  dans  le  tableau  ci-contre. 


GROUPE 

ANIMAUX 
de 

POIDS 

INITIAL 

PERTE  DE  POIDS. 

DURÉE 

d'animadx. 

CHAQUE  GROUPE. 

moyen. 

INTEGRALK 
p.   100. 

HORAIRE 
p.   )00. 

DE   LA   VIE. 

Ensemble.  .    . 

40 

2,72 

30 

0,156 

194 

I 

16 

1,50 

32,87 

0,187 

173 

II 

18 

2,96 

29,3 

0,139 

202 

III 

4 

.5,13 

30 

0,133 

227 

IV 

2 

6,18 

29,1       ■ 

0,101 

286 

D'une  façon  générale  les  animaux  jeunes  résisteraient  donc  moins  bien  que  les 
adultes  ou  âgés. 

Influence  de  l'eau.  —  Comme  Chossat,  Manca  confirme  l'heureuse  inlluencede  l'eau. 

En  prenant  deux  groupes  de  lézards  dont  le  poids  initial  moyen  est  de  2  gr.  17  pour 
ceu.x  soumis  au  jeûne  absolu,  et  2  gr.  77  pour  les  lézards  au  jeûne  relatif,  il  constate 
sur  ces  derniers  une  durée  de  la  vie  beaucoup  plus  grande.  La  durée  moyenne  pour  les 
premiers  est  de  316  heures.  Au  contraire  la  durée  de  la  vie  des  lézards  recevant  de  l'eau 
est  de  1  957  heures. 

Il  en  serait  de  même  pour  les  ophidiens,  d'après  les  observations  de  Pellegrin. 

Vingt  couleuvres  à  collier  sont  divisées  en  2  lots.  Les  animaux  du  f''  groupe  sont 
soumis  au  jeûne  absolu.  Ceux  du  second  ont  de  l'eau  à  leur  disposition,  pour  se  baigner 
et  se  désaltérer. 

i"'  groupe  (jeune  absolu).  Les  animaux  sont  morts  aux  21%  24*=,  25«,  2G<',  27'^,  36", 
39',  4d«,  84«  jour. 

2"  groupe  (jeûne  relatif).  Les  animaux  moururent  aux  52'^,  63*',  67'',  83%  101',  122*=, 
133%  179%  218'^  jour. 

Dans  le  premier  cas  la  durée  moyenne  de  la  vie  a  été  de  36  jours  avec  une  perte 
intégrale  de  38  p.  100.  Dans  le  second  la  durée  moyenne  de  la  vie  a  été  de  116  jours 
avec  une  perte  de  poids  de  43  p.  100. 


120 


INANITION. 


Telles  sont  les  lois  de  l'inanilion  chez  les  poikilolhermesau  pointde  vue  de  la  durée  de 
la  vie  et  de  la  perte  de  poids.  Elles  ne  diffèrent  pas  sensiblement  dans  leur  généralité 
de  celles  que  nous  avons  formulées  à  propos  de  l'inanition  des  animaux  à  sang  chaud. 

Infhience  de  la  lumière  diffuse  et  de  l'obscurité.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu  à 
propos  des  animaux  à  sang  chaud  soumis  à  l'inanition,  Aducco  a  mis  en  évidence 
l'action  de  la  lumière.  Les  pigeons  soumis  au  jeûne  absolu  présentent  une  durée  de  la 
vie  plus  grande  et  une  perte  horaire  centésimale  moins  grande  que  des  animaux  de 
même  espèce  inanitiés  en  pleine  lumière. 

Cocco-PisANO,  Manca  ont  étudié  cette  influence  sur  des  gongyles  {Gonyylus  ocellatus) 
et  ont  obtenu  des  résultats  différents  de  ceux  publiés  par  Auduco.  Manca  rappelle  à  cet 
égard  les  travaux  de  Lœb,  de  Speck,  qui  l'un  et  l'autre  n'ont  pu  mettre  en  évidence 
l'action  de  la  lumière  sur  les  réactions  chimiques  intra-organiques.Et,  conformément  à 
l'opinion  de  ces  deux  auteurs,  Cocco-Pisano  et  Manca  concluent  de  leurs  recherches  que 
la  durée  de  la  vie  des  gongyles  inanitiés  est  à  peu  près  constante,  quelles  que  soient 
les  condilions  réalisées  de  lumière  ou  d'obscurité.  La  perte  intégrale  centésimale  et  la 
perte  centésimale  horaire  sont  à  peu  près  directement  proportionnelles. 

Expériences  de  comparaison. 


DONNÉES  PRINCIPALKS 

SUR   49   GONCVLES. 

VALKL'K. 

MIMMIM. 

MAXIML'.M. 

MOYKNNK. 

Poids  initial  eu  grammes 

Perte  intégrale  p.  100 

Durée  do  la  vie  en  heures 

Perte  p.  100  par  heure 

3, «5 

7.38 
129 
0,0138 

.•;6.5  4 

35,02 
595 
0,1478 

23.64 
14.90 
504 
0,029 

Expériences  faites  dans  l'obscurité. 


DONNÉES  PRINCIPALES 

SUR    10   GONGYLES. 

VALKUK. 

MlNI.MtM. 

M.VXIMIM. 

MOYKNNE. 

Poids  initial  en  grammes 

Perte  intégrale  p.  100 

Durée  de  la  vie  en  heures 

Perte  p.  100  par  heure 

1, — . .  . 

9,59 
8,89 
478 
0,018 

29,52 
32.70 
508 
0,0720 

19,37 
18.84 
483 
0.039 

Il  y  aurait  donc  une  opposition  complète  à  cet  égard,  entre  les  animaux  à  sang 
chaud  et  à  sang  froid,  en  se  basant  tout  au  moins  sur  les  résultats  d'Aoucco  d'une  part, 
de  GocGO-PisAxo  et  Maxca  en  deuxième  lieu. 


Influence  du  sexe  dans  les  expériences  de  comparaison. 

NOMBRE 
n'ANiMArx. 

SEXE. 

POIDS 

INITIAL    MOYEN. 

DURÉE 

DE    LA    VIE 

en  lieures. 

PERTES  M 

CKNTÉSI 

OYENNES 

MALES. 

Horaires. 

Intégrales. 

15 

Ô 

17,t)6 

513 

19,61 

0,038 

33 

? 

26,85 

514 

14,69 

0,0305 

Influence  du  sexe  dans  les  expériences  à  l'obscurité. 

5 

5 

15,40 

48 i                       23, 2S 

0,0483 

0 

$ 

23,08 

483                       12,41 

0.0297 

INANITION. 


121 


Influence  du  sexe.  —  Sur  les  mêmes  animaux  [Gongijlus  ocellatus)  Manca  et  Cauella 
ont  vu  que  la  perte  intégrale  centésimale  et  la  perte  centésimale  horaire  chez  les 
femelles  sont  notablement  inférieures  aux  pertes  correspondantes  chez  les  mâles,  tandis 
que  la  durée  de  la  vie  t;st  la  même  chez  les  deux  sexes. 

Variations  de  la  composition  chimique  des  animaux  inanitiés.  —  Maxga  a  étudié  sur 
des  lézards  les  modifications  chimiques  qu'ils  subissent  au  cours  de  l'inanition.  Voici 
les  moyennes  que  nous  avons  établies  d'après  l'ensemble  de  ses  chiiïres  : 


Animaux 
Coiniiositioii  contosiinale,  totale.  normaux. 

H20  p.  100 72,19 

Substance  srclie  p.  IflU 27,50 

—         azotée  p.  100 17,55 

Graisses,  hydrates  de  carbone,  cendres.  .    .       9,92 


Animaux 

inanitic's. 

68,24 

31,65 

21,72 

9,92 


Recherches  chimiques  sur  les  animaux  à,  sang  froid  inanitiés.  —  Toutes 
ces  recherches  ont  été  faites  sur  des  lézards,  en  établissant  la  coniposition  centé- 
simale en  eau,  substance  sèche,  azote,  substances  a  (graisses,  hydrates  de  carbone, 
cendres)  non  déterminées;  substances  p  (graisses,  hydrates  de  carbone)  non  d^Uermi- 
nées. 

Ces  expériences  ont  été  divisées  en  plusieurs  groupes  qui  se  différencient  les  uns 
des  autres  par  les  conditions  d'expérience,  comme  l'indiquent  les  tableaux  suivants  où 
se  trouvent  consignés  les  chiffres  comparatifs  d'analyse. 


TABLEAU    I 

Composition  centésimale  totale  des  animaux  soumis  au  jeune  absolu 
et  des  animaux  defcomparaison. 


INDICATION 
des 

EXPÉRIENCES. 

a  z  y.  ^    . 


5  ï^-5-= 


B 
A 

B 
A 

B 
A 

C 
D 

E 
M 


CONDITIONS  ET  RESULTATS 

DES    EXPÉRIMENTATIONS. 


Conditions 
d'exp(^ri  montât  ion. 


De  comparaison 
pour  le  groupe  B. 

Jeûne  absolu. 

De  comparaison 

pour  le  groupe  B. 

Jeûne  absolu. 

De  comparaison 

pour  le  groupe  B. 

Jeûne  absolu. 

De  comparaison 

pour  C.  D.  E.  et  M. 

Jeûne  absolu. 


Jeûne  relatif  et,  à  la  tin, 
jeûne  absolu. 


240 


395 
670 
575 

1032 


25, 3o 


20,00 


19,53 


28,11 
3. -^,89 
22,50 

43,98 


COMPOSITION  PROCENTUELI.E 


o 
o 

c 

o 

■a 

§  1 

c 
2    d. 

o 

^  d 

0)    o 

5    cL 

r. 

"5 

s 

J    à- 

O       . 

C  ô 

3 
-f. 

70,39 

29,61 

17,23 

12,37 

64,48 

35,52 

21,02 

14,48 

» 

70,44 

29,56 

16,89 

12,66 

8,38 

67,06 

32,94 

22.46 

10,48 

5,67 

74,14 

25,86 

18,72 

7,14 

„ 

72,28 

27,72 

20,18 

7,58 

» 

74,80 

25,20 

17,38 

7,82 

5,68 

68,59 

31,41 

23.50 

7,91 

» 

08,50 

31,50 

22.30 

9,20 

» 

69,17 

30,83 

20,94 

9,89 

» 

67,55 

32,45 

22,57 

0,88 

4,28 
4,81 


2,13 


122 


INANITION. 


TABLEAU    II 

Composition  centésimale  totale  des  animaux  soumis  au  Jeûne  absolu 
dans  un  milieu  saturé  d'humidité. 


INDICATION 

des 

EXPÉRIENCES. 


C      o      O      g 


;s  '^  Ë  5  -5 


S  ■= 


CONDITIONS  ET  RÉSULTATS 


DES   EXPERIMENTATIONS. 


Conditions 
d'expérimentation. 


De  coinp.iraison 

pour  F.  (}.  II.  et  I. 

Jeiiuc  al)solu. 


334 
3o7 
309 
334 


18,66 

23,63 

7.93 

13,25 


COMPOSITION  PROCENTUELLE 

TOTALE. 


J3 

o 
"2 

H 

o 

«  d 

g  6 

O    O 

o  o 

C    O 

— 

C 

eu    "" 

rt    ^ 

c 

2  d. 

rt    B. 

^    =~ 

M  ^ 

- 

3 
T. 

s 
V3 

•12 

74,80 

25,20 

17,38 

7,82 

73.43 

26,57 

20.15 

6,42 

» 

73,15 

26.85 

22,41 

4,i4 

.. 

78,05 

21,95 

14,93 

7,02 

r. 

71,17 

28,83 

20,08 

8,75 

" 

TABLEAU    III 
Composition  centésimale  totale  des  animaux  soumis  au  jeune  sans  privation  d'eau. 


INDICATION 
des 

EXPÉRIENCES. 

CONDITIONS  ET  RÉSULTATS 

DES   EXPÉRIMENTATIONS. 

COMPOSITION   CENTKSI.MALE 

TOTALE. 

Indication 

dos  groupes 

d'animaux 

ou  des  animaux 

distincts. 

£  2 

"S  S 
£  ■= 

y.  ^ 

<-  'uditions 
d'expérimentation. 

1 
Durée  du  jei'ino 

on  heures. 

l'erto  intégrale 
centésimale. 

d 

o 

D. 

O 

'x 

§1 

c 
2  o. 

■7) 

•Z 
o 

N 

=     § 

5  o. 
7. 

B 
Ul 

O 

o  o 
a   o 

es      rH 
7. 

o  o 

a  o 
2  "^ 

■7. 

d 

o 

à 

<a 
•a 

8 
(D 
O 

A 
B 

A 
L 

3 
1 

De  comparaison 

pour  le  groupes. 

Jeûne  relatif. 

De  comparaison 
pour  D  et  \. 
Jeûne  relatif. 

» 
Un  600  h., 
un  720  h.. 
Iroi»  1  080  h. 

593 

■170 

.\ugniriiUiliiiii. 

Perte  (le  23,25 
22,70 

68,31 
71,98 

74.80 
76.13 
74,38 

31,49 
23,01 

25,20 
23,87 
23,62 

1S,10 
15,09 

17,38 
18.65 
2U.3I 

13,31 
9,91 

7.82 
5,22 
5,31 

0,53 
6,80 

3,78 
3,11 

De  l'exainea  comparatif  de  ces  tableaux,  que  nous  empruntons  à  l'un  des  mémoires 
de  Manca,  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1°  La  quantité  centésimale  d'eau  est  moindre  chez  les  animaux  inanitiés; 

Il  en  est  de  même  pour  la  substance  azotée,  la  substance  a,  et  la  substance  sèche. 

Manca  a  en  outre  établi  que  les  quantités  de  substance  azotée  et  de  substance  a  con- 
servent une  certaine  proportionnalité  avec  la  quantité  de  substance  sèche,  malgré  la 
durée  du  jeune  et  la  diversité  du  poids  du  corps  des  animaux  inanitiés. 

L'accroissement  centésimal  de  substances  a  est  moindre  que  celui  de  la  substance 
sèche. 


INANITION.  123 

En  définitive  l'inanition  imprime  aux  animaux  à  sang  froid  comme  aux  animaux  à 
sang  chaud  des  modifications  de  même  sens,  mais  d'inégale  intensité. 

E.    BARDIER. 

Bibliographie.  —  Biljliographie  avant  1880. 

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124  INANITION. 

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Einflùss  der  Nahrungsentziehung  auf  die  nachfolgende  Ernàhrung  [Russ.  Med.).  —  Sado- 
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INANITION.  125 

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126  INANITION. 

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der  Menge  und  der  Alcalescenz  des  Blutes  tjei  voUst.  Hnngern.  [Arch.  biol.  Wiss.,  \\, 
316.) —  Carvallo  et  Pachon.  Activité  digestive  du  jjancrcas  des  animaux  à  jeun,  noiinaux 
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Pétersbourg.)  —  SoKOLow  (W.).  Znr  Frage  des  FAnfluss  periodischen  kurzdauernden 
unvollstàndigen  Hungevns  auf  den  Eixceissumsatz  bei  gesunden  Leuten.  {Thèse  de  Saint- 
Pétersbourg.)  —  Jelkin  (M.).  Zur  Frage  ùber  den  Einfluss  kurzdauernden  periodischen, 
unvoUstàndigeu  Hungerns,  auf  die  Assimilirung  der  Nahrungsfeltcs,  auf  die  Respiration 
und  Pcrspiration  soivie  auf  die  Muskelkraft  gesunder  Leute  [Thèse  de  Saint-Pétersbourg.) 

—  Azello  (G.),  et  SoLARO  (A.).  Le  ricambio  materiale  e  la  toxicita  dell'urina  neW  ina- 
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ndhrten  und  eines  hungernden  Hundes.  (Z.  B.,  xxx,  410.)  —  Poletaew  (P.).  Die  morpholo- 
gische  Zusammcnsetzung  des  Blutes  beim  vollstdndigen  und  unvolUtdndigen  Ilungcrn  der 
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des  Knochenmarks  der  Thiere  bei  vollstdndiger  Inanition  und  nachtrngiger  Auffdlterung. 
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und  Drilsengeivebes  soivie  der  Herzganglien  beim  Hungern.  (A.  P.  P.,  xxxiii,  415.)  — 
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mensetzung  des  Blutes  bei  vollstdndigen  und  unvollstàndigen  Hungern  der  Hunde.  {Thèse 
de  Saint-Pétersbourg.)  —  Wawilow  (M.).  Zur  Frage  des  Einflusses  periodischen  kurz 
dauernden  Hungerns  auf  die  Assimilirung  des  Nahrungsfettes,  des  Wasserumzatz  und  die 
Muskelkraft  gesunder  Leute.  {Thèse  de  Saint-Pétersbourg .)  ■ —  Gerochow  (J.).  Zur  Frage 
des  Einflusses  kurzdauernden  periodischen  Hungerns  auf  den  Eiweissumsatz  gesunder  Leute. 
{Thèse  de  Saint-Pétersbourg.)  —  Smirnoff  (S. -G.).  Étude  de  l'action  d'une  alimentation  frac- 
tionnée sur  l'assimilation  et  l'échange  d'azote  chez  les  personnes  saines.  {Thèse  de  Saint- 


INANITION.  127 

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Stoffwechftel  lunuieynden  Kaninchen.  {Thcse de  Wùrzbitir/.)  —  Nereltuau  (E.).  Kfilorimelnsche 
Vntersucliunuen  an  hungernâen  Kaninchen  Un  fleberfveien^und  fieberhaflen  Zastande.  (Z. 
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cologia.) Uber  den  Einfluss  des  Chlovnatriums  auf  den  Vcrlauf  der  Inanition.  {Atti 

délia  R.  Ac.  dei  Finocrit.  Siena,  n°^  1-8.)  —  Tauszk  (F.).  Hdmatologiache  Untcrsuctiungen 
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des  vollstàndigen  Hungers  [Thèse  de  Varsovie).  —  Bitsch.  Ueber  die  Veranderungen  der 
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courte  durée  sur  les  échanges  albuminoides  chez  les  perso7ines  saines  [Thèse  de  St-Péters- 
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—  SiMoxowiTscH  (J.).  Veber  pathologisch-anatomischè  Veranderungen  der  Hoden  bei  voll- 
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[Thèse  de  St-Pétersbourg).  —  Luk.ianow  (S.).  Ueber  das  Hungern  [Varsovie).  —  Kauf- 
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und  (1er  Alkalescenz  des  Blutes  bei  vollstàndigem  Hungern  [Arch.  biol.  Wissensch.,  iv,  516- 
530).  —  (Chauveau.  Sur  la  transformation  de  la  graisse  en  hydrate  de  carbone  dans  l'orga- 
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128  INANITION. 

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dicin.,  xxxviii,  2o8-297).  —  Lasarew  (N.).  Zur  Lehre  von  der  Verânderung  des  Gewichts 
und  der  zelligen  Elemente  einiger  Organe  und  Gewebe  in  verschiedenen  Perioden  des  voll- 
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volume  des  7wyaiix  des  cellules  hépatiques  chez  la  souris  blanche  sous  l'influence  de  Vina- 
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—  Teissier  (J.)  et  GuiNARD  (L.).  Influence  de  la  diète  et  de  l'inanition  sur  les  effets  de 
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et  son  application  à  l'étude  des  phénomènes  d'inanition  chez  les  bactéries  [Arch.  Se.  BioL, 
VI,  71).  —  PcGLiESE  (A.).  Action  des  chlorures  de  sodium  et  de  potassium  sur  le  cours  de 
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lézards  [A.  i.  B.,  xxviii,  83).  —  Beccari  (L.).  Il  ferro  délia  bile  nelC  inanizione  [Arch.  per  le 
se.  mediche,  xv,  229  et  A.  i.  B.,  xxviii,  206).  —  Manca  (G.).  Le  cours  de  l'inanition  absolue 
chez  les  tortues  [A.  i.  B..  xxvii,  94).  —  Sciiclz  (M.).  re6e/*  den  Fettgehalt  des  Blutes  beim 
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aller  la  privation  d'aliments?  Des  échanges  respiratoires  dans  l'inanilion  hystérique  [B.  B., 
1896,945-948).  —  De  IJohtlingk  (U.-R.;.  Sur  les  modifications  de  la  compositio7i  chimique 
de  l'organisme  dans  l'inanition  [Arch.  Se.  BioL,  v,  395).  —  Lasarew  (N.).  Der  tàgliche 
Gexv'ichtsverlust  und  die  Temperaturcabnahme  bei  hungerden  Thieren  in  verschiedenen 
Perioden  des  vollstândiges  Hungerns  {Russ.  Arch.  f.  Palh.,  m,  399).  —  Cohxstein  (W.)  et 
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Lxix,  1897.  76).  —  MuLHiîA.N.x  (M.)  Ueber  die  tâglichc  Schwankung  der  Kôrpertemperatur 
[Ibid.,  629,  LXix).  —  Schulz  (F. ->'.).  Ueber  die  Vertheilung  von  Fett  und  Eiiveiss  beim 
mageren  Thier,   zugleich  ein  Beitrag  zur  Méthode  dcr  Fetthestimmung  [Ibid.,  lxvi,  165). 

—  Ibid.  Ueber  den  Fettgehalt  des  Blutes  beim  Hunger  [Ibid.,  lxv,  299).  —  Lukjanow  (S. -M.). 
Sur  les  modifications  du  volume  des  noyaux  des  cellules  hépatiques  chez  la  souris  blanche, 
sous  l'influence  de  l'inanition  complète  et  incomplète,  comparativement  à  l'alimentation  nor- 
male [Arch.  des  Se.  bioL,  vi,  81).  —  Jacobson  (L.).  Motorische  Zellen  des  Riickeiimurkes 
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zur  Kenntniss  des  Stoffwechsels  beim  hungernden  Menschen  [Skandin.  Arch.  f.  PhysioL,  vu, 
29-96).  —  Ûber  die  Tageschwankungen  des  Stoffwechsels  und  der  Kôrpertemperatur  in 
nûchternem  Zustande  und  vollstândiger  Muskelruhe  {Skand.  Arch.  f.  PhysioL,  viii,  85-142). 

—  Schâffer  (A.).  Stoff'wechselunfersuchungen  bei  abstinierenden  Geisteskranken  [Allgm. 
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Lckianow  (S.).  Ueber  den  Einfluss  des  vollstandigen  Hungerns  auf  die  Grosse  der 
Kerne  der  Nierenepethelien  bei  der  Weissen  7naus  [Arch.  biol.  Wiss.,  vu,  168).  —  Mor- 
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INANITION.  129 

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Zur  Frage  der  lAickerbildung  rt?<s  Fett  im  Thierkôrper  ;  ein  Beitrag  znm  Phlorizindiabetes 
im  Hungerzustande  {A.  P.,  43I-4i)0).  — Katzuyama.  Uber  die  Auscheidung  der  liasen  im 
Harn  des  auf  absolule  Karcnz  gesetzten  Kaninchens  (Z.  p.  C,  xxvi,  543-557).  — Neumeister 
(R.).  Lehrbuch  der  physiologtschcn  Cheinie. 

1899.  —  Nemser  (M.).  Sur  la  question  de  savoir  comment  les  nucléines  se  comportent 
dans  l'inanition  {Arch.  des  se.  biol.  de  St-Pétersbourg,  vu,  221).  —  Nicolaïdes  (R.).  Ueber 
den  Fettgehalt  der  Driisen  in  Hungerzustande  und  ûber  seine  Bedeutung  (A.  P.).  — 
ScHULTz.  Veber  das  Wesen  der  prâmortalen  Stickstoffsteigerung  [Miinch.  med.  Woch.).  — 
Frouin.  Sur  la  sécrétion  continue  du  suc  gastrique  {B.  B.,  498-508).  —  Muhlmann  (M.). 
Rùssiche  Literatur  Uber  die  Pathologie  des  Hungerns  ;  Référât.  {Centr.  f.  allg.  Path.  u. 
path.  Anat.,  x,  160-220).  —  Loukianow  (S. -M.).  De  l'influence  du  jeûne  absolu  sur  les 
dimensions  des  noyaux  de  Vépithélium  rénal  chez  la  souris  blanche  {Arch.  des  se.  biol., 
St-Pétersbourg,  vu,  168-176). —  Schulz  (Fr.-N.).  Beitrag e  zur  Kenntniss  des  Stoffwechsels 
bei  unzureichender  Ernâhrung  (A.  g.  P.,  379-410).  —  Frouin.  Sur  Vacidité  du  suc 
gastrique  {.îourn.  de  Physiol.  et  de  Path.  gén.,  447-455).  —  Pkluger.  Kann  bei  volkom- 
mener  Entziehung  der  Nahrung  der  Glykogengehalt  das  Thierkôrper  zunehmen?  (A.  g.  P., 
Txxvi).  —  Deunig.  Die  Bcdeulung  der  Wasscrzufuhr  fïir  den  Stoffwechsel  und  die  Ernàh- 

ung  des  Menschen  [Zeitsch.  f.  diatet.  u.  physik.  Thérapie,  1898-99).  —  Athanasiu  (J.). 
Die  Erzeugung  von  Fett  im  tierischen  Kôrper  tinter  dem  Einfluss  von  Phosphor  (A.  g.  P., 
Lxxiv,  74-75,  511-500).  —  Id.  i^ber  den  Gehalt  des  Froschkôrpers  an  Glykogen  in  der 
verschiedenen  Jahreszeiten  (A.  g.  P.,  lxxiv,  561-569).  —  Moraczewski.  Ausscheidungs- 
verhdltnisse  bei  blutteeren  und  hungernden  Frôschen  (A.  ;;.  P.,  lxxvu,  290-310).  —  Id. 
Lie  Tjusammensetzung  des  Leibes  von  hungernden  und  blutarmen  Frôschen  (A.  P.,  Suppl., 
124-144). 

1900.  —  NoÉ  (J.).  La  réparation  compensatrice  après  le  jeûne  {B.  B.,  753-757).  — 
Regnault.  Le  jeûne  {Correspond,  méd.,  Paris,  vi,  n°  135).  —  Tarozzi  {G.).  L'acide  phosp ho- 
carnique  dans  le  jeûne  (A.  i.  B.,  1900,  370-378).  —  Saverio  Spa.xgaro.  Corne  decorsp  il 
digiuno  negli  animale  emiscerebrati  e  scerebrati  in  confronta  di  quelle  degli  animali  normali 
{Riv.  speriment.  di  freniatria).  —  Manca  (G.).  Ricerche  chimiche  intorno  agit  animali  n 
sangue  freddo  sottoposti  ad  inanizione  {Arch.  di  farmacol.  e  terap.,  viii,  18o).  —  Krchivetz. 
De  l'élimination  d'azote  et  d'acide  phosphorique  au  cours  de  l'inanition  complète,  soit 
simple,  soit  accompagnée  d'excitation  douloureuse  {Arch.  des  se.  biol.  de  St-Pétersbourg, 
VIII,  37-56).  —  Roger  et  Josué.  Des  modifications  histologiques  de  la  moelle  osseuse  dans 
l'inanition  {B.  B.,  417-419).  —  Roger  et  JosuÉ.  Des  modifications  de  la  moelle  osseuse  dans 
l'inanition  {B.B.,  419-421).  —  Avroroff(P.-P.).  Échange  nutritif  et  développement  d'énergie 
dans  l'organisme  pendant  le  jeûne  complet  {Thèse  de  St-Pétersbourg  (en  russe).  —  Hart- 
mann. Casuistiches  zum  Hungertod  (Miinch.  med.  Woch.,  1110-1111).  —  Roger  et  JosuÉ. 
A  propos  de  l'influence  de  l'inanition  sur  la  résistance  à  l'infection  par  le  Bacterium  coli 
(fi.  B.,  696-697).  —  Barbera  (A. -G.)  et  Bicci  (D.).  Beitrag  zur  Kenntniss  des  durch  den 
Hungerzustand  in  den  anatomischen  Elementen  der  verschiedenen  Organe  und  Gewebe  des 
tierischen  Haiishaltes  hervorgerufenen  Verdnderungen  {Boll.  d.  scienze  med.  di  Bologna  in 
Maly's.  Jahresberichte,  489).  —  Id.  Die  Sekretion  und  die  chemische  Zusammesentzung  der 
Milch  bei  andaurender  Nahrungentziehung  und  bei  der  Wiedererndhrumg  {Anmili  di  far- 
macoterap.  e  chemica  biolog.,  ibid.,  255).  —  Daddi  (L.).  Sur  le  poids  de  l'extrait  éthéré  du 
sang  et  de  la  lymphe  pendant  le  jeûne  de  courte  durée  (A.  *.  B.,  xxx,  317).  —  Id.  Sur  le 
poids  de  l'extrait  éthéré  du  sang  pendant  le  jeûne  de  longue  durée  (A.  i.  B.,  xxx,  439).  — 
Mosso.  Die  Kôrpertemperatur  im  Hunger  und  die  Schnelligkeit  der  Assimilation  der  Kohle- 
hydrate  {Ace.  dei  Lincei,  77-84). 

1901.  —  E.  Freund  et  0.  Freund.  Beitràge  zum  Stoffwechsel  in  Hungersustand 
{Wien.  klin.  Rundschau,  n""  5  et  6).  —  Erismann  (E.).  Die  Brotsurrogate  in  Hungerszeiten 
und  ihre  Ausnatzung  in  menschlichen  Verdauungskanal  (Z.  B.,  xlii,  672-709).  —  PixCger 
(E.).  Ueber  den  Glykogengehalt  der  Thiere  im  Hungerzustand  (A.  g.  P.,  119).  —  Dubois  (R.). 
Sur  la  variation  de  résistance  des  mammifères  hivernants  à  l'inanition  (B.  B.,  272).  — 
Fernet.  Amaigrissement  extrême,  et  mort  par  inanition  {Bull,  de  la  Soc.  méd.  des  Hôp.). 
—  Trifiliev  (S.  P.).  Action  de  l'inanition  incomplète  sur  la  consolidation  des  fractures  {Th. 

DICT.    DE    PBYSIOLOGIE.    —  T.    IX.  9 


130 


INANITION. 


Sl-Pélersboiivg,  1901).  —  Weyga.ndt  (W.).  Ueber  die  Beeinftussunij  gcistitjer  Leistumjen 
dw'ch  Hungern  {Kraepclin's  Psychol.  Arb.,  iv,  1,  5,  45).  —  Cocco  (A.).  Pisano.  Il  decorzo 
del  digiuno  assohito  nel  Gongylus  ocellatus  {Studi  Sassaresi,  i,  2,  126).  —  NoÉ  (J.).  Varia- 
tions de  résistance  du  hérisson  à  l'inanition  (B.  B.,  lui,  36,  1009).  —  Manca  (G.).  Recherches 
chimiques  sur  les  animau.r  à  sang  froid  soumis  à  l'inanition  {A.  i.  B.,  xxxv,  1.  115).  — 
PuGLiÈSE  (A.).  Influenza  del  chloruro  di  sodio  sul  conicnuto  in  acqua  dei  tessuti  negli  ani- 
mait a  diijiuno  [Congrès  de  Physiol.  de  Turin.  —  Schulz  (Fh.  N.)  et  Mai.nzeh  (J.).  l'cber 
den  Verlauf  der  Phosphorsdure-Ausschcidung  beim  Ilunger{Z.  p.  C,  xxsii,  268).  —  Loisel 
(G.).  Influence  du  jeûne  sur  la  spermatogénèse  [B.  B.,  83.")).  —  Martinotti  (C.)  et  Tireli.i  (V.). 
La  microphotographie  appliquée  à  l'étude  de  la  structure  nerveuse  des  ganglions  spi~ 
naux  dans  l'inanition  {A.  i.  B.,  xxxv,  3,  390).  —  Bendix  (E.).  Ueber  physiolog.  Zucker- 
bildung  nach  Eiueissdarreichung  (Z.  p.  C,  5,  479-b03).  —  Manca  (G.).  Ricerche  che- 
miche  intorno  ugli  animali  a  sangue  freddo  sottoposti  ad  inanizione  [Arch.  di  farmac. 
e  terapeutica).  —  Balthazard.  Les  lécithines  du  foie  n  l'i'tat  normal  et  pathologiijw  {B.  B.). 

Kaikmann  (M.j.  Ueber  die  Ursache   dcr  Zunahme  dcr  Eiweisszvrsetzung   tvdhrend  des 

llungerns  [1.  B.,  xli,  75).  —  Voit  (E.).  Ueber  die  Grosse  des  Energiebcdarfes  der  Thiere 
im  Hungerzustande  [ibid,  xu,  113).  —  Die  Grosse  des  Kiwcisszcrfalles  im  Hunger 
(ibid.,  XLI,  167).  —  Schulz  (F.).  Ueber  die  Ursache  der  Zunahme  der  Eiweisszersetzung 
wahi-end  des  Hungerns  [ibid.,  xli,  368,  377).  —  Die  Bedcutung  des  Kôrperfettes  fur  die 
Eiweisszersetzung  des  hungernden  Thieres  [ibid.,  xli,  S03-549).  —  Uber  die  Ursache 
der  Zunahme  der  Eiweisszersetzung  nahrend  des  llungerns  [ibid.,  xli,  rjbO).  —  Camus  et 
Gley.  Sur  la  sécrétion  pancréatique  des  chiens  à  jeun  (B.  B.,  lui,  6,  139).  —  Pllle- 
GRiN.  Durée  de  la  vie  et  perte  de  poids  chez  les  ophidiens  en  inanition  [B.  B.,  lui,   119). 

Marchand   et  Vurpas.   Lésions  du   syst.   nerv.    central  dans  l'inanition    (B.   B.,   296). 

FÉRÉ    (Ch.).   Note   sur  l'influence  du  jeûne  accidentel  sur  la   résistance  à  l'asphyxie 

[B.  B.,  19). 

1902.  —  BoTHLiNGK  (M.).  Des  rapports  quantitatifs  de  certaines  substances  azotées 
dans  l'urine  des  animaux  soumis  au  jeûne  complet  [Arch.  îles  se.  biol.  de  St-Pétersb.,  viii 
et  xix,  1901-1902). —  Wallen'gren  (H.).  Diunitionserscheinung  der  Zelle.  Untersuchungen 
an  Protozôen  (Zeitschr.  f.  allg.  Physiol.,  i,  1,  o,  67).  —  Dubois  (R.).  Sur  la  variation  de 
résistance  des  mammifères  hivernants  à  Vinanition  B.  B.,  272).  —  Swirski.  Verhallcn 
d.  festen  Mageninhaltes  b.  absoluler  Carenz  d.  Kuiiinchen  [A.  P.  P.,  xliv,  282).  —  Pkligkr. 
Ueber  den  Glykogengehalt  der  Thiere  im  Hungerzustand  [A.  g.  P.,  xci,  119-134).  —  NoÉ  (J.). 
Rapport  comparatif  du  poids  des  organes  au  'poids  total  chez  le  hérisson  à  l'état  normal  et 
après  l'inanition  [B.  B.,  1106).  —  Variations  de  résistance  du  hérisson  à  l'inanition  [B.  B., 
[QQQ]^  —  Trifiliev  (S.  P.).  Action  de  l'inanition  incomplète  sur  la  consolidation  des  os  frac- 
turés [Th.  St-Pétersbourg).  —  Ferskt.  Amaigrissement  extrême,  et  mort  par  inanition  [Bull, 
de  la  Soc.  méd.  des  hôp.  de  Paris,  1361).  —  Cocco-Pizzano  Le  cours  du  jeûne  absolu  chez 
le  «  Gongylus  Ocellatus  »  [A.  i.  B.,  187). 

1903.  —  Blumenthal  (E.).  Zum  Abbau  der  Eiweisskôrper  im  Hunger  [D.  med.  Woch., 
18  juin).  —  Barbera  (A.  G.)  et  Bicci  (D.'.  Contribution  à  la  connaissance  des  modifica- 
tions que  le  jeune  apporte  dans  les  éléments  anatomiques  des  différents  organes  et  tissus 
de  ^économie  animale  [A.  i.  B.,  56-62).  —  Barbera  (A.  G.),  Contribution  expérimentale  à 
la  physiologie  du  jeûne.  Excitabilité  sccrétrice  de  la  corde  du  tympan,  du  sympathique 
cervical  et  du  vague  dans  le  jeûne  prolongé,  et  activité  sécrétante  des  cellules  de  la  glande 
maxillaire,  de  l'estomac  et  du  jmncréas  [A.  i.  B.,  42-b6).  —  Slowtzoff.  Beitrage  zur 
vergleichenden  Physiologie  des  Hungerstoffioechsels.  Der  Hungerstoffwechsel  der  Insekten 
[Beitr.  z.  chem.  Physiol.  u.  PathoL,  4,  23,  39).  —  Der  Hungerstoffwechsel  der  Weinberg- 
schnecke  [Beitr.  z.  chem.  PhysioL  u.  Pathol.,  1,  460-471).  —  Bendix  et  Dreyer.  Die 
Ausnutziing  der  Pentosen  im  Hunger  [D.  Arch.  klin.  Med.,  78-198,  204.  —  Mathieu  (Alb.) 
et  Roux  (Ch.).  L'inanition  chez  les  dyspeptiques  et  les  nerveux  [Coll.  des  Aide-mémoire  de 
Léaidé).  —  Manca  (G.)  et  Fatta  (G.).  1/  decorzo  del  digiuno  assoluto  nel  Carabus  morbil- 
losus  [Studi  Sassaresi,  ii).  —  Manca  (G.)  et  Casella  (D.).  Il  decorzo  delV  inanizione  asso- 
luta  nel  Gongylus  ocellatus  (ibid.,  i). 

1904.  —  Voit  [E.).  Welchen  Schwankungen  unterliegt  das  Verhdltniss  des  Organgewichte 
zum  Gesamtgewichte  des  Tieres?  Die  Abnahme  des  Skeletts  und  der  Weichteile  beim  Hunger 
[Z.  B.,  XXVIII,  2-5,  119-153).  —  Schulz  (E.).  Ueber  Reduktionen.  J.  Ueber  Hungererschei- 


INANITION.  131 

nungen  in  Planaria  lactea{Arch.f.  EntwickiunQsmech.,  xviii,  4,  5,  555).  —  Gautrelet  (J.)  et 
Langlois  (J.  p.).  Influence  de  nnanition  sur  la  polypnée  thermique  {B.  B.,  (2),  401-403). 
—  Claude  (H.)  et  Villaret  (M.).  Les  éliminations  unnaires  sous  Vinfluence  du  chlorure  de 
sodium  chez  les  animaux  en  état  d'inanition  (B.  B.,  43-945),  —  Slowtzoff  (B.).  Beitràge 
zur  vergleichenden  Physiologie  des  Hungerstoff'wcchsels  Dritte  Mitt.  Der  Hunyerstoffwechsel 
bei  Libellen  {Beitr.  z.  chem.  Physiol.  u.  PathoL,  6,  ljpf3-169).  —  —  Beitràge  zur  verglei- 
chenden Physiologie  des  Hungerstoffwechsels.  Der  Hung^:rstoffivechsel  von  Hummehi  {Bombus 
terrestris)  {Beitr.  z.  chem.  Physiol.  u.  Path.  6,  170-174).  —  Der  Hungerstoffwechsel  der 
Eidechsen  (Beitr.  zur  vergleichenden  Physiologie  des  Hungerstoffivechsels).  {Salkowski- 
Festchrift.  365-374).  —  Bohn  (G.).  Influence  de  l'inanition  sur  les  métamorphoses  (B.  B.,  (2), 
661).  — Intervention  des  influences  passées  dans  la  résistance  à  l'inanition  d'un  animal  (B.  B., 
(2),  79).  —  Abderhalden,  Bergell  et  Dôrpinghaus.  Verhalten  des  KôrpergewiclUes  im 
Hunger  (Z.  p.  C,  xli,  153).  —  Stinkisdi  Halai.  Veber  den  Einfluss  des  partiellen  Hungerns 
auf  das  Gehirn  der  weissen  Ratte  {Americ.  journ.  of  Physiol.,  xii,  116).  — Slowtzoff  (B.). 
Beitràge  zur  vergleichende^i  Physiologie  des  Hungerstoffwechsels.  Ziveile  Mitt.  Der  Hun- 
gerstoffwechsel,  der  Weinterschnecke  (Hofmcisters  Beitr.,  iv,  9/11,  5,  460).  —  Peji- 
BREY  (M.  S.)  et  Springs  (E.  j.).  The  Influence  of  fasting  and  feeding  upon  the  respiralory 
and  nitrogenous  exchange  [J.  P.,  xxxi,  320).  —  E.  Maurel.  Influence  du  régime  sec  sur  le 
poids  de  Vanimal  et  sur  les  quantités  d'aliments  ingérés  (B.  B.,  oct.);  — Influence  du  régime 
sec  sur  le  poids  de  l'animal  et  sur  l'alimentation  {Ibid.,  963);  —  Influence  du  régime  sec 
sur  la  diurèse  {Ibid.,  420);  —  Conclusions  générales  sur  le  régime  sec;  —  Considérations 
pratiques  {Ibid.,  455-1904). 

1905.  —  Debove.  Recherches  sur  l'inanition  chez  le  jeune  chat.  Méthodes.  Résultats 
(B.  B.,  (1),  837-839  et  931-932).  —  iManca  (G.)  et  Fatta  (G.).  Il  decorzo  del  digiuno  assoluto 
nel  Carabus  morbillosus  {Studi  Sassaresi,  3,  et  Archivio  di  fisiol.,  459-470).  —  Mansfeld  (G.). 
Inanition  und  Narkose  (H.  Internat,  de  Pharmacodyn.,  467-486).  — Ficker  (M.).  Uber  den 
Einfluss  des  Hungers  auf  die  Bakleriendurchlâssigkeit  des  Intestinaltraktus  {Arch.filr  Anat. 
path.  u.  Physiol.,  354-375). 

1906.  —  Nussbaum  (M.).  Fortgesetzte  Untersuchungen  ilber  denEinfluss  des  Hungers  auf  die 
Entioickelung  der  mànnlichen  Geschlechtsorgane  der  Rana  fusca  {Anat.  Anzeiger,  315- 
317).  —  Rjchet  (Gh.).  Effets  reconstituants  de  la  viande  crue  après  le  jeûne  {C.  R.,  522- 
524).  —  Panella  (A.).  H  nucleone  e  Vaqua  del  cervello  in  animali  a  digiuno  (Arch.  di 
farm.  sper.  e  scienze  affiini,  70-76).  —  Donaggio  (A.).  Effetti  dell  azione  combinata  del 
digiuno  e  del  freddo  sui  centri  nervosi  de  mammiferi  adulti.  {Rivista  sperimentale  di  Fre- 
niatria  e  médicina  légale,  373-393).  —  Bruysch  (Tu.)  et  Hirsch  (H.).  Gesammte  und 
Aminosàurenausscheidung  im  Hunger  {Zeitschr.  f.  exper.  Path.  u.  Ther.,  m,  3).  —  Bor- 
MiGER  (M.)  et  MoHR  (L.).  Sàurebildung  im  Hunger  {Zeitschr.  f.  exp.  Path.  u.  Ther.,  ni, 
3).  —  Baumstark  et  Mohr  (L.).  Darmfaûlnis  im  Hunger  {Zeitschr.  f.  exp.  Path.  u. 
Ther.,  m).  —  Ferralis  (V.).  Expériences  sur  le  cours  du  jeûne  absolu  chez  le  Gongylus 
Ocellatus,  en  diverses  conditions  de  la  température  du  milieu  {A.  i.  B.,  xlvi,  39-50).  — 
Richet  (Ch.).  Expériences  sur  les  alternances  de  jeûne  et  d'alimentation  chez  les  lapins 
(B.  B.,  (2),  546-548). 

1907.  —  Labbé  (H.)  et  Vitry  (G.).  Les  sulfo-éthers  urinaires  dans  le  jeûne  (fi.  B., 
27  avril).  — L'indican  urinaire  dans  le  jeûne  (B.  B.,  1142-1143).  —  Gatheart  (P.  E.). 
Excrétion  d'acide  urique  et  de  dérivés  puriniques  pendant  le  jeûne.  Excrétion  de  créatine 
et  de  créatinine  pendant  le  jeûne  {Arch.  Int.  de  Physiol.,  C.  R.  du  Congrès  de  Physiologie., 
95-97).  —  Roger  (H.).  Les  variations  de  l'eau  dans  l'organisme  des  inanitiés {Presse  médicale, 
673-675). 

1908.  1909.  1910.  [Voir  à  la  fin  de  ce  volume  la  bibliographie  des  années  1908,  1909 
et  1910.] 

E.    BARDIER. 


INDACONITINE.  —  (C'I'^H^'O'oN)  Alcaloïde  extrait  par  Daustan  et  Andrew. 
de  VAconithum  chesmanthum,  semble  identique  à  la  pseudo-aconitine  :  ses  propriétés 
physiologiques  sont  voisines  de  celles  de  l'aconitine  (Voy.  Aconitine). 


132  INDOL. 

INDICAN.  —  (^ilucoside  caractéristique  des  plantes  à  indigo,  dédoublable  en 
une  molécule  de  d-glucose  et  une  molécule  d'indoxyle  dont  l'oxydation  ultérieure 
fournit  l'indigotine  et  l'indirubine.  Voir  l'article  Indol  (Groupe  de  1'),  paragraphe 
Indozyle.  ' 

L'indicann'a  jamais  existé  chez  l'homme  ni  chez  les  animaux  :  si  ce  nom  est  encore 
fréquemment  employé  en  physiologie  et  en  médecine  humaines,  c'est  parla  perpétuation 
très  regrettable  d'une  erreur  viei  le  de  plus  d'un  demi-siècle.  L'urine  humaine  ren- 
ferme elTectivement  de  l'indoxyle,  mais  à  l'état  de  combinaisons  autres  que  l'indican. 
L'expression  «  indicanurie  »  doit  être  remplacée  par  celle  de  hyperindoxylurie.  Voir 
Indol  (Groupe  del'),  paragraphe  Indoxyle. 

INDIGOTINE.  —  Matière  bleue  douée  d'un  pouvoir  colorant  considérable, 
qui  constitue  la  partie  essentielle  de  l'indigo  des  teinturiers.  L'indigotine  résulte  de 
l'oxydation  de  l'indoxyle,  substance  contenue  à  l'état  de  combinaisons  incolores 
(chromogènes),  soit  dans  le  protoplasma  des  plantes  à  indigo,  soit  dans  l'urine  de 
l'homme  et  des  animaux.  Voir  Indol  (Groupe  de  1'),  paragraphes  Indoxyle  et  Indigo- 
tine. 

INDIRUBINE.  —  Matière  rouge  pourpre,  douée  d'un  pouvoir  colorant  con- 
sidérable. L'indirubine  est  un  isomère  de  l'indigotine,  qu'elle  accompagne  dans  tous 
les  produits  d'oxydation  ménagée  de  l'indoxyle,  que  cet  indoxyle  soit  d'origine  animale, 
végétale  ou  synthétique.  Voir  Indol  (Groupe  de  1'),  paragraphes  Indoxyle  et  Indi- 
rubine. 

INDOL  (groupe  de  I') —  L'indolC'*H''Az  possède  une  molécule  cyclique, 
à  double  noyau.  On  peut  se  la  représenter  comme  un  noyau  de  benzène  portant  en  posi- 
tion ortho  un  atome  d'azote  et  une  chaîne  de  deux  carbones  elle-même  reliée  à  l'azote; 
ou  encore,  comme  un  noyau  de  pyrrol  dont  les  deux  carbones  a  et  (i  sont  reliés  par 
une  chaîne  de  4  carbones.  Cette  molécule  résulte  donc  de  la  fusion  d'un  noyau  benzé- 
nique  avec  un  noyau  pyrrolique,  c'est  un  benzopyrrol  ou  phénopyrrol  (A.  Baeyer  et 
A.  Emmerling,  70). 

L'indol  est  la  substance-mère  d'un  très  grand  nombre  de  composés,  qui  en  dérivent 
par  substitution  d'atomes  ou  groupes  divers,  soit  aux  hydrogènes  du  noyau  benzénique, 
soit  aux  hydrogènes  du  noyau  pyrrolique.  Les  dérivés  du  noyau  benzénique  sont 
désignés  par  l'indication  Bz,  ceux  du  noyau  pyrrolique  par  l'indication  Pr,  avec  le 
numéro  de  la  position  occupée,  dans  la  nomenclature  la  plus  complète  et  la  plus 
récente,  celle  de  E.  Fischer  [86  b)  : 


H 

H 

C 

C 

^\ 

^*\ 

HC       C  — CH 

HC3     ôC  — 3CH 

1        II       II 

1   Bz  II  Pr  II 

HC      C       CH 

HC\    «C      2CH 

^/\/ 

%i/\i/ 

C       AzH 

C       AtM 

H 

H 

Noyau  de  l'indol. 

Nomenclature 

des  substitutions. 

La  nomenclature  de  E.  Fischer  permet  de  désigner  tous  les  dérivés  du  groupe  indo- 
lique,  même  ceux  qui  possèdent  des  groupes  fixés  aux  atomes  de  carbone  communs  aux 
deux  cycles,  dans  le  cas  où  la  rupture  des  doubles  liaisons  permet  l'existence  de  com- 
posés saturés  (indolines).  On  employait  auparavant  une  nomenclature  plus  simple,  ne 
s'appliqmant  qu'aux  substitutions  de  l'indol  proprement  dit  (dérivés  où  les  doubles  liai- 


INDOL.  133 

sons  sont  conservées),  et  où  la  numérotation  des  hydrogènes  substituables  a  lieu  do  1  à  7, 
sans  distinction  de  cycles  : 

H 
C 

^;\ 
HC^     C  — 3CH 

I        II        II 
HC6     C     2CH 

C       AzH 
H 


Il  est  nécessaire  de  connaître  cette  nomenclature  pour  pouvoir  lire  un  certain 
nombre  de  travaux. 

Enfin,  lorsqu'on  n'a  à  s'occuper  que  des  substitutions  dans  la  partie  pyrrolique,  ce 
qui  est  précisément  le  cas  pour  les  études  physiologiques,  on  se  contente  d'écrire  les 
substitutions  sous  la  forme  simplifiée  : 

CH  CH  .  p 

C6H*^^CH  C6H4(^^CH  .  a 

AzH  AzH  .  n 

Indol.  Nomenclature 

des  substitutions. 

L'intérêt  biologique  du  noyau  de  l'indol  provient  de  sa  participation  à  la  structure 
d'un  grand  nombre  de  matières  albuminoïdes  et  des  produits  de  métabolisme  qui  en 
dérivent. 

On  sait,  en  effet,  que,  sinon  la  totalité,  du  moins  une  partie  capitale  de  la  molécule 
des  albuminoïdes  est  constituée  par  l'enchaînement  mutuel  d'une  série  de  molécules 
d'acides  aminés  d'espèces  variées.  Or,  parmi  les  acides  aminés  que  fournit  la  décom- 
position, sinon  de  toutes  les  espèces  albuminoïdes,  du  moins  d'un  grand  nombre  d'entre 
elles,  et  des  plus  importantes,  il  s'en  trouve  un,  le  tryptophane,  qui  est  un  dérivé  de 
l'indol. 

Il  est  aujourd'hui  reconnu  que  le  tryptophane  n'est  autre  chose  qu'un  acide  indol- 
Pr-3-amino-2'propanoique,  c'est-à-dire  une  indolalanuie,  qui  vient  ainsi  se  ranger  dans 
Je  groupe  si  curieux  des  alanines  complexes,  caractéristiques  des  molécules  protéiques  : 
oxyalanine  (serine),  thioalanine  (cystéine),  phénylalanine,  paraoxyphénylalanine 
(tyrosine),  indolalanine  (tryptophane),  imidazolalanine  (histidine). 

Fabriqué  par  les  plantes  avec  les  autres  parties  des  matières  protéiques  végétales,  le 
tryptophane  passe  avec  celles-ci  dans  l'organisme  des  animaux,  où  il  se  fixe  sous  forme 
de  nouvelles  matières  albuminoïdes  après  avoir  été  temporairement  séparé  au  cours  des 
phénomènes  digestifs.  Puis  la  décomposition  des  albuminoïdes,  soit  par  le  jeu  du 
métabolisme  normal,  soit  sous  l'action  des  bactéries,  libère  à  nouveau  le  tryptophane, 
qui  peut  alors  subir  des  dégradations  moléculaires  successives,  d'après  le  schéma 
suivant  : 

C  — CH2_CH2  C  — CH2  — CH  — COOH 

C6H<>CH  l^jj,    ^    CeH<)cH  l^, 

AzH  AzH 

2.  —  Indoléthylamine.  1.  —  Tryptophane 

(ac.  indolaminopropionique). 

C  — CH2  — CH2  — COOH  C  — CH2  — CH3 

C6Ht<^^CH  m^-y     C6H*<^^CH 

AzH  AzH 

3.  —  Ac.  indolpropionique.  4.  —  P  Ethylindol. 


134 


INDOL. 


C  _  CH2  —  COOIl 
C6H40C" 

AzH 

5.  —  Ac.  indolac(^tic(Uc. 


C  — COOH 

C6Hi<^^CH 

AzH 

—  Ac.  intlolcarbouique. 


C  — CH3 
C6H*<^^CH 

AzH 

6.  —  Skatol 
(P  môthylindol). 

CH 
C6H^<^^CH 

AzH. 

8.  —  Indol. 


Ainsi  qu'on  le  voit,  le  passage  du  stade  1  au  stade  2  se  fait  par  simple  scission  de 
CO^  aux  dépens  du  carboxyle;  le  passage  de  1  à  3  a  lieu  par  hydrogénation  directe  avec 
départ  de  AzH^;  le  passage  de  3  à  4  par  scission  de  C0-;  de  4  à  5,  par  oxydation  de 
l'extrémité  de  la  chaîne  latérale;  de  o  à  6,  par  scission  de  CO*;  de  6  à  7,  par  oxydation; 
de  7  à  8,  par  scission  de  C0-. 

Ce  sont  là  des  processus  biologiques  au  premier  chef,  dont  certains  sont  réalisés  avec 
une  facilité  particulière  par  les  bactéries  de  la  putréfaction.  La  dégradation  progressive 
du  tryptophane  est  ainsi  exactement  semblable  à  la  dégradation  pulréfàclive  de  la 
phénylalanine  et  de  la  tyrosine,  d'où  résullent,  comme  l'ont  montré  surtout  les  travaux 
de  M.  Nencki  ainsi  que  de  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  les  acides  aromatiques,  les 
phénols  et  les  oxyacides'aromatiques. 

Introduit  dans  le  corps  des  animaux,  soit  par  des  processus  naturels,  soit  par  des 
manœuvres  expérimentales,  l'indol  peut  s'oxyder  en  un  corps  voisin  par  sa  fonction 
des  phénols,  l'indoxyle,  dont  l'oxydation  ultérieure  donne  naissance  à  deux  superbes 
matières  colorantes  isomères,  l'indigotine  (bleue)  et  l'indirubine  (rouge),  puis,  à  un 
stade  encore  plus  avancé,  à  une  substance  jaune,  de  pouvoir  colorant  beaucoup  plus  faible, 
l'isaline.  Au  delà,  les  progrès  de  l'oxydation  amènent  la  rupture  du  noyau  indolique. 


GO 

C6H*<^  ^C 

AzH 
C  0 


C-OH 

C6Hi<^~^CH 

AzH 
Indoxyle. 


CO 

AzH 
CO 

C6Hi<^   \C  — c/    ^C6H* 

AzH  AzH 

Indigotine. 


AzH 

C«Ht<^     ^C 

CO 
CO 

c6Hi<^  y 


AzH 


AzH 

CO 
CO 

AzH 


C6H* 


)C6H* 


CO 

C6H*<^^C0 

AzH 
Isatine. 


COOH 

-^   C6H*(' 

AzH2 
Ac  anthranilique. 


Indirubine. 


Les  végétaux,  eux  aussi,  produisent  assez  souvent  de  l'indoxyle,  en  quantité  assez 
considérable  chez  certaines  espèces  pour  avoir  donné  lieu  pendant  des  siècles  aux 
industries  tinctoriales  du  pastel  et  de  l'indigo. 

Parmi  les  corps  énumérés  ci-dessus,  l'indoléthylamine  et  le  ^-éthylindol  ne  parais- 
sent pas  avoir  jusqu'à  présent  attiré  l'attention  des  biologistes;  l'acide  p  indolcarbo- 
nique  vient  de  prendre  place  dans  la  littérature  ;  les  autres  coi'ps  ont  donné  lieu  à 
dMnnombrables  travaux  dont  nous  allons  extraire  les  données  les  plus  intéressantes  pour 
la  physiologie. 

CH 
A.  —  INDOL 


AzH 


C6Hi;^^CH 


A.  Formation  de  l'indol  à  partir  des  dérivés  du  noyau  indolique  : 

1°  —  L'indol  doit  son  nom  à  ce  qu'il  est  la  substance-mère  de  l'indigo  des  teinturiers. 


INDOL.  135 

C'est  par  la  réduction  méthodique  de  Visatine  (produit  d'oxydation  de  l'indigo)  que 
A.  Bakyer  a  découvert  l'indol  :  l'isatine  fut  d'abord  réduite  en  dioxindol  par  l'amal- 
game de  sodium  (A.  Baeyer  et  C.  A,  Knop,  66),  puis  en  oxindol  par  l'élain  et  l'acide 
chlorhydrique;  l'oxindol,  chauffé  vers  400"  avec  de  la  poudre  de  zinc,  donna  enfin  Vindol, 
qui  distille  dans  ces  conditions  (A.  Baeyer,  66  a,  66  b)  : 


co 

CHOH 

CH2 

CH 

CfiH'^^^CO 

m->    C0Hi/\CO 

♦*->    C6H*<^^C0     m—>- 

C6H*^^CH 

AzH 

AzH 

AzH 

AzH 

Isatine. 

Dioxindol. 

Oxindol. 

Indol. 

2°  —  Il  n'est  pas  nécessaire  de  passer  par  l'isaiine  :  la  réduction  de  Vindigotine  elle- 
même  (bleu  d'indigo)  fournil  de  l'indol  (A.  Baeyer,  68).  On  soumet  à  l'ébullition  l'indi- 
gotine  (ou  l'indigo  végétal  débarrassé  de  se.s  impuretés  par  l'alcool)  avec  de  l'étain  et  de 
l'acide  chlorhydrique,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  transformée  en  une  poudre  jaune-brun; 
celle-ci  est  lavée,  séchée,  et  mélangée  à  un  grand  excès  de  poudre  de  zinc  (A.  Baeyer, 
69).  On  distille  le  mélange  dans  une  cornue  de  cuivre;  l'huile  e'paisse  qui  passe  est 
débarrassée  d'aniline  par  un  lavage  à  l'acide  chlorhydrique  étendu,  et  distillée  dans  un 
courant  de  vapeur  surchauffée,  puis  abandonnée  au  repos  sur  l'acide  sulfurique.  Il  se 
sépare  des  cristaux  incolores,  durs,  et  réunis  sous  forme  de  croûtes,  que  l'on  purifie 
par  une  nouvelle  cristallisation  dans  l'eau.  On  dissout  le  produit  dans  l'eau  bouillante  : 
par  refroidissement  le  liquide  se  trouble,  et  en  quelques  heures  l'indol  s'est  déposé  en 
feuillets  volumineux,  incolores  et  brillants. 

3°  —  Lorsqu'on  est  en  possession  de  l'oxindol  [qui  peut  être  obtenu  non  seulement 
par  réduction  de  l'isaiine  au  moyen  de  l'amalgame  de  sodium  (A.  Baeyer  et  C.  A.  Knop, 
66),  mais  aussi  en  réduisant  l'acide  orthonitrophénylacétique  par  le  chlorure  stanneux 
(A.  Baeyer,  78  a),  ou  encore  par  réduction  de  l'acide  o-acétylaminophénylglycolique 
au  moyen  de  l'acide  iodhydrique  (W.  Suida,  78)],  on  peut  d'ailleurs  obtenir  l'indol  sans 
chauffer  au  rouge,  et  par  voie  humide.  On  transforme  l'oxindol,  par  le  penlachlorurede 
phosphore,  en  dichloroindol  a  p,  dont  la  réduction  est  difficile,  mais  se  produit  néan- 
moins lorsqu'on  introduit  des  fragments  de  sodium  dans  la  solution  amylique  bouillante 
(A.  Baeyer,  79  a)  : 

CH  CCI  CH 

C6H^/^C.0H     m—^    C6H4<^^C.C1     «•— ^-    C6H*/'^CH 

AzH  AzH  AzH 

Oxindol.  Dichloroindol  a  p.  Indol. 

4°  —  L'indol  se  forme  encore  par  la  distillation  sèche    du  rétinindol  (G*H*AzO)'», 
substance  condensée  et  oxydée  qui  prend  naissance  quand  on  cherche  à  réduire  par 
l'acide  iodhydrique  le  dichloroindol  a  p  (A.  Baeyer,  79  a,  79  b). 
C  — OH 
5°  —  L'indoxyle  CfiHi<^^CH     peut  être  facilement  réduit  en  indol.  D.  Vorlander  et 
AzH 
0.  Apelt  {04}  portent  à  l'ébullilion,  à  l'abri  de  l'air,  une  solution  d'acide  indoxylcarbo- 

C  — OH 
nique  C^H^^^^C  —  COOH   dans  la  soude,  ce  qui  produit  l'indoxyle,  puis  traitent  par 

AzH 
l'amalgame  de  sodium  la  solution  refroidie  vers  60°-70°.  Après  saturation  par  GO^,  on 
entraîne  l'indol  par  distillation  avec  la  vapeur  d'eau  dans  le  coûtant  de  G0-.  On  peut 
aussi  faire  la  réduction  par  la  poudre  de  zinc  introduite  dans  la  solution  alcaline  bouil- 
lante. 

C-COOH 
6°  —  Vacide  p  indotcarbonique  C6H*<^^CH  ,  chaufle  fortement,  se  dédouble  en 

AzH 

CO^  el  indol.  De  même,  la  simple  ébullition  de  la  solution  aqueuse  dégage  une  forte 
odeur  d'indol,  et  les  vapeurs  de  ce   corps   sont   aisément   reconnaissables  par   les 


130  INDOL. 

réactifs  (copeau  de  sapin  humeclé  de  HCl)  (G.  Ciamician  et  C.  Zatti,  88).  C'est  vraisem- 
blablement à  cet  acide  ji  indolcarboniqne  qu'il  faut  rapporter  tout  ou  partie  des  corps 
indologènes  signalés  dans  certains  liquides  biologiques  comme  l'urine  (M,  Jaffk,  08; 
Ch.  Porcher»  09a),  la  bile  (Ch.  Porcheh,  09  c),  certains  bouillons  de  culture  (Ch.  Por- 
cher et  L.  Panisset,  09);  ces  liquides  ne  contiennent  pas  eux-mêmes  d'indol,  mais 
leur  distillât  renferme  ce  corps,  formé  sans  doute  par  scission  de  l'acide  indolcarbo- 

nique  en  indol  et  C0-. 

CH 

L'acide  a.  indolcarbonique,  C6H*<^^C  — COOH,  isomère  du  précédent,  mais  d'origine 

AzH 
non  biologique,  et  beaucoup  plus  stable  que  lui,  ne  se  décompose  qu'à  une  tempéra- 
ture très  élevée  (220°,  en  présence  d'anhydride  acétique)  et  fournit  très  difficilement  de 
l'indol,  mais  plutôt  une  masse  rèsiniliée  (G.  Ciamician  et  C.  Zatti,  SS).  Cependant,  si  l'on 
forme  le  sel  de  Ca  de  cet  acide,  puis'(|u'on  le  [distille  avec  2-3  fois  son  poids  de  chaux 
à  demi  éteinte,  on  obtient  très  facilement  l'indol  pur  avec  de  très  bons  rendements 
(G.  Ciamician  et  C.  Zatti,  89). 

1°  —  Lorsqu'on  fait  passer  dans  un  tube  chauffé  au  rouge  des  vapeurs  de  skatol 
(^  méthylindol),  on  constate  une  transformation  partielle  en  indol  (M.  Fileti,  83),  par 
suite  du  détachement  du  chaînon  latéral. 

8° —  Le  tnjptophane,  reconnu  par  M.  Nencki  [93)  comme  la  substance-mère  de  l'indol 
qu'il  fournit  par  fusion  avec  la  potasse,  a  été  de  nouveau  soumis  à  une  étude  détaillée 
par  F. -G.  Hopki.ns  et  S,-W.  Cole  (03).  Ils  ont  vérifié  que  l'action  des  bactéries  d»'  la 
putréfaction,  surtout  à  l'abri  de  l'air,  transforme  régulièrement  le  tryptophane  en  indol, 
en  passant  par  les  stades  interniédiaiies  d'acide  indolpropionique,  d'acide  indolacétique 
et  de  skatol,  suivant  le  schéma  d'ensemble  indiqué  au  début  de  cet  article. 

9°  —  L'indol  (souvent  accompagné  de  skatol)  se  produit  dans  la  fusion  potassique  de 
diverses  substances  du  groupe  des  mcUiuines,  qui  sont  peut-être  des  dérivés  du  trypto- 
phane (M.  Nencki,  .96').  Cette  production  d'indol  est  d'ailleurs  obtenue,  aussi  bien  avec 
l'hippomélanine  de  la  tumeur  sarcomaleusft  du  cheval  (J.  Hekdex  et  M.  Nencki,  86), 
qu'avec  la  mélanine  des  membranes  de  l'œil  (E.  Hirschfeld,  89;  H.  Landolt,  99)  ou 
celle  des  crins  de  cheval  (W.  Jones,  99\ 

10"  —  Un  grand  nombre  de  matirres  alburriinoides  étant,  comme  nous  l'avons  vu,  dés 
dérivés  du  tryptophane,  on  comprend  que  leur  décomposition  puisse  donner  naissance 
à  de  l'indol. 

Dès  1849,  Bopp  avait  constaté  que,  lorsqu'on  fond  de  l'albumine  avec  des  alcalis  caus- 
tiques, il  se  dégage  une  substance  volatile,  d'odeur  fécaloïde,  et  qui  devait  être  iden- 
tique à  celle  que  produit  la  putréfaction  spontanée  de  la  caséine.  L'identification  de  ce 
corps  n'a  pu  être  faite  évidemment  qu'après  la  découverte  de  l'indol  par  A.  Baever. 

L'attaque  des  matières  protéiques  par  la  potasse  caustique  en  fusion  fournit  de 
l'indol  (W,  IvCiiNE,  73;  G.  Exgler  et  Janecke,  76a:  M.  Nencki,  75a).  Cet  indol  est  géné- 
ralement accompagné  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  skatol  [p  méthylindol), 
dont  on  reconnut  la  présence  à  côté  de  l'indol,  lorsque  L.  Brieger  77,  78)  eût  découvert 
l'existence  même  du  skatol.  Mais  la  fusion  potassique  des  protéiques  ne  fournit  jamais 
qu'une  faible  proportion  d'indol  (et  skatol)  :  l'albumine  de  l'œuf  de  poule  en  donne 
environ  2  millièmes  et  demi,  la  caséine  et  le  gluten  i  millième  seulement  (C.  Engler  et 
Janecke,  76a),  L'identité  do  cet  indol  avec  celui  que  fournit  la  réduction  de  l'indigo  est 
parfaitement  établie  par  toutes  ses  propriétés  (C.  Engler  et  Janecke,  76b). 

Mais  l'action  des  alcalis  caustiques  n'est  pas  le  seul  moyen  d'obtenir  l'indol  en  par- 
tant des  matières  protéiques.  Dès  1867,  W.  Kuhne  avait  observé  que  les  produits  dune 
digestion  pancréatique  prolongée  d'albumine  «  dégageaient  une  odeur  presque  insup- 
portable de  naphtylamine  (ou  d'indol)  qui  empestait  tout  dans  le  laboratoire  ».  Mais  ce 
furent  M.  Nencki  et  ses  collaborateurs  qui  parvinrent  à  extraire,  à  caractériser,  à  ana- 
lyser l'indol  produit  à  la  phase  ultime  de  la  décomposition  pancréatique  (M.  Nencki  et 
F.  Masson,  74;  M.  Nencki  et  Fr.  Fra.nkiewicz,  73;  M.  Nencki,  73  a). 

Le  rendement  est  d'ailleurs  très  variable  avec  l'espèce  protéique  attaquée.  C'est  ainsi 
que  l'ovalbumine  donne  jusqu'à  5  millièmes  d'indol;  la  fibrine,  la  caséine  n'en  four- 
nissent que  de  petites  quantités,  la  gélatine  et  la  mucine  fort  peu,  l'élastine  pas  du 


INDOL.  137 

tout  (G.  Wâlchli,  78).  La  décomposition  de  la  gélatine  par  le  Bacilhis  liqnefackns  mag- 
nus  ne  fournit  pas  d'indol  (L.  Selitrenny,  89).  La  production  de  l'indol  dans  ces  circon- 
stances n'est  d'ailleurs  pas  forcément  totale;  ce  qui  le  prouve,  c'est  que  précisément 
l'élastine  fournit  de  l'indol  et  du  skatol  lorsqu'on  la  soumet  à  la  fusion  potassique 
(H.  ScHWAHz,  93).  De  même  la  caséine  est  très  riche  en  tryptophane,  puisqu'elle  est 
justement  le  matériel  de  choix  pour  la  préparation  de  ce  corps,  et  elle  ne  fournit  que 
peu  d'indol  dans  les  vieilles  digestions  pancréatiques,  parce  qu'elle  est  assez  résistante 
aux  hactéries  de  la  putréfaction,  bactéries  auxquelles  revient,  comme  nous  allons  le 
voir,  la  formation  de  l'indol  dans  les  produits  de  digestion  prolongée. 

La  production  de  l'indol  aux  dépens  des  matières  protéiques  lors  de  la  digestion 
pancréatique  n'est  pas  due  à  l'action  des  ferments  physiologiques  de  la  cellule  pancréa- 
tique. C'est  un  phénomène  pulréfactif  résultant  du  développement  d'innombrables  bac- 
téries dans  le  mélange,  pendant  les  dernières  phases  de  la  macération,  alors  que  la 
trypsine  a  déjà  produit  son  effet  (W.  Kvhne,  67).  La  quantité  d'indol  dépend  d'ailleurs 
de  la  façon  dont  se  poursuit  la  digestion,  de  la  température,  etc.  Quand  on  laisse  la 
fermentation  se  prolonger  trop  longtemps,  il  arrive  un  moment  où  l'indol  est  détruit 
à  son  tour,  tandis  qu'il  se  forme  du  phénol  (W.  Odkrmatt,  78;  F.  Hoppe-Seyler,  84).  La 
perte  par  évaporation  d'une  partie  de  l'indol,  assez  volatil,  est  aussi  un  inconvénient  des 
digestions  trop  prolongées. 

Mais,  bien  conduite,  la  digestion  pancréatique  constitue  un  procédé  relativement 
pratique  pour  l'obtention  de  l'indol.  On  prend  3006''  d'albumine  d'œuf  sèche,  qu'on  ad- 
ditionne de4  litres  etdemi d'eau  et  d'un  pancréas  de  bœuf  haché.  On  maintient  le  mé- 
lange à  l'éluve  à  400-45"  pendant  60  ou  70  heures.  On  filtre,  on  acidulé  le  liquide  par 
l'acide  acétique,  et  on  le  distille  jusqu'à  ce  que  les  gouttes  qui  passent  ne  donnent  plus 
de  précipité  rouge  avec  le  nitrite  de  potassium.  On  sature  le  distillât  par  la  chaux  et  on 
l'épuisé  par  l'éther  :  l'éther  évaporé  abandonne  l'indol  qui  cristallise  en  grands  feuil- 
lets brillants.  (M.  Nencki  et  Fr.  Franiuewicz,  73). 

II  n'est  même  pas  nécessaire  de  faire  intervenir  le  tissu  pancréatique,  dont  l'action 
se  borne  à  préparer  les  matériaux  pour  la  putréfaction.  Dans  une  série  de  recherches 
sur  la  production  putréfactive  de  l'indol,  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  {8i)  prennent 
400&'' de  matière  protéique  calculée  sèche,  8  litres  d'eau,  200-230^1"  d'une  solution  saturée 
à  froid  de  carbonate  de  sodium,  enfin  2^"^  de  phosphate  dipotassique  et  !&■'  de  sulfate  de 
magnésium.  Le  tout  est  abandonné  pendant  5-6  jours  à  la  température  de  40-42«,  soit 
sans  addition,  soit  après  ensemencement  au  moyen  d'un  peu  de  boue  d'égout.  Dans  ces 
conditions  la  viande  totale  adonné  aux  auteurs  1,7-3,2  millièmes  d'indol  (et  skatol), 
une  fois  même,  au  froid,  5,8  millièmes.  La  portion  insoluble  dans  l'eau  des  albumi- 
noides  de  la  viande  en  a  donné  2,8  millièmes,  la  sérumalbumine  3,6-5  millièmes,  les 
peptones  pancréatiques  de  fibrine  5,0-6,1  millièmes,  la  fibrine  du  sang  de  porc  7,2-11,5 
millièmes. 

Ces  recherches  n'ont  malheureusement  pas  été  faites  dans  des  conditions  permettant 
d'attribuer  la  putréfaction  à  telles  ou  telles  espèces  bactériennes.  D'autre  part  les  bacté- 
riologistes ont  étudié  une  série  d'espèces  formant  de  l'indol,  sur  des  milieux  peptones 
de  préférence,  mais  dont  la  composition  chimique  est  loin  d'être  définie.  Nos  connais- 
sances sont  donc  encore  incomplètes  par  défaut  de  précision  chimique  ou  plutôt  de 
précision  bactériologique. 

La  présence  des  corps  qui  accompagnent  dans  les  cultures  les  albuminoïdes  vient 
encore  compliquer  le  problème  :  les  bactériologistes  savent,  par  exemple,  que  certaines 
espèces  produisant  de  l'indol  aux  dépens  des  peptones  n'en  donnent  plus  si  le  milieu  de 
culture  contient  certains  sucres  tels  que  le  glucose  (A.  Péré,  92;  Th.  Smith,  97),  ou  de 
l'urée  (Ch.  Achard  et  J.  Renault,  92),  ou  môme  certaines  substances  inorganiques  comme 
les  nitrates  (L.  Grimbert,  93). 

La  réaction  qui  a  servi  tout  d'abord  aux  bactériologistes  pour  la  recherche  de  l'in- 
dol dans  les  cultures,  consiste  dans  la  coloration  rouge  ou  même  le  précipité  (nitroso- 
indol)  que  donnent  les  solutions  d'indol  traitées  par  un  acide  minéral  (chlorhydrique, 
sulfurique,  nitrique)  en  présence  d'un  peu  de  vapeurs  nitreuses  ou  de  nitrite  alcalin 
(réaction  de  A.  Baeyer,  69). 

Comme  certaines  cultures  bactériennes  renferment   des  nitriles   (provenant  de  la 


138  INDOL. 

réduction  des  nitrates  par  les  microrganismes,  ou  même  des  peptones  employées 
(W.  B.  Wherry,  Oo),  il  arrive  que  la  simple  addition  d'un  acide  donne  lieu  à  la  réaction 
de  l'indol;  le  corps  rouge  qui  se  produit  alors  (nitrosoindol)  a  d'abord  intrigué  les  bac- 
tériologistes sous  le  nom  de  Rouge  de  choléra  (Choleraroth),  parce  qu'on  l'a  remarqué 
en  premier  lieu  dans  les  cultures  du  vibrion  cholérique,  où  la  réaction  est  particuliè- 
rement intense.  La  nature  du  Rouge  de  choléra  n'a  été  reconnue  qu'à  la  suite  d'une 
série  de  travaux  dus  à  A.  Pœhl  {S6),  0.  Bujwid  [87,  88),  !..  Brieger  [87  a,  87  b,  87  c, 
87  d,  87  e),  E.-K.  Dunham  [87),  i.  Jadassoh.x  {87),  Ch.-H.  Ali-Cohen  {87,  88),  E.  Salkowski' 
(87),  K.  ScHUGHARDT  {87),  Th.  Zàslein  {87),  S.  KiTASATO  {89),  R.-J.  Pétri  {90),  etc. 

Voici,  par  exemple,  d'après  un  ouvrage  de  K.-B.  Lehmann  et  R.-O.  Neumann  {99),  les 
espèces  qui  donnent  une  réaction  de  l'indol  plus  ou  moins  forte  : 

Réaction  intense,  sans  nitrite  :  Vibrio  choterœ,  vibrio  berolinensis,  vibrio  albensis. 

Réaction  intense  :  Actinomyces  chromogenes. 

Réaction  très  forte  :  Dacterium  vulgare. 

Réaction  forte  :  Bacterium  septicœmise  hemorrhagicœ,  Bacterium  pestis,  Bacterium  acidi 
lactici,  Bacterium  coli. 

Réaction  faible,  sans  nitrate  :  Bacterium  vulgare  ^  mirabilis,  Vibrio  aquatilis. 

Réaction  faible  :  Bacterium  pneumonids,  Bacterium  Zopfii,  Bacillus  tetani,  BacHhts 
Chauvœi,  Bacillus  œdematis  maligni,  Vibrio  proteus,  Corynebacterium  mallei,  Coryne- 
bacterium  diphteriœ,  Corynebacterium  pseudodiphteriticum,  Mycobacterium  lacticola 
a.  planum. 

Réaction  très  faible  :  Sarcina  lutca,  Snrcina  aurantiuca,  Micrococcus  luteus,  Micrococcus^ 
pyogcnes  a  aureus,  Bacterium  prodigiosum. 

Traces  :  Micrococcus  pyogenes  y  albus,  Bacterium  latericium,  Bacillus  mesentcricus^ 
Spirillum  rubrum,  Corynebacterium  xerosis,  Mycobacterium  tubercolusis  y  piscicola,  Myco- 
bacterium phlei,  Actinomyces  bovis,  Leptothnx  epidermidis. 

Il  est  indispensable  de  remarquer  que  cette  liste  n'a  rien  de  définitif,  et  que  les 
indications  éparses  dans  la  littérature  au  sujet  de  la  production  d'indol  par  les  bacté- 
ries sont  souvent  contradictoires  :  la  raison  doit  en  être  cherchée  sans  doute  dans  les 
conditions  de  culture  auxquelles  nous  avons  fait  allusion  plus  haut.  Un  certain, 
nombre  d'auteurs  ont  doiuié  des  listes  de  bactéries  produisant  ou  non  de  l'indol;  oa 
peut  citer  celles  de  A.  Lewandowski  {90),  M.  Morris  {97),  0.  V'oges  et  B.  Proskauer 
{98),  etc. 

Remarquons  encore  que  certaines  des  peptones  commerciale^  qui  servent  à  la  prépa- 
ration des  milieux  de  culture  peuvent  donner  les  réactions  de  i'indol;  d'après  A.  Sicre 
{09),  la  peplone  Chaix  serait  même  seule  à  n'en  pas  contenir  trace,  mais  cette  peptone 
ne  donne  pas  des  cultures  bien  riches.  Daprès  le  même  auteur,  la  peptone  \Vitte  ne 
devrait  être  employée  qu'en  solution  très  diluée.  11  faut  protéger  les  cultures  contre 
l'accès  de  lair,  car  les  cultures  anaérobies  donnent  une  plus  grande  quantité  d'indol. 

D'après  F.  A.  Steensma  {06  a),  la  recherche  de  l'indol  directement  dans  le  liquide  de 
culture  par  les  réactions  usuelles  (acide  nilreux,  paradiméthylaminobenzaldéhyde) 
peut  induire  en  erreur,  car  il  peut  s'y  trouver,  non  seulement  de  l'indol,  mais  des  subs- 
tances voisines  qui  donnent  des  réactions  toutes  semblables.  Cependant  ces  substances, 
à  la  différence  de  l'indol,  ne  passent  pas  à  la  distillation  avec  la  vapeur  d'eau.  Suivant 
F.  A.  Steensma,  forment  de  l'indol  :  B.  coli,  Spir.  Metschnikoff,  B.  denitrificans  agilis, 
B.  cavicida.  Choléra  des  poules.  Diphtérie  des  pigeons,  Proteus  rulgaris. 

Forment  des  substances  voisines  de  l'indol  :  Proteus  vulgaris,  B.  ruber  balticus,- 
Pseudodiphtérie,  B.  anthracis  symptomatici,  M.  prodigiosus,  Sarcina  lutea  (?. 

D'autre  part  Ch.  Porcher  et  L.  Panisset  {09)  ont  attiré  l'attention  sur  l'existence, 
dans  certaines  cultures,  de  corps  indologènes  (probablement  l'acide  p  indolcarbonique) 
qui  pendant  la  distillation  se  décomposent  pour  fournir  l'indol  que  le  microbe  n'avait 
pas  formé  lui-même.  La  distillation  ne  donne  donc  pas  de  garanties  suffisantes  :  il  faut 
commencer  par  extraire  l'indol  en  agitant  la  culture  à  froid  avec  de  l'étlier,  dont  l'éva- 
poration  laissera  l'indol. 

Enfin  nous  croyons  devoir  également  mettre  en  garde  les  bactériologistes  contre 
certaines  techniques  qui  consistent  (M.  Xonotte  et  R.  Démanche,  08)  à  chauffer  direc- 
tement la  culture  avec  des  acides  minéraux  et  les  réactifs  de.  l'indol  (nitrites,  aldéhydes)  ;. 


INDOL.  139 

on  conçoit  avec  quelle  facilité  l'ébullition  peut  décomposer  les  corps  indologènes  éven- 
tuels, acide  p  indolcarbonique  ou  autres,  et  faire  attribuer  faussement  au  microbe  la 
dégradation  des  albuminoïdes  jusqu'à  l'indol  lui-même. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  précautions  à  prendre  pour  constater  la  formation  d'indol  par 
une  espèce  bactérienne,  cette  propriété  est  hors  de  conteste  pour  certaines  espèces 
comme  le  choléra  et  le  colibacille,  par  exemple.  La  formation  d'indol  atteindrait  son 
maximum  chez  le  Baclerium  coli  au  14"  jour  et  chez  le  Choléra  au  19"  jour  (W.  Marshall, 
07).  Lorsqu'on  fait  à  chaud  la  réaction  du  nitrosoindol,  on  peut  avoir  un  résultat  positif 
après  quatre  heures  déjà  dans  les  cultures  du  B.  coli:  avec  le  bacille  d'EsERiH,  le  para- 
typhique,  le  bacille  de  Gartner,  la  réaction  est  absolument  nulle  même  après  huit  jours 
(M.  NoNOTTE  et  R.  Démanche,  08). 

On  sait  en  effet  que  la  recherche  de  l'indol  peut  rendre  de  grands  services  en  bacté- 
riologie pour  la  diagnose  des  espèces,  et  qu'elle  est  employée  journellement  pour 
distinguer  le  B.  coli,  producteur  d'indol,  du  bacille  typhique,  qui  n'en  produit  pas 
(S.  Kitasato,  89). 

Au  cours  de  la  putréfaction,  l'indol  se  forme  aux  dépens  des  albuminoïdes  par  la 
série  des  dégradations  successives  que  nous  avons  exposées  au  début  de  notre  article. 
E.  Baumann  {80  a)  a  montré  en  elfet  que,  si  l'on  épuise  par  l'éther  une  solution  d'albumine 
déjà  putréfiée,  mais  ne  renfermant  pas  encore  d'indol,  l'éther  s'empare  d'une  substance 
non  albuminoïde  dont  la  putréfaction  donne  à  son  tour  l'indol.  Lorsqu'il  sera  question 
du  skatol,  on  verra  que  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  {80  a,  80  b)  ont  fait  une  remarque 
analogue  en  ce  qui  concerne  ce  corps.  La  formation  du  skatol  est  précédée  de  celle 
d'une  substance  «  skatologène  »  soluble  dans  l'éther  (reconnue  aujourd'hui  être  l'acide 
P  indolacétique).  Bien  plus,  dans  une  série  de  putréfactions,  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski 
{8i)  obtenant,  suivant  la  marche  de  l'opération,  des  proportions  de  skatol  très  variables 
par  rapport  à  l'indol,  alors  que  la  quantité  globale  des  deux  corps  était  sensiblement 
constante,  ont  admis  que  l'indol  et  le  skatol  dérivent  d'une  seule  et  même  substance- 
mère,  dontle  groupe  moléculaire  doit  préexister  dans  la  molécule  albuminoïde.  Suivant 
la  température,  la  rapidité  de  la  putréfaction,  l'accès  de  l'air,  les  espèces  microbiennes 
qui  ont  servi  à  l'ensemencement,  il  se  forme  de  préférence  de  l'indol  ou  du  skatol. 
Celui-ci  peut  souvent  faire  entièrement  défaut,  tandis  que  l'indol  ne  manque  jamais. 

Après  la  découverte  successive,  dans  les  putréfactions,  de  Vacide  p  indolacétique. 
(E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  80  a,  80  b),  et  de  Vacide  indolpropionique  (M.  Nencki,  ^9), 
il  a  été  établi  que  l'origine  première  de  cette  série  descendante  de  corps  est  bien  le 
tryptophane,  d'abord  libéré  par  la  fragmentation  hydrolytique  des  albuminoïdes,  et  qui 
commence  par  perdre  AzH^  par  hydrogénation  sous  l'inlluence  des  bactéries  (M.  Nencki 
et  V.  BovET,  89;  F.  G.  Hopkins  et  S.  W.  Cole,  03;  A.  Ellinger  et  M.  Gentzen,  05). 

Il  est  certain,  au  contraire,  que  l'indol  ne  se  forme  pas  aux  dépens  de  la  tyrosine, 
ainsi  qu'on  aurait  pu  le  croire  à  la  suite  des  recherches  de  W.  Kiibne  (67)  sur  la  diges- 
tion pancréatique.  0.  Schultzen  et  M.  Nencki  (72)  ont  en  effet  constaté  qu'un  chien 
ingérant  des  quantités  notables  de  tyrosine  ne  présentait  aucune  augmentation  de  l'in- 
doxyle  urinaire,  ce  qui  eût  été  le  cas  si  la  tyrosine  avait  donné  de  l'indol  sous  l'action 
prolongée  du  suc  pancréatique  et  des  bactéries  de  l'intestin.  F.  Massox  {74)  a  injecté  de 
la  tyrosine  sous  la  peau  d'un  lapin  sans  constater  aucune  augmentation  de  l'indoxyle 
dans  l'urine.  Enfin  E.  Baumann  {80  b)  a  vérifié  ^directement  que  la  tyrosine  pure,  sou- 
mise à  la  putréfaction  ou  à  la  fusion  avec  les  alcalis,  ne  donne  aucune  trace  d'indol  ni 
de  skatol. 

La  formation  de  l'indol  par  la  dégradation  bactérienne  des  albuminoïdes  explique 
son  développement  dans  l'intestin  et  sa  présence  dans  les  excréments  des  animaux, 
surtout  des  carnivores,  auxquels  il  communique,  ainsi  que  le  skatol,  son  odeur  caracté- 
ristique (S.  Radziejewsky,  70). 

La  localisation  de  la  production  de  l'indol  (et  du  skatol)  dans  les  divers'es  régions 
du  tractus  digestif  a  été  étudiée  par  G.  Ernst  {91),  qui,  chez  un  chien,  après  un  copieux 
repas  de  viande  consécutif  à  un  jeûne  de  plusieurs  jours,  ne  put  déceler  l'indol  ou  le 
skatol  ni  dans  l'estomac  ni  dans  le  jéjunum,  mais  les  trouva  en  abondance  dans  le 
contenu  de  l'iléon  et  du  gros  intestin,  ce  dernier  renfermant  une  quantité  énorme  de 
skatol.  Les  processus  putréfactifs  aboutissant  à  la  formation  de  l'indol  (et  du  skatol) 


140  INDOL. 

sont  donr  développés  dans  les  portions  terminales  du  tube  digestif.  Divers  auteurs  ont 
pensé  que  l'absence  de  ces  processus  dans  les  portions  initiales  de  l'intestin  était  peut- 
être  attribuable  à  une  action  antiseptique  de  la  bile;  mais  C.  Ernst  (9/)  a  précisément 
constaté  que  la  bile  était  capable  elle-même  de  se  putréfier  en  fournissant  une  quantité 
très  appréciable  d'indol,  provenant  sans  doiite  de  la  raucine  (nucléoprotéide)  biliaire. 
Peut-être  faut-il  chercher  dans  cette  nucléoprotéide,  partiellement  au  moins,  l'origine 
de  l'indol  que  produit  encore  l'intestin  de  l'homme  même  après  30  jours  de  jeune, 
ainsi  que  l'a  constaté  L.  Luciani  {89,  90)  chez  le  jeûneur  Succi. 

l/indépendance  de  la  digestion  pancréatique  et  de  la  production  d'indol  aux  dépens 
des  matières  albuminoïdes,  a  été  vérifiée  aussi  par  des  recherches  très  complètes  de 
M.  Jakowsky  {92).  Chez  l'homme  la  putréfaction  des  matières  albuminoïdes  n'a  pas  lieu 
dans  l'intestin  grêle,  mais  seulement  dans  le  gros  intestin.  Elle  est  entièrement  distincte 
de  la  digestion  pancréatique.  Celle-ci  présente  en  effet,  comme  produits  ultimes  de 
décomposition,  outre  les  albumoses  et  les  peptones,  le  tryptophane  et  les  autres  acides 
aminés,  des  bases  diverses  et  de  l'ammoniaque.  Au  contraire,  la  puliéi'action  des  albu- 
minoïdes donne  d'abord  passagèrement  les  mêmes  produits,  mais  la  décomposition  va 
plus  loin,  et  l'on  voit  apparaître,  à  côté  des  corps  déjà  cités,  une  foule  de  substances 
aromatiques  telles  que  l'indol,  le  skatol,  le  paracrésol,  le  phénol,  les  acides  phénylpro- 
pionique  et  phénylacétique,  les  acides  paraoxy[)hénylacétique  et  hydroparacoumarique 
(résultant  avec  le  paracrésol  de  la  putréfaction  de  la  tyrosiiie),  des  acides  gras  volatils, 
de  l'acide  carbonique,  de  l'hydrogène,  du  méthane,  du  méthylmercaptan  et  de  l'hydro- 
gène sulfuré.  La  putréfaction  de  la  gélatine  ne  fournit  ni  tyrosine  ni  indol,  mais  en 
revanche  elle  donne  du  glycocoUe. 

Avant  même  que  M.  Jakowsky  (.92)  eût  localisé  dans  le  gros  intestin  la  production 
d"indol  chez  l'homme,  H.  Tappeiner  {81)  avait  examiné,  chez  le  bœuf  et  le  cheval,  sépa- 
rément le  contenu  de  chaque  segment  isolé  du  tube  digestif.  Ce  contenu  était  distillé 
avec  de  l'acide  acétique,  le  distillât  neutralisé  et  agité  avec  de  l'éther  :  dans  l'extrait 
éthéré  on  recherchait  les  phénols,  l'indol  et  le  skatol.  Chez  le  bœuf  on  trouve  partout  du 
phénol,  en  quantité  pondérable  dans  la  panse  et  le  gros  intestin,  non  pondérable  dans 
l'intestin  grêle.  Celui-ci  n'a  donné  qu'une  fois  des  traces  d'indol,  toujours  nettement  du 
skatol.  Il  en  est  de  même  chez  le  cheval,  oii  l'on  trouve  de  plus,  dans  le  gros  intestin,  de 
l'ortho-crésol  ;  dans  le  colon,  du  skatol;  dans  le  caecum,  de  l'indol. 

Il  y  a  quelques  années,  une  série  d'expérimentateurs  ont  appliqué  à  l'étude  des  fèces 
la  paradiméthylaminobenzaldéhyde,  réactif  d'EiiRLicH  {01)  qui  donne  avec  l'indol,  en 
présence  de  HCI,  une  coloration  rouge  intense  plus  ou  moins  nuancée  de  violet  sous 
l'influence  du  skatol.  A.  Schmidï  (05),  obtenant  cette  réaction  sur  la  macération  alcoolique 
des  fèces,  a  essayé  d'établir  un  procédé  de  dosage  basé  sur  la  dilution  nécessaire  pour 
faire  disparaître  la  bande  d'absorption  caraclérisque  de  la  couleur  observée  au  spec- 
Iroscope.  A  l'aide  de  cette  méthode,  R.  Baumstauck  {03,  Oi)  a  évalué  à  17  milligrammes 
en  moyenne  la  quantité  d'indol  contenu  dans  les  fèces  de  vingt-quatre  heures  chez  les 
gens  sains.  Réunissant,  en  un  chitiVe  d'  «  indol  total  »,  à  la  fois  l'indol  des  fèces  et  celui 
qui  correspondrait  à  l'indoxyle  excrété  par  l'urine  après  résorption  d'une  partie  de 
l'indol,  il  trouve  cet  «  indol  total  »  augmenté,  modérément  ou  fortement,  dans  des  cas 
d'obstipation,  péritonite,  achylie,  hyperchlorhydrie,  anémie  pernicieuse,  chlorose  ;  il 
le  trouve  fortement  diminué  dans  des  cas  de  diarrhée  et  un  cas  d'achylie.  Il  constate 
d'ailleurs  qu'on  peut  trouver,  avec  une  teneur  très  faible  en  indol  dans  l'intestin,  des 
quantités  énormes  d'indoxyle  dans  l'urine,  résultant,  comme  nous  le  verrons,  de  la 
résorption  de  l'indol.  Les  variations  de  l'indol  fécal  avec  l'état  d'achylie  ou  d'hyper- 
chlorhydrie  n'ont  rien  de  bien  systématique. 

A.  E.  AusTiN  {03),  par  la  même  méthode,  trouve  des  chiffres  beaucoup  plus  élevés  : 
08^022,  05'', 260,  Os%160,  0'?',244  d'indol  dans  les  vingt-quatre  heures;  il  attribue  ces 
nombres  excessifs  au  skatol  calculé  avec  l'indol.  W.  v.  Moraczewsri  (04  b),  faisant  des 
dosages  comparatifs  lors  d'évacuations  fréquentes,  aussi  bien  que  dans  la  rétention  spon- 
tanée des  fèces,  ne  trouve  aucune  augmentation  de  l'indol  fécal  (pas  plus  d'ailleurs  que 
de  l'indoxyle  de  l'urine).  L'addition  de  sucre  à  la  nourriture  augmenterait  jusqu'au 
triple  la  quantité  d'indol  des  fèces  (sans  changer  d'ailleurs  la  quantité  d'indoxyle  uri- 
naire);  les  hydrates  de  carbone  en  général  agissent  dans  le  même  sens.  Au  contraire, 


INDOL.  Ut 

une  alimentation  richo  en  albuminoïdes,  ou  les  h'^gumes,  diminueraient  l'indol  fécal 
(W.  V.  MoRAczEwsKi,  OS  b,  os  c). 

Mais  il  a  été  démontré  (11.  Bauer,  Oo,  06)  que  l'indol  n'est  pas  seul  à  donner 
l'aldéhydoréaction  d'EiiHLicn,  et  que  l'urobilinogèue,  en  particulier,  la  fournit  de  la 
même  façon.  C'est  à  l'urobilinogène  qu'il  faut  attribuer  la  réaction  d'EHRLicii  observée 
directement  sur  l'urine,  ainsi  que  la  part  principale  de  la  réaction  dans  l'extrait  alcoo- 
lique des  fèces.  H.  Ury  (Oo,  06)  rejette,  lui  aussi,  le  procédé  à  la  paradiméthjiamino- 
benzaldéliyde;  mais,  en  clierchant  la  limite  de  sensibilité  de  la  réaction  du  nitrosoiiidol, 
qu'il  estime  à  1  :  400  000  environ,  il  a  pu  réaliser,  par  la  méthode  des  dilutions  succes- 
sives, une  évaluation  qui  lui  donne  environ  i-'6  milligrammes  d'indol  par  Jour  dans  les 
fèces  de  l'homme  sain. 

L'indol  se  rencontre  même  dans  les  fèces  des  animaux  à  jeun  depuis  un  certain 
temps  (Fr.  MiiLLER,  8o,  86,  87)  ;  cet  auteur  admet  ici  comme  origine  de  l'indol  la  putré- 
faction des  sécrétions  intestinales,  desquamations  épilhéliales,  mucus,  etc.,  auxquels 
il  ajoute  les  albuminoïdes  du  sang  apporté  par  les  petites  hémorrhagies  intestinales 
auxquelles  sont  sujets  les  chiens  et  les  chats  soumis  au  jeune. 

Cette  question  de  l'indol  fécal  chez  les  animaux  soumis  au  jeûne  a  fait  l'objet,  en 
ces  dernières  années,  de  controverses  intéressantes  au  sujet  des  origines  de  l'indoxyle 
urinaire  ;  nous  y  reviendrons  à  propos  de  cette  substance.  Convaincus  que  l'indoxyle 
de  l'urine  ne  proviendrait  pas  de  l'indol  putréfactif  de  l'intestin,  mais  serait  formé 
dans  le  métabolisme  lui-même  des  tissus,  F.  Blumenthal  et  F.  Bosenfeld  {02)  s'adres- 
sèrent au  lapin.  Quand  cet  animal  est  normalement  alimenté,  les  réactions  usuelles  ne 
décèlent  pas  d'indoxyle  dans  son  urine;  en  le  soumettant  au  jeune,  les  auteurs  ont  pu 
trouver  l'indoxyle  dans  l'urine,  sans  qu'il  y  ait  trace  d'indol  dans  le  contenu  intestinal. 
Dans  une  autre  série  de  F.  Rosenfeld  {04),  31  lapins  sur  36,  à  tous  les  stades  de  l'ali- 
mentation et  du  jeune,  ne  donnèrent  pas  d'indol;  5  seulement  en  avaient  de  petites 
quantités  dans  le  contenu  intestinal. 

Ces  insuccès  dans  la  recherche  ont  été  attribués  à  des  insuffisances  de  technique. 
A,  ELLiNGER(05  6)a  trouvé  l'indol  3  fois  sur  4  dans  le  contenu  intestinal  du  lapin  à  jeun; 
1  fois  seulement,  la  réaction  du  nitrosoindol  était  douteuse.  Cl.  Gautier  et  Gh.  Hervieux 
(07c,  07  d)  ont,  de  leur  côté,  trouvé  toujours  l'indol,  même  après  30  jours  déjeune  ;  il  est 
vrai  que  leurs  recherches  étaient  faites  avec  la  paradiméthylaminobenzaldéhyde,  réactif 
sujet  à  caution,  comme  nous  l'avons  vu,  à  cause  de  l'urobilinogène.  Mais  la  présence 
de  l'indol  au  cours  du  jeûne  n'en  est  pas  moins  démonti'ée  par  le  nitrosoindol,  non 
seulement  pour  le  chien  et  le  chat  (Fr.  Mûller),  mais  aussi  pour  le  lapin  (A.  Ellinger). 

D'ailleurs,  cette  question  a  beaucoup  perdu  de  son  intérêt  depuis  que  E.  Salkowski 
(08)  a  démontré  que,  si  l'indoxyle  est  difficile  à  déceler  dans  l'urine  du  lapin  nourri 
(sans  doute  à  cause  de  substances  gênantes),  il  n'y  existe  pas  moins  réellement,  ainsi 
qu'on  peut  s'en  assurer  en  faisant  un  extrait  alcoolique.  Nous  ajouterons  enfin  qu'à 
notre  avis  la  question  n'a  jamais  eu  aucune  espèce  d'importance,  pour  d'autres  raisons 
qu'on  verra  plus  loin. 

On  peut  extraire  l'indol  des  excréments,  où  il  est  toujours  accompagné  par  du 
skatol,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin.  On  délaye  les  fèces  dans  1  fois  1/3  leur 
poiiJs  d'eau;  on  ajoute  1/20  d'acide  acétique,  et  on  distille.  On  additionne  le  distillât 
d'un  alcali,  pour  fixer  les  phénols  qui  pourraient  se  trouver  présents,  et  on  distille  de 
nouveau;  dans  le  second  distillât,  on  précipite  l'indol  et  le  skatol  par  l'acide  picrique, 
après  addition  d'acide  chlorhydrique.  Le  précipité  de  picrates  est  distillé  avec  de  l'am- 
moniaque; on  extrait  l'indol  et  le  skatol  du  distillât  en  agitant  plusieurs  fois  avec  de 
l'éther,  et  on  évapore  l'extrait  éthéré.  Le  l'ésidu,  renfermant  l'indol  et  le  skatol,  est  dis- 
sous dans  très  peu  d'alcool  absolu,  et  additionné  de  8  à  10  volumes  d'eau  ;  le  skatol  est 
précipité,  et  non  l'indol.  Leur  séparation  complète  et  leur  purification  peuvent  être 
réalisées  par  cristallisation  fractionnée  des  picrates  (L.  Buiegeh,  78). 

En  outre  de  sa  présence  dans  l'intestin,  l'indol  a  été  signalé  dans  l'estomac 
(H.  Strauss,  96).  Cet  indol  était  dû,  paraît-il,  au  développement  d'un  Bactcrium  coll.  La 
tlore  microbienne  de  l'estomac  a  été  étudiée  par  A.  Coyon  (00),  qui  a  isolé  un  grand 
nombre  de  microrganismes;  mais  aucun  ne  produisait  de  l'indol. 

Étant  donné  que  l'indol  se  forme  constamment  dans  le  traclus  intestinal,  étant 


142  INDOL. 

donné  qu'une  partie  au  moins  s'élimine  par  riuiiie  sous  forme  d'indoxyle,  on  devait 
s'attendre  à  rencontrer  l'indol  dans  le  sang,  et  notamment  dans  le  territoire  de  la 
veine  porte.  Gu.  Hervieux  {Oib}  l'a  en  effet  trouvé  chez  l'une  et  le  cheval  par  la  para- 
diméthylaminobenzaldéhyde,  avec  des  précautions  particulières  :  avec  le  sang  de  la 
veine  colique  on  a  des  réactions  immédiates  et  très  nettes;  dans  les  veines  mésa- 
raïques  la  réaction  est  tardive;  dans  la  veine  cave  postérieure  et  la  carotide,  la  réac- 
tion est  beaucoup  moins  nette  et  moins  rapide  que  dans  le  sang  avant  son  arrivée  au 
foie. 

Enfin,  la  décomposition  bactérienne  des  albuminoïdes  ne  se  fait  pas  seulement  dans 
l'intestin,  mais  aussi  en  d'autres  milieux  tels  que  les  foyers  purulents.  Gu.  Porcher  {08  b, 
08  c)  a  étudie'  le  pus  eu  entraînant  par  la  vapeur  d'eau,  puis  caractérisant  l'indol  soit 
par  la  p.  diraéthylaminobenzaldéhyde,  soit  par  H-0-  qui  le  transforme  en  indoxyle  et 
en  indigotino.  Sur  25  pus  provenant  d'animaux  divers  (cheval,  vache,  porc,  chèvre, 
chien),  la  recherche  de  l'indol  a  été  positive  9  fois,  douteuse  3  fois,  négative  13  fois.  Le 
pus  ne  contient  donc  pas  toujours  de  l'indol,  mais  seulement  sans  doute  en  présence  de 
certaines  espèces  bactériennes;  la  quantité  d'indol  est,  d'ailleurs,  toujours  très 
faible. 

H°  —  L'indol  est  un  des  constituants  naturels  de  l'essence  de  jasmin,  où  sa  proportion 
atteint  environ  2  1/2  p.  iOO  (A.  Hesse,  99),  sans  d'ailleurs  nuire  en  rien  à  la  fraîcheur 
du  parfum,  au  contraire.  11  s'agit  de  l'essence  extiaile  de  la  pommade  au  jasmin  pré- 
parée par  enlleurage;  au  contraire,  le  produit  de  la  distillation  des  lleurs  fraîches 
A.  Hesse  {00,  01),  ou  des  fleurs  après  séjour  de  vingt-quatre  heures  dans  un  espace 
clos  (A.  Hesse,  01),  ou  encore  des  fleurs  résiduaires  retirées  de  l'enfleurage  (A.  Hesse, 
01),  ne  contient  point  d'indol.  A.  Hesse  pense  donc  (04)  que  l'indol  se  produit,  au  cours 
de  l'entleurage,  par  la  décomposition,  peut-être  enzymatique,  d'une  combinaison  gluco- 
sidique  ou  autre  contenue  dans  la  Heur  :  l'indol  passe  à  mesure  dans  la  graisse. 

L'essence  de  fleurs  d'oranger  contient  aussi  un  peu  d'indol  (A.  Hesse,  99). 

12°  —  Nous  verrons  que  le  skatol  a  été  extrait  (W.  R.  Du.nsta.x,  89}  du  bois  du  Celtis 
reticulosa,  qui  possède  une  odeur  fécaloïde  intense  :  d'après  G. -A.  Herter  {09),  qui  a 
confirmé  cette  découverte,  ce  skatol  serait  accompagné  d'indol. 

13°  —  Signalons  enfin,  sans  vouloir  en  rechercher  le  mécanisme,  ce  fait  qu'en  dis- 
tillant les  goudrons  de  mélasses,  J.  Boes  [92)  a  obtenu  une  fraction  passant  de  200°  à  260°, 
qui,  débarrassée  des  composés  acides  et  distillée  à  la  vapeur  d'eau,  donne,  à  côté  de 
bases  volatiles,  de  très  petites  quantités  d'indol. 

B.  Formation  de  l'i-ndol  par  création  du  noyau  indolique.  —  Indépendamment 
des  circonstances  où  il  s'isole  de  ses  dérivés,  l'indol  prend  naissance  dans  toute  une 
série  de  réactions  dont  la  plupart  mettent  en  jeu  un  noyau  benzénique  muni  des  chaî- 
nons latéraux  nécessaires  à  la  création  du  noyau  pyrroiifiue  greffé  sur  le  benzène. 

Par  exemple,  on  constate  (A.  Baever  et  H.  Garo,  77  a)  la  formation  d'indol  en  faisant 
passer  des  vapeurs  d'éthylanitine  dans  des  tubes  chauffés  au  rouge,  où  elles  subissent 
une  simple  déshydrogé nation  : 

CH3  CH 

CGH5s^^CH2    m— y    C6Ht<^~^CH 

AzH  AzH 

Éthylaniline.  Indol. 

G'est  une  propriété  commune  à  diverses  anilines  sul)stituées,  ou  orthotoluidines 
alkylées  {diéthylorthotoluidine),  tandis  que  les  paratoluidines  ne  donnent  pas  d'indol 
(Â.  Baever  et  H.  Garo,  77  6).  G'est  par  un  mécanisme  du  même  genre  que  l'indol  se 
forme  par  cyclisation  latérale  de  l' éthylénephény lamine  et  de  ses  polymères  (M.  Prud- 
homme,  77). 

Un  autre  exemple  nous  est  fourni  par  Vorthoaminochlorostyrolène,  qui,  chauffé  à  160°- 
170°  avec  l'éthylate  de  sodium,  ferme  son  noyau  (A.  Lipp,  8i)  : 

CH^CHCl  CH=CH 

C6HK  +C-2H3.0Na  =  NaCl-i-C2H-\OHH-C6H'<  / 

\AzH2  \AzH 

O.  aminochlorostyrolène.  Indol. 


INDOL.  143 

On  a  publié  un  grand  nombre  de  synthèses  de  ce  genre,  mais  nous  n'insisterons  pas 
«ur  ces  réactions.  A  la  différence  des  modes  de  formation  du  premier  groupe,  qui  pré- 
sentent un  grand  intérêt  biologique,  en  ce  sens  qu'ils  reposent  sur  la  dégradation  de 
produits  naturels,  les  synthèses  du  deuxième  groupe  n'ont  qu'un  intérêt  éloigné  pour  la 
physiologie.  Car  jusqu'à  présent  l'organisme  animal,  chez  l'homme  et  les  animaux 
supérieurs  au  moins,  ne  paraît  pas  jouir  du  pouvoir  de  créer  le  noyau  indolique,  sauf 
en  un  cas  particulier,  la  réduction  de  l'acide  orthonitrophénylpropiolique  en  indoxyie, 
que  nous  verrons  plus  loin.  D'autre  part,  si  les  végétaux  possèdent  évidemment  le 
pouvoir  de  créer  le  noyau  indolique  lors  de  la  synthèse  des  matières  albuminoïdes, 
qu'ils  transmettent  aux  animaux,  nous  ignorons  encore  le  mécanisme  de  cette  syn- 
thèse. 

Aussi  nous  contenterons-nous  d'énumérer  simplement,  outre  les  exemples  déjà 
choisis,  la  réduction  de  VorthonitrophcnyIacétaldchijde{A.  Baeyer  etO.  R.  Jackson,  SO)  ou 
de  l'acide  orthonilrocinnamiqiie  (A.  Raeyer  et  A.  Emmerling,  69),  et  même  de  Vacide 
métanitrocinnamique  (Beilstein  et  Kuhlberg,  72  a,  72  b),  la  calcination  du  phénylglyco- 
colle  avec  le  formiate  de  calcium  et  un  excès  de  chaux  (J.  Mauthner  et  W.  Suida,  89  a, 
89  b),  la  condensation  de  l'aniline  avec  la  monochlor aldéhyde  (J.  Berlinerblau,  87)  ou 
l'éther  bichloré  (J.  Berlinerblau  et  H.  Polikiev,  87). 

Nous  y  joindrons  la  décomposition  pyrogénée  du  chlorhydrate  de  Vorthodiaminostil- 
tène  (J.  Thiele  et  0.  Dimroth,  93),  la  calcination  des  sels  de  Zn  ou  Ba  de  l'acide  ortho- 
toluidyloxalique  (J.  Mauthner  et  W.  Suida,  86),  le  chauffage  de  la  tartranilide  avec  ZnCl^ 
(H.  Polikiev,  91),  la  distillation  de  l'acide  nitropropénylbenzoïqiie  avec  un  grand  excès  de 
•chaux  (0.  WiDMANN,  82),  le  chauffage  de  l'acide  orthobenzoylaminocinnamique  avec  HGl 
fumant  (G.  Walter,  92),  la  calcination  de  la  ciimidine  (M.  Fileti,  83). 

Une  méthode  de  synthèse  tout  à  fait  générale,  qui  permet  de  préparer  avec  d'excel- 
lents rendements  une  série  très  nombreuse  de  dérivés  de  l'indol,  biologiques  ou  non, 
•est  celle  de  E.  Fischer  et  0.  Hess  {8i),  qui  consiste  à  chauffer  avec  ZnGI-  les  phényl- 
hy<lrazones  des  aldéhydes  ou  des  cétones  :  en  partant  de  la  phénylhydmzone  de  Vacétal- 
déhydc,  on  obtient  l'indol  lui-même  (E.  Fischer,  86b).  De  nombreux  homologues  ou 
dérivés  ont  été  préparés,  en  appliquant  le  même  principe,  soit  par  E.  Fischer  [86  a, 
S6  b,  86  c)  lui-même,  soit  par  d'autres  auteurs  :  J.  Degen  (86),  A.  Roder  [86), 
A.  Schlieper  [86),  S.  Hegel  (86),  etc. 

L'indol  peut  encore  se  former,  grâce  à  des  remaniements  moléculaires,  aux  dépens 
-d'autres  noyaux  que  le  benzène  :  la  réduction  de  la  binitronaphtaline  en  fournit  des 
traces  (A.  Baeyer  et  A.  Emmerling,  70);  on  en  obtient  des  quantités  importantes  en 
traitant  le  pyrrol  lui-même  par  H-SO'*  et  HGl,  puis  ajoutant  un  excès  d'alcali  et  distillant 
•à  la  vapeur  d'eau  (M.  Dennstedt,  88)  ;  la  distillation  potassique  de  la  strychnine  en  donne 
un  peu  (H.  Goldschmidt,  82). 

Une  réaction  fort  intéressante  est  la  formation  de  l'indol  aux  dépens  de  certains 
dérivés  quinoléiques,  qui  perdent  l'un  des  chaînons  carbonés  de  leur  cycle  azoté,  par 
oi!i  Ton  retombe  d'un  cycle  hexagonal  sur  un  cycle  pentagonal,  c'est-à-dire  de  la  qui- 
noléine  sur  l'indol.  Ainsi  la  fusion  du  Cdrbostyrile  avec  la  potasse  (Morgan,  77),  la  dis- 
tillation de  l'acide  acridique  avec  la  chaux  (G.  Grœbe  et  H.  Garo,  80),  la  distillation  de 
Vacide  leucolique  en  présence  de  glycérine  (J.  Dewar,  77),  fournissent  de  l'indol.  La 
tétrahydroquinoline  perd  à  haute  température  une  molécule  de  méthane  en  formant 
de  l'indol  (L.  Hofmann  et  W.  Kônigs,  83). 

Si  nous  attirons  l'attention  sur  ce  passage  de  la  série  quinoléique  à  la  série  indolique 
par  élimination  d'un  chaînon  carboné  du  noyau,  c'est  parce  qu'il  représente  précisé- 
ment l'inverse  d'une  curieuse  propriété  que  possède  l'organisme  animal.  L'organisme 
du  chien,  en  particulier,  peut  incorporer  un  carbone  latéral  au  noyau  indolique, 
créant  ainsi  un  corps  quinoléique  :  nous  le  verrons  à  propos  de  la  transformation  du 
tryptophane  en  acide  kynurénique. 

C.  Propriétés  de  rindol.  —  L'indol  cristallise  en  larges  feuillets  incolores,  bril- 
lants, fondant  à  ;)2''5  et  se  prenant  en  masse  par  le  refroidissement.  Bien  qu'assez  vola- 
til, il  ne  peut  être  distillé  à  sec  sans  décomposition  ;  la  volatilisation  partielle  a  lieu  vers 
2d3''-2'ô4"  corr.  ((i.  Giamician  et  G.  Zatti,  89).  La  vapeur  d'eau  l'entraîne  facilement,  on 
peut  l'extraire  du  distillât  par  agitation  avec  de  l'éther.  L'indol   est  assez  soluble  dans 


t44  INDOL. 

l'eau  cluiiule,  d'où  il  se  sépare  par  refroidissement  sous  forme  de  gouttelettes,  puis  de 
feuillets  très  larges.  Il  est  soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloroforme,  et  les  hydrocar- 
bures. 

l/indol  possède  des  propriétés  faiblement  basiques,  et  forme  avec  l'acide  chlorhy- 
drique  concentré  une  combinaison  difiicilement  soluble  dans  l'eau,  qui  se  décompose 
en  régénérant  l'indol  sous  l'action  des  alcalis  ou  par  simple  ébullition  dans  l'eau.  Les 
acides  résinifient  facilement  l'indol. 

L'eau  de  chlore  donne  avec  l'indol  une  coloration  roue^e. 

Lorsqu'on  verse  dans  une  solution  aqueuse  d'indol  (à  1  :  1000)  de  l'acide  nitrique 
pur,  exempt  d'acide  nitreux,  il  ne  se  produit  qu'un  trouble  blanchâtre,  qui  se  dépose 
peu  à  peu  en  un  préripité  blanc  bleuâtre  (E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  84).  Mais  si 
l'acide  contient  un  peu  de  iiitrite  ou  de  vapeurs  nitrouses,  il  se  produit  aussitôt  une  colo- 
ration rouge,  puis  un  précipité  rouge  cristallin  de  nitrate  de  nitrosoindol OHV^\zO)\z-. 
HAzO^  (A.  Baeveu,  69;  M.  Nent.ki,  75  a).  Le  précipité  recueilli  et  desséché  sur  Il-SO* 
peut  être  redissous  dans  l'alcool  absolu  et  reprécipité  par  l'éther.  Le  nitrate  de 
nitrosoindol  constitue  des  aiguilles  rouges  microscopiques  qui  se  dissolvent  très  peu 
dans  l'eau  et  dans  l'éther,  pas  du  tout  dans  l'acide  nitrique  étendu,  facilement  dans 
l'alcool.  Le  nitrate  de  nitrosoindol  est  soluble  dans  les  alcalis;  la  solution  se  décompose 
à  l'ébullition,  elle  est  décolorée  par  les  réducteurs.  Si  l'on  traite  le  nitrate  par  la  soude 
causti(iue  et  ensuite  par  HCI,  le  chlorhydrate  de  nitrosoindol  se  précipite  d'une  manière 
fort  irrégulière,  en  llocons  amorphes  ronges.  Le  nitrosoindol  libre  est  très  instable,  il 
détone  fréquemment  par  chauflage  (M.Nencki,  75  a).  Les  llocons  rouge-cerise  de  nitroso- 
indol sont  un  peu  solubles  dans  les  alcools  mélhylique,  élhylique,  amylique  :  lu  solu- 
tion n'est  pas  franchement  pourpre,  mais  plutôt  chamois.  Le  chloroforme  et  l'éther  en 
dissolvent  beaucoup  moins  et  deviennent  seulement  roses  ;  le  sulfure  de  carbone  n'en 
dissout  pas  du  lout(KKUKENBEKG,  88).  Le  nitrosoindol  en  solution  montre  au  spectroscope 
une  bande  d'absorplion,  mal  délinie,  entre  6  et  F.  (Krukenberg,  Si).  Le  nitrosoindol, 
en  solution  alcoolique  étendue  de  son  volume  d'eau,  chautïé  avec  un  peu  de  soude  et  de 
la  poudre  de  zinc,  se  décolore;  le  liquide  liltré  refuend  à  l'air  une  coloration  bleue 
intense  (E.  Salkowski,  85).  La  formation  du  nitrosoindol  constitue  une  réacti(m  très 
sensible  de  l'indol;  nous  y  reviendrons  plus  loin. 

L'indol  donne,  comme  les  aldéhydes,  un  composé  d'addition  avec  le  bisulfite  de 
sodium  ;  c'est  ainsi  que  A.  Hesse  (99)  l'a  découvert  dans  l'essence  de  jasmin.  Il  suffit 
d'agiter  l'indol  en  solution  éthérée  avec  une  solution  de  bisulfite  dans  l'eau  alcoolisée  : 
il  se  forme  un  précipité  qu'on  peut  obtenir  en  feuillets  blancs  par  cristallisation  dans 
l'alcool  méthylique.  Traitée  par  les  carbonates  alcalins  ou  l'ammoniaque,  la  combinaison 
régénère  l'indol. 

Vacide  chromique  donne  avec  la  solution  aqueuse  d'indol  un  précipité  brun-violet 
foncé,  complètement  insoluble  dans  l'éther,  le  chloroforme  et  le  benzène,  soluble  dans 
l'alcool  et  dans  IlCl  concentré,  avec  coloration  verte  (C.  Engler  et  Janecke,  76  b). 

Le  chlorure  ferrique  donne  avec  l'indol  une  poudre  verte,  non  volatile,  soluble  en 
brun  dans  l'aniline  (A.  Ladenburg,  77). 

Lorsqu'on  traite  une  solution  aqueuse  ou  alcoolique  d'indol  par  un  excès  d'une 
solution  également  aqueuse  ou  alcoolique  de  chlorure  mercurique,  on  précipite  tout 
l'indol  sous  forme  d'une  combinaison  blanche  :  cette  réaction  est  signalée  parCn.  Her- 
viEL'x  {08)  comme  la  plus  sensible  des  réactions  de  précipitation  de  l'indol. 

En  versant  une  solution  alcoolique  d'indol  dans  une  solution  alcoolique  tiède  de 
trinitrohenzène  symétrique  [V .  van  Romburgh,9o),  on  obtient  en  belles  aiguilles  jaune  d'or 
la  combinaison  C*H"Az.C®H^(AzO^)^,  fondant  à  187°.  Cette  réaction  n'est  pas  très  sensible. 

L'indol  forme  avec  l'acide  picrique  un  picrate  d'indol  G^H'Az,  C^H-'(AzO-)^0,  cristal- 
lisé en  longues  aiguilles  rouges  très  brillantes,  très  difficilement  solubles  dans  l'eau, 
difficilement  solubles  dans  le  benzène  froid,  facilement  solubles  à  chaud,  presque 
insolubles  dans  la  ligroïne  (A.  Bae/er,  79  b).  La  distillation  du  picrate  en  présence 
d'ammoniaque  étendue  libère  facilement  l'indol;  mais,  si  la  distillation  se  fait  en  pré- 
sence de  soude  caustique,  l'indol  est  décomposé. 

En  solution  alcaline,  l'indol  se  combine  facilement  avec  le  t -2-napJitoquinone-i- 
monosulfonate  de  sodium;  la  combinaison  résulte  de  2  molécules  d'indol  pour  1  de  naphto- 


INDOL.  145 

quinonesulfonate,  et  doit  être  un  diiudylnaphtocélonemonosulfonate.  Ce  corps  cristallin 
bleu,  peu  soluble  dans  l'eau,  se  dissout  dans  environ  4  000  parties  de  chloroforme  qu'il 
colore  en  rose, et  peut  être  enlevé  parce  dissolvant  à  sa  solution  aqueuse  (C.  A.  Hekteb 
et  M.  L.  FosTER,  05,  06  a,  06  b).  L'ammoniaque  gône  la  réaction  (E.  Gorter  et  W.  C.  de 
Graafi^,  08).  Nous  reviendrons  sur  ce  composé  à  piopos  des  réactions  de  l'indol. 

Si  à  une  solution  d'indol  dans  le  nitrobenzène  on  ajoute  un  peu  de  oL-dinitrophénan- 
thrènequlnone,  qu'on  chauffe  jusqu'à  dissolution  et  qu'on  laisse  refroidir  peu  à  peu,  on 
obtient  une  combinaison  cristallisée  (H.  Behrens,  00).  On  peut  faire  la  réaction  sur  un 
porte-objet  de  microscope;  on  chasse  l'eau-mère  fortement  colorée,  par  une  goutte  de 
xylène,  puis  d'alcool  isobutylique  ;  la  combinaison  de  l'indol  apparaît  sous  forme  de 
rhombes  bruns. 

Avec  le  chloranile,  l'indol  donne  de  la  même  façon  des  prismes  couleur  chocolat, 
doués  d'un  dichroïsme  allant  jusqu'au  noir  (H.  Behrens,  00). 

En  présence  des  acides  minéraux,  HCl  par  exemple,  l'indol  se  condense  facilement 
avec  une  foule  de  corps  à  fonction  aldéhydique  ou  cétonique,  ou  encore  d'acides  complexes 
capables  de  réagir  par  un  groupement  GO.  La  plupart  de  ces  combinaisons  étant  douées 
d'un  pouvoir  colorant  très  intense,  nous  allons  les  retrouver  en  étudiant  les  réactions 
de  l'indol. 

L'indol,  mis  en  suspension  dans  l'eau  où  passe  un  courant  d'air  chargé  d'ozone, 
est  oxydé  partiellement  en  indigotine  (M.  Nencki,  76"  a),  la  majeure  partie  se  transfor- 
mant en  corps  bruns  et  rouges  d'aspect  résineux.  En  présence  de  l'eau  oxygénée  à 
100  volumes,  l'indol  est  oxydé  assez  rapidement,  surtout  à  chaud,  en  indoxyle,  puis  en 
indigotine  et  indirubine,  et  même  en  isatine  (Ch.  Porcher,  08  a,  09  b).  L'action  des  per- 
sulfates  alcalins  est  beaucoup  plus  brutale,  et  il  se  forme  surtout  des  «  bruns  d'in- 
digo »  encore  mal  connus.  L'action  oxydante  de  la  quinone  se  rapproche  de  celle  des 
persulfates  :  il  y  a  formation  d'indirubine  et  de  substances  brunes  (Ch.  Porcher,  09  b). 

Les  échantillons  d'indol  décrits  par  les  auteurs  possèdent  généralement  une  odeur 
fécaloïde  caractéristique,  qu'ils  soient  extraits  directement  des  fèces  (L.  Brieger,  78), 
qu'ils  proviennent  de  l'albumine  par  fusion  potassique  (W.  Kûhne,  73)  ou  par  putré- 
faction bactérienne,  (M.  Nencki  et  F.  Masson,  74-),  ou  qu'ils  soient  même  préparés  par 
réduction  de  l'indigo  végétal  (A.  Baeyer,  66  a,  66  b).  Mais  il  se  pourrait  fort  bien  que  cette 
odeur  sui  generis  n'appartînt  pas  à  l'indol  lui-même,  qu'elle  dût  être  attribuée  à  un 
autre  corps  peut-être  voisin  de  l'indol  et  l'accompagnant  avec  une  remarquable  téna- 
cité. Plus  récemment,  lorsque  A.  Hesse  (99)  rencontra  2  1/2  p.  100  d'indol  dans  l'essence 
de  jasmin,  il  en  fut  d'abord  très  surpris.  Mais  il  constata  que,  lorsque  l'indol  est  purifié 
aussi  parfaitement  que  possible,  quelle  que  soit  son  origine,  même  putréfactive  et 
fécale,  il  possède  une  odeur  très  fraîche  donnant  un  caractère  particulièrement 
agréable  aux  parfums  qu'il  accompagne  à  petite  dose.  Depuis  lors,  l'industrie  des  par- 
fums synthétiques  fait  une  sérieuse  consommation  d'indol. 

On  verra  d'autre  part  que  le  skatol  obtenu  dans  la  réduction  de  l'indigo  végétal  ne 
possède  pas,  lui  non  plus,  l'odeur  particulière  du  skatol  extrait  des  matières  fécales, 
bien  qu'aucun  autre  caractère  ne  permette  de  l'en  différencier  (A.  Baeyer,  80  b). 

Il  faut  donc  reconnaître  que  nous  ne  sommes  pas  encore  en  possession  de  toute  la 
véi.cé  sur  ce  point.  L'odeur  des  fèces,  attribuée  autrefois  à  la  naphtylamine,  et  mise 
aujourd'hui  couramment  sur  le  compte  de  l'indol  et  du  skatol,  est  peut-être  due  à  une 
autre  substance  différente  de  ces  corps,  mais  qui  serait  vraisemblablement  parente  de 
l'indol,  puisqu'elle  l'accompagiiei-ait  non  seulement  dans  les  fèces,  mais  encore  dans  les 
produits  de  fusion  alcaline  des  matières  albuminoïdes,  et  même  dans  les  produits  de 
réduction  de  l'indigo  (?). 

L'indol  (comme  son  homologue  le  skatol)  passe  souvent  pour  être  l'un  des  poisons 
intestinaux  :  selon  certains  auteurs  l'intoxication  par  l'indol  serait  fort  intéressante  à 
connaître  dans  ses  détails,  à  cause  de  la  grande  production  d'indol  dans  le  tube  diges- 
tif en  certaines  circonstances  (M.  Jaffé,  72  a,  72  b;  H.  Senator,  77).  Cette  opinion  sur 
la  toxicité  de  l'indol  est  peut-être  exagérée.  M.  Nencki  (7ô'  a)  a  administré  au  chien 
1  gramme  d'indol  sans  observer  aucun  phénomène  toxique;  il  est  vrai  que  le  même 
chien  ne  put  supporter  plus  tard  une  dose  de  2  grammes  en  vingt-quatre  heures  et 
mourut  avec  diarrhée  violente  et  hématurie  (M.  Ne.ncki,  76'  a).  E.  Bauma.nn  et  L.  Brieger 

DICT.    DE   PHYSIOLOGIE.  —   T.    IX.  10 


146  INDOL. 

(7.9  6)  firent  ingérer  à  un  gros  chien  18  grammes  d'indol  en  l'espace  de  I»  jours,  et 
L.  Brieger  (77,  7<S)  administra  à  un  autre  chien  7  grammes  de  skatol  en  deux  jours, 
sans  phénomènes  toxiques. 

D'après  A.  Christiani  {78),  l'ingestion  de  Ogr.  07  d'indol  n'incommode  en  rien  une 
poule.  Les  grenouilles  (d'été)  absorbent  l'indol  par  la  peau  et  présentent,  de  même 
qu'après  l'injection  sous-culanée,  des  phéiiomt^nes  d'intoxication  analogues  ;i  ceux 
que  donne  le  phénol. 

A.  RoviGHi  [96 j  a  constaté  que  l'indol  et  le  skatol  ont  une  action  analogue  :  torpeur, 
somnolence,  parésie  générale,  faiblesse  cardiaque  avec  abaissement  de  température, 
rétention  de  l'urine  et  des  fèces.  Pour  le  lapin,  la  dose  mortelle  de  l'un  ou  l'autre  poi- 
son est  de  1,  5-2  grammes,  injectés  sous  la  peau  en  l'espace  de  quarante-huit  heures; 
pour  le  cobaye,  de  1  gramme  environ  injecté  en  un  jour  par  doses  de  0,1  gramme.  Après 
la  première  injection,  l'animal  devient  plus  sensible  au  poison,  comme  s'il  n'avait  plus 
le  pouvoir  de  le  transformer  et  de  l'éliminer.  Le  foie  des  animaux  morts  d'intoxication 
aiguë  présente  une  forte  congestion  dans  les  territoires  porte  et  sus-hépatique.  Dans 
l'intoxication  chronique,  notamment  par  l'indol,  on  trouve  une  infiltration  lympho- 
cytaire  autour  des  voies  biliaires  et  dans  les  espaces  intercellulaires;  les  reins  niontrent 
un  peu  de  réplétion  vasculaire. 

De  son  côté,  R.  Caporali  {9S)  trouve  que  l'indol  produit  dans  le  foie  des  modifica- 
tions vasculaires  et  parenchymateuses  importantes;  et,  dans  les  infeclions  consécutives 
qui  peuvent  survenir,  les  lésions  sont  d'autant  plus  graves  que  se  sont  produits  d'abord 
ces  phénomènes  d'intoxication  (expériences  sur  le  lapin). 

E.  Wang  [99  b)  a  donné  à  une  chienne  de  taille  moyenne  des  quantités  voisines  du 
gramme  pendant  3  jours  consécutifs;  avec  une  dose  de  1  gramme  apparurent  des 
symptômes  d'intoxication  avec  albumine  et  sang  dans  l'urine.  Dans  les  expériences 
de  C.  A.  Herter  [98),  un  lapin  mourut  après  avoir  reçu  40  centimètres  cubes  de  solution 
à  0,1  p.  100  :  faiblesse  des  battements  cardiaques  et  de  la  respiration,  contraction 
pupillaire,  convulsions  oloniques,  exagération  des  réllexes,  mort  par  paralysie  car- 
diaque. Des  lapins  de  1 170  grammes  et  1480  grammes  recevant  quotidiennementOgr.  01 
d'indol  sous  la  peau,  moururent  au  bout  de  13  et  22  jours  après  avoir  perdu  21  p.  iOO 
et  37  p.  100  de  leur  poids  :  à  l'autopsie,  congestion  et  dégénérescence  du  foie.  Un  singe 
de  1400  grammes  reçut  pendant  2  mois  Xy  milligrammes  par  jour,  sans  effet.  Par  voie 
intestinale,  l'indol  est  moins  toxique.  Des  hommes  reçurent  des  doses  allant  de  Ogr.  025 
à  2  grammes,  après  le  repas  :  les  petites  doses  produisent  une  sensation  de  lourdeur  et 
une  légère  céphalée  frontale  ;  0  gr.  a  déterminèrent  une  fois  colique  et  diarrhée;  à  plus 
forte  dose,  il  y  a  fatigue  accentuée,  incapacité  au  travail  intellectuel;  à  la  dose  maxima, 
somnolence. 

Ch.  Hekvieux  (07  a,  08)  expérimentant  sur  le  chien,  la  chèvre,  la  poule,  lecanard» 
non  seulement  l'indol,  mais  aussi  le  skatol,  le  méthylkétol  ia  mélhylindol),  le  diméthyl- 
indol  X  ,':;,  le  triméthylindol,  le  )  éthylindol,  déclare  qu'aucun  de  ces  corps  ne  saurait 
être  considéré  comme  vraiment  toxique.  Ainsi  une  chienne  a  supporté,  sans  aucun  phé- 
nomène, l'ingestion  de  34  grammes  d'indol  en  9  jours.  La  susceptibilité  peut  cependant 
varier;  car,  un  mois  plus  tard,  le  même  animal  recevant  9  grammes  en  4  jours  présenta 
de  violentes  hématuries;  un  peu  plus  tard  la  cliienne  a  reçu  12  grammes  en  ">  jours  bans 
troubles  généraux,  ni  albuminuiie,  ni  hématurie.  Ch.  Hervieux  fait  observer  que  de 
telles  doses  sont  infiniment  supérieures  à  la  production  intestinale  de  l'indol. 

Cependant  B.  Daxilewsky  (08  6  a  montré  que  l'indol  agit  sur  le  cœur  de  la  grenouille 
et  celui  des  animaux  à  sang  chaud,  à  faibles  doses  (jusqu'à  0,01  p.  100),  en  renforçant 
la  hauteur  des  systoles  et  en  accélérant  leur  succession.  A  fortes  doses  (0,1-0,15  p.  100) 
il  a  une  action  paralysante,  tandis  que  la  hauteur  des  systoles  et  leur  fréquence  est 
diminuée  jusqu'à  paralysie  finale.  L'auteur  admet  que  l'action  est  exercée  directement 
sur  le  muscle  cardiaque.  Sur  lesinfusoires,  les  vers,  les  cyclopes,  les  daphnies,  les  larves 
de  mouches,  les  embryons  d'hélix,  l'indol  a  une  action  paralysante.  Sur  l'intestin  de  gre- 
nouille il  exerce  une  action  excitante  à  petites  doses,  paralysante  à  fortes  doses.  Chez  la 
grenouille  entière  l'indol  produit  des  crampes  et  une  élévation  de  l'excitabilité  réflexe. 
Lorsqu'on  reporte  à  temps  les  objets  dans  des  solutions  indifférentes,  on  peut  arrêter  les 
phénomènes  d'intoxication. 


INDOL.  147 

Il  semble  que  les  tissus  de  l'organisme  aient  le  pouvoir  de  faire  disparaître  l'indol 
ou  de  le  retenir  par  combinaison;  car,  si  l'on  met  en  contact  une  solution  d'indol  et  une 
bouillie  d'organes,  de  foie  surtout,  on  ne  peut  plus  retrouver  l'indol  à  la  distillation. 
L'intoxication  préalable  de  l'organisme  par  l'éther,  le  chloroforme,  ou  les  protéines 
de  staphylocoques  diminuent  cette  propriété  ;  la  morphine  l'exalte  (C.  A.  Hehter  et 
A.  J.  Wakeman,  99).  F.  Rosenfeld  (0-1)  a  constaté  de  même  que  l'indol,  ajouté  aux  organes 
à  des  doses  de  l'ordre  de  celles  dont  on  s'occupe  en  physiologie,  ne  peut  plus  être  décelé. 

L'indol  introduit  dans  le  corps,  soit  par  résorption  intestinale,  soit  par  voie  sous- 
cutanée  ou  même  veineuse,  est,  en  grande  partie  du  moins,  transformé  par  l'organisme 
en  indoxyle,  et  éliminé  par  l'urine  sous  forme  d'indoxyle  conjugué.  La  réalité  du  phé- 
nomène est  établie,  depuis  la  découverte  de  l'indol,  par  de  nombreux  expérimentateurs  : 
nous  y  reviendrons  à  propos  des  Origines  de  Vindoxyle. 

D.  Réactions  de  Tindol. —  Les  combinaisons  que  forme  l'indol  avec  l'acide  nitreux, 
le  chlorure  mercurique,  le  trinitrobenzène  symétrique,  l'acide  picrique,  le  1-2-naphto- 
quinone-4-monosulfonate  de  sodium,  la  a-dinitrophénanthrènequinone,etle  chloranile, 
de  même  que  sa  transformation  en  indigotine  par  l'eau  oxygénée,  peuvent  servir  à 
caractériser  l'indol  dans  des  circonstances  appropriées.  On  se  reportera  à  ce  que  nous 
en  avons  dit  à  la  rubrique  Propriétés  de  Vindol. 

Nous  ne  reviendrons,  pour  donner  des  détails  de  technique,  que  sur  la  réaction  du 
nitrosoindol  et  sur  celle  au  naphtoquinonesulfonate  de  sodium  qui  rentre  dans  le 
groupe  des  corps  à  fonction  CO.  Nous  avons  donc  à  énumérer  les  réactions  colorées 
suivantes  : 

1°  Réaction  du  nitrosoindol.  —  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  [84]  recommandent 
d'ajouter  à  la  solution,  d'abord  quelques  gouttes  d'acide  nitrique,  puis  goutte  à  goutte 
une  solution  de  nitrite  de  potassium  à  2  p.  100  :  la  réaction  est  encore  nette  avec  une 
solution  d'indol  à  1  :  10  000.  On  peut  rendre  la  réaction  encore  plus  sensible  en  rassem- 
blant la  couleur  par  agitation  avec  an  peu  d'alcool  amylique  (L.  Feltz,  99;  A.  Coyon,  00). 
Dans  certains  cas  (lorsque  la  culture  fabrique  des  nitrites),  cas  du  Prnteus  vulgaris,  par 
exemple,  on  se  contente  d'ajouter  seulement  HCl,  et  on  facilite  la  réaction  en  chauf- 
fant (L.  Feltz,  99). 

D'après  F.  Rosenfeld  (04),  la  réaction  du  nitrosoindol  peut  se  faire  encore  directement 
à  la  dilution  de  1  :  200000,  et  cà  1  :  1000000  ou  1  :  1200000  si  on  rassemble  la  cou- 
leur à  l'alcool  amylique.  On  arrive  (H.  Ury,  05)  à  obtenir  une  nitrosoréaction  encore 
faiblement  positive  pour  une  teneur  en  indol  de  1  :  400  000.  Enfin  M.  Nonnotte  et 
R,  Démanche  [03)  ajoutant,  à  20  centimètres  cubes  de  culture,  1  centimètre  cube  d'une 
solution  de  «  nitrate  de  potasse  »  [nitrite?]  à  1  p.  1000,  et  VIII  gouttes  d'acide  sulfu- 
rique  concentré,  puis  portant  à  l'ébullition,  arrivent  jusqu'à  la  dilution  1  :  1000000  en 
regardant  le  tube  transversalement,  et  1  :  4  000  000  en  le  i^egardant  suivant  l'axe, 

2°  Réaction  de  Légal.  —  La  solution  aqueuse  d'indol,  additionnée  d'un  peu  d'une 
solution  fraîche  de  nitroprussiate  de  sodium  jusqu'à  coloration  jaunâtre,  puis  de 
quelques  gouttes  de  soude  caustique,  développe  une  coloration  violette  intense,  que 
l'acidification  par  HCl,  ou  mieux  par  l'acide  acétique,  fait  virer  au  bleu  cobalt  (E.  Légal, 
83).  Cette  réaction  est  encore  très  nette  avec  des  solutions  d'indol  à  1  :  10  000.  Les 
détails  de  la  réaction  et  les  spectres  des  couleurs  formées  ont  été  étudiés  par  R.  Hemala 
{88).  Bêla  de  BtTTO  (92)  sensibilise  encore  la  réaction  en  faisant  arriver  l'acide  acétique 
au  fond  du  tube  par  une  pipette  effilée  :  à  la  zone  de  séparation  apparaît  un  anneau 
bleu-vert  foncé. 

D'après  F.  Rosenfeld  (04)  la  réaction  de  Légal  échoue  complètement  pour  une  dilution 
1  :  100  000.  Cependant  G.  Denigès  {08  b)  pense  qu'en  opérant  convenablement  on  peut 
déceler  l'indol  à  une  teneur  de  1  :  1  000  000.  Mais  la  réaction  de  Légal  n'a  pas  un  carac- 
tère bien  spécifique. 

3*^  Réactions  avec  les  aldéhydes.  —  L'indol  donne  une  coloration  rouge-violet  avec  la 
formaldchi/de  et  H^SO^  concentré,  sensible  jusqu'à  1  :  600  000  (K.  Konto,  06;  S.  Cuttita, 
07  ar,  avec  Vacide  glyoxyliqiic  et  H-SO^  concentré,  une  coloration  rouge  pourpre  (F.  G. 
HoPKiNs  et  S.  W.  CoLE,  01  a;  V.  Blumenthal,  09);  avec  le  glucose  et  KOH,  puis  HCl,  une 
coloration  brune  (J.  Gnezda,  09). 

Avec  le  Curfarol,  en  présence  de  IICI,  on  obtient  une  belle  coloration  jaune  orangé 


148  INDOL. 

ou  rouge  orangé  (C.  Fleig,  08  a,  08  b;  J.  Escallon  et  A.  Sicre,  08  ;  A.  Sicre,  09).  A  l'in- 
tensité près,  la  même  réaction  est  donnée  par  les  sucres  capables  de  fournir  du  furl'urol, 
comme  le  xijlose,  Varabinose,  le  rhamtiose,  le  glucose,  le  galactose,  le  fructose,  le  sorbose, 
le  maltose,  le  lactose,  le  saccharose,  le  mélézitose,  le  raffinose  ;  elle  est  faible  avec  le  man- 
nose.  Avec  Vinuline,  les  dextrines,  l'amidon,  le  glycogène,  la  cellulose,  Vacide  gUjcuro- 
nique,  les  pectines,  Vacide  pectique,  \es  gommes,  les  glucasides,  le  résultat  est  positif;  au 
contraire  il  est  négatif  avec  les  sucres  purement  alcooliques,  excepté  la  mannite 
(C.  Fleig,  08  b). 

Avec  la  benzaldéhyde  et  H^SO*  légèrement  ferrique,  l'indol  donne  une  coloration 
brun-rouge  (C.  Reicul,  90);  avec  la  p.  nitrobenzaldéhyde  et  IICI,  une  coloration  rouge 
s'accentuanl  par  la  chaleur  et  devenant  d'un  beau  groseille  par  une  trace  de  nitrite, 
sensible  jusqu'à  1  :  2000000  ou  1  :  3000  000  (F.  Blumentual,  09);  avec  ï aldéhyde  cin~ 
namique  et  HCI,  une  coloration  jaune  plus  ou  moins  foncée,  sensible  encore  à  1 :  10  000000 
(G.  Demgès,  08  a,  08  d;  F.  Bll'menthal,  09).  Avec  l'aldéhyde  anisique  et  H^SOS  on  a  une 
coloration  jaune-rouge  (C.  Reichl,  90).  La  vanilline  donne  avec  l'indol  une  l)elle  colo- 
ration rouge,  soit  par  H^SO*  (G.  Reichl,  90),  soit  par  HCI,  sensible  à  1  :  10  000  000  (G.  De- 
NiGÈs,  08  a,  08  d;  G.  Buaud,  08;  F.  Blumenthal,  09).  L'héliotropine  (pipéronal)  en  présence 
de  HCI  doiuie  une  coloration  rouge  orange,  visible  jusqu'à  1  :  b 000 000  (F.  Blumenthal, 
09).  Arec  Valdéhyde  protocatéchique,  on  a  une  coloration  rouge  orangé,  passant  au 
jaune  par  un  peu  de  nitrite,  visible  jusqu'à  1  :  5  000  000  (F.  Blumenthal,  09j.  Avec  le 
safrol,  coloration  vert-jaune  qui  devient  bientôt  rouge-jaune,  visible  jusqu'à  1  :  500  000 
(F.  Blumenthal,  09).  Avec  Veugénol,  belle  coloration  rose  passant  au  rouge-brun  par 
addition  de  nitrite,  visible  jusqu'à  1  :  1  000  000  (F.  Blumenthal,  09). 

Mais  la  plus  usitée  des  réactions  de  l'indol  avec  les  aldéhydes,  est  la  belle  coloration 
rouge  qu'il  fournit  en  se  condensant,  sous  l'influence  de  HCI,  avec  la  paradiméthytamino- 
benzaldéhyde  (P.  Ehulich,  01).  Ce  réactif  s'emploie  originellement  en  solution  alcoolique. 
A.  Bôhme  {Oo)  conseille  la  technique  suivante  :  —  1°  Sol.  A  :  p.  diméthylaminobonzal- 
déhyde,  4  gr.  ;  alcool  à  96°,  380  ce.  ;  HCI  concentré,  80  ce.  —  2"  Sol.  H  :  persulfate  de 
K  en  solution  aqueuse  saturée.  —  A  environ  10  ce.  du  liquide  à  étudier,  ajouter 
b  ce.  de  la  solution  A,  puis  5  ce.  de  la  solution  B  ;  agiter,  rassembler  la  couleur  par 
l'alcool  ainylique  :  très  net  à  1  :  1000  000.  F.  Rosenfeld  (04)  reconnaît  aussi  la  réaclion 
comme  particulièrement  sensible.  E.  Gorter  et  W.  C.  de  Graaff  {08)  évaluent  sa  sensi- 
bilité à  1:  10  000  000.  On  peut  aussi,  avec  avantage,  faire  passer  l'indol  en  solution 
benzénique  pour  le  caractériser  (Cl.  Gautier  et  Ch.  Hervieux,  07  a,  07  b,  08).  En  pareil 
cas,  G.  Uenigès  {08  b)  conseille  d'ajouter,  à  10  ce.  de  solution  benzénique, 2  ou  3  gouttes 
seulement  d'une  solution  alcoolique  de  p.  dimélhylaminobenzaldéhyde  à  5  p.  100,  puis 
1  à  2  ce.  de  HCI  pur  :  en  présence  d'indol  la  couche  acide  se  colore  en  jaune  plus  ou 
moins  foncé  ;  par  addition  d'alcool  et  agitation,  la  teinte  passe  au  rouge  carmin  ou  vio- 
lacé. La  couleur  rouge  présente,  dans  la  région  jaune-vert  du  spectre,  deux  bandes 
d'absorption  d'inégale  intensité  (P.  Ehrlich,  01).  Sous  une  épaisseur  convenable,  on  ne 
verrait  cependant,  dans  le  cas  de  l'indol  bien  exempt  de  skalol,  qu'une  bande  entre 
X  =  582et  X  =  o43.  (Proscher,  01). 

L'indol  se  condense  avec  Visatine,  sous  l'action  de  H-SO^,  en  développant  une  couleur 
rouge  carmin  intense  (G.  Ciamician  et  C.  Zatti,  89);  avec  Valloxane,  sous  l'action  de 
H-SO*,  en  donnant  une  coloration  vert-émeraude  assez  peu  stable. 

Nous  avons  déjà  vu  la  combinaison  de  l'indol  avec  le  l-2.-naphtoquinonemonosulf ouate 
de  sodium  (C.  A.  Herter  et  M.  L.  Foster,  03,  06  a,  06  b).  La  sensibilité  de  la  réaction,  par 
extraction  au  chloroforme  (rose),  peut  aller  jusqu'à  1  :  8  000  000  quand  on  a  soin  de 
n'ajouter  ni  trop  de  réactif,  ni  trop  de  potasse  (E.  Gorter  et  W.  C.  de  Graaff,  08).  Mais 
l'ammoniaque  gêne  la  réaction  :  il  faut  d'abord  alcaliniser  les  fèces  bien  délayées  et 
distiller  à  la  vapeur  d'eau,  puis  redistiller  avec  un  peu  de  H^SO^  les  eaux  de  condensa- 
tion, ajouter  au  nouveau  distillât  une  dizaine  de  gouttes  de  solution  à  2  p.  100  du  réactif 
et  quelques  gouttes  de  potasse  à  10  p.  100,  attendre  une  dizaine  de  minutes,  extraire 
au  chloroforme  tant  qu'il  se  colore  en  rose  ;  on  peut  doser  par  voie  colorimélrique 
(E.  Gorter  et  W.  C.  de  Graaff,  08). 

La  présence  des  corps  aldéhydiques  dans  le  bois  des  conifères  explique  sans  doute 
la  réaction  du  copeau  de  sapin.  Lorsqu'on  trempe  ce  copeau  dans  une  solution  aqueuse 


INDOL.  149 

ou  alcoolique  d'indol,  même  très  étendue,  additionnée  de  IlCl,  il  prend  en  peu  de  ten)p3 
une  coloration  rouge  cerise  (A.  Baeyer,  69;  Niggl,  81  ;  G.  Crisafulli,  95).  On  sait  que 
dans  les  mêmes  conditions  le  pyrrol  donne  au  bois  la  coloi-ation  rouge  feu  à  laquelle  il 
doit  son  nom;  le  skatol  et  le  carbazol  (0.  Mattirolo,  83)  donnent  comme  l'indol  une 
coloration  rouge  cerise.  On  ne  sait  pas  exactement  quelle  interprétation  donner  à  ces 
réactions,  pas  plus  qu'aux  colorations  du  même  genre  que  donne  le  bois  avec  les  divers 
phénols.  E.  Nickel  (<S'7,  89,  90),  puis  ïh.  Seliwa.now  (.99),  ont  montré  que  ces  réactions 
ne  reposent  pas  sur  la  présence,  dans  le  bois,  de  coniférine  comme  le  voulaient  F.  ïie- 
MAXN  et  W.  Haaruann  (74),  E.  Tangl  (74),  F.  v.  Hôhnel  (77).;  ni  de  vanilline,  comme 
l'affirmait  M.  Singer  [82)  ;  ni  d'aldéhyde  cinnamique  ou  de  traces  d'eugénol,  de  safrol  ou 
d'anéthol,  comme  le  pensait  A.  Ihl  [89  a,  89  6,  91).  Elles  ne  sont  pas  davantage  pro- 
duites par  le  furfurol,  comme  le  voulait  L.  v.  Udransky  [88  a,  88  b);  ni  par  la  «  gomme 
de  bois  »,  comme  le  pensaient  E.  W.  Allen  et  B.  Tollens  (.90).  Aucun  pentose  ou  pon- 
tosane  ne  donne  ces  réactions  à  froid  (E.  W.  Allen  et  B.  Tollens,  90)  ni  en  présence 
d'un  acide  chlorhydrique  moyennement  concentré  qui  suffit  pour  les  réactions  du  bois 
(Fr.  Czapeck,  99). 

Enfin  des  corps  qui  ne  possèdent  pas  de  fonctions  aldéhydiques  ou  cétoniques 
peuvent  aussi  donner  des  colorations  avec  l'indol,  peut-être  parce  qu'au  cours  des 
décompositions  ils  deviennent  susceptibles  de  réagir  suivant  le  même  type.  Ainsi  Valcool 
allyliqiie,  en  présence  de  MCI,  donne  avec  l'indol  une  coloration  rouge  intense  (G.  Deni- 
GÈs,  08  a);  le  benzile,  chaulfé  avec  H-SO'^  et  l'indol,  fournit  une  couleur  brun-jaune 
(G.  Ciamician  etc.  Zatti,  89). 

L'acide  oxalique,  fondu  avec  une  trace  d'indol,  fournit  un  sublimé  et  une  masse 
fondue  d'un  pourpre  magnifique.  Dans  les  mêmes  conditions,  les  acides  malonique, 
succinique  et  glutarique  ne  donnent  qu'un  rouge  faible;  les  acides  phtalique,  isophta- 
lique  et  téréphtalique,  un  faible  violet  (J.  Gnezda,  99).  La  réaction  de  l'acide  oxalique, 
très  sensible  et  spécifique,  a  été  appliquée  à  la  recherche  de  l'indol  dans  les  cultures 
bactériennes  (E.  Morelli,  08,  09)  sous  la  forme  d'une  bandelette  de  [papier  imbibée 
d'acide  oxalique,  suspendue  au-dessus  de  la  culture,  et  que  viennent  colorer  en  rouge 
les  vapeurs  d'indol  qui  se  dégagent.  Cette  réaction  a  le  précieux  avantage  de  s'exécuter 
sur  des  milieux  même  solides,  et  sans  toucher  en  rien  à  la  culture. 

Pour  l'exécution  de  toutes  ces  réactions,  on  fera  bien  de  se  reporter  aux  précautions 
décrites  dans  les  mémoires  originaux.  Celles  qui  nous  paraissent  les  plus  recomman- 
dables,  outre  la  réaction  du  nitrosoindol  qui  reste  en  tête,  sinon  par  l'extrême  sensibi- 
lité, du  moins  par  la  garantie  de  spécificité,  sont  les  réactions  à  la  p.  diméthylamino- 
benzaldéhyde,  au  naphtoquinonesulfonate,  et  à  l'acide  oxalique.  On  n'oubliera  jamais 
de  faire  un  essai  à  blanc  sur  les  véhicules  d'extraction  :  G.  Denigès  (08  c)  a  signalé  dans 
les  benzènes,  toluènes  et  xylènes  commerciaux  des  substances  capables  d'agir  sur  l'indol  ; 
inversement  il  pourrait  s'en  trouver  qui  soient  capables  d'agir  sur  les  aldéhydes.  Nous 
signalerons,  comme  particulièrement  sujet  à  caution,  l'alcool  amylique. 

E.  Dosage  de  l'indol.  —  Le  dosage  de  l'indol  par  pesée,  après  extraction  en  nature, 
ou  après  formation  des  combinaisons  peu  solubles,  picrate  ou  autres,  n'a  guère  été 
étudié  jusqu'ici.  Il  n'aurait  guère  d'intérêt  en  physiologie,  où  on  n'a  à  travailler  que 
sur  des  quantités  excessivement  minimes. 

En  revanche  les  réactions  colorées,  d'une  intensité  remarquable,  peuvent  se  prêter 
à  l'évaluation  colorimétrique.  On  a  proposé  d'utiliser  dans  ce  but  le  nitrosoindol  (W.  v. 
MoRACzwESKi,  08  a),  les  réactions  à  la  p.  diméthylaminobenzaldéhyde  (A.  Schmidt,  03; 
R.  Baumstargk,  03,  Oi  ;  M.  Einhorn  et  R.  Huebner,  Oi),  au  naphtoquinonesulfonate 
(C.  A.  Herter  et  m.  L.  Foster,  03,  06  a,  06b;E.  Gorter  et  W.  C.  de  Graaff,  08),  à  l'aldé- 
hyde cinnamique  et  à  la  vanilline  (G.  Denigès,  08  a).  Pour  les  détails,  voiries  mémoires 
originaux. 

C  —  OH 
B.  —  INDOXYLE     C«Hi<f^CH 
AzH 

Parmi  les  dérivés  oxygénés  de  l'indol,  Vindoxyle  (ou  |i-oxyindol)  présente  pour  la 
physiologie  un  intérêt  tout  particulier,  parce  qu'il  est  le  générateur  de  deux  matières 


150  ^  INDOL. 

colorantes  remarquables,  dont  l'apparition  dans  le  domaine  biologique  et  notamment 
chez  l'homme,  a  maintes  fois  intrigué  physiologistes  et  médecins. 

A.  Formation  de  Tindoxyle.  —  Nous  examinerons  successivement  la  libération 
de  Tindoxyle  des  composés  qui  le  contiennent  déjà  préformé  à  l'état  d'indol  oxygéné, 
puis  la  formation  de  l'indoxyle,  soit  par  oxydation  de  l'indol,  soit  par  réduction  de 
corps  plus  oxygénés  que  lui-même. 

1°  —  L'indoxyle  prend  naissance  lors  du  dédoublement  hydrolytique  de  ses  com- 
posés naturels  de  structure  analogue  à  celle  des  éthers,  composés  parmi  lesquels  nous 
étudierons  tout  à  l'heure  Vacide  indoxylsulf'nrique,  Vacide  indoxyUjhicuroniquc,  et  Vindl- 
can  (indoxylglucoside)  : 

C  — 0.S020H  C  — OH 

C6H*<^^CH  +  H^O  =  C6H*<['^CH  +  HO.SO^.OH 

AzH  AzH 

Ac.  indoxylsulfuriquo.  Indoxyle.  Ac.  siilfurique. 

CHO 
C-0(C*H^03)(  C-OH  --H0 

C6H<  /CH  +  H^O  =  C0H<^CH  +  (CHOH)< 

\/  \/  \(:00H 

AzH  AzH 

Ac.  indoxylgiycuronique.  Indo^vle.  Ac.  glycuronique. 

C  — 0  — CfiH"05  C  — OH 

C«H*<^^CH  +H20  =  C6H*<^^CH  +  C6H>206 

AzH  AzH 

Indican.  ladoxylo.  Glucose. 

Nous  verrons  que  l'acide  indoxylsulfurique  toujours,  et  l'acide  indoxylgiycuronique 
parfois,  existent  dans  l'urine  de  l'homme  et  des  Mammifères;  lindicau  est  assez 
répandu  chez  les  végétaux,  notamment  chez  les  Légumineuses  du  genre  Indiçfofera,  où 
il  est  le  générateur  de  l'indigo  des  teinturiers.  La  décomposition  de  ces  différents  corps, 
avec  mise  en  liberté  de  l'indoxyle,  est  plus  ou  moins  facile.  L'acide  indoxylsulfurifjue 
exige  pour  son  dédoublement  l'action  des  acides  étendus  et  chauds,  ou  concentrés  si 
l'on  opère  à  froid;  l'acide  indoxylgiycuronique  est  beau'^oup  plus  fragile  et  les  bactéries 
le  dédoublent  très  facilement;  lindioan,  très  sensible  à  l'action  des  alcalis,  est  dédoublé 
par  certaines  enzymes  des  plantes  à  indigo,  plus  ou  moins  analogues  à  l'éniulsine. 

L'indoxyle  a  été  découvert  précisément  lors  du  dédoublement  de  l'acide  indoxylsul- 
furique de  l'urine  (E.  Bauman.n  et  L.  Brieuer,  79  6). 

2»  —  L'indoxyle  prend  encore  naissance  par  scission  directe  de  l'acide  indoxyhar- 
bonique,  qui  lorsqu'on  le  chauffe  un  peu  au-dessus  de  son  point  de  fusion,  ou  mieux 
encore  lorsqu'on  le  fait  bouillir  avec  de  l'eau,  se  dédouble  en  CO'  et  indoxyle 
(A.  B.\.EVER,  8f): 

C-OH  C  — OH 

C6H*<^^C  —  COOH  =  C02  +  C6H*<^^CH 

AzH  AzH 

Ac.  indoxylcarboniquc.  Indoxyle. 

L'acide  indoxylcarboniquc  s'obtient  d'ailleurs  par  diverses  voies  synthétiques. 
A.  Baeyer  {8-I)  l'a  découvert  en  partant  de  l'orthonitrophénylpropiolate  d'éthijle,  qui  en 
présence  de  H^  SO*^  concentré  s'isomérise,  à  froid  déjà,  en  isatogénate  d'éthyle;  à  son 
lour  ce  dernier  corps  est  transformé  par  les  réducteurs  en  indoxykarbonate  d'éthyle  : 

C  CO  C  — OH 

C6H4<^"^C-COO.C2H8     m^-^     C6Hi^^C  — COO.C2H3     «_^     C6Ht<^^C  — COO.C2H3 

Az02  Az  — 6  AzH 

O.  nitrophénylpropiolate  d'éthyle.  Isatogénate  d'éthyle.  Indoxylcarbonate  d'éthyle. 

Pour  obtenir  l'acide  indoxylcarbonique  lui-même,  on  introduit  lentement  son 
éther  éthylique  dans  4  fois  son  poids  de  XaOH  additionnée  d'un  peu  d'eau  et  portée  à 


INDOL.  151 

175°-180°  (A.  Baeyer,  81).  Pendant  le  refroidissement  de  la  masse  fondue,  on  ajoute 
de  l'eau  jusqu'à  consistance  de  bouillie  claire,  puis  on  verse  un  grand  excès  de  H-SO* 
dilué  fortement  refroidi,  d'où  l'acide  indoxylcarbonique  se  sépare  sous  forme  d'une 
poudre  blanche,  qu'on  recueille  et  qu'on  lave  avec  une  grande  quantité  d'eau  froide. 

(C.  FORUER,  84). 

Celte  synthèse  de  l'acide  indoxylcarbonique  et  de  l'indoxyle  à  partir  de  l'acide 
0.  nitrophénylpropiolique  avait  pour  but  la  fabrication  industrielle  de  l'indigotine, 
car  nous  verrons  qu'on  obtient  celle-ci  avec  la  plus  grande  facilité  par  l'oxydation 
directe  et  ménagée  de  l'indoxyle.  Le  procédé  de  A.  Baeyer  à  l'acide  o.  nitrophénylpro- 
piolique est  le  premier  qui  ait  reçu  une  application,  très  limitée  d'ailleurs. 

Depuis  lors  a  été  inventé  toute  une  série  de  procédés  qui  passent  souvent  par 
l'intermédiaire  de  l'acide  indoxylcarbonique,  puis  de  l'indoxyle,  quo  l'oxydation  directe 
transforme  ensuite  en  indigotine.  Dans  l'industrie  on  ne  sépare  pas  les  phases,  et  on 
recueille  seulement  l'indigotine,  but  de  la  préparation  ;  mais  il  suffit  de  prendre  les 
précautions  voulues  (exclusion  de  l'air)  pour  éviter  l'oxydation  finale  et  isoler,  si  l'on 
veut,  l'indoxyle  lui-même. 

Le  type  de  ces  synthèses  est  le  procédé  de  K.  Heumann  {90  b)  au  phénylglycocoUe 
orthocarboxylé  {acide  phcnylglycineorthocarbonique).  Fondu  avec  des  alcalis  caustiques, 
ce  corps  se  transforme  en  acide  indoxylcarbonique  et  en  indoxyle  : 

COOH  C  — OH  C  — OH 

C6H^<^^CH2  — COOH     m—>-     C6H'-<^'^C  — COOH     m—>     C6H4<^^CH 

AzH  AzH  AzH 

Ac.  phénylglycine-o. -carbonique.  Ac.  indoxylcarbonique.  Indoxyle. 

On  prend  1  partie  de  phénylglycocoUe  orthocarboxylé,  3  parties  de  potasse  caustique, 
et  1  partie  d'eau,  qu'on  chauffe  en  agitant  continuellement.  On  fait  la  fusion  à  l'abri 
de  l'air  et  on  l'arrête  à  200"  quand  le  produit  a  une  coloration  jaune  citron;  dans  ces 
conditions  il  contient  surtout  de  l'indoxylcarbonate  et  de  l'indoxylate  de  K.  On  peut 
extraire  l'indoxyle  en  neutralisant  par  CO^  et  épuisant  par  l'éther.  En  ce  qui  concerne 
l'acide  indoxylcarbonique,  il  suffit  de  le  précipiter  en  traitant  par  un  acide  minéral 
étendu  la  solution  aqueuse  du  produit  de  fusion  :  l'acide  indoxylcarbonique  peut  être 
ensuite  transformé  en  indoxyle  par  l'ébullition.  Dans  l'industrie,  où  il  s'agit  d'obtenir 
l'indigotine,  on  oxyde  par  un  courant  d'air  la  solution  du  produit  de  fusion  alcaline 
(Badische  Anilin-  und  Sodafabrick,  96). 

3°  —  Pour  les  mêmes  raisons,  nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  une  série 
nombreuse  de  réactions  qui,  sans  passer  par  l'intermédiaire  de  l'acide  indoxylcarbo- 
nique, fournissent  directement  l'indoxyle  (puis  l'indigotine).  Citons  seulement  la 
réduction  de  l'o.  nitroacétophénone  (A.  Emmerling  et  C.  Engler,  70;  C.  Engler,  96)  ou  de 
l'o.  amidoacétophénone  {Badische  Anilin-  und  Sodafabrik,  83  a,  83  b;  A.  Baeyer  et 
F.  Bloem,  84),  des  acides  o.  amidophénylacétique  (A.  Baeyer,  78  b),  o.  nitrocinnamique, 
0.  nitrophénylchlorolactique,  o.  nitrophényloxy acrylique  (A.  Baeyer,  80  a),  de  l'o.  Jini- 
trodiphényldiacctyléne  (A.  Baeyer,  82  a);  la  réduction  d'un  mélange  de  o.  nitroberi' 
zaldéhyde  et  d'acefone,  ou  de  l'o.  nitr'ophényllactylméthylcétone,  de  l'o.  nitrocinnamylmé- 
thylcétone,  de  l'acide  o.  nitrocinnamylformique  (A.  Baeyer  et  V.  Drewsen,  82).  Mentionnons 
encore  la  synthèse  par  fusion  potassique  de  la  monobromacétanilide  (W.  Flimm,  90)  ou 
d'un  mélange  d'aniline  et  d'acide  monochloracé tique  (A.  Biedermann  et  R.  Lepetit,  90), 
ou  de  Vacide  éthylènedianthraniiique  (J.  Franrel  et  K.  Spiro,  96). 

Ici  encore,  on  peut  prendre  comme  exemple  de  ces  réactions  le  premier  procédé 
de  K.  Heumann  {90  a,  90  c,  91),  qui  consistait  dans  la  fusion  alcaline  du  simple  phényl- 
glycocoUe, non  carboxylé,  réaction  qui  sans  l'intermédiaire  de  l'acide  indoxylcarbo- 
nique fournit  directement  l'indoxyle,  mais  avec  de  mauvais  rendements  : 


CO.OH 

C  — OH 

C6H'-^^CH2     «„.-> 

C6H*<^^CH 

AzH 

AzH 

'hénylglycocollo 

Indoxyle. 

15-2  INDOL. 

40  — Parmi  ces  synthèses  de  Tindoxyle  au  moyen  des  corps  benzéniques  à  chaînes 
latérales  convenablement  choisies  pour  former  l'anneau  pyrrolique,  nous  accorderons 
une  mention  spéciale  à  la  réduction  de  Vacide  orthonitrophénijlpropioliquc,  dont  nous 
avons  déjà  paillé  à  propos  de  la  formation  de  l'indoxyle  par  l'intermédiaire  de  l'acide 
indoxylcarbonique.  La  solution  dans  un  alcali  étendu,  soumise  à  l'ébullition  en  pré- 
sence d'un  réducteur  organique  tel  que  le  glucose,  fournit  un  abondant  précipité 
d'indigotine  (A.  Baeyer,  80  a).  Il  est  possible  qu'il  y  ait  d'abord  réduction  jusqu'au 
stade  indoxyle. 

En  tout  cas,  l'organisme  accomplit  cette  réduction  de  l'acide  orthonilrophénylpro- 
piolique  (ou  plutôt  de  son  sel  de  Na)  en  indoxyle  : 


C  C-OH 

5<^''^C  — COOH   —  0  +  2H  =  C02  +  C6H*<^^CH 
Az02  AzH 


G.  Hoppe-Sevler  [82,  83  a)  a  trouvé  que,  si  ce  corps  est  toxique  pour  le  lapin  en  injec- 
tion sous-cutanée,  comme  l'avait  vu  Ehrlich  (8i)  et  si  une  dose  de  1  *>'',  2')  à  is',  50  par 
cette  voie  tue  l'animal  en  quelques  minutes,  il  n'en  est  plus  de  même  si  on  passe  par 
la  voie  digeslive.  Le  lapin  supporte  pendant  quelque  temps  l'ingestion  journalière  de 
1  à  3  grammes  d'acide  0.  nitrophénylpropiolique  dissous  à  la  faveur  de  Na2C0^  et 
cela  sans  autres  phénomènes  qu'un  amaigrissement  progressif  et  un  peu  de  torpeur. 
Le  chien  est  beaucoup  plus  sensible  que  le  lapin  (albuminurie,  hémoglobinurie,  glu- 
cosurie,  mort),  ce  qui  tient  à  son  caractère  de  Carnivore,  car  il  en  est  de  même  chez 
le  lapin  devenu  auto-carnivore  par  jeûne. 

Un  lapin  peut  transformer  par  jour  2  à  3  grammes  d'acide  o.  nitrophénylpropio- 
lique, dont  la  majeure  partie  passe  à  l'état  d'indoxyle.  Cet  indoxyle  est  excrété  par 
l'urine,  sous  forme  d'acide  indoxylsulfurique  pour  une  bonne  part  ;  cette  synthèse 
d'acide  indoxylsulfurique  a  pour  effet  d'augmenter  considérablement  le  chiffre  de 
l'acide  sulfurique  éliminé  sous  forme  délhers,  tandis  que  l'élimination  de  H-SO*  à  l'état 
de  sulfates  minéraux  diminue  jusqu'à  devenir  nulle.  En  même  temps  apparaît  aussi 
de  l'acide  indoxylglycuronique,  qui  représente  l'excès  d'indoxyle  par  rapport  aux 
disponibilités  de  l'économie  en  acide  sulfurique.  L'urine  des  animaux  est  réductrice  et 
active  sur  la  lumière  polarisée,  non  seulement  par  la  présence  du  glucose,  mais  aussi 
par  celle  de  l'acide  indoxylglycuronique.  On  a  utilisé  avec  avantage  l'administration  de 
l'acide  0.  nitrophénylpropiolique  au  lapin  pour  enrichir  l'urine  de  cet  animal  en 
acide  indoxylsulfurique  en  vue  de  la  préparation  de  ce  chromogène  (G.  IIoppe-Seyler, 
82,  83a;  L.  C.  Maillard,  03  f;  Ch.  Hervieux,  OS). 

A  côté  des  chromogènes  indoxyliques,  il  se  forme  aussi  des  substances  étrangères, 
de  coloration  brunâtre,  incomplètement  étudiées.  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  {03  c)  ont 
constaté  chez  le  lapin,  l'âne  et  le  chien  que  si,  au  lieu  d'être  donné  par  la  bouche, 
l'acide  0.  nitrophénylpropiolique  est  injecté  sous  la  peau,  l'urine  possède  la  propriété 
de  fournir  de  l'indigotine  par  chauffage  avec  de  la  soude  et  du  glucose  :  ils  affirment 
pour  cette  raison  qu'une  partie  de  l'acide  passe  en  nature  dans  les  urines  1?).  En  tout 
cas,  la  transformation  de  l'acide  0.  nitrophénylpropiolique  en  indoxyle  n'est  pas  inté- 
grale :  une  notable  partie  suit  d'autres  destinées.  Contrairement  à  leur  attente,  Ch.  Por- 
cher et  Ch.  Hervieux  {03  c)  n'ont  pu  déterminer,  par  l'administration  simultanée  d'hypo- 
sulfite  ou  de  pyrosulfate,  ni  une  augmentation  de  l'acide  indoxylsulfurique,  ni  une 
diminution  de  la  toxicité. 

Étant  données  les  relations  de  l'acide  orthonitrophénylpropiolique  avec  Vacide 
orthonitrocinnamique,  G.  Hoppe-Seyler  {83  b]  a  cherché  si  ce  dernier  ne  fournirait  pas, 
lui  aussi, de  l'indoxyle  dans  l'organisme.  Des  dosesjournalières  allant  jusqu'à  4  grammes, 
mêlées  à  la  nourriture  des  chiens,  n'ont  jamais  augmenté  l'indoxyle  urinaire. 
L'urine  n'était  pas  réductrice  et  ne  donnait  pas  de  déviation  au  polarimètre.  Elle 
était  seulement  un  peu  plus  foncée  que  d'habitude  et  renfermait  un  acide  cristallisé, 
soluble  dans  l'éther,  qui  n'était  pas  l'acide  benzoïque  et  n'a  pu  être  étudié  faute  de 
matériel  suffisant. 

L'acide  orthoamidocinnamique,  à  la  dose  de  3  grammes  par  jour  chez  le  chien,  n'a 


INDOL.  153 

provoqué  non  plus  aucune  augmentation  de  l'indoxyle  urinaire  ni  aucune  variation 
dans  le  rapport  de  l'acide  sulfurique  conjugué  à  l'acide  sulfurique  préformé.  Ici  encore 
l'urine,  optiquement  inactive,  et  non  réductrice,  renfermait  un  corps  cristallisable 
paraissant  spécial,  et  qui  n'a  pu  être  déterminé. 

Enfin  Vorthonitrobenzakli'hyde,  à  la  dose  de  3  grammes,  n'a  donné  chez  le  chien 
aucune  variation  de  l'indoxyle  ou  de  l'acide  sulfurique  urinaires,  bien  que,  suivant  la 
découverte  de  A.  B.eyer  et  V.  Drewsen  (82)  l'orthonitrobenzaldéhyde,  en  présence  de 
l'acétone  et  d'un  alcali,  donne  de  l'indigo.  Et  on  sait  que  l'organisme  fabrique  de 
l'acétone  ou  des  corps  voisins.  Même  avec  la  précaution  de  faire  ingérer  simultané- 
ment à  l'animal  4  grammes  d'acétone,  G.  Hoppe-Seyleu  (85  6)  n'a  pu  constater  la 
moindre  formation  d'indoxyle. 

De  même,  ïacide  phcnylglycineorthocarbonique,  si  avantageux  pour  la  préparation 
industrielle  de  l'indoxyle,  ne  se  transforme  pas  en  indoxyle  dans  l'économie  du  chien 
ou  du  lapin  (J.  E.  Thesen,  97).  Un  lapin  a  ingéré  pendant  longtemps  des  doses  journa- 
lières de  2  à  4  grammes  d'acide  phénylglycine-o. -carbonique,  dissous  par  Na-CO'',  sans 
se  trouver  incommodé,  et  sans  excréter  par  l'urine  ni  albumine  ni  sucre.  Mais  la 
réaction  de  l'indoxyle  dans  l'urine  n'était  pas  plus  intense,  et  la  quantité  de  H^'SO''^  sous 
forme  d'éthers  n'était  pas  augmentée.  En  revanche  l'urine  évaporée,  puis  fondue  avec 
KOH,  donnai!  par  addition  d'eau  et  action  de  l'air  une  grande  quantité  d'indigo;  en 
épuisant  par  l'alcool  l'urine  évaporée,  chassant  l'alcool,  acidifiant  par  II-SO^  et  épuisant 
par  l'éther,  on  retrouvait  des  cristaux  d'acide  phénylglycine-o-carbonique.  Celui-ci 
passe  donc  en  nature  dans  l'urine  du  lapin. 

Il  en  est  de  même  chez  le  chien.  Un  petit  chien  supporte  sans  aucuns  symptômes 
particuliers  des  doses  journalières  répétées  de  4  grammes.  L'urine  ne  renferme  ni 
albumine  ni  sucre;  on  y  retrouve  de  l'acide  phényiglycine-o-carbonique  inaltéré 
(J.  E.  Thesen,  97). 

La  phényiglycine  elle-même  est  au  contraire  toxique  :  Oe',50  tuent  en  4  heures  un 
gros  lapin,  et  la  plus  forte  dose  qu'il  puisse  supporter  plusieurs  jours  d©  suite  est 
OS',  10.  11  suffit  de  i  gramme  pour  rendre  malade  un  chien  de  moyenne  taille  (ano- 
rexie, vomissements,  somnolence)  :  on  ne  voit  apparaître  cependant  chez  le  chien  ou 
le  lapin  ni  albumine  ni  sucre.  Mais  la  réaction  de  l'indoxyle  n'est  pas  plus  intense,  et 
la  quantité  de  H-SO'*  éliminée  sous  forme  d'éthers  n'est  pas  augmentée. 

Parmi  les  générateurs  de  l'indoxyle  employés  in  vitro  pour  les  synthèses  de 
l'indigo  et  qui  ne  renferment  pas  préformé  le  noyau  indolique,  l'acide  o.  nitrophényl- 
propiolique  est  donc  le  seul  capable  de  se  transformer  en  indoxyle  dans  l'organisme 
des  Mammifères. 

5°  —  Lorsqu'on  exécute  la  fusion  de  Vindigotine  avec  KOH,  il  se  produit,  non  pas  de 
l'indigo  blanc  comme  le  croyaient  Gerhardt  et  les  anciens  auteurs,  mais  bien  de 
l'indoxyle  (K.  Heumann  et  F.  Bachofex,  93;  Hentschel,  99).  Si  l'action  de  l'alcali  se 
prolonge,  l'indoxyle  lui-même  est  attaqué  :  on  obtient,  comme  on  le  sait  depuis  long- 
temps (Fritsche,  4/),  de  l'acide  anthranilique,  et  de  l'aniline. 

L'organisme  animal  n'est  pas  en  état  de  ramener  l'indigoliiie  à  l'état  d'indoxyle. 
M.  Nencki  et  F.  Masson  (74)  ont  constaté  chez  un  chien  que  l'ingestion  de  2  grammes 
d'indigotine  pure  cristallisée  n'augmentait  pas  l'intensité  de  la  réaction  de  l'indoxyle 
dans  l'urine  :  en  recueillant  les  fèces  on  pouvait  en  récupérer,  par  un  traitement  conve- 
nable, l^^OO  d'indigotine  sur  les  2  grammes  employés.  L'indigotine  n'est  donc  ni 
absorbée  en  nature,  ni  réduite,  dans  le  tube  digestif  du  chien. 

Cependant  E.  Baumanm  et  F.  Tiemann  {80)  ont  remarqué  que,  si  l'on  donne  à  des 
lapins,  mélangé  à  leurs  aliments,  de  l'indigo  finement  pulvérisé,  on  obtient  une  urine 
qui,  en  présence  de  HCl,  laisse  déposer  de  l'indigo.  Si  au  contraire  on  répète  l'expé- 
l'ience  sur  des  chiens,  on  n'obtient  aucune  augmentation  de  l'indigo  urinaire;  mais  si 
au  lieu  de  faire  ingérer  à  ces  animaux  de  l'indigo  pulvérisé,  on  leur  envoie  dans  l'esto- 
mac de  l'indigo  blanc  (produit  d'hydrogénation  de  l'indigotine,  soluble  dans  l'eau), 
encore  humide  et  emballé  dans  du  papier  pour  le  soustraire  au  contact  de  l'air,  on 
trouve  alors  une  forte  quantité  de  chromogène  indigotique  dans  l'urine.  L'indigotine, 
insoluble  dans  tous  les  milieux  aqueux  de  l'organisme,  acides  ou  alcalins,  n'est  donc 
pas  absorbée  par  la  muqueuse  intestinale,  tandis  que  le  leucodérivé  soluble  est  absorbé 


154  INDOL. 

puiséliininésous  formedechromogene.il  faut  donc  penser  que  chez  les  lapins  qui  parais- 
sent absorber  Tindigotine,  celle-ci  a  été  d'abord  réduite  en  leucodérivé  par  Thydrogène 
naissant  produit  dans  les  fermentations  bactériennes  de  l'intestin.  Ainsi  s'expliquerait  la 
différence   entre  herbivores  et  carnivores,  dont  la  flore  intestinale  n'est  pas  la  même. 

E.  Baumann  et  F.  Tiemann  [SO)  n'ont  pu  décider  si  le  chromogène  indigotique  ainsi 
éliminé  était  un  dérivé  de  l'indoxyle,  ou  au  contraire  de  l'indigo  blanc  lui-même  :  ils 
pencheraient  plutôt  pour  la  seconde  hypothèse.  D'ailleurs,  k  leur  avis,  l'indigo  blanc 
absorbé  par  la  muqueuse  du  lapin  ne  serait  certainement  pas  transformé  tout  entier 
en  indoxyle;  car  lorsque  après  un  certain  temps  de  ce  régime  les  animaux  meurent  après 
albuminurie  et  phénomènes  de  paralysie,  on  trouve  dans  leurs  reins  d'abondants  dépôts 
d'indigotine.  N'ayant  jamais  vu  ce  phénomène  se  produire  après  l'ingestion  d'indol, 
bien  que  l'urine  soit  très  riche  en  indoxyle,  les  auteurs  pensent  que  cette  indigotine 
doit  provenir  d'une  oxydation  directe  du.leucodérivé,  sans  passage  intermédiaire  par 
l'indoxyle.  Mais  lorsque  nous  aurons  exposé,  à  propos  de  l'indigurie,  ce  que  l'on  sait 
aujourd'hui  de  l'acide  indoxylglycuronique  et  de  sa  grande  fragilité,  on  comprendra 
que  ces  dépôts  d'indigo  dans  le  rein  pourraient  aussi  bien  être  attribués  à  l'acide 
indoxylglycuronique.  Nous  ne  pouvons  donc  rien  conclure  des  expériences  de  E.  Bau- 
mann et  F.  Tiemann  (SO)  sur  le  point  de  savoir  si  l'indigo  blanc  reste  à  cet  état  ou  passe 
à  l'état  d'indoxyle. 

Dans  une  note  plus  récente,  H.  Labbk  et  G.  Vitrv(07  c)  affirment  que  l'administra- 
tion au  lapin,  soit  de  l'indigotine,  soit  du  carmin  d'indigo  (acide  iudigotinesulfonique), 
n'a  déterminé  dans  l'urine  aucun  passage  de  chromogène  indigotique.  C'est  possible, 
car  les  phénomènes  réducteurs  de  l'intestin  soit  évidemment  variables  suivant  la  flore 
bactérienne  variable  elle-même. 

Cependant  l'organisme  animal  paraît  capable  de  réduire  en  indoxyle  Visatine  (pro- 
duit d'oxydation  de  l'indigotine  et  de  l'indirubine)  : 

CO  C  — OH 

C6H*<^^C0     m^-^    C6H*<^^CH 

AzH  AzH 

Isatine.  Imloxyle. 

Effectivement  R.  Niggeler  {74\  à  l'instigation  de  M.  Nencki  {74\  après  avoir  fait  ingé- 
rer, soit  ta  l'homme,  soit  au  chien,  2  grammes  d'isatine,  recueillait  une  urine  où  l'addi- 
tion à  chaud  de  HCl  fort  développait  une  intense  coloration  rouge,  de  plus  en  plus  foncée, 
aboutissant  après  plusieurs  heures  à  un  dépôt  rouge  noirâtre.  Insoluble  dans  l'eau, 
soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'acide  acétique  glacial,  avec  une  belle  couleur  carmin, 
sublimable,  décolorée  par  les  oxydants,  cette  substance  devait  être  l'indirubine,  comme 
le  pensait  déjà  M.  Nencki  {74),  et  comme  nous  le  croyons  aussi.  Or  nous  verrons  «[ue 
toute  urine  soumise  au  traitement  par  HCl  dans  ces  conditions  fournit  de  l'indirubine 
(L.  C.  Maillard,  03  f),  provenant  des  chromogènes  indoxyliques  :  l'abondance  de  l'in- 
dirubine dans  les  expériences  de  R.  Niggeler  prouve  que  l'isatine  avait  fourni  de  l'in- 
doxyle. 

Il  ne  faut  d'ailleurs  pas  s'étonner  de  voir  l'isatine  fournir  ici  de  l'indoxyle,  alors  que 
l'indigotine  n'en  fournit  pas.  Remarquons  en  effet  que  l'insolubilité  de  l'indigotine 
doit  être  un  très  grave  obstacle  à  son  absorption,  alors  que  l'isatine,  soluble  dans  les 
milieux  légèrement  alcalins  tels  que  le  liquide  intestinal  et  le  plasma  sanguin,  doit 
être  facilement  absorbée,  transportée,  élaborée. 

Au  contraire  l'ingestion  du  dioxindol,  ainsi  que  de  l'oxindol  (a-oxyindol)  ne  paraît 
pas  donner  lieu  à  la  production  d'indoxyle.  F.  Masson  (74),  chez  le  lapin,  le  chien  et 
l'homme, 

CH.OH  CH2 

C«H*<^^CO  C6Hi<^^C0 

AzH  AzH 

DioxindoL  Oxindol  (a). 

a  bien  obtenu   des  urines  où  le  traitement  par  HCl   développait  certaines  matières 
rouges,  mais  ces  substances  ne  paraissaient  pas  identiques  à  l'indirubine  (M.  Ne.ncri, 


INDOL.  155 

74),  et  les  urines  ne  donnaient  pas  d'indigotine  par  l'action  simultanée  de  IICl  et  d'un 
iiypochlorite,  ce  qui  eût  été  le  cas  si  elles  eussent  renfermé  en  quantité  notable  un 
chromogène  indoxylique. 

6"  —  L'indoxyle  ne  se  forme  pas  seulement  par  fermeture  d'un  cycle  pyrrolique 
grelïé  sur  le  benzène,  ni  par  réduction  de  corps  indoliques  plus  oxygénés  tels  que  l'in- 
digotine,  Tindirubine  ou  l'isatine,  mais  aussi  par  oxydation  directe  de  Vindol.  Dès  avant 
la  découverte  de  l'indoxyle,  M.  Nencki  (75  a)  obtenait  de  l'indigotine  par  action  de 
l'ozone  sur  l'indol  :  nous  savons  aujourd'hui  que  le  stade  indigotine  était  ici  précédé 
par  le  stade  indoxyle.  C'est  sur  cette  réaction  que  reposent  certains  brevets  industriels 
pour  la  transformation  de  l'indol  en  indigotine,  soit  sous  l'action  de  l'oxygène  atmo- 
sphérique «activé  »  par  une  substance  appropriée  telle  que  le  sulfite  ou  le  bisulfite  de 
sodium  (Badische  Anilin-  und  Sodafabrik,  02  a),  soit  sous  l'action  de  l'acide  monoper- 
sulfurique  de  Caro  {Badische  Aniliti-  und  Sodnfabrik,  02  6). 

Tout  récemment,  Gh.  Porcher  {08  a,  09  b)  a  repris  en  détail  l'étude  de  l'oxydation 
de  l'indol  par  l'eau  oxygénée,  les  persulfates  alcalins  ou  la  quinone.  Le  réactif  le  plus 
favorable  est  H-0-  en  solution  concentrée  (perhydrol  à  100  volumes)  :  la  formation 
immédiate  et  abondante  de  l'indoxyle  a  été  mise  en  évidence  très  nettement  par  l'au- 
teur ;  l'action  ultérieure  de  H^O'  donne  naissance  à  de  l'indigotine  et  à  des  produits 
bruns.  La  proportion  de  ceux-ci  est  plus  forte  avec  les  persulfates  alcalins,  et  surtout 
avec  la  quinone,  qui  a  besoin  pour  agir  du  concours  de  la  lumière. 

1°  —  L'oxydation  de  l'indol  en  indoxyle,  et  par  un  mécanisme  probablement  très 
comparable  au  précédent,  est  réalisée  par  l'organisme  de  l'homme  et  des  animaux 
supérieurs,  que  l'indol  soit  introduit  par  la  voie  des  muqueuses  digestives  ou  par 
injection  sous-cutanée.  L'indoxyle  ainsi  produit  est  aussitôt  combiné  par  l'organisme 
à  l'acide  sulfurique  et  à  l'acide  glycuronique,  si  l'indoxyle  est  en  excès  ;  il  est  alors 
éliminé  par  le  rein  sous  la  forme  d'acide  indoxylsulfurique  toujours,  et  d'acide  indoxyl- 
glycuronique  éventuellement.  Ce  phénomène  d'élimination  après  conjugaison  sulfu- 
rique ou  glycuronique  est  absolument  parallèle  à  celui  qui  se  passe  pour  le  phénol,  le 
paracrésol,  et  en  général  tous  les  corps  phénoliques  :  cela  se  comprend,  l'indoxyle 
étant  en  somme  un  dérivé  phénolique  de  l'indol  : 

/O.SO^.OH.i  C-0.S02.0H 

C6H4<;  C6HK    /CH 

.4  Y 

Ac.  p.  crésolsulfurique.  Azn 

Ac.  indoxylsulfurique. 

Nous  verrons  que  les  acides  indoxylsulfurique  et  indoxylglycuronique,  incolores 
par  eux-mêmes,  sont  les  chromogènes  générateurs  d'une  matière  bleue,  l'indigotine,  et 
d'une  matière  rouge,  l'indirubine,  de  coloration  très  intense,  qui  se  développent  lors 
•du  traitement  de  l'urine  par  les  acides  accompagnés  ou  non  d'oxydants,  dans  des  con- 
ditions que  nous  verrons  plus  loin.  L'apparition  ou  l'augmentation  de  ces  couleurs  dans 
l'urine  ainsi  traitée  est  donc  le  caractère  qui  permet  de  reconnaître  la  transformation 
de  l'indol  en  indoxyle  dans  l'organisme. 

C'est  M.  Jaffk  (70  a,  72  a)  qui  le  premier  injecta  au  lapin  l'indol  récemment  décou- 
vert par  A.  Baeyer  {66  a,  66  b),  et  constata,  sans  d'ailleurs  donner  de  chiffres,  une  forte 
augmentation  du  chromogène  indigotique  et  de  l'indigotine  dans  l'urine.  H  en  conclut 
aussitôt  qu'on  devait  chercher  dans  l'indol  intestinal  l'une  au  moins  des  origines  du 
chromogène  naturel  de  l'urine.  H.  Fudakowski  et  T.  Hering  (74)  observèrent  de  même 
l'augmentation  notable  de  l'indigotine  fournie  par  l'urine  après  injection  d'indol.  F.  Mas- 
son  (74),  injectant  à  un  lapin  0«'",0io3  d'indol,  put  extraire  en  nature  Oe',0153  d'indigo- 
tine de  l'urine,  soit  environ  le  tiers  du  total,  malgré  les  pertes  à  l'extraction.  M.  Ne.ncki 
{75  a)  obtint  l'indigotine  en  grande  quantité  en  traitant  par  HCl  par  un  peu  d'hypo- 
■chlorite  l'urine  d'un  chien  qui  avait  ingéré  1  gramme  d'indol  ;  l'animal  ne  supporta 
plus  2  grammes  d'indol  et  mourut  de  diarrhée  violente  et  d'hématurie  (M.  Nencki,  76  a). 

E.  Baumann  (76' a,  76  b)  retrouva  la  môme  augmentation  du  chromogène  indigotique 
en  partant  de  l'indol  administré  au  chien  par  voie  sous-cutanée  ou  par  voie  digestive. 
€'est  par  l'indol  (20  grammes  ingérés  en  5  jours)  que  E.  Baumann  et  L.  Brieger  (79  b)  enri- 


156  INDOL. 

chirent  artificiellement  l'urine  du  chien  chez  lequel  ils  allaient  découvrir  l'acide  indoxyl- 
sulfurique  et  l'indoxyle  lui-même;  A.  Christiani  [78)  venait  de  constater  que  la  trans- 
formation de  l'indol  en  chromogène  indigotique  a  lieu,  non  seulement  chez  le  chien  et 
le  lapin,  mais  aussi  chez  le  poulet  et  la  grenouille. 

Depuis  lors,  cette  notion  est  devenue  banale.  A.  Rovighi  {96)  a  retrouvé  le  phéno- 
mène chez  le  lapin  et  le  cobaye,  C.  A.  Herter  (98  a,  98  b)  chez  l'homme,  le  singe  et  le 
lapin,  E.  Wang  {99  b)  chez  le  chien,  P.  Grosser  {05)  chez  le  lapin,  Ch.  Hervieux  (04, 
06,  07  b,  08),  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  {06  b,  07  a)  chez  le  chien,  la  chèvre,  la  poule, 
le  canard,  Cl,  Gautier  {08,  09),  Cl.  Gautier  et  Ch.  Hervieux  (07  a,  07  b),  Ch.  Hkrvieux 
{08)  chez  le  lapin  et  la  grenouille. 

A  en  croire  les  plus  anciens  auteurs,  une  partie  seulement  de  l'indol  se  transforme- 
rait en  indoxyle  et  pourrait  être  retrouvée  sous  forme  d'indigotine  et  d'indirubine.  Une 
autre  partie  subirait  une  attaque  plus  avancée  de  la  part  de  l'organisme.  F.  Masson 
(74)  ne  retrouvait  que  le  tiers  environ  de  l'indol,  E.  Wang  [99  b)  la  moitié,  P.  Grosser 
{05)  seulement  30  p.  100  dans  le  cas  d'injection  sous-cutanée  et  16  p.  100  dans  le  cas 
de  l'ingestion.  Mais  les  méthodes  analytiques  employées  par  ces  auteurs  comportaient 
des  pertes  considérables  ;  avec  la  méthode  de  l'isatine  chlorhydrique  qui  donne  des 
chiffres  plus  élevés  (peut-être  trop  élevés"?)  Ch.  Hervieux  (04  c)  a  retrouvé  la  presque 
totalité  de  l'indol.  D'autre  pari,  Cl.  Gautier  (OS)  a  montré  qu'il  suffit  d'introduire  dans 
la  veine  porte  d'un  lapin  une  dose  d'indol  inférieure  à  1  milligramme,  pour  constater 
l'apparition  de  l'indoxyle  dans  l'urine.  Il  est  donc  certain  que  le  noyau  de  l'indol  est  très 
résistant  vis-à-vis  de  l'organisme,  et  que  la  très  majeure  partie  de  l'indol  est  rejeté  à 
l'état  d'indoxyle. 

L'élimination  urinaire  de  l'indoxyle  après  l'injection  d'indol  est  rapide  (F.  Masson,  74  ; 
Ch.  Hervieux  04  c)  :  lorsqu'on  fait  l'injection  directement  dans  la  veine  porte  (Cl.  Gau- 
tier, OS),  elle  est  presque  immédiate.  L'élimination  persiste  pendant  des  heures  après 
l'injection,  sans  qu'on  sache  encore  si  cette  lenteur  est  relative  à  l'oxydation  de  l'indol 
en  indoxyle,  à  la  conjugaison  acide  de  celui-ci,  ou  à  l'élimination  rénale  du  conjugué. 

Le  fait  que  l'injection  sous-cutanée  d'indol  aboutit,  tout  aussi  bien  que  l'ingestion,  à 
la  sécrétion  d'indoxyle,  prouve  que  le  lieu  de  la  transformation  n'est  ni  la  lumière  de 
l'intestin,  ni  la  muqueuse  intestinale.  Une  autre  preuve  en  est  dans  le  fait  que  la  résec- 
tion du  gros  intestin,  ou  du  tube  digestif  tout  entier,  n'empêche  pas  la  grenouille  de 
transformer  en  indoxyle  l'indol  qu'on  lui  injecte  dans  le  sac  lymphatique  dorsal 
(Cl.  Gautier  et  Ce.  Hervieux,  07  a,  01  b;  Ch.  Hervieux,  08).  Au  contraire,  l'ablation  du 
foie,  comme  l'ont  vu  les  mêmes  auteurs,  ne  permet  plus  l'apparition  dans  l'urine,  après 
injection  d'indol,  que  de  traces  insignifiantes  d'indoxyle  qu'il  faut  sans  doute  attri- 
buer aux  bribes  de  foie  survivant  à  l'opération. 

11  faut  donc  conclure  que  c'est  au  foie  qu'appartient  la  faculté  d'oxyder  l'indol  en 
indoxyle.  La  rapidité  avec  laquelle  l'indoxyle  apparaît  dans  l'urine  lorsqu'on  injecte 
l'indol  dans  la  veine  porte  (Cl.  Gautier,  08)  vient  corroborer  cette  conception.  C'est 
d'ailleurs  également  le  foie  qui  doit  conjuguer  l'indoxyle  à  l'acide  sulfurique  ou  à 
l'acide  glycuronique,  ainsi  que  le  fait  est  établi  en  ce  qui  concerne  l'éthérification  sul- 
furique ou  glycuronique  du  phénol  et  de  ses  homologue.  On  fera  bien  d'ailleurs,  lors- 
qu'on voudra  se  rendre  un  compte  exact  de  ce  qui  concerne  les  destinées  de  l'indoxyle 
dans  l'économie,  de  se  reporter  pour  comparaison  aux  travaux  du  même  genre  concer- 
nant les  phénols,  notamment  à  ceux  de  E.  Baumann  (76  a,  76  b,  77,  18  a,  78  b,  79,  83, 
86),  E.  Baumann  et  L.  Brieger  (75  a),  E.  Baumann  et  C.  Preusse  (7.9,  80),  Auerbach 
{79),  E.  Salkowski  (76  b,  77),  E.  Salkowski  et  Leube  {82,),  L.  Brieger  {84),  A.-E.  Austin 
(04),  Embden  {03),  Van  Leersum  {03,  04). 

Si  l'indoxyle  prend  naissance  (par  oxydation  de  l'indol)  dans  le  foie  et  s'éUmine 
(sous  forme  combinée)  par  le  rein,  il  est  naturel  de  penser  qu'on  en  trouvera  des 
traces  dans  le  sang  de  la  circulation  générale.  Cela  semblerait  résulter  des  anciennes 
observations  de  Th.  A.  Carter  {59)  sur  la  présence  de  1'  «  indican  »  dans  le  sang;  mais 
ces  recherches  remontent  à  une  époque  où  la  technique  était  bien  défectueuse,  et  nous 
ne  savons  le  degré  de  créance  qu'il  convient  de  leur  accorder.  La  recherche  a  été 
reprise  par  Ch.  Hervieux  {04  a)  sur  le  sang  désalbuminé  par  une  technique  appropriée, 
et  qui,  chauffé  avec  un  peu  d'isatine  en  présence  de  HCl,  a  donné  très  nettement  des 


INDOL.  157 

traces  d'indirubine  (cheval,  dne).  Cette  réaction  peut  C'ire  considérée  provisoirement 
comme  démontrant  la  présence  de  l'indoxyle,  sauf  quelques  réserves  que  nous  expo- 
serons un  peu  plus  loin. 

B.  Propriétés  de  l'indoxyle.  —  Lors  de  la  découverte  de  l'indoxyle  par  dédou- 
blement de  l'acide  indoxylsulfurique  (E.  Baumann  et  L.  Brieger,  76  b),  ce  corps  avait  été 
obtenu  sous  forme  de  gouttelettes  huileuses  brunâtres,  se  précipitant  au  seia  de  la  solu- 
tion aqueuse  où  l'indoxyle  est  peu  soluble  :  huile  instable,  facilement  résiniliable  et 
oxydable.  Le  liquide  où  se  produit  le  dédoublement  présente  d'ailleurs  une  Iluores- 
cence  jaune  verdàtre,  qui  appartient  à  l'indoxyle  et  se  remarque,  comme  nous  le  ver- 
rons, sur  les  urines  indiguriques  où  a  lieu  la  libération  spontanée  (en  apparence)  de 
l'indoxyle  (Ch.  Hervieux,  08).  Lors  de  sa  synthèse  par  l'acide  o.  nitrophénylpropiolique, 
A.  Baeyer  [81)  avait  retrouvé  l'indoxyle  sous  la  même  forme  d'huile  brun  verdàtre, 
très  altérable.  Cependant  D.  Vorlander  et  B.  Dreschek  (02),  remarquant  que  l'huile 
se  prenait  partiellement  en  cristaux,  réussirent  à  préparer  l'indoxyle  pur  cristallisé. 
L'acide  indoxylcarbonique  cristallisé  (provenant  de  la  fusion  alcaline  de  l'acide  phényl- 
glycine-o-carbonique)  est  dissous  dans  20  parties  d'eau  et  placé  dans  un  ballon  que 
traverse  un  courant  de  gaz  d'éclairage  pour  éviter  l'air;  on  chauffe  à  70°-80%  pour 
dédoubler  l'acide  indoxylcarbonique.  La  solution  jaune  à  fluorescence  verte  est  filtrée 
pour  éliminer  les  parties  résineuses  indissoutes,  et  placée  dans  la  glace  :  on  obtient 
de  beaux  cristaux  jaune  clair,  en  prismes  aplatis,  fondant  à  83°.  La  couleur  jaune  des 
cristaux,  qui  n'est  pas  altérée  par  recristallisation  après  contact  avec  le  noir  animal, 
appartient  réellement  à  l'indoxyle  (D.  Vorlander  et  B.  Drescher,  02).  L'indoxyle  cris- 
tallisé se  dissout  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  le  chloroforme,  l'acide  acétique  glacial,  le 
benzol,  dans  l'acétone  avec  une  facilité  particulière,  très  peu  dans  l'éther  de  pétrole. 
La  fluorescence  verte  de  la  solution  aqueuse  disparaît  par  un  excès  de  HCl  ou  de  KOH, 
mais  non  de  Na^CO^.  L'indoxyle  est  à  peine  distillable  dans  le  vide  ;  il  se  volatilise  toute- 
fois en  partie  sans  décomposition  lorsqu'on  le  chauffe  seul  ou  avec  de  la  vapeur  d'eau 
légèrement  surchauffée  (105"'-110'').  Les  vapeurs  ont  une  odeur  fécaloïde  particulière  qui 
n'est  pas  identique  à  celle  de  l'indol  ou  du  skatol. 

E.  Baumann  et  L.  Brieger  {79  b),  E.  Baumann  et  F.  Tiemann  (79  a)  ont  constaté  que 
l'indoxyle  huileux  obtenu  dans  la  décomposition  par  HCl  d'une  solution  d'indoxyl- 
sulfate,  s'altère  rapidement.  ((  En  peu  de  temps  l'odeur  fécaloïde  disparaît,  et  les  goutte- 
lettes huileuses  se  transforment  en  une  masse  brune  amorphe  contenant  plus  ou  moins 
d'indigotine.  Si  l'on  a  exclu  complètement  l'accès  de  l'air,  on  ne  trouve  pas  du  tout 
d'indigotine,  mais  seulement  le  produit  de  condensation  amorphe,  qui,  insoluble  dans 
l'eau,  se  dissout  avec  coloration  rouge  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloroforme...  Il  n'est 
attaqué  qu'avec  difficulté  par  les  oxydants,  et  ceux-ci  ne  produisent  pas  d'indigotine.  » 
Pendant  longtemps  cette  substance  rouge  a  été  distinguée,  dansions  les  ouvrages,  sous 
le  nom  de  Rouged'indaxyle,  et  considérée  comme  un  corps  particulier,  produit  de  con- 
densation de  l'indoxyle.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'à  la  suite  des  travaux  de 
L.  C.  Maillard  l'existence  du  «  rouge  d'indoxyle  »  en  tant  qu'individualité  chimique 
doit  être  rejetée  :  cette  matière  se  compose,  pour  une  part  importante,  d'indirubine, 
associée  à  des  «  bruns  d'indigo  »  encore  mal  connus. 

Si  on  ne  protège  pas  l'indoxyle  contre  l'accès  de  l'air,  la  matière  brunâtre  de  trans- 
formation renferme  de  l'indigoline.  La  présence  de  FeCP  en  milieu  chlorhydrique  favo- 
rise l'oxydation  en  inditjotine,  qui  est  pn-sque  intégrale  (E.  Baumann  et  L.  Brieger, 
79  b;  E.  Baumann  et  F.  Tiemann,  79  a).  La  solution  alcaline  de  l'indoxyle,  au  contact  de 
l'air,  laisse  déposer  rapidement  un  abondant  dépôt  d'indigotine  (A.  Baeyer,  81).  Il  est 
donc  parfaitement  établi  que  le  processus  normal  de  naissance  de  l'indigotine  est 
l'oxydation  directe  de  l'indoxyle,  qui  est  le  générateur  universel  de  l'indigotine  (E.  Bau- 
mann et  F.  Tiemann,  7.9  a,  79  b,  80),  et  cela  malgré  l'opposition  passagère  de  A.  Baeyer 
(79  c),  qui  à  l'exemple  des  anciens  chimistes,  E.  Sciiunck  en  particulier,  voulait  voir 
dans  l'indigo  blanc,  leucodérivé  réduit  de  l'indigotine,  le  générateur  de  l'indigotine, 
mais  ne  tarda  pas  à  réformer  son  opinion.  Aujourd'hui  nul  n'ignore  plus  que  tous  les 
chromogènes,  animaux,  végétaux,  industriels,  qui  fournissent  l'indigotine  sont  des 
dérivés  de  l'indoxyle,  et  donnent  l'indigotine  par  oxydation  directe  de  cet  indoxyle. 
L'oxydation  de  l'indoxyle  par  l'oxygène  de  l'air  est  accélérée  par  une  petite  quantité 


m  I N  D  O  L. 

d'alcali,  el  entravt^e  par  un  excès,  suivant  D.  Vokla.nder  (0/),  qui  a  donné  du  pliéno- 
lùène  une  explication  théorique. 

Comment  se  fait  l'oxydation  de  Tindoxyle?  E.  Baumann  et  F.  TiEmann,  de  même  que 
A.  Baeyer  et  tous  ses  élèves,  admettaient  que  l'oxydation  directe  et  simultanée  de 
2  molécules  d'indoxyle  donnait  1  molécule  d'indigoline  à  laquelle  on  attribuait  la  for- 
mule de  A.  Baeyeu  Tc^H^Uz-îO'-  : 

C  — OH  CO  CO 

2  C6H*<^~^CH  +  20  =  2H20  +  C6H*<^^C  =  C^'NceH* 

AzH  AzH  AzH 

Iinloxylo.  Indigotino  (A.  Baeybr). 

Quant  à  la  substance  rouge  deR.  Niggeler  (7-î)  et  deM.NENCKi  (7fi),le  rouge  d'indoxyle 
de  E.  Balmann  et  L.  Brieger  [79  6),  E.  Baumann  et  F.  ïiemann  {79  a),  on  n'expliquait  pas  sa 
nature.  On  n'expliquait  pas  davantage  pourquoi  l'indigo  végétal  des  teinturiers,  dérivé 
de  l'indoxylo  des  plantes,  contient  toujours,  à  ccMé  du  bleu  d'indigo  (indigotine),  une 
matière  rouge  :  rou(je  d'indiyo  de  Berzklils,  indirubine  de  E.  Scuunck.  On  n'expliquait 
pas  pourquoi  les  échantillons  d'indigoline  synthétique  contenaient  toujours  bien  qu'en 
quantité  parfois  très  minime)une  substance  rouge  :  hidigopurpurine  de  A.  Baever  [78  c). 
C.  Forrer  6'4)  avait  cependant  montré  l'identilé  du  rouge  d'indigo  de  Berzélius,  de 
l'indirubine  de  E.  ScHUNCK.et  de  l'indigopurpurine  de -A.  Baeyer;  A.  Baeyer  {83)  avait 
assigné  à  ce  corps  unique,  l'indirubine,  une  constitution,  celle  d'indogénide  (3  de  l'isa- 
tine  ;  mais  nous  allons  voir  que  celte  constitution  ne  rend  pas  compte  de  tous  les  faits. 

La  question  du  mécanisme  par  lequel  l'indoxyle  se  transforme  en  matières  colo- 
rantes a  été  entièrement  reprise  par  L.  C.  Maillard  [03  f),  conduit  à  ces  recherches  par 
la  nécessité  d'apporter  l'ordre  et  la  lumière  dans  l'histoire  des  matières  colorantes  de 
l'urine  humaine,  histoire  auparavant  fort  touffue  et  embrouillée,  aujourd'hui  fort 
simple.  Exécutées  d'abord  sur  lurine  humaine  normale,  ces  recherches  ont  été  éten- 
dues aux  solutions  pures  dindoxyisulfate  de  potassium,  d'acide  indoxylcarbonique 
(L.  C.  Maillard,  03  f),  et  même  h  i'indican  retiré  de  certains  extraits  d'Indigof'era 
tinctoria  spécialement  préparés  au  Bengale  (L.  C.  Maillard,  inédit)  ce  qui  confère  à 
leurs  résultats  une  valeur  générale. 

L.  C.  Maillard  (01)  a  montré  tout  d'abord  qu'une  même  solution  d'un  chromogène 
indoxylique  fournit  à  volonté,  suivant  le  traitement,  une  quantité  égale  d'indigotine 
(bleue)  ou  de  son  isomère  rouge,  l'indirubine,  dont  l'identification  a  été  faite  avec  toute 
la  précision  désirable  (L.  C.  Maillard,  03  f).  L'expérience  peut  être  répétée  avec  la 
plus  grande  facilité  :  il  suffit  de  prendre  une  urine  humaine  quelconque,  de  préférence 
pas  trop  pauvre  en  chromogène  indoxylique.  D'une  part  on  verse  l'urine  dans  un  tube 
à  essai,  sur  un  peu  moins  de  moitié  de  la  hauteur,  puis  un  volume  égal  de  HCl  pur 
commercial,  additionné  d'une  petite  quantité  d'un  oxydant  (quelques  gouttes  de  chlo- 
rure ferrique  ou  deau  oxygénée),  et  on  agite  immédiatement  avec  2-3  ce.  de  chloro- 
forme :  le  chloroforme  se  colore  en  bleu  ;  il  suffit  de  décanter  l'urine,  de  la  remplacer 
par  de  la  soude  très  étendue  (0,  2-1  p.  100)  et  d'agiter  de  nouveau  pour  laver  le  chloro- 
forme, on  a  une  solution  bleue  d'indigotine.  D'autre  part  on  prend  dans  un  autre  tube 
le  même  volume  de  la  même  urine,  avec  le  même  volume  du  même  acide  chlorhydrique, 
mais  sans  oxydant,  et  on  abandonne  le  tube  jusqu'au  lendemain  (ou  seulement 
10-12  heures)  en  laissant  à  l'air  le  soin  d'oxyder  lentement  Tindoxyle;  c'est  alors  seu- 
lement qu'on  agile  avec  le  chloroforme  puis  lave  à  la  soude  étendue  :  on  obtient  une 
solution  chloroformique  rouge  dindirubine.  Suivant  la  durée  du  séjour  en  milieu  chlor- 
hydrique, on  peut  avoir  toute  la  gamme  des  teintes  violettes  intermédiaires;  la  solu- 
tion la  plus  bleue  renferme  toujours  une  trace  d'indirubine,  extractible  par  l'éther  du 
résidu  de  son  évaporation;  la  solution  rouge  renferme  souvent  encore  une  trace  d'in- 
digotine. 

Cette  expérience  prouve  :  1°)  que  les  deux  couleurs  ont  la  même  origine  et  dérivent 
du  même  chromogène;  2°)  que  leur  chromogène  étant  le  même,  Tapparition  de  l'une  ou 
de  l'autre  dans  l'urine,  soit  spontanément,  soit  à  la  suite  de  manipulations,  ne  possède 
qu'ioie  seule  et  unique  signification  physiologique  et  médicale  ;  3°)  que  seule  la  somme  de 


INDOL.  159 

ces  deux  corps  a  un  intt'rôt  physiologique,  et  que  tout  procédé  d'analyse  visant  à 
doser  l'une  en  négligeant  l'autre  est  à  rejeter  de  toute  technique  physiologique;  4«) 
qu'il  est  naturel  de  rencontrer  presque  toujours  simultanément  les  deux  couleurs,  les 
conditions  de  leur  genèse  pouvant  d'ailleurs  donner  à  l'une  ou  à  l'autre  une  prépondé- 
rance capdhle  de  varier  de  0  à  100  p.  100;  5")  que  les  deux  couleurs  sont  des  stades 
parallèles  et  non  successifs  dans  Véchellc  des  oxydations,  ce  qui  éclaire,  comme  nous  le 
verrons  tout  à  l'heure,  la  vraie  nature  (indiruhine)  dos  corps  rouges  de  R.  Niggeler  (7-4), 
M.  Nencki  {76  a),  E.  Baumann  et  L.  Briegek  (7.9  b),  E.  Baumann  et  F.  Tiemann  {79  a), 
etc.;  6°)  que  seule,  dans  l'exemple  cité,  Vallure  du  processus  d'oxydation  détermine  la 
prépondérance  de  l'une  ou  de  l'autre  couleur  :  l'oxydation  rapide  donne  du  bleu, 
l'oxydation  lente  donne  du  rouge.  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  {03  a)  se  sont  rangés  à, 
cette  manière  de  voir. 

En  second  lieu,  L.  C.  Maillard  {02,  03  f)  montra  que,  non  seulement  l'indigo- 
tine  et  l'indirubine  dérivent  d'un  seul  et  même  chromogène,  l'indoxyle  (conjugué),  qui 
peut  les  fournir  à  volonté  suivant  le  traitement,  mais  encore  que  les  deux  couleurs 
dérivent  toutes  deux,  toujours  à  volonté,  d'un  seul  et  même  troisième  corps,  instable 
et  transitoire,  lui-même  coloré.  Ce  corps  n'est  autre  chose  que  la  substance  bleue  qui 
passe  dans  le  chloroforme  quand  on  épuise  par  ce  dissolvant  l'urine  additionnée 
d'acide  fort  et  d'oxydant.  Cette  substance  bleue  passait  jusqu'alors  pour  être  l'indi- 
gotine  ;  il  suffit  en  efï'et  d'évaporer  le  chloroforme  pour  trouver  dans  le  résidu  l'indi- 
gotine  parfaitement  authentique,  accompagnée  il  est  vrai  d'un  peu  d'indirubine  qu'on 
jugeait  autrefois  insignifiante,  et  dont  la  présence  est  au  contraire,  d'après  L.  C.  Mail- 
lard, un  indice  du  plus  grand  intérêt. 

Effectivement,  si  au  lieu  d'évaporer  immédiatement  la  solution  chloroformique 
bleue,  ou  de  la  laver  par  un  alcali  très  étendu,  on  l'abandonne  à  elle-même  en  milieu 
acide,  on  ne  tarde  pas  à  voir  sa  teinte  virer  au  violet,  puis  au  rouge  ;  quelques  heures 
ou  quelques  jours,  suivant  les  conditions  de  concentration,  d'acidité,  etc.,  suffisent 
pour  cette  transformation,  «à  la  température  ordinaire  (L.  C.  Maillard,  02).  A  la  tem- 
pérature d'ébullition  du  chloroforme  (65°)  la  transformation  est  plus  rapide,  et  il  suffit 
de  quelques  minutes  pour  remarquer  nettement  un  ton  violet  dans  la  solution  d'abord 
bleue  (L.  C.  Maillard,  03  f).  Quand  la  solution  chloroformique  est  devenue  rouge,  il 
suffit  de  l'évaporer  à  sec  (après  l'avoir  ou  non  lavée  aux  alcalis  étendus,  puis  à  l'eau)  ; 
l'élher  versé  sur  le  résidu  le  dissout  intégralement,  ou  presque  :  toute  la  matière  colo- 
rante est  transformée  en  indiruhine  authentique.  Or  l'indigotine  ne  possède  pas  du 
tout  cette  faculté  de  transformation  ;  soit  sur  l'indigotine  diUndigofera,  soit  sur  l'indi- 
gotine de  synthèse  par  l'acide  o.  nitrophénylpropiolique,  soit  sur  l'indigotine  de 
synthèse  par  l'acide  phénylglycine-o-carbonique,  soit  sur  l'indigotine  extraite  de  l'urine 
humaine,  mais  ayant  passé  déjà  par  l'état  solide,  L.  C.  Maillard  {03  f)  n'a  jamais  pu 
obtenir  la  transformation,  malgré  des  essais  nombreux  et  variés. 

La  substance  bleue  de  la  solution  chloroformique  est  donc  différente  de  Vindirjo- 
tine. 

De  plus,  dès  que  la  solution  chloroformique  a  été  lavée  aux  alcalis,  la  substance 
bleue  qu'elle  contient  n'est  plus  capable  de  se  transformer  en  indiruhine,  même  si  ori 
la  replace  en  milieu  acide,  même  par  séjour  prolongé  et  à  température  élevée.  L'éva- 
poration  du  chloroforme  fournit  l'indigotine  classique,  sans  augmentation  de  la  quan- 
tité d'indirubine  qui  pouvait  être  présente  au  moment  du  lavage  alcalin.  Le  lavage 
alcalin  fixe  définitivement  la  couleur. 

La  substance  bleue  qu'extrait  le  chloroforme  de  l'urine  acidifiée,  n'est  donc  pas 
identique  à  l'indigotine,  mais  en  difîère  par  la  curieuse  propriété  de  se  transformer, 
soit  rapidement  en  indigotine  si  le  milieu  devient  alcalin,  soit  lentement  en  indiruhine 
si  le  milieu  reste  acide.  Cependant,  comme  elle  dérive  de  l'indoxyle  par  oxydation 
ménagée,  et  qu'elle  donne  naissance  à  l'indigotine  ou  à  l'indirubine  sans  oxydation 
nouvelle,  sa  composition  centésimale  doit  être  identique  à  celle  de  ces  deux  couleurs. 
Enfin  sa  transformation  spontanée  en  ces  couleurs  sous  des  influences  très  faibles 
indique  qu'elle  doit  en  être  voisine  dans  sa  constitution.  L.  C.  Maillard  (02,  03  f)  rend 
compte  de  tous  ces  faits,  ainsi  que  di'  tous  les  autres  observés  jusqu'ici  dans  la  genèse 
des  couleurs  indoxyliques,  en  admettant  qu'il  existe  entre  le  corps  bleu  transitoire  et 


160  INDOL. 

les  deux  couleurs  définitives  des  relations  de  polymérie,  le  corps  instable  et  transi- 
toire étant  naturellement  le  polymère  inférieur  dont  les  deux  corps  stables  sont  des 
condensations.  Le  corps  bleu  transitoire  a  reçu  le  nom  de  hémiindigo tine  (L.  C.  Mail- 
lard, 03  f). 

La  plus  petite  molécule  possible  étant  C'^H'^Az^O'-',  cette  formule  doit  être,  non  pas 
attribuée  à  l'indigotine,  comme  le  faisait  A.  Baeyer,  mais  bien  réservée  à  rhémiindiyo- 
tine,  dont  L.  C.  Maillard  (02,  03  f)  représente  la  formation  par  oxydation  directe  et 
simultanée  de  2  molécules  d'indoxyle  avec  union  des  2  noyaux  : 


^-OH  0  HjO-C  ^Q  ^Q 

C6H<^C-:H  0  Hi-cf>C6H*  =  C6H4^^   „/^  =  ^\.   „/^'^* 

\/       -      \/  ^AzH/  ^AzH'^ 

AzH  AzH  „^    ..  ^.      . 

Indoxyle.  Indoxyle.  Hém.ind.got.ap. 

L'hémiindigotine  se  polymérise  ensuite  en  indigotine  ou  en  indirubine,  selon  la 
réaction  du  milieu.  Si  la  réaction  du  milieu  est  alcaline,  l'hémiindigotine  se  polymé- 
rise presque  instantanément  en  indigotine,  deux  de  ses  molécules  unissant  leurs  clé- 
ments en  sens  parallèles  pour  former  une   molécule  d'indigotine  : 

CO  CO. 

C6H*<  \c— ce  >C6H* 

\AzH/  ^AzIK 


CO 


CO 


C6H*<^        ^C  —  c{        \C«H* 

^AzR/  \AzH/ 

Indigotine. 

Si  la  réaction  est  acide,  Thémlindigotine  se  polymérise  lentement  en  indirubine, 
deux  de  ses  molécules  unissant  leurs  éléments  en  sens  symétriques  pour  former  une 
molécule  d' indirubine  : 

/AzHv  .AzH. 

C6HK  )C  — C(  >C6H* 

\co/       I  \co/ 


CO 


CO 


C6Ui{        \c— c/  >C6H* 

^AzR/  \AzH/ 

Indirubine. 

L'indigotine  et  l'indirubine,  polymères  d'un  corps  C'H'^Az-O-,  ne  peuvent  avoir 
en  effet,  au  minimum,  qu'une  molécule  C^*H^"Az^O^.  Or,  d'une  discussion  très  appro- 
fondie à  laquelle  s'est  livré  L.  C.  Maillard  (03  f)  en  étudiant  toutes  les  possibilités 
de  structure  dans  l'espace,  il  résulte  que  le  groupement  de  deux  molécules  d'hémiin- 
digotine  peut  donner  précisément  2  corps  différents  et  2  seulement.  11  y  a  accord  com- 
plet entre  les  faits  et  leur  interprétation  théorique. 

Ajoutons  que  divers  faits  d'ordre  physico-chimique  (cryoscopiques,  ébullioscopiques, 
thermochimiques,  etc.)  viennent  à  l'appui  de  celte  conception.  Nous  n'y  insisterons  pas 
ici,  non  plus  que  sur  l'intérêt  de  ces  questions  pour  la  chimie  organique  pure.  Disons 
seulement  que,  sinon  cette  théorie,  du  moins  les  faits  qu'elle  représente,  sont  d'un 
intérêt  très  réel  pour  la  physiologie,  en  expliquant  l'apparition  de  telle  couleur  dans 
telles  circonstances  :  L.  C.  Maillard  {03  f)  en  a  tiré  grand  parti,  comme  nous  le  ver- 
rons, pour  reviser  et  simplifier  dans  une  mesure  considérable  la  nomenclature  des 
matières  colorantes  bleues  ou  rouges  signalées  dans  l'urine  par  un  grand  nombre 
d'auteurs. 

Revenons  par  exemple,  au  «  rouge  d'indoxyle  »  obtenu  par  E.  Baumann  et  L.  Brieger 
(79  b),  et  considéré  autrefois  comme  une  substance  particulière.  De  l'avis  même  de 
E.  Bauma.nn  et  F.  Tiemann  [79  a),  cette  substance  est  sans  doute  identique  avec  un  corps 
précédemment  obtenu  par  M.  Nencki  (76  a)  dans  l'urine  d'un  chien  qui  avait  ingéré 
de  l'indol.  Cette  urine,  qui  sous  l'action  de  HCl  avec  un  peu  d'hypochlorite, 
fournissait  abondamment  du  bleu   d'indigo,  donnait  sous  l'action  de  HCl  seul  une 


INDOL.  161 

couleur rouge-pourpro  subliinable,  où  il  est  impossible,  après  les  travaux  de  L.  C.  Mail- 
lard, de  ne  pas  reconnaître  l'indirubine.  A  son  tour,  dans  l'opinion  de  M.  Nencki  (76  a), 
cette  couleur  était  «  très  semblable,  sinon  identique  »  à  celle  que  11.  Nic.geler  (74)  avait 
retirée  de  l'urine  par  le  môme  procédé  après  ini^estiou  d'isaline.On  a  vu  que  dans  le 
présent  article  nous  avons  nous-iiiéme  accepté  cette  couleur  comme  étant  l'indirubine 
et  comme  traduisant  la  transformation  de  l'isatine  en  indoxyle  dans  l'économie  :  on 
comprend  maintenant  nos  raisons.  Il  suffit  de  lire  les  travaux  de  E.  Baumann  et  L.  Brik- 
ger{79  b),  E.  Baumann  et  F,  Tiemann  (79  a)  pour  être  certain  que  leur  matière  brune 
amorphe  était  constituée,  pour  une  part  notable  au  moins,  par  de  l'indirubine.  L'inter- 
vention de  l'air  dans  leurs  expériences  n'était  pas,  en  effet,  réellement  exclue  comme 
dans  la  préparation  de  l'indoxyle  par  D.  Vorlànder  et  B.  Drescher  (0/,  02),  mais  seule- 
ment limitée  :  il  y  avait  assez  d'oxygène  pour  l'oxydation  lente  de  l'indoxyle. 

Il  faut  cependant  remarquer  que  ce  «  rouge  d'indoxyle  »  peut  contenir,  à  côté  de 
l'indirubine,  d'autres  substances  encore.  On  a  depuis  longtemps  constaté,  dans  l'indigo 
végétal  des  teinturiers,  la  présence,  non  seulement  du  bleu  d'indigo  et  du  rouge  d'indigo, 
mais  encore  du  «  brun  d'indigo  »,  soluble  dans  l'alcool  (Berzklius,  32).  D'autre  part,  en 
étudiant  les  produits  du  dédoublement  de  l'indican  (impur)  du  pastel  {Isatis  tinctoria), 
E.  ScHUNCK  {55,  58  a,  5S  b,  58  c)  avait  décrit  toute  une  série  de  matières  brunes,  indi- 
fulvine  V.,  indifulvine  [i,  indihumine,  indifuscine,  indifuscone,  indirétine,  qui  provenaient 
peut-être,  à  vrai  dire,  non  pas  seulement  de  l'indoxyle,  mais  aussi  du  glucose  et  des 
impuretés.  Le  brun  d'indigo  a  été  signalé  aussi  par  Edlefsen  (74)  dans  l'urine  de  cheval 
traitée  par  H  Cl  à  froid  :  la  matière  brune  donnait  naissance  à  de  l'indol  par  chauffage 
avec  la  chaux  sodée;  l'urine  humaine  fournissait  un  résultat  analogue.  Plus  récem- 
ment, des  bruns  d'indigo  ont  été  retrouvés  par  L.  C.  Maillard  {03  f,  08  a,  08  b)  et 
reconnus  comme  provenant  sans  doute  de  l'indoxyle,  aux  dépens  duquel  ils  ne  se 
forment  guère  que  dans  le  traitement  par  HGl  de  liquides  concentrés  ou  chargés 
d'impuretés,  tels  que  l'urine  concentrée;  Nous  ne  ferons  que  citer  provisoirement  ces 
corps,  peut-être  multiples  :  leurs  propriétés  sont  mal  étudiées,  leur  constitution 
inconnue;  le  champ  des  recherches  reste  ouvert  dans  cette  direction. 

Après  sa  grande  facilité  d'oxydation  et  les  belles  matières  colorantes  qui  en  résultent, 
l'une  des  propriétés  les  plus  intéressantes  de  l'indoxyle  est  sa  combinaison  avec  la 
généralité  des  substances  organiques  à  fonction  aldéhydique  ou  cétonique.  L'indoxyle 
peut  être  ici  considéré,  suivant  A.  Baeyer  (83),  comme  empruntant  pour  réagir  une 
forme  tautomère,  celle  de  pseudoindoœyle  : 

C  — OH  CO  CO 

C6H'^^^CH  C6H*<^^CH2  C6H*<^^C  = 

AzH  AzH  AzH 

Indoxyle.  Pseudoindoxyle.  (Indogcnc). 

L'hydrogène  H-  du  pseudoindoxyle  s'unissaut  à  l'oxygène  0  de  l'aldéhyde  pour 
former  H-0,  le  radical  bivalent  indogène  s'unit  au  reste  bivalent  de  l'aldéhyde,  et  l'on 
obtient  une  combinaison  désignée  sous  le  nom  général  d'indogénide  (A.  Baeyer,  83)  : 

CO  CO 

C6Hi(^^CH2  +  O.CH  -  CfiR:^  =  H20  +  CeRi^^C  =  CH  —  C6H' 

AzH  AzH 

Pseudoindoxyle.  Bcnzaldéhyde.  Indogénide  de  la  benzaidéhyde. 

CO  CO 

CfiR^/NcH^  +  0  =  CH  —  C  —  CH=:  H20  +  CeH^^^C  =  CH  —  C  —  CH 

AzH  II       II  AzH  II       II 

p       .  .^'"   ,  HC       CH  ^^"  HC      CH 

Pseudoindoxyle.  ,       ^  ^      , 

AzH  AzH 

Kurfurol.  Indogénide  du  furfurol. 

Parmi  les  indogénides  les  plus  intéressantes,  il  faut  citer  celles  que  peut  fournir 
l'isatine,  qui  possède  (pseudoisatine)  deux  fonctions  G  0  :  elle  doit  fournir  2  indogé- 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME   IX.  11 


162  INDOL. 

nides,  suivant  que  le  groupe  indogène  se  fixe  sur  le  carbone  a  ou  le  carbone  (B  de  Tisa- 
tine  : 

\AzH/    ^ ^    \AzH/  \AïH/  \A/.H/ 

Indoxyle.  Isatine.  Iiulogènide  a  de  l'isatine. 


IK 

C6HK  >CH-+OCC  \C6H*=H20 +  C6H4<  /C  =  C<  >AzH 

\AzH/    ^ ^AzH^  \AzH/  \  CO  / 

Indoxjle.  Isatine.  Indogénidc  p  de  l'isatine. 

Pour  A.  Raeykr  {83)  l'indogénide  a  de  l'isatine  ne  serait  autre  que  l'indigotine, 
et  l'indogénide  3  serait  l'indirubine.  Effectivement,  lorsqu'on  chauffe  en  solution  alcoo- 
lique un  mélange  d'indoxyle  et  d'isatine,  en  présence  deNa*  C0\  on  obtient  de  l'indi- 
rubine (A.  Baeyer,  83),  ou  plutôt  un  mélange  d'indigotine  et  d'indirubine  avec  prédo- 
minance de  celle-ci. 

Mais  ce  que  nous  avons  dit  des  recherches  do  L.  C.  Maillard  permet  de  comprendre 
que  l'explication  du  phénomène  peut  être  tout  autre  :  nous  y  reviendrons  à  propos  de 
l'indirubine. 

De  même,  lorsqu'on  chauffe  une  solution  d'indoxyle  avec  de  Vacide  o.  nitrophényl- 
propiolique  en  présence  d'un  excès  de  Na-  CO^  on  obtient  de  l'indigotine  (A.  Baeyer, 
83)  :  si  l'on  est  au  contraire  en  présence  de  H*  SO*,  il  se  forme  de  l'indoïne. 

Citons  encore,  parmi  les  propriétés  de  l'indoxyle,  la  formation  de  tribromaniline  par 
action  du  brome  (E.  Iîauman.n  et  F.  Tieuann,  7.9  6),  et  la  formation,  en  présence  d'un 

C  — OH 
acide  et  d'un  nitrite,  du   nitrottoindo.vylc   CSH^/^CH       en  fines  aiguilles  jaunâtres 

Az  (AzO) 
(A.  Baeyer,  82  b). 

Enfin,  il  est  important  de  rappeler  la  combinaison  de  l'indoxyle,  dans  l'organisme, 
soit  avec  l'acide  sulfurique,  soit  avec  Vacide  glycuronique.  La  première  a  été  reproduite 
in  vitro  par  chaulîage  de  l'indoxyle  en  solution  alcaline  a.\ec  du  pyroaulfaie  de  K  :  nous 
allons  y  revenir  en  traitant  de  l'acide  indoxylsulfurique. 

Parmi  les  propriétés  physiologiques  de  l'indoxyle,  il  est  intéressant  de  signaler  le 
peu  de  toxicité  de  ce  corps,  ainsi  que  de  son  dérivé  l'acide  indoxylcarbonique. 
Ch.  Hervieux  (07  b)  a  constaté  que  l'acide  indoxylcarbonique,  administré  au  chien  ou 
au  lapin  par  la  bouche  ou  sous  la  peau,  jusqu'à  la  dose  de  2  grammes,  est  dépourvu 
de  toxicité.  Après  l'injection  sous-cutanée,  l'urine  ne  renferme  que  très  peu  de  chro- 
mogène indoxylique;  car  l'acide  est  décomposé  immédiatement  dans  le  tissu  cellulaire 
sous-cutané,  avec  formation  d'indigotine,  ce  qui  produit  une  coloration  bleu  foncé 
autour  du  lieu  d'injection.  Après  l'administration  par  la  bouche,  l'urine  est  riche  en 
chromogènes  indoxyliques;  à  la  dose  de  1-2  grammes,  chez  le  chien,  on  obtient  de 
l'indigurie.  L'indoxyle  lui-même,  en  ingestion,  n'est  pas  non  plus  toxique,  et  l'urine 
devient  également  riche  en  chromogèue;  après  l'injection  sous-cutanée  de  O^"",»,  un 
lapin  est  mort  au  bout  de  vingt-quatre  heures. 

C_0.S02.0H 

C.  Acide  indoxylsulfurique.  —  L'acide  indoxylsulfurique  C6H*/^CH  est 

AzH 
un  éther  sulfurique  de  l'indoxyle,  l'une  des  deux  fonctions  acides  de  l'acide  sulfurique 
étant  éthérifiée  par  l'oxhydrile  de  l'indoxyle,  tandis  que  la  deuxième  fonction  acide  de 
H^SO^  reste  libre  et  apte  à  former  des  sels  analogues  aux  sels  minéraux.  C'est  en 

0  — C 
somme  un  sulfate  acide  d'indyle,  S02<^HC:^^C6HS  analogue  au  sulfate  acide  d'éthyle 

OH    AzH 
/0.C2HS 
ou  acide  sulfovinique  S02(f 

\0H 

L'acide  indoxylsulfurique  existe  habituellement  dans  l'urine  de  l'homme  et  des  ani- 


INDOL.  163 

maux  supérieurs,  où  il  provient  de  rétliérilicalion  sulfurique  (par  le  foie)  de  l'indoxyle 
résultant  de  l'oxydation  (par  le  foie)  de  l'indol  résorbé  par  l'intestin. 

Depuis  longtemps  on  avait  reconnu  (W.  Puour,  iO;  F.  Simon,  io;  H.  Hassall,  33; 
SiCHERER,  i)i;  L.  S.  Beale,  53)  comme  identique  au  bleu  d'indigo  une  substance  bleue 
dont  l'apparition  spontanée  avait  été  de  temps  en  temps  observée  dans  l'urine  humaine. 
E.  ScHUXCK  (o7),  renouvelant  la  même  observation,  identifiait  à  l'indigotine,  non  seu- 
lement la  matière  bleue  qui  se  dépose  parfois  dans  les  urines,  mais  aussi  celle  que  l'on 
obtient  très  fréquemment  en  traitant  l'urine  par  les  acides  minéraux  au  contact  de 
l'air.  Il  venait  à  cette  époque  d'étudier  le  chromogène  indigotique  du  pastel  (Isatis  tinc- 
toria]  auquel  il  avait  donné  le  nom  d'indican,  et  qu'il  considérait  comme  dédoublable 
en  un  sucre  particulier,  l'indiglucine,  et  en  indigotine.  Aussi  pensa-t-il  que  le  chromo- 
gène indigotique  de  l'urine  était  précisément  le  même  indican  :  la  comparaison  était 
très  intéressante  pour  l'époque,  mais  l'identification  complète  des  deux  chromogènes 
était  une  erreur  :  erreur  qui,  entretenue  jusqu'à  nos  jours  par  l'ignorance  de  nom- 
breux médecins,  a  pesé  lourdement  sur  toute  la  chimie  et  la  physiologie  du  groupe  de 
l'indol  et  des  substances  aromatiques  en  général.  Aujourd'hui  encore,  fourmillent  les 
manuels  et  les  mémoires  où  persiste  la  dénomination  fausse  d'  «  indican  »  ou  ■(  indican 
urinaire  »  ;  les  mêmes  ouvrages  ajoutent  à  la  confusion  en  classant  ce  corps  parmi  les 
constituants  «  anormaux  »  ou  «  pathologiques  »  de  l'urine,  alors  que  l'acide  indoxylsul- 
furique  est  au  contraire  un  élément  constant  de  l'urine  normale.  F.  Hoppe-Seyler  (65)  s'en 
était  aperçu  déjà;  L.  C.  Maillard  {03  f)  en  a  donné  la  démonstration  définitive. 

De  même  que  E.  Schunck  (37),  M.  Jaffé  (70  a,  70  h,  72  a,  72  b),  à  qui  nous  devons 
cependant  l'intéressante  découverte  de  la  transformation  de  l'indol  en  chromogène,  et 
qui  de  plus  avait  constaté  la  nécessité  d'une  oxydation  pour  passer  du  chromogène  à 
l'indigotine  lors  du  dédoublement,  croyait  encore  à  l'identité  du  chromogène  urinaire 
avec  l'indican  des  végétaux.  Pas  plus  que  son  prédécesseur,  il  n'avait  réussi  dans  ses 
tentatives  pour  isoler  ce  chromogène.  A  son  tour  F.  Hoppe-Seyler  [73),  sans  parvenir  à 
l'obtenir  à  l'état  de  pureté,  avait  réussi  à  localiser  le  chromogène  dans  une  fraction 
analytique  de  l'urine  suffisamment  limitée  et  concentrée  pour  permettre  des  consta- 
tations intéressantes.  Les  acides,  même  faibles,  décomposent  rapidement  le  chromo- 
gène  lorsqu'on  les  fait  agir  directement  sur  l'urine,  surtout  à  chaud;  mais  l'ébullition 
prolongée  avec  les  alcalis  n'altère  pas  le  chromogène  animal,  tandis  que  dans  les 
mêmes  conditions  l'indican  d'Isatis  tinctoria  est  rapidement  décomposé  avec  formation 
de  couleurs  indigotiques.  Aussi  F.  Hoppe-Seyler  s'était-il  convaincu  de  la  non-identité 
des  deux  corps,  et  put-il  transmettre  à  son  élève  E.  Baumann,  en  même  temps  que  le 
matériel  d'étude  déjà  rassemblé,  cette  idée  directrice  que  le  chromogène  animal  n'est 
pas  un  glucoside  (E.  Baumann,  76  b). 

Dès  1876,  E.  Baumann  découvrait  que  le  chroniogène  est  un  éther  de  l'acide  sulfu- 
rique analogue  à  ceux  que  donnent  les  phénols,  et,  dans  son  premier  mémoire 
d'ensemble  sur  les  conjugués  sulfuriques  de  l'économie  [76  b),  il  classe  le  prétendu 
indican  de  l'urine  à  sa  vraie  place.  Le  produit  sirupeux  déjà  très  purifié  obtenu  par  la 
méthode  de  F.  Hoppe-Seyler  (75),  soumis  à  l'ébullition  avec  HCl  étendu,  fournissait 
effectivement,  à  côté  des  couleurs  indigotiques,  de  grandes  quantités  d'acide  sulfu- 
rique. De  plus,  sur  un  chien  chez  lequel  le  rapport  de  H-SO'^  conjugué  à  H-SO^  salin  dans 
l'urine  était  1  :  29  à  l'état  normal,  on  voyait,  après  une  légère  injection  sous-cutanée 
d'indol,  le  rapport  monter  à  1  :  9;  après  injection  d'une  forte  dose,  le  rapport  s'élevait 
à  1  :  2,9,  et  simultanément  l'urine  renfermait  des  quantités  énormes  de  chromogène. 
En  ce  qui  concerne  la  molécule  organique  combinée  à  H-SO's  E.  Baumann  (76  a)  pensait 
qu'elle  devait  être  un  corps  hydroxylé  dérivant  de  l'indol,  comme  les  phénols  dérivent 
■du  benzène,  peut-être  l'oxindol. 

Il  ne  restait  plus  qu'à  isoler  de  l'urine  le  chromogène  à  l'état  pur,  préparation  que 
réalisèrent  E,  Baumann  et  L.  Brieger  (79  b).  Un  chien  ayant  reçu  20  grammes  d'indol 
par  ingestion  en  l'espace  de  3  jours,  l'urine  est  concentrée  à  cristallisation;  on  rejette 
les  cristaux  d'urée  et  de  sels,  et  on  épuise  par  l'alcool  à  90'^  les  eaux-mères  rouge- 
brun.  En  opérant  au  froid,  la  solution  alcoolique  (3  litresi  est  additionnée  d'une  solu- 
tion alcoolique  d'acide  oxalique,  tant  qu'il  se  forme  un  précipité  (oxalate  d'urée);  on 
filtre,  on  ajoute  rapidement  une  solution  alcoolique  de  potasse  jusqu'à  réaction  faible- 


164  INDOL. 

ment  alcaline,  et  on  élimine  par  filtration  l'oxalate  de  K.  La  solution  alcoolique  est 
concentre'e  à  2  litres  et  additionnée  de  son  volume  d'élher  :  il  se  fait  un  abondant  pré- 
cipité sirupeux,  qui  renferme  de  l'urée,  des  sels,  des  matières  extractives  et  colorantes, 
avec  la  plus  grande  partie  du  chromogène  :  ce  sirop  est  extrait  par  l'alcool  à  90°  bouil- 
lant. En  répétant  plusieurs  fois  la  précipitation  par  l'éther  de  la  solution  alcoolique, 
etc.,  on  arrive  à  laisser  toute  l'urée  dans  les  eaux-mères,  tandis  que,  à  chaque  redis- 
solution  alcoolique  du  précipité,  une  partie  des  autres  matières  étrangères  reste  indis- 
soute. La  dernière  solution  alcoolique  est  additionnée  d'éther  jusqu'à  trouble  persis- 
tant, puis  abandonnée  au  froid.  Il  se  forme  sur  les  parois  du  vase  des  cristaux 
mamelonnés,  et  dans  le  liquide  de  grands  cristaux  tabulaires  transparents,  qui  tous 
sont  une  combinaison  potassique  de  la  substance  indigogène. 

Le  produit,  purifié  par  recristallisation  dans  l'alcool  bouillant,  se  présente  sous  la 
forme  de  tables  et  d'écaillés  d'un  blanc  éblouissant,  de  formule  C''H*'AzSO*K,  facilement 
solubles  dans  l'eau,  difficilement  dans  l'alcool  froid,  plus  facilement  dans  l'alcool  chaud. 
Sous  l'action  de  HCl  étendu  et  chaud,  ou  de  IICI  moyennement  concentré  et  froid,  il 
se  décompose  en  donnant  II-SO*,  et  un  corps  à  fonction  phénolique  particulier,  qui 
n'est  pas  l'oxindol,  mais  un  isomère,  auquel  E.  Baumann  et  L.  Brieger  {79  b)  ont  donné 
le  nom  d'indoxyle.  tandis  qu'ils  appelaient  acide  indoxylsulfurique  le  chromogène  lui- 
même.  L'indoxyle,  mis  en  liberté,  fournit  les  couleurs  indigotiques  suivant  le  méca- 
nisme que  nous  avons  étudié  avec  les  propriétés  de  l'indoxyle. 

C  — 0.S02.0H  C  — OH 

CSH^C^^^CH  +  H20  =  C6H*/'^CH  +  HO.SO2.OH 

AzH  AzH 

Ac.  indoxylsulfurique.  ludoxyle.  Ac.  sulfurique. 

Remarquons  que,  si  E.  Baumann  et  L.  Brieger  (7.9  6/  ont  obtenu  la  substance  indigo- 
gène  à  l'état  d'indoxylsulfale  de  potassium,  c'est  tout  simplement  parce  qu'ils  emploient 
la  potasse  au  cours  de  l'extraction.  Il  est  donc  faux  dédire,  comme  le  font  la  plupart 
des  ouvrages,  que  le  chromogène  de  l'urine  est  l'indoxylsulfate  de  potassium  :  c'est 
tout  simplement  l'acide  indoxylsulfarirjue.  Ce  chromogène  est  parfaitement  incolore. 

Si,  comme  l'acide  phénylsulfurique,  l'acide  indoxylsulfurique  est  facilement 
dédoublé  parles  acides,  il  est  comme  lui  très  résistant  vis-à-vis  des  alcalis  :  un  chauf- 
fage de  plusieurs  heures  à  leo^-iTO»  ne  produit  aucune  action.  Surchauffé  à  120°-130°  en 
solution  aqueuse  neutre,  l'indoxylsulfate  de  K  se  décompose  complètement  en  bisulfate 
et  matière  brune  accompagnée  d'indirubine  et  d'indigoline.  Chauffé  à  sec  dans  un  tube 
à  essai,  il  donne  des  vapeurs  pourprées  d'indigo,  avec  l'odeur  caractéristique,  et  se 
sublime  sur  les  parois  du  tube  E.  Baumaxn  et  L.  Brieger,  79  b).  Chauffé  à  sec  avec 
de  la  baryte,  il  donne  de  l'aniline    E.  Baumann  et  F.  Tieman.n,  79  b). 

Les  observations  de  E.  Baumann  et  L.  Brieger  ,79  b]  ont  été  confirmées  entièrement 
par  tous  les  auteurs  qui,  depuis  eux,  ont  isolé  l'indoxylsulfate  de  K.  Nous  avons  vu,  à 
propos  des  modes  de  Formation  de  Vindo.ryle,  que  G.  Hoppe-Sevler  {82  a,  82  b,  83)  avait 
utilisé  le  lapin  comme  appareil  capable  de  transformer  journellement  2-3  grammes 
d'acide  o.  nitrophénylpropiolique  qu'on  lui  administre  par  la  sonde  stomacale  :  l'urine 
a  servi  à  G.  Hoppe-Seyler  pour  la  préparation  de  l'indoxylsulfate,  par  un  procédé  qui 
est  un  perfectionnement  de  celui  de  E.  B.vumann  et  L.  Brieger.  L'urine  évaporée  à  sirop 
épais  est  additionnée  d'alcool  à  96°,  tant  que  le  précipité  augmente.  La  solution  alcoo- 
lique filtrée  est  additionnée  de  son  volume  d'éther  de  densité  0,722;  le  liquide  clair, 
décanté  après  24  heures,  est  précipité  au  froid  par  une  solution  alcoolique  concentrée 
d'acide  oxalique,  tant  qu'il  se  produit  un  précipité.  On  filtre  rapidement,  et  on  ajoute 
une  solution  concentrée  de  K-CO^,  jusqu'à  réaction  alcaline  faible.  On  filtre  encore,  on 
distille  l'éther  et  l'alcool  :  le  résidu,  évaporé  à  sirop  épais,  est  repris  au  froid  par 
lb-20  volumes  d'alcool  absolu,  et  abandonné  pendant  24  heures  dans  un  flacon  fermé. 
Le  précipité  est  séparé  par  filtration,  bouilli  dans  l'alcool  à  96°,  et  la  solution  est  aban- 
donnée à  cristallisation.  Le  filtrat  (alcool  absolu)  est  précipité  par  une  grande  quantité 
d'éther,  séparé  rapidement,  par  décantation,  du  précipité  visqueux  d'abord  formé,  et 
abandonné  longtemps  au  froid.  Il  s'en  sépare  bientôt,  comme  de  l'extrait  alcoolique  da 


INDOL.  165 

précipité,  des  paillettes  d'iadoxylsulfate  de  potassium,  qu'on  purifie  par  cristallisations 
dans  l'alcool  bouillant.  G.  Hoppe-Seyler  a  pu  obtenir  ainsi,  en  partant  de  aO  grammes 
d'acide  orthonitrophénylpropiolique,  plusieurs  grammes  d'indoxylsulfate  de  potassium 
cristallisé. 

En  outre  G.  Hoppe-Seyler  (S3  b)  réussit  à  extraire  de  l'urine  normale  du  chien 
l'indoxylsulfate  de  potassium  cristallisé  par  la  méthode  qui  lui  avait  servi  à  l'extraire 
des  urines  des  lapins  auxquels  il  avait  administré  de  l'acide  orthonitrophénylpropio- 
lique. 23  litres  d'urine  de  chien  donnèrent  quelques  grammes  d'indoxylsulfate  bien 
caractérisé. 

Possédant  plusieurs  grammes  d'indoxylsulfate  de  potassium  cristallisé  qui  prove- 
nait de  lapins  traités  à  l'acide  orthonitrophénylpropiolique,  G.  Hoppe-Seyler  (83  6)  en 
injecta  2s'',7,  à  divers  endroits,  sous  la  peau  d'un  petit  chien  de  4  kilos  en  alimentation 
constante.  L'urine,  qui  contenait  dans  les  deux  jours  précédents  l^"",  1750  de  H'^SO^  pré- 
formé et  0»''^0623  de  H-SO'-^  conjugué  (rapport  18,8),  donna  dans  les  deux  jours  qui 
suivirent  l'injection  15^^1247  de  H-SO'^  préformé  et  Os"", 4.320  de  H'-'SO*  conjugué  (rapport 
2,6).  Le  volume  de  l'urine  avait  plus  que  doublé,  et  l'animal  manifestait  une  soif  assez 
intense.  L'urine  ne  montrait  pas  de  réduction  anormale,  ni  de  rotation  au  polarimètre  ; 
elle  donnait  une  grande  quantité  d'indigo  par  la  réaction  de  Jaffé.  L'animal  mourut 
malheureusement  le  3^  jour,  après  avoir  éprouvé  une  assez  vive  réaction  aux  lieux 
d'injection,  et  avant  que  tout  l'indoxylsulfate  injecté  fût  éliminé  ;  on  peut  dire  toutefois 
que  l'indoxylsulfate  de  potassium  injecté  sous  la  peau  passe  en  nature  dans  les  urines, 
et  que,  si  une  petite  quantité  est  décomposée  dans  l'organisme,  cette  fraction  n'est  cer- 
tainement que  très  secondaire. 

Enfin,  sur  l'urine  humaine  spontanément  très  riche  en  indoxyle  à  la  suite  d'un 
régime  fortement  carné  et  de  troubles  digestifs  (chez  un  diabétique),  J.  G.  Otto  (84) 
est  parvenu  à  extraire  de  10  litres  d'urine  quelques  cristaux  d'indoxylsulfate  de  K,  par 
la  technique  de  G.  Hoppe-Seyler. 

La  préparation  de  l'indoxylsulfate  de  K,  en  partant  de  l'urine  de  lapins  traités  par 
l'acide  o.  nitrophénylpropiolique,  a  été  répétée  par  L.  G.  Maillard  (0^  f),  par  un  procédé 
légèrement  différent  de  celui  de  G.  Hofpe-Seyler.  L'urine  était  d'abord  déféquée  par 
le  sous-acétate  de  plomb  (formule  du  Codex)  ajouté  jusqu'à  cessation  de  précipité,  ce 
qui  n'entraîne  pas  le  chromogène,  ainsi  que  l'avait  constaté  F.  Hoppe-Seyler  (75)  :  le 
filtrat  est  débarrassé  du  plomb  par  un  petit  excès  de  Na-SO*,  puis  refiltré.  Le  filtrat  est 
alors  concentré  à  sirop  épais  et  traité  par  l'alcool  à  96°,  puis  la  solution  alcoolique  est 
traitée  suivant  une  technique  analogue  à  celle  de  G.  Hoppe-Seyler.  Les  observations  de 
E.  Baumann  et  L.  Brieger  [79  b)  ont  été  confirmées  sur  les  cristaux  d'indoxylsulfate 
obtenus. 

Ch.  Hervieux  (0<9)  défèque,  lui  aussi,  l'urine,  successivement  par  l'acétate  de  plomb 
et  par  le  sous-acétate  de  plomb,  en  filtrant  chaque  fois  ;  le  dernier  filtrat,  qui  doit 
contenir  encore  un  excès  de  sous-acétate,  est  additionné  d'ammoniaque  tant  qu'il  se 
produit  un  précipité,  qui  cette  fois  entraîne  la  majeure  partie  de  l'indoxylsulfate.  Le 
précipité,  bien  lavé  pour  éliminer  entièrement  l'urée,  est  mis  en  suspension  dans 
l'eau  ou  l'alcool,  et  traité  par  H'^S.  Il  faut  ajouter  un  peu  de  carbonate  d'ammoniaque, 
destiné  à  neutraliser  les  acides  qui,  mis  en  liberté  par  H'-S,  pourraient  décomposer  par- 
tiellement le  chromogène.  On  sépare  PbS,  et  on  distille  le  filtrat  sous  pression  réduite, 
jusqu'à  consistance  de  sirop  jaune  clair.  Les  sels  minéraux  éventuels  sont  précipités 
par  l'alcool  à  96",  tandis  que  l'indoxylsulfate  reste  dissous  ;  par  évaporation  lente  il  se 
dépose  sur  les  parois  du  récipient  en  cristaux  que  l'on  purifie  par  cristallisation  dans 
l'eau.  Ch.  Hervieux  {08)  a  constaté  que  le  meilleur  dissolvant  du  chromogène  est 
l'alcool  méthylique;  il  est  insoluble  dans  l'éther,  l'éther  acétique,  le  chloroforme,  le 
tétrachlorure  de  carbone,  l'acétate  d'amyle,  l'alcool  amyliqiie,  la  pyridine.  Il  n'est  pré- 
cipité ni  par  le  chlorure  mercurique,  ni  par  l'acide  phosphotungstique  en  milieu  sulfu- 
rique. 

L'indoxylsulfate  de  potassium  a  pu  être  préparé  par  synthèse.  On  sait  que  E.  Bau- 
mann [78  a)  avait  réussi  à  faire  la  synthèse  des  acides  phénylsulfurique,  paracrésyl- 
sulfurique,  etc.,  en  chaufTant  les  phénols  en  solution  alcaline  avec  du  pyrosulfate  de 
potassium  K'^S'-O".  A  son  exemple,  A.  Baeyer  (5/  ,  partant  de  la  combinaison  potassique 


166  INDOL. 

de  l'indoxyle  (provenant  de  l'acide  o.  nitrophénylpropiolique),  et  la  chauffant  avec 
du  pyrosulfate  de  K,  obtint  finalement  une  solution  dont  les  caractères  répondaient  à 
ceux  de  l'indoxylsulfate,  c'est-à-dire  qui,  traitée  par  BaCP,  ne  précipitait  du  BaSO* 
qu'après  une  ébullition  prolongée  avec  HCl,  et  qui  d'autre  part  fournissait  abondam- 
ment de  l'indigotine  par  dédoublement  sous  l'action  de  HCl  en  présence  d'un  oxydant. 
Mais  il  ne  réussit  pas  à  obtenir  l'indoxylsulfate  à  l'état  cristallisé. 

Plus  tard,  J.  E.  Thesen  \97)  part  du  produit  de  fusion  potassique  (2o  gr.)  de  l'acide 
phénylglycine-o-carbonique  (10  gr.)  Rapidement  refroidi,  le  produit  est  dissous  dans 
le  minimum  d'eau  bouillante,  introduit  dans  une  fiole  fermée,  et  additionné,  par  petites 
portions,  de  25  grammes  de  pyrosulfate  de  K,  tandis  que  la  température  est  maintenue 
vers  40°.  Au  bout  de  2  heures,  on  ajoute  de  l'alcool,  filtre,  sature  par  CO-,  chauffe  en 
présence  de  noir  animal,  et  filtre.  Le  filtrat  évaporé  laisse  un  sirop  brunâtre  dont  la 
décomposition  par  IICI  fournit  Il-SO'*  et  de  l'indigo.  On  exécute  sur  ce  produit  brut  une 
série  de  reprises  par  le  minimum  d'alcool  bouillant  et  de  refroidissements,  quijîermet 
d'éliminer  l'acide  amidobenzoïque  présent  ;  la  dernière  solution  alcoolique,  addition- 
née d'une  grande  quantité  d'éther,  prend  une  apparence  laiteuse,  et  au  bout  de  quel- 
ques jours  dans  un  mélange  réfrigérant  laisse  déposer  des  cristaux  blancs  nacrés,  qui 
ont  été  reconnus  par  E.  B.\umann  lui-même  comme  de  l'indoxylsulfate  de  potassium. 
Une  condition  indispensable  pour  la  réussite  de  cette  synthèse  est  que  le  pyrosulfale 
soit  absolument  pur  et  ne  contienne  ni  sulfate  ni  bisulfate  ;  même  alors,  la  préparation 
est  assez  hasardeuse  et  échoue  souvent  sans  qu'on  en  connaisse  la  cause. 

Au  point  de  vue  quantitatif,  la  teneur  en  acide  indoxylsulfurique  de  l'urine  de 
l'homme  et  des  animaux  est  assez  variable.  Nous  verrons  qu'elle  dépend  de  la  quantité 
d'indol  fabriqué  dans  l'intestin  par  les  bactéries  aux  dépens  du  tryptophane  inclus  dans 
les  albuminoïdes  de  l'alimentation.  Chez  l'homme  l'acide  indoxylsulfurique  est  plus 
abondant  en  régime  carné  qu'en  régime  végétal  ;  cependant,  chez  les  herbivores  (che- 
val, vache)  il  est  plus  abondant  encore  à  cause  du  séjour  prolongé  des  aliments  dans 
un  tube  digestif  volumineux.  Les  premiers  dosages,  dus  à  M.  Jaffé  (70  b),  donnaient 
dans  l'urine  humaine  environ  Os',0066  par  litre  en  moyenne,  et  dans  l'urine  de  cheval 
OS', 1520  d'indigotine  formée  sous  l'action  de  HCl  et  d'un  hypochiorite.  J.  G.  Otto  {84), 
dans  l'urine  d'iiommes  à  troubles  digestifs  et  forte  alimentation  carnée,  obtenait  pai* 
le  même  procédé  jusqu'à  0k%162  d'indigotine  en  un  jour.  Cette  méthode  de  dosage  don- 
nant lieu  à  des  pertes  importantes,  il  faudrait  aujourd'hui  à  peu  près  doubler  ces  chif- 
fres. E.  Wang  (00),  avec  sa  méthode,  qui  donne  des  chiffres  trop  faibles,  considère 
l'indoxyle  comme  augmenté  anormalement  quand  la  quantité  d'indigotine  correspon- 
dante dépasse  15  milligrammes  par  jour.  On  a  obtenu  plus  récemment  dans  l'urine 
normale  (R.  Camacho,  06)  des  chiffres  tels  que  Oe-'.OllO,  0»f',01I9,  Oe',0128,  Os',0.310, 
exprimés  en  indoxyle  dosé  par  la  méthode  de  L.  G.  Maillard  (03  f).  J.  Daland  {09) 
admet  comme  normale  une  élimination  journalière  de  5-20  milligrammes  d'indoxylsul- 
fate  de  Na;  et  les  chiffres  qu'il  donne  comme  pathologiques  varient  entre  50  et  150  mil- 
ligrammes. Enfin,  tout  récemment,  L.  C.  Maillard  {10),  dans  l'analyse  en  série  de 
60  échantillons  d'urine  humaine  normale  (régime  alimentaire  mixte  constant  et  connu), 
trouve  par  la  méthode  de  copulation  à  l'isatine  des  chiffres  variant  de  9  à  .376  dixièmes 
de  milligramme  par  jour,  et  dont  la  moyenne  serait  80  dixièmes  de  milligramme,  si 
des  chiffres  aussi  irréguliers  se  prêtaient  à  l'établissement  d'une  moyenne  concrète. 

D.  Acide  indoxylglycuronique.  —  L'acide  indoxylsulfurique  n'est  pas  le  seul 
chromogène  auquel  puisse  donner  lieu  la  production  d'indoxyle  dans  l'organisme,  lors- 
qu'elle devient  abondante.  Déjà  des  anciens  chiffres  de  E.  Baumann  (76  h)  on  pouvait 
tirer  celte  remarque  que  l'augmentation  dans  les  urines  de  H^SO*  conjugué,  après 
l'administration  d'indol,  ne  paraît  pas  toujours  aussi  considérable  que  l'augmentation 
de  l'indoxyle,  et  que  par  suite,  à  côté  de  l'acide  indoxylsulfurique,  il  doit  y  avoir 
encore  un  autre  conjugué  de  l'indoxyle.  On  conçoit  eu  effet  que  la  quantité  de  H'-SO* 
dont  dispose  l'économie  pour  la  conjugaison  sulfurique  de  l'indoxyle  n'est  pas  illimitée, 
et  qu'elle  peut  se  trouver  dépassée,  l'indoxyle  en  excès  devant  ainsi  prendre  une 
autre  forme.  Or,  après  que  0.  Schmiedeberg  et  H.  Meyer  (79)  eurent  constaté  que  le 
camphre  ingéré  s'éliminait  en  combinaison  avec  l'acide  glycuronique,  à  l'état  d'acide 
camphoglycuronique,  0.  Schmiedeberg  [81),  retrouvant  la  même  propriété  sur  les  phé- 


INDOL.  lt)7 

nols,  pensa  que  l'indoxyle  lui  aussi  devait  s'éliminer,  en  partie  du  moins,  à  l'état 
d'acide  indo.vjjlghjcwonique.  Sans  réussir  à  isoler  ce  corps,  il  obtint  par  l'administration 
de  fortes  doses  d'indol  au  lapin,  une  urine  lévogyre  et  réductrice,  absolument  comme 
celles  qui  suivent  l'ingestion  de  phénol  et  renferment  l'acide  phénolglycuronique  ;  de 
plus,  certaines  fractions  obtenues  dans  les  tentatives  d'isolement  fournissaient  par 
leur  dédoublement,  simultanément  et  en  abondance,  l'indoxyle  et  l'acide  glycuro- 
nique.  Les  travaux  de  E.  Kvlz  {S 1 ,  82,  83,  84,  90)  et  de  R.  Kulz  {84),  montrant  que 
l'élimination  après  conjugaison  glycuronique  se  retrouvait  sur  le  chloral,  le  butyl- 
chloral,le  dichlorobenzène,les  xylènes,  le  cumène,  les  terpènes,  le  thymol,  l'hydroqui- 
none,  la  résorcine,  la  pyrocatéchine,  l'orcine,  l'euxanthone,  etc.,  fortifiaient  l'analogie. 
Comme  toutes  les  urines  de  ce  genre,  l'urine,  suivant  une  forte  ingestion  d'indol,  offrait 
le  pouvoir  réducteur  et  la  rotation  gauche:  elle  libérait  de  l'indoxyle  sous  l'action  des 
acides  avec  encore  plus  de  facilité  que  l'acide  indoxylsulfurique.  G.  Hoi'pe-Seyler  [82, 
83  a,  83  b)  observant  parfois,  chez  les  lapins  ingérant  de  l'acide  o.  nilrophénylpropio- 
lique,  une  forte  rotation  gauche  en  même  temps  qu'un  pouvoir  réducteur  et  qu'une 
libération  particulièrement  facile  de  l'indoxyle,  môme  par  simple  fermentation  ammo- 
niacale, admettait  volontiers  l'opinion  de  0.  Schmikdeberg  sur  l'existence  d'un  acide 
indoxylglycuronique. 

A.  Daiber  {95),  sans  réussir  davantage  à  isoler  à  l'état  pur  l'acide  indoxylglycuro- 
nique, arrive  cependant  à  se  convaincre  de  son  existence.  Le  corps  estlévogyre;  il 
réduit,  non  seulement  les  solutions  cupro-alcalines,  mais  aussi  les  solutions  alcalines 
des  sels  de  bismuth;  au  cours  de  la  fermentation,  il  doit  être  dédoublé  en  indoxyle 
et  acide  glycuronique,  alors  que  l'acide  indoxylsulfurique  n'est  pas  touché.  F.  Scotti 
(97,  0/)  démontre  qu'il  n'y  a  aucun  rapport  entre  la  teneur  de  l'urine  en  H-SO* 
conjugué  et  en  indoxyle;  la  même  constatation  résulte  des  travaux  de  Fenizio  {99), 
E.  Wang  {99  b),  U.  Bagcarani  {99,  00,  01),  E.  Realk  {00  a,  00  b,  00  c,  00  d,  01  a, 
01  b).  Ce  dernier  ajoute  que  l'apparition  de  l'acide  indoxylglycuronique  n'est  pas  for- 
cément liée  à  un  excès  d'indoxyle  :  il  y  a  beaucoup  d'urines  qui  ne  renferment  que  de 
l'acide  indoxylsulfurique  et  ne  développent  facilement  tout  leur  indigo  que  si  on  les 
chauffe  avec  HCl;  mais  il  y  en  a  d'autres  qui,  ne  renfermant  que  peu  d'acide  indoxyl- 
sulfurique, développent  leur  indigo  déjà  sous  l'action  de  HCl  à  froid,  ou  à  chaud  sous 
l'action  des  acides  organiques  (formique,  lactique)  qui  est  impuissante  à  dédoubler 
l'acide  indoxylsulfurique.  Ces  urines,  légèrement  réductrices  et  lévogyres,  fournies 
surtout  par  des  arthritiques,  doivent  contenir  de  l'acide  indoxylglycuronique;  on  peut 
en  extraire  par  précipitation  barytique  une  matière  riche  en  acide  glycuronique. 

L.  C.  Maillard  {03  f),  retrouvant  sur  l'urine  des  lapins  traités  à  l'acide  o.  nitro- 
phénylpropiolique  les  observations  de  G.  Hoppe-Seyler,  et  notant  particulièrement  le 
développement  spontané  d'indigotine,  soit  par  abandon  de  l'urine  pendant  quelques 
heures  seulement,  soit  au  cours  de  la  concentration  sur  le  bain-marie,  compare  ces 
phénomènes  à  ceux  que  montre  parfois  spontanément  l'urine  de  l'homme  et  des  ani- 
maux. Il  s'agit  du  phénomène  de  Vindigurie,  que  nous  retrouverons  plus  loin,  c'est-à- 
dire  de  l'apparition  d'indigotine  ou  d'indirubine,  soit  par  l'abandon  de  l'urine  émise, 
soit  déjà  au  sortir  des  voies  urinaires.  L.C.  Maillard  (0^ /")  attribue  l'indigurie  à  la  pré- 
sence de  l'acide  indoxylglycuronique,  très  facilement  décomposable,  et  dont  l'attaque 
par  les  bactéries  met  en  liberté  l'indoxyle,  soit  in  vitro,  soit  déjà  dans  les  voies  uri- 
naires si  celles-ci  sont  infectées.  C'est  à  ce  même  processus  qu'on  doit  rapporter  les 
calculs  et  concrétions  d'indigo  quelquefois  signalées. 

A.  E.  AusTiN  {04),  étudiant  les  relations  numériques  entre  l'indoxyle,  les  phénols, 
l'acide  sulfurique  et  l'acide  glycuronique  de  l'urine  dans  diverses  maladies  fébriles, 
arrive  à  cette  conclusion  que  le  fait  de  la  conjugaison  glycuronique  de  l'indoxyle  ne 
doit  pas  être  attribué  à  un  mantiue  d'acide  sulfurique  :  on  trouve  en  effet  toujours 
beaucoup  plus  de  H-SO^  qu'il  n'en  faudrait  pour  fixer  tout  l'indoxyle.  La  production  de 
l'acide  glycuronique  par  l'organisme  devrait  être  considérée  comme  un  phénomène 
d'ordre  particulier. 

Tous  les  auteurs,  se  basant  tant  sur  les  recherches  citées  que  sur  la  connaissance 
générale  des  combinaisons  glycuroniqués  de  l'urine  (P.  MayerrI  C.  Neuberg,  00;  F.  Blu- 
menthal,  0/;  F.  Blume.nthal  et  H.  Wolff,  04;E.  Nicolas,  066;  etc.)  étaient  donc  d'accord 


168 


INDOL. 


pour  admettre  l'existence  de  l'acide  indoxylgl}xuronique,  bien  qu'aucun  d'eux  n'eût 
réussi  à  le  manier  à  l'état  pur.  Cependant  Ch.  Hervieux  (04  c,  06)  crut  devoir  en  nier 
l'existence,  affirmant  que  la  coexistence  de  l'indoxyle  et  de  l'acide  glycuronique  dans 
les  produits  de  dédoublement  d'une  fraction  (même  limitée)  de  l'urine  n'était  qu'une 
simple  coïncidence  sans  valeur.  Ayant  tenté  de  répéter  les  recherches  sur  des  urines 
riches  en  chromogènes  et  présentant  le  phénomène  de  l'indigurie,  il  ne  parvenait  pas 
à  y  trouver  l'acide  glycuronique.  De  plus,  faute  de  s'être  suffisamment  rendu  compte  de 
la  fragilité  de  l'acide  indoxylglycuronique,  il  considérait  comme  préexistant  à  l'état 
de  liberté  l'indoxyle  trouvé  par  lui.  Par  la  suite.  Ch.  Hervieux  {08)  a  reconnu  son 
erreur  et  s'est  rangé  à  l'opinion  de  ses  prédécesseurs  :  il  l'a  même  fait  avec  tant  de 
décision  que,  après  avoir  nié  jusqu'à  l'existence  de  l'acide  indoxylglycuronique  et  par 
suite  son  rôle  dans  l'indigurie,  il  a  cru  devoir  adopter  couramment,  pour  désigner 
l'acide  indoxylglycuronique,  le  nom  de  chromogène  indigitrique.  Cette  désignation, 
d'ordre  extra-chimique,  est  défectueuse  :  basée  sur  une  propriété  secondaire  et  acci- 
dentelle du  chromogène,  elle  pourrait  donner  lieu  à  une  erreur  physiologique  :  elle 
tendrait  à  faire  croire  que,  chaque  fois  qu'il  y  a  acide  indoxylglycuronique,  il  y  aurait 
indigurie,  réciproque  fausse  d'une  notion  vraie  antérieurement  acquise.  La  dénomina- 
tion de  «  chromogène  indigurique  »  ne  doit  donc  pas  entrtir  dans  le  langage  courant. 
Bien  qu'aucun  auteur  n'ait  réussi  encore  à  obtenir  l'acide  indoxylglycuronique  ou 
ses  sels  à  l'état  de  pureté,  son  existence  est  aujourd'hui  généralement  admise.  S'il  est 
vrai  que  ce  corps  possède  à  la  fois  la  propriété  de  former  des  sels  (de  Ba  par  exemple), 
et  de  réduire  les  solutions  cuproalcalines  ^ce  qui  est  contesté  par  certains  auteurs, 
Ch.  Hervieux,  08)  il  faut  que  l'in^ioxyle  soit  uni  à  l'acide  glycuronique  par  l'un  des 
oxhydriles  alcooliques  de  celui-ci.  On  pourrait  ainsi  formuler  l'acide  indoxylglycuro- 
nique et  son  dédoublement  : 

C  —  O  — CtH^03  — COOH  C-OH     (CHOH)*  — COOH 

C«H<>CH        Ijjo  +H^0=.C«H<)CH      +  ^^^ 

AzH  AzH 

Ac.  indoxylglycuronique.  Indoxyle.  Ac.  glycuronique. 

Il  est  vraisemblable  que  l'union  de  l'indoxyle  avec  l'acide  glycuronique  aurait  lieu 
dans  le  foie,  ainsi  qu'on  a  des  raisons  de  le  penser  pour  les  conjugués  glycuroniques 
des  phénols  (Embden,  03;  v.\n  Leehslm,  03,  Oi). 

Il  n'y  a  aucune  raison  de  penser  que  l'urine  puisse  renfermer  d'autres  chromogènes 
indoxyliques  que  l'acide  indoxylsulfurique  et  l'acide  indoxylglycuronique  :  en  particu- 
lier, elle  ne  renferme  jamais  d'indican.  Il  faut  éviter  de  conclure  à  la  présence  du 
glucoside  indican  quand  on  remarque  une  quantité  assez  notable  d'indoxyle  conjugué 
dans  une  urine  diabétique,  ainsi  qu'il  est  arrivé  à  diverses  reprises  autrefois,  et  comme 
l'a  fait  il  y  a  peu  d'années  encore  L.  Mo.\fet(0-Î  a),  avec  un  manque  de  sens  critique 
qu'ont  relevé  L.  G.  Maill.\rd  {03  i),  et  Ch.  Hervieux  (03). 

L'acide  indoxylsulfurique  est  absolument  incolore,  et  il  est  permis  de  se  repré- 
senter l'acide  indoxylglycuronique  comme  incolore  lui  aussi.  Les  chromogènes  indo- 
xyliques n'ont  donc  aucune  part  à  la  coloration  de  l'urine.  S'il  arrive  que  les  urines 
riches  en  indoxyle  présentent  une  coloration  plus  foncée  que  d'ordinaire,  c'est,  ou 
bien  qu'elles  renferment  certains  produits  d'oxydation  plus  avancée  de  l'indol  (peut- 
être  de  l'isatine?)  ou  bien,  tout  simplement,  qu'elles  renferment  simultanément  une 
quantité  un  peu  forte  d'urobiline,  autre  témoin  des  réductions  intestinales.  Il  y  a  65  ans, 
Heller  {4-0,  i6,  il)  pensait  que  l'urine  renfermait  un  chromogène  peu  coloré,  Vuro- 
xanthine,  qu'il  croyait  jaune  (c'est  sa  seule  erreur),  chromogèiie  capable  de  fournir  à 
la  fois  une  belle  matière  bleue,  Vuroglaucine,  et  une  belle  matière  rouge,  l'urrhodine  : 
remarquable  pour  l'époque,  cette  conception  était  bien  supérieure  à  celles  de  beaucoup 
d'auteurs  plus  récents  :  il  n'y  manquait  que  l'identification  des  couleurs  avec  celles 
de  l'indigo,  et  la  reconnaissance  du  caractère  incolore  du  chromogène.  A  notre  époque 
il  n'est  plus  permis  de  conserver  l'uroxanthine  comme  chromogène  indigotique,  ainsi 
que  le  fait  J.  L.  W,  ThudiChum  {00),  ou  d'attribuer  à  ces  chromogènes  une  part  dans  la 
coloration  de  l'urine,  comme  le  fait  v.  Starck  {00  a). 


INDOL.  169 

C  — 0  — C«H>>05 
E.  Indican.  —  L'indican,  ou  indoxylglucoside,  de  formule  C6lli<;  ^CH 

AzH 
est  un  glucoside  assez  répandu  chez  les  végétaux,  et  notamment  chez  les  Légumineuses 
du  genre  Indinofera,  où  il  est  le  chromogène  générateur  de  la  matière  colorante  cormue 
sous  le  nom  d'indùjo  et  employée  pendant  des  siècles  par  les  teinturiers  du  monde 
entier.  11  y  a  quelques  années  encore,  la  culture  des  plantes  à  indigo  était  prospère 
dans  les  Indes  anglaises  (au  Bengale  notamment),  dans  les  Indes  néerlandaises  (indigo 
de  Java),  au  Cambodge,  en  Chine,  dans  l'Amérique  Centrale  (indigo  (iuatémala),  etc.; 
celte  culture  recule  de  jour  en  jour  devant  les  progrès  de  l'indigo  synthétique.  L'indi- 
can est  aussi  le  chromdgène  indigotique  contenu  dans  le  pastel,  voiiède,  guesdc  [Isatis 
tinctoria),  Crucifère  très  employée  par  les  teinturiers  du  moyen  âge,  et  dont  la  culture 
s'est  conservée  jusqu'à  nos  jours  dans  quelques  localités  d'Angleterre. 

Les  anciens  auteurs,  Chevreul  {ISOSa,  1808  b)  par  exemple,  admettaient  que  les 
plantes  à  indigo  renfermaient  comme  principe  caractéristique  de  l'indigo  blanc,  produit 
de  réduction  de  l'indigotine,  incolore  et  soluble  dans  l'eau  alcaline  telle  que  celle  qui 
résulte  de  l'addition  de  chaux  au  liquide  de  macération  des  plantes  :  l'oxydation  de 
l'indigo  blanc  par  l'air  devait  produire  l'indigotine.  Cependant  Berzélius  [27,  32) 
remarque  déjà  que  l'infusion  de  la  plante,  loin  d'être  alcaline,  rougit  toujours  le  papier 
de  tournesol;  or  l'indigo  blanc  n'est  pas  soluble  en  milieu  acide  :  «  il  reste  donc  à 
décider  dans  quel  état  de  solubilité  se  trouve  la  matière  contenue  dans  l'infusion,  qui 
donne  naissance  au  bleu  d'indigo.  » 

L'existence  de  l'indican  a  été  découverte  parE.  Schunck  {53,  38  a,  38  h,  38  c)  en  étu- 
diant, non  \)a.s\e?,  Iiuligofera,  mais  Vhatis  tinctoria  d'Angleterre.  Les  feuilles  du  pastel 
séchées  avec  précaution  et  pulvérisées  chaudes,  sont  épuisées  à  froid  par  l'alcool  dans 
un  appareil  à  déplacement.  La  solution  alcoolique,  additionnée  d'un  peu  d'eau,  est 
concentrée  à  la  température  ordinaire  par  l'action  d'un  courant  d'air,  puis  filtrée  et 
agitée  avec  de  l'hydrate  cuivrique  fraîchement  précipité.  Le  liquide  est  ensuite  filtré,  et 
l'excès  d'oxyde  de  cuivre  entré  en  solution  est  précipité  par  un  courant  de  H-S.  Le 
liquide,  filtré  de  nouveau,  est  évaporé  dans  un  courant  d'air  à  la  température  ordi- 
naire. Il  reste  une  masse  sirupeuse  brune  que  l'on  traite  par  l'alcool  froid  ;  celui-ci 
dissout  l'indican  et  laisse  une  masse  visqueuse  brune  contenant  de  1'  «  oxindicanine  ». 
En  ajoutant  2  volumes  d'éther  à  la  solution  alcoolique  on  précipite  encore  quelques 
matières  étrangères.  Le  liquide  filtré  de  nouveau  est  évaporé  et  donne  pour  résidu  l'in- 
dican mélangé  à  un  peu  de  graisse. 

L'indican  de  E.  Schunck  forme  une  masse  sirupeuse,  brun  clair,  à  réaction  acide, 
soluble  dans  l'eau  en  jaune,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther.  La  dessiccation  suffit  pour  le 
décomposer  même  à  une  température  peu  élevée.  La  solution  aqueuse  ne  précipite  par 
l'acétate  basique  de  plomb  qu'après  addition  d'ammoniaque;  la  solution  alcoolique 
précipite  en  jaune  par  l'acétate  de  plomb  seul,  mais  la  séparation  n'est  complète  qu'après 
addition  d'ammoniaque. 

D'après  E.  Schunck  la  décomposition  de  l'indican  se  ferait  d'une  manière  graduelle, 
et  on  aurait  une  série  de  termes  intermédiaires  qu'il  qualifie  d'oxindicanine,  indicanine, 
oxiadicasiiie,  indifulcine a,  indifuluine [i,  iiidihumine,  indifuscine,  indifuscone,  indirctine,  etc. 
Enfin,  toujours  d'après  E.  Schunck,  le  suci-e  contenu  dans  l'indican  ne  serait  pas  du 
glucose,  mais  bien  un  sucre  particulier,  Vindiglucine.  Nous  verrons  cependant  qu'il 
s'agit  bien  du  glucose;  l'indican  de  E.  Schunck,  accompagné  de  beaucoup  d'impuretés, 
était  très  difficile  à  étudier  dans  son  dédoublement,  et  c'est  à  titre  historique  seule- 
ment que  nous  citons  toutes  les  prétendues  substances  alors  décrites.  Ce  qu'il  faut  rete- 
nir des  travaux  de  E.  Schunck,  c'est  que  l'indican  est  un  glucoside.  Cet  auteur  croyait 
{38  b)  à  «  la  décomposition  de  l'indican,  avec  absorption  de  quelques  équivalents  d'eau, 
en  1  équivalent  de  bleu  d'indigo  ou  d'iiidirubine,et  3  équivalents  d'indiglucine  ». 

Pour  E.  Schunck  {38  b)  le  dédoublement  de  l'indican  donnait  donc  directement  de 
l'indigotine,  sans  qu'il  fût  besoin  d'oxydation.  Cependant,  après  que  M.  Jaffé  (70  b)  eut 
montré  la  nécessité  de  l'oxydation  pour  obtenir  l'indigotine  en  partant  du  chromogène 
de  l'urine,  qu'on  croyait  encore  identique  à  l'indican  végétal,  E.  Schunck  et  H.  Roemer 
(19)  décomposant  l'indican  d'/sa//s  par  HCl  dans  le  vide,  constatèrent  que  le  produit  de 


170  INDOL. 

dédoublement  n'était  pas  sensiblement  coloré,  et  qu'on  n'obtenait  l'indigotine  et  l'in- 
dirubine  qu'en  présence  de  FeCP  :  pour  eux,  la  molécule  liée  au  sucre  dans  l'indican 
était  l'indigo  blanc.  Cependant,  en  cette  même  année  1879,  les  belles  reclierclies  de 
E.  Baumann  venaient  d'aboutir  à  la  découverte  de  l'indoxyle,  qu'il  n'hésitait  pas  à  con- 
sidérer, avec  ses  collaborateurs  L.  Brieger  et  F.  ïiemann,  comme  le  tténérateur  régulier 
de  l'indigotine.  Si  la  résistance  du  synthétiste  A.  Baeyer  (79  c)  ne  fut  que  passagère, 
au  contraire  la  notion  de  l'indoxyle  ne  s'implanta  qu'avec  difliculté  parmi  les  chimistes 
qui  étudiaient  l'indigo  végétal.  Pour  E.  Alvarez  {87),  pour  C.  I.  v.  Lookeren-Gampagne 
et  VAN  DE.\  Vken,  {94,  99,  95),  pour  H.  Molisch  {93,  98),  pour  L.  Bréaudat  (98  a,  98  b, 
98  c,  99,  00),  c'est  toujours  l'indigo  blanc  qui  naîtrait  à  côté  du  sucre,  dans  le  dédou- 
blement de  l'indican. 

Enfin  L.  Marchlewski  et  Radcliffe  {98)  émirent  l'hypothèse  que  l'indican  devait 
être  considéré  comme  résultant  de  la  condensation  d'une  molécule  d'indoxyle  avec  une 
molécule  de  glucose,  et  devait  répondre  à  la  formule  C'*H'"AzO''.  A  cette  époque  même, 
trois  expérimentateurs  étaient  occupés  à  l'étude  de  l'indican  végétal,  J.-J.  Hazkwi.nkel 
(00)  sur  Vlndigofera  leptostachya  à  la  Station  de  recherches  de  Klaten  (Java),  P.  van- 
RoMBURGH  {99,  00)  sur  les  Indigofera  au  Jardin  Botanique  de  Buitenzorg  (Java),  M.  'W.  Bei- 
JERINCK  (9.9,  00a,  00b),  à  Delft  Pays-Bas)  sur  Vhalis  tinctoria.  Les  recherches  simul- 
tanées et  indépendantes  de  ces  trois  auteurs  concordent  entièrement  sur  les  points 
essentiels.  La  présence  de  l'indoxyle  dans  le  produit  de  dédoublement  fut  établie  par 
J.-J.  Hazewinkel  {00)  par  les  caractères  de  solubilité,  de  fluorescence,  d'oxydation  en 
indigotine  et  indirubine,  d'union  avec  l'isatine,  la  benzaldéhyde,  l'acide  pyrotartrique,. 
avec  formation  des  indogénides  correspondantes,  etc. 

Pour  M.  W.  Beijerinck  {99,  00b)  il  n'y  aurait  pas  identité  entre  les  substances  géné- 
ratrices d'indigo  chez  toutes  les  plantes  :  chez  un  groupe,  auquel  appartiennent  les 
espèces  du  genre  Indigofera,  le  Phajus  grandiflora,  le  Polygonum  tinctorium,  etc.,  existe- 
rail  bien  un  glucoside,  l'indican;  chez  un  autre  groupe,  représenté  provisoirement  par 
Visatis  tinctoria  seul,  existerait  un  autre  chromogène,  que  M.  \V.  Beijerinck  croyait 
d'abord  être  l'indoxyle  libre  {99),  puis  un  composé  spécial,  1'  «  isatan  »  {00  b),  plus- 
instable  que  l'indican  et  donnant  de  l'indirubine  avec  l'isatine  sans  HCI,  alors  que  l'indi- 
can exigerait  le  dédoublement  préalable  par  HCI.  Mais  ces  conclusions  sont  très  contes- 
tables, comme  l'ont  montré  E.  Schcngk  {00)  et  L.  Marchlewski  (02),  qui  arrivent  à 
découvrir  dans  cette  réaction  une  couleïtr  nouvelle,  l'isatocyanine,  et  à  prouver  que 
l'allure  de  la  réaction  dépend  des  substances  étrangères  contenues  dans  les  extraits  de 
plantes. 

Mettant  à  profit  lés  observations  de  ces  trois  auteurs,  S.  Hoogewerf  et  H.  Ter  Meu- 
LEN  {00)  réussirent  à  préparer  l'indican  cristallisé,  en  partant  soit  du  Polygonum  t  ricto 
rium,  soit  de  Vlndigofera  leptostachya.  Les  feuilles  sont  plongées  pendant  quelques^ 
minute»!  dans  l'eau  bouillante,  pour  détruire  les  enzymes,  puis  épuisées  méthodique- 
ment par  l'eau  chaude  (1  litre  1/2  par  kilogramme  de  feuilles).  Le  liquide  filtré  est 
chauffé  avec  un  excès  d'eau  de  baryte,  ce  qui  donne  un  précipité  volumineux,  exempt 
d'indican.  Filtré,  débarrassé  de  l'excès  de  baryte  par  un  courant  de  CO-  à  chaud,, 
refiltré,  le  liquide  est  évaporé  à  sec  au  bain-marie,  ou  de  préférence  dans  le  vide.  Le 
résidu  est  épuisé  par  l'alcool  méthylique,  et  la  solution  méthylique  additionnée  de 
2  volumes  d'élher,  ce  qui  précipite  des  impuretés.  L'éther  et  l'alcool  sont  chassés  du 
filtrat  par  distillation  sous  pression  réduite,  le  résidu  est  repris  par  le  minimum  d'eau, 
et  la  solution  abandonnée  dans  le  vide  sur  H^SO*  :  l'indican  se  dépose  en  petits  cris- 
taux presque  incolores  et  exempts  de  matières  inorganiques.  Le  rendement  est  faible  : 
17  kilogrammes  de  feuilles  de  Polygonum  tinctorium  ont  fourni  5  grammes  d'indican. 
L'indican  à'Indigofera  leptostachya  est  identique  en  tous  points  au  précédent. 

Les  cristaux  ont  la  forme  de  petites  lancettes,  probablement  orthorhombiques.  Ils- 
ont  la  formule  C^'*H'"AzO-^  +  3H-0,  et  fondent  à  51"  en  perdant  l'eau  de  cristallisation; 
ils  la  perdent  aussi  dans  le  vide  sulfurique,  et  une  fois  anhydres  fondent  à  100°-102<'. 
L'indican  est  assez  soluble  dans  l'eau,  les  alcools  éthylique  et  méthylique,  l'acétone,  très 
peu  soluble  dans  l'éther,  la  benzine,  le  chloroforme,  l'acétate  d'éthyle,  le  sulfure  de 
carbone.  L'indican  est  lévogyre  :  environ  2°  de  déviation  pour  une  solution  à  2  0/0  exami- 
née dans  un  tube  de  20  centimètres  à  15°  :  après  chauffage  avec  HCI  puis  élimination  de 


INDOL.  171 

l'indigo,  la  solution  est  dextrogyre  (sucre).  L'indican  ne  n'duit  pas  la  liqueur  de  Fehling, 
mais  réduit  celle  de  Tollens.  Chauffé  sur  une  lame  de  platine,  ou  mieux  dans  un  tube  à 
essai,  l'indican  donne  des  vapeurs  pourprées  et  un  sublimé  d'indigotine,  à  condition 
qu'il  y  ait  de  l'air  :  dans  une  atmosphère  de  CO-  le  phénomène  ne  se  produit  pas. 
Traversée  par  un  courant  électrique,  la  solution  aqueuse  dépose  de  l'indigotine  sur 
l'anode.  Chauffée  avec  HCl  et  un  peu  de  FeCl',  la  solution  donne  91  0/0  de  l'indigo- 
tine théorique,  avec  un  peu  d'indirubine  (S.  Hoogewerf  et  11.  Ter  Meulen,  00). 

Les  analyses  de  S.  Hoogewerf  et  H.  Ter  Meulen  (00)  établissaient  définitivement  que 
la  molécule  de  l'indican  C**H*'AzO''  est  Constituée  simplement  par  l'union,  avec  déshydra- 
tation, d'une  molécule  d'indoxyle  avec  une  molécule  d'un  hexose  C'H'-O''.  Cet  hexose 
dextrogyre  est-il  le  glucose  cl?  La  chose  est  admise  par  C.  L  v.  Lookeren-Campagne  et  van 
DBR  Veen  (54)  etparJ.-J.  Hazewi.nkel  (00),  bien  que  contestée  par  M.  W.  Beijerinck  [99), 
pour  des  raisons  d'ailleurs  sans  valeur.  S.  Hoogewerf  et  H.  Ter  Meulen  {00)  n'ont  pas 
obtenu  assez  de  matière  pour  faire  l'identification  définitive,  mais  celle-ci  a  été  récem- 
ment réalisée  (A.  G.  Perkin  et  Fr.  Thomas,  09). 

L'indican  n'apparaît  dans  les  plantules  d'indigo  que  lorsqu'elles  ont  subi  l'action  de 
la  lumière  (H.  Molisch,  93).  On  le  trouve  dans  toutes  les  parties  vertes  :  dans  les 
folioles  son  siège  est  le  mésophylle  chlorophyllien  ainsi  quel'épiderme  supérieur  :  dans 
les  cellules  vertes,  ce  sont  les  grains  chlorophylliens  qui  sont  le  siège  principal  de 
l'indican  (H.  Molisch,  99\  M,  W.  Beijerinck,  005). 

Par  quel  mécanisme  se  produit  la  transformation  de  l'indican  lors  de  la  macération 
qui  donne  naissance  à  l'indigo?  On  aurait  pu  croire  autrefois  qu'il  s'agissait  d'une 
intervention  microbienne  :  E.  Alvarez  [87)  découvint  en  effet,  parmi  les  microbes 
trouvés  sur  les  feuilles  d'Indigofera,un  bacille  encapsulé,  le  Bacillus  indigogenus,  qui 
détermine  la  formation  d'indigo  quand  on  l'ensemence  dans  une  décoction  stérile 
d'Indigofera.  Mais  ce  n'est  là  qu'un  phénomène  adventice.  C.  I.  v.  Lookeren-Campagne 
et  VAN  DER  Veen  {93,  99),  W.  P.  Bloxam,  H.  M.  Leake  et  R.  S.  Finlow  [05)  admettent  que 
le  dédoublement  de  l'indican  est  dû  à  une  enzyme  contenue  dans  la  plante,  qui  diffuse 
dans  l'eau  de  macération  où  s'accomplit  le  dédoublement.  H.  Moliscu  {93,98),k  la  suite 
de  ses  recherches  sur  les  plantes  de  Java,  se  range  à  l'hypothèse  de  l'enzyme,  rejetant 
l'intervention  des  microrganismes.  L.  Bréaudat  (98a,  98  h,  98  c,  99,  00),  travaillant,  sur 
Vhatis  alpina,  conclut  que  chez  cette  plante  (et  ces  conclusions  doivent,  d'après  lui, 
s'appliquer  k  toutes  les  plantes  indigofères,  notamment  Isatis  tinctoria,  Indigofera 
anil,  Indigofera  tinctoria,  les  microrganismes  ne  jouent  aucun  rôle  utile  dans  la  for- 
mation de  l'indigo,  mais  que  la  plante  contient  deux  diastases  :  une  diastase  hydro- 
lysante,  accomplissant  le  dédoublement,  et  ime  oxydase  transformant  le  produit  en 
indigo.  Avec  ce  que  nous  savons  de  l'indoxyle,  nous  remarquerons  que  cette  deuxième 
diastase,  oxydase,  est  absolument  superflue,  et  que  la  facilité  d'oxydation  de  l'indoxyle 
par  agitation  à  l'air  en  milieu  alcalin  (chaux)  explique  suffisamment  la  formation  de 
l'indigo,  sans  aucun  phénomène  enzymatique. 

J.-J.  Hazewinkel  [00)  broyant  les  feuilles  d'Indigofera  leptostacliya  dans  un  mortier  de 
fer  avec  de  l'alcool  fort,  exprimant  l'alcool,  et  renouvelant  plusieurs  fois  l'épuisement 
alcoolique,  puis  séchant  au  soleil,  obtient  une  poudre  renfermant  l'enzyme  très  peu 
soluble  dans  l'eau,  mais  facilement  dans  NaCl  à  10  p.  100  ou  dans  la  glycérine.  Inac- 
tive au-dessous  de  5",  l'enzyme  résiste  longtemps  au  chauffage  (1/2  heure  à  123°)  quand 
elle  est  sèche;  en  solution  dans  NaCl,  elle  est  détruite  vers  88''-92°.  L'action  n'est  pas 
arrêtée  par  10  p.  100  d'alcool,  mais  par  2li  p.  100  (en  volumes);  elle  est  arrêtée  par 
10  p.  100  de  sulfate  de  cuivre,  2  1/2  p.  100  de  sous-acétate  de  plomb,  1/4  pour  100  de 
sublimé,  2  gouttes  1/2  de  AzH^  (dens.  0,96)  pour  100  centimètres  cubes,  5  gouttes  de 
HGI  (dens.  1, 13)  pour  100  centimètres  cubes,  ou  SO- au  dixième  de  saturation.  L'enzyme 
dédouble  rapidement  l'indican  en  donnant  un  liquide  fluorescent  d'où  les  dissolvants 
neutres  extraient  facilement  l'indoxyle,  si  on  travaille  dans  un  courant  de  C0-;  si  la 
fermentation  a  lieu  dans  un  courant  d'air,  il  se  forme  abondamment  de  l'indigo.  J.-J. 
Hazewinkel  (00)  a  donné  à  la  diastase  le  nom  de  indimulsine  pour  rappeler  sa  ressem- 
blance avec  l'émulsine,  car  elle  dédouble  l'amygdaline.  Inversement,  l'émulsine  dédou- 
ble l'indican.  Les  observations  de  J.-J.  Hazewinkel  ont  été  confirmées  indépendamment 
par  celles  de  P.  van  Romuurgh  (00). 


172  INDOL. 

M.  W.  Beijerinck  (006)  établit  que  l'Isatis  ne  renferme  aucune  oxydase,  contraire- 
ment à  ce  que  croyait  L.  Bréaudat  :  tout  au  plus  y  a-t-il  une  peroxydase  banale,  décom- 
posant H'^  0-  (bleuissement  du  gaïad  mais  sans  action  sur  l'indoxyle.  En  revanche  toutes 
les  cellules  de  la  plante  contiennent  une  diastase  dédoublante  que  l'auteur  appelle 
isatase  de  même  qu'il  appelle  «  isatan  »  le  chromogène,  et  dont  le  siège  se  trouve  dans 
les  chloroplastes  tandis  que  l'isatan  est  dans  le  protoplasma.  L'optimum  de  l'isatase, 
pour  la  décomposition  de  l'isatan,  est  à  480-50°;  elle  est  tuée  à  70°.  M.  W.  Belierinck 
(OOa)  pense  qu'il  y  a  des  diastases  différentes  chez  les  diverses  plantes  à  indigo,  Indigo- 
fera,  Polygoniim  tinctorium,  Phajus  tjmndiflora,  ainsi  que  chez  des  bactéries,  des  levures 
et  des  champignons. 

D'après  Fr.  Thomas,  \V.  P.  Bloxam  et  A.  G.  Perkin  {09),  l'indimulsine  exerce  sur  l'in- 
dican  une  action  dédoublante  20  fois  plus  forte  que  celle  de  l'émulsine.  Les  meilleurs 
rendements  en  indoxyle  sont  ceux  obtenus  en  présence  d'une  petite  quantité  de  H^SO*, 
et  si  après  l'hydrolyse  on  ajoute  au  liquide  de  faibles  traces  de  AzH^,  l'oxydation  donne 
rapidement  et  presque  exclusivement  de  l'indigotine,  avec  un  minimum  de  produits 
accessoires  gênants. 

En  résumé,  les  connaissances  aujourd'hui  acquises  permettent  de  comprendre  très 
simplement  les  phénomènes  qui  se  passent  dans  la  préparation  de  l'indigo  végétal. 
Dans  une  première  phase,  l'indigo  coupé  et  lié  en  bottes  est  mis  à  tremper,  dans  des 
cuves  en  maçonnerie,  avec  de  l'eau  aussi  pure  que  possible,  pendant  18  heures  environ. 
L'indican  se  dissout  dans  l'eau,  la  diastase  s'échappe  des  cellules  et  dédouble  l'indican 
en  glucose  et  en  indoxyle  donnant  au  liquide  une  teinte  jaune  verdàtre.  On  fait  alors 
passer  le  liquide  de  macération  dans  d'autres  réservoirs,  où  l'on  ajoute  un  peu  de 
chaux,  et  où  l'on  soumet  le  liquide  à  un  battage  prolongé  à  l'air.  L'indoxyle  s'oxyde 
directement,  sans  besoin  d'oxydase,  et  les  couleurs  indigotiques  se  précipitent.  Il  ne 
reste  qu'à  recueillir  le  dépôt,  qui  contient  de  40  à  72  p.  100  d'indigotine. 

L'indigo  n'est  pas  fourni  seulement  par  certaines  Légumineuses  comme  Indigofera 
tinctoria,  I.  anil,  I.  leptostachya,  etc.,  et  certaines  Crucifères  comme  Isatis  tinctoria,  L 
alpina,  etc.  ;  mais  aussi  par  une  série  d'autres  plantes,  parmi  lesquelles  on  a  cité  :  Poly- 
gonum  tinctorium  (Gaudry,  44),  Nerium  tinctorium,  Writhia  tinctoria  (J.  Saim-Hilaire, 
1816),  diverses  Orchidées  (G.  Galvert,  4â),  Marsdenia  tinctoria,  et  beaucoup  d'autres.  Il 
est  possible  que  la  liste  ait  été  trop  allongée  :  d'après  les  recherches  de  H.  Molisch  [93), 
l'existence  prétendue  de  l'indican  chez  Mcrcurialis  perennis,  Melampyrum  arvense,  Poly- 
goniim  fagopyrum,  Phytolacca  decandra,  Monotropa  Ilypopitys,  Fra,rinus  excelsior,  Coro- 
nilla  Emcrus,  Amorpha  fruticosa,  ne  s'est  pas  trouvée  confirmée.  Dans  la  racine  fraîche 
de  Lathrœa  squamaria  existe  un  chromogène  qui  donne  avec  HGl  dilué  une  couleur 
bleue  tout  à  fait  différente  de  l'indigo.  Ghez  Rhinanthus  crista-galU,  Melampyrum  nemo- 
rosum,  M.  silvaticum,  Bartaia  alpina,  Euphrasia  officinalis,  Utricularia  vulgaris,  Gnlium 
mollugo,  Monotropa  Hypopitys,  on  obtient  par  le  même  traitement  une  couleur  très 
voisine,  peut-être  identique. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  liste  authentique  des  plantes  à  indigo,  il  est  certain  que  la 
faculté  de  formation  de  l'indoxyle  est  assez  répandue  chez  les  végétaux.  ]\ous  avons  vu 
aussi  que  certains  d'entre  eux  forment  de  l'indol  (Celtis  reticulosa).  Il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  rapprocher  cette  propriété  de  la  grande  diffusion  des  composés  quinoléiques 
chez  les  végétaux  :  nous  avons  vu  à  propos  de  lindol,  nous  retrouverons  à  propos  du 
skatol  et  du  tryptophane  des  exemples  frappants  du  passage  de  la  série  quinoléique  à 
la  série  indolique,  et  réciproquement.  Peut-être  les  dérivés  indoliques  et  quinoléiques 
ont-ils  chez  les  végétaux  des  relations  génétiques  étroites. 

Signalons  en  outre  la  parenté  étroite  entre  les  couleurs  indigotiques,  dérivées  du 
noyau  indol,  et  les  couleurs  chlorophylliennes  dérivées,  comme  les  couleurs  sanguines, 
de  l'hémopyrrol.  Nous  verrons  un  peu  plus  loin  la  ressemblance  accentuée  qui  relie  le 
groupe  de  l'indol  à  celui  de  l'hémopyrrol. 

Enfin,  rappelons  une  dernière  fois  que  l'indican  n'a  jamais  été  signalé  chez  les 
animaux,  autrement  que  par  erreur. 

F.  Origine  et  signification  de  l'indoxyle  urinaire.  —  La  question  de  l'origine 
ou  des  origines  de  l'indoxyle  sécrété  par  l'urine  a  fait  couler  des  flots  d'encre,  et  n'a 
pas  avancé  d'un  pas  sur  le  terrain  des  observations  cliniques,  incapables  d'y  apporter 


INDOL.  173 

la  moindre  lumière;  seule  l'analyse  oxpéritnenlale  des  divers  facteurs  du  problème  a  pu 
rt^ussir  à  nous  en  donner  la  solution  :  ou  le  conipromlra  à  la  lecture  du  paragraphe 
que  nous  consacrons  au  Tr\iptoph'in(\  Rappelons  tout  daliord  que  l'indoxyle  est  un 
constituant  régulier  de  l'urine  humaine  normale  (F.  IIoi'pe-Seyler,  63;  L.  C.  Maillard 
03  f),  au  point  de  vue  qualitatif  du  moins,  et  que  seules  ses  variations  quantitatives 
{hyperindoxj/hiric)  peuvent  avoir  un  intérêt  physiologique  ou  pathologique. 

[o  —  ()ri<iiiic  certaine  :  indol  intestinal.  —  Dès  que  A.  Haeyer  (66  a,  66  b)  eut 
découvert  l'iudol  comme  noyau  de  l'indigo,  et  quf  M.  Jai'i-i':  (70  a,  72  a)  eut  montré  la 
production  d'indigo  urinaire  par  l'introduction  d'indol  dans  l'économie,  tous  les  physio- 
logistes de  cette  époque  admirent  l'indol  intestinal  comme"  source  de  l'indoxyle  uri- 
naire :  M.  Jaffé,E.  Raumann,  L.  Hriecer,  M.  NE^'CKI,  etc.  (]e  que  nous  avons  dit  à  propos 
des  modes  de  Formation  de  l'indoxyle  nous  dispense  d'insister  sur  ce  point:  l'indol  intes- 
tinal est  une  origine  certaine  de  l'indoxyle.  Reste  à  savoir  si  elle  est  la  seule. 

2°  —  Origine  possible  :  indol  des  foyers  purulents.  —  Nous  verrons,  à  propos  du  Irypto- 
phane,  que  l'indol  intestinal  résulte  de  l'attaque  profonde  du  tryptophane  inclus  dans 
beaucoup  d'albuminoïdes,  par  certaines  espèces  bactériennes,  celles  précisément  que 
nous  avons  éuumérées  comme  microbes  producteurs  d'indol,  le  B.  coli  notamment. 
Mais  est-il  nécessaire  que  cette  attaque  microbienne  ail  lieu  dans  la  cavité  intestinale? 
Les  infections  purulentes,  les  abcès  de  telle  ou  telle  région  de  l'organisme  ne  pour- 
raient-ils être  le  siège  d'une  production  d'indol?  Cet  indol  serait  alors  transformé  par 
l'organisme  en  indoxyle  au  même  titre  que  l'indol  injecté  expérimentalement. 

On  a  signalé  effectivement  une  assez  forte  élimination  d'indoxyb;  dans  des  cas  de 
bronchites  putrides  (L.  Brieger,  81;  L.  Orïweiler,  86),  d'empyèmes  putrides  (L.  Ort- 
WEiLER,  86),  des  suppurations  diverses,  notamment  des  abcès  sous-cutanés  (A.  Keilman.v, 
95i,des  processus  purulents  variés  (Testi,  93).  11  faut  dire  cependant  que,  sur  25  sujets 
affectés  de  processus  purulents  divers,  W.  Beckmann  {94)  n'en  a  trouvé  que  six  qui 
eussent  une  élévation  de  l'indoxyle,  et  encore  sans  que  la  relation  de  ce  phénomène 
avec  le  processus  purulent  fût  nette  :  cet  auteur,  contrairement  aux  précédents,  conclut 
donc  que  l'indoxylurie  n'a  pas  de  valeur  pour  déceler  un  foyer  purulent. 

Ces  divergences  s'expliquent  aisément;  car  tous  les  microbes  capables  de  produire 
des  abcès  ne  sont  pas  forcément  des  producteurs  d'indol.  Récemment,  Ch.  Porcher 
(08  b,  08  c),  recherchant  l'indol  sur  2o  pus  provenant  d'animaux  divers  (cheval,  vache, 
porc,  chèvre,  chien),  a  obtenu  une  réaction  positive  9  fois,  douteuse  3  fois,  négative  13  fois. 
La  quantité  d'indol  était  d'ailleurs  toujours  faible  et  n'aurait  pas  suffi,  d'après  Ch.  Por- 
cher, à  influencer  notablement  l'excrétion  d'indoxyle. 

Néanmoins,  il  n'est  pas  impossible  que  l'indoxyle  trouve  parfois  une  partie  de  son 
origine  dans  l'indol  formé  par  les  bactéries  ailleurs  que  dans  la  cavité  intestinale,  par 
exemple  dans  des  cas  de  pérityphlite,  péritonite,  etc.  Encore  ne  faut-il  pas  oublier  que 
dans  les  cas  de  ce  genre  il  y  a  généralement  constipation,  ce  qui  suffit  à  augmenter 
l'indoxyle  urinaire  par  l'intermédiaire  de  lindol  intestinal. 

3°  —  Origine  impossible  :  métabolisme  albuminoïde  global.  —  Puisque  certains  proto- 
plasmas (ceux  des  bactéries  indologènes)  ont  le  pouvoir  de  former  de  l'indol,  qui  après 
résorption  se  transforme  en  indoxyle,  il  était  permis  de  se  demander  si  une  telle  pro- 
priété n'appartiendrait  pas  aussi  aux  prc-toplasmas  humains,  dans  des  circonstances 
normales  ou  dans  des  circonstances  accidentelles.  Nous  allons  étudier  tout  à  l'heure 
cette  question. 

Mais  il  nous  faut  auparavant  écarter  une  théorie  étrange  où  a  conduit  l'abus  de 
l'originalité  dans  celte  voie.  On  a  été  jusqu'à  affirmer  (H.  Labbk  et  G.  Vitrv,  07  a,  07  b) 
«  la  proportionnalité  de  1'  «  indican  »  avec  les  matériaux  albuminoïdes  de  la  diète 
alimentaire  ou  avec  les  albumines  flottantes  ou  de  réserve  détruites  au  jour  le  jour  par 
l'organisme  en  état  de  jeûne.  »  L'indoxyle  serait  donc  un  simple  produit  de  désassimi- 
lation  de  toute  matière  albuminoïde  dans  notre  propre  organisme  et  sans  intervention 
des  bactéries  intestinales  :  il  serait  simplement  proportionnel  à  la  quantité  de  matières 
protéiques  mélabolisées.  Mais,  outre  que  les  déterminations  analytiques  sur  lesquelles 
prétend  s'appuyer  cette  théorie  sont  fort  critiquables  au  double  point  de  vue  de  la 
technique  chimique  et  des  condilions  physiologiques,  on  a  fait  remarquer  immédiate- 
ment (L.  C  Maillard,  07  b,  07  c)  combien  une  telle  théorie  est  insoutenable.  Nous 


174  lODOL. 

verrons,  en  parlant  du  tryptophane,  pourquoi  léliminaliou  d'indoxyle  diminue,  jusqu'à 
s'annuler  souvent,  chez  le  jeune  mammifère  à  la  mamelle,  chez  l'homme  adulte  au 
régime  lacté,  chez  le  chien  au  régime  de  la  soupe  au  pain,  chez  la  roussette,  chauve- 
souris  frugivore  sans  gros  intestin.  I)ira-t-on  que  ces  organismes  ne  consomment 
point  d'albuminoïdes?  Puisque  l'un  des  termes  du  rapport,  l'indoxyle,  peut  s'annuler, 
tandis  que  l'autre,  la  consommation  albuminoïde,  reste  fini,  on  voit  donc  que  la  pré- 
tendue loi  de  proportionnalité,  de  H.  Labbé  et  G.  Vitry  est  fausse  infiniment,  dans 
toute  l'acception  mathématique  du  mot. 

4°  —  Origine  prétendue.  L'indoxyle  dans  le  jeûne.  —  Si  la  soi-disant  loi  de  propor- 
tionnalité de  H.  Labbé  et  G.  Vitry  ne  supporte  pas  l'examen,  il  en  est  autrement  d'une 
conception  soutenue  par  un  certain  nombre  d'auteurs  distingués,  tels  que  H.  Senator, 
E.  Salkowski,  F.  Hoppe-Skyler,  F.  Blumentual,  C.  Lewix,  etc.  Cette  conception  de  l'ori- 
gine endogène  de  l'indoxyle  repose  sur  l'élimination  notable  de  ce  corps  observée 
dans  le  jeiine,  dans  des  intoxications,  ou  au  cours  de  maladies  qui  paraissent  à  pre- 
mière vue  sans  rapports  avec  l'état  de  l'intestin. 

L'une  des  plus  intéressantes  parmi  ces  circonstances  est  l'état  d'inanition.  Lorsque 
E.  Salkowski  (76  a)  constata  que  l'élimination  d'indoxyle,  forte  avec  une  alimentation 
de  viande,  très  faible  avec  une  alimentation  de  gélatine,  n'arrivait  pas  à  s'animler 
même  pendant  l'inanition  complète,  il  supposa  que  c'était  «  l'albumine  corporelle  qui 
se  décomposait  avec  formation  d'indol  par  les  ferments  des  tissus,  tout  à  fait  indépen- 
damment de  la  digestion  pancréatique,  et  cependant  dans  le  même  sens.  »  A  cette 
époque,  en  efTet,  E.  Salkowski  admettait  comme  F.  Hoppe-Seyler  d'ailleurs,  qu'il  y  avait 
identité  entre  les  processus  de  désassimilation  des  albuminoides  dans  l'économie  elle- 
même,  et  les  processus  de  putréfaction  :  comme  exemple  typique,  il  citait  précisément 
la  production  d'indol. 

A  son  tour,  H.  Senator  (77),  étudiant  l'excrétion  de  1'  <'  indican  »  dans  divers  états 
pathologiques,  arrivait  à  cette  conclusion  qu'on  l'observe  <i  bien  plus  fréquemment 
dans  les  maladies  chroniques  que  dans  les  maladies  aiguës,  et  surtout  dans  les  troubles 
de  consomption  et  d'inanition  »,  conclusion  à  laquelle  arrive  également  M.  He.nmge  {79). 
Pour  tous  ces  auteurs,  l'élimination  d'indoxyle  augmente  dans  l'état  de  jeune,  par 
suite  d'une  destruction  exagérée  des  tissus  propres  de  l'économie. 

Cependant,  peu  de  temps  après,  Fr.  Tlczeck  (S4)  publiait  une  observation,  dans  un 
cas  d'affection  mentale,  où  il  y  avait  abstinence  complète  pendant  23  jours,  sans  qu'il 
fût  possible  de  trouver  1' «  indican  »  dans  l'urine.  Dans  un  autre  cas,  où  il  y  avait  absti- 
nence incomplète  pendant  28  jours,  chaque  fois  que  le  sujet  prenait  un  peu  de  nourri- 
ture albuminoïde,  on  voyait  apparaître  l'indoxyle  :  autrement  non.  Ces  observations 
étaient  contraires  à  l'idée  d'une  formation  endogène  d'indol  chez  l'individu  usant  ses 
propres  tissus  pour  pallier  au  défaut  de  nourriture.  Fr.  MCller  [86],  dans  un  autre  cas 
d'abstinence  chez  un  aliéné,  n'a  trouvé  non  plus  que  des  traces  d'indoxyle;  de  même, 
chez  le  jeûneur  professionnel  Cetti,  Fr.  MCller  {87)  voit  tomber  l'indoxyle,  dès  le  pre- 
mier jour,  à  un  taux  très  bas,  et  après  3  jours  n'arrive  plus  guère  à  le  déceler.  Il  fait 
remarquer  de  plus  {86)  que  l'augmentation  de  l'indoxyle  dans  l'urine  n'a  pas  été  trouvée 
dans  toutes  les  maladies  concordant  avec  l'inanition,  et  qu'on  n'en  observe  que  des 
traces  dans  la  plupart  des  maladies  qui  comportent  une  fièvre  intense  et  devraient 
justement  produire  beaucoup  d'indol  par  usure  des  tissus.  Cependant  Fr.  MCller  {86), 
soumettant  au  jeûne  des  chiens  et  des  chats,  observe  une  augmentation  de  l'indoxyle  ; 
mais  il  l'attribue  à  l'indol  toujours  formé  par  putréfaction  dans  l'intestin  des  derniers 
résidus  alimentaires,  des  desquamations  et  sécrétions  intestinale  et  biliaire,  et  aussi 
du  sang  extravasé  par  les  petites  hémorragies  intestinales  qui  se  produisent  chez  les 
cai'uivores  en  état  de  jeûne.  E.  Krauss  (93)  voit  de  même  l'indoxyle  diminuer  considé- 
rablement chez  le  chien  soumis  à  un  jeûne  de  quelques  jours. 

La  théorie  de  la  formation  endogène  de  l'indoxyle  dans  le  jeûne  a  cependant  trouvé, 
il  y  a  quelques  années,  des  partisans  convaincus.  Nous  verrons  que  F.  Blumenthal 
{01),  constatant  que  l'injection  de  phloridzine  au  lapin  détermine  une  excrétion  notable 
de  phénols  et  d'indoxyle  (ainsi  que  d'acide  glycuronique  qui  s'y  combine  secondaire- 
ment), attribue  l'origine  de  cet  indoxyle  à  la  destruction  des  tissus.  Il  retrouve  le  même 
phénomène,  non  seulement  après  la  piqûre  diabétique  {02  a),  mais  aussi  chez  le  lapin 


INDOL.  175 

soumis  au  jeùiie  {02  b).  Or  il  faut  savoir  que  le  lapin  qui  reroit  une  bonne  alimentation 
végétale  passait  pour  ne  pas  excréter  d'indoxyle,  comme  l'avaient  déjà  signalé  H.  Rosm 
■{91),  E.  Harnack  etE.  von  der  Leven  (.95)  :  le  jeune  ou  la  phloridzine  agissaient  donc  en 
provoquant  la  destruction  tissulaire  et  l'apparition  d'indoxyle  endogène.  Mais  ce 
■raisonnement  a  perdu  son  intérêt  depuis  que  E.  S alkowski  {08)  a  montré  qu'en  nour- 
riture végétale  ordinaire  l'urine  du  lapin  contient  de  l'indoxyle;  seulement  ce  corps 
est  difficile  à  déceler,  et  on  n'y  arrive  guère  qu'après  avoir  fait  un  extrait  alcoolique 
de  l'urine.  Ou  peut  donc  croire  que  le  jeûne  a  surtout  pour  effet  de  faire  disparaître 
de  l'urine  des  substances  gênantes  pour  la  recherche. 

Il  y  a  plus.  F.  Blumenthal  et  F.  Rosenfeld  {02)  avaient  pensé  donner  à  leur  théorie 
une  base  définitive,  en  recherchant  l'indol  dans  le  contenu  intestinal  des  lapins  soumis 
-au  jeune  ou  à  l'injection  de  phloridzine  avec  hyponutrition.  Ils  n'ont  pas  trouvé 
d'iiidol  ;  de  plus,  le  lapin  qui  jeûne  n'est  pas  suiet  comme  les*  carnivores  aux  hémor- 
rhagies  intestinales  donnant  matière  à  putréfaction  :  l'indoxyle  trouvé  dans  l'urine 
devait  donc  avoir  une  origine  autre  que  l'indol  intestinal.  Remarquons  d'abord  que  ce 
mode  de  raisonnement  ne  donne  pas  des  garanties  certaines;  car  on  pourrait  répondre 
que,  si  l'on  ne  trouve  pas  d'indol  dans  l'intestin,  c'est  précisément  qu'il  n'y  est  plus, 
-qu'il  a  été  résorbé  très  rapidement  et  transformé  en  indoxyle. 

Mais  A.  Ellingeu  [03  b)  a  réussi  à  déceler  l'indol  dans  l'intestin  des  lapins  au  jeune, 
et  attribue  à  une  insuffisance  de  technique  l'échec  de  F.  Blumenthal  et  F.  Rosenfeld 
(02 1.  Bien  que  F.  Rosenfeld  {04)  ait  ensuite,  chez  31  lapins  sur  36,  retrouvé  l'absence 
■d'indol  dans  Fintestin,  Cl.  Gautier  et  Ch.  Hervieux  (07  c,  07  d)  ont  à  nouveau  affirmé 
son  existence  chez  le  chien  et  le  lapin.  Nous  venons  de  dire  que  cela  n'a  pas  grande 
importance.  Très  intéressante  au  contraire  est  la  remarque  de  A.  Ellinger  {03  h) 
d'après  laquelle  l'indoxylurie  notable  du  lapin  au  jeûne  est  tout  accidentelle.  Elle  pro- 
vient de  ce  que  les  animaux  dévorent  leurs  crottes  ;  si  on  les  met  dans  une  cage  à  double 
fond  grillagé  pour  laisser  tomber  les  crottes,  l'indoxyle  diminue  fortement  ;  il  disparaît 
^i  on  muselé  les  animaux  ou  si  on  leur  fait  une  fistule  de  l'œsophage.  L'indoxylurie  endo- 
gène du  jeûne  n'existe  pas. 

5°  —  Origine  prétendue.  L'indoxyle  dans  les  intoxications.  —  Depuis  fort  longtemps  on 
a  prétendu  que  des  substances  étrangères,  plus  ou  moins  toxiques,  étaient  capables 
d'augmenter  la  formation  d'indoxyle.  D'après  Kletzinsky  déjà,  la  créosote  et  l'essence 
d'amandes  amères,  même  à  faible  dose,  augmenteraient  V  <<  indicanurie  ».  Suivant 
S.  Wolfberg  (7oi,  l'ingestion  de  l'acide  salicylique  à  forte  dose  élèverait  l'excrétion 
d'indoxyle,  affirmation  qui  fut  contredite  par  M.  Jaffé  {73).  On  pourrait  rappeler  ici 
l'observation  de  K.  Borland  {90),  d'après  laquelle  l'ingestion  de  thymol  serait  suivie 
d'une  forte  excrétion  de  chromogène  indigotique,  bien  que  cette  production  d'indoxyle 
résultât,  dans  Fesprit  de  Fauteur,  non  d'une  dégénérescence  tissulaire,  mais  d'une 
transformation  du  thymol  lui-même;  il  a  été  prouvé  d'ailleurs  (F.  Blum,  91)  que  la 
couleur  bleue  obtenue  n'est  pas  de  l'indigotine,  mais  un  dérivé  du  thymol. 

On  a  signalé  l'indoxylurie  conmie  résultant  de  l'intoxication  par  l'acide  sulfurique 
(M.  Litten,  81),  V acide  sulfureux  (E.  Harnack  et  E.  von  der  Leyen,  99),  Vacide  oxalique 
(E.  Harnacic  et  E.  von  der  Leyen,  99),  la  phloridzine,  surtout  si  son  injection  a  lieu  chez 
des  animaux  en  hyponutrition  (F.  Blumenthal,  01 ,  02  b;  G.  Lewin,  02;  F.  Blumenthal 
et  F.  Rosenfeld,  02  ;  F.  Rosenfeld,  Oi).  Parmi  les  partisans  de  l'origine  endogène, 
citons  encore  W.  v.  Moraczewski  {08  c),  qui  admet  l'augmentation  de  l'indoxyle  dans 
les  intoxications,  comme  l'intoxication  par  le  phosphore,  ou  après  ingestion  de  thyroïde, 
tandis  que  l'urotropine  le  ferait  diminuer. 

En  revanche  M.  Hennige  {79)  n'avait  trouvé  aucune  excrétion  particulière  d'indoxyle 
dans  l'intoxication  chronique  par  Varsenic.  H.  Scholz  {03)  n'a  pu  obtenir  la  moindre 
augmentation  de  l'indoxyle,  ni  par  Vacide  oxalique,  ni  par  la  phloridzine. 

Les  résultats  positifs  sont  évidemment  de  pures  co'incidences,  dues  peut-être  à 
l'action  du  toxique  sur  certains  facteurs  intestinaux,  le  péristaltisme  par  exemple,  ou 
même  à  de  purs  accidents,  comme  nous  en  avons  vu  un  exemple  dans  le  cas  des  lapins 
mangeurs  de  crottes.  L'indoxylurie  endogène  toxique  ne  peut  être  admise. 

6"  —  Origine  prétendue.  L'indoxyle  dans  les  affections  non  digeslives.  —  Les  partisans 
de  l'origine  endogène  ont  signalé  une  foule  de  cas  pathologiques  où  aurait  lieu  une 


176  INDOL. 

abondaifte  excrétion  d'indoxyle,  sans  qu'on  puisse,  en  apparence,  incriminer  l'état  de 
l'intestin.  Remarquons  tout  d'abord  que  beaucoup  de  travaux  anciens  sont  assez  sujets 
à  caution,  à  cause  de  leur  technique  imparfaite.  De  plus,  1'  «  indican  »  ayant  autrefois 
passé  pour  pathologique  en  lui-même,  nombre  d'auteurs  ont  signalé  son  excrétion 
chez  leurs  malades,  sans  songer  à  la  rechercher  chez  les  gens  bien  portants,  qui  en 
auraient  fourni  tout  autant.  Enfin,  les  contradictions  sans  nombre  sur  ce  chapitre  enlè- 
vent aux  résultats  positifs  toute  valeur  systématique. 

Prenons  par  exemple  la  tuberculose.  Toute  une  série  d'auteurs,  tels  que  H.  Senator 
(77),  HocHsiNGER  {90),  M.  Kahane  [92],  L.  Djouritsch  {93,  94),  Jaksch,  Cattaneo  (97), 
G.  Derary  {9S],  a.  Rlumenthal  {99),  E.  Daremrerg  et  Th.  Perroy  (05  a,  Oo  b)  ;  W.  v. 
MoRAczEwsKi  {OS  b),  affirment  l'excrétion  abondante  d'indo.xyle  dans  la  tuberculose, 
notamment  chez  l'enfant,  à  tel  point  que  plusieurs  d'entre  eux  ont  voulu  faire  de  l'in- 
doxyle  un  élément  de  diagnostic  de  premier  ordre  pour  la  tuberculose  infantile.  J.  Faiim 
(95),  constatant  que  chez  les  enfants  tuberculeux  il  y  a  dans  61  p.  100  des  cas  excès  d'in- 
doxyle, tandis  que  chez  les  non  tuberculeux  cela  n'arrive  que  dans  40  p.  100  des  cas, 
reconnaît  un  fond  de  vérité  aux  idées  de  Hochsinger  et  de  Kahane,  mais  refuse  d'accor- 
der à  l'indoxylurie  une  valeur  diagnostique.  Enfin  W.  Steffen  {92),  Voute  (95), 
St.  Momidlowski  {93),  Gehlig  {94  ,  V.  Cima  (94),  G.  Zwiebel  {95),  L.  Concetti  {98), 
A.  KiiiN  {01),  E.  GoRTER  (OS),  démentent  catégoriquement  toute  espèce  de  relation 
entre  l'indoxylurie  et  la  tuberculose,  non  seulement  chez  l'adulte,  mais  aussi  chez 
l'enfant.  Il  est  évident  que,  dans  les  cas  positifs,  il  s'agit,  non  pas  d'une  sécrétion 
endogène,  mais  bien  de  la  richesse  bactérienne  de  l'intestin,  de  la  lenteur  de  résorp- 
tion, de  la  constipation  fréquente,  on  tout  au  moins  dune  certaine  paresse  de  l'intestin 
favorisant  les  stagnations  de  matières  et  la  production  d'indol. 

On  en  pourrait  dire  autant  de  toutes  les  maladies.  >^ous  nous  bornerons  donc  à  une 
rapide  énumération.  On  a  signalé  l'indoxylurie  dans  des  infections  à  marche  très  lente 
comme  la  lèpre  (A.  Kôttmtz,.9/),  ou  très  rapide  comme  la  variole  (G,  Belfiore,  01), 
la  rougeole  (J.  Gnezda,  02),  la  scarlatine  (J.  G.nezda,  02),  la  diphtérie  (L.  Djoiritsch, 
94),  des  bronchites  (L.  Djouritsch,  94),  la  méninr/ite  cérébro-spinale  (R.E.  Campagna,  07), 
dans  les  affections  fébriles  en  général  (H.  Veale,  6S;  W.  v.  Moraczewski,  OS  b)  et  en 
particulier  dans  certaines  fièvres  rémittentes  des  Indes  (H. Veale,  6S),  ainsi  que  dans  le 
paludisme  avec  splénomégaiie  accentuée  et  en  général  dans  les  splcnomégalies  infec- 
tieuses (P.  Costa,  02).  Au  contraire  M.  Hennige  (79)  n'avait  pas  trouvé  d'indoxyle  dans 
les  fièvres  intermittentes. 

Citons  encore  la  chlorose  (M.  Hennige,  79;  v.  Starck,  00 ;  J.  Gnezda,  02;  R.  Baum- 
starck,  03,  04),  la. pseudochlorose  prétuberculeuse  (J.  Gnezda,  02),  les  anémies  de  diverse 
nature  (H.  Veale,  6S,  II.  Senator,  77,  91  ;  M.  Hennige,  79;  P.  Costa,  02;  R.  Baumstarck, 
03,  04),  la  maladie  de  Wcrlhoff  (M.  Hennige,  79),  l'anémie  profonde  par  ankylosto- 
miase  (Francotte,  8o\  la  trichinose  M.  Hennige,  79),  la  maladie  d'Addison  (Rosenstirn, 
72;  P.  Costa,  02).  Rien  n'empêche  de  voir  ici  de  simples  coïncidences,  dues  surtout  à 
la  forte  production  d'indol  aux  dépens  des  matières  en  stagnation  dans  l'intestin 
paresseux  d'un  organisme  affaibli. 

On  a  signalé  maintes  fois  la  présence  de  l'indoxyle  en  quantité  appréciable  dans 
l'urine  des  diabètes  (Heller,  43;  E.  Schunck,  57;  L.  S.  Beale,  6o;  J.  G.  Otto,  84; 
P.  Costa,  02;  W.  v.  Moraczewski,  01,  04  a),  et  notamment  la  coexistence  de  l'indoxy- 
lurie avec  le  diabète  et  Voxalurie  (J.  A.  Wesener,  01,  03;  W.  v.  Moraczewski,  01,  03, 
04  a,  OS),  tandis  que  A.  Kuhn  (0/)  ne  trouve  aucune  augmentation  dans  le  diabète. 
Lors  des  accès  de  goutte,  il  y  aurait  augmentation  de  l'indoxyle  d'après  A.  Magnus-Levy 
{99),  tandis  que  suivant  J.  Grossman  {03)  il  n'existerait  aucune  relation  entre  la  goutte 
et  l'indoxylurie.  Il  est  bien  probable  que  dans  ces  cas  aussi  il  faut  faire  intervenir  les 
fermentations  intestinales;  nous  serions  porté,  pour  notre  part,  à  admettre  que  l'acide 
oxalique  (qui  ne  provient  pas  des  sucres,  mais  du  glycocollel,  est  lui  aussi  un  témoin  de 
ces  fermentations,  qu'il  est  naturel  de  trouver  en  compagnie  de  l'indoxyle. 

Une  autre  catégorie  d'affections  accusées  de  produire  l'indoxylurie  est  celle  des 
affections  cancéreuses,  que  leur  siège  soit  gastrique  (H.  Senator,  77;  M.  Hennige,  79; 
L.  Ortweiler,  S6;  A.  Kuhn,  01),  hépatique  (Rosenstirn,  72;  R.  Niggeler,  75;  M.  Hen- 
nige, 79;  L.  Ortweiler,  86;  M.  Litten,  89;  W.  v.  Moraczewski,   08  b),  utérin  (L.  Ort- 


INDOL.  177 

WEiLER,  86),  etc.  L'indoxyhirie  serait  régulière  chez  les  cancéreux  cachectiques, 
d'après  C.  Lewi.n  {04)  qui  attribue  nécessairement  à  la  destruction  tissulaire  l'origine  de 
l'indoxyle.  Son  excrétion  abondante  a  été  signalée  dans  un  cas  de  lymphome  multiple 
(H.  Senatou,  77).  Remarquons  ici  encore  la  fréquence  de  la  paresse  intestinale,  et  même 
des  obstacles  mécaniques,  dans  ce  genre  d'affections. 

On  a  signalé  aussi  l'indoxyhirie  forte  dans  diverses  néphrites  aùjucs  (Basham; 
Heller,  io;  II.  Hassall,  oi;  Legroux),  dans  la  néphrite  rhumatismale  (Valvassori- 
Peroni,  98),  dans  Vatrophie  granulaire  des  reins  (H.  Senator,  77). 

Mais  c'est  peut-être  dans  les  affections  nerveuses  qu'on  a  le  plus  discuté  l'origine 
endogène  de  l'indoxyle.  R.  Niggeler  {73)  en  a  signalé  l'excrétion  abondante  chez  un 
sujet  atleint  de  lésions  médullaires,  F.  Blumenthal  {02  a)  à  la  suite  de  la  piqûre  diabé- 
tique ei  chez  les  gens  atteints  de  légers  troubles  nerveux,  L.  Djouritsch  (94)  dans  la  c/toree. 
J.  Gnezda  [02)  l'a  observée  chez  un  aliéné  abstinent,  et  les  cas  de  psychose  avec  forte 
indoxylurie  sont  fréquents;  on  a  même  indiqué  (M.  Seige,  08)  que  dans  les  psychoses 
cycliques  on  la  verrait  apparaître  avec  le  stade  de  dépression  et  disparaître  au  stade 
d'excitation.  Cependant  nous  avons  signalé  déjà  les  observations  négatives  de  Fr.  Tiic- 
ZECK  {84)  et  de  Fr.  Mûller  (86)  chez  les  aliénés  abstinents;  et  d'après  F.  Neumann  {87), 
E.  D.  BoNDURANT  (93),  J.  II.  Borden  (07),  l'indoxylurie  n'aurait  rien  à  voir  avec  les 
maladies  mentales.  Ici  encore  les  fonctions  du  tube  digestif  suffisent  sans  doute  à  toutes 
les  explications.  C'est  probablement  à  des  causes  du  même  genre  qu'il  faut  rapporter 
l'indoxylurie  signalée  parfois  dans  des  cas  de  fractures,  amputations,  résections  (Grassic; 
S.  Laache,  9o),  qui  s'accompagnent  souvent  d'une  gêne  dans  les  fonctions  musculaires 
et  nerveuses  de  l'intestin. 

On  a  enfin  signalé  l'indoxylurie  dans  les  états  de  gravidité  et  de  puerpéralité  (Olive, 
99)  :  inutile  d'insister  sur  les  causes  d'erreur  que  peut  introduire  ici  la  constipation. 

7°  —  Signification  certaine.  Rapports  de  l'indoœylurie  avec  les  phénomènes  iiitcstinaux. 
L'attention  a  été  attirée  depuis  longtemps  sur  l'excrétion  plus  abondante  d'indoxyle 
dans  une  série  de  cas  qui  correspondent  à  un  envahissement  bactérien  du  tube  digestif 
et  à  un  renforcement  des  phénomènes  putréfactifs  (E.  Baumann,  et  la  plupart  des 
auteurs  :  citons  parmi  les  plus  récents,  L.  C.  Maillard,  03  f;  A.  Croidieu,  03;  Ch.  Por- 
cher et  Ch.  Hervieux,  07  a,  07  c;  E.  Gorter,  08;  R.  Brandeis,  09).  On  a  signalé  par 
exemple  les  entérites  aiguës  ou  chroniques  (M.  Hennige,  79;  L.  Djouritsch,  94,  etc.),  où 
l'excrétion  peut  devenir  énorme,  et  causer  l'indigurie,  ou  de  simples  gastro-entérites  sq 
manifestant  à  la  fois  par  l'excrélion  urinaire  d'indoxyle  et  par  des  symptômes  circula- 
toires (Féré,  03),  le  choléra  infantile  (Hochsinger,  90),  l'ingestion  d'aliments  putrides 
(B.  Mester,  94;  Klaman.n,  97),  etc.  La  résorption  des  produits  aromatiques  de  la  putré- 
faction intestinale,  notamment  de  l'indol,  ne  serait  pas  sans  danger,  car  les  lésions 
vasculaires  et  parenchymateuses  qu'elle  déterminerait,  dans  le  foie  surtout,  favorise- 
raient beaucoup  les  infections  consécutives  (A.  Rovighi,  03).  D'après  les  anciennes 
observations  de  H.  Veale  {68)  on  pourrait  croire  que  les  rf<a?T/tees  augmentent  l'indoxyle; 
au  contraire  tous  les  auteurs  modernes  (R.  Baumstargk,  03,  04;  A.  Rovighi,  03;  \\ .  v. 
MoRACzEwsKi,  04  b;  etc.),  reconnaissent  que  les  évacuations  diarrhéiques  amènent  une 
forte  diminution  de  l'indoxyle,  ce  qui  s'explique  par  l'entraînement  de  l'indol  hors  de 
la  cavité  intestinale  avant  sa  résorption. 

Dans  le  choléra,  on  observe  une  très  forte  indoxylurie,  surtout  au  début,  puis  le  phé- 
nomène s'atténue  bientôt  et  disparaît  lors  de  la  diurèse  qui  accompagne  la  période  de 
réaction  (Heller,  43;  Gubler,  54;  Wyss;  E.  Baumann,  93;  G.  Hoppe-Seyler,  92; 
P.  Terray,  b.  Vas  et  g.  Gara,  93). 

Dans  la  typhoïde,  certains  auteurs  (M.  Hennige,  79;  A.  L.  Benedict,  97;  W.  v.  Morac- 
ZEwsKi,  08  c)  ont  admis  que  l'indoxyle  était  augmenté,  tandis  que  d'autres,  par  exemple 
A.  KïiHN  {01)  sont  dun  avis  opposé.  On  peut  se  rendre  compte  qu'en  réalité  la  typhoïde 
ne  détermine  par  elle-même  aucune  augmentation  de  l'indoxyle,  et  on  lé  comprendra 
lorsqu'on  verra,  à  propos  du  tryptophane,  que  le  bacille  d'EBERTH  n'a  pas  le  pouvoir 
d'attaquer  ce  corps.  En  revanclie  les  infections  concomitantes,  surtout  celles  à  coli- 
bacille, freuvent  déterminer  l'indoxylurie,  qui  se  montre  également  si  les  évacuations 
intestinales  se  font  mal. 

L'indoxylurie  s'observe  dans  des  cas  de  péritonite  (M.  Hennige,  79;  G.  Hoppe-Seyler, 

DICT.    1)E  PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  12 


178  INDOL. 

8S;  R.  Baumstarck,  03,  04),  de  cholécystite  (F.  Betz,  93),  etc.  Peut-être  dans  les  périto- 
nites la  forte  résorption  d'indol  est-elle  due,  non  seulement  à  l'infection,  mais  à  la  stase 
du  contenu  intestinal.  Car  les  entraves  au  cours  normal  des  matières  sont  Tune  des 
causes  les  plus  typiques  d'hyperindoxylurie;  Tindol  a  le  temps  de  se  produire  en  abon- 
dance dans  les  dernières  parties  du  tube  digestif.  Aussi  trouve-t-on  une  forte  indoxylurie 
dans  la  constipation  opiniâtre  (H.  Veale,  68;  R.  Nkigeler,  75),  Vétranglement  herniaire 
<F,  Hoppe-Seyler,  75),  la  sténose  intestinale  (A.  Kûhn,  01),  ['obstipation  (de  Vries,  77; 
A.  L.  Benedict,  97;  R.  v.  Pfungen,  92;  R.  Baumstarck,  03,  Oi).  Nous  verrons  tout  à 
l'heure,  dans  cet  ordre  d'idées,  les  intéressantes  expériences  de  A.  Ellixcer  et  W.  Prutz 
03). 

La  ligature  du  pancréas  détermine  une  forte  diminution  de  l'indoxyle  urinaire 
.(G.  Pisenti,  88);  il  en  est  de  même  de  Vextirpation  de  cet  organe  (K.  S.  Villane.n,  04), 
qui  entraîne  une  diminution  importante  des  éthers  sulfuriques  et  de  l'indoxyle,  ce  que 
l'on  conçoit;  carie  suc  pancréatique,  non  seulement  libère  le  tryptophane,  mais  favorise 
par  son  alcalinité  les  puUulations  bactériennes  dans  l'intestin.  On  a  constaté  inversement 
l'augmentation  de  l'indoxyle  dans  des  cas  d'amoindrissement  ou  d'arrél  de  la  sécrétion 
biliaire  (A.  L.  Benedict,  97),  et  beaucoup  d'auteurs  attribuent  à  la  bile  une  action  anti- 
septique importante  vis-à-vis  des  putréfactions  intestinales.  Cependant  F.  Blume.nthal 
{05)  pense  que  la  bile  n'empêche  pas  à  proprement  parler  les  putréfactions  intestinales, 
mais  favorise  plutôt  la  production  d'acides  gras  volatils  en  restreignant  les  dérivés  aro- 
matiques. 

L'abondance  de  l'indoxyle  se  remarque  aussi  dans  certaines  affections  de  l'estomac  : 
catarrhe  f/astrique  (M.  Hennige,  79),  xdcère  (Stokvis;  M.  Hennige,  79),  dilatation  (Stokvis). 
C'est  surtout  avec  la  sécrétion  clilorhydrique  de  l'estomac  qu'on  a  cherché  à  établir  des 
relations  ;  beaucoup  d'auteurs  ont  attribué  à  HCl  déversé  dans  le  duodénum  un  certain 
rôle  antiseptique,  et  le  considèrent  comme  limitant  d'une  façon  générale  les  phénomènes 
putréfactifs  :  aussi  voit-on  admettre  comme  facteur  d'indoxylurie  la  subacidité  et  Yana- 
cidité  du  suc  gastrique  (B.  Mester,  94;  Ch.  E.  Simon,  95;  A.  L.  Benedict,  97;  E.  Ziemke, 
98).  L'indoxyiurie,  absente  dans  l'hyperchlorhydrie,  apparaîtrait  dans  l'hypochlo- 
rhydrie,  et  deviendrait  très  élevée  dans  Vanachlorhydrie  (J.  Carles,  05).  Toutefois  l'aug- 
mentation de  l'indoxyle  dans  l'achylie  proviendrait,  suivant  R.  Baumstarck  (04),  non 
directement  du  défaut  de  HCl,  mais  de  l'existence  concomitante  d'autres  troubles 
digestifs.  Un  certain  nombre  d'auteurs  (A. -A.  Jones,  00;  D.  v.  Tabora,  06;  etc.)  nient 
toute  relation  entre  HCl  gastrique  et  le  taux  de  l'indoxyiurie. 

Il  est  bien  connu  depuis  longtemps  qu'une  indoxylurie  nette  peut  parfaitement 
exister  chez  les  gens  sains,  et  nous  avons  insisté  ailleurs  sur  ce  point  (L.  C.  Maillard, 
03  f).  Seule  une  hyper  indoxylurie  élevée  peut  avoir  une  signification  pathologique, 
san.s  avoir  jamai"»-  à  elle  seule  une  valeur  pathognomonique  précise.  L'indoxyle  est 
abondant  quand  les  conditions  intestinales,  qui  peuvent  n'avoir  rien  de  pathologique, 
sont  favorables  à  la  production  de  l'indol,  et  les  facteurs  sont  ici  multiples.  On  le 
comprendra  bien  à  la  lecture  du  paragraphe  que  nous  consacrons  au  Tryptophane,  et 
où  l'on  verra  que  le  tryptophane  libéré  dans  l'intestin  est  la  source  normale  de  l'in- 
doxyle, tandis  que  les  autres  aminoacides  aromatiques,  tels  que  la  tyrosine  (F.  Masson, 
74;  A.  Croidieu,  05)  ou  la  phénylalanine  (Langstein  cIFalta,  05)  restent  sans  influence 
sur  la  production  de  l'indoxyle. 

Citons  seulement  ici  quelques-uns  de  ces  facteurs,  et  d'abord  la  richesse  de  Valimen- 
tation  en  albuminoides  tryptophaniques  fournissant  une  abondante  matière  première  à  la 
production  d'indol  :  la  viande  fournit  beaucoup  d'indoxyle  (M.  Jaffé,  70b;  E.  Salkowski, 
76  a;  B.  Peurosch,  77  ;  L.  Ortweiler,  86;  Mester,  94;  F.  P.  Underhill,  04;  E.  v.  Kozicz- 
KOwsKY,  05), tandis  que  la  gélatine  n'en  donne  pas  (E.  Salkowski,  76  a;  F.  P.  Underhill, 
04)  car  elle  ne  contient  pas  de  tryptophane.  Le  régime  lacté  fait,  à  vrai  dire,  disparaître 
l'indoxyle,  quoique  la  caséine  soit  riche  en  tryptophane,  mais  cela  tient,  soit  à  ce  que 
le  tryptophane  très  facilement  séparable  de  la  caséine  est  résorbé  avant  d'avoir  été 
attaqué  par  les  bactéries,  soit  à  ce  que  le  régime  lacté  modifie  la  flore  intestinale  et  que 
les  albuminoides  du  lait  sont  peu  propices  à  la  puUulation  des  microbes  (J.  Bouma,  04), 

Un  deuxième  facteur  est  la  durée  du  séjour  dans  le  tube  digestif  des  matières  expo- 
sées à  la  putréfaction  :  plus  long  est  ce  séjour,  plus  l'urine  contient  d'indoxyle.  Ainsi 


INDOL.  179 

les  ruminants  à  tube  digestif  vaste  et  long  se  font  remarquer  par  leur  richesse 
en  iiidoxyle.  Au  contraire  un  animal  presque  dépourvu  de  gros  intestin,  la  roussette 
[Pteropus  mcdius),  chauve-souris  frugivore  des  Indes,  ne  fabrique  pas  d'indoxyle  (E.  Met- 
cHNiKOFF,  09;  A.  Berthelot,  09).  On  sait  en  effet  que  l'indol  prend  naissance  surtout 
dans  les  dernières  parties  de  l'intestin.  G.  A.  Ewald  (79)  a  eu  l'occasion  d'observer  un 
sujet  porteur  d'une  fistule  accidentelle  de  l'intestin  grêle  siégeant  au  dernier  tiers  de 
l'iléon  et  permettant  l'évacuation  au  dehors  sans  passer  par  le  gros  intestin  :  malgré  un 
régime  très  fortement  carné,  le  sujet  n'excrétait  pas  d'indoxyle.  Une  intervention 
chirurgicale  ayant  rétabli  la  communication  avec  le  bout  inférieur  de  l'intestin, 
Tindoxyle  apparut  abondamment.  M.  Jaki'k  (77)  avait  déjà  pu  constater  que  l'indoxyle 
est  exagéré  par  la  ligature  de  l'intestin  grêle,  mais  non  par  celle  du  gros  intestin.  11  y  a 
quelques  années  ont  été  faites  des  expériences  très  intéressantes  de  renversement  de 
l'intestin  (W.  Prutz  et  A.  Ellinger,  02  ;  A.  Ellixger  et  W.  Prutz,  05),  qui  consistent  ù 
couper  une  certaine  longueur  d'intestin  grêle,  puis  à  suturer  l'extrémité  postérieure  du 
tronçon  à  la  partie  antérieure  du  tube  digestif  et  vice-versa.  Le  péristaltisme  a  pour  effet 
alors  de  faire  rétrograder  les  matières  au  lieu  de  les  faire  progresser,  ce  qui  détermine 
une  stagnation  indéfinie  :  on  voit  alors  le  chien  éliminer  400  milligrammes  et  plus  d'in- 
digo par  jour.  Au  contraire  les  obstructions  du  gros  intestin  n'ont  pas  d'inlluence. 

Comme  troisième  facteur  nous  citerons  l'influence  qu'exerce  le  réç/ime  alimentaire 
sur  la  flore  intestinale  et  sur  les  putréfactions.  C'est  pour  des  raisons  de  cet  ordre  que 
le  régime  lacté  ne  donne  généralement  pas  d'indoxyle.  On  n'en  trouve  pas  dans 
l'urine  du  nouveau-né  (H.  Senator,  79;  Hochsinger,  90;  E.  Wang,  00;  etc.)  pas  plus 
d'ailleurs  que  de  substances  indologènes  (Ch.  Porcher,  09  a),  et  on  n'en  trouve  que  des 
traces,  ou  même  pas  du  tout,  chez  le  nourrisson  élevé  exclusivement  au  sein.  Dans  leurs 
expériences  bien  connues  sur  la  vie  aseptique  des  jeunes  Mammifères,  sans  bactéries 
dans  le  tube  digestif,  G.  H.  F.  Nuttall  et  H.  Thierfelder  {93,  96,  97)  ont  trouvé  dans 
l'urine  des  oxyacides  aromatiques,  mais  n'ont  pu  y  déceler  ni  phénol,  ni  p.  crésol,  ni 
pyrocatéchine,  ni  indoxyle,  ni  chromogè)ie  skatolique;  l'intestin  ne  contenait  pas 
d'indol.  Chez  l'adulte  (A.  Albu,  97 ;  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  03,  a)  le  régime  lacté 
fait  décroître  énormément  l'indoxyle,  surtout  si  on  a  eu  soin  d'évacuer  le  mieux  possible 
l'intestin.  Le  régime  de  la  soupe  au  pain  produit  presque  les  mêmes  résultats  (Ch.  Her- 
vieux, 08).  Les  poulets  nourris  d'avoine  et  de  pain  mouillé  n'éliminent  pas  d'indoxyle 
(Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux,  07  a).  Cette  influence  restrictive  des  aliments  hydrocar- 
bonés sur  la  putréfaction  intestinale  a  été  observée  par  un  grand  nombre  d'auteurs,  en 
dernier  lieu  W.  v.  Moraczewsky  {08b,  08c).  Bien  entendu,  il  s'agit  d'une  question  de 
milieu  favorable  aux  bactéries  putréfactives,  et  non  d'un  défaut  d'ensemencement  :  la 
stérilisation  de  la  nourriture  carnée  ne  diminue  en  rien  l'indoxyle  (M.  Haagen,  57; 
A.  Albu,  97).  Les  antiseptiques  intestinaux  n'ont  qu'une  action  généralement  très 
incomplète  :  on  ne  cite  guère  comme  capables  de  faire  disparaître  quelquefois  l'indoxyle, 
que  le  calomel  (Wassilieff,  82;  E.  Baumann,  87;  F.  Neumanx,  87),  l'iodure  mercurique 
(WoLOwsKi,  01),  et  le  lactate  d'argent  (M.  Mosse,  .97);  on  pourrait,  paraît-il,  le  faire  dimi- 
nuer par  l'acide  benzoïque,  le  chloral  (F.  Neumaxn,  87),  le  sous-nitrate  de  bismuth 
(E.  Wang,  00),  le  gioddu  (G.  Franchini  et  C.  Lotti,  09).  Mais  le  procédé  des  antiseptiques 
est  très  infidèle  ;  d'après  V.  Morax  {86),  le  calomel  devrait  surtout  son  action  à  ses 
propriétés  purgatives.  Il  est  de  fait  que  les  purgatifs,  par  exemple  les  eaux  minérales 
évacuantes  (A.  Rovighi,  03),  diminuent  l'indoxyle. 

Enfin  un  quatrième  facteur,  fondamental,  est  la  nature  des  espèces  bactériennes  qui 
pullulent  dans  l'intestin.  Nous  avons  dit  que  le  choléra  donne  beaucoup  d'indoxyle, 
tandis  que  la  typhoïde  n'en  donne  qu'irrégulièrement  et  non  essentiellement  :  or  le 
bacille  du  choléra  fabrique  de  l'indol,  tandis  que  celui  de  la  fièvre  typhoïde  isole  le  tryp- 
tophane,  mais  sans  l'attaquer.  G.  A.  Herteh  {97)  a  constaté  que  l'introduction  d'une 
graade  quantité  de  B.  coli  dans  l'intestin  augmente  considérablement  l'indoxyle  et  les 
éthers  sulfuriques  ;  l'introduction  du  Proteus  vulgaris  en  grande  quantité  augmente  les 
éthers  sans  augmenter  sensiblement  l'indoxyle  ;  l'introduction  deD.  acidi  lactici  diminue 
l'indoxyle  et  les  éthers  sulfuriques.  Cependant  il  y  a  des  contradictions.  E.  Gans  (99) 
a  trouvé  chez  le  chien  que  l'administration  de  cultures  pures  de  B.  coli  augmentait  les 
éthers  sulfuriques  de  l'urine,  mais  pas  sensiblement  l'indoxyle,  que  les  cultures  pares  de 


180  INDOL. 

Proteug  augmentaient  l'indoxyle,  mais  irrégulièrement,  que  les  cultures  de  B,  acidi  lue- 
fîcï  augmentaient  quelquefois  les  élherssulfuriques,  mais  pas  l'indoxyle,  que  le  mélange 
de  B.  coli  et  B.  acidi  lactici  diminue  les  éthers,  mais  non  l'indoxyle,  enfin  que  la  levure 
augmentait  l'indoxyle  et  non  les  éthers.  Pour  E,  v.  Koziczkowsky  {05)  la  levure  est  sans 
action  sur  l'indoxyle  et  les  éthers. 

En  résumé,  l'indoxyle  de  l'urine  nous  apparaît  bien  comme  l'un  des  témoins  des 
putréfactions  intestinales.  Nous  disons  qu'il  en  est  un  des  témoins,  mais  nous  ne  disons 
pas  qu'il  en  soit  la  mesure.  Car  les  réactions  putréfactives  sont  diverses,  et  leurs  pro- 
duits multiples;  elles  peuvent  évoluer  dans  des  sens  variés  et  sans  qu'il  y -ait  propor- 
tionnalité entre  les  substances  qui  en  dérivent.  A  la  vérité,  il  y  a  très  souvent  un  paral- 
lélisme dans  l'excrétion  de  l'indoxyle,  des  phénols,  de  l'acide  sulfurique  éthérifié 
(E.  Salkowski,  76  a,  76  b,  77;  H.  Strauss  et  H.  Philu'psohn,  00;  E.  v.  Koziczkowsky, 
05)',  mais  ce  parallélisme  fait  souvent  défaut  (G.  Hoppe-Seyler,  88;  Strasser,  9i; 
R.  Baumstarck,  03  ;  etc.).  Il  n'y  a  pas  non  plus  parallélisme  entre  l'acide  glycuronique  et 
les  copules  aromatiques,  indoxyle,  phénols,  susceptibles  de  s'y  combiner  (F.  Blumenthal 
et  H.  WoLFF,  04)  ;  il  y  a  d'ailleurs  toujours  dans  l'urine  beaucoup  plus  de  H-SO*  qu'il  ne 
serait  nécessaire  pour  fixer  l'indoxyle  et  les  phénols,  et  ce  n'est  donc  pas  le  manque  de 
H*SO*  qui  exige  l'apparition  de  l'acide  glycuronique  (A.  E.  Austin,  04).  Enfin,  si  les 
[u'oduils  aromatiques  sont  souvent  abondants,  d'autres  réactions  putréfactives  évoluent 
surtout  vers  la  production  d'acides  gras  volatils,  etc.  :  si  l'on  veut  se  rendre  un  compte 
exact  de  l'intensité  des  putréfactions  intestinales,  il  faut  doser  tous  ces  dérivés  : 
indoxyle,  phénols,  acides  gras,  acide  oxalique,  SO*  des  éthers,  etc. 

8°  — Signification  très  douteuse.  Rapports  prétendus  de  l'indoxi/lurie  avec  les  phénomènes 
hépatiques  et  spléniques.  —  Nous  avons  vu  déjà  l'indoxyiurie  dans  certains  cas  de  néo- 
plasmes hépatiques,  ce  qui  peut  n'être  qu'une  coïncidence  sans  valeur.  En  interprétant 
les  publications  d'anciens  auteurs,  tels  que  Payne  {o8),  H.  Veale  [68],  on  pourrait  bien 
croire  à  l'augmentation  de  l'indoxyle  dans  les  affections  hépatiques,  notamment  la  con- 
gestion et  l'hypertrophie  du  foie  ;  mais  Stokvis  ne  remarquait  pas  cette  augmentation 
dans  les  cirrhoses. 

Il  y  a  quelques  années,  l'indoxyiurie  s'est  trouvée  portée  au  rang  de  symptôme  d'm- 
suffisance  hépatique,  presque  pathoguomonique,  le  foie  devant  être  chargé,  suivant  les 
auteurs  de  cette  théorie,  de  retenir  et  de  détruire  l'indol  venu  de  l'intestin  :  l'indoxyle 
apparaîtrait  en  quantité  nobable  quand  le  foie  faillirait  à  sa  tâche  (A.  Gilrert  et  E.  Weil, 
98,  99,  00;  C.  Rabajoli,  00).  Certains  travaux  sont  même  basés  sur  l'étude  de  cette 
«fonction  indopexique  »  du  foie  (M.  Dehon,  06).  Mais  cette  théorie  nous  parait  difficile- 
ment acceptable.  On  sait  qu'avec  une  technique  convenable  on  peut  retrouver  dans 
l'urine,  sous  forme  d'indoxyle,  à  peu  près  tout  l'indol  administré  (Ch.  Hervieux,  04  c, 
08);  or,  si  le  foie  normal  laisse  passer  tout  l'indol  à  l'état  d'indoxyle,  comment  le  foie 
pathologique  pourrait-il  en  laisser  passer  davantage"?  D'autre  part  il  esta  peu  près  établi 
que  la  transformation  de  l'indol  en  indoxyle  a  lieu  précisément  dans  le  foie;  si  le  foie 
_est  insuffisant,  on  comprendrait  qu'il  fabriquât  moins  d'indoxyle  (et  non  plus)  et  laissât 
passer  de  l'indol  en  nature,  fait  qui  ne  semble  pas  avoir  été  observé  jusqu'ici.  En  tout 
cas,  la  théorie  en  question  est  diamétralement  opposée  à  des  notions  qui  paraissent 
sérieuses  :  nous  ne  la  mentionnons  que  sous  les  plus  expresses  réserves, 

La  rate  a  été  accusée  de  jouer  un  rôle  dans  l'indoxyiurie.  Chez  3  malariques  à  très 
grosses  rates,  C.  Mazzetti  [91)  a.  constaté  que  l'ingestion  d'une  nourriture  riche  en  albu- 
minoïdes  était  suivie  d'une  très  forte  indoxylurie.  Un  chien  qui  en  régime  carné  n'avait 
pas  un  fort  degré  d'indoxylurie,  offrait,  après  extirpation  de  la  rate,  une  indoxylurie 
intense  quand  il  recevait  beaucoup  de  viande.  A.  Margantoxio  (00)  a  signalé  de  son 
côté  l'augmentation  de  l'indoxyle  chez  un  chien  à  rate  extirpée.  Mais  l'interprétation 
de  ces  expériences  paraît  fort  douteuse, 

9°  —  Conclusions.  —  De  tout  ce  qui  précède,  résultent  des  relations  évidentes  entre  la 
décomposition  bactérienne  des  aibuminoides  dans  l'intestin  et  l'indoxyiurie.  Au  contraire, 
aucune  autre  cause  d'indoxylurie  n'a  pu  être  établie  authentiquement.  Si  donc  les 
physiologistes  ont  eu  raison  de  se  poser,  depuis  E.  Salkowski,  la  question  de  savoir  s'il 
n'y  aurait  pas  une  indoxylurie  endogène,  il  faut  reconnaître  que  rien  n'autorise  jus- 
qu'ici à  répondre  affirmativement. 


INDOL.  181 

Laissons  place  néanmoins  aux  recherches  futures.  Il  est  extrêmement  remarquable 
(L.  C.  Maillard,  03  f,  07  c)  de  voir  que  l'organisme  possède  un  curieux  pouvoir  de 
convergence  amenant  à  la  forme  indoxyle  des  substances  diverses,  tantôt  par  oxydation 
(indol),  tantôt  au  contraire  par  réduction  (acide  o.  nitropliénylpropiolique,  isatine).  Il 
ne  faudrait  pas  s'étonner  outre  mesure  si  l'on  venait  quelque  jour  à  étendre  cette 
faculté  à  d'autres  substances  encore,  telles  que,  par  exemple,  les  matières  colorantes 
hématiques,  qui  ne  sont  pas  très  éloignées  de  l'indol,  ainsi  que  nous  l'expliquerons 
au  paragraphe  Indirubine. 

G.  Réactions  et  recherche  de  Tindoxyle. 

l»  —  La  réaction  caractéristiqu(>  de  l'indoxyle  est  sa  transformation  en  indigotine  et 
en  indirubine,  par  oxydation  et  probablement  par  l'intermédiaire  du  stade  instable 
hémiindigotine  (Voir  Propvii'lés  de  l'indoxyle).  Pour  rechercher  l'indoxyle  combiné 
sous  forme  de  chromogènes  dans  l'urine  ou  ailleurs,  il  faut  donc  assurer  à  la  fois  la 
libération  de  l'indoxyle  et  son  oxydation.  Le  premier  résultat  est  obtenu  par  les  acides 
??iin6'raM.r,  de  préférence  HCl,  ou  encore  H^SO*,  ou  même  HAzO''  (mauvais),  employés 
de  préférence  concentrés  et  froids,  ou  même  chauds.  Sauf  J.  Amann  (97),  G.  Grazianf 
[98),  C.  RuzicKA  {9S),  et  quelques  autres,  qui  emploient  H^SO^,  tous  les  auteurs  emploient 
HCI.  Pour  l'oxydation,  on  peut,  soit  se  contenter  de  l'oxygène  atmosphérique,  comme 
le  faisaient  les  anciens  auteurs,  Heller  (4o,  i6,  47),  E.  Schunck  (57),  Th.  A.  Cartek 
{38,  59),  F.  Hoppe-Seyler  (63),  W.  Weber  {78),  soit  ajouter  à  l'acide,  ou  après  son 
action,  une  petite  quantité  d'un  oxydant.  Le  premier  employé  a  été  un  hypochlorite 
de  Ca,  Na,  K  (M.  Jaffé,  70  b),  mais  on  a  bientôt  reconnu  (jue  les  hypochlorites  étaient 
des  oxydants  trop  énergiques,  attaquaient  très  facilement  l'indigotine  et  i'indirubine 
formées,  pour  les  oxyder  en  isatine  de  coloration  jaune  beaucoup  plus  faible,  et  que 
l'emploi  du  moindre  excès  d'hypochlorite  dans  la  réaction  suffisait  à  la  faire  échouer 
pour  cette  raison.  Les  auteurs  récents  qui  ont  conservé  cette  technique  (J.  Gnezda,  02) 
sont  1res  rares,  et  leur  exemple  est  à  ne  pas  suivre.  Nous  en  dirons  autant  en  ce  qui 
concerne  les  hypobromites,  ainsi  que  Vacide  nitrique  chaud  employé  par  Stokvis  (7/). 

On  a  donc  proposé  toute  une  série  d'oxydants  moins  violents  :  le  permanganate 
de  K  (H.  Senator,  77;  0.  Hammarsten,  80),  le  chlorure  ferrique  (E.  Baumaxn  et  F.Tiemann, 
79  b;  F.  Obermayer,  90,  98  a,  98  b;  G.  Grazl\ni,  98;  E.  Wang,  98,  99  a,  99  b,  99  c; 
J.  Boml^,  99,00,  03;  E.  Krauss,  93;  C.  Adrl\.\,  9i;  H.  Strauss,  02;  etc.),  Veau  oxygé- 
née (A.  LouBiou,  97  ;  L.  C.  Maillard,  03  f;  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux,  03;  etc.),  les 
persidfates  alcalins  (J.  Amann,  97 ;  G.  Ruzicka,  98;  A.  Klett,  00;  L.  Rossi,  07 ;  etc.),  le 
chlorate  de  potassium  (C.  Strzyzowski,  01  ;  G.  Denigès,  04;  J.  Daland,  09),  Vacide  osmique 
(A.  GiJRBER,  03),  le  sulfate  de  cuivre  (E.  Salkowski,  08;  T.  Imabuchi,  09).  Tous  ces  oxydants 
présentent  d'ailleurs,  quoique  à  un  degré  moindre  que  les  hypochlorites,  le  danger  de 
pertes  par  suroxydation,  danger  qui,  rédhibitoire  pour  les  dosages,  présente  des  incon- 
vénients sérieux  même  pour  la  recherche  qualitative.  Ils  peuvent  pousser  l'oxydation 
jusqu'au  stade  isatine,  ainsi  que  cela  a  été  démontré  pour  FeCF  (L.  C.  Maillard,  03  f). 
Aussi  faut-il  toujours  les  employer  avec  de  grandes  précautions  et  en  très  petite  quan- 
tité :  les  plus  commodes  paraissent  être  l'eau  oxygénée  (L.  G.  Maillard,  03  f)  et  les  per- 
sulfates  d'ammonium  ou  de  sodium. 

La  formation  des  couleurs  indigotiques  à  partir  de  l'indoxyle  en  présence  de  HCl  et 
d'un  oxydant  est  si  nette  qu'on  a  proposé  réciproquement  d'employer  l'urine,  en  pré- 
sence de  HCl,  pour  déceler  la  présence  d'un  oxydant  (J.  Fayes  et  Vikgili,  09).  Il  faut 
évidemment  se  mettre  en  garde  contre  la  production  des  couleurs  par  HCl  seul. 

La  réaction  étant  produite,  les  anciens  auteurs  se  contentaient  d'observer  la  colora- 
tion bleue  ou  violette  développée  dans  le  liquide,  et  de  recueillir  les  flocons  bleus  ou 
violets  qui  pouvaient  se  précipiter  (M.  Jaffé,  70  b).  Mais  on  eut  l'idée  de  rassembler  la 
matière  colorante  par  agitation  avec  un  dissolvant  non  miscible  à  l'eau.  Déjà  Fordos 
{63,  66)  rassemblait  par  le  chloroforme  (ou  l'éther)  1'  «  urocyanose  »  formée  dans 
l'urine.  Stokvis  (68,  71),  C.  Méhu  {71  a)  employaient  le  chloroforme  (ou  l'éther)  pour 
extraire  la  couleur  indigotique;  l'habitude  a  fait  prévaloir  le  chloroforme,  qui  s'en  em- 
pare en  totalité.  Depuis  lors,  tous  les  auteurs  ont  suivi  cette  technique,  très  satisfai- 
sante. L.  C.  Maillard  {03  /")  y  a  ajouté  le  rejet  du  liquide  de  réaction  et  le  lavage  obli- 
gatoire du  chloroforme  par  agitation  avec  de  l'eau  alcalinisée  par  un  peu  de  soude 


182  INDOL. 

(0,2-1  p.  100)  pour  éliminer  des  matières  acides  dont  la  couleur  jaune  peut  masquer 
la  coloration  bleue  ou  violacée. 

Avec  ce  lavage,  il  n'y  a  plus  à  se  préoccuper,  comme  le  faisait  W,  Michaïlow  [87], 
de  débarrasser  au  préalable  l'urine,  par  saturation  au  sulfate  d'ammonium  et  épuise- 
ment répété  par  l'éther  acétique,  de  l'urobiline  qu'elle  pourrait  contenir  en  proportion 
gênante. 

Enfin,  si  l'on  veut  que  la  réaction  ait  quelque  délicatesse,  il  faut  débarrasser  le 
liquide  (l'urine)  d'une  série  de  matières  organiques  normales  ou  anormales  (albumine), 
qui  gêneraient  l'oxydation,  ou  qui  par  leur  précipitation  (acide  urique)  viendraient 
gêner  l'extraction  chloroformique.  Dans  ce  but,  L.  C.  Maillard  (03  f)  préconise  la 
défécation  par  le  sous-acétate  de  plomb,  déjà  employé  par  J.  Bouma  [00)  et  préférable 
à  l'acétate  employé  par  E.  Wang  {99  a).  Voici  la  technique  de  (..  C.  Maillard  [03  f), 
qu'il  convient  de  suivre  h  la  lettre. 

Recherche  de  l'indoxyle.  Procédé  Maillard.  —  A  50  centimètres  cubes  d'urine  on  ajoute 
K  centimètres  cubes  de  sous-acétate  ^formule  du  Codex),  on  agite  et  on  filtre.  Dans  un 
tube  à  essai  on  mêle  parties  égales  de  filtrat  et  de  HCI  pur,  avec  2-3  centimètres  cubes 
de  chloroforme,  et  en  ayant  soin  de  laisser  en  haut  du  tube  une  longueur  de  2  cen- 
timètres pour  l'air.  On  agite  très  violemment  et  on  laisse  retomber  le  chloroforme,  qui 
se  rassemble  presque  instantanément.  Si  le  chloroforme  n'est  pas  coloré,  on  ajoute 
goutte  à  goutte  de  l'eau  oxygénée  étendue  diluer  10  fois  l'eau  oxygénée  commerciale 
à  10-12  volumes),  en  ayant  soin  d'agiter  à  chaque  addition  pour  observer  la  coloration 
du  chloroforme  :  c'est  ainsi  qu'on  atteindra  le  maximum  de  sensibilité.  Avec  une 
pipette  munie  d'un  caoutchouc,  on  aspire  la  partie  aqueuse  et  on  la  remplace  parNaOH 
à  1  p.  100.  On  agite  et  on  laisse  reposer.  Si  le  chloroforme  est  coloré  en  bleu,  violet, 
pourpre,  rouge,  toute  la  matière  colorante  est  d'orif^ine  indoxylique. 

Il  peut  arriver  qu'on  ait  à  rechercher  l'indoxyle  dans  une  urine  contenant  des 
iodures  ou  des  bromures.  On  sait  que  l'addition  d'un  acide  et  d'un  oxydant  libère  I  ou 
Br,  qui  passent  en  solution  dans  le  chloroforme.  D'autre  part  la  coloration  d'une  solu- 
tion chloroformique  d'iode  est  presque  rigoureusement  la  même  que  celle  d'une  solu- 
tion chloroformique  d'indirubine,  et  dans  le  cas  où  l'urine  contient  un  iodure,  l'oxyda- 
tion de  HI  détourne  à  son  profit  une  notable  partie  de  l'oxydant  disponible,  ralentit 
l'oxydation  de  l'indoxyle,  et,  par  le  mécanisme  que  nous  avons  déjà  vu,  fait  prédominer 
l'indirubiiie  dans  le  produit  final.  Il  est  donc  nécessaire  de  savoir  distinguer  la  part 
respective  qui  revient  à  l'indirubine  et  à  l'iode  dans  la  coloration  pourprée  du  chloro- 
forme. On  recommandait  autrefois  (Re.nault,  88\  S.  H.  Frenkel  et  M.  Frenkel,  96; 
A.  KûHN,  0/;  W.  KoLLO,  01  ;  B.  Henurix,  0/)  de  laver  le  chloroforme  par  agitation 
avec  de  l'eau  contenant  un  peu  d'hyposulfite  de  Na,  pour  détruire  l'iode  et  ne  laisser 
que  la  coloration  due  aux  couleurs  indigotiques.  Mais,  lorsqu'on  a  soin  de  suivre  le 
procédé  de  recherche  de  L.  C.  Maillard,  avec  lavages  à  la  soude  étendue,  ces  lavages 
suffisent  parfaitement  à  éliminer  tout  l'iode  et  l'hyposulfite  est  superfiu  :  L.  C.  Mail- 
lard {03  f)  s'en  est  assuré  directement  sur  des  urines  contenant  10  grammes  de  Kl 
par  litre.  Bertault  {02,)  recommandait  déjà  de  laver  par  KOH  le  chloroforme  obtenu 
dans  les  urines  iodées;  mais,  comme  il  attribue  toujours  à  l'iode  la  coloration  violette 
et  ignore  ainsi  l'indirubine,  et  considère  comme  fréquentes  les  urines  sans  »  indican  » 
alors  qu'on  ne  les  rencontre  pratiquement  jamais,  les  observations  de  cet  auteur  ne 
sauraient  être  prises  en  considération. 

La  recherche  de  l'indoxyle  peut  être  encore  troublée  par  une  foule  de  matières 
étrangères,  non  seulement  les  albumines,  l'urobiline,  les  pigments  biliaires,  etc.,  mais 
même  certaines  substances  plus  rares,  telles  que  le  chromogène  que  contient  l'urine 
dans  les  cas  de  mélanosarcome  (Ganghofner  et  Przibram,  77);  dans  presque  toutes  les 
circonstances,  la  défécation  plombique  permettra  la  recherche. 

2°  —  Une  autre  réaction  très  sensible  de  l'indoxyle  est  basée  sur  la  formation  des 
indogénides  avec  les  corps  aldéhydiques  ou  cétoniques,  en  présence  d'agents  de  con- 
densation (HCI  chaud  de  préférence;.  Le  corps  cétonique  le  plus  employé  dans  ce  but' 
est  précisément  Visatitie,  dont  l'union  avec  l'indoxyle  produit  de  l'indirubine  et  de 
l'indigotine  :  en  milieu  chlorhydrique  chaud  il  se  produit  exclusivement  de  l'indirubine, 
pour  les  raisons  découvertes  par  L.  C.  Maillard  {03  f)  et  que  nous  avons  exposées  au 


INDOL.  183 

paragraphe  Propriétés  de  l'indoxyle.  Découverte  par  A.  Ru'.veii  (83),  cette  réaction  a 
été  appliquée  par  M.  W.  Beijerinck  [00  b)  à  la  recherche  de  l'indoxyle  chez  les  végé- 
taux, par  J.  BouMA  (01),  !..  C.  Maillard  {03  f,  08  b,  10),  Cii.  Ukrvieux  (08),  etc.,  à  la 
recherche  et  au  dosage  de  l'indoxyle  dans  l'urine  de  l'honime  et  des  animaux. 

Il  est  indispensable,  pour  la  formation  exclusive  de  l'indirubine,  que  l'indoxyle  soit 
en  faible  proportion  vis-ù-vis  des  substances  oxydables  du  milieu,  suivant  la  loi  de 
L.  C.  Maillard.  C'est  ce  qui  a  lieu  naturellement  dans  l'urine  humaine  par  exemple  ; 
mais,  lorsque  le  milieu  est  riche  en  indoxyh»,  on  a  toujours  aussi  de  l'indigotine,  soit 
dans  les  synthèses  industrielles  (L.  C.  Maillard,  03  f),  soit  dans  les  urines  très  riches 
en  indoxyle  (Ch.  Hervieux,  08)  :  aussi  doit-on  diluer  celles-ci. 

Pour  exécuter  la  recherche  de  l'indoxyle  par  l'isatine,  on  ajoute  à  l'urine  son 
volume  de  HCl  pur  commercial  qui  contient  par  litre  une  petite  quantité  d'isatine  : 
0  8',  1-0^%  2  d'isatine  par  litre  suffisent  généralement  pour  l'urine  humaine  ;  si  l'on  a 
affaire  à  des  liquides  très  riches,  on  pourra  prendre  1-2  grammes  de  celle-ci  par  litre 
de  HGl,  mais  il  vaut  mieux  diluer  le  liquide  pour  éviter  la  formation  d'indigotine.  On 
chaulTe  le  mélange  au  bain-marie  pendant  1  heure;  on  laisse  refroidir,  puis  on  épuise 
par  le  chloroforme  le  liquide,  ainsi  que  le  dépôt  qui  a  pu  se  former.  On  ne  doit  pas 
oublier  de  laver  à  la  soude  étendue  la  solution  chloroformique  :  la  couleur  rouge  restante 
est  l'indirubine. 

Dans  cette  réaction,  la  moitié  seulement  de  l'indirubine  provient  de  l'indoxyle, 
l'autre  moitié  de  la  molécule  étant  apportée  par  l'isatine.  La  réaction  de  copulation  est 
donc  plus  sensible  que  la  réaction  d'oxydation  ;  on  peut  se  demander  si  elle  ne  le  serait 
pas  trop.  On  a  fait  remarquer  déjà  (L.  G.  Maillard,  03  f)  qu'il  n'est  peut-être  pas 
très  prudent  de  prendre  comme  léactif  un  corps  possédant  le  même  noyau  que  celui 
qu'on  recherche,  et  que  peut-être  certaines  circonstances  pourraient  fournir  de  l'indi- 
rubine aux  dépens  de  l'isatine  elle-même  ?  Jusqu'ici  rien  n'est  venu  montrer  que  cette 
défiance  fût  fondée  en  fait.  En  revanche,  il  a  été  avancé  (Ch.  Porcher,  07  b)  que  l'indi- 
rubine peut  se  former  par  réaction  de  l'isatine  avec  certains  chromogènes  provenant 
des  homologues  de  l'indol  et  différents  de  l'indoxyle  :  si  le  fait  est  exact,  la  réaction  ;i 
l'isatine  pourrait  faire  croire  à  la  présence  de  l'indoxyle  là  oii  existent  seulement  des 
dérivés  du  skatol  par  exemple.  La  réaction  à  l'isatine  n'est  donc  pas  peut-être  d'une 
valeur  absolue  :  là  où  elle  manque,  il  n'y  a  certainement  pas  d'indoxyle,  mais  là  où  elle 
se  produit,  on  fera  bien  de  contrôler  par  la  réaction  d'oxydation, 

30  —  Parmi  les  autres  corps  aldéhydiques  capables  de  fournir  des  réactions  avec 
l'indoxyle,  et  qu'on  peut  concevoir  en  nombre  illimité,  on  a  utilisé  le  furfurol  (E.  Nico- 
las, 06  a).  L'urine  est  additionnée  de  quelques  gouttes  d'une  solution  aqueuse  con- 
centrée ou  alcoolique  de  furfurol,  puis  de  son  volume  de  HCl;  elle  prend  une  teinte 
jaune  plus  ou  moins  foncée.  On  ajoute  un  peu  de  chloroforme,  de  benzène,  ou  mieux 
de  sulfure  de  carbone,  et  on  renverse  le  tube  plusieurs  fois  sans  agiter  :  le  dissolvant 
se  sépare  avec  une  teinte  jaune  plus  ou  moins  accentuée,  accompagnée  d'une  fluores- 
cence verte.  Dans  les  urines  qui  contiennent  des  conjugués  glycuroniques  en  quantité 
appréciable,  et  même  dans  les  urines  normales,  qui  en  contiennent  toujours  un  peu, 
on  obtient  la  réaction  sans  furfurol,  tout  simplement  en  chauffant  l'urine  avec  son 
volume  de  HCl  qui  réagit  sur  l'acide  glycuronique  pour  former  du  furfurol  (E.  Nicolas, 

06  b). 

40  —  X  propos  des  réactions  de  l'indoxyle,  signalons  qu'on  a  voulu  chercher  dans  ce 
corps  la  cause,  alors  inconnue,  de  la  diazoréaction  d'EHRLicH  dans  les  urines  (L.  Mon- 
FET,  03  c,  03  d).  C'était  une  erreur,  ainsi  que  fa  démontré  L.  C.  Maillard,  03  k,  03  l). 
La  cause  de  la  diazoréaction  d'EHRucH  a  d'ailleurs  été  trouvée  depuis  dans  l'acide  alloxy- 
protéique  (Dombrowsky,  Bondzinsky  et  Panek,  0^). 

H.  Dosage  de  l'indoxyle.  —  Les  anciens  auteurs,  Heller,  E.  Schunck,  Tu.  A.  Car- 
ter, F.  Hoppe-Seyler,  ne  dosaient  pas  l'indoxyle  urinaire.  Ne  sachant  pas  même  le 
rechercher  avec  précision,  ils  se  contentaient  de  faire  agir  sur  l'urine  les  acides  miné- 
raux, et  d'observer  si  le  liquide  prenait  une  coloration  rouge,  violette  ou  bleue  plus  ou 
moins  intense.  Outre  que  les  matières  rouges  ainsi  formées  sont  en  très  grande  partie 
étrangères  au  groupe  indoxylique,  et  qu'elles  peuvent  masquer  la  coloration  bleue,  il 
est  superflu  d'insister  sur  ce  que  ce  procédé  a  de  primitif,  déjà  pour  la  recherche,   à 


184  INDOL. 

plus  forte  raison  pour  l'évaluation  quantitative  de  l'indnxyle.  C'est  à  peu  près  de  la 
môme  façon  qu'opérait  plus  tard  W.  Wkuer  (78),  sauf  qu'il  chauffait  le  mélange  d'urine 
et  de  HCl,  et  rassemblait  ensuite  par  l'éther  la  couleur  violette  ou  rouge  formée.  Ce 
procédé  était  en  somme  celui  qu'a  préconisé  plus  tard  0.  Rosenbach  {89  a)  dans  sa  réac- 
tion «  rouge-bourgogne  »  des  urines,  où  H.  Rosin  [91)  a  parfaitement  démêlé  la  part 
de  l'indirubine.  Les  tentatives  véritables  de  dosage  ne  commencent  qu'avec  l'applica- 
tion régulière  de  la  méthode  d'oxydation. 

i>  —  Méthode  d'oxydation.  —  La  première  tentative  pour  réaliser  un  véritable  dosage 
de  l'indoxyle  (alors  appelé  indican  urinaire),  est  due  à  M.  Jafké  (70  6).  Elle  est  le  point 
de  départ  de  toute  une  série  de  techniques,  variables  dans  les  détails,  mais  se  ramenant 
toutes  au  traitement  de  l'urine  par  son  volume  d'acide  chlorliydrique  et  une  petite 
quantité  d'un  oxydant.  L'oxydant  fut  d'abord  un  liypochlorite  :  hypochlorite  de 
sodium,  de  potassium,  chlorure  de  chaux.  M.  Jakfé  (70  b),  après  avoir  ajouté  à  l'urine 
son  volume  de  HGI,  et  sans  chauffer,  y  verse  goutte  à  goutte  la  solution  de  chlorure  de 
chaux,  en  agitant  chaque  fois,  jusqu'à  ce  qu'il  pense  avoir  obtenu  le  maximum  de 
coloration  bleue  ou  violette.  On  attend  la  précipitation  en  flocons  de  l'indigo  formé, 
et  on  le  recueille  sur  liltre  taré.  Pour  éliminer  la  grande  quantité  de  matières  étran- 
gères de  toute  nature  qui  se  déposeraient  en  même  temps,  acide  urique,  matières 
brunes,  etc.,  M.  Jaffk  prépare  d'abord  un  extrait  alcoolique  de  1  500  centimètres  cubes 
d'urine,  auquel  il  applique  son  procédé.  Outre  la  nécessité  d'opérer  sur  une  quantité 
d'urine  très  grande  pour  obtenir  un  dépôt  accessible  à  la  pesée,  le  piocédé  à  l'hypo- 
chlorite  entraîne  des  perles  considérables  par  suroxydation  en  isatine. 

Des  auteurs  plus  récents  ont  cherché  à  éviter  celte  perte  par  suroxydation,  en 
employant  un  oxydant  moins  brutal,  qu'ils  ont  cru  trouver  dans  VeCV.  Fn.  Obermaver 
{98  a,  98  b),  défèque  l'urine  par  l'acétale  de  plomb,  puis  l'additionne  de  son  volume  de 
HCl  tenant  en  solution  par  litre  3  grammes  de  FeCP;  il  extrait  par  le  chloroforme,  à 
plusieurs  reprises,  la  couleur  formée,  puis  évapore  le  chloroforme.  Il  «  purilie  »  le 
résidu  par  l'alcool  chaud,  qui  laisse  bien  la  majeure  partie  de  l'indigoline,  mais  enlève 
toute  l'indirubine,  que  Fh.  Obichmayer  considérait  comme  une  impureté!  Ce  détail  suffit 
à  juger  le  procédé.  Simultanément  et  indépendamment,  E.  Wang  [98}  parvenait  au 
même  procédé,  sauf  qu'il  ne  purifiait  pas  l'extrait  chloroformique  •  il  conservait  donc 
des  impuretés,  mais  au  moins  il  ne  rejetait  pas  l'indirubine.  Malheureusement,  sous  la 
pression  de  Fr.  Obermaver  !99),  E.  Wang  {99  b)  se  mit  lui  aussi  à  «  purifier  »  l'extrait 
chloroformique  par  un  mélange  d'eau,  d'alcool  et  d'éther,  et  persista  dans  cette  erreur 
{99  c)  qui  perd  l'indirubine  et  enlève  toute  valeur  au  dosage. 

(Cependant  J.  Bol'ma  i9.9,  00  c),  reconnaissant  l'origine  indoxylique  des  matières 
rouges  et  brunes  de  l'exlrait  chloroformique,  a  soin  de  les  conserver,  et  ne  lave  plus  le 
résidu  qu'à  l'eau  chaude  pour  enlever  d'autres  impuretés.  A.  Ellinger  (OS  d)  adopte  à 
peu  près  le  même  procédé. 

Ce  procédé  présente  malheureusement  deux  graves  imperfections.  En  premier  lieu 
l'emploi  du  chlorure  ferrique  détermine  une  perte  par  suroxydation  en  isatine,  perte 
qui  peut  être  considérable  si  le  réactif  d'OBERMAVER  contient  des  dérivés  chlorés  formés 
par  action  de  FeCH  sur  HCl  à  la  lumière  (L.  C.  Maillard,  Oi).  Il  est  vrai  que  A.  Ellinger 
{03  a)  a  publié  une  série  de  contrôles  numériques  d'où  résulte  que  la  perle  est  à  peu 
près  constante  et  qu'on  peut  la  corriger  en  ajoutant  au  résultat  1/6  de  la  valeur  trouvée. 
On  ne  peut  cependant  accorder  grande  confiance  à  cette  correction,  car  la  perte  est 
d'autant  plus  grande  que  l'acide  indoxylsulfurique  est  plus  pur  et  plus  dilué,  et  on  voit 
des  cas  de  perte  totale  ?>uv  des  solutions  pures  (L.  C.  Maillard,  03  f).  De  plus,  il  vaut 
mieux  chercher  à  perfectionner  une  méthode,  qu'à  compenser  par  le  calcul  une  erreur 
toujours  inconnue. 

En  second  lieu,  le  chloroforme  décanté  et  filtré,  malgré  sa  limpidité  et  sa  belle 
apparence,  est  impur.  II  cède  à  l'eau  d'abord,  puis  à  l'eau  alcaline,  des  matières  brunes 
et  jaunes  qui  sont,  elles,  de  véritables  impuretés,  et  qui,  après  la  dissolution  dans 
H^SOS  réduisent  le  permanganate.  Il  est  vrai  que  J.  Bouma  [99)  lave  ensuite  à  l'eau  chaude 
le  résidu  de  distillation  du  chloroforme;  mais  cette  opération  ne  suffit  pas  à  enlever 
les  impuretés,  retenues  très  énergiquement  emprisonnées  dans  les  parcelles  solides 
du  résidu  (L.  C.  Maillard,  03  f). 


INDOL.  185 

Aussi  L.  C.  Maillard  {03  f)  juge-t-il  nécessaires  Irois  perfectionnements  : 

1°  Se  contenter,  pour  oxyder  la  portion  de  l'indoxyle  qui  ne  s'oxyde  pas  spontané- 
ment, d'ajouter  peu  à  peu  et  avec  prudence  de  l'eau  oxyi,'t''née  diluée. 

2°  Laver  par  NaOU  ;i  d  p.  100  la  solution  cliloroformi(iue,  ce  qui  élimine  radicale- 
ment toutes  les  matières  étrangères  (pliénols,  acides  et  oxyacides  aromatiques,  etc.)  et 
laisse  les  couleurs  indigotiques  en  état  de  pureté  absolue. 

3"  Faire  ce  lavage  alcalin  aussitôt  que  possible  afin  d'arrêter  la  transformation  en 
indirubine  et  de  fixer  la  plus  grande  partie  possible  du  produit  à  l'état  d'indigotine,  ce 
qui  a  des  avantages  pour  le  titrage  ultérieur. 

En  effet,  tous  les  auteurs  cités  (Fr.  Oueumayer,  E.  Wang,  J.  Bouma,  A.  Ellinger, 
L.  G.  Maillard),  une  fois  obtenu  l'extrait  chloroformique  sec,  le  reprennent  par  H'-SO* 
concentré  qui  transforme  les  couleurs  indigotiques  en  leurs  dérivés  sulfonés  solubles 
dans  l'eau.  La  solution  aqueuse  est  alors  titrée  par  KMnOS  qui  transforme  les  dérivés 
sulfonés  de  l'indigotine  et  de  l'indirubine  en  dérivés  sulfonés  de  l'isatine.  Pour  l'indi- 
gotine,  l'oxydation  a  lieu  à  froid  :  la  teinte  bleue  disparaît  de  la  solution,  qui  ne 
conserve  qu'une  teinte  rose  due  à  l'indirubine  (et  non  à  KMnO'^j.  Il  faut  alors 
chauffer  vers  TS^-SO**  :  à  son  tour  l'indirubine  sulfonée  est  oxydée  par  KMnO^  et  la 
teinte  rose  disparait  peu  à  peu,  laissant  place  à  un  liquide  jaune  pâle(isatine  sulfonée). 
Si  on  continuait,  l'oxydation  aboutirait  encore  à  l'acide  anthranilique,  et  c'est  seule- 
ment plus  tard  qu'on  verrait  reparaître  la  teinte  rose  du  permanganate. 

La  réaction  a  lieu  suivant  l'équation  : 

5  C32H-!0AziOi  +  8  KMnOi  +  12  H^SO*  =  20  CSH^AzO^  +  4  K2S0*  +  8MnS0*  +  12  H^O 
Indig-otine.  Isatine. 

Indirubine. 

On  emploie  du  permanganate  à  3  grammes  par  litre,  titré  par  rapport  à  l'acide 
oxalique  d'après  l'équation  : 

2  KMnOi  +  5  C^OiR^  +  3  H2S0*  =  2  MiiSO*  +  K2S0*  +  10  C02  +  8  H20 

qui  se  conserve  bien  et  qu'on  dilue  40  fois  pour  l'emploi. 

Voici,  en  résumé,  la  technique  à  recommander  (L.  C.  Maillard,  03  f)  : 
Dosage  de  Vindoxyle.  Procédé  Maillard.  —  Faire  d'abord  un  essai  qualitatif,  d'après 
le  pi'océdé  indiqué  plus  haut  [Recherche  de  Vindoxyle.  Procédé  Maillard)  :  le  résultat 
permettra  d'estimer  la  quantité  à  mettre  en  œuvre.  Pour  des  urines  ordinaires  pré- 
lever 700  centimètres  cubes;  pour  des  urines  plus  riches,  350  centimètres  cubes;  pour 
des  urines  plus  riches  encore,  une  quantité  variable,  qu'on  estimera,  mais  l'étendre 
à  3bO  centimètres  cubes.  Additionner  les  700  centimètres  cubes  de  70  centimètres 
cubes  de  sous-acétate,  ou  les  350  centimètres  cubes  de  35  centimètres  cubes  de 
sous-acétate;  agiter,  filtrer.  Introduire  dans  un  entonnoir  à  robinet  de  2  litres,  550  cen- 
timètres cubes,  ou  dans  un  entonnoir  de  1  litre,  275  centimètres  cubes  du  fil- 
trat, avec  50  centimètres  cubes  de  chloroforme.  Verser  550  centimètres  cubes,  ou 
275  centimètres  cubes,  de  HCl  pur;  agiter  violemment  pendant  quelques  minutes, 
décanter  le  chloroforme,  et  le  remplacer  tant  qu'il  se  colore.  A  ce  moment  ajouter 
successivement  1,  2,  3...  gouttes  de  H-0-,  et  parfaire  l'extraction.  Réunir  tout  le  chloro- 
forme, décanter,  filtrer.  Laver  3-4  fois  par  2  volumes  au  moins  d'eau  distillée,  filtrer. 
Laver  2-3  fois  avec  XaOH  à  1  p.  100,  filtrer.  Laver  3  fois  à  l'eau  distillée,  décanter  très 
exactement  en  passant  sur  filtre  sec.  Distiller  dans  un  petit  ballon  au  bain-marie, 
dessécher  le  résidu  en  soufflant  à  l'aide  d'un  tube  au  fond  du  ballon  chaud.  Verser  sur^ 
le  résidu  10  centimètres  cubes  de  H-SO*  pur,  et  abandonner  pendant  1  heure  vers 
60-80°.  Verser  doucement,  en  agitant,  dans  1/2  litre  d'eau  dans  un  vase  de  Bohême; 
ajouter  les  lavages  du  ballon.  Avoir  du  KMnO^  à  3  grammes  par  litre  environ,  exacte- 
ment titré  à  l'acide  oxalique.  En  prendre  5  centimètres  cubes,  diluer  à  200  centimètres 
cubes,  remplir  une  burette.  Verser  dans  la  solution  du  sulfoné,  jusqu'à  disparition  du 
bleu.  Porter  le  liquide  à  80°,  continuer  l'addition  de  KMnO*,  jusqu'à  disparition  de  toute 
trace  rouge  dans  le  liquide  jaunâtre.  E.xprimer  les  résultats  en  indoxyle,  et  pour  cela 
multiplier  par  1,0556  le  poids  d'acide  oxalique  cristallisé  (C-0*H-,2H'0)  qu'oxyderait  le 
KMnO*  versé.  Rapporter  le  résultat  au  litre,  en  multipliant  par  2  ou  i)ar  4,  et,  s'il  y  a 
lieu,  par  le  chiffre  de  dilution  de  l'urine. 


186  INDOL. 

Il  n'est  pas  prouvé  que,  môme  avec  la  technique  de  L.  C.  Maillard,  la  inc'thode 
d'oxydation  donne  des  résultats  absolument  exacts,  car  il  est  extrêmement  difficile, 
pour  ne  pas  dire  impossible,  de  transformer  exactement  tout  l'indoxyle  en  indigotine  et 
indirubine,  sans  la  moindre  perte.  La  méthode  doit  ôtre  légèrement  erronée  par 
défaut,  mais  sans  que  l'erreur  soit  grande.  En  tout  cas,  c'est  la  technique  de  !..  C. 
Maillard  qui  donne  des  résultats  supérieurs  à  ceux  de  toutes  les  autres  variantes  de  la 
méthode.  E.  Salkowsei  {04)  reconnaît  cette  technique  «  a  priori  très  appropriée  au 
but  ».  P.  Grosser  {05)  fait  remarquer  que  le  procédé  Wang  (lavage  au  mélange 
eau  +  alcool  +  éther)  fait  perdre  non  seulement  les  matières  brunes  et  rouges,  mais 
même  une  quantité  non  négligeable  de  matière  bleue;  que  le  procédé  Elllnger  fournit 
souvent  un  sulfoné  impur  de  ton  vert-olive;  et  que  seul  le  procédé  Maillard  conduit 
toujours  à  un  sulfoné  bleu  pur.  Au  point  de  vue  de  la  supériorité  des  chiffres,  voici, 
par  exemple,  des  comparaisons  dues  à  R.  Camacho  {06)  : 

Quantité  d'indoxyle,  déterminée  d'après 

Urines.  Obermaykk  \Vang-Bou.ma  Maillard 

N"  1 0,0096  0,0099  0,0128 

N"  2 0,0102  O.OllG  0,0119 

N»  3 0,0098  0,0107  0,0110 

N°  4 0,0297  0,0294  0,0310 

Il  est  évident  que  pour  l'extraction  chloroformique,  on  doit  employer  un  chloro- 
forme exempt  d'impuretés  capables  de  rester  dans  le  résidu  d'évaporation  et  de 
réduire  le  permanganate.  Or  le  chloroforme  livré  aux  laboratoires  contient  toujours 
de  ces  impuretés,  qui  peuvent  amener  une  erreur  de  100  p.  100  ou  même  davantage 
(L.  C.  Maillard  et  A.  Rang,  06  a).  Ce  chloroforme  doit  être  agité  h  plusieurs  reprises  avec 
1/20  à  1/50  de  son  volume  de  H^SO^  pur,  qu'on  remplace  tant  qu'il  se  colore;  le  chloro- 
forme est  lavé  3  fois  |)ar  agitation  avec  2  volumes  de  NaOH  à  1  p.  100,  puis  3  fois  par 
2  volumes  d'eau.  On  décante  avec  soin,  en  passant  sur  filtre  sec,  et  on  distille  len- 
tement dans  un  ballon  tubulé  muni  d'un  bouchon  de  verre  (L.  C.  Maillard  et  A.  Rang, 
06  6). 

Lorsqu'on  opère  convenablement,  le  titrage  au  permanganate  possède  une  sensibi- 
lité qui  permet  d'admettre  avec  certitude  le  chiffre  des  dixièmes  de  milligramme 
d'indoxyle  (L.  C.  Maillard  et  A.  Rang,  06  c). 

Les  procédés  de  titrage  que  nous  venons  de  décrire  reposent  sur  la  sulfonation  des 
couleurs  indigotiques  extraites.  On  avait  proposé  de  les  soumette  à  la  nitration  par 
HAzO^  en  présence  de  H-SOS  ce  qui  donne  de  l'acide  picrique  qu'on  pourrait  évaluer 
colorimétriquement  sous  forme  de  picrate  d'ammonium  (L.  Monfet,  0.':^  6).  Mais  le  picrate 
d'ammonium  possédant  une  coloration  bien  plus  faible  que  la  quantité  correspondante 
de  couleurs  indigotiques,  on  perdrait  beaucoup  en  sensibilité;  de  plus  il  est  loin  d'être 
prouvé  que  la  transformation  en  acide  picrique  soit  intégrale  :  aussi  L.  C.  Maillard 
{03  m)  conclut-il  fermement  au  rejet  de  la  méthode  de  nitration. 

On  avait,  d'autre  part,  essayé  autrefois  de  déterminer  directement  dans  l'urine, 
sans  extraction,  la  quantité  d'indigotine  formée  par  oxydation,  en  déterminant  la 
quantité  d'oxydant  nécessaire  pour  l'oxyder  entièrement  en  isatine.  Par  exemple 
G.  Sander  {93)  prend  4  centimètres  cubes  d'urine,  2  centimètres  cubes  de  HCl  et 
0,23  centimètres  cubes  de  chloroforme,  puis  il  ajoute,  goutte  à  goutte,  une  solution  de 
chlorure  de  chaux  à  5  p.  100  en  agitant  longtemps,  jusqu'à  ce  que  la  couleur  bleue 
disparaisse.  Le  nombre  ée  gouttes  employées  lui  sert  d'échelle  approximative.  Plus 
récemment  Wolowski  (0/)  décrit  avec  un  luxe  de  détails  opératoires  qui  donne  à  un  sim- 
ple essai  la  complication  d'une  véritable  analyse,  un  procédé  presque  identique.  Il  ne 
diffère  du  précédent  qu'en  ce  que  l'addition  successive  des  gouttes  oxydantes,  au  lieu 
de  se  faire  dans  le  même  tube,  se  fait  sur  une  série  d'échantillons  juxtaposés.  On 
note  le  nombre  de  gouttes  qui  correspond  au  maximum  de  coloration  :  l'échelle  est 
formée  d'unités,  de  décimales,  etc.,  suivant  qu'on  emploie  des  solutions  oxydantes  de 
telle  ou  telle  concentration.  Ce  procédé,  fort  compliqué,  a  juste  la  valeur  de  la  vieille 
technique,  si  simple,  de  Jaffé. 

Ce  mode  opératoire  paraît  avoir  été  réinventé  par  de  nombreux  auteurs,  soit  que 


INDOL.  187 

ceux-ci  aient  proposé  tout  simplement  les  liypochlorites,  soit  qu'ils  aient  préféré  l'eau 
dft  chlore,  l'eau  de  brome,  les  hypobromites.  Tous  ces  procédés  ont  ceci  de  commun, 
que  l'oxygène  fourni  par  le  réactif  esl  employé,  un  peu  par  l'indigo,  et  beaucoup  par 
les  autres  matières  oxydables  de  l'urine  :  on  juge  de  leur  valeur. 

Les  résultais  sembleraient,  a  priori,  pouvoir  être  meilleurs  si  on  a  soin  de  séparer 
d'abord  les  couleurs  indigotiques  par  le  chloroforme,  soit  après  traitement  par  HGl  en 
présence  de  FeCl^  (A.  Gilbert  et  E.  Weil,  00),  soit  mieux  encore  après  extraction  com- 
plète et  lavage  alcalin  suivant  la  technique  Maillard  (Mennechet,  09).  Mais  en  suppo- 
sant même  que  la  solution  chloroforraique  soit  correctement  préparée,  le  titrage  par 
l'addition  d'hypobromite  est  très  hasardeux,  parce  qu'on  a  rarement  sous  la  main  une 
solution  titrée  d'hypobromite,  parce  que  la  tin  de  la  réaction  est  difficile  ou  impossible 
à  voir,  parce  qu'enfin  l'oxydation  des  couleurs  de  la  solution  chloroformique  est  loin 
de  se  faire  régulièrement.  A.  Gilbert  et  E.  Weil  [00)  avaient  vu  déjà  que  la  solution 
chloroformique  fraîche  se  décolore  bien  plus  facilement  qu'une  solution  ancienne  ou 
qu'une  solution  d'indigo  commercial  :  l'existence  des  polymères  de  L.  G.  Maillard 
nous  en  donne  la  raison.  Nous  ne  saurions  donc  trop  conseiller  de  renoncer  à  ,ces 
techniques  prétendues  ((  simplifiées  »,  qui  font  perdre  toute  valeur  au  dosage  sans  faire 
gagner  beaucoup  de  temps. 

Enfin  on  a  cherché  à  soumettre  la  solution  chloroformique  bleue,  obtenue  par  le 
procédé  à  l'hypochlorite  de  Jaffé-Stokvis,  soit  à  la  colorimétrie  simple  (E.  Salkowski, 
76  a,  76  b;  H.  Senator,  77;  E.  Bauer,  05),  soit  à  la  spectrophotoméirie  (K.  Vierordt,  73, 
74,  75,  76,  78;  Fr.  Mùller,  86;  G.  Krûss  et  H.  Krûss,  91),  en  comparant  la  teinte  du 
chloroforme  extrait  avec  celle  de  solutions  types  d'indigotine  dans  le  chloroforme,  de 
teneur  connue.  Malheureusement  cette  colorimétrie  se  fait  sur  des  échantillons  soumis 
à  des  pertes  considérables,  à  cause  de  l'hypochlorite. 

Avec  le  procédé  Obermayer  au  chlorure  ferrique,  les  pertes  sont  moins  considérables 
et  la  solution  chloroformique  obtenue  s'écarte  moins  du  maximum  réel.  E.  Krauss(53), 
G.  Adrian  {94),  et  d'autres,  l'ont  utilisée  pour  une  comparaison  avec  une  solution  chlo- 
roformique d'indigotine  à  titre  connu  :  les  deux  liquides  sont  placés  dans  des  vases  de 
même  forme  et  de  même  calibre,  puis  dilués  de  telle  façon  qu'on  arrive  à  des  teintes 
identiques.  Il  est  facile  de  calculer  le  rapport  de  la  solution  étudiée  à  l'étalon.  Plus  tard 
H.  Strauss  (Oi!)  régla  les  détails  de  la  comparaison  colorimétrique.  Malheureusement  tous 
ces  procédés  ont  encore  comme  défaut  commun  une  perte  sérieuse  par  suroxydation. 

Si  enfin  on  emploie  la  technique  Maillard,  celle  qui  comporte  le  minimum  de 
pertes,  le  produit  obtenu  renferme  généralement  assez  d'indirubine  pour  communiquer 
au  chloroforme  une  nuance  violette  qui  rend  difficiles  ou  même  impossibles  les  compa- 
raisons colorimétriques.  Il  vaut  donc  mieux  renoncer  à  la  colorimétrie,  et  s'en  tenir  à  la 
sulfonation  suivie  du  titrage  au  permanganate. 

2"  —  Méthode  de  copulation.  —  Cette  méthode  repose  sur  la  production  d'indirubine 
au  moyen  de  l'indoxyle  de  l'urine  et  de  l'isatine  ajoutée  comme  réactif,  dans  les  condi- 
tions que  nous  avons  vues  à  propos  des  Réactions  et  recherche  de  l'indoxyle.  L'avantage 
de  cette  méthode  est  que,  si  l'urine  n'est  pas  trop  riche  en  indoxyle,  et  si  on  emploie 
une  solution  assez  riche  en  isatine  en  chauffant  suffisamment,  on  obtient  finalement 
une  solution  chloroformique  d'indirubine  pure,  sans  indigotine,  c'est-à-dire  de  nuance 
franche  et  se  prêtant  bien  à  la  colorimétrie. 

Effectivement,  dans  le  cas  où  on  emploie  la  méthode  de  copulation,  il  n'est  pas  à 
recommander  de  sulfoner  la  couleur  et  de  titrer  au  permanganate,  car  l'oxydation  par 
KMnO*  de  l'indirubine  sulfonée  est  pénible,  et  donnerait  des  erreurs  que  la  patience  et 
l'habileté  de  l'analyste  ne  suffiraient  peut-être  pas  toujours  à  éviter.  Au  contraire  la  colo- 
rimétrie est  commode  :  J.  Bouma  (0/)  la  réalise  en  comparant  la  solution  chloroformique, 
placée  dans  un  tube,  avec  une  échelle  de  tubes  contenant  une  série  dé  solutions  chloro- 
formiques  d'indirubine  pure  à  des  titres  connus.  On  peut  évidemment  réaliser  la  colo- 
rimétrie par  tout  autre  dispositif,  par  exemple  au  colorimètre  Dubosgq  (L.  G.  Maillard, 
10),  ou  au  colorimètre  Meisli.ng  (H.  P,  T.  OErum,  03),  pourvu  qu'on  dispose  d'une  solu- 
tion titrée  d'indirubine  pure. 

Malgré  ses  avantages  pratiques,  la  méthode  de  copulation  présente  quelques  incon- 
vénients, qui  sont  : 


|88  I  N  D  O  L. 

I")  La  possibilité  théorique,  jamais  démontrée,  mais  toujours  à  craindre,  d'une  for- 
mation d'indirubine  aux  dépens  de  l'isatine-réactif; 

2°)  L&  possibilité,  que  certaines  observations  de  Ch.  Porcher  {07  b)  élèveraient  au 
rang  de  certitude,  d'une  formation  d'indirubine  aux  dépens  de  chromogènea  urinaires 
autres  que  l'indoxyle; 

3°)  La  possibilité  de  formation  d'indirubine  par  union  de  2  (ou  4)  molécules  d'in- 
doxyle,  sans  intervention  de  l'isatine,  ce  qui  n'autorise  plus  la  division  par  2  du  résul- 
tat numérique; 

4')  La  possibilité  d'une  formation  d'indigotine,  venant  troubler  la  colorimélrie,  si  le 
milieu  est  trop  riche  en  indoxyle  ou  trop  pauvre  en  substances  oxydables  parasites. 

Au  total,  il  y  a  plutôt  des  chances  pour  que  la  méthode  de  copulation  donne  en  gé- 
néral des  résultats  légèrement  erronés  par  excès. 

Dans  l'analyse  des  urines,  la  méthode  de  copulation  comporte  le  plus  souvent, 
comme  acte  linal,  la  colorimétrie,  ou  le  titrage  au  permanganate  après  sulfonation,  car 
la  pesée  est  souvent  rendue  délicate  'i  cause  de  la  très  faible  quantité  d'indirubine 
extraite. 

H  n'en  est  pas  de  même  dans  les  études  sur  l'indican  des  végétaux,  où  on  peut  obte- 
nir une  quantité  d'indogénide  facilemtMit  accessible  à  la  pesée.  Cette  indogénide  est 
obtenue  par  ébullition  avec  une  solution  chlorliydrique,  soit  d'i.s«<//ie  (M.  W.  Beijeri.nck, 
99,  00  a,  00  b),  soit  de  p.  nitrobcnzaldclujdc  dont  l'indogénide  se  dépose  quantitative- 
ment en  cristaux  rouges  (A.  G.  Perkin  et  Kr.  Thomas,  09),  soit  de  pipéronal  qui  donne 
une  indogénide  orangée  difficilement  soluble  (A.  (i.  Perki.x  et  Fr.  Tho.mas,  09). 


C.  —   INDIGOTINE     C32H20Az*O* 

A.  Formation  de  rindigrotine. 

1°  —  L'indigotine  résulte  de  l'oxydation  ménagée  de  l'indoxyle. 

Cette  constatation  générale  nous  dispense  de  plus  amples  commentaires,  et  pour 
être  renseigné  sur  les  divers  modes  de  production  de  l'indigotine,  naturelle  ou  synthé- 
tique, le  lecteur  n'aura  qu'à  se  reporter  au  paragraphe  concernant  la  Formation  de 
Vindo.vyle.  L'intermédiaire  de  l'indoxyle  est  évident  dans  certains  procédés  industriels, 
comme  la  fusion  de  l'acide  phénylglycine-o-carbonique;  on  le  trouverait  sans  doute 
dans  les  autres  modes  de  formation,  même  dans  la  transformation  directe,  sous 
l'action  de  la  lumière  solaire,  de  la  benzylidène-o-nitroacétophénone  en  un  mélange 
d'indigotine  et  d'acide  benzoïque  (C.  Enuler  et  K.  Dor.xnt,  95). 

Nous  n'entrerons  pas  dans  les  détails  techniques  des  procédés  de  fabrication,  qui 
n'ont  pas  d'intérêt  physiologique  :  le  lecteur  que  ces  questions  intéresserait  les 
trouvera  développées  dans  les  ouvrages  ou  articles  d'orientation  industrielle,  par 
exemple  :  G.  v.  Georgiewics  (92i,  A.  Ueissert  {98),  H.  Rupe(OO),  A.  B.veyer  (Ola,  Olb), 
H.  Bru.nck  {Ola,  Olb),  A.  H.\LLER(0/a,  0/6),  P.  Le.\ioult  (06'),  etc. 

Nous  rappellerons  seulement  qu'il  y  a  oxydation  simultanée  de  deux  molécules 
d'indo.^yle,dont  les  restes  s'unissent  pour  former  un  corps  bleu  symétrique  C**H'**Az'0-: 

C--0|iH"0"H|0-C  ÇQ  ^Q 

AzH  AzH 

Indo.vyle.  Indoxyle. 

Celte  formule  C^H'^Az^O^  est  celle  que  A.  B.\eyer,  à  la  suite  de  ses  célèbres  travaux, 
a  attribuée  à  l'indigotine  elle-même,  et  qui  est  conservée  à  l'heure  actuelle  par  la  plu- 
part des  chimistes  organiciens,  auxquels  elle  suffit.  Elle  ne  suffit  pas  aux  biologistes. 
Pour  des  raisons  exposées  au  chapitre  des  Propriétés  de  l'indoxyle,  L.  C.  Maill.\rd  (02, 
03  f)  a  reconnu  que  cette  formule  s'appliquait  seulement  à  un  corps  instable  et  passager, 
Vhémiindigotine,  qui  se  polymérise  ensuite.  La  formule  de  l'indigotine  doit  être  doublée 
et  devient    O'^H'^'^Az^O^:  lorsque  les  conditions  mécaniques  du  milieu  sont  telles  que 


INDOL.  189 

deux  molécules  d'hémiindigotine  s'unissent  en  disposant  parallèlement  leurs  éléments 
de  structure  homologues,  il  en  résaUeV  indigo  tin  e  : 

/CO  co 

^AzR/  I  I  ^AzH/ 

/CO       I  l/CO 

^AzH/  ^AzH/ 

2° — L'indigotine  résulte  aussi  de  l'union  de  l'indoxyle  avec  l'isatine,  sans  oxydation, 
en  présence  d'un  agent  de  condensation  déshydratant.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en  effet, 
bien  que  le  fait  soit  souvent  passé  sous  silence,  que  cette  réaction  ne  fournit  pas  exclu- 
sivement l'indirubine,  mais  bien  un  mélange  des  deux  couleurs,  où  prédomine,  il  est  vrai, 
l'indirubine,  mais  où  l'indigotine  peut  former  jusqu'à  un  quart  ou  un  tiers  de  la  masse 
(indirubine  synthétique,  traitement  par  l'isatine  des  urines  riches  en  indoxyle,  etc.). 
Dans  la  théorie  de  L.  C.  Maillard,  ce  phénomène  s'explique  par  la  condensation  de 
l'indoxyle  et  de  l'isatine  en  hémiindigotine. 

CO  CO  CO  CO 

C6H«-<^^CH2  +  0C<^^C6H'-  =  H20  +  C6H*/^C  =  c/^C6H* 

AzH  AzH  AzH  AzH 

Indoxyle.  Isatine.  Hémiindigotine. 

L'hémiindigotine  donne  à  son  tour  ses  deux  polymères,  le  polymère  rouge  prédomi- 
nant à  cause  des  conditions  du  milieu  (séjour  prolongé  en  milieu  chlorhydrique  chaud, 
solution  alcoolique  alcaline,  solution  alcaline  concentrée,  etc.).  Mais  l'indigotine  se  forme 
aussi  dans  la  plupart  des  cas. 

B.  Propriétés  de  l'indigotine.  —  Les  propriétés  physiques  et  les  réactions 
chimiques  de  l'indigotine  ont  fait  l'objet  d'un  nombre  considérable  de  travaux.  Nous 
ne  les  citerons  pas,  renvoyant  pour  cela  aux  ouvrages  de  chimie  pure,  et  nous 
nous  contenterons  d'indiquer  les  propriétés  classiques  de  l'indigotine,  dont  la  connais- 
sance est  nécessaire  au  physiologiste  pour  reconnaître  l'indigotine  et  comprendre  son 
allure. 

L'indigotine  cristallise  (de  l'aniline,  par  exemple)  eu  petits  cristaux  bleu  foncé  à 
reflets  métalliques  d'un  rouge  cuivré,  dont  les  caractères  cristallographiques  ont  été 
étudiés  par  P.  Kley  (00).  Chauffée,  elle  se  volatilise  en  vapeurs  pourprées  qui  se 
déposent  sous  forme  d'un  sublimé  d'aiguilles  rhombiques.  L'indigotine  est  parfaitement 
insoluble  dans  l'eau,  les  acides  étendus,  les  alcalis  étendus,  presque  insoluble  dans 
l'alcool  et  l'éther. 

L'indigotine  se  dissout  en  bleu  dans  le  chloroforme,  surtout  à  chaud  (Stokvis,  68)', 
'dans  l'aniline,  qui  en  dissout  à  chaud  une  quantité  appréciable  et  laisse  déposer  par 
refroidissement  des  cristaux  bleus  à  reflets  pourprés  (A.  de  Ac.uiar  et  A.  Bayer),  bien 
que  l'aniline,  bouillante  décompose  en  partie  l'indigotine  (A.  Brylinski,  98);  dans  la 
térébenthine  de  Venise  chauffée  jusqu'à  ébullition  commençante,  dont  elle  se  dépose 
en  magnifiques  cristaux  tabulaires  bleu  d'azur  à  reflets  cuivrés,  qu'on  peut  purifier  par 
lavages  à  l'alcool  et  à  l'éther  froid  (V.  Wartha,  71);  dans  l'acide  stéarique  (V.  Wartha, 
7/);  dans  le  phénol  chaud  (C.  Méhu  71b);  dans  le  nitrobenzène,  l'huile  de  ricin,  l'hy- 
drate de  chloral  (Jacobsen,  72);  dans  l'alcool  amylique  (H.  W.  Vogel,  78). 

Dans  la  paraffine  chaude,  l'indigotine  ne  se  dissout  pas  en  bleu,  mais  bien  avec  une 
magnifique  couleur  rouge-pourpre  analogue  à  celle  de  l'iode  dissous  dans  le  sulfure  de 
carbone  :  une  solution  un  peu  diluée  dans  la  paraffine  ne  se  distingue  pas  d'une  solu- 
tion de  fuchsine  dans  l'alcool.  La  solution  dans  la  paraffine  montre  le  même  spectre 
que  la  vapeur  d'indigotine.  Par  refroidissement  de  la  solution  paraffinique,  l'indigotine 
se  dépose  en  longues  aiguilles  prismatiques,  souvent  groupées  en  rosettes,  ressemblant 
àl'indigotine  sublimée  (V.  Wartha,  7/).  L'indigotine  se  dissout  en  rouge  carmin  dans 
le  pétrole  chaud,  en  violet  carmin  dans  le  blanc  de  baleine  fondu  (V.  Wartha,  71). 

D'ailleurs  les  solutions  d'indigotine  absolument  pures  dans  le  chloroforme  ont 
toujours   certains  reflets  rouge-pourpre.  Si  on  les  examine  avec  une  lumière  un  peu 


190  INDOL. 

jaune,  comme  beaucoup  d'éclairages  artificiels  (bougie,  gaz)  elles  paraissent  violet- 
pourpre.  Il  en  est  de  même  des  dérivés  de  l'indigotine  (carmin  d'indigo). 

Il  convient  d'ajouter  aux  caractères  de  solubilité  que  l'indigotine,  bien  qu'insoluble 
dans  l'eau,  peut  parfois  (de  même  que  l'indirubine)  se  présenter  sous  forme  de  pseudo- 
solution colloïdale  capable  de  filtrer  limpide  à  travers  le  'papier  (L.  C.  Maillard,  03  f), 
par  exemple  lorsqu'elle  résulte  de  la  réoxydation  de  Tindigo  blanc.  En  ce  cas,  elle  est 
toujours  facilement  captée  par  le  chloroforme  agité  avec  la  solution  atiueuse. 

La  vapeur  d'indigotine  absorbe  fortement  la  région  verte  du  spectre,  sans  que  la 
bande  soit  nettement  délimitée.  L'indigotine  dissoute]  dans  l'alcool  ainylique  montre  au 
contraire  dans  l'orangé  et  le  jaune  une  bande  qui  commence  assez  nettement  à  À  = 
630  et  décroît  progressivement  jusqu'à  X  r=  590-370.  Le  carmin  d'indigo  en  solution 
dans  l'eau  ou  dans  l'alcool  amylique  montre  exactement  le  même  spectre  que  l'indigo. 
L'indigo  solide  et  le  carmin  d'indigo  solide  montrent  une  absorption  continue  qui  est 
au  maximum  dans  le  rouge,  le  jaune  et  le  violet,  et  au  minimum  dans  le  bleu.  Si  on 
laisse  dessécher  un  mélange  de  carmin  d'indigo  et  de  gomme  arabique,  on  voit  nettement 
la  bande  de  l'indigo  dissous  se  superposant  à  l'absorption  continue  de  l'indigo  solide. 
Pour  les  détails  spectroscopiques,  voir  H.  W.  Vogel  (75,  76a,  76b,  78),  C.  Gange  (76). 

L'indigotine  ne  se  sublime  entièrement  inaltérée  que  si  on  opère  dans  le  vide;  si 
on  chauffe  sans  précautions,  il  y  a  décomposition  partielle,  et  distillation  d'aniline. 
Chauffée  avec  de  la  potasse  solide,  l'indigotine  forme  d'abord  de  l'indoxyie,  puis 
s'oxyde  en  isatine,  en  acide  anthraniliiiue,  et  finalement  en  acide  salicylique,  tandis 
qu'une  partie  distille  sous  forme  d'aniline  : 

C-Otl  CO  COOH  XOOH 

AzH  AzH  A.C.   I   anthranilique.  Ac.  salicyliquo. 


Indoxyle.  Isatine. 


C6H;  —  AzH^ 

Aniline. 


Sous  l'action  des  réducteurs  (FeSO^  et  soude,  glucose  et  soude,  orpiment  et  soude, 
chlorure  stanneux  et  soude,  hydrosulfite  de  sodium,  etc.),  l'indigotine  fixe  de  l'hydro- 
gène et  se  transforme  en  un  leucodérivé  incolore,  soluble  dans  l'eau  au  moins  en  pré- 
sence d'alcali,  l'tnd/iyo  blanc  : 

CO  CO 

C6H^<^^C  —  C<^^C6Hi 

AzHj^      H  ^^^ 
Indigo  blanc. 

D'après  W.  Vaubel  (01  a)  la  réduction  aurait  lieu  en  deux  temps,  le  premier  don- 
nant un  corps  rouge  par  fixation  de  2  H  sur  une  moitié  de  la  molécule  d'indigotine 
C32H-oAz^OS  le  deuxième  donnant  l'indigo  blanc  par  fixation  de  4  H  en  tout  sur  la  molé- 
cule C^-,  soit  de  1  atome  H  par  noyau  indolique.  On  peut  précipiter  l'indigo  blanc  à 
l'état  de  cristaux  blancs  par  acidulation  de  la  liqueur  alcaline,  à  la  condition  d'opérer 
à  l'abri  de  l'air  (A.  BiN.i  et  F.  Rcng,  00);  aussitôt  que  l'indigo  blanc  est  au  contact 
de  l'air,  il  se  réoxyde  en  indigotine.  C'est  sur  cette  propriété  qu'est  fondé  le  procédé 
de  la  cuve  des  teinturiers,  qui  consiste  à  solubiliser  l'indigo  sous  forme  d'indigo  blanc 
(sous  l'action  de  réducteurs  chimiques,  ou  de  bactéries  comme  dans  la  cuve  de  pastel), 
puis  à  exposer  à  l'air  les  étoffes  imbibées  de  la  solution  d'indigo  blanc. 

Sous  l'action  des  oxydants,  par  exemple  HAzO^  étendu,  l'indigotine  se  transforme 
en  isatine.  Le  meilleur  procédé  pour  préparer  l'isatine  est  le  suivant  :  100  grammes 
d'indigo  naturel,  finement  pulvérisé,  sont  bien  délayés  dans  300  grammes  d'eau  bouil- 
lante, et  on  ajoute  en  une  fois  70  grammes  d'acide  nitrique  de  densité  1,33.  On  fait 
bouillir  encore  2  minutes,  puis  on  verse  2  litres  d'eau  bouillante  et  on  maintient  le 
liquide  encore  3  minutes  en  ébullition.  Le  résidu  qui  reste  après  filtration  est  encore 
plusieurs  fois  épuisé  par  l'eau  bouillante,  tous  les  liquides  sont  réunis,  concentrés,  et 
l'isatine  qui  cristallise  est  ensuite  purifiée  (C.  Forrer,  84).  Si  l'action  de  HAzO^  se  pro- 


INDOL.  191 

longe,  lise  forme  de  l'acide  nitrosalicylique;  enfin,  avec  HAzO^  concentré,  de  l'acide 
picrique,  découvert  il  y  a  plus  d'un  siècle  par  Wklter  sous  le  nom  de  «  jaune  ume- 
d'indii^o  »  : 


\| — co 

1          «> — >■ 

02A7;/\ COOIl 

02Az/\AzOî 

<m — >• 

AzH 

\/\on 

Yo>" 

Isatine. 

Ac.  nitrosalicyliquo. 

Ac.  picrique. 

Sous  l'action  du  chlore  humide,  l'indigotine  forme  de  la  chlorisatine,  de  la  dichlori- 
saline,  et  en  outre  de  la  trichloraniline  et  du  trichlorophénol;  le  brome  agit  de  même. 

l/acide  sulfurique  étendu  n'attaque  pas  l'indigotine;  mais  H*SO*  concentré  la  dis- 
sout, à  froid,  sans  décomposition  chimique,  en  un  liquide  vert-jaune  de  coloration  peu 
intense,  qui  régénère  l'indigotine  en  flocons  bleus  si  on  le  verse  dans  l'eau.  Celte  solu- 
tion sulfurique  se  transforme  rapidement  à  chaud,  en  quelques  heures  à  froid,  en  un 
magnifique  liquide  bleu  foncé  qui  contient  maintenant  un  dérivé  sulfoné,  l'acide  sulfin- 
digolique  ou  mieux  acide  indigotinesulfonique,  auquel  on  attribue  (D.  Vorlânder  et 
Ph.  Sghubart,  01)  la  constitution  suivante  : 

H0.S02/\ CO  OC ,/\S02.0H 

I       I  ■      p pi' 

AzH  AzH 

Ac.  indigotinesulfonique. 

Ce  dérivé  sulfoné  est  soluble  dans  l'eau  avec  une  belle  couleur  bleue,  de  même  que 
ses  sels  alcalins  {carmin  d'indigo).  Solubilité  à  part,  il  se  comporte  comme  l'indigotine 
elle-même,  vis-à-vis  des  réducteurs  qui  le  transforment  en  indigo  blanc  sulfoné,  et  des 
oxydants  qui  le  transforment  en  isatine  sulfonée.  C'est  sur  l'oxydation  de  l'acide  indi- 
gotinesulfonique par  le  permanganate  qu'est  fondé  le  titrage  de  l'indigotine.  (Voir  le 
Dosage  de  Vindoxyle.) 

Mous  avons  vu,  en  parlant  des  modes  de  Formation  de  Vindoxyle,  que  l'indigotine 
traverse  inerte  le  tube  digestif  de  l'homme  et  des  animaux,  à  moins  que  des  bactéries 
réductrices  ne  viennent  l'hydrogéner  en  indigo  blanc  soluble,  susceptible  de  résorp- 
tion par  la  muqueuse  intestinale.  On  a  cependant  proposé  autrefois  l'indigo  en  théra- 
peutique; d'après  M.  Strahl  {35),  pendant  l'emploi  de  ce  remède,  la  sueur  est  bleuâtre 
et  l'urine  verte.  On  a  voulu  le  préconiser  contre  l'épilepsie  (Simo.nin,  41;  U.  Rodrigues, 
oo),  la  dose  maxima  étant  de  30  grammes  dans  les  24  heures,  pendant  quelques  jours 
seulement  (H.  Rodrigues,  35).  Ce  traitement,  tout  empirique,  n'a  eu  aucun  succès. 
Cependant  l'indigotine,  lorsque  les  conditions  intestinales  permettent  sa  réduction  et 
son  absorption,  peut  avoir  un  certain  effet  purgatif,  qu'elle  devrait  aux  groupes  céto- 
niques  de  sa  molécule  (Brissemoret,  04). 

C.  Purification  de  l'indigotine.  —  On  sait  depuis  longtemps  préparer  de  l'indigo- 
tine à  peu  près  pure,  par  exemple  par  le  procédé  de  Fritsche  {42).  Dans  un  flacon  de 
150  ce.  on  place  10  grammes  d'indigo  Bengale  finement  pulvérisé,  et  10  grammes  de 
glucose  en  solution  dans  l'alcool  à  75°  chaud;  on  ajoute  15  grammes  de  soude  caus- 
tique en  solution  concentrée  dans  le  même  alcool  chaud,  on  remplit  complètement  la 
fiole  d'alcool  cliaud,  et  on  la  ferme  hermétiquement.  Après  décoloration  et  repos,  on 
décante  le  liquide  limpide,  et  on  l'expose  à  l'air  :  l'indigotine  se  précipite,  et  on  la  lave 
d'abord  à  l'alcool  puis  à  l'eau. 

On  peut  aussi  dissoudre  l'indigo  brut  dans  H2S0''  concentré  et  froid,  puis  rapide- 
ment, et  sans  attendre  que  la  solution  sulfurique  devienne  bleue  par  sulfonation,  on 
verse  dans  un  excès  d'eau.  L'indigotine  se  précipite  en  flocons  qu'on  lave  à  l'eau  et  à 
l'alcool. 

Il  y  a  d'ailleurs  avantage  aujourd'hui  à  effectuer  ces  purifications  sur  l'indigo  indus- 
triel. 

Il  arrive  souvent  qu'on  ait  en  mains  des  échantillons  d'indigotine  qui,  parfaitement 
purs  d'autre  part,  renferment  cependant  un  peu  d'indirubine,  qui  peut  être  gênante 


192  INDOL. 

pour  certaines  recherches.  On  peut  en  éliminer  hi  majeure  partie  en  faisant  bouillir 
l'échantillon,  soit  avec  de  l'acide  acétique  glacial  qui  ne  louche  presque  pas  à  Tindigo- 
tine,  soit  avec  de  l'alcool  qui  n'en  dissout  que  peu.  Mais  les  dernières  traces  d'indiru- 
bine  sont  difficiles  à  éliminer  :  il  est  nécessaire  de  laver  Féchantillon  à  froid  par  l'éther, 
qu'on  renouvelle  tant  qu'il  se  colore  en  rose.  Même  alors,  il  reste  de  l'indirubine  empri- 
sonnée au  sein  des  grains  solides  d'indigotine,  et  que  l'éther  ne  saurait  atteindre  :  il  est 
nécessaire  de  redissoudre  la  totalité  de  l'échantillon  dans  le  chloroforme  bouillant, 
qu'on  distille  ensuite.  Le  résidu,  dont  les  surfaces  ont  été  renouvelées,  est  de  nouveau 
lavé  à  l'éther  froid,  puis  redissous  dans  le  chloroforme  et  desséche,  etc.,  jusqu'à  ce  que 
l'éther  versé  sur  le  dernier  résidu  ne  se  colore  plus  (L.  C.  Maillard,  03  f). 

D.  Réactions  de  l'indigotine.  —  On  reconnaîtra  facilement  l'indigotine  par  les 
propriétés  que  nous  venons  d'énumerer,  notamment  la  transformation  en  indigo  blanc, 
en  isatine,  en  acide  indigotinesulfonique. 

Signalons  toutefois  un  caractère  très  intéressant  qu'on  a  maintes  fois  à  utiliser  dans 
les  recherches  physiologiques,  où  on  extrait  généralement  l'indigotine  sous  forme  de 
solution  chloroformique  peu  concentrée.  L'indigotine  n'offre  pratiquement  aucun 
caractère  d'acidité  ou  de  basicité,  elle  est  indifférente  et  ne  forme  pas  de  sels  stables 
en  présence  d'un  excès  d'eau.  Il  en  résulte  que,  ni  les  lavages  à  l'eau  acide  (HCli,  ni  les 
lavages  à  l'eau  alcaline  (NaOH)  ne  [>euvent  en  extraire  la  moindre  partie  de  sa  solution 
chloroformique.  L'indirubine  jouissant  de  la  même  propriété,  très  rare,  il  en  résulte 
qu'une  solution  chloroformique  épuisée  par  agitations  successives  avec  l'eau  acide  et 
l'eau  alcaline  ne  peut  plus  renfermer  que  de  l'indigotine  et  de  l'indirubine.  Grâce  à  cette 
technique,  il  est  impossible  de  confondre  l'indigotine  ou  l'indirubine  avec  d'autres  cou- 
leurs bleues  ou  rouges  (L.  C.  Maillard,  03  f,  Oi,  08  b).  On. séparera  les  deux  couleurs 
au  moyen  de  l'étiier,  suivant  le  procédé  indiqué  plus  haut  {Purification  de  rindir/otine). 

E.  Dosage  de  l'indigotine.  —  Le  dosage  de  l'indigotine  repose  sur  sa  transforma- 
tion en  dérivé  sulfoné,  mise  de  l'acide  indigotinesulfonique  en  solution  aqueuse,  puis 
titrage  de  celle-ci  par  addition,  à  froid,  d'une  solution  étendue  de  KMnO^  titré  par 
rapport  à  l'acide  oxalique.  On  verse  le  permanganate  jusqu'à  disparition  de  toute  trace 
de  couleur  bleue    voir  Dosarje  de  l'indo.ryle). 

F.  Indigurie  bleue  (Indigotinurie).  —  L'indigotine  apparaît  quelquefois  dans  l'urine, 
soit  par  altération  consécutive  à  l'émission,  sous  forme  d'une  tleurée  de  cristaux  bleus 
à  reflets  cuivrés  ou  en  flocons  dans  le  liquide,  soit  même  dès  l'énùssion,  généralement 
en  flocons  extrêmement  ténus  qui  communiquent  à  l'urine  une  couleur  bleue,  ou  verle 
par  superposition  de  la  teinte  bleue  de  l'indigotine  avec  la  teinte  jaune  de  l'urine. 

Les  urines  bleues  ou  vertes  ont  été  observées  dès  la  plus  haute  antiquité,  et  sont 
décrites  déjà  dans  les  ouvrages  de  Galien;  dans  les  ouvrages  antérieurs  à  la  fin  du 
XVIII»  siècle,  la  matière  colorante  est  généralement  prise  pour  de  la  bile  «mal  cuite».  A 
la  fin  du  xviii"  siècle,  et  dans  la  première  moitié  du  xix*,  la  matière  bleue  est  prise  pour 
du  bleu  de  Prusse,  ou  décrite  sous  des  noms  spéciaux  :  nous  n'insistons  pas  ici  sur  ces 
observations,  que  nous  retrouverons  plus  loin  au  paragraphe  des  Couleurs  urinaires 
dérivées  de  l'indoxyle. 

Cependant,  dès  1840,  W.  Prout  observait  un  malade  dont  l'urine  laissait  déposer  un 
sédiment  bleu  foncé  après  ingestion  de  sel  de  Sedlitz.  Par  chaufTage,  ce  dépôt  déga- 
geait des  vapeurs  pourprées  se  condensant  en  un  sublimé  parfaitement  analogue  à  celui 
du  bleu  d'indigo.  En  1843,  F.  Simon,  étudiant  une  urine  du  même  genre,  constatait 
que  le  dépôt  bleu  se  dissolvait  dans  l'acide  sulfurique  en  formant  de  l'acide  sulfindigo- 
tique,  décoloré  par  le  sucre  de  raisin  en  liqueur  alcaline,  et  redevenant  bleu  à  l'air. 
Néanmoins  G.  Semmola  (47),  retrouvant  une  matière  analogue,  croyait  devoir  encore  la 
distinguer,  par  des  caractères  accessoires,  du  bleu  d'indigo. 

A  partir  de  cette  époque,  et  bien  qu'un  certain  nombre  d'auteurs,  y  compris  P.  Schût- 
ZENBERGER  en  1890  encore,  aient  persisté  à  considérer  comme  différente  de  l'indigotine 
la  couleur  bleue  des  urines,  on  voit  se  multiplier  les  observations  d'indigotine  urinaire 
bien  reconnue.  Nous  ne  citons  ici  que  les  cas  dans  lesquels  l'indigotine  apparaît  spon- 
tanément en  nature,  soit  dès  l'émission,  soit  plus  tard,  en  laissant  de  côté  son  dévelop- 
pement aux  dépens  des  chromogènes  par  addition  de  réactifs.  Nous  ne  saurions  entrer 
ici  dans  l'étude  détaillée  de  chacune  des  observations  publiées  :  aussi  nous  contente- 


INDOL.  193 

rons-nous  d'une  énumération  des  principaux  cas  d'indigurie,  dont  le  lecteur  pourra 
retrouver  le  détail  dans  les  originaux.  Citons  les  cas  de  IIill  Hassall  {o3,  54,  oo],  Siciie- 
RER  (oi),  L.  S.  Beale  (55,  63),  Th.  A.  Carter  (55),  W.  Gilgurist  (6/),  H.  Veale  (68), 
C.  MÉHU  [71a),  DuiiUYNE  (7î),  A.  Robin  (75),  T.  Bogomolow  (80),  H.  Wolff  (87),  Kahler 
[88),  LiTTEN  (89),  F.  Betz  [93),  0.  Bosenbach  (.93),  A.  E.  Garrod  iOo  a),  M.  Bogdanow- 
Beresowsky  [97],  Klamann  (97),  H.  M.  Fletcher  (98,  99),  J.  Cood  (0/),  F.  P.  Weber 
(0/1,  A.  Mac  Phedran  et  W.  Coldie  (01),  E.  Reale  [02),  R.  Stockman  (02),  L.  C.  Mail- 
lard {03  f),  E.  Wang  [Oi),  J.  D.  Mann  [Oo). 

Bien  entendu,  l'indigurie  bleue  naturelle  peut  être  aussi  observée  chez  les  animaux, 
par  exemple  chez  le  cheval  (Benjamin,  80).  1!  faut  y  joindre  les  cas  d'indigurie  expéri- 
mentale, à  la  suite  de  l'administration  d'indol  au  chien  (E.  Wang,  99  h  ;  Cu.  Porcher 
et  Ch.  Hervieux,  06  h  ;  Ch.  Hervieux,  08) ,  à  la  chèvre  (Ce.  Porcher  et  Ch.  Hervieux,  06  h  ; 
Ch.  Hervieux,  08),  ou  d'indoxyle  (chien,  Ch.  Hervieux,  08),  ou  d'acide  indoxylcarboni- 
que  (chien,  Ch.  Hervieux,  08),  ou  encore  d'acide  o.  nitrophénylpropiolique  (lapin: 
G.  Hoppe-Seyler,  82,  83  a,  83  b;  L.  C.  Maillard,  03  f;  Ch.  Porcher  et  Ch.  Her- 
vieux, 05  c). 

Toutes  ces  observations  ont  des  caractères  communs,  qu'a  mis  en  évidence  une 
revue  critique  de  L.  C.  Maillard  (03  f).  Pour  que  se  produise  le  phénomène  de  l'indi- 
gurie,  il  faut  d'abord  que  l'urine  contienne  de  l'indoxyle,  non  seulement  sous  forme 
d'acide  indoxylsulfurique,  trop  stable,  mais  aussi  sous  forme  d'un  conjugué  plus  faci- 
lement décoraposable,  en  l'espèce  l'acide  indoxylglycuronique:  cette  condition  est  rem- 
plie lorsque  l'organisme  reçoit  une  notable  quantité  d'iiidol,  soit  par  administration 
expérimentale,  soit  par  résorption  de  l'indol  abondamment  produit  dans  l'intestin  (ali- 
mentation fortement  carnée,  troubles  digestifs,  etc.).  En  second  lieu,  il  faut  que  l'acide 
indoxylglycuronique  se  décompose,  libérant  de  l'indoxyle  que  l'oxydation  spontanée 
transforme  en  indigotine  (avec  indirubine)  :  cette  décomposition,  en  apparence  spon- 
tanée, peut  être  mise  sur  le  compte  des  bactéries.  Lorsque  l'indigotine  n'apparaît  que 
postérieurement  à  l'émission,  il  s'agit  d'une  altération  banale  comparable  à  la  transfor- 
mation de  l'urée  en  carbonate  d'ammonium  par  les  bactéries  urophages;  cette  altéra- 
tion peut  être  très  rapide:  il  arrive  souvent,  dans  les  expériences  sur  les  animaux, 
qu'on  trouve  l'urine  bleue  le  matin  dans  les  récipients  des  cages;  cela  ne  veut  pas 
dire  qu'elle  était  déjà  bleue  à  l'émission.  Lorsque  l'indigotine  est  réellement  déjà 
formée  à  l'émission,  c'est  que  la  décomposition  a  été  produite  dans  les  voies  urinaires  : 
la  coïncidence  très  fréquente  de  l'indigurie  avec  les  cystites,  pyélites,  pyélonéphrites, 
et  avec  la  réaction  ammoniacale  de  l'urine  à  l'émission  en  est  la  meilleure  preuve. 
Mais  on  conçoit  que  l'indigurie  ne  soit  pas  un  symptôme  infaillible  de  cystite  :  le 
défaut  de  stérilité  des  voies  urinaires  n'est  pas  identique  à  leur  infection. 

Cette  conception  de  l'indigurie  a  été  contestée:  certains  auteurs  ont  cru  à  l'émission 
d'indoxyle  libre  (Ch.  Hervieux,  Oi  c)  puis  d'un  «chromogène  indigurique  »  qui,  sans 
être  de  l'indoxyle  libre,  devait  différer  de  l'acide  indoxylglycuronique  (Ch.  Hervieux,  06  ; 
Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux,  06  b).  Mais  nous  avons  dit  déjà  que  Ch.  Hervieux  [08) 
avait  reconnu  son  erreur  et  s'était  rangé  à  l'opinion  de  son  prédécesseur. 

On  comprend  que  l'indigurie  puisse  donner  lieu  à  la  formation  de  calculs.  Heller 
(46  a)  a  rencontré  l'indigotine  accumulée  sous  forme  de  petits  calculs  vésicaux.  Ord 
(78  a,  78  b)  a  rencontré  un  calcul  du  bassinet,  et  une  concrétion  d'un  rein  sarcoma- 
teux, qui  étaient  formés  essentiellement  d'indigotine.  Un  calcul  étudié  par  11.  Chiar 
{88)  était  formé  d'indigotine  et  d'indirubine  :  il  provenait  du  rein  d'une  femme  atteinte 
de  pyélite  purulente.  E.  Wang  (04),  à  l'autopsie  d'une  fillette  tuberculeuse  qui  avait  pré- 
senté un  beau  cas  d'indigurie,  trouva  un  rein  de  couleur  nettement  bleue  à  la  coupe, 
et  montrant  au  microscope  des  dépôts  bleus  et  violets. 

G.  Chromidrose  indigotique.  —  Parmi  les  cas  de  chromidrose,  ou  sueur  colorée, 
on  a  signalé  un  certain  nombre  d'observations  de  chromidrose  bleue.  Ces  cas  ne  sont 
sans  doute  pas  tous  dus  à  l'indigotine,  et  il  faudrait  faire  la  part  des  matières  colorantes 
qui  peuvent  être  produites  par  l'action  de  diverses  bactéries,  le  pyocyanique  notam- 
ment. Mais  il  semble  bien  qu'an  certain  nombre  de  ces  sueurs  bleues  doivent  à  l'indi- 
gotine leur  coloration. 

Effectivement,  on  a  attiré  l'attention  (J.  Amann,  00  a,  00  b)  sur  l'existence  de  com- 

DICT.    DK   PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  13 


194  INDOL. 

posés  indoxyliques  dans  la  sécrétion  sudorale.  Cela  n'a  pas  lieu  de  surprendre  :  on 
sait  que  les  glandes  sudoripares  se  comportent  un  peu  comme  de  petits  reins  acces- 
soires, qu'elles  éliminent  de  l'urée,  de  l'acide  urique,  du  chlorure  de  sodium,  des 
phosphates,  des  sulfates,  des  éthers  sulfuriqucs,  etc.  :  rien  d'étonnant  à  rencontrer  dans 
la  sueur  l'acide  indoxylsulfurique.  Si  de  plus  cette  sécrétion  arrive  à  renfermer  comme 
l'urine  de  l'acide  indoxylglycuronique  dont  on  connaît  la  facile  décomposition,  rien  de 
plus  compréhensible  que  la  libération  de  l'indoxyle  de  ce  chromogène,  et  la  production 
consécutive  d'indigotine. 

Les  enduits  bleus  d'indigotine  d'origine  sudorale  apparaissent  de  préférence  à  la 
face  (ailes  du  nez,  front,  pourtour  de  l'orbite  ,  à  l'aisselle,  au  pli  inguinal,  au  scrotum. 
11  y  a  longtemps  déjà  que  J.  Dùlxe,  Mojon,  Jclia-Fontenelle  (2o)  ont  signalé  des  sueurs 
bleues,  dont  la  couleur  aurait  été  identique,  suivant  ce  dernier,  à  la  matière  bleue 
des  urines  (qu'il  croyait  être,  comme  nous  le  verrons,  du  bleu  de  Prusse,  et  qui  était 
bien  l'indigotine).  B.  Bi/io  (60)  a  signalé  deux  fois  le  bleu  d'indigo  formant  enduit  sur 
une  chemise,  et  sur  le  scrotum,  où  il  était  d'origine  sudorale.  Bergmann  [68]  admets 
lui  aussi,  la  présence  de  l'indigotine  dans  les  sueurs  bleues,  ainsi  que  A.  W.  Foot  {69, 
7i)  ;  ce  dernier  signale,  entre  autres,  le  cas  d'une  jeune  lille  de  dix-sept  ans,  atteinte  de 
troubles  gastriques  et  de  somnambulisme,  qui  présentait  un  dépôt  bleu  sous  les  yeux, 
aux  tempes,  sur  le  front,  aux  ailes  du  nez,  etc.  A.  W.  Foot,  ne  réussissant  pas  à  trouver 
r  u  indican  »  dans  l'urine,  admet  qu'il  s'éliminait  par  la  sueur.  C.  B.  Hofma.xn  (75)  ren- 
contra le  bleu  d'indigo  déposé  par  la  sueur  sur  le  scrotum. 

Récemment  enfin,  on  trouve  une  observation  de  E.  Gans  {Oo)  sur  une  femme  de 
trente-cinq  ans  qui  éliminait  par  la  peau  de  l'indigotine  ou  une  substance  très  ana- 
logue, présentant  les  mêmes  apparences  microscopiques  et  spectroscopiques.  La  cou- 
leur bleue  était  soluble  dans  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone,  le  benzène;  inso- 
luble dans  l'alcool  et  l'éther.  L'acide  nitrique  la  décolorait. 

Ajoutons  que  le  bleu  d'indigo  aurait  été  trouvé  (?)  dans  le  liquide  d'un  kyste  de 
l'ovaire  (Ch.  Firket,  88).  D'après  de  très  vieilles  observations,  Reisel  aurait  observé 
chez  un  malade  des  crachats,  et  chez  un  autre  des  vomissements  «  bleus  comme  de  l'in- 
digo »,  mais  il  est  impossible  de  savoir  de  quelle  substance  il  s'agissait.  Enfin  Th.  A. 
Carter  {39)  aurait  trouvé  1'  ■  indican  ■>  dans  un  liquide  de  pleurésie  aiguë,  et  P.  Cutt- 
MANN  [87)  a  rencontré  un  exsudât  pleural  qui  bleuissait  à  l'air  en  se  recouvrant  d'une 
pellicule  formée,  paraît-il,  d'indigo. 

H.  Pourpre  des  Mollusques.  —  Parmi  les  couleurs  du  groupe  indigotique,  on 
doit  aujourd'hui  classer  la  fameuse  pourpre  des  ancien?,  produite  par  certaines  espèces 
de  Mollusques,  et  qui  n'est  pas  autre  chose  qu'un  indigo  brome. 

On  sait  le  rôle  qu'a  joué  dans  les  arts  de  l'antiquité,  et  notamment  dans  la  teinture 
des  vêtements  de  grand  luxe,  cette  couleur  déjà  connue  des  Égyptiens  et  des  Assyriens 
(A.  Dederi.n'd,  96)  et  qui  était  préparée  dans  de  nombreuses  fabriques  tout  autour  de 
la  Méditerranée,  fabriques  dont  les  amas  de  coquilles  vides  ont  formé  quelquefois  de 
véritables  collines.  Le  haut  prix  des  vêtements  de  pourpre  tenait  peut-être  à  la  rareté  de 
la  couleur,  mais  aussi,  comme  l'a  fait  remarquer  IL  de  Lacaze-Duthiers  (o9),  à  ce  que 
cette  couleur  offrait,  vis-à-vis  du  soleil  de  Grèce  et  d'Italie,  une  résistance  que  ne  pos- 
sède aucune  autre.  Avec  le  déclin  de  la  civilisation  antique,  périclita  l'industrie  de  la 
pourpre,  dont  la  dernière  fabrique  dut  disparaître  lors  de  la  prise  de  Constantinople 
par  les  Turcs  ;  néanmoins  la  tradition  s'en  perpétua  plus  ou  moins  parmi  les  riverains 
de  la  Méditerranée;  H.  de  Lacaze-Dlthiers  {o9)  la  retrouva  chez  les  pêcheurs  de 
Mahon,qui  traçaient  sur  le  linge,  avec  le  suc  incolore  de  certains  mollusques,  des  dessins 
destinés  à  se  colorer  au  soleil.  (Sur  quelques  tentatives  faites  au  xvii«  et  au  xvni^  siècle 
pour  retrouver  la  pourpre,  voir  A.  Dedekixd  (9(9),  et  la  bibliographie  dansO.  v.  Flrth  (05j.) 

La  sécrétion  de  la  pourpre  n'appartient  qu'à  un  très  petit  nombre  d'espèces,  Purpura 
lapillus,  P.  haemastoma,  Murex  hrandaris,  M.  trunculus,  M.  erinacem.  Sur  l'emplacement 
d'une  ancienne  fabrique,  à  Aquilée,  0.  Schmidt  (S4)  a  pu  constater,  d'après  les  débris 
de  coquilles  accumulés,  que  deux  espèces  seulement  y  étaient  employées  :  Murex 
brandaris  et  Murex  trunculus.  Les  espèces  citées  possèdent,  comme  beaucoup  de 
Mollusques,  dans  certaines  régions  de  leur  manteau,  des  glandes  sécrétant  des  quan- 
tités parfois  considérables  d'un  mucus  épais  et  incolore  ;    mais  chez  la  plupart   des 


INDOL.  195 

espèces  ce  mucus  reste  incolore,  tandis  que  chez  les  Mollusques   à  pourpre,  on  le  voit 
prendre,  sous  Taction  de  la  lumière  solaire,  une  belle  coloration  rouge   ou  violette. 
Exposé  au  soleil,  le  chromogène  contenu  dans  le  mucus  des  glandes  à  pourpre  commence 
par  devenir  vert,   puis  bleu,  et  enfin  rouge-pourpre.  Rkalmuk  (1711),  qui  avait  bien 
observé  le  phénomène,  l'attribuait  à  l'action  de  l'air;   mais  Duhamel  {1736)  reconnut, 
bien  avant  l'invention  de  la  photographie,  que  le  rôle  actif  appartenait  à  la  lumière.  La 
lumière  solaire  directe  est  d'ailleurs  nécessaire,  tandis  que  la  lumière  artificielle  ou  le 
clair  de  lune  restent  sans  effet  (E.  Schungk,  79  c,  80).  A  l'obscurité  le  chromogène  peut 
se  conserver  pendant  des  années  sans  altération  et  sans  perdre  la  propriété  de  donner 
ensuite  du  pourpre  par  insolation.  A  la  lumière,  la  formation  de  pourpre  a  lieu  même 
dans  le  vide  ou  dans  une  atmosphère  d'hydrogène  ou  d'azote,  même  après  ébullition 
du  chromogène  (E.  Schunck,  7.9  c,  80). 

Le  chromogène  du  pourpre  est  soluble  dans   l'alcool  et  l'éther;  la    glande  ainsi 
épuisée  ne  se  colore  pas  au  soleil,  tandis  que  la  solution,  de  couleur  jaune,   devient 
immédiatement  verte  au  soleil,  puis  le  liquide  dépose  une  poudre  cristalline  rouge 
pourpre,  en  même  temps  qu'il  se  décolore  (E.  Schunck,  7,9  c,  80,  expériences  sur  Purpura 
lapillua).  A.  Letellier  {89,  90,  91)  a  trouvé,  dans  la  sécrétion  de  Vwpura  lapillus,  une 
substance  jaune  soluble  dans  l'éther  et  dans  la  potasse,  cristallisant  en  prismes  tricli- 
niques,  ne  changeant  pas  à  la  lumière  ;  puis  deux  chromogènes.  L'un,  difficilemeut 
soluble  dans  l'eau,  facilement  soluble  dans  le  chloroforme  et  l'éther  de  pétrole,  forme 
des  cristaux  verts  clinorhombiques  :  à  la  lumière  il  prend  une  coloration  brun  foncé. 
L'autre,  assez  facilement  soluble  dans  l'eau,  constitue  des  cristaux  vert-gris,  et  donne 
à  la  lumière  une  couleur  violet-rouge.  H.  de  Lacaze-Duthiers  (59)  avait  remarqué  déjà 
que  le  développement  de  la  coloration  pourpre  s'accompagnait  du  dégagement  d'une 
forte  odeur  alliacée  ;  A.  Letellier    retrouve   le  même   fait  sur  le  chromogène  cristal- 
lisé  isolé  par  lui;    faisant  Tinsolation    de  la    glande    à  pourpre  en  présence  d'éther 
destiné  à  retenir  le  produit  odorant,  il  reconnaît  dans  l'éther  la  présence  d'un  corps 
contenant  du  soufre,  et   pense  qu'il  s'agit  de   sulfure  d'allyle  qui  proviendrait  de  la 
décomposition  du  chromogène.  Mais  l'odeur  alliacée  est  un  caractère  fort  insuffisant, 
et  de  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  sur  ce  point. 

D'après  certains  auteurs  (R.  Dubois,  02)  la  transformation  du  chromogène  en 
pourpre  serait  un  phénomène  diastasique.  La  glande  à  pourpre  contient  une  substance 
cristallisable,  la  purpurine,  qui,  sous  l'action  de  la  purpurase,  prend  une  couleur  verte, 
et  passe  rapidement  au  rouge  si  on  l'expose  à  la  lumière  blanche,  moins  rapidement 
en  lumière  bleue,  verte,  violette,  très  lentement  en  lumière  rouge,  pas  du  tout  en 
lumière  jaune.  La  purpurine  est  un  violent  poison  paralysant  pour  certains  animaux, 
notamment  les  huîtres  (R.  Dubois,  02,  03,  07  a,  07  b). 

En  ce  qui  concerne  la  nature  chimique  de  la  couleur  développée,  on  a  depuis  long- 
temps soupçonné  la  parenté  du  pourpre  avec  l'indigo,  à  tel  point  que  B.  Bizio  [33, 
33,  36,  43,  59)  l'identifiait  à  l'indigo,  y  trouvant  une  substance  bleue  qu'il  appelait 
«  indigotine  »,  une  substance  rouge  qu'il  appelait  «  rouge  d'indigo  »,  et  pensant  que 
le  chromogène  était  1'  «  indigo  blanc  ».  Lorsqu'on  ouvrit,  après  plus  de  mille  années,, 
le  tombeau  de  saint  Ambi^oise,  ancien  évêque  de  Milan  au  ix'^  siècle,  on  y  trouva  un 
dépôt  de  matière  colorante,  mélangée  de  substances  terreuses,  qui  devait  provenir  des 
vêtements,  lesquels  devaient  être  teints  de  pourpre,  suivant  la  tradition.  Or  Fhapolli, 
Lepetit  et  Padùlli  {72)  déclarèrent  (ju'il  s'agissait  d'indigo  :  G.  Bizio  [72)  lit  aussitôt 
remarquer  que  toutes  les  réactions  exécutées  étaient  communes  à  l'indigo  et  au 
pourpre  antique. 

A.  de  Negri  et  G.  de  Negri  (75  a,  73  b)  broient  les  glandes  h  pourpre  de  Murex 
<ruucw/»s  et  les  exposent  au  soleil  jusiju'à  ce  que  la  masse  soit  violette  et  sèche:  ils 
pulvérisent,  et  épuisent  la  couleur  par  l'acide  acétique.  La  solution  étendue  d'eau  est 
agitée  avec  du  chloroforme,  et  le  chloroforme  évaporé  dans  le  vide  à  température 
ordinaire,  ce  qui  laisse  une  masse  violette  d'éclat  métallique.  Cette  masse  est  formée 
de  deux  substances  :  une  rouge,  soluble  dans  l'éther,  que  les  auteurs  identifient  au  rouge 
d'indigo;  une  bleue,  insoluble  dans  l'éther,  qu'on  peut  faire  cristalliser  dans  l'alcool  et 
qu'ils  considèrent  comme  identique  à  l'indigotine,  par  sa  solubilité,  sa  sublimation,  sa 
décoloration  par  H  naissant  ou  par  l'ozone  ou  HAzO^. 


196  INDOL. 

E.  ScHUNCK  {79  c,  SO)  épuise  par  l'alcool,  à  l'obscurité,  les  glandes  à  pourpre  de 
Pwpura  lapillus,  puis  éclaire  la  solution  et  obtient,  en  partant  de  400  exemplaires,  le 
dépôt  de  7  milligrammes  de  punicine,  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther.  Elle  se 
dissout  dans  l'aniline  bouillante  et  précipite  par  refroidissement  en  petits  grains 
cristallins;  elle  se  dissout  dans  H-SO*  concentré,  forme  une  cuve  avec  les  sels  stanneux 
et  se  sublime  comme  l'indigo.  Mais  la  punicine  s'en  distingue  par  une  plus  grande 
résistance  aux  oxydants  (IlAzO^,  CrO'),  et  par  son  incapacité  à  former  des  sulfonés 
solubles  dans  l'eau.  Voisine  des  couleurs  indigotiques,  elle  ne  leur  est  donc  pas  iden- 
tique. 

La  question  du  pourpre  antique  est  aujourd'hui  résolue  [lar  les  travaux  de 
P.  Friedlander  (07,  09),  qui  ont  porté  sur  12  000  exemplaires  de  Murex  brandaris, 
fournissant  1  gr.  4  de  couleur  pure.  Les  glandes  isolées  sont  écrasées  sur  du  papier  à 
filtre,  et  la  couleur  développée  par  courte  exposition  au  soleil.  On  macère  le  papier 
pendant  une  demi-heure  au  bain-marie,  avec  H-SO*  étendu  à  1  :  2,  on  lave  plusieurs 
fois  la  bouillie  à  l'eau  chaude,  et  on  l'épuisé  au  Soxhlet  par  l'alcool  pour  enlever  toute 
impureté.  Pour  extraire  la  couleur  elle-même,  on  emploie  lebenzoate  d'éthyle,  d'où  se 
séparent  de  petits  cristaux  à  éclat  cuivré.  On  recristallise  encore  dans  le  benzoate 
d'éthyle,  puis  dans  la  quinoline,  toujours  au  Soxhlet. 

La  poudre  cristalline,  homogène  au  microscope,  contient  du  brome,  et  a  la  compo- 
sition C'^H*'Rr'^Az-0-.  Le  mode  de  genèse  de  la  couleur  conduisant  à  chercher  parmi 
les  corps  symétriques,  P.  Fuiedla.nder  l'a  trouvée  identique  en  toutes  ses  propriétés  à  la 
6.6'.  (Hbromoindiijotinc  obtenue  svfithéliquement  enpartant  solide  la p-bromo-o-nitro- 
benzaldéhyde,  soit  de  la  p-bromo-orthotoluidine  : 


AzH  AzH 

Pourpre  du  Murex  (6.  6'.  tlibroraoindigotino). 

(P.  Friedlander  se  contente  pour  l'indigotine  de  la  formule  C"'H"'Az20-  de  A.  Haever; 
resterait  à  choisir'  entre  les  isomères  pour  la  formule  C^-Il-"Az*0^de  L.  C.  Maillard). 

La  couleur  du  Murex  brandaris  a  une  teinte  violet-rouge  (jui  bi  distingue  nettement  des 
autres  indigos  bromes  (bleus).  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  le  benzène, 
la  ligroïne,  le  chloroforme,  l'acétone,  l'acide  acétique  glacial.  Elle  se  dissout  très  diffi- 
cilement dans  la  pyridine  bouillante  avec  teinte  violet-rouge,  dans  le  pétrole  bouillant 
avec  teinte  rouge-bleuàtre,  dans  le  tétrachloroéthane  avec  teinte  violet-rouge.  Elle  est 
un  peu  plus  facilement  soluble  à  l'éliullition  dans  le  nitrobenzène,  l'aniline,  le  benzoate 
d'éthyle,  encore  plus  facilement  dans  la  quinoline  bouillante.  Le  liquide  est  bleu-violet 
ou  bleu  en  couche  mince,  violet-rouge  en  couche  épaisse.  Par  refroidissement  la  couleur 
se  dépose  entièrement.  Le  spectre  de  la  solution  chaude  dans  le  tétrachlorure  d'acé- 
tylène montre  une  bande  d'absorption  sur  l'orangé  el  le  jaune,  dont  le  maxinmm  est  à 
X  =    585  [j.[x. 

H-SO*  concentré  ne  dissout  la  couleur  que  très  peu  à  froid,  un  peu  plus  en  chauffant 
légèrement  (liquide  violet-rouge,  passant  au  vert  trouble  sur  le  bain-marie),  mais  si 
on  verse  dans  l'eau,  la  couleur  se  reprécipite  en  flocons,  inaltérée.  Par  l'action  de  la 
soude  et  de  l'hydrosulfile,  on  a  une  cuve  jaune-pâle  qui  teint  le  coton  en  violet  rou- 
geàtre. 

Ceci  ne  s'applique  jusqu'ici  qu'au  Murex  brandaris;  peut-être  les  autres  Mollusques 
à  pourpre  ne  renferment-ils  pas  exactement  les  mêmes  substances  (P.  Friedlander,  09). 

D.  —    INDIRUBINE     Cs^H^oaz^G* 

A.  Formation  de  Tindirubine.  —  On  a  rencontré  depuis  longtemps  l'indirubine. 
C'était  la  «résine  rouge»  que  Chevrell  {1808  a,  ^808b,  /S/ /)  éliminait  en  faisant 
bouillir  l'indigo  végétal  avec  de  l'alcool.  Berzélius  {27,  32)  obtenait  le  «  rouge  d'indigo  » 
en  épuisant  par  l'alcool  bouillant  l'indigo  végétal  préalablement  débarrassé  de  <>  gluten 
d'indigo  »  par  ébullition  avec  les  acides  étendus  et  de  <>  brun  d'indigo  »  par  ébuUition 


INDOL.  197 

avec  les  alcalis  étendus.  E.  Schunck  (ô'o)  a  donné  au  corps  le  nom  d'indirubine;  on  l'a 
désigné  parfois  sous  celui  de  «//u//V/o?'u6me».  A,  Baeyer  [78  c),  par  réduction,  au  moyen 
de  la  poudre  de  zinc,  du  chlorure  d'isatine  en  solution  dans  l'acide  acétique,  a  obtenu 
r«  indigopurpurine  »,  identique  à  la  substance  précédemment  obtenue  par  A.  Baeyer 
et  A.  Emmehling  {70)  en  traitant  l'isatine  par  le  chlorure  d'acélyle  et  PCF  en  présence 
d'un  excès  de  phosphore.  Il  est  aujourd'hui  démontré  (E.  Schunck,  79  a,  79  b; 
C.  FoRREB,  84;  E.  Schunck  et  L.  Marchlewskt,  9S ;  L.  C.  Maillard,  03  f)  qu'il  s'agit 
d'une  seule  et  même  substance,  à  laquelle  nous  conserverons  le  nova  àHndirubine.  Enfin, 
on  verra  plus  loin  qu'une  série  de  matières  rouges  signalées  dans  l'urine  ont  été  iden- 
tifiées (L.  C.  Maillard,  03  f)  à  cette  seule  et  même  indirubine. 

L'indirubine,  comme  sou  isomère  l'indigotine,  n'a  qu'un  seul  mode  de  formation 
directe,  la  polymérisation  de  ïhémundigotine  (L.  C.  Maillard,  03  f),  polymérisation 
qui  aboutit  à  l'indigotine  quand  lés  deux  molécules  d'hémiindigotine  se  groupent 
parallèlement,  à  l'indirubine  quand  elles  se  groupent  symétriquement  : 

/  CO  .  /  CO  .  /AzH.  /AzH. 

C6H*<  \c  — ce  )H*C6  C6H''<  >C  — C<  >C6H* 


\ 


AzH- 
CO 


WzH/  "^  CO  / 

CO  ^  / CO 


CO 
CO 


/' 


cent/        \c  — c/        ^C6Hi  C6H*/        ^C  —  C^         ^C6H* 

^AzH/  ^AzH/  ^AzH/  ^AzH/ 

Indigotine.  Indirubine. 

Quant  à  l'hérailndigotine  elle-même,  elle  se  forme  dans  diverses  circonstances  que 
nous  avons  déjà  vues  à  propos  de  l'indigotine  :  voici  celles  qui  favorisent  le  plus  la 
polymérisation  en  faveur  de  l'indirubine  : 

1°  Oxydation  de  Vindoxyle,  suivant  l'équation  : 

C  — OH  0  HO  — C  CO  CO 


C6H4<^^CH   ^Q       HC^^C6H4  =  2H20  +  C6H<  )C  =  C<  >C6H4 


AzH  AzH  AzH     AzH 

Indoxyle.  Indoxyle.  Hémiindigotine. 

La  proportion  d'indirubine  dans  le  mélange  des  deux  polymères  est  en  rapport  avec 
la  durée  de  séjour  de  la  matière,  avant  polymérisation,  en  milieu  acide,  qui  donne  la 
prépondérance  à  l'indirubine,  au  moins  pour  des  milieux  de  concentration  comparable 
à  celle  de  l'urine  (L.  C.  Maillard,  0/,  03  f). 

2°  Réduction  du  chlorure  d'isatine,  en  solution  dans  l'acide  acétique  glacial,  par  le 
zinc  en  poudre  (A.  Baeyer,  7^o).  Contrairement  aux  idées  de  A.  Baeyer,  nous  représen- 
tons cette  réaction  par  un  schéma  symétrique,  rien  n'autorisant  le  contraire  : 

CO  CO  CO  CO 

C6H*<^^C  —  Cl  Zn  Cl  —  C<^^C6H*  =  ZnC12  +  C6H^<^^C  =  C<^^C6H* 

Az  H  H  Az  AzH  AzH 

Chlor.  d'isatine.  Chlor.  d'isatine.  Hémiindigotine. 

Conformément  à  la  loi  précédente,  la  polymérisation  a  lieu  surtout  en  faveur  de 
l'indirubine,  mais  il  se  forme  aussi  de  l'indigotine  :  les  deux  isomères,  réduits  en  leu- 
codérivés,  sont  régénérés  par  l'action  ultérieure  de  l'air.  Le  réducteur  peut  être,  non 
seulement  Zn,  mais  encore  III  ou  (AzH^)-S.  C'est  une  réaction  du  même  genre  qu'obte- 
naient A.  Baeyer  etA.  EMMERLiNG(70)en  traitant  l'isatine  par  le  chlorure  d'acétyle,  PCP 
et  un  excès  de  phosphore. 

3»  Condensation  de  Vindoxyle  avec  Visatiiie  (A.  Baeyer,  81,  83;  Badiscbe  Anilin  und 
SoDAFABRicK,  8 1  ]  C.  FoRRER,  8i).  Nous  avous  déjà  vu,  à  propos  de  l'indigotine,  cette 
réaction,  que,  contrairement  à  l'opinion  de  A.  Baeyer,  nous  formulons  aussi  dans  le 
sens  qui  aboutit  à  l'hémiindigotine  symétrique  : 


CO 

CO 

CO               CO 

C6H*<^^CH'2 

OC<^^CeHv 

=  C6H*<^^C^  C<^^C«H*  +  H20 

AzH 

AzH 

AzH            AzH 

Indoxyle. 

Isatine. 

Hémiindigotine. 

198  INDOL. 

En  effet,  la  réaction  ne  fournit  pas  seulement  l'indirultine,  mais  aussi  une  propor- 
tion non  négligeable  d'indii.'Oline  ;  on  retrouve  ici  les  deux  polymères.  La  prépondé- 
rance appartient  ici  à  l'indirubine,  mrme  (piand  la  condensation  a  lieu  en  milieu  alca- 
lin; elle  se  passe  généralement  en  milieu  alcalin  très  concentré,  ou  alcoolique,  ce  qui 
crée  sans  doute  des  conditions  mécaniques  spéciales. 

4'  D'après  une  note  préliminaire  de  Ch.  Pohcher  (07  6),  l'indirubine  ne  prendrait  pas 
naissance  seulement  par  condensation  de  l'isatine  avec  l'indoxyle,  mais  aussi  avec  les 
chromogènes  urinaires  apparaissant  chez  les  animaux  après  administration  de  skatol, 
de  méthylkétol,  de  dimélhylindol,  d'éthylindol,  et  qui  sont  différents  de  lindoxyle. 
(Voir  le  chapitre  :  Couleitm  urinaire:i  dérivées  des  indoh  substitués.)  Il  serait  d'ailleurs 
nécessaire  de  se  placer  dans  des  conditions  très  définies  :  l'urine,  additionnée  à  froid 
de  1/10  de  son  volume  d'une  solution  clilorliydrique  d'isatine  à  2  p.  1000,  doit  être 
chaufîée  lentement  jusqu'à  l'ébuUition  maintenue  une  ou  deux  minutes  :  dans  ces  con- 
ditions il  ne  se  formerait  pas  d'uroroséine  (ou  corps  voisins)  mais  uniquement  de  l'indi- 
rubine, qu'on  peut  extraire  par  l'éther  après  refroidissement. 

Ch.  Porchkr  n'a  pas  donné  les  caractères  d'identification  de  cette  indirubine,  et  n'a 
publié  à  ce  sujet  qu'une  courte  note  préliminaire,  dont  le  développement  n'a  pas  encore 
paru.  On  doit  le  regretter  et  souhaiter  des  documents  plus  complets  sur  ce  point;  car 
cette  réaction,  si  elle  se  confirmait,  serait  de  nature  à  jeter  la  suspicion  sur  le  dosage 
de  l'indoxyle  urinaire  par  l'isatine,  à  cause  de  la  présence  du  chromogène  skatolique 
capable  d'exagérer  les  résultats.  A  vrai  dire  Ch.  Hervieux  {08)  pense  que  la  part  du 
chromogène  skatolique  serait  nulle  ou  négligeable,  mais  ce  n'est  qu'une  opinion,  qui 
appelle  des  recherches  de  contrôle. 

Nous  tenons  à  ajouter  que  la  plupait  des  chimistes  s'en  tiennent  encore  aux 
anciennes  constitutions  de  l'indirubine.  qui  suffisent  aux  travaux  de  chimie  organique 
pure,  moins  précis  que  les  délicates  recherches  de  chimie  physiologique.  La  première 
formule  de  l'indirubine  est  celle  de  A.  Baeveh  (83)  : 

CO  C  —  OH 

AzH  C6H* 

On  a  fait  remarquer  avec  raison  (Ë.  Schu.nck  et  L.  Mauchlewski,  95)  que  cette  for- 
mule est  invraisemblable,  attendu  que,  l'indirubine  n'étant  pas  soluble  dans  les  alcalis 
et  ne  donnant  pas  de  dérivé  acétylé,  on  ne  peut  lui  attribuer  un  oxhydrile  de  genre 
phénolique.  On  s'est  alors  rabattu  sur  la  formule  bilaclamique  que  reconnaissait  pos- 
sible A.  Baeyer  [83  ,  que  préférait  C.  Forreu(S4)  et  qu'admettent  Ê.  Schunck  et  L.  March- 
LEWSKI  (55)  ; 

CO  CO 

C6H*<^^C  =  C<(^AzH 
AzH  C8H* 

Tout  récemment,  A.  Wahl  et  P.  Hagard  09;,  réalisant  une  nouvelle  synthèse  de  l'in- 
dirubine par  condensation  du  chlorure  d'isatine  avec  l'oxindol,  ont  pensé  prouver  par 
là  définitivement  la  structure  de  l'indirubine  en  tant  qu'indogénide  ,3  de  l'isatine;  mais 
L.  C.  Maillard  {09}  a  montré  que  les  conditions  de  cette  synthèse  s'opposaient  à  toute 
conclusion. 

La  conception  de  l'indirubine  en  tant  qu'indogénide  ji  de  l'isatine  se  heurte  d'ailleurs 
à  de  graves  objections.* —  1"  Elle  attribue  une  formule  dissymétrique  à  un  corps  qui 
n'a  aucune  raison  de  l'être,  attendu  qu'il  est  formé  par  l'union  de  2  (ou  2°)  molécules 
d'un  corps  unique,  et  souvent  par  réaction  avec  des  atomes  bivalents  dont  l'intervention 
détermine  fréquemment  l'union  de  deux  restes  identiques  (Zn  sur  le  chlorure  d'isatine, 
0  sur  l'indoxyle).  —  2°  Elle  oblige  à  supposer  la  formation  préalable  de  l'isatine,  qui  est, 
comme  on  sait,  le  deuxième  degré  d'oxydation  à  partir  de  l'indoxyle.  11  faudrait  donc 
supposer  qu'une  partie  de  l'indoxyle  se  suroxyderait  d'emblée  en  isatine,  sans  qu'on  pût 
voir  la  phase  intermédiaire  indirubine  (ou  indigoline),  ce  qui  est  plus  que  douteux;  et 
de  plus  il  faudrait  qu'en  même  temps  une  autre  partie  de  l'indoxyle  restât  inaltérée, 


INDOL.  199 

sans  le  moindre  commencement  troxydation,  et  juste  en  quantité  égale  à  la  précédente, 
tout  exprès  pour  pouvoir  se  combinera  l'isatine,  hypothèse  invraisemblable!  —  3°  Elle 
conduit  ù  admettre  que,  par  opposition  avec  l'indigotine,  l'iiidirubine  se  formerait  sur- 
tout lorsque  l'indoxyle  est  soumis  à  des  processus  d'oxydation  énergiques  capables  de 
fournir  de  l'isatine.  Or  c'est  juste  le  contraire  quia  lieu  :  plus  l'oxydation  est  timide  et 
ralentie,  plus  il  se  forme  d'indirubine  .:  traitement  de  l'acide  indoxylsulfurique  par 
HCl  sans  oxydants  (L.  C.  Maillard,  01 ,03  f;  comparer  au  rouge  d'indoxyle  de  E.  B.\u- 
MANN  et  L.  Brieger,  79  b),  abandon  de  vieux  échantillons  d'acide  indoxylcarbonique  pro- 
gressivement transformés  en  indirubine  par  accès  de  Tair  (A.  G,  Perkin,  09).  Dans  cette 
voie,  on  en  arriverait  jusqu'à  cette  affirmation  fantastique  que  la  réduction  du  chlorure 
d'isatine  par  le  zinc  et  l'acide  acétique  doit  commencer  par  une  oxydation  en  isatine! 
—  4*  Elle  est  tout  à  fait  impuissante  à  expliquer  les  phénomènes  de  transformation  de 
couleur  que  nous  avons  décrits  avec  les  Propriétés  de  l'indoxyle.  —  5°  Des  arguments  d'or- 
dre cryoscopique  et  ébullioscopique  ont  été  discutés  parW.  Vaubel(0/ a,  0/ 6,  03, 06), 
R,  ScHOLL  et  H.  Berblinger  (05),  E.  Beckmann  et  W.  Gabel(06),  L.  C.  Maillard (09);  il  faut 
y  joindre  un  argument  thermochimique  de  P.  Lemoult  (06).  Nous  adopterons  donc  la 
formule  tétrasymétrique  en  C'^HV-^^Xz'^O''  (L.  C.  Maillard,  0,3  f). 

Les  physiologistes  excusei'ont  cette  digression  constitutionnelle;  elle  était  utile  ;  car 
elle  porte  sur  les  faits  mêmes  qui  ont  permis  la  revision  des  matières  colorantes  rouges 
de  l'urine  (L.  C.  Maillard,  03  f)  dont  nous  parlerons  plus  loin.  Ce  sont  les  exigences 
des  travaux  physiologiques  qui  ont  nécessité  sur  ce  point  la  recherche  de  détails  déli- 
cats dont  la  chimie  pure,  moins  précise,  se  serait  encore  passée.  Le  cas  est  fréquent  : 
s'il  en  fallait  un  exemple,  nous  n'en  saurions  trouver  de  plus  instructif  que  la  décou- 
verte même,  par  les  physiologistes  E.  Baumann  et  L.  Brieger,  pour  des  besoins  physiolo- 
giques, de  l'indoxyle,  substance-mère  de  tout  indigo  naturel  ou  artificiel,  et  qui  avait 
pourtant  échappé  à  la  sagacité  de  tant  d'illustres  chimistes  et  de  A.  Baeyer,  lui-même. 

Des  deux  formules  en  C^"^H20A7>O'%  nous  avons  réservé  la  formule  parallèle  à  l'indi- 
gotine, qui  malgré  la  polymérisation  est  restée  de  même  couleur  que  l'hémiindigotine. 
Nous  attribuons  au  contraire  la  formule  symétrique  à  l'indirubine,  dont  la  couleur  est 
très  différente,  et  qui  présente  une  stabilité  plus  grande,  par  exemple  plus  de  résis- 
tance à  l'action  des  oxydants.  Or  l'adoption  de  cette  structure  conduit  à  des  rapproche- 
ments intéressants.  Cette  formule  envisage  la  molécule  comme  constituée  par  le 
groupement  de  4  parties  identiques  et  symétriquement  disposées  :  c'est  un  corps 
tétraindolique,  ou  plus  généralement  tétrapyrrolique,  et  sous  cette  forme  on  voit  immé- 
diatement la  relation  de  l'indirubine  avec  d'autres  matières  rouges  très  intéressantes 
pour  la  physiologie,  celles  du  sang  et  de  la  bile,  hématine,  bilirubine,  etc.,  qui  doivent 
être  elles  aussi  des  couleurs  tétrapyrroliques  de  molécule  C'^'H^Az^O". 

Les  couleurs  tétrapyrroliques,  d'un  intérêt  tout  particulier,  se  divisent  donc  en  deux 
groupes  voisins,  dont  l'un  (couleurs  indigotiques)  dérive  de  l'indol,  et  l'autre  (couleurs 
hématiques)  dérive  de  l'hémopyrrol.  Or  l'hémopyrrol  n'est  pas  très  éloigné  de  l  indol  : 
que  ce  soit  un  méthylpropylpyrrol  comme  on  le  pensait  autrefois,  ou  au  contraire, 
d'après  les  travaux  les  plus  récents  (0.  Piloty  et  E.  Quitmann,  09),  un  diméthyléthylpyr- 
rol,  le  passage  de  ce  corps  à  l'indol  ne  paraît  pas  invraisemblable.  Il  suffirait,  pour  le 
réaliser,  d'une  fermeture  lat<Crale  de  noyau  par  déshydrogénation  : 

H 
CH^  C 


CH3  C C— 

Il         II 
CH3  C        CH 

1      /\  / 
0H3  AzH 


HC      C CH 

I        II         II 
HC  CH        CH 

C       AzH 
H 


Peut-être  les  relations  chimiques  du  groupe  indolique  avec  le  groupe  hémopyrro- 
lique  se  doublent-elles  de  relations  phys^iologiques,  et  c'est  pourquoi  nous  avons  cru 
devoir  les  exposer. 

B.  Préparation  d'indirubine  pure.  —  Il  y  a  peu  d'années  encore,  les  chimistes 
les  plus  familiarisés  avec  l'allure  des  couleurs  indigotiques  étaient  d'avis  que  a  on  ne 


200  INDOL. 

connaît  pas  de  procédés  pour  séparer  rigoureusement  les  deux  couleurs  (indirubine  et 
indigoline),  et  il  est  peu  probable  que  l'on  en  puisse  jamais  découvrir,  vu  la  grande 
analogie  qui  existe  entre  l'indigotine  et  l'indirubiueau  point  de  vue  de  la  manière  dont 
elles  se  comportent».  (Badische  A.nilin  und  Sodaiabrick,  99,  p.  19).  Cela  est  vrai  si  l'on 
veut  travailler  rapidement  et  sur  de  fortes  quantités,  mais  il  est  possible  d'obtenir  un 
petit  échantillon  d'indirubine  parfaitement  pure,  par  le  procédé  suivant  (L.  C.  Mail- 
lard, 03  f). 

On  doit  avant  fout  porter  l'indirubine  brute  en  solution  dans  le  chloroforme  pur 
ou  débarrassé  de  certaines  impuretés  par  la  techpimie  de  L.  CMAiLLARoetA.  Rang(06  6): 
il  est  avantageux  de  chauffer.  La  solution  chlorolormique  refroidie  doit  être  agitée 
violemment  avec  une  solution  aqueuse  de  soude  caustique  à  1  p.  100,  traitement  qu'on 
renouvelle,  s'il  paraît  éliminer  beaucoup  d'impuretés  ;  on  lave  ensuite  à  l'eau,  puis  par 
HCI  très  dilué,  enfin  à  l'eau,  et  on  distille  le  chloroforme.  Le  résidu  no  contient 
absolument  que  l'indirubine  avec  l'indigotine  qui  l'accompagne,  et  quelquefois,  mais 
rarement,  un  peu  de  «  brun  d'indigo  »,  ce  qui  est  une  condition  peu  favorable  et 
engage  à  choisir  plutôt  un  autre  échantillon. 

On  verse  sur  le  résidu  sec,  à  la  température  ordinaire,  de  l'élher  pur  qui  se  colore 
en  rose  carmin,  et  qu'on  renouvelle  tant  qu'il  se  colore  :  l'éther  ne  dissout  que  des 
traces  d'indigotine,  mais  en  dissout  des  traces,  ce  qu'on  reconnaît  au  ton  légèrement 
violacé  des  derniers  épuisements  éthérés.  On  distille  donc  l'éther,  et  on  reprend  à 
nouveau  le  résidu  par  1  ether  :  il  faut  moins  de  temps  que  la  première  fois  pour  dis- 
soudre l'indirubine,  presque  pure,  et  les  traces  d'indigotine  n'ont  plus  le  temps  de  se 
dissoudre  :  on  les  retrouve  à  la  lin  sous  forme  d'un  petit  résidu  bleu.  On  recommence 
s'il  y  a  lieu  l'opération  encore  une  fois,  jusqu'à  ce  que  les  fractions  de  queue  aient 
exactement  la  même  teinte  carminée  que  les  fractions  de  tête,  sans  le  plus  léger  ton 
violacé  :  à  ce  moment  l'évaporation  de  l'éther  fournit  l'indirubine  pure  sans  la  moindre 
trace  d'indigotine. 

C.  Propriétés  de  l'indirubine.  —  Cristallisée  dans  l'aniline  ou  dans  le  phénol, 
l'indirubine  se  présente  sous  forme  de  petites  aiguilles  brun  chocolat  à  faible  éclat 
métallique  (E.  Schunck  et  L.  .Marchlewski,  9o);  obtenue  par  évaporation  de  la  solution 
éthérée,  elle  se  présente  sous  forme  de  poudre  amorphe  d'un  beau  rouge  grenat  foncé 
d'apparence  sèche  (L.  C.  Maillard,  03  f).  Lorsqu'elle  forme  un  enduit  rouge  cerise 
d'aspect  vernissé,  c'est  qu'elle  est  généralement  souillée  de  quelques  substances 
grasses.  L'indirubine  chauffée  se  sublime,  au  moins  partiellement,  en  un  dépôt  rouge. 
L'indirubine,  rigoureusement  insoluble  dans  l'eau,  se  dissout  assez  facilement  dans 
l'alcool,  surtout  à  chaud,  le  chloroforme,  l'éther,  et  surtout  dans  l'acide  acétique  gla- 
cial, qui  a  été  proposé  pour  son  extraction  et  son  dosage  (W.  F.  Koppeschaar,  99);  la 
solution  alcoolique  ou  acétique  précipite  par  une  addition  convenable  d'eau.  Toutes 
ces  solutions  sont  d'un  beau  rouge  cerise  lorsqu'elles  sont  concentrées,  un  peu  plus 
carminées  quand  elles  sont  étendues.  Les  solutions  montrent  au  spectroscope  une 
bande  d'absorption  unique,  assez  large  et  estompée  sur  les  bords,  s'étendant  sur  les 
régions  jaune  et  verte. 

L'indirubine  est  rigoureusement  insoluble  dans  les  acides  et  alcalis  étendus;  la 
solution  chloroformique  n'en  cède  pas  la  moindre  trace  à  aucun  lavage  acide  ou  alcalin, 
ce  qui  constitue  à  la  fois  un  caractère  analytique  précieux  et  un  caractère  chimique 
d'indifférence  du  corps  qui  ne  peut  former  des  sels  stables  en  présence  de  l'eau 
(L.  C.  Maillard,  03  f,  08  b).  L'indirubine,  comme  l'indigotine,  est  oxydée  par  HAzO^ 
avec  formation  d'isatine,  puis  d'acide  anthranilique  et  finalement  cVacide  picrique,  si 
l'acide  est  concentré.  Bouillie  en  solution  acétique  avec  de  la  poudre  de  zinc,  l'indiru- 
bine se  réduit  rapidement  en  se  décolorant,  par  formation  d'un  leucodérivé  analogue  à 
celui  de  l'indigotine.  Si  la  réaction  n'est  pas  trop  prolongée,  l'addition  d'eau  et  de 
soude  fait  réapparaître  la  couleur  rouge  par  agitation  à  l'air.  Mais  si  la  réduction 
par  le  zinc  et  l'acide  acétique  a  été  poussée  à  fond  (C.  Forrer,  84),  l'indirubine  ne 
peut  être  régénérée  :  elle  a  été  transformée  en  une  substance  particulière,  Vindileucine 
C"H'-Az-0  qui  cristallise  en  petites  aiguilles  incolores  décomposables  entre  220°  et  260°. 
L'acide  sulfurique  concentré  dissout  à  froid  l'indirubine  en  un  liquide  gris-noir  qui 
devient  rouge  lentement  à  froid,  rapidement  à  chaud,  par  formation  d'un  acide  indiru- 


INDOL.  201 

binesulfonique ;  celui-ci  est  soluble  dans  l'eau  en  formant  une  solution  d'un  beau 
rouge  carmin,  que  le  permanganate  n'oxyde  que  très  lentement  à  fn.)id,  mais  rapide- 
ment vers  80",  avec  formation  du  dérivé  correspondant  de  l'isaline. 

D.  Réactions  de  l'indirubine.  —  Los  réactions  de  l'indirubino  consistent  dans  la 
recherche  des  propriétés  préct-deiites.  Nous  attirerons  l'attention,  comme  pour  l'indi- 
gotine,  sur  l'iinportaiice  du  caractère  d'indifférence  chimique,  mis  en  lumière  par  l'agi- 
tation de  la  solution  chloroformique  avec  les  acides  étendus  et  les  alcalis  étendus  :  on  ne 
doit  pas  observer  la  moindre  altération. 

E.  Dosage  de  l'indirubine.  —  L'extraction  de  l'indirubine  par  l'acide  acétique 
cristallisable  bouillant  (NV.  F.  Koppeschaar,  99),  par  l'alcool  bouillant,  ou  même  l'éther 
bouillant  (Ch.  Hawson,  99),  peut  convenir  pour  l'essai  rapide  des  indigos  du  com- 
merce, mais  demanderait,  pour  constituer  un  dosage  précis,  des  précautions  particu- 
lières. 

Il  est  facile  de  doser  l'indirubine,  même  en  présence  de  l'indigotine,  dans  l'extrait 
sec  obtenu  après  épuisement  chloroformique,  lavages  du  chloroforme  à  l'eau 
alcaline  et  à  l'eau  acide,  distillation.  Il  suffit  de  sulfoner  le  mélange  et  de  titrer  au 
permanganate  comme  nous  l'avons  vu  pour  le  Dosage  de  Vindoxyle.  Le  permanganate 
est  d'abord  versé  dans  la  solution  froide  jusqu'à  disparition  de  toute  nuance  violacée, 
ce  qui  donne  le  chiffre  de  l'indigotine;  puis  on  porte  vers  80"  et  on  continue  les  addi- 
tions de  KMnO*  jusqu'à  disparition  de  toute  nuance  rosée  dans  la  teinte  jaune  pâle 
de  l'isatine  :  le  permanganate  co-risommé  correspond  à  l'indirubine  d'après  la  même 
équation  que  pour  l'indigotine.  Il  est  naturellement  indispensable  de  faire  rextraction 
préalable  par  du  chloroforme  purifié  (L.  C.  Maillard  et  A.  Rang,  06  a). 

Lorsqu'on  a  l'indirubine  isolée,  exempte  d'indigotine,  rien  de  plus  simple  que  de 
la  doser,  en  solution  dans  un  véhicule  convenable,  soit  par  comparaison  avec  une 
série  de  tubes  étalons  (J.  Bouma,  Oi]  soit  au  colorimètre  à  épaisseurs  variables 
(L.C.  Maillard,  10). 

Enfin,  le  dosage  par  évaporation  de  la  solution  dans  une  capsule  tarée,  et  pesée, 
est  également  très  simple,  mais  ne  trouve  pas  fréquemment  son  indication  dans  les 
travaux  physiologiques,  où  les  quantités  sont  trop  minimes. 

F.  Indigurie  rouge  (Indirubinurie).  —  Dans  la  plupart  des  cas,  l'indirubine 
n'existe  pus  toute  formée  dans  l'urine,  mais  se  produit  seulement  sous  l'action  des 
acides,  avec  ou  surtout  sans  oxydants.  Quelquefois  cependant  on  la  trouve  en  suspen- 
sion, au  moment  de  l'émission  ou  quelque  temps  après,  dans  l'urine,  qui  prend  alors 
une  teinte  rouge,  ou  violacée  s'il  y  a  en  même  temps  de  l'indigotine. 

Les  conditions  pour  que  l'urine  renferme  de  l'indirubine  au  moment  de  son  émission 
paraissent  être  les  mêmes  que  pour  l'indigotine.  Il  faut  d'abord  qu'il  y  ait  assez  abon- 
damment de  l'indoxyle,  et  sous  la  forme  indoxylglycuronique,  qui  est  facilement 
décomposable.  En  second  lieu,  l'urine  est  généralement  alcaline,  et  le  patient  souffre 
d'une  infection  des  voies  urinaires  :  cystite,  pyélite,  pyélonéphrite. 

C'est  ainsi  sans  doute  que  s'explique  la  vieille  observation  faite  en  1844  par  von 
Velsen,  chez  un  vieillard  atteint  de  cystite  chronique,  et  qui  prenait  de  l'eau  de  chaux. 
L'urine  avait  une  couleur  violet  foncé,  et  donnait  un  sédiment  de  même  couleur  :  il 
s'agissait  évidemment  d'un  mélange  d'indigotine  et  d'indirubine. 

Heller  (47)  a  trouvé  de  l'indirubine,  sous  le  nom  de  «  urrhodine  »,  dans  certains  sédi- 
ments violacés  des  urines.  La  matière  rouge  a  été  signalée  par  C.  Méhu  (7/  a),  en  com- 
pagnie de  l'indigotine,  dans  un  sédiment  violet. 

P.  Plosz  {82,  83 j  l'a  rencontrée  en  abondance  (sous  le  nom  de  «  urorubine  »)  dans 
l'urine  d'un  malade  atteint  de  cystopyélite  avec  néphrite  parenchymateuse, 
W.  Leube  i86)  chez  une  ostéomalacique,  soufïrant  de  cystopyélite,  dont  Turine  devenait 
à  l'air  d'un  violet  sombre,  presque  noir.  L'indirubine  accompagnait  l'indigotine  dans 
le  cas  d'indigurie  de  Kahler  (88).  H.Rosr.v  (9/)  a  trouvé,  dans  un  cas  fatal  de  cysto- 
pyélite, un  sédiment  violet  dont  l'alcool  extrayait  de  l'indirubine.  A.  Bagi.nsky  [92)  a 
observé  deux  cas  de  ce  phénomène,  qui  est  une  véritable  indigurie  rouge. 

L.C.  Maillard  (0.?/")  a  vu  se  former,  par  la  putréfaction  d'une  urine,  un  dépôt  violet, 
accompagné  d'une  (leurée  brillante,  qui  était  un  mélange  d'indigotine  et  d'indirubine. 
Le  sujet  avait  les  voies  urinaires  en  parfait  état:  la  seule  cause  possible  de  l'indigurie 


202  INDOL. 

était  une  certaine  constipation,  qui  avait  déterminé  la  production  d'acide  indoxylglycu- 
ronique;  l'urine  était  un  peu  réductrice. 

A.  GuoBEii  (Oi)  donne  l'observation  d'une  jeune  fille  de  14  ans,  atteinte  de  néphrite, 
qui  émettait  une  urine  rouge-rose  foncé,  dont  la  couleur  pouvait  être  extraite  directe- 
ment par  agitation  avec  le  chloroforme  ou  l'éther  et  montrait  le  spectre  de  l'indirubine. 
L'auteur  fait  remarquer  que  la  couleur  existait  en  suspension,  dès  l'émission,  dans 
l'urine  de  réaction  légèrement  acide,  et  quïl  n'existait  pas  de  cystopyélite. 

Au  contraire,  la  pyélocystite  suppurée  était  évidente  dans  un  beau  cas  d'urines 
rouges  décrit  par  P.  Fîar  et  R.  Daunay  (06)  sous  le  nom  de  murexide  où  il  est  facile 
de  reconnaître  l'indirubinurie  type.  Ajoutons-y  le  cas  de  Mouisset  et  Bonnamour  {05), 
où  la  couleur,  observée  chez  un  typhique,  était  décrite  sous  le  nom  d'alcaplonc.  Voir 
au  chapitre  des  Couleurs  winaircs  dérivées  de  l'indoxyle. 

L'indigurie  rouge  a  été  obtenue  expérimentalement  par  Ch.  Hervieux  {08),  après 
administration  d'indol  à  la  chèvre,  tandis  que  généralement  l'indigurie  du  chien  est 
bleue.  D'ailleurs,  à  lindigurie  rouge  du  début  chez  la  chèvre  fait  le  plus  souvent  suite 
uneindigurie  bleue.  Pour  quelles  raisons  voit-on  apparaître  dans  certains  cas  l'indiru- 
bine, tandis  qu'en  général  c'est  l'indigoline  qui  domine  ?  Nous  ne  saurions  en  donner 
pour  l'instant  d'explication  bien  satisfaisante. 

Heller  (47),  II.  Chiari  ((SS),  ont  observé  des  calculs  urinaires  ou  rénaux  qui  conte- 
naient, à  côté  de  rindigotine,un  peu  d'indirubine.  L'indirubine  peut  donc,  comme  Tin- 
digotine,  faire  partie  des  sédiments  et  des  calculs. 

E.  —  COULEURS     URINAIRES    DÉRIVÉES    DE    L'INDOXYLE. 

La  littérature  contient  un  grand  nombre  de  publications  où  sont  décrites  des  matières 
colorantes  bleues  ou  rouges  observées  dans  l'urine  humaine,  soit  comme  apparition 
spontanée,  soit  après  traitement  de  l'urine  par  les  réactifs.  Dans  certaines  de  ces  obser- 
vations, les  auteurs  ont  reconnu  plus  ou  moins  nettement  les  couleurs  indigotiques  ; 
dans  d'autres  on  a  imposé  aux  matières  colorantes  des  dénominations  spéciales,  les 
considérant  comme  des  substances  nouvelles,  de  signification  généralement  pathologique. 

A  la  suite  de  ses  recherches  sur  l'indoxyle  urinaire  et  les  couleurs  (jui  en  dérivent, 
L.  G.  Maillard  [03  f)  a  procédé  à  la  revision  critique  de  toutes  ces  observations, 
guidé  par  un  certain  nombre  de  notions  directrices,  qui  sont:  la  connaissance  des  pro- 
priétés de  l'indigotine  et  de  l'indirubine,  le  mécanisme  de  genèse  de  ces  deux  couleurs 
à  partir  de  l'indoxyle,  les  conditions  qui  donnent  la  prépondérance  à  l'une  ou  à  l'autre, 
la  possibilité  pour  ces  deux  couleurs  d'affecter  transitoirement  l'état  de  pseudo-solutions 
colloïdales  traversant  les  filtres  de  papier,  la  difficulté  plus  ou  moins  grande  de  leur 
solution  dans  les  véhicules  neutres  suivant  qu'elles  ont  passé  ou  non  par  l'état  solide, 
amorphe  ou  cristallisé.  La  conclusion  de  cette  revue  critique,  c'est  qu'on  n'a  jamais 
rencontré  authentiquemenl  dans  l'urine  qu'une  seule  matière  bleue,  l'indigotine  (avec 
l'hémiindigotine),  et  une  seule  matière  rouge  soluble  dans  le  chlorofortne  et  retenue 
par  lui  malgré  les  lavages  aqueux  en  réaction  acide  ou  alcaline,  l'indirubine. 

A.  Les  couleurs  bleues  de  l'urine.  —  La  présente  revue  comprend  toutes  les 
matières  colorantes  bleues  naturelles  de  l'urine,  qu'elles  y  aient  préexisté  au  moment 
de  l'émission,  qu'elles  se  soient  formées  spontanément  plus  tard,  ou  enfin  que  leur 
apparition  ait  nécessité  l'emploi  des  réactifs  (acides,  oxydants).  Au  contraire,  en  sont 
éliminées  les  couleurs  artificiellement  introduites  et  dont  il  est  facile  de  connaître  la 
nature  :  bleu  de  méthylène,  etc. 

Les  premières  observations  dis  matières  bleues  dans  les  urines  rentrent  naturelle- 
ment dans  les  deux  premières  catégories,  celles  de  la  formation  spontanée,  dès  avant 
l'émission  ou  plus  tard.  Disons-le  dès  maintenant,  tous  ces  cas  d'urines  bleues  étaient 
des  cas  à'indigurie,  c'est-à-dire  que  la  couleur  bleue  était  de  l'indigotine  toute  formée. 
Nous  avons  vu  que  ce  phénomène  se  produit  lorsque  l'urine,  riche  en  indoxyle,  ne  le 
renferme  pas  seulement  sous  forme  d'acide  indoxylsulfurique,  mais  aussi  sous  forme 
d'acide  indoxylglycuronique.  Celui-ci  est  très  facilement  décomposable,  surtout  en 
milieu  alcalin  et  en  présence  des  bactéries  :  c'est  pourquoi  l'indigurie  coïncide  généra- 
lement avec  les  infections  de  l'appareil  urinaire  et  avec  la  putréfaction  de  l'urine. 


INDOL.  203 

C'est  seulement  à  partir  de   1845  que  les  travaux  de  IIeller,  A.  Martin,  Hassall, 

^ScHUNCK,  Cauter,  Commencèrent  à  montrer  la  présence  fréfjuente  de  la  couleur  l)leue, 

dissimulée  sous  forme  de  chromogène  incolore.  Cette  notion  s'est  généralisée  de  plus 

en  plus^  et  on  peut  affirmer  aujourd'hui,  non  seulement  la  fréquence,  mais  bien  la 

■constance  des  chromogènes  indigotiques  dans  l'urine  humaine. 

Les  urines  bleues  ou  vertes  ont  du  attirer  l'attention  dès  les  temps  les  plus  leculés. 
Il  en  est  fait  mention  dans  les  oeuvres  de  Galien;  on  les  trouve  signalées  dans  les  ou- 
vrages de  L.  Bellinf  (1698),  De  Rega,  Phosper  Alpin  (1751).  Toutes  ces  urines  sont  trou- 
bles ;  si  la  couleur  y  est  très  abondante,  si  elle  se  dépose  au  fond  du  vase  ou  surnage, 
-on  constate  la  couleur  bleue  ;  sinon  le  mélange  avec  l'urine  jaune  la  fait  paraître  verte. 
Pour  ces  vieux  auteurs,  les  urines  vertes  étaient  produites,  bien  entendu,  par  un  «  dé- 
faut de  coclion  de  la  bile  »,  ou  toute  autre  cause  du  même  genre. 

La  première  observation  du  chromogène  indoxylique  paraît  remonter  à  Brugnatelli, 
qui  vers  1790,  en  traitant  l'urine  par  les  acides  et  les  sels  de  fer,  obtint  un  précipité 
■bleu,  qu'il  prit  pour  du  prussiate  de  fer  et  qu'il  attribua  à  la  présence  de  l'acide  prus- 
sique  dans  l'urine:  c'était  évidemment  de  l'indigo.  Fourcroy,  Baumes,  croyaient  aussi 
au  bleu  de  Prusse. 

Gar.nier  et  Delens,  puis  Spangenberg,  firent  remarquer  toutefois  qu'ils  avaient  trouvé 
dans  certaines  urines  une  matière  bleue  spéciale,  différente  du  prussiate,  car  elle  ne 
laissait  pas  de  fera  l'incinération. 

Cette  remarque  n'empêcha  pas  Julia-Fontenelle  en  1823  et  1825,  Mojon  en  1825, 
■L.  Cantin  en  1832,  et  Dranty  en  1837,  de  prendre  pour  de  l'hydroferrocyanate  de  fer,  ou 
•bleu  de  Prusse,  le  précipité  des  urines  bleues. 

Cependant,  sur  ces  entrefaites,  H.  Braconnoï  avait  décrit  en  1825,  sous  le  nom  de 
•Cyanourine,\ine  matière  spéciale,  différente  du  bleu  de  Prusse,  qu'il  retrouva  plus  tard 
(1845)  dans  d'autres  urines,  et  qui  n'était  autre  que  l'indigotine. 

C'est  Tindigotine  également  qui  constituait  la  matière  bleue  observée  par  Boughar- 
DAT  dans  l'urine  en  1841,  et  qui  formait,  associée  à  l'indirubine,  l'abondant  précipité 
violet  fourni  à  von  Velsen  eu  1844  par  l'urine  d'un  vieillard  atteint  de  cystite  et  absor- 
'bant  de  l'eau  de  chaux. 

En  1845,  on  trouve  la  remarquable  étude  de  IIeller,  qui  par  des  moyens  analytiques 
'très  rudimentaires,  était  arrivé  à  une  conception  presque  exacte  du  sujet,  dont  la  con- 
naissance n'a  fait  que  reculer  pendant  de  longues  années.  IIeller  concluait  qu'un  chro- 
mogène peu  coloré,  Vuroxanthine  (qu'il  croyait  jaune,  c'est  sa  seule  erreur),  se  trans- 
formait en  un  mélange  d'uroy lancine  bleue  et  d'urrhodine  rouge.  Il  ne  fallait  plus 
qu'identifier  ces  couleurs  à  celles  de  l'indigo. 

L'indigotine  est  signalée  en  1846  par  Aloys  Martin  sous  le  nom  d'iirocyanine,  en  1847 
ipar  G.  Semmola  sous  le  nom  de   cyanourine  (différente  de  celle  de  H.  Braconnot),  et 
par  R.  ViRCHOw   sous  celui  de  bleu   urinaire  (Harnblau).  En   1848,  Lâche  signale   une 
matière  bleue  dans  l'urine  d'un  sujet  souffrant  de  péritonite,  sans  identifier  la  sub- 
stance. En  1851,  R.  ViRCHow  reconnaît  que  la  couleur  est  identique  à  l'uroglaucine  de 
Heller,  et  c'est  le  nom  d'uroglaucine  que  lui  conservent  en  1853Ch.  Robi.n  et  F.  Verdeil. 
Dès  avant  cette  époque,  l'identité  de  la  couleur  bleue  des  urines  avait  été  cependant, 
sinon  définitivement  établie,  au  moins  formellement  indiquée.  W.Prout  en  1840,  étudiant 
le  précipité  bleu  de  l'urine,  avait  remarqué  que  le  dépôt,  chauffé,  dégageait  des  vapeurs 
pourprées  qui  se  condensaient  en  un  sublimé  parfaitement  analogue  à  celui  de  l'indigo. 
Dès  1845,  F.  Simon  avait  observé  que  le  dépôt  bleu  se  dissolvait  dans  l'acide  sulfurique 
en  formant  de  l'acide  sulfindigotique,  décoloré  par  le  sucre  de  raisin  en  liqueur  alca- 
line, et  redevenant  bleu  à  l'air.  Néanmoins,  G.  Semmola  (47)  croyait  devoir  distinguer, 
par  des  caractères  accessoires,  sa  cyanourine,  à  la  fois  de  la  cyanourine  de  H.  Bra- 
•CONNOT  et  de  l'indigo  de  F.  Simon. 

A  partir  de  ce  moment,  le  bleu  d'indigo  fut  souvent  reconnu  dans  l'urine,  qu'il  s'agit 
d'indigurie  avec  formation  spontanée  du  dépôt  bleu,  ou  seulement  de  l'apparition  de 
la  couleur  sous  l'aclion  des  réactifs.  Parmi  les  principaux  auteurs  qui  ont  contribué  à 
l'édification  de  nos  connaissances  sur  ce  point,  il  faut  citer  IIill  Hassall  [53),  Sicherer 
(oi),  L.  S.  Beale  (oo),  E.  Schungk  {37),  Th.  A.  Carter  {58),  W.  Gilchrist  (6/),  F.  Hoppe- 
-Seyler  (6'5),   H.    Veale  {68),  Wyss  (6S),  M.  Jaffé  (70),  C.  Méhu(7/  a).   Depuis   cette 


20i  INDOL. 

("poque,  la  vraie  nature  de  la  couleur  bleue  des  urines  est  devenue  classique,  et 
connue  de  l'immense  majorité  des  auteurs. 

On  trouve  encore  cependant,  dans  la  littérature  de  la  seconde  moitié  du  xix'  siècle, 
quelques  travaux  discordants,  qui  semblent  ne  pas  s'être  suffisamment  inspirés  des 
données  acquises  antérieurement.  C'est  ainsi  que  pour  (Jubleh  en  1854  et  même  en 
1869  (Leven  et  Guhleu),  il  s'agit  d'une  «  matière  bleue  différente  de  l'indigo  ».  Pav.ne  en 
1858  conserve  le  nom  d'uroglaucine  à  la  matière  bleue  qui  se  forme  sous  l'action  des 
acides  dans  l'urine  des  cholériques,  Thudichu.m  l'appelle  urocyanine  (1867),  Mac  Mun.n 
la  décrit  encore  sous  ce  nom  en  1880. 

Jugeant  nécessaire  l'adoption  d'une  nomenclature  nouvelle,  Fordos  attribua  en  1865 
à  la  couleur  bleue  le  nom  dhirocyanose,  tandis  qu'il  désignait  l'indirubine  sous  le  nom 
(Vacide  uroérythrique. 

Indigotine  uriiiairc 
reconnue.  non  reconnue. 

?      Galien j 

1698  Bellini (  TT  ■  .        .  u. 

-      p.     „  /  Urines  vertes  et  bleues. 

?      De  Rkga 1 

1151  Prosper  Alpin ' 

1790  Bruonateu.i Prussiate  de  fer. 

?      Garnier  et  Delens   .    .    .  Matière  bleue  spéciale. 

?     Spangenuero Id. 

1823  Julia-Fontenelle.   .    .    .  Hydroferrocyanate  de  fer. 

182u  MojoN HydrofeiTocyanate  de  fer. 

—  Julia-Fontenelle.   .    .    .  Bleu  de  Prusse. 

—  Braconnot Cyanoiivine. 

1832  Cantin Bleu  de  Prusse. 

183"  Dranty Hydroferrocyanate  de  fer. 

1840  Prout. 

1841  BoucuARDAT Matière  bleue. 

1844  Von  Velsen Couleur  violette. 

1845  Braconnot Cyanourine. 

—  Heller Uroglaucine. 

1845  Simon. 

1846  A.  Martin Urocyanine. 

1847  Senlmoi.a Cianourine. 

—  ViRCHOw Bleu  urvtaire. 

1851  ViRCHOw Uroglaucine. 

1863  Robin  et  Verdeil.    .    .    .  Uroglaucine. 

1853  H.  Hassall. 

1834    SlCHERER. 

1854  GuBLER Mat.  différente  de  l'indigo. 

1855  Beale. 

1857  SCHUNCK. 

1858  Carter. 

1858  Payne Uroglaucine. 

1861  Gilchrist. 

1863  F. HoppE  Seyler. 

1865  Fordos Urocyanose . 

1867  Thudichum.. Urocyanine. 

1868  Veale. 
—    Wyss. 

1869  GuBLER Mat.  différente  de  l'indigo. 

1870  Jaffe. 

1871  MÉHU. 

1875  A.  Robin Cyanourine. 

il.  Cyanourine. 
2.  Indigose. 
3.  Matière  spéciale. 

1880  Mac  Munn Urocyanine. 

1890  Schûtzenberger    ....       Uroylaucine. 
1902  Maillard.  Indigotine  et  Hémiindigotine. 

A.  Robin  admet,  en  1879,  l'existence  éventuelle,  dans  l'urine,  de  trois  couleurs  bleues 
distinctes:  1°  la  cyanourine,  très  rare,  préexistant  au  moment  de  l'émission;  2°  l'indi- 


INDOL.  205 

gose,  plus  fréquente,  se  formant  lors  de  la  putrt'faction  ;  3°  une  autre  matière  bleue, 
non  dénommée,  spéciale,  se  développant  par  l'action  des  acides.  Toutes  les  trois  étaient 
l'indigotine. 

Enfin,  il  faut  rappeler  le  légitime  scrupule  de  P.  Sghutzenberger  {90}  se  refusant,  à 
cause  des  solubilités  différentes,  à  admettre  l'identité  complète  de  l'indigotine  et  de  la 
couleur  bleue  qui  se  forme  dans  l'urine  par  la  réaction  de  M.  Jafi'k.  L.  C.  Maillard  a 
montré  plus  tard  (03  f)  que  celte  couleur  à  laquelle  P.  Schutzenbkrger  conserve  le 
nom  d'uroylaucine  devait  être  une  «  hémiindif,'otine)),  précurseur  de  l'indigotine. 

L'indigoline  et  l'hémiindigotine  suffisent  donc  à  identifier  toutes  les  couleurs  bleues 
qui  aient  jamais  été  signalées  dans  Tuiine  humaine.  L'histoire  de  ces  observations  est 
résumée  dans  le  tableau  ci-dessus  (p.  204). 

B.  Les  couleurs  urinaires  rouges  identiques  à,  l'indirubine.  —  La  première 
fois  que  l'iiidirubine  fut  extraite  de  l'urine  humaine,  elle  ne  portait  pas  ce  nom.  Ce  fut 
Heller  qui  la  découvrit  en  1845  et  l'appela  urrhodlnc,  arrivant  sur  sa  genèse  à  des  idées 
remarquablement  justes,  pour  l'époque  de  ses  recherches,  et  eu  égard  aux  moyens  de 
travail  dont  il  disposait.  Pour  Heller,  l'urine  renfermait  une  matière  jaune,  l'uroxan- 
thine,  qui  sous  l'action  des  acides  forts,  et  en  présence  de  l'air,  donnait  un  mélange 
d'uroglaucine  bleue  et  d'urrhodine  rouge.  Sauf  que  l'acide  indoxylsulfurique  est  inco- 
lore et  n'est  pas  la  couleur  jaune  de  l'urine,  il  n'y  a  rien  à  reprendre  dans  ce  travail; 
la  conclusion  à  laquelle  nous  arrivons,  après  plus  d'un  demi-siècle,  ne  fait  que  préciser 
la  conception  de  Heller,  dont  le  grand  mérite  est  d'avoir  reconnu  d'emblée  la  commu- 
nauté d'origine  de  la  couleur  rouge  et  de  la  couleur  bleue. 

Ce  fut  E.  SceuNCK,  en  1857,qui  à  la  suite  de  ses  travaux  sur  l'indigo  végétal,  reconnut 
que  l'urine  pouvait  fournir  de  l'indigotine  avec  un  peu  d'  «  indirubine  ».  Th.  A.  Carter 
en  1858,  et  F.  Hoppe-Seyler  en  1863,  confirmèrent  à  leur  tour  la  présence  de  l'indiru- 
bine,  à  côté  de  l'indigotine,  dans  le  produit  de  l'action  des  acides  sur  l'urine.  Wyss 
trouva  en  abondance  la  même  couleur  rouge  dans  l'urine  des  cholériques  (1868),  et 
admit  qu'elle  était  du  rouge  d'indigo.  M.  Jaffé,  cherchant  pour  la  première  fois  (1870) 
à  doser  1'  «  indican  urinaire  »,  déclara  expressément  qu'il  ne  faut  pas  rejeter  la  couleur 
rouge  soluble  dans  l'alcool,  parce  qu'elle  est  du  rouge  d'indigo,  qui  dérive  lui  aussi  de 
r  «  indican  ».  Tous  ces  auteurs  pensaient,  à  la  suite  de  E.  Schungk,  que  le  chromogène 
des  urines  était  identique  à  l'indican  des  plantes. 

M.  Nencki  (74,  76),  F.  Masson  [74-],  R.  Niggeler  (74),  constatèrent  que  l'urine  des 
animaux  auxquels  on  a  injecté  de  l'indol,  ne  fournit  pas  seulement  du  bleu  d'indigo, 
mais  aussi  du  «  rouge  d'indigo  ». 

Jusqu'alors,  l'identification  du  rouge  urinaire  avec  le  rouge  d'indigo  était  plutôt  une 
opinion  qu'une  certitude,  car  on  s'était  borné  à  en  étudier  l'aspect  et  quelques  réactions 
plus  ou  moins  nettes.  Ainsi  s'explique  l'éclipsé  que  dut  subir  pendant  une  quinzaine 
d'années  la  connaissance  de  l'indirubine  urinaire,  sous  l'influence  surtout  de  la  décou- 
verte du  skatol  et  de  la  fâcheuse  théorie  des  couleurs  «  skatoxyliques  »  dont  elle  fut 
l'occasion. 

Pendant  cette  période,  la  vraie  nature  de  l'indirubine  urinaire  fut  méconnue,  et  il 
faut  arrivera  l'année  1891  pour  trouver  une  élude,  des  plus  consciencieuses  et  des  plus 
instructives,  où  H.Rosin  établissait  définitivement  l'identité  de  la  couleur.  La  conclusion 
de  H.  RosiN,  basée  sur  l'isolement  de  l'indirubine  urinaire  à  l'état  pur  et  cristallisé,  sur  la 
comparaison  minutieuse  de  ses  propriétés  avec  celles  de  l'indirubine  végétale  et  de  l'in- 
dirubine synthétique,  sur  l'analyse  centésimalo  du  produit,  etc.,  aurait  dû,  semble-t-il, 
classer  définitivement  la  question  et  couper  court  à  tous  les  errements. 

Il  n'en  fut  rien  malheureusement,  et  la  discussion  entre  F.  Obeumayer,  E.  Wang  et 
J.  BouMA,  sur  la  question  de  savoir  s'il  fallait  ou  non  éliminer  la  couleur  rouge  dans  le 
dosage  de  l'indoxyle,  ne  le  prouve  que  trop. 

Il  fallut  que  J.  Bouma  isolât  et  identifiât  à  nouveau  (1899),  beaucoup  plus  superficiel- 
lement d'ailleurs  que  ne  l'avait  fait  H.  Rosin,  l'indirubine  urinaire. 

L.  C.  Maillard  réussit  enfin,  en  1901,  à  transformer  à  volonté,  soit  en  indigotine,soit 
en  indirubine,  la  totalité  de  l'indoxyle  urinaire,  commençant  ainsi  l'étude  des  relations 
de  ces  couleurs,  qu'il  devait  compléter  en  1902  et  1903.  Le  nouvel  isolement  de  l'in- 
dirubine pure,  et  l'identification  qui  en  fut  faite  une  fois  de  plus,  ne  suffirent  mal- 


-206  I  N  D  O  L. 

heureusement  pas  encore,  on  le  verra,  à  arrêter  le  flot  des  publications  erronées  sur 
les  couleurs  rouges  de  l'urine. 

L'indirubine  a  été  vue,  en  effet,  par  bien  des  auteurs  qui  ne  l'ont  pas  reconnue. 
Naturellement  IIeller  ne  pouvait  donner  en  1845  à  son  urvhodine  le  nom  d'indirubine 
adopté  par  E.  Schunck  dix  ans  plus  tard,  à  la  suite  de  ses  travaux  sur  l'indigo  végétal,  et 
ne  pouvait  que  ilifficilement  reconnaître  en  l'urrhodine  le  rouge  d'indigo  si  incomplète- 
ment décrit  par  Berzkuus. 

Dans  leur  Traité  de  chimie  anatomiqite,  Ch.  Robix  et  Verdeil  ont  décrit  en  18-J3,  sous 
le  nom  d'urrosacine,  une  matière  colorante  qui  devait  être  formée,  d'après  ses  carac- 
tères, à  la  fois  par  de  l'indirubine  et  par  une  substance  du  groupe  des  couleurs  solubles 
à  l'eau,  décrite  l'année  suivante  par  IIakley  sous  le  nom  d'urohémaline. 

De  même  que  l'urocyanose  de  Fordos  était  tout  simplement  l'indigotine,  de  même- 
son  acide  uroérythrique,  décrit  en  1865,  correspondait,  partiellement  au  moins,  à  l'indi- 
rubine. 

On  en  peut  dire  autant  de  Vuvonibine  signalée  par  Thudichum  en  1867  dans  les  urines 
des  cholériques,  et  conservée  en  1880  par  Mac  Mcnn  comme  entité  distincte,  bien  que 
Wyss  eût  montré  en  1868  qu'il  s'agissait  simplement  de  rouge  d'indigo. 

La  «  matière  rouge  »  extraite  des  urines  par  C.  Mkhu  en  1871,  et  la  couleur  rouge 
particulière  observée  par  M.  Jaffé  en  1877  au  cours  de  sa  réaction  à  l'hypochlorite, 
étaient  de  l'indirubine.  Cette  substance  constituait  aussi,  selon  toute  vraisemblance,  une 
partie  de  la  prétendue  «  couleur  skatoxylique  »  obtenue  la  même  année  par  L.  Brieger. 
(77,  79,  80),  dans  l'urine  d'animaux  ayant  reçu  du  skatol,  l'autre  portion  de  cette 
couleur  devant  rentrer  dans  le  groupe  des  couleurs  solubjes  à  l'eau. 

La  substance  décrite  comme  nouvelle  par  P.  Plûsz,  en  1882,  sous  le  nom  à'urorubine 
(deuxième  espèce  d'urorubine,  non  assimilée  à  celle  de  Thudichum),  est  si  évidemment 
l'indirubine,  qu'on  croirait  lire  dans  les  mémoires  de  P.  Pli'>sz  la  description  de  cette 
dernière. 

Les  matières  colorantes  rouges  signalées  dans  l'urine,  sans  dénomination  spéciale, 
par  Krukenberg  en  1884,  par  Fr.  MCller,  par  Ortweiler,  en  1886,  étaient  simplement 
l'indirubine. 

Il  en  est  de  même  de  la  prétendue»  couleur  skatoxylique  »  de  J.  G.  Otto  (1884), 
de  la  <<  nouvelle  couleur  pathologique  »  de  W.  Leube  (1886),  de  la  «  couleur  encore 
inconnue  »  de  J.  Thormahlen  (1887),  de  la  «  couleur  skatolique  >■  de  B.  Mester  (1888), 
au  moins  pour  une  partie  de  ces  substances,  qui  ne  sont  pas  des  individualités  pures, 
et  dont  les  caractères  ont  été  décrits  d'une  manière  insuffisante. 

C'est  également  l'indirubine  qui  accompagnait  l'indigotine  dans  un  calcul  rénal  étu- 
dié par  H.  Chiari  en  1888,  et  dans  un  sédiment  urinaire  décrit  par  Kahler-  en  1888- 
également.  Enfin,  bien  que  A.  Baginsky  ait  cru  trouver  en  1892  une  «  couleur  d'espèce 
particulière  »  dans  des  urines  rouge-violet,  il  s'agissail  encore  d'indirubine. 

L'indirubine  constitue  une  partie  de  l'  «  urobiline  »  extraite  par  le  procédé  de 
L.  Grimbert  (1888)  de  l'urine  bouillie  avec  son  volume  de  llCl,  et  de  la  couleur  «  rouge 
bourgogne  »  obtenue  par  0.  Rose.nbach  l'année  suivante,  dans  les  mêmes  conditions. 

Il  faut  enfin  rappeler  que  la  couleur  rouge  éliminée  à  tort  par  F.  Obermayer  et  par 
E.Wang,  au  moyen  de  L'alcool,  en  1898,  dans  leurs  travaux  sur  le  dosage  de  l'indoxyle, 
n'était  autre  que  l'indirubine  provenant  précisément  de  l'indoxyle. 

Depuis  que  J.  Bouma  a  protesté  contre  cette  manière  de  faire  (1899);  depuis  que- 
L.  C.  Maillard  a  précisé  en  1901  et  1902  les  conditions  dans  lesquelles  se  forme  l'indi- 
rubine, on  pouvait  espérer  que  les  auteurs  s'abstiendraient  de  redécouvrir  encore  la 
couleur  rouge  «  chloroformiqueodes  urines.  On  peut  donc  s'étonner  de  la  u découverte», 
en  1902,  d'une  nouvelle  matière  colorante  rouge  violacée  des  urines  (S.  Cotton).  Cette 
couleur  est  naturellement,  elle  aussi,  l'indirubine,  comme  L.  C.  Maillard  [03  f)  s'en 
est  assuré  par  l'expérience  directe. 

MouissETet  Boxnamour  iOo)  ont  encore  décrit  il  y  a  quelques  années,  dans  un  cas  de 
dothiénentérie,  une  urine  décoloration  normale  à  l'émission,  et  qui  présentait  après 
exposition  à  l'air  un  aspect  rouge  hémorrhagique.  Les  auteurs  attribuaient  ce  phéno- 
mène à  de  ïalcaptone,  mais  à  la  lecture  de  leur  mémoire  on  reconnaît  les  caractères- 
de  l'indirubine  :  c'était  un  beau  cas  d'indicurie  rouée.  Il  en  est  de  même  d'une  obser- 


INDOL.  207 

vation  très  intéressante  de  P.  Bar  et  R.  Daunay  (OG),  où  Turine  d^jà  souvent  rose  à 
l'émission,  devenait  plus  roufi;e  à  l'air  :  les  auteurs,  sans  élude  complète,  croyaient  avoir 
affaire  ù  de  la  murexide,  ;\  cause  de  la  coloration,  de  la  réaction  ammoniacale  de 
l'urine,  et  parce  que  l'addition  d'eau  de  baryte  donnait  une  coloration  violette  qu'ils 
attribuaient  à  de  l'alloxane.  Or  il  est  évident  que  c'est  là  une  belle  observation  d'indi- 
rubinurie  :  le  sujet  était  soif;;né  depuis  6  ans  pour  entéro-colite  tenace,  ce  qui  explique 
la  richesse  en  indoxyle;  il  était  atteint  de  pyélocystite  suppurée,  ce  qui  explique  la 
décomposition  de  l'acide  indoxylglycuronique  :  enfin  la  coloration  violette  produite  par 
Ba  (OU)-  était  due  à  l'indigotine. 

Enfin,  en  1908,  Florence  décrivait  une  couleur  considérée  comme  nouvelle,  retirée 
de  l'urine  après  action  de  IICI,  précipitation  par  NaCl,  extraction  successive  par  l'alcool 
et  par  le  chloroforme  :  Vicrocarmine.  L.  C.  Maillard  (08  a,  08  b)  n'a  pas  eu  de  peine  à  y 
reconnaître  l'indirubine  typique,  à  peine  souillée  de  quelques  impuretés. 

Dans  la  plupart  des  cas,  l'indirubine  n'existe  pas  toute  formée  dans  l'urine,  mais  se 
produit  seulement  sous  l'action  des  acides,  avec  ou  sans  oxydants.  Quelquefois  cepen- 
dant on  la  trouve  en  suspension,  au  moment  de  l'émission,  ou  quelque  temps  après, 
dans  l'urine  qui  prend  alors  une  teinte  rouf^e  ou  violacée  :  c'est  le  phénomène  de  lin- 
digurie  rouge  (indirubinurie),  que  nous  avons  décrit  en  traitant  de  l'indirubine.  Nous 
avons  vu  que  l'indirubine  peut  faire  partie  des  sédiments  et  des  calculs. 

Indirubine  urinairo 

reconnue.  non  roconnuo. 

1845  Heller Urrhodine. 

1853  Robin  et  Verdeil.    .    .    .      Urrosacine  (partie). 

1857  SCHUNCK. 

1858  Carter. 

1863  F.  Hoppe-Seyler. 

1865  FoRDOS Acide  uroérythrique. 

1867  Thudichum Urorubine  (1"). 

1868  Wyss. 
1870  Jaffé. 

1871  Méhu Mat.  rouge  des  urines. 

1874   NiGGELER. 

—  Masson. 

—  Nencki. 

1877  Jaffé Couleur  particulière. 

—  Brieger Couleur  skatoxyliquc  (partie).^ 

1880  Mac  Munn Urorubine  (1"). 

1882  Plôsz Urorubine  (2'). 

1884  Krukenberg. 

—  Otto Couleur  skatoxylique. 

1886  Leube Nouvelle  couleur  pathologique.. 

—  MiJLLER. 

—  Ortweiler. 

1887  Thormahlen Couleur  encore  inconnue. 

1888  Grimbkrt Urobiline  (partie) . 

—  Mester Couleur  skatolique. 

—  Chirai. 

—  Kahler. 

1889  RosENBACH Rouge  Bourgogne  (partie). 

1891  RosiN. 

1892  Baginsky Couleur  d'espèce  particulière. 

1898  Obermayer. 

—  Wang. 
1899  Boum a. 

1901  Maillard. 

1902  CoTTON Nouvelle  matière  colorante. 

1905  Mouisset  et  Bonnamour.  Alcaptone. 

1906  Bar  et  Daunay Murexide. 

1908  Florence Urocarmine. 


En  résumé,  nous  pouvons    affirmer    avec  la  plus  entière  conviction,  après    avoir 
dépouillé  toute  la  littérature,  qu'on  n'a  jamais  rencontre  dans  l'urine  humaine  qu'une 


208  I N  D  O  L. 

seule  substance  rouge  capable  de  rentrer  dans  le  groupe  des  corps  «  chloroformiques  », 
c'est-à-dire  extractibles  par  agitation  avec  le  chloroforme,  et  ne  quittant  ce  dissolvant 
par  aucun  lavage  aqueux,  ni  acide,  ni  alcalin.  C'est  l'indirubine.  L'étude  de  l'hérniindi- 
gotine,  et  de  ses  polymères,  l'indigotine  et  l'indirubine,  suffit  à  constituer  l'histoire  des 
couleurs  urinaires  «  chloroformiques  ». 

Le  tableau  ci-dessus  (p.  207)  contient  la  liste  chronologique  des  principaux  auteurs 
qui  ont  vu  l'indirubine  urinaire,  reconnue  ou  méconnue,  avec  les  dénominations  qu'ils 
lui  ont  attribuées. 

C.  Les  couleurs  urinaires  rouges  différentes  de  Tindirubine.  —  «  11  est  néces- 
saire de  bien  distinguer  l'indirubine,  soluble  dans  le  chloroforme  et  que  ce  dissolvant 
ne  cède  à  aucun  lavage  aqueux,  quelle  que  soit  sa  réaction,  d'une  série  d'autres  cou- 
leurs qui,  elles,  sont  solubles  dans  l'eau  et  ne  passent  pas  dans  l'extrait  chloroformique. 
Ces  matières  colorantes  rouges,  telles  que  Vuroérythrine  de  Simon  ou  la  purpurine  de 
GoLDiNG  BiRD,  Vurohématine  de  H.\rley,  Vurotnélanine  de  Thudichum,  V urorubrohématine 
de  Baumstarck,  la  couleur  de  Giacosa,  Vuroroacine  de  .\e.\cki  et  Siebkr,  etc.,  ont  une 
autre  origine.  Il  est  fort  probable  qu'une  étude  et  une  comparaison  minutieuse  de  ces 
couleurs  «  aqueuses  »  conduirait  à  des  simplifications  de  la  nomenclalure,  analogues  à 
celles  qu'a  fournies  l'étude  des  couleurs  «  chloroformiques  ».  Peut-être  faudra-t-il  join- 
dre à  ce  groupe  certaines  matières  colorantes  mal  décrites  et  mal  définies,  que  divers 
auteurs  ont  observées  à  la  suite  de  l'administration  du  skatol  aux  animaux  par  voie 
intestinale  ou  hypodermique,  et  qualifiées,  à  tort,  de  couleurs  «  skatoxyliques  »,  Peut- 
être  même  les  couleurs  aqueuses  énumérées  ci-dessus  dérivent-elles,  plus  ou  moins 
directement,  du  skatol  ou  tout  au  moif)s  du  noyau  indolique,  mais  sous  une  forme 
autre  que  la  forme  skatoxylique,  »  (L.  C.  Maillard,  03  f.) 

Nous  retrouverons  plus  loin  les  Couleurs  urinaires  dérivées  des  indols  substitués. 

C  —  COOH 
F.    —   ACIDE   [i   INDOLCARBONIQUE     C6Hi<^^CH 

AzH 

A.  Formation  de  l'acide  [:,  indolcarbonique. —  Nous  avons  vu,  au  début  de  l'ar- 
ticle sur  le  groupe  de  l'indol,  comment  l'acide  ^  indolcarbonique  devait  provenir  régu- 
lièrement de  l'oxydation  du  skatol,  ou  peut-être  directement  de  Vacide  indolacétique,  sui- 
vant que  le  stade  skatol  est  plus  ou  moins  stable  ou  fugace,  suivant  les  conditions 
de  la  putréfaction,  suivant  les  espèces  aérobies  ou  anaérobies  qui  la  produisent  : 

C_CH2  — COOH 

AzH 

Ac.  indolacétique. 

L'acide  p  indolcarbonique  n'a  pas  encore  été  isolé  des  produits  putréfactifs,  mais  il 
est  certain  qu'il  s'y  forme,  car  c'est  le  précurseur  naturel  de  l'indol,  qu'il  fournit  par 
perte  pure  et  simple  de  CD-,  Nous  avons  d'ailleurs  signalé  déjà  les  substances  indolo- 
gènes  trouvées  dans  divers  liquides  biologiques.  Depuis  fort  longtemps  on  avait  remar- 
qué (E.  Salkowski,  69,  78,  79)  que,  si  l'on  disLille  l'urine  avec  de  l'acide  tartrique,  épuise 
le  distillât  par  l'éther,  et  reprend  par  l'eau  le  résidu  d'évaporation  de  l'éther,  on  obtient 
dans  la  solution  aqueuse,  par  l'acide  nitrique,  une  coloration  rose  ou  pourpre.  Cette 
coloration  n'ayant  été  attribuée  à  l'acide  indolacétique  qu'avec  beaucoup  d'hésitation, 
nous  nous  sommes  souvent  demandé  si  elle  ne  serait  pas  attribuable  à  un  acide  indol- 
carbonique fournissant  de  l'indol  par  décomposition. 

Tout  récemment  la  question  est  revenue  en  discussion  :  on  a  signalé  une  substance 
indologène  dans  l'urine  (M.  Jaffé,  OS;  Ch.  Porcher,  09  a),  dans  la  bile  (Ch.  Porcher,- 
09  c),  dans  les  cultures  de  charbon  bactéridien,  de  staphylocoque  doré,  du  Bac.  enteri- 
tidis  de  Gaert.\.er,  de  certaines  variétés  du  Bac.  fœcalis,  etc.  (Ch.  Porcher  et  L.  Paxis- 
SET,  09).  Il  faut  y  ajouter  les  cultures  de  microbes  producteurs  d'indol,  de  B.  coU  par 
exemple,  après  qu'on  les  a  débarrassées,  par  épuisement  à  l'éther,  de  l'indol,  mais  non 
des  précurseurs  de  l'indol.  Le  choléra  des  poules,  qui  ne  produit  d'indol  que  vers  le 


C-CH3 

C  — COOH 

C6Ht<^^CH          1 

••->    C6H*<^^CH 

AzH 

AzH 

Skatol 

Ac.  iodolcarboniquo. 

INDOL.  209 

15"=  jour,  forme  bien  avant  celte  date  une  substance  indologène.  Tous  ces  liquides, 
exempts  d'indol,  donnent  comme  on  le  sait  des  vapeurs  d'indol  quand  on  les  distille 
lentement  après  les  avoir  acidifiés  légèrement.  Il  faut  penser  qu'ils  contiennent  de 
l'acide  p  indolcarbonique. 

L'acide  [3  indolcarbonique  a  été  préparé  artificiellement  par  G.  Ciamician  et  C.  Zatti 
(88)  en  fondant  1  partie  de  skatol  avec  10  p.  de  potasse  caustique. 

C.  Zatti  et  A.  Ferratini  (.90  a)  en  ont  fait  la  synthèse  en  chauffant  pendant  3-4  heures, 
d'abord  à  'i.'iO"  puis  à  300",  5  parties  d'indol  avec  1  p.  de  sodium  dans  un  courant  de  CO^. 

B.  Propriétés  de  l'acide  p  indolcarbonique.  —  L'acide  ,3  indolcarbonique  con- 
stitue des  feuillets  cristallins  incolores,  peu  solubles  dans  l'eau  même  bouillante  et  dans 
le  benzène,  plus  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  l'éther  acétique,  presque  insolubles  dans 
l'éther  de  pétrole.  Il  se  décompose  en  fondant  vers  218",  avec  dégagement  de  CO^ 
(G.  CiAMiciAN  et  C.  Zatti,  88,  89). 

Par  chauffage  très  modéré,  il  peut  se  sublimer  en  partie;  mais  par  chauffage  brusque 
il  se  décompose  en  indol  et  C0-.  L'ébuilition  de  la  solution  aqueuse  produit  le  même 
dédoublement  en  indol  et  GO-. 

L'acide  p  indolcarbonique  en  solution  éthérée  ne  donne  pas  de  précipité  par  l'acide 
picrique;  en  solution  aqueuse  saturée,  il  ne  précipite  pas  par  le  sous-acétate  de  plomb 
(G.  CiAMiciAN  et  C.  Zatti,  88). 

Lorsqu'on  fait  ingérer  à  des  chevreaux  à  la  mamelle,  ou  à  des  chiens  nourris  de 
soupe  au  pain,  animaux  dont  l'urine  ne  contient  pas  d'indoxyle,  ou  seulement  des 
traces  insignifiantes,  de  l'acide  (5  indolcarbonique,  l'urine  ne  contient  pas  davantage 
d'indoxyle  :  à  la  différence  de  l'indol,  l'acide  [3  indolcarbonique  ne  se  transforme  pas  en 
indoxyle  dans  l'organisme.  Il  est  éliminé  en  nature;  car  l'urine  de  ces  animaux  contient 
en  abondance  une  substance  indologène  fournissant  de  l'indol  par  distillation.  En 
dehors  de  ces  conditions  expérimentales,  les  urines  normales  d'homme,  de  chien,  et 
surtout  de  cheval  et  de  vache,  contiennent  toujours  lamême  substance  (Ch.  Porcher,  09  a). 

L'ingestion  de  skatol  augmente  la  substance  indologène  de  l'urine  (M.  Jaffé,  08; 
Ch.  Porcher,  09  a),  ce  qui  se  comprend,  puisque  l'acide  |3  indolcarbonique  prend  nais- 
sance par  simple  oxydation  du  skatol.  L'acide  ,3  indolcarbonique  représenterait  ainsi 
la  forme  d'élimination  d'une  partie  du  tryptophane,  celle  qui  a  perdu  déjà  la  forme 
tryptophane  elle-même  (éliminable  sous  forme  d'acide  kynurénique  et  d'acide  indol- 
acétique  éliminable  en  nature),  et  qui  n'a  pas  encore  atteint  la  forme  indol  (éliminable 
sous  forme  d'indoxyle). 

Les  urines  riches  en  chromogène  de  l'uroroséine  fournissant  une  notable  quantité 
d'indol  à  la  distillation,  Ch.  Porcher  {09  a)  pense  que  l'acide  indolcarbonique  p  serait 
dans  ce  cas  un  stade  de  décomposition  de  l'uroroséine,  qui  aurait  ainsi  une  parenté 
avec  l'acide  indolcarbonique  p. 

Antérieurement  à  ces  recherches,  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  (07  b)  avaient  déjà 
administré  au  chien  un  acide  indolcarbonique  :  leur  «  idée  directrice  était  que  l'acide 
indolcarbonique  devait  perdre  facilement  son  CO-,  pour  fournir  de  l'indol  qui  finalement 
aurait  donné  lieu  à  une  élimination  urinaire  de  chromogène  indo.xylique.  »  Mais  il 
n'en  a  rien  été  :  «  Le  groupement  carboxyle  de  l'acide  indolcarbonique  a  donc  une 
stabilité  qui,  à  première  vue,  a  lieu  (disent  les  auteurs)  de  nous  surprendre.  »  Or  on 
remarque  qu'ils  ont  expérimenté,  non  pas  sur  l'acide  indolcarbonique  p,  mais  bien  sur 
l'acide  indolcarbonique  a,  non  biologique,  dont  G.  Ciamician  et  C.  Zatti  avaient  signalé 
dès  1888  la  remarquable  stabilité,  non  seulement  en  solution  aqueuse  bouillante,  mais 
même  à  la  température  de  volatilisation  (220").  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  de  la  sta- 
bilité de  cet  acide  a  dans  l'organisme.  Nous  verrons  plus  loin  le  chromogène  urinaire 
auquel  donne  lieu  son  ingestion. 

C  — CH3 


G.  —  SKATOL  (p  méthylindol)     CGHi(^p^CH 


AzH 


A.  Formation  du  skatol  à  partir  de  ses  dérivés.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  fait 
pour  l'indol,  nous  étudierons  d'abord  la  formation  du  skatol  à  partir  de  ses  dérivés  qui 

OICT.    DE    PHYSIOLOGIE.  —  TOME    IX,  14 


210  INDOL. 

en  contiennent  préexistant  le  noyau,  puis  la  création  synthétique  du  Pr-3-mélhylindol 
ou  p  mélhylindol. 

1»  —  Le  skatolfut  découvert  par  L.  Brieger  (77),  au  laboratoire  de  M.Nencki,  dans  la 
partie  volatile  des  excréments  humains,  où  il  accompaf?iie  l'indol.  L'idée  qui  se  présen- 
tait naturellement  à  l'esprit  était  de  chercher  dans  la  putréfaction  des  albuminoïdes 
l'origine  du  skalol  comme  celle  de  l'indol,  d'autant  plus  que,  dès  avant  la  découverte  de 
Brieger,  Secrétan  (76")  travaillant  aussi  avec  Nencki,  avait  obtenu,  par  une  longue  putré- 
faction de  blanc  d'œuf  et  de  muscle  à  la  température  ordinaire,  un  corps  du  genre  de 
l'indol,  et  qui  devait  évidemment  être  tout  simplement  du  skatol  plus  ou  moins  impur. 
Mais  de  nombreux  essais  tentés  par  L.  Brieger  {78)  à  la  température  de  l'étuve  sur 
divers  albuminoïdes  n'avaient  jamais  donné  de  |skatol.  Ce  fut  M.  Nencki  {78  c)  qui 
pour  la  première  fois  retira  le  skatol  d'un  mélange  de  pancréas  et  de  chair  musculaire 
putréfié  pendant  environ  5  mois  à  la  température  ordinaire  :  2  230  grammes  de  pan- 
créas et  500  grammes  de  viande  donneront  0  gr.  31  de  skatol  pur,  sans  indol  (M.  Nencki, 
79),  le  skatol  n'était  apparu  qu'au  quatrième  mois. 

Il  fut  question  à  un  moment  donné,  d'un  «  pseudoindol  »  accompagnant  l'indol  dans 
les  putréfactions.  M.  Nencki  a  démontré  {78  a)  qu'il  s'agissait  tout  simplement  d'un  mé- 
lange d'indol  et  de  skatol. 

E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  (79)  réussirent  ensuite  à  préparer  au  moyen  de  la 
viande  des  quantités  relativement  grandes  de  skatol  par  une  putréfaction  de  quelques 
jours  seulement  à  l'étuve.  L.  Brieger  (79  b)  obtint  en  partant  de  2  kil.  1/2  de  sérum- 
albumine  1  gramme  de  skatol,  soit  environ  0,5  p.  1000  d'albuminoïde  pur;  il  réussit 
ensuite  (L.  Brieger,  80)  à  obtenir  de  la  fibrine,  du  blanc  d'œuf  et  du  tissu  hépatique^ 
par  une  putréfaction  de  5  jours,  des  traces  de  skatol;  un  demi-kilog  de  caséine  humide 
lui  en  donna  4  milligrammes.  Les  nouvelles  et  soigneuses  recherches  de  E.  Salkowski  et 
Û.  S.VLKOwsKi  (84)  démontrèrent  enfin  que  le  skatol  est  un  produit  à  peu  près  constant 
de  la  putréfaction  des  albumines,  où  il  lire  son  origine  de  la  même  source  que  l'indol. 
La  cervelle  de  bœuf  peut  donner  en  certaines  circonstances,  dans  l'espace  de  quelques 
jours,  du  skatol  pur  exempt  d'indol  (M.  Nencki,  80}. 

Le  groupement  atomique  des  albuminoïdes  qui  donne  naissance  au  skatol  est  tout  à 
fait  indépendant  du  groupement  générateur  de  la  tyrosineetdes  oxyacides  aromatiques. 
Latyrosine  pure,  en  effet,  soumise  à  l'action  des  bactéries  de  la  putréfaction  ou  fondue 
avec  les  alcalis  caustiques,  ne  donne  pas  trace  de  skatol  ni  d'indol  (E.  Baumann,  80  b). 
Au  contraire,  lorsqu'on  a  décomposé  la  corne  râpée  par  ébullition  avec  H-SO^  étendu, 
les  eaux-mères  qui  restent  après  la  cristallisation  de  la  tyrosine,  donnent  par  la  putré- 
faction une  forte  quantité  de  skatol  (sans  indol)  (L.  Brieger,  80). 

On  comprend  d'après  ce  qui  précède  la  présence  du  skatol  dans  les  excréments.  Il 
manquerait  toutefois  dans  ceux  du  chien  L.  Brieger,  79  b)  :  nous  trouverons  plus  loin  dans 
la  formation  de  l'acide  kynurénique  la  raison  de  ce  phénomène.  Pour  d'autres  raisons  le 
skatol  peut  faire  défaut  dans  les  fèces  des  ruminants,  bien  qu'il  soit  abondant  dans  le 
contenu  de  la  panse  du  bœuf  et  de  l'intestin  grêle  du  cheval  :  il  doit  être  résorbé  par 
la  muqueuse  intestinale  (H.  Tappeiner,  81). 

Tout  récemment  C.  A.  Herter  (08  a)  a  repris  l'étude  systématique  de  la  formation  du 
skatol  dans  l'intestin  de  l'homme.  Le  skatol  n'est  pas  toujours  présent  dans  le  contenu 
du  gros  intestin  :  chez  l'adulte,  et  chez  les  enfants  sains,  on  n'en  trouve  que  rarement, 
et  seulement  à  l'état  de  traces.  Si  les  processus  putréfactifs  sont  intenses,  sa  formation, 
en  même  temps  que  celle  de  l'indol,  est  fortement  augmentée.  Mais  les  conditions  de 
production  du  skalol  sont  difîérentes  de  celle  de  l'indol;  les  fèces  peuvent  contenir  du 
skatol,  sans  indol,  et  cependant  l'indoxyle  contenu  dans  l'urine  révèle  la  production  de 
celui-ci.  Certaines  espèces  bactériennes,  comme  B.  œdemat.  mal.  et  B.  putrificus,  sont 
favorables  cà  la  production  du  skatol,  tandis  que  B.  coli  comm.  produit  ordinairement  de 
l'indol  sans  skatol. 

Le  skatol  peut  d'ailleurs  être  obtenu  en  partant  des  matières  albuminoïdes  sans 
l'intervention  des  bactéries  :  il  suffit  de  les  chauffer  avec  un  grand  excès  de  potasse 
caustique  en  fusion  (M.  Nencki,  78  a). 

Lorsqu'on  veut  extraire  le  skatol  pur  des  produits  putréfactifs  ou  des  excréments,  il 
faut  distiller  avec  un  grand  excès  d'eau  et  après  alcalinisation  [il  importe,  pour  obtenir 


INDOL.  211 

l'extraction  totale,  de  commencer  par  la  <listillation  nloaline]  :  le  skatol,  en  môme 
temps  que  l'indol,  est  entraîné  par  la  vapeur  d'eau.  On  acidilie  le  premier  dislilhit  par 
H-SO*  pour  retenir  les  bases  volatiles,  et  on  redislille  :  le  skatol  passe  encore  avec 
l'indol,  et  on  extrait  les  deux  corps  par  agitation  du  distillât  aqueux  avec  de  l'étlier.  Le 
problème  revient  donc  à  la  séparation  de  ces  deux  corps. 

Si  l'on  redissout  dans  une  petite  quantité  d'eau  bouillante  le  résidu  d'évaporation  de 
l'éther,  une  partie  du  skatol  cristallise  par  refroidissement,  étant  moins  soluble  que 
l'indol,  mais  l'indol  restant  est  toujours  souillé  de  skatol  (E.  Salkowski  et  H.  Salkowski, 
79).  Si  on  redissout  dans  un  peu  d'alcool  fort  le  résidu  de  l'évaporation  éthérée, 
et  qu'on  ajoute  de  l'eau  (10  volumes  environ),  il  se  produit  un  trouble  dû  à  la  préci- 
pitation d'une  partie  du  skatol,  qui  cristallise  (L.  Biueger,  80),  mais  l'indol  restant  est 
encore  souillé  de  skatol,  et  on  n'arrive  à  l'en  débarrasser  qu'incomplètement,  même  en 
répétant  plusieurs  fois  l'opération. 

11  est  préférable  d'essayer  la  cristallisation  fractionnée  des  picrates,  qui  se  forment 
par  l'addition,  à  la  solution  aqueuse,  d'une  solution  concentrée  chaude  d'acide  picrique^ 
avec  un  peu  de  HCl;  le  picrate  de  skatol  cristallise  d'abord.  Mais  le  n)eilleur  moyen 
d'obtenir  le  skatol  complètement  pur  (M.  Nencki,  80)  consiste  h.  délayer  dans  l'eau 
le  mélange  des  picrates,  et  à  distiller  en  présence  de  NaOH.  Tandis  que  l'alcalinisation 
par  AzH^,  en  décomposant  les  picrates,  libère  l'indol  et  le  skatol,  qui  passent  à  la  dis- 
tillation, l'ébullition  en  présence  de  NaOH  détruit  à  fond  l'indol  du  picrate  et  ne  laisse 
distiller  que  le  skatol  pur.  Mais  l'indol  est  perdu. 

C'est  pourquoi  Ch.  Hervikux  {08)  recommande  de  traiter  la  solution  aqueuse  des 
deux  corps  par  une  solution  aqueuse  saturée  de  chlorure  mercurique,  qui  ne  touche  pas 
au  skatol  et  précipite  l'indol.  Il  suffit  de  distiller  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau  la 
solution-mère  :  le  skatol  passe.  Quant  à  l'indol, ''on  le  régénère  en  décomposant  par  H-S- 
le  précipité  blanc  formé  par  Hg  Cl-. 

2° —  La  formation  du  skatol  à  partir  des  matières  protéiques  dépend  de  la  présence 
du  tryptophane  dans  leur  molécule  :  on  conçoit  donc  que  le  tryptophane  déjà  isolé  à 
l'état  pur  puisse  fournir  du  skatol.  C'est  ce  qu'on  constate,  soit  par  fusion  potassique 
(M.  Ne.ncki,  89,  93),  soit  par  décomposition  bactérienne  (F.  Hopkins  et  S.  W.  Cole,  03),^ 
mais  avec  les  espèces  microbiennes  employées  par  ces  derniers  auteurs,  il  ne  se  formait 
que  des  traces  de  skatol,  la  majeure  partie  du  tryptophane  aboutissant,  en  milieu 
anaérobie,  à  l'acide  indolpropionique,  et  en  milieu  aérobie  à  l'acide  indolacétique  et  à 
l'indol. 

3<^  — Nous  verrons  que  ladégradation  microbienne  du  tryptophane  se  fait  par  l'inter- 
médiaire de  l'acide  indolpropionique  et  de  l'acide  indolacétique  avant  d'arriver  au 
skatol.  Le  dernier  acide  possède  la  propriété  de  se  dédoubler  quantitativement,  lors- 
qu'on le  chauffe  un  peu  au-dessus  de  son  point  de  fusion  105",  en  skatol  et  anhydride 
carbonique  : 

C_CH2  — COOH  C  — CH^ 

C6Hi<^^GH  =  CO-^  +  C6Hi^%CH 

AzH  AzH 

Ac.  indolacétique.  Sliatol. 

C'est  la  raison  pour  laquelle  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  {80  a,  80  b,  84),  qui  l'ont 
découvert,  lui  avaient  donné  le  nom  de  k  substance  skatologène  »  ou  acide  «  skatolcar- 
bonique  ».  Ceci  explique  comment  les  oxyacides  aromatiques  bruts  extraits  de  l'urine- 
donnent  du  skatol  lorsqu'on  les  abandonne  à  la  putréfaction  (E.  Baumann,  80  a)  ;  car  il& 
sont  accompagnés  d'une  petite  quantité  d'acide  indolacétique  que  les  bactéries  peuvent 
décoinposer  en  certaines  circonstances. 

4°  —  En  chauffant  2  molécules  de  dihydroskatol  avec  1  molécule  de  sulfate  d'argent, 
M.  Kann  et  J.  Tafel  {9i)  ont  obtenu  du  skatol. 

5"  —  Lorsqu'on  réduit  l'indigo  végétal  du  commerce  par  l'étain  et  l'acide  chlorhy- 
drique,  puis  qu'on  distille  le  produit  avec  un  grand  excès  de  poudre  de  zinc,  l'indol 
obtenu  contient  un  peu  de  skatol  qu'on  peut  isoler  par  cristallisation  fractionnée  des 
picrates  (A.  Baeyer,  80  b).  L'indigo  brut  donne  environ  0,3  p.  100  de  skatol,  mais  il  faut 
remarquer  que  ce  skatol,  contrairement  aux  autres  échantillons,  n'a  pas  d'odeur  (?). 


212  INDOL. 

6°  —  H.  NVahlbaum  [00)  a  rencontré  dans  la  civette  employée  en  parfumerie  le  ska- 
tol,  mais  en  très  minime  quantité.  100  grammes  de  civelte  africaine  (provenant  |de 
Viverra  civetta)  lui  ont  fourni  environ  O^"",!  de  skatol.  Il  est  difficile  de  dire  s'il  s'agit 
d'une  sécrétion  de  skatol,  ou  d'une  altération  putride;  il  n'y  avait  pas  d'indol. 

70  —  Enfin  le  skatol  a  été  rencontré  en  nature  dans  le  règne  végétal  :  W.-R.  Dunstan 
(89)  l'obtient,  sans  mélange  d'indol,  en  distillant  avec  de  l'eau  le  bois  du  Celtis  reticulosa, 
qui  croit  à  Java,àCeylan  et  dans  les  Indes,  et  qui  possède  une  intolérable  odeur  fécaloïde. 

B.  Formation  synthétique  du  skatol. 

l»  —  La  synthèse  du  skatol  a  été  réalisée  pour  la  première  fois  par  0.  Fischer  et 
L.  Germon  {83),  en  mêlant  100  grammes  d'aniline  avec  70-80  grammes  de  ZnCl-,  ajoutant 
iOO  grammes  de  glycérine,  et  cliauffant  au  bain  d'huile,  d'abord  à  lôûo-HO",  puis  à  240»; 
on  distille  ensuite  à  la  vapeur  d'eau.  La  greffe  de  la  molécule  de  glycérine  sur  l'aniline 
aurait  pour  résultat  la  formation  d'un  noyau  quinoléique;  mais  nous  avons  vu  déjà  la 
tendance  remarquable  de  l'un  des  articles  carbonés  de  ce  noyau  à  s'extérioriser  hors 
du  noyau  :  c'est  lui  qui  devient  le  carbone  latéral  du  skatol.  On  obtient  dans  la  prépa- 
ration environ  6  grammes  de  picrate  de  skatol  purifié. 

2° —  On  peut  rapprocher  de  la  synthèse  |)récédente  celle  de  Bamberger  et  Kitschelt 
{9i),  qui  font  réagir  sur  la  formanilide  sodée  la  dichlorhydrine  glyccrique,  saponifient  le 
produit  pai-  KOH,  et  déshydratent  enfin  par  P^O'^.  11  se  forme,  outre  de  l'aniline  et  une 
base  secondaire,  de  la  quinoiéine  par  greffe  régulière  de  la  molécule  glycérique,  et 
aussi  du  skatol  par  extériorisation  de  l'un  des  articles  carbonés  du  noyau. 

3°  —  M.  FiLETi  (83)  a  préparé  le  skatol  en  calcinant  le  3-nitrocuminate  de  baryum 
avec  des  fils  de  fer;  le  rendement  est  meilleur  si  on  distille  un  mélange  du  sel  de  Ba 
de  l'acide  3-aminocuminique  (préparé  à  l'aide  de  40  grammes  d'acide  3-nitrocuminique) 
et  de  60  grammes  d'acide  3-nitrocuminique  avec  le  double  de  son  poids  de  poudre  de 
zinc  : 

CH  — CH3  C  — CH3 

HO. OC  —  C6H3<^^CH3  =  C6H*('^CH  +  CO2  +  H^O  +  0 

Az02  AzH 

Ac.  3  nitrocuminique.  Skatol. 

4"  —  La  synthèse  du  skatol  a  été  faite  par  E.  Fischer  {86  a,  86  b,  86  c),  en  par- 
tant de  la  phénylhydrazine  C^  H^.  AzH.  AzH-,  qui  se  combine  à  l'aldéhyde  propionique 
OCH.  CH-.  CH3,  pour  donner  la  propylidènephénylhydrazone  C^H».  AzH.  Az  :  C.  CH-.  CH^ 
Si  l'on  chaulTe  celle-ci  avec  son  poids  de  chlorure  de  zinc,  il  se  produit  une  vive  réac- 
tion; après  qu'elle  est  terminée,  on  chauffe  encore  deux  minutes  à  180°  et  on  dis- 
tille le  produit  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau.  Outre  que  cette  synthèse  permet  de 
se  procurer  le  skatol  en  quantité  notable,  elle  présente  un  intérêt  théorique  puissant, 
en  ce  qu'elle  fixe  la  position  du  groupe  méthyle  dans  la  constitution  du  skatol  ;  il  suffit, 
pour  s'en  rendre  compte,  d'examiner  le  mécanisme  de  la  réaction  : 

CH2  —  CH3 
\ 


C  — CH3 


C6H5  G  =  AzH^  +  C6Hi<^^CH 


\         Il 

AzH.Az 

Prop3'lidène- 

phénj'lhydrazoae. 


AzH 

P  méthyliadol  (Skatol). 


On  voit  que  le  skatol  ne  saurait  porter  son  groupe  mélhyle  qu'en  position  |î  (Pr.  3). 
La  démonstration  est  d'ailleurs  complétée  par  la  synthèse  du  méthylkétol  (a  méthyl- 
indol),  isomère  du  skatol,  qu'on  obtient  dans  les  mêmes  conditions,  en  remplaçant  la 

/GH3 
phénj'lhydrazone  de  la  propylaldéhyde  par  celle  de  l'acétone  C^H^. AzH.Az  :  G^ 


CH3 
CH3 

AzH 


\^  CH 

C6H5  G  — CH3  =  AzH3  +  C6Hi<f~^C  — CH3 

\         Il  ^"^ 


AzH.Az  .,,    ,•  j  , 

a  methvlindol 
Acétone-  (Méthylkétol). 

phényln3'drazone. 


INDOL.  213 

La  coustitulion  du  mélhylkétol  était  d'ailleurs  connue,  depuis  que  A.  Bakyeu  et 
0.  H.  Jackson  [80]  avaient  découvert  ce  corps  en  faisant  bouillir  l'orlhoaminophényl- 

CH2  — CO  — CHS 
méthylcétone  C6H*<^  avec  AzH'   et  du  zinc  en  poudre  ;  il  est  facile  de 

concevoir  que  le  méthyle  devait  être  en  position  a  : 

CH2  CH 

C6Hs\     ^C-CII3    m-^    C6H*<^^C-CH3 

AzH2^  AzH 

La  même  position  pouvait  se  prévoir  dans  la  synthèse  du  méthylkétol  par  chauffage 
de  l'aniline  avec  la  monochloracétoiie  (M.  Nencki  et  J.  Berlineriîlau,  86). 


C1.CH2 
\ 


CH 


C6H:;       C  — CH3    m^    C6H*\^C  — CH3 

AzH 


\ 


0 
AzH2 

Le  méthylkétol  étant  le  niéthylindol  a,  le  skatol  devait  donc  être  le  méthylindol  (î; 
la  démonstration  directe  et  définitive  en  a  été  donnée  par  la  syntlièse  de  E.  Fischer.  Ce 
détail  a  son  importance  pour  les  études  physiologiques;  on  s'en  convaincra  lorsque 
nous  étudierons  les  matières  chromogènes  et  colorantes  dérivées  des  homologues  de 
l'indol. 

5°  —  On  obtient  encore  du  skatol  (R.  Camps,  99),  lorsqu'on  chauffe  avec  de  la  chaux 

CO  — CH3 
sodée  l'orthoacétylanilidoacétate  d'éthule  C6H<^(  ,  obtenu  par  con- 

\AzH  —  CH-2  —  COO.C^Hs 

densation  du  bromacétate  d'éthyle  avec  l'orthoaminoacétophénone.  Si  l'on  chaulîe  le 
même  corps,  en  solution  dans  le  toluène,  avec  du  sodium  en  fils,  on  obtient  non  seu- 
lement le  skatol,  mais  encore  de  l'acide  skatoIcarboni([ue  a  : 


CO  — CH3  G  — CH3 

^     CH2  —  COO.C2H3  =  C<îHt<^^C] 
AzH  AzH 


CeHiC^  .CH2  —  COO.C2H3  =  C<5Ht<^^CH  +  C02  +  C2H5.0H 


Skatol. 
GO  — CH3  C  — CH» 

C6Hi('  .CH2  —  C00.C2HS  =  COHi<^^C  —  COOH  +  C2H3.0H 

AzH  AzH 

Ac.  skatolcarbonique  a. 

6°  —  Le  skatol  peut  se  former  par  remaniement  de  noyaux  cycliques  préexistants. 
Nous  avons  vu  tout  à  l'heure  sa  formation  aux  dépens  du  noyau  quinoléique.  Ajoutons 
que  le  skatol  se  forme  en  petite  quantité  lorsqu'on  calcine  avec  de  la  chaux  la  strychnine 
et  ses  sels  (C.  Stôhr,  87  a,  87  b;  W.  F.  Lobisch  et  H.  Malfatti,  88 j. 

C.  Propriétés  du  skatol.  —  Le  skatol  cristallise  en  petits  feuillets  brillants  inco- 
lores, fondant  à  93°  (M.  Nencki,  79)  ;  il  bout  à  265''-266o  sous  la  pression  de  735  milli- 
mètres (E.  Fischer,  86  c).  On  peut  le  distiller  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau.  Le 
skatol,  soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther,  est  beaucoup  plus  difficilement  soluble  dans 
l'eau  que  l'indol. 

Le  skatol  est  une  base  faible  qui  se  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré. 
Lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  HCl  gazeux  dans  une  solution  de  skatol  dans  de 
l'éther  pur,  il  se  précipite  de  petites  aiguilles  du  chlorhydrate  de  skatol  2  C'H'Az.  HCl 
(F.  lôTo-ieS"),  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  (M.  Wenzing,  ^7).  Le  skatol 
cristallise  sans  altération  dans  l'acide  nitrique  étendu  et  chaud.  En  solution  dans 
l'acide  acétique  glacial,  il  doime,  par  NaAz02,  un  dérivé  nitrosé  (C.  Zatti  et  A.  Ferra- 
TiNi,  90  b).  Chauffé  avec  de  l'anhydride  acétique  et  du  chlorure  de  zinc,  il  donne  un 
C  —  CH3 

acétylskatol  C6H^<^^C  —  CO.CH^  (G.  Magnanim,  88).  Lorsqu'on  verse  une  solution  alcoo- 
AzH 


2U  INDOL. 

liqiie  de  skatol  clans  une  solution  alcoolique  tiède  de  Irinitrobenzène  symétrique,  on 
obtient  de  fines  aiguilles  d'un  beau  rouge,  peu  solubles  dans  l'alcool,  fondant  à  183'% 
de  formule  C^H^Az.  C^^H^  (AzO^)^  (P.  van  Romburgh,  95).  Le  skatol  se  combine  directe- 
ment à  l'acide  picrique,  pour  donner  un  picrate  de  skatol  CH^Az.  C*H^(AzO*)^0,  en 
aiguilles  rouges  très  peu  solubles  dans  l'eau,  qui  sert  à  l'extraction  et  à  la  purification 
du  skatol  (M.  Nencki,  79). 

Chauffé  au  rouge,  le  skatol  se  décompose  en  formant  de  l'indol  (M.  Fileti,  83).  Par 
réduction,  il  se  transforme  en  dihydroskatol  C^H"Az.  Chauffé  en  présence  du  sodium 

C  — CH3 

dans  un  courant  de  CO-,  il  donne  de  l'acide  skatolcarbonique  C6H*<^^C  — COOH  (G.  Cia- 

AzH 
MiciAN  et  G.  Mag.namni,  88  a).  Fondu  avec  la  potasse,  il  donne  l'acide  [s  indolcarbonique 

C  —  COOH 
C6H*<^^CH  (G.  Ciamician   et  C.  Zatti,  88  .    Avec  le  chloroforme  et  l'éthylate  de 

AzH 
sodium,  il  donne  une  chlorolépidine  C'^H^ClAz.  De  même  par  action  du  chloroforme  et 
de  KOH  sur  le  skalol,  A.  ELLi.NOKRet  Cl.  Flamand  {06)  ont  obtenu  une  chlorométhylqui- 
noline,  dont  ils  ont  établi  la  constitution  par  la  voie  suivante  : 

C  — CH3  C  — COOH  en 

/V^c-ci  /\/^c-ci  /V^c-ci 

I  ♦»»—>■  I 


\/\^^"  \/\^^"  \/\-^^" 

Az  Az  Az 

Voilà  un  exemple  de  la  transformation  du  noyau  indolique  en  noyau  quinoléique, 
inverse  du  phénomène  déjà  indiqué.  Nous  en  retrouverons  un  autre,  d'ordre  biologique, 
dans  la  transformation  du  tryptophane  en  acide  kynurénique. 

Le  skatol  possède  une  odeur  fécaloïde  caractéristique  ;  celui  que  A.  Baever  {80  b)  a 
obtenu  par  réduction  de  l'indigo  végétal  faisait  seul  exception  à  la  règle.  Cette  particu- 
larité est  à  rapprocher  de  ce  qui  a  été  dit  à  propos  de  l'indol,  et  indique  que  des 
recherches  sont  encore  à  faire  sur  ce  point. 

Nous  avons  vu,  en  étudiant  l'indol,  les  constatations  faites  par  L.  IJiueger  {78), 
A.  RoviGHi  {96),  Ch.  Hervieux  (07  a,  08),  d'où  il  résulte  que  les  animaux  peuvent  sup- 
porter des  doses  de  skatol  supérieures  au  gramme,  puisqu'il  en  faut  1  gramme  environ 
pour  tuer  un  cobaye,  1,5  ou  2  grammes  pour  jm  lapin.  Cependant  H.  Danilewsky  {08  a) 
trouve  que  le  skatol  est  toxique  pour  les  infusoires,  les  daphnies,  les  cyclopes,  les  petits 
poissons,  pour  les  cellules  épithéliales  vibratiles,  les  leucocytes,  etc.  L'action  générale 
se  traduit  par  le  ralentissement  des  mouvements,  la  diminution  de  l'excitabilité,  fina- 
lement la  paralysie  complète.  Sur  le  cœur  de  grenouille,  soit  isolé,  soit  //;  situ,  le  skatol 
en  solution  de  0,003  à  0,03  p.  100  diminue  l'amplitude  des  systoles,  et  produit  finalement 
l'arrêt  en  diastole.  Le  cœur  de  lapin  se  comporte  de  la  même  façon. 

Le  skatol  produit  dans  le  tube  digestif  sous  l'action  des  bactéries  est  résorbé,  tout 
au  moins  en  partie,  par  la  muqueuse  intestinale.  On  doit  donc  s'attendre  à  en  trouver 
des  traces  dans  le  sang,  au  moins  dans  le  territoire  de  la  veine  porte.  C'est  ce  que  pense 
avoir  constaté  Ch.  Hervieux  [Oi  b  ,  car  en  faisant  sur  l'extrait  du  sang  porte  la  réaction 
à  la  p.  diméthylaminobenzaldéhyde,  la  coloration  obtenue,  au  lieu  d'être  seulement 
rouge  pourpre  comme  dans  le  cas  de  l'indol  pur,  présente  souvent  une  légère  nuance 
violacée  altribuable  au  skalol. 

Divers  auteurs,  depuis  L.  Brieger  (79  b),  ont  affirmé  que  le  skatol  introduit  dans  le 
tube  digestif  subissait  une  oxydation  en  «  skatoxyle  »  homologue  de  lindoxyle,  puis 
était  éliminé  par  les  urines  sous  forme  d'acides  «<  skatoxylsulfurique  «  et  «  skatoxyl- 
glycuronique  ».  On  verra  dans  un  chapitre  spécial  que  cette  assertion  n'a  jamais  été 
étayée  sur  aucune  preuve.  Néanmoins  il  est  parfaitement  établi  que  le  skatol  se  trans- 
forme dans  l'organisme,  partiellement  au  moins,  en  un  chromogène  que  le  rein  élimine, 
et  que  nous  étudierons  plus  loin,  ainsi  que  la  couleur  rouge  qui  en  dérive,  dans  un 
paragraphe  spécial. 

D.  Réactions  du  skatol.  —  Le  skatol  possède  une  partie  des  réactions  colorées  des 


INDOL.  215 

albuminoïdes,  ce  qui  a  conduit  E.  Salkowski  (<V<S')  à  penser  que  ces  réactions,  chez  les 
albuminoïdes,  sont  duesà  la  présence  du  groupe  atomique  générateur  du  skatol  (c'esl-à- 
dire  au  Iryptophane). 

1.  —  Le  skatol  se  dissout  dans  Vacide  chlorhydrique  concentré  avec  une  coloration 
violette  (L.  Briegkr,  77). 

2.  —  Le  skatol,  chauffé  en  solution  dans  Vacide  sulfiirique  concentré,  donne  une 
magnifuiue  coloration  rouge  pourpre  (G.  Ciamicia.n  et  G.  Mag.n'amm.  SS  h). 

3.  —  Traité  par  Vacide  nitrique  pur,  le  skatol  se  colore  en  jaune  intense,  donnant 
ainsi  une  réaction  semblable  à  la  réaction  xanthoprotéique  des  albuminoïdes 
(E.  Salkowski,  88). 

Avec  l'acide  nitrique  nitreux,  ou  avec  un  acide  additionné  de  nilrite,  le  skatol  ne 
donne  pas  de  dérivé  nitrosé  analogue  au  nitrosoindol.il  ne  se  colore  pas  davantage  par 
l'eau  de  chlore  ni  par  le  chlorure  ferrique.  Le  réactif  de  Millon  donne  avec  le  skatol 
une  coloration  brun  rouge  sale  (E.  Salkowski,  88). 

4.  —  Le  skatol,  sous  l'action  de  H-SO'^  ou  llCl,  se  condense  avec  les  aldéhydes  pour 
donner  des  produits  de  coloration  très  intense,  comme  nous  l'avons  vu  dans  le  cas  de 
l'indol.  Beaucoup  de  ces  colorations  rappellent  de  très  près  des  réactions  du  trypto- 
phane  et  des  albuminoïdes. 

L'une  des  réactions  les  plus  sensibles  du  skatol,  tout  récemment  découverte  (Ta- 
KAOKi  Sasaki,  10),  repose  sur  sa  condensation,  en  présence  de  H-SO''^  concentré,  avec 
Vacétone  ou  mieux  encore  Valcool  méthyliquc.  Dans  un  tube  on  place  3  ce.  de  la  solution 
étendue  de  skatol,  on  ajoute  3  gouttes  d'alcool  méthylique;  puis  on  introduit  à  la  base, 
avec  de  grandes  précautions,  une  couche  de  H^SOS  de  même  épaisseur  :  il  se  forme  à 
la  surface  de  séparation  un  anneau  rouge-violet,  sensible  jusqu'à  la  dilution  de 
1  :  i  000  000.  Si  après  quelques  minutes  de  repos,  on  mélange  doucement  les  deux  couches, 
tout  le  liquide  devient  rouge-violet  (sensible  jusqu'à  1  : 5  000  000).  Cette  réaction  est 
propre  au  skatol  :  l'indol,  le  a  méthylindoi,  le  tryptophane,  ne  la  donnent  pas. 

Avec  l'acide  acétique  et  l'acide  sulfuriqae,  le  skatol  donne  une  coloration  violette 
(E.  Salkowski,  88).  On  sait  aujourd'hui  que  cette  réaction,  découverte  par  A.  Adajikiewicz 
(74,  73)  pour  les  albuminoïdes,  dépend  de  Vacide  glyoxylique  qui  souille  ordinairement 
l'acide  acétique  (F.  G.  Hopkins  et  S.  W.Cole,0'/  a),  et  qu'on  peut  employer  directement. 

Lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  de  skatol  une  goutte  de  furfurol,  et  qu'on  met  en 
contact  une  couche  d'acide  sulfurique  concentré,  le  liquide  se  colore  en  brun  rougeàtre 
(L.  V.  Udraxsky,  88  b). 

Le  skatol  ne  colore  pas  un  copeau  de  pin  mouillé  d'acide  chlorhydrique,  mais  si  on 
imbibe  un  copeau  de  pin  d'une  solution  de  skatol  dans  l'alcool  étendu  et  qu'on  le  plonge 
ensuite  dans  HGl  concentré,  le  copeau  devient  peu  à  peu  rouge  cerise,  et  plus  tard  bleu 
violet  (E.  Fischer,  86  c). 

Le  skatol  se  condense  avec  les  aldéhydes  aromatiques  pour  former  des  substances 
colorées  qui  ressemblent  tout  à  fait  à  celles  que  donnent  les  albuminoïdes  dans  les 
mêmes  conditions.  Si  à  une  solution  étendue  de  skatol  dans  l'alcool  on  ajoute  une  solu- 
tion alcoolique  de  henzaldéhyde  à  1  p.  100,  et  qu'on  verse  au  fond  du  verre  une  couche 
de  H-SO*^  étendu  contenant  du  sulfate  ferrique,  on  voit  au  bout  de  quelque  temps  une 
zone  bleu-violet  qui  s'élargit  de  plus  en  plus.  La  couleur  est  détruite  par  les  bases,  elle 
reparaît  sous  l'action  des  acides.  La  coloration  est  violette  avec  Valdéhyde  salicylique, 
l'aldéhyde  anisique,  la  vanilline,  le  pipéronal  (héliotropine);  vert-bleu  avec  Valdéhyde 
cuminique;  brun-verdâtre  avec  Valdéhyde  cinnamique:  brun  rouge  avec  le  furfurol.  Le 
bois  humecté  de  la  solution  alcoolique  de  skatol,  et  plongé  dans  l'acide  étendu  addi- 
tionné de  Fe-(SO'')',  devient  rouge  jaune,  puis  violet.  Ces  réactions  sont  très  sensibles 
(C.  Reichl,  90). 

Les  réactions  colorées  du  skatol  avec  les  aldéhydes  en  présence  de  HCI  ont  été 
récemment  étudiées  en  détail  par  F.  A.  Stee.nsma  [06  b]  (p.-diméthylaminobenzaldé- 
hyde),  par  G.  De.xigès  {08  d)  (vanilline,  aldéhyde  cinnamique,  p.-diméthylamino- 
benzaldéhyde),  par  F.  Blumexthal  {09)  (p.-dimélhylaminohenzaldéhyde,  vanilline, 
p.-nitrobenzaldéhyde,  aldéhyde  protocatéchique,  héliotropine,  safrol,  aldéhyde  cinna- 
mique, eugénol,  acide  glyoxyliquel.  Voir  les  originaux  pour  les  détails  de  technique  et 
l'influence  d'une  trace  de  nitrite  sur  les  réactions. 


216  INDOL. 

5,  —  Le  skatol  soumis  à  la  réaction  de  Légal,  c'est-à-dire  additionné  d'un  peu  de 
nitropriissiate  frais,  puis  de  soude,  donne  une  coloration  jaune,  qui  par  ébullition  avec 
l'acide  acétique  glacial  (1/4  de  volume)  passe  peu  à  peu  au  violet  (E.  Salkowski  et 
H.  Salkowski,  Si).  La  couleur  passe  dans  l'éther  par  agitation. 

E.  Différenciation  du  skatol  et  de  l'indol.  —  Le  skatol  se  colore  en  rouge 
par  HCl  et  par  H-SO*  concentrés,  à  la  différence  de  l'indol  qui  ne  se  colore  pas.  En 
revanche,  il  ne  donne  aucune  coloration,  ni  par  de  l'eau  de  chlore  (qui  colore  l'indol  en 
rouge),  ni  par  l'acide  nitreux(qai  donne  un  nitrosoindol  rouge),  ni  par  FeCl'  (qui  donne 
avec  l'indol  un  précipité  violet  sale,  le  skatol  ne  précipite  pas  par  HgCl-,  à  la  différence 
de  l'indol,  qui  donne  un  précipité  blanc.  Le  picrate  de  skatol,  distillé  en  solution  alca- 
linisée  par  NaÛH  ou  KOH,  régénère  le  skatol,  à  la  différence  du  picrate  d'indol  qui  ne  peut 
réf'énérer  l'indol  qu'en  présence  de  AzH^  mais  non  des  alcalis  fixes.  La  combinaison  du 
skatol  avec  le  trinitrobenzène  symétrique  est  en  aiguilles  rouges  fondant  à  183",  tandis 
que  celle  de  l'indol  est  en  aiguilles  jaune  d'or  fondant  à  187°.  Le  skatol,  à  la  différence 
de  l'indol,  ne  se  combine  pas  au  2-naphtoquinone-4-monosulfonate  do  sodium. 

Avecluparadiméthylaminobenzaldiliyde  et  HCl,  la  réaction  du  skatol,  d'abord  rouge 
vineux  comme  celle  de  l'indol  et  à  peine  un  peu  plus  violacée,  devient  rapidement  d'un 
beau  violet,  puis,  après  quelques  heures,  d'un  bleu  très  stable.  Pour  les  concentrations 
élevées,  la  teinte  bleue  est  précédée  d'une  teinte  verte  longtemps  persistante.  En  même 
temps,  le  spectre,  montrant  d'abord  3  bandes  comme  celui  de  l'indol,  se  transforme  et 
ne  montre  plus  qu'une  bande  dans  le  milieu  du  rouge.  Limite  :  3-4 :  10.000.000  (G.  Dem- 
GÈs,  08  d).  L'addition  de  quelques  gouttes  de  nitrite  à  0,5  p.  100  fait  virer  la  couleur 
indolique  du  rouge  violacé  vers  le  rouge  grenadine  ou  rouge  orange,  tandis  que  la  cou- 
leur skatolique  vire  immédiatement  vers  le  bleu  (F.  A.  Stee.nsma,  06  b;  F.  Rlumen- 
THAL,  09). 

Avec  la  î;aju7/t/ie  et  HCl,  l'indol  donne  immédiatement  une  coloration  rouge  éosine 
ou  grenadine  présentant  dans  le  vert  une  large  bande  d'absorption  débordant  sur  le 
bleu;  cette  teinte  persiste  de  longues  heures  et  tend  vers  le  rouge  bordeaux  avec  belle 
fluorescence  bleu  violet.  Le  skatol  ne  donne  d'abord  qu'une  coloration  faiblement  jau- 
nâtre ou  jaune  rosé  très  léger,  assez  peu  marquée  pour  ne  pas  nuire  à  la  recherche 
simultanée  de  l'indol;  mais  la  coloration  s'accentue  peu  à  peu,  et  après  quelques  heures 
elle  est  d'un  beau  violet  très  intense  qui  permet  de  déceler  le  skatol  jusqu'à  1  :  1.000.000 
(G.  Denigès,  os  d).  Le  nitrite  fait  jaunir  et  pâlir  la  couleur  indolique,  tandis  qu'il  fait 
virer  vers  le  bleu  la  couleur  skatolique   F.  Rlu.me.\thal,  09). 

Avec  Valdéhyde  cinnamique  et  HCl,  l'indol  donne  une  teinte  jaune  rouge  intense  rap- 
pelant celle  des  bichromates,  qui  tend  peu  à  peu  vers  le  rouge.  Le  skatol  ne  donne 
qu'une  coloration  jaune  clair  à  peine  sensible  au-dessous  de  0sf,02  par  litre,  et  qui  passe 
peu  à  peu  au  vert  clair  d'autant  plus  lentement  que  la  teneur  en  skatol  est  plus  faible. 
(G.  Demgès,  os  d).  Le  nitrite  n'altère  pas  la  couleur  indolique  ou  la  rend  un  peu  plus 
rouge  brun;  il  accélère  le  verdissement  de  la  couleur  skatolique  (F.  Rlu.me.\thal,  09). 

Avec  \3i  p.-nUrobenzaldéhyde  et  HCl,  l'indol  donne  une  couleur  rouge  qui  s'accentue 
par  chauffage  ;  le  skatol  ne  donne  rien  à  froid,  une  couleur  gris-vert  sale  à  chaud.  Le 
nitrite  donne  à  la  couleur  indolique  une  belle  teinte  rouge  framboise,  à  la  couleur  ska- 
tolique une  belle  teinte  bleue  (F.  Blume.nthal,  09). 

Avec  l'aldéhyde  protocatéchique  et  HCl,  l'indol  donne  une  coloration  rouge  orange,  le 
skatol  rouge  framboise.  Le  nitrite  pâlit  et  jaunit  la  couleur  indolique,  il  fait  virer  au 
violet-bleu  la  couleur  skatolique  (F.  Rldmexthal,  09). 

Avec  Vhéliotropine  (pipéronalj  et  HCl,  l'indol  donne  une  coloration  rouge  orange,  le 
skatol  rouge  framboise.  Le  nitrite  fait  pâlir  fortement  la  couleur  indolique,  la  couleur 
skatolique  devient  bleu  intense  (F.  Blume.nthal,  09  . 

Avec  le  safrol  et  HCl,  l'indol  donne  une  couleur  vert-jaune  qui  passe  bientôt  au 
rouge-jaune,  et  que  le  nitrite  fait  virer  au  brun-jaune.  Le  skatol  ne  donne  pas  de  colo- 
ration directe,  mais  le  nitrite  développe  une  teinte  bleu-vert  sale  (F.  Rlumenthal,  09). 

Avec  Veugénol  et  HCl,  l'indol  donne  une  belle  coloration  rose,  que  le  nitrite  fait  virer 
au  rouge-brun.  Le  skatol  donne,  après  l'addition  de  nitrite,  une  magnifique  coloration 
bleu-vert  ou  bleu  pur  (F.  Blume.nthal,  09). 

Rappelons  enfin  que  d'après  Takaoki  Sasaki  {10),  la  coloration  rouge-violet  d'une 


INDOL.  217 

très  grande  sensibilité  que  développe  la  condensation  du  skatol  avec  Vnlcool  nu'Unjlique 
en  présence  de  H-SOS  ne  se  produit  nullement  avec  i'indol,  et  constitue  par  conséquent 
une  réaction  différentielle  de  premier  ordre. 

C  —  CH2  —  COOII 
H.  —  ACIDE  [i   INDOLACÉTIQUE    C6H*<^^CH 

AzH 

A.  Formation  de  Tacide  [î  indolacétlque.  —  L'acide  indolacétique  [î  prend 
naissance  dans  la  putréfaction  du  tryptophane  ou  des  matières  albuminoïdes  conte- 
nant du  tryptophane  :  il  constitue  un  stade  de  dégradation  postérieur  à  l'acide  p  indol- 
propioiiique,  avec  ou  sans  l'intermédiaire  du  p  étliylindol  : 

C_CH2  — CH2  — COOH  c  — CH2  — CH3  C  — CH^  — COOH 

AzH  AzH  AzH 

Ac.  indolpropioniqup  p.  Étliylindol  (3.  Ac.  indolacétique  jî. 

On  a  vu  déjà,  à  propos  de  I'indol,  que  si  l'on  épuise  par  l'éther  un  liquide  albumi- 
neux  dont  la  putréfaction  est  déjà  commencée  mais  qui  ne  contient  pas  encore  d'iudol, 
l'éther  extrait  une  substance  qui  par  putréfaction  prolongée  donne  elle-même  de  I'in- 
dol (E.  Baumanïs,  80  a).  De  leur  côté,  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  [SO  a,  80  b)  avaient 
remarqué  que  dans  de  semblables  conditions,  l'éther  extrait  une  substance  inodore 
distincte  du  skatol  mais  susceptible  de  se  transformer  très  facilement  en  skatol,  et 
pensaient  que  la  «  substance  skatologène  »  en  question,  qui  doit  être  considérée  aussi 
comme  un  précurseur  de  I'indol,  devait  être  un  acide  "  skatolcarbonique  ».  La  substance 
se  décomposait  en  effet,  par  simple  chauffage,  en  CO^  et  skatol  qui  se  sublimait.  Nous 
verrons  que  c'était  l'acide  indolacétique.  Ils  trouvèrent  de  plus  {8i)  que  ce  corps  n'est 
pas  volatil,  même  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau,  et  par  suite  reste  dans  le  résidu  de 
distillation  lorsqu'on  distille  les  liquides  putréfactifs  pour  en  extraire  les  bases,  I'indol 
et  le  skatol. 

11  faut  donc  séparer  l'acide  indolacétique  des  nombreux  acides  organiques  aux- 
quels il  est  mélangé  dans  le  résidu  de  cette  distillation  qui  se  fait,  comme  on  le  sait, 
en  milieu  alcalin.  E.  Salkovvski  et  H.  Salkowski  (So)  concentrent  ce  résidu  et  ajoutent 
deux  ou  trois  volumes  d'alcool,  qui  précipite  les  matières  albuminoïdes  subsistantes, 
les  sels  minéraux,  les  bactéries,  etc.;  la  solution  alcoolique  est  évaporée,  le  résidu 
repris  par  l'eau,  acidifié  fortement  par  H-SO''^  et  agité  avec  de  l'éther  qui  s'empare  des 
acides.  L'extrait  éthéré,  évaporé,  est  repris  par  l'eau,  alcalinisé,  et  additionné  de  chlo- 
rure de  baryum  qui  précipite  les  acides  gras  à  l'état  de  savons  barytiques  entraînant 
avec  eux  les  graisses  et  autres  impuretés.  Le  liquide  clarifié  est  acidifié  par  HCl  et  de 
nouveau  épuisé  par  l'éther;  l'extrait  éthéré  évaporé  est  alors  distillé  à  la  vapeur  d'eau: 
de  cette  façon  sont  éliminés  les  acides  gras  volatils,  les  acides  de  la  série  benzoïque  et 
des  traces  de  phénols;  il  reste  dans  le  résidu  des  oxyacides  aromatiques,  de  l'acide 
succinique  et  de  l'acide  indolacétique.  Par  refroidissement  du  liquide,  il  se  dépose 
d'abord  des  masses  résineuses  qu'on  sépare  aussitôt  que  possible,  et  le  filtrat  conti- 
nuant à  refroidir  laisse  déposer  au  bout  de  vingt-quatre  heures  des  grumeaux  cristal- 
lins d'acide  indolacétique.  Un  traitement  minutieux  des  eaux-mères,  dont  le  détail 
importe  peu,  permet  d'en  récupérer  encore  une  certaine  quantité.  On  le  purifie  par 
cristallisations  dans  l'eau  bouillante  et  le  benzène  chaud. 

Dans  leur  expérience  la  plus  favorable,  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  [8o)  ont 
obtenu  un  rendement  de  .3,25  d'acide  indolacétique  pour  1000  de  fibrine  calculée  sèche, 
la  fibrine  étant  à  leurs  yeux  le  meilleur  matériel.  Mais  on  le  trouve  dans  toutes  les 
putréfactions,  sans  exception.  Ces  auteurs  ont  cherché  si  l'acide  indolacétique  ne  se 
séparerait  pas  de  la  molécule  albuminoïde  sous  l'action  de  la  trypsine  déjà,  avant  l'in- 
tervention des  bactéries  :  ils  se  sont  convaincus  du  contraire. 

On  sait  aujourd'hui  que  c'est  le  tryptophane  qui  se  détache  des  albuminoïdes  dès 
les  premières  phases  de  la  digestion  trypsique,  et  c'est  l'attaque  de  ce  tryptophane  par 
les  bactéries  qui  produit  les  acides  indolpropionique  et  indolacétique.  M.  Nencki  {89, 


218  INDOL. 

95)  l'affirmait  déjà,  sans  disposer  de  Iryptophane  bien  pur.  C'est  F.  G,  Hopkins  et  S.  W. 
CoLE  (05)  qui,  en  possession  de  tryptophane  parfaitement  pur,  ont  obtenu  par  sa  putré- 
faction l'acide  indolpropionique,  l'acide  indolacétique,  le  skatol  et  l'indol.  La  culture 
aérobie  du  B.  coli  donne  surtout  de  l'acide  indolacétique  et  de  l'indol;  les  cultures 
anaérobies  du  Bacille  du  charbon  symptomatique  et  du  B.  coli  donnent  surtout  l'acide 
indolpropionique. 

Nous  avons  dit  que  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  considéraient  leur  substance  skato- 
logène  comme  un  «  acide  skatolcarbonique  »,  dédoublable  dii^ectement  en  skatol  et 
CO-,  et  auquel  ils  attribuaient  la  constitution  d'un  acide  [J-méthyl-indol-a-carbonique. 
Mais  il  est  aisé  de  voir  que  l'acide  p  indolacétique  doit  se  dédoubler  tout  aussi  naturel- 
lement en  skatol  et  CO*  : 

C  — CH3  C  — CH2  — COOH 

C6H*('^C  —  COOH  C6H*/'^CH 

AzH  AzH 

Ac.  skatolcarbonique  a.  Ac.  indolacétique  p. 

Or  w.  WisLicENus  et  E.  Arnold  (é?7j  chauffèrent  en  solution  alcoolique,  eu  présence 

de  H^SO*,  la  phénylhydrazone  de  l'acide  propionylfoi'miqiie 

.CH2  — CH3 

C«H3  — AzH.Az  :  C<^  ;  en  ajoutant  ensuite  de  l'eau,  ils  obtenaient  un  précipité 

\COOH  i        f 

cristallin  de  skatolcarbonate  d'éthyle,  dont  la  saponification  foui'nissait  l'acide  : 

C^-^-^»^  C-CH3 

C6H5  C  — COOH  +  C2H^.0H  =  C«H*^'^C  — COO.C^Hi  +  AzH3  +  H20 

\         Il  ^'^ 

^         "  A7H 

AzH.Az  ^^"       ,      ,  ,.,  ,    , 

,3,  ,     ,,     ,  ^^katolcaroonate  d  éthyle. 

Phenylhj'drazonc.  •' 

La  formule  ci-dessus  permet  de  comprendre  que  le  produit  doit  bien  avoir  la  consti- 
tution de  l'acide  skatolcarbonique  a.  Laoide  fondait  à  1G4°-165°,  en  se  dédoublant  en 
skatol  et  CO"^.  Mais  il  n'était  pas  identique  à  celui  des  Salkowski,  car  il  s'en  distin- 
guait par  sa  cristallisation  en  aiguilles,  sa  plus  faible  solubilité  dans  l'eau,  et  par 
l'échec  des  réactions  colorées,  sauf  celle  par  FeCP,  qui  d'ailleurs  était  plus  difficile. 

D'autre  part  G.  Ciamician  et  G.  Magnanlni  [88  a,  88  b)  réussirent  à  introduire  par 
addition  le  groupement  CO-  dans  la  molécule  des  indols  méthylés,  en  chauffant,  soit  le 
mélhylkétol  (a  mélhylindol),  soit  le  skatol  (ii  méthylindol)  à  2300-250°,  avec  la  quantité 
équimoléculaire  de  sodium,  dans  un  courant  de  CO^  : 


CH 

C  — COOH 

C6Hi^^C  — CH3 

m^     C6H*<(~^c  — CH3 

AzH 

AzH 

Méthylkétol. 

Ac.  a-mofhyl-indol- 
^-cart  onique. 

C  — CH3 

C-CH3 

C6H4/^CH 

»)»    > 

CGHi<^^C  — COOH 

AzH 

AzH 

Skatol. 

Ac.  fl-méthyl-indol-- 
a-carbonique. 

L'acide  dérivé  du  skatol,  qui  chauffé  avec  H-SO*  donne  une  magnifique  coloration 
rouge  pourpre,  est  certainement  identique  à  l'acide  de  W.  Wislicenus  et  E.  Arnold,  car 
il  fond  à  165°-167".  Mais  il  est  différent  de  celui  des  Salkowski,  car  il  ne  donne  pas  de 
colorations  avec  l'acide  nitreux  ou  le  chlorure  de  chaux,  et  la  réaction  avec  FeCl^  est 
beaucoup  plus  difficile. 

Toutes  ces  contradictions  apparentes  s'évanouii'ent  le  jour  oîi  les  travaux  de 
A.  Ellinger  et  de  ses  collaborateurs  eurent  établi  que  dans  le  tryptophane  et  ses  déri- 
vés les  chaînons  greffés  sur  le  noyau  indolique  sont  tout  entiers  en  position  |i.  En  par- 
ticulier, la  synthèse  de  l'acide  |3  indolcarbonique  authentique  a  été  réalisée  par  A.  Ellin- 
ger  {Oi  b)   :  la   phénylhydrazone    de    l'aldéhydopropionate    de   méthyle  C^H^Az.H.Az   : 


INDOL.  219 

'CH.CH-.CH-.COOCH  '■,  fondue  avec  ZnCi-,  ou  mieux  chaull'i'e  pendant  plusieurs  heures 
-dans  l'alcool  sulfuiique,  ferme  le  noyau  indolique  : 

CH'._CIl.-C00.Cn3  c-CH^-C00.CH3 

C6H3  CH  »_>    C'iH*/'^CH  +AzIP 

"a^H  Az  A^H 

,,," .      ,,    j  8  indolacétatc  do  métliyle. 

Phenylli3-arazone.  '  ■' 

L'acide  obtenu  par  saponification  de  l'éther  méthylique  est  identique  à  l'acide  des 
Salkowski  par  sa  cristallisation  en  feuillets,  son  point  de  fusion  (lôo"),  et  ses  réactions 
colorées  à  l'acide  nitreux,  au  chlorure  de  chaux  et  au  chlorure  ferrique.  Le  soi-disant 
acide  «  skatolcarbonique  »  des  putréfactions  est  donc  incontestablement  l'acide  iiulol- 
-acélique  [3. 

B.  Propriétés  de  l'acide  ^  indolacètique.  —  L'acide  indolacétique  constitue 
-<le  petits  feuillets  cristallins  incolores,  fondant  à  164''  (E.  Salkowski  et  H.  Salkowski, é^o) 
ou  165*^  (A.  Ellinger,  Oi  b),  facilement  solubles  dans  l'alcool  et  l'éther,  très  peu  dans 
l'eau  froide,  plus  facilement  dans  l'eau  chaude  II  n'est  presque  pas  volatil,  même  dans 
un  courant  de  vapeur  d'eau;  toutefois  une  distillation  prolongée  en  laisse  passer  des 
traces  suffisantes  pour  montrer  les  réactions  colorées,  et  cela,  que  le  liquide  de  distilla- 
tion soit  acide  ou  alcalin  (E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  So). 

L'acide  indolacétique  donne  des  sels  alcalins  solubles  dans  l'eau;  si  à  sa  solution 
neutralisée  par  l'ammoniaque  on  ajoute  du  nitrate  d'argent,  on  obtient  un  précipité 
d'indolacétate  d'argent  (A.  Ellinger,  04  b). 

Chauffé  un  peu  au-dessus  de  son  point  de  fusion,  l'acide  indolacétique  se  décom- 
pose avec  dégagement  de  GO-  et  formation  d'un  sublimé  de  skatol  pur,  sans  trace 
d'indol.  Les  sels  alcalins  sont  assez  stables  en  solution;  mais  si  on  chauffe  une  solution 
de  l'acide  libre,  elle  se  décompose  peu  à  peu  en  dégageant  l'odeur  fécaloïde  du  skatol, 
en  même  temps  qu'il  se  forme  une  couleur  rouge  pourpre  qui  est  peut-être  un  produit 
d'oxydation  ou  de  condensation  du  skatol.  La  même  couleur  prend  naissance  quand  on 
abandonne  longtemps  à  l'air  une  solution  d'acide  indolacétique  (E.  Salkowski  et 
H.  Salkowski,  8o). 

L'acide  indolacétique  est  dépourvu  de  toute  odeur. 

L'acide  indolacétique  introduit  dans  l'estomac  des  animaux  (lapins),  passe  en  nature 
dans  les  urines  (E.  Salkowski,  85),  où  on  peut  en  retrouver  la  presque  totalité,  même 
s'il  s'agit  de  doses  extrêmement  minimes  (i-2  milligr.).  Bien  que  les  réactions  de  l'urine 
émise  après  l'ingestion  d'acide  indolacétique  soient  un  peu  moins  intenses  que  celles 
d'une  urine  de  contrôle  où  on  a  fait  dissoudre  la  même  quantité  de  substance,  on  peut 
dire  que  si  l'acide  indolacétique  est  détruit  dans  l'économie  animale,  ce  n'est  qu'en  très 
faible  proportion. 

D'après  ce  qui  précède,  il  est  permis  de  croire  qu'il  doit  se  former  normalement 
<Jans  l'intestin,  outre  l'indol,  le  skatol  et  l'acide  indolcarbonique,  de  petites  quantités 
d'acide  indolacétique.  Celui-ci,  étant  légèrement  soluble,  dans  l'eau  doit  se  prêter  à  la 
résorption  par  la  muqueuse  intestinale,  et,  comme  il  n'est  pas  détruit  dans  l'organisme, 
on  doit  le  retrouver  dans  l'urine.  E.  Baumann  {80  a)  avait  remarqué  déjà,  dans  les  oxy- 
acides  aromatiques  bruts  qu'il  extrayait  de  l'urine,  la  présence  d'acides  azotés,  de  con- 
sistance huileuse,  qui  donnaient  du  skatol  par  putréfaction  avec  de  la  boue  d'égout,  et 
qui  par  l'acide  nitrique  fumant  prenaient  une  coloration  rouge  analogue  à  celle  du 
nilrosoindol.  E.  Salkowski  (85),  évaporant  quelques  litres  d'urine,  puis  fractionnant  le 
résidu  par  des  traitements  convenables  à  l'alcool,  à  l'eau  et  à  l'éther,  obtenait  une  frac- 
tion donnant  nettement  les  réactions  de  l'acide  indolacétique.  J.  G.  Otto  (84),  sur  3  litres 
d'urine  diabétique  très  riche  en  chromogènes  du  groupe  indolique,  et  dont  il  préten- 
dait à  tort  avoir  extrait  cristallisé  le  soi-disant  acide  «  skatoxylsulfurique  »,  n'a  pu 
obtenir  que  des  traces  d'une  substance  sentant  le  skatol  quand  on  la  chauffe  et  se  colo- 
rant en  rouge  par  l'acide  nitrique  fumant. 

Tout  récemment,  on  a  pensé  (G. -A.  Herter,  08  c)  que  le  chromogène  de  l'uroroséine, 
présent  dans  toutes  les  urines  et  dont  nous  parlerons  plus  loin,  n'était  autre  précisé- 
ment que  l'acide  indolacétique. 


220  I  N  D  O  L. 

Si  l'acide  indolâcétique  peut  être  attaqué  par  des  bactéries,  et  dégradé  jusqu'à 
l'indol,  il  peut  n'en  être  pas  toujours  ainsi,  car  cet  acide  paraît  présenter  une  résistance 
assez  grande  à  la  putréfaction.  Par  exemple,  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski  (83),  ayant 
ensemencé  avec  quelques  centimètres  cubes  d'un  liquide  putréfactif  de  viande  une 
solution  étendue  de  leur  acide,  additionnée  des  sels  minéraux  nécessaires  au  développe- 
ment des  bactéries,  n'ont  jamais  obtenu  trace  d'indol,  et  l'acide  iridolacétique  restait 
inaltéré,  même  au  bout  d'un  mois.  Mais  on  doit  évidemment  rencontrer  des  espèces 
bactériennes  capables  de  transformer  l'acide  indolâcétique  en  skatol  ou  en  indol;  une 
observation  de  E.  Baumann  {80  a)  sur  l'urine,  déjà  citée,  vient  à  l'appui  de  cette  opi- 
nion. 

C.  Réactions  de  Tacide  indolâcétique. 

]'  —  Lorsque  dans  une  solution  d'acide  indolâcétique  à  1  :  1  000  on  verse  quelques 
gouttes  d'acide  nitrique  pur  (D  =  1,2),  puis  quelques  gouttes  d'une  solution  de  nitrite 
de  potassium  à  2  «/o,  le  liquide  se  colore  assez  rapidement  en  rouge  cerise,  puis  se 
trouble  et  laisse  déposer  une  couleur  rouge.  La  couleur  passe  par  agitation  dans  l'éther 
acétique  qui  montre  une  bande  d'absorption  spectrale  dans  le  vert  ;  agité  avec  de  la 
soude,  l'éther  acétique  se  décolore,  tandis  que  la  soude  se  colore  en  jaune  intense; 
l'addition  d'un  acide  fait  réapparaître  la  couleur  rouge,  qui  passe  de  nouveau  dans 
l'éther  acétique.  La  couleur  passe  dans  l'alcool  amylique  encore  plus  facilement  que 
dans  l'éther  acétique,  mais  pas  du  tout  clans  l'éther,  le  benzène,  le  chloroforme.  A  la 
dilution  de  1  :  10000,  si  on  ajoute  le  nitrite  avec  précaution,  la  réaction  est  encore  très 
belle,  mais  cette  fois  toute  la  couleur  reste  dissoute.  Un  excès  de  nitrite  empêche  la 
réaction,  ou  détruit  très  rapidement  la  couleur.  La  solution  éthérée  de  l'acide  indolâcé- 
tique donne  aussi  la  réaction  lorsqu'on  l'agite  avec  de  l'acide  nitrique  et  du  nitrite, 
mais  bien  plus  faiblement;  la  solution  alcoolique  ne  la  donne  que  passagèrement. 

La  couleur  produite  ressemble  au  nitrosoindol,  mais  elle  en  est  différente.  En  effet, 
si  on  chauffe  la  solution  alcoolique  du  nitrosoindol,  étendue  de  son  volume  d'eau,  avec 
un  peu  de  soude  et  de  poudre  de  zinc,  elle  se  décolore,  mais  le  liquide  liltré  se  reco- 
lore à  l'air  en  bleu  intense.  La  même  décoloration  se  produit  bien  avec  la  couleur 
dérivée  de  l'acide  indolâcétique,  mais  le  liquide  ne  se  recolore  jamais,  même  par  agita- 
tion à  l'air  (E.  Salkowski,  8o). 

2°  —  La  solution  aqueuse  (à  1  : 1  000)  d'acide  indolâcétique  ou  de  ses  sels,  additionnée 
de  son  volume  de  HCl  (D  =  1,2),  puis  de  quelques  gouttes  de  chlorure  de  chaux  faible 
(1-2  %),  se  colore  peu  à  peu  en  rouge  pourpre,  et  par  le  repos  laisse  déposer  un  préci- 
pité rouge  pourpre,  facilement  solubledans  l'alcool.  Les  solutions  à  i  :  10  000  montrent 
encore  la  réaction,  qui  se  borne  à  la  coloration  sans  précipité,  mais  il  faut  beaucoup  de 
piécautions  dans  l'addition  du  chlorure  de  chaux.  La  couleur  est  extraite  complètement 
par  l'alcool  aftiylique,  pas  du  tout  par  l'éther,  le  benzène,  le  chloroforme.  L'action  de 
l'éther  acétique  varie  avec  la  concentration;  la  couleur  est  toujours  extraite  difficile- 
ment, souvent  pas  du  tout  (E.  Salkowski,  83). 

3"  —  Lorsqu'on  ajoute  du  chlorure  ferrique  très  étendu  à  une  solution  d'acide  indol- 
âcétique à  l  p.  1  000,  on  ne  remarque  à  froid  aucune  altération  ;  mais,  si  l'on  chauffe  légè- 
rement, le  liquide  devient  gris-bleu  sale,  ou  plus  exactement  rouge-bleu  et  trouble  par 
transparence,  gris-blanchâtre  par  réflexion.  Si  on  acidifie  alors  avec  précaution  par 
HCl,  il  se  précipite  bientôt  une  couleur  violet-gris  qui,  recueillie  sur  filtre  et  lavée,  se 
dissout  facilement  dans  l'alcool  avec  une  coloration  rouge-bleu  (E.  Salkowski  et 
H.  Salkowski,  83).  Si  on  ajoute  tout  d'abord  quelques  gouttes  de  HCl  à  la  solution 
d'acide  indolâcétique  ou  de  ses  sels,  puis  un  peu  de  FeCF  très  dilué  et  qu'on  chauffe  à 
l'ébullition,  le  liquide  se  colore  en  rouge  cerise  :  la  réaction  est  très  intense  et  très  sen- 
sible (E.  Salkowski  et  H.  S.\.lkow'ski,  83).  Avec  une  solution  à  1  :  10000,  si  on  emploie 
seulement  2  ou  3  gouttes  de  FeCP  très  étendu,  on  a  une  coloration  violette  intense  du 
mélange  avant  même  de  chauffer.  Les  solutions  àl  :  100000  donnent  encore  très  nette- 
ment la  réaction,  à  condition  de  prendre  FeCP  extrêmement  étendu  (E.  Salkowski, 
83).  En  agitant  le  liquide  avec  de  l'alcool  amylique,  la  couleur  passe  très  facilement  et 
complètement  dans  le  dissolvant;  elle  ne  passe  pas  dans  l'éther,  le  benzène,  le  chloro- 
forme. Avec  l'éther  acétique,  si  la  solution  est  concentrée,  la  couleur  passe  dans  le  dis- 
solvant; si  elle  est  étendue  (1  :  10000),  l'éther  acétique  se  colore  seulement  en  jaune- 


INDOL.  221 

rou^edtre,  tandis  que  la  tointe  violelto  de  la  portion  aqueuse  devient  plus  pure.  Peut- 
être  s'est-il  formé  un  mélanf:;e  de  plusieurs  couleurs  (E.  Salkowski,  85). 

Les  trois  réactions  précédentes  reposant  sur  des  phénomènes  d'oxydation,  et  abou- 
tissant toutes  à  une  couleur  rouf,'e,  on  peut  se  denuinder  s'il  n'y  aurait  pas  identité 
entre  leurs  produits.  L'action  de  l'élher  acétique  n'est  pas  tout  à  fait  la  même;  mais  la 
formation  d'un  mélange  de  plusieurs  couleurs  suffirait  à  expliquer  ces  divergences. 

4"  —  L'acide  indolacétique  donne  avec  une  grande  intensité,  par  l'acide  nitrique  chaud, 
la  réaction  xanthoprotéique  bien  connue  pour  les  albuminoïdes  (E.  Salkowski,  88). 

5°  —  L'acide  indolacétique  donne  très  nettement  (E.  Salkowski,  88)  la  réaction 
d'ADAMKiEwicz  :  coloration  violette  en  présence  de  H'-'SO*  et  de  l'acide  acétique  glacial. 
Nous  avons  vu  que  cette  réaction  est  due  (E.-G.  Hopkins  et  S.-W.  Cole,  01  a)  à  l'acide 
glyoxylique  qui  est  une  impureté  très  répandue  de  l'acide  acétique. 

On  peut  enfin  reconnaître  des  quantités  très  minimes  d'acide  indolacéti(iue  en  le 
chauffant  dans  un  petit  tube  :  on  sent  l'odeur  du  skatol,  qui  se  sublime,  et  dont  on 
peut  chercher  les  réactions  (E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  83). 

C  — CH^  — CH2  — COOH 
I.   —   ACIDE   pINDOLPROPIONIQUE     C6H4<^^CH 

AzH 

A.  Formation  de  l'acide  [i  indolpropionique.  —  L'acide  indolpropionique  [i  est 
le  premier  stade  de  dégradation  du  trijplophane  (acide  |ï-indol-a-amino-propanoïque) 
libéré  des  matières  albuminoïdes.  11  dérive  du  tryptophane  par  un  processus  de  désa- 
mination  directe,  par  hydrogénation,  processus  fréquemment  déterminé  par  les 
microbes  anaérobies. 

C  — CH2_CH-C00H        y  C  — CH2_CH2_COOH 

C6H*<^^CH  J^^jj,  I   =C6H*<^^CH  +AzH3 

AzH  +  ^  AzH 

Tryptophane.  Ac.  indolpropionique.       Ammoniaque. 

L'acide  indolpropionique  [î  est  donc  le  précurseur,  dans  les  putréfactions,  de  l'acide 
indolacétique  |î,  du  skatol,  de  l'acide  indolcarbonique  p,  de  l'indol.  (Voir  le  schéma 
d'ensemble  au  début  de  notre  article.) 

L'acide  indolpropionique  a  été  découvert  par  M.  Nexcki  (89)  au  cours  de  ses  recherches 
faites  avec  la  collaboration  de  V.  Bovet  sur  la  décomposition  de  l'albumine  du  sang  par 
les  microbies  anaérobies.  Trois  espèces  ont  été  étudiées  :1e  Bacille  du  charbon  sympto- 
matique  {Rauschbrandbacillus),  le  Bacillus  liquefaciens  magnus  et  le  Bacillus  spinosus. 
Après  quelque  temps  de  culture  dans  une  atmosphère  de  CO-  ou  Az^,  l'albumine  de 
sang  du  commerce  (coagulée)  est  presque  entièrement  dissoute;  le  liquide  est  distillé 
avec  de  l'acide  oxalique,  ce  qui  chasse  les  produits  gazeux  et  les  acides  gras  jusqu'à 
l'acide  capronique  inclusivement,  mais  pas  trace  de  phénol,  d'indol  ou  de  skatol.  Le 
résidu  est  concentré  jusqu'à  cristallisation  de  l'acide  o.xalique  et  des  oxalates  de  diverses 
bases,  avec  un  peu  de  leucine;  puis  on  agite  les  eaux-mères  avec  de  l'éther  dont  Téva- 
poration  laisse  un  liquide  huileux  jaunâtre,  formé  essentiellement  du  mélange  de  trois 
acides  :  acide  phénylpropionique,  acide  paraoxyphéuylpro  pionique  (hydroparacouma- 
rique),  acide  indolpropionique.  La  proportion  de  ces  produits  varie  suivant  l'espèce  de 
bacille  et  la  durée  de  la  putréfaction  :  la  quantité  maximale  d'acide  indolpropionique 
est  obtenue  à  l'aide  du  bacille  du  charbon  syinptoniatique,  après  3  ou  4  semaines 
d'action. 

Pour  séparer  l'acide  indolpropionique,  on  distille  l'extrait  éthéré  à  la  vapeur  sur- 
chauffée, tant  que  les  gouttes  qui  passent  sont  acides  :  on  chasse  ainsi  les  acides  gras 
supérieurs  et  l'acide  phénylpropionique,  tandis  qu'il  reste  un  résidu  huileux  d'acide 
hydroparacoumarique  et  d'acide  indolpropionique.  On  dissout  ce  résidu  dans  l'eau 
chaude  et  on  filtre;  on  recommence  la  filtration  tant  que  le  filtrat  se  trouble  en  refroi- 
dissant et  sépare  des  produits  résineux.  Enfin  on  porte  dans  la  glace,  et  l'acidi'  indol- 
propionique cristallise  au  bout  de  quelques  heures,  tandis  que  l'acide  hydroparacouma- 
rique reste  dissous. 

Ces   recherches   ont   été   pour   M.    Ne.ncki   (89)   l'occasion   de   considérations   très 


i)2-2  I  N  D  O  L. 

intéressantes  sur  les  groupes  aromatiques  préformés  dans  la  molécule  albuminoïde. 
Depuis  longtemps,  on  y  reconnaissait  l'existence  du  groupe  de  la  tyrosine.  Depuis  les 
travaux  de  E.  Schulze  [83),  on  était  porté  à  considérer  le  groupe  de  l'acide  phényl- 
aminopropionique(phénylalanine)  comme  distinct  du  précédent.  M.  Nencki  {89)se  rangea 
cette  conclusion,  que  devaient  vérifier  ultérieurement  E.  Fischer  et  ses  collaborateurs 
par  la  dislocation  systématique  des  albuminoïdes.  Mais  de  plus  M.  Nencki  [89)  admet  que 
la  molécule  albuminoïde  renferme,  non  pas  deux,  mais  trois  groupes  aromatiques  préfor- 
més  qui  sont  la  tyrosine,  l'acide  phénylamidopropionique  et  l'acide  skatolamidoacétique. 
Continuant  la  série  inaugurée  par  E.  Salkowski  et  H.  Salkowski,  M.  Nencki  place, 
en  effet,  en  position  a,  sans  plus  ample  informé,  les  groupes  surajoutés  à  la  molécule 
du  skatol,  et  formule  ainsi  la  réaction  : 

C  — CH3       .^^fj,  C-CH3 

Ç6H*/^C  —  CH— COOH  +  H2  =  AzH3  +  C6H^<^^C  —  CH2  -  COOH 

AzH  AzH 

Ac.  skatolamidoacctiquo.  Ac.  skatolacétique. 

M.  Nencki  {89)  formule  dès  cette  époque  les  réactions  régulières  qui  donnent  nais- 
sance, après  l'acide  «  skatolacétique  »  iindolpropioniquei,  à  l'acide  «  skatolcaibonique  » 
(indolacétique),  au  skatol  et  à  l'indol.  Il  n'y  a  rien  à  y  changer,  sauf  la  place  de  la 
chaîne  latérale  qui,  depuis  les  travaux  de  A.  Ellinger  [04  b,  Oo),doit  être  tout  entière 
reportée  en  position  [3,  comme  nous  l'avons  vu  à  propos  de  l'acide  indolacétique. 

Ces  réactions  expliquent  comment  les  putréfactions  anaérobies  donnent  de  l'acide 
indolpropionique  et  les  putréfactions  aérobies  de  l'acide  indolacétique.  Bien  entendu, 
la  série  des  réactions  ne  se  fait  pas  toujours  avec  cette  régulière  progression,  et  les 
produits  dépendent,  non  seulement  du  milieu,  mais  aussi  de  l'espèce  microbienne.  C'est 
ainsi  que,  si  au  lieu  de  faire  l'ensemencement  anaérobie  avec  du  charbon  symptoma- 
tique  en  culture  pure,  on  le  fait  directement  avec  la  sérosité  des  tumeurs,  qui  renferme 
d'autres  microbes,  particulièrement  le  Micrococcus  acidi  puralactici,  on  obtient  même 
en  milieu  privé  d'oxygène  une  forte  quantité  de  skatol  ^M.  Nencki,  89). 

L'acide  indolpropionique  a  été  trouvé  aussi  dans  les  produits  de  décomposition  de 
l'albumine  du  sang  de  bœuf  par  un  autre  microbe  anaérobie,  le  bacille  de  l'œdème 
malin  (B.  de  la  septicémie  gangreneuse),  au  cours  d'une  étude  faite  par  R.  Kerry  [89) 
dans  le  laboratoire  de  M.  Nencki. 

Il  n'est  d'ailleurs  pas  nécessaire  pour  la  formation  de  l'acide  indolpropionique  que 
la  culture  soit  anaérobie.  E.  Salkowski,  reprenant  des  résidus  provenant  de  ses  expé- 
riences de  1884,  sur  la  putréfaction  de  la  fibrine,  s'est  aperc^u  99}  que  certains  d'entre 
eux  renfermaient  de  l'acide  indolpropionique  en  fortes  proportions.  C'est  ainsi  qu'un 
résidu  provenant  de  380  grammes  de  fibrine  lui  a  donné,  malgré  les  pertes,  plus  de 
1  gramme  d'acide  indolpropionique,  soit  au  moins  0,26  p.  100.  Un  autre  résidu  a 
donné  0  gr.  3.  On  ne  peut  dire  pourquoi  on  trouvait  l'acide  indolpropionique,  au  lieu 
de  l'acide  indolacétique  habituel,  dans  ces  putréfactions  faites  en  présence  de  l'oxygène 
par  les  bactéries  spontanément  développées  sur  la  viande. 

Depuis  lors,  on  a  étudié  la  décomposition  bactérienne,  non  plus  seulement  des  albu- 
minoïdes, composés  du  tryptophane,  mais  bien  du  tryptophane  lui-même,  isolé  à  l'état 
pur  (F.  G.  HopKiNS  et  S.  W.  Gole,  03).  Les  résultats  sont  exactement  du  même  ordre  : 
les  cultures  anaérobies  donnent  surtout  de  l'acide  indolpropionique,  tandis  qu'en  milieu 
aérobie  se  forment  l'acide  indolacétique  et  l'indol,  avec  un  peu  de  skatol. 

La  synthèse  de  l'acide  |3  indolpropionique  uidol-Pr-3-propanoïque)  a  été  réalisée 
par  A.  Ellinger  {03}.  Dans  ce  but,  fut  d'abord  préparé  Vacide  y  aldéhydobutyrique 
OCH.CH-.CH-.CH-. COOH,  qui  fut  combiné  à  la  phénylhydrazine,  eiVhydrazone  fut  portée 
à  l'ébullition  pendant  4  heures  dans  l'alcool  additionné  de  10  p.  100  de  H-  SO^  :  on 
obtient  l'éther  de  l'acide  indolpropionique. 

CH2  -  CH2  -  CH2  _  COO.C2H3  C  -  CH^  -  CH^  -  COO.C^H-s 

C6H3  CH  =AzH3  +  C*'H*<^^CH 

^  "  AzH 

'^,  .      ,,     ,  Indolpropionate  d'éthyle. 

Phenylhydrazoue 


INDOL.  223 

Après  sapouilicalion  par  KOH  alcoolique  et  acidilicalioii  par  Il-SO'^,  l'acide  est  pré- 
cipité par  le  sulfate  mercurique,  libéré  par  H-S  de  sa  combinaison  mercurique,  puis 
extrait  à  l'éther.  Par  recristallisation  dans  un  peu  d'eau  chaude  on  l'obtient,  comme 
l'acide  «  skatolacétique  »  de  M.  Nengki,  en  magnifiques  tablettes  brillantes,  incolores, 
fondant  à  134».  En  solution  acétique,  môme  très  diluée,  il  donne  par  le  nitrite  de  K  le 
dérivé  nitrosé  en  aiguilles  caractéristi(iues  fondant  à  l',i^o°  avec  dégagement  gazeux  :  il 
y  a  identité  parfaite  entre  ses  caractères  et  ceux  de  l'acide  «  skatolacétique  »  de 
M.  Nencki. 

B.  Propriétés  de  l'acide  [i  indolpropîonique.  —  L'acide  p  indolproplonique  cris- 
tallise en  prismes  ou  tables  à  six  pans  irrégulières,  qui  ressemblent  au  nitrate  d'urée. 
Peu  soluble  dans  l'eau  froide  (plus  cependant  que  l'acide  indolacétique),  il  se  dissout 
facilement  à  chaud.  Très  soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  l'acide  acétique  étendu.  Fond 
vers  134°,  reste  inaltéré  à  200°  :  il  faut  chauffer  jusqu'à  l'ébuUition  pour  voir  le  produit 
brunir  en  dégageant  l'odeur  du  skatol,  dont  on  peut  reconnaître  la  formation  à  l'aide 
de  l'acide  picrique  (M.  Nencki,  89). 

C.  Réactions  de  l'acide  p  indolproplonique.  —  La  solution  d'acide  ,3  indolproplo- 
nique, additionnée  de  nitrite  de  sodium  concentré,  puis  de  quelques  gouttes  d'acide  acé- 
tique, donne  en  quelques  instants  un  magma  de  fines  aiguilles  jaunes  d'un  dérivé 
nitrosé  CH'^Az  (AzO)O-  .  Ce  nitrosé,  insoluble  dans  l'eau,  peut  parfaitement  servir  au 
dosage  de  l'acide  indolpropionique.  Ce  nitrosé  se  décompose  facilement,  ce  qui  fait 
qu'on  ne  peut  le  recristalliser  dans  l'alcool  où  il  se  dissout  facilement  ainsi  que  dans 
l'éther.  Les  alcalis  le  dissolvent  et  les  acides  le  reprécipitent,  mais  avec  décomposition 
partielle.  Il  fond  vers  135'^  avec  dégagement  gazeux.  Dissous  dans  le  phénol,  il  donne, 
par  addition  de  ll-SO*  etchaulFage  ménagé,  une  couleur  rouge-brun  qui  se  dissout  dans 
les  alcalis  avec  une  belle  couleur  bleue  :  il  s'agit  donc  bien  d'un  nitrosé  et  non  d'un 
isonitrosé  (M.  Nencki,  89). 

La  solution  aqueuse  d'acide  p  indolpropionique  donne  par  FeCP  un  trouble  blan- 
châtre qui,  à  chaud,  devient  rouge  brique;  et  par  refroidissement,  il  se  forme  un  pré- 
cipité rouge  brique.  Les  solutions  un  peu  concentrées  se  colorent  en  rouge  feu  ou  rouge 
cerise  (M.  Nencki,  89). 


J.    —COULEURS    URINAIRES    DÉRIVÉES    DES    INDOLS   SUBSTITUÉS. 

A.  Couleurs  urinaires  dérivées  du  skatol  et  de  Tacide  indolacétique  (d'ori- 
gine tryptophaniquej.  —  Nous  avons  vu,  dans  le  paragraphe  consacré  aux  Couleurs 
urinaires  dérivées  de  l'indoxyle,  la  revision  critique  par  laquelle  L.  G.  Maillard  {03  f) 
arrivait  à  classer  en  deux  groupes  toutes  les  matières  rouges  signalées  dans  l'urine  par 
de  nombreux  auteux's.  L'un  de  ces  groupes,  formé  des  couleurs  <<  chloroformiques  », 
c'est-à-dire  extractibles  par  le  chloroforme  qu'elles  n'abandonnent  par  aucun  lavage 
aqueux,  compi'enait  une  seule  espèce  chimique  authentique,  l'indirubine.  L'autre 
groupe,  formé  des  couleurs  «  aqueuses  »  c'est-à-dire  restant  en  solution  aqueuse  et  ne 
passant  pas  dans  le  chloroforme,  comprenait  lui  aussi,  en  apparence,  des  substances 
multiptes  décrites  par  divers  auteurs;  mais  L.  C.  Maillakd  (O-'i  f)  faisait  l'hypothèse 
que  toutes  ces  substances  se  réduisaient  peut-être  auth(!ntiquement  à  une  seule,  déri- 
vant peut-être  du  skatol.  Il  s'agit  d'ailleurs  d'une  substance  normale,  que  l'urine  peut 
contenir  parfois,  comme  l'indoxyle,  en  quantités  exagérées,  mais  qui  existe  toujours 
dans  l'urine  en  petite  quantité  :  en  s'en  aperçoit  chaque  fois  qu'on  recherche  l'in- 
doxyle en  ajoutant  à  l'urine  son  volume  de  IICl.  Dans  le  cas  où  on  opèi'e  sur  l'urine 
prt'alaldeinent  déféquée  par  le  sous-acétate,  le  phénomène  est  particulièrement  net  :  le 
liquide  presque  incolore  commence  à  prendre,  dès  qu'on  verse  l'acide,  une  belle  teinte 
rouge  aurore  qui  s'accentue  en  quelques  instants,  passe  au  rouge  foncé,  puis  devient  un 
peu  brunâtre,  en  même  temps  que  se  précipitent  des  llocons  de  la  même  couleur. 
Comme  parmi  les  divers  noms  sous  lesquels  a  été  successivement  signalée  cette  cou- 
leur, il  en  est  un,  Vuroroséine  (M.  Nencki  et  N.  Sieber,  82)  qui  correspond  à  une  des- 
cription mieux  étudiée  que  les  autres,  nous  lui  avons  conservé  provisoirement  ce  nom, 
bien  qu'il  s'appliquât  i»lut(3t  dans  l'esprit  de  ses  auteurs  à  une  substance  pathologique, 


224  INDOL. 

qui  n'était,  nous  le  pensons  aujourd'hui,  que  l'exagération  quantitative  d'une  subs- 
tance normale. 

Avant  la  revision  de  L.  C.  Maillard  {03  f),  les  travaux  critiques  de  II.  Rosin  (9/) 
permettaient  déjà  de  prévoir  une  simplification  de  la  nomenclature  dans  ce  domaine. 
Par  la  suite  Ch.  Porcher  et  C».  Herviel'x  [Oo  e)  admettent  délibérément  comme  cer- 
taine l'identité  de  toutes  les  couleurs  dont  il  s'agit,  et  leur  origine  skatolique. 

Nous  n'oserions  cependant,  pour  notre  part,  affirmer  l'unité  complète  du  groupe,  il 
serait  nécessaire,  notamment,  de  reprendre  l'étude  des  matières  colorantes  urinaires 
que  l'on  a  dit  dériver  du  sang,  V hémafoporplujrine  notamment,  en  comparant  les  obser- 
vations fournies  avec  celles  de  l'uroroséine  et  de  la  couleur  skatolique. 

Puis  il  faudrait  se  poser  encore  la  même  question  en  ce  qui  concerne  le  pigment 
rose  des  sédiments  uratiques,  signalé  dès  le  xviii'  siècle  par  Cruishank,  pigment  que 
John  [1811)  réussit  à  extraire  par  l'alcool,  qu'il  colore  en  rouge-cerise.  Celte  substance 
avait  été  désignée  déjà  sous  le  nom  de  matière  rosacée  ou  acide  rosacé  par  L.  Proust 
{1797,  /iVO/jqui  l'étudiait  en  mélange  avec  l'acide  urique  ;  puis  sons  celui  d'acide  rosa- 
eiqite  par  Vauquelin  (1811)  qui  la  distingue  nettement  de  l'acide  urique  avec  lequel  elle 
se  combine  très  volontiers.  Étudiée  par  Chevreul  (1815)  dans  l'urine  des  diabétiques, 
par  \oi.EL  [1815),  M.  P.  Orfila  [1819  ,  He.nrv  {29),  Rayer  {39),  etc.,  cette  couleur  fut 
considérée  par  \V.  PR0UT(y9,  20,  22,  3i)  comme  étant  d\i purpurnte  d'ammonium;  mais 
Rerzélius  {32)  cite  des  expériences  de  Wi-rzer  et  de  lui-même  qui  démontrent  que  la 
matière  colorante  n'est  pas  du  purpurate  d'ammonium,  car  ce  sel  ne  colore  pas  l'alcool, 
tandis  que  la  substance  en  question  s'y  dissout  en  rouge.  Bretï  et  Bird  i3i  a,  3i  b)  ont 
remarqué  de  plus  que  MCI  ne  détruit  pas  la  matière  rouge,  tandis  qu'il  détruit  les  pur- 
purates  alcalins.  C'est  F.  .Simon  [iO)  qui  a  donné  à  la  couleur  des  sédiments  uratiques 
le  nom  de  tiroérythrine  généralement  adopté  depuis;  Goldi.ng  Bird  {46]  la  croyait  iden- 
tique à  sa  purpurine,  et  Ch.  Robin  et  F.  Verdeil  {33)  à  leur  urrosacine  :  mais  ces  deux 
dénominations  englobaient  aussi  l'indirubine  et  l'uroroséine  nées  sous  l'action  des 
acides.  Sans  insister  sur  les  travaux  de  Heller  (oi),  de  Thudiciilm  (75),  etc.,  l'uroéry- 
thrine  a  fait  l'objet  à  une  époque  plus  récente,  de  plusieurs  travaux,  parmi  lesquels  ceux 
de  Mac  Munn  {83),  A.  Riva  {91,  92  a,  92  b),  !..  Zoja  {92,  93  a,  93  b),  A.  E.  (;arrod  {9ia, 
94  b,  95  b,  97,  00),  II.  Rosi.n  {97  \.  C'est  une  substance  peu  soluble  dans  l'eau,  davantage 
dans  le  chloroforme,  l'alcool,  puis  l'éther  acétique  et  surtout  l'alcool  amylique;  les  solu- 
tions très  étendues  sont  roses,  rouge  orange  ou  rouge  feu  si  elles  sont  plus  concen- 
trées. L'absorption  spectrale  commence  au  milieu  de  l'espace  entre  D  et  E,  et  se  pour- 
suit à  peu  près  jusqu'à  F,  formée  de  2  larges  bandes  réunies  par  une  ombre  entre  E  et 
b.  La  couleur  vire  au  rouge  carmin  sous  l'action  de  IPSO*  concentré,  au  rose  par  IICl; 
elle  verdit  par  les  alcalis.  Il  est  possible  que  l'uroérythrine  soit  identique  à  la  couleur 
skatolique,  comme  le  pensant  Ch.  Pori:her  et  Ch.  IIervieux  [05  c  ,  cependant  il  nous 
semble  plus  prudent  de  nous  abstenir,  jusqu'à  plus  ample  informé,  d'une  affirmation 
définitive. 

En  revanche,  la  substance  rouge  dont  nous  avons  à  nous  occuper  constituait  certai- 
nement, à  notre  avis,  une  part  importante  des  couleurs  rouges  obtenues  par  l'action  des 
acides  sur  l'urine,  et  décrites  par  les  auteurs  sous  des  noms  variés.  A  ce  groupe  appar- 
tiennent :  là  purpurine  de  Golding  Bird  [46);  Vurrosacine  de  Ch.  Robin  et  F.  Verdeil  {53); 
Vurohématine  de  Harley  {54)  et  de  Mac  Munn  {81,  85);  Vuromélanine  de  Thudichum  (75,) 
de  Raruteau  (75),  de  P.  Plosz  {83);  Vurorubrohématine  décrite  par  F.  Baumstarck  (74) 
dans  l'urine  d'un  lépreux,  Vuroroséine  signalée  par  M.  Nencki  et  N.  Sieber  {82"^,  étudiée 
par  d'autres  auteurs  notamment  H.  Rosin  [89,  93),  A.  E.  Garrod  (97),  A.  E.  Garrod 
et  F.  G.  HoPKiNS  (96^;  la  couleur  observée  par  J.  Brandl  etL.  Pfeiffer  dans  une  urine 
mélanique,  la  couleur  étudiée  par  P.  Giacosa  {86}  comme  constituant  normal  de  l'urine 
humaine;  enfin  la  couleur  rouge  bourgogne  de  0.  Rosenbach  {89,  90),  étudiée  par 
E.  Salkowsri  [89),  C  A.  Ewald  {89),  P.  Abraham  {90),  Rumpel  et  Mester  (9/).  Toutes 
les  matières  énumérées  sont  généralement  assez  impures,  ce  qui  explique  les  diver- 
gences de  leurs  descriptions.  Elles  renferment  notamment  de  l'indirubine,  surtout  en 
ce  qui  concerne  le  «  rouge  bourgogne  »  de  0.  Rosenbach.  Certaines  d'entre  elles,  comme 
l'urohématine  de  Harley,  l'urorubrohématine  de  F.  Baumstarck,  la  couleur  de  P.  Gia- 
cosa, sont  même  décrites  comme  ferrugineuses,  mais  les  conditions  de  leur  obtention 


INDOL.  25« 

n'offrent  pas  de  garanties  de  pureté,  et  il  se  peut  fort  bien  que  le  fer  appartienne  à  cer- 
tains corps  accessoires.  Toutes  les  matières  rouges  énuniérées  senibhuil  contenir,  à 
titre  de  constituant  fondamental,  une  seule  et  même  substance,  le  corps  rouge  soluble 
dans  l'eau,  insoluble  dans  le  cbloroforme,  dont  nous  avons  indiqué  la  naissance  dans 
l'urine  normale  traitée  pur  les  acides.  11  semble  bien,  dt;  plus,  que  la  genèse  de  cette 
substance  soit  consécutive  à  la  résorption  intestinale  du  skalol.  Il  est  possible,  mais 
non  certain,  que  le  groupe  doive  aussi  comprendre  les  couleurs  de  E.  Neusser  (81), 
W.  Leube  [86],  i.  Thormâhlex  [87], 

Dès  sa  dècouvei  te  du  skatol,  L.  Brieger  constata  (77)  que  l'injection  hypodermique 
de  ce  corps  au  lapin  est  suivie  de  l'élimination  urinaire  d'un  chromogène.  Par  addi- 
tion de  IICI  brut,  l'urine  prend  une  couleur  rouge-violet,  puis  dépose  une  matière  violet 
sale,  amorphe,  non  sublimable,  dilTérenle  de  l'indigo,  soluble  avec  couleur  vineuse  dans 
l'alcool  absolu  et  dans  II-SO'  concentré.  L.  Brieger  (77)  assimile  formellement  cette 
couleur  ronge-violet  à  celle  que  prend  l'urine  humaine  par  l'addition  de  IICI  brut  ou 
dans  la  réaction  de  Jaffé  à  l'hypochlorite.  Il  constata  de  plus  (79  b)  que  les  lapins  ou 
les  grenouilles  qui  ont  reçu  des  injections  de  skatol  voient  leur  urine  s'enrichir  consi- 
dérablement en  acide  sulfurique  éthérifié,  par  rapport  aux  sulfates  minéraux:  il  en  con- 
clut que  le  skalol  est  éliminé  en  combinaison  avec  H-SO^.  Enfin,  après  avoir  décou- 
vert, en  collaboration  avec  E.  Baumann,  l'acide  indoxylsulfuriiiue,  L.  Brieger  (80)  pens^a 
que  le  skatol  devait  s'éliminer  sous  forme  d'nn  acide  skatoxijhulfurique  engendrant  la 
couleur  rouge  comme  l'acide  indoxylsulfurique  engendre  l'indigotine;  il  en  tenta  même 
l'extraction  et  obtint  quelques  cristaux  renfermant  H-SO''^  conjugué  et  dont  la  solution 
développjiit  une  couleur  rouge  sous  l'influence  de  HGI.  (Nous  verrons  que  la  présence 
dindoxyle  devait  altérer  les  résultats). 

Les  conceptions  de  L.  Brieger  lurent  aussitôt  adoptées,  et  pendant  longtemps  la 
chimie  physiologique  se  satisfit  du  parallélisme  séduisant  qu'exprime  le  schéma 
suivant  : 

Indol.     m    >     Indoxyle.     m — j-     Ac.  indoxylsulfurique.     m — >-     Couleur  indoxyliquc. 
Skatol.     m    >     Skatoxyle.     m—^-     Ac.  skatoxylsulfurique.     m-^     Couleur  skatoxyiique. 

On  conçoit  que  sous  l'empire  de  ces  idées  j.  G.  Otto  [8i)  ait  admis  comme  pro- 
venant du  «  skatoxyle  »  la  couleur  rouge  qui  se  développait  abondamment  par  HCl 
dans  l'urine  d'un  diabétique  souffrant  de  troubles  intestinaux.  Le  traitement  de  cette 
urine,  par  le  procédé  d'extraction  de  l'acide  indoxylsulfurique,  lui  donna  des  cristaux 
qu'il  considéra  comme  le  «  skatoxylsulfale  »  de  potussiuin  cherché,  fournissant  à  l'ana- 
lyse Az  =  5,37  p.  100  et  H-SO'  =  .36,78  p.  100.  Si  l'on  considère  que  l'indoxylsulfate 
renferme  Az  =  b,58  p.  100  et  H-SO''^  =  39,04  p.  100,  et  que  la  formule  d'un  «  skatoxyl- 
sulfale »  comporterait  Az  =  5,28  p.  lUO  et  H^SO'^  =  36,98  p.  100,  on  voit  combien  est 
précaire  la  démonstration. 

Il  est  d'ailleurs  très  remarquable  que,  dès  la  première  étude  reprise  sur  l'admi- 
nistration du  skalol  (au  chien)  par  B.  Mester  [88)  qui  disposait  non  plus  de  skatol  fécal 
(sujet  à  être  souillé  d'indol),  mais  de  skatol  syntliélique  pur,  la  notion  de  l'acide 
«  skatoxylsulfurique  »  se  trouvait  contredite.  D'après  ses  recherches,  si  l'on  peut  obser- 
ver quelquefois,  rarement  d'ailleurs  et  irrégulièrement,  rangnienlation  de  H-SO' 
éthérifié,  après  l'ingestion  de  skatol,  il  n'en  est  généralement  pas  ainsi,  et  l'on  observe 
couramment  l'apparition  de  la  couleur  skatolique  en  grande  quantité  sans  la  moindre 
augmentation  de  H-SO'^  des  éthers.  Si  donc  il  est  possible  qu'une  petite  fraction  du 
chromogène  soit  un  éther  sulfurique,  il  est  certain  que  la  majeure  partie  est  autre  chose. 
Conservant  la  notion  du  «  skatoxyle  »,  B.  Mester  (88)  émet  Thypolbèse  que  le  chromo- 
gène primipal  pourrait  bien  être  un  acide  ((  skatoxylglycuronique  ». 

Cependant  on  a  fait  remarquer  (L.  C.  Maillard,  03  f)  qu'un  parallélisme  étroit 
entre  les  destinées  de  l'indol  et  celles  du  skatol  ne  saurait  plus  être  recherché,  depuis 
qu'on  connaît  la  constitution  du  skatol  et  notamment  la  position  |i  du  groupe  méthyle. 
L'introduction  de  l'oxygène  dans  le  skatol,  en  position  [i,ne  saurait  se  concevoir  que  par 

C  — 0-CH2 

l'intercalaLion  entre  le  groupe  méthyle  et  le  noyau,  donnant  un  corps  C^H^s^^CH 

AzH 


DICT.    DE    PaYSlOUOGlE.    —    TOMK    IX. 


15 


226  INDOL. 

dont  l'oxhydiile  ne  peut  plus  être  éthérifié  puisqu'il  l'est  déjà,  ou  par  l'élimination  du 

C  — OH 

groupe  mélhyle,  par  où  l'on  retombe  sur  l'indoxyle  C6H*<^^CH.    Il  ne  peut  donc  exis- 

AzH 
ter  un  <(  skatoxyle  »  (ii  oxyskatol)  homologue  de  l'indoxyle.  A  vrai  dire  on  peut  bien 

C  — CH3 

concevoir  un  a  oxyskatol  C6H*<^^C  —  OH  homologue  de   1'  a  oxindol,  et  même  un 

AzH 
éther  sulfurique  de  cet  a  oxyskatol;  mais  jamais  ce  corps  ne  pourrait  fournir  une  cou- 
leur indigoïde  à  moins  de  perdre  son  me'thyle  par  oxydation,  et  de  retomber  encore 
une  fois  sur  l'indigo.  La  dénomination  même  de  «  skatoxyle  »  et  le  parallélisme  entre 
les  destinées  de  i'indol  el  du  skatol,  sont  donc  devenus  insoutenables  depuis  qu'on 
connaît  la  constitution  du  skatol. 

11  faut  remarquer  d'ailleurs  que  les  expériences  de  L.  Briegerc».  de  B.  MESTEan'avaicnt 
pas  été  faites  avec  des  garanties  de  pureté  suffisantes.  Certains  détails  de  leurs  descrip- 
tions, notamment  la  solubilité  partielle  de  la  couleur  rouge  dans  l'éther  ou  dans  le 
chloroforme,  permettent  de  croire  que  leurs  produits  étaient  mélangés  en  proportion 
plus  ou  moins  grande  d'indirubine  provenant  d'indoxyle.  D'où  l'impossibilité  de  savoir 
(L.  C.  Maillard,  03  f)  si  cet  indoxyle  avait  une  origine  indépendante,  ou  s'il  ne  prove- 
nait pas  précisément  d'une  partie  du  skatol  perdant  son  groupe  CH^  par  oxydation 
pour  aboutir  à  l'indoxyle.  De  plus,  l'augmentation  de  U-SO''  éthérifié,  constatée  par 
L.  Briec.er,  conduit  à  se  demander  si  le  skatol  employé  par  lui  n'aurait  pas  contenu  une 
certaine  proportion  d'indol  susceptible  de  déterminer  Taugmention  des  éthers  (en 
même  temps  que  celle  de  l'indirubine  i. 

L'intérêt  des  recherches  de  Ch.  Porcher  et  Ch.  Her vieux  (04,  Oo  a,  06  d,  06  f)  réside  au 
contraire  dans  le  fait  que  ces  auteurs  ont  administré  le  skatol  à  de  jeunes  chevreaux 
ou  jeunes  chiens  nourris  exclusivement  de  lait,  ou  à  des  chiens  soumis,  après  pur- 
gation,  au  régime  de  la  soupe  au  pain,  c'est-à-dire  à  des  animaux  dont  l'élimination 
d'indoxvle  était  nulle  ou  quasi  nulle  :  les  résultats  ne  pouvaient  pas  être  faussés  par  la 
présem^e  d'indirubine  dérivée  de  l'indoxyle.  Dans  ces  conditions,  l'adminislralion  du 
skatol  n'a  jamais  déterminé  l'excrétion  d'indoxyle,  mais  bien  l'excrétion  abondante  du 
chromogène  fournissant  la  couleur  rouge  «  aqueuse»,  cette  fois  dans  un  état  de  pureti'. 
Bien  que  les  propriétés  essentielles  aient  été  déjà  établies,  nous  emprunterons  donc 
à  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  {06  e)  la  description  du  rouge  skatolique. 
■  Additionnée  à  froid  de  son  volume  d'un  acide  minéral  fort,  HCl  de  préférence,  l'urine 
prend  immédiatement  une  belle  coloration  rose  ou  rouge  d'intensité  variable  avec  la 
richesse  en  chromogène  skatolique.  Peu  à  peu  le  liquide  se  trouble,  puis  se  décolore  en 
laissant  précipiter  des  llpcons  rouges  qu'on  peut  recueillir  par  centrifugalion.  Le  rourje 
skatolique  passe  intégralement  et  rapidement  dans  l'alcool  amylique  agité  avec  l'urine, 
moins  rapidement  dans  l'acétate  damyle;  il  ne  passe  pas  dans  l'éther  ordinaire,  l'éther 
de  pétrole,  le  benzène,  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme.  Le  rouge  skatolique  dispa- 
raît dès  qu'on  vient  à  neutraliser  l'urine  acidifiée  où  il  a  pris  naissance,  mais  la  colora- 
tion reparaît  par  une  nouvelle  addition  de  IlCl.  La  solution  amylique  est  décolorée  par 
les  réducteurs  (Zii  et  HGl  ou  CH'.COOH),  mais  la  couleur  réapparaît  sous  l'action  des 
oxydants,  tels  que  les  persulfates  alcalins,  maniés  avec  prudence  ;  le  développement 
même  du  rouge  skatolique  dans  l'urine  est  favorisé  par  les  oxydants  (persulfates,  H'^0-), 
mais  le  moindre  excès  de  ceux-ci  détruit  la  couleur.  Le  rouge  skatolique  le  plus  pur,  en 
solution  amylique,  observé  sous  une  épaisseur  convenable,  montre  au  spectroscope 
une  bande  d'absorption,  estompée  sur  les  bords  et  qui  s'assombrit  sans  s'élargir  quand 
la  concentration  augmente,  située  à  droite  de  D,  entre  Xr=  577  et  X  =  550.  Ch.  Porcher 
et  Ch.  Hervieux  (Oo  e)  admettent  formellement  l'identité  du  rouge  skatolique  et  de  l'uro- 
roséine.  Le  chromogène  du  rouge  skatolique,  incolore  lui-même,  n'est  pas  entraîné  de 
l'urine  par  précipitation  à  l'acétate  neutre  de  plomb,  mais  il  est  précipité  à  fond  par  le 
nitrate  mercurique  et  presque  totalement  par  l'acétate  basique  de  plomb.  Ce  chro- 
mogène, toujours  présent  en  petite  quantité  dans  l'urine  normale  de  l'homme,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  peut  augmenter  notablement  dans  certaines  ciz-constances,  comme  le 


INDOL.  227 

fait  l'indoxyle.  Remarquons  toutefois  que  l'excrétion  du  cliromogène  skalolique  n'est  pqs 
forcément  parallMe  à  celle  de  l'indoxyle,  mais  qu'elle  en  est  bien  plutôt  complémentaire, 
ce  qui  se  comprend,  puisque  le  skatol  et  l'indol  qui  donnent  naissance  aux  deux  chro- 
mogènes dérivent  d'un  seul  et  même  tryptophane.  L'abondance  du  chromogèiie  est  en 
relation,  naturellement,  avec  les  phénomènes  intestinaux.  L'urine  des  herbivores,  tels 
que  le  cheval,  et  surtout  le  bœuf,  est  beaucoup  plus  riche  que  celle  de  l'homme  en 
chromogène. 

Nous  devons  signaler  qu'une  opinion  divergente  avait  été  soutenue  par  C.  Rossler 
(01),  qui  piélend  distinguer,  non  seulement  le  rouge  d'indigo,  mais  aussi  l'uroroséine, 
du  rouge  skalolique.  Mais  à  la  lecture  de  ce  travail,  on  ne  le  trouve  remarquable  ni 
par  la  netteté  dans  la  technique,  ni  par  le  sens  critique  dans  l'interprétation  des 
résultats.  C.  Rossler  va  jusqu'à  conclure  «que  dans  le  chauffage  de  l'urine  avec  son 
volume  de  HCI,  il  ne  se  forme  ni  rouge  d'indigo  ni  urorost-ine  ».  Ceci  juge  le  travail, 
auquel  on  ne  saurait  accorder  grande  importance. 

Au  contraire,  bs  recherches  de  P.  Grosser  (05),  par  administration  au  lapin  et  au 
chien  du  skatol  broyé  dans  l'huile,  le  conduisent  à  admettre,  lui  aussi,  l'identité  du 
rouge  skatoli(pie  et  de  l'uroroséine;  l'urine  des  lapins  normaux  n'offre  avec  celle  des 
lapins  skatolés  que  des  différences  quantitatives,  l'urine  du  bœuf  normal  n'en  offre 
pas  du  tout.  Pour  l'isolement  du  rouge  skatolique,  P.  Grosser  (Oo)  procède  de  la  façon 
suivante.  L'urine  est  bouillie  avec  HCI,  puis  on  introduit  une  solution  chaude  de  BaCP  : 
le  précipité  de  BaSO*  qui  se  forme  entraîne  une  grande  quantité  de  couleur  rouge  ;  après 
l'avoir  lavé  à  l'eau  chaude,  on  lave  ce  précipité  à  l'alcool  qui  dissout  la  couleur  rouge. 
La  solution  alcoolique  est  évaporée,  le  résidu  est  épuisé  par  le  chloroforme  qui  enlève 
un  peu  d'indirubine  et  d'indigotine,  puis  par  l'acétone  qui  dissout  une  part  notable  du 
résidu  ;  cette  portion  n'a  pas  les  mêmes  caractères  que  l'autre  et  ne  dégage  qu'une 
faible  odeur  skatolique  par  chautfage  avec  la  poudre  de  zinc.  En  revanche,  la  fraction 
soluble  dans  l'alcool  et  insoluble  dans  l'acétone  est  le  vrai  rouge  skatolique  :  chauffée 
avec  la  poudre  de  zinc,  elle  dégage  une  odeur  intense  de  skatol,  et  donne  un  sublimé 
huileux  puis  cristallin  qui  montre  les  réactions  du  skatol. 

A  son  tour,  A.  Wechselmann  {06),  tout  en  attribuant  une  signification  pathologique 
à  l'uroroséine  qui  augmenterait  notablement  dans  les  maladies  cachectisantes  ou  accom- 
pagnées de  troubles  métaboliques  intenses,  reconnaît  néanmoins  sajprésence  à  l'état 
de  traces  dans  l'urine  normale,  surtout  en  alimentation  végétale  plutôt  qu'en  alimen- 
tation carnée.  Les  herbivores,  tels  que  le  cheval,  et  surtout  le  bœuf,  ont  une  urine  très 
riche  en  uroroséinogène,  tandis  que  chez  les  carnivores  (chat)  on  ne  trouve  pas  ce  chro- 
mogène. 

Nous  verrons  tout  à  l'heure  que  C.  A.  Herter  {08  c)  ne  croit  pas  à  l'identité  complète 
de  l'uroroséine  et  du  rouge  skatolique,  et  les  raisons  constitutionnelles  très  sérieuses 
qui  viennent  à  l'appui  de  son  opinion.  Enfin,  tout  récemment,  on  a  signalé  (V.  Arnold, 
09),  dans  l'urine  des  scarlatineux  convalescents,  l'apparition  sous  l'action  des  acides 
d'une  couleur  voisine  de  l'uroroséine,  se  comportant  de  la  même  façon  vis-à-vis  des 
dissolvants,  mais  qui  en  diffère  par  sa  nuance  et  son  spectre.  La  néphroroséine  de 
V.  Arnold,  souvent  accompagnée  d'ailleurs  d'uroroséine,  possède  une  nuance  rouge 
brique  quand  la  solution  (amylique)  est  assez  concentrée,  tandis  que  l'uroroséine  est 
d'un  beau  rose  en  solution  étendue,  et  rouge- rubis  en  solution  concentrée.  Quant  au 
spectre,  au  liim  de  montrer  la  bande  caractéristique  de  l'uroroséine  entre  D  et  E,  il 
présente  une  bande  assez  nettement  limitée  depuis  b  jusqu'un  peu  au  delà  du  milieu 
entre  b  et  F  (1^=  îî^l  à  À  ^  500),  et  dont  le  maximum  d'absorption  correspond  au  bord 
droit  de  la  bande.  La  néphroroséine  apparaîtrait  presque  toujours  chez  les  scarlati- 
neux vers  le  début  de  la  3"=  semaine;  on  la  rencontrerait  aussi  dans  l'albuminurie 
orthostatique,  chez  les  typhiques  convalescents  qui  prennent  des  salicylates,  etc. 

Tout  récemment  enfin,  a  été  encore  décrite,  par  L.  de  Jageu  (/.9/0),  une  couleur 
rouge  dans  l'urine.  Lorsqu'on  additionne  l'urine  de  formol  et  de  HCI,  il  se  produit  au 
bout  de  quelque  temps  un  précipité  d'une  combinaison  d'urée  et  de  formaldéhyde. 
Par  elle-même  cette  combinaison  est  incolore;  or  le  précipité  offre,  suivant  les  urines 
et  les  circonstances  du  traitement,  une  coloration  variant  du  jaune  rougeàtre  au  rouge 
brique  et  même  au  violacé.  Mais  il  ne  ressort  du  mémoire  de  L.  de  Jager  aucun  carac- 


428  INDOL. 

tère  qui  peiinettc'Jde  considérer  la  matière  colorante  entraînée  avec  le  précipité 
commo  une  iurlividualité  distincte  de  celles  que  nous  avons  étudiées  jusqu'ici  :  le  mode 
de  formation  du  précipité  suffît  à  nous  apprendre  qu'il  rfot7  être  souillé  d'uroroséine 
(ou  de  rouge  skatolique),  d'indirubine  probablement,  et  peut-être  même  d'indigotine 
(traces). 

Après  avoir  indiqué  les  ressemblances  entre  l'uroroséine  et  le  rouge  d'oriyine  ska- 
tolique, ainsi  que  les  réserves  faites  sur  leur  identité,  il  faut  nous  demander  quelle 
peut  être  la  constitution  chimique  du  ou  des  chromogéncs  correspondants.  Nous  avons 
déjà  dit  pourquoi  nous  ne  pouvions  concevoir  ce  chroniogènc  connue  un  dérivé  -  ska- 
toxylique^  liomologue  des  dérivés  indoxyliques,  et  même  les  recberclies  de  R.  Mester 
X88)  nous  avaient  appris  que  le  chromogène  ne  peut  être  un  élher  sulfurique,  puis- 
qu'il apparaît  en  grande  quantité  sans  augmentation  des  cthers  sulfnriques.  Les  recher- 
ches de  P.  Grosseu  {03)  conduisent  de  même  à  nier  toute  relation  nette  entre  l'élimi- 
nation du  chrornogène  et  celles  des  éthers  sulfuriques.  Auparavant  déjà,  II.  Rosin  {91 , 
93)  avait  tenté  l'isolement  du  chromogène  en  précipitant  par  l'élher  la  solution  alcoo- 
lique concentrée  préparée  de  l'urine  déféquée  par  l'aoétato  de  plomb.  Les  aiguilles 
cristallines  incolores  obtenues  par  lui,  dont  la  solution  aqueuse  fournissait  de  l'uroro- 
séine, ne  donnaient  pas  de  II'SO*  :  le  chrornogène  n'est  donc  pas  un  éther  sulfurique. 

Plus  tard,  R.  J.  Stokvis  {01)  avait  tenté  l'isolement  du  chromogène:  l'urine  étant 
débarrassée  de  diverses  matières  colorantes  par  saturation  de  sulfate  d'ammonium, 
puis  concentrée,  et  acidulée  d'acide  acétique,  est  agitée  avec  de  l'éther  acétique.  Agité 
avec  de  l'eau,  l'éther  acétique  lui  cède,  en  réaction  acide,  le  chromogène  indoxylique; 
puis,  agité  avec  de  l'eau  alcaline,  il  lui  cède  le  chromogène  «  skatoxylique  ».  Sans  pou- 
voir continuer  l'étude  de  ce  dernier,  R.  J.  Stokvis  a  constaté  que  son  chaufTage  avec 
les  acides  ne  fournit  ni  II-SO*  ni  substance  réductrice  de  la  liqueur  de  I-'ehling.  Ce 
n'est  donc  ni  un  conjugué  sulfurique,  ni  un  conjugué  ;u'lycuronique  :  dans  l'esprit  de 
l'auteur,  le  chromogène  pourrait  être  l'acide  «skatolacétique»  (indolpropionique)  ou 
l'acide  «skatolcarbonique»  ;indolacétique). 

A  son  tour,  J.  Ph.  Staal  (05),  en  partant  de  l'urine  humaine  normale,  fait  par  le 
procédé  de  R.  J.  Stokvis  (0/)  un  épuisement  à  l'éther  acétique,  et  le  débarrasse  du 
chromogène  indoxylique  par  lavages  à  l'eau  distillée.  L'éther  acétique  est  alors  mis  ea 
contact  pendant  24  heures  avec  un  excès  de  MgCO^  et  agité  fréquemment  ;  on  laisse 
ensuite  évaporer  l'éther  acétique,  et  on  reprend  le  résidu  par  l'alcool  à  90°.  On  dissout 
ainsi  une  combinaison  magnésienne  du  chromogène,  "que  l'alcool  abandonne  par  évapo- 
ration,  et  dont  la  solution  aqueuse  traitée  par  les  acides  fournit  l'uroroséine.  Cette 
combinaison  magnésienne  du  chrornogène  n'est  pas  pure,  car  elle  est  accompagnée 
d'une  forte  proportion  d'hippurate  et  d'acétate.  Mais  le  produit  ne  renferme  pas  de 
soufre,  et  son  hydrolyse  chlorhydrique  ne  fournit  pas  de  corps  réducteur,  ce  qui  prouve 
une  fois  de  plus  que  le  chromogène  n'est  ni  un  conjugué  sulfurique,  ni  un  conjugué 
glycuronique.  N'ayant  pas  réussi  à  en  obtenir  du  skatol  par  action  de  Zn,  J.  Ph.  Staal 
(05)  pense  même  que  la  couleur  ne  serait  pas  un  dérivé  du  skatol  au  sens  chimique  du 
mot.  Il  admet  d'ailleurs  l'idenlité  de  l'uroroséine  et  du  rouge  skatolique;  si  M.  Ne.ncki 
et  N.  SiEBER  {82)  ont  attribué  à  l'uroroséine  un  caractère  pathologique  au  lieu  de  la 
reconnaître  normale,  ce  doit  être  à  cause  de  la  présence,  plus  ou  moins  abondante 
dans  l'urine,  des  nitrites  qui  doivent  jouer  un  rôle  dans  la  genèse  de  l'uroroséine, 
ainsi  qu'on  peut  déjà  le  penser  d'après  les  travaux  de  F.  A.  Steensma  (04). 

Les  recherches  récentes  de  C.  A.  Herter  (OS  6)  ont  bien  démontré  et  précisé  le  rôle  des 
nitrites.  Ayant  observé  des  urines  qui  donnaient,  après  24  heures  de  séjour  au  labora- 
toire, une  intense  réaction  d'uroroséine  par  addition  de  HCl  ou  H-SO'%  mais  qui  ne  la 
donnaient  pas  à  l'état  frais,  il  s'aperçut  que  des  nitrites  (décelables  par  Kl  et  l'amidon) 
y  avaient  pris  naissance  sous  l'action  de  certaines  bactéries.  Isolées  en  culUiie  pure,  et 
ensemencées  dans  l'urine  stérilisée,  ces  bactéries  y  produisent  des  nitrites  et  rendent 
possible  la  réaction  de  l'uroroséine.  Celle-ci  apparaît  aussi  si  on  ajoute  simplement  une 
trace  de  nitrites  à  l'urine  fi-aîcbe;  l'acide  nitreux  libéré  par  HCl  n'agit  d'ailleurs  pas 
par  un  processus  de  nitrosation,  mais  à  titre  de  simple  oxydant,  car  on  peut  remplacer 
le  nitrite  par  un  permanganate,  un  persulfate,  un  hypochlorite.  Il  est  important  d'ajou- 
ter que  C.  A.  Herter  (08  b)  ne  croit  pas  à  l'identité  de  l'uroroséine  et  du  rouge  skatolique, 


INDOL.  229 

malgré  la  ressomblanco  dos  deux  couleurs  el  l'identité  du  spcolrc  de  la  solution  amy- 
lique.  Rappelant  (|ue  M.  Nencki  el  N.  Sikukr  (S2)  avaient  déjà  constaté  l'identité  des 
spectres'de  l'uroroséine  et  de  la  luclisine  (acide  pararosanilinosulfonique);  il  remarque 
avec  raisoti  ([u'un  argument  de  cet  ordre  n'est  pas  suffisant  pour  proclamer  l'identitt'; 
de  deux  substances.  La  teinte  rose  de  l'uroroséine  est  d'afir''S  lui  [)Iiis  brillante  et  plus 
pourprée  que  la  teinte  du  rouge  skatolique.  De  plus,  le  sujet  <jui  fournissait  une  urine 
très  riche  en  uroroséine  n'a  jamais  montré  trace  de  skatol  dans  ses  matières  fécales, 
soit  en  état  de  constipation,  soit  en  état  de  diarrhée,  et  il  est  peu  vraisemblable  que  le 
skatol  éventuel  ait  pu  être  résorbé  jusqu'à  la  dernière  trace. 

Poursuivant  ses  travaux,  C.  A.  IlKinna  (08  c)  est  enfin  parvenu  à  retire,  d'une  urine 
riche  en  urordséinogène  (chez  un  sujet  à  fermentations  intestinales  particulières),  par 
la  méthode  de  H.  Rosin  (.9.'i),  ([uelques  cristaux  incolores  qui  se  sont  montrés  rigoureu- 
sement identiques  à  un  échantillon  d'acide  indolucclique  préparé  d'après  la  méthode  de 
K.  G.  HoPKiNS  et  S.  \V.  Cole  {0,'i)  par  culture  ana(''robie  de  li.  noli  sur  tryptophane.  Les 
deux  échantillons  donnent  par  HCl  et  une  trace  de  nitrite  le  rouge-rose  brillant  carac- 
ti'-ristique  de  l'uroroséine;  la  couleur  extraite  par  l'alcool  amylique  donne  le  spectre 
typique.  Les  deux  échantillons  donnent  avec  la  p.  diméthylaminobenzaldéhyde  la  même 
coloration  rouge,  dillérenlo  de  celle  de  Tindol;  ils  donnent  avec  le  réactif  de  Millon 
la  même  coloration  rouge  jaunâtre,  et  avec  FeCT'  et  HCl  la  même  coloiation  rouge- 
cerise  (réaction  de  Salkowski).  Tous  deux  se  décomposent  par  chauffage  en  formant  du 
skatol  reconnu  par  ses  réactions.  L'acide  indolacéiitiue  retiré  de  l'uiine  fondait  à  160°- 
162",  alors  que  l'acide  pur  fond  à  164°.  Le  sujet  dont  l'urine  contenait  J'acide  indo- 
lacétique  et  fournissait  abondamment  l'uroroséine,  n'avait  pas  une  flore  intestinale 
putréfactive  ordinaire,  mais  une  flore  spéciale  dont  l'espèce  dominante,  le  B.  bifidus 
communia  (Tissier),  cultivé  sur  bouillon  glucose,  fournit  la  réaction  roiif;e  par  HCl  et 
le  nitrite. 

Depuis  que  C.  A.  Herter  {08  c)  a. réussi  à  identifier  à  l'acide  indolacétique  le  chromo- 
gène de  l'uroroséine,  il  est  difficile  d'admettre  que  ce  chromogêne  et  celui  du  rouge 
skatolique  expérimental  soient  un  seul  et  même  corps.  Car,  pour  que  le  skatol  adminis- 
tré pût  fournir  de  l'acide  indolacétique,  il  faudrait  qu'il  fixât  une  molécule  de  CO-,  et 
cette  fixation  est  problématique,  alors  que  le  phénomène  inverse,  le  départ  de  CO-,  est 
courant  dans  l'organisme  animal.  Il  nous  semble  que  le  skatol  ingéré  ne  puisse  plus 
.guère  qu'être  dégradé,  par  exemple  en  acide  indolcarbonique  : 

C  — CH2  — COOH  C  — CHS  C  —  COOiî 

AzH  AzH  AzH 

Ac.  indolacétique.  Skatol.  A   .  indoîcarboni'iuc. 

Mais,  si  nous  ne  pouvons  admettre  que  le  skatol  ingéré  se  transfono-^  en  acide 
indolacétique,  chromogène  de  l'uroroséine,  nous  sommes  conduits  tout  naturellement 
à  nous  demander  s'il  ne  se  transformerait  pas  en  acide  iiu'olcai boniquc,  :;]  romogène 
homologue  de  l'acide  indolacétique,  et  fournissant  le  rouge  skatoli^quc  très  voisin  de 
l'uroroséine  vraie.  Notre  hypothèse  tire  un  intérêt  tout  particulier  dc^  recherches 
toutes  récentes  de  A.  Elli.nger  et  Cr,.  Flamand  (09). 

A.  Elli.nger  et  Cl.  Flamand  (0.9)  ont  en  effet  découvert  qu'en  soumettant  à]|rébulli- 
tion  une  solution  de  fî  indolaldéhyde  en'présence  d'acides  minérau>  (H",SO''),  on  voit  se 
développer  une  magaifique  coloration  rouge,  et  par  refroidissement  se  dépose  la 
couleur  en  aiguilles  cristallines.  Il  se  dégage  de  l'acide  forniique  par  liydrolyse  de 
l'indolaldéhyde  avec  production  d'indol  : 

C— CHO  CH 

C6H*<^^CH  +  H. OH  =  C6H''<^^CH  +  H.GOOH 

AzH  AzH 

Iiiilolaldéli\  lie.  Indol.  A»:.  loriiiiijUC. 

Or  nous  avons  vu  la  propriété  générale  qu'ont  les  aldéhydes  do  se  condenser  avee 


230  INDOL. 

2  molécules  d'indol,  et   c'est  ce  que  fait  la  fraction  de  l'indolaldéhyde  non  encore 
décomposée  : 

C 11  0  H c 

C«H*0CH      Jjj     HC0C6H*  /CmeAz 

AzH           I                 AzH  =H20  +  HG-C8H6Az 

Indol.            C                Indol.  XCSH^Az 

C6H*^^CH  Triindylméthauo. 

AzH 
luJolaldéhyde. 

La  couleur  obtenue  est  donc  un  dérivé  du  triindylmcthane  fout  à  fait  comparable  aux 
dérivés  du  Iripluinylméthane.  Et  de  fait  les  auteurs  ont  pu  la  reproduire  avec  le  pro- 
duit de  condensation  du  chloroforme  et  de  l'indol  en  présence  de  potasse  ali'oolique. 
Par  oxydation  légère  et  salification,  se  produit  une  couleur  qui  est,  par  exemple,  un 
sulfate  dont  la  base  libre  est  le  tiiindijlcarbinol  : 

/C8H6AZ 

HO  —  C— CRH^Az  ■ 
\C8HeAz 

A.  ELLiNr.ER  et  Cl.  Flamand  {09)  pensent  qu'il  existe  toute  une  série  de  couleurs  de 
ce  type,  au  nombre  desquelles  il  faudra  compter  l'ur^roséine  et  le   rouge  skatolique. 

Grâce  à  cette  notion,  on  voit,  si  Ton  admet,  comme  nous  avons  des  raisons  de  le 
penser,  que  le  skatol  ingéré  forme  de  l'acide  indolcarbonique,  que  l'action  des  acides 
pourrait  déterminer  la  condensation  directe  de  1  molécule  d'acide  indolcarbonique 
avec  1  molécules  d'indol  (provenant  du  dédoublement  facile  d'une  partie  de  Tacide 
.indolcarbonique  avec  perte  de  CO-l  : 

c; II    0    II C 


.C6II^/)CH  ll_o,^    HC<;)C6HV  /C8H6AZ 

AzH  I  AzH         =H^0  + HO  — C— C8H6AZ 

Indol.  C  Indol.  \C8H6Az 

'  /-•fiTji/'^/-'Ti  Triiudvlcarljinol. 

C»H*C    y 011 

AzH 

Ac.  indolcarbonique. 

Il  y  aurait  tendance  à  la  formation  du  Iriindylcarbinol,  qui  instantanément  salifié 
par  l'acide  constituerait  la  couleur.  Le  rouge  skatolique,  dans  notre  hypothèse,  ne 
serait  autre  chose  que  le  cfilorltjjthate  de  iriindijlcarbinol,  né  aux  dépens  de  l'acide  indol- 
carbonique, décoloré  par  libération  de  la  base  en  présence  des  alcalis,  ressemblant 
aux  rosanilines.  La  présence  de  l'acide  indolacétique  dans  l'urine  expliquerait  la 
formation  de  couleurs  identiques  ou  homologues,  soit  directement,  soit  après  oxyda- 
tion en  indolaldéhyde  (expliquant  le  rôle  des  nitrites).  Enfin  il  n'est  pas  interdit  de 
penser  qu'en  certaines  circonstances  l'acide  indolpropionique  pourrait  lui  aussi  appa- 
raître dans  l'urine  et  intervenir  dans  la  formation  des  couleurs. 

On  pourrait  donc  trouver  dans  l'urine,  outre  l'indoxyle  dérivé  de  l'indol,  non 
pas  un,  mais  peut-être  trois  chromogènes  répondant  aux  stades  intermédiaires  de 
dégradation  du  tryptophane,  savoir  : 

1"  Probablement  l'acide  indolcarbonique. 

2°  Sûrement  l'acide  indolacétique. 

3°  Peut-être  l'acide  indolpropionique. 

La  prédominance  de  tels  ou  tels  de  ces  chromogènes,  et  des  diverses  couleurs 
homologues  en  dérivant,  suffirait  sans  doute  à  expliquer  les  légères  divergences  des 
auteurs  dans  la  description  de  l'uroroséine,  du  rouge  skatolique,  etc.,  et  les  variations 
quantitatives  de  ces  couleurs  seraient,  comme  celles  des  couleurs  indoxyliques,  le 
reflet  des  divers  stades  de  dégradation  du  tryptophane  par  les  bactéries  de  l'intestin. 

B.  Couleurs  dérivées  dés  autres  corps  indoliques  (d'origine  non  tryptopha- 
nique).  —  Des  expériences  ont  été  faites,  non  seulement  avec  le  skatol  d'iméthylindol), 


INDOL.  231 

mais  aussi  avec  d'autres  homoloii;iies  lie  l'iiidol,  ne  dérivant  pas  du  tryptophane,  et 
n'appartenant  pas  jusqu'ici  an  domaine  biologique,  mais  dont  l'étude  od're  un  réel 
intérêt  à  titre  de  document  comparatiC  pouvant  nous  éclairer  sur  tout  ce  qui  se  passe 
avec  les  dérivés  biologiques  de  l'indol. 

Ch.  PoncuKR  et  Cii.  Hi<:uvif.i;x  (Of>«j  ont  constaté  que  l'ingestion  parle  chiendeOgr.  5 
ou  1  gr.  de  inéthylkétol  (a  méthylindol)  est  suivie  de  l'élimination  d'une  urine  incolore, 
ne  contenant  pas  de  méthylkétol  libre.  Additionnée  de  HCI,  l'urine  développe  une 
couleur  rouge  tout  h  fait  analogue  au  rouge  skatolique,  se  comportant  de  la  môme 
façon  vis-à-vis  des  dissolvants,  des  acides  et  des  alcalis,  des  réducteurs  et  des  oxydants. 
I.e  rouge  méthylkétolique  donne  une  bande  spectrale  moins  nette  que  celle  du  rouge 
skatolique  et  reportée  un  peu  plus  vers  le  violet.  Le  cliromogène  n'est  pas  précipité 
par  l'acétate  neutre  de  plomb;  il  l'est  partiellement  par  l'acétate  basique  de  plomb,  et 
totalement  parle  nitrate  mercurique. 

Le  ^  éthylindol  (qui  peut  dériver  du  tryptopbane,  bien  qu'on  ne  l'ait  pas  encore 
signalé  parmi  les  produits  de  décomposition  bactérienne  de  ce  corps)  a  été  adminis- 
tré par  Cii.  Porcher  (07  a)  à  la  dose  de  0  gr.  o  chez  le  canard,  de  1-2  gr.  chez  le  chien, 
par  la  bouche,  dans  un  peu  d'huile.  Les  excréments  du  canard  présentent  les  mêmes 
phénomènes  que  l'urine  du  chien  :  celle-ci,  traitée  par  HCI,  développe  une  couleur 
rouge  insoluble  dans  le  chloroforme  et  dans  l'éther,  soluble  dans  l'alcool  amylique,  tout 
à  fait  semblable,  sinon  identique,  à  celles  qui  résultent  de  l'ingestion  du  skatol  ou  du 
méthylkétol. 

Des  couleurs  tout  à  fait  comparables  aux  précédentes  ont  été  obtenues  par  Gh. 
Hervieux  (07  a)  après  l'administration  au  chien  du  2-3  diméthylindol  ou  du  7-2-3  tri- 
méthylindol,  à  des  doses  de  0  gr.  li,  1  gr.,  2  gr.,  2  gr.  25.  Aucun  de  tous  les  corps  ainsi 
administrés  ne  provoque  de  phénomènes  d'intoxication.  Rappelons  la  constitution  de 
ces  corps  : 

CH  C  — C2H3  C  — CH^i  C  — CH^ 

C6Hi('^C  — CH3  CeH^<^^CH  C6Hi<^^C  — CH3  C6H*<^%C  -  CH^ 

AzH  AzH  AzH  Az  — CH* 

Méthylkétol.  P-Éthjiiadol  S-S-diméthylindol.  1-2-3-triméthylindoI. 

Nous  avons  déjà  vu,  à  propos  des  modes  de  Formation  de  Vindirubine,  que  les  urines 
ainsi  chargées  des  chromogènes  dérivés  des  homologues  de  l'indol,  donneraient  de 
l'indirubiiie,  suivant  une  note  préliminaire  de  Cii.  Porcher  (07  6),  lorsqu'on  les  porte  à 
l'ébullition  pendant  quelques  minutes  avec  1/10  de  leur  volume  d'isatine  en  solution 
à  1  p.  1  000  dans  l'acide  chlorhydrique.  Il  sei^ait  intéressant  d'avoir  confirmation  du 
phénomène. 

Enfin  Ch.  Porcher  et  Ch.  Hervieux  (07  b)  ont  constaté  que  l'ingestion  par  le  chien 
d'acide  indolcarboniqiie  (0  gr.  35)  provoque  l'émission  d'une  urine  qui  par  HGl  et  un 
oxydant  se  colore  en  violet  fleur  de  lin.  Après  concentration  dans  le  vide,  la  couleur 
est  dissoute  en  violet-am.^tliyste  par  le  chloroforme»  et  en  rouge  vineux  par  l'alcool 
amylique,  mais  non  par  l'éther.  La  solution  chloroformique  lavée  à  l'eau  se  colore 
instantanément  quand  on  l'agite  avec  une  solution  alcaline  très  diluée;  la  solution 
aqueuse  aciditiée  de  nouveau  par  HCl  reprend  la  teinte  violet  fleur  de  lin  qui  peut 
■  repasser  dans  le  chloroforme.  Nous  devons  faire  observer  que  ces  expériences  ont 
été  faites  avec  l'acide  a  indolcarbonique,  non  biologique  jusqu'ici,  et  qu'elles  ne  rensei- 
gnent en  rien  sur  les  destinées  de  l'acide  p  indolcarbonique,  dérivé  du  tryptophane  qui 
pourrait  peut-être  avoir  des  relations,  que  nous  avons  indiquées,  avec  le  rouge  skato- 
li(tue  : 

C  — COOH  CH 

C6H^<^^CH  CCR^^^C  — COOH 

AzH  AzH 

Ac.  [î-indolcarljonifiuc.  Ac.  a-Tadolcarboniquo. 

Une  autre  série  de  dérivés  indoliques  a  fait  l'objet  des  recherches  de  A.  Benedigemi 
(07),  et  en  premier  lieu  Vindoline  (dihydroindol),  la  n-mélhyyndolinc,  e*  la  a  [3  ^  trimé- 


232  INDOL. 

thtjlindoline,  donl  S.  Cuttita(07  b,  OS)  étudiait  de  son  coté  la  toxicité  faible,  le  maxima 
peut-être  chez  Tindoline  : 

/CH3 
CHi  CH2  C— CH3 

C6H*<^^CH-i  C6Hi((^CH2  C6Hi<^^CH  — CH3 

AzII  Az  — CH3  AzH 

Indoline.  n-méthylindoline.  a-liJ-p-trimétliylindoliue. 

L'urine  émise  après  radniinistratioii  d'indolinc  au  chien  et  au  lapin,  par  la  bouche 
ou  sous  la  peau,  fournit  abondamment  de  lindigotine  par  Je  traitement  habituel  : 
l'indoline  s'est  donc  comportée  comme  Tindol  lui  môme.  Au  conlraire,  après  l'adminis- 
tration de  a  p  j3  trimcthijlindoUne  ou  de  n-inclhylindoline,  l'urine  additionnée  de  son 
volume  de  HCl  prend  rapidement  une  coloration  rose,  puis  rouge,  qui  passe  dans 
l'alcool  amylique  et  non  dans  le  chloroforme,  l'élher  acétique,  l'éther  de  pétrole,  le 
bpnzène,  le  sulfure  de  carbone.  Mais  il  y  a  entre  les  deux  indolines  substituées  une 
différence  capitale  :  l'urine  à  triméthylindoline  ne  fournit  jamais  que  la  couleur  ronge, 
tandis  que  l'urine  à  n-méthylindoline,  si  on  l'abandonne  à  l'air,  verdit  peu  à  peu  et 
fournit  finalement  un  magnifique  pigment  vert.  Vacide  n-méthylimiol-ix-carbonique, 
fournit  une  urine  développant  par  HCl  une  coloration  rouge-brun  ;  l'ingestion  du 
n-mcthylindol  est  suivie  de  l'apparition  dans  l'urine  de  la  même  couleur  verte  produite 
par  la  n-niéthylindoline  : 

CH  CH 

C6Ht<^^C  — COOH  C6H*<(^^CH 

Az  — CH3  Az  — CH3 

Ac.  n-méthjlindol-a-carboniquc.  N-mcthylindol. 

La  couleur  verte  est  rassemblée  très  facilement  par  l'alcool  amylique,  moins  facile- 
ment par  le  chloroforme,  l'élher,  l'éther  de  pétrole,  le  benzène,  le  toluène.  A.  Benedi- 
CENTi  (07)  a  pu  l'extraire  en  renlraînanl  par  un  préci()ité  de  IJaSO'^  qu'il  épuise  ensuite 
à  l'alcool.  Bien  que  n'ayant  pu  en  faire  l'analyse  centésimale,  il  considère  cette  cou- 
leur comme  une  n-métliylindigotine  à  laquelle  il  attribue  la  formule 

CO  CO 

Az  Az 

I  I 

CH3  CH3 

et  qu'il  a  pu  reproduire  synlhétiquement  avec  tous  les  caractères  de  la  couleur  urinaire. 
Le  passage  par  l'organisme  des  dérivés  indoliques  substitués  à  /'asofe  aboutit  donc  à  des 
indigos  substitués;  au  contraire,  les  dérivés  substitués  au  carbone  a  ou  |i  aboutissent 
tous  à  des  couleurs  voisines  du  rouge  skatoliqne. 

Poursuivant  ces  recherches,  A.  Benedicemi  [08]  a  montré  de  même  que  l'ingestion 
au  Bz-3-méthylindol  aboutit  à  une  couleur  urinaire  bleu-ciel,  et  celle  du  oL-naphtindol  à 
une  couleur  bleu- vert,  tandis  que  celle  du  Bz-3-Pr-2-diméthylindol  et  du  Pr-2-méthyl- 
%T-naphtindol  aboutit  à  des  couleurs  rouges  : 


™'"CQc"     -'-^^- 


^""  AzH 

Bz-3-méthylindol.  Bz-3-Pr-2-diméthylindol 


AzH 

3-Pr-2-diméthyl 

AzH 

«-Naphtindol.  Pr-2-niéthyl-«-naphtindol. 


INDOL.  !233 

Il  parait  donc  aiiJourJ'Iuu  bien  élaldi,  laiit  par  les  reclierches  de  Ch.  PfjRciiEH  et  Ch. 
Hkrvikix  ejiie  par  ct^llos  de  A.  liKNKuit.K.NTi  {07,  OS,  09a,  09  b)  et  de  S.  CunrrA  (07,  08), 
que  les  tiérivés  de  riiulol  dans  lesquels  les  deux  carbones  pyrroli(iues  a  et  [3  sont  res- 
tés tous  deux  exempts  de  subAlilulions,  se  Iransfortnent  dans  l'ori^'anistne  en  cliromo- 
gènes  dont  le  traiti'nient  |)ar  HCI  et  un  oxydant  aboulil  à  des  indigos  (ordinaire  ou 
substitués).  Au  contraire,  dès  qu'un  des  carbones  a  ou  ^i  porto  une  substitution,  il  ne 
peut  plus  y  avoir  dans  l'ori^'anisuie  oxyilation' en  indoxyle  (ou  iiidoxyle  substitué)  et  le 
chromogène  de  l'urine  fournit  une  couleur  rouge. 

A.  Hknkdicenti  (0.9)  a  tenté  d'obtenir  des  renseignements  plus  avancés  sur  la  nature 
de  ces  couleurs  rouges,  en  étudiant  le  méthylkélol,  choisi  pour  la  facilité  avec  laquelle 
on  se  le  procure,  car  les  autres  homologues  se  comportent  do  la  même  façon.  Admi- 
ni.^tré  aux  animaux  par  ingestion  ou  injection,  le  niéthylkétol  ne  passe  pas  en  nature 
dans  l'urine;  or  il  est  très  remarquable  (juc  l'urine  in  vitro  a  le  pouvoir  de  transfor- 
mer le  méthylkétol:  il  sufiit  de  placer  à  l'étuve  à  40"  pendant  24  heures  100  ce.  d'urine 
additionnée  de  quelques  centigrammes  de  méthylkétol,  pour  constater  (par  extraction 
à  l'élher)  que  le  méthylkétol  a  disparu  en  tout  ou  en  partie,  mais  que  l'urine  donne 
maintenant  par  HCl  et  un  hypochlurite  la  réaction  rouge.  L'oxydation  /)ii;/7/o  du  méthyl- 
kélol en  solution  aqueuse,  en  présence  de  HCl  et  d'un  hypochlorile,  fournit  une  couleur 
rouge  tout  à  fait  identique  à  la  couleur  urinaire  par  son  allure  vis-à  vis  des  dissolvants, 
par  la  réduction  du  nitrate  d'argent  ammoniacal,  par  l'atlaque  sous  l'action  de  llAzO^. 
Mais,  en  opérant  in  vitro,  on  peut  saisir  un  stade  intermédiaire  sous  forme  d'une  belle 
coloration  verte,  qu'on  peut  conserver  longtemps  dans  un  mélange  réfrigérant,  mais 
qui  passe  à  la  couleur  rouge  quand  le  produit  se  réchauffe.  A.  Benedicenti  [09]  conclut 
donc  que  le  rouge  mélhylkétoliijue  des  animaux  est  un  produit  d'oxydation,  précédé 
lui-même  dautres  stades  d'oxydation.  La  destruction  de  son  laboratoire  et  la  mort  de 
son  collaborateur  Cuttita  dans  la  catastrophe  de  Messine  l'ont  empêché  de  poursuivre 
l'étude  constitutionnelle  des  corps  rouges. 

C  — CH^  — CH  — COOH 

K.  —  INDOLALANINE  fi  ou  TRYPTOPHANE  CGÏÎi<^^Cn  \^,^^, 

AzH 

A.  Formation  de  rindolalanine  {i  à  partir  des  albuminoïdes.  —  Si  la  cons- 
titution de  la  [î  iudolalanine  (tryptophane,  protéinochromogène)  n'a  été  élucidée  défi- 
nitivement qu'à  une  date  très  récente,  son  existence  n'en  est  pas  moins  connue  depuis 
longtemps.  L'indolalanine  est  en  effet  un  acide  aminé  qui,  comme  tous  ses  congénères, 
entre  dans  la  constitution  d'un  grand  nombre  de  matières  albuminoïdes,  el  se  trouve  libéré 
lors  de  la  fragmentation  hydrolytique  des  molécules  protéiques. 

Dès  1826,  TiEDEUAN.v  etGMELiN  obtenaient,  en  ajoutant  goutte  à  goutte  de  l'eau  de 
chlore  au  liquide  retiré  de  l'intestin  grêle,  une  coloration  rose  ou  fleur  de  pêcher, 
détruite  par  un  excès  de  chlore,  et  qu'ils  ne  retrouvaient  pas  dans  les  excréments.  La 
substance  indiquée  par  cette  réaction  devait,  suivant  eux,  provenir  très  vraisemblable- 
ment du  suc  pancréatique,  car  ce  suc  donnait  la  coloration.  A  son  tour  Cl.  Bernard 
(54),  en  ajoutant  de  l'eau  de  chlore  à  une  macération  ancienne  de  pancréas,  déjà  nau- 
séabonde, obtient  une  coloration  rouge  disparaissant  par  excès  de  chlore,  et  que  ne  four- 
nit pas  la  macération  pancréatique  toute  fraîche.  Nous  savons  aujourd'hui  que  lamacé- 
ration  ancienne  était  souillée  d'indol  qui  venait  compliquer  la  question,  se  colorant 
lui  aussi  en  rouge  par  l'eau  de  chlore. 

La  distinction  fut  établie  \)av  W.  KCuiXE  (7o),  qui,  faisant  la  part  de  l'indol,  démon- 
tra qu'il  existait  néanmoins  une  substance  ncm  putride,  colorable  en  rouge  violacé  par 
l'eau  de  hrome  (réactif  plus  commode  que  l'eau  de  chlore),  et  tirant  i-on  origine  des 
matières  albuminoïdes,  d'où  le  nom  de  protcinochromoçjène  (SiADELMANiN,  90)  qu'on  lui 
donna  pendant  quelque  temps.  Cette  substance  se  séparait  de  la  molécule  albuminoïde 
sous  l'action  des  ferments  digestifs,  en  l'espèce  la  trypsine  pancréati(}ue  :  c'était  le  témoin 
de  la  dislocation  digestive,  d'où  son  nom  plus  habituel  de  //-(/p/op/jane  (H.  Nelmeister,  .90). 

La  véritable  nature  du  tryptophane  fut,  sinon  démontrée  définitivement,  du  moins 
reconnue  réellement,  avec  une  grande  sagacité  et  une  grande  profondeur  de  vues, 
par  M.  ISencki(5.ô').  «  toOOgr.  de  pancréas  débarrassé  de  la  graisse  et  finement  haché  sont 


231  INDOL. 

additionnés  de  3  litres  d'eau  et  de  15-20  ce.  de  cliloroforme  pour  prévenir  la  putréfac- 
tion, puis  abandonnés  à  l'autodigeslion  à  la  température  du  laboratoire,  en  agitant  fré- 
quemment, pendant  3  jours.  30  kilos  de  pancréas  (de  bœuf)  en  tout  ont  été  traités  de 
cette  façon.  Le  liquide  est  passé  à  travers  une  toile,  chauffé  ù  l'ébullition,  débarrassé 
par  tillration  de  l'albumine  coagulée,  et  après  refroidissement  additionné  de  chlorure 
mercurique  à  5  p.  100  qui  précipite  les  bases  xanthiques.  Le  filtrat  débarrassé  du  mer- 
cure par  H-S,  et  de  H-S  en  excès  pour  un  courant  d'air,  neutralisé  par  le  carbonate 
puis  par  l'acétate  de  sodium  jusqu'à  réaction  faiblement  acide,  est  concentré  au  bain- 
marie  jusqu'à  moitié  de  son  volume.  Après  refroidissement,  on  trouve  au  bout  de 
24  heures  une  abondante  cristallisation  de  tyrosine  en  aiguilles  blanc  de  neige,  et  dans 
le  filtrat  se  trouve  le  protéinochromogène  mélangé  de  peptones,  d'acides  amidés  de  la 
série  grasse,  etc.  L'addition  ménagée  d'eau  de  brome  au  filtrat  donne  un  précipité  de 
couleur  violette,  si  on  a  soin  de  ne  pas  employer  trop  de  brome,  ce  qui  donnerait  un 
mélange  brun  sale.  Après  24  heures  de  repos,  le  précipité  violet  est  recueilli  sur 
filtre,  lavé  à  l'eau  et  séché  dans  le  vide  sur  H-SO^  Le  produit  est  pulvérisé,  lavé  au 
benzène  pour  enlever  les  traces  de  graisses,  puis  épuisé  par  l'alcool  absolu  bouillant.  » 

Le  traitement  par  l'alcool  a  permis  à  M.  Nencki  {9o]  de  fractionner  le  produit  bro- 
me en  deux  substances.  Tune  rouge  soluble  dans  l'alcool,  l'autre  brune  insoluble  dans 
l'alcool.  Après  en  avoir  fait  l'analyse  centésimale,  et  en  considérant  les  produits  calculés 
sans  brome,  M.  Nencki  appelle  l'attention  sur  la  parenté  du  corps  rouge  avec  les  cou- 
leurs rouges  de  l'organisme,  hématoporphyrine  et  bilirubine;  la  ressemblance  de  la 
couleur  brune  avec  les  mélanines  animales  est  encore  plus  frappante.  Pour  un  ensemble 
de  raisons  M.  Nencki  {9o]  émet  donc  formellement  l'opinion  que  le  protéinochro- 
mogène inclus  dans  les  molécules  albuminoïdes  serait  la  source  des  couleurs  du  sang  et 
des  autres  pigments  de  l'organisme. 

En  outre,  il  se  pourrait,  d'après  lui,  que  le  protéinochromogène  représentât  préci- 
sément celui  des  trois  groupes  aromatiques  des  molécules  albuminoïdes  d'où  dérivent 
l'acide  «  skatolacétique  »  'indolpropionique],  puis  l'acide  «  5Uatolcarboni(|ue  »  ^indol- 
acétique';,  le  skatol  et  rindol;  <<  et  il  est  intéressant  de  voir  que  la  substance-mère  du 
groupe  de  lindigo  est  vraisemblablement  aussi  la  substance-mère  de  beaucoup  de 
couleurs  animales  »  (M.  Nencki,  95).  Ce  ({ue  nous  avons  dit  déjà  au  sujet  de  la  concep- 
tion de  la  famille  des  couleurs  têtrapyrroliques  de  L.  C.  Maillahd,  et  du  parallèle  entre 
le  groupe  de  l'iudol  et  celui  de  l'hémopyrrol,  permet  de  comprendre  que  l'intérêt  des 
vues  de  M.  Nencki,  tout  eu  se  précisant,  n'a  pas  diminué. 

Bien  plus,  dès  sa  découverte  de  l'acide  «  skatolacétique  »  [indolpropionique]  avec 
la  collaboration  de  V.  Bovet,  M.  Nencki  {89  •  avait  compris  que  la  substance-mère  du 
groupe  de  l'indol,  incluse  dans  les  molécules  albuminoïdes,  devait  être  précisément 
l'acide  "  skatolaminoacétique  »  indolaminopropionique\  dont  la  dégradation  devait 
commencer  par  un  processus  de  désamination.  La  constitution  du  tryptopbane  était 
donc  trouvée,  à  un  détail  près,  la  position  exacte  de  la  chaîne  latérale. 

Le  tryptopbane  a  été  pour  la  première  fois  préparé  à  l'état  pur  par  F.  G.  Hoi'kins 
et  S.  W,  Cole  {01  b),  en  partant  de  la  caséine  du  lait  de  vache.  La  caséine,  en  solution 
à  10  p.  100  (dissoute  à  l'aide  d'un  peu  de  carbonate  de  sodium),  est  soumise  à  l'action 
du  pancréas  de  bœuf  haché,  pendant  10-11  jours,  à  la  température  de  38°  environ,  et 
en  présence  d'une  quantité  de  chloroforme  suffisante  pour  saturer  le  liquide  et  em- 
pêcher la  pullulation  des  bactéries.  On  chauffe  alors  à  80°  et  on  filtre;  on  ajoute  H-SO* 
jusqu'à  la  teneur  de  5  p.  100,  et  on  filtre  à  nouveau  ;  puis  on  ajoute  une  solution  de 
sulfate  mercurique  à  10  p.  100  dans  H-SO'  à  5  p.  100,  tant  qu'il  se  forme  un  précipité. 
Le  précipité  recueilli  et  lavé,  mis  en  suspension  dans  l'eau,  est  décomposé  à  chaud  par 
H^S,  le  liquide  est  débarrassé  du  sulfate  mercurique  puis  de  l'excès  de  H-S.  On  ajoute 
alors  à  nouveau  du  sulfate  mercurique  acide,  jusqu'à  ce  qu'un  trouble  commence  à 
paraître.  On  filtre  rapidement  pour  éliminer  la  cystine  d'abord  précipitée,  puis  on 
ajoute  encore  du  sulfate  mercurique  acide  qui  précipite  cette  fois  le  tryptopbane,  et 
on  recueille  cette  fraction  du  précipité  qu'on  décompose  à  nouveau  par  H-S.  On  préci- 
pite alors  exactement  H-SO*  à  chaud  par  la  baryte  sans  excès,  on  sépare  BaSOS  on 
ajoute  1  volume  d'alcool  à  90°,  et  on  concentre  au  bain-marie,  en  ayant  soin  de 
remettre  toujours  de  l'alcool  (pour  éviter  l'altération  du  tryptopbane  et  la  formation  de 


INDOL.  !23S 

pigment),  jusqu'au  moment  où  la  cristallisation  commence  à  chaud.  On  laisse  refroidir, 
puis  on  essore  les  cristaux,  et  on  les  lave  à  l'alcool  à  (10",  puis  à  ralcool  à  90".  On  les 
redissout  dans  U!i  peu  d'alcool  bouillant,  on  fait  bouillir  avec  du  noir  animal,  et  on 
recristallise  dans  l'alcool  à  75°. 

Ce  procédé  a  reçu  de  C.  Neuberg  {06)  des  perfectionnements.  Lors  de  la  deuxième 
précipitation  mercurique,  après  avoir  rejeté  les  premières  fractions  (formées  de  cystine 
et  de  cystéine),  on  traite  le  liltrat  par  H-S,  sépare  llgS  et  chasse  l'excès  de  H-S.  On 
ajoute  alors  un  excès  de  carbonate  de  plomb  lavé  (100  j^r.  par  kilogr.  de  caséine),  on 
cbaullV  une  12  heure  au  bain-marie,  on  ajoute  de  l'ammoniaque  jusqu'à  faible  odeur 
ammoniacale  et  on  maniiient  encore  une  1/2  heure  au  bain-marie.  Après  refroidisse- 
ment on  filtre,  fait  passer  H-S,  filtre,  et  concentre  au  bain-marie,  en  terminant  dans 
le  vide.  On  n'a  plus  à  craindre  de  décomposition,  et  on  obtient  le  tryptopliane  pur  et 
blanc.  1  kilogramme  de  caséine  donne  ainsi  7-8  gr.  de  tryptophane  parfaitement 
pur. 

En  possession  de  leur  tryplophane  pur,  F.  G.  Hopkins  et  S.  W.  Cole  (03)  ont  étudié 
sa  constitution,  et  sont  arrivés  à  reconnaître  que  ce  corps  était  bien,  comme  l'avait 
ponsé  M.  Nencki,  l'acide  «  skatolaminoacétique  ».  Nous  verrons  tout  à  l'beure  com- 
ment les  travaux  synthétiques  de  A.  Ellinger  en  ont  fait  l'acide  [î  indolaminopropio- 
nique. 

Il  va  sans  dire  que  la  séparation  du  tryptophane  peut  ne  pas  marcher  de  la  même 
façon  chez  des  espèces  albuminoïdes  différentes,  car  elle  dépend  évidemment  du  mode 
de  liaison  du  tryptophane  dans  la  molécule.  Il  semblerait  même  (P.  A.  Leve.ne  et  C.  A. 
RouiLLEK,  07  b)  que  le  tryptophane  ne  soit  pas  libéré  d'emblée,  mais  seulement  après 
le  détachement  transitoire  de  combinaisons  plus  complexes  (polypeptides  tryptopha- 
niques,  probablement). 

Pour  la  préparationpratique,  il  n'est  pasnécessaire  de  partir  de  la  caséine  ;  C.  Neuberg 
et  N.  PopowsKv  (07)  conseillent  même  de  recourir  à  la  fibrine,  qui  posséderait  sur  la 
caséine  l'avantage  d'une  digestibilité  plus  facile  et  plus  rapide.  600  gi'ammes  de  fibrine 
calculée  sèche  leur  ont  fourni  8  grammes  de  tryptophane. 

Le  tryptophane  est  d'ailleurs  très  répandu  dans  la  constitution  des  matières  pro- 
téiques;  presque  toutes  en  contiennent,  au  moins  les  albuminoïdes  typiques,  et  le  tryp- 
tophane ne  fait  guère  défaut  que  chez  des  espèces  embryonnaires  comme  la  plupart 
des  protamines,  ou  chez  des  substances  à  fonction  mécanique  comme  le  collagène. 
Parmi  les  espèces  protéiques  définies  où  il  a  été  signalé,  nous  citerons  outre  la  caséine 
du  lait,  la  fibrine  du  sang  et  la  protéide  du  pancréas,  la  sérumalbumine  du  sang  de 
cheval  (E.  Abderhaldex,  03  6),  l'osybémoglobine  du  même  sang  (E.  Abdehhaldex,  03  a), 
l'albuinine  coagulable  du  colostrum  (E.  Strickleu,  03),  la  cycloptérine,  protamine 
des  testicules  de  Cijdopterm  lumpm  (A.  Kossec,  03),  la  nucléoprotéide  de  la  glande 
mammaire  (J.  A.  Mandel,  0,9),  l'édestine  des  graines  de  chanvre  (E.  Abderhalde.n,  03  c), 
celle  des  graines  de  coton  (E.  Abderiialden  et  0.  Rostoski,  03;  E.  Abderhalden  et 
B.  Reinhold,  03  b),  celle  des  graines  de  tournesol  (E.  Abderhalden  et  B.  Rein  :old,  03  a), 
la  gliadine  du  blé,  qui  fournit  environ  1  p.  100  de  tryptophane  (E.  Abderhalden  et 
F.  Samuely,  03),  la  matière  albuminoïde  des  graines  de  Picea  excelsa  (E.  Abderhalden 
et  Y.  Teruuchi,  03),  la  légumine  des  pois  verts  (Th.  Osbornk  et  S.  A.  Clapp,  09),  etc. 

En  revanche  le  tryptophane  est  absent  de  la  molécule  de  la  gélatine  (qui,  nous 
Tavons  vu,  ne  peut  fournir  d'indol),  ainsi  que  de  la  plupart  des  protamines  étudiées 
(scombrine,  salmine,  clupéine,  sturine,  cyprinine  a,  cyprinine  |3). 

Jusqu'à  présent,  nous  avons  vu  libérer  le  tryptophane,  fragment  constitutif  de  la 
molécule  albuminoïde,  par  l'action  d'un  ferment  hydrolysant,  la  trypsine  du  pancréas. 
Il  est  à  remarquer  que  le  tryptophane,  avec  la  tyrosine,  la  cystine  et  la  cystéine,  est 
un  des  aminoacides  qui  se  séparent  les  premiers  de  la  molécule,  dès  les  premières 
phases  de  la  digestion  trypsique,  et  alors  que  les  autres  aminoacides  sont  encore 
enchahiés  sous  forme  de  polypeptides  plus  ou  moins  complexes  (albumoses  et  pep- 
tones). 

On  peut  donc  se  demander  si  celle  séparation  précoce  du  tryplophane  est  une 
propriété  spécifique  de  la  trypsine,  ou  si,  résultant  de  la  constitution  même  de  la 
molécule  albuminoïde,  elle  se  retrouve  dans  l'action  d'autres   ferments  protéolytiques 


^2;^(i  INDOL. 

I,;i  pepsine  gastrique,  dont  radio»  va,  comme  on  le  sait,  moins  loin  que  celle  de  la 
trypsine,  dans  les  conditions  ordinaires  du  moins,  ne  paraît  pas  libérer  le  tryptophane 
dans  l'estomac  humain  lui-même  à  l'état  physiologique  (K.  Glaessner,  03  a,  03  b; 
P.  Ehdmann  et  H.  Wintermtz,  03). 

Cependant,  lorsque  l'action  de  la  pepsine  se  prolonge  au  delà  des  durées  habituelles 
ilu  séjour  des  aliments  dans  l'estomac,  elle  peut  arriver  à  libérer  du  tryptophane  :  soit 
dans  la  digestion  de  la  fibrine  avec  un  extrait  de  mu(iueuse  gastri(|ue  du  porc 
(H.  WiNTEtiNiTZ,  .92),  soit  avec  des  extraits  glycérines  de  muqueuse  gastrique,  même 
en  milieu  fortement  chlorhydriquc  (2  p.  100  de  HCl)  (H.  Malfatti,  00),  soit  dans  la 
digestion  de  peptones  déjà  formées,  soumises  à  nouveau  pendant  24  heures  à  l'action 
de    la   pepsine,    ou    encore    dans    la    digestion    d'extraits    de    rate    et    d'amygdales 

(F.  VOLHARD,   03  h). 

II  faut  en  tout  cas  retenir,  des  recherches  de  P.  Erdiian.n  et  H.  Wimehnitz  [03] 
comme  de  celles  de  K.  Glaessner  [03  a,  03  b),  que  dans  un  estomac  normal,  le  trypto- 
phane ne  se  produit  pas.  Dans  la  plupart  des  alfections  de  la  muqueuse  gastrique,  il 
ne  s'en  produit  pas  davantage  (P.  Erdmann  et  II.  Winternmz,  03;  K.  Glaessxer,  03)  : 
K.  Glaessner  n'a  pu  le  trouver  que  dans  1  cas  d'hyperchlorhydrie  catarrhale,  et  dans 
2  cas  d'ulcère  sur  6.  En  revanche,  dans  les  cas  de  cancer  stomacal,  le  tryptophane  a 
été  trouvé  fréqiaemment  (P.  Erdman.n  et  H.  Winternitz,  03;  K.  Glaessner,  03);  ce  der- 
nier auteur  remarque  môme  qu'il  suffit  de  plonger  dans  un  suc  gastrique  normal  de 
petits  fr.igments  d'une  tumeur  cancérouso  de  l'estomac  pour  y  tiouver  au  bout  de  peu 
d'heures  la  réaction  du  tryptophane.  iXéanmoins  la  présence  du  tryptopliane  dans  le 
contenu  d'un  estomac  cancéreux  n'est  pas  régulière,  et  l'on  est  aujourd'hui  d'accord 
pour  lui  dénier  toute  valeur  pathognomonique  (P.  Erdman.n  et  H.  Winternitz,  03; 
K.  Glaessner,  03  a,  03  b;  F.  Volhard,  03  a,  03  b,  04;  G.  Germomg,  07).  Il  est  très 
important  de  songer  ici  à  la  complication  possible  du  problème  par  l'intervention 
des  bactéries,  et  nous  verrons  plus  loin  qu'effectivement  les  cultures  bactériennes, 
notamment  celle  du  bacille  typhiqiie,  donnent  souvent  la  réaction  du  tryptophane. 

Signalons  encore  qu'une  diaslase  protéolytique  capable  d'agir  aussi  bien  en  milieu 
acide  qu'en  milieu  alcalin  et  de  libérer  le  tiyptophane,  a  été  décrite  sous  le  nom  de 
«  pseudo-pepsine  »,  dans  les  glandes  de  BrCnner  (K.  (îlaessner,  01). 

Il  n'est  d'ailleurs  pas  nécessaire,  pour  libérer  le  tryptophane,  de  faire  agir  sur  les 
albuminoïdes  des  diastases  protéolytiques  sécrétées  en  dehors  des  organes.  Les  ferments 
mis  en  jeu  dans  les  phénomènes  d'autolyse  aseptique  des  tissus  y  suffisent,  et  l'on  a 
observé  le  tryptophane  dans  l'autolyse  du  sang  leucémique  (0.  Schumm,  Oi),  du  foie 
(Jacobv,  00),  etc.  A  fortiori  verra-t-on  se  former  le  tryptophane  si  l'on  abandonne  à 
l'autolyse  les  organes  contenant  les  zymogènes  de  la  trypsine,  comme  le  pancréas 
(M.  Nenhki,  93;  Klug,  01),  ou  delà  pepsine,  comme  la  muqueuse  gastrique  (li.  Glaess- 
ner, 03  a) 

Les  diastases  protéolytiques  des  végétaux  supérieurs  sont  aussi  en  mesure  de  libérer 
le  tryptophane  des  albuminoïdes.  Si  l'on  fait  agir  sur  la  fibrine,  ou  sur  la  peptone  de 
Witte,  en  milieu  même  alcalin  mais  de  préférence  neutre  ou  mieux  encore  acide  par 
un  acide  organique  comme  le  sont  les  sucs  végétaux,  \a.papaine,  la  broméline  de  l'ananas, 
les  diastases  protéolytiques  de  Nepenthès,  de  Ficus  carica  (figue),  de  Cocos  nucifera 
(noix  de  coco),  des  graines  d'orge  et  de  fève,  on  obtient  du  tryptophane  après  quelques 
heures  de  séjour  à  38"  (Vines,  02).  Kutscher  et  Lohmann  (0.5)  ont  confirmé  cette  action 
de  la  papaïne  sur  la  fibrine. 

On  peut  même  trouver  directement  le  tryptophane  dans  les  pbmlules  des  graines  en 
germination,  où  il  est  le  produit  d'une  auto-digestion  des  réserves  de  la  graine  : 
E.  SciiuLZE  et  Winterstein  iOo)  l'ont  décelé  dans  les  germes  de  8  à  9  jours  du  lupin 
blanc  et  de  la  vesce. 

On  sait  enfin  que  les  bactéries  disposent  de  diastases  hydrolysantes  dont  le  pouvoir 
protéolytique  peut  être  considérable.  Aussi  ne  doit-on  pas  s'étonner  de  voir  former  du 
tryptophane  par  les  bactéries  de  la  putréfaction  (Vines,  02).  D'ailleurs  on  se  rend  compte 
que  la  libération  du  tryptophane  doit  être  la  préface  de  son  attaque  par  les  bactéries 
formatrices  d'acide  indolpropionique,  d'acide  indolacétique  et  d'indol.  Mais  on  conçoit 
en  même  temps  que  l'intensité  respective  des  réactions  du  tryptophane  et  de  l'indol  ne 


NDOL.  237 

doit  pas  marcher  de  pair  dans  les  cultures  :  il  y  a  chance  de  trouver  plus  de  trypto- 
phane  chez  les  espèces  bactériennes  qui  le  respectent,  plutôt  que  chez  celles  qui  ont 
le  pouvoir  de  l'attaquer  pour  en  faire  de  l'indol.  P.  Eudmann  et  H.  Wintebnitz  {03)  ont 
constaté  que,  dans  des  solutions  de  peptones  à  5  p.  100,  la  plupart  des  bactéries  forment 
du  tryptophane,  mais  l'apparition  de  la  réaction,  chez  des  espèces  diverses,  varie  entre 

1  et  10  jours.  Il  est  à  remarquer  que  le  Bacterium  coli  commune  ne  donne  pas  de  trypto- 
phane (P.  EiiDMANN  et  H.  WiNTERNiTz,  03),  OU  sculemcut  un  soupçon  de  réaction  après 

2  ou  4  semaines  i(i.  Germomc,  07)  tandis  que  le  B.  ti/phosus  donne  déjà  une  réaction 
très  intense  au  bout  de  24  heures  (P.  Ekdma.n.n  et  H.  Wintkrmtz,  03;  G.  Gkumomg,  07). 
Nous  concevons  que  cette  réaction  difîérentielle  est  en  somme  le  «  négatif  »  de  la  réac- 
tion dilTérentielle  des  deux  espèces  par  l'indol. 

Dans  les  fèces,  la  réaction  du  tryptophane  est  très  fréquente.  G.  Germonig(07)  ne  l'a 
vu  manquer  que  dans  deux  selles  achuliques;  dans  la  plupart  des  maladies  elle  était 
positive,  fortement  ou  faiblement,  très  forte  dans  un  abcès  de  la  région  iléo-c;rcale,  ainsi 
que  dans  4  cas  de  fièvre  typhoïde  au  summum  de  la  maladie.  L'intensité  de  la  réaction 
du  tryptophane  dans  les  matières  fécales  pourrait  peut-être  contribuer  au  diagnostic  de 
la  typhoïde. 

Enfin,  il  n'est  pas  nécessaire  de  recourir  à  des  ferments  protéolytiques  d'origine  bio- 
logique, pour  libérer  le  tryptophane  des  matières  albuminoïdes.  L'hydrolyse  de  ces 
substances  par  les  acides  minéraux  forts  isole  le  tryptophane  comme  tous  'es  autres 
fragments  aminés  de  la  molécule;  nous  avons  cité  tout  à  l'heure  une  série  d"::ydrolyses 
de  ce  genre  oîi  le  tryptophane  a  été  rencontré.  Mais  il  convient  de  remarquer 
que  jusqu'ici  les  résultats  de  ce  mode  d'investigation  n'ont  été  que  qualitatifs,  et  que 
l'hydrolyse  par  les  acides  se  prête  mal  à  l'obtention  d'un  échantillon  pur  de  trypto- 
phane :  l'attaque  par  la  trypsine  reste  encore  la  méthode  de  choix.  Ceci  tient  à  deux 
causes.  D'une  part  il  est  plus  avantageux  de  se  borner  à  une  attaque  incomplète  qui  ne 
libère  que  les  aminoacides  les  plus  rapidement  séparables,  et  favorise  par  là  même  le 
fractionnement  ultérieur  des  produits.  D'autre  part  le  tryptophane,  comme  la  tyrosine, 
est  un  corps  faciletnent  oxydable,  et  qui  pour  cette  raison  se  transforme  pour  une 
bonne  part  en  produits  d'altération  mélanoïdiques,  au  cours  de  l'attaque  prolongée 
par  H-SO"^  ou  HCl  bouillants.  Peut-être  sera-t-il  possible  d'utiliser  dans  l'avenir  l'hydro- 
lyse par  les  acides  pour  l'obtention  pratique  du  tryptophane,  lorsque  se  sera  généralisé 
l'emploi  de  l'acide  fhiorhydrique,  récemment  préconisé  par  L.  Hugounenq  et  A.  Morkl 
{08},  dans  le  but  précisément  d'éviter  ou  de  restreindre  largement  ces  phénomènes 
secondaires  d'oxydation. 

B.  Formation  synthétique  du  tryptophane.  —  Nous  avons  dit  que  M.  N'E.xcKr 
{89)  avait  prévu  pour  le  tryptophane,  même  avant  son  isolement  à  l'état  pur,  la  consti- 
tution d'un  acide  skatolaminoacétique,  et  que  F.  G.  Hoi-kins  et  S.  NV.  Cole  {03),  après 
avoir  préparé  pour  la  première  fois  cette  substance,  lui  avaient  reconnu  cette  constitu- 
tion. Mais  on  a  vu  dans  les  chapitres  précédents  comment  A.  Elli.nger  était  arrivé,  par 
des  synthèses  indiscutables,  à  établir  que  l'acide  «  skatolcarbonique  »  de  E.  Salkowski 
et  H.  Salkowski  était  en  réalité  l'acide  (î  indolacélique,  et  que  l'acide  «  skatolacétique  » 
de  M.  NExcKr  était  en  réalité  l'acide  [j  indolpropionique.  Il  en  découlait  que  le  trypto- 
phane devait  être  un  acide  [î  indolaminopropionique,  puisqu'il  donnait  naissance,  par  la 
putréfaction,  aux  acides  [i  indolpropionique  et  [î  indolacétique  : 

C  — CH3     AzH^  C  — CH2  — CH  — COOH 

AzH  AzH 

Ac.  skatolacétique.  Ac.  ,3  indolaminopropionique. 

Un  nouvel  argument  du  même  genre  fut  encore  apporté  par  A.  Ellinger.  Dans  leurs 
études  antérieures,  F.  G.  Hopkins  et  S.  W.  Cole  {03)  avaient  obtenu,  par  l'oxydation  du 
tryptopiiane  au  moyen  de  FeCP,  une  substance  C'U'AzO,  dont  ils  n'avaient  pas 
déterminé  la  constitution,  pensant  qu'il  s'agissait  peut-être  d'une  oxyquinoline. 
A.  Ellinger  {06)  montra  qu'il  s'agissait  en  réalité  de  la  [î  indolaldcitijdc,  qu'une  oxydation 
ultérieure  par  KMnO  ^    tiansforme  en  acide  ,3   indolcarbonique,  identique  à  celui  de 


238  INDOL. 

G.  CiAMiciAN  et  C.  Zatti  [88).  Ce  nouveau  processus  de  dégradation  venait  confirmer  la 
position  p  de  la  chaîne  latérale  du  tryptophane  : 

C  — CH2  — CH— COOH  C  — CHO  C  — COOH 

AzH  AzH  AzH 

Tryptophane.  p.  Indolaldéhyde.  Ac.  P  indolcarbouique. 

Enfin,  A.  ELUNGEa  (06)  a  reproduit  synthétiqueraent  la  (s  indolaldéhyde,  enchaufîant 
l'indol  en  solution  alcoolique  avec  du  chloroforme  et  de  la  potasse  alcoolique  conte- 
nant un  peu  d'eau.  L'indolaldéhyde  [i  de  synthèse  est  identique  à  celle  que  fournit 
l'oxydation  du  tryptophane,  par  l'aspect  de  ses  cristaux,  son  point  de  fusion  (193°)  et 
toutes  ses  propriétés. 

En  possession  de  la  f;  indolaldéhyde,  A.  Ellinger  et  Cl.  Flamand  (07,  08)  la  conden- 
sèrent avec  l'acide  hippurique  par  chaulTage  en  présence  d'anhydride  acétique.  Dans  ces 
conditions,  le  produit  de  condensation  subit  en  même  temps  une  déshydratation  interne 
avec  lactonisation,  et  on  obtient  une  azolactone  : 

C  — CHO       H2C  — AzH  — CO  — C6HS  C  —  CH  =  C  —  Az  =  C  —  Ceil". 

CeH<)cH  +        IqOH  =2H^O  +  C6hOcH  I^, ^ 

AzH  A/.H 

p  Indolaldéhyde.  Ac.  hippurique.  Azolactone. 

Mais  il  suffit  de  chauffer  l'azolactone  en  présence  de  NaOH  à  1  p.  100,  pour  ouvrir 
la  lacfone,  et  on  obtient  V acide  indobjl-oL-benzoylaminoacrylique  : 

C-CH.=  C-Az  =  C-C6H^  C-CH  =  C-AzH-CO-C6H3 

C6H<>CH  "o (J  +H20=CeH<)cH  Iq^j, 

AzH  AzH 

Azolactone.  Ac.  ludolyl-a-benzoylamlnoacryliriue. 

On  dissout  alors  cet  acide  dans  l'alcool  absolu  bouillant,  et  on  introduit  peu  à  peu  du 
sodium,  qui  détermine  à  la  fois   une  hydrogénation  saturant   la   liaison  acrylique,  et 
une  hydrolyse  séparant  le  groupe  benzoyle  :  il  reste  la  ,3  Indolahmine  : 
c  -  CH  =  C  —  AzH  —  CO  -  C^Hï  C  —  CH2  _  CH  —  COOH 

CSH^/^CH  l,QQj^  +  H2  +  H20  =  C6Hi/'^CH  [^j^,  +C6H^-C00H 

AzH  AzH 

[î  Indolalanine. 

La  formule  de  l'indolalanine  contient,  comme  on  le  voit,  un  carbone  asymétrique, 
et  représente  deux  antipodes  optiques  :  la  synthèse  fournit,  bien  entendu,  le  mélange 
équimoléculaire  des  deux  antipodes,  soit  un  échantillon  racémique.  Cette  indolalanine 
racémique  est  rigoureusement  identique  au  tryptophane  de  caséine,  par  l'aspect  des 
cristaux,  la  réaction  à  l'acide  glyoxylique,  la  fusion  progressive  •2o6°-266°).  Un  seul 
point  paraissait  l'en  distinguer,  la  saveur  douce  de  l'indolalanine  synthétique,  que  n'a 
pas  le  produit  naturel;  mais  il  a  été  démontré  (R.  Allers,  07)  que  le  tryptophane  de 
caséine,  après  racémisation,  présente  aussi  ce  caractère. 

C.  Propriétés  de  l'indolalanine  Ji.  —  Le  tryptophane,  ou  indolalanine  p,  constitue 
des  petits  cristaux  blancs,  généralement  en  lamelles  hexagonales.  Le  point  de  fusion  a 
été  l'objet  de  données  contradictoires:  la  plupart  des  auteurs  indiquent  le  tryptophane 
comme  se  décomposant  progressivement  au  moment  de  la  fusion,  entre  230°  et  260" 
environ;  R.  Allers  (07)  place  le  point  de  fusion  du  r-tryptophane  à  268°;  E.  Abderhal- 
DEiN  et  L.  B.4.UMANX  {08  a)  attribuent  les  divergences  au  chaufîage  trop  lent  :  par  chauf- 
fage rapide,  le  1-tryptophane  jaunit  à  260°  et  fond  à  289°  corr.  11  est  soluble  dans  l'eau, 
facilement  à  chaud;  très  difficilement  soluble  dans  l'alcool  absolu,  plus  facilement 
dans  l'alcool  ordinaire.  La  solution  aqueuse  a  une  réaction  légèrement  acide. 

Le  tryptophane  d'albuminoïdes  est  doué  du  pouvoir  rotatoire,  mais  ici  encore  les 
données  sont  contradictoires.  On  l'a  désigné  d'abord  comme  l-tryptophane,  lévogyre 
(C.  Neuberg  et  N.  Popowsky,  07).  Cependant  E.  Abderh.^lde.n  et  M.  Kempe  (07  a)  l'ont  con- 


INDOL.  239 

sidéré  comme  dexlrogyrc  :  dans  l'eau  [aj^o  =  +  ;i«7,dans  la  soude  normale  [aj-"=  +  C*>12. 

D  i> 

dans  l'acide  chlorhydrique  normal  [a]*»  =  +  1"31.  E.  Auderhalden  el  L.  Baumann  {08  a\ 

\) 
trouvent  également  dans  la  soude  normale  des  chiffres  variant  entre  +  ii^^l  et  +  C''57, 
Mais  il  faut  tenir  compte  de  ce  que  le  tryptophane  se  racémise  très  facilement,  môme 
au  cours  des  opérations  d'extraction  (C.  Neuberg,  07).  11  se  racémise  par  rccristallisation 
dans  la  pyridine  (E.  Auderhalden  et  L.  Baumann,  08a).  R.  Allers  (07)  a  même  eu  entre 
les  mains  un  échantillon  [uéparé  par  digestion  pancréatique  de  la  caséine,  qui  avait  une 
saveur  douce,  el  se  montrait  parfuitemenL  racémique.  Telle  doit  être  la  cause  des  diver- 
gences sur  le  pouvoir  rotatoire  du  tryptophane  naturel;  quand  il  est  aussi  peu  altéré 
que  possible,  et  on  solution  aqueuse  simple,  il  est  réellement  lévogyre  :  [a]-"  =  — 30033 

(E.  Abdermalden  el  L.  Baimann,  08a),  et  doit  être  désigné  sous  le  nom  de  1-tryptophane. 
Telle  est  la  conclusion  à  laquelle  arrive  aussi  11.  Fischer  {08}  :  le  tryptophane  et  son 
chlorhydrate  en  solution  aqueuse  ont  la  rotation  gauche,  ce  n'est  qu'après  suracidifica- 
tion par  HCl  concentré  que  la  solution  devient  dextrogyre. 

Le  tryptophane  donne  par  addition  directe  un  chlorlu/drate  bien  cristallisé.  11 
donne  un  picrate  F.  i95°-196°,  peu  soluble  dans  l'eau  (0,91  p.  100),  et  un  picrolonate  F. 
2030-204%  moins  soluble  encore  (0,384  p.  100)  (M.  Mayeda,  07).  En  agitant  le  tryptophane 
en  solution  dans  la  soude  normale  avec  une  solution  éthérée  de  chlorure  de  {i  sulfo- 
naphlalène,  on  voit  se  séparer  aussitôt  des  cristaux  de  fi  naphtali'nesulfotri/ptopkftnaic  d^ 
sO'Uuin,  qui  est  très  bien  approprié  à  l'isolement  et  au  dosage  du  tryptophane  (E.  Ab- 
dermalden et  M.  Kempe,  07  a).  A.  Ellinger  et  Cl.  Flamand  [08)  recommandent,  dans  le 
cas  où  il  s"agit  de  caractériser  de  très  petites  quantités  de  tryptophane,  d'isoler  le 
P  naphlalènesulfotrijptophane  lui-même,  que  l'éther  extrait  intégralement  du  liquide 
acidifié  par  H"-SO^,  et  qui  fond  à  180".  De  même  en  dissolvant  le  tryptophane  dans  la 
soude  et  agitant  avec  du  chlorure  de  sulfobenzène,  puis  acidifiant  par  facide  acétique, 
on  voit  se  précipiter  le  benzrnemlfotryptophane,  qui  cristallise  en  aiguilles  fondant  à  185" 
(A.  Elllnger  et  Cl.  Flamand,  06'). 

Le  tryptophane  forme  avec  fisocyanate  de  phényle  une  combinaison  cristallisée  en 
fines  aiguilles  F.  106",  difficilement  solubles  dans  l'eau  froide,  facilement  dans  l'alcool, 
l'acétone,  l'éther  acétique  (E.  Abderhalden  et  M.  Kempe,  07  a).  Il  donne  avec  l'isocyanate 
de  naphtyle  une  combinaison  analogue  qui  fond  à  loS",  et  qui  comme  la  précédente 
est  tellement  altérable  par  la  lumière,  qu'on  ne  peut  l'obtenir  à  l'état  pur  qu'en  mani- 
pulant à  la  lueur  d'une  faible  lampe  (A.  Ellinger  et  Cl.  Flamand,  06'). 

Il  existe  un  tryptophanate  d'argent  qui  ne  se  précipite,  après  l'addition  de  AgAzO', 
que  lorsqu'on  neutralise  avec  précaution  par  NaOH  (C.  Neurerg,  07).  Le  tri/ptophanatc 
de  cuivre  est  en  fins  cristaux  bleu-gris,  difficilement  solubles  dans  les  solvants  ordinaires 
et  les  acides  minéraux  étendus  (E.  Abderhalden  et  M.  Kempe,  07  a).  En  saturant  de  HCl 
gazeux  une  suspension  de  tryptophane  dans  l'alcool  mélhylique,  on  obtient  le  chlorhy- 
drate de  tryptophanate  de  méthyle,  petites  aiguilles  microscopiques,  F.  214°  corr.,  facile- 
ment solubles  dans  l'eau  et  l'alcool,  difficilement  dans  l'éthei'  acétique;  on  en  retire  le 
tryptophanate  de  méthyle  cristallisé,  F.  89°o,  facilement  soluble  dans  l'alcool  mélhylique, 
plus  difficilement  dans  l'éther  acétique,  très  difficilement  dans  l'éther  de  pétrole.  (E. 
Abderhalden  et  M.  Kemi'e,  07  a).  Enfin,  traité  par  le  chlorure  dethionyle,  le  tryptophane 
donne  le  chlorhydrate  de  chlorure  de  tryptophyle,  F.  288%  qui  a  permis  des  synthèses  de 
peptides  tryptophaniques  dont  nous  parlerons  plus  loin.  (E.  Abderhalden  et  M.  Kempe, 
07  a). 

Sous  l'action  des  halogènes,  le  tryptophane  donne  des  produits  de  substitution  forte- 
ment colorés,  auxquels  on  est  redevable,  comme  nous  l'avons  vu,  de  sa  découverte. 
Mais  les  anciens  auteurs,  par  exemple  Stadelmann  [90]  n'ont  pu  leur  assigner  une  formule 
fixe.  Nous  avons  vu  que  .M.  Nencki  (9oj,  par  l'eau  do  brome,  obtenait  un  corps  rouge- 
violet,  soluble  dans  l'alcool,  contenant  27,2  p.  100  de  Br,  en  même  temps  qu'un  corps 
brun,  insoluble  dans  l'alcool,  à  20, oG  p.  100  de  Br,  et  peut-être  encore  d'autres  dérivés. 
Beitler  (98)  n'est  pas  parvenu  davantage  à  établir  une  formule  simple  pour  les  dérivés 
bromes.  D.  Kurajekf  [99)  pense  avoir  obtenu  un  corps  rouge,  un  corps  noir,  et  deux 
violet-bleu,  qui  tous  renfermeraient    au  moins  24  p.  100  de  Br.  Cependant  il  convient  de 


240  INDOL. 

remarquer  qu'aucuu  de  ces  auteurs  n'avait  pu  opérer  sur  un  produit  pur,  mais  seule- 
ment sur  un  mélange  souillé  d'autres  débris  proléiijues,  ainsi  que  suffirait  à  le  démon- 
trer la  présence  d'un  peu  de  soufre  dans  leurs  échantillons. 

Récemment  on  a  rtipris  cette  étude  sur  des  échantillons  de  tryptophane  pur.  C.  Neu- 
BERG  et  N.  PopowsKY  (07)  ont  constaté  que  le  maximum  de  la  coloration  violet- rouge 
apparaît  aussitôt  que  la  teneur  en  halogène  de  la  solution  atteint  4  atonies  de  Cl  ou 
Br  pour  1  molécule  de  tryptophane.  A  une  concentration  plus  forte,  le  corps  rouge  se 
précipite  sous  forme  d'une  poudre  amorphe  finement  granuleuse,  et  qui  à  l'état  sec 
montre  des  reflets  noirs.  C'est  un  dc.rivé  monohalorjénê,  de  formule  C"ll"Az"^0*Br  ou 
CH^'Az^O-Cl.  Si  on  emploie  un  excès  d'halogène,  on  obtient  des  substances  jaunes, 
qui  sont  des  dérivés  trihalogéncs  C"IP'Az-0-Br'  ou  CWAz^O^CP;  deux  des  atomes 
d'halogène  sont  combinés  par  addition,  d'une  manière  assez  lâche,  et  peuvent  être 
éliminés  par  diverses  voies,  ce  qui  ramène  aux  dérivés  rouges  de  substitution  mono- 
halogénée.  Ajoutons  cependant  que  d'après  P.  A.  Levene  et  C.  A.  Rouiller  (07  b),  les 
corps  violets  qui  se  forment  par  addition  d'eau  de  brome  aux  produits  de  digestion, 
seraient  un  mélange  de  mono  et  de  dibromure  ;  l'addition  d'un  excès  d'eau  de  brome 
formerait  le  libromure. 

H  existe  également  un  iodotryptophane  (mono),  qu'on  obtient  en  dissolvant  1  molé- 
cule de  tryptophane  dans  2  molécules  de  soude  demi-normale,  et  ajoutant  2  atomes 
de  I  en  solution  concentrée  dans  Kl  :  le  liquide  se  trouble  rapidement,  et  au  bout  de 
24  heures  on  trouve  un  précipité  brun  clair  d'iotlotryplopliane.  Celui-ci  est  insoluble 
dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  facilement  soluble  dans  un  alcali;  il  ne 
donne  plus  la  réaction  du  tryptophane  par  l'eau  de  brome.  Si  l'on  augmente  la  dose 
d'iode  (3  atomes)  et  d'alcali  (3  molécules),  on  n'obtient  que  le  même  monoiodotrypto- 
phane  (C.  Neubero,  07). 

L'oxydation  ménagée  du  tryptophane  par  FeCl'  fournit  une  substance  fondant  à 
195°,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  de  formule  C'H'AzO  (F.  G. 
HoPKiNS  et  S.  W.  Cole,  03).  A.  E;lli.n(;eu  (06)  a  montré  que  c'était  l'indolaldéhyde  p, 
que  l'action  ultérieure  de  KMnO*  transforme  en  acide  indolcarbonique  ,3.  Dans  l'action 
de  FeCl-^  sur  le  tryptophane,  il  se  forme  de  plus,  avec  dégagement  de  AzIF  et  de  CO^, 
une  base  C'-H"*Az-,  en  tablettes  brillantes  fondant  à  238°,  insoluble  dans  l'eau  froide, 
soluble  dans  l'eau  bouillante,  l'alcool  et  l'éther:  sa  solution  aqueuse  acide  possède  une 
fluorescence  bleue  (F.  G.  Hopkins  et  S.  W.  Cole,  03).  Sous  l'action  de  l'ozone,  le  tryp- 
tophane est  attaqué  profondément,  avec  destruction  du  noyau  (C.  Harries  et  K.  Lan- 
gueld,  07). 

Chauffé  au-dessus  de  son  point  de  fusion,  le  tryptophane  se  décompose  en  donnant 
entre  autres,  C0%  du  skatol  et  de  l'indol.  Fondu  avec  de  la  potasse  caustique,  il  fournit 
un  sublimé  de  skatol  pur,  avec  un  rendement  qui  atteint  65  p.  100  de  la  théorie  (F.  G. 
Hopkins  et  S.  W.  Cole,  03). 

Sous  l'action  des  bactéries  de  la  putiéfaction,  le  tryptophane  subit  la  dégradation 
progressive  dont  nous  avons  maintes  fois  parlé,  par  transformation  successive  en 
acide  indolpropioniqye,  acide  indolacétique,  skatol,  acide  ind(»lcarbonique,  indol. 
Rappelons  que  dans  l'action  des  anaérobies,  il  se  forme  surtout  de  l'acide  indolpropio- 
nique,  tandis  que  dans  les  cultures  aérobies  prédominent  l'acide  indolacélique  et 
l'indol.  Tout  ce  que  nous  avons  dit  dans  les  paragraphes  précédents  nous  dispense  de 
commentaires;  rappelons  seulement  les  expéiieuces  directes  de  F.  G.  Hopkins  et  S.  W. 
Cole  (03)  sur  la  décomposition  bactérienne  du  tryptophane  pur. 

En  ce  qui  concerne  la  destinée  du  tryptophane  dans  l'organisme  animal,  les  inter- 
prétations ont  été  d'abord  un  peu  hésitantes.  Étant  données  les  relations  de  paternité 
du  tryptophane  avec  l'indol,  et  la  transformation  de  l'indol  en  indoxyle  par  l'organisme, 
on  pouvait  penser  que  l'introduction  du  tryptophane  dans  l'organisme  aboutirai!  à  une 
excrétion  urinaire  d'indoxyle.  Mais  A.  Ellinger  et  M.  Gentzen  [03],  administrant  à  des 
lapins  et  à  un  chien  des  doses  de  0-'''',2  de  tryptophane  pur,  en  injection  sous-cutanée 
ou  même  par  la  bouche,  n'ont  pas  vu  apparaître  l'indoxyle  dans  l'urine  de  ces  animaux 
qui  avaient  été  préparés,  par  un  régime  approprié,  pour  ne  pas  excréter  d'indoxyle 
avant  Texpérieuce.  On  aurait  donc  pu  croire  que  le  tryptophane  n'était  pas  le  généra- 
teur de  l'indoxyle.  Mais,  en  portant  directement]  dans  le  [cfecum  des  animaux  05'",2  de 


INDOL.  241 

Iryptophanc  on  solution,  les  mômes  autours  pouvaiont  lotiior  .lo  l'urine  des  lapins, 
37,55  milligranimos  et  20,1  milligrammes  diudif,'oliuo,  soit  34,1  p.  100  et  18,3  p.  100 
du  maximum  Ihéoriiiue.  I/introduction  du  tryi)lophane  dans  le  gr^s  intestin  produit 
donc  de  l'indoxylurie  ;  les  apparentes  contradictions  de  ces  fails  seront  explicjuées 
tout  à  l'heure. 

Que  devient  donc  le  tryplopliano  injecté  sous  la  peiu  ou  iiitroduil  par  la  bouche? 
A.  Ellinckk  {04  b)  a  découvert  qu'il  était  excrété  dans  l'urine  sons  l'orme  d'acide 
ki/nurénique  G'^^U'AzO^,  depuis  longtemps  trouvé  dans  l'urine  du  chien  ([.iebi!;,  o3),  mais 
dont  on  ignorait  la  provenance.  L'acide  kynurénique  apparfiont  à  la  série  quinoléique, 
et  la  synthèse  de  R.  Camps  {01)  lui  a  attribué  définitivement  la  constitution  d'un  avùU 
•j-oxjf-'^i-quinoUnecarbonique.  Nous  retrouvons  donc  ici,  dans  l'organisme  des  animaux 
supérieurs,  cotte  propriété  si  intéressante  de  passage  du  noyau  indolique  au  noyau 
quinolique  par  incorporat'ion  au  noyau  d'un  carbone  latéral,  phénomène  dont  nous 
avons  parlé  déjà  à  propos  du  skatol,  et  dont  nous  avions  vu  l'inverse  parmi  les  modes 
de  formation  de  l'indol.  Le  passage  du  tryptophane  à  l'acide  kynurénique  se  fait  évi- 
demment par  séparation  d'ammoniaque,  oxydation  partielle,  et  inclusion  d'un  carbone 
latéral  dans  le  noyau  : 

AzH2 
G  I  C  _  OH 

^CH^-CH-COOH  /Y^c-COOH 


CH 


\^ 


Cil 


AzH  A/. 

Tryptoplianc.  Ac.  kynurénique. 

■Cette  facilité  de  genèse  du  cycle  pyridique  à  partir  du  cycle  pyrrolique  rend  tout  à  fait 
superflue  l'idée  de  la  préexistence  du  noyau  pyridique  dans  les  albuminoïdes,  en  même 
temps  qu'elle  éclaire  d'un  jour  tout  nouveau  la  genèse  des  composés  pyridiques  et 
quinoléiques  si  répandus  chez  les  végétaux. 

La  revision  de  toutes  les  données  antérieurement  acquises  sur  l'acide  kynurénique 
a  montré  à  A.  Ellinger  (04  b)  qu'il  n'y  a  aucune  raison  de  chercher  l'origine  Je  ce 
corps  ailleurs  que  dans  le  tryptophane,  qui  doit  en  être  considéré  comme  la  seule 
source.  Le  chien  n'est  d'ailleurs  pas  le  seul  animal  cliez  lequel  ait  lieu  cette  transfor- 
mation, après  l'introduction  du  tryptophane  sous  la  peau  ou  dans  l'estomac:  chez  le 
lapin  la  transformation  est  même  plus  complète  encore.  Car,  même  chez  ces  animaux, 
on  ne  retrouve  pas  une  quantité  d'acide  kynurénique  correspondant  à  (oui  le  trypto- 
phane ingéré  (A.  Elli.ngkr,  04  b)  ;  mais  on  ne  saurait  s'en  étonner,  car  leur  organisme 
a  précisément  le  pouvoir  de  détruire  la  majeure  partie  de  l'acide  kynurénique  qu'on 
leur  administre  tout  formé  (Hauser,  9o;  Solomix,  97).  Chez  l'homme  on  ne  peut  trou- 
ver de  l'acide  kynurénique  dans  l'urine,  même  après  ingestion  de  3  grammes  de  tryp- 
tophane (A.  Ellinger,  04  b),  mais  cela  résulte  aussi  de  ce  que  l'organisme  humain  a  le 
pouvoir  de  détruire  l'acide  kynurénique  lui-même;  d'après  les  recherches  de  Hauser 
{9o)  l'homme  peut  ingérer  4  grammes  d'acide  kynurénique  sans  qu'on  n'en  retrouve 
dans  l'urine.  Il  en  est  de  même  chez  le  chat,  à  qui  ou  ne  peut  l'aire  produire  d'acide 
kynurénique  même  avec  une  alimentation  carnée  abondante,  ou  même  par  ingestion 
de  peptones  commerciales  riches  en  tryptophane  :  cela- provient  de  ce  que  le  chat  détruit 
intégralement  l'acide  kynurénique  qui  lui  est  administré  (J.  \V.  Bkvsch,  07).  Chez  le 
chien,  la  production  d'acide  kynurénique  est  en  relation  avec  le  régime  alimentaire: 
la  viande,  le  lait,  le  pain,  en  produisent  des  quantités  décroissantes  dans  l'ordre  d'énu- 
mération  ;  les  peptones  du  commerce  en  donnent  une  quantité  considérable  (J.  W. 
Brysch,  07). 

On  s'est  demandé  dans  quel  lieu  de  l'organisme  se  poursuivait  la  transformation 
du  tryptophane  en  acide  kynurénique,  et  comme  toujours  on  a  songé  en  première 
ligne  au  foie.  E.  Abdkriialden,  E.  S.  London  et  L.  Plngussoiiv  {O'Jj  ont  étudié  compara- 
tivement des  chiens  normaux  et  des  chiens  dont  le  foie  avait  été  retranclu';  de  la  circu- 
lation par  le  procédé  de  la  fistule  d'Eck  ;  les  animaux  lîlaient  alimentés  soit  de  lait, 
soit  de  pain  et  lait,  et  on  leur  faisait  ingérer  du  tryptophane.  Ces  expériences  ont 
permis  de  reconnaître  d'abord,  dans  l'élimination  d'acide  kynurénique,  des  dilîéreuces 

DICT.    DE    PHYSIOLOniE     —    TOME    IX.  lO 


2i2  INDOL. 

individuelles  notables,  et  de  confirmer  l'influence  directe  de  l'ingestion  du  tryptophane. 
Mais  les  animaux  à  fistule  d'EcK  produisent  de  l'acide  kynurénique  tout  comme  les 
normaux  ;  le  foie  n'est  certainement  pas  le  seul  lieu  de  formation  de  l'acide  kynuré- 
nique; peut-être  même  n'y  prend-il  aucune  part. 

Les  données  acquises  soit  par  l'étude  des  origines  de  Tindoxyle,  soit  par  celle  des 
destinées  du  tryptophane,  nous  permettent  aujourd'hui  de  nous  faire  une  idée  nette  de 
l'évolution  générale  du  groupe  indolique  dans  l'économie  des  animaux  supérieurs,  et 
de  la  signification  de  ces  couleurs  urinaires  sur  lesquelles  les  médecins  ont  tant 
discuté  et  les  chimistes  tant  travaillé. 

Le  tryptophane  ingéré  sous  forme  combinée  dans  les  albuminoïdes  suit  une 
destinée  multiple,  et  pour  la  netteté  de  notre  [exposé  nous  considérerons  qu'il  peut  se 
partager  en  trois  fractions  : 

A.  —  Une  portion  du  tryptophane  est  résorbée  dans  l'intérieur  de  l'économie  sous 
forme  de  tryptophane  même.  C'est  le  cas  de  ce  corps  injecté  expérimentalement  sous  la 
peau,  ou  encore  introduit  à  l'état  libre  dans  l'estomac  et  absorbé  rapidement  par  la 
muqueuse,  soit  dans  l'estomac  lui-même,  soit  dans  les  parties  supérieures  de  l'intestin 
où  ne  pullulent  pas  les  bactéries.  C'est  aussi  le  cas  du  tryptophane  précocement  libéré 
des  albuminoïdes  quand  l'espèce  albuminoïde,  comme  la  caséine,  par  exemple,  est 
rapidement  attaquée  par  les  diastases  pancréatiques  ;  ce  tryptophane  est  rapidement 
résorbé  en  nature  par  les  portions  supérieures  de  l'intestin.  Une  partie  du  tryptophane 
résorbé  en  nature  est  évidemment  utilisée  pour  la  synthèse  des  protéiques  du  corps  de 
l'animal;  mais  si  le  tryptophane  est  résorbé  en  excès  par  rapport  à  ce  qu'exige  momen- 
tanément cette  synthèse,  ou  si  le  jeu  continu  de  la  désassimilation  des  tissus  eu  met 
de  nouveau  en  liberté,  toute  cette  fraction  du  tryptophane  est  transformée,  par  l'orga- 
nisme lui-même,  en  acide  kynurénique.  A  son  tour  l'acide  kynurénique  apparaît  ou  non 
dans  l'urine,  suivant  que  l'animal  envisagé  possède  pour  sa  destruction  une  aptitude 
faible  (lapin,  chien)  ou  forte  (homme,  chat). 

B.  —  Une  autre  portion  du  tr3'ptophane,  libéré  plus  ou  moins  tardivement  des 
albuminoïdes,  par  la  digestion  trypsique  intestinale,  se  trouve  dans  un  milieu  envahi 
de  bactéries  et  n'est  pas  absorbé  assez  vite  pour  échapper  à  leur  attaque.  Nous  avons 
vu  que  cette  attaque  passe  schématiquement  par  les  stades  acide  indolpiopionique, 
acide  indolacétique,  skatol,  acide  indolcarbonique,  iiidol,  cette  dégradation  pouvant 
d'ailleurs  subir,  à  certains  de  ces  temps,  une  accélération  suffisante  pour  sauter  en 
apparence  certains  stades.  Considérons  ici  seulement  la  fraction  qui  est  résorbée  sous 
forme  de  précurseurs  de  Vindol,  c'est-à-dire  l'acide  indolacétique  et  le  skatol  surtout,  avec 
de  l'acide  indolcarbonique  probablement,  et  peut-être  aussi  de  l'acide  indolpro- 
pionique.  Il  est  évident  que  cette  fraction  devrait  être  divisée,  à  son  tour,  en  autant  de 
parts  qu'elle  comporte  despèceschiiniques,  et  les  recherches  de  l'avenir  auront  à  en  par- 
faire Fétudeindividuelle.  Mais  nous  savons  dès  aujourd'hui  que  ces  précurseurs  de  l'iiidol 
sont  éliminés  sous  la  forme  d'uroroscinotjène  ou  chromogènes  voisins,  d'acide  indol- 
carbonique peut-être  ou  autres  substances  indolor/ênes.  Ces  constituants  urinaires  repré- 
sentent la  fraction  du  tryptophane  qui  a  subi  l'attaque  bactérienne  partielle. 

C.  —  Enfin  une  troisième  fraction  subit  à  fond  l'attaque  complète  par  les  bactéries 
du  tube  digestif,  et  dépasse  les  stades  intermédiaires  pour  être  résorbée  sous  forme 
d'indol.  Nous  savons  que  cette  partie  se  transforme  en  indoxyle  au  moins  pour  une  part 
qui  ne  dépasse  guère  CO  p.  100  environ,  autant  qu'on  le  sait  par  les  ingestions  expéri- 
mentales d'indol  (bien  que  pour  certains  auteurs,  tels  que  Ch.  Hervieux,  la  transfor- 
mation en  indoxyle  puisse  être  complète).  Le  reste  disparaît  par  une  destruction  plus 
profonde  de  la  molécule  avec  ouverture  du  noyau  indolique.  Laissons  de  côté  cette 
partie  profondément  détruite,  à  laquelle  nous  joindrons  une  petite  partie  du  tryptophane 
qui  a  pu,  dès  le  tube  digestif,  subir  le  même  sort.  La  forme  d'élimination  typique  de  la 
fraction  C  est  représentée  par  les  chromogénes  indoxyliques,  l'acide  indoxylsulfurique 
normalement,  et  accessoirement  l'acide  indoxylglycuronique. 

L'importance  numérique  de  chacune  de  ces  trois  fractions  est  évidemment  variable 
avec  la  nature  de  l'alimentation  et  l'allure  des  réactions  du  tractus  digestif.  Elle  dépend 
d^une  série  de  facteurs  tels  que  :  1°  la  'présence  et  la  proportion  du  tryptophane  dans 
l'espèce  albuminoïde  ingérée  ;  2°  la  séparabilité  plus  ou  moins  facile  du  tryptophane 


INDOL.  243 

au  cours  des  processus  digestifs,  vaiiahle  d'une  espèce  albuiniiioïile  ;i  l'autre;  3°  la 
longueur  et  la  disposition  des  organes  digestifs;  4"  l'abondance,  l'acidité  ou  l'alcalinité 
des  sucs  digestifs,  et  l'inlluence  qu'exercent  ces  fadeurs  sur  la  flore  bactérienne  de 
l'intestin;  o"  l'état  de  tonicité  ou  d'atonie  des  parois  digestives  et  en  général  tout 
ce  qui,  par  l'intermédiaire  de  la  motricité,  inilue  à  la  fois  sur  la  vitesse  de  progression 
des  matières  dans  le  tube  digestif  et  sur  la  Qore  intestinale;  G"  enfin  les  espèces 
microbiennes  elles-mêmes  qui  constituent  cette  flore  et  leur  abondance  respec- 
tive. 

Comme  exemple  du  i"  facteur  nous  citerons  la  gélatine  :  nous  avons  vu  déjà 
qu'elle  ne  fournit  dindol,  ni  par  fusion  potassique,  ni  par  putréfaction,  et  (ju'on  n'y 
peut  déceler  le  tryptophane.  Or,  F.  P.  Undekhillk  (04)  a  constaté  directement  ([u'en 
nourrissant  des  chiens,  d'abord  avec  de  la  viande,  puis  avec  de  la  gélatine  à  quantité 
dazote  égale,  on  voit  baisser  fortement  l'indoxyle  de  l'urine.  Si  'par  une  alimenta- 
tion pauvre  en  azote  on  a  préalablement  diminué  la  teneur  de  l'urine  en  indoxyle,  on 
peut  administrer  la  gélalino  en  grande  quantité  sans  observer  d'ascension. 

Comme  exemple  du  '2"  facteur,  nous  prendrons  l'alimentation  à  la  caséine,  soit  chez 
le  nourrisson,  soit  chez  l'adulte  en  régime  lacté.  Séparé  de  la  molécule  dès  les  pre- 
miers temps  de  la  digestion  trypsique,  le  tryptophane  est  résorbé  de  bonne  heure, 
avant  de  parvenir  dans  les  portions  éloignées  de  l'intestin,  et  sans  avoir  subi  l'action 
des  bactéries  :  aussi  l'excrétion  urinaire  de'  l'indoxyle  est-elle  pratiquement  nulle.  Au 
contraire  elle  appariait  avec  les  albuminoïdes  de  la  viande,  de  digestion  plus  lente  et 
plus  propice  au  jeu  des  bactéries  dans  les  portions  basses  de  l'intestin. 

Un  exemple  du  3"  facteur  nous  est  fourni  par  la  Roussette  {Pteropus  médius), 
chauve-souris  frugivore  des  Indes  qui  a  fait  l'objet  des  études  de  E.  Metciinikoff  et  de 
ses  collaborateurs  [09],  parce  qu'elle  ne  possède  ni  cœcum  ni  gros  intestin  développé 
et  que  les  résidus  alimentaires  ne  séjournent  qu'un  minimum  de  temps  dans  le  tube 
digestif.  Nourri  de  bananes,  cet  animal,  dont  le  tractus  intestinal  est  extrêmement 
pauvre  en  microbes,  excrète  une  urine  absolument  exempte  d'indoxyle  ;  les  fèces  ou  le 
contenu  intestinal  ne  montrent  aucune  trace  d'indol  ni  de  skatol,  mais  seulement  une 
trace  très  minime  d'un  corps  indologène  fournissant  de  l'indol  à  la  distallation  (A.  Ber- 
THELOT,  00),  Inversement,  rappelons  la  richesse  en  indoxyle  de  l'urine  des  herbivores 
(cheval,  vache,  etc.)  où  l'ampleur  des  réceptacles  stomacaux  et  la  longueur  des  anses 
intestinales  permettent  des  séjours  prolongés  du  bol  digestif  en  présence  des  bac- 
téries. 

L'influence  du  4''  facteur  est  représentée  par  les  troubles  que  peuvent  apporter  dans 
les  fermentations  intestinales,  et  par  conséquent  dans  le  chiffre  de  l'indoxylurie,  le 
déficit  de  IIGI  dans  le  suc  gastrique,  ou  au  contraire  l'hyperchlorhydrie.  Du  même 
groupe  sont  les  variations  de  l'indoxyle  par  l'administration  d'acides  minéraux  ou 
organiques,  de  sucres,  etc.,  capables  d'agir  sur  la  sécrétion  pancréatique. 

Le  S''  facteur,  le  facteur  mécanique,  est  l'un  des  plus  évidents.  Sans  parler  des 
quantités  énormes  d'indoxyle  qui  passent  dans  l'urine  dans  les  cas  d'obstruction  intesti- 
nale, on  connaît  l'indoxylurie  élevée  des  constipés  ou  simplement  des  gens  dontlepéri- 
staltisnie  est  un  peu  paresseux. 

Enfin,  en  ce  qui  concerne  le  6"  facteur,  les  espèces  bactériennes  constituant  la  flore, 
rappelons  la  relation  entre  l'Iiyperindo.xylurie  et  l'infection  de  l'intestin  par  des  microbes 
grands  producteurs  d'indol,  comme  le  bacille  du  choléra  ou  le  Bact.  coli  (gastroenlé- 
rites,  etc.).  La  modification  de  la  flore,  soit  par  concurrence  des  espèces  microbiennes 
(levures,  bactéries  lactiques),  soit  par  le  régime  alimentaire  influant  sur  les  sécrétions 
digestives  et  sur  le  péristallisme,  est,  comme  on  le  sait,  le  plus  sûr  moyen  de  modifier  les 
putréfactions  intestinales  cl  la  production  d'indoxyle.  Les  substances  employées  comme 
antisepticjues  intestinaux,  sauf  peut-être  le  calomel  et  l'iodure  mercurique  (en  pilules 
protégées  contre  le  suc  gastrique),  sont  au  contraire  à  peu  près  dépourvues  d'ac- 
tion. 

A  ces  différents  facteurs  et  à  d'autres  du  même  genre  qu'on  pourrait  préciser,  il 
convient  d'ajouter  la  destruction  définitive  du  noyau  indolique  par  les  phénomènes 
oxydatifs  de  l'économie,  destruction  à  laquelle  est  en  butte  une  partie  de  l'indol  lui- 
même  de  la  part  du  foie  ou  d'autres   organes.  On  conçoit  que  l'état  d'activité  ou  de 


244  INDOL. 

paresse,  d'intégrité  ou  de  lésion  de  ces  organes,  doit  introduire  encore  une  nouvelle 
variable. 

Lorsqu'on  fera  la  pari  de  toutes  ces  influences  dans  chaque  cas  particulier,  alors 
disparaîtront  d'elles-mêmes  toules  les  obscurités,  toutes  les  contradictions  sans  nombre 
qu'ont  accumulées  sur  ce  chapitre  les  observations  del'empirisme  clinique.  On  concevra 
clairement  alors  que  les  matières  colorantes  urinaires  qui  dérivent  des  débris  du  tryp- 
lophane,  sont  en  elles-mêmes  quelque  chose  de  parfaitement  normal  et  ne  sauraient 
jamais  avoir  quoi  que  ce  soit  de  pathognomonique.  Seule  la  détermination  quantitative 
de  ces  débris,  effectuée  par  des  moyens  corrects,  peut  fournir  une  indication  qu'il  fau- 
dra critiquer  à  la  lumière  de  tous  les  facteurs  énumérés  ci-dessus,  avant  d'en  déduire 
un  diafinoslic  sur  l'état  des  fonctions  intestinales. 

D.  Réactions  de  Tindolalanine  ,^i.  —  Les  réactions  de  coloration  du  tryptophane 
sent  de  deux  ordres,  suivant  qu'elles  s'appliquent  seulement  au  Iryptophane  libéré  de 
toute  combinaison,  ou  qu'elles  se  produisent  encoie  avec  le  tryptophane  engagé  dans 
des  complexes  divers,  tels  que  les  albuminoïde^. 

i°  —  Comme  réaction  réservée  au  tryptophane  libre,  et  que  ne  donnent  pas  ses 
combinaisons,  nous  indiquerons  la  coloration  rouge-pourpre  intense  qui  résulte  de  la 
formation  des  dérivés  halogènes  quand  on  ajoute  goutte  à  goutte  de  l'eau  de  chlore  ou 
de  l'eau  de  brome  de  préférence.  (Voir  les  détails  aiix  Propriétés  de  l'indolalanine.)  \ja. 
couleur  n'est  que  peu  soluble  dans  l'éther  et  le  chloroforme;  en  revanche  elle  est  faci- 
lement extraite  par  l'alcool  amylique  et  montre  dans  le  spectre  une  bande  d'absorp- 
tion près  de  D  (R.  Hem  a  la,  8S). 

Ni  le  tryptophane  iodé,  ni  les  peptoues  tryptophaniqucs,  ni  les  albuminoïdes,  ne 
donnent  la  réaction  par  Cl  ou  Br. 

2°  —  Toute  une  série  de  réactions  du  tryptophane  appartiennent  à  son  noyau,  et 
sont  fournies  aussi,  soit  par  ses  composés commeungrand  nombre d'albuminoïdes,  soit 
par  certains  de  ses  fragments  comme  le  skatol  et  dans  une  certaine  mesure  l'indol. 
Aussi  allons-nous  retrouver  ici  des  réactions  qui  relient  le  tryptophane,  au  skatol  d'une 
part,  aux  albuminoïdes  tryptophaniqucs  d'autre  paît. 

L'une  des  réactions  les  plus  anciennes  et  les  plus  typiques  des  albuminoïdes,  de 
beaucoup  d'espèces  du  moins,  est  la  réaction  d'ADAiiKiEwicx.  '74,  75]  qui  consiste  à  faire 
agir  sur  l'albumine  un  mélange  d'acide  acétique  cristallisable  et  de  H-SO*  concentré  :  on 
obtient  une  coloration  violette  qui  au  spectroscope  montre  une  bande  d'absorption 
entre  D  et  F.  F.  G.  Hoprins  et  S.  W.  Cole  [01  a)  ont  mon'tré  que  celte  réaction  n'est 
pas  causée  par  l'acide  acétique  lui-même  CIF.COOH,  mais  bien  par  Vacide  glyoxijlique 
CHO.COOH,  produit  d'oxydation  que  renferment  très  souvent  les  échantilons  d'acide 
acétique.  Ils  remplacent  donc  ce  réactif  par  une  solution  d'acide  glyoxyli(]ue  obte- 
nue en  réduisant  par  un  peu  daniaUNime  de  sodium  une  solution  saturée  d'acide  oxa- 
lique COOH.COUIL  Or  c'est  1-  tryptophane  qui  donne  cette  réaction  (F.  G.  IIoi'kins  et 
S.  W".  Cole,  01  6),  car  cette  substance  à  l'état  libre  la  fournit  typiquement,  et  les  albu- 
minoïdes à  tryptophane  donnent  seules  la  réaction  :  la  gélatine  ne  la  fournit  point.  On 
a  essayé  (Fr.  Bardachzi,  06)  de  faire  sur  le  produit  coloré  des  mesures  spectrophotouié- 
triques  dans  l'espoir  d'arriver  à  une  évaluation  quantitative  du  tryptophane  contenu 
dans  les  albumines,  mais  sans  grand  succès,  à  cause  des  giandes  variations  d'intensité 
de  la  réaction  suivant  la  façon  dont  on  procède. 

Identique  en  réalité  à  la  précédente,  est  la  réaction  de  Liebermann  {S7),  qui  con- 
siste à  laver  l'albumine  sèche  à  l'alcool  et  à  l'éther,  soi-disant  pour  la  dégraisser,  puis 
à  la  chauffer  avec  nci  fumant  ou  additionné  de  1/10  de  volume  de  H-SO'.  On  a  une 
coloration  violette  avec  bande  d'absorption  dont  le  maximum  est  entre  E  et  b.  Or 
S.  W.  Cole  [03]  a  montré  que  l'éther  pur  ne  peut  servira  la'réaction,  et  qu'on  ne  l'obtient 
qu'avec  les  échantillons  d'éther  qui  contiennent  de  l'acide  glyoxylique.  Ici  encore  la 
matière  violette  résuite  de  la  condensation  du  tryptophane  de  l'albumine  avec  l'acide 
glyoxylique;  le  tryptophane  libre  donne  la  réaction. 

La  condensation  du  tryptophane  avec  les  aldéhydes  est  d'ailleurs  un  fait  général. 
On  sait  depuis  longtemps  qu'en  chauffant  beaucoup  d'albuminoïdes  avec  HCI  fort  et  un 
peu  de /"urfia-oi  ou  de  saccharose  (qui  fournit  du  furfurolj  on  obtient  une  coloration 
rouge-pourpre  (H.  MoLiscn,  iSG,  L.  v.  L'dransky,  8S  a,  88  b).  On  peut  même  observer 


INDOL.  245 

une  légère  nvilion  par  simple  chaufTage  avec  IKM  fort  lou  H-SO^  à  '60  p.  100)  des 
matières  qui,  comme  le  blanc  d'œiiT,  contiennent  un  sucre  capable  de  fournir  du  fur- 
furol.  Or  S.  NV.  Coi,k  [OS]  a  montré  précisémenl  que  cette  léaction  appailient  au  trypto- 
phane  et  se  retrouve  chez  les  albiiniinoïdes  tryploplianiqiios. 

C'est  également  la  présence  du  Iryptophano  qui  explique  pourquoi  C.  Reichl  (90) 
obtenait  sur  l'albumine  des  réactions  identiques  à  celles  du  skatol,  en  traitant  l'albu- 
mine par  Il-SO*^  étendu  ou  HCl,  en  présence  d'une  goutte  de  solution  alcoolique  d'une 
aldéhyde,  et  d'une  goutte  deKeCl'.  Avec  la  benzakUhijde  on  a  une  coloration  bleu  foncé, 
avec  Valdchijdc  salici/lique,  Valdcliijde  anisique,  ou  la  vanillinc,  une  coloration  violette. 
S.  W.  CoLE  [03]  a  constaté  que  ces  réactions  appartiennent  au  tryptophane. 

D'une  façon  générale,  toutes  les  aldéhydes  aromatiques  dont  nous  avons  vu  l'emploi 
comme  réactifs  de  l'indol  donnent  des  colorations  du  même  genre  avec  le  tryptophane 
et  les  albuminoïdes  tryptophaniques  :  ainsi  la  p.  diméthylaminobenzaldéhyde,  la  vanil- 
lineetla  p.  nitrobenzaldéhyde  (E.  Rohde,  03  ). L'action  d'une  trace  de  nitrite  sur  ces  colo- 
rations a  été  étudiée  par  F.  A.  Stee.nsma  [06  b)  :  la  p.  diméthylaminobenzaldéhijde  donne 
avec  l'albumine  une  couleur  rouge  intense,  qui  passe  au  bleu  intense  par  le  nitrite;  la 
ra/u7//»e,  une  coloration  rouge  devenant  l)leue  par  le  nitrite;  la  p.  nitrobenzaldéhyde, 
une  couleur  verte  qui  passe  au  bleu  par  le  nitrite. 

{'aldcJnjde  anisique  donne  avec  le  tryptophane  ou  l'albumine  une  belle  coloration 
rose-rhodamine  présentant  au  spectrosco[)e  une  absorption  large  et  un  peu  floue  entre 
X  =  546  et  À  =  486  (J.  Ville  et  E.  Deruien,  OS).  La  p.  oxijbenziddéliijde  donne  avec  le 
tryptophane  un  rouge  violacé  d'abord,  puis  un  beau  violet;  l'o-nitiobenzaldéhyde  un  vert 
bleuté,  puis  nettement  vert;  YaldêJti/de  salicylique  un  vert  bleuté,  trouble;  le  pipé- 
ronal,  un  rouge  un  peu  vineux:  ValdvJujde  cinnamique,  un  beau  rouge;  l'aldéhyde  cumi- 
lîique,  pas  de  coloration  (C.  Fleig,  08  a;.  Une  série  d'essais  ont  été  faits  avec  des  aldéhydes 
acycliques  (E.  Granstrôm,  OS),  mais  en  présence  de  H^SO^,  qui  se  prête  moins  bien  que 
HCl  à  l'obtention  «le  colorations  pures. 

Le  inéthanal  H.CHO  ^^aldéhyde  formique),  même  à  l'étal  de  traces,  donne  avec  les  albu- 
minoïdes, en  présence  de  HCl  assez  concentré  et  contenant  des  traces  d'acide  nitreux» 
une  coloration  qui  varie  du  rose  violacé  faible  au  bleu  violacé  foncé  suivant  la  proportion 
de  formol  (E.  Voise.net,  Oo).  Cette  réaction  réussit  avec  la  sérumalbumine,  la  sérum- 
globuline,  la  fibrine  du  sang,  l'hémoglobine;  la  caséine,  la  lactalbumine,  la  lactoglobu- 
line;  la  myosine  du  muscle,  la  nucléine  du  cerveau,  la  vitelline  du  jaune  d'œuf,  la 
chondrine;  la  légumine,  la  conglutine,  le  gluten,  la  ricine.  La  gélatine  et  la  kératine 
ne  la  donnent  pas.  E.  Voisenet  l'attribue  ù  la  présence  du  groupement  skatolo- 
gène  dans  la  molécule  album inoïde  :  c'est  encore  une  aldéhydoréaction  du  trypto- 
phane. 

Inversement  les  condensations  de  ce  genre  peuvent  être  d'excellentes  réactions  de 
certaines  aldéhydes  :  d'après  E.  Voisenet  {Oo),  on  peut  ainsi  reconnaître  Tintroduction 
de  1  dix-millionième  de  formol  dans  une  solution  albumineuse. 

Depuis  longtemps  d'ailleurs  E.  Salkowski  (SS)  avait  reconnu  que  plusieurs  des 
réactions  colorées  des  albuminoïdes  devaient  appartenir  à  leur  groupement  skatologène. 
Le  tryptophane  donne  aussi  la  réaction  xanthoprotéique  :  le  chauflfage  avec  l'acide  ni- 
trique développe  une  coloration  jaune  qui  passe  à  l'orangé  par  addition  d'ammo- 
niaque. 

E.  Composés  peptidiques  du  tryptophane.  —  Les  réactions  de  coloration  que 
nous  venons  d'étudier  appartiennent  en  général  au  noyau  cyclique  de  l'indolalanine,* 
parmi  les  autres  propriétés  étudiées  antérieurement,  il  en  est  au  contraire  qui  appar- 
tiennent au  tryptophane  en  tant  (ju'alanine  substituée,  en  tant  qu'aminoacide,  c'est-à- 
dire  qui  relèvent  de  sa  fonction  acide  COOH  ou  de  sa  fonction  basique  A/.H-. 

Nous  avons  réservé  pour  les  décrire  à  part  un  groupe  extrêmement  nombreux  et 
important  de  dérivés,  une  série  indéfinie  de  corps  où  le  tryptophane  fonctionne  encore 
comme  un  acide  aminé  quelconque,  s'enchaînant  à  d'autres  molécules  d'aminoacides 
par  un  ]»roce?sus  de  déshydratation,  [)our  donner  des  peplides  synthétiques  à  trypto- 
phane, ou  des  albuminoïdes  tryptophaniques  naturels. 

Les  procédés  habituels  pour  la  synthèse  des  peptides  s'appliquent  au  tryptophane. 
Par  exemple,  le  l-tryptophane  en  solution  alcaline  se  combine  directement  avec  le 


246  INDOL. 

bromure  de  a.-bromo-1-isocapronyle  pourj  donner  le   oibromo-l-isocapronyl-l-tryptophane  : 

BrCH.CO  — Br.     +  H  —  AzH.  CH.  COOH  =  HI3i- +  Bi- —  CH  —  CO  —  AzH.  CH.  COOH 

I  I  II 

CH2  CH2  CH2  CH2 

I  I  II 

CH  C  =  CH  CH  C  =  CH 

CH3  CH^  I /  CH3  CH3  I /'^'-" 

Bromure  de  a-bromo-                            /            \                                                                                    /  \ 

d-isocapronyle.  \ /  \ / 

Tryptopliaue.  a-liromo-d-isocapronyl-l-tryptophauc. 

Il  suffit  ensuite  de  laisser  st'journer  ce  dernier  corps  dans  l'ammoniaque  pendant 
2-3  jours  à  36"  :  Br  est  remplacé  par  AzH-,  et  l'on  obtient  le  dipeptide,  le  l-leucyl- 
l-tryptophane.  Par  cette  méthode,  E.  Abdeuhalden  et  M.  Kkmpe  (07  b)  ont  préparé  le  gly- 
cyl-l-tryptophane,  le  d-alanyl-l-tryptophane,  le  l-leucyl-l-tryptophane,  le  l-lencyl-glycyl- 
l-tryptophane.Ue  plus,  en  faisant  agir  sur  le  glycinate  d'éthyle  le  chlorure  de  l-tryptophyle 
préparé  par  action  du  chlorure  de  thiouyie  sur  le  tryptophane),  ils  ont  préparé  la 
l-tryplophyl-glycine.  Tous  ces  peptides  sont  des  corps  bien  définis  et  cristallisés.  Leur 
solution  aqueuse  acidulée  de  H-SO^  précipite  par  l'acide  phosphotungslique;  ils  ne 
précipitent  pas  par  (Az  W')-  SO^à  saturation.  Seul,  le  tripeplide  leucylglycyltryptophane 
donne  la  réaction  du  biuret.  Aucun  de  ces  corapost's  ne  donne  la  réaction  Iryptophanique 
par  Cl  ou  Br. 

Poursuivant  ces  travaux,  E.  Aiu)Ehiiali)KN  et  L.  Baima.n.n  (0<S  b)  ont  préparé  le  iodacétyl- 
I-tryptophane,  le  a-  iodo  d-I-propionyl-l-tryptophane,  le  ct-iodio-d-l-propionyl-l-tryptophanale 
de  mcthyle,  le  d-l-alanyl-l-tryptophanaufiydride,  et  le  iodacétyl-glycyl-l-tryplophane. 

Le  d-leucyl-l-tryptophane  a  été  obtenu  (H.  Fischer,  09)  en  combinant  le  tryptophane 
avec  le  chlorure  de  t-bromo-l-isocapronyle,  et  traitant  par  l'ammoniaque. 

Il  existe  des  polypeplides  tryptophaniques  naturels.  Des  produits  de  l'hydrolyse  par- 
tielle de  l'édesline  des  graines  de  coton,  E.  Audeiuialde.n  ^0.9  a)  a  pu  isoler  un  corps  dédou- 
blable  en  deux  molécules  d'aniinoacides  (tryptophane  +  acide  glulamique),  et  un  autre 
corps  dont  l'hydrolyse  totale  fournit  trois  acides  :  tryptophane,  Iciicine,  acide  glutamique. 
Dans  le  but  de  reproduire  synthétiquernent  des  peptides  semblables,  E.  Abderhaldex 
[09  b)  a  combiné  le  chlorure  de  tryptophyle  avec  l'ester  diéthylique  de  l'acide  gluta- 
mique, ce  qui  fournit  Vacide  l-tryptophyl-d-glutamique.  En  traitant  ce  dipeptide  par 
le  chlorure  de  a-bromo-d-isocapronyle,  puis  par  AzH*.  on  obtient  le  tripeplide,  acide 
l-leucyl-l-lryptophyl-d-ghUamique.  Le  dipeptide  et  le  tripeptide  synthétiques  présentent 
certaines  propriétés  des  peptides  de  l'édestine,  mais  en  diffèrent  par  quelques  autres 
caractères,  ce  qui  donne  à  penser  qu'ils  sont  peut-être  seulement  des  isomères  de  ces 
peptides  tryptophaniques  naturels. 

La  série  des  peptides  tryptophaniques  dont  on  peut  concevoir  la  synthèse,  ou  qu'on 
peut  s'attendre  à  rencontrer  dans  les  produits  d'hydrolyse  ménagée  des|albuminoïdes 
naturels,  est  bien  entendu  illimitée.  C'est  à  cette  série  qu'il  faudrait  joindre  toutes  les 
matières  protéiques  renfermant  le  tryptophane  dans  leur  molécule. 

F.  Composés  de  constitution  incertaine.  —  Oxy tryptophane.  —  Dans  la  préparation 
du  tryptophane  de  caséine,  E.  Abderhalden  et  M.  Kempe  (07  a)  ont  obtenu  un  produit  acces- 
soire, encore  plus  difficilement  soluble  dans  l'eau  que  le  tryptophane,  cristallisant  en 
aiguilles  de  composition  C"  H'^  Az^  0^,  F.  2«3"  corr.  Chauffée  cette  substance  dégage 
une  forte  odeur  d'indol  ou  de  skatol  ;  elle  ne  donne  pas  la  réaction  tryptophanique  à 
l'eau  de  brome.  Il  s'agit  vraisemblablement  d'un  oxy  tryptophane. 

Skatosine.  —  On  a  signalé,  dans  les  produits  d'autodigestion  du  pancréas,  une  base  de 
constitution  encore  inconnue,  qui  serait  en  relation  plus  ou  moins  directe  avec  le 
groupe  de  l'indol  :  la  skatosine  de  F.  Baum  (05). 

Le  pancréas  du  bœuf  est  débarrassé  autant  que  possible  des  tissus  voisins,  finement 
haché,  additionné  de  2  fois  son  poids  d'eau  légèrement  alcalinisée  par  Na^CO',  et  aban- 
donné à  l'antodigestion  en  présence  d'une  forte  quantité  de  toluène.  Après  3  jours  on 
passe  sur  toile  pour  enlever  les  résidus  iuattaqués,  on  met  le  liquide  en  flacons  fermés 
et  on  l'abandonne  à  30°  pendant  5-6  semaines  encore.  On  concentre  fortement 
au  bain-marie,   ajoute  à  chaud  une  grande  quantité  [d'alcool,  et  recueille  la  partie 


INDOL.  247 

liquide  après  claiiilc.ation  ;  on  concontre  de  nouveau,  précipite  enrore  par  l'alcool, 
puis  chasse  l'alcool  du  dernier  lillrat. 

La  solution  aqueuse,  IraiU'O  par  le  chlorure  de  benzoyle  en  présence  de  NaOH, 
laisse  précipiter  un  dérivé  benzoyle,  tiui,  recristallisé  dans  l'alcool,  so  présente  en 
aiguilles  incolores  K.  109".  Formule' du  benzoyle  :  C^^IPAz^O'',  ou  C'"li'-Âz*0-  (C'II-O)*, 
ce  qui  assigne  à  la  base  libre  la  formule  C'^H'^Az^O-.  La  base  libre  précipite  par  l'acide 
phosphotungstique  et  donne  par  l'eau  de  brome  un  précipité  jaune.  Fondu  avec  KOH 
le  corps  dégage  une  forte  odeur  skatolique,  d'oii  son  nom  de  skatosine. 

|{.  E.  SwAiN  {Ci)  a  repris  l'étude  de  la  skatosine,  modifié  un  peu  son  extraction, 
séparé  cette  base  du  tryptophane  par  précipitation  mercurique  de  celui-ci,  confirmé  la 
formule  C'"ll'"^Az-()-,  et  constaté  que  la  base  donne  un  chlorhydrate  à  3  IICl,bien(|ue  ne 
possédantque2alomes  d'azote.  Elle  doit  renfermer 2 groupes  Azll-et2group<-s  011  (dérivé 
tétrabenzoylé)  :  le  skatol  qu'elle  fournit  doit  provenir,  non  d'une  scission  simple,  mais 
d'une  modification  assez  profonde,  étant  donnée  la  quantité  d'hydrogène  de  la  molécule. 

Peut-être  faut-il  identifier  à  la  skatosine  de  F.  Baum  une  substance  trouvée  par 
L.  Lanc.stein  [02)  dans  les  produits  de  digestion  pancréatique  avancéi;  des  albumines 
du  sérum  de  cheval.  Cetle  base  précipite  par  le  chlorure  mercurique  et  par  l'acide  phos- 
pholungstique,  mais  non  par  l'acide  picrique  ni  par  l'iodomercurato  de  K.  Fondue  avec 
KOll  elle  dégage  une  intense  odeur  de  skatol.  Elle  fournit  un  dérivé  benzoyle  qui  fond 
à  169O-170",  comme  la  tétrabenzoylskatosine  de  F.  Baum. 

lodothyrine.  —  Il  se  peut  qu'on  doive  considérer  Viodotktjrinc  du  corps  thyroïde 
comme  un  dérivé  du  tryptophane.  Cette  substance  ne  donne  pas  de  réaction  avec  la  p. 
diméthylaminobenzaldéhyde,  contrairement  aux  composés  du  tryptophane;  mais  quand 
on  a  détaché  l'iode  par  chaulTage  avec  de  l'eau  sous  pression,  on  obtient  la  réaction 
avec  coloration  bleue  (A.  Nlr.nbeik;,  07).  Il  est  probable  que  Tiode  était  fixé  précisément 
sur  le  tryptophane,  et  s'opposait  ainsi  à  la  réaction;  on  sait  en  effet  que  les  albumines 
iodées  (Blum)  et  le  tryptophane  iodé  (Rodhe,  OU)  ne  peuvent  plus  la  présenter. 

Mélanines,  hématoporphijrine,  épinéphrine,  etc.  —  Nous  avons  déjà  signalé  la  formation 
du  skatol  et  de  l'indol  par  la  fusion  potassique  des  mélanines  de  l'œil  (E.  Hirschkeld,  Si)  ; 
H.  Landolt,  99),  de  la  peau  et  des  cheveux  (J.  Abel  et  Davis,  96;  W.  Jones  et  Aueh,  0/),du 
sarcome  mélanique  (J.  Berdez  et  M.  Nexcki,  H6),  ou  de  Vkématoporphi/rinc  du  sang 
(M.Nencki,  95).  Onsaitquela  constitution  deces  corpsaétéorientéeplutùtvers  latyrosine 
en  ce  qui  concerne  les  mélanines,  vers  l'hémopyrrol  en  ce  qui  concerne  l'héinaloporphy- 
rine  :  ces  substances  ne  seraient  donc  probablement  pas  des  dérivés  indoliques  directs. 
Mais  ce  que  nous  avons  dit  de  la  naissance  du  noyau  indolique  aux  dépens  d'auti-es 
molécules  possédant  les  éléments  nécessaires,  suffirait  à  expliquer  la  formation  du  ska- 
tol et  de  l'indol  dans  la  fusion  potassique  des  mélanines,  de  l'hématoporphyrine,  etc. 

Il  est  facile,  en  effet,  de  constater  que  la  tyrosine  possède  tous  les  éléments  néces- 
saires à  la  structure  de  l'indol  : 

1^1 CH2  /\ Cil 

HoM  GH-COOH        *>^^        '      '       CH 

AzH- 

Tyrosine.  Indol. 

Il  en  est  de  même  de  l'hémopyrrol,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  constitution  exacte 
de  ce  deruier,  qu'il  soit  un  méthylpropylpyrrol,  ou  un   diinéthyléthylpyrrol   comme  le 
pensent  0.  Piloty  et  E.  Qluma.nn   09 i. 
CH-^ 

H3C        (3 CH  C 

Il           II                                 ^^\ 
HJC         C  C  ne        C en 


/\    / 

rii!  AzH 


I       II        l 

ne      c       en 

^/   \/ 

c  AzH 

H 


Ilcmopyrrol.  Imlo] 


248  INDOL. 

C'est  sans  Joule  pour  une  raison  du  même  genre  que,  dès  les  premières  études  qui 
ont  mis  en  évidence  l'individualité  de  la  substance  active  de  la  surrénale,  Y épinéphrine 
(ou  adrénaline),  on  a  constaté  le  dégagement  de  skatol  par  fusion  potassique  de  cette 
substance  (J.  Abei.,  99).  La  constitution,  aujourd'hui  connue,  de  l'adrénaline,  rend  très 
compréhensible  la  formation  du  cycle  indolique  : 

110,^-  —  en. OH  /\       p„ 

I  I     I — 

Hol/        CH2  "^^        I      I        Jl 

AzH.CHs  AzI! 

l'|)iiu''phrine.  InJol. 

INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 

Le  présent  Index  bibliographique  comprend,  sauf  omission  fortuite,  tous  les  travaux 
qui  peuvent  avoir  un  intérêt  quelconque,  même  très  limité,  pour  la  physiologie  du 
groupe  de  l'indol,  jusqu'à  la  fin  de  1909.  Par  contre,  ont  été  éliminées  diverses  publi- 
cations d'auteurs  notoirement  incompétents,  dont  linllueiice  sur  le  progrès  de  nos 
connaissances  n'a  pu  être  que  nulle  ou  négative. 

Chacun  des  travaux  cités  est  précédé,  après  le  nom  de  l'auteur,  d'une  notation  com- 
posée en  général  de  deuxchilfreset  d'une  lettre.  Les  deux  chiffres  indiquent  l'année  de  la 
publication,  depuis  1811  jusqu'à  1910;  les  lettres  servent  à  distinguer  les  publications 
successives  du  même  auteur  dans  la  même  année.  Par  exemple,  Abderhalde.n  E.  03  c, 
désigne  la  3'  publication  (*;)  de  cet  auteur,  en  1903,  sur  le  sujet  qui  nous  occupe. 

Abderhaluen  E.  os  a  :  Hydrolyse  des  kri/stallisirleii  O.ryliaemoi/lobins  aus  Pferdeblut. 
iZ.  physiol.  Gh.,  37,  484).  —  03  b  :  Hydrolyse  des  krystallisirten  Serumalbicmins  aus 
Pferdeblut.  {Z. physiol.  Ch.,  31,  495).  — 03  c  :  Hydrolyse  des  Edcslins.  (Z.  physiol.  Ch.,  37, 
499).  —  09  a  :  Partielle  Hydrolyse  cinigcr  Protéine.  (Z.  physiol.  Ch.,  o8,  373).  —  09  b  : 
Weiterer  Beitrag  zur  Kemitniss  von  l-Tryptophan  enthaltcnden  Polypeptidcn.  III.  {Ber.  d. 
d.chem.  Gec-.,  ^i2,  2331).  —  Ar.DEuuALDE.x  E.  et  Baumann  L.  OS  a  :  Notizen  îiber  l-Trypto- 
phan. [Z.  physiol.  Ch.,  oo,  412).  —  OS  b  :  Weiterer  Beitrafi  zur  Kenntnii^s  von  l-Trypto- 
phan enthaltcnden  Polypeptidcn.  {Bcr.  d.  d.  chem.  Ges.,  il,  2857).  —  Abdeuhalden  E.  et 
Kempe  m.  07  a  :  Bcifray  zur  Kenntniss  des  Tryptophans  und  einiger  seiner  Derivale. 
(Z.  physiol.  Ch.,  32,  207).  —  07  b  :  Synthèse  von  Polypeptiden.  XX.  Derivale  des  Trypto- 
phans. {Ber.  d.  d.  chcrn.  Ges.,  40,  2737).  —  Abderhalden  E.,  London  E.  S.  et  Pincussoiiin 
L.  09  :  Ueber  den  Ort  dcr  Kynnrensaùrebildung  im  Organismus  des  Hundes  (Z.  physiol. 
Ch.,  62,  139).  —  AuiiERHALDK.N  E.  et  Re[.nhold  H.  Oo  a  :  Die  Monoaminosaùren  des 
«  Edestins  >•  aus  Sonncnblnmensantcn  und  desscn  Verhnllen  ijegen  Pajikreassaft.  (Z.  physiol. 
Ch.,  44,  284).  —  Oo  b  :  Der  Abbau  des  Edestins  aus  bnui/uollsumcn  durch  Pankreassaft. 
iZ.  physiol.  Oh.fifi,  159).  —  Aijderiialden  E.  et  Uostoski  0.  Oo  :  Die  Monoandnosauren 
des  Edestinc  ans  UaitmwoUsameh  und  dessen  Verhalten  t/cgen  Magcnsaft.  (Z.  physiol.  Ch., 
44,  265).  —  Abderhalden  E.  et  Samuely  F.  O.ï  :  Die  Zusammensetzung  des  Gliadins 
des  \Veizenmcldcs.  (Z.  jjhysiol.  Ch.,  44,  276).  —  Abderhalden  E.  et  Teruuchi  Y.  Oô  : 
Die  Zusam?nc7isetzung  ton  aus  Kicfernsamen  dargestelltem  Eiweiss.  (Z.  physiol.  Ch.,io,  473) 

—  Abel  J.  99  :  Ueber  den  Blutdruckerregenden  Bestandthed  der  Sebennierc,  dus  Epi- 
nephrin.  (Z,  physiol.  Ch.,  2S,  318).  —  Abel  J.  et  Davis  W.  S.  96  :  On  thc  Piyments  of 
the  Negro  skia  and  hair.  IJourn.  of  experim.  Medic.,  I,  361).  —  Abraham  P.  90  :  Ueber 
die  Rosenhach'sche  Urinfarbnng.  {Berlin,  klin.  Woch.,  IS90,  385).  —  Achard  Cu.  et 
Renault  J.  /ti  ;  Sur  l'urée  et  les  bactéries  de  l'urine.  (C.  R.  Soc.  BioL,  44,  928).  —  Adam- 
KiEwicz  A.  7-^-  :  Farbcnreaktinnen  des  Albumins.  {Arch.  f.  ges.  Physiol.,  9,  156).  —  73  : 
Farbenreaktionen  des  Albumins.  [Arch.  f.  exper.  Pathol.  u.  Phurm.,  3,  412).  —  Adrian  C. 
94  :  Weiterc  Ucohachlvngcn  iiber  den  Einfluss  tàglich  eimnaliger  oder  fraktionirler  Nah- 
rungsaufnahmcn  aufden  Sfnffu-echseldes  Hundes.  (Z.  physiol.  Ch.,  19,  123).  —  Aguiar  (de) 
A.  A.  et  Ba^i  R  A.  {Anu.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  137,  366).  —  Albu  A.  97  :  Ueber  den 
Einfluss  verschiedener  Erniihrungsweisen  uuf  die  Darmfuùlniss.  {b.  medic.  Woch.,  43,  509). 

—  Ali-Cohen  Ch.  H.  <S7  ;  Y.vr  Bedeutung  des  sogcnannten  Cholerarothes.  {Fortschritte  d. 
Medicin,  .ï,  !i  !T).  —  8S  :  Zur  Frage  von  der  Cholerareaktion.  (Fortschritte  d.  Medicin,  6,  209). 


INDOL.  249 

—  Ali.en  E.  W.  et  ToLLENs  R.  90  :  Ucbcr  llolzzacker  [Xijlose]  urid  Holzr/mnmi  (Xylan). 
{Ann.  (l.  Chem.  u.  Phnnn.,  2(i(),  289).  —  Allkks  1{.  07  :  Ucbcr  vaccmixrlicA  Tri/pl()])limi. 
{Bioch.  ZeHschr.,  (»,  272).  —  Alvarkz  E.  S7  :  Sur  un  nouvf^cat  microbe,  (lclerinin(uit  la 
fermentation  indiijolique  et  la  production  de  lUndiifO  bleu.  (V.  II.  Acad.  Se,  10.'),  28(')  .  — 
Amann  J.  97  :  Une  nouvelle  méthode  de  recherche  de  riitdoijènc  [indicati)  dans  Vuvine. 
[Rev.  mèdic.  de  la  Suisse  romande,  17,  449).  —  00  a  :  L'cUmination  de  l'irulican  par  la 
transpiration.  (Rev.  mcdic.  de  la  Suisse  romande,  20,  261).  —  00  b  :  Die  Ausscheidumj  von 
Indicàn  durch  den  Schxoeiss.  [Mcmorabilien,  iS,  259).  —  Aiinol»  V.  09  :  Ueber  das  Vor- 
kommen  cincs  dcni  Uroroscin  nahestehenden  Farbsto/fes  in  <ieœissen  patholof/ischen  llarnen. 
[Z.  phi/siol.  Ch.,  (il,  240).  —  Aueubacii.  7.9  .•  Zur  Kcn)itniss  der  Oxi/dalionsproccsse  im 
Thicrkorper.  [Arch.  f.  palhol.  Anat.  u.  Physiol.,  77,  226).  —  Austin  A.  E.  O.'i  :  The  indol 
of  the  fèces  as  a  measure  of  putrcfactive  processes  in  the  intestines.  {Boston  Med.  a.  Sur;/. 
Journ.,  Il  déc.  4903).  —  OA  :  Die  Verbindung  von  Indol  und  Phénol  mit  Schiccfel-  und 
Glucuronsaiire  im  Harne.  {Festschr.  f.  E.  Salkoioski,  53,  Berlin). 

Baccarani  u.  99  :  Ricerche  comparative  suW  climinazione  délia  urea,  delV  acido 
solforico  combinato  e  sulla  tossicita  nrinaria,  in  scr/uito  alla  somministrazione  délia  crio- 
fana  e  fcnacetina.  (Riforma  mcdica,  /o,  ISo).  —  00  :  Ricerche  comparative  sulla  tossicita 
urinaria,  e  sidla  climinazione  dcgli  eteri  solforici  e  delV  indicano  dellc  urine.  {Riforma 
medica,  16,  639).  —  01  :  DclV  influenza  del  massaijio  abdominale  sulla  etiminazione 
deuil  eteri  solforici  e  deW  indicano  délie  urine.  {Riforma  medica,  24  avril  1909).  —  Badisghe 
Amli.n-  und  Sodafabrik.  si  :  Nciierungen  zu  der  Verfahren  zur  Darstellung  des  kïmsf li- 
chen Indigos.  (D.  R.  P.  17636  vom  8  Juli  1S8I.  Fiinftes  Zusatz-Patent  zu  N°  11857,  4880). 
{Ber.  d.  d.  chem.  Gcs.,  /o,  74o).  —  SS  a  :  Verfahren  zur  Darstellung  von  kiinstlichem  Indigo 
aus  den  Crthoamidoderivaten  des  Acetophenons  und  des  Phenylacetylcns.  (1).  R.  P.  211)92, 
12  August  4882)  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  16,  818).  —  SS  h  :  Neuerung  in  dcm  Verfahren  zur 
Darstellung  des  kïmstlichcn  Indigos  (D.  R.  P.  23785,  13  Januar  4883).  {Ber.  d.  d.  chem. 
Ges.,  16,  2540).  —  96  :  Verfahren  zur  Darstellung  von  Indoxyl  und  Indoxylsaiire  (I).  R. 
P.  85071,  3  April  1894).  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  29,  R.  250).  —  99  :  Ueber  Indigorein. 
(Lndivigshafen  am-Rhein).  —  02  a  :  Verfahren  zur  Darstellung  von  Indigo  (D.  R.  P.,  Kl. 
22,  n«  130629)  {Chem.  Centràbl.,  4902,  I,  1084).  —  02  b  :  Verfahren  zur  Darstellung 
von  Indigo  (D.  R.  P.,  Kl.  22,  n»  132405).  —  x  :  Indigo  pur  B.  A.  S.  F.  {Ludwigshafen- 
am-Rhein,  179  pages,  sans  date).  —  Raeyer  A.  66  a  :  Ueber  die  Réduction  aromatischer 
Verbindungen  mitteist  Zinkstaub.  {Monatsh.  Berl.  Akad.,  1866,  327).  —  66  b  :  Ueber 
die  Réduction  aromatischer  Verbindungen  mitteist  Zinkstaub.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm., 
liO,  295).  —  6'cS'  ;  Ueber  die  Réduction  des  Indigblaus.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  4 ,  17).  —  69.- 
Veberdas  Indol.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  SuppL,  7,  56).  —  78  a  :  Synthèse  des  Oxindols. 
(Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  4  4,  382).  —  78  b  :  Synthèse  des  Isatins  und  des  Indigblaus.  {Ber.  d. 
d.  chem.  Ges.,  41,  1228).  —  78  c  :  Synthèse  des  Indigblaus.  {lier.  d.  d.  chem.  Ges.,  14, 
1296).  —  79  a  :  Ueber  die  Einwirkung  des  Fûnffachchlorphosphors  auf  Isatin  und  auf 
verwandte  Substanzcn.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12,  456).  —  79  b  :  Untersuchungen  iiber 
die  Gruppe  des  Indigblam.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12,  1309).  —  79  c  :  Ueber  das 
Verhallen  von  Indigiveiss  zu  pyroschivefelsaurem  Kali.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12,  1600). 

—  80  a  :  Ueber  die  Beziehungen  der  Zimmtsaiïre  zu  der  Indlgogruppe.  {Der.  d.  d.  chem. 
Ges.,  13,  2254).  —  80  b  :  Darstellung  von  Skatol  aus  Indigo.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  13^ 
2339).  —  6'/  ;  Ueber  die  Verbindungen  der  Indigogruppe.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  4i,  I7il). 

—  <S'2  a  :  Ueber  die  Verbindungen  der  Indigogrtippe.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  lo,  50).  — 

82  b  :  Ueber  die  Verbinilungen  der  Indigogruppe.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,    13,  775).  — 

83  :  Ueber  die  Verbindungen  der  Indigogruppe.  (Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  16,  2188).  — 01  a  : 
Histoire  de  la  synthèse  de  l'indigo.  {Monit.  Scienlif.,  lo,  145).  —  01  b  :  Historique  de  la 
synthèse  de  l'indigo.  {Rev.  génér.  deChim.,  i,  142).  —  Baeyer  A.  et  Bloeji  Fr.  Si  :  Ueber 
die  Bildung  von  Indigo  aus  Orthoamidoacetophenon.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  47,  963).  — 
Raeyer  A.  et  Caro  H.   77  a  :  Indol  aus  Aethylanilin.  (Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  10,  (">92i. 

—  7.9  6  ;  Ueber  die  Synthèse  des  Indols  aus  Abkommlingen  des  Aniltns.  {Ber.  d.  d.  chem. 
Ges.,  19,  12(i2L  —  Raeyer  A.  et  Drewsen  V.  82  :  Darstellung  von  Indi(jblau  aus  Orthoni- 
trobenzaldehyd.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  lo,  2856).  —  Raeyer  A.  et  !'-.mmerlin(-,  A.  6'.9  .- 
Synthèse  des  Indols.  {lier.  'd.  d.  chem.  Ges.,  2,  679).  —  70  :  Réduction  des  Isatins  zu 
Indigblau.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  3,  514).  —  Baeyer  A.  et  Jackso.n  0.  R.  80  :  Ueber  die 


1)50  INDOL. 

Synthèse  des  Methylkctols,  eines  Isomeren  des  Skatols.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  13,  187). 

—  Baeyer  a.  et  Knop  G.  A.  66  :  Untersiichungen  ùber  die  Gruppe  des  Indigblaus. 
{Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  140,  l).  —  Baginsky  A.  92  :  Zivei  Fàlle  mil  Auflreten  eiyenar- 
tigen  Farbstoffe  im  Uarn.  [Arch.  f.  Kinderheilk.,  i3,  312). —  Bamberger  E.  et  Kitschelt  M. 
94  ;  Vebcr  eine  Synthèse  des  Chinolins  (und  Skatols).  [Ber.  d.  d.  chem.  Ge>i.,  27,  3421).  — 
Bar  p.  et  Daunay  R.  06  :  Fausses  urines  sanglantes  chez  une  femme  enceinte  atteinte  de 
pyélocystite  suppurée.  Rôle  de  l'ammoniurie  dans  la  production  du  phénomène.  {Bull.  Soc. 
Obstétrique,  Paris,  9,  136).  —  Bardachzi  Fr.  06  :  Studie  ùber  die  dem  Tryptophan  zuges- 
chriebenen  Eiweissreaktionen.  [Z.  physiol.  Ch.,  4S,  145).  —  Basham  :  On  dropsy  connected 
xoith  diseases  of  the  kidneys,  p.  48.  —  Bauer  E.  OS  :  Ueber  den  Nachueis  und  die  Bedeu- 
tung  des  Indikans  im  Harn  des  Pferdes.  [Inaug.  Diss.  Giessen,  I90o;  Bioch.  CenlrbL,  i, 
610).  —  Bauer  R.  05:  Die  Ehrlichsche  Aldehydreaktion  im  Harn  und  Stuhl.  [Centrbl.J. 
inn.  Med.  I90o,  n»  34).  —  06  :  Erwiderung  an  H.  Ury.    Centrbl.  f.  inn.  .Med.,  1906,  n°  2). 

—  Balm  F.  03  :  Ueber  ein  neues  Produkt  der  Pankre  ■<-Selbstverdauung.  [Beitr.  z.  chem. 
Physiol.,  3,  439).  —  Bauma.x.n  E.  16  a  :  Ueber  Sidfu.aiiren  im  Harn.  {Ber.  d.  d.  chem. 
Ges.,  9,  54).  —  76  b  :  Ueber  gepaarte  Schuefelsaûrcn  im  Organismus.  Ueber  Indican. 
{Arch.  f.  ges.  Physiol.,  13,  285).  —  77  .•  Zur  Kenntniss  der  aromatischen  Sidjstanzcn  des 
Thierkôrpers.  (Z.  physiol.  Ch.,  I,  60).  —  7S  a  :  Ueber  die  Aethcrschwefelsaiiren  der 
Phenole.  (Z.  physiol.  Ch.,  2,  333).  —  7.S'  6  :  Die  synthetischen  Processe  im  Thierkôrper. 
[Berlin,  Hirschirald,  1878).  —  79  :  Ueber  die  Entstchung  des  Phénols  im  Thierkôrper  und 
bei  der  Faiilniss.  (Z.  physiol.  Ch.,  3,  250).  —  SO  a  :  Zur  Kenntniss  der  aromatischen  Pro- 
dukte  des  Thierkôrpers.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  13,  279  .  —  SO  b  :  Weitere  Beitrdge  zur 
Kenntniss  der  aromatischen  Suhstatizen  des  Thierkôrpers.  (Z.  physiol.  Ch.,  i,  304).  —  S3  : 
Zur  Kenntniss  der  aromatischen  Substanzen  des  Thierkôrpers.  {Z.  physiol.  Ch.,  7 ,  282).  — 
86  :  Die  aromatischen  Verbindungen  im  Harn  und  die  Darmfaùlniss.  (Z.  physiol.  Ch.,  10, 
123).  —  93:  Zur  Frage  der  Aetherschuefelsaùreausscheidung  bei  Cholerakranken.  (Z.  phy- 
siol. Ch.,  17,  bll).  —  Bauman.n  E.  et  Brieger  L.  79  a  :  Ueber  die  Entstchung  von  Kresolen 
bei  der  Faiilniss.  (Z.  physiol.  Ch.,  3,  149).  —  79  b:  Ueber  Indoxylschwefelsaiire,  das 
Indican  des  Harns.  (Z.  physiol.  Ch.,  3,  254).  —  Baumann  E.  et  Preusse  G.  79  .•  Zur 
Kenntniss  der  Oxydationen  und  Synthesen  im  Thierkôrper  (Z.  physiol.  Ch.,  3,  156).  — 
SO  :  Zur  Geschichte  der  Oxydationen  im  Thierkôrper.  [Z.  physiol.  Ch.,  -i,  455).  —  Bau- 
MAA'N  E.  et  Tiemann  F.  79  a  :  Zur  Constitution  des  Indigos.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12, 
1098).  —  79  b  :  Zur  Constitution  des  Indigos.  Il"  Mittheilung .  [ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12, 
1192).  —  SO  :  Ueber  Indigueiss  und  Indoxylschwefelsaures  Kalium.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
13,  408).  —  Baumes  :  Essai  d'un  système  chimique  de  la  science  de  Vhom.ue.  (cité  par 
Julia-Fonlenelle,  1825).  —  Baumstarck  F.  74  .•  Pathologische  Harnfarbstoffe.  {Arch.  f.  ges. 
Physiol.,  9,  508).  —  Baumstarck  (R.).  03  :  Bestimmungcn  der  Faidnissprodukte  im  Urin  und 
in  [den  Fâzes  mit  Benïdzung  der  Ehrlich'schen  Aldehydreaktion.  {Mùnchen.  med.  Woch., 
4903,  n°  17).  —  Oâ  :  Venvertung  der  Ehrlich'  schen  Dimethylamidobenzaldehydreahtion 
fur  eine  quantitative  Indolprobe  in  den  Fâzes  nebst  Untersuchungen  ùber  die  Eiweissfaùlniss 
im  Darme.  {Arch.  f.  Verdauungskrankheiten,  9,  201;.  —  Beale  L.  S.  55:  {Arch.  of 
Medicin,  /,  311).  —  65  :  De  l'urine,  des  dépôts  urinaires  et  des  calculs.  (Trad.  franc, 
par  A.  Oluvier  et  G.  Bergero.n,  Paris,  Baillière,  1865),  —  Beckma.nn  E.  et  Gabel  W. 
06:  Ueber  die  Molekulargrôsse  des  Indigos.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  39,  2611).  — 
Beckmann  W.  94  :  Klinische  Untersuchungen  ùber  den  diagnostichen  Werth  der  ver- 
mehrten  Indicanausscheidung  bei  Eiterungen.  {Petersb.  med.  Woch.,  Il,  255  et  265). — 
Behrendt  e.  g.  03  :  Bemerkungen  zur  quantitativen  Bestimmung  von  Harnsaùre, 
Harnstoff  und  Indikan.  {Chem.  Ztg.,  1903,  1270). —  Behre.ns  H.  00  :  Sur  la  distinction 
microchimique  des  hydrocarbures  du  goudron  rf«  houille.  (Rec.  d.  irav.  chim.  Pays-Bas,  19, 
386).  —  Beijerink  M.  W.  99  :  On  the  formation  of  indigo  from  the  woad  (Isatis  tincto- 
ria).  {Koninklijke  Akad.  van  Wetenschappen  te  Amsterdam,  30  sept.  1899;  Centrbl.  f. 
Bakt.,  Il,  7,  154).  —  00  a  :  Over  de  indigo  fermentât  je.  {Koninkl.  Akad.  van  Wetenschappen 
te  Amsterdam,  Maart  1900,  572;  Jahresb.  f.  Thierch.,  30,  973).  —  00  b  :  Vendere  onder- 
zoekingen  over  de  indigororming  ait  Weede  {Isatis  tinctoria).  iKoninkl.  Akad.  r.  Wetens- 
chappen te  Amsterdam,  Juni  1900,  74;  Jahresb.  f.  Thierch.,  30,  974).  —  Beil?tein  etKuHL- 
BERG.  72  a:  [Société  chimique  russe,  janvier-février  18721.  (Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  5,  330). 
—  72  b  :  Ueber  Zimndsaiire  und  Metanitrobenzoesaùre.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  163, 


INDOL.  2.S1 

]2[).  —  niurucR.  9.*?.-  Ueber  das  Chlorprolcindiromoijen.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  .?/,  1604). 
—   I?ELA   DE   BiTTO.   92:   Vebev  rf«s   Nitroprusaidnatriuia  als  Hcaycns  aitf  Aldéhyde  und 
Kelone.  {Ann.  d.  Clicm.  u.  Tharm.,  269,  378).  —  Beli-iork  C.  01  :  Drcvi  note  iirologiche 
sui  vaiuolosi  :  peptoimria,  indicamiria.  {Gazz.  d.  Osped.,  22,  245).  —  Bellint  L.  •/6'.9.V  : 
De  in'inis,  et  pulsibiis,  de  missione  sanguinis,  de  febribus,  de  morbis  capitis,  et  pectoris, 
p.  20,  48,  49  (Francofurli  et  Lipsiir,   i698).  —  Benedicenti  A.  07  .•  Ueber  ein  grimes 
von  Jndol  sich  ableitendes  Harnpigment.  I  MitlheUiing.  (Z.  physiol.  Ch.,  53,  181).  —  08  : 
Sui  pigmenti  orinari  d'orUjirw  indolica.  {Schmiedeberg's  Festschr.,  Arch.  f.  exper.  Pathol. 
u.  Pharm.,  1908,  64).  —  0.9  a  :  Sui  pigmcnti  winarii  di  origine  indolica.  {Arch.  ital.  de 
BioL,  31,  2:;3).  —  09  b  :  Ueber  die  rotcn  vom  Indol  sich  ableitcnden  Harnpigmente.  IL 
(Z.  phy!^ioL   Ch.,   62,  390).  —  Benedict  A.  L.   97  :  The  test   for  indican  in  the  urine. 
{Medicine,  Détroit,  febr.    1897;  Centrbl.  f.  Physiol.,    4i,  124).  —  Benjamin.  80 :  Sur  la 
coloration  anormale  de  l'urine  de  cheval.  [Rec.  de  Méd.  vétérin.,  7,  490).  —  Berdez  J.  et 
Nencri  m.  86  :  Ueber  die  Farbsfoffe  melanoiischer  Sarkome.  [Arch.  f.  exper.  Pathol.  u. 
Pharm.,  20,  346).  —  Bergmann.  68:  Ein  Beitrag   zur  Kenntniss  der  blauen  Schiceisse. 
(Petersb.  med.  Ztschr.,   14,  28;  Centrbl.  med.    Wiss.,  6,  763).  —  Berlinerblau  J.   87  : 
Indol  ans  Dichlorather  und  Anilin.  {Monatsh.  f.  Chem.,   8,  180).  —  Berlinerhlac  J.  et 
PoLiKiEV   H.  <S'7  .•    Ueber  die    bei^  der  Indolbildung    ans    Bichlordther   mal  aromatischen 
Aminen    entstehenden    Zivischenproducte.    (Monatsh.  f.  Chem.,  S,  187).  —  Bernard   Cl. 
o4  .•  Mémoire  sur  le  pancréas  et  sur  le  râle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  diges- 
tifs. (C.  R.  Acad.  Se,   I86A,  Suppl.  au  t.   i,  18).  —  Bertault.  02  :  Sur  la  recherche  de 
Vindican  da7is  l'urine.  [J.  de  Pharm.  et  Chim.,  6«  s.,   15,  277).  —   Berthelot  A.   0.9  .• 
Étude  chimique  de  l'urine  et  des  fèces  de  la  Roussette.' {Ann.  Inst.  Pasteur,  23,  965).  — 
BERZÉL1U3  J.  J.  27  :  Recherches  sur  l'indigo.  {Ann.  de  Chim.  et  Phys.,  36,  310  et  350).  — 
32:  Traité  de  chimie' {Tra.d.[ïranc.  par  Esslinger,  Paris,  Firmin-Didot  et  Baillière,  1832); 
\.  6,  p.  49-113,  indigo;  t.  7,  p.  338,  pigment  rouge  des  sédiments.  —  Betz  F..  93  :  Cho- 
lecystitis,  verbunden  mit  spontnner  Indigurie.  {Allgem.  Wiener  med.  Itg.,  1893,  n°  38).  — 
BiEDERMANN    A.    et    Lei'etit    R.    90  :    Ueber 'die    Indigo  synthèse  aus    Anilidoessigsaiire. 
(Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  23,  3289).  —  Binz  A.  et  Ru:Nu  F.  00  :  Ueber  die   Wirkungsîveise 
des  Alkalis  in  der  Indigokùpe.  Ueber  krystallinisches  Indigweiss.  (Z.  f.  angew.  Ch.,  1900, 
412),  —  BiRD  Golding.  46  ;  Urinary  Deposits,  their  Diagnosis,  Pathology,  and  Therapeu- 
tical  Indications.   (Sec.  edil.  London.    1846);  p.  73,  230,  purpurine.  —  Bizio  B.  33  : 
[De  Vexistence  de  la  couleur  pourpre  dans  les  Murex  bratidaris  et  trunculus.]  (Annali  délie 
Scienze  ciel  R.  Istituto  Lombardo-Veneto,  3,  346  ;  Journ.  de  Chim.  médic,  10,  99).  — 
35  :  Investigazioni   chimiche  sopra  il  Murex  brandaris,  etc.    (Annali  délie  Scienze  del 
R.  Istituto  Lombardo-Veneto,  1833,   106,  .176).  —  36  :  Investigazioni  chimiche  sopra  U 
Murex  brandaris,  etc.  (Annali  délie  Scienze  del  R.  Istituto  Lombardo-Veneto,  1836,  223). 

—  43  :  Dissertalione  sopra  ta  porpora  antica  e  sopra  la  scoperta  délia  porpora  nei  Murici. 
(Venezia,  tip.  Cecchini,  1843).  —  39  :  Appello  agli  ultimi  studi  intorno  alla  porpora  degli 
antichi.  (Atti  deÏÏ  Istituto  Veneto,  (3),  1859).  —  Bizio  (J.  60  :  Ueber  das  Vorkommen  des 
Indigos  im  Schwcisse.  (Wien.  Akad.  Sitzungsber.,  39,  33).  —  72  .•  (Gaz.  chim.  ital.,  1872, 
433).  —  Bloxau  p.,  Leake  H.  M.  et  Finlow  R.  S.  05  :  An  account  of  the  Research  Work 
in  Indigo,  carried  out  at  Dalsingh  Serai  Research  Station  (Under  Subsidy  of  the  Govern- 
ment of  Bengal)  from  1903  ta  Mnrch  1904.  (Calcutta,  The  Bengal  Secrétariat  Book  Dépôt, 
1903).  —  Blum  F.  91  :  Ueber  das  Verhalten  des  Ilarns  nach  grosscn  Thymoldosen  (D. 
medic.  Woch.,  1891,  186).  —  Blumenthal  A.  99  :  Ueber  die  Produkte  der  Darmfaulniss 
im  Urin  bel  Tubcrcidose.  (Inaug.  Dissert.  Berlin,  1899;  Jahresb.  Thierch.,  30,  394).  — 
Blumenthal  F.  0/  .•  Ueber  Glukuronsaiircausscheidung.  (Arch.  f.  Anat.  u.  Physiol., 
PhysioL  Abth.,  1901,  Suppbd.,  273).  —  02  a  :  Ueber  die  Ausscheidung  von  Indoxyl  als 
leichen  einer  StoffwechselstiJrung .  {Beitr.  z.  inn.  Medic,  2,  267;  Jahresb.  Thierch.,  32, 
817).  —  02  b  :  Ueber  Indoxylurie.  (Arch.  f.  Anat.  u.  Physiol.,  Physiol.  Abth. ,^1 902,  347). 

—  03  :  Zur  Frage  der  klinischen  Bedeutung  des  Auflretens  von  Faùlnissprodukten  im 
Harne.  (Charitc-Annalcn,  26,  3).  —  03  :  Ueber  Darmfaulniss  bci  Ictcrus  catarrhalis. 
(Berlin,  klin.  M'och.,  1903,  113).  —  09  :  Beitrdge  zum  Nachiveis  und  zur  Entstehung 
aromalischer  Kurper  im  Organismus.  1.  Nachweis  von  Indol  und  Skatol.  Nach  Versuchen 
mit  Friedrich  Herschmann  und  Ernst  Jakoby.  (Biochem.  Zcitschr.,  19,  321).  —  Blumen^ 
thal  F.  et  RosENFELD  F.  Ueber  die  Entstehung  des  Indicans  im  thierischen  Organismus 


25^2  INDOL. 

{Charité-Annalen,  27,  ii,  46).  —  Blumenthal  F.  et  Wolfi-  H.  Uebc}-  das  Avflrctcn  (1er 
Glykuronsaiire  in  Fieber.  (Z.  klin.  Med.,  32,  314).  —  Bots  J.  Veber  ein  wcitcres  Vor- 
kommen  des  Indols.  (Pharm.  Ztij.,  47,  \3l\  —  Bogdanow-Behesowsky  M.  97  .•  Ein 
Fall  von  Indif]Oiirie.  {Petersb.  med.  Woch.,  IS97,  BeHage,  50;  Jahresb.  Thierch.,  27, 
742).  —  BoGOMOLOw  T.  SO  :  Ein  Fall  von  îndigourie.  {Arbeiten  d.  Ges.  rùssischer  Aerztc  in 
St-Pctersbitrg,  1880,  H.  1).  —  Borland  K.  90  :  Veber  vermchrte  Indicanau^scheidung  im 
Harn  nach  grossen  Thymoldosen.  (D.  medic.  Woch.,  1890,  1040).  —  Bondurant  E.  D.  .9.7.- 
[Sur  la  présence  de  l'indican  dans  les  maladies  mentales].  (Médical  Record  Netv-York, 
44,  806;  Jahresb.  Thierch.,  23,  597).  —  Bondzynpki  St.,  Dombrowsky  St.  et  Panek  K.  05  : 
Veber  die  G  nippe  von  stickstoff-  und  schwefelhaltigcn  organischen  Sailren,  xvelche  in  nor- 
malen  Menschenharn  enthalten  sind.  (Z.  physiol.  Ch.,  46,  83).  —  Bookmann  A.  06  :  Die 
phi/siologische  Bcdcutung  und  der  klinische  Wert  der  Ehrlichschcn  Dimethijlamino- 
benzaldehydreaklion  iin  Kindcsaltcr.  {.hihvb.  f.  Kinderheilk.,  64,  Erganzuitgsh.,  203).  — 
Bopp.  49:  Einiges  ûber  Albumin.  Casein  und  Fibrin.  (Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  69,  31). 
—  BoRDEN  J.  H.  07  :  The  élimination  nf  indoxijl  sidphate  in  the  urine  of  the  insane. 
[Journ.  of  Biolog.  Chem.,  2,  575).  —  Bouchardat.  41  :  Note  sur  une  urine  bleue.  [Journ. 
des  Conn.  médic.  pratiques,  184t  ;  J.  de  Pharm.  et  Chim.,  3""  s.,  2,  539).  —  Bouma  J. 
.9.9  ;  Veber  die  quantitative  Bestimmung  des  Haniindicans  nach  Wang-Obermayer.  (Z. 
phy.^iol.  Ch.,  27,  348).  —  00  a  :  Over  de  bepaling  van  hct  gehalte  der  urine  aan  indi- 
can.  [Nederl.  WeckbI.,  I,  5\  —  00  b  :  Over  de  bepaling  van  hct  gehalte  der  urine  aan  indi- 
can.  [Nederl.  Tijdschr.  v.  Geneesk.,  36,  200).  —  00  c  :  Veber  die  bei  der  Behandhmg  des 
Harnindicans  mit  Ferrichloridsalzsaùre  auftrelendcn  rothbrauncn  Farbsloffe.  (Z.  physiol. 
Ch.,  30,  117  .  —  01  a  :  Veber  die  Bestimmung  des  Ilarnindica}is  uls  Indigoroth  mittelst 
Isatinsalzsaiire.  (Z.  physiol.  Ch.,  32,82).  —  01  b  :  Over  de  bepaling  van  de  hoeveelheid 
indican  in  de  urine  ats  indigorood  door  middel  van  isatine  zontzuur.  (Onderzoek.  ged.  in 
h.  physiol.  Lab.  d.  Vtncht.  Hoogesch.,  1901,  332J.  —  03  :  Nachtrag  zur  Melhodik  der 
bidikanbestimmung  im  Harn.  |Z.  physiol.  Ch.,  39,  356).  —  04  :  Over  hel  uiteenloopcnd 
gedrog  von  eiintstoffen  tegenover  de  rottin'gsflora  van  hct  dai^mkanaul.  [Nederl.  Tijdschr. 
V.  Geneesk.,  1904,  n"  12;  Bioch.  Cenlrbl.,  3,  383).  —  Bohmk  A.  03  :  Die  Anwendiing  der 
Ehrlichchen  hidolreaclion  fur  bacteriologische  Zweckc.  [Centrbl.  f.  Bakt.,  40,  129).  — 
Braco.nnot  h.  23  a  :  Examen  d'utie  matière  colorante  bleue  particulière  à  certaines  urines. 
[Ajm.  de  Chtm.  et  Phys.,  29,  252).  —23  b  :  Vrines  bleues.  [Journ.  de  Chim.  médic.,'.!, 
454). —  43  :  Examen  d'une  urine  verte.  [Journ.  de  Chim.  médic,  3»  s.,  /,  569).  —  Bba.ndeis- 
R.  09  :  Eapports  de  l'indoxyle  urinaire  et  de  l'albumine  alimentaire  inutilisée.  [C.  R. 
Soc.  BioL,  67,  234).  —  Bkandl  J.  et  Pieikfer  L.  Beitrag  zur  Kmnlniss  des  taubsioffes  mcla- 
notischer  Sarkome  nebst  Bcmerkungen  ûber  cinigc  Eigcnschaften  dcn  sogenannfen  melano- 
gcnen  Substanz  im  Harn.  (Z.  /'.  Biologie,  26,  348).  —  Bréai-dat  L.  98  a  :  Sur  le  mode  de 
formation  de  l'indigo,  dans  les  procédés  d'extraction  industrielle  ;  fonctions  diastasigues 
des  plantes  indigofères.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  30,  1031).  —  98  b  :  Sur  le  mode  de  formation  de 
l'indigo.  [C .  R.  Acad.  Se,  127,  769).  —  98  c  :  Sur  le  mode  de  formation  de  l'indigo. 
(Ann.  de  méd.  et  d'hyg.  colon.,  1898,  525).  —  99  :  Nouvelles  recherches  sur  les  fondions, 
diastasiques  des  plantes  indigofères.  (C.  R.  Acad.  Se,  128,  1478).  —  00  :  Nouvelles 
recherches  sur  les  fonctions  diastasiques  des  plantes  indigofères.  [Ann.  d'hyg.  et  méd. 
colon.,  1900,  203).  —  Brett  et  Bird.  34  a  :  On  pink  deposits  in  the  urine.  [Lond.  med. 
Gaz.  14,  GOO).  —  34  b  :  On  pink  deposits  in  the  urine.  [Lond.  med.  Gaz.,  14,  751).  — 
Bbieger  L.  77  .•  Ueher  die  flùchligen  Bestandtheilf  der  men^chlichen  Excremente.  [Ber. 
d.  d.  chem.  Ges.,  10,  1027).  —  78  :  Veber  die  fliichligen  Bcslandthcile  der  menschlichen 
Excremente.  [J.  f.  prakt.  Ch.,  17,  124).  —  79  a:  Veber  die  aromatischen  Produkte  der 
FaiUniss  ans  Eiiveiss.  [Z.  physiol.  Ch.,  3,  134).  —  79  b  :  Veber  Skatol.  {Ber.  d.  d.  chem. 
Ges.,  12,  1985).  —  80  :  Weitere  Bcitràge  zur  Kenntniss  des  Skatols.  [Z.  physiol.  Ch.,  4, 
414).  —  81  :  Einige  Beziehungen  der  Faiilnissprodukte  su  Krankheiten.  (Z.  f.  klin.  Med., 
3,  468).  —  84  :  Zur  Darstellung  der  Aelherschioefelsaùren  uus  dem  Vrin.  (Z.  physiol. 
Ch.,  8,  311).  —  87  a  :  Zur  Kenntniss  der  Aeliologie  des  Wundstarrkrampfes  nebst  Bcmer- 
kungen liber  das  Choleraroth.  (D.  medic.  Woch.,  1887,  303).  —  87  b  :  Veber  die  Etitsfehung 
des  Choleraroths,  soivie  ûber  Ptomaineaus  Gélatine.  (D.  medic.  Woch.,  1887,  469).  —  87  c  .- 
Choleraroth  und  Cholerablau.  [Berl.  klin.  Woch.,  1887,  500).  —  87  d:  Zur  Kenntniss  der 
Stoffioechselprodiikte  des  Cholerabacillus.  [Berl.  klin.  M'och.,  1887,  817).  —  87  e  :  Veber 


INDOL.  253 

die  Ckolcraf'arbsto/fe.  {Arch.  f.  pnth.  Anat.,  ISS7,  014).  —  Bbissemohet  A.  03  :  Vontribu- 
tioii  à  ri-lude  des  purgatifs  onjaniques.  (Thèse  Médecine,  Paris,  1903.)  —  Rrugnatelli. 
[Cité  par  Canlin  :  Joiirn.  de  Chim.  médic,  9,  104,  IS33].  —  FJrdnck  H.  0/  a  ;  Ilistonque 
de  1(1  fabrication  de  rindi</o  artificiel.  [Monit.  Scievtif.,  lo,  159).  —  01  h  :  Historique  du 
déreloppcnient  de  la  fabrication  di'  l'indigo  sijnthi'tiqiie.  (Hcv.  ç/énér.  de  Chim.,  A,  63).  — 
BuYi-iNSKi  A.  9S  :  (liull.  Soc.  industr.  Mulhouse,  IS9S,  X\).  —  Hhysch  J.  W.  07  .•  Unter- 
suchuni/en  id>er  dus  Vorkommen  der  Ki/nurensmire  im  Kalzcnharn.  [Disacrt.,  liern,  1901  ; 
Bioch.  Ccntrbl.,  6,  938).  —  Uuaud  (!.  OS  :  lieclienhc  de  l'indol  dans  les  cultures  micro- 
biennes. [C.  H.  Soc.  BioL,  63,  1*08).  —  Bu.iwid  0.  <^7  :  Eiiie  chemische  Reaction  fur  die 
Cholcrabaktericn.  (Z.  f.  Hygiène,  2,  52).  —  SS  :  Zur  Fraç/evon  der  Cholerareaktion.  (Centrbl. 
f.  liakt.,  ISSS,  169). 

Calmette.  00  :  Nouveau  procédé  d'extraction  de  Vindigo  des  plantes  indigofères.  {Brevet 
français,  n°  300820,  31  mai  1900).  —  C.ai.vert  C.  ii  :  Mémoire  sur  la  présence  de 
l'indigo  dans  la  famille  des  Orchidées.  {.T.  de  Pharm.  et  Chim.,  y  s.,  6,  198).  —  Cama- 
CHO  H.  06  :  Estudio  expérimental  de  las  materias  colorantes  y  cromogenas  de  la  orina- 
[Thése  Univers.  Madrid,  1906;  Bioch.  Centrbl.,  5,  59o).  —  Cami'agna  R.  E.  07  .•  L'in- 
dicanicria  nella  méningite  cérébro-spinale.  [Gazz.  d.  Osped.  1907,  n°  26).  —  Camps  R. 
99  :  Synthèse  von  a  und  y  Oxychinolinen.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  32,  3228).  —  01:  Ueber 
Licbig's  Kynurensai'ire  und  (las  Kynurin,  Constitution  und  Synthèse  beider.  (Z.  physiol. 
Ch.,  33,  390).  —  Canti.n  L.  32  :  [Lettre  sur  la  présence  simultanée  du  prussiate  de  fer 
et  d'une  matière  sucrée  dans  une  urine  bleue].  [Journ.  de  Chim.  médic,  8,  114).  —  33  : 
Sur  l'existence  simultanée  de  l'hydroferrocyanate  de  fer  et  d'une  matière  sucrée  dans 
l'urine  humaine.  {Journ.  de  Chim.  médic,  9,  104).  —  Caporali  H.  98  :  [Les  produits  de 
l'auto-intoxication  comme  causes  prédisposantes  à  l'infection].  {Giornale  d.  Associaz.  Napol. 
di  Med.  e  Noturalisti,  1898,  385;  Jahresb.  Thierch.,  29,  823).  —  Carles  J.  03  :  L'indi- 
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97  :  [Contribution  à  l'étude  de  l'indicanurie  datis  les  maladies  infantiles].  {Policlinico, 
15  mars  1897 ;  Jahresb.  Thierch.,  28,  e'O).  —  Chevreul.  1808  a  :  Expériences  chimiques 
sur  l'indigo.  (Ann.  de  Chim.,  66,  5.)  —  1808  b  :  Analyse  chimique  de  l'Isatis  tinctoria  et  de 
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sogenannte  Indigosteinbildung  in  den  Nierenkclchen  und-  becken.  {Pragcr  med.  Woch.,  13, 
543).  —  Christiania.  78  :  Ueber  <las  Verhaltcn  von  Phénol,  Indol  und  Benzol  im  Thier- 
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indole.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  21,  192o).  —  Ciamician  G.  et  Zatti  C.  88  :  Ueber  Indol- 
carbonsaùren.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  21,  1929).  —  89  :  Ueber  cinige  Dcrivate  des  Indols. 
{Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  22,  1976).  —  Cima  F.  9i  :  Uebtr  den  diagnostichen  Werth  der 
Indikanurie  im  Kindesalter.  {Wien.  med.  Bldlter,  189 A,  n"  23).  —  (]ole  S.  W.  03  :  On 
certain  colour -reactions  of  proteiddue  to  tryptophane  .{Journ.  of  Physiol.,  30,  ZW).  —  Gon- 
CETTi  L.  —  98  :  Ricerche  sidl'  indicanuria  nelln  malatie  infantile  [Pediatria,  6,  11,  48,  85). 

—  Costa  P.  02  :  Indicanuria  e  sua  importanza  clinica.  {Gazz.  d.  Osped.,  1902,  108.)  — 
CoTTON  S.  96  :  Nouvelle  matière  Colombie  de  l'urine,  son  réactif.  {Lyon  médical,  83,  13, 
224.)  —  00  a  :  Oxydation  de  l'urine.  Les  phénols  et  l'indican.  {J.  de  Pharm.  et  Chim.,  6*=  s., 
11,  59).  —  00  b  :  Oxydation  de  lurine.  Les  phénols  et  l'indican.  {Les  Nouveaux  Remèdes, 
16,  1).  —  00  c  :  Oxydation  de  l'urine.  Les  phénols  et  l'indican.  {Bull,  génér.  de  thérap., 
139,  214).  —  02  :  Matière  colorante  de  l'urine  obtenue  à  l'état  cristallisé.  (J.  de  Pharm.  et 
Chim.,  6"  s.,  16,  258).  —  Coyon  A.  00  :  Flore  microbienne  de  l'estomac.  Fermentations 
gastriques.  {Thèse  Médecine,  Paris,  1900).  —  Crisafolli  G.  95  :  La  reazione  rossa  del 
legno  di  pino  per  la  ricerca  dello  indolo.  {Roma,  1895  ;  Rev.  d'hyg.,  1 7,  1035).  —  Croidieu  A. 
05  :  Contribution  à  l'étude  de  l'indol  et  de  l'indoxyle.  .Matières  colorantes  qui  en  dérivent. 
Leur  valeur  séméiologique.  {Thèse  Médecine,  Lyon,  1905).  —  Cruishakk  .•  cité  par  Rollo, 
Traité  du  diabète  sucré,  trad.  franc,  par  Alyon,  1798.  —  Cuttita  S.  07  a  .•  Ilcomportamento 
degli  Jndoli  colle  aldeidi   a  proposito  dclla  reazione  di  Konlo.   {Arch.  farmac  c  scicnze 


254  INDOL. 

affini,  1907- I90S\.  —  07  b:  Suli  azione  fisiolo(jica  e  sul  comportamenlo  neW  organismo 
deW  Indoiina  [diidro-indolo)  e  suoi  derivati.  {Giorn.  R.  Accad.  med.  Torino,  13;  Dioch. 
Centrai,  7,  349).  —  08  c:  Sul  N-dimetilindaco  o  verde  d'indaco.  {Giorn.  R.  Accad.  med. 
Torino,  li).  —  Czapek  Fr.  99  :  Ueber  die  sogenannlen  Ligninreactionen  des  Holzes.  (Z. 
physiol.  Ch.,  27,  141). 

Daiber  a.  95  :  Beitrag  zur  Kenntniss  des  Auftretens  von  Indikan,  Indoœijlschwefel' 
satire  iind  gcpaarten  Glyciironsaitre  im  Harne.  (Schiceiz.  Woch.  f.  Pharm.,  33,  229; 
Jahresh.  Tlderch.,  25,  235).  —  Daland  J.  09  :  Indicanuria  and  ils  svjnifxcance.  (Jonrn. 
Amer.  Med.  Assoc,  53,  1446;  Bioch.  Central.,  9,  701).  —  Danilewsky  Fî.  OS  a  :  Unter- 
suchwKjen  ûbcr  die  physiologische  Aktivitdt  der  Stoffwechselprodukte.  III  Mittheilung. 
Ueber  die  Wirkung  des  Skatols  auf  dus  Froschherz.  [Arch.  f.  ges.  PhysioL,  125,  349).  — 
08  b  :  Untersuchungen  ùber  die  physiologische  Aktivitat  der  Stoffwechselprodukfe. 
IV  Mittheilung.  Ueber  die  Wirkung  des  Indols  auf  das  Froschherz.  {Arch.  f.  ges.  PhysioL, 
125,  361).  —  Daremberg  G.  et  Perroy  Th.  06  a  :  Indican  et  Scatol.  {Lyon  médical, 
1906).  —  06  h  :  L'indican  et  le  scatol  urinairc.  {Presse  médicale,  lii,  48).  —  Debauy  G. 
98  :  De  rindicanurie  et  de  sa  valeur  symptomatique,  principalement  dans  la  tuberculose, 
suivie  de  c^uelques  considérations  sur  Vurobilinnric.  {Thèse  Lille,  1898,  n°  102).  —  Dede- 
KiND  A.  96  :  Recherches  sur  la  pourpre  oxyblatta  chez  les  Assyriens  et  les  Egyptiens. 
{Arch.  de  Zool.  cxpérim.,  3*  s.,  4,  481).  —  98  :  Ein  Beitrag  zur  Purpurkunde.  Nebst 
Anhang  :  ISeite  Ausgaben  seltener  altérer  Schriften  iiber  Purpur.  {Berlin,  Meyer  u.  Millier, 
1898).  —  Degex  J.  86  :  Indol  aus  Methylphenylhydrazin.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm., 
236,  151).  —  Deho.\  m.  06  :  Contribution  à  Vétude  du  chimisme  hépatic^ue  dans  les 
maladies  du  foie.  {Thèse  Lille,  1906).  —  Demgès  G.  04  :  Note  sur  la  recherche  de  l'in- 
doxyle  urinaire.  {Bull.  Soc.  Pharm.  Bordeaux,  1904,  257;  Bioch.  Centrbl.,  3,  299).  — 
08  a  :  Nouveaux  réactifs  de  l'indol.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  2931.  —  08  b  :  Sur  la  recherche 
de  Vindol  par  les  réactions  de  Légal  et  d'Ehrlich.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  295).  —  08  c  : 
Sur  la  présence  de  produits  actifs  sur  l'indol  dans  le  benzène  commercial  et  ses  homologues. 
{C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  296).  —  08  d  :  Réactions  différentielles  de  Vindol  et  du  skatol.  {C.  R. 
Soc.  Biol.,  64,  689).  —  Dennstedt  M.  88  :  Ueberfûhrung  von  Abkômmlingen  des  Pyrrols 
in  solche  des  Indols.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  21 ,  3429).  —  Dewar  J.  77  .•  Études  sur  la  série 
des  rjuinolines  :  transformation  de  la  leucoline  en  aniline.  (C.  R.   Acad.  Se,  84,  611). 

—  Djouritsch  L.  93  :  Contribution  à  l'étude  de  l'indicanurie  chez  les  enfants.  {Thèse, 
Paris,  1 893).  —  94:  Contribution  à  l'élude  de  l'indicanurie  chez  les  enfants.  {Rev.  d.  malad. 
de  l'enf.,  12,  49).  —  Dolxe  J.  :  cité  par  Julia-Fontenelle,  1825.  —  Dranty.  57  .•  Sur 
l'urine  bleue.  {Journ.  de  Chim.  médic,  2<î  s.,  3,  289).  —  Dubois  R.  02  :  Sur  le  méca- 
nisme intime  de  la  formation  de  la  Pourpre.  {C.  R.  Acad.  Se,  134,  245).  —  03:  Sur  le 
venin  de  la  glande  à  pourpre  des  Murex.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  55,  81).  —  07  a:  Nouvelles 
recherches  sur  la  pourpre  du  Murex  Brandaris.  Action  de  lumières  colorées,  teintures, 
purpurophotographies.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  62,  718).  —  07  b  :  Adrénaline  et  purpurine.  (C. 
/{.  Soc.  Biol.,  63,  636).  —  Dubuyne.  7f  ;  {Oettinger  Jahresb.  f.  Chem.,  1814).  —  Duhamel. 
1736  :  {Mémoires  de  l'Acad.  roy.  des  Sciences,  1736,  49).  —  Dunham  E.  K.  87  :  7Air  che- 
mischen  Réaction  der  Cholerabaktcrien.  (Z.  f.  Hygiène,  2,  337).  —  Dunstan  W.  R.  89  : 
On  the  occurrence  of  Skatole  in  the  vegelable  Kingdom.  {Proc.  Roy.  Soc,  46,  211  ;  Chemic. 
News,  1889,  292;  Pharmac.  Journ.,  19,  1010). 

Edlefsen.  74  .•  Naturforscherversammlung  in  Breslau,  1874.  {Jahresb.  Thicrch.,  4, 
210).  —  Ehrligh  p.  (9/  .•  Wirkung  von  NitropropioUaiire.  {Centrbl.  med.  Wiss.,  1881 ,  753). 

—  01  :  Ueber  die  Dimethylamidobenzaldehyd-Reaktion.  {Medizinische  Woche,  1901 ,  n°  lo). 

—  EiNHOR.N  M.  et  HuEBNER  R.  04:  Kolorimetrische  Bestimmung  von  Indol  in  Faeces  und 
Harn  vermittelst  der  Ehrlischen  Dimethylamidobenzaldehyde-Reaktion.  {Festschr.  f.  Sal- 
kowski,  p.  89,  Berlin,  Hirschwald  ;  Bioch.  Centrbl.,  3,  302).  —  Ellinger  A.  03  a  :  Zur 
Methodik  der  Indikunbestimmung  im  Harn.  {Z.physiol.  Ch.,  38,  178).  —  03  b:  Die  Indol- 
bildung  und  Indicanausscheidung  beim  hungcrnden  Kaninchen.  (Z.  physiol.  Ch.,39,i'i).  — 
04  a:  Einige  strittige  Punkte  bei  der  quantitativen  Indikanbestimmung  im  Harn.  Entgegnung 
an  J.  Bouma  und  L.  C.  Maillard.  (Z.  physiol.  Ch.,  41,  20).  —  04  b:  Ueber  die  Konstitution 
der  Indolgruppe  im  Eiiueiss  {Synthèse  der  sogen.  Skatolcarbonsaure)  und  die  Quelle  der 
Kynurensaiire.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  37,  1801).  —  04  c:  Die  Entstehung  der  Kynuren- 
saùre.   (Z.  physiol.    Ch.,  43,  325).  —  05  :    Ueber  die  Constitution  der  -Indolgruppe   im 


INDOL.  255 

Eiweisfi.  Il  Milllteilany.  Synthèse  der  Indol-tr-'i-propionsa'ire  (Nenclii's  Skalolessigsaùre). 
[lier.  d.  d.  chem.  Ges.,  3S,  2884).  —  06  :  Ueber  die  Constitution  dev  Indolrjnippe  im 
Eiweiss.  III.  Oxijdation  des  Tri/pti'phans  zu  p-Indolaldehi/d.  {Der.  d.  d.  chem.  Ges.,  39, 
'Zo['.'t].  —  Elli.\(;ki{  a.  et  Flamand  Cl.  —  06';  Ueber  die  Einwirkun(j  von  Ckloroform  und 
K'ililnur/e  auf  Skatol.  [Bcr.  d.  d.  chem.  Ges.,  39,  4388).  —  07  :  Ueber  die  Kunstitution  der 
Indolijnippe  ini  Eiweiss.  IV  Vortaiifiije  Miltkeiliuuj.  Synthèse  des  razemischen  Tryptophans. 
[Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  40,  3029).  —  OS  :  Ueber  synthetisch  (icwonnenes  Tnjptophan  und 
einige  seiner  Derivale.  [Z.  physiol.  Ch.,  oo,  8).  —  09  :  Eine  neue  Varbstoff'ldassc  von 
biochemischen  Bedeutiing  :  Triindylmelhanfarbstoff.  {Z.  physiol.  Ch.,  62,  276).  —  Ellinger 
A.  et  Gentze.v  m.  03  :  Tryptophan,  eine  Vorstufc  des  Indols  bel  der  Eiweissfuiilniss.  Vor- 
laùfige  Mittkeilnni/.  {lieitr.  z.  chem.  Physiol.,  4,  171).  —  Ellinger  A.  et  Phutz  W.  03: 
Der  Ein{luss  von  mechanischen  Hindernissen  im  Diïnndanu  und  Dickdarm  aiif  die  Indiean- 
ausscheidunij  beini  Hunde.  [Z.  physiol.  Ch.,  3S,  399).  —  Ivmbden.  03:  Ueber  die  Biklung 
gepaarter  Glukuronsaàren  in  der  Leber.  {lieitr.  z.  chem.  Physiol.,  2,  591J.  —  Emmerllng 
A.  et  E.\gler  C.  70:  Die  Synthèse  des  Indigblaus.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  3,  885).  — 
Engler  C.  96:  Zur  Synthèse  des  Indigblaus.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  28,  309).  — 
Engler  c.  et  Dorant  K.  —  93  :  Eine  Indigobildung  unter  der  Wirkung  des  Sonnenlichtes. 
{Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  28,  2497).  —  Engler  C.  et  Janegke.  76  a  :  Beitrdge  zur  Bereilungs- 
UH'ise  des  Indols.  {lier.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  1411).  —  76  b:  Einiges  iibcr  die  Eigenschaften 
des  Indols,  insbesondere  die  Ueberfûhrung  desselben  in  Indigblau.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
9,  1414^.  —  Erdmaxn  p.  et  Wintermtz  H.  03  :  Ueber  das  Proteinochrom,  eine  klinisch 
und  bakteriologisch  bisher  nicht  vcrwerthete  Farbenreaktion.  {Mânch.  med.  Woch.,  1903, 
n°  23).  —  Ernst  C.  91  :  Ueber  die  Faulniss  der  Galle  und  deren  Einfluss  auf  die  Darm- 
faUlniss.  (Z.  physiol.  Ch.,  16,  205).  —  Escallon  J.  et  Sicre  A.  08  :  Recherche  de  Vindol 
dans  les  cultures  microbiennes  à  l'aide  du  furfurol.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  63,  507).  —  Ewald 
C.  A.  79  :  Ueber  das  Verhalten  des  Fistelsecrets  und  ûber  Phénol-  und  Indican-Ausscheidung 
bei  einem  an  Anus  prœternatitralis  leidenden  Kranken.  {Arch.  f.  pathol.  Anat.,  73,  409). 
—  89  :  Die  pathologischc  Bedeutiing  der  burgunderrothen  Urinfdrbung  {Rosenbacti  schc 
Reaction).  {Berl.  klin.  Woch;  1889,  n»  44). 

Fahm  J.  93  :  Ueber  den  diagnostichen  Werth  der  Indikanrcaktion  bei  Tuberculose 
im  Kindesalter.  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  37,  176).  —  Payes  J.  et  Virgili.  09  :  [Sur 
l'emploi  général  de  l'urine  pour  la  recherche  des  oxydants].  {Soc.  espanola,  Madrid, 
9  janv.  1909  ;  Bioch.  Centrbl.,  9,  503).  —  Feltz  L.  99:  Contribution  à  l'étude  du 
Profeus  vidgaris.  {Arch.  de  mêd.  expér.,  II,  673).  —  Fenizio.  99:  {La  Pediatria,  1899, 
n"  29;.  —  Féré.  03  :  Note  sur  la  coïncidence  d'intermittence  du  pouls  avec  la  présence 
d'indican  dans  Vurine.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  33,  668).  —  Fileti  M.  6^5.-  Transformazione  dell 
scatol  in  indol  e  preparazione  dell'  indol.  {Gazz.  chim.  ital.,  13,  350).  —  F'irket  Ch.  88  : 
Note  sur  la  présence  d'indigo  dans  une  tumeur  abdominale.  {Bull.  Acad.  roy.  de  Méd. 
de  Belgique,  1888,  254).  —  Fischer  E.  86  a  :  Synthèse  von  Indolderivaten.  {Ber.  d.  d. 
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Fischer  E.  et  Hess  0.  84  :  Synthèse  von  Indolderivaten.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  17, 
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Ch.,  33,  74).  —  09  :  d-Lcucin-l-Tryptophan.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  42,  4320).  —  Fis- 
cher 0.  et  German  L.  83  :  Neue  Bildungsweise  des  Skatols.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  16, 
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Bioch.  Centrbl.,  3,  598).  —  Fleig  C.  08  a  :  Réactions  colorées  du  tryptophane,  de  l'indol, 
du  pyrrol,  du  thiophène  et  du  curbazol,  avec  les  aldéhydes  aromatiques.  Leur  relation  avec 
les  aldéhyrcactions  des  albumines.  {C.  R.  Soc.  B'ioL,  63,  192).  —  08  b:  Réactions  colorées 
des  hydrates  de  carbone  basées  sur  leur  production  de  furfurol.  Réactions  avec  l'indol  et 
avec  le  earbazol.  (./.  Pharm.  Chim. ,6"  s.,  28,  385j.  —  Fletcher  H.  M.  98  :  Green-coloured 
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{suite).  Les  urines  hémaphéiques  ;  diagnostic  précoce  des  maladies  du  foie  {cirrhose).  {J.  de 
Phiirm.  cl  Chim.,  6'^  s.,  27,  145).  —  Foot  A.  W.  69  :  Two  Cases  of  C^homhidrosis  with 
Remarks.  {Dublin  Quarterly  Journal,  93,QS).  —  74:  Blue  Chromidrose.{ThcClinlc,i''^  janv. 


256  INDOL. 

1874  ;  SchmidVs  Jahrh.,  168,  294).  —  Fordos.  6o  :  Matières  colorantes  bleue  et  rouge 
des  urines,  urocyanose,  acide  uroérythrique.  [Appendice  à  la  trad.  franc.,  par  A.  Ollivier 
et  G.  Bcrgeron,  de  Vouvra<je  de  L.  S.  Beale  :  De  l'urine,  des  dépôts  urinaires  et  des  calculs, 
p.  487.  Paris,  Daillière,  1865).  —  66  :  Note  sur  les  matières  colorantes  bleue  et  rouçie  des 
urines  ;  urocyanose,  acide  uroérythrique.  (J.  de  Pharm.  et  Chim.,  i"  s.,  â,  163).  — 
FoRRER  C.  Si  :  Ueber  das  Indirubin.  [Bcr.  d.  d.  chem.  Ges.,  17,  97b).  —  Fourcroy.  1791  : 
La  Médecine  éclairée  par  les  sciences  physiques,  ou  Journal  des  découvertes  relatives  aux 
différentes  parties  de  l'art  de  guérir  {Paris).  —  FRanchim  G.  et  Lotti  C.  09  :  Alcune 
considerazioni  sulla  putrefazione  intestinale.  L'azione  untiputrida  del  «  Gioddu  ».  [Rif. 
Med  ,  2i,  n°  37;  Bioch.  Cenlrbl.,  9,  33o).  —  Frânkel  J.  et  Spiro  K.  96  :  Ueber  die 
Darstellung  von  Indigo  aus  Aethylendianthranilsaùre.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  2S,  1685). 
—  Frapolli,  Lepetit,  et  Padulli.  72  .•  {Gazz.  chim.  ital.,  1872).  —  Freinkel  S.  H.  et 
Fhenkel  m.  96  :  Jod  im  llarne  nach  Einnahme  von  Thyreoidintabletten.  (Berlin,  klin. 
Woch.,  1896,  n°  37).  —  Friedla.nder  P.  07  :  'Lur  Kenntniss  des  Farbstoff's  des  antiken 
Puipurs  aus  Murex  brandaris.  [Monatsh.  f.  Chem.,  28,  991).  —  0.9  .•  Ueber  den  Farbstoff  des 
antiken  Purpurs  aus  Murex  brandanis.  (Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  42,  76.^).  —  Fritzsche.  41  : 
Ueber  die  Produkte  der  Einwirkung  von  Kali  auf  Indigoblau.  [Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm., 
39,  76).  —  42  :  Sur  un  nouveau  procédé  pour  obtenir  l'indigotine.  (C.  R.  Acad.  Se,  13, 
738;  J.  de  Pharm.  et  Chim.,  5«  s.,  2,  436).  —  Fudakowsri  H.  et  Heri.ng  T.  74  :  [Appa- 
rition de  bleu  d'indigo  dans  l'urine  à  la  sidte  d'ingestion  d'indol  [en  polonais)].  {Soc.  de 
Pharm.  de  Livow,  4,  16;  cité  par  M.  Nencki,  74).  —  Flrtu  (V.)  0.  03  :  Verglcichende 
chemische  Physiologie  der  niederen  Tiere  pourpre  :  p.  373-381).  lena,  G.  Fischer,  1903. 

Galenus  :  De  crisibus,  2,  11;  Prognosl.  comment.,  i,  39.  —  (iÀNCE  C.  76  :  Zur  Spec- 
troscopie  der  Blutfarbstoffc.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  833).  —  Gangiiof.ner  et  I'rziuram. 
77  ;  Ueber  das  Verhalten  des  Marnes  bei  .Melanosen  nach  Beobachtungcn  auf  Prof.  Halld's 
Klinik.  {Prager  Vierteljahrschr.  f.  prakt.  Hcilk.,  4876,  77;  Jahrcsb.  Thierch.,  6,  165).  — 
Gans  E.  .9.9  .•  Ueber  den  Zusammenhang  zicischen  Darmfaiilnissvorgungen  und  den  in 
den  Dann  gebrachten  Bactérien.  {Vcrhandl.  d.  Congress.  f.  inn.  Med.,  17,  449;  .lahresb. 
Thierch.,  29,  357).  —  06'  ;  Ueber  einen  Fall  von  Indicanausschtidung  durch  die  Haut.  {Ber- 
lin, klin.  Woch.,  1905,  n"  22).  —  Garnier  et  Dele.ns  :  cit.  par  lievzêlius,  Traité  de  Chimie, 
t.  7,  p.  405,  1833.  —  Garrod  A.  E.  94  a  :  A  contribution  to  the  study  of  the  i/ellow  coloit- 
ring  matter  of  the  urine.  {Procecd.  Roy.  Soc,  65,  394).  —  9i  b  :  On  Ihe  pigmentation  of 
uric  acid  cryslals  depositcd  from  urine.  (J.  of  Pathol.  a.  BactcrioL,  1894, 100).  — .96  a  :  A 
spécimen  of  urine  rendered  green  by  indigo.  (Tr.  Clin.  Soc.  London,  28,  307).  —  95  b  :  A 
contribution  to  the  study  of  uroerythrin.  (J.  of  Physiol.,  ^7,439).  —  97  :  The  Spectroscopic 
Examination  of  Urine.  {Edimb.  med.  Juurn.,  N.  S.,  2,  103).  —  97  b  :  On  the  origine  of  the 
yellow  colouring  matter  of  the  urine.  {J.  of  Physiol.,  21,  190).  —  00  :  The  urinary  Pig- 
mente in  their  pathological  aspects. {The  Lancet,  10  nov.  /.900,  1323;  Jahrcsb.  Thierch., 
30,  867.  —  Garrod  A.  E.  et  Hopkins  F.  (J.  96  :  On  Urobilin.  Part  l  :  The  Unity  of  Uro- 
bilin.  (J.  of  Physiol.,  20,  134).  —  Gaudry.  44  :  Note  sur  l'extraction  de  l'indigo  du  Poly- 
gonum  tinctoriun}.  {J.  de  Pharm.  et  Chim.,  5*=  s.,  5,  133).  —  Gautier  Cl.  08  :  Sur  la  for- 
mation et  l'élimination  du  chromogène  indoxylique.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  1022).  —  09  : 
L'indol  du  gros  intestin  et  l'indoxyle  des  urines.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  67,  205).  —  Gautier  Cl. 
et  Hervieux  Ch.  07  a  :  Du  rôle  du  foie  dans  la  formation  des  chromogènes  indoxy ligues. 
{C.  R.  Soc.  Biol.,  62,  201).  —  07  b  :  Les  organes  formateurs  des  chromogènes  urinaires. 
Expériences  avec  l'indol;  rôle  du  foie.  (J.  de  Physiol.  et  Pathol.  gén.,  10,  593).  —  07  c  : 
Présence  de  l'indol  dans  le  gros  intestin  au  cours  du  jeune,  chez  le  chien.  {C.  R.  Soc.  Biol., 
63,  223).  —  07  d  :  Sur  l'origine  de  l'indoxyle  urinairc  du  lajJÏn  soumis  au  jeûne.  {C.  R. 
Soc.  Biol.,  63,  610).  —  08  :  Sur  l'origine  de  l'indoxyle  urinairc  du  lapin  soumis  au  jeûne, 
(C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  713).  —  Gehlig.  94  :  Beobachtung  iiber  Indicanausscheidung  bei 
Kindern,  speciell  bei  der  kindlichen  Tuberculose.  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  38,  285).  — 
'Georgiewics  (y.)  (^.92  :  Der  .Indigo  vom  praktischen  und  thcoretischen  Stundpunkte.  (Leipzig 
■u.  Wien,  Fr.  Deutike,  1892.  —  Germonig  G.  07  .•  Ueber  die  Tryptophanrcaktion,  bésonders 
im  Stuhl  und  in  Baktcrienkulturen.  {Wien.  klin.  Woch.,  1907,  284).  —  Giacosa  P. 
^6  :  Sopra  di  una  sostanza  colorante  normale  deW  urina  e  sopra  l'cUminazione  del  ferro 
dair  organismo.  {Ann.  di  Chim.  c  di  Farm.,  4^  s.,  3,  201).  —  Gilbert  A.  et  Weil  E. 
98  :  De  l'indicanurie,  symptôme  d'insuffisance  hépatique.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  50,  346).  — 


INDOL.  257 

99  :  De  Vindicaitiiric  comme  symptôme  àol<i  de  l' in  suffisait  ce  hépaUijHe.  [C.  II.  Soc.  BioL, 
51 ,  131).  —  00  :  De  rindicatturic  plujsiolo(jique  et  expérimentale  chez  l'homme  sain.  (C  R. 
Soc.  BioL,  o2,  G8'i).  —  Gilciirist  W.  6'/  /  On  Indii/o  in  the  Urine.  (Edinih.  med.  Joura.,  7, 
535}.  —  (Jlaessner  K..  01  :  Ucher  die  Fnnktioa  der  liriinaer'schcn  Drùsen.  {Deiir.  z.  chem. 
Physiol.,   I ,  lO.'i).  —  OS  a  :  Tryptophanreaktion  und  Manencarcinom.  (Bcrl.  Idin.  Woc/t., 
1903,   n^  20).  —  03  b  :  Ueber  eine  neiie  Méthode  der  quanlitativen  Pepsinbcstimmung 
nebst  Bemerhwigen  ùber  die  Tryptophanreaktion  und  das  Plaslcin  bildende  Ferment. {M ilnch. 
med.   Woch.,1903,   n"  52).  —   G.nezd.v  J.  99  :  Sur  des  réactions  nouvelles  des  bases  indo- 
liqueseldes  corps  alhuminoïdes.  {C.  R.  Acad.Sc,  I2S,  1584)  —  01:  Formation  d'un  dérivé 
isatinique  chloré  de  l'albumine.  (C.  R.  Acad.    Se.,  133,   517)  —  02  :   Sur  une  production 
conjuguée  d'indoxyle  et  d'urée  dans  l'organisme.  (C.  R.  Acad.  Se.,  l3i,i8o).  —  09  :  Réac- 
i'ions colorées  des  corps  indoliques  avec  les  sucres.  (C.  /{.  Acad.Sc,  l-iS, iSo).—  GoldschmidtII. 
S2  :  Vorlaiifige  Mitthcilung  iibcr  Strychnin.  (Ber.  d.  d.  chem.  Gcs.,   15,  1977).  —  Good  J. 
01  :  Blue  urine.  [Lancet,   1901,  I,  1535).  —  Gorter  E.  08  :  Indoxylurie  bij  Kinderen. 
{Nederl.  Tijdschr.  v.  Gen.,  2,  1206;  Bioch.  CentrbL,  5,590).  —  Gorter  E.  et  Graaff  (de) 
\V.  C.  OS  :  Sur  la  méthode  de  Herter    et   Foster  pour  la   détermination  quantitative  de 
Vindol.  (C.  R.  Soc.  BioL,  lii,  402).  —  GraereC.  et,  Caro  H.  SO  :  Ueber  Acridtn.  {Ber.  d.  d. 
chem.  Ces.,   13,  100).  —  Gra.\str()m  E.  OS  :  Ueber  den  ^^ackuwis  der  Gtyoxylsaiire  nnd  ihr- 
Vorkommen  in  Menschenharn.  [Beitr.z.  chem.  Physiol.,  //,  132).  —  Graziani  (i.  98  :  Metodo 
per  ricercare  Cindicano  nelV  urina.  {Riforma  med.,  /i,  363).  —  Grimbert  L.  88  :  Sur  un 
nouveau  mode  de  recherche  de  l'urobiline  dans  l'urine  [J.  de  Pharm.  et  Chim.,  5*  s.,   18, 
481).  —  95:  Action  des  antiseptiques  intestinaux  sur  les  fonctions  chimiques  du  Bacterium 
coll.  [C.  R.  Soc.  BioL,  i7,  817).  —  Grôbeh  A.  04  .•  Ein  Fall  von  Indigurie  mit  Auflreten 
von  Indigoroth  im  frisch  gelassenen  llarn.  {Mitnch.  med.  Woch.,  I90i,  n"  2).  —  Grosseu  P. 
05  :  Ueber  das  Verhalten  von  zugefiihrtem  Indol  nnd  Skatol  im  Organismus.  iZ.  physiol. 
Ch.,    ii,  320.  —  Gross.man.n  J.  03  :  Zur  Kenntni^s  des  Earnsaiirestoffwechsels  und  des 
Harnindikans  bei  Gichtkranken.  {Berlin.  Min.  Woch.,  1903,  539).  —  (îubler.  54:  Colora- 
tion bleue  des  urines  chez  les  cholériques.  {C.  R.  Soc.  BioL,  6,  103).  —  69  :  A  propos  de 
la  communication  de  M.  Leven.  {C.  R.  Soc.  BioL,  21,  333). —  Glrber  A.  05  :  Zur  Methodik 
des  Indikannachweises  im  Harn.  {Mûnch.  med.  Woch.  1905,  1578).  —  Guttmann  P.  81  : 
Indigobildendc  Substanz  ineinem  Pleuraexsudat.  {D.  med.  Woch.,  iSSl,  1097). 

IIaage.n  m.  tS'7  ;  Ueber  den  Einfluss  der  Darmfaidniss  atif  die  Entstehung  der  Kynuren- 
sai'ire  beim  Hunde.  {Dissert.  Kônigsberg,  ISS7;  .Jafiresb.  Thierch.,  19,  273).  —  Haller  A. 
01  a:  L'indigo  naturel  et  Lindigo  artificiel.  P"  partie  :  production  de  l'indigo  naturel.  {Rev. 
génér.  d.  Se,  12,  255).  —  01  b  :  L'indigo  naturel  et  l'indigo  artificiel.  2"  partie:  fabrica- 
tion de  l'indigo  artificiel.  {Rev.  gén.  d.  Se.,  12,  323).  —  Hammarsten  0.  SO  :  [Essai  de 
l'urine  pour  l'indican].  {Upsala  Ldkarefôren.  FôrhandL,  15,  213;  Jahresb.  Thierch.,  10, 
219).  —  Harley.  53  :  [Urosarcine^,  voir  Robin  Ch.  et  Verdeil  F.,  Traité  de  Chimie  anato- 
mique,  t.  3,  p.  373  etj)-  398,  IS53.  —  54:  {Verhandl.  d.  physik.-med.  Ges.  zu  Wûrzburg, 
5,  1).  —  Harnacr  et  E.  Leyen  (von  der)  E.  99:  Ueber  Indikanurie  in  Folge  von  Oxahaùre- 
Wirkung.  [Z. physiol.  Ch.,29,  205).  —  Haruies  0.  u.  Langheld  K.  07  :  Ueber  das  Verhalten 
der  Eiweissspatlprodukte  und  einiger  Zuckerarten  gegen  Ozon.  (Z.  physiol.  Ch.,  51 ,  373).  — 
Hassall.  a.  Hill.  53:  {Proceed.  Roy.  Soc,  IQ  juin  1853).  —  54:  On  the  fréquent  occur- 
rence of  indigo  in  human  urine,  and  on  ils  chemical,  physiohgical  and  palhological  rela- 
tions. {Philos.  TransacL,  1854,  297).  —  IIauseh  A.  .96'  .■  Untersuchungen  iiber  die  Kynurcn- 
saurcbildung  im  Organismus.  (Arch.  f.  exper.  Pathol.  u.  Pharm.,  36,  1). — Hazewinkel  J.  J. 
00  a  :  Het  indican,  zine  splitting  en  hel  daarbij  werkzame  enzyme.  {Koninkl.  Akad.  van 
Wetenschappen  te  Amsterdam,  Wissen  Natuurkundige  Afdeeling,Mart  1900,  590  ;  Jahresb, 
Thierch.,  30,  976).  —  00  b:  Das  Indican,  dessen  Spaltung  {Indoxyl  und  Dextrose),  das 
dabei  wirkende  Enzym  Analogon  des  Emulsins).  {Chemiker  Zeitung,  24,  410).  —  Hegel  S." 
86:  Ueber  einige  ïndol  de  rivale.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  232,  114).  —  Heller.  45  : 
{Arch.  f.  physiol.  u.  pathol.  Chem.  u.  Mikrosk.,  1 ,  161). — i6  a:{Arch.  f.  physiol.  u. pathol. 
Chem.  u.  Mikrosk.,  2,  19).  —  46  b:  {Arch.  f.  physiol.  u.  pathol.  Chem.  u.  Mikrosk.,  2,  536). 
—  47 :  {Arch.  d.  Pharm.,  98,  203).  —  54  :  {Arch.  f.  physiol.  u.  pathol.  Chem.  u.  Mikrosk., 
2*s.,  3,  361).  —  Hemala  K.  (S'(S'.-  Zur  Kcnntiiiss  der  in  der  chemischen  Physiologie  zur  Anwen 
dung  gekommenen  Nitroprussid-iatzreactionen.  {Krukenberg's  chemischc  Untersuchungen  zur 
icissenschuftlichen  Medicin,  H.  2,117).  —  IIkndrixB.  01  :  Hel  aantoonenvan  indoxyl-zioavel- 

mCT.   DE   PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  IT 


25S  INDOL. 

zuur  in  de  urine  bij  aanivezigheidvan  joduren.  {Nederl.  Tijdschr.  v.  Geneei^k.,  37,  441).  — 
Hennige  m.  79  :  Die  Indicanausscheidun;/  in  Krankheiten.  {D.  Arch.  f.  klin.  Med.,  23.  271  ; 
Juhresb.  Thierch.,  9,  190).  —  Henry  fils.  29  :  Examen  d'une  urine  humaine  particulière. 
(J.  de  Pharm.  et  Chim.,  1o,  228).  —  Hestschel.  99  :  Ueber  das  Verhalten  des  Indiffotins  in 
der  Kalischmclze.  [Journ.  f.  prakt.  Ch.,  %'  s.,  60,  577).  —  Herter  C.  A.  97  :  On  certain 
relations  between  Bacterial  Activity  in  the  Intestine  and  the  Indican  of  the  Urine.  [Brit. 
Med.  Journ.,  1897,  1847;  Jaliresb.  Thierch.,  28,  335).  —  98  a  :  Aii  expérimental  study 
of  the  toxic  properties  of  indol.  {Nevj-York  Med.  Journ.,  68,  89).  —  98  b  :  An  experimen- 
al  study  of  the  toxic  properties  of  indol.  (Med.  Rec.  N.  Y.,  33,  569).  —  06:  On  a  relation 
between  skatol  and  the  dimethylamidobenzaldehyde  [para)  reaction  of  the  urine.  {Journ.  of 
Biol.  Chem.,  1,  251).  —  08  a:  The  occurrence  of  skatol  in  the  human  intestine.  [Journ.  of 
Biol.  Chem.,  i,  101).  —  08  b:  The  relation  of  nitrifying  bacteria  ta  the  ttrorosein  réaction 
of  Nencki  and  Sicber.  (Journ.  of  Biol.  Chem.,  4,  239).  —  08  c  :  On  indolacetic  acid  as  the 
chromofjen  of  the  «  urorosein  »  of  the  urine.  [Journ.  of  liiol.  Chem.,  i,  253).  — 08  d  :  Note 
on  the  influence  of  méat  on  the  dimethylamidobenzaldehi/dc  [Ehrlich's  aldéhyde)  reaction  of 
the  urine.  [Journ.  of  Biol.  Chem.,  i,  403'.  —  09  :  Note  on  the  Occurrence  of  Sl^atot  and  Indol 
in  the  Wood  of  Celtis  reticulosa,  Miquel.  (Journ.  of.  Biol.  Chem.,  6,  489).  — Herter  C.  A. 
a.  FosTER  M.  L.  Oo:  On  a  mcthod  of  determining  indol.  [Soc.  for  Exp.  Biol.  a.  Med.  New, 
York,  2i  mai  1903;  Bioch.  Centrbl.,  4,  254).  —  06  a  :  A  method  for  the  quantitative 
détermination  of  indol.  [Journ.  of  Biol.  Chem.,  1,  257).  —  06  b  :  On  the  séparation  of 
indol  from  skatol  and  thcir  quantitative  détermination,  [.fourn.  of  Biol.  Chem.,  2,  267). 

—  Herter  C.  A.  et  Wakeman  A.  J.  99  :  The  action  of  hepatic,  rénal  and  other  cells  on 
phénol  and  indol  under  normal  and  pathological  conditions.  [Journ.  of  cxper.  .Med.,  i 
307;  Jahresb.  Thierch.,  29,  395).  —  Herviei'x  Cii.  03  :  Note  sur  Vindoxyle  urinaire. 
[C.  h.  Soc.  Biol. y  33,  1294).  —  Oi  a  :  Recherche  de  Vindoxyle  dans  le  sang.  [C.  R.  Soc. 
Biol.,  36,  622).  —  Oi  b  :  Recherches  sur  la  présence  de  l'indol  et  du  scatol  dans  le  sang. 
[C.  h.  Soc.  Biol.,  36,  023).  —  Oi  c  :  Recherches  expérimentales  sur  les  chromogènes 
iirinaires  du  groupe  indoliciue.  y«''  mémoire.  Des  injections  sous-cutanées  d'indol.  [J.  de 
Physiol.  et  Pathol.  gén.,  6,  426).  --  06  :  De  l'indigurie.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  60,  609).  — 
07  a  :  Sur  la  prétendue  toxicité  des  corps  du  groupe  de  l'indol.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  62,  895). 

—  07  b  :  Recherches  expérimentales  d'ordre  urologique  snr  quelques  composés  du  groupe  de 
l'indoL  [C.  R.  Soc.  Biol.,  62,  006).  —  08  :  Recherches  biochimiques  sur  l'indol  et  l'acide 
glycuronique.  [Thèse  Doct.  Sciences,  Paris,  i908).  —  Hesse  A.  .9.9  ;  Ueber  ûtherisches  Jasmin- 
blùthcnOl.  m.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,32,  2611).  —  00  :  Ueber  ûtherisches  Jasminblùthenôl. 
IV.  [Ber.  d.  d.  chem.  Gcs.,  33,  1585).  —  01  :  Ueber  ûtherisches  Jasminblùthenôl.  VI.  [Ber. 
d.  d.~~tlu;m.  Ges.,  3i,  2916).  —  Oi  :  Ueber  iitherisches  Jasminbliithcnôl.  VIL  [Ber.d.  d.  chem.. 
Ges.,  37,  1457).  —  Heumann  K.  90  a  :  Neue  Synthesen  des  Indigos  und  vcrivandten  Farh- 
stoffe.  [Ber,  d.d.  chem.  Ges.,  23,  3043).  —  90  b  :  Neue  Synthesen  des  Indigos  und  verwandtcn 
Farbstoffe.  [lier.  d.  d.  chem.  Ges.,  23,  3431).  —  90  r  :  Synthèse  des  Indigos  mittelst  Phenyl- 
glycins.  [Journ.  f.  prakt.  Ch.,  i2,  520).  —  91  :  Ueber  Indigodarstellung  mittelst  PhenyU.. 
glycins.  [Journ.  f.  prakt.  Ch.,  i3,  111).  —  Helmann  K.  et  Bachofen  F.  93  :  Ueber  das 
Verhalten  des  Indigos  beim  Erhitzen  mit  Alkalien.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  26,  22b).  — 
HiRSCHFELD  E.  89  :  Untersuchungen  ttbcr  die  schivarzen  Farbstoffe  der  Chorioidca  und 
venvandte  Pigmente.  (Z.  physiol.  Ch.,  13,  407). —  Hochsi.nger.  90  :  Ueber  Indicanurie  im 
Sauglingsâlter.  [Wicn.  medic.  Presse,  31,  1570,  ICAl ;  Jahresb.  Thierch.,  21,  397).  —  Hof- 
JU>N  C.  B.  73  :  Ueber  Chromhidrose.  [Wien.  medic.  Woch.,  1873,  n°  13;  Centrbl.  med. 
Wiss.  //,  510).  —  HoFMANN  L.  u.  KoMOs  \V.  83  :  Ueber  Tetrahydrochinolin.  [Ber.  d.  d. 
chem.  Ges.,  16,  727). —  Hôh.\el  (V.)  F.  77  :  Histochemische  Untersuchungen  ùbcr  Xylophilin 
und  Coniferin.  [Wiener  Akademieberichte,  76,  I,  663).  —  Hoogewerf  S.  et  Ter  MeulexH. 
00  :  Contribution  à  la  connaissance  de  l'indican.  [Recueil  d.  trav.  chim.  d.  Pays-Bas,  19. 
166).  —  Hopkins  F.  G.  et  Cole  S.  W.  01  a  :  On  the  Proteid-Reaction  of  Adamkiexdcz,  ivith 
Contributions  to  the  Chemistry  of  Glo.rylic  Acid.  [Proc.  Roy.  Soc,  68,  21).  —  01  b  :  A  con- 
tribution to  the  chemistry  of  proteids.  Part  I.  Préparation  of  tryptophane.  [Journ.  of  Phy- 
siol., 27,  418).  —  03  :  A  contribution  to  the  chemistry  of  proteids.  Part  IL  The  Constitution 
of  Tryptophan  and  the  action  of  Bacteria  upon  it.  {Journ.  of  Physiol.,  29,  451  i.  —  Hoppe- 
Seyler  F.  6*3.'  Ueber  Indican  als  constanten  Harnbestandthcil.  [Arch.  f.  pathol.  Anat., 
27,  388). —  73:Handbuchder  physiologiseh-  und  pathologisch-chemischen  Analyse,  i^  Aufl. 


INDOL.  259 

Berlin.  llirschiL-ahl.  IS7ii:  (p.  I',tl-10:i,  indicui),  indi'jo ;  p.  :Vil-'.y:i2,  dosaf/c). —  77;  Traité 
d'an'tlyi^r  cliitniijKf  tippliqnéi'  à  la  pliijsiolùijii;  et  à  la  palholo(jir.  Trad.  franc,  par  Schlay- 
denhoiiff'eii,  Paris,  Sury,  IS77  :  {p.  217-223,  iudican  ;  p.  381-382,  dosage).  —  Si  :  Ueber 
die  Einwirkunf/  roti  Sauerstoff  auf  die  Lcbens(luili(jkeit  nicdaren  OrQanismen.  (Z.  physiol. 
Ch.,  8,  214.  —  Hoitt.-Seylkr  G.  S2  :  Ueber  dus  physiologische  Verhalten  dcr  Orllionitro- 
phcni/tpropiolsaùrc.  VorlaR/ine  Mittheilun;/.  (Z.  phi/siol.  Ch.,  7,  178).  —  83  a  :  licitrdgc 
zar  Kenntniss  der  Indigo  bildendcn  Siibslanzon  im  Harn  und  des  kûnsUiclicn  Diabètes  mel- 
lilus.  yZ.  phj/siol.  Ch.,  7,  403).  —  8.'i  h  :  Zur  Kenntniss  der  Indigo  bildenden  Snbslanzen 
iin  Harn.  Il''  Mideilung.  (Z.  physiol.  ('h.,  S,  79).  —  88  :  Ueber  die  Ausscheidnng  der 
Aetherachuefelsaùren  im  Urin  bel  Kranhheiten.  (Z.  physiol.  Ch.,  12,  1).  —  92  :  Ueber 
die  Verdnderung  des  Urins  bei  Cholerahrarikeh,  mit  besonderen  Berùcksicktigung  der 
AvthersehwefelsaiircausscheidKHg.  {Berl.  klin.  Woch.,  1892,  n"  43;  Jahrcsb.  Thierch.,  22, 
558).  —  HuGouNENQ  L.  etMoRRi,  A.  08:  Sur  un  perfectionnement  dans  la  technique  d'hydro- 
lyse des  manières  jjrotétiqiies.  L'emploi  de  l'acide  fluor  hydrique  et  ses  avantages.  (Bull.  Soc. 
chim..  i''  s.,  3,  114G). 

liiL  A.  89  a:  Einwirkunij  ron  Eugenol  auf  Phlorogiucin.  Kugenol,  ein  wahrscheinli- 
cher  Bestandtheil  der  Holzsubstanz.  [Chemiker  Zeitung,  13,  432).  -r-  89  b  :  Einn)irkung 
der  Phenolc  auf  Cinnamaldehyd.  Zimmtaldehyd,  ein  icahrscheiiilicher  Bcslandtheil  der 
Holzsid'Stanz.  [Chemiker  Zeitung,  13,  560).  —  91  :  {Chemiker  Zeitung,  13,  201),  —  Ima- 
itucHi  T.  09  :  Zur  Methodik  dcr  quantitativen  Bestimmung  des  Harnindikans.  (Z.  physiol. 
Ch.,  60,  o02). 

Jacobskn.  72  ;  [Jahresb.  iib.  (.'hem.,  1872,  682).  —  Jagoby.  00:  Ueber  die  fermentative 
Eiweissspaltung  und  Ammoniakbildung  in  der  Leber.  (Z.  physiol.  Ch.,  30,  148).  — Jadas- 
bOH.N  J.  .S^7  :  Zur  Kenntniss  des  Choleraroths.  [Bresl.  drztl.  Zeitschr.,  1887,  n°*  16,  17i.  — 
Jai-fk  m.  70  a:  [Medic.  Centrbl.,  1870,  514).  —  70  6;  Ueber  den  Nachiveis  und  die  quan- 
titative Bestimmung  des  Indicans  im  Harn.  {Arch.f.  ges.  Physiol.,  3,  448).  —  72  a:  Ueber 
den  Ursprung  des  Indicans  im  Harn.  {Centrbl.  med.  Wiss.,  10,  2).  —  72  b  :  Ueber  die 
Ausscheidnng  des  Indicans  unter  physiologischen  and  pathologischen  Verhàltnissen.  {CentrbL 
med.  Wiss.,  /O,  481,.497i.  —  7o:  Ueber  Entstehung  des  Indigos  im  Thierkôrpcr.  {Centrbl, 
med.  Wiss.,  13,  6")7,i.  —  77;  Ueber  die  Ausscheidnng  des  Indicans  unter  physiologischen 
und  pathologischen  Verhàltnissen.  [Arch.  f.  pathol.  Anat.,  70,  72). — 08:  Ueber  das 
regebndssige  Vorkommen  von  Indol  im  Distillai  des  normalen  Harns.  {Arch.  f.  exper, 
Pathol.,  o6,  299).  —  Jager  (de)  L.  10  :  Ein  roter  Farbstoff  im  Harn.  (Z.  physiol.  Ch.,  64, 
110).  —  Jakowsky  m.  92:  Contribidion  à  Vétude  des  processus  chimiques  dans  les  intestins 
de  l'homme.  {Arch.d.  Se.  biolog.  de  St-Pétersbourg,  1,  497).  —  John.  1811  :  Chemische 
Untersuchungen  animalien,  vegetalien,  und  mineralien  Substanzen  (p.  40).  Berlin,  1811.  — 
Jones  A.  A.  00  :  The  relation  of  hydrochloric  acid  sécrétion  to  indicanuria.  {Neio-York 
Medic.  Journ.,  71,  637;  Jahresb.  Thierch.,  30,  394).  —  Jo.nes  W.  .9.9  :  The  Chemistry  of 
the  Mélanine.  {Amer.  Journ.  of  Physiol.,  2,  380).  —  Jones  W.  et  Auëh.  01  :  On  the  o.ry- 
dation  of  native  pigments.  {Amer.  Journ.  of  Physiol.,  3,  321).  —  Julia-Fontenelle.  23  : 
Mémoire  sur  l'existence  de  l'hydrocyanate  de  fer  dans  Vurine.  {Arch.  génér.  de  Médecine, 
2,  lOi).  —  23  ;  Nouvelles  recherches  sur  les  urines  et  les  .'iueurs  bleues.  {Journ.  de  Chim. 
médic,  1,  330). 

Kahane  m.  92:  Ueber  das  Verhalten  des  Indicans  bei  der  Tuberculose  des  KindesaUers. 
[Beitrdge  zur  Kinderheilkunde  ans  d.  1  ôffentl.  Kinderkrankeninstitute  im  Wien,  Fr.  Deu- 
ticke,  1892;  Jahresb.  Thierch.,  22,  494).  —  Kaiileh.  88 :  Ein  Fall  von  Indigurie.  {Prager 
med.  Woch.,  18S8.  .iil  ;  Jahresb.  Thierch.,  19,  423).  —  Kann  M.  et  Tafel  J.  94-  : 
Ueber  die  Oxydation  hydrirter  Indole.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  27,  827).  —  Keilmann  A. 
93:  Beobachlungen  iiber  die  diagnosliche  Veriverthbarkeit  der  Indikanurie.  [Sl-Petcrsburger 
med.  Woch.,  1893,  n°  15;  Jahresb.  Thierch.,  23,  595).  —  Kerry  R.  89  :  Ueber  die  Zer- 
setzung  des  Eirveisses  durch  die  Baeillen  des  malignen  Oedems.  {Monalsli.  f.  Chem.,  10,  864). 
—  KiTASATO  S.  89  :  Die  négative  Indol-Heaction  der  Typhusbacillen  im  Gegensalz  zu 
anderen  nhnliehen.  Baoillenarten.  (Z.  f.  Hygiène,  7,515).  —  Klamann.  97  :  Ein  Fall  von 
Indigurie  infolgc  des  Gémisses  von  verdorbenen  Schincken.  {Allg.  med.  Centr.-'/Jg.,  Berlin, 
66,  509).  —  Klkti  A.  00  :  Nachweis  von  Indican  im  pathologischen  Harn.  {Chemiker  Zei- 
tung, 24,  690).  —  Kletzinsky  :  cité  par  Neubauer  et  Vogel,  Anleitung  z\ir  Analyse  des 
Harns,   1867,  (>.  42.  —  Ki.ey  P.  00:  La  forme  cristalline  de  l'indigo.  [Hecueil  d.  trav. 


260  INDOL. 

chim.  d.  Paij)>-Bas,  i9,  12).  —  Klug  F.  01  :  Ueber  Proteinochroin.  {Avch.  f.  ges.  PhysioL, 
86,  194).  —  KoLLO  W.  01  :  Zum  ISachireis  von  Indikan  in  jodhaltiijcm  Harn.  [Pharm. 
Centr.-IL,  42,  295;  Chcm.  Central.,  1901,  I,  1390).  —  Konto  K.  06  :  Ucber  einc  neiie 
Reaction  auf  Indol.  (Z.  physiol.  Ch.,  48,  185).  —  Koppeschaar  W.  V.  99  :  [Dosage  de 
l'indif/otine  et  du  rouge  d'indigo  dans  l'indigo  naturel  ou  sijntitctique.]  (Z.  anal.  Cit., 
38,  1;  Moniteur  Scientif.,  14,  48).  —  Kossel  A.  05  :  Einige  liemcrkungen  ûbcr  die 
Bildung  dcr  Protamine  im  Tierkôrper.  (Z.  physiol.  Ch.,  44,  347).  —  Koziczkowsky  (v.)  E, 
03  :  Ueber  den  Einfluss  von  Diut  und  Hcfekitren  auf  im  Urin  erscheinende  cnterogenc 
Faiihiissprodukte.  (Z.  klin.  Med.,  57,  oct.  1905;  Bioch.  CentrbL,  4,  471).  —  Kôttnitz  A. 
91  :  Peptonurie  bel  Maaern.  {Ccntrbl.  med.  Wiss.,  4891,  n»  28).  —  Krauss  E.  93  :  Ueber 
die  Ausniitzung  'der  Eiiceiassloffe  in  ihrer  Abhnngigkeit  von  der  7Msnmmensetzung  der 
Nahrungsmittel.  Z.  physiol.  Ch.,  18,  107).  —  Krurenberg  C.  F.  W.  84  :  Zur  Charakte- 
l'istik  einiger  physiologisch  und  klinisch  icichtigeren  Farbenreactioncn.  [Verhandl.  d. 
physik.-med.  Ges.  zu  Wurzburg,  N.  F.,  18,  179).  —  88  :  voir  R.  Hemnla,  1888.  (note 
p.  134).  —  KrCss  g.  etKRiss  H.  91  :  Kolorimetrie  und  quantitative  Spektralanalyse,  1891. 
—  KiiHN  A.  01  :  Ueber  den  Nachioeis  vonindican  in  jodhaltiger  Harn.  {Mii7ich.  med.  ^och., 
48,  52).  —  KuH.NE  W,  67  ;  Ueber  die  Verdauung  der  Eiweissstoffe  durchdcn  Pankreassaft. 
{Arch.  f.  pathol.^  Anat,,  39,  130).  —  75  :  Ueber  Indol  aus  Eiueiss.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
8,  206).  —  KùLz  E.  81  :  Ueber  Urochloralsaiire  und  Urobutijlchloralsaure.  Vorlniifige 
Mitlheilunij.  {Centrbl.  med.  Wiss.,  1881 ,  n°  19).  —  82  :  Ueber  die  Schicksale  des  Chloral- 
hydrates  und  Butylchloralhydrotes  [Crotonchloralhyd rates)  im  Thierkurper.  (Arch.  f.  ges. 
Physiol.,  28,  506).  —  83  :  Zur  Kenntniss  der  synthetischen  Vorgànge  im  thierischen  Onja- 
nismus.  (Arch.f.  ges.  Physiol.,  30,  485).  —  84  :  Ueber  Wirkung  und  Schicksaldes  Trichlor- 
àlhyl-  und  Trichlorobutylalcohols  im  Thierorganismus.  [Z.  f.  Biologie,  20,  157).  — 
90  :  Ueber  einige  gepaarter  Glykuronsaiiren.  (Z.  /'.  Biologie,  27,  247).  —  Kulz  R.  84  : 
Zur  Dai'stcllung  und  Kcnntniss'dcr  Urochloralsaiire,  sowic  der  chlorhnltigen  Spaltungspro- 
ducte  der  Urochloralsaïire  und  Urobutijlchloralsaure.  Arch.  f.  ges.  Physiol.,  33,  221).  — 
KuRAjEFF  1).  9.9  ;  Zur  Kenntniss  der  Bromproteinochrome.  [Z.  phyxiol.  Ch.,  26,  501).  — 
KuTsr.HER  et  LoHMANN.  05  :  Zur  Kenntniss  der  Papayothiverdauung  (Z.  physiol.  Ch.,  46, 
383). 

l.AACHE  S.  85  :  Guide  pratique  de  l'analyse  des  urines  [trad.  franc,  par  Francottc, 
Paris-Bruxelles,  1885).  —  Larbé  H.  et  Vitry  G.  07  a  :  L'indican  urinaire  dans  le 
jeûne.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  62,  1142).  —  07  6  ;  Le  métabolisme  de  l'indican.  (C.  fi.  Soc.  Biol., 
63,  316).  —  07  c  :  Influence  de  l'ingestion  d'indigotine  et  d'acide  sulfo-indigotique  sur 
l'indoxylurie.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  63,  770).  —  Lacaze-Duthiers  (de)  H.  59  :  Mémoire  sur  la 
Pourpre.  [Ann.  d.  Se.  natur.,  4^  s.,  12,  5).  —  I.ache.  48  :  On  the  nature  and  trcatmcnt  of 
stomach  and  rénal  discases.  (London,  1848).  —  Ladenbl'RG  A.  77  .•  Condcnsationsvor- 
gànge  in  der  Orthoreihe.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  10,  1123).  —  Landolt  H.  99  :  Ueber  das 
Melanin  der  Augenhaute.  (Z.  physiol.  Ch.,  28,  192).  —  Lanc.stein  L.  02  :  Zur  Kenntniss 
der  Endprodukte  der  peptischen  Verdauung.  (Beitr.  z.  chem.  Physiol.,  1 ,  507).  —  Lang- 
stein  L.  et  Falta.  03  :  Phenylalanin  ah  Stamm  der  Homogent isinsaiire .  (Z.  physiol.  Ch., 
37,  254).  —  Leersum  (van).  03  :  Gepaarten  Glukuronsaiircn  als  Bestandtheile  der  Galle. 
(Beitr.  z.  chem.  Physiol.,  3,  522).  —  04  :  Die  Venccndbarkeit  der  Orcinprobe  von  Bial 
zvm  Nachweis  der  Glukuronsaiire.  (Beitr.  z.  chem.  Physiol.,  5,  510).  —  I.kgal  E.  83  : 
Ueber  eine  neuc  Acetonreaktion  und  deren  Verwendbarkeit  zur  Hurnuntersuchung .  (Breti- 
luuer  arztl.  Zeitschr.,  1883,  n°^  3,  4;  Centrbl.  med.  Wiss.,  21,  613).  —  Lehmaxn  K.  B. 
u.  Nrumann  r.  0.  99  :  Atlas  und  Grundriss  der  Bakteriologic.  (Miinchen,  J.-F.  Lehmann, 
4899). —  Lemoult  P.  06  :  Article  Indigo.  {Dictionnaire  de  Chimie  de  Wiirtz,  2^  supplé- 
ment). —  Letellier  a.  89  a  :  Recherches  sur  la  Pourpre  produite  par  le  Purpura 
lapillus.  (C.  R.  Acad.  Se,  109,  82).  —  89  b  :  Recherches  sur  la  Pourpre  produite  par  le 
Purpura  lapillus.  (Arch.  de  Zool.  expér.,  1889,  361).  —  90  :  Recherches  sur  la  Pourpre 
produite  par  le  Purpura  lapillus.  (C.  R.  Acad.  Se,  III,  307).  —  Leube  W.  86  :  Ueber 
einen  neuen  patholoyischen  Harnfarbstoff.  (Arch.  f.  pathol.  Anat.,  106,  418).  —  Leven 
(et  Gubler).  69  :  Matière  bleue  des  urines.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  21,  333).  —  Levene  P.-A.  a. 
Rouiller  C.  A.  07  a  :  On  the  quantitative  estimation  of  tryptophan  in  protein  clivage 
products.  (Journ.  of  Biol.  Chem.,  2,  481).  —  07b  :  Ueber  die  Tryptophangruppe  im  Pro- 
teinmolekiil.  (Bioch.  Zeitschr.,  4,  322).  —  Lewandowski  A.  90  :  Ueber  Indol-  und  Phénol- 


INDOL.  261 

bildung  durcit  Ualilviien.  (/).  mcdic.  Wocli.,  Ui,  1186).  —  Lenvin  C.  02;  IJcbcr  die  liil- 
duH(j  von  PItcnol  und  Indo.ryl  un  intormcdinvcn  Stoff'iccchscl  und  deren  liezieliumj  zur 
Glykuronsaiired u.^xclieldung .  lieitr.  z.  clirm.  Plii/siol.,  I,  472).  —  Oi  :  Aui^scheidund  der 
aromatise  lien  Siihtitanzcn  {Phcnol,  Indican,  aruinatixr.hc  (txijsmlren)  im  Urin  von  Krehs- 
In-anken.  [Festsclirift  f.  Salkoirski,  I90i;  liiocli.  Central.,  :i,  290).—  Lieukuma.nn  L,  ,S7  ; 
Wie  liât  man  die  bekannte  Reaction  auf  Eiiveisa  mit  Salzmùre  anziistellen  und  wie  Idsst 
sie  sich  zum  Nachveise  yerintjer  Mcngen  Eiiceias  im  Harn  vcrwenden?  {Centrbl.  med.  Wiss., 
1887,  321,  450).  — Liebig.  o3  :  Ueber  Kijnurensaiire.  {Ann.  d.  Cliem.  u.  Pliarm.,  86,  i-2'6). 
—  Lipp  A.  8i  :  Ueber  Indol.  [Bcr.  d.  d.  cliem.  Ges.,  17,  1067).  —  Litten  M.  81  :  l'cber 
Vergiftangen  mit  Schivefelsaiire.  [lierl.  klin.  \yoch.,  1881,  n»='  42-40).  —  89  :  Ueber 
cinen  Fall  von  Melanusarkom  der  Leber.  (D.  med.  Woch.,  1889,  41).  —  LciiuscH  W.  F. 
et  Malfatti  h.  88  :  Ztir  Kenntnixti  des  Stri/elinins.  {Monatsh.  f.  Cliem.,  9,  020).  —  Looke- 
ren-Cami'AGNE  (van)  C.  J.  9i  :  Ueber  die  'luckerart  des  Indicans.  [Landwirthsch.  Versuclis- 
station.,  45,  195). —  99  :  Zur  Kenntniss  der  Indigobilhing  ans  Pflanzen  der  Galtiing  Indi- 
gofera.  {Chemiker  Zeitung,  23,  165,  314).  —  Lookerex-Campagne  (van)  C.  J.  u.  Veen  (va.n 
der)  p.  j.  95  :  Recherches  sur  la  formation  de  Vindigo  des  plantes  du  genre  Indigofera. 
[Journ.  d'Agricult.  prat.,  59,  II,  623;  Jahrcsb.  Thicrch.,  25,  464).  —  Loobiou  A.  ,97  ; 
Nouveau  procédé  pour  la  recherche  de  Vindican  dans  l'urine.  {Rev.  chim.  anal,  appl.,  5, 
Cl  ;  .Tahresb.  Thierch..  27,  323).  —  Luciam  L.  89  : Fisiotogica  del  digiuno.  [Firenze,  1889; 
Jahresb.  Thiereh.,  20,  370).  —  90  :  Das  Hungcrn  (ùbersctzt  v.  M.  0.  Frankel,  Hamburg  u. 
Leipzig,   1890 ;  Jahresb.  Thierch,  20,  370). 

Mac  Muna'  Ch.  A.  80  :  The  spectroscope  in  Mcdicine.  [London,  1880).  — 81  a  : Researches 
into  the  colouring-mattcrs  of  human  urine,  with  an  account  of  the  séparation  of  urobilin. 
{Proc.  Roy.  Soc,  31,  26;  Jahresb.  Thierch.,  1 1,  211).  —  SI  b  :  Further  researches  into  the 
colouring-matters  of  human  urine,  with  an  account  of  tlieir  artifcial  production  from  bili- 
rubin  and  from  haematin.  {Proc.  Roy.  Soc,  31,  200;  Jahresb.  Thierch.,  11,  211).  —  83  : 
{Proc  Roy.  Soc,  35,  399).  —  85  :  Obsfrvations  on  some  of  the  colouring  matters  of  Bile 
and  Urine,  with  especial  référence  to  their  origine;  and  on  an  easy  method  of  procuring 
Haematin.  [Journ.  of  PhysioL,  6,  22;  Jahresb.  Thierch.,  15,  322).  — Mac  Phedran  A.  et 
GoLDiE  W.  01  :  A  case  of  indigouria.  {Brit.  med.  Joxirn.,  12  ocf.  1901).  —  Magna.mni  G. 
88  :  Ueber  die  Acelylverbindungen  des  Methylketols  und  des  Skatols.{Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
21,  1936).  —  Magnus-Levv  A.  99  :  Ueber  Gicht.  (Z.  klin.  Med.,  36,  362).  —  Maillard 
L.  C.  01  :  Sur  l'origine  indoxylique  de  certaines  matières  colorantes  rouges  des  urines 
{indinibine).  {C.  R.  Acad.  Se,  132,  990).  —  02  :  Sur  l'état  polymérisé  de  l'indigotine 
ordinaire  et  la  transformation  isomériqne  de  l'indigotine  en  indirubine.  {C.  R.  Acad.  Se, 
134,  470).  —  03  a  :  Circonstances  d'oxydation  de'  l'indoxyle  urinaire  en  couleurs  indigo- 
tiques.  {Bull.  Soc.  Chim.,  3^  s.,  29,  535).  —  03  b  :  Nature  des  couleurs  urinaires  «  chloro- 
formiqucs  ».  {C.  R.  Soc.  BioL,  55,  695).  —  03  c  :  Sur  la  recherche  de  l'indoxyle  dans  les 
urines.  (C.  R.  Ac  Se. 136,  1472).  —  03  d  :  Sur  la  constitution  des  couleurs  de  l'indigo.  {Bull. 
Soc.  Chim.,  3«  s.,  29,  756).  —  03  e  :  Mécanisme  de  transformation  de  l'indoxyle  urinaire 
en  couleurs  indigotiques.  {C.  R.  Soc  Biol.,  55,  777).  —  03  f  :  L'indoxyle  urinaire  et  les 
couleurs  ciui  en  dérivent.  Paris,  Schleicher,  1903.  —  03  g  :  Mécanisme  de  formation  des 
couleurs  indoxyliques  aux  dépens  des  chromogènes  urinaires.  1^^  mémoire.  {J.  de  Physiol.  et 
PathoL  gén.,  5,  1007).  —  03  h  :  Mécanisme  de  formation  des  couleurs  indoxyliques  aux 
dépens  des  chromogènes  urinaires.  2^  mémoire.  [J.  de  Physiol.  et  Pathol.  gén.,  5,  1033).  — 
03  i  :  Sur  la  nature  de  I'  «  indican  ».{C.  R.  Soc.  Biol.,  55,  1332).  —  0.3  j  :  Sur  la  théorie 
physiologique  du  soufre  neutre  et  de  l'  «  indican  >>.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  55,  1334).  —  03  k  ' 
Vraie  nature  de  la  prétendue  diazoréaciion  d'Ehrlich  fournie  par  les  extraits  d'Indigofera. 
{C.  R.  Soc.  Biol.,  55, 1419).  — 03  l  :  L'indoxyle  conjugué  n'est  pas  lacausedc  la  diazoréac- 
tion  urinaire  d'Ehrlich.  (C.  /{.  Soc.  Biol.,  55,  1421).  —  03  m  :  Sur  le  dosage  de  l'indoxyle 
par  la  méthode  de  nitration  des  couleurs  indigotiques.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  55, 1506).  —  03  n  : 
Sur  la  question  de  l'indoxyle  et  des  sulfoconjugués  de  l'urine.  Réponse  à  M.  Monfet.  (C.  R' 
Soc.  Biol.,  55,  1508).  —  04  :  Ueber  die  Entstehung  der  Indoxylfarbstoffe  und  die  Bestim- 
mung  des  lîarnindoxyls  [Elue  Entgegnung  gegen  Herrn  A.  Ellinger  und  llerrn  J.  Bouma). 
(Z.  physiol.  Ch.,  41,  437).  —  05  :  Sur  les  pigments  d'origine  scatolique  et  la  question  du 
scatoxyle.  {J.  de  Pharm.  et  Chim.,  6'"  s.,  21,  187).  —  06  :  Ueber  das  Chromogen  des  soge- 
nannten  Skatolrotes.  [Z.  physiol.  Ch.,  46,  515).  —  07  a:  Sur  le  caractère  normal  de  la  sécré- 


262  INDOL. 

tion  (rindoxylc.  Rappel  de  priorité.  [C.  R.  Soc.  DioL,  63,  259).  —  07  b  :  Sur  l'indoxyle 
normal  de  l'urine  humaine.  Réplique.  (C.  R.  Soc.  BwL,  63,  376).  —  07  c  :  Le  problème  des 
origines  de  l'indoxyle.  [C.  R.  Soc.  liiol.,  63,  409).  —  OS  a  :  Inexistence  de  l'urocarndne  en 
tant  qu'espèce  chimique  nouvelle.  (C.  R.  Soc.  BioL,  6i,  530).  —  08  b  .-Inexistence  de  l'uro- 
càrmine  en  tant  que  matière  colorante  définie  et  nouvelle.  [J.  de  Pharm.  et  CAjw.,'6*  s.,  27, 
427).  —  09  :  Sur  la  constitution  de  l'indirubine.  (Bull.  Soc.  Chim.,  4"  s.,  o,  1153).  —  10  : 
Contribution  numérique  à  l'étude   de  l'excrétion  urinaire  de  l'azote  et  du  phosphore.  VII. 
L'indoxyle.  (J.  de  Physiol.  et  Pathol.  rjén.,  12,  345).  —  Maillard  L.  C.  et  Ranc  A.  06  a  : 
Inconvénient  des  impuretés  du  chloroforme  dans  le  dosage  de  l'indoxyle  par  la  méthode  de 
sulfonation.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  61 ,  342).  —  06  b  :  Purification  du  chloroforme  en  vue  des 
dosages  d'indoxyle.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  64,  483).  —  06  c  :  Limite  de  sensibilité  du  dosage  de 
l'indoxyle  par  la  méthode  de  sulfonation.  (C.  ft.  Soc.  Biol.,  61,  515).  —  Malfatti  H.  00: 
Beitrag  zur  Kennlniss  der  peptischer  Verdauung.  (Z.  physiol.  Ch.,  31,  44).  —  MandelJ.  A. 
09  :  Veber  die  Spallungsproduhte  des  ?!ucleoprotcids  der  Milchdriise.  [Bioch.  Zeilschr.,  23, 
245).  — Mann  J.  D.  Oo  :  Indigouria.  [Médical  Chronicle,   4903,  361;  Bioch.  Centrbl.,   i, 
69).  —  Marcantonio  A.  00  :  L'influenza  delt'ablazione  délia  milza  sidla   tofisicità  e  quan- 
tità  deir  orina,  sull'  indicano  e  sul  peso  del  corpo.  (Ctinica  med.  Ital.,  29,  II.  2;  Centrhl.  f. 
Physiol.,  14,  348).  —  Marchlewsri  L.  02  :  Zur  Kenntniss  einiger  natiirlichen  Farbsloffc. 
I.  Ueher  Farbstoffe,  die  durch  Einwirkung  von  Isatin  auf  Extrade  der  Isatis   tincloria- 
Pflanzen  entstehcn.  {lier.  d.  d.  chem.  Ges.,  33,  4338).  —  Marchlewski  L.  et  Radcliki-e  L. 
98  :  Veber  das  Indigotin.  {Journ.  f.  prakt.  Ch.,  38,  102).  —  Marshall   W.   07  .•  The  p. 
dimelhylamidobenzaldehyde  test  for  indole.  [Journ.  of  Hygiène,  1,  581  ;  Rioch.  Centrbl.,  6, 
703).  —  Martin  Aloys  ;  {Arch.  f.  physiol.  Ch.,  2,  R.  V.  23i).  —  i6  :  Das  Urocyanin.  (Dis- 
sert., M  ùnchen,  ISi6).  —  Masson  F.  74  :  Des  matières  colorantes  du  groupe  indigo,  con- 
sidérées au  point  de  vue  physiologique.  (Arch.  de  Physiol.,  6,  058).  —  Mattirolo  0.  83  : 
Skatol  e  Carbazol,  due  nuovi  reagenti  per  le  membrane  l'ign'ifcate.  (Z.  w'iss.  Mikrosk.,  2, 
354).  —  Mauthner  J.  et  Suida  W.  86  :  Zur  Gewinnung  des   Indols  aus  Derivaten  des  0. 
Toluidiîis.  {Monatsh.  f.  Chem.,   7,  230).  —  89  a  :  Veber  die  Geuinnung  von  indol   aus 
PhenylglycocoU.  [Sitzungsb.  d.   kaiserl.  Akad.   Wien,  98,  2  b,  352).  —  89  b  :  Veber  die 
Geivinnung  von  Indol  aus  PhenylglycocoU.  [Monatsh.  f.  Chem.,  10,  250).  —  Mayeda   M. 
07  :  Zum  Nachiveis  des  Tryptophans  und  des  Phenylalanins.    Z.  physiol.  Ch.,  31,  201).  — 
Mayer  p.  u.  Neuberg  C.  00  :  Veber  den    ^'achueis  gepaarter    Glycuronsaûren  und  ihr 
Vorkommen  im  normalen  Harn.   (Z.  physiol.   Ch.,  29,  256).  —  Mazzetti  C.  .9/   .•   Intorno 
alla  influenza  délia  milza  sulla  eliminazione  delV  indicano  per  le  orine.  {Ann.  di  Chim.  e 
Farmac,  13,  65;  Jahresb.   Thierch.,  2f,  418).  —  Méhu  C.  7/  a  :  Sur  une  urine  à  sédi- 
ment violet.  [J.  de  Pharm.  et  Chim.,  4«  s.,  14,  408).  —71b:  Préparation  de  l'indigotine 
cristallisée  au  moyen  de  l'acide phénique.  [J.  de  Pharm.  et  Chim.,  4«  s.,   14,  412).  —  Men- 
NEC11ET.  0.9  :  Essai  de  dosage  de  l' indoxyle  urinaire.  [Ann.  Chim.  analyt.,  13,  23).  —  Mester 
R.  88  :   Veber  Skatoxylschwefelsaùre  und  Skatol farhstoff.  (Z.  physiol.    (h.,  12,  130).  — 
94  :  Veber  Magensaft  und  Dnrmfuiilniss.  (Z.  klin.  Medic,  24,  441  .  —  Metgumkoit  E. 
Weinberg,  Pozersri,  Distaso,  Herthelot  a.  09  :  Roussettes  et  microbes.  [Ann.  Jnst.  Pas- 
teur, 23,  937).  —  Michaïlow  W.  57  :  Zur  Frage  iïber    die    Auffindung  und  Bestimmung 
des  Indicans  und  seiner  Homologen  im  Harne.  {Journ.  d.  riiss.  phys.-chem.  Ges.,  1887, 
326;  Jahresb.  Thierch.,  17,  184).—  Mojon  :  cité  par  Julia-Fontenelle,  1825.  — Molisch  II. 
86  :  Zivei  neue  Zuckcrreactionen.   [Monatsh.  f.  Chem.,  7,  198).  —  93:  Das  Vorkommen 
und  der  Nachweis  des  Indicans  in  der  Pflanze,  nebst  Beobachtungcn  ùber  ein  neucs  Chromo- 
gen.{Sitzungsber.  d.  kais.Akad.d.  Wiss.  inWien,m.-n.  CL,  102,  /,  1 893  ;  .Jahresb.  Thierch., 
24,  602).  —  98  :  Veber  die  sogenannte  Indigogâhrung  und  neue  tndigop/lanzen.  (Sitzungs- 
ber.  d.  k.  Akad.  d.  Wiss.  Wien,  107,  H.  1  ;  Centrbl.  f.  Bakter.,  Il  Ahth.,  4,  875).  —  99  : 
Veber  das   Vorkommen  von  Jndikan  im  Chlorophyllkorn  der  Jndikanpflanzen.  [lier.  d.   d. 
botan.  Ges.,   17,   228;  Jahresb.  Thierch.,  29,   608).  —  Momidlowski  St.   93  :   Veber  das 
Verhaltendes  Indicans  beiKindcrn.  [Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  32,  192;  Jahresb.  Thierch., 23, 
597).  —  Monfet  L.   03  a  :  L'indican  :  nature  et  théorie.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  33,  1211).  — 
03  b  :  Méthode  de  dosage  de  l'indican.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  33,  1251).  —  03  c  :  Diazoréaction 
d'Ehrlich,  sa  cause  déterminante  dans  l'urine.  [C.  R.  Soc.  Biol.,  33,  1275).  —  03  d  : 
Soufre   neutre  et  diazoréaction    d'Ehrlich.  [C.  R.    Soc.  Biol,  33,  1503).—  Moraczewski 
(v.)  W.  01  a  :  [Sur  la  signification  de  ta  réaction  de  l'indican  dans  le  diabète  [en  polonais)]. 


INDOL.  203 

{Jahresb.  Thierch.,  31,  8oi).  —  01  b  :  Indika)ni)-ie,Oxalurie  und  Diabètes.  (Centrbl.  f.  inn. 
Med.,  22,  671). —  03  :  Ucberdas  '/Atsammenlreffcn  von  Oxalurie  und  Uidihanurie.  [Centrbl. 
f.  inn.  Med.,  1903,  n°  I  ;  Bioch.  Centrbl.,  I,  105);  —  04  a  :  Vebcr  Au)>sclicidung  von  Oxcd- 
saûre,  Indican  und  Accton  bei  Diabètes  unter  detnEinflus>i  der  Xahning.  [Z.  klin.  Med.,  .'il, 
475;  Bioch.  Centrbl.,  2,  407).  —  04  b  :  Ucbcr  den  quanlilativen  IndoUjehalt  der  Faces. 
{Centrbl.  f.  inn.  Med.,  juin  1904;  Bioch.  Centrbl.,  3,  21).  —  OS  a  :  Veber  eine  Méthode  der 
quantitativen  Didolbestimmunij  iin  Kot.  (Z.  physiol.  Ch.,  35,  42).  — 08  b  :  Ueber  di-.n  Man- 
(jclvon  Relation  zwischen  Uarnindican  iindKotindol.  [Boas'  Archiv,  14,  375;  Bioch.  Centrbl., 
7,  923).  — 08  c  :  Ueber  die  Wechselbeziehungen  zanschen  hidikan  im  llarn  und  Indol  in 
den  Faces.  [Wratschebnaya  Gazeta,  1908,  n"  28  ;  liioch.  Centrbl.,  9,  443).  —  Morax  V.  86  : 
Bcstimnmng  der  Darmfaûlniss  durcit  die  Aetherschwefelsauren  im  llarn.  {'l.  physiol.  Ch., 
10,  318).  —  MoRELLi  E.  08  :  Di  un  nuovo  metodo  per  svelare  l'indolo  a  scopo  batteriolo- 
gico.  [Riv.  Crit.  Clin.  Medica,  1908,  n"  o  ;  Bioch.  Centrbl,  8,  286).  —  09  :  Un  nuovo  metodo 
per  svelare  l'indolo  a  scopo  batteriologico.  (Gazz.  Med.  liai.,  60,  n°  14;  Bioch.  Centrbl.,  9, 
35S).  —  Morgan.  77  .•  {Chem.  Neivs,  36,  269).  —  Morris  M.  .97  :  Studien  iiber  die  Pro- 
duction von  Schwefelwasserstoff,  Jndol  und  Merkaptan  bei  Bakterien.{Arch.  f.  Hygiène,  30, 
304).  —  MossE  M.  97  .■  Die  Aetherschwefelsaiiren  im  Harn  unter  dem  Einflusse  einiger 
Arzneimittel.  [Z.  physiol.  Ch.,  23,  160).  —  Mouisset  et  Bonnamour.  Oo  :  Modification  rare 
des  urines  dans  le  cours  d'une  dothiénentérie ;  urines  de  coloration  normale  à  l'émission  pré- 
sentant un  aspect  rouge  hémorrhagique  après  exposition  à  l'air  :  alcaptonurie  probable. 
{Lyon  médical,  30  avril  1903).  —  Mulleh  Fr.  83:  Ueber  den  normalen  Kot  h  des  Fleisch- 
fressers.  (Z.  f.  Biologie,  20,  327).  —  86  :  Ueber  Indicanausscheidung  durch  den  Harn  bei 
Inanition.  [Mittheil.  aus  d.  med.  Klinik  zu  Wûrzburg,  2,  341;  Jahresb.  Thierch.,  16,  210). 
—  87  :  Ueber  das  Verhalten  der  Fdzes  und  der  Produkle  der  Darmfaûlniss  im  Harn  bei 
Inanition.  {Berlin,  klin.  Woch.,  1887,  n°  24). 

Negri  (de)  a.  et  Negri  (de)  G.  73  a  :  Délia  materia  colorante  dei  Murici  e  délia  por- 
pora  degli  antichi.  {Alti  délia  R.  Universita  di  Genova,  3,  96).  —  75  6.*  [Gazz.  chim.  ital., 
1875,  473).  —  Nencri  M.  74  ;  Ueber  die  Harnfarbstoffe  aus  der  Indigogruppe  und  ïiber 
die  Pankreasverdauung .  {Bcr.  d.  d.  chem.  Gcs.,  7,  1393.  —  73  a  :  Ueber  das  Indol.  {Ber.  d. 
d.  chem.  Ges.,  S,  722).  —  76  a  :  Zur  Geschichte  des  Indols  und  der  Faiilnissprocesse  im  thie- 
rischen  Organismus.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  299).  —  76  b  :  Ueber  die  Zersetzung  des 
Gelatins  und  des  Eiweisses,  Bern,  1876.  —  77  :  Zur  Kenntniss  der  Faiilnisprocesse.  {Ber.  d. 
d.  chem.  Gcs.,  10,  1032).  —  78  a:  Ueber  die  Z^erséiziing  des  Eiweisses  durch  schmelzendes 
Kali.  (J.  prakt.  Chem.,  17,  97).  —  78b:  Ueber  den  chemischen  Mechanismus  der  Faïdniss. 
(J.prakt.  Chem.,  17,  105).  —  78  c:  Vortheilhafte  Darstellung  des  Skatols.  {Centrbl.  med. 
Wiss.,  16,  849).  —  79  .•  Die  empirische  Formel  des  Skatols.  {J.  prakt.  Chem.,  20,  466).  — 
80  :  Zur  Kenntniss  der  Skatolbildung.  (Z.  physiol.  Ch.,  4,  371).  —  93  :  Zur  Kenntniss  der 
pankreatischcn  Verdauungsproductc  des  Eiweisses.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  28,  560).  — 
Nencri  m.  et  Berlinerblau  J.  —  86  :  Verfahren  zur  Darstellung  von  Indol  und  Metliyl- 
ketoL(D.  li.  P.  40  889,  Kl.  22,  7  nov.  1886).  {Bcr.  d.  d.  chem.  Ges., 20,  R.  753).  — Nencki  M. 
(et  Bovet  V.)  —  89  :  Untersuchungen  ïiber  die  Zersetzung  des  Eiweisses  durch  anai!- 
robe  Spaltpilze.  {Monatsh.  f.  Chem.,  10,  506).  —  Nencki  M.  (et  Frankiewicz  Fr.)  73  : 
Ueber  die  Bildung  des  Indols  aus  dem  Eiweiss.  (Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  8,  336).  —  Nencki  M. 
{et  Masson  F.).  74  ;  Ueber  die  Harnfarbstoffe  aus  der  Indigogruppe  und  liber  die  Pan- 
kreasverdauung. {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  7,  1593).  —  Nencki  M.  et  Sieiîer  N.  82  :  Uebet 
das  Urorosein,  einenneuen  Harnfarbstoff.  {J.  prakt.  Chem.,  26,  333).  — Neubauer  et  Vogel. 
67:  Anleilung  zur  Analyse  des  Harns,  1867.  (Voir  p.  42:  Klctzinsky).  —  Neuberg  C. 
06  :  Zur  Kenntniss  des  Tryptophans.  {Charité-Annal.,  30,  424;  Bioch.  Centrbl.,  3,  759).  — 
07:  Verschiedenes  ûber  Tryptophan.  {Bioch.  Zeitschr.,  6,  276).  —  Neuberg  C.  et 
PopowsKY  N.  07  :  Ueber  Indolaminopropionsaihe  und  ihre  Halogenverbindungen  {Tryp- 
tophanreaktion).  [Bioch.  Zeitschr.,  2,  357).  —  Neumann  F.  ^7  ;  Indicangehalt  des  Harns 
bei  Psychosen.  {Bericht  iib.  d.  irrenamtalt  Basel  f.  d.  Jahr  1887 ;  Centrbl.  f.  Physiol.,  2, 
179).  —  Neumelster  R.  90  :  Ueber  die  Reactioncn  der  Albumosen  und  Pcptone.  (Z.  f. 
Biolog.,  26,  324).  —  Neusser  E.  81  :  Beitrag  zur  Lehre  von  den  Harnfarbstoffen.  {Sit~ 
zungsber.d.  Akad.  d.  Wiss.  Wien,  Dez.  1881  ;  Jahresb.  Thierch.,  12,  188).  —  Nickel  E; 
87  :  Correspondenz.  {Chemiker  Zeitung,  11,  1.520).  —  89:  Berner kungen  ûber  die  Farben- 
reaktionen  und  die  Aldehydnatur  des  Ilolzes.  (Botan.  Centrbl.,  38,  753).  —  90:  Die  Far- 


2«U  INDOL. 

bcnrcactioncn  der  Kohlenf^toffvobmhnujcn.  Berlin,  2'"  Aiifl.,  4890.  —  Nicolas  E.  06  a  : 
La  réaction  du  finfiirol  appliquée  à  ht  recherche  de  Vindican  dans  l'urine.  [C.  R.  Soc.  BioL, 
(iO,  183).  —  06  b:  Sur  la  recherche  des  conjugués  glycuroniques  dans  l'urine  normale.  (C. 
/{.  Soc.  BloL,  61,  149).  —  Niggeler  R.  74  ;  Vcber  Harnfarbstoffe  aus  der  Indigogruppe. 
(Arch.  f.exper.  Pathol.  u.  Pharm.,  3,  G7).— Niggl.  81  :  {Flora,  1881,  S45).  —  Nonnotie  M. 
et  Démanche  R.  08  :  Sur  la  recherche  de  l'indol  dans  les  cultures  microbiennes.  (C. 
R.  Soc.  BioL,  6i,  494).  —  Nurnberg  A.  07  :  Zur  Kenntniss  des  Jodothyrins.  Vorlaiï- 
fige  Mitteihing.  [Beilr.  z.  chem..  PhysioL,  /0,';i25).  —  Nuttall  G.  H.  F.  et  Thierfelder  H. 
95  :  Thierisches  Leben  ohne  Bactérien  im  Verdaiiungskanal.  (Z.  physiul.  Ch.,  21,  109). 
—  96:  Thierisches  Leben  ohne  Bactérien  im  Vcrdauungshanal.  U  Mitlhcilung.  {Z.  physiol. 
Ch.,  22,  62).  —  97  :  Thierisches  [Leben  ohne  Bactérien  im  Verdauungskanal.  III  Mitthei- 
lung.  (Z.  physiol.  Ch.,  23,  231).    " 

OitERMAYER  F.  90  :  Ucbev  eine  Modification  der  Indicanprobe.  {Wien.  ktin.  Woch.,  1890, 
176;  Centrbl.  f.  Physiol.,  4,  155).  —  98  a:  Eine  Méthode  zur  quantitativen  Bestimmung 
der  l)idoxyhchwefelsaiire  [Indican]  im  Harn.  Voi'laiifige  Mittheilung.  (ir/en.  klin.  Runds- 
chau, 12,  537;  Centrbl.  mcd.  Wiss.,  37,  404).  —  98  b  :  Bemcrhunt/en  zu  der  vorlafifigen 
Mittheilung  des  Z)""  Eyu-in  Wang  :  «  Vcbcr  die  quaniiiative  Bestimmung  des  Harnindicans.  » 
(Z.  physiol.  Ch.,  26,  427).  —  Odermatt  W.  78  :  Zur  Kenntniss  der  Phcnolbildung  bei  der 
Faiilniss  der  Kineisskorper.  (J.  prakt.\  Chem.,\  18,  249).  —  Oerim  H.  P.  T.  03  :  Quantita- 
tive Indikanbcstimmung  im  Harne  mit  dcm  Mcislingschen  Kolorimetcr.  (Z.  physiol.  Ch.,  43, 
459).  —  Olive.  99  :  De  Vindicanurie  en  général,  et  particuUirement  dans  la  grossesse  et 
la puerpéraiilé.  Thèse  Médecine,  Paris,  1809.  —  Ord.  75  a:  Indigo  calculus  froni  theKidney. 
[Transact.  Roy.  Soc,  29,  155).  —  78  b:  Merenstein  aus  Indigo.  {Berlin,  klin.  Woch.,  13, 
365).  —  Orfila  m.  p.  1819  :  Elémens  de  chimie  appliquée  à  la  médecine  et  aux  arts. 
Paris,  2*  édit.,  1819.  Voir  l.  II,  p.  435-430  ;  acide  rosacique.  —  Ortweiler  L.  6'6'  ;  Ueber 
die physiologischc  und  pathologische  Bedentung  des  Harnindicans.  [Mittheil.  aus  d.  med. 
lilinik  Wurzburg,  2,  153).  —  Osrorne  Tu.  et  Clapp  S.  A.  09  :  [Hydrolyse  de  la  légu- 
mine  des  jiois  verts].  [Z.  anal.  Ch.,  1909,  692;  J.  de  Pharin.  et  Chim.,  7«  s.,  1,  266).  — 
Otto  J.  G.  84  :  Das  Vorkoinmen  grosser  Mengen  von  Indo^yyl-  vnd  Skato.ry Isclnvefelsaiire 
im  Harne  oei  Diabètes  mellKus.  {Arch.  gcs.  Physiol.,  33,  607). 

Pay.xe.  38  :  Indian  Annah  of  mcdic.  Science,  4  sept.  1838.  —  Pkré  A.  92  :  Contribu- 
tion à  la  biologie  du  Bacterium  coli  commune  et  du  Bacille  lypliique.  [Ann.  Inst.  Pasteur,  7, 
512).  —  Perkin  a.  g.  0.9  ;  indoxylic  acid.  [Journ.  Chcm.  Soc.,  93,  847;  Bioch.  Centrbl., 
9,  20).  —  Perkin  A.  (.  et  Thomas  Fr.  0.9  ;  Indican.  Part  II.  {Journ.  Chem.  Soc,  93, 
193;  Bioch.  Centrbl.,  9,  19).  —  Pétri  R.  J.  90  :  Ueber  [die  Veruerthung  der  rothcn 
Salpctrigsaiire-lndolreaktion  zur  Erkennung  der  Cholerabakterien.  (Arbeit.  a.  d.  kaiserl. 
Gesundheiisamte ,  6,  1).  —  Peurosch  B.  77  ;  Bcitràge  zur  Lehre  ùber  die  Entstehung  des 
Indicansim  Thierkôrper.  {Inaug.  Dis.'iert.  Kônigsberg,  1877;  Jahresb.  Thièrch,  9,  224).  — 
Pfungen  (v.)  R.  92  :  Beitrùge  zur  Lehre  von  der  Darmfaûlniss  der  Eiwcisskôrper.  Ueber 
die  Darmfaûlniss  bei  Obstipation.  (Z.  klin.  Med.  21,  118  ;  .Jahresb.  Thierch.,  22,  308).  — - 
PiLOTY  0.  U.  QuiTMANN  E.  09{  :  Ueber  die  Konstitution  des  llumopyrrols  und  der  Hàmo- 
pyrrolkarbonsaiire.  (Ber.  d.  d.  chem.  des.,  42,  4693).  —  Pisenti  G.  88  :  Sui  rapporti 
■fra  Vazionc  del  succo  pancreatico  sulle  sostanze  albuminoidi  c  la  quantita  di  indicano 
uelle  orine.  {Arch.  per  le  Se.  med.,  12,  87;  Centrbl.  f.  Physiol.,  2,  22).  —  Plôsz  P.  82  : 
Ueber  einen  neuen  krystallinischen  farbigen  Harnbestandtheil.  Vorlâufige  Mittheilung.  (Z. 
physiol.  Ch.,  6,  504).  —  83  :  Ueber  cinige  Chromogcne  des  Harns  und  deren  Derivate.  (Z. 
physiol.  Ch.  8,  85).  —  Plowright]  Ch.  B.  01  :  Sur  la  matière  colorante  bleue  de  l'Isatis 
tinctoria  et  sur  la  teinture  à  la  vouède.  {Bull.  Se.  pharmaool.,  3,  7).  —  Poehl  A.  86  : 
Ueber  einige  biologisch-chemische  Eigenschaften  der  Mikroorganismen  im  allcfcmeinen  und 
die  Bildung  der  Ptomaîne  durch  die  Cholerabacillen  im  speciellen.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
19,  1159).  —  PoLiKiEv  H.  91  :  Ueber  eine  Indolsynthese  aus  Weinsaiire  und  Anilin. 
{Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  24,  2954).  —  Porcher  Ch.  07  a  :  Du  chromogène  urinaire  faisant 
suite  à  l'administration  d'éthylindol  chez  les  animaux.  {C.  R.  Soc.  BioL,  62,  994).  —  07  b  : 
[Obtention  de  l'indiruhine  en  partant  des  chromogcnes  éthyl-,  méthyl-,  et  diméthylindo- 
liques].  {Bull.  Soc.  Chim.,  4^  s.,  1,  852).  —  08  a  :  Action  de  l'eau  oxygénée  sur  l'indol. 
Note  préliminaire.  {Bull.  Soc.  Chim.,  4«  s.,  5,  229).  —  08  b  :  Sur  la  signification  séméiolo- 
{jique  de  l'indoxyle  urinaire.  Recherche  de  l'indol  dans  le  pus.  {C.  R.  Acad.  Se,  147,  214). 


INDOL.  2Go 

—  OS  c  :  Sur  la  si(j)nfir(itloti  f^rnirialoifiqur  de  l'iiuUhVijh'  urinairc.  H'-clim/if  de  l'inddl 
dans  h;  pus.  {Lyon  nirdicul.  2  août  t9()S,  17;i;.  —  00  u  :  Des  corps^  i)i(li>lotjciirs  th.-  l'uiiiir. 
{C.  II.  Acrid.  Se,  lis,  1210;.  —  0.9  h  :  llrchcrcltcs  sur  l'iudol.  I.  Acttou  des  oaijdants  sur 
Vindol.  (Bull.  Soc.  C/nvi..  4''  s.,  .'i,  526).  —  09  c  :  De  la  présence  des  corps  indolo(/cnes  dans 
la  bile.  {€.  R.  Soc.  Uinl.,  (H.  700).  —  I'orcheu  Cii.  et  Hekvielx  Cii.  03  a  :  Note  sur 
rindo.ri/lc  urinaire.  [C.  U.  Soc  liiol.,  iio,  862).  —  03  h  :  Vcbcr  llnrnindikan.  (Z.  pin/siot. 
Cil..  30,  147).  —  Oi  :  Sur  to  chroniogrnc  urinaire  dû  uu.r  injections  sous-mtanèes  de  slmlul. 
(C.  /{.  Ac(ut.  Se,  13S.  172.'j).  —  05  a  :  Sur  les  jrlginenls  d'origine  scatolviue  et  la  question 
du  srtito.ryle.  [J.  de  Plturni.  cl  Clnni.,  0"  s.,  2i ,  .'».'>).  —  OU  c  :  Recherches  crpérinienlales 
sur  les  chromoq&ncs  uiinuires  du  groupe  indolique.  Deu.rihne  mémoire.  Expériences  arec 
l'acide  orthonitrophcni/lpropiolique.  {,1.  de  l'hysiol.  et  Pathol.  gcn.,  7,  447).  —  03  d  : 
Recherches  expcrimen talcs  sur  les  chromogènes  urinaires  du  groupe  de  Vindol.  Troisième 
mémoire.  E.rpériences  avec  le  skatol.  [J.  de  Physiol.  et  Pathol.  gén.,  7,  787).  —  05  e  : 
Recherches  expérimentales  sur  les'chromogènes  urinaires  du  grouve  de  l'indol.  Quatrième 
méni'nre.  Erpériences  avec  le  scntol.  Présence  du  chromogéne  scatolique  dans  les  ïiri)tcs 
normales.  {J.  de  Physiol.  et  Pathol.  gén.,  7,  812.)  —  05  f  :  Untersuchunyen  iU)er  das  Ska- 
tol.[Z.  physiol.  Ch.,  i.'i,  480).  —  06'  a  :  Sur  le  chromogé)ie  urinaire  que  produit  l'adminis- 
tration de  méthylkétol  chez  les  animaux.  {C.  R.  Soc.  DioL,  60,  007).  —  06  h  :  Recherches 
ex]>érimentales  sur  les  chromogènes  urinaires  du  groupe  de  l'indol.  ('inquième  mémoire.  De 
Vindigurie.  [J.  de  Physiol.  et  Pathol.  gén.,  5,841).  —  07  a  :  Sur  les  chromogènes  urinaires 
du  groupe  de  l'indol.  {Lyon  médical,  30  juin  1907).  —  07  b  :  Du  chromogène  urinaire  fai- 
sant suite  à  l'administration  d'acide  indolcarbonique.  (C.  R.  Acad.  Se,  145,  345).  —  07  c  : 
La  signification  de  l'indoxyle  urinaire.  {C.  R.  Soc.  Biol.,  03,  539.1  — Porcher  Ch.  et  Panis- 
SET  I..  09  :  De  la  présence  des  corps  indologènes  dans  les  houilhots  de  culture.  {('.  R.  Acad. 
Se.  148,  1336).  —  Prùsciier.  01  :  Ziir  Kenntniss  der  Ehrlichschen  Dimethylamidobenz- 
aldehydrcaktion .  {Z. physiol.  Ch.,31,  520). —  Prosper  Alim.nus.  1751  :  De prœsagiendâ  vitd 
et  morte  œgrotantium  libri  septem,  Venetiis,  MDCCLI.  —  Proust  L.  1797  :  Mémoires  sur 
l'urine.  De  la  substance  rosacée.  (Ami.  de  Chim.,  1797).  —  1S01  :  Expériences  shr  l'urine. 
[Ann.  de  Chim.,  36,  258).  —  Puout  W.  1819  :  Description  d'an  principe  acide  extrait 
de  l'acide  tithique  ou  inique  {Ann.  de  Chim.  et  Phys.,  11,  47).  —  1820  :  Sédiment  rouge 
de  iuriiie.  iAnii.  de  Chim.  et  Phys.,  14,  442).  —  22  :  Traité  de  la  gravelle,  du  calcul 
vésical,  et  des  autres  maladies  qui  se  rattachent  à  un  dérangement  des  fonctions  des  organes 
urinaires.  iliad.  franc,  par  C.-L.  Mourgiié,  Paris,  1822).  —  34:  Urinary  deposits.{London 
mcd.  liaz.,  14,  Cil).  —  40  :  Stomach  and  Urinary  Discases.  (3"=  éd.,  p.  96).  —  Prudiiomme 
M,  77  :  Sur  la  synthèse  de  l'indol.  {Bull.  Soc.  Chim.,  2«  s.  28,  538).  —  Prutz  W.  et  Ellin- 
GER  A.  02  :  Ucber  die  Folgen  der  Darmgegenschaltung,  zugleich  eim  Bcitrag  zur  Lehre  von 
der  Indicanurie.  {Arch.  klin.  Chir.,  67,  904). 

Uabajoli  c.  00  :  Del  significalo  clinico  delV  indicanuria  nell  a/fezioni  del  fegato.  {Poli- 
clinico,  i"'  déc.  1900;  Jnhiesh.  Thierch.,  30,  809.  —  Haruteau.  75  :  {Gaz.  médic.  Paris, 
1875,  n"  27).  —  RAnziEJEwsKY  S.  70  .•  Arch.  f.  Anat.  n.  Physiol.,  Physiol.  Abth.,  1870, 
H.  1).  —  Rawso.n  Cu.  99  :  [Sur  :l' analyse  de  V indigo  et  sur  un  composé  nouveau  trouvé 
dans  l'indigo  de  Java].  (J.  Soc.  chemic.  Industry,  1899,  251;  Monit.  Scientif.,  44,  46).  — 
Rayer.  39  :  Maladies  des  reins  (t.  i,  p.  200),  Paris,  1839.  —  Reale  E.  00  a  :  SuU'indicano 
e  sul  significato  clinico  délie  indicanurie.  {Clin,  mod.,  6,  161,  169).  —  00  b  :  Ricerche  cli- 
nichc  suH'indirano  e  suU'acido  glicuronico  deU'urina  e  loro  valore  clinico.  {Xuova  Rivista 
clinico -tera p.,  3,  229;  Jahresb.  Tierch.,  30,869}.  —00  c  :  Ricerche  suite  sostanze  indaco- 
formalrici  e  suU'acido  glicuronico  nell'urina.  [Riforma  medica,  1900,  387).  —  00  d  : 
Mavuale  di  Chimia  clinica.  Analisi  dell  urine  e  ricambio  materiale.  'Sapoli,  1900.  —  01  a  : 
Sulla  dimostrazionc  dell'  acido  glicuronico  nel  composto  baritico  délie  urine  bollite  con  ucidi 
organici.  {Nuova  Rivista  clinico-tcrap.,  4,  229).  —  01  b  :  Beitrag  zur  Chemie  der  Glycu- 
ronsaiire  und  des  Indicans  im  Uarne.  {Wien.  medic.  Woch.,  51, 1577,  1624,  1679).  —  02  : 
[Cas  clinique  d'indigurie  (glaucurie)].  {Nuova  Riv.  clinico-terap.,  5,  I2i;  Jahresb.  Thierch., 
32,  818).  —  Rkacmuu.  ////  .•  {Mémoires  de  l'Acad.  roy.  d.  Sciences,  1711,  118i.  — 
Reg.\  de'  ;  De  l'rini>^.  tractatas  duo.  {cité  par  Julia-l'ontenelle,  1825;.  —  IlEiciir,  C.  .VO  .• 
Ncue  Eiweissreaction.  Monatsh.  f.  Chem.,  Il,  155).  —  Relsei.  :  cité  par  Julia-Fontenelle, 
1825.  —  Reissert  A.  98  :  Geschichte  und  Systematik  der  Indigo-Synthesen.  {Berlin, 
Fricdlandcr,   1898).  —  Renault.  88  :  {Chem.  Ccntrld.,   1888.  500'.  —  RrcHARi.soN  H.  et 


266  INDOL. 

Whitney  E.  L.  98  :  A  méthode  for  the  quantitative  estimation  of  indican  and  indindnn  in 
the  urine.  (J.  Amer.  Mcd.  Assoc.  Chicago,  30,  920).  —  Hiva  A.  91  :  Contribution  à  l'élude 
de  ruroérythrine.  {Arch.  ital.  de  Biol.,  46,  20).  —  92  a  :  Contribiizione  allô  studio  délia 
uroeritrina.  {Gaz.  med.  di  Torino,  42,  7).  —  92  b  :  Encora  délia  uroeritrina.  [Gaz.  med. 
di  Torino,  42,  223).  —  Robin  A.  7o  a  :  Note  sur  un  cas  d'urine  bleue,  considérations  sur  la 
nature  probable  de  la  matière  bleue  contenue  dans  certaines  urines.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  27, 
264).  —  75  b  :  Cas  de  coideur  bleue  de  l'urine.  {Bull.  Soc.  anat.  3«  s.,  10,  470). —  7.9  ;  Des 
urines  bleues.  {C.  R.Soc.  Biol.,  31,  80».  —  Robin  Cii.  et  Verdeil  F.  55  ;  Traité  de  Chimie 
anatomique  et  physiolonique,  normale  et  pathologique,  ou  :  Des  principes  immédiats  nor- 
maux et  morbides  qui  constituent  le  corps  de  l'homme  et  des  Mammifères  {t.  3).  Paris, 
Baillière,  1853.  —  Roder  A.  86  :  Indole  aus  Jlydrazinbenzoesaiire.  {Ann.  d.  Chem.  u. 
Pharm.,  236,  164).  —  Rodrigues  H.  55  :  Indigo,  son  emploi  dans  le  traitement  de  l'èpi- 
lepsic.  (J.  de  Pharm.  et  Chim.,  28,  312).  —  Rohde  E.  05  :\Die  Farbcnreactionon  der 
Eiweisskôrper  mit  p.  Dimethylaminobenzaldehyd  und  anderen  aromatischen  Aldehyden.  (Z, 
physiol.  Ch.  44,  161).  —  Rollo.  1798  :  Traité  du  diabète  sucré  (trad.  franc,  par  Alcyon, 
1798).  —  RoMBURGU  (vA.NjP.  95  :  Sur  quelques  combinaisons  du  trinitrobenzène  symétrique. 
(Rec.  trav.  chim.  Pays-Bas,  14,  65).  —  99  :  Over  de  Jndigovorming  uit  Jndigofera  en  uit 
Marsdenia  tinctoria.  {Koninkl.  Akad.  r.  Wetensch.,  Wis-  en  Xatuurkundige  Afdeeling, 
30  déc.  1899).  —  Rosenbach  0.  89  a  :  Ucber  cine  eigenthiimliche  Farbsloffbildung  bei 
schiceren  Darmleiden.  {Berl.  klin.  Woch.,  1880,  u"  \;Jahresb.  Thierch.,  49,  458).  — 
89  b  :  Die  pathogenetische  Bedeutumj  der  bunjunderrothen  Urinfarbung.  {Berl.  Ulin. 
Woc/t.,  4889,  11"*  22.  23;  Jahresb.  Thierch..  19,  il>H).  —  90  :  Noch  einKje  Bcmerkungen 
iiber  die  burgunderrothe  Urinfarbung.  [Berl.  klin.  Woch.,  4890,  585;  IJahi'esb.  Thierch., 
20,  417).  —  93  :  Die  diagnostiche  Bedeutung  der  Indigurie.  [Wieti.  medic.  Presse,  4893, 
n»«  21,  22,  23;  Jahresb.  Thierch.,  23,  595).  —  Rosenfeld  F.  04  :  Die  Indolbildung 
beim  hungernden  Kaninchen.  (Beilr.  z.  chem.  Physiol.,  5,  84).  —  Rosenstikn.  72  :  Die 
Harnbestandteile  bei  Morbus  Addisoni.  {Arch.  f.  pathol.  Anat..  86,  27).  —  Rosi.n  II.  89: 
Bildung  und  Darstellung  von  Indigroth  {Indirubin)  atts  dem  llarn.  {Centrbl.  f.  klin.  Mcd., 
40,  505;  Jahresb.  Thierch.,  19,  458).  —  90  :  Vcbcr  dus  Indigoroth  [Intlirubin).  {Berlin, 
klin.  Woch.,'  1890,  1201).  —  91  :  Ueber  das  Indigoroth  {Indirubin).  {Arch.  f.  pathol. 
Anat.,  123,  519).  —  93  :  Fin  Beitrag  zur  Lehre  von  der  llarnfarbstnffcn.  Ueber  das 
sogenannte  Urorosein,  Harnrosa.{D.  medic.  Woch.,  4893,  51).  —  97  :  Démonstration  rother 
Harnfarbstoffe.  {Arch.  f.  Anat.  u.  Phys.,  Physiol.  Abth.,  1894,  374).  —  Rossi  L.  07  : 
[Nouvelle  recherche  de  l'indican  dans  l'urine  avec  les  persulfates  alcalins].  {Gazz.  chim. 
ital.,  36,  877;  Bioch.  Centrbl.,  6,  279).  —  Rùssler  COI:  Ueber  Skatolrolh  und  ahnliche 
Harnfarbstoffe.  [Centrbl.  f.  inn.  Med.,  22,  847).  —  Rovighi  A.  96:  Aziune  dei  prodotti 
tossici  délie  fermcniazioni  entcrichc  nella  milza  cd  il  fegato.  {Arch.  di  Farmacol.  c  Tera- 
peut.,  4,  n°  3;  Jahresb.  Thierch.,  26,  456).  —  05  :  Sul  valore  délia  putrefazione  intes- 
tinale. {Riforma  medica,  24,  n°  12;  Bioch.  Centrbl,,  4,  187).  —  Rumpel  et  Mester.  91  : 
Klinische  Untersuchungen  iiber  Bedeutung  und  Ursache  der  sogenannten  Rosenbach' schen 
Reaction.  {Jahrb.  d.  Hamb.  Slaatskr.;  Jahresb.  Thierch.,  21,  397j.  —  Rupe  H.  00: 
Die  Chemie  der  natùrlichen  Farbstoffe.  {Farbstoffe  der  Indolgruppe  :  251-261).  Brauns- 
chweig,  Vicweg,  1900. —  Ruzicka  C.  98:  Ueber  die  Amannsche  Jndican<  Probe.  iPrager 
med.  Woch.,  23,  503). 

Saknt-Hilaiue  J.  1816  :  E.i;trait  d'un  Mémoire  lu,  le  11  novembre  1816,  à  V Aca- 
démie Royale  des  Sciences,  sur  le  Nerium  tinctorium  Roxb.  et  Writhia  tinctoria  Bi'oivn. 
(Ann.  de  Chim.  et  Phys.,  4,  64,  1817).  —  Salkowski  E.  69:  Bcitrâgc  zur  Chemie  des 
Harns.  {Arch.  f.  ges.  Physiol.,  2,  351).  —  76  a  :  Ueber  die  Quelle  des  Indicans  im  Harn 
der  Fleischfresser.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  138).  —  76  6  ;  Ueber  die  Bildung  des  Indols 
im  Thierkôrpcr.{Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  408). —  76  c  :  Ueber  Feine  neue  arbenreactiondes 
Eiweiss.  {Arch.  f.  pathol.  Anat.,  68,  405).  —  76  d  :  Ueber  die  Bestimmung  des  Indigos 
im  Harn.  {Arch.  f.  pathol.  Anat.,  68,  407).  —  76  e  :  Phenolbildendc  Substanz  im  Men- 
schcnharn.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  9,  1595).  —  76  f:  Ueber  das  Vorkommcn  phenolbildenden 
Substanz  im  Harn  bei  Heus.  {Centrbl.  med.  Wiss.,  1876,  818.)  —  77  ;  Ueber  die  Entstehung 
des  Phénols  im  Thierkôrper.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  10,  842).  —  78  :  Ueber  die  Zusaminen- 
setzimg  des  Eisenniederschlages  aus  menschlichem  Harn.  {Arch.  f.  ges.  Physiol.,  16,  306).  — 
79  :  Zur  Kenntniss  der  Pankreasverdauung .  (Z.  physiol.  Ch.,  2,  420).  —  85  :  Ucber  das 


INDOL.  267 

VorltnUen  dor  Skntokarhonmurc  im  Orçjduisiiui^.  (Z.  physiol.  Ch.,  9,  23).  —  87  :  IJehcrdas 
Cholcraroth  uiul  das  Ztishindcliomtnt'n  der  Cholerareaction.  [Arch.  f.  pnthol.  Anat., 
410,  366).   —  88  :  Uebcr  die  Farbcnrcactionen  des  Eiwcias.)  Z.  physiol.  Ch.,   12,  215). 

—  89:  [Bemcrkung  zu  Rosenbach].  {Berl.  Min.  Woch.,  1889,  n°  \(y;Jahrcsb.  Thierch.,  19, 
4">8).  —  99  :  Veber  die  Bihlumj  von  Skatolcssigsaùre  bel  dcr  Eitceissf'aiilniss.  (Z.  phi/siol. 
Ch.,  27,  302).  —  Oi  :  Znr  Kcnniniss  drs  Harns  und  dos  Stoffwcchsels  dcr  Jlerbivorcn.  Vor- 
kominen  von  Allantoin.  Indilinnbcstiniminn/.  {Z. physiol.  Ch.,  42,  213). —  08  :  l'hi/siolorjlsch- 
chemischc  Notizen.  2  :  Zum  Nachiceis  des  indikans  im  Ilcirn.  (Z.  physiol.  Ch.,  57,  519).  — 
Salkowski  E.  et  LErnrî.  82  :  Die  Lehre  von  Harn.  (p.  20,  pp.  148-1  a")  et  pp.  341-343).  Berlin, 
Hirschwald,  1882.  —  Salkowski  E.  et  Salkowski  II.  7.9  ;  Weiterc  Beitràgc  iur  Kenntniss 
der  Faûlnisspi'odukte  des  Eiwciss.  [Ber.  d.  d.  chem.  Gcs.,  12,  048).  —  80  a  :  Wcitcrc  Bci- 
trdge  zur  Kenntniss  der  Faillnissprodukteyies  Eiioeiss.  1  :  Ueber  das  Vorkommen  von  aroma- 
tischen  Oxysaûren  unter  dcn  Faûlnissprodiiklen  des  Eiioeiss.  2  .•  Ueber  eine  skalolbildende 
Siihstanz.  (Ber.  d.  d.  chon.  Gfs.,  13,  189'.  ^  80  h  :  Veber  die  skalolbildende  Substanz.  {Ber. 
d.  d.  chem.  Ges.,  13,  2217).  —  84  :  Zur  Kenntniss  der  Eiiceissfaiilniss.  1  :  Ueber  die  Bildung 
des  Indols  und  Skalols.  [Z.  physiol.  Ch.,  8,  417).  —  85  :  Zur  Kenntniss  dcr  Eiiveissfaïilniss. 
II.  Die  SkatolcarbonsaUre.  (Z.  physiol.  Ch.,  9.  8).  —  Saxder  G.  93  :  {Berl.  klin.  Woch., 
1893,  u"  36).  —  ScHLiEPER  Ad.  86  :  Indole  'ans  p-Naphtylhydrazin.  {A7in.  d.  Chem.  u. 
Pharm.,  236,  174).  —  Schmidt  Ad.  03  :  Ueber  dcn  Nachwcis  und  die  Bestimmung  des 
Indols  in  den  Fâzes  mitlelst  der  EhrlicKschen  Dimcthylamidobenzaldehydreaktion.  {Mi'nich. 
med.  Woch.,  1903,  n»  17;  Bioch.  Centrabl.,  1,  306.)  —  Schmidt  0.  84  :  in  Brehm's  Ticr- 
leben,  2^  Auft.,  10,  281,  1884.  —  Schmiedeberg  0.  81  :  Ueber  Oxydât ioncn  und  Synlhesen 
im  Thierkôrper.  {Arch.  /'.  expcr.  Pathol.  u.  Tharm.,  14,  288).  —  Schmiedeberg  0.  et 
Meyer  h.  79  :  Uebcr  Stoffwechselproducte  nach  Campherfiitterung.  (Z.  physiol.  Ch.,  3, 
24).  —  ScHOLL  R.  et  Berbllnger  H.  03  :  Untcrsiichungcn  ùber  Indanthren  und  Phenan- 
thren.  II.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  36,  3427).  —  Scholz  H.  05  ;  Beitrdge  zur  Frage  der 
Entstehung  des  Indikans  im  Thierkôrper.  (Z.  physiol.  Ch.,  38,  513).  —  Schuchardt  K.  87  : 
Bemcrkung  ïtber  das  «  Cholcraroth».  {Arch.  f.  pathol. Anat.,  110,  373).  —  Schulteim  Hofe 
A.  02  :  Studien  ùber  den  Gehall  der  Indigo  fera  tinctoria  an  Indikan,  soivie  ilber  die 
Geivinnung  des  Indigos.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  12,  19).  —  Schultzen  0.  et  Nencki  M. 
72  :  I)ie  Vorstufen  des  Harnstoffes  im  thierischen  Organismus.  (Z.  f.  Biologie,  8,  124).  — 
Schl'lze  [E.  85  :  Untersuchungen  iibcr  die  Amidosaïiren,  ivelche  bei  der  Zersetzung  der 
Eiwcissstoffe  durch  Salzsaûre  und  durch  Barytwasser  entstehen  (Z,  physiol.  Ch.,  9,  63).  — 
ScHULzË  E.  et  WiMERSTEiN.  05  :  Ueber  die  aus  den  Keimpflanzen  von  Vicia  sativa  und 
Lupinus  alba  darstellbaren  Monoaminosauren.  (Z.  physiol.  Ch.,  45,  38).  —  Schumm  0. 
04  :  Nachtrag  in  ncuer  Abhandlung  :  «  Ueber  eine  proteolytische  Ferment  im  Blute  bei 
myelogener  Leukâmie.  »  [Beitr.  z.  chem.  Physiol.,  5,  583.)  —  Schunck  E.  5o  :  On  the 
formation  of  Indigo-blue.  (Philos.  Magaz.,  10,  73).  —  57  :  On  the  Occurrence  of  Indigo-blue 
in  Urine.  {Philos.  Magaz.,  14,  288).  —  58  a  :  On  the  Formation  of  Indigo-blue.  11.  {Philos. 
Magaz.,  15,  29).  —  58  b  :  On  the  Formation  of  Indigo-blue.  II  [continued).  {Philos.  Magaz., 
15, 117).  —  58c  :  On  the  Formation  of  Indigo-blue.  II  {concluded).  (Philos.  Magaz.,  15, 183). 

—  79  a  :  Identity  of  thé  Indigopurpurin  icith  Didirubin.  {Journ.  Chemic.  Soc,  1879,  328; 
.Jahresb.  Thierch.,  9,  36).  —  79  b  :  Identitàt  des  Indigopurpurins  mit  Indirubin.  {Ber.  d.  d. 
chem.  Ges.,  12,  1220).  —  79  c  :  Notes  on  the  purple  of  the  ancients.  (Journ.  Chem.  Soc, 
35,  589;  Jahresb.  Thierch.,  9,  262).  —  80  :  Note  on  the  purple  of  the  ancients  {Journ. 
Chem.  Soc,  57,613;  Jahresb.  Thierch.,  10,  376).  —  00  :  {Chemic  News,  82,  176).  — 
Schunck  E.  et  Marchlewski  L.  95  :  Zur  Kenntniss  der  rothen  Isomeren  des  Indigotins  und 
liber  einige  Derivate  des  Isatins.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  28,  339).  —  Schunck  E.  et  Roe- 
merH.  79  :  Ueber  die  Zersetzung  des  Pflanzenindicans  bei  Abschluss  der  Luft.  {Ber.  d.  d. 
chem.  Ges.,  12,  2311).  —  Scml  izenbergkr.  P.  90  :  Traité  de  Chimie  générale  (t.  6,  p.  439). 
Paris,  1890.  —  Sciiwarz  II.  93  :  Untersuchungen  l'iber  die  chemischc  Bescha/fenheit  der 
elastischen  Substanz  der  Aorta.  (Z.  physiol.  Ch.,  18,  487).  —  Scotti  F.  97  :  Ricerche  suW 
eliminazione  degli  eteri  solforici  e  delV  indicano  per  l'urina  c  sui  loro  rapporti.  {Nuova 
Rivista  clinico-terap.,  1897 ,  n°  8).  —  01  :  Contributo  sperimentale  ail'  origine  dell'  acido 
indossilglicuronico.  {Gazz.  d.  Osped.,  22, 102).  —  Secrktan.  76  :  Recherches  sur  laputréfaction 
de  l'albumen  et  sur  sa  transformation  en  graisse.  {Dissert,  inaug.,  Genève,  1876).  —  Seige  M. 
08  :  Periodische  Indicanurie  bei  zirkuhircr  Psychose.  {Monatsschr.  f.  Psych.  u.  Neurol.,  24, 


268  INDOL. 

H.  2;Biocli.  Ccntrhl.,  S,  142).  —  Selithennv  L.  89:  U cher  die  Zcrsetzumj 'det^  Lehrui  durch 
anaerobc  SpaUpilze.  [Moiiatxh.  f.  Cli.,  10,  908).  — Seliwanow  Th.  89  :  [Sur  la  niibstance 
du  bois  et  sea  réactions  .  {Congrès  des  naturalistes  à  Saiut-Pétersbourr/ ,  section  de  botanique, 
20,  20,  1889,  en  russe?  Botun.  Ccntrbl.,  iîi,  270).  —  Semmola  G.  il  :  Sur  la  cianourine. 
[Journ.  de  Chim.  médic,  3«  s.,  3,  419).  —  Senator  H.  77  ;  Uebcr  Jndican-  und  Kalk- 
Ausscheidiing  in  Krankhciten.  (Centrbl.  med.  Wiss.,  15,  357,  370,  388).  —  79  :  Ueber  das 
Vorkomoien  von  Producten  der  Darmfaiilniss  bei  Xeugeborenen.  [Verhandl.  physiol.  Ges. 
Berlin,  25  Juli  1879;  Jahrexb.  Tkierch.,  9,  144).  —  80  :  Ueber  dm  Vorkommcn  von  Pro- 
duktcit  der  Darmfaiiliiiss  bei^eugeborcnen.  {Z.pliijsiul.  Ch.,  î,  1).  —  91  :  Ueber  schicarzen 
Urin  und schwarzen  Ascites.  yCharité-Annalcn,  15;  Jahresb.  Thierch.,  21,ii9). —  SiciiKiiEn. 
54:  {Ann.  d.  Cheni.  u.  Pharm.,  90,  120).  —  Sickk  A.  09  :  Sur  la  recherche  de  l'indol 
dans  les  cultures  microbiennes  à  l'aide  des  nouveaux  réactifs.  (C.  R.  Soc.  Biol.,  67,  76).  — 
Simon  Ch.  E.  95  :  The  modem  aspect  of  fndicanuria,  ivith  spécial  référence  to  the  relation 
betuecn  indican  and  the  acidity  of  the  gastric  juice.  [Amer.  Journ.  of  Med.  Se,  I  iO,  48, 157  ; 
Jahresb.  Thierch.,  26,  331).  —  OS  :  On  the  occurrence  of  Ehrlich's  Dimethylamidobenzalde- 
hi/d  Réaction  in  the  Urine.  {Ainer.  Journ.  of  Med.  Se,  sept.  1903;  Bioch.  CentrhI.,  2. 
116).  —  Simon  F,  40  :  Handbuch  der  angeuandte  med.  Chcmie  (t.  /,  p.  342  ;  uroéry- 
thrine),  1840.  —  45  :  Animal  chemistry  (t.  1 ,  p.  45  .•  uroérythrine)  :  Irad.  angl.  London, 
1845.  —  Simonin.  41  :  Do  l'indigo  contre  l'épilcpsic.  (J.  de  Pluirm.  et  Chim..  3"^  s.,  1 ,  164), 

—  SiNtiER  M.  82  :  Beitrdge  zur  niihcren  Kenntniss  der  Hoizsubstanz  und  der  verholzten 
Gewebc.  {Monatsh.  f.  Chem.,  3,  395).  —  Smith  Th.  97  :  A  modification  of  the  method  for 
determining  the  production  of  indol  by  bacteria.  {Journ.  of  cxperim.  Med.,  2,  543).  — 
SoLOMiN  P.  97  :  Zur  Kenntniss  der  Kynurensaure.  [Z.  physiol.  Ch.,  23,  497).  —  Spangex- 
RERc,  :  cité  par  Berzélius,  Traité  de  Chimie,  7 ,  405.  —  Staal  J.  Ph.  05  :  Ueber  das  Chro- 
mogen  des  sogcnanntrn  Skatolrotes  im  normalen  Menschenharn.  fZ.  physiol.  Ch.,  46,  252). 

—  Stadelmann.  90  :  Uebcr  das  beim  tiefen  Zerfall  des  Eiwcisskôrper  cntstehende  Protein- 
chromogen,\den  die  Bromrcaktion  gebenden  Kôrper.  (Z.  f.  Biologie,  26,  490). —  Starck  v. 
00  a  :  Ueber  den,  Antheil  des  Urobilins  und  Jndicans  an  der  Farbe  des  Ilarns.  (Miinch. 
med.  Woch,  1901,  43).  —  00  b  :  Der  Indoxyl-  und  Urobilingehalt  des  Harns  bei  den 
sogenannten  Schuhlnndmie.  (Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  52,  Ergànzungsh.,  420;  Centrbl.  med. 

Wiss.,  39,  650).  —  Steensma  K.  A.  04  :  Over  het  roorkomen  van  nitrieten  in  urine  en 
hunne  betcekeuis  voor  het  quai,  en  quant,  urine  onderzoek.  {Ncdcrl.  Tijdschr.  v.  Genecsk., 
1904,  425).  —  06  a  :  Uebcr  den  Nachioeis  von  Indol  iind  die  Bildung  von  Indol  vortaïis- 
chenden  Stoffen  in  Baktcricnkulturen.  [Centrbl.  f.  Bakt.,  41 ,  mai  1906;  Bioch.  Centrbl.,  5, 
384).  —  06  b'.:  Ueber  Farbcnreaktionen  der  Eiwcisskôrper,  des  Indols  und  des  Skatols  mit  aro- 
matischen  Aldehyden  und  Nitritcn.  Z.  physiol.  Ch.,  47,  25).  —  08  :  Die  Farbcnreaktionen 
in  der  Biochemie.  {Bioch.  Zcit.,  8,  203).  —  Stekken  NV.  92  :  Beitrâge  zu  Indican-Aus- 
scheidung  bei  Kindern.  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  34,  18;  Centrbl.  med.  \Viss.,  30,  591).  — 
Stockman  R.  02  :  On  grccn  and  blue  urine.  [Edimb.  med.  Journ.  août  1902).  —  Stôckly 
F.  81  :  Ueber  die  Faiilnissproducte  des  Cichirns.  (J.  f.  prakt.  Ch.,,  24,  17).  —  Stohr  C. 
87  a  :  Zur  Kenntniss  des  Strycintins.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  20,  811.  —  87  b  :  Skatol  aus 
Strychnin.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  20,  1108'.  —  Storvi?  B.  J.  68  :  Lôsiichkeit  dés 
Indigos  im  Chloroform.  {Dingler's  Polyt.  Journ.,  190,  U2;  Jahresb.  d.  Chem.,  1 868, 1S9).— 
79  :  Uebcr  den  Nachucis  des  hulicans  im  Ilarne.  (Z.  analyt.  Ch,  11,  112).  —  01  :  Over  de 
scheiding  der  mocderstof  van  het  indigoblauw  van  die  van  het  skatolrood  in  de  urine  van 
den  mcnsch.  {Handelingcn  van  het  8.  Nederlandsch  ISatuur-en  Geneeskundig  Congres,  1901, 
249;  Jahresb.  Thierch.,  31,  444'.  —  Strahl  M.  35  :  Emploi  de  l'indigo  à  l'intérieur.  (J. 
de  Pharm.  et  Chim.,  21,  329).  —  Strasser.  94  :  Ueber  die  Phcnolausscheidung  bei  Krank- 
lieiten.  (Z.  klin.  Medic,  24,  543).  — Strauss  H.  96  :  Ueber  die  Entstehung  von  Schivefel- 
%vasserstoff  und  Indol  im  menschlichen  Magen  diuch  bactcrielle  Eiireisszersetzung .  [Berl. 
klin.  Woch.,  33,  385;.  —  02  :  Zur  Melhodik  der  quantitatircn  Indikanbcstimmung.  [D. 
medic.  Woch.,  17  april  1902  .  —  Strauss  H.  et  Philippsohn  H.  00  :  Ueber  die  Au^schei- 
dung  enterogener  Zersetzungsprcdukle  im  Urin  bei  constanter  Diut.  iEin  Beitrag  zur  Frage 
der  Autointoxicationen) .  fZ.  klin.  Medic,  40,  3ô9;  Jahresb.  Thierch.,  30,  358).  —  Strickler 
E.  06'  ;  Die  chemische  Zusammensetzung  des  Colostrums  mit  bcsonderer  Berïtcksich- 
tigung  der  Eiweisstoffe  dcsselben.  Dissert.  Zurich,  Juli  190^;  Bioch.  Centrbl.,  4,  348).  — 
Strzyzowski  C.  01  :  Einigcs  iiber  Harnindikan.  Zur  Kritik  der  qualitativen  Bcstimmungs- 


INDOL.  269 

methoden  dicscn  Koi'pers,  nchst  eiiicin  .Wt7<((v/.sr  desAcUx-n.  [Ocatcrr.  i'Ittiuiker  'Atz.,  i,  i6;i; 
J.  de  Pharm.  et  Chim.,  0"  s.,  lo,  liiW  —  Si:id.\  W,  7fi  :  IJeher  dus  Isutin  und  seine 
Derivale.  {Bef.  d.  d.  chem.  Gcs.,  H,  a84j.  —  Swain  \\.  E.  (>:i  :  Wcitcres  tiber  Skatoain. 
{Beitr.  z.  chem.  Physiol.,  S,  442). 

Tabor.v  (v.)  d.  06:  Ueber  die  Beziehunnea  zwischcn  Matfenaafdickrelion  und  Dannfaid- 
niss.  {Arch.  f.  klin.  Medic,  87,  254;  Biocli.  Central.,  o,  593 1.  —  Takaoki  Sasaki.  /O  ; 
Ueber  eine  neue  einpfidiicfu;  SkatolrenlUion.  [Bioch.  Zeitfichr.,  2.'i,  402;. —  Tangl  E.  7i  : 
{Flora,  lS7i,  2.39).  —  Tai'I'kineii  H.  SI  :  Ueber  die  Bildnntjsstattcn  des  Phénols,  hidols 
und  Skatols  im  Darinkanal  der  Pflanzenf'resser.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  14,  2382).  —  Teii 
Meule.\  h.  00  :  Bijdrage  tôt  kennis  raii  het  indican.  [Koninkl.  Ahad.  v.  Wetensch. 
Amsterdam,  Wiss-  en  Natimrkund.  AfdeeL,  Maart  1900,  p.  oOS;  Jahresb.  Thierch.,30,  97b). 

—  Terray  p.,  Vas  B.,  Gara  G.  93  :  Der  Stoffwechsel  Cholerakranken.  {Berlin,  klin. 
Woch.,  1893,  n"  12-la).  —  Testi.  9o  ;  Indicanuria  nelle  suppurazioni.  [Policlinico,  IS9.'i, 
n°  4;  Jahresb.  Thierch.,  26,  822).  —  Thesen  J.  E.  97  :  Ueber  Pheni/h/li/cin  und  Phenyl- 
o-carbonsaiire  und  dercn  VerhaUen  im  Thin-kôrper.  (Z.  physiol.  Ch.,  23,23).  —  ThielkJ. 
11.  DiMiîOTH  0.  9o  :  Indol  aus  o.  Diamidoslilben.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  28,  14U).  —  Tho- 
mas Fr.,  Bloxam  NV.  p.,  Perki.n  A.  G.  09  :  Indican.  Part  lll.  {Journ.  Chem.  Soc.,  95, 
824;  Bioch.  Centrbl.,  9,  4").  —  Thormàhlen  J.  87  :  Mittheilumj  iibcr  einennoch  nicht 
bekannten  Kôrper  im  pathologischen  Menschenharn.  {Arch.  f.  pathol.  Anat.,  108,  317).  — 
Thuoiciium  j.  L.  W.  67  ;  On  choiera  chemicully  investiyated,  London,  1867.  —  73  :  Fur- 
ther  researchcs  into  the  Bilirubin  and  combinations  of  it.  {Journ.  Chemic.  Soc,  2"^  s.,  13, 
399;  Jahresb.  Thierch.,  ii,  192).  —  77  .•  Ueber  Indikan.  {Arch.  f.  (/es.  Physiol.,  /o,  343).  — 
88  :  Sur  les  alcaloïdes,  j^rincipes  immédiats  de  l'urine  humaine.  iC.  U.  Acad.  Se,  106,  1803). 

—  00  :  Einigc  wissenschaftliche  und  cthische  Fragen  der  biologischen  Chemie.  {J.  prakt.  Ch. 
2«=  s.,  61,  568).  —  TiEDEMANN  et  Guelin.  26  :  Die  Verdauung  nach  Versuchen.  Heidel- 
berg  u.  Leipzig,  1826.  —  31  :  Die  Verdauung  nach  Versuchen,  2"^  Aufl.,  1831.  —  Tie.mann 
F.  et  Haarmann  W.  74  .•  Ueber  das  Coniferin  und  seine  Umwandlung  in  das  aromatische 
Princip  der  Vanille.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  7,  608).  —  TCczeck  Fr.  Si  :  Mittheilung  von 
Stoffwt'chsehintersuchungen  bel  abstinierenden  Geisteskranken.  (Arch.  /'.  Psych.,  7,  H.  3; 
Neurolog.  Centrbl.,  3,  307j. 

Udransky  fv.)  L.  88  a  :  Ueber  Furfurolreactionen.  ]  Mittheilung.  ;Z.  physiol.  Ch.,  12, 
3o5).  —  SS  b  :  Ueber  Furfurolreactionen.  H  Mittheilung.  (Z.  physiol.  Ch.,  12,  392).  — 
Underhill  F.  P.  Oi  :  On  the  origine  and  precursors  of  urinary  indican.  {Amer.  Journ. 
of.  Physiol.,  12,  176;  Bioch.  Centrbl.,  3,  336).  —  Ury  H.  Oo  :  Jaiv  Mcthodik  des  guan- 
titativcn  Nachweises  von  Faidniss-  und  Gdrungsproducten  in  dcn  Faces.  {Boas'  Arch.,  Il, 
242;  Bioch.  Centrbl.,  4,310).  — 06  :  Die  Ehrlichsche  Beaction  im  Stuhl.  {Centrbl. inn.  Mcd., 
janv.  ^906';  Bioch.  Centrbl.,  4,  740). 

Valvassori-Pero.n'i.  98  :  \Peiiosis  rheumatica;  sa  pathogénése,  avec  un  cas  de  P.  rh.  avec 
néphrite  toxique  et  indicanurie].  (La  Pedialria,  1898,  n"  Q;Arch.f.  Kinderlieilk.,30,  441). 

—  Vaubel  w.  01  a  :  Ueber  die  Molecnlargrôsse  des  Indigblaus  und  des  Indigroths.  {Chetni- 
ker  Zeitung.  25,  725).  —  01  b  :  (Z.  f.  angeiv.  Ch.,  1901,  H.  36).  —  02  :  Zur  Kenntniss  des 
Indigoblaus  und  des  Indigoots.  [Z.f.  Farben-undTextilchemie,  1,39;  Chem.  Centrbl.,  1902, 
I,  936).  —  06  :  Ueber  die  Molekulargrdsse  des  Indigos.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 39,  3  587).  — 
VAuguKLiN.  1811  :  Sur  une  matière  rose  que  les  urines  déposent  dans  certaines  maladies. 
{Ann.  du  Muséum  dliist.  nal.,  17,  133).  —  Vaux  F.  L.  98:  Indol;  ils  relation  to  prolon- 
ged  suppuration  and  lardaceous  change.  (J.  Amer.  Assoc.  Chicago,  31 ,  203).  —  99  :  The 
place  of  indol  and  ils  dérivations  in  the  study  of  internai  medicine.  (S^  Loids  Med.  Gaz., 
1898-99,  H,  109).— Veale  W.  68  :  On  the  Urinary  Pigments.  {Edimb.  med.  Journ.,  13,  548). 

—  Velsen  (von).  44  :  Caspers  Wochenschrift ;  Journ.  de  Chim.  médic,  2°  s.,  10,  542).  — 
ViERORDT  K.  73  :  Die  Anwendung  des  Spectralapparates.  Tàbingen,  1873.  —  74  a  :  Phy- 
siologische  Spcctralanalysen.  (Z.  f.  Biologie,  10,  21).  —  74  b  :  Physiologische  Spectralana- 
lysen.  (Z.  f.  Biologie,  10,  399).  —  7o  :  Physiologische  Spectralanalyscn.  (Z.  f.  Biologie,  II, 
187).  —  76*  .•  Die  quantitative  Spectralanalyse  in  ihrer  Anwendung  auf  Physiologie,  Phy- 
sik,  Chemie,  und  Technologie.  Tiibingen,  1876.  —  78  a:  Zur  qiuintilativen  Spectralanalyse. 
(Z.  f.  Biologie,  14,  34).  —  78  h  :  Bestimmung  des  Indigblaus  mittelst  der  quantitativen 
Spectralanalyse.  (Z.  f.  anal.  Ch.,  1878,  H.  3).  —  Villaxen  K.  S.  04  :  Zur  Frage  nach  der 
Bedeutung  der  Acthcrschwefelsaiire  im  Harn  bei  Paner easerkrankungen.  {Dissert.  S^-Péters- 


270  INDOL. 

bw'fj,  1904;  Bioch.  Centrbl.,  3,  20).  —  Ville  J.  et  Derriex  E.  08  :  Réactions  colorées  des 
acides  biliaires  avec  la  vanilline  et  avec  Valdéhyde  anisiqiic.  [C.  R.  Soc.  BioL.  6i,  005). 

—  ViNES.  02  :  Trijptophane  in  proteolysis.  (Annals  of  Bolany,  16, 1).  — Virghow  R.  47  ;  Die 
pathologischen  Pigmente.  [Arch.f.  pathol.  Anal.,  1,319,  407).  —  51  :  Ueber  krystallinische 
thierische  Farbstoffe.  [Verhandl.  d.  physik.-medic.  Ges.  M'iirzburg,  2,  303).  —  Vogel. 
1815  :  Expériences  et  observations  sur  l'acide  rosaciqne  de  l'urine  de  l'homme.  {Ann.  de 
Chim.,  96,  306).  —  Vogel  H.  W.  73  :  Ueber  die  Absorptionsspectra  verschicdener  Farbs^ 
toffe,  sowie  iïber  Amvendung  derselben  zur  Entdeckung  von  Verfàlschungen.  [Bcr.  d.  d. 
chem.  Ges.,  8,  1246).  —  76  a  :  Ueber  die  spectralanalytische  Reaction  auf  Blut.  [Ber.  d.  d. 
chein.  Ges..  9,  587).  —  76  b  :  Zur  Spectroscopie  der  Blut  farbstoffe.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges., 
9,  1472).  —  18  :  Ueber  die  Verschiedenheit  der  Absorptionsspectra  eines  und  desselben 
Stoffes.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  11,  1363).  —  Voges  0.  et  Proskauer  B.  98  :  Beitrag 
zur  Ernàhrungsphysiologic  und  zur  Differenttaldiagnose  der  Bakterien  der  hâmorrhagischen 
Septicàmie.  (Z.  f.  Hygiène,  28,  20).  —  Voisenet  E.  05  :  Sur  une  réaction  très  sensible  de 
la  formaldéhyde  et  des  composés  oxygénés  de  l'azote,  et  qui  est  aussi  une  réaction  de  colora- 
tion des  matières  albioninoides.  (Bull.  Soc.  Chim.,  3''  s.,  33,  U98).  —  Voluard  F.  03  a  : 
Ueber  einc  neue  Méthode  der  quantitative)i  Pepsinbestimmung ,  nebst  Bemerkungen  iiber  die 
Tryptophanreaktion  und  das  Plastein  bildende  Forment.  {Miinch.  med.  Moch.,  1903,  n°  49; 
Bioch.  Centrbl.,  2,  239).  —  05  6;  Ueber  das  Alkalibindungsvermogen  und  die  Titration  der 
Magensafte.  {Mùnch.  med.  Woch.,  1903,  u°  .'iO;  Bioch.  Centrbl.,  2,  231).  —04:  Ueber 
eine  neue  Méthode  der  quantitativen  Pepsinbestimmung  nebst  Bemerkungen  ûber  die  Trypto- 
phanreaktion und  das  Plastein  bildende  Ferment.  Erwiderung  auf  die  Bemerkungen  Glaess- 
ncr's  zu  meinem  obigen  Aufsatze.  [Miinchen.  med.  Woch.,  190i,  157;  Bioch.  Centrbl.,  2, 
374).  —  Vorlànder  D.  01  :  Oxydation  der  saipetrigen  Satire  und  der  Nitrosamine.  (Ber. 
d.  d.  chem.  Ges.,  3i,  1642).  —  Vorlander  D.  et  âi'elt  0.  Oi  :  Darstellung  von  Indol  aus 
Indoxyl.  {Ber.  d.  d.  chem..  Ges.,  37,  1134).  —  Vorlander  D.  u.  Drescher  B.  01  :  Acylde- 
rivate  der  Tndoxylsaiire  und  des  Indoxyls.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  34,  1856).  —  02  :  Das 
krystallisierte  Indoxyl.  {Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  35,  1701).  —  Vorlander  D.  et  Schu- 
BART  (Ph.).  01  :  Ueber  die  Konstitutioti  des  Indigokarmins.  [Ber.  d.  d.  chem.  Ges.,  34, 
1860). —  VouTE.  93  :  Quelques  remarques  sur  la  coïncidence  de  l'indicanurie  et  de  la  tuber- 
culose chez  les  enfants.  [Rev.  d.  malad.  d.  l'enfance,  1893,  49;  Centrbl.  med.  \\iss.,31, 
367).  —  Vries  DR.  77  .•  Indican  im  Harn  und  seine  diaguostictte  Bedeutung.  (Inaug.  Dissert., 
Kiel,  1877). 

Waiil  a.  et  Bagard  P.  09  :  Une  nouvelle  synthèse  de  t'indiruOinc.  [Bull.  Soc.  chim., 
4"  s.,  3,  1041).  —  Walchli  G.  78:  Ueber  die  Faiilniss  des  Elastins  und  Mucins.  {J.  f. 
prakt.  Ch.,  17,  71).  —  Walbaum  H.  00  :  Ueber  Zibeth,  Jasmin,  und  Rosen.  {Ber.  d.  d. 
chem.  Ges.,  33,  1903).  —  Walter  G.  92  :  Ueber  die  Orydation  des  Benzoyltetrahydrochi- 
naldins  und  ûber  einigc  Nitroderivate  desselben.  iBer.  d.  d.  chem.  (}es.,  25,  1261).  — 
Wang  E.  98  :  Ueber  die  quantitative  Bcstimmung  dos  Harnindikans.  Vorlaiifige  Milthei- 
lung.  {Z.physiol.  Ch.,  25,  406).  —  99  a  :  Woiteres  ïibcr  die  quantitative  Bestimmung  des 
Harnindikans.  {Z.physiol.  Ch.,  21,  135  .  —  99  b  :  Fiitterungsversuche  mit  Indol.  (Z.  phy- 
siol.  Ch.,  27,  557).  —  99  c  :  Ueber  die  rothbraunen  Farbstoffe  bci  der  quantitativen  Bcstim- 
mung des  Harnindicans.  (Z.  physiol.  Ch.  28,  570).  —  00  :  Om  Indicanuri.  {Videnskabssels- 
kabets  Skriften,  I,  Math.  Natur.  Klasse,  1900,  4,  Christiania;  Jahresb.  Thierch.,  30,  907). 

—  04  :  Ein  Fall  von  Indigurie.  {Festsehrift  f.  Salkowski,  1904,  397,  Berlin,  Hirschivald; 
Bioch.  Centrbl.,  3,  300).  —  Wartha  V.  /-/  ;  Lôsungsmittel  fïiv  Indigblau.  {Ber.  d.  d.  chem. 
Ges.,  4,  334).  —  Wassilieff.  82  :  Ueber  die  Wirkung  des  Calomels  auf  die  Gahrungsprozesse 
und  das  Leben  von  Mikroorganismen.  (Z.  physiol.  Ch.,  6,  112^.  —  Weber  F.  P.  01  :  The 
occurrence  ofgreen  or  blue  urine  and  ils  most  fréquent  cause.  (Lancet,  21  sept.  1901).  — 
Weber  W.  78  :  Nachrveis  von  Indican  im  Harn.  {Arch.  d.  Pharm.,  3^  s.,  13,  340;  Jahresb. 
Thierch.,  9,  190).  —  Wechselman.n  Ad.  06  :  Beitràge  zur  Kenntniss  des  Uroroseins  und 
seines  klinischen   Ycrhaltens.  [Inaug.  Dissert.  Berlin,  1906;  Bioch.   Centrbl.,  5,  284,  784). 

—  Wenzlxg  m.  87  :  Derivatc  der  drei  Methylindole.  {Ann.  d.  Chem.  u.  Pharm.,  239,  240). 

—  Wesener  j.   a.    01  :   The  relation  of  indicanuria  and  oxaluria   to  gastro-intestinal 
fermentation.  {Joiirn.  Amer.  Med.  Assoc,  36,  956).  —  03  :  Die  Bcziehungen  der  Indikanuri 
und  Oxalurie  zur  gastro-intostinalen  Gdrung.  {Arch.   f.    Verdauungskrankh..   8,  174).  — 
Wherry  w.  b.  05  :  A  search   into    the  nitrate  and  nitritc   content  of  Witte's  peptone 


INDOL  —  INOSITE.  271 

with  spécial  rcfcirticc  to  its  in/lidncf  un  tlw  (lemonslialion  of  lltc  indol  and  choiera  rc<l 
roaclion'i.  {.Joiirn.  of  Infections  Diseaseï^,  2,  t\°  3;  liioch.  Ccnlrhl.,  i,  477).  —  Widma.n.n  0. 
iS'2  ;  Uehov  l'inc  Si/nl/H'Sf  von  Indol  ans  Ciiniinol.  i  lier.  d.  d.  cliem.  Ges.,  lii,  2H47).  — 
Wij.-i,o\v  C.  I*].  \.02  :  Failx-nniKsler  ziir  An(/(d)r  der  Heaultate  der  iSitvit- und  Indolprohcn. 
[Ccntthl.  f.  liakt.,  1902,  400i.  —  Wintiounitz  II.  !)2  :  Uehcr  das  Vorhallon  dor  Milcli  und 
ihrer  iriclilitjslen  Itestundtlieile  bei  der  Faiilniss.  (Z.  p/ii/s/o/,  Ç/i.,  IG,  460).  —  Wisligenus 
W.  et  AnNOLD  E.  ^7  ;  Uebei-  den  Mol fiijloxalessi(f ester.  {Ber.  d.  d.  cliein.  Ges.,  20, 
3394\  —  Woi.i"  II.  81  :  IJeber  Indigurie.  {Inawj.  Disserl.,  Herlin,  1887;  Jahresb. 
Thierc/i.,  .'iO,  870).  —  Woij'uerc;  S.  7o  ;  Verànderung  der  Indigo- Ausscheidunçi  diircli 
den  llarn  bei  innerlicke  (iebrauche  der  Salicjjlsaiire.  [Arcli.  f.  klin.  Med.,  1o,  408; 
Central,  med.  Wiss.,  li,  120).  —  Wolowski.  01  :  Die  quantitative  Hestimmung  des 
Indican^i  ira  llarn  imd  ihn-  klinisc/ie  liedeutiing.  (D.  med.  Wocit.,  27,  23.)  —  Wi'r/kh  : 
cité  par  Beh/.klius,  Truite  de  ('Itiniie,  tiad.  franc,  t.  7,  p.  358.  —  Wyss.  6S  :  (Arc/t.  /'. 
Ileilk.,  9,  232). 

Z.vsLEiN  Th.  87  :  lieitrag  zur  cliemischea  Réaction  der  Vulluien  des  Cholerabacillns. 
(D.  incdic.  Zeitung,  1887,  ii°  72).  —  Zatti  C.  u.  Fkhrati.m  A.  90  a  :  Synthèse  der 
^-Indolcarbonsaiire.  {Ber.  d.d.  chem.  lies.,  25,2296). —  90  b  :  Ueber  das  ^itrosoindol.  (Ber. 
d.  d.  chem.  des.,  23,  2290  .  —  Zikmke  E.  98  :  Ueber  den  Ein/luss  der  Salzsailre  des 
Magensaftes  anf  die  Faiilnissvorgiinge  im  Darm.  {fnang.  Dissert.,  Halle,  1898;  Jahresb. 
Thierch.,  30,  394).  —  Zoja  L.  92  :  Ueber  Uroerijthrin  und  Hematoporphijrin  im  llarn. 
{Centrbl.  med.  Wiss.,  1892,  705.)  —  93  a  :  Su  qualche  pigmcnti  de  alcun  urine  e  special- 
mento  sulla  presenza  in  esse  di  ematoporfirina  ed  uroeritrina.  (Arcliivio  Italiano  de  Clinica 
med.,  1893).  —  93  b  :  [Arch.  ital.  de  Biologie,  19,  fasc.  3).  —  Zwiebel  G.  9o  :  Ueber  die 
Verwcrthbarkeit  der  Indikaaurie  fïir  die  Diagnose  der  Tuberculose  im  Kindesalter.  (Inaug. 
Dissert.  Bern,  1895;  Jahresb.  Thierch.,  30,  870). 

L.  C.  MAILLARD. 

INEE.  — V.  Strophantine. 

INHIBITION.   -  V.  Nerveux,  Syst. 

I NOCARPI N  E.  —  Matière  colorante  rouge  extraite  d'un  arbre  de  Taïti  {ino- 
carpus  edulisj,  dont  on  incise  l'écorce.  Le  suc  incolore  rougit  à  l'air.  A  côté  de  l'inocar- 
pine,  CuzENT  (Journ.dc  pharm.,  xxxv,  241)  a  trouvé  une  matière  colorante  jaune,  la  xan- 
thocarpine. 

INOSIQUE  ^Acide).  —  V.  Muscles. 

INOSITE  (G^H'-O^).  —  L'inosite  est  un  hydrate  de  carbone,  qui,  par  sa  formule 
de  constitution,  se  rattache  au  cyclohexane  C^H'-.  C'est  un  alcool  polyatomique  à  chaîne 
fermée.  Comme  la  théorie  le  faisait  prévoir,  il  existe  quatre  inosites,  droite,  gauche, 
inactive  et  racémique  (voyez  Sucres). 

L'inosite  inactive  est  la  seule  qui  se  trouve  dans  les  tissus  et  organismes  vivants.  Elle 
a  été  découverte  en  1850  par  Si:iieiier  dans  les  eaux  mères  barytiques  d'une  [tré|)aration 
de  créatine  avec  les  tissus  musculaires.  On  la  retrouve  non  seulement  tlans  les  mus- 
cles, mais  encore,  quoique  en  moindres  proportions,  dans  le  poumon,  le  foie,  la  rate,  le 
cerveau.  Cloetta  a  constaté  sa  présence  dans  certains  cas  d'albuminurie,  alors  qu'il 
n'en  put  trouver  dans  l'urine  normale  (1856).  Gallois  (1863)  la  signalée  dans  l'urine  de 
certains  diabétiques.  On  la  rencontre  fréquemment  dans  les  tissus  végétaux,  haricots 
(VoiiL,  1858),  pois  verts,  lentilles,  choux,  champignons  (Marmé,  1864),  moût  de  raisin 
(Hilcer),  feuilles  de  frêne,  feuilles  de  noyer  (Tanret  et  Villiers). 

Pour  la  préparer  avec  l'extrait  aqueux  musculaire,  on  précipite  à  froid  l'extrait  par 
l'acétate  neutre  de  plomb.  Le  filtrat  est  de  nouveau  traité  à  l'ébullilion  par  de  l'arétalc 
basique  de  plomb;  il  se  dépose  au  bout  de  quelques  heures  un  précipité  cristallin  «jui 
est  repris  par  l'eau  et  II-S.  Le  filtrat  concentré  est  traité  par  l'alcool  éthéré  qui  précipite 
l'inosite,  en  cristaux.  Après  une  ou  deux  purifications  par  cristallisation,  on  obtient 
l'inosite  pure. 


272  INOSITE. 

Maouenne  a  pu  extraire  440  grammes  d'inosile  de  loO  kiloi.'rammes  de  feuilles  sèches 
de  noyer,  soit  0,29  p.  100,  par  un  procédé  très  voisin  du  pn-côdeiit. 

L'inosite  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehlinc.  Elle  ne  pn'-cipite  pas  par  la  phénylhy- 
drazine.  Elle  a  une  saveur  sucrée,  et  ne  donne  pas,  par  fermentation,  de  l'alcool,  mais 
de  l'acide  lactique  et  de  l'acide  butyrique.  Elle  est  soluble  à  iO"  dans  six  parties  d'eau, 
insoluble  dans  le  chloroforme  et  l'alcool,  assez  soluble  dans  l'acide  acétique  bouillant 
d'où  elle  cristallise  bien.  Sa  chaleur  de  combustion  est  de  060  cal.  o  :  sa  chaleur  de  for- 
mation de  313.3. 

ScHEREH  a  trouvé  la  réaction  suivante.  On  ajoute  sur  un  verre  de  montre  une  goutte 
d'acide  nitrique  à  l'inosite,  on  évapore  à  sec.  Par  l'addition  d'ammoniaque  et  de  CaCl-, 
il  se  produit  une  belle  coloration  rouge  (rhodizunale  de  talcium).  La  réaction  est  plus 
nette  quand  on  évapore  deux  ou  trois  fois  de  suite  en  présence  d'un  e.xcès  d'acide  azo- 
tique, et  quand  on  remplace  le  chlorure  de  calcium  par  l'acétate  de  strontium.  Gallois, 
en  chaufiant  l'inosite  avec  un  peu  d'azotate  mercurique,  obtient  un  précipité  jaune 
qui  devient  rouge  par  la  chaleur  et  se  décolore  par  refroidissement.  Mais  ce  procédé 
paraît  moins  sensible  que  le  procédé  de  Schereh. 

Cloetta  a  vu  que,  dans  certains  cas  d'alltuminurie  et  de  glycosurie,  il  y  a  de  l'inosite, 
en  très  petite  (piantité,  dans  Turine.  Le  fait  a  été  confirmé  pai'  divers  auteurs  et  en 
particulier  par  Gallois  qui  en  a  faituneétude  très  attentive.  Sur  102  urines  pathologiques 
examinées  par  lui,  il  n'a  trouvé  que  7  fois  de  l'inosite,  et  toujours  i'inosurie  coïncidait 
avec  la  présence  de  glycose  ou  d'albumine.  Cependant  Von  a  constaté  quun  malade 
diabétique,  n'éliminant  plus  de  glycose,  continuait  ù  s'ailaiblir  ;  car  il  continuait  i"i  l'iimi- 
ner  de  l'inosite  par  lurine. 

Gallois  a  recherché  si  la  piqûre  du  (|uatriéme  ventricule,  qui  amène  le  diabète, 
n'amènerait  pas  aussi  I'inosurie.  Sur  trois  lapins,  rendus  <liabéli<]ues,  il  n'a  observé 
qu'une  fois  I'inosurie.  D'autre  part,  Kllz,  produisant  h'  diabrte  rhez  les  lapins  par 
l'injection  en  grande  quantité  d'une  solution  diluée  de  chlorui»^  de  sodium,  a  vu  sur- 
venir de  I'inosurie.  KOlz  a  montré  aussi,  dans  un  autie  travail,  que  l'ingestion  d'inosite 
augmentait  la  quantité  de  glycogène  du  foie. 

L'origine  de  l'inosite  animale  est  inconnue.  Est-ce  l'inosite  végétale  ingérée  qui 
s'accumule  dans  les  tissus  des  animaux?  Cela  paraît  assez  peu  vraisemblable.il  est  plus 
rationnel  d'admettre  que  les  celliib's  animales  peuvent  fabri(juer  de  l'inosite,  tout  comme 
les  cellules  végétales. 

D'ailleurs  l'action  des  zyniases  sur  l'inosite  est  peu  éludii'e  encore  :  ce  qui  empêche 
de  faire  des  recherches  à  ce  sujet,  c'est  la  ditliculté  de  se  procurer  des  quantités  suffi- 
santes d'inosite. 

On  peut  penser  aussi  que  dans  les  nombreux  cas  d(>  diabète,  si  I'inosurie  n'a  pas  été 
constatée,  c'est  que  la  recherche  chimique  est  assez  laborieuse  et  difficile  pour  n'être 
que  rarement  tentée. 

A  côté  de  finosite,  il  y  a  des  sucres  cycliques,  voisins  :  la  jiirilte  (niélhyl.  inosite), 
trouvée  par  Bertuelot  dans  le  Pinus  lambertiana  (C"H*'*0*'j,  la  quibrachite  (métliylinosite), 
extraite  par  Tanret  de  l'écorce  du  quebiacho  ;  la  dambonite,  extraite  par  A.  liiRAitD  des 
lianes  à  caoutchouc  du  Gabon  (diniythélinosite).  Quant  à  la  scylUte  (C^H'^O**,,  elle  est 
mal  connue  encore.  On  l'extrait  des  reins  et  du  foie  de  la  raie  ou  des  squales,  parles 
mêmes  procédés  qui  donnent  de  l'inosite.  Mais  elle  ne  donne  pas  la  réaction  de  Scherer. 

Bibliographie.  —  Lane.  Sac/iweisunij  des  I.  [Zcilchr,  f.  rat.  Med.,  1861,  100-102).  — 
Casali.  SuUa  i.  [Rii.  clin,  di  Boloyaa,  1869,  vin,  42).  —  Schultzen.  Auftreten  vo)i  I.  im 
Harne  {A.  P.,  1863,  29;.  —  Gallois.  De  I'inosurie  {D.  B.,  1863,  mém.  1-55).  —  Creite. 
Unters.  iiber  dus  Vorkommen  der  Inosinsiiure  im  Fleisch  verschiedener  Thicre  [Zeilsch.  f. 
rat.  Med.,  1869,  xxxvi,  195-199).  —  Luxardo.  Akune  richerche  chimiche  sopra  un  caso 
d'inosw'ia  (Gazz.  med.  it.  prov.  veneta,  1870,  xiii,  100-103).  -  Kulz,  Ueber  das  Auftreten 
von  I,  in  Kaninchenharn  {C.  W.,  iSl'6,  xiii,  932;  et  Silzb.  d.  Ges.  f.  ges.  Nat.  zu  Marbitrg, 
1870,  70-82).  —  Van  der  Doncrt.  De  l'ino'iitrie  {Bull.  Soc.  d.  se.  méd.  et  nat.  de  Bruxelles, 
1866,  29).  —  GiACOSA.  Comportamento  delV  inosite  ne IC  organisme  [Ace.  di  med.  di  Toiino, 
1905,  XI,  375-377). —  Maque.xne.  Les  sucres  (Paris,  1000,  209-225;.  —  Disbrow.  Inosit-e  in 
the  urine  [Med.  and  Surg.  Reporter,  1889,  512). 


INSECTES.  273 

INSECTES.  —  SOMMAIRE.  —  I.  Généralités,  caractères  zoologiques,  classifica- 
tion. —  H.  Fonctions  tégumentaires  :  —  1"  li'Ur  protecteur,  2"  Mues,  "6"  Pirjmenldlion.  — 
4°  Fonctions  (tivcrsts  des  téi/unients.  —  III.  Innervation.  —  1°  Notions  f/éiu'rales  sur  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  du  système  nerveux  des  insrcles.  —  2°  Cerveau.  —  3"  Clutine  gan- 
glionnaire ventrale.  —  a)  Localisation  de  la  sensibilité  et  de  la  motricité.  —  b)  Relations 
des  i^anglions  de  la  chaîne  vc-ntrale  entre  eux.  —  c)  Ganglion  snus-œsopliagicn.  —  cl)  Ganglions 
thoraciques.  —  e)  Ganglions  ahdoniin.tux.  —  f]  Transmission  par  les  conncctifs.  —  g)  Trans- 
mission par  les  commissures.  —  4°  Si/slihne  nerveux  viscéral.  —  5°  Propagation  de  l'influx 
nerveux.  —  6"  Action  des  poisons.  —  111".  Fondions  mentales  [seulement  ù  l'Index  bibliogra- 
phique]- —  III''.  Comportement  [liehaviour),  tropismes  [seulement  à  l'Index  bibliogra/thif/ue].  — 
IV.  Sens.  —  A)  Sensations  en  okxkual  [seulement  à  l'Index  bibliograpltir/ue].  —  |{)  Étldk  des 
SENS.  —  1*  Tact.  —  2"  Audition  et  sismesthésie.  —  3"  Sens stalique  el  Orientation.  —  4"  Goût.  — 
5°  Odorat.  —  6"  Vision.  —  A)  Vision  avec  les  yeux  composés.  —  a)  Dioptrique,  formation  des 
images.  —  b)  Fonctions  rétiniennes.  —  c)  Acuité  visuelle,  perception  des  formes.  —  d)  Accom- 
modation. —  e)  Perception  des  mouvements.  —  /')  Perception  des  couleurs.  —  g)  Limites 
spectrales  de  la  vision.  —  B)  Vision  avec  les  ocelles.  —  V.  Contractilité,  mouvement.  —  1°  Con- 
tractilité  musculaire.  —  2°  Force  muscidaire.  — 'i"  Locomotion.  — a)  Luc.  terrestre.  —  b)  Loc. 
aquatique.  —  c)  Vol.  —  l»  Autolomie.  —  VI.  Production  des  sons.  —  VII.  Production  de 
lumière.  —  VIII.  Digestion  et  absorption  intestinale.  —  1°  hitest'in  antérieur.  — 
2°  Intestin  moyen.  —  a)  Sécrétion,  terments.  —  b)  Absorption.  —  3"  Intestin  postérieur.  — 
4°  Fonctions  d'arrêt  et  moyens  de  défense  de  l'intestin .  —  îi"  Processus  digestifs  adaptés  à 
divers  régitnes  alimentaires.  —  IX.  Circulation.  —  1"  Physiologie  de  l'appareil  circulatoire. 
—  2°  Saug.  —  3°  Phagocytose,  fonctions  dirc-tasiques  dii  saîig.  —  X.  Respiration.  —  1"  Mouve- 
ments respiratoires.  —  2"  Phénomènes  du/niques  de  ta  respiration.  —  3"  Résistance  à  l'as- 
phyxie. —  i"  Respiration  des  Insectes  aquatiques.  —  XI.  Chaleur  animale.  —  XII.  Nutri- 
tion proprement  dite.  Réserves.  Assimilation.  —  XIII.  Désassimilation  et  excrétion.  — 
XIV.  Sécrétions  spéciales.  —  1°  Cire  et  laque.  —2"  Soie.  — 3"  Venins,  sécrétions  répulsives  et 
attractives.  —  XV.  Reproduction.  —  XVI.  Régénération.  —  XVII.  Physiologie  des 
métamorphoses.  —  Index  bibliographique. 

I.    —    GÉNÉRALITÉS.     CARACTÈRES    ZOOLOGIQUES.     CLASSIFICATION 

La  classe  des  Insectes  ou  Hexapodes  forme  avec  celles  des  Crustacés,  des  Arachnides, 
des  Myriapodes  et  des  Onychophores  l'embranchement  des  Arthropodes. 

Le  corps  des  Insectes  (fig.  1,  4)  est  formé  de  trois  régions  distinctes;  Xditête,  le  thorax 
et  Vabdomen.  La  tête,  différenciée  pour  les  fonctions  sensorielles  et  la  préhension  des 
aliments,  porte  une  seule  paire  d'antennes,  des  yeux,  et  trois  paires  de  pièces  buccales 
(fig.  2)  [mandibules,  mâchoires,  lèvre  inférieure,  cette  dernière  résultant  de  la  fusion  plus  ou 
moins  complète  de  pièces  représentant  une  deuxième  paire  de  mâchoires].  Le  tliorax, 
adapté  à  la  locomotion,  est  divisé  en  trois  segments  :  prothorax,  mésothorax  et  méta- 
thorax,  chacun  d'eu.\  portant  une  paire  de  pattes  articulées,  et  les  deux  derniers  géné- 
ralement une  paire  d'ailes.  L'abdomen  est  formé,  au  plus,  de  onze  segments  no  portant 
pas  d'appendices  locomoteurs;  il  loge  tous  les  principaux  viscères. 

La  respiration  est  presque  toujours  aérienne  et  trachéenne. 

On  peut  subdiviser  la  classe  des  Insectes  de  la  façon  suivante  : 

Sous-Classe  I.  —  Apterygota. 

E.V(Mn[iles. 

Ordre        I.  Protura Acerentomon. 

—  II.  Thysanura Lepisma,  Campodea. 

—  III.  Collembola Podura,  Smynthurus. 

Sous-Classe  II.  —  Pterygota. 

^    ,         TT    /-v    i.      .  i  Cursoria.  .    .    .  Forficuia,  Blatta,  Mantis,  riiasma. 

Ordre     IV.  Orthoptera J  Saltatoria  .    .    .  Acridium,  Locusta,  Gryllus. 

Mallophaga.  .    .  Trichodectes. 

Corrodentia  .    .  Termes,  Psocus. 

,.    -,  ,  Amphibiotica.  .  Perla,  Kphemera,  Cliloeon. 

V.  Neuroptera ^  Odoaata.   .   .    .  Libellula,  Acschna,  Agrion. 

Planipennia  .    .  Sialis,  Panorp;i,  M.vrmcleo,  Heinerobius. 

Trichoptera  .    .  Phryganea. 

VI.  Thysanoptera  (Physopoda) Thrips. 

i  Trimera  ....  Coccinella. 

Telramera.   .    .  Ceramby.K,     Ghrysoinda.     llliynchites, 
Druchus.  Scolytus. 

Heteromera..    .  Tcnebrio,  Canlliaris,  Mcloe. 


DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.   —    T.    IX. 


18 


'274  INSECTES. 

•  lv\cnil>lc!». 

/   Pentameia.  .    .  Carabus,    Ciciiidela,     —    Dyliscus,    — 

Orilre    VII.  Coleoptera Hydio).liih.s,  -  Silplia,  Staph.vlinus, 

I  Deniiestes,   —    Elatcr,    Biipreslis,   — 

\  Melolonllia,  Scarabœus,  Lucanus. 

—  VllL  Strepsiplcra Stylops. 

/   Heteroptern. .    .     Pcntatoma,    Coreus,    Lygseus,    Tingis, 
1  Acanthia,     Rcduvius,      Hydrometra, 

—  IX.  Hemiptera  (RhynchotaV       „  Notonecla    Nepa^ 

1  Hoiiioiitera.  .    .     Cicada,  —  Aphis,  rhylloxcra,  Coccus, 
1  Kermès,  Aspidiolus,  P.sylla. 

\  Anoplura.  .    .    .     Pediculus. 

iTerebrantia. .    .     Sircx^Teuthi-edo,  —  Cynips,  —  Glialcis, 
Plalygasici",  —  Bracon,   Ichueiiiuon. 
Aculeata.   ,   .    .     Chry.sis,  Apis,  Boiiibus,  Vespa,  Sphex, 
Scolia,  Formica. 
(  Rbopalocera.    .     Papiiio,  Piei-is,  Vanessa,  Satyrus. 

—  XI.  Lepidoptera |   Heteroccra.  .    .     Boml)yx,    Sutiirnia,    Noclua,    Agrolis, 

'  Gaileria,  Tinea,  Tortrix. 

INcmocera .    .    .     Culcx,  Tipula,  Cecidomyia,  Simulia. 
Brachycera.  .    .     Tabanus,   Asilus,    Stratiomys,    Syrpha, 
Musca,  Œstrus. 
,  Piipipara.  .    .    .     Ilippobosca. 

—  XIII.  Aphaiiiptcra Pulex. 

II.    —    FONCTIONS    TÉGUMENTAIRES 

i"  Protection.  —  Les  ti'guments  des  Insectes  sont  formés  d'iin  épithélium  assez 
improprement  dénommé  hi/poderme,  recouvert  à  l'exlérieui'  d'une  couche  de  chitine 
lamelleuse.  Le  revêtement  chitineux  joue  à  la  fois  un  rôle  de  protection  et  de  soutien. 
S'épaississant  souvent  de  façon  à  former  des  cuirasses  rigides  (Coléoptères,  etc.),  il 
reste  néanmoins  toujours  souple  et  mince  au  niveau  des  lignes  articulaires  qui  séparent 
les  différontes  pièces  épaissies  de  l'exosquelette.  A  l'intérieur  il  envoie  des  replis  ou  des 
prolongements  (apodèmes,  endosquelette),  qui  s'enfoncent  plus  ou  moins  dans  les 
parties  molles  et  qui  donnent  insertion  aux  muscles. 

Cette  couche  protectrice,  même  lorsqu'elle  est  très  mince,  oppose  une  résistance  très 
grande  aux  liquides  les  plus  pénétrants,  et  des  larves  de  Mouches  peuvent  rester 
vivantes  pendant  plusieurs  heures  dans  l'alcool  absolu  ou  le  pétrole  pur. 

Les  téguments  sont  souvent  garnis  de  poils  ou  d'écaillés  (poils  modifiés),  qui  consti- 
tuent un  revêtement  défensif  ou  jouent  un  simple  rôle  protecteur  contre  les  inlluences 
du  milieu  extérieur.  Pour  les  Thysanoures  et  les  Gollemboles,  les  écailles  qui  recou- 
vrent le  corps  ne  se  rencontrent  que  chez  les  espèces  exposées  à  la  sécheresse,  et  elles 
paraissent  jouer  un  rôle  pour  ralentir  Tévaporation  cutanée. 

2»  Mue  ou  ecdysis.  —  Les  téguments  des  Insectes  sont  soumis  à  des  mues  cuticu- 
laires,  qui  sont  en  rapport  avec  la  croissance  et  les  métamorphoses.  Les  Insectes  par- 
venus à  l'état  parfait,  ne  grandissant  plus  et  ne  subissant  plus  de  modifications  morpho- 
logiques, n'ont  plus  à  subir  de  mues. 

Le  nombre  des  mues  est  rarement  inférieur  à  quatre.  Chez  de  nombreuses  chenilles, 
et  notamment  chez  le  Ver  à  soie,  il  y  a  quatre  mues  pendant  la  période  larvaire  active. 
Une  cinquième  mue  a  lieu  au  moment  où  la  larve  renfermée  dans  son  cocon  se  trans- 
forme en  nymphe  ou  chrysalide  et  une  sixième  fait  passer  la  chysalide  à  l'étal  de 
Papillon.  De  l'éclosion  au  tissage  du  cocon,  les  quatre  premières  mues  séparent  les 
cinq  âges  successifs  du  Ver  à  soie. 

Pendant  la  période  qui  précède  la  mue  («  sommeil  »  des  Vers  à  soie),  l'Insecte  cesse 
habituellement  de  manger  et  reste  quelque  temps  immobile.  La  couche  chitineuse 
devenue  inextensible  tend  alors  à  se  séparer  de  l'hypoderme  sous-jacent,  dont  les  élé- 
ments se  sont  multipliés,  et  qui  se  plisse,  tout  en  sécrétant  une  nouvelle  cuticule.  Entre 
l'ancien  et  le  nouveau  revêtement  culiculaire  une  certaine  quantité  de  liquide  s'accu- 
mule; d'après  Verson  (18(10-1902)  et  Tower  (1902),  ce  liquide  n'est  pas  un  simple  pro- 
duit d'exsudation  de  l'hypoderme,  mais  est  sécrété  par  des  glandes  spéciales  dites 
glandes  exuviales,  ou  glandes  de  la  mue,  qui,  chez  le  Ver  à  soie,  sont  au  nombre  de 
quinze  paires,  rangées  métamériquement  sur  les  côtés  du  corps. 


INSECTES.  27.;; 

D'après  Pantel,  qui  a  éludié  lu  larve  duThrixion,il  se  produit,  au  moment  delà  m.ue, 
un  clivage  de  la  cuticule,  résultant  du  transport  de  l'activité  cliitinogène  à  une  cei  tai.ne 
profondeur,  ce  (jui  délimite  une  zone  protoplasmatique  intercalaire  enclavée  entre 
deux  feuillets  cliitineux;  cette  zone  ensuite  se  modifie  et  subit  une  liquéfaction. 

Au  moyen  de  contractions  musculaires,  l'animal  détermine  la  rupture  de  la  vieille 
cuticule  qui  se  dessèche  en  un  point  de  moindre  résistance  (nuque  chez  les  chenilles, 
ligne  médiane  et  dorsale  du  thorax  chez  les  chrysalides),  et  il  se  dégage  de  son  ancienne 
enveloppe  ou  exwle.  De  façon  à  déterminer  une  pression  plus  efficace,  l'Insecte  peut 
remplir  entièrement  d'air  son  jabot  (F.ibellule,  d'après  Jousset  de  Bellesme;  Acridierj^*^ 
d'après  KiNCKEi,  d'IlERCUL.vis}.  D'autres  curieux  mécanismes,  destinés  à  déterminer  )a 
rupture  de  la  vieille  cuticule,  ont  été  aussi  signalés  [ampoule  céphalique  des  Muscides 


FiG.  1.  —  Coupe  longitudinale  théorique  d'un  Insecte. 

A,  Tète;  a,  antenne;  au,  œil;  cl,  clypeus;  l,  lèvre  supérieure;  K,,  mandibule;  K-,  mâchoire;  A'*,  lèvre 
inférieure  ;  t,  palpes. 

Bi,  B2,  B3,  Prothorax,  Mésothorax  et  Mbtathorax;  b',  ?j*,  b^,  pattes  antérieure,  intermédiaire  et  posté- 
rieure; f,  cuisse  ou  fémur;  /(,  hanche;  tr,  trochanter;  aa,  aile  antérieure;  ab,  aile  postérieure. 

C,  Abdomen;  I-IO,  segments  abdominaux.  ; 

Tube  digestif  :  ph,  pharynx;  œ,  œsophage;  i(j,  jabot;  chl,  ventricule  chylifiquo  ;  (,  intestin;  r,  rectum; 
an,  anus;  gh,  glandes  salivaires;  vm,  tubes  de  Malpighi, 

Appareil  circulatoire  :  vd,  vaisseau  dorsal.        .  .  — 

SySTÈME  NERVEUX  :  (/S,  ganglioHS  cérébraux  (cerveau);  gi,  ganglions  sous-œsopbagiens;  cms,  collier  œsoidia- 
gien;  ^.ganglions  de  la  chaîne  ventrale;  cm,  connectifs  reliant  les  ganglions;  n,  nerfs  émanant  dos  gan- 
glions ;  ap,  apophyses  do  l'eudosquelette  soutenant  la  chaîne  nerveuse. 

Appareil  reproducteur  :  O,  ovaire  gauche  (le  droît  ayant  été  enlevé  par  la  section);  ov,  oviducte;  va,  vagin; 
6c,  réceptacle  séminal  ;  f/l,  glande  annexe.  (D'après  Kolbe). 


(Réauaiur),  ampoule  cervicale  des  Acridiens  (Kunckel  d'HERCULAis),  armature  chitineuse 
des  nymphes  d'Anthrax  ou  autres  Diptères],  .  , 

Le  phénomène  de  la  mue  n'est  pas  lié,  d'une  façon  fatale,  à  celui  de  la  croissance. 

La  cuticule  peut  être,  en  effet,  très  extensible  et,  entre  deux  mues,  augmenter  du 
simple  au  double  (observations  de  Pantel  sur  Thrixion).  Diverses  larves  d'Insectes 
(Mouches,  etc.)  muent  d'autre  part  aussitôt  après  leur  éclosion  et  sans  avoir  grandi; 
par  contre  les  Collemboles,  formant  une  remarquable  exception,  continuent  à  subir 
des  mues,  longtemps  après  que  (a  croissance  est  achevée  (Sommer  1  ;  chez  les  Thysanoures, 
on  a  aussi  observé  des  mues  après  la  maturité  sexuelle  (Przibram,  1907),  et  l'on  sait  que 
les  Ephémères  muent  une  fois  après  leur  métamorphose  (sub-imago  et  imago).  Outre  \e 
rôle  qui  consiste  à  permettre  la  croissance,  les  mues  ont  donc  d'autres  destinations  : 
elles  facilitent  les  transformations  internes  et  rendent  possibles  les  modifications  cuti- 


27  r. 


INSECTES. 


culaires  externes  (apparition  de  nouveaux  stigmates,  apj)endices,  poils,  glandes 
cutanées,  etc.).  Enfin  elles  jouent  un  rôle  important  au  point  de  vue  de  l'excrétion  et 
permettent  à  l'individu,  pendant  sa  croissance,  de  se  débarrasser  des  produits  résultant 
de  l'histolyse.  Les  glandes  exuviales  fonctionnent,  à  ce  point  de  vue,  commi'  des  organes 
excréteurs  et,  entrant  en  activité  au  moment  de  la  mue,  elles  déversent  entre  l'hypo- 
derme  et  la  vieille  cuticule  un  liquide  chargé  d'acide  urique  et  d'oxalates:  elles  viennent 
ainsi  en  aide  aux  tubes  de  Maumghi,  à  un  moment  où  ces  derniers  ont  leur  lumière 
obstruée  de  produits  d'excrétion  et  sont  surchargés  de  travail. 

3"  Pigmentation.  — Les  couleurs  des  Insectes  peuvent  être  dues  :  i"  àdes  pigments 
déposés  à  l'intérieur  des  tissus  (couleurs  pigmentaires  ou  chimiques);  2°  à  des  particu- 
larités de  structure  causant  des  phénomènes  d'interférences  ou  de  réflection  (couleurs 
de  structure  ou  physiques);  3°  à  la  combinaison  des  causes 'précédentes  (couleurs  phy- 
sico-chimiques) '. 

Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que 
des  pigments  tégumentaires.  La  présence 
de  la  chlorophylle  a  été  d'abord  signalée 
par  PocKLiNOTON  en  1873  dans  la  liqueur 
alcoolique  de  macération  de  la  Caiitha- 
ride.  Levdig  attribua  à  la  chlorojihylle  la 
couleur  de  la  Sauterelle  verte,  des  Chry- 
sopes  et  des  Cassides.  Hé.nocque  la  signala 
dans  les  téguments  des  Acridiens,  Bec- 
niEREi.  <'t  hitoNGNiARi)  l'indiquèrent  chez 
It's  l'hyliies. 

D'après  Villard,  pourtant,  cttle  colo- 
ration verte  n'est  jamais  due  à  la  chlo- 
rophylle; elle  est  due  à  un  lipochrôme, 
et  si  plusieurs  des  auteurs  qui  l'ont  pré- 
cédé dans  ct!S  recherches  ont  incontesta- 
blement obtenu  des  réactions  très  con- 
formes à  celles  de  la  chlorophylle,  c'est 
que  l'on  rencontre,  en  effet,  dans  les 
téguments,  en  même  temps  que  le  lipo- 
chrôme, des  dérivés  de  la  chlorophylle 
(chlorophylle  automnale)  ;  mais  ils  ne 
tiennent,  au  point  de  vue  de  la  coloration, 
qu'un  rôle  secondaire  et  surajouté.  Ces 


ittx^ 


Fii>.  2.  —  Pièces  l.uccales  d'un  Ortlioptère  (DhATri;). 
Ihr,  làbrc;   vid,    «laiiililmles;   »ixi,    paire  antériouro   lîc 
maxilles  (mâchoires)  ;  mxi,  paire  postériouro  do  maxilles 

formant  la  lôvroiiiic-ricure ou  labium;iMigos(stipes);   dérivés    de    la    chlorophylle    manquent 

fîi,  monton  (mcntum);  sm,  gorge  (submentum);  mi,  me,    (J'ailleurs  d'une   façon  complète  chez  IcS 
lames  internes  et  externes  (mala  interna  et  exterua);    /-..,,.  .  •  .  .    • 

p,»,  palpe  maxillaire;/)/,  palpe  labial.  (DaprèsSAv.GNY.)  Orthoptères  verts,  mais  ayant  un  régime 

Carnivore,  tels  que  la  Mante  religieuse 
ou  la  grande  Sauterelle  [Locusta  viridissima) ,  et  leur  coloration  est  pourtant  identique 
à  celle  des  Orthoptères  herbivores  (Phyllies,  Parapleurus)  chez  lesquels  la  chlorophylle 
ou  ses  dérivés  ont  été  à  bon  droit  signalés. 

On  a  pensé  aussi  que  la  coloration  verte  des  cocons  de  certains  Bombycides  (An- 
therea  Yama-mm)  était  due  à  la  chlorophylle  (Levrat  et  Comte,  Cl.  GAuriEn).  Mais  il  s'agit, 
en  réalité,  d'un  pigment  intrinsèque  particulier,  la  chloroi/amamainc  (R.  Duiiois),  qui 
existe  dans  les  jeunes  chenilles,  dès  la  sortie  de  l'œuf  (Villard),  et  qui  offre  des  caractères 
chimiques  et  spectroscopi.ques  distincts  de  ceux  de  la  chlorophylle. 

On  ne  peut  nier  d'ailleurs  que  les  Insectes  doivent  souvent  une  partie  de  leur  colora- 
lion  aux  pigments  modifiés  des  substances  dont  ils  se  nourrissent.  Poulton  a  montré 
que  les  chenilles  avaient  besoin  de  chlorophylle  ou  d'étioline  pour  former  certaines 
couleurs  tégumentaires. 

D'après  Urech,  la  chlorophylle  absorbée  par  la  chenille  ne  pourrait  avoir  d'influence 
sur  la  coloration  de  l'Insecte  parfait  et  serait  excrétée  pendant  la  phase  larvaire.  S'il 

î  Voir  pour  la  classification  de  ces  couleurs  le  tableau  de  TowEa.  reproduit  dans  le  livre  de 
Kellog  :  American  Insecfs.  1905. 


INSECTES. 


277 


y  a  idenlitc  entre  la  subslaïuc  colorante  du  niéconiuin  et  celle  des  écailles  du  Papillon, 
cela  tient  seulement,  d'après  cet  auteur,  à  ce  que  celte  substance  se  forme  en  deux 
points  dilTérents;  mais  il  n'y  aurait  pas  transport  d'une  substance  colorante,  du  lube 
digestif  aux  téguments.  Dans  ces  dernières  années,  Maria  von  Lixden  a  pourtant  fait  de 
nombreuses  observations  tendant  à  prouver  qu(;  non  seulement  les  coloralions  des 
chenilles,  mais  en  grande  partie  aussi  celles  des  Papillons,  dérivaient,  d'une  façon  assez 
directe,  de  la  chlorophylle  absorbée  pendant  la  vie  larvaire.  Chez  les  Vanesses,  en  effet, 
d'après  cet   auteur,    les  (ointes  rouges  et  jaunes   varii'es  qui  enrichissent   les  ailes, 


FiG.  3.  —  Anaiomic  du  Dytique. 
a,  t,  q,  pattes;  v,  cerveau;  6,  antennes;  c,  yeux;  rf,  œsophage;  u,  chaîne  norveuso;  A  h,  ailes;  fj,  jabot; 
7,  gésier;  k,  ventricule  chylitiquo  et  ctecunis  gastriques;  /,  les  4  tubes  do  Malpighi;  »i,  intestin;  n,  rectum 
précédé  d'une  grande  poche  cœcale  dans  laquelle  débouche  l'intostia;  o,  oviducte;  p,  glandes  anales; 
r,  ovaires;  s,  stigmates.  (Préparation  et  dessin  do  Millot,  figure  empruntée  à  Belzong.) 


répondent  à  des  degrés  d'oxydation  ou  de  réduction  divers  de  substances  venant  de  la 
transformation  de  la  chlorophylle  et  se  trouvant  dans  le  tube  digestif  de  la  chenille. 
Cette  transformation  commence  dans  les  cellules  épithéliales  de  l'intestin  qui  con- 
tiennent d'abord  des  granulations  vertes  présentant  le  spectre  de  la  chlorophij liane. 
dérivé  direct  de  la  chlorophylle,  et  l'on  peut  suivre,  soit  dans  l'intestin,  soit  dans  les 
téguments,  après  transport  par  le  sang  ou  les  phagocytes,  toutes  les  phases  de  transfor- 
malion  qui  se  produisent  et  qui  conduisent  au  pigment  rouge  des  Vanesses,  phases 
comparables  d'ailleurs  à  celles  (jui  peuvent  se  produire  à  l'automne  dans  les  cellules 
végétales.  Ce  pigment  rouge  résulte  de  la  combinaison  d'une  substance  albuminoïde  et 
d'une  substance  pigmentaire  proprement  dite.   Par  la  nature  de  ses    cristaux,   son 


278 


INSECTES. 


spectre,  ou  ses  autres  propriétés,  la  matière  rouge  des  Vanesses  rappelle  de  très  près  la 
hilirubine.  Elle  a,  d'autre  part,  des  affinités  assez  grandes  avec  l'hémoglobine;  comme 
cette  dernière  substance,  elle  a  la  faculté  de  s'unir  à  l'oxygène  et  de  former  des  com- 
binaisons très  peu  stables:  aussi  jouerait-elle  un  rôle  important  comme  pigment  respi- 
ratoire. Ces  résultats  sur  l'origine  chlorophyllienne  du  pigment  rouge  des  Vanesses  et 
sur  ses  relations  étroites  avec  la  bilirubine  viennent  confirmer  les  vues  de  Armand  G\UTtBn 
(C.R.  1870)  et  s'accordent  en  outre  avec  les  recherches  qui  ont  établi  l'analogie  de  consti- 

A 


Fui.  4.  —  Dytique  {Dytiscus  ma)-ginalis). 

A,  Mâlo  (pattes  antérieures  avec  plaques  adhésives) ;  B,  Femelle  en  train  de  pondre;  C,  Larve. 

(A  et  C,  d'après  Miall:  B,  d'après  Rbgimbart.) 

tution  entre  la  chlorophylle  et  les  colorants  du  sang  des  Vertébrés  et  de  beaucoup 
d'Invertébrés. 

..  D'après  ce  qui  précède,  le  pigment  rouge  des  Vanesses  diffère  des  lipochrômes  par  sa 
composition  azotée.  Il  s'en  distingue  en  outre  par  sa  solubilité  dans  l'eau  et  son  insolu- 
bilité dans  l'alcool  et  l'éther  (M.  von  Linden).  Dans  bien  des  cas  pourtant,  et,  sans  doute, 
dans  la  plupart  des  cas,  les  colorations  rouges  ou  jaunes  des  Insertes  sont  dues  à  des 
lipochrômes  et,  même  pour  les  Vanesses,  il  se  peut  qu'on  ait  affaire  à  une  combinaison 
azotée  de  lipocfirôme.  Les  pigments  hydrocarbonés  du  groupe  des  lipochrômes  compa- 
rables à  la  carottine  ont  été  nettement  signalés  dans  les  téguments  rouges  ou  jaunes  de 
Lina  populi,   de  Coccinella,   de  Clytra  quadripunctata,  de  Pi/rrhocoris  (Zopf,  Phisalix, 

GftlFFITHS). 

Quant  aux  colorations  noires  ou  brunes,  elles  résultent  souvent  de  l'influence  d'une 
oxydase  (tyrosinase)  sur  un  chromogène  [téguments  des  Diptères,  d'après  Dewitz  (1902) 
et  Gessard  (1904);  changement  de  coloration  des  jeunes  Blattes  au  moment  de  l'éclo- 
sion,  d'après  Phisalix  (1903)  .D'après  M.  von  LINDE^f,  le  pigment  noir  des  Vanesses résul- 


INSECTES.  279 

terail  de  la  dt'compositiûti  du  pigment  rou^'c,  conduisant  ù  la  formation  d'une  substance 
aromatique  semblable  à  la  lyrosine  qui  se  transformerait  elle-même  sous  l'influence 
d'une  tyrosinase  en  colorant  noir. 

Il  est  à  noter  que  les  pigments  sont  plus  sombres  dans  les  chrysalides,  k  mesure  que 
l'évolution  de  Cfs  dernières  avance  et  en  même  temps  leur  dissolution  devient  de  moins 
en  moins  facile,  (-eci  rappelle  ce  qui  se  passe  pour  les  amidobenzols,  où  l'on  constate 
que  la  couleur  devient  plus  foncée  et  plus  constante,  à  mesure  (jue  la  molécule  se 
condense  et  qu'il  s'elfeclue  une  multiplication  du  radical  (monoamidobenzol,  jaune; 
diamidobenzol,  orange;  triamidobenzol,  brun).  Urech,  à  qui  on  doit  cette  retnarque, 
croit  que  c'est  à  une  loi  physico-chimique  analogue  qu'il  faut  rapporter  l'existence  chez 
les  Lépidoptères  d'une  évolution  dos  couleurs  i)assant  des  tons  primitifs  vcrdàtres  ou 
jaunâtres  aux  tons  plus  élevés  rouge  et  brun  noir. 

D'apiès  Slater,  la  coloration  cuir  de  nombreux  Insectes  tels  que  diverses  espèces 
de  Dynastides,  Mélolonlhides,  Elatérides,  est  due  à  la  présence  du  tanin  dans  les 
téguments,  celui-ci  devant  tirer  son  origine  des  végétaux  dont  se  nourrissent  les  Insectes. 

Les  pigments  uriques  sont  assez  fréquents  dans  les  téguments  des  Insectes.  Fabre  a 
le  premier  signalé  leur  rôle  dans  la  coloration  des  chenilles  et  de  certains  Orthoptères 
(Dectique,  Ephippioer).  TiOwlaxd  Hopkins  et  Urech  ont  montré  que  la  blancheur  des  ailes 
des  Piérides  est  due  à  l'acide  urique;  les  couleurs  jaunes,  dans  la  mènie  famille,  sont 
dues  aussi  à  un  produit  de  désassimilation  très  voisin  de  cet  acide.  D'après  Urech,  ces 
pigments  uriques  dérivent  directement  de  la  chroniatine  des  noyaux. 

La  grande  majorité  des  pigments  des  Insectes  peuvent  être  actuellement  considérés, 
à  des  degrés  plus  ou  moins  complets,  comme  des  pigments  intrinsèques,  c'est-à-dire 
des  produits  de  l'assimilation  et  de  la  désassimilation.  Dans  les  cas,  nombreux  d'ailleurs, 
où  des  pigments  d'origine  végétale  interviennent  dans  leur  constitution,  on  ne  doit  pas 
perdre  de  vue  la  part  très  importaute  qui  revient  aux  facteurs  internes  de  l'organisme 
et  aux  facteurs  externes  autres  que  la  nourriture,  pour  la  constitution  des  pigments 
tégumentaires. 

Entre  mille  exemples  que  l'on  pourrait  prendre,  il  suffit,  pour  le  montrer,  d'opposer 
aux  Vanesses  étudiées  par  M.  von  Li.ndex  le  Botys  verticulis  dont  la  chenille  se  nourrit 
exactement  de  la  même  nourriture  (Orties)  que  les  chenilles  de  Vanesses,  et  chez  lequel 
les  processus  internes  aboutissent  à  une  pigmentation  claire  sans  aucun  rapport  avec 
celle  des  Vanesses. 

Les  facteurs  externes  ont,  de  plus,  une  influence  très  grande  sur  des  substances  aussi 
malléables  et  protéiformes  que  les  matières  pigmentaires.  Celle  de  la  lumière  et  des 
rayons  de  diverses  longueurs  d'onde  a  été  bien  mise  en  évidence  par  les  travaux  de 
PouLTON  (1889),  de  Merrifield,  de  Schrôder  (1896)  :  les  chenilles  de  Rumia  crataegata 
élevées  dans  un  vase  foncé  deviennent  brunes;  dans  un  vase  clair,  elles  deviennent 
vertes;  celles  de  Smerinthiis  ocellatus  deviennent  vert-jaunâtres  claires,  lorsqu'on  les 
nourrit  avec  des  feuilles  cousues  ensemble  et  retournées  de  façon  à  ne  montrer  que 
leur  face  inférieure  blanchâtre,  elles  deviennent  d'un  vert  bleuâtre  foncé,  si  on  les 
nourrit  avec  les  mêmes  feuilles  montrant  l'autre  face  d'un  vert  sombre.  Pendant  les 
quelques  heures  qui  précèdent  la  transformation,  chez  Vanessa  urticae,  on  peut  obtenir, 
en  variant  la  coloration  du  milieu  environnant,  des  teintes  diverses  correspondant  aux 
couleurs  employées,  à  condition  que  ces  dernières  réalisent  les  teintes  habituelles  de 
l'entourage.  Les  yeux  n'interviennent  pas  dans  la  genèse  de  cette  modification;  car  elle 
se  produit  aussi  bien  lorsque  les  yeux  de  la  chenille  sont  recouverts  d'un  vernis  opaque 
(PouLTO.v).  Les  expériences  de  Schrôder  ont  porté  sur  la  chenille  de  VEupithecki  oblonyata 
qui  se  nourrit  de  fleurs  de  différentes  couleurs  et  qui  peut  être  rouge,  jaune,  verte  ou 
grise,  suivant  la  couleur  des  fleurs  qui  servent  à  l'alimenter.  Or  Schrôder  a  montré  que 
la  nourriture  n'intervient  pas  dans  la  production  des  teintes  de  la  chenille,  mais  que 
les  radiations  diversement  colorées  sont  seules  en  cause.  En  efTet,  des  chenilles  nourries 
toutes  de  la  même  façon,  mais  soumises  à  l'action  des  rayons  lumineux  reflétés  par  des 
papiers  diversement  colorés,  prennent  les  teintes  correspondantes  de  ces  derniers.  Chez 
les  Pliasmes,  l'obscurité  complète  ou  les  rayons  de  grande  longueur  d'onde  déterminent, 
non  pas  l'albinisme,  mais  un  mélanisme  prononcé  i  de  Sinétv). 

On  a  cherché  à  expliquer  ces  changements  de  couleurs  par  un  mécanisme  analogue 


280  INSECTES. 

à  celui  de  la  photographie  des  couleurs,  les  léguments  représontant  une  couche  chro- 
mo-sensible (Otto  Wiena,  l89o).  Certaines  observations  tendraient  même  à  faire  croire 
que  l'action  de  la  lumière  sur  une  région  des  téguments  détermine  un  influx  nerveux 
qui,  par  une  sorte  de  transport  à  distance,  irait  produire  la  mémo  décomposition  dans 
toutes  les  cellules  des  téguments  (Bkunhes,  Rev.  gën.  des  Sciences,  1895). 

L'influence  de  la  température  sur  la  coloration  des  Papillons  a  étt''  mise  en  évidence 
par  les  expériences  de  Dorfmeisteh,  Merrifield,  Fischer,  Standi-uss,  etc: 

Celle  de  l'humidité  peut  être  aussi  considérable. 

Les  eirets  de  ces  influences,  en  se  fixant  à  divers  degrés  par  l'hérédité,  peuvent 
arriver  à  modifier  d'une  façon  plus  ou  moins  profonde  les  processus  primitifs,  et  peu  de 
sujets  sont  aussi  favorables  à  l'élude  des  facteurs  primaires  ou  secondaires  de  l'évolu- 
tion que  celui  de  la  coloration  des  Lépidoptères. 

C'est  grâce  à  l'action  de  ces  facteurs  externes  qu'ont  pu  se  réaliser  les  cas  de  dimor- 
phisme  saisonnier  et  les  phénomènes  de  mimétisme  homochromique  si  nombreux  chez 
les  Insectes  (^mimétisme  lamarckien,  opposé  au  mimétisme  darwinien  de  Wall.\(;e,  Fritz 
Miller  et  Weissmann).  On  trouvera  au  sujet  de  leur  genèse  et  de  leur  interprétation  des 
données  très  suggestives  dans  les  beaux  travaux  de  MiNKiEwicz,ainsi  que  dans  ceux  de  Keeble 
et  CiAMULESur  les  changements  de  couleurs  et  le  chromolropisnie  chez  les  Crustacés,  en 
pai  ticiilier  chez  HippoUjte  variam  {liei:.  fjén.  des  Sciences,  1908, 106).  \  la  lumière  des  décou- 
vertes de  ces  auteurs,  i'homochromie  adaptative  et  le  chromotropisme  nous  apparaissent 
comnie  liés  entre  eux  d'une  façon  intime.  La  coloration  et  le  chromotropisme  d'un 
animal  sont  synchronies  avec  la  couleur  du  milieu  sous  l'action  du()uel  ils  se  déve- 
loppent par  une  sorte  de  résonance  de  l'organisme  entier  (/•t'so;u//jCf  chromo-cinétique). 

Des  changements  de  coloration  physiologiques  rapides,  analogues  à  ceux  qui  se  pro- 
duisent chez  le  Caméléon  ou  le  Poulpe,  mais  ayant  sans  doute  une  autre  nature,  peuvent 
se  rencontrer  chez  les  Insectes.  On  en  a  signalé  un  cas  très  remarquable  chez  les  Coléop- 
tères Chrymomélieiis  (Salle  :  Ann.  Soc.  Ent.  Fr.  Bull.,  J862,  32)  et  l'on  doit  mentionner 
dans  le  même  ordre  d'idées  les  changements  de  coloration  du  brun  au  vert  qui  se  pro- 
duisent tout  à  coup,  sur  les  jeunes  Mantes  écioses  aune  température  relativement  basse 
et  que  l'on  expose  brusquement  aux  rayons  du  soleil,  le  vert  étant  de  nouveau  rapide- 
ment transformé  en  brun  lorsqu'on  replace  les  Mantes  à  l'obscurité  (PnziURAM,  1907). 

Rôle  p/iysioloijique  des  pi<iments.  —  Par  la  nature  même  des  substances  qui  les 
constituent,  il  est  évident  que,  dans  bien  des  cas,  les  pigments  peuvent  être  considérés 
comme  des  produits  d'excrétion,  et,  au  moment  des  mues  ou  de  la  métamorphose,  ils 
peuvent  même  être  rejetés  complètement  en  dehors  de  l'organisme. 

Chez  les  Lépidoptères,  certains  d'entre  eux  fixés  dans  les  téguments  seraient  aussi 
capables  de  jouer  le  rôle  de  pigments  respiratoires,  en  s'oxydant  ou  en  se  désoxydant 
avec  facilité;  mais  cette  question  complexe  réclame  de  nouveaux  éclaircissements.  Il 
convient,  en  tout  cas,  de  dire  que,  d'après  M.  von  Linden,  les  pigments  pourraient  aller 
jusqu'à  lemplir  un  rôle  comparable  à  celui  de  la  chlorophylle  et  serviraient  à  la  décom- 
position de  l'acide  carbonique  et  à  l'assimilation  directe  du  carbone  qnil  contient.  En 
admettant  que  cette  fixation  du  carbone  soit  exacte  (elle  a  été  confirmée  par  Mirande), 
il  resterait,  en  tout  cas,  à  démontrer  que  les  corpuscules  pigmentaires  des  chrysalides 
des  Lépidoptères  se  comportent  comme  des  chloroleucites  et  servent,  par  photosynthèse, 
à  assimiler  le  carbone  de  l'air.  Il  est  à  noter  que,  comme  pour  les  plantes,  l'assimilation 
aux  dépens  des  gaz  de  l'air  ne  porterait  pas  seulement  sur  le  carbone,  mais  encore  sur 
les  autres  éléments,  bien  qu'à  un  moindre  degré  (M.  vo.\  Li.nde.n).  Quelles  que  soient  les 
conditions  qui  puissent  présider  à  ces  phénomènes  d'assimilation,  si  leur  existence  se 
vérifiait,  ils  constitueraient  l'un  des  faits  les  plus  curieux  de  la  physiologie  des  Insectes 
(Voir,  dans  cet  article.  Nutrition).  Dans  certains  cas,  les  pigments  jouent  aussi  le  rôle  de 
substances  de  réserve.  Ils  peuvent  enfin  remplir  un  rôle  défensif  comme  chez  les  autres 
animaux  (écran  contre  la  lumière,  adaptations  mimétiques). 

4"  Fonctions  diverses.  —  En  dehors  des  périodes  des  mues,  les  téguments  peuvent 
encore  jouer  un  rôle  important  dans  la  désassimilation,  par  l'accumulation  de  pigments 
uriques  [voir  ci-dessus].  Il  convient  aussi  de  signaler  le  rôle  rempli  par  toutes  les 
glandes  cutanées  qui  déversent  à  l'extérieur  des  sécrétions  de  différentes  natures  [voir 
XIV,  Sécrétions  spéciales]. 


INSECTES. 


281 


Outre  les  pigments,  les  ti^guiinMits  peuvent  contenir  des  réserves  susceptibles  d'être 
utilisées  par  llnsecle  [voir  xii,  Nutriti  on  j.  Enfin,  pour  le  tact,  voir  iv,  Organes  des  sens.  ^ 


III 


INNERVATION. 


1°  Notions  générales  sur  l'anatonaie  et  la  physiologie  du  système  ner- 
veux des  Insectes.  —  Le  système  nerveux  central  des  Insectes  est  établi  sur^un  plan 
de  composition  très  analogue  à  celui  des 
Crustacés  (Voir  :  Crustacés,  IV,  o62).  Il 
est  formé  d'un  cerveau  dorsal  (ganglions 
sus-œsophagiens),  relié  à  une  chaîne  gan- 
glionnaire ventrale  par  un  collier  œsopha- 
gien. Les  centres  ganglionnaires  de  la 
chaîne,  groupés  par  paires,  sont  réunis 
entre  eux  au  moyen  de  conneetifs  longi- 
tudinaux et  de  commissures  transversales. 
Les  premiers  sont  en  grande  partie  formés 
de  fibres  nerveuses  qui  réunissent  les 
cellules  nerveuses  d'un  ganglion  à  celles 
d'un  ganglion  voisin  (voies  courtes),  ou 
bien  à  celles  d'un  ganglion  plus  éloigné 
(voies  longues);  ils  contiennent  aussi  des 
fibres  qui  vont  directement  grossir  les 
nerfs  émanant  d'un  des  ganglions  suivants 
(Binet). 

Chaque  ganglion  (paire  ganglionnaire) 
est,  pour  le  segment  du  corps  dans  lequel 
il  se  trouve,  un  centre  réflexe  réunissant 
les  fondions  motrices  et  les  fonctions 
sensitives.  C'est  un  centre  coordinateur 
ayant  une  action  dynamogène  ou  inhibi- 
trice  sur  les  muscles  du  segment.  Si,  par 
exemple,  on  isole  un  de  ces  ganglions  (soit 
le  premier  ganglion  thoracique)  en  section- 
nant au-dessus  de  lui  et  au-dessous  de  lui 
les  conneetifs,  et  si  l'on  pince  le  tarse  d'une 
des  pattes  de  la  première  paire,  elle  exé- 
cutera immédiatement  un  mouvement  de 
défense.  Grâce  au  ganglion  qu'il  contient, 
chaque  segment  jouit  ainsi  d'une  certaine 
autonomie,  et  Dugès  rendait  compte  de  ce 
fait  d'une  façon'  expressive,  bien  que  fort 
exagérée,  en  disant  :  «  Les  frères  siamois 
réunis  ventre  à  ventre  avaient  appris 
spontanément  à  coordonner  tous  leurs 
mouvements  comme  un  homme  co^ordonne 
ceux  du  côté  droit  et  du  cùlé  gauche  :  il 
en  est  de  même  d'un  Invertébré  composé 
de  nombreux  segments.  »  Cette  compa- 
raison sera  d'autant  plus  juste  qu'elle  s'ap- 
pliquera à  un  Arthropode  présentant  des 
segments  du  corps  plus  dissociés  et  moins 
différenciés  les  uns  des  autres  (Myriapode,  larve  d'Insecte).  Elle  le  sera  d'autant  moins 
qu'elle  s'appliquera  à  un  Insecte  supérieur,  <lont  les  segments  se  seront  fusionnés  pour 
former  des  régions  du  corps  très  caractérisées  (Hyménoptère,  Diptère).  A  mesure  que  la 
concentration  des  métamères  s'eiïectue,  les  liens  qui  réunissenl  entre  eux  les  centres 
nei'veux  et  établissent  leur  dépendance  mutuelle  ou  hiérarchique  deviennent  de  plus 


^.LXlimiat 


Fiti.  5.  —  Système  uorvoux  tic  la  larvo  du  Dytique  [à 
gauche]  et  du  Dytique  adulte  [à  droite].  (D'après 
Blanchard.) 


INSECTES. 


en  plus  étroits  et  nombreux.  Ce  travail  de  concentration  ne  se  jtoursuit  toutefois 
jamais  assez  loin,  chez  les  Insectes,  pour  que  les  difTéreutes  parties  de  la  cliaîne  ner- 
veuse ne  conservent  les  unes  par  rapport  aux  autres  une  assez  grande  indépendance,  et 
la  faculté  coordinatrice  reste  toujours  dissociée  à  un  degré  assez  élevé  sur  les  différents 
points  de  son  parcours. 

Les  expériences  de  Yersin  sur  le  Grillon  et  de  P'aivre  sur  le  Dytique  ont  démontré 
que  la  section  de  la  chaîne  nerveuse  entre  deux  ganglions  ne  fait  pas  obstacle  au  fonc- 
tionnement du  système  nerveux  dans  les  segments  qui  se  trouvent  en  avant  ou  en 
arrière  de  la  section.  Le  seul  résultat  de  cette  section  est  que  les  excitations  portant  sur 
la  région  ante'rieure  ne  sont  pas  transmises  à  la  partie  postérieure.  Si  l'on  isole  une 
portion  de  la  chaîne  nerveuse  en  sectionnant  les  connectifs  en  deux  points,  de  façon  à 
interrompre  toute  communication  de  ce  tronçon  avec  les  centres  placés  en  avant  et  en 
arrière,  on  constate  que  les  ganglions  des  segments  ainsi  isolés,  après  excitation,  peu- 
vent coordonner  leurs  actions  excito-motrices,  de  façon  à  déterminer  des  mouvements 
automatiques  complexes  et  paraissant  adaptés  à  un  but  tel  que  la  marche.  Ne  sait-on 


Fui.  0.  —  Cerveau  Je  Criquet  {Œdipoda  cœrulescens). 

A,  faco  ventrale  ;  Ipe,  lobe  protoccrcl)ral  ;  ro,  lobe  olfactif;  at,  lobe  tritocérébral  ;  co;  connectifs  œsophagiens; 
et,  commissure  transverse  de  l'anneau  u'sophagrien  :  cp,  racine  labro-frontale  ilu  système  nerveux  viscéral; 
na,  nerf  antcnnaire;  na',  nerf  antennairc  accessoire;  tiam,  nerf  ocellaire  moyen  (le  tiret  nam  doit  être 
prolongé'jusqu'à  la  ligne  médiane)  ;  nol,  nerf  ocellaire  latéral. 

B,  fac*  dorsale  du  cerveau  ;  Id,  lobe  dorsal  du  deulocvrébron  ;  st,  nerf  tégunientaire  ;  r»,  racines  du  ganglion 
stomatogastriquo.  (D'après  Viallanes,  figure  empruntée  à  Hennegoy.) 

pas  que,  si  l'on  sépare  une  Guêpe  en  trois  tronçons,  tête,  thorax,  abdomen,  ces  trois 
tronçons  continueront  à  effectuer  les  mouvements  qui  leur  sont  habituels  et  que,  si  l'on 
saisit  par  exemple  l'abdomen,  il  dardera  son  aiguillon,  et  fera  tous  les  mouvements 
coordonnés  qui  seront  nécessaires  pour  piquer  le  doigt  de  l'expérimentateur?  Les 
Mouches  décapitées  se  servent  très  bien  de  leurs  pattes  pour  éloigner  les  corps  étran- 
gers et  pour  nettoyer  ou  brosser  leurs  ailes  (Dujardin).  Les  Dytiques,  dont  les  connectifs 
ont  été  coupés  en  arrière  de  la  tête,  continuent  à  nager  (Faivre)  ;  les  Grillons,  dans  des 
conditions  semblables,  peuvent  faire  quelques  pas  et  même  courir,  après  excitation 
(Yersin)  et  l'on  pourrait  citer  de  nombreuses  observations  fournissant  des  démonstra- 
tions analogues  (Voir  Milxe  Edwards,  xiii,  1,  193;  Forel,  Fourmis  de  la  Suisse,  1*27,  etc.). 
En  présence  de  ces  faits,  on  serait  tenté  de  croire  que  chez  les  Insectes,  la  volonté  est 
dévolue  aux  différents  centres  de  la  chaîne  nerveuse.  Il  n'en  est  rien  pourtant;  car,  si 
coordonnés  et  compliqués  qu'ils  puissent  être,  les  mouvements  qui  s'effectuent  par  l'action 
des  ganglions  de  la  chaîne  ventrale  séparée  du  cerveau  sont  purement  automatiques  et  nous 
verrons  dans  le  paragraphe  suivant  comment  les  ganglions  cérébroïdes,  siège  des  fonctions 
nerveuses  supérieures,  tiennent  tous  les  autres  sous  leur  dépendance  hiérarchique. 

L'automatisme  du  système  nerveux  des  Insectes  a  été  étudié  par  M.  Pompilian  chez 
le  Dytique,  après  décapitation  ou  séparation  complète  d'un  segment  Ihoracique.  Les 
mouvements  automatiques  des  pattes  qui  se  présentent  dans  ces  conditions  ont  été 
analysés  par  l'auteur  et  soumis  à  l'expérimentation.  Les  variations  nombreuses  qui 
se  présentent  dans  leur  rythme  indiquent  que  l'intensité  de  l'énergie  nerveuse  varie 
périodiquement.  En  excitant  électriquement  les  ganglions,  on  observe  aussi  que  l'exci- 


INSECTES. 


283 


tabilité  des  éléments  nerveux  varie  d'un  moment  à  l'autre  et  l'on  constate  un  phéno- 
mène analogue  à  celui  do  lu  j)ériode  rcfractaire.  Sif^nalons  aussi  le  piiénomène  du  repos 
compensateur ,  consistant  en  ce  que,  après  une  excitation  électrique,  on  observe,  entre  le 
mouvement  provoqué  par  l'excitation  et  les  contractions  spontanées  qui  suivent,  une 
période  de  lepos  plus  grande  que  celle  qui  existe  entre  les  mouvements  spontanés.  Avec 
des  excitations  d'intensité  très  faible  et  fréquentes,  on  ralentit  les  contractions  sponta- 
nées et  l'on  peut  même  arriver  à  les  inhiber  complètement.  [Pour  le  manuel  opératoire 
des  expériences  physiologiques  sur  le  système  nerveux  des  Insectes,  les  moyens  de  con- 
tention, etc.,  voir  surtout  Bi.net  et  Bethe.] 

2°  Cerveau.  —  Le  cerveau  des  Insectes  est  formé  par  les  masses  ganglionnaires 


FiG.  7.  —  Schéma  des  trois  paires  gangiionaires  constituant  le  cerveau. 

P,  Protocéréhron;  D,  Dcutocérébron  ;  T,  Tritocérébron.  La  substance  ponctuée  {SP)  est  indiquée  par  une 
ponctuation  tine  et  espacée,  sauf  pour  les  calices,  les  glomérulos  olfactifs  et  le  protocéréhron  moyen,  où 
elle  est  figurée  par  des  hacluires.  La  substance  cellulaire  corticale  {se)  est  représentée  par  une  ponctua- 
tion plus  grosse  et  plus  dense. 

Protocéréhron  (P)  :  Go,  ganglion  optique  ;  Zy),  lobe  protocérébral  :  Mi,  niasse  médullaire  interne  ;  to,  tubercule 
optique;  Cp,  corjis  pédoncules  avec  le  calice  C,  le  pédoncule  f/",  le  tubercule  antérieur  ta  et  le  tuber- 
cule interne  ti  ;  Goc,  ganglions  ocellaires;  Noi,  nerf  de  l'ocelle  impair;  Nop,  nerf  de  l'ocelle  pair;  !Vot,, 
nerf  ojjtique;  Pn,  pont  des  lobes  protocérébraux;  Pm,  protocéréhron  moyen;  Ce,  corps  central  {es,  capsule 
supérieure;  ci,  capsule  inférieure);  II,  lobes  latéraux;  /m,  lobe  médian. 

Deutocéréljron  [D)  :  Lo,  lobe  olfactif  avec  ses  glomérulos;  na,  nerf  antennaire. 

Tritocérébron  (T)  :  Lt,  lobe  tritocéréljral  ;  cnn,  connectif  péri-œsophagicn  formant  avec  celui  du  côté  opposé- 
le  collier  œsophagien  ;  Cme,  commissure  sous-œsophagienue.  (D'après  BïSïlLBSe.) 


placées  au-dessus  de  l'œsophage  et  dont  l'ensemble  est  souvent  désigné  sous  le  nom  de 
ganglions  sus-œsophagiens.  11  est  constitué  par  une  écorce  de  cellules  ganglionnaires,  eu 
rapport  avec  des  tractus  de  fibres  nerveuses,  qui  se  rendent  à'des  amas  de  substance 
ponctuée.  Ces  amas  sont  réunis  entre  eux  par  de  nombreuses  anastomoses.  Morpholo- 
giquement, il  se  divise  en  trois  parties  qui  sont  toujours  fusionnées  en  une  seule  masse  : 
le  protocéréhron,  le  deutocérébron  et  le  tritocérébron  (fig.  6  et  7). 

Le  protocéréhron  innerve  les  yeux  et  est  le  centre  des  perceptions  visuelles  (gan- 
glions optiques;.  Il  est  aussi  le  centre  des  fonctions  psychiques  qui  résident  surtout 
dans  les  parties  l'entrales  (calices,  corps  pédoncules,  corps  central),  où  convergent  les 
fibres  venant  de  toutes  les  parties  du  cerveau  :  ces  parties  atteignent  leur  plus  haut 
développement  chez  les  espèces  sociales  et  les  plus  intelligentes  :  les  corps  pédoncules 
sont  énormes  chez  les  ouvrières  du  genre  Formica;  ils  sont  plus  petits  chez  les  femelles 
et  beaucoup  plus  petits  chez  les  mâles  du  môme  genre,  bien  que  les  individus  de  ces 
deux  sexes  aient  une  taille  très  supérieure  à  celle  des  ouvrières  :  or  on  sait  combien 


284  INSECTES. 

rintelligence  des  femelles,  et  plus  encore  celle  des  mules,  est  inférieure  à  celle  des 
ouvrières. 

Le  deiiloccrébron  innerve  les  antennes  et  est  le  siètie  des  perceptions  olfactives. 

Le  tritocérébron  iimervc  le  labre  et  une  partie  de  la  rt'pion  antérieure  du  tube 
digestif:  c'est  le  centre  gustalif. 

D'après  Dujardin,  le  volume  du  cerveau  équivaut  à  1 ,174'  du  vulume  du  corps  cbez 
l'Abeille,  ài/286<^  chez  la  Fourmi  ;  il  est  seulement  de  1/400'  chez  l'Iclineumon,  de  1/3920'' 
chez  le  Hanneton,  et  de  1/4  200"  chez  le  Dytique.  Chez  la  Fourmi  (ouvrière),  les  corps 
pédoncules  représenteraient  presque  la  moitié  du  volume  du  cerveau;  chez  l'Abeille 
(ouvrière),  le  cinquième. 

Les  centres  encéphaliques  jouent  le  rôle  d'accumulateurs  d'énergie  :  c'est  ce  que  les 
expériences  de  Uexkill  sur  les  Libellules  démontrent  d'une  façon  très  nette.  —  Si  l'on 
excite,  en  le  touchant,  le  dernier  anneau  d'une  Libellule  au  repos,  l'Insecte  se  met  à 
voler,  le  vol  continue  un  certain  temps;  puis  la  Lil»eliu!e  se  pose,  en  ralentissant  pro- 
gressivement son  vol.  Les  choses  se  passent  tout  dill'éremment  pour  une  Libellule  dont 
on  a  supprimé  les  ganglions  céphaliques  :  si,  par  exemple,  on  touche  l'animal,  l'Insecte 
détache  ses  pattes  du  sol  et  se  met  à  battre  des  ailes  pour  voler;  mais  les  mouvements 
cessent,  dès  que  la  stimulation  s'arrête;  si,  au  contraire,  on  fait  intervenir  une  stimu- 
lation persistante,  en  déposant  une  goutte  d'acide  sur  l'abdomen,  l'animal  continue  à 
voler. 

Les  expériences  de  décapitation  ou  de  section  des  cordons  qui  réunissent  le  cerveau 
à  la  chaîne  ventrale  prouvent  que  le  cerveau  est,  chez  les  Insectes,  le  siège  de  la 
conscience  et  de  la  volonté  (Forel,  ou,  si  l'on  veut  se  placer  à  un  point  de  vue  plufe 
objectif,  le  centre  directeur  agissant  sur  les  centres  segmentaires  de  façon  à  délermi- 
ner  des  actes  en  rapport  avec  les  réceptions  céphaliques  (Rethe  .  Les  Insectes  privés  de 
tête,  ou  dont  le  cerveau  a  été  détruit  ou  isolé  du  reste  de  la  chaîne  nerveuse,  peuvent 
faire  des  mouvements  de  défense  ;  mais  ils  ne  les  font  que  comme  rt'ponse  à  une  exci- 
tation directe.  Des  gioupes  de  muscles  pourront  encore  coordonner  leurs  contractions 
de  façon  à  réaliser  certaines  actions  déterminées  (marche,  vol,  natation,  nettoyage  des 
ailes,  respiration,  stridulation,  etc.),  mais  ces  diverses  actions  ne  seront  pas  coordon- 
nées entre  elles,  ni  dirigées  vers  un  but  utile  à  atteindre.  Une  Fourmi  ou  une  fiuêpe 
aveuglée  et  dont  on  a  supprimé  les  antennes  donne  des  signes  manifestes  d'intelli- 
gence ou  de  volonté.  Une  Fourmi  ou  une  Guêpe  privée  de  cerveau,  tout  en  pouvant  faire 
quelques  pas  en  avant,  ou  agiter  les  ailes,  devient  entièrement  stupide  (voir  Fouel, 
Fourmis  de  la  Suisse,  152). 

La  faculté  volontaire  du  cerveau  se  traduit  aussi  par  une  puissance  inhibitrice  sur 
l'activité  réllexe  de  la  chaîne  nerveuse,  puissance  qui  s'exerce,  pour  chacun  des  deux 
ganglions  cérébroïdes,  du  côté  correspotidant  de  la  chaîne  ventrale;  cette  action  peut  être 
mise  facilement  en  évidence  par  les  expériences  consistant  à  piquer  ou  à  détruire  l'un 
des  ganglions  sus-œsophagiens,  ou  bien  encore  à  couper  l'un  des  cordons  reliant  le 
cerveau  à  la  chaîne  nerveuse.  Il  se  produit  alors  un  mouvement  de  manège,  et  l'Insecte 
tourne  du  côté  opposé  à  la  lésion  (Yeusin,  Faivre,  Binet).  La  facilité  avec  laquelle  ce 
symptôme  se  manifeste  en  fait  un  des  caractères  les  plus  importants  de  la  physiologie 
nerveuse  chez  les  Insectes,  et  l'explication  la  plus  rationnelle  qui  puisse  en  êti'e  donnée 
consiste  à  dire  que  la  lésion  ou  la  destruction  de  l'un  des  ganglions  cérébroïdes  anéantit 
d'une  façon  plus  ou  moins  complète  linfluenco  inhibitrice  de  la  volonté  sur  le  côté 
lésé  et  donne  lieu,  par  suite,  à  une  augmentation  de  l'activité  réflexe  du  même  côté. 
Il  en  résulte  que  les  trois  pattes  du  côté  lésé  présentent  des  mouvements  d'une  ampli- 
tude plus  grande  que  celles  du  côté  sain,  ce  qui  détermine  le  mouvement  de  manège. 

Ce  phénomène  a  été  étudié  avec  beaucoup  de  soin  sur  le  Dytique  par  Binet,  qui 
a  complété,  à  ce  sujet,  les  premières  observations  de  Faivre.  Si  on  lèse  l'un  des  gan- 
glions cérébroïdes  au  moyen  d'une  simple  piqûre  faite  à  travers  le  tégument  externe, 
sans  découvrir  le  cerveau,  la  rotation,  qui  se  fait  dans  le  sens  opposé  à  la  lésion,  peut 
durer  plusieurs  semaines,  sans  jamais  changer  de  sens.  Un  Dytique  opéré  par  Binet 
dans  ces  conditions,  et  placé  dans  un  cristallisoir  rempli  d'eau,  faisait  environ  quinze 
cercles  par  minute,  et  il  continua  ainsi  pendant  vingt  jours,  ne  s' arrêtant  que  quand 
il  pouvait  s'accrocher  à  des  herbes  flottantes  ;  il  mourut  accidentellement  le  vingtième 


INSECTES. 


-283 


jour.  Un  deuxièuu-  Dytique  lourna  de  la  même  façon  pendant  cinq  mois,  justju'à  sa 
mort,  sans  que  la  rotation  chaiif,'oàt  jamais  de  sens. 

Bethk  reprenant,  sans  les  connaître,  les  expériences  de  I{inet,  mais  en  0{>érant  sur 
l'Hydrophile,  montra,  en  outre,  (jue,  si  l'on  excitait  un  de  ces  Insectes  du  cùté  non  opéré, 
on  pouvait  le  faire  tourner  en  sens  inverse  de  celui  où  il  tournait  avant;  l'excitation 
fait,  eu  effet,  cesser  l'action  inhibitrice  du  cerveau  du  cùté  sain,  et,  la  force  étant  plus 
grande  de  ce  côté,  il  en  résuite  soit  une  rotation  dans  le  sens  de  la  lésion,  soit,  dans 
certains  cas,  une  direction  en  ligne  droite,  orientée  du  même  côté. 

Vi\  fait  important  résultant  de  l'étude  de  Bi.\i<;r  doit  encore  être  noté,  c'est  que  la 
coordination  des  pattes  du  côté  lésé  n'est  pas  troublée  et  que,  ainsi  que  F'aivuk  l'avait 
du  reste  remarqué,  le  Dytique  opéré  dispose  et  coordonne  tout  comme  un  Dytique 
sain  qui  voudrait  tourner  dans  un  sens  donné.  Binkc  explique  celte  circonstance  en 
invoquant  le  fait  bien  connu  que, 
lorsqu'il  s'agit  d'une  association  phy- 
siologique de  divers  mouvements, 
il  suffit  de  provoquer  isolément  l'un 
d'entre  eux,  pour  que  tous  les  autres 
mouvements  associés  aient  une 
tendance  à  se  produire.  Dans  le  cas 
actuel,  les  pattes  du  côté  lésé  (soit 
le  côté  droit)  étant  plus  excitées  que 
celles  du  côté  sain  (soit  le  côté 
gauche),  la  coordination  de  la  rota- 
lion  à  gauche  se  trouve,  par  ce  fait 
même,  mise  en  œuvre  et,  par  consé- 
quent, les  pattes  de  gauche  vont 
accomplir  les  mouvements  que  l'ani- 
mal sain  aurait  exécutés,  s'il  avait 
voulu  tourner  à  gauche. 

L'action  modératrice  du  cerveau 
peut  encore  être  mise  en  évidence, 
non  plus  par  une  section  unilaté- 
rale, mais  en  séparant  complète- 
ment le  cerveau  de  la  chaîne  ner- 
veuse par  une  section  des  deux 
connectifs.  On  constatera  alors  une 
grande  exagération  dans  l'amplitude 
et  la  fréquence  des  réflexes,  et 
l'animal  sera   même    souvent  agité 

de  mouvements  incessants  qui,  malgré  leur  nature  réOexe.  seront  susceptibles  de  se  coor- 
donner à  un  degré  plus  ou  moins  élevé  (marche,  nage,  nettoyage  des  appendices,  etc.); 
cette  coordination  pourra  même,  parfois,  se  réaliser  entre  les  deux  parties  du  corps 
qui  n'ont  plus  entre  elles  de  connexions  nerveuses  (nettoyage  de  l'antenne  par  une 
patte  chez  un  Caiquet  dont  la  chaîne  nerveuse  a  été  sectionnée  entre  ces  deux  organes). 

Enfin,  le  cerveau  a  sous  sa  dépendance  le  tonus  musculaire.  L'ablation  du  cerveau 
modifie,  en  effet,  profondément  ce  tonus,  en  entraînant  un  abaissement  de  la  puissance 
musculaire  et  une  prédominance  de  certains  muscles  sur  leurs  antagonistes,  le  plus 
souvent,  des  fléchisseurs  sur  les  extenseurs.  L'action  tonique  de  chaque  ganglion  céré- 
broïde  s'exerce  du  côté  correspondant  de  la  chaîne  nerveuse  ventrale. 

Dethe,  qui  a  expérimenté  sur  un  Criquet,  le  PuchylUus  cinerascens,  sur  l'Abeille  et 
sur  l'Hydrophile,  a  contribué,  par  ses  recherches,  qui  ont  aussi  porté  sur  les  Crustacés, 
à  mettre  en  lumière  les  fonctions  du  cerveau  ci-dessus  mentionnées;  mais  les  résultats 
que  cet  auteur  a  oblenus  sont  loin,  comme  il  semble  le  penser,  de  révolutionner  l'état  de 
nos  connaissances  tel  qu'il  résultait  des  travaux  de  Faivhe.  de  Ykrsin  et  de  Binet. 
Seulement,  dans  son  langage  objectif,  Bethe  ne  peut  parler  de  volonté,  et  il  conclut  de 
ses  observations  que  l'ablation  des  ganglions  sus-œsophagiens  n'a  que  deux  résultats 
notables  :  une  excitabilité  plus  grande  tenant  à  la  suppression  d'une  action  inhibitrice 


FiG.  8.  —  Diagramme  d'un  cerveau  d'Insecte. 
ce,  corps  central;  cg,  cellules  ganglionnaires;  che,  cliiasma 
externe  ;  clii,  chiasma  interne  ;  cœ,  connectifs  œsophagiens  ; 
cp,  corps  pédoncules  ;  ctc,  commissure  tritocérébralc  ;  fpr, 
fibres  postrétiuiennes  ;  f/oc,  ganglion  ooellaire;  f/oc',  gan- 
glion œsophagien  :  (/o,  r/o-,  f/o^,  ganglions  viscéraux 
impairs;  gvl,  ganglion  viscéral  latéral;  kl,  lobe  dorsal  du 
deutocérébron  ;  Iç/,  lame  ganglionnaire;  lo,  lobe  olfactif; 
tpc,  lobe  i)rotocérébral  ;  me,  masse  médullaire  externe  ;  »h', 
masse  médullaire  interne:  na,  nerf  olfactif  ou  antcnnaire; 
ni,  nerf  du  labre  ;  no,  nerfs  ocellaires  ;  nt,  nerf  tégumentaire  ; 
œ,  œsophage;  plp,  pont  des  lobes  protocérébraux:  rvd, 
racine  viscérale  venant  du  deutocérébron  ;  tr,  tritocérébron  ; 
fo,  tractus  optique.  (D'après  Viallanes,  figure  empruntée  à 
Henniîguv.) 


286 


INSECTES. 


et  une  diminution  du   tonus  musculaire.  Le   travail  de  Polimanti   sur  les   chenilles 
aboutit  aux  mêmes  conclusions. 


3«  Chaîne  ganglionnaire  ventrale. 

a)  Localisation  de  la  sensibilité  et  de  la  motricité.  —  .Newpoht  fut  le  premier  ù  admettre, 
d'après  ses  études  sur  le  Homard,  qu'il  existe  chez  les  Arthropodes  un.»  localisation  de 
la  sensibilité  et  de  la  motricité  correspondant  à  celle  des  Vertébrés;  seulement,  la  face 
ventrale  de  la  chaùie  nerveuse  étant  l'homologue  de  la  face  dorsale  de  la  moelle,  il  en 
conclut  que  c'était  la  région  ventrale  de  la  chaîne  nerveuse  qui  devait  être,  chez  les 
Arthropodes,  le  siège  de  la  sensibilité,  tandis  que  la  région  dorsale  devait  être  le  siège 
de  la  motilité.  C'est  à  Faivre  que  l'on  doit  d'avoir  tranché  la  question  par  l'expérimen- 
tation directe.  Par  une  technique  délicate,  consistant  à  exciter  légèrement  la  face 
supérieure  ou  la  face  inférieure  des  ganglions  thoraciques  chez  le  Dytique,  il  démontra 
que  la  face  supérieure  est  plus  spécialement  en  rapport  avec  la  motricité,  tandis  que  la 

face  inférieure  est   directement  en 
relation  avec  la  sensibilité.  Bien  que 


Lemoi.ne  et  YuNG  ne  soient  pas  arrivés 
à  des  conclusions  semblables  pour 
les  Crustacés,  les  résultats  de  K-vivre 
ont  été   confirmés    et  précisés   par 

Bl.NET. 

Cette  confirmation  résulte  : 
[°  De  la  constatation  anatomique 
suivante  :    le  nerf   élytral  a    deux 
racines  principales  :  une  dorsale  et 
une  ventrale,  cette  dernière  aboutis- 
sant à  la  colonne  ventrale  du  ganglion 
mésolhoracique;  or,  chez  les  Coléop- 
tères, dont  les  élytres  sont  soudés  et 
immobiles  (Timarche,  Blaps,  divers 
Carabides;,  la  racine  dorsale  du  nerf 
élytral  disparaît,  la  racine  ventrale 
persistant  seule;  il  faut  en  conclure  que  la  première  racine  est  motrice  et    que  la 
seconde  est  sensitive; 

2°  D'expériences  physiologiques  consistant  à  piquer  certains  ganglions  de  la  chaîne 
ventrale  d'un  Dytique,  à  examiner  ses  allures  et  la  façon  dont  il  se  comporte  vis- 
à-vis  des  excitations,  et  enfin  à  faire  l'examen  microscopique  des  ganglions  lésés  après 
fixation  au  moyen  de  réactifs  appropriés.  Binet,  par  exemple,  pique  un  Dytique  au 
niveau  du  ganglion  mésolhoracique;  il  constate  que  la  sensibilité  douloureuse,  mais 
non  la  motilité,  est  abolie  dans  la  deuxième  patte  droite  ;  à  l'examen  microscopique,  il 
trouve  une  lésion  sur  la  face  inférieure  du  ganglion  mésothoracique,  d'un  seul  côté 
correspondant  à  la  patte  droite.  L'expérimentateur  en  conclut  que  le  lobe  ventral  des 
ganglions  est  sensible,  et  que  le  lobe  dorsal  est  moteur. 

b)  Relations  des  ganglions  de  la  chaîne  ventrale  entre  eux.  —  Si  les  ganglions  de  la 
chaîne  nerveuse  doivent  être  considérés  comme  les  centres  excito-moteurs  des  seg- 
ments auxquels  ils  correspondent,  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  qu'il  n'existe  entre  eux 
d'autres  relations  que  celles  qui  sont  établies  par  Tintermédiaire  du  cerveau. 

Tout  ce  qui  se  passe  dans  un  ganglion  peut  avoir  sa  répercussion  directe  sur  les  gan- 
glions voisins  et  provoquer  même  la  mise  en  œuvre  de  leurs  activités  pour  une  action 
commune  et  coordonnée  :  si  l'on  pince  le  tarse  d'un  Insecte  décapité  avec  une  force 
suffisante,  il  remuera  non  seulement  les  pattes  du  segment  coi'respondant,  mais 
encore  celles  des  autres  segments.  Si  l'on  touche  l'un  des  cerques  d'une  Blatte  déca- 
pitée, la  patte  postérieure  du  même  côté  vient  repousser  le  corps  étranger,  puis 
frotte  l'abdomen  et  se  porte  du  côté  de  la  tète  absente,  avec  le  mouvement  habituel 
à  l'Insecte  qui  veut  nettoyer  l'un  de  ses  appendices  avec  ses  pièces  buccales  ;  si  l'on 
continue  à  inquiéter  l'animal,  il  se  défend  à  coups  de  pieds  :  plus  rarement  il  essaie  de 


FiG.  a.  —  Coupe  transversale  schématique 
d'un  ganglion  thoracique  «l'un  Insecte  adulte. 
Ld,  lobe  dorsal;  Lv,  lobe  ventral:  Ll,  lobes  latéraux;  .Vrt, 
nerfs  alaires;  Ne,  nerf  crural;  l-i,  faisceaux  des  connectifs 
dorsaux  ;  Cv,  colonne  ventrale  ;  rtn,  commissure  des 
colonnes  ventrales  ;  cm,  racines  motrices  ;  rs,  racines  sensi- 
tives.  (D'après  Binet.) 


INSECTES. 


287 


fuir  en  faisant  rapidement  quelques  pas  (Yersin,  [Hltl,  287).  Au-dessus  de  la  centra- 
lisation segnientaire,  il  existe  donc  une  centralisation  supérieure  indépendante  du 
cerveau  et  résultant  de  l'association  physiologique  de  centres  ganglionnaires.  Les 
faisceaux  nerveux  qui  ont  été  décrils  par  Binet  et  qui,  émanant  d'un  ganglion,  se 
distribuent  à  un  autre  segment  (lue  celui  auquel  appartient  le  ganglion  doivent  avoir 
dans  la  réalisation  de  ces  phénomènes  une  grande  importance. 

L'inlhience  ex«'rcée  par  les  dilTérents  ganglions  les  uns  sur 
les  tiutres  est  évidemment  plus^ou  moins  grande  suivant  ceux 
que  l'on  considère  ;  mais  on  n'a  encore  sur  les  degrés  de  suhor- 
dination  qu'ils  peuvent  présenter  les  uns  par  rapport  aux  autres 
que  des  données  très  insuffisantes. 

c.  —  Ganglion  sous-œsophagien.  —  D'après  les  expériences 
de  Faiyre  (1867),  le  ganglion  sous-œsophagien  serait  le  centre 
de  coordination  de  la  marche  el  jouerait  un  rcMe  analogue  au 
bulbe  et  à  la  protubérance  annulaire  des  Vertébrés.  Il  inter- 
viendrait pour  régler  les  mouvements  des  six  pattes  et  pour 
leur  donner  cet  ordre  de  soulèvement  qui  constitue  la  marche 
hexapode. 

Cette  interprétation  est  sans  doute  exagérée  ;  car  les  mou- 
vements coordonnés  de  la  marche  peuvent  se  produire  chez 
des  Insectes  n'ayant  ni  cerveau,  ni  ganglion  sous-œsophagien 
(Bethe);  néanmoins  on  ne  peut  nier  que  ce  dernier  exerce  une 
influence  sur  la  coordination  des  mouvements;  car  ceux-ci 
perdent  de  leur  précision  et  deviennent  moins  ordonnés  après 
son  ablation  ou  après  la  section  des  connectifs  qui  le  relient  au 
premier  ganglion  thoracique,  le  trouble  apporté  dans  la  coor- 
dination étant  ainsi  notablement  plus  accentué  que  dans  le  cas 

où  le  cerveau  est  seul  supprimé.  Malgré  les  recherches  de  Bethe  Fio.  lo.  —  Schéma  des  sys- 
et  de  ses  devanciers,  de  nouvelles  données  sur  cette  question 
seraient  d'ailleurs  nécessaires  pour  pouvoir  préciser  dans  quelle 
mesure  les  ganglions  thoraciques  dépendent  des  ganglions  sous- 
œsophagiens  (Voir  BiNET,  loc.  cit.,  81). 

cl.  —  Ganglions  thoraciques.  —  Ils  constituent  les  centres 
moteurs  des  pattes  et  des  ailes  et  présentent  chacun  un  lobe  int.  intestin;  gs,  ganglions 
crural  latéral  qui  est  à  la  fois  en  rapport  avec  le  lobe  sensitif     sus-œsophagiens;  ces,  coi- 
et  le  lobe  moteur  du  ganglion  (Bixet), 

Faivre  a  considéré  le  ganglion  métathoracique  comme  le 
centre  respiratoire;  mais  les  résultats  qu'il  a  obtenus  au  sujet 
de  la  suppression  des  mouvements  respiratoires  par  suite  de 
l'ablation  de  ce  ganglion  tiennent  à  ce  que,  chez  le  Dytique, 
les  premiers  ganglions  abdominaux  sont  fusionnés  avec  le 
centre  du  métalhorax  (Plateau). 

e.  —  Ganglions  abdominaux.  —  Ils  suffisent  à  assurer  la 
régularité  et  la  coordination  des  mouvements  respiratoires  sans 
intervention  d'autres  centres  antérieurs,  ainsi  qu'on  peut  le 
démontrer  par  l'expérience  (Barlow,  Baudelot,  Plateau).  11 
faut  signaler  en  outre  l'existence  d'un  lobe  vocal  dans  le  pre- 
mier ganglion  abdominal  de  la  Cigale.  Il  est  surajouté  au  lobe 
dorsal  du  ganglion  et  vient  donner  ainsi  par  sa  localisation  une 

confirmation  de  la  nature  motrice  de  cette  région;  il  innerve  le  tambour  de  l'Insecte 
placé  sur  le  premier  anneau  abdominal  (Bixet).  Le  dernier  ganglion  abdominal  que 
Faivre  nomme  centre  ffénito-splanchnique  est  en  rapport  avec  les  mouvements  de  l'intes- 
tin et  de  l'appareil  générateur. 

f.  —  Transmission  par  les  connectifs  (se/is  longitudinal). —  Après  section  des  connec- 
tifs nerveux  entre  deux  [laircs  ganglionnaires,  on  constate  qu'une  excitation  appliquée 
sur  la  partie  du  corps  antt'rieure  à  la  section  n'est  pas  transmise  à  la  partie  postérieure, 
et  inversement.  La  volonté  cesse  aussi  d'être  transmise  à  toute  la  partie  du  corpes  situé 


tèmes  nerveux  stomato- 
gastriquo  et  angéio-tra- 
chéen  (formant  le  Systèmk 

SYMPATHIQUE  SUS-INTESTI- 
NAL de  Beri.ese)  .  Les  parties 
teintées  en  noir  font  seules 
jiartie  du  système. 


lier  œsophagien  ;  lott,  gan- 
glion optique  ; /o//",  ganglion 
olfactif;  na,  nerf  anten- 
nairc. 
Systk.mb  sympathique  sus- 
intestinal  :  gf,  ganglion 
frontal  ;  cy,  conuectif  reliant 
ce  dernier  à  la  masse  sus- 
(psopliagicune  ;  ni,  nerfs  du 
lâbro  :  np,  nerf  récurrent; 
glp,  ganglion  hypocércbral 
i/st,  gangliongastriquo;  ges, 
ganglions  angéio-trachéens 
(œsopliagicns  do  Berlese); 
en.  conncctif  roliant  ces 
derniers  à  la  masse  sus- 
œsophagienne.  (D'après 
Berlese.) 


^288 


INSECTES. 


en  arrière  de  la  section,  et,  si  l'on  néglige  quelques  exceptions  dont  l'explication  paraît 
assez  simple,  la  coordination  des  mouvements  entre  ces  deux  régions  cesse  d'exister 
(expériences  de  Du(;Ès  sur  la  Mante,  de  Yersin  sur  le  Grillon,  etc.). 

Un  Grillon,  par  exemple,  dont  les  centres  céplialiques  ne  seront  plus  en  communi- 
cation par  les  connectifs  avec  les  centres  thoraciques  se  fixera  avec  ses  mandibules  sur 
un  morceau  de  pain  pour  le  manger;  mais  le  thorax  continuant  sa  marche  en  avant,  il 
en  résultera  une  culbute  (Yersin). 

hien  que  pouvant  s'opérer  dans  les  deux  sons  d'un  bout  de  la  chaîne  à  l'autre,  la 
transmission  des  réactions  nerveuses  est  néanmoins  un  peu  plus  facile  d'avant  en  arrière 
que  d'arrière  en  avant  (Dlt.ès). 

'{h  —  Transmission  par  les  commissures  [sen^  transversal).  — 
Elle  peut  s'opérer,  soit  au  moyen  des  libres  reliant  directement  les 
deux  ganglions  d'une  même  paire,  soit  au  moyen  de  fibres  passant 
d'un  cAté  à  l'autre  pour  se  joindre  aux  connectifs  longitudinaux  du 
côté  opposé  et  gagner  le  ganglion  d'un  autre  segment  (croise- 
ments démontrés  anatomiquement  par  Viallanes  et  Binet). 

DuGÈs  a  donné  de  cette  transmission  transversale  une  démon- 
stration expérimentale  sur  VAcridium  Uneola.  Son  expérience 
consiste  à  couper  un  seul  des  connectifs  longitudinaux  entre  la 
première  paire  de  pattes  et  la  deuxième  :  on  constate  alors  que 
toute  relation  entre  la  tète  et  les  membres  rt'-pondant  au  côté  coupé 
n'est  pas  dt'-truite,  comme  elle  le  serait  chez  un  Vertébré  par  la 
section  d'une  nmitié  de  la  moelle  épinière;  mais  il  y  a  seulement 
ralentissement  dans  les  communications  établies  :  si  l'on  pince  les 
antennes,  par  exemple,  llnsecle  se  défend  d'abord  avec  la  grande 
patte  épineuse  (y  patte)  du  côté  sain  ;  peu  de  temps  après,  il 
emploiera  celle  du  côté  blessé.  Si  la  section  a  été  faite  entre  la  2* 
et  la  3"^  patte,  la  lenteur  sera  bien  plus  grande  encore.  Et  pourtant 
la  patte  du  côté  opéré  jouit  de  toute  son  énergie,  de  toute  sa 
promptitude,  quand  il  s'agit  de  dt'-fendre  les  ailes,  l'abdomen,  ou 
de  sauter  en  avant. 

4°  Système  nerveux  viscéral  (fig.  10  et  H). —  Il  est  représenté: 
1°  Par  deux  systèmes  tirant  leurs  racines  du  cerveau,  qui  sont  : 

a)  Un  système  impair  stomato-gastrique  comprenant  le  ganglion 
frontal,  le  nerf  récurrent,  et  le  ganglion  gastrique; 

b)  Un  système  pair  anijcio-lracliren,  comprenant  les  ganglions 
angéiens  et  les  ganglions  trachéens  dont  les  rameaux  se  distri- 
buent surtout  au  cœur  et  aux  trachées  de  la  région  céphalique; 

2°  Par  un  système  impair,  re^plratoire-internu-diaire  (dit  sympa- 
thique),  qui  tire  ses  racines  des  ganglions  de  la  chaîne  ventrale, 
s'étend  sur  la  ligne  médiane  entre  les  connectifs  et  distribue  ses 
principales  ramifications  aux  stigmates. 

3°  Par  des  nerfs  splanchniqucs  qui  émanent  du  dernier  ganglion 
abdominal  par  des  troncs  communs  à  des  nerfs  de  la  vie  animale  et  de  la  vie  végétative 
et  qui  se  distribuent  à  l'intestin  et  aux  glandes  génitales  (Faivre). 

Par  des  expériences  très  précises,  Faivre  a  montré  que  le  ganglion  fronlal  est  le 
centre  des  mouvements  de  déglutition  :  sa  destruction  rend  ces  mouvements  impos- 
sibles; au  contraire,  après  destruction  des  ganglions  sus-œsophagiens  ou  sous-œsopha- 
giens, si  le  ganglion  fronlal  est  conservé,  les  mouvements  de  déglutition  persistent. 
Le  stomatogastrique  est  presque  insensible;  jamais  son  irritation  ne  fait  éclater  de 
mouvements  réflexes  dans  les  membres.  On  peut  couper  l'œsophage  ou  le  jabot  sans 
provoquer  de  réactions  douloureuses. 

Aucune  donnée  expérimentale  n'existe  sur  le  système  angéio-trachéen  ni  sur  le  sys- 
tème respiratoiie-inlcrmédiaire. 

Les  rameaux  splanchniques  émanant  du  dernier  ganglion  abdominal  sont  ceux  qui, 
physiologiquement,  paraissent  le  mieux  correspondre  au  système  sympathique.  Malgré 
la  nature  mixte  des  troncs  nerveux  dont  ils  se  détachent,  ils  présentent  les  caractères 


Fio.  11.  —  Partie  du 
Sy  s  t  è  m  e  ue  r  v  c  u  x 
rcspiratoiri;  intermé- 
diaire (système  sym- 
patliiquo  sous-intes- 
tinal de  Berlesi:)  et 
connexions  avec  la 
chaîne  nerveuse  prin- 
cipale, chez  Locuste 
viridissima. 

!/,  ganglions  de  la  chaî- 
ne nerveuse  princi- 
pale; >i,  nerfs  qui  en 
émanent  ;  ciin,  con- 
nectifs. —  Gsp,  {gan- 
glions de  la  chaîne 
sympathique  sous-in- 
testinale ;  u.shnp,  cor- 
dons impairs  de  la 
précc'dcnte.  (D'après 
Leydu;,  figure  em- 
pruntée  à    BliRLESE.) 


INSECTES. 


289 


physiologiques  des  nerfs  de  la  voie  vég«îtative  :  excilabilili'  faible  et  sensibilité  très 
limitée.  (Test  dans  les  branches  qui  se  distribuent  à  l'intestin  et  aux  friandes  que  ces 
caractères  néf^atifs  sentie  plus  marqués;  au  contraire,  celles  qui  innervent  les  conduits 
génitaux  sont  assez  excitables  (rAivRK). 

5"  Vitesse  de  propagation  de  l'influx  nerveux.  —  Elle  a  été  calculée  parPATRizi 
sur  le  Ver  à  soie  par  une  méthode  analogue  à  celle  de  Mauey  et  trouvée  de  1™,60  par 
seconde. 

6"  Action  des  poisons.  —  Leur  action  physiologique  sur  les  systèmes  organiques 
et  en  particulier  sur  le  système  nerveux  des  Insectes  a  été  étudiée  par  Arnold,  Guh.lk- 

BKAU  et  LuCIISIN(;EIt. 

Les  anesthési(iues  tels  que  léthcr  donnent  lieu  à  des  phénomènes  semblables  à  ceux 
que  l'on  constate  chez  les  autres  animaux  :  les  mouvements  volontaires  disparaissent 
d'abord,  les  mouvements  respiratoires  s'arrêtent,  puis  les  divers  mouvements  réflexes 
cessent  de  se  produire.  Les  sels  de  potasse  et  la  chaleur  ont  un  résultat  analogue. 

La  strychnine  a,  au  début,  une  action  excitante  et  détermine  quelques  mouve- 
ments convulsifs;  puis  vient  une  phase  de  paralysie  qui    attire   surtout  l'attention. 


Fii;.  12.   —  Diagramme  de  quelques  formes  d'organes  sensoriels  de  l'antenao  des  Insectes. 
{(ti  *i  A  fft  'i  ^-  '')  comparées  avec  un  poil  ordinaire  c;  a,  cuticule  chitineuse;  6,  hypoderme.  (D'après  Lubbock.) 

Le  curare  et  la  conine  ont  une  action  générale  sur  le  système  nerveux.  Il  y'a  para- 
lysie des  centres;  les  mouvements  volontaires  disparaissent  rapidement,  tandis  que 
l'intégrité  des  réllexes  peut  longtemps  persister.  Ces  toxiques  n'ont  pas  ici  l'action  spé- 
cifique sur  les  terminaisons  nerveuses  motrices  qu'ils  présentent  d'une  façon  si  remar- 
quable chez  les  Vertébrés.  Cette  différence  est  d'autant  plus  frappante  qu'il  existe  une 
grande  similitude  apparente  entre  les  plaques  motrices  des  Articulés  et  celles  des 
Vertébrés. 


IV.    —    SENS. 

Les  terminaisons  sensorielles,  tantôt  disséminées  à  la  surface  du  corps,  tantôt 
groupées  dans  certaines  régions  ou  sur  des  appendices  déterminés,  se  présentent  avec 
des  structures  très  diverses  chez  les  Insectes.  On  trouvra  la  description  détaillée  de 
tous  ces  organes,  dans  le  grand  ouvrage  de  Berlese  :  Glilnsetti.  Cet  auteur,  suivant  la 
spécialisation  sensorielle  que  l'on  peut  leur  attribuer,  les  distingue  en  aphidies  (tact), 
rhinaries  (odorat  et  goût),  otaries  (audition),  omniies  i  vision).  Parmi  ces  organes  sen- 
soriels be;iucoup  aussi,  au  point  de  vue  de  leurs  fonctions,  sont  problématiques  :  tels  sont 
les  organes  campanif'ormes,  ampulliformes  (fig.  12,  k),  en  bouchons  de  Champagne  (i),  etc., 
sur  le  rôle  desquels  on  ne  peut  guère  faire  que  des  hypothèses;  ils  sont  vraisembla- 
blement en  rapport  avec  les  différents  modes  de  sensibilité  tactile  ou  olfactive,  ou  bien 
encore  av<'c  les  fonctions  statiques. 

1"  Tact. 

La  sensibilité  tactile,  s'exerçant  par  l'intermédiaire  de  poils  spécialisés  à  cet  effet, 
est  distribuée  irrégulièrement  sur  la  surface  tégumentaire.  Les  appendices  articulés 

DICT.    DE    PUVS!Or.OClF:.    —  T.    IX.  19 


290 


INSECTES. 


divers,  pattes,  palpes,  cerques,  et  surtout  les  antennes,  sont  doués  d'une  façon  très 
délicate  à  ce  point  de  vue.  Chez  les  Insectes  cavernicoles  et  aveugles,  les  antennes  pren- 
nent souvent  une  grande  longueur  et  ont  une  sensibilité  tactile  très  développée.  Ce 
que  l'on  regarde  habituellement  comme  une  audition  chez  les  Insectes  doit  être,  en 
partie  tout  au  moins,  considéré  comme  un  mode  de  sensibilité  tactile  ou  comme  un 
sens  musculaire  perfectionné  (voir  ci-dessous).  La  sensibilité  h  la  douleur  paraît  peu 
développée.  «  Autrement,  dit  Forel,  on  ne  verrait  ni  un  Hourdon  auquel  on  vient  do 
couper  les  antennes  et  tout  le  devant  de  la  tête,  aller  butiner  sur  les  fleurs...,  ni  une 
chenille  blessée  à  l'anus  se  dévorer  elle-même  en  commençant  par  derrière,  comme  je 
l'ai  observé  plus  d'une  fois.  >;  Binet  dit  avoir  souvent  constaté,  qu'en  tenant  un  Insecte 
entre  les  doigts,  on  produit  parfois  en  lui  un  état  particulier,  analogue  peut-être  à  la 

cataplexie  de  Preyer,  état  dans  lequel  on  peut 
pincer  et  même  écraser  les  tarses  de  l'animal, 
sans  qu'il  fasse  un  mouvement  de  douleur;  et 
pourtant  l'animal  n'a  pas  perdu  sa  sensibilité; 
car,  un  moment  après,  il  peut  réagir  à  une  exci- 
tation moins  forte. 

La  sensibilité  thermique  doit  être  très  mar- 
quée chez  certains  Insectes,  tels  que  les  Four- 
mis, par  exemple,  qui  déménagent  constam- 
ment leurs  larves  et  leurs  nymphes  suivant  les 
heures  du  jour  ou  les  saisons,  et  les  Iransporlent 
à  différents  étages  du  nid. 

La  sensibilité  aux  variations  de  pression 
barométrique  serait  très  délicate,  d'après 
J.-H.  Fabre  chez  les  Chenilles  processionnaires 
du  Pin  ;  il  pense  qu'elles  ont  des  organes  évagi- 
nables,  spécialement  destinés  à  recueillir  ces 
sensations  et  consacre  un  chapitre  de  ses 
«  Souvenirs  »  à  cette  question. 

La  sensibilité  à  la  lumière,  indépendante  de 
la  vue  (sensations   dermatoptiques)  ne  se  pré- 
sente pas  avec  un  caractère  de  généralité  chez 
les  Insectes.  Grabkh  a  montré  toutefois  qu'une 
Blatte  aveuglée  peutencore  percevoirla  lumière. 
Les   Coléoptères  cavernicoles   et    aveugles  du 
genre  Anophthalmus   réagissent  à  la  lumière 
d'une    bougie    ^Packard).    La    sensibilité   à    la 
lumière  est   très  manifeste  chez  les  larves  de 
Mouches  (asticots),  qui  sont  dépourvues  d'yeux  : 
elles  fuient  les  rayons  lumineux  à  courte  lon- 
gueur d'onde   tels  que  ceux  du  bleu,  tandis 
qu'elles  recherchent,  au  contraire,  l'obscurité  ouïes  rayons  rouges.  Dans  ce  dernier  cas, 
la  sensibilité  à  la  lumière  peut  s'expliquer  toutefois  par  l'existence  des  ébauches  réti- 
niennes chez  la  larve  (C.  Pouchet). 

Les  Fourmis  dont  les  yeux  ont  été  vernis  sont  rendues,  par  contre,  indifférentes  à  la 
lumière  (Lubbocr). 

2'  Audition  et  sismesthésie. 

Les  Insectes  présentent  des  organes  spécialisés  pour  recueillir  les  vibrations  résul- 
tant de  l'ébranlement  de  l'air,  des  corps  solides  ou  liquides. 

Les  plus  simples  d'entre  eux  sont  appelés  organes  chordotonaux  (fig.  13,  14,  15)  et 
se  présentent  sous  la  forme  de  cordes  ligamenteuses  tendues  sous  les  téguments  et 
susceptibles  de  transmettre  les  vibrations  à  des  terminaisons  sensorielles  très  spéciales 
{clous  scolopaiix  entourés  de  scolopophores,  otarium);  ils  peuvent  occuper  des  positions 
très  variables,  suivant  les  espèces  (antennes,  palpes,  pattes,  thorax,  ailes,  balanciers,  etc.). 

Chez  les  Orthoptères,  on  trouve  des  organes  très  différenciés  et  de  grandes  dimen- 


FiG.  13.  —  Schémas  do  la  disposition  des  organes 
chordotonaux  dans  une  larve  de  Corelhra 
plumicoritis. 

I,  Trois  segments  abdominaux  présentant,  sur 
la  ligne  médiane  ventrale,  la  chaîne  ner- 
veuse en  et,  do  chaque  côté,  les  organes 
chordotonaux  oc,  avec  leurs  ligaments  ten- 
seurs L,  et  le  nerf  N  qui  les  relie  à  la  chaîne 
nerveuse. 

II,  Un  des  organes  chordotonaux  ]ilus  grossi  : 
cg,  cellules  ganglionnaires  ou  sensorielles 
formant  le  ganglion  chordotonal  ;  C5,  clous  ou 
corps  scolopaux,  entourés  des  scolopophores, 
qui  se  prolongent  en  un  tube  terminal  jus- 
qu'aux téguments  ;  Z,,  ligament  tenseur  ;  N, 
nerf  reliant  l'organe  à  la  chaîne  ganglion- 
naire. (D'après  Graber.) 


INSECTES. 


291 


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sions  (o>'(/rtnt's  tt/mpaniqucfi),  qui  peuv(Mit  r-tre  considérés  comme  des  batteries  d'organes 
chordotonaux  auxquelles  viennent  s'annexer  des  parties  nouvelles  desti- 
nées au  perfectionnement  de  l'appareil  (membrane  tympanique,  vésicule 
de  renforcement,  etc.)-  Us  sont  innervés  par  le  yaiiiçlion  de  la  chaîne 
ventrale  correspondant  au  serment  dont  ils  dépendent.  Chez  les  Locus- 
tides  et  les  (Iryllides,  l'organe  tympanique  est  situé  de  chaque  côté  du 
tibia  de  la  patte  antérieure  (iig.  16  et  17);  chez  les  Acridides,  il  est  placé 
latéralement  sur  le  premier  segment  abdominal.  On  a  fait  remarquer  — 
mais  ce  fait  paraît  sans  signification  physiologique  —  qne  les  organes 
chordotonaux,  groupés  contre  la  paroi  interne  du  tympan,  diminuent  de 
tailli;  de  haut  en  bas,  comme  les  organes  de  Corti  dans  l'oreille  des 
Vertébrés  supérieurs. 

A  la  base  des  antennes,  dans  le  deuxième  article,  se  trouve  chez 
beaucoup  d'Insectes,  surtout  chez  les  mâles,  un  organe  sensitif  particu- 
lier, l'organe  de  JoHNSTON,  qui  atteint  son  plus  grand  développement  chez 
les  Culicides  (fig.  18)  :  ses  terminaisons  nerveuses  doivent  recueillir  les 
impressions  provenant  des  vibrations  communiquées  à  l'antenne  (obser- 
vations de  KiRBY,  Newport,  HicKs,  VViLL,  qui  tous  regardent  l'antenne 
comme  le  siège  de  l'audition). 

Quelle  est  maintenant  la  véritable  fonction  des  organes  précédemment 
mentionnés?  Sont-ils  réellement  destinés  à  recueillir  et  à  transmettre  les 
vibrations  sonores?  Bien  que  ce  rôle  leur  soit  le  plus  souvent  attribué,  ils 
semblent  surtout  destinés  à  ressentir  les  ébranlements  ou  les  trépida- 
tions. FoREL,  Plateau,  Pierre  Bonnier,  reprenant  l'ancienne  opinion  de 
DuGÈs,  soutiennent  que  les  Insectes,  comme  d'ailleurs  les  autres  Inver- 
tébrés et  les  Vertébrés  inférieurs  dépourvus  de  limaçon,  n'entendent  pas 
dans  le  sens  où  nous  comprenons  ce  mot.  D'après  Dugès,  l'ouïe  se  réduit 
chez  les  Insectes  au  tact  des  vibrations  moléculaires,  semblables  à  celle 
que  produit  dans  le  sol  qui  nous  porle  le  roulement  d'une  voiture  ou 
celles  que  nous  ressentons  dans  notre  poitrine  au  roulement  d'un  tam- 
bour. La  prétendue  audition  des  Insectes  ne  serait  qu'une  sensibilité 
tactile,  surtout  spécialisée  pour  les  ébranlements  des  corps  solides 
{sismesthésie  de  P.  Bonnier). 

L'opinion  de  Radl  (1903),  qui  considère  l'audition  des  Insectes  comme 
un  sens  musculaire  perfeclionné,  ne  s'écarte  pas  beaucoup,  au  point  de 
vue  du  résultat  obtenu,  de  l'opinion  précédente.  Elle  se  base  surtout  sur 
les  analogies  qui  existent,  d'après  l'auteur,  entre  les  organes  chordoto- 
naux et  les  muscles  ou  les  tendons.  Les  cellules  à  clous  scolopaux  seraient 
les  équivalents  des  organes  sensoriels  que  l'on  trouve  dans  les  tendons 
des  Vertébrés;  mais  ils  présenteraient  ici  une  spécialisation  et  une  per- 
fection bien  plus  grandes.  En  tout  cas,  l'auteur  admet  qu'ils  ne  peuvent 
être  impressionnés  que  par  des  ébranlements. 

A  l'appui  de  l'opinion  qui  refuse  aux  Insectes  une  véritable  audition, 
on  peut  mettre  en  avant  les  faits  suivants  : 

1°  Il  n'existe  pas  d'expérience  démontrant  qu'un  de  ces  animaux  soit 
devenu  sourd  à  la  suite  de  l'ablation  d'un  organe  quelconque; 

2°  Les  Insectes  ne  réagissent  pas  aux  sons  simples  que  l'on  produit 
dans  leur  voisinage.  (Expériences  négatives  de  Huber,  Perris,  Dugès, 
LuDBocK  et  FoREL.)  Ils  sc  montrent  même  le  plus  souvent  sourds  pour  des 
bruits  intenses,  si  aucun  ébranlement  ne  peut  être  transmis  à  leur  corps 
par  le  substratum  sur  lequel  ils  reposent.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que 
FoREL  a  multiplié  et  varié  les  bruits  produits  auprès  d'Abeilles  en  train 
de  butiner,  sans  jamais  éveiller  chez  elles  la  moindre  attention,  à  condi- 
tion naturellement  de  prendre  les  précautions  nécessaires  pour  se  dissi- 
muler à  leur  vue. 

En  revanche,  les  Insectes  paraissent  être  extrêmement  sensibles  aux 
vibrations  des  corps  solides  qui  peuvent  être  transmises  par  les  organes  tactiles  répandus 


KiG.  14.  —  îS^é- 
ma  d'un  or- 
gane niiditii' 
élémentaire 
{otarium). 

cip,  ceHuleK  hy- 
p  odermiques  ; 
c(/,  cellules  de 
revêtement  bu 
glandulaires 
ayant  sécrété 
le  clou  scolo- 
pal  es  et  le  li- 
quide qui  rem- 
plit sa  caviti^ 
ainsi  que  la 
vacuole  sous- 
jaconte  V;  Pd, 
prolongement 
émanant  des 
cellules  pré- 
c éden tes  et 
témoignant 
qu'elles  sont 
des  cellules 
il  y  p  o  d  e  r  m  i  - 
quos  modi- 
riôes;  <n,  cel- 
lule nerveusi! 
se  prolongeant 
en  son  pôln 
sensoriel  y-tr 
un  cordon 
axial  qui  pé- 
nètre dans  la 
cavité  du  clou 
scolopal,etqui 
s'y  termine 
par  un  bouton 
sensitif  apical; 
nf,  neurofibril- 
les allant  for- 
mer lo  cordon 
précédent.  — 
Oompareravec 
l'ommatidio. 
(D'après  Bkk- 
lesk"*. 


S92 


INSECTES. 


KiG.  15.  —  Orrrane  olionlotonal  âv  la  ï"  ]i;iiro 
do  pattes  de  Y li'jpterijx  apicalis  (Forlide) 
'",  trachéo  ;  6A-,  aniibocytes;  c/;,  cellules  nerveuses; 
/.■.•:,  scolojjophores  avec  leurs  clous  ou  clievilles  ; 
'••t,  ligament  terminal  allant  i  la  peau  'r).  'D'après 
Grabkr.) 


sur  le  corps  tout  entier  (chocs  sur  les  ruches  des  Abeilles,  expériences  de  Forel  et  de 
KiELDE  et  Parker  sur  les  Fourmis). 

L'un  des  principaux  arguments  mis  en  avant  par  ceux  qui  admettent  que  les  Insectes 

peuvent,  au  moins  pour  certaines  espèces, 
jouir  d'une  véritable  audition,  c'est  la  pré- 
sence chez  eux  d'organes  différenciés  pour 
la  production  des  sons  (organes  stridulents 
des  Orthoptères,  etc.),  A  cela  on  peut 
répondre  que  les  sons  produits  sont  des 
t,'nncements  et  des  stridulations,  c'est-ù-dire 
roux  qui  peuvent  le  mieux  déterminer  des 
l'iiranlements  du  corps. 

Ghabeu,  (jui  admet  une  véritable  audition 
chez  les  Hexapodes,  donne  à  l'appui  de 
soti  opinion  l'expérience  suivante.  Il  place 
(juelques  Punaises  aquatiques  (Corixa)  dans 
une  Jarre  profonde  remplie  d'eau  dont  le 
fond  est  recouvert  d'une  couche  de  vase.  Il 
laisse  tomber  une  pierre  sur  la  vase  et  les 
Corizes  fixées  sur  les  plantes  d'eau  qui 
flottent  dans  le  récipient  n'y  font  aucune 
attention.  Il  laisse  ensuite  tomber  une  pierre 
sur  une  pla(jue  de  verre  placée  au  fond  de 
l'eau  et  le  choc  qui  en  résulte  produit  un  certain  bruit  ;  aussitôt,  bien  que  le  trouble  de 
l'eau  soit  semblable  ù  celui  du  cas  précédent,  les  Corizes  prennent  la  fuite. 

Je  ne  ferai  que  rappeler  l'expérience  bien  connue  de  Maver  qui  étudia  l'inlluence 
(les  vibrations  d'une  série  de  diapasons  sur  les  soies  de  l'antenne 
d'un  Moustique  mâle  (fig.  iS)  et  reconnut  qu'elles  entraient  surtout 
en  mouvement  vibratoire  pour  'il 2  vibrations  (ut'j,  ce  qui  correspond 
à  peu  près  au  bourdonnement  de  la  femelle.  MAVtu  constata  en  outre 
(jue  les  soies  de  l'antenne  du  mâle  sont  plus  impressionnées  lors- 
qu'elles sont  dirigées  perpendiculairement  à  la  direction  des  sons  : 
un  Cousin  mâle  entendant  le  bourdonnement  de  la  femelle  pourrait 
donc  tourner  la  tête  jusqu'à  ce  que  les  deux  antennes  soient  égale- 
ment impressionnées  et  se  diriger  ensuite  en  droite  ligne  vers  elle. 
S'il  eu  était  ainsi,  on  trouverait  chez  ces  Insectes  une  faculté  de  se 
diriger  par  les  sons  plus  parfaite  que  celle  qui  se  présente  dans  les 
autres  classes  du  règne  animal.  Mais  les  expériences  de  Maver  sont 
passibles  des  mêmes  critiques  que  celles  do  Hensen  sur  les  Mysis 
(voir  Crustacés». 

Enfin  il  faut  mentionner  encore  conmie  susceptibles  d'appuyer  la 
croyance  à  une  audition  réelle  chez  les  Insectes,  le  ton  d'essaimage 
qui  se  donne  au  vol  et  qui  permet  aux  essaims  do  se  former  et  de 
grossir  par  l'adjonction  d'Abeilles  voisines,  ainsi  que  le  chant  des 
mères  qui  se  produit  au  moment  de  l'essaimage  secondaire  et  qui  est 
bien  connu  des  apiculteurs.  Von  Blttf.l-Reepe.n  a  fait  aussi  de 
curieuses  observations  tendant  à  prouver  que  les  Abeilles  se  commu- 
niquent, dans  bien  des  circonstances,  leurs  impressions  par  la  nature 
des  vibrations  sonores  qu'elles  produisent.  Ces  données  spéciales 
tirées  de  la  biologie  des  Abeilles,  ont  assez  de  portée  pour  que  Forel, 
l'un  des  partisans  les  plus  connus  do  la  surdité  des  Insectes,  soit, 
arrivé  à  douter  au  sujet  de  l'ouïe  de  ces  animaux.  PourtanI,  dit-il, 
même  dans  les  cas  qui  précèdent,  il  peut  encore  s'agir  dune  fausse  audition  par  le  tou- 
cher et  les  différences  de  ton  que  notre  oreille  perçoit  dans  les  sons  émis  par  les  Abeilles, 
pourraient  très  bien  être  perçues  par  elles  coinme  diderences  de  vibrations  tactiles,  sui- 
vant leur  amplitude.  C'est  une  manière  de  voir  d'autant  plus  plausible  que  l'on  ne  connaît 
pas  chez  l'Abeille  d'organe  dont  l'ablalio!!  empêcherait  la  perception  de  ces  vibrations. 


Fici.  l'i.  —  Patte  an- 
térieure de  Locusta 
vi/'idissima ,  mon,- 
trant  les  deux  or- 
ganes tymj)aniques 
I a).  D'après KoLBr.) 


INSECTES. 


293 


En  résumé,  l'opinion  d'après  laquelle  les  Insectes  auraient  une  véritable  audition  est 
loin  de  reposer  sur  des  hases  suffisamment  établies.  Les  perceptions  sismesthésiqucs 
sont  au  contraire  chez  beaucoup  d'entre  eux  très  développées,  ot  elles  peuvent  prendre 
naissance,  grâce  à  la  présiuice  d'organes  disséminés  sur  les  difl'érenles  parties  du  corps, 
ou  localisés  suivant  les  espèces  d'une  ta«;on  très  variable  (antennes,  organes  tympaniques). 


3"  Sens  statique,  Orientation. 

L'existence  d'un  sens  de  l'équilibre  ou  de  la  direction  analogue  à  celui  qui  réside 
dans  le  labyrinthe  et  les  canaux  demi-circulaires  des  Vertébrés  nest  pas  clairement 
démontrée  chez  les  Insectes.  On  a  pu  extirper  les  organes  divers  qui  ont  été  regardés 
comme  étant  le  siège  d'un  sens  é(]uivalent  (appareils  tympaniques  des  Orthoptères, 
organes  sensoriels  dos  antennes),  sans  provoquer  de  troubles  de  l'équilibre. 

Les  batancict'S  ou  haltères,  qui,  chez  les  Diptères,  remplacent  la  seconde  paire  d'ailes 
fixée  au  métathorax  des  autres  Insectes,  ont  pourtant  été  considérés 
par  divers  auteurs  comme  des  organes  d'équilibration,  destinés  à 
recueillir  des  sensations  particulières,  permettant  à  l'animal  de  coor- 
donner ses  mouvements  pendant  le  vol.  11  n'est  pas  douteux,  en 
effet,  que  ces  balanciers  soient  le  siège  de  fonctions  de  relation  im- 
portantes :  il  existe  à  leur  base  des  massifs  de  terminaisons  senso- 
rielles de  deux  natures  différentes  (corpuscules  campaniformes  groupés 
pour  former  l'organe  de  Hicks  et  scolopophores).  D'autre  part,  Binet 
a  démontré  ce  fait  très  important  que  la  majeure  partie  des  fibres 
du  nerf  du  i)alancier,  nerf  très  volumineux  d'ailleurs,  ne  s'arrêtent 
pas  au  ganglion  mélathoracique,  mais  le  traversent,  ainsi  que  toutes 
les  masses  ganglionnaires  tlioraciques  placées  en  avant,  pour  se 
mettre  en  rapport  avec  les  centres  encéphaliques.  Il  en  résulte,  sui- 
vant toute  vraisemblance,  que  le  nerf  des  balanciers  est  principale- 
ment un  nerf  de  sensibilité  spéciale. 

On  sait  enfin  que  toute  lésion  de  la  tige  ou  de  l'extrémité  du 
balancier  empêche  le  vol  de  llnsecte.  Si,  par  exemple,  on  coupe  les 
haltères  d'une  Tipule,  ou  si  même  on  se  contente  d'en  briser  la  tige, 
on  voit  l'animal,  quand  il  prend  son  vol,  culbuter  en  avant  et  tomber 
à  terre  sur  le  dos.  Jousset  de  Bellesme,  qui  a  fait  sur  cette  question  des 
expériences  fort  intéressantes,  arrive  toutefois  à  cette  conclusion  que 
le  balancier  agit  dans  l'équilibration  d'une  façon  purement  méca- 
nique; il  intervient  comme  une  sorte  de  taquet  qui  limite  en  arrière 
l'amplitude  de  la  vibration  de  l'aile  antérieure,  et,  suivant  qu'il  res- 
treint d'une  façon  plus  ou  moins  marquée  cette  amplitude,  il  di'-place  le  centre  de 
gravité  de  l'Insecte  et  permet  à  ce  dernier  de  monter,  de  descendre  ou  de  se  diriger 
en  ligne  droite^  Cette  fonction  mécanique  ne  nous  paraît  nullement  exclure  la  loca- 
lisation à  la  base  du  balancier  d'une  fonction  sensitive  spéciale  en  rapport  avec  l'équi- 
libre ou  la  direction,  et  peut  même  être  considérée  comme  s'accordant  parfaitement 
avec  elle.  Le  rôle  mécanique  est  seulement  inséparable  ici  du  rôle  sensoriel. 

Fabre,  par  ses  expériences  sur  les  Abeilles  sauvages  du  genre  Chalicodôme,  Bethe 
et  Gaston  Bonnier,  par  leurs  observations  sur  les  Abeilles  domestiques,  ont  été  conduits 
à  admettre  qu'il  existait,  chez  ces  Insectes,  un  sens  de  la  direction  analogue  à  celui  que 
différents  auteurs  accordent  aux  Pigeons  voyageurs.  Pour  Gaston  Bonnier,  qui  a  fait 
sur  ce  sujet  les  observations  les  plus  récentes,  ce  sens  peut  s'exercer,  sans  le  concours 
de  la  vue,  et  son  siège  serait  probablement  dans  les  ganglions  cérébroïdes.  D'autrf; 
part,  Bijttel-Reepen  qui  a  également  expérimenté  sur  les  Abeilles,  Bouvier  (1901,  p.  55), 
qui  a  fait  des  observations  d'une  grande  précision  sur  le  retour  au  nid  des  Hyménoptères 
du  genre  Bembex,  et  Ferton  (1908,  p.  ;J78)  qui  a  fait  aussi  des  expériences  très  pro- 
bantes sur  les  Osmies,  ont  apporté  des  arguments  de  premier  ordre  à  l'appui  d'une 
opinion  qui  s'oppose  complètement  à  celle  des  précédents  auteurs.  —  Le  vol  rapide 
d'un  animal  aérien,  fait  remarquer  Forel,  par  ses  innombrables  et  prompts  déplace- 
ments dans  l'espace,  doit  lui  permettre  de  s'orienter  par  la  vue,  d'une  façon  dont  nous 


FiG.  17.  —  Tibia 
de  la  patte  anttS- 
rieure  de  Locusta 
uiridissima. 

td,  opercule  recou- 
vrant la  mem- 
brane t  y  m  p  a  " 
nique  ;  tr,  feutc 
étroite  sépa- 
rant la  membra- 
brane  de  son  cou- 
vercle. (D'après 
Grabiîr.) 


294 


INSECTES. 


ne  pouvons  avoir  qu'une  faible  idée;  son  orientation  par  la  vue,  qui  bondit,  en  quelque 
sorte  dans  les  airs,  doit  être  très  différente  de  la  nôtre  et  nous  nous  trouvons  ainsi 
conduits  à  rapporter  cette  orientation  qui  nous  paraît  surprenante  à  un  sens  mysté- 
rieux. L'expérience  démontre  que,  pour  revenir  à  sa  ruche,  l'Abeille  au  vol  se  guide 
d'après  les  points  de  repère  qu'elle  a  notés  aux  sorties  précédentes  [première  sortie  des 
jeunes  Abeilles  qui  ne  s'éloignent  de  la  ruche  qu'à  reculons,  en  décrivant  des  cercles 
de  plus  en  plus  grands  pour  graver  dans  leur  mémoire  le  souvenir  de  la  ruclre  et  des 
environs].  Il  en  est  de  même  des  Bembex  ou  des  Osmies  qui,  chargés  de  leurs  proies  ou 
de  leurs  provisions  de  pollen,  reviennent  k  leurs  terriers  [dépistage  de  ces  Insectes  à 
leur  retour,  par  dérangement  ou  suppression  des  points  de  repère  (Bouvier,  Ferton)»]. 
Si  les  Abeilles  et  beaucoup  d'Hyménoptères  fouisseurs  se  basent  surtout,  pour  se 
diriger,  sur  la  vue  et  sur  la  mémoire  des  lieux,  chez  les  Guêpes,  l'odorat  intervient  pour 
une  forte  part. 

Chez  les  Fourmis,  des  variations  très  grandes  existent  suivant  les  genres  :  d  après 
PiKRON,  certaines  espèces  {Aphœnogaster  barbara,  Formica  cincrea),  doivent  leur  faculté 
d'orientation  au  sens  musculaire  de   la  marche  :  une  de  ces  Fourmis  déplacée,  sans 

que    sa  marche   soit   troublée,  pendant 
A  ^  son  retour  vers  la  fourmilière,  puis  pla- 

!\  cée  dans  un  milieu  analogue  (connu  ou 

inconnu),  se  dirige  vers  un  point  corres- 
pondant très  sensiblement  à  remplace- 
ment de  la  fourmilière,  tel  que,  si  elle 
n'avait  pas  été  déplacée,  elle  l'aurait  très 
sensiblement  atteinte.  Les  Lasius  et  les 
Myriiiica  se  dirigent,  par  contre,  surtout 
par  l'odorat  (Forel,  Piéron).  La  vtie  enfin 
joue  un  rôle  de  premier  ordre  chez  les 
Fourmis  amazones  du  genre  Polyergus 
(LuBBOCK,  Faiîrk),  sans  exclure  pourtant 
l'odorat  topochimique  des  antennes,  qui 
esl,  chez  elles,  indispensable  à  la  faculté 
d'orientation  f  Forel). 

4"  Goût. 


Fui.  18.  —  Antennes  Je  Culex 
A,  femelle:  B,  Màlf"-    D'aprO-s  Miall.> 


L'existence  du  goût  chez  les  Insectes 
est  démontrée  par  l'observation  et  l'ex- 
périence (chenilles  spécialisées  pour  une 
plante  et  refusant  après  y  avoir  goûté  toute  autre  plante;  expériences  de  Will  et  de 
Forel  sur  les  Guêpes  et  les  Abeilles,  consistant  à  mélanger  à  leur  nourriture  d'autres 
substances  telles  que  alun,  quinine,  etc.).  Il  est  pourtant  souvent  fort  difficile  de 
distinguer  le  goiU  de  l'odorat,  surtout  si  l'on  a  en  vue  cet  odorat  spécial  que  Forel 
appelle  odorat  au  contact,  et  qui  doit  participer  à  la  fois  du  lad,  du  goût  et  de  l'odorat. 
On  a  proposé  de  réunir  sous  le  nom  de  sens  chimique  ces  facultés  sensorielles  (iNagel). 
Le  goût  proprement  dit  est  surtout  très  développé  chez  les  Hyménoptères.  Il  réside 
principalement  dans  l'organe  de  Wolf,  autrefois  considéré  par  Wolf  lui-même  comme 
un  organe  olfactif,  et  qui,  très  développé  chez  l'Abeille,  est  situé  à  la  base  de  la  langue, 
au  niveau  de  l'épipharynx  (Forel,  1886).  Chez  les  Diptères,  c'est  également  dans  la 
région  de  l'épipharynx,  juste  au  niveau  du  point  où  vient  se  déverser  la  salive  que  se 
trouve  concentré  le  principal  bouquet  de  terminaisons  gustatives  (Kunckel  d'Herculais 
et  Gazagnaire,  1881). 

l.  Au  cours  de  l'impression  de  cet  article,  Laloy  a  formulé  une  théorie  intermédiaire  entre 
l>s  deux  précédentes.  Pour  les  petites  distances,  pour  les  environs  immédiats  de  la  ruche,  dit-il, 
l'Abeille  est  guidée  par  la  vue  [fait  mis  hors  de  doute  par  de  très  nombreuses  observations], 
tandis  que,  pour  les  grandes  distances,  il  faudrait  admettre  un  sens  spécial  de  la  direction,  rési- 
dant peut-être  dans  les  ganglions  cérébroïdes.  [Le  sens  de  la  direction  spécialement  chez  les 
Abeilles  {Le  Naturaliste,  lo  nov.  1900,  p.  259).] 


INSECTES. 


29J 


Il  est  plus  douteux  que  les  fossettes  sensorielles,  réparties  sur  la  langue  et  les  mâchoires 
chez  divers  Insectes  (Kiiœpelin,  Forkl),  puissent  aussi  participer  ù  ces  fonctions.  Les  expé- 
riences de  Plateau  ont  montré  que  les  palpes  ne  jouaient  aucun  rôle  à  ce  point  de  vue. 

Les  facultés  gustalives  des  Insectes  ne  s'étendent  qu'à  certaines  catégories  de  sub- 
stances :  si  elles  leur  permettent  très  bien  de  distinguer  les  substances  amères  ou 
sucrées,  ils  mangent  sans  répugnance  des  substances  qui  peuvent  leur  être  nuisibles 
telles  que  le  phosphore  (ForiEr.). 

5«  Odorat. 

Il  est  bien  établi  que  le  siège  de  l'odorat  doit  être  placé  dans  les  antennes 
(A.  Lei'ebvre,  1838).  Une  Abeille  étant  occupée  à  se  repaître  de  sucre,  Lefeuvre  en 
approcha  une  aiguille  dont  la  pointe  venait  d'être  trempée  dans  l'éther  ;  aussitôt  l'In- 
secte dirigea  vers  l'aiguille  ses  antennes,  les  agita  et  donna  des  signes  d'une  vive  inquié- 
tude ;  quand  la  direction  de  l'aiguille  variait,  la  direction  des  antennes  changeait  d'une 
manière  correspondante,  tandis  que  l'approche  d'une  aiguille  inodore  ne  provoquait 
dans  ces  organes  aucun  mouvement.  L'aiguille  trem- 
pée dans  l'éther  ne  produisait  par  contre  aucun  ellet, 
lors(iue  l'expérimentateur  l'approchait  doucement  des 
stigmates  situés  sur  les  côtés  de  l'abdomen  ou  de 
toute  autre  partie  du  corps  éloignée  des  antennes.  Il 
montra  de  plus  que  des  Guêpes  auxquelles  on  a  sup- 
primé les  antennes  ne  réagissent  plus  aux  odeurs. 
Les  observations  de  Perris  sur  les  Ichneumonides  et 
les  Sphégiens,  et  celles  de  Dugès  sur  les  Muscides 
confirmèrent  les  résultats  obtenus  par  Lefebvre. 
IIauser  enfin,  par  ses  expériences  variées  portant  sur 
un  giand  nombre  d'espèces,  avec  toute  une  série  de 
substances  odorantes,  fit  adopter  unanimement  le 
rôle  olfactif  des  antennes. 

L'odorat  résidant  dans  les  antennes  est  un  sens 
d'importance  capitale  pour  les  Insectes  et  que  l'on 
trouve  à  la  base  de  toutes  leurs  activités.  Il  les  guide 
dans  la  recherche  de  leurs  aliments  ou  des  milieux 
sur  lesquels  ils  doivent  déposer  leurs  œufs  (Mouches 
à  viande,  Nécrophores,  Bousiers,  Guêpes  attirées  par 
le  miel.  Mouches  trompées  par  les  Aroïdées,  obser- 
vations de  Perris  et  de  J.-H.  Fabre  sur  les  Ichneu- 
monides et  les  Sphégiens).  C'est  aussi  l'odorat  qui, 
le  plus  souvent,  guide  les  pâles  dans  la  recherche 
des  femelles  (expériences  classiques  de  Balbiani 
sur   Bombyx   mori;    de    Goldsborough-Mayer  sur    CaJlommia  promcthea,    1900,    etc.). 

Chez  les  Formicides,  l'odorat  atteint,  pour  de  nombreuses  espèces,  une  précision 
dont  notre  sens  correspondant  ne  peut  pas  nous  donner  une  idée.  Par  ses  études  sur 
ces  Insectes,  Forel  a  été  conduit  à  admettre  deux  sortes  d'odorat  résidant  l'un  et 
l'autre  dans  l'antenne  : 

i"  Un  odorat  à  distance  dont  le  siège  doit  être  surtout  dans  les  fossettes,  plaques,  ou 
arêtes  olfactives  (formations  dérivées  d'un  poil  sensoriel  couché),  qui  sont  aplaties  et 
s'élèvent  à  peine  au-dessus  de  la  surface  de  l'antenne,  et  un  odorat  au  contact  résidant 
dans  les  cônes  ou  massues  olfactives  de  Leydig  (fig.  19),  qui  hérissent  la  surface  de  l'an- 
tenne. Ce  dernier  sens  s'exerce  grâce  aux  mouvements  incessants  de  cet  appendice  qui 
palpe  et  explore  les  objets  environnants  :  c'est  un  sens  topochimique,  qui,  avec  le  concours 
de  la  mémoire,  permet  à  l'Insecte  de  s'orienter  d'une  façon  surprenante.  Ce  sens  doit  ses 
propriétés  ù  ce  que  les  terminaisons  olfactives,  au  lieu  d'être  au  fond  d'une  cavité  comme 
chez  les  Vertébrés,  sont  saillantes  à  l'extérieur.  La  Fourmi  doit  distinguer  les  impres- 
sions de  son  antenne  droite  de  celles  de  son  antenne  gauche,  celles  de  la  face  gauche  et 
celles  de  la  face  droite  de  chaque  antenne  :  elle  localise  dans  l'espace  ses  sensations 
olfactives;  l'odorat  devient  ainsi  relationnel.  Ce  sens  la  met  en  rapport  avec  toute  une 


Fio.  19.  —  Extrémito  d'une  antenne 
de  Fourmi  (Formica  rufa). 

p,  poils;  o,  cônes  olfactifs;  a,  dépres- 
sions au  fond  desquelles  s'insèrent  ces 
(lorniors  éléments.  (D'après  Leydig.) 


296 


INSECTES. 


carte  géographique  de  champs  odorants  difl'érents  les  uns  des  autres  :  «  un  coup  d'an- 
tenue  lui  fait  sentir  l'odeur  allongée  d'un  brin  d'herbe;  un  autre,  l'odeur  arrondie  et  dif- 
férente d'une  feuille;...  sa  propre  odeur  déposée  sur  le  chemin,  sous  forme  de  piste, 
celle  des  points  touchés  à  l'allée  par  ses  antennes,  aura  pour  elle  une  forme  précise. 
Bref  un  monde  de  connaissances,  localisées  en  relations  fort  précises,  sera  de  cette 
fa(;on  projetée  dans  son  cerveau.  Si  nous  étions  doués  d'un  pareil  sens,  le  monde  serait 
transformé  pour  nous.  L'odorat  deviendrait  un  sens  des  formes,  une  source  d'art,  dont 
nous  ne  pouvons  nous  faire  qu'une  faible  idée.  » 

A  l'appui  de  la  conception  de  Forel  viennent  les  observations  et  les  expériences 
t]ui  ont  été  faites  par  lui-môme  et  par  d'autres  auteurs.  Je  ne  citerai  que  l'élégante 
expérience  de  Bethe,  qui  est,  à  ce  point  de  vue,  très  démonstrative.  Bethe  fait  passer  des 
Fourmis  qui  suivent  une  piste  conduisant  à  des  Pucerons  (|u'elles  exploitent,  sur  un  dis- 
que susceptible  d'être  tourné  horizontalement.  Lorsque  les  Fourmis  y  ont  passé  quelque 
temps  et  que  la  piste  est  définitivement  établie,  il  fait  tourner  le  disque  de  180".  La 
l)iste  se  trouve  ainsi  conservée,  mais  renversée  sur  le  parcours  du  disque.  Les  Fourmis 
alors  s'arrêtent,   vont  et  vionnenl,  fort  agitées,  sur  le  disque;  un  rassemblement  de 

Fourmis  hésitantes  se  forme,  et  ce  n'est  que 
lorsque  leurs  circuits  les  ont  amenées  fortuite- 
ment de  l'autre  côté,  que,  retrouvant  la  piste 
dans  le  bon  sens,  elles  continuent  tranquillement 
la  route  qui  conduit  soit  au  nid,  soit  aux  Pucf- 
luns.  La  désorientation  des  Fourmis,  dans  le 
cas^qui  précède,  s'explique  parfaitement  parce 
fait  qu'elles  doivent  percevoir  tout  à  coup,  par 
le  sens  topochimique  de  leurs  antennes,  une 
transposition  de  l'espace.  Elles  perçoivent  à 
droite  ce  qui  était  à  gauche,  et  réciprc-quement. 
11  n'est  pas  besoin  d'admettre  une  «  polarisa- 
tion »  mystérieuse,  comme  le  fait  Bethe,  pour 
rendre  compte  des  faits;  mais  la  connaissance 
d'un  odorat  relationnel  nous  en  donne  la  clef. 

L'odorat  joue  un  rùle  très  grand  aussi  dans  la 
reconnaissance  des  Fourmis  entre  elles:  ilestleur 
sens  social  (Forel).  C'est  grâce  à  lui,  et  non  par 
un  langage  spécial  que  les  Fourmis  d'un  |même 
nid  se  reconnaissent,  et  quelles  traitent  en  enne 
mies  celles  qui  appartiennent  à  une  autre  colo- 
nie (expériences  de  Fokel  sur  Fourmis  à  antennes 

coupées,  de  LlBBOCK,  BETHE,WASMANN,PlKRON,etC.). 

C'est  également  sur  l'odorat  (surtout  l'odorat  au  contact)  que  repose,  en  grande 
partie,  le  jeu  des  instincts  des  Abeilles.  Von  Blttel-Reepen  a  donné  une  remarquable 
démonstration  d'un  fait  que  les  vieilles  observations  de  Huber,  ainsi  que  toute  la  pra- 
tique de  l'apiculture  avaient,  d'ailleurs,  accrédité  :  c'est  que  c'est  à  l'odeur  que  les 
Abeilles  reconnaissent  leur  reine.  Von  Buttel  isole  dans  une  petite  cage  la  reine  d'une 
ruche;  il  replace  la  cage  contenant  la  reine  dans  la  ruche,  à  laquelle  il  enlève  tous  les 
rayons,  de  façon  à  la  transformer  en  essaim.  Le  lendemain,  il  enlève  la  cage  avec  la 
reine:  peu  de  temps  après,  grande  agitation,  suivant  la  règle  habituelle  en  pareilles 
circonstances,  et  le  cri  plaintif  des  Abeilles  orphelines  bien  connu  des  apiculteurs  se 
fait  entendre.  11  retire  alors  la  reine  de  sa  cage,  et  place  cette  dernière  vide  au  milieu 
des  Abeilles.  Aussitôt  le  cri  cesse,  la  cage  vide  est  assaillie  d'Abeilles,  la  tranquillité 
renaît,  et  le  bruissement  que  les  ouvrières  font  entendre  lorsqu'elles  ont  retrouvé  leur 
reine  retentit  joyeusement. 

L'odeur  individuelle  de  la  reine,  à  laquelle  il  faut  joindre  l'odeur  individuelle  des  ou- 
vrières, l'odeur  de  famille,  celles  des  mâles,  des  matériaux,  des  provisions  et  du  nid  con" 
stituent  la  base  fondamentale  des  réactions  dont  se  compose  laîvie  intérieure  de  la  ruche" 

L'odorat  à  distance  paraît,  par  contre,  beaucoup  moins  développé  chez  les  Abeilles 
que  chez  les  Guêpes  ^FoREL,  Lubbock). 


FiG.  20.  —  Coupe  à  travers  une  i)artio  Je  Tan- 
renne  d'une  Guêpe,  pour  montrer  les  termi 
naisoDs  olfactives. 

RS,  bâtonnet  ollactif  (le  tiret  doit  être  pro 
longé).  (D'après  Hauser). 


INSECTES. 


297 


Enfin,  chez  les  Hyménoptères  païasitcs  ou 'prédateurs  (loliiieuninnides,  Sphégiens), 
les  antennes,  toujouis  en  mouvement,  sont  des  instruments  d'une  telle  précision  pour 
permettre  à  ces  animaux  de  trouver  les  Insectes  dans  lesquels,  ou  sur  lesquels  ils  doivent 
déposer  leurs  a'ul's,  que  J.-H.  Fauhk,  après  avoir  consacré  une  partie  de  sa  vie  à  l'étude 
de  ces  animaux,  se  refuse  à'admettre  qu'un  Sphégien  tel  (juc  l'Ammophile  puisse  décou- 
vrir par  l'odorat  une  chenille  ne  dégageant  aucune  odeur  perceptible  et  qui,  de  plus, 
est  enfouie  sous  terre;  aussi  tend-il  à  admettre  un  sens  spécial  sur  lequel  il  ne  peut  se 
prononcer. 

Reste  une  dernière  question.  Les  antennes  sont-elles  le  siège  exclusif  de  l'odorat? 
A  la  suite  d'expéiicnces  variées  sur  les  Fourmis,  les  Mouches,  les  Coléoptères  et  les 
Orthoptères,  Gkabku  est  arrivé  à  cette  conclusion  que  d'autres  parties  du  corps,  telles 
que  les  palpes  et  les  cerques,  pouvaient  participer  à  cette  fonction.  Graber,  il  est  vrai, 
se  servait  de  substances  odorantes  fortes  et  irritantes  (essence  de  térébenthine,  essence 
de  Romarin);  et,  ainsi  que  le  fait  remarquer 
Plateau,  il  se  peut  que  les  palpes  et  les  cerques 
réagissent  à  ces  substances,  comme  pouriait  le 
faire  notre  conjonctive,  ou  notre  muqueuse 
laryngée,  pour  certaines  vapeurs  irritantes,  sans 
qu'il  s'agisse  d'un  véritable  sens  olfactif.  Plateau 
(expériences  sur  les  Blattes)  et  FonEL(e.\périences 
sur  les  Guêpes)  ont  montré,  par  une  expérimen- 
tation rigoureuse,  que,  toutes  les  fois  qu'il  s'agis- 
sait d'odeurs  faibles,  ou  de  moyenne  intensité, 
non  irritantes,  telles  que  celles  que  les  Insectes 
ont  le  plus  souvent  à  discerner  dans  la  nature, 
les  antennes  entraient  seules  en  ligne  de  compte. 
Toutefois,  étant  donné  ce  fait  que  les  palpes  et 
les  cerques  peuvent  présenter  des  terminaisons 
sensorielles  tout  à  fait  semblables  à  celles  que 
l'on  trouve  sur  les  antennes  et  que  l'on  s'accorde 
à  considérer  comme  olfactives,  il  est  bien  difficile 
de  ne  pas  accorder  que  ces  organes  soient  capables, 
au  moins  dans  certains  cas,  de  participer  au 
sens  olfactif. 


6'^  Vision. 


KiG.  21.  —  Tète  de  l'Abeille  ouvriiirc. 

vertex  avec  los  trois  ocelles  ;  6,  froQt  ;  d, 
insertion  des  antennes  (torulus);  c,  Joues; 
/',  clypeus  :  1/,  lèvre  supérieure  ou  labre  ; 
II,  mandibules;  i,  mâchoires;  j,  palpes  la- 
biaux; k,  langue  (partie  terminales  et  mé- 
diane de  la  lèvre  inférieure);  /,  jeux  com- 
posés;  M,   antennes.  (Figure  empruntée  à 

IIOMMELL.) 


La  vision  des  Insectes  s'exerce  au  moyen  de 
deux  sortes  d'organes  distincts,  présents  à  la 
fois   pour  de  nombreuses  espèces  parvenues  à 

l'état  parfait  :  les  yeux  composés  ou  yeux  à  facettes  (iîg.  21  et  22)  et  les  yeux  simi^lcs 
ou  ocelles  (fig.  21  a,  et  22  oc). 

A.  Vision  avec  les  yeux  composés.  — •  Les  yeux  composés  sont  formés  d'un  nombre 
souvent  fort  élevé  (plusieurs  milliers)  d'yeux  élémentaires  ou  otnmatidies  :  chaque 
ommatidie  (fig.  2;j,  23,  30)  est  formée  d'une  partie  dioptrique,  périphérique  [cornénle 
et  cône),  et  d'une  partie  sensible  ou  rctinule  longues  celluhis  rétiniennes  groupées 
autour  d'un  axe  formé  par  le  rhabJome),  le  tout  étant  enveloppé  d'un  étui  formé  de 
cellules  pigmentaires.  Les  onimatidies  sont  donc  séparées  les  unes  des  autres  par  une 
couche  pigmentée  plus  ou  moins  épaisse  ;  leur  forme,  comparable  à  celle  d'un  bâtonnet, 
est  généralement  très  allongée  surtout  chez  les  diurnes. 

tt)  Dioptrique,  formation  des  images.  —  La  façon  dont  les  images  peuvent  se  former 
dans  les  yeux  composés  et  donner  lieu,  pour  l'Insecte,  à  une  représentation  du  monde 
extérieur  a  été  très  discutée.  Depuis  l'ancienne  observation  de  Leeuwenhoeck,  qui,  met- 
tant au  point  son  microscope,  sur  la  partie  postérieure  d'une  cornée  d'Insecte  illuminée, 
par  la  llanime  d'une  chandelle,  voyait  des  centaines  de  petites  images  de  la  Uamme 
renversée  corresponrlant  chacune  à  l'une  des  onimatidies,  on  a  été  longtemps  arrêté 
par  la  difficulté  de  comprendre  comment  l'Insecte  pouvait  arriver  à  combiner  dans  son 


r 


298  INSECTES. 

sensorium  ces  images  multiples  pour  se  faire  une  représentation  du  monde  extérieur. 
JoHANNEs  MiJLLER,  dès  1829,  avait  pourtant,  dans  sa  célèbre  théorie  de  la  vision  en 
mosaïque,  permis  de  comprendre  comment  l'œil  composé  pouvait  être  utilisé  pour  la 
vision.  MuLLKR,  sans  tenir  compte  de  l'image  qui  peut  se  former  derrière  la  cornéule, 
et  qu'il  paraît,  d'ailleurs,  avoir  ignorée,  admet  que  chaque  ommalidie  est  impressionnée 
par  une  aire  lumineuse  correspondant  à  sa  projection  sur  le  champ  visuel,  et  que  c'est 
de  la  juxtaposition  de  toutes  ces  petites  aires  lumineuses,  variables  suivant  l'intensité 
et  la  nature  des  rayons  qui  les  illuminent,  que  résulte  l'image  totale  unique  et  droite 
qui  est  perçue  par  l'Insecte.  Les  points  lumineux  qui  composent  l'image  totale  sont, 
eux-mêmes,  formés  de  la  façon  suivante  :  les  rayons  qui  tombent  normalement  sur  le 
milieu  dioptrique,  et  ceux  qui,  ne  s'écartant  pas  trop  de  celte  direction,  peuvent  y  être 
ramenés  par  son  pouvoir  réfracteur,  atteignent  seuls  les  fibres  nerveuses  correspon- 
dantes; les  rayons  présentant  une  direction  trop  oblique  tombent,  au  contraire,  sur  le 
pigment,  et  sont  absorbés.  Chaque  ommatidie  n'utili.se  donc  que  les  rayons  d'une  très 
petite  partie  du  champ  visuel,  pour  les  concentrer  en  un  point  lumineux. 

GoTTSCHE,  en  1852,  combattit  la  théorie  de  MCller,  et  la  fit  oublier,  en  renouvelant 
l'expérience  de  Leeuwenhoeck,  et  en  attirant  à  nouveau  l'attention  sur  les  images  ren- 
versées qui  se  forment  chez  la  Mouche  à   viande  {CaltipUora  vomituria),   derrière  la 

cornée  de  chaque  ommatidie.  La  théorie 
de  MiLLEu  ne  fut  remise  en  honneur  que 
lorsque  les  études  hislologiques  de  Guena- 
CMEU    et    les    travaux     physiologiques    de 

«SJ^^^^^^^^^^^^^^'  \^^^'^Q^  ExNER  permirent  de  la  préciser  en  la  com- 
^^^J^^^^'^^^^^^-  'yQbO  plétant,  et  aussi  en  la  modifiant  sur  un 
t j^^ïv  \^  /    ,^<@vy^       T  certain  nombre  de  points. 

-1,  '  Dans  une  expérience  capitale  au  point 

0,  de  vue  de  nos  connaissances  sur  la  vision 

on  des  Arthropodes,  Exneii  est  arrivé  à  mettre 

FiG.  22.  —  Têto  de  l'Abeille  mâle.  en  évidence  et  à  fixer  par  la  photogra- 

a,  antennes;  au,  yeux  composés;  f,  7  facettes  plus     phie  limage  unique  et  droite  formée  par 

grossies;  f    les  méme.s  montrant  les  poils  qui  sont       j-^j,  ^   facettes,    en   prenant   comme   SUJet 
insérés  entre  elles;  oc,  les    trois   ocelles.  (D  après       ,,         ,  '  r-  j 

Gbrstacker.)  d  étude    le    Lampyris   splenclibula    mâle*. 

Cette  image  est  celle  que  MOller  avait 
conçue  théoriquement,  et  qui  doit  être  perçue  par  le  cerveau  de  l'Insecte.  Le  même 
auteur  et,  plus  tard,  Parker  (1895)  réussirent  à  voir  des  images  semblables  dans  une 
série  d'autres  Insectes  et  chez  les  Crustacés. 

Bien  que  toutes  les  conclusions  d'ExNER  ne  puissent  être  considérées  comme  défini- 
tives, et  que  de  sérieuses  réserves  puissent  être  faites  à  leur  sujet  (voir  les  récents  tra- 
vaux de  Vicier),  ses  recherches  sont  néanmoins  fondamentales  pour  tous  ceux  qui 
veulent  aborder  l'étude  de  la  vision  des  Arthropodes.  Aussi  croyons-nous  indispensable 
d'en  donner  un  exposé. 

Il  résulte  des  recherches  d'ExNER  que  la  cornée  et  le  cône  ont  une  structure  feuilletée 
et  peuvent  être  considérés  comme  un  système  formé  d'une  série  de  cônes  à  sommets 
tournés  vers  l'intérieur  et  emboîtés  les  uns  dans  les  autres  ;  l'examen,  au  moyen  du 
microréfractomêtre,  a  révélé  que  dans  ce  système  l'indice  de  réfraction  est  maximum, 
suivant  l'axe  et  décroît  progressivement  vers  la  périphérie.  Au  point  de  vue  optique,  on 
peut  assimiler  cet  appareil  ù  un  système  formé  d'une  série  de  cylindres  emboîtés  les 
uns  dans  les  autres  et  dont  la  réfringence  augmenterait  à  mesure  que  l'on  se  rappro- 
chei'ait  de  l'axe.  Ex.xERadonné  à  un  tel  système  réfringent  le  nom  de  cylindre-lentille  et 
il  a  étudié  par  le  calcul  aus'si  bien  que  par  l'expérience  ses  propriétés  optiques  : 

Soit  a  b  cd  (fig.  26)  un  cylindre  dont  l'indice  de  réfraction  est  maximum  suivant  son 
axe  xy  et  diminue  graduellement  vers  la  périphérie.  Soit  xm  un  rayon  tombant  obli- 
quement sur  l'une  des  bases  ac.  Une  fois  arrivé  dans  le  cylindre,  il  franchit  les  surfaces 
qui  séparent  les  couches  inégalement  réfringentes  et  sur  chacune  d'elles,  par  exemple 
sur  «'  b',  il  se  trouve  réfracté  de  façon  que  sa  direction  fasse  un  angle  de  plus  en  plus 

1.  Voir  le  paragraphe  (c)  acuité  visuelle. 


INSECTES. 


299 


petit  avec  l'axe  du  cylindre;  à  un  moment  donné  l'angle  deviendra  nul,  puis  négatif. 
Dès  lors  le  rayon  suivra  une  marche  inverse  et  passera  dans  des  couches  devenant  de 
plus  en  plus  réfringentes;  ramené  ainsi  graduellement  vers  l'axe,  il  finira  par  le  ren- 
contrer à  nouveau  en  //.  On  peut  démontrer  que  toute  une  onde  sphérique  émanée  de  x 
sortira  ainsi  du  cylindre  avec  une  forme  concave  en  prenant  successivement  les  formes 
/>('  u*,  m-  H-,  m'  71^  m''  n^,  m''  n-'  (fig.  27)  et  que  tous  les  rayons  iront  se  concentrer  en  y. 

Dans  l'étude  de  la  marche  des  rayons  lumineux  à  travers  les  cylindres-lentilles,  il  y  a 
à  tenir  compte  de  la  longueur  du  cylindre,  et  deux  cas  principaux  sont  à  considérer  au 
point  de  vue  de  la  vision  de  l'cvil  composé. 

1«''Cas. —  Le  foyer  se  trouve  sur  la  base  postérieure  ou  base  rétinienne  du  cylindre, 
et  celui-ci  a  par  conséquent  la  longueur  de  sa 
distance  focale.  Il  se  forme  alors  sur  cette 
base  une  image  renversée  et  les  rayons  prin- 
cipaux R,  R'  émanés  des  points  lumineux  de 
l'objet  sortent  du  cylindre  parallèles  entre 
eux  (llg.  28). 

2*  Cas. —  La  longueur  du  cylindre  est  double 
de  sa  distance  focale.  Dans  ce  cas,  l'image 
renversée  d'un  objet  placé  à  l'infini  se  forme 
au  milieu  de  la  longueur  du  cylindre  en  yz 
(fig.  29)  ;  les  rayons  repartent  alors  de  tjz  pour 
suivre  dans  la  seconde  moitié  du  cylindre 
une  marche  symétrique  à  celle  qu'ils  ont 
suivie  dans  le  premier,  et  ils  sortiront  sous  un 
angle  égal  à  celui  sous  lequel  ils  sont  entrés, 
en  se  dirigeant  du  même  côté  de  l'axe  que 
celui  dont  ils  venaient,  du  côté  droit  de  l'axe 
du  cylindre  par  exemple  si  le  point  lumineux 
était  placé  à  droite  de  cet  axe.  Le  résultat  est 
en  somme  le  même  qu'avec  une  lunette  astro- 
nomique ne  grossissant  pas  et  réglée  pour 
l'infini  :  il  se  formera  une  image  droite. 

ExNER  a  démontré  qu'il  existait  chez  les 
Insectes  et  les  Crustacés  deux  types  de  vision 
dioptrique  correspondant  aux  deux  cas  qui 
viennent  d'être  exposés. 

\er  Type  (fig.  30).  —  Le  système  représenté 
par  la  cornéule  et  le  cône  peut  être  comparé, 
au  point  de  vue  dioptrique,  à  un  cylindre-len- 
tille ayant  une  longueur  égale  à  sa  distance 
locale.  En  ce  cas  les  cônes  sont  entourés  de  pig- 
ment jusqu'à  leur  extrémité  postérieure  et  ne 
laissent  passer  la  lumière  à  leur  sortie  que  par 
un  point  central.  Les  rétinules  sont  courtes 
et  placées  immédiatement  derrière  les  cônes. 
Il  peut  alors,  d'après  la  marche  des-  rayons, 
se  former  une  image  renversée  et  partielle  qu'Ex.xER  a  vue  chez  différents  Insectes  et 
qui  ne  doit  pas  être  confondue  avec  l'image  renversée  de  Leeuwenhoeck  produite  seu- 
lement par  la  lentille  cornéenne.  Cette  image  renversée  et  partielle,  bien  que  se  formant 
sur  la  rétine,  n'a,  en  tout  cas,  d'autre  signification  physiologique  que  celle  d'un  foyer 
lumineux,  et  elle  est  trop  petite,  d'après  Exxer,  pour  pouvoir  être  définie  par  les  éléments 
visuels.  Elle  impressionne  la  rétine  comme  un  simple  point  lumineux  et  l'ensemble  de 
tous  ces  points  lumineux  correspondant  aux  diverses  ommatidies  constitue  une  image 
droite  par  juxtaposition  {Appositionshild)  (fig.  31)  qui  se  projette  sur  le  face  antérieure 
de  la  rétine.  (Bourdons,  Guêpes,  Mouches,  Libellules,  Elatérides,  Dorcadion,  etc.). 

2*  Type  (fig.  32).  —  Le  système  représenté  par  la  cornéule  et  le  cône  cristallin  équi- 
vaut, au  point  de  vue  dioptrique,'ii  un  cylindre-lentille  ayant  une  longueur  double  de  sa 


Fig.  23.  —  Schéma  de  la  structure 
de  trois  ommatidies. 
C,  cornéule;  cg,  cellules  cornéagènes  (deux);  »s, 
noyaux  de  Senii)er  (  t  on  tout,  2  sur  la  coupe)  ;  cr, 
cellules  cristalliniennes  formant  le  cone  cristal- 
lin t  en  tout,  2  sur  la  coupe)  ;  cpp,  cellules  pig- 
mcntaires  princii)ales;  c/),  cellules  pignientaires 
secondaires;  cv,  cellules  rétiniennes  (7  en  tout, 
2  sur  la  coupe)  disposées  autour  du  rhabdôme  R 
et  constituant  avec  lui  la  rétinule;  cpb,  cellules 
pignientaires  en  rapport  avec  la  basalc  (ôa), 
et  constituant  la  couche  de  pigment  choroïdien, 
les  autres  cellules  pigmeatairos  formant  la 
couche  du  pigment  iridion.  (D'après  Berlese.) 


300 


INSECTES. 


'^à^ 


FiG.  21.  —  S<-!i(5iiia  il'uno 
roui)c  transversale  de 
7  onimatiilios  passant, 
au  niveau  do  la  ligne  e 
sur  la  tigurc  précédente. 
(D'après  Biîrlese). 


distance  focale.  Dans  ce  cas,  le  pigment  est  concentré  en  avanlcnlre  les  cônes  cristallins; 
les  rétinules  en  outre  ne  sont  pas  placées  immédiatement  derrière  les  cônes  et  en  contact 
direct  avec  eux;  mais  elles  en  sont  séparées  par  un  espace  intermédiaire  assez  grand, 
occupé  par  un  milieu  transparent,  mais  non  réfringent.  Les  ommatidies  sont  en  cons»'-- 
quence  d'une  grande  longueur.  Il  résulte  de  ces  diverses  circonstances  que,  parmi  les 
rayons  qui  émanent  d'un  point  lumineux,  non  seulement  ceux  qui  tombent  sur  une 
ommatidie  directement  placée  en  face  de  lui  (désignons-la  par  a',  soit  celle  du  centre 
dans  la  ligure  24),  sont  n'-fractés  de  façon  à  se  réunir  sur  le 
rhabdùme  correspondant  ()'  ;  mais  encore  ceux  qui  tombent  sur 
les  facettes  voisines  de  cette  ommatidie  {a-,  a^,  a*,  à',  u'^,  a')  sont 
réfractés  par  leurs  cônes,  de  façon  à  venir  converger  sur  le  même 
rhabdome  (r*).  En  admettant  que  seules  les  6  ommatidies  immé- 
diatement voisines  de  a*  (soient  a-  —  a'),  —  et  il  peut  y  en  avoir 
bien  davantage,  jusqu'à  une  trentaine, —  participent  à  cette  con- 
centration df-s  rayons  émanés  du  point  lumineux,  le  rhabdome 
*■'  de  l'ommatidie  a'  recevra  ainsi  une  lumière  6  fois  renforcée. 
11  en  sera  de  même  pour  les  autres  points  lumineux  d'un  objet 
co'nsidéré,  dont  les  rayons  iront  se  concentrer  sur  d'autres 
rliabdômes  par  l'intermédiaire  de  plusieurs  facettes  et,  comme 
les  rayons  ressortent  du  môme  côté  de  Taxe  que  celui  par  lequel 
ils  sont  entrés  et  sous  un  angle  équivalent,  on  aura  une  image 
droite  dont  chaque  point  résullera  de  la  concentration  et  de  la  superposition  sur  un 
même  élément  de  plusieurs  faisceaux  (7  dans  l'exemple  théorique  <|ui  précède'  réfractés 
chacun  par  une  facette  différente.  L'image  ainsi  obtenue  sera  une  image  par  mperpo- 
sition  iSiipe)positionshUd)  (lig.  33);  c'est  elle  qui  a  été  photographiée  par  Exner  pour  le 
Lampyre.  Elle  a  été  vue  en  outre  chez  la  Cantharide,  le  Téléphore,  l'Hydrophile,  les 
Cétonides,  les  Papillons  nocturnes. 

Entre  ces  deux  types  fondamentaux,  il  existe  une  quantité  d'intermédiaires,  car  les 
yeux  composés  des  Arthropodes  ont  une  structure  extrêmement  variable  et  à  chaque 
structure  correspondrait  un  mode  de  fonctionnement  particulier.  Les   interprétations 
fournies  par  Exner  se  rapportent  surtout  aux  yeux  cucones, 
c'est-à-dire   présentant  des  cônes   bien    dilférenciés.   Mais  il 
existe  aussi  des  Insectes  qui  n'cmt  que  des  cônes  purement 
cellulaires  et  non  réfringents  placés  en  arrière  de  leur  cornées 
(yeux    acones    des   Tipules,    Forlicules,    Hémiptères,    divers 
Coléoptères),  ou  bien  les  cônes  ne  sont  représentés  (]ue  par 
une  masse  liquide  sécrétée  par   les  cellules  cristallinieinies 
(yeux  pseudocones  des  Muscides).  Ce   sont  alors  les  cornées 
dans  ces  deux  cas  qui  constituent  les  éléments  exclusifs  ou 
principaux  de  l'appareil  dioptrique,  et  l'on  obtient  des  images 
par  juxtaposition. 

A  côté  du  mécanisme  des  cijlindres-lentilles,  dont  les  études 
d'ExNER  ont  révélé  l'importance  prépondérante,  il  existe 
certainement  d'autres  facteurs,  tels  que  la  réflexion  totale 
de  certains  rayons  sur  les  parois  du  tube  ommatidien,  qui 
concourent  à  la  concentration  et  au  groupement  des 
rayons    lumineux    sur    les    éléments    de    la   rétine    et   qui, 

suivant  les  types  dont  il  s'agit,  présentent  une  importance  plus  ou  moins  grande. 
Exner  a  constaté  que  l'image  par  superposition  ne  se  forme  guère  que  chez  les  noc- 
turnes, c'est-à-dire  chez  ceux  qui  ont  besoin  d'utiliser  le  plus  grand  nombre  possible  de 
rayons  lumineux.  Comme  la  plupart  des  Insectes  nocturnes  voient  aussi  à  la  lumière, 
leur  appareil  visuel  présente  une  disposition  remarquable  tout  à  fait  comparable  à  l'iris 
et  qui  leur  permet  d'adapter  leur  œil  aux  différentes  intensités  lumineuses.  Le  pigment 
qui  entoure  les  ommatidies  est  en  efTet  partagé  en  deux  zones  largement  séparées  l'une  de 
l'autre,  l'une  entourant  la  partie  profonde  des  éléments  visuels  ou  pigment  rétinien,  et 
l'autre  périphérique  occupant  la  région  des  cônes  ainsi  que  celle  qui  vient  immédiate- 
ment au-dessous,  ou  pigment  iridien  (fig.  34).  Tandis  que  la  lumière  n'a  pas  d'action  méca- 


Kii..  25.  —  Se  lié  m  a  de  la 
coupc!  transversale  d'une 
létinulc. 

1-7,  (.-ellules  rétiniennes  ou 
visuelles;  n.  noyaux;  au 
leniro  le  rhalidomc  est  re- 
présenté en    noir.  (D'après 

BÉRLESE.) 


INSECTES. 


301 


ri — 


FiG.    2C. 


Marche  d'un  ra^  ou  ocm  daus  un  cylindi-c-lentillo. 
(Daprùs  ExNER.) 


nique  sensible  sur  lo  pi,i;iueiil  rétinien  ciiez  les  Insectes  (contrairement  à  ce  qui  a  lieu 
pour  les  Crustacés),  il  n'en  est  pas  dn  même  pour  la  couche  pùripliérique,  qui,  suivant  les 
variations  d'intensité  lumineuse,  fonctionne  comme  un  iris  atteignant  un  très  haut  degré 
de  perfection.  Si  l'on  fait  en  effet  deux  préparations  de  l'œil  portant  sur  deux  Insectes 
de  nirme  espèce,  l'un  tué  on  plein  soleil,  l'autre  tué  à  l'obscurité,  on  constate  que  la 
disposition  du  pigment  iridien  est  fort  différente  dans  les  deux  cas  (Kxner,  Stefanowksa) 
(fig.  32,  34).  Par  une  lumière  intense  le  pigment  iridien  s'étale  en  arrière,  au  delà 
des  cônes,  coiiTant  le  sommet  do  chacun  d'eux  d'un  tube  à  parois  noires  d'autant  plus 
long  que  la  lumière  est  plus  intense,  et  il  ne  laisse  passer  que  les  rayons  dirigés  suivant 
les  axes  des  ommatidiesou  ceux  qui  s'en  écartent  pou;  au  contraire,  dans  l'obscurité,  le 
pigment  se  concentre  en  avant,  du 
côté  de  la  surface,  et  presque  tous 
les  rayons  tombant  sur  les  facettes 
peuvent  être  utilisés.  Pour  obtenir  le 
maximum  de  déplacement,  il  ne  faut 
pas  un  séjour  très  prolongé  à  la  lu- 
mière ou  à  l'obscurité;  mais  seule- 
ment quelques  heures. 

Les  variations  dans  la  disposition 
du  pigment  iridien  peuvent  se  tra- 
duire chez  l'Insecte  vivant  par  un 
phénomène  facilement  appréciable, 
surtout  si  l'on  a  recours  à  un  ophtal- 
moscope  muni  d'une  lentille  grossissante;  c'est  le  phénomène  d'extinction  de  la  lueur 
oculaire  :  lorsqu'on  examine  l'œil  d'un  Papillon  de  nuit  ayant  séjourné  à  l'obscurité, 
en  approchant  la  tête  de  l'animal  de  la  flamme  d'une  bougie,  on  distingue  à  la  sur- 
face de  l'œil  un  point  lumineux  rouge.  Au  bout  de  quelque  temps  d'exposition  de 
l'œil  à  la  lumière,  la  lueur  disparaît,  et  elle  ne  peut  reparaître  qu'après  un  séjour  pro- 
longé à  l'obscurité .  Ce  phénomène  s'explique  aisémont  par  le  jeu  du  pigment  iridien 
joint  à  la  présence  au  fond  de  l'œil  d'un  tapis  de  trachées  recouvrant  la  membrane 
basale  et  réfléchissant  la  lumière.  La  lueur  oculaire  des  Insectes  reconnaît  la  même 
cause  que  chez  les  Vertébrés  :  la  vision  directe  du  fond  de  l'œil;  elle  existe  chez  de 
nombreux  Insectes;  mais  ce  n'est  naturellement  que  chez  les  nocturnes,  c'est-à-dire  chez 
ceux  qui  ont  un   pigment  iridien  mobile,  que  peut  se  présenter  le  phénomène  de  l'ex- 

linction  précédemment  décrit. 

Ci- m:        ui.-;       ns,;;.        h  ,„ .  b)  Fonctions  rétiniennes.  — 

^  -       "^  '  ■  '  '^  Tout    concorde    actuellement  à 

faire  admettre  que  les  bâton- 
nets ou  rhabdûmes  (fig.  25  et 
lig.  30  rh)  qui  occupent  la 
partie  axile  des  rétinules  sont 
les  éléments  rétiniens  chargés 
de  recueillir  les  rayons  concen- 
trés par  le  système  dioplrique, 
et  qu'ils  prennent  une  part  im- 
portante à  la  transformation  de 
l'énergie  lumineuse  en  énergie  nerveuse.  Les  sept  cellules  rétiniennes  qui  entourent  les 
rhabdômes  constituent  les  intermédiaires  entre  ces  derniers  et  les  fibrilles  nerveuses. 
A  ce  propos,  Vicier  a  récemment  découvert  de  très  intéressants  détails  de  structure, 
dont  la  connaissance  semble  de  nature  à  jeter  un  jo,ur  tout  nouveau  sur  le  problème 
de  la  vision  par  l'œil  composé.  Il  a  reconnu  notamment  que,  chez  les  Muscides,  chaque 
ommalidie  reçoit  non  pas  une  impression  lumineuse  diffuse,  mais  sept  impressions 
distinctes  correspondant  à  sept  points  voisins  situés  dans  l'aire  centrale  d'une  petite 
image  renversée;  chacune  de  ces  impressions  est  recueillie  par  une  courte  baguette 
photoréceptrice  se  trouvant  à  l'extrémité  périphérique  de  chacune  des  sept  cellules 
visuelles  ou  rhabdomères  de  l'ommatidie,  précisément  au  niveau  où  se  forme  l'image 
projetée  par  la  cornéule.  Vigier,  contrairement  à  Exneu,  se  tro'.ive  ainsi  conduit  à  attri- 


FiG.  27.  —  Marche  d Une  invU-  sphoriquo  émanant  de  .r 
au  travers  d'un  cylindro-lontillo.  (D'après  ExNiiR.) 


305 


INSECTES. 


biier  à  cette  image  une  valeur  pliysiologiquc  (tout  au  moins  pour  les  Muscides).  Ces 
images  partielles  et  renversées,  par  conséquent  discordantes,  ne  peuvent  toutefois, 
d'après  lui,  se  juxtaposer  ou  se  superposer  dans  l'œil  en  une  ima^^e  continue.  Pour 
comprendre  la  vision  par  l'œil  composé,  on  ne  saurait,  dit-il,  se  baser  uniquement  sur 
la  structure  de  cet  œil,  et  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  à  un  très  haut  degré  de  la  dispo- 
sition compliquée  du  tractus  optique  et  des  centres  cérébraux.  En  réalité,  d'après 
Vicier,  il  se  fait  d'abord  au  niveau  du  periopticiim  une  fusion  des  excitations  semblables 
recueillies  par  des  rhabdomères  différents  appartenant  à  des  ommatidies  voisines,  et 
par  suite  une  réduction  du  nombre  des  fibres  conductrices;  puis  une  combinaison  des 
excitations  transmises  en  une  image  cérébrale  totale,  grâce  à  l'intervention  des  deux 
chiasmas  successifs  sur  le  trajet  des  voies  optiques. 

La  nature  très  fortement  réfringente  et  la  forme  bacillaire  souvent  très  allongée  du 


FiG.  28.  —  Formation  de 
l'imago  avec  un  cylindre 
lentille  (1"  cas),  d'après 

EXNEB. 


KiG.  '29.  —  Formation  do 
l'image  avec  un  cylindre 
lentille    (2»  ^  cas),   d'après 

E.\.NER. 


rhabdôme  en  font  un  appareil  de  réception  parfaitement  adapté  pour  conduire,  sans 
déperdition,  la  lumière  comme  pourrait  le  faire  une  baguette  de  verre,  grâce  aux  phéno- 
mènes de  réflexion  totale;  arrivée  au  fond  de  lœil,  la  lumière  rencontre  une  surface 
réfléchissante  (tapis)  et  les  rayons  lumineux  sont  renvoyés  à  l'extérieur  en  suivant  une 
marche  inverse  de  celle  qu'ils  avaient  primitivement  suivie.  L'excitation  nerveuse  trans- 
mise aux  cellules  rétiniennes  se  trouve  ainsi  multipliée.  C'est  surtout  chez  lesnocturnes 
que  l'on  trouve  un  tapis  bien  dilTérencié,  de  façon  à  mettre  à  profit  toute  l'énergie  des 
rayons  lumineux.  Il  est  formé  de  fines  ramifications  trachéennes  qui  s'étendent  en  nappe 
à  la  base  de  la  rétine  et  constitue,  d'après  Exner,  le  tapis  le  mieux  adapté  à  sa  fonction 
réfléchissante  que  l'on  puisse  rencontrer  dans  le  règne  animal. 

Pas  plus  pour  les  Insectes  que  pour  les  autres  animaux,  on  n'est  fixé  sur  la  nature 
du  travail  de  transformation  qui  peut  s'opérer  au  niveau  de  la  rétine,  et  on  doit  se 
borner  à  noter  l'existence  des  phénomènes  chimiques,  électriques  ou  autres  qui 
l'accompagnent  : 

J.  Chatin  a  signalé  l'existence  de  l'érythropsine  ou  rouge  rétinien  chez  la  Sauterelle 
verte  {Locusta  vividissima)  :  très  intense  dans  l'œil  excisé  sur  l'animal  vivant  et  observé 
de  suite,  la  teinte  rose  des  bâtonnets  s'affaiblit  rapidement. 

La  production  d'un  courant  électrique  est  déterminée  par  le  choc  de  la  lumière  sur 
la  rétine,  ainsi  que  Dewar  l'avait  démontré  pour  les  Vertébrés,  et  c'est  aussi  dans  la 


INSECTES. 


303 


/'■«/ 


région  jaune  verte  (.lu  spectre  que   le  courant  atteint   son   maximum,    tandis   qu'il 
trouve  son  minimum  dans  la  région  ronge.  (Expérience  de  J.  Chatin  sur  les  Locustides.) 

c)  Acuité  visuelle.  Perception  des  formes.  —  L'image  obtenue  avec  l'œil  du 
Lampyre  nulle  et  photographiée  par  Exner  (frontispice  de  son  livre)  représente  une 
fenêtre  qui  porte  une  grande  lettre  R  fixée  sur  une  de  ses  vitres  et  au  travers  de 
laquelle  on  voit  la  niasse  d'une  église. 

Cette  image  correspond  à  une  acuité  visuelle  de  6/400"  à  6/;i00'=  Snellkn,  qui  peut 
s'exprimer  en  disant  que,  si  un  Lampyre  perçoit  cotte  image  avec  la 
netteté  qu'elle  présente  en  réalité,  il  doit  reconnaître  une  grille  à  bar- 
reaux de  l)  centimètres,  comme  grille,  à  2  m.  25  de  distance.  Suivant 
les  espèces,  de  grandes  dilTérences  doivent  exister  au  point  de  vue  de 
l'acuité  visuelle.  Le  nombre  des  ommatidies  doit  évidemment  avoir, 
à  ce  point  de  vue,  une  grande  importance.  De  plus,  à  une  distance 
donnée,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  un  objet  sera  vu  d'une  faron 
d'autant  plus  distincte  que  les  yeux  élémentaires  seront  entre  eux 
plus  parallèles,  ce  qui  se  réalisera  lorsque  ces  éléments  seront  le  plus 
longs  possible,  et  les  lentilles  cornéennes  le  plus  petites,  en  un  mot, 
lorsque  la -forme  conique  de  l'œil  élémentaire  sera  le  moins  accen- 
tuée. On  comprend  en  effet  que  dans  ce  cas  l'image  de  l'objet  inté- 
ressera un  nombre  maximum  d'yeux  élémentaires. 

Par  de  nombreuses  expériences  Plateau  a  démontré  que  généra- 
lement les  Insectes  perçoivent  mal  les  formes  :  On  peut  empêcher  les 
Mouches  et  les  Guêpes  d'entrer  dans  une  maison  en  plaçant  devant  la 
fenêtre  un  filet  ayant  des  mailles  notablement  plus  larges  que  l'enver- 
gure de  l'Insecte;  celui-ci  s'arrête  devant  lui,  comme  s'il  se  trouvait 
devant  une  barrière  infranchissable.  En  introduisant  des  Insectes  dans 
des  caisses  transformées  en  labyrinthes  à  l'aide  de  cloisons  incomplètes 
et  d'obstacles  divers,  Plateau  a  constaté  qu'ils  se  heurtaient  constam- 
ment et  n'arrivaient  à  sortir  en  contournant  les  obstacles  qu'avec  la 
plus  grande  difficulté.  Forel  rapporte  qu'il  a  vu  une  Guêpe  chassant 
des  Mouches  sur  un  mur,  se  jeter  à  diverses  reprises  sur  des  têtes  de 
clous,  confondant  celles-ci  avec  les  proies  qu'elle  recherchait.  Tous 
ceux  qui  ont  observé  les  Insectes  et  en  particulier  les  Hyménoptères 
ont  pu  faire  des  observations  analogues  et  les  voir,  par  exemple, 
s'abattre  sur  un  caillou  noir  en  le  prenant  pour  l'entrée  de  leur  terrier. 

Il  est  très  exagéré  pourtant  de  dire  que  les  Insectes  ne  distinguent 
pas  les  formes,  ce  qui  serait  en  contradiction  avec  nos  connaissances 
sur  la  structure  de  l'œil  composé  et  aussi  avec  l'expérience.  Forel  et 
LuBBOCK  dressèrent  des  Guêpes  à  venir  chercher  du  miel  sur  des  car- 
tons de  forme  déterminée  et,  changeant  ensuite  la  forme  des  cartons, 
ils  constatèrent  qu'elles  pouvaient  s'apercevoir  des  changements.  Si 
l'on  place  un  filet  à  mailles  de  22  millimètres  devant  un  nid  de  Guêpes, 
celles-ci,  après  un  apprentissage  d'un  quart  d'heure,  traversent  le 
filet  au  vol  et  sans  hésiter  (Pissot)  :  il  faut  en  conclure,  comme  le  fait 
Forel,  que  les  Guêpes  distinguent  au  moins  le  centre  du  pourtour  des 
mailles. 

d)  Accommodation.  Vision  à  des  distances  différentes.  —  On  a  long- 
temps pensé,  malgré  les  anciennes  observations  de  Leydig,  que  la  struc- 
ture de  l'œil  composé  excluait  toute  possibilité  d'une  faculté  d'accom- 
modation. Vicier  a  pourtant  récemment  constaté  chez  les  Libellules  (^Esc/îna)  l'existence 
d'un  appareil  accommodateur  interposé  entre  les  ommatidies.  Il  se  compose,  d'une  part, 
de  myolîbrilles,  qui  par  leur  contraction  tendent  à  raccourcir  l'extrémité  distale  des 
ommatidies  et  en  particulier  les  cônes  cristallins,  d'autre  part  de  ramuscules  trachéens 
qui  par  leur  élasticité  et  par  la  pression  de  l'air  qu'ils  contiennent,  tendent  au  contraire 
à  comprimer  les  faces  latérales  des  ommatidies  et  à  produire  leur  allongement. 

La  vision  à  des  distances  difTérentes  peut  se  concevoir  d'ailleurs,  chez  les  Insectes, 
dansbiendes  circonstances,  sans  appareil  d'accommodation.  L'étroitessc  d'ouverture  des 


FiG.  30.  —  Omina- 
t idie  d'un  œil 
composé  (type 
correspondant  à 
la  formation  de 
l'image  par  appo- 
sition). 

cl,  cornéule;  kk. 
cône;  pz',  cellules 
pigment  a  ires 
principales;  pz-, 
cellules  pigmen- 
taires  accessoi- 
res ;  fz,  cellules 
rétinicnncsentou. 
rant  le  rhabdônic 
rh  et  constituant 
la  rétinule;  nf, 
fibres  nerveuses. 
(D'après    Hesse.) 


30^ 


INSECTES. 


ommatidies  comparables  à  des  petites  chambres  noires  est,  dans  certains  cas  du  moins, 
une  condition  qui  doit  favoriser  la  formation  des  images  sur 
un  même  plan,  quelle  que  soit  la  distance  de  l'objet  (Vial- 

LANES). 

Chez  certains  Insectes  tels  que  la  Libellule  la  partie  infé- 
rieure de  l'œil,  à  éléments  relativement  courts  et  étroits,  est 
adaptée  à  la  vision  des  objets  rapprochés,  tandis  que  la  partie 
supérieure,  à  éléments  longs  et  larges,  est  adaptée  à  la  vision 
des  objets  éloignés.  La  présence  de  quatre  yeux  composés 
chez  Cloi'on  diplerum  et  chez  le  liibio  mâle  est  susceptible  de 
recevoir  nne  interprétation  analopuo. 

r  Perception  des  mouvements.  —  Les  Insectes  perçoivent 
beaucoup  mieux  les  mouvements  que  les  formes. 

D'après  ExNER,  l'œil  composé,  par  sa  structure,  se  prête 
mieu.x.  à  la  perception  des  mouvements  que  l'œil  des  Verté- 
brés. Il  fonctionne  comme  la  périphérie  de  cet  œil,  où  les 
déplacements  des  objets  sont  beaucoup  mieux  appréciés  que 
les  formes  elles-mêmes. 

Dans  l'teil  composé,  les  images  partielles  des  facettes  voi- 
sines se  mêlent  toujours  plus  ou  moins,  et  il  se  forme  ainsi 
des  cercles  de  dilVusion  tenant  à  différentes  causes  qui  ont  été 
étudiées  par  Ex.nkii.  Certaines  ommatidies  dont  l'axe  principal 
rencontre  l'objet  extérieur  seront  vivement  impressionnées  et 
l'impression  ira  en  se  dégradant  pour  celles  qui  sont  autour. 
Le  plus  faible  déplacement  de  l'objet  aura  alors  pour  effet  de 
changer  simultanément  l'état  d'excitation  d'un  grand  nombre 
d'éléments  et  il  en  résultera  (jue  l'Insecte  percevra  ce  mouve- 
ment d'une  façon  très  vive.  On  peut  dire  d'une  manière  géné- 
rale que,  chez  les  Insectes,  l'étendue  du  champ  de  la  vision  dis- 
tincte et  la  netteté  de  limage  se  trouvent  sacritiées  à  la 
faculté  d'apprécier  les  mouvements. 

Il  est  d'observation  vulgaire  que  des  Insectes,  qu'il  est 
difficile  de  saisir  par  un  mouvement  brusque,  se  laissent  au 
contraire  prendre  facilement,  si  l'on  s'approche  d'eux  avec 
nne  très  grande  lenteur.  Beaucoup  ne  reconnaissent  leur  proie 
on  leur  ennemi  que  lorsque  ces  derniers  se  mettent  en  mou- 
vement. 

D'après  Plateau,  la  distance  à  laquelle  les  mouvements  des 
corps  un  peu  volumineux  sont  distingués  ne  dépasse  pas 
■1  mètres.  Elle  est  en  moyenne  de  1  m.  50  pour  les  Lépidop- 
tères diurnes,  de  GO  à  70  centimètres  pour  les  Hyménoptères 
et  les  Diptères.  Forel  pense  que  les  Insectes  peuvent  voir  les 
mouvements  de  plus  loin  :  on  efîarouche,  par  do  simples 
mouvements,  lei  Abeilles,  les  Papillons,  les  Libellules,  les  Cri- 
quets à  plusieurs  mètres  de  distance. 

/'  Perception  des  couleurs.  —  Il  importe  dans  cette  étude 
de  distinguer  deux  points  : 

1"  Les  Insectes  distinguent-ils  les  uns  des  autres  des 
objets  diversement  colorés,  et  la  couleur  d'un  objet  peut-elle 
les  aider  à  se  diriger  vers  lui  ? 

2°  Les  couleurs  difîérentes  ou  lumières  de  diverses  lon- 
au  rhabdôme  que  lorsqu'iK  gueurs  d'oude  détemiinent-elles  chez  les  Insectes  des  sensa- 
s'écartent  peu  de  laxc  lions  spécifiques,  qui  sont,  sinon  identiques,  du  moins  ana- 
(D après     j^g^pg  [^  celles  que  nous  percevons? 

1°  A  la  première  question,  du  moins  pour  certains  Insectes 
tels  que  les  Abeilles,  on  peut  répondre  par  l'affirmative.  Les  expériences  de  Lliîijocic, 
de  J.  PÉREz,  de  Peckiiam,  de  Forel  ne  peuvent  laisser  place  au  doute. 


jii  '  h 


II 


FiG.  31.  —  Schéma  de  la 
vision  avec  un  œil  composé 
eucôae,  suivant  le  type 
par  apposition. 

Un  objet  vu  par  les  trois 
ommatidies  /,  5  et  S,  se 
trouve  divisé  en  3  parties 
I,  II  et  III  se  rapportant 
chacune  au  champ  visuel  de 
l'ommatidie  correspondante: 
les  lignes  indiquent  la  mar- 
che   des   rayons   n'arrivant 


do     l'ommatidie. 
IIesse.) 


INSECTES. 


soi; 


Àk- 


px, 


Je  rappelle  une  expérience  de  I^uduock  :  Il  disposa  une  goutte  de  miel  sur  une 
lame  de  verre  qui  recouvrait  elle-même  du  papier  bleu;  à  un  mètre  de  distance  il  mit 
une  goutte  de  miel  semblable  sur  une  autre  lame  de  verre 

qui  recouvrait   du  papier  orange.  11  prit  alors  une  Abeille  '"^  ^ 

venant  d'une  ruche  éloignée  de  deux  cents  mètres  et  la  mit  ^-—^  ^^  •— -v. 
sur  la  goutte  de  miel  du  papier  bleu.  L'Abeille  se  gorgea  de 
miel,  alla  à  sa  ruche  el  revint,  suivant  le  manège  habituel 
aux  Abeilles  qui  ont  commencé  à  butiner  à  un  endroit. 
Lorsqu'elle  eut  fait  deux  voyages,  LuBBOcii  transposa  les 
papiers  :  dès  qu'elle /ut  revenue,  l'Abeille  persista  néanmoins 
à  chercher  le  miel  sur  le  papier  bleu.  Après  plusieurs  nou- 
veaux voyages,  l'observateur  changea  encore  le  papier  de 
place  :  l'Insecte,  à  son  retour,  faillit  s'abattre  sur  l'ancien 
emplacement,  mais,  s'apercevant  du  changement  de  couleur, 
il  s'élança  sans  hésiter  sur  le  bleu.  «  Pour  quiconque  eût  vu 
celte  Abeille,  dit  Lubbock,  il  ne  pouvait  subsister  le  moindre 
doute  qu'elle  perçût  la  diflerence  des  couleurs.  » 

Le  même  savant  fit  avec  un  égal  succès  des  expériences 
semblables  avec  les  autres  couleurs  et  les  Abeilles  ne  firent 
de  confusions  fréquentes  qu'entre  le  bleu  et  le  vert.  On  sait 
d'autre  part  que  les  apiculteurs  peignent  souvent  les  ruches 
en  couleurs  différentes  pour  faciliter  aux  Abeilles  la  recon- 
naissance de  leur  demeure  respective  et  von  Buttel  a  rap- 
porté des  observations  précises  montrant  que  cet  usage  était 
justifié. 

Jean  Pérez  mit  du  miel  dans  des  corolles  écarlates  de 
Pelargonium  que  les  Abeilles  ne  visitent  pas  à  l'état  normal; 
une  fois  le  miel  découvert,  les  Abeilles  visitèrent  les  Pelar- 
gonium tant  et  si  bien  que  la  couleur  rouge  de  ces  fleurs 
s'associa  au  souvenir  de  leur  récolte  et  qu'elles  visitèrent  de 
nombreux  Pelargonium  sans  miel. 

FoREL  obtint  des  résultats  analogues  en  entraînant  les 
Abeilles  ou  les  Bourdons  à  butiner  sur  des  Heurs  artificielles 
ou  sur  des  morceaux  de  papier  colorés  chargés  de  miel  et  en 
leur  donnant  ensuite  des  fleurs  artificielles  ou  des  papiers 
colorés  semblables  dépourvus  de  miel. 

2°  Il  semble  moins  facile,  au  premier  abord,  de  donner 
une  réponse  catégorique  à  la  deuxième  question,  avec  les 
éléments  dont  nous  disposons.  Plateau,  invoquant  les  obser- 
vations de  Graber,  Merejkowsky  et  les  siennes  (voir  article  : 
Crustacés,  iv,  574),  pense  que  les  expériences  qui  ont  été 
faites  ne  prouvent  pas  que  les  Insectes  distinguent  réellement 
les  couleurs  avec  des  qualités  spectrales  propres  à  chacune 
d'elles.  11  est  pourtant  bien  difficile  d'admettre  que,  dans  les 
expériences  précédentes,  les  Abeilles  entraînées  sur  une  cou- 
leur par  un  expérimentateur  aient  appris  à  reconnaître  un 
papier  coloré,  simplement  d'après  l'intensité  plus  ou  moins 
grande  de  son  pouvoir  éclairant.  Cette  intensité  lumineuse  ne 
peut  être  d'ailleurs  appréciée  par  l'Insecte  que  d'une  façon 
relative  et  par  contraste  avec  l'environnement  ou  avec  le  fond 
sur  lequel  repose  le  papier  coloré  :  elle  doit  donc  être  appré- 
ciée d'une  façon  essentiellement  variable,  suivant  les  positions 
diverses  que  l'on  peut  donner  à  ce  dernier,  et  l'on  ne  s'expli- 
querait pas  comment  les  Abeilles  pourraient  le  reconnaître, 
si  elles  ne  le  voyaient  pas  avec  une  couleur  réelle  tenant  à  la 
réfrangibilité  spéciale  des  rayons  qu'il  réfléchit.  Un  tlaltonien  n'arrivera  jamais  à  dis- 
tinguer les  couleurs  par  leur  intensité  lumineuse  avec  une  sûreté  comparable  à  celle 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.  —   TOME    IX.  20 


nf. fi 

FiG.  32.  —  Deux  ommatidies 
d'un  œil  composé  de  Noctuelle 
construit  pour  l'image  par 
superposition. 

En  A,  disposition  du  pigment 
lorsque  l'Insecte  est  exposé  à 
la  lumière  ;  eu  fi,  disposition 
du  pigment,  lorsque  l'Insecte 
est  à  l'obscurité  ;  cl,  cornéule; 
p«i,  cellules  pigmentaires 
principales  ;p;ï,  cellules  pig- 
mentaires  accessoires;  ssfc, 
noyaux  des  cellules  visuels, 
atypiquement  rejetés  vers 
l'axe  et  rassemblés  en  un 
amas;  ?-A,  rhabdôme  ;  nf, 
libre  nerveuse;  les  cellule.s 
pigmentaires  rétiniennes  ne 
sont  pas  figurées.  (D'après 
Hesse.) 


S06 


INSECTES. 


dont  font  preuve  les  Abeilles  et  les  I?ouiilons  dans  les  expériences  précédentes  (Fohel). 
t  ff         ^  Enfin  les  expériences  fondamentales  de  Mi.nkiewicz  sur  le 

--- •        chromotropisme  et  l'instinct  de  déguisement  chez  les  Crabes 

ont  nettement  (Mabli  que  pour  ces  Arthropodes,  tout  rayon 
chromatique  a  une  action  spécifique  autonome  et  indépen- 
dante de  celle  de  la  lumière  blanche.  Les  Ma\a  de  Mi.nkiewicz 
distin^'uaient  toutes  les  couleurs.  I!  ne  paraît  pas  admissible 
qu'il  en  soit  autrement  pour  des  Insectes  anthophiles  tels 
que  les  Abeilles. 

iNon  seulement  la  distinction  des  couleurs  par  les  Hymé- 
noptères anthophiles  est  un  fait  admis  par  presque  tous, 
mais  on  s'accorde  généralement  encore  à  considérer  cette 
faculté  comme  très  importante  pour  leur  faciliter  la  recherche 
des  (leurs  j  voir  à  ce  sujet  l'article  d'ensemble  de   \,,  Bou- 
vier (1904),  et  l'ouvrage  fondamental  de  Knutii  (1898)]. [Depuis 
Herman   MiiLLER,  beaucoup   de  savants   ont    conclu    que   les 
organes  colorés  des  fleurs  se  sont  développés  par  sélection 
pour  attirta-  les  Insectes  en  vue  de  la  fécondation  [fonction 
rexillaire,  théorie  combattue  par  G.   Bonnier).  Quelle  que 
soit  l'opinion  que  l'on  garde  à  cet  égard,  on  admet,  d'une 
façon  très  générale,  sans  exclure  pour  cela  le  rôle  important 
de  l'odorat,  que  la  couleur  des  fleurs  contribue  dans  une 
large   mesure  à  attirer  les    Insectes  anthophiles   (célèbres 
observations  de  Darwin  sur  l'attraction  des  Abeilles  par  les 
pétales  bleus  du  Lobclia  erinus,  etc.).  Les  ingénieuses  expé- 
riences de  Plateau,  très  critiquées  par  Fouel  (fleurs  artifi- 
cielles. Dahlias   simples  ;i  pétales  périphériques  masqués. 
Heurs  réfléchies  par  des  glaces  étamées,  fleurs  recouvertes 
de  récipients  en  verre)  me  semblent  loin  d'avoir  fourni  les 
XA  •!•  I   S    ;  §  1    I   /  I        preuves  nécessaires  pour  réfuter  l'opinion  courante  et  d'ail- 
leurs, dans  ses  récents  travaux,  Plateau  concède  que  la  vision 
peut  jouer  un  rôle  non  négligeable  pour  diriger  les  Insectes 
vers  les  fleurs  (1902).  Une  expérience  de  Forel  semble  bien 
démontrer,  à  moins  de  recourir  à  l'hypothèse  d'un    sens 
inconnu  de  la  direction,  que  la  vision,   exclusion  faite  de 
l'odorat  et  du  goût,  peut  suffire  pour  diriger  les  Bourdons 
vers  les  fleurs  où  ils  viennent  butiner.  Cet  auteur  coupe  à 
(les    Bourdons  antennes,   palpes,  bouche  et  pharynx,   sup- 
primant ainsi   les  organes  olfactifs  et  gustatifs  et,   malgré 
cette  mutilation,  ils  reviennent  droit  et  sans  hésitation  aux 
tleurs  sur  lesquelles  ils  butinaient  en  dernier  lieu.  Plateat' 
a  lui-même  repris  des  expériences  analogues  et  obtenu  de 
semblables  résultats  (1902).  Diverses  observations  concor- 
dantes démontrent  que,  pour  certaines  espèces  et  dans  cer- 
taines circonstances,  le  bleu  exerce  sur  l'Insecte  une  attrac- 
tion spéciale  (remarquables  observations  de  Lubbock  sur  les 
Bourdons  et  les  Abeilles,    confirmées   par   Forel;   bleuets 
artificiels  de  Recker  et  de  Plateau  lui-même).  Lubrock  inter- 
prète ces  faits  en  disant  que  l'Insecte  préfère  le  bleu;  Forel 
pense  qu'ils  peuvent  tenir  à  ce  que  l'Insecte  distingue  mieux 
FiG.  33.  —  .Schéma  de  la  vision    les  couleurs  du  côté  de  l'ullra-violet  que  du  côté  de  l'infra- 
avec  lœil   compose,   suivant     .  .,„g   L'objection  théorique  que  l'inégale  attraction  exercée 

le    type    de    la    formation   de  »    '  •'.  .,        ...  ,  ,  ,.™,         .         ,    . 

rimàgeparsuperposition.    sur  un  Insecte  anthophile  par  des  couleurs  différentes  lui 

[Comparer  avec  la  ligure  31]    serait  plus  préjudiciable  qu'utile  ne  nous  paraît  pas  d'ail- 

(Daprcs Hesse.)  leurs  pouvoir  prévaloir  contre  des  faits  bien  observés. 

;^)  Limites  spectrales  de  la  vision.  —    H   est  démontré    que,  pour   les  Fourmis,  les 

limites  du  spectre  s'étendent  au  delà  de  celui  que  nous  percevons,  du  côté  des  rayons 


INSECTES. 


307 


les  plus  réfranyiblcs,  et  qu'elles  voient  rullia-violet  ([.uniiocK  et  Forel).  ILubuock 
recouvre  un  récipient  contenant  des  Fonaica  fitsra  (fourmilière  artilicielle),  de  fa<-,oii  à 
abriter  l'une  des  moitiés  avec  uue  plaque  d»;  verre  violet  laissant  passer  beaucoup 
d'ultra-violet  et  l'autre  moitié  avec  un  llacon  plat  de  même  surface  contenant  du  sulfure 
de  carbone  entièrement  transparent,  mais  interceptant  les  rayons  ultra-violets.  Dans 
ces  conditions  les  Fourmis  —  connues  pourtant  pour  leurs  tendances  lucifuges,  lors- 
qu'elles sont  dans  leurs  fourmilières  et  qui,  constamment  alors,  s'abritent  sous  l'écran 
le  plus  opaque  mis  à  leur  disposition  — vont  toujours  se  réfugier  du  coté  abrité  par  le 
sulfure  de  carbone,  qui,  pourtant  à  nos  yeux,  parait  de  beaucoup  le  plus  éclairé  :  une 
couche  de  sulfure  de  carbone,  transparente  pour  nous,  constitue  donc  pour  les  Fourmis 
un  écran,  vis-à-vis  duquel  elles  se  comportent  comme  s'il  était  plus  obscur  qu'un  verre 
violet,  et  il  ne  peut  eu  être  ainsi  qu'eu  raison  dos  rayons 
ultra-violets  qu'il  intercepte  et  que  les  Fourmis  cher- 
chent avant  tout  à  éviter.  La  sensibilité  des  Fourmis  à 
l'ultra-violet,  et  d'une  façon  générale  aux  rayons  les  plus 
réfrangibles,  se  traduit  encore  par  ce  fait,  que,  malgré 
leur  leucophobic  habituelle,  elles  déserteront  en  masse 
le  couvert  d'une  vitre  ou  d'une  solution  d'un  violet  très 
foncé  pour  venir  s'abriter  sous  une  lumière  jaune  ouverte 
assez  vive;  mais,  si  l'on  place  sur  le  violet  une  couche  de 
sulfure  de  carbone  ou  d'une  solution  de  sulfate  de  qui- 
nine, qui  intercepte  les  seuls  rayons  ultra-violets,  l'aversion 
des  Fourmis  pour  le  verre  violet  disparaîtra  aussitôt.  Si 
l'on  illumine  l'intérieur  d'une  fourmilière  avec  les  cou- 
leurs du  spectre,  les  Fourmis  transporteront  leurs  pupes 
et  les  déposeront  du  côté  de  l'infra-rouge,  juste  à  partir 
de  la  limite  du  spectre  visible,  tandis  que,  du  côté 
opposé,  elles  laisseront  inoccupé  au  delà  du  violet,  un 
espace  considérable,  ce  qui  montre  que,  si  elles  sont  sen- 
sibles à  l'ultra-violet,  elles  ne  le  sont  pas  à  l'infra-rouge. 
Les  belles  expériences  de  Lubbock,  multipliées  par  l'auteur 
dans  des  conditions  expérimentales  différentes,  ont  été 
reprises  et  confirmées  par  Forel  qui  se  servit  surtout 
d'une  solution  d'esculine  pour  arrêter  les  rayons  ultra- 
violets. Forel  démontra  en  outre  que,  si  l'on  vernissait 
les  yeux  d'un  certain  nombre  de  Fourmis,  elles  restaient 
indifférentes  à  l'influence  des  rayons  ultra-violets,  tandis 
que  les  Fourmis  normales  qui  se  trouvaient  avec  elles 
déménageaient  dès  que  leur  action  se  faisait  sentir.  La 
perception  de  l'ultra-violet  pour  ces  Hyménoptères  n'a 
donc  pas  sou  origine  dans  des  sensations  dermatoptiques,  mais  bien  dans  celles  des 
yeux  composés  eux-mêmes. 

B.    —    VISION    AVEC    LES    YEUX    SIMPLES    OU    OCELLES. 

Les  ocelles  se  composent  d'une  lentille  cuticulaire  unique  jouant  le  rôle  de  cristal- 
lin, et  de  cellules  rétiniennes  à  bâtonnets,  groupées  ou  non  en  rétinules,  toujours  beau- 
coup moins  nombreuses  que  dans  l'œil  composé.  Ils  donnent  une  image  unique  et  ren- 
versée. Le  foyer  est  généralement  très  court  et  le  nombre  des  éléments  sensibles  réduit  : 
aussi,  admet-on  généralement  qu'ils  ne  donnent  qu'une  vision  à  courte  distance  et 
peu  distincte,  ou  bien  même  qu'ils  ne  donnent  que  des  sensations  d'intensité  lumi- 
neuse. 

Deux  cas  sont  à  distinguer  : 

A.  —  Les  ocelles  existent  seuls,  le  plus  souvent  distribués  en  deux  groupes  de  chaque 
côté  de  la  tête.  C'est  le  cas  de  nombreuses  larves  et  des  chenilles  en  particulier.  Il  doit 
se  former  autant  d'images  renversées  qu'il  y  a  d'ocelles,  chacun  ayant  en  général  un 
champ  de  vision  indépendant,  et  il  ne  pourra  résulter  de  l'ensemble  qu'une  représen- 
tation fort  incomplète  et  confuse.  Plateau  a  expérimentalement  et  d'une  façon  très 


FiG.  34.  —  Ommatidies  d'un  Coléop- 
tère  dont  les  yeux  sont  construits 
pour  voir  dans  une  demi-obscu- 
rité {Colymbetes  fusrns). 

A.  Cliez  un  animal  qui  a  été  tué 
par  l'alcool  après  avoir  été  main- 
tenu qucl([ue  temps  à  l'obscurité  ; 
B,  chez  un  animal  qui  a  été  expo- 
sé au  soleil  et  qui  a  été  tué  par 
l'alcool  dans  cette  condition;  ip, 
pigment  iridien  :  rp,  j)igmont  réti 
nien.  (D'après  Exner.) 


308 


INSECTES. 


précise  démontré  que  les  chenilles  ne  peuvent  distinguer  un  objet  d'assez  petite  taille, 
tel  qu'une  baguette  de  5  millimètres  de  largeur,  qu'à  une  distance  variant  de  1  demi 
à  2  centimètres  suivant  les  espèces.  De  très  grosses  masses  telles  que  le  corps  d'un 
homme  peuvent,  par  contre,  t'tre  aperçues  d'elles  à  iino  distance  de  40  centimètres. 

B.  —  Les  ocelles  existent  en  même  temps  que  les  yeux  composés.  —  Ils  forment  un 
groupe  médian,  de  trois  le  plus  souvent,  entre  les  yeux  à  facettes  '^Hyménoptères,  Dip- 
tères, nombreux  Lépidof)tères,  Orthoptères  et  Hémiptères,  Libellules,  etc.).  Le  rôle  des 
ocelles  est  alors  énigmatique.  On  a  cherché  à  déterminer  leur  fonction,  en  recouvrant 
d'un  enduit  opaque  tantôt  les  yeux  composés,  tantôt  les  ocelles,  et  en  comparant  les 
allures  des  animaux  ainsi  préparés  (Rkalmur,  Marcel  de  Serres.  Dugès,  Plateau,  Forel). 
Mais  les  Insectes  tels  que  Mouches  et  Abeilles,  dont  on  supprime  l'usage  des  yeux  com- 
posés en  respectant  les  ocelles  se  comporlent  comme  des  Insectes  totalement  aveuglés 
par  la  suppression  de  l'usage  des  deux  organes  '. 

D'autre  part,  si  l'on  supprime  l'usage  des  ocelles  en  respectant  les  yeux  composés, 

les  Insectes  au  vol  et  à  l'air  libre  parais- 
sent se  comporter  entièrement  comme 
des  individus  normaux  (Platkat,  Forel). 
Les  ocelles  ont  pourtant  une  structure 
trop  dinérenclée  pour  être  des  organes 
ludimentaires  et  inutiles  :  chez  les  Libel- 
lules, on  rencontre  même  deux  plans  de 
cellules  rétiniennes  directement  super- 
posés, ce  qui,  d'après  Hessr,  constituerait 
une  adaptation  pour  voir  à  des  distances 
différentes.  Forel  pense  que,  au  moins 
chez  les  Hyménoptères,  dont  une  partie 
de  la  vie  se  passe  sous  terre,  les  ocelles 
servent  à  la  vision  à  courte  distance  dans 
les  lieux  obscurs. 


FiG.  35.  —  Coupe  d'un  ocelle  d'une  larve  de  llauneton 

(en  partie  d'après  Grenacher). 
CL,    lentille    cornécnne;    GU    cellules    liypodcrmi<|nes 

sous-jacentes  (corps  vitré  des  auteurs),  avec  sa  zone 

périphérique  de  pigment/';  /?i,  cellules  de  la  rétine; 

St,  bâtonnets    articulaires    des  cellules  de  la  rétine. 

(Figure  empruntée  à  Pbrrier.) 


V.    —    CONTRACTILITE, 
MOUVEMENT. 

1°  Contractilité  musculaire.  —  Les 

muscles  des  Insectes,  aussi  bien  ceux  de 
la  vie  de  relation  que  ceux  de  la  vie  orga- 
nique, sont,  d'une  façon  très  générale, 
formés  de  fibres  typiquement  striées.  Vosseler  (1S91)  a  décrit,  principalement  dans  le 
tube  digestif,  des  muscles  incomplètement  striés  et  il  a  constaté,  de  même  que  Eimer 
(1888),  que  les  muscles  inactifs  peuvent  perdre  leur  striation. 

L'existence  de  libres  musculaires  lisses  chez  les  Insectes  n'a  pas  été  démontrée. 

Les  muscles  striés  présentent  la  constitution  essentielle  de  ceux  des  Vertébrés,  les 
noyaux  étant  seulement  distribués  dans  la  région  axiale,  où  le  sarcoplasme  est 
conservé. 

Dans  le  thorax,  les  muscles  vibrateurs  des  ailes  présentent  pourtant  une  structure 
s'écartant  assez,  en  apparence,  du  type  habituel.  On  les  a  désignés  sous  le  nom  de 
muscles  jaunes,  en  raison  de  leur  coloration,  ou  encore  de  muscles  atypiques  ou  fibril- 
laires,  parce  que  les  fibrilles  ne  semblent  pas  réunies  en  fibres  et  se  séparent  très  faci- 
lement les  unes  des  autres.  Les  faisceaux  qui  constitu'^nt  ces  muscles  vibrateurs  cor- 
respondent en  réalité  à  des  fibres  musculaires  gigantesques  et  sont  formés  de  fibrilles 
fines  et  nombreuses  plongées  dans  un  plasma  riche  en  réserves  nutritives  (grains  inter- 
stitiels) et  contenant  un  grand  nombre  de  noyaux  (Voir  Ramon  y  Cajal,  Van  Gehuchten 
etCH.  Janet,  1907). 

Les  effets  de  la  fatigue  sur  la  structure  des  fibres  musculaires  ont  été  bien  constatés 
chez  les  Insectes  et  se  traduisent  notamment  par  la  disparition  plus  ou  moins  complète 
des  bandes  claires  (H.  M.  Bernard,  ZooL  Jahrb.  Abth.  f.  Anat.,  vu,  1894). 

i.  Lâchés  à  l'air  libre,  ils  s'élèvent  habituellement  à  une  très  grande  hauteur  (Pi.atkau  et 
Forel). 


INSECTES. 


309 


Les  phénomènes  intimes  de  la  contraction  musculaire  ont  été  celte  année  (1909) 
étudie's  par  Hurthle,  et  les  changements  qui  se  produisent,  lorsque  les  fibres  passent 
de  l'état  de  repos  à  l'état  d'activité  ont  été  fixés  par  lui  au  moyen  de  la  méthode  ciné- 
matographique et  représentés  dans  plusieurs  des  planches  remarquables  qui  accom- 
pagnent son  mémoire. 

Les  caractères  physiologiques  qui  distinguent  les  muscles  de  la  vie  organique  et 
ceux  de  la  vie  animale  ont  été  étudiés  par  Faivrk  chez  le  Dytique  {Ann.  Se.  NaL,  1862, 
332-346)  :  Les  muscles  de  la  vie  organique  (généralement  striés  et  formant  des 
réseaux)  exécutent  des  mouvements  automatiques  et  spasmodiques  qui  sont  rapides, 
réguliers  et  permanents  pour  le  vaisseau  dorsal,  au  contraire  irréguliers  et  surtout 
intermittents,  pour  les  autres  viscères  (cardia,  régions  duodénale,  cajcale,  organes 
génitaux,  etc.).  Les  muscles  de  la  vie  animale  (striés,  mais  ne  formant  pas  de  réseaux) 


FiG.  30.  —  Contraction  musculaire  d'une  patte  d'Inseote  (Lefeuvre). 


n'offrent  jamais  de  contractions  automatiques  ou  spasmodiques  analogues.  —  Les 
muscles  de  la  vie  animale  sont  peu  sensibles  à  de  faibles  excitations  mécaniques 
directes;  lorsque  les  contractions  se  produisent,  elles  sont  immédiates  et  de  courte 
durée.  Dans  les  muscles  à  mouvements  spasmodiques  de  la  vie  organique,  les  contrac- 
tions succèdent  aux  plus  faibles  excitations  et  elles  persistent  quelque  temps  après  la 
cessation  de  la  cause  excitante.: —  Les  muscles  de  la  vie  animale  conservent,  plus  d'une 
heure  après  la  mort,  leur  pouvoir  contractile;  les  muscles  de  la  vie  organique  perdent 
en  peu  de  temps  cette  propriété. —  Si  les  muscles  de  la  vie  organique  sont  beaucoup 
plus  sensibles  à  tous  les  excitants  extérieurs  que  les  muscles  de  la  vie  animale,  en 
revanche,  ils  se  montrent  moins  dépendants  de  l'action  nerveuse  que  ces  derniers  et 
n'obéissent  au  stimulus  nerveux  que  si  l'excitation  est  énergique.  —  Les  muscles  de  la 
vie  organique  entrent  bien  plus  aisément  en  rigidité  que  les  muscles  de  relation. 

C'est  chez  les  Insectes,  dans  les  muscles  des  ailes,  que  l'on  rencontre  les  contractions 
musculaires  les  plus  brèves  connues.  Chez  la  Mouche  commune,  le  nombre  des  batte- 
ments des  ailes  par  seconde  atteint  330;  il  est  de  190  chez  l'Abeille;  de  110  chez  la 
Guêpe  (Marey). 

Pour  les  autres  muscles  du  corps,  les  contractions  musculaires  sont  toujours  beau- 
coup moins  rapides.  Chez  les  larves,  elles  sont  très  lentes  et  présentent  des  caractères 
physiologiques  intermédiaires  entre  ceux  des  fibres  lisses  et  des  fibres  striées  (Patrizi). 


310  INSECTES. 

l.a  courbe  de  la  secousse  musculaire  simple  (fig.  36),  obtenue  par  une  excilation 
électrique  modérée,  alla  fermeture  ou  à  la  rupture  du  courant,  qu'il  s'agisse  d'uu  cou- 
rant d'induction  ou  d'un  courant  continu,  présente  les  caractères  suivants  : 

La  période  latente  ou  temps  perdu  est  de  0",04  environ  chez  l'Hydrophile  (Roi.lkt); 
de  0  ",015  à  0",02  pour  les  muscles  abdominaux  de  la  chrysalide  ou  du  Papillon  chez 
le  Bombyx  mori  (Patiu/.i);  de  0",008  dans  le  muscle  extenseur  de  la  jambe  de  la  patte 
sauteuse  chez  une  Sauterelle  [Decticm  verrucivorus]  (Lefeuvre).  Elle  est  en  général  plus 
longue  chez  les  larves  que  chez  les  Insectes  parfaits  et  oscille  aux  environs  de  0",04  chez 
le  Ver-à-soie   Patrizi''. 

La  durée  totale  de  la  secousse  est  en  moyenne  0",10  chez  le  hectique  (Li;i  edvre), 
ce  qui  concorde  avec  les  données  de  Patrizi  (0",il),  pour  les  muscles  abdominaux  de  la 
chrysalide  et  du  Papillon  du  Bombyx  mori.  Chez  cet  Insecte,  d'après  Patrizi,  la  période 
ascendante  est  à  peu  près  égale  à  la  période  descendante.  Pour  le  muscle  extenseur  de 
la  jambe  sauteuse  «lu  Dectique,  d'après  Lefeuvre,  avec  un  poids  tenseur  faible,  la 
période  d'ascension  ou  période  d'énergie  croissante  est  plus  longue  que  la  période 
d'énergie  décroissante  (0",05  à  0",06  pour  la  l"""",  0",03  pour  la  2');  mais,  si  l'on 
augmente  le  poids,  les  deux  périodes  tendent  à  s'égaliser  et  il  arrive  même  un  moment 
où  la  période  d'énergie  décroissante  devient  la  plus  longue.  Ce  phénomène  est  exacte- 
ment l'inverse  de  ce  qui  se  produit  pour  l'Écrevisse  ou  les  autres  animaux  (Lefeuvre). 

Lorsqu'on  augmente,  pour  le  muscle  extenseur  de  la  patte  du  Dectique,  l'intensité 
de  l'excitation,  les  secousses  sous-maximales  sont  rares  et  en  tout  cas  peu  nombreuses, 
souvent  les  secousses  sont  maximales  d'emblée  et  restent  maximales,  ou  même,  le  plus 
ordinairement,  on  constate  une  diminution  de  la  hauteur  de  la  secousse  au  lieu  de 
constater  son  augmentation.  Il  semble  qu'il  y  ail  pour  le  muscle  un  optimum  d'inten- 
sité et  que  le  muscle  est  pour  ainsi  dire  accordé  pour  une  certaine  intensité  d'exci- 
tation. 

La  hauteur  de  la  contraction  diminue  lorsqu'on  augmente  le  poids  tenseur,  lorsque 
survient  la  fatigue,  ou  encore  lorsque  la  température  s'abaisse;  elle  augmente  dans  les 
circonstances  inverses  (Patrizi,  Lefeuvre). 

La  forme  et  la  durée  de  la  secousse  sont  étroitement  liées  aux  variations  de  sa  hau- 
teur, quel  que  soit  le  facteur  qui  pioduise  cette  vaiiation  :  toutes  les  fois  que  la  hauteur 
devient  plus  petite,  la  période  latente  augmente,  la  durée  totale  de  la  secousse  diminue 
et,  les  deux  périodes  d'ascension  et  de  descente  tendent  à  s'égaliser;  toutes  les  fois  que 
la  hauteur  devient  plus  grande,  l'inverse  se  réalise  et  la  période  d'ascension  tond  ii  l'em- 
porter sur  la  période  de  descente  (Lefeuvre). 

Chez  les  larves  (Ver-à-soie),  les  caractères  de  la  secousse  sont  assez  différents  de 
ceux  que  l'on  rencontre  chet  l'adulte.  Sa  hauteur  maxima  est  toujours  petite,  même 
pour  de  fortes  excitations  et  sa  durée  est  longue  au  point  de  rappeler  celles  des  libres 
lisses;  elle  est  au  minimum  de  5",  la  phase  d'ascension  ne  dépassant  jamais  une 
demi-seconde  et  tout  le  reste  du  temps  étant  consacré  à  la  phase  d'énergie  décroissante 
(Patrizi). 

Le  phénomène  de  la  contracture  observé  parCn.  Richet  pour  les  muscles  de  la  pince 
de  l'Écrevisse,  et  qui  se  produit  pour  un  courant  de  très  forte  intensité,  s'observe  chez 
les  Insectes  avec  les  mêmes  particularités  que  chez  les  autres  animaux.  La  vératrine 
constitue  un  moyen  sûr  pour  le  provoquer  ou  l'accentuer  (Patrizi).  Il  est  très  facile  de 
le  produire  chez  les  Sauterelles  du  j^enre  Dectique  (Lefeuvre). 

Les  phénomènes  tenant  à  l'excitabilité  croissante  du  muscle  dans  une  série  de 
secousses  isolées  et  rapprochées  {addition  latente  de  Ch.  Richet,  phénomène  de  ïescalier, 
de  l'échelle  ou  treppe  de  Rowditch)  peuvent  être  produits  très  facilement  dans  le  muscle 
extenseur  de  la  patte  du  Dectique  (Lefeuvre). 

Le  phénomène  de  l'escalier  se  traduisant  sur  un  graphique  par  ce  fait  que  la  hauteur 
maxima  au-dessus  de  la  ligne  des  abscisses  n'est  atteinte  que  graduellement  après  un 
certain  nombre  d'excitations,  a  été  étudié  par  Patrizi  dans  les  muscles  du  Ver-à- 
soie  :  dans  le  muscle  frais  ou  très  longuement  reposé,  avec  un  rythme  de  2"  pour  la 
succession  des  excitations,  on  obtient  une  treppe  de  forme  un  peu  particulière  et 
rappelant  l'hyperbole  de  Bucrmaster  ;  au  contraire,  sur  un  muscle  ayant  été  précédem- 
rtient  excité  et  ayant  reposé  un  espace  de  temps  assez  court,  on  obtient  une  véritable 


INSECTES.  311 

treppe  faite  de  myogrammes  successivement  crois.sanls  ;  si  le  repos  est  iW-s  court,  les 
sommets  des  myogrammes  sont  disposés,  dès  le  début,  sur  une  ligin'  horizontale,  qui 
ne  va  en  descendant  que  lorsque  survient  la  fatigue.  A  une  température  moyenne,  le 
maximum  de  hauteur  de  l'échelle  est  obtenu  au  bout  d'une  cinquantaine  de  contrac- 
tions ;  à  la  chaleur,  il  suffit,  au  contraire,  d'un  très  petit  nombre  de  l'.ontractrons. 

Tandis  qu'un  nombre  très  considérable  d'excitations  (200  à  300  à  la  seconde  pour 
les  Hyménoptères  et  les  Diptères)  est  nécessaire  pour  produire  la  tétanisation  dans  les 
muscles  des  ailes,  il  ne  faut,  au  contraire,  qu'un  nombre  d'excitations  assez  restreint 
pour  produire  le  tétanos  dans  les  muscles  des  autres  parties  du  corps  des  Insectes. 
Pour  les  muscles  abdominaux  du  Bombi/.v  mori  k  l'état  de  Papillon  ou  de  chrysalide,  et 
pour  le  Dectique,  le  tétanos  complet  est  obtenu  avec  30  au  35  excitations  à  la  seconde 
(Patrizi,  Lefeuvue)  ;  chez  la  larve  (Ver-à-soie),  il  suffit  de  10  excitations  pour  obtenir 
le  même  résultat  (Patrizi).  Si  l'on  augmente  beaucoup  la  fréquence,  sans  augmenter 
l'intensité  du  courant,  il  arrive  un  moment  où  le  muscle  ne  réagit  plus  à  l'excitation; 
mais  si  l'on  augmente  en  même  temps  l'intensité,  on  obtient  soit  la  contraction  initiale, 
soit  en  augmentant  encore,  un  tétanos  parfait  (Lefeuvre). 

Contrairement  à  ce  qui  existe  pour  les  secousses  musculaires,  la  hauteur  de  la  con- 
traction tétanique  s'abaisse  à  une  température  élevée.  La  contraction  initiale  de  Berns- 
TEiN  s'observe  plus  fréquemment  aux  températures  élevées  qu'aux  températures  basses 
(Patrizi). 

Le  tétanos  rythmique  décrit  par  Ch.  Richet  pour  les  muscles  de  la  pince  de  l'Écre- 
visse  a  été  observé  par  Schônlein  dans  les  muscles  du  Dytique  et  de  l'Hydrophile,  et 
par  Lefeuvre  dans  le  muscle  extenseur  de  la  jambe  du  Dectique.  Chez  ce  dernier  ani- 
mal, il  s'observe  facilement  avec  des  excitations  de  50,  100,  500  à  la  seconde. 

Le  muscle  extenseur  du  Dectique  s'épuise  très  vite  sous  l'influence  de  l'excitation 
tétanique  ;  mais  la  réparation  en  est  rapide. 

Vitesse  de  propagation  de  l'onde  musculaire.  —  Les  muscles  des  pattes  des  Coléoptères 
se  prêtent  admirablement  à  l'observation  au  microscope  de  l'onde  musculaire. 

Rollett,  en  employant  la  méthode  de  Weber,  évalue  sa  vitesse,  en  moyenne,  à 
0,169  mm.  par  seconde  (maximum,  0,67  ;  minimum,  0,08).  Hurthle,  par  la  méthode  ciné- 
matographique, a  obtenu  une  moyenne  assez  voisine  de  celle  de  Rollett  (0,108  mm,  par 
sec).  Il  est  bien  certain,  d'ailleurs,  que  ces  chiffres  obtenus  sur  des  muscles  entière- 
ment détachés  du  corps  et  plus  ou  moins  dissociés  ne  peuvent  correspondre  à  ceux  que 
l'on  obtiendrait  sur  l'animal  intat  en  état  de  complète  activité. 

Chez  le  Ver-à-soie,  Patrizi  a  cherché  à  évaluer  la  rapidité  de  l'onde  musculaire  sur 
l'Insecte  vivant  par  la  méthode  Aeby-Marey,  et  il  a  obtenu  0°^,54  par  seconde.  Mai.s, 
ainsi  que  cet  auteur  le  fait  lui-même  observer,  le  fait  que  les  expériences  ont  porté 
sur  l'ensemble  complexe  du  tube  musculo-cutané  formé  par  la  paroi  du  corps,  et 
non  sur  un  faisceau  musculaire,  impose  certaines  réserves  au  sujet  des  résultats 
obtenus. 

2°  Force  musculaire.  —  La  force  musculaire  des  Insectes  a  souvent  été  considérée 
comme  tiès  grande,  parce  que  l'on  n'avait  en  vue  que  la  force  musculaire  relative, 
c'est-à-dire  le  rapport  entre  le  poids  soulevé,  et  le  poids  du  corps.  Or  cette  force  mus- 
culaire relative  n'a  pas  d'importance  physiologique,  car  elle  est  d'autant  plus  gran^Je 
que  l'animal  est  plus  petit,  le  pouvoir  contractile  restant  le  même. 

Ce  qui  importe,  c'est  la  force  musculaire  absolue,  c'est-à-dire  la  force  contractile  par 
imité  d'aire  de  section.  Le  poids  du  corps  augmente,  en  effet,  comme  le  cube  d'une 
dimension  linéaire,  tandis  que  la  surface  de  section  d'un  muscle,  qui  importe  seule  au 
point  de  vue  de  son  pouvoir  contractile,  augmente  seulement  comme  le  carré. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  qu'une  Puce  puisse  sauter  à  30  centimètres  de 
haut,  ce  qui  équivaut  à  200  fois  sa  propre  hauteur,  car  ceci  n'indique  nullement  une 
force  musculaire  supérieure  à  celle  de  l'Homme.  Il  en  est  de  même  pour  les  énormes 
fardeaux  que  transportent  les  Fourmis. 

Les  expériences  de  Plateau  ont  montré  que,  comme  on  devait  s'y  attendre,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  plus  un  Insecte  est  petit,  plus  le  poids  qu'il  peut  soulever  e,st 
relativement  considérable.  Chez  les  Hyménoptères,  par  exemple,  le  rapport  entre,  le 
poids  du  corps  et  le  poids  maximum  qu'il  peut  porter  {force  relative)  est  de  23,5  ch€z 


:312  INSECTES. 

l'Abeille,  et  de  14,3  chez  le  Bourdon.  Cliez  l'Homme,  ce  même  rapport  n'est  que  de 
0,80.  Il  n'en  est  pas  moins  vr;ii  (lue  la  force  musculaire  absolue  des  Insectes  est  très 
inférieure  à  celle  de  l'Homme  et  des  Vertébrés.  On  peut  estimer  que  la  force  absolue 
d'une  Abeille  est  de  quatorze  l'ois  environ  inférieure  à  celle  de  l'homme  (Plateau, 
1883-1884;  voir  aussi  le  résumé  sur  cette  question  dans  Miall  et  Denny  :  The  Cockroach, 
1886,  79-84). 

Pendant  le  vol,  les  Insectes  ne  peuvent  soulever  que  des  poids  assez  faibles;  c'est 
ainsi  qu'une  Ammophile,  qui  capture  des  chenilles  plus  lourdes  qu'elle-même  et  les 
traîne  jusqu'à  son  terrier,  ne  peut,  lorsqu'elle  est  au  vol,  porter  un  poids  supérieur  de 
plus  de  0,630  à  son  propre  poids  (Plateau). 

3°  Locomotion.  —  a)  Locomotion  terrestre.  —  Les  pattes  articulées  sont  toujours  au 
nombre  de  trois  paires  chez  les  Insectes  à  l'état  parfait,  d'où  le  nom  d'He.vapodes 
fréquemment  donné  à  la  classe. 

Ainsi  que  Jean  Muller  d'abord,  puis  Gaulet  et  Demoor  l'ont  démontré,  l'Insecte 
repose^  pendant  la  marche,  sur  un  triangle  de  sustentation  formé  par  les  deux  pattes 
extrêmes  d'un  même  côté  et  la  patte  moyenne  de  l'autre  côté,  ptMidant  qu'il  porte  en 
avant  les  trois  autres  pattes.  En  appelant  D',  D^  et  D^  les  pattes  du  côté  droit  et  (i',  G^,  G*, 
celles  du  côté  gauche,  on  peut  donc  représenter  la  marche  chez  l'Hexapode  par  le 
schéma  suivant,  donne-  par  Cafilet  : 


G2<     l)i 
G'       D' 

Les  pattes  antérieures  et  les  pattes  postérieures  d'un  côté,  avec  la  patte  moyenne 
de  l'autre  côté  forment  donc  un  système,  tandis  que  les  trois  autres  i>attes  en  forment 
un  autre. 

La  patte  antérieure  est  un  organe  de  traction.  La  jiattc  moyenne  est  un  organe 
d'appui  ;  elle  détermine  aussi  le  mouvement  du  corps  dans  le  sens  vertical,  suivant  le 
plan  perpendiculaire  à  l'axe  du  corps;  elle  est,  avec  la  patte  postérieure,  l'organe  du 
mouvement  du  corps  dans  le  sens  vertical,  suivant  le  plan  médian  du  corps.  La  patte 
postérieure  est  un  organe  de  poussée;  elle  détermine  aussi  le  mouvement  du  corps 
dans  le  sens  horizontal.  Le  résultat  de  toutes  ces  actions  est  le  suivant  :  le  centre  de 
gravité  compris  dans  la  base  fournie  par  les  pattes  qui  sont  à  l'appui  s'afl'aisse  pendant 
cet  appui,  en  se  dirigeant  en  avant  et  en  dehors,  du  côté  du  sommet  du  triangle.  Il  sort 
ainsi  de  la  base  de  sustentation,  et  détermine  bientôt  le  dépôt  des  trois  pattes  qui 
étaient  au  soutien  (Demoor). 

La  marche  des  Hexapodes  se  fait  avec  le  minimum  d'ellort  possible,  et  avec  la  spé- 
cialisation la  plus  grande  que  l'on  puisse  imaginer.  L'adaptation  y  est  complète,  et  il 
esta  remarquer  que,  quelle  que  soit  la  vitesse,  on  trouve  toujours  la  même  coordina- 
tion fonctionnelle;  l'Hexapode  n'a  qu'un  mode  de  marche.  L'étude  comparée  de  la 
marche  hexapode  et  de  la  marche  octopode  (Arachnides)  montre  que  les  mêmes 
activités  s'accomplissent,  d'un  côté  avec  six  pattes,  d'un  autre  avec  huit.  On  peut  donc 
dire  que  chez  l'Arachnide  il  y  a  multiplication  inutile  d'organes,  et  que,  physiologique- 
ment,  le  système  hexapode  est  supérieur  au  système  octopode  (Demoor). 

Si  l'on  fait  marcher  un  Insecte  sur  du  papier  enfumé,  on  constate  que  les  trois  pattes 
d'un  même  côté  viennent  se  poser  successivement  en  un  point  sensiblement  le  même, 
et  chacune  de  ces  empreintes  triples  alterne  avec  celle  des  pattes  du  côté  opposé 
(Graber,  Binet). 

La  mécanique  concernant  les  muscles  et  leviers  qui  entrent  en  action  dans  la  marche 
des  Insectes  (fig.  37)  a  été  soigneusement  décrite  par  Graber  (voir  Die  Insekten,  li)7,  ou 
Packard,  Textbook,  103). 

La  marche  des  Mouches  et  autres  Insectes  sur  les  surfaces  lisses,  soit  sur  un  plan 
vertical,  soit  dans  une  situation  renversée,  s'effectue  grâce  à  la  présence,  à  l'extrémité 
des  tarses,  de  caroncules  {empodium  ou  puicilli),  tantôt  lisses,  tantôt  garnies  de  poils 
adhésifs  qui  se  terminent  eux-mêmes  par  des  disques.  Pour  déterminer  cette  adhésion, 
l'action  de  la  pression  atmosphérique,  qui  suffit  à  faire  adhérer  fortement  un  disque 


INSECTES. 


313 


parfaitement  plan  à  une  surface  lisse,  est  le  principal  agent  qui  semble  intervenir.  Et, 
lorsqu'il  y  a  un  liquide  sécrété  par  des  glandes  spéciales  monocellulaires  (Dk\vitz\  il 
sert  uniquement  à  rendre  l'adhésion  plus  parfaite  ou  bien  exerce  par  capillarité  une 
attraction  sur  l'extrémité  des  poils  (Rombouts)  ;  en  tout  cas  il  ne  présente  aucune  propriété 
gluante.  Lorsque  l'Insecte  doit  progresser  alternativement  sur  une  surface  lisse  ou 
une  surface  rugueuse,  il  se  sert,  à  tour  de  rôle,  de  son  empodium  et  de  ses  griffes 
(Cheshihe). 

Le  type  hexapode  est  parfaitement  adapté  pour  grimper  :  une  patte,  en  effet,  se  trouve 
presque  toujours  perpendiculaire  au  plan  vertical  sur  lequel  l'animal  se  meut  (Dabl). 

Locomotion  des  chenilles.  —  La  plupart  d'entre  elles  ont  trois  paires  de  pattes  arti- 
culées et  cornées  correspondant  aux  trois  premiers  segments  du  corps  (segments  thora- 
ciques),  et  cinq  fausses  pattes  membraneuses  correspondant  aux  segments  6,  7,  8,  9  et  12. 


FiG.  37.  —  Mécanique  de  la  patte  d'un  Insecte. 
a,  axe  de  révolution  de  la  hanche  ou  coxa;  c,  hanche;  cl,  griffes:  e.  extenseur  du  tibia;  ec,  extenseur  de  la 
griffe;  et,  extenseur  du  tarse;  /'.  fléchisseur  du  tibia;  fc,  fléchisseur  de  la  g-riffo;  ft,  fléchisseur  du  tarse; 
)•)%  rotateurs  do  la  hanche;  s,  éperon:  t,  muscle  du  trochanter  (élévateur  du  fémur);  ti,  tibia;  si,  ligne 
suivant  laquelle  se  déplace  l'éperon  S,  sous  l'influence  de  la  contraction  du  fléchisseur  du  tibia  (soit 
donc  :  rapprochement  vers  le  corps)  ;  sS,  ligne  suivant  laquelle  se  déjjlace  ré[)eron  s.  sous  l'influence  de  la 
contraction  du  rotateur  supérieur  do  la  hanche  (soit  donc  :  mouvement  de  report  en  arriére):  si,  ligne 
résultante  suivant  laquelle  se  déplace  l'éperon  sous  l'influeuoe  des  contractions  combinées  des  2  muscles 
précédents  (soit  donc  déplacement  en  dedans  et  en  arrière''.  Ce  déplacement  se  produit  pendant  le 
mouvement  actif  de  la  patte  qui  a  jiour  résultat  de  porter  la  masse  du  corps  en  avant  et  de  faire  avancer 
l'Insecte;  pendant  le  mouvement  passif  de  la  patte,  il  se  ])roduit  un  déplacement  inverse  de  l'extrémité  du 
tibia  (éperon;,  soit  donc  un  déplacement  en  avant  et  en  dehors,  ayant  une  amplitude  beaucoup  plus  grande 
que  la  première.  Le  tracé  laissé  par  l'éperon  pendant  la  marche  se  trouve  ainsi  représenté  par  une  succes- 
sion de  boucles  reliées  entre  elles.  'D'après  Gr.\ber,  figure  empruntée  à  Folso.m.) 

Leur  locomotion  se  fait  par  un  mouvement  de  reptation  dû,  à  la  fois,  au  périslaltisme 
de  l'enveloppe  musculaire  du  corps  et  au  fonctionnement  des  pattes. 
PoLiM.\.\Ti    1906    en  a  donné  le  schéma  suivant  : 


Numéros  d'ordre  des 

segments      .    .    . 

1 

2 

O 
2 

3 

O 
:i 

11 

6 

• 

10 

1 
• 

8 

• 
8 

9 
• 

1 

10 
0 

12 
• 
4 

13 

O  ^  piittes  vi-aies 

0  =  fausses  pairc.^ 

0 

Numéros    d'ordre    d( 
des  segments.  .    .    . 

la    progres.sion 

I 

s 

1 

■r 

«  fix. 
ir  le 

1 1  i  0  n 
sol. 

2'  li\ 

sm-  1 

? 

atior 
e  sol 

Lorsque  le  premier  segment  est  fixé  sur  le  sol  par  ses  pattes,  le  second  commence 
immédiatement  à  se  mouvoir,  puis  ensuite  vient  le  troisième;  lorsque  ce  dernier  est  immo- 
bilisé, l'extrémité  caudale  (13'"  et  12'^  segments)  entre  en  action,  en  se  recourbant  et  en 


31.i  INSECTES. 

se  fixant  sur  le  sol  plus  en  avant  au  moyen  des  fausses  pattes  du  douzième  segment, 
puis  le  mouvement  se  propage  de  proche  en  proche  de  l'extrémité  caudale  jusqu'au 
quatrième  segment,  et  l'animal  peut  ainsi  avancer. 

Pour  elTecfuer  ce  mouvement  péristaltique,  les  fibres  circulaires  se  contracteni 
d'abord,  de  façon  à  déterminer  l'allongement  du  corps,  puis  les  fibres  longitudinales  s»^ 
contractent  ensuite,  en  produisant  le  résultat  inverse.  Les  régions  céphalo-thoraciquc 
et  caudale,  en  se  fixant  sur  le  sol  et  en  y  prenant,  à  l'aide  des  pattes,  un  point  d'appui, 
jouent  un  grand  rôle  dans  cette  locomotion.  Chez  les  chenilles  arpenteuses  (chenilles 
de  Phalènes  ou  Géoraétrides),  qui  n'ont  de  fausses  pattes  qu'à  la  partie  postérieure  du 
corps,  la  locomotion  rappelle  même  de  très  prés  celle  des  Hirudinées. 

Saut.  —  Chez  les  espèces  qui  présentent  ce  genre  de  locomotion,  il  est  générale- 
ment déterminé  par  l'action  des  pattes  postérieures,  les  muscles  de  la  cuisse  présentant 
alors  un  très  grand  développement  (Sauterelles,  Puces,  Altises),  ou  bien  par  le  jeu 
d'une  fourche  insérée  sur  l'avant-dernier  anneau,  et  qui,  repliée  sous  l'abdomen,  peut 
se  détendre  comme  un  ressort  et  lancer  l'Insecte  en  l'air.  Par  un  autre  mécanisme 
(pointe  du  prosternum    engagée  dans  une  fossette  du  mésoslernum  et  se  détendant 

brusquement),  les  Élatérides  ou  ïaupins  peuvent, 
lorsqu'ils  sont  placés  sur  le  dos,  se  lancer  en 
l'air  et  retomber  sur  leurs  pattes. 

h)  Locomotion  aquatique.  —  En  général,  les 
Insectes  aquatiques  qui  viennent  respirer  l'air  à 
la  surface  sont  plus  légers  que  l'eau  [font  excep- 

, ,  tion  les  larves  de  Moustiques  (Lkcaillon,  1900), 

!  1    1     ^^  ^^    '     '    '    '■  1-  les  Corj.ia,  les  .4r/a6H.s,  les //vc?/'o6tMsl.  Donc,  dans 

p  p   p  es  ps  ps  ps  PS  , 

T'  '2  '3  I     I    I    I  1  ]a  majorité  des  cas,  lorsque  ces  Insectes  cessent 

FiG.  38.  —  Chenille  de  Lépidoptère  diurne,  leurs  mouvements,  OU  abandonnent  les  plantes 
A,  lête;  B,  thorax,  avec  ses  trois  paires  de   sur  lesquelles  ils  sont  fixés,  ils  remontent  natu- 

pattes  vraies  (articulées),  p,,/>i,  ps;  f,  abdo-    Tellement  à  la  surface. 

men  avec  ses  10  sep-ments  dont  leO' et  le  10'  iij.i-  i  «i  .i-  . 

sont  réunis;  ps,  fausses  pattes  abdominales  ^  adaptation  du  corps  u  la  natation  se  trouve 
sur  les  3',  4',  5'.  6<^  et  10' segments;*/,  stig-  réalisée  au  plus  haut  degré  chez  les  Dytiques, 
mates.  (D'après  KoLBK.)  parmi  les  Coléoptères,  chez  les  Naucores  et  les 

Notonectes,  parmi  les  Hémiptères.  Les  pattes 
postérieures  sont  conformées  comme  des  rames,  et  elles  en  présentent  le  fonctionne- 
ment, c'est-à-dire  que,  pendant  la  natation,  elles  agissent  dans  le  même  sens  et  d'une 
façon  simultanée;  mais,  si  l'on  sort  un  Dytique  de  l'eau  pour  le  placer  sur  le  sol,  il 
reprend  le  mécanisme  habituel  de  la  marche  hexapode,  et  fait  alterner  les  mouve- 
ments. Chez  d'autres  Insectes  d'eau  tels  que  l'Hydrophile,  les  mouvements,  même  dans 
l'eau,  sont  analogues  à  ceux  de  la  marche,  et  alternatifs.  Le  mécanisme  de  la  natation 
a  été  bien  étudié  chez  le  Dytique  par  r,n.\nER  :  frangés  de  longues  soies  qui  augmentent 
leur  surface,  les  tarses  des  pattes  postérieures,  élargis  en  battoirs,  exécutent  un  léger 
mouvement  de  rotation  tout  à  fait  semblable  à  celui  que  le  rameur  imprime  à  son  aviron, 
pour  présenter  sa  surface  plane  au  moment  du  choc  contre  l'eau,  et  son  bord  tranchant 
pendant  le  trajet  de  retour.  Étant  plus  léger  que  l'eau,  le  Dytique  nage  dans  une  posi- 
tion oblique,  de  façon  à  compenser  la  force  ascensionnelle  qui  tendrait  à  le  ramener 
à  la  surface. 

Chez  le  Notonecte,  une  grande  accumulation  d'air  sur  la  face  ventrale  rend  cette  der- 
nière notablement  plus  légère,  et  l'animal  nage  sur  le  dos. 

Chez  certains  Hyménoptères  parasites,  les  ailes  peuvent  être,  d'une  façon  plus  ou 
moins  complète,  adaptées  à  la  natation  [Prestwltchia  aquatica,  Polyncma  tiatans,  Lim- 
nodytes  gerriphagus). 

Un  mode  curieux  de  locomotion  aquatique  est  aussi  celui  des  larves  de  Libellules, 
qui  peuvent  remplir  d'eau  leur  rectum,  et  ensuite,  par  la  contraction  des  muscles, 
principalement  ceux  du  corps,  la  chasser  brusquement,  et  être  ainsi  lancés  par  la 
réaction. 

Beaucoup  de  larves  se  déplacent  dans  l'eau  par  de  brusques  contractions  de  leur 
corps,  qui  frappe  alternativement  d'un  côté  ou  de  l'autre  (larves  de  Culex,  Corethra, 
Chironomus,  etc.). 


INSECTES.  315 

Les  larves  de  Corethm,  qui  llottent  dans  l'eau,  ont  l'appareil  respiratoire  remplacé 
par  quatre  sacs  remplis  de  gaz,  sans  aucune  communication  avec  l'extérieur,  et  qui 
jouent  un  rôle  hydrostatique.  Le  pigment  abondant  dont  ces  sacs  sont  chargés  joue 
peut-être  un  rôle  dans  la  sécrétion  des  gaz  qui  s'y  trouvent  inclus. 

Certains  Hémiptères  (Gerris,  Hydromètres)  peuvent  progresser  à  la  surface  de  l'eau 
sans  être  mouillés.  Ils  sont  soutenus  grâce  à  la  tension  superficielle,  et,  h  l'endroit  où 
chaque  patte  repose,  la  surface  de  l'eau  est  légèrement  déprimée;  ils  se  déplacent  en 
sautant,  en  patinant,  ou  eu  se  laissant  entraîner  par  le  courant  (Meinkrt,  1887,  cité  par 
Miall). 

c)  Vol.  —  Les  travaux  fondamentaux  de  Marey,  de  Pettigrew  et  de  Lendenfeld  sur  le 
vol  des  Insectes  viennent  d'être  repris  dernièrement,  à  l'aide  d'une  technique  très  per- 
fectionnée, par  Bull.  Les  recherches  de  cet  auteur,  dont  les  résultats  ne  sont  pas  encore 
publiés,  étant  susceptibles  d'apporter  des  faits  nouveaux  importants  pour  l'histoire  de 
cette  question,  nous  renverrons,  pour  cette  étude,  à  l'article  Vol,  qui  sera  ultérieure- 
ment publié. 

On  Irouvei'a  déjà  une  description  sommaire  du  dispositif  expérimental  de  Bull  à 
l'article  Graphiqne  (méthode),  VII,  874-87o.  J'appelle  aussi  l'attention  sur  les  intéres- 
santes expériences  de  Jousset  de  Bellesme  sur  le  rôle  des  balanciers  pendant  le  vol 
chez  les  Diptères,  expériences  dont  les  résultats  paraissent  avoir  été  jusqu'ici  assez 
négligés. 

4"  Autotomie.  —  Elle  s'observe  facilement  pour  les  pattes  sauteuses  des  Sauterelles 
et  des  Grillons  et  a  été  étudiée  en  détails  chez  ces  Insectes  par  Léon  Fredericq  (1885)  et 
CoNTEJEAN  (1890)  [voir  Autotomie].  Chez  ces  Orthoptères  sauteurs,  l'autolomie  paraît 
avoir  lieu  au  niveau  de  l'articulation  de  la  hanche  et  du  fémur;  mais  ceci  tient  à  ce 
que  le  trochanler  est  télescopé  à  l'intérieur  de  la  hanche,  de  façon  à  ne  devenir  visible 
qu'après  enlèvement  du  fémur.  En  réalité,  c'est  suivant  le  sillon  fémoro-trochantérien 
que  se  fait  la  séparation  (Bordage). 

Chez  les  Orthoptères  non  sauteurs,  notamment  chez  les  Phasmides  et  Mantides, 
l'autotomie  a  été  constatée  par  Bordage  (1897-1905),  R.  de  Synkty  et  Goldman  (1901). 
Elle  se  fait  manifestement  au  niveau  de  la  ligne  de  séparation  du  trochanter  et  du 
fémur  plus  ou  moins  soudés  entre  eux,  c'est-à-dire  suivant  une  disposition  tout  à  fait 
comparable  à  celle  qui  assure  l'autotomie  chez  les  Crustacés.  C'est  chez  les  Phasmides 
que  cette  faculté  atteint  son  plus  grand  développement,  surtout  avant  l'âge  adulte;  les 
morsures  de  Fourmis  la  provoquent  avec  une  grande  facilité.  L'hémorrhagie  est  arrêtée 
jpar  la  présence  d'une  membrane  obturatrice  ou  héntiostatique  analogue  à  celle  qui  a 
été  signalée  chez  les  Crustacés  décapodes. 

L'autotomie  est  un  acte  purement  réflexe,  et  pour  la  patte  postérieure  des  Sauteurs, 
par  exemple,  une  irritation  de  la  patte  réussit  à  la  déterminer,  même  sur  un  méta- 
thorax  isolé.  Chez  les  Phasmides,  l'autotomie  peut  se  faire  sans  point  d'appui.  Tandis 
que  chez  les  Orthoptères  sauteurs,  la  contraction  d'un  muscle  ou  d'un  petit  nombre  de 
muscles  provoque  la  rupture,  chez  les  autres  Orthoptères,  la  séparation  ne  s'opère  sou- 
vent qu'à  la  suite  de  contractions  très  énergiques  siégeant  dans  diverses  parties. 

L'autotomie  ne  se  rencontre  pas  seulement  chez  les  Orthoptères;  parmi  les  Diptères, 
elle  est  très  fréquente  chez  les  Tipules  qui  abandonnent  avec  une  grande  facilité  leurs 
pattes  longues  et  fragiles;  elle  a  été  signalée  aussi  chez  les  Lépidoptères,  notamment 
chez  les  espèces  à  musculature  puissante  (Vanesses,  Hesperia,  Macroglosses,  Pliisia, 
Catocala,  Pyralides). 

VL    —   PRODUCTION    DES    SONS. 

L'émission  de  sons  par  des  appareils  spéciaux  est  généralement  chez  les  Insectes 
en  rapport  avec  la  reproduction. 

Stridulation.  —  La  plupart  de  ces  appareils  sont  disposés  pour  la  stridulation  et  ne 
se  rencontrent  que  chez  les  mâles  :  s'ils  se  présentent  chez  les  femelles,  ils  sont,  le 
plus  souvent,  rudimentaires  et  infonctionnels.  C'est  chez  les  Orthoptères  que  l'on  ren- 
contre les  appareils  stridulents  les  plus  sonores. 

Chez  les  Locustides,  la  stridulation  est  déterminée  par  le  frottement  de  la  base  du 
pseudélytre  (aile  de  la  1"  paire)  gauche  sur  la  base  du  pseudélytre  du  côté  opposé  qui 


316  INSECTES. 

occupe  une  situation  inférieure  par  rapport  à  lui.  A  la  face  inférieure  du  premier,  se 
trouve  une  ciête  voisine  d'une  membrane  destinée  à  augmenter  la  résonance;  au 
moment  de  la  stridulation,  elle  frotte  rapidement  contre  une  nervure  dentée  et  sail- 
lante qui  se  trouve  à  la  face  supérieure  de  l'élytre  opposé.  Chez  les  (irillons,  le  méca- 
nisme est  analogue,  avec  cette  dilférence  que  ;le  pseudélytre  frotte  sur  l'aile  de  la 
seconde  paire  placée  en  dessous. 

Chez  les  Acridiens  (Criquets),  la  stridulation  est  obtenue  par  le  frottement  des  cuisses 
postérieures,  pourvues  d'une  crête  lonj^itudinale  dentelée,  jouant  le  rôle  d'archet  contre 
les  nervures  des  pseudélytres. 

En  général,  les  mâles  seuls  slridulent  chez  les  Orthoptères;  pourtant,  chez  l'Ephip- 
piger,  les  deux  sexes  sont  également  dotés  à  ce  point  de  vue. 

Les  Orthoptères  d'une  même  espèce  produisent  toujours  les  mC-mes  sons  de  manière 
à  répéter  toujours  une  même  phrase.  Chez  beaucoup,  cette  phrase  est  formée  d'un  son 
unique,  qui  peut  se  reproduire  avec  un  rythme  variable  suivant  les  espèces.  Ceux  qui 
ne  font  entendre  le  même  cri  qu'un  petit  nombre  de  fois,  avant  de  prendre  un  repos, 
semblent  compter  et  ne  jamais  s'écarter  d'un  nombre  fixe  (Yersin). 

Certaines  espèces  ont  un  chant  plus  compliqué  et  la  phrase  se  compose  de  sons 
d'acuités  différentes  espacés  suivant  des  mesures  spéciales.  Les  espèces  de  Criquets  les 
plus  voisines  peuvent  se  distin;:uer  très  facilement  par  la  nature  de  leur  stridulation. 
Hvthme,  acuité,  timbre,  intensité,  sont  les  éléments  qui  permettent  la  distinction.  La 
stridulation  de  la  Taupe  grillon  mâle  est  si  intense  qne  le  bruit  qu'elle  produit  a  été 
comparé  à  celui  d'un  réveil-malin  placé  sur  une  assiette. 

Kn  dehors  des  Orthoptères,  les  Coléoptères  présentent  souvent  des  dispositifs  très 
variés,  destinés  à  produire  des  sons  par  frottement  et  (jue  Landois  a  classés  dans  dix  types 
différents  (Voir  Pack.\rd,  294'.  Parmi  les  Lépidoptères,  le  Sphinx  tête  de  mort  (Ache- 
roniia  atropos)  fait  entendre  un  bruit  strident  produit  par  le  frottement  des  palpes 
contre  la  base  de  la  spiriirompe.  Dans  l'ordre  des  Hyménoptères  enfin,  les  Mutiles  et 
souvent  aussi  les  Fourmis,  notamment  le  genre  Poncra,  ont  des  organes  disposés  pour  la 
stridulation;  chez  beaucoup  d'espèces  de  Fourmis,  le  son  qu'elles  produisent  par  ces 
appareils  échappe  à  l'oreille  humaine;  mais  Cii.  Janet  a  décrit  une  méthode  permettant 
de  le  rendre  perceptible. 

Bruits  résultant  de  chocs.  —  Parmi  les  Cole'optères,  les  Vrillettes  {Anobium)  font 
entendre  un  son  destiné  au  rapprochement  des  sexes  et  produit  par  le  choc  de  la  tête 
ou  du  prothorax  contrôle  bois  dans  lequel  elles  vivent  i  Horloge  de  la  mort). 

Membranes  vibrantes. — L'appareil  musical  des  Cigales  qui  a  été  étudié  en  détails  par 
Landois  et  Carlet  est  fort  difTérent  des  précédents,  il  est  représenté  par  des  membranes 
tendues  sur  un  cadre  (timbales)  qui  peuvent  vil)rer  comme  la  peau  d'un  tambour  sous 
l'influence  de  la  contraction  de  muscles  spéciaux.  Ces  appareils  n'existent  que  chez  le 
mâle  :  ils  sont  au  nombre  de  deux,  placés  de  chaque  côté  sur  la  face  ventrale  de  la 
base  de  l'abdomen  et  présentent  une  structure  assez  compliquée  (timbales,  volets, 
caisse  de  résonance  en  communication  avec  l'extérieur  par  un  grand  stigmate). 

Bourdonnement.  —  Il  est  produit  par  trois  causes  différentes  qui  peuvent  s'ajouter 
l'une  à  l'autre  et,  suivant  les  espèces,  preiment  une  part  plus  ou  moins  grande  au  bruit 
total  qui  en  résulte  :  i°  la  vibration  rapide  des  ailes  pendant  le  vol  donnant  les  sons 
les  plus  graves;  2"  le  passage  de  l'air  par  les  stigmates  pourvus  de  membranes  vibrantes 
et  produisant  un  son  aigu;  3°  la  vibration  des  anneaux  de  l'abdomen.  Le  son  du  bour- 
donnement de  l'Abeille,  d'après  Landois,  serait /a'',  s'il  s'agit  d'un  individu  vigoureux  et 
mi^  dans  le  cas  de  fatigue.  Le  son  stigmatique  chez  le  même  Insecte  serait  si'. 

VIL  —  PRODUCTION    DE    LUMIÈRE. 

Il  existe  des  Insectes  assez  nombreux  qui  sont  pourvus  d'organes  spéciaux  destinés 
à  la  production  de  la  lumière.  Les  mieux  connus  d'entre  eux,  à  ce  point  de  vue,  sont  des 
Coléoptères  appartenant  aux  deux  familles  des  Malacodermes  (Lampyris  ou  Ver  luisant, 
Luciola,  Phoniris,  Phosphxnus,  etc.)  et  des  Elatérides  {Pyrophorus  ou  Cucujos  et  Photo- 
p/iorws).  11  faut  ajouter  encore  parmi  les  Téléphorides  les  genres  Phengodes  et  Zarhipis, 
et   quelques  Carabides  iPhysodera   noctiluca,  Fh.  Dejeani),   ainsi   qu'un  Bupreste    de 


INSECTES. 


317 


^ 


l'Inde  (B.  ocellata).  Un  Hémipltre,  le  Fulgor  porte-laiilerne  (Fulijora  latemaria),  depuis 
les  observations  de  Sibille  dk  Mkrian  (172G),  est  souvent  cité  comme  l'un  des  Insectes 
phosphorescents  les  plus  curieux  et  comme  ayant  un  fanal  sur  la  tète;  il  se  peut  que 
cet  Insecte  soit  lumineux,  mais  seulement  dans  certaines  conditions  biologiques;  car 
les  observations  de  Sibille  de  Mkrian  attendent  encore  leur  confirmation.  Une  Podu- 
relb'  (Lipura  noctiluca)  a  élé  indiquée  par  R.  Dubois  comme  très  phosphorescente; 
mais  elle  ne  présente  pas  d'orfj;anes  spéciaux  pour  la  production  de  la  lumière.  La 
plupart  des  autres  cas  de  luminosité  signalés  chez  les  Insectes  (Chironomes,  Noc- 
tuelles, etc.)  doivent  être  rapportés  à,  une  infection  par  des  microbes  phosphorescents. 

Chez  tous  les  Insectes  lumineux,  la  photogénèse  se  présente  à  toutes  les  phases  de 
l'évolution  et  elle  existe  déjà  dans  l'œuf  où  elle  constitue  un  caractère  du  plasma.  C'est 
à  cause  de  cette  particularité  que,  au  moment  de  la  ponte,  le  corps  entier  de  l'Insecte 
paraît  souvent  s'embraser.  Diffuse  dans  l'œuf,  la  luminosité  se  centralise  ensuite  dans 
des  organes  toujours  plus  nombreux  et  plus  disséminés  chez  la  larve  que  chez  l'adulte. 

La  production  de  la  lumière  a  pour  but  de  faciliter  le  rapprochement  des  sexes  ou 
de  permettre  aux  Insectt>s  de  se  diriger  dans  l'obsi-urité. 

Chez  les  Lampyrides,  tantôt  la  femelle  donne  seule  une 
lumière  brillante,  elle  est  alors  aptère  et  larviforme,  tandis  que 
le  mâle  est  ailé  [Lampyris  noctiluca  ou  Ver  luisant i;  tantôt  le 
mâle  et  la  femelle  sont  fortement  lumineux  et  alors  les  deux  sexes 
sont  ailés  [Luciola  italica).  Chez  les  Elalérides,  les  deux  sexes 
sont  également  lumineux  et  ailés. 

Les  organes  phosphorescents,  chez  les  Lampyrides,  se  trou- 
vent à  la  face  inférieure  des  derniers  anneaux  abdominaux.  Chez 
les   Pyrophores,  ils  sont  situés  vers  les  angles   postérieurs   du 
prothorax  du  côté  dorsal  (vésicules  phosphorescentes)  et  il  y  en 
a,  en  outre,  un  troisième  occupant  la  région  médiane  et  ventrale 
du   premier  segment  abdominal.  Us  sont  représentés  par  des 
plaques,   formées  de   nombreuses   assises   de   cellules   d'origine    fig.   39.    -     Pijrop/ioms 
eclodermique  et  à  l'intérieur  desquelles  se  distribuent  de  riches      noctUucus  montrant  ses 
arborisations  trachéennes.  Ces  cellules  se  détruisent  et  se  régé-        ''"u^es^ïD'aiîrès'HENNE- 
nèrent  d'une  façon  constante  et  sont  ainsi  le  siège  d'un  processus      guy.) 
d'histolyse  qui  aboutit  à  la  formation  d'une  couche  granuleuse  ou 

crayeuse  occupant  toujours  la  partie  profonde  de  l'organe  et  formée  d'innombrables 
corpuscules  bi-réfringents,  radio-cristallins  (guanine  d'après  R.  Dubois). 

Les  organes  lumineux  sont  recouverts  par  des  muscles  spéciaux  qui  règlent  l'afflux 
du  sang;  lorsque  celui-ci  se  précipite  dans  l'organe,  la  lumière  apparaît;  lorsque  le 
cours  du  sang  est,  au  contraire,  arrêté,  sa  lumière  s'affaiblit  ou  s'éteint.  On  peut 
constater  que  ces  muscles,  chez  les  Pyrophores,  sont  animés  de  mouvements  rythmiques, 
pendant  tout  le  temps  que  la  lumière  se  produit.  Le  système  nerveux  commande  la 
production  de  la  lumière  (exp.  de  Matteucci  sur  les  Lampyres  ,  mais  il  n'agit  sur  les 
organes  lumineux  que  par  l'intermédiaire  des  muscles  (R.  Dubois).  Si  les  deux  ganglions 
cérébroïdes  sont  détruits,  le  phénomène  lumineux  est  immédiatement  supprimé,  en 
même  temps  que  disparaissent  les  pulsations  musculaires  qui  l'accompagnent;  mais  on 
peut  provoquer  encore  le  réflexe  lumineux  par  excitation  directe  de  l'organe.  La  des- 
truction du  ganglion  prothoracique  d'où  partent  les  nerfs  qui  innervent  les  muscles  des 
organes  lumineux  prothoraciques  du  Pyrophore  amène  leur  extinction  définitive 
(R.  Dubois). 

Quelle  est  maintenant  la  cause  physico-chimique  de  la  luminosité?  Les  remar- 
quables expériences  de  Macaire  et  de  Matteucci  sur  les  Lampyres,  maintenant  trop 
laissées  dans  l'oubli,  avaient  mis  en  évidence  l'importance  du  rôle  de  l'oxygène  dans  le 
phénomène  de  la  luminosité;  mais  on  admettait  généralement  à  tort  qu'elle  était  le 
résultat  d'une  oxydation  directe  de  la  substance  des  organes  lumineux  par  l'oxygène  de 
l'air  apporté  au  sein  des  tissus  par  les  trachées.  Les  observations  et  les  expériences  de 
R.  Dubois  ont  montré  que  la  théorie  de  la  combustion  photogène  ne  répondait  pas  à  la 
réalité  des  faits. 

D'après  cet  auteur,  la  production  de  la  lumière  chez  les  Insectes  peut  recevoir  la 


318  INSECTES. 

mr-mo  explication  que  celle  qu'il  a  donnde  puur  le  même  phénom^ne  chez  d'autres 
animaux  lumineux,  notamment  chez  la  Pholade,  c'est-à-dire  qu'elle  résulte  de  l'action 
lune  sur  l'autre  de  deux  substances  la  luciférinc  et  la  lucifévase,  la  seconde  jouant  le 
rôle  d'un  ferment  oxydant  du  groupe  des  oxydases.  Ce  qui  tend  à  prouver  qu'il  en  est 
bien  ainsi,  ce  sont  les  faits  suivants  : 

1*  Le  tissu  des  organes  lumineux  desséché  rapidement  dans  le  vide  et  pulvérisé, 
donne  encore  de  la  lumière  quand  on  mélange  cette  poussière  avec  un  peu  d'eau.  La 
lumière  peut  donc  persister  en  dehors  de  l'organisme  vivant. 

2»  On  enlève  les  deux  organes  prothoraciques  d'un  Pyropliore  :  l'un  d'eux  est  broyé 
jusqu'à  ce  que  la  lumière  ait  entièrement  disparu  par  épuisement  de  la  matière  pho- 
togène; on  éteint  l'autre  brusquement  en  l'immergeant  pendant  quelques  secondes  dans 
leau  bouillante  (de  façon  à  détruire  le  ferment  soluble  tout  en  conservant  la  substance 
photogène);  si  l'on  mélange  alors  par  trituration  le  second  organe  avec  le  premier  la 
lumière  reparait. 

Les  foyers  lumineux  des  Insectes  ont  une  supériorité  considérable  sur  tous  ceux  qui 
nous  sont  connus.  L'étude  physique  de  la  lumière  qu'ils  émettent  montre,  en  e(fet,que  la 
perte  d'énergie  y  est  très  faible  etque  cet  avantage  économique  tientaux  causes  suivantes: 

1°  Les  rayons  chimiques  n'existent  qu'en  très  petite  proportion,  ce  qui  est  di^, 
d'après  R.  Dubois,  à  la  présence  d'une  substance  fluorescente  |)arliculière,  la  pyropho- 
rine,  qui  existe  dans  le  sang  de  l'Insecte.  Comme  toutes  les  substances  fluorescentes, 
la  pyrophorine  absorbe  les  radiations  chimiques  et  les  transforme  en  radiations  lumi- 
neuses; on  est  donc  en  droit  de  penser  que  la  majeure  partie  des  rayons  chimiques  qui 
naissent  en  même  temps  que  les  rayons  lumineux  chez  le  Pyropliore,  est  transformée 
en  rayons  de  longueur  d'onde  moyenne,  très  éclairants,  par  la  pyrophorine.  L'analyse 
optique  montre,  en  efTet,  que  la  lumière  des  Pyrophores,  dont  le  spectre  est  continu  et 
a  comme  limites  approchées  les  raies  B  et  F  du  spectre  solaire,  est  en  grande  partie 
composée  de  rayons  de  longueurs  d'onde  moyennes,  c'est-à-dire  de  ceux  (jui  ont  le 
maximum  d'intensité  éclairante  (rayons  jaune-vert  . 

2"  Il  n'y  a,  par  rayonnement  calorique,  qu'une  perte  inlinitésiniale  d'énergie,  et  il 
n'y  a  pas  de  perte  de  dégagement  d'électricité. 

A  l'inverse  de  la  lumière  artificielle,  pour  laquelle  98  p.  fOO  do  l'énergie  sont  em- 
ployés à  faire  autre  chose  que  des  rayons  éclairants,  la  lumière  physiologique  donne  un 
rendement  d'au  moins  98  p.  100.  On  doit  encore  faire  remarquer  (jue  l'étude  des 
échanges  respiratoires  démontre  que  la  dépense  organique  est  presque  insignifiante  par 
rapport  à  l'efTet  produit  l\.  Oibois). 

Ce  sont  les  Pyrophores  ou  Cucujos  qui  présentent  les  organes  ayant  le  plus  grand 
pouvoir  éclairant;  leur  lumière  est  si  vive  qu'au  Brésil  les  voyageurs  l'utilisent  souvent 
pour  se  conduire.  D'après  les  mesures  photométri(|ues  de  R.  Dibois,  on  peut  admettre  qu'il 
faudrait  approximativement  trente-sept  à  tren»e-huit  Pyrophores,  lumineux  à  la  fois  par 
tous  leurs  appareils,  pour  éclairer  une  chambre  avec  la  même  intensité  qu'une  bougie. 
L'éclat  verdâtre  particulier  de  la  lumière  des  Pyrophores  est  comparable  à  celui  que  donnent 
les  corps  fluorescents  et  tient  à  la  présence  de  la  pyrophorine;  chez  les  Lampyres  nocti- 
luques  la  lumière  est  moins  verte  et  plutôt  bleuâtre;  celle  de  la  Luciole  d'Italie  est  plus 
pâle  et  un  peu  dorée,  quoique  très  vive.  Les  larves  de  Pheinjodes  qui  habitent  l'Amé- 
rique du  Sud  présentent  un  fanal  rouge  à  l'union  de  la  tête  et  du  thorax,  et  dix  paires 
de  petits  feux  d'unblanc  verdâtre  sur  les  anneaux  suivants.  Il  est  à  remarquer  d'ailleurs 
que  la  teinte  de  la  lumière  peut  varier  avec  l'intensité  que  peut  présenter  à  des  moments 
divers  le  même  organe.  Chez  lePyrophore,  lorsque  l'animal  commence  à  être  lumineux, 
les  rayons  verts  apparaissent  les  premiers,  et  le  rouge  s'étend  ensuite  de  plus  en  plus, 
jusqu'à  ce  que  l'intensité  ait  atteint  son  maximum  ;  il  n'y  a  pas  pourtant  changement 
de  composition,  mais  une  apparence  qui  tient  à  un  phénomène  subjectif  (même  expli- 
cation que  pour  la  lumière  zodiacale). 

VIN.    —    DIGESTION    ET    ABSORPTION    INTESTINALE. 

Le  tube  digestif  (lig.  3  et  40)  comprend  trois  parties  : 

1°  L'intestin  antérieur  (pharynx,  oesophage,  jabot  et  gésier); 


INSECTES. 


319 


2°  L'intestin  moyen  (ventricule  chylifique),  siège  principal  de  la  digestion; 

3°  L'intestin  postérieur  ou  terminal, souvent  dilîérenciéendeux  régions  de  calibre  inégal, 
et  que  l'on  nomme  parfois  intestin  grêle  et  gros  intestin,  sans  qu'aucune  analogie  phy- 
siologique existe  entre  ces  parties  et  celles  qui  portent  les  mêmes  noms  chez  les  Vertébrés, 


tnv  I 


%^ 


L.  C  Unietit 


I  II 

FiG.  40.  —  I,  Appareil  digestil'  de  la  Blatto  (Peripluneta  orientali.s).  (Waprès  L.  Dukour). 
II,  Appareil  digestif  d'ua  Papillon  {S/)hinx  liqustri).  (D'après  Newport). 
<r,  œsophage;  j,  jabot;  g,  gésier;  «,  estomac  (ventricule  chj^liflque)  ;  »,  intestin;  ;•,  rectum  ;  gr.ç,  glandes  sali- 
vaires;  r,  réservoir  des  glamlessalivaires  ;  cg,  cœcums  ou  glandes  gastriques;  tm,  tubes  de  Malpighi, 


Seul  l'intestin  moyeu  n'a  pas  de  revêtement  cuticulaire.  A  l'entrée  de  la  cavité  buc- 
cale débouchent  des  glandes  salivaires,  très  développées  chez  les  Orthoptères,  les  Hy- 
ménoptères et  les  Hémiptères.  Au  ventriclile  chylifique  se  trouvent  annexés  des  caecums, 
présentant  une  disposition  variable,  qui  ne  sont  en  général  que  des  diverticules  tapissés 
par  un  épithélium  semblable  à  celui  de  l'organe  sur  lequel  ils  s'insèrent  (flg.  3  A).  L'intestin 
postérieur  reçoit  habituellement  à  son  origine  les  organes  rénaux  ou  tubes  de  Malpighi. 


320  INSECTES. 

l"  Intestin  antérieur. 

Chez  les  suceurs,  les  muscles  du  pharynx,  nolammeut  ceux  de  la  partie 
supérieure,  jouent  un  rôle  très  important  dans  l'aspiration  des  liquides  et  consti- 
tuent une  sorte  de  piston  contractile  (Voir  pour  le  mécanisme  de  la  succion  : 
Pantel,  1898.  102;  Berlese,  Bcgnion,  etc.).  Le  jabot,  surtout  très  développé  chez  les 
hroyeurs,  fonctionne  comme  un  réservoir  destiné  à  emmagasiner  les  aliments  qui  y 
subissent,  en  milieu  naturellement  alcalin,  l'action  amylolytique  et  invertissante  des 
sécrétions  salivaires  (fig.  40,  j,  os)  (Plateau,  Jolsset  de  Bellei^me).  O'après  ces  deux  auteurs, 
le  glycose  ainsi  formé  serait  absorbé  sur  place  par  le  jabot;  mais  il  est  généralement 
admis  que  l'intestin  moyen  est  le  siège  de  l'absorption  des  produits  solubles  de  la 
digestion  (Voir  ci-dessous).  Le  prétendu  estomac  suceurdes  Lépidoplôres  et  des  Diptères 
n'est  que  le  jabot  qui  s'est  longuement  pédiculisé  et  il  sert  en  général  de  réservoir  aux 
aliments  fluides;  mais  chez  certains  Boinbycides  adultes  (sac  à  air  du  B.  du  Mûrier), 
il  ne  contient  que  de  l'air. 

Le  gésier  ou  proventricule  a  été  longtemps  considéré  comme  un  appareil  broyeur. 
D'après  Plateau,  il  représente  simplement  un  appareil  valvulaire  cardiaque,  agissant 
un  peu  comme  le  feuillet  des  Ruminants  :  il  se  rencontre  surtout  chez  les  Insectes  à 
jabot  et  à  glandes  salivaires  bien  développées;  il  arrête  les  aliments  et  les  force  à 
séjourner  dans  le  jabot,  de  façon  qu'ils  soient  mieux  imprégnés  par  les  liquides 
digestifs.  Cette  manière  de  voir  a  été  confirniée  par  les  autres  auteurs  et  Beauregard 
admet  en  outre  que,  sans  avoir  une  véritable  action  triturante,  le  gésier  peut  néanmoins 
contribuer  à  opérer  la  division  du  bol  alimentaire  en  masses  d'un  plus  petit  volume, 
celles-ci  étant  passées  à  la  filière  dans  les  fentes  qui  séparent  les  replis  de  la  valvule. 
D'après  Plateau,  seul  d'ailleurs  à  soutenir  cette  opinion,  au  moment  de  la  digestion, 
l'appareil  valvulaire  du  gésier  se  laisserait  en  outre  traverser  d'arrière  en  avant  par  les 
sécrétions  du  ventricule  chylilique  refluant  alors  dans  le  jabot,  de  sorte  que  ce  dernier 
se  trouverait  être  ainsi  le  siège  de  la  digestion  des  albuminoides.  Il  est  fort  possible  que 
l'opinion  de  Plateau  soit,  dans  certains  cas,  justifiée  :  il  est  en  effet  démontré  que  divers 
Insectes  peuvent  rejeter  par  la  bouche  un  liquide  fortement  protéolylique  (larves  de 
Dytique  d'après  Nagel  et  Portier,  larves  de  Scynuius  d'après  Lemoi.ne);  il  est  donc  très 
admissible  que,  dans  d'autres  cas,  une  réjection  du  liquide  sécrété  par  le  ventricule 
chylifique  puisse  aussi  se  produire,  mais  en  s'arrêtant  au  jabot  '.  Quoi  qu'il  en  soit,  il 
semble  bien  établi  que,  dans  la  généralité  des  cas,  c'est  dans  l'intestin  moyen  ou  ventricule 
chylifique  que  s'opèrent  les  principaux  phénomènes  de  la  digestion  et  de  l'absorption. 

2"  Intestin  moyen. 

Le  ventricule  chylifique  (souvent  appelé  estomac)  et  les  cjecums  gastriques  qui  lui 
sont  annexés  et  qui  ne  sont,  en  général,  que  des  diverlicules  sans  spécialisations  de  la 
muqueuse,  sont  à  la  fois  le  siège  d'une  sécrétion  analogue  à  celle  du  suc  pancréatique 
et  le  siège  de  l'absorption.  Les  aliments  s'y  trouvent  souvent  brassés  par  des  mouve- 
ments de  contraction  et  de  dilatation  très  énergiques. 

a)  Sécrétion.  Ferments.  —  Chez  les  carnassiers  et  les  omnivores,  la  sécrétion  du  ven- 
tricule chylifique  est  légèrement  acide  (Jousset  de  Bellesue;  Plateau,  1877  et  1886,apiti 
Miall  et  Denny,  p.  131);  chez  les  herbivores,  elle  est  en  général  alcaline  (Plateau).  Les 
expériences  faites  en  nourrissant  des  Insectes  avec  des  aliments  additionnés  de  tourne- 
sol montrent  que  la  réaction  peut  d'ailleurs  varier,  suivant  la  région  du  ventricule  chy- 
lifique que  l'on  considère  (Kowalewsky)  et,  chez  la  larve  du  Tcnebrio  molitor,  par 
exemple,  elle  est  nettement  acide  dans  les  deux  tiers  antérieurs  et  nettement  alcaline 
dans  le  tiers  postérieur,  la  ligne  de  démarcation  correspondant  à  un  changement  dans 
la  nature  de  l'épithélium  (Biedermann).  C'est  à  Plateau  (1873)  que  l'on  doit  d'avoir  nette- 
ment établi  que  l'acidité  n'est  pas  une  réaction  obligatoire  pour  la  digestion  des  Arti- 

1.  ScHÔNFELD  a  basé  sur  cette  réjection  sa  théorie  de  rélaboration  de  la  gelée  rojale  des 
Abeilles  ;  mais  on  admet  habituellement  avec  Schiemenz  qu'elle. est  un  produit  de  sécrétion  des 
glandes  pharyngiennes  en  cliapelet.  D'après  Snodgrass  les  deux  processus  pourraient  concourir 
à  sa  formation. 


INSECTES.  321 

culés  et  en  particulier  des  Insectes,  que  celle-ci  s'elfectue,  au  contraire,  très  souvent 
dans  un  milieu  neutre  ou  alcalin,  et  que  celte  digestion  n'olîre  rien  de  comparable  avec 
la  digestion  gastrique  des  Vertébrés,  mais  se  rapproche  beaucoup  plus  de  la  digestion 
pancréatique.  Ce  qui -montre  bien  d'ailleurs  le  caractère  accessoire  de  la  réaction,  c'est 
que  les  CîT^cums  gastriques  de  la  Blalte  sécrètent  un  ferment  qui  digère  la  fibrine  aussi 
bien  en  milieu  acide  qu'en  milieu  alcalin  (Kni  KENnr.Rr.).  Dans  les  cas  où  la  réaction  du 
ventricule  chylifuiue  est  nettement  acide,  il  ne  peut  même  être  question  d'un  acide 
libre  analogue  à  celui  de  l'estomac  des  animaux  supérieurs;  jamais,  en  effet,  un  tel 
acide  n'a  pu  être  mis  en  évidence  et  l'acidité  tient  alors  à  la  présence  d'un  sel  acide 
tel  (ju'un  phosphate  (Biedermann). 

La  sécrétion  du  ventricule  chylifique  ou  suc  gastro-intestinal  a  une  fonction  assez 
comparable  à  colle  du  suc  pancréatique  et  elle  agit  à  la  fois  sur  les  substances  albumi- 
noïdes.les  substances  amylacées  et  les  graisses.  Son  action  protéolytique,  contrairement 
à  ce  qui  avait  été  admis  par  KrOkenber(;,  n'est  pas  due  à  un  mélange  de  Irypsine  et  de 
pepsine  ou  à  un  ferment  intermédiaire,  mais  uniquement  à  de  la  trypsine  :  elle  trans- 
forme les  albuminoïdes  en  peptones  avec  formation  de  tryptophane  et  de  tyrosine, 
suivant  tous  les  caractères  de  la  digestion  tryptique  (Biedermann).  Le  pouvoir  amyloly- 
tique  du  suc  gastro-intestinal,  bien  que  nié  par  Jousset  de  Bellesme,  ne  paraît  pas 
douteux,  au  moins  chez  certains  Insectes.  D'après  Plateau,  on  rencontrerait  à  ce  point 
de  vue  des  dilTérences  considérables  suivant  les  groupes  :  chez  les  Scarabéiens,  ce  suc 
représenterait  l'agent  exclusif  de  la  transformation  des  substances  amylacées  en  glu- 
cose. Chez  les  Chenilles,  le  glucose  se  formerait  aussi  dans  le  ventricule  chylifique, 
Biedermann  a  également  reconnu  que  le  liquide  qui  remplit  l'intestin  moyen  du  Ver  de 
farine  (larve  de  Tenebrio  molitor)  à  jeun,  a  le  pouvoir  de  transformer  en  sucre  l'amidon 
et  renferme  en  outre  une  inverline;  mais  on  peut  objecter  aux  observations  de  ce  der- 
nier auteur  que  les  propriétés  amylolyliques  et  invertissantes  qu'il  signale  peuvent 
tenir  à  des  sécrétions  venant  de  la  partie  antérieure  du  tube  digestif  et  des  glandes 
salivaires.  En  revanche,  le  suc  gastro-intestinal  a,  chez  la  généralité  des  Insectes,  un 
pouvoir  lipolytique  indiscutable,  qui  a  été  constaté  par  tous  les  auteurs  ayant  étudié  la 
question  (JoussET de  Bellesme,  Plateau,  Biedermann,  Porta,  etc.).  Il  dédouble  les  graisses 
neutres  en  acides  gras  et  glycérine,  et  jouit  d'un  énergique  pouvoir  émulsif. 

Le  labferment  a  été  signalé  par  Sieber  et  Metalnikow  chez  la  chenille  de  la  Teigne 
des  ruches  {Galleria  melonella).  Il  coagule  le  lait  en  milieu  alcalin. 

On  ne  connaît  que  peu  de  chose  sur  la  formation  des  ferments  contenus  à  l'intérieur 
du  suc  gastro-intestinal.  Frenzrl,  Biedermann,  etc.,  ont  signalé  dans  le  noyau  ou  le 
cytoplasme  des  cellules  épithéliales  des  inclusions  diverses  qui  jouent  peut-être  un 
rôle  dans  la  formation  des  ferments,  bien  que  Biedermann  les  regarde  plutôt  comme  des 
substances  de  réserve.  Duboscq  et  Léger  (1900-1902)  ont  également  décrit  dans  les  cel- 
lules du  ventricule  chylifique  des  Coléoptères  et  des  Orthoptères  des  produits  de  sécré- 
tion à  la  formation  desquels  le  noyau  prend  une  part  importante  :  ce  sont  des  boules 
mucinoïdes,  tantôt  hyalines,  tantôt  chargées  de  grains  chromatiques  et  des  «  grains 
zymogénes  ou  prozymogènes  »  safranophiles  et  de  nature  purement  chromatique.  Les 
boules  mucinoïdes,  soit  seules,  soit  avec  les  cellules  dégénérées  ou  les  parties  des  cel- 
lules qui  les  renferment,  sont  rejetées  dans  la  lumière  du  tube  digestif  et  disparaissent 
par  une  fonte  générale  dans  le  suc  gastro-intestinal  qu'elles  contribuent  à  former. 

Chez  beaucoup  d'Insectes  les  desquamations,  très  fréquentes  et  totales,  que  subit 
l'épithélium  du  ventricule  chylifique,  doivent  jouer  un  très  grand  rôle  dans  la  formation 
ou  la  libération  des  ferments  digestifs  (Biedermann).  Pantel  (1898,  133)  a  signalé  chez 
les  Tlnixlon  des  mouvements  rythmiques  de  contraction  et  de  dilatation  des  cellules 
épithéliales  qui  paraissent  destinés  à  évacuer  d'une  façon  intermittente  les  ferments. 

6)  Absorption.  —  La  paroi  du  ventricule  chylifique  et  celle  des  ca?cums  qui  s'y 
déversent,  sont  le  siège  de  l'absorption  des  produits  solubles  de  la  digestion.  Les  expé- 
riences de  CuÉNOT  (189o),  complétant  celles  de  Vangel  (1886),  paraissent  établir  que,, 
dans  la  plupart  des  cas,  elles  sont  le  siège  exclusif  de  cette  absorption,  contrairement  à 
l'opinion  qui  adjoint  au  ventricule  chylifique  d'antres  parties  du  tube  digestif  pour  l'ac- 
com[)lissement  des  fonctions  absorbantes  (voir  jabot  et  intestin  postérieur). 

Si  l'on  fait  ingérer  à  des  Insectes  des  liquides  colorés,  le  ventricule  chylifique  et  ses 

DICT.    DIC    PHYSIOLOGIE.    —   TOMIi    IX,  21 


SHi  INSECTES. 

Ciucums  restent  seuls  remplis  de  ces  liquides,  ce  qui  porte  à  penser  que,  —  ceux-ci  sui- 
vant la  même  route  et  stationnant  dans  les  mêmes  parties  que  les  produits  solubles, — 
c'est  bien  dans  le  ventricule  chylifique  et  les  cit'cums  que  l'on  doit  placer  le  siège  de 
l'absorption  (expériences  de  Vanuel  sur  l'Hydrophile,  de  Cué.not  sur  la  Blatte,  de  Voi.xov 
sur  les  larves  d'Odonates,  de  Pantel  sur  les  larves  de  Thrixion).  Le  fait  que  les  ca?cums 
se  montrent  colorés  d'une  façon  intense  et  sont  remplis  de  liquide,  indique  que,  s'il  y  a 
un  courant,  de  sortie  qui  amène  dans  le  ventricule  chylifique  le  suc  sécrété  dans  ces 
diveiticules,  il  y  a  ensuite  un  courant  inverse  qui  amène  dans  ces  derniers  les  produits 
solubles  de  la  digestion.  Mais  Cuknot  a  donné  une  démonstration  plus  nette  des  phéno- 
mènes d'absorption  de  l'intestin  moyen  par  l'expérience  suivante.  On  nourrit  des  Blattes 
avec  une  bouillie  de  farine  mélangée  avec  du  lactate  de  fer;  après  24  ou  48  heures,  le 
fer  a  pénétré  dans  les  cellules  épithéliales  de  l'intestin  moyen  :  si  l'on  dissèque  alors 
la  Blatte  à  sec  (avec  des  instruments  nickelés)  et  si  l'on  arrose  la  préparation  avec  du 
ferrocyanure  de  potassium,  puis  avec  de  l'acide  chlorhydrique  à  0,5  p.  100,  on  voit  que 
le  méso-intestin  ou  ventricule  chylifique  se  colore  en  bleu,  et  la  coloration  se  localise  dans 
les  cellules  sécrétantes,  tandis  que  les  nids  de  cellules  de  remplacement  qui  alternent 
avec  les  groupes  formés  par  les  précédentes  sont  incolores.  Ce  sont  donc  les  mémos 
cellules  qui  servent  à  la  fois  à  la  sécrétion  des  ferments  digestifs  et  à  l'absorption;  et  ces 
cellules  tapissent  aussi  bien  les  parois  du  ventricule  chylifique  que  celles  des  cœcums 
ou  follicules  qui  s'y  déversent.  L'absor()tion  intestinale  chez  les  Insectes,  comme  chez 
les  Vertébrés,  est  loin  d'ailleurs  de  consister  dans  de  simples  phénomènes  osmotiques; 
mais  l'épithélium  est  le  siège  de  transformations  chimiques  importantes.  A  signaler,  à 
ce  point  de  vue,  les  curieux  cristal loïdes  de  nature  protéique(A'e/viAn/s/(;//o(f/e  de  Frenzel) 
qui  se  trouvent  en  si  grand  nombre  dans  les  noyaux  ou  le  cytoplasma  des  cellules  épi- 
théliales du  ventricule  chylifique  chez  le  Ver  de  farine  et  (jui  ont  été  étudiés  en  détails 
par  BiEDERMANN,  ainsi  que  les  inclusions  analogues  trouvées  par  Mi.ngazzini  (1882)  chez 
les  Lamellicornes.  D'après  Vaney  et  Maignon  (1906),  le  glycose  lui-même,  qui  se  trouve 
en  abondance  dans  le  tube  digestif  du  Ver  à  soie  et  qui  provient  des  feuilles  ingérées, 
ne  pénétrerait  pas  par  simple  osmose  dans  le  sang,  mais  serait  détruit  au  niveau  de  l'épi- 
thélium. 

Absorption  des  graisses.  —  Le  siège  de  l'absorption  des  graisses  est  aussi  le 
méso-intestin.  Si  l'on  fait  ingérer  de  la  graisse  à  des  Blattes,  on  peut  facilement,  quel- 
ques jours  après,  constater  sur  les  coupes,  au  moyen  de  l'acide  osmique,  la  présence  de 
la  graisse  dans  les  cellules  du  ventricule  chylifique.  Cette  absorption  se  fait  par  les 
mêmes  cellules  qui  sont  déjà  chargées  de  l'absorption  des  autres  substances  et  des 
fonctions  de  sécrétion:  il  ne  semble  à  ce  point  de  vue  exister  aucune  division  du  travail 
(CuÉNOT,  Voi.Nov).  Tout  porle  à  croire  que,  comme  chez  les  Vertébrés,  les  graisses  ne 
sont  pas  absorbées  en  nature  et  sous  forme  d'émulsion,  mais  que  ce  sont  les  produits 
de  dédoublement  qui  sont  absorbés,  donnant  lieu  ensuite  dans  la  cellule  à  une 
reconstitution  par  synthèse  (obsers-ations  et  expériences  de  Bieuekmann). 

3°  Intestin  postérieur. 

Le  rôle  principal  de  l'intestin  postérieur  consiste  à  évacuer  à  l'extérieur  les  résidus 
de  la  digestion  et  les  produits  d'excrétion  des  tubes  de  Malpighi.  On  ne  lui  connaît 
aucune  action  définie  sur  les  substances  alimentaires  et  la  digestion  peut  être  consi- 
dérée comme  terminée  dans  le  méso-intestin.  Bien  que  le  méso-intestin  soit  générale- 
ment regardé  comme  le  siège  exclusif  de  l'absorption,  difTérents  auteurs  (Berlese, 
Frenzel,  etc.)  lui  ont  dénié  cette  fonction  qu'ils  considèrent  comme  incompatible 
avec  le  rôle  manifestement  sécréteur  de  cet  épithélium  et  regardent  l'intestin  postérieur 
comme  étant  le  siège  principal  de  l'absorption.  La  présence  d'une  cuticule  chitineuse, 
tapissant  cette  région  du  tube  digestif,  son  rôle  éliminateur  et  l'expérimentation  phy- 
siologique ne  sont  pas  d'une  façon  générale  en  faveur  de  cette  manière  de  voir.  — 
D'ailleurs,  chez  de  nombreuses  larves  d'Hyménoptères,  chez  celles  des  Diptères  pupi- 
pares,  chez  la  larve  du  Fourmilion,  le  ventricule  chylifique  se  termine  en  cul-de-sac  et 
est  indépendant  de  l'intestin  postérieur.  La  fonction  de  ce  dernier,  qui  reçoit  les 
tubes  de  Malpighi,  ne  peut  donc  être  alors  qu'éliminatrice.  On  ne  peut  pourtant  gêné- 


INSECTES.  3^23 

raliser  d'une  façon  absolue,  et,  dans  différents  cas,  l'intestin  postérieur  parait  bien 
concourir  à  l'absorption  (larve  de  Ptychoptera  contaminata,  d'après  van  Gehuchten,  de 
TkvLvion,  d'après  Panticl). 

4°  Fonctions  d'arrêt  et  moyens  de  défense  de  Tintestin. 

L'épithéliuni  de  l'intestin  moyen,  qui  ne  présente  pas  de  revêtement  chitiiieux,  est 
néanmoins  protégé  contre  le  contact  direct  do  la  masse  alimentaire  par  des  formations 
spéciales  d'aspect  cuticulaire,  qui,  tantôt  correspondent  aux  plateaux  détachés  des  cel- 
lules (VoiNov,  1898),  tantôt  sont  sécrétées  au  niveau  de  la  valvule  cardiaque  ou  de  la 
région  antérieure  du  mésentéron  et  qui  sont  suspendues  librement  à  son  intérieur, 
sous  forme  d'un  long  cylindre  ou  d'un  entonnoir  emboîtés  dans  la  lumière  du  tube 
digestif  (membrane  péritrophiqiie,  Trichter). 

Chez  les  Insectes  broyeurs,  le  tube  formé  par  la  membrane  péritrophique  se  poursuit 
même  à  travers  l'intestin  postérieur  jusque  vers  l'anus.  Physiologiquement,  il  corres- 
pond à  l'involucre  niuqueux  qui  entoure  les  aliments  chez  les  Vertébrés.  Cette  mem- 
brane s'oppose  dans  beaucoup  de  cas  au  passage  des  microbes  ou  autres  organismes 
parasites.  Dans  la  flacherie  du  Ver  à  soie,  elle  prend  une  épaisseur  10  à  14  fois  plus 
considérable  qu'à  l'état  normal  et  elle  se  charge  de  microbes.  Chez  l'Abeille,  elle  s'op- 
pose à  la  pénétration  des  grains  de  pollen  dans  les  cryptes  de  la  muqueuse  (Frenzel). 
Enfin,  d'après  Berlesr,  elle  joue  un  rôle  important  comme  diaphragme  dialyseur  :  à 
mesure  que  s'effectue  le  travail  digestif  chimique,  les  peptones  ou  autres  produits 
solubles  passent  par  dialyse  au  travers  du  diaphragme  et  se  rassemblent  dans  l'espace 
annulaire  qui  le  sépare  de  l'épithélium,  tandis  que  les  sucs  digestifs  suivent  un  trajet 
inverse  et  centripète. 

La  paroi  de  l'intestin  moyen  jouit  d'ailleurs,  à  un  degré  plus  ou  moins  grand  suivant 
les  espèces,  de  la  faculté  de  faire  un  choix  parmi  les  substances  solubles  renfermées 
dans  le  tube  digestif,  en  arrêtant  au  passage  un  bon  nombre  de  produits  nuisibles.  C'est 
ainsi  que  chez  les  Orthoptères,  les  matières  colorantes  ingérées  (carminate,  bleu  de 
méthylène,  vésuvine,  etc.)  séjournent  longtemps  à  l'état  dissous  dans  l'intestin  moyen 
et  ses  diverticules,  puis  passent  dans  l'intestin  terminal,  sans  qu'aucune  trace  ait  été 
absorbée  (Cuénot).  En  revanche,  chez  d'autres  Insectes,  telles  que  les  larves  de  Corethra, 
les  mêmes  substances  colorantes  mélangées  à  la  nourriture  passent  au  travers  de  la 
paroi  intestinale  et  sont  éliminées  du  sang  par  les  organes  excréteurs  (Kowalewsky, 
1889).  Chez  le  Ver  à  soie,  parmi  de  nombreuses  couleurs  végétales  ou  d'aniline,  la 
fuchsine  est  seule  absorbée. 

Un  moyen  de  défense  remarquable  de  l'intestin  consiste  encore  dans  les  mues  pério- 
diques qu'il  subit  et  qui  peuvent  intéresser  non  seulement  les  revêtements  cuticulaires, 
mais  encore  l'épithélium  total  de  l'intestin  moyen.  Chez  l'Hydrophile  et  chez  d'autres 
Insectes,  tels  que  divers  Lamellicornes,  l'intestin  moyen  peut  subir  des  mues  très  fré- 
quentes (tous  les  2  ou  3  jours),  pendant  lesquelles  l'épithélium  se  détache  et  est  rem- 
placé par  un  autre  de  nouvelle  formation  (Bizozzero,  1893  ;  Rengel,  1896).  Des  phénomènes 
analogues  se  produisent  chez  beaucoup  d'Insectes,  soit  pendant  le  cours  du  développe- 
ment, soit  chez  Y  imago.  Les  cellules  rejetées  forment  un  long  boyau  appelé  corps  jaune. 
Rengel  (1896),  Léger  et  Dobosgq  (1902)  ont  montré  que  l'on  pouvait  y  rencontrer  de 
nombreuses  Grégarines  expulsées  avec  les  cellules  en  dégénérescence.  Kungrel  d'Hercu- 
LA.IS  a  observé  chez  les  Acridiens  un  phénomène  de  défense  analogue,  mais  qu'il  attribue 
à  une  mue  cuticulaire.  Enfin  il  convient  encore  de  citer  comme  moyen  de  défense  de 
l'intestin,  l'intervention  des  phagocytes  qui  peut  s'effectuer  dans  les  espaces  conjonctifs 
séparant  les  replis  falciformes  de  l'intestin  (Cuénot,  Léger  et  Duboscq). 

5°  Processus  digestifs  adaptés  à,  divers  régimes  alimentaires. 

Dans  le  tube  digestif  des  larves  de  Coléoptères  xylophages,  on  rencontre  une  diastase, 
la  xylannse,  hydrolysant  la  xylane.  Cette  diastase  peut  être  facilement  mise  en  évidence  en 
broyant  des  tubes  digestifs  de  laxves  de  Phymatodes  variabilis  avec  un  peu  d'eau  et  de 
chloroforme  et  en  mettant  à  l'étuve  à  38°  ce  mélange  avec  1  gramme  de  xylane.  On 
obtient  alors   un   liquide  qui  donne  les  réactions   caractéristiques  des  pentoses  (Seil- 


324  INSECTES. 

LÈRE,  1903).  La  présence  de  cellulases  digérant  la  cellulose  parait  d'ailleurs  répandue- 
chez  les  Insectes. 

La  digestion  des  chenilles  de  I.i  Tineola  biseliella  se  nourrissant  de  laine,  a  été  étu- 
diée par  SiTOWsKi.  Il  pense  qu'elle  est  due  à  un  ferment  digestif  du  groupe  de  l.i  try- 
psine  qui  déterminerait  la  dissolution  de  la  kératine  et  transformerait  cette  substance 
en  une  albuminose;  mais  il  n'est  pas  parvenu  à  l'isoler. 

La  digestion  de  la  chenille  de  la  Teigne  des  ruches  [Galleria  melonclla),  qyi'i  se  nourrit 
de  la  cire  des  Abeilles  a  été  étudiée  par  Mktalnikokf  (1907);  mais  il  n'a  trouvé  dans  son 
intestin  aucun  ferment  cérolylique;  d'après  lui,  la  cire  serait  seulement  émulsionnée 
dans  l'intestin  et  sa  digestion  n'aurait  lieu  que  dans  le  sang  par  des  fei-nients  sécrétés- 
par  les  amibocytes.  La  cire  est  nécessaire  à  la  nutrition  de  ces  Insectes;  ils  trouvent  les 
autres  éléments,  azotés  ou  hydrocarbonés,  indispensables  à  leur  croissance  et  à  leur 
entretien  dans  les  nombreuses  impuretés  que  les  rayons  des  ruches  renferment.  La 
digestion  ye  fait  en  milieu  alcalin. 

Digestion  extérieure  des  proies  et  d'aliments  divers.  —  Une  digestion  véritablement 
extérieure  à  l'Insecte,  mais  par  projection  des  liquides  digestifs  à  l'intérieur  de  la  proie 
dont  il  fait  sa  nourriture,  s'observe  chez  la  larve  du  Dytique  (tig.  4,  C)  (Nagel,  Portier). 
Le  liquide  est  injecté  au  moyen  des  grands  crochets  mandibulairesqui  sont  canaliculé& 
et  enfoncés  dans  la  proie.  Neutre  ou  faiblement  alcalin,  il  a  un  pouvoir  digestif  tryptique 
des  plus  énergiques;  tous  les  muscles  et  autres  organes  de  la  proie  se  trouvent,  en  quelques 
instants,  liquéfiés  et  la  larve  de  Dytique  qui  n'a  plus  qu'à  se  nourrir  par  succion  laisse,, 
comme  reste  de  son  repas,  une  simple  dépouille  cuticulaire  vidée  de  toute  substance 
nutritive.  —  Chez  la  larve  du  l)yli(iue,  la  bouche  est  physiologiqu<^ment  fermée  et,  hier» 
qu'elle  existe  morphologiquement,  elle  leste  close,  ne  livrant  jamais  passage  aux  ali- 
ments qui  sont  introduits  dans  le  tube  digestif.  Les  liquides  alimentairt!s,  pour  se  rendre 
dans  ce  dernier,  doivent  toujours  traverser  les  canaux  capillaiies  creusés  dans  les  cro- 
chets mandibulaires  et  qui  s'ouvrent  à  l'extérieur  un  peu  en  dedans  de  la  pointe.  Por- 
tier a  étudié,  en  détail,  les  curieux  phénomènes  de  la  digestion  chez  la  larve  du  Dylique  : 
Quelques  instants  après  qu'une  proie  transparente,  telle  qu'une  larve  de  Diptère  a({ua- 
tique,  a  été  saisie  par  la  larve  du  Dytique,  on  voit  tout  à  coup  un  liquide  noir  envahir 
cette  proie  et  se  répandre  autour  de  ses  organes;  la  larve  est  alors  comme  frappée  de 
stupeur;  quelques  contractions  l'agitent,  puis  elle  reste  immobile,  elle  est  morte.  On 
voitensuite  rapidement  ses  tissus  se  modifier;  le  tissu  adipeux  en  particulier  fond  litté- 
ralement, se  résolvant  en  un  liquide  dans  lequel  nagent  de  fines  granulations.  Bientôt 
la  larve  du  Dytique  aspire  le  liquide  qu'elle  a  injecté  et  un  courant  intense  se  dirigeant 
vers  les  crochets  mandibulaires  se  produit.  Peu  après,  la  manœuvre  précédente 
recommence  et  les  organes  de  la  proie  sont  ainsi  solubilisés  de  proche  en  proche  et 
passent  à  travers  le  canal  capillaire  des  crochets.  On  peut  faire  digérer  extérieurement 
à  une  larve  de  Dytique  une  proie  artificielle  consistant,  par  exemple,  en  du  jaune  d'œuf 
ou  en  un  morceau  de  muscle  enveloppé  dans  un  sac  de  caoutchouc.  La  présence  d'une 
membrane  enveloppante  étanche  est  indispensable  pour  que  les  phénomènes  de  la 
digestion  s'accomplissent  normalement. 

La  larve  de  Dytique  vide  avec  une  telle  gloutonnerie  les  proies  naturelles  ou  artifi- 
cielles qui  sont  mises  à  sa  disposition  qu'elle  peut  augmenter  de  60  p.  100  de  son  poids. 
Leur  lourdeur  les  empêche  alors  de  respirer  à  la  surface,  à  l'aide  de  leurs  appendices 
caudaux  devenus  insuffisants  pour  les  maintenir,  et  elles  peuvent,  dans  certains  cas,  se 
noyer.  On  constate  pourtant  dans  ces  conditions  des  vomissements  asphyxiques  qui 
tendent  à  les  mettre  à  l'abri  de  ce  péril  :  le  liquide  rejeté  s'écoule  alors  par  l'ouverture 
capillaire  placée  en  dedans  de  la  pointe  des  crochets,  et,  parfois,  lorsque  les  crochets 
sont  très  écartés,  un  peu  par  la  base,  au  niveau  de  leur  insertion,  mais  jamais  par  la 
partie  antérieure  et  médiane  de  la  bouche.  Ces  vomissements  asphyxiques  constituent 
un  véritable  phénomène  de  défense;  ils  permettent  à  l'animal  de  s'alléger  et  de  venir  de 
nouveau  flotter  à  la  surface  pour  puiser  l'air  nécessaire  à  la  respiration  (Portier). 

Le  lieu  de  production  du  liquide  digestif,  que  Nagel  regardait  comme  salivaire,  est 
le  ventricule  chylifique;  d'après  Portier  il  s'emmagasine  en  dehors  des  périodes  de  la 
digestion  dans  un  énorme  cœcum  situé  sous  la  paroi  dorsale  du  corps  et  qui  débouche 
dans  le  segment  postérieur  du  tube  digestif;  aU  moment  de  la  capture  d'une  proie  il  est 


INSECTES.  325 

'injecté  dans  rinleslin  et  conduit  probablement  par  des  contractions  antipéristaltiques 
jusqu'aux  crochets  maiidibulaires. 

Les  larves  de  Fourmilion  et  d'Mémérobe,  qui  présentent  une  disposition  de  la  bouclie 
et  des  crochets  très  conforme  à  celle  des  larves  de  Dytiques  se  nourrissent  très  proba- 
blement d'une  façon  semblable. 

Les  larves  de  Mouches  déterminent  la  liquéfaction  de  la  viande  au  milieu  de  laquelle 
•elles  se  trouvent  placées  et  hâtent  sa  décomposition.  On  a  pensé  que  cette  action  était 
due  au  rejet  par  la  larve  d'une  substance  douée  d'un  pouvoir  digestif  s'exerçaut  à  l'exté- 
rieur et  analogue  à  la  pepsine  (voir  :  J.-H.  Fabue,  Souvenirs  entom.,  10*^  série,  2!j9). 
'Le  rôle  des  ferments  sécrétés  par  l'Insecte  parait  toutefois  secondaire  ou  nul  et  Guyknot 
n'a  obtenu  aucune  digestion  d'albuminoïdes,  d'amidon  ou  de  graisse  avec  des  extraits 
provenant  de  larves  broyées  de  Lucilia  cœsar  ou  d'organes  digestifs  isolés  du  même 
llusecle.  Ce  sont  les  microrganismes  qui  se  chargent  du  travail  de  liquéfaction  et  de 
digestion.  Les  larves  et  les  microbes  vivent  en  symbiose  :  les  larves,  se  nourrissant 
exclusivement  par  succcion,  ensemencent  de  tous  côtés  les  microbes  qui  leur  préparent 
leur  bouillie  alimentaire  (Bogdanow,  Guyénot). 

Les  chenilles  xylophages  [Cossus  ligniperda)  rejettent  par  la  bouche  une  sécrétion 
qui  exerce  une  action  corrosive  sur  le  bois  et  permet  aux  mandibules  de  l'attaquer  plus 
facilement  (Lygnnet,  Henseval)  et  il  en  est  vraisemblablement  de  même  pour  beaucoup 
de  larves  xylophages.  Chez  les  Hémiptères  phytophages, la  salive  est  injectée  d'une  façon 
analogue  dans  les  tissus  des  plantes  :  elle  détermine  souvent  des  effets  toxiques  (galles, 
troubles  physiologiques);  mais  elle  aurait  en  outre  pour  fonction  de  dissoudre  an  moyen 
d'une  diastase  les  parois  de  cellulose  des  cellules  végétales  et  peut-être  de  commencer 
la  digestion  des  grains  d'amidon  qui  y  sont  enfermés  (Kcnckel,  Bugnion). 

IX.    —    CIRCULATION. 

1°  Physiologie  de  l'appareil  circulatoire.  —  Le  cœur  est  représenté  par  un  tube 
•contractile,  connu  sous  le  nom  de  vaisseau  dorsal,  qui  s'étend  suivant  la  ligne  dorsale  et 
médiane  du  corps  et  baigne  dans  un  sinus  péricardique.  Il  est  formé  d'une  série  de 
ventriculites  séparés  les  uns  des  autres  par  des  étranglements  et  au  nombre  de  5  à  8  en 
■moyenne  (fig.  41  et  42),  Ces  ventriculites  communiquent  entre  eux,  au  moyen  d'orifices 
iprésentant  des  replis  valvulaires  dirigés  d'arrière  en  avant;  chacun  d'eux  communique 
d'autre  part  avec  le  sinus  péricardique  par  deux  orifices  ou  ostioles  placés  latéralement 
et  pourvus  de  valvules  infléchies  de  dehors  en  dedans.  Ce  cœur,  formé  de  fibres  muscu- 
laires striées  annulaires  comprises  entre  deux  tuniques  conjonctives,  se  termine  en  cul- 
de-sac  à  sa  partie  postérieure;  il  ne  s'étend  guère  que  sur  la  région  abdominale  et  se 
prolonge  dans  le  thorax  et  vers  la  tête  en  une  aorte  qui  peut  se  bifurquer,  mais 
s'ouvre,  en  tout  cas,  largement  et  sans  fines  ramifications  dans  les  lacunes  inter- 
organiques de  la  région  céphalique. 

La  contraction  du  cœur  se  fait  suivant  une  onde  qui  se  propage  d'arrière  en  avant,  et 
une  nouvelle  onde  peut  commencer  à  l'extrémité  postérieure  avant  que  la  précédente 
ait  encore  atteint  l'aorte. 

Chaque  ventriculite,  au  moment  de  la  systole,  chasse  le  sang  dans  celui  qui  se  trouve 
placé  immédiatement  en  avant  et,  au  moment  de  la  diastole,  il  reçoit  le  sang  venant  du 
sinus  péricardique;  l'afflux  du  sang  pénétrant  par  les  ostioles  est  toujours  plus  consi- 
dérable dans  la  partie  postérieure  que  dans  la  partie  antérieure  du  vaisseau  dorsal.  Le 
sang  s'écoule  en  avant  par  l'aorte  pour  se  répandre  dans  le  sinus  neural  ou  ventral  et 
•  dans  la  cavité  périvisoérale.  Il  y  reçoit  les  produits  absorbés  ou  élaborés  par  les  organes 
digestifs  qui  sont  déversés  directement  sans  intermédiaire  de  lymphatiques  dans  la 
cavité  du  corps,  puis  il  revient  dans  le  sinus  péricardique  en  traversant  les  perforations 
que  présente  son  plancher  (diaphragme  péricardique).  Si  ces  perforations  manquent,  le 
sang  revient  parla  partie  postérieure  du  sinus  péricardique  (Orthoptères,  d'après  Kowa- 
LEvsKY,  1894).  Outre  le  cœur,  il  existe  parfois  chez  les  Insectes  des  ampoules  pulsatiles 
placées  à  la  base  des  parties  du  corps  les  plus  effilées  où  la  circulation  serait  sans  leur 
.présence  difficile.  On  «n  rencontre  à  la  base  des  antennes  chez  les  Ephémères  (Vays- 
siÈRE,  1882),  chez  'les  Lépidoptères  (Rurgess,  1881    et    Selvatico,   1887),  chez    divers 


326 


INSECTES. 


Orthoptères  (Pawlowa,  1895)  et  à  la  base  des  pattes  chez  les  Hémiptères  aquatiques- 
(Behn,  1835  et  Locy,  1884).  Dans  les  ailes  et  autres  appendices  on  peut  voir  souvent  le 
sang  s'écouler  suivant  des  canaux  bien  tracés  analogues  à  des  vaisseaux  sanguins- 
(C.^RUS,  1829).  Le  sang  se  dirige  généralement  alors  en  avant  le  long  du  cùlé  antérieur 
et  en  arrière  le  long  du  côté  postérieur  de  l'appendice  ;  dans  certains  de  ces  canaux  on 
voit  parfois  le  sens  du  courant  se  renverser. 

Divers  muscles  du  corps  viennent  concourii  d'une  façon  accessoire  au  mécanisme  de 
la  circulation.  Graber  attache  une  importance  paiLiculière,  à  ce  point  de  vue,  aux 
muscles  aliformes  du  diaphragme  péricardique  (lig.  41).  En  redressant  sa  convexité 
dorsale  (fig.  43,  (h),  le  ^diaphragme  péricardique  ferait  pression  sur  le  sang  placé  en 
dessous  et  augmenterait  au  contraire  l'espace  du  sinus  péricar- 
dique sus-jacent.  Le  sang  se  Irouverait  alors  naturellement 
appelé  à  combler  ce  dernier,  en  passant  par  les  perforations 
du  diaphragme  et  il  arriverait  ainsi  au  cœur  au  moment  de  la 
diastole.  Ce  mécanisme  ne  peut,  en  tout  cas,  être  réalisé,  chez 
les  Orthoptères  qui  ont  un  diaphragme  péricardiciue  imperforé 
et  dont  le  sinus  péricardique  ne  peut  communiquer  (ju'en  avant 
et  en  airièie  avec  la  cavité  périviscérale  (Kowalewskv).  Il 
semble  d'ailleurs  que,  dans  certains  cas,  conformément  à  l'an- 
cienne opinion  ayant  eu  cours  avant  les  recherches  de  Ghaber,. 
les  muscles  aliformes  puissent  concourir  activement  à  la  dias- 
tole (larve  de  Tkrixion  d'après  Pantel,  1898,  160). 

Enlin,  les  muscles  transversaux  de  la  partie  ventrale  du 
thorax,  en  rapprochant  par  leurs  contractions  les  bords  du 
sinus  thoracique  ventral,  sont  bien  disposés  pour  déterminer 
un  courant  d'avant  en  arrière  faisant  passer  le  sang  de  la  partie 
thoracique  dans  la  partie  abdominale  (Popovici-Baznosanu, 
1897).  Les  muscles  abdominaux  interviennent  aussi  forcément 
dans  les  mouvements  circulatoires. 

Malgré  toutes  ces  particularités  organiques,  la  circulation 
est  fort  imparfaite  chez  les  Insectes  et  la  différence  souvent 
considérable  que  l'on  peut  constater  entre  la  chaleur  du  thorax 
iG.  41.  -  Vaisseau  dorsal  et  celle  de  l'abdomen  (Maurice  Girard)  indique  suffisamment 
(u)  et  muscles  aliformes  qu'il  n'exisie  pas  toujours  chez  eux  de  courant  sanguin  capable 
de  la  Blatte  (Peripianeia    ^^^„.^]i^qj,  rapidement  les  températures   dans    les    diUerentes 

orientalis).  i 

r«.  r^,  A',  muscles  aliformes   parties  du  corps, 
fixés  à  la  région  tcrgale         Variations  dans  le  rythme  du  cœur.  —  Les  contractions  ryth- 
du  mésothorax,  du  meta-   j^jqy^.^;  ^^y  ^œuv  qui,  comme   nous  l'avons  vu,  se  propagent 

thorax  et   du  1'^  segment  *  ''  .  ^     " . 

abdominal;  n,  muscles  d  arrière  en  avant,  se  succèdent  dune  laçon  plus  ou  moins 
aliformes  des  a-itres  seg-  rapide  suivant  les  phases  évolutives  et  les  conditions  physiolo- 
mcots  abdora  naux  (n  2,    «jques  de  l'Iusecte.  D'après  les  observations  de  Newport  sur  le 

3,  etcV,?,  trachées.  (D  après    °  ^  ,  ,       ,  ■  ->  i 

MiALL  et  Denny.)  Sphinx  lignustri,    chez   la   larve,  avant   la  première   mue,    le 

nombre  moyen  des  pulsations  est  de  82  par  minute,  avant  la 
deuxième  mue  de  89,  avant  la  troisième  de  63,  avant  la  quatrième  de  45,  un  peu  avant 
la  maturité  de  39;  leur  nombre  décroîtrait  donc  plutôt  avec  la  croissance.  PenJant 
les  phases  de  repos  correspondant  aux  mues,  le  nombre  des  pulsations  est  à  peu  près 
le  même  à  chaque  période  et  est  environ  de  30.  Lorsque  l'Insecte  est  à  l'état  de  nymphe, 
il  passe  à  20,  puis  à  10,  et,  pendant  la  période  d'hivernalion,  les  battements  cessent  d'une 
façon  presque  complète.  Après  l'éclosion,  chez  l'Insecte  parfait  en  pleine  activité,  le 
nombre  des    pulsations  monte  à  110  et  140;  lorsqu'il  passe  à  l'état  de  repos,  il  est  de 

40  à  50. 

De  nombreuses  observations  ont  confirmé  les  déductions  générales  qui  peuvent  être 
tirées  de  celles  de  Newport  et  ont  fait  voir  notamment  qu'une  élévation  de  la  tempé- 
rature, ainsi  que  le  mouvement,  accéléraient  le  rythme  du  cœui-  d'une  façon  considé- 
rable. DoGiEL,  dans  ses  études  sur  la  larve  de  Corethra  plumicornis,  a  recherché,  en 
outre,  quels  étaient  les  autres  agents  susceptibles  d'agir  sur  l'activité  du  cœur,  et  il  a. 
étudié  à  ce  point  de  vue  l'électricité  et  les  poisons  : 


INSECTES. 


327 


j) 


a 


Électricitc.  —  L'excitation  par  un  courant  induit  de  faible  intensité,  détermine  une 
accélération  des  mouvements  du  cœur;  mais,  si  l'on  aiij,'menle  l'intensité  du  courant, 
le  cœur  se  ralentit  ou  s'arrête.  Si  l'on  supprime  Texcitatiou,  les  I)atleinents  s'accélèrent 
à  nouveau.  Une  forte  excitation  avec  un  courant  induit  provoque  un  arrêt  durable  du 
coeur  en  systole;  si  l'excitation  est  interrompue,  les  pulsations 
réapparaissent  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  suivant  la 
force  de  l'excitation;  mais  le  rytlime  est  troublé  dans  la  régula- 
rité, la  force  et  l'ordre  de  ses  contractions.  D'une  façon  générale, 
on  peut  donc  dire  qu'un  courant  induit  faible  accélère  les  batte- 
ments du  cœur  et  qu'un  courant  fort  les  ralentit  ou  les  arrête. 

Poisons.  —  Expérimentés  en  vapeurs  ou  en  solutions  aqueuses 
sur  la  larve  de  Corethra,  ils  ont  donné  des  résultais  qui  peuvent 
être  groupés  de  la  façon  suivante  : 

I.  Ont  une  influence  accélératrice  : 
Les  excitations  faibles    provoquées  par  :   ammoniaque,    éther 

clhylique,  acide  oxalique,  acide phc nique,  nitrate  dépotasse,  aconiline. 

II.  Ont  une  influence  ralentissante  : 

a)  Les  excitations  fortes  provoquées  par  les  substances  énumc- 
rées  ci-dessus  et,  en  outre,  par  la  vératrine  et  Vatropine. 

b)  L'alcool  éthylique,  le  chloroforme,  Vhydrate  de  chloral,  Voxyde 
de  carbone,  l'acide  carbonique,  Vacide  sulfhydrique. 

III.  Sont  sans  influence  sur  l'activité  du  cœur  : 

a)  La  muscarine,  le  curare,  la  strychnine. 

b)  Une  excitation  faible  par  l'atropine. 
Origine    des   mouvements    du  cœur,   innervation.    —   Le   cœur 

paraît  présenter  un  automatisme  complet  systolique  et  diastolique 
et  cet  automatisme  est  propre  à  toutes  les  parties  du  cœur  (Brandt). 
Les  muscles  aliformes  qui  s'étendent  sur  les  côtés  du  cœur  ne  sont 
généralement  pour  rien  dans  les  mouvements  de  diastole  :  on 
peu!  les  sectionner  sans  arrêter  les  mouvements  du  cœur.  Le  cœur 
lui-même  peut  être  sectionné  en  morceaux  et  chacun  d'eux  con- 
tinue à  se  contracter  (Brandt).  L'indépendance  relative  des  diff'é- 
rentes  régions  du  cœur  peut  encore  être  montrée  par  l'électricité: 
(exp.  de  Brandt  et  de  Weber  :  voir  l'article  Cœur,  111,  298-299). 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  cœur  doit  avoir  en  lui-même 
la  source  de  sa  force  motrice  et  qu'elle  doit  être  disséminée  sur 
toute  sa  longueur.  On  n'est  pas  arrivé  néanmoins  à  y  mettre  en 
évidence  l'existence  de  ganglions  bien  caractérisés. 

L'absence  d'un  appareil  modérateur  paraît  résulter  non  seule- 
ment de  l'étude  analomique,  mais  de  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  sur  Fio.  h 
l'action  des  poisons.  Il  est,  en  effet,  tout  à  fait  remarquable  que  la 
muscarine,  l'atropine  et  le  curare,  dont  l'action  sur  l'appareil 
modérateur  du  cœur  des  Vertébrés  est  bien  connue,  restent  chez 
les  Insectes  sans  influence  ou  ne  produisent  qu'un  ralenlissement 
et  que,  par  contre,  l'aconitine,  qui  agit  directement  sur  les  centres 
moteurs  et  les  muscles,  exerce,  à  faible  dose  une  action  accélé- 
rante. Pourtant,  chez  le  Criquet,  une  excitation  mécanique  du 
cerveau  amène  dans  certains  cas  un  arrêt  complet  du  cœur,  ce  qui 
tendrait  à  prouver  l'existence  de  filets  nerveux  modérateurs.  Si 
l'action  modératrice  de  ces  fibres  est  généralement  masquée  dans 
les  expériences,  cela  pourrait  d'ailleurs  résulter  d'une  excitation 
simultanée  des  modérateurs  et  des  accélérateurs  et  de  la  prédo- 
minance de  ces  derniers.  L'existence  de  nerfs  accélérateurs  émanant  de  la  chaîne  ven- 
trale peut,  en  effet,  d'après  les  expériences  faites  sur  les  Criquets  (Dogiel),  être  consi- 
dérée comme  un  fait  à  peu  près  démontré. 

Bien  qu'ils  ne  portent  pas  dune  façon  spéciale  sur  les  Insectes,  on  consultera  avec 
profit  pour  la  physiologie  du  cœur  des  Arthropodes  les  importants  travaux  de  Carlso.n 


a 


.  —  Ventriculites 
du  cœur. 
a.  communication  d'un 
vontriculite  avec  le 
suivant;  6,  communi- 
cation avec  le  sinus  pc- 
ricardique;  i',  valvules 
servant  à  la  t'ois  pour 
les  deux  ordres  d'ori- 
lices  :  au  moment  de 
la  systole  le  passage 
a  s'ouvre  et  le  pas- 
sage b  se  forme  ;  au 
moment  de  la  dias- 
tole, l'inverse  se  pro- 
duit. 


3^ 


INSECTES. 


sur  la  physiologie  du  cœur  des  Invertébrés  {Arch.f.  Entwicklungs.  mech.,  XIX,  1900;  The 
American  Journal  of  Physioloijy,  1903-1908),  et  sa  mise  au  point  sur  la  question,  dans 
Ergebnisse  (1er  Physiol.,  1909,  371-i-59.  L'auteur  a  fait  de  très  complètes  expériences  sur 
la  Limule. 

2"  Sang.  —  Le  fluide  circulant  des  Insectes  est  plutôt  comparable  à  la  lymphe  qu'au 
sang  des  Vertébrés.  Il  ne  contient  comme  éléments  figurés  que  des  amibocytes,  et,  en 
raison  de  la  disposition  du  système  trachéen  qui  porte  l'oxygène  à  tous  les  organes,  son 
rôle  ne  consiste  guère  que  dans  le  transport  des  substances  plastiques  destinées  à  la 
nutrition  des  ditl'érentes  parties  de  l'organisme.  Sa  masse  est  très  variable;  les  Orthop- 
tères ont  beaucoup  de  sang,  tandis  que  les  Lépidoptères,  les  Diptères  et  les  IIyméno|i- 

téres  en  ont  généralement  peu.  Les  larves  contien- 
nent beaucoup  plus  de  sang  proportionnellement  à 
leur  poids  que  les  Insectes  parfaits.  Après  quelques 
jours  de  diète,  le  sang  peut  être  presque  complè- 
tement résorbé.  Sa  coloration  est  variable,  rose, 
rouge,  brunâtre,  jaune  ou  verte;  il  est  parfois  inco- 
lore ou  à  peine  coloré.  Au  contact  de  l'air,  le  sang 
change  de  couleur  et  prend  une  coloration  plus 
foncée  ou  noircit.  Les  .substances  colorante-^  du 
sang  sont  des  albuminoïdes  exclusivement  di.ssous 
dans  le  plasma.  Leur  nature  chimique  est  variable 
suivant  les  espèces,  et  ces  différences  entraînent 
les  variétés  de  coloration  que  l'on  observe  dans  le 
sang  des  Insectes.  Chez  la  larve  du  Chironome  le 
plasma  est  coloré  par  Vhémoglobine  (Hoixett,  Ray 
Lankasteu);  mais  c'est  là  un  fait  tout  à  fait  excep- 
tionnel. Suivant  la  couleur,  Clknot  a  donné  aux 
autres  substances  colorées  du  sang,  les  noms  de  : 
héinoxantine,  hémoprasine,  hùmophtiinc,  hànopyrrhic 
hémocrocine,  etc.  Malgré  le  changement  de  teinte 
qui  se  produit  au  contact  de  l'air  et  qui  est  dû  à 
un  phénomène  d'oxydalion  (Fredericq),  ces  albu- 
minoïdes ne  fonctionneni  pas  comme  pigments 
respiratoires  ou  n'ont,  à  ce  point  de  vue,  qu'un 
rôle  très  limité  et  inconstant.  En  effet,  le  sang  de 
la  larve  d'Oryctes,  qui  a  bruni  à  l'air,  ne  se  décolore 
pas  lorsqu'on  le  soumet  au  vide,  et  la  combinaison 
qui  s'est  produite  est  stable  et  ne  se  décompose 
ni  par  les  acides,  ni  par  les  alcalis  (Fredericq). 
Pourtant,  chez  les  chenilles  de  Bombyx,  le  sang 
contenant  de  l'hémoxanthine,  qui  noircit  rapide- 
ment cà  l'air,  peut  être  réduit  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque,  et  il  reprend  alors  en 
partie  sa  teinte  jaune  primitive,  pour  noircir  à  nouveau  lorsqu'on  l'expose  à  l'air 
(Guénot).  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  l'oxydation  ne  doit  pas  se  faire  in  vivo 
d'une  façon  régulière  et  physiologiqiie  :  car  si  l'on  plonge  des  cJienilles  de  Bombyx  riibi 
dans  une  atmosphère  de  CO-,  d'autres  dans  de  l'oxygène,  et  si  l'on  place  enfin  un 
troisième  lot  servant  de  témoin  à  l'air  libre,  dans  les  trois  cas  le  sang  conserve  sa 
même  couleur  jaune  verdàtre  (Cuéxot).  Les  divers  albuminoïdes  du  sang  servent  donc 
surtout  à  la  nutrition  et  proviennent,  sans  doute,  des  peptones  de  la  digestion  trans- 
formées par  les  amibocytes;  ils  ne  jouent  pas,  d'une  façon  notable,  de  rôle  oxydant 
comparable  à  celui  de  l'hémoglobine  ou  de  l'heraocyanine. 

Le  changement  de  couleur  du  sang  à  l'air  libre  est  dû  à  deux  causes  :  i°  à  l'oxyda- 
tion de  l'albuminoïde  ;  2"  à  la  précipitation  d'une  substance  granuleuse  d'un  noir  ver- 
dàtre Vuranidinc,  qui  se  produit  au  moment  où  le  sang  sort  de  l'animal  (Cuénot).  Cette 
substance,  confondue,  sous  le  même  nom  d'uranidine,  par  Krukexberg  avec  les  albumi 
noïdes  du  sang,  est  identique  à  la  mélanine  de  Otto  von  Furth;  elle  n'existe  que  chez 
certains  Ii  sectes  et  déleimine  chez  eux  le  noircissement  des  blessures,  l.'urànidine  ou 


9       V 

l<'jo.  43.  —  Coupe  transversale  scliématique 
do  l'abilomen  d'un  Acridien. 

tg,  région  dorsale  ;  V,  région  ventrale; 
A,  sinus  sanguin  dorsal  (chambre  dor- 
sale); ;,  cellules  péricardiques  ;  r*/, 
vaisseau  dorsal  (cœur)  ;  d$,  diapliragnie 
séparant  le  sinus  dorsal  de  la  cavité  du 
cori)s;  a,  position  du  diaphragme  pendant 
le  rétrécissement  du  sinus;  ai,  sa  pîsi 
tion  pendant  l'élargissement  du  sinus: 
/},  sinus  sanguin  ventral  (chambre  ven- 
trale) ;  (/,  diapiiragmo  si*]>arant  le  sinus 
précédent  de  la  cavité  générale  du  corps; 
g,  chaîne  nerveuse;  ap,  apodèmfs  don- 
nant insertion  aux  muscles  imu)  qui  ser- 
vent à  la  dilatation  de  l'abdomen  pendant 
la  respiration;  tri,  intestin.  (I)'aprés 
Graber.) 


INSECTES. 


3-29 


mélanine  se  forme  d'après  Otto  von  FOrtii  et  Schneider  par  l'action  oxydante  d'une  tyro- 
iftnaae  sur  un  cliromogone  appartenant  à  la  série  aromatique,  mais  distinct  de  la 
tyrosine.  Chez  les  chenilles,  le  phénomène  du  noircissement  du  sang  est  surtout  marqué 
aux  approches  delanymphose.  Il  en  est  de  même  chez  les  Diptères  et  le  brunissement 
des  pupos  de  Mouches  est  dû  aussi  à  l'action  d'une  tyrosinase  sur  un  chromogène,  mais 
qui  se  produit  alors  à  l'intérieur  même  de  l'animal  sans  que  le  sang  soit  répandu  au 
dehors  (Dewitz). 

Outre  les  albuminoïdes  oxydables,  le  sang  des  Insectes  renferme  souvent  de  la  fibrine. 
Il  se  coagule  alors  spontanément  à  l'air;  la  coagulation  est  très  accélérée  par  le  battage  ; 
elle  est  empêchée  parla  saturation  avec  du  chlorure  de  sodium  ou  avec  du  sulfate  de 
magnésie  (Frederico,  Krieexherg),  Le  caillot  emprisonne  les  amibocyles  et  des  granula- 
tions d'uranidine  :  il  joue  un  rôle  hémostatique,  très  développé  surtout  chez  les  Coléop- 
tères vésicanls,  qui  rejettent  volontairement,  comme  procédé  de  défense,  des  gouttes  de 
sang  chargées  de  cantharidine 
par  les  articulations  tibio-tar- 
siennes.  La  fibrine  étant  très 
abondante  dans  le  sang  de  ces 
animaux,  il  coule  rarement  plus 
d'une  goutte  de  liquide,  le  coa- 
guluni  fermant  presque  immédia- 
tement la  déchirure  de  l'articu- 
lation (Cuénot). D'après  Cuénot, 
le  fibrinogène  joue  le  rôle  d'une 
substance  de  réserve  que  l'ani- 
mal utilise  dans  l'inanition  avant 
les  albuminoïdes  du  sérum. 

Les  lutéines  sont  fréquentes 
dans  le  sang  des  Insectes,  surtout 
chez  les  chenilles  (Poulton,  Kru- 
kenberg,  Cuénot).  Elles  provien- 
nent des  lutéines  renfermées 
dans  les   plantes  qui  les   nour- 


Fi«.  44. 


-  Schémas  do  la  disposition  dos  principaux  diaphragmes 

limitant  les  sinus  sanguins  chez  les  Insectes. 

1,  coupe'transversale  d'après  Graber;  II,  coupe  transversale  du 

corps,  d'après  Berlese;  III,  coupe  longitudinale,  d'après  Berlese. 

rissent.  D'après  Poulton,  il  s'agi-      v,  vaisseau  dorsal;/,  intestin;  N,  chaîne  nerveuse;  sp,  septum  ou 

rait    même    souvent    de    xantho-  diapliragme    péricardique;    m,    muscles;    sn,  diaphragme   neu- 

,     ..  rai;  s,  diaphragme  péritonéal  se  continuant  avec  le  diaphragme 

pnjlie.  péricardique;  p,  péritoine  splanchaiqae.  (Figures  empruntées  à 

En  dehors  des  oxydases,  le  Berlese.) 
«ang  des  Insectes  peut  aussi  ren- 
fermer des  rédnctas^s  et  il  résulte  des  recherches  de  Dewitz  (1908)  que  l'extrait  glycé- 
rine de  chrysalides  femelles  a  une  action  réductrice  plus  considérable  sur  l'eau  oxygénée 
que  l'extrait  de  chrysalides  mâles.  Ce  n'est  là,  d'après  lui,  que  l'expression  particulière 
dun  phénomène  général  d'après  lequel  l'organisme  femelle  aurait  un  pouvoir  réducteur 
plus  considérable  que  l'organisme  mâle. 

Éléments  figurés.  Amibocytes.  —  Les  amibocytes  sont  les  principaux  éléments  figurés, 
ils  ne  font  guère  défaut  que  chez  les  larves  de  Chironômes  et  de  Cécidomyies.  Dans  le 
sang  circulant,  ils  n'émettent  que  peu  de  pseudopodes  et  l'état  amiboïde  à  pseudopodes 
multiples  représente'une  forme  de  dégénérescence.  Ils  renferment  souventde  fins  granules 
réfringents,  verdâtres,  groupés  autour  du  noyau,  et  que  Cuénot  suppose  être  des  granules 
de  ferment  albuminogènes,  présidant  à  la  transformation  des  peptones  de  la  diges- 
tion en  albuminoïdes  du  plasma.  Chez  la  larve  du  Chironôme  où  les  amibocytes  font 
défaut,  le  rôlealbuminogèneserait  joué  par  une  partie  du  corps  adipeux  colorée  envert, 
placée  à  la  partie  antérieure  du  corps  et  qui  est  bourrée  de  granules  semblables  à  ceux  des 
amibocytes;  cette  partie  représenterait  physiologiquement  les  amibocytes  eux-mêmes. 

A  une  période  avancée  de  leur  évolution,  les  amibocytes,  chez  les  larves  notam- 
ment, jouent  le  rôle  de  cellules  de  réserve  et  renferment  des  globules  albuminoïdes. 
Chez  la  chenille  qui  va  se  chrysaliser,  tous  les  amibocytes  sont  ainsi  transformés  en 
magasins  d'albuminoïdes  (Cuénot). 

La  régénération  des  amibocytes  s'effectue  par  mitose  des  jeunes  éléments  (Duboscq, 


330  INSECTES. 

CuÉNOT  189Î),  Bruntz);  à  l'état  adulte  ils  ne  présentent  jamais  de  mitoses.  Les  mitoses 
diminuent  jusqu'à  zéro,  quand  l'animal  jeûne  depuis  longtemps;  elles  augmentent 
quelques  jours  après  les  saignées. 

La  formation  des  amibocytes  dans  le  sang  n'exclut  pas,  chez  certains  Insectes  du 
moins,  la  production  parallèle  de  ces  éléments  dans  des  organes  spéciaux  dits  oryanes 
spléniques  (Voir  plus  loin). 

CuÉNOT  a  étudié  l'évolution  des  amibocytes  chez  le  Grillon.  Il  distingue  :  1"  les 
formes  jeunes  et  petites  se  multipliant  par  mitose;  2°  les  formes  adultes  et  grandes 
seules  capables  de  phagocytose  ;  3'^  les  amibocytes  à  grains  acidophiles  (correspondant 
peut-être  aux  éosinophilesdes  Vertébrés);  4°  les  amibocytes  en  voie  do  dégénérescence 
(pyknose  et  karyorhexie)  destinés  à  être  phagocytés,  soit  par  les  amibocytes  du  sang 
circulant,  soit  dans  les  organes  phagocytaires.  Les  grains  dits  acidophiles  sont  souvent 
bactériformes,  ils  ne  semblent  guère  exister  que  chez  les  Orthoptères  et  les  Pseudo-Né- 
vroplères;  leur  réaction,  suivantles  types, peut  varier  jusqu'à  l'amphophilie  (Kollmann). 

Outre  les  amibocytes,  on  peut  encore  trouver  dans  le  sang,  comme  éléments  figurés, 
des  cellules  du  corps  adipeux  et  des  œnocytes  qui  ont  été  mis  en  liberté. 

Résistance  à  la  saignée.  —  Les  Insectes  adultes,  surtout  les  Coléoptères  et  les  che- 
nilles, présentent  une  très  grande  résistance  à  la  saignée.  Ils  peuvent  continuer  à  vivre 
après  avoir  perdu  la  presque  totalité  de  leur  sang  (Ccknot). 

Émission  du  sang  au  dehors.  —  Les  Coléoptères  vésicants  peuvent  rejeter  des  gouttes 
de  sang  contenant  de  la  cantharidine,  au  niveau  de  leurs  articulations  tibio-tarsiennes 
(Cuénot);  c'est  un  moyen  de  défense  dont  on  retrouve  l'analogue  chez  les  Coccinellides 
(LuTz)  et  chez  les  larves  de  Cimbicides  (Cholodkovsky). 

3°  Phagocytose. —  L'importance  des  phénomènes  de  phagocytose  chez  les  Insectes 
est  bien  connue  depuis  les  travaux  de  Kowalevsky,  qui  retrouva  chez  eux,  au  moment  des 
métamorphoses,  les  processus  antérieurement  décrits  par  Metchmroff  chez  d'autres  Inver- 
tébrés. Mais  ce  n'est  pas  seulement  au  moment  de  la  métamorphose  qu'intervient  la 
fonction  phagocytaire  :  elle  peut  se  manifester  pendant  toute  l'existence  de  l'Insecte. 
D'une  façon  générale  elle  est  leucocytaire. 

a)Phagocytose  leucocytaire  dans  le  sang  circulant.  — Pour  l'étudier,  on  peut,  ainsi  que 
CuÉNOT  dans  ses  expériences  sur  les  Orthoptères,  injecter  dans  la  cavité  du  corps  des 
cultures  bactériennes,  du  sang  défibriné  de  Mammifère  ou  bien  des  poudres  inertes 
(amidon  de  riz,  carmin,  encre  de  Chine),  en  suspension  dans  l'eau,  à  1  p.  100. 

Dans  les  premiers  jours  qui  suivent  l'injection,  on  constate  une  hypoglobulie,  puis 
retour  à  l'état  normal,  si  l'Insecte  résiste.  Les  amibocytes  disparus  ainsi  de  la  circulation 
ont  englouti  en  quantités  plus  ou  moins  grandes  les  matières  solides  injectées,  puis, 
comme  s'ils  étaient  alourdis  par  cette  surcharge,  ils  se  sont  arrêtés  sur  les  parois  des 
organes,  s'accumulant  surtout  aux  environs  du  cœur  où  les  lacunes  sont  plus  étroites  que 
partout  ailleurs  (Cuénot).  Au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  toutes  les  particules  étran- 
gères sont  ainsi  fixées  à  demeure  dans  les  tissus  et  encapsulées  dans  des  petits  kystes 
d'amibocytes.  Les  phagocytes  des  Orthoptères  ont  une  réaction  acide;  ils  digèrent  acti- 
vement les  albuminoïdes  et  notamment  les  hématies  du  sang  des  Mammifères;  ils  sont,^ 
par  contre,  incapables  de  digérer  les  corps  gras  et  l'amidon,  qui  restent  intacts  à  leur 
intérieur,  même  après  un  temps  très  long. 

Chez  la  chenille  de  la  Teigne  des  ruches,  qui  se  nourrit  de  cire,  le*  amibocytes 
sécrètent  au  contraire,  d'après  Matalnikoff,  un  ferment  cérolytique  très  coniparable  aux 
lipases  et  c'est  à  la  présence  de  cette  substance  dans  le  sang  que  cet  Insecte  doit  la 
faculté  qu'il  présente  d'assimiler  la  cire,  en  même  temps  que  son  immunité  remarquable 
contre  la  tuberculose.  Les  phénomènes  phagocytaires  consécutifs  à  l'inoculation  de 
bacilles  tuberculeux  chez  cette  chenille  ont  été  soigneusement  étudiés  par  Matalnikoff. 
Aussitôt  après  l'injection,  une  partie  des  bacilles  tuberculeux  est  rapidement  englobée 
et  détruite  par  les  pliagocyles.  L'autre  partie,  la  plus  grande,  est  fixée  à  la  périphérie 
des  phagocytes,  qui,  sous  l'influence  de  l'excitation,  sécrètent  sans  doute  un  liquide  vis- 
q_ueux  et,  en  tout  cas,  s'agglutinent,  puis  se  fusionnent  en  plasmodies  polynucléaires 
volumineuses.  Les  bacilles,  qui  étaient  à  la  périphérie  des  phagocytes,  se  trouvent  ainsi 
incorporés  dans  le  plasmode,  et  détruits  à  son  intérieur.  En  même  temps,  vers  ces  foyers 
de  destruction  affluent  d'autres  leucocytes  qui  forment  une  capsule  et  parfois  un  tissu 


INSECTES. 


33Î 


réticulé.  Ainsi  se  trouve  réalisées  des  formations  très  analogues  aux  tubercules,  le  plas- 
mode  central  correspondant  à  la  cellule  f:;éante.  La  destruction  des  bacilles  se  fait  d'une 
façon  très  énergique,  grâce  à  la  présence  d'un  ferment  cérolytiqne  qui  dissout  lenve- 
loppe  cireuse  protectrice  dont  tous  les  bacilles  tuberculeux  sont  naturellement  entoures. 
Plus  d'un  exemple  pourraient  être  cités  d'ailleurs  du  rôle  des  phagocytes  dans  la  lutte 
de  l'organisme  de  l'ins'^cte  contre  les  corps  étrangers  ou  les  parasites,  Kowalkwskv  a 
depuis  longtemps  constaté  que  les  bacilles  du  charbon  peuvent  être  rapidement  digérés 
par  les  cellules  de  l'organe  phagocytaire  des  Acridiens.  Les  phagocytes  interviennent 
aussi  activement  dans  la  lutte  de  l'hôte  contre  les  Hyménoptères 
parasites  et  peuvent  en  enkystant  leurs  œufs  ou  leurs  embryons 
déterminer  leur  régression  (P.  Marchal).  La  réaction  de  l'hôte, 
qu'elle  soit  phagocytaire  ou  d'une  autre  nature,  se  borne  pour- 
tant le  plus  souvent  à  neutraliser  les  efîets  nuisibles  de  la  larve 
parasite  de  façon  à  rendre  possible  une  symbiose  tempoi'aire 
entre  les  deux  êtres  [bourrelet  inflammatoire  des  Lepiynia,  para- 
sites des  Thrixion  (Pantel,  1898,  69);  galles  animales  internes 
des  larves  de  Cécidomyies  parasitées  par  Platygasters  du  genre 
Tricliacis  (P.  Marchal,  1897  et  1906,  pi.  xix,  xx,  fig.  47  et  Ht)]. 

b)  Organes  phagocytaires  et  spléniques.  —  Découverts  par 
KowALEWSKY,  ils  ii'out  été  sigualés  jusqu'ici  que  dans  trois  groupes 
d'Orthoptères  (Grillons,  Acridiens,  Forficules)  et  chez  les  Thysa- 
noures.  Ils  avoisinent  toujours  le  cœur,  mais  ne  doivent  pas  être 
confondus  avec  les  cellules  pericardiales,  malgré  leurs  étroits 
rapports  de  voisinage.  On  les  met  nettement  en  évidence  et  on 
démontre  en  même  temps  leur  fonction,  en  injectant  dans 
l'Insecte  vivant  un  mélange  d'encre  de  Chine  et  de  carminate 
d'ammoniaque.  Au  bout  de  quelque  temps,  on  trouve  les  organes 
phagocytaires  se  détachant  en  noir  sur  le  fond  rose  des  cellules 
pericardiales. 

Ils  sont  formés  de  cellules  conjonctives  analogues  ou  iden- 
tiques à  des  amibocytes  :  c'est  chez  les  Grillons  qu'ils  sont  le 
mieux  différenciés  et,  d'après  Sussloff  (1906),  ils  n'existeraient 
même  à  proprement  parler  que  chez  eux;  ils  sont,  chez  ces 
insectes,  disposés  par  paires,  de  chaque  côté  du  cœur,  dans 
les  deux  premiers  segments  abdominaux  et  présentent  cette 
curieuse  particularité  de  communiquer  avec  le  cœur  [ottioles-car- 
diocœlomatiques  de  Kowalewsky),  de  telle  sorte  que  l'on  pour- 
rait les  considérer  comme  des  diverticules  du  cœur.  Chez  les 
Acridiens  et  les  Forficules,  il  existe  aussi,  sur  le  septum  péricar- 
dique,  ou  sur  les  fibres  de  soutien  du  cœur,  des  amas  d'ami- 
bocytes  bien  délimités  ayant  une  disposition  segmentaire  con- 
stante pour  une  espèce  donnée,  mais  variable  d'une  espèce  à 
l'autre  et  qui  ont  été  considérés  comme  des  organes  phagocy- 
taires (Kowalewsky,  Cué.not).  Il  en  est  de  même  pour  certains 
Thysanoures,  dont  le  septum  péricardique  fonctionne  comme 
un  organe  phagocytaire  à  cellules  fusionnées  en  syncytium  (Philiptsciie.nko,  Bru.xtz). 

Chez  tous  les  autres  Orthoptères  étudiés  (Locuslides,  Mantides,  etc.)  il  n'existe  pas 
de  véritables  organes  phagocytaires,  mais  de  simples  amas  de  phagocytes  qui  sont 
retenus,  comme  par  les  mailles  d'un  filtre,  entre  les  cellules  pericardiales,  ou  dans  les 
étroits  interstices  du  diaphragme  péricardique. 

A  leur  rôle  phagocytaire  les  organes  dont  il  vient  d'être  question  joignent  celui  de 
producteurs  de  globules  sanguins  et  ils  fonctionnent  comme  de  véritables  rates  (Kowa- 
lewsky, CuKNOT,  Sussloff,  Kollmaxn).  Vers  le  centre  se  trouvent,  chez  les  Grillons,  des 
cellules  jeunes,  se  multipliant  [)ar  mitose,  incapables  de  phagocytose  et  destinées  à  rem- 
placer celles  qui  forment  la  plus  grande  masse  de  l'organe  et  qui  ont  absolument  les 
mêmes  propriétés  que  les  amibocytes.  Après  une  forte  injection  d'encie  de  Chine,  il  se 
produit,  d'après  Sussloff,  une  hyperleucocytose (dans  des  conditions  expérimentales  sans 


Fig.  15.  —  Organes  plia- 
goc>taires  de  GrijUotal- 
pa  vulf/aris. 

L'insecte,  un  jour  ai)r6s 
injection  cœlcmiquo 
d'encre  de  Chine  et  de 
carminate  d'aninionia- 
quo,  a  été  ouvert  par  la 
face  ventrale.  Les  or- 
ganes phagocytaires, 
bourrés  d'encre  do  Chine, 
sont  d'nn  noir  intense, 
les  cellules  péricardi- 
ques  ont  éliminé  le  car- 
minate d'ammoniaque  et 
sont  représentées  en 
noir  plus  clair.  (D'après 

CUÉNOT.) 


332  INSECTES. 

doute  dilTéreules,  Cuk.not  a  observé  l'inverse);  l'organe  phagocytaire,  se  comportant 
alors  comme  une  véritable  rate,  augmente  de  volume.  Une  quinzaine  de  jours  après 
l'injection,  les  phagocytes  chargés  d'encre  de  Chine  se  trouvent  dans  l'hypoderme  qu'ils 
traversent,  en  détruisant  plus  ou  moins  les  cellules;  et  les  granulations  excrétées  sont 
ainsi  évacuées  sous  la  cuticule  ou  même  incorporées  à  cotte  dernière,  pourétre  éliminées 
complètement  au  moment  de  la  mue.  Au  bout  de  deux  mois,  la  rate  s'est  éclaircie  d'une 
façon  complète  et  les  i.'ranuIations  ont  été  éliminées  par  les  téguments. 

c)  Phagocytose  dans  la  métamorphose.  —  La  phagocytose  prenil  une  part  importante, 
mais  très  inégale  suivant  les  espèces,  aux  phénomènes  d'histolyse  des  organes  larvaires. 

Elle  domine  surtout  les  métamorphoses  à  e'volution  rapide  qui  comportent  des  modi- 
fications importantes  et  profondes.  C'est  chez  les  Muscides,  où  elle  a  d'abord  été  mise 
en  évidence  par  Kowalewsky  et  par  Van  Rees,  qu'elle  se  présente  avec  les  caractères  les 
plus  frappants.  Les  amibocytes,  dans  les  premiers  jours  de  la  nymphose,  détruisent, 
par  phagocytose,  les  muscles  larvaires  (fig.  68,  A-,  p,  s);  ils  englobent  leurs  fragments 
ou  sarcolytcs,  et  se  transforment  alors  en  ces  formations  particulières  qui  ont  été  dé- 
signées depuis  Weismann  et  Viallanes  sous  les  noms  de  Kôrnchcnkiujeln  ou  boules  à 
noyaux  [p).  Les  sarcolyles  englobés  par  les  phagocytes  sont  enfermés  dans  des  vacuoles 
intracellulaires,  à  l'intérieur  desquelles  la  striation  des  sarcolytes  disparaît  progressi- 
vement, et  ceux-ci  prennent  alors  l'aspect  de  grains  réfringents.  I^e  faisceau  entier  est 
ainsi  remplacé  par  un  amas  de  Kôrnchcnkugeln.  Les  glandes  salivaires,  le  tissu  adi- 
peux, l'hypoderme  et  divers  organes  peuvent  être  aussi,  à  divers  degrés,  détruits  par 
l'intervention  phagocytaire.  Les  résultats  obtenus  sur  ce  point  par  Kowalkwsky  ne  peu- 
vent être  infirmés  par  ceux  de  Beulese,  qui  refuse  aux  amibocytes  le  pouvoir  digestif,  e 
leur  attribue  un  simple  rôle  vecteur;  ils  ont,  d'ailleurs,  été  pleinement  confirmés  par 
Ch.  Pérez  qui  a,  eu  particulier,  bien  étudié  la  digestion  intracellulaire  des  sarcolytes 
(1904)  et  par  Mercier  (1906). 

L'existence  de  phénomènes  semblables,  bien  que  moins  généralisés,  a,  en  outre,  été 
reconnue  cliez  les  Hyménoptères  (Formicides)  et  leur  extension  à  des  tissus  divers, 
notamment  à  une  partie  du  tissu  adipeux,  a  été  établie  pour  divers  Insectes,  tels  que 
Fourmis  et  Muscides  (Ch.  Pkrez,  1902  et  1907;  Mercier,  1900). 

La  question  de  savoir  si  les  éléments  sont  attacjués  par  les  phagocytes  avant  ou  après 
dégénérescence  a  été  très  discutée.  En  réalité,  suivant  les  espèces,  suivant  la  nature  et 
l'emplacement  des  organes,  on  peut  trouver  tous  les  intermédiaires  entre  une  attaque 
très  précoce  des  phagocytes  portant  sur  des  éléments  d'apparence  tout  à  fait  saine, 
jusqu'à  une  intervention  tardive,  ne  faisant  que  hâter  la  destruction  d'éléments  déjà 
dégénérés.  Les  muscles,  chez  les  Muscides,  sont  attaqués  avant  toute  altération  consta- 
table  au  microscope  (Ch.  Pérez,  Mercier  ;  au  contraire,  le  tissu  adipeux,  chez  ces  mêmes 
Insectes,  n'est  attaqué  qu'après  le  début  de  la  dégénérescence  (Henneguy,  Vaney, 
Mercier). 

La  régression  des  tissus,  sans  englobement  par  des  phagocytes,  peut  fréquemment  se 
présenter  (Karawaiew,  Terre,  Anglas,  Berlese,  Kellog,  Vaney,  Ch.  Ja.net).  On  constate 
alors,  généralement,  que  les  amibocytes  investissent  les  organes  à  détruire,  s'accolent 
aux  éléments  et  occasionnent  leur  dégénérescence  en  sécrétant  des  substances  histoly- 
santes.  C'est  à  ce  processus  que  A.nglas  a  donné  le  nom  de  lyocytose,  et  il  admet  qu'il 
peut  s'exercer  non  seulement  par  accolement,  mais  encore  à  distance.  Outre  les  ami- 
bocytes, d'autres  éléments,  tels  que  les  myoblastes,  etc.,  pourraient  y  participer.  Il 
s'agit,  en  somme,  d'un  phénomène  de  même  ordre  que  la  phagocytose,  mais  caracté- 
risé par  son  action  digeslive  extra-cellulaire. 

X.    —    RESPIRATION. 

Les  Insectes  ont  une  respiration  trachéenne.  Les  trachées  débouchent  à  l'extérieur, 
^ur  les  côtés  du  thorax  et  de  l'abdomen,  par  des  stigmates  (fig.  46,  s),  et  se  ramifient  à 
l'intérieur  en  de  nombreux  tubes  capillaires  qui  portent  l'air  à  tous  les  organes. 

Malpighi,  qui  découvrit  en  1669  les  trachées  des  Insectes,  démontra  que,  si  l'on  bou- 
chait, à  l'aide  d'un  corps  gras,  leurs  orifices  extérieurs  ou  stigmates,  on  déterminait 
l'asphyxie  de  l'animal. 


INSECTES. 


33a 


Des  dilatations  vésiculeuses  ou  sacs  aériens  (fig.  47^6)  se  présentent  sur  le  trajet 
des  troncs  trachéens  chez  beaucoup  d'Insectes  et  prennent  leur  plus  grand  déve- 
loppement chez  ceux  qui  doivent  fournir  un  vol  rapide  et  soutenu  (Hyménoptères, 
Diptères,  Acridiens  migrateurs,  etc.).  Ces  sacs  aériens  ont  pour  rôle  d'emmagasiner 
une  provision  d'air  suflisanle  pendant  le  vol  et  servent,  en  outre,  à  diminuer  le  poids 
spécifique  de  l'animal.  Us  remplissent,  d'ailleurs,  d'une  façon  d'autant  plus  efficace 
cette  dernière  fonction,  que  l'air  qui  les  gonfle  doit  s'échauffer  fortement  pendant 
le  vol. 

Chaque  stigmate  est  pourvu  d'un  appareil  obturateur  variable  (fig.  51),  commandé 
par  des  muscles  qui  permettentà  l'Insecte  de  l'ouvrir 
ou  de  le  fermer  à  volonté.  (Voir,   pour  ce  méca- 
nisme :  Cii.  Jankt,  Ii7»(/e.s  sur  les  Fourmis,  Note  16» 
1897,  p.  26,  ainsi  que  les  travaux  de  Portieu.) 

1°  Mouvements  respiratoires.  —  Nos  con- 
naissances sur  les  mouvements  respiratoires  des 
Hexapodes  reposent  sur  les  travaux  fondamentaux 
de  Rathke,  de  Plateau  et  de  Langendorff.  Ces  deux 
derniers  auteurs  ont  eu  recours,  dans  leurs  re- 
cherches, à  la  méthode  graphique  et  à  un  procédé 
consistant  à  projeter  sur  un  écran,  au  moyen  d'une 
lanterne,  la  silhouette  grossie  de  l'Insecte  à  étudier, 
puis  à  dessiner  les  deux  contours  correspondant  à 
la  phase  d'expiration  et  à  la  phase  d'inspiration. 

Les  principaux  faits  relatifs  aux  phénomènes 
mécaniques  de  la  respiration  que  l'on  peut  enregis- 
trer par  ces  deux  méthodes  ou  par  la  simple  observa- 
tion de  l'animal  sont,  d'après  Plateau,  les  suivants  : 

1°  Les  mouvements  respiratoires  des  Insectes 
sont  locahsés  dans  l'abdomen, 

2°  Les  mouvements  respiratoires  consistent  en 
diminutions  et  rétablissements  alternatifs  du  dia- 
mètre vertical  et,  dans  une  plus  faible  mesure, 
du  diamètre  transversal  de  l'abdomen.  La  dimi- 
nution des  diamètres  répond  à  l'expiration;  le 
retour  de  ces  diamètres  aux  dimensions  premières 
répond  à  l'inspiration  (fig.  48). 

Chez  les  Hyménoptères  Porte-aiguillons  et  quel- 
ques autres  Insectes  (Phryganes,  etc.),  on  constate, 
en  outre,  un  raccourcissement  de  l'abdomen  au 
moment  de  l'expiration,  par  suite  de  la  rentrée 
des  somites  les  uns  dans  les  autres.  Dans  quelques 
types,  par  contre  (Éristale,  Syrphe,  Coccinelle, 
Blatte,  etc.),  il  y  a  allongement  de  l'abdomen  au 
moment  de  l'expiration. 

Pour  produire  la  diminution  du  diamètre  ver- 
tical, tantôt  ce  sont  les  arceaux  tergaux  qui  sont  seuls  mobiles  (fig.  40),  ou  qui  présen- 
tent les  plus  grands  mouvements  d'abaissement  et  d'élévation  alternatifs  (Coléoptères, 
Hanneton  se  préparant  à  prendre  son  vol  et,  suivant  l'expression  populaire,  «  comptant 
ses  écus  »)  ;  tantôt,  au  contraire,  ce  sont  les  arceaux  sternaux  qui  présentent  les  mou- 
vements de  plus  grande  amplitude  (fig.  50)  (Libellules,  Acridiens,  Diptères). 

3°  Chez  la  plupart  des  Insectes,  l'expiration  est  seule  active;  elle  s'effectue  au  moyen 
de  muscles  expirateurs  abdominaux,  dont  la  disposition  et  le  fonctionnement,  variables 
suivant  les  types,  ont  été  bien  étudiés  par  Plateau.  L'inspiration  est  presque  toujours 
passive,  et  a  lieu  sous  l'influence  de  l'élasticité  des  téguments  et  des  parois  trachéennes. 
Les  Hyménoptères  Porte-aiguillons,  les  Phryganes  et  les  Acridiens  ont  pourtant  des 
muscles  aidant  à  l'inspiration  {mu,  iig.  43). 

4°  Comme  corollaire  de  ce  qui  précède,  et,  contrairement  à  ce  qui  existe  chez  les 


Fig.  46.   —   Appareil  trachéen   d'un  Insecte 
(tigiiro  schématique). 

a,  antenne;  b,  cerveau;  n,  chaîne  nerveuse 
ventrale;  p.  j)alpe;  s,  stigmate;  st,  tronc 
stigmatique  ;  t,  tronc  trachéen  principal  ;  u, 
rameaux  ventraux  ;  vs,  rameaux  viscéraux. 
(D'après  Kolbk.) 


384 


INSECTES. 


Vertébrés  aériens,  l'expiration  est  toujours  plus  rapide  que  l'inspiration  et  s'efFectiie 
môme  souvent  d'une  façon  brusque. 

o»  Ctiez  beaucoup  d'Insectes,  on  constate  des  pauses  de  courte  durée,  qui  se  pro- 
duisent aprt's  chaque;  mouvement  inspiratoire,  jamais  en  expiration  ;  dans  un  grand 
nombre  d'espèces,  on  constate,  en  outre,  l'existence  d'arnHs  de  plus  longue  durée,  qui 
interrompent  de  temps  à  autre  la  série  des  mouvements  respiratoires,  et  qui  se  pro- 
duisent toujours  aussi  en  inspiration. 

6°  Le  nombre  des  mouvements  respiratoires  varie  à  un  haut  degré  suivant  l'activité 
musculaire  de  l'animal,  et  suivant  la  température. 

Mouvements  de  fermeture  et  d'ouverture  des  stigmates.  —  La  respiration  peut  se  tra- 
duire à  l'extérieur,  non  seulement 
par  les  mouvements  respiratoires  de 
l'abdomen,  mais  encore  par  ceux 
d'ouverture  et  d'occlusion  des  stig- 
mates. Bien  que  ces  mouvements 
stigmaliques  ne  soient  pas  liés  d'une 
faoon  constante  aux  premiers,  et  que 
l'Insecte  puisse  respirer  avec  des 
stigmates  restant  béants,  des  mouve- 
ments rythmiques  peuvent  pourtant 
s'y  manifester  fréquemment.  On  les 
observe  facilement  pour  les  oriQces 
stigmatiques  du  thorax,  en  tenant 
entre  les  doigts  une  Libellule  ou  un 
Acridien. 

FoLsoM  en  a  compté,  dans  ces  con- 
ililioiis,  de  30  à  90  par  minute,  sui- 
vant les  individus,  chez  un  Cri(iuet 
du  genre  Melanoplus.  D'après  le  même 
auteur,  les  stigmates  thoraciques 
s'ouvrent  presque  en  même  temps 
que  se  produisent  les  mouvements 
d'expansion  (inspirateurs)  de  l'abdo- 
men; leur  fermeture  s'effectue,  par 
contre,  en  même  temps  que  les  mou- 
vements de  contraction  ou  d'expira- 
tion. La  question  des  relations  qui 
existent  entre  les  mouvements  stig- 
matiques et  les  mouvements  respira- 
an,  œil  à  facettes;  a,  antenne  ;  h,,  ftj,  63,  les  3  paires  de  ■  1  1  >  -1  '  x  1 
pattes;  <6,  portion  du  tronc  trachéen  longitudinal  renflé  en  ^Ol^eS  abdominaUX  U  a  paS  ete,  toute- 
vésicule  aérienne;  s^  stitjmates ;  Itm.  œsophage  et  jabot;  fois,  étudiée  d'uue  façOU  complète.  Il 
cm,  ventricule chylifique;iv«,  tubes  de  MALPiGHi;r</, glandes  ^^^  probable  que,  lorsque  leS  mouve- 
rectales;  ed,  intestin  terminal.  (D'après  Leuckhart);  la  1  ri'  >-l  H  f 
chaîne  nerveuse  s'étend  sur  la  ligne  médiane  et  ventrale.        menls    d  OCClUSlOn    des    Stigmates    se 

produisent  d'une  façon  périodique,  ils 
se  font  au  début  de  l'expiration,  de  façon  que  la  pression  exercée  sur  les  gros  troncs 
trachéens  ou  les  sacs  aériens  puisse  lutter  contre  la  résistance  des  fines  ramifications 
trachéennes  (Landois).  A  ce  moment  l'air,  au  lieu  d'être  chassé  à  l'extérieur  et  vérita- 
blement expiré,  serait  donc  au  contraire  forcé  de  pénétrer  plus  profondément  dans  les 
tissus  (mécanisme  analogue  à  celui  réalisé  chez  un  homme  qui  fait  un  effort  d'expira- 
tion en  maintenant  sa  bouche  et  ses  narines  fermées). 

La  fermeture  des  stigmates  peut  être  produite  en  quelque  sorte  à  volonté  par 
l'Insecte,  lorsqu'il  veut  échapper  à  l'action  d'un  milieu  toxique.  C'est  ainsi  que  Milne 
Edwards  a  constaté  que  les  Charançons,  plongés  dans  de  l'air  contenant  une  forte  pro- 
portion d'acide  sulfhydrique,  fermaient  leurs  stigmates  el  pouvaient  résister  longtemps 
à  l'action  délétère  de  ce  gaz;  au  contraire,  des  Charançons  placés  dans  de  l'air  ne  conte- 
nant qu'une  petite  quantité  d'acide  sulfhydrique  continuent  à  respirer,  et  meurent  empoi- 
sonnés au  bout  d'un  temps  assez  court. 


KiG.  47.  —  Organisation  de  l'Abeille, 
facettes;  a,  antenne  ;    A|,  éj,  63,  les  3  paires    de 


INSECTES. 


335 


FiG.  48.  —  Coupe  scliéniati<iue  de 
l'abdomen  d'un  Lépidoptère  sphin- 
gide,  pour  montrer  le  rapproche- 
ment des  arceaux  tergaux  et  ster- 
naux  pondant  rc'xjiiration,  r.n  même 
temps  que  la  niembrano  molle  inter- 
médiaire se  déprime.  (D'après  Pla- 
teau.) 


LowNE,  dans  sa  monojjîraplue  de  la  Mouclie  bleue,  a  exposé  une  théorie  de  la  res- 
piration des  Insectes  s'écartant  beaucoup  de  l'opinion  courante.  D'après  lui,  chez  la 
Mouche  bleue,  le  second  stigmate  thoracique  est  exclusivement  oxpirateur,  l'air  qui  en 
sort  contribuant  au  bourdonnement.  Tous  les  autres  stigmates  sont,  au  contraire,  in- 
spirateurs, [/inspiration  serait  indépendante  des  mouvements  des  segments  abdomi- 
naux et  se  ferait  sous  l'influence  de  dilatations  et  de  contractions  rythmiques  se  pro- 
duisant au  niveau  de  chambres  vestibulaires  placées 
entre  les  stigmates  et  les  troncs  trachéens  correspon- 
dants. Ces  chambres  vestibulaires,  pourvues  à  leur 
entrée  et  à  leur  sortie  d'un  appareil  valvulaire  s'ouvrant 
vers  l'intérieur,  agiraient  ainsi  comme  des  pompes  pui- 
sant l'air  à  l'extérieur  pour  le  forcer  à  l'intérieur  du 
.système  trachéen.  Il  entrerait  alors  par  les  stigmates 
plus  d'air  qu'il  n'en  sortirait,  et  ainsi  se  trouverait 
expliqué  ce  fait  que  la  pression  existant  à  l'intérieur 
des  trachées  est  notablement  supérieure  à  la  pression 
atmosphérique.  Grcàce  à  cet  excès  de  pression,  une  bonne 
partie  des  gaz  habituellement  expirés  par  les  autres 
animaux  filtrerait  chez  les  Insectes  au  travers  des  tégu- 
ments. 

Innervation.  —  Les  mouvements  respiratoires  abdo- 
minaux sont  purement  réilexes  et  sous  la  dépendance 
des  ganglions  abdominaux  (Pl.\teau),  et  non  pas  du 
ganglion  métathoracique,  comme  F.\ivre  l'admettait. 

L'ablation  des  ganglions  cérébroïdes  a  pour  résultat 
habituel  de  ralentir  les  mouvements  respiratoires  ou  de  diminuer  leur  amplitude,  mais 
ne  trouble  pas  leur  coordination  (Plateau). 

2°  Phénomènes  chimiques  de  la  respiration.  Activité  respiratoire.  —  Le  sang 
ne  joue  qu'un  rôle  restreint  dans  les  échanges  gazeux  chez  les  Insectes,  et  c'est  directe- 
ment, entre  les  organes  eux-mêmes  et  les  ramifications  trachéennes  qui  s'y  rendent, 
que  s'elTeclue  la  plus  grande  partie  de  ces  échanges.  Les  trachées  semblent  se  terminer, 

le  plus  souvent,  par  un  réseau  capillaire 
intercelhilaire  :  c'est  au  niveau  de  ce  réseau 
rempli  de  liquide,  suivant  les  uns,  d'air, 
suivant  les  autres  (Wistinghausen,  1890; 
HoLMGREN,  1896),  que  se  font  les  oxydations 
résultant  de  la  respiration,  et  Johanny  Martin 
(1893),  en  injectant  de  l'indigo  blanc  dans 
le  corps  de  diverses  larves  d'Insectes,  a  pu 
constater  que  l'indigo  était  réduit,  et  passait 
à  l'état  d'indigo  bleu  uniquement  autour 
du  réseau  des  terminaisons  trachéennes. 

D'après  M.  von  Linden,  de  nombreux  pig- 
ments, par  leurs  combinaisons  instables 
avec  l'oxygène,  joueraient  un  rôle  important 
dans  la  respiration  des  tissus;  mais  il  serait 
utile  que  ces  faits  fussent  confirmés. 
L'atmosphère  interne  des  Insectes  contient  toujours  beaucoup  moins  d'oxygène  que 
l'air  extérieur  (3,6  à  15,6  0/0)  et  elle  est  d'autant  plus  riche  en  oxygène  que  l'activilé 
vitale  de  l'animal  est  moindre,  phénomène  rappelant  ce  qui  se  produit  pour  les  feuilles 
des  végétaux  (Peyron).  A  mesure  que  la  température  s'élève,  l'oxygène  libre  diminue 
et,  lorsqu'elle  devient  fort  élevée,  on  ne  rencontre  plus  guère  que  du  CO-  dans  l'air 
intérieur  de  l'Insecte  (Peyron).  Il  faut  rapprocher  de  ce  qui  précède  les  résultats  des 
recherches  de  BCtschli,  tendant  à  démontrer  que,  à  des  températures  relativement 
basses,  une  partie  notable  de  l'oxygène  inspiré  est  mise  en  réserve  dans  l'organisme, 
tandis  qu'à  des  températures  plus  élevées  tout  l'oxygène  est  employé  pour  les  com- 
bustions. 


FiG.  49.  —  Coupe  schématique  de  l'abdomen  d'un 
Coléoptère  scarabéide  pour  montrer  les  mouve- 
ments alternatifs  d'aljaissement  et  d'élévation  des 
arceaux  tergaux,  pendant  la  respiration.  (D'après 
Plateau.) 


336 


INSECTES. 


FiG.  50,—  Coupe  schématique  de  l'abdomen 
de  la  Lucilia  cœsar,  pour  montrer  les  mou- 
vements alternatifs  d'élévation  et  d'abais- 
sement des  plaques  sternales  et  des  flancs 
pendant  la  respiration.  (D'après  Platkau.) 


CO- 

Le  quotient  respiratoire    „     est  généralement,  chez  les  Insectes,  assez  inférieur  à 

l'unité.  Variable  suivant  les  phases  de  l'évolution,  il  a  été  trouvé  par  Regnault  et  Reiset 
de  0,74  à  0,81  chez  le  Ver  à  soie  à  la  fin  de  la  croissance,  tandis  que  chez  la  chrysalide, 
il  n'était  plus  que  de  0,64  (Voir  plus  loin  le  chapitre  Métamorphoser.) . 

D'après  les  recherches  récentes  (1909)  de 
M.  Pauhon,  il  est,  chez  les  Abeilles,  très  voisin 
de  l'iiiiité  et  varie  peu  avec  les  saisons,  circon- 
stance qui  s'explique  par  ce  fait  qu'elles  brûlent 
constamment  du  glucose. 

Pendant  le  jeûne  la  quantité  de  CO-  éliminée 
diminue,  et,  chez  la  Blatte  privée  de  nourriture 
depuis  quelques  jours,  on  peut  constater  une 
baisse  soudaine  et  assez  considérable  dans  la  pro- 
duction de  ce  gaz  (BOtschli). 

L'exercice  musculaire  a  une  grande  influence 
sur  l'activité  de  la  respiration  :  l'accélération  des 
mouvements  respiratoires  qu'elle  détermine  l'atteste  déjà  et  l'analyse  des  gaz  expirés 
nous  en  donne  une  preuve  nouvelle  :  d'après  Newport,  un  Bourdon,  ù  l'état  de  repos,  ne 
produisait  que  0,30  0/0  de  CO'^  en  24  heures,  tandis  que  le  même  individu,  s'agitant  avec 
violence,  en  dégageait  0,34  dans  l'espace  d'une  heure  ;  l'activité  respiratoire  était  donc 
devenue  27  fois  plus  grande  chez  l'animal  passant  de  l'état  de  repos  à  l'état  d'excitation. 

L'intensité  des  échanges  respiratoires  est  en  rapport 
direct  avec  la  température  (Treviranus,  IîCtschli,  Vku- 
non).  C'est  ainsi  que,  dans  une  expérience  de  Bltsculi 
sur  la  Blatte,  faite  à  une  température  de  32°,  la  quan- 
tité de  CO^  expirée  fut  dix-sept  fois  plus  forte  que  dans 
une  autre  expérience  faite  à  3°.  Cette  dépendance  de 
la  température  extérieure  est  même  plus  grande  pour  les 
Insectes  que  pour  les  autres  animaux  à  sang  froid  (Ver- 
tébrés inférieurs,  Escargots,  Ver  de  terre)  et  chez  eux 
l'élimination  de  CO-  varie  d'une  façon  complètement  gra- 
duée à  mesure  que  la  température  augmente  ou  diminue 
(Vernon). 

La  température  à  laquelle  les  Insectes,  à  égalité  de 
poids,  produisent  une  quantité  de  CO-  correspondante  à 
celle  des  animaux  à  sang  chaud  est  notablement  plus 
basse  que  celle  de  la  température  du  corps  de  ces  der- 
niers animaux  (Bûtschli),  et  l'on  peut  dire  que,  à  l'état 
de  pleine  activité  vitale,  l'Insecte  est  l'animal  qui  respire 
le  plus  énergiquement  à  égalité  de  poids  de  matière 
vivante.  On  serait  tenté  de  conclure  de  tout  ce  qui  pré- 
cède et  de  l'ensemble  des  expériences  faites  sur  la  ques- 
tion que  la  respiration  des  Insectes  a  une  énergie  supé- 
rieure à  celle  des  Mammifères  ou  des  Oiseaux.  Il  n'en  est 
rien  pourtant;  car  il  faut  tenir  compte  de  la  taille  de 
l'animal  considéré  :  on  sait  par  exemple  que,  tandis 
qu'un  Rat  absorbe  l'400  à  l'500  d'oxygène  par  kilo  d'ani- 
mal h  0="  et  à  760™™  Hg.  (Pachon),  l'Homme  n'en  absorbe 
que  0'300  (V^ierordt),  dans  des  conditions  semblables.  La 
différence  de  taille  existant  entre  les  Insectes  et  les 
petits  Mammifères  étant  en  général  très  considérable,  il  y  a  donc  lieu  d'en  tenir  compte 
dans  une  large  mesure  et,  pour  avoir  des  données  comparables,  il  faudrait  rapporter  la 
consommation  de  0  ou  l'élimination  de  CO^  [non  pas  à  l'unité  de  poids  (kilo  d'animal), 
mais  à  l'unité  de  surface  (mètre  carré). 

11  est  1res  difficile  de  savoir  quels  sont,  chez  les  Insectes,  les  caractères  de  l'air  qui, 
à  un  moment  donné,  est  rejeté  à  l'extérieur,  après  avoir  servi  à  la  respiration  des  tissus,. 


V<^7^' 


FiG.  51.  —  Coupe  sagittale  d'un 
stigmate  du  ver  à  soie  (Bombyx 
mort),  au  2p  âge. 

st,  stigmate  ;  u,  valvule  de  l'appareil 
de  fermeture,  placrie  en  arriére  de 
l'atrium  stigmatique;  b,  bras  de 
levier,  sur  lequel  agit  le  muscle 
»!,  au  moment  de  l'ouverture, 
pour  écarter  le  bord  supérieur  chi- 
tinisé  ou  archet  (a)  de  la  valvule 
précédente;  ip,  épithéliiim  des 
téguments  (hvpoderme)  ;  l'p',  épi- 
thélium  de  l'atrium  stigmatique  ; 
et,   cuticule  ;  t,  trachées.  (D'après 

VeRSON  et  QCAJAT.) 


INSECTES. 


33? 


de  comparer  on  un  mot  l'air  expiré  à  l'air  normal  inspiré.  Nous  n'avons  guère  à  ce 
sujet  que  les  données  de  Lowne  qui  sont  établies  sur  des  bases  bien  fragiles  et 
s'appuient  surtout  sur  une  théorie  de  la  respiration  n'ayant  guère  été  jusqu'à  présent 
admise  que  par  lui-même.  (Voir  ci-dessus.) 

D'après  Lowne,  qui  considère  l'expiration  stigmatique  des  Insectes  comme  très  réduite 
la  totalité  ou  la  presque  totalité  de  l'oxygène  inspiré  par  les  stigmates,  une  fois  entrée, 
ne  sortirait  plus  et  serait  absorbée.  PJn  elfet,  chez  le  Hanneton,  les   18  vestibules  stig- 
matiques  présentent  chacun  environ   120  contractions  par  minute.  La  capacité  de  ces 
18  sacs  réunis  pouvant  être  approximativement  évaluée  à  8  centimètres  cubes,  il  en  résul- 
terait  que,   en   une    heure, 
ils  pourraient   faire    entrer 
7200  millimètres  cubes  d'air 
dans    les    trachées.    Or    on 
peut  constater  que,  si  l'on 
place  un  Hanneton  dans  un 
espace  équivalant  à  7  cen- 
timètres    cubes     d'air,    au 
bout  d'une  heure,  tout  l'oxy- 
gène est  épuisé.  On  peut  en 
conclure,  d'après  Lowne,  que 
l'air  qui  est  entré   par  les 
stigmates    a    cédé    presque 
tout  son  oxygène  à  l'Insecte. 
Cette  rapide  absorption  de 
l'oxygène  par  les  tissus  ré- 
sulterait encore,  fait  remar- 
quer le  même    auteur,  des 
données  de  Peyron,  d'après 
lesquelles  l'atmosphère  in- 
terne des  Insectes  est  beau- 
coup moins  riche  en  oxygène 
que  l'atmosphère  externe,  et 
elle    s'expliquerait    par    la 
forte  tension  gazeuse  (50  à 
75™'"Hgdeplus  que  la  pres- 
sion atmosphérique)  existant 
à    l'intérieur    du    système 
trachéen.  La  difficulté  que 
l'on  éprouve  à  expliquer  le 

-Il  i  A     V    '    A  ^^'"  ^^'  —  '^'  Larve  d'Anophèles  à  moitié  de  sa  croissance,  placée  hori- 

renoUA  eiiemeni  ae  l  air  dans      zontalement  au  dessous  de  la  surface  do  Teau  et  faisant  affleurer  son 
les  trachées  les  plus  fines  et      court  siphon  stigmatique  ;  fi,  la  même,  vue  par  derrière. 
l'élimination  de  CO- avec  un  ^'  ^'^''v^  lio  Culcx,à  moitiô  de  sa  croissance,  susjjcnduo  oblir]Uoment  au- 
.,  ...  dessous  de  la  surface  de  l'eau  par  son  long  siphon  stigmatique;  />,  la 

appareil     respiratoire     COn-      même  vue  par  derrière.  (D'après  How.mD.) 

struit     comme     celui     des 

Insectes  (Voir  Gr.vham,  1833,  .1.  Lubbock,  1860,  etL.^NDOis),  conduit  Lowne  à  penser  que 
celte  élimination  parles  trachées  est  nulle  ou  de  faible  importance  à  côté  de  celle  qui 
doit  se  faire  par  les  téguments  :  on  sait,  en  effet,  par  l'expérience  (Peyron)  que  la  tension 
du  CO-  dans  le  sang  des  Insectes  est  considérable,  et  ce  fait  permet  d'expliquer  la  diffu- 
sion duCO-  dans  l'atmosphère  parles  téguments. 

Quant  à  l'azote  provenant  de  l'air  inspiré,  il  serait,  d'après  Lowne,  éliminé  partielle- 
ment par  difiusion  au  travers  des  téguments,  partiellement  par  les  stigmates  postérieurs 
Ihoraciques,  qui  seuls  joueraient  un  rôle  expirateur. 

Les  conclusions  de  Lowne  reposent  sur  des  faits  trop  insuffisamment  établis,  pour 
qu  on  puisse  les  admettre  comme  acquises  à  la  science.  Nous  avons  cru  pourtant  devoir 
les  rappeler,  parce  qu'elles  peuvent  suggérer  des  recherches  de  contrôle  ou  des  expé- 
riences nouvelles  susceptibles  de  contribuer  aux  progrès  de  nos  connaissances  sur 
ce  chapitre  encore  mal  connu  de  la  physiologie  des  Insectes. 


DICT.    DE  PHYSIOLOGIE.    —   TO.ME   IX. 


22 


338 


INSECTES. 


de  l'eau;  à  tlroito,  larvo 
descendante,  i  D'après 

.SWAMMKRDAM. 


3°  Résistance  à  l'asphyxie.  — La  résistance  à  l'asphyxie  par  submersion  est  en  géïK^ral 
très  grande,  mais  plus  considérable  encore  chez  les  larves  que  chez  les  adultes.  Le 
Hanneton  par  exemple  peut  Cire  immergé  dans  l'eau  plus  de 
trois  jours,  tomber  en  état  de  mort  apparente  et  revenir  assez 
ra[)idement  à  la  vie  lorsqu'il  est  sorti  de  l'eau.  Des  chenilles 
peuvent  rester  dix-huit  jours  sous  l'eau  sans  périr  (Lyo.nnet).  Il 
est  à  peu  près  impossible  de  noyer  des  larves  de  Diptères. 

Les  Insectes  peuvent  aussi  rester  longtemps  dans  les  gaz 
inertes  sans  périr.  D'après  Plateau,  les  Insectes  aquatiques  à  res- 
piration aérienne,  résistent  généralement  moins  à  la  submersion 
que  les  terrestres,  ce  qui  semble  dil  à  ce  que,  étant  dans  leur 
élément  naturel,  ils  se  donnent  beaucoup  plus  de  mouvement  et 
font  ainsi  une  plus  grande  dépense  respiratoire.  An  liou  d'em- 
ployer l'eau  pour  déterminer  Tasphyxie,  si  l'on  fait  usage  d'un 
liquide  capable  de  mouiller  la  chitine,  la  mort  survient  beaucoup 
tu;  53.  —  Larvcdu  \^^  rapidement.  Une  chenille  dont  on  couvre  d'huile  d'olive  les 

Stratiomys  Lnamœl-!fiit.         '  '  .  .  ,, 

A  gauche,  larve  flottant    Stigmates  meurt  en  quatre  ou  cinq  minutes  et  1  on  peut  constater 
ot  respirant  à  la  surface     que   l'iiuile    pénètre   par  capillarité   dans    les    trachées    malgré 
l'appareil  d'occlusion  ^Lavehan,  B.  IL,  ui,  42,  1900).  Les  Insectes 
aquatiques  succombent  moins   facilement  à  l'asphyxie  par  les 
corps    gras,   et  ont   à   ce  point   de  vue   divers  mécanismes  de 
défense  (Puhtier,  B.   liiol.,  lwi,  490,   1009). 

4°  Respiration  des  Insectes  aquatiques.  —  a  Hesplration  de  l'air  en  natwc.  —  La  plu- 
part des  Insectes  vivant  dans  l'eau  sont  pourvus  de  stigmates  et 
viennent  respirer  l'air  à  la  surface.  Les  Coléoptères  aquatiques 
emportent  sous  l'eau  une  provision  d'air  emmagasinée  entre  la 
partie  postérieure  du  dessous  des  élytres  et  la  région  dorsale  de 
l'abdomen  (Dytique),  ou  retenue  sous  la  face  ventrale  par  un  revê- 
tement de  poils  très  fins  (Hydrophile)  :  c'est  dans  cette  couche  d'air 
que  s'ouvrent  les  stigmates.  Chez  le  Dytique,  d'après  Shaup,  la  prise 

d'air  dure  en  moyenne  5 i",  l'immersion  dure8'20'7  rapport  =—— 

Pour  la  femelle  de  la  même  espèce  le  rapport  s'abaisse  à  -r-—r. 

i.j,OU 

et,  chez  toutes  les  espèces  de  Coléoptères  aquatiques  qu'il  a  exa- 
minés, Sharp  a  trouvé  que  la  respiration  était  plus  active  chez  le 
mâle  que  chez  la  femelle. 

Tandis  que  le  Dytique  vient  prendre  l'air,  en  se  laissant  natu- 
rellement remonter  à  la  surface  et  en  faisant  émerger  l'extrémité 
de  son  abdomen,  l'Hydrophile  vient  se  placer  presque  horizonta- 
lement à  la  surface  de  l'eau  et  se  renverse  légèrement  sur  le  côté 
de  façon  à  faire  aflleurer  Tun  des  côtés  du  prothorax  et  de  la  tôte. 
La  fente  qui  sépare  ces  deux  parties  et  en  face  de  laquelle  se 
trouve  l'antenne,  est  utilisée  par  l'Insecte  comme  une  sorte  de 
bouche  à  l'aide  de  laquelle  il  vient  boire  l'air  à  la  surface.  Dans 
cette  fente  se  trouve,  en  effet,  une  provision  d'air  emmagasinée  et 
qui  s'y  trouve  retenue  par  l'antenne  curieusement  adaptée.  Au 
moment  où  l'Insecte  se  présente  à  la  surface,  lantenne,  en  forme 
de  palette  velue,  s'écarte  et  sort  de  Teau,  elle  attire  avec  elle  la 
vieille  provision  d'air  vicié  et  rompt,  au  moment  où  elle  sort,  la 
fine  membrane  liquide  et  résistante  qui  sépare  l'air  emprisonné  de 
l'air  extérieur  :  la  provision  peut  être  ainsi  renouvelée.  Cette  pro- 
vision du  reste  n'est  pas  limitée  à  la  fente  séparant  la  tète  du 
prothorax,  mais  se  prolonge  sur  les  côtés  du  corps  et  sous  l'abdomen,  où  elle  est  retenue 
en  plaques  argentées  par  des  poils  nombreux.  Il  y  a  de  plus  une  provision  d'air  sous 
les  élytres  comme  chez  le  Dytique.  On  admet  habituellement  que  toutes  ces  réserves 
sont  en  communication  les  unes  avec  les  autres  et  se  renouvellent  d'avant  en  arrière. 


FiG.  54.  —  Larve 
i.'Eristale. 

stigmate  antérieur; 
6,  stigmate  postérieur. 
(D'après  Berlese.) 


INSECTES. 


339 


grâce  au  mécanisme  de  l'antenne  agissant  comme  une  sorte  de  palette  articulée,  les 
divers  stigmates  n'ayant  plus  alors  qu'à  puiser  dans  la  provision  ainsi  rassemblée. 
Pourtant,  d'aprc's  les  recherches  récontes  de  HnocHEu,  les  grands  stigmates  prothora- 
cique  sont  seuls  inspirateurs  et  l'air  ne  s'emmagasine  sous  les  élytres  qu'après  avoir  été 
inspiré  par  ces  stigmates  antéritMirs,  avoir  traversé  les  sacs  aériens  et  avoir  enfin  été 
expiré  par  les  stigmates  abdominaux  débouchant  sous  les  ailes;  ces  derniers  n'auraient 
alors  qu'une  fonction  expiratrice;  quant  àj l'air  emmagasine  sons  les  élytres  et  qui 
peut  déborder  ensuite  latéralement  et  sur  la  face  ventrale,  il  aurait  surtout  pour 
rôle  de  diminuer  le  poids  spécifique  de  l'Insecte. 

Parmi  les  Hémiptères,  les  Nèpes  et  les  Ranàtres 
vont  chercher  l'air  à  l'aide  d'un  long  tube,  formé 
de  deux  gouttières  accolées,  qui  termine  l'abdo- 
men et  aboutit  à  une  paire  de  stigmates  placée  à 
la  partie  postérieure*.  Les  larves  de  Culicides 
(fig.  52),  de  Stratiomes  (fig.  53),  etc.,  ont  à  la  partie 
postérieure  de  leur  corps  un  siphon  respiratoire 
s'évasant  en  une  collerette  ;  pour  respirer,  elles  le 
font  affleurer  à  la  surface  et  restent  suspendues 
par  la  force  de  tension  superficielle,  alors  même 
qu'elles  sont  plus  lourdes  que  l'eau  (Culex).  Les 
larves  d'Eristales  (vers  à  queue  de  rat)  ont  un 
siphon  très  extensible  en  forme  de  queue  exsertile 
qui  permet  à  l'animal,  vivant  dans  des  eaux  peu 
profondes,  de  venir  chercher  l'air  à  la  surface,  sans 
quitter  la  vase  où  il  se  trouve  (fig.  54). 

Portier  a  récemment  attiré  l'attention  sur  le 
mécanisme  qui  s'oppose  à  la  pénétration  de  l'eau 
dans  le  système  trachéen  chez  la  généralité  des 
Insectes  aquatiques  qui  viennent  respirer  l'air  en 
nature  à  la  surface.  Les  stigmates 
sont  fermés  par  occlusion  gazeuse  au 
moyen  d'une  bulle  logée  dans  une 
chambre  prést igmatiqiie.  Chez  les  che- 
nilles aquatiques   des  Hydrocampa, 
qui  ont  une  respiration  purement 
stigmatique  semblable    à   celle   de 
toutes  les  chenilles,  il  n'existe  pas 
de  chambre  préstigmatique  propre- 
ment dite  ;  mais  le  fourreau  formé 
de  deux  morceaux  de  feuilles,  dans 
lequel  elles  vivent,   est  intérieure- 
ment tapissé  de  soie  qui  ne  se  laisse 

pas  mouiller  par  l'eau  et  est  rempli  Fig.  55.  —  Larve  d'Ephémère  {Cloeopsis)  grossie,  pour  montrer 

d'air,  de  sorte  que  ce  fourreau  joue      î"'  ^"P*  P^''"*'^  ''"  '^'"''^  branchiales  kt;  Tk,  l'une  des  lames 
,        .    ,       .  "^  branciuales  grossie  et  isolée. 

physiologiquement    le    rôle    de    la 

chambre  préstigmatique;  il  en  est  de  même  pour  l'espace  rempli  d'air  qui  existe  chez 

le  Dytique,  l'Hydrophile,  etc.,  entre  la  partie  supérieure  de  l'abdomen  et  les  élytres 

bombés. 

Un  bon  nombre  d'Insectes  à  respiration  aérienne  qui  vivent  au  bord  des  eaux,  sans 
être  adaptés  à  la  vie  aquatique,  peuvent  rester  immergés  pendant  une  partie  de  leur 
existence.  Plateau  (1890)  en  a  dressé  une  liste  assez  complète.  Parmi  ceux  qui  vivent 
au  bord  de  la  mer,  l'un  des  plus  remarquables  est  WEpm  Robini  qui  emmagasine  l'air 


\.  Cet  air,  après  avoir  traversé  le  corps,  est  évacue  par  des  stigmates  thoraciqucs  dorsaux  et 
va  s'emmagasiner  sous  les  ailes,  qui  retiennent  ainsi  une  provision  d'air  pouvant  être  aspiré  à 
nouveau  par  ces  stigmates  thoraciques.  La  Nèpe  adulte  peut  rester  beaucoup  plus  longtemps 
sous  leau  que  la  larve,  qui,  n'ayant  pas  d'ailes,  ne  peut  faire  de  provision  d'air  (Brocher,  1908). 


340 


INSECTES. 


par  le  reviHoinent  pileux  de  son  corps  et  dans  deux  sacs  aériens  en  rapport  avec  les 
stijjmates  postérieurs  (Miall,  Aqiuitic  Insccts,  1895). 

C.  Respiration  de  l'air  dissous.  —  Un  certain  nombre  de  larves  aquatiques  ont  leurs 
stigmates  complètement  fermés  apiieusliquesiet  ne  peuventrespirer  que  lair  dissous  dans 
l'eau.  Celte  respiration  s'effectue  soit  uniformément  par  toute  la  surface  cutanée  (larves 
de  ChironomuSy  de  Core</jca),soit  en  se  localisant  au  niveau  des  branchies  Imchccnnes.  Le 
T)lus  souvent  les  branchies  sont  externes  et  fixées  sur  les  segments  abdominaux;  elles 
se  présentent  sous  la  forme  d'expansions  foliacées  ila  plupart  des  larves  d'Ephémérides 
[fig.  55]  et  celles  des  Agrionides),  d'appendices  plumeux  (larves  de  Gyrinides  [fig.  56])^ 
ou  de  filaments  (larves  de  Sialis,  de  Phryganes  et  de  certaines 
Éphémérides  parmi  les  Névroptères,  chenilles  de  Paraponyx 
parmi  les  Lépidoptères).  Chez  les  larves  d'Ephémères  (fig.  55), 
les  lamelles  branchiales  sont  animées  de  mouvements  réguliers 
et  se  déplacent  souvent  d'une  façon  simultanée  et  rythmée;  chez 
les  larves  de  Phryganes,  les  chenilles  de  I'inaj>ony.v,  etc.,  les 
branchies  ne  présentent  pas  de  mouvements  actifs;  mais  l'abdo- 
men est  anim'^  de  mouvements  ondulatoires  et  rythmés  qui 
déterminent  h-ur  agitation  et  peuvent  établir  un  courant  d'eau 
dans  l'enveloppe  protectiice  dont  la  larve  se  trouve  entourée. 
Dans  d'antres  cas,  les  branchies  sont  internes  et  renfermées 
dans  la  portion  rectale  dilatée  du  tube  digestif  (larves  de  Libel- 
lules [fig.  57])  et  la  respiration  s'effectue  alors  au  moyen  de 
dilatations  et  de  contractions  alternatives  qui  font  entrer  ou 
soitir  l'eau  rx-cessaire  pour  la  respiration  (respiration  rectale 
signalée  d'abord  par  Hkaimub).  Chez  les  larves  de  Prosopistonies, 
Ephémérides  étudiées  par  VAVssii^;RE,  il  y  a  une  véritable  chambre 
branchiale,  physiologiquement  comparable  à  celle  des  Crus- 
tacés décapodes. 

Chez  certaines  larves  de  Coléoptères,  enfin,  (Potamopliilus, 
Macronychus),  il  y  a  des  aigrettes  branchiales  qui  peuvent  alter- 
nativement s'épanouir  au  dehors  ou  rentrer  à  l'intérieur  d'une 
cavité  pourvue  d'un  opercule  et  placée  à  la  partie  postérieure 
de  l'abdomen  (J.  Dlkol'ii  et  .1.  Pkrez,  1802). 

Quelle  que  soit  d'ailleurs  leur  disposition,  les  trachées  se 
ramifient  dans  les  branchies  ou  se  continuent  avec  elles  et  leur 
lumière  ne  se  trouve  séparée  de  l'eau  qui  baigne  l'organe  que 
par  une  mince  membrane  tégumentaire.  L'échange  des  gaz  se 
fait  entre  les  trachées  et  le  milieu  aquatique  au  travers  des 
parois  branchiales. 

D'après  Dutrochet,  les  seules  forces  de  l'osmose  suffisent 
pour  maintenir  dans  les  trachées  des  Inanchies  le  milieu  utile 
à  la  respiration,  ce  qui  est  bien  invraisemblable. 
Paul  Bert  pense,  au  contraire,  qu'il  y  a  lieu  de  tenir  compte  d'une  sécrétion  d'oxy- 
gène analogue  à  celle  qui  s'opère  dans  la  vessie  natatoire  des  Poissons  (Voir  aussi  Miall, 
Aqualic  Insects,  p.  37-39). 

Il  convient  de  dire  que  les  modes  de  respiration  qui  viennent  d'être  signalés  ne  sont 
pas  toujours  exclusifs,  sans  parler  de  la  respiration  tégumentaire  générale  qui  peut 
accompagner  les  respirations  branchiales  :  c'est  ainsi  que  les  larves  de  Potamophile  et 
de  Macronyche,  malgré  la  présence  de  leurs  aigrettes  branchiales,  ont,  sur  l'abdomen 
et  le  thorax,  des  stigmates  fonctionnels  (J.  DuFOun);  chez  certaines  larves  d'Agrions 
(Caloptéryx)  on  trouve  à  la  fois  des  feuillets  branchiaux  abdominaux  externes  et  une 
poche  rectale  munie  de  branchies.  H.  Dewitz  a  montré  en  outre  que  les  larves  d'Agrions 
ou  de  Libellules  n'ont  pas  leurs  stigmates  thoraciques  entièrement  fermés  pendant 
toute  leur  existence  et  qu'ils  peuvent  vers  la  fin  de  leur  évolution  les  utiliser  pour  res- 
pirer l'air  en  nature.  Entin  les  larves  de  Libellules  (yEschnes)  peuvent  dans  certaines 
circonstances  venir  remplir  leur  poche  rectale  avec  de  l'air  puisé  à  la  surface.  Ces  phé- 
nomènes de  respirations  multiples  perruettent  de  comprendre  comment  Paul  Bert  a  pu 


Fia.  56.  —  Larve  do  Gi/ri- 
nus     marinus.      (D'après 

SCHIÔDTE.) 


INSECTES. 


341 


conserver  en  vie  des  larves  d'Agrion  après  leur  avoii'  coupé  complètement  leurs  feuil- 
lets branchiaux,  et  assister  à  la  régénération  de  ces  der- 
niers, sans  que  les  larves  aient  paru  jusque-là  souffrir  de 
leur  absence. 

XI.  —   CHALEUR  ANIMALE'. 

Maurice  Girard,  à  qui  l'on  doit  les  principales  e'tudes  sur 
cette  question,  estimait  que  les  Insectes  pouvaient  repré- 
senter, au  point  de  vue  de  la  chaleur  animale,  un  groupe 
spécial  qu'il  désignait  sous  le  nom  d'animaux  à  tempéra- 
ture mixte,  groupe  intermédiaire  entre  les  animaux  à  tem- 
pérature constante  et  ceux  à  température  variable. 

Toujours  est-il  que,  chez  la  plupart  des  Insectes  par- 
faits, la  température  peut  s'élever  beaucoup  au-dessus  de 
la  température  extérieure,  et  se  maintenir  longtemps  à  ce 
degré  d'élévation  ;  cela  s'observe  surtout  d'une  façon  très 
marquée  chez  ceux  qui  sont  pourvus  d'ailes  et  en  parti- 
culier chez  les  Abeilles.  Les  larves  et  les  nymphes  n'offrent, 
par  contre,  que  de  petits  excès  de  chaleur  propre. 

La  quantité  de  chaleur  dégagée  varie  d'ailleurs  beau- 
coup suivant  les  types  que  l'on  considère  et  surtout  sui- 
vant leurs  degrés  d'activité. 

Il  est  facile  de  constater  le  dégagement  de  chaleur  dans 
les  agglomérations  d'Insectes.  Dans  les  ruches,  au  moment 
de  l'excitation  de  l'essaimage,  la  chaleur  se  maintient 
à  32°.  En  hiver,  après  excitation  des  Abeilles,  on  peut  con- 
stater un  excès  de  38°  sur  la  température  de  l'air  ambiant. 
A  l'état  d'activité  normale  et  sans  excitation  préalable,  en 
mai  ou  juin,  on  peut  observer  dans  les  ruches  un  excès 


1.  Cet  article  était  déjà  sous  presse,  lorsque  nous  avons  eu 
■connaissance  des  recherches  toutes  récentes  de  M""  M.  Parhon 
[Les  échanges  nutritifs  chez  les  Abeilles,  Ann.  Se.  Nat.,  1909) 
qui  viennent  apporter  une  importante  contribution  à  la  question. 
Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  les  Insectes  non  sociaux,  les 
Abeilles  se  rapprochent  beaucoup  des  homéothermes.  Toutefois 
elles  ne  sont  homéothermes  que  si  on  ne  sépare  pas  l'individu 
de  la  collectivité.  La  température  de  la  ruche  varie  peu  pendant 
les  ditférentes  saisons  (moyenne  de  32°, 4  en  hiver  et  de  33°, 8  en 
été).  Il  en  résulte  que,  pendant  la  belle  saison,  les  Abeilles 
doivent  produire  en  moyenne  seulement  12°  de  chaleur  pour 
maintenir  constante  la  température  de  la  ruche,  tandis  que,  dans 
la  mauvaise  saison,  elles  doivent  produire  jusqu'à  40°.  Parallèle- 
jnent,  on  observe  un  accroissement  considérable  des  échanges 
respiratoires  pendant  la  période  hivernale.  Les  Abeilles  luttent 
donc  contre  le  froid  en  augmentant  les  combustions.  Elles  luttent 
contre  la  clialeur  en  diminuant  ces  dernières  et  en  éliminant  une 
plus  grande  quantité  d'eau  par  la  surface  respiratoire.  —  Les 
faits  qui  précèdent  tendent  à  faire  admettre  chez  les  Abeilles 
l'existence  d'un  système  nerveux  thermo-régulateur  ne  fonction- 
nant que  lorsqu'elles  sont  en  société.  Les  nombreux  résultats 
expérimentaux  de  l'auteur  semblent  en  outre  démontrer  l'exis- 
tence d'une  curieuse  adaptation  saisonnière  de  ce  système  régu- 
lateur, adaptation  qui  se  manifeste  en  ce  que,  poiiv  une  même 
température,  de  20°  par  exemple,  l'Insecte  réagit  en  hiver  au 
point  de  vue  des  échanges  respiratoires  d'une  façon  beaucoup 
plus  vive  qu'en  été.  On  trouvera  dans  le  mémoire  de  M.  Parhon 
des  renseignements  très  utiles  sur  la  technique  applicable  aux 
recherches  sur  les  échaag.î3  gazeux  et  n'itritifs  clie/.  les  Insectes 
•t-ant  les  appareils  adoptés  pour  réaliser  les  expériences. 


FiG.  57.  —  Appareil  respiratoire 
d'une  larve  do  Libellule. 

)•,  rectum  transformé  en  chambre 
branchiale,  avec  ramifications 
trachéennes  ;  s,  s' ,  stigmates 
thoraeiques  imperforés  pendant 
la  1"  partie  de  l'existence  lar- 
vaire; «,  le»  cinq  appendices 
occluseurs  de  la  chambre  bran- 
chiale ;  c,  cerveau  et  lobes  opti- 
ques ;  /,  lèvre  inférieure  transfor 
mée  en  appareil  préhenseur;  tr, 
troncs  trachéens  longitudinaux. 
(IVaprôs  GazaciNaire,  figure  em- 
pruntée à  KtJNCKEL.) 

ainsi  que  des  figures  représen- 


3i9  INSECTES. 

de  lo»  sur  l'air  ambiant;  dans  les  nids  de  Bourdons,  un  excès  de  6"  à  8°;  dans  les  Guê- 
piers, de  14°  il  15°;  dans  les  Fourmilières,  de  8"  à  12°  (New-pout). 

Un  thermomètre  plongé  au  milieu  de  Hannetons  disposés  dans  un  sac  à  claire-voie, 
marque  un  excès  de  2°  G.  (Rec.nault).  En  opérant  de  même  pour  une  boîte  remplie 
d'asticots,  M.  Gihahd  a  constaté  que  la  colonne  de  mercure  s'élevait  de  28°  à  32°.  Un 
tas  de  blé  attaijué  par  les  chenilles  de  l'Alucile  {Sitotroija  cerenlclla)  jiasse  de  10°  à  20° 

(IlERPlN,    1838). 

Il  est  beaucoup  plus  délicat  de  faire  l'étude  de  la  chaleur  animale  chez  les  Insectes 
isolés.  M.  (ÙHARD  y  est  parvenu  eu  employant  :  1°  le  thermomètre  différentiel  de  Lesue, 
modifie'  de  façon  à  pouvoir  loger  l'Insecte  en  expéiience  dans  l'une  des  boules;  2°  les 
aiguilles  ou  les  piles  thermo-électriques;  3°  un  thermomètre  à  réservoir  effilé  permet- 
tant de  prendre  la  température  rectale  chez  les  larves  de  grosse  taille. 

Il  résulte  des  expériences  de  M.  Girard,  ainsi  conduites,  que,  contrairement  aux 
conclusions  de  Dutrochet,  jamais  les  Insectes  adultes,  même  dans  les  états  de  sommeil 
ou  d'affaiblissement,  ne  présentent  d'abaissement  au-dessous  de  la  température  am- 
biante pour  la  surface  de  leur  corps. 

Pour  les  larves  d'Insectes  à  métamorphoses  complètes  (chenilles  à  corps  lisse), 
la  surface  du  corps  peut,  par  contre,  s'abaisser  au-dessous  de  la  température  de  l'air. 

Un  fait  très  important  aussi,  c'est  que,  chez  les  .Insectes  adultes,  surtout  chez  ceux 
qui  présentent  un  vol  puissant,  des  différences  très  grandes  peuvent  exister,  au  môme 
moment  et  chez  le  môme  individu,  t'utre  la  température  du  thorax  et  celle  de  l'abdo- 
men; le  thorax  rempli  par  les  muscles  alaires  est,  en  elTet,  un  puissant  foyer  calorifique,, 
et  il  n'existe  pas,  chez  les  Insectes,  une  circulation  suffisante  pour  permettre  le  réta- 
blissement rapide  de  l'équilibre  entre  les  dilTérentes  parties  du  corps.  Aussi,  chez  les 
Insectes  doués  de  locomotion  aérienne,  la  chaleur  se  concentre-t-elle  dans  le  thorax  en 
un  foyer  d'intensité  proportionnelle  à  la  puissance  effective  du  vol  :  chez  les  Sphingides 
l'excès  du  thorax  sur  l'abdomen  atteint  4  à  6°,  parfois  8  à  10°.  Ghcz  les  grands  Bouiby- 
cides,  l'excès  n'est  plus  que  de  2  à  3°.  Enfin  chez  la  Sauterelle  verte,  la  Gourtilière^ 
l'excès  devient  très  faible  ou  nul. 

XII.    —    NUTRITION    PROPREMENT   DITE.    RÉSERVES.   ASSIMILATION. 

Le  corps  adipeux  est  le  siège  principal  des  transformations  chimiques  subies  par 
les  matériaux  apportés  par  le  sang;  c'est  à  sou  intérieur  que  s'accumulent  les  réserves 
qui  seront  utilisées  ensuite  suivant  les  demandes  de  l'organisme.  Ses  cellules  (adipo- 
cyles,  trophocytes  de  Berlese)  (fig.  38,  39,  60)  proviennent  de  cellules  primitivement 
libres  et  mobiles  tout  à  fait  semblables  à  des  leucocytes  et  jouent,  au  point  de  vue  de 
la  nutrition,  un  rôle  très  analogue  à  celui  des  cellules  hépatiques.  C'est  pendant  la 
période  larvaire  qu'il  est  le  plus  développé,  emmagasinant  alors  toutes  les  réserves  éner- 
gétiques (graisse,  glycogène),  ou  plastiques  (albuminoïdes  solublesi,  qui  seront  mises  en 
œuvre  dans  le  travail  de  la  métamorphose  (Voir  plus  loin  :  Physiologie  dts  métamor- 
phoses, p.  339,  et  article  Graisse,  wii,  721).  Le  corps  adipeux,  jouant  le  rôle  d'un  vitellus 
post-embryonnaire  (Kï'nckel),  s'épuise  d'une  façon  plus  ou  moins  complète  pendant  la 
nymphose.  Chez  les  Insectes  adultes  qui  ont  une  vie  longue,  il  se  maintient  toutefois  à 
un  assez  haut  degré  de  développement  et  continue  à  être  le  siège  d'actifs  processus 
d'assimilation  et  de  désassimilation.  Chez  les  Insectes  adultes  qui  ont  une  vie  courte,  tels 
que  le  Bombyx  mori,  le  corps  adipeux  est  au  contraire  fort  réduit  :  les  trois  formes  de 
réserves  subsistent  pourtant  encore  chez  eux  après  l'éclosion,  les  mâles  étant  notable- 
ment plus  riches  en  graisse  et  moins  riches  en  glycogène  que  les  femelles.  Après  l'accou- 
plement et  la  ponte,  on  assiste  à  une  disparition  rapide  de  ces  substances  de  réserve, 
aussi  bien  pour  les  mâles  que  pour  les  femelles  (  Vaney  et  Maigno.n,  1906). 

Pendant  l'inanition  on  peut  constater  des  modifications  importantes  des  cellules 
adipeuses,  qui  sont  d'ailleurs  superposables  à  celles  qui  se  produisent  pendant  la  mé- 
tamorphose. Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  les  réserves  représentées  par  les  sphé- 
niles  albuminoïdes  se  dissolvent  et  disparaissent  les  premières,  si  bien  que  la  cellule 
qui  en  est  déjà  dépourvue  renferme  encore  une  grande  quantité  de  graisse  (Expériences 
de  Kollmann  sur  l'inanition  des  Vers  de  farine,  1909). 


INSECTES. 


343 


adipeuses  ;  CU,  cel- 
lules à  urates;  CE, 
œnocytos;  chez  une 
larve  de  Formica 
rufa  venant  d'éclore. 
(D'après  Ch.  Pérez. 


Chez  la  reine  rournii,  après  la  chute  des  ailes,  les  muscles  vibi\iteurs  des  organes 
du  vol  subissent  l'histolyse  par  suite  d'une  digestion  cavilaire  due  à  l'action  desdiastases 
du  sang  et  les  li(iuides  nutritirsquien  résultent  sont  utilisés  :  1"  par  les  ovaires  qui  peu- 
vent ainsi  entrer  immédiatement  en  fonction;  2°  par  les  leucocytes  qui  immigrent 
dans  les  faisceaux  musculain^s  en  histolyse,  pour  y  construire,  sous  forme  de  colon- 
nettes  d'adipocytes,  un  organe  d'ernmagasinement  de  réserves  d'une  grande  impor- 
tance pour  l'adulte  et  à  la  présence  duquel  semble  devoir  être  rapportée  sa  remarquable 
longévité  (Cii.  Janet,  1907). 

En  lapporl  avec  le  tissu  adipeux  se  trouvent  des  cellules  à  caractères  spéciaux 
connus  sous  le  nom  d'œnocytes  (fig.  58  et  59,  œn).  Leurs  fonctions  sont 
assez  problématiques.  Leur  origine  ectodermique  et  leur  aspect  mor- 
phologique permettent  de  les  assimiler  à  des  glandes  unicellulaires. 
Anclas  (1900)  et  Ch.  Janet  (1907)  les  ont  considérées  comme  des 
organes  à  sécrétion  interne  et  la  substance  résultant  de  leur  activité 
serait,  d'après  Ch.  Janet,  livrée  par  osmose  aux  adipocytes. 

Outre  le  corps  adipeux,  l'épithélium  de  l'intestin  moyen  pourrait 
jouer,  d'après  quelques  auteurs,  un  rôle  dans  l'emmagasinement  des 
réserves  (cristallo'ides  de  Frenzel  et  Biedermaxn).  D'après  Coénot, 
l'intestin  terminal  de  la  Blatte  aurait  enfin  pour  fonction  secondaire 
de  servir  de  régulateur  pour  la  consommation  du  fer,  accunmiant  ce  Fu;.  58. —  CA,  cellules 
corps,  lorsqu'il  y  en  a  un  excès  versé  dans  le  cœlome  et  le  restituant, 
lorsqu'il  y  a  demande  de  l'organisme.  Métal.nikoff  a,  en  effet,  constaté 
que  l'intestin  terminal  de  la  Blatte  renferme  une  quantité  notable  de 
fer  dans  ses  cellules;  or  ce  fer  ne  provient  pas  d'un  f-epas  antérieur; 
mais  il  s'y  trouve  d'une  façon  normale  et  presque  constante  (Cuénot). 

MiRANDE  a  signalé  récemment  un  fait  assez  particulier  concernant  la  nutrition  des 
Insectes,  mais  dont  la  signification  physiologique  n'est  pas  encore  précisée,  c'est  la 
sécrétion  de  glycose  par  les  cellules  épithéliales  ou  le  protoplasme  musculaire  et  son 
emmagasinement  à  l'intérieur  du  revêtement  chitineux,  sous  la  strate  la  plus  superfi- 
cielle de  la  cuticule.  11  est  très  remarquable  que  ces  dépôts  de  glycose  sont  surtout 
localisés  au  niveau  des  insertions  musculaires.  Si,  par  exemple,  ou  laisse  quelques 
instants  dans  de  la  liqueur  de  Fehling  une  larve  d'Insecte  entière,  morte  ou  vivante,  si 
l'on  porte   ensuite  à  ébullition,  et  si,  après  lavage,  on  isole  le  tégument,  on  constate 

qu'il  s'est  formé  dans  la  cuticule 
un  précipité  d'oxydule  de  cuivre  : 
ce  précipité  dessine  des  figures 
toujours  les  mêmes  pour  une 
espèce  donnée  et  est  disposé  en 
petites  plaques  régulièrement 
distribuées  et  correspondant  aux 
insertions  musculaires.  L'analyse 
(technique  détaillée  par  l'auteur) 
démontre  que  le  corps  réducteur, 
dont  la  présence  est  ainsi  mise 
en  évidence  par  la  liqueur  de 
Fehling,  est  du  glycose  (dextrose). 
Ce  corps  n'existe  pas  dans  la  cuticule  au  moment  de  la  nymphose  et  on  ne  le  rencontre 
pas  davantage  dans  les  mues  rejetées  par  l'Insecte;  faits  qui  tendent  à  montrer  qu'il 
est  utilisé  pendant  ces  périodes  évolutives.  Ainsi  que  le  fait  remarquer  Mirande,  il  est 
vraisemblable  que  les  Champignons  nombreux  qui  peuvent  parasiter  les  Insectes  doivent 
utiliser  ce  glycose.  Rappelons  enfin  que,  d'après  les  recherches  de  M.  von  Lindkn  (1904- 
1907),  il  existe  chez  les  chrysalides  de  Lépidoptères,  —  et  aussi  chez  les  chenilles,  mais 
d'une  façon  moins  régulière  et  moins  frappante,  —  un  phénomène  comparable  à  celui 
de  la  fonction  chlorophyllienne  des  végétaux.  Des  chrysalides  plongées  dans  de  l'air 
mélangé  d'acide  carbonique  à  8  p.  100  augmenteraient  de  poids,  résultat  fort  remar- 
quable, si  on  le  met  en  regard  de  ce  fait  bien  connu  que  les  chrysalides  dans  l'air 
atmosphérique  perdent  toujours  une  partie  considérable  de  leur  poids.  Cette  augmen- 


C.eoo 


œn 


c.ad 


c.ex 


Fig.  .')9.  —  Tissu  adii)eux  de   Vespa  vulgaris. 
.4, tissu  larvaire;  D.  tissu  nymphal  ;  c.ad,  adipocyte;  c.ex,  cellule 
excrétrice  (à  urates)  ;  œn,  œnocyte.  (D'après  Anglas.) 


344  INSECTES. 

talion  de  poids  qui  pourrait  aller  jusqu'à  25  p.  100  serait  due  à  la  fois  à  la  fixation  d'eau 
et  i\  la  fixation  de  carbone  et  d'azote,  le  carbone  ayant  une  grande  prépondérance. 

L'assimilation  du  carbone  et  de  l'azote  est,  d'après  l'auteur,  favorisée  par  l'in- 
lluence  de  la  lumière,  et  surtout  de  la  lumière  rouge,  tandis  que  la  lumière  bleue  favo- 
rise la  respiration.  A  une  température  trop  élevée,  qui  a  pour  résultat  d'activer 
beaucoup  les  processus  respiratoires,  les  phénomènes  d'assimilation  peuvent  se  trouver 
masqués.  De  même,  c'est  dans  les  périodes  de  la  nymphose  où  la  respiration  présente 
la  moindre  intensité,  que  les  processus  d'assimilation  se  manifestent  avec  le  plus  de 
netteté.  Une  certaine  humidité  de  l'air  est  également  indispensable  à  la  production  du 
phénomène.  D'après  ce  qui  précède,  la  fonction  assimilatrice,  signalée  par  M.  von  Li.n- 
DEN,  présente  des  caractères  qui  la  rapprochent  beaucoup  de  la  fonction  chlorophyllienne 
des  végétaux  ;  mais  le  rùle  d'un  pigment  spécial  intervenant  dans  son  accomplissement 
n'a  pas  été  mis  en  évidence.  Différentes  circonstances  et  notamment  ce  fait  que  le  poids 
spécifique  de  la  ciirysalide  diminue  pendant  que  son  |)oids  absolu  augmente,  tendent  à 
faire  admettre  que  le  carbone  est  employé  pour  contribuera  la  formation  de  la  graisse. 
Les  résultats  des  recherches  de  M.  von  Linden  présentent  un  caractère  si  inattendu  et 
sont  d'une  telle  portée  au  point  de  vue  physiologique,  qu'il  faut  souhaiter  de  nouvelles 
expériences  sur  cette  importante  question.  11  suffit  de  dire  que  les  recherches  de 
contrôle  qui  ont  été  faites  récemment  par  Bai  cke  ont  montré  l'existence  d'une  cause 
d'erreur  imjjortante  et  donnent  à  jienser  que  l'augmentation  de  jtoids  constatée  pour 
les  chrysalides  placées  dans  une  atmosphère  riche  en  CO-  peut  reconnaître  d'autres 
origines  que  l'assimilation  de  cette  substance. 

Les  larves  de  Mouche,  dont  la  croissance  exceptionnellement  rapide  implique  une 
très  grande  puissance  assimilatrice,  constituent  un  sujet  d'étude  très  favorable  pour 
approfondir  la  question  de  la  production  de  la  graisse  aux  dépens  des  substances  aibu- 
minoïdes.  Elles  ont  donné  lieu,  à  ce  point  de  vue,  aux  importants  travaux  de  Hof- 
3JAN.N,  de  Weinland  etde  Ror.DANOw.  Weinland,  par  de  nombreuses  expériences,  variées  de 
façons  très  diverses,  a  montré  que  les  larves  d^  la  Mouche  bleue  formaient  de  la  graisse 
et  même  des  acides  gras  supérieurs  non  volatils  aux  dépens  des  substances  albumi- 
noïdes  de  la  viande;  cette  formation  de  la  graisse  se  fait  aussi  bien  dans  la  larve  vivante 
qu'en  présence  d'une  bouillie  de  larves  écrasées;  elle  est  d'autant  plus  active  qu'il 
existe  moins  de  graisse  préformé'e  et  elle  se  produit  par  un  processus  anoxybiolique. 
La  réalisation  du  phénomène  s'effectue  par  désamidation  et  par  désagrégation  carboxy- 
lique  et  peut  s'exprimer  par  le  schéma  suivant  : 

CHs 

I  CH3 

CH  AzHs  I 

1  CHi 

CO  OH  I 
+                   =  CH->  +  COi  +  AzHs 

CHs  I 

I  CH  A/.H> 

CH  AzH2  I 

I  CO  OH 

CO  OH 

BoGDANOw  a  surtout  insisté  sur  la  nécessité  de  la  présence  de  certaines  bactéries 
pour  que  la  croissance  des  larves  de  Mouches  se  poursuive  normalement.  L'une  d'entre 
elles,  liquéfiant  la  gélatine  et  déterminant  la  production  d'ammoniaque,  est  à  ce  point 
de  vue  essentielle.  Les  bactéries  agissent  par  les  ferments  qu'elles  sécrètent  et  pré- 
parent la  bouillie  résultant  de  la  décomposition  de  la  viande  que  les  larves  absorbent 
exclusivement  par  succion.  D'après  Guyénot  (1906\  il  y  aurait  là  un  phénomène  de 
symbiose,  et  les  larves  ensemenceraient  de  tous  côtés  les  microbes  qui  leur  préparent 
leur  bouillie  alimentaire.  D'autre  part,  Portier  a  démontré  la  digestion  aseptique  des 
larves  de  certains  Microlépidoptères. 

XIM.   —    DÉSASSIMILATION    ET    EXCRÉTION. 

Les  organes  par  lesquels  l'organisme  des  Insectes  peut  se  débarrasser  des  produits 
d'usure  etde  désassimilation  sont  : 
i°  Les  tubes  de  Malpighi  ; 


INSECTES.  345 

'2°  Le  corps  adipeux  et  les  téguments; 

3°  Les  néplirocytes  à  carininate  ; 

4"  Les  reins  labiaux  (chez  les  Thysanoures). 

1"  Tubes  de  Malpighi.  —  Ce  sont  les  principaux  organes  rénaux  des  Insectes.  Ils 
consistent  en  de  longs  tubes  grêles,  plus  ou  moins  nombreux  suivant  les  genres,  qui 
débouchent,  d'une  façon  très  générale,  à  l'origine  de  l'intestin  postérieur  près  de  sa 
Jonction  avec  l'intestin  moyen.  Considérés  autrefois  comme  des  organes  hépatiques,  ils 
ont  été  ensuite  regardés  par  de  nombreux  auteurs  comme  ayant  une  fonction  mixte,  à. 
la  fois  hépatique  et  rénale  (Megkel,  Milne-Edwards,  Leydig).  Après  les  travaux  de  Siro- 
DOT,  Plateau,  Sghindler,  Krukenberg,  etc.,  on  s'accorde  aujourd'hui  à  les  considérer 
comme  ayant  une  fonction  urinaire  exclusive.  Ils  excrètent  de  l'acide  urique  en  abon- 
dance, soit  à  l'état  libre,  soit  à  l'état  d'uiate  d'ammoniaque,  de  soude,  de  potasse  et  de 
chaux;  cet  acide  urique  se  rencontre  chez  les  différents  Insectes,  quel  que  soit  leur 
régime,  et  aussi  bien  chez  le  Papillon  que  chez  le  Coléoptère  carnassier.  L'oxalate  et  le 
carbonate  de  chaux  peuvent  aussi  être  excrétés  par  les  tubes  de  Malpighi;  bien  que  la 
leucine  (Kollikeb,  1857;  Sghindler,  1878),  l'acide  hippurique  (J.  Davy,  1854-56),  la 
guanine  (Dubois,  1886)  et  même  l'urée  (Ryvosgh,  1882;  Veneziani,  1903)  aient  été 
signalés  comme  produits  accessoires  de  la  désassimilation  des  Insectes,  il  n'existe  pas 
d'observations  suffisamment  probantes,  au  sujet  de  la  présence  de  ces  différentes  sub- 
stances dans  leurs  organes  excréteurs.  IPour  les  produits  de  désassimilation  des 
Insectes,  voir  P.  Marckal  (1889).] 

Les  expériences  de  Sghindler,  de  Kowalevsry  et  de  Grandis  ont  montré  que  les  tubes 
de  Malpighi  éliminaient  l'indigocarmin  injecté  dans  le  cœlome  et  ont  confirmé  encore 
ainsi  leur  fonction  rénale. 

Chez  le  Oryllotalpa  vulgaris,  il  y  a  deux  sortes  de  tubes  de  Malpighi,  les  uns,  jaunes, 
très  nombreux;  les  autres,  plus  rares,  colorés  en  blanc  par  des  concrétions  ovoïdes 
d'acide  urique  et  d'urates  :  seuls  les  tubes  jaunes  éliminent  l'indigocarmin  et  la  plu- 
part des  substances  colorantes  (Kowalevsky).  Vaney  a  aussi  constaté  que,  chez  la  larve 
d'Eri^lalis,  sur  les  quatre  tubes  de  Malpighi,  les  deux  externes  absorbaient  seuls  le  bleu 
de  méthylène,  tandis  que  les  deux  internes  étaient  remplis  de  granules  calcaires. 
D'après  Valéry  Mayet  (1896),  chez  le  Cerambyx  velutinus,  quatre  tubes  sur  six  renferment 
du  calcaire.  Enfin  Pantel  (1898,  p.  199)  a  reconnu  aussi  que,  chez  diverses  larves  de 
Diptères,  deux  tubes  de  Malpighi  sur  quatre  présentaient  une  région  très  nettement 
différenciée  (ampoule  ou  segment  terminal)  et  spécialisée  pour  excréter  le  carbonate 
de  chaux. 

L'évacuation  des  produits  excrémentitiels  est  facilitée  par  les  mouvernents  vermi- 
culaires  très  actifs  que  peuvent  présenter  les  tubes  de  Malpighi  et  qui  tiennent  à  la 
présence  dans  la  paroi  de  fibres  musculaires  (Grandis,  Marchal,  Léger  et  Duboscq,1899). 
La  couleur  jaune  ou  brune  très  fréquente  pour  les  tubes  de  Malpighi  est  bien  diffé- 
rente des  pigments  biliaires  (Sghindler).  D'après  Sirodot,  ce  serait  la  même  que  celle 
de  l'urine  des  Vertébrés;  pour  Veneziani  (1903),  c'est  une  substance  très  voisine  de 
l'urochrome  à  laquelle  il  donne  le  nom  à" entomurochrome . 

2°  Corps  adipeux  et  téguments.  —  Le  corps  adipeux  fonctionne,  à  des  degrés 
divers,  chez  les  Insectes  comme  rein  d'accumulation;  tantôt  certaines  de  ses  cellules 
sont  spécialisées  à  cet  effet  (cellules  uriques  ou  à  ui^ates),  tantôt  l'emmagasinement  se 
fait  indistinctement  dans  toute  la  masse  du  tissu  adipeux.  Chez  les  Orthoptères,  il  existe 
de  grosses  cellules,  cellules  uriques  (fig.  58,  eu;  59,  c.  ex.),  disséminées  au  milieu  des 
cellules  adipeuses.  Leur  volume,  en  même  temps  que  la  taille  des  concrétions  uratiques 
qu'elles  renferment,  augmente,  à  mesure  que  l'animal  avance  en  âge,  et,  chez  les 
Blattes  adultes,  le  corps  adipeux  n'est  plus  qu'un  énorme  amas  d'urates,  les  cellules 
adipeuses  vidées  de  leur  contenu  étant  presque  annihilées  par  le  développement  des 
cellules  à  concrétions  (Cholodkovsky,  Cuénot).  Les  urates  ici  sont  fixés  d'une  façon 
définitive,  ainsi  que  Fabre  l'avait  d'ailleurs  déjà  constaté  chez  les  Éphippigères. 

Chez  la  majorité  des  Insectes,  le  corps  adipeux  ne  fonctionne  comme  rein  d'accumu- 
lation que  pendant  la  période  larvaire  :  tel  est  le  cas  des  Sphégiens,  dont  les  larves 
présentent  de  grosses  cellules  uriques  disséminées  dans  le  corps  adipeux  et  entièrement 
spécialisées  dès  ce  début  de  la  vie  larvaire  pour  la  fonction  excrétrice  (Fabre,  Marchal). 


346  INSECTES. 

Chez  les  chenilles,  l'acide  urique  se  localise  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cnlaiié  et 
n'existe  pas  dans  le  tissu  adipeux  périviscéral;  le  pigment  sous-d(Mini(|iie  n'est  souvent 
chez  elles  qu'un  dc^pôt  d"iiratos,  et  c'est  à  l'acide  urique  qu'elles  doivent  on  partie  leurs 
colorations  (Sirodot,  Fabre). 

Chez  divers  Coléoptères  et  chez  les  Hyménoptères  phytophages,  les  larves  ne  pré- 
sentent en  général  de  granidations  uriques  qu'à  la  fin  de  la  période  larvaire  ou  au 
moment  de  la  nymphose,  ou  bien  encore  pendant  l'abstinence  et  la  torpeur  hibernale. 
Pourtant  les  larves  qui  se  nouriissent  de  pollen  peuvent  présenter  des  cellules  à  urates 
fonctionnant  pendant  toute  leur  évolution  (Semiciio.n). 

Enfin,  chez  d'autres  Insectes  (Muscides),  ce  n'est  que  pendant  la  nymphose  (jue  le 
tissu  adipeux  se  charge  d'acide  urique  ou  d'urates  résultant  du  travail  de  destruction 
qui  s'opère  pendant  cette  période  et  les  mêmes  cellules  du  corps  adipeux,  cumulant 
les  fonctions  de  réserves  d'accumulation  et  d'excrétion,  servent  de  rein  transitoire  jus- 
qu'à ce  que  les  tubes  de  Malpighi  de  l'imago  soient  suffisamment  constitués  pour 
remplir  leur  fonction  'P.  Marchal,  Ch.  Pkrfz). 

Que  les  urates  aient  été  accumulés  dans  le  corps  adipeux  pendant  la  période  lar- 
vaire ou  la  période  nymphale,  ils  sont,  chez  los  Insectes  à  métamorphoses  complètes, 
rejetés  en  abondance  par  le  tube  digestif  au  moment  de  l'éclosion  de  l'imago,  et  for- 
ment en  grande  partie  le  méconium.  Chez  les  Insectes  à  métamorphoses  incomplètes, 
notamment  chez  les  Orthoptères,  ils  peuvent  être  rejetés  partiellement  au  moment  des 
mues;  mais  nous  avons  vu  qu'ils  pouvaient  aussi  persister  en  abondance  chez  l'adulte 
et  continuer  à  s'emmagasiner  dans  h>  corps  adipeux  pendant  toute  l'existence. 

Pour  s'éliminer  à  l'extérieur  au  moment  de  la  métamorphose,  ces  urates  antérieure- 
ment accumulés  dans  le  corps  adipeux  peuvent,  ainsi  que  Fabre  l'a  montré,  suivie  des 
voies  fort  diverses.  Les  tubes  de  Malpighi  ne  sont  pas  alors  les  seuls  organes  capal)les 
de  les  éliminer.  Chez  les  larves  de  Sphégiens  le  ventricule  chylifique  parait  môme 
exclusivement  chargé  de  cette  fonction  excrétrice  :  quelques  jours  après  la  nymphose, 
on  voit  en  elTet  les  granulations  uriques  diminuer  et  disparaître  dans  le  tissu  adipeux; 
si  l'on  examine  alors  le  tube  digestif,  on  n'observe  pas  d'acide  urique  dans  les  tubes  de 
Malpighi,  mais  on  trouve  le  ventricule  chylifique  rempli  d'une  substance  blanche  entiè- 
rement composée  de  cet  acide  :  or,  à  cette  époque,  le  ventricule  chylifique  serait  encore 
séparé  par  une  cloison  de  l'intestin  terminal  qui  rcroit  les  tubes  de  MALPKiHi  (Fabre). 
Chez  le  Grillon,  au  moment  de  sa  transformation  en  Insecte  parfait,  ce  ne  serait  plus, 
d'après  Fabre,  le  ventricule  chylifique  lui-même,  mais  les  cœcums  annexés  à  cet 
organe  qui  seraient  remplis  d'urates  et  qui  viendraient  en  aide  aux  tubes  de  Malpighi 
dans  leur  fonction  éliminatrice  (non  confirmé  par  Clénot,  189b). 

Le  rôle  fixateur  du  corps  adipeux  peut  se  manifester  pour  des  produits  de  déchet 
autres  que  l'acide  urique:  tels,  par  exemple,  les  pigments  qui  le  colorent  chez  différents 
Insectes;  Sitowski  (1905)  a,  d'autre  part,  montré  que,  si  l'on  nourrit  des  chenilles  de 
Tinea  biseliella  avec  de  la  laine  colorée  par  une  solution  alcoolique  de  Sudan  III,  le 
corps  adipeux  se  colore  en  rouge  intense  au  bout  de  quelques  jours;  et  ce  sont  les 
gouttes  graisseuses  qui  prennent  cette  coloration.  Les  ncphrocytes  fixant  le  carminate 
d'ammoniaque,  que  nous  étudierons  dans  le  paragraphe  suivant,  et  notamment  les 
nt^phrocytes  épavs,  peuvent  être  enfin  considérés  comme  des  cellules  du  corps  adipeux 
spécialisées  en  vue  de  fondions  excrétrices  particulières.  Malgré  les  exemples  qui  pré- 
cèdent, on  peut  dire  que,  d'une  façon  générale,  le  corps  adipeux  des  Insectes  n'excrète 
pas  les  substances  colorantes  ou  pigments,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  les  Myria- 
podes (Kowalewsky,  1892). 

Les  téguments  jouent  un  rôle  souvent  très  analogue  à  celui  du  corps  adipeux  pour 
débarrasser  l'organisme  des  produits  de  déchets.  Chez  les  Lépidoptères,  l'acide  urique 
peut  s'accumuler  non  seulement  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  des  chenilles,  mais 
encore  dans  les  tissus  épidermiques  des  Papillons;  et  les  ailes  des  Piérides  doivent  leur 
coloration  blanche  à  cette  substance,  tandis  que  la  coloration  jaune,  très  fréquente 
aussi  dans  la  même  famille,  est  due  à  un  corps  fort  voisin  (Hopkins,  1889-94).  Des  faits 
analogues  semblent  se  rencontrer  chez  les  Orthoptères;  c'est  ainsi  que,  d'après  Fabrr 
(1863),  chez  les  Ephippigères  à  l'état  adulte,  non  seulement  l'acide  urique  s'accumule 
dans  le  tissu  adipeux,  mais  les  téguments  eux-mêmes  sont  teints  par  les  urates,  et  c'est 


INSECTES.  347 

à  eux  que  la  face  inférieure  de  l'abdomen  doit  sa  teinte  d'iui  jaune  crémeux  (non 
confirmé  par  Cué.not,  18'Jo).  D'ailleurs,  la  fixation  de  fous  les  pit,mients  dans  les  tégu- 
ments peut  être  considérée  comme  un  phénomène  de  dépuration  de  l'organisme. 

(Pour  les  glandes  tégumentaires  au  point  de  vue  de  leur  rôle  dans  l'excrétion,  voir 
le  chapitre  concernant  les  sécrétions  spéciales.) 

3*  Néphrocytes  à.  carminate.  —  Us  sont  représentés  par  des  cellules  sans  canaux 
excréteurs  et  jouissant  de  la  propriété  de  fixer  le  carminate  d'ammoniaque  introduit 
dans  l'organisme  par  injection  physiologique.  Les  plus  remarquables  d'entre  eux  sont 
les  néphrocytes  péricardiaux  ou  cellules  péricardiales  (fig.  43,  :;,  p.  328  et  fig.  45,  p.  331), 

On  donne  ce  nom  à  de  grosses  cellules  plutinucléées,  situées  dans  le  sinus  péricar- 
dique  de  chaque  côté  du  cœur,  qui  sont  généralement  colorées  et  unies  par  des  pro- 
longements aux  parois  du  cœur  et  au  diaphragme  sous-cardiaque.  Considérées 
d'abord  par  Graber  comme  siège  de  l'hématose,  à  cause  des  nombreuses  trachées  qui 
s'y  rendent,  elles  ont  été  ensuite  confondues  avec  les  organes  phagocytaires.  Les 
expériences  de  Grandis  et  de  Kowalewsry  (1890)  ont  montré  qu'elles  constituaient  un 
organe  d'excrétion  acide,  excrétant  le  carminate  d'ammoniaque  ou  autres  substances 
colorantes  acides  et  correspondant  physiologiquement  aux  gloméiules  de  Malpighi  du 
rein  des  Vertébrés,  tandis  que  les  tubes  de  Malpighi  se  comportent  comme  des  organes 
excréteurs  alcalins,  excrétant  le  carmin  d'indigo  et  correspondant  physiologiquement 
aux  tubiUi  contorti.  Le  protoplasma  des  cellules  péricardiales  renferme  des  boules  jau- 
nâtres ou  brunâtres,  qui  doivent  représenter  les  produits  de  désassimilation  qu'elles 
fabriquent;  c'est  sur  ces  boules  que  se  fixe  généralement  le  carminate  d'ammoniaque 
injecté.  Bien  que  les  cellules  péricardiales  soient  dépourvues  de  tout  canal  excréteur, 
on  ne  peut  les  considérer  comme  un  rein  d'accumulation;  car  elles  ont  le  même  aspect 
chez  les  individus  très  jeunes  ou  adultes.  Les  produits  de  désassimilation  qu'elles  éla- 
borent doivent  donc  être  éliminés  par  un  autre  organe,  vraisemblablement  par  les  tubes 
de  Malpighi,  de  même  que  l'urée  fabriquée  dans  le  foie  chez  les  Vertébrés  est  éliminée 
par  les  tubes  contournés  du  rein;  mais  toute  démonstration  à  ce  sujet  fait  actuellement 
défaut  (CuÉ.\0ï,'l895). 

Outre  les  néphrocytes  péricardiaux,  qui  s'observent  chez  tous  les  Insectes,  on  ren- 
contre parfois  des  néphrocytes  épars  disséminés  dans  la  partie  périphérique  du  tissu 
adipeux  (larves  d'Odonates,  etc.),  ou  des  néphrocytes  en  guirlande  formant  un  cordon 
fixé  à  chaque  glande  salivaire  (larves  de  Muscides)  et  qui  jouent  le  même  rôle  que  les 
cellules  péricardiales  (Kowalevsky,  1887,  Bruntz,  1904).  Susslov  (1906)  a  aussi  signalé 
.chez  le  Grillon,  entre  les  véritables  cellules  du  tissu  adipeux,  des  néphrocytes  épars 
souvent  réunis  par  groupes,  qui  ressemblent  aux  cellules  péricardiales  et  qui  excrètent 
le  carminate  d'ammoniaque  et  le  saccharate  de  fer.  Ces  néphrocytes  ne  doivent  pas 
être  confondus  avec  les  cellules  à  urates,  qui  n'excrètent  pas  les  substances  colorantes. 

4°  Reins  labiaux.  —  On  ne  les  a  rencontrés  que  chez  les  Insectes  inférieurs  (Thy- 
sanoures)  et  les  Myriapodes  (Diplopodes).  Ils  sont  comparables  aux  reins  autennaires 
des  Crustacés  et  débouchent  par  l'intermédiaire  d'un  canal  excréteur  à  la  base  et  au- 
dessus  de  la  lèvre  inférieure.  Ils  sont  composés  d'un  saccide  qui  élimine  le  carmin 
ammoniacal,  et  d'un  labyrinthe   qui  excrète  le  carmin  d'indigo  (Bru.ntz). 

'  XIV.    -    SÉCRÉTIONS    SPÉCIALES. 

En  dehors  des  appareils  d'excrétion  proprement  dite,  représentés  par  les  tubes  de 
Malpighi  et  les  organes  précédemment  mentionnés,  il  existe,  chez  les  Insectes,  de 
nombreuses  glandes  qui  rejettent  au  dehors  des  produits  destinés  à  être  utilisés  par 
l'animal  d'une  façon  ou  d'une  autre,  mais  le  plus  souvent  en  vue  de  sa  défense  et  de  sa 
protection.  Dans  bien  des  cas,  le  rejet  de  ces  substances  débarrasse  aussi  le  sang  de 
produits  de  désassimilation  nuisibles  à  l'organisme,  et  ces  organes  glandulaires  peuvent 
être  alors  considérés  comme  participant  aux  fonctions  générales  d'excrétion. 

On  distingue  parmi  ces  appareils  sécréteurs  : 

1°  Les  glandes  tégumentaires,  qui  tantôt  produisent  des  substances  destinées  à  la 
protection  de  l'individu  ou  à  la  construction  du  nid  (cire,  laque,  soie),  tantôt  des  subs- 
tances odorantes  ou  venimeuses. 


348 


INSECTES. 


^  mm 


^f^ft^'îV^ 


h 


^Vh 


2°  Les  glandes  appendiculaires  qui  comprennent  :  a)  les  glandes  buccales  débou- 
chant à  la  base  des  appendices  buccaux  et  dont  les  fonctions  sont  diverses,  salivaires, 

séricigènes,  nourricières  (glandes  pharyn- 
giennes en  chapelet  de  l'Abeille  ouvrière 
regardées  par  Sguikme.nz  comme  donnant  la 
gelée  royale),  défensives,  etc.  ;  6)  les  glandes 
analei^i  collétéiiques  qui  peuvent  être  consi- 
dérées comme  annexées  aux  appendices 
des  derniers  segments  du  corps,  c'est-à- 
dire  aux  cerques  et  à  l'armure  génitale  : 
leurs  fonctions  sont  défensives  et  veni- 
meuses, ou  bien  encore  en  rapport  avec  la 
reproduction. 

1°  Production  de  la  cire  et  de  la 
laque.  —  a)  Cire.  —  La  cire  est  une 
substance  adipoïde  qui  est  sécrétée  chez  les 
Insectes  par  des  cellules  hypodermiques 
modifiées,  généralement  groupées  de  façon 
à  constituer  des  plaques  cirières  (fig.  60 
(11,  02i.  Chez  r.Vbeille,  il  y  a  quatre  paires  de 
pkuiues  cirières  (  W)  placées  à  la  face  ventrale 
des  3",  4«,  li°  et  0*'  segments  abdominaux 
(4«,  5",  6*  et  7",  si  l'on  considère  le  segment 
médiaire  comme  le  t"  abdominal);  au 
niveau  de  ces  plaques,  la  cuticule  est  très 
amincie,  mais  ne  présente  pas  de  canalicules 
apparents.  D'après  Dueyling,  il  y  aurait  des 
pores  d'une  e.vtrême  finesse,  seulement 
visibles  sur  des  coupes  très  minces  et  aux 
plus  forts  grossissements.  La  cire  est  donc 
éliminée  par  filtration  et  se  solidifie  à  l'exté- 
rieur sous  la  forme  d'une  lamelle  corres- 
pondant à  la  surface  de  la  plaque  cirière. 
L'Abeille  n'aura  qu'à  la  saisir  avec  ses  pattes 
et  à  la  porter  à  ses  mandibules,  pour  l'em- 
ployer à  la  construction  de  ses  rayons. 
Parmi  les  Hyménoptères,  les  Bourdons,  les 
Trigones  et  les  Mélipones  sécrètent  aussi  de 
la  cire  en  abondance  et  d'une  façon  analogue. 

Les  Hémiptères  Homoptères  (fig.  63) 
comptent  de  nombreuses  espèces  produisant 
de  la  cire  (Coccides,  Aphides,  Psyllides  et 
Fulgorides).  Chez  ces  Insectes,  la  cire  est  le 
plus  souvent  produite  sous  forme  de  longs 
lilameuls  groupés  en  houppes  d'apparence 
cotonneuse;  elle  est  évacuée  au  niveau  de 
filières  qui  paraissent  perforées,  mais  sont 
habituellement  obturées  par  une  cuticule 
filtrante  (Berlese,  Cholodkovsky,  1903).  La 
production  en  est  assez  considérable  chez 

plaques  cirières  (  Wj  se  trouvant  sur  les  quatre  der-     Certaines  espèces  pour  qu'elle  ait  été  utilisée 

nières.  (D'après  Dreyling.)  dans  le  Commerce  (cires  de  Chine  produites 

par  un  Coccide,  Ericerus  pela). 
Les    expériences    de  F.    Huber,    ainsi  que   celles  de  J.-B.    Dumas   et  de    H.    Milne- 
Edwards,  ont  montré  que  la  cire  est  produite  dans  l'organisme  de  l'Abeille  aux  dépens 
des  substances  sucrées  du  miel. 

Les  cires  produites  par  les  diverses  espèces  d'Insectes  ont  une  composition  chimique 


Fig. -60.  —  Parties  ventrales  des  six  segments  abdo- 
minaux d'une   .\beille  ouvrière,  pour   montrer  les 


INSECTES. 


349 


assez  différente.  (Voii'  les  nombreux  renseignements  sur  la  chiiuie  des  cires  et  la 
physiologie  de  leur  production  dans  Otto  vo.\  FCkth,  Vcrglekhe  chcmhchc  Physiologie 
dcr  niedcren  Tierc,  1910,  404-419.) 

b)  Laque.  —  Elle  est  sécrétée  par  des  glandes  cutanées  de  diverses  Cochenilles  (fig.  64) 
et  en  particulier  de  Tachardia  lacca 
(Gomme  laque  des  Indes)  et  de 
Gascardia  )nadaQuscariensis  (laque 
de  Madagascar).  Les  Lecanium  en 
produisent  aussi,  mais  en  quantité 
insuffisante  pour  pouvoir  être  uti- 
lisée industriellement  (Berlese) 
La  laque  est,  en  grande  partie; 
formée  de  substances  résineuses 
la  plante,  contrairement  à  ce 
que  l'on  croyait  autrefois,  ne  prend 
aucune  part  directe  à  sa  formation, 
et  elle  constitue  un  produit  de 
sécrétion  exclusif  de  l'Insecte.  La 
gomme  laque  des  Tachardia  con- 
tient, outre  les  matières  résineuses, 
une  substance  colorante  très  ana- 
logue à  l'acide  carminique  et  de  la  cire.  Celle-ci  provient  de  longs  cordons  Ola- 
menteux  et  aérifères,  qui  partent  des  stigmates  de  l'Insacte  et  aboutissent  à  l'air 
extérieur,  en  traversant  l'épaisse  carapace  de  gomme  laque  qui  enveloppe  la  colonie 


Fia.  61.  —  Coupe  sagittale  schématique  de  l'abdomoa  d'une 
Abeille  ouvrière,  pour  montrer  la  disposition  des  plaques 
cirières  W.  (D'après  Dreyling). 


1 


Fig.  62.  —  Coupe  longitudinale  d'une  plaque  cirièrc  aux  différents  âges  d'une  Abeille  :  A,  chez  une  ouvrière 
venant  d'éclore;  B,  chez  une  ouvrière  âgée  de  quelques  jours  ;  C,  chez  une  ouvrière  travaillant  à  construire 
et  arrivée  au  maximum  do  la  production  cirière;  D,  au  commencement  de  la  régression;  E,  chez  une 
butineusri  ne  construisant  plus;  F,  chez  une  vieille  butineuse.  (D'après  Drkyling.) 


350 


INSECTES. 


des  Cochenilles  fixées  sur  lu  plante.  Ces  cordons  cireux  jouent  le  rôle  de  tubes  respira- 
toires. 

2"  Production  de  la  soie.  —  La  soie  est  surtout  produite  par  les  chenilles  de 
divers  Lépidoptères  appartenant  à  la  famille  des  Bomhycides, 
et  notamment  par  celle  du  Bombyx  (Scricaria)  îiwri  ou  Ver  à 
soie;  elle  est  utilisée  par  ces  chenilles  pour  la  confection  des 
cocons  où  elles  opèrent  leur  mélamorphost^,  ou  pour  construire 
^''û  des  nids  dans  lesquels  elles  s'abritent  en  sociétés  (Chenilles 
processionnaires,  etc.). Les  organes  sécréteurs  sont  deux  glandes 
buccales  de  même  ordre  que  les  glandes  salivaires  et  qui  sont 
connues  sous  le  nom  de  glandes  séricigènes  (tig.  G"»).  Elles 
consistent  en  deux  tubes  sécréteurs  très  allongés  et  contournés 
qui  se  réunissent  en  avant  de  la  tête  en  un  conduit  coiutnun, 
débouchant  à  la  face  inféiieure  de  la  lèvre  inférieure  sur  un 
prolongement  saillant,  la  trompe  soyeuse  ou  filière.  Chacun  de 
ces  tubes  sécrète  un  fil  formé  d'un  axe  de  soie  proprement  dite, 
ou  fibroïne,  C^^H^^Az'oO"'^,  et  d'une  enveloppe  de  substance  gluti- 
neuse,  le  grès,  composé  surtout  de  séricine,  C^^H'OAz'^O'^ 
souvent  imprégnée  d'un  lipochrome.  En  arrivant  à  la  lilière, 
Fi(..63.—  Glandes  ciripares  les  deux  fils  s'accolent  et  se  fusionnent  par  leur  enveloppe  de 
uniccliulaires  dune  Coche-   s,^^cine  pour  former  la6a/e  qui  constitue  le  fil  long  d'un  kilo- 

nillo  du  LTOupe  des  Dias-         ,  ,  ,       ,  -  ,  ,  ....  .... 

jjgg  mclre  environ  dont  sera  lorme  le  cocon.  La  sericine,qni  oliimi- 

c,  Coupe  longitudinale  de  quement  diffère  de  la  fibroïne  par  de  l'eau  et  de  l'oxygène  en 

deux  glandes;   A,  <iisquo  plus,  est  facilement  soliible  dans  les  alcalins  et  l'eau  de  savon, 

cuticuiaire  perfore,  a  la  pi>optiété  qui  permet  de  débarrasser  la  soie  arène  de  son  grès 

surlace  duquel  la  cire  est    ^      '  '    .    '  /  ■ 

excrétée  ;  15,  le  même,  en  psr  I  Opération  du  dccreusagc  et  de  la  transformer  en  .soie 
section,  suivant  un  plan  ouvrée  réduite  à  la  fibroïne.  D'après  Gilson  (1894),  le  noyau  des 
perpendiculaire  à  la  sur-   ^^]^^]ç^  jg  j^  gia„de  séricigène  participe  dire.^temenl  à  la  for- 

face    et    passant    par   un  "  o  i  i 

diamètre;  cr,  crible;  ca,  matiou  de  la  soie,  et  cet  auteur  a  constaté,  à  son  intérieur,  des 
capsule;  ip,  cellule  hypo-  enclaves  de  cette  substance  naissant  aux  dépens  de  la  nucléine. 
dermique  ;<//<,  cellule  gian-  jj-^     ^s  Rai-hakl  Dubois  ^1891),  la  solidification  de  la  soie,  qui 

dulaire  ;  ce,  cire  ;  oa,  niem-  '  \  ;>  »   ^ 

branebasaie. (D'après lîKR-  se  produit  dès  sa  sortie  de  la  trompe  soyeuse,  résulte  d'un  pro- 
i-ESE.)  cessus  analogue,  sous  certains  rapports,  à  celui  de  la  coagula- 

tion du  sang  (actions  réciproques  d'un  fihroinoplastiqiie  et  d'un 

/ibroinogèiie).  La  coagulation,  d'ailleurs,   ne  se  produit  qu'autant  qu'il  y  a  eu   fixation 

préalable  d'oxygène;  mais  la  substance  fibroïnogène  n'est  pas  une  oxydase  (U.  Dubois 

1899).  (Pour  toute  la  partie  concernant  la  chimie  physiologique  de  la  soie  des  Bombyx, 

voir  Otto  von  FCrth,  p.  392-404.) 

Certaines     larves     d'Hyménoptères    (TenUirè- 

des,  etc.),  celles  des  Trichoptères  (Phryganes),  et 

celles  de  quelques  Coléoptères  (Donacia,  Hœmonia^ 

Hypera)  filent  de  la  soie  d'une   façon   tout  à  fait 

comparable  à  celle  qui  vient  d'être  rappelée  pour   .^/Ao^ 

les  chenilles.   Chez   certains  Névroptères  [Myrme- 

leon,  Chrysopa,   etc.),  les  tubes  de   M.\lpighi  sont 

curieusement  adaptés  à   la   fonction   séricigène  : 

ils  sécrètent  de  la  soie,  qui  se  rassemble  dans  le 

rectum   et  est  filée  par  l'anus  pour  construire  le 

cocon   (Meinert,    1889,   A.nthony,    1902).    Silvestri 

(1905)  a  montré  qu'une  larve  de  Carabide  (Lebia 

scapularis)  présentait  une  particularité  analogue. 

Les  Hydrophiles  entourent  leurs  œufs  d'une  coque 

soyeuse  sécrétée  par  les  glandes  annexées  de  l'appareil  génital. 

Enfin  beaucoup  de  Coccides  sécrètent  par  des  glandes  tégumentaires  des  sécrétions 

soyeuses  ou  très  analogues  à  la  soie,  qui  ont  été  généralement  confondues  avec  la  cire;' 

telles  sont  celles  qui  constituent  les  boucliers  des  Diaspides  (Berlese). 

3°  Venins  et   sécrétions  répulsives  ou  attractives.  —  L'appareil  vénénifique 


G4.  —  Coupe  des  téguments 
du  Lecaninm  olex. 
ce,   cellule  ciripare  ;  c',  cellules  laccipares; 
ctc,    cuticule  ;   ip,    hypoderme  ;    ba,    mem- 
brane basale.  (D'après  Berlese.) 


INSECTES. 


351 


le  mieux  caractérisé  se  rencontre  chez  les  Hyménoptères  l'orte-aiguillons  et  est  annex»'; 
aux  appendices  de  l'arniure  génitale  de  la  femelle  (reine  ouonvrièrechezies  H.  sociaux). 
Chez  les  Abeilles  et  les  Guêpes,  il  est  composé  de  deux  glandes  distinctes  (fig.  66).  L'une, 
glande  acide ,  sécrète  de  l'acide  formique  et  se  déverse  dans  un  grand  réservoir  à  venin, 
qui  lui-même  débouche  à  la  base  de  l'aiguillon;  l'autre,  glande  alcaline,  ou  glande  de 
DuKOUR,  s'ouvre  également  h  la  base  de  l'aiguillon.  F^e  venin  résulte  du  mélange  des  deux 
liquides  sécr(''tés  par  les  glandes  acide  et  alcaline  (Carlet).  Il  est  toujours  acide  et  est 
inoculé  par  les  pièces  qui  composent  l'aiguillon  (2  Hiylets  jouant  dans  un  gorgeret), 
soit  par  la  contractilité  de  la  paroi  musculaire  du  réservoir  (Vespides),  soit  au  moyen 
d'un  jeu  de  pompe  très  spécial  et  sans  contraction  du  réservoir  (Abeille,  d'après  Gau- 
let).  L'union  des  deux  sécrétions  est  nécessaire  pour  que  le  venin  ait  toutes  ses  pro- 
priétés physiologiques  :  chez  les  Sphégiens,  qui  paralysent  leurs  proies  pour  nourrir 
leurs  larves  et  dont  le  venin  a  une  action 
beaucoup  moins  douloureuse,  la  glande 
alcaline  fait  défaut  (Carlet). 

Le  venin  de  l'Abeille,  qui  a  été  étudié 
surtout  par  Langer  (1896- 1899)  et  par  Phi- 
sALix  (1904),  comprend  de  l'acide  formique 
et  une  ou  plusieurs  bases  organiques  qui 
doivent  être  considérées  comme  les  véri- 
l-ables  substances  toxiques. 

D'après  Phisalix,  le  venin  inoculé  par 
l'Abeille  contient  trois  principes  actifs 
distincts  :  1°  une  substance  phlogogène, 
de'terminant  les  symptômes  locaux  (enflure, 
rigidité,  etc.),  qui  est  rapidement  détruite 
à  lOQo;  2»  un  poison  convulsivant,  déter- 
minant les  premiers  phénomènes  géné- 
raux consécutifs  à  la  piqûre  et  qui  ne 
résiste  pas  à  une  température  de  100°  pen- 
dant plus  d'une  demi-heure;  3°  un  poison 
stupéfiant,  dont  les  effets  (somnolence, 
stupeur,    troubles  respiratoires)    caracté- 


FiG.  65. 


Glandes  séricipares  de  la  larve 
du  Bombyx  mori. 


risent    la   3'   phase    de    l'envenimation,    et     g,  partie  sécrétant  laflbroino;  R,  partie,  dite  réser- 
qui   n'est  complètement  détruit  qu'à  150";        voir,  où  se  forme  le  grès  (séricinej  ;  Gs,  canal  excré- 

seule  cette  substance  stupéfiante  peut,   en        ^""•••. f'  P''^;'^"  permettant  à  la  chenille  de   filer  ou 
^  '■         '  d  arrêter  la  bave  ;  GF,  glandes  accessoires  de  FiLiPPi  : 

faible  quantité,  filtrer  à  travers  une  bougie        F,  filiôre  ou  trompe  soyeuse.  (D'après  Blanc.) 

Berkefield  très  poreuse. 

Le  poison  stupéfiant  et  la  substance  phlogogène  sont  sécrétés  par  la  glande  acide  ; 
si  l'on  extrait,  en  effet,  le  liquide  contenu  dans  le  réservoir  de  la  glande  acide,  qu'on  le 
dessèche  et  qu'on  en  inocule  au  Moineau  une  solution  dosée,  l'Oiseau  succombe  avec 
les  symptômes  déterminés  par  le  poison  stupéfiant,  ces  symptômes  succédant  à  une 
action  locale  très  énergique.  Le  poison  convulsivant  provient  vraisemblablement  de 
la  glande  alcaline;  mais  l'expérience  directe  ne  Ta  pas  encore  démontré. 

D'après  Morge.nroth  etCARPi  (1906),  le  venin  a  un  pouvoir  hémolytique,  qui  peut  être 
augmenté  environ  cinq  cents  fois  par  l'action  de  la  lécithiue.  Il  doit  cette  propriété  à  la 
présence  d'une  substance  qu'ils  appellent  Prolecithide. 

(Pour  la  chimie  et  les  propriétés  physiologiques  du  venin  de  l'Abeille  voir  en  outre 
Otto  von  FCrth,  343.) 

Chez  les  Fourmis,  le  venin  peut  être  inoculé  par  un  aiguillon  [Mijvmica),  ou  bien, 
au  contraire,  l'aiguillon  faisant  défaut,  le  venin  est  simplement  projeté  avec  force  à 
l'extérieur  (Formica). 

Les  Hyménoptères  Porte-tarières  (Ichneumonides,  Tenthrèdes,  etc.)  ont  souvent 
aussi  des  glandes  à  venin  annexées  à  leur  armure  génitale  ;  mais  leurs  produits,  injectés 
en  même  temps  que  l'œuf  dans  la  plante  ou  à  l'intérieur  de  l'Insecte  parasité,  ont 
alors  des  propriétés  différentes,  destinées  à  favoriser  le  développement  de  l'œuf  ou  de 
la  larve  qui  en  provient  (galles  produites  par  les  Nematus). 


35-J 


INSECTES. 


La  salive  de  divers  Insectes  est  venimeuse  (Hémiptères,  Culicides,  Pulex).  Chez  les 
Culicides  le  venin  est  sécrété  par  le  lobe  médian  de  la  glande  salivaire  (Macloskie, 
Packard).  Il  empêche  la  coagulation  du  sang. 

Les  glandes  anales  sont,  pour  certains  Insectes,  des  appareils  défensifs  fort  efficaces. 
Elles  sont  très  développées  chez  les  Carahides;  dans  les  espèces  du  genre  Drachinm 
(Bombardiers,  Canonniers),  le  liquide  corrosif  qu'elles  sécrètent  est  très  volatil; 
arrivé  à  l'air  libre  à  la  pression  de  760  millimètres,  il  se  met  à  bouillir  à  partir  d'une 
température  de  +9"  et  il  se  condense  en  gouttelettes  huileuses  sur  les  objets  froids: 
lorsque  l'Insecte  veut  se  défendre,  le  liquide  des  glandes,  qui  s'est  accumulé  dans  un 
réservoir,  est  projeté  par  la  contraction  des  fibres  musculaires  annulaires  de  ce  dernier 

sur  des  peignes  chitineux  situ«''s  dans 
les  pores  de  décharge  placés  de  chaque 
côté  de  l'anus  et  qui  fonctionnent 
comme  des  pulvérisateurs.  Une  brusque 
crépitation  se  produit  et  un  petit  nuage 
de  vapeurs  corrosives,  entraînant  en 
même  temps  les  excréments  pulvérisés, 
(DiERX,  1899),  est  dirigt-  par  l'exlrémilé 
de  l'abdomen  du  côté  de  l'agresseur. 
Les  fumées  produites,  rougissant  for- 
tement le  tournesol,  répandent  une 
odeur  de  gaz  nitroux  et  le  contact  de 
la  sécrétion  donne  la  sensation  d'une 
brôlure  qui  peut  être  vive  et  prolongée. 
Le  liquide  des  glandes  anales  dans 
le  genre  Carabitf^  (Vinaigrier)  est  évacué 
sans  explosion;  il  a  été  étudié  par  Pi> 
LouzE  (1857)  et  contient  de  l'acide  buly- 
rique.  (Voir  Otto  von  Fîrth,  .363, 
pour  l'étude  chimique  de  ces  sécré- 
tions). Chez  un  Pausside  [Ceraptenia 
quatiiormacuhitus  de  Java),  vivant  dans 
les  fourmilières,  le  liquide  rejeté  d'une 
façon  analogue  à  celle  des  Brachinides 
renferme  de  l'iode  libre  et  est  très  cor- 
rosif (LouA.N,  1887).  Le  Mormohjcc  phyl- 

le  jeu  de  pompo  qui  délerniinc  l'aspiration  du  Tenin;  Z<,      lodes  évacue    une    séciélion    qui    Serait 

assez  corrosive  pour  paralyser  les  doigts 
pendant  vingt-quatre  heures. 

Le  liquide  à  odeur  sulfhydrique,  dé- 
fensif,  que  les  Dytiques  lejettent  sous 
forme  de  jet  trouble  en  arrière  de  leur 
corps,  n'est  antre  que  le  coutenu  de 
leur  crecum  rectal,  et  la  sécrétion  graisseuse  des  glandes  anales  paraît  destinée,  chez 
cet  Insecte,  à  enduire  le  corps  (Dierx).  [Voir  dans  Faivre  [Ann.  Se.  nat.,  1862,  342), 
une  étude  physiologique  de  ces  glandes  et  une  analyse  par  Berthelot  de  leur  sécrétion.] 
Des  produits  toxiques,  ou  exerçant  une  action  protectrice,  à  cause  de  la  forte  odeur 
qu'ils  dégagent,  peuvent  être  sécrétés  par  des  glandes  tégumentaires  spéciales  de  nom- 
breux Insectes  (glandes  dorsales  éversibles  des  Blattes  et  des  Phasmides,  glandes  tho- 
raciques  des  Hémiptères  hétéroplères,  sacs  éversibles  ou  osmétériums  de  diverses  che- 
nilles, etc.).  On  trouvera  une  étude  complète  de  ces  appareils  et  de  leurs  fonctions 
dans  Packard,  p.  368-390.  Notons  seulement  que,  chez  la  chenille  de  Centra  vinula,  il 
existe  un  appareil  éversible  prothoracique  qui  rejette  de  l'acide  formique  fortement 
concentré,  33  à  40  p.  100  (Pollton,  1887)  et  que  les  larves  de  certaines  Chrysomèles 
[Lina  populi)  présentent  des  verrucosités  dorsales  qui  rejettent  un  liquide  dont  l'odeur 
pénétrante  est  due  à  l'aldéhyde  salicylique  (Pelouze). 

Les  chenilles  de  Bombycides  présentent  fréquemment  des  propriétés  urticantes.  Elles 


Kir,.  G6.  —  Appareil  venimeux  de  l'Abeille. 

1.  —  Appareil  vu  par  la  face  doriale  ;  (jD,  glande  acide; 

Gb,  réservoir  du  veniti  :  I),  glande  alcaline  ;  Sir,  gorgc- 

ret   en   dessous   duquel    glissent  dans  une  rainure   les 

deux  stylets  ;  Ba,  base  renflée  du  gorgerot  renfermant 


racines  ou  supports  du  gorgeret  et  des  stylets;  i>h, 
valves  du  fourreau  de  l'aiguillon  ;  W,  O,  G,  leviers  du 
gorgeret  et  des  stylets. 
2.  —  Aiguillon  vu  j)ar  la  face  ventrale  :  fl,  racines  du  gor- 
geret et  des  stylets;  Ba,  base  renflée  du  gorgeret; 
Stb',  Slb",  les  deux  stylets,  glissant  dans  la  rainure 
au-dessous  du  gorgeret.  (Figures  d'après  Krœpelix.) 


INSECTES.  353 

sont  (lues  généralement  à  des  poils,  à  la  base  desquels  s'ouvrent  des  glandes  à  venin 
unicellulaires,  et  qui  se  brisent  avec  facilité  ;  le  venin  se  déverse  à  l'extérieur,  soit  par 
rupture  de  l'extrémité  du  poil,  soit  par  des  orifices  spéciaux  (Leydig,  Keller,  Packard, 
Cholodkovsky,  b'.E.NiTSKV,  Molc.rkm).  D'aptes  Berlesk,  il  n'y  a  jamais  interruption  com- 
plète de  la  cuticule,  ni  de  perforations  réelles;  mais  la  sécrétion  s'écliappe  par  osmose 
au  travers  de  la  cuticule  amincie,  ainsi  que  cela  se  présente  pour  les  glandes  ciripares 
et  laccipares.  Réaumur,  Goossens  (1881),  et  plus  récemment  Beille  (1896),  ont  fait 
connaître  en  détails  le  curieux  mécanisme  des  organes  urticants  des  chenilles  des 
Bombycides  et  en  particulier  de  la  chenille  du  Bombyx  processionnaire  du  Pin  {Cne- 
thocampa  pytiocampa).  Ces  organes  sont  représentés  par  de  grandes  boutonnières  ova- 
laires  transversales,  vivement  colorées,  situées  sur  la  partie  dorsale  des  segments  et 
connues  sous  le  nom  de  miroirs;  si  la  chenille  est  excitée,  les  lèvres  s'écartent  et  le 
miroir  devient  proéminent;  or  sa  surface  est  tapissée  de  poils  urticants  très  p(!tits  qu 
se  séparent  avec  la  plus  grande  facilité  et  qui  emportent  dans  leurs  canalicules  une  petite 
quantité  de  venin  sécrétée  parla  glande  qui  se  trouvait  à  leur  base  ;  en  outre,  d'autres 
grands  poils  barbelés  existent  sur  les  lèvres  du  miroir;  par  suite  des  mouvements  de 
la  chenille,  ces  poils  s'inclhient,  et  certains  d'entre  eux,  agissant  comme  des  leviers, 
pénètrent  entre  les  petits  poils  du  miroir  et  enlèvent  en  se  relevant  une  quantité  de  ces 
flèches  minuscules  que  le  moindre  souflle  suffit  alors  à  disperser'. 

La  nature  de  la  substance  urticante  reste  encore  mal  connue.  Les  recherches  de 
GoossExs  et  de  Fabre  semblent  écarter,  au  moins  pour  les  chenilles  processionnaires, 
l'opiiiion  d'après  laquelle  il  s'agirait  d'acide  formique,  et,  d'après  les  réactions  chi- 
miques et  physiologiques,  il  faut  admettre  que  la  substance  active  doit  être  voisine  de 
la  cantharidine. 

Fabre  a  reconnu  que  celte  substance,  facilement  séparable  par  l'éther,  existe  dans  le 
sang  de  la  Chenille  processionnaire  du  Pin  et  peut  être  excrétée  en  quantité  considé- 
rable par  le  tube  digestif,  puis  être  rejetée  avec  les  excréments.  C'est  là,  du  reste,  une 
propriété  assez  répandue  chez  les  Insectes,  et,  en  traitant  par  l'éther  les  produits  d'excré- 
tion rejetés  par  des  types  fort  divers  [Cetonia,  Tenthredo,  Gnjllus,  etc.),  au  moment  de 
i'éciosion,  Fabre  a  obtenu  une  substance  irritante  semblable.  Le  mal  de  bassine,  dont 
sont  atteintes  parfois  les  magnanarelles  ou  les  ouvrières  qui  manient  les  coi7ons  pour 
la  filature,  a  une  origine  semblable  :  la  cause  doit  en  être  recherchée  dans  les  excré- 
ments du  Ver  à  soie.  Ces  constatations  ont  conduit  Fabrr  à  nier  la  réalité  de  glandes  à 
venin  déversant  leur  produit  à  l'intérieur  des  poils  urticants;  et  ces  derniers,  d'après 
lui,  ne  doivent  leurs  propriétés  qu'à  ce  fait  qu'ils  sont  extérieurement  imprégnés  de  la 
substance  irritante,  qui  est  rejetée  dans  le  nid  avec  les  excréments  des  chenilles  :  seules, 
les  chenilles  pourvues  de  poils  et  vivant  en  société  dans  des  nids  jouiraient  ainsi  de  la 
propriété  de  fixer  cette  substance  sur  leurs  téguments  et  de  devenir  par  elles-mêmes 
urticantes.  Les  poils  à  glandes  venimeuses  ont  été  pourtant  décrits  par  trop  de  bons  obser- 
vateurs pour  qu'on  puisse  nier  leur  existence.  Aussi  est-il  très  probable  que  la  sécrétion 
par  des  glandes  se  déversant  à  l'intérieur  de  poils  spéciaux  et  l'excrétion  par  le  tube 
digestif  doivent  concourir  pour  déterminer  les  phénomènes  d'urtication,  l'un  ou  l'autre 
de  ces  deux  processus  dominant  ou  devenant  exclusif  suivant  les  espèces  que  l'on  considère. 
Récemment  (1907),  ïyzzer  a  étudié  l'action  ))athologique  de  la  substance  urticante 
produite  par  la  chenille  du  Liparis  chrysorrhœa  et  montré  qu'elle  a  une  action  très 
énergique  sur  les  globules  rouges. 

Outre  les  glandes  tégumentaires  à  sécrétions  toxiques  ou  répulsives,  il  existe,  chez 
les  Insectes,  des  glandes  à  propriétés  attractives  ou  servant  à  la  reconnaissance  des 
individus  entre  eux.  Les  écailles  modifiées  et  odorantes  (androconies),  que  l'on  trouve 
groupées  en  champs  réguliers  à  la  face  supérieure  des  ailes  chez  les  mâles  de  nom- 
breux Lépidoptères  et  les  organes  à  parfum  divers  [Duftorgane)  qui  se  rencontrent  dans 
les  deux  sexes  donnent  à  ces  Insectes  leurs  odeurs  caractéristiques  en  rapport  avec  la 
reproduction.  Chez  l'Abeille,  l'organe  de  iNasso.noff,  placé  entre  les  o«  et  6«  tergites 

1.  D'après  Fabre,  ce  sont  les  bords  des  boutonnières  qui  fournissent,  en  s'épilant,  la  poussière 
urticante;  ils  agiraient  comme  des  lèvres  qui,  bâillant  et  se  refermant,  ne  cesseraient  de  moudre 
aux  dépens  de  leurs  barbiches. 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME    IX.  23 


35^ 


INSECTES. 


abdominaux  émet  une  odeur  assez  pénétrante  qui,  d'après  Sladen  (1903),  permet  aux 
Abeilles  de  se  reconnaître  entre  elles'. 

Les  Insectes  qui  vivent  en  symphilie  dans  les  fourmilières  ou  les  termitières  (Clavi- 
ger,  Lomécbuse,  Paussides)  présentent  des  trichômes,  des  fossettes  ou  des  pores  cuta- 
nés produisant  une  sécrétion  de  nature  éthérèe,  qui  est  absorbée  par  leurs  botes  et  qui 
constitue  pour  ceux-ci  un  excitant  agréable,  en  échange  duquel  ils  donnent  à  leurs  com- 
pagnons l'abri,  la  nourriture  et 
même  le  transport,  en  cas  de  né- 
cessité. 

XV.  -  REPRODUCTION. 


Aucun  chapitre  de  l'histoire 
des  Insectes  ne  renferme  un  aussi 
grand  nombre  de  données  inté- 
ressant la  biologie  générale  que 
celui  de  la  reproduction.  Mais  à 
cause  de  son  étendue  et  de  la  façon 
inséfiarable  dont  se  trouvent  asso- 
ciées dans  celte  question  l'anato- 
mie,  la  physiologie  et  l'embryo- 
génie, il  est  impossible  d'entrer 
ici  dans  les  développements  que 
comporterait  cette  étude.  On  trou- 
vera d'ailleurs  les  principaux  faits 
de  la  reproduction  des  Insectes, 
que  nous  ne  pouvons  traiter,  dans 
les  livres  d'entomologie  générale, 
principalement  dans  ceux  de 
Hen.neguv  et  de  Berlese. 

Les  sexes  sont  normalement 
séparés,  et  les  cas  d'hermaphro- 
disme quel'onsignale,  notamment 
chez  les  Lépidoptères  et  les  Hymé- 
noptères, sont  accidentels. 

Les  caractères  sexuels  secon- 
daires sont  souvent  très  marqués 


FiG.  67.  —  Enryrtui  [Ayeniaspis)  fuscicoUis. 

1.  L'Hyménoptôre  parasite  sur  une  ponto  d'Hyponomeute  (Lt'j)i- 
iloptère).  Gr.  nat. 

2.  Le  môme,  grossi,  piquant  un  œuf  de  l'Hj'ponomeute  pour  y 
introduire  un  do  ses  jiropres  œufs.  Les  œufs  du  Paiiiilon  no 
sont  pas  arrêtés  dans  leur  développement,  et  ils  donnent  nais- 
sance à  dos  chenilles,  qui  contiendront  à  leur   intérieur  une    et  jl  peut  V  avoir  un  dimorphismc 

llZ^^'J-lnZTJt^::':'''' '''^^^^^^^  «exuel    complet    (Bombycides    et 

3.  Chenille  d'Hyponomeute  provenant  d'un  œuf  piqué  par  l'Encyr- 
tuset  parvenue  au  terme  de  son  évolution.  Réduite  à  ses  tégu- 
ments durcis,  elle  contient  à  son  intérieur  une  centaine  de  coques 
formées  par  les  larves  issues  de  l'œuf  pondu  par  l'Encyrtus  ; 
chacune  d'entre  elles  donnera  naissance  à  un  Hncvrtus  adulte. 


Géométrides  divers,  Coccides, 
Lampyres,  etc.).  La  castration 
expérimentale  des  chenilles,  ou 
même  la  transplantation  des  or- 
ganes du  sexe  opposé  à  la  place 
des  organes  primitifs  chez  ces  Insectes,  n'a  aucune  influence  modificatrice  sur  les 
caractères  sexuels  secondaires  du  Papillon  (Ogdem.\ns,  Kellog,  Meisenheimer). 

Bien  que  la  reproduction  sexuée  soit  la  règle,  l'agamogénèse  est  néanmoins  très 
fréquente  chez  les  Insectes.  On  peut  en  distinguer  trois  modes,  se  manifestant  à  des 
phases  diverses  de  Tontogénèse  :  ce  sont  :  la  polyembryonie  spécifique  ou  germino- 
gonie,  la  pédogénèse  et  la  paithénogénèse. 

1°  Polyembryonie  spécifique  ou  Germinogonie.  —  Elle  n'a  été  signalée  jus- 
qu'ici que  chez  quelques  Hyménoptères  parasites  (Paul  Marchal,  1898  et  1904,  Sil- 
vestri,  1906).  Elle  consiste  en  ce  que  l'œuf,  dès  le  début  de  la  segmentation,  se  dissocie 
en  un  nombre  de  germes  évoluant  chacun  pour  son  compleenun  individu  distinct.  Chez 

1.  Nassanoff  (1883)  admettait  que  cet  organe  jouait  un  rôle  dans  la  transpiration, et,  d'a^irès, 
ZouBAREFF,  il  Servirait  à  expulser  rapidement,  pendant  le  vol,  l'eau  qui  se  trouve  en  excès  dans 
le  nectar. 


INSECTES.  355 

un  Cluilcidien,  par  exemple,  VEncyrliis  [Ageniaspis]  fuscicolUs  (fig.  G7),  un  seul  œuf 
donne  naissance  à  une  chaîne  formée  d'une  centaine  d'embryons.  Les  Insectes  pro- 
venant d'un  même  œuf  sont  de  môme  sexe.  Ce  mode  de  reproduction  ne  se  retrouve 
dans  aucun  aulre  groupe  du  règne  animal;  il  se  rapprociie  beaucoup  néanmoins  de  la 
scission  embryonnaire  de  certains  bryozoaires,  et  semble  trouver  sa  principale  explica- 
tion dans  les  causes  mécaniques  ou  physiques  qui  interviennent  dans  la  blastotomie  et 
la  polyembryonie  expérimentales. 

2"  Pédogénèse.  — Elle  a  été'  appelée  aussi  parthénogenèse  larvaire  ou  progénèse  par- 
ihénogénédqne,  et  n'a  été  signalée  jusqu'ici  que  chez  certains  Diptères  (larves  des  Céci- 
domyes  du  genre  Miastor  et  nymphes  de  Chironomiis  Grimini).  Chez  les  Miastor  metra- 
loas,  on  peut  observer  plusieurs  générations  de  larves,  dont  les  ovaires  arrivent  à 
maturité  d'une  façon  précoce  et  donnent  naissance  à  de  nouvelles  larves  qui,  en  gran- 
dissant, lînissent  par  remplir  le  corps  de  la  larve-mère,  et  ne  sont  mises  en  liberté 
que  par  la  destruction  de  cette  dernière  (Nicolas  Wagneb,  1862;  Mei.nert,  1864;  Pagens- 
TECHER,  1864;  Metchnikoff,  1866).  Grimm,  en  1870,  reconnut  que  les  nymphes  de  Chiro- 
nomus  Grimmi  pouvaient  se  reproduire  au  moyen  d'œufs  non  fécondés.  Les  processus 
élémentaires  de  la  pédogénèse  peuvent  se  ramener  à  ceux  de  la  parthénogenèse,  matu- 
ration avec  un  seul  globule  polaire  et  sans  réduction  (Kahle,  1908). 

3"  Parthénogenèse.  —  Elle  se  présente  chez  les  Insectes  parvenus  à  l'état  parfait, 
et  peut  se  manifester  sous  les  formes  suivantes  : 

1"  Parthénogenèse  thélytoque )  Homoparthénogénèse  (Henneguy)  ou  Isoparthénogé- 

2°  —  arrhénotoque \       nèse  (Hatscheck). 

'■i'  —  cyclique  régulière..    .    /   tix'  .i  •        ^    •      /ti  \ 

,„  •'       '      .    '^      ,.,  Hetei-opartlienogénese    Henneguy  . 

4°  —  —       irregulicre.  .   \  '■  a  \  i 

5°  —  accidentelle Tychoparthènogénése  (Henneguy). 

].'homoparthénogcncse  thélytoque  (productrice  de  femelles)  correspond  à  une  par- 
thénogenèse normale  et  indéfinie.  Beaucoup  d'espèces  que  l'on  pensait  pouvoir  ranger 
dans  cette  division  doivent  en  être  aujourd'hui  retirées;  car  l'observation  a,  en  effet, 
démontré  que  des  mâles,  bien  que  fort  rares,  pouvaient  néanmoins  de  temps  à  autre 
apparaître.  Il  semble  bien  pourtant  que  l'on  puisse  admettre  qu'un  certain  nombre 
d'espèces  de  Tenthrèdes  et  de  Cynipides  se  multiplient  par  parthénogenèse  indéfinie. 
Il  en  est  de  même  pour  diverses  espèces  ou  races  de  Chermes  {Chermes  picex).  Par 
contre,  le  cas  de  l'Eumolpe  de  la  vigne  {Bromius  vitis),  parmi  les  Coléoptères,  bien 
qu'on  n'ait  pas  encore  rencontré  de  mâles  arrivés  à  maturité  sexuelle,  ne  peut,  suivant 
toute  vraisemblance,  être  donné  comme  exemple  de  parthénogenèse  exclusive. 

Chez  différentes  espèces  de  Chermes  et  Phylloxéras,  la  génération  bisexuée  ne  se 
présente  que  dans  cerlairies  conditions,  et,  à  côté  du  cycle  qui  la  renferme,  on  voit  se 
constituer  un  cycle  parthénogénétique  exclusif  et  indéfini.  La  génération  sexuée  peut 
alors  devenir  accessoire  et  même  rudimentaire  (Dreyfus,  Cholookovsky,  Nisslix, 
Marcual,  Borner,  pour  les  Chermes;  nouvelles  recherches  de  Grassi,  Foa,  Grandori 
pour  le  Phylloxéra). 

V homoparthénogénèse  arrhénotoque  se  rencontre  chez  les  Hyménoptères  sociaux 
(Apides  et  Vespides),  et  consiste  en  ce  que  les  œufs  qui  ont  été  pondus  par  la  reine, 
sans  être  fécondés,  donnent  exclusivement  des  mâles.  Un  grand  nombre  de  faits  ten- 
dent en  outre  à  prouver  que  tous  les  mâles  d'une  société  sont  issus  d'œufs  non 
fécondés  ;  la  reine  ayant  la  faculté  de  contracter  ou  de  ne  pas  contracter  son  récep- 
tacle séminal  peut  ainsi  réaliser  à  volonté  la  fécondation  ou  la  non-fécondation  de  l'œuf 
qu'elle  pond  et  déterminer  le  sexe  de  sa  progéniture.  Suivant  le  sexe,  elle  distribue 
ses  œufs  dans  des  catégories  de  cellules  distinctes,  où  les  larves  qui  en  naissent  sont 
l'objet  de  soins  déterminés  de  la  part  des  ouvrières  :  telle  est  la  théorie  de  Dzierzon 
(voir  Abeille),  qui  semble  fondée  sur  des  faits  solidement  établis  :  la  théorie  de 
DicKEL  récemment  proposée  n'a  aucune  chance  de  la  remplacer.  Il  est  difficile  pourtant 
d'affirmer  que  tous  les  mâles  d'une  ruche  sont  issus  d'œufs  non  fécondés,  et  les  expé- 
riences de  croisements  qui  ont  été  faites  pour  trancher  la  question  ont  montré  que,  si 
l'on  croisait  une  reine  Abeille  avec  un  mâle  de  race  différente,  une  certaine  propor- 
tion des  mâles  produits  par  cette  reine  pouvait  présenter  des  caractères  tendant  à  prou- 


356  INSECTES. 

ver  leur  nature  hybride  (Jean  Pkrez),  à  moins  alors  d'invoquer  la  télégonie  (Sanso.n). 
Les  expériences  qui  ont  été  faites  à  ce  sujet  ne  sont  pas  d'ailleurs  toujours  concordantes. 
Les  ouvrières,  qui  sont  liabituellement  stériles  chez  les  Hyménoptères  sociaux,  peu- 
vent dans  certaines  conditions  pondre  des  œufs  capables  de  se  développer.  Mais  comme 
ces  ouvrières  ne  sont  jamais  fécondées,  elles  ne  donnent  jamais  naissance  qu'à  des 
mâles.  La  présence  des  ouvrières  pondeuses  est  normale  chez  les  Vespides  (Siebold, 
1871;  Marchal,  1893)  et  chez  les  Bourdons  (Huber,  1814;  Hokfer,  1882). 

Chez  les  Abeilles  domestiques,  les  ouvrières  pondeuses  ne  se  rencontrent  que  d'une 
façon  accidentelle  dans  les  ruches  orphelines. 

Dans  le  genre  Vespa,  il  suflit  de  supprimer  la  reine  pour  déterminer  la  fécondité  des 
ouvrières.  Si  la  fonction  reproductrice  de  la  reine  est  accidentellement  supprimée,  ce 
même  résultat  est  obtenu,  et  la  proportion  des  ouvrières  fertiles  peut  alors  s'élever  à 
la  moitié  de  la  population,  alors  que  le  nid  n'en  contenait  pas  auparavant  (P.  Marchal). 
Cette  fécondité  s'explique  par  ce  fait  que  les  ouvrières,  n'ayant  plus  de  jeune  couvain 
à  nourrir,  par  suite  de  l'interruplion  de  la  fonction  de  la  reine  ou  de  sa  disparition, 
résorbent  les  liquides  nutritifs  qu'elles  auraient  donnés  aux  larves  ou  les  sécrétions 
adaptées  à  l'alimentation  des  jeunes.  Sous  l'inlluence  de  celte  résorption,  il  se  produit 
un  retour  au  type  primitif,  et  les  ouvrières  perdent  le  caractère  négatif,  mais  fonda- 
mental, de  leur  différenciation,  la  stérilité.  On  peut  donc  considérer  la  fonction  de 
nourrice  comme  un  des  facteurs  déterminant  de  la  stérilité  chez  les  Hyménoptères 
{castration  nutriciale,  P.  Marchal),  et  admettre  que  ce  facteur  a  joué  son  rùle  dans 
l'évolution  à  côté  de  la  castration  alimentaire  de  Herbert  Spencer  et  de  Kmerv. 

Dans  la  parthénogenèse  cyclique  régulière,  il  y  a  alternance  régulière  d'une  généra- 
lion  sexuée  avec  une  génération  parthénogénétique  ou  avec  une  série  de  générations 
parthénogénétiques  se  produisant  toujours  dans  des  conditions  identiques.  Nous  nous 
bornerons  à  mentionner  les  cycles  évolutifs  des  Cynipides,  des  Pucerons  (Aphidés), 
des  Chermes  et  des  Phylloxéras,  qui  présentent  des  particularités  biologiques  ayant 
une  portée  capitale  pour  la  biologie  générale.  (Voir  le  traité  de  Henneguy  sur  les 
Insectes,  oîi  sont  analysés  les  travaux  de  Adler,  Balbiani,  Lichtenstein,  Chol-^d- 
KovsKY,  etc.  Voir  aussi  les  récents  travaux  de  Bor.ner,  ainsi  que  ceux  de  Crassi,  Foa, 
Grandori,  etc.) 

La  parthénogenèse  cyclique  irrégulière  est  caractérisée  par  ce  fait  que  les  mâles,  sou- 
vent très  rares,  n'apparaissent  que  d'une  façon  irrégulière  après  une  série  variable  de 
générations  parthénogénétiques.  On  l'observe  chez  les  Psychides  parmi  les  Lépidop- 
tères ^Siebold,  18oG-1871).  Chez  les  Lccaniuni  parmi  les  Coccides  (voir  Newstead,  1902; 
Marchal,  1907),  les  Tenthrèdes,  parmi  les  Hyménoptères  (voir  Cameron  et  van  Rossl'm, 
1905),  les  Phasmides,  parmi  les  Orthoptères  (Pantel,  1898;  de  Sinéty,  1901),  les  Otio- 
rhynques  parmi  les  Coléoptères  (Szilantiew,  1903),  on  rencontre  des  espèces  qui  présen- 
tent des  cas  analogues.  Le  cas  extrême  de  ce  mode  de  reproduction  peut  être  considéré 
comme  la  parthénogenèse  thélytoque  dans  laquelle  les  mâles  sont  entièrement  disparus. 
La  tychoparthénogénèse  consiste  en  ce  que,  dans  une  espèce  qui  normalement  se 
multiplie  par  reproduction  sexuée,  une  femelle  qui  n'a  pas  été  fécondée  peut,  dans 
certains  cas,  pondre  des  œufs  susceptibles  de  se  développer.  Elle  se  rencontre  assez 
fréquemment  chez  les  Lépidoptères,  notamment  chez  les  Bombycides  {Liparis  dispar, 
Porthesia  similis,  Bombyx  quercus,  Lasiocampa  pini,  etc.).  Elle  a  été  signalée  chez  le 
Bombyx  mori;  mais,  chez  cet  Insecte,  d'une  façon  très  générale,  le  développement 
s'arrête  avant  l'éclosion  de  la  chenille.  Tichomiroff  (1886)  a  provoqué  artificiellement 
le  développement  des  œufs  non  fécondés  de  Bombyx  mori  par  des  excitants  mécaniques. 
Chez  les  Coléoptères,  la  parthénogenèse  accidentelle  a  été  mentionnée  chez  Gastrophysa 
raphani.  Chez  les  Tenthrèdes,  parmi  les  Hyménoptères,  chez  les  Phasmides,  parmi  les 
Orthoptères,  chez  les  Coccides,  parmi  les  Hémiptères,  on  peut  rencontrer  tous  les 
degrés  entre  une  parthénogenèse  accidentelle  et  une  parthénogenèse  normale  du  type 
cyclique  irrégulier.  Chez  la  plupart  des  Phasmides,  les  mâles  sont  introuvables  ou 
rares;  chez  l'un  d'entre  eux  pourtant,  le  Leptynia  attenuata,  les  mâles  sont  très  nom- 
breux ;  or  les  femelles  de  cette  espèce  peuvent  néanmoins  se  reproduire  par  parthé- 
nogenèse et  alors  leur  descendance  est  toujours  femelle  (thélitokie  constante)  (de 
Sinéty,  1900).  Ce  cas  est  exactement  l'inverse  de  celui  des  Abeilles. 


INSECTES.  357 

Détermination  du  sexe.  —  F-e  fait  que  tons  les  individus  issus  d'un  même  œuf 
dans  le  cas  de  iiolucmbriionie  spécifique  sont  de  même  sexe  (P.  Maucual,  Bugxion),  montre 
bien  que  le  sexe  est  déterminé  d'une  façon  très  précoce  avant  ou  après  la  fécondation. 
I.es  assertions  de  divers  auteurs  qui  auraient  déterminé  le  sexe  en  alimentant  d'une 
fac'on  variée  ou  plus  ou  moins  copieuse  des  chenilles  ou  des  larves  de  Mouches  ont  été 
d'ailleurs  controuvées.  Si  l'on  considère  l'ensemble  des  faits  connus  relativement  à  la 
détermination  du  sexe  chez  les  Insectes,  on  peut,  avec  Loeb,  distinguer  trois  types 
ditférents  suivant  lesquels  elle  pourrait  se  produire. 

1°  11  y  a  deux  sortes  d'ovules  :  les  uns  donnent  des  mâles,  les  autres  des  femelles. 
C'est  le  cas  bien  connu  des  espèces  qui  présentent  dans  leur  cycle  évolutif  une  ou  plu- 
sieurs générations  parthénogénéliques,  tels  que  les  Cynipides,  les  Pucerons,  les 
Cliermes.  11  peut  se  faire  dans  ce  cas  que  les  femelles  ])arthénogénétiques  sexupares 
se  divisent  on  deux  groupes,  les  unes  pondant  exclusivement  des  œufs  de  femelles,  les 
autres  exclusivement  des  œufs  de  mâles,  et  qu'il  y  ait  une  différence  de  taille  très  appa- 
rente entre  les  œufs  des  deux  catégories  (Phylloxéra). 

2°  Chez  d'autres,  il  n'y  a  qu'une  sorte  d'ovule;  mais  il  y  a  deux  sortes  de  spermato- 
zoïdes, dont  l'une  produirait  des  mâles,  et  l'autre  des  femelles.  C'est  le  cas  des  Hémip- 
tères Ilétéroptères  et  de  divers  Orthoptères.  L'existence  de  ces  deux  catégories  de 
spermatozoïdes  a  été  découverte  par  Henking;  et,  fait  capital,  elles  se  distinguent  Tune 
de  l'autre  par  le  caractère  suivant  :  présence  d'un  chromosome  de  plus  (dit  chromosome 
accessoire)  dans  l'une  des  catégories  et  absence  ou  faible  développement  de  ce  chromo- 
some accessoire  dans  l'autre  catégorie  (Montgomery).  Il  est  très  remarquable  que  les 
deux  catégories  de  spermatozoïdes  existent  en  nombre  égal  chez  le  même  mâle;  la 
substance  chromatique  jouant  d'autre  part  un  rôle  essentiel  au  point  de  vue  de  l'héré- 
dité et  les  caractères  sexuels  étant  les  seuls  qui  se  répartissent  en  deux  groupes  égaux 
et  bien  définis,  Mac  Clung  a  été  ainsi  conduit  le  premier  à  conclure  que  le  chromosome 
accessoire  est  en  rapport  avec  la  détermination  du  sexe. 

D'après  les  travaux  de  Wilson  {Science,  1905),  il  y  a  des  raisons  pour  croire  que  ce 
sont  les  œufs  fécondés  par  les  spermatozoïdes  pourvus  d'un  chromosome  accessoire  qui 
produisent  des  femelles. 

3°  Le  troisième  type  relatif  à  la  détermination  du  sexe  comprend  les  Insectes  chez 
lesquels  il  semble  n'y  avoir  qu'une  seule  espèce  d'ovules  et  une  seule  espèce  de  sper- 
matozoïdes :  les  ovules  qui  se  développent  parthénogénétiquement  produisent  l'un  des 
deux  sexes;  ceux  qui  sont  fécondés  produisent  l'autre  [voir  ci- dessus  Parthénogenèse). 

Il  convient  de  faire  observer  que  les  trois  divisions  précédentes  ne  peuvent  avoir 
pour  but  que  de  donner  un  groupement  provisoire  facilitant  l'exposition  des  faits 
connus.  Car  il  doit  exister  un  grand  nombre  de  termes_de  passage,  et  beaucoup  d'In- 
sectes ne  pourraient  évidemment  prendre  place  d'une  façon  fixe  et  exclusive  dans 
aucun  des  trois  types  précédemment  décrits. 

Rappelons  enfin  que  chez  certains  Phasmes  étudiés  par  de  Sixéty  {Leptynia  atte- 
nuata),  le  spermatozoïde  apparaît  comme  nécessaire  pour  déterminer  l'œuf  comme 
mâle,  ce  qui  est  exactement  la  contre-partie  de  ce  qui  se  présente  pour  les  Hyménop- 
tères Porte-aiguillons  (voir  ci-dessus  Parthénogenèse). 

Pour  Accouplement,  Ponte,  Viviparité,  Spermatozoïdes,  Œufs,  Fécondation,  voir 
Henneguy,  Les  Insectes,  Paris  (Masson),  1904,  p.  262-303. 

XVI.   —   RÉGÉNÉRATION. 

Le  pouvoir  de  régénération  des  appendices  est  surtout  très  caractérisé  chez  les 
Aptérygotes  et  chez  les  Orthoptères,  c'est-à-dire  chez  les  Insectes  les  plus  primitifs. 
Dans  le  premier  groupe,  les  expériences  de  Przibram(1907)  ont  montré  que  cette  faculté 
était  particulièrement  développée  dans  l'ordre  le  plus  inférieur,  c'est-à-dire  chez  les  Thy- 
sanoures  :  même  lorsqu'ils  ont  atteint  la  maturité  sexuelle,  ces  Insectes  peuvent  en 
effet  régénérer  complètement  leurs  antennes  et  leurs  filaments  caudaux,  la  régénération 
ne  pouvant  d'ailleurs  se  faire  qu'après  une  mue;  les  palpes  et  les  pattes  se  régénèrent 
aussi  facilement,  mais  à  un  moindre  degré. 

Parmi  les  cas  les  plus  remarquables  de  régénération  chez  les  Insectes,  sont  aussi 


358  INSECTES. 

ceux  (jui  succèdenl  à  l'aulolomie  des  membres  chez  les  larves  ou  les  nymphes  d'Orthop- 
tères et  qui  ont  été  t'-tudiés  par  Burdage  :  cette  faculté  régénératrice  est  surtout  déve- 
loppée chez  les  Blattes;  elle  l'est  à  un  moindre  degré  chez  les  Mantes  et  chez  les 
Phasmes;  elle  paraît  enfin  faire  défaut  chez  les  Orthoptères  sauteurs.  Chez  les  Orthop- 
tères, après  autotomie,  la  régénération  se  présente  avec  les  caractères  suivants  :  1"  Il 
y  a  accélération  dans  la  rapidité  de  croissance  du  membre  en  voie  de  régénéiation  el, 
grâce  à  celte  accélération  qui  ne  se  produit  que  pendant  une  période  de  temps  corres- 
pondant à  3  ou  4  mues  consécutives,  les  did'érences  de  longueur  entre  le  membre 
régénéré  et  le  membre  correspondant  demt'uré  en  place,  d'abord  considérables,  ten- 
dent à  s'atténuer;  2"  la  régénération  est  hj/potypique,  et  les  tarses  normalement  penta- 
mères  deviennent  tétramères  après  la  régénération  :  un  même  membre  régénéré  trois 
fois,  après  trois  ablations  autoloraiques  successives  se  présentera  par  exemple  cons- 
tamment avec  un  tarse  tétramère,  fait  qui  semble  impliquer  que,  si  la  régénération 
donue  ici  un  tarse  tétramère,  ce  n'est  pas  paice  qu'elle  est  incapable  de  donner  la 
forme  plus  complète  et  pentamére,  mais  plutôt  parce  qu'elle  reproduit  un  état  corres- 
pondant à  un  état  ancestral. 

Le  processus  de  régénération,  après  réseclion  expérimentale,  existe  chez  les 
Orthoptères,  mais  est  de  beaucoup  inférieur  au  processus  de  régénéiation  après  aulo- 
tomie:la  régénération  ne  se  fait  que  si  la  résection  est  pratiquée  dans  certaines  limites, 
par  exemple,  chez  les  Blattes,  dans  les  limites  comprises  entre  le  tiers  moyen  du  fémur 
et  l'articulation  du  3*^  et  du  4*=  articles  du  tarse;  elle  se  fait  en  outre  bien  plus  lente- 
mentqu'après  autotomie  ;  enfin  le  membre  régénéré  après  résectiona  ordinairement  ses 
différentes  parties  moins  bien  proportionnées  entre  elles,  la  loi  de  corrélation  de  crois- 
sance élant  souvent  enfreinte,  et  les  cas  tératologiques  étant  assez  fiéquents;  ces  der- 
niers mis  à  part,  la  lélramérie  est  encore  ici  la  règle  dans  le  tarse  du  membre  ré^-é- 
néré.  Pour  les  Orthoptères  sauteurs,  la  régénération  après  résection  expérimentale  pi  ut 
se  faire  pour  les  sections  pratiquées  dans  la  région  tarsienne;  pour  les  patles  anté- 
rieures el  moyennes,  elle  peut  en  outre  se  faire  pour  les  sections  pratiquées  au  point 
d'articulation  du  fémur  avec  le  trochanler,et,  en  ce  cas,  le  tibia  des  membres  antérieurs 
régénérés  ne  présente  pas  d'appareil  tympanique;  le  nombre  des  articles  du  tarse  est 
le  même  que  dans  le  meiubre  primitif. 

Qu'il  s'agisse  de  régénération  après  autotomie  ou  après  résection  expérimentale,  ce 
processus  est  toujours  entièrement  sous  la  dépendance  du  phénomène  de  la  mue,  et  il 
ne  peut  commencer  qu'à  partir  du  moment  où  l'hypoderrae  s'est  rétracté  en  se  séparant 
de  la  cuticule  et  de  la  production  cicatricielle  rigide  el  inextensible.  Le  nombre  de 
jours  qui  est  compris  entre  le  moment  de  l'apparition  de  la  couche  hyaline  sous-culi- 
culaire  permettant  la  formation  de  la  papille  de  régénération  d'une  part,  et  le  moment 
de  la  mue  proprement  dite  d'autre  part  est  variable  d'une  famille  à  l'autre  (maximum 
chez  les  BlattidesV  Plus  ce  nombre  sera  grand,  plus  aussi  seront  grandes  les  dimen- 
sions du  membre  de  remplacement,  lorsqu'il  fera  son  apparition  après  sa  libération 
de  la  dépouille  exuviale  (Bordage). 

Les  exemples  de  régénération  chez  les  larves  d'Insectes  autres  que  les  Orthoptères, 
après  résections  d'appendices,  sont  nombreux.  Les  larves  et  nymphes  de  divers  Névrop- 
tères  (Agrionides,  etc.)  peuvent  régénérer  très  facilement  leurs  divers  appendices  sur 
toute  leur  longueur  ;^P.  Bert;  Child  et  Young,  1903  ;  Bordage,  190o  (p.  41  i,  note)]. 

La  régénération  des  appendices  a  été  observée  chez  les  larves  de  Coléoptères  (Tor- 
NIER,  1901)  et  de  Lépidoptères  :  chez  les  chenilles  (Ver  à  soie),  les  pattes  larvaires  ne  se 
régénèrent  que  lorsqu'elles  n'ont  pas  été  totalement  amputées;  la  régénération  se  ter- 
mine alors  toujours  après  la  2'^  mue  qui  suit  l'opération  (Kellog).  Les  pattes  réi;énérées 
de  la  chenille  sont  semblables  aux  pattes  primitives.  Une  patte  complètement  supprimée 
chez  la  chenille  peut  être  entièrement  régénérée  chez  le  Papillon,  si  l'opération  est  faite 
avant  la  4«  mue  (Verson).  Meisenheimer  a  récemment  obtenu  la  régénération  des  ailes 
chez  le  Papillon  (Ocneria  dispar),  après  avoir  complètement  extirpé  les  liistoblastes  de  ces 
appendices  chez  la  chenille;  l'aile  régénérée  est  semblable  à  l'aile  normale,  mais 
souvent  beaucoup  plus  petite.  Werber  (1903)  a  obtenu  chez  Tenebrio  molitor  la  régéné- 
ration de  l'antenne  et  de  l'œil  après  extirpation  chez  la  larve. 

Les   données  fournies  par  la  régénération   des   appendices   chez   les  Orthoptères 


INSECTES.  35!) 

étaient  ijlutôt  en  faveur  de  l'opinion  qui  veut  que  la  faculté  r6f;6nérdtrice  soit  d'autant 
plus  marquée  que  l'organe  est  plus  exposé  à  des  mutilations  accidentelles  ([)rincipe  de 
Lessona);  mais  les  expériences  ci-dessus  mentionnées  et  poitant  sur  les  chenilles  des 
Lépidoptères  montrent  qu'aucune  loi  dans  ce  sens  ne  peut  être  formulée  à  cet  énrard. 
Rien  en  effet  ne  peut  être  moins  exposé  à  une  mutilation  que  l'iiistoblaste  de  l'aile  à 
l'intérieur  d'une  chenille. 

XVII.  —  PHYSIOLOGIE    DES   MÉTAMORPHOSES. 

Chez  les  Insectes  à  métamorphoses  complètes, il  se  produit  à  la  fin  de  la  vie  larvaiie 
et  chez  la  nymphe  ou  chrysalide  des  modifications  profondes  de  l'organisme  qui  se  réa- 
lisent par  l'histolyse  de  nombreux  tissus  larvaires  et  l'histogenèse  des  organes  de 
l'adulte  {imago)  remplaçant  les  organes  larvaires  détruits. 

Nous  avons  vu  (p.  332)  le  rôle  important  que  joue  dans  bien  des  cas  la  phagocytose 
leucocytaire  dans  la  destruction  des  tissus  larvaires.  D'autre  part,  chez  diverses  familles, 
la  phagocytose  semble  ne  jouer  qu'un  rôle  réduit  ou  presque  nul.  Il  faut  en  conclure 
que,  en  dehors  d'elle,  il  y  a  d'autres  facteurs  qui  interviennent  dans  l'histolyse  et  que  des 
diastases  ou  des  toxines  peuvent  agir  sur  les  éléments  anatomiques,  sans  l'intervention 
de  phagocytes  englobants.  Berlese,  qui  nie,  d'une  façon  bien  trop  absolue,  le  rôle  de  la 
phagocytose,  a  soutenu  que  le  suc  gastro-intestinal  lui-même  s'extravase  dans  la  cavité 
générale  au  moment  de  la  nymphose,  apportant  à  la  fois  des  matériaux  nutritifs  qui 
seront  emmagasinés  et  élaborés  dans  les  cellules  adipeuses  {trophocytes)  et  les  dia- 
stases déterminant  l'histolyse;  mais  cette  théorie  est  d'une  vérification  bien  difficile. 

Quel  que  soit  le  processus  —  intervention  des  phagocytes,  ou  production  des  diaslascs 
indépendante  de  ces  derniers  —  il  doit  avoir  lui-même  son  déterminisme  et  bien  des 
théories  ont  été  mises  en  avant  pour  l'établir  [théories  de  l'asphyxie  (Bataillon),  de 
la  crise  génitale  et  du  retentissement  sur  les  leucocytes  des  sécrétions  internes  des 
gonades  (Ch.  Pkrez),  de  l'arrêt  de  fonctionnement  (Anglas),  etc.].  Nous  n'avons  pas  ici 
à  les  examiner  (Voir  Henneguy,  675),  mais  seulement  à  rendre  compte  des  connais- 
sances encore  fort  imparfaites  que  nous  possédons  au  sujet  des  principaux  phéno- 
mènes physiologiques  accompagnant  l'histolyse  et  l'histogenèse. 

La  nymphe,  ne  prenant  pas  de  nourriture,  se  nourrit  et  évolue  aux  dépens  de  ses 
propres  tissus  ou  des  réserves  qui  ont  été  accumulées  pendant  la  vie  larvaire;  malgré 
son  immobilité  presque  complète,  la  nymphe  continue  donc  à  respirer  et  à  exhaler  de 
la  vapeur  d'eau';  d  autre  part,  avant  de  se  transformer,  la  larve  rejette  toutes  les 
matières  inutilisables  contenues  dans  son  tube  digestif;  enfin,  elle  peut,  chez  certaines 
espèces,  filer  une  quantité  de  soie  considérable,  pour  tisser  un  cocon  :  il  n'est  donc  pas 
étonnant,  pour  ces  différentes  causes,  que  l'Insecte  perde  une  grande  partie  de  son 
poids  en  se  transformant.  D'après  Dandolo,  le  Ver  à  soie  mùr,  prêt  à  filer,  pèse  en 
moyenne  3s^'",68;  son  cocon,  avec  la  chrysalide  qu'il  contient,  pèse  le  huitième  jour 
2b'''18  et,  sur  ce  poids,  celui  de  la  chrysalide  entre  pour  l^^Si.  L'animal  a  donc  perdu, 
pendant  cette  période,  16'',84,  c'est-à-dire  la  moitié  de  son  poids  primitif.  Le  poids 
continue  à  diminuer  les  jours  suivants,  mais  dans  de  moindres  proportions,  et  le  poids 
des  Papillons  est  en  moyenne  :  pour  les  femelles,  de  l^r/ti;  pour  les  mâles,  de  Os^SO. 
Au  point  de  vue  de  la  physiologie  des  métamorphoses,  la  grande  diminution  de  poids 
tenant  au  rejet  des  excréments  par  la  larve  et  au  filage  du  cocon  n'a  pas  à  fixer  notre 
attention;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  celle  qui  se  produit  après  le  filage  du 
cocon;  elle  ne  peut  être  due  en  etfet  qu'à  l'élimination  de  l'acide  carbonique  et  de  la 
vapeur  d'eau. 

Vaney  et  Maigno.n  (1906J  ont  montré  que  les  pertes  de  poids  les  plus  grandes  ont  lieu 
au  début  et  à  la  fin  de  la  métamorphose;  elles  coïncident  avec  les  périodes  pendant 
lesquelles  s'opèrent  les  transformations  morphologiques  les  plus  importantes,  c'est-à- 
diie  celles  qui  correspondent  à  la  transformation  de  la  larve  en  nymphe  et  à  la  trans- 
formation de  la  nymphe  en  imago;  l'expérience  a  également  établi  que  c'est  pendant 

1.  Chez  les  chrysalides  de  Lépidoptères,  les  stigmates  antérieurs  restent  seuls  fonctionnels 
exp.  de  RÉAUMUR  consistant  à  immerger  partiellement  les  chrysalides  dans  l'huile). 


360 


INSECTES. 


ces  pt-riodesque  l'inlPiisité  des  échanges  respiratoires  atteint  son  maximum  (Luciani  et 
Lo  Monaco,  181)3;  Dubois  et  Couvhkuh,  1901). 

A  la  lin  de  la  vie  larvaire  et  pendant  le  lilage  du  cocon,  l'aclivilf';  respiratoire  est 

considérable, et  le  rapport-— -  t^st  voisin  de  Tunité,  ce  qui  implique  (jue  la  quantité 

d'oxygène  absorbée  équivaut  à  peu  près  à  celle  qui  est  éliinin>^e  à  l'état  de  C0-;  la 
quantité  de  CO-  éliminée  diminue  ensuite  et,  des  que  la  phase  nvmpliaie  est  commencée 
(a"  jour  après  la  montée  pour  le  Ver  à  soie),  l'amoindrissement  dans  l'élimination  de 
CO-  devient  très  notable,  tandis  que  la  consommation  d'oxygène  reste  presque  la  même. 

Le  quotient  [respiratoire  — —  s'abaisse  donc  et  tombe  à  0,50  (P.  Bert,  Hataillon,  etc.). 

Cette  phase  de  dépression  correspond  à  la  période  de  repos  de  la  chrysalide.  Vient 
ensuite  une  nouvelle  pliase  ascendante  pour  l'exhalation  de  l'acide  carbonique  et  le 
quotient  respiialoue  s'élève  au-dessus  de  lunilé.  Quelques  jours  avant  l'éclosion  du 
l'ajiillon,  une  nouvelle  dépression  se   manifeste   et  le  t|uotient  respiratoire  tombe  de 


Jours  ^J    ,3     3 


Fii;.  68.  —  Coiirl)PS  il'olimination  Pt  d"exfrartion  dp  Tacirle  carboniqup  pendant  l.i  niPtamoriihoso  rhez  le 
Bombyx  mari,  à  partir  de  la  montée  du  ver  à  soie  ipour  tisser  son  cocon),  jusqu'à  la  (in  de  la  vie  chrysali- 
daire.  La  première  courbe  est  représentée  par  un  trait  jdein  et  continu  ;  la  seconde  par  un  trace  pointillé. 

Les  temps  sont  marqués  en  jours  sur  l'abscisse;  pour  la  courbe  d'élinunation  (trait  j)lpin  et  continu),  la  pro- 
ductiou  pour  trois  individus  pendant  six  heures  est  donnée  en  millipramnies  par  les  ordonnées;  pour  la 
courbe  d'extraction,  les  quantités  obtenues  pour  trois  iiidivi<lus  sont  également  données  en  milligrammes 
par  les  ordonnées.  (D'après  Bataillon.) 

nouvoaii  à  un  taux  voisin  de  0,50.  Enfin,  le  jour  de  l'éclosion  (21*  jour),  une  ascension 
rapide  se  produit  dans  la  courbe  d'élimination  du  CO'-,  et  le  quotient  respiratoire 
devient  très  élevé,  atteignant  jusqu'à  1,50, 

CO- 
Pendant  une  bonne  partie  de  la  période  chrysalidaire,  le  rapport  —^  étant  forte- 
ment inférieur  à  l'unité,  que  devient  l'oxygène  qui  ne  se  retrouve  pas  dans  le  CO^ 
expiré? —  Les  expériences  de  Bataillon  ont  démontré  l'accumulation  de  l'acide  car- 
bonique chez  la  chrysalide.  Ce  savant  a  en  efTet  extrait  par  le  vide  et  la  chaleur  tout  le 
gaz,  carbonique  du  corps  de  chrysalides  prises  à  tous  les  jours  de  leur  évolution,  depuis 
le  début  du  filage  du  cocon  jusqu'à  l'éclosion,  et  il  a  constaté  que  les  courbes  représen- 
tatives de  ces  mesures  quotidiennes  présentaient  exactement  l'allure  inverse  des 
courbes  figurant  les  quantités  de  CO-  éliminé  ifig.  (18).  C'est  sur  ces  laits  qu'il  a  basé  sa 
célèbre  théorie  asphyxique  des  métamorphoses.  L'accumulation  de  CO^  dans  les  tissus 
n'est  pas  suffisante  toutefois  pour  ([ue,  en  ajoutant  l'oxygène  combiné  qu'il  contient  à 
l'oxygène  combiné  du  CO-  expiré,  nous  retrouvions  le  total  de  l'oxygène  absoibé.  Il  est 
possible  qu'une  autre  fraction  soit  éliminée  à  l'état  de  vapeur  d'eau  et  qu'un  reliquat  se 
fixe  aussi  sur  la  graisse  pour  la  transformer  en  sucre,  soit  directement,  soit  en  passant 
par  l'intermédiaire  glycogène  (Terre,  1898). 

Les  faits  qui  précèdent  étant  établis  pour  le  Bombyx  mnri  par  les  expériences  con- 
cordantes en  leurs  grandes  lignes  de  différents  auteurs  (P.  Bert,  Bataillon,  Lcciani  et 
MoNoco,  DuHOis  et  Couvreur)  et  les  résultats  généraux  qu'ils  comportent  ayant  été  étendus 
par  les  recherches  de  Terre  (1898)  à  de  nombreux  Lépidoptères,  aux  Coléoptères  et  aux 
Hyménoptères,  on  peut  admettre  leur  exactitude  et  leur  généralité  chez  les  Insectes  à 


INSECTES. 


361 


■métamorphoses  ooinpléles.  Il  y  a  lieu,  d'autre  part,  de  tenir  compte  de  l'observation  de 
Levrat  (1899),  qui,  en  choisissant  un  Papillon  à  métamorphose  lente,  dont  les  cocons 
passent  l'hiver  [Antherea  Peniyi),  a  constaté  qu'il  suffisait  de  faire  varier  la  température 
pour  obtenir  immédiatement  une  variation  de  même  sens  dans  la  courbe  de  la  respira- 
lion.  Les  deux  courbes  se  correspondent  d'une  façon  frappante  et  c'est  seulement  six 
ou  sept  jours  avant  la  sortie  du  Papillon  (c'est-à-dire,  dans  le  cas  actuel,  à  partir  du 
moment  où  le  Papillon  est  formé  à  l'intérieur  du  cocon),  que  la  quantité  de  CO^  éli- 
minée augmente  brusquement,  ce  surcroît  de  production  étant  indépendant  de  la  tem- 
pérature. La  sensibilité  à  la  température  ambiante  a  donc  son  importance  et  les  expé- 
rimentateurs doivent  être  mis  en  garde  contre  l'influence  de  cette  cause  perturbatrice. 

Levrat  a,  par  contre,  montré  que  la  lumière  ou  l'obscurité  n'ont  aucune  influence 
sur  la  respiration. 

Les  phénomènes   respiratoires  qui    viennent  d'être   résumés  ne  sont  qu'une   des 


FiG.  69.  —  Cellule  du  corps  adipeux   d'une   nymphe  très   avancée  de  la  Mouche  bleue  [Calliphora  vomitorià), 

entourée  d'éléments  divers, 
jr,  globules  albuminoïdes;/),  phagocyte  ayant  ingéré  des  fragments  musculaires,  o\i  Kornchenkiujeln;  k,  leu- 
cocyte ;  5,  sarcolyte  ;  a,  tissu  imaginai  avec  caryocytes.  (D'après  Hknnegdy.) 

expressions  des  processus  métaboliques  de  la  métamorphose  et,  parallèlement  à  leur 
élude,  il  convient  de  rechercher  quelles  sont  les  transformations  et  les  variations  subies 
par  les  substances  de  réserves,  qui  fournissent  la  chaleur  ou  les  éléments  nécessaires 
au  travail  de  la  métamorphose.  (Pour  tous  les  renseignements  techniques  concernant  le 
dosage  de  ces  réserves  et  leur  détermination  par  des  réactifs  appropriés  à  l'intérieur 
des  cellules  chez  les  Insectes,  voir  le  mémoire  de  VANEvet  Maignon,  1906.) 

La  vie  larvaire  est,  en  quelque  sorte,  consacrée  à  amasser  les  réserves  qui  doivent 
•être  utilisées  pendant  la  phase  nymphale.  Ces  réserves  s'accumulent  surtout  dans  le 
corps  adipeux  dont  les  cellules  fonctionne^it  à  ce  point  de  vue  comme  celles  d'un  foie 
:gii,'-antesque  et  emmagasinent  en  même  temps  de  la  graisse,  du  glycogène  et  des 
albuminoïdes  solubles  (fig.  69).  Claude  Bernard  (1879)  constata  une  telle  abondance 
de  glycogène  dans  les  larves  de  Mouches  qu'il  les  compara  à  de  véritables  sacs  à  glyco- 
gène, et  il  remarqua,  en  outre,  que  cet  hydrate  de  carbone  était  surtout  emmagasiné 
dans  le  corps  adipeux.  Pendant  les  premières  phases  de  la  vie  larvaire,  les  cellules  du 
corps  adipeux  ne  contiennent  guère  comme  réserves  que  de  la  graisse;  vers  la  fin  de 
l'évolution  larvaire  et  pendant  la  nymphose  les  réserves  albuminoïdes  et  les  granula- 
tions de  glycogène  s'accumulent  au  contraire  à  leur  intérieur'. 

1 .  Tous  les  Insectes  ne  se  comportent  pas  de  même  à  cet  égard  :  chez  les  Fourmis  notamment, 
les  matières  albumino'idcs  peuvent  s'accumuler  dans  les  cellules  adipeuses,  dès  la  naissance  de  la 


362 


INSECTES. 


N. 


Berlese  a  suivi  avec  beaucoup  de  soin,  par  les  méthodes  de  la  technique  microsco- 
pique, les  processus  métaboliques  dont  les  cellules  du  corps  adipeux  sont  le  siège  pen- 
dant la  nymphose  (Voir  un  compte  rendu  détaillé  de  cette  étude  dans  Henneguv,  p.  592; 
voir  aussi  dans  ce  Dictionnaire  :  Graisse,  VII,  721).  D'après  l'auteur  italien,  pendant 
toute  la  période  nymphale,  les  cellules  adipeuses  (fig.  C9),  devenues  indépendantes  et 
conservant  leur  individualité,  absorbent  des  substances  qu'elles  élaborent  et  digèrent 
sous  l'intluence  de  graimles  zymogènes  provenant  du  noyau,  puis  excrètent  des  pep- 
tones  solubles  qui  servent  à  nourrir  les  tissus  en  voie  de  foiinalion  (fig.  70).  En  raison 
de  ces  fonctions  importantes  de  nutrition,  Berlese  désigne  les  cellules  adipeuses  sous 
le  nom  de  trophocytes. 

Bien  que  le  corps  adipeux  soit  le  lieu  d'élection  pour  l'accumulation  des  réserves, 

elles  peuvent  cependant  se  rencontrer,  à  la  fin  de  la 
vie  larvaire  ou  au  début  de  la  nymphose,  dans  d'autres 
parties  de  l'organisme.  Les  leucocytes  renferment  les 
trois  sortes  de  réserves  et,  d'après  Berlese,  ils  sont 
chargés  de  les  transporter  aux  tissus  en  voie  de  for- 

t"*^  >\  \  mation  qui  doivent  les  utiliser.   Les  muscles  ne  con- 

ii«'*n^*       i  î>   ;     >        \  tiennent  en  quantités  appréciables  que  des  réserves 

X» .'.■     L  ■.     .  X  \         jg  giycogène  et  de  graisse. 

Dès  le  début  du  filage  du  cocon,  on  constate  une 
augmentation  brusque  dans  la  formation  du  giycogène 
(fig.  71).  Le  maximum  est  atteint  au  moment  oùs'elTec- 
tue  la  nymphose  (l'<^00  pour  100  grammes  de  tissus) 
et  alors  la  quantit»'  accumulée  est  au  moins  double  de 
celle  que  la  chenille  présente  au  début  du  filage  (B.v- 
T.^iLLON  et  Couvreur,  1892;  Vanev  et  Maigno.n,  190C). 
,  ,       ,  Aussitôt  après,  il  y  a  une  chute  rapide,  puis  diminu- 

FiG.  70.  —  Schéma  de  1  élaboration  par    ,•         ■       ,  ,  •  .  n         u    •„ ;  i,^ 

les  trophocytes  (cellules  a.iipeuses)  ^^^^  lentement  progressive  et  nouvelle  chute  rapide 

du  plasma  répandu  dans  la  cavité  la  veille  de    l'éclosion.    Le    glycogène   n'existe   plus 

générale,  d'après  l'interprétation  de  ^lors   qu'en   quantité    très   faible   dans   le    corps   de 

Le  trophTëyte  absorbe  le  plasma  P  ré-  l'Insecte  (Bataillo.n,  189.3;  Va.nev  et  Maig.no.n,  1906). 

pandu  dans  la  cavité  du  corps.  11  se  II  est  très  remarquable  que  la  graisse  subit  une 

forme  ainsi  à  son  intérieur  des  gio-  diminution  chez  la  larve  arrivée  à  maturité  et  qui  se 

bules     albummoides    non    coiorables  ,  ,  ,  ,  ,      .    .     i-  .       .  i        >    •    j 

qui  se  diripont  vers  le  noyau  N  (cou-  prepare  a  la  nymphose,  c  est-a-dire  pendant  la  période 
rant  centripète),  se  modifient  dans  OÙ  le  glvcogèue  augmente;  et,  lorsque  celui-ci  atteint 
son  voisinage  et  reviennent  vers  la   go^  maximum,  c'est-à-dire  au  moment  OÙ  s'effectue 

périphérie  (courant  centrifuge)  on  se    ,  ,  ,  '    ■    •    r         j       i 

chargeant  de  granulations  coiorabies  la  nymphose,  la  chute  précipitée  de  la  graisse 
(ferments  dérivant  du  noyau):  ils  s'arrête.  On  ne  peut  mettre  cette  disparition  rapide 
::::  r„:o  "St^l^lo^X^Z  ^«^^^  ^«"^P^^  ^^^  l-  respiration;  car  il  y  a,  pendant 
soiubies.onayant subi, sous r influence  cette  période,  baisse  dans  la  production  de  CO-  pro- 
des  ferments  nucléaires,  la  transfor-  ^uit  par  la  chenille  :  il  semble  donc  bien  résulter 
TélTch'^SllT  ^'^'^"''  ""''■■""■    des    données    précédentes   que    le   glycogène   a    été 

produit  aux  dépens  delà  graisse  (Couvreur,  1895)*. 
Pour  être  utilisé  le  glycogène  est  en  totalité  transformé  en  glycose  pendant  la  méta- 
morphose. Claude  Bernard  avait  reconnu  ce  fait  et  constaté  l'absence  du  glycose  chez 
les  larves  de  Mouche  ainsi  que  sa  présence  chez  les  pupes.  D'après  Bataillon  et  Cou^ 
vREUR(1892),le  glycose  apparaît  avant  le  maximum  du  glycogène  chez  le  Ver  à  soie,  vers 
la  fin  du  filage,  et  le  maximum  de  sa  production  est  atteint  3  ou  4  jours  avant  l'éclosion 
du  Papillon,  pour  diminuer  ensuite  jusqu'à  l'éclosion.  Les  deux  courbes  du  glycogène  et 
du  sucre  empiètent  donc  sur  l'autre  (fig.  71).  Bataillon  attribue  la  production  considé- 


larve;  chez  les  Lépidoptères  ne  tissant  pas  de  cocons,  ou  ne  donnant  qu'une  faible  quantité  de 
soie,  ce  dépôt  se  fait  d'une  façon  notablement  plus  précoce  que  chez  les  Lépidoptères  séricigènes 
(Berlese). 

1.  D'après  Bordage  (Recfi.  sur  Vanatomie,  1905,  431),  le  phénomène  de  Bouchard  peut  se  pré- 
senter chez  les  Insectes  (larves  de  Mantides)  :  il  consiste,  comme  on  le  sait,  eu  une  augmenta- 
tion passagère  du  poids  du  corps,  sans  apport  alimentaire,  et  résulte  de  la  fixation  de  l'oxygène 
sur  la  graisse  qui  se  transforme  en  glycogène. 


INSECTES. 


365 


rable  de  sucre  qui  se  produit  pendant  la  métamorphose  à  l'accumulation  du  CO-  dans 
le  sang.  Il  s'agirait  d'une  hyperglycémie  asphyxique. 

D'après  Vanky  et  Maignon  (190G),  par  contre,  il  n'y  aurait  pas  de  relation  fixe  entre 
les  deux  courbes  du  glycogène  et  duglycose  et  la  date  d'apparition  du  glycose  au  cours 
de  la  nymphose  serait  très  variable  :  elle  pourrait  concorder  aussi  bien  avec  le  début 
qu'avec  la  lin  de  la  chrysalidatioii,  de  telle  sorte  que  la  théorie  de  la  glycémie  asphyxique 
ne  serait  plus  soutenable. 

Outre  la  graisse  et  le  glycogène,  le  corps  adipeux  contient  comme  réserves  des  ma- 
tières albuminoïdes  solubles.  Du  premier  au  second  jour  du  coconnage,  on  constate  un 
fort  accroissement  de  ces  albumines,  puis,  du  2«  jour  jusqu'au  moment  de  la  chrysali- 
dation,  la  teneur  en  albumines  solubles  reste  à  peu  près  statioiinaire,  et,  à  partir  de 
cette  époque,  la  courbe  subit  une  chute  régulière  et  rapide  jusqu'au  moment  de  l'éclo- 
sion  (Vaney  et  Maignon). 

Les  résultats  les  plus  nets  que  l'on  peut  déduire  de  cette  élude  des  réserves  sont  en 


Jours . 


7 


ç    iO    11    J2    13  lé    l5  l6  17  /tf  JO   20  2î   22 


FiG.  71.  —  Évolution  de  la  fonction  glycogénique,  de  la  montée  du  ver  à  soie  jusqu'à  la  fin  de  la  vie  chrysa- 
lidaire  (tracé  pointillé,  glycof/êne  ;  tracé  plein,  glucose.)  Les  temps  sont  marqués  en  jours  sur  l'abscisse. 
Les  quantités  obtenues  pour  six  individus  sont  données  en  milligrammes  par  les  ordonnées.  D'après 
Bataillon.) 

somme  les  suivants  :  chez  le  Ver  à  soie,  à  la  lin  de  la  vie  larvaire,  pendant  le  coconnage, 
il  y  a  formation  intense  de  glycogène  et  d'albumines  solubles  :  la  production  de  ces- 
substances  l'emporte  donc  alors  sur  leur  consommation.  Pour  la  graisse,  la  courbe,  si 
l'on  néglige  quelques  oscillations,  va  en  s'abaissant  dès  le  début  du  filage  jusqu'à  la 
fin  de  la  nymphose,  ce  qui  signifie  que,  pour  cette  substance,  pendant  toute  la  méta- 
morphose, la  destruction  l'emporte  sur  la  production  (Vaney  et  Maignon). 

Oxydases.  —  D'après  Dewitz,  la  coloration  que  présentent  les  pupes  des  Mouches  au 
moment  de  la  nymphose  est  due  à  la  présence  d'une  oxydase  analogue  à  la  tyrosina^e 
et  agissant  sur  nue  substance  chromogène  qui  se  trouve  dans  le  sang.  Ces  principes 
sont  les  mêmes  que  ceux  qui  existent  dans  le  sang  de  la  larve,  et  qui,  au  contact  de 
l'air,  déterminent  le  noircissement  de  la  bouillie  résultant  de  sa  trituration.  Les  oxy- 
dases joueraient,  d'après  le  même  auteur,  un  rôle  capital  dans  la  métamorphose,  et  il  a 
fait  une  série  d'expériences,  tendant  à  montrer  que  les  mêmes  facteurs  qui  retardant 
ou  annulent  la  coloration  de  la  pupe  au  début  de  sa  formation,  en  neutralisant  lesefi'ets 
de  la  tyrosinase,  ont  une  influence  identique  sur  la  transformation  de  la  larve  en  pupe. 

Assimilation  du  carbone  de  l'air,  -r-  (Voir  les  paragraphes  de  cet  article  concernant 
les  Pigments  et  la  Nutrition,  fp.  280  et  343.) 

Circulation.  —  Kunckel  d'Hergulais  (1884)  constata  que  chez  les  Diptères  (Volucel  e 
les  battements  du  cœur  ne  s'arrêtaient  que  pendant  une  très  courte  période  correspon- 
dant au  moment  où  cet  organe  subit  des  transformations  histologiques. 


364  INSECTES. 

Bataillon  (1893)  a  montré  d'autre  part  le  curieux  phénomène  de  l'inversion  de  la 
circulation  pendant  la  vie  nymphale;  elle  se  réalise  successivement  de  la  façon  suivante: 

i°  Apparition,  au  deuxième  jour  du  filage,  d'une  circulation  inverse  (d'avant  en 
arrière)  dans  le  vaisseau  dorsal;  -2*  Prédominance  graduelle  de  la  circulation  inverse; 
3°  Relèvement  de  la  courbe  de  la  circulation  directe,  vers  la  nymphose;  4°  Circulation 
indifférente,  c'est-à-dire  que  l'onde  sanguine  est  chassée  vers  la  tête  et  vers  l'extrémité 
postérieure  à  partir  du  milieu  du  vaisseau  dorsal,  pendant  les  quelques  heures  qui 
précèdent  et  qui  suivent  la  nymphose;  o»  Circulation  inverse  pendant  la  vie  nymphale; 
G*  Réapparition  de  la  circulation  normale  à  la  veille  de  l'éclosion  de  l'Insecte  adulte. 

Ces  troubles  du  rythme  de  la  circulation  sont,  d'après  Bataillon,  en  rapport  avec  les 
phénomènes  asphyxiques,  qui,  d'après  lui,  détermineraient  la  métamorphose  et  qui 
s'expriment  d'autre  part  par  l'accumulation  du  GO*  dans  les  tissus. 

INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE' 

I.  —  GÉNÉRALITÉS.  LIVRES  D  ENSEMBLE  OU  MONOGRAPHIES 
SUR  L'ORGANISATION  ET  LA  PHYSIOLOGIE  DES  INSECTES. 

Réaumur  (de).  Mémoires  pour  servir  à  riiistoire  des  Insectes.  G  vol.  in-i",  Paris,  1734- 
1742.  —  DuGÈs  (A.).  Traité  de  phijsiolor/ie  comparée,  3  vol.  Paris,  1838-39.  —  Lacor- 
DAiRE  (Th.).  Introduction  à  iEnlomolo(jie,  Paris,  1838.  —  Newport.  Insects.  în  Todd's 
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xxxvi,  1871  et  Bull.  Acad.  roy.  Belg.,  (2),  xxxiv,  1872).  —  Weismann  (A.).  Studien  zur 
Descendenztheorie,  I,  Veber  den  Saison-Dimorphismus  der  Schmettcrlinge ;  II,  Die  EntS' 
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Cockroach  {Periplaneta  orientalis).  London,  1886.  —  Plateau  (F.).  Recherches  expérimen- 
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(A.).  Experimentelle  zoologische  Studien  mit  Lepidopteren  {Ann.  Soc.  Ent.  Fr.,  lxix,  1900). 

1.  Les  indications  (incomplètes)  de  1909  et  1910,  postérieures  à  la  rédaction  de  l'article,  ont 
■été  ajoutées  après  l'impression  des  épreuves. 


INSECTES.  365 

—  KosciiE\  iN'iKOV.  Materialen  zur  Naturgeschichte  der  Honiç/biene  {Nachricht.  d.  k.  Ges.  dcr 
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1906.  —  ï1knne(;uy  (F.).  Les  Insectes  {Morphologie,  Reproduction,  Embryogénie),  Paris, 
1904.  —  Maillot  (E.)  et  Lamuekt  (F.).  Traité  sur  le  Ver-à-soie  du  Mûrier,  Montpellier, 
1906.  —  FoLsou  (J.-W.).  Entomology  with  spécial  référence  to  ils  biological  and  économie 
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Abeilles,  3  séries  depuis  1893.  —  Berlese  (A.).  Gli  Insetti.  Milaiio,  1906-1909.  —  Weipi'l 
(T.).  Deitràge  zur  Naturgeschichte  der  Honigbiene,  Berlin,  1909.  —  Roubaud  (F.).  La  Glos- 
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Dep.Agr.,  Bar.  Entom.,  Tech.  Ser.,  18,  Washington,  1910).  —  (Parmi  les  périodiques  spé- 
ciaux, consulter  :  leitschrift  fur  ivissenschaftlichc  Insecktcnbiologie  (antérieurement  : 
Allgemeine  'Leitschrift  far  Entomologie,  Berlin). 

II.   —  FONCTIONS   TÉGUMENTAIRES. 

Rôle  protecteur,  Mues  et  fonctions  diverses  des  Téguments.  —  BissoN  etVERSON.  Cellule 
glandularc  ipostigmatische  nel  Bombyx  mori  {Publicazioni  délia  Stazione  zool.  di  Padova, 
1891). —  Krawkow  (N.).  Ueber  verschiedenartige  Chitine  {Z.  D.,  xf,  1893). —  Kunckel  d'Her- 
cuLAis.  De  la  mue  chez  les  Insectes,  considérée  comme  moyen  de  défense...  [C.  R.  Ac.  Se, 
6  mars  1899).  —  Holmgren  (Nils.).  Ueber  die  morphologische  Bedeutung  des  Chitins  bei  den 
Insekten  {Anat.  Anz.,  xxi,  1903).  —  Plotnikow.  Ueber  die  Hdutung...  {Zeitsch.  f.  wiss. 
Zool.,  Lxxvi,  333-366,  1904).  —  Mirande  (M.).  Sur  la  présence  d'un  corps  réducteur  dans  le 
tégument  chitineux  des  Arthropodes  [Arch.  anat'.  micr.,  vu,  207-231,1905);  —  Sur  une 
nouvelle  fonction  du  tégument  des  Arthropodes  considéré  comme  organe  producteur  de  sucre 
[ibid.,  232-238).  [Voir  aussi  :  B.  B.,  1907,  2,  559.] 

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366  INSECTES. 

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rouge  de  Pyrrhocoris  apterus  (C.  il.  Ac.  Se,  1282-1283,  1894).  —  Becquerel  (H.j  et  Hron- 
GMART  (G.).  La  matière  verte  des  Phylties,  Orthoptères  de  la  famille  des  l'hasmides  {C.  H. 
Ac.  Se,  cxviii,  1894).  — Wiener  (0.).  Farbenphotofjraphie  durch  Kôrperfarbcn  und  mecha- 
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1895).  —  FuiEDMWN  (l'\).  Uber  die  Piijmentbildunrj  in  den  Schnietterlingsfliiijeln  [Arch. 
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1896). —  KC.NCREL  d'Herculais.  Les  grands  Acridiens...  et  leur  changement  de  couleur  sui- 
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1-190, 1902).  [Voir  aussi  6*=  Congrès  Zoolog.,  Berne,  et  plus  loin  dans  cet  index  :  Physiol. 
des  Métamorphoses].  —  Tower  (W.-L.).  Colours  and  Culour-patterns  of  Coleoptera  [Decen- 
nial  Pub.  of  Univ.  of  Chicago,  x,  33-70,  1903).  —  Mandoll  (H.).  Recherches  sur  la  colora- 
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sur  la  variation  des  Papillons  {Mém.  Soc.  Phys.  et  hist.  nat.,  Genève,  xxxv,  45-127,  1905; 
voir  aussi  :  Bull.  Soc.  Lépid.,  Genève,  1905,  9-30 1.  —  Picard  (F.).  Sur  les  chaiigements  de 
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—  Gautier  (Cl.).  Sur  un  prétendu  caractère  différentiel  entre  le  pigment  vert  de  la  soie  de 
Saturtiia  Yama-maï  et  les  chlorophylles  des  feuilles  de  Chêne  (B.B.,  419-420,  550-557,  1906). 
[Voir  aussi  ibid.,  696-077,  722-724.]  —  Dubois  (H.),  Rectification  à  propos  d'une  note  de 
M.  Gautier  [B.  B.,  lxi,  014-010,  1906U  —  Przibram  (H.i.  Grùne  Farbstoffe  bei  Tieren  [C.  P., 
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sur  le  pigment  chlorophyllien  chez  les  végétaux  et  les  animaux.  Lyon,  1907.  —  [Voir  en 
outre  pour  la  bibliographie  des  pigments  chez  les  Insectes,  Otto  von  Furth,  Verglcich. 
chemische  Physiol.  d.  niederen  Tiere,  léna,  1903,  548-550;  et,  dans  cet  index,  la  Physio- 
logie des  Métamorphoses.] 

III.  —  INNERVATION. 

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fonctions  et  les  propriétés  des  nerfs  crâniens  chez  le  Dytisque  (C.  R.  Ac.  Se,  xlv,  1857);  — 
Études  sur  la  physiologie  des  nerfs  crâniens  chez  le  Dytisque  [Ann.  Se.  nat.  ZooL,  (4),  ix, 
1858);  —  De  l'influence  du  système  nerveux  sur  la  respiration  des  Dytisques  {Ann.  Se.  Nat. 
ZooL,  (4),  xui,  1859-18601  ;  —  Recherches  sur  les  propriétés  et  les  fonctions  des  nerfs  et  des 
muscles  de  la  vie  organique  chez  un  Insecte,  le  Dytiscus  marginalis  [C.  R.  Ac.  Se,  lu,  1801 
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d.  l.  lio^  Sess.  d.  Soc.  suisse  d.  Se.  Nat.,  Lausanne,  1861);  —  Mémoire  sur  la  physiologie 
du  Grillon  champêtre  (C.  R.  Ac.  Se,  liv,  1862).  —  Faivre  (E.).  Recherches  expérimentales 
sur  la  distinction  de  la  sensibilité  et  de  l'excitabilité  dans  les  diverses  parties  du  système 
nerveux  d'un  Insecte,  le  Dytiscus  marginalis  (Ann.  Se  Nat.  ZooL,i,  1864);  —  Expériences 
sur  le  rôle  du  cerveau  dans  l'ingestion  chez  les  Insectes  et  sur  les  fonctions  du  ganglion 
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INSECTES.  367 

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Vcrgleichende  Untersuchungen  ûber  die  Funhtionen  des  Centralnervensystems  der  Arthro- 
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368  INSECTES. 

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INSECTES.  36U 

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i9jO),  —  [Voir  aux  paragraphes  Sensations  en  générai  et  Fonctions  mentales  les  travaux 
de  FoRtx  (1901),  Fauuk,  Ferton,  Lubbock,  Betue,  von  Uuttel-Heepen,  etc.]. 

IV.   —    SENS. 

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française.,  Bihlioth.  Se,  intern.,  Paris,  1891.  —  Forel  (A.).  Expériences  et  remarques  cri- 
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de  Graber.  {C.  R.  Assoc.  anat.  (8*=  session),  Bordeaux,  1906,  p.  56-66.)  (Voir  aussi  :  Lub- 
bock, Janet  (Ch.),  Forel,  von  Buttel  Reepex.) 

3"  Sens  statique,  Fonctions  des  balanciers  (pour  Orientation,  voir  IIL.  —  Jousset  de 
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—  Stauffacher  (H.).  Zar  Kenntniss  des  statischen  Organs  bci  Phylloxéra  vastatrix  {Zeitsch. 
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dict.  de  physiologie.  —  tome  ix.  9i 


370  INSECTES. 

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der  Muskelkontraction,  Leipzig,  "1891.  —  Vosseler  (J.).  Untersuchungen  ùber  glatle  xind 
iinvolkommcn  quergestreifïe  Muskeln  der  Arlhropoden.  Tûbingen,  1891.  —  Hollet  (A.). 
Untersuchungen  lïber  Conlraclion  und  Doppelbrechung  der  quergestreiften  Muskelfasern 
{Akad.  Wiss.  Wien.,  1891)  [^V^oir  aussi  ibid.,  lui,  1887  et  Arch.  f.  i^iik.  Anat.,  xxxvii, 
1891].  —  TouR.NEux  (F.).  Note  sur  les  modifications  structurales  cjue  présentent  les  muscles 
jaunes  du  Dytique  pendant  la  contraction  [Journ.  Anat.  et  Physiol.,  573-581,  1892;.  Voir 
aussi  :  C.  R.  Soc.  BioL,  (9),  v,  289.  —  Patriz(  (M.  L.).  Sur  la  contraction  des  muscles 
striés  et  sur  les  mouvements  du  Bombyx  mori  {Arch.  Ital.  BioL,  xix,  177-104,  1892-93). 
—  Lefeuvre  (C.  n.).  Élude  myographique  de  la  contraction  musculaire  chez  l'Insecte  (Thèse 
de  Paris,  Paris,  1899-1900,  u°  83).  —  Meigs  (E.).  The  structure  of  the  élément  of  cross- 
striated  muscle  and  the  changes  of  form  irhich  it  undergoes  during  contractinn  (Zeitsch. 
f.  allgem.  Physiol.,  viii,  108,  1908).  —  Mihthle  (K.).  Uber  die  Struktur  der  querges- 
treiften Muskelfasern  von  Ilydropiiilus  im  ruhcnden  und  tdlîgen  Zustand  {A.  g.  P.,  cxxvi, 
1909). 

2"  Force  musculaire.  —  Plateau  (K.).  Sur  la  force  musculaire  des  Insectes  {Bull. 
Acad.  roy.  Belgique,  [i„  xx,  732-7r)7,  1865;  xxii,  283-308,  1866).  —  Plateau  (F.).  La  force 
musculaire  des  Insectes  {La  Science  pour  tous,  1880,  n"  43,  340;  —  Die  Natur,  xxix,  601, 
1880);  —  Recherches  sur  la  force  absolue  des  muscles  des  Invertébrés,  1884;  —  Delbœuf, 
Nains  et  Géants.  Élude  comparative  de  la  force  des  petits  et  des  grands  animaux.  Bruxelles, 
1890  [Voir  aussi  :  Kosmos,  xiii,  ;'»8-G2". 

3°  Locomotion.  —  a  et  6.  Locomotions  terrestre  et  aquatique.  —  Cahlet  (G.).  Sur  la 
locomotion  des  Insectes  et  des  Arachnides  {€.  R.  Ac.  Se.  Paiis,  lxxxix,  1124-1125,  1879).  — 
Daul  (F.).  Btitrdge  zur  Kenntniss  des  Baues  und  der  Funklionen  der  Inschtenbeine  {Arch. 
f.  Naturgesch.,  i,  146-193,  3  pi.,  1884;  et  lool.  Anz.  vi,  38-41,  1884j.  —  Graber  (V.) 
Ueber  die  Mechanik  des  Insektenkôrpers  {Biolog.  Centralbi,  iv,  650-670, 1884).  —  Emery  (C). 
Fortbewegung  von  Tieren  un  senkrechten  und  ùberhangenden  glatten  Flàchen  {BioL 
Centralbi.,  iv,  438-443,  1884).  —  Dewitz  lil).  Ueber  die  Fortbewegung  der  Thiere  an  sen- 
krechten, glatten  FUichen  vermittelst  eines  Sekrets  {A.  g.  P.,  xxxui,  1440-481,  3  pi.  et  Zool. 
Anz.,  VI,  400-405,  1884j.  Voir  aussi  :  Zool.  Anz.,  1884,  225-228  et  513-517.  —  Dewitz  (H.). 
Weitere  Milteilungen  Uber  das  Klettern  der  Itisekten  an  glatten  senkrechten  Flàchen 
{Zool.  Anz.  VIII,  157-159,  1885).  —  Rombouts  (J.  E.).  De  la  faculté  qu' ont  les  mouches  de  se 
mouvoir  sur  le  verre  et  sur  les  autres  corps  polis  {Arch.  Muséum  Teyler,  Uarlem,  (2),  iv, 
16  p.,  1883,  et  Zool.  Anz.,  vi,  629-623,  1884).  —  Graber  (V.).  Die  ausseren  mechanischen 
Werkzeuge  der  T.,  2  Teil,  Wirbellose  Tiere,  175-18-2,  208-210,  1886.  —  Ama.ns  (P.).  Com- 
paraison des  organes  de  la  locomotion  acjuatique  {Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (7),  vi,  1888).  — 
Carlet  (G.)  Sur  le  mode  de  locomotion  des  chenilles  (C.  H.  Ac.  Se.  Paris,  cvii,  131-134, 
1888)  ;  —  De  la  marche  d'un  Insecte  rendu  tétrapode  par  la  suppression  d'une  paire  de  pattes 
{ibid.  565-306).  —  Demoor  (J.;.  Recherches  sur  la  marche  des  Insectes  et  des  Arachnides 
{Arch.  BioL,  1890);  Voir  aussi  :  C  R.  Ac.  Se.  Paris,  cxi,  839-840,  1890.  —  Bethe  (A.). 
Ueber  die  Erhaltung  des  Glcichgewichts  {Biul.  Centralbi.,  xiv,  100,  107,  109,  1894).  — 
DixoN  (H.).  The  walking  of  some  of  the  Arlhropoda  {Proc.  R.  Dublin  Soc,  vu,  574-578, 1892 
et  Nature,  1897).  — 'Lécaillo.n  (A.).  Sur  les  rapports  de  la  larve  et  de  la  nymphe  du 
Cousin  avec  le  milieu  ambiant  {Bull.  Soc.  phil.  Paris,  (9),  i,  1900).  Voir  aussi  :  Binet  {Syst. 
nerv.  1894), 

c.  Vol.  —  Chabrier  (J.).  Essai  sur  le  vol  des  Insectes  {Mém.  Mus.  d'Hist.  nat.,  vi, 
410-470,  1820;  vu,  297-372,  1821;  viii,  1822).  —  La.ndois  (H.).  Ueber  das  Flugvermôgen 
der  Insekten  {Natur  und  Offcnbarung,  vi,  329-549,  1860).  —  Pettigrew  (J.  B.).  On  the  me- 
chanical  appliances  by  which  flight  is  attained  tn  the  animal  kingdom  {Trans.  Linn.  Soc., 


INSECTES.  373 

XXVI,  (1),  d07-277,  4  pi.,  1868).  —  La  locomotion  chez  les  animaux,  marche,  natation  et 
vol  {{  vol.  in-S",  2"  édit.  Biblioth.  se.  intern.)  —  B.vudf.lot  (E.).  Du  mécanisme  suivant 
lequel  s'effectue,  chez  les  Coléoptères,  le  retrait  des  ailes  inférieures  sous  les  élijtres  au  mo- 
ment du  passage  à  l'état  de  repos  [Bull.  Soc.  Se.  nat.,  Strasbourg,  i,  137-138,  1868).  — 
Marey  (E.).  Recherches  sur  le  mécanisme  du  vol  des  Insectes  [Journal  Anat.  et  Physiol.,  vi, 
19-3Ô,  337-348,  1869).  —  Marey  (E.).  Mémoire  sur  le  vol  des  Insectes  et  des  Oiseaux  {Ann. 
Se.  Nat.,  (o),  XII,  1869  et  (5),  xv,  1872).  —  Krarup-Hansen  (C.  J.  L.)  Deitrag  zur  einer 
Théorie  desFluges  dcr  Vogel,  Inschten  und  Fledermause,  Kopenhagen  u.  Leipzig,  48  p. 
1869.  —  Pettkjrew  (J.-B.).  On  the  physiology  of  ivinqs  {Trans.  roij.  Soc.  Edinburgh,  xxvi, 
321-446,  1871);  [Voir  aussi  :  Tr.  Linn.  Soc,  1868].  —  Plateau  (F.).  Recherches  expéri- 
mentales  sur  la  'position  du  centre  de  gravité  chez  les  Insectes  (Arch.  d.  Se.  phys.  et  nat., 
Genève,  xliii,  5-37, 1872);  [Voir  aussi  -.Stettin  Ent.  Zeitsch.,  1871,  33-42].  —  Plateau  (F.). 
L'aile  des  Insectes  [Journ.  de  lool.,  ii,  126-137,  1873).  —  Kunckel-d'Herculais.  Considéra- 
tions sur  le  mécanisme  du  vol  chez  les  Insectes  Lépidoptères  et  Hyménoptères  [rôle  du  frein 
et  des  hamuli]  {B.  B.,  70,  1876).  —  Marey  (E.).  La  machine  animale.  Locomotion  terrestre 
et  aérienne.  Paris,  1874.  —  Tatin  (V.).  Expériences  physiologiques  et  synthétiques  sur  le 
mécanisme  du  vol  (Ecole  prat.  d.  hautes  études.  Physiol.  expérim.  Travaux  du  taboraf.  de 
Marey,  1876,  87-108  et  1877,  293-302).  —  Jousset  de  Bellesme.  Recherches  expérimentales 
sur  les  fonctions  du  balancier  chez  les  Insectes  Diptères,  Paris,  1878.  —  Sur  une  fonction 
de  direction  dans  le  vol  des  Insectes  (C.  fi.  Ac.  Se.  Paris,  lxxxix,  980-983,  1879).  — 
Strasser  (H.)  Mechanik  des  Fluges  {Arch.  f.  Anat.  u.  Entw.,  1878).  —  Girard  (M.),  Notes 
sur  diverses  expériences  relatives  à  la  fonction  du  vol  chez  les  Insectes  {Ann.  Soc.  ent.  Fr., 
(4),  II,  154-l(i2,  1880.  —  Lendenfeld  (D.  von).  Der  Flug  der  Libellen  {Ak.  W.  lxxxiii, 
289-376,  7  pi.,  1881).  — Amans  (P.).  Comparaison  des  organes  du  vol  dans  la  série  animale. 
Des  organes  du  vol  chez  les  Insectes  {Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (6),  xix,  1-222)  ;  —  Essai  sur  le 
vol  des  Insectes  {Rev.  Se.  nat.,  Montpellier,  [3],  ii,  469-490, .1883,  et  m,  485-b22,  1884). 

—  MoLEYRE  (L.).  Recherches  sur  les  organes  du  vol  chez  les  Insectes  Hémiptères  (C.  fi.  Ac. 
Se,  xxcv,  349-332,  1882).  —  Adolph  (G.-E.).  Ueber  Insektenfliigel  {Nova  Acta  Leop. 
Carol.  deutsch.  Acad.  d.  Naturf.,  xli,  1880)  ;  [Voir  aussi  :  ibid.,  xlvi,  1883  et  xlvii,  1884]. 

—  Mullenhoff  (K.).  Die  Ortsbeivegungen  der  Tiere.  Berlin,  1885  (Voir  aus^i  Pflûger's 
Archiv,  1884).  —  Poujade  (G.).  Note  sur  les  attitudes  des  Insectes  pendant  le  vol  {Ann.  Soc. 
Ent.  France,  (6),  iv,  197-200,  1884).  —  Griffixi.  Observations  sur  le  vol  de  quelques 
Dytiscides  {A.  i.  B.,  xxv,  326-31,  1896).  —  Janet  (Ch.).  Sur  le  mécanisme  du  vol  chez  les 
Insectes  {C.  R.  Ac.  Se,  cxxviii,  249,  1899).  —  Bull  (L.).  Mécanisme  du  mouvement  de 
l'aile  des  Insectes  {C.  fi.  Ac.  Se,  cxxxviii,  590-392,  1904). 

4"  Autotomie.  — Frederigq  (L.).  Les  mutilations  spontanées  ou  l'autotomie  {Rev.  Sci., 
XXXVIII,  1886).  —  Giard  (Aj.  L'autotomie  dans  la  série  animale  {Rev.  Sci.  xxxix,  1887).  — 
Contejean.  Sur  l'autotomie  chez  la  Sauterelle  et  le  Lézard  {C.  R.  Ac.  Se,  cxi,  1890).  — 
AVerxer  {¥.).  Selbstverstilmmelung  bei  Ileuschrecken  {Zool.  Anz.,  1892).  —  Frederigq  (L.). 
L'autotomie  ou  la  mutilation  active  dans  le  règne  animal  {Bull.  Acad.  roy.  Belgique,  xxvi, 
p.  738,  1893).  —  Linden  (M.  von).  Die  Selbstverstilmmelung  bei  Phryganeidenlarven  {Biol. 
Centralbl.,  xiii,  1893).  —  Dastre.  La  mutilation  spontanée  chez  les  animaux  {Revue  des  Deux 
Mondes,  1"  janv.  1903,  217-228).  —  Glaser.  Autotomy,  régénération  and  natural  sélec- 
tion {Science,  n.  s.,  xx,  149,  1904).  —  Godelmaxn  (R.).  Beitrag  zur  Kenntniss  von 
Bacillus  Rossii  mit  bes.  Bcrucks.  der  Autotomie  und  Régénération  {Archiv  fur  Entivicke- 
lungsm.,  1901).  —  Bordace  (E.).  Recherches  anatomiques  et  biologiques  sur  l'anatomie  et  la 
régénération  chez  divers   Arthropodes  (Bull.  Se.    France  et  Bel.,  xxxix,   307-454,   1905). 

—  PiÉRON  (H.).  Le  problème  de  l'autotomie  {Bull.  Scient.  Fr.  et  Belg.  xlii,  185-246. 
1908)  [contient  bibliographie]. 

VI.  —  PRODUCTION  DES  SONS. 

GouREAU.  Essai  sur  la  stridulation  des  Insectes  {Ann.  Soc.  ent.  Fr.,  vi,  1837).  —  Abicot. 
■Stridulation  du  Sphinx  Atropos  {Ann.  Soc.  Ent.  Fr.,  1843,  Bull.,  50).  —  Yersin  (A.). 
Mémoire  sur  la  stridulation  des  Orthoptères  {Bull.  Soc.Vaudoise  Se.  nat.,  1855  .  —  Scudder 
(S.  H.).  Notes  on  the  stridulation  of  Grasshoppers  [Proc.  Boston  Soc.  Nat.  Hist.,  xi,  306-313 
et  316,1868);  —  The  songs  of  the  Grasshoppers  {Amer.  Natur.,  u,  113-120,  1868].  —  Bar. 


37  i  INSECTES. 

yote  conlroversivc  sur  le  sens  de  Couie  et  sur  Vonjane  de  la  voix  chez  les  Insectes.... 
Bruxelles,  1873,  —  Laboulbène.  Sur  l'organe  nmsical  de  la  Chelonia  ptidica  {Ann.  Soc. 
Enl.  Fr.,  (4),  ix,  689,  1864).  —  Observations  sur  le  bruit  ou  cri  du  Sphinx  Atropos  {Ann. 
Soc.  Nat.,  (5),  m,  1874).  —  Landois.  Tliierstimmen.  Freiburtj  in  /i('.,1874.  —  Couklli  (H.). 
Le  stridulazioni  delV  Achcrontia  atropos  L.  [Vcrh.  Zoo/.  Bot.  Ges.  NVien.,  lu,  372-574, 
1902\  —  Carlkt  (G.).  Mémoire  sur  l'appan-d  musical  de  la  Cigale  (Ann.  Se.  Nat.  Zoo/., 
(6),  V,  1887^.  —  Sharp  (D.).  On  stridulation  in  Ants  {Traiis.  Ent.  Soc.  Loiidon,  1893,  paît. 
2,  p.  191»;.  —  Emery  (C).  Zirpende  und  springeude  Ameisen  {Biol.  Cenlralbl.,  XIII,  189, 
1893).  —  VVasuann  (E.)  Lautdusscrungen  der  Ameisen  {Biol.  Cenlralbl.,  xui,  39,  1893).  — 
Janet  (Cu.)  Sur  la  production  des  sons  chez  les  Fourmis  {.\un.  Soc.  Ent.  Fr.,  lxii,  159-168, 
1893  et  LXiii,  109-117,  1894).  —  Janet  (Cil).  Production  de  sons  de  stridulation  pur  les 
Fourmis  {Ann.  Soc.  Ent.,  Fr.,  i.xiii,  691,  1895).  —  Gaiia.n  (J.  C).  Stridulating  Organs  in 
Coleoptera  {Trans.  Ent.  London,1900,  433).  —  Handlirsch.  '/Atr  Kenntniss  der  Stridulations 
organe  bei  lîhynchoten  {.innal.  k.  d.  naturhist.  Hofmuseums,  xv,  2,  p.  127-111,  1900).  — 
—  MoRLEY  (Cl.).  Field  Notes  on  Stridulation  Entom.  Month.  Magaz.,  1902,  240).  — 
Kreidel  (A.)  et  IIegrn  (J.).  Plujsiologische  Untersncliungen  iiber  Tliierstimmen.  Milthcil.  I  : 
Stridulation  von  Grijllus  campestris  {Ak.  W.,  1905,  23  p.).  —  Coli'In  (11.).  Le  Chant  des. 
Insectes  {Revue  Scient.,  (4),  xvi,  782-786). 

VII.  —  PRODUCTION  DE  LA  LUMIÈRE. 

Macaire  (J.).  Sur  la  phosphorescence  des  Lampyres;  Bibl.  Univ.  Genève  [Ann.  Chiin. 
et  Phys.,  XVII,  1821).  —  Peters  (W.).  Ccber  das  Leuchten  der  Lampyris  nocliluca  {MUllcr's 
Archiv  f.  Anat.,  229-233,  1841  et  Ah».  Se.  Nat.,  xvii,  2o."i,  1842).  —  Heiche.  Note  sur  les 
propriétés  lumineuses  du  Pyrophorus  nyctophanes  {Ann.  Soc.  Ent..,  [2],  ii,  Bull.,  63-67, 
1844).  —  Matteucci,  Leçons  sur  les  phénomènes  physiques  des  corps  vivants,  1847,  166.  — 
Newport  (C).  On  the  natural  History  of  the  Glow-worm  [Proceed.  Linn.  Soc,  i,  40,  1856).  — 
ScH^ETZLER  et  Blanchet.  De  la  production  de  la  lumière  chez  les  Lampyres  {Arch.  des- 
Sciences  phys.,  Genève,  xxx,  223;  xxxi,  213,  1855  et  1856).  —  Pasteur.  Sur  la  lumière 
émise  par  les  Cucujos  (C.  /{.  Ac.  Se,  lix,  519,  1864).  —  Jolsset  pe  Bellesme.  Recherches 
expér.  sur  la  phosphorescence  du  Lampyre  (C.  R.  Ac.  Se,  16  fév.  1880\  —  VVielowiejï^ky 
(H.  R.  von).  Studien  iiber  die  Lampyriden  {Zeit.  f.  wiss.  ZooL,  xxxvir,  354-488,  2  pi.,  1882) 
[voir  aussi  :  Zool.  Anz.  xir,  1880,  594-600).  —  Émery  (C).  Untersiichungen  iiber  Luciola 
italica  {Zeit.  f.  wiss,  Zool.,  xl,  338-355,  1  pi.,  1884'  ;  —  La  Luce  délia  Luciola  italica  osser- 
vata  col  microscopio  {Bull.  Soc.  Ent.  Ital.,  xvii,  331-355,  1  pi.,  1885).  —  Dubois  (R.).  Con- 
tribution à  l'étude  de  la  production  de  la  lumière  par  les  êtres  vivants.  Les  Élatéi  ides 
lumineux  {Bull.  Soc.  Zool.  Fr.,  xi,  1-275,9  pi.  1886).  —  Heinemann  (C).  Zur  Anatomie  and 
Physiologie  der  Leuchtorgane  Mexikanischer  Cucujos,  Pyrophorus  {Archiv  f.  mikroskup. 
Anat.,  xxvii.  296-383,  1886).  —  Cadeau  de  Kerville  (H.),  Les  Insectes  phosphorescents, 
Rouen,  1881;  —  Les  Animaux  et  les  Végétaux  lumineux.  Paris,  1890.  —  Seaman.  On  the 
luminous  organs  of  Insects  {Proc.  Ann.  Soc.  Micr.  Washington,  xiii,  133,  1892).  —  Ver- 
woRN  (M.).  Ein  automatisches  Centrum  fur  die  Lichtproduction  bei  Luciola  italica  {Cen- 
tralbl.  fur  Physiol.,  vi,  69,  1892).  —  Dubois  (R.).  Leçons  de  Physiologie  générale  et  comparée. 
Paris,  1898.  —  Bo.ngardt  (J.).  Beitriige  zur  Kenritniss  der  Leuchtorgane  einheimischer  Lam- 
pyriden (Z.  f.  iciss.  Zool.,  Lxxv,  1-45,  1903). 

VIII.  —  DIGESTION  ET  ABSORPTION  INTESTINALE. 

DuFOUR  (L.)  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  .'^ur  les  Orthoptères,  les  Hyméno- 
ptères et  les  Névroptères  {Mém.  Acad.  Sei.  Paris,  vu,  1841).  —  Bouchardat  (A.).  De  la  diges- 
tion chez  le  Ver  à  soie  {Rev.  et  Mag.  Zool.,  (2),  m,  34-40,  1851).  —  Lacaze  Duthiers  (H.) 
et  Riche  (A.).  Mémoire  sur  V alimentation  de  quelciues  Insectes  gullicoles  et  sur  la  production 
de  la  graisse  {Ann.  Se.  nat.,  (4),  ii,  81-105,  1854).  —  Plateau  (F.).  Recherches  sur  les  phé- 
nomènes de  la  digestion  des  Insectes  [Mém.  Acad.  roy.  Betg .  (2),  xli,  l''"  part.,  124  p  , 
3  pi.,  1873).  —  Jousset  de  Bellesme.  R^'cherches  expérimentales  sur  la  digestion  des  Insectes, 
et  en  particulier  de  la  Blatte.  90  p. ,"3  pi.  Paris,  1876.  —  Plateau  (F.).  Note  sur  les  phéno- 
mènes de  la  digestion  chez  la  Blatte  américaine  {Bull.  Ac.  roy.  Belg.,  (2),  xn,  u"  6,  1876). 


INSECTES.  375 

—  Plateau  (F.).  Xote  a'hlitionncllc  an  mémoire  sur  Ica  plirnomi-ncs  de  la  <Ui/rslion  chez  les 
hisectes  (Bull.  Acnd.  roij.  Bclu.,  (2).,  xliv,  7l;{-733,  1877).  —  Tursini  {C.  Fn.).  Un  primo 
paaso  ncUa  vicerca  dell  assorbimento  intestinale  detjli  Artropodi  [Rend.  d.  II.  Acad.  dt 
Sci.  /?>-.  e  mat.  di  Napoli,  xvi,9.ï-99,  I  [>l.,  1877).  —  Simroth  (II).  Einif/e  licmcrkunrjen  iiber 
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nat.  Pisa,  vu,  1894).  —  CcÉxNOT  (L.).  Études  physiologiques  sur  les  Orthoptères  {Arch.  Bi<d., 
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digestif  et  le  tissu  adipeux  des  larves  des  Odonates  {Bull.  Soc.  Se.  Bucarest,  vir,  472-493, 
1898).  —  Cuénot  (L.).  La  région  absorbante  dans  l'intestin  de  la  Blatte  (Arch.  Zool.  E.rp., 

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del  Bombyx  mori  allô  stato  larvale  {Rie.  Labor.  Anat.  Roma,vi\,  1899,  75-85).  —  Bieder- 
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Larven  von  Tenebrio  molitor  {A.  g.  P.,  lxxii,  1898,  10o-162).  —  Grandis  et  Mczio.  Sur 
les  processus  d'assimilation  du  Callidium  sangnineum  (.4.  /.  B-,  xxix,  1898,  31.S-324V  — 
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gén.  Notes  et  Revues,  n°  4,  1900)  ;  —  Les  Grégarines  et  l'épithélium  intestinal  chez  les  Tra- 
chéales (Archives  Parasitologie,  1902,  377-473).  —  Hédon  (E.).  Article  digestion  {Dictionn. 
de  Physiologie,  iv,  1900,  936-937).  —  Pëtrunkewitsch.  Die  Vi-rdauungsorgane  von  Péri- 
planeta  orientalis  und  Dlatla  germanica.  Ilistologische  und  Physlologische  Studien  {Zool. 
Jahrb.  Morphol.,  xiii,  1900,  171-190;  —  Zool.  Anz,  xxii,  137-1  iO).  —  Gorka  (S.).  Beitriige 
zur  Morphologie  und  Physiologie  des  Verdaungs.'iapparates  der  Coleopleren  (Allgem. 
Zeilsch.  f.  Entom.,  1901,  339-341  ).  —  Porta  (A.).  La  funzione  pancrealicocpatica  neglilnsclti 
{Anat.  Ann.,  xxiv,  97-111,1903).  —  Sieber  (N.)  et  Metalnikow  (S.).  Ucber  Ernithrung  und 
Verdauung  der  Bienenmotte  [Galleria  melonnella]  {Pfliiger's  Arch.  f.  gcs.  Physiol.,  cir.,  269- 
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376  INSECTES. 

Sur  itnc  diastase  hydroh/sant  la  xylane  dans  le  tube  digestif  de  certainea  lirvcs  de 
Cûlcoptà'iS  [B.  B.,  Lvii,  940,  1905).  —  Guyk.not  (E.).  Sur  le  mode  de  nutrition  de  quelques 
larves  de  Mouches  {D.  li.,  lviii.  634-035,  1906  et  Bull.  Se.  Fr.  et  Belgique,  G,  I,  353-369,  1907). 
—  CuÉNOT  (L.).  Défense  de  l'organisme  cuntr  les  parasites  chez  les  Insectes  (C.  R.  Ac.  Se, 
cxix,  806).  —  SiTOvvsKi  (L.).  Biologische  Beobachtungen  ùber  Motten  (Bull.  Acad.  Se.  Cra- 
covie,  1905,  535-548.  Zool.  CentraWL,  xiii,  1906,  92).  —  Portier  (P.).  La  vie  dans  la  nature 
à  l'abri  des  microbes  [B.  B. ,  lviii,  605, 1905  ;  —  liecherches physiologiques  sur  les  Insectes  aqua- 
tiques. I.  Digestion  de  la  larve  du  Dytique  ;U.  Digestion  des  larves  de  Dytique  et  d' Hydrophile 
(B.  B.,  Lxvi,  343  et  379, 1909}.  —  Lhoriscm.  Der  Vorgang  der  Cellulose  und  llemicellulose  beim 
.Menschen...  [Zeitschr.f.  e.rpcr.  Vath.  und  Jherap.,  \,  3,  1909)  'Obscrv.  sur  les  chenilles], 

IX.  —  CIRCULATION,  PHAGOCYTOSE. 

|o  Physiologie  de  l'appareil  circulatoire.  —  Carus  (C.  G.)  Entdeckung  eines  einfachcn 
vom  Ilerzen  ans  beschleunigten  Blutkreislaufes  in  den  Larven  netzflugliger  Inscklen  (40  p. 
3  pi.,  Lpïpzig,  1827).  —  Fernere  Untersuch.  itber  Blutlaufin  Kerfen  [Acta  Acad.  Leopold. 
Carol.,  XV,  1-18,  1  pi.,  18311.  —  Behn  (W.).  Découverte  d'une  circulation  de  fluide  nutritif 
dans  les  pattes  de  plusieurs  Insectes  Hémiptères  [Ann.  Se.  nat.,  (2),  iv,  1-12,  1835).  —  Ver- 
LORE.N.  Mémoire  sur  la  circulation  dans  les  Jnscctes  [Mém.  cour,  et  Mcm.  Sav.  ctr.  Acad.  r. 
Belgique,  1845-1846).  —  Bl.\ncu.\rd  (E.).  De  la  circulation  dans  les  Insectes  [Ann.  Se.  nat.,  (3), 
ax,  359-398,  5  pi.  —  Dufour  (L.).  De  la  circulation  du  sang  et  de  la  nutrition  chez  les  Insectes 
(Act.  Soc.  Linn.  de  Bordeaux,  xvii,  liv.  4,  1851).  —  An.xssiz  (L.).  On  the  circulation  of  thc 
fluids  in  Lisects.  [Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (3),  xv,  358-362,  1851).  —  HR.^^•DT.  Sur  le  cœur  des 
Insectes...  {Bull.  Acad.  Se.  Saint-Pétersbourg,  x,  552-561,  1866;.  —  Graher  (V.).  Ueber  den 
propulsatorischen  Apparat  der  Inscktcn  [Arch.  f.  mikrosc.  Anat.,  ix,  129-196,  3  pi.  1873);  — 
Vclicr  (Icn  pulsicrcndcn  Bauchsinus  [ihid.,  xii,  575-582,  1876);  —  Die  Insekien,  Miinchen, 
1877-1879.  —  DoGiEL  (J.).  Analomie  und  Physiologie  des  Herzcns  der  Larve  von  Corethra  plu- 
micornis  [Mém.  Acad.  imp.  Saint-Pétersbourg,  (7),  xxiv,  37  p.  2  pi.,  1877),  (et  séparément, 
Leipzig  [Voss].  1877).  — Plateau  (F.).  Sur  les  mouvements  et  Vinnervationde  l'organe  central 
de  la  circulation  chez  les  Animaux  articidës  {Bull.  Acad.  roy.  de  Belgique,  (2).  xlvi,  203- 
213,  1878).  —  KowALEVSKi  (A.).  Sur  le  cœur  de  quelques  Orthoptères  (C.  B.  cxix,  1894,  et 
Arch.  Zool.  exp.,  (3),ii).  —  Carlsox  (A.  J.).  Vergleichendc  Physiologie  der  Herznerven  und 
der  Herzganglien  bei  den  Wirbellosen  [Ergehnisse  der  Physiol.,  viii,  1909,  400-405). 

2°  Sang.  —  Landois  [l\.\  Beobachtungen  idier  dus  Blut  der  Insekien  (Zeitsch.  f.  wiss. 
Zool.,  XIV,  55-70,  3  pi.  1863).  —  Fredericq  (L.).  Sur  le,  sang  des  Insectes  {Bull.  Acad.  roy. 
Belgique,  3,  i,  487-490,  1881.  — Krlkenrerg.  Weitere  Beitrdge  zum  Verstdndniss  und  zur 
Oeschichte  der  Blutfarbstoffe  bei  den  uirbellosen  Tieren  {Vergl.  Studien,  1  Reihe,  5  Abth., 
.  49-57,  1881  ;  Zur  Kenntniss  der  Serumfarbstoffe  {Sitz.  d.  Jenaischen  Gesellsch.  fur  Med.  u. 
Xatunciss.  1885).  —  Poulto.x.  The  essential  nature  of  the  colouring  of  the  phytophagous 
larvse  {Proc.  Roy.  Soc,  xxxviii,  294-296,  1885\  —  Wielowiejski  (H.  V.).  Ueber  das  Blutge- 
ivebe  dc'i  Inscktcn  [Zeitsch .  f.  xviss.  Zool.  xliii,  512-536,1886).  —  De\vitz(H.).  Die  selbstandige 
Fortbeivegung  der  Blutkorpcrchen  der  Gtiedertiere  [yuturuiss.  Bundsehau,  Braunschiveig, 
IV,  221-222,  1889 1.  —  Eigenthiitige  Schwimmbeivegung  der  Blutkorpcrchen  der  GUdertiere 
{Zool.  Anz.,  XII,  457-464,  1889).  —  Schâffer.  Beitrdge  zur  Histologie  der  Insekten  {Zool.  Jahrb. 
Abth.  f.  Anat.,  1889).  —  Gué.vot  (L.).  Le  sang  des  Méloé  et  le  rôle  de  la  cantharidine  dans 
la  biologie  des  Insectes  vésicants  {Bull.  Soc.  Zool.  France,  xv,  1890)  ;  —  Études  sur  le  sang 
et  les  organes  lymphatiques  dans  la  série  animale  {Arch.  Zool.  exp.  et  gén.,  1891).  — 
Kowalevski  (a.).  Études  expérimentales  sur  les  glandes  lymphatiques  des  Invertébrés 
{Mélanges  biol.,  Acad.  imp.  Saint-Pétersbourg ,  xiii,  1894,  et  Bull.  Acad.  Se.  Saint-Péters- 
bourg, 1895).  —  Fredericq  (L.).  Note  sur  le  sang  et  la  respiration  des  Vers  à  soie  {Trav.  du 
Laborat.,  v,  196-198,  1895).  —  Lutz.  Ueber  das  Bluten  der  Coccinelliden  {Zool.  Anz.,  xviii, 
244-235,  1895).  —  Clénot.  Le  rejet  du  sang  comme  moyen  de  défense  chez  les  Insectes  {C. 
R.  Ac.  Se,  cxviTi,  875,  1894,  et  cxxii,  328,  1896);  —  La  Saignée  réflexe  et  les  moyens  de 
défense  de  quelques  Insectes  {Arch.  Zool.  exp.,  (3),  iv,  1896).  —  Cué.not  (1-.).  Les  globules 
sanguins  et  les  organes  lymphoides  des  Invertébrés  {Arch.  Anat.  micr.,  i,  1897);  — Etudes 
physiologiques  sur  les  Orthoptères  {Arch.  biol.,  xiv,  1895)  [Voir  aussi  :  Arch.  Zool.  exp.  et 
gén.,  (3),  iv,  1897,  655,  679-680'.  —  Griffiths  (A.  B.).  On  the  blood  of  Invertebrata  {Proc. 


INSECTES.  377 

liot/.  Soc.  Edinburyh,  xviii,  291,  xix,  123-120)  [Voir  aussi  :  PhysioloQij  of  Inverlehrata, 
1892;  ïie^piratorij  proteids,  1897.].  —  Ciiolodkowsky  (N.).  Ueber  das  liluten  dcr  Cimbiciden 

Ldrven  [Entomol.  MiscclL,  vi,  Horx  Soc.  Eut.  St-Petershurg,  352,  357,  1897). Poutier 

(P.).  Les  Oxi/dases  duns  la  série  animale  {Trav.  du  lab.  de  physiol.  de  la  Sorbonne).  Paris, 
1897.  —  DuDoscQ  (0.).  Recherches  sur  les  Chilopodes  [Arch.  lool.  exp.,  vi,  1898)  [Il  est 
aussi  question  du  Sang  des  Insectes].  —  Furïh  (0.  V.)  et  Schneider  (H.).  Ueber  thierische 
Ti/roiinasen  und  ihre  Beziehunijcn  zur  Pi(j)nentbildung  [Hofmcisters's  Beitr.  z.  chem.  Phy- 
siol., I,  229-242,  1901).  —  Pozzi-Escot.  État  actuel  de  nos  connaissances  sur  les  oxydases  et 
les  réductases.  Paris,  1902  ;  —  Phénomènes  de  réductions  dans  les  organismes.  Paris,  1906.  — 
Met.vl.\ikoff(S.  J.).  Contribution  à  l'immunité  de  la  mite  des  ruches  d'Abeilles  {Galeria  melo- 
nella)  vis-à-vis  de  l'infection  tuberculeuse  {Arch.  des  Se.  biol.,  xii,  n°^  4  et  5,  1907).  — 
Contribution  à  l'étude  de  l'immunité  contre  r infection  tuberculeuse  (ibid.,  xiii,  n"  2,  1907). 

—  Dewitz  (J.).  Die  rvasserstoffssuperoxydzersetzende  Fàhigkeit  der  mdnnlichen  Schmetter- 
lingpuppen  [Centralbl.  f.  Physiol.,  xxii,  1908,  145-150).  —  Kollma.nn  (M.).  Recherches  sur 
les  leucocytes  et  h  ti^su  lymplioide  des  Invertébrés  {Ann.  Se.  Nat.  ZooL,  (9),  viii,  240,  1908). 

3"  Phagocytose.  —  Metchnikoff  (E.).  Untersuchungen  iïber  die  intrazellidàre  Verdauitng 
bei  wirbelloscn  Tieren  {Arb.  d.  zool.  Inst.  Wien,  141-168,  2  pi.,  1883).  —  Kowalevski  (A.). 
Beitràge  zur  Kenntniss  der  nachembryonalen  Entwicklung  der  Musciden  [leitsch.  f.  iviss. 
Zool.,  xLv,  1887).  —  Rees  (J.  Van).  Beitr.  zur  Kenntniss  der  inneren  Métamorphose  von 
Musca  vomitoria  {Zool.  Jahrb.,  Abth.  f.  Anat.,  m,  1888).  —  Bataillon  (E.).  Sur  la  phago- 
cytose 7nusculaire  {B.  B.,  n"  13,  1892).  —  Cantacuzène  (.J.).  Revue  sur  la  phagocytose 
{Année  biologique,  1896).  —  Brdyne  (de).  Recherches  au  sujet  de  la  phagocytose  dans  le 
développement  des  Invertébrés  {Arch.  Biol.,  xv,  1898).  —  Berlese  (A.).  Considerazioni  sulla 

fagocitose  negli  Insetti  metabolici  {Zool.  Anz.,  xxiii,  1900).  —  Osservazioni  {Riv.  Pat, 

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Phogocytosis  in  the  postembryonic  development  of  the  Diptera  {Americ.  Nat.,  xxxv,  1901). 

—  Vaney  (C).  Contribution  à  Vétude  des  larves  et  des  métamorphoses  des  Diptères.  Thèse  de 
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des  métamorphoses  {Bull.  Scient,  de  France  et  Belgique,  xxxvii,  195,  1903).  [Voir  aussi  :  C. 
R.  Soc.  Biol.  Lvi,  781  et  992,  1904;  lxii,  909,  1907;  et  lxvi,  436,  1909].  —  Dawydoff  (C). 
Die  phagozyldren  Organe  der  Insekten  und  dercn  morphologische  Bedeutung  {Biol.  Cen- 
tralbl., XXIV,  431-440,  1904).  (Voir  aussi  :  Zool.  Anz.,  xxvii,  589  et  707,  1904.)  — 
A.N'GLAs  (J.).  Observations  sur  les  métamorphoses  internes  de  la  Guêpe  et  de  l'Abeille  {Bull, 
se.  France  et  Belgique,  xxxiv,  363,  1900);  — Les  phénomènes  des  métamorphoses  internes 
{Coll.  Scienlia,  Sér.  biol.,  Naud.  Paris,  1902);  —  Nouvelles  observations  {Arch.  anat.  micr. 
V,  1903);  —  Les  tissus  de  remplacement  {Rev.  gén.  Sciences,  xv,  968  et  1031,  1904).  — 
Metchnikoff  (E.).  Les  réactions  phagocytaires  {Amsterdam  Univ.,  1904).  —  Mercier  (L.). 
L-  s  processus  phagocytaires  pendant  la  métamorphose  des  Batraciens  anoures  des  Insectes 
{Arch.  de  Zool.  exp.  et  gén.,  (4),  v,  1906,  1-151).  —  Janet  (Ch.).  Anatomie  du  Corselet  et 
histotyse  des  muscles  vibrateurs,  après  le  vol  nuptial,  chez  la  reine  de  la  Fourmi.  Limoges, 
1907  et  C.  R.  Ac.  Se.  cxlii,  gxliii,  cxliv  et  cxlv,  1906  et  1907  .  —  [Voir  aussi  :  Excrétion 
(Brïntz,  Suslow,  Cuknot,  etc.,  Physiol.  des  métamorphoses  et  Sang]. 

X.   —  RESPIRATION. 

BoNiNET  (Ch.).  Recherches  sur  la  respiration  des  chenilles.  {Mém.  math,  des  Sav.  étrangers, 
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{Zeitsch.  f.  Physiol.  von  Tiedemann  und  Treviranus,  iv,  1-39,  1832).  —  Newport  (G.).  On 
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DuTROCHET  (R.  J.  H.).  Du  mécanisme  de  la  respiration  des  Insectes  {Ann.  Se.  nat.,  xxviii, 
31-44,  1833,  et  Mém.  Acad.  de  Paris,  xiv,  81-93,  1838).  —  Uufour  (L.).  Sur  la  respiration 
branchiale  des  larves  des  grandes  Libellules,  comparée  à  celle  des  Poissons  {C.  R.  Ac. 
Se.,  XXVI,  301-302,  1848).  —  Regnault  et  Reiset.  Recherches  chimiques  sur  la  respiration 
des  animaux  des  diverses  classes  {Ann.  de  Chimie  et  Physique,  (3),  xxvi,  483-490,  1849).  — 
Dl'folr  (L.).  De  divers  modes  de  respiration  aquatique  chez  les  Insectes  {C.  R.  Ac.  Se.,  xxix, 
763-770,  1849).  —  Coquerel  (Ch.).  Noie  pour  servir  à  l'histoire  de  l\Epus  Robini  {An7i.  Soc. 
Ent.  Fr.,  (2),  viii,  529-532,  1850).  —  Davy  (J.).  On  the  effects  of  certain  agents  on  Insects 


378  INSECTES. 

{Transact.  Eut.  Soc.  London,  1851,  19;j-'212).  —  Dlfour  ([..).  Note  mir  le  parasitiswe  [C- 
R.  Ac.  Se,  xxxm,  135-139, 1851).  —  Newriirt  (f..).  On  the  formation  and  the  use  of  l/ie 
air  sacs  and  dilated  trachex  in  Insecls  {Trans.  Linn.  Soc.  Londoi,  xx,  419-423,  1851  .  — 
Bassi  (C-A."!.  Rapport  relatif  au  passane  des  substances  introduites  dans  le  systi'oie  tra- 
chéen {Ann.  Se.  nat.  Zoo/.,  3\  xv,  1851).  —  Dufoi'r  I..).  Etudes  anatomiques  et  phi/siulo- 
giques  et  observations  sur  les  larves  de  Libellules.  Appareil  respiratoire  {Ann.  Se.  nat.  Zool., 
(3),  XVII,  76-97,  3  pis.,  1852).  —  Baulow  (VV.  F.).  Observations  on  the  respiratory  movemenls 
of  Insects  {Phil.  Trans.  Roy.  Soc.  London,  cxlv,  139-148,  1855).  —  Faivre  (E.).  De  Vin- 
fluence  du  système  nerveu.r  sur  la  respiration  des  Dytisques  {Ann.  Se:  nat.  Zool.,  (4),  xiir, 
1859-1860  .  —  Rathke  (H.).  Anatom.  physiologische  l'ntersuchungen  ûber  den  Atmumjs- 
prozcss  dcr  Insehten  \Schrift.  d.  k.  phys.  Ges.  Kiinigsberg,  i,  99-138,  1  laf.,  1860).  —  Ous- 
TALEï  (E.).  Note  sur  la  respiration  chez  les  nymphes  de  Libellules  [Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (.S), 
XI,  370-386,  3  pis.  1869.  —  Bert  (P.  .  Leçons  sur  la  physiologie  comparée  de  la  respiration, 
197  et  270-273,  Paris,  1870.  —  Plateau  (F.).  Recherches  physico-chimiques  sur  les  Arti- 
cules aquatiques.  Part.  /.  Action  des  sels  en  dissolution  dans  l'eau.  Influence  de  l'ean  de 
mer  sur  les  articulés  aquatiques  d'eau  douce.  Influence  de  l'eau  douce  sur  les  Crwitacés 
marins  {Mém.  cour,  et  Mém.  des  sav.  étrangers  de  Belgique,  xxxvi,  68,  1871)  ;  —  Part.  II. 
Résistance  à  l'asphyxie  par  submersion,  action  du  froid,  action  de  lu  chaleur,  température 
maxima  [Rull.  Arad.  Roy.  Belg.,  (2),  xxxiv,  271-281,  1872^.  —  F.teue  Ollo).  Ueber  die 
Respiration  dér  Trachraten,  besonders  ùber  den  Mechanismus  ilerseiben  und  ùberdie  Menge 
der  ausgeatmeten  Kohivnsàure  {Inaug.  Diss.  (Ihemnitz,  28,  1872V  —  Monmer.  Sur  le  rôle  des 
organes  respiratoires  chez  les  larves  aquatiques  {C.  R.  Ac.  Se,  lxxiv,  23'>.  1872).  — 
MuLLER  (V.).  Ein  K'iferendiometer  (Poggendorff's  Ann.  d.  Physik  und  Chemie,  1872,  4.")2- 
459).  —  Detmer  (VV.).  Respiration  der  Larven  von  Tenehrio  molitor  {Landwirtsch.  Versuchs- 
stalionen,  xv,  196-201,  1872).  —  Butscbli  fO.'i.  Ein  Beitrag  zur  Kenntniss  des  Sto^wechsels, 
insbesondcre  die  licspiration  bei  den  bisekten  (Reichert  und  Du  Bois-lleyrnond's  Archiv.  f. 
Anatoinic  und  Physiologie,  348-361, 1874  .  —  Jolvet  et  Heiinard.  Recherches  physiologiques 
sur  la  respiration  des  animaux  aquatiques,  2"  partie  I.Xrch.  de  physvd.,  (2),  iv,  1877  . 
—   PoTT  (R.).   Vergl.   Untersuchungen   iiber  die   Meni/enrerhaltn'sse  der   ausgeschiedenen 

Kohlensdure (Landuirtsch.    Versuchsstat.,  xvm,  81-166,  1875).  Voir  aussi  analyse  en 

anglais  dans  Psyché,  ii,  1878).  —  Sharp  (D.),  Observations  on  the  respiratory  action  of  the 
carnivorous  xvaterbeetles  [Journ.  Linn.  Soc,  London,  xiii,  Zool.,  161-183,  1878).  —  Amans 
(P.).  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  la  larve  de  l'jEschna  grandis  (l\ev.  Se. 
Nat.  Montpellier,  (3),  i,  63-74,  1881K  —  FREDEniro  (L.).  La  respiration  de  l'oxygène  dans 
la  série  animale  [Rev.  Scient.,  xxviii,  'iOO,  oct.  1881^  —  fiRATACAP.  Vitality  of  Insects  in 
Gases  {Aineric.  Nat.,  xvi,  1019-1022.  1882V  —  Vayssièrr  (.\.).  Recherches  sur  l'organisadon 
des  larves  des  Éphémérines  (Ann.  Se.  Nat.  Zool.,  (6),  xiii,  1-137,  11  pis.,  1882).  — 
Macloskie  (G.).  Pneumatic  functions  of  Insects  {Psyché,  m,  373-378,  1883).  —  Lange.ndori-i- 
(0.).  Studien  ùber  die  Innervation  der  Alhembewegungen.  6.  Das  Atmungszentrum  der 
Insekten  {Arch.  f.  Anat.  und  Phys.,  Phys.  Abteil.,  80-87, 1883\  —  Plateau  (F.).  Recherches 
expérimentales  sur  les  mouvements  respiratoires  des  Insectes  [Mém.  Acad.  Belg.,  xlv,  219, 
7  pis.,  56  fig.,  1884).  —  Bert  (P.).  Sur  la  respiration  du  Bombyx  du  Mûrier  à  ses  difl'érenls 
âges,  528-330  et  531-532,  1885.  —  Peyuon  'J.).  Sur  l'atmosphère  interne  des  Insectes  com- 
parée à  celle  des  feuilles.  (C.  R.  Ac.  Se.  Paris,  en,  1339-1341,  1886).  —  Grkiiant.  Nowel 
appareil  pour  l'étude  de  la  respiration  des  animaux  et  des  végétaux  aquatiques  {B.  B., 
1886,  421-424).  [Voir  aussi  pour  technique:  Arloi.\g  {A.  de  P.,  xviii,  1886,  .321-345)  et 
Zuntz  {Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.,  1900,  Suppl.,  3\V\  —  Comstock  iJ.  H.).  Note  on 
respiration  of  aquatie  bugs  {Americ.  Nat.,  xxr,  577-578,  1887].  —  Vkrson  (E.).  Il  mecanismo 
di  chiusura  negli  stimmati  di  Bombix  mori  {Atti  Istit.  Veneto.  Se,  9,  1887).  —  Schmidt  (E.). 
Veber  Atmung  der  Larven  und  Puppen  von  Donacia  crassipes  (Berl.  Eut.  Zeitsch.,  xxxi, 
1887)  [voir:  Dewitz,  ibid.,  xxxii,  3-6,  1888J.  —  Regnard  (P.).  Sur  la  qualité  de  l'air 
contenu  dans  les  cocons  devers  à  soie  {B.  B.,  xl,  787-788,  1888  .  —  Li'ciani  et  Piutti  Sui 
fenomeni  respiratori  délie  nova  del  Bombice  del  Gelso  {Atti  délia  R.  Accad.  dei  Gcorgofili, 
XI,  1888,  et  A.  i.  B.,  ix,  319-338,  1888).  —  Carlet  (G.).  Note  sur  un  nouveau  mode  de 
fermeture  des  trachées  «  fermeture  operculaire  »  chez  les  Insectes  (C.  R.,  cvii,  753-757, 
1888).  —  Co.\tejea.\  (C).  Sur  le  mode  de  respiration  du  «  Decticus  verrucivorus  {C.  P.,  cxi, 
1890).   —  Plateau  (F.).  Les  Myriopodes  marins  et  la  résistance  des  Arthropodes  à  respira- 


INSECTES.  379 

tion  acrienne  à  la  submersion  {Journ.  de  rAnal.  et  de  la  Pkijsiol.,  xxvi,  230-269,  1890).  — 
Dewitz  (H.).  Ein'ujc  Dcotjac!ituu(jen  helrcffend  das  (jcschlosscnc  Trackeensyslem  bel  Insek- 
nlarven  {Zool.  Anz.,  xiii,  :i00-r>2'>,  1890).  —  Dev.vux  (II.).  Asphyxie  par  submersion  chez  les 
animaux  el  les  plantes  (li.  B.,  9,  iir,  43,  1891).  —  M.vktin  (J.).  Sur  la  respiration  des  larves 
de  Libellules  [Bull.  Soo.  Philom.,  8,  iv,  122-124,  1892).  —  Luciani  et  Lo  Mo.n.vco.  Sur  les 
phénomènes  respiratoires  de  la  chrysalide  du  Bombyx  du  Mûrier  {Arch.  ital.  de  BioL,  xix, 

274-281,  1893). Sur  les  ph.  resp.  des  larves  du  Ver  à  soie  {Arch.  ital.  de  BioL,  xxih, 

424-433,  1895).  —  Fhedeiucq  (L.).  Note  sur  le  sang  et  la  respiration  des  Vers  à  soie  {Trav. 
du  labor.,  |v,  196-198,  1895).  —  Vernon.  The  relation  of  the  respiratory  exchanrje  of  cold- 
blooded  animais  fo  température  (J.  P.,  xxi,  443-496,  1897).  —  Du  Rois-Rëymond.  Vebcr  die 
AtmuuQ  von  «  Dytiscus  marginulis  »  {Verh.  d.  Berl.  Physiol.  Ges.,  xxvii,  mai  1898,  et 
Arch.  f.  Anat.  a.  Physiol.,  physiol.  Abth.,  189.3,  378-381).  —  Quajat  (E.).  Recherches  sur 
les  produits  de  la  respiration  des  œufs  du  ver  à  soie  [A.  i.D.,  xxvii,  376-388,  1897.  —  Ibid., 
XXIX,  153-11)4,  1898).  [Voir  aussi  :  Ann.  Accad.  Ar/ric.  Torino,  xLit,  1899,  et  le  traité  de 
Veuson  et  Quajat,  Il  Filugello].  —  Launoy  (L.).  Modification  des  échanges  respiratoires 
consécutifs  à  lapiqilre  dun  Hyménoptère  chez  les  larves  de  Cétoine  dorée  [Bull,  du  Muséum, 
VI,  383, 1900).  — Janinghen  {R.).Wdrmestarreund  Wintcrschlaf  bei  Ravpen{Borse,\\i,  1900). 
—  EwiNG  (H.  Z.).  The  funct ions  of  the  nervoiis  System,  with  spécial  regard  to  respiration, 
in  Acrididœ  {Kansas  icniv.  Se.  Bull.,  u,  n.  11,  30;)-319,  1904). — Gal(J.).  Expériences  sur 
les  Vers^à  soie.  1"  note  {Bull.  Soc.  étud.  Se,  nal.  Nîmes,  xxxiir,  87-97,  1906).  —  Roller 
(L.  W.).  Respiratory  responses  in  the  Grasshopper  to  variations  in  pressure  {Knn.  Univ.  Sci. 
Bull.,  III,  211-221,  1906).  —  Gree.xwood  (M.  J.).  The  effects  of  rapid  décompression  on 
larvse  {Proc.  Physiol.  Society,  J.  Physiol.,  Cambridge,  xxxv,  1906).  [Voir  aussi  :  Proc.  of 
the  Entom.  Soc.  London,  1906.]  —  Brocher  (F.).  Recherches  sur  la  respiration  des  Insectes 
aquatiques  adultes  [Bull.  Soc.  Zool.  de  Genève,  1908,  181-193).  — Portier  (P.).'  Recherches 
physiologiques  sur  les  Insectes  aquatiques.  Études  sur  la  respiration  [B.  B.,  lxvi,  422,  452, 
496,  o80,  1909). 

XI.  —  CHALEUR  ANIMALE. 

Newport  (G.).  On  the  température  of  Insects  and  ils  connection  with  the  fanctions  of 
respiration  end  circulation  in  the  class  of  invertebrated  animais  {Phil.  Transact.,  1837).  — 
Lecoq  (H.).  De  la  transformation  dumouvement  en  chaleur  chez  les  animaux  {C.  R.  Ac.  Se, 
LV,  191-192,  1862  [Sphiiix  convolvuli]) .  —  Kanitz  (J.-G.).  Brutwdrme  und  Temperatur  im 
Bienenklumpen ; — Die  Wdrmeproduktionskraft  der  Biene  verglichen  mit  der  andererTiere 
{Preusz.  Bienen  Zeitung,  v,  1862).  —  Girard  (M.).  Des  méthodes  expérimentales  pouvant 
servir  à  rechercher  la  chaleur  propre  des  animaux  articidés,  et  spécialement  des  Insectes. 
Paris,  1862.  —  Girard  (Maurice).  Recherches  sur  la  chaleur  animale  des  Articulés  {Ann. 
Soc.  Ent.  Fr.,  (4),  i,  1861  ;  ii,  1862;  m,  1863).  —  Môbius  (K.).  Einige  allgemeine  Bemerkungen 
liber  die  Kôrperwùrme  der  Bienen  [Bienen-Zeitung,  Eichstiidt,  xix,  1863).  —  Schœ.nfeld. 
Kleine  Beitrùge  zur  Bienenkunde,  I  Wdrme  {Bienen-Zeitung ,  Eichstadt,  xviii,  1862;;  —  IV. 
Noch  einmal  Wdrme  [ibid.,  xix,  1863);  —  V.  Nachtrag  {ibid.).  —  Schœisfeld.  Die  Muskellhd- 
tigkeit  der  Biene  in  Bezug  auf  Wdrmeentwicklung  {Bienen-Zeitung,  sxii,  1866).  — 
ScHULZ  (H.).  Uebcr  das  Abhdngigkeitsverhâltniss  zwischen  Stoffuechsel  und  Kôrpertempe- 
ratur  bei  Amphibien  und  Insekten.  Bonn,  1877.  —  Girard  (M.).  Études  sur  la  chaleur 
libre  dégagée  par  les  Animaux  invertébrés  et  spécialement  les  Insectes  {Ann.  Se.  nat.  Zool., 
(5),  XI,  1869).  [Voir  aussi  :  Traité  d'Entomologie,  3  vol.  Paris,  1873-1885].  —  Graber  (V.). 
Termische  Expérimente  an  der  Kiichenschabe  [Periplaneta  orientalis]  {A.  g.  P.,  xlii,  240- 
258,  1887).  —  Richet  (Ch.).  La  chaleur  animale.  Paris,  Alcan,  307,  1889. —  Paehon  (Marie). 
Sur  les  échanges  nutritifs  chez  les  Abeilles  pendant  les  quatre  saisons  {Ann.  Se.  Nat.  Zool., 
(9),  ix,  1-57,  17  fig..  1909). 

XII.  —  NUTRITION  PROPREMENT  DITE,  RÉSERVES,  ASSIMILATION. 

Lacaze-Duthiers  et  Riche.  Voir  :  viii.  Digestion,  1853. 

Bernard  (Claude).  De  la  matière  glycogène  chez  les  animaux  dépourvus  de  foie  {C.  R. 
Soc.  BioL,  (3),  I,  53,  1859).  [Voir  aussi  :  Leçons  sur  les  phénomènes  de  la  vie,  2,  106-1 16, 


380  INSECTES. 

Paris,  1879.]  —  Fabre  (J.-H.).  Loc.  cit.,  voir  E.vcrclion,  1862.  —  Landois  (L.).  Vebcr  die 
Funktinn  des  t'ettkôrpen  (Zeilsch.  f.  wiss.  Zool.,  \v,  371-372,  1865).  —  Hofmann.  Der 
ï'bergatvj  von  JS'dhrunr/sfett  in  die  Zellen  dca  Thierhôrpers  (Z.  IL,  viii,  1")2,  1872).  — 
GiARD  (A  ).  L'anhydrobiose  on  ralentissement  des  phénomènes  vitaux  sous  l'influence  de  la 
déshydratation  progressive  [et  notes  sur  les  Margarodes]  {B.  B.,  xlvi,  1894).  —  Frank 
(Otto).  Eine  Méthode,  Fleisch  von  Fett  zu  befrcien  (Z.  B.,  xxxv,  549,  1897).  —  Luciam  et 

Le  Mo.VACO.  Accroissement  progressif  en  poids  et  en  azote  du  ver  à  soie {A.  i.  B.,  xxvii, 

340-349,  1897).  —  Grandis  et  Muzio.  Sur  les  processus  d'a'isimilation  du  Callidium  sangui- 
neum  {A.  i.  B.,  xxix,  315-324,  1898).  —  Koschevmkov.  Ueber  die  Fettkôrper  und  die 
Œnocyten  der  Honigbiene  {Apis  mellifica)  {Zool.  Anzeig.,  xxiri,  1900).  —  Slowtzoff  (B.  J.). 
Beitrage  zur  vergleichenden  Physiologie  des   Hungerstoffwechsels.    i   Mitt.   Der    Jlunger- 

stoffwechsel  von  Hummeln  Bombus  terrestris  {Beitr.  chem.  PhysioL,  vi,  170-174,  1904). 

Drr  Ilungerstoffwechsel  bei  Libellen  {ibid.,  vi,  163-109,  1904  .  —  Wei.nland  (E.).  ïber  die 
Stoffumsetzungen  nàhrend  der  Métamorphose  der  Flcischfliege  [Z.  B.,  1905).  — Mirande  (M.), 
Sur  la  présence  d'un  corps  réducteur  dans  le  tégument  chitineu.v  des  Arthropodes  {Arch. 
Anat.  micr.,  vu,  207-231,  1905).  — Sur  une  nouvelle  fonction  du  tégument  des  Arthropodes, 
considéré  comme  organe  producteur  de  sucre  {Arch.  Anat.  micr.,  vu,  232-238,  1905i.  (Voir 
aussi  :  C.  It.  Ass.  fr.  Av.  Sciences.  Cherbourg,  ;1 905  et  B.  B.,  1907,  559.)  —  Xamiieu  (P.). 
Longévité  des  Insectes  {Le  Naturaliste,  xxvii,  279, 1905).  —  Semiciion  (L.).  La  formation  des 
réserves  dans  le  corps  adipeu.r  des  Mclliféres  solitaires  {Ihdl.  Mus.,  Paris,  x,  555-557, 
1905).  —  Hegen  (J.).  Vntersuchungcn  ûber  den  Winterschlaf  der  Larrcn  ron  Gryllus  cam- 
pestris.  Ein  Beitrag  zur  Physiol.  der  Atmung  und  Pigmentbildung  bei  den  Insckten  {Zool. 
Anz.,  XXX,  131-133,  1906).  —  Rogdanow  (E.).  Ueber  das  Znchten  der  Larven  der  geivôhn- 
lichen  Fleischfliege  {Calliphora  vomitoria)  in  sierilisierten  Nàhrmitteln  {A.  g.  P.,  cxiii,  97- 
105,  1906).  —  LiNDEN  (M.  von).  Assimilation  du  carbone  et  de  l'azote  de  l'air  atmosphérique 
par  les  chrysalides  et  les  chenilles  chez  les  Lépidoptères.  Résumé  de  la  question  par  l'au- 
teur d'après  ses  travaux  antérieurs,  contenant  les  indic.  bibliog.  {Zool.  CentralU.,  xiii, 
694,  1906  .  —  GuYKNOT  (E.).  Sur  le  mode  de  nutrition  de  quelques  larves  de  Mouche  [B.  B., 
1906).  —  Weinland  (E.).  Uber  die  Bildung  von  Fett  aus  eiœeissartiger  Substanz  im  Brei 
der  Calliphoralarven  (Zeitsch.  f.  Biol..  u,  1908,  197).  —  Brucke  (E.  Th.  von\  Ueber  die 
angebliche  Mâstung  von  Schmetterlings  Puppen  mit  Kohlensàure  {A.  P.,  1908^  431-444). 
—  BoGDANOw(E.).  Zj<r  Frage  ûber  Fettprodukiion  aus  Eiiveiss.  {Journal  fur  Landxvirtschaft , 
4908);  —  Uber  die  Abhângigkeit  des  Wachstums  der  Flicgenlarven  von  Baktericn  und 
Fermenten  und  ûber  die  Variabilitdt  und  Vererbung  bei  den  Fleischfliegen  {A.  P.,  1908, 
Suppl.  173-199).  —  Pariion  (Marie).  Échanges  nutritifs  chez  les  Abeilles  {Ann.  Se.  Nat., 
1909). 

XIII.  —  DÉSASSIMILATION    ET    EXCRÉTION. 

DuFOUR  (J.).  Mémoire  sur  les  vaisseaux  biliaires  ou  le  foie  des  Insectes  {Ann.  Se.  nat., 
(2),  XIX,  145-182,  4  pi.,  1848).  —  Péligot.  Études  chimiques  et  physiologiques  sur  les  Vers 
à  soie  {C.  R.,  xxxiii,  491  et  xxxiv,  278,  1851-1852".  —  Davy  (J.).  Some  observations  on  the 
excréments  of  certain  Insects  and  on  the  urinary  excrément  oflnsects  {Edinburgh  New  Phil. 
Journ.,  XL,  231-234,  335-340,  1840;  xlv,  17-29,  1848);  —  Some  observations  on  the  excré- 
ments of  Insects  (Trans.  Ent.  Soc,  (2),  m,  18-32,  1854).  —  Fabre  (J.-H.).  Étude  sur  l'in- 
stinct et  les  7nétamorphoses  des  Sphégiens  (Ann.  Se.  Nat.,  (4),  vi,  137-189,  1856).  —  Rasch 
(S.).  Untersuchungen  ïiber  das  chilopoietische  iind  uropoietische  System  der  Blatta  orientalis 
{K.  W.,  xxxvi,  1858).  —  SiRODOT  (S.).  Recherches  sur  la  sécrétion  urinaire  chez  les  Insectes 
{Ann.  Se.  nat.,  (4),  x,  1859).  —  Fabre  (J,-II.).  Étude  sicr  le  rôle  du  tissu  adipeux  dans  la 
sécrétion  urinaire  des  Insectes  (Ann.  Se.  Nat.,  (4),  xix,  315,  1863).  —  Heckel  (E.).  Phéno- 
mènes de  localisation  dans  les  tissus  animaux  {C.  R.,  1874,  p.  512  et  Journ.  Anat.  et 
Physiol.,  1875,.  553).  —  Schindler.  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Malpighischen  Gefiissen  der 
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Kenntniss  der  Exkretionsorgane  {Biol.  Centralbl.,  ix,  33-47,   65-76,  127-128,  1889-90).  — 


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1903);  — Les  reins  labiaux  des  Thysanoures  {Arch.  Zool.  exp.,  u,  notes  et  rev.,  89,  1904). 

—  Veneziani  (A.).  Valorc  morfologico  e  flsiologico  dei  Tubi  malpighiani  {mecanismo  delV 
excrezione)  {Rcdia,  ii,  177-230,  pis.  18-20,1905).  —  Semighon  (L.).  Signification  physiolo- 
gique des  cellules  à  urates  chez  les  Mellifères  solitaires  {C.  B.  Ac.  Se.  cxl,  1715-1717, 
1905).  —  Becherchcs  morph.  et  biol.  sur  quelques  Mellifères  solitaires  [Bull.  Se.  Fr.et  Bel- 
gique, XL,  p.  281-442,  1906).  —  Suslow.  La  phagocytose,  les  organes  excréteurs  et  le  cœur 
de  quelques  Insectes  ptérygotes  {Trav.  Soc.  imp.  des  Nat.  Saint-Pétersbourg,  xxxv,  77,1906). 

—  Philiptschenko  (J.).  Beitràge  zur  Kenntniss  der  Apterygoten.  Uber  die  excretorischen 
und  phagocytàren  Organe  von  Ctenolepisma  lineata  {Zeitscli.  f.  wiss.  Zool.,  lxxxvih,  99, 
1907).  —  Bruntz  (L.).  Nouvelles  recherches  sur  Vexcrétion  et  la  phagocytose  chez  les  Thysa- 
noures {Arch.  Zool.  exp.  et  gén.,  (4),  viii,  471-488,  1908). 

XIV.  —  SÉCRÉTIONS  SPÉCIALES. 

i"  Cire  et  Laque.  —  Dumas  et  Milne-Edwards.  Sur  la  composition  de  la  cire  des  Abeilles 
{Ann.  de  Chimie  et  de  Phys.,  (3),  xiv,  400-408,  1845).  Voir  aussi  ibid.,  xiv,  236,  et 
îvii,  531,  541.  —  Targioni-Tozzetti  (A.).  Sur  la  cire  qu'on  peut  obtenir  de  la  Cochenille 
du  Figuier  {Coccus  caricœ)  {C.  R.,  lxv,  1867).  —  De  Planta-Ueighexeau.  Sur  les  Abeilles 
et  sur  le  miel  {Arch.  d.  Se.  phys.  et  nat.,  Genève,  (6),  ii,  1879,  334).  —  Erlenmeyer  et  de 
Planta-Reiche.nau.  Chemische  Studien  iibcr  die  Thàtigkeit  der  Bicnen  {Bienen  Zeitung ,xxxiv , 
1878,  181  ;  xxxv,  1879  et  1880). —  Garlet  (G.).  La  cire  et  ses  organes  sécréteurs  {Le  Natura- 
liste, 1890,  149-151). Sur  les  organes  sécréteurs  et  la  sécrétion  de  la  cire  chez  l'Abeilh 

[C.  R.  Ac.  Se,  ex,  361-363,  1890).—  Buislxe  (A.  et  P.).  La  cire  des  Abeilles  {Trav.  etmém. 
fac.  Lille,  1891  et  Bev.  Biol.,  Lille,  m,  340,  353,  391).  —  Gascard  (A.).  Contribution 
à  l'étude  des  gommes  laques  des  Indes  et  de  Madagascar  {Thèses  de  Pharmacie,  Paris,  1893). 

—  Beauregard  (H.).  Matière  médicale  zoologique.  Paria,  1901.  [Nombreux  renseignements  sur 
la  cire  et  la  laque  des  Cochenilles].  —  Dreylixg  (L.).  Die  wachsbereitcnden  Organe  bei  den 
gesellig  lebenden  Bienen  {Zool.  Anz.,  xxvi,  710,  1903  et  Zool.  Jahrb.  Anat.,  xxii,  289-330, 
pis.  17-1 8, 1905).  —  BuGNioN  (E.)  et  Popoff  (N.).  Les  glandes  cirières  de  Flata  marginella  {Bull. 
Soc.  Vaudoise,  Se.  Nat.,  1907, 549-563).  —  Sundwik  (E.).  Uberdas  Psyllawachs  {Zeitsch.  f.phy- 
siol.  Chem.,u\,  4,  255,1908).  Voir  aussi:  Otto  von  Furth  (1903)  pour  la  partie  chimique. 

2"  Soie.  —  BLA^'C  (L.).  Étude  sur  la  sécrétion  de  la  soie  et  la  structure  du  brin  et  de  la 

bave  dans  le  Bombyx  mori,  48  p.,  4  pi.  Lyon,  1889. La  tête  du  Bombyx  mori  à  l'état 

larvaire.  Anatomie  et  physiologie  [Trav.  d.  Lab.  d'Études  delà  Soie,  1889-1890,  180p.,. 
9o  fjg.,  Lyon,  1891).  —  Gilsûn  (G.).  Recherches  sur  les  cellules  sécrétantes.  La  soie  et  les. 
appareils  séricigènes  {La  Cellule,  vi,  115-132,  3  pi.  1890;  et  x,  71-93,  1  pi.  1893).  — 
Garman  (H.).  Silk-spin7iing  dipterous  lurvx  {Science,  xx,  215,1893).  —  Conte  (A.)  et  Levrat 
(D.).  Becherches  sur  les  matières  colorantes  des  soies  des  Lépidoptères.  —  Coloration  artifi- 
cielle de  la  soie  dans  l'organisme  du  ver  à  soie.  Lyon,  1904  (et  C.  R.  Ac.  Se.,  27  oct.,  1902). 
—  SiLVESTRi  (F.).  Contribuzione  alla  conoscenza  délia  mctamorfosi  e  dei  costumi  délia  Lcbia 
scapularis  Fourc.  con  descrizionc  dell'  apparata  sericipare  délia  larve  {Bedia,  ii,  68-84,  pis. 
u-vii,  1905'.   Voir  aussi  les  traités  de  sériciculture  [Verson  et  Qlajat,  PaUova,  1896; 


38-2  INSECTES. 

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Vcrt/I.  cliein.  phijsinl.  (1er  nicder.  Tiere,  1903. 

3'^  Venins,  Sécrétions  répulsives  et  attractives.  —  IJonnet  (C).  Mémoire  aur  la  grande 
chenille  à  tjueuc  foarcittie  du  Saule,  dans  lequel  un  prouve  que  la  liqueur  que  cette  chenille 
fait  jaillir  est  un  véritable  acide  et  un  acide  très  actif  (Mém.  math.  sav.  ctr.  Paris,  ii,  267- 
282,  1755)  [Voir  aussi  :  Œuvres  complètes  de  Ro.nniît,  1779,  ii,  17-24].  —  De  Gker.  Obicr- 
valions  sur  la  propriété  sinr/ulière  qu'ont  les  tjrandes  chenilles  à  double  queue  du  Saule 
de  aerinr/uer  de  la  liqueur  [Mém.  Sav.  élr.,  Paris,  1780  .  —  Ratzeiu'rg  (J.).  Ueber  enlomolo- 
(/ische  Krankheiten  {Stcttin  Ent.  Zeit.,  vu,  3.")-H,  1846).   —  Pelouze.  Sur  la   nature  du 
liquide  sécrété  par  la  qlande  abdominale  des  ïnnectes  du  ijenre  Carabe  {C.  I\.,  xliii,  p.  123- 
•12.>,  1856).  —  L.MiouLBÈ.NE  (.\.).  Note  sur  les  caroncules  thoraciques  des  Malachius  {Ann. 
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chez  les  Insectes  {Bull.  Acad.  roij.  Belgique,  (2),   x.vxvin,  1874'.  —  Miller  (Fritz).    Die 
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der  Prozpssionsraupen  {Kosmos,  xiii,  1886'.  —  Puilto.n  (E.).  The  sécrétion  of  pure  aquous 
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Adr.  Se,  705,  1887'.  —  De.miam  (Cu.-S).  The  acide  secrcti'm  of  Notodonta  coneinna  {Insect 
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diennes des  Coléoptères  {La  Cellule,  xvi,  61,  1899  et  xviii,  235,  1901).  —  Sladen  (F.-W.). 
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Recherches  sur  le  venin  d'Abeilles  {C.   R.  Ac.  Se,  cxxxix,  326-329;  C.  R.  Soc.  Biol.,  lvii, 
198-201, 1904);  —  Sur  la  présence  de  venin  dans  les  œufs  d'Abeilles  (C.  R.  Ac.  Se.,  cxli. 


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Fortpftanzung  der  Cecidomyeenlarven  (Arch.  fiir  Naturg.,  xxxi,  1,1865).  —  Landois  (H.). 
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XVII,  1867).  — Plateau  (F.).  Études  sur  la  parthénogenèse  (Thèse  inaug.,  Gand,  1868).  — 
Balbiam(E.  g.).  Sur  le  mécanisme  de  la  fécondation  chez  les  Lépidoptères  [C.  II.,  lxviii,  1869). 

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imp.  S.  Pétersbourg,  (7),  xv,  1870).  —  Siebold  (C.  Th.  von).  Beitràge  zur  Parthenogenesis 
bei  der  Arthropoden  (Leipzig,  1871),  —  Régimbart  (M.),  Recherches  sur  les  organes  copula- 
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384  INSECTES. 

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Bull.  Soc.  Ent.  Fr.,  1900,  195].  —  Pictet  (A.).  Influence  des  changements  de  nourriture  sur 
les  chenilles. et  sur  la  formation  du  sexe  de  leurs  Papillons  {Soc.  Phys.  Hist.  Xat.  Génère, 
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aussi  Discussion  de  Wheeleu,  ibid.,  537].  —  Sciirodeu.  Einc  Sammlung  roti  Hefcraten  'neue- 
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den  geschlechtsbestimmenden  Ursachcn  bci  der  Honigbiene  Prdformation  {Verh.  deutsch. 
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The  cytological  aspect  of  Parthenogcnesis  in  Insects  .Mcm.  and  procced.  of  the  Manchester 
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nogonie  {Arch.  Zool.  exp.,  1904,  257-335);  II.  Les  Plutygasters  {ibid.,  1906,  483-639).  — 
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and  Sélection  upon  the  Fertility  and  Variability  cf  Drosophila  {Proc.  Amer.  Acad.  Arts 
and  Se,  XLi,  729-786,  1906).  —  Silvestri.  Contribuzioni  alla  conoscenza  biologiea  degli 
Imenottcri  parasiti,  i  et  ii-iv,  Poilici,  1906-1908 1.  —  Quajat  (t).).  Sulta  parthenogenesi  arti- 
ficiale  délia  uova  dcl  bombice  dcl  gelso.  Padova,  1905  (Zoo/.  Zentralbl.,  1906,  108).  —  Sur 
la  parthénogenèse  artificielle  des  œufs  du  Bofubyx  du  Mûrier  (recherches  expérimentales) 
{Bull.  Soc.  Se.  Nat.  .Mâcon,  n,  218-229,  1906).  —  Steve.ns  (N.  M.).  A  comparative  study  of 
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part  2,  1906).  —  NVueeler  (W.  M.).  The  Polymorphism  af  ants  {Bull.  Amer.  Mus.  Nat.  Hist., 
xxiir,  1907;  Ann.  Entom.  Soc.  America,  i,  1908;.  —  P.^.ntel  (J.)  et  de  Si.néty  (R.).  Sur  l'ap- 
parition de  mâles  et  d'hermaphrodites  dan-i  les  pontes  parthénogénéticjues  des  Phastnes  {€. 
R.  Ac.  Se. ,  1908  .  —  Bresslau.  Ueber  die  Vtrsuche  zur  Geschlechtsbest.der  Honigbiene  {Zool. 
Anz.,  22  déc.  1908).  —  Meisenheimer  (J.).  Ergcbnisse  ciniger  'Versuchsreihen  ùbcr  Extir- 
pation und  Transplantation  der  Geschlechtsdrùsen  bei  Schmetterlingen  {Zool.  Anz.,  xxxir, 
393,  1908).  —  Marchal  (P.).  Contributions  à  l'étude  des  Chermes  (Paris,  1906-1909).  — 
Borner  (G.).  Eine  monogr.  Studie  iiber  die  Chermiden  (Berlin,  1908).  —  Morgan  (T. -H.). 
Sex  détermination  m  Phylloxerans  and  Aphids  {Journ.  Exp.  Zool.,  vii,  1909).  — Grassi  et  Foa. 
Ricerche  sid  Fillosserini  (Roma,  1908-1909  .  —  Kahle  (W.;.  Die  Paedogenesis  der  Cecidomyi- 
den  {Zoologica,  fasc.  55,  xxi,  1-80,  1908)  [Résumé  dans  Zool.  Centralbl.,  4  mai  1909,  256]. 

XVI.  —  RÉGÉNÉRATION. 

Newport  (G.).  On  the  reproduction  of  lost  parts  in  Myriapoda  and  Insecta  [Pldlosoph. 
Trans.,  1844).  —  Peyerimhoff  (P.  de).  Sur  la  régénération  {Miscel.  EntomoL,  1897).  — 
GiARD  (A.).  Sur  les  régénérations  hypotypiques  {B.  B.,  iv,  1897,  316).  —  Tornier  (G.).  Bas 
Entstehen  von  Kdfermissbildungen  :  Hyperantennie  und  Hypermelie  {Arch.  f.  Entw.  mech., 
IX,  1899-1900).   —  Crampto.n  (H.  E.).   An  expérimental   study   upon  Lepidoptera   {Arch. 


INSECTES.  385 

Enlwick.  Mech.,  ix,  293-318,  1900).  —  Morgan  (T.  II.).  Régénération  (8°,  New-York, 
31.')  p.,  66  fig.,  1901).  —  ToRNien.  Bein  imd  Filhlenegeneralion  bei  Ktlfern  und  ihre  Bcglei- 
erscheiniingen  [Zool.  Anz.,  xxv,  634-G48,  649-664,  5  fig.,  1901).  —  Siniîty  (R.  de). 
Recherches  sur  la  biologie  et  Vanatomie  des  Phasmcs  {Th.  Fac.  Se.  de  Paris,  et  La  Cellule,  1901). 

—  GoDELMAXN  (R.).  Bcitrag  zur  Kointnis  von  Bacillus  Rossii  mit  besonderer  Berilcks.  der 
Aufotomie  iind  Régénération  (Arch.  f.  Entw.  Mech.,  xii,  26")-30l,  1901).  — Przibram  (H.). 
Régénération  {Ergeb)nsse  der  Physiologie,  Wiesbaden,  i,  43-119,  1902).  —  Ciiild  et 
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1903).  —  HiRscHLER  (F.).  Régénération  Studien  an  Lepidopterenpiippen  {Anat.  Anz.,  1903- 
1904).  —  Verson  (E.).  Manifestazioni  rigenerative  nelte  zampe  toracali  del  B.  Mori  {Atti 
R.  Ist.  Veneto,  41,  1904).  —  Kellog  (Vernon).  Régénération  in  larval  legs  of  Silkivorms 
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giques sur  Vautotomie  et  la  régénération  chez  divers  Arthropodes  {Bull.  Se.  France  et  Bel- 
gique, XXXIX,  307-4o4,  1905,  et  Th.  Fac.  Se.  Pa^ns,  1905).  —  Ost  (F.).  Zur  Kenntnis  der 
Régénération  der  Extremitâten  bei  den  Arthropoden  {Arch.  f.  Entw.  Mech.,  xii,  2.89-324, 
1906).  —  Przibram  (H.).  Aufzucht,  Farbwechsel  und  Régénération  unserer  europaïschen 
Gottesanbeterin  {Arch.  f.  Entw.-Mech.,  1907).  —  Przibram  (II.)  et  Werber  (J.).  Regene- 
rationsversuche  allgemeincr  Bedeutung  bei  Borsfenschwànzen  [Lepismatidse]  {Arch.  f. 
Entiuick.  Mech.,  615-031,  1907).  —  Meisenheimer.  Régénération  des  ailes  chez  les  Papillons 
{Zool.  Anz.,  XXXIII,  1908). 

XVII.  —  PHYSIOLOGIE  DU  DÉVELOPPEMENT  ET  DES  MÉTAMORPHOSES. 

Regnault  et  Reiset.  Recherches  chimiques  sur  la  respiration  des  animaux  {Ann.  de 
Chim.  et  de  Phys.,  (3),  xxvi,  1849).  —  Fabre  (J.  H.).  Études  sur  l'instinct  et  les  métamor- 
phoses des  Sphégiens  {Ann.  Se,  nat.  Zool.,  (4),  vi,  1856);  —  Mémoire  sur  l'hyper  métamor- 
phose et  les  mœurs  des  Méloïdes  {Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (4),  vu,  1857;  ix,  1858);  —  Étude 
sur  le  rôle  du  tissu  adipeux...  {Ann.  Se.  nat.  Zool.,  (4),  xix,  1863).  —  Duclaux  (E.).  Sur  la 
respiration  et  Vasphyxie  des  graines  du  Ver  à  soie  {C.  R.  Ac.  Se,  1869)  [Voir  aussi  Ann. 
Scient.  École  Norm.  Sup.,  vi,  1869]  ;  —  Études  physiologiques  sur  la  graine  de  Ver  à  soie 
{Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  (4),  iv,  1871)  [Voir  aussi  Actes  et  mém.  4«  Congrès  séricicole 
int.  Montpellier,  1874J.  — —  De  l'action  physiologique  qu'exercent  sur  les  graines  de  Ver 
à  soie  des  températures  inférieures  à  zéro  {C.  R.,  lxxxiii,  1876).  —  Kunckel  d'Herculais 
(J.).  Des  mouvements  du  cœur  chez  les  Insectes  pendant  la  métamorphose  {C.  R.,  xcxi, 
1884).  —  TicHOMiROFF.  Chemische  Studien  iiber  die  Entwicklung  der  Insecteneier  (Z.  p.  C, 
1885  .  —  Bert  (P.).  Sur  la  respiration  du  Bombyx  mori  à  ses  différents  âges  {B.  B.,  1885). 

—  Urech  (F.).  Chemisch-analy tische  Untersuchungen  an  lebenden  Raupen  und  Schmetter- 
lingen  und  an  ihren  Sekreten  {Zool.  Anz.,  xiii,  1890).  —  Verson  (E.).  Chemisch-analy  tische 
Untersuchungen  an  lebenden  Puppen,  Raupen  und  Schmetter linge  {Zool.  Anz.,  xiii,  588- 
589,  1890)  [Voir  aussi  son  Traité  :  //  Filugello].  —  Kûnckel  d'Herculais  (J.),  Mécanisme 
physiologique  de  l'éclosion,  des  mues  et  de  la  métamorphose  chez  les  Orthoptères  {C.  R., 
ex,  1890j  ;  —  Le  Criquet  pèlerin  et  ses  changements  de  coloration.  Rôle  des  pigments 
dans  les  phénomènes  d'histolyse  et  d'histogenèse  qui  accompagnent  la  métamorphose  (C. 
R.,  cxiv,  1892).  —  KoROT.NEFF  (A.).  Histolyse  und  Histogenèse  des  Muskelgewcbes  bei  der 
Metamorph.  der  Insekten  {Biol.  Centralbl.,  xii,  1892).  —  Bataillon  et  Couvreur.  La 
fonction  glycogénique  chez  le  Ver  à  soie  pendant  la  métamorphose  {B.  B.,  1892).  —  Ba- 
taillon (E,).  Nouvelles  recherches  sur  les  mécanismes  de  l'évolution  chez  le  Bombyx 
mori  {Revue  bourg,  de  l'Ens.  sup.,  iv,  n**  3,  1893).  —  La  métamorphose  du  Ver  à  soie 
et  le  déterminisme  évolutif  {Bull.  Se.  France  et  Belgique,  xxv,  1893).  —  Luciani  (L.)  et 
Lo  Monaco  (D.).  Voir  Respiration,  1893.  —  Kunckel  d'Herculais.  Les  Diptères  para- 
sites des  Acridiens:  les  Bomhycides.  Hypnodie  larvaire  et  métamorphose  {C.  R.,  cxviii, 
1894).  —  Observations  sur  l'hypermétamorphose  ou  hypnodie  chez  les  Cantharidiens  {C.  R., 
cxviii,  300,  1894,  et  Ann.  Soc.  Entom.  Fr.,  lxiii,  136,  1894).  —  Couvreur  (E.).  Sur  la 
transformation  de  la  graisse  en  glycogène  chez  le  Ver  à  soie  pendant  la  métamorphose 
{B.  B.,  1895).  —  Giard  (A.).  L'anhydrobiose  (B.  B.,  xlvi,  1894)  [Voir  aussi  Notes  sur  les 
Margarodes,  ibid.,  1894  et  1895].  —  Levrat  (D.).  Sur  les  phénomènes  respiratoires  de  la 
chrysalide  de  /'Antheroea  Pernyi  {Rapport  du  Labor.   d'Études  de  la  Soie  de  Lyon,   ix, 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME    IX.  2.J 


386  INTESTIN. 

1898).  —  Terre  (L.).  Sur  les  troubles  physiologiques  qui  accompagnent  la  métamorphose 
des  Insectes  holométaboUens  (B.  B.,  1898i.  —  Lameere  (A.).  La  raison  d'être  des  métamor- 
phoses chez,  les  Insectes  {Ann.  Soc.  Ent.  Belg.,  xliii,  4899).  —  Pérez  (Ch.).  Sur  la  métamor- 
phose des  Insectes  {Bull.  Soc.  Ent.  Fr.,  27  déc.  1899i.  —  Berlese  (A.).  Osservazioni  su 
fenomeni  che  avvegono  durante  la  ninfosi  degli  Insetti  metabolici  [Riv.  di  Patol.  veg.,  vin, 
X,  XI,  1899-1900-1901).  —  Dewitz  (J.).  Verànderung  der  Verpuppung  bei  hisektenlarven 
{Archiv  f.  Entivicklungsmech.,  xi,  1901).  —  Bataillon  (E.).  La  théorie  des  métamorphoses 
de  Ch.  Pérez  {Bull.  Soc.  Ent.  Fr.,  14  fév.  1900);  — Le  problème  des  métamorphoses  {ibid., 
mars  1900).  —  Terre  (L.).  Histolyse  et  histogenèse  du  tissu  musculaire  chez  l'Abeille  {B.  B.y 
1899,  896)  [Voir  aussi  ibid.,  lu,  91  et  160,  1900,  et  Bull.  Soc.  Ent.  Fr.,  1900,  62].  — 
Mesnil  (F;)-  Quelques  remarques  au  sujet  du  déterminisme  de  la  métamorphose  {B.  B., 
147,  1900).  —  Dubois  (U.)  el  Couvreur  (E.).  Études  sur  le  Ver  à  soie  pendant  la  période 
nymphale  {Ann.  Soc.  Linn.  de  Lyon,  1901).  —  Dewitz  (J.).  Untersuchungen  iiber  die  Ver- 
xrandlung  der  Insektenlanen.  Weitere  Mittheil.  {A.  P.,  1902);  —  Recherches  expéri- 
mentales sur  la  métamorphose  des  Insectes.  Sur  Vaction  des  enzymes  {oxydases)  dans  la 
métamorphose  des  Insectes  {B.  B.,  44-47,1902).  —  Sosnowski  (J.).  Contribution  à  l'étude 
de  la  physiologie  du  développement  des  Mouches  {Bull.  Ac.  Cracovie,  1902,  568,  573).  — 
Pérez  (Ch.).  Contribution  à  l'étude  des  métamorphoses  {Bull.  Se.  de  la  France  et  de  la  Bel- 
gique, xxxvii,  19o-427,  1902  .  —  Bogda.now  (E.A.).  Gcnerationen  der  Fliegen  in  verànderten 
Lebensbedingiingen  {Zeitsch.  f.  allg.  Ent.,  1903).  —  Linden  (C**«  M.  von).  Le  dessin  des  ailes 
des  Lépidoptères.  Recherches  sur  son  évolution  {Ann.  Se.  nat.  Zool.,  8,  xiv,  1902).  — 
Recherches  sur  Ja  matière  colorante  des  Vanesses  {ibid.,  8,  xx,  29-j-3;j4,  1904);  —  Einflùss 
des  Stoffwechsels  der  Schmctterlingspuppe  auf  Flugelfiirbung  iind  Zeichnung  des  Falters. 
Ein  Beitrag  zur  Physiologie  der  Varietdten-Bildung .  {Arch.  Rassen,  i,  477-518,  1904).  — 
L'assimilation  de  CO-  par  les  chrysalides  {B.  B.,  692, 1905)  ;  —  Comparaison  arec  les  phéno- 
mènes d'assimilation  chez  les  végétaux  {ibid.,  694,  1905);  —  Die  Assimilationstâtigkeit  bei 
Puppen  und  Raupenvon  Schmetterliiigen  {A.  P.,  Suppl.,  1906,  i-108,  2  pi.  et  13  fig.);  — 

—  Résiané  de  la  question  par  l'auteur  {Zool.  CentralbL,  xiii,  604,  1906). Die  Ergebnisse 

der  experimentellen  Lepidopterologie  {Biol.  CentralbL,  xxiv,  1904,  615-63'f.  [Contient  une 
bibliogr.  et  une  mise  au  point  de  la  question.])  —  Weinland  (E.).  Vber  die  Stoffumset- 
zungen  wàhrend  der  Métamorphose  der  Flcischfliege  (Callii)hoi'a  vomiloria).  —  Veber  die 
Ausscheidung  von  Ammoniak  durchdie  Larven  von  Calliphora  î/nrf  iiber  eine  Beziehung 
dieser  Tatsache  zu  dem  Enticicklungsstadium  dieser  Tiere  (Z.  B.,  xlvii,  1905).  —  Vanev 
(C.)  et  Maigno.x  (E.).  Variations  subies  par  la  glycose,  le  glycogène,  la  graisse  et  les  albu- 
mines  solubles  au  cours  des  métamorphoses  du  Ver  à  soie  {C.  R.,  cxl,  H92-U95,  1280-1283, 
1428,  1905).  ï—  Weinland.  Veber  dcn  anaeroben  {anoxybiotischen)  Abschnitt  der  interme- 
didren  chemischen  Prozesse  in  den  Puppen  von  Calliphora  {Z.  JB.,xlviii,  1906;  87-140,  li, 
197,  1908]  —  BoGDANOw  (E.).  IJeber  die  Abhàngigkeit  des  Wachstums  der  Fliegenlarven 
von  Baktcrien  und  Fermenten...  (A.  P.,  1908,  Suppl.  Band,  173-200),  —  [Voir  aussi  : 
Phagocytose,  Nutrilion,  Respiration.] 

MARCHAL 

INTESTIN.  —  SOMMAIRE.  -  1  ÉTUDE  ANALYTIQUE  DES  PROCESSUS  INTESTI- 
NAUX. —  2' ÉTUDE  SYNTHÉTIQUE  DES  PROCESSUS  INTESTINAUX  —  3'  ANATOMIE 
ET   PHYSIOLOGIE  COMPARÉES  DE   L'INTESTIN. 

L  ÉTUDE  ANALYTIQUE  DES  PROCESSUS  INTESTINAUX. 

1»  Étude  des  sucs  qui  se  déversent  dans  Tintestin  grêle  et  de  leurs  actions 
sur  les  aliments. 

A)  Suc  pancréatique.  — Obtention.  —  Composition.  —  Ferments. —  Historique.  —  a)  Amylase. 
—  La  digestion  aniylolytique.  —  Conditions  d'activité  de  l'amylase.  —  Les  électrolytes,  la 
réaction  du  milieu,  la  température,  lois  d'action  de  l'amylase.  —  b)  La  maltase.  Conditions 
d'activité,  lois  d'action.  —  c)  La  lactase.  —  d]  La  trypsine.  —  Inactivité'  proléohjlique  du 
suc  pancréatique  pur.  —  Aclivation  du  suc  pancréatique.  1°  par  le  suc  intestinal,  la  kinase  de 
l'intestin,  sa  préparation,  sa  généralité  d'action,  son  origine,  sa  nature,  son  mode  d'action  sur 
la  trypsine.  —  2°  par  les  sels:  action  des  divers  sels,  forme  de  l'activalion  par  les  sels.  Paral- 
lèle entre  l'activation  par  la  kinase  et  par  les  sels.  —  La  digestion  tryptique.  —  Historique.  — 
La  digestion  trypiique  étudiée  par  les  produits  de  désintégration  de  l'albuinine.  —  Lois 
d'actions  de  la  trypsine  sur  les  polypeptides.  —  Les  produits  de  la  digestion  tryptique.  — 
Action  de  la  trypsine  sur  les  diverses  albumines.  —  Conditions  d'action  de  la  trypsine,  la 


INTESTIN.  3S7 

réaction  du  milieu.  —  Influence  sur  la  irvpsine  ili;s  électrolytes,  do  la  chaleur,  de  diverses 
albumines,    des  ferments,  des   microbes,  des  antiseptiques.  —  Mesure  de    l'activité  Injptique. 

—  Tubes  de  Mktt,  cubes  d'albumine,  digestion  de  la  caséine.  Conductibilité  clcclrique.  Vis- 
cosité. Réaction  du  biuret.  Lois  d'action.  —  e)  Le  ferment  lab.  —  f)  La  lipase.  —  Histo- 
rique. —  Action  de  la  lipase  sur  les  graisses  :  éniulsion  et  saponification,  action  réversible  de 
la  lipase.  —  Action  de  la  lipase  sur  les  divers  éthers.  —  Conditions  d'action  de  la  lipase. 
Action  du  milieu,  de  la  tenii)ératurc,  des  électrolytes,  de  la  bile.  —  Dosaf/e  de  la  lipase.  — 
B)  Le  suc  intestinal.  —  Ohtention  du  suc  intestinal  :  Les  fistules  intestinales.  —  Rendement 
des  divers  segments  intestinaux.  —  Caractères  cliimiques  du  suc  intestinal.  —  Innervation 
sécrétoirc  de  l'intestin.  —  Ferments  intestinaux.  (Kinasc:  voir  suc  pancréatique).  —  1°  Amy- 
lase.  —  2"  Maltase.  —  3"  Invertinc.  —  4°  Lactase.  —  "j"  RalTinase.  —  ti"  Tréhalase.  — 
7»  Ferments  des  demi-cellilloses.  —  8°  Lipase.  —  9»  Érepsine  de  CoiiNnKiM.  —  10°  Nu- 
cléase.  —  11"  Ferment  lab.  —  12"  La  mucinase.  —  1.3»  L'arginase.  —  C)  Bile  (voir 
article  Bile  de  ce  Dictionnaire.  —  D)  Microbes  intestinaux.  —  Moment  d'apparition  dans  le 
tude  digestif.  —  Répartition  dans  l'intestin.  Quantités;  variétés;  digestions  microbiennes.  La 
vie  sans  microbes. 

2°  La  résorption  intestinale  dans  l'intestin  grêle. 

A)  L'Eau  et  les  sels.  —  Expériences  sur  la  résorption  de  l'eau  et  des  sels;  les  théories  :  la 
fdtration,  la  diffusion  et  l'osmose,  théorie  physique  mixte,  l'activité  spécilique  des  cellules 
intestinales.  Voies  d'absorption.  —  B )  Les  substances  solubles  dans  les  corps  gras.  —  C)  Les 
Graisses.  —  Tliéories  de  l'émulsion  des  graisses,  de  l'émulsion  des  acides  gras,  de  la  dissolu- 
tion des  graisses.  Rôle  primordial  de  la  bile.  —  Phénomènes  histologiques  de  la  résorption  des 
graisses;  remaniements  des  graisses  par  l'intestin.  Voies  d'absorption.  —  D)  Les  Albumines. 

—  Sous  quelle  forme  le  passage  des  substances  azotées  est-il  possible  dans  le  torrent  circu- 
latoire? Albumines  naturelles,  albumines  et  peptones,  acides  aminés.  Sous  quelles  formes 
l'administration  des  albumines  est-elle  susceptible  de  maintenir  l'équilibre  azoté?  Albumines 
naturelles,  albumines  et  peptones,  acides  aminés.  Sous  quelle  forme  l'albumine  passe-t-elle  dans 
le  torrent  circulatoire? Albumines,  albumoses  et  peptones,  acides  aminés.  —  E)  Les  Hydrates 
de  Carbone.  —  Les  monosacqjiarldes  seuls  sont  susceptibles  d'être  résorbés  directement. 
Vitesse  de  résorption  des  divers  hydrates  de  carbone. —  F)  Les  Gaz.  —  G) Substances  diverses. 

3"  Le  gros  intestin. 

Sécrétions  et  ferments.  —  Résorption. 

IL  ÉTUDE  SYNTHÉTIQUE  DES  PROCESSUS  INTESTINAUX.  —  Coordination  de  l'apport  gas- 
trique et  de  la  résorption  intestinale.  —  Mécanisme  complexe  de  cette  coordination.  Réflexes 
acide  gastrique  et  duodénal,  distension  intestinale,  etc.  —  Mouvement  du  chyme  dans  l'in- 
testin. —  Coordination  des  activités  des  divers  ferments  intestinaux.  —  Antagonisme  d'aetion 
des  divers  ferments  intestinaux.  —  Coordinations  des  sécrétions  intestinales  et  de  l'arrivée 
du  chyme  dans  Viiitestin  :  a)  Suc  'pancréatique,  théorie  réflexe,  théorie  humorale,  Sécré- 
tine,  préparation  de  la  sécrétine,  nature  de  la  sécrétine,  effets  divers  de  l'injection  de  sécrc- 
tine.  — c)  Bile.  —  d)  Suc  intestinal.  —  Le  système  nerveux,  la  sécrétine,  les  sels,  les  agents 
divers.  —  Adapdation  des  sécrétions  digestives  à  l'alimentation.  —  Suc  pancréatique.  Adapta- 
tion extemporanée,  à  longue  échéance,  chez  les  animaux  et  cjiez  l'homme.  —  Desquamation  de 
l'intestin  et  arrivée  du  chyme.  —  Sécrétion  et  résorption  des  ferments.  —  La  toxicité  du 
contenu  intestinal  et  le  rôle  protecteur  de  l'intestin.  —  La  défense  de  l'organisme  par  l'intestin 
et  le  foie.  —  Coordination  des  fonctions  d'excrétion  de  l'intestin  et  des  i-eins.  —  L'alimenta- 
tion entérique  et  parenlérique.  —  Péristaltisme  et  sécrétions  intestinales.  Purgatifs.  —  Pro- 
cédés indirects  d'examen  des  sécrétions  intesti7iales.  —  Augmentation  des  échanges  pendant 
la  digestion.  —  Innervation  de  l'intestin  (sécrétoire  et  vaso-motrice). 

III.  ANATOMIE  ET  PHYSIOLOGIE  COMPARÉES.  —  Anatomie  comparée.  —  Définition  de  l'in- 
testin. —  Élude  de  la  cellule  absorl/ante.  —  Structure  de  l'intestin.  —  Physiologie  comparée. 

—  Variation  de  la  forme  de  l'intestin  et  alimentation.  —  Variation  des  glandes  annexielles 
de  l'intestin  et  alimentation.  —  Variations  des  divers  ferments  dans  la  série  animale.  —  Diges- 
tion cellulosique.  —  Voies  d'absorption  des  graisses.  —  Respiration  intest'inale. 

DaiLS  la  physiologie  de  l'intestin  nous  envisagerons  non  seulement  les  processus  qui 
ont  leur  siège  dans  les  tuniques  intestinales,  mais  également  ceux  qui  se  passent  dans 
la  lumière  de  l'inlestin;  les  premiers  n'e'tant  la  plupart  du  temps  que  la  suite  naturelle 
des  seconds. 

Division  du  sujet.  —  Comme  les  fonctions  de  l'intestin  sont  nombreuses  et  qu'elles 
entrent  pour  la  plupart  presque  simultanément  en  jeu,  comme  d'autre  part  elles  diffè- 
rent notablement  chez  les  divers  animaux,  il  nous  a  paru  convenable  d'en  diviser  l'étude 
en  trois  chapitres  distincts.  Dans  le  premier  nous  étudierons  isolément  les  divers  pro- 
cessus intestinaux,  dans  le  second  nous  exposerons  la  coordination  de  ces  processus,  et 
dans  le  troisième  nous  montrerons  leurs  variations  dans  la  série  animale. 


388  INTESTIN. 


i.  —  ETUDE  ANALYTIQUE  DES  PROCESSUS  INTESTINAUX. 

Chez  les  vertébrés  supérieurs  le  tractus  intestinal  se  divise  nettement  en  deux  seg- 
ments :  l'intestin  grêle  et  le  gros  intestin;  les  différences  anatomiques  et  physiolo- 
giques de  ces  segments  sont  tellement  tranchées  qu'il  y  a  un  grand  intérêt  à  séparer 
complètement  l'étude  des  fonctions  de  l'intestin  grêle  et  du  gros  intestin. 

INTESTIN    GRÊLE. 

L'intestin  grêle,  dont  nous  aborderons  tout  d'abord  l'étude,  est  le  siège  de  deux  phé- 
nomènes principaux  :  l'aftlux  de  sucs  digestifs  qui  vont  modifier  les  aliments  et  la  résorp- 
tion intestinale  qui  portera  sur  les  aliments  ainsi  modifiés  :  d'où  une  division  toute 
naturelle  de  l'étude  de  l'intestin  grêle  en  :  1"  étude  des  propriétés  des  sucs  intestinaux; 
2°  étude  des  processus  de  la  résorption. 

I.    —    SUCS    QUI    SE    DÉVERSENT    DANS    L'INTESTIN    GRÊLE 
ET    ACTION    DE    CES   SUCS    SUR    LES    ALIMENTS. 

Les  sucs  que  l'on  rencontre  dans  l'intestin  grêle  proviennent  du  pancréas,  du  foie, 
de  l'inteslin  et  des  microbes  intestinaux. 

A.  —  SUC    PANCRÉATIQUE 
1°  Obtention  du  suc  pancréatique. 

a)  Parmacéï'ation  de  la  glande.  —  Le  moyen  le  plus  usité  autrefois  pour  obtenir  du 
suc  pancréatique  consistait  à  faire  macérer  du  pancréas,  soit  frais,  soit  extrait  de  l'ani- 
mal depuis  24  heures  et  mis  dans  de  l'eau  salée,  dans  de  l'eau  chloroformée,  ou  dans 
de  la  glycérine.  Cette  technique,  qui,  en  somme,  ne  donnait  qu'un  extrait  pancréatique 
où  le  suc  pancréatique  était  naturellement  très  mêlé  d'impuretés,  était  employé  autre- 
fois en  raison  des  difficultés  que  l'on  éprouvait  à  obtenir  du  suc  de  fistules.  Les  progrès 
de  la  chirurgie  moderne,  qui  ont  permis  de  faire  avec  succès  des  fistules  per^iianentes, 
et  les  acquisitions  récentes  sur  le  mécanisme  de  la  sécrétion  pancréatique,  nous  permet- 
tent aujourd'hui  d'obtenir  aisément  du  suc  pur.  Nous  laisserons  donc  de  côté  la  ques- 
tion des  extraits  pancréatiques  qui  sera  traitée  à  l'article  Pancréas,  pour  ne  nous  occu- 
per désormais  que  du  suc  pur  de  fistule,  qui  seul  nous  intéresse  au  point  de  vue  de  la 
digestion  intestinale. 

b)  Par  fistule  pancréatique  temporaire.  —  Les  anciens  auteurs  avaient  tous  signalé 
que,  chez  les  animaux  auxquels  on  pratiquait  une  fistule  temporaire,  surtout  sans 
anesthésie  préalable,  la  sécrétion  pancréatique  était  très  faible,  l'animal  fùt-il  opéré  en 
pleine  digestion  (Claude  Bernard). 

Tout  porte  à  croire  que  la  sécrétion  pancréatique  est  très  sensible  aux  traumatismes 
opératoires.  Mais  nous  connaissons  aujourd'hui  des  excitants  de  la  sécrétion  qui  ren- 
dent pratiquement  sans  inconvénients  l'effet  défavorable  du  traumatisme,  de  sorte  que 
grâce  à  eux  nous  pouvons  obtenir  du  suc  par  fistules  extemporaires. 

Le  procédé  le  meilleur  consiste  à  injecter  dans  les  veines  de  l'animal,  opéré  sous 
l'aneslhésie,  de  lasécrétine  qui,  comme  nous  le  verrons  ultérieurement,  est  de  la  macé- 
ration intestinale  acidifiée,  bouillie,  neutralisée  et  filtrée  :  par  l'injection  de  sécrétine 
on  obtient  une  sécrétion  extrêmement  abondante.  Ce  procédé  est  le  plus  employé  dans 
les  laboratoires. 

Par  l'application  d'acide  chlorhydrique  dilué  sur  la  muqueuse  duodénale  on  obtient 
aussi,  et  par  un  processus  analogue,  comme  nous  le  verrons,  à  celui  de  l'action  de  la 
sécrétine,  une  très  belle  sécrétion.  Mais  ce  procédé  est  peu  employé  à  cause  de  son 
incommodité  relative. 

Certaines  substances  enfin,  comme  la  pilocarpine  et  les  peptones,  provoquent  égale- 
ment la  sécrétion  pancréatique;  mais  cette  sécrétion  est  relativement  peu  abondante. 


INTESTIN.  389 

Un  chien  de  32  kilogrammes  qui  a  vécu  A  i">  miniiles  iPintci  valles  deux  injeclions  de 
O''''',015  de  chlorhydrate  de  pilocarpine  ne  sécréta,  dans  une  cxpt'Tiencc  de  GleycI  Camus, 
que  17  centimètres  cubes  de  suc,  tandis  que  nous  verrons  au  contraire  que,  grâce  à  la 
sécrétine.  on  peut  oI)tenir  sur  un  animal  de  môme  taille  plusieurs  centaines  de  centi- 
mî'tres  cubes  de  suc.  De  plus  le  suf  do  [)ilocarpinf  n'a  pas  les  caractères  physiologiques 
du  suc  de  sr'cn'-tiue.  l'our  toutes  ces  raisons  l'usage  de  la  séciéline  a  prévalu  pour 
obtenir  extemporair(Muerit  du  suc  pancréatique. 

ei  Par  fistule  permanente.  —  Grâce  aux  progrès  de  la  chirurf,'ie  on  sait  maintenant 
réaliser  des  lislules  pcinianentes  :  la  technique  en  sera  décrite  à  l'article  Pancréas. 
Qu'il  nous  suffise  de  savoir  que  les  animaux  fistulisés  survivent  très  longtemps  si  l'on 
prend  soin  d'assécher  les  bords  de  la  plaie  avec  une  poudre  absorbante  et  si  on  leur 
fait  ingérer  du  bicarbonate  de  soude  pour  prévenir  cette  cachexie  spéciale  décrite  par 
Pawlow  chez  les  chiens  fistulisés  qui  perdent  leur  suc.  On  a  ainsi  des  animaux  qui  se 
remettent  rapidement  du  traumatisme  opératoire  et  dont  le  pancréas  sécrète  régulière- 
ment sous  linlluence  des  repas  (V.  Pancréas). 

2"  Composition  du  suc  pancréatique. 

Les  sucs  pancréatiques  physiologiques,  tels  qu'on  les  obtient  par  fistule  permanente 
au  cours  des  repas  ou  encore  par  fistule  temporaire  à  la  suite  d'injection  de  sécrétine 
ou  d'ingestion  d'acide,  ont  sensiblement  la  même  composition. 

Le  suc  pancréatique  est  un  liquide  clair,  transparent  comme  de  l'eau,  incolore  et  très 
fluide  :  sa  composition  moyenne  est  indiquée  dans  le  tableau  suivant  : 

ZlLNVA.  ScHUM.  (ÏLiSSNKB. 

(ironimoi.  (Honiino). 

Poids  spécifique ..                           1,0098  1,0075     1,007G 

Point  cryoscopique — 0,61                            »  — 0,46     0,51 

Résidu  sec 1,5  p.  100  l,a  p.  lOU                     1,3  p.  100 

Albumine 0,6      —  0,1      —  0,17     0,13  p.  100 

Cendres 1,0      —  0,8.j    —  0,56    0,7      — 

Substances  solubles  dans  l'alcool.  »  0,56    —  0,51     0,42     — 

Alcalinité  en  NaO H 0,49      —  0,45    — 

D'après  de  Zilwa,  une  parlie  des  albumines  est  constituée  par  des  imcléoprotéides; 
Ps^ENCKi  et  SiEBEH  out  trouvé  de  la  lécithine.  Les  cendres  contiennent  des  chlorures,  du 
fer,  du  soufre  el  du  phosphore.  La  chaux  existe  à  l'état  de  traces  (Pozerski). 

Le  sel  le  plus  abondant  semble  être  le  carbonate  de  soude  qui  donne  au  suc  pancréa- 
tique sa  forte  alcalinité  potentielle. 

Il  faut  savoir  que  la  composition  chimique  du  suc  pancréatique  varie  sensiblement 
au  cours  de  la  sécrétion  déterminée  par  des  injeclions  répétées  de  sécrétine  et  que  le 
suc  pancréatique  de  pilocarpine  est  plus  riche  en  résidu  sec:  7,4  p.  100  (Gley),  plus  riche 
en  chaux  :  0,024  p.  100  (Pozerski)  et  contient  des  leucocytes  (Delezenne),  etc. 

Exemple  : 

Suc  do  sécrétine 

Jt-Init.  fin.         Suc  de  pilocarpine. 

Alcalinité  en  NaOH 12,4  9  5,5 

Matières  solides  p.  100 2,25  l.'i  6,4 

Cendres 1  I  1.3 

(D'après  DE  Zilwa.) 

3"  Ferments  pancréatiques. 

Historique.  —  L'histoire  des  ferments  pancréatiques  est  du  plus  haut  intérêt  doctri- 
nal. La  di';couverte  des  trois  principaux  ferments  du  suc  pancréatique,  à  savoir  l'amylase, 
la  trypsine,  et  la  lipase,  remonte  à  une  époque  comprise  entre  183o  et  ISo'a. 

Ce  fut  G.  Valentin  qui  découvrit  en  1844  l'amylase  par  la  transformation  de  l'amidon 
au  contact  d'extrait  aqueux  du  pancréas;  l'année  suivante  Hocchardat  et  Sandras  con- 
firmaient cette  constatation.  On  crut  longtemps  que  le  produit  de  la  tiansformation  de 


390  INTESTIN. 

l'amidon  par  l'amylase  pancréatique  n'était  que  du  glucose.  Ce  ne  fut  qu'à  la  suite  des 
recherches  d'O.  Sullivan  sur  l'extrait  de  niaJt  que  R.  Mehing  et  Musgulos  constatèrent 
que  le  produit  de  la  digestion  pancréatique  était  surtout  du  mallose. 

L'action  du  suc  pancréatique  sur  les  graisses  est  signalée  en  1834  par  Eberle  qui 
constate  que  le  suc  pancréatique  e'mulsionne  les  graisses.  Vers  1849  Cl.  Bernard  montre 
de  plus  que  le  suc  pancréatique  saponille  les  substances  grasses  et  que,  si  l'on  examine 
les  chylifères  d'un  lapin  en  digestion,  les  chylifères  ne  sont  blancs  qu'ci  partir  de  l'abou- 
cliement  des  canaux  pancréatiques  dans  l'intestin. 

Par  cette  observation  mémorable  Cl,  Bernakd  mettait  en  évidence  le  rùie  du  suc 
pancréatique,  non  seulement  dans  la  digestion,  mais  aussi  dans  l'absorption  des 
graisses. 

Ultérieurement  Dastre  complète  ces  constatations  primordiales  par  une  autre  obser- 
vation également  de  premier  ordre.  Chez  des  chiens  dont  on  abouche  le  cholédoque  au- 
dessous  du  canal  de  Wirslng  les  chylifères  ne  deviennent  blancs  qu'à  partir  du  nouvel 
abouchement  du  cholédoque.  Cette  observation,  complémentaire  de  celle  de  Cl.  Bernard, 
montre  le  rôle  considérable  de  la  bile  dans  la  digestion  des  graisses. 

Le  rôle  du  suc  pancréatique  sur  les  albumines  est  signalé  par  Purklxje  et  Pappen- 
HEiM  en  1836,  puis  par  Cl.  Bernard  en  1856.  Mais  les  produits  de  cette  action  ne  sont 
bien  étudiés  que  par  KOhne  h  partir  de  1867.  Cet  auteur  crée  pour  le  ferment  protéoty- 
tique  du  pancréas  le  terme  de  trypsine  et  montre  les  différences  profondes  qui  séparent 
la  digestion  Iryptique  de  la  digestion  peptique;  la  digestion  trypti({ue  donne  des  acides 
aminés  tandis  que  la  digestion  gastrique  ne  dépasse  pas  le  stade  pe[)tone. 

Après  les  travaux  de  Iuhne,  l'étude  de  la  digestion  tryptique  se  traîne  péniblement 
dans  des  questions  de  détails  jusqu'au  jour  où  Fischer,  puis  Fischer  et  Abderhalden  re- 
prennent l'étude  de  la  digestion  tryptique  pour  ainsi  dire  à  j'envers.  Tout  d'abord  ils 
reconstituent  des  peptones  de  synthèse  en  combinant  entre  eux  divers  acides  aminés;  ces 
peptones  de  synthèse  ou  polypeplides  sont  dédoublés  par  la  trypsine  alors  qu'ils  restent 
inattaqués  par  la  pepsine  ;  mais  ils  ne  sont  pas  tous  dédoublés  par  la  trypsine  ;  le  nom- 
bre des  acides  aminés  qui  forment  le  polypeptide,  la  structure  stéréochimique  des  poly- 
peplides, la  situation  de  certains  acides  aminés  dans  le  groupement  polypeptide  rendent 
le  polypeptide  attaquable  ou  non  parla  trypsine.  Ces  travaux  ouvrent  une  voie  nouvelle 
sur  le  mécanisme  d'action  de  la  trypsine,  et  apportent  une  contribution  de  premier 
ordre  à  la  loi  générale  d'action  des  ferments. 

Si  nous  envisageons  maintenant  non  plus  les  phénomènes  chimiques  de  la  digestion 
pancréatique,  mais  les  conditions  d'activité  des  ferments  du  pancréas,  nous  assistons  à 
un  développement  non  moins  intéressant  de  la  question  du  suc  pancréatique. 

La  première  question  soulevée  dans  cet  ordre  d'idées  concerne  l'état  sous  lequel 
sont  sécrétés  les  ferments.  C'est  à  propos  du  suc  pancréatique  et  notamment  de  la 
trypsine  qu'apparaît  pour  la  première  fois  la  question  des  prodiaslases  et  des  diastases. 
Heidenhain  en  ISIS  avait. constaté  que  l'extrait  glycérine  du  pancréas  frais  n'avait  qu'une 
faible  activité  proléolytique,  tandis  que  l'extrait  fait  avec  un  pancréas  extirpé  depuis 
24  heures  était  plus  actif.  D'où  l'idée  que  le  pancréas  ne  contenait  qu'un  ferment 
inactif  ou  zymogène  qui,  sorti  des  cellules  sécrétantes,  se  transformait  en  ferment 
actif  dans  la  lumière  des  canaux  pancréatiques.  Celte  question  de  la  transformation  du 
zymogène  en  zymase  reste  ensuite  pendante  jusqu'au  jour  où  Pawlow  montre  l'acliva- 
tion  considérable  delà  trypsine  pancréatique  par  le  suc  intestinal.  Delezenne  et  Frouln 
parachèvent  cette  grande  découverte  en  montrant  que  le  pancréas  ne  sécrète  même 
pas,  comme  le  disait  Pawlow,  deux  espèces  de  ferments,  l'un  actif,  l'autre  activable, 
mais  un  seul  ferment  toujours  inactif  et  activé  physiologiquement  par  le  suc  intestinal. 
L'activation  de  la  trypsine  avait  donc  un  siège  extra  pancréatique,  et  non  intra  pancréa- 
tique, comme  on  l'avait  admis  jusqu'alors. 

A  un  certain  point  de  vue  la  découverte  de  Tactivalion  de  la  trypsine  par  le  sucintes- 
tinal  détermina  un  léger  recul  dans  les  conceptions  de  l'activation  de  la  trypsine.  Hei- 
denhain, pour  des  raisons  reconnues  d'ailleurs  mauvaises,  ne  croyait  pas  à  un  mécanisme 
spécifique  de  l'activation  du  suc  pancréatique.  Or  Pawlow  avait  émis  celte  hypothèse 
que  le  suc  intestinal  devait  sa  propriété  activante  à  un  ferment  spécial  qu'il  appela 
kinase,  et  si  l'on  ne  resta  pas  longtemps  spécifiste  quant  à  l'origine  de  cette  kinase,  on 


INTESTIN.  391 

resta  ilu  moins  (jueltiue  IcnijKS  élroili'rnent  spétifiste  sur  la  m'ccssiti''  de  ce  ItMineiil 
kinasiijue  pour  activer  la  Irypsino. 

("/est  alors  ijue,  par  des  cousidérations  purement  lliéoriciues  déduite  des  réactions  des 
colloïdes  entre  eux,  Lauguh:»  uks  Kamckls  pensa  iiu'oii  pourrait  activer  la  trypsiue  par 
certains  sels  et  certains  colloïdes  et  réalisa  la  première  aclivalion  artilicielle.  Dkke- 
ZEN.NE  ne  tarda  pas  à  simplilier  cette  question  en  rnontiunt  que  les  sels  suffisaient  à 
activer  la  trypsine  et  que  le  calcium  ('-lail  doué  à  cet  égard  de  l'activité  la  plus  forte. 

Cette  découverte  de  ractivalion  d'un  ferment  par  des  sels  eut  sa  répercussion  dans 
l'étude  d'un  autre  ferment  assez  délaissé  :  l'amylase  pancréatique.  Ce  ferment  était 
d'emblée  sécrété  sous  sa  forme  active  par  le  pancréas  ;  il  semblait  donc  qu'il  n'y  eût  rien 
à  en  tirer  au  point  de  vue  de  l'élude  de  son  activation.  On  savait,  il  est  vrai,  depuis 
0.  Sullivan,  que  l'adjonction  de  certains  sels  dans  le  fuilieu  accélérait  ou  relardait  la 
digestion  amyloly  tique  ;  mais  c'était  là  un  fait  banal  signalé  pour  bien  des  ferments  : 
BiEKRV,  Hemu  et  (jIaja  montrèrent  que  le  suc  pancréatique  dialyse  perdait  toute  activité 
amyiolytique  et  la  récupérait  par  adjonction  de  sels  et  notamment  de  clilorures. 

La  seule  mention  de  ces  quelques  faits  montre  l'orientation  toute  nouvelle  de  l'étude 
des  conditions  d'activité  des  ferments. 

L'étude  des  actions  d'arrêt  des  ferments  nous  a  apporté  beaucoup  moins  de  faits 
que  l'étude  des  actions  activatrices.  La  notion  de  la  résistance  des  albumines  naturelles  à 
la  digestion  tryptique,  signalée  en  passant  par  Claude  ISeunard,  s'est  augmentée  par  les 
travaux  de  Fermi  d'un  fait  nouveau,  à  savoir  (jue  les  albumines  naturelle  s  empêchaient 
l'action  de  la  trypsine  vis-à-vis  d'une  albumine  cuite.  Attribuée  d'abord  à  un  antiferment, 
cette  action  est  aujourd'hui  considérée  comme  un  phénomène  physico-cliimique  d'ad- 
sorption.  Mais  nous  n'en  savons  pas  davantage;  la  question  s'est  pour  ainsi  dire  butée 
à  l'impossibilité  où  nous  sommes  de  disloquer  cette  combinaison  d'adsorption. 

1°  Amylase.  —  L'amylase  du  suc  pancréatique  ressemble  beaucoup  à  toutes  les 
amylases  que  nous  connaissons;  comme  toutes  les  amylases,  elle  a  la  propriété  de  trans- 
former l'amidon  et  le  glycogène  en  maltose.  L'étude  des  phénomènes  chimiques  de  la 
digestion  amyiolytique  ayant  déjà  été  faite  à  l'article  Ferments,  nous  renvoyons  le  lec- 
teur à  cet  article  pour  cette  question. 

L'amylase  du  suc  pancréatique  est  directement  active,  en  ce  sens  qu'elle  transforme 
l'amidon  sans  l'aide  d'une  substance  adjuvante,  comme  nous  le  verrons  pour  la  trypsine. 
En  raison  des  conditions  dans  lesquelles  s'opère  la  digestion  intestinale,  il  est  impor- 
tant de  connaître  les  conditions  d'action  de  l'amylase.  Beaucoup  de  renseignements  que 
nous  donnerons  sur  cette  question  sont  empruntés  à  des  expériences  faites  avec  les 
amylases  salivaires  ou  végétales,  mais  par  des  expériences  de  liaison  noi;s  savons  que 
les  conditions  d'action  de  toutes  ces  amylases  sont  les  mêmes.  11  n'y  a  donc  pas  d'incon- 
vénient à  recourir  à  ces  sources  d'informations  diverses. 

rt)  Influence  des  éleclrohjtcs. 

La  présence  d'électrolytes  est  absolument  indispensable  pour  que  l'activité  amyio- 
lytique puisse  se  manifester.  Henhi,  Bierry  et  Gia.ia  ont  vu  que  le  suc  pancréatique,  dia- 
lyse jusqu'à  ce  que  la  conductivilé  électrique  fût  ^voisine  de  celle  d'une  eau  distillée 
ordinaire,  perd  tout  pouvoir  amyiolytique.  D'après  ces  auteurs  ce  pouvoir  lui  est  à 
nouveau  restitué  si  le  ferment  est  additionné  d'électrolytes,  parmi  lesquels  les  plus  effi- 
caces sont  les  chlorures,  les  bromuies,  puis  lesiodures,  quel  qu'en  soit  le  métal,  à  la  con- 
dition naturellement  qu'il  ne  s'agisse  pas  d'un  métal  lourd;  les  sulfates,  les  oxalates, 
les  carbonates  et  les  phosphates  au  contraire  sont  sans  elTets.  Les  expériences  qui 
montrent  le  rôle  des  électrolytes  sur  l'activation  de  l'amylase  sont  particulièrement 
intéressantes  en  ce  qu'elles  révèlent  que  l'action  des  électrolytes  est  fonction  de  leur 
radical  acide  et  que  ce  radical  acide  doit  être  monovalent  pour  être  efficace. 

La  présence  d'électrolytes  en  quantité  suffisante  dans  le  milieu  est,  de  plus,  nécessaire 
pour  donner  à  l'amylase  son  maximum  d'activité;  c'est  ce  qu'avaient  déjà  vu  Coole 
Sydney,  Grutzner  et  Wacusmann.  Coole  Sydney  avait  constaté  que  la  salive  dialysée 
incomplètement  devenait  moins  active.  Grutzner  et  Wacusmann  qui  étudièrent  l'acti- 
vation maxima  de  l'amylase  par  les  sels  ont  établi  l'activité  maxima  avec  les  divers 
sels  à  diverses  concentrations. 


39  "> 


INTESTIN. 


Des  recherches  de  ces  divers  auteurs  il  résulte  que  l'activité  de  l'amylase,  qui  est  à 
peu  près  nulle  dans  un  milieu  dépourvu  d'électrolytes  (amylase  dialysée,  amidon  dia- 
lyse, eau  distillée)  acquiert  rapidement  une  activité  maxima  lorsque  la  teneur  du  sel 
dans  le  milieu  est  d'environ  1  p.  1000  à  NaCl,  mais  à  la  condition  que  le  milieu  soit 
convenablement  acidifié.  La  question  des  électrolytes,  importante  au  point  de  vue  théo- 
rique, ne  soulève   donc   pratiquement  aucune  difficulté  par  le  dosage   de  l'amylase, 

6.  Bcaction  du  milieu. 

La  réaction  optimum  des  milieux  pour  la  digestion  amylolytique  est  une  réaction  très 
légèrement  acide,  et  il  n'est  pas  indifférent  d'autre  part  que  l'acidité  soit  réalisée  par  tel 
ou  tel  acide.  La  question  de  réaction  du  milieu,  contrairement  à  la  question  des  électro- 
lytes, est  pour  le  dosage  pratique  de  l'amylase  d'une  importance  capitale. 

L'intluence  de  la  nature  de  l'acide  étant  la  mieux  connue  nous  l'exposons  d'abord. 
P.  GrCtzner,  qui  a  fait  à  cet  égard  des  études  précises,  range  les  acides  au  point  de 
vue  de  leurs  propriétés  activantes  dans  l'ordre  suivant  :  HCl;  C-H^OOH  ;  SO'^H^.  Le 
graphique  ci-joint  montrera  mieux  que  toute  explication  l'allure  de  ces  activations. 


\ 

/ 

-^  ^ 

_\ 

/     / 

x?       \ 

"--?-^'«,e«,_ 

^\ 

~~^~--<ïe. 

1 

1600 


1 
600 


X 
frOO 


200 


FiG.  72.  —  Activation  de  l'amylase  par  les  acides,  d  après  Grutzner  (A.  g.  P..  xci.  1902,  195) 


Le  degré  d'acidité  qui  active  au  mieux  l'amylase  a  fait  l'objet  de  nombreuses  dis- 
cussions. Il  semble  que  les  malentendus  qui  régnent  encore  sur  ce  point  reconnaissaient 
deux  causes  différentes. 

Tout  d'abord,  beaucoup  d'auteurs  ont,  opéré  sur  de  \a.  salive  ou  du  suc  pancréatique 
naturel.  Or  il  va  de  soi  que  l'acide  ajouté  à  ces  sucs  va  d'abord  neutraliser  l'alcali  de 
ces  sucs  et  que  l'acidité  restante  en  sera  d'autant  diminuée.  Pour  éviter  cette  cause 
d'erreur  il  faut  opérer  sur  des  sucs  dialyses,  comme  l'a  fait  Coole  Sydney.  D'après  cet 
auteur,  dont  les  expériences  doivent  donc  faire  foi  pour  la  raison  que  nous  venons  de 
dire,  l'activité  de  l'amylase  a  son  optimum  dans  un  milieu  oîi  l'acidité  exprimée  en  HCl 
est  environ  de  0,01  p.  100:  une  acidité  de  0,02  p.  100  arrête  déjà  l'activité  amylolytique. 
Encore  ces  valeurs  ne  doivent-elles  pas  être  considérées  comme  absolues,  car  l'amidon 
absorbe  un  peu  d'acide. 

En  second  lieu —  et  c'est  là  une  lacune  qu'on  trouve  dans  toute  les  expériences, —  la 
concentration  en  ferment  du  milieu  a  une  influence  énorme  sur  l'activabilité  du  fer- 
ment par  l'acidité.  L'amidon  est  activement  digéré  par  du  suc  pancréatique  pur  dont 
l'alcalinité  en  CO^  Na'  est  de  1/10  normale.  Or  si,  au  lieu  d'opérer  avec  du  suc  pan- 
créatique pur,  nous  opérons  avec  du  suc  pancréatique  dilué  mille  fois,  toute  digestion 
cesse  absolument  dans  un  milieu  dont  l'alcalinité  est  la  même,  l'activité  ne  se  manifeste 
plus  que  dans  le  milieu  ayant  l'acidité  mentionnée  par  Coole  Sydney,  et  il  est  bon 
d'ajouter  qu'elle  y  est  encore  considérable. 

Par  conséquent  dire  que  l'activité  de  l'amylase  est  à  son  optimum  dans  un  milieu 
d'acidité  donné  n'a  de  signification  que  si  la  concentration  du  ferment  est  connue. 

Ce  dernier  fait  semble  général  pour  tous  les  ferments  :  pepsine,  trypsine,  etc.,  mais  il 
est  particulièrement  facile  de  le  mettre  en  évidence  à  propos  de    l'amylase.  Il  peut  se 


INTESTIN.  393 

généraliser  en  ces  termes  :  la  réaclioii  dit  milieu  n'a  (l'importance  qu'en  fonction  de  la 
concentration  du  ferment. 

Au  point  de  vue  prtitinuc,  il  faut  remarquer  que  racLivilé  de  lainyluse  par  l'acide 
suit  une  courbe  avec  un  plateau  assez  étendu  où  l'activité  reste  maxima  malgré  des 
variations  d'acidité  assez  marquée.  Par  exemple,  si  la  digestion  est  opérée  sans  acide 
et  que  l'acliviié  égale  I,  l'aclivilé  sera  20  avec  une  acidilicalion  du  milieu  de  0,012  p.  100 
HCl,  elle  sera  de  10  avec  une  acidilicalion  de  0,024  et  de  0  pour  une  acidification  de 
0,030  p.  100.  Il  y  a  donc  un  plateau  aux  environs  de  l'acidité  0,018  p.  100,  et,  pratique- 
ment, pour  doser  l'ainylase  dans  les  conditions  d'activité  maxima,  il  ne  sera  pas  néces- 
saire de  faire  des  digestions  dans  des  milieux  d'acidité  progressivement  croissante,  il 
suffira  de  choisir  d'emblée  une  acidité  de  0,018  p.  100  en  HCl  pour  être  assuré  qu'on 
est  dans  la  zone  d'activité  optima. 

c)  Action  de  la  température.  —  L'amylase  pancréatique  perd  rapidement  son  activité 
à  65°.  D'après  Bikurv,  elle  conserve  très  longtemps  son  activité  à  37°,  si  le  suc  pancréa- 
tique n"a  pas  été  modifié  par  des  manipulations. 

Par  contre,  le  suc  pancréatiijue  acidifié,  puis  neutralisé,  perd  son  activité  en  vingt- 
quatre  heures,  à  la  température  de  40°;  il  ne  reste  plus  capable  que  de  transformer 
l'amidon  en  dextrines,  et  ne  peut  plus  pousser  l'hydrolyse  jusqu'au  stade  mallose. 
Enfin,  le  suc  pancréatique  légèrement  acidifié,  dont  l'amylase  est  ainsi  activée  au  maxi- 
mum, perd  en  quelques  heures,  à  40°,  définitivement  toute  activité  (Bikrry). 

d)  Lois  d'action  de  l'amylase.  1°  La  quantité  de  ferment  étant  constante,  la  concentra- 
tion initiale  de  l'amidon  est  variable.  —  V.  Henri  et,  ultérieurement,  M.  Philociie  ont 
montré  que  la  quantité  d'amidon  hydrolisé  est  d'autant  plus  forte  que  la  concentration 
initiale  de  l'amidon  est  plus  grande,  tant  que  la  concentration  de  l'amidon  ne  dépasse  pas 
3  p.  iOO\  à  partir  de  cette  concentration,  la  quantité  de  sucre  n'augmente  pas.  Voici 
un  exemple  tiré  de  l'étude  de  M.  Philoche  '. 

La  diastase  employée  est  la  diastase  absolue  de  Merck,  en  concentration 
à  1  p.  50 000. 


Concentration 

do  l'amidon. 

Amidon  transformé 

p.  lÛO. 

en  maltose  au  bout  de  60'. 

1 

0,240 

1  1/2 

0,300 

2 

0,338 

2  1/2 

0,397 

3 

0,397 

2°  La  quantité  d'amidon  étant  fixe,  la  concentration  du  ferment  varie.  —  Dans  l'unité  de 
temps,  la  quantité  de  sucre  formée  est  proportionnelle  à  la  quantité  de  diastase  pour  des 
concentrations  de  diastase  très  faibles  (en  pratique,  pour  des  concentrations  en  ferments, 
qui  hydrolysent  une  proportion  inférieure  à  10  p.  100  de  l'amidon  dans  la  première 
heure  de  la  digestion). 

Exemple  tiré  du  travail  de  M.  Philoche*. 

La  concentration  en  amidon  égale  2  p.  100. 


Rapport  de  la  quantité 

.Al 

midoi 

n  transformé 

de  maltose  formée 

en 

maltose 

et  de  la  concentration 

Titre  do  la  diastase. 

en 

24  heures. 

du  milieu  en  ferments 

1  —  1  000  000 

0,08 

0.8 

1—    800  000 

0,12 

1,0 

\  —   rm  000 

0,20 

1,0 

1—    200  000 

0,50 

1,0 

Pour  des  concentrations   de  ferments  supérieures,  le  «  rendement  »  du   ferment 
décroit  rapidement  avec  la  concentration  du  ferment. 

1.  Toutes  les  digestions  étaient  effectuées  à  39°. 


394  INTESTIN. 

Exemple  tire'  du  travail  de  M.  Philociie. 
Amidon,  2  p.  400. 


Proportion  d'amidon 

Kajtport 

Concenlraliun 

transforme  en 

de  la  maltoso  formée 

du  ferment. 

maltoso  en  30'. 
1>.  100  d'empois. 

et  de  l'amylasc. 

1  —  25  000 

0,26 

0,65 

1  —  oO  000 

0,18 

0,9.5 

1—75  000 

0,14 

l,0o 

3»  Les  concentralions  d'amidon  et  de  ferments^  étant  identiques  dans  toutes  les  expé- 
riences, on  considère  la  quantité  de  sucre  formé  après  des  temps  de  digestion  variables.  — 
La  quantité  d'amidon  hydrolysée  dans  l'unité  de  temps  décroît  très  rapidement  à 
mesure  que  l'on  s'éloigne  du  début  de  la  digestion,  lorsque  la  concentration  du  ferment 
est  telle  qu'il  y  a  plus  de  10  p.  100  d'amidon  hydrolyse  dans  la  première  heure. 

Exemple  tiré  du  travail  de  M.  Philocue. 

Concentration  de  la  diastase  à  1  p.  50  000  : 


Amidon  3  p. 

]00. 

Maltoso  formée. 

Durée  de  1^  digestion. 

p.  100  d'empois. 

3' 

0,24 

12' 

0,33 

19- 

0,42 

2T 

0,48 

40' 

0,o4 

4"  Action  comparée  de  Vamylase  sur  l'amidon  et  le  glycogène.  —  M.  Puilociie  a 
montré  que  cette  action  didôre  par  deux  faits  principaux  : 

1"  L'amylase  hydrolyse  beaucoup  plus  difficilement  le  glycogène  que  l'amidon; 
toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs. 

Une  hydrolyse  du  glycogène  au  taux  de  0,70  p.  100  en  92  minutes  n'est  obtenue 
qu'avec  une  concentration  de  diastase  de  1  p.  i  300,  tandis  qu'une  hydrolyse  de  l'amidon 
de  0,74  p.  100  en  90  minutes  est  obtenue  avec  une  concentration  de  ferment  à  1  p.  25  000, 
c'est-à-dire  dix-neuf  fois  plus  faible; 

2»  I/hydrolyse  du  glycogène  s'arrête  rapidement  et  presque  complètement  lorsqu'une 
notable  partie  dn  glycogène  est  transformée,  et  alors  même  que  la  concentration  en 
diastase  est  considérable  :  au  contraire,  la  digestion  de  l'amidon  se  fait  complètement 
même  avec  des  concentrations  de  diastase  relativement  faibles. 

Voici,  à  titre  comparatif,  deux  digestions  où  le  glycogène  et  l'amidon  ont  même 
concentration,  mais  où  la  diastase  est  à  1  p.  50  pour  la  digestion  du  glycogène,  et- 
à  1  p.  25  000  pour  la  digestion  de  l'amidon. 


Diastase  1  :  50. 

Glycogène  2  p.  100. 

Glycogène 

Temps. 

transformé. 

30' 

1,2.0 

170' 

1,33 

26  heure?. 

1,80 

Diastase  1  :  25  000. 

Amidon  2  p.  100. 

Amidon 

Temps. 

transformé. 

345' 

1,80 

540' 

1,98 

Comparaison  des  lois  d'action  des  diverses  amylases.  —  Les  lois  d'action  sont  identiques,, 
d'après  M.  Philoche,  pour  la  diastase  absolue  de  Merck,  et  la  diastase  T.ak.a  ;  d'après  des 
expériences,  il  est  vrai,  incomplètes,  il  semble  que  ces  lois  se  retrouvent  dans  l'action 
des  autres  amylases  des  sucs  salivaire,  pancréatique  et  intestinal.  L'amylase  du  suc 
pancréatique  présente  donc  des  lois  d'action  analogues  à  celle  des  autres  amylases. 
Concentration  relative  en  amylase  du  suc  pancréatique  et  des  autres  sucs  digestifs.  — 
Les  expériences  instituées  aux  fins  d'élucider  cette  question  consistent  toutes 
à  mesurer  la  quantité  de  sucre  qui  réduit  la  liqueur  de  Fehli.xg  dans  des  digestions- 


INTESTIN.  395 

comparatives  d'amidon  par  le  suc  gastrique,  le  suc  intestinal,  le  suc  saljvaire,  le  sérum, 
l'urine,  etc.  Ils  n'expriment  donc  pas  seulement  l'activité  amylolytique,  mais  bien  l'acti- 
vité amylomaltolytique  des  sucs;  car,  dans  tous  ces  liquides,  la  maltase  coexiste  avec 
l'amylaee.  Sous  réserve  de  celte  cause  d'erreur,  d'ailleurs  minime,  l'activité  hydrolysante 
de  ces  diverses  humeurs,  en  prenant  comme  étalon  une  salive  moyenne  d'homme  sain, 
est,  d'après  nos  expériences,  la  suivante  : 

Salive 1,00 

Suc  intestinal.  .    .    .  0,10 

Suc  pancréatique  .    .  50,00 

Sérum 0,01 

IJi-ine 0,01 

D'où  il  ressort  que  l'activité  amylolytique  du  suc  pancréatique  est  au  moins  cinq 
fois  plus  forte  que  l'humeur  qui  vient  immédiatement  après  lui  comme  conceutratioa 
en  amylase,  c'est-à-dire  la  salive. 

Action  spécifique  de  l'amylase  pancréatique.  —  Nous  savons  que  l'amylase  dédouble 
l'amidon  et  le  glycogène,  et  nous  avons  vu  que  l'amylase  végétale  est  beaucoup  moins 
active  sur  le  glycogène  que  sur  l'amidon.  M.  Philoche  a  constaté  que  l'amylase  du  suc 
pancréatique  se  distinguait  de  l'amylase  végétale  par  une  activité  beaucoup  plus  mar- 
quée que  celle  de  l'amylase  végétale  vis-à-vis  du  glycogène. 

Exemple  :  Suc  pancréatique  frais,  4  cmc.  p.  100. 


Amidon  2  p. 

100. 

Gb- 

cogone  2  p,  100. 

Quantité 

Quantité 

Durée. 

de  maltose, 

de  maltose. 

60' 

1,40 

0,84 

90' 

1,48 

0,90 

2"  Maltase.  —  Des  expériences  anciennes  de  V.  Mering  et  Musculus  avaient  montré 
que  l'extrait  de  pancréas  était  susceptible  de  transformer  l'amidon  en  glucose.  Ces 
extraits  contenaient  donc  une  maltase.  La  maltase  a  été  surtout  étudiée  par  Bourquelot, 
qui  a  montré  que  ce  ferment  était  très  répandu  dans  l'organisme,  plus  abondant  dans 
l'extrait  intestinal  que  dans  l'extrait  pancréatique,  et  qu'il  devait  exister  dans  le  sang. 

Contrairement  à  ce  que  nous  avons  constaté  pour  l'amylase,  la  maltase  pancréatique 
semble  très  peu  active  dans  le  suc  pancréatique  pur.  Mais  Biebry  et  Terrolne  ont  montré 
que,  pour  donner  au  suc  pancréatique  une  activité  maltolytique  marquée,  il  suffisait 
de  l'acidifier  légèrement. 

a)  Lois  d'action  de  Vamylase.  —  Aijisi  que  le  fait  remarquer  Victor  Henri,  l'intérêt 
essentiel  de  l'étude  comparée  des  fermentations  maltolytiques  et  amylolytiques  réside 
en  ce  fait  que  l'amylase  agit  sur  des  colloïdes  (amidon  et  dextrine,  glycogène),  tandis 
que  la  maltase  hydrolyse  des  cristalloïdes  (maltose). 

On  pouvait  donc  se  demander  si  les  lois  d'action  des  deux  ferments  ne  seraient  pas 
différentes,  puisque  les  deux  ferments  n'agissent  pas  dans  le  même  milieu  :  l'amylase 
agissant  en  milieu  colloïdal,  et  la  maltase  dans  une  solution  vraie.  Les  faits  essenliels^ 
concernant  les  lois  d'action  de  la  maltase  sont  empruntés  encore  au  travail  de  M.  Phi- 
loche. 

1»  La  quantité  de  ferment  étant  constante,  la  concentration  initiale  du  maltose  varie.  — 
Les  faits  sont  à  peu  près  identiques  à  ceux  que  nous  avons  relatés  pour  l'amidon  dans 
la  digestion  amylolytique. 

Pour  des  concentrations  vai  iaiit  entre  G  et  2  p.  100  de  maltose,  la  quantité  de  glucose 
augmente  avec  la  concentration  initiale  du  maltose. 

Entre  des  concentrations  comprises  de  2  à  8  p.  100  de  maltose,  la  quantité  de  glu- 
cose formée  ne  varie  presque  plus. 

Expérience  de  M.  Piiilooue.  Maltose  T.\ka,  1  p.  500. 

Durée.  Maltose  2  p.  100.  4  p.  100.  6  j).  100  8  p.  100. 

50'  0,36  0,39  0,39  0,40 

112'  0.85  0,80  0.89  0,96 


896  INTESTIN. 

La  quantité  de  maltose  étant  constanle,  la  quantité  de  ferment  est  variable. 
M.  Philoche  conclut  de  ces  expériences  que  la  vitesse  de  la  réaction  est  proportion- 
nelle à  la  quantité  de  ferment.  Voici  un  extrait  de  ces  expériences  : 

Maltasc   11000.  1/500  1/100. 

Maliose  liydrolysée. 

Durëc.  • -^^^^^— ——^ ^     — 

10  heures  0,07  0,22  0,76 

Voici,  en  efTet,  trois  résultats  assez  homof^ènes.  Les  quantités  de  glucose  formées 
sont  de  1,3,  10  correspondant  à  des  concentrations  de  ferments  égales  à  1,  2,  10, 
variant  dans  de  larges  limites. 

Mais  remarquons  immédiatement  que  dans  toutes  ces  digestions  l'hydrolyse  est  lente. 
Nous  sommes  donc  dans  le  cas  de  concentrations  faibles  de  ferments  que  nous  avons 
vues  pour  l'amylase  déterminer  des  digestions  proportionnelles  à  la  concentration  du 
ferment. 

Les  concentrations  de  maltase  étant  constantes,  on  comidèrc  la  quantité  de  i/lucose  formée 
en  fonction  du  temps. 

Voici  une  expérience  de  M.  PiiiLociii;  : 


\ 


Maltose  6  p. 

100. 

Mi 

iltase  à  1  p.  100. 

Durée. 

Mu 

iltose  liyilrolysée. 

heures. 

1 

0.09 

o 

0,19 

3 

0,30 

4 

0,37 

6 

0,54 

8 

0.71 

10 

0,7G 

L'expérience  montre  une  proportionnalité  directe  très  remarquable  entre  la  quantité 
de  glucose  formée  et  les  temps  de  digestion  durant  les  huit  premières  heures  de  la 
digestion. 

Cette  proportionnalité  est  le  fait  de  deux  fadeurs:  le  premier,  c'est  que  la  concen- 
tration du  ferment  est  relativement  faible,  puisqu'elle  hydrolyse  moins  du  dixième  de 
la  maltose  en  1  heure,  le  deuxième  c'est  que,  ainsi  que  Philoche  La  montré  directe- 
ment, les  produits  de  dédoublement  de  la  maltose,  à  savoir  la  glucose,  sont  peu  empê- 
chants vis-à-vis  de  la  maltase. 

Activité  relative  de  la  inaltase  pancréatique  et  de  la  maltase  des  autres  tissus.  — 
Contrairement  à  ce  que  nous  avons  vu  à  propos  de  l'amylase,  à  savoir  que  l'amylase  pan- 
créatique est  incomparablement  plus  active  que  l'amylase  de  tous  les  autres  tissus,  la 
maltase  pancréatique  est  moins  active  que  la  maltase  de  beaucoup  d'autres  tissus. 

Shore  et  Tebb  ont  trouvé  la  maltase  la  plus  active  dans  l'intestin  grêle  du  porc.  Ce 
fait  a  été  confirmé  par  Bourquelot.  H.\MnLRGER,  de  son  côté,  trouve  que  la  maltase  du 
sang  est  plus  active  que  celle  de  la  sécrétion  pancréatique. 

3°  Lactase.  —  La  découverte  de  la  lactase  est  récente;  elle  fut  trouvée  en  1889  par 
Beyeri.xck  dans  le  Saccharomyces  Kéfir.  Dastre,  qui  le  premier  a  étudié  la  lactose  dans  le 
règne  animal,  n'en  constate  pas  la  présence  dans  le  suc  pancréatique.  On  admit,  d'après 
les  conclusions  de  cet  auteur,  confirmées  par  les  travaux  de  V.  Fischer  et  Wiebel.  et 
Portier,  que  le  suc  pancréatique  ne  contient  pas  de  lactase,  jusqu'à  ce  que  Wei>l.\nd 
annonçât  que  le  pancréas  des  animaux  nourris  au  lait  renfermait  un  ferment  susceptible 
de  dédoubler  la  lactose.  D'après  ce  dernier  auteur,  le  pancréas,  qui  normalement  ne 
sécrète  pas  de  lactase,  <.<  s'adapterait  »  à  une  alimentation  lactée  en  produisant  de  la 
lactase. 

BiERRY  et  Gruv-Sal.xz.^r  reproduisent  l'expérience  de  Weinland;  mais  ne  constatent 
aucune  formation  de  lactase  pancréatique.  Ils  montrent  que  les  procédés  employés  par 
Wei.nland  pour  identifier  les  produits  d'hydrolyse  delà  lactose  sont  inexacts. 


INTESTIN.  397 

A.  Plimmers  à  son  tour,  en  recherchant  le  galactose  par  une  technique  précise,  con- 
state que  le  pancréas  ne  forme  pas  de  lactase  chez  les  animaux  nourris  au  lait. 

D'où  il  semble  résulter  (jue,  dans  aucun  cas,  ni  normalement,  ni  exceptionnellement 
le  pancréas  ne  sécrète  de  lactasie. 

4"  Trypsine.  —  La  trypsine  est  un  ferment  qui  dédouble  les  albuminoïdes.  II  se  dis- 
tingue du  ferment  proléolytique  de  l'estomac  en  ce  qu'il  dédouble  rapidement  les  albu- 
mines jusqu'au  stade  des  acides  aminés,  tandis  que  la  pepsine  ne  dépasse  pas  le  stade 
des  peptones;  d'autre  part,  la  réaction  optima  du  milieu  dans  laquelle  s'opère  la  di- 
gestion tryptique  dillùre  aussi  très  nettement  de  la  réaction  optima  du  milieu  oîi  s'opère 
la  digestion  peptique.  Selon  les  concentrations  de  pepsine,  la  digestion  peptique  s'elïec- 
tue  au  mieux  dans  des  concentrations  de  HCl  allant  de  2  à  6  p.  1  000.  Or  il  n'est  pas 
d'éventualités  possibles  dans  lesquelles  on  ait  pu  constater  une  digestion  tryptique 
s'efîectuant  dans  un  milieu  oii  la  concentration  de  HCl  dépasse  0,1)  p.  100.  Dans  le  même 
ordre  d'idées  la  digestion  peptique  est  à  peu  près  nulle  en  un  milieu  où  HCl  est  à  0,5 
p.  1000  tandis  que  la  digestion  tryptique  est  très  active  en  milieu  neutre. 

La  trypsine  peut  donc  être  définie  comme  un  ferment  protéolytique  agissant  dans 
un  milieu  voisin  de  la  neutralité  et  dédoublant  rapidement  les  albumines  jusqu'aux 
stades  acides  aminés. 


1"  Inactivité  protéolytique  du  suc  pancréatique  pur. 

La  question  de  l'inactivité  primitive  de  la  trypsine  pancréatique  fut  soulevée  en  1876 
par  Heidenhain  à  propos  de  la  constatation  suivante.  De  l'extrait  de  pancréas  frais  n'a 
pas  d'activité  proléolytique;  l'extrait  de  pancréas  extirpé  depuis  24  heures  de  l'orga- 
nisme en  possède  au  contraire  une  considérable.  Le  pancréas  contient  donc  un  ferment 
qui  ne  devient  actif  que  secondairement,  à  la  suite  d'une  moditication  intrinsèque  de  la 
glande.  Il  est  évident  que  les  phénomènes,  d'ailleurs  inconnus,  qui  s'accomplissent  dans 
cette  transformation  de  la  glande  extirpée  de  l'animal  et  abandonnée  à  l'air  ne  pou- 
vaient être  invoqués  pour  expliquer  i'activation  physiologique  de  la  trypsine.  Schiff  et 
Herzen  émirent  alors  l'hypothèse  que  c'était  à  la  rate  qu'était  dévolu  ce  pouvoir  acti- 
vant. D'après  ces  auteurs,  la  rate  lançait  dans  la  circulation  des  produits  qui  au  niveau 
du  pancréas  transformaient  le  zymogène  enzymase.  Entre  autres  démonstrations  de  cette 
hypothèse,  Schiff  et  Herzen  signalaient  que  l'extrait  frais  de  pancréas  additionné 
d'extrait  de  rate  était  légèrement  plus  protéolytique  que  l'extrait  frais  de  pancréas 
seul.  L'activalion  exercée  ainsi  par  l'extrait  de  rate  était  faible,  et  ne  convainquit  per- 
sonne ;  mais  néanmoins  elle  inspira  à  certains  auteurs  l'idée  d'isoler  in  vivo  cette  action 
hypothétique  de  la  rate.  Carvallo  et  Pachon  se  proposèrent  dans  ce  but  de  rechercher 
ce  que  devenait  la  digestion  des  albumines,  lorsque  sur  des  animaux  agastres,  c'est-à- 
dire  privés  de  leur  digestion  peptique,  on  venait  à  supprimer  la  rate. 

La  question  en  était  là,  lorsque  les  nouvelles  découvertes  de  Pawlow  et  de  ses  élèves 
vinrent  montrer  que  I'activation  du  suc  pancréatique  se  faisait  en  dehors  du  pancréas 
.par  le  suc  inteslinal.  Dès  lors,  la  remarque  de  Heidenhain,  tout  en  restant  intéressante 
comme  fait,  perdait  beaucoup  de  son  intérêt  au  point  de  vue  physiologique  proprement 
dit  et  l'hypothèse  de  Schiff-IIerze.x  devait  être  abandonnée,  quoiqu'il  ne  soit  pas  impos- 
sible, comme  nous  le  verrons  ultérieurement,  que  son  opportunité  puisse  être  à  nou- 
veau envisagée,  mais  dans  un  tout  autre  ordre  d'idées,  que  celui  qu'avaient  développé 
ces  auteurs. 

Les  découvertes  par  lesquelles  Pawlow  modifia  nos  conceptions  sur  I'activation  de  la 
trypsine  découlent  entièrement  de  la  nouvelle  technique  qu'apporta  ce  physiologiste  dans 
l'étude  des  ferments  pancréatiques.  Au  lieu  d'utiliser  des  extraits  pancréatiques,  Pawlow 
utilisa  du  suc  de  fistule,  et  l'expérience  ne  tarda  pas  à  lui  démontrer  que  ces  deux  pro- 
duits étaient  d'activités  bien  difîérentes. 

Dans  une  première  série  d'expériences,  Pawlow  et  Cuepovalnmkoff  constatèrent  que 
le  suc  de  fistule  était  à  peu  près  inactif.  Mais  bientôt  après  ils  ne  tardèrent  pas  à  établir 
que  ce  suc  inactif  devenait  extrêmement  actif  après  son  mélange  avec  du  suc  intestinal. 


^98  INTESTIN. 

Pawlûw  désigna  du  terme  d'entcrokinasc  la  substance  activante  du  suc  intestinal,  et  la 
considt'ia  comme  étant  '  un  ferment  de  ferment  ».  Par  ces  résultats  il  ne  pouvait 
plus  faire  de  doute  que  le  suc  intestinal  était  l'activant  physiologique  du  suc  pan- 
créatique. 

Mais,  si,  d'apn'^s  PA\vLow,le  suc  pancréatique  était  peu  actif,  il  n'était  cependant  pas 
complètement  inactif,  et,  dans  l'opinion  de  cet  auteur,  le  pancréas  sécrétait  le  ferment 
sous  deux  états  différents:  un  zymogène  et  une  zymase. 

La  démonstration  que  le  pancréas  ne  sécrète  qu'un  zymogène  pur,  pour  employer 
l'expression  conventionnelle,  fut  faite  en  1902  par  Delezkn.ne  et  Frouin. 

La  technique  de  I'awlow,  qui  constituait  un  perfectionnement  considérable  dans 
l'étude  de  la  trypsine,  n'était  point  parfaite.  L'auteur  recueillait  le  suc  dans  un  enton- 
noir en  le  laissant  couler  sur  l'orifice  de  la  fistule  qui  était  constituée  par  une  rondelle 
de  duodénum. 

Étant  donnée  l'extrême  activité  du  suc  intestinal,  il  était  admissible  que  la  sécrétion 
de  cette  rondelle  duodénale  vînt  modifier  les  qualités  du  suc  pancréatique  en  se  mêlant 
à  lui.  C'est  ce  que  démontrèrent  nettement  Delezenne  et  Frouin  en  constatant  que  le 
suc  prélevé  au  moyen  d'une  canule  introduite  dans  le  canal  de  Wmsuxr.  était  absolu- 
ment inactif  sur  les  cubes  d'albumine,  tandis  que  ce  même  suc,  recueilli  selon  la  tech- 
nique de  Pawlow,  était  légèrement  actif. 

Ces  auteurs  montrèrent  de  plus  que  l'inactivité  du  suc  pancréatique  recueilli  au 
moyen  d'une  canule  restait  complète  au  cours  des  repas  les  plus  divers,  contrairement 
à  l'opinion  de  Pawi.ow  qui  avait  essayé  d'établir,  sur  les  faibles  variations  d'activité 
immédiate  de  la  trypsine,  une  théorie  de  l'adaptation  du  suc  à  la  qualité  des  aliments. 
Enfin  ils  virent  encore  que  le  suc  de  sécrétine  était  aussi  inactif  que  le  suc  provoqué 
par  un  repas  d'épreuve.  On  conçoit  toute  l'importance  pratique  de  celte  dernière 
remarque  pour  la  commodité  de  l'étude  physiologique  de  la  trypsine. 

De  ce  qu'un  suc  de  sécrétine  ou  de  repas  d'épreuve  soit  inactif,  s'il  est  recueilli  au 
moyen  d'une  canule  et  surtout  si  l'on  a  soin  de  rejeter  les  premières  gouttes  qui 
s'écoulent,  il  ne  s'ensuit  nullement  que  les  sucs  obtenus  par  d'autres  procédés  soient 
également  inactifs.  Glev  et  Camus,  qui  ont  fait  du  suc  de  pilocarpine  et  de  peptone  une 
étude  particulière,  ont  signalé  que  ces  sucs  sont  toujours  actifs,  quelque  soin  que  l'on 
apporte  à  leur  récolte.  Faut-il  expliquer  cette  aclivation  intrapancréatique  du  suc  par 
la  présence  de  leucocytes  dans  le  suc  (Delezenne)  ou  la  surabondance  de  sels  de  chaux 
signalés  dans  ces  sucs  par  Pozerski?  C'est  là  une  question  qui  aura  sa  place  naturelle 
dans  l'étude  du  mécanisme  de  l'activation  de  la  trypsine.  Mais  on  conçoit,  sans  insister 
davantage,  que  l'activité  immédiate  du  suc  de  pilocarpine  ne  saurait  entamer  la  doctrine 
de  l'inactivité  absolue  du  suc  pancréatique  physiologique  bien  établie  d'abord  par 
Delezen.ne  et  Frouin  sur  les  chiens,  puis  confirmée  par  de  nombreux  auteurs  chez  le 
même  animal  et  étendue  aujourd'hui  à  d'autres  nimaux,  notamment  aux  bovidés  par 
Delezen.ne  et  Frouin,  et  à  l'homme  par  Hamrurger  et  Gl.essner. 

2"  Activation  du  suc  pancréatique. 

L'activation  physiologique  du  suc  pancréatique,  qui  parait  se  faire  essentiellement 
par  le  suc  intestinal,  peut  cependant  reconnaître  un  second  mécanisme,  à  savoir  :  une 
activation  par  les  sels.  Tout  porte  à  admettre  que  cette  dernière  activation  doit  aussi 
se  produire  physiologiquement,  quoique  son  importance  soit  certainement  moins  grande 
que  celle  de  l'activation  par  le  suc  intestinal.  Ce  genre  d'activation  spécial  présente 
le  très  grand  ititérêt  de  nous  offrir  un  nouveau  moyen  d'étude  de  l'activation  du  suc 
pancréatique.  Il  est  donc  légitime  de  lui  accorder  une  place  assez  importante,  et  d'étu- 
dier, après  l'activation  par  le  suc  intestinal,  l'activation  par  les  sels. 

a)  Activation  par  le  suc  intestinal  :  entérohinase . 

Obtention  de   la  kinase.  —  La  substance  activante  du  suc  intestinal,  entérokinase 
de  Pawlow,  peut  être  obtenue  par  différents  procédés. 


\ 


INTESTIN.  399 

On  peut  utiliser  comme  liquide  kinasique  le  suc  intestinal  lui-même  obtenu  par  une 
fistule  intestinale  (proct'di'  primitif  de  Pawlow). 

On  peut  encore  utiliser  une  mac(''ration  aqueuse  de  muqueuse  intestinale  en  ayant 
soin  d'ajouter  un  antiseptique  au  liquide  de  macération  pour  éviter  la  putréfaction. 

Enfin,  pour  conserver  de  la  kinase,  on  peut  précipiter  par  l'alcool  l'extrait  aqueux 
de  muqueuse;  le  précipité  contient  la  majeure  partie  de  la  kinase.  Ou  bien  encore, 
pour  obtenir  des  produits  plus  actifs,  on  peut  extraire  la  kinase  par  les  nucléoprotéides 
de  la  muqueuse  intestinale  avec  le  procédé  deSTAssANO  et  Billon,  qui  est  le  suivant.  Une 
macération  aqueuse  de  muqueuse  intestinale  faite  dans  de  l'eau  additionnée  de  2  à 
3  p.  100  de  carbonate  de  soude  ipour  dissoudre  les  nucléoprotéides)  et  de  1  à  2  p.  100 
de  chloroforme,  est  neutralisée  au  bout  de  vingt-quatre  heures  par  de  l'acide  acétique, 
les  nucléoalbumines  seules  précipitent  en  entraînant  à  peu  près  toute  la  kinase.  On  évite 
ainsi  de  mêler  la  kinase  aux  globulines,  et  le  produit  est  extrêmement  actif.  Desséché, 
il  se  conserve  bien.  Pour  activer  le  suc  pancréatique,  il  suffit  de  triturer  une  très  petite 
quantité  de  cette  poudre  avec  le  suc  pancréatique. 

Généralité  d'action  et  origine  de  la  kinase.  —  La  kinase  semble  être  une  substance  acti- 
vante très  répandue  dans  le  règne  animal.  Dkleze.nne  a  trouvé  de  la  kinase  chez  tous 
les  vertébrés  qu'il  lui  a  été  donné  d'étudier  à  cet  égard  :  ce  fait  a  été  confirmé,  notam- 
ment pour  l'homme,  par  Gl-essneh,  Hamburger,  etc. 

La  kinase  ne  semble  pas  avoir  de  spécificité,  en  ce  sens  que  la  kinase  de  n'importe 
quel  animal  est  susceptible  d'activer  le  suc  pancréatique  de  n'importe  quel  autre 
animal. 

La  distribution  de  la  kinase  dans  l'intestin  paraît  avoir  des  limites  précises.  —  Chepo- 
"WALMKoiF,  dont  les  observations  ont  été  confirmées  par  Delezenne  et  Frouin,  a  vu  que,  si 
le  suc  duodéno-jejunal  était  très  activant,  le  suc  iléal  par  contre  était  dénué  de  toute 
activité. 

L'origine  de  la  kinase  a  fait  l'objet  de  nombreux  travaux  de  la  part  de  Delezenne  et 
■de  ses  collaborateurs,  de  Bayliss  et  Starling,  et  de  Gley  et  Camus. 

Pour  Delezenne  la  kinase  a  son  origine  dans  les  leucocytes  de  l'intestin.  L'idée  de 
cette  hypothèse  lui  fut  suggérée  par  les  constatations  suivantes  : 

Au  cours  d'études  sur  le  suc  pancréatique  chez  les  reptiles,  les  batraciens  et  les 
poissons,  Delezenne,  vu  l'impossibilité  d'obtenir  du  suc  pancréatique  pur  chez  les  ani- 
maux, s'était  servi  de  macérations  pancréatiques  :  les  unes  faites  dans  de  l'eau  chloro- 
formée, les  autres  dans  de  l'eau  iluorurée  à  2  p.  100.  En  comparant  l'activité  tryptique 
immédiate  de  ces  deux  extraits,  l'auteur  avait  constaté  ce  fait  singulier  que  l'extrait 
chloroformique  était  actif,  tandis  que  l'exli-ait  fiuoruré  était  inacLif  et  ne  devenait  actif 
que  par  addition  de  kinase. 

Étant  donné  que  le  chloroforme  est  leucolytique  et  le  fluorure  leucofîxateur, 
Delezenne  se  demanda  si  l'activité  de  l'extrait  chloroformique  n'était  pas  due  à  la 
destruction  des  leucocytes  et  l'inactivité  de  l'extrait  fluorure  à  leur  intégrité. 

En  faveur  de  cette  hypothèse,  Delezenne  relate  successivement  les  constatations  sui- 
vantes. Les  plaques  de  Pever  sont  les  parties  les  plus  riches  en  kinase  de  la  muqueuse 
intestinale,  et  l'extrait  de  ganglions  est  lui-même  activant.  En  provoquant  dans  une 
région  quelconque  de  l'organisme  un  abcès  aseptique  par  injection  de  térébenthine, 
d'albumine,  de  gluten  caséine,  etc.,  on  obtient  un  pus  très  kinasant,  que  l'abcès  soit 
développé  sous  la  peau,  dans  la  plèvre  ou  dans  le  péritoine.  Enûn  Delezenne,  ayant 
remarqué  que  l'injection  de  pilocarpine  détermine  une  émission  abondante  de  leuco- 
cytes dans  l'urine,  constate  que  cette  urine  riche  en  leucocytes  est  kinasante,  qu'elle 
perd  toute  activité  si  on  centrifuge  i^apidement  les  globules  blancs  et  que  l'activité  kina- 
sique reste  dans  les  leucocytes. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  d'ajouter  ici  qu'au  cours  de  l'injection  de  sécrétine  qui  pro- 
voque une  abondante  sécrétion  intestinale  riche  en  kinase,  le  duodénum  est  le  siège 
d'une  infiltration  leucocytaire  considérable  avec  prédominance  d'éosinophiles.  L'activité 
de  la  rate  semble  très  exaltée  dans  ce  processus,  et  Slmon,  Aubertin  et  Ambard  ont  même 
signalé  une  transformation  myéloïde  de  la  rate  avec  éosinophilie  chez  des  chiens 
sacrifiés  après  avoir  reçu  plusieurs  injections  de  sécrétine. 

Il  y  a  là  un  fait  qui  s'accorde  bien  avec  l'hypothèse  de  Delezenne,  et  qui  est  peut- 


400  INTESTIN. 

être  de  nature  à  réhabiliter  aussi,  dans  une  certaine  mesure,  l'hypothèse  de  Schiff- 
Herzen  toucliant  le  rôk-  de  la  rate.  Il  se  pourrait  que  la  leucocytose  intestinale  à  type 
éosinophile  eût  sa  source  principale  dans  le  dépôt  leucocytaire  de  la  rate.  Dans  cette 
mesure  seule,  l'hypothèse  de  Schiff-IIerze.n  serait  exacte,  mais  elle  resterait  fausse 
dans  ses  autres  parties,  ix  savoir  que  la  rute  est  indispensable  pour  activer  le  suc  pan- 
créatique. Frooin  a  démontré  directement,  d'ailleurs,  que  des  animaux  dératés  sécrètent 
une  kinase  active.  Par  conséquent,  si  la  rate  intervient  dans  l'activation  du  suc  pan- 
créatique, son  rôle  est  facilement  suppléé  par  d'autres  organes;  si  ce  rôle  de  la  rate 
consiste  à  déterminer  dans  le  duodénum  une  certaine  leucocytose,  ce  phénomène  est 
aisément  réalisé  par  le  reste  de  lappareil  hématopoiélique. 

L'hypothèse  de  l'origine  leucocytaire  de  la  kinase  a  été  confirmée  par  Stassano  et 
BiLLON,  qui  ont  activé  du  suc  pancréatique  par  des  leucocytes  d'un  abcès  provoqué  dans 
le  péritoine  d'un  cobaye  par  une  injection  d'émulsion  de  lécithine. 

Par  contre  Bayliss  et  Starling  ne  sont  pas  partisans  de  l'origine  leucocytaire  de  la 
kinase.  Gley  et  Camus  ne  purent  activer  du  suc  pancréatique  avec  le  culot  de  cenlrifu- 
gation  de  la  lymphe,  à  raison  de  un  demi-centimètre  de  culot  pour  un  centimètre  cube 
de  suc,  alors  même  qu'ils  avaient  préalablement  lavé  les  leucocytes  dans  de  l'eau  salée 
physiologique  pour  les  débarrasser  du  plasma,  ijui,  on  le  sait,  annihile  l'effet  de  la 
kinase. 

Évidente  pour  Delezenne,  Stassano  et  Billon,  Torigine  leucocytaire  de  la  kinase  est 
donc  rejetée  par  Bavliss  et  Starling,  Gley  et  Camus  (jui  pensent  <|ue  la  kinase  est  un 
produit  des  glandes  intestinales. 

En  dehors  des  leucocytes  ou  des  glandes  intestinales,  la  kinase  peut-elle  avoir  encore 
une  autre  origine? 

La  source  de  kinase  la  mieux  identifiée  à  cet  égard  est  la  flore  bactérienne  de  l'in- 
testin. Le  suc  pancréatique  inactif  envahi  par  les  microbes  devient  actif,  et  cette  acti- 
vation  peut  être  produite  par  simple  adjonction  au  suc  pancréatique  des  diastases 
microbiennes  filtrées  sur  bougie  (Delezenne).  Breton  a  confirmé  ce  fait  pour  le  coli 
bacille. 

Ces  diverses  kinases  n'épuisent  pas  la  liste  des  kinases  actuellement  connues,  mais 
celles  que  nous  citerons  maintenant'n'ont  plus  (|u'un  intérêt  théorique,  et  non  plus  un 
intérêt  pratique  au  point  de  vue  de  la  digestion. 

C'est  ainsi  que  le  venin  de  serpent  bothrops  et  le  venin  de  cobra  activent  nettement 
la  trypsine  (Delezenne)  et  que  certains  champignons  basidiomycètes  contiennent  aussi 
une  kinase  active  (Delezenne  et  .Mouton). 

A'rt/wre  de  la  kinase.  —  Pour  Pawlow,  la  kinase  était  un  ferment.  Cette  opinion  fut 
généralement  adoptée,  parce  que  la  kinase  agit  à  de  très  faibles  doses  comme  un  fer- 
ment, se  détruit  comme  la  plupart  des  ferments  par  un  chauffage  de  courte  durée  à  73°, 
et  enfin  parce  qu'elle  ne  dialyse  pas.  Il  convient  d'ajouter  encore  que  cette  croyance  en 
la  nature  fermentaire  de  la  kinase  fut  surtout  fortifiée  parce  que  tout  d'abord  on  ne 
connaissait  pas,  pour  activer  le  suc  pancréatique,  d'autres  procédés  que  celui  d'y  ajouter 
un  extrait  organique. 

En  11)02,  Larguier  des  Bancels  s'éleva  contre  l'hypothèse  de  la  nature  fermentaire  de 
la  kinase  au  nom  de  ce  fait  que  la  kinase  préparée  d'une  certaine  façon  n'est  plus 
détruite  par  la  chaleur.  La  technique  de  L.  des  Bancels  était  la  suivante;  un  mètre  de  la 
portion  supérieure  de  l'intestin  grêle  est  fendu,  lavé,  et  mis  à  digérer  à  40°  dans  100  ce. 
d'eau  toluénée  pendant  vingl-quatre  heures.  La  macération  est  ensuite  filtrée  sur  du 
coton  de  verre  ou  du  papier,  puis  bouillie  et  filtrée  à  nouveau. 

Le  filtrat,  quoique  ayant  subi  l'ébullition,  reste  activant. 

Ultérieurement  Bierry  et  Henri  confirmèrent  le  fait,  et  virent  même  que  la  kinase 
résistait  à  un  chauffage  de  120°  pendant  vingt  minutes. 

Après  la  constatation  de  pareils  faits,  retrouvés  d'ailleurs  plusieurs  fois  par  les  auteurs 
précités,  il  semble  difficile  de  soutenir  encore  que  la  kinase  ne  résiste  pas  à  la  chaleur: 
la  seule  question  qui  reste  à  élucider  est  de  rechercher  pourquoi,  avant  Larguier  des 
Bancels,  les  auteurs  avaient  tous  admis  la  thermolabilité  de  la  kinase. 

Si  nous  examinons  le  protocole  d'expériences  de  Delezenne,  qui  se  rapproche  beau- 
coup de  celui  de  Larguier  des  Bancels,  un  seul  point  attire  notre  attention.  Delezenne 


INTESTIN.  401 

relate  que  sa  macération  aqueuse  est  généralement  acide  et  que,  pour  cette  raison,  il 
la  neutralise  après  l'avoir  fait  bouillir,  tandis  que  L.vrguikr  uks  Bangels  signale  que  ses 
macérations  sont  neutres  ou  légèrement  alcalines.  Nous  ne  saurions  faire  état  de  ces 
seules  remanjucs  pour  trancher  le  débat,  mais  nous  ferons  remarquer  cependant  que 
dans  les  milieux  acides  les  nuciéoprotéidcs  se  précipitent  en  entraînant  la  kinase  (Stas- 
sANo),  tandis  qu'en  milieu  neutre  ou  légèrement  alcalin,  les  nucléoprotéides  se  main- 
tiennent en  suspension  ;  peut-être  y  a-t-il  dans  cette  simple  nuance  de  technique  la 
raison  des  différences  dans  les  résultats  obtenus. 

Depuis  les  expériences  que  nous  venons  de  relater,  il  n'en  a  pas  été  fait  d'autres 
concernant  la  nature  de  la  kinase,  mais  il  convient  d'ajouter  que  l'opinion  qu'on  avait 
sur  la  nature  fermentaire  de  la  kinase,  déjà  ébranlée  par  les  travaux  de  L.  dks  Bancels, 
ne  tarda  pas  à  l'être  encore  une  seconde  fois  par  le  contre-coup  de  la  découverte  de 
l'activation  artificielle  par  les  sels. 

Actuellement,  on  tend  donc  à  rejeter  l'hypothèse  primitive  de  Pawlow,  à  savoir  que 
la  kinase  est  un  ferment,  mais  sans  qu'on  puisse  dire  si  la  kinase  est  une  substance 
protéique  thermostabile,  un  mélange  de  sels  ou  encore  un  complexe  de  protéiques  et 
•de  sels. 

Mode  d'action  de  la  kinase  sur  le  suc  pancréatique.  —  Ajoutée  au  suc  pancréatique,  la 
kinase  active  instantanément  la  trypsine  inactive  (Delezenne). 

L'activation  maxima  de  la  trypsine  se  produit  avec  des  quantités  infinitésimales  de 
kinase  :  1  de  kinase  p.iOOOO  du  suc  pancréatique  (Deleze.nne).  Mais,  quelque  minime 
que  soit  la  quantité  de  kinase  suffisante  pour  activer  la  trypsine,  il  est  aisé,  par  des 
dilutions  appropriées  de  kinase,  de  déterminer  des  activations  croissantes  de  la  trypsine 
par  adjonction  de  quantités  croissantes  de  kinase.  C'est  ainsi  que  Dastre  et  Stassano 
ont  montré  qu'il  faut  une  dose  minima  de  kinase  pour  que  l'activité  tryptique  se  mani- 
feste (seuil  de  l'activation)  et  qu'avec  des  doses  croissantes  de  kinase  la  trypsine  devient 
toujours  plus  active  jusqu'à  ce  que,  pour  une  quantité  donnée  de  kinase,  la  trypsine 
acquière  une  activité  qu'elle  ne  dépassera  plus,  quelle  que  soit  la  quantité  de  kinase 
ajoutée  (plateau  de  l'activation). 

La  kinase  mordance-t-elle  l'albumine  à  attaquer,  ou  transforme-t-elle  lezymogènecn 
zymase?  Delezenne  a  constaté  que  la  fibrine  mise  au  contact  de  la  kinase  la  fixe  assez 
fortement  pour  que,  même  après  lavage  prolongé  à  l'eau,  cette  fibrine  soit  rapidement 
digérée  par  du  suc  pancréatique  inactif.  C'est  là  le  seul  fait  actuellement  connu  qu'on 
puisse  introduire  dans  ce  débat,  sur  lequel  nous  aurons  d'ailleurs  à  revenir  à  propos  de 
l'activation  par  les  sels. 

j3)  Activation  par  les  sels. 

En  1903,  Larguier  des  Bancels,  en  se  fondant  d'une  part  sur  l'hypothèse  que  l'activation 
du  suc  pancréatique  par  la  kinase  devait  être  un  phénomène  de  mordançage  et  d'autre  part 
sur  des  réactions  déjà  connues  entre  les  colloïdes  et  les  sels,  montre  qu'on  pouvait  activer 
très  fortement  le  suc  pancréatique  par  adjonction  au  suc  de  certaines  couleurs  d'ani- 
line et  de  certains  sels.  En  laissant  de  côté  la  faible  activation  du  suc  pancréatique  par 
additions  de  petites  quantités  d'acide,  signalée  en  1876  par  Heideniiain,  on  peut  dire  que 
ce  fut  la  première  expérience  réalisant  une  activalion  de  la  trypsine  autrement  que  par 
des  extraits  organiques.  Le  protocole  des  expériences  de  Larguier  des  BaiNCels  est  le 
suivant.  Des  cubes  d'ovalbumine  coagulée  par  ébullition  sont  plongés  24  heures  dans  du 
bleu  de  toluidine  en  solution  aqueuse  à  0,002  p.  100.  Ces  cubes  sont  lavés  à  l'eau  dis- 
tillée, puis  plongés  dans  les  mélanges  suivants  à  39°  pendant  18  heures.  Les  résultats 
obtenus  sont  indiqués  en  face  des  mélanges. 

Cubes  colorés  +  2  ciuc.  suc  pancréat.  +  8  gttcs  d'azotate  de  baryum  saturé.  Dijj^estion  complète. 

—  —  8  gttcs  de  sulfate  d'ainnionium  sat.  Pas  de  digestion. 

—  —  8  gttes  d'azotate  de  magnésium  sat.  Digcsliou  complète. 

—  —                      8    —          —        de  calcium  sat.  Digestion  complète. 
Mêmes  expériences  avec  des  cubes  non  colorés.  Pas  do  digestion. 

L.  DES  Bancels  conrlut  de  ses  expériences  que  l'activation  artificielle  exigeait  : 
1°  certains  sels,  les  sels  de  métaux  bivalents  se  montrant  à  cet  égard  à  peu  près  tous 

DICT.    DK   PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  26 


i02  INTESTIN. 

d'égale  activité  et  2"  une  coloralioïi  par  certains  colorants  (bleu  de  toluidine,  rouge  de 
Magdala). 

La  même  année,  Delezen.xe  reprend  l'étude  de  l'activalion  artificielle  dans  une  vue 
d'esprit  différente. 

Ayant  vu  que  les  macérations  lluorurées  de  pancréas  sont  immédiatement  inactives 
par  opposition  aux  macérations  chloroformiques,  Delezenne  se  demande  si  le  fluorure 
ne  joue  pas  dans  ce  phénomène  un  rôle  analogue  à  celui  qu'il  joue  vis-à-vis  des  sels  de 
calcium^dans  la  coagulation  du  sang.  Il  pense  que  le  fluorure  précipite  dans  la  macé- 
ration pancréatique  les  sels  de  chaux  à  l'état  insoluble  et  par  conséquent  que  l'addition 
de  sels  solubles  de  calcium  doit  théoriquement  activer  la  trypsine  inactive. 

Voici  les  expériences  par  lesquelles  Delezenne  montre  l'influence  des  sels  de  calcium. 


Suc  pancréatique  2  cnic.  +  H^O 

—  —      +  CaC12  à  20  p.  100. 


cmc. 

0,5 

Digestion  nulle. 

0,5 

—        complote. 

0,4 

—        complète. 

0,3 

—        complète. 

0.2 

—        complète. 

0,1 

—        ù  demi  digérée 

0,05 

—        nulle. 

Notons  que  dans  ces  expériences  les  volumes  du  liquide  digestif  sont  égalisés  par 
addition  d'eau  distillée  en  quantité  sufiisante  pour  2  ce.  1/2.  Les  cubes  d'albumine  du 
poids  de  0«'',2  sont  examinés  après  14  heures  de  digestion. 

A  la  suite  de  ces  premières  expériences,  Delezenne  aborde  toute  une  série  de  pro- 
blèmes sur  l'activité  par  les  sels  que  nous  exposerons  séparément  sans  suivre  l'ordre 
chronologique  des  publications  :  rôle  de  la  valence  du  métal,  activité  considérable  de 
Ca. 

Dans  l'activalion  très  nette  du  suc  pancréatique  par  CaCl'^,  Delezenne  montre  que 
l'ion  Ca  joue  le  rôle  essentiel,  puisque  CaCl-,  Cal-,  Ca  (AzO^)^  et  l'acétate  de  Ca  donnent 
des  résultats  analogues. 

Mais  les  métaux  sont-ils  équivalents  comme  activants  du  seul  fait  de  leur  valence? 

Delezenne  constate  que,  si  l'on  substitue  au  CaCl*  du  StrCl-,  du  BaCI^  ou  du  MgCF,  on 
n'observe  jamais,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  dose  ajoutée,  de  digestion  en  l'espace  de  12 
à  14  heures,  alors  qu'avec  CaCl-  la  digestion  est  complète  dans  le  môme  temps.  Mais, 
lorsque  l'expérience  est  prolongée  un  temps  beaucoup  plus  considérable,  on  observe 
cependant  quelquefois  une  iligeslion  tardive  et  partielle. 

ZuNz,  qui  confirme  l'action  activante  des  sels  de  Ca,  concède  une  certaine  propriété 
activante  aux  sels  de  Mg,  Ba,  Li,  Str. 

QuantiU's  de  sel  de  Ca  nécessaires  pour  activer  la  trypsi7ie.  —  Dans  les  expériences  de 
Delezenne,  nous  avons  vu  que  l'activation  oplima  était  réalisée  loisque  à  un  volume 
de  2  ce.  1/2  de  suc  pancréatique  on  ajoutait  de  0,4  à  0,2  ce.  d'une  solution  de  CaCl*  à 
20  p.  100,  c'est-à-dire  quand  la  concentration  en  CaCI^  du  milieu  était  de  6  à  9  p.  1000. 
En  commentant  ces  expériences,  l'auteur  fait  remarquer  qu'une  grande  partie  de  ce 
CaCl-  doit  être  perdue  pour  l'activation  ;  car,  au  contact  des  carbonates  et  des  phosphates 
qui  se  trouvent  en  grandes  quantités  dans  le  suc  pancréatique,  CaCP  forme  des  phos- 
phates et  des  carbonates  de  chaux  insolubles.  La  quantité  de  CaCl-  apportée  au  suc 
entier  doit  donc  représenter  plus  que  la  quantité  de  CaCl-  qui  intervient  efficacement 
dans  l'activation. 

Pour  élucider  ce  point,  Delezenne  pratique  dorénavant  ses  expériences  sur  du  suc 
dialyse  aseptique  dans  des  sacs  en  collodion  en  présence  de  NaCl  à  8,3  p.  1000  et  à  lO"» 
ou  15°.  L'expérience  lui  montre  qu'en  48  heures  on  obtient  ainsi  un  suc  neutre  à  la 
phtaléine  et  ne  donnant  plus  de  précipités  salins  par  addition  de  CaCl^;  par  conséquent 
débarrassé  de  la  plus  grande  partie  de  ses  carbonates  et  de  ses  phosphates.  Il  n'est 
pas  utile  de  pratiquer  la  dialyse  plus  longtemps,  parce  qu'à  partir  de  48  heures  de  dia- 
lyse la  majeure  partie  des  sels  qu'on  veut  extraire  est  éliminée  et  parce  qu'au  delà 
d'une  dialyse  de  48  heures  la  trypsine  se  détruit  très  sensiblement  :  elle  est  beaucoup 
moins  résistante  que  l'amylase,  par  exemple. 


INTESTIN.  403 

Avec  ce  suc  dialyse  Dklezenne  rt'alise  les  expériences  suivantes  : 

Digestion 
après  12  heures. 

Suc  paner.  2cinc.  +  H-O0,o Nulle. 

_  _  +  CaCl-'.   .    .     0«s002  CompkHe. 

_  —  _       .   .    .     Os'-.OOl  — 

—  —  —       .   .    .     0«S0005  — 

—  —  —        .    .    .     Ok',0004  2/3  dij^'èi-c. 

—  —  —       .   .    .     0k%0003  0 

Par  conséquent  l'activalion  du  suc  pancréatique  dialyse  semble  déjà  maximale 
lorsque  CaCl-  se  trouve  dans  ce  suc  à  la  concentration  de  1/5000,  c'est  ù-dire  en  con- 
centration 30  ou  40  fois  plus  faible  que  lorsque  le  CaCl-  est  ajouté  directement  au  suc 
pancréatique  complet. 

D'après  celte  expérience,  Delezenne  conclut  que,  s'il  fallait  ajouter  beaucoup  de 
CaCl^  au  suc  complet,  c'est  qu'une  partie  de  CaCP  entrait  dans  des  réactions  chimiques 
sans  relation  directe  avec  l'activationdu  suc  et  que  cette  dernière  n'exige  que  des  traces 
de  Ca. 

Dans  le  même  ordre  d'idée  Delezenne  montre  encore  qu'on  peut  économiser  beau- 
coup de  Ca(U'-,  si,  avant  d'ajouter  du  CaCl-  au  suc  pancréatique  entier,  on  lui  ajoute  des 
sels  d'autres  métaux  bivalents  :  Str,  Ba  par  exemple.  Ces  sels  sont  incapables  par  eux- 
mêmes  d'activer  le  suc;  mais  ils  rendent  le  suc  sensible  à  des  traces  de  CaCl-. 

Il  résulte  donc  des  expéi  iences  de  Delezenne  que  des  quantités  très  petites  de  CaCP 
ne  dépassant  pas  le  quinze  millième  sont  suffisantes  pour  activer  la  trypsine  lorsque 
cette  action  de  CaCl-  n'est  pas  gênée  par  la  présence  dans  le  milieu  de  sels  qui  préci- 
pitent le  Ca. 

Mode  d'action  des  sels  de  Ca  dans  Vactivation  de  la  trypsine.  —  Delezenne  a  montré  que 
l'activation  de  la  trypsine  par  Ca  n'est  pas  immédiate.  Si  l'on  ajoute  un  cube  d'albumine 
à  du  suc  additionné  de  Ca  immédiatement  "après  que  Ca  a  été  ajouté  au  suc  pancréa- 
tique, la  digestion  du  cube  d'albumine  exige  de  12  à  14  heures;  mais,  si  l'on  n'ajoute  le 
cube  d'albumine  qu'après  que  le  mélange  suc  pancréatique  et  CaCl^  a  été  porté  à 
l'éluve  pendant  4  heures,  la  digestion  du  cube  d'albumine  n'exigera  plus  que  3  ou 
4  heures.  Il  y  a  donc  un  temps  perdu  assez  long,  de  plusieurs  heures,  pour  l'activa- 
tion du  suc  pancréatique  par  Ca. 

Delezenne  a  vu  encore  que,  si  l'on  opère  sur  des  cubes  d'albumine  dialysée,  il  n'est  pas 
indifférent  de  plonger  le  cube  d'albumine  dans  un  mélange  préalablement  fait  de  suc 
pancréatique  et  CaCl^  ou  de  mettre  d'abord  au  contact  le  cube  d'albumine  avec  Ca  et 
ensuite  d'ajouter  le  suc  pancréatique. 

Dans  le  second  cas  l'absorption  de  Ca  par  l'albumine  pourra  distraire  du  milieu  une 
certaine  quantité  du  sel  propre  à  activer  la  trypsine  et  par  suite  restreindre  son  acliva- 
tion.  Une  fois  effectuée  par  Ca  l'activation  de  la  trypsine  ne  peut  être  défaite  ni  par 
•dialyse  prolongée,  ni  par  addition  de  fluorures  ou  d'oxalates  (Delezenne). 

Parallèle  entre  l'activation  par  les  sels  et  par  la  kinase.  —  L'activation  par  la  kinase 
est  immédiate,  tandis  que  l'activation  par  Ca  exige  de  4  à  5  heures.  Le  suc  pancréatique 
tiltré  sur  coUodion  est  encore  activable  par  la  kinase  :  il  ne  l'est  plus  par  les  sels  de 
chaux.  Ces  faits  découverts  par  Delezenne  ont  amené  cet  auteur  à  considérer  l'activa- 
tion du  suc  pancréatique  de  la  manière  suivante. 

Le  suc  pancréatique  contient  une  trypsine  et  une  substance  X.  Dans  l'activation  par 
la  kinase,  le  rôle  de  la  substance  X  est  nul  :  c'est  ce  qui  fait  qu'on  peut  activer  du  suc 
filtré,  quoique  le  filtre  retienne  cette  substance  X.  Dans  l'activation  par  les  sels,  cette 
substance  X  est  indispensable,  c'est  pourquoi  le  suc  filtré  n'est  pas  activé  par  les  sels. 
Au  contact  des  sels,  cette  substance  X  se  transforme  en  kinase.  Dès  lors  on  s'explique 
qu'une  fois  que  le  suc  pancréatique  a  été  activé  parla  kinase  ou  parles  sels,  ses  pro- 
priétés restent  identiques  dans  les  deux  cas. 

3°  Phénomènes  cbimiques  de  la  digestion  tryptique. 

i"  Historique.  —  Trois  noms  dominent  l'histoire  de  cette  question  :  ce  sont  ceux  de 
CoRvis.\RT,  KChne  et  Fischer.  Mais  il  n'est  que  juste  de  placer  entre  les  noms  de  Kuhne 


404  INTESTIN. 

et  de  Fischer  celui  du  chimiste  SchOtzenberger,  qui,  en  cffectuaat  l'hydrolyse  des  albu- 
minoïdes,  en  étudia  les  éléments  constitutifs  et  prépara  ainsi  la  voie  où  devaient  s'en- 
gager Fischer  et  son  école  dans  l'étude  des  polypeptides. 

L'action  du  suc  pancréatique  sur  l'albumine  a  été  reconnue  beaucoup  plus  tardive- 
ment que  celle  du  suc  gastrique.  Ce  n'est  qu'en  1836  que  Purkinje  et  Pappe.nheim  signa- 
lent l'action  dissolvante  de  ce  suc  sur  les  proléides,  Claude  Bernard  en  i8o6  reconnaît  à 
sou  tour  celte  puissance  protéolytique,  mais  admet  qu'elle  n'entre  en  activité  qu'avec  le 
concours  des  sels  biliaires. 

C'est  à  CoRvisART  en  1857  que  nous  devons  les  premières  notions  précises  et  détaillées 
sur  l'action  protéolytique  du  suc  pancréatique.  Cet  auteur  montre  que  l'extrait  de  pan- 
créas digère  les  albumines  dans  des  milieux  voisins  de  la  neutralité,  que  la  partie 
active  de  l'extrait  est  précipitable  par  l'alcool  et  susceptible  d'être  redissoute  ultérieu- 
rement dans  l'eau;  qu'enfin  les  protéides  ne  sont  pas  seulement  solubilisés,  mais  con- 
vertis en  produits  analogues  à  ceux  du  suc  gastrique. 

KChne  en  1877  apporte  ensuite  une  série  de  contributions  importantes  à  cette  ques- 
tion. Comme  la  digestion  tryptique  ne  peut  se  faire  qu'en  milieux  voisins  de  la  neutra- 
lité, favorables  par  conséquent  à  la  putréfaction,  beaucoup  d'auteurs  avaient  prétendu 
que  la  digestion  dite  pancréatique  n'était  qu'une  putréfaction.  Kuhne  ajoute  au  milieu 
de  l'acide  salicylique,  il  constate  qu'il  n'y  a  plus  alors  de  putréfaction,  et  que  néanmoins 
la  digestion  s'opère  parfaitement.  Il  met  ainsi  hors  de  doute  que  l'action  du  suc  pancréa- 
tiaue  sur  les  albumines  est  due,  non  à  la  putréfaction,  comme  on  l'avait  objecté  à 
CoRvisART,  mais  à  une  fermentalion.il  indique  encore  une  technique  permettant  de  pré- 
parer un  ferment  protéolytique  extrêmement  actif  et  donne  à  ce  ferment  le  nom  qui  lui 
est  resté  de  «  trypsine  ».  Comparant  enfin  l'action  de  la  trypsine  et  celle  du  suc  gas- 
trique, KChne  découvre  que  l'action  de  la  trypsine  va  plus  loin  que  celle  du  suc  gas- 
trique; le  suc  gastrique  ne  donne  comme  derniers  termes  de  dédoublement  que  des 
peptones,  la  trypsine  donne  des  substances  cristallines  dont  la  quantité  s'accroît  d'au- 
tant plus  que  les  peptones  disparaissent  du  milieu. 

Vers  la  même  époque,  SchCtzenberger,  traitant  les  albumines  par  la  vapeur  d'eau 
surchauffée  et  l'hydrate  de  baryte,  etc.,  montre  que  par  des  agents  physiques  ou  chi- 
miques on  peut  scinder  la  molécule  albumine  en  acides  aminés,  c'est-à-dire  en  éléments 
identiques  à  ceux  que  libère  la  digestion  tryptique.  Ces  recherches  opérées  dans  des 
conditions  très  diverses  sur  un  grand  nombre  d'albumines  permettaient  de  faire  un 
parallèle  intéressant  entre  un  clivage  chimique  et  un  clivage  fermentatif.  Mais  un  de 
leurs  résultats  les  plus  pratiques  fut  de  permettre  de  préparer  aisément  en  quantités 
appréciables  des  acides  aminés  utilisables  pour  des  recherches  physiologiques. 

Ce  fut  cet  avantage  que  mirent  à  profit  Fischer  et  Abderhalden.  Au  point  de  vue 
chimique  ils  établissent  d'abord  la  possibilité  de  reconstituer  des  groupements  d'acides 
aminés,  qu'ils  appellent  polypeptides,  par  l'union  d'acides  aminés  simples.  Au  point  de 
vue  physiologique  ils  étudient  l'action  de  la  trypsine  sur  ces  composés  dont  ils  réalisent 
des  types  de  plus  en  plus  complexes,  à  tel  point  que  certains  d'entre  eux  méritent  vrai- 
ment le  nom  de  peptones.  L'étude  de  la  digestion  tryptique  faite  jusqu'alors  par  l'obser- 
vation des  produits  de  dégradation  successive  des  albumines  est  reprise  ainsi  par  Fischer 
et  Abderhalden,  pour  ainsi  dire  à  rebours,  en  abordant  les  composés  azotés  de  complexité 
croissante.  L'importance  de  leurs  travaux  est  telle  qu'on  peut  dire  qu'ils  résument 
toutes  nos  acquisitions  moilernes  dans  le  domaine  chimique  de  la  digestion  des 
albumines. 

2°  La  digestion  tryptique  étudiée  par  les  produits  de  désagrégation  de  l'albumine. 

Si  nous  plaçons  un  cube  d'ovalbumine  coagulé  dans  du  suc  pancréatique  activé  et 
chauffé  à  environ  37°,  nous  constatons  que  l'albumine  se  solubilise.  Cette  solubilisation, 
déjà  très  nette  après  4  à  5  heures,  se  poursuit  régulièrement  de  la  périphérie  au  centre. 
Les  arêtes  des  cubes  d'albumine  deviennent  translucides  et  s'émoussent,  le  noyau 
opaque  d'albumine  du  cube  diminue  progressivement  de  volume,  et  finalement  en  10  ou 
15  heures  tout  le  cube  est  solubilisé. 

L'albumine  s'est  transformée  en  albumoses,  peptones  et  acides  aminés.  Si  nous 
poussons  plus  loin  la  digestion  en  prolongeant  l'action  de  la  trypsine,  la  quantité 
d'albumoses  et  de  peptones  diminuera  progressivement,  tandis  que  la  quantité  des  acides 


INTESTIN.  405 

aminés  s'accroîtra  :  finalement  il  ne  restera  que  des  acides  aminés  et  une  faible  quan- 
tité de  peptones  qu'en  raison  de  leur  résistance  à  l'action  de  la  trypsine  on  appelle  selon 
la  désignation  de  Kuh.ne  :  antipeptones;  par  symétrie  on  appellera  encore  amphopep- 
tones  les  peptones  primitives  dont  une  partie  a  été  résolue  en  acides  amidés  et  dont 
l'autre  partie  aura  donné  les  antipeptones. 

Ces  processus  j>euvent  donc  se  schématiser  de  la  façon  suivante  : 

Albumine  coagulée 

i 
Albumoses 

I 
Amphopcptones 


Acides  aminés.      Antipeptones. 

Une  discussion  s'est  élevée  sur  la  nature  des  antipeptones  de  Kuhne. 

KïHNE,  nous  venons  de  le  dire,  désignait  du  terme  d'antipeptone  les  restes  d'albumi- 
noides  non  hydrolysablos  par  la  trypsine.  D'après  Siegfried  il  n'y  a  pas  de  restes  d'albu- 
niinoïdes  non  hydrolysables,  mais  seulement  des  parties  d'albumines  plus  résistantes 
que  d'autres  à  l'hydrolyse  tryptique.  Une  digestion  très  prolongée  finit  par  hydrolyser 
les  «  antipeptones  »  de  Kuh.ne,  auxquelles  il  ne  convient  plus  dès  lors  d'accorder  la 
signification  absolue  de  KiinNE. 

Siegfried  s'est  efforcé  d'analyser  chimiquement  les  antipeptones;  nous  verrons  tout 
à  l'heure  comment  par  l'hydrolyse  chimique  on  est  arrivé  à  trouver  la  constitution 
complexe  de  ces  antipeptones,  dont  Siegfried  a  donné  la  composition  globale. 

3°  La  digestion  tryptique  étudiée  sur  les  polijpeptides  de  synthèse. 

Cette  étude  est  entièrement  l'œuvre  de  Fischer,  Abderhalden  et  de  leurs  élèves. 

L'hypothèse  principale  qui  a  guidé  Fischer  et  Abderhalden  dans  leurs  recherches  sur 
la  digestion  tryptique  est  que  l'albumine  est  formée  de  chaînons  d'acides  aminés  résolus 
en  tronçons  de  simplicité  croissante  par  la  trypsine.  Si  donc  l'on  pouvait,  en  partant 
d'acides  aminés  simples,  réaliser  synthétiquement  des  groupements  de  complexité 
croissante  d'acides  aminés  et  essayer  au  fur  et  à  mesure  de  leur  réalisation  l'action  de 
la  trypsine  à  leur  égard,  on  pourrait  suivre  pas  à  pas  la  digestion  tryptique  en  quelque 
sorte  à  rebours,  sans  cesser  de  rester  dans  le  domaine  des  processus  nettement  définis. 
Le  premier  travail  qui  s'imposait  donc  dans  cet  ordre  de  recherches  était  de  combiner 
ensemble  les  acides  aminés  qu'on  trouve  en  plus  grande  abondance  aux  termes  de  la 
digestion.  Fischer  a  montré  que  cette  synthèse  était  relativement  facile. 

On  combine  par  exemple  aisément  une  molécule  de  glycocolle  à  une  autre  molécule 
de  glycocolle  avec  perte  d'une  molécule  d'eau  :  le  produit  de 

AzHo  CHo  COOH  +  H  AzH.  CHo.  COOH  —  H^O 
Glycocolle.  Glycocolle. 

donnera  : 

AzH2CH2  CO.  AzH  CH2  COOH 

composé  aminé  qui  dans  la  nomenclature  de  Fischer  s'appellera  la  glycilglycine. 

Le  polypeptide  ainsi  formé  n'a  pas  d'isomère  chimique,  puisque  les  molécules  ami- 
nées génératrices  sont  identiques,  mais,  si  l'on  substitue  à  une  molécule  de  glycocolle 
une  molécule  d'un  acide  aminé  différent,  l'alanine  par  exemple,  la  réaction  pourra 
engendrer  deux  isomères  de  structure. 

Le  premier  dans  lequel  l'amide  dérivera  du  résidu  ammoniacal  de  l'alanine. 


AzH^  — CH^  — CO 


OH  H 


CH 
HAzC     '  -  COOH 
^CH 

I 
CH3. 


;06  INTESTIN. 

Le  seconil  dans  lequel  l'amide  dérivera  du  résidu  ammoniacal  du  glycocolle. 

HAzH  — C112  — rOOll 


AzH-'  _  Cil  —  CO  OH  H 

I  

CHK 

Dans  l'union  de  deux  acides  aminés  différents  il  n'est  plus  sans  importance  do 
savoir  lequel  de  ces  acides  perdra  OH  ou  H,  c'est-à-dire  lequel  de  ces  acides  fonction- 
nera pour  ainsi  dire  comme  base  ou  comme  acido,  puisque  les  éléments  aminés  sont 
différents.  Dans  l'exemple  donné  plus  haut  on  appellera  alanine-glycine  la  combinaison 
où  le  glycocolle  perdra  OU.  Et  inversement  glycine-alanine  la  combinaison  où  l'alanine 
perdra  OH.  En  d'autres  termes  la  première  mention  dans  le  produit  de  synthèse  sera 
donnée  au  corps  perdant  H  et  la  seconde  à  celui  qui  perd  OH. 

D'une  façon  tout  analogue,  on  peut  encore  réaliser  l'union  de  molécules  d'acides 
aminés,  identiques  ou  différents,  plus  nombreux;  et  Fischer  a  pu  opérer  ainsi  la  sou- 
dure de  six,  sept  et  môme  plus  de  molécules  d'acides  aminés. 

Au  point  de  vue  de  la  digestion  tryplique,  ces  synthèses  d'acides  aminés  ont  des 
propriétés  bien  intéressantes.  Heaucouf)  d'acides  amini's  sont  insoluble.s  dans  l'eau  : 
en  se  combinant,  beaucoup  d'acides  aminés"  forment  des  produits  solubles.  Les  acides 
aminés  ne  présentent  pas  la  réaction  du  biuret,  mais  les  combinaisons  d'acides  aminés 
présenteront  presque  toujours  la  réaction  du  biuret,  dès  que  quatre  molécules  d'acides 
entreront  en  combinaison.  Enfin  ces  complexes  d'acides  aminés,  formés  synthétique- 
ment,  sont  attaquables  par  le  suc  pancréatique  et  réversibles  ainsi  en  leurs  éléments 
constituants  primitifs,  tandis  qu'aucun  d'eux  n'est  attaqué  par  la  pepsine. 

Fischer  a  donc  pensé  que  ces  complexes  d'acides  aminés  pourraient  bien  être  les 
stades  précurseurs  des  acides  aminés  dans  la  digestion  Iryptique.  Solubles  comme  les 
peptones,  donnant  comme  eux  la  réaction  du  biuret,  désagrégés  comme  eux  par  la 
trypsine  en  acides  aminés,  ces  complexes  forment  vraisemblablement,  d'après  cet  auteur, 
une  partie  des  substances  appelées  peptones  et  par  analogie,  en  attendant  qu'on  puisse 
établir  que  ce  soit  par  identité  de  nature,  Fischer  a  désigné  ces  amides  très  condensés 
((  polypeptides  ».  Le  peptide  est  un  di,  tri,  tétra  ou  hepta  peptide  selon  qu'il  est  formé 
de  2,  3,  4  ou  7  acides  aminés,  et,  pour  en  spécifier  la  nature,  il  suffira  de  le  désigner 
des  termes  de  ses  composants  selon  les  règles  indiquées  plus  haut. 

S'il  est  très  vraisemblable,  comme  tendent  k  le  prouver  toutes  les  expériences  de 
Fischer  et  d'ABDERHALDEN,  que  les  peptones  sont  des  polypeptides,  on  peut  se  demander 
si  les  albumoses  ne  seraient  pas  elles-mêmes  des  polypeptides  plus  complexes  encore 
que  les  peptones  et  si  la  molécule  d'albumine  n'est  pas  finalement  un  polypeptide  de 
dimensions  extrêmes.  S'il  en  est  ainsi,  la  digestion  trjptique  se  simplifie  immédiate- 
ment, et,  en  adoptant  l'hypothèse  de  Fischer  et  d'ÀBDERHALDE.x,  le  schéma  que  nous  avions 
donné  précédemment  de  la  digestion  tryptique  peut  se  transformer  en  ce  nouveau 
schéma  : 

Albumine  =  polypeptide. 

I 
Albumoses  =  polypeptide. 

i 
Peptones  =  poly  peptide. 

Acides  aminés. 

La  trypsine  est  donc  un  ferment  qui  aurait  pour  caractéristique  essentielle  de  désa- 
gréger rapidement  les  polypeptides  en  leur  conslituanls  aminés  les  plus  simples. 

Si  nous  analysons  maintenant  exactement  les  produits  de  la  digestion  tryptique  à 
mesure  que  se  fait  la  désagrégation  des  polypeptides,  il  est  deux  faits  qui  semblent 
indiquer  que  cette  désagrégation  ne  se  fait  nullement  d'une  façon  brutale  à  la  façon  de 
la  dislocation  d'un  édifice  que  l'on  jetterait  à  bas  et  d  )nt  toutes  les  pièces  faiblement 
soudées  entre  elles  se  sépareraient  au  contact  du  sol,  mais  bien  au  contraire  d'une  façon 
méthodique,  par  la  mise  en  liberté  successive  de  groupements  déterminés.  C'est  ainsi 
que,  dans  la  digestion  de  l'édestine  par  exemple,  Fischer  et  Abderhalde.x  constatent  que 


INTESTIN.  407 

de  toute  la  tyrosiiie  contenue  dans  l'albumine,  il  en  apparaît  les  proportions  suivantes 
pour  100  dans  le  milieu  tryptique  : 

l"jour.  2' jour.  3«  jour.  8"  jour. 

78,4  p.  100  97,6  p.  100  97,6  p.  100  100  p.  100 

Le  tryptophane  et  la  cystinc  sont  mis  en  liberté  avec  une  vitesse  analogue. 
Les  autres  acides  aminés  n'apparaissent  que  plus  tardivement.  Voici  par  exemple  les 
proportions  d'acide  glutamiuique  : 

l"jour.       2«  Jour.        3»  jour.        Séjour.        16' jour. 
4,3  p.  100     7,4  p.  100    10,9  p.  100    :J1,1  p.  100    60,2  p.  100 

Et  l'on  pourrait  citer  des  vitesses  comparables  pour  l'alanine,  la  leucine,  l'acide 
aniinovalérianique  et  l'acide  aspartique. 

La  dislocation  de  l'albumine  semble  donc  se  faire  aux  points  de  moindre  résistance 
au  niveau  desquels  vont  se  détacher  successivement  les  divers  acides  aminés. 

Le  second  phénomène  important  dans  cette  dislocation  de  l'albumine  est  que,  même 
dans  les  digestions  tryptiques  avancées,  elle  ne  sera  jamais  complète;  il  restera  toujours 
une  masse  appréciable  de  substances,  présentant  plus  ou  moins  la  réaction  du  biuret, 
mais  qui  ne  sont  pas  un  mélange  d'acides  aminés  simples  :  c'est  ce  résidu  de  peptones 
que  KuHNE  a  appelé  anfipeptones. 

Les  antipeptones,  malgré  leur  résistance  à  la  trypsine,  sont  des  polypeptides  :  par 
l'hydrolyse  par  80*^11-,  ils  donnent  des  acides  amine's.  Mais  ce  sont  des  polypeptides  de 
constitution  dilférente  des  polypeptides  jusqu'ici  hydrolyses  par  la  trypsine. 

En  hydrolysant  les  antipeptones  par  les  acides,  on  trouve  en  effet,  à  côté  des  acides 
aminés  déjà  obtenus  par  la  digestion  Iryptique,  de  très  grandes  quantités  de  tyrosine 
et  de  phénylalanine  que  l'on  ne  trouve  jamais  dans  la  digestion  tryptique  (Abderhalden). 

Il  y  a  donc  des  variétés  de  polypeptides  qui  subissent  difficilement  l'action  hydroly- 
sante  de  la  trypsine,  et  nous  avons  à  nous  demander  à  quelles  propriétés  ces  poly- 
peptides doivent  cette  résistance  particulière. 

Nous  devons  encore  à  Fischer  une  étude  détaillée  de  ce  problème,  qu'il  a  abordé 
par  sa  méthode  habituelle  :  à  savoir  la  reconstitution  de  polypeptides  de  synthèse  et 
l'étude  individuelle  de  la  digestion  tryptique  de  ces  divers  polypeptides. 

Les  résultats  de  ces  recherches  ont  été  tout  à  fait  remarquables. 

En  constatant  dans  la  digestion  de  l'albumine  ordinaire  la  dislocation  totale  de 
presque  tous  les  polypeptides,  on  s'attendait,  en  effet,  à  retrouver  pour  la  trypsine  une 
action  hydrolysante  sur  tous  les  polypeptides  de  synthèse. 

Il  n'en  est  rien  en  réalité. 

Une  des  premières  conditions  requises  pour  qu'un  polypeptide  soit  hydrolysable  par 
la  trypsine,  c'est  que  sa  constitution  stéréochimique  ait  une  forme  donnée.  Cette  condi- 
tion est  des  plus  intéressantes,  parce  qu'elle  rattache  l'activité  des  ferments  trypiques 
à  l'activité  de  bien  d'autres  ferments  protéolytiques  et  aussi  des  ferments  des  hydrates 
de  carbone. 

Si  nous  examinons  la  constitution  des  acides  aminés,  nous  voyons  que  tous  en  dehors 
du  glycocolle  possèdent  au  moins  un  atome  de  carbone  asymétrique.  Selon  la  théorie 
de  Le  Bel  et  V.v.n  t'hoi-f  on  peut  donc  prévoir,  et  l'expérience  le  démontre,  que  tous  ces 
acides  aminés  agissent  sur  la  lumière  polarisée,  et  par  suite  peuvent  se  présenter  sous 
deux  formes  :  une  forme  lévogyre  et  une  forme  dextrogyre.  C'est  ainsi  que,  pour  nous 
limiter  à  la  leucine  et  à  l'alanine,  nous  connaissons  une  leucine  /  et  une  leucine  d,  une 
alanine  l  et  une  alanine  d.  Supposons  que  nous  formions  avec  ces  quatre  corps  des 
racémiques,  nous  voyons  immédiatement  que  nous  pourrons  obtenir  deux  racémiques  : 
le  premier,  d  alanyl  d  leucine  +  l  alanyl  /  leucine  ;  le  second,  d  alanyl  l  leucine  +  /  ala- 
nyl  d  leucine. 

Si  maintenant  nous  faisons  agir  du  suc  pancréatique  sur  chacun  de  ces  racémiques, 
nous  constatons  que  le  second  seul  est  partiellement  hydrolyse,  en  donnant  d  alanine  et 
l  leucine  et  que  le  premier  ne  l'est  pas.  Dans  la  digestion  de  l'albumine,  c'est  d'ailleurs 
-aussi  d  alanine  et  /  leucine  que  nous  obtenons. 


408  INTESTIN. 

Or  les  deux  racéiniques  ne  diffèrent  que  par  leur  groupement  stéréochimique  :  c'est 
donc  que  ce  groupement  inllue  sur  l'attaque  possible  du  suc  pancréatique. 

Ce  fait  est  général  el  Fischer  a  pu  constater  que  l'hydrolyse  n'est  que  partielle  pour 
tous  les  racémiques  suivants  :  alanyl-glycine,  alanyl-alanine,  leucyl-isosérine,  analyl- 
glycine,  etc. 

A  côté  de  la  structure  stéréochimique,  la  structure  élémentaire  des  corps  intervient 
également.  C'est  ainsi  que  Talanyl-glycine  est  hydrolysée  tandis  que  la  giycin-alanine  ne 
l'est  pas.  Or  ces  deux  corps  ne  diffèrent  entre  eux  qu'en  ce  que  dans  le  premier  l'ana- 
nine  fonctionne  comme  base,  tandis  que  dans  le  second  ce  rôle  est  dévolu  au  glycocolle. 
L'on  remarque  même  que  certains  acides  aminés  favorisent  l'hydrolyse  d'une  façon 
générale,  quel  que  soit  l'autre  acide  aminé  auquel  ils  sont  liés,  à  la  condition  qu'ils 
jouent  le  rôle  d'acide  ou  de  base. 

C'est  ainsi  que  l'alanine  favorise  l'hydrolyse  lorsqu'elle  perd  OH  dans  la  formation  du 
peptide,  qu'au  contraire  la  lyrosine  et  l'isoséino  favorisent  l'hydrolyse  quand  elles  perdent 
H  dans  leurs  combinaisons. 

Enfin,  la  complexité  du  peptide  joue  un  rôle  des  plus  nets.  C'est  ainsi  que  dans  les 
chaînons  glyciniques,  on  n'observe  aucune  hydrolyse  dans  la  glycilglycine,  la  diglycil- 
glycine  et  la  triglycilglycine  tandis  que  l'hydrolyse  commence  avec  la  télraglycilglycine. 
De  même  la  leucinglycine  n'est  pas  attaquée  tandis  que  l'hydrolyse  se  produit  pour  la 
ieucinglycilglycine. 

La  résistance  de  certains  peptides  au  cours  d'une  digestion  d'albumine  par  la  tryp- 
sine,  loin  de  paraître  un  fait  anormal,  s'explique  donc  par  ces  diverses  considérations  de 
la  façon  la  plus  simple,  et  l'on  peut  dire  au  contraire  que,  si  quelque  chose  paraît  éton- 
nant dans  la  digestion  tryplique  d'une  albumine,  c'est  que  la  trypsine,  impuissante  à 
ouvrir  tant  de  chaînons  synlhétiquement  formés,  soit  au  contraire  apte  à  scinder  la  plu- 
part des  chaînons  préexistant  dans  l'albumine  naturelle. 

La  trypsine  apparaît  donc  comme  une  clef  susceptible  d'ouvrir  un  grand  nombre  de 
serrures,  mais  à  condition  qu'elles  aient  un  type  déterminé. 
Tel  est  en  général  le  mécanisme  de  l'hydrolyse  tryptique. 

4°  Résultats  de  la  digestion  tryptique. 

Pour  ne  pas  compliquer  l'exposé  précédent,  nous  ne  sommes  entrés  dans  aucun  des 
détails  concernant  les  produits  de  l'hydrolyse  tryptique,  nous  les  avons  seulement  cités 
à  mesure  que  leur  mention  devenait  nécessaire  pour  l'intelligence  des  processus  tryp- 
tiques. 

Il  nous  importe  cependant  de  préciser  la  nature  de  ces  produits  de  la  digestion.  C'est 
en  effet  à  partir  de  ces  produits  élémentaires,  qu'après  la  digestion  tryptique  recom- 
mence dans  l'organisme  un  processus  de  synthèse  inverse  du  précédent  et  qui  recon- 
struit la  molécule  albumine. 

Nous  devons  donc  connaître  au  moins  approximativement  les  principaux  éléments 
en  lesquels  s'est  désagrégée  la  molécule  albuminoïde  dans  l'intestin. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  les  produits  ultimes  de  la  digestion  étaient  des  anti- 
peptones  et  des  acides  aminés. 

Nous  avons  vu  encore  que  les  antipeptones  étaient  des  polypeptides  hydrolysables 
par  SO^H-  en  acides  aminés  alanine,  leucine,  proline  et  phénylalanine. 

11  nous  reste  donc  à  passer  en  revue  les  principaux  acides  aminés  de  la  digestion 
tryptique. 

On  sait  qu'on  appelle  acides  aminés  des  corps  formés  par  la  combinaison  d'un  acide  et  de 
l'ammoniaque.  Cette  combi^iaison  se  fait  avec  perte  d'un  atome  d'H  emprunté  à  l'un  des 
groupements  CH^  ou  CH-  de  l'acide  et  perte  d'un  second  atome  c/'H  emprunté  à  l'ammoniaque. 

On  distingue  les  acides  aminés  en  monoaminés  dans  lesquels  n'entre  qu'une  molécule 
d'Az  H^  et  diaminés  dans  lesquels  on  trouve  deux  molécules  d'AzH-^ 

En  dehors  du  premier  acide  monoaminé,  le  glycocolle,  tous  les  autres  acides  aminés 
possèdent  au  moins  un  carbone  asymétrique  et  sont  optiquement  actifs,  d'où  l'activité 
optique  de  la  molécule  albumine  tout  entière. 

Les  acides  aminés  que  l'on  trouve  aux  termes  de  la  digestion  tryptique  peuvent  se- 


INTESTIN.  409 

grouper  en  trois  classes  :  des  acides  de  la  série  grasse,  des  acides  do  la  série  aroma- 
tique, et  des  acides  de  série  hélérocyclique. 

l"  Acides  aminés  de  la  série  (jrasse. 

CL  Acides  monoaminomonocarbonique.  —  GbjcocoUc.  Le  glycocoile  répond  à  la  consti- 
tution suivante  :  GIF  COOH  (acide  acétique)  +  AzH'  —  2H=  CH^  AzIP  COOH.  Un  des 
caractères  intéressants  de  cette  substance,  c'est  sa  combinaison  possible  avec  l'acide 
benzoïque  pour  donner  l'acide  hippurique. 

Alanine.  —  C'est  un  acide  a  aminopropionique  CH'CH^  COOH  (acide  propionique 
+  kiW—2^  =  CIP  en  AzH2  COOH  +.  (L'astérisque qui  marque  le  C  signifie  que  ce  C  est 
asymétrique).  L'alanine  des  albumines  est  dextrogyre. 

Acide  aminobutyrique.  —  Dérivé  de  l'acide  butyrique,  homologue  immédiatement 
supérieur  de  l'acide  propionique.  On  n'en  trouve  que  des  traces  dans  la  digestion 
Iryptique;  pour  certains  auteurs,  sa  présence  est  même  douteuse. 

Acide  aminovalcrianiqiie.  —  L'acide  aminovalérianique,  qu'on  trouve  dans  la  diges- 
tion des  albumines,  ne  provient  pas  d'un  acide  valéiianique  linéaire,  mais  d'un  acide 
isovalérianique. 

î^ga^CH.  CH  AzH2C00H 
OH3/ 

Il  est  dextrogyre. 

La  leucine  est  un  acide  amino-isocaproïque. 

çJJj^CH.  CHo  CH  AzH2C00H. 

On  reconnaît  aisément  la  leucine  dans  la  digestion  tryptique  à  l'aspect  caractéris- 
tique de  ses  cristaux  agglomérés  en  petites  boules  blanchâtres. 

b)  Acides  monoaminoxymonocarboniques.  —  Le  seul  représentant  contenu  dans  la 
digestion  des  albumines  de  cette  série  d'acides  aminés  est  la  serine,  qui  est  un  acide 
aminopropionique  où  un  H  du  groupement  CH^  est  remplacé  par  un  OH;  il  répond 
donc  à  la  formule  CH2OH  CHAzH^COOH.  En  comparant  la  formule  de  la  serine  à  celle  de 
l'alanine,  on  voit  que  cette  formule  n'en  diffère  que  par  la  substitution  d'un  OH  à  un  H. 
La  serine  est  intéressante  par  ses  relations  avec  la  cystine  urinaire,  qui  répond  à  la 
formule  de  la  serine,  où  le  groupement  OH  serait  remplacé  par  S  ;  soit  (CH2  S  CHAzH^ 
C00H)2,  et  par  ses  relations  avec  la  taurine  CH2  AzH2  CH2  SO2OH. 

c)  Acides  monoaminodicarboniques.  —  Ces  acides  dérivent  d'acides  bibasiques,  con- 
trairement aux  acides  précédents,  dérivant  d'acides  monobasiques. 

L'acide  aspartique  COOH  CH2  CH  AzH^  COOH  dérive  de  l'acide  succinique  COOH  CH^  CH^ 
COOH.  C'est  donc  un  acide  monamino-succinique. 

Acide  tjlutamiqiie.  —  COOHCH2  CH2  CHAz  H^  COOH  n'est  que  le  dérivé  de  l'homo- 
logue supérieur  de  l'acide  succinique, 

d)  Acides  diamino-monocarboniques. —  La  lyiine  est  un  acide  1-5  diamino-caproïque 
CH^  — AzH.  — CH2  — CH2  — CH2  — GHAZH2  COOH.  Cette  substance  est  intéressante  par 
ses  rapports  avec  la  cadavérine  (pentaméthylène  diamine)  CH2AZH2  (CHz)^  CHAzH"2,  qui 
prend  naissance  dans  la  putréfaction  de  la  lysine. 

L'acide  diamino-acé tique  ^^^-^CHCOGH  est  intéressant   par   ses  rapports  possibles 

avec   l'aliantoïne,  qu'on   pourrait   considérer  comme   un  anhydride  diamino-acétique 
combiné  à  deux  molécules  d'acide  cyanique. 


AzH  —  COAzH 

> 

AzH  —  COAzH 


>CHCO 


L'ornithine,  acide  1-4  diamino-valérianique  CHUzH^  —  CH^—  CH^  —  ClIAzH-  —  COOH, 
n'a  pas  été  trouvé  dans  les  produits  de  dédoublement  in  vitro  de  l'albumine,  mais  il 


410  INTESTIN. 

nous  inléresse  à  un  double  titre.  Cet  acide  aminé  se  retrouve  en  abondance  dans  l'urine 
des  oiseaux,  combiné  à  lacide  benzoïque  :  le  benzoate  d'ornitbine  est,  chez  les  oiseaux, 
l'équivalent  du  benzoate  de  glycocolle  chez  les  mammifères.  D'autre  part,  on  trouve 
dans  les  produits  de  dédoublement  in  vitro  de  l'albumine  un  coips  assez  abondant,  Var- 
ginine,  qui  semble  être  un  composé  de  l'ornithine  et  de  la  cyanamide  CAz  AzH^;  sa  syn- 
thèse, du  moins,  a  pu  être  réalisée  ainsi;  de  sorte  que  l'arginine  répondrait  à  la  for- 
mule GH^AzH^CHo  CHaCHAzH^  CAz  AzH^  COOH. 

L'arginine,  découverte  par  E.  Scbultz  et  Steiger,  a  la  propriété  de  s'hydrolyser  en 
donnant  de  l'urée  et  de  l'ornithine,  soit  par  l'action  de  l'hydrate  de  baryum  à  l'ébullition 
(ScHULTz),  soit  par  l'action  d'une  enzyme  intestinale,  découverte  par  Kossel  et  Dakin, 
l'arginase. 

Varqinine  acquiert,  de  ce  fait,  une  importance  considérable,  puisqu'elle  est  actuelle- 
ment le  seul  produit  de  dédoublement  de  l'albumine  dont  nous  puissions  suivre  in  vitro 
la  transformation  en  urée. 

L'ornithine,  enfin,  sous  l'action  de  la  putréfaction,  donne  de  la  putrescine  =  tétra- 
méthylènediamine  (Ellinger)  CH^AzH^  —  CH'-  — CH^  CH'AzH^  +  CO^ 

2°  Acides  aminés  de  la  série  aromatique. 

Phénylalanine.  —  CoHs  —  CH-  Cil  AzH-COOH  n'est  pas  un  produit  direct  de  la  diges- 
tion tryptique,  mais  un  des  corps  constituant  les  antipeplones. 

La  tyrosinc  est  un  acide  oxypliénylaminopropionique  CuH'OHi —  CH2  CHAzH- COOH. 
Nous  avons  vu  que  la  tyrosine  apparaît  très  vite  dans  les  digestions  trypliques.  La  tyro- 
sine  additionnée  d'azotate  de  mercure  dans  l'acide  nitreux  se  colore  en  rose,  puis  en 
rouge  brique.  Cette  réaction,  dite  de  Millon,  peut  être  obtenue  déjà  directement  avec 
les  albumines,  et  l'on  pense  que  la  réaction  de  Millon  avec  les  albumines  est  liée  au 
groupement  tyrosine  inclus  dans  la  molécule  albumine. 

La  tyrosine  mise  en  liberté  est  oxydée  par  un  ferment  trouvé  par  Bertrand  dans  cer- 
tains champignons  :  la  tyrosinase.  Sous  cette  inlluence,  la  tyrosine  se  colore  en  brun 
noirâtre. 

3°  Série  hétérocy clique. 

a  Pyroline,  ou  acide  a  pyrolidincarbonique,  ne  se  trouve  qu'en  petites  quantités  dans 
les  digestions  tryptiques,  mais  forme  la  majeure  partie  des  antipeptones. 

CH2  CH2 

I         I 
Cn2    CH  — COOOH 

\/ 

NAz 

Tryptophane.  —  La  constitution  chimique  de  ce  corps  n'est  pas  encore  certaine,  on 
admet,  avec  Ellinger,  qu'il  répondrait  à  la  constitution  suivante,  et  serait  ainsi  un 
acide  indolamino-propionique. 

CCH  AzHo  CH2  COOH 
C,H4^^CH 
NH 

Le  tryptophane  est  intéressant  par  ses  relations  chimiques  avec  l'indol,  le  scatol, 
l'acide  scatol  carbonique  et  l'acide  scatolacétique,  substances  qui  sont  obtenues  par 
l'action  des  bactéries  de  la  putréfaction  sur  le  tryptophane  (Hopkins  et  Cole)  (Voy.  Indol). 

Le  scatol,  ou  méthylindol,  répond  à  la  constitution  : 

CH 
CcHi<^      ^CH 
AzH 
.CCHz 

CeHi        ^CH 
^AzH 


INTESTIN.  ill 

I.e  tryplophane  présente  une  icaction  inléressanle. 

Acidifié  par  l'acide  acéliijuo,  le  Iryptophane  donne,  avec  l'eau  chlorée  ou  bromée, 
une  coloration  violette. 

3»  (ilycosamines.  —  Lorsque  l'on  traite  certaines  albumines,  notamment  les  mucines, 
mais  aussi  rovalbumine,  la  serine  albumine,  etc.,  par  des  acides  et  la  chaleur,  on  obtient 
(FiiEDEnir.ii  Miller,  \\\\\)  une  substance  ayant  les  réactions  des  hydrates  de  carbone, 
et  notamment  une  action  réductrice  sur  la  liqueur  de  FicHLiNr,,  et  la  propriété  de 
former  des  osazone.'^  idenlicjues  aux  glucosazones.  Ces  substances  ne  sont  pas  des 
hy.irates  de  carbone,  mais  des  glycosamines  (F.  MOllêr),  répondant  sans  doute  à  la 
formule  : 

CH2  OU    à  opposer  à  la  formule  du  ulucose  CH-OH 
CH  OH  -  -  -       CH  OH 

CH  OH  —  —  —       CH  OH 

CH  OH  —  -  -       CH  OH 

CH  AzHo  —  —  —       CH  OH 

CH  0  —  -  —       CH  0. 

Bien  ijuc  les  glycosamines  puissent  ainsi  être  obtenues  en  très  grande  abondance 
par  l'hydrolyse  chimique  de  certains  albuminoïdes  jusqu'à  37  p.  100,  il  est  à  'noter  que 
la  digestion  tryptique  est  absolument  incapable  de  les  mettre  en  liberté.  (Neubero  et 

MlLCHNER.) 

5°  Action  de  la  trypsine  sur  les  albumines  diverses. 

1°  Résistance  des  albumines  naturelles  à  Vlujdrolyse  tryptique.  —  L'action  de  la  tryp- 
sine sur  les  albuminoïdes  peut  être  prévue,  en  général,  d'après  la  constitution  des  albu- 
minoïdes  mis  en  présence  de  la  trypsine.  Les  albuminoïdes  seront  désagrégés  dans  la 
mesure  où  ils  seront  constitués  par  des  acides  aminés. 

C'est  ainsi  que  l'ovalbnmine,  la  myosine,  la  fibrine,  l'édestine,  qui  sont  presque  tota- 
lement composées  d'acides  aminés,  seront  à  peu  près  complètement  hydrolysées  par  la 
trypsine. 

Les  nucléo-protéides,  au  contraire,  ne  seront  que  partiellement  hydrolysées,  l'acide 
nucléinique  résistant  à  la  digestion  de  la  trypsine. 

Mais,  si  la  trypsine  est  susceptible  de  désagréger  la  plupart  des  albumines,  il  est  une 
condition  très  générale  qui  facilite  énormément  cette  hydrolyse  :  c'est  une  modifi- 
cation physique  préalable  des  albumines  naturelles.  De  toutes  les  expériences  qui  ont 
été  faites  sur  la  digestion  tryptique,  résulte  cette  loi  :  qu'une  albumine  naturelle  est  peu 
ou  pas  attaquée  par  la  trypsine,  tandis  que  cette  même  albumine  coaqulée  par  la  chaleur, 
acidifiée,  puis  neutralisée,  précipitée  par  la  dialyse,  ou  soumise  préalablement  à  l'action  du 
suc  gastrique,  est,  au  contraire,  activement  digérée. 

Cette  constatation  a  été  faite  pour  la  première  fois  par  Claude  Bernard.  «  Lorsque, 
dit-il  dans  ses  Leçons  de  Physiologie  expérimentale,  II,  333,  on  met  en  contact  du  suc 
pancréatique  avec  de  la  viande  crue,  celle-ci  se  ramollit  considérablement,  mais  bientôt 
la  putréfaction  s'en  empare.  Il  en  est  de  même  pour  l'albumine  et  la  caséine  crue,  qui 
bientôt  se  décomposent  et  se  pourrissent  quand  on  les  met  en  contact  avec  le  suc  pan- 
créatique. Mais,  si  cette  action  est  essayée  sur  les  mêmes  matières  après  qu'elles  ont  été 
cuites  ou  digérées  par  le  suc  gastrique,  le  résultat  est  tout  différent,  et  il  y  a  dissolution 
rapide.  » 

De  même,  on  a  constaté  que  la  chondrine  et  l'élastine  ne  sont  pas  attaquées  par  la 
trypsine  ;  l'attaque  devient,  au  contraire,  très  énergique,  si  ces  substances  ont  été  trans- 
formées, par  ébullition,  en  gélatine,  etc. 

Ultérieurement,  Fermi  a  consacré  encore  des  travaux  importants  aux  conditions 
d'attaque  des  albumines  par  la  trypsine,  et  il  a  montré  que  les  albumines  du  sérum 
sanguin  échappaient  à  son  hydrolyse. 

On  conçoit  toute  l'importance  de  ces  faits  qui  mettent  en  lumière  le  rôle  préparant 
du  suc  gastrique  dans  les  digestions  des  albumines  chez  les  animaux  qui  ingèrent  la 
viande  crue,  et  la  nécessité  de  donner  des  albumines  cuites  aux  animaux  agastres  ou 
<iux  individus  apeptiques. 


412  INTESTIN. 

2»  Hydrolyse  des  diverses  albumines.  —  Les  diverses  albumines  n'ont  pas  la  même 
constilulion  chimique.  Voici,  d'après  Fischer  et  Abderhalden,  les  produits  d'hydrolyse 
par  les  agents  chimiques  des  diverses  albumines. 

Gélatine.  Caséine.          Scrum  alb.         Sérum  glob. 

Glycocolle 16,5  »  »  3,5 

Alanine 0,8  0,9  2,7  2,2 

Acide  aminovalérianique.    .       1,0  1,0  »  » 

Pyroline 5,2  3,1  1,0  2,8 

Leucine 2,1  10,5  20,0  18,7 

Phénylalanine 0,4  3,2  3,1  3,8  ' 

Acide  glutainiquo 0,88  11,0  7,7  8,5 

—      asparliiiue 0,56  1,2  3,1  2,5 

Cystinc 0,0  0,06  2,3  0,7 

Serine 0,4  0,23  0,6 

Tyrosine »  4,5  2,1  2,5 

Tryptophane »  »  »  » 

Lysine 2,75  5,8  »  » 

Arginine 7,65  4,8  »  » 

Histidinc 0,40  2,6 

Il  serait  intéressant  de  pouvoir  faire  un  paralbMe  entre  les  produits  de  l'hydrolyse 
chimique  et  ceux  de  l'hydrolyse  fermenlaire.  Malheureusement,  les  documents  nous 
manquent.  Il  semble,  en  tous  cas,  que  le  parallélisme  soit  loin  d'«Hre  rigoureux,  et  nous 
savons,  notamment,  que  la  gélatine  qui,  à  l'hydrolyse  chimique,  donne  beaucoup  de 
glycocolle  et  de  leucine,  n'en  donne  que  très  peu  à  l'hydrolyse  Iryptique  (Kl'ii.ne  et 
Ewald). 

6°  Conditions  d'action  de  la  trypsine. 

a  Réaction  du  milieu.  —  La  trypsine  a  son  maximum  d'activité  en  milieu  alcalin 
(1,2  p.  1  000  de  CO^Na-,  d'après  Vernon).  Voici,  d'après  Ver.non,  l'activation  de  la  trypsine 
par  les  alcalis  (expériences  faites  avec  de  l'extrait  de  pancréas). 

,,.,.         ,  Heures  nécessaires  pour  différer 

Milieu  ou  ag.t  100  .le  poptoncs. 

lo  ferment.  -    n,  '„ ___ 

20  p.  100.       30  p.  100.        40  p.  100. 

Eau.  1,7  0,5  14,6 

0,05  p.  100  C03Na2  1,4  3,4  10,1 

0,1  1.0  2,4  8,3 

0,2  0,7  1.9  5,6 

0,4  0,5  1,6  3,8 

0,8  »  0.8  1,7 

1,2  »  0,4  1,4 

2,0  »  0,5  1,7 

Dès  que  le  milieu  présente  soit  une  acidité,  soit  une  alcalinité  notable,  par  exemple 
1  p.  100  en  HCI,  ou  1  p.  100  en  NaOH,  la  trypsine  est  rapidement  détruite. 

(j)  Rôle  des  électrolytes.  —  Une  des  principales  raisons  qui  font  que  les  résultats  que 
nous  possédons  sur  le  rôle  des  électrolytes  sont  très  contradictoires  en  apparence,  c'est 
que  le  rôle  des  électrolytes  est  différent  sur  du  suc  déjà  actif  et  sur  du  suc  inactif.  Sur 
du  suc  déjà  actif,  le  rôle  des  électrolytes  est  indécis,  exactement  comme  pour  la  pep- 
sine active  en  milieu  chlorhydrique.  Les  électrolytes  activent  tous,  en  général,  jusqu'à 
une  certaine  concentration,  et,  au  delà  de  cette  concentration,  retardent.  Sur  du  suc 
inactif,  certains  électrolytes  peuvent  éveiller  une  activité  absolument  latente,  et  d'autres 
électrolytes  peuvent,  en  s'opposant  à  l'action  des  premiers,  enchaîner  celte  activité  qui 
tendrait  à  se  manifester  sous  l'influence  des  premiers. 

Une  première  distinction  entre  les  expériences  s'impose  donc,  et  il  faut  mettre  à  part 
celles  qui  ont  été  faites  sur  du  suc  actif.  Les  résultats  des  deux  genres  d'expériences  ne 
sont  ni  à  rapprocher,  ni  à  opposer  :  ce  sont  deux  genres  d'expériences  complètement 
différents. 

Une  distinction  analogue  très  importante,  quoique  non  fondamentale,  s'impose  entre 
les  expériences  faites  sur  du  suc  dialyse,  et  sur  du  suc  non  dialyse.  La  dialyse  sensibi- 


INTESTIN.  M3 

lise  des  phénomènes  que  la  présence  des  sels  contenus  dans  le  suc  pancréatique  normal 
émousse.  I/antagonisme  d'action  des  divers  sels,  bien  connu  depuis  les  expériences  de 
Lœb  et  d'OvERTON  dans  les  phénomènes  des  activités  cellulaires,  est  id(!nti(iue  dans  les 
phénomènes  de  l'activité  tryptique. 

Enlin  il  convient  de  distinguer  les  effets  des  sels  selon  les  concentrations  employées, 
et  l'adjonction  de  colloïdes. 

L'accord  n'étant  pas,  actuellement,  complet  sur  le  terrain  des  faits  eux-mêmes,  il 
serait  prématuré  de  proposer  une  description  générale  du  rôle  des  électrolytes  ;  et  le 
plus  qu'on  puisse  faire  est  de  grouper  les  expériences  similaires  réalisées  dans  les  mêmes 
conditions.  Ce  serait  certainement  rendre  le  problème  confus,  que  de  vouloir  concilier 
des  résultats  très  différents  dans  des  conditions  différentes. 

1°  Rôle  des  électrolytes  sur  du  suc  déjà  actif.  —  Ce  rôle  a  été  étudié  surtout  par 
PoDOLiNSKi,  Fermi  et  Pernossi.  Ils  constatent  que  la  plupart  des  sels  neutres  activent  la 
digestion  tryptique. 

2°  Rôle  des  électrolytes  sur  du  suc  inactif.  Rôle  des  sels  de  métaux  bivalents.  —  a)  Expé- 
riences de  Larguier  des  Bangels. 

Les  cubes  d'albumines  sont  préalablement  plongés  dans  des  substances  tinctoriales, 
les  solutions  de  sels  employés  sont  saturées.  Ces  expériences  montrent  l'activation  d'un 
suc  absolument  inactif  au  moyen  de  substances  non  retirées  de  l'organisme,  par  consé- 
quent sans  diastases. 

Ayant  déjà  exposé  ces  expériences,  nous  ne  rappellerons  que  les  conclusions  que 
nous  aurons  à  rapprocher  des  expériences  faites  dans  des  conditions  différentes. 

1"  Les  sels  de  métaux  bivalents  activent;  les  sels  de  métaux  monovalents  n'activent  pas; 

2»  Les  sels  de  métaux  bivalents  activent  sensiblement  de  la  même  façon  aux  mômes 
doses  ; 

3°  Les  sels  de  métaux  bivalents  ne  se  montrent  activants  que  par  rapport  à  des  cubes 
d'albumine  préalablement  colorés  par  du  rouge  de  Magdala,  bleu  de  toluidine,  etc.,  et 
n'activent  pas  par  rapport  à  des  acides  d'albumines  simplement  coagulées. 

b)  Expériences  de  Delezexne.  —  Les  cubes  d'albumine  sont  employés  directement. 
Delezenxe  constate  : 

i°  Qu'on  peut  activer  par  des  sels; 

2''  Contrairement  à  Larguier,  il  conclut  que  les  sels  de  calcium  activent  nettement 
plus  que  les  autres  sels  de  métaux  bivalents  ; 

3°  Que  la  coloration  des  cubes  n'est  nullement  indispensable  pour  que  l'activation 
par  les  sels  se  produise. 

c)  Les  expériences  de  Delezenne,  en  ce  qui  concerne  l'activation  par  les  sels  de  cal- 
cium, sont  confirmées  par  Zuntz  dans  une  étude  très  détaillée  :  cet  auteur  insiste  sur  ce 
fait,  comme  l'avait  d'ailleurs  noté  expressément  Delezen.ne,  que,  pour  bien  étudier 
l'activation  de  la  trypsine  par  les  sels,  il  faut  opérer  sur  du  suc  dialyse. 

3°  Rôle  des  sels  de  métaux  monovalents.  —  Delezenne  a  montré  que  les  sels  de  K,  en 
particulier,  sont  nettement  empêchants. 

A  deux  centimètres  cubes  de  suc  pancréatique  dialyse  (voir  plus  haut  la  raison  de  cette 
dialyse),  l'auteur  ajoute  0S'",001  de  CaCl'^,  c'est-à-dire  la  quantité  juste  suffisante  de  Ca 
pour  activer,  et  constate  que,  dans  ces  conditions,  le  mélange  digère  activement.  A  des 
mômes  quantités  de  suc  pancréatique  dialyse,  il  a  ajouté  respectivement  des  quantités 
égales  à  0,005,  0,004,  0,003,  etc.,  jusqu'à  0,001,  de  KCI,  puis  des  cubes  d'albumine.  Une 
heure  après,  il  ajoute  0,001  de  CaCl-.  Il  constate  qu'il  n'y  a  pas  de  digestion  après  douze 
heures  dans  les  tubes  contenant  de  0,005  à  0,001  de  KCI,  que  la  digestion  commence 
pour  0,001  KCI,  et  ne  devient  complète  qu'à  partir  de  0,0003  KCI. 

Il  y  a  donc  une  action  empêchante  très  nette  par  de  petites  doses  de  KCI.  Cette  action 
empêchante  n'est,  d'ailleurs,  pas  absolue,  et  là  où  il  n'y  a  pas  eu  la  digestion  habituelle 
avec  CaCI-  en  douze  heures,  il  peut  y  avoir  digestion  malgré  KCI  en  vingt-quatre  ou 
trente-six  heures.  L'ordre  dans  lequel  on  doit  accomplir  les  divers  temps  de  cette  expé- 
rience pour  obtenir  ces  résultats  est  très  important,  et  doit  rester  celui  qui  a  été  indiqué 
dans  ces  expériences. 

4°  Sels  de  métaux  lourds.  —  La  plupart  des  sels  de  métaux  lourds  arrêtent  la  diges- 
tion tryptique  (Chittende.n  et  Cummi.ns). 


414  INTESTIN. 

y)  Action  de  la  chaleur.  —  La  chaleur  a  sur  la  digeslion  tryplique  une  influence  com- 
plexe; elle  liàie  la  digestion,  tout  en  provoquant  la  destruction  du  ferment  (Vernon). 
Pour  des  températures  au-dessous  de  45»,  l'action  accélératrice  prédomine  nettement  sur 
l'action  destructive;  pour  des  températures  au  delà  de  45",  l'inverse  se  produit.  Comme 
la  desti'uclion  du  ferment  est  fonction  du  temps,  cette  destruction  sera  d'autant  plus 
notable  que  la  digestion  sera  plus  prolongée,  ce  qui  revient,  en  fait,  à  dire  que  l'on 
poussera  moins  loin  une  digeslion  faite  au  delà  de  45°  qu'une  digestion  au-dessous  de 
45»,  quoique,  au  début,  les  digestions  aillent  plus  vite  à  une  température  supérieure 
à  45°  qu'à  une  température  inférieure  à  45°,  comme  en  témoignent  les  graphiques  obtenus 
par  Vernon. 

La  trypsine  desséchée  résiste  à  160°  (Salkowski).  On  ne  sait  pas  à  quelle  température 
se  détruit  la  trypsine  non  activée.  La  trypsine  activée  se  détruit  rapidement  et  sponta- 
nément vers  une  température  de  3o°. 

8)  Ferments.  —  La  pepsine,  en  milieu  acide,  détruit  rapidement  la  trypsine  (Mav, 
Langley).  D'après  Isgovesco,  cette  destruction  ne  serait  due  ni  à  l'action  de  l'acide,  ni 
à  l'action  digestive  de  la  pepsine  en  milieu  acide.  En  effet,  la  pepsine  dialysée  garde  le 
pouvoir  d'abolir  l'action  de  la  trypsine.  Pour  Isgovesco,  la  pepsine  mélangée  à  la  tryp- 
sine formerait  un  comple.xe  irréversible  même  par  l'alcalinisation  ultérieure  du  milieu, 
complexe  oîi  la  trypsine  perdrait  toutes  ses  propriétés. 

i)  Microbes.  —  L'action  destructive  des  microbes  sur  la  trypsine  est  démontrée  par  ce  fait 
que  du  suc  pancréatique  non  aseptique  perd  rapidement  ses  propriétés  tryptiques,  mais 
les  perd  moins  rapidement  après  addition  de  toluène  et  de  chloroforme.  On  pense  que 
l'action  du  froid  sur  la  conservation  de  la  trypsine  s'explique  également  par  un  ralentis- 
sement de  la  puUulation  des  germes  sous  l'influence  du  refroidissement. 

Il  est  probable,  d'après  ce  que  nous  savons  de  l'action  si  variée  des  microbes  sur  les 
albumines,  que  les  divers  microbes  doivent  altérer  très  diversement  la  trypsine.  Nous 
ne  connaissons  rien  sur  ce  fait,  qui  doit  être  cependant  très  important  pour  la  digestion 
intestinale,  étant  donné  l'abondance  de  la  flore  bactérienne  de  l'intestin. 

Ç)  Albumines.  —  Nous  avons  signalé  plus  haut  que,  si  la  plupart  des  albumines  subis- 
saient l'action  de  la  trypsine,  beaucoup  d'entre  elles  n'étaient  cependant  activement 
digérées  que  si  elles  étaient  coagulées  ou  modifiées  d'une  façon  quelconque.  Fermi 
a  signalé  que  non  seulement  les  albumines  liquides  résistent  à  l'action  tryptique,  mais 
encore  qu'elles  garantissent  contre  l'action  de  la  trypsine  une  albumine  coagulée. 

Ce  fait,  établi  par  Fermi  eu  1894,  et  par  Gley  en  1807,  pour  le  sérum,  a  été  retrouvé 
en  1903,  par  Delezenne  pour  l'ovalbumine,  et  par  de  Klug  pour  la  mucine  naturelle, 
en  1907.  Il  paraît  très  général  pour  toutes  les  albumines  naturelles. 

En  ce  qui  concerne  l'action  empêchante  de  l'ovalbumine,  Gojipel  et  Henri  ont 
montré  que  l'ovalbumine  liquide,  tout  en  empêchant  la  digestion  d'un  cube  de  blanc  d'œuf 
cuit,  subissait  elle-même  une  digestion  appréciable.  D'où  il  résulterait  que  le  ferment 
formerait  avec  l'albumine  liiiuide  un  complexe  où  le  ferment]serait  immobilisé,  et  que, 
la  digestion  de  l'albumine  liquide  étant  toujours  notablement  plus  lente  que  celle  de 
l'albumine  cuite,  celle-ci  se  trouve  ainsi  longtemps  protégée  contre  l'action  de  la 
trypsine. 

Au  point  de  vue  absolu,  l'action  empêchante  du  sérum  paraît  à  poids  égaux  plus 
énergique  et  plus  durable  que  celle  de  l'ovalbumine. 

Ces  actions  empêchantes  sont  connues  sous  le  nom  d'actions  antitryptiques.  Ce 
terme  consacré  par  l'usage  évoque  l'idée  d'une  action  fermentaire  s'exerçant  dans  le 
sens  inverse  d'un  autre  ferment.  Henri,  qui  a  donné  de  l'action  empêchante  de  l'ovalbu- 
mine l'explication  que  nous  venons  de  citer,  estime  que  dans  l'espèce  il  y  aurait  avan- 
tage à  remplacer  par  le  terme  de  substance  empêchante  le  terme  d'anti trypsine, 
employé  tout  d'abord  par  les  auteurs  dans  le  sens  de  «  ferment  d'activité  opposé  ». 

D'une  façon  générale,  les  albumines  liquides  perdent  rapidement  leur  action 
empêchante  par  un  chauffage  à  56°.  En  ce  qui  concerne  le  sérum  on  a  pensé  que  l'ac- 
tion empêchante  était  dévolue  à  l'albumine  et  non  à  la  globuhne.  Il  est  à  remarquer 
que  pour  préparer  la  globuline  on  précipite  la  globuline  par  dilution.  Cette  manipula- 
tion est  largement  suffisante  pour  modifier  l'état  physique  de  la  globuline  et  expliquer 
la  perte  de  ses  capacités  empêchantes. 


INTESTIN.  41{^ 

En  somme  les  albumines  liquides  doivent  leurs  propriétés  empêchantes  à  des  qua- 
lités physiques  qui  sont  très  facilement  altérées  et,  d'une  manière  universelle,  par  toute 
une  série  de  manipulations  des  plus  simples. 

On  compare  aujourd'hui  l'action  antitryptique  des  albumines  naturelles  à  des  phé- 
nomènes d'adsorption.  Dans  cet  ordre  d'idées  le  noir  animal  est  un  antitryptique  remar- 
quable. Il  immobilise  le  ferment,  et,  après  un  certain  temps  de  contact  entre  le  noir 
animal  et  le  ferment,  on  ne  peut  plus  remettre  en  liberté  le  ferment  (Hkdon). 

T))  Antiseptiques.  —  L'action  des  antiseptiques  a  été  bien  étudiée  par  Vernon.  D'après 
cet  auteur  les  antiseptiques  exerceraient  une  action  destructive  sur  la  trypsine.  Mais 
cette  action  est  lente.  Elle  est  pour  cette  raison  d'autant  plus  marquée  que  la  digestion 
dure  plus  longtemps.  Elle  est  d'autre  part  très  inégale  pour  les  divers  antiseptiques. 

Le  tableau  suivant  est  tout  à  fait  explicite  à  ces  divers  points  de  vue. 

Antisoptiquos.  Heures  nécessaires  pour  digérer  x  p.  100  do  peptonos. 

20  p.  100.  30  p.  100.  40  p.  100.  50  p.  100. 

Toluol 1,0                       3,5                         9,2  17,5 

Chloroforme   ....     1,0                       3.0                       11,5  26,0 

1  p.  100  de  Na  FI.   .     1,0                       4,0                       26  42,0 

6)  Conservation  de  la  trypsine.  —  Le  suc  pancréatique  de  fistule  inactif  recueilli  asep- 
tiquement  garde  plusieurs  mois  sa  propriété  d^  digérer  activement  l'albumine  :  il  suffit 
au  moment  voulu  d'y  ajouter  de  la  kinase  (Bayliss  et  Starling). 

Ce  même  suc  activé  par  la  kinase  (l'ensemble  du  mélange,  suc  pancréatique  et  kinase, 
étant  préparé  stérilement)  perd  rapidement  son  activité  même  à  la  température  du 
laboratoire  (Vernox,  Dastre  et  Stassano,  Bayliss  et  Starling). 

Voici,  d'après  Vernon,  la  vitesse  de  l'auto-destruclion  de  la  trypsine.  Les  expériences 
sont  faites  sur  de  l'extrait  pancréatique  alcalinisé  à  0,4  p.  JOO  de  carbonate  de  soude  et 
à  38°. 

Durée  de  séjour 

du  ferment  à  38°.  Activité  tryptique. 

heures. 

»  135 

1  53,1 

2  3/4  30,3 
9  1/4  17,3 

24  9,8 

L'auteur  ne  dit  pas  s'il  a  ajouté  du  toluol  à  l'extrait  afin  d'éviter  la  destruction  du 
ferment  par  putréfaction,  mais  il  n'en  ressort  pas  moins  qu'en  une  heure  60  p.  100  du 
fermenta  disparu;  or  en  une  heure  la  putréfaction  ne  saurait  être  déjà  sensiblement 
engagée. 

Le  suc  pancréatique  activé  qui  perd  rapidement  son  activité  tryptique  garde  son 
activité  beaucoup  plus  longtemps  lorsqu'il  est  additionné  d'albumines  et  de  peptones 
(Wohlgemuth).  Il  semble  que  le  suc  pancréatique  activé  en  l'absence  de  molécules  à 
attaquer  tourne  son  activité  contre  lui-même.  II  en  résulte  ce  fait  qu'un  suc  pancréa- 
tique activé  et  additionné  de  peptones  paraît  manifester  une  action  tryptique  plus  forte 
que  le  suc  pur,  fait  qu'il  ne  faudrait  pas  prendre  pour  une  activation  de  la  trypsine  par 
les  peptones,  mais  seulement  comme  le  résultat  d'une  action  protectrice  de  la  peptone 
(Bayliss  et  Starling).  Les  acides  aminés  (Wohlgemuth)  et  la  bile  protègent  également 
la  trypsine  activée  contre  une  auto-destruction. 

7'^  Procédés  pour  mesurer  l'activité  tryptique. 

Une  digestion  d'albumine  susceptible  de  s'opérer  en  milieu  neutre  ou  alcalin  peut 
être  considérée  a  priori  comme  de  nature  tryptique.  La  mesure  quantitative  de  l'acti- 
vité tryptique  est  encore  actuellement.une  opération  très  délicate. 

i"  Précautions  générales  à  observer  : 

Que  les  procédés  utilisés  pour  mesurer  l'activité  tryptique  soient  longs  (12  heures) 


410  INTESTIN. 

ou  rapides  (1/2  heure),  il  convient  toujours  de  se  défier  de  rintervention  des  microbes 
qui  peuvent  détruire  le  ferment  (cas  des  digestions  prolongées  où  les  microbes  super- 
posent leur  action  à  celle  de  la  trypsine  :  cas  du  procédé  à  la  gélatine  pratiqué  avec  une 
trypsine  très  riche  en  microbes  comme  le  contenu  intestinal). 

Selon  les  cas  on  peut  employer  comme  antiseptiques  le  chloroforme  et  le  toluène  et 
mieux  encore  ces  deux  antiseptiques  à  la  fois  :  le  chloroforme,  grâce  à  sa  densité,  va  au 
fond  des  tubes  d'essai  :  le  toluène,  très  léger,  surnage,  et  la  digestion  se  fait  ainsi  entre 
deux  antiseptiques.  Le  fluorure  de  sodium  à  2  p.  1000  est  encore  un  très  bon  antisep- 
tique. On  se  rappellera  que  le  fluorure  de  sodium  du  commerce  est  très  acide. 

11  va  sans  dire,  que  si  on  le  peut,  il  vaut  mieux  opérer  asepliquement. 

La  qualité  de  la  réaction  du  milieu  est  à  préciser  exactement;  il  semble  que  la  diges- 
tion oplima  se  réalise  avec  une  alcalinité  de  1  1/2  p.  1000  évaluée  en  CO^Na-  (Ver.non, 
Schieubeck).  Il  faut  savoir  pourtant  que  la  réaction  optima  n"est  pas  exactement  connue, 
et  que  pour  des  déterminations  précises  il  sera  bon  de  faire  au  préalable  des  digestions 
en  série  avec  des  alcalinités  diverses  pour  fixer  laquelle  de  ces  alcalinités  convient  le 
mieux. 

2°  Procédés  divers  : 

Tube  de  Mette.  —  Méthode  employée  par  Pawlow  pour  la  trypsine;  cette  méthode 
donne  des  résultats  analogues  à  ceux  qu'elle  donne  avec  la  pepsine.  La  longueur  de  la 
colonne  d'albumine  solubilisée  est  à  peu  près  proportionnelle  à  la  racine  carrée  de  la 
concentration  de  la  trypsine.  (Loi  de  Schltz-Borrissow.) 

Cette  méthode  n'est  utilisable  que  pour  des  milieux  tryptiques  fluides  et  homogènes; 
une  trop  grande  visrosité  gêne  les  échanges  de  substance  dans  la  lumière  étroite  du 
tube  de  Mette,  l'inhomogénéité  du  Mijuide  tryptique  peut  perturber  complètement  ces 
échanges,  dont  la  régularité  est  indispensable  pour  l'obtention  des  résultats  exacts. 
Enfin  cette  méthode  n'est  pratique  que  pour  des  solutions  concentrées  de  trypsine,  car 
déjà,  avec  du  suc  pancréatique  pur,  on  ne  peut  faire  de  mesures  certaines  avant  une 
durée  d'action  de  6  heures  enviion. 

Procédés  des  cubes  d'albumine.  —  Des  cubes  d'albumine  coagulés,  réguliers  et  de 
dimensions  égales  sont  immergés  dans  les  divers  milieux  tryptiques  à  essayer.  Après 
un  temps  déterminé  on  apprécie  directement  à  la  vue  le  degré  de  digestion  des  cubes 
d'albumine.  C'est  un  procédé  simple,  souvent  employé  pour  comparer  divers  pro- 
duits tryptiques  entre  eux  :  on  peut  établir  le  de.L'ré  de  la  digestion  des  cubes  après 
la  digestion  en  pesant  les  cubes,  mais  sans  que  les  résultats  gagnent  sensiblement 
en  précision.  On  peut  fixer  objectivement  les  résultats  obtenus  par  la  photographie, 
comme  l'ont  proposé  Gley  et  Camus.  La  loi  de  Schutz-Borrissow  s'applique  encore  à 
ces  digestions.  Comme  pour  la  méthode  de  Mette,  ce  procédé  n'est  pratique  que  pour 
une  trypsine  assez  concentrée,  pour  du  suc  pancréatique  qui  ne  soit  pas  dilué  de  plus 
de  1  à  10  par  exemple. 

Procédé  de  la  conductivité  électrique.  —  Inauguré  par  Oker  Bluu,  1902,  V.  Henri  et 
Larguier  des  Bancels,  ce  procédé  a  été  surtout  étudié  par  Bayliss,  1907. 

La  méthode  est  fondée  sur  ce  fait  qu'une  albumine  telle  que  la  gélatine,  par 
exemple,  augmente  de  conductivité  sous  l'influence  de  l'hydrolyse  tryptique.  Pour 
observer  des  variations  aussi  grandes  que  possible  de  conductivité,  il  faut  partir  natu- 
rellement d'un  mélange  gélatine-trypsine  aussi  peu  chargé  d'électrolytes  que  possible  : 
il  est  bon  d'employer  de  la  gélatine  dialysée.  Pour  que  les  variations  de  conductivité 
soient  rapides,  il  faut  employer  un  ferment  concentré.  Bayliss  ajoute  o  ce.  d'une  solution 
de  pancréatine  à  2  p.  100  à  40  ce.  de  gélatine  à  5  p.  100. 

Ce  procédé  est  commode  parce  qu'une  mesure  de  conductivité  se  prend  aisément  et 
qu'on  peut  mener  de  front  plusieurs  digestions.  11  faut  se  rappeler  que  la  température 
augmente  la  conductivité  de  10  p.  100  par  degré  centigrade;  donc  on  opérera  avec  un 
thermostat  parfaitement  réglé.  Cette  méthode  est  rapide;  dans  les  conditions  précitées, 
Bayliss  constate  que  la  résistance  passe  de  333  ohms  à  290,4  ohms  en  20  minutes. 
Bayliss  pense  que  l'augmentation  de  conductivité  est  tout  d'abord  due  à  la  mise  en 
liberté  des  sels  absorbés  par  la  gélatine  et  ultérieurement  à  l'apparition  de  certains  acides 
aminés  comme  les  acides  aspartiques,  glutamiques,  et  la  lysine.  Ultérieurement  la  résis- 
tance décroît  beaucoup  plus  lentement.  (Voir  au  paragraphe  suivant  les  résultats.) 


INTESTIN.  117 

Procédêpour  l'élude  de  la  vincosUé.  —  La  gélatine  au  contact  de  la  trypsine  perd  rapidi;- 
ment  son  pouvoir  de  se  gélifier  à  froid  (Ferui)  :  c'est  une  réaction  commode  pour  recon- 
naître la  présence  d'un  ferment  tryptique  dans  un  milieu.  Cette  modification  de  la  géla- 
tine s'accompagne  d'une  diminution  progressive  de  la  viscosité  qui  peut  servir  de 
mesure  pour  la  rapidité  de  la  digestion.  Étudiée  également  par  Bayliss,  la  viscosité  d'un 
mélange  gélatine-trypsine  décroit  d'abord  rapidement,  puis  letitement.  Les  changements 
de  viscosité  marchent  au  début  beaucoup  plus  vite  que  les  changements  de  conducti- 
vité,  mais  ils  ne  tardent  pas  à  devenir  insignifiants,  alors  que  les  changements  de  con- 
ductivité  restent,  encore  notables  :  le  tableau  suivant  emprunté  au  travail  de  Bayliss  fait 
bien  saisir  celte  différence. 


Durée 

Viscosité 

en  minutes. 

en  secondes. 

Conductivité, 

„ 

183  (?) 

333 

4 

» 

325,5 

8 

160 

» 

12 

» 

308,2 

16 

137 

» 

20 

» 

298,4 

30 

165 

286,1 

45 

105 

273,1 

342 

77 

)95,0 

rui 

76 

184.9 

711 

74 

180,1 

Cette  méthode  est  rapide  comme  celle  de  la  résistance  électrique  :  elle  a  sur  la  pré- 
cédente l'avantage  de  permettre  de  mesurer  des  dilutions  de  ferments  beaucoup  plus 
petites. 

C'est  incontestablement  la  plus  sensible  de  toutes  les  méthodes,  car  elle  permet  de 
doser  nettement  la  trypsine  à  des  dilutions  correspondant  à  du  suc  pancréatique  dilué 
mille  fois  et  même  plus. 

En  pratique,  on  utilisera  la  méthode  de  la  façon  suivante.  Opérer  dans  un  thermostat 
à  40"  environ  exactement  réglé  au  dixième  du  degré  :  la  viscosité  variant  de  10  p.  100 
par  degré.  Préparer  une  provision  de  gélatine  à  4  p.  100  ou  5  p,  100,  filtrée  d'abord,  ensuite 
neutralisée  au  tournesol,  etalcalinisée  avec  du  carbonate  de  soude  *.  2"  Mélanger  20  ce.  de 
cette  gélatine  à  1  ce.  d'eau  et  mesurer  la  viscosité  du  mélange.  Cette  viscosité  servira  de 
repère.  3°  Mélanger  20  ce,  de  gélatine  avec  1  ce.  de  la  solution  tryptique  chauffée 
quelques  minutes  au  voisinage  de  100"  de  manière  à  détruire  la  trypsine;  s'assurer  que 
la  viscosité  de  ce  nouveau  mélange  est  identique  à  1  p.  100  près  à  la  viscosité  du 
mélange  gélatine  et  eau.  Il  en  est  généralement  ainsi,  d'abord  parce  que  la  viscosité 
du  liquide  tryptique  pur  est  très  faible  comparée  à  celle  de  la  gélatine,  et  ensuite  parce 
que  l'expérience  démontrant  que  le  liquide  tryptique  pur  étant  presque  toujours  (surtout 
s'il  s'agit  de  suc  pancréatique  ou  de  liquide  intestinal)  beaucoup  trop  actif  pour  com- 
mencer directement  les  expériences  avec  ce  liquide,  il  faut  commencer  par  diluer  ce 
liquide  :  on  se  rapproche  ainsi  forcément  très  vite  de  la  viscosité  de  l'eau.  Dans  ces 
conditions  on  pourra  considérer  tous  les  mélanges  de  gélatine  et  de  liquide  tryptique 
progressivement  dilués  comme  identiques  à  la  viscosité  du  mélange  gélatine  et  eau.  — 
4°  Ceci  étant  acquis,  on  met  dans  le  viscosimètre  20  ce.  de  gélatine,  on  laisse  l'équi- 
libre de  la  température  se  réaliser;  on  ajoute  1  ce.  du  liquide  tryptique  et  on  note  le 
temps;  on  fait  une  mesure  de  viscosité  au  bout  de  20  minutes.  Pour  que  cette  mesure 
ait  une  valeur,  il  faut  que  la  diminution  de  viscosité  éprouvée  par  le  mélange  ne  dépasse 
pas  le  cinquième  de  la  viscosité  initiale;  que  de  100",  par  exemple,  elle  ne  tombe 
pas  au-dessus  de  80".  Soit,  par  exemple  un  pareil  résultat  obtenu  par  un  mélange  20  ce. 
gélatine  +  1  ce.  de  suc  pancréatique  dilué  au  centième,  il  sera  facile,  si  l'on  opère  sur  un 
milieu  tryptique  inconnu,  d'ariiver  rapidement  par  des  dilutions  successives  à  atteindre 
une  dilution  de  ferment  qui  donne  à  peu  près  cette  diminution  de  viscosité  dans  le 
même  temps,  puis  cà  intra  ou  extrapoler  avec  peu  d'erreur. 

1.  Eu  pratique,  il  convient  d'alcaliniser  à  la  réaction  optinia  pour   l'activité  de  la  trypsine. 
Cette  réaction  sera  recherchée  empiriquement. 

niCT.    DE    PHYSIOLOGIE     —    TOME    IX.  27 


.418  INTESTIN. 

Cette  méthode  exige  naturellement  que  le  milieu  tryptique  ne  contienne  pas  de  corps 
étrangers  qui  pourraient  embarrasser  le  capillaire  du  viscosimèlre. 

Le  point  délicat  dans  cette  méthode  est  de  connaître  la  viscosité  initiale  du  mélange 
gélatine-trypsine.  Cette  viscosité  initiale  ne  peut  être  calculée  directement,  parce  que 
déjà  pendant  le  temps  nécessaire  à  la  mesure  initiale  la  viscosité  varie  du  fait  que  la 
digestion  commence  immédiatement;  d'autre  jiart,  et  pour  la  même  raison,  il  n'y  a  pas 
de  seconde  mi'sure  de  contrôle  possible  pour  la  détermination  de  la  viscosité  initiale. 

C'est  pour  cette  raison  que,  supposant  (jue  le  mélange  :  trypsine  chauflée  +  gélatine  a 
la  môme  viscosité  que  trypsine  gélatine,  nous  avons  pris  arbitrairement  comme  viscosité 
initiale  celle  de  :  trypsine  chauffée  +  gélatine.  Il  va  sans  dire  que  cette  viscosité  initiale 
doit  être  calculée  à  nouveau  pour  chaque  série  d'expériences  :  la  qualité  de  la  gélatine, 
la  nature  de  l'eau  ajoutée  et  la  quantité  de  carbonate  de  soude  sont  autant  de  facteurs 
qui  influent  considérablement  sur  la  viscosité  de  hi  gélatine. 

Cette  méthode  est  donc  d'une  application  très  délicate.  Quoique  précise,  rapide,  elle 
ne  saurait  être  appliquée  qu'exceplioimcllement  et  par  des  expérimentateurs  rompus 
avec  les  méthodes  de  recherches  physiques. 

Procédé  de  la  réaction  du  hiiirct.  —  La  digestion  tryptique  transforme  les  albumines 
en  substances  abiurétiques.  Lue  solution  de  peptone  soumise  à  rinlluence  de  la  trypsine 
présentera  donc  une  réaction  biurétique  progressivement  décroissante,  et  on  peut 
supposer  qu'il  existe  des  rapports  entre  la  concentration  du  ferment,  la  durée  de  la 
digestion  et  l'intensité  de  la  réartion  biurétique.  Le  procédé  de  mesure  de  la  trypsine 
de  Vernon  est  basé  sur  ces  considérations.  L'exposé  qui  va  suivre  sera  le  résumé  des 
travaux  de  cet  auteur.  La  méthode  consiste  à  comparer  l'intensité  de  la  réaction  biuré- 
tique d'une  solution  de  peptone  partiellement  digérée  avec  l'intensité  de  la  réaction 
biurétique  d'une  même  solution  de  peptone  non  digérée.  Celte  comparaison  se  fait  avec 
un  colorimètre  ordinaire.  Dans  les  deux  tubes  du  coloriraètre  on  met  des  quantités 
convenables  de  lessive  de  soude  et  de  sulfate  de  cuivre;  dans  l'un  on  ajoute  un  volume 
déterminé  de  la  solution  de  peptone  non  digérée.  Dans  l'autre  tube  on  ajoute  de  la 
solution  de  peptone  digérée  jusqu'à  ce  que  la  réaction  biurétique  soit  égale  à  celle  du 
premier  tube.  Supposons  que  dans  le  second  tube  on  ait  dû  ajouter  deux  fois  autant 
de  la  solution  de  peptone  digérée  que  dans  le  premier,  nous  saurons  que  la  solution  de 
peptone  digérée  contenait  deux  fois  moins  de  substances  biurétiques  que  la  première, 
autrement  dit  que  50  p.  100  de  la  peptone  additionnée  de  trypsine  aura  été  transformée 
en  produits  abiurétiques.  Avec  un  peu  d'habitude  on  saisit  au  colorimètre  des  différences 
de  teinte  de  1  p.  100,  et  par  conséquent  on  obtient  une  approximation  du  même  ordre 
de  grandeur. 

Eu  pratique,  Vernon  opère  de  la  façon  suivante.  Dans  chaque  tube  il  verse  18  ce. 
de  soude  à  4  p.  100  et  2  Ci\  d'une  solution  1/100  M  de  sulfate  de  cuivre.  Dans  le  tube 
étalon  il  ajoute  0,40  ce.  d'une  solution  à  2,5  p.  100  de  peptone  de  \Vn te,  La  peptone 
soumise  à  la  digestion  tryptique  est  additionnée  d'une  quantité  constante  de  carbonate 
de  soude  et  portée  à  une  dilution  de  2,5  p.  100. 

Il  faut  savoir  que  le  développement  de  la  réaction  du  biuret  n'est  pas  immédiat. 
L'intensité  de  la  réaction  est  de  93  p.  100  du  maximum  après  une  minute,  elle  n'atteint 
le  maximum  qu'en  8  minutes. 

Les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 


Quantités  do 
ferments. 

Heures  nécessaires  pour 

digérer  x  p.  100  de 

la  peptone. 

20  p.  100. 

30  p.  100. 

40  p.  100. 

50  p.  100. 

8 

0,7 

1,9 

4,2 

7,4 

4 

1,4 

3,4 

7,4 

13,4 

2 

2,8 

6,8 

13,8 

27,0 

1 

6,6 

15,7 

33 

» 

0,5 

13,8 

33 

» 

» 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  la  loi  d'activité  de  la  trypsine  calculée 
d'après  ces  résultats  est  toute  différente  de  celle  qui  résulte  de  l'étude  des  tubes  de 
Mette. 


INTESTIN.  419 

Méthode  de  Sôronsen.  —  Soronsen  a  indiqué  une  méthode  (jui  pei"rnet  de  doser  la 
quantité  d'acides  aminés  libérés  au  cours  de  la  digestion  des  molécules  protéiques 
{Enzytnstudien-Biochemisclie  Zcitt^chrift,  vu,  1907,  45-101). 

1.  Principes  de  la  méthode.  —  Les  molécules  albuminoïdes  sont  formées  de  peptides 
soudés  les  uns  aux  autres;  les  peptides  eux-mêmes  sont  composés  d'acides  aminés.  Par 
hydrolyse,  les  acides  aminés,  reliés  les  uns  aux  autres  sous  forme  d'anhydrides, sont  mis 
en  liberté.  Si  donc  l'onpeut  mesurer  la  quantité  dégroupements  carbonyles  misen  liberté, 
on  aura  de  ce  t'ait  une  mesure  de  l'hydrolyse.  Mais,  tandis  qu'avec  les  acides  on  peut 
doser  les  groupements  COOH  par  leur  neutralisation  en  présence  d'un  indicateur,  on  ne 
peut  faire  de  même  avec  les  amino-acides.  Ceux-ci  ont  en  effet  une  fonction  acide  et 
une  fonction  basique,  toutes  deux  faibles,  et  leurs  solutions  sont  neutres  (par  neutra- 
lisation intra-moléculaire). 

Mais,  depuis  les  travaux  de  H.  Schiff  (1899-1902),  on  sait  qu'en  ajoutant  de  l'aldéhyde 
formique  à  une  solution  neutre  d'un  acide  aminé,  le  caractère  acide  de  ce  composé  se 
manifeste  immédiatement,  la  fonction  NH'  étant  immédiatement  immobilisée  par  for- 
mation d'un  composé  méthylé. 

Un  acide  aminé  peut  dès  lors  être  dosé  par  une  base  en  présence  de  phénolphta- 
léine  comme  indicateur,  tout  comme  un  acide  minéral. 

Considérons,  par  exemple,  l'alanine  :  la  réaction  est  la  suivante  : 

I  ■  I 

CH-NH2  +  HC0H  +  K0H         =^         CH  -  N  =  CH2  +  H^O  +  RSQ 

I  I 

COOH  COOK 


Notons  immédiatement  que  cette  réaction  est  une  réaction  réciproque,  qui  aboutit 
à  un  état  d'équilibre  dépendant  des  quantités  de  toutes  les  substances  en  présence.  Il 
faut  donc  tenir  compte  de  la  concentration  en  hydroxylions  au  moment  où  se  produit 
le  virage  de  l'indicateur. 

Il  est  facile  de  comprendre  qu'une  diminution  delà  quantité  d'eau,  ou  une  augmen- 
tation de  la  quantité  de  formol,  peut  déplacer  l'équilibre  de  gauche  à  droite  ;  le  même 
effet  sera  obtenu  si  l'on  ajoute  de  la  potasse. 

Or  on  sait,  comme  l'ont  montré  les  recherches  de  Salm  et  de  Friedenthal,  que  les 

différents  indicateurs  virent  pour  des  concentrations  en  hydroxylions  —  ou  en  hydro- 

yemons  —  très  variables.  Mais  il  est  possible,  par  le  choix  d'un  indicateur  approprié, 

d'avoir  un  virage  qui  se  fasse  pour  une  concentration  donnée  en  ions  H.  La  titration  de 

l'alanine  par  exemple,  en    présence  de  phénolphtaléine  devra  être  faite  par  exemple 

N 
avec  la   solution  —  de  baryte  jusqu'à  virage  rouge  foncé  très  net,  la  concentration  en 

ions  H  étant  alors  n  x  10''"  à  n  X  lO-^-^ 

SoRONSEN  a  employé  comme  indicateur  la  thymolphtaléine,qui  vire  pour  une  concen- 
tration en  ions  H  inférieure  à  celle  du  virage  de  la  phénolphtaléine. 

Le  titrage  avec  la  thymolphtaléine  se  fait  comme  avec  la  phénolphtaléine.  Si  l'on  dose 
des  prises  de  20  ce.  on  fait  une  solution  de  contrôle  avec  20  ce.  d'eau,  et  une  certaine 
quantité  d'un   mélange  de   formol,  alcool  et  thymolphtaléine.  On  ajoute  peu  à  peu  de 

la  baryte  -  jusqu'à couleurbleue opalescente  (concentrations  en  ions  H  n  x  lO»-*). Deux 

gouttes  de  plus  donnent  une  coloration  bleue  nette,  deux  gouttes  encore  donnent  une 
coloration  bleue  forte  (concenti'ation  en  ions  II  =  n   x  10-^  '').  La  solution  à  doser  est 

titrée  jusqu'à  apparition  de  cette  couleur.  S'il  a  fallu  employer  10",2  de  ba»-yte  -    et 

n 
pour  la  solution  témoin  0'^S3,  la  quantité  de  baryte  —  nécessaire  à  la  neutralisation  du 

dérivé  méthylé  de  l'amino-acide  sera  par  suite  de  9", 9. 

Pratiquement,  le  mélange  forraol-phénolphtaléine,  ou  formol-alcool-thymolphtaléine 
employé,  doit  être  neutralisé  avant  l'emploi,  pour  éviter  l'emploi  d'une  grande  quantité 


.4">0  INTESTIN. 

de  baryte  ou  de  soude  titrée  dans  le  dosage  sur  la  solution  témoin.  Le  formol  du  com- 
merce ost  en  effet  toujours  acide.  Ces  deux  indicateurs  donnent  des  résultats  aussi 
bons  que  n'importe  quelle  méthode  titrimétrique. 

N 
Les  dosages  sont  faits  sur  des  prises  de  20,  10  ou  5  c.  c,  avec  une  solution    -  de  baryte 

ou  de  soude;  il  y  a  en  effet  à  discuter  (voir  Sorknsen)  les  influences  perturbatrices  du 
volume  du  liquide  à  titrer,  de  la  concentration  eu  formol  —  on  en  prendra  toujours  un 
excès  —  du  litre  de  la  solution  alcaline  employée  au  dosage,  etc. 

11  faut  employer  la  soude  quand  il  y  a  beaucoup  de  phénylalanine  dans  les  produits 
de  dédoublement. 

La  méthode  ne  donno  que  des  résultats  peu  sûrs  avec  la  proline  et  la  tyrosine,  pour 
des  raisons  qu'on  trouvera  exposées  dans  le  mémoire  original.  De  même  pour  la  guani- 
dine,  l'arginine,  et  les  acides  diaminés. 

Mode  opératoire  :  i°  Méthode  à  la  phénolphtaléine. 

a,  Solution  de  0  gr.  !>  de  phénolphtaléine  dans  50  centimètres  cubes  alcool  +  50  cen- 
tiuiètres  cubes  eau. 

b.  Mélange    formolé    :   50  "centimètres  cubes  formol  à  40  p.  100  +  1   centimètre 

-N 
cube  du  mélange  de  phénolphtaléine  +  Ba  (OH)  -^  jusqu'à  couleur  rose  pourneutraliser 

le  formol. 

La  solution  de  contrôle  est  une  prise  de  20  centimètres  cubes  d'eau  distillée  bouillie, 

à  laquelle  on  ajoute  10  centimètres  cubes  du  mélange  formolé  et  5  centimètres  cubes  de 

N 
baryte.  On  fait  ensuite  la  titralion  c  en  retour  »  avec  HCl  — . 

Pour  faire  cette  opération,  on  ajoute  peu  à  peu  HCl  jusqu'à  ce  que  la  solution 
prenne  un  ton  rose  faible;  on  ajoute  alors  1  goutte  de  baryte  et  la  solution  de  contrôle 
prend  alors  une  teinte  rouge  nettp. 

Une  prise  de  20  centimètres  cubes  de  la  liqueur  à  titrer,  +  10  centimètres  cubes  du 
mélange  formolé,  est  alors  titrée  jusqu'à  coloration  rouge  nette. 

La  titration  avec  la  thymolphtalcine  se  fait  d'une  façon  analogue.  On  a  facilement  des 
dosages  donnant  95  à  99  p.  100  de  la  quantité  calculée. 

Cette  méthode  a  permis  à  Henrioues  et  Hanse.n  de  suivre  la  digestion  de  mélanges 
de  polypeptides.  Elle  permet  également  de  suivre  la  digestion  tryptique  des  albuminoïdes 
naturels,  et  aus^^i  de  doser  l'acide  urique  comme  un  acide  monobasique. 

D'autre  part  comme,  au  cours  de  l'hydrolyse,  à  chaque  groupement  carbonyle  mis  en 
liberté  correspond  un  groupement  aminé,  on  peut  exprimer  les  chiffres  trouvés  en  mil- 
ligrammes d'azote,  ce  qui  est  très  pratique.  En  multipliant  le  nombre  de  centimètres 

N 
cubes  de  baryte  —  employés  'par  2,8,  on  a  la  quantité  d'azote  aminé  mis  en  liberté  en 

milligrammes. 

5°  Lipase. 

1"  Historique.  —  La  lipase  du  suc  pancréatique  a  été  découverte  en  1834  par  Eberlk, 
qui  constata  que  ce  suc  éniulsionne  les  graisses. 

Mais  le  mérite  d'avoir  mis  en  valeur  l'importance  et  le  mode  d'action  de  ce  ferment 
revient  à  Claude  Bernard. 

En  constatant  que  chez  le  lapin  qui  a  reçu  un  repas  de  lait,  les  chyiifères  ne  devien- 
nent blancs  qu'au-dessus  du  segment  intestinal  où  le  canal  pancréatique  se  déverse  dans 
l'intestin,  Claude  Bernard  établit  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  l'absorption  des 
graisses.  D'autre  part,  il  montre  que  le  suc  pancréatique  émulsionne  et  saponifie  les 
graisses  in  vitro.  Il  constate  en  effet  que  de  l'huile  agitée  avec  du  suc  pancréatique  ne 
tarde  pas  à  former  des  émulsions  stables*  et  qu'un  mélange  d'huile  et  de  suc  pancréa- 
tique primitivement  neutre  ou  alcalin  devient  acide  ;  qu'un  mélange  de  beurre  et  de 
suc  pancréatique  répand  bientôt  l'odeur  caractéristique  de  l'acide  butyrique.  A  la 
demande  de  Claude  Bernard,  Berthelot  montre  que  le  suc  pancréatique  dédouble  les 
graisses  en  acides  gras  et  glycérine. 


INTESTIN.  4-21 

Ces  expériences  furent  ultérieurement  contirniLîes  et  controuvées  par  une  série  d'au- 
teurs. Ces  variations  d'opinion  sur  le  lerment  des  graisses  du  pancréas  n'offrent  plus 
grand  intérêt  aujourd'hui.  Elles  s'expliquent  parfaitement  par  ce  fait  que  les  prépara- 
tions pancréatiques  dans  lesquelles  les  divers  auteurs  recherchaient  le  ferment  des 
graisses  avaient  subi  des  manipulations  très  différentes,  dont  beaucoup  ne  pouvaient  que 
détruire  la  lipase. 

Une  objection  plus  grave  qui  fut  faite  à  l'existence  du  ferment  lipasique  était  ({ue 
son  action  était  peut-être  due  à  des  germes  contenus  dans  le  milieu  digestif.  Gtieen 
leva  cette  objection,  comme  Kuhne  la  leva  en  ce  qui  concerne  la  trypsine,  en  mon- 
trant que  les  extraits  cyanures  de  pancréas  digèrent  les  graisses  comme  les  extraits 
ordinaires. 

Enfin,  au  point  de  vue  historique,  une  des  aciiuisitions  les  plus  importantes  dans  la 
question  do  la  lipase  est  l'activation  considérable  de  ce  ferment  par  la  bile.  Le  fait  a  été 
mis  en  évidence  par  Dastre,  qui,  en  abouchant  le  cholédoque  au-dessous  du  canal  de 
WinsuNG  chez  le  chien,  fait  celte  constatation  inverse  et  complémenlaire  de  celle  de 
Claude  Bernard  :  à  savoir  que  les  chylifères  ne  deviennent  blancs  ([u'au-dessousdu  point 
oîi  l'intestin  reçoit  la  bile. 

2°  Action  de  la  lipase.  Émulsion  et  saponification.  —  La  lipase  pancréatique  est 
immédiatement  active  dans  le  suc  pancréatique  pur  de  fistule,  conformément  à  ce  que 
nous  avons  vu  pour  l'amylase,  et  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  la  trypsine. 

L'action  du  suc  pancréatique  est  double  :  elle  éniulsionne  et  saponifie  les  graisses. 

L'action  émulsionnante  de  la  lipase  est  elle-même  une  action  complexe.  Le  suc 
pancréatique  est  très  alcalin  et  contient  vraisemblablement  une  forte  proportion  de 
carbonate  de  soude.  Or  nous  savons  que  des  graisses  neutres,  même  à  froid,  s'émul- 
sionnent,  très  partiellement  il  est  vrai,  au  contact  de  solutions  faibles  d'alcalins;  cette 
émulsion  est  due  à  la  saponification  très  légère  que  subit  la  graisse  neutre  au  contact 
des  alcalins  (opinion  classique);  d'autre  part  les  savons  alcalins  ont,  comme  on  sait,  la 
propriété  de  stabiliser  les  émulsions  de  graisses  neutres  et,  par  conséquent,  déjà  les 
sels  alcalins  du  suc  pancréatique  sont  susceptibles  d'émulsionner  les  graisses  neutres. 

Il  est  absolument  certain  que  le  suc  pancréatique  ne  doit  pas  uniquement  à  ses  sels 
alcalins  sa  propriété  d'émulsionner  les  graisses.  Les  sels  alcalins,  dans  la  proportion  oîi 
ils  sont  contenus  dans  le  suc  pancréatique,  ne  sauraient  provoquer  qu'une  émulsion 
faible  et  lente  ;  mais  un  second  élément  intervient  pour  amplifier  ce  processus;  cet  élé- 
ment, c'est  la  lipase  elle-même. 

Lorsqu'on  met  au  contact  de  l'huile  neutre  et  du  suc  pancréatique,  on  constate  que 
le  milieu  devient  acide  malgré  la  présence  des  sels  alcalins  du  suc  pancréatique.  Il  s'est 
donc  développé  une  acidité  supérieure  à  celle  qui  suffit  à  neutraliser  les  sels.  Il  a  été 
démontré  déjà  par  Berthelot  que  cette  acidité  était  due  aux  acides  gras,  et  on  peut, 
par  des  procédés  que  nous  indiquerons,  constater  très  aisément  ce  phénomène.  II 
s'ensuit  que  des  acides  gras  se  développent  au  cours  de  la  digestion  lipasique  et  qu'il  se 
forme  de  nouvelles  quantités  de  savons  alcalins  jouissant,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit,  du  pouvoir  d'émulsionner  les  graisses. 

L'action  émulsionnante  du  suc  pancréatique  est  donc  en  définitive,  surtout  et  avant 
tout,  une  conséquence  de  son  action  saponifiante  (opinion  classique). 

L'action  saponifiante  de  la  lipase  peut  être  mise  en  évidence  par  la  simple  constata- 
tion de  l'acidification  progressive  du  milieu  digestif. 

Préparons  une  huile  neutre  de  la  façon  suivante  :  de  l'huile  de  coton  est  additionnée 
d'une  solution  de  carbonate  de  soude,  puis  d'éther.  Le  mélange  est  fortement  agité,  puis 
laissé  quelques  instants  au  repos.  L'éther  dissoudra  les  graisses  neutres;  les  acides 
gras  de  l'huile  formeront  avec  l'alcali  des  savons  qui  se  dissoudront  dans  l'eau.  L'éther 
décanté  ne  contiendra  que  de  la  graisse  neutre  (IIammarsten).  Si  nous  additionnons 
cette  graisse  neutre  de  suc  pancréatique,  nous  ferons,  en  raison  de  l'alcalinité  du  suc 
pancréatique,  un  mélange  alcalin.  Portons  alors  le  tout  à  l'étuve,  et  nous  constaterons 
que  le  mélange  alcalin  devient  progressivement  plus  acide. 

Nous  pourrons  séparer  ces  acides  des  graisses  neutres  par  les  procédés  que  nous 
venons  déjà  d'indiquer;  mais  nous  pourrons  très  simplement  encore  doser  la  quantité 
d'acides  forn)és,  défalcation  faite  de  la  très  petite  quantité  d'acides  gras  engagés  dans 


452  INTESTIN. 

la  formation  des  savons,  par  la  soude  et  la  phénolphlnléine.  (Voir  plus  loin  le 
dosage.)  Nous  constatons  ainsi  la  formation  progressive  d'acides  gras. 

La  saponification  d'une  fçraisse  par  la  lipase  n'est  donc  pas  une  saponification  vraie, 
en  ce  sens  que  la  lipase  ne  fmme  pas  des  savons. 

La  lipase  dédouble  simplement  les  graisses  en  acides  gras  et  en  glycérine.  Les  deux 
constituants  de  la  graisse  restent  en  liberté  dans  le  milieu,  et,  s'il  y  a  un  peu  de  savon 
formé,  c'est  le  résultat  non  de  l'action  du  ferment,  mais  de  la  présence  dans  le  milieu 
de  quelques  sels  d'alcalis. 

3°  Action  réversible  de  la  lipase.  —  La  saponification  par  la  lipase  est  un  processus 
réversible  dans  certaines  conditions,  c'est-à-dire  que  la  lipase  est  susceptible  de  refor- 
mer des  éthers  ou  des  graisses  par  la  synthèse  d'acides  gras  et  de  glycérine.  Kastle  et 
Lœwenhardt  ont  constaté  la  formation  de  butyrate  d'éthyle  par  synttièse  d'acide  bu- 
tyrique et  d'alcool  éthylique  en  présence  de  lipase. 

D'après  Pottevin  la  lipase  reforme  de  l'oléine  aux  dépens  de  l'acide  oléiqui^  et  de  la 
glycérine. 

Hanriot  a  observé  que,  si  en  milieu  neutre  la  lipase  du  sang  débouble  la  monobu- 
tyrine,  elle  reforme  au  contraire  de  la  nionobutyrine  en  milieu  légèrement  acide. 
Herzog  a  calculé  que  la  saponification  du  butyrate  d'éthyle  mettait  en  liberté  1,2  calories 
pour  100  grammes  de  substance;  c'est  donc  une  réaction  très  faiblement  exothermique, 
la  réaction  inverse  de  .synthèse  sera  donc  très  faiblement  endothermique.  Il  y  a  là 
certainement  une  condition  chimique  qui  facilite  laction  réversible  de  la  lipase. 

DiETz  a  étudié  la  synthèse  de  divers  éthers  et  montré  que,  si  on  étudie  simultané- 
ment l'hydrolyse  et  la  synthèse  d'un  même  éther,  on  arrive  toujours  à  un  même  état 
d'équilibre,  c'est-à-dire  que,  si  on  fait  un  mélange  de  lipase  et  a  d'éiher  et  un  mélange  de 
lipase  et  d'acide  gras  et  alcool  en  mêmes  quantités  que  celles  qui  sont  contenues  dans  a 
d'éther,  on  aboutit,  soit  dans  le  processus  hydrolytique  soit  dans  le  processus  synthé- 
tique, au  même  état  d'équilibre  entre  les  quantités  d'éther,  d'acide  et  d'alcool. 

Il  est  à  noter  expressément  que  toutes  ces  expériences  ont  été  faites  avec  des 
extraits  pancréatiques  et  non  du  suc  pancréatique. 

4°  Substances  hydrohjsées  par  la  lipase.  —  La  lipase  hydrolyse  toutes  les  graisses  et 
d'une  façon  générale  un  grand  nombre  des  corps  à  fonction  éther  simple  ou  multiple; 
mais  cette  action  est  inégale  selon  les  substances  considérées. 

1°  D'après  l'opinion  classique,  les  graisses  seraient  d'autant  plus  rapidement  dédou- 
blées que  leur  point  de  fusion  est  plus  bas.  Morel  et  Terroine  se  sont  élevés  contre 
cette  manière  de  voir.  Ils  ont  vu  que,  si  l'on  prend  la  série  des  triglycérides  d'acides  gras 
saturés  allant  ainsi  de  la  triacétine  à  la  tristéarine,  la  digestibilité  à  40"  par  le  suc 
pancréatique  seul  augmente  jusqu'à  la  trilaurine  puis  baisse  et  devient  nulle  avec  la 
tristéarine.  Le  tableau  suivant  montre  des  digestions  faites  avec  des  quantités  de  sue 
constantes  et  des  quantités  éijuimoléculaires  de  graisses. 


Nature 


Quantités  d'acides 
dosés  en  cmc. 


Point  de  fusion.  des  corps.  NaOH  — 

Liquide  la  tempérât,  ord.  Triacctinc 5,2 

»  Tributyrine 7,5 

')  Tricaproine 6,7 

»  Tricapryline 10,6 

»  Tricapriaine 13,8 

46°, 4  TrDaurine 16, a 

55°,0  Trimyristine 10,2 

63", 0  Tripalmitine 1,3 

71'  Tristéarine 0,9 

(Morel  et  Terroine,  B.  B.,  24  juillet  1909,  272.) 

Par  conséquent  la  digestibilité  est  indépendante  du  point  de  fusion  des  graisses. 

2»  Au  cours  du  dédoublement  |d'un  triglycéride  il  se  forme  indépendamment  des 
produits  terminaux  (acide  gras  et  glycérine  le  di  et  le  monoglycéride  correspondants 
(Lewkowitsch).  Morel  et  Tbrroixe  ont  montré  que  ces  corps  étaient  de  plus  en  plus 
résistants  à  l'hydrolyse  du  suc  pancréatique,  soit  pur,  soit  additionné  des  sels  biliaires. 


INTESTIN.  423 

Par  conséquent  on  hydrolyse  plus  aisément  un  tri  qu'un  dï,  et  un  di  (ju'un  mono- 
glycéride. 

Exemple  :  quantités  égales  de  suc  pancréatique  +  bile  +  quantités  isoacides  d'éther. 
(Digestion  aseptique.) 

^      ,  Acides  niosurôs  en  cinc.  NaOll  -— 

Durée  20 


de  la 

digestion . 

20' 

45' 

l'',45' 

188  heures. 


Monoacétine. 

Diaeétine. 

Triacétinc. 

0,1 

0,5 

0,1 

0,2 

0,9 

1,5 

0,3 

1,5 

3,4 

0,8 

4,6 

11,0 

(Terroini:,  Bioch.  Zeilsch.,  XXIII,  1910,  410. 


Le  lecteur  remarquera  la  résistance  extrême  du  monoglycéride  comparée  aujdigly- 
céride  et  surtout  au  triglycéride  et  notera  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  pour  ces 
divers  glycérides  d'une  différence  de  vitesse  d'hydrolyse;  mais  encore  d'une  dilT-érence 
d'état  final. 

Slowtzof  montre  que  la  lipase  pancréatique  ne  libère  pas  la  choline  et  que  la  légère 
séparation  de  choline  constatée  est  due  à  l'alcalinité  des  sucs  digestifs. 

3°  Les  graisses  où  l'acide  gras  n'est  pas  saturé  sont  plus  hydrolysables  que  celles 
où  l'acide  gras  est  saturé  :  c'est  ainsi  que  la  trioléine  est  incomparablement  plus  sen- 
sible à  l'action  de  la  lipase  que  la  tristéarine  (Tehroine). 

La  lipase  ne  saponifie  pas  seulement  les  graisses  proprement  dites,  c'est-à-dire  les 
éthers  de  la  glycérine,  mais  également  les  éthers  d'alcools  variés,  comme  le  butyrate 
d'éthyle,  l'acétate  d'éthyle,  l'acétate  d'amyle,  le  glycol  diacélique,  etc. 

Enfin  on  rattache  à  l'action  lipasiqiie  le  dédoublement  d'éthers  dérivés  d'acides  aro- 
matiques, tels  que  le  salicylate  d'amyle,  le  salol,  etc.  (Nencri,  Dakinj. 

Un  problème  très  intéressant  dans  l'histoire  de  l'activité  lipasique  est  l'effet  de  la 
lipase  sur  la  lécithine.  On  sait  qu'il  s'agit  là  d'un  savon  glycéro-phosphorique  à  base 
de  choline.  La  lipase  dédouble-t-elle  la  lécithine  ?  Stassano  et  Billon,  en  expérimentant 
sur  une  émulsion  de  lécithine  fraîche  dans  du  suc  pancréatique  kinasé,  ne  constatent 
aucune  hydrolyse. 

Ils  trouvent  par  contre  que  la  lécithine  vieillie  est  attaquée  rapidement.  Paul 
Mayer,  puis  ScHOUMOFF-SiMAxowski  et  SiEBER  admettent  que  la  lipase  attaque  la  lécithine. 

Kalabouroff  et  Terroine  montrent  que,  mise  à  digérer  aseptiquement  avec  du  suc 
pancréatique  même  additionné  de  sels  biliaires,  la  lécithine  fraîche  et  neutre  ne 
libère  presque  pas  d'acide  gras,  et  ils  supposent  que  la  très  faible  quantité  d'acide  gras 
libéré  est  due  au  dédoublement  de  la  petite  quantité  de  graisses  entraînées  au  cours  de 
la  préparation  de  la  lécithine.  (La  lécithine  se  digère  d'autant  moins  qu'on  la  purifie 
davantage.) 

4"  Lois  d'action  de  la  lipase.  —  Duclaux,  en  calculant  les  chiffres  des  expériences  de 
Hanriot  et  Camus  faites  sur  la  monobutyrine,  estime  que  la  lipase  obéit  aux  lois  ordi- 
naires des  ferments,  c'est-à-dire  que  pendant  le  début  de  la  digestion  les  produits 
d'hydrolyse  sont  proportionnels  à  la  quantité  du  ferment,  puis  que  bientôt  leur  aug- 
mentation suit  une  courbe  logarithmique.  Cette  conclusion  est  conforme  aux  expériences 
de  Terroi.n'e. 

D'après  Engel  et  Ka.xitz,  l'action  de  la  lipase  obéit  à  la  loi  de  Schutz-Borrissow. 

L'étude  de  la  loi  d'action  de  la  lipase  est  des  plus  difficiles  lorsqu'on  l'étudié  sur  une 
graisse  insoluble  dans  l'eau,  ce  qui  est  le  cas  de  presque  toutes  les  graisses. 

La  finesse  de  l'émulsion,  le  progrès  de  l'émulsion,  à  mesure  que  la  digestion  s'opère, 
modifient  la  vitesse  d'action  de  la  lipase. 

Le  résultat  de  l'activité  du  ferment  est  donc  complexe.  C'est  pour  cette  raison  que 
Hanriot  opérait  sur  la  monobutyrine,  qui  est  soluble  dans  l'eau.  (V.  Lipases.) 

Ce  procédé  élude  une  des  difficultés  du  problème,  mais  il  faut  savoir  que  dans  les 
•conditions  physiologiques  la  lipase  rencontre  beaucoup  de  graisses  insolubles. 

0°  Actions  favorisantes  ou  empêchantes  sur  la  lipase. 

a)  Température.  —  Nos  documents  sur  cette  question  sont  peu  nombreux. 

D'après  Hanriot  et  Camus,  dont  les  expériences  sont  faites  sur  la  monobutyrine 


i'ii  INTESTIN. 

et  la  lipase  tiit  .saiii,',  la  température  inlluence  la  lipase  dans  la  mesure  suivante.  Les 
chifTres  mis  en  regard  de  la  température  indiquent  la  proportion  d'acide  formé  com- 
parée à  la  quantité  d'acide  formée  à  la  température  oplima. 


Température. 

0 

16 

20 

25 

25 

37 

37 

50 

40 

62 

50 

83 

60 

100 

10 

83 

Ces  résultats  sont  différents  de  ceux  trouvés  par  Slosse  et  Limlosch  {Arch.  internat, 
de  Phj/siol.,  1909)  et  Teuroine  [Bioch.  Zeits.,  1910).  Les  premiers  auteurs  ont  opéré 
sur  le  suc  pancréatique  de  sccrétine  en  présence  de  jaune  d'œuf.  D'après  eux,  il  u'y 
a  pas  d'optimum  net,  mais  une  zone  optimum  aux  environs  de  3i)"-45".  Terroine  a  étudié 
plus  complètement  cette  question  et  mis  en  évidence  les  faits  suivants  : 

1"  L'hydrolj'se  des  corps  gras  est  encore  très  nette  à  0°,  et  presque  nulle  à  'J4'*. 

2°  La  vitesse  d'hydrolyse  do  corps,  tels  que  la  trioléine,  insolubles  dans  l'eau  est  à 
peine  plus  iniluencée  par  la  température  que  celle  de  corps  complètement  solubles  dans 
l'eau,  tels  que  la  triacétine.  Ces  faits  tendent  à  démontrer  que  la  vitesse  d'action  dia- 
stasique  serait  uniquement  une  vitesse  de  réaction  chimique  et  non  pas  la  résultante 
d'une  vitesse  de  réaction  et  d'une  vitesse  de  diffusion. 

3°  La  lipase  est  très  fragile  au  chauffage.  Portée  seule  à  45"  pendant  10'  (suc  pan- 
créatique pur  non  kinasé),  elle  devient  beaucoup  moins  active. 

4°  Enfm  la  lipase  est  encore  plus  fragile  à  la  température,  si  elle  est  additionnée  de 
sels  biliaires. 

h^  Acides  et  bases.  —  La  lipase  du  sang  préfère  les  milieux  alcalins,  comme  en 
témoignent  nettement  les  expériences  d'H.vNRioT. 

Carbonate  de  soude  en  grammes  par  litre 

du  mélange  graisse  et  lipase 0,0  0.2  0,4  0,8  1,0  1,5  2,0 

Activité  de  "la  lipase 22  33  44  46  52  74  86 

Terroine  {loc.  cit.),  a  montré  que  du  suc  pancréatique  pur  neutralisé  peut  agir  en 
milieux  neutres  ou  faiblement  acides  ou  alcalins,  mais  que  son  milieu  optimum  très 

net  est  NaOH  ~  Exemple  : 
150 


Acides  litres 

mesurés  en 

NaOII 

.. Il 

du  milieu. 

NaOH  -. 

0 

8.5 

N/300 

36,5 

N/150 

75,7 

N/lOO 

57,0 

N/75 

6,5 

N/60 

0,0 

La  nature  chimique  est  sans  importance  (Terroine)  :  Tactivation  est  sensiblement 
identique,  si  l'on  prend  NaOH,  CO^Na-  AzH'^OH,  dont  le  coefficient  de  dissociation,  par 
conséquent  l'alcalinité  actuelle,  est  cependant  très  différent. 

Électrolytes.  —  Pottevin  admet  que  les  alcalins  accélèrent  :  Lœwenhardt  et  Pearge^ 
que  NaFl  retarde  nettement  et  intensément,  MAGNUs,que  le  sulfate  de  manganèse  accé- 
lère. Terroine  constate  que  la  série  halogénée  Cl,  Br,  L  FI,  accélère  à  certaines  doses  et 
retarde  à  d'autres;  la  concentration  optimale  diminue  régulièrement  avec  le  poids  ato- 

n 
mique  de  l'anion  ;  elle  est  optimale  pour  NaCl  à  — .  Les  sels  alcalins  accélèrent  moins. 

c)  Antiseptiques.  —  Les  antiseptiques  qui  dissolvent  les  graisses,  comme  le  chloro- 
forme et  le  toluène,  protègent  bien  la  lipase  contre  la  destruction  microbienne.  Mais  ils- 


INTESTIN.  42o 

ne  peuvent  être  ulilist''s  au  cours  de  digeslioiis  Iipasi(iues,  car  en  dissolvant  les  graisses 
ils  compliquent  les  conditions  expérimentales. 

Le  fluorure  de  sodium  arrête  l'action  lipasique  à  des  doses  faibles  (Lœwenhardt). 

d)  Bile.  —  La  bile,  dont  nous  verrons  ultérieurement  le  rôle  primordial  dans  la 
résorption  des  graisses  (Dasike),  possède  encore  dans  la  digestion  des  graisses  une  fonc- 
tion spéciale  :  c'est  celle  d'activer  considérablement  l'action  lipasique. 

Bien  que  l'action  directe  de  la  bile  soit  connue  depuis  les  travaux  de  M arcet  qui 
avait  longuement  insisté  sur  l'action  énuilsionnante  de  la  bile,  l'action  activante  de 
la  bile  sur  la  lipase  n'a  été  démontrée  pour  la  premièie  fois  que  par  Nk.ncki  et  IIachi-ord. 

Cette  action  activante  de  la  bile  est  considérable. 

Eu  voici  un  exemple,  d'après  0.  v.  Furth  : 

2  cmc.  steapsine  +  20  cmc.  huile. 
Activité  lipasique  sans  l)ile  +    .5  cmc.  bile. 
8,7  26,2 

2,9  27,6 

L'activation  par  la  bile  n'est  pas  due  à  un  ferment  biliaire  :  le  chauffage  de  la  bile  ne 
lui  fait  pas  perdre  sa  propriété  activante. 

Dans  ces  conditions,  il  y  avait  lieu  de  se  demander  auquel  des  constituants  de  la  bile 
était  dévolue  l'action  accélératrice. 

Hewlett  avait  annoncé  que  l'action  activante  de  la  bile  était  due  à  la  lécilhine,  et  de 
fait,  en  lisant  ses  expériences,  on  voit  que  les  activations  qu'il  obtient  par  la  lécilhine 
sont  des  plus  nettes,  de  1  à  4  et  plus;  mais  v.  FCrth  et  SchCtz,  Kalaboukofp  et  Terroixe 
n'ont  pas  retrouvé  d'action  activatrice  sensible. 

Si  la  lécilhine  semble  sans  action  sur  la  lipase,  les  sels  biliaires  par  contre  jouissent 
d'un  pouvoir  aclivant  indéniable  vis-à-vis  de  ce  ferment,  comme  l'ont  démontré  v.  Flrth 
et  ScHiJTz  {loc.  cit.).  L'ordre'de  grandeur  de  cette  activation  est  indiqué  par  les  expériences 
suivantes  empruntées  à  Magnus  : 

Quantité  d'hj'drate 
de  iTaryte  nécessaire 
Digestion  pendant  10'  à  37°, 40.  pour  neutraliser. 

5  cmc.  huile  +  0,5  cmc.  suc  pancréatique  +  0,1  cmc.  H'O 6 

5  cmc.  huile  +  0,5  cmc.  suc  pancréatique  +  0,1  solution  de  glycocholate 
de  soude  à  25  p.  100  = 11 

Celte  activation  de  la  lipase  par  les  sels  biliaires  est  générale  vis-à-vis  de  toutes  les 
graisses  et  de  tous  les  éthers  hydrolyses  par  la  lipase  (Hewlet,  Stregker,  Marti.x  et 
Williams). 

Lœwenhardt  et  Souoer  ont  montré  que  l'activation  de  la  lipase  par  les  sels  biliaires 
était  variable  selon  le  suc  pancréatique  et  selon  les  graisses  considérées. 

Quand  on  opère  dans  des  conditions  identiques  avec  du  suc  pancréatique  provenant 
de  divers  chiens,  l'activation  par  les  sels  biliaires  peut  varier  énormément,  de  1  à  5  :  il 
y  a  donc  des  sucs  peu  activables  et  d'autres  tiès  activables. 

Les  éthers  dont  le  poids  moléculaire  est  faible,  comme  l'hydrate  d'éthyle,  l'acétate 
d'éthyle,  sont  dédoublés  avec  le  maximum  de  vilesse  avec  des  quantités  minimes  de 
sels  biliaires  :  0,1  p.  100.  Pour  avoir  son  plein  effet  dans  la  digestion  de  l'huile 
d'olive,  l'addition  de  sels  biliaires  au  milieu  doit  être  faite  au  contraire  dans  la  pro- 
portion de  2,4  p.  100  (Lœwe.nhardt  et  Souder). 

Terroi.ne  estime  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  distinguer  entre  les  éthers  et  les  tryglycérides 
au  point  de  vue  de  l'activation  des  sels  biliaires  retirés  de  la  bile  de  bœuf,  que  le  mode 
de  cette  activation  est  entièrement  sous  la  dépendance  de  la  nature  du  radical  acide 
et  que  le  radical  alcool  n'intervient  en  rien.  C'est  ainsi  que  l'activation  par  les  sels 
biliaires  présente  un  maximum  (dont  il  réserve  l'interprétation)  pour  des  concen-^ 
trations  identiques  de  sels  biliaires,  avec  la  triacétine,  les  acétates  de  mélhyle, 
d'éthyle,  de  propyle,  d'isobutyle,  etc.  Dans  le  cas  considéré,  la  concentration  biliaire 
optimum  est  d'environ  0,225  p.  100.  D'autre  part,  s'il  n'existe  pas  d'optimum  pour 
l'hydrolyse  des  huiles,  l'activation  croit  continuellement,  mais  en  s'atlénuant,  jusqu'à 
des  concentrations  en  sels  biliaires  de  bO  p.  100.  En  outre  l'optimum  dans  le  cas 
d'acides  gras  inférieurs  n'est  qu'un  optimum  apparent,  et,  si  l'on  continue  les  concenr 


426  INTESTIN. 

tralions,  ou  voit  que  la  courbe  d'activalion  se  relève  pour  atteindre  une  sorte  de  pla- 
teau, comme  pour  la  Irioléiiie. 

En  réalité  le  prétendu  optimum  dans  le  cas  des  acides  inférieurs  doit  être  rap- 
porté à  une  précipitation  du  suc  pancréatique  par  l'acide  gras  inférieur  très  dissocié  en 
présence  des  sels  biliaires,  et,  comme  il  s'agit  d'un  précipité  colloïdal,  ce  précipité  est 
soluble  dans  un  excès  du  corps  précipitant;  les  huiles  ne  donnant  pas  naissance  à  des 
acides  précipitant  le  suc  pancréatique,  le  phénomène  ne  s'observe  pas  pour  les  huiles. 

Comment  les  sels  biliaires  agissent-ils? 

L'idée  dominante  sur  le  rôle  de  l'action  activante  des  sels  biliaires  vis-à-vis  de  la 
lipase,  est  que  la  bile  favorisant  lémulsion  de  la  graisse,  comme  l'avait  déjà  signalé 
ainsi  Marcet,  réalise  pour  la  lipase  une  grande  surface  d'action. 

Si  l'on  mélange  de  l'huile,  de  l'eau  et  du  suc  pancréatique,  on  constate  que  ces 
liquides  ne  sont  pas  miscibles.  Si  on  les  agite  fortement,  on  a  une  émulsion,  mais  très 
instable.  Si,  au  contraire,  on  ajoute  de  la  bile  au  mélange,  l'émulsion  est  immédiatement 
beaucoup  plus  stable. 

Cette  simple  expérience  met  hors  de  doute  que  la  bile  augmente  la  surface  d'action 
de  la  lipase  vis-à-vis  de  l'huile,  et  tout  ce  que  nous  savons  du  rôle  des  surfaces  dans  les 
digestions  (digestion  beaucoup  plus  rapide  d'un  cube  d'albumine  coupé  en  tranches  que 
d'un  rube  d'albumine  de  môme  dimension  et  entier,  etc.)  nous  porte  à  croire  que  l'un 
des  rôles  de  la  bile  est  un  rôle  physique. 

Cette  hypothèse  semble  confirmée  par  toute  une  série  d'expériences  exécutées  par 
Terroine,  et  où  l'auteur  constate  que  toutes  les  substances  qui  favorisent  et  stabilisent 
les  émulsions  activent  également  la  lipase,  telles  les  solutions  de  gomme,  de  sirop,  de 
sucre  et  de  glycérine,  etc. 

Mais  il  est  certain  qu'à  ce  mode  d'action  ne  se  borne  pas  le  rôle  activant  de  la  bile. 

Nous  avons  vu,  en  eflet,  que  la  bile  reste  activante  vis-à-vis  de  la  lipase  agissant  sur 
des  éthers  parfaitement  soluhles  dans  l'eau. 

D'après  Terroine,  les  sels  biliaires  n'agissent  pas  seulement  en  augmentant  l'émul- 
sionnabilité  ou  la  solubililé,  puisque  le  pouvoir  accélérant  s'observe  égalenient  sur  les 
«ubes  de  graisses  solides,  sur  les  graisses  parfaitement  émulsionnées  (digestion  pra- 
tiquée à  l'agitateur)  et  sur  les  corps  en  solution  parfaite. 

DoNATH  avait  émis  l'hypothèse  d'une  action  directe  sur  le  ferment.  Terroine  apporte 
en  faveur  d'elle  le  fait  que  sur  le  suc  pancréatique  laissé  en  contact  avec  les  sels 
biliaires  on  voit  le  pouvoir  lipolytique  augmenter  puis  disparaître. 

11  semble  donc  en  résumé  que  la  bile  ait  une  double  action  dans  la  digestion  lipa- 
sique  :  une  première,  physique,  favorisant  l'émulsion;  une  seconde,  probablement 
chimique,  hâtant  l'hydrolyse.  Pour  Terroine,  la  seconde  est  beaucoup  plus  importante 
que  la  première. 

6"  Dosage  de  la  lipase.  —  Le  procédé  usuel  pour  doser  la  lipase  consiste  à  mélanger 
du  suc  pancréatique  et  de  la  graisse  et  à  doser  au  départ  et  à  la  fin  de  la  digestion  l'aci- 
dité du  mélange  en  milieu  alcoolique  parla  soude  et  la  phénolphlaléine. 

Si  au  départ  la  liqueur,  comme  c'est  le  cas  en  général,  est  alcaline,  on  ajoute  à  l'acidité 
terminale  une  acidité  équivalente  à  l'alcalinité  du  début. 

Le  dosage  de  la  lipase  est  difficile,  ou  plutôt  la  signification  d'un  dosage  de  lipase  est 
toujours  d'interprétation  délicate. 

On  a  fait  beaucoup  d'expériences  avec  la  monobutyrine,  parce  que  ce  corps  peut 
être  obtenu  pur,  qu'il  est  soluble  dans  l'eau  et  très  impressionnable  (?)  à  la  lipase.  On  a 
objecté  au  choix  de  cette  substance  que  la  monobutyrine  était  trop  impressionnable,  non 
pas  à  la  lipase  seulement,  mais  à  bien  d'autres  agents,  si  bien  que  spontanément, 
comme  l'avait  d'ailleurs  déjà  indiqué  Berthelot,  elle  s'hydrolyse  et  qu'on  peut  se 
demander  alors  si  ce  qu'on  mesure  par  une  acidification  de  la  monobutyrine  est  bien 
uniquement  une  action  lipasique  (Arthus).  Il  est  certain  que,  si  l'on  a  affaire  à  une 
action  lipasique  faible,  comme  celle  du  sérum,  on  sera  bien  obligé  d'employer  la  mono- 
butyrine faute  de  mieux,  mais  que  du  moment  que  la  lipase  pancréatique  est  active 
sur  des  substances  qui  donnent  plus  de  sécurité,  il  sera  bon  d'éviter  la  monobutyrine. 

En  dehors  de  la  monobutyrine,  beaucoup  de  substances  s'offrent  à  notre  choix.  Notre 
préférence  peut,  en  dehors  de  la  facilité  d'hydrolyse  de  la  substance,  être  guidée  par 


INTESTIN.  427 

une  considération  importante;  opérerons-nous  en  milieu  homogène  ou  en  milieu  hété- 
rogène? Si  nous  voulons  opérer  en  milieu  homogène,  nous  pourrons  faire  choix  de 
l'acétate  de  méthyle  et  de  la  triacétine. 

Le  dosage  se  simplifie  de  ce  fait  que  l'agitation  momentanée  que  l'on  doit  imprimer 
toujours  aux  milieux  hétérogènes  devient  inutile  et  que  par  conséquent  un  coefficient 
d'erreur  personnel  disparaît.  Mais  on  pourra  objecter  aux  dosages  en  milieux  homogènes 
qu'ils  ne  nous  renseignent  pas  sur  la  digestion  habituelle  des  graisses,  qui  est  une  digestion 
de  graisses  insolubles  dans  l'eau  et  constitue  par  conséquent  un  milieu  hétérogène. 

Si  nous  voulons  opérer  en  milieu  hétérogène,  plusieurs  considérations  sont  à  noter. 

Les  substances  dont  nous  pourrons  faire  choix  sont  soit  des  huiles  naturelles,  soit 
des  graisses  pnrifiées,  trioléine,  tripalniitine.  Les  huiles  naturelles  sont  des  mélanges 
complexes,  non  seulement  de  graisses,  mais  d'acides  gras,  de  choleslérine,  etc. 

De  ce  fait  les  expériences  faites  par  un  observateur  ne  seront  valables  que  si  elles 
sont  faites  avec  le  même  échantillon  d'huile,  car  les  huiles  de  même  origine  varient  de 
composition  selon  leur  provenance  et  leur  préparation.  Opérer  sur  une  graisse  purifiée 
vaudrait  donc  mieux  en  principe,  mais  peut-être  non  en  pratique,  car  les  graisses  dites 
pures  le  sont  rarement,  et  sont  d'ailleurs  très  coûteuses. 

QueK{ue  graisse  que  l'on  emploie,  il  convient  de  la  débarrasser  au  préalable  de  ses 
acides  gras  :  c'est  la  moindre  cause  d'erreur  qu'on  doive  éviter.  A  cette  fin  on  mélange 
l'huile  et  de  la  lessive  de  soude  et  de  l'élher.  On  laisse  reposer  le  mélange,  et  on  décante 
la  partie  aqueuse.  La  graisse  dissoute  dans  l'éther  est  à  nouveau  agitée  avec  de  l'eau, 
puis  décantée.  Dans  cette  manipulation  les  acides  gras  sont  saponifiés  par  la  soude,  les 
savons  se  dissolvent  dans  l'eau  et  sont  soustraits  par  décantage  ;  un  nouveau  lavage 
à  l'eau  finit  d'enlever  les  derniers  restes  de  savon. 

La  digestion  peut  se  faire  plus  simplement  en  ajoutant  du  suc  pancréatique  à 
l'huile.  Mais,  pour  que  la  digestion  soit  active,  il  faut  agiter  le  mélange,  sans  quoi  le  suc 
pancréatique  se  sépare  de  l'huile,  et  l'hydrolyse  qui  ne  se  fait  qu'à  la  surface  de  contact 
reste  très  lente.  Une  agitation  répétée  au  moins  au  début,  tant  que  l'émulsion  n'est  pas 
stable,  active  la  digestion.  Il  est  certain  que,  pour  que  l'influence  accélératrice  de  cette 
agitation  reste  constante  dans  toutes  les  expériences,  il  faudra  agiter  tous  les  milieux 
d'une  façon  identique.  Il  y  a  là  un  tour  de  main  à  acquérir,  si  l'on  ne  veut  pas  recourir  à  un 
procédé  mécanique. 

La  digestion  avec  le  suc  pancréatique  pur  ne  nous  donne  qu'un  des  aspects  de  la 
digestion  lipasique.  Physiologiquement  la  digestion  lipasique  est  une  digestion  lipasique 
■activée  par  la  bile. 

Les  mêmes  expériences  que  les  précédentes  sont  donc  à  répéter,  mais  après  addition 
de  bile  ou  plus  simplement  de  sels  biliaires.  Comme  l'action  activante  varie  avec  la 
quantité  de  sels  biliaires  employée,  il  convient  de  fixer  exactement  et  arbitrairement 
la  proportion  de  sels  biliaires  qu'on  adoptera  toujours  (Terroine). 

Il  est  diffifile  d'arrêter  la  digestion  à  un  moment  précis  par  des  moyens  qui  ne  gêneront 
pas  ultérieurement  le  dosage  de  l'acidité.  Il  ne  faut  naturellement  pas  songer  à  l'addition 
d'acides  ni  de  bases;  on  peut  à  la  rigueur  porter  les  milieux  à  la  température  de  l'eau 
bouillante.  En  pratique  on  tourne  la  difficulté  en  effectuant  une  digestion  lente  (deux 
heures),  de  sorte  que  l'erreur  due  au  temps  que  nécessite  le  dosage  sans  arrêter  la  diges- 
tion se  trouve  très  réduite. 

Le  dosage  de  l'acidité  produite  se  fait  de  la  façon  suivante  :  une  quantité  déterminée 
du  milieu  digestif  bien  homogénéisé  par  agitation  préalable  est  mélangé  à  une  quantité 
égale  d'alcool  absolu,  le  tout  additionné  de  phénolphtaléine,  et  l'acidité  dosée  avec  une 
liqueur  de  soude. 

L'avantage  de  doser  dans  l'alcool  est  d'homogénéiser  le  mélange  et  de  rendre  le 
virage  plus  net  et  d'empêcher  la  dissociation  des  savons.  Il  faut  savoir  que  l'acidité  trouvée 
en  milieu  alccolique  n'est  pas  la  même  que  celle  qu'on  trouve  en  milieu  aqueux  (Kanitz). 

Il  va  sans  dire  que  l'acidité  par  laquelle  on  exprimera  l'action  lipasique  sera  non 
pas  l'acidité  constatée  au  moment  du  dosage,  mais  cette  acidité  augmentée  d'une  aci- 
dité équivalente  à  l'alcalinité  du  mélange  du  début  de  la  digestion,  car  l'acide  formé  est 
non  pas  seulement  celui  que  nous  trouvons  en  liberté  dans  le  milieu,  mais  aussi  celui 
•qui  a  saturé  les  alcalis  du  mélange  pour  fonner  des  savons. 


428  INTESTIN. 

Les  lois  d'action  de  la  lipase  sont,  comme  nous  l'avons  vu,  encore  imprécisées.  Dans 
le  doute  où  nous  sommes  et  en  raison  de  ce  que  nous  connaissons  des  lois  d'action 
des  ferments  en  général,  il  est  prudent  de  mesurer  la  lipase  par  des  hydrolyses  qui  n'ont 
pas  dédoublé  plus  du  dixième  de  l'huile. 

B.    —    SUC    INTESTINAL. 

Le  suc  intestinal  est  sécrété  par  de  nombreuses  glandes  répandues  dans  tout  le 
trajet  de  l'intestin  :  ce  sont  les  glandes  de  Hiunneh  et  les  glandes  de  Liebkrkuh.n. 
Accessoirement  interviennent  dans  la  sécrétion  des  cellules  caliciformes  disséminées  dans 
toute  la  muqueuse  intestinale.  La  structure  de  ces  éléments  sécréteurs  et  les  modifica- 
tions des  glandes  au  cours  de  la  sécrétion  seront  étudiées  au  chapitre  :  «  Analomie, 
histolofjic  et  physiologie  comparées». 

1°  Procédés  d'obtention  du  suc  intestiiml.  —  On  peut  se  faire  une  idée  des  [iropriétés 
du  suc  intestinal,  en  j)renanl  des  extraits  de  muqueuse  intestinale.  Ce  procédé  est 
rapide,  facile,  mais  sujet  à  de  giaves  objeclions.  L'on  n'a  pas  a  priori  le  droit  d'affirmer 
que  les  extraits  de  muqueuse  intestinale,  qui  impliquent  le  broiement  des  cellules  de 
l'intestin,  jouissent  des  mêmes  i)ropi  iélés  que  la  sécrétion  pure  de  l'intestin. 

Le  suc  intestinal  pur  s'obtient  en  abouchant  à  la  peau  une  anse  d'intestin  et  en  réta- 
blissant le  trajet  du  reste  de  l'intestin,  comme  la  réalisé  pour  la  première  fois  ïhiry. 

Dans  la  technique  de  cet  auteur,  on  coupe  entre  deux  sections  une  an.se  d'intestin 
en  respectant  le  vaisseau  du  mésentère,  une  des  extrémités  de  l'anse  isolée  est  abouchée 
à  la  peau,  après  avoir  un  peu  rétréci  son  calibre  pour  éviter  l'éversion  de  la  muqueuse, 
l'autre  extrémité  est  obturée  et  abandonnée  dans  l'abdoujen. 

VELLAamodilié  la  technique  de  Thiuy  en  abouchant  les  deux  extrémités  de  l'anse  isolée 
à  la  peau  :  méthode  de  "  Tiiinv-VKLLA  ■■■.  Enfin  récemment  Zunz  a  proposé  des  fistules 
dans  lesquelles  une  des  extrémités  de  l'anse  intestinale  est  fixée  à  la  peau  du  dos,  tandis 
que  l'autre  est  abouchée  dans  la  région  moyenne  de  l'abdomen.  Lorsque  le  chien  est  dans 
son  altitude  habituelle  debout  sur  ses  quatre  pattes,  l'anse  listulisée  est  pour  ainsi  dire 
suspendue  verticalement  par  son  embouchure  dorsale. 

Les  fistules  à  deux  orifices  ont  sur  les  fistules  à  un  orifice  l'avantage  de  pouvoir  être 
lavées  plus  commodément  au  moyen  d'un  courant  de  liquide  poussé  d'un  orifice  à  l'autre. 

En  dehors  des  accidents  prévus  de  péritonite,  comme  il  en  survient  dans  toute  opéra- 
tion abdominale,  le  seul  inconvénient  à  redouter  à  la  suite  de  l'établissement  des  fis- 
tules est  réversion  de  la  muqueuse.  D'après  M.  Froui.n,  réversion  de  la  muqueuse  est 
fatale  avec  tous  les  procédés,  même  celui  de  Zcnz,  lorsque,  pour  aboucher  les  segments 
intestinaux  à  la  peau,  on  modifie  leur  situation  physiologique  dans  l'abdomen.  D'après 
Frouin,  la  condition  essentielle  de  réussite  de  ces  fistules  consiste  à  faire  les  orifices 
cutanés  juste  au  niveau  des  points  de  projection  des  extrémités  de  l'anse  intestinale  sur 
la  paroi  de  l'abdomen.  Pour  éviter  l'infection  il  faut  faire  en  sorte  qu'on  n'ait  pas  à 
fixer  les  anses  intestinales  dans  la  grande  plaie  médiane  qui  a  été  pratiquée  pour 
ouvrir  l'abdomen  de  l'animal   Froui.n). 

Le  suc  d'intestin  ne  ronge  pas  la  plaie,  l'ouverture  de  la  fistule  est  facilement  main- 
tenue perméable  par  le  passage  d'un  drain  élastique. 

2^  Caractères  du  suc  intestinal.  —  Le  suc  intestinal  a  été  étudié  par  Rohma.nn,  Pregl, 
Thiry,  Leube,  Quincke,  Hamburger  et  Hekma,  etc.  Le  suc  intestinal  de  fistule,  non  centri- 
fugé, présente  la  composition  suivante  d'après  Hamburger  et  Hekma  : 

Eau 98,93 

Résidu  suc 1,07 

A 0,62 

NaiCOs 0,21 

ClNa 0,58 

RcacUon Faiblement  alcaline. 

Le  suc  intestinal, prélevé  sans  précautions  particulières,  contient  une  albumine  assez 
difhcilement  coagulable,  considérée  généralement  comme  de  la  mucine,  beaucoup  de 
cellules  intestinales,  des  leucocytes  et  des  bactéries. 


INTESTIN.  429 

3°  Sécrétion  des  difJY'rcnts  seqment»  de  l'intestin  ç/nHc.  —  Sous  l'influence  d'excitations 
diverses  on  constate  que  la  si'crétiori  est,  quantitativement  trrs  dilTérente  dans  les  divers 
segments  de  l'intoslin  grèle,  qu'elle  est  niaxima  pour  la  partie  initiale  et  va  ensuite  en 
diminuant  progressivement  jusqu'à  la  valvule  iléo-cecale.  Charrin  et  Levaditi  en  1899 
avaient  signalé  co  fait  en  étudiant  chez  des  lapins  la  quantité  d'eau  sécrétée,  sous  l'in- 
fluence des  toxines,  par  des  anses  intestinales  liées.  Ils  avaient  trouvé  comme  sécrétion, 
1,3  pour  l'anse  duodénale,  0,6  pour  une  anse  située  au  milieu  de  l'intestin  grêle  et  0,1 
pour  une  anse  voisine  de  la  valvule  de  Bauhin.  Frouin  a  repris  systématiquement 
l'étude  de  ce  problème  au  moyen  de  fistules  permanentes  chez  le  chien  et  bien  établi  la 
constance  de  ces  phénomènes. 

Il  est  à  noter  que  les  auteurs  qui  ont  étudié  la  sécrétion  intestinale  ont  rarement 
indiqué  le  siège  de  leurs  fistules.  Il  semble  qu'on  doive  attribuer  la  diversité  de  leurs 
résultats  à  la  diversité  des  anses  intestinales  qu'ils  ont  utilisées. 

■'k°  Innervation  secrétaire.  —  L'innervation  sécrétoire  de  l'intestin  est  inconnue. 

L'excitation  des  vagues  ne  détermine  aucune  sécrétion  (Thiry). 

L'énervation  d'une  anse  intestinale  isolée  s'accompagne  d'une  sécrétion  abondante, 
mais  temporaire,  d'environ  vingt-quatre  heures  (Moreau). 

L'extirpation  des  ganglions  cœliaques  donne  un  phénomène  analogue  (Budge). 

S'agit-il  dans  ces  dernières  expériences  d'une  véritable  sécrétion  active  ou  d'une 
transsudation  passive  comparable  à  celle  qu'on  produit  dans  une  circulation  artifi- 
cielle d'une  anse  intestinale  extirpée  de  l'organisme?  Nous  n'en  savons  rien. 

5°  Ferments  intestinaux.  —  On  a  signalé  dans  le  suc  intestinal  beaucoup  de  ferments: 
un  ferment  protéolytique  qui  digère  en  milieu  alcalin  la  fibrine  crue,  mais  non  l'albumine 
coagulée  (Thiry,  Leuiîe)  ;  un  ferment  inversif  (Vella  et  d'autres  auteurs)  ;  un  ferment 
amylolytique  faible  (Shiff,  Eighhorst,  etc.,  etc.).  Mais  il  convient  de  dire  que  l'existence 
dans  le  suc  intestinal  de  ces  mêmes  ferments  a  été  niée  par  d'autres  auteurs;  que  d'une 
façon  générale  l'activité  de  ces  ferments,  lorsqu'elle  a  été  constatée,  semble  des  plus 
variables  d'une  expérience  à  l'autre  ;  tandis  qu'au  contraire  si,  au  lieu  d'étudier  les 
ferments  intestinaux  sur  du  suc  intestinal,  on  Vétudie  sur  de  l'extrait  intestinal,  on  constate 
que  leur  présence  y  est  constante,  que  leur  activité  rj  est  toujours  beaucoup  plus  énergique. 

Nous  devons  donc  nous  demander  si  le  suc  intestinal  contient  vraiment  les  ferments 
qu'on  y  a  signalés  ou  si  les  ferments  que  nous  y  trouvons  ne  sont  pas  le  produit  des 
cellules  intestinales  désagrégées  que  l'on  trouve  toujours  dans  le  suc  intestinal  de  fistule. 

Cette  dernière  hypothèse  se  trouve  déjà  impliquée  dans  les  recherches  de  Bidder  et 
ScHMiDT  qui  remontent  à  1831  ;  ces  auteurs,  qui  savaient  combien  l'action  amylolytique  du 
suc  est  faiblft,  montrent  combien  au  contraire  la  digestion  de  l'empois  d'amidon  porté  au 
sein  d'une  anse  intestinale  isolée  est  rapide;  l'activité  amylolytique  de  l'intpstin  était 
donc  avant  tout  manifeste  quand  il  y  avait  contact  direct  de  l'empois  d'amidon  avec  la 
muqueuse  intestinale.  Les  recherches  ultérieures  ont  confirmé  ces  faits.  Mais  la 
démonstration  directe  du  rôle  des  éléments  histologiques  dans  l'activité  du  suc  intes- 
tinal n'a  été  donnée  que  tout  récemment  par  Bierry  et  Frouin.  Ces  auteurs  constatent 
que  le  suc  intestinal  de  chien  recueilli  dans  un  tube  plongé  dans  de  la  glace  et  centri- 
fugé rapidement  de  manière  à  séparer  les  éléments  cellulaires  avant  qu'ils  ne  soient 
altérés,  n'a  pas  d'action  amylolytique  :  le  culot  cellulaire  jouit  au  contraire  d'une  forte 
activité  amylolytique.  Ils  constatent  encore  le  même  fait  pour  l'iuvertine  et  la  tréhalase. 
Ajoutons  enfin  que  deux  ferments  intestinaux  récemment  découverts,  l'érepsine  et 
l'arginase,  n'ont  pu  jusqu'ici  être  mis  en  évidence  que  dans  les  macérations  intestinales  '. 

Il  est  donc  démontré  que  plusieurs  ferments  intestinaux  ne  sont  pas  directement 
mis  en  liberté  dans  le  suc  intestinal  et  que  quelques  ferments  même  ne  peuvent  être 
mis  en  évidence  que  par  la  destruction  de  la  muqueuse  de  l'intestin.  Pour  la  correction 
de  l'exposé  nous  devrions  donc  décrire  successivement  les  fermants  du  suc  intestinal  et 
les  ferments  de  la  muqueuse  intestinale.  Malheureusement,  pour  plusieurs  ferments, 
cette  distinction  ne  peut  encore  être  fermement  établie.  Aussi,  pour  simplifier  l'exposé 

1.  Il  est  évident  qu'étiinl  donnée  l'abondance  des  cellides  intestinales  dans  le  suc  de  fistule 
recueilli  sans  précaution  i)arliculière  et  examiné  sans  ccntrit'ugation  préalable  il  y  aurait  lieu  de 
reprendre  l'étiuie  du  suc  intestinal  en  tenant  compte  de  ces  causes  d'erreur  dont  beaucoup  ont 
été  signalées  par  Frouin  et  Bierry. 


430  INTESTIN. 

qui  va  suivre,  étudierons-nous  les  ferments  de  la  muqueuse  intestinale  en  notant  seule- 
ment, chemin  faisant,  dans  quelle  mesure  nous  savons  que  ces  ferments  sont  mis  en 
liberté  dans  l'intestin  et  dans  quelle  mesure  nous  sommes  autorisés  à  croire  que  leur 
activité  reste  physiologiquement  intra-cellulaire. 

a.  Ferments  dédoublant  les  hydrates  de  carbone.  —  a.  L'amylase  existe  dans  la  muqueuse 
intestinale  (Schiff,  1857,  etc.).  L'aclivilé  dos  extraits  intestinaux  est  faible,  de  l'opinion 
de  tous  les  auteurs. 

Le  suc  entérique  même  chargé  de  cellules  intestinales  désagrégées  n'a  également 
qu'une  activité  amylotique  assez  faible.  Bierry  et  Frouin  ont  montré  que  l'activité 
amylolytique  du  suc  enlérique  est  due  entièrement  aux  cellules  intestinales  désagrégées; 
le  àuc  recueilli  dans  des  tubes  glacés  et  centrifugé  est  inactif. 

[3.  Maltase.  —  La  maltase  a  été  signalée  en  1880  par  Brown  et  Héron  dans  l'intestin 
grêle  du  porc,  puis  en  1883  par  Bourquelot  dans  l'intestin  grêle  du  lapin  :  depuis  cette 
époque  ce  ferment  a  été  étudié  par  Tebb,  Pautz,  Vogel,  Davenière,  Portikr,  Pozerski,  etc., 
et  enlin  Bierry  et  Frouin. 

De  l'ensemble  de  ces  recherches,  il  résulte  que  la  maltase  intestinale  est  très  active, 
beaucoup  plus  active  que  celle  du  suc  pancréatique. 

D'après  Bierry  et  Frouin,  la  maltase  intestinale  a  son  optimum  d'activité  dans  les 
milieux  alcalins,  contrairement  à  la  maltase  pancréatique  qui  est  à  peu  près  inactive  en 
milieu  alcalin.  Fait  vraiment  singulier,  mais  dont  il  n'est  donné  aucune  explication. 

D'après  les  mêmes  auteurs,  la  maltase  s'extérioriserait  rapidement  des  cellules  intes- 
tinales, car  le  suc  de  fistule  recueilli  'après  lavage  de  l'anse  intestinale  est  actif  même 
après  centrifugalion  rapide. 

6°  Invertine.  —  L'aptitude  de  l'extrait  intestinal  à  dédoubler  la  saccharose  en  glucose 
et  lévulose  a  été  signalée  par  Pasgiutin  en  1871,  et  par  Cl.  Bf.r.nard  en  1877, 

Les  recherches  de  Bierry  et  Frouin  établissent  que  l'invertine  diffuse  lentement  dans 
le  suc  intestinal  et  n'y  apparaît  que  lorsque  les  cellules  de  la  muqueuse  sont  altérées. 

L'invertine  a  été  l'objet  de  plusieurs  travaux  d'ensemble  importants,  dont  trois 
surtout  méritent  d'être  signalés,  car  on  y  trouve  analysées  avec  détail,  soit  des  pro- 
priétés spéciales  de  l'invertine,  soit  des  conditions  générales  de  l'aclion  des  diastases 
étudiées  sur  l'invertine. 

L'invertine  est  un  ferment  qui  se  prête  bien  à  l'étude  des  vitesses  de  réaction,  car 
une  simple  inspection  polarimétrique  du  milieu  digestif  indique  les  progrès  de  la  diges- 
tion. Pour  cette  raison,  les  lois  d'action  des  diastases  sur  les  substances  solubles  ont  été 
surtout  établies  d'après  les  expériences  sur  l'invertine. 

Action'des  diastases.  —  Les  travaux  de  Henri  sur  ce  sujet  et  les  discussions  auxquelles 
ils  ont  donné  lieu,  ont  déjà  été  exposés  dans  l'article  Ferments  de  ce  Dictionnaire  :  nous 
n'y  insisterons  donc  pas  davantage. 

Les  deux  autres  travaux  importants  sur  l'invertine  sont  ceux  de  O'Sullivan  et 
Thompson  et  ceux  de  Cole  Sydney  sur  le  rôle  des  acides  et  des  électrolytes. 

En  ce  qui  concerne  l'action  activante  des  acides,  O'Sullivan  et  Thompson  signalent  ce 
fait  capital,  qui  semble  avoir  été  ensuite  complètement  oublié  par  beaucoup  d'auteurs:  à 
savoir  que  les  concentrations  d'acides  nécessaires  pour  produire  l'activation  maximale 
de  l'invertine  sont  fonction  de  la  concentration  du  ferment  (à  rapprocher  de  ce  que 
nous  avons  déjà  signalé  pour  l'amylase).  Voici,  données  en  regard  l'une  de  l'autre,  les 
concentrations  relatives  de  ferments  et  les  concentrations  d'acides  activant  au  maximum 
dans  des  expériences  faites  à  15°, 5. 

Inverline.  SO^H^ 

l,b  526/n 

4,5  263/71 

15  lo8/« 

D'autre  part,  O'Sullivan  et  Thompson  remarquent  que  la  concentration  de  l'acide  a 
besoin  pour  activer  au  maximum  d'être  d'autant  moins  grande  que  la  température  du 
milieu  est  plus  élevée.  Il  est  difficile  d'expliquer  ce  fait  par  une  dissociation  plus  grande 
de  l'acide  à  une  température  plus  élevée,  car  pratiquement  la  dissociation  de  l'acide 
est  déjà  à  peu  près  complète  pour  les  solutions  très  diluées  qu'emploient  les  auteurs 


INTESTIN. 


431 


Nous  devons  à  Coole  Sydney  des  expériencesde  lapins  haute  importance  surractioa 
activante  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'iiivertine  :  la  valeur  de  ces  expériences  résulte 
de  ce  que  l'auteur  a  opéré  avec  du  ferment  dialyse  et  que  par  suite  l'acidité'  du  milieu 
est  presque  exactement  l'acidité  théorique  signalée  par  lui,  et  enfin  parce  qu'il  a 
fait  le  départ  exact  de  l'action  propre  de  l'acide  sur  le  sucre  de  canne.  Voici  un  extrait 
de  ces  expériences. 


A. 

B. 

Pourcentage  de 

Inversion 

Différence 

Concontration 

l'inversion  par 

par  l'acido 

entre 

de  l'acide  HCl. 

l'acide  seul. 

et  lo  forment. 

A  et  B. 

0 

0 

5,29 

5,29 

1  :  9  000  Normal. 

0 

10,94 

10,94 

1  :  i500 

0,15 

12,50 

12,35 

1  :  3  000 

0,30 

25,33 

25,03 

1  :  2  2:j0 

0,70 

34,22 

33,52 

1  :  1500 

1,60 

62,55 

1  :  1  125 

2,S7 

76,92 

74,35 

1  :  900 

3,9 

84,93 

81,03 

i  :  750 

5,5 

57,73 

52,23 

1  :  643 

7,1 

51,26 

44,10 

1  :  562 

9,02 

36,69 

27,67 

1  :  450 

13,0 

29,64 

16,64 

1  :  360 

19,4 

32,21 

12,81 

1  :  300 

28,3 

28,58 

0,28 

1  :  257 

36,8 

36,79 

0 

l  :  225 

44,7 

44,71 

0 

Dans  ces  expériences  la  concentration  initiale  du  sucre  est  de  21  p.  100;  les  expé- 
riences sont  faites  à  38°  et  durent  22  heures.  Le  ferment  est  bien  dialyse  et  très  dilué. 

C'est  également  à  Coole  Sydney  que  nous  devons  les  notions  les  plus  précises  sur 
l'action  des  sels. 

Voici  deux  séries  de  ses  expériences  : 


SELS. 


POURCENTAGE 

DE  I,'lNVERSION. 


Eli  21  h.      En  48  h 


SELS. 


POURCENTAGE 

DE   l'inversion. 


En  24  h.       En  48  h. 


I.  Concentration  du  sucre  :  22,5  p.  100;  des  sels  :  -r-rr  T°  3.o 

4,.b 


Pas  de  sels 

Chlorure  de  sodium. 
Chlorure  de  baryum. 
Azotate  de  potasse.. 
Formiate  de  soude.. 
Formiate  de  magnésium 
Acétate  de  soude. 


46,2 
34,9 
30,0 
34.3 
26,0 
18,4 
15,1 


69,3 
55,4 
35,0 
.-32,8 
44,1 
26,2 
21,4 


Sulfate  d'ammoniaque.. 
Sulfate  de  magnésium. 
Oxalatc  de  potasse.  .  . 
Tartrate  iodo-potassique 
Tartrale  d'ammoniaque. 
Citrate  de  soude.   .   .    . 


II.  Concentration  du  sucre  :  24,4  i\  100;  des  sels  :  —  ï° 


Pas  de  sels 

Chlorure  de  sodium.  . 
Cldoi'ure  d'ammonium 
Clilorure  de  baryum.  . 
Sulfate  de  potasse  .    . 


20,0 
11,6 
37,3 
10.6 
10,1 


■16, -2 
12,4 
."33,7 
11,4 

10,8 


Sulfate  d'ammoniaque  .  . 
Sulfate  de  magnésium  .  . 
Tartrate  iodo-potassique. 
Tartrale  d'ammoniaque.  . 


49,1 
40,7 
41,6 
26,5 
46,4 
25,4 


40°. 

41,2 

9,5 

10,6 

6'î,6 


71,1 
63,0 
61,6 
46,1 
75,1 
45.0 


38,6 
10,4 
12,0 
79.6 


Si  nous  nous  rappelons  que  des  expériences  analogues  pour  l'amylase  (voir  suc  pan- 
créatique) ont  montré  que  les  sels  activaient  l'amylase  par  leurs  anions,  que  le  rôle  des 


432  INTESTIN. 

cations  y  était  insensible,  enfin  qae,  parmi  les  anions,  les  types  monovalents  jouissaient 
de  l'action  activante  la  plus  prononcée,  on  voit  que  l'invertine  ne  subit  pas  du  tout  les 
mêmes  influences  que  l'amylase. 

Pour  l'invertine  les  cations  ont  une  action  retardante  souvent  très  marquée.  C'est 
ainsi  que,  si  nous  prenons  la  série  des  chlorures,  nous  voyons  que  le  baryum  et  le 
sodium  retardent  beaucoup,  tandis  que  l'ammonium  active  plutôt.  Il  en  est  de  même 
pour  les  sulfates  :  la  potasse  et  le  magnésium  retardent  beaucoup,  tandis  que  l'ammo- 
nium accélère. 

La  différence  de  l'action  activante  des  anions  par  contre  n'est  pas  1res  sensible  pour 
les  types  monovalents  et  divalents.  Le  chlorure  d'ammonium  n'accélère  pas  beaucoup 
plus  que  le  sulfate  d'ammonium,  le  chlorure  de  sodium  ne  retarde  pas  beaucoup  moins 
que  le  sulfate  de  potassium. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  signaler  que,  pour  sensibiliser  cette  action  des  sels,  il  faut 
chercher  par  tâtonnement  la  concentration  de  ferment,  la  concentration  de  sels  et  la 
température  convenable.  L'action  si  nette  des  sels  dans  l'expérience  II  est  beaucoup 
moins  évidente  dans  l'expérience  1  où  la  concentration  de  l'invertine  est  très  forte  et  la 
concentration  des  sels  double  de  celle  qui  existe  dans  l'expérience  II.  Ces  faits  rentrent 
dans  cette  loi  générale  que,  pour  des  concentrations  élevées  de  ferment,  le  ferment  prend  une 
activité  propre  de  moins  en  moins  sensible  aux  actions  activantes  comme  aux  actions  retar- 
dantes :  il  devient  indépendant  du  milieu. 

Lactase.  —  La  laclase  fut  rechercliée  pour  la  première  fois  en  1890  par  Dastre,  mais 
sans  que  l'auteur  obtînt  de  résultats  précis. 

En  189?»,  Pautz  et  Vooel  constatent  que  la  macération  d'intestin  du  nouveau-né 
dédouble  la  lactose;  ces  résultats  sont  confirmés  en  ce  qui  concerne  le  bœuf  et  le 
cheval  par  FiscHKR  et  WiEiiEL.  P.  Portier  en  1808  signale  ce  fait  nouveau  que  la  lactase,  qui 
est  abondante  chez  les  mammifères  tout  jeunes,  devient  de  moins  en  moins  abondante  à 
mesure  que  l'animal  vieillit. 

BiERRY  et  Gruv  Salazar  en  1904  constatent  que  le  milieu  d'activité  optimum  de  la 
lactase  est  un  milieu  un  peu  acide  et  que  la  lactase  comme  l'amylase  est  un  ferment  qui 
diffuse  moyennement  vite  des  cellules  intestinales. 

Raffinnse.  —  Ce  ferment  a  été  très  peu  étudié  chez  les  animaux.  Il  résulte  cependant 
des  recherches  de  Pautz  et  Vogel,  Fischer  et  Wieuel  que  la  laffinase  n'existe  ni  chez  le 
chien  ni  chez  le  cheval.  Bierry  et  Giaja  l'ont  signalée  dans  le  suc  gastro-intestinal  de 
Ihelia  Pomatia. 

Tréhalase.  —  La  tréhalase  a  été  signalée  dans  l'intestin  du  lapin  par  Bourqublot  et 
Gley,  retrouvée  par  Fischer  et  Wiebel  dans  l'intestin  du  bœuf;  Bierry  et  Frouin  consta- 
tent que  la  tréhalase  n'apparaît  dans  le  suc  intestinal  qu'après  désintégration  des  cel- 
lules de  la  muqueuse  de  l'intestin. 

Inulinase.  —  L'inuline  peut  être  dédoublée  activement  [lar  un  ferment  soluble  décou- 
vert par  Green  dans  les  tubercules  de  rarlichaut  de  Jérusalem  et  dénommé  par  cet 
auteur  inulase.  D'après  les  recherches  de  Bierry  et  Portier  et  de  Bichaud,  l'inulase 
n'existe  pas  dans  le  tube  digestif  des  animaux,  c'est  l'acide  chlorhydrique  de  l'estomac 
qui  hydrolyse  l'inuline. 

b.  Ferments  des  hcmi-cellulases.  — F.  des  hexosanes.  —  Les  animaux  supérieurs  n'ont 
pas  de  ferments  susceptibles  d'hydrolyser  les  mannogalactanes  du  caroubier  et  du  salep 
(M™"  et  M.  Gatln),  ni  la  mannogalactane  de  la  luzerne  (Bierry  et  Giaja).  Bierry  et  Giaja 
trouvent  dans  le  suc  intestinal  de  l'escargot  un  suc  qui  hydrolyse  la  mannogalactane  de 
la  luzerne. 

F.  des  xylases.  —  Ce  ferment  n'a  été  retrouvé  que  chez  des  moUusq^ues  parSEiLLiÈRE 
et  Pascault.  Il  est  difficile  de  localiser  la  production  de  ce  ferment. 

c.  Ferments  des  graisses.  —  Lalipase  intestinale  n'a  qu'une  activité  très  faible  (Pawlow, 
Bierry,  Frouin,  etc.). 

d.  Ferments  des  albuminoides.  —  D'anciennes  recherches  de  Leube  il  résulterait  que  le 
suc  entérique  pourrait  solubiliser  la  fibrine  crue.  Celte  action  protéolytique  ne  s'obser- 
verait qu'avec  le  suc  intestinal.  Par  contre,  de  toutes  les  recherches  ultérieures  il  ressort 
que  ni  le  suc  ni  la  macération  intestinale  n'agit  sur  l'albumine  coagulée,  ni  en  milieu 
acide  ni  en  milieu  alcalin.  Nous  sommes  donc  portés  à  conclure  que  l'intestin  ne  con- 


INTESTIN.  433 

tient  aucun  ferment  pouvant  être  ranyc  soit  dans  la  classe  des  ferments  pepliques,  soit 
dans  la  classe  des  ferments  tryptiques. 

Érepsine.  —  En  1901,  Cohnueim  signale  dans  la  muqueuse  intestinale  un  ferment 
susceptible  de  transformer  les  albumoses  et  les  peptones  en  acides  aminés,  mais  inca- 
pable d'hydrolyser  les  albumines  naturelles  sauf  la  caséine,  la  protamine  et  l'histone. 
Il  désigna  du  terme  d'érepsinc  ce  ferment  ({ui,  comme  nous  venons  de  le  voir,  est  dis- 
tinct par  ses  propriétés  de  la  pepsine  et  de  la  trypsine. 

Pour  isoler  ce  ferment,  Cohnueim  recommande  la  technique  suivante  :  deux  parties 
d'une  macération  aqueuse  de  muqueuse  intestinale  sont  additionnées  d'une  partie  de 
solution  concentrée  de  sulfate  d'ammoniaque.  Le  précipité  mis  à  dialyser  se  redissout 
progressivement  et  le  liquide  ainsi  obtenu  est  riche  en  érepsine. 

L'érepsine  a  été  retrouvée  chez  l'homme  par  Hamburger  et  Hekma,  chez  le  chien  par 
Salaskin,  et  par  toute  une  série  d'autres  auteurs  chez  divers  animaux. 

L'érepsine  ne  peut  être  assimilée  à  la  trypsine  pour  deux  raisons.  La  première,  que 
nous  avons  déjà  donnée,  c'est  que  l'érepsine  n'attaque  pas  les  albumines  proprement  dites, 
comme  le  fait  la  trypsine  (Cohnheim)  :  ce  qui  est  confirmé  par  les  auteurs  précités.  La 
seconde  raison,  c'est  que  l'érepsine  transforme  complètement  l'albumine  en  produits 
abiuréliques,  tandis  que  la  trypsine,  même  après  un  temps  de  digestion  très  long, 
laisse  des  produits  biurétiques  inattaqués  (Foa). 

Mais  l'érepsine  n'est  pas  un  ferment  spécial  de  la  muqueuse  intestinale  :  elle  a  été 
retrouvée  dans  le  tissu  pancréatique  par  Vernon  et  dans  des  proportions  variables  dans 
les  macérations  des  autres  tissus. 

KuTSCHER  et  Seemann,  par  des  objections  assez  difficiles  à  interpréter,  se  refusent  à 
classer  l'érepsine  de  Cohnheim  parmi  les  ferments  intestinaux  :  ils  considèrent  que  c'est 
un  ferment  cellulaire  général  que  Cohnheim  met  en  liberté  par  autolyse  de  l'intestin. 

Cohnheim  s'efforce  de  réfuter,  pour  des  raisons  également  obscures,  l'objection  que 
lui  adressent  Kutscher  et  Seemann  que  des  processus  d'autolyse  interviennent  dans  la 
préparation  de  l'érepsine. 

La  question  de  l'érepsine  est  relativement  simple,  et  peut  se  présenter  de  la  façon 
suivante  : 

L'extrait  intestinal  a  des  propriétés  que  la  trypsine  n'a  pas  (digestion  des  antipeptones), 
et  n'a  pas  certaines  propriétés  que  possède  la  trypsine  (digestion  de  l'albumine  coagulée, 
parexemple).  L'extrait  intestinal  a  donc  des  propriétés  différentes  de  celles  de  la  trypsine. 

Ce  n'est  pas  un  ferment  spécifique  de  l'intestin,  cela  est  évident,  puisqu'on  la  retrouve 
dans  de  nombreux  viscères,  mais  il  en  est  de  même  de  la  maltase,  de  l'amylase,  et  de 
bien  d'autres  ferments,  ce  qui  n'empêche  pas  que  les  auteurs  parlent  de  la  maltase  et 
de  l'amylase  au  chapitre  des  ferments  instestinaux. 

L'érepsine  ne  se  retrouve  que  peu  ou  pas  dans  le  suc  intestinal  pur.  Elle  ne  peut  être 
mise  en  évidence  que  par  des  macérations  ;  or  la  macération  comporte  l'autolyse  des 
cellules.  Mais  il  en  est  de  même  pour  l'amylase  et  la  tréhalase,et  ceci  ne  nous  empêche 
pas  de  considérer  ces  ferments  comme  des  ferments  intestinaux. 

L'érepsine  est  donc  un  ferment  endocellulaire. 

Y  a-t-il  des  raisons  particulières  de  penser  que  ce  ferment  endocellulaire  se  comporte 
dans  la  digestion  différemment  des  autres  ferments  endocellulaires  que  nous  venons 
d'examiner?  Tout  le  débat  sur  la  dignité  qu'il  convient  d'attribuer  à  l'érepsine  comme 
ferment  intestinal  se  réduit  à  cette  question. 

Cette  question  n'est  pas  actuellement  résolue. 

Ferment  lab.  —  D'après  Baginski,  l'intestin  sécréterait  un  lab  ferment.  Plumier,  en 
injectant  du  lait  dans  une  anse  intestinale  isolée,  constate  que  le  lait  qui  ressort  est 
coagulé,  et  conclut,  lui  aussi,  à  l'existence  d'un  ferment  lab  intestinal. 

Mucinase.  —  Hoger  a  découvert  dans  l'intestin  un  ferment  qui  coagule  la  mucine  et 
qu'il  a  dénommé  pour  cette  raison  mucinase.  Les  faits  concernant  ce  ferment  seront 
empruntés  aux  publications  de  cet  auteur.  La  muqueuse  intestinale  de  lapin  ou  de 
chien  est  épuisée  par  la  glycérine,  l'exlrait  glycérine  est  traité  par  l'alcool,  et  le  préci- 
pité redissous  dans  l'eau.  Si  l'on  ajoute  à  quelques  centimètres  cubes  de  mucine  de  0,5 
à  2  centimètres  cubes  d'extrait  glycérine  d'intestin,  le  mélange  ne  larde  pas  à  se 
troubler,  et  à  présenter  un  précipité  grumeleux. 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    ÏOMK    IX.  28 


434  INTESTIN. 

La  bile  empêche  l'action  de  ce  ferment.  L'action  des  substances  empêchantes  de  la  bile 
n'est  pas  détruite  par  le  cliauffage  ;  les  substances  empêchantes  sont  détruites  par  ralcool. 

Riva  et  Neppeu  ont  retrouvé  la  mucinase  dans  les  selles  de  l'homme. 

Arginaie.  —  Kossel  et  Dakin,  iOOb,  ont  extrait  de  la  muqueuse  intestinale  un  fer- 
ment qui  dédouble  l'ar^nnine  en  ornithine  et  urée.  Mais  ils  ont  montré  encore  que  ce 
ferment  est  beaucoup  plus  abondant  dans  le  foie,  dans  le  rein,  le  thymus  et  les  lym- 
phatiques. 

L'arginase  soulève  les  mêmes  problèmes  que  l'érepsine,  au  point  de  vue  du  rang  qu'il 
faut  lui  assigner  parmi  les  ferments  intestinaux.  Son  intérêt,  au  point  de  vue  du  méta- 
bolisme général,  sera  développé  dans  l'article  Urée. 

Microbes.  —  Des  variétés  nombreuses  de  microbes  sont  les  hôtes  normaux  de  l'intestin. 
Leur  activité  dans  les  processus  digestifs  fait  donc  partie  de  la  physiologie  normale  de 
l'intestin. 

Étant  donné  le  rôle  considérable  des  microbes  dans  la  pathologie  intestinale  de 
l'homme,  il  s'ensuit  que  la  microbiologie  intestinale  a  été  étudiée  surtout  chez  l'homme. 

1°  Moment  d' apparition  des  microbes  dam  l'intestin.  —  A  la  naissance,  l'intestin  est 
stérile.  Il  est  contaminé,  en  moyenne,  de  quatre  à  vinn;t  heures  après  la  naissance, 
d'après  Escherich  et  Tissier.  La  contamination  se  fait,  en  général,  en  même  temps  par 
l'ingestion  d'aliments  non  stériles, et  par  une  infection  ascendante  à  point  de  départ  anal  ; 

2°  Répartition  dans  rintcstin.  —  D'après  Gilbebt  et  Domi.mci,  qui  ont  fait  porter  leurs 
études  sur  le  chien,  le  nombre  des  microbes  s'accroît  progressivement,  depuis  l'origine 
de  l'intestin  jusqu'au  niveau  du  cfecum  ;  à  partir  de  ce  niveau,  le  nombre  des  bactéries 
diminue  légèrement; 

3°  Quantités.  —  On  a  étudié  la  quantité  des  bactéries  par  trois  méthodes  différentes  : 

rt)  Ensemencement  des  fèces  diluées  sur  plaques  de  Pétri.  Ce  procédé  ne  donne  que 
des  résultats  médiocres,  parce  qu'un  grand  nombre  de  bactéries  sont  déjà  mortes  lors- 
qu'elles sont  rejetées  dans  les  fèces.  Klei.\  et  Heilstrou  estiment  que  les  fèces  ne  ren- 
ferment pas  plus  de  4,0  à  10,6  p.  100  de  bactéries  vivantes. 

b)  Numération  directe  des  bactéries  dans  une  quantité  connue  de  fèces  diluées  à  litre 
connu,  et  étalées  sur  une  surface  de  grandeur  connue.  Cette  technique  a  été  établie  par 
Ebeble,  et  perfectionnée  par  Heilstrou  et  Kleix.  Les  auteurs  conseillent  de  faire  d'abord 
une  dilution  de  4  milligrammes  de  fèces  dans  10  centimètres  cubes  d'eau,  et  de  mélan- 
ger, à  parties  égales,  la  suspension  de  fèces  avec  une  solution  de  violet  de  gentiane.  On 
sèche  le  liquide  coloré,  et  ou  monte  au  baume  sans  laver. 

c)  Pesée  des  bactéries.  Cette  méthode  a  été  instituée  par  Str.\ssbdrger,  et  appliquée 
ensuite  par  Leschziner,  Schittenhelm  et  Tolle.ns.  Une  quantité  connue  de  fèces  est  tritu- 
rée d'une  façon  intime  avec  de  l'eau.  Le  tout  est  centrifugé,  les  matières  fécales,  en 
raison  de  leur  densité,  se  déposent  dans  le  culot  des  tultes;  les  microbes,  dont  le  poids 
spécifique  est  voisin  de  celui  de  l'eau,  restent  en  suspension.  Après  deux  ou  trois  lavages, 
on  se  débarrasse  totalement  des  matières  fécales.  La  suspension  aqueuse  de  microbes 
est  additionnée  d'alcool,  le  milieu  étant  moins  dense  que  les  microbes,  ceux-ci  se  dépo- 
sent à  leur  tour  lors  d'une  nouvelle  centrilugation. 

Les  nombres  totaux  des  bactéries  de  l'intestin  de  l'adulte  obtenus  par  ces  diverses 
méthodes  ont  été  les  suivants  :  par  la  culture  (Gilbert  et  Douinici)  1d  milliards  (résultat 
naturellement  trop  faible  pour  les  raisons  sus-indiquées)  ;  par  la  numération  (Klein) 
8,8  billions;  par  la  pesée  (Strassbcrger)  (calcul  approximatif)  128  billions. 

Le  nombre  des  bactéries  de  l'intestin  est  donc  énorme.  En  poids,  Strassburger  évalue 
la  masse  des  bactéries  comme  équivalente,  en  moyenne,  au  tiers  de  la  masse  fécale 
totale.  Cette  proportion  paraît  vraiment  considérable  !  La  technique  de  Strassburger 
est-elle  bien  irréprochable  ? 

4°  Variétés.  —  Les  variétés  de  microbes  intestinaux  sont  extrêmement  nombreuses; 
il  est  bon,  pour  cette  raison,  de  cultiver  les  fèces  sur  des  milieux  très  variés,  et  de  ne 
jamais  omettre  de  faire  des  cultures  anaérobies,  en  même  temps  que  des  cultures  aérobies. 

Les  principales  variétés  qui  se  rencontrent  d'une  façon  constante,  d'après  Bienstock, 
Escherich,  Tissier,  etc.,  sont  les  suivantes  : 

a)  Aérobies  :  B.  coli  communis.  B.  lactis  aerogenes.  B.  duodenalis,  B.  proteus  vidga- 
ris.  B.  liquefaciens,  Enterococcus  (Thiercelin). 


INTESTIN.  135 

b)  Anaérobies  :  B.  bifidus  commiinis  (Tissieu).  B.  amijlobacter.  B.  de  lu  fjangrcae 
■gazeuse.  B.  putrificus,  streptocoques  divers,  etc. 

50  Digestion  microbienne.  —  Les  divers  microbes  que  nous  venons  d'énumérer  ne  sonl 
qu'une  faible  partie  des  nombreuses  variétés  microbiennes  isolées  dans  l'intestin.  Cette 
flore  nombreuse  et  variée  est  susceptible  d'attaquer  tous  les  aliments  qui  passent  dans 
le  tube  digestif.  Une  des  caractéristiques  de  la  dif^estion  microbienne  est  de  pousser  la 
digestion  des  aliments  beaucoup  plus  loin  que  ne  le  font  les  sucs  animaux,  et  de  donner 
naissance  à  certains  corps  qui,  quoique  de  constitution  encore  complexe,  ne  se  retrouvent 
jamais  dans  la  digestion  animale. 

C'est  ainsi  que  les  microbes  poussent  la  digestion  des  albumines  jusqu'au  stade  acide 
acétique,  isobutyrique,  valérianique,  mettent  en  liberté  de  l'hydrogène  sulfuré,  de 
l'anhydride  carbonique,  etc.,  tandis  que  nous  avons  vu  que  la  digestion  tryptique  ne 
dépasse  pas  le  stade  des  acides  aminés,  et  ne  donne  jamais  naissance  à  un  dégagement 
gazeux.  De  même,  la  digestion  microbienne  donne  naissance  à  de  l'indol,  du  scatol,  de 
la  phénylanaline,  qui,  bien  que  n'étant  pas  des  produits  ultimes  de  désagrégation,  ne  se 
trouvent  cependant  pas  dans  la  digestion  tryptique.  De  même,  les  microbes  opèrent  sur 
les  graisses  et  les  hydrates  de  carbone  des  digestions  très  différentes  de  celles  que  nous 
avons  vues  à  propos  de  la  digestion  par  les  sucs  intestinaux. 

a)  Digestion  des  albumines.  —  La  digestion  microbienne  des  albumines  s'appelle  com- 
munément putréfaction,  en  raison  de  l'odeur  en  général  repoussante  des  produits  de 
cette  digestion.  Les  nombreux  produits  de  cette  digestion  microbienne  ont  fait  l'objet  de 
travaux  importants  de  la  part  de  Ne-^cki,  Baumann,  Brieger,  H.  et  F.  Salkowsei, 
A.  Gautier,  etc.  On  peut  sérier  de  la  manière  suivante  les  produits  de  la  putréfaction. 

a)  Les  acides  monoaminés  de  la  série  grasse  donnent  naissance,  dans  la  putréfaction, 
à  de  l'ammoniaque  et  à  des  acides  gras  :  acétique,  propionique,  butyrique,  valérianique, 
caproïque  et  carbonique. 

6)  Les  acides  dianiinés  donnent  naissance,  par  mise  en  liberté  d'une  molécule  de  CO-, 
à  des  produits  très  odorants  et  assez  toxiques. 

L'ornilhine  CH2AzH2(CH)-^  CHAzH^  GOOH  donne  CH^AzH2(CH2)2  CH^Az^  (tétraméthyièn- 
diamine  ou  putrescine  +  CO^. 

La  lysine  CH^  A3H2(GH^)-^  GHAuH^  COOH  donnera  GH^'A3H2(CH2)3  CIÏ^AaH^  +  CO^ 
pentaméthylèndiamine  ou  cadavérine. 

c)  Un  acide  aminé  de  la  série  aromatique,  qu'on  ne  retrouve  jamais  dans  les  diges- 
tions tryptiques,  apparaît  dans  la  putréfaction  :  c'est  la  phénylalanine. 

d)  Les  acides  aminés  de  la  série  aromatique  présentent,  au  cours  de  la  putréfaction, 
des  dédoublements  de  plus  en  plus  considérables. 

La  tyrosine,  acide  oxyphénylaminopropionique  C6H4  OH  CH^  CHAz  COOH  donnera 
successivement  l'acide  oxyphénylpropionique  CgH^OH  CH-  CH2COOH  +  AzH^,  le  p  crésol 
CeHi  OH  CH3,  et  le  phénol  Ce  H5  OH. 

L'alanine,  qui  est  un  acide  phénylaminopropionique  donnera  elle-même,  finalement 
aussi,  du  crésol  et  du  phénol. 

D'après  Thierfelder  et  Nuttal,  l'acide  paroxyphénylpropionique  serait  un  produit 
susceptible  d'être  mis  en  liberté  par  la  trypsine  ;  par  contre,  le  crésol  et  le  phénol  ne 
peuvent  être  rais  en  liberté  que  par  les  diastases  microbiennes. 

C  CHAz  Ho  002  COOH 

Du  tryptophane  CcHi-.  yCH 

AzH 

dérivent    : 

CH 

l'indol  Ce  H4\/)cH 

AzH 
CCHz 

et  le  scatol  Ce  Hiv. /CH 

AzH 

(ou  méthylindol). 


436  INTESTIN. 

e)  Les  composés  soufrés  de  l'albumine  donneraient,  par  dédoublement,  des  merca- 
plans,  dont  l'odeur  est  extrêmement  forte,  et  de  l'hydrogène  sulfuré. 

Tels  sont  les  piincipaux  produits  de  la  putn'faction  des  albumines. 
(3)  Hydrates  de  carbone.  —  Les  produits  de  la  digestion  microbienne  des  hydrates  de 
carbone  sont  :  l'acide  lactique,  paralaclique,  succinique,  formique,  de  l'hydrogène,  de 
l'anhydride  carbonique,  du  gaz  des  marais,  etc.  (Le  rôle  des  microbes  dans  la  digestioi 
de  la  cellulose  sera  étudié  au  chapitre  de  la  Phi/sioloyie  comparée.) 

8)  Graisses.  —  Les  produits  de  la  digestion  des  graisses  par  les  microbes  sont  peu 
connus. 

e)  Mécanisjne  de  la  digestion  microhienne  des  albumines.  —  Au  point  de  vue  physiolo- 
gique, ce  sont  la  digestion  microbienne  des  albumines  et  celle  des  hydrates  de  carbone 
qui  sont  les  plus  importantes  :  relie  des  albumines  est  intéressante,  parce  qu'elle  déve- 
loppe des  produits  toxiques  qu'on  retrouve  dans  l'urine;  celle  des  hydrates  de  carbone, 
parce  qu'elle  semble  jouer,  comme  nous  le  verrons  plus  tard,  en  physiologie  comparée, 
un  rôle  normal  et  prépondérant  dans  la  digestion  générale  des  herbivores.  Pour  celte 
dernière  raison,  nous  n'envisagerons  ici  que  la  digestion  des  albumines. 

Dans  l'innombrable  flore  intestinale,  il  y  a  des  microbes  susceptibles  d'actions  dia- 
stasiques  très  variées.  Nous  devons  à  Tissier  et  Martelly  quelques  notions  intéressantes 
sur  ce  point.  Ces  auteurs  divisent,  à  propos  de  la  putréfaction,  les  microbes  en  deux 
catégories  : 

1°  Les  ferments  mixtes,  qui  attaquent  à  la  fois  et  les  hydrates  de  carbone  et  les 
albumines;  tels  sont  :  le  B.  perfringens,  B.  bifermentans,  Staphylococcus  albus,  etc. 

2°  Les  microbes  à  ferments  protéolytiques  purs,  qui  n'attaquent  que  les  albumines; 
tels  sont  le  B.  putriftcus,  le  li.  putridiis  ffracilis,  le  Diplococcus  magnus. 

Si,  maintenant,  nous  considérons  l'aclion  protéolytique  dos  microbes,  nous  voyons 
([u'elle  se  manifeste  d'une  manière  très  variable,  selon  le  microbe  considéré. 

Une  étude  particulièrement  approfondie  de  ces  faits  a  été  poursuivie  par  Bienstock, 
dont  les  résultats  ont  été  étendus  et  confirmés  par  Rettgek.  Les  résultats  de  leurs 
recherches  sont  les  suivants  : 

i"  Il  y  a  des  bacilles  doués  d'une  forte  activité  protéolytique  sans  pouvoir  putréfiant 
marqué,  c'est-à-dire  susceptibles  d'attaquer  l'albumine  comme  un  ferment  animal,  mais 
sans  donner  naissance  aux  produits  proprement  dits  de  la  putréfaction.  Tels  sont  : 
B.  acror/encs  capsidatiis  et  B.  entcridis  sporogenes ; 

2"  Il  y  a  des  bacilles  à  la  fois  protéolytiques  et  putréfiants,  par  exemple  :  li.  œdcmati 
maligni  et  B.  antliracis  symptomatici ; 

3°  Il  y  a  des  bacilles  peu  protéolytiques  et  très  putréfiants,  comme  le  B.  putrificus. 

Si  nous  essayons,  maintenant,  d'approfondir  l'action  des  bacilles  putréfiants  propre- 
ment dits,  nous  constatons  trois  faits  importants. 

Tout  d'abord,  la  plupart  des  bacilles  putréfiants  sont  anaérobies,  comme  l'avait 
signalé  déjà  Bienstock. 

Ensuite,  les  bacilles  putréfiants  ne  donnent  pas  toujours  des  produits  caractéristiques 
de  la  putréfaction;  c'est  ainsi  que  B.  putrificus  ne  donne  pas  d'indol  (Bienstock  et 
Rettger),  qui  apparaît,  au  contraire,  par  adjonction  du  Dacillus  lactis  aerogenes. 

Enfin,  la  putréfaction  ne  donne  naissance  à  toute  la  gamme  des  produits  signalés 
plus  haut  que  si,  à  côté  des  aérobies,  se  trouvent  des  anaérobies.  Le  fait  peut  être  expli- 
qué, par  exemple,  d'après  Nencki,  Hopkins  et  Cole,  à  propos  de  la  formation  de  l'indol 
et  du  scatol.  Le  tryplophane  donne,  par  perte  de  H-,  naissance  à  de  l'acide  scatolacé- 
tique  (processus  exigeant  des  anaérobies),  mais  la  transformation  de  l'acide  scatolacé- 
tique  en  scatol  et  indoi  se  fait  par  perte  de  0^  (processus  exigeant  dps  aérobies). 

Une  putréfaction  est  donc  une  hydrolyse  très  complexe,  où  il  faut  plusieurs  microbes, 
d'abord,  parce  que  les  microbes  qui  sont  protéolytiques,  souvent,  ne  sont  pas  putré- 
fiants; ensuite,  parce  que  les  microbes  anaérobies,  qui  peuvent  intervenir  à  certains 
moments  de  l'hydrolyse,  sont  inefficaces  dans  des  processus  ultérieurs,  qui  exigent  un 
processus  aérobie.  C'est  ce  qui  nous  explique  qu'une  albumine  ensemencée  avec  un  seul 
microbe  ne  subit  qu'une  putréfaction  beaucoup  moins  rapide,  et  beaucoup  moins 
complète  qu'une  albumine  ensemencée  avec  des  ferments  mixtes. 

Ç)  Causes   qui  limitent  la  putréfaction  physiologique.  —  Étant  donné  que  l'intestin 


INTESTIN.  437 

contient  normalement  toute  la  llore  microbienne  nécessaire  à  la  putréfaction,  et  reçoit 
constamment  des  albumines  susceptibles  d'être  attaqués  par  ces  microbes,  on  s'est 
demandé  pourquoi  la  putréfaction  intestinale  se  limite,  en  sommé,  à  un  processus  peu 
important  comparé  à  la  protéolyse  par  les  ferments  animaux. 

Il  y  a,  de  ce  fait,  deux  raisons.  La  première,  c'est  que,  selon  une  loi  physiologique 
générale,  tout  produit  d'hydrolyse  susceptible  d'être  résorbé  est  rapidement  résorbé,  et 
ne  s'accumule  pas  dans  l'intestin.  Nous  verrons,  à  propos  de  la  résorption  des  albumines, 
qu'on  ne  trouve  jamais  que  de  très  faibles  quantités  d'acides  aminés  dans  l'intestin.  Or, 
comme  l'activité  des  microbes  commence  surtout  à  se  faire  sentir  énergiquement  sur 
des  produits  déjà  dégradés  de  Talbumine,  il  en  résulte  que,  physiologiquement,  les 
processus  normaux  de  la  résorption  coupent  les  vivres  aux  microbes.  En  accord  avec 
ce  phénomène,  on  a  constaté,  en  effet,  qu'un  des  seuls  moyens  que  l'on  possède  d'aug- 
menter la  putréfaction  intestinale  est  de  provoquer  une  occlusion  de  l'intestin  qui 
empêche  la  résorption  de  s'accomplir  normalement. 

La  seconde  raison  qui  limite  encore  la  putréfaction  intestinale  est  l'antagonisme 
manifeste  entre  les  microbes  qui  attaquent  les  albumines  et  les  microbes  qui  attaquent 
les  hydrates  de  carbone.  C'est  une  loi  fondamentale  que,  dans  les  milieux  riches  en 
hydrates  de  carbone,  la  putréfaction  est  toujours  limitée.  L'élude  des  produits  contenus 
dans  les  divers  segments  de  l'intestin  illustre  d'une  façon  très  nette  cette  loi. 

Nous  verrons  que  la  digestion  et  la  résorption  des  hydrates  de  carbone  se  réalise 
complètement  dans  l'intestin  grêle;  et,  du  moins  pour  des  hydrates  de  carbone  comme 
le  sucre,  le  lactose,  l'amidon,  il  ne  passe  que  des  quantités  insignifiantes  d'hydrates  de 
carbone  dans  le  gros  intestin.  Schématiquement,  nous  pouvons  donc  dire  qu'il  y  a  des 
hydrates  de  carbone  dans  l'intestin  grêle,  et  qu'il  n'y  en  a  plus  dans  le  gros  intestin. 
Or,  quand  on  étudie  le  contenu  intestinal,  on  constate  qu'il  n'y  a  pas  de  putréfaction 
dans  l'intestin  grêle,  et  que  celle-ci  ne  commence  que  dans  le  gros  intestin.  Dans 
i'intestin  grêle,  on  trouve  beaucoup  de  produits  dérivés  des  hydrates  de  carbone,  et  des 
graisses.  Acides  lactique,  acétique,  paralactique  (Macfayden,  Ni:nciu  etSiEBER);  de  l'acide 
succinique  (Jakowski),  des  acides  formique,  et  butyrique  (A.  Sghmidt),  de  l'alcool 
(Jakowsri),  mais  pas  de  produits  dérivant  des  albumines;  traces  de  H-S  (Macfayden); 
traces  de  phénols  et  d'oxyacides,  pas  de  scatol  ni  d'indol  (Bauman.n). 

Dans  le  gros  intestin  abondent  au  contraire  les  acides  acétique,  isobutyrique,  valéria- 
nique,  caproïque,  du  phénol,  de  l'indol,  du  scatol  (Brieger),  de  l'ammoniaque  Brau- 
?sEck),  de  l'acide  scatolcarbonique(SALKowsKi),  de  l'acide  oxyphénylacétique(RAUMANx),  du 
méthylniercaptan  (Nencki  et  Sieber,  de  la  cadavérine  et  de  la  putrescine  (Brieger),  etc. 

La  putréfaction,  phénomène  localisé  au  gros  intestin,  est  donc  empêchée  dans  le 
petit  intestin  par  la  présence  d'hydrates  de  carbone  dans  cette  partie  du  tube  digestif. 

Deux  raisons  ont  été  proposées  pour  expliquer  que  la  putréfaction  est  atténuée 
dans  les  milieux  qui,  outre  des  albumines,  contiennent  des  hydrates  de  carbone.  La 
première  invoquée  par  Bienstock  est  qu'il  y  a  antagonisme  entre  les  bacilles  qui  atta- 
quent les  hydrates  de  carbone  et  ceux  qui  attaquent  les  albumines.  La  seconde  pro- 
posée par  TissiER  et  Martelly  est  que  les  bacilles  des  hydrates  de  carbone  développent 
des  réactions  de  milieu  défavorables  au  développement  des  microbes  putréfiants. 

Si  l'on  étudie  le  sort  d'un  lait  cru  abandonné  à  lui-môme,  on  constate,  comme  l'a 
fait  Bienstock,  qu'il  s'acidifie,  mais  ne  se  putréfie  pas.  Dans  les  mêmes  milieux  atmo- 
sphériques, le  lait  cuit  et  reposé  à  l'air  se  putréfie.  Or  ces  deux  laits,  du  fait  de 
l'expérience,  sont  exposés  à  la  même  contaminalion.  S'il  en  est  un  qui  puisse  être  moins 
contaminé,  c'est  le  lait  cuit.  Or,  fait  remarquable,  c'est  justement  celui-là  qui  se  putréfie. 
Bienstock  pense  que,  si  le  lait  cuit  se  putréfie,  c'est  que  la  cuisson  a  tué  des  bacilles 
lactiques,  qui,  eux  sont  absents  des  poussières  de  l'atmosphère,  et  que,  par  conséquent, 
la  putréfaction  du  lait  cuit  est  liée  à  la  destruction  des  bacilles  lactiques  comme  la  non- 
putréfaction  du  lait  cru  était  liée  au  développement  des  bacilles  lactiques.  Beaucoup 
d'auteurs  ont  adopté  cette  manière  de  voir,  et  jusque  ici  l'accord  est  assez  général  sur 
îes  faits  et  leur  interprétation.  Le  désaccord  commence  sur  le  point  de  savoir  si  les 
bacilles  lactiques  gênent  directement  le  développement  des  bacilles  putréfiants  par 
«  concurrence  vitale  »,  ou  s'ils  interviennent  autrement. 

6"  Sort  des  produits  de  la  putréfaction  intestinale.  —  Les  produits  de  la  putréfaction 


438  INTESTIN. 

sont  en  majeure  partie  résorbés  par  l'intestin.  En  ce  qui  concerne  l'indol,  Ellinger  a 
constaté  que  50  p.  100  du  produit  ingéré  passe  dans  les  urines.  B-mmann,  qui  a  fait  une 
étude  remarquable  des  produits  de  la  putréfaction,  a  montré  que  nombre  des  produits 
de  la  putréfaction  s'éliminent  dans  les  urines  en  combinaison  avec  l'acide  sulfurique  ou 
avec  l'acide  glycuronique.  Nous  renvoyons  le  lecteur  pour  l'exposé  de  cette  question 
d'une  part  à  l'article  «  Urine  »  de  ce  dictionnaire,  et  aux  traités  de  médecine  pour  le 
parti  diagnostic  qu'on  a  tiré,  en  pathologie,  de  la  présence  des  produits  de  la  putréfac- 
tion intestinale  dans  l'urine. 


II.  —    RÉSORPTION    INTESTINALE. 


La  résorption  intestinale  est  l'acte  digestif  par  lequel  les  aliments  transformés  ou 
non  au  cours  de  leur  passaf^e  dans  le  tractus  gastro-intestinal  vont  pénétrer  dans  la 
paroi  de  l'intestin  pour  passer  ensuite  dans  le  torrent  circulatoire. 

Toute  une  catégorie  de  substances  échappent  à  la  résorption,  comme  les  fibres  végé- 
tales, les  fibres  conjonctives  non  digérées,  les  pépins  de  fruits,  eic.  Ces  substances  sont 
éliminées  dans  les  matières  fécales. 

Les  substances  susceptibles  d'être  résorbées  peuvent  se  diviser  en  plusieurs  catégo- 
ries :  l'eau,  les  sels,  divers  liquides  comme  l'alcool,  la  glycérine,  les  hydrates  de  car- 
bone, les  substances  azotées  et  les  graisses. 

Les  phénomènes  de  la  résorption  sont  de  complexité  inégale  pour  les  diverses 
substances.  L'eau  et  les  sels,  l'alcool  et  la  glycérine  par  exemple,  sont  absorbés 
en  nature  par  l'intestin,  et,  de  l'intestin  passent  sans  modification  dans  le  torrent  cir- 
culatoire. Pour  les  hydrates  de  carbone,  il  est  probable  que  certains  d'entrés  eux, 
comme  la  saccharose  et  la  maltose,  subissent  dans  l'intimité  même  de  l'intestin  une 
véritable  digestion  (inversion  du  saccharose,  dédoublement  du  maltose  en  glucose) 
avant  de  passer  dans  le  torrent  circulatoire  et  que,  par  conséquent,  la  résorption  s'ac- 
compagne d'une  digestion  intra-cellulaire.  Pour  les  substances  azotées  la  résorption, 
d'après  beaucoup  d'auteurs,  s'accompagnerait  même  d'une  reconstitution  au  sein  de 
l'intestin  de  la  molécule  albuminoïde.  Enfin,  pour  les  graisses,  se  posent  les  mêmes 
problèmes  avec  en  plus  celui  de  savoir  sous  quel  état  les  graisses  sont  susceptibles 
d'être  résorbées. 

1°   Résorption  de  l'eau  et  des  sels. 

La  résorption  de  l'eau  et  des  sels  par  l'intestin  est,  comme  la  sécrétion  de  l'eau  et 
des  sels  par  le  rein,  une  question  étudiée  avec  prédilection  par  les  physiologistes, 
moins  peut-être  pour  préciser  les  conditions  de  résorption  de  ces  substances  que  pour 
trouver  dans  les  expériences  des  arguments  permettant  de  discuter  du  mécanisme  de 
la  résorption. 

La  résorption  de  l'eau  et  la  résorption  des  sels  sont  deux  questions  inséparables. 
L'intestin  ne  résorbe  pas  à  sec;  si  l'on  dépose  des  sels  anhydres  dans  l'intestin,  celui-ci 
sécrète  d'abord  de  l'eau,  et  ce  sont  ces  sels  dilués  dans  l'eau  qui  sont  ensuite  l'ésorbés. 
De  même  l'intestin  ne  résorbe  pas  de  l'eau  pure  :  si  l'on  dépose  de  l'eau  distillée  dans 
l'intestin,  celui-ci  ne  tarde  pas  à  sécréter  des  sels,  et  rapidement  l'eau  distillée  est  rem- 
placée par  une  solution  saline. 

Ces  faits  mêmes  nous  indiquent  l'intérêt  de  considérer  comment  s'effectuera  la 
résorption  lorsqu'on  met  l'intestin  en  présence  de  liquides  très  pauvres  en  sels,  puis  en 
présence  de  solutions  salines  de  concentration  croissante?  En  pratique,  on  n'a  guère 
étudié  les  cas  extrêmes  de  l'eau  distillée  et  des  sels  anhydres;  car  ces  substances  altè- 
rent l'une  et  l'autre  la  muqueuse  intestinale.  En  général  on  fait  choix  de  solutions 
bypotoniques,  isotoniques  et  hypertoniques,  car  l'intérêt  de  la  question  est  moins  d'éta- 
blir l'ordre  de  grandeur  absolu  que  le  sens  même  des  phénomènes. 


INTESTIN.'  439 

Exposé  des  faits.  —  1°  Réso)j>tion  de  NaCl  à  des  concentrations  variable^.  Exp.  de 
Heidf.miain  sur  NaCI. 


Solution 

introduite  ilaiis 

uDo  anso 

intestinale  isi)l(<e 

Durée 

Solution  retrouvée 

Quantité 

"'—      '      — * 

Quantité 

Quantité 

Quantité 

do 

Pourcentage 

totale 

do  la 

de 

Pourcentage 

totale 

solution. 

on  NaCI. 

ilo  NaCl. 

résorption. 

solution 

en  NaCl. 

de  NaCl. 

cnio. 

gr. 

min. 

cmc. 

gf- 

I.  , 

,    .      120 

0,3 

0,36 

15 

18 

0,60 

0,108 

11. 

.    .      120 

0,5 

0,G 

15 

35 

0,66 

0,23 

m. 

.    .     117 

1,0 

i,n 

15 

75 

0,90 

0,67 

IV. 

.    .     120 

1,46 

1,15 

15 

109 

1,20 

1,31 

Cette  expérience  montre  que  les  solutions  inférieures  en  concentration  à  0,9  p.  100 
se  concentrent  dans  l'intestin  et  que  les  solutions  supérieures  à  0,9  p.  100  se  diluent, 
qu'en  somme,  riael  que  soit  le  titre  initial  des  solutions  introduites  dans  l'intestin,  celui-ci 
tend  toujours  à  ramener  des  solutions  à  Visotonie  avec  le  plasma  sanijuin.  Mais  il  découle 
aussi  de  cette  même  expérience  que  le  retour  à  l'isotonie  du  liquide  intestinal  n'est 
pas  la  condition  nécessaire  pour  sa  résorption. 

En  effet,  l'eau  salée  peut  traverser  l'intestin  en  concentration  très  hypotonique,  car 
la  concentration  de  0,60  que  nous  trouvons  à  la  fin  de  l'expérience  I  est  la  concentra- 
tion maximum  qui  ait  pu  se  produire  au  cours  de  l'expérience.  En  effet,  l'intestin 
s'efforçant  toujours  de  ramener  son  contenu  à  l'isotonie  et  de  l'y  maintenir  quand  il  s'y 
trouve  à  cette  concentration,  on  ne  saurait  admettre  que  dans  l'expérience  I  la  concen- 
tration ait  pu  devenir  supérieure  momentanément  à  0,6  pour  revenir  ensuite  à  ce 
taux.  Par  conséquent,  il  devient  évident  que  l'eau  salée  a  pu  être  absorbée  directement 
à  des  concentrations  hypotoniques.  Dans  l'expérience  IV  nous  pouvons  affirmer  pour 
des  raisons  de  même  ordre  que  la  concentration  finale  de  1,20  p.  100  est  la  concentra- 
tion minima  qui  ait  existé  au  cours  de  l'expérience.  Or,  à  la  fin  de  cette  expérience,  le 
liquide  a  été  déjà  résorbé  partiellement.  Par  conséquent  l'intestin  est  susceptible  de 
résorber  des  liquides  hypertoniques  de  même  qu'il  est  susceptible  de  résorber  des 
liquides  hypotoniques. 

Enfin,  au  point  de  vue  des  vitesses  d'absorption,  il  importe  de  remarquer  que  les 
solutions  hypotoniques,  sont  plus  vite  résorbées  que  les  solutions  isotoniques,  qu'elles- 
mêmes  sont  plus  vite  résorbées  que  les  solutions  hypertoniques. 

La  constatation  de  ces  différents  faits  nous  permet  en  plus  de  faire  une  nouvelle 
remarque.  La  résorption  des  solutions  hypertoniques  et  des  solutions  hypotoniques  ne 
consiste  pas  en  un  passage  en  bloc  des  solutions  en  cause. 

La  résorption  des  solutions  hypotoniques  vase  faire  avec  une  augmentation  progres- 
sive de  la  concentration  du  liquide  intestinal,  et  la  résorption  des  solutions  hyperto- 
niques va  de  pair  avec  une  diminution  de  la  concentration.  Pour  expliquer  ces  phéno- 
mènes, on  peut  faire  deux  hypothèses.  Tout  d'abord  on  peut  penser  que  pour  la 
résorption  des  solutions  hypotoniques  la  résorption  de  l'eau  va  plus  vite  que  celle  du 
sel,  et  que  pour  la  résorption  des  solutions  hypertoniques  la  résorption  du  sel  va  plus 
vite  que  celle  de  l'eau  :  d'où  nivellement  des  tonicités  des  liquides  résiduels  dans  l'in- 
testin. 

Mais  on  peutadmettre  aussi  que  dansla  résorption  dessolutions  hypotoniques,  du  sel 
venant  du  plasma  sanguin  passe  dans  l'intestin  en  même  temps  que  de  l'eau  va  vers  le 
sang,  et  pour  les  solutions  hypertoniques  on  peutadmettre  qu'en  même  temps  (jue  le 
sel  de  la  solution  est  déversé  dans  le  plasma,  celui-ci  abandonne  de  l'eau  à  Tintes- 
lin  :  par  ce  mécanisme  un  nivellement  de  tonicités  du  liquide  intestinal  est  également 
possible. 

L'expérience  précitée  ne  peut  résoudre  ce  problème.  Le  principal  éleclrolyte  en  jeu 
est  NaCl,  et  on  ne  peut,  par  conséquent,  distinguer  le  NaCl  qui  reste  de  la  solution 
primitive  de  celui  qui  provient  du  plasma.  C'est  pourquoi  il  est  intéressant  de  com- 
parer par  rapport  à  des  solutions  de  NaCl  la  façon  dont  se  comportent  des  solutions 
d'autres  cristalloïdes. 


440 


INTESTIN. 


2°  Résorption  de  solutions  de  cristalloides  autres  que  NaCl. 

Voici  des  expériences  de  Couniieim  faites  avec  des  solutions  de  glucose  à  o,5  p.  100 
c'est-à-dire  à  peu  près  isotoniques  au  plasma  sanguin. 

Composition  du 

li(|iiidc  intostinul 

au  bout  ilo  co  temps. 


Quantité  de  solution 

Quantité 

de  glucose 

Duroo  de  la 

de 

liquide 

à  5  p.  100  introduite. 

résorption. 

retrouvé. 

cmc. 

min. 

50 

25 

37 

50 

35 

30 

50 

25 

38 

50 

35 

52 

Glucose, 
p.  100. 
4,2 
4,2 
4,1 
3,7 


NaCl. 

p.  100. 

0,16 

o,n 

0,25 

0,27 


Il  convient  d'ajouter  que  des  résultats  analogues  sont  obtenus  avec  les  autres  cris- 
lalloïdes  par  exemple  du  sulfate  de  soude,  de  l'urée,  etc. 

Ce  type  d'expériences  nous  montre  qu'au  cours  des  résorptions  de  solutions  de  cris- 
talloides autres  que  NaCl,  il  se  fait  à  travers  l'intestin  un  double  mouvement  de  sub- 
stances, le  cristalloïde  en  solution  va  vers  le  plasma  sanguin  et  du  NaCl  du  sang  va 
du  plasma  sanguin  vers  l'intestin. 

Ces  expériences  ne  permettent  pas  de  conclure  que,  dans  les  premières  expériences 
citées,  NaCl  affluait  du  plasma  sanguin  vers  l'intestin  (dans  le  cas  des  solutions  hypo- 
toniques)  mais  elles  rendent  cette  hypothèse  vraisemblable. 

Ces  expériences  nous  montrent  enfin  un  fait  nouveau  :  c'est  que,  si  au  cours  de  la 
résorption  des  solutions  de  tonicités  diverses,  la  résorption  s'accompagne  d'un  nivel- 
lement des  tonicités  qui  se  rapprochent  de  celle  du  plasma;  cette  tendance  au  nivelle- 
ment des  tonicités  n'est  pas  le  seul  facteur  qui  préside  aux  modifications  du  liquide 
contenu  dans  l'intestin.  Nous  voyons  en  effet  que,  lors  même  qu'on  emploie  des  solu- 
tions isotoniques  de  glucose,  d'urée  et  de  sulfate  de  soude,  du  NaCl  du  plasma  sanguin 
ne  tarde  pas  à  se  déverser  dans  le  liquide  intestinal. 

La  résorption  iiitestinale  s'accompagne  donc  d'une  modification  du  liquide  intestinal,  telle 
que  sa  composition  chimique,  au  moins  en  ce  qui  concerne  NaCl,  tend,  elle  aussi,  à  se  rap- 
procher de  la  composition  chimique  du  plasma. 

3"  Comparaison  entre  la  résorption  des  divers  èlectrolyles. 


Introduite. 


Substance. 

NaCl 

Glucose 

MgSO* 

Formiatc  de  Na. . 
Valérianatc  de  Na. 


cmc. 
50 
50 
50 
35 
35 


A 

0,696 
0,698 
0,678 
0,601 
0,610 


Durée  de  la 

résorption. 

min. 

25 

25 

25 

20 

20 


Substance  restante. 


cmc. 
26 
39 
72 
25 
13,5 


A 

0,.^j83 
0,610 
0,654 
0,626 
0,590 


Ces  quelques  expérience.^,  empruntées  à  Hôber,  montrent  que  la  vitesse  de  résorption 
des  divers  sels  est  très  inégale.  Des  nombreuses  recherches  qui  ont  eu  pour  but  de 
préciser  les  vitesses  relatives  de  résorption  des  divers  sels,  il  résulte  les  faits  suivants. 

a)  Sels  inorganiques.  La  vitesse  de  résorption  croît  de  gauche  à  droite  dans  tous  les 
tableaux. 

1°  Résorption  des  anions  (Hôber). 

FI,  HPO;.  SOi,  NO3,  I,  Br,  Cl. 

2°  Résorption  des  cations  'Hôber). 

Ba,  Mg,  Ca  Na,  K. 

fî)  Sels  organiques  de  soude  (Wall.xce  et  Cush.xy). 
Oxalates. 


Caprylates. 

Malonates. 

Succinates. 

Tartrates. 

Citrates. 

Malates. 


Œaanthylates. 
Lactates. 
Salicylates. 
Phtalates. 


Formiates. 

Acétates. 

Propionates. 

Butyrates. 

Valérianates. 

Capronates. 


INTESTIN.  441 

Exposé  des  théories. 

Avec  une  connaissance  si  incomplète  de  la  résorption  de  Teau  et  des  sel?,  on  pour- 
rait s'attendre  à  ce  que  les  théories  qu'on  en  a  proposées  fussent  discrètes;  elles  sont 
au  contraire  exubérantes.  C'est  que  pour  tous  les  phénomènes  de  résorption  ou  de 
sécrétion  qui  ont  paru  simples  parce  que  les  cellules  n'y  fabriquaient  rien,  les  théories 
ont  toujours  opéré  hardiment  devant  les  faits.  Mais  c'est  qu'aussi  les  théories  qui  incar- 
nent souvent  assez  peu  les  phénomènes  incarnent  toujours  l'esprit  des  savants  qui  les 
étudient  et  que  ceux-ci  ont  toujours  à  défendre  quelques  intérêts  vilalistes,  néo-vita- 
listes,  iatro-mécaniciens  ou  physico-chimistes.  Pour  lu  résorption  il  y  a  eu  et  il  y  a 
encore  des  e'coles. 

Mais  il  faut  ajouter  que  ces  théories  par  ailleurs  sont  respectables,  car  elles  ont  sus- 
cité des  expériences  nouvelles  et  poussé  à  la  critique  des  expériences  anciennes. 

A  ce  double  titre  elles  méritent  quelque  considération. 

Les  théories  de  la  résorption  des  sels  se  divisent  en  deux  catégories  :  les  théories  phy- 
sico-chimiqu(^s,  qui  raisonnent  des  épithéliums  intestinaux  comme  de  membranes  sans 
doute  complexes,  mais  dépourvues  d'initiatives,  et  les  théories  vitalistes  qui  conçoivent 
les  épithéliums  intestinaux  comme  ayant  une  initiative  et  usant  des  forces  physico- 
chimiques quand  celles-ci  s'exercent  dans  un  sens  convenable,  mais  luttant  et  triom- 
phant contre  elles  lorsqu'elles  sont  de  sens  opposé. 

a)  Rôle  de  la  fdtration.  —  On  appelle  filtration  le  passage  d'un  liquide  à  travers  une 
membrane  sous  l'influence  d'une  pression  exercée  à  la  surface  de  ce  liquide.  Si  la  filtra- 
lion  joue  un  rôle  nécessaire  dans  la  résorption,  il  s'ensuivra  qu'il  ne  pourra  y  avoir 
résorption  que  si  la  pression  du  liquide  intestinal  est  supérieure  à  la  pression  extérieure, 
qui,  dans  l'espèce,  est  représentée  par  la  pression  des  capillaires  veineux. 

Hamburger,  qui  s'est  surtout  attaché  à  subordonner  la  résorption  à  une  filtration,  a 
pensé  avoir  donné  de  sa  théorie  une  démonstration  péremptoire  par  les  expériences 
suivantes  :  dans  une  anse  intestinale  de  chien  il  introduit  un  cylindre  perforé  d'alu- 
minium destiné  à  maintenir  la  lumière  de  l'intestin  béante,  et,  dans  cette  anse  ainsi 
préparée,  il  introduit  du  liquide  :  il  constate  que  la  résorption  est  nulle.  Si,  au  contraire, 
il  introduit  dans  l'anse  intestinale  du  liquide  sous  pression,  il  constate,  par  exemple, 
qu'avec  une  pression  de  3  centimètres  d'eau,  une  résorption  de  10  centimètres  cubes 
s'opère  en  26  minutes,  et  qu'avec  une  pression  de  8  centimètres  elle  s'opère  en 
18  minutes.  Hamburger  en  conclut  qu'avec  une  pression  intra-intestinale  nulle  la 
résorption  intestinale  est  nulle  et  qu'avec  une  pression  intra-intestinale  progressive- 
ment croissante  la  résorption  croît  progressivement. 

La  deuxième  conclusion  de  Hamburger  est  exacte  et  ne  souffre  pas  d'objection;  il 
résulte  évidemment  de  ses  expériences  qu'une  pression  intra-intestinale  favorise  la 
résorption.  Mais  sa  première  conclusion  est  abusive.  Lorsque  dans  l'expérience  avec  le 
tube  d'aluminium  il  ne  constate  pas  de  résorption,  la  pression  intra-intestinale  est 
certes  égale  à  0,  mais  la  pression  extra-intestinale  des  capillaires  est  positive;  il  s'en- 
suit que  la  résorption  ne  peut  pas  se  faire  sous  une  pression  négative- égale  à  la  pres- 
sion des  capillaires  veineux;  mais  il  ne  s'ensuit  nullement  que  la  résorption  ne  puisse 
se  faire  qu'avec  une  pression  intra-intestinale  positive,  telle  que  l'exige  la  filtration, 
par  définition  même. 

Reid  a  montré  directement  l'erreur  de  cette  conclusion  de  Hamburger.  Une  anse 
intestinale  est  sortie  de  l'abdomen  et  remplie  de  liquide.  Durant  la  résorption,  la  pres- 
sion intra-intestinale  est  de  4  à  6  mjUini.  Hg,  la  pression  des  veines  mésentériques 
est  de  13,5  à  18,4  millim.  Hg.  Or,  dans  cette  expérience,  il  y  a  eu  résorption,  malgré 
une  pression  intra-intestinale  négative. 

Il  est  donc  possible,  d'après  Hamburger,  qu'avec  une  pression  négative  trop  grande, 
la  résorption  ne  puisse  pas  avoir  lieu;  mais  il  est  certain,  d'après  Heid,  que  la  résorp- 
tion peut  avoir  lieu  même  malgré  une  certaine  pression  négative. 

S'il  y  a  filtration  dans  la  résorption,  celle-ci  ne  peut  donc  être  due  seulement  à  la 
pression  du  liquide  contenu  dans  la  lumière  de  l'intestin. 

Dès  1851,  Brucke  avait  cependant  émis  une  théorie  beaucoup  plus  subtile  de  la 
filtration.  Cet  auteur,  qui  avait  découvert  la  musculature  des  villosités,  leur  assigna 
aussi  un  rôle  dans  la  résorption.  D'après  lui,  les  muscles  des  villosités  dilateraient  les 


44-2  INTESTIN. 

chylifères  en  se  relâchant,  et  ils  les  comprimeraient  en  se  coiilractant.  Les  cliylifères, 
munis  de  leur  appareil  musculaire  compressif,  joueraient  en  d'autres  termes  le  rôle  de 
petites  pompes  aspirantes  et  foulantes.  Cette  hypothèse  ne  rencontra  pas  grand  crédit, 
mais  pour  la  rejeter,  il  fallait  des  raisons  démonstratives.  Spée  montra  que,  contraire- 
ment à  l'opinion  de  RRicKE,le  relâchement  des  muscles  des  villosités  comprimaient  les 
chylifères,  et  vice  versa:  l'hypothèse  de  Brucke  était  retournée,  mais  non  renversée, 
lorsque  bientôt  de  nouveaux  travaux  montrèrent  que,  pour  la  plupart  des  substances, 
la  résorption  se  faisait  par  voie  veineuse,  et  non  par  voie  lymphatique;  mais  ce  que  les 
villosités  faisaient  pour  les  lyniphatiques,  ne  pouvaient-elles  pas  le  faire  également 
pour  les  capillaires  veineux?  l'hypothèse  de  Bri:cke  était  maintenant  déplacée,  mais 
non  pas  abolie. 

L'argument  décisif  contre  cet! e  hypothèse  tenace  ne  semble  avoir  été  donnée  que 
dernièrement  par  0.  Cohnheim.  On  sait  que  les  Holothuries  ont  un  intestin  dépourvu  de 
villosités  et  qui  baigne  intérieurement  et  extérieurement  dans  l'eau  de  mer.  Si  l'on 
prend  un  intestin  d'Holothurie  plein  d'eau  de  mer  et  qu'on  l'immerge  dans  ce  même 
liquide,  on  constate  que  l'eau  de  mer  est  résorbée.  Il  peut  donc  y  avoir  résorption  sans 
le  concours  des  villosités;  l'hypothèsn  de  BrCcke  est  donc  insoutenable,  au  moins  dans 
un  cas  particulier;  par  extension,  on  en  conclut  qu'elle  est  également  sans  valeur  pour 
tous  les  autres  cas  où  l'intestin  est  pourvu  de  villosités. 

En  détinitive,  on  admet  aujourd'hui  en  général  que  la  résorption  est  favorisée  par 
les  mêmes  causes  que  celles  qui  favorisent  la  fîltration,  mais  qu'elle  ne  saurait  être 
identifiée  à  cette  dernière. 

b)  Rôle  de  la  diffusion  et  de  rosmose.  —  La  diffusion  consiste  dans  le  phénomène 
suivant.  Étant  donnés  deux  liquides  miscibles  différents  et  en  contact  l'un  avec  l'autre, 
soit  directement,  soit  par  l'interniédiaire  d'une  membrane  ordinaire,  les  deux  liquides 
se  pénétreront  réciproquement,  de  telle  sorte  que,  finalement,  les  deux  masses  liquides 
auront  une  composition  homogène  et  identique.  La  diffusion  se  fera  avec  une  rapidité 
très  variable,  selon  la  nature  des  liquides  en  présence,  la  membrane  qui  sépare  les 
liquides,  leur  température,  etc. 

Mais  ces  derniers  facteurs  ne  modifient  que  l'intensité  du  phénomène,  sans  altérer 
le  résultat  final. 

Comme  celui-ci  seul  nous  importe,  cette  définition  succincte  de  la  diffusion  nous 
suffit. 

L'osmose  consiste  dans  le  phénomène  suivant.  Etant  donnés  deux  liquides  miscibles 
de  concentration  difTérente,  séparés  par  une  membrane  dite  hémiperméable,  en  ce 
qu'elle  permet  le  passage  de  }'eau,  mais  non  pas  le  passage  des  substances  qui  y  sont 
dissoutes,  de  l'eau  de  la  solution  la  moins  concentrée  passera  à  travers  la  membrane 
vers  la  solution  la  plus  concentrée,  jusqu'à  ce  que  la  pression  manométiique  du  liquide 
le  plus  concentré  soit  rquiralente  à  la  différence  de  concentration  des  deux  liquides  en 
présence.  Les  phénomènes  osmotiques  varieront  en  intensité  et  en  rapidité,  selon 
la  nature  des  liquides  en  présence,  des  membranes  qui  les  séparent,  de  la  température 
des  liquides.  Mais  ces  derniers  facteurs  ne  modifient  que  l'intensité  du  phénomène, 
sans  altérer  le  résultat  final.  Comme  celui-ci  seul  nous  importe,  celte  description  suc- 
cincte de  l'osmose  nous  suffit. 

La  diffusion  joue-t-elle  un  rôle  dans  la  résorption,  ou  plutôt  les  phénomènes  de  la 
résorption  ont-ils  une  allure  qui  rappelle  la  diffusion?  Dans  certains  cas,  oui.  Prenons 
l'exemple  d'une  anse  intestinale  sortie  de  l'abdomen,  de  manière  que  la  pression  inté- 
rieure du  viscère  soit  inférieure  à  celle  des  capillaires,  et  qu'on  ne  puisse  faire  inter- 
venir la  filtration;  si  nous  avons  empli  cette  anse  intestinale  d'une  solution  à  4  p.  100 
de  glucose,  et  si  nous  étudions  son  contenu  après  une  ou  deux  heures,  nous  consta- 
tons que  le  volume  du  liquide  et  sa  concentration  en  glucose  ont  diminué.  Le  plasma 
sanguin  contient  peu  de  glucose,  environ  0,5  p.  dOO;  s'il  y  a  eu  diffusion,  nous  compre- 
nons que  le  sucre  passe  du  liquide  intestinal  le  plus  concentré  vers  le  plasma  qui 
est  le  moins  concentré.  Mais  toute  la  question  est  de  savoir  maintenant  si  cette 
conclusion  tirée  de  l'analogie  des  phénomènes  est  légitime.  Si  les  cellules  de  l'in- 
testin travaillent  véritablement  au  cours  de  l'absorption,  nous  risquons  de  porter  au 
compte  de  la  diffusion  un  phénomène  qui  est  dû   au  travail  cellulaire.  L'expérience- 


INTESTIN.  443^ 

précédente  ne  nous  lire  pas  de  ce  doute,  et  tous  les  auteurs  qui  ont  traité  cette  question 
l'ont  tellement  senti  qu'ils  se  sont  efforcés  d'établir  une  relation  directe  entre  la  vitesse 
de  la  résorption  et  la  vitesse  des  diffusions  des  mêmes  substances  étudiées  in  vitro  sur 
la  membrane  intestinale  et  in  vivo  sur  des  membranes  inertes.  Il  est  évident  que  si, 
dans  ces  deux  séries  parallèles  il'expériences,  la  vitesse  de  résorption  et  celle  de  diffu- 
sion restaient  parallèles,  le  rôle  de  la  diffusion  dans  l'absorption  s'en  trouverait  singu- 
lièrement fortifié. 

Nous  avons  donné  précédemment  un  tableau  comparatif  de  la  résorption  des  divers 
anions  et  des  divers  cations.  Ce  tableau  où  la  résorption  croit  pour  les  diverses  sub- 
stances de  gaucbe  à  droite  est  le  suivant:  FI  IIPOv  SO;  NO4 1  Br  Cl  —  Ra  Mg  Ca  Na  K; 
pour  les  mômes  éléments,  la  vitesse  de  diffusion  étudiée  sur  les  membranes  est  la  sui- 
vante :  HPOv  SO4  FI  NO3 1  Br  Cl  —  Mg  Ca  Ba  Na  K.  Ces  deux  tableaux  ne  concordent  pas. 
La  vitesse  de  diffusion  n'est  donc  pas  parallèle  à  celle  de  la  résorption.  C'est  là  le  fait. 
Mais,  sur  les  déductions  à  en  tirer,  les  auteurs  divergent. 

Les  auteurs  partisans  de  la  diffusion  répondent  à  l'argument  tiré  de  cette  non- 
concordance  des  tableaux  de  résorption  et  de  diffusion  que,  si  la  diffusion  et  la  résorption 
ne  sont  pas  parallèles  pour  toutes  les  substances,  c'est  qu'il  faut  compter  avec  un  phéno- 
mène indépendant  de  la  diffusion,  à  savoir  la  nocivité  de  certains  éléments  pour  les  cellules, 
nocivité  qui  est  bien  connue  pour  FI  et  Ba,  par  exemple.  Cette  nocivité  trouble  l'allure 
des  résorptions  dues  à  la  diffusion;  mais,  ce  facteur  de  trouble  éliminé,  le  parallélisme 
reste  satisfaisant. 

Il  est  possible  que  cet  argument  soit  Juste,  mais  il  est  certain  que,  provisoirement 
au  moins,  l'usage  qui  en  est  fait  à  cette  fin  est  arbitraire,  bien  qu'encore  insuffisant. 
Des  expériences  récentes,  très  nombreuses,  ont  montré  que  non  seulement  FI  et  Ba 
étaient  nocifs  pour  les  cellules,  mais  encore  que  tous  les  électrolytes  leur  étaient  nui- 
sibles si  le  milieu  où  baignent  les  cellules  ne  contient  qu'un  de  ces  électrolytes.  Le  vrai 
milieu  vital  pour  les  cellules  est  un  liquide  complexe.  C'est  la  lymphe,  et  mieux  encore 
une  lymphe  particulière  pour  chaque  animal.  Par  conséquent,  toute  expérience  faite 
avec  une  solution  simple  devrait  être  corrigée  par  un  facteur  —  inconnu  —  de  toxicité. 

Le  rôle  de  la  diffusion  ne  peut  donc  être  établi  sur  les  recherches  précédentes.  Or 
il  existe  un  cas  particulier  où  l'on  peut  au  contraire  démontrer  directement  que  la 
résorption  peut  avoir  lieu  sans  l'intervention  de  la  diffusion. 

Reprenons  le  premier  exemple  dont  nous  avons  fait  usage  pour  l'élude  de  la  diffu- 
sion, à  savoir  l'exemple  d'une  anse  intestinale  sans  pression  intérieure,  remplie  d'une 
solution  à  4  p.  100  de  glucose.  Si  nous  examinons  après  un  délai  suffisant  la  cavité 
intestinale,  nous  la  trouvons  vide.  Or,  d'après  les  lois  de  la  diffusion,  l'intestin  devrait 
toujours  contenir  une  certaine  quantité  de  liquide  avec  une  concentration  en  glucose 
identique  à  celle  du  plasma  :  ce  n'est  pas  le  cas.  Par  conséquent  la  conclusion  géné- 
rale qui  s'impose  est  la  suivante  :  le  rôle  de  la  diffusion  dans  la  résorption  est  possible, 
mais  non  pas  démontré;  à  elle  seule  la  diffusion  n'explique  pas  la  résorption. 

L'osmose  est,  nous  l'avons  vu,  un  phénomène  en  veitu  duquel  le  volume  d'un 
liquide  séparé  par  une  membrane  hémiperméable  d'un  autre  liquide,  augmente  quand 
ce  liquide  est  à  une  concentration  supérieure  à  celle  du  second  liquide.  Lorsque  dans 
une  anse  intestinale  nous  injectons  une  solution  saline  hypertonique,  le  volume  de 
ce  liquide  augmente  momentanément  avant  de  décroître.  Il  se  passe  donc  dans  cette 
expérience  un  phénomène  qui  a  l'allure  d'un  phénomène  osmotique. 

Est-ce  un  phénomène  osmotique?  tous  les  auteurs  l'admettent,  tout  en  sachant  que 
le  phénomène  observé  dans  l'anse  intestinale  est  peut-être  impliqué  dans  un  phéno- 
mène de  sécrétion  simple.  Il  est  possible,  par  exemple,  que  le  sel  introduit  dans  l'intes- 
tin jouisse  d'un  pouvoir  excito-sécrétoire  véritable,  et  nous  savons  même  que  certains  de 
ces  sels,  comme  le  sulfate  de  magnésie,  lessels  de  baryum,  etc.,  font  sécréter  l'intestin, 
alors  même  qu'ils  sont  introduits  dans  le  torrent  circulatoire  directement;  qu'en  d'autres 
termes  onpeut  purger,  non  pas  seulement  en  faisant  ingérer  des  sels,  mais  en  les  injec- 
tant dans  les  veines. 

De  ce  que  des  phénomènes  semblables  aux  phénomènes  osmostiques  se  passent  dans 
l'intestin  il  ne  s'ensuit  donc  pas  nécessairement  qu'ils  soient  de  nature  osmotique. 

Il  va  sans  dire  maintenant  que  l'osmose,  si  elle  existe,  ne  peut  jouer  qu'un  rôle 


444  INTESTIN. 

infime  dans  les  phénomènes  observés  au  cours  de  la  résorption.  Car  en  dehors  du  cas 
particulier  de  l'augmentation  de  volume  d'un  liquide  primitivement  hyperloiiique  con- 
tenu dans  l'intestin,  tous  les  faits  de  résorption  intestinale  vont  à  rencontre,  ou  sont 
indépendants  des  éventualités  que  feraient  prévoir  les  lois  de  l'osmose. 

c)  Rôles  associés  de  la  fdtration,  de  la  diffusion  et  de  l'osmose.  —  La  résorption  qu'aucun 
de  ces  facteurs  physiques  n'est  susceptible  d'expliquer  à  lui  seul  est-elle  explicable  par 
l'action  synergique  de  ces  trois  facteurs?  C'est  sous  cette  formule  que  se  pose  essentiel- 
lement la  conception  purement  physique  de  la  résorption  intestinale.  Les  débats  nom- 
breux auxquels  elle  a  doimé  lieu  sont  venus  le  plus  souvent  du  choix  défectueux  des 
exemples  faits  par  les  auteurs.  Or  il  semble  qu'un  seul  exemple  bien  choisi  suflise  à 
mettre  les  choses  au  point.  Supposons  encore  qu'une  anse  intestinale  soit  remplie  d'une 
solution  isotonique  au  plasma  et  qu'une  pression  toujours  inférieure  à  la  pression 
capillaire  règne  dans  la  cavité  intestinale  :  nous  savons  qu'après  un  délai  suffisant  l'in- 
testin sera  vide.  Dans  cette  expérience  l'osmose  n'intervient  pas,  puisque  le  li(]uide 
intérieur  de  l'intestin  et  le  plasma  sont,  au  départ  isotonique;  la  filtration  n'intervient 
pas  davantage,  puisque  la  pression  du  liquide  intestinal  est  maintenue  nulle  par  un 
artifice  expérimental;  le  dernier  facteur  qui  puisse  intervenir  est  la  diffusion  ;  or,  nous 
savons  que  dans  ces  conditions  expérimentales  son  elfet  direct  est  de  maintenir  dans 
la  cavité  intestinale  une  certaine  quantité  de  liquide  de  concentration  égale  à  celle  du 
plasma. 

L'ensemble  des  trois  facteurs  :  osmose,  dilfusion,  filtration,  n'explique  donc  pas  la 
résorption. 

Est-il  cei'tain  que  l'avenir  ne  pourra  pas  tirer  de  ces  facteurs  d'autres  effets  que  ceux 
que  nous  en  connaissons  actuellement,  qu'en  supposant  que  l'intestin  soit  une  membrane 
polarisée  uniquement  perméable  aux  sels  dans  un  sens  déterminé,  qu'en  assignant  sa 
juste  valeur  ;i  ce  phénomène  toujours  passé  sous  silence  en  physiologie  à  savoir  que  la 
concentration  d'une  substance  est  très  diflérente  au  sein  du  liquide  et  au  contact  des 
membranes,  etc.,  est-il  certain  que  les  recherches  ultérieures  ne  nous  apporteront  pas 
une  théorie  physique  satisfaisante  de  la  résorption?  Kien  ne  nous  permet  de  le  nier  par 
avance. 

2°  Résorption  des  substances  solubles  dans  les  lipoïdes 

{sauf  les  graisses  proprement  dites) 

On  appelle  lipoïdes  un  groupe  de  substances  qui,  sans  former  une  famille  chimi- 
quement définie,  sont  cependant  en  général  des  substances  grasses  combinées  ou  non 
à  des  hydrates  de  carbone  et  à  des  albumines  tels  que  la  lécithine,  le  protagon,  la 
cérébrine,  etc.  ;  à  ce  groupe  on  a  l'habitude  de  joindre  la  cholestérine  qui  est  un 
alcool.  Le  trait  commun  de  ces  substances  est  de  se  dissoudre  dans  beaucoup  des  sol- 
vants des  graisses  tels  que  l'alcool,  le  benzol,  l'éther,  le  chloroforme,  etc.  Nous  savons 
aujourd'hui  qu'il  y  a  des  lipoïdes  dans  toutes  les  cellules  de  l'organisme. 

On  sait,  d'autre  part,  que  lorsqu'on  étudie  l'action  de  solutions  de  substances  diverses 
à  des  concentrations  différentes  sur  les  globules  rouges  il  y  a  toute  une  catégorie  de 
substances  qui  pénètrent  rapidement  dans  les  globules  rouges  contrairement  à  la  plu- 
part des  substances  salines  pour  lesquelles  les  globules  rouges  sont  imperméables.  — 
Parmi  ces  substances  qui  pénètrent  aisément  dans  les  globules  rouges  on  retrouve  tous 
les  solvants  des  graisses.  Overton  a  proposé  d'expliquer  ce  fait  en  admettant  que  les 
solvants  des  graisses  pénètrent  les  globules  rouges  en  se  dissolvant  dans  les  lipoïdes 
qui  forment  une  partie  importante  de  la  masse  des  globules  rouges. 

Or,  lorsqu'on  étudie  comparativement  la  vitesse  de  la  résorption  dans  l'intestin  des 
substances  solubles  dans  les  lipoïdes  et  des  sels  divers,  on  note  un  fait  analogue.  A  dif- 
fusibilité  égale  les  solvants  des  lipoïdes  sont  beaucoup  plus  vite  résorbés  que  les  sels. 

Overton  a  proposé  de  ces  faits  une  explication  analogue  à  celle  qu'il  avait  donnée  à 
propos  de  la  pénétration  des  diverses  substances  dans  les  globules  rouges  et  pensé  que 
la  résorption  exceptionnellement  rapide  des  solvants  des  lipoïdes  est  due  à  ce  que  ces 
substances  se  dissolvent  dans  les  lipoïdes  qui  forment  une  partie  importante  de  la  masse 
des  cellules  intestinales. 


INTESTIN. 


445 


De  même  que  pour  les  sels  on  a  , tenté  de  classer  leur  vitesse  de  résorption  d'après 
leur  vitesse  de  diiïusion,  de  même  on  a  tenté  de  classer  la  vitesse  de  résorption  des  sol- 
vants des  lipoïdcs  d'après  le  coefficient  de  solubilité  de  ces  substances  dans  l'buile  et 
l'eau  et  l'on  a  pu  établir  dans  cet  ordre  d'idées  que  plus  ce  coefficient  s.  huilc/s.  eau  était 
fort  c'est-à-dire  que  plus  la  substance  mise  au  contact  d'un  mélange  d'huile  et  d'eau 
se  dissolvait  en  proportion  considérable  dans  l'huile,  plus  la  vitesse  de  résorption  était 
grande  et  que,  par  conséquent,  ou  devait  d'une  façon  générale  trouver  pour  les  solvants 
des  lipoïdes  des  vitesses  de  résorption  enrapport  avecle  coefficient  solub.  huile/solub. 
eau. 

Mais  de  môme  que  la  tentative  de  classer  la  vitesse  de  résorption  des  sels  en  fonc- 
tion de  leur  dilTusibilité  s'était  heurtée  à  cette  difficulté  que  certains  sels  exercent  sur 
les  cellules  intestinales  une  véritable  action  toxique  qui  trouble  par  elle-même  la  résorp- 
tion, de  même  la  tentative  de  classer  la  vitesse  de  résorption  des  solvants  des  lipoïdes 
en  fonction  de  leur  coefficient  de  solubilité  huile/eau  s'est  heurtée  aune  autre  difficulté 
inhérente  à  l'action  de'certains  lipoïdes  sur  les  cellules  intestinales,  à  savoir  leur  action 
narcotique.  D'après  une  loi  établie  par  Overton  lui-même,  tout  bon  solvant  des  lipoïdes 
est  un  narcotique  et  si  l'on  admet  que  la  narcose  diminue  l'activité  cellulaire  on 
conçoit  qu'un  bon  solvant  des  lipoïdes  peut  être  aussi  une  substance  très  lentement 
résorbable. 

C'est  ce  qui  ressort  très  nettement  des  recherches  exécutées  sous  la  direction  de 
HôBER  par  son  élève  KatzenellenbogexN. 

Voici  tout  d'abord  des  exemples  d'absorption  de  polyalcools  sans  action  narcotique 
(Katzenellenbogen)  qui  montrent  qu'il  y  a  un  rapport  entre  leur  vitesse  de  résorption 
et  le  degré  de  leur  solubilité  dans  les  lipoïdes. 


SUBSTANCE 

INTRODUITE. 

VOLUME 

INTRODUIT. 

A 

DURÉE 
do  la 

RKSORrTION. 

RESTE. 

A 

NaCl 
en 

p.  100. 

4,38  p.  100  mannite  +  0,4  p.  100  NaCl. 
3,04     —      érylhrite  -f-  0,4           — 
2,3i      —     plyccnne  +  0,4           — 

cmc. 
30 
30 
30 

0,707 
0,722 
0,731 

minutes. 
lo 
15 
13 

crac. 
19 
17 
13 

0,687 
0,668 
0,649 

0,363 
0,402 
0,516 

La  solubilité  dans  les  lipoïdes  est  plus  grande  pour  la  glycérine  que  pour  l'érythrite, 
et  plus  grande  pour  l'érythrite  que  pour  la  mannite.  Les  résultats  de  l'expérience  sont 
donc  conformes  à  la  théorie. 

Voici  d'autre  part  des  exemples  de  résorption  de  substances  solubles  dans  les  lipoïdes 
(mais  dont  l'une  est  narcotique  :  la  dichlorhydrine[  qui  montrent  l'absence  de  parallé- 
lisme entre  la  vitesse  de  résorption  de  la  substance  narcotique  et  sa  solubilité  dans  les 

lipoïdes  (K.\.TZENELLENBOGE."V). 


SUBSTANCE. 

Q 
H 

A 

«  « 

■A 
Q 

H 
y; 

a 
&: 

cmc. 
14 
12 
17 

A 

NaCl. 

SOLUBILITÉ 

huile 
oau 

2,2.j  p.  100  glycérine  +  0,4  p.  100  NaCl.  .    .    . 
2,69  p.  100  nionochlorhydrlDe  +  0,4  p.  100  NaCl. 
3,17  p.  100  dichlorhydrine  -|-  0,4  p.  100  NaCl. 

imc. 

30 
30 
30 

0,716 
0,711 
0,713 

min. 
10 

10 
10 

0,699 
0,628 
0,639 

0,307 
0,317 
0,481 

faible 

oo 

10 

oo 

oo 

11 

446  INTESTIN. 

La  conclusion  à  tirer  de  ces  recherches  sur  la  résorplion  des  substances  solubles 
dans  les  lipoïdes  est  donc  qu'il  semble  y  avoir  un  certain  rapport  entre  la  solubilité 
dans  les  lipoïdes  et  la  vitesse  de  résorption,  sous  réserve  de  l'action  perturbatrice  des 
propriétés  narcotiques  de  certaines  de  ces  lipoïdes. 

La  question  de  la  résorption  des  substances  solubles  dans  les  lipoïdes  est  une  ques- 
tion importante  dans  la  résorption  intestinale,  car  elle  concerne  un  très  grand  nombre 
de  substances  à  savoir  :  les  alcools  en  général,  les  éthers,  les  acétones,  certains  aldé- 
hydes (chloral),  certains  hydrocarbures  (tels  que  la  benzine,  le  xylol,  etc.)  les  alca- 
loïdes, etc. 

En  partant  de  ce  fait  que  les  solvants  des  lipoïdes  semblent  absorbés  plus  vite  que 
les  sels,  malgré  leur  moindre  diffusibilité,  Hober  a  essayé  de  déduire  une  théorie  géné- 
rale de  la  résorption  des  solvants  des  lipoïdes  et  de  la  résorption  des  sels. 

Cet  auteur  admet  que  les  solvants  des  lipoïdes  passent  à  travers  les  cellules  intesti- 
nales en  se  dissolvant  dans  les  cellules  mêmes,  lanJis  que  les  sels  passeraient  entre  les 
cellules. 

La  première  partie  de  cette  hypothèse  semble  facile  à  démontrer.  Si  on  introduit 
dans  une  anse  intestinale  une  substance  colorante  soluble  dans  les  lipoïdes  telle  (jue  le 
rouge  neutre  et  qu'on  examine  peu  de  temps  après  au  microscope  une  partie  de  l'épi- 
thélium,  on  constate  que  les  granulations  cellulaires  sont  fortement  imprégnées  par  le 
colorant.  C'est  donc,  pour  l'exemple  particulier  de  ce  colorant  au  moins,  la  preuve 
directe  qu'une  substance  soluble  dans  les  lipoïdes  est  susceptible  de  passer  au  sein  des 
cellules. 

Si  maintenant  on  imprègne  les  cellules  ainsi  colorées  avec  du  molybdate  d'ammo- 
niaque, on  constate,  d'après  lluiiER,  les  phénomènes  suivants  :  les  granulations  cellulaires 
se  décolorent,  et  peu  à.  peu  la  périphérie  des  cellules  devient  fortement  colorée  :  l'expli- 
cation du  phénomène  serait  que  le  molybdate  d'ammoniaque  est  incapable  de  pénétrer 
dans  les  cellules  et  préci[)iterait  le  colorant  à  mesure  que  celui-ci  sortirait  des  cellules. 
HoBKR  conclut  de  ces  phénomènes  que  si  le  molybdate  d'ammoniaque  ne  peut  pénétrer 
dans  les  cellules  comme  semble  le  démontrer  son  expérience,  les  sels  en  général  ne 
peuventpas  davantage  pénétrer  dans  les  cellules  et  que,  par  conséquent,  la  résorption  des 
sels  est  intercellulaire  par  opposition  à  celle  des  solvants  des  lipoïdes  qui  est  intra-cel- 
lulaire;  pour  fortifier  cette  conclusion,  qui,  basée  sur  l'exemple  seul  du  molybdate 
d'ammoniaque  serait  faible,  il  invoque  encore  des  faits  analogues  constatés  avec  le  picrate 
d'ammoniaque,  le  chlorure  de  platine,  le  platinochlorure  de  potasse,  le  tannin.  Il  y  a 
malheureusement  à  invoquer  contre  les  arguments  de  Huber  qu'ils  reposent  sur  des 
phénomènes  obtenus  avec  des  sels  dont  la  résorption  est  très  mal  étudiée,  et  qui,  pour 
certains  d'entre  eux,  est  très  lente.  On  peut  se  demander  notamment  si  les  sels  de  pla- 
tine qui  précipitent  énergiquement  les  albumines  n'altèrent  pas  les  cellules  intestinales 
et  pour  celte  simple  raison  ne  deviennent  pas  incapables  au  travers  d'elles. 


3°  Résorption  des  graisses. 

Les  graisses  occupent  parmi  les  substances  que  résorbe  l'intestin  une  situation 
spéciale. 

L'eau  et  les  sels,  toute  une  série  de  substances  solubles  dans  les  lipoïdes,  sont 
comme  nous  l'avons  vu,  directement  résorbables  par  l'intestin;  quelques-unes  de  ces 
substances  doivent  cette  propriété  à  la  facilité  extrême  avec  laquelle  elles  se  dissolvent 
dans  les  lipoïdes  des  cellules;  les  autres  à  leur  solubilité  propre  dans  l'eau. 

Les  graisses  neutres  par  contre  étant  insolubles  dans  l'eau  ne  peuvent,  pour  cette 
raison,  être  résorbées  comme  les  sels.  Les  graisses  neutres,  il  est  vrai,  sont  des  solvants 
des  lipoïdes  et,  par  analogie  avec  ce  que  nous  avons  vu  pour  les  solvants  des  lipoïdes, 
on  pourrait  se  demander  si  les  graisses  ne  pourraient  pas  être  résorbées  à  la  façon 
de  l'éther  et  de  l'alcool  par  exemple.  Mais  l'expérience  démontre  qu'il  n'en  est  rien. 
De  l'huile  enfermée  dans  une  anse  intestinale  isolée  ne  se  résorbe  qu'avec  une  lenteur 
extrême,  bien  différente  de  la  vitesse  avec  laquelle  elle  est  résorbée  dans  le  tube  intes- 
tinal pourvu  de  ses  sécrétions  biliaires  et  pancréatiques.  L'assimilation  des  graisses 


INTESTIN.  447 

neutres  aux  solvants  des  lipoïdes  n'est  donc  pas  possible  en  ce  qui  concerne  la  résorp- 
tion. 

Par  quel  processus  spécial  la  graisse  est-elle  donc  résorbée  ? 

La  résorption  de  la  graisse  a  donné  lieu  à  un  long  débat  qui  a  commencé  vers  1871 
et  qui  n'est  pas  encore  clos  entièrement  à  l'heure  qu'il  est.  Avec  toutes  sortes  de 
variantes  la  question  agitée  dans  ce  débat  u  toujours  porté  sur  le  point  de  savoir  si  la 
graisse  était  résorbée  sous  forme  d'émulsion  ou  si  elle  était  résorbée  à  l'état  dissous 
sous  forme  d'acides  gras  ou  de  savons. 

L'exposé  successif  de  ces  deux  théories  nous  permettra  de  relater  la  plupart  des  tra- 
vaux importants  exécutés  sur  la  résorption  des  graisses  et  de  dégager  ensuite  les 
conceptions  actuelles  que  l'on  tend  à  se  faire  sur  cette  question. 

a)  Théorie  de  l'émulsion.  —  La  théorie  de  l'émulsion  a  revêtu  deux  formes  prin- 
cipales :  a)  la  théorie  de  l'émulsion  des  graisses  neutres;  b)  la  théorie  de  l'émulsion 
des  acides  gras. 

a)  Théorie  de  l'émulsion  des  graisses  neutres.  —  La  première  de  ces  théories,  la  plus 
ancienne  en  date  soutenue  d'abord  par  nRucKE  admettait  les  processus  suivants  :  au 
cours  de  la  digestion  intestinale,  une  petite  quantité  de  graisse  est  saponifiée  et  la 
graisse  neutre  mélangée  aux  savons  et  à  la  bile  est  susceptible  de  s'émulsionner  très 
finement  :  tous  ces  faits  sont  faciles  à  vérifier  in  vitro;  aussi  de  l'opinion  unanime  des 
auteurs  ils  doivent  avoir  lieu  invivo;  et  dès  lors  l'hypothèse  étayée  sur  ces  faits  devient 
que  la  fine  émulsiou  de  graisse  est  directement  résorbée  par  l'intestin. 

Cette  hypothèse  s'est  heurtée  immédiatement  à  cette  grave  objection  (lue  l'intestin 
est  absolument  incapable  d'absorber  des  substances  complètement  insolubles  dans  l'eau 
alors  même  qu'elles  sont  à  l'état  de  granules  très  fins,  comme  le  noir  animal,  la  poudre 
de  carmin.  Le  passage  d'une  émulsiou  de  graisses  dans  l'intestin  constituerait  donc 
un  phénomène  exceptionnel. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  tentatives  faites  par  quelques  auteurs  pour  essayer  de 
justifier  cette  exception  en  décrivant  dans  les  cellules  intestinales  des  mouvements 
amiboïdes  susceptibles  d'absorber  mécaniquement  les  particules  grasses  de  l'émulsion. 
Ces  descriptions  furent  des  erreurs  promptement  reconnues. 

L'effort  sérieux  fait  pour  expliquer  l'absorption  de  l'émulsion  a  surfout  consisté  à 
essayer  d'établir  que  l'absorption  se  faisait,  non  pas  à  travers  les  cellules  intestinales, 
mais  en  dehors  d'elles  par  des  leucocytes  migrateurs  qui  abondent  dans  les  tuniques 
intestinales  et  dont  la  polyphagie  pour  des  corpuscules  figurés  est  incontestable. 
Zawarykin  a  été  le  principal  défenseur  de  cette  théorie. 

Que  les  leucocytes  puissent  participer  dans  une  certaine  mesure  à  la  résorption  des 
graisses  cela  semble  probable.  Au  cours  d'une  digestion  active  de  graisse  Sciiaefer 
signale  que  l'on  trouve  dans  les  chylifères  afférents  de  l'intestin  des  cellules  contenant 
de  petites  granulations  réfringentes  solubles  dans  l'éther  et  colorables  en  noir  par  l'acide 
osmique.  Il  serait  naturellement  important  de  savoir  si  cette  graisse  retrouvée  dans  les 
leucocytes  a  été  puisée  directement  dans  le  canal  intestinal  ou  puisée  dans  les  cellules 
mêmes  de  l'intestin.  Cette  question  n'ayant  pas  été  résolue,  le  rôle  des  leucocytes  reste 
lui-même  énigmatique. 

Par  contre,  ce  qui  est  établi  d'une  façon  positive  c'est  que  l'absorption  leucocytaire, 
si  elle  existe,  ne  constitue  qu'un  très  faible  processus  d'absorption.  Lorsque  d'après 
ScHÂEFER  on  sacrifie  un  animal  en  pleine  digestion  de  graisse  et  qu'on  examine  les 
cellules  intestinales,  on  constate  que  celles-ci  sont  pleines  de  globules  réfringents;  ces 
globules  n'existent  pas  dans  le  plateau  des  cellules  mais  apparaissent  à  peu  de  distance 
de  celui-ci  et  sont  nombreux  et  volumineux  autour  du  noyau  de  la  cellule.  Ces 
constatations  ont  été  confirmées  par  Altmann  et  Krehl  et  depuis  lors  par  un  grand 
nombre  d'auteurs. 

A  en  juger  par  la  constance  de  ce  phénomène  et  son  importance,  il  est  hors  de  doute 
que  l'absorption  intracellulaire  des  graisses  constitue  un  processus  normal  et  prédomi- 
nant; et  du  moment  que  même  pour  les  partisans  de  la  théorie  de  l'émulsion,  ces  cel- 
lules intestinales  sont  incapables  d'absorber  une  émulsiou  de  graisse,  la  théorie  de 
l'émulsion  simple  devient  dès  lors  insoutenable. 

2°  Théorie  de  Vémulsion  des  acides  gras.  —  Dès  1879,  I.  Munr  a  entrepris  une  série 


448  INTESTIN. 

considérable  de  travaux  pour  démontrer  que  la  résorption  des 'graisses  comportait: 
10  une  saponilication  préalable;  2°  une  absorption  d'acides  gras  éniulsionnés. 

Il  y  a  donc  dans  la  théorie  de  Munk  deux  hypothèses  que  nous  devons  considérer 
distinctement.  La  résorption  des  graisses  est-elle  précédée  d'une  saponification? 
Beaucoup  de  faits  importants  peuvent  être  invoqués  à  l'appui  de  celte  hypothèse. 

Au  cours  d'une  digestion  intestinale  avancée  des  graisses,  on  trouve  dans  l'intestin 
toujours  plus  d'acides  gras  que  de  graisses  neutres,  ainsi  qu'il  résulte  des  travaux  de 
MuNK,  de  Nencki  et  de  Pflugkr.  Lorsqu'on  trouble  la  résorption  des  graisses  par  la 
suppression  du  flux  biliaire  (mais  en  conservant  le  flux  pancréatique),  les  acides  gras 
prédominent  sur  les  graisses  neutres  dans  les  fèces  (Dastre).  Nous  avons  donc  des 
raisons  décisives  de  croire  que  les  sucs  intestinaux  saponifient  les  graisses  j?t  vivo  de  la 
même  façon  qu'ils  les  saponifient  in  vitro. 

D'autre  part,  il  est  aisé  de  montrer  que  la  résorption  des  acides  gras  est  très  active. 
C'est  à  cette  démonstration  que  I.  Munk  a  consacré  de  nombreux  travaux,  et  cet  auteur 
a  même  pu  constater  que  la  résorption  d'acides  gras  s'accompagnait  d'une  apparition  de 
graisses  neutres  abondautes  dans  le  canal  thoraciquo. 

Enfin,  I.  MuNK,  par  un  choix  habile  de  certaines  graisses,  a  pu  démontrer  que  la 
saponification  précédait  obligatoirement  la  résorption  de  ces  graisses. 

En  effet,  nourrissant  des  chiens  avec  du  palmitate  d'éthyle,  de  l'oléate  d'amyle,  du 
palmitate  d'éthyle  et  de  l'oléate  d'éthyle,  Munk  et  Frank  constatent  que  ces  ('thers  sont 
résorbés,  mais  que  dans  le  canal  Ihoracique  on  ne  retrouve  que  de  la  trioléine  et  de  la 
tripaluiitine.  La  résorption  de  ces  graisses  a  donc  débuté  obligatoirement  par  une 
saponification. 

D'autre  part,  dans  une  expérience,  en  quelque  sorte  inverse  et  complémentaire, 
CoiiNSTEiN  a  constaté  que  la  lanoline,  graisse  facilement  émulsionnable  même  dans 
l'eau,  mais  très  difficilement  saponifiable,  n'est  pas  résorbée. 

Conformément  à  ces  faits,  la  plupart  des  auteurs  admettent  que  la  saponification  des 
graisses  est  un  premier  temps  très  important  de  leur  résorption.  S'ensuit-il  que  la 
saponification  soit  absolument  indispensable  pour  la  résorption  de  toutes  les  graisses? 
C'est  ici  que  commencent  les  divergences  de  vues.  Munk  défend  la  théorie  de  la  saponi- 
fication totale,  mais  d'autres  auteurs  estiment  qu'une  certaine  quantité  de  graisses 
peuvent  être  résorbées  sans  avoir  été  préalablement  saponifiées. 

HoFBAUER  et  Ex.NER,  par  exemple,  donnent  à  des  animaux  des  colorants  solubles  dans 
les  graisses,  ces  colorants  teignent  le  protoplasma  des  cellules  intestinales,  ils  en  con- 
cluent que  celles-ci  contiennent  de  la  graisse  neutre.  .Mais  Pfluger  leur  a  objecté  que  les 
colorants  qu'ils  considèrent  comme  solubles  seulement  dans  les  graisses,  l'Alcanaroth 
et  le  Lackroth  A,  par  exemple,  le  sont  également  dans  leurs  acides  gras,  par  consé- 
quent, leur  démonstration  pèche  par  sa  base.  Il  convient,  d'ailleurs,  d'ajouter  que, 
même  si  cette  critique  n'était  pas  justifiée,  l'expérience  de  Hofbauer  et  d'Ex.^ER  n'en 
aurait  pas  plus  de  valeur.  On  pourrait,  en  effet,  objecter  que  dans  la  cellule  intestinale 
s'opère  une  synthèse  des  graisses  et  que  rien  n'empêche,  par  conséquent,  la  glycérine  et 
les  acides  gras  de  se  rencontrer  dans  la  cellule.  Dans  un  autre  ordre  d'idées  Levin 
CuN.NiNGHAM,  RosENBERG,  LoMBROSo  Ont  relaté  quc  chez  des  chiens  dépancréalisés  ou  à 
canal  pancréatique  lié,  la  résorption  des  graisses  surtout  émulsionnées  peut  encore  être 
très  importante  et,  comme  le  pancréas  sécrète  le  ferment  saponifiant  le  plus  puissant 
de  l'organisme,  il  s'ensuivrait,  d'après  eux,  que  les  graisses  peuvent  être  résorbées  sans 
saponification.  Malheureusement,  cette  argumentation  se  heurte  à  l'objection  tirée  de 
l'existence  d'une  lipase  intestinale,  etc.,  sans  compter  que  la  résorption  des  graisses  est 
souvent  troublée  chez  ces  animaux. 

La  première  proposition  de  la  théorie  de  Mdnk,  à  savoir  que  la  résorption  des 
graisses  comporte  tout  d'abord  une  saponification,  est  donc  basée  sur  des  faits  nombreux 
et  tous  concordants  :  on  conçoit  qu'elle  soit  acceptée  aujourd'hui  par  la  majorité  des 
auteurs. 

La  seconde  proposition  delà  théorie  de  Mu.nk,  à  savoir  que  les  graisses  sont  résorbées 
sous  forme  d'une  émulsion  d'acides  gras,  a  soulevé  beaucoup  plus  de  critiques.  L'objec- 
tion fondamentale  qu'on  a  faite  à  Munk  est  la  suivante  :  si  l'intestin  est  incapable  de 
résorber  une  émulsion  de  graisses,  pourquoi  serait-il  capable  de  résorber  une  émulsion 


INTESTIN.  -449 

d'acides  gras?  Dans  les  deux  cas,  il  s'agit  d'une  résorption  de  substances  seulement 
émulsionnées  ;  si  pour  repousser  l'iiypothèse  d'une  résorption  d'éinulsion  de  f^raisses  on 
invoque  l'incapacité  générale  de  l'intestin  d'absorber  une  émulsion  quelle  qu'elle  soit, 
cetarguinent  doit  donc  rester  valable  encore  contre  l'absorption  d'une  émulsion  d'acides 
gras;  car  les  acides  gras  ne  sont  pas  beaucoup  plus  solubles  que  les  graisses  neutres 
dans  les  lipoïdes  cellulaires. 

b)  Théorie  de  la  dissolution  des  substancea  grasses.  —  Jusqu'ici  il  reste  acquis  que  la 
saponification  précède  la  résorption  des  graisses;  il  est  possible  que  cette  saponification 
sul'lise  à  permettre  la  résorption  des  produits  de  dédoublement  des  graisses,  mais  nous 
ne  pouvons  l'affirmer;  nous  devons  donc  clierclier  encore  si  d'autres  processus  n'inter- 
viennent dans  la  résorption  des  graisses.  L'un  des  plus  importants  qu'on  invoque  est  la 
solubilisation  des  produits  de  dédoublement  des  graisses  neutres. 

A  priori  deux  hypothèses  sont  possibles  :  1°  les  graisses  sont  résorbées  sous  forme 
de  savons  solubles;  2°  les  graisses  sont  résorbées  sous  forme  d'acides  gras  dissous  dans 
les  éléments  du  chyme  intestinal. 

On  ne  saurait  a  priori  faire  d'objection  à  l'absorption  d'acides  gras  sous  forme  de 
savons  ;  mais  pourtant,  comme  l'a  soutenu  Mu.nk,  il  est  difficile  d'admettre  que  tous  les 
acides  gras  soient  résorbés  sous  forme  de  savons.  Les  acides  gras,  résultant  par  exemple 
de  200  grammes  de  graisse,  exigent  pour  former  des  savons  environ  40  grammes  de 
carbonate  de  soude,  c'est-à-dire  beaucoup  plus  de  carbonate  de  soude  que  n'en  contient 
tout  l'organisme  d'un  chien  de  25  kilogrammes  qui  peut  ingérer  et  résorber  ces 
200  grammes  de  graisses.  Il  faudrait  donc  admettre  que  les  carbonates  exécutent  dans 
l'organisme  un  mouvement  de  va-et-vient  extrêmement  rapide;  qu'après  s'être  combinés 
aux  acides  gras  et  avoir  pénétré  dans  les  cellules  intestinales  sous  forme  de  savons,  ces 
carbonates  sont  remis  immédiatement  en  liberté.  On  peut,  a  priori,  admettre  cette  mise 
en  liberté  de  carbonate,  d'autant  plus  que  les  acides  gras  ne  passent  pas  sous  forme  de 
savons  dans  le  canal  thoracique,  mais  sous  forme  de  graisse  neutre;  néanmoins,  cette 
rétrogradation  des  carbonates  vers  la  lumière  intestinale  cadre  mal  —  en  fait  —  avec 
ce  que  nous  savons  du  passage  des  sels  dans  l'intestin,  passage  qui  est  rapide  dans  le 
sens  de  la  lumière  de  l'intestin  vers  les  capillaires,  mais  très  lent  dans  le  sens  des 
capillaires  vers  la  lumière  de  l'intestin. 

Il  est  donc  possible  que  les  acides  gras  soient  résorbés  dans  une  certaine  proportion 
sous  forme  de  savons,  mais  il  est  difficile  de  concevoir  que  ce  processus  réalise  la 
majeure  partie  de  la  résorption. 

Nous  sommes  donc  amenés  à  considérer  le  mode  de  résorption  des  acides  gras  sous 
forme  d'acides  gras  dissous.  Les  acides  gras  ne  sont  pas  solubles  dans  l'eau;  si  les  acides 
gras  sont  résorbés  à  l'état  dissous,  c'est  donc  que  le  milieu  intestinal  contient  des  sub- 
stances capables  de  dissoudre  les  acides  gras.  ALTUANN,qui,  l'un  des  premiers,  admit  la 
résorption  des  graisses  sous  forme  d'acides  gras,  émit  l'idée  que  les  acides  gras  étaient 
solubilisés  par  la  bile.  Mais  la  solubilité  des  acides  gras  dans  la  bile  ne  fut  vraiment  bien 
étudiée  que  par  Moohe  et  Hochwood.  Les  conclusions  de  ces  auteurs  sont  les  suivantes: 
l'acide  palmitique  et  l'acide  stéarique  sont  pratiquement  insolubles  dans  la  bile,  tandis 
que  l'acide  oléique  s'y  dissout  dans  la  proportion  de  4  p.  100.  La  solubilité  des  acides 
gras  dans  la  bile  est  due  surtout  aux  acides  biliaires. 

Pflugkk  a  complété  ces  notions  en  montrant  que  l'adjonction  d'un  peu  d'alcali  à  la 
bile  porte  la  solubilité  des  acides  gras  dans  la  bile  à  19  p.  100. 

Pour  les  auteurs  qui  considèrent  que  les  acides  gras  pénètrent  dans  l'intestin,  grâce 
à  leur  solubilité  dans  la  bile,  le  rôle  de  la  bile  peut  être  envisagé  de  deux  manières 
différentes  :  1°  Dans  la  première  manière,  la  bile  tenant  les  acides  gras  en  solution 
pénètre  dans  la  cellule  intestinale;  elle  abandonne  ensuite  cette  cellule  pour  se  rendre 
par  le  réseau  porte  vers  le  foie  du  foie  la  bile  est  à  nouveau  déversée  dans  l'intestin,  où 
elle  devient  susceptible  de  dissoudre  une  nouvelle  quantité  d'acides  gras. 

2"  Dans  la  seconde  manière,  la  bile  ne  pénètre  pas  dans  l'intestin,  elle  ne  fait  que 
présentei-  sous  une  forme  soluble  les  acides  gras  à  la  cellule  intestinale.  C^dle-ci  absorbe 
directement  et  éleclivement  l'acide  gras, et  la  bile  qui  avait  dissous  cet  acide  est  libérée 
au  sein  même  de  la  lumière  intestinale  et  devient  immédiatement  disponible  pour  un 
nouveau  travail.  Ces  deux  conceptions  diffèrent,  en  somme,  en  ceci,  que  dans  la  pre- 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.  —   TOME    IX.  29 


450  INTESTIN. 

inière  théorie,  la  séparation  de  la  bile  et  de  l'acide  gras  se  fait  au  sein  mi'ime  de  la  cel- 
lule intestinale  qui  absorberait  le  mélange  entier,  tandis  que,  dans  la  seconde  théorie, 
la  séparation  de  la  bile  et  de  l'acide  se  ferait  au  niveau  du  plateau  de  la  cellule  intesti- 
nale qui  n'absorberait  que  l'acide  f^ms. 

Il  est  impossible  de  donner  des  arguments  précis  en  faveur  de  l'une  ou  de  l'autre 
de  ces  théories. 

De  l'ensemble  de  ces  considérations  résulterait  donc  que  la  résorption  des  graisses 
se  fait  en  majeure  partie  sous  forme  d'acides  gras  solubilisés  dans  la  bile,  et  en  petite 
partie  sous  forme  de  savons  directement  solubles  dans  l'élément  aqueux  du  suc  intes- 
tinal. La  résorption  de  la  glycérine  ne  donne  lieu  à  aucune  considération  spéciale  ;  car 
elle  passe  isolément  dans  l'intestin,  comme  nous  l'avons  déjà  signalé  plus  haut. 

Il  nous  reste  donc,  pour  avoir  une  idée  complète  de  la  résorption  des  graisses,  à  envi- 
sager le  travail  de  la  cellule  intestinale  sur  les  acides  gras  résorbés,  la  forme  sous 
laquelle  la  graisse  passe  dans  le  torrent  circulatoire  et  les  voies  par  lesquelles  lagraisse 
passe  de  l'intestin  dans  l'organisme. 

a)  Travail  exécuté  par  lu  cellule  in/eatinale  sur  lès  graiss^a  .  —  L'étude  histologique  des 
cellules  intestinales  d'nn  animal  sacrifié  au  cours  d'une  digestion  de  graisse  est  le 
seul  procédé  qui  nous  renseigne  sur  le  travail  des  cellules  intestinales.  Nous  avons  déjà 
signalé  les  résultats  objectifs  acquis  par  celte  étude  et  qui  sont  les  suivants  :  le  proto- 
plasma cellulaire  est  rempli  de  granulations  réfringentes,  colorables  par  l'acide  osmique 
ou  le  rouge  d'alcaua  :  ces  granulations,  très  petites  dans  le  voisinage  du  plateau  cellu- 
laire, augmentent  de  volume  à  mesure  que  l'on  considère  des  rtîgions  plus  proches  du 
noyau.  Jamais  on  ne  peut  mettre  ces  granulations  en  évidence  dans  le  plateau  intes- 
tinal. 

Quelles  déductions   pouvons-nous  tirer  de  ces  résultats    objectifs?  Tout  d'abord, 
rappelons  que  l'acide  osmique  ou  le  rouge  d'alcana,  ou  tout  autre  colorant  susceptible 
d'imprégner  les  granulations  que  nous  trouvons  dans  la  cellule,  colorent  aussi  bien  les 
graisses  neutres  que  les  acides  gras.  Par  les  colorants,  nous  sommes  donc  dans  l'impos- 
sibilité de  distinguer  les  granulations  d'acides  gras  des  granulations  de  graisses  neutres. 

Remarquons  ensuite  que  le  plateau  des  cellules  intestinales  est  le  lieu  de  pas- 
sage obligé  des  substances  grasses  qui  passent  de  la  lumière  intestinale  dans  le  proto- 
plasma  cellulaire  :  il  s'ensuit  que  ce  plateau  doit  contenir  au  moins  momentanément 
des  substances  grasses;  or  jamais  les  substances  grasses  n'ont  pu  être  mises  en  évidence 
dans  les  plateaux  cellulaires;  il  y  a  donc  là  un  fait  curieux  et  tout  à  fait  inexpliqué. 

Enfin,  les  substances  grasses  se  trouvant  dans  le  proloplasma  à  l'état  de  granula- 
tions, il  en  résulte  que  les  graisses  ne  sont  pas  solubles  dans  le  milieu  protoplasmique; 
on  en  a  conclu  que  les  graisses  qui  pénètrent  à  l'état  dissous  dans  la  cellule  abandonnent 
celle-ci  à  l'étal  d'émulsion. 

Les  faits  suivants  concernent  les  réactions  intimes  qui  se  passent  au  sein  de  la  cel- 
lule intestinale.  Mu.NK  a  montré  que,  lorsqu'on  nourrit  des  animaux  avec  des  acides  gras, 
ce  sont  des  graisses  neutres  qu'on  recueille  dans  le  canal  thoracique,  il  en  est  de  même, 
si  on  nourrit  les  animaux  avec  des  acides  gras  et  de  la  glycérine  ;  Franck  a  constaté 
que,  si  l'on  introduit  dans  l'intestin  du  palmitate  d'éthyle,  on  recueille  dans  le  canal 
thoracique  du  palmitate  de  glycérine.  Au  passage  à  travers  l'intestin  correspond  donc 
un  travail  de  synthèse  par  lequel  l'acide  gras  se  combine  avec  la  glycérine;  ce  travail 
de  synthèse  ne  peut  vraisemblablement  pas  s'accomplir  dans  les  chylifères,  il  s'accom- 
plit donc  dans  les  cellules  intestinales  elles-mêmes. 

Par  conséquent,  du  fait  que  l'intestin  absorbe  des  acides  gras  et  qu'il  excrète  des 
graisses  neutres,  nous  sommes  obligés  de  conclure  que  la  cellule  intestinale  est  douée 
d'une  activité  de  synthèse  vis-à-vis  des  substances  grasses.  Plusieurs  auteurs,  Evvald, 
Hamburger,  Moore,  Frank  et  Ritter,  etc.,  ont  essayé  de  reproduire  in  vitro  la  synthèse 
des  graisses  au  moyen  d'acides  gras  et  de  glycérine  mis  en  présence  de  cellules  intes- 
tinales, mais  leurs  essais  sont  restés  infructueux. 

Voies  d'absorption  des  graisses.  —  Zawilski  a  établi  que  les  graisses  sont  absorbées 
par  les  chylifères,  sinon  en  totalité,  du  moins  en  majeure  partie. 

D'après  cet  auteur,  si  l'on  recueille  dans  le  canal  thoracique  la  lymphe  émise  après 
un  repas  de  graisse,  on  retrouve  dans  cette  lymphe  60  p.  100  des  graisses  ingérées.  Il 


INTESTIN.  451 

est  probable  que  le  canal  tlioracique  en  reçoit  encore  davantage;  la  résorption  totale 
de  la  graisse  est  très  lente;  Zawilski  signale  lui-môme  que,  vingt  et  une  heures  après 
l'absorption  de  150  grammes  de  graisses,  on  retrouve  encore  IGjgrammes  de  graisse 
non  résorbée  dans  la  lumière  d'un  tube  digestif;  il  faut  ajouter  à  ce  fait  que,  lorsque 
l'on  examine  histologiquement  les  cellules  intestinales  d'un  animal  qui  a  fait  un  grand 
repas  de  graisses  entre  des  repas  ne  comportant  pas  de  graisses,  les  cellules  intesti- 
nales présentent  pendant  deux  ou  trois  jours  de  nombreuses  granulations  graisseuses. 
La  résorption  totale  des  graisses  étant  très  lente  et  la  cueillette  dejla  lymphe  étant  forcé- 
ment très  limitée,  il  ne  faut  donc  pas  penser,  au  cours  [d'une  expérience  de  courte 
durée,  retrouver  dans  la  lymphe  toute  la  graisse  ingérée. 

Pour  savoir  si,  normalement,  la  graisse  ne  peut  pas  être  absorbée  par  le  système  porte, 
Heidenhai.n  a  comparé  la  teneur  en  graisse  du  système  porte  et  d'une  artère  (la 
carotide).  L'expérience  n'a  montré  aucune  différence  dans  la  composition  du  sang  delà 
veine  porte  et  de  l'artère.  Mais  ce  résultat  n'est  pas  à  porter  à  l'actif  d'une  absorption 
exclusivement  lymphatique.  L'expérience  de  Heuïenhain  vise  un  phénomène  infime,  s'il 
existe.  Une  résorption  de  150  grammes  de  graisse  dure  douze  heures  au  moins  :  la 
quantité  de  graisse  qu'on  pourrait  retrouver  dans  le  sang  de  la  veine  porte,  au  cas  même 
ou  toutes  la  graisse  passerait  par  la  veine  porte,  ne  peut  donc  être  qu'impondérable. 
Admettons  qu'il  passe  chez  un  chien  de  15  kilogrammes  seulement  500  grammes  de  sang 
par  minute  dans  la  veine  porte;  en  douze  heures,  il  en  passerait  500  x  60  x  12  soit 
360  litres  et  en  admettant  une  résorption  régulière  dégraisse,  on  trouverait  par  litre 
de  sang  un  excès  de  graisse  égal  à  :  150  gr.  :  360  =  0,04  centigrammes  en  admettant  que 
toute  la  graisse  passât  par  la  veine  porte.  A  priori  de  pareilles  recherches  ne  peuvent 
être  que  négatives. 

Par  conséquent  si  dans  les  expériences  de  Zawilski,  oii  l'on  voit  qu'en  un  temps 
moindre  que  celui  que  dure  la  résorption  totale  des  graisses  on  recueille  déjà  60  p.  100 
de  graisses  ingérées,  il  en  résulte  bien  que  la  majeure  partie  de  la  graisse  passe  par  les 
chylifères. 

Vitesse  (Pabsorption  des  diverses  graisses.  —  Munk  a  montré  ce  fait  général  que  les 
graisses  sont  d'autant  plus  vite  et  plus  complètement  résorbées  que  leur  point  de  fusi- 
bilité est  plus  bas,  et  vice  versa.  C'est  ainsi  que  la  stéarine,  la  graisse  de  mouton  sont 
moins  vite  et  moins  complètement  résorbées  que  la  graisse  d'oie,  celle  de  porc  et 
l'huile  d'olive,  etc. 

4»  Résorption  des  albumines. 

Au  cours  d'une  digestion  normale  nous  trouvons  dans  l'intestin  des  albumines,  des 
albumoses,  des  peptones  et  des  acides  aminés,  comme  l'ont  établi  de  très  minutieuses 
recherches,  et,  en  particulier,  celles  de  Schmidt  Muhlheim,  Ellenberger  et  Hokmeister, 
EwALD  et  GuLMiGH,  ZuNz,  Reach,  Kutscher  et  Seemann. 

A  prior/,  connaissant  la  tendance  des  ferments  pancréatiques  àhydrolyser  progressi- 
vement les  albumines,  on  peut  penser  que,  normalement,  l'albumine,  les  albumoses  et 
les  peptones  qui  existent  dans  l'intestin  ne  sont  que  les  matériaux  aux  dépens  desquels 
se  forment  les  acides  aminés,  et  que  la  résorption  ne  porte  que  sur  ces  dernières  sub- 
stances. Mais  rien  n'empêche  d'admettre  également  a  priori  que  l'intestin  résorbe 
simultanément  les  albumines,  les  peptones  et  les  acides  aminés,  et  même  l'albumine 
native,  lorsque  l'intestin  en  contient. 

L'examen  du  contenu  intestinal  au  cours  d'une  digestion  ordinaire  ne  nous  permet 
pas  de  nous  prononcer  entre  ces  deux  hypothèses.  Et  il  faut  une  analyse  plus  précise 
des  faits  pour  établir  sous  quelle  forme  les  albumines  sont  résorbées. 

La  résorption  des  albumines  comprend  deux  questions  distinctes  :  sous  quelle  forme 
les  albumines  pénètrent-elles  dans  la  muqueuse  intestinale,  et  sous  quelle  forme  d'al- 
bumine abandonne-t-elle  l'intestin  pour  passer  dans  le  torrent  circulatoire? 

1°  Sous  quelle  forme  Vcdbumine  pénèlre-t-elle  dans  l'intestin? —  La  première  question, 
qui  a  trait  à  la  forme  sous  laquelle  les  albumines  pénètrent  dans  la  muqueuse  intesti- 
nale, a  été  étudiée  dans  des  sortes  d'expériences  qui  se  contrôlent  pour  ainsi  dire 
mutuellement.  Dans  la  première  série  d'expériences  on  porte  au  contact  de  l'intestin 


452  INTESTIN. 

des  albumines  plus  ou  moins  transformées,  et  l'on  s'eflorce  de  constater  si  la  résorption 
a  lieu  et  si  elle  a  lieu  sans  modification  intercurrente  entre  le  moment  où  l'albumine 
est  mise  en  contact  de  l'intestin  et  le  moment  on  elle  passe  dans  celui-ci.  Ces  expé- 
riences nous  indiquent  seulement  sous  quelle  forme  l'albumine  peut  être  résorbée;  elles 
ne  permettent  pas  de  conclure  que  les  phénomènes  constatés  dans  ces  conditions  plus 
ou  moins  artificielles  aient  lieu  normalement. 

Pour  qu'on  puisse  formuler  cette  dernière  conclusion,  il  faut  au  moins  que  la  ré- 
sorption ainsi  constatée  soit  compatible  avec  la  survie  prolongée  et  le  maintien  en 
équilibre  azoté  de  l'animal;  alors  seulement  nous  pourrons  penser  que  la  résorption 
envisagée  représente  un  processus  normal. 

a  Sous  quelle  forme  la  résorption  de  l'albumine  est-elle  possible? 

a.)  Albumine  native.  Les  albumines  naturelles,  et  en  particulier  l'albumino  du  sérum 
sanguin,  l'ovalbumine  et  d'autres  encore  sans  doute  sont  directement  résoibables  par 
l'intestin  comme  l'ont  prouvé  depuis  longtemps  les  expériences  deVoiT  et  Haler,  Hei- 
DE.NHAi.N,  Friedlander  et  Waymouth  Heii).  Ces  expériences  consistent  à  isoler  et  laver 
une  anse  intestinale,  à  y  introduire  une  quantité  connue  d'albumine  naturelle  et  à 
mesurer  après  un  délai  donné  la  quantité  d'albumine  disparue.  On  admet  que  la  dispa- 
rition de  cette  albumine  correspond  à  une  résorption  en  nature  de  l'albumine  intro- 
duite dans  l'anse  intestinale  pour  les  raisons  suivantes.  Les  albumines  naturelles  ne  sont 
que  très  lentement  digérées  par  le  suc  pancréatique,  et  dans  le  cas  particulier  cette 
légère  digestion  est  rendue  impossible  par  le  fait  même  qu'en  lavant  l'anse 
intestinale  on  en  a  retiré  tout  le  suc  pancréatique  qui  pouvait  l'imprégner.  D'autre 
part  le  ferment  protéolylique,  décrit  récemment  par  Cohnheim  sous  le  nom  d'érep- 
sine,  dédouble  bien  les  albumoscs  et  les  peptones,  mais  reste  sans  action  vis-à-vis  de 
l'albumine  naturelle.  On  ne  conçoit  donc  pas  que  la  résorption  de  l'albumine  puisse  être 
précédée  d'un  phénomène  de  digestion.  Enfin  il  convient  d'ajouter  que  cette  résorption 
de  l'albumine  est  un  gros  phénomène,  puisqu'en  cinquante  minutes  Heidenhain  cons- 
tate une  résorption  de  6  gr.  18  de  sérum  albumine.  On  ne  saurait  donc  objecter  une 
erreur  de  technique. 

Il  est  donc  vraisemblable  que,  dans  des  conditions  déterminées,  l'albumine  naturelle 
puisse  être  résorbée  directement. 

ii  Albumoses  et  peptones.  —  Le  plus  souvent  les  expériences  faites  dans  le  but  de 
constater  l'absorption  des  premiers  produits  d'hydrolyse  de  l'albumine  ont  porté  simul- 
tanément sur  les  albumoses  et  les  peptones.  Ludwig  et  SxLvroLi  ont  pu  constater  dans 
les  conditions  précédemment  indiquées  une  absorption  très  notable  d'albutnoses  et  de 
peptones.  Mais,  contrairement  aux  expériences  précédentes,  celles-ci  ne  nous  permettent 
pas  de  conclure  à  une  résorption  directe  des  albumoses  et  des  peptones.  Le  ferment 
éreptique  de  Cohnhkim  serait,  d'après  cet  auteur  et  d'autres  encore,  susceptible  de 
dédoubler  rapidement  les  albumoses  et  les  peptones,  et,  par  suite,  on  peut  penser  qu'au 
moment  où  ces  substances  pénètrent  dans  l'intestin  elles  y  subissent  une  nouvelle 
hydrolyse. 

Par  conséquent  on  peut  dire  que  les  albumoses  et  les  peptones  mises  dans  l'inlestinen 
disparaissent  assez  rapidement, mais  sans  qu'on  puisse  ajouter  que  cette  disparition  ne 
soit  pas  précédée  d'une  hydrolyse. 

y  Acides  aminés.  —  En  nourrissant  des  animaux  avec  les  produits  abiurétiques  d'une 
digestion  tryptique,on  constate  une  augmentation  de  l'urée  urinaire  (Henriques-Abder- 
halden).  C'est  donc  la  preuve  que  les  acides  aminés  sont  résorbés. 

b  Sous  quelle  forme  l'albumine  résorbée  est-elle  susceptible  d'entretenir  l'équilibre  azoté? 

Cette  question  est  très  importante  à  élucider  ;  car  seules  les  expériences  qu'elle  a 

suscitées  nous  permettent  d'apprécier  dans  quelles  mesures  les  diverses  modalités  de 

la  résorption  de   l'albumine  que  nous  venons  d'envisager  répondent  à  des  processus 

physiologiques  possibles. 

a  Albumine  en  nature.  — La  résorption  de  l'albumine  en  nature,  qui  est  possible,  ne 
répond  pas  à  un  processus  de  résorption  normale.  11  y  a  longtemps  que  l'on  savait  par 
les  expériences  de  Cl.  Bermard  que  l'ovalbumine  naturelle  introduite  directement  dans 
le  corps  était  éliminée  en  grande  partie  par  les  urines.  L'albuminurie,  qui  est  très 
notable  lorsque  l'injection  d'albumine  est  faite  dans  une  veine  périphérique,  peut  être, 


INTESTIN.  453 

il  e$t  vrai,  très  réduite  si  rinjection  est  poussée  dans  un  rameau  de  la  veine  porte,  mais 
elle  n'en  reparaît  pas  moins,  pour  peu  que  la  quantité  d'albumine  introduite  dans  la 
veine  porte  soit  considérable.  C'est  là  ce  qui  a  lieu  sans  doute  chez  les  individus  qui 
ingèrent  de  grandes  quantités  d'albumine  crue. 

Le  fait  a  depuis  été  constaté  plusieurs  fois  à  nouveau.  Ascoli,  Vkia.no  et  Hambur- 
ger, en  opérant  sur  des  sujets  néphrétiques,  ont  pu  voir  que  l'ingestion  d'albumine  crue 
détermine  chez  ces  sujets  non  seulement  une  augmentation  de  l'albumine  urinaire,  mais 
encore  l'apparition  de  la  réaction  précipitante  du  sérum,  caractéristique  de  l'injection 
d'albumine  crue  dans  les  veines. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  [se  demander  comment  cette  résorption  de  l'albumine 
crue  est  possible  chez  l'homme  où  l'albumine  traverse  le  tube  digestif  dans  toute  son 
étendue  et  doit  certainement  rencontrer  des  sucs  protéolytiques.  On  donne  généralement 
l'explication  suivante  de  ce  phénomène.  Les  albumines  crues  résistent  énergiquement  à 
l'action  de  la  tiypsine.  >Si  ces  albumines  ne  sont  pas  attaquées  préalablement  parla  pep- 
sine, ce  qui  est  possible  normalement,  —  car  l'albumine  crue  ne  provoque  qu'une  faible 
sécrétion  peptique,  —  et  ce  qui  est  encore  davantage  possible  chez  les  néphrétiques  dont 
la  sécrétion  gastrique  est  souvent  tarie,  ces  albumines  arrivent  dans  l'intestin  sans 
avoir  subi  de  modifications;  dès  lors  leur  digestion  tryptique  est  compromise  et  une 
partie  notable  de  leur  masse  sera  résorbée  directement. 

L'injection  directe  d'albumine  dans  l'organisme  provoquant  des  troubles  très  graves, 
et  la  résorption  directe  de  l'albumine,  chaque  fois  qu'on  peut  la  provoquer  chez  l'homme 
déterminant  également  des  désordres  importants,  il  s'ensuit  que  la  résorption  de  l'albu- 
mine en  nature  ne  doit  pas  être  un  processus  physiologique. 

Ajoutons  que  cette  résorption  doit  être  d'autant  moins  fréquente  que  les  albumines 
que  nous  ingérons  d'ordinaire  sont  ou  bien  cuites  par  la  chaleur,  ou  bien  coagulées  par 
des  préparations  culinaires  diverses  et  que  ces  simples  modifications  des  albumines 
naturelles  lendent  celles-ci  immédiatement  très  attaquables  par  le  suc  pancnjatique 
et  rendent  ainsi  la  résorption  directe  impossible. 

^  Albumoses  et  peptones.  —  La  résorption  de  l'albumine  à  partir  du  stade  albu- 
moses  et  peptones  est  parfaitement  compatible  avec  la  vie,  sous  réserve  naturellement 
de  la  question  qui  n'est  pas  encore  résolue  et  qui  est  de  savoir  si  au  passage  dans  l'intes- 
tin ces  substances  ne  subissent  pas  des  modifications  profondes. 

En  effet  les  expériences  d'ELLiNGER  et  de  Lesser,  sans  parler  d'autres  expériences 
faites  dans  des  conditions  moins  précises,  montrent  que  l'ingestion  d'albumoses  et  de 
peptones  peuvent  au  point  de  vue  de  l'équilibre  azoté  remplacer  parfaitement  les  albu- 
mines naturelles.  Celte  constatation  est  très  importante  ;  car  elle  prouverait  que  les 
premiers  produits  d'hydrolyse  contiennent  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  au  point  de  vue 
nutritif. 

Y  Acides  aminés.  —  Dans  ces  derniers  temps  Fischer  et  Abderhalden  ont  fait  de 
nombreuses  recherches  sur  l'utilisation  des  acides  aminés  administrés  soit  par  le  tube 
digestif  soit  par  voie  sous-cutanée.  Ils  ont  constaté  que  ces  acides  aminés  étaient  en 
général  transformés  en  urée;  mais  étant  donnée  la  difficulté  de  se  procurer  en  grande 
quantité  des  acides  aminés  purs,  ils  n'ont  pu  chercher  à  réaliser  l'équilibre  azoté  par 
la  seule  administration  d'acides  animés. 

Cette  question  a  été  résolue  d'une  autre  façon  par  des  expériences  qui  ont  consisté  à 
administrer  aux  animaux  les  produits  d'une  digestion  tryptique  poussée  jusqu'au  stade 
abiurétique,  ou  bien  les  produits  d'hydrolyse  chimique  d'une  albumine  par  les  acides 
poussée  jusqu'à  ce  même  stade  de  dédoublement. 

En  général  la  plupart  des  auteurs  ont  constaté  que  l'équilibre  azoté  était  maintenu 
par  l'ingestion  des  produits  abiurétiques  de  la  digestion  tryptique  (Lowi,  Henriquez  et 
Hansex).  Abueuhalden  et  Rona  ont  fait  vivre  des  souris  et  des  chiens  avec  de  la  caséine 
digérée  par  la  trypsine.  Coiixheim  a  pu  maintenir  o  jours  en  équilibre  azoté  un  chien 
nourri  avec  les  produits  abiurétiques  d'ovalbumine  et  de  chair  musculaire.  Par  contre, 
Lesser  a  obtenu  des  échecs  en  nourrissant  des  animaux  avec  les  produits  de  digestion 
de  la  fibrine. 

En  opposition  avec  ces  résultats  il  est  intéressant  de  noter  que  les  produits  d'hydro- 
lyse obtenue  chimiquement  par  l'action  des  acides  sont  absolument  inaptes  à  mainte- 


454 


INTESTIN. 


iiir  l'équilibre  azolé,  ({iioique  ces  produits  d'hydrolyse  soient  résorbés  (Henriquez  et 
Hansen,  Abderhalde.\  et  Rois  a).  La  raison  de  cette  antithèse  n'a  pu  (^tre  élucidée  jusqu'ici; 
on  sait  que  les  produits  de  l'hydrolyse  par  les  acides  diffèrent  de  ceux  qui  viennent  des 
ferments,  car  dans  l'hydrolyse  par  la  trypsine  on  ne  trouve  pas  de  Iryptophane  ni  de 
lysine;  mais  on  n'est  pas  arrivé  à  préciser  les  différences  d'hydrolyse  auxquelles  sont 
imputables  les  différences  observées  dans  les  phénomènes  de  nutrition. 

L'expérience  d'AsDERHALDEX  et  de  Rona  est  particulièrement  nette  à  cet  égard.  Un 
chien  est  mis  en  équilibre  azoté  avec  un  régime  contenant  33,3  de  viande,  de  la  graisse 
et  des  hydrates  de  carbone.  Dans  une  première  expérience  la  viande  est  remplacée  par 
les  produits  d'une  digestion  pancréatique  de  viande  :  on  donne  à  l'animal  une  quantité 
de  ces  produits  équivalant  en  azote  à  la  viande  du  régime  précédent  (2  gr.  d'azote)  : 
l'animal  se  maintient  en  équilibre  azoté. 

Dans  une  seconde  expe'rience  l'azote  est  donné  sous  forme  de  produits  d'hydrolyse 
de  la  viande  par  l'acide  sulfurique.  Les  produits  d'hydrolyse  sont  résorbés  et  éliminés, 
comme  les  produits  de  la  digestion  Iryptique ,  en  majeure  partie  par  les  urines;  mais 
l'animal  n'est  plus  en  équilibre  azoté,  et  par  une  expérience  de  contrôle  on  constate  que 
l'azote  donné  sous  cette  forme  n'épargne  en  rien  l'albumine  de  son  corps.  Il  élimine 
0S'',44  d'azote  tiré  de  son  organisme,  c'est-à-dire  à  peu  près  autant  que  s'il  était  au 
jeûne  azoté  (Oe'',53). 


16  jours. 


Expérience  avec  de  la  caséine  difjérée  par  de  la  pancréatine. 


Durée  Ingéré 

do  Texp.        par  jour.       Urines. 

gr. 
9  jours.         2  gr.  1,84  0,24 

En  moy.        En  moy. 


gi-- 


0,3G 


Régime  constant 
Bilan.  dans  les  deux  périodes 

Poids.  de  l'observation. 

—  0,08  2,740  33,3  gr.  de  viande. 

»  2,840  2.0,8  gr.  de  graisse. 

•  »  50  gr.  d'empois  d'amidon. 

»  »  10  gr.  de  sucre  de  canne. 

»  »  5  gr.  de  glucose. 

-i-0,19  3,010  23,5  de  caséine  digérée  par 

le  16'  jour.  la  trypsine  jusqu'à  dispa- 

rition du  prurit-1- graisse, 
amidon,  etc.,  comme  plus 
haut. 


Expérience  avec  de  la  caséine  hydrolysée  par  de  l'acide  sulfurique  à  25  p.  100. 

10  jours.        2  gr.  2,31  0,17  —0,48  »  20  gr.  de  caséine  hydroly- 

sée par  S0*H2  +  graisse, 
etc.,  voir  plus  haut. 

Le  même  animal  reçoit  la  même  nournture,  mais  sans  substance  azotée. 
4  jours.        0  gr.  0,50  0,03  —0,33  2,900 


c)  Sous  quelle  forme  Valbumine  ingérée  passe-t-elle  de  l'intestin  dans  le  torrent  circula- 
toire ? 

a  Albumines.  —  Nous  avons  vu  que  l'albumine  naturelle  est  résorbable,  que  l'albumine 
directement  introduite  dans  les  veines  ou  le  tissu  cellulaire  provoque  de  l'albuminu- 
rie et  la  réaction  précipitante  du  sérum;  étant  donné  d'autre  part  que  chez  les  indivi- 
dus chez  qui  on  a  pu  soupçonner  une  résorption  directe  d'albumine  naturelle  on  a 
trouvé  de  l'albuminurie  et  la  réaction  précipitante  de  sérum  (Ascoli,  etc.)  il  s'ensuit 
qu'a  priori  nous  devons  penser  que  chez  ces  individus  l'albumine  pour  produire  ces 
désordres  doit  passer  en  nature  de  l'intestin  dans  le  torrent  circulatoire.  Une  deuxième 
raison,  déjà,  indiquée  également  plus  haut,  plaide  encore  en  faveur  de  cette  hypothèse  : 
à  savoir  que  dans  l'intestin  il  n'existe  pas  de  ferment  protéolytique  susceptible  d'hydro- 
lyser  l'albumine  naturelle,  que  le  suc  pancréatique  est  peu  actif  sur  cette  albumine  et 


INTESTIN,  455 

que  par  conséquent  ralbuinini'  naturelle  peut,  dans  ces  conditions,  échapper  à  toute 
liydrolyse. 

L'albumine  résorbée  par  l'inlestin  peiitclonc  passer  dans  le  torrent  circulatoire; 
mais  ce  n'esl  pas  un  processtts  physiologique. 

;3  Albumoses  et  peptones.  —  D'après  l'opinion  classii]ue  le  passng(^  diiect  des  albu- 
moses  et  des  peptones  dans  le  loi  renl  circulaloiie  est  bien  improbable,  paice  que  ces 
substances  sont  toxitiues:  elles  abaissent  énormément  la  pression  artérielle,  provo- 
quant l'incoaf^ulabilité  du  sang,  déterminent  de  la  narcose,  etc.,  phénomènes  dont 
aucun  n'esl  observé  après  la  résorption  intestinale  de  peptones  et  d'albumines;  mais 
i\  cet  argument  on  a  fait  deux  objections.  En  premier  lieu,  que  peut-être  les  albumoses 
et  les  peptones  ne  sont  pas  to.^iquespar  elles-mêmes,  mais  uniquement  à  cause  de  leurs 
impuretés.  C'est  ce  qui  paraît  résulter  des  recherches  de  Fiquet,  Pick  et  Spiro.  FiyuEren 
particulier  a  pu  injectei-,  plusieurs  jours  consécutifs,  à  des  lapins  2e'",E»0  d'albumoses 
par  kilog.  et  par  jour,  St-'^S"  de  peptones  par  kilog.  et  par  jour,  sans  observer  ni  amai- 
grissement, ni  aucun  malaise  ;  plusieurs  de  ces  expériences  ont  duré  de  8  à  20  jours. 

Ultérieurement  l'innocuité  des  albumoses  et  des  peptones  a  été,  il  est  vrai,  contestée 
par  Underhill  et  Nolk. 

La  seconde  objection  est  tirée  de  ce  fait  que  les  albumoses  et  les  peptones,  si  leur 
to.\icilé  e.xistait,  ne  déviaient  cette  toxicité  qu'à  leur  passage  immédiat  dans  le  torrent 
circulatoire,  mais  la  perdraient  a|)rès  leur  [)assage  dans  le  foie.  Les  expériences  ré- 
centes de  CoNTEJEAN,  Delezenne,  etc.,  ne  sont  cependant  pas  en  faveur  de  cette  hypo- 
thèse, tcar  elles  montrent  (jue  l'injection  dans  la  veine  porte  de  produits  impurs  reste 
toxique  pour  l'animal. 

La  deuxième  raison  pour  laquelle  on  n'admet  pas  que  les  albumoses  et  les  peptones 
soient  susceptibles  de  passer  en  nature  dans  l'organisme  est  tirée  de  ce  fait  que  l'on  ne 
retrouve  pas  ces  substances  dans  la  circulation.  A  cet  égard  nous  avons  les  expériences 
de  LuDwiG  et  Salvioli,  qui  sont  particulièrement  probantes.  Ces  auteurs  isolent  une 
anse  intestinale  dans  laquelle  ils  introduisent  un  gramme  d'un  mélange  d'albumoses  et 
de  peptones;  l'anse  intestinale  est  irriguée  par  une  quantité  limitée  de  sang  défibriné 
qui  repasse  constamment  dans  ce  même  territoire  intestinal.  Au  bout  de  quatre  heures 
ils  constatent  que  0,oO  centigrammes  des  protéoses  et  des  peptones  ont  disparu  dans 
l'intestin  et  qu'on  n'en  trouve  aucune  trace  dans  le  sang. 

Deux  objections  sont  possibles  à  l'interprétation  de  ces  résultats.  Les  protéoses  ont 
pu  être  détruites  dans  le  sang,  ou  bien  les  protéoses  sont  restées  dans  les  cellules  de 
l'intestin. 

D'après  Neuueister  les  albumoses  et  les  peptones  ne  seraient  pas  détruites  dans  le 
torrent  circulatoire.  En  faisant  une  circulation  artificielle  avec  du  sang  peptoné  à  tra- 
vers le  foie,  cet  auteur  constate  que  la  peptone  ne  disparaît  pas  du  sang;  en  injectant 
de  la  peptone  dans  la  veine  mésentérique  d'un  animal  entier,  il  constate  que  la  peptone 
est  rejetée  dans  l'urine;  Shobe  confirme  ces  résultats.  Par  conséquent  les  peptones 
si  elles  avaient  passé  dans  le  sang,  dans  l'expérience  de  Ludwig  et  Salvioli,  n'auraient 
pu  en  disparaître. 

Or,  d'autre  part,  il  faut  bien  croire  que  les  albumines  et  les  peptones  ont  passé, 
après  une  modification  quelconque,  dans  le  sang,  puisque  des  faits  irrécusables  nous 
prouvent  que  ces  substances  suffisent  à  maintenir  l'équilibre  azoté. 

Les  peptones  ont  donc  nécessairement  subi  une  transformation  dans  leur  traversée 
intestinale.  Cette  transformation  est-elle  régressive,  c'est-à-dire  comporte-t-elle  une 
réfection  synthétique  du  type  albumine?  ou  est-elle  progressive?  c'est-à-dire  comporte- 
t-elle  une  dégradation  plus  marquée  encore  vers  le  type  acides  aminés. 

jusqu'à  ces  dernières  années  on  avait  pensé  que  les  peptones  et  les  albumoses  se 
reconstituaient  au  sein  de  la  muqueuse  intestinale  en  albumine.  C'était  l'opinion  sou- 
tenuepar  IIofmeister,  Salvioli,  Heidenuain,  Shore  et  Neumeisïer.  Puisque,  après  l'absorp- 
tion de  peptones,  on  ne  trouvait  pas  de  peptones  dans  le  sang  et  qu'on  n'en  retrouvait 
même  pas  dans  l'intestin,  ces  auteurs  en  inféraient  que  l'intestin  avait  reformé  de  l'al- 
bumine par  synthèse. 

CoB^HElM,  après  avoir  découvert  dans  l'intestin  l'érefisine,  ferment  susceptible 
d'hydrolyser  les  peptones  et  les  albumoses,  s'est  élevé  contre  cette  conception.  A  soo 


436  INTESTIN. 

avis  il  esl  beaucoup  plus  'rationnel  d'admettre  que,  si  l'on  ne  retrouve  de  peplones 
ni  dans  le  sang  ni  dans  l'intestin,  c'est  que  les  peplones  ont  été  dissociées  en  acides 
aminés. 

Cette  hypothèse  n'a  pu  encore  être  vérifiée  directement  ;  mais  elle  a  en  sa  faveur  des 
arguments  indirects.  Fischer  et  Abderhalden  ayant,  en  effet,  démontré  qu'un  très  grand 
nombre  d'acides  aminés  peuvent  être  directement  injectés  dans  le  torrent  circulatoire 
sans  causer  de  désordre  et  tout  en  étant  utilisés  par  l'organisme. 

8  Acides  aminés.  —  Aucune  preuve  directe  n'a  été  apportée  du  passage  des  acides 
aminés  dans  le  torrent  circulatoire. 

Il  est  rendu  seulement  vraisemblable  par  les  constatations  récentes  de  Cohnheim,  de 
Fischer  et  Abderhalden,  et  il  cadre  bien  avec  l'hypothèse  que  nous  exposerons  ultérieu- 
rement d'une  édification  locale  et  spécifique  des  différentes  albumines  au  niveau  des 
divers  organes,  au  moyen  des  mêmes  matériaux  mais  diversement  utilisés. 

Ce  point  de  vue  est  évidemment  le  plus  intéressant  dans  toute  cette  question  de  la 
résorption  des  albumines  ;  mais  il  est  aussi  le  plus  récent,  et  par  cela  même  le  plus  pauvre 
des  documents.  Il  ne  peut  donc  être  qu'indiqué  ici  pour  marquer  l'orientation  nou- 
velle que  prend  ce  chapitre  de  physiologie  intestinale. 

d)  Voies  de  résorption  des  aWuminoides. —  D'après  Schmidt-Mlhlheim  et  Munk,  la 
résorption  n'a  pas  lieu  par  le  canal  thoracique;  ce  fait  négatif  est  nettement  en  faveur 
d'un  erésorption  par  voie  sanguine. 

d"  Résorption  des  hydrates  de  carbone. 

Nous  avons  vu,  à  propos  de  la  digestion  des  hydrates  de  carbone,  que  ceux-ci  pou- 
vaient se  classer  pratiquement  en  mono  et  polysaccharides  et  que,  tandis  que  les  mono- 
saccharides  n'étaient  pas  attaqués  parles  sucs  digestifs,  la  plupart  des  polysaccharides 
étaient  au  contraire  rapidement  hydrolyses  par  ces  mêmes  sucs. 

La  résorption  des  hydrates  de  carbone  se  superpose  pour  ainsi  dire  à  ce  fait  général, 
en  ce  sens  que  tous  les  monosaccharides  sont  susceptibles  d'être  résorbés  directement, 
tandis  que  les  polysaccharides  ne  sont  résorbés  que  dans  la  mesure  où  ils  sont  hydro- 
lyses jusqu'au  terme  monosaccharide. 

Cette  loi  générale  des  conditions  de  résorption  des  hydrates  de  carbone,  établie  par 
Cl.  Bernard,  Dastre,  Bourquelot,  vérifiée  et  amplifiée  par  un  grand  nombre  d'auteurs, 
repose  essentiellement  sur  les  constatations  suivantes  :  les  polysaccharides  injectés 
dans  les  veines  sont  rejetés  en  nature  dans  les  urines;  les  monosaccharides  injectés 
dans  les  veines  ne  sont  pas  rejetés  par  les  urines,  mais  emmagasinés  pour  former  du 
glycogène  :  donc  la  résorption  des  polysaccharides  est  nécessairement  précédée  d'une  hydro- 
lyse, la  résorption  directe  des  monosaccharides  seule  est  possible. 

Le  fait  originel  qui  fit  entrevoir  cette  loi  est  l'expérience  de  Cl.  Bernard  sur  le  sac- 
charose. Le  saccharose  injecté  dans  les  veines  de  l'animal  est  rejeté  immédiatement 
par  les  urines,  alors  que  l'animal  peut  en  ingérer  cependant  de  grandes  quantités  sans 
présenter  de  saccharosurie.  Dastre  fait  ensuile  une  constatation  analogue  pour  le 
lactose,  etc.  Ce  fait  général  comporte  une  seule  exception  importante  en  faveur  du 
maltose.  Ce  sucre,  après  injection  intra-veineuse,  n'est  que  partiellement  rejeté  par 
l'urine;  cet  anomalie  s'expliquerait  par  ce  fait  que  le  sang  contient  une  maltose  active 
susceptible  d'hydrolyser  le  maltose. 

Inversement  les  monosaccharides  injectés  dans  les  veines  ne  reparaissent  pas  dans 
les  urines,  mais  à  la  condition  toutefois  que  la  vitesse  d'injection  ne  soit  pas  trop 
grande,  car,  si,  à  un  moment  donné,  la  teneur  du  sang  en  glucose,  par  exemple,  dépasse 
3  p.  1  000,  l'organisme  se  trouve  hors  d'état  de  maîtriser  de  pareilles  quantités  de 
sucre,  et  le  sucre  passe  dans  les  urines  (Cl.  Bernard). 

Voit  a  indiqué  le  soi  t  de  divers  sucres  injectés  dans  les  veines.  Ses  expériences  éta- 
blissent que  les  monosaccharides  sont  directement  utilisables  par  l'organisme,  tandis 
que  les  polysaccharides  ne  le  sont  pas. 

En  concordance  avec  ces  faits,  nous  avons  déjà  vu  que  l'intestin  ne  possède  aucun 
ferment  hydrolysant  les  monosaccharides,  tandis  que  tous  les  ferments  intestinaux 
n'agissent  que  sur  les  polysaccharides.  On  s'explique  donc  que  les  monosaccharides, 


INTESTIN.  io7 

qui  pouvcnl  (^tre  utilisés  direcloment,  soient  aussi  n'-sorliés  (iiiocteinenl,  et  que  les 
polysacchariilos,  (jui  ne  peuvent  être  utilisés  directement,  soient  jiar  contre  hydrolyses 
dans  l'intesliii.  Dans  les  rares  cas  où  cette  harmonie  entre  les  activités  de  l'intestin  et 
les  capacités  fonctionnelles  de  l'oii^anisme  n'existe  pas,  le  sucre  n'est  pas  résorbé.  C'est 
ce  (jui  a  lieu,  parexem[»le,  pour  le  lactose  chez  certains  animaux.  Il  existe  des  animaux 
chez  lesciuels  la  lactase  est  très  peu  abondante  :  chez  ces  animaux  le  lactose  ne  peut 
être  dédoublé,  c'est  le  cas  du  chien  adulte  par  exemple  :  on  constate  alors  que  le  lac- 
tose ingéré  est  simplement  rejeté  dans  les  matières  fécales. 

L'étude  de  la  vitesse  de  résorption  des  hydrates  de  carbone,  l'aile  en  tenant  compte 
tout  d'abord  de  ces  conditions  de  résorption,  montre  que  la  résoiplion  est  d'autant  plus 
lente  que:  ["  les  stades  (ju^  franchit  Ihydrate  de  carbone  avant  d'arriver  au  tertue  de 
UKUiosaccliaride  sont  plus  nombreux  :  c'est  ainsi  que  le  saccharose,  le  lactose  et  le 
nialtose  sont  moins  vite  résorbés  que  le  glucose  et  le  galactose  (IIobeu,  Wei.nland, 
HKDOiN,  etc.),  et  2°  que  la  vitesse  avec  laquelle  se  fait  l'hydrolyse  des  polysaccharides 
préalable  à  la  résorption  est  plus  lente  :  c'est  ce  qui  explique  sans  doute  pourquoi  la 
vitesse  de  résorption  va  progressivement  en  décroissant  j»our  le  saccharose,  le  maltose 
et  le  lactose. 

En  second  lieu  la  vitesse  de  résorption  du  polysaccharide  est  nécessairement  encore 
fonction  de  la  vitesse  de  la  résorption  du  monosaccharidc,  qui  doit  finalement  être  ré- 
sorbé. C'est  ainsi  que,  d'après  >ÎAGAN0,la  vitesse  de  résorption  diminue  progressivement 
pour  les  monosaccharides  du  premier  au  dernier  terme  suivants  :  d  galactose,  d  glu- 
cose, d  lévulose,  d  mannose,  I  xylose,  1  arabinose. 

La  vitesse  de  résorption  des  sucres  est  sensiblement  du  même  ordre  de  grandeur 
que  celle  des  sels,  lorsque  1  on  compare  de  petites  quantités  de  sucre  et  de  sels.  Mais  la 
différence  essentielle  entre  les  deux  substances  réside  en  ce  que,  tandis  que  la  résorption 
des  sels  ne  peut  porter  sur  de  grandes  quantités  de  substances  sans  provoquer  une 
diarrhée  qui,  alors,  trouble  la  résorption  (par  exemple,  40  gr.  de  NaCI,  30  gr.  de 
SO;Na-,  etc.),  pour  l'homme  la  résorption  du  sucre  peut  porter  sur  des  quantités 
énormes  sans  troubles  intestinaux  (glucose  correspondant  à  500  gr.  d'amidon,  par 
exemple,  pris  en  un  repas). 

On  admet  que  le  processus  de  résorption  des  sucres  est  identique  à  celui  des  sels. 

Il  est  prouvé  par  de  nombreuses  expériences,  dont  les  premières  sont  dues  à  Claude 
Bernard,  que  les  veines  constituent  la  voie  de  résorption  des  sucres.  Vu  les  quantités 
considérables  de  sucre  résorbables  dans  l'unité  de  temps,  cet  auteur  a  pu  constatei-  que 
la  teneur  du  sang  de  la  veine  porte  en  glucose,  qui  est  normalement  de  0,:iO  à  1  p.  100, 
peut  monter  jusqu'à  3  p.  100,  à  la  suite  d'une  ingestion  abondante  de  glucose.  Cette 
constatation  suffit  amplement  à  démontrer  que  le  sucre  pénètre  surtout  dans  l'orga- 
nisme par  la  voie  portale. 


6°  Résorption  des  gaz. 

Les  gaz  contenus  dans  l'intestin  dépendent  de  l'alimentation,  comme  le  prouve 
'observation  de  Huge,  qui  a  déterminé  la  quantité  et  la  qualité  des  gaz  émis  chez 
'homme  par  le  rectum. 


Gaz.  Lait. 

Oxygène » 

Azote 36,71 

Hydrogène 54,23 

Méthane i. 

Anhydride  carbonique.    .    .  9,06 
Hydrogène  sulfuré.    ....         « 


Les  gaz  émis  par  l'intestin  du  cheval  contiennent,  d'après  Zu.ntz,  22  p.  100  de  CO'^ 
59  p.  100  de  CH*  et  2,5  p.  100  de  11^. 


Régime 

Régime 

végétarien. 

carné. 

18,96 

64.41 

4,03 

0,69 

55,94 

26,45 

21,05 

8,45 

Traces. 

» 

458  INTESTIN. 

La  dislributiou  de  ces  gaz  dans  les  difTérentes  parties  de  l'intestin  a  été  étudiée  par 
Tappeiner  sur  le  corps  d'un  supplicié  peu  de  temps  après  sa  mort. 

(tuz.  Estomac.  Iléon.  Côlon.  Rectum. 

0.xygcne it.19      \       g--. 


Azote 74.26  j            '  7, 46  62,76 

Hydrogène 0.08  3,80  0,46 

Méthane 0,16  -•  0,06  0,90 

Anhydride  carbonique.  ...  16.31  28,40  91,92  36,40 

L'origine  de  ces  gaz  est  diverse.  l>'oxygène  et  l'azote  proviennent  de  l'air  ingéri", 
l'hydrogène,  le  méthane  et  l'anhydride  carbonique  proviennent  des  fermentations 
intestinales.  Parmi  ces  foimentalions,  celles  qui  sont  réalfsées  par  les  sucs  digestifs 
ne  dégagent  aucun  gaz,  celles  qui  sont  réalisées  par  les  microbes,  surtout  aux  dépens 
des  hydrates  de  carbone,  dégagent  des  gaz  abondants  (voir  Digestion  de.<;  hydrates  de 
carbone  par  les  microbes). 

L'intestin  est  susceptible  de  résorber  de  grandes  quantités  de  gaz.  Claude  Behnard 
a  signalé  que  l'hydrogène  sulfuré  injecté  par  le  rectum  est  éliminé  par  les  poumons. 

L'oxygène  est  activement  résorbé  par  la  muqueuse  intestinale  intacte, et  transformé 
presque  immédiatement  en  anhydride  carbonique,  d'après  IJovcott. 

Si,  en  effet,  on  introduit  de  l'air  dans  l'intestin  du  lapin,  on  constate  peu  de  tenips 
après  un  changement,  considérable  de  l'atmosphère  intestinale  ;  ce  changement  se 
produit  également  même  si  l'expérience  a  été  faite  sur  un  animal  dont  les  vaisseaux 
mésentériques  ont  été  liés;  mais  il  est,  au  contraire,  très  atténué  si,  les  vaisseaux  res- 
tant libres,  la  muqueuse  intestinale  a  été  détruite  par  une  solution  de  HgCl-  par  exemi)le. 

Id.  mais  apr^s 
destruction  de  la  muqueuse 
Air.         Introduit.  Après  3h. 45.  par  HgCl«. 

0 20,9;i  0,36  9,97 

C02.  .    .    .       0,03  7,91  7,.fi6 

Az 79,04  94,42  81    » 

L'anhydride  carbonique,  grâce  à  sa  grande  ditîusibilité,  passe  très  rapidement  à  tra- 
vers la  mutjueuse  intestinale,  même  dans  un  intestin  altéré.  L'azote  n'est  que  lentement 
résorbé.  La  résorption  de  l'oxygène  est  fonction  de  l'activité  cellulaire. 

L'échange  des  gaz  au  niveau  des  capillaires  est  proportionnel  à  l'activité  des  cellules 
intestinales  et  des  mouvements  intestinaux,  comme  pour  tout  autre  organe. 

L'échange  des  gaz  à  travers  la  muqueuse  intestinale  est  assez  important  pour 
contribuer,  au  moins  chez  certains  animaux,  à  la  respiration  générale. 

Paul  Hert  a  signalé  qu'un  chat  nouveau-né  survit  vingt  et  une  minutes  à  la  ligature 
de  la  trachée,  lorsqu'on  lui  injecte  de  l'air  dans  l'intestin;  tandis  tju'un  chat  témoin 
succombe  en  treize  minutes,  si  on  ne  lui  injecte  pas  d'air.  On  admet  que  les  plongeurs 
avalent  beaucoup  d'air  pur,  pour  pouvoir  rester  plus  longtemps  sans  lespirer. 

Ces  phénomènes  de  respiration  intestinale,  qui  sont  si  peu  marqués  chez  les  mam- 
mifères, prennent,  au  contraire,  une  importance  considérable  chez  certains  vertébrés 
inférieurs.  Déjà,  en  1814,  Treviranus  avait  signalé  que  Cobitis  fossilis  avale  constam- 
ment de  l'air,  et  qu'il  le  rend  par  l'anus.  L'air  émis  par  l'anus  de  Cobitis  fossilis  contient 
87,18  d'azote,  12,03  d'oxygène  et  0,80  d'anhydride  carbonique,  d'après  Bau.mert.  L'in- 
testin du  Cobitis  fossilis  a  été  étudié  par  Leydig  et  Calugareanu,  qui  ont  montré  que  les 
cellules  épithéliales  présentaient  un  étalement  en  plateau  au-dessus  de  capillaires 
extrêmement  serrés  comme  ceux  d'une  muqueuse  pulmonaire.  Jobert  rapporte  que 
Callichtifs  asper,  poisson  brésilien,  meurt  si  on  l'empêche  d'avaler  de  l'air  à  la  surface 
de  l'eau. 

7°  Résorption  de  substances  diverses. 

Lécithine.  —  Les  lécithines  sont  activement  résorbées,  sans  que  nous  sachions,  d'ail- 
leurs, sous  quelle  forme';  la  digestion  des  lécithines,  comme  nous  l'avons  vu,  étant 
obscure. 


INTESTIN.  459 

Acides  nucléiniques.  —  Les  acides  nucléiniques  sont  activement  absorbés,  sans  que 
nous  sachions,  d'aillours,  à  quel  état. 

Métaux  lourds.  —  Los  sels  de  métaux  lourds  précipitent  les  ferments,  si  bien  qu'à 
forte  dose  ils  arrêtent  la  digestion  et  déterminent  des  troubles  digestifs  :  sels  mercuriaux, 
sels  de  fer,  etc.  Pris  ù  petites  doses,  ils  n'empêchent  pas  la  digestion  et  sont  résorbés.  Le 
fait  est  indiscutable  pour  le  mercure,  il  est  plus  difticilo  à  établir  pour  les  sels  de  fer. 

Dans  les  discussions  qui  se  sont  établies  sur  l'absorption  du  fer  (voir  article  Fer,  Dict. 
de  Phys.),  nous  rappellerons  que  les  auteurs  ne  semblent  pas  toujours  avoir  eu  grand 
soin  de  ventiler  la  question,  qui,  avant  d'être  étudiée,  doit  être  l'objet  des  considéra- 
tions préliminaires  suivantes  : 

Tout  d'abord,  comme  beaucoup  d'auteurs  l'ont  fait,  il  ne  faut  pas  confondre  résorp- 
tion et  n'tenlion  ;  la  seule  voie  importante  d'excrétion  du  fer  est  l'intestin,  fait  connu 
depuis  longtemps,  et  plus  particulièrement  le  gros  intestin,  comme  l'ont  démontré 
récemment  Quincke  et  Hoghhaus,  Hofmann,  Abderualden  et  Kulbo.  Toute  étude  sur 
l'absorption  du  fer  va  donc  être  compliquée  par  l'excrétion  du  fer. 

Si  donc  on  trouve  que  l'excrétion  du  fer  est  égale  à  son  irigestion,  cela  ne  prouve 
rien,  car  deux  hypothèses  sont  possibles  :  où  le  fer  n'a  pas  été  résorbé  du  tout,  ou  bien 
il  a  été  excrété  après  avoir  été  résorbé.  Dans  les  deux  cas,  le  résultat  linal  et  apparent 
sera  le  même. 

Toutes  les  expériences  démontrent  qu'en  général  le  fer  absorbé  n'est  retenu  que 
peu  de  temps  dans  l'organisme,  et  que  bientôt  l'équilibre  s'établit  entre  les  apports  et 
les  excrétions.  Ces  expériences  nous  indiquent  que  l'organisme  ne  peut  se  charger 
que  de  peu  de  fer,  mais  ne  prouvent  pas  qu'il  ne  puisse  en  résorber  que  peu. 

Les  seules  expériences  valables  sont  celles  qui  sont  faites  sur  des  sujets  anémiés 
qui  ont  besoin  de  fer  pour  réparer  leur  sang,  car  ceux-là  seront  susceptibles,  a  priori, 
de  retenir  du  fer  dans  la  mesure  où  l'intestin  le  résorbera;  les  expériences  réalisées 
dans  ces  conditions  ne  sont  que  du  type  clinique,  c'est-à-dire  n'ont  pas  comporté  de 
dosage  de  fer;  elles  nous  donnent  cependant  celte  indication  intéressante,  que  l'ané- 
mié à  qui  on  donne  du  fer  répare  plus  vite  son  sang  que  s'il  était  tenu  au  régime 
ordinaire. 

Les  questions  intéressantes  dans  la  résorption  du  fer  concernent  les  formes  assimi- 
lables du  fer  et  l'état  sous  lequel  le  fer  est  absorbé.  En  raison  des  faits  précités,  les 
expériences  sur  les  formes  assimilables  du  fer  n'ont  rien  donné  de  précis.  Tout  ce 
que  nous  savons,  c'est  que  le  fer  est  assimilable  sous  toutes  ses  formes  :  formes  dissi- 
mulées (hémoglobine,  végétaux,  etc.);  formes  salines  (protoxalate,  protochlorure,  etc.,) 
mais  sans  que  nous  puissions  établir  des  différences  entre  l'assimilabilité  de  ces  diverses 
combinaisons  du  fer. 

L'état  auquel  se  trouve  le  fer  à  son  passage  dans  l'intestin  semble  être  un  état 
inorganique,  car  Quincke  et  Hochhâus,  Hofmann  et  Abderhalden  ont  pu  le  colorer  aisé- 
ment par  les  réactifs  ordinaires  du  fer,  dans  les  cellules  de  l'épithélium  intestinal. 

Les  ferments.  —  Dans  les  matières  fécales  normales,  nous  ne  trouvons  que  très  peu 
de  ferments  comparés  à  la  masse  de  ferments  mis  en  œuvre  au  cours  de  la  digestion 
intestinale.  Nous  avons  vu  antérieurement  qu'une  partie  de  ces  ferments  peuvent  se 
détruire  :  1°  spontanément  :  cas  de  la  trypsine  activée  chauffée  à  37°  ;  2»  mutuellement  : 
cas  de  l'amylase  très  vite  détruite  par  la  trypsine  active;  3"  par  l'action  des  microbes: 
cas  de  tous  les  ferments.  La  destruction  intra-intestinale  explique-t-elle  entière- 
ment la  disparition  des  ferments  dans  les  fèces,  ou  une  partie  de  ces  ferments  est-elle 
résorbée  par  l'intestin?  Nous  l'ignorons.  L'amylase  sanguine  ne  varie  guère  après  les 
repas;  cela  ne  prouve  rien,  la  circulation  renouvelle  si  vite  le  sang  dans  les  vaisseaux, 
qu'il  se  peut  très  bien  que  les  variations  réelles  de  l'amylase  soient  inappréciables.  La 
recherche  de  l'amylase,  pour  donner  peut-être  un  résultat,  devrait  être  faite  dans  la 
veine  porte;  cette  recherche  n'a  pas  été  faite.  La  lipase  sanguine  est  trop  mal  connue 
pour  qu'on  puisse  la  doser  comparativement.  La  trypsine,  ou  bien  n'existe  pas  dans  le 
sang  à  l'état  de  zymase,  ou  bien  se  trouve  inactivée  par  l'albumine  du  plasma;  en  tout 
cas,  le  sang  ne  jouit  d'aucun  pouvoir  tryptique,  et  artificiellement  nous  ne  pouvons  y  en 
faire  entier  aucun. 

La  résorption  des  ferments,  qui  ne  peut  être  déduite  des  variations  des  ferments  du 


460  INTESTIN. 

sang  après  le  repas,  a  été  induite  de  l'apparition  de  la  trypsine  et  de  l'amylase  dans  les 
urines  après  les  repas.  Mallieureusement,  en  ce  qui  concerne  la  trypsine,  l'identité  de 
la  trypsine  urinaire  n'a  été  établie  que  par  des  digestions  de  la  fibrine,  qui  se  digère 
sous  l'inlluence  de  bien  des  facteurs  autres  que  la  trypsine  ou  la  pepsine.  Nous  con- 
naissons, d'autre  part,  par  les  travau.x  de  Dastre,  une  digestion  saline  de  la  fibrine,  et 
le  fait  que  les  sels  s'éliminent  en  assez  grande  abondance  après  le  repas  cadrerait  assez 
bien  avec  ces  digestions  trypliques.  Pour  l'apparition  de  l'amylase,  les  résultats  sont 
au  contraire  plus  nets. 

Une  autre  preuve,  il  est  vrai  bien  lointaine  et  bien  indirecte,  qu'à  chaque  digestion 
tous  les  ferments  ne  doivent  pas  être  perdus  pour  l'organisme,  c'est  que,  si  l'on  fait  une 
fistule  gastrique  à  un  chien  et  qu'on  laisse  le  suc  gastrique  se  perdre  pendant  un  certain 
temps,  on  voit  que  la  sécrétion  gastrique  s'appauvrit  en  ferment:  elle  s'enrichit,  au 
contraire,  comme  l'a  montré  Frouin,  jusqu'à  son  taux  primitif,  si  le  suc  gastrique  est 
réinjecté  dans  l'intestin.  Frouin  a  montré  les  mêmes  faits  pour  le  suc  intestinal. 


GROS    INTESTIN. 


Tandis  que  l'anatomie  et  la  physiologie  de  l'intestin  grêle  est  assez  uniforme  chez 
tous  les  vertébrés,  le  gros  intestin  présente  des  variétés  analomiques  et  fonctionnelles 
très  importantes.  Ce  chapitre  d'anatomie  et  de  [)hysiologie  comparées  sera  développé, 
comme  il  convient,  en  un  chapitre  spécial;  nous  n'en  exposerons  ici  que  les  points 
essentiels  à  l'intelligence  de  la  physiologie  générale  du  gros  intestin. 

a)  Sécrétions  et  ferments.  —  On  ne  connaît  pas  de  ferments  sécrétés  par  le  gros 
intestin;  les  ferments  qu'on  y  trouve  sont  ou  bien  des  ferments  venus  de  l'intestin  grêle, 
ou  bien  des  ferments  bactériens.  C'est  ce  qui  résulte  des  travaux  de  Pawt-OW,  Miura, 
Grober,  Hemmkter  et  Heile. 

La  sécrétion  du  gros  intestin  est  également  mal  connue:  les  fistules  d'anses  intes- 
tinales isolées  ne  donnent  que  très  peu  de  liquide. 

La  sécrétion  de  mucus  observée  chez  l'homrne  dans  l'entérite  muco-membraneuse 
est  un  fait  pathologique. 

b)  Résorption.  —  La  substance  pour  laquelle  le  gros  intestin  présente  la  résorption 
la  plus  manifeste  est  l'eau.  D'après  M.vcfayden,  Nencki  et  Sierer  qui  ont  étudié  le  débit 
des  fistules  ca?cales  chez  l'homme,  il  arrive  environ  oOO  centimètres  cubes  d'eau  dans 
le  gros  intestin.  Or  l'étude  des  fèces  démontrant  que  l'eau  rejetée  par  l'anus  ne  dépasse 
pas  100  centimètres  cubes  :  c'est  donc  une  résorption  de  400  centimètres  cubes  d'eau 
qui  s'accomplit  journellement  dans  le  gros  intestin  de  l'homme. 

Il  va  sans  dire  que  cette  résorption  correspond  à  une  alimentation  mixte,  qu'elle 
est  beaucoup  moindre  jiour  une  alimentation  carnée,  et  que,  si  d'autre  part  on  consi- 
dère les  herbivores  dont  le  gros  intestin  atteint  un  développement  énorme  et  est 
toujours  rempli  do  chyme,  la  résorption  devient  au  contraire  considérable. 

La  capacité  du  gros  intestin  de  résorber  des  aliments  proprement  dits  a  été  étudiée 
bien  des  fois  par  Leube,  Scho.nborn,  Ewald,  etc.  Ces  auteurs  ont  démontré  que  le  gros 
intestin  résorbe  des  albumines,  des  graisses  et  des  hydrates  de  carbone,  des  sels  divers 
et  des  substances  médicamenteuses.  Par  contre  les  auteurs  diffèrent  sur  la  question  de 
vitesse  de  résorption  de  ces  diverses  substances. 

La  plupart  de  leurs  expériences  ne  sont  pas  probantes,  car  une  cause  d'erreur  dans 
ces  expériences,  reconnue  assez  récemment,  a  fait  attribuer  uniquement  au  gros  intestin 
une  résorption  qui  ressortit  aussi  à  l'intestin  grêle.  Grutzner  a  signalé  que  des  particules 
en  suspension  dans  l'eau  introduite  par  le  rectum  franchissent  aisément  la  valvule  de 
BADiyN.  Cannon  a  confirmé  cette  constatation  en  suivant  à  l'écran  radioscopique  la 
marche  de  lavements  alimentaires  mêlés  de  sous-nitrate  de  bismuth.  En  donnant  à 
des  chats  des  lavements  composés  d'œuf,  d'amidon  et  de  sous-nitrate  de  bismuth, 
il  vit  naître  des  mouvements  antipéristaltiques  du  côlon,  qui  forçaient  la  valvule  de 


INTESTIN.  461 

Bauhin,  et  le  liiiuide  alimenlaiie  après  avoir  pénélré  dans  l'iléon  y  déterminait  des 
contractions  périslaUiques  comme  du  chyme  ordinaire.  Mais  il  existe  d'aulres  expé- 
riences de  C/.ERNv,  LvTscHE.NHERGEii  et  IIeile  qui  ne  prêtent  pas  aux  mêmes  critiques. 
Les  observations  de  ces  auteurs  ont  porté  sur  dos  gros  intestins  séi)arés  du  reste  du 
tractus  intestinal.  Ur  par  ces  expériences  il  est  nettement  établi  que  le  gros  intestin 
résorbe  activement.  Heile  constate  que  l'homme  et  le  chien  ne  résorbent  guère  plus 
de  5  gr.  9  de  glucose  à  l'heure.  Les  sels  sont  mieux  résorbés.  L'eau  est  résorbée  à  raison 
de  80  centimètres  cubes  par  heure.  Czeuny  et  Latschenbeugeu  constatent  que  les  albu- 
mines, les  graisses  et  l'empois  d'amidon  ne  commencent  à  être  résorbés  qu'au  bout  de 
plusieurs  heures  et  concluent  qu'une  hydrolyse  bactérienne  est  nécessaire  pour  préparer 
la  résorption  de  ces  substances. 

Enlin  des  observations  indirectes  prouvent  encore  que  la  résorption  par  le  gros 
intestin,  qui  est  possible  d'après  les  expériences  précédentes,  est  un  phénomène  physio- 
logique normal  au  cours  de  certaines  alimentations. 

Lorsque  l'alimentation  ne  comporte  que  des  substances  rapidement  assimilables, 
œuf,  viande  cuite,  panade,  etc.,  on  ne  trouve  plus  de  chyme  résorbable  au  niveau  de 
la  valvule  iléo-cajcale;  mais,  lorsque  l'alimentation  comporte  des  grains  d'amidon 
volumineux  et  de  la  cellulose  qui  hâtent  la  progression  du  chyme,  les  fistules  iléo- 
civcales  rendent  un  liquide  (jui,  d'après  Mvci  ayden,  Ne.ncki  et  Sieue»,  contiennent  encore 
de  0,4o  à  0,8  p.  100  d'alhumine  coagulable,  des  peptones  et  de  0,3  à  4,75  de  sucre.  Or, 
comme  les  fèces  de  l'individu  normal  sont  complètement  dépourvues  de  chyme  résor- 
bable, il  s'ensuit  nécessairement  que  ces  résidus  alimentaires  seront  résorbés  par  le 
gros  intestin. 

La  forme  sous  laquelle  les  diverses  substances  sont  résorbées  par  le  gros  intestin  n'e&t 
pas  encore  bien  précisée.  En  ce  qui  concerne  l'albumine  crue  on  a  prétendu  que  la 
résorption  pouvait  avoir  lieu  directement  sans  digestion  préalable,  parce  qu'à  la  suite  de 
lavements  d'ovalbumine  on  voyait  apparaître  assez  souvent  de  l'albuminurie.  Ges  expé- 
riences, en  contradiction  avec  celles  de  Czerny,  sont  d'autant  plus  suspectes  qu'elles  n'ont 
pas  porté  sur  un  gros  intestin  isolé  du  reste  de  l'intestin  grêle  et  que  par  conséquent 
elles  n'excluent  pas  un  reflux  de  l'albumine  par  la  valvule  de  Bauhin.  Pour  les  graisses 
Hamburger  a  vu  que  le  gros  intestin  résorbe  assez  activement  les  acides  gras  et 
comme  ces  acides  sont  très  toxiques  il  en  conclut  que  le  gros  intestin  réalise  la  synthèse 
des  graisses  neutres.  Certains  poisons  enfin,  comme  le  curare,  qui  ne  sont  pas  détruits 
par  la  pepsine,  restent  néanmoins  inofTensifs  quand  ils  sont  ingérés  par  la  bouche  :  admi- 
nistrés en  lavements,  ils  sont  toxiques,  comme  l'a  signalé  Cl.  Bernard.  La  différence  de 
ces  résultats  doit-elle  s'expliquer  par  une  action  d'arrêt  du  foie  dans  le  cas  d'une  inges- 
tion de  curare?  nous  l'ignorons. 


COORDINATION    DES    PROCESSUS    INTESTINAUX. 


Nous  venons  d'analyser  les  principaux  facteurs  de  la  digestion  intestinale. 

Etant  donné  que  pendant  la  digestion  intestinale  il  existe  un  apport  continuel  de 
chyme  gastrique,  une  sécrétion  très  prolongée  des  sucs  intestinaux  et  une  résorption 
continue  du  chyme  intestinal,  il  s'ensuit  a  priori  que  les  principaux  actes  de  la  diges- 
tion qui  s'accomplissent  simultanément  doivent  s'influencer  mutuellement  : 

Nous  devons  donc  nous  demander  comment  est  établie  l'harmonie  entre  les  divers 
processus  intestinaux,  et  c'est  à  cette  étude  qu'est  réservé  ce  chapitre  de  coordi- 
nation. 

1°  Coordination  entre  Vapport  gastrique  et  la  résorption  du  chyme  dam  l'intestin. 

Si  l'on  sacrifie  des  animaux  i,  2,  3,  etc.  heures  après  des  repas  identiques,  on  constate 
les  faits  suivants: 


462 


INTESTIN. 


Nourriture  des  animaux,  200  gramtnes  de  viande  cuite  de  cheval  mai</re  et  satis  tendons. 

Poids  des  chiens 8,1  8,93  1,2  8,3  1,15  1,35 

Heure  du  sacrifice  après  le  repas.       1  h.  2  h.  4  h.  6  h.  9  h.  12  h. 

Albumine  dissoute  dans  l'estomac.  2,262  1,193  2,086  2.096  1,810  0,049 

Peptones' 3,087  3,653  3,312  2,912  3,422  0,083 

Albumine  non  digérée 50,389  24,494  25,928  17,833  7,077  0,120 

Albumine  dissoute  dans  l'intestin.       0,482  0,131  0,436  1,917  0,438  0,202 

Peptones 0,312  0,311  0,498  1,352  1.222  0,820 

Contenu  insoluble  de  l'intestin.  .       1,914  1.611  1.912  2,743  1,840  1,936 

Total 58,146  32,531  34,622  27,853  15,329  3,210 

Albumine  ingérée 61,150  51,011  65,817  64,000  62,013  61,105 

—        résorbée 2,404  18,480  31,195  36,147  46,684  58,495 

ScHMiDT-MuHi.nEiM  {Arch.  fïir  Phys.,  1879). 


CONTENU 

KÉSIDU  SEC 

CONTENU 

RÉSIDU  SEC 

POIDS 

HEURES. 

DR  l'rSTOMAC 

en  substance 
fraîche . 

DE   1,'f.STOMAC 

p.  100. 

DE   l'intestin 

en  substance 

fraîche. 

UK  l'intestin 
p.  100. 

DBS  FÈCBS. 

Viande  :  '20 

grammes  par  k 

ilogramme  d'ani 

mal.  —  Résidu 

fec  de  la  viande 

.•  25,8  p.  100. 

3,10 

15,2 

17,4 

4,10 

„ 

0,70 

3,40 

16,6 

» 

4,10 

» 

0,48 

4,40 

11,3 

17,3 

3,90 

21,0 

1,10 

5,40 

12,5 

15,6 

4,48 

18,8 

0,94 

6,40 

6,2 

.. 

4,81 

» 

0,63 

7,40 

l.T 

" 

3 

)i 

1,30 

Lait  :  25  cent,  cubes  par  kilogramme  d'animal.  —  Résidu  sec  du  lait  :  11,7  p.  100. 

3,0 

3,48 

15,0 

i.41 

» 

2,78 

4,10 

4,4 

» 

2,39 

•> 

1,89 

5,10 

1,37 

» 

» 

» 

1,84 

6,0 

1,45 

15,6 

2,95 

» 

1,97 

6,50 

1,06 

8,8 

5,50 

11,2 

2,50 

Riz  :  S  gram 

mes  +  viande  :  5  grammes,  par  kilogramme  d'animal,  avec  eau,  520  grammes. 

5,0 

1,93 

» 

1,44 

6,10 

2,00 

15,2                       3,09 

1,79 

A 

midon:  5  grammes  +  sucre  :  -2  graynmes,  par  kilogramme  d'animal. 

3,15 

7,57 

14.1 

3,82 

.. 

2,32 

4,20 

11,30 

8,1 

3,41 

» 

3,56 

Ambard  et  BiNET.  B.B.,   15  fèv.  1908. 

On  voit  donc  que  chez  le  chien  : 

1»  L'évacuation  gastrique  est  progressive  pour  les  divers  aliments,  elle  est  seulement 
plus  rapide  pour  le  riz  et  l'amidon  que  pour  la  viande,  et  plus  rapide  encore  pour  le  lait 
que  pour  le  riz  et  l'amidon.  Ces  faits  ayant  déjà  été  signalés  à  l'article  Estomac,  nous  les 
rappelons  seulement  pour  l'intelligence  des  faits  suivants. 

2°  Au  point  de  vue  de  la  topographie  du  chyme  dans  l'intestin,  nous  constatons:  qu'avec 
la  viande  l'intestin  grêle  garde  la  majeure  partie  du  chyme,  il  y  a  peu  de  déchets  ali- 


1,  Toutes  les  substances  sont  évaluées  en  albumine  =  (15,6  p.  100  Az) 


INTESTIN.  463 

mentaires,  les  fèces  sont  peu  abondantes;  avec  le  riz,  i'aniidoii  cl  le  lait  au  contraire,  le 
tableau  est  tout  dilléreut.  Après  le  repas  de  lait,  on  trouve  un  chyme  jaune  très  lluide, 
aussi  bien  dans  le  gi'os  intostin  que  dans  l'intestin  grêle  :  d'ailleurs  souvent  le  chien 
émet  déjà,  trois  ou  quatre  heures  après  le  repas,  uu  peu  de  diarrhée.  Ce  fait  appelle 
immédiatement  une  remarque  imporlante.  Le  lait  est  en  général  un  aliment  purgatif 
pour  le  chien  :  cet  animal  n'a  pas  de  lactase  :  le  lactose  du  lait  est  par  suite  lentement 
résorbé,  et,  pour  cette  raison,  le  contenu  du  gros  intestin  est  toujours  très  hydraté.  On 
ne  saurait  donc  conclure  de  la  digestion  du  lait  par  le  chien  à  une  digestion  identique 
du  lait  par  d'autres  animaux  pourvus  de  lactase.  Elt  le  seul  point  à  retenir  de  ceci  est 
l'importance  considérable  que  peut  présenter  indirectement  l'absence  d'un  ferment  sur 
le  transit  même  des  aliments  dans  l'intestin. 

En  ce  qui  concerne  le  riz  et  l'amidon  sucré,  le  tableau  est  également  très  particulier:  dès 
la  troisième  heure  l'intestin  est  entièrement  rempli  de  chyme,  le  gros  intestin  aussi  bien 
que  l'intestin  grêle  :  ce  chyme  est  d'un  beau  jaune  et  de  consistance  as.sez  ferme,  surtout 
dans  le  gros  intestin.  Nous  voyons  ici  l'influence  des  résidus  alimentaires  sur  la  rapidité 
de  la  traversée  digestive.  Le  riz  et  l'amidon  sont  moins  complètement  résorbés  que  la 
viande,  du  moins  par  le  chien  ;  et  il  en  r»'SulLe  que  les  matières  fécales  sont  plus  abon- 
dantes et  plus  précoces. 

3°  Un  point  très  intéressant  dans  les  phénomènes  du  transit  intestinal  est  la 
quantité  de  chyme  contenu  dans  l'intestin  aux  divers  temps  de  la  digestion.  Si  nous 
jetons  un  coup  d'ti'il  sur  le  second  tableau  donné  plus  haut,  nous  voyons  que  par  kilo- 
gramme d'animal  le  poids  de  chyme  intestinal  frais  est  constant  pour  la  viande  entre 
3  h.  10  et  6  h.  40  :  ce  poids  oscille  entre  Ss"",  90  et  a^"",  81  avec  une  moyenne  de  4B'",  10  à 
i^'^,  30;  pour  le  lait  le  poids  de  chyme  frais  est  un  peu  variable  et  cela  ne  doit  pas  nous 
surprendre,  connaissant  les  particularités  de  la  digestion  du  lait  chez  le  chien  ;  avec  le  riz 
sucré  la  moyenne  estd'environ  3s^'",  60,  en  somme  peu  éloignée  de  celle  de  la  viande.  D'autre 
part  le  résidu  sec  de  ce  chyme  est  assez  constant  :  pour  la  viande  il  est  de  2t,0  à 
18,8  p.  100,  pour  le  lait  de  17,2. 

En  laissant  de  côté  les  petits  écarts  dans  l'ensemble  de  ces  résultats,  il  s'ensuit  donc 
qu'aixx  divers  moments  de  la  digestion  la  quantité  de  chyme  intestinal  est  constante. 

Si  nous  négligeons  l'évacuation  dans  le  gros  intestin  des  déchets  alimentaires  qui 
n'est  pas  considérable  chez  les  omnivores,  et  même  encore  chez  les  carnivores,  nous  nous 
trouvons  immédiatement  en  présence  de  deux  processus  dont  l'action  doit  être  coordonnée 
pour  aboutir  au  maintien  de  la  constance  du  chyme  intestinal  durant  la  digestion  :  ce 
sont  l'évacuation  pylorique  et  la  résorption  intestinale. 

La  résorption  intestinale  a  déjà  été  étudiée  en  détail  précédemment,  il  nous  reste  donc 
à  examiner  par  quel  mécanisme  est  réglé  l'apport  du  chyme  gastrique  qui  doit  incessam- 
ment combler  les  déficits  du  chyme  intestinal  créé  par  la  résorption  de  l'intestin. 

De  très  noaabreux  auteurs  ont  étudié  le  passage  du  chyme  gastrique  dans  le  duodé- 
num par  des  fistules  duodénales.  Ce  sont  Can.non,  Tappeixer,  Hiusch,  v.  Meri.n'(;,  Moritz, 
Serdjlrow,  Dastre,  Pawlow,  LrNrwAREW,  Boldireff,  Ono,  Tobler,  Grutzner  et  Carnot.  Plus 
récemment  on  a  fait  usage  de  l'examen  radioscopique  pour  suivre  le  passage  d'un 
chyme  bisrauthé  dans  l'intestin  (Cannon,  Koux  et  Balthazard,  Sicard,  Carvallo,  etc.  La 
méthode  des  fistules  duodénales  est  surtout  commode  pour  expérimenter  sur  le  rôle  de 
l'intestin  dans  l'activité  pylorique.  La  fistule  duodénale  permet  d'examiner  quantitati- 
vement et  qualitativement  le  chyme  issu  du  pylore  et  permet  surtout  d'expérimenter 
l'effet  des  substances  diverses  portées  au  contact  du  duodénum. 

De  l'ensemble  des  recherches  il  résulte  tout  d'abord  que  le  pylore  est  sensible  : 

1°  A  des  réflexe!^  chimiques  du  duodénum.  Hirsch  et  surtout  Pawlow  ont  montré  que 
l'eau,  les  sels  neutres  et  les  alcalis  portés  au  contact  du  duodénum,  font  entr'ouvrir  le 
pylore,  tandis  qu'au  contraire  les  acides  ferment  énergiquement  le  sphincter  pylorique. 
En  injectant  dans  le  duodénum  alternativement  de  la  soude  ou  de  l'acide  chlorhydrique, 
on  peut  à  volonté  arrêter  ou  solliciter  l'évacuation  gastrique  :  le  temps  de  latence  du 
réflexe  est  d'environ  15  secondes.  Les  expériences  de  Tobler  sont  à  cet  égard  des  plus 
instructives  ;  elles  montrent  que,  si  chez  un  chien  en  pleine  digestion  on  prélève  le  chyme 
gastrique  pour  en  injecter  une  partie  dans  le  duodénum,  le  chyme  gastrique  fait  fermer 
le  pylore.  Par  cette  e.\i)érience  il  devient  donc  hors  do  doute  que  l'acidittî  du  chyme 


464  INTESTIN. 

gastrique  règle  lui-même  l'ouverture  du  pylore  par  un  réflexe  à  point  de  départ  duodénal. 

Il  y  a  donc  deux  réflexes  acides  qui  ferment  le  pylore  :  un  réflexe  gastrique  (voir 
Estomac)  et  un  réflexe  duodénal. 

Les  réflexes  acides  et  alcalins  ne  sont  pas  les  seuls  réflexes  chimiques  du  duodénum. 
Pawlow  a  montré  que  l'huile,  portée  au  contact  du  duodénum,  détermine  aussi  l'occlusion 
du  pylore.  Nous  avions  déjà  appris  (Estomac)  que  l'huile  au  contact  de  l'estomac  relarde 
par  un  réflexe  gastrique  l'ouverture  du  pylore,  ces  deux  réflexes  duodénaux  et  gas- 
triques (pour  la  graisse)  sont  donc  synergiques,  comme  ils  sont  synergiques  pour  les 
acides.  Mais,  en  ce  qui  concerne  l'effet  de  l'huile  sur  le  duodénum,  Pawlow  et  Boldireff 
ont  montré  de  plus  ce  phénomène  particulier  que  l'huile  portée  dans  le  duodénum  fait 
refluer  dans  l'estomac  le  chyme  intestinal.  Quand  on  injecte  de  l'huile  dans  le  duodé- 
num, on  ne  tarde  pas  à  retrouver  dans  l'estomac  de  l'huile,  de  la  bile  et  du  sue  pan- 
créatique. D'après  Boldireff,  il  semblerait  même  que  l'huile  qui  passerait  de  l'estomac 
dans  le  duodénum  serait  susceptible  de  déterminer  un  reflux  du  contenu  duodi^iial  dans 
l'estomac,  si  bien  que  d'après  cet  auteur  on  pourrait  utiliser  ce  flux  même  pour  retirer 
du  suc  pancréatique  de  l'estomac  après  un  repas  de  graisse. 

2°  A  des  réflexes  mccaniques  du  duodénum.  V.  Mering  avait  institué  pour  démontrer  ce 
phénomène  des  expériences  où  il  dilatait  le  duodénum  par  des  injections  de  lait.  On 
a  objecté  à  cet  auteur  que  le  lait  peut  être  par  lui-même  un  constricteur  pylorique  par 
réflexe  chimique.  Aussi  est-il  intéressant  de  signaler  les  résultats  de  Tobler  qui  provo- 
quait l'occlusion  du  pylore  en  dilatant  le  duodénum  par  un  ballon  de  caoutchouc. 

3°  A  de  très  nombreux  réflexes  très  délicats  la  plupart  d'origine  gastrique  (et  que  pour 
cette  raison  nous  ne  ferons  que  mentionner  ici)  : 

a)  Influence  de  la  fluidité  du  chyme.  —  La  fluidité  du  chyme  gastrique  (ïobler, 
Cannon)  a  pour  conséquence  de  permettre  le  passage  rapide  des  liquides,  eau,  chyme 
gastrique  liquide,  et  de  s'opposer  à  l'évacuation  de  toute  particule  de  volume  appré- 
ciable. Quand  on  examine  le  contenu  duodénal,  on  est  d'ailleurs  tout  de  suite  frappé  de 
l'homogénéité  et  de  la  fluidité  du  chyme  intestinal  qui  contraste  souvent  d'une  manière 
si  tranchée  avec  l'aspect  du  chyme  gastrique.  , 

b)  Rôle  de  la  concentration  moléculaire  du  chyme  inhomogène.  —  Les  liquides 
les  plus  rapiden)ent  évacués  sont  les  liquides  isotonicjues  lOrro,  Carnut  et  Chassevant)  et 
d'ailleurs  l'estomac  tend  toujours  à  ramener  son  contenu  à  l'isotonie  (Winter-Carnot). 

c)  Rôle  de  la  température  du  chyme.  —  Miller  a  constaté  que  la  température  de 
38°  est  la  plus  favorable  à  l'évacuation  du  chyme  gastrique  :  les  liquides  plus  froids  ou 
plus  chauds  passent  plus  lentement. 

Il  suffit  d'envisager  l'ensemble  des  réflexes  que  nous  venons  de  décrire  pour  se  rendre 
compte  de  la  complexité  du  jeu  du  sphincter  pylorique  dont  l'ouverture  règle  l'admission 
du  chyme  dans  l'intestin.  Mais  la  complexité  du  jeu  du  sphincter  pylorique  n'est  pas 
encore  épuisée  par  ces  nombreux  réflexes.  Ces  réflexes  brutaux  sont  pour  ainsi  dire 
assouplis  par  toute  une  série  de  causes  secondes. 

Le  réflexe  acide  du  duodénum  est  très  atténué  par  l'alcalinité  du  suc  pancréatique, 
et  de  la  bile  qui  neutralise  le  chyme  gastriijue  à  mesure  qu'il  apparaît  dans  le  duodé- 
num. Le  réflexe  acide  de  l'estomac  lui -même  peut  être  atténué  par  un  processus  analogue: 
chez  les  hyperchlorhydriques  la  fin  de  la  digestion  gastrique  est  continuellement  com- 
pliquée d'un  reflux  de  bile  et  de  suc  pancréatique  vers  l'estomac  où  ces  sucs  alcalins 
neutralisent  partiellement  le  chyme  gastrique  avant  même  qu'il  ne  s'engage  dans  le 
pylore. 

C'est  là  un  premier  mode  d'atténuation  des  réflexes  acides. 

Il  en  est  un  second  qui  n'est  pas  moins  important,  c'est  l'atténuation  du  réflexe  acide 
par  résorption  de  l'acide  dans  le  duodénum  lui-même.  Si  on  lie  les  canaux  pancréa- 
tiques d'un  chien  et  qu'on  le  sacrifie  après  un  repas  de  viande,  on  constate  que  l'éva- 
cuation gastrique  de  la  viande  n'a  subi  qu'un  retard  peu  appréciable  et,  fait  beaucoup 
plus  important  encore,  le  contenu  duodénal  n'est  guère  plus  acide  que  celui  d'un 
animal  intact  (Ambard).  Il  faut  donc  nécessairement  que  l'acide  ait  été  résorbé. 

Tels  sont  les  très  nombreux  processus  qui  règlent  l'évacuation  pylorique,  et  il  est 
indéniable  que  ceux  qui  sont  liés  à  la  résorption  intestinale  jouent  un  rôle  considérable 
dans  l'admission  du  chyme  gastrique  dans  l'intestin. 


INTESTIN.  165 

C'est  à  l'ensemble  de  ces  réilexes  qu'il  faut  rapporter  ce  phénomène  primordial  : 
«  tout  moment  de  la  digestion  la  teneur  en  chyme  de  Vintei^tin  est  constante. 

2°  Progression  du  chyme  dans  l'intestin. 

La  progression  du  chyme  dans  l'intestin  a  été  étudiée  par  trois  méthodes  dinérentcs. 
La  première  consiste  à  sacrifier  les  animaux  après  un  repas  d'épreuve  et  à  constater 
quelle  est  dans  l'intestin  ouvert  la  région  atteinte  par  le  chyme  intestinal,  à  un  moment 
donné.  La  seconde  consiste  à  noter  le  temps  à  partir  duquel  le  chyme  arrive  au  niveau 
d'une  fistule  après  un  repas  d'épreuve.  La  troisième  recourt  à  l'examen  radioscopique 
pour  évaluer  la  longueur  d'intestin  rempli  par  un  chyme  bismuthé. 

Ces  trois  méthodes  donnent  des  résultats  concordants  et  nous  montrent  que:  1°  la 
vitesse  de  progression  du  chyme  dépend  de  la  qualité  des  aliments.  C'est  le  chyme  de 
viande  qui  progresse  le  plus  lentement.  Kutscuer  et  Seemann,  en  sacrifiant  des  chiens 
après  des  repas  de  viande,  constatent  que,  chez  un  animal  qui  a  ingéré  500  grammes  de 
viande,  le  chyme  ne  dépasse  pas  le  milieu  de  l'intestin  grêle  six  heures  après  le  repas. 
Heilê,  von  Macfayden,  Nencki  et  Sieber,  Honigman  et  Schmidt  constatent  que  l'arrivée 
du  chyme  au  niveau  des  fistules  iléo-Cfocales,  tant  chez  le  chien  que  chez  l'homme,  se 
fait  avec  la  plus  grande  lenteur  pour  le  chyme  de  viande,  plus  rapidement  pour  un 
chyme  de  repas  mixte  et  avec  la  vitesse  maxima  pour  un  chyme  de    pain,   de  riz,  etc. 

Cannon  a  étudié  aux  rayons  X  les  longueurs  d'intestin  occupées  par  les  chymes  dif- 
férents. En  ce  progrès  du  chyme  dans  la  lumière  intestinale  deux  faits  intéressants 
sont  à  noter. 

1°  La  portion  initiale  de  l'intestin,  surtout  chez  les  carnivores  et  les  omnivores 
(chien),  est  animée  au  cours  de  la  digestion  de  mouvements  pendulaires  et  péristaltiques 
d'une  énergie  bien  supérieure  à  celle  des  segments  consécutifs  de  l'intestin  grêle. 
Même  chez  les  animaux  à  digestion  lente,  ce  fait  est  très  net,  et  Carvallo  (congrès 
d'Heidelberg,  1907)  a  montré  qu'il  y  a  dans  le  premier  segment  de  l'intestin  de  la  gre- 
nouille une  espèce  de  bataille  au  cours  de  laquelle  les  mouvements  de  brassage  et  de 
va-et-vient  du  chyme  sont  si  énergiques  qu'il  semblerait  que  le  duodénum  cherche 
constamment  à  faire  refluer  vers  l'estomac  le  chyme  qui  en  est  arrivé  (constatation 
cinémato-radiographique).  11  suffit  d'ailleurs  de  constater  chez  le  chien  le  calibre 
considérable  du  duodénum  par  rapport  à  celui  des  autres  segments  de  l'intestin,  le  ren- 
forcement manifeste  de  la  musculature  de  ce  premier  segment  intestinal,  l'espèce  de 
sphincter  qui  délimite  la  portion  terminale  du  duodénum,  pour  comprendre  que  le 
duodénum  est  pour  ainsi  dire  constitué  en  vue  d'une  activité  triturante  bien  plus 
considérable  que  tous  les  autres  segments  de  l'intestin.  Il  y  a  en  somme  après  la 
digestion  gastrique  une  véritable  digestion  duodénale,  distincte  de  la  digestion  intesti- 
nale du  jéjunum  et  de  l'iléon. 

2°  L'examen  du  chyme  bismuthé  à  l'écran  fluorescent  montre  que  le  chyme  n'occupe 
pas  d'une  façon  continue  le  trajet  intestinal  (Canno.n),  le  chyme  y  est  segmenté,  et 
cette  segmentation  se  remanie  d'une  façon  rythmique.  A  mesure  que  la  digestion 
progresse,  les  intervalles  vides  entre  les  segments  de  chyme  sembletit  augmenter,  et 
ainsi  s'explique  que  le  chyme  progresse  vers  le  gros  intestin,  quoique  la  longueur 
totale  de  la  colonne  de  chyme  n'augmente  pas  sensiblement  et  même  diminue  (Cannon). 

Résorption  de  chyme  dans  les  divers  segments  intestinaux. 

Les  divers  segments  de  l'intestin  absorbent  inégalement  les  divers  aliments.  D'après 
les  expériences  de  Rôhmann,  il  ressort  que  les  segments  initiaux  absorbent  plus  que  les 
segments  terminaux. 

Résorption  de  divers  segments  terminaux  d'après  Rohmann  (en  une  heure): 


cm.  cm. 

Segments  de  0°',20  pris  à  117  du  pylore  et  à  150  du  cajcum. 
—  0°,11     —       16i  —  48  —       . 

_  o-'.SO     —        ,.  —  35  _       . 

DICT.    DB    PHYSIOLOGIE.    —   TOME    IX.  30 


Sucre  f!o 

Glu- 

Amidon. 

Teptone. 

canne. 

cose  D 

1,00 

1,77 

1,80 

2,70 

0,15 

0,13 

0,25 

1,70 

0,47 

1,44 

1,89 

2,83 

466 


INTESTIN. 


3"  Constitulion  du  chyme  dans  les  divers  segments  intestinaux. 

Le  fait  que  l'absorption  des  produits  de  la  digestion  se  fait  sur  tout  le  parcours  de 
l'intestin  et  avec  une  intensité  maxima  dans  les  portions  initiales  nous  explique  ce 
fait  constaté  par  tous  les  auteurs  que  le  chyme  à  son  arrivée  au  niveau  du  cœcum  est 
presque  épuisé  au  point  de  vue  de  ses  substances  résorbables  ;  qu'il  contient  très  peu 
de  graisses;  4  à  6  p.  100,  des  traces  de  peplones  et  d'acides  amidés.peu  ou  pas  de  sucres 
résorbables  (Nencki  et  Sieber,  Schmidt,  etc.).  Mieux  encore  :  il  ressort  de  diverses  expé- 
riences qu'au  cours  de  la  digestion  il  n'y  a  à  aucun  moment  accumulation  de  substances 
résorbables  dans  aucun  segment  de  l'intestin.  Dès  que  par  la  digestion  une  substance 
est  devenue  résorbable,  elle  est  résorbée,  et  on  n'en  trouve  jamais  que  très  peu  à  l'état 
de  liberté  dans  la  lumière  intestinale  (Schmidt-Muhlheim,  Rohmann).  Le  fait  est  surtout 
net  pour  l'amidon.  Bien  que  cette  substance  soit  activement  digérée  dans  l'intestin,  on 
n'y  trouve  jamais  que  des  traces  de  sucre  réducteur. 

Ainsi  s'explique  que  les  aliments  complètement  résorbables  ne  s'avancent  que  peu 
et  lentement  dans  la  lumière  intestinale  :  leurs  produits  d'hydrolyse  sont  résorbés 
avant  même  qu'ils  aient  eu  le  temps  de  progresser.  Ainsi  s'explique  aussi  que  les  ali- 
ments riches  en  déchets  non  résorbables,  pain,  légumes,  etc.,  donnent  au  contraire  un 
chyme  qui  va  vite  et  loin.  Par  extension  on  comprendra  que  chez  les  herbivores 
l'intestin  soit  constamment  empli,  et  que  la  digestion  intestinale  y  soit  aussi  différente 
que  chez  les  carnivores  et  les  omnivores. 

Ces  faits  sont  aujourd'hui  bien  acquis,  et,  pour  donner  une  idée  exacte  de  leur  ordre 
de  grandeur,  nous  nous  bornerons  à  citer  des  expériences  récentes  tirées  d'un  des  nom- 
breux travaux  eue  London  a  consacrés  récemment  à  cette  question  (Zeit.  f.  p.  Chem., 
XLvi,  209). 

i°  Fistule  ditodénale. 

Substance  ingérée  Volume 

200  gr.  d'ovalbumine  cuite     du  chyme 


recueilli 

Albumines 

Albumoses 

Durée  des 

Albumine 

par  la 

non 

et 

Azote 

Azote 

expériences. 

sèche. 

Azote. 

fistule. 

digérées. 

peptones. 

retrouvé. 

résorbé. 

gr- 

gr. 

cmc. 

gr- 

gr. 

5^40 

25,92 

3,656 

569 

10,72 

9,50 

2.046 

0,610 

6N30 


25,62 


2"  Fistule  jéjunale  à  1  m.  du  pylore. 
3,657  282  8,1  11,6 


2,893 


0,763 


10  heures   25,45 


3,643 


3»  Fistule  iléale. 
60  0,3 


Néant        Traces  cor-      Totalité. 

respondantes 

à  l'azote  des  sucs 

gastrique,  biliaire 

et  pancréatique. 


4°  Coordination  des  activités  des  divers  ferments  dans  la  digestion  intestinale. 

La  digestion  intestinale  proprement  dite  est  le  résultat  de  l'action  coordonnée  de 
très  nombreux  ferments  qui  ne  peuvent  agir  que  dans  des  conditions  tout  à  fait 
déterminées. 

Parmi  les  dispositions  qui  favorisent  la  digestion  intestinale  nous  devons  indiquer 
surtout. 

i°  La  multiplicité  des  sources  des  ferments  intestinaux,  qui  est  le  premier  fait  remar- 
quable à  signaler;  car  il  nous  permet  de  comprendre  comment,  une  ou  plusieurs  de  ces 
sources  venant  à  se  tarir,  des  suppléances  peuvent  se  produire,  et  la  digestion  ne  subir 
qu'un  trouble  souvent  peu  appréciable. 


INTESTIN.  467 

a)  Ferments  des  albumines.  La  pepsine  mise  à  part,  les  ferments  protéolytiques  que 
rencontrent  les  albumines  dans  le  tubedigestif  sont  successivement  le  suc  pancréatique, 
les  diaslases  microbiennes,  et  l'érepsine. 

6)  Ferments  des  graisses;  la  lipase  gastrique  peu  active  étant  mise  à  part, la  graisse 
sera  digérée  dans  l'intestin  par  le  suc  pancréatique,  la  lipase  intestinale  et  les  lipases 
microbiennes. 

c)  Ferments  des  hydrates  de  carbone,  en  dehors  de  l'amylo-maltase  salivaire  très 
active,  de  l'amylo-maltase  gastrique  très  faible,  les  hydrates  de  carbone  vont  rencontrer 
dans  l'intestin  de  puissants  ferments  qui  vont  agir  sur  les  hydrates  de  carbone 
condensés  et  sur  les  polysaccharides  :  ce  sont  l'amylo-maltase  pancréatique,  la  cellulase 
microbienne,  la  saccharase,  la  lactase  et  la  maltase  intestinale,  etc. 

A  cette  multiplicité  des  ferments  intestinaux,  il  faut  joindre  l'activation  de  certains 
de  ces  ferments  par  des  liquides,  qui,  eux  aussi,  ne  proviennent  pas  des  glandes  qui 


B 

FiG.  73. 
Ombres  du  contenu  gastrique  et  du  contenu  intestinal  chez  des  chats  deux  heures  après  un  repas  de  viande 
de  bœuf  sans  graisse  A  et  de  riz  bouilli  B.  Chaque  repas  se  compose  de  25  centimètres  cubes  d'une  pâtée 
bismuthée.  Remarquer  la  brièveté  de  la  longueur  totale  des  ombres  intestinales  de  A  comparée  à  celle  de 
B  (d'après  Cannon,  Amer.  Journ.  Phys.,  XII,  1905,  389). 

ont  sécrété  ces  ferments  :  notamment  l'activation  de  la  trypsine  du  suc  pancréatique 
par  la  kinase  intestinale,  et  l'activation  des  lipases  par  la  bile. 

2°  La  superposition  dans  l'action  de  ces  divers  ferments,  qui  existe  surtout  pour  les 
albumines,  et,  dans  une  certaine  mesure,  pour  les  hydrates  de  carbone. 

a)  Pour  les  albumines  ;  nous  savons  que  la  pepsine  n'hydrolyse  les  albumines  que 
jusqu'aux  stades  albumines  et  peptones  ;  or  la  trypsine  pousse  cette  action  jusqu'au 
stade  acide  aminé  ;  l'érepsine,  comme  la  trypsine,  donne  aisément  des  acides  aminés; 
mais  elle  ne  peut  entreprendre  que  les  peptones  et  les  albumoses.  Enfin  les  diastases 
microbiennes  complètent  l'activité  initiale  de  la  trypsine. 

b)  Pour  les  hydrates  de  carbone  il  est  remarquable  que  les  ferments  qui  doivent 
agir  sur  les  hydrates  de  carbone  très  condensés  et  dans  l'eau  insolubles,  sont  tous 
des  ferments  déversés  dans  la  lumière  du  tube  intestinal  :  amylase  pancréatique, 
cellulase  microbienne  (des  herbivores),  xylanases,  arabinases  (des  mollusques),  tandis 
que  les  ferments  susceptibles  d'agir  sur  les  hydrates  de  carbone  solubles  sont  surtout 
des  diastases  intra-intestinales  :  saccharase,  lactase,  maltases  intestinales... 

Il  est  donc  indéniable  par  ces  quelques  exemples  qu'il  y  a  un  rapport  évident  entre 
la  topographie  des  ferments  et  les  types  d'hydrolyses  à  effectuer  et  leur  succession. 

•  3°  La  suppléance  des  ferments  les  uns  par  les  autres,  qui  est  enfin  le  corollaire  naturel 
de  ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  multiplicité  des  divers  types  de  ferments  et  de  leur 
origine  diverse.  Au  point  de  vue  pratique  il  importe  de  voir  comment  cette  suppléance, 
possible  a  priori,  se  réalise  en  fait  par  la  suppression  successive  des  divers  segments  du 
tube  digestif. 

a)  Suppression  de  restomac.  —  Ce  sujet  aété  traité  dans  l'article  Estomac  :  nous 
n'en  rappellerons  donc  ici  que  l'essentiel. 

Les  documents  sur  ce  point  sont  nets  et  abondants. 


468  INTESTIN. 

Expérimentalement  l'ablation  totale  de  l'estomac  a  été  réalisée  par  Gzerny  et  Kaiskr 
en  1876  ;  l'animal  opéré  survit,  et  Ludwig  et  Ogata  en  examinèrent  le  chimisme  digestif 
quelques  années  après. 

Carvallo  et  Pachon  en  1893.  Filippi  en  1894  et  Frouin  en  1902  répètent  encore  avec 
succès  cette  expérience. 

Sur  l'homme  l'ablation  totale  de  l'estomac  a  été  réalisée  plusieurs  fois  :  par  Schlatter 
en  1897  sur  une  femme  dont  le  chimisme  est  d'abord  étudié  par  Wroblenski  et  ensuite 
par  Hofmann  ;  par  Brooks  Bkigham  en  1898.  Nombreuses  sont  encore  les  gastrectomies 
humaines,  mais  non  étudiées  au  pomt  de  vue  des  échanges. 

Enfin  il  convient  de  dire  que  la  clinique  réalise  avec  une  fréquence  extrf'me  la  sup- 
pression du  chimisme  gastrique.  Les  apeptiques  complets  sont  extrêmement  nombreux, 
et  cette  apepsie  pathologique  rentre  absolument  dans  le  cadre  des  suppressions  du 
chimisme  gastrique. 

Carvallo  et  Pacho.n  signalent  chez  un  de  leurs  animaux  une  suppression  presque 
complète  de  la  faim;  mais  ce  phénomène,  à  s'en  rapporter  aux  autres  observations  de 
gastrectomies,  soit  chez  l'animal,  soit  chez  l'homme,  semble  exceptionnel. 

Au  point  de  vue  de  l'état  général  on  ne  constate  absolument  rien  de  particulier. 
Après  gastrectomie  les  sujets  se  portent  très  bien,  ne  diminuent  pas  de  poids  et 
survivent  si  longtemps  qu'il  est  bien  difficile  de  dire  si  la  gastrectomie  raccourcit 
l'existence.  Au  point  de  vue  du  chimisme  général,  il  est  impossible  de  constater  aucun 
phénomène  spécial  en  ce  qui  concerne  la  digestion  des  graisses  et  des  hydrates  de  carbone. 

C'est  uniquement  en  ce  qui  concerne  les  albumines  qu'une  petite  modification  est  à 
noter. 

Contrairement  à  Ogata,  Carvallo  et  Pachon  signalent  que  la  digestion  des  viandes 
cuites  est  parfaite,  mais  que  celle  des  viandes  crues  l'est  moins  :  on  trouve  dans  les 
selles  des  fibres  conjonctives  et  quelques  fibres  musculaires  intactes.  Roux  confirme  ces 
faits  chez  les  sujets  gastrectomisés,  mais  apeptiques,  et  Filippi  sur  des  chiens  gastrec- 
tomisés.  C'est  là,  semble-t-il,  une  des  conséquences  de  ce  fait  signalé  par  Claude  Bernard 
que  le  suc  pancréatique  digère  vite  la  viande  cuite  et  lentement  la  viande  crue.  Mais 
on  voit  combien  le  contrôle  expérimental  est  ici  intéressant,  car,  d'après  les  expériences 
de  Claude  Bernard,  on  aurait  pu  penser  que  les  gastrectomisés  ne  devaient  digérer 
qu'à  peine  la  viande  crue,  tandis  qu'en  fait  cette  digestion  de  la  viande  crue  est  sim- 
plement un  peu  diminuée.  L'écart  des  expériences  in  vitro  et  m  vivo,  est-elle  expli- 
cable par  ce  fait  que  le  suc  pancréatique,  vierge  de  toute  manipulation,  est  plus  actif 
que  le  suc  employé  in  vitro,  qu'il  est  aidé  dans  ses  processus  d'attaque  par  d'autres 
sécrétions  intestinales?  Nous  l'ignorons. 

Enfin,  une  autre  question  qui  a  attiré  l'attention  dans  l'étude  des  gastrectomisés, 
est  la  putréfaction  intestinale.  Le  suc  gastrique  est  un  antiputride  :  la  suppression  du 
suc  gastrique  ne  permet-elle  pas  la  putréfaction?  D'après  Hofmann  et  Deganello,  les 
sulfo-éthers  de  l'urine  n'augmentent  pas  après  gastrectomie;  ils  en  concluent  que  la 
putréfaction  intestinale  n'augmente  pas. 

On  peut  d'ailleurs,  sans  trop  s'avancer,  dire  que  ce  résultat  était  à  prévoir;  car,  à 
son  entrée  dans  le  duodénum,  le  suc  gastrique  est  neutralisé  et  perd  son  pouvoir  anti- 
putride. La  clinique  humaine  d'ailleurs  montre  que  les  apeptiques  complets  n'ont  pas 
de  putréfactions  intestinales. 

Par  contre,  et  c'est  là  une  question  soulevée  par  Carvallo  et  Pachon,  il  semble  que 
la  gastrectomie  favorise  les  putréfactions  intestinales  après  ingestion  de  viande 
pourrie.  C'est  là  un  fait  qui  n'est  pas  en  contradiction  avec  le  fait  précédent,  mais  qui 
en  est  tout  différent.  On  sait  que  les  chiens  tolèrent  très  bien  la  viande  pourrie  (Ch.  Richet)  ; 
et,  de  plus,  on  a  constaté  que  le  suc  gastrique  stérilise  rapidement  les  viandes  pourries. 
On  peut  concevoir,  d'après  Carvallo  et  Pachon,  que,  l'estomac  étant  supprimé,  la  viande 
pourrie  entre  directement,  sans  être  stérilisée,  dans  le  duodénum,  et  surprenne  alors 
l'intestin  par  une  flore  qui  n'y  pénètre  pas  normalement. 

A  un  de  leurs  animaux  agastres,  Carvallo  et  Pachon  donnent  de  la  viande  pourrie  : 
l'animal  suc^'ombe  le  lendemain;  à  l'autopsie  macroscopique,  on  ne  constate  rien  de 
spécial;  mais  l'examen  histologique  des  organes,  fait  par  Charrin,  montre  une  septi- 
cémie généralisée. 


INTESTIN.  469 

En  somme,  au  point  de  vue  du  chimisme,  les  ferments  intestinaux  suppléent  large- 
ment aux  ferments  gastriques,  sauf  en  ce  ([ui  concerne  la  digestion  de  la  viande  crue, 
qui  est  moins  intégralement  digérée  sans  estomac;  mais,  au  point  de  vue  de  la  défense 
contre  les  microbes,  l'intestin  n'est  plus  en  sûreté  après  suppression  de  l'estomac. 

b)  Suppression  de  la  sécrétion  externe  du  pancréas.  —  La  plus  grande  confu- 
sion régne  sur  cette  (jnestion.  Les  raisons  en  sont  les  suivantes  :  les  auteurs,  très  sou- 
vent, désignent  indifîéremment  par  les  mêmes  expressions  des  choses  différentes  : 
suppression  de  la  sécrétion  externe  du  pancréas  par  déversement  à  la  peau  du  suc 
panoréati(iue,  oblitération  des  canaux  pancréatiques  avec  atrophie  de  la  glande,  cachexie 
pancréatique  par  suppression  presque  totale  du  pancréas  (sans  glycosurie);  souvent 
ils  ne  distinguent  pas  entre  les  effets  immédiats  et  les  eflets  à  longue  échéance  de 
leurs  opérations  et  enlin,  il  faut  bien  le  dire,  leurs  conclusions  sont  parfois  en  contra- 
diction avec  les  protocoles  d'expériences.  La  question,  en  réalité,  n'est  pas  simple,  par 
la  raison  qu'il  est  difficile  de  supprimer  l'afflux  du  suc  pancréatique  dans  l'intestin  : 
i°  sans  atrophier  la  glande,  si  l'on  recourt  à  l'oblitération  des  canaux;  2"  sans  cachectiser 
l'animal  par  perte  d'alcalins  (Pawlow)  et  d'autres  principes  encore  utiles  au  métabolisme 
général,  si  l'on  abouche  les  canaux  pancréatiques  à  la  peau. 

Pour  exposer  cette  question,  il  nous  a  paru  oiseux  de  citer  toutes  les  expériences 
réalisées. 

Nous  ferons  choix  de  quelques  expériences  avec  des  protocoles  solides  qui,  seules, 
permettent  la  discussion. 

a)  Expériences  extemporahrs.  —  Dans  ces  expériences  on  se  contente  d'examiner 
dans  les  quehjues  jours,  1  à  7  jours,  qui  suivent  l'opération,  les  troubles  intestinaux  et 
généraux.  L'expérience  consiste  à  lier  tous  les  canaux  pancréatiques,  ou  à  les  sectionner 
entre  deux  ligatures  en  chaîne,  ou  à  oblitérer  les  canaux  par  des  injections  diverses; 
dans  ce  dernier  cas  surtout,  si  l'on  injecte,  comme  le  faisait  Claude  Bernard,  du  beurre 
ou  de  l'huile,  on  détermine  rapidement  l'atrophie  du  pancréas,  «  la  glande  apparaît 
comme  un  arbre  dépouillé  de  ses  feuilles  »;  l'arbre  et  les  branches  sont  les  canaux  : 
les  feuilles  tombées  sont  les  acini  disparus. 

Ces  expériences  donnent  deux  résultats  :  1«  un  trouble  de  la  résorption  intestinale 
et  2°  une  cachexie  suraiguë  temporaire. 

Le  trouble  de  la  résorption  intestinale  porte  sur  tous  les  aliments,  mais  il  est  le  plus 
manifeste  pour  les  graisses.  Claude  Beiunard,  qui  fut  l'initiateur  de  ces  recherches  sur  le 
rôle  de  la  sécrétion  externe  du  pancréas,  voit  que  «  les  matières  grasses  se  retrouvent 
dans  les  excréments  telles  qu'elles  ont  été  ingérées  et  qu'elles  sont  rejetées  au  dehors 
comme  des  matières  réfractaires  à  la  digestion  »  et  déjà  il  attirait  l'attention  des  patho- 
logistes  sur  cette  constatation  très  simple  comme  étant  de  nature  à  leur  permettre  de 
diagnostiquer  l'insuffisance  pancréatique.  Dans  quelle  mesure  ils  ont  abusé  de  ce  con- 
seil, il  est  à  peine  besoin  de  le  dire. 

Il  y  a  Jonc,  avant  tout,  trouble  de  la  résorption  des  graisses  :  c'est  ce  qui  avait  frappé 
Claude  Bernard.  Mais  il  y  a  aussi  trouble  de  l'assimilation  des  hydrates  de  carbone  et 
des  albuminoïdes  :  c'est  ce  que  les  observations  ultérieures  ont  confirmé;  nous  revien- 
drons sur  ce  point  à  propos  des  autres  types  d'expériences. 

La  cachexie  suraiguë  de  l'animal  est  des  plus  remarquables.  L'animal,  quoique 
n'assimilant  pas,  devient  azoturique,  polyurique  (mais  non  glycosurique,  cela  va  sans 
dire)  et  maigrit  considérablement,  beaucoup  plus  qu'un  animal  soumis  au  jeûne. 

Ces  faits  n'ont  pas  été  admis  sans  discussion,  et  même  ils  furent  niés  complète- 
ment par  les  adversaires  de  Cl.  Bernard.  La  discussion  fut  close  cependant  asôez  vite, 
du  jour  où  Claude  Bernard  put  convaincre  ses  critiques  de  n'avoir  lié  qu'un  canal  pan- 
créatique; les  faits  précités  ne  se  déroulant  qu'après  la  ligature  des  deux  canaux  du 
pancréas. 

//)  Expériences  prolonrjées.  —  \°  On  oblitère  les  canaux  pancréatiques. 

Dès  qu'on  veut  oblitérer  les  canaux  pancréatiques  d'une  manière  permanente,  les 
difficultés  commencent.  Tout  d'abord  une  oblitération  incorrecte  peut  permettre  la 
néoformation  des  canaux  anciens.  Cl.  Bernard  avait  bien  vu  cet  écueil  de  l'expérience, 
lorsqu'il  disait  que  lier  les  canaux  ne  suffit  pas,  parce  qu'autour  de  la  ligature  se  fait 
une  gaine  inflammatoire  qui  rétablira  la  continuité  des  deux  segments  du  canal,  dès  que 


470  INTESTIN. 

la  ligature  sera  éliminée;  on  croira  alors  avoir  oblitéré  le  canal,  et,  en  réalité,  la  sécré- 
tion aura  bientôt  retrouvé  son  cours  normal  sans  la  moindre  gêne;  c'est  pourquoi 
Cl.  Bernard  recommande  de  détruire  le  pancréas  et  utilise  ce  procédé  si  i-emarquable  de 
l'injection  intracanaliculaire  de  graisse,  qui  réduit  le  pancréas  à  l'état  d'un  arbre  sans 
feuille,  c'est-à-dire  de  canaux  sans  acini.  .Mais,  lors(iue  Cl.  Bernard  préconisait  celle 
technique  radicale,  la  sécrétion  interne  du  pancréas  était  inconnue  :  il  abolissait  sans 
le  savoir  deux  sécrétions  à  la  fois.  La  découverte  de  V.  Mering  et  Minkowski  n'autorisait 
plus  une  pareille  opération,  et  il  fallut  en  revenir  à  l'oblitération  pure  et  simple  des 
canaux. 

Pour  qu'elle  soit  réelle  et  permanente,  on  a  fait  entre  deux  ligatures  la  section  de 
tous  les  canaux,  ou  encore  on  résèque  la  partie  juxta-duodénale  du  pancréas.  On  se  met 
ainsi  à  peu  près  à  l'abri  d'une  néoformation  intempestive  des  canaux,  mais 'on  n'évite 
pas  tout  à  fait  l'atrophie  de  la  glande  et  la  ruine  progressive  de  Ja  sécrétion  interne. 
Une  oblitération  permanente  des  canaux  entraine  fatalement  l'atrophie  glandulaire 
(Laguesse),  mais  celle-ci  heureusement  est  lente,  et  ainsi  un  certain  temps  d'observation 
sera  donné  à  l'expérimentateur  pour  étudier  les  conséquences  simples  d'un  7ion  dérer- 
sement  du  suc  pancréatique  par  ses  voies  normales  dans  l'intestin.  Des  expériences 
innombraijles  ont  été  faites  selon  ce  procédé. 

Elles  ont  tout  d'abord  paru  confirmer  les  expériences  extemporanées. 

Au  bout  de  4  ou  '6  jours  l'animal  opéré  cfssait,  il  est  vrai,  d'être  azolurique  et  repre- 
nait du  poids,  mais  ses  digestions  restaient  mauvaises  et  les  troubles  d'assimilation  des 
graisses  étaient  encore  manifestes  (Dastre,  Abelma.nn,  Minkowski,  Hédon).  On  s'efforça 
d'étudier  ces  troubles  avec  précision,  et,  tout  d'abord,  on  remarqua  que  les  graisses  bien 
émulsionnées  étaient  assez  bien  résorbées;  tandis  que  les  graisses  non  émulsionnées 
l'étaient  beaucoup  moins  bien.  Pour  ces  dernières,  Dastre  signale  un  déchet  de  28  p.  100 
en  moyenne. 

Pour  les  hydrates  de  carbone  et  les  albumines,  on  signalait  des  déchets  à  peu  près 
équivalents.  Enfin  on  nota  une  accélération  notable  de  la  traversée  digeslive,  bien  expli- 
cable par  l'augmentation  de  la  masse  des  résidus  alimentaires. 

Mais  les  expériences  qui,  au  début,  semblaient  si  nettes,  chose  singulière,  chan- 
geaient d'allure  à  mesure  qu'elles  se  prolongeaient.  Le  chien  cachectique  reprenait  du 
poids;  son  assimilation,  d'abord  mauvaise,  redevenait  bonne. 

C'est  à  RosENBERO  que  nous  devons  les  documents  les  plus  précis  sur  cette  partie  de 
la  question.  Cet  auteur  sectionne  les  canaux  pancréatiques  entre  deux  ligatures  et  laisse 
l'animal  se  remettre.  Voici  une  première  expérience.  L'opération  est  faite  le  28  mai  1895 . 
Poids  du  chien  :  19  kil.  6bO.  Graisse  ingérée  :  graisse  de  porc  fondue. 


Utilisation  des  aliments. 


jraisse. 

Hydrates 
de  carbone. 

Poids  du  chien. 

gr- 
93,51  0/0 
90,10 
85,22 

gr. 

94,77  0/0 
96,75 
» 

kgr. 
» 

88 
73 

85 

» 

18,330 

14,600 

Dates.  Az. 

gr- 

14  juin 82,35  0/0 

20  — 83 

30    — 80,50 

17  novembre.  ...  67 

21  janvier 67 


A  l'autopsie  :  pancréas  totalement  sclérosé. 

Autre  expérience.  Injection  d'acide  dans  les  canaux  pancréatiques. 

Utilisation  des  aliments. 


Hydrates 

Az. 

Graisse. 

de  carbone. 

Poids  du  chien 

77 

95,6 

94,9 

18,100 

86 

97 

96,1 

» 

88 

97,4 

91 

» 

95 

97,4 

» 

» 

INTESTIN.  471 

Ablalion  du  pancréas,  sauf  un  nodule  parasplénique. 

•iO.l  38,31  63,33  17,200 

35,ît7  49, .';6  49,33  » 

33,08  38, l()  55,92  13,200 

A.  g.  P.,  1898,  371. 

La  sif^'uification  que  comportent  les  expériences  de  Rosemierg  dépend  d'une  seule 
question.  L'auteur  a-t-il,  oui  ou  non,  correctement  séparé  le  duodénum  du  pancréas? 
a-t-il  réellement  empêché  la  sécrétion  pancréatique  de  se  déverser  dans  l'intestin? 

RosE.NiiERc;  l'affirme  et  il  en  donne  comme  raisons  :  1"  le  soin  avec  lequel  il  a  exécuté 
ses  opérations,  ligature  et  section  des  canaux,  injection  oblitérante  des  canaux,  vérifi- 
cation, parfois  au  cours  de  l'opération,  de  la  permanence  de  la  séparation  du  pancréas 
d'avec  le  duodénum,  vérification  à  l'autopsie  que  le  pancréas  était  sclérosé  (ce  qui  est 
la  conséquence  d'une  oblitération  canalioulaire). 

S'il  en  est  bien  ainsi,  il  s'ensuit  que,  d'après  Rosenuerg  : 

1°  Il  n'y  a  pas  de  troubles  notables  de  la  résorption  après  qu'on  a  empêché  le  suc 
pancréatique  de  se  déverser  dans  l'intestin,  ou  plus  exactement  que  ces  troubles,  qui 
apparaissent  immédiatement  après  l'opération,  disparaissent  rapidement. 

2°  Les  troubles  de  la  résorption  apparaissent  tardivement. 

Pour  RosENBERG  ces  expériences  montrent  que  la  résorption  n'est  pas  troublée  pai' 
un  obstacle  mis  à  un  flux  direct  de  la  sécrétion  pancréatique,  mais  par  la  suppression 
de  la  friande.  C'est  quand  la  glande  s'atrophie  ou  lorsqu'on  l'extirpe  en  presque  totalité 
que  la  résorption  est  troublée. 

S'ensuit-il  que  la  sécrétion  externe  est  inutile  à  la  digestion?  Rosenberg  ne  le  croit 
pas;  il  pense  bien  plutôt  que  la  sécrétion  externe,  trouvant  un  obstacle  à  son  cours 
naturel  après  oblitération  des  canaux  pancréatiques,  gagne  l'intestin  par  voie  sanguine; 
et  si,  après  disparition  de  la  glande,  la  dyspepsie  et  la  cachexie  apparaissent,  c'est 
qu'alors  il  n'y  a  plus  de  sécrétion  externe. 

En  d'autres  termes,  ce  qui  cause  la  dyspepsie  dans  les  opérations  sur  le  pancréas, 
c'est  la  suppression  pure  et  simple  de  la  glande,  et  non  l'obstacle  mis  sur  les  voies  natu- 
relles d'écoulement  du  suc. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rapporter  qu'HÉDON  {A.  de  P.,  1892)  avait  déjà  signalé 
pour  la  cachexie  pancréatique  un  fait  du  même  ordre,  lorsqu'il  montrait  qu'une  large 
ablation  du  pancréas  cause  de  la  cachexie  sans  glycosurie. 

Lesexpériencesde  Rosenberg  furent  confirmées  par  plusieurs  auteurs,  notamment  par 
0.  Hess  (A.  g.  P.,  1907,  cxviii,  1530)  et  U.  Lombroso.  Ce  dernier  auteur  qui  a  consacré  à 
la  question  de  nombreux  travaux,  ne  dilTère  de  l'opinion  de  Rosenberg  que  sur  l'inter- 
prétation pathogénique  des  troubles  observés  à  la  suite  de  l'atrophie  ou  de  la  résection 
du  pancréas.  Rosenberg  pense  que  le  déficit  pancréatique  intervient  en  réduisant 
la  sécrétion  externe.  U.  Lombroso  pense  que  c'est  en  réduisant  la  sécrétion  interne.  Et 
pour  justifier  son  opinion,  ^ï\  a  institué  d'autres  expériences  dans  lesquelles  il  abou- 
chait les  canaux  pancréatiques  à  la  peau. 

3°  On  abouche  les  canaux  pancréatiques  à  la  peau. 

Depuis  Pawlow  plusieurs  auteurs  ont  pratiqué  des  fistules  pancréatiques  perma- 
nentes, mais  uniquement  dans  le  but  d'obtenir  du  suc  de  fistule  et  nullement  dans  le 
but  de  déverser  tout  le  suc  pancréatique  au  dehors  de  l'organisme;  pour  cette  raison 
ils  n'ont  pas  lié  le  canal  accessoire.  Ces  opérations  permettent  donc  encore  un  certain 
déversement  de  suc  pancréatique  dans  l'intestin. 

U.  Lombroso  (1908)  a  lié  le  canal  accessoire  et  abouché  le  canal  principal  à  la  peau. 
En  outre,  à  cette  opération  U,  Lombroso  a  cru  bon  d'ajouter  une  résection  très  large 
<ie  la  partie  libre  et  du  corps  du  pancréas. 

L'ablation  du  pancréas  pratiquée  ainsi  montre  que  dans  2  cas  sur  2  il  y  aune  glyco- 
surie marquée,  quoique  transitoire. 

Dans  ces  expériences  la  dyspepsie  reste  marquée  au  cours  de  toute  l'observation  et 
tes  animaux  maigrissent.  Lorsque  l'animal  lèche  la  fistule,  la  dyspepsie  reste  identique 
à  celle  qu'on  constate  lorsqu'il  ne  se  lèche  pas. 


472  INTESTIN. 

U.  Ldmbroso  conclut  contre  Rose.nherg  que  ce  n'est  donc  pas  la  suppression  de  la 
sécrétion  externe  qui  importe,  mais  bien  celle  de  la  sécrétion  interne;  car,  si  la  S('cré- 
tion  externe  importait,  la  dyspepsie  devrait  s'atténuer  lorsque  le  chien  se  lèche  sa 
fistule. 

Mais  LoMBRoso  ne  nous  dit  pas  ce  que  débitent  les  fistules  de  ses  animaux.  Et  en 
admettant  qu'elles  débitent,  est-il  sur  que  le  suc  pancréatique  qui  a  passé  par  l'estomac 
a  gardé  ses  propriétés  diastasiques? 

Cette  dernière  hypothèse,  après  ce  que  nous  avons  dit  de  la  fragilité  du  suc  pan- 
créatique en  milieu  acide  à  38"  et  en  présence  de  pepsine,  nous  semble  inadmissible, 
et  par  conséquent  l'expérience  de  Lombroso  ne  nous  parait  permettre  aucune  conclu- 
sion. 

La  question  on  est  donc  actuellement  au  point  où  l'a  laissée  IIosexberg.  Un  obstacle 
au  flux  normal  de  la  sécrétion  pancréatique  ne  provoque  pas  de  dyspepsie.  Est-ce 
grâce  à  un  retour  par  voie  sanguine  de  cette  sécrétion  vers  l'intestin  ou  par  adaptation 
des  glandes  intestinales  ?  nous  l'ignorons. 

Le  déficit  pancréatique  produit  la  dyspepsie.  Est-ce  par  la  réduction  de  la  sécrétion 
externe  ou  par  réduction  de  la  sécrétion  interne  ?  nous  l'ignorons. 

c)  Suppression  du  flux  biliaire.  —  (Voir  l'article  Bile  de  ce  Dictionnaire.)  Nous 
rappelons  seulement  (|ue  la  suppression  du  llux  biliaire  fait  tomber  la  résorption  des 
graisses  à 62  p.  100  (Dastre),  c'est-à-dire  ù  un  taux  beaucoup  plus  bas  qu'avec  la  seule 
suppression  du  flux  pancréatique.  I,e  rôle  de  la  bile  dans  la  résorption  des  graisses  est 
donc  de  toute  première  importance;  les  graisses  éliminées  dans  les  selles  contiennent 
une  très  grande  proportion  d'acides  gras  (Dastre). 

La  suppression  du  flux  biliaire  a  été  considérée  encore  comme  préjudiciable  à  l'asepsie 
intestinale.  Cette  supposition  a  été  déjà  combattue  dans  l'article  Bile;  depuis  le  moment 
où  cet  article  a  été  i>ublié,  de  nouveaux  faits  sont  venus  corroborer  le  mal  fondé  de  cette 
supposition.  Schmidt  notamment  a  constaté  que  le  poids  absolu  quotidien  des  microbes 
rejetés  dans  les  fèces  n'augmente  pas  après  suppression  du  llux  biliaire. 

d)  Suppression  de  la  bile  et  du  suc  pancréatique.  —  En  plus  des  troubles 
signalés  plus  haut  pour  la  suppression  seule  du  suc  pancréatique,  il  faut  signaler  l'aug- 
mentation considérable  de  l'inutilisation  des  graisses  qui  peut  atteindre  de  bO  à 
80  p.  fOO. 

e)  La  digestion  sans  microbes.  —  Pasteur  en  188.j  avait  émis  cette  hypothèse 
que  la  vie  sans  microbes  était  impossible,  parce  que  les  microbes  devaient  jouer 
dans  la  digestion  un  rôle  auquel  ne  pouvaient  suppléer  les  ferments  animaux. 

En  1886  Nencri  s'élève  contre  cette  hypothèse,  mais  au  nom  de  raisons  théo- 
riques. 

La  question  ne  fut  abordée  au  point  de  vue  expérimental  qu'en  189o  par  Nuttal  et 
Thiekkelder.  Ces  auteurs  installent  dans  une  cage  aseptique  des  cobayes  à  terme  préle- 
vés in  utero.  Ils  les  nourrissent  d'abord  au  lait,  puis  avec  du  cake  stérilisé.  Les  cobayes 
ainsi  élevés  augmentent  moins  vite  de  poids  que  les  cobayes  témoins.  L'ensemence- 
ment de  leurs  fèces  montre  ipio  leur  intestin  est  stérile.  Les  auteurs  signalent  que  la 
cellulose  ingérée  est  intégralement  rendue  par  les  fèces  et  que  l'urine  ne  contient  ni 
phénol,  ni  indol,  ni  krésol,  ni  pyrocatéchine. 

La  vie  sans  microbes  est  donc  possible.  Mais  est-elle  favorisée  ou  au  contraire  gênée 
par  la  stérilité  intestinale?  c'est  ce  que  nous  ne  savons  pas.  Les  expériences  du  type  de 
celles  de  Nuttal  et  Thierfelder  sont  malaisées  à  poursuivre  longtemps,  et  elles  néces- 
sitent, pour  donner  toute  sécurité  au  point  de  vue  de  l'asepsie,  des  conditions  qui 
limitent  le  choix  des  nourritures.  Eu  voulant  donner  aux  animaux  une  nourriture 
aseptique,  ces  auteurs  ontdii  leur  donner  une  nourriture  assez  particulière  dont  il  est 
difficile  de  dire  si  elle  était  bien  favorable  au  développement;  mais  ils  ne  pouvaient 
faire  autrement.  Leurs  cobayes  aseptiques  ne  digérant  pas  la  cellulose  auraient 
sans  doute  très  mal  utilisé  les  légumes  crus. 

L'expérience  eût  été  certainement  plus  intéressante  sur  des  carnivores,  dont  il 
n'eût  pas  été  nécessaire  de  changer  pour  les  besoins  de  l'expérience  aussi  complète- 
ment le  type  de  nourriture.  L'expérience  n'a  pu  être  réalisée  pour  des  raisons  d'ordre 
pratique. 


INTESTIN.  473 


5»  Antagonisme  des  conditions  d'action  des  divers  ferments  intestinaux. 

i°)  Les  divers  ferments  intestinaux  n'ont  pas  leur  activité  optima  dans  un  milieu  de 
réaction  identique. 

Les  ferments  des  hydrates  de  carbone  ont  leur  activité  optima  en  milieu  légère- 
ment acide:  les  ferments  trypliques  etlipasique  en  milieu  légèrement  alcalin.  La  réac- 
tion de  l'intestin  est  presque  neutre  ou  est  très  légèrement  acide. 

Le  retour  vers  la  neutralité  du  chyme  dans  l'intestin  est  assuré  par  la  résorption 
intestinale  de  l'acide,  par  l'action  neutralisante  de  la  bile,  et  surtout  du  suc  pancréa- 
tique, en  raison  de  la  forte  teneur  de  ce  dernier  en  carbonates  alcalins;  le  suc 
entériciue  intervient  aussi  dans  une  certaine  mesure,  mais  certainement  beaucoup  plus 
faible. 

Avec  quelle  exactitude  cette  réaction  favorable  est  elle  réalisée  dans  l'intestin?  Cette 
question  a  fait  l'objet  de  multiples  controverses,  dues  à  ce  que  les  auteurs  employaien 
arbitrairement  des  réactifs  dilférents  pourjuger  de  l'alcalinité  ou  de  l'acidité  du  milieu 
intestinal. 

En  recherchant  les  réactions  des  divers  segments  de  l'intestin,  le  lithmus,  le  méthyl- 
orangeet  laphénolphtaléine,  on  constate  en  effet  les  réactions  suivantes  : 

a  Tout  l'intestin  donne  une  réaction  alcaline  au  méthyl-orange. 

6  Dans  son  premier  tiers  l'intestin  grêle  donne  une  réaction  acide  et  dans  le  reste  de 
son  étendue  une  réaction  alcaliniî  au  lithmus. 

y  Tout  l'intestin  donne  une  réaction  acide  à  la  phénol phtaléine. 

Comme  le  méthyl-orange  ne  réagit  qu'en  présence  d'acides  minéraux,  l'absence  de 
réaction  de  l'intestin  au  méthyl-orange  prouve  qu'il  n'y  a  pas  d'acides  minéraux  dans 
l'intestin. 

Comme  le  lithmus  ne  réagit  que  pour  des  quantités  assez  fortes  d'acides  organiques, la 
réaction  du  lithmus  dans  le  premier  tiers  de  l'intestin  prouve  la  présence  d'acides  orga- 
niques en  forte  quantité  dans  ce  segment  de  l'intestin. 

Comme  la  phénolphtaléine  réagit  à  des  traces  d'acides  organiques,  la  réaction  acide 
de  la  phénolphtaléine  dans  tout  l'intestin  prouve  que  dans  les  deux  tiers  inférieurs  de 
l'intestin,  où  la  réaction  du  lithmus  est  absente,  il  y  a  cependant  des  traces  d'acides  orga- 
niques (MooRE  et  Rockwood). 

Cette  réaction  intestinale  est-elle  optima  pour  l'action  de  tous  les  ferments  intesti- 
naux? La  question  ne  sera  résolue  d'une  façon  précise  que  le  jour  où  l'on  étudiera 
comparativement  par  des  méthodes  précises  la  réaction  optima  pour  l'action  des  divers 
ferments  et  la  réaction  du  chyme  intestinal.  Provisoirement  nous  ne  pouvons  nous 
permettre  qu'une  conclusion  approximative;  à  savoir  que  la  réaction  du  chyme  est  voi- 
sine de  ce  que  nous  devons  considérer  comme  la  réaction  optima  pour  tous  les  fer- 
ments intestinaux. 

b°  Certains  ferments  contenus  dans  Vintestin  se  détruisent  les  uns  les  autres  ou  se 
détruisent  spontanément  lorsqu'ils  se  trouvent  dans  des  conditions  de  milieu  favorisant 
leur  activité. 

i"  Action  de  la  pepsine  sur  la  tnjpsine.  —  On  sait  que,  à  une  température  de  37°,  la 
pepsine  est  rapidement  détruite  en  milieu  alcalin  ou  neutre  et  que  de  même  la  trypsine 
est  détruite  en  milieu  acide.  D'autre  part  Isgovesco  a  montré  que  la  pepsine  dialysée, 
donc  inactive,  mélangée  à  de  la  trypsine  dialysée,  forme  un  complexe  ([ui  restera  inactif, 
soit  en  milieu  acide,  soit  en  milieu  neutre  ou  légèrement  alcalin,  c'est-à-dire  que  les  acti- 
vités tryptique  et  peptique  sont  abolies  dans  la  formation  du  complexe.  Doit-on 
admettre  en  raison  de  ces  faits  une  destruction  de  la  pepsine  à  la  sortie  du  pylore?  Nous 
l'ignorons;  mais  en  tous  cas,  si  cette  destruction  existe,  elle  n'est  que  partielle  :  si  elle 
était  totale  en  effet,  l'individu  devrait  se  comporter  comme  un  animal  à  fistule  gastrique, 
qui,  ainsi  que  l'a  montré  Frouin,  devient  progressivement  apeptique  si  on  laisse  perdre 
son  suc,  et  qui  au  contraire  reconquiert  la  sécrétion  gastrique  si  son  suc  lui  est  injecté 
dans  l'intestin. 

2"  Auto-destruction  de  la  trypsine  active  et  de  l'amylase.  —  Un  fait  très  remarquable, 
bien  connu  pour  la  trypsine  et  l'amylase,  vrai  sans  doute,  mais  mal  étudié  pour  le 


i74  INTESTIN. 

autres  ferments,  est  la  destruction  spontanée  de  ees  ferments  lorsqu'ils  se  trouvent 
dans  des  conditions  favorables  à  leur  activité.  C'est  ainsi  que  le  suc  pancréatique  pur  se 
conserve  assez  longtemps  à  37°  sans  perdre  beaucoup  de  son  activité.  Or  le  même  suc 
kinasé  et  porté  à  37'^  perd  rapidement  son  activité.  D'autre  part,  l'amylase  du  suc  pan- 
créatique non  neutralisé  garde  son  activité  à  37"  sans  faiblir  pendant  plusieurs  heures. 
Or  cette  même  amylase  disparait  vite  quand  elle  est  placée  dans  des  conditions  d'acti- 
vité maxima  par  neutralisation  du  suc  pancréatique,  qui,  on  le  sait,  est  très  alcalin, 
perd  son  activité. 

Il  y  a  donc  un  antagonisme  entre  les  conditions  d'activité  et  la  conservation  des 
ferments  intestinaux.  Un  ferment  actif  ne  se  conserve  pas. 

La  contre-partie  de  cette  loi  générale  est  qu'un  ferment  actif  mis  en  présence  de  sub- 
stances à  diijérer  se  consene  et  pour  bien  des  ferments  cette  conservation  est  même  très 
durable.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  d'ajouter  qu'au  début  de  l'étude  des  ferments  cette 
perte  d'activité,  en  présence  de  substances  à  digérer,  avait  tellement  frappé  les  auteurs, 
que  la  capacité  des  ferments  pour  digérer  des  quantités  inlinies  de  substances,  sans 
perdre  de  leur  activiléavait  été  donnée  comme  une  de  leurs  caractéristiques  dynamiques. 

La  conservation  des  ferments  intestinaux  est  donc  liée  essentiellement  à  la  présence 
dans  l'intestin  de  substances  à  dédoubler.  Plus  récemment  on  a  encore  pu  constater 
que  même  les  produits  ultimes  de  l'hydrolyse  sont,  eux  aussi,  capables  d'exercer  une 
puissante  action  protectrice  vis-à-vis  des  ferments  intestinaux  :  c'est  ainsi  que  non  seu- 
lement les  albumines  et  les  peptones  protègent  la  trypsine  contre  son  auto-destruction, 
mais  qu'encore  le  glycocolle,  l'alanine,  la  leuoine,  jouissent  de  ce  pouvoir  à  un  haut 
degré  (Wohlgemuth). 

30  Destruction  de  l'amylase  par  la  trypsine  activée.  —  La  trypsine  activée  par  la  kinase 
qui  s'auto-digère  assez  rapidement  a  de  plus  la  propriété  de  détruire  assez  rapidement 
l'amylase.  Du  suc  pancréatique  kinasé  porté  à  37"  perd  en  une  heure  presque  toute 
son  activité  amylolytique. 

On  conçoit  que,  si  des  facteurs  antagonistes  de  cette  action  tryptique  sur  l'amylase 
n'intervenaient  pas,  toute  digestion  amylolytique  serait  à  peu  près  impossible,  ou  du 
moins  qu'il  en  résulterait  une  spoliation  d'amylase  considérable.  Ces  antagonistes 
existent  et  sont  très  nombreux.  Ce  sont  les  albumines  à  tous  leurs  états  de  transforma- 
tion, depuis  les  albumines  naturelles  crues,  les  peptones,  les  albumoses  jusiju'aux 
acides  aminés;  ce  sont  d'autre  part  les  acides  biliaires. 

Grâce  à  ces  substances,  une  digestion  tryptique  et  une  digestion  amylolytique  sont 
possibles  simultanément  dans  le  môme  milieu  :  la  trypsme  produit  rapidement  l'aulo- 
destruction  de  la  trypsine. 

Il  semble  que  la  trypsine  jouisse  d'une  activité  destructive  analogue  vis-à-vis  des 
autres  ferments  intestinaux,  notamment  de  la  lipase,  et  qu'elle  n'est  empêchée  de  les 
détruire  que  par  un  mécanisme  analogue  au  mécanisme  précité. 

4°  Action  des  microbes  sur  les  ferments.  —  Tous  les  ferments  qui  agissent  en  milieu 
neutre  ont  des  ennemis  communs  :  les  microbes.  Ceux-ci  détruisent  rapidement  la  plu- 
part des  ferments  à  37'\  .\ous  ignorons  quelles  espèces  de  microbes  dt'-truisent  le  plus 
chaque  espèce  de  ferments. 

Cette  lacune  est  regrettable  ;  car  il  est  vraisemblable  que  bien  des  dyspepsies  ne  sont 
que  la  conséquence  d'une  modification  de  la  flore  intestinale  qui  détruit  les  ferments,  et 
qu'il  y  a  pour  la  digestion  intestinale  de  bons  et  de  mauvais  microbes. 

Par  contre,  dans  le  cas  particulier  de  la  digestion  des  hydrates  de  carbone,  comme 
la  cellulose,  qui  ne  peut  être  attaquée  uniquement  que  par  jes  microbes,  les  diastases 
bactériennes  viennent  certainement  en  aide  aux  diastases  saccharifiantes. 

6°  Coordination  de  la  sécrétion  des  sucs  servant  à  la  digestion  intestinale  avec  le  passage 

des  aliments  dans  l'intestin. 

A.    —  SUC    PANCRÉATIQUE. 

C'est  une  notion  déjà  anciennement  établie  qu'il  y  a  une  corrélation  entre  la  péné- 
tration des  aliments  et  le  déversement  des  sucs  digestifs  dans   l'intestin.  Mais  l'étude 


INTESTIN.  475 

précise  de  cette  corrélation  n'a  pu  être  menée  à  bien  (ju'au  jour  où  l'on  a  su  réaliser  des 
fistules  permanentes  (voir  [plus  haut  la  lochnitjue  pour  obtenir  du  sur  pancréatique), 
c'est-cà-dire  en  1879-1880. 

Les  animaux  de  choix  sur  lesquels  on  peut  étudier  le  mécanisme  de  la  sécrétion 
pancréatique  sont  les  omnivores  et  les  carnivores  chez  lesquels  la  digestion  intestinale 
est  discontinue  :  chez  ces  animaux,  le  chien  en  particulier,  —  et  le  fait  a  été  aussi  plu- 
sieurs fois  vérifié  aussi  chez  des  hommes  porteurs  de  fistules  pancréatiques,  —  la  sécré- 
tion pancréatique  s'arrête  complètement  quelques  heures  après  l'ingestion  des  aliments, 
et  ne  reprend  qu'à  la  suite  d'un  nouveau  repas;  chez  les  herbivores  au  contraire  où  la 
digestion  intestinale  est  continue,  la  sécrétion  pancréatique  est  également  continue  : 
elle  persiste,  quoique  atténuée,  chez  le  lapin  au  jeûne  depuis  48  heures  (Hk.nry  et 
Wolheim).  Chez  le  bœuf  Colin  a  fait  une  constatation  analogue. 

La  sécrétion  étant  intermittente  chez  les  animaux  qui  digèrent  vite  et  continue  chez 
les  animaux  dont  l'estomac  et  l'intestin  contiennent  toujours  des  aliments  :  nul  doute 
•qu'il  y  ait  donc  un  rapport  direct  entre  la  sécrétion  pancréatique  et  la  digestion  gastro- 
intestinale. 

C'est  à  IIeide.n'hain  et  à  Pawlow  que  nous  devons  la  plupart  des  observations  sur  la 
<îOi-rélation  entre  le  passage  du  chyme  gastrique  dans  l'intestin  et  la  sécrétion  pancréa- 
tique. 

En  étudiant  la  sécrétion  pancréatique  consécutive  à  un  repas  de  viande  chez  le 
<;hien,  Heide.nhain  avait  constaté  que  la  sécrétion  pancréatique  commence  peu  de  temps 
-après  l'ingestion  et  se  poursuit  pendants  à  7  heures. 

Des  expériences  analogues  ensuite  réalisées  par  Pavilow  et  ses  élèves  ont  confirmé  ces 
résultats  dans  ces  grandes  lignes.  Dans  ses  publications  on  trouvera  les  courbes  de 
sécrétion  pancréatique  qu'il  a  construites  d'après  un  grand  nombre  d'expériences  sur 
des  chiens  ayant  ingéré  des  repas  de  viande,  de  pain  el  de  lait. 

Mais  il  convient  d'ajouter  immédiatement  que  ces  expériences  n'ont  qu'une  valeur 
relative.  Le  suc  pancréatique  étant  perdu  par  la  fistule  à  mesure  qu'il  est  sécrété,  la 
digestion  intestinale  est  de  ce  fait  profondément  modifiée.  Il  est  donc  probable  que  dans 
les  expériences  de  Pawlow  la  quantité  de  suc  pancréatique  excrétée  est  plus  grande 
que  la  quantité  qui  serait  sécrétée  par  un  animal  intact,  et  que  la  durée  de  la  sécrétion 
est  sans  doute  aussi  très  allongée. 

Par  quel  mécanisme  l'alimentation  provoque-t-ellc  la  sécrétion  pancréatique  ? 

L'étude  de  ce  problème  a  passé  par  trois  phases  successives.  Tout  d'abord,  depuis  son 
origine  jusqu'aux  expériences  de  Pawlow  1^1894),  on  s'est  surtout  occupé  du  rôle  du 
système  nerveux.  De  1894  jusqu'à  1902  l'attention  s'est  surtout  concentrée  sur  le  rôle 
des  divers  excitants  intestinaux  de  la  sécrétion  pancréatique.  Enfin  en  1902  Bayliss  et 
Starling  font  connaître  une  substance  très  importante,  d'origine  intestinale,  qui  en 
injection  intra-veineuse  provoque  une  abondante  sécrétion  pancréatique,  et  que  pour 
<:ette  raison  ils  ont  appelé  sécrétine. 

a)  Rôle  du  système  nerveux.  —  La  première  période  de  l'étude  du  mécanisme  de  la 
sécrétion  pancréatique  n'a  été,  selon  l'opinion  de  Heidenhain,  fertile  qu'en  erreurs. 

On  a  constaté  que  l'excitation  des  vagues  provoquait  une  légère  sécrétion  pancréa- 
tique :  mais  cette  sécrétion  est  inconstante;  souvent  une  excitation  trop  forte  arrête 
complètement  une  sécrétion  provoquée  par  une  excitation  plus  faible  :  l'excitation  d'un 
vague  arrête  la  sécrétion  provoquée  par  l'excitation  d'un  autre  vague  (Mette  et  Kudre- 

WETZRl). 

Pavv^low,  qui  a  voulu  éclaircir  toutes  ces  contradictions,  a  montré  que,  pour  réussir 
l'expérience  de  la  sécrétion  par  l'excitation  par  les  vagues,  il  fallait  préparer  le  chien 
d'avance  ;  sectionner  d'abord  un  vague  au  cou;  et,  quatre  jours  après,  quand  les  fibres 
inhibitrices  du  cœur  avaient  perdu  leur  excitabilité,  l'excitation  du  bout  périphérique 
provoquait  régulièrement  une  légère  sécrétion  pancréatique. 

Les  splanchniques  contiendraient  également,  d'après  les  mêmes  auteurs,  des  fibres 
sécrétoires,  mais  leur  action  est  certainement  moins  importante  que  celle  des  pneu- 
mogastriques. 

On  admet  encore  que  l'excitation  des  vagues  et  des  splanchniques  provoque  direc- 
tement la  sécrétion  pancréatique;  car,  si  l'on  isole  l'estomac  du  duodénum,  v.etie  sécré- 


476  INTESTIN. 

lion  ne  s'en  produit  pas  inoins;  elle  ne  saurait  donc  être  provoquée  par  le  passage  du 
suc  gastrique  dans  le  duodénum  (Pawlow). 

Les  nerfs  du  pancréas  dont  nous  venons  de  constater  l'activité  sécrétoire  possible 
jouent-ils  réellement  un  rôle  dans  la  sécrétion  pancréatique  physiologique  ? 

L'excitation  directe  de  ces  nerfs  ne  produit  qu'une  faible  sécrétion  :  mais  c'est 
que  peut-être  l'électricité  est  un  mauvais  excitant  de  ces  nerfs;  on  a  donc  cherché  à 
mettre  en  évidence  le  rôle  de  ces  nerfs  en  s'adressant  à  d'autres  excitants.  Comme 
pour  les  glandes  salivaiies  de  l'estomac,  Pawlow  a  cherché  si  la  vue  seule  de  l'aliment 
pouvait  exciter  la  sécrétion  pancréatique.  Les  résultats  ont  été  presque  négatifs.  La 
sécrétion  psychique,  si  elle  existe,  est  faible,  et  l'excitant  normal  de  la  sécrétion  pan- 
créatique, même  à  son  début,  est  certainement  tout  autre  qu'une  excitation  d'origine 
nerveuse. 

b)  Rôle  des  excitants  du  duodénum.  Sécrétinc.  —  En  comparant  avec  Beckkr  le  rôle 
sécréteur  comparé  des  sels  acalins  et  de  l'eau  chargée  d'acide  carbonique,  Pawlow  avait 
été  frappé  de  ce  fait  qu'alors  que  les  sels  alcalins  et  les  sels  neutres  ne  provoquent 
qu'une  sécrétion  faible  ou  presque  nulle,  l'acide  carbonique  provoquait  au  contraire 
une  sécrétion  intense  du  pancréas.  Ce  fut  lo  fait  qui  l'engagea  à  étudier  l'action  d'un 
acide  qui  arrive  normalement  au  contact  du  duodénum  au  cours  de  la  digestion;  à 
savoir  l'acide  chlorhydrique. 

Dès  lors  la  physiologie  de  la  sécrétion  pancréatique  entra  dans  une  voie  nouvelle. 

Avec  ses  élèves  Doly.xski  et  Popielski,  Pawlow  constate  les  faits  suivants  : 

L'ingestion  d'acide  chlorhydrique  détermine  une  sécrétion  pancréatique  intense  et 
régulière  chez  tous  les  animaux  en  expériences. 

Un  chien,  auquel  on  l'ail  ingérer  2")0  centimètres  cubes  d'une  solution  d'HCl  égale  en 
acidité  à  celle  du  suc  gastrique,  sécrète  les  quantités  de  suc  suivantes  notées  toutes 
les  cinq  minutes. 

6  0,'t 
9,5  3,4 
9,5  5,4 
9,5  2,4 
8,5  U,6 

7  1,0 

8  0.2 
7,5  0,8 
7,5  0,4 
7  0,0 
2  0,2 
0,5  0 


i"  heure  82, .5  cmc.  ù'  heure  14,8  cnic. 

La  sécrétion  pancréatique  peut  être  provoquée  par  le  contact  direct  de  l'acide  au 
niveau  du  duodénum,  et  elle  n'est  pas  provoquée  au  contraire  par  le  contact  de  l'acide 
avec  le  gros  intestin.  Il  y  a,  dans  une  certaine  mesure,  proporlionnalité  entre  la  quantité 
d'acide  ingérée  et  la  quantité  de  suc  pancréatique  sécrétée.  Une  sécrétion  pancréatique 
provoquée  par  la  présence  d'acide  au  niveau  du  duodénum  est  arrêtée  en  cinq  minutes 
par  la  neutralisation  de  l'acide.  Tous  les  faits  observés  avec  l'acide  chlorhydrique 
peuvent  être  observés  également  avec  les  acides  phosphorique,  citrique,  lactique  et 
acétique. 

Du  moment  que  le  chyme  gastrique,  déversé  dans  le  duodénum,  est  constamment 
acide  et  que  le  contact  du  duodénum  avec  un  acide  provoque  rapidement  et  régu- 
lièrement une  sécrétion  pancréatique  presque  proportionnelle  à  la  quantité  d'acide 
en  contact  avec  l'intestin,  il  devenait  évident  que  le  contact  du  duodénum  avec  l'acide 
de  l'estomac  constituait  une  cause  physiologique  importante  de  la  sécrétion  du  pancréas; 
c'est  ce  que  Pawlow  exprime  en  disant  que  l'acide  est  l'excitant  spécifique  du  pan- 
créas. 

Une  première  cause  delà  sécrétion  du  pancréas  était  ainsi  mise  hors  de  discussion, 
et,  comme  le  dit  Pawlow,  un  trait  d'union  intéressant  se  trouvait  établi  entre  la  sécrétion 


INTESTIN.  477 

gastrique  et  la  sécrétion  pancréatique  :  c'était  l'acide  résidu  d'une  digestion  gastrique 
finissante,  instigateur  d'une  digestion  pancréatique  commençante. 

Mais  il  était  de  toute  évidence  que  ce  trait  d'union  ne  pouvait  être  le  seul  qui  reliât 
les  deux  digestions  :  l'expérience  avait  prouvé  depuis  longtemps  (|ue  des  hommes  et 
des  animaux  agastres  digéraient  «  parfaitement  »;  chez  eux  le  pancréas  devait  nécessai- 
rement fonctionner,  et  nécessairement  aussi  sans  l'excitant  de  l'acide  gastrique.  Quelles 
étaient  donc  dans  l'alimentation  les  autres  substances  susceptibles  de  provoquer  la 
sécrétion  pancréatique?  La  découverte  fondamentale  du  rôle  de  l'acide  orientait  immé- 
diatement les  recherches  dans  une  voie  déterminée.  Sous  peine  d'attribuer  aux  aliments 
un  rôle  qu'ils  n'avaient  en  réalité  nullement,  il  fallait  d'une  part  que  ces  aliments  ne 
fussent  pas  acides  par  eux-mêmes,  ni  qu'au  cours  de  l'expérience  du  suc  gastrique  acide 
ne  fût  porté  au  contact  du  duodénum. 

En  se  conformant  à  ces  conditions  expérimentales,  Pawlow  a  constaté,  parmi  les  ali- 
ments proprement  dits,  qu'aucune  substance,  si  ce  n'est  la  graisse,  n'avait  le  pouvoir  de 
provoquer  la  sécrétion  pancréatique. 

La  graisse  agissait-elle  en  tant  que  graisse  neutre  ou  bien  par  un  peu  d'acide  gras 
saponilié  au  contact  des  sucs  intestinaux?  D'après  Pawlow,  au  cours  d'une  sécrétion 
pancréatique  provoquée  par  la  graisse,  le  contenu  duodénal  reste  parfaitement  neutre. 
La  graisse  agit  donc  autrement  que  l'acide,  selon  cet  auteur. 

Parmi  les  autres  substances  susceptibles  de  déterminer  encore,  mais  à  un  moindre 
degré,  la  sécrétion  pancréatique,  il  faut  citer  l'élher,  le  chloral,  l'alcool  et  l'essence  de 
moutarde. 

Cette  notion  du  rôle  des  excitants  duodénaux  sur  la  sécrétion  pancréatique  ouvrait 
un  champ  nouveau  pour  l'étude  du  mécanisme  de  la  sécrétion  pancréatique. 

Pawlow  avait  admis  presque  sans  discussion  que  le  rôle  de  l'acide  était  de  provo- 
quer un  réllexe  à  point  de  départ  duodénal  et  à  aboutissement  pancréatique.  Si  la  théorie 
était  exacte,  on  devait  aisément  trouver  les  voies  de  ce  réflexe  viscéro-viscéral. 

Contrairement  à  toute  attente,  les  expériences  faites  pour  retrouver  les  voies  de 
ce  réflexe  furent  toutes  infructueuses.  Wertheimer  et  Lepage  et  Popielski  consta- 
tèrent que  ni  la  section  des  pneumogastriques  et  des  sympathiques,  ni  la  destruction 
de  la  moelle,  des  ganglions  et  des  plexus  cœliaque  et  mésentériques  n'empêchait 
l'acide  chlorhydrique  introduit  dans  une  anse  intestinale  de  déterminer  une  abon- 
dante sécrétion  pancréatique;  pour  que  de  telles  destructions  nerveuses  restassent 
sans  effet,  il  fallait  donc  que  le  réflexe  se  propageât  par  des  voies  extrêmement 
complexes. 

Il  devenait  dès  lors  difficile  d'admettre  que  l'acide  provoquât  la  sécrétion  pancréa- 
tique par  un  réflexe,  ou  bien,  si  ce  réflexe  existait,  il  se  doublait  nécessairement  d'une 
action  humorale. 

Bayliss  et  Starling  eurent  alors  l'idée  de  rechercher  quel  serait  l'effet  sur  la  sécré- 
tion pancréatique  d'un  extrait  de  muqueuse  intestinale  macérée  dans  de  l'acide.  Us 
constatèrent  que  l'injection  veineuse  de  l'extrait  intestinal  obtenu  dans  ces  conditions 
jouissait,  contrairement  à  un  extrait  intestinal  ordinaire,  de  la  propriété  remarquable 
de  provoquer  une  sécrétion  pancréatique  intense.  Comme,  d'autre  part,  il  était  établi 
que  l'injection  directe  d'acide  est  inefficace,  il  devenait  évident  qu'il  y  avait  dans 
l'inteslin  une  substance  qui,  transfoimée  ou  simplement  entraînée  par  l'acide  dans  les 
macérations,  jouissait  de  ce  pouvoir  sécréteur;  c'est  cette  substance  que  Bayliss  et  Star- 
ling appelèrent  sécrétine. 

Dès  lors  le  rôle  de  l'acide  devenait  le  suivant  pour  Bayliss  et  Starling,  Sur  l'animal 
vivant  l'acide,  au  contact  du  duodénum,  met  en  liberté  la  sécrétine  qui  passe  à 
mesure  de  sa  production  dans  le  torrent  circulatoire  et  provoque  la  sécrétion  pancréa- 
tique, comme  le  fait  une  injection  intraveineuse  de  sécrétine.  Mais  on  conçoit  que 
cette  hypothèse  ne  pouvait  devenir  une  certitude  que  du  jour  où  l'on  aurait  mis  en 
évidence  l'apparition,  dans  le  sang  circulant,  d'une  substance  excito-sécrétoire  à  la 
suite  du  contact  d'une  anse  intestinale  avec  l'acide.  Trois  auteurs  ne  tardèrent  pas  à 
apporter  cette  démonstration  :  Wertheimer,  recueillant  le  sang  veineux  qui  vient  d'une 
anse  intestinale  contenant  de  l'acide  et  injectant  ce  sang  à  un  autre  chien,  provoque  la 
sécrétion  du  pancréas.  Enriquez  et  IIallion,  en  transfusant  de  carotide  à  jugulaire  le  sang 


478  INTESTIN. 

d'un  chien  A  ayant  reçu  dans  son  intestin  de  l'acide  chlorliydrique,  provoquent  chez 
un  chien  B  une  belle  sécrétion  pancréatique. 

La  théorie  de  Bayliss  et  Sïarling  se  trouvait  ainsi  complètement  vérifiée  :  norma- 
lement l'acide  provoque  la  sécrétion  pancréatique  par  un  processus  humoral. 

Fallait-il  abandonner  complètement  l'idée  de  toute  intervention  réflexe?  Wertheimer 
ne  le  pense  pas.  Isolant  une  anse  intestinale  dont  la  sécrétion  lymphatique  et  le  sang 
veineux  sont  déversés  en  dehors  de  la  circulation  de  l'animal,  cet  auteur  constate  que 
le  contact  d'HCl  avec  cette  anse  intestinale  provoque  encore  la  sécrétion  pancréatique. 
Dans  ces  conditions  l'action  excitante  n'a  pu  arriver  au  pancréas  que  par  l'inlernié- 
diaire  du  système  nerveux  :  il  ne  peut  s'agir,  d'après  l'auteur,  que  d'une  action  réflexe. 
Fleig  a  confirmé  ces  résultats. 

Nature  de  la  sécrétine.  —  Nous  devons  encore  à  Bayliss  et  Starling  la  plupart  des 
renseignements  que  nous  possédons  sur  la  sécrétine. 

Pour  préparer  la  sécrétine,  ces  auteurs  conseillent  la  technique  suivante.  Le 
premier  cinquième  de  la  muqueuse  intestinale,  haché  grossièrement,  est  mis  à  macérer 

dans  trois  fois  son  volume  d'une  solution  d'HCl  ■— .  Au  bout  de  24  heures  environ  la 

lU 

masse  est  portée  à  l'ébuUition  pendant  2  à  3  minutes,  filtrée,  neutralisée  exactement, 
et  refiltrée.  On  a  ainsi  un  liquide  opalescent  très  actif  et  susceptible  d'être  injecté 
directement;  mais  la  sécrétine  est  instable  et  ne  peut  être  conservée  plus  d'une 
journée. 

La  sécrétine  ainsi  obtenue  est  extrêmement  active.  Sur  un  chien  légèrement  morphi- 
nisé  ou  chloroformisé,  l'injection  de  sécrétine  est  suivie  d'une  sécrétion  pancréatique 
au  bout  d'environ  six  à  dix  secondes.  La  sécrétion  a  une  dure'e  qui  est  dans  une  cei- 
taine  mesure  proportionnelle  à  la  quantité  de  sécrétine  injectée,  elle  dure  environ  dix 
minutes  pour  une  injection  de  10  centimètres  cubes.  Chaque  nouvelle  injection  de 
sécrétine  provoque  une  nouvelle  sécrétion  d'à  peu  près  même  valeur.  On  peut  ainsi  en 
l'espace  de  cinq  à  six  heures  recueillir  aisément  200  à  300  centimètres  cubes  do  suc  pan- 
créatique. Au  lieu  d'injections  intermittentes  on  peut  aussi  procéder  par  injection 
continue,  la  sécrétion  reste  dans  ce  cas  continue.  Mais  la  sécrétion  totale  semble  un 
peu  moins  abondante  que  pour  des  injections  discontinues. 

La  sécrétine  «  n'est  pas  un  ferment,  puisqu'elle  supporte  sans  se  détruire  la  tempéra- 
ture de  l'ébuUition  ».  Ce  n'est  ni  un  sel  ni  un  mélange  de  sels  ;  car  la  sécrétine  dialyse  peu 
ou  pas;  ou,  si  c'est  un  sel,  c'est  un  sel  adsorbé  par  une  substance  non  dialysable.  C'est 
une  substance  soluble  dans  l'alcool,  et  cette  solubilité  permet  de  faire  les  hypothèses 
suivantes  :  la  sécrétine  est,  ou  bien  un  lipoïde,  ou  une  albumine  soluble  dans  l'alcool 
par  adsortion  d'un  lipoïde  ou  un  lipoïde  soluble  dans  l'alcool  malgré  une  adsorption 
d'albumine;  mais  en  tout  cas  sa  solubilité  dans  l'alcool  est  probablement  liée  à  la  pré- 
sence d'un  lipoïde.  A  cet  égard  il  est  très  remarquable  que  toutes  les  substances  autres 
que  les  acides,  et  susceptibles  d'extraire  la  sécrétine  du  duodénum,  sont  des  solvants 
des  lipoïdes  :  l'alcool,  l'éther,  le  chloral,  les  savons.  L'action  des  graisses  sur  la  sécré- 
tion pancréatique,  qui  au  premier  abord  semblait  si  différente  de  celle  de  l'acide,  pour- 
rait donc  se  ramener  au  même  mécanisme.  Les  graisses  partiellement  saponifiées  par 
la  bile  agiraient  par  leurs  savons  (Fleig). 

Les  deux  principaux  travaux  sur  la  composition  de  la  sécrétine  sont  ceux  de  Des- 
GREz  et  d'OïTo  \os  FuRTH.  Ces  deux  auteurs  arrivent  à  cette  même  conclusion  que  la 
choline  doit  être  une  des  parties  actives  de  la  sécrétine. 

Desgrez,  en  se  fondant  sur  le  fait  que  la  pilocarpine  et  la  choline  renferment  un 
groupement  commun  de  triméthylamine  Az  (CH')^  s'est  demandé  si  la  choline  ne  pro- 
voquerait pas  la  sécrétion  pancréatique  comme  la  pilocarpine.  Sur  des  chiens  chlora- 
lisés  Desgrez  constate  que  la  choline  provoque  les  sécrétions  du  pancréas,  de  la  salive, 
et  augmente  celle  du  i^ein. 

Otto  von  Furth,  dans  une  série  d'expériences  faites  sur  le  lapin  et  le  chien,  constate, 
comme  Desgrez,  que  la  choline  jouit  de  la  propriété  de  faire  sécréter  activement  le  pan- 
créas. Voici  une  expérience  sur  un  chien  de  7  kilogrammes.  L'auteur  y  étudie  compa- 
rativement l'action  de  la  choline  et  de  la  sécrétine,  et  l'influence  de  l'atropine  sur  ces 
deux  substances  excito-sécrétoires. 


INTESTIN.  47^ 


Temp'i. 

Injeciioii . 

.Sécrétion  pancréatique 

ll\2i 

2  cmc.  choline  (Merck). 
0,1  p.  100  =  0,002  gi'. 

11\25-H\3d 

44 

gouttes 

11\35 

1  cinc.  choline. 
0,1  p.  100  =  0,001  gr. 

11\.S6-11'",43 

25 

— 

11\43 

1/2  cmc.  choline  0,1  p.  100=0,000.ï  gr. 

H\43-ll'',52 

» 

H 

— 

11\52 

3  cmc.  sécrétine. 

ll\52-12h,2 

» 

31 

— 

12'', 2 

5  cmc. 

12'*, 2-12'', 12 

» 

65 

— 

12''',12 

Atropine  0,01 

12\12-12'',22 

.) 

15 

■    — 

12\22 

Choline  2  mec.  0,1  p.  100  =  0,002  gi-. 

i2\22-12",2o 

» 

0 

— 

12\2o 

0  cmc.  séci-étine. 

12''.25-12\36 

» 

33 

— 

Dans  cette  expérience  on  voit  que  la  choline  jouit  de  la  propriété  de  faire  sécréter 
très  activement  le  pancréas. 

La  choline  est-elle,  la  substance  active  de  la  sécrétine?  Il  existe  de  la  choline  dans  la 
sécrétine  et  0.  voi\  Furth  estime  la  quantité  de  choline  contenue  dans  un  litre  de  sécré- 
tine comme  supérieure  à  0,1  décigramme.  Étant  donné  que  1  milligramme  de  choline 
provoque  déjà  une  sécrétion  notable  (25  gouttes)  de  suc  pancréatique,  il  s'ensuit  que 
la  choline  peut  jouer  un  rôle  important  dans  l'action  de  la  sécrétine. 

Mais  d'autre  part  il  est  impossible  de  réduire  la  sécrétine  à  une  simple  émulsion  de 
choline  :  ratropine,  qui  n'empêche  pas  l'action  de  la  sécrétine,  arrête  complètement  l'action 
de  la  choline. 

La  sécrétine  contient  donc  de  la  choline,  substance  nettement  excito-sécréloire,  mais 
contient  nécessairement  encore  d'autres  substances  actives. 

D'après  Bayliss  et  Starling  l'intestin  ne  contient  pas  de  la  sécrétine  en  nature,  mais 
nne  prosécrétine  transformée  en  sécrétine  par  l'acide. 

Cette  opinion  a  été  contestée.  Delezenne  et  Pozhjrski  ont  montré  que  des  solutions 
concentrées  de  sels  neutres  extrayaient  la  sécrétine  comme  l'acide.  Pour  ces  auteurs 
la  sécrétine  existerait  en  nature  dans  l'intestin  :  mais  elle  serait  facilement  destructible 
par  des  ferments  de  la  muqueuse  intestinale,  l'acide  n'aurait  d'autre  rôle  que  d'inhiber 
l'action  des  ferments,  comme  le  font  également  les  solutions  concentrées  de  sels  neutres. 

Distribution  de  la  sécrétine.  —  La  sécrétine  existe  dans  le  quart  supérieur  de  l'intestin 
grêle  de  tous  les  vertébrés  chez  lesquels  on  l'a  recherchée,  singe,  chat,  chien,  lapin,  ou 
tortue,  saumon,  chien  de  mer,  etc.,  animaux  nouveau-nés  (chat  et  homme).  La  sécrétine 
préparée  avec  l'intestin  d'un  animal  d'une  espèce  provoque  la  sécrétion  chez  des  ani- 
maux d'autres  espèces  (Bayliss  et  Starling). 

Mode  d'action  de  la  sécrétine  sur  le  pancréas.  —  La  sécrétine  agit-elle  directement 
sur  les  cellules  pancréatiques  ou  par  l'intermédiaire  du  système  nerveux  pancréatique  ? 
Nous  l'ignorons;  on  sait  seulement  que  l'atropine  n'empêche  pas  l'action  de  la  sécrétine. 

Comparaison  entre  le  pouvoir  sécréteur  de  la  sécrétine  et  des  autres  substances  sicscep- 
tibles  d'agir  sur  le  pancréas.  —  On  a  recherché  l'action  d'un  grand  nombre  de  sub- 
stances sur  la  sécrétion  du  pancréas.  L'action  des  sels,  des  peptones,  des  extraits 
d'organes  préparés  dans  les. mêmes  conditions  que  la  sécrétine  de  la  pilocarpine,  etc. 

Beaucoup  de  ces  substances,  et  notamment  les  peptones,  les  extraits  d'organes  et  la 
pilocarpine  provoquent  une  sécrétion  pancréatique;  mais,  fait  capital,  cette  sécrétion 
est  toujours  extrêmement  faible  comparée  à  la  sécrétion  due  à  la  sécrétine  et  le  plus 
souvent  les  injections  successives  perdent  rapidement  leur  efficacité. 

Il  est  à  peine  besoin  de  faire  remarquer  que  la  pénétration  dans  le  sang  vivant  de 
ces  substances  ne  saurait  représenter  un  processus  normal  physiologique,  et  qu'il  y 
a  donc  bien  lieu  de  considérer  avec  Bayliss  et  Starling  la  sécrétine  comme  l'agent  spé- 
cifique de  la  sécrétion  pancréatique. 

Effets  divers  de  l'injection  de  sécrétine.  —  a)  Système  nerveux.  —  Sur  un  animal  même 


480 


INTESTIN. 


légèrement  endormi  au  chloroforme,  toute  injection  de  sécréline  provoque  presque  ins- 
tantanément des  mouvements  respiratoires  exagt'rés,  une  agitation  générale  marquée, 
et  quelques  snn  ds  crocnements.  La  sé<rétine  apparaît  donc  comme  un  irritant  général 


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du  système  nerveux,  et  peut-être  son  premier  effet  est-il  douloureux  (Dastre,  Fal- 
loise}.  Ces  effets  sur  le  système  nerveux  sont-ils  inhérents  à  l'action  de  la  sécrétine 
elle-même  ou  d'une  impureté  entraînée  dans  la  préparation? 

Ils  sont  certainement  dus  aux  impuretés;  car  HCl  appliqué  sur  l'intestin  ne  pro- 
voque pas  de  dyspnée  (Falloise). 


INTESTIN.  481 

6)  Pression  sanguine.  —  Toute  injection  tle  sécrétine  amène  une  chute  momentanée 


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et  très  accentuée  de  la  pression  sanguine.  Mais  par  purification  de  la  sécrétine  on 
obtient  une  substance  sans  effet  sur  la  pression  sanguine.  D'ailleurs,  la  sécrétion  pan- 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —  T.    IX. 


31 


482  INTESTIN. 

créalique  pi'ovoquée  par  simple  contact  d'HGl  avec  l'intestin  n'amène  pas  la  chute  de 
la  tension  artérielle. 

c)  Écoulement  de  la  lymphe.  —  «  L'injection  de  sécrétine  provoque  un  accrois- 
sement considérable  du  débit  de  la  lymphe  du  canal  thoracique.  Cette  lymphe  provient 
exclusivement  du  foie.  Celte  action,  comme  celle  qu'on  constate  sur  la  respiration  et  la 
pression  artérielle,  n'est  pas  due  à  la  séci'étine,  mais  à  des  impuretés,  car  :  1»  la  sécré- 
tine purifiée  n'est  pas  lympbagogue  ;  2°  l'application  d'IICl  sur  l'intestin,  tout  en  provo- 
quant la  sécre'tion  pancréatique,  reste  sans  effet  sur  le  débit  lymphatique  (T.vlloise).  » 

c')  Action  sur  les  leucocytes.  —  L'injection  de  sécrétine  provoque  une  leuco- 
cytose  considérable  à  type  éosinophilique  dans  l'intestin  grêle  et  surtout  le  duodénum. 
Cette  leucocytose  est  fugace  (Simon).  L'injection  répétée  de  sécrétine  provoque  une 
leucocytose  durable  à  type  éosinophilique  du  duodénum  (Simon)  et  une  réaction  myéloïde 
éosinophile  interne  de  la  rate  (Simon,  Aubeiîtin  et  Ambard).  Ces  réactions  sont-elles  dues 
à  la  sécrétine  ou  à  ses  impuretés?  Nous  l'ignorons,  car  des  expériences  comparatives 
d'application  d'HCl  sur  le  duodénum  n'ont  pas  été  faites. 

d)  Sécrétion  intestinale.  —  L'injection  de  sécrétine  est  accompagnée  d'une  sécrétion 
intestinale  intense  (Deleze.nne  et  Frouin).  Le  suc  contient  des  ferments  intestinaux  et 
de  la  kinase.  Cette  sécrétion  s'accompagne  d'une  vaso-dilatation  intense,  si  bien  qu'à 
l'autopsie  d'un  animal  tué  immédiatement  après  une  abondante  injection  de  sécré- 
tine, la  muqueuse  est  rouge  et  tuméfiée.  La  vaso-dilatation  peut  aller  jusqu'à  l'hémor- 
rhagie.  Les  chiens  s'immunisent  en  quelques  jours  contre  cet  effet  de  la  sécrétine. 
(Simon,  Air.ERTiN  et  Ambard  . 

e)  Sécrétion  biliaire.  —  Victor  Henri,  Portier,  Falloise  et  Hallion  ont  vu  que  l'injec- 
tion de  sécrétine  provoquait  une  sécrétion  marquée  de  la  bile. 

f)  Mouvement  de  l'intestin.  —  Bien  des  substances  provoquent  des  mouvements  de 
l'intestin;  linjection  iiitra-veineuse  de  certains  sels  à  hautes  doses  comme  les  sulfates 
alcalins,  les  sels  de  baryum,  l'injection  d'albumine  et  de  peptone,  etc.  Mais  l'effet  de  la 
sécrétine  est  à  cet  égard  tout  à  fait  remarquable.  Comme  l'ont  signalé  Enuiquez  et 
Hallio.n,  à  la  dose  de  1  cent,  cube  l'injection  de  sécrétine  détermine  des  mouvements 
intestinaux  rapides,  généralisés  et  susceptibles  de  durer  une  demi-heure  et  plus. 

(/)  Métabolisme  des  albumines.  (Chapitre  qui  sera  développé  ultérieurement.) 

Si  nous  résumons  maintenant  nos  connaissances  sur  la  sécrétine,  nous  nous  trouvons 
en  présence  dos  faits  suivants  : 

Dans  la  portion  initiale  de  l'intestin,  la  premirre  qui  sera  en  contact  avec  le  chyme 
gastrique,  se  trouve  une  substance  éminemment  capable  -de  provoquer,  lors  de  sa  résorp- 
tion, la  sécrétion  pancréatique,  la  sécrétion  biliaire,  la  sécrétion  intestinale,  la  leucocytose 
intestinale.  Cette  substance  polyvalente,  dite  sécrétine,  est  mise  en  liberté  dans  le  torrent 
circulatoire  par  le  contact  de  la  première  portion  de  l'intestin  avec  des  acides  et  des  graisses, 
et  accessoirement  encore  avec  beaucoup  de  substances  contenues  dans  l'alimenlalion. 

La  sécrétine  est  doncle  véritable  trait  d'union  entre  la  digestion  gastrique  et  la  digestion 
intestinale. En  désignant  avec  Starling  du  terme  d'hormone  (dont  nous  étendrons  un  peu  le 
sens)  cette  catégorie  de  substances  capables  d'effets  multiples  harmonisés  en  vue  de  la 
réalisation  d'un  phénomène  complexe,  il  est  hors  de  doute  que  la  sécrétine  est  véritable- 
ment une  hormone  digestive,  et  la  plus  remarquable  que  nous  connaissions  présentement. 

B.    —    SUC    INTESTINAL. 

Pour  étudier  les  conditions  de  la  sécréLitie  intestinale,  on  isole  une  ou  plusieurs 
anses  intestinales  qu'on  attache  à  la  peau,  soit  par  l'une  soit  par  leurs  deux  extrémités. 
La  continuité  du  reste  de  l'intestin  étant  rétablie  par  des  sutures,  on  a  ainsi  un  animal 
susceptible  d'être  conservé  longtemps  dans  de  bonnes  conditions.  (Voir  plus  haut,  tech- 
nique des  fistules  intestinales.) 

De  même  que  pour  le  suc  pancréatique,  on  a  constaté  que,  chez  les  herbivores,  la 
sécrétion  entérique  est  continue,  et,  au  contraire,  intermittente  chez  les  autres  animaux. 

Le  siège  de  la  fistule  est  important  au  point  de  vue  de  la  quantité  du  suc  recueilli. 
FaoDiN  a  montré  chez  le  chien  et  chez  la  vache,  que  la  sécrétion,  qui  est  maxima  au 
niveau  du  duodénum,  va  en  décroissant  jusqu'à  la  terminaison  de  l'iléon  où  elle  est 
extrêmement  faible. 


INTESTIN.  483 

On  sait  depuis  les  observations  de  Moreau  que  la  section  des  nerfs  d'une  anse  intes- 
tinale amène  rapidement  dans  cette  anse  un  afUux  considérable  de  liquide  que  l'on  a 
comparé  à  la  sécrétion  paralytique  de  la  sous-maxillaire.  Au  bout  de  24  beures,  cette 
sécrétion  diminue  considérablement.  Budge  et  Lamansky  obtinrent  des  résultats  ana- 
logues par  la  destruction  des  ganglions  cteliaqueset  des  plexus  mésenlériquos.Par  contre, 
toute  excitation  nerveuse  est  impuissante  à  provoquer  une  sécrétion  appréciable. 

Il  semble  cependant  que  le  système  nerveux  joue  cerlainom(!nt  un  rôle  actif  dans  la 
sécrétion  intestinale.  Une  excitation  locale,  même  mécanique,  de  la  muqueuse  de  l'intes- 
tin provoque  une  sécrétion  très  nette  ;  mais,  comme  le  fait  remarquer  Fnoui.\,  l'effet  reste 
tout  à  fait  localisé  à  l'anse  excitée,  les  anses  voisines  restent  pendant  ce  temps  inactives. 

Si  le  rôle  du  système  nerveux  dans  la  sécrétion  intestinale  est  obscur,  le  rôle  des 
agents  bumoraux  est  par  contre  très  nettement  connu,  et  on  peut  le  résumer  en  ces 
termes  :  la  sécrétion  intestinale  répond  à  tous  les  agents  qui  sont  efficaces  vis-à-vis  de 
la  sécrétion  pancréatique  et  à  d'autres  agents  encore  qui  restent  sans  effet  sur  la  sécré- 
tion pancréatique. 

La  sécrétion  entérique  est,  en  effet,  provoquée  comme  la  sécrétion  pancréatique  par 
l'introduction  dans  une  anse  intestinale  d'acides,  de  savons,  de  cbloral  ou  d'eau  élhé- 
rée;  elle  est  aussi  provoquée  directement  par  l'injection  de  sécrétine.  Il  y  a  lieu  de 
croire  qu'il  s'agit  dans  tous  ces  cas  d'un  processus  humoral,  car,  dans  le  cas  des  acides, 
les  anses  qui  ne  sont  pas  en  contact  avec  l'acide  sécrètent  (alors  que  ces  mêmes  anses 
restent  inactives  lorsqu'on  excite  mécaniquement  une  anse  isolée).  (Frouin.) 

Ce  processus  est-il  le  seul  susceptible  de  provoquer  la  sécrétion  intestinale?  L'in- 
troduction dans  une  anse  intestinale  d'amidon,  de  sucre,  de  peplone  et  de  divers  sels 
en  solution  concentrée  provoque  également  une  sécrétion  souvent  considérable  de  cette 
anse;  mais  jusqu'à  quel  point  peut-on  assimiler  ces  différents  agents  sécrétoires,  il  est 
difficile  de  le  dire. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  connaissons  certains  sels  comme  le  sulfate  de 
soude,  le  chlorure  de  baryum,  sels  qui  sont  purgatifs  de  quelque  façon  qu'ils  soient 
introduits  dans  l'organisrhe  (ingestion  ou  injection),  mais  à  la  condition  que  la  quantité 
introduite  soit  suffisante,  et  qui  ont  au  plus  haut  degré  la  propriété  de  déterminer  une 
abondante  sécrétion  intestinale  sans  provoquer  de  sécrétion  pancréatique  appréciable. 
Ces  sels  provoquent-ils  une  transsudation  banale  ou  une  sécrétion  avec  des  ferments? 

Du  liquide  peut  donc  apparaître  dans  l'intestin  sous  l'influence  d'excitants  multiples. 
Il  est  prouvé  que  la  sécrétion  entérique,  provoquée  par  les  mêmes  excitants  que  ceux 
qui  provoquent  la  sécrétion  pancréatique,  est  une  véritable  sécrétion  avec  ferments.  Il 
est  douteux  que  les  autres  excitants  inefficaces  vis-à-vis  de  la  sécrétion  pancréatique, 
mais  efficaces  à  faire  apparaître  du  liquide  dans  l'intestin,  provoquent,  eux  aussi,  une 
véritable  sécrétion  fermentaire. 

C.    —    BILE. 

La  sécrétion  de  la  bile  a  été  étudiée  à  l'article  Bile.  Pour  le  détail  de  cette  sécré- 
tion, nous  renvoyons  le  lecteur  à  cet  article.  Pour  les  faits  généraux,  nous  rappelle- 
rons seulement  pour  mémoire  que  :  comme  les  sécrétions  pancréatique  et  intestinale, 
la  sécrétion  biliaire  est  continue  chez  les  herbivores  et  intermittente  chez  les  autres 
animaux,  et  que  le  rôle  du  système  nerveux,  obscur  pour  les  deux  premières  sécrétions, 
est  tout  à  fait  inconnu  pour  cette  dernière. 

Les  causes  directes  de  la  sécrétion  les  plus  certaines  sont  le  contact  de  graisses  et 
d'albumines  au  niveau  du  duodénum. 

Le  rôle  de  l'acide  serait  nul  pour  Pawlow  et  Starli.ng,  efficace  au  contraire  pour 
P'alloise  et  Frouin.  De  même  Bayliss  et  Starling  nient  l'action  de  la  sécrétine  sur  la 
sécrétion  biliaire  que  signalent  au  contraire  Henri  et  Portier,  Enrkjukz  et  Hallion  {loco 
citato).  Ces  résultats  si  contradictoires  seraient-ils  explicables  par  ce  fait  qu'on  n'a  pas 
toujours  distingué  la  sécrétion  hépatique  et  l'expulsion  de  la  bile  préformée  dans  la 
vésicule?  L'innervation  qui  préside  à  l'expulsion  île  la  bile  vésiculaire  et  à  la  sécrétion 
de  la  bile  hépatique  est,  on  le  sait,  distincte,  et  il  est  possible  que  les  causes  qui  provo- 
quent Tune  soient  inefficaces  sur  l'autre.  ...■•• 


48i 


INTESTIN. 


Nous  pouvons  maintenant  résumer  le  mécanisme  général  de  la  sécrétion  des  glandes 
annexes  de  l'intestin  et  des  glandes  intestinales. 

La  sécrétine,  comme  on  le  voit,  est  une  substance  excilo-sécrétoire  d'une  importance 
primordiale,  et  son  intervention  donne  à  la  digestion  intestinale  un  tour  tout  particulier. 

La  digestion  générale  qui  débute  par  la  salivation,  commence  par  un  acte  purement 
réflexe  :  c'est  la  vue  ou  le  contact  des  aliments  avec  la  muqueuse  linguale  qui  provoque 
la  sécrétion  salivaire.  La  digestion  gastrique,  elle,  n'est  plus  qu'Amorcée  par  un  réflexe, 
la  vue  des  aliments  provoque  une  sécrétion  gastrique  en  général  peu  abondante,  mais 
la  petite  quantité  de  suc  psychique  déversée  dans  l'estomac  suffit  à  commencer  la  diges- 
tion gastrique  dont  les  produits  en  pénétrant  dans  le  torrent  circulatoire  vont  à  leur 
tour  provoquer,  par  un  mécanisme  humoral,  une  sécrétion  secondaire  de  l'estomac. 

La  digestion  intestinale  s'effectue  entièrement  par  un  processus  humoral;  le  chyme 
acide  de  l'estomac,  parvenu  au  contact  du  duodénum,  libère  la  sécrétine,  et  aussitôt  se 
déroulent  des  phénomènes  multiples,  d'une  coordination  admirable.  Plus  il  arrive  de 
chyme  gastrique  dans  l'intestin  et  plus  il  se  forme  de  sécrétine,  laquelle  'par  voie 
humorale  fait  sécréter  le  pancréas,  le  foie  et  l'intestin;  elle  provoque  des  mouvements 
intestinaux  intenses  dans  le  duodénum  et  dans  le  reste  de  l'intestin,  et  enfin  dans 
tout  l'organisme  elle  détermine  encore  une  désintégration  générale  des  albuminoïdes 
cellulaires  qui,  ainsi  que  nous  le  verrons,  précède  chronologiquement  l'intégration 
des  substances  azotées  qui  vont  pénétrer  dans  l'intestin  :  le  catabolisme  précédant 
l'anabolisme. 

La  sécrétine  provoque  et  harmonise  donc  une  série  de  fonctions  diverses  de  la 
digestion.  Plus  on  l'étudié,  plus  on  constate  la  généralité  de  son  action,  et  l'on  se 
demande  même  quel  est  le  phénomène  en  rapport  avec  la  digestion  intestinale  qui  ne 
lui  soit  pas  subordonné. 

La  connaissance  de  l'action  de  cette  substance  remarquable  explique  donc  non 
seulement  les  processus  isolés  restés  jusqu'à  ces  derniers  temps  si  mystérieux,  mais 
aussi  leur  coopération  harmonieuse.  La  découverte  de  la  sécrétine  passe  donc  à  bon 
droit  pour  l'une  des  plus  importantes  de  la  physiologie  contemporaine. 

7»  Adaptation  de  la  quantité  des  divers  ferments  à  ralimentation. 

Le  fait  très  remarquable  de  l'adaptation  des  sécrétions  salivaire  et  gastrique  à 
la  qualité  des  aliments  a  porté  P.wvi.ow  à  rechercher  si  une.  pareille  adaptation  n'exis- 
terait pas  pour  les  glandes  intestinales.  Comme  pour  les  premières  glandes,  il  s'est 
efforcé  de  dégager  cette  adaptation  au  cours  d'expériences  extemporanées  et  au  cours 
d'expériences  comportant  une  alimentation  spéciale  prolongée  pendant  plusieurs  mois. 
Il  va  sans  dire  que  les  phénomènes  d'adaptation  n'ont  pu  être  étudiés  que  pour  la  sécré- 
tion pancréatique.  L'étude  de  la  sécrétion  biliaire  est  entravée  par  de  trop  grandes  diffi- 
cultés pour  se  prêter  à  de  pareilles  expériences  et  l'étude  du  suc  entérique  est  trop  peu 
avancée  pour  qu'il  soit  permis  d'entreprendre  des  recherches  si  délicates. 

a)  Adaptation  immédiate.  —  L'expérience,  telle  que  l'a  réalisée  Pawlow,  consiste  à 
établir  chez  le  chien  une  fistule  pancréatique  permanente  et  à  lui  donner  des  repas 
d'épreuve  divers.  Les  résultats  de  ces  expériences  sont  les  suivantes. 


FERMENT 

FERMENT 

FERMENT 

DE  l'albumine. 

DE    L"aMIDON. 

DES  GRAISSES. 

Quantité 

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ALIMENTS. 

du  suc. 

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3 

cmc. 

600  cmc.  lait..   .   . 

48 

22,6 

1085 

9,0 

432 

90,3 

4  344 

250  gr.  pain.  .    ,    . 

451 

13,1 

1918 

10.6 

1601 

3,3 

800 

100  gr.  viande.  .    . 

144 

10,6 

1302 

4,0 

684 

23.0 

3  600 

INTESTIN.  485 

De  ces  expériences  Pawlow  conclut  à  une  v('rital>le  adaptation  exlemporanée  de  la 
sécrétion  à  la  qualité  de  l'aliment;  le  lait,  qui  contient  comme  substance  intéressant  la 
digestion  pancréatique  plus  de  graisse  que  les  autres  aliments,  provoque  l'émission  du 
maximum  de  lipase;  le  pain,  qui  contient  le  plus  d'amidon,  provoque  la  sécrétion  du 
maximum  d'amylase;  la  viande,  qui  contient  le  plus  d'alltumine,  devrait  dans  cet  ordre 
d'idées  faire  sécréter  le  plus  de  trypsirie;  si  elle  se  montre  à  cetégard  inférieure  au  pain, 
cela  tient,  d'après  Pawlow,  à  des  phénomènes  de  digestion  gastriques. 

Mais  l'adaptation  que  Pawlow  proclame  au  nom  de  ces  expériences  ne  serait-elle 
pas  le  fait  d'une  simple  coïncidence?  C'est  ce  que  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  ulté- 
rieurement xle  l'adaptation  des  ferments  intestinaux  se  sont  demandé. 

Pawlow  lui-même  n'a-t-il  pas  démontré  que  l'acide  est  l'excitant  par  e.xcellence  du 
pancréas?  I.a  quantité  d'acide  sécrété  par  l'estomac  va  donc  à  elle  seule  créer  une  per- 
turbation considérable  dans  l'adaptation;  car  on  sait  que  la  quantité  de  suc  pancréatique 
émis  sous  l'intluence  de  l'acide  est  proportionnelle  à  la  quantité  d'acide  qui  passe  par 
le  duodénum.  Si  l'aliment  intervient  dans  l'adaptation,  ce  ne  peut  donc  être  que  pour 
remanier  l'activité  fondamentale  du  pancréas  suscitée  par  l'acide. 

D'autre  part,  et  c'est  là  l'objection  principale  faite  aux  expériences  de  Pawlow,  la 
sécrétion  pancréatique  d'un  chien  qui  perd  sou  suc  par  une  fistule  n'est  pas  nécessai- 
rement la  même  que  celle  d'un  chien  normal  qui  déverse  son  suc  dans  son  intestin. 
Pour  faire  une  digestion  pancréatique,  il  faut  avant  tout  du  suc  pancréatique,  et 
parler  de  l'adaptation  d'une  sécrétion  pancréatique  pour  une  alimenlalion  qui  n'entre 
même  pas  en  contact  avec  le  suc  pancréatique,  c'est  exactement  comme  si  l'on  parlai^ 
d'une  adaptation  de  la  sécrétion  gastrique  à  une  alimentation  qui, entrée  par  la  bouche, 
irait  se  perdre  par  une  fistule  œsophagienne  sans  entrer  dans  l'estomac. 

Pour  que  les  expériences  de  Pawlow  fussent  valables,  il  eût  fallu  que  le  suc  pan- 
créatique fût  réinjecté  dans  l'intestin  à  mesure  qu'il  était  sécrété.  Actuellement  toute  la 
conclusion  que  nous  pouvons  tirer  des  expériences  de  Pawlow  est  que  des  aliments 
divers,  qui  sont  digérés  sans  le  secours  du  pancréas,  comportent  des  sécrétions  pan- 
créatiques qualitatives  et  quantitatives  différentes,  mais  sans  que  ce  fait  ait  de  rapports 
avec  une  adaptation  quelconque. 

Adaptation  à  longue  échéance.  —  Pawlow  a  fait  pour  l'adaptation  à  longue 
échéance  des  expériences  analogues  à  celles  qu'il  avait  faites  pour  étudier  l'adaptation 
extemporanée.  Chez  des  chiens  nourris  au  lait  et  au  pain,  il  constate  que  le  ferment 
trypsique  diminue  et  que  le  ferment  amylolytique  augmente,  etc. 

L'objection  de  principe  faite  aux  expériences  précédentes  est  malheureusement 
toujours  valable.  Puisque  la  digestion  pancréatique  est  supprimée  chez  ces  animaux. 
Une  devrait  plus  être  question  d'adaptation  de  la  digestion  pancréatique. 

Une  autre  objection  d'ordre  technique  et  touchant  le  dosage  des  ferments  a  été 
faite  à  Pawlow  par  Delezenne  et  Frouln. 

Pawlow  dose  les  ferments  pancréatiques  recueillis  au  moyen  d'un  entonnoir  sans 
éviter  leur  contact  avec  la  muqueuse  intestinale  qui  entoure  l'orifice  du  canal  pan- 
créatique, il  dose  donc  un  ferment  activé  au  point  de  vue  trypsique.  Cette  activation  est- 
elle  maxima  ou  au  moins  est-elle  régulière? 

Les  expériences  de  Pawlow  étaient  donc  à  reprendre  en  opérant  sur  des  animaux 
dont  le  suc  était  recueilli  par  une  canule  de  manière  à  obtenir  du  suc  inaclif  au  point 
de  vue  tryptique  et  en  activant  ensuite  ce  suc  au  maximum  pour  doser  la  trypsine. 
Frouin,  en  se  plaçant  dans  ces  conditions,  constate  que  la  concentration  en  trypsine 
du  suc  pancréatique  de  chiens  soumis,  l'un  pendant  2  mois  au  régime  de  la  viande,  et 
l'autre  pendant  1  mois  au  régime  de  pain,  est  sensiblement  égale.  Mais  il  fait  remarquer 
que  le  suc  de  viande  exige  pour  être  activé  au  maximum  beaucoup  moins  de  kinase 
que  ne  l'exige  le  suc  de  pain.  Ce  fait  expliquerait  peut-être  tous  les  faits  d'adaptation 
de  Pawlow, 

D'autre  part  on  connaît  l'action  destructrice  de  la  trypsine  activée  vis-à-vis  de  la 
lipase  et  de  l'amylase;  ce  que  Pawlow  dose  parmi  ces  derniers  ferments  n'est  donc  pas 
toute  la  lipase  ni  toute  l'amylase  sécrétée  par  le  pancréas,  mais  des  restes  de  ces  fer- 
ments échappés  à  la  destruction  de  la  trypsine. 

Observations  sur  l'homme.  —  Nous   venons  de  voir  que   la  technique  proposée  par 


486  INTESTIN. 

Pawlow   pour  mesurer  l'adaptation   de  la   sécrétion   pancréatique  est   inacceptable. 

Lesuc,àmesure  qu'il  est  sécrété,  se  perd  par  la  fistule;  il  n'y  a  pas  de  digestion  pan- 
créatique intra-intestinale.  La  technique  proposée  par  Pawlow  pour  le  suc  pancréatique 
ne  ressemble  en  rien  à  sa  technique,  si  satisfaisante,  de  l'établissement  d'un  petit 
estomac  pour  la  sécrétion  gastrique. 

La  technique  idéale  pour  étudier  l'adaptation  de  la  sécrétion  pancréatique  serait  la 
méthode  du  petit  pancréas. 

Cette  opération,  que  l'expérimentation  n'a  pu  réaliser  jusqu'ici,  la  clinique  nous 
l'offre  de  temps  à  autre  toute  faite  sous  forme  de  fistules  pancréatiques  consécutives 
aux  opérations  chirurgicales.  Chez  les  malades  porteurs  de  ce  genre  de  fistules  une 
partie  du  suc  pancréatique  se  déverse  dans  l'intestin  par  les  voies  ordinaires,  une  autre 
partie  se  déverse  hors  de  l'organisme  par  la  fistule.  Quel  que  soit  le  rapport  entre  les 
mas.«;es  pancréatiques  dont  les  sécrétions  se  trouvent  ainsi  diverger,  il  est  légitime  de 
penser  que  les  sécrétions  de  ces  deux  masses  resteront  parallèles  au  cours  de  la  diges- 
tion, comme  il  en  est  du  petit  estomac  et  du  grand  estomac.  Schumm  (Z.  p.  C,  xxxvi, 
293,  1902).  r.LŒSS.NER  [Ibid.,  xl,  465,  1904!,  Ellinger  et  Coh.n  (Ibid.,  xlv,  28,  1905), 
WoHLGEMUTH  (Bioch.  Zcitsch.,  II,  264,  350,  1906,  iv,  27,  190")  ont  eu  l'occasion  d'étudier 
dans  ces  conditions  «  l'adaptation  pancréatique  ».  Nous  emprunterons  à  un  travail  de 
Glœssner  un  de  ces  types  d'observations. 

Le  suc  de  fistule  est  recueilli  dans  chaque  expérience  pendant  12  heures  consécu- 
tives, mais  des  échantillons  du  suc  sont  étudiés  d'heure  en  heure. 

Les  chiffres  indiquant  l'activité  des  ferments  sont  rapportés  à  des  étalons  arbitraires, 
mais  fixes. 

Quantité  du  suc         Activité 
R(^çrinie.  en  12  heures.       des  Icrmcnts. 

(  Trypsine.  .  8 

Mixte I.j:.      I  Aniylase.   .  l.G 

(  Lipasc.  .    .  4 

Trypsine.  .  0,5 

Viande 1 18,;j  l  Aniylase.   .  2 


Lipasc.   .    .       u,5 
Trypsine.   .         » 
Hydrate  de  carbone.    .    .    .       56, ii  J  Amylase.   .         » 


Lipasc. 

i  Trypsine.  .  12 

Amylase.  .       2 

Lipasc.   .  .       5,5 

Ces  expériences  montrent  que  la  teneur  du  suc  pancréatique  en  ses  différents  fer- 
ments est  à  peu  près  invariable,  quel  que  soit  le  régime,  constatation  en  contradiction 
formelle  avec  celle  de  Pawlow. 

Il  est  donc  difficile  d'admettre  avec  ce  physiologiste  que  le  pancréas  soit  ime  glande 
aussi  intelligente  qu'il  le  dit  :  le  pancréas  sécrète  plus  ou  moins;  mais,  quand  il  sécrète, 
c'est  toujours  à  peu  près  le  même  suc. 

En  ce  qui  concerne  le  suc  intestinal,  Frouin  constate  que  chez  le  chien  la  quan- 
tité du  suc  intestinal  et  la  concentration  du  suc  en  kinase  est  invariable  au  cours  des 
divers  régimes  de  pain,  de  lait  et  de  viande. 

En  résumé  nous  ne  connaissons  aucune  expérience  d'une  adaptation  ni  immédiate  ni 
tardive  des  glandes  intestinales  à  l'alimentation.  Les  expériences  faites  correctement 
parlent  bien  plutôt  en  faveur  dune  immutabilité  de  la  forme  et  de  la  quantité  des  sécré- 
tions. 

8°  Sécrétion  et  résorption  des  ferments. 

Les  glandes  digestives  sont  susceptibles  de  sécréter  de  grandes  quantités  de  ferments 
alors  même  que  ces  ferments  ne  sont  pas  récupérés  par  l'organisme;  la  preuve  en  est 
fournie  par  la  possibilité  de  recueillir  quotidiennement  des  sucs  gastrique,  pancréatique 
et  intestinal  chez  des  animaux  qui  perdent  ces  sucs  depuis  quelques  mois.  Mais  les  res- 
sources des  glandes  ont  des  limites,  et  il  arrive  bientôt  un  moment  oii,  chez  des  animaux 


INTESTIN.  487 

qui  perdent  quotidiennement  leurs  sucs  digestifs,  la  production  de  ces  sucs  baisse  pro- 
gressivement. 

On  s'est  demandé  si,  chez  les  animaux  intacts,  la  capacité  des  glandes  pour  sécréter 
des  quantités  constantes  de  ferments  n'était  pas  due  ù  ce  que  les  ferments  étaient 
résorbés  par  le  tube  digestif  lui-même  pour  resservir  aux  sécrétions  ultérieures.  Vu  l'im- 
possibilité de  suivre  les  ferments  dans  l'appareil  circulatoire,  Frouin  a  recherché  si 
l'ingestion  de  suc  digestif  ne  relevait  pas  la  sécrétion  tarie  à  la  suite  de  sa  déperdi- 
tion prolongée. 

Le  fait  est  très  net  pour  l'estomac. 

Chez  un  animal  à  estomac  séquestré  et  perdant  tout  son  suc  gastrique,  la  sécrétion 
était  tombée  un  moment  donné  à  367  cm.  par  jour  avec  une  acidité  de  2ef,5  en  HCl.  En 
remplaçant  le  NaCI  de  l'alimentation  par  une  égale  quantité  de  NaCl  contenu  dans 
750  grammes  de  suc  gastrique,  la  quantité  de  suc  s'est  élevée  à  520  cm.  avec  une  acidité 
de  3,43. 

Un  semblable  phénomène  se  manifeste  pour  la  sécrétion  intestinale. 

Les  variations  de  sécrétion  d'une  anse  intestinale  déversant  au  dehors  sa  sécrétion 
sont  les  suivantes,  d'après  Frouix.  Pendant  les  20  premiers  jours  suivant  l'opération,  la 
quantité  de  suc  par  jour  est  de  45  cm.;  du  20"  au  48®,  32  cm.  ;  du  48'=  au  78%  22,5  cm.  ; 
du  78«  au  108%  16  cm.;  vers  le  120'^  jour,  8  cm. 

Or  à  ce  moment  si,  à  cet  animal  dont  la  sécrétion  intestinale  est  très  réduite,  on  fait 
ingérer  en  une  seule  fois  du  suc  intestinal  en  grande  quantité,  la  sécrétion  se  relève 
immédiatement  pour  plusieurs  jours.  Chez  un  chien  qui  sécrétait  4  cm.  en  17  heures, 
l'ingestion  de  50  cm.  de  suc  intestinal  relève  la  sécrëtion  à  12  cm.  6  le  premier  jour, 
11,2,  9,3  et  8,4  les  jours  suivants  (Frouin). 

Il  y  a  donc  une  corrélation  évidente  entre  la  résorption  du  suc  intestinal  et  sa  sécré- 
tion. 

Dans  le  même  ordre  d'idées  Lœper  et  Ficai  ont  signalé  un  abaissement  brusque  du 
taux  de  l'amylase  sanguine  à  la  suite  de  diarrhée.  D'après  ces  auteurs  l'amylase  san- 
guine serait  en  partie  d'origine  pancréatique,  et  la  perte  d'une  notable  partie  d'amylase 
pancréatique  priverait  le  sang  d'une  de  ses  sources  importantes  de  ferment. 

La  résorption  directe  des  ferments  par  l'intestin,  qui  jusqu'ici  n'a  pu  être  prouvée 
directement,  semble  donc  cependant  très  probable. 

9°  Desquamation  intestinale  et  passage  du  chyme. 

L'arrivée  du  chyme  dans  l'intestin  provoque  une  desquamation  épithéliale  que 
signalent  tous  les  physiologistes.  Cette  desquamation  se  produit  (cobaye,  lapin,  chien), 
dès  que  le  bol  alimentaire  passe  de  l'estomac  dans  le  duodénum,  c'est-à-dire  à  un 
moment  variable  avec  le  genre  d'alimentation,  très  rapidement  avec  un  repas  d'albu- 
minoïdes  ou  de  lait,  plus  lentement  au  bout  de  cinq  à  six  heures  avec  de  la  graisse. 
«  La  desquamation  est  précédée  d'une  vascularisation  intense  de  la  muqueuse;  elle 
est  si  abondante  que  l'intestin  semble  recouvert  d'un  enduit  pultacé.  De  plus  elle  se  pro- 
duit par  segment  et  coïncide  avec  l'arrivée  du  chyme  dans  un  de  ces  segments.  Mais 
dès  que  la  cellule  est  tombée  elle  est  emportée  avec  le  chyme  et  dans  sa  progression 
elle  subit  une  série  de  modifications.  Comme  ciiemin  faisant  elle  rencontre  de  nouvelles 
cellules  qui  tombent  au  moment  de  l'arrivée  des  aliments,  on  a  toujours  sous  les  yeux 
en  un  point  quelconque  diverses  cellules,  en  état  difl'érent  de  dégénération.  Un  simple 
frottis,  fait  avec  le  contenu  de  l'intestin  en  ayant  soin  de  ne  pas  rachu-  la  muqueuse, 
montre  une  quantité  considérable  de  cellules,  4  à  500,  pour  une  anse  de  platine.  Les  cel- 
lules sont  agglutinées,  rangées  en  palissade  ou  bien  isolées.  Elles  sont  surtout  du  type 
cylindrique,  les  cellules  à  mucus  étant  relativement  peu  abondantes...  »  (Ramond.) 

10"  Toxicité  du  contenu  intestinal  et  défense  de  l'organisme  par  l'intestin. 

La  plupart  des  produits  de  la  digestion  in  litro  des  albumines,  introduits  directe- 
ment dans  le  torrent  circulatoire,  provoquent  des  accidents  plus  ou  moins  graves-: 
Ce  fait  est  depuis  longtemps  connu  pour  les  premiers  produits  de  la  digestion,  tels  que 


4f^8  INTESTIN. 

les  albumoses  et  les  peplones,  et  il  a  été  établi  récemment  pour  certains  polypeptides 
obtenus  par  voii^  syntliétiiiue  jiar  la  méthode  de  Fischer. 

Il  s'ensuit  nécessairement  (jue  le  contenu  intestinal  injecté  dans  le  torrent  circula- 
toire doit  déterminer  des  accidents  toxiques. 

L'expérience  démontre  en  plus  qu'à  poids  égal  le  contenu  de  l'intestin  grêle  est  plus 
toxique  que  le  contenu  du  gros  .intestin  (Rogeu).  On  en  a  conclu  que  l'intestin  grêle, 
avant  résorbé  les  produits  de  la  digestion,  l'innocuité  relative  des  matières  fe'cales  était 
due  à  la  disparition  des  produits  de  la  digestion. 

La  toxicité  du  contenu  intestinal  reconnaît-elle  encore  d'autres  causes  que  la  pré- 
sence des  produits  de  la  digestion  proléolytique? 

On  a  incriminé  la  présence  des  sucs  digestifs,  et  notamment  du  suc  pancréatique. 
Cybulski  et  Tarchanoff,  en  injectant  de  l'extrait  pancréatique  dans  le  torrent  circula- 
toire des  animaux,  ont  constaté  des  accidents  graves  pouvant  aller  jusqu'à  la  mort  pour 
des  quantités  suffisantes  d'extrait. 

Roger  a  objecté  à  ces  auteurs  qu'une  injection  d'extrait  pancréatique  ne  saurait 
permettre  de  conclure  vis-à-vis  des  effets  d'une  injection  de  suc  pur.  D'ailleurs  Bierry 
{Communication  orale,  i90l>)  a  vu  (ju'une  injection  de  suc  pancréatique  pur  est  sans 
effet  sur  les  fonctions  générales  de  l'organisme.  Il  est  donc  pour  le  moins  douteux  que 
la  présence  des  sucs  intestinaux  dans  l'intestin  ajoute  à  la  toxicité  du  liquide  intestinal. 

Enfin  on  a  prétendu  que  les  produits  de  la  digestion  des  albumines  par  les  microbes 
sont  plus  toxiques  que  les  produits  de  la  digestion  naturelle  des  albumines  par  les  sucs 
animaux. 

Il  existe  donc  une  toxicité  certaine  du  contenu  intestinal  due  aux  produits  de  méta- 
bolisme des  albuminoïdes. 

D'autre  part,  l'hydrolyse  des  corps  gras  produit  aussi  des  substances  qui,  injectées 
dans  le  torrent  circulatoire,  se  montrent  toxiques  :  ce  sont  les  acides  gras  et  les  savons. 

Du  moment  que  la  digestion  normale  n'est  pas  suivie  d'une  intoxication,  c'est  donc 
que  l'intestin  opère  sur  les  produits  de  la  digestion  des  modifications  qui  leur  enlèvent 
leur  toxicité. 

Pour  les  savons  et  les  acides  gras  cette  transformation  est  à  peu  près  précisée 
aujourd'hui;  la  muqueuse  intestinale  ressocie  les  acides  gras  à  la  glycérine  et  forme 
des  graisses  neutres  inoffensives  pour  l'organisme. 

Pour  les  produits  de  la  digestion  des  albumines,  le  travail  accompli  par  l'intestin, 
nous  l'avons  déjà  vu,  ne  nous  est  pas  connu. 

L'activité  défensive  de  l'intestin  contre  les  intoxications  auxijuelles  pourrait  donner 
lieu  la  pénétration  en  noture  des  produits  de  la  digestion,  dans  le  système  circulatoire, 
est  parfois  mise  en  défaut. 

C'est  lorsque  la  digestion,  au  lieu  de  s'accomplir  selon  des  processus  normaux  (pour 
les  vertébrés  en  général  par  les  sucs  digestifs  et  pour  les  herbivores  par  les  microbes 
ordinaires  de  la  digestion  cellulosique),  se  fait  selon  des  processus  anormaux.  Dans  ce 
dernier  cas,  il  s'agit  toujours  d'une  hydrolyse  microbienne,  laquelle  est  surtout  redou- 
table lorsqu'elle  porte  sur  les  albuminoïdes. 

La  digestion  pathologique  des  albumines  ou  de  leurs  dérivés  immédiats  par  les 
microbes,  appelée  encore  putréfaction  intestinale,  met  en  liberté  des  produits  contre 
-lesquels  l'intestin  est  sans  défense.  Il  se  produit  alors,  selon  la  conception  de  Bou- 
chard, une  auto-intoxication  intestinale. 

Par  auto-intoxication  intestinale,  il  faut  donc  entendre  quelque  chose  de  très  pré- 
cis. Celte  intoxication  n'est  pas  due  à  la  résorption  de  poisons  préformés  (intoxication 
banale  par  des  conserves  avariées  (botulisme),  intoxication  par  des  poisons  divers  (HgCl- 
KI,  etc.)  mais  à  la  résorption  de  poisons  nés  dans  la  lumière  même  de  l'intestin  aux 
dépens  de  l'aliment  dont  les  produits  d'hydrolyse  normale  ne  seraient  pas  toxiques. 

Ainsi  conçue,  l'auto-intoxication  intestinale  joue  un  rôle  considérable  en  patholo- 
logie.  Nous  ne  saurions  la  décrire  ici  sans  sortir  de  notre  domaine.  Sans  compter  que 
d'ailleurs  les  phénomènes  auxquels  elle  doime  lieu  ne  sont  guère  susceptibles  ni  d'ime 
description  précise,  ni  de  mesure. 

Nous  nous  bornerons  simplement  à  en  donner  un  exemple  observé  par  nous  sur  les 
chiens  soumis  à  l'alimentation  carnée. 


INTESTIN.  489 

Le  chien,  comme  on  le  suit,  supporte  mal  une  alimentation  purement  carnée.  Mais, 
quand  on  examine  de  près  pourquoi  il  la  supporte  mal,  on  constate  entre  autres  choses 
ce  qui  suit  : 

Le  chien  tolère  pendant  lon^'temps,  au  moins  six  semaines  à  deux  mois  (peut-être 
plus,'nous  n'avons  pas  poursuivi  l'expérience  plus  longtemps),  la  viande  maigre  de  cheval 
à  raison  de  40  grammes  de  viande  par  jour  et  par  kilog.  Son  poids  baisse  fort  peu  au 
cours  de  ce  régime;  ses  urines  oITrent  ce  caractère,  sur  lequel  nous  avons  insisté,  d'offrir 
une  concentration  urique  qui  est  constante  et  maxlma.  Mais  vient-on  à  donner  à  ce 
même  animal  60  grammes  de  viande  par  jour  au  lieu  de  40  grammes,  souvent  on 
constate  alors  que  les  selles  deviennent  plus  molles  et  que  la  concentration  urinaire 
baisse.  Le  fait  remarquable  est  alors  celui-ci;  c'est  que,  si  l'on  remet  l'animal  à  un 
régime  de  40  grammes,  la  concentration  urinaire  restera  encore  temporairement 
abaissée.  Comme  nous  avons  démontré  qu'une  clmte  de  la  concentration  urinaire  est 
toujours  fonction  de  néphrite,  il  est  ainsi  prouvé  directement  que  l'animal  qui,  nourri 
très  longtemps  avec  40  grammes  de  viande,  ne  fait  pas  de  néphrite,  fait  au  contraire 
des  lésions  rénales  persistantes  dès  qu'on  l'aura  soumis  à  un  régime  plus  abondant 
pendant  un  nombre  de  jours  suffisants,  à  un  régime  de  60  grammes  de  viande. 

Tout  porte  à  croire  que  la  néphrite  est  bien  la  conséquence  d'une  auto-intoxication 
intestinale;  car  l'excès  d'urée  à  éliminer  ne  produit  aucune  lésion  rénale  (nous  l'avons 
montré  directement  pour  des  doses  énormes  d'urée  ingérées). 

N'est-il  pas  curieux  de  pouvoir  créer  pour  ainsi  dire  à  volonté  une  auto-intoxication 
intestinale  par  simple  passage  d'un  régime  de  40  grammes  à  un  régime  de  00  grammes 
de  viande  ? 

11  est  à  peine  besoin  de  dire  l'importance  d'un  pareil  phénomène  pour  l'étude  de 
l'équilibre  azoté  chez  le  chien.  Le  chien  néphritique  devient  urémique,  et  dès  lors  un 
régime  modéré  de  viande  le  fera  maigrir  par  urémie,  l'équilibre  azoté  deviendra  de 
plus  en  plus  difficile  à  maintenir  chez  lui  avec  le  régime  de  la  viande,  à  mesure  qu'il 
deviendra  plus  néphrétique. 

Nous  avons  choisi  la  néphrite  comme  réactif  de  l'auto-intoxicalion  intestinale,  sim- 
plement parce  que  la  concentration  urinaire  en  donne  une  mesure  commode  et  exacte; 
mais  on  conçoit  que  les  réactions  de  l'organisme  à  cette  intoxication  doivent  être  générales. 

L'auto-intoxication  est  donc  certainement  un  phénomène  pathologique  considérable. 
Toute  une  partie  de  la  diététique  humaine  n'a  d'autre  but  que  delà  combattre.  (Rempla- 
cement des  albumines  animales  par  des  albumines  végétales,  usage  des  bacilles  lactiques 
et  d'une  alimentation  riche  en  hydrates  de  carbone,  pour  lutter  contre  les  mauvais 
microbes,  etc.  Metchnikoff,  H.  Tissier,  etc.). 

11°  Synergie  fonctionnelle  de  l'intestin  et  d'autres  viscères. 

i"  Foie  et  intestin.  —  En  matière  de  coordination  viscérale,  le  couple  foie-intestin 
e«t  le  type  le  plus  intéressant  des  associations  viscérales.  Le  foie  reçoit  à  peu  près  la 
totalité  du  sang  provenant  de  l'intestin  et  l'on  peut  se  demander  quels  services  les  deux 
organes  se  rendent  mutuellement  au  cours  de  leurs  relations  directes  et  permanentes. 

Le  foie  vient  au  secours  de  l'intestin  par  un  processus  constant,  et  qui  consiste  à  fixer 
momentanément  des  quantités  considéiables  de  substances  élaborées  par  l'intestin. 

On  sait  en  effet  que  le  foie  jouit  d'un  pouvoir  d'emmagasinement  puissant.  Le  gros 
foie  des  gros  mangeurs  a  des  raisons  d'être  physiologiques.  Le  foie  emmagasine  à  peu 
près  tout  le  glucose  résorbé  qu'il  transforme  en  glycogène.  Le  foie  emmagasine  aussi 
une  notable  partie  de  la  graisse  et  des  albumines  ingérées,  ainsi  qu'il  résulte  des  récentes 
expériences  de  Pfluger. 

Grâce  à  cette  fonction  d'emmagasinement,  le  foie  contribue  à  accélérer  la  résorption 
en  maintenant  le  saug  dans  un  état  constant  d'aptitude  à  recevoir  de  nouvelles  sub- 
stances résorbées:  le  foie  maintient  constant  l'équilibre  chimique  du  sang,  malgré  l'in- 
tensité des  apports  intestinaux. 

En  ce  qui  concerne  les  substances  toxiques,  on  sait  d'autre  part  que  le  foie,  comme 
l'a  montré  Cl.  Bernard,  jouit  d'un  pouvoir  d'arrêt  et  dans  certains  cas  d'un  pouvoir  de 
destruction  très  net.  L'albumine  injectée  par  les  veines  périphériques  passe  dans  l'urine  ; 


490 


INTESTIN. 


injectée  par  la  veine  porte  elle  est  retenue  et  utilisée.  Dans  la  défense  de  l'organisme 
contre  l'intoxication  par  voie  digestive  le  foie  rend  inofîensifs  beaucoup  de  poisons  orga- 
niques. Il  constitue  la  seconde  couverture  de  l'organisme. 

2°  Reins  et  intestin.  —  Une  relation  évidente  existe  entre  ces  deux  organes  dans  leur 
fonction  commune  d'excrétion.  Au  rein  appartient  l'excrétion  des  substances  solubles 
dans  l'eau  :  à  l'intestin  appartient,  comme  on  le  sait  (voir  Fèces),  l'excrétion  des  sub- 
stances insolubles.  L'expérience  suivante  démontre  élégamment  cette  solidarité  excré- 
menlitielle.  —  Le  calcium  est  excrété  de  l'organisme  en  majeure  partie  sous  des  formes 
insolubles,  phosphate,  carbonate  et  sulfate  de  chaux;  conformément  à  ce  que  nous 
disions  plus  haut,  la  chaux  sera  surtout  excrétée  par  l'intestin.  Dans  l'urine  des  herbi- 
vores, qui  est  alcaline  et  dissout  mal  les  sels  de  chaux,  on  n'en  trouve,  d'après  Voit,  que  3  à 
6  p.  100  de  la  masse  totale;  chez  les  carnivores,  dont  les  urines  sont  acides,  on  en  trouve 
jusqu'à  27  p.  100.  Vient-on,  comme  l'a  fait  Rudei.,  à  donner  aux  animaux  des  acides  ou 
des  sels  acides  susceptibles  de  former  des  sels  solubles  de  chaux  (chlorure  ou  phosphate 
acide),  immédiatement  la  quantité  de  calcium  urinaire  augmente  et  la  quantité  de  calcium 
intestinal  diminue.  Il  ne  faudrait  pas,  il  est  vrai,  considérer  comme  une  mesure  absolue 
de  ce  phénomène  la  quantité  de  calcium  rendue  par  les  fèces,  car  le  calcium  intestinal 
est  en  partie  du  calcium  non  résorbé,  et  la  formation  de  sels  solubles  de  calcium  favo- 
rise sa  résorption,  s'il  favorise  aussi  son  élimination  urinaire. 

Des  faits  du  même  ordre  existent  pour  le  magnésium  et  le  phosphore. 

Enfin  dans  certains  cas  pathologiques,  comme  l'a  montré  Wid.\l,  le  rein  devenant 
imperméable  aux  chlorures,  une  diarrhée  chlorurée  abondante  vient  au  secours  de  l'in- 
suffisance rénale. 

Ainsi  se  trouve  largement  établie  une  coordination  des  fonctions  réno-intestinales. 
Mais,  comme  pour  les  relations  hépato-intestinales,  cette  coordination  est  limitée,  et  le 
cas  le  plus  net  de  cette  dysharmonie  fonctionnelle  est  encore  donné  par  l'échange  des 
chlorures  dans  l'insuffisance  rénale.  Normalement  le  rein  de  l'homme  peut  éliminer 
jusqu'à  60  gr.,  80  gr.,  et  môme  plus,  de  NaCl  par  jour;  dans  les  cas  de  néphrite  cette 
activité  éliminatrice  tombe  couramment  à  4  et  3  grammes  ;  l'organisme  se  trouve  alors 
encombré  de  chlorures,  et  des  œdèmes  se  forment;  or,  fait  remarquable,  l'intestin  reste 
capable  néanmoins  d'absorber  encore  des  quantités  considérables  de  sel  et  l'on  voit 
parfois  l'individu  mourir  de  cette  résorption  de  sel  avant  que  l'intestin  ait  perdu  la 
faculté  de  le  résorber. 

Fonctions  rénales  et  fonctions  intestinales  sont  donc  dans  une  large  mesure  coor- 
données. 


Excrétion  quotidienne  coynparée  des  sels  par  un  homme  adulte. 


Dans  les  urines. 


NaCl  93  à  98  p.  100.  .   .    . 
Baryum,  très  peu  (disparaît 
en  24  heures). 


Normalement. 

gr- 
10,0 


Strontium  (id.) » 

Rubidium  surtout  par  les 

urines > 

Oxyde  de  calcium 0,30 

—  de  potassium.  .    .    .  2,50 

—  de  soude » 

—  de  fer traces. 

Acide  phosphorique.  .   .   .  2,50 

—  sulfurique 2,0 

Silice » 

Sable ) 

Oxyde  de  magnésium.  .   .  0,250 

Thorium « 

Aluminium » 


Dans  les  fèces. 

Normalement 

5  à  2  p.  100. 

gr- 
0,03 

Surtout  dans  les  fèces  :  excrétio]i 
très  prolongée  20  jours  et  plus 
après  injection  de  0,134  à  chien 
de  12  kilog.  (Mendel  et  Sicker.) 

Id.  (Méndel.) 

Peu  par  les  fèces.  (Mendel.) 
(D'après  Fleitmanx.) 


Non  résorbés  par  l'intestin,  et,  si  in- 
jectés dans  les  veines,  s'éliminant 
entièrement  par  les  urines.  (Solt- 
MANN  et  Brown.1 


1,05 

1,0 

0,04 

0,209 

1,50 

0,056 

0,07 

0,45 

0,6 


INTESTIN.  491 


12"  Mimentalion  parentèrale. 

Les  aliments  introduits  directement  dans  l'organisme  sans  passer  par  le  tube  digestif 
peuvent  élre  assimilés. 

Nous  avons  vu,  en  ce  (jui  concerne  les  hydrates  de  carbone  solubles  dans  l'eau,  que 
l'assimilation  parentèrale  requiert  deux  conditions  :  i°  l'hydrate  de  carbone  doit  être  un 
monosaccharide  ;  2»  la  vitesse  d'introduction  doit  être  telle  qu'à  aucun  moment  la  quan- 
tité de  n)onosaccharide  ne  dépasse  3  p.  100  dans  le  sang.  Les  polysaccharides  solubles, 
sauf  le  maltose  qui  est  dédoublé  sans  doute  par  la  maltase  du  sang,  sont  à  peu  près 
complètement  éliminés  par  les  urines.  Le  sort  des  polysaccharides  insolubles  est 
peu  connu  :  on  sait  seulement  que  l'amidon,  injecté  dans  les  veines,  est  utilisé  par 
l'organisme  :  qu'il  s'accumule  tout  d'abord  dans  le  foie  et  en  disparaît  ensuite  peu  à  peu, 
sans  doute  par  transformation  en  glycogène. 

Le  sort  des  graisses  introduites  par  voie  intrapéritonéale  n'a  rien  qui  doive  nous  ar- 
rêter. Les  graisses  ainsi  introduites  sont  d'autant  plus  vite  résorbées  qu'elles  ont  été 
introduites  à  un  état  d'émulsion  plus  fine.  Leur  assimilation  est  liée  à  un  état  physique 
et  nullement  à  la  nécessité  d'une  digestion  préalable. 

lien  va  tout  autrement  des  albumines.  L'état  sous  lequel  les  albumines  sont  résor- 
bées par  l'intestin  n'est  pas  complètement  connu.  Le  sort  des  albumines  introduites  par 
voie  parentèrale  est  dès  lors  instructif. 

Nous  avons  vu  préalablement  au  chapitre  Résorption  que  normalement  les  albumines 
n'étaient  pas  résorbées  en  nature.  Cette  opinion,  qui  est  celle  de  la  majorité  des  phy- 
siologistes, est  surtout  déduite  des  phénomènes  cachectiques  consécutifs  aux  injections 
d'albumine,  et  de  l'albuminurie. 

Comparant  l'alimentation  entérique  à  l'alimentation  parentèrale,  nous  ne  nous  pré- 
occuperons plus  des  arguments  que  peuvent  fournir  les  accidents  observés  à  telle  ou 
telle  théorie  de  la  résorption  des  albumines,  mais  seulement  de  l'utilisation  que  peut 
faire  l'organisme  de  l'albumine  qui  y  est  directement  introduite. 

Les  albumines  utilisées  dans  cet  ordre  d'expériences  ont  été  les  sérums  sanguins  et 
l'ovalbumine  ;  la  voie  d'introduction,  le  péritoine;  l'utilisation  de  l'albumine  a  été  cal- 
culée d'après  les  différences  des  quantités  d'albumine  introduites  dans  le  péritoine  et 
de  celles  qu'ont  éliminées  les  urines. 

Les  expériences  les  plus  nombreuses  ont  été  faites  avec  l'ovalbumine,  parce  que  les 
sérums  sont  en  général  mal  tolérés.  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  des  résultats 
obtenus  avec  l'ovalbumine. 

Alors  même  que  la  quantité  d'albumine  introduite  en  une  seule  fois  est  considérable, 
la  quantité  d'albumine  retrouvée  dans  les  urines  reste  inférieure  à  la  quantité  d'albu- 
mine introduite  dans  le  péritoine.  Les  résultats  qui  vont  suivre  sont  tirés  d'un  travail 
de  Cramer  ij.  P.,  1908,  xxxvn,  2).  Le  lecteur  y  trouvera  citée  la  partie  essentielle  de 
la  bibliographie  de  cette  question.  Les  expériences  sont  faites  sur  des  lapins  du  poids 
de  1850  à  2000  gr.  L'albumine  est  injectée  en  une  seule  fois. 

Lapin  \.    Albumine  injectée 0,904 

—  —         excrétée  les  2  premiers  jours.  .  0,2115 

—  —  —  les  2  jours  suivants.  .  0.1240  Albumine  retrouvée.  08',5683 
Lapin  IL  Albumine  injectée 1,3560 

—  —         excrétée  les  2  premiers  jours.  0,7428 

—  —  —        les  2  jours  suivants.  .  0,1100  Albumine  retrouvée.     08',o032 

La  quantité  d'albumine  éliminée  par  les  urines  diminue  à  la  suite  d'injections  mul- 
tipliées, mais  pas  très  régulièrement. 

La  cause  qui  influe  le  plus  nettement  sur  les  variations  des  albumines  excrétées  est 
l'état  de  jeûne  ou  l'état  de  digestion.  L'élimination  chez  un  animal  en  digestion  est  en 
moyenne  trois  fois  plus  faible  que  chez  un  animal  soumis  au  jeûne  depuis  24  heures. 

D'après  Cb.\uer,  la  leucocytose  digestive  favoriserait  la  résorption  parentèrale  du 
blanc  d'oeuf  et  expliquerait  les  résultats  précédents. 


492  INTESTIN. 


13°  Sécrétion  intestinale  et  péristaltisme. 

Les  purgatifs.  —  L'action  générale  des  purgatifs  est  trop  mal  connue  pour  que 
nous  puissions  actuellement  tenter  leur  systématisation  générale.  Nous  nous  contente- 
rons de  diviser  les  purgatifs  en  trois  groupes  :  l'"''  groupe  :  substances  organiques 
actives  à  faibles  doses  en  injections  intra-veineuses  ou  sous-cutanées  ;  2'^  groupe  : 
substances  organiques  actives  lorsqu'elles  sont  administrées  par  le  tube  digestif; 
3»  groupe  :  purgatifs  salins. 

I.  —  Purgatifs  organiques  agissant  à  distance. 

Le  premier  groupe  comprend  des  substances  telles  que  l'apocodéine,  l'apomor- 
phine,  etc.  Leur  mécanisme  d'action  est  peu  élucidé,  et  ne  se  prête  pas  à  une  étude 
d'ensemble  :  nous  renvoyons  le  lecteur  aux  traités  de  pharmacologie  pour  les  détails 
concernant  ces  substances. 

II.  —  Purgatifs  organiques  agissant  «  in  loco  ». 

Le  second  groupe  contient  de  très  nombreuses  substances  organiques  fréquemment 
utilisées  en  thérapeutique  :  plusieurs  auteurs  se  sont  efforcés  de  systématiser  leurs 
propriétés.  Nous  résumerons,  d'après  les  travaux  de  Brisse.moret,  les  faits  connus  sur  les 
propriétés  de  ces  substances.  L'activité  purgative  de  ces  substances  peut  être  rattachée 
aux  fonctions  chimiques  suivantes  : 

1"  A  la  fonction  alcool,  mais  à  la  condition  ([u'elle  soit  accumulée  dans  la  même 
molécule,  exemple  :  glycérine,  mannite.  Des  résultats  fournis  par  la  clinique  il  résulte 
que  les  sucres  contenant  une  fonction  aldéhyde  libre,  glucose,  lactose,  possèdent  une 
action  purgative  supérieure  à  celle  des  sucres  non  réducteurs  (saccharose).  L'irritation 
intestinale  produite  par  ces  substances  ne  dépasse  pas  une  simple  hyperhémie  avec 
exagération  de  la  sécrétion  intestinale  (anciens  laxatifs).  Enfin  la  fonction  éther 
exagère  l'action  élémentaire  des  composants  :  les  glucosides  de  ces  sucres  sont  plus 
actifs  que  leurs  générateurs,  exemple  :  mannitoses  (dans  la  manne),  lactose  (dans  le 
petit-lait),  raffinose  (dans  la  mélasse); 

2"  A  la  fonction  acide  dans  la  série  acyclique,  mais  surtout  lorsqu'elle  est  associée 
à  la  fonction  alcool,  exemple  :  acide  ricinoléique,'  acide  jalapinolique;  mais  leur  éthé- 
rification  i^olides  ou  lactones)  exagère  surtout  leur  action  irritante  (vaso-dilatation,  leu- 
cocytose).  Exemple  :  résine  de  croton,  picropodophylline,  glycosides  des  convolvulacées, 
glycoside  de  la  gentiane  fraîche  ; 

3»  A  la  fonction  cétone  et  à  l'état  de  quinones.  Des  trois  quinones  fondamentales, 
naphtoquinone,  benzoquinone  et  anthraquinone,  et  non  pas  seulement  de  l'anthraqui- 
none,  comme  il  était  admis  avant  les  recherches  de  Brissemoret,  dérivent  des  phénols 
utilisables  comme  purgatifs  : 

Dérivés  de  la  beazoquiaone.  .    .    .   \  ^"'"^^  embelianique. 

(  Perczone. 

—  de  la  naphtoquinone.    .    .    \  J"?'»»®-     . 

f  .N.aphtazarine. 

Xanthopurpurine. 

Antliragallol. 

Purpurine. 

—  de  l'anthraquinone.  .    .  ..   ■^  Fiavopurpurine. 

Anthrapurpurine. 
Bordeaux  d'alizarine. 
Acétate  d'anthrapurpurine. 

Les  propriétés  exonérantes  de  ces  oxyanthraquinones  ont  été  indiquées  par  Vieth; 
mais,  en  ne  considérant  que  les  résultats  peu  concluants  de  ses  recherches,  il  nous  est 
impossible  d'établir  si  les  oxyanthraquinones,  regardées  par  lui  comme  inactives 
(alizarine,  quinizarine,  cyauine,  rufigallol),  sont  dépourvues  réellement  de  toute  action 
sur  l'intestin.  Or  il  a  été  établi  expérimentalement  que  les  anthraquinones  agissent 
essentiellement  sur  le  péristaltisme  intestinal. 


INTESTIN.  493 

Paderi  avait  autrefois  montré  riiilluence  excitante  qu'exerce  l'alizarine  sur  les 
fibres  lisses,  et  Biusskmoret  a,  d'autre  part,  constaté  expérimentalement  que  le  ruligallol 
exagérait  modérément  le  péristaltisme  intestinal  :  aussi  est-il  moins  surprenant  que  ne 
le  pensent  Zkunick  et  Ebstein  de  voir  l'éther  hexamélhyli(iue  du  rufigallol  (Zernick) 
d'une  part,  les  éthers  acétylpontaméthyli(iue  et  diacétyilétraniétliylique  de  la  même 
oxyquinone  (Ebstein)  d'autre  part,  provoquer  l'exonération  intestinale,  alors  que  le 
ruligallol,  l'hexaphénol,  d'où  dérivent  ces  éthers,  ne  possèdent  pas  la  même  propriété. 
La  fonction  éther,  en  effet,  exagère  une  au  moins  des  actions  élémentaires  de  l'un  de  ses 
générateurs  :  le  ruligallol  excite  le  péristaltisme  intestinal;  mais  il  l'excite  modéré- 
ment ;  il  ne  purge  pas  (Ehstein)  :  ses  éthers  précités  excitent  également  le  péristaltisme 
intestinal,  mais  ils  l'excitent  plus  énergiquement,  et  ils  peuvent  provoquer  l'exonéra- 
tion intestinale  sans  modifier  la  consistance  des  selles  (Ebstein,  Zernick). 

Dioxyinétliylanthraquinonc.  Chrysophanol. 

m  •  '.i.  1      .u  •  {  Éniodine. 

Inoxymethylantnraquinonc.      ,-,       ,. 

•'  ■'  ^  1  hinodinc  et  isomères. 

b)  A  l'état  de  quinonoïdes. 

Ourine  (acide  rosolique). 

Phénolphtaléine. 

Styrogallol. 

Phénolphtaléine  (Fleig).  Elle  n'agit  que  sur  la  sécrétion. 

c)  Cétones  non  sériés. 

Élatcrine. 

Acide  cambogique. 

Cétrarine. 

Iridine. 

Bixine. 

4°  La  fonction  imine  qidnonique.  —  Brissemoret  a  montré  qu'en  utilisant  à  la  place 
de  quinones  des  imines  quinoniques,  c'est-à-dire  des  corps  dans  lesquels  le  radical 
=  AzH  bivalent  remplace  le  radical  z=  G  =  0  également  bivalent,  les  propriétés  purga- 
tives des  premières  étaient  reproduites  par  les  secondes  ;  il  a  vérifié  le  fait  avec  l'indo- 
phénol,  la  résorufme,  le  chlorure  de  diméthylaminophénol  [3  oxynaphtoxazine. 

L'étude  physiologique  de  ces  corps  lui  a  permis  également  de  saisir  le  mécanisme 
de  leur  action.  Leur  action  purgative  a  pour  origine  la  propriété  qu'ils  possèdent  de 
fournir  par  réduction  des  leucodérivés  qui  régénèrent  par  oxydation  le  corps  primitif. 

Il  a  constaté  de  plus,  en  s'appuyant  sur  l'action  de  l'indigo  et  des  plantes  à  indigo, 
et  de  la  phénosafranine,  que  il'autres  corps  possédant  ces  propriétés  oxydantes  réduc- 
trices pouvaient  être  utilisés  comme  purgatifs. 

L'histoire  de  tous  ces  dérivés  montre  combien  est  étroite  l'analogie  qui  existe  entre 
leurs  propriétés  pliysiologiques  et  l'ensemble  des  propriétés  physico-chimiques  qui 
permettent  de  caractériser  leurs  fonctions  (Brissemoret). 

Les  substances  que  nous  venons  de  classer  jouissent  de  propriétés  purgatives,  sans 
qu'il  y  ait  besoin  pour  faire  apparaître  leurs  propriétés  de  les  éthérifier.  Les  glucosides 
formés  aux  dépens  des  corps  rentrant  dans  les  catégories  précédentes  jouiront  eux- 
mêmes  de  propriétés  purgatives  : 

1°  Glucosides  proprement  dits.  Nous  les  avons  énumérés  dans  la  classe  des  alcools 
polyvalents. 

2°  Glucosides  d'alcools  acides  ou  d'olides  (énumérés  plus  haut). 

3°  Glucosides  cétoniques  ou  quinones  :  ce  sont  surtout  les  glucosides  anthracéniques, 
c'est-à-dire  dérivés  du  chrysophanol  et  des  autres  anthraquinones. 

4"  Divers  glucosides  de  constitution  mal  élucidée,  probablement  des  glucosides  d'acides 
alcools  ou  de  cétones. 

Linine. 

Bryonine. 

Colocynlhine. 

Gratioiinc. 

Leplandrine. 

Évonymine. 

Cusculine. 


4it4  INTESTIN. 

A  côté  de  ces  glucosides  il  en  est  d'autres  formés  aux  dépens  d'éléments  irritants, 
mais  diffusibles  ou  instables,  et  ne  purgeant  pas,  mais  que  leur  fixation  à  l'état  de  gluco- 
sides permet  d'amener  au  contact  de  la  paroi  intestinale  et  qui  purgent. 

Ne  purgent  pas.  Purgent. 

Acide  cyanhydriqua.  Glucosides  de  cyaaals  (donnant  du  nitrilc  formique   en  se 

décomposant). 
Semences   de  prunier,    fleur  de  pocher,    fruit    de   sorbier, 
fleur  de  prunellier. 
Essence  de  moutarde.  Glucosides  donnant  des  séné  vols  en  se  dédoublant. 

Myronate  de  potasse  (moutarde  noire). 
Sinalbine  (moutarde  blanche). 
Glucotropéoléine  (fruit  de  grande  capucine). 
Glucosides  indoxyliques    donnant    de    l'indigotine    ou    de 

l'indirubine  en  se  décomposant  : 
Indigofera  aspatoloïdes. 
Tephrosia  tinctoria. 
Indigo  (sauf  à  grosses  doses).  —        apollinea. 

Polygontim  chinense. 
Isatis  tinctoria. 

III.  —  Purgatifs  salins. 

i/aclion  des  purgatifs  salins,  quoique  beaucoup  étudiée,  est  encore  très  obscure 
en  bien  des  points.  Cette  obscurité  tient  à  des  fautes  de  technique,  fréquentes  dans 
les  expériences  sur  les  purgatifs,  et  à  des  lacunes  non  moins  fréquentes  dans  les  obser- 
vations. 

Il  est  courant  de  désigner,  sous  le  norn  de  purgation,  un  simple  péristaliisme  exagéré 
de  l'intestin  (dans  la  plupart  des  expériences  de  Mac  C.\llum)  aussi  bien  qu'une  exagé- 
ration du  péristaltisme  ijui  accompagne  une  exagération  de  la  sécrétion  (purgation  au 
sens  habituel  du  mot'.  L'entente  n'est  point  faite  sur  ce  point  de  langage,  d'où  les 
désillusions  fréquentes  qu'on  éprouve  en  lisant  certains  mémoires  sur  les  purgatifs. 

Au  point  de  vue  technique  il  y  a  un  fait  que  l'on  passe  généralement  sous  silence, c'est 
que  l'état  antérieur  du  sujet  est  très  important  pour  déterminer  la  réaction  qu'il  présen- 
tera au  purgatif;  à  cet  égard  la  surcharge  en  NaCl  de  l'organisme  joue  un  rôle  prépondé- 
rant ;  l'homme  soumis  au  régime  hypo-chloruré  réagira  peu  vis-à-vis  d'un  même  purgatif, 
qui  provoquerait  chez  lui  un  effet  diarrhéique  considérable,  s'il  était  soumis  antérieure- 
ment à  un  régime  ordinaire  (Amb.\rd).  Or  il  parait  très  nettement  que,  dans  les  expé- 
riences relatées  par  les  divers  auteurs,  la  question  du  régime  préalable  n'entre  pas  en 
considération.  Il  en  est  exactement  de  même  pour  l'ingestion  d'eau  préalable  h  la  pur- 
gation (Matt.  Hav.  Journ  of  Phij$.,  1882).  Il  en  est  encore  de  même  pour  l'ingestion  d'eau 
après  l'ingestion  du  purgatif,  comme  le  savent  tous  les  cliniciens. 

Ehi  ce  qui  concerne  la  diarrhée  de  la  purgation, les  auteurs  confondent  continuellement 
la  diarrhée  immédiate  et  la  diarrhée  tardive;  or  il  semble  pourtant  qu'une  distinction 
entre  les  deux  diarrhées  s'impose.  Il  existe  des  diarrhées  qui  succèdent  rapidement 
à  lingestion  des  sels  purgatifs  :  dans  ces  diarrhées  on  retrouve  le  sel  ingéré,  mais  il 
existe  au  moins  aus&i  fréquemment  des  diarrhées  tardives,  précédées  ou  non  de  diarrhées 
immédiates,  oia  l'on  ne  retrouve  plus  le  sel  purgatif  ingéré.  Il  n'est  en  aucune  façon 
évident  que  le  mécanisme  de  ces  deux  diarrhées  soit  identique. 

En  raison  de  ces  lacunes  dans  l'étude  des  purgatifs,  il  est  impossible  de  donner  à 
l'exposé  des  travaux  qui  y  ont  été  consacrés  l'importance  que  pourraient  comporter  leur 
nombre  et  leurs  variétés,  et  nous  nous  contenterons  d'indiquer  successivement  les 
divers  points  qui  semblent  acquis  dans  ce  chapitre. 

1"  Tout  sel,  quel  que  soit  son  mode  d'introduction  dans  l'organisme,  purge  lorsque 
son  élimination  parle  rein  n'est  pas  assez  rapide  pour  ramener  l'équilibre  des  humeurs. 
C'est  ainsi  que  NaCl  injecté  dans  le  tissu  cellulaire  chez  le  chien  à  la  dose  de  0,70  cen- 
tigrammes par  kilogramme  purge  l'animal  si  l'injection  est  répétée  2  ou  3  jours  de 
suite.  A  cet  égard  il  semble  d'ailleurs  que  les  autres  crislalloïdes  se  comportent  de 
même  :  par  exemple  l'urée  injectée  à  la  dose  de  3  à  4  grammes  par  kilogramme  purge 
l'animal  dans  les  mêmes  conditions  (Ambard). 


INTESTIN.  495 

2»  Tout  sel,  ingéré  en  assez  grande  quanlilé  pour  que  sa  résorption  complète  et  rapide 
dans  l'intestin  soit  impossible,  purge.  Ou  admet  que  le  mécanisme  de  ce  phénomène 
réside  eu  ce  fait  (lue  les  solutions  liypertouiques  attirent  l'eau  dans  l'intestin  par  un 
phénomène  d'osmose  (Car.not  et  Amet,  I^œi-er  et  Figaï)  :  d'où  la  diarrhée.  A  cet  égard  il 
semble  que  les  autres  cristalloïdes  agissent  de  même,  et  l'on  connaît  l'action  purgative 
du  lactose  chez  le  chien  :  le  lactose,  étant  très  lentement  dédoublé  et  par  suite  mal 
résorbé  par  l'animal,  attirerait  l'eau  dans  l'intestin  par  un  phénomène  osmotique. 

3"  11  existe  au  point  de  vue  de  l'activité  purgative  parmi  les  sels  une  hiérarchie  très  nette 
et  qui  permet  de  classer  comme  sel  le  plus  actif  le  chlorure  de  baryum,  ensuite,  et  fort 
loin  après  lui,  le  sulfate  de  soude,  puis  le  sulfate  de  magnésie,  le  chlorure  de  .sodium,  etc. 
Cette  hiérarchie  est  mal  expliquée.  On  a  pu  admettre  que,  si  le  sulfate  de  soude  était 
plus  actif  que  NaCI,  c'est  que  sa  résorption  intestinale  était  plus  lente;  c'est  un  fait  cer- 
tainement très  net  que  SO'^  Na-  se  résorbe  à  concentration  et  à  quantité  égales  beau^ 
coup  plus  lentement  que  NaCl.  Mais  cette  raison  n'explique  pas  qu'en  injection  intra- 
veineuse cette  même  différence  d'action  persiste,  et  d'autre  part  qu'avec  le  sulfate  de 
soude  la  diarrhée  devient  rapidement  une  diarrhée  chlorurée  qui  n'a  rien  d'osmotique. 
Des  expériences  déjà  anciennes  de  Uosenb.vch,  confirmées  par  Mac  Callum,  semblant  indi- 
quer que  SO^Mgaune  action  directe  sur  l'activité  péristaltique  et  sécrétoire  de  l'intestin, 
indépendante  de  toute  action  osmotique  et  c'est  ainsi  que  Mac  Callum  explique  l'effet 
de  SO*^  Na-  qui  se  manifeste  aussi  bien  lorsque  ce  sel  est  injecté  et  arrivé  à  l'intestin 
par  voie  sanguine  que  lorsque  ce  sel  est  ingéré  et  arrive  à  l'intestin  directement  au 
niveau  de  sa  surface  absorbante.  Cette  diversité  d'action  de  SO''^  Na-  et  de  NaCl  semble 
expliquer  aussi  l'action  de  Ba  Cl-,  qui  est  purgatif  à  très  faible  dose  en  injection  aussi 
bien  qu'en  ingestion. 

4°  Il  y  a  un  antagonisme  au  point  de  vuedupéristaltisme  intestinal  entre  les  sels  de 
calcium  et  les  autres  sels  (fait  à  rapprocher  de  bien  d'autres  connus  déjà  sur  le  calcium 
et  les  'autres  sels).  L'application  locale  ^des  divers  sels  de  Mg  évoque  un  péristal- 
4isnie  énergique  qu'une  application  ultérieure  de  CaCl- arrête  rapidement;  ces  mêmes 
elfets  antagonistes  peuvent  être  obtenus  par  injections  intra-veineuses  des  sels  (Mac 
Callum) ; 

jo  II  y  a  un  antagonisme  entre  les  effets  sécrétoires  des  divers  sels  et  des  sels  de  Ca, 
démontrable  dans  les  mêmes  conditions  que  précédemment.  La  plupart  des  sels  étant 
excito-sécrétoires,  les  sels  de  Ca  sont  inhibito-sécrétoires  (Mac  Callum)  ; 

6°  Des  solutions  d'un  seul  sel  sont,  en  général,  toxiques  et,  par  suite,  si  la  sécrétion 
et  le  péristaltisme  intestinal  provoqués  par  un  de  ces  sels  s'arrêtent,  l'adjonction  d'une 
très  petite  quantité  de  sel  de  Ca  à  ces  sels  peut  suspendre  leur  action  toxique  et  faire 
réapparaître  leur  action  excito-motrice  et  excito-sécrétoire  (Mac  Callum). 

Nous  ne  saurions  dans  cet  article  entrer  dans  plus  de  détails  sur  l'action  des  purgatifs 
salins.  En  dehors  des  faits  généraux  que  nous  venons  de  relater,  bien  des  faits  parti- 
culiers sont  encore  mal  connus,  et,  comme  les  conditions  expérimentales  oii  les  auteurs 
les  ont  observés  n'ont  pas  été  précisées,  leur  relation  sommaire  trahirait  souvent  la 
pensée  de  l'auteur,  et  leur  critique  serait  souvent  malaisée.  Pour  le  lecteur  que  la  ques- 
tion intéresse  particulièrement,  il  est  indispensable  de  recourir  aux  textes  originaux 
et  de  lire  les  protocoles  d'expérience  un  par  un. 

14»  Procédés  indirects  pour  étudier  le  fonctionnement  des  glandes 
qui  déversent  leur  sécrétion  dans  l'inlestiji. 

11  y  a  deux  procédés  généraux  pour  étudier  le  fonctionnement  intestinal  :  1"  le  pro- 
cédé qui  consiste  à  juger  l'action  intestinale  par  les  résidus  alimentaires;  2"  le  procédé 
qui  consiste  à  déterminer,  grâce  à  un  péristaltisme  provoqué,  l'issue  des  ferments  intes- 
tinaux dans  les  fèces. 

Le  premier  procédé,  dont  il  existe  de  nombreuses  variantes,  ne  donne  que  des 
résultats  complexes.  L'utilisation  des  aliments  par  le  tube  digestif  tient  à  la  fois  de 
leur  digestion  et  de  leur  résorption;  il  faut  donc  faire  le  départ  de  ces  deux  facteurs,  ce 
qui  est  souvent  impossible.  Sous  réserve  de  ces  causes  d'erreur,  l'indication  la  plus  utile 
tirée  de  l'examen  des  fèces  concerne  l'utilisalion  des  graisses.  Normalement  celles-ci 


496  INTESTIN. 

varie  de  90  à  95  p.  100  chez  le  sujet  normal  ;  elle  tombe  à  50  ou  70  p.  100  en  cas  Je 
rétention  biliaire  et  à  peu  près  aussi  ù  ce  même  taux  en  cas  de  suppression  du  flux 
pancréatique;  elle  n'est  plus  enfin  que  de  10  ou  5  p.  100  en  cas  de  suppression  conco- 
mitante des  llux  biliaire  et  pancréatique.  La  présence  d'acides  gras  dans  les  fèces,  en 
grande  quantité,  indique  un  défaut  de  résorption  surtout  lié  au  déficit  biliaire;  la  pré- 
pondérance des  graisses  neutres  est  liée  à  un  déficit  de  la  saponification  pancréatique; 
en  cas  de  déficit  pancréatique  et  biliaire,  il  y  a  surtout  abondance  de  graisses  neutres. 
L'examen  des  graisses  fécales,  institué  surtout  pour  juger  de  l'activité  pancréatique, 
exige  des  repas  d'épreuves  où  les  graisses  soient  en  quantité  connue  et  de  nature  déter- 
minée. Les  constatations  ne  sont  valables  que  s'il  n'y  a  pas  de  troubles  de  résorption. 
Cette  méthode  ne  saurait  permettre  d'apprécier  une  simple  variation  de  la  sécrétion 
pancréatique.  Les  constatations  ne  comportent  que  deux  significations  :  la  sécrétion  pan- 
créatique est  abolie  ou  bien  la  sécrétion  pancréatique  n'est  pas  abolie,  mais  elle  laisse 
toutes  latitudes  aux  erreurs  provenant  des  troubles  de  la  résorption. 

Pour  le  détail  de  ce  procédé  et  des  procédés  similaires,  nous  renvoyons  les  lecteurs 
aux  travaux  d'ensemble  de  Fr.  Miller,  au  traité  coprologique  de  Schmidt  et  Ph.  Strass- 
BURciER,  au  traité  de  A.  Gaultier,  au  chapitre  de  séméiologie  pancréatique  de  Carnot, 
dans  le  traité  de  médecine  de  (Iilbert  et  à  la  revue  générale  de  Lkpi.ne  (1908)  dans  la 
Semaine  médicale. 

2°  Procédés  par  la  récolte  des  feiinents  dans  les  fèces.  H  nous  est  impossible  de 
donner  ici  une  description  utile  de  ce  procédé.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  la  commu- 
nication de  Ambard,  Bi.net  et  Stodel  [B.  B.,  16  l'év.  1907)  et  à  l'article  de  Enriquez, 
Ambard  et  Binet  {Semaine  médicale.  13  janv.  1909). 

Nous  signalerons  seulement  que  ce  procédé  est  fondé  sur  le  dosage  de  l'amylase 
fécale  obtenue  parpurgalion;  queparla  purgation  on  obtient  normalement  des  quantités 
considérables  d'amylase  (équivalentes  à  celles  de  300  à  400  cm.  de  salive  très  actives)  et 
que  l'erreur  d'interprétation  qui  est  liée  à  la  résorptiçn  variable  des  ferments  est  corrigée 
par  un  coefficient  tiré  de  cette  remarque  qu'il  y  a  simultanéité  entre  la  résorption  des 
ferments  et  celle  des  aliments.  La  difficulté  d'obtenir  des  diarrhées  régulières  rend  les 
résultats  de  cette  exploration  assez  variables.  Mais  ce  genre  d'exploration  est  logique  et 
susceptible  de  perfectionnements. 


15°  Augmentation  des  échanges  respiratoires  et  élimimitions  iiréiques  pendant  la  digestion, 

V.  Mering  et  Zlntz,  Voit,  Lœvv  et  tous  Tes  auteurs  qui  ont  étudié  les  échanges  respi- 
toires  au  cours  de  la  digestion  ont  signalé  que  les  échanges  augmentaient  beaucoup 
après  l'ingestion  d'albumines  et  notablement  encore  après  ingestion  de  graisse  et 
d'hydrates  de  carbone  (Lœvy).  La  première  hypothèse  qui  s'est  présentée,  à  l'esprit  des 
physiologistes  qui  ont  constaté  ces  faits,  était  que  le  travail  de  la  digestion  exigeait  de 
l'énergie  et  que  l'augmentation  des  échanges  respiratoires  mesurait  justement  l'énergie 
dépensée  par  la  sécrétion  des  glandes  et  le  travail  des  muscles  du  tube  digestif. 

Mais  celte  hypothèse  parut  ensuite  peu  satisfaisante;  car  le  travail  exigé  par  la 
digestion  serait  formidable. 

Laulanié  a  calculé  directement  que  chez  un  chien  l'ingestion  de  1  kilogr.  de  viande 
augmente  l'absorption  d'O^  de  60  litres.  Voici  à  cet  égard  un  protocole  d'expériences. 

Consommation  horaire  do  0-. 


3  heures  après 

12  heures  après 

24  heures  après 

Chien  de  15  kilogr.            le  repas. 

le  repas. 

le  repas. 

litres. 

litres. 

litres. 

Chien  au  jeune 5,005 

5,003 

5,003 

400  grammes  de  viande.       6,549 

5,994 

4,591 

800        —                —        .       6,549 

6,881 

6,882 

1200        —               —        .       8,960 

9,744 

6,496 

1  600        —               —       .       9,675 

11,137 

8,100 

2  000        -               -       .     11,544 

12,432 

10,434 

INTESTIN.  497 

Si  raugmentatioiules  combustions  respiratoires  était  due  au  travail  digestif,  il  faudrait, 
d'après  le  calcul  de  Lallamk,  li7  300  kilogrammètres  pour  digérer  1  kilogr.  de  viande. 

II  y  a  donc  autre  chose  que  la  uianifostaLion  d'un  travail  simple  dans  l'augmenta- 
tion des  échanges  respiratoires  après  le  repas. 

Beaucoup  d'auteurs  ont  constaté,  et  notamment  0.  Frank  et  Trommsdorit,  au  cours 
de  l'alimentation,  et  spécialement  de  l'alimentation  carnée,  que  l'élimination  de  l'urée 
augmente  comme  les  échanges  respiratoires  avec  un  maximum  qui  se  trouve  corres- 
pondre entre  la  8*  heure  et  la  11'"  et  demie  après  le  repas,  chez  le  chien  qui  ingère 
08  grammes  de  viande  crue  par  kilogramme  d'animal. 

Plus  récemment  RiAZANTSEi'K  signale,  en  1896,  que  l'urée  urinaire  augmente  nota- 
blement chez  les  chiens  à  qui  il  donne  un  repas  fictif,  c'est-à-dire  chez  des  animaux 
où  les  aliments  ressortent  par  une  fistule  œsophagienne,  sans  passer  par  l'estomac. 

ScHEPsKY,  en  1900,  en  comparant  les  excrétions  uréiques  consécutives  à  divers  repas, 
constate  que  les  quantités  d'urée  sont  sensiblement  proportionnelles  aux  quantités 
d'HCl,  sécrétées  au  cours  des  divers  repas. 

Enfin  HoNORK  et  Nolf,  en  1905,  étudiant  comparativement  la  résorption  des  peptones 
additionnées  et  non  additionnées  d'HCl  etl'excrétion  uréique,  constatent  que  d'une  part, 
la  résorption  des  peptones  est  de  rapidité  sensiblement  égale  dans  les  deux  cas,  et  que, 
dans  les  expériences  où  la  peptone  a  été  acidifiée,  l'excrétion  uréique  est  toujours  plus 
considérable  que  dans  les  expériences  où  la  peptone  n'a  pas  été  acidifiée. 

Voici  un  exemple  d'une  expérience  faite  sur  un  chien  auquel  les  auteurs  injectent 
dans  l'intestin  (après  ligature  du  pylore)  50  cmc.  d'une  solution  de  peptone  à  20  p.  100 
par  kilogramme  d'animal. 

Peptones  non  acidifiées.  Peptones  acidifiées. 

Élimination  azotée  après 

la  l"  heure.       0,182  0,183 

2«       —     .       0,293  0,495 

'^°      —     •    I  nK/a  0.S85 

4'       -     .   !  •^'^^^  0;5i8 

6«      —     .    i  ''^'^"  0,618 


Total 2,U9:i  2,994 

Étant  donné  que,  dans  toutes  ces  expériences,  on  note  que  l'action  de-l'acide  sur 
l'intestin  inllue  considérablement  sur  l'élimination  uréique,  que,  notamment  dans  les 
expériences  de  Riazantseff,  cette  action  de  l'acide  peut  seule  entrer  en  jeu(puisque  lerepas 
est  fictif),  il  est  évident  que  l'excrétion  uréique  au  cours  des  repas  reconnaît  une  autre 
cause  que  l'absorption  d'azote,  et  il  s'ensuit  encore  que  le  contact  de  l'acide  sur  l'in- 
testin détermine  indirectement  une  combustion  des  albumines  des  tissus. 

Ces  faits  nous  amènent  donc  immédiatement  à  cette  conclusion  qu'au  cours  des 
repas  une  partie  de  l'augmentation  des  échanges  respiratoires  est  due  au  métabolisme 
des  albumines  de  l'organisme.  Dans  quelle  mesure  ce  métabolisme  explique-t-il  l'augmen- 
tation des  échanges?  Il  serait  probablement  facile  de  le  déterminer  en  ce  qui  concerne 
les  albumines,  en  calculant  simplement  le  nombre  de  calories  dégagées  par  la  combustion 
des  albumines  correspondant  à  l'azote  éliminé  par  le  simple  contact  de  l'acide  avec 
l'intestin.  Comment  devrait-on  interpréter  ce  fait  curieux  que  l'acide  au  contact  de  l'in- , 
testin  augmente  à  distance  les  combustions  intra-organiques?  Peut-être,  à  notre  avis, 
en  supposant  que  la  sécrétine  libérée  par  l'acide  au  contact  de  l'intestin  hâte  le  méta- 
bolisme des  albumines  du  corps  en  y  libérant  des  ferments  endocellulaires,  comme  au 
contact  du  pancréas  elle  libère  des  ferments  qui  s'écouleront  par  les  canaux  pancréatiques. 

Dans  celte  augmentation  des  échanges  au  cours  de  la  digestion,  il  y  a  donc  deux 
faits  à  distinguer  :  l"  l'activité  déployée  par  les  muscles  intestinaux  et  l'énergie  dépensée 
par  les  glandes,  i]ui  expliquent  une  partie  de  l'augmentation  des  échanges  respii'atoires; 
2°  une  augmentation  du  métabolisme  organique  provoquée  distance  (par  un  processus, 
sans  doute,  immoral)  qui  expliquerait  l'excès  des  échanges  respiratoires,  par  rapporta 
ceux  qui  sont  imputables  à  l'activité  digestive,  et  qui  expliquerait  encore  l'élimination 
uréique  indépendante  de  la  résorption  des  albumines  et  pouvant  se  constater  sans 
aucune  résorption  intestinale. 

DICT.    DE   PHYSIOLOGIE.   —    T.    IX.  32 


498  INTESTIN. 

INNERVATION    INTESTINALE    ET    PANCRÉATIQUE. 

i°  Innervation  sécrétoire  de  l'intestin.  —  L'innervation  sécrétoire  de  l'inlestin 
•est  «  mal  connue  ».  Par  là  on  veut  dire,  généralement  que  nous  ne  pouvons  pas  provo- 
quer, par  les  excitalions  des  nerfs  de  l'intestin,  des  sécrétions  comme  on  en  détermine 
pour  les  glandes  salivaires:  Mais  cette  incapacité  où  nous  sommes  de  provoquer  une 
sécrétion  intestinale  par  excitation  nerveuse  vient-elle  de  ce  que  nous  ne  savons  pas 
exciter  les  nerfs  sécrétoires  de  l'intestin,  ou  de  ce  fait  que,  les  nerfs  sccrétoires  de  l'in- 
testin ne  sont  que  peu  actifs?  Cesl  là  une  question  que  nous  n'avons  pas  le  droit  de 
trancher,  faute  de  preuves  en  faveur  de  l'une  on  de  l'autre  de  ces  hypothèses. 

Contrairement  à  ce  que  nous  connaissons  de  l'estomac,  et  pareillement  à  ce  que 
nous  savons  du  pancréas,  il  n'existe  pas  de  sécrétion  intestinale  psychique. 

L'exiitation  directe  des  nerfs  de  l'intestin  n'a  donné  que  des  résultats  négatifs. 
Thiry,  en  excitant  le  vague,  ne  constate  aucune  sécrétion  ;  les  excitations  du  plexus 
cœliaque  restent  également  ineflicaces. 

C'est  en  portant  des  excitalions  directement  au  contact  de  la  muqueuse  de  l'intestin, 
(ju'on  obtient  seulement  des  résultats  très  nets.  (Nous  ne  devons,  naturellement,  pas 
parler  ici  des  excitants  chimiques  :  solutions  salines,  alcools,  graisses,  etc.,  qui,  eux 
aussi,  sont  très  efficaces,  mais  dont  l'effet  semble  dû,  d'après  nos  notions  actuelles  sur 
la  sécrétion  entérique,  à  un  processus  humoral  :  ces  substances  chimiques  libérant  une 
sécrétine  faisant  sécréter  l'intestin.) Thiry  et  Qiincke  ont  constaté  (jue  le  simple  contact 
d'une  éponge  ou  encore  la  dilatation  de  l'intestin  par  un  ballon  de  caoutchouc  font 
sécréter  l'intestin.  Les  excitations  électriques  sont  encore  plus  efficaces  que  les  excita- 
tions mécaniques.  Tous  ces  excitants  mécaniques  ou  électriques  de  la  sécrétion  intesti- 
nale ne  déterminent  qu'une  sécrétion  locale,  c'est-à-dire  une  sécrétion  limitée  au  niveau 
-de  la  partie  de  la  muqueuse  excitée  (Pawlow,  Frouix),  bien  différente,  par  conséquent, 
de  la  sécrétion  consécutive  à  l'injection  de  sécrétine  qui  détermine  une  sécrétion  géné- 
ralisée (Frouin). 

Un  autre  procédé  pour  provoquer  la  sécrétion  intestinale  par  un  processus  nerveux 
est  rénervation  d'une  anse  intestinale. 

BuDGE,  après  extirpation  des  plexus  cœliaque  et  mésentérique,  obtint  une  augmenta- 
tion du  péristaltisme  et  une  hypersécrétion  de  l'intestin.  Lamansky  vit,  sous  cette 
influence,  les  sécrétions  de  l'intestin  grêle  du  lapin  devenir  très  abondantes,  et  les 
matières  prendre  l'aspect  diarrhéique. 

Mais  c'est  surtout  Moreau  qui  étudia  cette  sécrétion  par  énervation  de  l'intestin.  Kn 
isolant  des  anses  intestinales  entre  deux  ligatures  et  en  énervant  ces  anses,  il  montra 
«que,  très  rapidement,  ces  anses  se  remplissent  d'un  liquide  incolore  et  alcalin. 

Cette  sécrétion  «  paralytique  »  était-elle  une  véritable  sécrétion,  ou  n'était-elle 
qu'une  transsudation  [paralytique  ?  D'après  Klh.ne,  La.xdois,  Vllpian,  Terle-nburc.,  Wer- 
TiiEiMER,  etc.,  il  s'agirait  d'une  Iranssudaliou  résultant  de  la  dilatation  paralytique  des 
vaisseaux  de  l'intestin,  qui  succède  à  la  destruction  des  vasomoteurs.  Pour  Moreau, 
Ha\au,  Lafayette  Mendel,  il  s'agirait,  au  contraire,  d'une  véritable  sécrétion  de  suc 
intestinal. 

Les  derniers  auteurs  fondent  leur  opinion  sur  ce  que  le  suc  paralytique  a  la  consti- 
tution physique  du  .suc  d'aliment  i  voir  suc  intestinal"  (Lafayette  Mexdelj  et  ses  propriétés 
■digestives  ;  il  est  actif  sur  l'amidon,  le  sucre  de  canne,  la  maltose  (Mexdel  et  Wertheimer)  : 
il  contient  de  l'entérokinase  (Wertheimer;.  D'autres  auteurs  n'ont  pas  retrouvé  de  fer- 
ments dans  le  suc  intestinal,  et  Wertheimer  lui-même,  malgré  les  constatations  qu'il  fait 
«ur  l'amylase  et  sur  l'entérokinase  dans  le  suc  paralytique,  pense  que  la  transsudation 
peut  suffire  à  entraîner  des  ferments,  sans  que,  pour  cela,  on  ait  le  droit  de  parler  de 
sécrétion  proprement  dite. 

Récemment,  Falloise  a  repris  l'élude  du  suo  paralytique.  Il  rappelle  l'importance 
qu'il  y  a  d'énerver  complètement  l'anse,  sans  quoi  l'expérience  échoue  :  en  dix-huit 
heures,  une  anse  de  40  centimètres  de  chien  donne  jusqu'à  200  centimètres  cubes  de  suc 
intestinal.  Le  suc  recueilli  par  Falloise  congèle  à  0»,o6,  son  alcalinité  est  de  0,20  p.  100 
en  CO'.Na-;  il  présente  une  faible  réaction  du  biuret,  une  faible  réaction  xanthopro- 


INTESTIN.  499 

téique;  il  se  trouble  par  l'ébuUition  et  l'acidification  ;^  il  ne  contient  pas  de  Mbriuogène, 
il  contient  de  l'amylase,  de  la  mallase,  de  la  sacebarase,  de  l'entérokinase  et  de  l'érep- 
sine.  En  raison  de  la  présence  de  ces  divers  ferments  et  de  l'absence  d'érepsine,  Fallojse 
conclut  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  transsudal,  mais  d'une  sécrétion. 

Innervation  vaso-motrice  de  l'intestin.  —  Jusqu'aux  travaux  de  François-Franck 
et  IIallio.v,  on  savait  que  les  vaso-constricleurs  mésentériques  fournis  par  le  sympathi- 
que se  groupent  dans  les  spUinchniques,  mais  leur  répartition  entre  les  rameaux  com- 
municants restait  peu  connue.  IIallion  et  Franck  ont  établi  le  passage  de  ces  vaso- 
moteurs  de  la  moelle  dans  la  chaîne  par  les  rameaux  thoraciques,  à  partir  du  cinquième 
nerf  dorsal;  l'excitation  centrifuge  de  ces  rameaux  provoque  une  diminution  de  volume 
des  réseaux  mésentériques.  Les  vasodilatateurs  mésentériques  associés  à  des  vasocon- 
stricleurs  se  trouvent  dans  les  onzième,  douzième  et  treizième  communicants  dor- 
saux, et  premier  et  deuxième  lombaires.  De  même,  ces  auteurs  ont  retrouvé  des  vaso- 
moteurs  intestinaux  dans  les  pneumogastriques. 

L'excitation  des  nerfs  de  sensibilité  générale  provoque  la  vasoconstriction  de  l'intestin 
grêle,  et  la  vasodilatation  du  côlon,  en  même  temps  que  le  resserrement  de  la  rate,  du 
foie  et  du  rein.  L'excitation  des  filets  afférents  du  pneumogastrique  provoque  la  vaso- 
dilatation intestinale  et  rénale.  L'asphyxie  provoque  la  vasodilatation  de  la  peau  et  des 
muscles  (Dastre  et  Morat),  et  la  vasoconstriction  de  l'intestin.  L'excitation  du  nerf  de 
LuDwiG  Cyon  détermine  de  la  vasoconstriction  périphérique  et  de  la  vasodilatation  intes- 
tinale. La  digestion  s'accompagne  d'une  vasodilatation  intestinale  et  d'une  vasoconstric- 
tion périphérique  (Pawlow). 

Les  vasomoteurs  de  l'intestin  sont  donc  en  activité  presque  constante,  ^'u  le  terri- 
toii'e  sanguin  considérable  qu'ils  commandent,  il  en  résulte  que,  malgré  les  «  balan- 
cements circulatoires  »  où  ils  sont  toujours  engagés  pour  chaque  manifestation  de  leur 
activité,  leurs  efîets  constricteurs  s'accompagnent  presque  toujours  d'une  élévation  de 
la  pression  du  sang  dans  les  artères,  et,  inversement,  leurs  effets  dilatateurs  détermi- 
nent une  chute  de  la  pression  sanguine. 

L'observation  de  vi^u  de  la  surface  libre  de  la  muqueuse  intestinale,  l'examen 
direct  des  variarions  de  calibre  des  vaisseaux  mésentériques  ont  montré,  dès  le  début 
des  études  sur  l'appareil  vasomoteur,  à  Claude  Bernard,  Budge,  Vulpian,  plus  tard,  à 
Moreau,  Samuel,  etc.,  que  les  nerfs  splanchniques  agissent  sur  les  vaisseaux  de  l'intestin 
à  la  façon  du  sympathique  cervical  sur  les  vaisseaux  de  l'oreille.  Leur  section,  au  niveau 
du  tronc  spianchnique,  dans  le  plexus  cœliaque  ou  sur  le  trajet  des  artères  mésenté- 
riques, provoque,  à  la  suite  dune  courte  vaso-constriction  initiale  due  à  l'irritatron 
mécanique,  une  dilatation  paralytique,  suivie  d'une  congestion  intense,  d'augmentation 
des  pulsations,  d'oedème  de  la  muqueuse,  d'exsudation  intestinale;  réciproquement, 
l'excitation  centrifuge  des  mêmes  nerfs  produit  le  resserrement  des  artères  mésen- 
tériques, la  suppression  des  pulsations  artérielles,  la  pâleur  de  la  muqueuse 
intestinale. 

La  conséquence  des  variations  du  calibre  des  vaisseaux  intestinaux  est  une  modili- 
cation  considérable  de  la  pression  artérielle  générale.  Toute  vasoconstriction  intesti- 
nale s'accompagne  d'une  élévation  de  pression,  et  toute  vasodilatation,  d'un  abaisse- 
ment de  pression  (Bezold,  IIensen,  von  Basch,  François  Franck  et  IIallion). 

Rôle  des  nerfs  de  l'intestin  dans  les  sécrétions  biliaire  et  pancréatique.  — 
A  l'article  Bile,  la  question  des  connexions  nerveuses  hépato-intestinales  ayant  été 
traitée,  il  nous  reste  à  envisager  ici  la  question  des  connexions  pancréato-intestinales. 
Pendant  longtemps,  on  avait  admis  que  l'intestin  était  le  point  de  dépari  d'un  réflexe 
mettant  en  jeu  la  sécrétion  pancréatique,  et  nous  avons  vu  que  Pawlow  avait  cru 
parachever  l'explication  de  ce  processus  en  démontrant  que  le  réflexe  pancréatico- 
intestinal  était  un  réflexe  chimique.  Ce  sont  surtout  les  acides  et,  accessoirement,  les 
graisses,  et  l'alcool  qui,  au  contact  de  l'intestin,  déterminaient  le  réflexe  excito-sécré- 
toire  du  pancréas. 

Si  un  pareil  réflexe  intestino-pancréatique  existe,  il  doit  avoir  un  '  circuit,  avec 
un  ou  plusieurs  centres.  La  question  des  centres  fut  la  première  envisagée.  Le  centre 
ne  pouvait  être  le  bulbe  :  après  la  section  des  vagues  et  des  sympathiques  dans  le  thorax, 
l'excitation  duodénale  par  l'acide  restait  efficace  (Popielski);  il  ne  pouvait  être  non  plus 


.SOO  "  INTESTIN.  '        ' 

le  plexus  cœliaque,  la  sécrétion  pancréatique  persistant  après  l'extirpation  de  ce  plexus 
(anciennes  observations  de  Claude  Bernard). 

Le  problème  on  était  là,  lorsque  Wektiirimf.u  et  Lepage,  voulant  établir  le  trajet  du 
rétlexe,  en  commeni^ant  par  supprimer  toute  connexion  nerveuse  entre  l'intestin  et  les 
centres  ganglionnaires  abdominaux  et  les  centres  rachidiens,  instituèrent  l'expérience 
suivante.  Sur  des  chiens,  ils  énervent  les  artères  cœliaque  et  mésentérique  supérieure; 
ils  sectionnent  le  pylore  et  injectent  de  l'acide  dans  le  duodénum.  Malgré  la  destruc- 
tion de  toute  connexion  nerveuse  duodéuale  avec  les  centres  nerveux,  la  sécrétion  ne 
s'en  établit  pas  moins.  Wertheimer  et  Lepage  en  concluent  que  le  réflexe  a  un  arc  très 
court,  allant,  par  un  chemin  encore  indéterminé,  de  l'intestin  au  pancréas,  avec,  comme 
centre  réflexe,  des  ganglions  pancréatiques. 

La  découverte  de  la  sécrétinc  devait  expliquer  très  simplement  ce  résultat  si  sur- 
prenant, en  montrant  que  l'acide  provoque  la  sécrétion  pancréatique  par  un  méca- 
nisme humoral.  L'expérience  de  Weutiikimrr  et  Lepagk  devenait  ainsi  une  contre- 
épreuve  anticipée,  de  l'hypothèse  de  piocessns  humoraux  développés  par  l'acide  au 
contact  du  duodénum.  De  ce  que  le  réflexe  de  Pawlow,  difficile  à  concilier  avec 
l'expérience  de  Wertheimer  et  Lepage,  devait  s'humilier,  pour  faire  place  à  un  processus 
humoral  bien  d'accord,  au  contraire,  avec  la  découverte  de  ces  auteurs.  S'cnsuit-il  qu'on 
doive  dénier  à  la  muqueuse  intestinale  toute  activité  réflexe  dans  la  sécrétion  pancréa- 
tique'? L'intérêt  de  cette  question  a  singulièrement  rétrogradé  depuis  la  découverte  de  la 
sécrétine;  mais  Wertheimer  et  Lepat.e,  tout  en  admettant  que  leurs  expériences  peuvent 
s'interpréter  différemment  qu'ils  ne  l'ont  fait  tout  d'abord,  pensent  que  la  théorie 
réflexe  de  Pawlow  ne  doit  pas  être  abandonner  complètement.  Si,  disent-ils,  on  lie  le 
canal  thoracique  et  si  on  fait  déverser  au  dehors  le  sang  veineux  d'une  anse  intestinale, 
dans  laquelle  on  injecte  de  l'acide,  on  constate  que  la  sécrétion  pancréatique  ne  s'en 
produit  pas  moins;  or,  dans  cette  expérience,  ce  ne  peut  pas  être  la  sécrétine  qui 
intervient;  car,  à  mesure  qu'elle  se  produit,  elle  se  déverse  hors  de  l'organisme  avec  le 
sang  veineux;  il  y  aurait  donc  là  une  preuve  du  rôle  du  système  nerveux  dans  la  sécré- 
tion pancréatique. 

Malgré  cette  dernière  réserve,  l'accord  n'en  est  pas  moins  pratiquement  fait  sur  le 
degré  d'importance  des  réflexes  intestino-pancréatiques.  Par  les  expériences  de  Bayliss 
et  Starling,  d'EiNRiQUEz  et  d'HALLiON,  que  nous  avons  exposées  précédemment,  et  par 
celles  de  Wertheimer  et  Lepage,  que  nous  venons  de  citer,  et  que  les  auteurs  ont 
complétées  encore  ultérieurement,  il  est  acquis  que  les  réflexes  intestinaux  ne  jouent 
qu'un  rôle  secondaire  dans  la  sécrétion  pancréatique. 

AMBARD. 


ANATOMIE   ET   HISTOLOGIE    COMPARÉES. 

Définition.  —  Comment  doit-on  comprendre  l'intestin  en  anatomie  comparée? 
Cette  question  est  assez  délicate,  et,  à  notre  avis,  elle  a  été  mal  comprise  jusqu'ici.  En 
effet,  on  a  coutume  de  désigner  sous  ce  nom,  chez  tous  les  animaux,  vertébrés  ou  inver- 
tébrés, la  partie  du  tube  intestinal  qui  s'étend  entre  l'estomac  et  l'anus.  Cette  dénomi- 
nation qui  a  été  faite  pour  les  Vertébrés  et  qui  chez  eux  est  parfaitement  correcte  cesse 
de  l'être  quand  on  s'adresse  aux  Invertébré.s.  Outre  qu'il  faut  souvent  forcer  un  peu 
«on  imagination  pour  reconnaître  dans  une  légère  dilatation  ampuUaire  du  tube  diges- 
tif un  estomac,  elle  ne  tient  compte  ni  de  la  physiologie,  ni  de  l'embryologie. 

Examinons  en  effet  les  fonctions  et  la  structure  du  tube  digestif  chez  les  Vertébrés; 
nousavons  d'abord  l'œsophage,  qui  nejoue  d'autre  rôle  dans  l'alimentation  que  de  conduire 
les  aliments  dans  la  partie  digestive,  c'est-à-dire  l'estomac;  après  l'estomac,  commence 
anatomiquement  l'intestin,  mais  au  point  de  vue  physiologique  la  première  partie,  le 
duodénum  n'est  pas  encore  la  partie  viniquement  absorbante:  nous  pouirions  presque 
dire  qu'elle  fait  plus  partie  de  l'estomac  que  de  l'intestin,  si  l'on  considère  que  l'intestin 
est  physiologiquement  la  partie  absorbante  du  tube  digestif.  Le  duodénum  reçoit  en 
effet  plusieurs  glandes;  dans  sa  paroi  sont  disséminées  les  glandes  de  Brun.ner  (que 
nous  étudierons  plus  loin)  et  les  deux  glandes  les  plus  importantes  de  la  digestion,  le 


INTESTIN.  501 

foie  et  le  pancréas,  viennent  y  ddverser  Icuis  sécrétions.  La  seconde  partie,  la  plus 
longue,  s'étend  depuis  le  duodénum  ias([u"au  ;,'ros  intestin  dans  lequel  elle  s'abouche 
par  la  valvule  iléo-c;pcale.  C'est  ce  (jue  l'on  appelle  le  jt'-juno-iléoii  ;  cette  partie  est 
dépourvue  de  friandes,  en  dehors  des  cry[ites  que  nous  étudierons  plus  loin  et  qui  por- 
tent le"  nom  de  s'andes  de  [.iehriikuiin,  c'est  la  partie  de  l'intestin  qui  absorbe;  si  l'on 
ue  se  plaçait  iju'au  point  de  vue  histologiquc  et  physiologique,  c'est  la  seule  partie  qui 
mériterait  sans  restriction  le  nom  d'intestin.  La  troisième  partie  est  ce  que  l'on 
appelle  le  gros  intestin;  c'est  un  tube  évacuateur,  bien  que,  dans  sa  première  partie, 
il  absoibe  encore  les  liquides;  le  bol  fécal  y  arrive  à  l'état  semi-liquide,  s'épaissit  et  y 
séjourne  plus  ou  moins  longtemps  à  l'état  solide.  Ces  trois  parties  de  l'intestin  dérivent 
toutes  du  même  feuillet  du  blastoderme,  de  l'endoderme. 

Examinons  maintenant  les  organes  digestifs  d'un  Crustacé  Malacostracé,  la 
Langouste,  par  exemple;  nous  trouvons  une  première  poche  armée  de  pla(iues  et  de 
dents  chitineuses  destinées  au  broyagedes  aliments,  et  désignée  sous  le  nom  d'estomac; 
à  cette  poche  fait  suite  un  tube  absolument  rectiligne  qui  s'étend  jusqu'à  l'anus;  c'est 
ce  tube  que  les  zoologistes  ont  désigné  sous  le  nom  d'intestin.  Or,  si  nous  étudions  cet 
intestin  au  microscope,  nous  trouvons  que  sa  structure,  pas  plus  que  celle  de 
l'estomac  d'ailleurs,  ne  rappelle  en  rien  la  structure  des  organes  correspondants  chez 
les  Vertébrés.  G"est  un  conduit  recouvert  do  plaques  de  chitine  et  dont  la  structure 
est  analogue  à  colle  de  la  peau.  La  partie  nJelleraent  active  est  un  très  petit  caîcum 
médian,  le  ccecum  dorsal,  dont  les  cellules  sont  semblables  à  celles  de  l'intestin  des 
Vertébrés.  De  plus,  l'embryologie  nous  apprend  que  l'estomac  et  l'intestin  sont 
d'origine  ectoderraique,  tandis  que  seul  le  ca-cum  dorsal  est  d'origine  endodermique, 
Étant  donnée  la  très  faible  surface  présentée  par  le  caecum  dorsal,  on  peutse  demand'T 
alors  où  se  font  la  digestion  et  l'absorption.  Sai.xt-Hilaire,  Cuénot,  Guieysse  ont  montré 
que  ces  travaux  s'efTectuaient  dans  un  organe  qui,  vu  sa  forme  extérieure,  avait  été 
pris  pour  une  glande  et  désigné  d'abord  sous  le  nom  de  foie,  puis  sous  celui  d'hépato- 
pancréas.  Cet  organe  est  constitué  par  une  inlinité  de  cjpcums  qui  forment  par  leur 
ensemble  deux  grosses  masses  symétriques  de  chaque  coté  de  l'estomac,  et  qui  s'ou- 
vrent dans  l'estomac  par  l'intermédiaire  de  deux  larges  canaux,  aussi  larges  que 
l'intestin.  Cdknot  a  montré  que  c'était  dans  cet  organe  que  se  faisaient  la  digestion, 
l'absorption  (sauf  celles  des  graisses  qui  se  feraient  dans  le  cajcum  dorsal)  et  d'autres 
actes  tels  que  l'élimination  des  poisons,  etc.  Guieysse  en  a  étudié  les  cellules  et  a 
montré  qu'elles  étaient  absolument  construites  sur  le  type  de  la  cellule  absorbante  que 
nous  étudierons  plus  loin,  que  c'était  une  vraie  cellule  intestinale;  aussi  ce  dernier 
auteur  a-t-il  proposé  d'appeler  cet  organe  organe  entérique  au  lieu  d'hépato-pancréas. 

Cette  disposition  ou  des  dispositions  approchantes  se  retrouvent  chez  nombre 
d'Invertébrés;  c'est  chez  les  Crustacés  Décapodes  qu'elle  est  le  plus  marquée,  mais, 
lorsque  le  tube  digestif  sera  mieux  étudié  au  point  de  vue  histologjque  et  physiolo- 
gique, nous  sommes  persuadés  que  les  fonctions  de  l'intestin  des  Vertébrés  ne  se  trou- 
veront pas  toujours  dans  ce  que  l'on  appelle  intestin  chez  les  Invertébrés.  Pour  la  glande 
pylorique  des  Tuniciers,  par  exemple,  Dklage  et  Hkrouard  s'expriment  ainsi  :  <  Il 
existe  un  organe  annexe  tiès  constant  et  très  caractéristique  du  Tunicier,  c'est  la 
glande  jtylorique  décrite  chez  certaines  formes  sous  le  nom  d'organe  hyalin.  C'est  une 
glande  en  tubes  ramifiés  qui  part  du  pylore  et  qui  répand  ses  ramifications  sur  l'in- 
testin. Les  extrémités  des  tubes  sont  parfaitement  closes,  mais  son  épithélium,  peu 
épais,  non  cilié,  n'a  pas  bien  nettement  le  caractère  d'un  épithélium  glandulaire.  11 
n'est  donc  pas  absolument  <ertain  (jne  ce  soit  là  une  glande  digestive,  et  il  reste 
permis  de  supposer  que  ce  pourrait  être  un  appareil  absorbant.  » 

CuKNOT  a  montré  aussi  que  l'absorption  se  faisait  chez  les  Céphalopodes  dans  l'hépato- 
pancréas  et  cet  auteur  pense  que  :  «  Chez  tous  les  Invertébrés  pourvus  d'un  foie  ou 
d'un  organe  analogue,  les  produits  solubles  ou  dialysables  de  la  digestion  passent  par 
son  épithélium;  la  graisse  seule  est  parfois  absorbée  à  une  autre  place,  »  ce  serait  dans 
le  cœcum  spiral  pour  les  Céphalopodes,  dans  le  cœcum  dorsal  pour  les  Crustacés. 
Cette  question  est  encore  peu  étudiée,  mais  nous  n'hésitons  pas  à  dire,  comme  Cuknot, 
que  partout  où  l'on  trouve,  greffés  sur  le  tube  intestinal,  des  chambres  et  des  cnîcums 
dont  les  cellules  sont  du  type  intestinal  tel  que  nous  l'étudierons  plus  loin,  on  se  trouve 


302  INTESTIN. 

en  présence  de  cœcums  ontériques  faisant  partie  inté;,'rante  de  l'intestin  et  en  rem- 
plissant les  fonctions  principales.  Il  doit  en  être  ainsi  par  exemple  pour  ces  diverticules 
niétamériqiiement  disposés  qu'on  voit  chez  les  Annélides  Polychètes  tels  que  l'Aphrodite, 
surtout  si  on  les  compare  à  ceux  largement  ouverts  de  l'intestin  des  Hirudinées;  il  eu 
serait  de  même  pour  le  diverticule  hépatique  de  l'Amphioxus,  etc. 

On  voit  donc  combien  il  est  difficile  de  comprendre  exactement  ce  qu'est  l'intestin. 
Si  l'on  se  hase  sur  la  disposition  anatomique,  on  pourra  être  en  désaccord  avec  l'hislo^ 
logie,  la  physiologie  et  l'emhryologie.  Si,  au  contraire,  on  se  base  sur  la  structure,  les 
fonctions  et  le  développement,  on  serait  amené  à  désigner  sous  le  nom  d'intestin  des 
organes  qui  ont  un  tout  autre  aspect  anatomique.  A  notre  avis,  ces  noms  d'intestin, 
d'estomac,  de  foie,  de  pancréas  devraient  être  supprimés  de  l'anatomie  descriptive  des 
Invertébrés;  il  serait  préférable  de  désigner  le  tout  sous  le  nom  général  de  tube  diges- 
tif et  les  parties  par  leurs  fonctions,  partie  digestive,  absorbante,  glandulaire.  De  cette 
manière,  il  n'y  aurait  pas  de  malentendu. 

Donc  nous  considérons  l'intestin  comme  la  partie  absorbante  du  tube  digestif 
suivie  de  la  partie  évacuatrice'.  C'est  bien  là  le  rôle  de  l'intestin  chez  les  Vertébrés, 
car  la  première  partie,  le  duodénum,  bien  qu'ayant  surtout  un  rôle  digestif,  absorbe 
aussi;  le  gros  intestin  absorbe  peu.  Ce  qui  fait  en  réalité  l'intestin,  ce  qui  aurait  dû 
servir  pour  le  déterminer,  si  les  études  histoiogiques  avaient  été  aussi  vieilles  que  les 
études  anatomiques,  c'est  sa  cellule  épilhéliale.  Celte  cellule  est  prescjue  caractéristique, 
et,  bien  que  variant  légèrement  suivant  les  animaux  examinés,  les  différentes  formes 
se  leconnaissent  toujours  par  un  certain  nombre  de  caractères  qui  leurdonnentà  toutes 
un  môme  air  de  famille.  La  forme  de  ces  cellules  se  fixe  chez  des  animaux  assez  infé- 
rieurs et  l'on  pourrait  dire  que,  depuis  le  ver  de  terre  jusqu'à  l'homme,  on  a  presque 
affaire  à  la  même  cellule.  Chez  des  animaux  plus  inférieurs  les  foi'mes  sont  quelque 
peu  différentes,  mais,  ainsi  que  nous  le  verrons,  elles  ne  sont  que  peu  éloignées  du  type 
commun. 

Étude  de  la  cellule  absorbante.  —  Considérée  chez  la  plujtart  des  animaux,  la 
ceUule  épilhéliale  de  l'intestin  se  présente  sous  la'ïorme  d'une  cellule  cylindrique 
assez  longue,  contenant  un  beau  noyau  et  recouverte  d'un  plateau  cilié.  C'est  ainsi  que 
nous  la  trouvons  chez  les  Vertébrés,  chez  les  Mollusques  où  elle  existe  également  dans 
l'hépato-pancréas  ;  uniquement  dans  cet  organe  chez  certains  Crustacés,  dans  l'hépato- 
pancréas  et  l'intestin  chez  d'autres,  dans  l'intestin  des  Insectes,  des  Vers,  etc.  Le  plus 
souvent  les  cellules  sont  disposées  sur  une  seule  rangée.  EnUe  ces  éléments,  on  trouve 
généralement  un  autre  genre  de  cellules,  les  cellules  caliciformes,  cellules  qui  sécrètent 
du  mucus  et  qui  ont  probablement  une  grande  importance,  mais  on  comprend  facile- 
ment que  leur  rôle  est  secondaire.  La  cellule  noble  de  l'intestin  est  la  cellule  à  plateau 
cilié. 

La  cellule  intestinale  doit  être  considérée  comme  une  véritable  cellule  de  sécrétion, 
mais  elle  diffère  des  cellules  sécrétrices  banales  en  ce  que  le  sens  de  la  sécrétion  y  est 
différent.  Examinons,  en  effet,  son  fonctionnement;  elle  puise  les  matières  alimentaires 
dans  le  bol  intestinal,  mais  elle  ne  les  livre  au  courant  sanguin  qu'après  les  avoir 
remaniées  et,  finalement,  elle  les  sécrète  dans  le  sang  et  les  chylifères  comme  la  cel- 
lule d'une  glande  vasculaire  sanguine;  aussi  trouve-t-on,  dans  cette  cellule,  des  diffé- 
renciations semblables  à  celles  que  Ion  rencontre  dans  toutes  les  cellules  glandulaires, 
des  plastes,  des  filaments  d'ergastoplasme,  des  mitochondries.  Mais,  de  plus,  il  est 
probable  que,  dans  beaucoup  de  cas,  elles  font  aussi  une  sécrétion  externe  ;  chez  les 

1.  A  ce  rôle,  qui  est  la  raison  d'être  de  l'intestin,  s'ajoutent  parfois  des  rôles  secondaires.  Ainsi 
dans  beaucoup  de  cas  (Actinies,  Coralliaires)  la  cavité  intestinale  sert  de  poche  incubatrice;  les 
embryons  s'y  développent.  Chez  les  Cyclops,  le  tube  digestif  est  animé  d'un  mouvement 
rythmique  qui  fait  circuler  de  l'eau:  c'est  ainsi  que  l'animal  absorbe  de  l'oxygène  et  respire;  de 
plus,  à  l'intérieur,  ce  mouvement  produit  un  brassage  de  l'eau  qui  supplée  le  cœur.  Les  larves 
de  libellules  lancent  un  jet  d'eau  par  l'anus  qui  les  pousse  en  avant  et  les  fait  progresser.  Enfin 
certaines  glandes  anales  peuvent  se  développer  considérablement  et  fournir  un  liquide  qui  est  un 
moyen  de  défense  de  l'animal;  tel  est  le  cas  du  Bombardier  [Brachinus  crépitons,  Coléoptère 

qui  lance   un  liquide  infect  lorsqu'il  est  attaqué;    tel   est   le  cas   aussi  de  la  poche  du   noir  de 

Gastéropodes. 


INTESTIN. 


i03 


Mammifères,  la  muqueuse  est  creusée  de  cryptes,  les  glandes  de  Lieuerklun,  dont  les 
cellules  contiennent  dos  grains  spéciaux,  les  grains  de  Panetii,  les  cellules  ciliées  ne 
contenant  pas  de  granulations,  il  semble  là  que  le  travail  se  soit  divisé,  mais  chez 
d'autres  animaux,  les  cellules  sont  souvent  bourrées  de  grains.  C'est  ce  que  l'on 
observe  dans  les  cellules  liépato-pancréati<iues  des  Crustacés  et  des  Mollusques  et  dans 
l'intestin  de  nombreux  Invertébrés. 

Lorsque  lé  protoplasma  n'est  pas  encombré  de  grains,  de  vacuoles,  de  boules  grais- 
seuses, il  se  présente  sous  un  aspect  assez  homogène,  souvent  finement  strié  dans  le 
sens  de  la  cellule;  cette  striation,  qui  parfois,  comme  chez  les  Crustacés,  devient  très 
marquée,  s'étend  entre  le  noyau  et  le  plateau.  Au-dessous  du  noyau,  le  protoplasma 
est,  le  plus  souvent,  compact. 

Le  noyau  n'offre  rien  de  particulier  ;  il  présente  parfois  un  gros  nucléole  nucléinien. 
Ce  nucléole,  qui  est  surtout  bien  développé  chez  les  Crustacés,  donne  naissance  dans  le 
protoplasma,  par  excrétion  d'une  partie  de  sa  substance,  à  une  sorte  de  boule,  le  para- 
some,  ou  pyrénosome  (Vicier,  Launois,  Guieysse);  cette  boule  vient  se  placer  sous  le 
plateau,  etGuiEvssK  pense  que,  dans  ces  cellules  très  longues,  sa  présence  est  nécessaire 


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FiG.  76. 
Cellules  épithéliales  do  l'intestin  chez  les  Mammifères.  (D'après  Bkanca). 


sous  le  plateau,  comme  celle  du  noyau  est  nécessaire  à  la  base;  le  pyrénosome  en  serait 
une  émanation  et  remplirait  probablement  le  même  rôle. 

Dès  que  la  cellule  absorbante  est  bien  individualisée,  elle  se  recouvre  toujours  d'un 
pinceau  de  cils.  Ceux-ci  se  présentent  avec  des  aspects  très  divers;  tandis  que  chez  les 
Vertébrés,  les  Crustacés,  etc.,  ces  cils  sont  très  courts  et  serrés  les  uns  contre  les  autres, 
réunis  même  par  une  substance  homogène,  chez  des  animaux  plus  inférieurs  (Vers  de 
terre,  Distomes, etc.),  ils  sont  longs  et  séparés.  L'explication  de  ces  formations  a  donné 
lieu  à  des  interprétations  très  diverses;  c'est  ainsi  que,  pour  ce  qui  est  de  l'intestin 
des  Vertébrés,  étant  donnée  la  difficulté  de  bien  voir  les  cils  séparés  les  uns  des  autres, 
on  a  décrit  longtemps  ce  plateau  comme  étant  formé  d'une  substance  homogène 
percée  de  pores  très  fins;  cette  opinion,  qui  était  celle  de  R.a.nvier  et  par  laquelle  on 
avait  cru  pouvoir  expliquer  assez  facilement  l'absorption,  est  maintenant  totalement 
abandonnée  devant  la  netteté  des  images  obtenues  à  l'aide  de  meilleures  fixations  et 
de  coupes  plus  fines.  D'autre  part,  chez  un  très  grand  nombre  d'Invertébrés,  on  a  décrit 
souvent  les  cellules  intestinales  comme  étant  recouvertes  par  des  cils  vibratiles;  ces 
cellules  sont  effectivement  recouvertes  de  longs  cils  très  fins;  mais  ces  cils  sont-ils  réel- 
lement vibratiles?  d'accord  avec  Prenant,  qui  a  étudié  à  ce  point  de  vue  les  cellules 
intestinales  de  la  Douve  du  foie,  il  nous  paraît  difficile  d'accorder  à  un  épithélium 
intestinal  des  cils  vibratiles,  et,  comme  lui,  nous  dirons  que  l'on  ne  peut  qualifier  de 
cils  vibratiles  que  les  appendices  que  l'on  voit  se  mouvoir  rapidement. 

Ces  plateaux  striés,  brosses  ou  cils,  quel  que  soit  l'état  sous  lequel  ils  se  présentent, 
sont  des  formations  absolument  identiques,  ne  dilTérant  que  par  leurs  dimensions  et  la 
présence  en  plus  ou  moins  grande  abondance  de  substance  intermédiaire.  Ils  ont  de 
très  grands  rapports  de  structure  avec  les  cils  vibratiles,  et  présentent  à  peu  près  la 
même  disposition  :  ils  sont  implantés  sur  la  cellule  par  l'intermédiaire  d'un  grain  très 
fin;  l'ensemble  de  ces  grains,  placés  tous  exactement  au  même  niveau,  prend  l'appa- 


504 


INTESTIN. 


rence  d'une  ligne  continue,  et  ce  n'est  qu'avec  de  très  forts  grossissements,  et  seulement 
dans  quelques  cas,  que  Ton  peut  arriver  à  décomposer  cette  ligne  en  ses  éléments.  Sur 
les  coupes,  on  voit  de  chaque  côté  de  cette  ligue,  un  gros  point;  c'est  la  ligue  de  sépa- 
ration des  cellules,  ligne  qui  forme  sur  des  préparations  vues  à  plat  des  traits  hexago- 
naux délimitant  les  cellules;  c'est  ce  que  l'on  appelle  le  cadre  cellulaire  ou  Kittleisten. 
Au-dessous,  se  trouve  une  zone  mince  de  protoplasma  homogène  finement  grenu  ;  puis 


FiG.   77. 
Cellules  intestinales  à' Ascaris  megalocephala.  (D'après  Prenant). 


une  bande  sombre  sous-basale,  dans  laquelle  arrive  tout  un  système  de  fibrilles  fines 
qui  ont  été  étudiées,  chez  les  Vertébrés,  par  Heidenhain  et  que  cet  auteur  a  considérées 
comme  des  tonofibrilles  ;  elles  forment  un  côue  tordu  en  un  demi-tour  de  spire,  dont 
la  base  correspond  à  la  bande  sombre  et  dont  la  pointe  vient  sur  l'un  des  côtés  du  noyau 
et  le  dépasse  légèrement.  Chez  les  Crustacés,  dans  l'hépato-pancréas.ces  fibrilles  sont, 
sur  quelques  cellules,  fortes  et  épaisses  ;  après  la  coloration  à  l'hématoxyline  au  fer,  les 
cellules  qui  les  contiennent  aussi  développées  tranchent  par  leur  aspect  noir  sur  les 
cellules  voisines. 

Pour  terminer  cette  étude  de  la  cellule  absorbante,  nous  dirons  encore  que  l'on  a 


INTESTIN. 


505 


signalé  dans  la  zone  apicale  des  canalicules  de  HoLMr.RKN  et  des  filaments  ergasto- 
plasnîi(iues,  acidophilcs,  contournés  en  anse. 

Les  cellules  sont  très  intimement  unies  entre  elles  dans  toute  leur  partie  supérieure, 
mais  à  partir  de  la  zone  moyenne,  elles  sont  plus  ou  moins  écartées  et  réunies  par  des 
ponts  intercellulaires.  Il  y  ainsi  entre  elles  des  espaces  qui,  comme  nous  le  verrons  eu 
étudiant  le  mécanisme  de  l'absorption,  servent  de  chemin  aux  matières  absorbées. 

Comme  nous  lavons  dit  plus  haut,  C(;s  éléments  ne  sont  pas  les  seuls  que  l'on  observe 
dans  l'épithélium  intestinal;  entre  les  cellules  pn'cédentes,  en  plus  ou  moins  grande 
quantité,  suivant  l'animal  observé  et  la  région  de  l'intestin  que  l'on  étudie,  se  voient 
des  cellules  en  forme  de  verre  à  pied,  dites  cellules  caliciformes.  Ces  éléments  peuvent 
être  considérés  comme  des  glandes  unicellulaires;  leur  produit  de  sécrétion  est  du 
mucus.  Leur  forme,  comme  nous  venons  de  le  dire,  est  celle  d'un  verre  à  pied;  le  pied 


FiG.  "y. 
Cellules  de  rhéi)ato-pancréas  d'un  Crustacé  [Galathea  strigosa).  (D'après  Guieysse) 
A,  Cellules  à  plateau  strié  du  tj'pe  intestinal;  B,  Cellules  à  grandes  vacuoles. 


est  formé  de  protoplasma  contenant  un  noyau,  généralement  plus  petit  et  plus  sombre 
que  le  noyau  des  cellules  à  plateau.  Le  gobelet  qui  surmonte  le  pied  est  parcouru  par 
de  fines  travées  protopiasmiques  et  rempli  de  mucus;  le  mucus  est  facilement  recon- 
naissable  par  les  réactions  appropriées;  il  déborde  parfois  la  cellule,  et  forme  au-dessus 
d'elle  une  sorte  de  bouchon. 

Nous  verrons  plus  loin,  en  étudiant  l'intestin  des  Vertébrés,  que,  chez  ces  animaux, 
il  y  a  encore  des  cellules  lymphatiques  interposées  entre  les  cellules  épithéliales. 

La  muqueuse  intestinale  présente  ce  fait  assez  général  d'augmenter  sa  surface  d'ab- 
sorption dans  d'énormes  proportions,  au  moyen  de  plis  (valvules  conniventes  chez  les 
Mammifères,  valvule  spirale  de  certains  Poissons,  etc.),  et  de  saillies  ou  villosités.  Pour 
montrer  combien  la  surface  est  ainsi  augmentée,  nous  citerons  ces  calculs  dé  Sappey  : 
«  La  muqueuse  de  l'intestin  grêle,  dont  la  longueur  est  de  8  mètres  chez  l'homme  lors- 
qu'elle n'est  pas  déplissée,  et  de  13  mètres,  lorsque  ses  valvules  conniventes  sont  dédou- 
blées, s'élèverait  à  26  mèti'es,  si  nous  pouvions  étaler  ses  villosités  comme  nous  étalons 
ses  valvules  conniventes.  En  multipliant  cette  longueur  par  la  circonfér-fuce  moyenne 
de  l'intestin  grêle,  qui  est  de  8  centimètres,  on  reconnaît  que  la  surface  libre  de  la 
tunique  muqueuse  équivaut  à  plus  de  20  000  centimètres  carrés,  et  que  son  étendue 
superficielle,  par  conséquent,  est  plus  grande  que  celle  de  l'enveloppe  cutanée.  »  Ce  fait 


506 


INTESTIN. 


est  à  peu  près  général  :  que  ce  soit  par  des  valvules  conniventes  ou  spiralées,  par  des 
villosités,  par  des  plissements  divers,  la  muqueuse  intestinale  est  toujours  beaucoup 
plus  grande  que  l'enveloppe  extérieure  qui  la  contient, 

La  muqueuse  de  Tintestin  repose  sur  un  chorion  rempli  le  plus  souvent  de  cellules 
lymphatiques  ;  elle  est  doublée  d'un  système  plus  ou  moins  compliqué  de  fibres  mus- 
culaires lisses,  sauf  chez  les  Arthropodes,  où  les  fibres  lisses  sont  à  peu  près  inconnues 
et  où  la  plupart  des  fibres  musculaires  y  compris  celles  de  l'intestin  sont  striées. 
Enfin  l'intestin  est  recouvert  par  une  séreuse  chez  les  animaux  qui  présentent  une 
cavité   générale  ou  cœlome. 

Anatomie  comparée  de  Tintestin.  —  La  disposition  de  l'intestin  varie  suivant  les 
animaux  dans  d'assez  larges  proportions  ;  de  plus,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  la  sur- 


.^gglf!Sf iiffe  0^^  _  (mm'f... 


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Fk;.   79. 
Cellules  intestinales  de  la  Salamandre  {Salamandra  maculosa).  (D'après  Prenant). 

face  absorbante  ne  correspond  pas  toujours  à  ce  que  l'on  appelle  l'intestin.  Nous 
allons  donc  passer  en  revue  la  disposition  et  la  structure  du  tube  digestif  chez  les  ani- 
maux en  commençant  par  les  plus  inférieurs  et  en  terminant  par  les  Mammifères 
et  l'homme,  que  nous  étudierons  un  peu  plus  en  détail.  Nous  laisserons  de  côté  dans 
ce  chapitre  les  Protozoaires,  car,  chez  ces  animaux,  il  n'y  a  pas  de  tube  digestif,  mais, 
dans  le  chapitre  de  l'absorption,  nous  les  étudierons,  on  touche  là,  en  efTet,  grossière- 
ment, si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  au  phénomène  de  l'absorption  réduit  à  sa  plus 
simple  expression. 

Dès  que  le  blastoderme  s'est  développé  en  gastrula,  l'intestin  existe;  sa  paroi  est 
formée  parle  feuillet  interne,  l'endoderme,  et  la  cavité  interne  prend  les  noms  d'intestin 
primitif,  gasler,  progasfer,  entéron,  archentéron,  cœlentéron;  cet  intestin  primitif 
s'ouvre  à  l'extérieur  par  le  protostome  o\i  blastopore.  C'est  la  disposition  que  l'on  observe 
chez  les  Cœlentérés;  chez  ces  animaux,  la  cavité  intestinale  est  la  cavité  du  corps,  plus 
ou  moins  compliquée  et  cloisonnée,  mais  ne  communiquant  avec  l'extérieur  que  par 
une  seule  ouverture, "parfois  plus  ou  moins  cloisonnée.  Chez  l'Hydre  d'eau  douce,  Hydra 
viridis,  nous  n'avons  affaire  qu'aune  cavité  en  doigt  de  gant  dont  les  parois  sont  recou- 
vertes par  de  hautes  cellules;  ces  éléments  renferment  des  grains  qui  témoignent  de 


INTESTIN.  507 

leurs  fonctions  sécréloires'.  On  voit  que  ce  n'est  là  qu'un  véritable  intestin  primitif,  un 
ca'leate)'on,eice  mot,  rapproché  du  nom  de  l'embranchement,  est  des  plus  suggestifs. 
Cependant,  déjà  chez  ces  êtres,  nous  voyous  apparaître  ces  plissements  de  la  muqueuse 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  et  qui  iront  en  s'accentuant  de  plus  en  plus  dans 
l'échelle  des  êtres.  Chez  les  CoraUiaires,  les  Actinies,  etc.,  la  cavité  présente  en  effet 
des  replis  en  nombre  déterminé  ;  il  y  en  a  G  ou  un  multiple  de  6  chez  les  Hexactiniaires, 
huit  ou  un  multiple  de  huit  chez  les  Oclactiniaires. 

Dans  toute  celte  grande  famille  des  Cœlentérés,  malgré  la  diversité  des  individus, 
l'intestin  reste  toujours  une  large  cavité  centrale;  il  ne  varie  que  par  quelques  dispo- 
sitifs secondaires,  ainsi  chez  les  Méduses  [Rhizostomes),  la  cavité  communique  avec 
l'extérieur  par  un  grand  nombre  de  petits  orilices  périphériques.  Chez  les  Siphonophores, 
la  fonction  nourricièie  est  dévolue  à  quelques  bourgeons  de  la  colonie,  les  gastrozoïdes, 
qui  sont  de  petits  tubes  courts,  munis  d'une  ouverture  buccale;  cette  ouverture  ne  pré- 
sente jamais  de  couronne  de  tentacules,  mais  à  sa  base  existe  un  long  filament  pré- 
hensile. 

L'endoderme  revêt  toute  la  cavité  gastrique,  et  les  canaux  intérieurs  des  tentacules, 
il  est  formé  de  plusieurs  sortes  de  cellules  :  des  cellules  épithélio-musculaires,  qui  se 
composent  d'une  cellule  prismatique  dont  la  base  s'étale  en  libres  lisses,  fusiformes  ;  de 
cellules  glandulaires,  contenant  des  granulations  nombreuses,  ces  deux  espèces  de  cel- 
lules portent  un  ou  plusieurs  flagellums;  des  némaloblastes  ou  cellules  urticantes;  et 
enfin  des  cellules  interstitielles,  petites  cellules  placées  entre  les  autres,  qui  n'atteignent 
pas  la  surface  et  qui  seraient  des  éléments  de  remplacement. 

Chez  les  Écldnodermes,  nous  voyons  apparaître  un  véritable  intestin,  dont  les  cellules 
sont  ciliées  et  bourrées  de  granulations  :  il  existe  le  plus  souvent  une  ouverture  buccale 
et  une  ouverture  anale,  sauf  chez  les  Ophiurides,  les  Euvijales  et  quelques  Astéries.  Chez 
ces  animaux,  nous  avons  encore  affaire  à  un  cœlentéron;  mais,  chez  les  Oio'sms,  c'est  un 
véritable  tube  digestif,  régulier,  bien  calibré,  divisé  (un  peu  arbitrairement)  en  œso- 
phage, estomac,  intestin  et  rectum.  Chez  les  Astéries,  c'est  une  poche  courte  et  large,  mais 
prolongée  dans  chaque  bras  par  de  longs  culs-de-sac  multilobés.  A  propos  de  cet  animal, 
je  signalerai  ce  fait  curieux  qu'il  n'ingère  pas  les  aliments  dont  il  se  nourrit,  mais  qu'il 
évagine  son  tube  digestif  contre  eux,  les  digère  ainsi  et  les  absorbe  à  l'extérieur.  Chez 
les  Holothuries,  c'est  un  long  tube  replié  représentant  environ  trois  fois  la  longueur  de 
l'animal  et  sur  lequel,  chez  certaines  espèces,  s'abouchent  près  de  l'anus  des  cœcums, 
des  tubes  acineux  appelés  les  oryanes  de  Ciivier. 

A  partir  de  cet  embranchement,  sauf  chez  quelques  Vers,  le  tube  digestif  sera  toujours 
ouvert  à  deux  extrémités;  on  y  voit  apparaître  des  régions  glandulaires,  qui  s'isolent 
en  glandes  annvexes;  d'abord  ouvertes  largement  dans  sa  cavité,  ces  glandes  s'isolent 
ensuite  et  ne  communiqueront  plus  avec  l'intestin  que  par  d'étroits  canaux  excréteurs. 
C'est  de  celte  façon  que  se  forment  le  pancréas  et  le  foie  qui,  chez  les  Vertébrés,  sont 
complètement  séparés  de  l'intestin.  Ainsi,  chez  les  Bal anoy lasses,  l'intestin  est  droit,  et 
présente  vers  son  milieu  une  région  dite  hépatique,  où  s'abouchent  de  courts  diverti- 
cules  sacciformes.  Le  tube  digestif  est  divisé  en  bouche,  pharynx,  estomac  et  intestin; 
la  muqueuse  de  l'estomac  qui  correspond  à  la  région  hépatique  est  jaune  verdâtre;  elle 
est  formée  de  grandes  cellules  ciliées  contenant  des  granulations;  dans  l'intestin,  la 
muqueuse  est  plissée. 

Chez  les  Brijozoaires,  l'intestin  très  court  fait  suite  à  un  large  estomac  et  à  un  œso- 
phage; l'épithélium  est  bas  et  incolore  dans  l'œsophage  et  l'intestin;  dans  l'estomac, 
les  cellules  sont  très  élevées,  chargées  de  granulations  allant  du  jaune  au  rouge  et  au 
brun;  c'est  un  épithélium  glandulaire,  mais  capable  aussi  d'absorber;  il  est  partout 
cilié,  mais  les  cils  sont  rares  dans  le  cul-de-sac  stomacal. 

1.  A  propos  de  cet  animal  je  rappellerai  qu'à  la  suite  des  expériences  de  Trembley,  savant  du 
xviir  siècle,  on  avait  prétendu  que  les  cellules  de  la  cavité  intestinale  étaient  si  peu  différenciées 
de  celles  de  la  peau,  qu'on  pouvait  retourner  l'animal  sur  lui-même  et  que,  de  cette  manière,  les 
cellules  de  l'extérieur,  devenant  intestinales,  absorbaient  les  matières  alimentaires  et  les  digé- 
raient; l'animal  n'aurait  pas  été  troublé  par  cette  opération.  Des  expériences  mieux  conduites 
ont  montré  que  cette  adaptation  ne  se  fait  pas  et  que,  si  les  cellules  ne  peuvent  se  remettre  en 
place,  l'animal  meurt  rapidement. 


508  INTESTIN. 

Parmi  les  Vers  parasites,  un  très  grand  nombre  d'entre  eux  sont  totalement  dépour- 
vus d'appareils  digestifs;  ce  sont  les  Cestodes  qui,  vivant  au  contact  du  bol  alimentaire 
de  leur  hôte,  absorbent  la  nourriture  par  leur  épithélium  ectodermique;  nous  voyons 
que,  dans  ce  cas,  l'ectoderme  peut  remplacer  l'endoderme;  chez  d'autres  vers  parasites, 
tels  que  les  Trcinatodes,  l'intestin  existe,  mais  nous  revenons  au  type  primitif,  au  cœ/en- 
teron  :  il  n'y  a  pas  d'anus;  la  bouche  conduit  dans  un  pharynx  musculeux,  puis  dans  un 
œsophage  plus  ou  moins  allongé  qui  se  continue  avec  un  tube  digestif  bifurqué,  fré- 
quemment ramifié.  Les  branches  sont  terminées  en  cul-de-sac  et  tapissées  d'épithélium  ; 
la  paroi  contient  souvent  des  fibres  musculaires  et  est  contractile.  Bien  que  les  Tiirbel- 
lariés  ne  soient  pas  parasites,  leur  tube  digestif  est  construit  sur  le  même  plan  et  ne  pré- 
sente pas  d'anus.  Chez  les  ^'êmertes  le  tube  digestif  est  droit  et  muni  d'un  anus,  en 
avant  il  se  prolonge  par  une  trompe  protractile.  Chez  les  Nématodes  parasites,  à  l'œso- 
phage fait  suite  un  large  canal  digestif  terminé  par  un  anus  situé  sur  la  face  ventrale, 
non  loin  de  l'extrémité  postérieure  ;  chez  certains  de  ces  animaux,  les  cellules  sont 
remarquablement  grandes  et  belles,  nous  en  avons  donné  un  exemple  (fig.  77)  en 
figurant  les  cellules  intestinales  d' Ascaris  mcgalocepliala.  Dans  la  portion  terminale 
de  l'intestin,  qui  constitue  un  rectum  plus  ou  moins  distinct,  on  trouve  des  fibres 
musculaires  à  la  face  externe  de  la  paroi.  Chez  les  Hotifèrcs  les  organes  digestifs  sont 
très  simples;  l'orifice  buccal  conduit  dans  un  pharynx  large,  armé  de  mâchoires, 
auquel  fait  suite  un  vaste  intestin  stomacal  à  grosses  cellules  ciliées.  A  l'entrée  de  cette 
partie  du  tube  digestif  s'abouchent  deux  glandes  (salivaires  ou  pancréatiques);  l'intestin 
stomacal  se  continue  par  un  intestin  grêle  et  un  intestin  terminal  qui  débouche  sur  la 
face  dorsale  de  la  partie  antérieure  du  corps.  Chez  quelques-uns  [Ascamorpha  et 
Asplanchna)  ces  parties  manquent,  le  tube  digestif  se  termine  en  un  cul-de-sac. 

Chez  \eS  Gcpliyricns,  le  tube  digestif  est  généralement  très  long,  beaucoup  plus 
long  que  le  corps;  il  décrit  de  nombreuses  circonvolutions,  s'enroule  sur  lui-même  et 
revient  s'ouvrir  par  un  anus,  ordinairement  dorsal,  très  rapproché  de  l'extrémité  anté- 
rieure du  corps. 

Chez  les  Annélides,  l'intestin  est  intéressant  on  ce  que  sa  surface  d'absorption  n'est 
pas  augmentée  par  sa  grande  longueur  comme  chez  les  animaux  précédents,  mais  bien 
par  une  série  de  diverticules  correspondant  à  peu  près  aux  métamères.  ChejAes  llivudinés 
par  exemple,  l'intestin, situé  dans  l'axe  longitudinal  du  corps,  est  ])arfois  divisé  par  des 
étranglements  en  nombre  égal  aux  anneaux,  ou  bien  présente  un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  de  ca?cums  pairs  et  aboutit  dans  un  rectum  court,  parfois  également 
pourvu  de  dilatations,  qui  débouche  au  pôle  postérieur  près  de  la  ventouse.  Chez  les 
Chétopodes,  la  disposition  est  la  même;  ainsi  chez  un  Polychète,  Aphrodite  aculcata,  la 
disposition  en  caecums  latéraux  est  poussée  au  plus  haut  point  :  chaque  caicum,  assez 
large,  communique  avec  l'intestin  par  un  canal  relativement  étroit  ;  toutes  ces  parties 
sont  recouvertes  de  hautes  cellules  ciliées  bourrées  de  granulations.  Chez  les  Lumbricus 
(Oligochètes),  l'intestin  présente,  suivant  le  milieu  de  sa  face  dorsale,  un  repli  ou 
typhlosolis;  c'est  une  invagination  tiibuleuse  assez  comparable  aune  valvule  en  spirale. 
Dans  le  vaste  embranchement  des  Arthropodes,  nous  trouvons  des  dispositions  très 
variées  et  qui  s'écartent  considérablement  de  la  forme  commune  de  l'intestin.  Nous  avons 
déjà  mentionné  plus  haut  ce  qu'il  fallait  admettre  pour  l'intestin  chez  les  Crustacés 
malacostracés;  pour  ces  animaux,  c'est  par  l'étude  de  la  cellule  que  l'on  a  pu  arriver  à 
localiser  l'organe  où  se  fait  l'absorption.  Nous  prendrons  comme  type  la  Langouste  : 
chez  cet  animal,  un  très  court  œsophage  conduit  dans  un  assez  large  estomac  dont  les 
parois  épaisses  sont  recouvertes  de  plaques  de  chitine.  Un  long  intestin  rectiligne  part 
de  l'estomac,  parcourt  l'abdomen  et  va  s'ouvrir  à  l'anus;  cet  intestin  est  très  musculeux 
et  présente  un  nombre  constant  de  colonnes  (douze)  à  sa  surface  intérieure;  dans  ces 
colonnes  se  trouvent  des  libres  striées  longitudinales  et  une  couche  transversale  entoure 
toute  sa  circonférence.  Il  est  revêtu  d'une  rangée  de  cellules  simples  recouvertes  d'iane 
épaisse  couche  de  chitine.  A  l'union  de  l'estomac  et  de  l'intestin  se  trouve  un  petit 
caecum,  le  cœcum  dorsal,  dont  les  cellules  sont  du  type  intestinal  absolument  caracté- 
ristique, éléments  longs  à  beaux  noyaux  recouverts  d'un  plateau  en  brosse.  Au  même 
endroit,  latéralement,  viennent  s'aboucher  deux  canaux  qui  conduisent  dans  un  vaste 
organe  double,  l'hépato-pancréas,  l'organe  entérique   de   Gcjieysse.  La  structure  de  cet 


INTESTIN. 


i09 


organe  prouve  surabondamment  son  rôle  intestinal.  Il  se  compose  d'une  infinité  de 
tubes  qui  se  divisent  dicliotomiquement  et  finalement  se  terminent  en  ctecums.  La 
lumière  de  ces  tubes  est  irrégulièrement  festonnée,  non  par  la  formation  do  piliers 
valvulaires,  mais  par  des  tlilTérences  régulières  de  taille  des  éléments  qui  les  recouvrent 
intérieurement.  Ces  éléments  sont  des  cellules  intestinales  absolument  typiques  sem- 
blables à  celles  duca'cum  dorsal.  Entre  elles  se  trouvent  d'autres  éléments  qui  semblent 
fort  différents,  mais  qui,  par  leur  développement,  se  rapportent  facilement  au  même 
type.  Ce  sont  des  cellules  qui  sont  généralement  disposées  en  groupe  et  qui  ont  leur 
extrémité  distale  transformée  en  une  immense  vacuole  recouverte  par  le  plateau  strié 


FiG.  80.  —  Tube  digestif  Je  Protoptorus  annectens.  (D"apr6s  \Viedersheim). 
I,  tubo  digestif  ouvert  pour  montrer  la  valvule  spirale;  1,  estomac  ;  2,  intestin. 


et  remplie  d'une  matière  plus  ou  moins  coagulée.  Nous  verrons  au  chapitre  de  l'ab- 
sorption le  rôle  que  Guieysse  a  cru  pouvoir  attribuer  à  ces  cellules. 

Cette  disposition  de  l'intestin  et  de  l'organe  entérique  est  poussée  au  point  extrême 
chez  les  Langoustes,  Homards,  Crabes,  Maïas,  etc.;  elle  est  moins  prononcée  chez  les 
Crevettes  où  l'intestin  est  recouvert  de  cellules  intestinales  sur  une  grande  longueur. 
Chez  les  Stomatopodes,  l'intestin  est  aussi  absorbant,  l'hépato-pancrt-as,  composé  des 
mêmes  éléments  que  chez  les  Décapodes  s'étend  en  longueur  sur  les  deu.x  côtés  de 
l'intestin.  Chez  les  Isopodes,  l'intestin  est  absorbant,  l'hépato-pancréas  est  formé  de 
deux  ou  trois  paires  de  tubes  ;  les  cellules  sont  ici  de  taille  colossale. 

Chez  [c&Entoinostraccs,\aL  structure  est  beaucoup  moins  compliquée;  le  tube  digestif 
est  le  plus  souvent  un  tube  simple,  sans  circonvolution;  mais,  chez  des  Copépodes 
nageurs,  Guieysse  a  observé  que  des  cellules  à  grandes  vacuoles  se  rencontrent  en 
nombre  plus  ou  moins  considérable  dans  la  région  moyenne,  qui  s'élargit  souvent  en 
une  poche  assez  large 


510 


INTESTIN. 


Chez  les  Arachnides,  le  tube  digestif  est  droit,  mais  présente  de  longs  cœcums  ;  cette 
disposition  est  particulièrement  remarquable  dans  le  groupe  des  Pantopodes  où  les 
caecums  vont  jusqu'au  bout  des  pattes.  Il  y  a  lo  plus  souvent  un  volumineux  hépato- 
pancréas.  Chez  les  Scorpions,  cet  hépato-pancréas  est  situé  comme  chez  les  Crustacés, 
mais  communique  avec  l'intestin  par  un  grand  nombre  de  canaux. 

Chez  les  Insectes,  à  l'œsophage  et  au  jabot  (intestin  antérieur)  succède  un  intestin  droit 
ou  flexueux  dont  la  structure  est  variable  et  répond  au  mode  d'alimentation.  Il  se  compose 
d'abord  d'une  poche,  le  ventricule  chylifique  ou  intestin  moyen  qui  reçoit  souvent  un 
grand  nombre  de  glandes  digestives;  ensuite  vient  l'intestin  postérieur  divisé  lui-même 
en  iléum  et  rectum.   A  la  limite  du  ventricule   chylifique  et  de  l'intestin  terminal 


Fie.  81. 


Escargot.  —  1,  pliarynx;  2,  œsopliagc;  3,  glandes  salivaires  ;  4,  estomac  ;  5,  lobe  du  foie;  C,  iutestin; 
7,  anus  ;  8,  intestin  terminal  ;  9,  intestin  moyen  ;  10,  lobe  du  foie. 


s'abouchent  des  tubes  filiformes  appelés  tubes  de  Malpighi;  ces  tubes  seraient  des 
organes  urinaires. 

L'intestin  antérieur  et  l'intestin  postérieur  sont  d'origine  eclodermique  et  recouverts 
d'une  couche  de  chitine.  Seul  l'intestin  moyen  a  un  rôle  digestif;  sou  épitliélium  est 
formé  de  cellules  hautes  recouvertes  d'un  plateau;  ces  cellules,  disposées  en  groupe,  sont 
séparées  par  des  amas  d'éléments  plus  petits;  d'après  R.\tch  et  Frenzel,  ces  dernières 
seraient  glandulaires;  les  grandes  serviraient  seules  ù  l'absorption. 

De  même  que  chez  les  Crustacés,  l'intestin  des  Mollusques  est  presque  toujours 
accompagné  d'un  volumineux  hépato-pancréas,  et,  au  moins  pour  les  Céphalopodes,  on 
sait,  depuis  les  travaux  de  Cué.xot,  que  c'est  dans  cet  organe  que  se  fait  l'absorption.. 
Chez  tous  les  animaux  de  cet  ordre,  le  tube  digestif  proprement  dit  est  recouvert  de 
cellules  à  cils  vibratiles,  mais  les  cellules  hépato-pancréatiques  sont  recouvertes  d'un 
plateau  strié.  Elles  ont  de  très  grandes  ressemblances  avec  les  cellules  hépato-pancréa- 
tiques des  Crustacés;  comme  chez  ces  animaux,  on  y  trouve  des  cellules  à  grandes 
vacuoles  et  des  cellules  bourrées  de  granulations. 

On  distingue  toujours,  chez  les  Mollusques,  trois  régions  nettement  séparées  :  l'in- 
teslin  buccal,  l'intestin  moyen  et  l'intestin  terminal;  c'est  à  l'intestin  moyen  que  se 


INTESTIN. 


511 


trouve  annexé  riiépalo-pancréas.Chez  quelques-uns,  l'hépato-pancréas  n'est  pour  ainsi 
dire  pas  séparé  du  tube  digestif,  par  exemple  chez  le  Dentale  {Scapkopode),  l'intestin 
moyeu  forme  une  anse  où  vient  s'aboucher  directement  un  hépato-pancréas  volumineux 
dont  les  nombreux  lobes  sont  groupés  en  deux  masses  paires.  Chez  d'autres,  les  Éolidiem 
[Opistobranches],  il  n'y  a  que  des  diverticules  hépatiques  qui  pénètrent  jusque  dans  les 
papilles  du  corps;  cet  animal  olïre  ce  phénomène  curieux  de  présenter  dans  cette  région 
des  nérnatocystes  analogues  à  ceux  des  Cœlentérés.  Longtemps  on  a  cru  qu'il  s'agissait 
de  formations  semblables,  mais  Cuknot  a  montré  nettement  que  sont  les  nérnatocystes 
des  polypes  dont  l'animal  fait  sa  nourriture  qui  entrent  dans  les  diverticules  hépatiques 
et  sont  phagocytés  sans  être  déchargés  par  les  cellules;  il  se  pourrait  même  que  l'ani- 
mal puisse  encore  s'en  servir  comme  moyen  de  défense. 

Chez  les  Céphalopodes,  à  l'union  des  canaux  et  de  l'intestin,  on  observe  un  cœcum 


FiCt.  82. 

Poulpe.  —  l,  glandes  salivairos  supérieures;  2,resopliago;  a, caecum  supérieur;  4,  jabot;  5, estomac;  6, cfecum 

spiral;  7,  7',  glandes  salivaires  inférieures  ;  8,  pancréas;  9,  foie  (hopato-pancréatiques ;  10,  intestin. 


souvent  enroulé  sur  lui-même,  le  Ciocum  spiral;  c'est  là,  d'après  Cuénot,  que  se  ferait 
l'alisorption  des  graisses. 

Chez  quelques  Gastéropodes  parasites,  le  tube  digestif  disparaît  par  atrophie.  Chez 
Ealocolax,  la  disparition  est  totale  ;  chez  Entocoucha,  il  en  reste  encore  quelques  ves- 
tiges. 

Nous  en  aurons  terminé  avec  les  Invertébrés  en  étudiant  le  tube  digestif  des  Pro- 
chordés,  les  Tuntciers  et  VAmphioxus  qui  sont,  on  le  sait,  le  trait  d'union  entre  les  Inver- 
tébrés et  les  Vertébrés.  Chez  les  Tunicieni  l'œsophage  s'ouvre  dans  un  estomac  ovoïde, 
court,  d'où  part  un  intestin  cylindrique  formant  une  anse.  Dans  l'œsophage  et  l'intestin, 
l'épithélium  est  cilié,  dans  l'estomac  il  est,  en  partie  cilié,  en  partie  glandulaire.  De 
plus,  il  existe  un  organe  formé  de  tubes  ramifiés  qui  se  répandent  sur  l'intestin  ;  nous 
avons  montré  plus  haut  que  Delage  et  Hérouard  pensent  que  cet  organe  pourrait  être 
un  appareil  absorbant. 

Chez  VAmphioxus,  le  tube  digestif  est  droit  ;  il  débute  par  un  énorme  pharynx   ou 


512 


INTESTIN. 


estomac  qui  donne  accès  dans  un  vaste  caecum  hépatique  et  se  continue  par  un  intestin 
de  même  lont^ueur.  Les  cellules  de  l'estomac  et  du  c.Tcum  hépatique  sont  remplies  de 
granulations  verdAtres;  celles  de  l'intestin  sont  hautes  et  minces,  elles  sont  munies  d'un 
cil  vibratile  et  ne  contiennent  pas  de  granulations. 

Nous  arrivons  maintenant  aux  Vertébrés.  Là,  il  n'y  a  plus  aucune  hésitation  possible 
pour  reconnaître  dans  l'intestin  l'organe  unique  de  l'absorption  ;  le  foie  et  le  pancréas 
en  sont  complètement  séparés  et  ne  communiquent  plus  avec  lui  que  par  d'étroits 
canaux  qui  déversent  la  bile  et  le  suc  pancréatique  ;  l'intestin  est  nettement  séparé  aussi 
de  l'estomac,  et,  si  sa  première  partie,  le  duodénum,  est  encore  un  organe  où  les  aliments 
subissent  l'action  de  sucs  digestifs,  tout  le  reste  travaille  à  l'absorption,  puis"  à  l'éva- 
cuation du  bol  fécal. 

Chez  les  Poissons,  l'intestin  est  encore  assez  court  ;  parfois,  il  est  droit  ;  d'autres  fois. 


Kig.   83. 
Perche.    —     1,    pylore;    2,    estomac: 
3,  intestin  grêle;  4,  foie;  5,  appen- 
dice pylorique  ;  C,  ampoule  rectale  ; 
7,  anus. 


FiG.  «I. 
Grenouille.  —  1,  vésicule  bilaire;  2,  foie; 
3.  pancréas;  4,  intestin  grêle  ;  5,  ves- 
sie; 6,    estomac:   7,  rectum;  7,  ovi- 
dncte. 


il  ne  décrit  que  de  simples  courbures;  mais  dans  d'autres  cas  aussi,  il  forme  de  véritables 
circonvolutions  ;  il  est  séparé  de  l'estomac  par  un  pylore  très  musculeux  dans  l'intérieur 
duquel  se  trouve  une  valvule;  immédiatement  au-dessous  de  cette  valvule,  on  trouve 
fréquemment  des  appendices  terminés  en  cul-de-sac,  en  nombre  variable,  les  appendices 
pyloriqucs.  Ces  organes,  tantôt  simples,  tantôt  ramifiés,  ne  semblent  jouer  d'autre  rôle 
que  d'augmenter  la  surface  absorbante.  La  surface  interne  de  l'intestin  est  parcourue 
par  des  plis  longitudinaux  ;  on  y  observe  rarement  de  véritables  villosités  comme  celles 
des  Vertébrés  supérieurs,  mais,  chez  les  Sélaciens,  les  Ganoïdes  et  les  Dipnoïques,  on 
remarque  la  présence  d'une  formation  très  curieuse  destinée  à  augmenter  la  surface 
d'absorption;  c'est  un  repli  longitudinal  contourné  en  spirale,  sorte  de  vis  d'ARCHiMÈoE, 
la  valvule  spirale  ;  le  bol  alimentaire  est  forcé  de  parcourir  ses  tours  de  spire  et,  de 
cette  façon,  son  cheminement  à  travers  l'intestin  est  très  long.  Le  rectum  ne  se  diffé- 
rencie pas  partout  nettement;  quand  il  existe,  il  est  court;  chez  les  Sélaciens,  il  est 
pourvu  d'un  appendice  cœcal,  et  s'ouvre  avec  les  conduits  génitaux  dans  un  cloaque  ; 
chez  les  autres  Poissons,  l'anus  est  isolé.  La  structure  est  maintenant  celle  que  nous 
trouvons  chez  tous  les  Vertébrés  :  une  muqueuse  recouverte  de  cellules  à  plateau  en 


INTESTIN. 


513 


brosse  et  de  cellules  caliciformes,  reposant  sur  un  derme  de   tissu  conjonctif  réticulé  ; 
une  musculeuse  et  une  séreuse. 

Chez  les  Ampliibiens,  l'intestin  présente  des  circonvolutions  ;  il  y  a  toujours  un  in- 
testin {^rêle  et  un  gros  intestin;  ce  dernier  débouche  dans  le  cloaque  avec  la  vessie  et 
les  conduits  génitaux.  Chez  les  Reptiles,  la  disposition  est  la  même  ;  l'intestin  grêle 
n'offre  en  général  que  peu  de  circonvolutions  ;  il  est  plus  ou  moins  court  suivant  que  la 
nourriture  est  plus  ou  moins  animale;  chez  les  Tortues  terrestres,  seulement,  qui  vivent 
de  matières  végétales,  la  longueur  dépasse  de  six  à  huit  fois  celle  du  corps.  Le  gros  in- 


FlG.  85. 

Poule.  —  1,  estomac  ;  2,  jabot  ;  3,  foie  ;  4,  estomac  :  5,  cholédoque  ;  6,  gésier  ;  7,  pancréas  ; 

8,  duodénum;  9,  intestin  grêle;  10  et  10',  caecums;  11,  rectum;  12,  cloaque. 


lestin,  très  large,  présente  dans  la  règle  une  valvule  annulaire,  parfois  aussi  un  caecum 
et  aboutit  à  un  cloaque. 

Chez  les  Oiseaux,  l'intestin  grêle  débute  par  un  duodénum  séparé  du  pylore  par  une 
valvule  :  chez  quelques  Échassiers  et  quelques  Palmipèdes,  cette  portion  forme  une  sorte 
d'estomac  accessoire,  l'intestin  grêle  entoure  par  sa  première  circonvolution  le  pancréas 
dont  les  canaux  excréteurs,  ainsi  que  ceux  du  foie  (au  nombre  de  deux  généralement), 
débouchent  dans  cette  région.  A  partir  de  ce  point,  il  ne  décrit  que  des  sinuosités  peu 
prononcées  et  se  continue  avec  le  gros  intestin  dont  il  est  séparé  par  une  valvule  annu- 
laire ;  à  ce  point  s'abouchent  deux  longs  caecums.  L'intestin  grêle  atteint  à  peu  près  deux 
à  trois  fois  la  longueur  du  corps;  quant  au  gros  intestin,  il  reste  toujours  très  court, 
excepté  chez  l'Autruche,  et  se  termine  dans  le  cloaque.  En  ce  point,  il  offre  un  repli 
annulaire  qui  représente  un  sphincter.  Un  sac  glandulaire  allongé,  appelé  Bourse  de 
Fabricius^  s'ouvre  dans  la  paroi  postérieure  du  cloaque. 


DICT.    DK  PHYSIOLOGIR. 


33 


Sll 


INTESTIN. 


Chez  les  Mammifdres,  l'iiiteslin  grôle  comprend  le  duodénum  assez  court  (12  travers 
de  doigt,  chez  l'homme,  HérophileI  et  le  jt^juno-iiéon  ;  il  s'abouche  au  gros  intestin,  plus 
ou  moins  long,  sur  le  côté,  par  la  valvule  iléo-cœcale  ;  au-dessous  de  cette  valvule  se 
trouve  une  poche  plus  ou  moins  grande,  le  cœcum  ;  le  gros  intestin  prolonge  le  crecum 
sans  limites  précises  et  prend  le  nom  de  côlon  (chez  l'homme  trois  portions,  ascendante, 
transverse  et  descendante)  et  se  termine  par  le  rectum  qui  s'ouvre  à  l'anus. 

Sur  le  cœcum  se  greffe,  chez  l'homme,  un  autre  petit  cœcum,  l'appendice  ih'îo-cœcai, 
qui  en  est  une  partie  atrophiée,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  par  le  développe- 
ment. La  grandeur  du  cœcum  est  en  rapport  avec  l'alimentation  ;  chez  les  Herbivores, 
il  est  énorme  ;  chez  les  Carnivores,  il  est  absolument  rudimentaire.  Chez  l'Homme  et  les 
Singes  anthropoïdes,  le  cœcum  est  de  moyenne  taille  ;  pendant  la  période  embryonnaire, 
il  ne  présente  pas  d'appendice  et  il  est  relativement  long,  mais  le  développement  se  fait 


Fu..  86.  —  Turbot. 
1,  p.incréas;  2,  duodénum;  3,  vésicule  biliaire;  4,  Cîecuni  i)yloriquc;  5,  canal  licjiatiijuc  ;  0,  cliolédoi|UC 


.foie. 


inégalement  et  tandis  que  la  partie  supérieure  se  développe  suivant  le  calibre  du  reste 
du  gros  intestin,  la  partie  inférieure  subit  un  arrêt  de  développement,  se  rétrt*rit  et  ne 
forme  plus  qu'un  petit  tube  cylindrique  qui  est  l'appendice. 

Le  duodénum  se  distingue  de  l'intestin  grêle  par  une  assez  grande  fixité  et  par  son 
calibre  un  peu  supérieur;  cette  disposition  est  très  caractérisée  chez  certains  Mammi- 
fères, où  le  duodénum  présente  près  du  pylore  une  dilatation  en  forme  de  poche  qui 
ressemble  à  un  véritable  estomac  accessoire  (Marsouin,  Chameau,  Lama).  Le  calibre  du 
reste  de  l'intestin  est  à  peu  près  constant. 

La  longueur  de  l'intestin  grêle  est  en  général  supérieure  à  la  longueur  du  gros  in- 
testin ;  mais  cette  longueur  est  elle-même  subordonnée  au  genre  d'alimentation  de 
l'animal.  Les  Carnirores  ont  un  intestin  très  court  ;  comparée  à  la  longueur  du  corps 
de  l'animal, ^cette  longueur  est  de  trois  pour  le  Lion,  de  cinq  pour  le  Loup  ;  l'intestin  des 
Herbivores  est  au  contraire  très  long,  il  est  par  exemple  de  dix  pour  le  Cheval,  de  dix- 
huit  chez  la  Chèvre  et  de  vingt-huit  pour  le  Mouton  ;  l'Homme  a  un  intestin  de  longueur 
intermédiaire,  de  six  à  sept,  qui  correspond  bien  h  son  genre  de  nourriture  mixte. 

On  voit  par  ce  tableau  que  chez  les  Herbivores,  Solipèdes  ou  Ruminants,  le  tube  di- 
gestif a  une  capacité  énorme  par  rapport  à  celui  des  Omnivores  et  des  Carnivores. 


INTESTIN. 


515 


L'énorme  masse  des  aliments  ingérés  par  les  Herbivores,  la  durée  de  temps  qu'exif^e 
la  digestion  de  ces  aliments  expliquent  assez  la  capacité  considérable  du  tube  digestif 
de  ces  animaux. 

Structure  de  l'intestin.  —  Étant  donné  l'intérêt  tout  particulier  que  présente  l'intes- 
tin chez  l'Homme,  c'est  chez  ce  type  de  Mammifère  que  nous  étudierons  sa  structui-e 
histologique. 

Examinée  par  sa  face  interne,  la  surface  intestinale  présente  une  couleur  gris  rosé 
rougeàtre  pendant  la  digestion,  souvent  colorée  en  brun  par  la  bile.  Comme  toujours 
elle  augmente  sa  surface  par  un  grand  nombre  de  replis  transversaux  qui  occupent  les 


I>a])in. 


Via.  87. 
1.  Foie;  2,  cholédoque  ;  3,  pancréas  ;  4,  duodénum;  5,  estomac. 


trois  quarts  ou  plus  de  la  muqueuse  intestinale,  nous  avons  donné  plus  haut  les  calculs 
de  SAPPEYà  ce  sujet:  ce  sont  les  valvules  conniventes,  décrites  par  F.^llope  et  Kerkring^ 
La  portion  initiale  du  duodénum  u'en  présente  pas  :  elles  commencent  à  apparaître  dans 
la  portion  descendante.  Elles  cessent  à  60  ou  80  mm.  de  la  valvule  iléo-cœcale  ;  leur 
hauteur  est  de  6  à  8  mm.  De  place  en  place  se  trouvent  des  plages  unies  qui  corres- 
pondent aux  plaques  de  Peyer,  organes  lympboïdes  dont  nous  étudierons  plus  loin 
la  structure;  ces  plaques  sont  tantôt  lisses,  tantôt  gaufrées  ou  plissées.  Elles  sont 
formées  par  la  réunion  de  petits  grains  lymphoïdes,  les  follicules  clos  follicules- 
agminés)  :  mais  un  peu  partout  on  observe  aussi  de  ces  petits  grains  solitaires  formant 
de  petites  saillies  arrondies  du  volume  d'une  tète  d'épingle. 

A  la  loupe,  la  surface  intestinale  présente  un  aspect  velouté  qui  e.st  dû  à  la  présence 
en  quantité  considérable,  d'une  foule  de  petites  saiHies  :  ce  sont  les  villosités;  elles, 
s  étendent  depuis  la  valvule  pylorique  jusqu'à  la  valvule  iléo-c;ecale.  Sappey  en  a  décrit 


516 


INTESTIN. 


deux  types:  les  villosités  lamelleuses  ou  aplaties  et  les  villosités  cylindriques  ou  digi- 
tifornies;  les  premières  existent  seules  sur  le  duodénum,  les  secondes  prédominent 
sur  tout  le  reste.  D'après  Bujard  et  Fusari,  la  forme  des  villosités  serait  en  rapport  avec 
l'alimentation  de  l'animal;  très  variables  chez  l'homme,  elles  affectent  la  forme  de 
crêtes  chez  les  herbivores  et  elles  sont  cylindroïdes  chez  les  carnivores. 

Entre  elles  se  voient  une  infinité  de  petits  trous  ;  ce  sont  les  ouvertures  des  glandes 

de  LlEBERKUHN. 

Examiné  en  coupe,  au  microscope,  l'intestin  se  divise  en  quatre  couches:  ce  sont,  en 
allant  du  dedans  au  dehors,  la  muqueuse,  la  tunique  sous-muqueuse  ou  celluleuse,  la 
tunique  musculeuse  et  la  tunique  séreuse. 

|o  Muqueuse.  —  La  muqueuse  est  limitée  dans  la  profondeur  par  une  couche  de  fibres 
musculaires  lisses,  la  muscularis  mucosae  :  elle  est  formée  par  un  chorion  conjonctif  re- 
couvert par  répithélium  absorbant.  Cet  épithélium  est  constitué  par  une  rangée  des 
cellules  à  plateau  dont  nous  avons  donné   la  description  au  début  de  cet  article  ;  les 


FiG.  88. 
Lapin.  —  1.  pylore;  2,  estomac:  ^,  cardia;  4,  duodénum  ;  5,  5,  colon;0,6',  cœcum;  ".  intestin  ;  8,  appendice. 


cellules  sont  entremêlées  de  cellules  caliciformes  qui  occupent  principalement  le  som- 
met des  villosités.  Dans  l'intervalle  des  villosités,  l'épithélium  plonge  en  doigt  de  gant 
dans  le  chorion  et  forme  les  glandes  de  LiEiiF.uKitiN.  Celles-ci  ne  manquent  dans 
aucune  région  de  l'intestin;  leur  longueur  est  de  ()'"'°,2:j  ù  0'"°",5,  dans  l'intestin,  et 
atteint  5  à  7  mm.  dans  le  gros  intestin;  généralement  simples,  elles  sont  assez  souvent 
bifurquées  et  même  trifurquées.  Leur  interprétation  a  donné  lieu  à  des  discussions. 
BizzozERO  n'en  faisait  point  des  glandes,  mais  de  simples  cryptes  formant  une  couche 
génératrice  ;  on  y  voit  toujours  elfectivement  un  certain  nombre  de  cellules  en  karyo- 
kinèse.  Mais  PANETH,en  y  observant  des  cellules  claires,  bourrées  de  grains,  dépourvues 
de  plateau  (cellules  de  Paxeth),  montra  que  ce  sont  bien  réellement  des  cryptes  glan- 
dulaires. Il  convient  toutefois  de  remarquer  que,  si  les  glandes  de  LieberkChx  existent 
chez  tous  les  Mammifères,  les  grains  sont  plus  ou  moins  constants;  ils  manquent  tota- 
lement chez  les  carnivores,  et,  chez  l'homme,  il  n'y  en  a  pas  dans  le  duodénum,  ni  dans 
le  gros  intestin. 

Le  chorion  de  la  muqueuse  forme  les  villosités,  s'insinue  entre  les  glandes  de  Lie- 
BERKïiHN  et  s'épaissit  au-dessous  d'elle  en  un  stratum  compactum  ;  il  est  constitué  par  du 
tissu  conjonctif  réticulé,  extrêmement  riche  en  cellules  lymphoïdes  ;  parmi  ces  cellules, 
les  unes  sont  mobiles  et  s'avancent  jusque  dans  répithélium,  où  on  les  voit  même  péné- 
trer dans  l'intérieur  des  cellules  ;  ce  sont  des  éléments  à  noyau  contourné  avec  une 
mince  lame  de  protoplasma  hyalin  ;  les  autres  sont  fixes  et  travaillent  sur  place  (Re- 


INTESTIN. 


517 


nault)  ;  ces  dernières  sont  de  deux  sortes  :  des  macrocytcs  dont  le  protoplasma  est  rempli 
de  granulations  brillantes,  analogues  aux  grains  zymogènes.et  des  cellules  rouges,  sem- 
blables aux  cellules  rouges  de  la  moelle,  à  noyau  bourgeonnant  et  contourné  en  bou- 
din; ce  sont  des  éléments  pliagocyteurs  et  destructeurs  des  globules  rouges  :  on  les 
rencontre  principalement  dans  les  villosités. 

Dans  les  villosités,  on  constate  la  présence  de  nombreuses  fibres  musculaires  lisses, 
les  muscles  de  Brlcke.  Ces  fibres  proviennent  directement  de  ](i  muscularis  mucosse  dont 


FiG.  89.  —  Coupe  sagittale  d'une  villosité  cylindroïde  de  l'intestin  grêle  du  chien.  (D'après  Renault). 
e.  chyliftre  central;  a,  artère  de  la  villosité;  u,  veine  offérciite  ;  c,  épithélium  de  revêtement  et  ses  plisse- 
ments déterminés  par  l'action  des  muscles  de  Brûckb;  s,  sillons  .répondant  aux  plis;  te,  tissu  conjonctif 
du  stroma   de  la   villosité;   m,  muscles  lisses    de  Brùcke;»i'.  insertions    des  muscles  de    Brijckb  sous 
l'épithélinni. 


elles  sont  des  émanations.  Nous  étudierons  plus  loin  la  disposition  des  vaisseaux  et  des 
lymphatiques. 

L'épilhélium  est  séparé  du  chorion  par  une  très  mince  membrane  vitrée  qui  est  dou- 
blée par  de  grandes  cellules  rameuses  :  d'après  Weigl,  elle  serait  composée  de  deux 
couches,  une  pellicule  formée  par  les  cellules  épithéliales  et  une  couche  de  fibrilles 
conjonctives  renfermant  des  noyaux. 

Les  follicules  clos  et  les  plaques  de  Peyeh  sont  constitués  exactement  de  la  même 
façon;  c'est-à-dire  qu'une  plaque  de  Pryer  représente  un  grand  nombre  de  follicules 
clos  réunis  (agminés).  Le  follicule  clos  est  un  nodule  lymphoïde,  piriforme,  entouré  par 
une  capsule  conjonctive  plus  ou  moins  différenciée.  II  est  formé  de  deux  parties:  une 
zone  corticale  sombre,  où  les  éléments  sont  tassés  les  uns  sur  les  autres,  et  une  zone 
centrale  plus  claire  et  moins  dense.  C'est  un  feutrage  de  tissu  conjonctif  réticulé,  ren- 
fermant dans  ses  mailles  un  grand  nombre  de  globules  blancs  de  différentes  espèces. 
La  zone  centrale  renferme  toujours  un  grand  nombre  d'éléments  en  karyotinèse  :  aussi 


518  INTESTIN. 

Flemmi.ng  el  ses  élèves  la  désignent  sous  le  nom  de  couche  germinative.  Le  follicule  clos 
poss('de  une  circulation  spéciale  ;  il  est  entouré  par  un  système  de  vaisseaux  réticulés 
envoyant  dans  sa  profondeur  des  capillaires  qui  convergent  vers  le  centre;  il  y  a  de 
même  un  réseau  lymphatique  propre,  souvent  développé  en  un  véritable  sinus  entou- 
rant le  follicule. 

Le  chorion  de  la  muqueuse  est  limité,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  par  la 
muscularis  mucosse  ;  c'est  une  couche  musculaire  formée  par  deux  assises  de  fibres  mus- 
culaires lisses;  l'une,  interne,  est  circulaire;  l'autre,  externe,  est  longitudinale.  Cette 
couche  musculaire  est  interrompue  parles  follicules  clos  qui  la  traversent  et  pénètrent 
dans  la  tunique  celluleuse. 

2"  Tunique  celluleuse. —  La  tunique  celluleuse  est  constituée  par  un  feutrage  de  fibres 
conjonctives  qui  s'entre-croisent  dans  tous  les  sens;  on  y  constate  la  présence  d'une 
certaine  quantité  de  fibres  élastiques. 

i°  Tunique  musculeuse.  —  La  tunique  musculeuse  se  compose  de  deux  plans  de  fibres 
musculaires  lisses;  le  plan  superficiel  est  assez  mince,  les  fibres  sont  placées  longitu- 
dinalement;  le  plan  profond  est  beaucoup  plus  fort  el  épais  :  il  est  formé  par  des  fibres 
circulaires.  Ces  deux  systèmes  sont  continus  dans  toute  la  longueur  de  l'intestin. 

4°  Tunique  séreuse.  —  La  tunique  séreuse  est  le  feuillet  viscéral  du  péritoine;  elle 
est  formée  par  un  endothélium  reposant  sur  une  charpente  conjonctive. 

L'intesUn  est  très  abondamment  irrigué  par  le  sang;  les  artères,  naissant  de  diverses 
sources  {voir  les  traités  cVanatomie),  abordent  l'intestin  par  le  bord  mésentérique; 
elles  cheminent  d'abord  entre  la  séreuse  et  la  musculeuse.  Puis,  passant  à  travers  cette 
couche,  elles  arrivent  à  la  couche  sous-muqueuse  ;  là,  elles  se  divisent  en  branches 
rayonnantes  formant  des  sortes  d'étoiles  qui  se  rendent  aux  follicules  clos,  aux  glandes 
de  LiEBERKi  UN  et  aux  villosités.  Dans  la  villosité  elles  donnent  une  artère  centrale  qui 
se  dirige  dans  l'axe,  et  se  résout  en  un  réseau  de  capillaires  à  mailles  étroites;  l'endo- 
thélium  de  ce  réseau  présente  ce  fait  intéressant  que  ses  cellules  ne  sont  pas  séparées 
les  unes  des  autres  :  elles  gardent  les  caractères  embryonnaires.  Les  capillaires  se  réu- 
nissent dans  deux  veines  qui  suivent  le  trajet  des  artères. 

Les  lymphatiques  présentent  un  intérêt  spécial,  car  ici  leur  lymphe  est  particulière  : 
c'est  le  chyle  absorbé  par  les  cellules;  ils  portent  pour  cette  raison  le  nom  de  chyli' 
fères.  Ils  prennent  naissance  dans  les  villosités  lamelleuses,  sous  le  réseau  capillaire 
par  des  extrémités  closes  à  formes  variées,  bourgeons  ampullaires,  doigts  de  gant, 
pointes  effilées;  dans  les  villosités  digiliformes,  on  ne  voit  qu'un  large  chylifère  cen- 
tral; ces  chylifères  se  disposent  en  un  réseau  sous-muqueux  qui  reçoit  aussi  les  lym- 
phatiques des  follicules  clos.  De  ce  réseau  partent  deux  ordres  de  vaisseaux  :  les  uns 
vont  rejoindre  un  réseau  situé  entre  les  deux  couches  musculaires;  les  autres  se  jettent 
dans  un  réseau  sous-séreux  développé  surtout  au  bord  mésentérique  de  l'intestin;  les 
premiers  vont  aussi  rejoindre  ce  réseau;  les  chylifères  qui  se  forment  à  ce  niveau  se 
répandent  dans  le  mésentère,  et  après  avoir  traversé  les  ganglions  mésentériques  abou- 
tissent aux  groupes  ganglionnaires  préaortiques;  de  là,  le  chyle  gagne  \di  Citerne  de 
Pecouet,  le  canal  thoracique  et  la  veine  sous-clavière  gauche. 

Les  nerfs  proviennent  du  plexus  solaire.  Ils  se  résolvent  sous  le  péritoine  en  un 
réseau,  le  réseau  sous-péritonêal;  de  là  les  fibres  traversent  la  couche  des  fibres  longi- 
tudinales, et,  entre  elle  et  la  couche  transversale,  se  disposent  en  un  plexus,  le 
plexus  d'AuERBACH,  qui  innerve  les  fibres  lisses.  Ce  plexus  est  riche  en  cellules  ganglion- 
naires multipolaires;  chaque  nœud  est  un  ganglion.  Un  certain  nombre  de  rameaux 
traversent  la  couche  circulaire  et  forment  dans  la  couche  sous-muqueuse  un 
deuxième  plexus,  le  plexus  de  Meissner;  les  nerfs  issus  de  ce  plexus  se  rendent  aux 
fibres  de  la  muscularis  mucosœ,  s'étalent  en  réseau  autour  des  glandes  de  Lieberruhn  et 
iraient  constituer  dans  la  villosité  un  réseau  sous-basal  à  mailles  très  fines. 

Telle  est  la  structure  du  jéjuno-iléon  chez  l'homme  :  le  duodénum  en  diffère  légère- 
ment par  la  présence  de  glandes  spéciales,  les  glandes  de  Brunner.  Ces  glandes 
s'étendent  entre  le  pylore  et  l'ouverture  des  canaux  cholédoque  et  pancréatique 
(ampoule  de  Vater).  Elles  sont  analogues  aux  glandes  pyloriques  et  l'on  pourrait  englo- 
ber ces  deux  groupes  sous  la  même  dénomination  de  glandes  gastro-duodénales.  Ce 
sont  des  glandes  tubuleuses  ramifiées.  Chez  l'homme,   on  peut  les  diviser  en  deux 


INTESTIN.  51» 

espèces:  l'une  est  inlra-muqueuse  ou  interne,  l'autre  traverse  la  muscularis  miicosae  et 
est  extra-muqueuse  ou  externe;  leur  constitution  est  d'ailleurs  la  môme.  Ce  sont  des 
glantles  séro-mucipares;  leur  épithélium  est  formé  de  cellules  claires  dont  le  pied  est 
replié;  le  noyau  est  excavé  en  forme  de  cupule,  comme  celui  des  cellules  glandulaires 
des  tubes  sécréteurs  pyloriques. 

Le  gros  intestin  diffère  de  lintestin  grêle  par  l'absence  de  villosités;  les  glandes  de 
LiEHERKi'iiN  sont  grandes,  et  souvent  bi-  et  trifurquées,  mais  elles  ne  semblent  pas  avoir 
de  rôle  glandulaire,  car  on  n'y  voit  pas  de  cellules  d(;  Panetii,  et,  jusqu'au  fond,  les 
cellules  sont  des  cellules  à  plaleau  entremêlées  de  cellules  caliciformes;  celles-ci  sont 
très  nombreuses  dans  le  gros  intestin. 

La  musculature  est  aussi  quelijue  peu  différente,  les  fibres  longitudinales  se  dis- 
posent en  trois  bandes  séparées  au  lieu  de  former  une  couclie  continue. 

L'appendice  iléo-cjccal  est  un  véritable  organe  lymphoïde,  les  mailles  de  son  réseau 
conjonclif  sont  gorgées  de  globules  blancs.  11  est  principalement  actif  pendant  la  période 
de  croissance,  plus  tard  il  s'atrophie,  et  il  est  très  fréquent  de  rencontrer  des  appen- 
dices dont  la  lumière  est  oblitérée. 


Histo-physiologie  de  l'intestin.  —  L'intestin,  et  principalement  sa  cellule  épilhéliale, 
étant  le  siège  de  l'absorption,  a  été  l'objet  de  très  nombreuses  recherches  pour  arri- 
ver à  connaître  le  mécanisme  de  ce  phénomène.  Malheureusement,  il  est  difficile  de 
suivre  les  aliments  absorbés,  et,  si  l'on  a  pu,  grâce  à  leur  réaction  spéciale  par  l'acide 
osmiqiie,  se  rendre  compte  de  quelques  points  de  l'absorption  des  graisses,  nous  ne 
savons  à  peu  près  rien  sur  l'absorption  des  albuminoïdes  et  des  hydrocarbonés. 

Tout  au  début  de  l'échelle  animale,  l'absorption  se  fait  en  nature,  c'est-à-dire  que  la 
cellule  saisit  le  corps  alimentaire  dans  le  protoplasma  et  le  digère  dans  une  vacuole 
formée  à  son  contact;  mais  très  rapidement  il  n'en  est  plus  ainsi.  Probablement,  dès 
que  l'on  arrive  cà  la  cellule  ciliée,  l'aliment  est  transformé  à  l'extérieur  et  ce  sont  des 
solutions  et  des  émulsions  que  la  cellule  absorbe. 

Celle  première  période  de  l'absorption  peut  très  bien  se  suivre  chez  les  Protozoaires. 
Chez  l'Amibe,  on  voit  l'animal  se  déplacer  au  moyen  de  ses  pseudopodes;  si,  sur  sa 
route,  se  trouve  un  corps  alimentaire,  un  pseudopode  l'englobe;  il  se  forme  alors 
autour  de  lui  une  petite  vacuole,  qui,  d'après  Le  Dantec,  renferme  un  liquide  acide;  là 
il  est  digéré  et  disparaît  peu  à  peu.  Si  une  partie  n'en  est  pas  assimilable,  comme,  par 
exemple,  un  test  de  Diatomée,  elle  est  peu  à  peu  repoussée  de  côté  par  déplacement  de 
l'animal  et  rejetée  bientôt  au  dehors.  Chez  ces  animaux  toute  partie  de  la  cellule  est 
capable  de  prendre  des  aliments;  chez  beaucoup  d'Infusoires,  il  y  a  un  perfection- 
nement notable  par  le  fait  d'une  bouche  permanente,  un  enfoncement  dans  la  paroi 
entouré  d'une  couronne  de  cils  vibratiles,  le  péristome  ;  on  voit  très  bien  les  bactéries 
dont  ces  animaux  font  leur  nourriture  pénétrer  ainsi  dans  le  protoplasma;  il  se  forme 
autour  d'elles  comme  précédemment  une  petite  vacuole  qui  pénètre  de  plus  en  plus 
dans  la  profondeur  de  l'infusoire,  puis  disparaît;  pendant  que  cette  vacuole  s'enfonce, 
il  s'en  forme  d'autres,  et  l'on  peut  suivre  ainsi  les  progrès  de  la  digestion. 

Même  chez  des  animaux  pluricellulaires,  ce  procédé  d'absorption  existe;  c'est  amsi 
que  Metchnikokk,  Chapeaux,  Mesml,  Salexsky,  etc.,  ont  montré  que,  chez  les  Actinies, 
les  substances  alimentaires  sont  englobées  par  les  cellules  des  filaments  mésentériques 
et  digérés  dans  la  cellule  môme;  chez  les  Turbellariés,le  processus  serait  semblable. 

Toutefois  ce  phénomène  est  rare,  et,  comme  nous  le  disions,  les  aliments  sont 
absorbés  après  l'action  des  sucs  digestifs  à  l'état  de  solutions  ou  d'émulsions. 

Au  cours  des  études  sur  l'absorption,  la  question  du  siège  de  ce  phénomène  s'est 
posée  pour  savoir  quels  éléments  en  étaient  chargés.  Nous  ne  reprendrons  pas  toutes 
les  anciennes  théories  :  on  a  admis  d'abord  que  l'épithélium  n'avait  pas  de  fonctions  et 
tombait  au  moment  de  l'absorption  pour  laisser  le  passage  aux  matières  alimentaires 
qui  auraient  passé  simplement  par  endosmose.  On  a  admis  aussi  que  les  leucocytes 
étaient  les  agents  principaux  de  l'absorption;  leur  nombre  augmente  en  effet  considé- 
rablement pendant   la  digestion,  ainsi  que  de  Luca  l'a  montré  pour    les  Mastzellen, 


520  INTESTIN. 

Heidenhain,  pour  les  éosinophiles;  mais,  si  leur  nombre  auf,'mente,  il  nest  cependant 
pas  suffisant  pour  expliquer  l'absorption  ainsi  que  le  fait  remarquer  Gruenhagen.  Le 
rôle  de  l'absorption  est  donc  reconnu  maintenant  comme  étant  uniquement  dévolu  aux 
cellules  épithéliales  à  plateau  strié,  et  ces  cellules,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
doivent  être  considérées  comme  de  véritables  cellules  glandulaires  qui  prennent  les 
matériaux  de  leur  sécrétion  dans  le  bol  alimentaire,  et  dont  les  produits  sont  déversés 
dans  le  tissu  adénoïde  de  la  villosité,  et  de  là  dans  les  capillaires  sanguins  et  le  chyli- 
fère  central.  On  a  reconnu  depuis  longtemps,  en  effet,  que  la  muqueuse  intestinale 
n'agit  pas  comme  un^simple  filtre,  mais  que  les  matériaux  absorbés  subissent  des  trans- 
formations physiques  et  chimiques,  la  graisse  se  présente  en  émulsion  plus  fine  dans  le 
chylifère  central,  les  peptones,  transformées  en  acides  aminés  avant  d'être  absor- 
bées, se  retrouvent  dans  le  sang  sous  forme  d'albumines  différentes.  Il  y  a  donc, 
comme  l'ont  dit  Mangazzi.m  et  d'autres  auteurs,  une  véritable  sécrétion  interne  de  la 
cellule  qui  puise  dans  le  milieu  extérieur  les  matériaux  nécessaires  à  cette  sécrétion  et 
les  excrète  ensuite  dans  les  espaces  réticulés  du  tissu  delà  villosité;  son  protoplasme 
agit  comme  celui  d'une  cellule  sécrétante. 

On  doit  donc  diviser  l'absorption  en  deux  parties  :  i°  le  passage  des  matières 
alimentaires  à  travers  l'épithélium  jusque  dans  les  mailles  du  tissu  adénoïde;  2°  le 
passage  à  travers  le  tissu  adénoïde  dans  les  capillaires  et  le  chylifère  central. 

Dans  la  première  partie,  il  y  aurait  à  étudier  la  prise  des  matières  alimentaires 
par  les  cellules  épithéliales.  dans  leur  extrémité  apicale  et  la  zone  sus-nucléaire  ;  puis 
la  répartition  de  ces  substances  à  la  base;  malheureusement,  si  maintenant  tous  les 
auteurs  sont  d'accord  sur  ces  points,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  expliquer  le  méca- 
nisme de  l'absorption  et  de  l'excrétion,  et  nous  nous  trouvons  en  présence  de  multiples 
contradictions.  Ainsi  Bégui.n  trouve  que  les  éléments  en  pleine  absorption  sont  moins 
hauts  que  les  éléments  à  l'état  déjeune,  le  proloplasma  est  clair  et  forme  une  bande 
compacte  sous  le  plateau;  il  y  a  moins  de  leucocytes  entre  les  cellules.  Ces  constatations 
sont  en  contradiction  complète  avec  ce  que  disent  presque  tous  les  autres  auteurs. 
GnuENHAGEN,  PFLi'i;KR,  Ma.ngazzini,  Drago,  Oppel,  Heuter,  etc.  ont  trouvé,  au  contraire, 
pendant  l'absorption,  un  épilhélium  formé  de  cellules  plus  élevées  dont  les  limites  infé- 
rieures se  confondaient.  Gruenhagen  avait  décrit,  entre  le  pied  des  cellules  et  le  tissu 
réticulé,  un  réseau  formant  un  système  de  canaux  remplis  par  la  matière  excrétée, 
système  connu  sous  le  nom  de  canaux  de  Gruenhagen.  Mais  la  plupart  des  auteurs  pré- 
cités, tout  en  reconnaissant  que  les  pieds  des  cellules  gonllés  par  le  produit  excrété 
sont  plus  ou  moins  réunis  les  uns  aux  autres,  pensent  que  les  canaux  de  Gruenhagen 
sont  des  produits  artificiels. 

D'après  Mangazzini,  l'albumine  se  différencie  entre  les  cellules  et  le  processus  res- 
semble à  la  sécrétion  salivaire  ;  il  ne  peut  réussir  à  colorer  les  plantes,  qui  sont  le  sub- 
stratum  de  celte  sécrétion  et  que  l'on  peut  observer,  comme  nous  le  verrons  plus  loin, 
dans  l'absorption  des  graisses,  il  n'a  pu  colorer  que  le  réseau  protoplasmique  qui 
enserre  les  produits  sécrétés  à  la  base  des  cellules.  De  Luca  contredit  la  plupart  des 
résultats  obtenus  par  Mangazzini  et  par  d'autres  auteurs;  pour  lui,  les  espaces  clairs 
observés  entre  le  pied  des  cellules  et  le  réseau  conjonctif,  espaces  que  Heidenhain  pen- 
sait être  produits  par  l'action  mécanique  d'un  liquide  exprimé  du  stroma  de  la  villosité 
par  la  contraction  des  fibres  musculaires,  sont  produits  par  l'action  des  liquides  fixa- 
teurs. De  Luca  considère  que  l'aspect  des  cellules  est  le  même  à  l'état  de  jeûne  ou  à 
l'état  d'absorption. 

Les  graisses,  grâce  à  leur  réaction  spéciale  par  l'acide  osmique  ou  à  des  colorations 
électives  par  le  Soudan  (Pfluger),  ont  pu  être  mieux  suivies  que  les  albuminoïdes. 
Lorsque  l'on  examine  (Will,  Krehl,  Ewald,  Nicolas)  les  cellules  intestinales  d'un 
animal  nourri  d'aliments  gras,  après  les  avoir  fixées  par  un  liquide  osmiqué,  on  observe 
que  les  éléments  sont  bourrés  de  boules  noircies  par  l'acide  osmique;  mais  — et  c'est  là 
un  point  qui  a  attiré  le  plus  l'attention  des  auteurs  quijse  sont  occupés  de  cette  question, 
—  il  n'y  a  jamais  de  graisse  dans  le  plateau  strié,  ni  dans  la  couche  protoplasmique 
claire  immédiatement  sous-jacente.  L'explication  la  plus  généralement  admise  de  ce 
phénomène,  c'est  que  la  graisse  a  pu  être  dédoublée  en  acides  ou  savons  gras  et  glycé- 
rine par  un  ferment,  la  lipase  ou  stéapsine,  traverser  ainsi  à  l'état  de  solution  le  plateau 


INTESTIN.  5'Jl 

et  la  zone  soiis-hasale  et  être  reoonslitut'o  dans  lu  cellule.  Celte  reconstitution  s'elTec- 
tuerait  dans  le  protoplasma  au  contact  de  petits  ^'lains,  les  plantes,  analogues  aux  bio- 
blastes  d'ALTM.sNN.  Ce  sont  de  petits  grains  qui  se  colorent  forlement  en  rou^çe  par  la 
fuchsine  après  fixation  spéciale  par  l'acide  osmique  et  le  birhroinale  de  potasse;  on 
les  trouve  dans  la  plupart  des  cellules  à  sécrétion  active,  telles  que  les  cellules  pan- 
créatiques, salivaires,  etc.  Au  début  de  l'absorption  de  la  i^raisse  par  les  cellules 
intestinales,  ou,  au  contraire,  à  la  lin,  lorsqu'il  n'y  a  plus  beaucoup  de  graisse  et  que 
les  détails  sont  de  nouveau  bien  visibles,  on  se  rend  compte  que  les  gouttes  de  graisse 
sont  en  rapport  très  précis  avec  les  piastes  et  sont  élaborées  à  leur  contact;  la  graisse 
forme  autour  d'eux  des  croissants  ou  des  anneaux  complets  (Nic.olasj. 

Après  avoir  été  ainsi  remaniée  et  élaborée  de  nouveau,  la  graisse  quitte  peu  à  peu 
la  cellule  par  un  procédé  dont  on  ignore  le  mécanisme;  elle  se  répand  ensuite  dans  les 
espaces  intercellulaires,  où,  ainsi  que  Mangazzini  l'a  décrit,  elle  forme  des  nappes  et 
enveloppe  les  cellules  comme  d'un  manteau  jusqu'à  la  hauteur  du  noyau.  Le  contenu 
de  ces  espaces  se  déverse  ensuite  dans  les  mailles  du  tissu  adénoïde  où  il  doit  subir  de 
nouvelles  transformations  avant  de  parvenir  dans  le  chylifère  central.  11  semblerait 
alors  que  l'action  des  leucocytes  entre  ici  largement  en  jeu,  soit  pour  produire  des 
ferments  qui  dédoublent  de  nouveau  la  graisse,  soit  pour  l'incorporer  directement  et 
l'emmener  ainsi  dans  le  chilifère.  C'est  là  l'opinion  de  de  Luc.v  qui  voit,  pendant  l'ab- 
sorption, les  Mastzcllen  en  couche  presque  continue  se  placer  au-dessous  des  cellules. 
Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  la  façon  dont  les  sucres  sont  absorbés  et 
versés  ensuite  dans  les  espaces  adénoïdes.  De  Waele  a  pensé  que  le  sucre  pouvait  être 
décelé  dans  les  cellules  sous  forme  de  boules. 

D'après  quelques  auteurs  (Hkidenu.u.x,  Verxo.m,  etc.),  les  fibres  musculaires  de  la 
villosité  joueraient  un  grand  rôle  dans  la  seconde  partie  de  l'absorption,  celle  de 
l'excrétion,  en  se  contractant  et  en  chassant  ainsi  les  produits  excrétés  mécaniquement, 
comme  une  pompe,  dans  le  chylifère  central  et  dans  les  capillaires.  D'après  de  Luca, 
les  contractions  observées  ainsi  ne  sont  dues  qu'à  l'action  des  réactifs  et  ne  sont  pas 
réelles. 

On  voit  donc  combien  ces  observations  sont  contradictoires.  Tout  ce  que  nous  pou- 
vons dire  actuellement,  c'est  que  la  cellule  épitliéliale  est  bien  l'agent  de  l'absorption, 
et  qu'elle  agit  à  la  manière  d'une  cellule  glandulaire,  prenant  par  sa  partie  apicale  les 
matériaux  nécessaires  à  sa  sécrétion,  et  les  excrétant  dans  les  mailles  du  tissu  adénoïde 
où  les  cellules  lymphatiques  interviennent  sans  doute. 

Pour  les  Invertébrés,  nous  n'avons  que  peu  de  renseignements;  nous  dirons  toute- 
fois quelques  mots  sur  les  observations  que  Guieysse  a  faites  de  l'hépato-pancréas 
des  Crustacés.  Nous  avons  vu  précédemment  que,  dans  cet  organe,  à  côté  des  cellules 
du  type  banal,  on  observe  des  groupes  de  cellules  dont  le  sommet  s'est  développé  en 
une  immense  vacuole.  Les  auteurs  qui  s'étaient  occupés  de  cette  question,  NVebek, 
Fre.nzel,  etc.,  avaient  admis  que  ces  éléments  étaient  des  éléments  sécréteurs  et  les 
désignaient  sous  le  nom  de  Fermentcnzellen  ou  cellules  à  ferment.  Se  basant  sur  un 
certain  nombre  d'arguments,  dans  le  détail  desquels  nous  n'avons  pas  àentrer  ici  (posi- 
tion du  noyau,  aspect  de  la  cellule,  disposition  du  plateau,  etc.),  et  d'expériences  (ali- 
mentation colorée),  CuiEYssE  a  pensé  que  «  la  cellule  à  grande  vacuole  absorbe  et  met 
en  réserve  des  substances  alimentaires  incomplètement  assimilables,  les  remanie  par 
une  sécrétion  spéciale,  les  absorbe  lentement  et  en  rejette  les  déchets  accompagnés  de 
substances  de  de'sassimilation  telles  que  les  pigments».  Cette  accumulation  expliquerait 
les  longs  jeûnes  que  peuvent  subir  ces  animaux;  Robert  Ball  a,  en  efTet,  pu  conserver 
pendant  deux  ans  une  écrevisse  qui  ne  reçut  comme  nourriture  pendant  tout  ce  temps 
qu'une  cinquantaine  de  vers. 

Il  en  est  peut-être  de  même  chez  les  Mollusques,  ainsi  que  nous  l'avons  signalé  plus 
haut,  et  CcÉ.NOT  a  retrouvé  des  substances  colorées  dans  des  cellules  à  grandes  vacuoles. 


Nous  voyons   donc  par  tout  ce  qui  précède  que,  si  l'on  examine  l'ensemble  des 
animaux,  l'intestin  est  bien  loin  d'être  établi  toujours  sur  le  même  modèle;  tabulaire 


5-22  INTESTIN. 

dans  la  plupart  des  cas,  il  affecte  dans  d'autres  cas  des  formes  en  cœcums  ramifiés  que 
pendant  longtemps  on  a  pris  pour  des  glandes  annexes;  l'étude  de  ces  organes  au 
microscope  en  a  montré  le  rôle  véritable.  Donc,  nous  ne  devrons  plus  dire  que  l'intestin 
est  uniquement  ce  tube  plus  ou  moins  flexueux  qui  s'étend  de  la  bouche  à  l'anus,  mais 
que  c'est  aussi  tout  l'ensemble  des  diverticules  annexes  dont  l'épithélium  de  revête- 
ment est  formé  de  cellules  plus  ou  moins  cylindriques,  mais  toujours  recouvertes  d'un 
plateau  en  brosse.  C'est  là,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  la  forme  de  la  cellule 
absorbante,  et  c'est  elle  qui  localise  l'intestin  si  l'on  doit  désigner  sous  ce  nom  la  partie 
du  tube  digestif  qui  est  spécialement  chargée  de  l'absorption. 

A.  Guieysse-Pellissieu. 


PHYSIOLOGIE    COMPARÉE 

I.  Variations  de  forme  de  l'intestin  dans  la  série  des  animaux.  —  Ce  chapitre, 
qui  est  l'un  des  plus  importants  au  point  de  vue  de  l'anatomie  générale,  n'est  pas  moins 
instructif  au  point  de  vue  de  la  physiologie  comparée. 

A)  Rapport  de  la  longueur  de  l'intestin  et  du  genre  d'alimentation  chez  les  divers 
animaux.  —  La  loi  la  plus  générale  qui  semble  régir  le  développement  de  l'intestin  est 
que  la  longueur  de  l'intestin  est  toujours  en  rapport  avec  l'alimentation  de  l'animal. 
Dans  l'alimentation,  c'est  moins  la  quantité  que  la  qualité  qui  importe;  la  longueur 
de  l'inteslin  est  d'autant  plus  grande  que  l'alimentation  est  plus  riche  en  cellulose. 

Comparé  à  la  taille  de  l'animal,  l'intestin  total  a  une  longueur  minima  chez  les  car- 
nivores, maximachez  les  herbivores  et  intermédiaire  chez  les  omnivores.  Voici,  d'après 
Colin,  un  tableau  comparatif  de  la  longueur  en  mètres  et  de  la  capacité  en  litres  du 
tube  digestif  de  quelques  mammifères  :  on  verra  quelle  longueur  peut  atteindre 
l'intestin  chez  certains  herbivores. 


Kstomac. 


Bœuf 


Cheval.    .    . 

f 

}  2o2'",50 

••S 


^^""^°" î     29'-S60 


ntestin  grêle. 

Caecum. 

Côlons. 

22- ,44 

1»,00 

6'",4- 

03'",82 

33''',54 

96'",02 

46», 00 

0",88 

lO-.lS 

G6"S00 

9'",90 

28'",00 

26-  ,20 

0'",36 

e-.n 

9''S00 

l'^SOO 

4'",60 

t8",29 

0",23 

4"  ,99 

9'",20 

l'",55 

8''',70 

4°>,14 

0-»,08 

O'-.GO 

l'",62 

0'",09 

0'",9l 

l°>,72 

» 

O-.SS 

O'i',114 

» 

0'".124 

^^^■^ I      8'", 00 

Chien ;       ,,",  .,„ 

^•^** I       O'i',341 

Chez  les  oiseaux,  les  diiîérences  ne  sont  pas  moins  remarquables  ;  chez  les  oiseaux 
carnivores  la  longueur  de  l'intestin  est  de  1,8  de  la  longueur  du  corps,  chez  les  herbi- 
vores il  est  de  8  fois  cette  longueur. 

Le  développement  des  divers  segments  de  l'intestin  est  également  en  rapport 
avec  la  nature  de  l'alimentation.  Chez  les  carnivores,  le  gros  intestin  est  court  :  chez 
les  herbivores,  il  prend  de  très  grandes  dimensions,  et  de  plus,  le  CTCum  qui,  chez  les 
carnivores,  ne  présente^aucun  développement,  atteint  chez  les  herbivores  une  longueur 
et  une  capacité  considérables.  Ces  rapports  entre  la  longueur  et  la  nature  de  l'alimen- 
tation se  conçoivent  d'une  manière  très  simple.  La  digestion  cellulosique  est  une  diges- 
tion qui  ne  peut  s'effectuer  que  lentement,  sans  compter  que  les  herbivores,  pour 
obtenir  leur  quantité  de  calories  nécessaires,  sont  obligés  d'absorber  un  gros  volume 
d'aliment.  La  digestion  de  la  viande  est,  au  contraire,  une  digestion  rapide,  sans 
compter  que  la  viande,  dégageant  un  grand  nombre  de  calories  utiles  sous  un  faible 
volume,  les  carnivores  ne  sont  pas  obligés  de  digérer  une  grande  quantité  d'aliments. 
Comme,  d'autre  part,  la  digestion  cellulosique  s'opère  surtout  dans  l'intestin  et  que 
celle  de  la  viande  se  réalise  surtout  dans  l'estomac,  il  résulte  pour  ces  deux  sortes  de 


INTESTIN.  -^23 

raisons  concordanles  (jue  nécessain-iuent  riuteslin  doit  Hre  volumineux  chez  l'heibi- 
vore  et  peut  être  très  petit  chez  le  Carnivore. 

B)  Variations  de  la  longueur  de  l'intestin  chez  le  même  animal  selon  l'aliment  qu'il 
reçoit.  —  l,a  loi  précédente  qui  découle  des  faits  statiques  a  pu  être  l'objfl  d'uiu;  véri- 
table démonstration  quia  consisté  à  faire  varier  la  longueur  de  l'intestin  chez  des  êtres 
omnivores,  en  leur  donnant  des  alimentations  variées. 

L'une  de  ces  démonstrations  les  plus  intéressantes  est  due  à  Baback,  dont  les 
recherches  ont  porté  sur  les  larves  de  grenouilles. 

Chez  (les  larves  nourries  le  même  temps,  les  unes  avec  de  la  viande,  les  autres 
arec  des  herbes,  la  longueur  de  l'intestin  est  chez  les  premières  de  4,4  (longueurs  du 
corps)  et  chez  les  autres  de  7,0. 

Haiuck  ne  pense  pas  cependant  que  la  présence  de  la  cellulose  dans  l'aliment  soit 
seule  en  cause  dans  cette  variation  du  développement  de  l'intestin  des  larves  de  gre- 
nouilles. C'est  ainsi  qu'en  nourrissant  les  larves  avec  diverses  albumines,  il  constate 
que  les  longueurs  d'intestin  varient  avec  la  nature  de  l'albumine  ingérée, 

Albumine  de  grenouille 6,6 

—  de  poisson 6,6 

—  de  moule o,9 

—  d'écrevisse 7,6 

—  végétale 8,3 

Les  travaux  de  Yu.ng  confirment  ceux  de  Baback  sur  l'influence  de  la  nature  de  l'ali- 
mentalion  dans  le  développement  de  l'intestin. 

C)  Plissements  et  diverticules  de  l'intestin.  —  Chez  beaucoup  d'animaux,  surtout  chez 
les  invertébrés,  l'intestin  est  un  tube  régulier:  aussi  bien  extérieurementqu'intérieure- 
ment,les  assises  des  cellules  intestinales  ne  présentent  aucune  saillie.  Mais,  chez  le  plus 
grand  nombre  des  animaux,  il  est  constant  que  la  surface  de  l'intestin  présente  des 
diverticules  ou  des  plissements  et  souvent  les  uns  et  les  autres. 

Les  plissements  sont  de  deux  ordres,  ou  très  petits  et  acuminés,  ce  sont  des  villosités; 
ou  beaucoup  plus  étendus  et  généralement  lamelliformes,  ce  sont  des  valvules.  Il  est 
certain  que  l'exislence  des  villosités  et  des  valvules  a  pour  conséquence  de  faciliter  la 
résorption  en  augmentant  beaucoup  la  surface  intérieure  de  l'intestin. 

Selon  les  animaux,  villosités  et  valvules  ont  un  aspect  différent:  nous  n'avons  pas  à 
en  parler  ici,  ces  replis  de  la  muqueuse  rappelant  presque  toujours  beaucoup  ceux  de 
l'homme  (voir  Anatomie  comparée). 

Chez  certains  poissons,  par  contre,  les  Sélaciens  par  exemple,  les  plissements  ont  une 
disposition  qui  est  tout  à  fait  curieuse  et  qui  mérite  de  nous  arrêter.  L'intestin  qui  com- 
mence par  un  étroit  canal  [détroit  pylorique)  se  renfle  considérablement  à  peu  de  dis- 
tance du  pylore  et  présente  une  largeur  considérable  par  rapport  à  sa  longueur,  du 
moins  comparativement  à  ce  que  nous  voyons  chez  les  mammifères,  les  oiseaux  et  les 
batraciens,  par  exemple  '.  Cet  intestin  large  et  court  est  cloisonné  jusqu'à  peu  de  dis- 
tance de  son  orifice  anal  par  un  repli  hélicoïdal  qui  décrit  plusieurs  tours  de  spire;  ce 
repli  muqueux  est,  en  raison  de  sa  forme,  désigné  du  nom  àevalvule  spirale.  11  est  com- 
posé de  cellules  épithéliales  soutenues  par  du  tissu  conjonctif  parcouru  par  des  vais- 
seaux, et  ne  contient  aucune  fibre  musculaire. 

Il  est  encore  évident  que  ce  cloisonnement  très  serré  de  l'intestin  a  pour  consé- 
quence d'augmenter  la  surface  d'absorption  de  l'intestin  relativement  si  court  chez  ces 
animaux.  Mais  l'expérience  démontre  aussi  que  la  valvule  spirale  a  certainement  encore 
un  autre  usage,  qui  est  de  ralentir  le  cours  du  chyme  dans  l'intestin.  Si  on  presse,  dit 
Ch.Richet,  l'intestin  du  Scyllium  catulus  ou  de  VAcanthias  vulgaris  en  pleine  digestion, 
de  manière  à  purger  le  contenu  intestinal,  on  constate  qu'on  ne  fait  sourdre  le  chyme 
que  très  lentement  et  petit  à  petit  (voir  fig.  80,  p.  509). 

1.  Longueurs  respectives  dos  diverses  parties  du  tube  digestif. 

Estomac ï> 

Détroit  pyloriquo 3 

Intestin  total 10    (Ch.  Richeï). 


5i>4 


INTESTIN. 


Des  divevticules  de  l'intestin  s'observent  fréquemment  chez  la  plupart  des  animaux. 

Chez  les  invertébrés,  où  la  distinction  entre  gros  et  petit  intestin  est  impossible,  nous 
verrons  qu'il  existe  souvent  un  diverlicule  formé  de  tubes  ramifiés  dont  l'ensemble 
forme  un  organe  volumineux  appelé  hépato-pancréas  :  nous  décrirons  ultérieurement 
cet  organe  et  dirons  dans  quelle  mesure  on  peut  le  considérer  comme  un  simple  diver- 
licule de  l'intestin,  ou  un  diverticule  remanié  et  différencié  méritant  plutôt  le  nom  de 
glande  annexielle  que  de   diverticule  intestinal  (fig.  81,  p.  510  et  82,  p.  Sil).  Mais  il 


/-..- 


Fia.  90.—  Schéma  (lu  tube  digestif  de  l'homme  (d'après  AVidersiieim;. 
.A,  anus;  Ca,  côlon  ascendant;  Crf,  côlon   ilescendant;  Ct,  côlon  transverso:  Z>,  duclt-num  ;■/)',  jéjuno-iléon  ; 
Jls,  glandes  salivaircs;  T'A,  thyroïde,  Thy,  thymus;  P,  poumon;  Œ,  œsophage;  Z>,  diapiiragme  ;  li,  esto- 
mar  ;  Pa,  j^ancréas  ;  F,  l'oie  ;  Ph,  pharynx  ;  V,  valvule  iléo-crecale  ;  Ap,  appcndico  ;  B.  n-ctura. 

existe  encore,  et  très  fréquemment,  échelonnés  tout  le  long  de  l'intestin,  des  diverti- 
cules  nombreux,  souvent  très  profonds  et  généralement  symétriques. 

Chez  les  vertébrés,  une  distinction  entre  les  diverticules  du  petit  intestin  et  du 
gros  intestin  s''impose. 

Le  petit  intestin  ne  présente  guère  de  diverticules  que  chez  les  poissons.  Ces  diver- 
ticules naissent  à  la  partie  supérieure  de  l'intestin  et  sont  décrits  sous  le  nom  d'appen- 
dices pyloriques;  leur  nombre  et  leur  taille  sont  des  plus  variables,  en  général,  en 
raison  inverse  l'un  de  l'autre  :  le  Polypterus  n'en  possède  qu'un,  et  le  maquereau  en 
possède  jusqu'à  191  (Widersheim)  (fig.  83,  p.  512). 

Le  gros  intestin  présente  à  sa  naissance  même  un  diverticule  très  important  qui  est 
le  cœcum.  De  peu  de  développement  chez  les  carnivores,  le  caecum  présente  un  déve- 
loppement considérable  chez  les  herbivores  (voir  plus  haut  :  Développement  général  du 
tube  digestif). 


INTESTIN. 


0-J5 


Chez  les  oiseaux,  il  y  a  deux  appendices  c.fcaux,  longs  et  renllés  ù  leur  extrémité. 

II.  Variations  des  glandes  annexielles  du  tube  intestinal.  —  Les  variations 
de  la  moipliologic  des  glandes  annexielles  de  i'intesLin  dans  la  série  animale  sont  con- 
sidérables. Les  variations  de  la  morphologie  du  foie  ont  été  étudiées  à  cet  article,  nous 
ne  nous  occuperons  donc  ici  que  des  variations  de  celle  du  pancréas. 

Le  pancréas  des  vertébrés  supérieurs  ne  donne  lieu  à  aucune  considération  spé- 
ciale, sinon  que  ses  canaux  sont,  selon  les  espèces,  en  nombre  très  variable,  et  que  leur 
abouchement  par  rapport  à  celui  des  canaux  biliaires  est  également  variable.  Les 
abouchements  des  canaux  pancréatiques  et  l)iliaires  sont  souvent  indépendants  et  rap- 
prochés (ex.  :  homme,  singe,  chien,  etc.);  parfois,  ils  sont  confondus,  ou  plutôt  quel- 
ques petits  canaux  pancréatiques  viennent  déboucher  directement  dans  le  cholédoque 


Fio.  91 
Sangsue.  —1,  orirtce  buccal;  2,  pharj-nx:  3,  estomac;  4,  diaphragmes  gastriques;  5,  caecums  ;  G,  rectum. 

(chèvre,  mouton  et  bœuf).  Lorsque  les  abouchements  des  deux  espèces  de  canaux  sont 
distants  l'un  de  l'autre  ex  :  autruche,  lapin,  etc.\  on  constate,  selon  une  sorte  de  loi 
établie  par  Claude  Bernard,  que  ce  sont  toujours  les  canaux  pancréatiques  qui  débou- 
chent le  plus  loin  du  pylore.  Faut-il  voir  dans  cette  disposition  anatomique  constante 
l'effet  d'une  sorte  de  protection  préétablie  du  suc  pancréatique  contre  l'attaque  du  suc 
gastrique,  la  bile  neutralisant  tout  d"al)ord  l'elTet  tryptolytique  du  suc  gastrique?  Nous 
ne  pouvons  formuler  à  cet  égard  qu'une  hypothèse. 

Le  pancréas,  qui  est  très  volumineux  chez  les  mammifères  et  les  oiseaux,  devient 
rapidement  plus  petit  chez  les  reptiles  et  les  batraciens,  et  presque  insignifiant,  chez 
les  poissons  sélaciens  :  chez  les  poissons  téléostéens,  il  se  réduit  à  des  glandules 
diffuses. 

Chez  les  invertébrés  l'existence  du  pancréas  devient  hypothétique  :  chez  beaucoup 
d'entre  eux,  au  lieu  de  foie  et  de  pancréas  on  trouve  une  sorte  de  glande  volumineuse, 
à  cellules  ressemblant  beaucoup  à  celles  de  l'intestin,  communiquant  avec  l'intestin  ou 
avec  un  diverticule  de  celui-ci  par  de  grands  canaux.  L'histologie  ne  permet  pas  d'iden- 
tifier ces  glandes  avec  celles  que  nous  connaissons  chez  les  vertébrés  supérieurs.  Mais, 


526 


INTESTIN. 


étant  donné  qu'elles  apparaissent  pour  ainsi  dire  aux  lieuet  place  du  foie  et  du  pancréas, 
étant  donné  qu'il  résulte  de  certaines  recherches  que  ces  glandes  contiennent  des  fer- 
ments actifs  comparables  à  ceux  du  pancréas,  l'usage  a  prévalu  d'appeler  ces  glandes 

hépato-pancréas. 

Nous  renverrons  le  lecteur  aux  traités  spéciaux  d'anatomie  comparée  pour  la  descrip- 
tion des  diverses  formes  de  l'hépato-pancréas  considéré  dans  la  série  des  invertébrés. 

Ici  nous  ne  donnerons  que  le  schéma  de  cet  organe  chez  les  crustacés,  et  nous  expo- 
serons le  rôle  qu'on  attribue  à  l'hépato-pancréas  en  général. 

Si  nous  examinons  le  tube  digestif  d'une  langouste,  nous  constatons  ce  fait  singulier 
que  sa  surface  libre  est  entièrement  recouverte  d'une  membrane  chitineuse,  sauf  dans 
sa  partie  moyenne  où  débouchent  les  canaux  d'une  glande  volumineuse.  Déjà  cette 
particularité   du   tube  digestif   nous  indique   que   l'absorption  ne    saurait    se    faire 


Fui.  92. 
Actinie.  —  Canal  ainbulacraire; 
2,  vésicule  (le  Poli  ;  :!,  intestin  ; 
4,  cloaque;  5,  rectum. 


Viff.  93. 

Système  de  Jacobso.n  cliez  le  coq  russe. 

1.   Veine  cave  inférieure;    2,   :î.  veines    crurales; 

4,  veine  communicante  allant  à  la  veine  porte  ; 

5,  rein  ;  6,  rectum  (d'après  Claude  Bernard). 


chez  la  langouste  comme  chez  les  animaux  à  cellules  intestinales  libres;  et  en  fait 
jamais  on  n'a  pu  saisir  de  processus  d'absorption  dans  l'intestin  chitineux. 

L'intestin  moyen  seul  est  susceptible  de  résorber.  Mais,  si  nous  faisons  passer  une 
coupe  au  milieu  des  glandes  volumineuses  qui  l'environnent  et  qui  constituent  l'hépato- 
pancréas,  nous  voyons  que  la  surface  intestinale  se  continue  sans  transition  avec  la 
surface  interne  de  ces  glandes.  Tout  d'abord  la  muqueuse  intestinale  se  continue  par 
des  canaux  volumineux  dont  l'épithélium  est  identique  à  celui  de  l'intestin;  ces  canaux 
se  bifurquent,  et  ce  n'est  qu'au  niveau  de  leur  cul-de-sac  que  les  cellules  prennent  un 
type  particulier  (voir  Histologie). 

D'après  une  opinion  déjà  ancienne  de  Geoffroy  Sai.nt-Hilaire,  confirmée  récemment 
surtout  par  les  travaux  de  Cuénot  et  de  Guieysse,  l'hépato-pancréas  est  tout  d'abord  un 
organe  d'absorption.  «  Après  digestion  de  viandes  colorées,  on  constate  que  les  csecums 
hépatiques  sont  remplis  d'un  liquide  renfermant  en  dissolution  la  matière  colorante 
sans  aucune  particule  solide...  C'est  donc  au  travers  du  foie  que  passent  dans  le  sang 
les  produits  nutritifs  dont  la  matière  colorante  reproduit  fidèlement  la  route.  » 

Clénot  pense  que  les  graisses  passent  au  contraire  par  l'intestin  moyen.  Telle  n'est 
pas  l'opinion  de  Guieysse,  qui  constate  qu'après  ingestion  d'aliments  gras  les  cellules 
de  l'hépato-pancréas  se  colorent  intensément  par  l'acide  osmique. 

L'hépato-pancréas  est  aussi  un  organe  sécréteur.  Le  suc  qu'on  retire  du  tube  diges- 


INTESTIN.  527 

tif  de  la  langouste  en  provient  presque  totalement,  et  en  tout  cas  ne  saurait  provenir  de 
l'estomac,  dont  la  surface  est,  nous  l'avons  vu,  entièrement  chitineuse.' 

La  réaction  (lu  sucd'liépato-pancréas  est  acide,  d'après  HorrE-SEYLER  et  Kbukendbrg. 
Ce  suc  digère  la  lihririe  ;  comme  cette  digestion  se  fait  en  milieu  acide  et  est  entravée 
en  milieu  alcalin,  Kruke.nherg  la  porte  au  compte  d'ime  pepsine  et  non  d'une  trypsine. 
Le  suc  digère  aussi  les  graisses:  enfui  il  contient  de  très  nombreux  ferments  d'hydrates 
de  carbone.  Étant  donnée  l'origine  et  la  couleur  brunâtre  de  ce  suc,  on  a  recherché  à 
identifier  ses  pigments.  Hoppe-Seyler  a  montré  qu'il  ne  contient  ni  acide  biliaire  ni 
sels  biliaires.  Knfin  on  sait  (juc  le  suc  d'hépato-pancréas,  injecté  à  des  animaux,  rend 
leur  sang  incoagulable. 

Telle  est,  en  résumé,  la  physiologie  de  l'hépato-pancréas,  glande  à  ferments  mul- 
tiples, au  sein  de  laquelle  s'opère  la  digestion  et  qui  est  aussi  un  organe  do  résorption. 
Les  très  nombreux  travaux  qui  ont  été  consacrés  à  l'étude  de  cette  glande,  et  pour 
lesquelles  nous  renverrons  le  lecteur  à  l'ouvrage  de  0.  v.  Furth  et  au  mémoire  de 
Guieysse  (voir  Bibliographie)  n'ont  fait  qu'étendre  à  l'hépato-pancréas  des  divers  inver- 
tébrés les  notions  d'ensemble  que  nous  venons  d'exposer. 

III.  Variations  des  espèces  de  ferments  dans  la  série  animale.  —  Les  varia- 
tions des  espèces  de  ferments  dans  la  série  animale  sont  encore  mal  connues,  quoi- 
qu'elles aient  été  l'objet  de  travaux  importants. 

L'étude  comparée  des  ferments  dans  l'échelle  des  êtres  peut  être  envisagée  à  un  triple 
point  de  vue  :  i°  Variétés  des  ferments  chez  les  divers  animaux;  2»  Activité  comparée 
de  ces  ferments;  3°  Température  à  latiuelle  ces  ferments  agissent  avec  une  activité 
optima. 

1°  Variétés  des  ferments  chez  les  divers  animaux.  —  Au  point  de  vue  de  la  nomencla- 
ture des  ferments,  il  règne  une  certaine  obscurité  (jui  tient  à  ce  que  certains  auteurs 
ont  une  tendance  à  donner  à  des  ferments,  dont  l'identité  est  douteuse,  des  dénomina- 
tions semblables,  qui  laisseraient  entendre  qu'il  y  a  des  séries  de  ferments  identiques 
chez  les  divers  animaux.  D'autres  auteurs  plus  prudents  regrettent  ces  dénominations, 
surtout  quand  il  s'agit  d'invertébrés,  et  se  contentent  de  désigner  les  ferments  du  nom 
générique  de  ferment  suivi  de  la  substance  spéciale  sur  laquelle  elle  agit,  par 
exemple  ils  diront  qa'Hellx  pomatia  possède  des  ferments  qui  agissent  sur  l'amygdaline, 
la  coniférine,l'esculine,  etc.,  sans  chercher  à  établir  si  chez  HelLv  pomatia  un  seul  fer- 
ment agit  sur  ces  trois  substances,  ou  si  pour  chacune  de  ces  substances  il  y  a  un 
ferment  spécial.  Nous  adopterons,  surtout  pour  les  ferments  des  hydrates  de  carbone, 
cette  nomenclature  prudente. 

a)  Ferments  protéolytiques.  —  Il  est  facile  d'identifier  chez  la  plupart  des  vertébrés 
un  ferment  peptique  dans  l'estomac  et  un  ferment  tryptique  dans  l'intestin.  Chez  tous 
ces  animaux  on  trouve  en  effet  dans  l'estomac  un  ferment  qui  agit  en  milieu  acide  et 
que  pour  cette  raison  on  appelle  pepsine,  et  dans  l'intestin  un  ferment  qui  agit  en  mi- 
lieu neutre  et  que  pour  cette  raison  on  doit  appeler  trypsine. 

Au  point  de  vue  de  la  physiologie  comparée,  il  serait  intéressant  de  rechercher  le 
balancement  qui  doit  exister  entre  l'activité  relative  de  ces  deux  ferments  selon  la  nour- 
riture des  animaux  considérés,  et  selon  leur  classe.  L'étude  de  la  physiologie  comparée 
de  la  digestion  est  encore  trop  peu  avancée  pour  nous  permettre  des  considérations 
précises  sur  cette  question,  et  à  cet  égard  les  seuls  faits  vraiment  significatifs  que  nous 
puissions  produire  sans  trop  nous  aventurer  dans  un  téléologisme  téméraire,  sont  tirés 
de  la  digestion  comparée  des  mammifères  herbivores  et  des  poissons  carnivores.  On  peut 
affirmer  que  chez  les  mammifères  herbivores  la  digestion  peptique  est  très  réduite  :  leur 
suc  gastrique  est  peu  acide  et  d'activité  faible  (voir  Estomac).  Leur  digestion  tryptique 
doit  au  contraire  l'emporter  sur  la  digestion  gastrique,  tout  d'abord  parce  que  la  pro- 
téolyse  ne  peut  commencer  chez  ces  animaux  que  lorsque  la  digestion  microbienne  a 
digéré  les  enveloppes  cellulosiques  où  sont  les  albumines  végétales,  et  ensuite  parce 
que  chez  ces  animaux  le  pancréas  est  volumineux  et  le  suc  pancréatique  actif.  Chez  les 
poissons  carnivores,  au  contraire,  ou  peut  affirmer  que  la  digestion  gastrique  doit  être 
prépondérante  vis-à-vis  de  la  digestion  pancréatique.  En  général  le  pancréas  de  ces  ani- 
maux est  petit.  L'estomac,  quiest  au  contraire  de  grande  capacité,  reçoit  souvent  des 
proies  volumineuses,  qui  ont  été  avalées  sans  être  mâchées.  Or,  quand  le  chyme  gas- 


528  INTESTIN. 

trique  pénètre  dans  l'inteslin  par  le  long  détroit  pulorique,  ce  chyme  estàl'étatde  pulpe 
fine  (Ch.  RiciiET).I/estoniac  a  donc  accompli  nécessairement  un  travail  considérable.  Or 
Ctt.  RicHET,  qui  a  fait  une  étude  particulière  de  la  digestion  gastrique  chez  les  poissons 
cartilagineux,  a  constaté  que  chez  des  animaux  de  Vespice  SrijUimn  catiilus,etAcanthia$ 
vulgaris  on  trouve  jusqu'à  4o0  grammes  de  liquide  gastrique  pour  des  animaux  pesant 
àjeun  7  kilogrammes.  D'autre  part  le  môme  auteur  a  montre'  que  l'acidité  de  ce  liquide 
atteignait  un  taux  de  lo  p.  1000  d'nCl,et  que  son  activité  peplique  était  en  rapport 
avec  son  acidité.  Il  est  donc  indéniable  que,  même  si  chez  ces  poissons  la  digestion 
intestinale  est  douée  d'une  certaine  activité,  la  digestion  peptique  n'en  reste  pas  moins 
prépondérante  dans  l'ensemble  des  phénomènes  digestifs. 

Chez  les  invertébrés  l'étude  comparée  des  digestions  tryptiques  se  complique  de  ce 
fait  qu'il  est  souvent  impossible  de  recueillir  isolément  du  suc  gastrique  et  du  suc  intes- 
tinal; le  plus  souvent  le  suc  intestinal  reflue  dansTeslomac.  L'étude  de  la  digestion  pro- 
téolytique  chez  ces  animaux  se  réduit  alors  à  rechercher  si  les  albumines  sont  digérées 
en  milieu  acide  ou  en  milieu  alcalin.  Selon  les  espèces  on  constate  que  le  liquide 
digestif  n'agit  que  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  milieux,  et  pour  les  mêmes  espèces  les 
résultats  des  divers  auteurs  sont  parfois  contradictoires.  L'exposé  de  toutes  ces  investi- 
gations de  détails  est  fort  complet  dans  le  livre  d'O.  von  Flrth.  Il  nous  paraît  inutile 
d'énumérer  ici  dans  quelles  conditions  de  milieu  la  protéolyse  s'accomplit  chez  les 
divers  animaux  invertébrés,  et  nous  ne  retiendrons  que  ce  seul  fait  que  chez  les  inver- 
tébrés on  retrouve  toujours  du  ferment  protéolytique  agissant  tantôt  en  milieu  acide, 
tant  en  milieu  neutre  et  même  alcalin. 

Les  ferments  protéolyliques  existent  donc  chez  tous  les  animaux;  mais  leur  différen- 
ciation en  trypsine  et  pepsine  n'est  nettement  accusée  que  chez  les  vertébrés. 

b)  Lipase.  —  Nous  serons  bref  sur  la  lipase.  Des  nombreuses  recherches  faites  sur 
ce  ferment  dans  les  diverses  espèces  il  résulte  que  la  lipase  est  un  ferment  qui  ne  man- 
que chez  aucun  animal.  Parfois  certains  auteurs  signalent  son  absence  chez  telle  ou 
telle  espèce,  mais  i>resque  toujours  des  travaux  de  contrôle  déniontrent  que  c'est  à  tort 
que  cette  absence  a  été  envisagée  pour  ces  espèces. 

c)  Ferments  des  hydrates  de  carbone.  —  1°  Lactase.  La  lactase  est  un  ferment  qui  a 
été  étudié  dans  les  diverses  classes  animales,  et  ces  études  ont  amené  à  des  conclusions 
précises  et  intéressantes. 

A  ne  considérer  que  les  vertébrés  supérieurs,  on  est  immédiatement  frappé  de  voir 
que  la  présence  de  la  lactase  dans  l'intestin  semble  en  rapport  étroit  avec  l'alimenta- 
tion normale  des  animaux  considérés.  C'est  ainsi  que  la  lactase  a  été  retrouvée  chez  la 
plupart  des  mammifères  jeunes,  tandis  qu'elle  est  absente  chez  les  oiseaux.  C'est 
ainsi  que  chez  les  mammifères  eux-mêmes  elle  diminue  d'abondance  à  mesure  que 
l'animal  devient  adulte,  pour  disparaître  même  chez  l'animal  vieux. 

Lactase  de  l'intestin  grêle. 

Jeunes  chiens Abondante. 

Chiens  aduUes Peu  aljondante. 

—       vieux Absente. 

Veau Abondante. 

Povc  adulte Absente. 

Lapin  adulte Peu  abondante. 

Oiseaux Absente.  (Portier,  S'.  B.  B.,  1808). 

Par  conséquent,  pour  les  vertébrés  supérieurs,  la  lactase  manque  chez  les  oiseaux. 
Présente  chez  les  jeunes  mammifères,  elle  devient  de  moins  en  moins  abondante  à 
mesure  qu'ils  prennent  de  l'âge  et  disparaît  chez  les  adultes.  On  ne  peut  s'empêcher 
de  reconnaître  dans  ces  circonstances  soit  une  harmonie  préétablie,  soit  une  adaptation, 
selon  la  conception  téléologique  que  l'on  se  fait  de  la  nature  des  choses. 

Mais,  phénomène  curieux,  lorsque  l^n  étudie  ensuite  les  invertébrés,  on  rencontre  sou- 
vent (BiERRY  et  Gi.ua)  à  nouveau  des  ferments  très  puissants  qui  digèrent  le  lactose.  Est-ce 
la  lactase  des  mammifères  ou  est-ce  un  autre  ferment  dont  l'action  s'étend  sur  divers 
sucres  parmi  lesquels  le  lactose?  nous  l'ignorons.  Mais  le  fait  est  à  retenir,  si  on  ne 
veut  pas  se  faire  des  mécanismes  d'adaptation  une  idée  inexacte.  On  a  constaté  (Bierrv) 


INTESTIN.  52;) 

et  GiAiv"!  im  ferment  agissant  puissanuiKMit  sur  le  lactose  chez  Hcliv^pomatia,  Hélix 
aspera,  Heli.v  hovtensis,  clio/.  les  Planorbes,  chez  l'Aplysie,  chez  Aslacus  /luvialls,  chez 
Homarus  vulyaris,  etc.  Par  contre  ce  ferment  manque  chez  Palinwus  vulgaris,  Carcinus 
inœnas,  Plati/carcinus  paywus.  Chez  les  invertébrés  il  est  impossible  de  reconnaître 
une  conLJomi  tance  logique  entre  la  présence  de  la  laclase  et  la  nature  de  l'alimentation  : 
rharmoiiie  préétablie  semble  en  défaut. 

On  a  cru  pendant  quoique  temps  (Weinland,  Bainbridge)  que  par  une  alimentation 
spéciale  on  pouvait  faire  apparaître  de  la  lactase  dans  le  pancréas  des  mammifères,  qui 
n'en  contient  pas  normalement.  Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  Bieruy  et  Giaja 
Salazar  ont  montré  que  cette  affirmation  était  erronée. 

Les  autres  ferments  des  hydrates  de  carbone  (amylase,  maltase,  saccharase),  que 
nous  avons  signalés  chez  les  mammifères  existent  sans  exception,  semble-t-il,  dans  toute 
la  série  animale  (voir  Otto  von  Furtu  pour  les  Invertébrés). 

Un  ferment  très  remarquable  et  qui  est  totalement  absent  chez  les  vertébrés  se 
retrouve  chez  les  vertébrés  inférieurs,  c'est  la  cellulase.  Rikdermann  et  Moritz  ont  vu  que 
le  suc  de  l'escargot  agit  sur  les  épaisses  membranes  cellulaires  de  l'endo-sperme  des 
dattes,  sur  les  membranes  celluleuses  des  légumineuses.  Seillière  a  retrouvé  ce  ferment 
chez  l'escargot  et  a  vu  notamment  que  le  suc  de  cet  animal  hydrolyse  la  xylane  :  il 
a  fait  la  même  constatation  pour  un  coléoptère  :  Phymatode  variabilis  L.  La  pré- 
sence de  ces  cellulases  chez  les  invertébrés  est  intéressante.  Elle  nous  explique  com- 
ment ces  animaux  peuvent  se  nourrir  en  partie  de  cellulose  et  nous  montre  que  con- 
trairement à  ce  qui  a  lieu  chez  les  vertébrés  la  digestion  de  la  cellulose  peut  se  faire  par 
des  sucs  animaux  sans  l'intervention  des  microbes. 

De  nombreux  ferments  d'hydrate  de  carbone,  dont  beaucoup  sont  inconnus  chez 
les  vertébrés,  se  retrouvent  encore  chez  les  invertébrés  en  dehors  de  la  cellulase. 
(BiERRY  et  Giaja).  Ces  ferments  agissent  (Hélix  pomatia)  sur  la  raffinose,  la  gentianose, 
la  stachyose,  l'acide  lactobionique,  l'acide  maltobionique,  la  lactosazone,  la  maltosa- 
zone,  ramygdaline,la  salicine,  la  phlorizine,  la  gentiopicrine,  l'arbutine,  la  coniférine, 
la  manno-galaclane  (de  luzerne),  la  populine  et  l'hélicine,  etc. 

Le  schéma  général  de  la  répartition  des  ferments  dans  la  série  des  animaux  pourrait 
donc  se  formuler  de  la  manière  suivante. 

1"  Ferments  des  graisses  =  constants. 

2°  Ferments  des  albumines  =  constants,  a)  Chez  les  vertébrés  deux  sortes  de  fer- 
ments :  l'un  (pepsine)  agissant  en  milieu  acide,  l'autre  (trypsine)  agissant  en  milieu 
neutre,  h)  Chez  les  invertébrés,  une  seule  espèce  de  ferment  (?'),  agissant  selon  les 
espèces  en  milieu  acide  ou  on  milieu  neutre  et  qu'on  est  convenu  de  qualifier  pour  ces 
raisons  tantôt  de  pepsine,  tantôt  de  trypsine. 

3°  Ferments  des  hydrates  de  carbone,  a)  Un  ferment  Lrès  remarquable  est  la  lactase, 
en  ce  que  chez  les  vertébrés  sa  présence  semble  coïncider  avec  une  alimentation  lactée, 
mais  qui  se  retrouve  aussi  chez  les  invertébrés  (sous  réserve  de  savoir  si  ces  deux 
ferments  sont  identiques);  6)  Les  autres  ferments  des  hydiates  de  carbone  forment 
deux  groupes  :  le  premier,  composé  de  l'amylase,  de  la  maltase,  de  la  saccharase,  de  la 
tréhalase  qui  se  rencontrent  chez  tous  les  animaux  ;  le  second,  composé  de  ferments 
agissant  sur  la  raffinose,  la  stachyose,  la  cellulose,  etc.,  qui  compte  des  représentants 
de  plus  en  plus  nombreux  à  mesure  qu'on  descend  dans  l'échelle  des  êtres. 

Ainsi,  quand  on  parcourt  la  distribution  yénérale  des  ferments  chez  les  divers  animaux, 
on  ne  peut  se  défendre  de  cette  impression,  que  les  ferments  qui  sont  en  somme  peu  nom- 
breux chez  les  animaux  supérieurs,  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux  chez  les  animaux 
inférieurs,  établissant  ainsi  une  sorte  de  transition  naturelle  entre  les  vertébrés  supé- 
rieurs dont  les  sucs  ne  diffèrent  qu'un  nombre  restreint  de  substances  et  les  microbes 
dont  les  ferments  innombrables  peuvent  attaquer  à  peu  près  toutes  les  substances  orga- 
niques. 

Nous  venons  d'étudier  les  variétés  de  ferments  au  point  de  vue  des  aliments  qui  peu- 
vent être  digérés.  Pour  que  celte  étude  fût  complète  il  y  aurait  lieu  de  comparer  les 
conditions  d'action  de  chacun  de  ces  ferments  dans  la  série  animale.  Lorsqu'en  effet 
on  considère  que  les  animaux  à  températures  variables  comme  les  poissons  exécutent 
des  digestions  très  importantes  à  des  températures  de  10°  ou  12°,  on  doit  se  demander 

DICT.    DE    PHYSIOLOGIE,    —   TOME    I.\.  34 


530  INTESTIN. 

immédiatement  comment  les  ferments  de  ces  animaux  peuvent  agir  encore  à  cette  tem- 
pérature quand  nous  savons  que  les  ferments  des  vertébrés  supérieurs  ne  manifestent 
alors  qu'une  activité  presque  nulle. 

Ce  problème  soulève  immédiatement  la  question  suivante  :  les  ferments  des  animaux 
à  température  variable  ont-ils  leur  optimum  d'activité  à  une  température  différente  de 
celle  des  ferments  des  animaux  à  température  constante,  ou  bien  n'agissenl-ils  encore 
à  basse  température  que  parce  qu'ils  sont  très  concentrés?  Ce  problème  n'a  été  abordé 
que  par  Knauthe  pour  l'amylase  de  la  carpe.  L'activité  du  ferment  en  fonction  de  la  lem- 
péiature  serait  la  suivante,  d'après  cet  auteur  : 


Activité 

Température. 

en 

unités  arbitraires. 

14° 

283 

22° 

633 

23° 

833 

24° 

435 

O'après  Knauthk,  l'optimum  pour  l'amylase  de  la  carpe  serait  23",  très  différent  par 
conséquent  de  l'optimum  des  amylases  des  vertébrés  qui  est  aux  environs  de  45°.  Il  est 
malheureusement  impossible  d'accepter  sans  réserve  de  pareils  résultats,  qui,  pris  en 
eux-mêmes,  sont  en  désaccord  avec  tout  ce  que  nous  connaissons  sur  les  lois  des  fer- 
ments. Un  ferment  qui  diminue  de  50  p.  100  d'activité  pour  une  différence  de  tempéra- 
ture de  1  degré  centigrade  est  un  ferment  trop  invraisemblable  et  par  là  même 
suspect. 

On  peut  donc  dire  que  nous  ne  connaissons  rien  sur  les  conditions  d'action  des 
ferments  chez  les  animaux  inférieurs. 

à)  De  la  digestion  de  la  cellulose  et  des  hydrates  de  carbone  voisins.  —  Il 
n'existe  pas  à  proprement  parler  une  cellulose,  mais  bien  des  celluloses.  Ces  sub- 
stances étant  insolubles  dans  la  plupart  des  liquides,  leur  purification  est  très 
difficile. 

Pratiquement,  et  au  point  de  vue  physiologique,  nous  pouvons  grouper  les 
celluloses  dans  les  catégories  suivantes,  d'après  la  nature  des  sucres  fournis  à  l'hy- 
drolyse par  les  acides. 

1°  Cellulose  typique.  Produit  d'hydrolyse  :       Glycose. 

2°  Mannane.  Maunose  (substance  isomère  du 

Hexosanes.    ^  '               glycose). 

3°  Galactanes.  Galactose. 

4"  Lévulanes.  Lévulose. 

1"  Xylane.  Xylose. 

2°  Arabanes.  Arabinose. 


Pentosaiies. 


Quant  aux  substances  qu'on  a  appelées  hémi-celluloses,  ce  sont  des  substances  plus 
facilement  hydrosables  que  la  cellulose  typique  et  constituées  par  un  mélange  d'hexo- 
sanes  diverses.  Ce  terme  a  toujours  été  vague  et  varie  de  sens,  selon  les  auteurs. 


a  Digestion  des  Hexosanes. 

La  digestion  de  la  cellulose  se  fait  d'une  manière  différente  chez  les  invertébrés 
et  chez  les  vertébrés.  Chez  les  invertébrés  la  digestion  de  la  cellulose  est  opérée  par 
les  sucs  digestifs  de  l'animal  et  selon  des  processus  qui  rappellent  ceux  de  l'hydrolyse 
par  les  acides;  les  hexosanes  par  exemple  sont  transformés  en  hexoses,  les  pentosanes 
en  pentoses,  etc.  Chez  les  vertébrés  la  digestion  de  la  cellulose  est  opérée  par  les 
ferments  des  bactéries,' hôtes  du  tubes  digestif;  le  processus  de  la  digestion  aboutit  à  la 
formation  de  substances  diverses  parmi  lesquelles  on  connaît  des  gaz  et  des  acides 
variés.  Les  deux  types  de  digestion  sont  donc  à  considérer  distinctement. 

L  Digestion  de  la  cellulose  chez  les  invertébrés.  —  La  digestion  de  la  cellulose  par 


INTESTIN.  f{3t 

certains  invertébrés  est  un  fait  admis  depuis  longtemps.  Et  on  conçoit  que  cette  idée 
se  soit  pour  ainsi  dire  imposée  aux  premiers  observateurs  qui  constatùrenl  que  les 
animaux  tels  que  les  escargots,  certains  vers,  les  coléoptères,  se  nourrissaient  exclusi- 
vement des  feuilles  ou  des  parties  ligneuses  des  plantes.  Mais  on  conçoit  également 
qu'une  constatation  de  cette  sorte  ne  pouvait  valoir  pour  une  démonstration  de  la 
digestion  de  la  cellulose.  La  démonstration  ne  pouvait  en  être  établie  que  par  la  consta- 
tation de  la  iligestion  de  la  cellulose  opért'-e  in  ritro  pai-  les  sucs  digestifs,  ou  la  consta- 
tation d'un  bilan  alimentaire  positif. 

L'action  des  sucs  digestifs  de  certains  invertébrés  sur  la  cellulose  n'a  été  observée 
qu'assez  récemment  par  Biedermann  et  Moritz.  Mais  c'est  à  Seillièke  (1905)  que  nous 
devons  de  savoir  que  l'action  des  sucs  digestifs  sur  les  celluloses  est  indépendante  de 
toute  action  bactérienne  et  que  les  produits  de  la  digestion  des  celluloses  xont  des 
sucres. 

Les  recherches  de  Seillièue  ont  porté  sur  le  suc  digestif  d'Hélix  pomatia,  de  Pluj- 
nmtodes  vaiiabilis,  de  plusieurs  Limax  (mollusques)  et  sur  de  jiombreuses  espèces  de 
mollusques  herbivores,  etc.  Le  suc  digestif  de  ces  animaux  additionné  de  chloroforme 
et  d'autres  antiseptiques  organiques  (toluène,  thymol,  etc.)  transforme  activement  des 
hexosanes  et  des  pentosanes  en  hexoses  et  pentoses  en  24  heures  à  38°.  Étant  donné 
que  cette  digestion  se  fait  en  présence  d'antiseptiques,  l'intervention  des  bactéries  ne 
saurait  être  mise  en  cause. 

Nous  devons  à  Seilliére  les  connaissances  suivantes  sur  la  digestion  de  la  cellulose 
par  les  ferments  des  invertébrés. 

Beaucoup  de  celluloses,  celles  des  organes  tendres  des  plantes,  des  légumes,  de* 
herbes,  sont  très  aisément  attaquées  par  les  sucs  digestifs  des  invertébrés. 

Par  contre,  quelques  celluloses,  notamment  celle  du  coton,  ne  sont  pas  directement 
attaquées.  Pour  ces  celluloses  les  divers  traitements  qu'on  leur  a  fait  subir  modifient 
énormément  la  digestibilité.  C'est  ainsi  que  le  coton,  s'il  n'est  pas  directement  hydro- 
lysable  par  les  ferments  animaux,  est  au  contraire  activement  digéré  après  les  trai- 
tements suivants  :  dissolution  de  la  cellulose  dans  le  li(iuide  de  Sgiiweitzer  (oxyde 
de  cuivre  ammoniacal)  puis  addition  d'un  acide  quelconque;  traitement  par  le  chlorure 
de  zinc  concentré  et  lavage  à  l'eau;  traitement  par  la  soude  et  la  potasse  à  25  p.  iOO 
jusqu'à  gonflement  des  fibres  et  lavage  à  l'eau  et  à  l'acide  azotique  à  1  p.  100. 

Cette  dernière  méthode  est  la  méthode  de  choix  par  sa  généralité,  en  ce  sens  qu'elle 
s'applique  à  toutes  les  sortes  de  celluloses  étudiées  jusqu'à  présent. 

La  cellulose  ainsi  modifiée  est  très  rapidement  digérée:  c'est  ainsi  que  1  gramme 
de  coton  traité  par  NaOU  fournit  497  milligrammes  de  glucose  en  24  heures. 

Les  produits  de  la  digestion  de  la  cellulose  typique  sont  du  glucose  —  ce  glucose 
a  été  caractérisé  par  son  osazone. 

Seillière  s'est  demandé  si  l'hydrolyse  diastasique  de  la  cellulose  ne  comptait  pas 
un  terme  intermédiaire,  un  biose,  comme  par  exemple,  au  cours  de  la  digestion  de 
l'amidon  par  le  suc  pancréatique  on  trouve  un  terme  maltose  entre  les  stades  amidon, 
dextrine  d'une  part  et  glucose  d'au  Ire  part.  Dans  ce  cas  le  terme  intermédiaire  pourrait 
être  le  celtobiose  (Skraup,  1901]  ou  cellose  —  biose  isomère  du  maltose  — obtenue  dans 
l'hydrolyse  ménagée  de  la  cellulose  par  l'anhydride  acétique  additionné  d'acide  sul- 
furique. 

Jusqu'ici  les  recherches  sur  l'hydrolyse  fermentaire  n'ont  pas  permis  d'isoler  de 
biose  intermédiaire. 

Ceci  ne  prouve  pas  que  ce  biose  ne  se  forme  pas,  et  il  est  possible,  d'après  Seillière,^ 
qu'il  soit  hydrolyse  presque  aussitôt  que  formé,  comme  il  arrive  pour  la  digestion  de 
l'amidon  en  présence  d'un  mélange  d'amylase  et  de  mallase,  dans  lequel  on  n'obtient 
que  du  glucose  sans  pouvoir  mettre  en  évidence  le  maltose. 

Un  fait  curieux  signalé  encore  par  Seillière  est  que  la  cellulose  rendue  très  atta- 
quable par  action  de  NaOU  redevient  beaucoup  moins  attaquable  quand  ce  produit  a 
été  desséché  dans  le  vide. 

Tout  récemment  Lohrisch  a  recherché  la  quantité  de  cellulose  assimilée  par  certains 
invertébrés  :  en  général  il  constate  que  l'assimilation  des  celluloses  et  des  hémi-cellu- 
loses porte  sur  environ  oO  p.  100  des  substances  absorbées  (diverses  chenilles). 


532  INTESTIN. 

A  ces  quelques  notions  se  bornent  nos  connaissances  actuelles  sur  la  digestion  de  la 
cellulose  par  les  sucs  animaux  chez  les  Invertébrés. 

II.  Digestion  de  la  cellulose  chez  les  Vertébrés.  —  Chez  les  animaux  vertébrés,  la 
digestion  de  la  cellulose  s'opère  d'une  façon  toute  différente.  Quoique  cette  digestion  de 
la  cellulose  soit  un  phénomène  très  important,  comme  nous  le  verrons  dans  la  suite, 
pour  la  nutrition  de  toute  une  catégorie  d'animaux,  il  est  très  remarquable  de  constater 
que  cette  digestion  cellulosique  est,  pour  ainsi  dire,  un  fait  accidentel  :  elle  est  due,  en 
effet,  entièrement  à  l'intervention  de  certains  microbes,  hôtes  du  tube  digestif;  si  bien 
qu'on  ne  conçoit  même  pas  l'existence  possible  des  herbivores  sans  l'assistance  des 
microbes.  La  vie  sans  microbes,  que  Pasteur  jugeait  impossible  d'une  façon  générale,  est 
probablement  possible  pour  les  carnivores  et  les  omnivores,  mais  a  priori  elle  paraît 
impossible  pour  les  herbivores. 

La  majorité  des  physiologistes  ont  pensé  tout  d'abord  que  les  vertébrés  n'assimi- 
laient pas  la  cellulose,  et  que,  dans  les  tissus  des  plantes  ingérées,  les  vertébrés  n'utili- 
saient que  les  albumines,  les  graisses  et  les  divers  hydrates  de  carbone  susceptibles 
d'être  hydrolyses  par  les  ferments  des  glandes  digestives,  IIaub.ner,  en  1854,  démontre 
que  les  herbivores  assimilent  vraiment  la  cellulose;  mais  ce  n'est  qu'à  partir  de  1884 
que  nos  noiions  sur  la  digestion  cellulosique  se  précisent,  grâce  aux  travaux  de 
Kmeriem,  Tappeiner,  Zumz,  etc. 

[°  La  digestion  cellulosique  est  due  aux  bactéries  du  tube  digestif.  —  Ce  fait  fonda- 
mental est  admis  aujourd'hui  pour  deux  raisons.  La  première  est  qu'on  ne  connaît 
aucun  ferment  animal,  chez  les  herbivores,  susceptible  d'attaquer  la  cellulose.  Il  y 
a  longtemps  que  la  remarque  en  a  été  faite  :  sa  justesse  a  été  vérifiée  par  tous  les 
auteurs  qui  ont  repris  la  question.  Aussi  ne  citerons-nous  qu'à  titre  d'exemple  les 
résultats  récents  de  Lourisch,  1909. 

Cellnloso 
retrouvée 
Ct'llulose  mise       après  48  heures 
au  contact.        de  digestion  à  'H'i" 
gr.  gr. 

Suc  pancréatique  de  porc  4-  toluol 0,415  0,449 

Extrait  alcalia  de  pancréas  de  porc  +  toluol 0,480  0,501 

Suc  pancréatique  de  porc  +  suc  intestinal  de  porc  àâ  +  toluol.     0,239  0,3io 

Ces  résultats  montrent  que  le  suc  pancréatique  n'a  pas  la  moindre  action  sur  la  cel- 
lulose, pas  plus  que  le  suc  pancréatique  additionné  de  suc  intestinal. 

11  était  naturel  de  penser  alors  que  les  microbes  étaient  les  agents  actifs  de  la  diges- 
tion cellulosique.  Il  semble  bien  que  cette  hypothèse  ait  été  acceptée  d'emblée  sans 
discussion  et,  pour  ainsi  dire,  par  élimination;  ce  ne  fut,  eu  effet,  qu'assez  long- 
temps après  qu'on  l'eut  admis  qu'on  s'occupa  d'en  apporter  une  démonstration  directe. 

Les  faits  positifs  qui  témoignent  le  plus  nettement  en  faveur  de  l'intervention  des 
microbes  dans  la  digestion  cellulosique,  consistent  en  ceci  :  qu'une  digestion  cellu- 
losique active  est  presque  constamment  entravée  par  la  présence  des  antiseptiques. 
Comme,  d'une  façon  générale,  on  a  toujours  constaté  que  les  antiseptiques  n'entravent 
que  peu  l'action  des  ferments  solubles,  on  en  a  conclu  qu'une  digestion  entravée  par 
des  antiseptiques  est  une  digestion  microbienne.  Voici  des  expériences  de  Lohrisch  qui 
confirment  cette  proposition.  Du  liquide  cœcal  de  cheval  est  additionné  de  cellulose 
avec  ou  sans  antiseptique  et  porté  à  l'étuve  :  on  recherche  la  quantité  de  cellulose 
digérée. 

Durée  Cellulose 

de  la  digestion.  digérée, 

heures.  p.  100. 

Liquide  caecal  +  cellulose 19  1/2  17,9 

50  cmc.  +  lo  cmc.  d'acide  phéniquc  à  2  p.  100.    .     69  1/4  0 

50  cmc,  +  3  cmc.  de  toluol 72  1/2  0 

50  cmc.  +  thymol  en  excès 70  0 

Une  autre  démonstration  peut-être  encore  plus  directe  du  rôle  des  microbes  a  été 
apportée  par  Lohrisch,  qui  constate  qu'une  simple  fîltration  sur  papier  épais  prive  le 


INTESTIN.  533 

liquide  ca>cal  de  toutes  ses  propriétés  digeslives.  Comme  il  est  sans  exemple  qu'une 
simple  fillration  sur  papier  arrt^te  It^s  «  ferments  solubles  »,  il  s'ensuit  que  l'élément 
actif  retenu  par  le  (iltre  doit  être  la  masse  microbienne. 

Ainsi  donc,  absence  de  tout  ferment  animal  susceptible  de  digérer  la  cellulose,  et 
arrêt  de  l;i  digestion  cellulosi([ue  par  les  antiseptiques,  ou  par  filtration  des  liquides 
intestinaux,  telles  sont  les  deux  raisons  qui  permettent  d'aflirmer  que,  chez  les  verté- 
brés, la  digestion  cellulosique  est  microbienne. 

Pour  posséder  une  connaissance  complète  de  cette  digestion  microbienne,  il  reste- 
rait i\  connaître  :  1"  les  bactéries  en  cause,  et  2°  les  conditions  de  développement  de 
ces  bactéries.  Sur  ces  points,  nos  connaissances  sont  fort  restreintes. 

Avec  Van  Tieghem  (1879),  on  admet  que  le  principal  agent  de  la  digestion  cellulo- 
sique est  le  Bacillus  amtjlohacter.  Mais  nous  ignorons  si  d'autres  microbes  ne  lui  sont 
pas  associés  dans  cette  œuvre. 

Au  point  de  vue  des  conditions  d'action  des  microbes  cellulolytiques,  deux  faits  seuls 
ont  bien  été  établis  par  Loiirisch.  Le  liquide  intestinal  bouilli,  qui  a  perdu  sa  propriété 
de  digérer  la  cellulose  (Hokmeister),  ne  la  récupère  pas  après  ensemencement  avec  de 
petites  quantités  de  liquide  intestinal  frais;  ce  fait  est  très  important,  car  il  montre  que 
les  bacilles  cellulolytiques  sont  assez  délicats  pour  ne  plus  pouvoir  se  développer  sur  un 
milieu  favorable  dénaturé  par  une  simple  ébullition.  D'autre  part,  Loiirisch  a  vu  encore 
qu'en  présence  de  l'air,  et  à  une  température  de  38",  les  microbes  cellulolytiques 
meurent  rapidement  dans  le  suc  intestinal.  L'n  suc  intestinal  abandonné  à  lui-même 
devient  roniplèleinent  inactif  au  bout  de  9  jours. 

2°  Produits  (le  la  di</estio)i.  —  L'\s  produits  de  la  digestion  cellulosique  sont  quali- 
tativement les  mêmes;  que  la  digestion  s'accomplisse  in  vivo  ou  qu'elle  s'accomplisse 
in  vitro  (Tappeiner)  :  ce  sont  principalement  CO',  CH'%  de  l'acide  acétique  et  de  l'acide 
butyrique,  accessoirement  de  l'acide  fonnitiue  et  de  l'acide  propionique. 

L'examen  quantitatif  des  produits  de  la  digestion,  étudiée  in  vivo,  ne  donne  que  des 
résultats  irréguliers.  Selon  qu'on  examine  le  contenu  de  l'estomac,  celui  de  l'intestin 
grêle  ou  celui  du  caecum,  on  trouve  des  proportions  variables  de  CO-  et  CH^  (Tappei.ner). 
Ces  faits  s'expliquent  aisément  si  l'on  se  rappelle  que  la  muqueuse  de  l'estomac  et  celle 
de  l'intestin  résorbent  les  gaz  avec  des  vitesses  très  inégales.  Malgré  ces  causes  d'erreur, 
une  analogie  très  nette  se  retrouve  cependant  dans  les  processus  de  la  digestion  in  vivo 
et  dans  ceux  de  la  digestion  in  vitro,  lorsque  celle-ci  est  très  active. 

Gaz  de  la  panse  Gaz  développés  in  vitro, 

du  cheval.  (TArPEiNER). 

C02 75,47  55,19 

CH4 23,27  ,  37,08 

Mais  il  n'en  reste  pas  moins  que  seule  l'étude  de  la  digestion  in  vitro  nous  permet 
de  connaître  quantitativement  les  produits  de  la  digestion.  D'après  Henneberg  et 
Stohmann,  100  grammes  do  cellulose  donnent  naissance  à  : 

33k%5  de  CO^ 
4K%7  de  CHi 
338", 6  d'acide  acétique 
33«',&  d'acide  butyrique. 

3°  Sort  des  produits  de  la  digestion  cellulosique.  —  Les  gaz  volatils  CO-  et  CH*  de 
la  digestion  sont  éliminés  par  les  herbivores  en  nature.  D'après  Zuntz,  CH^  est  presque 
totalement  éliminé  par  le  rectum,  tandis  que  CO-,  qui  est  très  rapidement  résorbé  par 
l'intestin,  est  éliminé  en  très  grande  partie  par  la  voie  pulmonaire.  Étant  donné  enfm 
qu'on  ne  trouve  dans  les  urines  que  des  traces  d'acide  butyrique  et  d'acide  acétique,  et 
que  ces  urines  sont  très  riches  en  carbonates,  il  est  extrêmement  probable  que  les 
acides  butyrique  et  acétique  sont  brûlés  dans  l'organisme  en  donnant  des  carbonates 
alcalins. 

Ces  divers  faits  permettent  plusieurs  conclusions  importantes. 

L'élimination  abondante  par  le  poumon  du  CO-  provenant  de  la  fermentation  intes- 


534  INTESTIN. 

tinale,  tend  à  augmenter  le  quotient  respiratoire  d'une  façon  très  notable.  D'après  les 
travaux  de  Zuntz,  on  peut  voir  que,  chez  le  bœuf,  environ  le  quart  de  lacide  carbonique 
expiré  provient  de  la  fermentation  intestinale. 

Mais,  inversement,  la  combustion  de  l'acide  butyrique  et  de  l'acide  acétique  tend  à 
diminuer  notablement  le  quotient  respiratoire  (Mallèvre).  Chez  des  lapins  auxquels  on 
injecte  de  l'acétate  de  soude,  on  constate,  en  effet,  que  le  quotient  respiratoire  (Q.  R.) 
tombe  de  1,04  à  0,71  et  de  0,86  à  0,69;  ce  qui  est  aisé  à  comprendre  si  l'on  se  repré- 
sente la  combustion  de  l'acétate  de  soude  selon  la  formule  la  plus  probable. 

C2H302Na  +  20i  =  CO^  +  H^O  +  CO 'NaH; 

d'où  on  a 

C02      .  , 
205  =  "'■^- 

Par  conséquent,  étant  donné  que  chez  l'animal,  en  même  temps  qu'il  se  produit  une 
élimination  de  CO-  qui  tend  à  augmenter  le  Q.R.,il  se  fait  une  combustion  d'acide  gra- 
qui  tend  à  diminuer  le  Q.R,  il  s'ensuit  que  les  deux  causes  de  perturbations  s'annulent 
presque,  et  que  le  Q.R.  des  herbivores  est  à  peu  près  comparable  à  celui  qui  existerait, 
si  la  cellulose  était  digérée  directement  dans  Tintimité  des  tissus  et,  par  suite,  très 
comparable  au  quotient  qu'on  trouverait  chez  un  animal  absorbant  une  nourriture  très 
riche  en  hydrates  de  carbone  ordinaires. 

L'élimination  en  nature  de  CH'^  est  intéressante, car  elle  nous  est  un  indice  de  l'acti- 
vité de  la  fermentation  microbienne.  De  la  quantité  CH'^  éliminée,  nous  pouvons 
conclure  directement  à  la  quantité  de  cellulose  hydrolysée,  selon  les  processus  exposés 
plus  haut.  Des  travaux  de  Zl.vtz,  il  semble  résulter  qu'on  peut  conclure  de  l'élimination 
de  CH'*  à  une  hydrolyse  exclusivement  bactérienne  de  la  cellulose  digérée.  Ainsi  se 
trouve  écariée  une  hypothèse  possible  de  la  digestion  cellulosique,  à  savoir  que  la 
digestion  in  vivo  serait  entreprise  par  les  bactéries  et  continuée  par  les  ferments  ani- 
maux. 

De  ces  mêmes  constatations,  on  peut  calculer  les  calories  utilisées  par  l'organisme 
dans  la  digestion  cellulosique. 

100  gr.  de  cellulose  =  414^600  calories. 

Les  produits  de  la  digestion  do  100  grammes  de  cellulose  donnent  : 

gr.  Calories. 

33,0  C02 

4,7  CH*                  =  13°'', 344  x  47  =  62,717   perdues,  puisque  CH^  éliminé  en  nature), 

33,6  acide  butyrique  =  3"',o  X  33,6  =  147,76 

33,6      —    acétique    =  5"',6  x  33,6  =  189,73 

Chaleur  de  fermentation                      =  44,37 

Calories  utilisées 3o."l,86 

La  fermentation  microbienne  n'est  donc  pas  un  processus  de  digestion  très  onéreux 

414,6 
pour  l'organisme,  puisqu'elle  ne  prive  l'organisme  que  du  septième  -     ^  des  calories 

alimentaires. 

4"  Utilisation  des  diverses  celluloses  par  les  divers  animaux.  —  Chez  le  même  animal, 
les  diverses  celluloses  sont  très  diversement  utilisées;  en  général,  les  celluloses  des 
tissus  jeunes  et  tendres  sont  beaucoup  mieux  utilisées  que  les  celluloses  des  tissus 
adultes  lignifiés,  sans  qu'il  nous  soit  possible  actuellement  de  préciser  davantage  et  de 
traduire,  en  un  langage  chimique,  cette  vague  opposition.  Le  lapin,  par  exemple, 
assimile,  d'après  Knieriem  : 

Coques  de  noix  pilées 5,03 

Fibres  de  lin 5,40 

Foin 52,47 

Papier 54,49 

Carottes 65,30 

Feuilles  de  chou 77,90 


INTESTIN.  53» 

Les  divers  animaux  utilisent  la  cellulose  d'une  manière  très  in«fj;ale. 
Knieriem  a  fait,  à  cet  égard,  des  recherches  chez  l'homme,  les  oiseaux  carnivores,  les 
chiens,  et  les  lapins, 
a)  Homme  fi  : 

Jours.  Régime.  Cellulose  des  fèces. 

1  Bii-re,  viande,  iVomagc,  café,  lait 0,138 

2  —  —  0,0018 

3  —  —  0,0177 

4  —  —  0,001 

o  ld  +  ;J71  gv.  do.  Scorzoïiera  fiispantca^  =3«%3ijlli  de  cellulose.  1,283 

(i  Régime  antéiieur 1,064 

7  —  0,744 

8  —  0,044 

D'où  utilisation  de  la  cellulose  :=  4,1  \^.  100 

Chez  l'homme,  la  digestion  de  la  cellulose  est  donc  minime. 

b)  Chiens  et  oiseaux  cartiivores  :  Knieriem  la  trouve  à  peu  près  nulle. 

c)  Animaux  herbirorea  :  Chez  les  herbivores,  lapin,  cheval,  bœuf,  etc.,  l'utilisation  de 
la  cellulose  est  considérable  et  varie  selon  les  celluloses  de  50  à  80  p.  100  en  moyenne. 

5»  Sièije  de  la  diijestion  de  la  cellulose.  —  De  l'opinion  de  Tappeiner  et  de  Zu.ntz,  la 
digestion  de  la  cellulose  sérail  loin  d'être  également  active  dans  tout  le  tractus  digestif. 
Elle  aurait  son  ma.ximum  d'intensité  dans  l'estomac  et  le  cipcum,  et  serait  très  faible 
dans  l'intestin  grêle.  Cette  opinion  est  basée  sur  ces  faits  que  l'on  trouve  peu  de  gaz 
dans  l'intestin  grêle,  alors  qu'on  en  trouve  beaucoup  dans  l'estomac  et  le  caecum,  et 
que  le  liquide  de  l'intestin  grêle  ne  jouit  que  d'un  pouvoir  cellulolytique  très  faible 
tandis  que  celui  de  l'estomac  et  du  ca:!cum  digère  la  cellulose  avec  activité. 

6"  Influence  de  la  di(/estion  de  la  cellulose  sur  la  digestion  des  autres  aliments.  —  Nous 
avons  déjà  vu  que  Viugestion  de  la  cellulose  accélère  le  transit  intestinal  chez  tous  les 
animaux,  et  que  cette  accélération  du  transit  a  pour  conséquence  une  petite  diminu- 
tion dans  l'utilisation  des  divers  aliments:  hydrates  de  carbone,  graisses  et  albumines.- 
La  digestion  de  la  cellulose,  par  contre,  qui  n'est  véritablement  importante  que  chez 
les  herbivores,  a  aussi  une  conséquence  importante;  c'est  qu'elle  entrave  la  digestion 
des  hydrates  de  carbone  par  les  sucs  digestifs  animaux  ;  Tappeixer  constate  que,  si  des 
herbivores  ont  ingéré  de  l'amidon,  cet  amidon  subit  une  fermentation  bactérienne.  Il 
semble  donc  que,  chez  les  herbivores,  la  digestion  des  hydrates  de  carbone  soit  unillée 
selon  un  même  type,  qui  est  l'hydrolyse  par  les  bactéries.  Le  retentissement  de  la 
digestion  cellulosique  sur  la  digestion  des  albumines  et  des  graisses  est  peu  connu. 

7"  Importance    de    la  cellulose   dans  l'alimentation  des   herbivores.  —  Étant  donné 

que  les  -  des  calories  disponibles  de  la  cellulose  sont  utilisés  par  l'organisme  des  her- 
bivores, que  oO  p.  100  au  moins  de  la  cellulose  est  digérée,  et  que  l'alimentation  des 
herbivores  consiste,  en  grande  partie,  en  cellulose,  on  conçoit  que  la  cellulose  soit  un 
aliment  très  important  pour  les  herbivores. 

L'expérience  démontre,  en  plus,  que  la  cellulose  est  encore  un  aliment  indispen- 
sable (Knieriem). 

«  Le  30  septembre  1878,  on  met  un  lapin  dans  une  cage  dont  le  fond  est  un  treillis 
métallique  à  mailles  de  3  millimètres.  Les  matières  fécales  se  rassemblent  sur  ce 
treillis,  tandis  que  les  urines  passent  au  travers  pour  se  collecter  dans  un  vase.  L'animal 
recevait  par  jour  150  centimètres  cubes  de  lait  et  5  grammes  de  sucre...  Dès  le 
11  octobre,  les  matières  ne  sont  plus  expulsées  sous  forme  de  billes,  mais  sous  une 
forme  liquide  ou  molle.  Le  1'^'"  décembre,  l'animal  est  trouvé  mOrt  dans  sa  cage.  Le 
poids  de  l'animal  était  alors  de  822  grammes,  c'est-à-dire  69  p.  100  de  son  poids  pri- 
mitif; la  mort  ne  pouvait  donc  être  imputée  à  l'inanition.  A  l'autopsie,  on  constate  que, 
dans  l'estomac,  il  n'y  a  que  du  mucus,  et  que  la  région  pylorique  est  enflammée;  l'in- 
testin grêle  est  rempli  de  mucus,  fortement  enflammé  dans  toute  sa  longueur;  il  en  est 
de  même  du  caecum.  Ce  dernier,  de  plus,  est  rempli  de  matières  de  la  consistance  d'une 

1.  Légume  vendu  souvent  comme  salsifis. 


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INTESTIN.  537 

masse  vitrifiée  et  fortement  adlu''rentes  aux  parois  et  aux  plis  du  c;t'cum.  Si  Ton  com- 
pare le  contenu  d'un  intestin  de  lapin  nourri  normalement  à  ce  tableau,  la  dillérence 
est  frappante;  la  masse  ca-cale  est  mobile,  elle  s'échappe  par  une  simple  pression 
du  coacum,  et  ainsi  se  trouve  maintenue  une  libre  communication  entre  l'estomac 
et  le  rectum  qui  n'existe  plus  au  cours  de  l'alimentation  dépourvue  de  cellulose. 
L'absence  de  cellulose,  en  diminuant  le  périslaltisme  et  en  permettant  cette  accumu- 
lation caecale,  a  donc  causé  la  mort  de  l'animal.  » 

L'expérience  mémorable  de  Knieriem  est  du  plus  haut  intérêt;  elle  nous  montre  le 
sort  final  d'un  animal  dont  on  modifie  complètement  l'alimentation  naturelle.  Mais 
l'interprétation  que   Knuckiem  donne  de  son  expérience  est  certainement  incomplète. 

Pour  Knieriem  le  lapin  soumis  au  régime  lacté  meurt  de  constipation. 

Les  acquisitions  récentes  de  la  physiologie  nons  permettent  d'ajouter  que  le  lapin 
a  dû  pàtir  encore  :  1"  d'un  excès  d'urée  dans  le  sang  —  dû  au  régime  hyperazoté  du 
lait.  —  Le  lapin  tolère  mal  des  introductions  considérables  d'urée  (Heilner,  Z.  B., 
\00Q\  2"  de  l'introduction  d'une  albumine  étrangère  à  son  alimentation  habituelle. 
3"  de  formation  de  substances  toxiques  au  cours  de  sa  dyspepsie  intestinale  pouvant 
causer  de  graves  néphrites.  C'est  ce  qui  a  lieu  même  chez  le  chien  au  cours  d'un 
régime  azoté  abondant  (Ambard),  etc. 

Nous  devons  donc  être  aujourd'hui  très  réservés  sur  l'interprétation  de  l'expérience 
de  Knieriem. 

^  Digestion  des  Pentosancs. 

Xylanes.  —  On  ne  connaît  de  xylanase  animale  que  chez  les  invertébrés  herbi- 
vores où  elle  est  fort  répandue.  Dans  les  séries  de  mollusques  et  de  crustacés  il  est 
remarquable  de  constater  que  la  xylanase  est  toujours  présente  chez  les  formes  herbi- 
vores, alors  que  des  formes  voisines,  mais  carnivores,  en  sont  dépourvues  (Seillière). 
On  la  trouve  chez  les  mollusques  herbivores  (y  compris  les  bivalves),  les  crustacés  her- 
bivores, les  larves  d'insectes  xylophages,  chez  certains  coléoptères  adultes. 

Les  sucs  de  ces  animaux  transforment  le  xylane  en  xylose  caractérisé  (Seillièke)  par 
ses  réactions  colorées,  par  son  osazone  et  dans  certain  cas  par  la  formation  de  xylono 
bromure  de  cadmium. 

Les  sucs  ont  une  activité  extrême;  en  quelques  heures  lasaccharification  est  totale. 
Les  expériences  de  Seillière  ont  toujours  porté  sur  de  la  xylane  préparée  à  partir  de 
la  sciure  de  peuplier.  Chez  les  vertébrés  il  n'existe  pas  de  xylanases  animales.  Par 
contre  les  microbes  ont  une  activité  très  nette  sur  la  xylane. 

Les  constatations  suivantes  sont  empruntées  textuellement  à  Seillière. 

Les  animaux,  lapins  et  cobayes  nourris  de  foin  vert  et  de  pain,  étaient  sacrifiés  et 
le  contenu  du  gros  intestin  délayé  aussitôt  dans  cinq  volumes  d'eau  chloroformée,  puis 
centrifugé;  on  décantait  ensuite  la  partie  liquide.  Ce  liquide,  de  réaction  légèrement 
alcaline,  fut  additionné  de  xylane  dans  la  proportion  de  o  p.  100,  et  d'un  excès  de 
chloroforme.  Après  quarante-huit  heures  de  séjour  à  Tétuve,  on  a  précipité  par  deux 
volumes  d'alcool  à  98°,  filtré,  évaporé  l'alcool  et  déféqué  au  sous-acétate  de  plomb  et 

r-s. 

Le  liquide  ainsi  obtenu  donnait  avec  Intensité  les  réactions  des  pentoses  avec  la 
phloroglucine  et  l'orcine;  la  phénylhydrazine  a  fourni  une  osazone  fusible  à  160-162°, 
dont  les  propriétés  concordaient  bien  avec  celles  de  la  xyiosazone. 

Des  digestions  témoins,  faites  avec  les  mêmes  liquides  diastasiques  chauffés,  n'ont 
donné  lieu  à  aucune  production  de  pentose. 

En  acidifiant  très  légèrement  par  l'acide  acétique,  l'action  de  la  diastase  paraît  s'ac- 
célérer; mais  ce  sont  là  des  conditions  qui  ne  sont  guère  réalisées  in  vivo,  le  contenu 
intestinal  du  lapin  et  du  cobaye  étant  normalement  alcalin. 

Les  sécrétions  digestives  des  herbivores  ne  renfermant  pas  de  xylanase,  celle  ren- 
contrée dans  le  côlon  devait  être  d'origine  microbienne.  L'essai  suivant  nous  paraît 
confirmer  cette  vue  :  le  contenu  intestinal,  délayé  dans  deux  volumes  d'eau,  est  chauffé 
à  100°,  de  manière  à  détruire  les  diastases  et  la  plupart  des  microbes.  Après  refroi- 
dissement, on  a  ensemencé  avec  une  petite  quantité  de  contenu  ca-cal  non  chauffé,  en 


538  INTESTIN. 

suspension  dans  l'eau.  Le  lout  ôtant  mélangé,  on  a  pre^levé  une  portion  du  magma  qui 
a  été  saturé  de  chloroforme  pour  empêcher  le  développement  des  microbes.  Celte  por- 
tion a  servi  à  faire  avec  de  la  xylane  une  digestion  analogue  à  celles  qu'on  a  mention- 
nées plus  haut;  il  n'y  a  pas  eu  d'hydrolyse  appréciable. 

La  partie  ensemencée  étant  maintenue  trois  jours  à  dl",  les  microbes  ont 
repris  possession  de  la  masse,  et  avec  eux  a  reparu  la  xylanasc  :  une  digestion 
analogue  aux  précédentes  a  permis  de  constater  une  hydrolyse  des  plus  nettes  de  la 
xylane  ^ 

V.  Voies  d'absorption  des  graisses  chez  les  divers  animaux.  —  «  La  proj)o- 
sition  que  nous  venons  d'émettre,  à  savoir  que  les  matières  tirasses  sont  absorbées  ])ar 
les  vaisseaux  lymphatiques  de  l'intestin  qui  prennent  le  nom  de  vaisseaux  chylifères, 
paraît  souffrir  des  exceptions  quand  on  examine  l'absorption  des  matières  grasses  dans 
les  autres  classes  d'animaux  vertébrés,  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons.  On  voit, 
en  effet,  que  dans  ces  animaux  les  vaisseaux  lymphatiques  de  l'intestin  qui  sont,  du 
reste,  assez  peu  nombreux  chez  les  oiseaux,  ne  renferment  jamais,  pendant  la  diges- 
tion, des  matières  grasses  émulsionnées;  de  sorte  que  les  vaisseaux  chylifères  n'ont 
pas,  chez  ces  trois  classes  de  vertébrés,  les  mêmes  usages  à  remplir  que  chez  les  mam- 
mifères. Cependant,  on  ne  peut  pas  admettre  que  l'absorption  de  la  graisse  n'a  pas  lieu 
chez  ces  animaux  ;  seulement,  on  reconnaît  que  celte  absorption  s'effectue  au  moyen 
d'un  autre  système  vasculaire,  c'est-à-dire  de  la  veine  porte.  Nous  avons  dit  que  la 
graisse  absorbée  par  l'intestin  ne  devait  pas  traverser  le  foie.  Cependant,  chez  les 
oiseaux,  si  la  graisse  était  absorbée  par  la  veine  porte,  elle  devrait  incessamment  passer 
à  travers  le  système  capillaire  hépatique'avant  d'arriver  au  cu'ur.  Or  il  existe,  chez  tous 
les  animaux  où  les  lymphatiques  ne  sont  jias  destinés  à  l'absorption  de  la  graisse,  des 
communications  très  larges  entre  le  système  de  la  veine  porte  et  le  système  de  la  veine 
cave  ;  de  telle  faron  que  les  matières  grasses  absorbées  peuvent  passer  de  la  veine  porte 
directement  dans  la  veine  cave,  sans  traverser  le  tissu  capillaire  du  foie.  Les  vaisseaux 
de  communication  entre  la  veine  porte  et  la  veine  cave  constituent  ce  qu'on  appelle  le 
système  veineux  de  Jacobson,  qui  existe  dans  les  trois  classes  d'animaux  vertébrés, 
autres  que  les  mammifères  (fig.  93,  p.  o20  .  C'est  grâce  à  cette  disposition  que  la 
graisse  peut  arriver  dans  le  système  circulatoire  général,  sans  traverser  les  capil- 
laires du  foie  dans  lesquels  elle  s'arrêterait,  ainsi  que  l'ont  prouvé  les  recherches 
physiologiques  de  Magendie  et  les  recherches  chimiques  de  Lehmann.  (Cl.  Bernaud  : 
Leçons  de  pltys.  crpèr.,  IL) 

D'ailleurs,  Claude  Bernard  pense  que  les  oiseaux  ont  une  faculté  absorbante  pour 
les  graisses  beaucoup  plus  faible  que  les  mammifères.  ><  J'ai  souvent  donné  à  des 
oiseaux  de  la  graisse  en  assez  forte  proportion  dans  les  aliments,  et  j'ai  également 
constaté  (comme  Bousslngaclt)  que,  dans  les  excréments,  on  en  rencontrait  une  grande 
proportion  :  ce  qui  n'a  pas  lieu  en  semblable  circonstance  pour  les  mammifères.  » 

A  ces  considérations  de  Cl.  Bek.nard,  sur  l'absorption  des  graisses,  se  borne  toute  la 
documentation  sur  cette  question  des  voies  d'absorption  des  graisses  chez  les  divers 
animaux. 

VL  Respiration  intestinale.  —  L'intestin  est  susceptible  d'absorber  îles  gaz  en 
très  grandes  quantités.  De  l'acide  carbonique  injecté  dans  le  rectum  en  disjiaraîl  très 
rapidement  et  s'élimine  par  le  poumon  (Ch.  Richet  .  Quelques  instants  après  l'injection 
d'eau  oxygénée  dans  le  rectum,  on  constate  que  le  sang  veineux  des  vaisseaux  mésen- 
tériques  devient  rutilant.  En  général,  la  muqueuse  intestinale  n'a  cependant  qu'un  rôle 
insignifiant  dans  les  échanges  respiratoires,  et  ce  n'est  que  chez  quelques  poissons  que 
ce  rôle  est  très  accusé. 

Déjà,  en  1814,  Treviranus  avait  signalé  que  Cobitis  fossilis  avale  constamment  de 
l'air  qu'il  rend  par  l'anus.  Baumert  a  fait  l'analyse  des  gaz  émis  par  l'anus,  et  constaté 
une  proportion  de  87,18  d'Az,  12,03  d'O  et  0,79  de  CO^.  L'intestin  de  Cobitis  fossilis 
a  été  étudié  par  Leydig  et  surtout  par  Calogareanu,  dans  le  mémoire  duquel  on  trou- 
vera de  très  belles  reproductions  de  coupes  de  l'intestin.  Ces  coupes  montrent  qu'il 

1.  Ces  essais  ont  été  faits  sur  le  lapin  et  le  cobaye.  C'est  le  contenu  intestinal  du  cobaye 
qui  s'est  montré,  en  général,  le  plus  favorable  au  développement  des  microbes. 


INTESTIN.  539 

y  a  une  véritable  adaptation  histologique  de  la  muqueuse  intestinale  ;"i  sa  nouvelle 
fonction  respiratoire.  Une  ^'rande  partie  des  cellules  sont  effilées  dans  leur  partie  pro- 
fonde et  s'étalent  larj^ement  dans  leur  partie  libre  au-dessus  des  capillaires,  rappelant 
ainsi  la  disposition  anato inique  du  poumon. 

JOBERT  rapporte  que  CalHcthys  a<!pcr,  poisson  brésilien,  succombe  si  on  l'empêcbe 
d'avaler  de  l'air  à  la  surface  des  eaux. 

AMBARD. 

BIBLIOGRAPHIE. 

I.    —    SUCS    INTESTINAUX    ET    ACTION    DE    CES    SUCS. 

SUC   PANCRÉATIQUE. 

Composition  du  suc  pancréatique.  —  Glàssner.  Ucber  menschl.  Pankreassekret  (Z.  p. 
C,  1004,  XL,  463).  —  Gley  et  Camus.  Sur  la  sécrétion  pancréatique  des  chiens  à  jeun  (B. 
B.,  1901,  195).  —  PozERSKi.  Sur  le  calcium  du  suc  pancréatique  [B.  B.,  1908,  i,  505).  — 
ScHUMM.  Ueber  menschl.  Pankreassecret  (Z.  p.  C,  1902,  xxxvi,  292).  —  De  Zilwa.  On 
the  composition  of  the  pancreatic  juice  (J.  P.,  1904,  xxxi,  230). 

Amylase. 

BiERRT,  GiAJA  et  Henri.  Inactivité  amylolytique  du  suc  pancréatique  dialyse  (B.  B., 
1906,  I,  479).  —  Bierry  [et  Giaja.  Sur  le  suc  pancréatique  dialyse  (B.  B.,  1907,  i,  432). 
—  BiERRY.  Sur  Vamylase  du  suc  pancréatique  de  sécrétine  [B.  B.,  1907,  i,  434).  —  Bou- 
CHARDAT  et  Sa.ndras  (C.  R.,  1843,  111).  —  Cohnheiji.  Zur  Kenntniss  der  zuckerbildenden 
Fermente  {A.  A.  P.,  1865,  xxvui,  231).  —  Danilewski.  Ueber  specifisch  wirkende  Kôrper  des 
natiïrlichen  und  kimstlichcn  Pankreatischen  Saftes  {A.  A.  P.,  1862,  xxv,  279).  —  Floresco. 
Pouvoirs  zymotiques  comparatifs  du  pancréas  de  bœuf,  chien,  mouton  et  porc  par  rapport 
à  la  gélatine  (B.  B..  1896,  77, 890).  —  Hammarsten.  Lehrb.  der  physiol.  Chemie,  1895, 262. — 
Grutzner.  Ueber  die  Einivirkung  chemischer  Stoffe  auf  die  Tâtigkkeit  des  diastatischen  Pan- 
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Du  suc  gastrique  chez  l'homme  et  les  animaux  {Thèse  de  la  Fac.  de  Sciences  de  Paris,  1878, 
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XXX,  202).  —  Vernoïs.  The  différences  of  action  of  various  diastases  (J.  P.,  1902,  xxviii,  136). 

Maltase. 

Bierry  et  Teruoine.  Le  suc  pancréatique  de  sécrétine  contient-il  de  la  maltase?  [B.  B., 
1903,  i,  869).  —  —  Sur  Vamylase  et  la  maltase  du  suc  pancréatique  de  sécrétine  (Ibid., 
1903,  II,  237).  —  BouRQUELOT.  Sur  les  propriétés  physiologiques  du  maltose  [C.  R.,  1883, 

xcvii,  10  000). Maltase  {Journ.  de  Pharmacie,  1883,  420). Recherches  sur  les 

propriétés  physiol.  du  maltose  {Journ.  d'anat.  et  de  phys.,  1886,  xxii,  162  et  200).  — 
Hamburger.  Vergleichende  Untersuchung  ilber  die  Einwirkung  des  Speichels  des  Pankreas 
und  Darmsaftes  soxvie  des  Blutes  auf  die  Starkekleister  {A.  g.  P.,  lx,  360). 

Trypsine. 

Inactivité  du  suc  pancréatique  pur.  —  Chepowalnmkow.  Diss.  Saint-Pétersbourg  (An.  in 
Maly's.  Jahrb.,  1899,  xxix).  —  Delezenne  et  Frouin.  La  sécrétion  physiologique  du  pan- 
créas ne  possède  pas  d'action  digestive  vis-à-vis  de  V ovalbumine  (B.  B.,  1902,  691).  —  Gley 

et  Camus.  Sécrétion  pancréatique  active  et  sécrétion  inactive  (B.  B.,  1902,  241). De  la 

sécrétion  d'un  suc  pancréatique  protéol  y  tique  sous  l'influence  d'injections  de  sécrétine  {Ibid., 
1902,   649).  —  —  Sur  la  sécrétion  pancréatique  active  {Ibid.,  1902,  893).  —  Lintwarew 


540  INTESTIN. 

Dissert,  de  Saint-Pétersbourg,  1901  (An.  in  Bioch.  Centralbl.,  1901,  i).  —  Pawlow. 
Le  tnvail  des  glandes  digestives  (traduction  française,  Paris,  1901).  —  Walther.  {Cin- 
quième congres  Internat,  de  PhysioL,  Turin,  1901^. 

Activation  du  suc  pancréatique  a^  par  la  kinase.  —  (Beaucoup  de  documents  sur  cette 
question  se  trouvent  dans  les  travaux  de  Chepowalnikoff,  Delezenne,  Frouin,Lintware\v, 
Pawlow  et  Walter,  cités  plus  haut.)  —  Bayltss  et  Stabling.  The  proteolylic  activities  of 
the  pancreatic  juice  (J.  P.,  1903,  xxx,  61).  —  Bierrv  et  Henri.  Le  lait  réactif  sensible  du 
suc  pancréatique  {B.  B.,  1902,  667).  ~  Breton.  Sur  le  rôle  kinasique  des  microbes  normaux 
de  Vintestin,  particulièrement  chez  l'enfant  B.  B.,  1904,  .3')).  —  Camus  et  Glev.  A  propos 
de  l'influence  des  macérations  d'intestin  sur   l'action  protéolytique    du  suc  pancréatique 

(B.  B.,  1902,  334). A  propos  de  l'action  de  la  rate  sur  le  pancréas  {Ibid.,  1902,  800).  — 

Camus.  Entérokinase  et  sécrétine  (B.  B.,  1902,  513). A  propos  de  la  transformation 

possible  de  V entérokinase  en  sécrétine  {Ibid.,  1902,  898).  —  Dastre  et  Stassano.  État  de 
la  kinase  et  de  la  protrypsine  dans  la  digestion  de  l'albumine  {B.  B.,  1903,  635).  —  — 
Les  facteurs  de  la  digestion  pancréatique,  suc  pancréatique,  kinase  et  trypsine,  ayitikinase 
Arch.  Intern.  de  Phys.,  1904,  i,  86).  —  Delezenne.  L'action  du  suc  intestinal  dans  la 
digestion  tryptique  des  matières  albuminoides  [B.  B.,  1901,  1161).  —  —  L' entérokinase 
et  l'action  favorisante  du  suc  intestinal  sur  la  trypsine  dans  la  série  des  vertébrés  (Ibid., 

1901,  1164). Sur  la  dir^tribution  et  l'origine  de  l'entérokinase  [Ibid.,  1902,  281). 

Sur  la  présence  dans  les  leucocytes  et  les  ganglions  lymphatiques  d'une  diastase  favorisant 
la  digestion  tryptique  des  matières  albuminoides  [Ibid.,  1902,  283). Les  kitiases  leuco- 
cytaires et  la  digestion  de  la  fibrine  par  les  sucs  pancréatiques  inactifs  {Ibid.,  1902,  590).  — 

—  L'action  favorisante  de  la  bile  sur  le  suc  pancréatique  dans  la  digestion  de  l'albumine 
{Ibid.,  1902,  592).  —  —  Sur  l'action  protéolytique  de  certains  sucs  pancréatiques  de  fistule 

temporaire  [B.  B.,  1902,  693). Sur  l'action  protéolytique  des  sucs  pancréatiques  de 

pilocarpine.  Passage  des  leucocytes  dans  la  sécrétion  pancréatic/ue  et  la  sécrétion  urinaire 
sous  l'influence  de  la  pilocarpine.  Action   kinasique  de  l'urine  de  pilocarpine  {Ibid.,  i902, 

890). A  propos  de  l'action  de  la  chaleur  sur  l'entérokinase  {Ibid.,  1902,  431). 

Sur  les  différents  procédés  permettant  de  mettre  en  évidence  la  kinase  leucocytaire  {Ibid., 

1902,  893).  —  Delezenne  et  Frouln.  Le  suc  pancréatique  des  bovidés  {B.  B.,  1903,  455).  — 

—  Sur  la  préseixce  de  sécrétine  dans  les  macérations  acides  des   ganglions  méscntériques 

{Ibid.,  1902,  896). Les  kinases  microbiennes.  Leur  action  sur  le  pouvoir  digestif  du  suc 

pancréatique  vis-à-vis  de  l'albunwxe  {Ibid.,  1902,  998). Sur  l'existence  d'une  kinase 

dans  le  venin  des  serj^ents  (Ibid.,  1902,  1076). Action  du  suc  pancréatique  et  du  suc 

intestinal  sur  les  héynaties  {Ibid.,  1903,  171).  —  Delezenne  et  Mouton.  Sur  lu  présence 
d'une  kinase  dans  quelques  champignons  [Ibid.,  1903,  27).  —  Frouln.  Sécrétion  et  activité 
kinasique  du  suc  intestinal  chez  les  bovidés  (B.  B.,  1904,  806).  —  Influence  de  l'ablation 

de  la  rate  sur  la  digestion  pancréatique  des  animaux  agastres  [Ibid.,  1902,  418). La 

rate  exerce-t-elle  une  action  sur  la  transformation  intrapancréatique  du  zymogène  en 
trypsine?  {Ibid.,  1902,  798).  —Glev.  Sur  la  signification  de  la  splénectomie  consécutire  à 
l'extirpation  totale  de  l'estomac  {B.  B.,  1902,  419).  —  Hambur(;er  et  Hekma.  Sur  le  suc 
intestinal  de  l'homme  [Journ.dc  Phys. et  de  Pathol.  génér.,  1902,  805).  —  Hekma.  Ueber  die 
Unmandlung  des  Trypsinzymogens  in  Trypsin  {A.  P.,  1904,  343).  —  Larguier  des  Ban- 
cels.  De  l'influence  de  la  macération  intestinale  bouillie  sur  l'activité  du  suc  pancréatique 
(B.  B.,  1902,  360,651).  —  Launoy.  Diapédèse  et  sécrétion  pancréatique  active  (B.  B.,  1904, 
247).  —  PopiELSKt.  Ueber  die  Grundeigenschaften  des  Pankreassaftes  {C.  P.,  1903,  xvii,  65). 

—  Pozerski.  De  l'action  favorisante  du  suc  intestinal  sur  l'amylase  du  suc  pancréatique  et 

de  la  salive  {B.  B.,  1902,  965-967). Action  des  macérations  d'organes  lymphoïdes  et 

des  leucocytes  sur  les  amylases  pancréatiques  et  salivaires  {Ibid.,  1902,  1103).  —  Stassano. 
Sur  l'extraction  de  l'entérokinase  par  les  nucléo-albumincs  de  la  muqueuse  intestinale  (B. 
B.,  1902,  623).  —  Sur  l'augmentation  dans  la  muqueuse  intestinale  du  jjouvoir  favorisant 
de  la  digestion  tryptique  par  l'afflux  expérimental  de  leucocytes  et  par  l'hyperhémie  physio- 
logique de  la  digestion  {Ibid.,  1902,  1101). L'action  in  vitro  des  leucocytes  des  exsu- 
dais sur  le  suc  pancréatique  est  qualitativement  comparable  à  l'action  de  l'entérokinase 
{Ibid.,  1902,  1102).  —  Stassano  et  Simon.  Du  rôle  des  cellules  éosinophiles  dans  la  sécrétion 
de  l'entérokinase  {B.  B.,  1903,501).  —  Vernon.  The  condition  of  conversion  of  pancreatic 
zymogens  into  enzymes  [J.  P.,  1901,  xxvit,  279). The  condition  of  action  of  the  pan- 


INTESTIN.  541 

ct'catic  sécrétion  {Ibid.,  1902,  xxviii,  37."ii.  —  Weutueimer.  Sur  les  proprirtés  dinestives  du 
suc  pancréatitiue  des  animaux  à  Jeun  {B.  B.,  1901,  Iil9). 

j3)  Par  les  sels.  —  Delezenne.  Aclioation  du  suc  pancrratiquc  par  les  sels  de  calcium 
{B.  B.,  1905,  II,  470). Sur  le  rôle  des  sels  dans  l'activation  du  suc  pancréatique.  Spé- 
cificité du  calcium  [Ibid.,  478). Action  des  sels  de  calcium  sur  le  suc  pancréatique 

préalablement  dialyse  {Ibid.,  323). Sur  l'activalion  du  suc  pancréatique  par  les  sels 

de  calcium.  Action  anla(joniste  des  sels  de  potassium  {Ibid.,  014). Nouvelles  observa- 
tions sur  la  spéci/icilc  des  sels  de  calcium  {Ibid.,  1907,  ii,  98).  —  Larguier  des  Bancels. 
Activation  du  suc  pancréatique  sous  l'influence  combinée  des  colloïdes  cl  des  éleclrolytes 
{B.  B.,  1905,  II,  130).  —  ZuNz.  Contribution  à  l'étude  de  Vactivation  du  suc  pancréatique 
par  les  sels  {Bull,  de  la  Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles, 

1906,  Lxiv,  28;  98  et  Annales  de  la  Société  royale  des  sciences  naturelles  de  Bruxelles, 

1907,  xvi). 

Les  produits  de  la  digestion  tryptique.  —  Aiîderhalden  (E.)  a  résumé  dans  son  livre 
Lehrbuch  der  Physioto(jischen  Chemie  {Urban  et  Schwarzenberij,  Berlin,  1900)  le  point  de 
vue  moderne  de  la  digeslion  tryptique.  —  BEruNARi)  (Cl.).  Leçons  de  PItys.  expériment., 
1850,  I.  —  CoftvisART.  Sur  une  fonction  peu  connue  du  pancréas.  Paris,  1857-1858.  — 
Fischer  et  Abderhalden.  Ces  auteurs  ont  publié  dans  ces  quinze  dernières  années  un 
très  frrand  nombre  de  mémoires  sur  la  digestion  tryptique.  Presque  tous  ces  mémoires 
ont  paru  dans  le  leit.  fUr  phys.  Chemie,  de  1895  à  nos  jours.  —  KCh.ne.  Ueber  die  Ver- 

dauwKj  (ter  Eiweisstoffe  durchdcn  Pancrcassaft  {A.  A.  P.,  1875,  xxxix,  130). Ueber  die 

Peptone  {Z.  B.,  xxii,  450).  — KChne  et  Ciiittenden.  Ueber  die  nachstcn  Spaltunç/sproducte 
der  Eiweisskôrper  (Z.  B.,  xix).  —  Kutsciier.  Ueber  das  Antipepton  (Z.  p.  C,  xxv,  195  et 
XXVI,  110),  —  —  Die  Endproducten  der  Trypsin  Ver dauung  {Da.n?,  ce  travail  très  impor- 
tant le  lecteur  trouvera  la  bibliograpbie  complète  de  la  digestion  tryptique  depuis 
l'origine  de  la  question  jusqu'à  l'année  1899,  Thèse  de  Strasbourg,  1899).  —  Lamblinc  a 
résumé  annuellement  dans  la  Revue  générale  des  Sciences  les  acquisitions  progressives 
sur  la  digeslion  tryptique.  —  Siegfried.  Ueber  Antipepton  (Z.  P.  C,  xxxv,  16i).  —  Neu- 
MEiSTEu.  Ueber  Vitellosen  (Z.  B.,  1888,  xxiii,  402). 

Action  de  la  trypsine  sur  les  diverses  albumioes.  —  (Cette  question  étant  connexe 
des  actions  d'arrêt  dues  aux  diverses  albumines,  nous  n'avons  pu  séparer  la  biblio- 
graphie :  ce  chapitre  se  rapporte  donc  aux  deux  phénomènes.)  —  Bernard  (Cl.) 
Leçons  de  Phys.  expériment.,  ii,  333).  —  Babcock  et  Russel.  Galactase,  das  der  Milch 
eigenthtimliche  Ferment  {Centralb.  fur  BacterioL,  1900,  vi,  22,  45,  79).  —  Biffi.  ZurKentniss 
der  Spaltungsproducte  des  Caseins  bei  der  Pankreasverdauung  {A.  A.  P.,  clii,  130).  —  Camus 
et  Gley.  Action  du  sérum  sanguin  sur  quelques  ferments  digestifs  {B.  B.,  1897,  825  et  Arch. 
de  Phys.,  1897,  764).  —  Dastre  et  Stassano.  Existence  d'une  antikinase  chez  les  parasites 

intestinaux  {B.  B.,  1903,  130). Antikinase  des  macérations  d'Ascaris  et  de  Tsenia  (Ibid., 

1903,  254). Action  de  l'antikinase  sur  la  kinase  {Ibid.,  1903,  319).  —  Delezen.ne  et 

PozERSKi.  Action  empêchante  de  Vovalbumine  crue  sur  la  digestion  tryptique  de  l'ovalbu- 

mine  coagulée  {B.  B.,  1903,  935). A  propos  de  l'action,  etc.  {Ibid.,  i,  1905,  560).  — 

Fermi.  Die  Gélatine  als  Reagens  zum  Nachweise  der  Gegenwart  des  Trypsins  und  àhnlicher 
Enzyme  {Maly's  Jb.,  1892,  592).  —  —  L'action  des  zymases  protéolytiques  sur  la  cellule 
rivante  (A.  i.  B.,  1895,  433).  —  Fermi  et  Pernossi.  Ueber  die  Enzyme  vergleichende  Studien 
{Zeits.  fàr  Hyg.,  1894,  xviii,  83).  —  Gompel  et  Henri.  Étude  du  ralentissement  que  produit 

l'albumine  d'œuf  cru  sur  la  digestion  tryptique  de  l'albumine  {B.  B.,  1905,  i,  457). 

Note  complémentaire  sur  la  prétendue  action  antikinasique  du  sérum  sanguin  {Ibid.,  613).  — 

Hedin.  Trypsin  and  Antitrypsin  {Biochemical  .Tournai,  i,  474). An  antitryptic  effet  of 

charcoal  and  a  comparison  between  the  action  of  charcoal  and  that  of  thc  tryplic  antibody 
in  the  sérum  {Ibid.,  i,  484).  —  de  Kluc.  Pourquoi  les  ferments  protéolytiques  ne  digèrent- 
ils  pas  l'estomac  et  l'intestin  vivant?  {Arch.  Intern.  de  Phys.,  1907,  y,  3.  —  Reich.  Ueber 
die  Einwirkung  von  Trypsin  uuf  Leim  (Z.  p.  C,  1902,  xxxiv,  112).  —  Umuer.  Ueber  die 
fermentalive  Spaltung  der  Nucleoprotéide  (Z.  fiir  klin.  Med.,  1901,  xliii,  4-b).  —  ZuNZ  (E.). 
Contribution  à  l'étude  des  propriétés  antiprotéoly tiques  du  sérum  sanguin.  Dans  ce  mé- 
moire ou  trouvera  les  indications  bibliographiques  sur  les  propriétés  antiprotéolytiques 
du  sérum  depuis  Torigine  de  la  question  jusqu'à  1905  {Ac.  Roy.  de  Belgique,  30déc.  1905). 

Conditions  d'action  de  la  trypsine  (Voir  aussi  ractivation  par  la  kinase  et  par  les 


54*  INTESTIN. 

gels).  —  Bayliss  et  Starling.  T/te  proteolytic  avtivities  of  the  pancreatic  jidce  (,/.  P.,  1903, 
61).  —  Ghittendem  et  Cummins.  Der  Einfluss  verschiedener  therapeutischer  und  toxisclier 
Substanzen  ouf  die  proteolytische  ^irkiing  des  Pankreaasaftes  [Malys  Jb.,  1885,  304).  — 
Dastre  et  Stassano.  Les  facteurs  de  la  digestion  pancréatique,  suc  pancréatique,  kinuse  et 
trypsine,  antikinase  {Arch.  Internat,  de  Phys.,  1904,  86).  —  Fermi  et  Pernossi.  Ueber  die 
Enzyme  [Z.  fiir  Hygiène,  xvrii,  83).  —  Heidenhain.  Beitràge  zur  Kentniss  des  Pankreas  {A. 
g.  P.,  X,  557).  —  Laxgley.  On  the  destruction  of  the  ferments  in  the  alimentary  canal  (J. 
P.,  m,  246).  —  PoDOLiNSKi.  Beitràge  zur  Kentniss  des  pankreatisclien  Eiweissfermcntes 
[Thèse  de  Breslau,  1876).  —  Roberts.  On  the  estimation  of  the  amyloly tic  and  proteolytic 
activily  of  Pancreatic  extracts  [Proceed.  Roy.  Soc,  1881,  xxxii,  145).  —  Salkowski.  Ueber 
dus  Verhalten des  Pankreasfermentes  beider  Erhitzung.  {A.  A.  P.,  lxx,  158).  —  Verno.n.  The 

conditions  of  action  oftrypsin  on  ft brin  [J.  P.,  1901,  xxvi,  405). The  peptone  splitting 

ferments  of  the  pancréas  and  intestine  {Ibid.,  1903,  xxx,  330). 

Mesure  de  l'activité  Iryptique.  —  Bayliss.  Researches  on  the  nature  of  the  enzyme  action 
(./.  P.,  1007,  XXXVI,  4-5  .  —  Henri  et  Larguier  des  Bancels  [B.  B.,  1903,  563,  787).  — 
Oker  Blum.  {Versammliing  Xordisch  Xaturf.  in  Helsingfors.  Anat.  und  Phys.,  1902,9).  — 
P.\wLOw.  Le  travail  des  glandes  digestives.  —  Verno.n  (J.  P.,  1903,  xxx,  330).  — 
Volhard  (F.).  Ueber  das  Alkalibindungsvermôgen  und  die  Titration  des  Magcnsaftes{Munch. 
med.  Woch.,  1903,  49).  —  Loiilein.  Ueber  die  Volhardische  Méthode  des  quantitative  Pep- 
sin  und  Trypsin  Bestimmung  durch  Titration  [Hofm.  Beitràge,  1906,  vu,  120).  —  Sore.n- 
SEN.  Enzymstudien,  Bioch.  Zeits.,  VII,  1907,  45-101. 

Ferment  lab. 

Delezenne.  Formation  d'un  ferment  lab  d'un  suc  pancréatique  soumis  à  l'action  des  seh 
de  calcium  (B.  B.,  1907,  ii,  98).  —  Halliburtox  et  Brouie.  Action  of  pancreatic  juice  on 
milk  [J.  P.,  XX,  97). 

Lipase. 

Bernard  (Cl.).  {Leçons  de  phys.  expcrim.,  1856,  ii).  —  Berthelot  (cité  in  Cl.  Ber- 
nard) [A.  C,  1861,  Li,  272).  —  Daki.x.  The  hydrolysis  of  optically  inactive  esters  by 
means  of  enzyme  [J.  P.,  xxx,  32).  —  Dastre.  Recherches  sur  l'utilisation  des  aliments  gras 
dans  Vintestin  [A.'de  P.,  1891,710).  —  Dietz.  Ueber  eine  umkehrbare  Ferment  reaktion  im 
heterogenen  System.  Esterbildung  und  Esterverseifung  (Z.  p.  C,  1907,  lu).  —  Ererle. 
Physiologie  der  Verdauung  auf  naturl.  und  kùnstl.  Wege  [Wùrzbourg,  1834).  — 
GizELT.  Ueber  den  Eiiifluss  des  Alkofiols  auf  die  Verdauungsfermente  des  Pankreassaftes 
(C.  P.,  1906,  XIX,  n»  21).  —  Hanriot.  Sur  la  lipase  {A.  P.,  1898,  797).  —  Herzog.  Fer- 
mentreaktion  und  Warmetônung  [Z.  P.  C,  1903,  xxxvii,  383).  —  Kanitz.  Ueber  Pankreas 
steapsin  und  Uberdie  Reactionsgeschivindigkeit  des  mittcls  Enzyme  hewirklen  Fettspaltung. 

(Z.  p.  C,  XLVi,  1905,  482). Beitràge  zur  Titration  der  hoch  molekularer  Fettsàuren, 

1906,  VI,  400.  —  Kastle  et  Lœwenhardt.  Concerning  lipase,  the  fat  splitting  enzyme 
and  the  reversibility  of  its  action  {Americ.  chem.  Journal,  1900,  xxiv,  491).  —  Knauthe. 
Ueber  Verdauung  und  Stoffivechsel  [A.  P.,  1898,  149).  —  Lœwenhardt.  On  the  so 
called  ferment  of  lipase  [Jown.  of  Biolog.  Chemistry,  1907,  ii,  391).  —  Lœwenhardt  et 
PiERCE  {Americ.  J.  of  Biolog.  Chemistry,  1906,  ii,  397).  —  Magnus.  Die  Wirkung  synthe- 
tischer  Gallensàuren  auf  die  pankreatische  Fettspaltung  (Z.  p.  C,  1906,  xlviii,  376).  — 
Marget  (B.  B.,  1857,  151).  —  Mayer  (P.).  Ueber  die  Spaltung  der  lipoïden  Substanzen 
der  Lipase,  etc.  [Biochem.  Zeitsch.  i,  39).  —  Nexcki.  Ueber  die  Spaltung  der  Saurcester 
der  Fettreihe  der  aromatischen  Verbindungen  im  Organismus  durch  Pancréas  {A.  P.  P., 
1886,  XX,  367).  — Otto  v.  Fïirth  et  Schûtz.  Ueber  den  Einfluss  der  Galle  auf  die  fett  und 
eiweissspaltenden  Fermente  des  Pankreas  {Hofm.  Beitràge,  1906,  ix,  28).  —  Poittevin 
(C.  R.,  138).  —  Rachford.  The  influence  of  bile  on  the  fat  splitting  influence  of  pancreatic 
juice  {J.  P.,  1891,  xvii,  72).  —  Schournoff,  Simanowski  et  Sieber.  Verhalten  des  Leci- 
thius  zu  fettspaltenden  Fermenten  (Z.  p.  C,  xlix,  50).  —  Stassano  et  Billon.  La  lécithine 
n'est  pas  dédoublée  par  le  suc  pancréatique  même  kinasé  (B.  B.,  1903,  482). 


INTESTIN.  543 


SUC  INTESTINAL 


Obtention  du  suc.  —  Fhouin  (Voir  Ferments  intestinaux). —  Moreau.  Ucberdic  Folgen 
der  Durschneidung  der  Dannncrven  {Centialbl.  ('.  die  mcdic.  Wiasenscliaft,  1808,  200).  — 
Thiry.  {Sitz.dcr  Wicn.  Akad.,  1804).  —  Vella.  {Untersuch.  z.  Natur.  des  Menschen  undder 
Thiere,  18S8,  xiii.  40). 

Caractères  du  suc  intestinal.  —  Buse»  (A.  A.  P.,  1858,  xiv,  140).  —  Ellenberaer  cl  Hof- 
UEisTER.  Ueber  den  Slich^toff'ijehnU  der  Verdduunr/ssàf'te  bel  stickstoff'rcier  Nahrung  (Z.  p. 
C,   1887,  XI,  497).  —   Fholin.    De   l'utilité  de  plusieurs  fistules  de   TIdrij  chez  un  même 

animnl  pour  l'étude  des  conditions  de  la  sécrétion  intestinale  (B.  D.,  1904,  i,  401). Sur 

les  variations  de  la  sécrétion  intestinale  {Ibid.,  1905,  i,  053).  —  Gumilewski.  Ueber  Résorp- 
tion im  Dànndarm  (A.  g.  P.,  1880,  xxxix,  550).  —  Hamburger  et  Hekma.  Sur  le  suc  intes- 
tinal de  l'homme  {Journ.  de  Phys.  et  de  Pathol.  gén.,  1902,  iv,  805).  —  Kruger.  Untersu- 
chung  iiber  die  fennenlaUve  Wirkung  des  Dunndarmsaf'tes  (Z.  B.,  1899,  xxxvii,  229).  — 
Kutscher.  {Mitt.  a. der  Grenzgeb.  <l.Mcdiz.  undder  Chirurg.,  1902,  ix,  303). —  I.eiimann  et 
Reichert.  Einc  Tlùnj-Vella-sche  Darm/istel  an  der  Ziege  (A.  g.  P.,  1884,  xxxiii,  180).  — 
Nagano.  Zur  Kenntniss  der  Résorption  des  Zuckers  im  Diinndarm  (A.  g.  P.,  1902, 
xc,  389).  —  Pawlow.  Travail  des  glandes  digestiies,  1904,  Paris.  —  Pregl.  Ueber 
Gewirmung,  Eigenschaften  und  Wirkungen  des  Darmsaftes  vom  Schafe  (A.  g.  P.,  1895, 
Lxi.  389). 

Ferments  du  suc  intestinal. 

Kinase    Voir  Activation  du  suc  pancréatique  par  la  kiuase). 

Amylase  et  maltase.  —  Bierry  et  Frouin.  Rôle  des  éléments  cellulaires  dans  la  transfor- 
mation de  certains  hydrates  de  carbone  {C.  R.,  1906,  xciv,  1503).  —  Brown  et  IIéuox.  Ueber 
Die  hydrolytischen  Wirkungen  des  Pankreas  und  des  Diinndarms  {Liebig's  Ann.,  cciv,  228). 
—  EicHORST.  Ueber  die  Résorption  der  Albnminate  im  Dickdarm  {A.  g.  P.,  iv,  584).  —  Gru- 
NERT.  Die  fermentative  Wirkung  des  Dïtnndarmsaftes  {Dissert.  Borpat.,  1890).  —  Grutzxer. 
î^otiz  iiber  einige  ungeformte  Fermente  des  Sailgethierorganismus  (A.  g.  P.,  xii,  285).  — 
Glmilewski.  (Voir  Caract.  du  suc  intest.)  —  HAUiiLRGER.  Vergleichende  Untersuchung  iiber 
die  Einwirkung  des  Speichels,  des  Pankreas  und  Darmsaftes  sowie  des  Blutes  auf  Starke- 
kleister  (A.  g.  P.,  lx,  500).  —  Hemmeter.  Ueber  das  Vorkommen  von  proleolytischen  Fer- 
mente im  Inhalte  des  mcnschlichen  Colons  (A.  g.  P.,  lxxxi,  151).  —  Lannois  et  Lépine, 
Sur  la  manière  différente  dont  se  comportent  les  parties  supérieures  et  inférieures  de  l'intes- 
tin grêle  au  point  de  vue  de  l'absorption  et  de  la  transsudation  {A.  de  P.,  1883,  92).  — Leh- 
MAN.x,  Leube  (cités  par  Uôhmann).  — Paschutin.  Ueber  Trennung  der  Verdauungsfermente 
(A.  P.,  1871).  —  Pregl  (Voir  Caract.  du  suc  intest.).  —  Rohmaxn.  Ueber  Sécrétion  und 
Résorption  im  Diinndarm  (A.  g.  P.,  xli,  424).  —  Tebb.  On  the  transformation  of  maltose 
to  dextrose  (J.  P.,  xv,  425). 

Invertine.  —  Bernard  (Cl.).  Leçons  sur  le  diabète  (Paris,  1887,  520).  —  Bierry  et 
pROui.N.  (Voir  Amylase.)  — Grlxert.  Die  fermentative  Wirkung  des  DUnndarmsaftes  (C.  P., 
V,  283).  —  Hknri.  Lois  générales  des  diastases  (Paris,  1903).  —  KrCger.  (Voir  Caract.  du 
suc  intest.)  —  .Mkrixg  (V.).  Einfluss  von  diastatischen  Fermentcn  auf  Stârke,  Dextrin  und 
Mallose  (Z.  p.  C,  1881,  v,  183).  —  Miura.  Ist  der  Diinndarm  im  Stande  Rohrzucker  zu 
incertiren?  [Z.  B.,  xxxii,  277). —  Robmann.  (Voir  Amylase  et  maltase.)  [Vcrhandlungen 
des  V.  Phys.  Congresses  (Turin,  1901).  —  O'Sullivan  et  T oupson.  Invertase,  a  contribution 
to  the  history  of  an  enzyme  or  unorganised  ferment  {Journ.  of  Chem.  Soc,  1890,  lvh,  920). 

—  Sydney  (C).  Contribution  to  our  knowledge  of   the  action  of  the  enzymes.  The  influence 
of  electrolytes  on  the  action  of  invertin  (J.  P.,  xxx,  1003,  281). 

Lactase.  —  Bainbridge.  On  the  adaptation  of  the  pancréas  (J.  P.,  1904,  xxxi,  98).  — 
BiERHY  et  GrAJA.  Sur  la  digestion  des  glucosides  et  du  lactose  (B.  B.,  1906,  i,  1038).  — 

—  I)i(jestion  des  glycosidcs  et  des  hydrates  de  carbone  chez  tes  mollusques  terrestres  {Ibid, 
1900,  II,  483).  —  Bierry  et  G.-.Salazar.  Recherches  sur  la  lactase  animale  {B.  B.,  1904). 

—  Bierry  et  Sciiaffer  [B.  B.,  i,  mai  1907).  — Dastre.  Transformations  du  lactose  (A.  de  P., 
1890,  103).  —  .Me.ndel.   Ueber  den  sogenannten  paralytischen  Dainnsaft  {A.  g.  P.,  1896, 


544  INTESTIN. 

Lxui,  425).  —  Pautz  et  Vogel.  Ueber  die  Etnwirkunfj  der  Mageii  itnd  Dunnschleimhaut  auf 
cinige  Biosen  und  auf  Raf'finosc  (Z.  B.,  1893,  xxxii,  304).  —  Plimmers.  On  the  alleged  adap- 
tation of  the  pancréas  to  lactose  [J.  P.,  xxxiv,  93).  —  Porcher.  De  la  présence  du  lactose 
dans  les  excréments  des  jeunes  mammifères  {B.  B.,  1906,  1114).  —  Portier.  Recherches  sur 
la  lactose  {B.B.,  1898,387).  — Pregl  (Voir  Amylase  etmaltase).  —  Gh.  Ricueï.  De  l'action  de 
quelques  sels  métalliques  sur  la  fermentation  lactique.  (C.  R.,  1892,  cxiv,  1494).  —  Rohmann 
et  Lappe.  Die  Lactose  des  Diinndarms  (C.  B.,  1895,  xxviii,  2o06).  —  Rohmann  et  Nagano, 
Ueber  die  Résorption  und  die  fermentativc  Spattung  der  Disaccharide  im  Diinndarm  des 
ausgewachsenen  Huiides  [A.  g.  P.,  1903,  xcv,  o33).  —  Strauss.  Ueber  dcn  Einfluss  der  cers- 
chiedenen  Zuckerarten  auf  die  Zuckerausscheidung  [Berl.  kl.  Woch.,  1898,  n°  18).  —  \Vein- 
land,  Ueber  die  Lactase  des  Pancréas  (Z.  B.,  1899,  xxxviii,  007). 

Raffinase.  —  Bierry  et  Giaja  (C.  R.,  cviii,  548).  —  Fischer  et  Niebel.  Ueber  das 
Verhalten  der  Polysacchariden  gegen  enige  thierische  Fermente  und  Organe.  Sitz.  d.  Ko- 
nigl.  preuss.  Akad.  der  Wissensch.  zu  Berlin,  30  janvier  1906.  —  Pautz  et  Vogel  (Voir 
Lactase). 

Tréhalase.  —  Bierry  et  Frouin  (C  /{.,  1906).  —  Bourquelot.  Transformation  du  tréha- 
lose  en  glucose  dans  les  champignons  par  un  ferment  soluble  [Bull,  de  la  Soc.  Mgcol.  de 
France,  1893,  189).  —  Bourquelot  et  CiuEY  {B.  B.,  1895,  515).  —  Fischer  et  Niebel  (Voir 
Raffinasel. 

Ferments  dédotiblaot  les  celluloses.  —  Biederma.\.\  et  Moritz.  Beilriige  zur  verglei- 
chenden  Physiologie  der  Verdauung  [A.  g.  P.,  1898,  lxxiii,  236).  —  Bierry  et  Giaja  (B.B., 
2  juin  1906).  —  Brown.  On  the  search  for  a  cellulose  dissolving  {cytohijdrolytic)  enzyme  in 
the  digestive  tract  of  certain  grain  feeding  animais  {Journ.  of  Chem.  Soc,  1892,  352  .  — 
DucLAUx.  Digestion  des  matières  grasses  et  cellulosiques  [C.  R.,  1882,  xciv,  976).  —  Gatin 
Gruzewska  (.m™'").  Action  de  quelques  diastascs  animales  sur  certaines  mannanes  {B. 
B.,  20  mai  1905).  —  Mac  Gillavry.  Sur  la  digestion  artificielle  de  la  cellulose  [Arch.  néer- 
land.,  1876,  xi,  394).  —  Knauthe.  Ueber  die  Verdauung  und  den  Stoffwechsel  der  Fische 
{Zeitsch.  f.  Fisch.,  1897,  189).  —  Schmulewitsch.  Ueber  das  Verhalten  der  Verdauungs 
Sâfte  zur  Rohfaser  der  NahrungsmiUel  {Bull.  Acad.  de  Saint-Pétersbourg ,  1879,  549).  — 
Seillière.  Sur  une  diastase  hydrolysant  la  xylane  dans  le  tube  digestif  de  certaines  larves 
de  coléoptères;  Sur  la  vrésence  de  la  xylanase  chez  différents  mollusques  gastéropodes 
{B.B.,  juillet  1905,  mars,  juin,  juillet  1906).  —  Tappeiner.  Untersuchung  à6er  die  Gàhrung 
der  Cellulose,  imbesondere  ùber  deren  L'ôsung  im  Darmkanal  (Z.  B.,  1884,  xx,  52), 

Lipase.  —  Boldireff.  Das  fettspaltende  Ferment  des  Darmsaftes  {C.  P.,  1904,  xviii,  460). 

—  (iAMGEE.  Physiol.  Chemie  der  Verdauung  ^Leipzig,  1897).  —  Grunert  (Voir  Amylose  et 
Maltose),  —  Schiff  (M.).  Le  suc  intestinal  des  mammifères  comme  agent  de  la  digestion  (A. 
P..  1892,  698). 

Érepsine.  —  Cohnheim.  Die  Umwandlung  des  Eiiveiss  durch  die  Darmivand  (Z.  p.  C, 
xxxui,  1901,  451). Weitere  Milteilungen  ùber  das  Erepsin  [Ibid.,  xxxv,  1902,  134).  — 

—  Trypsln  und  Erepsin  {Ibid.,  1902,  xxxvi,  13)  {{Arch.  des  Se.  biol.  de  Saint-Pétersbourg, 
xi'=  Suppl.,  1904,  112).  —  Embdex  et  K.nopp.  Ueber  das  Verhalten  der  Albuminosen 
in  der  Darmivand  {Hofm.  Beitriige,  m,  1902,  120).  —  Falloise.  Origine  secrétaire  du 
liquide  obtenu  par  énervation  d'une  anse  intestinale  {Arch.  internat.  dePhys.,  i,  1904,261). 

—  Hamburger  et  Herma  (Voir  Caract.  du  suc  intestinal).  —  Kutscuer  et  Seemann.  Zur 
Kenntniss  der  Verdauungsvorgànge  im  Diinndarm  (1902,  xxxiv,  530;  1902,  xxxv,  432).  — 

—  Langstein.  Ueber  das  Vorkommen  von  Albumosen  im  Blute  {Hofm.  Beitr.,  1903,  xxx,  373). 

—  Matthes.  Ueber  die  Herkunft  der  autolytischen  Fermente  \A.  P.  P.,  1904,  u,  442).  — 
Salaskin.  Ueber  das  Vorkommen  des  Albumosen  spaltenden  Ferments  in  reinem  Dannsaft 
(Z.  p.  C,  1902,  xxxv,  419.  —  Tobler.  Ueber  die  Eiweissverdauung  im  Magen  (Z.  p.  C,  1905, 
XLV,  185). 

Nucléases.  —  Araki.  Ueber  enzymatische  Icrsetzung  der  Nucleinsaûre  (Z.  p.  C,  1903, 
XXXVIII,  84). —  Fox{Archivio  di  Fisiologia,  1906;.  —  Kutscher  et  Seemann  (Z.  p.  C,  1902, 
xxxv,  432  (Voir  Érepsine). 

Ferment  lab.  —  Baginski.  Vorkommen  und  Verhalten  einiger  Fermente  {Z.p.  C,  1882, 
vu,  209).  —  Plumier.  Sur  la  valeur  nutritive  des  corps  albuminoides  et  de  leurs  dérives 
[Acad.  royale  de  Belgique,  Sciences,  n°  11,  1902,  845). 

Mucinase.  —  Nepper  et  Riva.  Recherches  sur  les  substances  anticoagulantes  de  la  bile 


INTESTIN.  545 

dans  leurs  rupporU  avec  la  colile  inuco-mcinfiranense  cl  sun  Iraitcment  [U.  B.,  IDOG,  i,  141). 
Procédés  de  traitement  de  la  bile  pour  en  obtenir  un  extrait  aicx  propriétés  anti-coa- 
gulantes (Ibid.,  1900.  li-3). Recherckes  sur  la  mucinasc  daiis  les  matières  fécales  {Ibid., 

1906,  I,  301). Rechercher  sur  les  propriétés  anticoagulantes  de  la  bile  {Ibid.,  1906,  i, 

363). Roc.KH.  La  coa(/ulation  de  la  inucinc  {li.  U.,  lOOii,  ii,  423).  —  I{oc;kr  et  Gar.n'ier. 

Le  pouvoir  coagulant  du  contenu  intestinal,  [B.  li.,  1900,  i,  1109). 

Arginase.  —  Kossel  et  Dakin.  Ueber  die  ArQinase  (Z.  p.  C,  1904,  xli,  321). Ueber 

die  Ar(jinase  {Ibid.,  1004,  xlii,  181).  —  Kutscuier  et  Seemann  (Z.  p.  C,  1902,  xxxiv,  528) 
(Voir  Érepsine). 

MICROBES  INTESTINAUX. 

Moments  d'apparitioa  dans  le  tube  digestif.  Répartition.  Quantités.  — Ebekle.  {Centralb. 
fur  Bacter.,  1896,  (1),  2).  —  Escubricu.  Die  Darmbaktcrien  des  Sawjiings  (Slullgart, 
1886).  —  Gilbert  et  Dominioi.  Recherches  sur  le  nombre  des  microbes  du  tube  digestif  [B. 
B.,  1894,  117). Action  du  régime  lacté  sur  le  microbisme  du  tube  digestif  {Ibid.,  277). 

—  Hellestrom.  {Arch.  fur  Gijnàkologie,  1901,  lxiii,  643).  —  Klein.  Die  physiologischc  Be- 
deutung  der  Darmfaulniss  [Arch.  f.  Uijgiene,  \lv).  —  Leschziner  {Deutsche  Aerztezeitung, 
1903,  385).  —  Ro(;kr.  Notions  générales  et  exposé  de  recherches  personnelles  sur  la  flore 
bactérienne  de  l'intestin.  Alimentation  cl  Digestion  (Paris,  1907).  —  Schittenhelm  et  Tol- 
LENs  {Centralblatt  fur  innere  Medizin,  1904,  u°  30).  —  Sciimidt  et  Sïrasburger  (Nolions 
d'ensemble  sur  la  llore  baclérienue  de  l'intestin).  Die  Fa'ces  des  Menschen.  Berlin,  1903. 

—  Strasburgeb.  Untersuchungen  iiber  die  Bakterien  in  nienschlichen  Fœces  {Zeit.  fur  kli- 
nische  Medizin,  1902,  xliv,  413).  —  Tissier.  Recherches  sur  la  flore  intestinale  normale  et 
pathologique  du  nourrisson  (Paris,  1900). 

Digestion  microbienne  et  concurrence  vitale  des  variétés  microbiennes.  —  Abderhal- 
den.  Un  trouvera  un  exposé  général  des  processus  chimiques  de  la  digestion  micro- 
bienne Vtnjsiologische  Chemie.  Berlin,  1906).  —  Albu.  Ueber  den  Einfluss  rerschiedener 
Ernàhrungsiveise  auf  die  Darmfâidniss  {Deutsche  Medic.  Woch.,  1897,  509).  —  Baumann. 
Ueber  Sulfosâuren  im.  Harn  {Berichte  der  deutsch.  chem.  Gesellsch.,  1876,  ix,  54)  (Voir  dans 
les  numéros  suivants  du  même  périodique  de  très  nombreux  mémoires  du  même  auteur 
sur  la  putréfaction).  —  Bienstock.  Ueber  die  jEtiologie  der  Eiweissfàulniss  {Arch.  f'iir  Hij- 
giene,xxxviei  xxxix).  —  Blumenthal.  Ueber  die  Bildiing  einiger  Fduinissproducte  im  Harn 
{Berlin,  klin.  Woch.,  1899,  843).  —  FlOgge.  Microorganismen,  1896,  i,  232.  —  Gautier 
(Arm.).  Toxines  microbiennes  et  animales  (Paris,  1896).  —  Mammarsten  (Notions  générales 
sur  la  digestion  microbienne).  Lehrbuch  der  ph'js.  Chemie  { Wiesbaden,  1907).  —  HEiN.NEBERG 
et  Stohmaxn.  Ueber  die  Cellitlosegârung  fiir  die  Ernàhrung  der  Thiere  (Z.  B.,  1885,  xxi, 
613).  —  HiRSCHLER.  Ueber  den  Einfluss  der  Kohlhydrate  (Z.  p.  C,  1886,  x,  306).  —  Kayskr. 
Études  sur  la  fermentation  lactique  {Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  1894,  737).  —  Knieriem. 
Ueber  die  Wenoertung  der  Cellidose  im  tierischen  Organismus  (Z.  B.,  1885,  xxi,  67).  — 
Nencki.  Ueber  die  Zersctzung  der  Gélatine  und  des  Eivwisses  bei  der  Fàulniss  mit  Pankreas 
(Berne,  1876).  —  Ne.xcki  et  Bovet  {Monatsch.  fur  Chemie,  x).  —  Passini.  Studieii  iiber 
fàulnisserregende  anaerobe  Bactérien  des  normalen  inenschlichen  Darmes  und  ihre  Bedeutung 
{Zeits.  fiir  Hygiène,  1905,   xlix,   135).  —  Bettger  {Journ.  of  Biol.  Chemistry,   1908,  iv). 

—  Rovighi.  Mtherschxoefelsàuren  im  Harn  und  die  Darmfâidniss  (Z.  p.  C,  xvi,  43).  — 
Slowtzow.  Ueber  das  Verhalten  des  Xylans  im  Thierkurper  (Z.  p.  C,  1901,  xxxiv,  181).  — 
Seelig.  Ueber  den  Einfluss  des  Milchzuckers  auf  die  bacterielle  Èiweisszersetzung  {A.  A.  P., 
1896,  cxLvi,  53).  —  Simnitzki.  Einfluss  der  Kohlhj/dralc  auf  der  Eiweissfàulniss  (Z.  p.  C, 
1903,  xixix,  99).  —  Sto.ne.  The  digestibilily  of  pentose  carbohydrates  {Americ.  Chem. 
Journ.,  1892,  xiv,  9).  —  Tappeiner.  Untersuchung  iiber  die  Eiweissfàulniss  im  Darmkanale 

der  P flan  zen  frcsser  (Z.  B.,  1884,   xx,  214). Ibid.,  1878,  xxiv,  105;  Z.p.  C,  1886.  — 

Tissier  et  Martelly.  Recherches  sur  la  putréfaction  des  viandes  de  boucherie  {Ann.  del'Inst. 
Past.,  1902).  —  Tissier.  Répartition  des  microbes  dans  l'intestin  du  nourrisson  {Ann.  de 
l'inst.  Past.,  1905).  —  Weiske,  Scuulze  et  Flechsig.  Ko  mm  t  der  Cellulose  eiweisssparende 
Wirkung  bei  der  Ernàhrung  der  Herbivoren  zu.^  {Z.  B.,  1886,  xxii,  373).  —  Winternitz. 
Ueber  das  Verhalten  der  Milch  und  ihrer  wichtigsten  liestandtheile  bei  der  Faùlniss  (Z.  p. 
C,   1892,  XVI,  460).  —  Zumz  fN.).  Bcmerkung  iiber  die  Verdauung  und  den  Nahrwerth 

DICT.    I>E    l'IlYSIOLUGlE.    —    TOME    IX.  35 


546  INTESTIN. 

der  cellulose  {A.  g.  P.,  1801,  xlix,  477).  —  Geuhahut.  Ueber  Darmfàulniss  {Evgebnisse  der 
Pfii/^iologie.  Tiiochemie,  1901,  107)  (Revue  générale  très  importante  sur  la  putréfaction 
intestinale  et  3ii  indications  bibliographiques).  —  Ellinger.  Die  Chemie  der  Eiweiss- 
fàulnisa  [Ergcbuit^se  der  Phiff^iologic.  Biochemie,  1907,  29)  (Revue  générale). 

La  vie  sans  microbes.  —  NeiNCKi.  Beincrkung  zu  einer  Bemcrkung  Pasteur's  {A.  P.  P., 
1886,  XX,  385).  —  Nutt.^l  et  Thierkklder.  T/iierisches  Leben  ohne  Bactérien  im  Verdauungs- 
kanal  (Z.  p.  C,  189o,  xxi,  109;  1896,  xxu,  62;  1897,  xxiii,231).  —  Pasteur.  C.  R.,  1885, 
c,  68).  —  Portier.  La  vie  dans  la  nature  à  l'abri  des  microbes  (B.  B.,  1905,  i,  607).  — 
ScHOTTELius.  Bedcutung  d.  Darmbakterien  fur  die  Ernàhrung  [Arch.  f.  Hygiène,  1896, 
xxxiv,  210,  et  1902,  xvii,  48). 

RÉSORPTION. 

Résorption  de  l'eau  et  des  sels.  —  Rauer.  Aufsauung  im  Dickdarm  (Z.  B.,  1869,  v,  536). 
BiBERFELD.  Der  Einfluss  des  Tannins  und  des  Morphins  aiif  die  Résorption  physiologischer 
KocUsalzlusungen  im  Diinndarm  {A.  g.  P.,  1903,  c,  252).  —  Bricke  {SUz.  der  Wiener 
Akad.,  1831,  vi,  214).  —  Callcm    M.).  [University  of  California  Publications,  1903-1904). 

—  0.  CouNHEiM.  Ucbrr  Diinndarm  lic.^orption  (Z.  B.,  1898,   xxxvi,  129). Vebcr  die 

Résorption  in  Dunndarin  und  in  der  Bnuclihôfile,  xxxvii,  1899,  443). Versuche  iiber 

Résorption,  Verdaiiung  und  Sloffivechsel  von  Ecliinodennen,  xwih,  1901.  9). Farnsïei- 

NER.  Ueber  die  Résorption  von  Pcpton  im  Diinndarm  und  dercn  Bcein/lùssung  durdi  medica- 
mente  (Z.  B.,  1896,  xxxiii,  473).  —  Fhenzel  {Arch.  P.,  1882,  81).  —  Friedenthal.  Ueber 

die  bei  der  Résorption  der  Nahrung  in  Betrachl  kommende  Kràfte  (1900,  217). Ueber 

Resorptionsversache  nach  Auschaltung  der  Leber,  etc.  (A.  P.,  1902,  149).  —  Gusulewski. 
Ueber  Résorption  im  Diinndarm  A.  ;/.  P.,  1886,  xxxix,  591).  —  Hamuurp.er.  Ueber  den 
Einfluss  des  intraabdominalen  Druckes  auf  die  Résorption  in  der  Bauchhohle  {A.  P.,  1896, 
302).  —  Hkdon.  Sur  la  résorption  intestinale  des  sucres  {B.  B.,  1900,  41).  —  Hédin. 
Ueber  den  Einfluss  ciner  tfiieriscken  Membran  auf  die  Diffusion  vcrschiedcner  Kôrper  (A. 
g.  P.,  1899,  Lxviii,  261).  —  Heide.nhain.  Beitràge  zur  Histologie  und  Physiologie  der  Diinn- 
darm Schleimhaut  (A.  g.  P.,  1888,  xlui,  67).  —  —  ^'euc  Versuchen  iiber  die  Aufsau- 
gung  im  Di^inndarm  [Ibid.,  1894,  lvi,  579).  —  Hoher.  Ueber  Résorption  im  Dùnndarm  (A. 
g.  P.,  1898,  Lxx,  624).  —  Ueber  Résorption  im  Dùnndarm  {Ibid.,  1899,  Lxxiv,  246).  — 
KovEsi.  Beitràge  zur  Lehre  der  Résorption  im  Diinndarm  (C.  P.,  1897,  xi,  553).  —  Leu- 
BUscuER.  [lenaische  Zcits.  fiir  yatur.  Wissensch.,  1824,  vni,808).  — Metcalf.  Ueber  feste 
Peptonkautchcn  auf  einer  M  asserpdche  und  die  Uisache  ihrer  Enstchung  {1.  p.  C,  1903, 
LU,  1).  —  Kent  Mever.  Ueber  die  Diffusion  in  Gallerten  (Hofmeis(er''s  Beitràge,  1903,  vir, 
393).  —  Nagano.  Zur  Kenntniss  der  Résorption  emfacher  im  besonderen  stereoisomer  Zucker 
im  Dùnndarm  {A.  g.  P.,  1902,  xc,  389-404).  —  Ramsden  (Z.  p.  C,  1904,  xlvii,  343).  —  Reid. 
On  intestinal  absorption,  especially  on  the  absorption  of  sérum,  peptone  and  glucose  {Phi- 

losoph.  Transact.,  1900,  cxcii,  211). Transport  of  fluid  by  certain  epithelia  [J.  P.,  1901, 

XXVI,  436). Intestinal  absorption  of  solutions  {Ibid.,  1902,  xxviii,  241).  —  Rohmann. 

Ueber  Sekretion  und  Résorption  im  Dùnndarm  (A.  g.  P.,  1887,  xli,  411).  —  Rijhmann  et 
Nagano.  Ueber  die  Résorption  und  die  fcrmentatire  Spaltung  der  Disaccharidc  im  Dùnn- 
darm des  ausgcwaclisenen  Hundes  (A.  g.  P.,  1903,  xcv,  533.  —  Roth-Sghulz  et  Kôvcsi. 
Contribution  d  l'étude  de  la  l'ésorplion  {Arch.  intern.  de  Phys.,  1904,  i,  437).  —  Si'ee.  Beo- 
bachtungen  iiber  den  Bewegungsapparat  und  die  Beivegung  der  Dai~mzotten  sowie  dercn 
Bedcutung  fur  den  Chylusstiom  {Arch.  f.  Anatomie,  1885,  159).  —  Wallage  et  Cushny. 
On  intestinal  absorption  and  the  saline  cathartics  {Americ.  Journ.  of  Phys.,  1898,  i,  411).  — 

—  Ueber  Darmresorption  und  die  salinischen  Atifùhrmiltel  (A.  g.  P.,  1898,  lxxvii,  202).  — 
Weinland.  Beitràge  zur  Frage  nach  dem  Verhallen  des  Milchzucker  im  Kôrper,  besoiuhrs 
im  Darm  (Z.  B.,  1899,  xxxviii,  16). 

Substances  solubles  dans  les  corps  gras.  —  Hober.  Ueber  Résorption  im  Darm  (A.  g. 
P.,  1901,Lxxxvi,  199).  —  Katzenellenbogen.  Der  Einfluss  von  Diffusibilitàt  und  der  Lipoid- 
lôslichkeit  auf  die  Geschwindigkeit  der  Darmresorption  (A.  g.  P.,  1906,  cxiv,  522-534).  — 
iS'ATHANsox  {Pringsheim'  Jahrbùcher,  1904,  xxxix,  607).  —  Overtox  {Pringshcijn'  Jahrbu- 
cher,  1900,  xxxiv,  069). 

Les  graisses.  —  Gohnheim  (0.).  Die  Bedeulung  des  Dùnndarms  fur  die  Verdaitw^g 


INTESTIN.  5i7 

{Bioch.  ZcntralbL,  1003,  i,  100).  —  Connstei.n  (W.).  V.ur  Lchvc  von  der  Fettresorplion  (A. 
P.,  1800,  30-32).  —  CuNNiNfliiAM.  Ahsorplion  of  fat  after  ligature  of  Ihe  bilianj  and  paticrea- 
tic  duct  (J.  P.,  1808,  xxui,  200).  —  Exnkr.  liemerhunQen  zar  vortilclienden  Abhandlitng 
von  /)■■  Hofbaucr.  Ueher  die  Rcsorption  kùnstiich  (jcfarbte  Fetle  {A.  y.  P.,  1001,  lxxxiv,  628). 

EwALD  (A.).  Ueber  Fct'.bildunfi  durch   die  fiberlebende  Darmschleimitaut  (A.  P.,  1883, 

Stipp/.,  302).  —  Franck  (0.).  Die  Résorption  dcr  Fettsaûren  der  Nakrungsfettemit  UmgeUung 

des  lirustgangs  (A.  P.,  1802,  497). 7Air  Lehre  von  der  Fettresorplion  (Z.  D.,  1898, 

XXXVI,  ;j68).  —  Franck  (0.)  et  Ritter.  Elnwirkung  der  iibcrlebenden  Dùnndarmschlcimhaul 
auf  Seifen,  Fettsaiiren  und  Fetle  (Z.  B.,  1905,  xLvir,  251).  —  Frikdenthal.  Ueber  die 
Résorption  a'asserunlôslicker  Substanzen  (A.  g.  P.,  1901,  lxxxvii,  467).  —  He^vriques  et 
l\\si^E^.Zur  Franc  der  FeKresorplion  (C.  P.,  1000,  xiv,  313).  —  Hofuauer.  KannFetl  iinver- 

seift  resorbierl  iverden?  (A.  g.  P.,  1000,  Lxxxi,  263). Ueber  die  Résorption  liitmtlicfi 

gefurbter  Fetle  [îbid.,  1901,  lxxxiv,  610).  —  —  Zur  Frage  der  Fettresorplion  und  s. 
Mechanism  {Zeits.  fur  M.  Med.,  1002,  xlvii,  475).  —  Iodlbauer.  Ueber  die  Beeinflussung 
der  Résorption  der  Felte  im  Diinndarm  durch  Arzneimiltel  (Z.  B.,  1903,  lxv,  239).  — 
Kastlk  et  LowENHARDT  {Americ.  Chem.  Journ.,  1000,  xxiv,  401).  —  Levin.  Ueber  den  Ein- 
//uKs'  der  Galle  und  des  Pankreassaftcs  auf  die  Fcttresorption  im  Diinndarm  (A.  g.  P.,  1806, 
LXiii,  171).  —  Mackayden,  Ne.ncki  et  Sieber.  Unlersuchungen  ûber  die  cheinischen  Vor- 
giin{]e  im  menschlichen  Diinndarm  (A.  P.  P.,  1801,  xxviii,  311).  —  Moore  et  Rockwood. 
On  the  mode  of  absorption  of  fats  (J.  P.,  1897,  xxi,  58).  —  Mooke.  On  the  synthesis  of  fats 
accompanying  absorption  from  the  intestine  [Proc.  of  Roy.  Society,  1903,  lxxii,  134).  — 
MuNK.  Zur  Kenntniss  der  Bedeutung  des  Fcttes  und  seiner  Componcnlen.  fiir  dcn  Stoffwech- 

sel  (A.  A.  P.,  1880,  lxxx,  10). Zur  Lehre  von  der  Résorption,  Bildung  und  Ablagerung 

der  Fetle  im  Thierkorper  [Ibid.,  1884,  xcv,  407). Zur  Frage  der  Fettresorption  (C. 

P.,  1900,  xiii,  121,  153  et  400). Ueber  die  Reaction  des  Diinndarmchymits  bei  Carni- 

voren  und  Omnivoren,  1002,  xvi,  33).  —  Pfluger.  Ueber  die  Résorption  kunsllich  gefàrbter 

Fette  {A.  g.  P.,  1000,  lxxxi,  375). Forlgesetze  Unlersuchungen  iiber  die  Résorption 

der  kimstlich  gefdrblen  Felte  {Ibid.,  1901,  lxxxv,  1). Ueber  die  Bedeutung  der  Seifen 

fiir  die  Résorption  der  Felte  {Ibid.,  1002,  lxxxvih,  431).  —  Ueber  die  Verseifung  xoelche 
durch  die  Galle  vermittelt  vird  und  die  Beslimmung  von  Seifen  neben  Fettsaûren  in  Gallen- 
mischiingen  {Ibid.,  1002,  xc,  1).  —  Radziejewski.  Experimentelle  Beilrâge  zur  Fettresorp- 
lion (A.  A.  P.,  1868,  xLiii,  268).  —  Rosenberg.  Ueber  den  Einfluss  des  Pankreas  auf  die  Ré- 
sorption der  Nahrung  (A.  g.  P.,  1808,  lxx,  371). Zur  Physiologie  der  Fellverdauung 

{Ibid.,  1901,  LXXXV,  152.  —  Tappeiner.  Ueber  die  Beeinflussung  der  Résorption  der  Fette 
im  Diinndarm  durch  Arzneimiltel  (Z.  B.,  1903,  xlv,  223).  —  Zawilski  {Arbeiten  a.  d.phys. 
Institut,  Leipzig,  1876,  ii.  149).  —  Munck  et  Rosenstein.  Ueber  Darmresorplion  nach  Beo- 
bachtungen  an  einer  Lymph-{Chylus)-Fislel  beim  Mcnschen  (A.  P.,  1890,  376). 

Albumines.  —  Abderhalden.  Abbau  und  Aufbau  der  Eiweisskôrpcr  in  tierischen  Orga- 
nismus  \Z.  p.  C,  xliv,  1905,  33).  —  Abderhalden  et  Oppenheimer.  Uber  das  Vorkommen 
von  Albumosen  im BUU  {Z.p.  Cxlii,  1004,  156).  —  Abderhalden  elRoy a. Fiilterungsversuche 
mil  durch  Pankreatin  durch  Pepsinsalzsdure  durch  Pankrealin  und  durch  Siiu7'e  hydrolysierten 

Casein  (Z.p.  C,  xlh,  1904,  548). Uber  die  Verwertung  der  Abbauprodukle  des  Caseins 

im  ti,erischen  Organismus  {Ibid.,  xliv,  1906,  198). Das  Verhalten  de  Glycyl.  l.  Tyrosin 

im  Organisynus  des  Hundes  bei  subculaner  Einfiihiung  {Ibid.,  xLvr,  1905,  176).  —  Abder- 
halden et  Samuel.  Beilrag  zur  Frage  nach  der  Assimilation  des  Nahrungseiiveiss  im  Ihie- 
risch''n  Organismus  {Z.p.  C,  xlvi,  1005,  193).—  Ascoli.  Uber  den  Mechanismus  der  Albu- 
minurie durch  Eiweiss  {Miinch.  medic.  Woch.,  \,  1902,  398). Weilere  Unlersuchungen 

ùter  alimentàre  Albuminurie  {Ibid.,  i,  1903,  176).  —  Ascoli  et  Vigano.  Zur  Kenntniss 
der  Résorption  der  Eiweisskôrpcr  (Z,  P.  C,  xxxix,  1973,  i83).  —  Bergmann.  Notizùber  den 
Befund  von  Verbindungen  im  Blute  die  mit  Naphlalinsulfochlorid  rcagiern  (Hofmeister's 
Beilrdge,  vi,  1903,  40).  —  Bergmann  et  Langstein.  Ueber  die  Bedeutung  der  Reststickstoffe 
des  Blules  fur  den  Eiweissstoffwechsel  [Hofmeister's  Beilrdge,  vr,  1904,  27).  —  Cl.  Bernard. 
Leçons  de  Phys.  expérimentale  (ii,  1855).  —  Ibid.,  xxxiu,  1901,  9).  —  0.  Cohnhelm.  Die 

Umwaiidlung  des  Eiwciss  durch  dcn  Darmwand  (Z.  p.  C,  xxxiii,  1901,  451). M^eilere 

Milteilungen  ûber  Eiweissresorplion   (Ibid.,  xxxv,  1902,   397). Trypsin  und  Erepsin 

{Ibid.,  x-xxvi,  1902,  13).  —  Elllnger.  Erndhrungs  versuche  mit  Driisenpeplon{Z.  B.,  xxxm, 
1806,  100).  —  Embden  et  Knoop.  Uber  das  Verhalten  der  Albumosen  in  der  Darmivand  und 


548  INTESTIN. 

ùber  lias  Vorkommen  im  Blute  {Hofmeister's  Beitrage,  m,  1902, 120).  —  Fano.  Das  Verhallen 
des  Peptons  und  des  Tryptons  gegen  Blut  und  Lymphe  [A.  i.  B.,  1881,  277).  —  Frieden- 
THALCt  Lewandowsky.  [Avch.  fur  Atiat.  und  PhysioL,  1899,  SuppL,  73).  —  Friedlander.  Die 
Résorption  gelôster  Eiweisstoffe  im  Dùnndarm  (Z.  B.,  xxxni,  1896,  261).  —  Gukuer  et 
Hallauer.  Ueber  Eitveissaiisscheidung  durch  die  Galle  (Z.  B.,  xlv,  1904,  372).  —  Hart.  Ueber 
die  quantitative  Bestimmung  der  Spaltungsproducte  von  Eiweisskôrper  (Z.  p.  C,  xxxiii, 
1901,  347).  —  Hamburger.  Arteigenheit  und  Assimilation,  Wien.  1903.  —  Heidenhain. 
Zur  Histologie  imd  Physiologie  der  Dttnndarmschleimhant  {A.  g.  P.,  xliii,  SuppL,  1888). 

Neue  Versuche  uber  die  Aufsaugung  im  Dùnndarm  {Ibid.,  Lvi,  1894,  579).  —  Henriques 

et  Hauser.  Uber  Eiweiss  synthèse  im  Thierkôper  (Z.  p.  C,  xliii,  190b,  417).  —  Hofmeister. 
Zur  Lehre  vom  Peptone  (Z.  p.  C,  vi,  1881,  51).  —  Kauffmann.  t/eôer  den  Ersatz  von  Ei- 

^veiss  durch  Leim  (A.  g.  P.,  cix,  1905,  440). Ueber  Arginase  (Ibid.,  xlii,  1904,  181).  — 

KossEL  et  KuTscHER.  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Eiweisskôrper  (Z.  p.  C,  xxxi,  1900,  165). 

—  KuTSCHER  et  Seemann.  Zur  Kenntniss  der  Verdauungsvorgunge  im  Dùnndarm  (Z.  p.  C, 
XXXIV,  1902,  528).  —  Lesser.  Ueber  Stoffwechselversuche  mit  den  Endproducten  peptischer 
und  tryptischer  Eiioeissverdauung  (Z.  B.,  xlv,  1904,  497).  —  Lowi  et  Neuberg.  Ueber  Cysti- 
nurie  (Z.  p.  C,  xliii,  1904,  338).  —  Mendel  et  Rockwood.  On  the  absorption  and  utilisation 
of  proteids  without  intei'vention  of  the  alimentary  digestive  proçesses  [Americ.  Journ.  of 
Phys.  (xii,  1904,  336-362).  —  Munck  (I.).  Uber  die  Hesorptionswege  des  Nahrungseiweisses 

[C.  P.,  II,  1897,  587). Ueber  die  Schicksale  der  Eiweisstoffe  nach  Einfiïhrung  in  die  Blut- 

bahn  (Ibid.,  73).  —  Neumeister.  Ueber  die  Einfùhrung  der  Albumosen  und  Peptone  in  den 

Organii^mus  (Z.  B.,  xxiv,  1 888,  272). Zur  Physiologie  der  Eiwcissresorption  und  zur  Lehre 

on  den  Peptonen  [Ibid.,  xxvii,  1890,  309).  —  Nolf.  De  Vabsorplion  pcrilonéale  de  la  pro- 
peptone  chez  le  ehien.  [Archives  de  Biologie,  xx,  1903,  55).  —  Pick  et  Spiro.  Veber  gerin- 
nungshemmende  Agentien  im  Organismus  hôherer  Wirbelthiere  (Z.  p.  C,  xxxi,  1900,  235). 

—  Reid.  {Philosoph.  Transact.,  cxcxu,  1990,  211).  —  Schlossmann.  Uber  die  Giftwirkung 
des  artfrcmden  Eiioeisses  in  der  Milch  auf  den  Organismus  des  Saùgligs.  (Z.  B.,  xd,  12). 

—  ScHMiDT  Mulheim.  {A.  P.,  1877,  549).  —  Ibid.  [Beitrage  zur  Kenntniss  des  Peptons  und 
seiner  physiologischen  Bedeutung,  1880,  33).  —  Shore ,( J.  P.,  xi,  1890,  328).  —  Stokvis 
(C.  W.,  1864,  596).  —  Szuuowski.  Leim  als  Nàhrstoff'  [Z.  p.  C,  xxxvi,  1902, 198).  —  Tobler. 
Uber  die  Eiweissverdauung  im  Magen  (Z.  p.  C,  xlv,  1905,  185).  —  U.nderhill.  Netv  cxpe- 
riments  on  the  physiological  action  of  the  proteoses  [Americ.  Journ.  of  Phys.,  ix, 
1903,  345).  —  Voit  et  Bauer.  Aufsaugung  im  Darm  [Z.  B.,  v,  1869,  536).  —  Zuntz. 
Ueber  neuere  Nàhrpràparate  in  physiologischer  Hinsicht  [Ber.  der  d.  pharm.  Ges.,  1902, 
363). 

Hydrates  de  carbone.  —  Cl.  Bernard.   Leçons  sur  le  diabète.  —  Dastre  [C.  R.,  1882). 

—  .Dastre  et  Bourquelot.  De  l'assimilation  du  maltose  [C.  R.,  lxviii,  1884,  1604.  — 
Hédon.  Sur  la  résorption  intestinale  et  l'action  purgative  des  sucres  en  solutions  hyperto- 
niques  [2'^  note)  [B.  B.,  1900,  29  et  41).  —  Hober.  Uber  Résorption  im  Dùnndarm  [A.  g. 
P.,  Lxiv,  1899,  246).  —  Meri.ng  (V.).  Uber  die  Abzugwege  des  Zuckers  aus  der  Darmhôhle 
[A.  P.,  1877,  379).  —  Miura.  Beitrage  zur  alimentdren  Glycosurie  [Z.  B.,  xxxii,  1890, 
281). —  Nagano.  Zur  Kenntniss  der  Résorption  einfacher  imbesonderen  stereoisomerer  Zucker 
im  Dùnndarm  [A.  g.  P.,  xx,  1902,  386).  —  Reid.  Intestinal  resportion  of  maltose  [J.  P., 
XXVI,  1901,  427).  —  RoHMANiN.  Ueber  Sécrétion  und  Résorption  im  Dùnndarm  [A.  g.  P.,  xli, 
1887,  44).  —  Voit.  Untersuchungen  Uber  das  Verhalten  verschiedener  Zuckerarten  im  mens- 
chlichen  Organismus  nach  subcutancr  Injection  (D.  Arch.f.  klin.  Med.,  lviii,  1897,  523).  — 
Weinland.  Beitrage  zur  Frage  nach  dem  Verhalten  des  Milchzuckers  im  Korper  besonders 
im  Darm  (Z.  B.,  xxxviii,  1897,  16).  —  V^'orm-Muller.  Die  Ausscheidung  des  Zuckers  im 
Harne  des  gesunden  Menschen  nach  Genuss  von  Kohlehydraten  [A.  g.  P..  xxxiv,  1884,  186). 

Substances  diverses.  —  Abderhaldex.  Die  Résorption  des  Eisens,  etc.  [Z.  B.,xxxix,  1900, 
113,  194  et  483).  —  Arari.  Ueber  enzymatische  Zersetzung  der  Nucleinsâure  [Z.  P.  C, 
xxxviii,  1903,  84).  —  HoFUANN.  Ueber  Eisenresorption  und  Ausscheidung  im  menschlischen 
und  thierischen  Organismus  [A.  A.  P.,  eu,  1896,  488).  —  Honigmann.  Beitrage  zur  Kennt- 
niss der  Aufsaugung  und  Ausscheidungsvorgânge  im  Darm  [Arch.  f.  Verdauungskr.,  ii, 
1896,  296).  —  Kdnkel.  Blutbindung  aus  organischen  Eisen  [A.  g.  P..  lxi,  1895,  595).  — 
KuTscHER  et  Lohmann.  Die  Endprodukte  des  Pankreas  und  Hefeselbstverdauung  (Z.  p.  C, 
xxxix,  1903,  159).  —  Kutscher  et  Seemann.  Zur  Kenntniss  der  Verdauungsvorgànge  im 


INTESTIN.  549 

Dihnularm  (Z.  p.  C,  xxxv,  1902,  432).  —  Quincke  el  IIociihaus.  Uhcr  Eiscnresorplion  iind 
Aiisschcidiing  iin  Darmtcande  [A.  /'.  P.,  xxxvii,  1890,  l;j9).  —  Sachs.  Vber  die  Nudcnsc  il. 
p.  C,  XLVi,  1905,  44).  —  Stockma.w  ot  (iiiKii».  In;/rstion  and  Excrétion  nf  iron  in  liealth 
(/.  P.,  XXI,  1897,  53). —  Umiier.  Ucber  die  fermentative  Spaltmvj  der  Nucleoproleidc  im  Stoff- 
tvecksel  {Zeits  fur  kl.  Med.,  xliv,  3-4,  1901). 

Baumkrt.  Chemiache  Untersiich.  ûber  die  liespiral.  Ureslan,  1885,  24.  —  Hkunaud  (Cl.). 
Leçons  sur  les  effets  des  subst.  tox.  et  médic,  1857,  39.  —  Beht  (P.).  Phys.  comparée  de  la 
respiration.  Paris,  1870,  173.  —  Boycott.  Observations  on  Ihe  gaseous  melabolism  of  thc 
small  intestine  of  rabbit  (J.  /*.,  xxxii,  1905,  5-6).  —  Calugarkanu.  />/<-•  Darmalmunu  von 
Cobilis  Fossilis  {A.  y.  /'.,  cxviii,  1907,  1-2).  —  IIanhiot  et  Cii.   Kiciirt.  (li.  IL,  1887,  307). 

—  HoKMANN  (K.  B.).  Uber  Zusammensctziing  der  Darmgase  [Wien.  medic.  Woch.,  1872).  — 
JoBEivr.  [Ann.  des  se.  nat.,  (2),  v,  1877,  n"  8).  —  Leydig.  (Arch.  fur  Anat.  Pht/s.  u  vnss. 
Med.,  1853,  3).  —  TappîTinf.r.  {Ai'b.  aus  der  pathol.  Instit.  zu  Munchen,  i,  1886,  226).  — 

—  Vergleichende  Untersuchung  der  Darmgase  (Z.  p.  C,  vi,  1882,  432). Die  Gase  der 

Verdauungschlauches  der  Pflanzenfresser  (Z.  B.,  xix,  1883,  228). Untersucliungen  iiber 

die  Gdhrang  der  Cellulose  insbesundere  uber  deren  Lôsung  im  Darmkanah'  (Z.  C,  xx,  1884, 
52). —  Zu.NTZ,  I.KHMANN  et  Hagemann.  Uber  Haut  and  Darmatmiing  {A.  P.,  1894,  354). 


GROS  INTESTIN. 

Sécrétion  et  mouvement.  —  Elliott,  Darclay-Smith.  Anliperistaltis  and  other  mus- 
cular  activities  on  the  colon  (J.  P.,  xxxi,  1904,  272).  —  Grober.  Das  Schicksal  der  Eiweiss- 
lôsenden  \erdauungsfermenteim  Darmkanal  [Deutsch.  Arch.  fur  klin.  Mcdiz.,  lxxxiii,  1905, 
309).  —  Heii.e.  E.rperiiiientelle  Bcobachtungen  Uber  die  Résorption  im  Dùnn  und  Dickdarm 
[Grenzgebiete  d.  Med.  u)idd.  Chirur;/.,  xiv,  1905,  474).  —  Hemmeteu.  Uber  das  Vorkommen  von 
proteolylischen  und  amylohjtisclien  Fermenten  im  Inhalt  des  menschlichen  Colons  (A.  g.  P., 
Lxxxi,  1909,  151).  — Knieriem.  Ueber  die  Verwerthung  der  Cellulose  im  thicrischen  Organis- 
mus  (Z.  B.,  XXI,  1885,  67).  —  Tappeiner.  (Voir  Gaz  de  l'intestin)  (Z.  fur  BioL,  xix, 
1883,  228).  —  {Ibid.,  xx,  1884,  52).  —  Zu.vtz  et  Knauthe.  Uber  die  Verdauung  und  den 
Stoffu^echsrl  der  Fische  [A.  P.,  1898,  149). 

Résorption.  —  Cannon.  The  movement  of  the  intestine  studied  by  means  of  the  Rôntgen- 
rays  {.imeric.  Journ.  of  PhysioL,  vi,  1902,  251).  —  Czerny  et  Latschenrerger.  Physiolo- 
gische  Untersuchung  en  iiber  die  Yerdauung  und  Résorption  im  Dickdarm  des  Menschen 
[A.  P.,  Lix,  1874,  161).  —  EwALD.  Uber  Ernàhningsklysmata  {A.  P.,  1889,  Suppl.  160). 

—  Me.  Fayden,  ÏNencki  et  Sieber  {A.  P.  P.,  xxviii,  1898,  311).  —  Frank  et  Ritter.  Die 
Einivirkung  der  ûberlebenden  Dunndarmschleimhaut  auf  Seifen,  Fettsâuren  und  Fette  [Z.  B., 
XLVii,  1905,  251).  —  Grutzner.  Ueber  die  Bewegiingen  des  Darminhaltes  {A.  g.  P.,  lxxi,  1898, 
492).  —  Hamburger.  Vevsuche  Uber  die  Résorption  von  Fett  und  Seife  im  Dickdarm  [A.  P., 
19U0.  433).  —  IIoxNIGmann,  (Arch.  fur  Verdauungskrh.,  ii,  1896,  296  (voir  Subs. 
diverses).  —  Leube.  Ueber  die  Ernàhrung  der  Kranken  vom  Mastdann  aus  {D.  Arch.  /'. 
KL  .Medic,  x,  1872,  1).  —  Muler  (Fr.).  Ueber  den  normalen  Koth  des  Fleischfrcssers  (Z.  B., 
XX,  1884,  327).  —  Rlbnek.  Energie  Vcrbrauch  bci  der  Ernàhrung  {A.  P.  P.,  XLvii,  1902, 
231).  —  ScHMiDT  (A.).  Beobachtungen  Uber  die  Zusammensetzung  des  Fistelkothes,  etc. 
{Arch.  fur  Verdauungskr.,  iv,  1898,  137).  —  Schonborn.  {Thi'se  de  Wiirzbourg,  1897). 

COORDINATION. 

Coordination  des  divers  actes  du  transit  intestinal.  — Ambard  et  Binet.  Quantité  d'umylase 
contenue  dans  le  tube  digestif  aux  différents  moments  de  la  digestion,  etc.  (B.  B.,  i,  1908, 
259).  —  BoLDiREFF.  Ucber  den  Uebergang  der  natùrlichen  Mischiing  des  Pankreas,  des  Darm- 
safles  und  der  Galle  in  den  Magen  [C.  P.,  xviii,  1904,  457).  —  Ca.nnon.  The  Movemenls  of 
the  stomach  studied  by  means  of  the  Ronlgen  rays  [Americ.  .Journ.  of  Phys.,  i,  1898,  359). 

—  Carnot  et  Chasseva.nt.  Modifications  subies  dans  l'estomac  et  le  duodénum  par  les  solu- 
tions salines  suivant  leur  concentration,  etc.  (B.  B.,  1905,  173).  — Carnot  et  Amet.  Sur  la 
différence  d'équilibration  moléculaire  des  solutions  salines  introduites  dans  l'intestin,  sui- 


5o0  INTESTIN. 

vaut  leur  nature  chimique  (B.  B.,  1903,  1072).  —  Lœper.  .letton  des  subst.  puryalires  sur  la 
zoamylie  hépatique  (B.  li.,  1905,  1012).  —  Sur  le  mécanisme  de  l'action  intestinale  des 
solutions  salines  purgatives  (Ibid.,  1058).  —  Lœper  et  Ficaï.  Sur  V origine  pancréatique  de 
i'amylase  sanguine  et  sa  résorption  dans  l'intestin  {B.  B.,  ir,  1907,  260).  —  Mering 
(v.).  Ueber  die  Eunction  des  Magens  [Therapeutische  Monalshefte,  vu,  1893,  201;.  — 
Pawlow.    Travail  des  glandes  digestives.    —  Serd.iukow.    Thèse    de   Saint-Pétersbourg. 

—  SciiMim  .MiiiLiiEiM.  (A.  P.,  1877,  749).  —  Tubler.  (Z.  D.,  xlv,  1905,  485  (voir 
Résorpt.  des  alb.).  (Voir  encore  de  très  nombreux  m»:'moires  de  London,  dans  Z.  ;).  C, 
1905-1910  . 

Coordination  des  activités  des  divers  segments  intestinaux  dans  le  transit  intestinal, 

—  C.\NN0.\.  The  passage  of  différent  food  stuffs  from  the  stomach  and  through  the  small  in- 
testine {Amer.  J.  of  Pfu/sioL,  xri,  1904,  387).  —  1Io.\igm.\.\n.  {Arch.  f.  Yerdauungshr.,  u, 
1896,  296  (Voir  Substances  diverses).  —  Kutscher  et  Seeuann  (Z.  p.  C,  xxxv,  1902,  421 
(Voir  Substances  diversesi.  —  Schmidt  (Ad.)  (Arch.  f.  Verdauungskr.,  iv,  1898.  137) 
(Voir  Gros  intestin,  résorptioni.  (Voir  encore  les  travaux  de  London,  Z.  ;).  C,  1905- 
19101. 

Coordination  de  l'activité  des  divers  ferments.  —  Suppléance  des  divers  ferments  du 
tube  digestif.  —  Après  suppression  de  l'estomac.  —  Carvallo  et  Pachon.  De  l'extirpation 
totale  de  l'estomac.  Recherches  sur  la  digestion  d'un  chien  sans  estomac  {A.  de  P.,  1895,  349). 

—  Kayser.  Beitràge  zuden  Operationen  am  Mtigen  {Czerny's  Beitriige,  1878).  —  Deganello. 
Recherches  sur  l'échange  matériel  d'une  femme  à  laquelle  on  avait  extirpé  l'estomac  (A. 
i.  B.,  xxxiif,  1900,  118":.  —  Filippi  (de).  Recherches  sur  les  échanijes  organiques  du  chien 
gastro-eetomisé  et  du  chien  privé  de  longues  portions  d'intestin  grêle  {A.  i.  B.,  xxi,  1894, 
H'ô).  —  Frouin.  Influence  de  l'ablation  de  lu  rate  sur  la  digestion  pancréatique  chez 
les  aniiitaux  agastres  (B.  B.,  1902,  418).  —  IIokma.nn.  Stvffivechseluntersuchungen 
nach  totaler  Magenresection  [Mtinch.  medic.  Woch.,  3  mai  189S).  —  Ogata.  Ueber 
die  Verdauung  nach  der  Asuchaltung  des  Magens  (A.  P.,  1883,  89).  —  Wroble.\ski. 
Eine  chemische  Notiz  zur  lotalen  Magenextirpation  {C.  P.,  1897,  21)).  —  Arelmann. 
Ucber  die  Ausnutzung  der  ^ahrungsloffe  nach  Pankreasexstirpalion  {Thèse  de  Dorpat, 
1890).  —  Bernard  (Cl.).  [Leçons  de  Phys.  exp.,  ii,  185o).  —  Dastre.  Contribution  à 
l'étude  (le  la  digestion  des  graisses  {A.  de  P.,  1891,  180).  —  Dastre  et  Stassaxo.  Les 
facteurs  de  la  digestion  pancréatique  {Arch.  inten.  de  Phys.,  1904,  86).  —  Hkdon. 
Diabète  pancréatique  (Doin,  1898j  {A.  de  P.,  1892,  023V  —  Lombroso  (U.).  Utilisation 
des  graisses  (plusieurs  notes)  {B.  B.,  1904  et  A.  P.  P.,  1908,  lx,  99).  —  Miller  (Fr.). 
{Deutsch.  Arch.  f.  hl.  Mcdiz.,  lui,  1899).  —  Rosenberg.  Uber  den  Einfluss  des  Pankreas 
auf  die  Ausnutzung  der  Nahrung  {A.  g.  P.,  1898,  lxx,  .371)  (voir  aussi  Rosenberg. 
résorption  des  graisses),  —  Zuntz  (E.)  et  Mayer  (L.).  Expér.  sur  la  digest.  des-  animaux 
dépancrédtes  Aead.  lioy.  de  Belg.,  xviii,  1903-04,  1  à  59).  —  Zuntz  (>'.).  Uber  die 
Bedentung  des  Galle  und  des  Pankreassecrets  fur  die  Résorption  der  Fette  {A.  P.,  1896, 
844). 

Coordination  des  sécrétions  et  de  l'arrivée  du  chyme  dans  l'intestin  —  a)  Suc  pan- 
créatique. Pour  les  excitants  non  physiologiques  de  la  sécrtHion  pani  réalique  voir  Qualités 
du  suc  pancréatique).  —  Bernard  (Cl.).  (Leç.  de  Phys.  expér.,  u,  1856,  226).  —  Bayliss  et 

Starling.  The  mecanism  of  pancreatic  sécrétion  (J.  P.,  xxviii,  1902,335). Ibid.  On  the 

uniformity  of  the  pancreatic  mecanism  in  verlebrata  [Ibid.,  xxix,  1903,  174).  —  Becker. 
Contribution  à  la  physiologie  et  à  la  pharmacologie  de  la  glande  pancréaticpie  {Arch.  des  Se. 
Biol.  St-Pétersb.,  1893,  433).  —  Colin.  {Traité  de  phys.  comparée  des  animaux,  i,  1857,  796). 

—  Delezenne  et  Pozerski.  Action  de  l'extrait  aqueux  d'intestin  sur  la  sécrétion  {B.  B., 
1904,  987).  —  Desgrez.  De  l'influence  de  la  choline  sur  les  sécrétions  glandulaires  (B.  B., 
1902,  839).  —  DoLYNZRi.  Etudes  sur  l'excitabilité  sécrétoire  spécifique  de  la  muqueuse  du 
tube  digestif  {Arch.  des  Se.  Biol.  de  Saint-Pétersbourg,  1895,  399).  —  Enrtquez  et  Hallion. 
Réflexe  acide  de  Pawlow  et  sécrétine;  mécanisme  humoral  commun  {B.  B.,  1903,  233).  — 
Réflexe  acide  de  Pavloff  et  sécrétine.  Nouveaux  faits  expérimentaux  {Ibid.,  363).  —  Fleig, 

Sécrétion  pancréatique  et  atropine  (B.  B.,   1901,  759). Des  effets  antagonistes   de 

l'atropine  et  de  la  pilocarpine  sur  la  sécrétion  pancréatique  {Ibid.,  879  . Sécrétine  et 

acide  dans  la  sécrétion  pancréatique  {B.  B.,  1903,  293). A  propos  de  l'importance  rela- 
tive du  mécanisme  humoral  et  du  mécanisme   réflexe  sur  la  sécrétion  pancréatique.  Voir 


INTESTIN.  551 

encore  plusieurs  autres  notes  du   même  auteur  dans  le  même   tome  de  la  Soc.  de 

Biol.,  462). Mode  d'action  chimique  des  savons  alcalina  sur  la  sécrétion  pancréatique 

(B.  B.,  1903,  1201).  — Mécanisme  de  Vactiondc  la  sapocrinine  sur  la  sécrétion  pancréatique 
{Ibid.,  1213). Intervention  d'un  processus  humoral  dans  l'action  des  savons  alca- 
lins, etc.  {Journ.  de  Phys.  et  de  pathol.  {/énér.,  1904).  —  FOrst  (0.  V.)  et  Sachs.  Zur 
Kenntniss  der  Secrctine  {A.  g.  l\,  cxxiv,  1908,  427).  —  Gottueb.  Beitruge  zur  Physiologie 
und  Pharmacologie  dcr  Pancreassccretion  {A.  P.  P.,  xxxni,  1894).  —  Heideniiain.  [hiHer- 
mann's  Ilandb.,  v,  1883,  183).  —  Pawlow.  Travail-  des  glandes  digestives,  —  Popielski. 
{Gazette  de  Botkin,  1900).  —  Simon.  Sur  quelques  effets  des  injections  de  sécrétine  {A.  P., 
1907,  janvier).  — Ssawitsch.  {Sitzungsh.  der  (ies.  dcr  rùss.  Arzte,  1903).  —  Weutheimeh  et 
Lepage.  Sur  les  fonctions  réflexes  des  ganglions  abdominaux  du  sympathique  dans  Cinner- 
vation  sécrétoire  du  pancréas  (A.  P.,  1901,  335  et  363). 

Bile.  —  Voir  article  Bile  pour  les  indications  bibliographiques.  —  Henri  et  Portier. 
Action  de  la  sécrétine  sur  la  sécrétion  de  la  bile  {B.  B.,  1902,  1620).  —  Falloise.  Le  tra- 
vail des  glandes  et  la  formation  de  la  lymphe.  Contribution  à  l'étiule  de  la  sécrétion  {Bull. 
Ac.  Royale  de  Belgique,  Sciences,  1902,  94")). 

Site  intestinal.  —  Bayliss  et  Starling.  —  Budge.  — Enriquez  et  Hallion.  (Voir  Suc  pan- 
créatique). —  Falloise.  Le  travail  des  glandes  et  la  formation  de  la  lymphe.  Contribution 
à  l'étude  de  la  sécrétion  {Bull.  Ac.  Roy.  de  Belg.,  1902).  —  Frouin.  Action  directe  et  locale 
des  acides,  des  savons,  de  l'éther,  du  chloral  introduits  dans  une  anse  intestinale,  etc.  (B. 

JB.,  i,  1904,  461). Sécrétion  et  activité  kinasique  du  suc  intestinal  chez  les  bovidés  {B. 

B.,  i,  190i,  806;  1905,  702).  —  Henri  et  Portier.  (Voir  Bile).  —  Lamansky.  {Zeits.  fur 
rat.  Med.,  1866).  —  Moreau.  (Voir  Suc  intestinal)  (C.  /{.,  1863).  —  Pawlow.  Travail  des 
gla)ules  digestives. 

Adaptation  des  sécrétions  :  a)  chez  l'animal.  —  Frouin  (B.  B.,  190b,  1025).  —  Pawlow. 
Le  travail  des  glandes  digestives. 

b)  Chez  l'homme.  —  Ellinger  et  Cohn.  Beitrdge  ziir  Kenntniss  der  Pdnkreassekretion  beim 
Menschen  (Z.  p.  C,  xlv,  1905,  28).  — Gl.essner  et  Popper.  Zur  Physiologie  und  Pathologie 
des  Pankreasfistelssekretes  {D.  Arch.  fàr  klin.  Mediz.,  15  sept.  1908).  —  Schumm  {Voir 
composit.  du  suc  pancréatique)  {Z.  p.  C,  xxxTi,  1902,  292).  —  Wohlgemuth.  Untersuclmn- 
gen  iiber  tien  Pankrcassaft  des  Menschen  {Biochemische  Zeitschrift,  iv,  1907,  271). 

Toxicité  du  contenu  intestinal  et  rôle  protecteur  de  l'intestin.  —  La  bibliographie  de 
cette  question  étant  considérable,  nous  ne  donnerons  ici  que  les  mémoires  essentiels 
et  ceux  qui  contiennent  une  bibliographie  étendue.  —  Asleben  (M.).  Ueber  die 
Giftigkeit  des  normalen  Darmextracts  (Hofmeisters  Bcitràge,  vi,  1903,  503).  —  Boucha|id, 
Les  auto-intoxications  {Essai  de  pathologie  générale)  {Revue  de  Mcdec.,  1887).  —  Charrin. 
Les  défenses  naturelles  de  l'organisme,  Paris,  1908.  —  Cybulski  et  Tarchanoff.  A  propos 
des  poisons  normaux  de  l'intestin  {Arch.  Intern.  de  PhysioloVs  v,  1907,  fasc.  3).  —  Falloise. 
Les  poisons  normaux  dr  l'intestin  chez  l'homme  et  les  moyens  de  défense  contre  ces  poisons 
{Arch.  intern.  de  Phys.,  v,  1907,  fasc.  2),  —  Le  Play.  Les  Poisons  de  l'intestin  {Biblio- 
graphie complète  sur  les  questions  médicales  afférentes  à  la  toxicité  du  contenu  intestinal 
{Thfse  de  Paris,  1906).  —  Metchnikofk.  Exposé  de  conceptions  surtout  théoriques  sur  le 
rôle  de  la  toxicité  tlu  contenu  intestinal  dans  les  maladies  {Études  sur  la  nature  humaine, 
Masson,  1905).  —  Roger  (M.).  Exposé  général  de  la  tjuestion  de  la  toxicité  du  contenu  intes- 
tinat  d'après  les  mémoires  antérieurs  et  les  recherches  personnelles  de  l'auteur  {Alimentation 

et  tligeslion.  Paris,  1907). (Nombreuses  communications  du  même  auteur  avec  ses 

collaborateurs)  (B.  B.,  1905  à  1908). 

Alimentation  parentérique.  —  Voir  aussi  Résorption  intestinale  :  hydrates  de  carbone 
et  albumines. 

Albumines.  Cramkr.  Ou  the  assimilation  of  proteiile  introiluced  parenterally  (Z.  B., 
1908,  146).  —  Forster  (Z.  B.,  1876).  —  Friedmann  et  Isaac.  Uber  Eiireissimmunitàt  und 
Eiweisstoffwechsel  {Zeitsch.  f.  exp.  Pathol.  luitl  Thérapie,  i,  1905,  512).  —  Lommel  {A.  P.P., 
Lviii,  1907,  50).  —  Hambcrger  (Fr.).  Zur  Frage  der  Immunisierung  gegen  Eiweiss  {Wiener 
klin.  Wochensch.,  1902,  1188).  —  Michaelis  et  Oppenheimer.  Ueber  Immumitàt  gegen 
Eiiveisskôrper  {Beitrdge  z.  ch.  Phys.  und  Pathol.,  iv,  1903,  263).  —  Mendel  et  Rockwood. 
On  the  absorption  and  utilization  of  proleids  without  intervention  of  the  alimentary  digestive 
processes  {Arneric.  Journ.  of  Physiol.,xiï,  1905,  336). 


552  INTESTIN. 

(iraisses.  —  ilKNDEnsoN  et  Crofutt.  Observations  on  the  fale  of  oit  injected  subcuta- 
neows/y  {Americ.  Journ.  of  Phys^iol.,  xiv,  1905,  193-202).  —  Lecbe.  Die  suhcutane  Fetter- 
nahriinf/  (Tht-se  de  Wurzburu,  1S07. 

Péristaltisme  et  sécrétion  intestinale  (Purgatifs).  —  Nous  ne  pouvons  donner  ici 
qu'une  faible  partie  de  la  bibliographie  de  celle  question.  Nous  renvoyoos  le  lecteur  aux 
iraités  de  pharmacologie  (voir  aussi  Thèse  de  Brisskmoret),  pour  l'action  des  très  nom- 
breuses drogues  purgatives  dont  l'artioti  sur  le  péristaltisme  et  la  sécrétion  intestinale 
n'a  pas  été  étudiée  physiologiqui'ment,  quoique  dûment  constatée,  et  pour  celte  raison 
couramment  employée  en  thérapeutique.  Nous  ne  citerons  ici  que  les  travaux  où  le 
mécanisme  d'action  du  purgatif  a  été  l'objet  d'une  étude  systématique  (sels).  —  Auer. 
The  effect  of  siibciitancoiis  and  intravenous  injections  of  soyne  saline  purgatives  upon  intes- 
tinal peristaltis  and  ptirgation  (Americ. Journ.  of  Phys.,  xvii,  1906,  15).  — Hay.  iLiltérature 
jusqu'à  1882.)  {Journ.  of  An<i(.  nnd  PliijsioL,  1881,  593  et  1882,  435).  —  Mac  Calum.  On 
the  local  application  of  solutions  of  saline  purgatives  to  the  peritoneal  surfaces  of  the  intes- 
tine {Americ.  Journ.  of  Phys.,  1903,  102;  1904,  263).  —  Meltzeu  et  Auer.  Physiologicaland 
pharmacological  study  on  magnésium  salis  {Americ.  Journ.  of  Physiol.,  xiv,  1905,  366).  — 

—  Physiological  and  pharmacological  sludies  on  magnésium  salts,  etc.  {Americ.  Journ.  of 
Physiol.,  XV,  1906,  387). 

Méthodes  pour  explorer  les  fonctions  digestives.  —  Os  méthodes,  qui  concernent 
exclusivement  l'honinje  r-t  (jiii  ont  été  étudiées  uniquement  par  des  médecins,  n'ont 
pas  encore  actuellement  une  précision  suffisante  pour  trouver  place  dans  un  arliclo  de 
physiologie. 

Voici  trois  indications  bibliographiques  qui  pourront  servir  au  lecteur  à  retrouver  les 
travaux  parus  sur  ce  sujet.  —  Léimne.  Revue  générale  critique  et  complète  avec  toutes 
les  indications  bibliographiques  fondamentales,  'donnant  de  la  question  une  idée  théo- 
rique nette.  (Semaine  médicale,  1908,  157.)  —  Schuidt  et  Strassburger.  Traité  complet  de 
la  séméiologie  des  fèces.  (Die  Faeces  des  Menschen,  Herlin,  1905).  —  Gaultier.  Traité  de 
coprologic  clini</ue,  Paris,  1907. 

Innervation  vaso-motrice.  —  Dastre  et  Morat.  Systi'me  nerreu-v  vaso-moteur  (A.  de  P., 
18841. — Hallion  et  Franck  (Fr.).  Recherches  e.rprrimentales  exécutées  ù  Vaide  d'un  nouvel 
appareil  volumctrique  sur  l'innervation  vasomotrice  de  l'intestin  {A.  de  P.,  1896,  478  et  493). 

—  Wertheimer.  Sur  quelques  faits  relatifs  entre  la  circulation  superficielle  et  la  circula- 
tion viscérale  (A.  de  P.,  1891,  547). 

Innervation  sécrétoire.  —  Bernard  (Cl.).  Leçons  sur  tes  liquides  de  l'organisme,  ii,  341. 

—  Falloise.  Origine  sécrcloire  du  liquide  obtenu  par  énervution  d'une  anse  intestinale 
(Arch.  intcrn.  de  Phys.,  1904,  261.  —  Landois.  Physiologie,  4*^  édil.,  340. —  Moreau.  Ueber 
die  Folgen  der  Durchschneidung  der  Dannnerven  (Centralhl.  f.  die  medic.  Wissenschaft, 
1868,  209).  —  Wertheimer.  Expériences  sur  le  suc  intestinal  et  le  suc  pancréatique  (Echo  méd. 
du  Nord,  1902).  —  Wertheimer  et  I.epage.  Sur  les  fonctions  7'éfle.ves  des  ganglions  abdomi- 
naux, etc.  <A.  'le  P.,  mai  1901,  335  et  363). 


ANATOMIE  ET    HISTOLOGIE    COMPARÉES. 

Béguin.  L'intestin  pendant  le  jeune  et  l'intestin  pendant  la  digestion  (Arch.  Anat.  mi- 
crosc,  VI,  1903-04.  —  Bezzola.  Contributo  alla  conoscenza  ddl'  assorhimenfo  intestinale 
{Bollett.  d.  Soc.  Med.  chir.  di  Pavia,  i,  1904).  —  Chapeaux.  Recherches  sur  la  digestion  des 
Cœlentérés  (Arch.  Zool.  exp.,  1893).  —  Claus.  (Traité  de  Zoologie).  —  Corti  (A.).  Sui  meca- 
nisnri  funzionali  delta  mucosa  intestinale  assorbente  di  mammifero  (Atti  del  Congresso  dei 
Waturalisti  Italiani,  Milano,  1906).  —  Cvksot.  Études  physiologiques  sur  les  Crustacés  Déca- 
podes (Arch.  Zool.  exp.,  T,  1894  et  A.  B.,  xiii,  1895). Fonctions  absorbantes  et  excré- 
trices du  foie  des  céphalopodes  (Arch.  Zool.  expér.,  vu,  1907).  —  Drago.  Cambiamenli  di 
forma  et  di  struttura  deV  epitelio-intestinale  durante  l'assortiinento  dei  grassi  (Ricerche  fatte 

nel  Lab.  di  Anat.  Norm.  d.  R.  Univ.  di  Roma,  viii,  1900). Relazione  fra  le  rccenti 

Ricerche  istologische  e  fisiologische  sidV  apparalo  digerente  e  l'assorhimento  intestinale  (Rass. 
internaz.  Med.  mod.,  Catania,  1900.  —  Ewald.  Ueber  Fettbildung  durch  die  ûberlebende 
Darmschleimhaut.  (Arch.  f.  Anat.  und  Phys.,  1883).  —  Fre.nzel.  Ueber  den  Darmkanal  der 


INTESTIN.  553 

Crustaccen  {Arcli.  fur  mikr.  Anat.,  1880).  —  Kolossow.  Zur  Analomie  imd  l'hysiologie 
der  Drusenepithelzcllen.  {Anat.  Anz.  xxi).  —  Krehl.  Ein  Beitrag  zur  Fettrexorption  {Arch. 
f.  Anat.u.  physiol.  Anat.,  Abt.,iS0O).  — Gruenhagen.  Veber  Vettresorptioti  und  Darmcjyilel 
{Arch.  f.  mikr.  Anat.,  xxix,  1887.  — Guiryssk.  Étude  des  organes  diçicslifs  chez  les  Crustacés 
[Arch.  Annt.  microsc,  ix,  1907).  —  Heidf.niiain  (R.).  Beilrnge  zur  Histologie  und  Physiologie 
der  Dihindarmschleiinhaut  [A.  g.  P.,  1888).  —  Hkxneguy.  Leçons  sur  la  cellule.  —  —  Les 
insectes.  —  De  Luca.  Ricerche  sopra  le  modificazioni  delV  epitelio  dei  vilii  iniestinali  nel 
periodo  d'assorbimento  e  nel  pcriodo  di  digiuno  [Bullett.  délia  II.  Ace.  Med.  di  Roma, 
Anno  XXXI,  1904).  —  Mesnil.  Digestion  intracellulaire  et  diastases  des  actinies  (ylnn.  Inst. 
Pasteur,  1901).  —  Metschnikoff.  Ueber  die  Verdauungsorgane  einigcr  Siisswasserturbellarien 

{Zool.  Anz.,  1878). Ueber  die  intrace  Un  lare   Verdaiiung  bei  dcn  Cœleiileroten  (Zool. 

Anz.,  1880). Zur  Lehre  liber  die  intrncellulare  Verdauung  niederer  Thiere  (Zool.  Anz., 

1882).  —  MiNGAzziNi.  Cambiamenli  morfologici  delV  epitelio  intestinale  durante  Vassor- 
bimeyïto  délia  sosla)tze  alimentari  [Ricerche  d.  R.  Ace.  dei  Lincei.  Classe  di  se.  fis.  mat.  e 

nat.,  IX,  1900). Cambiamcnti  morfologici  dell  epitelio  intestinale  durante  Vassorbia- 

mento  délie  sostanze  alimentari  [Ricerche  fatte  nel  Lab.  di  Anat.  Norm.  d.  R.  Univ.  di 

Roma,  v-viii,  1900). La  secrezione  interna  nell'  assorbimcnto  intestinale  [Ibid.,  viii, 

1900).  —  MoNTi  (!{.).  La  funzioni  di  secretione  e  di  assorbimcnto  intestinale  studiate  negli 

animait  ibernanti  [Mcm.  R.  Istit.   Lnmb.,  1903. Nuovo  conlributo  alla  studio  delV 

assorbimcnto  intestinale  [Rendic.  dei  Istit.  Lomb.  di  se.  e  lett.,  xl,  1907).  —  Nicolas.  Re^ 
cherches  sur  Vèpithélium  de  l'intestin  grêle  [Journ.  intern.  d'Anat.  et  de  Phys.,  viii,  1891). 

—  Oppel.  Lehrbuch  der  vergleichcnden  mikroskopischcn  Anatomie  der  Wrrbeltiere.  Il  Teil. 

lena,  1897. Verdauungs-Apparat  [Ergebnisse  der  Anat.  und  Entvnck.,  vui,  1898; 

IX,  1899;  XII,  1902).  —  Pa.neth.  Ueber  die  secernierenden  Zellen  des  Dûnndarm-Epithels 
[Arch.  f.  mikrosk.  Anat.,  xxxi,  1888).  — Prenant,  Bouin  et  Maillart.  Traité  dliistologie. 

—  Pugliese.  Cambiamenti  morfologici  dell'epitelio  ghiandole  digestive  e  dei  villi  intes- 
tinali  dei  ])rimi  giorni  délia  rialimentazione  [Bull.  Se.  Med.  Bologna.  lxxvi,  1905).  — 
Ranvier.  Des  chyiifcres  du  Rat  et  de  Vabsorption  intestinale  \C.  R.,  cxviii,  1894).  — 
Re.nault.  Histologie  pratique.  —  Reuter.    Zur  Frage  der  Darmresorption   [Anat.  Anz., 

XIX,  1901). Ein  Beitrag  zur  Frage  der  Darmresorption  [Annt.   Hefle,  xxi,  1901.  — 

Testut.  Traité  d' Anatomie.  —  Vernoni.  Intorno  al  fondamento  istologico  di  iilcune  funzioni 
dell  vil.  intestinale  [Arch.  di  Anat.  e  di  Emhr.,  vu,  Firenze,  1908).  —  Wicijersheim  (R.). 
[Vergleichcnde  Anatomie  der  Wirbellierr.  Jena,  1996).  —  Will.  Vorlàufige  Mitteiliing  ûber 
Fettresorption  [A.  g.  P.,  xx,  1879). 


PHYSIOLOGIE    COMPAREE. 

i"  Variation  de  forme  de  l'intestin  dans  la  série  animale.  —  Traités  classiques  de  Milne 
Edwards,  Colin,  E.  Perrier,  Wiedersmeim,  etc.  —  Baback.  Uber  die  morphogenetische  Reak- 
tion  des  Darmkanals  der  Froschlarve  auf  Muskelprotein  verschicdener  Thierklasse  [Beitràge 
z.  chem.  Phys.  und  PathoL,  vu,  1906,  323).  —  Uber  der  Einfluss  der  Nahrung  ûber  die 
Lange  des  Darmkanals  [Biolog .  Centralbl.  1903,  477  et  319),.  —  Yung.  De  la  cause  des 
variations  de  la  longueur  de  rintestin  chez  les  larves  de  Rana  esculenta  [C.  R.,  cxl,  1905, 
878^. 

2"  Variations  des  glandes  digestives.  —  Cl.  Bernard.  (Renseignements  très  nombreux 
et  très  importants  avec  figures  sur  le  pancréas  et  ses  conduits  excrét&urs  dans  la  série 
animale.)  Leçons  de  physiologie  expérimentale,  11,  1836.  —  0.  v.  Furth.  Vergleichcnde 
chemische  Physiologie  der  niederen  Thiere,  1903.  —  Guieysse  [Arch.  d'Anat.  Microsc<>p.,  ix, 
1907,  3,  4,  343).  —  (Avec  une  bibliographie  de  riiépato-pancréas  très  complète.) 

3°  Variations  des  ferments  dans  la  série  animale.  —  0.  v.  Furth.  [Bibliogr.  complète 
pour  les  inrertébrés  jusqu'en  1903).  —  Giaja.  Thèse  de  la  Fac.  des  Sciences.  Bibliographie 
très  complète  sur  les  diastases  des  invertébrés  jusqu'en  \909.  Paris,  1909).  —  Knauthe. 
[A.  P.,  1898,  149).  —  PoRimi.  Recherches  sur  la  lactose  [B.  B.,  1898,  387.  —  Ch.  Richet. 
De  quelques  faits  relatifs  à  la  digestion  des  poissons  [A.  de  P.,  1882,  536).  —  Bierry  et 
GiAJA.  Nombreuses  communications  à  la  Soc.  de  BioL,  1905-1910. 


554  INTESTIN. 

4"  Digestion  de  la  cellulose.  —  IIenneberg  et  Stohua.n.n.  Beitràge  znr  Degriindung 
einer  rationnellen  Fnttenmfi  der  Wiederkduer,  n,  1864.  —  Hokmeister.  V cher  Résorption  iind 
Assimilation  der  Nahrstoff'e  [A.  P.  P.,  xxv,  1888).  —  Knieriem.  Ueber  die  Vcnverthung  der 
Cellulose  im  thierischen  Organismus  (Z.  B.,  xxi,  1883,  67).  —  Lohrisch.  Der  Vorgang  der 
Cellulose  und  llemicelhdosen  beiin  Menschen,  etc.  (abondante  littérature).  (Z.  fiir  expcr. 
Pathol.  und  Thérapie,  v,  3,  1909,  478).  —  Mallèvre.  Der  Einfluss  der  (ds  Gdruni/sproducte 
der  Cellulose  gebildeten  Essigssaiire  auf  den  Gaswechscl  [A.  g.  P.,  xlix,  1891).  —  Tap- 
PEiNER.  Untersuchungen  ïthcr  die  Gàrung  der  Cellulose  insbesondere  uber  Lôsung  im 
Darmkanale  (Z.  B.,  xxiv,  1884).  —  Seillière.  Sur  la  présence  d'une  diastasc  hydroh/sante, 
laxylane,  dans  le  suc  gnstro-inlestinal  de  l'escargot  {b.  B.,  1902);  chez  les  Coléoptères  et 
chez  différents  mollusques  céphalopodes  {D.  B.,  1903-1910). 

(Voir  aussi  Digestion  microbienne.) 

Les  divers  mémoires  cités  contiennent  les  faits  fondamentaux  Ji^  la  digestion  de  la 
cellulose  :  pour  leur  biblioi;raphie  plus  détaillée  (quoiqu'un  peu  incomplèle),  nous  ren- 
voyons le  lecteur  au  mémoire  de  Lohrisch. 

AMBARD. 


111.—    MOUVEMENTS    DE    L'INTESTIN    ET    INNERVATION   MOTRICE. 


Technique.  —  L'élude  des  mouvements  de  l'intestin  présente  des  difficultés  spé- 
ciales. Le  seul  fait  d'ouvrir  l'abdomen  et  de  mettre  à  nu  l'intestin  le  place,  en  effet,  dans 
une  situation  anti-physiologique.  Non  seulement  le  contact  de  l'air  tend  à  le  refroidir 
et  à  le  dessécher,  mais  encore  il  y  provoque  une  congestion  plus  ou  moins  intense, 
toutes  conditions  éminemment  défavorables  à  l'étude  des  réactions  motrices  normales. 
C'est  pour  obvier  à  ces  inconvénients  que,  dès  1846,  Ed.  Weber  s'elTonait  d'examiner 
l'intestin  à  travers  le  péritoine  intact.  Mais  ce  procédé,  d'une  application  difficile,  ne 
rencontra  que  peu  de  partisans. 

Il  n'y  a  guère  qu'une  trentaine  d'années  que  l'on  s'avisa  de  plonger  l'intestin,  dont  on 
voulait  étudier  les  mouvements,  dans  un  milieu  liquide;  maintenu  à  une  température 
constante.  Sanders-Ezn  et  Vo.\  Bra  vm-Houckc.eest,  qui,  les  premiers,  employèrent  ce 
procédé,  immergeaient  jusqu'au  cou  l'animal  en  expérience  lapin  dans  une  baignoiRS 
contenant  une  quarantaine  de  litres  d'eau  salée  à  6  pour  1000,  chaulfée  à  38".  Puis  ils 
incisaient  largement  l'abdomen,  de  telle  sorte  que  l'intestin,  llottant  dans  le  bain,  se 
présentait  de  lui-même  à  l'examen,  tout  en  restant  protégé  contre  le  contact  de  l'air. 
Mis  à  l'abri,  dans  ces  conditions,  de  toute  excitation  anormale,  il  conserve  une  immo- 
bilité presque  complète.  Rien  de  plus  simple,  dès  lors,  que  de  déterminer  une  à  une 
les  principales  causes  susceptibles  de  provoquer  ses  mouvements.  C'est  ce  que  fit  Braam- 
Houckgeest  dans  \in  travail  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir. 

La  plupart  des  auteurs  qui  ont  abordé  le  sujet,  après  lui,  ont  suivi  le  même  procédé, 
sinon  d'une  façon  absolue,  c'esl-à-dire  en  plongeant  l'animal  tout  entier  dans  le  bain 
salé,  du  moins  d'une  façon  relative,  c'est-à-dire  en  immergeant  la  portion  d'intestin  sur 
laquelle  ils  expérimentaient.  Mais,  même  dans  ces  conditions,  l'observation  directe  ne 
peut  donner  qu'une  vue  d'ensemble.  Elle  ne  permet,  à  aucun  degré,  l'analyse  précise 
des  mouvements  intestinaux.  Seule,  la  méthode  graphique,  comme  pour  tout  ce  qui  con- 
cerne le  fonctionnement  mécanique  des  organes,  est  en  mesure  de  nous  renseigner 
d'une  façon  satisfaisante.  On  conçoit,  en  effet,  qu'une  ampoule  introduite  dans  l'intestin 
et  communiquant,  par  l'intermédiaire  d'une  seconde  ampoule,  avec  un  appareil  inscrip- 
teur,  nous  fasse  apprécier,  mieux  que  l'inspection  directe,  le  rythme,  la  vitesse,  l'am- 
pleur des  contractions.  Son  emploi  permet  même,  dans  une  certaine  mesure,  de  se 
passer  du  procédé  du  bain  salé,  puisque  le  segment  intestinal  exploré  peut  rester  en 
place  sous  la  paroi  abdominale  refermée. 

Cette  manière  de  faire  a  été  employée  exclusivement  par  certains  auteurs.  Nous 
estimons  cependant  qu'elle  est  encore  insuffisante.  La  paroi  intestinale,  en  effet,  est 
composée  de  deux  couches  musculaires,  l'une  circulaire,  l'autre  longitudinale,  dont 
chacune  se  contracte  pour  son  compte  et  d'une  façon  indépendante.  Comme  l'a  dit 


INTESTIN.  555 

Engelmann,  il  ost  fréquent  (juc  l'une  soit  au  repos  pendant  que  l'autre  esl  le  sièye  de 
mouvements  péristaltiques.  Cette  indt'pendance  réciproque  nous  est  d'ailleurs  expliquée 
par  l'anatoniie;  les  deux  couches  étant  séparées  par  du  tissu  conjonctif,  dans  lequel  sont 
logés  les  vaisseaux  sanguins  et  lymphatiques,  plus  le  plexus  d'AuERBACii.  Or  l'ampoule 
introduite  dans  l'intestin  ne  traduit,  gént'ralenieiit,  que  les  mouvements  de  la  couche 
circulaire,  (.es  renseignements  qu'elle  fournit  sont  donc  incomplets.  Si,  dans  certains 
cas,  les  conlractions  de  la  couche  longiludin;ile  viennent  l'inlluencer  à  leur  tour,  cette 
inlluence  surajoutée  introduira  une  grave;  cause  d'erreur  dans  les  graphiques,  puisque 
les  mouvements  de  chaciue  couche,  souvent  inverses,  peuvent  se  contrarier  ou  s'annihiler. 
Il  est  donc  indispensahle,  pour  avoir  des  tracés  exacts,  d'enregistrer  les  mouvements 
de  chaque  couche  musculaire  en  particulier. 

Peu  d'auteurs  cependant  s'y  sont  efforcés.  Voici  le  procédé  que,  pour  notre  part,  nous 
avons  employé  dans  ce  but,  Courtade  et  moi.  Une  anse  intestinale,  de  10  centimètres 
de  long  environ,  est  séparée  da  reste  de  l'intestin  par  une  double  section,  pratiquée  à 
ses  deux  extrémités  entre  deux  ligatures  et  prolongée  de  chaque  côté  jusqu'à  la  racine 
du  mésentère.  L'anse  ainsi  libérée  n'est  plus  reliée  à  l'animal  que  par  un  pédicule  vas- 
culo-nerveux,  formé  des  vaisseaux  et  nerfs  mésentériques,  et  qui  lui  conserve  sa  vitalité 
normale.  Grâce  à  la  longueur  de  ce  pédicule,  il  est  facile,  sans  lui  faire  subir  aucune 
traction,  d'immerger  le  segment  d'intestin  dans  un  bain  salé,  maintenu  à  la  t(nnpéra- 
ture  de  37°.  Pour  enregistrer  les  mouvements  de  la  couche  longitudinale,  on  attache 
une  extrémité  du  segment  à  un  point  fixe,  tandis  que  l'autre  est  mise  en  rapport  avec 
un  levier  qui  transmet  à  un  tambour  les  différentes  impulsions  qu'il  en  reçoit.  Une 
ampoule  introduite  dans  l'intérieur  de  l'anse  intestinale,  près  de  son  extrémité  fixe, 
transmet,  de  son  côté,  à  un  appareil  approprié  les  contractions  ou  les  relâchements  de 
la  couche  circulaire.  Dans  ces  conditions,  nous  avons  pu  nous  assurer  que  chaque  couche 
ne  communique  ses  mouvements  qu'à  l'appareil  qui  lui  esl  destiné,  les  contractions  de 
la  couche  circulaire  agissant  exclusivement  sur  l'ampoule,  les  contractions  de  la  couche 
longitudinale  agissant  exclusivement  sur  le  levier.  On  arrive  donc  par  ce  moyen  à  une 
connaissance  exacte  du  rôle  dévolu  à  chacune  d'elles  dans  le  fonctionnement  moteur 
de  l'intestin. 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  ce  procédé  puisse  être  employé  d'une  façon  exclusive.  Excel- 
lent pour  analyser  le  mécanisme  des  mouvements  intestinaux,  il  ne  saurait  convenir  à 
l'étude  des  effets  d'ensemble  provoqués  par  ces  mouvements  :  péristaltisme  ou  antipé- 
ristaltisme,  progression  des  aliments  dans  le  tube  digestif,  etc.  A  ce  point  de  vue,  nul 
procédé  n'est  préférable  à  l'emploi  des  rayons  Runtgen.  On  sait  quel  parti  ou  a  tiré, 
dans  ces  dernières  années,  delà  radioscopie  appliquée  à  l'examen  des  viscères.  Bien  que 
le  plus  grand  nombre  des  résultats  ainsi  obtenus  concernent  surtout  la  pathologie,  la 
physiologie  en  a  cependant  largement  bénéficié.  Il  convient  de  signaler,  en  ce  qui 
regarde  l'intestin,  les  expériences  de  Boas,  de  Grl'tzner,  les  travaux  importants  de 
Cannon  et  ceux,  plus  récents,  de  Sicard  et  Infroid.  Nous  aurons  à  revenir  sur  les 
faits  observés  par  ces  divers  auteurs  ;  mais  nous  voulions,  dès  à  présent,  marquer  la 
place  qui  revient  au  procédé  qu'ils  ont  employé  dans  l'étude  des  mouvements  de  l'in- 
testin. 

Différents  types  de  mouvements  intestinaux.  —  Quel  que  soitl'animal  examiné, 
chien,  lapin,  grenouille,  on  constate  que  les  mouvements  de  l'intestin  sont  rythmés. 
L'inspection  directe  suffit  souvent  pour  le  démontrer;  mais  la  méthode  graphique  en 
témoigne  toujours  nettement.  Ranvier,  qui  a  fait  une  étude  détaillée  de  ces  mouve- 
ments, chez  la  grenouille,  les  compare  aux  mouvements  cardiaques,  avec  leurs  trois 
temps:  systole,  diastole  et  pause.  Plus  réguliers  chez  l'animal  à  jeun,  leur  rapidité  varie 
avec  les  conditions  qui  les  provoquent.  Bien  qu'ils  puissent  naître  en  un  point  quelcon- 
que du  tube  digestif,  ils  débutent  le  plus  souvent  dans  la  région  pylorique  et  tendent  à 
se  propager  de  haut  en  bas  sur  toute  la  longueur  de  l'intestin,  d'où  le  nom  de  mouve- 
ments péristaltiques,  sous  lequel  on  les  décrit.  Ce  sont  de  beaucoup  les  plus  importants 
et  les  plus  caractéristiques.  A  côté  d'eux,  on  en  a  distingué  deux  autres  variétés  qui  en 
dérivent  plus  ou  moins  :  les  mouvements  pendulaires  et  les  mouvements  d'enroulement. 

1"  Mouvements  péristaltiques. —  On  désigne  ainsi  l'ensemble  des  mouvements  intes- 
tinaux qui  font  progresser  les  matières  alimentaires  de  haut  en  bas.  La  plupart  des 


556  INTESTIN. 

auteurs  admettent  que  les  mouvements  péristaltiques  sont  essentiellement  constitués 
par  la  contraction  des  parois  intestinales  au-dessus  de  l'aliment  et  leur  relàciiemont 
au-dessous.  Le  contact  du  bol  alimentaire  mettrait  donc  en  même  temps  en  jeu  deux, 
influences  nerveuses  opposées,  se  poursuivant  sur  toute  la  longueur  de  l'intestin  :  l'une 
positive  ou  constrictrice,  l'autre  négative  ou  dilatatrice. 

Ces  mouvements  de  contraction  et  de  relâchement  sont  réels.  Encore  faut-il  se  rendre 
complo  qu'ils  siègent  non  seulement  sur  la  couche  circulaire,  mais  aussi  sur  la  couche 
longitudinale,  et  examiner  comment  ils  se  combinent  pour  faire  progresser  le  contenu 
de  l'intestin. 

Lorsqu'on  cherche,  par  le  procédé  que  nousavons  indiqué  plus  haut,  à  inscrire  sépa- 
rément les  mouvements  de  chaque  couche  musculaire,  on  voit  que  ceux-ci,  bien  que 
simultanés,  sont  de  sens  inverse.  A  une  contraction  de  la  couche  circulaire  répond  un 
relâchement  do  la  couche  longitudinale,  et  vice  versa.  Cette  opposition  apparaît  encore 
plus  nette  lorsque  les  mouvements  normaux  sont  exagérés  par  l'excitation  du  pneumo- 
gastrique. Elle  constitue,  à  notre  avis,  l'élément  principal  du  mécanisme  musculaire 
auquel  on  a  donné  le  nom  de  péristaltisme,  et  qui  est  toujours  le  même,  quelle  que 
soit  la  partie  du  tube  digestif  que  l'on  considère.  Qu'un  bol  alimenlaire  se  présente, 
par  exemple  à  l'entrée  du  pharynx,  celui-ci  contracte  d'abord  ses  libres  longitudinales, 
d'où  élévation  et  raccourcis.sement  du  conduit  qui  porte,  pour  ainsi  dire,  son  extrémité 
inférieure  au-devant  de  l'aliment;  les  fibres  circulaires,  jusque-là  relâchées,  s'en 
saisissent  alors  par  une  contraction  secondaire  et  le  poussent  vers  l'oesoiihage,  tandis 
que  le  relâchement  concomitant  des  libres  longitudinales  accélère  le  mouvement  de 
descente. 

Il  en  est  exactement  de  même  pour  la  région  pylorique  de  l'estomac,  comme  nous 
l'avons  constaté,  Coirtade  et  moi.  Les  mouvements  qui  président  à  l'évacuation  du 
contenu  stomacal  dans  l'intestin  débutent  par  la  contraction  des  fibres  longitudinales  de 
la  région,  pendant  que  se  relAchenl  les  fibres  circulaires  de  l'anneau  pylorique  ;  puis 
celles-ci  se  contractent  à  leur  tour,  d'un  mouvement  énergique  et  réitéré,  qui  coïncide 
avec  le  relâchement  secondaire  des  libres  longitudinales  et  achève  l'expulsion.  C'est 
encore  ce  même  mécanisme  qui  se  reproduit  dans  chacun  des  segments  de  l'intestin 
grêle,  pour  faire  passer  de  l'un  à  l'autre  les  matières  alimentaires  et,  avec  les  atermoie- 
ments nécessaires  à  la  digestion,  les  conduire  de  proche  en  proche  jusque  dans  le  gros 
intestin.  Enfin  la  défécation  s'exécute  suivant  le  même  mode,  c'est-à-dire  par  la  contrac- 
tion primitive  des  fibres  longitudinales  du  rectum,  suivie  par  la  contraction  secondaire 
de  ses  fibres  circulaires. 

Comme  on  le  voit,  les  mouvements  péristaltiques  ne  sont  pas  limités  à  l'intestin  grêle. 
Le  commencement  et  la  fin  du  tube  digestif  en  sont  également  le  siège,  au  même  titre 
d'ailleurs  que  tous  les  conduits  viscéraux  dont  ces  mouvements  constituent  le  mode  de 
contraction  commun. Sans  doute,  ils  sont  moins  apparents  et  peut  être  moins  fréquents 
dans  le  côlon  et  le  rectum  que  dans  le  duodénum  et  le  jéjuno-iléon.  Heaucoup  de  contrac- 
tions de  l'intestin  grêle  ne  dépassent  pas  la  valvule  iléo-cjncale,  comme  l'ont  vu  Engel- 
MANN  et  Braam-Houckgeest.  Mais  elles  ne  s'y  arrêtent  pas  forcément,  et  plusieurs  auteurs 
ont  pu  les  suivre  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  gros  intestin. 

Il  faut  néanmoins  savoir  que,  dans  les  conditions  physiologiques,  les  mouvements 
péristaltiques  ne  parcourent  pas  d'une  seule  traite  tout  l'intestin.  Non  seulement  ils 
procèdent  par  étapes  distinctes,  séparés  par  des  arrêts  plus  ou  moins  prolongés,  mais 
ils  peuvent  même,  d'après  certains  auteurs,  revenir  vers  leur  point  de  départ,  c'est- 
à-dire  prendre  une  direction  rétrograde  et,  de  péristaltiques,  devenir  antipéristal- 
tiques. 

Cette  opinion  n'a  rien  d'inadmissible,  a  priori,  lorsqu'on  se  rappelle  que,  chez  les 
ruminants,  la  partie  supérieure  du  tube  digestif  est  normalement  le  siège  de  contractions 
qui  ramènent  de  l'estomac  dans  la  cavité  buccale  les  aliments  déjà  déglutis.  Mais  un  tel 
mécanisme,  d'ailleurs  spécial  â  certaines  classes  d'animaux,  existe-t-il  dans  l'intestin 
proprement  dit?  Les  recherches  d'ENGELMANN  semblent  en  avoir  démontré  la  réalité,  au 
moins  dans  certaines  conditions.  Cet  auteur  a  en  effet  constaté  que,  chez  un  animal 
récemment  tué,  l'excitation  mécanique  de  l'intestin  grêle  y  détermine  une  double  con- 
traction, péristaltique  et  antipéristaltique,   qui   le  parcourt  dans  les  deux  sens,  d'une 


INTESTIN.  557 

part  jusqu'à  la  valvule  ih'o-Ciocale,  d'autre  pari  jusqu'au  pylore.  Pareilles  constatations 
ont  été  faites  par  Ranvier,  qui,  excitant  directement  l'intestin  à  l'aide  de  courants 
interrompus,  chez  un  animal  sacrifié  par  la  section  du  bulbe,  a  vu  des  contractions  se 
propager  au-dessus  et  au-dessous  du  point  excité. 

Ces  recherches  —  et  c'est  là  un  point  fort  intéressant  —  nous  montrent  que  le  méca- 
nisme qui  préside  aux  mouvements  péristaitiques  est  réversible.  Toutefois,  les  résultats 
auxquels  elles  aboutissent,  observés  après  la  mort  de  l'animal,  n'impliquent  pas  néces- 
sairement que  les  mouvements  antipéristaltiques  existent  à  l'état  normal,  chez  l'animal 
vivant.  Les  expériences  de  Braam-Houckgeest  ont  d'ailleurs  montré  que,  lorsque  l'intestin 
est  plonf,'é  dans  l'eau  salée  tiède,  c'est-à-dire  placé  dans  des  conditions  de  milieu  qui  se 
rapprochent  de  la  normale,  les  excitations  locales  sont  impuissantes  à  y  faire  naître 
des  mouvements  antipéristaltiques. 

La  question  a  été  reprise  par  Notunagel,  et  les  conclusions  auxquelles  il  est  parvenu 
ne  difVèrent  pas  sensiblement  de  celles  de  Bkaam-Houckgeest.  D'après  lui,  l'excitation 
mécaniiiuede  l'intestin  plongé  dans  l'eau  salée  ne  produit  qu'une  constricliun  annulaire 
localisée.  Mais  il  faut  distinguer  entre  l'état  normal  et  l'état  pathologique.  Dans  certains 
cas  d'obstruction  intestinale,  de  péritonite,  etc.,  Nothnagel  admet  la  possibilité  des 
mouvements  antipéristaltiques.  Ses  expériences  lui  ont  en  outre  démontré  que,  même 
chez  l'animal  sain,  certaines  excitations  anormales  peuvent  avoir  un  elfet  analogue. 
C'est  ainsi  que  le  contact  d'un  sel  de  soude  sur  la  face  externe  de  l'intestin  provoque 
une  contraction  qui  se  propage  en  amont  du.  point  excité,  sur  une  longueur  de  plusieurs 
centimètres.  De  même,  l'eau  glacée  injectée  en  petite  quantité,  les  solutions  salines 
concentrées,  introduites  dans  le  rectum  ou  dans  l'intestin  grêle,  peuvent  y  déterminer 
quelques  mouvements  antipéristaltiques,  poussant  le  liquide  de  bas  en  haut.  Mais  ce 
sont  là  des  excitations  spéciales  qui  n'interviennent  évidemment  pas  dans  le  mécanisme 
normal  des  mouvements  intestinaux, 

La  plupart  des  auteurs  se  sont  ralliés  à  cette  manière  de  voir,  à  l'appui  de  laquelle 
on  peut  invoquer,  en  outre,  les  expériences  récentes  de  Sabbatani  cIFasola.  Le  procédé 
employé  par  ces  auteurs,  et  sur  lequel  nous  ne  pouvons  insister  (renversement  d'une 
portion  de  l'intestin  grêle,  anses  parallèles  à  direction  inverse,  listules  ascendantes  ou 
descendantes)  consiste  essentiellement  à  interposer,  sur  le  trajet  du  contenu  intestinal, 
un  segment  d'intestin  renversé  de  bout  en  bout,  de  telle  sorte  que,  pour  le  traverser, 
les  matières  alimentaires  doivent  le  parcourir  en  sens  inverse  de  la  normale. 

Or,  une  observation  prolongée  pendant  plusieurs  semaines,  chez  les  animaux  qui  ont 
survécu  à  l'opération,  montre  que  ce"  segment  constitue  un  obstacle  infranchissable 
pour  toute  matière  non  liquéfiée  :  il  ne  s'adapte  donc  pas  à  sa  nouvelle  direction,  c'est- 
à-dire  ne  présente  pas  de  mouvements  antipéristaltiques. 

Dans  cette  question  du  reflux  du  contenu  intestinal,  il  faut,  on  le  voit,  distinguer  les 
substances  solides  des  substances  liquides,  puisque  celles-ci,  contrairement  à  celles-là, 
peuvent  parcourir  un  segment  d'intestin  en  sens  inverse  de  la  normale.  Quelque  temps 
avant  le  travail  de  Sabbatani  et  Fasola,  Grutzner  avait  soutenu  que  môme  de  fines  par- 
ticules solides,  en  suspension  dans  une  certaine  quantité  d'eau  salée,  peuvent  remonter 
du  rectum  dans  l'intestin  grêle.  Cette  opinion,  combattue  par  un  grand  nombre  d'au- 
teurs, trouve  une  confirmation  dans  les  travaux  de  Cannon.  A  l'aide  des  rayons 
RoNTGEN,  cet  auteur  a  pu  constater  que  si,  comme  on  l'admet  généralement.  Tintes- 
tin  grêle  ne  semble  pas  présenter  de  mouvements  antipéristaltiques,  il  n'en  est  pas  de 
même  pour  le  gros  intestin.  D'après  lui,  en  effet,  l'antipérislaltisme  du  côlon  est  un 
mode  de  contraction  qu'on  peut  qualifier  de  normal,  tellement  on  l'observe  fréquem- 
ment. Cet  antipéristaltisme  est  encore  stimulé  par  des  injections  d'eau  chaude  pratiquées 
dans  le  rectum.  C'est  ainsi  que  toute  substance  liquide  ou  semi-liquide,  ainsi  introduite 
chez  l'animal  vivant,  est  poussée  vers  le  ciecuin  par  les  mouvements  anti-péristaltiques 
du  côlon  et  peut  môme  pénétrer  dans  la  partie  inférieure  de  l'iléon,  malgré  la  valvule 
iléo-ca'cale. 

2"  Mouvements  pendulaires.  —  A  côté  des  mouvements  péristaitiques  proprement 
dits,  certains  auteurs  ont  décrit  des  mouvements  pendulaires,  sous  l'inlluence  desquels 
un  segment  d'intestin,  sur  une  longueur  de  quelques  centimètres,  se  balance  alterna- 
tivement de  droite  et  de  gauche,  sans  modification  appréciable  dans  soi)  calibre.  Ces 


:i58  INTESTIN. 

mouvements  sont  dus  à  l;i  contraction  des  fibres  longitudinales  seules  et  ne  donnent 
lieu  à  aucun  progression  des  matières  intestinales. 

3°  Mouvements  d'enroulement.  —  Lorsque  les  mouvements  [)éristaltiques  sont  très 
impétueux,  les  anses  intestinales  semblent  s'enrouler  et  se  tordre  sur  elles-mêmes;  ces 
mouvements,  dits  d'enroulement,  confinent  à  l'état  pathologique.  Ils  se  produisent, 
daprès  Noth.nagel,  lorsque  l'intestin  distendu  par  les  gaz  contient  i)eu  de  matières 
solides.  Ce  sont  eux  qui  donnent  lieu  au  gargouillement  intestinal. 

Causes  provocatrices  des  mouvements  intestinaux.  —  1°  Agents  mécaniques. 
—  iSous  venons  de  voir  que  les  agents  mécaniques  sont  capables  de  provoquer  des  mou- 
vements antipéristaltiques,  d'une  façon  à  vrai  dire  exceptionnelle.  En  est-il  de  même 
des  mouvements  péristaltiques?  Cela  dépi-nd  du  lieu  de  l'excitation.  Kn  efîet,  lorsque 
l'agent  mécanique  agit  directement  sur  la  face  interne  de  la  paroi  intestinale,  à  la  façon 
du  bol  alimentaire,  la  réaction  motrice  se  traduit  le  plus  souvent  par  des  mouvements 
péristaltiques  plus  ou  moins  nets.  Tel  est  l'effet  produit  par  l'introduction,  dans  l'inté- 
rieur du  tube  intestinal,  d'une  certaine  quantité  d'eau  salée  (R.vnvier),  ou  d'une  boule  de 
coton  vaselinée  (Bayliss  et  Starli.ng).  Lorsque  l'agent  mécanique  agit,  au  contraire,  sur 
la  face  externe  de  l'intestin,  il  n'y  provoque  d'ordinaire  qu'une  contraction  localisée, 
intéressant  seulement  les  fibres  ciiculaires,  ([uelquefois  aussi  les  fibres  longitudinales 
(littA am-IIouckc.ei:st).  .\insi  agissent  les  conlacts  extérieurs  :  pincements,  constrictions,  etc. 

Dans  certaines  conditions  cependant,  ces  contacts  extérieurs  eux-mêmes  sont  ca- 
pables de  provocfuer  des  mouvements  péristaltiques,  par  exemple  après  section  du' bulbe. 
Ceux-ci  apparaîtraient  alors,  d'après  Stei.nach,  à  la  suite  de  sintples  attouchements  avec 
un  tube  de  verre  ou  un  pinceau  humide,  excitations  qui  ne  produisent,  chez  l'animal 
normal,  qu'une  constriction  purement  locale.  La  chose  est-elle  due,  comme  le  pense  cet 
auteur,  à  la  suppression  d'une  action  d'arrêt  exercée  par  la  moelle  allongée  sur  les 
ganglions  intestinaux?  C'est  une  hypothèse  que  nous  aurons  à  discuter  en  étudiant 
l'action  des  centres  nerveux  sur  les  mouvements  de  l'intestin. 

2'*  Agents  physiques.  —  On  sait,  depuis  longtemps,  que  la  tciiipcrature  a  une  grande 
influence  sur  la  contraction  des  muscles  lisses.  Aussi  a-t-on  donné  à  ceux-ci  le  nom 
de  muscles  thcnno-systalliqucs,  par  opposition  avec  les  mu?cles  striés  qui,  indifférents 
en  apparence  à  cette  cause  d'excitation,  ont  reçu  le  nom  de  muscles  athermo-systal- 
tiques.  On  comprend  par  conséquent  l'importance  (ju'il  y  a,  pour  interroger  les  réac- 
tions de  l'intestin,  à  le  placer  dans  un  milieu  à  température  convenable.  En  effet, 
HoRWATH  a  constaté  que,  plongé  dans  un  liquide  dont  la  température  est  inférieure 
à  19^,  l'intestin  est  non  seulement  immobile,  mais  encore  absolument  inexcitable  par 
l'électricité.  Entre  19"  et  40",  au  contraire,  les  mouvements  péristaltiques  s'accélèrent 
proportionnellement  à  la  température. 

Étudiant,  de  plus  près,  l'action  comparée  du  froid  et  de  la  chaleur  sur  les  mouve- 
ments de  l'intestin,  Ranvier  est  arrivé  à  des  résultats  fort  intéressants.  Ils  montrent  que 
si  le  froid  arrête,  comme  on  la  dit,  les  mouvements  rythmés  de  l'intestin,  ce  dernier 
n'est  pourtant  pas  inerte,  à  proprement  parler,  car  il  s'immobilise  en  état  de  con- 
traction tonique,  ainsi  qu'en  témoignent  nettement  les  procédés  inscripteurs.  Inverse- 
ment, la  chaleur  réveille  les  mouvements  rythmés,  qui  prennent  une  ampleur  croissante 
à  mesure  que  diminue  la  contraction  tonique.  On  doit  donc  conclure  que,  tandis  que 
la  chaleur  augmente  la  contractilité  de  l'intestin,  le  froid  en  augmente  la  tonicité,  ces 
deux  propriétés  de  la  fibre  musculaire  apparaissant,  par  suite,  comme  réciproquement 
antagonistes. 

D'après  IIkdox  et  Fleig,  la  température  minimum  ù  laquelle  l'intestin  peut  se  mouvoir 
est  de  15°,  lorsque  le  refroidissement  est  progressif.  Mais,  si  on  l'expose  brusquement 
à  cette  température,  aussitôt  après  sa  séparation  de  l'animal,  l'intestin  reste  comme 
immobilisé.  Réchauffé  progressivement,  il  se  ranime  vers  21°  ou  23°  et  manifeste  son 
activité  par  une  forte  contraction  péristaltique  ;  puis  les  mouvements  rythmiques 
continuent,  en  s'afîaiblissant,  lorsque  la  température  s'élève  davantage,  pour  s'accen- 
tuer de  nouveau  vers  35°.  Les  mêmes  auteurs  on  vu  que  l'intestin,  refroidi  à  0»  immé- 
diatement après  qu'on  l'a  retiré  du  corps  de  l'animal,  peut  être  maintenu  à  cette 
température  pendant  trois  jours  au  moins,  sans  perdre  sa  vitalité,  ainsi  que  le  montre 
la  réapparition  de  ses  contractions,  lorsqu'on  le  réchauffe  après  cette  longue  période 


INTESTIN.  559 

A  vrai  dire,  Hi';noN  et  Fi.km;  se  servaient,  pour  res  expériences,  d'un  liquide  spécial 
dont  nous  aurons,  au  pai'ai;rai)lie  suivant,  à  examiner  l'influence  sur  la  contractilité 
intestinale. 

11  convient  aussi  de  rappeler  les  recherches  de  Bokai,  sur  les  mouvements  de  l'in- 
testin étudiés  chez  des  animaux  rendus  hyperthermiques,  soit  par  injections  de  sub- 
stances putrides,  soit  par  un  séjour  de  quelques  heures  dans  la  caisse  chaufTée  do 
Cl.  Behn ard.  Les  résultats  obtenus  ont  varié  avec  le  degré  de  Thyperthermie.  Bokai 
a  vu  en  etîet  que,  lorsque  la  température  centrale  atteint  environ  41%  l'intestin  reste 
inunoliile  et  diflicilenient  excitable;  par  contre,  lorsque  la  température  dépasse  42*, 
l'intestin  présente  des  mouvenKuits  péristaltiques  très  énergiques,  lesquels  s'accentuent 
encore  sous  l'intluence  d'excitations  diverses.  Il  en  a  conclu  que  les  splanchniques, 
nerfs  inhibiteurs  de  l'intestin,  sont  excités  lorsque  l'hyperthermie  est  modérée  et 
paralysés  lorsqu'elle  est  excessive. 

L'intluence  de  Vî'lectricité,  employée  comme  agent  d'excitation  du  muscle  intestinal, 
a  donné  lieu  à  de  nombreux  travaux.  D'après  Lk(;ros  et  Onijius,  les  courants  induits, 
lorsqu'ils  ont  une  certaine  intensité,  abolissent  les  contractions  péristaltiques,  tandis 
que  des  courants  faibles  les  stimulent.  Les  courants  continus,  au  contraire,  augmentent 
la  contraction,  s'ils  sont  dirigés  dans  le  sens  du  mouvement;  mais  ils  la  diminuent, 
s'ils  sont  dirigés  en  sens  inverse.  Horwath  a  noté,  lui  aussi,  que  de  forts  courants 
induits,  agissant  sur  l'intestin  pendant  les  contractions  péristaltiques,  les  arrêtent  par 
une  contraction  locale.  Celle-ci  est  souvent  assez  énergique  pour  faire  équilibre  à  une 
colonne  d'eau  de  quarante  centimètres  de  haut. 

Ranvier  est  arrivé  à  des  résultats  analogues.  11  a  montré  que,  dans  ce  cas,  l'ex- 
citation électrique  agit  comme  le  froid,  c'est-à-dire  suspend  la  contractilité  de  l'intestin 
en  exagérant  sa  tonicité.  Entre  les  deux  électrodes  se  produit  une  plaque  exsangue  et 
dure  :  c'est. le  tétanos  de  la  flbre  musculaire.  Mais  celui-ci  n'est  que  passager  et,  bien- 
tôt, du  point  contracté  partent  des  ondes  péristaltiques  qui  se  propagent  an-dessus 
et  au-dessous  de  lui  avec  une  intensité  décroissante. 

Cette  dernière  constatation  est  en  opposition  avec  les  observations  d'HoRWATH  et  de 
Braam-Houckgeest.  Ces  deux  auteurs,  en  elîet,  s'accordent  à  conclure  qu'un  courant 
électrique,  appliqué  directement  sur  l'intestin,  ne  produit  jamais  qu'une  contraction 
locale.  Les  expériences  de  Schillbach  viennent,  au  contraire,  confirmer  celles  de  Ranvier. 
Elles  montrent,  de  plus,  que  le  courant  galvanique  est  encore  plus  apte  que  le  courant 
faradique  à  provoquer  le  péristaltisme  intestinal,  du  moins  lorsque  le  courant  est  assez 
fort,  et  surtout  au  niveau  du  pôle  positif.  Le  fait  a  été  vérifié  par  Biedermam.v  et  Lim- 
CHO^vnz  et,  plus  récemment,  par  Bavliss  et  Starlixg.  Cependant,  pour  Laquerrière 
et  Delherm,  le  courant  continu  ne  produirait  qu'une  contracture  progressive  de  l'intes- 
tin, tandis  que  le  courant  faradique  pourrait,  s'il  n'est  pas  trop  intense,  donner  lieu 
à  des  mouvements  péristaltiques. 

3°  Agents  chimiques.  —  Les  agents  chimiques  peuvent  agir  sur  l'intestin,  soit  par 
contact  direct,  lorsqu'on  les  dépose  sur  une  des  faces  de  la  paroi  intestinale,  soit  par 
l'intermédiaire  de  la  circulation,  lorsqu'on  les  injecte  dans  le  sang.  Nous  n'envisage- 
rons, pour  le  moment,  que  l'etlet  du  contact  direct,  remettant  la  seconde  partie  de 
cette  étude  après  celle  de  la  circulation  intestinale. 

NoTH.NAGEL,  l'uu  des  premiers,  a  abordé  expérimentalement  la  question  à  ce  point 
de  vue,  en  analysant  comparativement  l'action  des  sels  de  potasse  et  des  sels  de  soude. 
Déposés  sur  la  paroi  externe  de  l'intestin,  les  uns  et  les  autres  produisent  une  contrac- 
tion tonique  dont  les  caractères  difTèrent  suivant  le  sel  employé.  Sous  l'influence  des 
sels  de  potasse,  la  contraction,  assez  énergique  pour  effacer  complètement  pendant 
plusieurs  minutes  la  lumière  du  tube  intestinal,  reste  strictement  localisée  au  point 
excité.  Sous  l'influence  des  sels  de  soude,  au  contraire,  la  contraction,  qui  ne  dure 
(fue  quelques  secondes,  se  propage  de  bas  en  haut  sur  une  longueur  de  plusieurs  centi- 
mètres. Cette  propagation  en  amont  du  point  excité  est  tellement  constante,  dit 
NoTHNAGEL,  qu'elle  pourrait  servir,  en  admettant  qu'elle  existe  aussi  chez  l'homme, 
à  faire  reconnaître  au  chirurgien  la  direction  de  l'anse  intestinale  sur  laquelle  il  opère. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  qu'elle  se  produit  régulièrement  chez  l'animal  a  été  confirmé 
par  nombre  de  physiologistes. 


560  INTESTIN. 

Parmi  les  autres  excitants  chimiques,  les  sels  d'ammoniaque  agiraient  seuls  comme 
les  sels  de  soude.  Par  contre,  les  sels  de  magnésie  et  de  calcium,  l'alun  officinal,  le 
sulfate  de  cuivre,  le  nitrate  d'argent,  l'acétate  de  plomb  déterminent  une  simple  con- 
strictiou  locale,  comme  les  sels  de  potasse,  mais  à  un  degré  beaucoup  moindre. 

Plus  récemment,  Pohl  a  publié  des  expériences  qui,  outre  qu'elles  confirment 
à  nouveau  les  résultats  de  Nothnagel,  nous  apportent  des  renseignements  sur  l'action 
d'un  certain  nombre  de  poisons  non  étudiés  par  ce  dernier.  Voici  les  résultats  auxquels 
il  est  arrivé  :  l'étlier,  le  chloroforme,  l'atropine,  la  morphine,  la  cocaïne,  le  nitrite 
d'amyle,  la  codéine  alfaiblissent  ou  arrêtent  les  mouvements  péristaltiques;  l'alcool, 
l'aconitine,  la  muscarine,  la  nicotine,  la  physostigmine,  la  vératrine  agissent  au  contraire 
comme  les  sels  de  soude,  c'est-à-dire  provoquent  ou  augmentent  les  mouvements  péri- 
staltiques; l'iode,  le  sulfate  de  chaux,  le  camphre,  la  caféine,  la  digitaline,  la  spartéine 
agissent  comme  les  sels  de  potasse,  c'est-à-dire  ne  produisent  que  des  contractions  locales. 
Enfin,  HÉDON  et  Fleig  ont  montré  l'importance  du  bicarbonate  de  soude  et  du 
chlorure  de  calcium  comme  excitants  des  contractions  péristaltiques.  En  plongeant  un 
fragment  d'intestin  grêle  de  lapin  dans  une  solution  de  Locke,  modifiée  et  complétée 
de  la  façon  suivante  :  chlorure  de  sodium  6  grammes,  chlorure  de  potassium  0  gr.,  3, 
chlorure  de  calcium  Ogr.,  1,  sulfate  de  magnésie  Ogr.,3,  phosphate  de  soude  Ogr.,5, 
bicarbonate  de  soude  1  gr.,."),  glucose  1  gramme,  oxygène  à  saturation,  le  tout  pour 
1000  grammes  d'eau  à  la  température  de  37%  ils  ont  vu  les  mouvements  péristaltiques 
persister  de  9  à  12  heures.  Au  contraire,  dans  ce  même  liquide  dépourvu  de  bicarbonate 
de  soude  et  de  chlorure  de  calcium,  ou  seulement  de  ce  dernier  sel,  les  mouvements 
ne  tardent  pas  à  disparaître,  et  l'intestin  devient  complètement  inerte.  Mais  il  suffit 
d'ajouter  au  liquide  le  sel  qui  manquait  pour  voir  reparaître  les  mouvements  intesti- 
naux, même  après  plusieurs  heures  d'immobilité. 

4°  Agents  physiologiques.  —  A  l'état  normal,  l'intestin  n'entre  guère  en  mouvement 
que  pendant  la  digestion,  sous  l'influence  des  aliments.  Ceux-ci  sont  ses  véritables 
excitants  physiologiques,  comme  le  sang  est  l'excitant  physiologique  du  cœur.  Admise 
depuis  de  longues  années,  cette  notion  a  été  bien  mise  en  évidence  par  Bhaam-Houck- 
GEKST.  En  effet,  cet  auteur  a  vu  nettement  que,  plongé  dans  le  bain  salé,  c'est-à-dire 
soustrait  à  toute  excitation  extérieure,  l'intestin  d'un  animal  à  jeun  depuis  vingt-quatre 
heures  ne  présente  aucun  mouvement.  A  son  tour,  Jacobj  a  montré  que,  lorsque  le  jeune 
est  prolongé  pendant  deux  ou  trois  jours,  les  excitations  extérieures  elles-mêmes, 
qu'elles  agissent  directement  ou  par  l'intermédiaire  du  système  nerveux,  sont  impuis- 
santes à  provoquer  l'apparition  des  mouvements  péristaltiques.  Par  contre,  lorsqu'il  ne 
s'est  écoulé  que  trois  ou  quatre  heures  depuis  le  dernier  repas,  les  mouvements  de  l'intes- 
tin plongé  dans  le  bain  salé  peuvent  être  intenses  (Braam-Houckgeest).  Cet  intervalle  de 
quelques  heures  entre  l'ingestion  des  aliments  et  le  début  des  mouvements  intestinaux, 
admis  par  la  plupart  des  auteurs,  correspond  à  la  période  de  chymification  stomacale, 
pendant  laquelle  l'intestin  reste  plus  ou  moins  immobile.  Schiff  a  soutenu,  en  outre,- 
que  les  contractions  de  ce  dernier  ne  sont  pasla  conséquence  immédiate  de  l'arrivée  des 
matières  alimentaires  dans  le  duodénum,  mais  sont  dues  à  l'intervention  d'un  facteur 
secondaire,  à  savoir  l'hyperémie  provoquée  par  le  contact  du  chyme  avec  la  muqueuse 
intestinale.  Nous  verrons  plus  loin  ce  qu'il  faut  penser  de  cette  manière  devoir. 

La  bile,  dont  l'excrétion  est  également  provoquée  par  le  déversement  du  chyme  dans 
l'intestin,  a-t-elle  une  influence  sur  les  mouvements  péristaltiques?  Schiff  a  autrefois 
résolu  la  question  par  la  négative.  Depuis,  Fubi.ni  et  Luzzati,  dune  part,  Bokai,  de  l'au- 
tre, ont  affirmé  qu'une  injection  de  bile  dans  l'intestin  accélère  notablement  ses  con- 
tractions. Mais  EcKHARD  conteste  le  bien  fondé  de  leurs  observations.  D'après  lui,  la  bile 
n'a  pas  d'influence  excitante  spéciale,  et  si,  injectée  en  grande  quantité  dans  l'intestin, 
êTle  peut  en  exagérer  les  contractions  normales,  il  s'agit  là  d'une  excitation  purement 
mécanique,  laquelle  serait  aussi  bien  réalisée  par  tout  autre  agent. 

L'influence  de  la  bile  mise  à  part,  l'excitation  exercée  sur  l'intestin  par  les  matières 
alimentaires  n'est  pas  seulement  d'ordre  mécanique,  elle  est  encore  d'ordre  chimique. 
On  sait,  en  effet,  que  les  fermentations  digestives  donnent  normalement  naissance  àun 
grand  nombre  d'acides  :  lactique,  butyrique,  acétique,  qui  prennent  naissance  dans 
l'intestin  grêle;  propionique,  caprique,  caprilique,  valérique,  etc.,  qu'on  rencontre,  en 


INTESTIN.  561 

plus  dos  précédents,  dans  le  gros  intestin.  Or  tous  ces  acides,  injecltîs  expérimentale- 
ment dans  une  anse  intestinale,  y  déterminent  des  contractions  plus  ou  moins  intenses, 
comme  l'a  vu  Bokai.  Ils  prennent  donc  une  part  importante  à  la  production  des  mouve- 
ments péristaltiques  normaux.  A  plus  forte  raison,  lorsqu'ils  sont  eu  proportion  exces- 
sive, interviennent-ils  dans  les  mouvements  exagérés  qui  caractérisent  certains  états 
pathologiques  de  l'intestin  (coliques,  diarrhées);  d'autant  qu'à  leur  action  motrice 
s'ajoute  pour  certains  d'entre  eux,  tels  les  acides  la(;tique,  acétique  et  succinique,  une 
action  vaso-dilatatrice  manifeste.  Il  en  est  de  même  du  scatol,  lequel  existe  toujours 
dans  les  matières  fécales,  à  côté  du  phénol  et  de  l'indol,  et  qui  excite  énerj^iquement  les 
contractions  de  l'intestin.  Bokai  a  constat»'-,  d'ailleurs,  que  le  simple  extrait  aqueux  de 
matières  fécales,  injecté  dans  l'intestin,  y  provoque  des  mouvements  péristaltiques  pro- 
longés pendant  plusieurs  minutes. 

Enfin,  l'intestin  contient  un  certain  nombre  de  gaz,  produits  des  fermentations  et 
putréfactions  intestinales  :  hydrogène,  acide  sulfhydrique,  gaz  des  marais  et,  surtout, 
acide  carbonique.  Si  nous  en  exceptons  le  premier,  ces  divers  gaz  ont,  sur  l'mteslin,  la 
même  action  excitante  que  les  acides  gras  et  aromatiques.  L'acide  carbonique,  en  par- 
ticulier, joue  un  rôle  prépondérant  dans  les  n)ouvements  intestinaux,  comme  nous  le 
verrons  en  étudiant  l'iniluence  de  la  circulation. 

Vitesse  avec  laquelle  cheminent  les  aliments.  —  D'après  la  plupart  des  auteurs, 
la  traversée  totale  de  l'intestin  dure  environ  vingt-quatre  heures,  ou  même  davantage 
(Maurel);  mais  la  vitesse  varie  avec  la  région  intestinale  considérée.  Assez  rapide  dans 
l'intestin  grêle,  où  elle  peut  atteindre  de  soixante  centimètres  (Fubini)  à  un  mètre  (Sicard 
et  Infroid  1  à  l'heure,  elle  se  ralentit  dans  le  gros  intestin.  C'est  ainsi  que,  d'après  les  récentes 
recherches  de  Sicard  et  Infroid,  à  l'aide  de  la  radioscopie,  la  traversée  de  l'intestin 
grêle  s'effectue  en  huit  heures,  tandis  que  celle  du  gros  intestin  dure  à  peu  près  seize 
heures,  dont  six  sont  prises  par  un  arrêt  prolongé  au  niveau  de  la  région  cœcale.  Il  con- 
vient cependant  de  faire  remarquer  que  ces  différentes  recherches  n'ont  pu  être  faites 
qu'avec  des  substances  inattaquables  parles  sucs  digestifs  et  que  la  vitesse  des  aliments 
proprement  dits  doit  varier  pour  chacun  d'eux  selon  qu'ils^sont  plus  ou  moins  rapide- 
ment digérés. 

Influence  de  lacirculation.  —  1°  Troubles  circulatoires.  —  Une  des  principales  cau- 
ses des  mouvements  anormaux  que  présente  l'intestin  mis  à  nu  est  due  aux  troubles 
circulatoires  auxquels  il  est  soumis  dans  ces  conditions.  La  plupart  des  physiologistes 
s'accordent  sur  ce  point.  Schiff  a  vu,  l'un  des  premiers,  que  la  compression  de  l'aorte 
détermine,  à  brève  échéance,  des  contractions  intestinales.  Krause,  Nasse,  Mayer  et  van 
Basch,  etc.,  ont  fait  de  semblables  constatations.  Salvioli  est  arrivé  aux  mêmes  résultats 
en  opérant  sur  des  fragments  d'intestin  isolés,  dans  lesquels  il  entretenait  ou  suppri- 
mait tour  à  tour  une  circulation  artificielle.  Brown-Séquard,  Legros  et  Ommus,  Bokai  ont 
également  déterminé  des  contractions  dans  une  anse  intestinale  en  liant  les  rameaux 
artériels  qui  s'y  rendent.  Dans  nos  expériences  personnelles,  nous  avons  eu  souvent 
l'occasion  de  vérifier  l'exactitude  de  ces  faits.  C'est  ainsi  que,  sur  une  anse  intestinale 
isolée  par  le  procédé  que  nous  avons  indiqué  plus  haut,  nous  avons  toujours  observé  la 
production  de  mouvements  anormaux  lorsque  le  pédicule  vasculaire,  reliant  cette  anse 
aux  gros  troncs  mésentériques,  était  soumis  à  des  tractions  exagérées.  Bref,  toutemodi- 
fication  apportée  dans  le  régime  circulatoire  normal  de  l'intestin  provoque,  de  la  part  de 
cet  organe,  des  réactions  motrices  anormales. 

S'ensuit-il  qu'il  faille  admettre,  comme  conclusion  des  faits  précédents,  que  les  con- 
tractions provoquées  dans  l'intestin  par  l'an'ct  total  ou  partiel  de  sa  circulation  soient 
le  fait  de  Y  anémie  qui  en  est  la  conséquence?  Telle  n'est  pas  l'opinion  de  tous  les  auteurs. 
D'après  Braam-Houckgeest  —  et  celte  manière  de  voir  est  généralement  admise  aujour- 
d'hui —  l'anémie  est,  au  contraire,  une  cause  d'arrêt  des  mouvements  intestinaux.  En 
effet,  lorsqu'on  comprime  l'aorte  ou  les  artères  mésentériques,  on  voit  que  l'intestin, 
immergé  dans  la  solution  saline,  ne  présente  aucun  mouvement  péristaltiquo  pendant  les 
premières  minutes.  Les  contractions  dites  anémiques  n'apparaissent  qu'au  bout  d'un 
certain  temps,  lorsque  le  sang  stagnant  commence  à  devenir  veineux. 

On  sait  d'autre  part  que,  chez  les  animaux  qui  meurent  asphyxiés,  l'intestin  présente 
des  mouvements  énergiques.  Cette  inlluence  motrice  de  Va^ipliy.ne  a  été  confirmée  pa 

KICT.    DE    PHYSIOLOGIE.    —    TOME    IX.  36 


562  INTESTIN. 

tous  les  expérimentateurs.  En  l'examinant  de  plus  près,  Braam-Houckgeest  a  constaté 
que,  pendant  les  deux  ou  trois  premières  minutes  qui  suivent  le  début  de  l'asphyxie, 
c'est-à-dire  l'arrêt  respiratoire,  l'intestin  demeure  complètement  immobile.  Or,  pendant 
cette  première  phase,  ses  artères  se  rétractent  peu  à  peu,  si  bien  qu'il  semble  devenir 
exsangue.  Le  fait,  vérifie'  depuis  ;r  maintes  reprises,  en  particulier  par  Dastre  et 
MonAT,  est  dii  à  l'excitalion  du  centre  vaso-moteur  par  le  sang  aspliyxique.  Il  montre, 
avec  évidence,  que  l'anémie  de  l'intestin  ne  s'accompagne  d'aucun  mouvement  péristal- 
tique.  Dans  une  seconde  phase,  au  contraire,  l'asphyxie  prolongée  ne  tardant  pas  à  para- 
lyser le  centre  vaso-moteur,  les  vaisseaux  intestinaux,  cédant  à  la  poussée  du  sang, 
prennent  une  teinte  cyauotique,  et  c'est  alors  que  les  mouvements  péristalliques  appa- 
raissent, d'abord  dans  l'intestin  grêle,  puis  dans  le  gios  intestin.  Ils  annoncent  la  mort 
imminente  de  l'animal  et  persistent  même  un  certain  temps  après. 

L'iiitluence  excitante  de  l'asphyxie  paraît  donc  liée,  en  dernière  analyse,  à  la  présence 
do  l'acide  carboniqucnlans  le  sang.  On  sait,  d'ail  leurs,  que  le  rôle  excito-moteur  du  sang  noir 
a  été,  depuis  longtemps,  mis  en  évidence  par  Bnow.N-SÉQUARD.  En  mélangeant  de  l'acide 
carbonique  au  sfing  artinciollement  injecté  dans  les  vaisseaux  mésentériques,  Salvioli,. 
au  cours  des  expériences  que  nous  avons  mentionnées,  a  pu  provoquer  des  contractions- 
plus  ou  moins  intenses  dans  le  segment  d'intestin  ainsi  irrigué.  Enfui  Bokai  a  constaté 
les  mêmes  eiïets  en  introduisant  directement  de  l'acide  carbonique  à  l'intérieur  de 
l'intestin. 

D'après  ces  mêmes  auteurs,  le  sang  rouge,  c'est-à-dire  le  sang  oxygéné,  a  une 
influence  diamétralement  inverse.  Salvioli,  en  pratiquant  une  circulation  artificielle  de 
sang  artériel  dans  l'intestin,  y  a  fuit  cesser  immédiatement  toute  contraction.  De 
môme  Hokai,  après  avoir  excité  les  mouvements  péristalliques  par  l'asphyxio,  les  arrê- 
tait en  quelques  secondes  par  une  injection  intra-intestinale  d'oxygène.  Avant  eux,.. 
Hraam-Houckgeest,  en  faisant  respirer  de  l'oxygène  pur  à  ses  animaux  d'expérience, 
voyait  tous  les  vaisseaux  intestinaux,  y  compris  les  veines,  prendre  une  teinte  rouge 
vif,  sans  provoquer  aucune  contraction  de  l'intestin.  On  doit  donc  admettie  (lue  Vhyper- 
émie  ou,  en  d'autres  termes,  la  vaso-dilatation  artérielle  n'exerce  par  elle-même 
aucune  influence  excitante  sur  les  mouvements  péristal tiques.  Si  elle  les  accompagne 
presque  toujours,  c'est  seulement  comme  témoin  de  l'activité  fonctionnelle  de  l'organe, 
de  même  qu'elle  se  produit  dans  une  glande  en  travail,  sans  être,  pour  cela,  la  cause 
eflîciente  de  la  sécrétion.  Mais  il  faut  distinguer,  bien  entendu,  entre  l'hyperémie  intes- 
tinale proprement  dite  et  la  stase  sanguine  qui  vient  parfois  la  compliquer,  cette  der- 
nière s'accompagnant  forcément  d'une  évacuation  insuffisante  de  l'acitle  carbonique  dont 
l'influence  excitante  nous  est  connue. 

2»  Substances  toxiques  en  circulation  dans  le  sang.  —  A  côté  de  l'action  des  éléments 
normaux  du  sang,  il  convient  d'étudier  celle  des  éléments  anormaux  qu'il  peut  conte- 
nir. D'une  façon  générale,  toute  substance  en  dissolution  injectée  dans  le  sang  est  sus- 
ceptible de  provoquer  des  mouvements  péristalti([ues.  Témoin  l'expulsion  des  matières 
fécales  qui  succède  presque  toujours  à  une  injeetion  de  curare  ou  de  morphine,  faite 
chez  le  chien  qu'on  veut  immobiliser  ou  aneslhésier.  Mais  il  s'agit  là  d'une  réaction 
banale  de  l'intestin  qui  ne  préjuge  en  rien  de  l'action  spécifique  exercée  sur  lui  par  la 
substance  injectée.  Ou  plutôt,  il  s'agit  d'un  effet  primitif,  souvent  transitoire,  auquel 
peut  succéder  un  effet  secondaire  inverse  et  de  longue  durée.  Aussi  est-il  souvent  très 
difficile  de  déterminer  exactement  la  véritable  action  de  certaines  substances. 

Ces  réserves  faites,  on  peut  diviser  les  poisons  intestinaux  en  deux  groupes,  selon 
que  leur  effet  principal  est  d'exciter  ou,  au  contraire,  d'arrêter  les  mouvements  péri- 
stalliques. La  pilocarpine,  d'une  part,  et  l'atropine,  de  l'autre,  en  représentent  respec- 
tivement les  types  les  plus  différenciés.  Injectée  dans  les  veines,  à  dose  moyenne 
(l  centigramme  environ  pour  10  kilogrammes  d'animal),  la  pilocarpine  provoque  un 
péristallisme  intestinal  très  accentué,  lequel  peut  persister  pendant  plusieurs  heures.  A 
dose  un  peu  moindre,  l'atropine  agit  d'une  façon  absolument  inverse,  c'est-à-dire  arrête 
toutes  les  contractions  intestinales,  spontanées  ou  provoquées.  Ces  deux  substances 
ont  donc  des  effets  très  nets  et  qui  permettent  de  les  opposer  sans  hésitation  l'une  à 
l'autre.  A  des  degrés  divers,  on  peut  placer  dans  le  même  groupe  que  la  pilocarpine  : 
Tésérine,  la  muscarine  et  peut-être  aussi  la  nicotine;  dans  le  même  groupe  que  l'atro- 


INTESTIN.  563 

pine,  mais  très  loin  d'elle  qiuial  à  lu  rapidité  et  à  rei'licacité  de  leur  action  :  le  cliloro- 
forme,  le  chloral,  l'éther,  la  morphinje.  L'action  de  cette  dernière  substance  a,  d'ail- 
leurs, été  le  sujet  de  nombreuses  discussions  entre  physiologistes.  D'après  Nothnagkl, 
une  petite  dose  de  morphine,  en  injection  intra-veineuse,  suspend  les  mouvements 
péristaltiques,  tandis  ([u'une  dose  plus  forte  les  fait  reparaître.  Il  explique  ce  fait,  d'ap- 
parence paradoxale,  en  admettant  (jue  les  nerfs  inhibiteurs  de  l'intestin  sont  excités 
dans  le  premier  cas,  paralysés  ilans  le  second,  opinion  que  Salvioli,  puis  Pal  et  Hicrghiin 
ont  confirmée  dans  une  certaine  mesure.  Par  contre,  cette  manière  de  voir  n'est  pas 
partagée  par  Jagoiu.  Plus  récemment  enfin,  Vamossy  n'a  pu  constater,  en  injectant  une 
forte  dose  de  morphine,  le  retour  des  mouvements  péristaltiques  abolis  par  une  première 
injection. 

Influence  du  système  nerveux.  —  1°  Plexus  ganglionnaires  périphériques.  — 
Alors  même  qu'il  est  complètement  séparé  du  cor[)S,  l'intestin  continue  à  présenter  des 
mouvements  rythmiques  pendant  un  certain  temps.  Cette  propriété,  (ju'il  partage  avec  la 
plupart  des  organes  viscéraux  de  même  structure,  est-elle  due  aux  nombreux  ganglions 
nerveux  disséminés  sur  toute  sa  longueur  et  formant  un  plexus  ininterrompu  (plexus 
d'AuERBACH)  entre  ses  deux  tuniques  musculaires?  On  sait  à  quelles  discussions  a  donné 
lieu  la  persistance  des  mouvements  du  cœur  dans  les  mêmes  conditions.  Après  l'avoir 
attribuée  d'abord  à  l'action  des  ganglions  intra-cardiaques,  on  est  arrivé,  à  la  suite  des 
recherches  entreprises  dans  ces  trente  dernières  années,  à  en  faire  une  propriété  pure- 
ment musculaire.  Bien  que  la  disposition  anatomique  du  plexus  d'AuERUACn  ne  per- 
mette pas  de  soustraire  à  l'inlluence  nerveuse,  comme  on  a  pu  le  faire  pour  le  muscle 
cardiaque,  toutou  partie  des  muscles  intestinaux,  on  est  autorisé,  par  analogie,  à  appli- 
quer à  l'intestin  les  données  acquises  pour  le  cœur. 

Il  convient,  d'ailleurs,  de  rappeler  à  ce  propos  les  recherches  bien  connues  d'E.v- 
GELMANN.  Daiis  uue  première  série  d'expériences,  cet  auteur  avait  constaté  qu'un  seg- 
ment isolé  de  l'uretère,  excité  mécaniquement,  présente  des  mouvements  péristaltiques 
absolument  semblables  à  ceux  de  l'organe  intact,  bien  que  ses  parois  soient  dépourvues 
de  tout  ganglion  ou  filet  nerveux.  Il  fut  donc  conduit  à  admettre  que  le  péristaltisme 
se  pioduit  normalement  sans  l'intermédiaire  du  système  nerveux,  c'est-à-dire  est 
fonction  du  muscle  lui-même.  Etendant  cette  théorie  à  l'intestin,  dans  un  travail 
ultérieur,  il  invoqua  surtout  en  sa  faveur  l'existence  des  mouvements  antipéristaltiques- 
dont  il  démontra  la  réalité  et  qui,  communs  à  l'uretère  et  au  tube  inslestinal,  lui 
semblaient  compléter  le  rapprochement  entre  ces  deux  organes.  Il  admit,  en  résumé, 
que  les  contractions  du  second  sont  indépendantes  du  système  nerveux,  comme  les 
contractions  du  premier. 

Sans  vouloir  diminuer  l'intérêt  des  faits  mis  en  lumière  dans  cette  dernière  série  de- 
recherches,  il  est  permis  de  dire  qu'ils  n'ajoutent  aucune  preuve  directe  aux  raisons- 
d'analogie  qui  conduisent  à  attribuer  à  la  fibre  musculaire  de  l'intestin  les  mêmes 
propriétés  qu'aux  fibres  musculaires  du  cœur  et  de  l'uretère.  Or  on  sait  que  la  pointe 
du  cœur  isolée  demeure  immobile,  en  l'absence  d'une  excitation,  physique  ou  mécani- 
que, apte  à  provoquer  ses  contractions,  tout  comme  le  segment  d'uretère  séparé  du 
reste  de  l'organe.  Dans  les  mêmes  conditions  au  contraire,  c'est-à-dire  sans  cause 
apparente,  l'intestin  détaché  du  corps  continue  à  battre  pendant  un  certain  temps,  de 
même  que  la  base  du  cœur.  Pourquoi,  sinon  parce  qu'il  conserve,  comme  celle-ci, 
dans  l'épaisseur  de  ses  parois,  des  cellules  ganglionnaires  qui  lui  donnent  l'incitation 
motiice  créée  in  situ  (Ranvier)?  On  peut  donc  dire  avec  François-Franck  que,  si  les 
ganglions  ne  sont  pas  les  organes  producteurs  du  mouvement  rythmique,  ils  en  sont 
les  organes  d'entretien  et  de  régulation.  En  d'autres  termes,  le  mouvement  rythmique 
est  une  propriété  musculaire,  mais  sa  mise  en  fonction  est  l'œuvre  des  plexus  ganglion- 
naires. 

Au  reste,  il  faut  distinguer  le  rythme  proprement  dit  du  péristaltisme,  puisque  l'un 
n'est  que  la  succession  de  plusieurs  contractions  séparées  par  des  intervalles  plus  ou 
moins  rapprochés,  tandis  que  l'autre  est  la  propagation  de  haut  en  bas  d'une  même 
contraction.  D'après  plusieurs  auteurs  contemporains,  le  premier  .serait  seul  une  pro- 
priété musculaire,  le  second  devant  être  considéré  au  contraire  comme  un  mouvement 
réfiexe  ganglionnaire. 


664  INTESTIN. 

Pour  leiniiner  cette  discussion,  nous  devons  mentionner  l'intluence  des  mêmes  gan- 
glions sur  le  tonus  intestinal,  lequel  est  un  mode  de  la  contraction  proprement  dite.  Si 
l'intestin  séparé  de  toute  connexion  avec  le  système  nerveux  conserve  néanmoins  sa 
tonicité,  c'est  au  plexus  d'AuERBACH  qu'il  le  doit.  La  différence  très  nette  qui  existe,  à 
ce  point  de  vue,  entre  l'appareil  digestif,  muni  de  ganglions  intra-pariélaux,  et  l'appa- 
reil artériel,  qui  en  est  dépourvu,  suffit  à  montrer  l'importance  des  plexus  périphériques. 

2°  Nerfs  bulho-médullaires.  —  Le  plexus  d'AuERBACH  n'est  que  le  dernier  des  relais 
ganglionnaires  échelonnés  le  long  des  nerfs  que  le  bulbe  et  la  moelle  envoient  à  l'intestin. 
On  sait  que  ces  nerfs  issus,  pour  la  plupart,  du  pneumogastrique  et  du  grand  splanchnique, 
confondent  en  grande  partie  leur  trajet,  jusque-là  séparé,  au  niveau  du  plexus  solaire, 
véritable  centre  nerveux  abdominal  des  viscères  sous-diaphragmatiques.  Sauf  quel- 
ques rameaux  du  pneumogastrique  qui  conservent  leur  indépendance,  c'est  de  là  que 
partent  presque  tous  les  nerfs  destinés  à  l'intestin  grêle  et  à  la  partie  supérieure  du  gros 
intestin.  La  partie  inférieure  de  ce  dernier  a  une  innerva^on  spéciale, [constituée,  d'une 
part,  par  les  nerfs  érecteurs  de  Ecrhard,  venus  des  deux  premières  racines  sacrées,  et, 
d'autre  part,  par  les  différents  nerfs  sympathiques  issus  du  ganglion  mésentérique  in- 
férieur et  dont  les  deux  principaux  (nerfs  hypogastriques  de  IvRAfjsE)  s'unissent  aux 
deux  nerfs  électeurs  pour  former  le  plexus  hypogastrique. 

D'une  façon  générale,  on  admet  que  le  pneumogastrique  aune  influence  excito-mo- 
trice,  c'est-à-dire  provoque  ou  exagère  les  mouvements  périslaltiques  de  l'intestin,  tandis 
que  le  grand  sympathique  a  une  influence  inhibilrice,  c'est-à-dire  diminue  ou  arrête  ces 
mouvements.  Les  deux  nerfs  sont  donc  fonctionnellement  antagonistes.  Cette  opinion,  qui 
s'est  affirmée  peu  à  peu  comme  le  résultat  d'une  longue  série  de  recherches,  corres- 
pond certainement  à  la  réalité.  Si  certains  faits  plus  récents  ont  permis  de  mieux  péné- 
trer le  rôle  respectif  de  chaque  nerf  dans  le  fonctionnement  intestinal,  ils  ne  changent 
pas,  dans  son  ensemble,  la  conception  [générale  qu'on  s'en  est  faite  depuis  une  tren- 
taine d'années. 

a)  Pneumogastrique.  —  L'influence  motrice  du  pneumogastrique,  déjà  signalée  par 
Brachet,  puis  par  Stilling,  a  été  surtout  mise  en  lumière  par  Ed.  Weber.  Les  premières 
recherches  de  cet  auteur,  faites  sur  la  tanche,  dont  l'intestin  a  des  parois  musculaires 
striées,  lui  avaient  montré  que  ce  viscère  se  contracte,  sous  l'inlluence  du  vague,  aussi 
énergiquement  que  les  muscles  du  squelette  sousl'influence  de  leurs  neifs  moteurs.  Il 
rechercha  dès  lors  le  même  phéomène  chez  les  animaux  à  sang  chaud  et  constata  (jue, 
chez  le  chien,  l'excitation  du  pneumogastrique  au  cou  provoque  non  seulement  les 
mouvements  de  l'estomac,  mais  encore  exagère  ceux  de  l'intestin.  Ces  résultats  fui  ent 
bientôt  confirmés  par  Budge  et,  plus  tard,  par  Wolff,  Spiegelberg,  etc. 

Toutefois  la  notion  qu'ils  apportaient  ne  fut  admise  sans  conteste  que  longtemps  après. 
C'est  ainsi  que,  sans  en  nier  absolument  le  bien  fondé,  Bérard  ne  l'acoepte  qu'avec  ré- 
serve. Pour  Cl.  Bernard,  qui,  d'ailleurs,  traite  incidemment  la  question,  l'action  motrice 
du  vague  sur  le  tube  digestif  est  limitée  à  l'œsophage  et  à  l'estomac.  Il  en  est  de  même 
pour  Vulpian  qui,  tout  en  constatant  l'apparition  des  mouvements  intestinaux  par 
l'excitation  du  pneumogastrique  cervical,  les  attribue  aux  troubles  circulatoires  consé- 
cutifs à  l'arrêt  du  cœur.  Entre  temps,  les  recherches  entreprises  par  Nasse,  en  Allemagne, 
par  Legros  et  Onimus,  en  France,  aboutissaient  également  à  des  résultats  négatifs. 
Enfin  Mayer  et  VON  Basch,  cherchant  à  expliquer  ces  divergences,  admirent  que  l'in- 
fluence du  pneumogastrique  sur  l'intestin  se  manifeste  surtout  lorsque  l'animal  est  en  état 
d'asphyxie,  parce  que,  dans  ces  conditions,  les  nerfs  périphériques  sont  plus  excitables. 

Tel  était  l'état  de  la  question,  lorsque  Br,\au-Houckgeest,  de  concert  avec  Sanders, 
en  aborda  l'étude  à  l'aide  du  procédé  du  bain  salé.  Il  vit  que  l'excitation  du  pneumo- 
gastrique est  efficace,  c'est-à-dire  provoque  les  contractions  de  l'intestin,  à  la  condition 
de  sectionner  au  préalable  les  deux  nerfs  splanchniques;  les  résultats  pouvant  varier, 
dans  le  cas  contraire,  à  cause  de  l'action  antagoniste  de  ces  derniers.  Il  admit,  en  outre, 
que  les  mouvements  périslaltiques  ainsi  provoqués  débutent  toujours  par  l'estomac  et 
ne  se  propagent  à  l'intestin  que  secondairement.  Ainsi,  tout  en  reconnaissant  nette- 
ment l'influence  intestino-raotrice  du  pneumogastrique,  il  y  apportait  cependant  cer- 
taines restrictions  qui  semblaient  concilier,  en  les  expliquant,  les  résultats  divergents 
des  auteurs  précédents. 


INTESTIN.  565 

On  voit,  en  somme,  que  l'action  motrice  du  pneumogastrique  surl'intostin  a  (Hé  tour 
à  tour  affirmée  et  niée,  sans  pouvoir  être  établi»;  foinn-IIement  jusqu'à  ces  trente  der- 
nières années.  En  fait,  les  autours  contemporains  qui  en  ont  reconnu  et  confirmé  la 
réalité,  admettent  qu'il  y  a  souvent  (luehiue  difficulté  à  la  constater.  Sans  parler  de 
l'exposition  de  l'intestin  à  l'air,  que  le  procédé  de  Bkaam-Houckgkest  permet  d'éviter, 
l'état  de  l'animal  sur  lequel  on  opère  paraît  jouer  un  certain  rôle.  C'est  ainsi  que,  chez 
le  lapin  à  jeun,  Jacohj  n'a  pu  provoquer  aucune  contraction  intestinale  par  l'excitation 
du  pneumogastrique.  11  en  est  souvent  de  même,  lorsque  l'animal  est  profondément 
ourarisé,  fait  que  nous  avons  maintes  fois  observé  pour  notre  part  et  qui  est  à  rappro- 
cher de  l'inexcitabilité  du  pneumof,'astrique  cardiaciue  dans  les  mêmes  conditions.  "Tou- 
tefois, cette  inexcilabililé  n'est  que  relative  et  peut  céder  à  l'emploi  d'un  courant  intense. 
La  section  préalable  du  bulbe  paraît,  au  contraire,',favoriser  l'action  motrice  du  pneu- 
mogastriquo,  soit  qu'elle  supprime  une  action  toni-inhibitrice  exercée  par  la  moelle 
allongée  (Steinach  ,  soit  qu'elle  inhibe  temporairement  l'inlluence  de  la  moelle  propre- 
ment dite  et,  par  suite,  celle  des  splauclini(iues.  I5ka am-IIouckokest,  —  et  le  fait  a  été 
confirmé  par  Jacobj,  —  avait  admis,  en  eflet,  que  la  section  de  ces  nerfs  permet  au 
pneumogastrique  de  manifester  librement  son  action  motrice. 

En  outre,  des  travaux  plus  récents  nous  ont  appris  que  l'influence  du  pneumogas- 
trique est  plus  complexe  que  ne  le  soupçonnaient  les  anciens  auteurs.  Elle  se  traduit 
non  seulement  par  des  contractions,  mais  encore,  et  aussi  souvent,  par  un  relâchement 
de  l'intestin.  Ces  deux  effets  inverses,  signalés  par  Morat  d'une  part,  par  Bechterew  et 
MiSLAWsKi  d'autre"  part,  ne  sauraient  être  nettement  appréciés  sans  l'emploi  de  la 
méthode  graphique.  Encore  concoit-on  que,  dans  certains  cas,  lorsqu'ils  se  contrarient 
réciproquement,  ils  puissent  échapper  à  l'observateur  qui,  faute  de  moyens  d'analyse 
suffisants,  conclura  à  l'inefficacité  de  l'excitation  nerveuse.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en 
effet,  que  les  deux  couches  musculaires  de  la  paroi  intestinale  se  meuvent  indépen- 
damment l'une  de  l'autre.  Le  plus  souvent,  sinon  toujours,  l'une  se  relâche  pendant  que 
l'autre  se  contracte  :  d'où  la  nécessité  absolue  d'enregistrer  séparément  les  mouvements 
de  chacune  d'elles,  si  l'on  veut  avoir  une  notion  exacte  de  l'iiifiuence  motrice  que  le 
pneumogastrique  exerce  sur  l'intestin. 

Les  premiers  essais  de  ce  genre  qi\t  été  faits  simultanément  par  Ehrma.nn  pour  l'in- 
testin grêle  et  par  Fellner  pour  le  gros  intestin.  Sur  un  segment  intestinal  isolé  et 
ouvert  de  bout  en  bout  par  une  section  médiane,  Ehrmax.x  constata,  en  excitant  le 
pneumogastrique,  un  raccourcissement  du  diamètre  transversal,  suivi  d'un  allongement 
du  diamètre  longitudinal.  Il  en  conclut  que  le  pneumogastrique  a  une  influence  inverse 
sur  chacune  des  couches  musculaires  de  la  paroi  intestinale,  excito-motrice  pour  la 
circulaire,  inhibitrice  pour  la  longitudinale. 

Cette  manière  de  voir,  appuyée  par  van  Bascii,  contestée  théoriquement  par  Ex.ner, 
comme  nous  le  verrons  plus  loin,  n'a  été,  à  notre  connaissance,  l'objet  d'aucun  contrôle 
expérimental  jusqu'en  1898,  époque  à  laquelle  nous  avons  repris  la  question,  CouR- 
TADE  et  moi.  En  interrogeant  séparément,  par  le  procédé  indiqué  au  début  de  cet 
article,  les  réactions  provoquées  dans  chacune  des  couches  musculaires  de  la  paroi 
intestinale  par  l'excitation  du  pneumogastrique,  nous  avons  observé  les  faits  suivants  :  la 
couche  longitudinale  réagit  la  première  par  une  contraction  énergique,  mais  peu  durable, 
à  laquelle  succède  un  relâchement  prolongé.  La  couche  circulaire,  d'abord  immobile, 
se  contracte  alors  d'une  façon  brusque  et  réitérée,  contraction  qui  coïncide  avec  le 
relâchement  de  la  couche  longitudinale  et  dure  aussi  longtemps  que  lui.  C'est,  en 
somme,  le  mécanisme  même  des  mouvements  péristaltiques  qui  se  trouve  mis  enjeu. 
Mais,  grâce  à  l'excitation  du  pneumogastrique,  il  se  manifeste  avec  un  grossissement 
anormal  qui  permet  de  l'analyser  plus  complètement.  Le  tracé  fig.  94  (p.  566)  montre, 
d'ailleurs,  plus  nettement  que  toute  description,  l'ensemble  des  phénomènes  moteurs 
provoqués  dans  ces  conditions. 

Outre  l'alternance;  de  la  contraction  qui  apparaît  successivement  dans  la  couche 
longitudinale  d'abord,  dans  la  couche  circulaire  ensuite,  il  faut  noter  la  forme  particu- 
lière qu'elle  revêt  dans  cette  dernière.  Il  s'agit,  en  effet,  comme  on  le  voit  sur  la  figure, 
d'une  sorte  de  tétanos  incomplet,  lequel  se  traduit  sur  les  tracés  par  une  brusque 
élévation,  suivie  d'une  descente  plus  lente,  laquelle  est  entrecoupée  d'une  série  d'oscil- 


566  INTESTIN. 

lations  successives.  Pendant  ce  temps,  la  couche  longitudinale  subit  un  relâchement 
assez  accentué,  si  bien  que  le  segment  d'intestin  considéré  s'allonge  notablement, 
comme  dans  un  mouvement  de  reptation. 

Les  effets  inteslino-n)oteurs  provoqués  par  l'excilation  du  pneumogastrique  sont 
donc  plus  complexes  que  ne  l'avait  admis  Ehrmann.  Si  la  contraction  de  la  couche  cir- 
culaire et  le  relâchement  de  la  couche  longitudinale  constituent  l'effet  le  plus  durable 
de  l'excitation  nerveuse,  ils  ne  constituent  pas  son  effet  unique.  Avant  de  se  relâcher, 
la  couche  longitudinale  se  contracte.  Le  fait  est  manifeste  et  reproduit  pour  l'intestin 
ce  que,  dans  d'autres  recherches,  nous  avons  observé  pour  l'estomac  en  excitant  le 
même  nerf.  Il  a  sans  doute  échappé  à  Erhmann  pour  deux  raisons  :  d'abord  parce  que 
la  contraclion  de  la  couche  longitudinale  est  relativement  brève,  si  on  la  compare  à 
celle  de  la  couche  circulaire  ;  ensuite  parce  qu'elle  ne  se  produit  à  coup  sûr  que  sous 
l'inlluence  d'une  excitation  suffisamment  intense. 

Quant  à  un  relâchement  concomitant  de  la  couche  circulaire,  préc»"'dant  la  contrac- 


Fiii.  94.  —  Excitation  du  piieumogastriijue. 

tion  de  celle-ci,  nous  ne  l'avons  pas  observé  aussi  nettement  sur  l'intestin  (lue  sur  la 
région  pylorique  de  l'estomac.  Mais  il  est  légitime  de  penser  que  l'action  du  pneumo- 
gastrique doit  être,  au  degré  près,  identique  ici  et  là.  D'ailleurs  Bayliss  et  Starli.xg, 
au  cours  de  recherches  postérieures  aux  nôtres,  ont  directement  constaté  le  phénomène 
■en  question. 

En  résumé,  nous  concluons  que  l'excitation  du  pneumogastrique  fait  contracter  et 
relâcher  alternativement  la  couche  circulaire  comme  la  couche  longitudinale,  de  telle 
sorte  que  la  contraction  de  l'une  correKpond  toujoun^  au  relâchement  de  l'autre.  L'ensemble 
de  ces  mouvements  constitue  précisément  ce  qu'on  a  appelé  le  péristaltisme  intestinal. 
Quel  que  soit  le  mécanisme  intime  de  ce  dernier,  sa  mise  en  jeu  se  trouve  donc 
dépendre  essentiellement  du  pneumogastrique. 

b)  Nerf  érecteur  sacré.  —  Pour  la  partie  inférieure  du  gros  intestin,  le  pneumogas- 
trique cède,  on  le  sait,  ses  fonctions  motrices  au  nerf  érecteur  sacré.  C'est  ce  dernier 
qui  préside  aux  mouvements  péristaltiques  du  côlon  descendant  et  aux  mouvements 
expulsifs  du  rectum  (défécation  .  Les  mouvements  expulsifs  ne  diffèrent,  d'ailleurs,  des 
mouvements  péristaltiques  proprement  dits  que  par  leur  intensité  plus  grande.  Mais 
leur  mécanisme  est  analogue.  Ici  et  là,  en  effet,  la  contraction  apparaît  d'abord  dans 
les  fibres  longitudinales,  ensuite  dans  les  fibres  circulaires.  Cependant,  d'après  nos 
expériences,  elle  est  surtout  marquée  au  niveau  des  fibres  longitudinales,  où  elle  con- 
stitue non  seulement  l'effet  primitif,  mais  encore  l'effet  dominant  de  l'excitation  du  nerf 
érecteur.  La  contraction  des  fibres  circulaires  ne  peut  néanmoins  être  mise  en  doute; 
mais  elle  se  produit  toujours  après  celle  des  fibres  longitudinales,  et  non  pas  en  même 
temps,  comme  font  admis  Langlev  et  Anderso.n.  En  un  mot,  l'action  motrice  du  nerf 
érecteur  sacré  sur  le  rectum  est  absolument  comparable  à  celle  du  pneumogastrique 
sur  l'intestin  grêle. 

Dès  lors,  il  est  permis  de  se  demander  si  le  premier  de  ces  nerfs,  à  côté  de  son 


INTESTIN. 


567 


influence  excito-motiice  bien  déinonlrée,  ne  possède  pas  lui  aussi  une  inlluence  inhibi- 
trice,  aiialogut'  à  celle  que  le  pneumogastrique  exerce  sur  rintestin  grêle.  Les  exp«'!- 
riences  déj;"i  mentionnées  de  Fellni;ii  répondent  à  cette  question  par  l'affirmative. 
D'après  cet  auteui-,  en  eflet.  l'excitation  du  nerf  érecteur  sacré  provoquerait,  en  même 
temps  que  la  contraction  tles  libres  longitudinales,  le  relâchement  des  fibres  circulaires 
du  rectum.  Bien  que  la  dilatation  du  sphincter  qui  se  produit  dans  ces  conditions  soit 
probablement  due,  pour  une  part,  à  la  contraction  des  fibres  longitudinales  agissant 
exccntriquement  sur  lui,  nous  inclinons  à  admettre,  dans  une  certaine  mesure,  la  réa- 
lité de  faction  inhibitrice  invoquée  par  Fellner.  Le  relâchement  des  fibres  sphincté- 
riennes  du  rectum  déterminé  par  le  nerf  érecteur  sacré  est  un  phénomène  conïparable 
au  relAchement  des  fibres  circulaires  du  cardia  et  du  pylore,  lequel  est  provoqué  par 
le  pneumogastrique.  Il  a  pour  résultat  évident  de  favoriser  l'expulsion  des  matières 


Kiti.  95.  —  Excitation  (E  E)  du  bout  périphérique  du  nerf  sacré. 
La  contraction  des  fibres  circulaires  (F.  C.)  se  produit  toujours  après  celle  des  fibres  longitudinales  (F.  L.) 

et  non  pas  en  même  temps. 


fécales,  et  c'est  tout  au  moins  une  induction  logicjue  d'admettre  que,  nerf  moteur  du 
gros  intestin,  le  nerf  érecteur  sacré  préside  à  tous  les  mouvements  (contractions  et  relâ- 
chements) nécessaires  au  fonctionnement  mécanique  de  cette  partie  du  tube  digestif, 
comme  le  pneumogastriqui'  préside  à  tous  les  mouvements  nécessaires  au  fonctionne- 
ment mécanique  de  l'estomac  et  de  l'intestin  grêle. 

c)  Grand  sympathique.  —  La  notion  de  l'influence  inhibitrice  du  gi'and  sympathiiiue 
date  des  travaux  de  Pi-li-okh.  Jusque-là,  les  auteurs  le  considéraient  comme  un  nerf 
moteur,  jouant  vis-à-vis  de  l'intestin  un  rôle  analogue  à  celui  qne  nous  attribuons 
aujourd'hui  au  pneumogastrique.  C'était  l'opinion  de  J,  Muller,  adoptée  par  Weueh, 
LoNGET,  VoLKMANN,  Valentix,  ctc.  LuDwiG,  il  est  vrai,  avait  entrevu  dès  1853  la  fonction 
d'arrêt  du  sympathique  intestinal.  Mais,  quelques  années  plus  tard,  il  concluait  avec 
Hafter  que,  tout  en  n't'tant  pas  pour  l'intestin  des  nerfs  moteurs  proprement  dits,  les 
splanchniques  ne  sont  cependant  pas  des  nerfs  inhibiteurs,  comme  le  pneumogastrique 
pour  le  cœur,  puisque  les  mouvements  péristal  tiques  n'augmenient  pas  après  leur  section. 

C'est  PflCger  qui,  de  185o  à  IB-'iT,  a  établi  par  une  série  de  travaux  le  véritable 
rôle  du  sympathique  intestinal.  D'une  part,  en  excitant  la  moelle  entre  la  cinquième  et 
la  dixième  vertèbre  dorsale,  il  constate  l'arrêt  des  mouvements  péristaltiques  ;  d'autre 
part,  il  voit  que  cet  effet  est  aboli  lorsqu'il  sectionne  les  splanchniques,  et  reparaît,  au 


5(i8  INTESTIN. 

contraire,  lorsqu'il  excite  directement  ces  mêmes  neifs.  Poursuivant  ses  recherches,  il 
montre  qu'il  y  a  non  seulement  arrêt  des  mouvements,  mais  encore  relâchement  des 
parois  intestinales,  et  que  ce  double  effet  se  produit  sur  toute  la  longueur  de  l'intestin 
grêle  et  la  partie  supérieure  du  gros  intestin.  Il  conclut  donc  que  les  auteurs  qui  ont 
considéré  le  splanchnique  comme  un  nerf  moteur  se  sont  trompés,  les  uns  faute  d'ap- 
pareils électriques  assez  perfectionnés  (appareils  d'induction),  les  autres  en  excitant  par 
des  courants  dérivés  le  nerf  pneumogastrique,  seul  nerf  moteur  de  l'intestin. 

Cependant  ces  conclusions  ne  furent  pas  acceptées  sans  discussions.  Sans  en  con- 
tester précisément  le  bien  fondé,  comme  Biffi  fut  à  peu  près  seul  à  le  faire,  d'aucuns  les 
trouvèrent  trop  absolues  et  cherchèrent  à  les  concilier  avec  l'opinion  antérieure  qui  attri- 
buait au  splanchnique  un  rôle  moteur.  Tels  Lunwio  et  Kupfer  qui,  ayant  vu  chez  un 
animal  récemment  tué  l'excitation  du  splanchnique  provoquer  des  mouvements  intesti- 
naux, admirent  qup,  suivant  les  circonstances,  ce  nerf  peut  être  tantôt  moteur  et  tantôt 
modérateur.  C'est  ce  que  Nasse  tenta  d'expliquer  en  disant  que  le  splanchnique  contient 
deux  ordres  de  fibres; les  unes,  paralysantes, qui  prédominent  pendant  la  vie;  les  autres, 
excito-motrices,  qui  prédominent  après  la  mort. 

D'autres  cherchèrent  à  interpréter  les  faits  observés  par  Pfuiger.  Schiff,  qui 
n'admettait  pas  l'existence  îles  nerfs  inhibiteurs,  ne  voulut  voir,  dans  l'arrêt  de  l'intes- 
tin par  excitation  du  splanchnique,  qu'un  effet  dû  à  l'épuisement  de  ce  nerf.  Brown- 
SÉQUARD  attribua  ce  même  phénomène  à  une  influence  vaso-motrice  et  conclut 
que  l'excitation  du  splanchnique  arrrête  les  mouvements  de  l'intestin  parce  qu'elle  y 
suspend  momentanément  la  circulation.  S.  Mavkr  et  van  Bascii  se  rallièrent  à 
cette  opinion,  subordonnant,  eux  aussi,  l'action  d'arrêt  du  splanchnique  à  son  action 
vaso-constrictrice.  Enfin  Braam-Houckoeest,  qui  avait  d'abord  partagé  cette  manière 
de  voir,  ne  tarda  pas  à  l'abandonner  et,  constatant  que  les  deux  effets  peuvent  se 
produire  indépendamment  l'un  de  l'autre,  il  admit  que  l'arrêt  de  l'intestin  est  bien  dû  à 
une  action  inhibitrice  exercée  par  le  splanchnique. 

A  l'heure  actuelle,  on  peut  dire  que  l'opinion  de  Pfliiger  a  eu  finalement  raison 
de  toutes  les  objections  et  qu'elle  est  définitivement  acquise  à  la  science.  S'ensuit-il 
qu'elle  en  représente  le  dernier  mot,  quant  au  rôle  intestino-moteur  du  splanchnique? 
Nous  ne  le  croyons  pas.  L'influence  exercée  par  ce  nerf  sur  les  mouvements  de  l'intes- 
tin, de  même  que  celle  du  pneumogastrique,  ne  peut  en  effet  être  appréciée  dans  tous 
ses  détails  que  si  on  l'étudié  sur  chaque  couche  musculaire  en  particulier.  C'est  ce 
qu'ont  tenté  de  faire,  nous  l'avons  déjà  dit,  Fellner  pour  le  gros  intestin  et  Ehrmann 
pour  l'intestin  grêle. 

Dans  ses  expériences,  Fellner  a  constaté  que  l'excitation  des  filets  nerveux  (nerfs 
hypogastriques)  qui  vont  du  ganglion  mésentérique  inférieur  au  plexus  hypogastrique 
détermine  un  mouvement  inverse  dans  chacune  des  couches  musculaires  du  rectum  : 
mouvement  de  contraction  pour  les  fibres  circulaires,  mouvement  de  relâchement  pour 
les  fibres  longitudinales.  Ces  faits,  immédiatement  acceptés  par  van  Basch,  furent  invo- 
qués par  lui  à  l'appui  de  sa  théorie  sur  l'innervation  croisée  de  l'intestin.  Ils  tendent, 
en  effet,  à  conférer  au  grand  sympathique,  dans  l'innervation  du  reftum,  une  action 
diamétralement  opposée  à  celle  du  nerf  érecteur  sacré  qui,  d'après  les  mêmes  auteurs, 
provoque  la  contraction  des  fibres  longitudinales  et  le  relâchement  des  fibres  circulaires. 
Chacun  des  deux  nerfs  aurait  donc  une  fonction  équivalente,  mais  inverse,  sur  chacune 
des  couches  musculaires.  Nous  dirons  plus  loin  ce  que  nous  pensons  de  cette  théorie. 
Elle  fut  d'ailleurs  vivement  combattue  par  Exner.  S'appuyant  sur  ce  fait  que  tout  muscle 
qui  se  contracte  s'élargit,  en  même  temps  qu'il  se  raccourcit,  il  conclut  que  la  contrac- 
tion des  fibres  circulaires  doit  nécessairement  déterminer  l'allongement  du  rectum,  de 
même  que  la  contraction  des  fibres  longitudinales  doit  déterminer  sa  dilatation.  L'effet 
inverse  produit  sur  chaque  couche,  musculaire  par  l'excitation  du  nerf  érecteur 
sacré  ou  du  sympathique  n'implique  donc  nullement,  d'après  lui,  qu'il  y  ait  innervation 
croisée,  puisque  le  relâchement  apparent  d'une  des  deux  couches  n'est  que  la  consé- 
quence mécanique  de  la  contraction  de  l'autre. 

Cette  critique,  purement  théorique  du  reste,  ne  s'appliquait,  on  le  voit,  qu'à  l'action 
inhibitrice  de  chaque  nerf. 

L'action  excito-motrice  du  sympathique,  observée  par  Fellner,  n'était  pas  sérieuse- 


INTESTIN. 


569 


menl  contestée.  Né;inin<>ins  les  restrictions  qu'elle  paraissailjipiKnlerà  la  découverte  d^ 
Pi-iài;i:h  furent  peul-^tre  la  cause  du  peu  de  crédit  qu'elle  rencontra  pentlant  plusieurs 
années,  auprès  delà  plupart  des  physiologistes.  C'est  ainsi  que  Langi.ey  et  Anderson  ont 
pu  nai,'uère  soutenir  que  l'action  du  sympathique  est  la  même  sur  les  deux  couches, 
dont  elle  provoquerait  toujours  le  relâchement,  aussi  bien  pour  la  couche  circulaire  que 
pour  la  longitudinale.  D'après  eux,  par  conséquent,  le  grand  sympathique  est  exclusive- 
ment inhibiteur,  comme  l'a  dit  PpLuiiER  :  plus  récemment,  IUvliss  et  Starling  ont 
défendu  la  même  opinion. 

Depuis  quelques  années  déjà,  nous  avons  étudié,  CounTADEetmoi,  à  l'aide  du  procédé 
décrit  plus  haut,  l'action  motrice  du  grand  sympathique  sur  les  divers  organes  abdo- 
minaux. Or,  non  seulement  nous  avons]  pu  vérifier  toute  l'exactitude  des  résultats 
obtenus  par  Fellneu,  mais  nous  avons  constaté,  en  outre,  que  le  grand  sympathique 


FiG.  96.  —  Excitation  du  bout  périphérique  du  grand  splanchnique.  Cette  contraction  de  la  couche  circulaire  est 
trôs  ditférente  do  celle  que  provoque  le  pneumogastrique.  Celle-ci  est  brusque,  rapide  et  réitérée.  (Voir 
tig.  94,  p.  566.)  Celle  du  grand  splanchnique  au  contraire  est  progressive,  lente  et  toujours  unique. 


exerce  la  même  action  sur  l'intestin  grêle  que  sur  le  rectum.  L'excitation  du  grand 
splanchnique  nous  a  toujours  donné,  en  efTet,  les  résultats  suivants  :  arrêt  des  mouve- 
ments péristaltiques,  relâchement  de  la  couche  longitudinale,  contraction  tonique  de  la 
couche  circulaire.  Mais  celte  contraction  de  la  couche  circulaire  est  très  différente  de 
celle  que  provoque  le  pneumogastrique.  Celle-ci  est  brusque,  rapide  et  réitérée;  celle-là, 
au  contraire,  est  progressive,  lente  et  toujours  unique.  Elle  correspond,  en  somme,  aune, 
simple  augmentation  de  la  tonicité  musculaire  :  d'où  le  nom  de  contraction  tonique  par 
lequel  nous  la  désignons.  C'est  avec  ce  même  caractère  qu'on  la  retrouve,  toujours  iden- 
tique, sur  le  cardia  et  le  pylore  lorsqu'on  excite  les  splanchniques,  sur  le  rectum  et  la 
vessie  lorsqu'on  excite  les  nerfs  hypogastriques.  Elle  témoigne  donc  d'une  action  d'ordre 
général,  propre  au  grand  sympathique. 

Comment,  dès  lors,  puisque  cette  contraction  est  si  constante  et  si  caractéristique,  , 
expliiiuer  les  divergences  d'opinion  qui  se  sont  produites  à  son  sujet?  Ehrma.nn,  tout  le 
premier,  dans  des  recherclies  menées  parallèlement  à  celles  de  Pem.neu,  ne  semble  pas 
l'avoir  observée.  Tout  au  contraire,  il  attribue  au  splanchnique  une  action  diamétrale- 
ment opposée  à  celle  du  nerf  hypogastrique,  admettant  que  son  excitation  provoque,  au 


570  INTESTIN. 

niveau  de  l'intestin  grèle,  le  relâchement  de  la  couche  circulaire  et  la  contraction  de  la 
couche  longitudinale.  Mais  cette  action  inverse,  qui  a  lieu  de  surprendre  a  priori, 
s'explique  par  des  conditions  expérimentales  défectueuses,  comme  nous  avons  pu  nous 
en  convaincre.  Les  tractions  auxquelles  est  exposé  le  pédicule  du  segment  intestinal 
peuvent,  en  effet,  troubler  profondément  la  circulation  de  ce  segment.  Dans  ce  cas, 
la  couche  circulaire  présente  des  contractions  d'une  intensité  anormale,  tandis  que 
la  couche  longitudinale  se  relâche  au  maximum.  Ces  phénomènes  sont  dus  à  l'excitation 
du 'pneumogastrique  par  le  sang  asphyxique,  dont  l'influence  motrice  nous  est  connue. 
On  comprend, par  suite,  qu'une  excitation  pratiquée  sur  le  splanchnique  les  atténue  ou 
les  supprime  momentanément,  c'est-à-dire  produise  larrèt  plus  ou  moins  marqué  des 
contractions  de  la  couche  circulaire  et  la  rétraction  concomitante  de  la  couche  longitu- 
dinale. Il  y  a  là,  en  somme,  une  action  analogue  à  celle  qu'ont  décrite  autrefois  Ludwig 
et  KuPFER,  chez  un  animal  récemment  tué.  Mais  il  suffit  de  replacer  le  segment  intes- 
tinal dans  des  conditions  physiologiques,  au  point  de  vue  de  sa  circulation,  pour  voir 


FiG.  97.  —  Excitation  du  bout  central  du  grand  splanchnique.  La  contractiou  se  ]iroiluit  tout  aussi  l)icn  après 
l'excitation  centrifuge  de  ce  nerf  (bout  périphérique),  qu'après  son  excitation  centripète  (bout  central). 


reparaître  les  effets  ordinaires  de  l'excitation  du  splanchnique,  tels  que  nous  les  avons 
décrits.  Le  relâchement  de  la  couche  circulaire  et  la  contraction  de  la  couche  longitu- 
dinale, lorsqu'on  excite  le  grand  sympathique,  sont  donc  des  effets  anormaux  liés  à  des 
conditions  anormales.  C'est  une  conclusion  qui  ressort  également  des  récentes 
recherches  de  Pal,  lequel  attribue  au  splanchnique  la  propriété  d'augmenter  ou  de 
diminuer  la  tonicité  de  la  couche  circulaire,  suivant  /es  circonstances. 

Quant  à  l'opinion  des  auteurs  anglais,  qui  admettent  le  relâchement  constant  de  la 
couche  circulaire  comme  de  la  couche  longitudinale,  après  excitation  du  grand  sympa- 
thique, nous  rappellerons  que  L.vnglev  et  A.\DERSON,ses  principaux  défenseurs,  n'ont  pas 
eu  recours  à  la  méthode  graphique.  Ils  se  sont  contentés  de  l'examen  direct,  ce  qui  est 
un  moyen  insuffisant  pour  discerner  la  réaction  motrice  de  chaque  couche  musculaire 
en  particulier.  Bayliss  et  Starling,  qui  défendent  la  même  manière  de  voir,  ont  em- 
ployé, il  est  vrai,  les  procédés  inscripleurs  habituels.  Mais  les  tracés  qu'ils  ont  publiés 
semblent  indiquer  qu'ils  n'ont  pas  réellement  disssocié  les  mouvements  respectifs  de 
chaque  couche  {Journal  of  Physiology,  1899,  xxiv,  99-143).  Ils  reconnaissent  d'ailleurs 
que  le  splanchnique  n'est  pas  absolument  dénué  d'action  motrice,  puisque,  d'après  eux, 
son  excitation  provoque  souvent,  en  même  temps  que  l'inhibition  des  mouvements 
rythmiques,  la  contraction  tonique  de  l'intestin.  Il  y  a  donc  là  un  résultat  très  analogue 
à  celui  que  nous  avons  obtenu  (moins  la  dissociation  de  ce  qui  appartient  à  l'une  ou 
à  l'autre  couche  musculaire;. 


INTESTIN.  571 

ToutefoisBAYLiss  elSivuLiM;  concluent  qu'il  s'agit,  non  d'un  effet  moteur  pi-opremont 
dit,  mais  d'un  etVet  "  pseudo-moteur ->  (|u'ils  attribuent  ù  l'action  vaso-motrice  du  splanoii- 
nique.  C'est  une  interprétation  qui  ra|)p('lle  celle  qu'on  a  voulu  opposer  autrefois  à 
la  découverte  de  Pi-ntiKu.  En  réalité,  ])as  plus  que  l'inhibition  dos  mouvements  péii- 
staltiques,  la  contraction  de  la  couche  circulaire  ne  dépend  des  modifications  provoquées 
dans  la  circulation  intestinale  par  l'excitation  du  splanchnique.  Comme  nous  l'avons 
montré  dès  1897,  elle  se  produit,  en  eflet,  tout  aussi  bien  après  l'excitation  centrifuge  de 
ce  nerf  (bout  périphérique)  qu'après  son  excitation  centripète  (bout  central),  bien  que 
letTet  vaso-moteiu'  soit  g<'néralement  inverse  dans  les  deux  cas.  11  n'y  a  donc  aucune 
relation  entre  l'un  et  l'autre  phénomène.  Leur  indépendance  a  d'ailleurs  été  reconnue 
tout  récemment,  en  Angleterre  même,  par  Hu.nch.  De  ces  différents  faits,  il  résulte  que 
la  contraction  tonique  provoquée  par  l'excitation  du  splanchnique  est  bien  un  effet 
moteur  direct, c'est-à-dire  indépendant  de  toute  action  vaso-motrice. 

Si  les  résultats  de  nos  expériences  nous  conduisent  à  assigner  aux  splanchni(iues 
un  rAle  identique  à  celui  que  Fellner  a  attribué  aux  nerfs  hypogastriques,  est-ce  à  dire 
que  nous  acceptions  la  théorie  de  l'innervation  croisée  qui  s'appuie  sur  les  travaux  de 
cet  auteur?  En  aucune  façon.  Tout  d'abord,  il  n'y  a  pas  d'opposition  symétrique  à  éta- 
blir, au  point  de  vue  des  elfets  moteurs  produits  sur  chacune  des  couches  de  l'intestin, 
entre  l'action  du  pneumogastrique  et  de  l'érecteur  sacré,  d'une  part,  et  l'action  du  sym- 
pathique, de  l'autre.  Gomme  nous  l'avons  déjà  dit,  la  première  est  beaucoup  plus  com- 
plexe que  ne  l'ont  admis  la  plupart  des  auteurs.  C'est  ainsi  que  la  contraction  brusque  de 
la  couche  longitudinale,  qui  est  le  premier  effet  de  l'excitation  du  pneumogastrique, est 
bientôt  suivie  du  relâchement  prolongé  de  cette  même  couche.  Or,  si  l'effet  primitif  est 
inverse  de  celui  que  provoque  l'excitation  du  sympathique,  l'efTet  secondaire  est  de  même 
sens;  et  finalement,  quel  que  soit  lenerf  excité,  il  y  a  inhibition  de  la  couche  longitu- 
dinale. Une  constatation  de  même  ordre  peut  être  faite  sur  la  couche  circulaire,  laquelle 
se  contracte,  bien  que  d'une  façon  différente,  sous  l'influence  du  sympathique  comme 
sous  l'influence  du  pneumogastrique.  Ces  influences,  quant  aux  mouvements  qu'elles 
impriment  à  chaque  couche  en  particulier,  ne  sont  donc  pas  symétriquement  inverses, 
comn>e  le  suppose  la  théorie  de  l'innervation  croisée. 

En  outre,  ce  n'est  pas  dans  le  sens  de  la  réaction  motrice  produite  dans  chaque  cou- 
che musculaire  qu'il  faut  chercher  une  difîérence  d'action  entre  les  deux  nerfs;  c'est  dans 
les  caractères  que  présente  cette  réaction  motrice.  Énergique,  presque  brusque,  et  sou- 
vent réitérée,  quand  elle  est  provoquée  par  le  pneumogastrique,  elle  est  lente,  progres- 
sive, et  toujours  unique,  quand  elle  est  provoquée  par  le  sympathique.  Ces  différences 
si  nettes  correspondent  au  rôle  spécial  de  chacun  des  deux  nerfs.  Entre  eux,  il  n'y  a  pas 
équivalence  fonctionnelle,  ainsi  que  le  prétend  van  Basch;  il  y  a,  au  contraire,  antago- 
nisme fonctionnel.  La  mise  en  jeu  du  péristaltisme  appartient  exclusivement  au  pneu- 
mogastrique, agissant  par  l'intermédiaire  du  plexus  intra-pariétal.  Sous  son  influence, 
en  effet,  apparaissent,  dans  les  deux  couches,  les  mouvements  combinés  de  contraction  et 
de  relâchement,  capables  de  faire  cheminer  les  aliments  le  long  du  tube  digestif.  Le 
grand  sympathique,  au  contraire,  n'intervient  pas  dans  ce  mécanisme,  sinon  pour  en 
suspendre  l'activité.  Sous  son  influence,  les  mouvements  péristaltiques  s'arrêtent  dans 
les  deux  couches  musculaires  :  d'où  stagnation  du  contenu  intestinal, blo(juédans  leseg- 
ment  oîi  il  se  trouve,  d'une  part  par  le  défaut  d'impulsion  dû  au  relâchement  de  la 
couche  longitudinale,  d'autre  part  par  la  constriction  prolongée  (tonique  des  fibres 
circulaires  et  des  anneaux  sphinctériens  qu'elles  constituent. 

En  résumé,  tandis  que  les  réactions  motrices  provoquées  par  le  pneumogastrique 
tendent  à  favoriser  la  progression  des  aliments,  les  réactions  motrices  provoquées  par 
le  sympathique  aboutissent  au  résultat  inverse.  Le  véritable  antagonisme  des  deux 
nerfs  apparaît  donc  avec  évidence  :  il  porte,  non  sur  le  sens  des  réactions  motrices  de 
chaque  couche  en  pailicuiier,  mais  sur  la  forme  de  la  contraction  et  les  efTets  qui  en 
résultent  au  point  de  vue  fonctionnel.  Ainsi  nos  connaissances  actuelles  s'adaptent  aux 
faits  découverts  par  Pi  Lii(;Eri  et  permettent  de  conclure  que,  si  le  pneumogastrique  est 
le  nerf  excitateur,  le  giand  sympathique  est  le  nerf  inhibiteur  de  la  fonction  mécanique  de 
l'intestin. 


572 


INTESTIN. 


30  Centres  nerveux.  —  Les  régions  de  l'axe  bulbo-médullaire  qui  correspondent  aux 
origines  des  nerfs  intestinaux  exercent  la  même  inlluence  que  ces  derniers  sur  les 
mouvements  péristalliques.  On  leur  a  donné  le  nom  de  ccntt'ea,  et  elles  le  méritent  dans 
une  certaine  mesure,  puisque  c'est  par  leur  intermédiaire  que  les  nerfs  sensitifs,  veiius 
des  divers  points  du  tube  digestif,  sont  mis  en  rapport  avec  les  nerfs  moteurs  qui  leur 
correspondent. 

Mais  il  convient  de  rappeler  qu'il  existe,  dans  le  système  nerveux  périphérique,  des 
cellules  ganglionnaires  qui  jouent  un  rôle  analogue.  Témoin  la  persistance  des  mouve- 
ments de  l'intestin  séparé  du  corps,  lorsqu'on  le  place  dans  des  conditions  favorables. 
Le  réûexe  sensitivo-moteur  peut  donc  s'opérer,  au  moins  pendant  un  certain  temps,  dans 
les  parois  intestinales  elles-mêmes  (plexus  d'AuERBAca).  Il  s'exerce  aussi,  en  dehors  de 
ces  parois,  dans  les  ganglions  échelonnés  le  long  du  sympathique  entre  la  moelle  et 


^.^'ii.j-iA^ 


^'"  ^A/^^v^.y./v-^.'Vv-lww- 


FiG.  98.  —  Fonction  rrflrxe  dn   i/oixilion  mésentérii/ue   inférieur.  La  section  préala))le  do  tous  les  filets  qui_le 
mettent  en  rapport  avec  la  niocUc  ne  cliange  rien  à  la  réaction  motrice  do  l'intestin. 


l'intestin.  C'est  ainsi  que,  comme  nous  l'avons  indiqué,  Courtade  et  moi,  l'excitation 
centripète  de  l'un  des  nerfs  hypogastriques  sectionné  provoque,  dans  le  rectum,  les 
mêmes  réactions  motrices  que  l'excitation  du  nerf  intact,  à  savoir  le  relâchement  des 
fibres  longitudinales  et  la  contraction  tonique  des  fibres  circulaires.  Dans  ce  cas  le 
centre  réflexe  est  représenté  par  le  ganglion  mésentérique  inférieur,  car  la  section 
préalable  de  tous  les  filets  qui  le  mettent  en  rapport  avec  la  moelle  ne  change  rien  à  la 
réaction  motrice  de  l'intestin. 

Néanmoins,  ce  pouvoir  réflexe  des  ganglions  sympathiques  ne  constitue  qu'un  relais 
intercalé  sur  le  circuit  sensitivo-moteur,  dont  le  centre  principal  est  situé  dans  l'axe  bulbo- 
spinal.  En  ce  qui  concerne  le  rectum,  on  a  désigné,  depuis  longtemps,  sous  le  nom  de 
centre  ano-spinal  un  segment  de  la  moelle  lombaire  qui  semble  présider  aux  mouvements 
de  défécation.  Son  rôle  a  été  discuté  dans  un  précédent  article  (voir  Défécation),  et 
nous  n'y  reviendrons  pas.  Mais  nous  devons  signaler  ce  qu'il  a  de  forcément  complexe, 
puisque  la  région  médullaire  ainsi  désignée  correspond,  sans  parler  de  l'innervation  du 
sphincter  externe,  à  l'origine  des  nerfs  hypogastriques  et  des  nerfs  érecteurs  sacrés  dont 
on  connaît  l'action  différente  sur  les  mouvements  du  rectum. 

La  moelle  dorsale,  au  contraire,  ne  commande  aux  mouvements  de  l'intestin  grêle 


INTESTIN.  573 

que  par  l'intermédiaire  du  grand  splaiichnique,  depuis  la  sixième  vertèbre  dorsale 
jusqu'à  la  premit-re  loinbaiie.  Sur  toute  cette  étendue,  l'excitation  de  la  moelle  provoque 
l'inhibition  des  mouvements  péristaltiques,  comme  Pi-lCger  l'a  constaté  le  premier  et, 
après  lui,  nombre  de  physiologistes  qui  ont  décrit  des  centres  d'arrôt  dans  toute  cette 
région. 

Certains  auteurs  ont  vu  apparaître  des  contractions  intestinales  en  excitant  les 
diverses  parties  du  mésoct-phale  :  cervelet  et  pédoncules  (Valentin).  corps  resliforme 
(Budce),  bulbe  et  protubérance  (Schikk).  Le  voisinage  des  noyaux  bulbaires  du  pneumo- 
gastrique, auxquels  ces  excitations  peuvent  se  transmettre,  explique  la  fréquence  des 
effets  intestino-moteurs  obtenus  dans  ces  conditions. 

On  a  attribué,  de  même,  à  certaines  régions  du  cerveau  une  influence  motrice  sur 
les  mouvements  de  l'intestin.  La  couche  optique,  en  particulier,  déjà  mentionnée  à  ce 
point  de  vue  par  BuDCRet  par  Valentin,  a  été  considérée  parJ.OTT  et  Wood-Field  comme; 
un  centre  d'arrêt  pour  les  mouvements  péristaltiques.  En  l'excitant  directement  avec  de 
fines  électrodes,  ces  auteurs  ont  constaté,  en  effet,  la  suppression  de  toute  contraction 
intestinale.  Après  eux,  Bechterew  d'abord,  puis  Rechterew  et  MlSLA^v^>KI  ont  repris  la 
question  et  sont  arrivés  aux  conclusions  suivantes  :  l'eflet  intestino-inhibiteur  n'est 
produit  que  par  l'excitation  de  la  région  externe  de  la  couche  optique  ;  il  est  localisé  à 
l'intestin  grêle,  et,  sous  l'influence  de  la  même  excitation,  le  gros  intestin  présente,  au 
contraire,  des  contractions  qui  peuvent  aboutir  à  la  défécation;  enfin,  l'excitation  de  la 
partie  postérieure  de  la  couche  opli(iue  produit  parfois  l'apparition  des  mouvements 
péristaltiques. 

D'après  les  mêmes  auteurs,  il  y  aurait,  dans  l'écorce  cérébrale  elle-même,  des  centres 
qui  agissent  comme  ceux  de  la  couche  optique  et  par  leur  intermédiaire.  Indiqués  par 
BocHEFONTAiNE,  puis  par  Pal  et  Bergrûn.n,  ces  centres  seraient  situés  dans  la  région  du 
girus  sygmoïde,  et  leur  excitation  arrêterait  les  mouvements  de  l'intestin.  C'est  dans  la 
même  région  que  Bechterew  etMisLAwsKi  localisent  l'action  intestino-motricede  l'écorce 
cérébrale.  Mais  ils  admettent  que  cette  action  est  double  et  peut  s'exercer  soit  en  provo- 
quant, soit  en  supprimant  le  péristaltisme.  L'excitation  des  mêmes  circonvolutions 
déterminerait  aussi  des  contractions  dans  le  gros  intestin  (Bechterew  et  Mislawski, 
Sherrington,  Ducceschi,  etc.1. 

Sans  mettre  en  doute  le  bien  fondé  des  résultats  obtenus  par  ces  divers  auteurs,  nous 
ferons  remarquer  que,  dans  la  localisation  des  centres  intestino-moteurs,  comme  dans 
celles  des  centres  thermiques,  il  faut  se  méfier  des  effets  réflexes  provoqués  par  l'excita- 
tion de  l'écorce  cérébrale. 

J.    F.    GUYONi. 

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und  pathologische  Darmbewegung  {Zentr.  Chir.,  xxxvi,  1909,  60-01  et  Arch.  klin.  Chlr., 
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1.  On  sait  qu'une  lin  prématurée  a  enlevé  notre  éminent  collaborateur  à  la  science.  Cet 
article  avait  été  composé  par  lui  très  peu  de  temps  avant  sa  mort.  (On.  R.; 


574  INTESTIN. 

de  la  diaphylaxie  intestinale  {B.  B-,  1909,  1406-1407).  —  v.  Biiakel  (G.).  Ueber  die  peris- 
taltische  Beireç/ung,  insbesondere  des  Danns  {A.  g.  l\,  1871,  iv,  33-bO).  —  Braune  (W.). 
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the  alimentary  canals  in  terms  of  the  mesenteric  reflex  (Med.  Rec,  Xew-York,  lxxiv,  1908, 

940); Démonstration  of  the  movement  of  the  intestines  {Arch.  int.  de  P.,  ii,  1905,  58. 

Auscidtation  of  the  rhythmic  sounds  produced  by  the  stomach  and  intestines  (Amer. 

J.  P.,  XIV,  1905,  339-353);  —  —  Observ.  on  the  alimentary  canal  after  splanchnic  and 
vagus  section  (Amer.  J.  P.,  xiii,  1905,  22;  —  —  Some  observai,  on  the  neuro-muscular 
mechanism  of  the  alimentary  Canal  (Amer.  J.  P.,  xxi,  1908,(20).  —  Cash  (J.-T.).  Contribution 
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747); Influence  motrice  du  grand  sympathique  sur  l'intestin  grrle  (A.  d.  P.,  1897,  422- 

433. Influence  motrice  du  grand  sympathique  et  du  nerf  ërecteur  sacré  sur  le  gros  intestin 

(A.  d.   P.,  1897,  880-890); Influence  motrice  du  pneumogastrique  sur  l'intestin  grHe 

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INTESTIN.  575 

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576  INULASE.    —    INULINE. 

INULASE.  —  Ferment  qui  hydrate  l'inuline.V.  Inuline. 

INULINE.  —  (C-  H-"  0'").  L'inuline  est  une  substance  voisine  des  hydrates  de 
carbone,  qui  se  trouve  dans  nombre  de  plantes  {Jnula  Halcnium,  Helianthus  tuberosus, 
Georgina  purpurea,  Cijanara  scolismus,  etc.)  Toutes  ces  inulines  ne  sont  pas  identiques, 
et  l'inuline  de  dahlia  parait  différente  de  l'inuline  d'aulné'e. 

Pour  préparer  l'inuline  on  épuise  les  racines  d'aulnée  par  l'eau  bouillante.  La  décoc- 
tion est  précipitée  par  l'alcool,  et  le  précipité,  repris  par  l'eau  et  décoloré  par  le  char- 
bon animal,  est  de  nouveau  précipité  par  l'alcool.  C'est  de  l'inuline  pure. 

L'inuline  peut  être  chautTée  à  180°  sans  se  décomposer;  elle  est  peu  soluble  dans 
l'eau  froide,  très  soluble  dans  l'eau  chaude,  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool,  et  l'éther. 
Elle  réduit  à  chaud,  eu  présence  de  AzH^,  les  sels  de  plomb  et  de  cuivre.  Elle  se  dissout 
dans  l'oxyde  de  cuivre  ammoniacal. 

Son  pouvoir  rotatoire  est  a  E  =  —  39°^).  Sa  chaleur  de  combustion  (pourC^  H'"  0')  = 
678  cal.  6.  Les  inulines  des  divers  végétaux  ont  des  pouvoirs  rotatoires  dilîérents. 

Une  des  réactions  caractéristiques  de  l'inuline,  c'est  de  donner  avec  un  excès  d'eau 
de  baryte  un  précipité  barytique  insoluble.  Elle  fournit  de  nombreux  dérivés  acétiques 
(tri,  tétra  et  hexacétiques). 

Son  poids  moléculaire,  déterminé  par  la  cryoscopie,  serait  de  {O  H'"  0')3(H-0). 
(Tanret.) 

Chauffée  avec  de  l'eau,  l'inuline  fournit  des  produits  analoj,'ues  aux  dextrines.  L'hy- 
drolyse complète  donne  du  lévulose  et  seulement  1/12  de  glycose. 

L'inuline  ne  fermente  pas,  alcooliquement.  Mais  sous  l'inlluence  de  diveis  microbes, 
en  particulier  de  ÏAspeiyUlioi  n(V/er  (Bourquelot),  elle  peut  donner  du  glycose  :  de  sorte 
que,  si  l'on  associe  l'Aspe)';/Hlu><  n'u/cr  et  la  levure  dans  une  solution  d'inuline,  on 
obtient  finalement  une  fermentation  alcoolique. 

Une  zymase  existe  cependant,  qui  peut  hydrolyser  l'inuline;  c'est  l'inulase,  décou- 
verte par  Green  {Ann.  of  botany,  1,  1888)  dans  les  plantes  qui  contiennent  de  l'inuline. 
Chittenden,  d'abord,  puis  Rich.\ud,  d'une  part,  et  Bierry  et  Portier  ont  établi  que,  si 
l'inuline  peut  être  digérée  par  les  animaux,  c'est  grâce  au  suc  gastrique  acide.  Une  solu- 
tion HCl  à  1  p.  1  000  saccharine  en  24  heures,  à  36°,  86  p.  100  de  l'inuline  en  solution, 
tandis  que  l'inuline  injectée  dans  le  sang  se  retrouve  dans  l'urine  intégralement.  Les 
sucs  digestifs  non  acides  ne  transforment  pas  l'inuline,  ce  qui  prouve  que  l'inulase  est 
différente  de  l'amylase  et  de  la  maltase. 

De  même  l'injection  intra-péritonéale  d'inuline  n'est  pas  suivie  d'assimilation,  et 
l'inuline  se  retrouve  presque  totalement  dans  l'urine  (Mendel  et  Mischall).  De  même 
aussi  après  injection  sous-culanée  (VVeunlanu). 

D'après  .\akaseko,  des  lapins  àjeun  ayant  reçu  de  l'inuline  dans  l'estomac  ont  (Quel- 
quefois (3  fois  sur  7  expériences)  une  quantité  de  glycogènc  supéiieure  à  celle  qu'ils 
auraient  dû  avoir  s'ils  avaient  été  soumis  à  un  jeûne  simple,  ce  qui  prouve  que  l'inuline 
peut  être  assimilée;  il  n'y  a  aucune  contradiction  entre  cette  expérience,  et  celle  de 
RiCHAUD,  et  Bierry  et  Portier  ;  car  le  lévulose  résultant  de  l'action  du  suc  gastrique  sur 
l'inuline  peut  donner  du  glycogène.  Pourtant  Richaud  a  vu  que  le  foie  des  animaux  sou- 
mis depuis  un  mois  à  un  régime  exclusivement  inulacé  donne  un  glycose  dextrogyre. 

Bierry  et  Portier.  Rech.  sur  la  dirjestion  deVlnuUne  {B.  B.,  1900, 126.) —  Bourql'elot. 
Inuline  et  fermentation  alcoolique  indirecte  de  Vinuline.  'Ibid.,  1894,  481-483).  —  Chitt- 
TENDEN,  Tke  behavior  of  imdin  in  the  gastro-intestinal  tract.  [Proc.  Am.  physiol.  Soc,  1898. 
xvii)  —  Daniel,  Sur  la  présence  de  V inuline  dans  les  capitides  d'un  certain  nombre  de  com- 
posées{B.  B.,  1889,  182-184).  —  Giacosa  et  Soave.  Sulla  inulina  délia  Cyanara  scolismus  et 
sul  suoussorbimento  {G.  d.  r.  Accad.  med.  di  Torino,  1891,  xxxix,  376-396.  et  .1.  /.  B.,  1892, 
xvii,  236-274).  —  Lefranc.  De  l'inuline  et  de  ses  modifications  {Rec.  demém.  de  médec.  milit., 
1870,  XXV,  410-441)  —  Richaud.  Sur  quelques  points  relatifs  à  l'histoire  physiologique  de 
l'inuline  chez  les  animaux  [B.  B.,  1900,  416).  — Nakaseko.  Glykogen  formation  after  inulin 
feeding  {Amer.  J.  P.,  1900,  243).  —  A.  Dean.  On  inulin  {Amer.  chem.  Journ.,  1904, 
xxxii,  n°  1),  —  Teyxeira.  Ist  das  Inulin  eine  Substanz  die  von  Diabeteskranken  als  Ndhr- 
mitlel  ausgenùtzt  werdcn  kann?  {Boll.  chim.  farm.,  xliii,  1904,  605\  —  Chittrnde.n.  The 
behavior  of  inulin  in  the  gastro-intestinal  tract.  {Am.  J.P.,  ii,  1897,  xvif. —  Laf.  B.  Mendel 


INULINE.    —    INVERTINE.  577 

et  MiTCiiELL.  The  tdilizatioii  of  carious  carbohyilrates  [Ibid.,  xiv,  1905;  245)  —  Mu'ra. 
Wird  diirch  Zufuhr  von  Inuliii  beiin  P/lanzcnfrexser  GlijcogenbiUlung  in  dcr  Leber  ijes- 
teùjerV]  (Z.  B.,  xxxii,  189:>,  255-265.).  —  Wkim.ani).  Vebcr  das  Anftveten  von  Invcrtin 
m  Blut.  (Z.  B.,  lOO.i,  xLvii,  284). 

INVERTINE.  —  [.'invortine  (ou  sucrase)  ost  une  zymase  qui  a  la  propriélé  de 
dédoubler,  après  liydratalion,  une  molécule  de  saccharose  eu  deux  molécules  :  dextrose 
ou  d.  glyoose  e(  lévulose,  ou  d.  fructose. 

OiilliJOn  +  II^O  =  C«Hi206  +  C'HtaOS. 
Saocliaroso.  Dextrose  ou       I.évuloso  ou 

d.  glycoso.        d.  fructose. 

DcBRL'.NFAUT  a  obscrvé  le  premier  que  le  saccharose,  avant  de  se  trausformer  en 
alcool,  était  interverti.  I.e  ferment  soluble,  entrevu  par  Dùbereinf.u  et  MiTsciiKitLicii,  a  été 
découvert  par  Berthelot,  en  1860,  qui  précipitait  dans  de  l'eau  de  levure  celte  zymase 
par  l'alcool,  et,  reprenant  le  précipité  par  l'eau,  obtenait  l'hydratation  du  saccharose, 
au  moyen  de  ce  corps  (azoté). 

Il  est  prouvé  maintenant  que  toutes  les  fermentations  alcooliques  commencent  par 
interversion  du  saccharose,  môme  quand  dans  le  liquide  de  levure  on  ne  trouve  pas 
d'invertine.  Par  exemple,  le  Monilin  candida  ne  laisse  pas  exsuder  son  invertine;  mais, 
quand  on  broie  convenablement  les  cellules,  on  obtient  un  liquide  qui  contient  de  l'in- 
vertine;  de  sorte  que  la  présence  d'invertine  dans  toute  fermentation  alcoolique  est  un 
phénomène  général,  soit  que  l'invertine  passe  dans  le  liquide,  soit  qu'elle  reste  lixée 
dans  le  protoplasma  cellulaire  de  la  levure. 

La  présence  de  l'invertine  dans  les  organismes  animaux  a  été  découverte  d'abord 
par  Claude  Bernard  dans  le  liquide  intestinal  (Voy.  Intestin). 

Depuis  lors,  on  a  constaté  la  présence  de  ce  ferment  dans  des  organismes  végétaux 
et  animaux. 

L'Asperdillus  nir/er,  le  Pénicillium  r/laucu>n,  le  Mucor  racemosus,  le  Sclerotinia  scle- 
rotiorum  eu  produisent  ;  mais  non  le  Saccharomijces  apiculatus,  le  S.  membranae  faciens, 
le  Mucor  mucedo.  La  plupart  des  levures  en  fournissent.  On  en  trouve  dans  les  feuilles 
et  les  lleurs  du  Hobinia  pseudoacacia  (van  Tiec  iem),  dans  le  pollen  de  quelques  plantes, 
dans  l'embryon  de  l'orge  germé  (Kjeldahl).  Les  cellules  de  la  betterave  n'en  contiennent 
pas,  quoiqu'elles  soient  gorgées  de  saccharose.  Si,  en  effet,  elles  en  contenaient,  ce 
saccharose  aurait  disparu. 

Quelques  auteurs  ont  prétendu  que  jamais  l'invertine  n'est  sécrétée  par  les  orga- 
nismes animaux.  Ulclaux  croit  que  l'invertine  qu'on  constate  dans  les  sucs  digestifs 
n'est  pas  normale,  mais  d'origine  parasitaire.  Mais  cette  opinion  n'est  guère  vraisem- 
blable. 

D'après  Biedermann  et  Moritz  (cités  par  Dastre,  art.  Foie,  vi,  804),  le  suc  hépato-intes- 
tinal  des  Heiix  contiendrait  de  l'invertine.  Mais  Bouhquelot  n'a  pas  pu  la  constater  chez 
les  poulpes. 

D'après  Axenfeld,  l'intestin  (antérieur)  des  abeilles  contient  une  invertine  très  active, 
de  même  aussi  l'intestin  de  Musca  carnavia  et  de  Cicada  communis.  Chez  divers  insectes, 
il  y  a  encore  de  l'invertine  dans  l'intestin,  mais  beaucoup  moins.  Dans  le  miel,  le  même 
auteur  a  vu  un  ferment  amylolytique  et  un  ferment  inversif,  assez  actif  pour  qu'en  cinq 
minutes  il  y  ait  inversion. 

Les  sucs  digestifs  de  l'homme  et  des  mammifères  transforment-ils  le  saccharose  en 
glycose?  La  question  semble  à  peu  près  résolue. 

En  effet,  il  n'est  pas  douteux  que,  si  l'on  met  un  fragment  d'intestin  en  contact  avec 
une  solution  de  saccharose,  il  se  produit  une  rapide  inversion,  même  quand  l'intestin 
a  été  bien  lavé,  de  sorte  qu'on  ne  peut  invoquer  la  présence  des  microrganismes,  trop 
peu  abondants,  assurément,  pour  produire  cette  rapide  inversion.  .Mais  il  est  possible 
que  la  muqueuse  se  soit  imprégnée  de  l'invertine  sécrétée  par  les  cellules  des  orga- 
nismes inférieurs  lors  des  ingestions  intestinales  précédentes. 

Toutefois,  la  non-spécificité  de  la  muqueuse  intestinale  pour  production  d'invertine 
n'est  guère  vraisemblable,  quoi  qu'en  dise  Duclaux.  En  effet,  que  l'on  compare  l'action 

IJICT.    r»K    l'HYSlOMKilE    —    T.    IX.  37 


S78  INVERTINE. 

d'un  fragment  de  muscle,  de  pancréas  et  d'intestin,  au  point  de  vue  de  leur  action 
inversive,  on  verra  que  ni  le  muscle,  ni  le  pancréas  n'agissent,  tandis  que  l'intestin 
a  énergiquement  hydrolyse  le  saccharose. 

Fischer  et  Niebel  n'ont  pas  pu  constater  traces  d'invertine  dans  le  sang  des  chevaux, 
Teaux,  moutons,  rats,  poules,  oies  et  grenouilles.  De  même,  comme  l'ont  montré  Claude 
Bernard,  puis  Voit,  l'injection  sous-cutanée  de  saccharose  fait  passer  le  saccharose 
dans  le  sang  et,  de  là,  dans  l'urine,  sans  qu'à  aucun  moment  il  ne  se  produise  d'inter- 
ver.->ion.  Johan.nson,  Billstrom  et  Heijl  ont  aussi, "par  d'autres  constatations  (mesure  du 
CO-  dégagé),  établi  que  le  sucre  introduit  par  injection  sous-culanée  ou  intra-veineuse 
dans  l'organisme  ne  pouvait  être  considéré  comme  un  aliment,  et  n'était  pas  assimi- 
lable. 

E.  Weinland  a  fait,  à  ce  sujet,  une  observation  curieuse,  qui  mériterait  d'être  reprise. 
Après  avoir  constaté  que,  chez  des  chiens  nouveau-nés,  l'intestin  contient  une  notable 
quantité  d'invertine,  il  injecte  du  saccharose  sous  la  peau  tous  les  jours  pendant  quinze 
jours;  une  partie  de  ce  sucre  disparaît,  et  le  sang,  quand  on  le  recueille  au  quin- 
zième jour,  contient  de  Tinvertine.  Si,  au  contraire,  on  prend  le  sérum  d'un  chien  de 
même  àgo,  mais  qui  n'a  pas  subi  les  injections  quotidiennes  sous-cutanées  de  sucre, 
on  constate  que  son  sérum  ne  possède  pas  de  propriétés  inversives.  Par  conséquent, 
une  propriété  chimique  nouvelle  a  été  donnée  au  sang  par  une  alimenlalion  spéciale, 
et  par  un  mode  spécial  d'alimentation.  Est-ce  par  une  réaction  nerveuse  sur  la  consti- 
tution chimique  du  sang? 

MiuRA,  dans  un  excellent  travail  où  toute  la  bibliographie  des  travaux  antérieurs 
est  indiquée,  fournit  des  preuves  convaincantes  pour  établir  que  la  muqueuse  intesti- 
nale peut  inverser  les  sucres.  En  elTcl,  dans  l'inlestiii  des  enfants  mort-nés,  il  y  a  de 
l'invertine.  Il  y  en  a  aussi  dans  l'intestin  des  nouveau-nés,  qui  ne  contient  pour  ainsi 
dire  pas  de  bactéries.  D'ailleurs,  la  muqueuse  stomacale  n'ayant  pas  celte  action  inver- 
sive (non  plus  que  le  pancréas  et  la  bilej,  la  fonction  de  l'intestin,  à  cet  égard,  semble 
•être  spécifique. 

L'opinion  de  Duclaux,  Hoppe-Seyler,  Landois  que  le  ferment  inversif  est  un  produit 
des  microbes  intestinaux,  n'est  donc  pas  admissible  (voy.  Intestin). 

La  salive  pure  de  cheval  recueillie  asepliquement  ne  contient  pas  d'inverline 
(H.  GoLDSMiTH,  cité  par  Di'claux,  Traite  de  microbiologie^  II,  1899,  500).  Cependant,  si, 
au  lieu  d'employer  de  la  salive  pure,  on  garde  quel(|ue  temps  dans  la  bouche  un  frag- 
ment de  saccharose,  il  est  facile  de  voir  qu'il  y  a  un  commencement  d'inversion 
(Ch.  Richet).  Le  fait  a  été  contesté  par  Bourquelot,  et  il  est  probable  qu'il  y  a  des 
variations  individuelles.  Il  est  prouvé,  comme  chacun  peut  le  constater,  que  le  fait  de 
mâcher  du  sucre  de  canne  et  de  le  garder  quelques  minutes  dans  la  bouche  entraîne 
l'hydratation  d'une  certaine  quantité  de  saccharose;  mais  cela  ne  prouve  nullement  que 
la  salive  contienne  normalement  de  l'invertine. 

Stoklasa  et  SiMALLK  (cités  par  Portier)  ont  dit  que  les  tissus  des  mammifères 
•contenaient  une  zymase  capable  de  faire  fermenter  le  saccharose,  ce  qui  suppose  la 
présence  de  l'invertine  transformant  le  sai'charose  en  glycose.  Mais  Portier  n'a  pas  pu 
réussir  à  obtenir  d'inverline  en  prenant  les  sucs  de  presse  de  divers  organes  (pancréas, 
poumon  et  foie  de  chien  et  de  bœuf). 

En  réalité,  l'invertine  est  un  ferment  relativement  rare  dans  les  organismes  ani- 
maux, ce  qui  s'explique  assez  bien,  puisque  les  aliments  végétaux  contenant  du  sac- 
charose sont  relativement  rares  (betteraves,  canne  à  sucre). 

Préparation  de  l'invertine.  —  Pour  préparer  l'invertine,  il  faut  s'adresser  aux 
organismes  qui  en  produisent  des  quantités  abondantes,  c'est-à-dire  la  levure  de  bière 
et  Y Aspergillus  niçjer.  La  levure,  broyée  et  desséchée  (co^igeléej,  est  épuisée  par  l'eau, 
et  le  filtrat  est  précipité  par  l'alcool.  Duclaux  remplace  le  liquide  de  cultuie  de  V Xsper- 
gillus  niger  arrivé  au  terme  de  son  développement  fiar  de  l'eau  distillée  contenant  un 
peu  de  saccharose.  Au  bout  de  quarante-huit  heures,  le  liquide,  très  pur,  ne  contient 
presque  plus  que  de  l'invertine.  Pour  le  conserver,  on  l'additionne  de  quelques  gouttes 
d'essence  de  moutarde.  Fkrnbach  cultive  V Aspergillus  en  liquide  Raulin  stérilisé  dans 
des  fioles  ayant  une  tubulure  latérale.  Quand  la  plante  est  en  pleine  fructification,  on 
décante  le  liquide  par  l'effilure,  et  on  le  remplace  par  de  l'eau  distillée,  qui  se  charge 


INVERTINE.  «79 

il'inveiiine.  Ce  liquide  contient  toujours  un  peu  iloxaliquc  provenant  de  VAspc}(jillus. 

D'après  Bourquelot  [Sur  l'emploi  des  enzymes.  Joiirn.  de  pharm.  et  de  chimie,  1907, 
XXV,  16  et  378),  il  ne  faut  employer  que  la  levure  fraîche,  non  desséchée  h  l'air; 
car  il  se  produit  alors,  par  l'exposition  h  l'air,  des  fermentations  microbiennes  «jui 
introduisent  d'autres  diastases  difficiles  à  séparer  de  l'invertine. 

Fernbacu  a  constaté  «lue  la  levure,  en  milieu  aérobie  ou  anaérobie,  fournit  à  peu 
près  la  même  quantité  d'invertine. 

La  composition  chimique  de  l'invertine  est  incertaine.  Voici  les  chiffres  donnés  par 
Rarïu  et  DoNATH  (cités  par  Duclaux)  : 

1  2 

Carbone 43,90  40,50 

Hydrogène 8,40  6,90 

Azote 6,00  9,30 

Soufre 0,63 

Oxygène 41,47 

Dans  une  autre  analyse,  Mayer  n'a  trouvé  que  4-3  d'azote  p.  100. 
D'après  Mayer,  le  phosphore  fait  partie  intégrante  de  la  molécule. 
KoLLE  a  donné  des  analyses  détaillées  de  diverses  invertines  :  il  a  trouvé  en  cendres, 
p.  100  :  0,18;  3,96;  10,68. 


Carbone. 

Hydrogène. 

Azote. 

44,73 

6,91 

45,13 

7,34 

45,63 

7,22 

44,69 

7,22 

8,46 

44,43 

7,00 

8,67 

43,90 

6,45 

8,32 

Enfin  Salkowski  a  appelé  l'attention  sur  le'"  gommes  qui,  dans  la  préparation  habi- 
tuelle de  l'invertine,  se  trouvent  mêlées  à  elle,  parfois  dans  la  proportion  énorme  de 
65  p.  100. 

Conditions  d'action  de  linvertine.  —  Les  influences  qui  modifient  l'action  de 
l'invertine  sur  le  saccharose  ont  été  étudiées  par  beaucoup  d'auteurs,  en  particulier 
par  Fernbach,  Sullivan  et  Thompson,  et  V.  Henry  (voir  Ferments).  Nous  résumerons  ici 
ce  qui  se  rapporte  spécialement  à  l'invertine. 

La  quantité  de  sucre,  pourvu  qu'elle  atteigne  un  certain  niveau,  est  indifférente 
(Duclaux).  Des  solutions  contenant  une  même  quantité  d'invertine  et  des  (juantités 
croissantes  de  sucre,  10,  20  et  40  p.  100,  donneront  la  même  quantité  de  sucre  inter- 
verti. 

La  température  optimum  de  l'action  de  Tinverline,  déterminée  par  K.ieldahl,  est 
voisine  de  52"5.  Soit  100  la  quantité  de  sucre  interverti  à  3205,  on  a  les  chiffres  suivants 
qui  permettent  de  tracer  la  courbe  de  l'iniluence  thermique. 


ïgiés. 

0 

10 

18 

29 

30 

50 

40 

74 

43 

90 

48 

97 

50 

99 

52,3 

100 

33 

99 

60 

74 

03 

11 

70 

0 

680  INVERTI  NE. 

Nous  n'entrerons  pas  d'ailleurs  dans  les  discussions  théoriques,  communes  à  l'in- 
verline  et  à  d'autres  zymases,  pour  les  variations  de  celte  courbe  selon  l'influence  des 
quantités  de  diastase  et  de  sucre,  la  durée  de  l'action  et  l'influence  thermique  (voir 
Ferments,  et  Duclaux,  Traité  de  microbiologie,  n,  1899). 

Dans  un  milieu  rigoureusement  neutre  l'action  de  l'invertine  n'est  pas  maximale. 
En  ajoutant  de  petites  quantités  d'acide,  trop  faibles  pour  agir  par  elles-mêmes  sur 
l'inverMon  du  sucre,  on  voit  que  l'action  de  l'invertine  est  activée.  Au  delà  elle  est 
ralentie. 

Fernbach  a  constaté  l'influence  ralentissante  de  l'alcali,  même  à  dose  très  faible. 


Proportion 

do 

Sucre 

Na  OU  en 

interverti  en 

(niilligr.  ])ar  1 

lilro.> 

ccutigraranies. 

0 

35.1 

•i.^ 

31,8 

6,6 

25,4 

9,9 

17,6 

1:5,0 

12,1 

16,0 

^^ 

10 

5,3 

23 

3,î> 

Le  même  auteur  a  comparé  les  divers  acides  au  point  de  vue  île  leur  action  sur  l'in- 
version par  l'invertine  :  naturellement  il  a  éliminé  la  fonction  invertissante  de  l'acide 
lui-même. 

Il  a  trouvé  ainsi  que  pour  chaque  acide  il  y  a  un  maximum  d'action,  de  sorte  que 
la  quantité  de  sucre  interverti  est  à  peu  près  la  même  alors,  quel  que  soit  l'acide 
employé,  à  la  condition  qu'on  mette  suivant  la  nature  de  cet  acide  des  quantités  diffé- 
rentes. Ces  quantités  seront,  en  milligrammes  par  litre  : 

Acides  sulùnique    .    .    .  'lu 

—  oxalique 6G 

—  '  tartriqiu- ....       1  000 

—  succiniquc..    .    .       2  000  > 

—  laclique   ....       5  000 

—  acétique 10  000 


O'SuLLivAN  et  ToMsoN  out  VU  ensuite  que  ce  chiffre  d'acide  maximum  se  déplace  avec 
la  température,  et  qu'il  croît  quand  la  température  baisse,  ainsi  qu'on  pouvait  le  pré- 
voir a  priori. 

11  e<«t  bien  entendu  d'ailleurs  que  la  vitesse  d'inversion  du  sucre  varie  avec  la  nature 
des  levures;  et  que  lés  préparations  d'invertine  ne  peuvent  jamais  être  considérées 
comme  identiques.  Suivant  leur  provenance,  et  le  mode  de  préparation,  elles  diffèrent 
dans  une  très  large  mesure. 

Nous  n'avons  pas  à  étudier  ici  les  modifications  du  saccharose  produites  par  l'in- 
version (Voir  Saccharose  et  Sucres).  D'une  manière  générale  l'invertine  agit  dans  le 
même  sens  que  les  acides. 

Emploi  de  l'invertine.  —  Bourquelot  a  recommandé  l'emploi  de  l'invertine  pour 
déceler  la  présence  de  sucre  de  canne  dans  les  tissus,  notamment  dans  les  tissus  végé- 
taux. Le  produit  de  la  réaction  (glucose  et  lévulose)  étant  caractérisé  par  son  pouvoir 
réducteur  et  par  son  action  sur  la  lumière  polarisée,  il  suffit  et  il  est  nécessaire  que 
l'invertine  ne  soit  pas  accompagnée  d'autres  enzymes  pouvant  agir  sur  d'autres  prin- 
cipes que  le  sucre  de  canne.  A  cet  effet,  on  prend  de  la  levure  séchée  en  présence  de 
l'alcool,  et  précipitée  par  l'alcool.  Le  produit  sec  se  dissout  instantanément  dans  l'eau 
(1  gr.  par  100  ce).  Il  peut  être  regardé  comme  une  solution  d'invertine  pure. 

On  fait  alors  l'extrait  alcoolique  du  fragment  végétal  qu'on  veut  examiner,  et  on 
chasse  l'alcool  en  présence  d'un  peu  de  carbonate  calcique  pour  éviter  l'hydrolyse  du 


IODE.  581 

saccharose  par  les  acides.  I.e  n'sidn  «lissous  dans  l'eau  est  examiné  au  polarimkre  avanf. 
et  après  l'action  de  l'invertine. 

BouRQUELOT  a  trouvé  ainsi  que  sur  quarante-quatre  espèces  de  plantes  qu'il  a  exami- 
nées, toujours  il  y  avait  à  la  fois  du  sucre  de  canne  et  de  l'invertine.  Il  en  conclut  que 
le  sucre  de  canne  est  un  principe  nécessaire  aux  échanges  nutritifs  dans  les  plantes  à 
chloropliylle,  et,  comme  il  n'est  pas  directement  assiinil.iMe,  que  l'invertine  est  néces- 
saire ù  l'assimilation  de  cet  hydrate  de  carbone. 

Bibliographie.—  FEnNiiACii.  Sur  l'inoertinc  on  sncrase  de  la  levure.  {Ann.  de  l'Imt. 
Paateur,  1890,  iv,  Oil-673).  —  Kulli:.  Weiteres  ilbcr  das  Inrertin.  (Z.  p.  C,  1900,  xxix, 
429-436).  —  OsBORNE.  Beitr.  z.  Kcnntniss  des  lavertins  [Ibid.,  1899,  xxviit,  390-425).  — 
OsHiMA,  Uebcr  Hefe<jummi  und  Invertin.  {Ibid.,  1902,  xxxvi,  42-48).  —  Roussy.  Résistance 
de  la  propriété  diastasii^ue  de  l'invertine  à  l'action  destructive  de  la  chaleur  {B.  B.,  189S, 
400-402).  —  Salkowski.  Uebcr  das  hwertin  der  Uefe.  (Z.  p.  C,  1900,  ''xxi,  30b-328).  — 
AxENi'ELD.  Inrertin  im  Honig  und  in  Insektendàrin.  (Z.  B.,  1904,  xvri.  208-269).  —  V.  Henri. 
Sur  la  loi  de  l'action  de  l'invertine. {B.  H.,  1903,1215).  — H ainer.  Einirje  Bcitrane  zur  Kennt- 
niss  des  Inocrtins  der  Hcfe.  (Z.  p.  C,  1904,  xm,  i).  —  Poutikr.  Absence  d'invertine  et  de 
lactase  dans  les  sucs  de  presse  de  différents  organes  des  mammifères.  {B.  B.,  1904,  205). 
—  Weinland.  Ueber  das  Auftretcn  von  Invertin  im  Blut.  (Z.  B.,  1905,  xvui,  279).  — 
Fermbach.  Sur  le  dosage  dclasucrase.  (Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  1889,  ni,  473,  531,  et 
1890.  IV,  1-24).  —  Miura.  Ist  der  Dumdarm  im  Stande,  hohrzucker  zu  invertiren?  (Z.  B., 
1893,  XIV,  266-280).  —  Brown  et  Hkuon.  IJebcr  die  hijdroUjlischen  Wirkungen  des  Pankreas 
und  des  Diinndannes.  {Lieb.  Annalen,  1880,  cciv,  228). 

IODE.  —  L'iode  est  un  méialloïde  découvert  accidentellement  par  Courtois  en 
1812,  puis  étudié  par  Gay-Lussai:  en  1813  {Ann.  de  chim.,  xci).  H.  Uavy  s'en  est  occupé 
à  la  même  époque  {Journ.  of  Se,  i,  234)  et  a  décelé  sa  présence  dans  un  certain 
nombre  de  plantes  marines.  Depuis,  les  recherches  d'un  grand  nombre  de  savants  ont 
démontré  que  l'iode  était  un  corps  fort  répandu  dans  la  nature  comme  le  chlore  et  le 
brome,  qu'il  accompagne  généralement.  On  ne  le  trouve  jamais  en  masse,  et  il  est 
d'ordinaire  disséminé  en  combinaison  avec  le  potassium,  le  sodium,  le  magnésium, 
dans  les  minéraux  et  les  eaux,  sous  forme  de  dérivés  organiques  complexes  chez  le.s 
végétaux  et  les  animaux. 

C'est  seulement  dans  ces  dernières  années,  à  la  suite  de  nombreux  travaux  d'Aa- 
MAND  Gautier  et  de  P.  Bourckt  sur  le  rôle  physiologique  de  l'iode,  que  l'attention  a  été 
attirée  sur  la  dissémination  et  l'importance  de  ce  corps  dans  la  nature. 

État  naturel.  —  I.  L'Iode  dans  les  minéraux.  —  J.  Chatin  (C.  R.  Acad.  des  Sciences, 
jxxi,  1850,  280),  dans  un  mémoire  important,  a  signalé  la  présence  de  petites  quantités 
d'iode  dans  presque  toutes  les  couches  géologiques  de  notre  planète.  D'après  lui,  les 
terrains  ignés  sont  plus  iodurés  en  moyenne  et  plus  uniformément  que  les  terrains 
sédimentaires.La  craie  verte  et  les  éolithes  ferrugineuses  sont  cependant  très  iodurées, 
bien  plus  encore  que  les  terrains  ignés.  F^es  terrains  de  l'époque  houillère  auraient 
d'après  leur  teneur  en  iode  une  place  intermédiaire  entre  les  terrains  ignés  et  la  craie 
verte  ou  les  géolithes  ^ferrugineuses.  Par  contre,  les  terrains  calcaires  ou  magnésiens 
sont  très  peu  iodés,  de  même  que  les  marnes  irisées  qui  accompagnent  cependant  sou- 
vent les  gisements  de  sel  gemme. 

11  montre  également,  dans  ce  mémoire,  que  les  chlorures  ne  varient  pas  proportion- 
nellement aux  iodures  et  qu'il  semble  exister  un  rapport  géologique  constant  entre  le 
fer  et  l'iode,  une  roche  ferrugineuse  et  même  une  eau  ferrugineuse  contenant  presque 
invariablement  de  l'iode.  Il  avait  également  signalé  la  concentration  de  l'iode  par  les 
végétaux  aquatiques  et  avait  montré  que  l'anthracite,  moins  riche  en  iode  que  la 
houille,  indiquait  que  des  végétaux  terrestres  étaient  venus  se  mêler  aux  cryptogames 
des  houillères;  il  se  basait  sur  le  fait  de  la  forte  teneur  en  iode  du  graphite  pour  aftir- 
mer  sa  provenance  d'origine  organique  et  aquatique,  ce  corps  représentant,  d'après  lui, 
une  formation  très  ancienne. 

Ces  faits  ont  été  confirmés  par  d'autres  expérimentateurs,  et  en  particulier  par 
Ar.  Gautier,  qui  a  démontré  que  l'iode  existe  normalement  dans  tous  les  terrains, 
même  les  plus  anciens;  il  en  a  retrouvé  d'une  façon  constante  dans  les  granits. 


582  IODE. 

Les  minéraux  iodés  sont  relativement  peu  nombreux.  On  a  signalé  surtout  la  présence 
de  l'iode  dans  des  minerais  de  cuivre,  de  plomb,  d'argent,  soit  à  l'état  d'iodures,  soit  à 
l'état  de  combinaisons  complexes.  Au  point  de  vue  minéralogique,on  ne  peut  guère 
citer  que  ,1a  tocornalite  et  Viodargyre,  iodnres  d'argent  amorplie  et  cristallisé  (Chili)  et  la 
sohxvartzembergUe;  oxychloro-iodure  de  plomb  (Bolivie).  Marsh  et  Liverdsidge  ont  trouvé 
de  riodure  cuivreux  à  Broken  Hiil  (Nouvelle-Galles  du  Sud),  et  Oschexius  l'a  décelé  dans 
des  cuprites  et  des  malachites  d'Australie  (environ  1  p.  100).  La  présence  de  l'iode  a  été 
signalée  également  dans  des  minerais  de  zinc  et  dans  des  dolomies. 

Il  existe  en  plus  forte  proportion  dans  les  azotates  de  soude  bruts  du  Chili  : 
d'après  Jaquel.mn  ils  renfermeraient  1,75  p.  100  d'iode.  Enfin  Thiercklin,  en  1875, 
a  signalé  sa  présence  dans  les  phosphates  du  Lot  qui  en  renferment  500  grammes  par 
tonne. 

RicciARDi  a  dans  ces  dernières  années  (J.  Chem.  Soc,  lxii,  643, 1887)  montré  que  les 
Javes  du  Vésuve  donnent  des  efllorescences  salines  iodées. 

L'iode  libre  n'a  été  signalé  que  dans  l'eau  de  Woodhall  Spa  (comté  de  Lincoln)  par 
Wanklyn  {Chem.  News,  liv,  300,  1886). 

IL  L'iode  dans  l'eau  de  mer.  —  L'iode  existe  d'une  façon  certaine  dans  l'eau  de 
mer,  mais  cependant  sa  présence  avait  tour  à  tour  été  affirmée  et  niée.  Marchand  avait 
donné  le  chiffre  de  9  milligrammes  d'iode  par  litre  (C.  R.  Ac.  Se,  xxxiv,  53)  et  Boussin- 
GAULT  avait  déclaré  qu'il  lui  avait  été  impossible  d'en  trouver  {Ann.  de  Phys.  et  Chim., 
XXX,  94"i.  Il  n'a  été  bien  mis  en  évidence  qu'à  la  suite  des  travaux  récents.  Ar.  Ga.u- 
TiER  {C.  H.  Ac.  Se,  cxxvui,  1069,  1899)  ne  put,  tout  d'abord,  sur  5  litres  d'eau,  retrouver 
l'iode  en  opérant  avec  la  potasse  à  froid;  au  contraire  en  opérant  par  fusion  potassique 
il  obtint  toujours  une  certaine  quantité  d'iode..  L'iode  entre  donc  dans  la  constitution 
de  l'eau  de  mer  en  quantité  pondérable;  mais,  au  lieu  d'y  exister  à  l'état  d'iodures, 
il  s'y  trouve  à  l'état  de  composés  organiques  ou  organisés  iodés  dans  lesquels  il  est 
masqué. 

En  moyenne,  l'eau  de  mer  renferme  2'"er^4o  d'iode  organique,  en  partie  à  l'état  dis- 
sous (environ  1™5', 87),  en  partie  à  l'état  insoluble  (environ  0'"fe''",52)  restant  sur  un  filtre  de 
porcelaine.  Cet  iode  insoluble  est  fixé  dans  des  êtres  microscopiques,  zooglées,  algues,, 
spongiaires,  diatomées,  etc.,  qui  vivent  à  la  surface  de  la  mer  et  jusqu'à  une  certaine 
profondeur  et  qui  constituent  le  plankton  de  la  haute  mer. 

La  teneur  en  iode  de  leau  de  mer  diminue  avec  la  profondeur:  on  constate  en  mêm& 
temps  que  l'iode  organique  et  organisé  disparaît,  tandis  qu'apparaît  l'iode  minéral 
trouvé  partout  en  quantité  sensiblement  constante  (A.  Gautier,  C.  R.  Ac.  Se,  cxxix,  9, 
1899).  La  matière  organique  iodée  soluble  provient  des  algues  et  des  autres  organismes 
iodés  qui  vivent  et  meurent  dans  l'eau  de  mer. 

A  un  certain  moment  de  leur  existence  ils  cèdent,  comme  l'a  établi  Allary  [Bull. 
Sac.  Chim.,  xxxv,  12,  1881),  une  partie  de  leur  iode  à  l'eau  ambiante.  On  sait  égale- 
ment depuis  longtemps  que  les  jeunes  feuilles  des  algues  contiennent  deux  à  trois  fois 
plus  d'iode  que  les  feuilles  âgées.  Il  semble  donc  bien,  comme  le  dit  Bourcet  {L'iode 
normalde  Vorganisme,  Paris,  1900)  qu'une  partie  de  la  matière  iodée  de  l'algue  puisse  en 
certains  cas  repasser  en  dissolution  dans  l'eau  de  mer,  pour  être  soumise  plus  tard  à 
une  nouvelle  assimilation  par  les  êtres  nouveaux  en  état  de  croissance.  Au  contraire,  si 
ces  êtres  meurent  et  se  putréfient,  la  substance  organique  est  détruite  et  l'iode  minéral 
apparaît. 

III.  L'iode  dans  les  eaux  de  pluie,  de  fleuves,  de  sources.  —  La  pluie  précipitant  avec 
elle  les  poussières  contenues  dans  l'atmosphère  fournit  des  eaux  qui  contiennent  de 
l'iode  en  très  petite  quantité. 

Le  fait  avait  été  signal,é  par  Chatin  qui  avait  retrouvé,  suivant  les  localités,  de 
1/30  à  1/500  milligramme  d'iode  par  litre  d'eau.  Marchand  (de  Fécamp),  puis  Bussy 
et  enfin  Barral  contrôlèrent  et  confirmèrent  le  fait. 

Les  cours  d'eau  étant  formés  des  eaux  telluriques  issues,  soit  de  sources,  soit  de 
pluies,  doivent  évidemment  contenir  de  l'iode,  puisque,  d'une  part,  les  eaux  de  pluie 
renferment  ce  métalloïde  et  que,  d'autre  part,  les  terrains  et  les  roches  à  travers  les- 
quels les  sources  naissent  et  s'écoulent  contiennent  tous  de  l'iode. 

Ch.\tin  a  déterminé  la  présence  de  l'iode  dans  352  eaux  de  rivières  ou  de  sources. 


IODE,  583^ 

Ar.  Gautier,  reprenant  ces  travaux  et  ceiTx  de  Marchand,  est  arrivé  ù  des  résultats  confir- 
matifs.  En  particulier,  il  a  dosé  dans  l'eau  de  la  Seine  à  Juvisy,  0"'B',00o  d'iode  par  litre, 
dont  la  moitié  reste  soIubIe;dans  l'eau  de  la  Marne,  à  Joinville,  O^s'-^OOSI  dont  les  deui 
tiers  d'iode  soluble. 

Certaines  sources  minéralisées  renferment  des  quantités  plus  importantes  d'iode. 
En  France,  nous  possédons  les  eaux  minérales  de  Bondonneau,  O^'^OOS  Nal  par  litre, 
Challesi,  0«>',0I23,  Chaudesau/uen,  0s'-,0i8,  Marlioz,  0«^00i5,  Uria;/c,  0«%00025,  AUevard, 
0^''-, 00025,  Salies  de  Béarn  (eaux  mères  de  Bayaa,  O^^OISS).  Duuoin  vient  de  signaler 
la  présence  de  l'iode  à  l'état  organique  dans  les  eaux  de  Royat  [C.  R.  Ac.  Se,  cxxviii, 
1469,  1899), 

A  l'étranger,  il  faut  citer  les  eaux  de  Hcilhronn  06'-,0286,  de  KissmQcn  Oe'-,0009,  de 
Kreutznach  0«'-,0009,  de  Saxon  0e'-,0110,  de  Saragota  Oe'-,003. 

IV.  L'iode  dans  l'atmosphère,  —  I.a  présence  de  l'iode  dans  l'atmosphère  avait  déjà 
été  constatée  parCuAriN.  Il  en  avait  trouvé  à  Paris  1/80  à  1/300  do  milligramme  par 
iO  000  litres  d'air.  Un  peu  plus  tard,  Marchand,  Brssv,  Harral  avaient  été  très  affirmatifs 
sur  cette  présence,  mais  d'autres  auteurs,  comme  Cloez,  De  Luca,  Mène,  Nadler,  niaient 
le  fait.  Ils  n'avaient  trouvé  d'iode  ni  dans  l'air,  ni  dans  l'eau  de  pluie. 

Ar.  Gautier  reprit  systématiquement  cette  recherche  et  put  reconnaître  après  une 
série  d'expériences  délicates,  variées,  prolongées,  que  l'air  recueilli  en  divers  lieux 
(ville,  bois,  montagne,  mer)  et  séparé  sur  place  des  matières  qu'il  contient  en  suspen- 
sion ne  permet  pas  de  constater  la  présence  d'une  quantité  sensible  de  gaz  iodés.  Les 
poussières  qu'il  renferme  ne  contiennent  pas  d'iode  sous  forme  soluble  (iodures,  iodates). 
Par  contre,  on  peut  toujours  y  déceler  une  petite  quantité  d'iode  organique  insoluble 
fourni  par  des  schizophytes,  des  algues,  des  spores  microscopiques  iodées. Cette  trace 
d'iode  est  à  Paris  de  l'ordre  du  millième  de  milligramme  par  mètre  cube  d'air.  Au  bord 
de  la  mer  elle  est  12  à  i3  fois  plus  considérable,  et  son  origine  marine  a  été  nettement 
mise  en  évidence  par  l'analyse  des  poussières  de  l'air  à  différentes  altitudes  et  dans 
différentes  régions.  {€.  R.  Ac.  Se,  cxxviii,  643,  1899.) 

V.  L'iode  dans  les  végétaux.  —  L'iode  a  été  décelé  en  proportion  plus  ou  moins 
grande  dans  les  végétaux  marins,  les  végétaux  d'eau  douce  et  les  végétaux  terrestres. 
Cette  étude,  ébauchée  par  Ghatin  et  quelques  autres  expérimentateurs,  a  été  reprise 
systématiquement  par  P.  Bourcet.  Son  travail.  L'iode  normal  de  l'organisme,  renferme 
une  série  de  tableaux  particulièrement  intéressants  à  consulter,  et  auxquels  nous  ferons 
de  nombreux  emprunts. 

A.  Plantes  marines.  —  Sarphati,  le  premier,  signala  dans  les  plantes  marines  la  pré- 
sence du  chlore,  du  brome  et  de  l'iode,  et  il  dosa  l'iode  dans  les  cendres  d'un  grand 
nombre  de  végétaux.  L'extraction  de  ce  métalloïde  s'opérant  dans  un  certain  nombre 
de  pays  en  partant  des  cendres  de  plantes  marines,  celles-ci  furent  rapidement  étudiées 
au  point  de  vue  de  leur  teneur  en  iode,  et  on  sait  actuellement  que  parmi  les  plus 
riches  se  rangent  les  Fucus  difjitatus,  ie'-,35  par  kilogramme  de  plante  fraîche;  F.  sac- 
catiis,  IK',24;  F.  cartilayineus.  l"'-,42;  F.  fiiiitm,  0«'',89;  Laminaria  diçjitata,  Os^ei  ;  Ulva 
umbdicalis,  Os'",59.  Des  espèces  voisines  sont  beaucoup  moins  riches;  par  exemple,  les 
Fucus  bulbosus  ne  donnent  guère  qu'un  millième  d'iode,  celles  du  Fucus  nodosus  ne 
titrent  guère  plus  de  2  millièmes,  et  le  Fucus  vesiculosus,  qui  accompagne  toujours  le 
précédent,  et  se  trouve  en  abondance  sur  les  rochers  de  nos  côtes,  est  encore  moins 
riche. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  dire  que  toutes  les  plantes  marines  renferment  de  l'iode 
en  quantité  variable  suivant  leur  électivité  particulière.  Elles  en  contiennent  le  maxi- 
mum à  la  période  de  croissance;  elles  le  perdent  peu  à  peu  lorsqu'elles  dépérissent, 
et  n'en  contiennent  plus  que  des  traces  lorsqu'elles  sont  putréfiées. 

B.  Plantes  aquatiques  d'eaux  douces.  —  Muller,  le  premier,  signala  la  présence  de 
l'iode  dans  le  cresson  de  fontaine  {Arch.  de  Pharm.,  (2),  xxxv,  40);  puis,  en  1850,  Ghatin 
publia  un  ensemble  de  recherches  qui  lui  permit  de  généraliser  le  fait. 

De  ses  travaux,  de  ceux  de  Macadam,  de  Straub,  de  Bourcet,  il  ressort  que  ce  métal- 
loïde existe,  en  règle  générale,  dans  toutes  les  plantes  d'eaux  douces.  Parmi  elles,  celles 
qui  vivent  en  eau  courante  sont  plus  riches  en  iode  que  celles  qui  vivent  en  eau 
stagnante. 


584  IODE. 

La  proportion  d'iode  qu'elles  contiennent  est  en  rapport  à  la  fois  avec  leur  nature 
et  avec  leur  habitat.  L'iode  des  eaux  douces  est  absorbé  par  les  végétaux  qui  y  croissent 
en  quantité  telle  que,  dans  certains  cas,  en  aval  d'une  cressonnière  par  exemple, 
l'iode  peut  disparaître  complètement,  alors  qu'on  peut  le  déceler  nettement  en 
amont. 

Ar.  (iAUTiER  a  également  constaté  la  présence  de  l'iode  dans  les  algues  d'eaux  douces, 
les  champignons,  les  lichens. 

Par  contre,  Ar.  Gautier  et  Hourcet  ont  indiqu»'-  que  les  bactériacées,  et  en  pailicu- 
lier  le  bacille  de  la  septicémie  et  celui  du  lélanos,  ne  renferment  pas  traces  d'iode  (C.  R. 
Ac.  Se,  cxxvii,  189,  1899),  Il  semblerait  (|ue  la  vie  dos  microorganismes  soit  incompa- 
tible avec  la  présence  de  l'iode. 

C.  riantes  terrestres.  —  Chatin  et  Bourget  ont  reconnu  que  les  plantes  terrestres 
renferment  de  l'iode  en  plus  ou  moins  grande  quantité.  Ici,  le  fait  n'est  pas  général  et, 
dans  un  certain  nombre  de  cas,  il  fui  impossible  à  ce  dernier  auteur  de  déceler  des 
traces  d'iode,  il  fait  remarquer  que  les  arbres  contiennent  toujours  moins  d'iode  que 
les  herbacées  ou  les  arbrisseaux. 

Les  végétaux  renferment  une  quantité  d'iode  variable  suivant  l'irrigation  et  la 
nature  du  terrain;  mais,  suivant  leur  espèce,  ils  semblent  jouir  d'une  affinité  spé- 
ciale pour  l'iode,  comme,  du  reste,  pour  d'autre  métalloïdes  ou  métaux,  et  les  diffé- 
rentes espèces  végétales  enlèvent  au  sol  sur  lequel  on  les  cultive  des  quantités  très  dif- 
férentes de  l'iode  qui  peut  s'y  trouver. 

C'est  ainsi  que  Hourcet  a  montré  que  les  Liliacécs  et  les  Chénopodécs  accumulent 
beaucoup  plus  d'iode  que  les  Solanées  ou  les  Ombellifères.  Il  a  également  constaté 
que,  dans  un  même  genre  végétal,  l'absorption  de  ce  métalloïde  varie  avec  chaque 
variété. 

Il  semble  que  cette  localisation  de  l'iode  dans  les  tissus  du  végétal  soit  en  relation 
étroite  avec  sa  spécificité,  et  que,  pour  être  identique  à  elle-même,  une  espèce  végétale 
absorbe  une  quantité  d'iode  différente  de  celle  de  l'espèce  immédiatemenl  voisine 
{C.  fi.  Ac.  Se,  cxxvii,  193,  1899). 

■  Les  résultats  analytiques  obtenus  par  Boubcet  avec  les  différentes  matières  alimen- 
taires d'origine  végétale  montrent  que  presque  toutes  renferment  de  l'iode  en  quantité 
variable.  Les  fruits  des  arbres  et  les  matières  fortement  amylacées  ne  contiennent  pas 
ou  contiennent  extrêmement  peu  d'iode. 

Les  espèces  qui  fournissent  à  l'alimentation  des  racines,  des  pivots,  des  tubercules 
non  amylacés,  ou  encore  leurs  feuilles  ou  leurs  tiges  herbacées,  sont  plus  riches.  Ainsi, 
les  fruits  :  châtaignes,  oranges,  prunes,  pommes,  poires,  et  les  matières  amylacées  : 
pommes  de  terre,  topinambours,  fèves,  haricots,  contiennent  très  peu  d'iode.  Les  fruits 
d'arbustes  et  d'arbrisseaux  en  contiennent  déjà  plus. 

Les  teneurs  élevées  en  iode  se  trouvent  dans  les  asperges,  0'°k'",24  par  kilogramme 
de  plante  fraîche;  les  carottes,  0™erj34;  les  c«')les  de  bette,  0"er^38;  l'aij,  0'"6%94;  le 
navet,  0"P'',24;  le  poireau,  0'"»%17  ;  l'oignon,  0'"b'',028. 

Les  raisins  et,  par  conséquent  les  vins,  possèdent  une  teneur  variable  en  iode  qui 
est  en  relation  directe  avec  la  teneur  en  iode  du  terrain  sur  lequel  la  vigne  a  poussé. 
Les  vins  du  Maçonnais  et  du  Beaujolais  sont  les  plus  riches;  ceux  de  Champagne  ne 
contiennent  pas  trace  d'iode. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  forme  sous  laquelle  se  trouve  l'iode  dans  les  végétaux, 
non  plus  que  le  rôle  qu'il  y  joue.  Si  une  petite  quantité  de  ce  métalloïde  se  trouve 
à  l'état  soluble  dans  la  cellule  végétale,  sous  forme  d'iodures  alcalins  par  exemple, 
la  majeure  partie  est  certainement  à  l'état  de  combinaison  organique  nucléines 
iodées  faisant  partie  intégrante  de  la  cellule,  ne  pouvant  y  être  décelée  que  par  sa 
destruction. 

VI.  L'iode  dans  les  tissus  animaux.  —  Depuis  quelques  années,  il  a  été  établi  que  l'iode 
existait  à  l'état  normal  dans  les  organes  d'un  grand  nombre  d'espèces  animales.  Bour- 
get, en  particulier,  a  montré  que  les  poissons,  crustacés,  batraciens,  etc.,  qui  vivent 
dans  les  eaux  douces  ou  |marines,  contiennent  de  l'iode  en  quantité  variable  suivant 
l'espèce  et  le  milieu,  mais  qu'ils  en  contiennent  tous. 

Les  herbivores  qui  se  nourrissent  de  végétaux  terrestres,  tous  plus  ou  moins  forte- 


IODE.  585 

ment  iodés,  contiennent  de  l'iode  dans  leurs  difTéients  tissus.  Bourcf.t  opérant  sur  des 
lapins  a  déterminé  pour  les  divers  organes  les  quantités  moyennes  d'iode. 

niillit;r. 

200  ^'rainiiics.  Sang O.OOiJ  d'iode  par  kilogr. 

60          —         Muscle  cardiaque 0,(105  — 

700          —          Gros  intestin  et  conlenu 0,017  — 

300         —          Intestin  gi-èle  et  contenu 0,03  — 

17o          —          Vessie  et  contenu 0,00  — 

500          —          Estomac  et  contenu 0,04  — 

400          —          Foie  et  vésicule  biliaire 0,71  — 

82         —          Reins 0,027  — 

400          —          Graisse 0,00  — 

oO          —          Poils 0,90  — 

bOO          —          Muscles 0,02;j  — 

40          —         Poumons 0,03  — 

32         —         Appareil  génital 0,03  — 

30          —         Cerveau 0,00  — 

10         —          Pancréas 0,00  — 

200          —          Peau  (sans  poils; 0,12  — 

17          —          Globes  oculaires 0,00  — 


3  716  grammes.  1,939 

La  viande  de  boucherie  ne  contient  que  très  peu  d'iode.  Celle  qui  en  renferme  le 
plus  est  la  viande  de  porc,  puis  viennent  ensuite,  par  ordre  décroissant,  celles  de  mouton, 
de  bœuf,  de  cheval,  de  veau  et  d'âne.  r>a  charcuterie  est  d'autant  moins  riche  en  iode 
qu'elle  contient  plus  de  graisse,  dans  laquelle  on  ne  décèle,  à  l'état  normal,  que  des 
traces  infimes  d'iode. 

BouRGET  a  également  pu  constater  que  les  tissus  des  carnivores  et  des  omnivores 
renferment  des  quantités  d'iode  assez  comparables  à  celles  des  herbivores,  mais  cepen- 
dant légèrement  différentes.  Le  chien  paraît  être  moins  riche  en  iode  que  le  lapin,  et 
en  particulier  le  sang  et  le  foie  contiennent  beaucoup  moins  d'iode. 

Les  oiseaux,  et  en  particulier  le  gibier  d'eau,  sont  riches  en  iode,  et  leurs  œufs 
constituent  un  aliment  iodé  dont  Bourcet  a  mis  la  valeur  en  évidence.  Les  œufs  de 
canard  et  d'oie  sont  plus  iodés  que  ceux  de  dinde  ou  de  poule.  Leur  teneur  en  iode  est 
variable  suivant  l'époque  de  l'année  à  laqu'elle  ils  sont  pondus;  ils  possèdent  leur  maxi- 
mum en  été.  Certains  œufs  de  poule  n'en  contiennent  pas.  Leur  teneur  en  iode  varie 
de  0™8r^6  à  0'""'',017  pour  un  œuf  moyen  de  45  grammes. 

Le  lait  renferme  également  de  l'iode,  comme  l'ont  démontré  Chatin,  Lohmeyer  et 
Nadler.  D'après  Bourcet,  abstraction  faite  du  sol  avec  lequel  elle  varie,  la  teneur  en  iode 
du  lait  par  kilogramme  est  à  peu  près  la  même  que  celle  des  poils  de  Tanimal  auquel 
il  appartient. 

Ces  divers  résultats  expérimentaux  montrent  que  nous  absorbons  par  jour,  par 
notre  alimentation,  en  moyenne  un  tiers  de  milligramme  d'iode.  Cet  iode  se  localise 
dans  nos  tissus  d'une  façon  très  analogue  à  celle  de  l'arsenic.  Il  se  fixe  de  préférence 
sur  certains  organes,  et  en  particulier  sur  le  corps  thyroïde,  où  Baumann  avait  depuis 
longtemps  signalé  sa  présence;  le  sang,  comme  l'ont  montré  Bourcet  et  Gley,  en  contient 
également  une  certaine  proportion.  Dans  ce  liquide,  il  se  trouve  en  combinaison  albu- 
minoïdique  uniquement  dans  le  plasma,  probablement  à  l'état  d'iode  nucléinique, 
comme  dans  le  corps  thyroïde.  La  peau,  les  poils,  les  ongles  contiennent  une  assez 
forte  proportion  d'iode,  l^^r^oi  par  kilogramme  pour  ces  derniers;  c'est  presque  uni- 
quement par  ces  organes,  et  par  le  sang  menstruel  chez  les  femmes,  que  se  fait  l'éli- 
mination normale  de  l'iode;  on  voit  qu'elle  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  l'arsenic, 
étudiée  par  Ar.  Gautier. 

On  a  beaucoup  insisté,  dans  ces  dernières  années,  sur  la  teneur  en  iode  du  corps 
thyroïde,  qui  constitue  sans  aucun  doute  le  principal  organe  d'accumulation  de  l'iode 
dans  l'organisme.  Chez  le  nouveau-né  normal,  l'iode;  existe  toujours  dans  la  glande 
thyroïde.  Chez  l'enfant  issu  de  mère  tarée  ou  malade,  on  n'en  rencontre  pas  traces 
(Bourcet). 


586  IODE. 

Baum.v.n.n  a  lixé  à  4  milligrammes  la  teneur  en  iode  des  glandes  thyroïdes,  mais  les 
diflérents  auteurs  :  Oswald,  Hlum,  Monery,  etc.  (voir  Zeitschrift  f.  phys.  Chem.,  1899,  xxi- 
xxin)  ont  montré  qu'il  existait  des  variations  considérables  de  la  teneur  en  iode  des 
glandes  thyroïdes  et  parathyroïdes  des  différents  individus  suivant  l'âge,  le  sexe,  l'ali- 
mentation, etc. 

Dans  l'organisme  animal,  l'iode  est  fixé  à  l'état  de  combinaisons  albuminoïdiques 
complexes  encore  mal  connues.  L'une  d'entre  elles  a  été  plus  étudiée,  c'est  la  thyiéo- 
iodoglobuline,  qui  se  rencontre  dans  le  corps  thyroïde.  Elle  renferme  environ 
1,66  p.  100  d'iode,  et  traitée  par  l'acide  sulfurique,  à  l'ébullition,  elle  donne  naissance 
à  Viodothyrine  de  Bauuann,  renfermant  de  9,30  à  14,29  p.  100  d'iode,  suivant  les  cas. 
Ce  n'est  pas  un  corps  défini,  mais  un  produit  d'hydrolyse  {Voir,  pour  plus  de  détails, 
Thyroïde). 

Harxack  et  HuNDESHAGEN  out  étudié  une  albumine  iodée  qui  se  trouve  dans  le  lissu 
des  éponges,  età  laquelle  ils  ont  donné  le  nom  d'iodospongine  [Zeitschrift  f.  phy.-<iol.  Chem., 
XXIV,  412,  1898).  Dreghsel  [Zeitschrift.  f.  BioL,  xxxiii,90,  1896),  du  squelette  de  polypiers 
(Gorgonia  Cavolinii),  a  également  isolé,  sous  le  nom  de  gorgonine,  une  albumine  iodée 
qui,  par  hydrolyse,  donne  de  Vacide  iodogorgoaique.  H.  L.  Wiieeler  et  CI. -S.  Jameson  rap- 
prochent ce  dernier  corps  de  la  diodotyrosine,  qu'ils  ont  obtenue  synthétiqueinenf,  et 
qui  possède  toutes  les  propriétés  de  cet  acide  [Ann.  Chem.  Journ.,  xxxiii-365,  1905). 

Quoiqu'il  soit  infiniment  probable  que  dans  les  tissus  l'iode  soit  engagé  à  côté  de 
l'arsenic  dans  la  constitution  de  certains  nucléo-protéides,  cette  question  demande 
de  nouvelles  recherches. 

Propriétés  physiques  et  chimiques.  —  I/iode  est  un  corps  solide,  gris  noirâtre, 
doué  de  l'éclat  métallique;  il  se  présente  d'ordinaire  sous  forme  de  paillettes  cris- 
tallines, opaques,  faciles  à  pulvériser.  Sa  densité  est  de  4,933  (Ladenrurg)  à  4°.  I/iode 
fond  à  la  température  de  114"  (Ramsay  et  You.\r.).  La  tension  de  vapeur  de  l'iode  litjuide 
à  son  point  de  fusion  est  de  90  millimètres  (Richter,  D.  chem.  Ges.,  1057-1398,  1886). 
Il  émet  à  la  température  ordinaire  des  vapeurs  violettes  très  sensibles  et  dont  l'odeur 
rappelle  celle  du  chlore.  Les  vapeurs  de  l'iode  en  se  condensant  sur  un  corps  froid 
donnent  de  petits  cristaux  très  brillants  qui  se  déplacent  lentement,  par  suite  des  varia- 
tions de  température,  d'un  point  à  l'autre  du  vase  dans  lequel  l'iode  est  renfermé. 

L'iode  n'est  pas  hygroscopique,  il  se  dissout  dans  6  582  parties  d'eau  à  6°  3  et  dans 
3  730  p.  à  15"  (Pitze).  Cette  solution  s'altère  peu  à  peu  à  la  lumière  et  fournit  de  l'acide 
iodhydrique.  Cette  solubilité  de  l'iode  dans  l'eau  augmente  lorsqu'elle  lient  simultané- 
ment en  solution  certains  corps  solubles,  acides  ou  sels.  11  y  a  souvent  lieu  de  remar- 
quer, en  même  temps,  la  formation  d'une  combinaison  entre  l'iode  et  le  cor[)s  soluble. 
On  sait,  par  exemple,  que  les  iodures  alcalins  permettent  do  dissoudre  dans  l'eau  une 
quantité  considérable  d'iode  par  suite  de  la  formation  de  polyiodures.  Pour  Jakowkin  et 
Dawson,  il  y  aurait  avec  l'iodure  de  potassium  formation  d'un  Iriiodure  se  dissociant 
suivant  les  mêmes  lois  que  les  sels  ordinaires.  Dans  certains  cas,  on  envisage  même  la 
formation  d'un  polyiodure  [Journ.  Chem.  Soc,  lxxxi,  524,   1902). 

L'alcool  dissout  l'iode  en  prenant  une  coloration  brun  foncé  (teinture  d'iode);  si  l'on 
additionne  cette  solution  alcoolique  d'une  forte  quantité  d'eau,  l'iode  se  précipite  en 
partie  sous  forme  d'un  précipité  brun.  L'iode  est  également  très  soluble  dans  l'éther, 
l'essence  de  pétrole,  le  chloroforme,  l'acétone,  le  sulfure  de  carbone.  Suivant  les  dis- 
solvants, il  donne  tantôt  une  solution  brune  ou  une  solution  violet  pourpre.  L'étude  de 
la  solubilité  de  l'iode  à  différentes  températures  montre  que  pour  les  solutions  d'iode 
avec  l'acétone,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone,  il  ne  s'agit  pas  d'un  simple  phé- 
nomène physique,  mais  qu'il  se  forme  en  réalité  une  combinaison  chimique. 

Les  huiles  grasses,  l'huile  d'olive,  l'huile  de  ricin  dissolvent  également  de  fortes  pro- 
portions d'iode;  dans  ce  cas  encore  il  y  a  réaction  chimique  et  non  simple  solubilisa- 
tion. 

On  ne  connaît  pas  de  modifications  allotropiques  proprement  dites  de  l'iode;  cepen- 
dant, les  travaux  des  différents  expérimentateurs  qui  ont  étudié  les  diverses  solutions 
iodées  et  les  variations  de  leur  spectre  d'absorption  sont  concordants  pour  faire 
admettre  des  condensations  moléculaires  de  l'iode  qui  sont,  du  reste,  en  rapport  avec 
la  variation  du  poids  moléculaire  constatée  dans  ces  diverses  circonstances.  On  admet 


IODE.  587 

pour  l'iodo  les  moh'cules  P,  l  '  et  I^  se  traduisant  non  seulement  par  des  propriétés 
physiques,  mais  même,  comme  l'ont  montré  A.  Gautieii  et  Giiarpy,  par  des  propriétés 
chimiijues  dillérentes. 

L'iode  possède  toutes  les  propriétés  chimiques  du  chlore  et  du  brome,  mais  avec  une 
intensité  moindre.  Son  afiiiiité  pour  l'oxyfièno  est  supérieure  à  celle  do  ces  deux  élé- 
ments; pour  rhydrof,'ène,  an  contraire  son  afiinité  est  plus  faible  et  la  formation  d'HI 
est  endotliermique  (40  cal).  C'est  un  agent  oxydant  faible  en  présence  de  l'eau,  mais  il 
ne  possède  pas  de  pouvoir  décolorant. 

11  se  combine  avec  les  métalloïdes  de  sa  série  et  fournit  le  pentailuorure  d'iode' 
IFl  ',  le  protochlorure  d'iode  ICI  et  le  trichlorure  d'iode  ICI',  seul  stable  et  seul  utilisé 
comme  antiseptique  ;  le  bromure  d'iode  lUr. 

Avec  l'ammoniaque,  il  donne  de  l'iodure  d'azole,  poudre  noire  détonant  au  choc 
et  de  l'iodhydrate  d'ammoniaque. 

Parmi  les  combinaisons  qu'il  fournit  avec  l'oxygène,  il  faut  surtout  citer  l'acide 
iodique  lO'H  qui  se  prépare  par  action  de  l'iode  sur  le  chlorate  de  potasse  en  présence 
d'acide  nitrique  à  chaud.  Ce  corps  est  surtout  intéressant  en  raison  de  la  propriété 
qu'il  possède  d'abandonner  son  oxygène  à  un  grand  nombre  de  corps  réducteurs  en 
laissant  déposer  de  l'iode. 

Mélangé  au  soufre,  à  haute  température,  l'iode  donne  naissance  à  un  iodure  de 
soufre  S-l-  seul  employé  en  médecine. 

Réagissant  sur  les  oxydes  des  métaux  alcalins  ou  alcalins  terreux,  l'iode  donne  nais- 
sance à  des  iodures  et  à  des  iodates;  ces  derniers  se  décomposent  facilement  par  calci- 
nation,  donnant  naissance  aux  iodures  correspondants.  On  obtient  également  des 
iodures  par  action  de  l'iode  sur  les  métaux  lourds. 

Composés  organiques  de  l'iode.  —  L'iode  fournit  avec  les  différents  composés 
organiques  des  combinaisons  moléculaires  nombreuses  soit  par  addition,  soit  par 
substitution.  Ces  divers  corps  peuvent  être  classés  de  la  façon  suivante  d'après  leur 
constitution  chimique. 

I.  Éthers  iodhydriques  à  fonction  simple  dérivant  de  l'alcool.  —  Parmi  eux  on  doit 
ranger  les  iodures  alcooliques  du  type  de  l'iodure  d'éthyle,  les  graisses  iodées,  l'iodo- 
forme,  le  diiodoforme. 

II.  Ethers  iodhytlriques  dérivant  des  phénols.  —  Ce  groupe  est  fort  nombreux  et  doit 
être  divisé  en  corps  cà  fonction  simple  :  type  iodocrésol  (traumatol)  et  corps  à  fonctions 
complexes;  parmi  ces  derniers  nous  avons  à  considérer  : 

A.  Corps  à  fonction  acide  :  type  acide  diiodosalicylique. 

B.  Corps  à  fonction  aminé  :  type  iododiphénylamine,  tétraiodopyrrol,  iodantipyrine. 

C.  Corps  à  fonction  lactone  :  type  tétraiodophénolphtaléine. 

D.  Corps  à  fonction  sulfone;  type  diiodothymolsulfoiii(iue. 

E.  Corps  à  fonctions  phénol,  élher,  cétone  ;  type  caléchine  iodée,  tannins  iodés. 
Les   corps  de   ce   groupe,  quoique   fort    employés  en  médecine,  sont  encore  peu 

connus;  ils  peuvent  être  comparés  aux  acides  iodogalliques  ou  pour  la  catéchine  à  une 

—  C  — 
combinaison  moléculaire  de  corps  contenant  un  résidu       ||       assez  stables  pour  ne  pas 

être  décomposés  par  l'action  de  la  lumière  et  de  l'air,  mais  cependant  assez  labiles 
pour  pouvoir  être  dédoublés  assez  facilement  dans  l'économie. 

F.  Corps  à  fonctions  aminé,  acide,  phénol.  Parmi  les  corpn  de  ce  groupe,  il  faut 
citer  l'iodotyrosine  qui  se  forme  pendant  le  traitement  des  albuminoïdes  par  l'iode 
et  dont  l'étude  physiologique  n'est  pas  faite.  L'iodothyrine  pourrait  également  à  la 
rigueur  être  rangée  parmi  les  corps  de  ce  groupe. 

III.  Éthers  hijpoiodeu.v  des  phénols:  types  aristols. 

.  Au  point  de  vue  pharmacodynamique,  tous  ces  corps  iodés  organiques  peuvent  se 
diviser  en  deux  grands  groupes.  Les  uns  sont  susceptibles  de  se  dédoubler  plus  ou 
moins  facilement  dans  l'économie  et  peuvent  posséder,  par  suite  de  la  mise  en  liberté 
de  Liode,  l'action  pharmacodynami(iue  des  iodiques  en  général  ;  c'est  le  cas  de  la 
plupart  d'entre  eux.  Les  autres  ne  se  dédoubletit  que  partiellement  et  agissent  par 
leur  molécule  tout  entière  en  produisant  des  effets  thérapeutiques  et  toxiques  totale- 


588  IODE. 

ment  différents  de  ceux  des  iodiques  vrais.  Le  type  des  corps  de  cette  catégorie  est 
riodoforme.  La  plupart  de  ces  diilerents  corps  sont  doués  de  propriétés  antiseptiques 
remarquables  et  ne  sont  du  reste  employés  que  comme  antiseptiques  externes,  car 
ils  donnent  d'ordinaire  naissance  par  dédoublement,  soit  à  des  corps  irritants,  soit  à 
des  substances  modifiant  ou  entravant  l'action  de  l'iode  mis  en  liberté;  seules  les 
graisses  et  huiles  iodées,  et  les  substances  iodotanniques  sont  susceptibles  d'être  utili- 
sées par  voie  gastrique. 

L'iode  est  également  susceptible  de  se  combiner  à  l'amidon  pour  donner  naissance 
à  ce  que  l'on  a  appelé  l'iodure  d'amidon.  D'après  Bondonneau  {Bull.  Soc.  Chim.,  xxviii, 
432, 1877),  ce  corps  serait  un  composé  défini  répondant  à  la  formule  (C-  H-''0*"^P).  D'après 
les  auteurs  modernes,  cette  formule  devrait  être  modifiée  et  l'iodure  d'amidon  pur  ren- 
fermant d'après  ToHL  {Chem.  Zeit.,  xv,  1523)  18,5  p.  100  d'iode  a  pour  formule 
(]24  jjioQ^"  r  d'après  Seyfert  et  Rouvier.  La  formation  d'iodure  d'amidon  a  été  utilisée 
pour  déceler  la  présence  d'iode  en  petite  quantité,  la  coloration  bleue  du  produit  étant 
fort  intense  et  caractéristique.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  la  sensibilité  de  la  réaction 
dépend  de  la  température  et  que  cette  coloration  bleue  disparaît  par  la  chaleur,  la  pré- 
sence des  borates  empêche  également  partiellement  la  production  de  celle  colora- 
tion qui  est,  au  contraire,  accrue  par  la  présence  de  sulfates  de  magnésie  ou  de  potas- 
sium (Memecke,  Chem.  Zeit.,  xvii,  157,  1894).  La  coloration  bleue  de  l'empois  d'amidon 
disparaît  en  présence  d'acide  indique  ou  de  nitrate  d'argent,  mais  dans  ce  dernier  cas 
l'acide  chlorhydrique  la  fait  réapparaître. 

Chautfé  en  tube  scellé  à  lOO»  avec  de  l'eau,  l'iodure  d'amidon  se  décompose  en 
donnant  naissance  à  du  glucose  et  à  de  l'acide  iodhydriqae. 

L'iode  ne  peut  être  enlevé  à  l'amidon  par  les  solutions  d'iodure  de  potassium,  de 
benzine,  de  sulfure  de  carbone,  mais  bien  par  l'alcool. 

Action  de  l'iode  sur  les  matières  protéiques.  —  L'iode  se  combine  avec 
une  extrême  facilité  à  tous  les  corps  protéiques,  et  son  extrême  diffusion  dans  les 
tissus  végétaux  et  animaux  permet  de  supposer  que  la  variété  des  protéides  iodés 
naturels  doit  être  très  considérable;  cependant  fort  peu  d'entre  eux  nous  sont  connus 
et,  lorsque  nous  voulons  faire  agir,  in  vitro,  l'iode  sur  ces  matières,  nous  obtenons  de» 
produits  instables  qui  se  dédoublent  rapidement  et  nous  ne  constatons,  en  définitive,  la 
fixation  de  l'iode  que  sur  les  produits  ultimes  de  leur  désagrégation. 

I.  Action  de  l'iode  sur  les  albumines.  —  Lorsqu'on  met  une  solution  iodoiodurée  au 
contact  d'une  solution  d'albumine  d'œufs,  par  exemple,  on  constate  qu'il  se  produit  une 
absorption  d'iode  par  celte  molécule  complexe  :  la  coloration  brune  du  mélange  dispa- 
raît en  partie,  progressivement,  l'iode  n'est  plus  décelé  par  les  réactifs  ordinaires.  En 
même  temps,  on  constate  dos  modifications  des  propriétés  physico-chimiques  de  l'albu- 
mine :  son  point  de  coagulation  s'abaisse,  mais  sa  déviation  polarimétrique  ne  change 
pas;  elle  se  coagule  au  bout  de  (|uel(jue  temps  et  présente  une  léaction  acide.  Elle  se 
coagule  plus  rapidement  par  dialyse.  Précipitée,  après  dialyse,  elle  se  présente  sous 
forme  d'une  poudre  brun  clair,  friable,  non  hygroscopique,  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
dans  les  alcalis,  précipitée  de  ses  solutions  par  les  acides  mais  se  redissolvant  dans  un 
excès.  Elle  donne  les  réactions  xanthoprotéiques  et  du  biuret,  mais  elle  ne  fournit  plus 
les  réactions  de  Millon  et  d'ADAMiuEwicz.  Ce  corps  ne  cède  plus  son  iode  par  action  de 
l'acide  azotique  seul;  mais,  par  fusion  avec  l'azotale  de  potasse,  une  forte  quantité  d'iode 
peut  être  mise  en  liberté. 

D'après  Hormeister  {Zeitsch.  f.  physiol.  Chcmie,  xxiv,  159,  1897),  il  se  fixerait  deux 
molécules  d'iode  pour  une  molécule  de  soufre  contenue  dans  la  molécule  de  l'albumine. 
Cet  auteur  a  obtenu  avec  de  l'albumine  d'œuf  une  fixation  de  0  p.  100  d'iode.  Kurzajeff 
avec  le  sérum  a  ^\\é  12  p.  100  d'iode. 

11  s'est  produit  pendant  cette  réaction  une  véritable  décomposition  de  la  molécule 
et  il  n'existe  plus  qu'un  mélange  de  divers  produits  de  dédoublement  comme  l'indique 
nettement  la  perte  des  réactions  de  Millon  et  d'ÀDAiiKiEwicz.  Schultz  a  également 
démontré  que  dans  ce  mélange  le  soufre  a  été  partiellement  oxydé,  sans  que  pour  cela 
la  teneur  en  oxygène  ait  été  modifiée. 

II.  Action  de  l'iode  sur  les  albumines  et  les  peptones.  —  Les  différents  expérimenta- 
teurs, n'ayant  pu  obtenir  en  partant  des  albumines  iodées  que  des  mélanges  de  corps 


IODE.  589 

incrisfallisahles  coiilenaiit  de  l'iode  en  proporlioii  variable, ont  essayé  d'ioder  les  corps 
plus  simples  contenus  dans  les  pejjtones.  Oswald  {Beilrdfie  Z.  chon.  l'hysiol.  n.  Path. 
m,  301-4-16,  f)i4-521,  1903)  étudia  raclion  de  l'iode  sur  les  prolalbumoses  et  hétéroal- 
bumoses  isolées  de  la  peptone  de  Witte  par  la  mélliode  de  Pick.  Il  obtint  par  action 
d'une  solution  iodurée  en  réaction  légèrement  alcaline  des  iodalbumoses  qui,dialysées, 
puis  précipitées  par  une  solution  d'acide  acétique  dilué,  se  présentent  après  fillration 
et  lavage  à  l'alcool  sous  l'orme  d'une  poudre  Jaunâtre  qui  contient  une  quantité  variabb^ 
d'iode,  10,2it-i4,08  p.  100,  suivant  le  corps  employé.  L'iode  y  est  fortement  combiné  et 
n'est  mis  en  liberté  ni  par  l'ébullition  à  l'eau,  ni  par  l'action  combinée  du  nitrate  de 
soude  et  de  l'acide  sulfurique  ;  il  faut  opérer  une  fusion  potassique  pour  le  mettre  en 
évidence. 

Traitant  comme  les  albumoses  les  peptones  brutes  précipitées  par  le  sulfate  d'am- 
moniacine  et  dialysées,  Oswald  obtint  également  une  combinaison  iodée  soluble  dans 
les  alcalis,  précipitable  par  les  acides  dilués,  renfermant  après  dialyse  20,34  p.  100 
d'ioilo  combiné  et  ne  donnant  plus  la  réaction  du  biurel.  Cette  formation  d'iodopeptone 
s'obtient  plus  diflicilement  que  celle  d'iodalbumose  et  sa  précipitation  se  fait  fort  mal, 
on  n'en  peut  retirer  aucun  composé  cristallisable.  Sous  l'influence  de  l'iode,  la  molécule 
des  peptones  est  encore  plus  lapidement  décomposée  que  celle  des  albumoses.  Les  pro- 
duits de  décomposition  sont  plus  nombreux,  et  c'est  à  cela  qu'OswALo  attribue  la  préci- 
pitation iîicomplète  des  composés  iodés  par  les  liqueurs  acides. 

(iiLUKUT  et  (Ialiîhun  {Coiujyè:^  internat,  de  Méd.,  1900)  ont  prétendu  avoir  obtenu  par 
action  de  l'iode  sur  la  peptone  en  solution  aqueuse,  au  bain-marie,  une  combinaison 
iodée  délinie  renfermant  10,5  p.  100  d'iode.  L'iode  ainsi  lixé  serait  séparé  par  l'acide 
azotique  et  par  le  percblorure  de  fer  acide,  mais  non  par  les  acides  minéraux  forts. 

Étant  donnés  les  travaux  d'OswALD  et  de  Schuidï  et  ce  que  nous  savons  de  la  consti- 
tution chimique  des  peptones,  il  nous  est  impossible  d'admettre  ces  affirmations.  Ces 
auteurs  ont,  en  effet,  montré  que,  pour  obtenir  des  produits  à  peu  près  constants,  il  faut 
Qpérer  en  solution  iodo-iodurée,  ù  basse  température  et  en  présence  de  bicarbonate  de 
soude  pour  fixer  l'acide  iodbydrique  au  fur  et  ù  mesure  de  sa  production.  En  opérant 
avec  de  l'iode  et  à  chaud,  ("lALimux  pousse  jusqu'à  ses  dernières  limites  l'action  oxydante 
de  l'iode  sur  la  molécule  albuminoïde.  Aussi  se  forme-t-il  dans  celte  opération  une 
grande  proportion  d'iodure  et  d'iodate  d'ammonium.  En  tout  cas,  ce  produit  complexe 
ne  peut  être  comparé  avec  la  peptone  iodée  d'OswALo  qui  renferme  20,34  p.  100  d'iode 
et  ne  contient  pas  de  produits  ammoniacaux. 

III.  Action  de  l'iode  sur  la  caséine  et  la  gélatine.  —  Oswald, poursuivant  ses  études 
sur  les  composés  albuminoïdes  iodés,  a  également  étudié  les  iodocaséines  et  iodogéla- 
tines  en  employant  la  même  méthode.  11  a  obtenu  avec  la  caséine  une  poudre  blanc 
jaunâtre,  insoluble  dans  l'eau  et  les  acides,  soluble  dans  les  alcalis  et  l'alcool  bouillant, 
renfermant  11, 43-13, 4o  p.  100  d'iode.  La  teneur  en  iode  n'est  pas  constante,  elle  est 
voisine  de  celle  des  iodoprotalbumoses  obtenues  par  digestion  pepsique  :  la  caséine,  du 
reste,  d'après  les  recherches  d'ALEXANDER,  fournit  par  digestion  presque  uniquement 
cette  sorte  d'albumose. 

.\ntérieurenient  à  ces  recherches,  divers  auteurs  s'étaient  occupés  de  la  question. 
LiEituEicii  lier.  d.  chem.  Geaell.,  1877,  1824;  Centrait)!,  f.  med.  Wissen.,  [SU ,  274)  avait 
prépan'  une  iodocaséine  contenant  8  à  9  p.  100  d'iode.  Vaubel  et  Ulum  [Centralbl.  f.med. 
Wissenseh.,  1873,  380;  Manch.  med.  Wochensch.,  1898,  107)  en  avaient  décrit  une  qui  ne 
titrait  que  5,7,  7  p.  100  d'iode.  Lkimnois  [Journal  de  Chimie  et  Pharm.,  1896,  203),  au 
contraire,  avait  fixé  jusqu'à  20  p.  100  d'iode,  mais  cette  teneur  était  inconstante. 
Ces  différents  résultats  proviennent  de  ce  que  les  auteurs  ont  opéré  avec  des  produits 
dillérents  et  surtout  avec  des  méthodes  différentes,  et  l'on  sait  maintenant  d'une  façon 
certaine  que  la  température  à  laquelle  se  fait  la  réaction  et  le  temps  de  présence  des 
divers  éléments  jouent  un  rôle  capital  pour  la  formation  de  ces  divers  produits  iodés. 

La  gélatine  iodée  ne  fut  étudiée  que  par  Oswald  et  par  Sciiwahz,  mais  leurs  résultats 
ne  peuvent  être  comparés  :  ce  dernier  opérait  avec  de  l'acide  iodbydrique  et  obtenait 
ainsi,  d'emblée,  des  produits  avancés  de  désintégration  de  la  molécule  qui  lui  permet- 
taient de  fixer  une  forte  quantité  d'iode,  tandis  qu'OswALD  obtint  une  iodoglutine  ne 
renfermant  que  1,34,  2  p.  lOOdiode. 


590  IODE. 

IV.  Mécanisme  de  l'action  de  l'iode  sur  les  matières  albuminoïdes.  —  Cette  étude,  qui 
présente  une  grande  importance  pour  la  pharmacodynamie  pour  permettre  d'interpréter 
l'action  de  l'iode  et  des  iodiques  sur  la  nutrition,  a  été  tout  d'abord  tentée  par  Hinz, 
mais  elle  a  été  surtout  élucidée  par  les  travaux  de  C.  H.  L.  Schmidt,  qui  s'est  attaché  ù 
cette  question  pendant  quatre  années  consécutives  {Zeitsch.  f.  physiol.  Chemie,  xxxiv, 
194-206,  1901  ;  xxxv,  386-375,  1902;  xxxvi,  343-390,  1903;  xxxvii,  350-353,  1904). 

D'après  lui,  l'iode  mis  en  présence  des  matières  albuminoïdes  donne  presque  immé- 
diatement naissance  à  de  l'acide  iodhydrique.  C'est  cette  mise  en  liberté  d'acide  qui  est 
la  cause  de  l'acidification  de  la  solution  albumineuse  et  qui  provoque  rapidement  sa 
coagulation.  Cet  acide  se  conduit  alors  comme  un  agent  à  la  fois  d'oxydation,  de  réduc- 
tion et  de  dédoublement,  soit  par  simple  soustraction  d'hydrogène,  soit  par  action  de 
l'eau  oxygénée  mise  en  liberté.  Cette  eau  oxygénée  provient  de  la  polymérisation  de 
deux  hydroxyles  d'après  l'équation  21 -|- 2H-0:=  2HI  +  H-0-  et  agit  suivant  l'équation 
2II20-  =2H-0  4-  0-.  Cet  acide  iodhydrique  s'attaque  surtout  à  la  portion  aromatique 
de  la  molécule  albuminoïde  et  son  action  se  continue  tant  qu'il  n'est  pas  éliminé. 

Il  se  produit  parallèlement  des.  réactions  contraires,  qui  permettent  l'utilisation  de 
l'iode  jusqu'à  ce  que  ce  corps  soit  définitivement  fixé  à  l'étal  stable  sur  les  produits 
de  désintégration  de  la  molécule  albuminoïde.  Ces  réactions  peuvent  s'exprimer  théo- 
riquement par  les  schémas  suivants  : 

21  -1-  H^O  =  HI  -h  lOH     et    2I0H  =  21  -J-  0  -K  H^O 
HI  +  ROH  =  RI-|- H20     et    lOH  +  ROH  =  RI -j- H20 -|- 0 

C'est-à-dire  que,  constamment,  l'iode  à  l'état  de  liberté  tend  à  décomposer  l'eau  et 
que  les  produits  de  ces  décompositions  réagissent  à  leur  tour  les  uns  sur  les  autres 
pour  régénérer  l'iode.  Tous  ces  phénomènes  s'accompagnent  d'un  changement  conti- 
nuel dans  les  conditions  d'éqiiilibi'e  des  milieux,  et  cela  jusqu'à  ce  que  tout  l'iode  ait  été 
utilisé  pour  l'obtention  de  combinaisons  stables,  soit  par  addition,  soit  par  substitution. 
C'est  pour  éviter  l'action  ultérieure  de  cet  acide  iodhydrique  sur  ces  combinaisons 
d'addition  ou  de  substitution  formées  d'emblée  par  l'iode  que  l'on  est  obligé  d'opérer 
en  milieu  alcalin, de  manière  à  former  des  iodures  alcalins  au  fur  et  à  mesure  de  la 
production  d'acide  iodhydrique  libre;  on  a  alors,  par  exemple  : 

HI  +  NaOH  =  NaI  +  U'O 
et  IOH-hiNaOH  =  NaI-f-H20,+  0      ' 

Mais  on  voit  également  se  produire,  comme  l'a  démontré  Bixz  : 

Nal  4-  H^O  -f  C02=K;0'NaH  +  HI 
et  2HI  +  0  =  H0  +  21 

de  même,  on  peut  avoir 

21  +  2NaOH  =  NaI  +  lONa  +  H^O 

et  3IONa=;2NaI  +  103Na 

et  5NaI  -|- lO^Na  +  311^0  +  6C02  =  6C03NaH  +  61 

Étant  données  ces  diverses  réactions,  il  y  a  lieu,  lorsqu'on  étudie  ces  albumines  iodées, 
de  faire  état  des  conditions  de  temps  et  de  température  qui  peuvent  favoriser  plus  ou 
moins  l'une  ou  l'autre  de  ces  réactions  et  conduire  à  la  production  de  dérivés  plus  ou 
moins  simples. 

Schmidt,  étudiant  les  produits  ultimes  de  l'action  de  l'iode  sur  les  albumines,  a  pu  y 
reconnaître  qualitativement  et  même  quantitativement  les  corps  suivants:  acide  iodhy- 
drique, iodoforme,  acide  carbonique,  acide  acétique,  iodure  d'ammonium,  iodate 
d'ammoniaque,  para-iodopyrocatéchine,  alanine. 

Si  le  dédoublement  a  été  poussé  moins  loin,  on  peut  retrouver  du  phénol  et  du 
paracrésol,  produits  de  la  réduction  et  du  dédoublement  de  la  tyrosine,  de  l'acide 
iîenzoïque,  du  glycocolle,  de  l'acide  hippurique,  produit  de  dédoublement  de  la  phényl- 
alanine. 

Il  a  également  pu  constater  que  l'azote  aminé  de  la  molécule  se  détachait  sous 


IODE.  5f»l 

forme  d'iodure  d'ainmonium  ou  d'iodale  avec  une  faciliU'  d'autant  plus  grande  que  la 
solution  d'iode  est  plus  concentrée  et  que  la  température  est  plus  ('levée.  Même  lors- 
(|u'on  opère  à  froid,  en  présence  de  bicarbonates  alcalins,  on  constate  que  l'action  de 
l'iode  s'cxeree  d'une  façon  fort  intense  et  que  la  molécule  tout  entière  subit  des  modi- 
fications profondes  étudiées  surtout  par  Hokmeisteh  et  Oswald.  Ce  dernier  auteur, s'ap- 
puvant  sur  l'étude  des  iodalbumoses  et  des  iodopeptones,  a  poussé  l'analyse  plus  loin  et 
a  recherché  sur  (juelles  parties  de  la  molécule  l'iode  s'était  fixé  {Beitr.  ziir  Chem. 
Physiol.  u.  Vath.,  ni,  391-410,  514-521,  1903J.  11  reconnut  que,  s'il  est  exact  que  l'iode  se 
fixe  surtout  sur  le  noyau  aromatique  de  l'albumine  et  eu  particulier  sur  la  tyrosine,  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  ce  noyau  n'est  pas  le  seul  fixateur  d'iode  et  que  dans  les 
hétéroalbuinoses  qui  ne  contiennent  que  très  peu  de  tyrosine,  c'est  sur  le  groupement 
phénylalaniue  que  se  {\\e  surtout  ce  métalloïde.  Mossk  et  CaulNi'.uherg  (Zeiisc/i. /".  p/jj/sio/. 
Chemic,  xxxvii,  427,  1903)  ont  pu  confirmer  expérimentalement  la  vérité  de  cette 
hypothèse.  En  ce  qui  concerne  la  fonction  de  l'iode  sur  la  tyrosine,  Oswald  put  la  pré- 
parer lui-même,  et,  plus  récemment  encore,  11.  L.  Wheeleu  et  (i.  S.  Jameson  {Am.  Chem. 
Journ.,  xxxni,  365,  190o)en  traitant  par  de  l'iode  en  excès  et  à  la  température  ordinaire 
une  solution  de  tyrosine  dans  deux  molécules  de  soude  ou  de  potasse  ont  obtenu  une 
diiodotyrosine  oîi  la  chaîne  carboxylée  est  en  1  ;  OH  en  4;  et  les  deux  atomes  d'iode  eu 
3  el.  en  3;  et  qui  posséderait  toutes  les  propriétés  de  l'acide  gorgonique  retiré  par 
Dreciisel  du  Gorgonia  CavoUnii. 

Action  physiologique  de  l'iode.  — I.  Action  locale. —  L'iode  ou  sa  vapeur  mis  en 
contact  avec  les  muqueuses  donne  naissanceà  des  phénomènes  irritants  età  de  l'inflam- 
mation. Dans  la  bouche,  il  détermine  une  saveur  piquante  et  chaude  et  peut  donner 
lieu  à  des  effets  caustiques.  Les  vapeurs  d'iode  répandues  dans  l'air,  puis  inhalées  par 
les  voies  respiratoires,  provoquent  des  picotements,  de  l'âcreté  et  excitent  la  toux.  On 
peut  voir  se  produire  de  la  bronchite  et  même  des  hémoptysies  chez  les  sujets  prédis- 
posés. Les  conjonctives  et  la  muqueuse  nasale  réagissent  de  même  vis-à-vis  des  vapeurs 
irritantes  d'iode. 

Introduit  dans  les  voies  digestives,  l'iode  produit  une  saveur  acre  et  brûlante  et  pro- 
voque la  salivation;  arrivé  dans  l'estomac,  il  donne  naissance  à  une  sensation  de  cha- 
leur à  l'épigastre  et  excite  l'activité  de  l'estomac.  Des  doses  excessives  déterminent  des 
douleurs  épigaslriques  intenses  et  de  la  diarrhée;  la  phlogose  gastro-intestinale  peut 
aller  jusqu'à  l'escharilication  et  provoquer  la  mort. 

Appliqué  sur  la  peau  sous  forme  de  teinture  d'iode,  l'iode  la  colore  en  jaune,  qui 
tire  à  l'acajou  après  des  badigeonnages  répétés.  Si  l'application  a  été  suffisante,  on 
éprouve  une  sensation  de  chaleur,  puis,  des  picotements  et  même,  sur  des  peaux  fines, 
on  peut  constater  de  l'intlammation.  Cette  action  irritante  est  toute  superficielle.  Au 
bout  de  quelques  jours,  l'épiderme  se  détache  en  fines  écailles  jaunes  et  tombe  lente- 
ment. Parfois,  il  peut  survenir  des  phlyctènes  :  placé  sur  la  peau  à  l'état  solide,  l'iode 
peut  déterminer  la  production  d'une  eschare  superficielle.  Schide,  après  un  badigeon- 
nage  avec  de  la  teinture  d'iode  sur  la  peau  d'un  lapin,  a  constaté,  au  bout  de  quelques 
heures,  la  présence  de  nombreux  leucocytes  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  dans  le 
cborion,  dans  les  interstices  musculaires  et  môme  sous  le  périoste  sous-jacent.  Au 
bout  d'une  semaine,  les  leucocytes  se  montrent  en  pleine  régression,  sont  remplacés 
par  de  fins  globules  graisseux  et  les  éléments  cellulaires  avoisinants  prennent  part  à  la 
dégénérescence. 

L'action  locale  exercée  par  l'iode  se  complique  toujours  d'une  action  générale,  parce 
qu'en  raison  de  sa  volatilité  et  de  sa  diffusibilité,  une  certaine  portion  de  ce  métalloïde 
pénètre  dans  l'organisme  et  détermine  alors  son  action  diffusée.  Cette  absorption  est 
facilitée,  en  outre,  par  les  modifications  que  l'iode  fait  éprouver  à  l'épiderme  ainsi  que 
par  la  combinaison  qu'il  contracte  avec  les  albuminoïdes  et  qui  le  fait  pénétrer  sous 
cette  forme  dans  la  circulation. 

Quand  on  applique  de  l'iode  sur  la  peau,  une  partie  passe  à  l'état  de  vapeurs  et  peut 
être  inhalée  et  absorbée  par  les  muqueuses  respiratoires;  une  autre  partie  est  absorbée 
par  la  peau  elle-même  à  l'état  de  vapeurs;  enfin  une  certaine  quantité  peut  être 
absorbée  à  l'élat  de  combinaison  albuminoïdique  ou  à  l'état  d'iodure  formé  par  l'at- 
taque des  albuminoïdes. 


592  IODE. 

Mis  en  contact  du  pus  des  surfaces  ulcéreuses,  l'iode  coagule  les  matières  albumi- 
noides  en  s'unissant  à  elles  en  un  composé  albuminoïde. 

II.  Action  antiseptique  de  l'iode.  —  Le  pouvoir  antiseptique  de  l'iode  participe  à  la 
fois  de  son  action  locale  et  de  son  action  diffusée.  Ce  pouvoir  antiseptique  est  fort  élevé 
et  l'iode  constitue  un  antiseptique  précieux,  autant  par  son  action  stérilisante  propre- 
ment dite  que  par  son  action  antiloxinique  sur  les  produits  d'élaboration  cellulaire  et 
par  linlluence  (ju'il  exerce  sur  la  vitalité  et  l'activité  des  leucocytes. 

L'iode  mélallique,  maintenu  en  solution  aqueuse  par  addition  d'iodure  de  potas- 
sium, possède  un  pouvoir  antiseptique  très  considérable.  Une  dose  de  2b  centigrammes 
d'iode  ajoutée  à  un  litre  de  bouillon  suffit  pour  le  rendre  imputrescible.  Les  recherches 
de  Tarmer  et  Vignal  ont  montré  qu'une  dose  de  90  centigrammes  d'iode  par  litre  de 
bouillon  était  suffisante  pour  empêclier  la  prolifération  du  streptocoque  et  du  staphy- 
locoque, mais  qu'il  fallait  atteindre  une  dose  de  1  gr.  20  par  lifie  pour  tuer  une  culture 
de  streptocoque  âgée  de  24  heures. 

A  la  dose  de  3  grammes  par  litre,  le  pouvoir  antiseptique  de  l'iode  est  comparable 
à  celui  du  sublimé  et  l'on  obtient  la  destruction  du  streptocoque  en  l'espace  de  huit 
minutes  dans  du  bouillon,  celle  du  vibrion  septique  en  vingt  minutes  sur  des  tissus 
imprégnés  d'une  solution  albumineuse,  puisséchés  à  basse  température  dans  un  exsic- 
cateur. 

Les  diastases  sont  également  fort  influencées  par  ce  métalloïde,  et  leurs  propriétés 
sont  considérablement  amoindries,  sinon  totalement  abolies  par  contact  avec  des  solu- 
tions variant  de  1  p.  1  000  à  1  p. 2400.  Cette  action  est  avantageuse  lorsqu'il  s'agit  de  pro- 
duits élaborés  par  des  bactéries  pathogènes,  mais  elle  est  souvent  fâcheuse  lorsqu'il 
s'agit  des  diastases  normales  de  l'organisme.  Aussi  les  troubles  gastro-intestinaux 
succèdent-ils  souvent  à  son  emploi. 

Davaine  fut  l'un  des  premiers  à  attirer  l'attention  sur  le  rôle  antiseptique  de  l'iode 
tant  au  point  de  vue  de  l'action  locale  que  de  l'action  diffusi'e.  Dans  ses  recherches  sur 
la  pustule  maligne,  il  a  monlré  que,  en  présence  de  solutions  très  étendues  d'iode 
(i  p.  2  000),  les  bactéridios  charbonneuses  perdaient  leur  virulence  au  bout  d'une  demi- 
heure.  Les  expérimentations  cliniiiues  de  A.  Richet(C.  R.  Ac.Sc,  1883)  ont  confirmé  ces 
faits  et  montré  que  les  injections  locales  de  solutions  iodées  sont  susceptibles  d'enrayer 
complètement  l'infection  lorsque  les  spores  et  les  bactéridies  ne  se  sont  pas  encore 
diffusées  dans  le  sang,  et  que,  si  l'administration  de  l'iode  à  l'intérieur  n'est  pas,  comme 
l'a  montré  Colli.x,  toujours  susceptible  d'arrêter  le  développement  de  la  maladie,  elle 
agit  néanmoins  en  diminuant  la  toxicité  des  produits  toxiques  fabriijués  par  les  bactéries. 

L'atténuation  de  la  toxicité  di-s  bouillons  de  culture  et  des  sérums  par  l'iode  est  un 
fait  à  l'heure  artuelle  bien  connu  et  l'on  s'est  servi  de  cette  proftriété  pour  obtenir 
l'atténuation  des  bouillons  de  culture  des  bacilles  du  tétanos  ou  de  la  diphtérie. 

III.  Action  générale  de  l'iode  en  nature.  — Administré  à  l'intérieur,  à  doses  médica- 
menteuses et  en  solution  fortement  étendue,  l'iode,  soit  à  l'état  de  teinture  d'iode,  soit 
à  l'état  de  solution  iodo-iodurée,  agit  d'une  façon  très  analogue  à  celle  des  iodures; 
mais,  si  ces  médicaments  sont  injectés  directement  dans  les  tissus  ou  les  cavités  de 
l'organisme,  il  exerce  un  certain  nombre  d'effets  généraux  distincts  de  ceux  auxquels 
donnent  lieu  les  iodures  de  potassium  ou  de  sodium  employés  de  la  même  manière. 

L'inhalation  de  vapeurs  iodées  détermine  rapidement  de  la  céphalée,  des  bourdonne- 
ments d'oreilles,  des  vertiges,  des  éblouissements,  de  l'engourdissement  transitoire. 
Chez  les  ouvriers  qui  manient  habituellement  l'iode,  on  voit  fréquemment  survenir  une 
intoxication  chronique  caractérisée  surtout  par  des  troubles  de  nutrition  déterminant 
rapidement  de  l'amaigrissement  et  la  cachexie. 

Les  expériences  de  Buhm  sur  des  chiens  ont  montré  que  ces  animaux  supportaient 
sans  éprouver  de  troubles  notables  l'injection  intra-veineuse  de  0  gr.  02  à  0  gr.  03  d'iode 
libre  par  kilogramme,  mais,  à  partir  de  cette  dose,  ils  présentaient  des  accidents 
toxiques  semblables  à  ceux  que  détermine  l'injection  d'une  dose  toxique  d'iodure  de 
sodium, avec  cependant  cette  difTérence  qu'on  voit,  avec  des  fortes  doses,  se  produire  de 
la  coagulation  du  sang  et  une  transformation  de  l'oxyliémoglobine  en  hématine. 
Lorsque  les  doses  ne  sont  pas  exagérées,  les  accidents  ne  commencent  à  se  manifester 
que  quatre  ou  cinq  heures  après  l'injection;  on  constate  surtout  de  la  faiblesse  gêné- 


IODE.    —    lODOFORME.  593 

ralisée,  des  troubles  respiratoires  et,  au  bout  de  douze  à  vingt-quatre  heures,  la  mort 
survient  par  paralysie  généralisée  précédée  de  convulsions  aspliyxiques.  D'après 
NoTHNAGEL  et  RossuACH,  les  troubles  respiratoires  rappellent  ceux  qui  surviennent  dans 
l'empoisonnement  par  les  acides  dilués. 

Dans  les  intoxications  par  l'iode,  on  constate  également  une  congestion  beaucoup 
plus  intense  des  poumons  et  la  production  d'hémorrasiies.  Lortat-Jacob  a  fortement 
insisté  sur  ces  faits  qui,  d'après  lui,  dillérencieiit  nettement  l'action  de  l'iode  de  celle  des 
iodures.  iNoiu.na(;kl  avait  déji  noté  chez  les  animaux  intoxiqués  la  production  d'exsudals 
pleurétiques  sanguinolents. 

Les  reins  sont  également  fort  touchés;  l'urine  est  d'ordinaire  colorée  en  rouge  par 
des  globules  sanguins,  et  à  l'autopsie  on  trouve  les  t^buli  contorti  remplis  de  globules 
sanguins  en  état  de  dégénérescence  plus  ou  moins  profonde. 

Chez  l'homme,  l'administration  à  l'intérieur  de  teinture  d'iode  à  doses  élevées  pro- 
voque tout  d'abord  une  sensation  de  constriction  et  de  brûlure  à  la  bouche  et  à  la  gorge, 
puis  bientôt  des  vomissements  avec  douleur  stomacale  lancinante.  Si  l'estomac  contient 
des  aliments  amylacés,  les  matières  sont  colorées  en  bleu  sombre. 

Le  pouls  devient  rapidement  petit  et  accéléré;  le  malade  est  pâle,  déprimé,  forte- 
ment dyspnéique,il  présente  des  selles  diarrhéiques  et  sanguinolentes,  puis  tombe  dans 
le  coUapsus  et  meurt  d'ordinaire  entre  douze  et  trente  heures. 

Lorsqu'on  injecte  de  la  teinture  d'iode  ou  une  solution  iodo-iodurée  dans  les  cavités 
naturelles,  on  voit  se  produire  des  phénomènes  assez  analogues,  et  on  peut  constater 
la  présence  de  l'iode  dans  les  nuUières  vomies  par  suite  de  l'élimination  de  ce 
métalloïde  par  la  muqueuse  stomacale.  Même  dans  les  cas  d'intoxication  peu  graves,  à  la 
suite  de  badigeonnages  iodés  sur  la  peau,  le  rein  est  assez  fortement  touché;  il  existe 
presque  toujours  de  la  dysurie  et  de  l'albuminurie  plus  ou  moins  intense,  surtout  chez 
les  enfants. 

D'après  Lewin  et  Poughet  {Toxicologie,  p.  142),  on  admet  comme  doses  léthales  pour 
l'iode  3  à  4  grammes,  pour  la  teinture  d'iode  21  à  30  grammes. 

Lewin  {Die  NebeniiHrkungen  der  Arzneimittel,  Berlin,  IS93,  342)  a  signalé,  à  la  suite 
de  l'emploi  de  petites  doses  d'iode  longtemps  continuées,  la  production  d'une  cachexie 
iodique  qui  se  manifeste  par  une  coloration  livide  de  la  peau,  de  l'amaigrissement,  de 
la  fonte  de  la  graisse  et  quelquefois  même  par  de  l'atrophie  des  organes  glandulaires, 
des  troubles  digestifs,  des  palpitations,  de  la  faiblesse  générale  pouvant  aller  jusqu'à  la 
paralysie  des  extrémités. 

J.    CHEVALIER. 

lODOFORIVIE.  —  L'iodoforme  ClIF,  découvert  en  1820  par  Serullas,  fut 
surtout  étudié  par  Dumas  et  Bouchardat  qui  en  préconisèrent  l'emploi  en  médecine 
(J.  de  Pharm.,  (2),  xxiii,  1  ;  (3),  iv,  18).  Ce  corps  prend  naissance  dans  un  grand  nombre 
de  circonstances  :  on  le  prépare  en  faisant  réagir  l'iode  en  présence  d'un  alcali  ou  d'un 
carbonate  alcalin  sur  de  l'alcool  méthylique,  de  l'alcool  éthylique,  de  l'éther.  On 
l'obtient  encore  en  faisant  réagir  l'iode  en  présence  des  mêmes  agents  sur  les  matières 
albuminoides. 

11  se  présente  sous  forme  de  tables  horizontales  ou  de  paillettes  nacrées,  d'un  beau 
jaune  de  soufre,  douces  au  toucher,  et  possédant  une  odeur  forte  safranée  caracté- 
ristique. Sa  densité  est  très  voisine  de  2.  11  est  insoluble  dans  l'eau  à  laquelle  il 
communique  cependant  son  odeur  et  sa  saveur,  soluble  à  froid  dans  80  parties  d'alcool 
à  90°,  dans  12  parties  d'alcool  bouillant  et  dans  6  parties  d'éther.  Il  est  également 
soluble  dans  14  parties  de  chloroforme,  dans  la  benzine,  le  sulfure  de  carbone,  la 
glycérine,  les  matières  grasses  et  les  huiles  essentielles. 

Il  fond  à  128°  en  donnant  un  liquide  brun  et  se  volatilise  sans  laisser  de  résidu 
solide.  Pendant  cette  opération,  il  se  décompose  partiellement  en  donnant  de  l'acide 
iodhydrique  et  iodique.  La  solution  alcoolique  de  potasse  à  l'ébullition  le  transforme 
en  formiate  alcalin. 

Lorsqu'il  est  solide,  il  est  à  peu  près  inaltéré  par  l'action  de  la  lumière,  mais,  lors- 
qu'il est  en  solution,  celle-ci  sous  l'influence  des  rayons  solaires  ne  tarde  pas  à  se 
colorer  en  rouge  violet  intense,  avec  mise  en  liberté  d'iode.   D'après  Humbert,  l'iodo- 

DICT.    OE    PHYSIOLOGIE.    —    T.    IX.  38 


594  lODOFORME. 

forme  serait  le  composé  sodique  le  plus  sensible  à  la  lumière  (J.  de  Pliann.  et  Chim.,  (3), 
XXIX,  3o2). 

Ses  solutions  dans  les  matières  grasses  sont  également  rapidement  décomposées. 

Pouvoir  antiseptique.  —  Riohini  {lodoformorjnosie,  1863)  reconnut  son  pouvoir 
•désinfectant  et  ses  propriétés  thérapeutiques  relatives  à  la  résolution  des  engorgements 
ganglionnaires,  au  traitement  de  la  tuberculose.  Son  action  désinfectante  et  analgésique 
locale  sur  les  plaies,  l'accélération  de  la  cicatrisation  qu'il  détermine,  son  influence  modi- 
ficatrice sur  les  plaies  ulcéreuses  et  aloniques  Curent  surtout  mises  en  évidence  par  les 
travaux  de  Moretin  [Arcli.  de  Mcd.,  1836),  de  Dkm.vrquay,  de  Humekrt,  de  I.allikk,  de 
Besnier.  L'École  de  Vienne  confirma  ces  divers  travaux,  et  la  publication  des  observa- 
tions de  MoLESCHOTT  {Wien.  med^  \Voch.,  1878,  24,  26),  celles  de  Mosetig-Moorufoi- 
[Wien.  med.  Woch.,  1880-1881,  Wien.  med.  Presse,  1890-1891),  celles  de  Migkumcz 
{Wien.  med.  Woch.,  1881)  amena  une  vulgarisation  rapide  et  exagérée  de  l'emploi  de 
l'iodoforme  dans  le  pansement  des  plaies,  et  le  fit  utiliser  en  quantités  telles  que  de 
nombreux  et  graves  accidents  d'intoxication  ne  tardèrent  pas  à  se  montrer,  jetant  le 
discrédit  sur  son  emploi. 

En  même  temps,  les  recherches  des  bactériologistes  infirmaient  le  pouvoir  anti- 
septique remarquable  que  l'on  avait  accordé  un  peu  empiriquement  à  cette  substance; 
Heyn  et  RovsiNG  {Fortsch.  dcr  Medizin,  1887)  ont  pu  constater  que  de  la  poudre  d'ittdo- 
forme  mélangée  à  une  culture  pure  de  Stapftylococcus  pyogenes  aurcus  n'empêchait  pas 
de  nouveaux  ensemencements  de  donner  des  résultats  positifs  même  après  un  mois,  et 
qu'un  tampon  de  gaze  iodoforinée  laissé  vingt-quatre  heures  dans  ht  vagin  préala- 
blement désinfecté  d'une  femme  saine  était  pénétré  de  microbes  vivants  jusqu'au 
centre.  Ces  constatations  suscitèrent  un  grand  nombre  de  recherches  de  contrôle. 
Neisser  {Vivchotv's  Archiv,  1867,  Sov.)  put  démontrer  que  la  plupart  des  bactéries 
pathogènes  ne  sont  pas  tuées,  mais  seulement  affaiblies,  par  l'iodoforme;  seule,  la 
spirille  du  choléra  asiatique  est  tuée  par  un  contact  intime  avec  ce  corps;  quanta  la 
bacléridie  charbonneuse,  sa  multiplication  est  simplement  retardée,  et  ce  retard  est 
d'autant  plus  prononcé  que  la  proportion  d'iodoforme  employé  est  plus  considérable. 
Les  Staplii/lociiccu^  pijor/.  aurcus  et  altius  (N'kisser,  Luijbert,  Saenger,  Kunz),  le  Strcpto- 
coccus  de  l'érysipèle  (Kronecker)  et  d'autres  espèces  pathogènes  inoculées  seules  ou 
mélangées  ;i  de  l'iodoforme,  même  en  quantité  considérable,  donnent  le  même  résultat. 
Cependant  la  vitalité  des  colonies  est  modifiée,  et  c'est  ainsi  que  le  Staphylococcus 
aurcus  ne  produit  plus  de  matières  colorantes  en  présence  d'iodoforme. 

Les  résultats  cliniques  obtenus  à  la  suite  de  l'emploi  de  l'iodoforme  par  Bernatzik,  par 
GouGUENiiEiM  {Bull.  rjén.  de  Thérap.,  civ,  435)  sur  les  processus  tuberculeux  divers  avaient 
fait  jieuser  qu'il  exerçait  une  action  spéciale  soit  sur  le  bacille  tuberculeux,  soit  sur  sa 
toxine  et  Kusneu  et  Fraenkel  {BulLgcn.de  Thérap.,  cvu,22't)  déclarent  que  l'iodoforme  est 
un  antituberculeux.  Les  expériences  de  Baumgarten,  de  Rovsing,  de  Troja  etTANVL  ont 
montré  que  l'iodoforme  en  poudre  était  incapable  de  détruire  ce  bacille  et  des  tuber- 
cules pulmonaires  frais  et  broyés  avec  'i  fois  leur  volume  d'iodoforme  ont  fourni  par  . 
inoculation  aux  anîTnaux  des  résultats  positifs  avec  évolution  ultérieure  normale. 
De  même  Venturi  et  Gamaleia  {Arch.  de  Méd.  Expér.,  1871,  799)  ont  constaté  que  l'iodo- 
forme ne  possède  pas  d'action  constante  sur  les  toxines  de  la  tuberculose.  Par  contre, 
l'iodoforme  peut  modifier  la  virulence  des  bacilles  qui  déterminent  une  maladie  expé- 
rimentale atténuée.  Déplus,  dissous  dans  l'huile  d'olive,  il  lue  le  bacille  en  3  jours, 
grâce  à  sa  décomposition  partielle  avec  mise  en  liberté  d'iode. 

Le  pouvoir  antiseptique  de  l'iodoforme  sur  les  microbes  de  la  putréfaction  peut  être 
plus  important;  c'est  ainsi  qu'il  est  susceptible  d'arrêter  la  putréfaction  pendant 
trois  jours,  mais  cela  provient  surtout  de  ce  qu'en  présence  des  albunioïdes,  il  se 
décompose  partiellement. 

En  résumé,  il  est  exact  que  les  propriétés  antiseptiques  de  l'iodoforme  in  vilro  soient 
très  faibles,  mais  on  ne  saurait  nier  les  résultats  pratiques  satisfaisants  qu'il  a  donnés  et 
•donne  encore,  à  l'heure  actuelle,  lorsqu'il  est  utilisé  convenablement.  Pour  expliquer 
cette  différence  d'action,  il  faut  admettre  que  dans  l'organisme  l'iodoforme  se  trouve 
dans  des  conditions  telles  que  sa  décomposition  ou  sa  combinaison  avec  certains  prin- 
cipes immédiats  des  cellules  puissent  s'effectuer,  et  ce  fait  est  prouvé  par  l'état  sous 


lODOFORME.  595 

lequel  il  s'élimine.  Bi.nz  a  montré  que  sous  l'indiienre  combinée  des  corps  gras,  de  la 
chaleur,  de  l'eau,  îles  alcalis  faibles,  il  se  dédoublait,  tout  au  moins  partiellement.  De 
RuYTER  {Lanç/enbcck's  Archiv^  xxxvi,  984,  1887)  a  mis  en  évidence  l'action  analogu-e 
exercée  par  les  bactéries  elles-mêmes  et  sur  les  combinaisons  qu'il  est  susceptible  de 
contracter  avec  les  plomaïnes  et  les  toxines  qu'elles  sécrètent.  C'est  pour  ces  raisons  que 
Frieolandhii  l'appelle  un  antiseptique  indirect. 

Ses  propriétés  physico-cliiiniques  jouent  également  un  rôle  pour  l'obtention  de  ces 
résultats  Ibérapeutiques;  sa  forme  pulvérulente,  sa  tendance  à  l'absorption  et  à  la 
fixation  des  liquides,  ses  propriétés  coagulantes  font  de  l'iodoforme  un  agent  dessic- 
cateur  et  prolecteur  qui  met  les  surfaces  des  plaies  totalement  à  l'abri  de  l'air.  C'est 
ainsi  un  agent  excellent  pour  empêcher  l'infection,  mais  totalement  insuffisant  pour  la 
faire  disparaître. 

Action  locale.  —  Localement,  l'iodoforme  n'exerce  aucune  action  irritante  ni  sur 
la  jieau  ni  sur  les  muqueuses,  ni  sur  les  ulcérations  cutanées;  cependant,  chez  quelques 
individus,  le  contact  prolongé  de  l'iodoforme  peut  déterminer  de  l'érythème  et  môme 
des  éruptions  eczématiformes  (Lk  Dantec,  Fifield,  Goodell).  Le  collodion  saturé 
d'iodoforme  déterminerait  sur  la  peau  un  effet  analogue  à  celui  de  la  teinture  d'iode. 
Appliqué  .sur  la  plaie,  il  détermine  pai'fois  une  sensation  douloureuse  passagère,  à 
laquelle  fait  bientôt  suite  une  anesthésie  durable  (Moresin).  Mis  en  contact  direct  avec 
un  muscle,  il  diminue,  puis  abolit,  si  la  quantité  est  suffisante,  la  contractiiité  électro- 
musculaire (HuMMO,  Arch.  de  PhysloL,  1883,  29o).  Il  peut  être  absorbé  par  Testomac, 
l'intestin,  le  péritoine  en  quantité  assez  considérable  sans  provoquer  d'irritation  ou 
d'hyperhémie  (Nothnagel).  Cependant,  Dujardin-Be.\umetz  le  considérait  comme  un 
irritant  de  l'estomac. 

Absorption.  Localisation.  Élimination.  —  L'iodoforme  est  absorbé  faiblement 
par  la  peau  saine,  très  facilement  par  la  peau  dénudée  de  son  épiderme  et  par  les 
muqueuses.  Cette  absorption  est  surtout  active  par  la  surface  des  plaies,  surtout  de  celles 
qui  contiennent  une  certaine  quantité  de  graisse  dans  laquelle  l'iodoforme  se  dissout. 
Dans  la  circulation  et  sous  l'influence  des  alcalis,  il  se  transforme  partiellement  en 
iodure  et  en  iodate,  mais  la  majeure  partie  passe  à  l'état  de  combinaisons  organiques 
encore  mal  connues  et  c'est  sous  cet  état  qu'il  exerce  son  action  toxique  si  différente 
de  celle  des  autres  composés  iodés.  C'est  sous  cette  forme  qu'il  se  localise,  comme  la 
montré  Harxagk  (Berl.  klin.  Woch.,  297,  1882.  723;  1883),  dans  le  système  nerveux 
central,  le  foie  et  les  reins. 

Dans  un  cas  d'intoxication,  cet  auteur  a  pu  doser  08'",0203  d'iode  pour  100  dans  le 
cervelet  et 0^', 043  p.  100  dans  le  cerveau,  mais  il  ne  put  en  retrouver  dans  le  foie,  tandis 
que  chez  un  chien  il  put  doser  Oe'',072  d'iode  pour  100  parties  de  foie  et  08^'',02î)  pour 
100  parties  de  cerveau. 

Pour  A.  MoGYES,  et  pour  Binz,  l'iodoforme  se  combinerait  aux  albuminoïdes  pour 
former  une  albumine  iodée,  mais  outre  que  le  fait  n'est  nullement  prouvé,  il  est  en 
contradiction,  comme  le  fait  remarquer  Pouchet,  avec  les  phénomènes  toxiques  fort 
différents  de  ceux  des  iodures  qui  donnent  naissance  à  ces  composés;  dans  tous  les  cas 
il  ne  reste  pas  à  l'état  d'iodoforme  libre,  qui  n'a  jamais  pu  être  décelé  ni  dans  le  sang,  ni 
dans  l'urine.  Cependant,  une  petite  quantité  s'élimine  en  nature  par  les  voies  respira- 
toires :  le  fait  a  été  signalé  par  Righini,  puis  vérifié  sur  des  chiens  par  UuM.yo. 

L'iodoforme  s'élimine  rapidement  par  toutes  les  sécrétions;  on  peut  déceler  l'iode 
dans  l'urine,  la  salive,  le  mucus  bronchique  et  nasal,  la  bile,  le  lait,  les  matières  fécales. 

C'est  par  l'urine  que  s'élimine  la  majeure  partie  de  l'iodoforme.  Lorsque  ce 
médicament  est  toléré  par  l'organisme,  on  le  retrouve  dans  ce  liquide  à  l'état  d'iodure 
de  sodium,  quelquefois  à  l'état  d'iodate  :  mais,  lorsque  des  accidents  toxiques  se  décla- 
rent, une  faible  partie  s'élimine  seulement  sous  cette  forme  et  le  restant  ne  peut  être 
décelé  qu'après  destruction  de  la  matière  organique  de  l'urine  dans  laquelle  il  est 
dissimulé. 

Dans  le  cas  du  malade  de  Schwarz,  étudié  par  Harnack,  un  cinquième  de  l'iode 
éliminé  se  trouvait  à  l'état  d'iodure,  le  reste  était  en  combinaison  organique;  et  il  put 
retrouver  dans  l'urine  du  malade  une  quantité  d'iode  correspondant  à  0,C9  d'iodure  de 
potassium  par  liUe. 


o96  lODOFORME. 

Lorsqu'on  veut  pratiquer  celte  recherche,  il  faut  d'abord  faire  l'extraction  de  l'iode 
des  iodures  décomposés  par  le  nilrile  de  soude  et  l'acide  sulfurique,  puis  évaporer 
J'urine  et  détruire  la  combinaison  organique  par  la  potasse  en  suivant  la  méthode 
indiquée  par  Bourcet    voir  Iode). 

Action  générale,  toxicité.  —  La  loxicit"'  de  l'iodoforme  est  variable  suivant  les 
espèces  animales  et  le  mode  d'administration.  D'après  Rummo,  la  dose  d'iodoforme 
moyenne  mortelle  pour  les  grenouilles  de  taille  ordinaire  est  de  0e'',02.  Pour  les  cobayes 
il  faut,  pour  amener  la  mort  dans  un  espace  de  deux  à  trois  jours,  administrer  l*-'',50  à 
2  i^rammes  d'iodoforme  soit  en  ingeblion  stomacale,  soitjen  injection  intrapéritonéale. 
Chez  les  lapins,  la  mort  survient  au  bout  de  deux  à  trois  jours  après  administration 
de  lK'",2o  à  1^''^4■S  d'iodoforme  par  kilogramme.  Pour  obtenir  la  mort  d'un  chien  au 
bout  de  deux  à  trois  jours  il  faut  lui  administrer  par  voie  stomacale  ou  par  voie  d'in- 
jection intrapéritonéale  O''''",40  d'iodoforme  pai-  kilogramme  de  poids. 

Chez  la  grenouille,  environ  une  dfmi-heun>  après  l'injection  du  médicament,  on 
constate  de  la  paresse  musculaire,  l'animal  est  nioin.'-  agile,  saute  avec  difficulté  et 
nage  lentement,  mais  il  peut  encore  i)as.ser  du  décubitus  dorsal  à  la  station  normale. 
Cet  affaiblissement  s'établit  progressivement,  les  sauts  sont  plus  difficiles,  les  membres 
postérieurs  ne  sont  plus  ramenés  à  l'altitude  normale  avec  la  même  vivacité,  puis  la 
marche  devient  analogue  à  celle  d'un  crapaud,  l'n  peu  plus  tard,  l'animal  devient  plus 
torpide,  il  ne  saute  ni  ne  nage  ;  si  on  le  met  sur  le  dos.  il  ne  fait  que  des  elforls  insuffi- 
sants pour  changersa  position;  mais,  si  on  l'excite  électriquement,  il  exécute  encore  des 
mouvements  spontanés.  Enfin,  l'animal  devient  tout  à  fait  inerte  ou  peut  à  peine 
exécuter  quelques  faibles  contractions  spontanées.  La  sensibilité  diminue,  mais  moins 
que  la  motililé.  Même  dans  la  période  d'inertie  complète,  on  peut  voir  se  produire  des 
mouvements  réllexes  assez  limités  lorsqu'on  tai!  subir  à  l'animal  une  excitation  suKi- 
sante;  les  mouvements  du  cœur  sont,  à  celle  période,  considérablement  ralentis,  mais 
n'ont  pas  perdu  de  leur  énergie.  La  motricité  et  l'excitabilité  musculaire  ne  sont  que  peu 
altérées.  Quelque  temps  après  l'apparition  de  la  paralysie  motrice  et  de  la  parésie  de 
la  sensibilité  on  voit  apparaître  d'abord  dans  le  membre  où  l'on  a  [«ratiqué  l'injection, 
puis  progressivement  dans  le  corps  tout  entieidela  contracture.  11  arrive  un  moment  où 
l'animal  est  immobile,  rigide,  les  jneiubres  jio.>téjieurs  en  extension  forcée,  les  membres 
aatérieurs  rigides,  serrés  contre  le  tronc,  les  muscles  de  l'abdomen  et  de  la  poitrine 
contractures.  Ordinairement  on  observe  de  l'opislothonos  et  de  l'orthostolhonos.  Dans  les 
niuscles  qui  se  trouvent  en  contraction  Ionique  on  peut  observer  des  trémulations  fibrii- 
laires  ou  des  contractures  isolées  se  présentiinl  irrégulièrement.  L'excitabilité  réflexe 
est  alors  augmentée.  Celte  rigidité  musculaire  se  montre  même  après  section  de  la 
moelle  cervicale  et  l'animal  meurt  en  état  de  rigidité  complète;  le  cœur  est  arrêté  en 
diastole. 

Chez  les  mammifères,  l'iodoforme  injecté  sous  la  peau  s'absorlie  mal  et  ne  détermine 
que  de  l'anesthésie  locale.  Il  faut,  pour  obtenir  des  accidents  toxiques,  l'injecter  dans 
l'estomac  ou  dans  le  péritoine,  ou  encore  faire  subir  à  l'animal  des  inhalations  prolon- 
gées au  moyen  d'un  dispositif  approprié.  Dans  ces  conditions,  comme  l'a  établi  Rummo, 
on  voit  se  produire  un  ensemble  de  phénomènes  que  l'on  peut  diviser  en  trois  périodes. 

Dans  la  première,  l'animal  présente  de  la  faiblesse  générale  avec  aneslhésie  géné- 
rale peu  marquée,  la  marche  est  ébrieuse,  les  réflexes  cutanés  et  tendineux  sont  dimi- 
nués, les  pupilles  rétrécies.  Il  fuit  la  lumière  el  le  bruit,  va  se  coucher  dans  un  coin 
sombre  et  se  met  à  dormir.  Sous  l'influence  d'une  excitation  il  se  réveille  et  essaye  de 
marcher,  mais  ses  membres  fléchissent  souvent,  il  tourne  dans  un  cercle  éti'oit,  tantôt 
d'un  côté,  tantôt  de  l'autre,  se  heurte  aux  obstacles,  puis  il  s'arrête,  s'assied,  enfin  il  se 
couche. 

La  seconde  période  de  l'intoxication  est  caractérisée  par  de  la  paralysie  spasmodique. 
Les  membres  antérieurs  de  l'animal  .sont  contractures,  de  sorte  que  leurs  mouvements 
de  flexion  deviennent  impossibles.  L'animal  s'appuie  sur  les  grift'es  de  ces  membres  au 
moindre  effort  qu'il  fait  pour  marcher,  et  eu  même  temps  il  croise  ses  pattes  l'une  sur 
l'autre.  Les  membres  postérieurs  sont  étalés  en  dehors,  de  manière  à  élargir  la  base  de 
sustentation.  Il  présente  des  tremblements  à  la  suite  des  mouvements  intentionnels, 
de  l'exagération  des  réflexes  tendineux,  de  la  trépidation  spontanée  el  provoquée.  La 


lO  DO  FOR  ME.  597 

sensibilité  générale  est  peu  modiliéo,  l'inUillif^ence  est  conservée,  la  pupille  un  peu 
dilatée;  Plus  lard,  l'animal  est  dans  l'impossibilité  de  se  tenir  debout  sur  ses  (|uatre 
membres;  ses  membres  antérieurs  peuvent  encore  le  supporter,  mais  ses  membres 
postérieurs  sont  toujours  affaissés. 

Le  phénomène  qui  caractérise  le  début  de  la  troisième  période  consiste  dans  des 
cris  répétés,  puis  presque  aussitôt  se  manifestent  des  contractions  tétaniformes,  intenses, 
générales,  avec  opistothonos.  L'excitabilité  réflexe  est  augmentée  et  toutes  les  exci- 
tations augmentent  l'intensité  <les  contractions  tétaniques.  Elles  ne  disparaissent 
pas  par  la  chloroformisation,  mais  diminuent  simplement  d'intensité;  la  section  trans- 
versale de  la  moelle  cervicale  après  l'établissement  de  la  respiration  artificielle  ne  les 
influence  pas.  Au  milieu  des  contractions  toniques,  à  longs  intervalles,  se  manifestent 
des  contractions  cloniques  des  membi'es  antérieurs.  Pendant  cette  période,  l'animal 
présente  de  la  tendance  à  la  rotation  autour  de  son  axe  antéro-postérieur  et  de  la  ten- 
dance à  culbuter,  la  respiration  est  difficile,  les  pupilles  sont  dilatées.  La  mort  survient 
dans  un  accès  convulsif  violent  et  ne  peut  être  évitée  par  la  respiration  artificielle. 

A  l'autopsie  des  animaux  dont  l'intoxication  a  évolué  en  deux  ou  trois  jours,  on 
constate  un  certain  nombre  de  lésions  intéressantes. 

A  l'ouverture,  le  corps  dégage  une  forte  odeur  d'iodoforme.  Le  cœur  est  en  systole, 
presque  vide,  présentant  parfois  des  ecchymoses  sous-endocardiques.  La  fibre  muscu- 
laire est  granuleuse  et  le  tissu  conjonctif  est  envahi  par  des  granulations  graisseuses. 
Les  poumons  sont  asphyxiques,  ils  montrent  de  l'infiammation  des  bronches,  de  l'œdème 
et  de  l'hypertension,  quelquefois  de  la  broncho-pneumonie  diffuse  [et  des  infarctus, 
surtout  à  la  base. 

Les  muqueuses  gastro-intestinales  sont  peu  modifiées,  légèrement  hyperémiées,  l'in- 
testin est  d'ordinaire  rempli  de  mucus.  Le  foie  est  jaune,  chagriné;  à  l'examen  micro- 
scopique il  montre  des  dégénérescences  graisseuses.  Toutes  les  cellules  du  lobule 
hépatique  présentent  des  granulations  graisseuses,  mais  les  cellules  périphériques  en 
contiennent  beaucoup  plus  que  les  cellules  du  centre  de  l'îlot. 

Les  reins  sont  fortement  congestionnés  et  présentent  [de  la  glomérulo-néphrite. 

La  pie-mère  cérébrale,  la  substance  grise  du  cerveau,  de  la  moelle  et  du  bulbe  sont 
fortement  hyperémiées.  On  constate  au  microscope  des  altérations  de  la  substance 
grise  de  la  moelle  et  surtout  des  grandes  cellules  ganglionnaires  multipolaires  des 
cornes  antérieures. 

Action  sur  le  système  nerveux.  —  Gomme  le  montrent  les  [accidents  toxiques 
déterminés  par  l'iodoforme,  cette  substance  possède  une  action  élective  sur  le  système 
nerveux.  11  agit  surtout  sur  les  centres  nerveux  et  secondairement  sur  les  troncs  des  nerfs 
et  sur  les  muscles.  Dans  une  première  période,  il  exerce  une  influence  dépressive  sur 
les  éléments  anatomiques  des  centres  nerveux  sans  agir  sur  les  nerfs  périphériques  ni 
sur  les  muscles.  Il  produit  d'abord  la  diminution,  et,  peu  après,  l'abolition  complète  de 
la  motilité  volontaire,  surtout  chez  les  animaux  à  sang  froid;  en  même  temps,  il  déter- 
mine de  l'anesthésie  plus  ou  moins  complète  et  de  la  diminution  des  l'éllexes  avec  nar- 
cose. Enfin,  il  produit  l'affaiblissement  de  l'excitabilité  des  nerfs  et  de  la  contractilité 
musculaire. 

Dans  une  seconde  période  il  exagère,  comme  un  excitant  physique,  l'excitabilité  des 
centres  nerveux  et  produit  la  contracture  et  les  convulsions  toniques  (Rummo). 

Chez  l'homme,  dans  les  cas  légers  d'intoxication  on  peut  constater  de  la  céphalalgie 
persistante,  de  l'affaiblissement  de  la  mémoire,  une  humeur  changeante,  de  la  tristesse, 
de  l'inquiétude,  de  l'insomnie. 

Dans  les  cas  graves,  à  ces  phénomènes  s'ajoutent  du  délire,  quelquefois  furieux,  des 
hallucinations,  de  la  loquacité,  parfois  des  mouvements  convulsifs;  cette  excitation 
cède  d'ordinaire  à  la  morphine. 

Chez  les  enfants,  ces  phénomènes  se  rapprochent  des  symptômes  de  la  méningo- 
encéphalite. 

Ces  accidents  ont  été  bien  étudiés  par  H.  Sghwrrin  {Dissert.  Berlin,  1902)  et  par 
G.  De.xcks  {Dissert.  Kônigsberg,  1903). 

Action  sur  la  circulation.  —  Chez  les  grenouilles,  parmi  les  troubles  cardiaques 
produits  par  l'iodoforme,  le  plus  intéressant  à  noter  est  la  diminution  du  nombre  des 


5«J8  lO  DO  FOR  ME. 

coiilraclions  ventriculaires  qui  aboutit  à  l'arrêl  en  diastole.  Les  injections  d'iodolorme 
augmeiïtent  à  un  certain  moment  l'énergie  des  systoles  des  ventricules  et  celles-ci  sont 
toujours  régulières  et  amples  ;  très  rarement  on  note  des  irrégularités  passagères  avec 
de  fortes  doses. 

Les  modilicalions  cardiaques  surviennent  avant  tout  autre  symptôme  fonctionnel. 
Lorsque  la  diminution  du  nombre  des  contractions  cardiaques  est  assez  avancée,  la 
systole  ventriculaire  s'allonge  et  le  tracé  rappelle  celui  de  la  vératrine. 

L'atropine  ne  modifie  pas  le  ralentissement  du  cœur  produit  par  l'iodoforme.  Le 
cœur  ralenti  séparé  de  l'animal  se  remet  à  battre  avec  une  fréquence  plus  considérable 
sans  cependant  atteindre  la  normale.  Après  section  du  bulbe,  on  n'observe  plus  de 
troubles  cardiatiues  ;  l'action  de  l'iodoforme  s'exerce  donc  principalement  sur  le  centre 
du  pneumogastrique,  l'iniluence  sur  la  fibre  musculaire  cardiaque  et  les  ganglions 
intrinsèques  du  cœur  est  tout  à  fait  secondaire. 

Chez  les  mammifères,  avec  des  doses  faibles,  on  observe  un  ralentissement  diïs  batte- 
ments cardiaques  avec  une  légère  augmentaion  de  la  tension  sanguine  sans  diminution 
de  l'énergie  et  sans  irrégularité  des  contractions  ventriculaires. 

Avec  des  doses  plus  fortes,  à  cette  période  succède  de  l'accélération  des  battements 
cardiaques  et  des  irrégularités  coïncidant  avec  l'augmentation  de  fréquence  et  l'irré- 
gularité des  mouvements  respiratoiies  et  l'établissement  des  convulsions. 

Tous  ces  phénomènes  ne  se  montrent  pas  après  section  du  pneumogastrique.  La 
respiration  s'arrête  toujours  avant  le  cœui'. 

Chez  l'homme,  dans  les  cas  d'intoxication  le  pouls  et  l'activité  cardiaque  se  sont 
montrés  ordinairement  afTaiblis:  pouls  petit  et  très  fréquent  (150-180  pulsations^i.  Schede 
a  observé  de  véritables  accès  de  parésie  cardiaque  dans  une  intoxication  à  évolution 
lente.  L'augmentation  de  fréquence  du  pouls  est  l'un  des  premiers  signes  qui  puissent 
faire  soupçonner  chez  l'homme  l'intoxication  iodoformique.  Les  troubles  circulatoires 
s'accompagnent  toujours  de  dyspnée. 

Hoffmann  a  constaté  la  diminution  des  globules  rouges  chez  les  lapins  soumis  à 
l'usage  de  l'iodoforme.  Chez  les  syphilitiques  traités  par  ce  médicament,  on  a,  au  con- 
traire, constaté  une  augmentation  du  nombre  des  hématies. 

Les  globules  blancs  sont  tués  par  l'iodoforme  aussi  bien  in  riro  qu'ùi  vitro  (Xotunagel). 

Actioii  sur  le  système  digestif.  —  L'action  exercée  par  l'iodoforme  sur  le  sys- 
tème digestif  est  faible  et  il  faut  atteindre  des  doses  fortes  pour  voir  se  produire  des- 
troubles marqués.  Chez  le  chien,  ce  n'est  qu'avec  des  doses  de  4  à  5  grammes  que  l'on 
voit  apparaître  des  vomissements,  le  dégoût  des  aliments,  les  selles  diarrhéiques  et 
dysentériques.  L'iodoforme,  au  ^ébut  de  son  action  surtout,  augmente  les  diverses 
sécrétions  salivaire,  gastro-intestinale,  biliaire. 

La  plupart  des  malades  ne  sont  qui'  peu  impressionnés  par  l'odeur  et  le  goût  extrê- 
mement désagréables  de  l'iodoforme;  un  grand  nombre  s'y  habituent  même  rapide- 
ment; pour  un  petit  nombre  cependant,  ce  médicament  est  si  désagréable  qu'il 
détermine  une  anorexie  persistante  et  même  des  vomissements.  Dans  les  cas  d'intoxi- 
cation, l'anorexie  est  la  règle,  et  souvent  même  on  voit  apparaître  du  catarrhe 
gastrique. 

La  sécrétion  urinaire  n'est  pas  modifiée  sensiblement  par  des  doses  modérées 
d'iodoforme.  Des  doses  fortes,  au  contraire,  provoquent  une  diminution  de  la  quantité 
d'urine  éliminée,  et  on  voit  apparaître  bientôt  de  l'albuminurie  et  même  de  l'héma- 
turie. Dès  que  l'albumine  apparaît  dans  l'urine,  on  voit  disparaître  l'élimination  de 
l'iodoforme  à  l'état  d'iodure  (Rummo),  ou  du  moins  celui-ci  diminue  considérablement 
et  est  remplacé  par  un  dérivé  iodé  organique  encore  mal  connu. 

Intoxication.  —  L'iodoforme  a  provoqué  à  la  suite  de  son  emploi,  soit  à  l'intérieur, 
soit  à  l'extérieur,  un  grand  nombre  d'intoxications.  L'intensité  de  l'action  toxique  de 
l'iodoforme  est  très  variable  suivant  les  sujets  :  les  enfants  sont  peu  sujets  à  celte 
intoxication;  au  contraire,  les  vieillards,  les  hépatiques,  les  rénaux  y  sont  particuliè- 
rement prédisposés.  L'empoisonnement  peut  survenir  sur-le-champ  ou  dans  l'espace 
de  quelques  jours;  il  persiste  souvent  pendant  des  semaines  et  se  termine  par  la  mort 
dans  un  grand  nombre  de  cas.  G.  Degks  a  montré  que,  sur  108  cas  qu'il  a  pu  relever,  il 
y  en  eut  13  légers,  44  graves  et  48  mortels.  En  ce  qui  concerne  les  doses,  on  ne  peut 


lODOFORME.  599 

rien  fournir  de  précis.  Oberlander  cite  un  cas  de  mort  en  7  jours,  après  absorption  de 
5  grammes  d'iodoforme.  I.ewin  rapporte  un  cas  de  fjtuérisoa  après  ingestion  de 
8  grammes. 

l.es  syniplùmes  de  l'intoxication  iodoformique  sont  à  peu  près  semblables  dans  les 
différeiites  formes,  mais  ils  se  présentent  avec  une  acuité  bien  différente. 

l.KwiN  et  PouciiET  {Traité  de  Toxicologie,  388)  distinguent  une  forme  bénigne  et  une 
fornio  grave. 

Forme  bénigne.  —  Les  manifestations  toxiques  consistent  en  un  léger  malaisi^,  des 
nausées,  de  la  céphalalgie,  quehiuefois  des  vomissements,  la  sensation  d'une  saveur 
et  d'une  odeur  particulières  fort  désagréables,  se  produisant  notamment  lors  du  contact 
d'un  métal  (signe  de  l'argent  de  Ponget)  avec  la  muqueuse  de  la  bouche.  Ce  signe  n'est 
nullement  caractéristique  de  l'intoxication  et  il  se  produit  chez  des  individus  qui  ont 
absorbé  dt^s  doses  très  faibles  d'iodoforme.  On  constate  souvent  de  l'anorexie.  L'em- 
barras gastrique  est  d'ordinaire  assez  constant,  avec  langue  sal)urrale,  répulsion  pour 
les  aliments,  mais  sans  élévation  de  température. 

Ces  phénomènes  s'accompagnent  souvent  d'une  excitation  intense,  avec  mobilité 
extrême,  insomnie  presque  complète  et  délire  noclurne.  Pendant  le  jour,  au  contraire, 
les  malades  présentent  un  état  particulier  d'apathie  et  de  mélancolie  que  l'on  a  vu 
aboutir  à  la  lypémanie.  Chez  les  alcooliques,  on  voit  se  produire  du  délire,  chez  les 
aliénés  des  accidents  luéningitiques  clironiques.  Les  malades  sont  en  proie  le  plus 
souvent  à  de  la  tristesse  et  à  de  l'inquiétude.  Le  pouls  est  faible,  fréquent  (110-120). 

Il  existe  une  dissociation  nette  de  la  température  et  du  pouls. 

Sous  l'influence  des  pansements  iodoformés,  on  voit  se  produire  des  éruptions 
variant  de  la  simple  irritation  à  l'exanthème  aigu  généralisé,  qui  est  accompagné  de 
phénomènes  généraux.  Ces  éruptions  sont  polymorphes  et  douloureuses.  Le  plus  sou- 
vent, ce  sont  desérythèmes  papuleux  montrant  comme  l'eczéma  des  vésicules  externes, 
parfois  des  éruptions  confluentes  rappelant  la  rougeole  ou  la  scarlatine.  Ces  éruptions 
surviennent  presque  toujours  chez  des  sujets  présentant  une  prédisposition  ou  ayant 
présenté  des  affections  cutanées  antérieures.  Il  est  nécessaire,  pour  qu'elles  se  produi- 
sent, qu'il  y  ait  une  lésion  cutanée  quelconque  (plaie,  compression,  irritation  pro- 
longées). Ces  éruptions  peuvent  être  polymorphes  chez  le  même  individu.  Tous  les 
symptômes  de  l'intoxication  disparaissent  rapidement  par  suppression  du  pansement 
ou  des  causes  d'absorption  d'iodoforme.  L'apparition,  la  marche,  la  succession  de  ces 
accidents  présentent  une  extrême  irrégularité. 

Forme  grave.  --Elle  est  cai'actérisée  par  les  mêmes  symptômes  présentant  seu- 
lement un  caractère  plus  aigu.  L'anorexie  est  presque  complète  et  le  simple  contact 
des  aliments  avec  l'estomac  détermine  le  vomissement;  le  patient  se  plaint  de  brûlure 
gastrique.  La  dénutrition  est  rapide,  elle  s'accompagne  d'amaigrissement. 

Le  caractère  particulier  de  cette  intoxication  grave  est  déterminé  par  les  troubles 
nerveux  qui  éclatent  pendant  la  nuit.  Ils  consistent  en  hallucinations  et  en  alternatives 
de  coma  et  de  délire  maniaque  et  même  furieux  :  le  sujet  se  croit  persécuté  ou  en 
butte  à  un  danger  imminent.  Pendant  la  journée,  le  malade  est  abattu,  prostré,  son 
intelligence  altérée,  il  est  en  proie  à  la  tristesse,  à  des  crises  de  larmes,  à  la  crainte 
de  la  mort. 

Les  périodes  d'excitation  et  de  dépression  peuvent  se  succéder  pendant  des  jours  et 
des  semaines,  puis,  on  voit  apparaître  une  modification  brusque  vers  la  guérison,  ou, 
au  contraire,  les  accidents  s'aggravent.  Le  pouls  est  petit,  dépressible,  accéléré.  Lors- 
qu'il devient  ondulant  et  rapide  au  point  de  ne  pas  pouvoir  être  compté,  c'est  un  signe 
d'une  extrême  gravité.  Il  existe  en  même  temps  de  la  dyspnée.  On  note  souvent  de 
l'élévation  de  température  (39-40"). 

Il  existe  de  la  néphrite  avec  oligurie,  albuminurie  et  hématurie  parfois.  Dans 
les  cas  mortels,  on  voit  le  collapsus  s'exagérer:  la  respiration  prend  le  type  de  Chev.ne- 
STOKEset  la  mort  survient  par  syncope  cardio-pulmonaire. 

Les  lésions  anatomiques  sont  les  mêmes  que  celles  que  nous  avons  signalées  à 
propos  des  animaux  et  consistent  surtout  en  une  dégénérescence  graisseuse  du  cœur, 
du  foie  et  des  reins. 

J.  CHEVALIER. 


600  lODURES. 

lODOGORGONIQUE  (acide).  —  Drechsel  a  appelé  iodogorgonique 
un  acide  qu'il  a  pu  extraire  du  squelette  axial  de  Gorgonia  Cavolinii.  Ce  corps  répond 
à  la  formule  de  l'acide  amidiodobutyriqiio  (C*H*'2NI0"-).  Mais  Duechsel  suppose  que  c'est 
le  produit  d'altération  dune  iodo-albumine  par  la  baryte;  il  a  extiait  cet  acide  de  la 
(jorgoninc,  matière  azotée  que  Krukenber(;  avait  appelée  cornéine  et  qui  contient  8  p.  100 
d'iode.  Les  parties  molles  de  la  gorgoniiie  ne  contiennent  pas  d'iode  (Drecusel.  Beitr. 
zur  Chemie  einiger  Secthiere.  Z.  B.,  1896,  xxxiii,  90-103)/ 

lODOSPONGI  N  E.  —  E.  Harnack  a  appelé  iodospongine  une  substance  iodée 
qu'il  a  extraite  de  l'éponge  commerciale.  On  traite  l'éponge  par  un  contact  prolongé 
avec  de  l'acide  sulfurique  à  40  p.  100.  Le  résidu  insoluble  est  dissous  dans  de  la  soude 
diluée,  puis  précipité  par  l'acide  sulfurique.  Le  précipité,  lavé  et  desséché,  est  de  l'io- 
dospongine. 

Sa  composition  moyenne  a  été  la  suivante  : 

Iode 8.20 

Carbone 45.01 

Hydrogène .j.95 

Azote 9.0.2 

Soufre 6.29 

Oxygène 24.93 

ce  qui  donnerait  une  formule  brute 

C''6H8"  Az'oS^O" 

(Harnack.  Uebcr  das  lodospongin,  die  iodhalligc  ciiveissartige  ' Siibstanz  ans  dcm  Bades- 
chwamm  (Z.  p.  C,  xxiv,  1898,  412-424). 

lODOTHYRINE. —  Composé  ulbuniinoïde  iodé  qu'on  a  extrait  du  corps 
thyroïde  (v.  Thyroïde). 

lO  DURES.  —  Les  iodures  se  préparent  par  action  de  l'iode  sur  les  alcalis  ou 
les  carbonates  solubles;  lorsque  les  bases  sont  insolubles  on  fait  agir  directement  l'iode 
sur  le  métal.  Un  grand  nombre  d'entre  eux  sont  utilisés  en  thérapeutique;  ils  agissent 
à  la  fois  par  l'iode  et  par  le  métal  par  suite  du  dédoublement  qu'ils  subissent  dans 
l'organisme;  un  certain  nombre  d'entre  eux,  comme  l'iodure  de  fer,  les  iodures  de  mer- 
cure, riodure  de  plomb,  doivent  être  considérés  surtout  comme  des  ferrugineux,  des 
mercuriaux  et,  lors  de  leur  administration,  l'action  de  l'iode  est  pour  ainsi  dire  masquée 
par  celle  du  métal;  aussi  ne  nous  occuperons-nous  pas  d'eux,  et  étudierons-nous  seu- 
lement ceux  qui  agissent  réellement  comme  iodiques,  quoique,  comme  nous  aurons 
l'occasion  de  le  faire  remarquer,  l'inlluence  du  radical  métallique  est  toujours  impor- 
tante à  considérer  et  confère  à  l'iodure  une  caractéristique  spéciale  et  une  activité 
particulière.  Les  plus  utilisées  sont  l'iodure  de  potassium,  l'iodure  de  sodium,  l'iodure 
d'ammonium,  l'iodure  de  strontium  et  l'iodure  de  rubidium. 

lodure  de  potassium  Kl.  —  Obtenu  par  l'action  de  liode  sur  la  potasse  caustiiiue, 
ce  corps  se  présente  sous  forme  de  cubes  ou  de  trémies  incolores,  inaltérables  à  l'air 
sec,  transparents  si  le  sel  est  pur,  légèrement  blancs  et  opaques  lorsqu'ils  renferment 
du  carbonate  de  potasse.  Sa  saveur  est  salée,  piquante  et  désagréable. 

Il  fond  au  rouge  sombre  et  se  volatilise  au  rouge  vif.  Il  est  très  soluble  dans  l'eau  : 
iOO  p.  d'eau  dissolvent  128  p.  de  sel  à  0°;  142  p.  à  -|-  18°,  et  224  p.  à  Fébullition  de  la 
liqueur  saturée  -t-  117°.  Il  se  dissout  également  à  froid  dans  18  parties  d'alcool  à  90°, 
dans  6  parties  d'alcool  bouillant  et  dans  2  p.  et  demie  de  glycérine. 

11  doit  être  conservé  à  l'abri  de  la  lumière  et  de  l'humidité.  Roblneau  et  Rollin 
ont  montré  que  l'oxygène  de  l'air  l'altérait  en  présence  de  l'eau  et  que  la  lumière  favo- 
risant cette  attaque,  il  se  produit  de  l'iodate.  La  solution  aqueuse  d'iodure  de  potas- 
sium dissout  l'iode  en  se  colorant  fortement;  il  paraît  se  former  une  combinaison 
moléculaire  instable  répondant  à  la  formule  KL'  (Stellingfler  et  Johnson). 

L'iodure  de  potassium  doit  être  exempt  d'iodate  et  donner  1  gr.  414  d'iodure  d'argent 
par  gramme   pour  pouvoir  être  considéré  comme  officinal. 


lO  DURES.  t)01 

lodure  de  sodium  Nal.  —  Préparé  comme  l'iodiire  de  potassium,  ce  corps  cristal- 
lise en  cubes  à  la  température  de  40°;  h  froid,  il  se  dépose  en  longs  prismes  clinorliom- 
biques  qui  sont  constitués  par  uu  bydrate  Nal  +  II-O,  fondent  à  une  douce  chaleur, 
sVnieurissentà  l'air  sec,  mais  tombent  en  déliquium  au  contact  de  l'air  humide.  L'iodure 
anhydre  est  seul  officinal;  il  doit  renfermer  Si,.')  p.  100  d'iode. 

Anhydre  ou  hydraté,  l'iodure  de  sodium  s'altère  rapid(Miient  au  contact  de  l'air.  Il  est 
très  soluble  dans  Teau  :  100  p.  d'eau  dissolvent  17.3  p.  de  s(;l  anhydre.  Il  se  dissout  éga- 
lement dans  l'alcool. 

lodure  d'ammonium  AzHi.  —  Obtenu  par  précipitation  de  l'iodure  ferreux  par  le 
carbonate  d'ammoniaijue,  ce  sel  se  présente  sous  forme  de  cubes  anhydres  et  blancs, 
déliquescents,  très  altérables  à  l'air,  de  saveur  salée  et  un  peu  amère,  désagréable,  très 
solubles  dans  l'eau  el  dans  l'alcool  renfermant  87  p.  100  d'iode. 

lodure  de  strontium  Sri-.  —  Ce  sel  cristallise  en  tables  hexagonales  renfermant 
Sri- 4-  ClI-0.  Il  est  instable  et  facilement  déliquescent.  11  est  peu  utilisé  en  raison  de  s'a 
préparation  difficile.  11  ne  doit  pas  renfermer  de  baryte  dont  les  composés  solubles  sont 
toxitjues. 

lodure  de  rubidium  Rbl.  —  Ce  sel  se  présente  sous  forme  de  cubes  brillants,  de 
saveur  fortement  salée  et  faiblement  amère,  légèrement  déliquescents,  solubles  dans 
l'eau:  100  p.  d'eau  dissolvent  132  p.  d'iodure.  Son  emploi  a  été  préconisé  par  Hugo  Erd- 
MANN  {Phunnaccul.  Zciliiiuj,  1893,  3i)3-3o9).  Ch.  Hichet,  longtemps  auparavant  (C.  R.  Ac.  Se. 
CI,  669,  I88.i),  avait  montré  que  le  rubidium,  assez  analogue  au  potassium  au  point  de 
vue  de  son  action  physiologique,  était  un  peu  moins  toxique  que  ce  dernier  et  qu'au 
point  de  vue  thérapeutique  il  était  susceptible  de  remplacer  avantageusement  le 
potassium.    • 

Malgré  les  résultats  thérapeutiques  satisfaisants,  l'emploi  de  ce  seine  s'est  pas  géné- 
ralisé et  l'iodure  de  potassium  est  toujours  le  plus  employé,  de  préférence  à  l'iodure  de 
sodium  et  à  l'iodure  d'ammonium  qui  ne  se  dédoublent  qu'imparfaitement  dans  l'éco- 
nomie et  sont  plus  rapidement  éliminés. 

Absorption.  Élimination.  —  Les  divers  iodures,  et  l'iodure  de  potassium  en  parti- 
culier, peuvent  être  absorbés  par  toutes  les  muqueuses.  Ces  sels  se  caractérisent,  en  effet, 
par  une  extrême  difi'usibilité. 

L'iodure  de  potassium,  appliqué  sur  la  peau,  n'est  pas  absorbé,  ou  son  absorption 
est  négligeable,  cependant  une  petite  portion  d'iode  peut  être  mise  en  liberté  au 
contact  des  sécrétions  acides  de  la  peau  et  grâce  à  la  présence  des  bactéries  banales  qui 
sont  susceptibles,  comme  l'a  montré  Storvis  {Leçons  de  Pharmacothérapic,  m,  189, 
1905)  de  favoriser  la  décomposition  des  iodures  en  milieu  acide.  Decuambre,  Karute.^u 
et  Warlam  avaient  déjà  constaté  la  décomposition  partielle  des  pommades  à  l'iodure  de 
potassium,  mais  leur  absorption  est  totalement  insuffisante  et  il  faut  s'en  tenir  à  l'opi- 
nion de  RiGHiNi  (Bull.  gén.  de  Thérap.,  in,  149,  1846),  qui  considérait  les  pommades 
iodurées  simples  comme  dénuées  de  toute  action. 

L'absorption  se  fait  facilement  par  la  voie  pulmonaire  et  Mknœre  {Th.  Paris,  1873)  a 
montré  qu'après  quelques  inspirations  profondes  devant  un  pulvérisateur  contenant 
une  solution  d'iodure  de  potassium,  à  1  p.  100,  il  a  pu  déceler  l'iode  dans  l'urine  au 
bout  de  trois  à  cinq  minutes. 

Les  muqueuses  digestives  absorbent  particulièrement  bien  les  iodures,  ainsi  que  le 
démontre  la  rapidité  de  leur  élimination  lorsqu'ils  ont  été  ingérés  par  cette  voie. 
Après  administration  par  la  bouche  la  majeure  paitie  est  absorbée  dans  l'estomac; 
une  petite  portion,  comme  le  voulaient  Kijss  et  Larger  {Th.  Strasbourg,  1870),  est  éga- 
lement résorbée  par  l'intestin  grêle.  Les  expériences  de  Demarquav  avaient  déjà 
montré  que  l'absorption  par  cette  voie  était  rapide;  mais  que,  l'iodure  exerçant  une 
action  irritante  sur  la  muqueuse,  ce  médicament  ne  pouvait  être  administré  sous  forme 
pilulaire. 

Pour  éviter  l'intolérance  gastrique  qui  se  produit  parfois  chez  certains  sujets,  Mknière 
{Thèse,  Paris,  1873)  avait  préconisé  l'emploi  des  iodures  par  la  voie  rectale,  et  il  avait 
constaté  expérimentalement  que  cette  absorption  s'effectuait  aussi  rapidement,  sinon 
plus,  par  cette  voie  que  par  la  voie  gastrique. 

Lemansry  elMAi.N  {Bidl.  Soc.  Thcrap.,  1893.  310)  et  Briquet  {Le  traitement  iodurc,  Paris, 


602  lO  DURES. 

1897)  ont  confirmé  ces  résultais,  et  on  peut  dire  qu'en  moyenne,  après  administration  de 
l'iode  par  le  tube  digestif,  l'iode  se  montre  dans  la  salive  au  bout  de  quatre  ù  huit 
minutes  et  dans  l'urine  au  bout  de  quatre  à  dix  minutes. 

Cette  absorption  se  fait  en  nature.  D'après  Kammeuer  et  Putzeis  {Virchow's  Arch., 
Lx,  S21)  les  acides  du  suc  gastrique  ne  sont  pas  capables  de  modifier  la  nature  de 
l'iodure  de  potassium;  l'acide  chlorhydrique  concentré  n'a  lui-même  presque  aucune 
influence  sur  ce  sel.  D'après  d'autres  auteurs, l'acide  chlorhydrique  donnerait  naissance 
à  un  iodhydrate  et  à  un  composé  albumineux  iodé.  En  tous  cas,  il  n'y  a  jamais  d'iode 
mis  en  liberté.  Peuka.n,  Nothnagel  et  Rossbach  l'ont  constaté  chez  les  animaux  pour 
l'iodure  de  potassium.  KuLz(Zei<sc/i.  f.  BioL^  xxui,  460,  1887)  avait  admis  la  formation 
d'acide  iodhydrique  dans  l'estomac  après  absorption  de  fortes  doses  d'iodure  de  sodium; 
mais  Drechsel  {Zeitsch.  f.  Biol.,  xxv,  396,  1888),  continuant  ces  expériences,  conclut  à 
l'insuffisance  des  preuves  données  à  l'appui  de  cette  décomposition  possible  des  iodures 
dans  l'estomac. 

Introduits  dans  la  circulation  générale,  les  iodures,  quelle  que  soit  leur  concentration, 
ne  précipitent  pas  l'albumine  et  le  globule  rouge  du  sang  est  doué  vis-à-vis  d'eux 
d'imperméabilité  (Gri.njs,  A.  ij.  P.,  lxui,  86). 

La  plupart  des  expérimentateurs,  Henrijean  et  Corin,  Pouchet,  Chevalier  et  Tschayan, 
qui  se.sont  occupés  récemment  de  l'action  physiologique  des  iodures,  admettent,  après 
Kamuerer  et  BiNz,  que  ces  corps  sont  dédoublés  en  partie  dans  l'écoiioniie  et  qu'ils  déter- 
minent leur  action  pharmacodynamique  en  grande  partie  grâce  à  oette  mise  en  liberté 
temporaire  de  leur  iode,  qui  se  fixe  exclusivement  sur  les  leucocytes  et  les  albumines  de 
néoformation.  En  dehors  des  faits  pharmacodynamiques  dont  elle  ])ermet  l'interpréta- 
tion rationnelle,  celte  décomposition  repose  sur  quelques  données  chimiques.  Struvi 
avait  montré  qu'une  solution  très  diluée  d'iodure  de  potassium  se  décompose  sous  l'in- 
fluence d'eau  oxygénée,  mais  seulement  en  présence  d'acide  carbonique.  Kammkrer  et 
Bmz  ont  pensé  que  le  même  phénomène  se  passait  dans  l'organisme  vivant  où  l'oxy- 
gène, en  présence  de  la  cellule  vivante,  était  susceptible  de  jouer  le  rôle  de  l'eau  oxy- 
génée [Virchow's  Avchiv,  xxxxvi,  lxii,  124). 

HiNz  exprime  tout  d'abord  cette  réaction  par  la  formule  suivante  : 

2KI  +  C02  +  0  =  K-îCOi  +  21 

mais  Kamuerer  [Virchow's  Arch.,  ux,  459)  fait  remarquer  que  si  cette  réaction  était 
exacte,  l'iode  réagirait  sur  le  carbonate  pour  former  un  iodate  et  Bmz  modifie  son  inter- 
prétation de  la  façon  suivante  : 

2KI  +  2C02  +  H^O  +  0  =  2KHC03  +  21 

le  bicarbonate  étant  inerte  vis-à-vis  de  l'iode. 

Voulant  fournir  une  preuve  expérimentale  de  ce  pouvoir  de  dédoublement  de  la  cellule 
vivante,  il  montre  que  le  suc  de  protoplasma  vivant  d'un  végétal  mis  au  contact  d'une 
solution  diluée  d'iodure  de  potassium,  en  présence  d'acide  carbonique  sous  pression, 
détermine  la  mise  en  liberté  d'une  partie  de  l'iode,  et  que,  si  l'on  emploie  dans  les 
mêmes  conditions  le  suc  d'un  protoplasma  tué  auparavant,  il  n'y  a  aucune  décomposition. 
Gaglio  a  cependant  montré  que  cette  expérience  était  sujette  à  caution,  que  la  chlo- 
rophylle seule  était  capable  de  dédoubler  liodure,  et  que  le  protoplasme  vivant  est 
incapable  de  libérer  l'iode  de  l'iodure  de  potassium  (Jahresbericht.  f.  Thierchemie,  1887, 
93).  BiiNz  a  essayé  d'écarter  cette  objection  en  prétendant  qu'on  ne  peut  opérer  avec  du 
protoplasraa  enfermé  dans  les  membranes  cellulaires,  mais  que  certains  champignons, 
et  en  itarticiûler  \e  Mycodenna  aceti,  sont  susceptibles  de  dédoubler  l'iodure;  il  est  vrai  que 
dans  ce  dernier  cas  la  présence  des  divers  composés  acides  peut  favoriser  cette  réaction. 

Les  expériences  sur  l'élimination  des  divers  constituants  des  iodures  ont  une  impor- 
tance beaucoup  plus  considérable. 

On  sait  que,  par  exemple,  à  la  suite  de  l'administration  de  l'iodure  de  fer,  de  l'io- 
dure de  calcium,  de  l'iodure  d'ammonium,  l'élimination  du  radical  électro-positif  com- 
biné à  l'iode  se  fait  par  d'autres  émonctoires  et  dans  des  conditions  différentes  de 
celles  de  ce  métalloïde. 

Les  expériences  de  Kletzi\skv  et  Bill  [Amer.Journ.  of  Sciences,  xii,  87;  Journ.  Chem. 


lODURES. 


603 


Soc,  I,  731)  sur  la  différence  du  temps  nue  mettent  i  s'éliminer  les  deux  éléments 
composants  de  l'iodure  et  du  bromure  de  potassium,  ont  montré  que  chez  l'homme,  à 
la  suite  de  l'absorption  de  1  ou  2  grammes  d'iodure  de  potassium,  on  voit  au^'menter, 
pendant  les  premières  vinijl-qualre  heures,  le  chill're  des  sels  de  potassium  éliminés 
par  l'urine  dans  des  proportions  telles  que  tout  l'e.xcédent  de  potassium  introduit  avec 
l'iodure  semble  ètie  éliminé,  tandis  que,  durant  le  môme  temps,  il  n'y  a  guère  que 
60  p.  100  de  l'iode  introduit  qui  ait  été  éliminé  par  cette  voie.  Pour  Stokvis  {Leçons 
de  Phannacotliérapie,  m,  188),  ces  recherches  ne  sont  pas  concluantes,  car,  dit-il,  tous 
les  sels  facilement  diffusibles  qui  s'éliminent  par  le  rein  entraînent  d'autres  sels  alca- 
lins; or,  comme  nous  ne  connaissons  aucun  sii.'ne  certain  auquel  on  pourrait  recon- 
naître dans  l'urine  le  potassium  qui  dérive  de  l'iodure  de  potassium  ingéré  dans  l'esto- 
mac, on  ne  peut  mettre  le  surplus  des  sels  de  potassium  éliminés  exclusivement  sur  le 
compte  de  l'iodure. 

IssERsoHN  {Diss.  Berlin,  1873)  a  étudié  l'élimination  des  constituants  de  l'iodure  de 
lithium;  cette  base  étant  étrangère  à  l'organisme,  il  était  facile  de  dissocier  le  phéno- 
mène, et  il  montre  que  cet  iodure,  en  raison  de  son  élimination,  est  dédoublé  dans  l'éco- 
nomie. L'iode  et  le  lithium  furent  retrouvés  ensemble  pendant  vingt-quatre  heures,  puis 
le  lithium  seul  pendant  quarante  heures.  Ces  recherches  furent  reprises  par  Monni- 
KE.NDAM  {Diss.  Amstenfain,  1886),  qui  put  constater  que  l'élimination  du  métal  précède 
le  commencement  et  persiste  après  la  fin  de  l'élimination  de  l'iode. 

Quoique  ces  diverses  expériences  ne  soient  pas  à  l'abri  de  toute  critique,  il  paraît 
cependant  certain  que  les  iodures  sont  décomposés  et  que  l'iode  se  localise  à  l'état  dissi- 
mulé dans  certains  tissus. 

C'est  grâce  à  cette  dissimulation  que  Rosembach  et  Pohl  avaient  prétendu  que  l'iode 
ne  se  rencontre  jamais  parmi  les  exsudats  intlammatoires  séreux  ou  purulents  de  la 
plèvre  et  du  péritoine,  ni  dans  les  articulations  normales  ou  enflammées  {Berl.  klin. 
Woch.,  1890,813)  :  mais  Lughl,  puis  Weintrand  {Berl.  klin.  Woch.,  1871,321)  ont  montré 
que  ce  métalloïde  est  mis  nettement  en  évidence,  si  l'on  prend  soin  de  détruire  les 
matières  organiques  par  une  fusion  potassique. 

Verhoogen  {Th.  Bruxelles,  1893)  a  recherché  comment  se  répartissait  l'iode  à  la  suite 
des  injections  d'iodure  de  sodium;  il  fournit  le  tableau  suivant  : 


I 

II 

lïl 

IV 

Poids  du  chien 

10  kg. 
20  gr. 
2  heures  1/2 
Ob-,726 
0«%167 
UKM77 
0i--,080 
0'<%0o4 
0k%041 
0>--%937 

9  kg. 

20  gr. 

2  heures. 
0''-185 
Ob-,261 
0';%221 
0^-%209 

0t-'%064 
0!5%939 

4'-B,9U0 
8  gr. 
Immédiat. 
0s%188 
0^'',034 
Q^''%353 
Ob-,010 
Otf%003 
0i-%012 
0'-'Sl62 

fj  kg. 
10  gr. 
2  heures. 
Ob',086 
0esl05 
OK',134 
0B%026 

0p',0i2 
3b%472 

Injection  de  2e'  Nal  par  kg.,  soit. 

On  tue  l'animal  après 

Foie                          "  ,  en  iodure. 
Rein                                      — 
Sang                                     _ 
Rate                                    — 
Moelle  osseuse                  — 
Muscle                                — 
Urine  de  la  vessie            — 

et  il  conclut  de  ses  expériences  que  l'iodure  de  sodium  traverse  rapidement  l'organisme 
pour  s'éliminer  par  l'urine,  sans  se  localiser. 

D'après  Buchheim  et  IIeubel  {Arclt.  f.  experim.  Pnth.  uPharm.,  m,  104,  1875),  ce  sont 
les  reins,  les  glandes  salivaires  et  les  poumons  qui  localisent  les  quantités  les  plus  consi- 
dérables d'iodure  de  potassium.  Le  foie,  la  rate,  les  glandes  lymphatiques  et  les  mus- 
cles n'en  contiennent  que  peu;  le  pancréas  en  renferme  des  tiaces,  le  cerveau  n'en 
renferme  pas.  Santesson  a  contrôlé  ces  recherches  {Diss.  Dorpal.,  1860)  et  il  a  observé 
que  les  glandes  salivaires  isolées  n'ont  pas  la  môme  affinité  pour  l'iodure  que  lors- 
qu'elles font  partie  de  l'organisme  vivant,  et  qu'après  section  des  nerfs  elles  en  renfer- 
ment moins  que  lorsque  les  nerfs  sont  intacts. 


60^ 


lO  DURES. 


Depuis  qu'on  a  attiré  l'attention  sur  la  loralisation  de  l'iode  dansJa  glande  thyroïde, 
on  a  pu  remarquer  que  sa  teneur  en  iode  augmentait  à  la  suite  de  l'absorption 
des  iodures.  Baumann,  .puis  Monery  [Thèse  de  Lyon,  1903),  ont  insisté  sur  ce  fait. 

BiNz  fait  remarquer  que  les  divers  tissus  ne  sont  pas  capables  d'enlever  l'iode  aux 
iodures,  que  le  cerveau,  en  particulier,  ne  peut  le  faire,  mais  (|ue  les  tumeurs  gom- 
meuses  de  cet  organe  le  peuvent  très  bien  ;  c'est  ce  qui  expliquerait  les  différences  que 
présente  l'intensité  de  l'action  de  l'iode  vis-à-vis  des  différents  organes. 

Les  conditions  réelles  de  cette  décomposition  des  iodures  dans  l'économie  nous 
sont  donc  encore  inconnues," et  il  semble  qu'elle  s'effectue  avec  une  intensité  très' 
variable  suivant  les  individus  et  que  c'est  cette  aptitude  particulière  à  la  mise  en  liberté 
de  l'iode  qui  constitue  l'idiosyncrasie  de  l'individu  pour  l'iode.  L'état  de  santé  ou 
de  maladie  influence  également  d'une  manière  sensible  ce  phénomène,  et  Sciiulzk, 
BrcHRACH,  SwEiFEL  out  pu  Constater  un  retard  plus  ou  moins  considérable  de  l'élimi- 
nation de  l'iode  dans  les  maladies  fébriles.  La  nature  des  albuminoïdes  avec  lesquels 
ils  se  trouvent  en  contact  influe  beaucoup  sur  cette  mise  en  liberté  ;  et  l'action  de 
l'iode  libre  sur  ces  corps  leur  communique  une  iabilité  plus  considérable,  se  traduisant 
par  une  fonte  des  tissus  pathologiques  ou  par  l'élimination  des  albuminates  de  plomb 
et  de  mercure  (Nelsens,  Pouchet,  An.nuschat). 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  utilisation  de  Fiode  est  toujours  faible  à  la  suite  de  l'admi- 
nistration des  iodures,  et  la  majeure  partie  du  produit  s'élimine  plus  ou  moins  rapide- 
ment par  l'urine  et  les  autres  émonctoires  sans  s'être  localisé  dans  les  divers  organes 
et  sans  avoir  pu,  par  conséquent,  exercer  son  action  pharmacodynamique  réelle,  en 
réalisant  simplement  l'action  d'un  médicament  salin.  C'est  en  raison  de  ce  fait  qu'on 
est  obligé  de  faire  ingérer  aux  malades  une  grande  quantité  d'iodure  pour  qu'en  réa- 
lité,une  faible  portion  seulement  soit  absorbée  réellement  et  localisée  par  les  tissus. 

L'élimination  des  iodures  se  fait  d'ordinaire  rapidement  par  lurine,  mais  elle  est 
influencée  par  un  certain  nombre  de  facteurs  divers,  comme  l'activité  rénale,  l'état 
du  rein,  l'état  des  fonctions  intestinales,  la  forme  sous  laquelle  le  composé  iodique  a  été 
administré  et  la  dose  employée. 

Chez  le  même  chien,  à  la  suite  de  l'injection  hypodermique  de  20  centigrammes 
d'iodure  de  potassium  pu  solutions  dans  divers  liquides,  Issersohn  a  constaté  : 


NATrUIO    1)K    LA    SOLT'TION, 

DURKK 

I>  K    i/ 1':  r,  I  M  I  N  A  T  I  O  N . 

QUANTITÉ 

H  I.I  MIN  KK. 

Dissous  dans  l'eau 

12  heures. 
()  jours, 
(i      — 

4      — 

1/4 
1/3 
1/3 

La  presque  totalité. 

Dissous  dans  le  sérum  s;iiii;uiii . 

Dissous  dans  une  solution  albumineusc 

Dissous  dans  l'eau  :  après   néphrite   jiar  l'acide 
cliromiquc .    . 

Deuogorv  MoKRiKwiTCH  {Prcssc  médicale,  189G,  44)  a  fait  d'intéressantes  recherches 
relatives  à  l'influence  des  différents  aliments  et  du  jeûne  sur  l'élimination  d'iodure  de 
potassium  par  le  rein.  Il  trouve  que  l'élimination  est  retardée  par  le  jeûne,  tandis 
qu'elle  est  accélérée  par  le  régime  carné  par  rapport  à  l'élimination  pendant  le  régime 
végétal,  et  cela  aussi  bien  chez  l'homme  que  chez  le  chien. 

Chez  l'homme,  30  centigrammes  de  Kl  sont  éliminés  en  34  heures  avec  le  régime 
carné,  et  en  31  heures  avec  le  régime  végétarien. 

Chez  le  chien,  15  centigrammes  sont  éliminés  en  46  heures  avec  le  régime  carné,  en 
62  heures  avec  le  régime  végétarien  et  en  85  heures  pendant  le  jeûne. 

La  durée  de  l'élimination  de  l'iodure  de  potassium  varie  beaucoup  avec  les  doses 
employées,  mais  les  différents  auteurs  donnent  des  chiffres  très  dilTérents.  Wilander 
a  constaté  l'élimination  totale  de  Os'",0o  de  Kl  en  24  heures;  celle  de  Os'",50,  en 
36-50  heures. 

L'élimination  de  1  gramme  se  fait  en  24  heures  pour  Geissler,  en  24-48  heures 
pour  Michel  de  Calvi  et  Rou.n,  en  3  jours  pour  Rabuteau. 


I O  D  U  R  E  s.  60r> 

L'élimination  de  G  iframiness'efîeclueégaltMUfiit  en  3  jours  (  Roux);  cfiUe  do  10  grammes, 
en  10  jours  (Rauutkau,  Dic  MolÎ'Ines). 

Lakay  lui-même  {Thèse  Paris,  1893)  ne  conchiL  pas  et  indique  celt(!  élimination  de 
l'iodure  par  l'urine  comme  très  variable  suivant  1(!S  condilious  i'xp('rimentales,  non 
seulement  en  ce  qui  concerne  la  durée  de  l'éliminalion,  mais  la  quantité  éliminée 
par  cette  voie,  quantité  qui  peut  varier  de  35  à  90  p.  100  de  la  quantité  absorbée. 

Lorsque  le  rein  est  sain,  ce  pourcentage  est  fort  élevé,  mais  dans  les  cas  de  néphrite 
il  s'abaisse  d'autant  plus  que  le  rein  est  plus  fortement  touché. 

Ce  même  auteur  a  reconnu  que,  lorsque  la  quantité  d'iodure  de  potassium  ingérée 
était  faible  cl  la  proportion  de  chlorure  de  sodium  éliminée  par  l'urine  normale,  il  y 
avait  échange  complet,  tout  l'iode  s'éliniiiiant  à  létal  d'iodure  de  sodium,  le  |)0ta3sium 
à  l'état  de  chlorure.  Quand  la  quantité  d'iodure  absorbée  est  moyenne  et  voisine  de  la 
dose  de  chlorure  de  sodium,  le  partage  est  limité,  et  il  s'élimine  d'autant  plus 
d'iodure  à  l'état  de  sel  de  potassium  que  ce  sel  se  trouve  lui-même  en  proportion  plus 
élevée  et  vice  versa. 

Si  l'iodure  de  potassium  est  administré  à  haute  dose  (15,  20,  30  grammes  par  jour), 
il  s'élimine  presque  tout  entier  sans  décomposition,  et  la  proportion  cornispondant  au 
chlorure  de  sodium  est  seule  transformée,  cette  quantité  étant  essentiellement  variable 
suivant  les  individus. 

En  ce  qui  concerne  les  autres  iodures,  on  peut  dire,  d'après  les  recherches  de  Gubler, 
de  Carat,  d'IssERsoH.x,  que  les  iodures  de  sodium  et  d'ammonium  s'éliminent  plus  rapi- 
dement que  ceux  de  potassium,  de  strontium,  de  rubidium.  L'iodure  de  lithium  paraît 
s'éliminer  plus  lentement  que  les  autres. 

Les  iodures  s'éliminent  également  par  la  salive,  ils  y  font  rapidement  leur  appari- 
tion et  on  peut,  d'ordinaire,  les  y  retrouver  au  bout  de4à  8  minutes  aptes  l'absorption; 
quelle  que  soit  la  voie  d'introduction,  cette  élimination  se  prolonge  et  dure  plus 
longtemps  que  l'élimination  urinaire.  De  même,  on  retrouve  les  iodures  dans  le  suc 
gastrique.  Qulnke  a  décelé  l'iode  dans  ce  liquide  après  absorption  rectale  d'iodure  et 
BiNz  admet  son  élimination  par  la  muqueuse  intestinale,  quelle  que  soit  sa  voie  d'absorption 
{Arch.  f.  exper.  Path.  u.  Pharm.,  viii,  319,  1878;  xiii,  13,  1881). 

Prévost  et  Binet  {Rcv.  méd.  de  la  Suisse  Romande,  1888)  ont  constaté  sa  présence  dans 
la  bilei'  trente  minutes  après  l'ingestion,  mais  cette  élimination  se  termine  bien  avant 
celle  qui  s'efl'ectue  par  l'urine. 

Le  mucus  nasal  et  la  sueur  contiennent  toujours  de  petites  quantités  d'iodure 
(Binet,  Th.  Paris,  1884). 

L'éliminalion  des  iodures  s'effectue  également  par  les  larmes;  Righi.m  le  premier 
a  constaté  ce  fait  et  cette  élimination  rend  impossible  l'emploi  de  certaines  pommades 
ou  collyres  secs  sur  l'œil  (calomel). 

-  Enfin,  les  iodures  passent  à  travers  le  placenta  et  peuvent  se  retrouver  dans  les 
urines  des  nouveau-nés;  on  l'a  décelé  dans  le  mucus  utérin.  Ils  s'éliminent  par  le 
lait.  Celte  élimination  est  toujours  peu  considérable.  Fehlixc;  {France  Médicale,  1894) 
n'a  pu  la  constater  qu'au  bout  de  vingt-quatre  heures. 

Le  Breton  et  Péligot,  donnant  10  grammes  d'iodure  à  des  vaches,  ont  trouvé  que 
la  teneur  du  lait  en  iodure  était  très  variable  et  qu'elle  ne  dépassait  pas  25  centi- 
grammes par  litre. 

Action  locale  sur  la  peau  et  les  muqueuses.  —  L'iodure  de  potassium  appliqué 
sur  la  peau  saine  et  propre  ne  donne  lieu  à  aucune  irritation  et  n'est  pas  absorbé. 
Employé  en  injections  hypodermiques,  il  détermine  seulement  une  forte  sensation  de 
cuisson  (Gilles  de  la  Touretie,  Progrès  Médical,  1883,  35). 

Si  l'on  administre  à  un  homme  sain,  pendant  des  semaines  et  des  mois,  des  doses 
moyennes  d'iodure  de  potassium,  on  n'observe,  en  dehors  du  goût  salé  et  de  la  soif, 
aucun  trouble  de  la  muqueuse  des  voies  digestives.  Lorsque  ces  troubles  se  manifestent, 
c'est  que  l'iodure  de  potassium  contenait  de  l'iode  libre  ou  des  iodates.  Buciuieim  admet 
que  l'on  peut  faire  usage  d'iodure  pendant  des  années,  sans  éprouver  aucun  trouble  du 
côté  des  voies  digestives.  U  n'en  est  pas  de  même  de  la  conjonctive,  des  muqueuses 
nasale,  buccale,  pharyngienne  et  bronchique  et  l'emploi  plus  ou  moins  prolongé  de 
l'iodure  de  potassium  provoque  sur  ces  muqueuses  l'apparition  de  phénomènes  inflam- 


606  lODURES. 

matoires  qui  sont  sous  la  dépendance  de  l'éliminalion  ioduréc  par  ces  différentes  voies. 
Toxicité.  —  L'iodure  de  potassium  ingéré  est  fort  peu  toxi(iue  et  on  cite  des  cas 
oïl  l'on  a  pu  faire  absorber  jusqu'à  20  et  30  grammes  d'iodure  de  potassium  sans  pro- 
voquer le  moindre  inconvénient.  Par  contre,  on  a  vu  se  produire  des  accidents  d'intolé- 
rance avec  des  doses  beaucoup  moindres;  aussi  faut-il  toujours  tâter  la  susceptibilité 
du  malade,  en  employant  au  début  des  doses  faibles. 

Les  animaux  supportent  très  facilement  l'ingestion  stomacale  de  doses  relativement 
élevées  d'iodure  de  potassium.  On  peut  observer  des  accidents  à  la  suite  de  l'ingestion 
de  3  grammes  par  kilog.  Cbez  le  lapin,  on  obtient  la  mort  avec  des  doses  vadant  de 
1  gr.  30  à  3gr.  80  par  kilog. 

Par  voie  d'injection  intra-veineuse,  la  mort  se  produit  cbez  le  chien  par  œdème  du 
poumon  en  10  ou  12  heures,  à  la  suite  de  l'injection  de  0  gr.  25  par  kilog.  en  solution 
isotonique  (Poughet);  avec  des  doses  plus  fortes,  la  mort  survient  beaucoup  plus  rapi- 
dement et  est  due  en  partie  à  l'action  toxique  du  potassium  sur  le  cœur. 

L'iodure  de  sodium  est  beaucoup  mieux  toléré  et  la  mort  ne  se  produit  guère  qu'avec 
des  doses  de  1  gramme  par  kilo,  administrée  par  voie  veineuse  Chevalier,  Tsghavan, 
Thèse,  Paris  1906). 

Les  autres  iodures,  comme  l'ont  fait  remarquer  He.nruean  et  Cori.n  {Anh.  Internat, 
de  Pharm.  et  Thérap.,  ii,  408,  1890},  possèdent  une  toxicité  surtout  en  rapport  avec 
l'action  physiologique  du  métal  avec  lequel  liode  est  combiné. 

Action  des  iodures  sur  la  circulation.  —  L'étude  de  cette  question  a  fait  l'objet 
de  nombreux  travaux  et  a  suscité  de  grandes  discussions.  Rose  (Arcli.  f.  pathol.  Anat., 
XXXV,  12)  admettait  une  suractivité  du  cœur  et  la  production  d'un  spasme  vasculaire 
généralisé  sous  l'inlluence  de  l'iode  ;  mais  il  s'agit,  bien  plutôt,  comme  le  faitremar(]uer 
Bœhm,  de  phénomènes  réllexes  dus  ù  l'action  de  l'iode  libre  dans  la  solution  utilisée 
par  cet  expérimentateur. 

BoGOLEPOKK  {Arbeiten  aus  d.  pharmaceuti  Lab.  zu  Moskau,  1876,  r2o)  admettait, 
d'après  des  observations  microscopiques,  que  l'iodure  de  potassium  provoquait  la  dila- 
tation des  vaisseaux  périphériques  par  la  chute  de  pression  sanguine  et  le  ralentisse- 
ment du  pouls.  Il  n'a  pas  constaté  de  paralysie  cardiaque. 

SoKOLOwsKY  a  constaté  que  des  doses  modérées  d'iodure  de  potassium  injectées  chez 
le  chien,  tantôt  accéléraient  le  cu-uret  faisaient  baisser  la  tension  sanguine,  tantôt,  au 
contraire,  ralentissaient  lo  pouls  sans  provoquer  d'abaissement  de  la  tension.  Avec  des 
doses  fortes,  il  a  observé  de  la  vaso-dilatation  périphi-rique  et  de  la  paralysie  du  cœur, 
sans  modifications  notables  des  appareils  modérateurs. 

BoEHii  {Arch.  f.  exp.  Path.  u.  Phann.,  v,  329)  n'a  observé  aucune  modification 
circulatoire  chez  les  chiens  auxquels  il  a  injecté  de  l'iodure  de  sodium,  et  pour  lui,  les 
iodures  n'auraient  aucune  action  vasculaire. 

HucHARD  et  Eloy  [Gaz.  hebdoin.,  1889,  770)  ont  constaté  que  des  doses  physiolo- 
giques d'iodures  alcalins  abaissent  considérablement  la  tension  sanguine  au  bout  de 
13  à  30  minutes.  Pour  eux,  ces  médicaments  dilatent  les  vaisseaux  et  augmentent  la 
vitesse  du  courant  sanguin. 

G.  SÉEet  Lapicque  {C.  li.  Ac.  Méd.,  8  oct.  1888.  —  Sem.  Méd.,  1880,  381)  admettent 
également  que  les  iodures  déterminent  une  vaso-dilalation  qui  peut  durer  plusieurs 
heures  et  qui  est  précédée  d'une  phase  pendant  laquelle  la  pression  se  trouve  au  con- 
traire au-dessus  de  la  normale  (phase  du  potassium).  Pour  eux,  la  chute  de  la  tension 
sanguine  est  indépendante  d'une  action  sur  le  cœur.  La  force  du  cœur  pourrait,  au 
contraire,  être  accrue,  à  cause,  d'une  part,  de  la  diminution  des  résistances  périphé- 
riques et,  d'autre  part,  de  l'irrigation  plus  complète  du  myocarde.  (G.  Sée.,  Thérap. 
Physiol.  du  cœur,  ii,  94.) 

Lapicque  [C.  R.  Soc.  BioL,  1892,  78)  a  modifié  cette  interprétation  à  la  suite  de  nou- 
velles expériences.  L'abaissement  de  la  tension  sanguine  ne  serait  pas  due  à  une  para- 
lysie des  vaso-moteurs,  car  ils  réagissent  normalement  lorsqu'on  asphyxie  l'animal. 
De  même,  l'accélération  du  pouls  ne  serait  pas  due  à  une  diminution  de  toxicité  du 
pneumogastrique,  car  ce  nerf  réagit  d'une  faeon  normale  et  conserve  son  excitabilité 
jusqu'à  la  fin  de  l'intoxication.  L'abaissement  de  la  tension  sanguine  serait  surtout  d'ori- 
gine cardiaque,  l'impulsion  systolique  est,  en  effet,  renforcée  par  des  doses  faibles  et 


lODURES.  607 

affaiblie  par  des  doses  élevées.  L'iode  exercerait  donc  sur  le  cœur  une  action  tonique, 
puis  déprimante,  indépendante  de  toute  action  médullaire. 

Laborde  (C.  R.  Ac.  mm.  1890,  4  niars)  confirme  les  observations  de  G.  Sée  et  de 
Lapicque,  en  ce  qui  concerne  l'iodure  de  potassium  et  n'attribue  à  l'iodure  de  sodium 
qu'une  action  insignifiante  ou  même  nulle  sur  la  pression. 

Prkvost  et  Bi.NET  [Revue  médicak  de  la  Suisse  Romande,  1890,  ^09)  ont  étudié,  dans 
une  série  d'expériences  fort  bien  conduites,  l'action  de  l'eau  iodée,  des  solutions  iodo- 
iodurées  et  des  solutions  d'iodures  sur  l'appareil  circulatoire.  Ils  ont  constaté  que  l'eau 
iodée  et  les  solutions  iodo-iodurées,  employées  à  faibles  doses,  ne  modifiaient  pas  sensi- 
blement la  pression  sanguine,  tandis  que  l'iodure  de  potassium,  injecté  à  petites  doses 
dans  les  veines,  déterminait  une  augmentation  de  pression  et  à  doses  fortes  provo- 
quait une  dépression  qui  pouvait  amener  rapidement  la  mort  de  l'animal.  Si  les  acci- 
dents ne  sont  pas  très  prononcés,  la  pression  peut  regagner  son  niveau  normal,  pour 
s'abaisser  à  nouveau  dans  la  suite  progressivement.  L'ingestion  ne  modifie  pas  sensi- 
blement la  pression. 

L'injection  intra-veineuse  de  solutions  d'iodure  de  sodium  est  beaucoup  moins  dan- 
gereuse que  celle  d'iodure  de  potassium,  mais  elle  agit  de  la  même  manière  si  les 
doses  sont  plus  élevées.  Après  une  phase  d'augmentation  plus  ou  moins  prononcée  de 
la  tension,  on  observe  une  phase  d'abaissemetit  progressif  au  milieu  de  laquelle  peuvent 
survenir  les  accidents  toxiques.  Dans  une  de  leurs  expériences,  le  traitement  ioduré 
prolongé  a  déterminé  un  abaissement  durable  de  la  tension,  mais  le  fait  est  inconstant. 
IIenrijean  et  Corin,  dans  leur  important  mémoire  sur  l'Action  physiologique  et  thé- 
rapeutique des  iodures  [Archives  internationales  de  Pharmacodynamie  et  Thérapie,  ii,  o3o- 
539,  1896),  ont  étudié  l'action  des  divers  iodures  sur  l'appareil  circulatoire  et  attirent 
l'attention  sur  ce  fait  que  ces  différents  composés  agissent  sur  la  circulation,  à  la  fois 
parleur  élément  iode  et  par  leur  élément  métal,  les  effets  de  l'un  pouvant  être  masqués 
par  l'action  de  l'autre.  Lorsque  le  radical  métallique  est  peu  actif,  l'action  de  l'iode 
seule  apparaît  ;  et  dans  l'immense  majorité  des  cas,  comme  l'ont  montré  divers  auteurs 
précédemment  cités,  elle  se  traduit  par  un  abaissement  de  la  tension  sanguine. 

Si  quelques  auteurs,  comme  Boehm,  Prévost  et  Blnet,  n'ont  pas  constaté  cette  baisse 
de  pression,  cela  tient  soit  à  l'emploi  de  doses  trop  faibles,  soit  à  ce  que  les  expériences 
n'ont  pas  été  prolongées  assez  longtemps. 

Tous  les  auteurs  qui  jusqu'ici  avaient  constaté  cette  baisse  de  pression  l'avaient 
attribuée  soit  à  une  vaso-dilatation,  soit  à  une  faiblesse  cardiaque.  La  vaso-dilatation 
n'a  jamais  pu  être  prouvée  scientifiquement  et  les  auteurs  ont  pu,  au  contraire,  mettre 
en  évidence  une  vaso-constriction. 

De  même,  ils  montrent  le  maintien  intégral  de  l'énergie  cardiaque  sous  l'influence 
de  l'iodure  de  sodium.  Pour  eux,  l'abaissement  de  la  tension  sanguine  provient  unique- 
ment d'une  diminution  de  la  masse  totale  du  sang,  qui  est  prouvée  par  une  augmenta- 
tion du  nombre  des  hématies.  Le  relèvement  ultérieur  de  la  pression  est  dû  à  des  phé- 
nomènes de  vaso-constriclion  et  à  la  rentrée  du  sérum  sanguin  par  les  lymphatiques, 
cette  rentrée  s'accompagnant  parfois  d'une  légère  hydrémie. 

Barbera  (.4.  g.  P.,  lxviii,  434)  et  De  Cvon  [A.  g.  P.,  lxx,  175)  ont  particulièrement 
étudié  l'action  de  l'iodure  de  sodium  sur  le  système  nerveux  cardiaque  et  ont  mis  en 
évidence  l'action  dépressive  exercée  par  ce  médicament  sur  les  appareils  modérateurs 
du  cœur  et,  en  particulier,  sur  le  pneumogastrique,  qui  n'est  plus  excité  que  diffici- 
lement par  les  courants  induits  intermittents  il  y  a  une  action  excitante  simultanée  sur 
le  système  nerveux  sympathique  du  cœur  et  des  vaisseaux,  à  laquelle  il  faut  attribuer 
le3  spasmes  vasculaires  qui  produisent  la  vaso-constriction.  De  Cyo.n  a  également  montré 
que  l'iodure  de  potassium  possédait  une  action  antagoniste  de  celle  de  la  muscarine 
sur  les  appareils  nerveux  cardiaques. 

Barbera  a  mis  en  évidence  une  action  du  même  genre  entre  l'iodure  de  sodium  et  le 
phosphate  de  soude. 

Il  est  intéressant  de  signaler  que  ces  auteurs  ont  pu  constater  que  Viodothyrinê  de 
Bauman.v  possédait  une  action  cardiaque  précisément  inverse  de  celle  des  iodures. 

PoucHET,  dans  son  livre  Viode  et  les  iodiqucs  (Paris,  Doin,  1906),  donne  le  l'ésultat 
d'un  certain  nombre  d'expériences  faites  dans  son  laboratoire  qui  permettent  de  relier 


h08  lODURES. 

et  de  coordonner  ces  dilTt-renles  éludes  eu  appareuce  contradicloires  par  suite  de  la 
diversité  des  inodes  opératoires  employés,  des  doses  fortes  et  des  solutions  trop  concen- 
trées, d'ordinaire  utilii^ées,  et  du  peu  de  durée  des  observations.  Comme  il  le  dit  lui- 
même  (C.  R.  Ac.  MécL,  2Gdéc.  1905),  il  faut  considérer  d'une  façon  très  distincte,  d'une 
part,  les  résultats  thérapeutiques,  d'autre  part  les  résultats  physiologiques  ou  plutôt 
pharmacodynamiques  obtenus  avec  les  diverses  préparations  iodées. 

L'iode  et  les  iodures  administrés  à  doses  thérapeutiques  à  des  individus  sains  ne 
niodifienl  pas  sensiblement  leur  tension  sanguine.  Au  contraire,  dans  divers  e'tats 
pathologiques  ils  provoquent  un  abaissement  de  la  tension  sanguine  et  des  modifica- 
tions importantes  du  rythme  cardiaque,  mais  seulement  dans  des  cas  bien  déterminés, 
et,  à  ces  doses  médicamenteuses,  l'action  exercée  i)ar  l'iode  et  les  iodures  est  surtout 
le  résultat  des  modifications  (jue  cet  agent  thérapeutique  exerce  sur  le  système  lym- 
phatique et  sur  le  sang  dont  il  diminue  la  viscosité,  provoquant  ainsi  une  amélioration 
de  la  circulation  capillaire  périphérique. 

Dans  tous  les  autres  cas  où  l'iode  et  les  iodures  agissent  comme  hypotenseurs,  c'est 
à  la  suite  d'un  commencement  d'action  to.\ique  et  en  produisant  une  action  dépressive 
s'exerçant  directement  sur  le  cœur  lui-même  et  déterminant  une  action  perturbatrice 
sur  les  vaso-moteurs  centraux. 

D'accord  avec  De  Cyon,  lUnREnA,  Laudemiacii,  il  pense  que  l'iode  est  réellement  un 
agent  hypertenseur  à  doses  thérapeuli(iues;  et,  à  doses  fortes  ou  toxiques,  un  hypoten- 
seur par  suite  de  son  action  dépressive  sur  le  cœur. 

Lorsqu'on  étudie  l'acliou  de  l'iode  chez  les  animaux,  on  constate  des  phénomènes 
diflérents  suivant  que  l'on  emploie  l'iode  à  l'état  libre  ou  en  solution  dans  Tiodure  de 
sodium,  l'iodure  de  potassium,  ou  les  combinaisons  organiques  d'iode. 

Avec  les  solutions  iodo-iodurées  employées  à  doses  faibles,  on  observe  une  légère 
accélération  des  contractions  cardiatjues  accompagnée  d'une  faible  augmentation  de 
l'énergie,  sans  changement  de  pression  sanguine.  Si  les  doses  sont  fortes  et  deviennent 
toxiques,  on  voit  alors  se  produire  de  l'accélération  plus  considérable  des  contractions 
cardiaques  qui  diminuent  d'énergie,  et  en  même  ten)p5  la  tension  sanguine  s'abaisse; 
un  peu  plus  tard  on  voit  apparaître  des  troubles  vaso-moteurs,  caractérisés  par  l'appa- 
rition de  longues  et  lentes  oscillations  de  la  pression  coïncidant  avec  des  alternances 
d'accélération  et  de  ralentissement  des  contractions  myocardiques  dont  l'énergie  subit 
également  des  oscillations. 

A  une  période  plus  avancée  de  l'intoxication,  ces  divers  phénomènes  s'exagèrent, 
puis  l'accélération  s'accroît,  la  pression  sanguine  tombe  de  plus  en  plus,  et  à  la  période 
prémortelle  on  voit  se  produire  de  l'arythmie  avec  ralentissement  cardiacjue. 

L'action  dépressive  toxique  de  l'iode  sur  le  cœur  est  nettement  mise  en  évidence 
sur  les  animaux  à  sang  froid.  Les  premiers  phénomènes  sont  dus  à  l'action  irritante 
inévitable  de  la  substance  sur  le  myocarde  et  les  accélérateurs  du  cœur,  puis,  lorsqu'ils 
se  sont  atténués,  on  voit  survenir  une  période  où  l'iode  agit  comme  tonique  et  pendant 
laquelle  le  cœur  bat  normalement  avec  une  légère  augmentation  d'énergie.  Avec  des 
doses  faibles,  celte  action  se  maintient  longtemps,  puis  tout  rentre  dans  l'ordre. 

Si  les  doses  sont  fortes  et  toniques,  cette  période  est  courte,  et  on  assiste  bientôt  à 
des  phénomènes  de  dépression  cardiaque  profonde  :  la  contraction  myocaidique  s'ef- 
fectue de  plus  en  plus  difficilement  et  le  cœur  meurt  bientôt  en  systole,  complètement 
inexcitable. 

Avec  l'iodure  de  potassium  les  choses  ss  passent  un  peu  différemment  en  raison  de 
la  présence  du  potassium  dans  la  molécule. 

Chez  les  animaux  à  sang  froid,  on  voit  d'abord  se  produire  une  phase  de  dépression 
circulatoire  due  à  l'irritation  causée  par  cet  agent  sur  le  cœur  tout  entier;  puis,  plus 
tard,  au  contraire,  une  phase  de  renforcement  des  contractions  cardiaques  dont  l'énergie 
devient  de  beaucoup  supérieure  à  la  normale,  tandis  que  le  rythme  en  est  légèrement 
accéléré.  Cette^phase  est  due  à  l'action  combinée  de  l'iode  et  du  potassium  qui  agissent 
tous  deux  comme  stimulants.  Mais  à  partir  de  cet  instant  l'action  du  potassium  devient 
prédominante  et  on  retrouve  nettement  les  mêmes  phénomènes  que  ceux  provoqués  par 
le  chlorure  de  potassium.  L'énergie  des  contractions  persiste,  mais  on  voit  se  manifester 
de  l'arythmie  :  la  fréquence  des  battements  diminue,  puis  l'énergie  elle-même  décroit 


lODURES.  609 

progressivonuMit  et  linalement  le  cœur  s'arrôlt-,  contracture',  iiioxcitable.  Pendant  toute 
ciHlo  période  l'action  de  i'ioile  s'exerce,  mais  elle  est  inas<iuée  [)ar  celle  du  potassium,  plus 
énergiquement  toxi(iue. 

Chez  les  animaux  à  sang  chaud,  la  scène  est  (;ncore  plus  complexe  :  le  rôle  du 
potassium  est  prépondérant  pendant  la  première  période,  l'action  de  l'iode  est  prédo- 
minante ultérieurement. 

Dès  le  délmt,  on  constate  une  accélération  passagère  et  une  diminution  di-  l'énergie 
cardiaque,  avec  augmentalion  légère  de  la  tension  sanguine,  phénomènes  dus  à  une 
action  irritante  de  la  solution;  puis  on  voit  se  produire  rapidement  une  chute  progres- 
sive de  la  tension  sanguine  avec  ralentissement  des  contractions  cardiaiiues  qui  devien- 
nent plus  énergiques.  A  cette  période,  également  passagère,  fait  suite  une  réascension  de 
la  pression,  le  rythme  et  l'énergie  cardiaque  restant  sensiblement  constants,  puis  sur- 
viennent des  périodes  alternées  de  ralentissement  et  d'accélération. 

Justju'ici  l'inlluence  du  potassium  est  prédominante,  mais  iMentôt  l'acliori  toxique 
de  l'iode  se  f;iit  sentir  et  l'on  voit  survenir  un  abaissement  lent  et  progressif  de  la  pres- 
sion :  les  pulsations  s'accélèrent,  mais  diminuent  d'énergie. 

Un  peu  plus  lard,  l'accélération  va  en  s'accenluant  et  l'énergie  diminue  encore,  de 
même  que  la  pression  sanguine  ;  on  voit  alors  se  manifester  les  lentes  oscillations  que 
nous  avons  signalées  avec  l'iodure  de  sodium,  cl  la  fin  de  l'intoxication  se  termine 
d'une  facjon  identique. 

Pour  voir  apparaître  celte  succession  de  phénomènes  il  faut  em|»loyer  des  solutions 
d'iodure  de  potassium  fortement  diluées  et  isoioniques  :  sinon  on  voit  se  produire  bru- 
talement la  mort  comme  avec,  le  chlorure  de  potassium,  ainsi  que  l'ont  constaté  Hen- 

RIJEAX  et  CORIN. 

PoucHET  synthétise  ainsi  l'action  pharnuicodynamique  de  l'iode  administré  à  doses 
toxiques. 

Pression  artérielle  et  rijthmc.  —  ImméJiatement  légère  accélération,  puis,  la  pression 
restant  constante,  on  observe  du  ralentissement  avec  augmentation  de  l'énergie  car- 
diaque. Ensuite,  la  pression  ne  variant  pas  sensiblement,  on  note  une  diminution 
d'énergie,  le  nombre  de  pulsations  restant  d'abord  à  peu  près  invariable.  Un  peu  plus 
tard  surviennent  de  l'accélération,  une  diminution  encore  plus  accentuée  d'énergie  et 
une  baisse  assez  considérable  de  la  pression.  Au  cours  de  cette  période  on  voit  des 
oscillations  de  troisième  ordre  signalant  la  perturbation  des  vaso-moteurs. 

Tension  artérielle  périphérique.  —  La  pression  monte  d'abord  légèrement,  puis  l'ede- 
vient  normale  pour  remonter  ensuite  un  peu;  elle  finit  enfila  par  baisser  parallèlement 
à  la  tension  centrale  en  subissant  les  mêmes  variations. 

Tension  veineuse.  —  La  tension  veineuse  subit  une  augmentation  lente  et  progres- 
sive jusqu'au  moment  où  l'on  constate  une  diminution  d'énergie  et  raccélération  des 
contractions  cardiaques  :  alors  elle  baisse  progressivement. 

Mécanisme  de  l'action  des  iodures  sur  la  circulation.  —  A  la  suite  de  rinjection  de 
doses  faibles  et  répétées,  on  constate  un  abaissement  plus  ou  moins  prononcé  et  pro- 
longé des  tensions  artéi'ielles  centrale,  (lériphérique  et  veineuse  avec  une  légère  accélé- 
ration des  contractions  cardiaques  sans  diminution  d'énergie.  Celte  énergie  des  contrac- 
tions cardiaques  reste  invariable  même  au  moment  où  se  montre  le  minimum  de 
pression;  par  suite,  cette  baisse  de  pression,  lorsqu'elle  se  produit,  n'est  pas  la  consé- 
quence d'une  diminution  d'énergie  du  myocarde  et  d'autre  part,  à  cet  instant,  on  voit 
se  produire  une  vaso-constriction  périphérique,  mise  nettement  en  évidence  par  Henri- 
JEAN  etCoRiN.  En  conséquence,  ni  une  action  dépressive  sur  le  cœur,  ni  une  action  para- 
lysante sur  les  vaso-moteurs  ne  peuvent  êlre  indiquées  poui- expliquer  cette  chute  de  la 
pression  sanguine,  et  elle  ne  peut  se  produire  que  grâce  à  la  diminution  du  volume  du 
sang  vérifiée  expérimentalement  par  ces  mêmes  auteurs. 

Sous  l'influence  des  iodures,  il  se  produit  des  modifications  considérables  dans  la 
viscosité  du  sérum  sanguin  qui  transsude  dans  le  tissu  cellulaire  et  les  espaces  périlym- 
phaliques  et  détermine  une  diminution  considérable  du  volume  du  sang,  se  traduisant 
objectivement  par  une  augmentation  du  nombre  des  hématies  par  millimètre  cube, 
s'observant  même  avec  une  chute  de  pression  insignifiante  et  faible.  Dans  l'une  de  leurs 
expériences  Hk.nruean  et  Coiun  ont  trouve  à  l'état  n(jrmal  6  2oOOOU  hématies,  puis,  trois 

DICT.    t)E    PlIYSIOI-OlilK.    —    T.    IX.  39* 


610  lODURES. 

heures  après  l'injeclion  d'iodure,  9  400  000  ht-maties,  et,  vingt-quatre  heures  après, 
4125000  hématies;  par  conséquent,  dans  une  première  période,  il  y  a  eu  diminution  du 
volume  du  sérum  sanguin,  puis,  dans  la  seconde,  augmentation  qui,  d'après  nos  recher- 
ches, est  passagère  et  contre-balancée  assez  i-apideraent  par  l'augmentation  de  l'élimi- 
nation urinaire  qui  s'établit  alors. 

Si  les  actions  nerveuses  exercées  par  l'iode  et  les  iodures  sont  faibles  et  difficiles  à 
mettre  en  évidence,  les  modifications  subies  j)ar  le  sérum  sanguin  sont  des  plus  nettes 
et  en  <lehors  de  l'action  lymphagogue  provoquent  les  variations  de  volume  du  sérum 
sanguin  :  il  faut  également  faire  intervenir  la  diminution  de  viscosité  de  ce  liquide,  cons- 
tatée en  particulier  par  Oswald  Muller  etRYOxicHi  Inad.v  (D.  mcd.  Woch.,  xxx,  1731,  1904. 
Wien.  klin.  Woch.,  1905,  905). 

Cette  diminution  de  la  viscosité  du  sang  favorise  considérablement  la  transsudalion 
du  sérum,  le  passage  et  l'accumulation  du  liquide  dans  les  cavités  séreuses,  et  facilite 
dans  certains  cas  la  production  d'œdème  du  tissu  cellulaire  sous-cutané  et  même 
d'œdème  pulmonaire.  Les  résultats  expérimentaux  contradictoires  signalés  par  les 
différents  auteurs  qui  constatent,  les  uns  une  augmentation  de  pression,  les  autres  une 
diminution,  s'expliquent  facilement  par  la  prédomiu mce  soit  de  la  vaso-constriction, 
soit  de  la  diminution  du  volume  du  sang.  Avec  les  différents  iodures,  suivant  la  pro- 
portion plus  ou  moins  considérable  d'iode  mise  en  liberté  par  dédoublement,  et  leur 
diffusibilité,  les  modifications  du  volume  du  sang  pourront  être  plus  ou  moins  accen- 
tuées et  l'abaissement  de  la  tension  sanguine  sera  proportionnel  à  la  diminution  de  ce 
volume. 

•  C'est  à  cette  période  de  Iranssudation,  soit  par  suite  de  la  mise  en  liberté  d'une 
forte  proportion  d'iode,  soit  par  suite  de  l'action  irritante  exercée  sur  les  parois  vascu- 
laircs  par  une  solution  saline  trop  concentrée,  qu'on  verra  se  produire  des  accidents 
tels  que  les  hémoptysies,  le  purpura,  les  exsudats  pleurétiques  sanguinolents,  qui  ont 
été  parfois  signalés  comme  des  phénomènes  d'iodisme  et  sur  lesquels  Lortat  Jacou  a 
insisté. 

Avec  l'iode  en  nature,  le  résultat  est  toujours  le  même  :  on  observe  un  abaissement 
lent  et  continu  de  la  tension  sanguine  et  une  accélération  cardiaque  sous  l'influence 
de  doses  modérées,  plutôt  faibles  ;  cette  chute  dure  de  une  à  deux  heures  au  plus,  la 
pression  artérielle  passe  par  un  minimum,  puis  remonte  et,  au  bout  de  quelques  heures, 
atteint  et  même  dépasse  légèrement  la  valeur  de  la  tension  normale. 

Ce  relèvement  de  la  tension  sanguine  est  le  résultat  non  seulement  de  la  vaso-con- 
striction, mais  surtout  de  la  rentrée  du  sérum  dans  les  vaisseaux  sanguins. 

L'action  de  l'iode  et  des  iodiques  sur  le  système  nerveux  cardiaque  est  encore 
obscure  sur  bien  des  points  :  DeGyon,  Barbara,  Pouchet  et  Chevalier  ont  montré  qu'elle 
pouvait  se  schématiser  en  une  action  excitante  s'exerrant  sur  le  sympathique  et  spé- 
cialement sur  les  vaso-moteurs,  tandis  que  les  vaso-dilatateurs  et  les  nerfs  modérateurs 
du  cœur  montraient,  au  contraire,  une  diminution  plus  ou  moins  accentuée  de  leur 
excitabilité. 

La  diminution  d'excitabilité  des  dépresseurs  et  des  pneumogastriques,  très  nette  à  la 
suite  de  l'emploi  de  doses  toxiques,  ne  se  fait  que  peu  sentir  avec  des  doses  modérées. 
Ce  phénomène,  comme  du  reste  l'exagération  d'excitabilité  des  nerfs  du  système  sym- 
pathique, sont  bien  plus  d'origine  périphérique  que  d'origine  centrale. 

Action  lymphagogue  et  lymphoïde.  —  Certains  auteurs  et  en  particulier 
Storvis  [Leçons  de  Pharmacothérapie,  ni,  196,  Haarlem,  1905)  prétendent  que  «  l'iode 
des  iodures  n'exerce  pas  comme  tel  plus  d'influence  sur  l'action  physiologique  du 
sel  que  le  chlore  du  sel  marin  »  et  que  les  modifications  circulatoires  obtenues  expé- 
rimentalement par  HeiNruean  et  Corin  sont  uniquement  déterminées  par  l'action 
saline  des  iodures  et  peuvent  être  en  tous  points  comparées  à  celles  obtenues  par 
Brasol  à  la  suite  d'injections  intra-veineuses  de  sucre  [Archiv  fur  Physiologie,  1884, 
212)  et  par  d'autres  sous  l'influence  d'injections  de  sel  marin.  Cette  manière  de  voir  est 
un  peu  exagérée  et,  s'il  est  vrai  que  l'anhydrémie  et  l'hydrémie  alternées  qui  se  mon- 
trent sous  l'influence  des  iodures  constituent  un  syndrome  commun  se  produisant 
dans  ces  divers  cas,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  se  présente  avec  une  intensité  tout  à 
fait  particulière  avec  les  iodures  et  que  l'iode  des  iodures  constitue  un  agent  lympha- 


lODURES.  <>M 

gogiio  (lo  promior  ordri'.aîïissani  non  senU-nn-nl,  en  aiiicnifiiitanl,  le  volume  «lo  la  lyniplio, 
inaiseni'XtM(;ant  ('i^altMiient  une  action  t'xoilanle  sui'  lo  lissu  lyinplioïdiMlans  lequel  il  a 
tendance  à  se  lixer  presque  exrhisivenient,  comme  l'ont  montré  d'aliord  |{.  IIkin/  [lin- 
lin,  kliii.  Woch.,  IS90.  lise),  puis,  [.outaï  .Iagûb  [Tlirat:  l'uris,  t".t02)  <|ui  a  repris  ultérieu- 
rement 1rs  nn'nies  expériences. 

Celle  liypeiaclivité  du  tissu  lymplioïde  déterminée  par  l'iodo  se  manifeste  surtout 
par  une  liy|>erleueocytose  mononucléaire  persistante  et  caractéristique  qui  ladin'érencie 
nettenuMil  des  réactions  polyniicléaiies  que  déterminent  d'aulrcs  sulistan(  es  telles  que 
les  sérums,  les  saponines,  les  acides  nucléiniques. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  F.oitTAT  Jacou  a  vu  se  produire  une  siirproductinn  ilc 
cellules  lymphatiques  allant  jusqu'à  encombrer  les  tissus  et  à  donner  aux  f,'anj,'lions  un 
aspect  de  nappe  réticulée  diffuse.  Avec  des  doses  faibles  d'iodures,  et  pendant  un  temps 
très  court,  on  observe  une  simple  stimulation.  Avec  des  doses  fortes  ou  trop  prolongées, 
on  peut  voir  survenir  de  la  sclérose  plus  ou  moins  prononcée,  manifeste  surtout  dans 
la  raie  et  le  système  i;ani;linniiaire.  Dans  tous  les  cas,  l'activité  du  tissu  lympboïde  des 
^-an.i^lions  et  de  la  late  est  conservée  :  on  note  souvent  de  la  conijestion,  de  la  réaction 
plus  ou  moins  accusée  des  cellules  llxes  du  réticulum  et  l'absence  des  cellules  éosino- 
phdes.  I/iode  peut  donc  être  considéré,  ainsi  que  le  fait  remarquerPoucuKT,  comme  un 
médicament  s*pécitique  du  lissu  lymphoïde  [L'iode  et  les  indique»,  63,  Paris,  1900).  Ces 
diflerents  phénomènes  se  manifestent  avec  tous  les  iodiques,  mais  avec  des  modalités 
dilTérentes  suivant  leur  constitution  chimique.  Les  iodures  déterminent  dans  les 
intoxications  aifAUës  une  véritable  éosinophilie  ^aiii^lionnaire  et  splénique;  l'iode  libre 
fait,  au  contraire,  disparaître  l(!s  éosinophiles  du  tissu  lympboïde. 

Du  côté  des  séreuses,  cpie  l'on  considère  comme  une  dépendance  du  système  lym- 
phatique, les  iodures  déterminent  une  desquamation  épithéliale  intense. 

Les  leucocytes  paraissent  chargés  de  la  répartition  de  l'iode  dans  l'organisme,  et 
Heinz  avait  attiré  l'attention  sur  la  diapédèse  et  l'augmenlation  de  l'activité  fonction- 
nelle des  globules  blancs  sous  l'inlluence  des  iodures.  Lortat  Jacob  a  étudié  de  plus 
près  cette  leucocylose  et  a  montré  que  l'iode  constituait  en  définitive  un  efficace  agent 
de  mononucléose,  ce  qui  permet  d'expliquer  son  action  antitoxique. 

L'action  lymphagogue  déterminée  par  les  iodures  est  toujours  beaucoup  plus  pro- 
noncée que  celle  obtenue  avec  l'iode,  les  composés  organiques  à  iode  dissimulé  et  les 
iodotannins,  et  cette  dilTérence  tient  surtout  à  ce  fait  que  les  iodures  sont  des  composés 
salins  beaucoup  plus  facilement  diffusibles,  et  que,  comme  l'ont  montré  les  expériences 
déjà  anciennes  d'IJKiiJENHAiN  et  de  De  Vries,  les  composés  les  pins  diffusibles  sont  éga- 
lement ceux  qui  excitent  le  plus  la  transsudation  du  st-rum  à  travers  les  parois  des 
capillaires. 

On  sait  également  que  pour  les  sels,  dans  une  même  série  de  métaux  et  pour  une 
concentration  déterminée,  les  sels  les  plus  lymphagogues  sont  ceux  qui  possèdent  le 
poids  moléculaire  le  moins  élevé.  Ces  différentes  notions  permettent  d'expliquer  pour- 
quoi les  iodures  déterminent  plus  facilement  des  pbénomèties  d'iodisme  que  les  autres 
composés  iodés. 

Les  travaux  de  Moussu  [Recherches  sur  roriijiiic  de  la  li/mphe,  Paris,  1901)  et  d'AsciiER 
sur  la  lymphe  ont  montré  que  son  écoulement  était  en  rapport  très  étroil  avec  l'acti- 
vité physiologique  des  tissus  et  que  cette  lymjthe  était  élaborée  on  beaucoup  plus 
glande  quantité  par  les  tissus  en  activité  qui  en  puisent  les  éléments  dans  le  sang. 

Les  tissus  vivent  non  pas  dans  le  sang,  mais  dans  le  plasma  qui  les  enveloppe  après 
avoir  traversé  les  capillaires  par  transsudation  ou  exosmose.  L'atmosphère  plasmatique 
(|ui  baigne  les  tissus  est  interposée  entre  deux  réseaux  ca|>illaires  et  se  renouvelle 
continuellement  sous  la  jioussée  dtîs  forces  osniotiipics  (jui  l'enlèvent  aux  capillaires 
sanguins  et  la  font  pénétrer  dans  les  capillaires  lymphatiques.  L'iode  et  les  iodiques 
auginentent  la  tension  osmoticiuo  du  plasma  cellulaire  ([ui  se  charge  d'une  plus  grande 
iiuantilé  de  matériaux  de  désassimilation,  par  suite  de  l'augmentation  des  échanges 
qu'ils  déterminent,  et  c'est  l'une  des  raisons  pour  lesquelles  ce  sont  de  puis.sants  lym- 
phagogues. 

Les  modifications  circulatoires  (pi'ils  provoquent  et,  en  particulier,  les  variations  de 
pression  sanguine,  (jui  ont  é-té  mises  en  évidence   par  Pouciiet  et  Chevalieh.  viennent 


612  lODURES. 

encore  aider  cette  action  lymphagogne,  car  l'écoulement  du  plasma  sanguin  hors  des 
capillaires  ne  dépend  pas  seulement  de  l'aclivilé  des  tissus,  mais  des  modifications  cir- 
culatoires liées  aux  processus  de  nutrition,  et  il  semble  bien  que  ces  modifications  cir- 
culatoires se  traduisent  surtout  par  des  varialions  incessantes  de  vitesse  et  de  pression 
dans  les  vaisseaux  périphériques. 

On  a  voulu  attribuer  aux  iodiques  une  action  particulière  s'exerçant  sur  les  parois 
des  capillaires,  celte  action  n'est  rien  moins  que  prouvée,  et  une  telle  hypothèse  est,  du 
reste,  inutile  pour  permettre  d'expliquer  les  divers  phénomènes  observés. 

L'action  stimulante  des  processus  de  désa.ssimilation  provoquée  par  l'iode  suffit 
pour  tout  expliquer,  et,  en  ce  qui  concerne  l'action  propre  des  iodures  dont  les  efîels 
lymphagoyues  sont  encore  plus  intenses,  leur  dillusibilité  plus  considérable,  leur  poids 
moléculaire  plus  élevé,  leur  dédoublement  permettant  la  mise  en  liberté  d'une  certaine 
quantité  d'iode  constituent  un  ensemble  de  phénomènes  largement  suffisants  pour 
écarter  toute  autre  hypothèse. 

Action  sur  la  respiration. —  Étant  donnée  l'impoitance  des  modifications  circula- 
toires déterminées  par  les  io<lures,  celles-ci  retentissent  forcément  sur  la  respiration. 
Sous  l'inlluence  de  l'activité  plus  considérable  de  la  circulation,  il  y  a  une  amélioration 
des  fonctions  du  poumon  :  d'autre  part  la  déplélion  sanguine  pendant  la  période  de 
transsudation  détermine  de  l'hypersécrétion  bronchique  provoquant  la  liffuéfaction  des 
exsudais  visqueux,  leur  plus  facile  expulsion  et  la  pénétration  plus  facile  de  l'air  dans 
les  alvéoles  pulmonaires.  Ces  diverses  causes  réunies  améliorent  la  circulation  pulmo- 
naire, diminuent  les  stases  veineuses,  facilitent  les  échanges  gazeux,  l/élablissement  de 
la  leucocytose  et  la  résorption  ultérieure  du  sérum  extravasé  dans  les  espaces  péri- 
lympliati([ues  contribuent  également  à  la  résorption  des  exsudais  et  à  l'atténuation  des 
toxines  bactériennes. 

On  a  également  voulu  invoquer  pour  interpréter  l'action  énergique  des  iodures  une 
action  s'exerçant  sur  le  système  nerveux  central.  Sodlier  {Traité  de  Thérapeutique,  l, 
406,  Paris,  1901)  admet  que  l'iode  s'éliminant  par  la  muqueuse  pulmonaire  excite  les 
extrémités  du  vague  et  détermine  une  action  impulsive  sur  le  centre  respiratoire. 
Laborde  (C.  R.  Ac.  Méd.,  4  mars  1890)  admet  que  les  effets  pulmonaires  des  iodures 
sont  dus  à  leur  action  sur  le  système  nnrviMix  central  et,  en  particulier,  sur  la  portion 
bull)o-myélitique  de  ce  système.  Aucun  fait  ne  peut  permellre  d'accepter  cette  manière 
de  voir  basée  sur  l'action  produite  par  l'iodoforme  qui  agit  d'une  façon  totalement  dif- 
férente de  celle  des  iodures. 

Des  doses  élevées  déterminent  rapidement  de  la  congestion  pulmonaire  intense  avec 
tendances  aux  hémorragies  et  apparition  d'une  forte  proportion  de  leucocytes  éosino- 
philes.  L'iode  en  nature  est  moins  congestionnant  que  les  iodures,  et  parmi  eux  c'est 
l'iodure  de  potassium  qui  présente  le  maximum  d'action.  Les  doses  toxiques  chez  les 
animaux  produisent  de  l'œdème  du  poumon. 

Henrmean  et  CoRiN  ont  étudié  l'action  des  iodures  sur  les  échanges  respiratoires  et 
ils  ont  constaté  une  augmentation  considérable  du  quotient  respiratoire  qui  dépasse 
parfois  l'unité. 

Action  sur  l'appareil  digestif.  —  Quel  que  soit  leur  mode  d'administration,  en 
raison  de  leur  élimination  par  la  muqueuse  gastrique,  les  iodures  peuvent  déterminer 
des  troubles  des  fonctions  digestives.  Il  peut  tout  d'abord  se  produire  des  phénomènes 
d'irritation  gastro-intestinale,  mais  on  constate,  même  avec  des  solutions  diluées,  de  la 
perte  de  l'appétit  et  des  troubles  de  la  digestion  proprement  dite  qui  sont  dus  à  l'action 
dépressive,  et  même  parfois  inhibitrice,  exercée  par  ces  substances  sur  les  ferments 
pepsique  et  pancréatique.  Menrijean  et  Corin  {loc.  cit.,  p.  397)  ont  montré  que  l'iodure 
de  sodium  en  solution  à  2,63  p.  100  entravait  la  digestion  pepsique  et  que  la  digestion 
pancréatique  était  retardée  seulement  avec  des  solutions  à  3,96  p.  100. 

Action  sur  les  sécrétions.  —  Les  iodiques  déterminent  l'hypersécrétion  de  la 
plupart  des  glandes  et,  en  particulier,  celle  des  glandes  salivaires,  buccales,  pharyn- 
giennes, nasales  et  lacrymales;  cette  hypersécrétion  exagérée  est  l'un  des  symptômes 
les  plus  caractéristiques  de  l'iodisme.  Elle  est  liée  intimement  à  l'élimination  de  l'iode 
par  ces  différentes  sécrétions.  La  sueur  n'est  que  peu  ou  pas  augmentée,  mais  l'iode 
s'élimine  également  par  cette  voie.  La  sécrétion  gastrique   est  exagérée  avec  produc- 


lODURES.  613 

tion    d'iiyperclilorliydrin    ^IIwem,    Leçon>i   de    Thcrapcutiquc,    4*   sér.,    240-6Go,    1893). 
En  ce  qui  concerne  la  bile,  Prkvost  et  Bi.net  iliev.  Méd.  de  la  Siiisae  Romande,  1888) 
ont  montré  que  les-  iodures  diminuaient  cette  sécrétion  ;  Rutheiu  onn  les  regardait  comme 
indifférents. 

Rabuteau  {Traité  de  Pharmacologie,  231)  a  signalé  une  augmentation  du  sperme  déter- 
minée par  l'emploi  des  iodures  et  une  exagération  de  la  sécrétion  des  glandes  utéro- 
"vaginales. 

Le  même  auteur  considérait  les  iodures  comme  entravant  la  sécrétion  lactée  et  sus- 
ceptible même  de  déterminer  son  arrêt. 

En  ce  qui  concerne  la  sécrétion  uriiiaire,  les  avis  sont  très  partagés;  quelques 
auteurs,  comme  Bassfeuxd,  prétendent  que  les  iodures  diminuent  la  quantité  d'urine 
«xcrétée;  pour  d'autres,  comme  Rahuteau,  Pelikan,  Ar.xetu,  l'effet  est  nul,  du  moins  pour 
les  doses  faibles;  mais  la  majorité  de  ceux  qui  se  sont  occupés  de  cette  question 
admettent  que  les  iodures  sont  diurétiques.  ((iuiiLER,  Ricord,  Bradley,  G.  Am'uso, 
Riforma  Medica,  1891,  22.  —  A.  IIaig,  Mcd.  Chir.  Transact.,  lxxvi,  113.  —  Wolkoff  et 
Stanizki,  Wratch,  1893,  128.) 

Action  sur  le  système  nerveux.  —  L'action  exercée  par  les  iodiques  sur  le  sys- 
tème nerveux  parait  être  en  rapports  très  étroits  avec  les  modifications  circulatoires,  et 
les  troubles  convulsifs  et  paralytiques,  signalés  par  quelques  observateurs  comme  Bene- 
DicRT  et  K.  SoKOLOwsKi,  sc  sout  produits  uniquement  chez  les  animaux  avec  de  fortes 
doses  d'iodure  de  potassium  :  ces  accidents  sont  dus  uniquement  au  potassium. 

On  a  signalé,  à  la  suite  de  l'emploi  de  doses  toxiques  de  composés  iodiques,  une 
céphalalgie  violente,  des  douleurs  contusives,  de  la  prostration,  des  vertiges,  de  la  titu- 
bation,  de  l'agitation,  de  l'insomnie,  de  l'affaiblissement  de  la  mémoire,  de  l'hébétude. 
Certaines  manifestations  se  produisant  fort  souvent  avec  des  doses  élevées  d'iodures, 
telles  que  :  tremblements  généralisés  ou  localisés,  convulsions  toniques  ou  cloniques, 
atténuation  de  la  réflectivité,  paraissent  devoir  être  attribuées,  d'après  Pouchet,  à  une 
action  spéciale  exercée  sur  les  éléments  anatomiques  du  tissu  nerveux.  Binz  avait  déjà 
pu  noter  la  coagulation  du  protoplasme  de  cellules  ganglionnaires  fraîches  en  présence 
de  solutions  d'iodures  alcalins. 

Mais,  à  côté  de  ces  phénomènes,  les  hémiplégies  et  les  paralysies  alternes  qui  ont  été 
constatées  à  la  suite  d'intoxication  par  l'iodure  de  potassium  doivent  être  attribuées  à 
une  apoplexie  séreuse  résultant  de  la  transsudation  du  sérum  sanguin.  Les  accidents 
désignés  sous  le  nom  d'ivresse  iodique  peuvent  également  facilement  s'interpréter  par 
des  modifications  de  la  circulation  cérébrale  et  bulbaire. 

Action  sur  la  nutrition.  —  Pendant  longtemps,  les  expérimentateurs  et  les  théra- 
peutes n'ont  point  été  d'accord  sur  cette  action.  Rahuteau  signale,  à  la  suite  de  l'emploi 
de  l'iodure,  une  diminution  de  l'urée  et  de  la  quantité  d'urine  excrétée  et  Binz,  Hermann, 
CoRRADi  ont  successivement  admis  ce  résultat.  Au  contraire,  Samoilow  {Trav.  du  labor. 
du  P'  Anrep.,  1876,  27-33)  conclut  de  ses  recherches  que  l'iodure,  pris  à  petites  doses, 
diminue  l'excrétion  de  l'urine  et  l'augmente  à  doses  plus  considérables.  Après  lui, 
Darier  {Th.  Paris,  1883),  Smirnow,  Duchène  ont  pu  constater  une  augmentation  de  l'éli- 
mination urinaire  sous  l'influence  de  doses  moyennes  d'iodures. 

Les  divergences  d'apprécialion  de  l'action  des  iodures  sur  la  nutrition  proviennent 
surtout  de  ce  fait  que  les  différents  auteurs  ne  se  sont  pas  placés  dans  des  conditions 
identiques,  et  qu'ils  n'ont  pas,  d'ordinaire,  envisagé  le  problème  en  entier,  mais  qu'ils 
se  sont  contentés  de  rechercher  la  variation  d'un  élément  particulier.  De  plus,  ils  n'ont 
pas  tenu  compte  de  l'action  propre  due  à  l'élément  combiné  à  l'iode,  et,  comme  l'ont 
montré  Henrijean  et  Corin,  l'action  de  l'élément  électro-positif  peut  être  prédominante 
-et  masquer  ou  faire  varier  en  sens  inverse  l'action  propre  de  l'iode. 

On  sait  maintenant  d'une  façon  certaine  que  l'iode  agit  d'une  façon  intense  sur  la 
nutrition  en  lui  imprimant  une  suractivité  remarquable.  On  constate  une  augmentation 
des  échanges  et  des  processus  de  désassimilalion.  Étant  donné  l'activité  des  iodures 
vis-à-vis  des  albuminoïdes,  il  faut  nécessairement,  pour  expliquer  cette  action,  que 
l'iode  soit  mis  en  liberté  et  qu'il  se  fixe  sur  les  albuminoïdes  de  l'économie  pour  donner 
naissance  à  des  albumines  iodées  douées  d'une  labilité  plus  considérable  que  les  albu- 
mines normales.  Cette  combinaison  de  l'iode  s'effectue  de  préférence  avec  certaines 


61  i  lODURES. 

albumines,  en  particulier,  avec  celles  du  fissu  Ivmphoïile  et  aussi  avec  celles  des  tissus 
pathologiques  ou  de  néoformation.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que  nous  avons  dit 
de  l'action  de  l'iode  sur  la  molécule  albuminoïde,  de  nombreux  travaux  ont  montré 
que,  par  suite  des  processus  d'oxydation  et  de  réduction  qu'il  met  en  œuvre,  toute 
molécule  albuminoïdique  iodée  est  vouée  à  une  destruction  rapide  par  suite  même  de 
la  fixation  de  l'iode.  C'est  cette  albumine  iodée  circulante  qui,  d'après  Polchet,  dissé- 
mine l'ioile  dans  tout  l'organisme  et  y  joue  le  rùie  d'élément  étrann-er,  excitant  d'abord 
une  abondante  leucocytose,  puis  ultérieurement,  une  leucolyse  qui  joue  également  un 
rôle  important,  dans  les  processus  de  désassimilation.  La  décomposition  des  albumines 
iodées  s'accompagne  d'une  mise  en  liberté  d'iode  capable  de  constituer  à  nouveau  une 
combinaison  avec  une  nouvelle  molécule  d'albumine  et  la  proportion  d'azote  éliminé 
par  l'urine  est  toujours  de  beaucoup  supérieure  à  celle  de  l'iode  capable  de  provoquer 
par  sa  coml>inaison  la  désintégration  de  l'albumine  représentée  par  ce  chiffre 
d'azote. 

Les  recherches  d'HExniJEAN  et  Cori.n  sont  à  peu  près  les  seules  sur  lesquelles  nous 
pouvons  nous  baser  pour  apprécier  les  détails  de  l'action  des  iodures  sur  la  nutrition. 

Ils  ont  montré  que  lazote  total  urinaire  augmentait  toujours,  mais  que  les  chiffres 
de  l'élimination  de  l'urée  ne  s'accroissaient  pas  proportionnellement,  et  que,  dans  cer- 
tains cas,  ils  étaient  même  légèrement  diminués  par  rapport  à  la  normale. 

Dans  la  plupart  des  cas,  l'acide  phosphori(iue  éliminé  augmente  dans  le  même  sens 
que  l'azote  total.  La  constance  du  rapport  entre  ces  deux  éléments  dans  l'élimination 
urinaire  permet  de  penser  que  la  désassimilation  porte  sur  des  tissus  ne  différant  pas 
de  ceux  qui  s^mt  intéressés  normalement  et  qu'il  ne  s'agit  là  que  d'une  simple  exa- 
gération da  la  désassimilation  normale. 

On  constate  également  une  augmentation  considérable  de  l'élimination  des  chlo- 
rures, cette  quantité  peut  être  double  ou  même  triple  de  celle  éliminée  normalement, 
ce  qui  concorde  absolument  avec  l'action  lymphagogue  des  iodures  suivie  de  diurèse 
appauvrissant  le  sang  en  eau  et  en  sels  solubles. 

L'iodure  de  lithium  possède,  en  raison  do  la  présence  du  lithium,  une  action  légère- 
ment dilTt^rente,  et  avec  lui,  on  ne  voit  pas  se  produire  une  augmentation  de  l'élimina- 
tion de  l'azote  et  des  phosphates,  mais  seulement  une  augmentation  des  chlorures 
(He.xrijean  et  Corin). 

La  dissociation  rapide  des  albuminoïdes  et  spécialement  des  albumines  patholo- 
giques ou  de  néoformation  sous  l'inlluence  des  iodiques  se  traduit  donc  par  une  désas- 
similation incomplète  avec  élimination  du  groupement  azoté  de  cette  molécule  et  loca- 
lisation partielle  du  groupement  gras  provenant  également  de  cette  décomposition.  Ce 
fait  explique  facilement  les  dégénérescences  graisseuses  constatées  chez  les  animaux 
soumis  pendant  un  certain  temps  à  l'action  des  iodiques. 

Cette  influence  désassimilatrice  de  l'iode  ne  s'exerce  pas  seulement  sur  les  albu- 
minoïdes constitutifs  des  tissus,  mais  aussi  sur  leurs  produits  de  dédoublement  incom- 
plets et  sur  les  toxines  autogènes  ou  hétérogènes  de  l'économie  qu'il  oxyde  et  détruit. 
Cette  destruction  chimique  vient  suppléer  et  aider  à  l'action  des  leucocytes  macro- 
phages dont  il  stimule  la  genèse  et  l'activité.  C'est  ainsi  que,  comme  le  fait  remarquer 
LoRTAT  Jacob,  les  iodiques,  par  leurs  réactions  sur  les  séreuses,  sur  le  sang,  sur  les 
organes  lyraphoïdes,  par  leur  excitation  sur  les  processus  de  désassimilation,  consti- 
tuent de  précieux  agents  d'immunisation  et  de  défense  de  l'organisme  dans  les  infec- 
tions. 

Cette  désassimilation  des  albuminoïdes  et  la  combustion  incomplète  de  leur  noyau 
gras  est  prouvée  par  l'étude  des  échanges  respiratoires  sous  l'intluence  des  iodiques. 
Henrijeax  et  Corin  ont  constaté  une  augmentation  persistante  du  quotient  lespiratoire, 
qui,  même  chez  l'animal  à  l'état  de  jeune,  devenait  supérieur  à  celui  de  l'animal  en 
pleine  digestion.  Après  un  certain  temps  ce  chilfre  revient  à  la  normale  et  peut  même 
tomber  au-dessous. 

Chez  les  animaux  soumis  à  un  jeûne  prolongé,  le  quotient  respiratoire  atteint  après 
la  suppression  des  iodures  une  valeur  inférieure  à  celle  relevée  chez  le  même  animal 
dans  les  mêmes  conditions  lorsqu'on  ne  lui  a  pas  administré  d'iodure.  Cette  chute  du 
quotient  respiratoire  indique  que  l'animal,  après  avoir  utilisé  les  hydrates  de  carbone 


lODURES.    —    ION.  615 

de  son  aliint'iUalion,  oonsonime  eiisuito  les  alliuminoïties  en  même  temps  que  l'intcn- 
silé  des  combustions  va  en  diminuant  (Poui.iiiCT,. 

La  inodiliealion  des  échanges  respiratoires  ne  retentit  pas  sur  la  production  de  laciia- 
leur,  parce  que  la  formation  endolliermiqne  de  la  fçraisse,  puis  sa  combustion  ultérieure, 
expliquent  la  compensation  qui  s"t'-lai)lit  au  point  de  vue  de  la  production  de  oliaieur, 

Kn  résumé,  à  la  suite  de  sa  combinaison  avec  la  molécule  albuminoïde,  l'iode  favo- 
rise sa  désassimilation  :  elle  se  dissocie  en  un  fjroupement  azoté  qui  s'élimine  par 
l'urine  et  en  un  groupement  gras  qui  se  brûle  nlti-ricurement,  augmentant  au  début  le 
([uotient  respiratoire,  puis,   le   ramenant  ultérieurement  à  la  normale  ou  légèrement 

au-dessous. 

J.    CHEVALIER 

ION.  —  Lps  conceptions  anciennes  S'Ur  le  mode  d'action  des  sels  en  biologie  ont 
été  profondément  rénovées  depuis  une  vingtaine  d'années.  Les  acquisitions  de  la 
chimie  physique  ont  modilié  nos  idées  sur  l'état  des  substances  salines  dans  les  solu- 
tions et  ont  eu  fatalement  leur  répeicussioii  en  physiologie,  .\ussi  longtemps  que  l'on  a 
cru  que  les  sels  se  dissolvaient  exclusivement  n  l'étal  de  molécules,  on  a  tout  naturelle- 
ment admis  qu'ils  agissaient  comme  tels  sur  les  protoplasmas.  A  l'heure  actuelle,  con- 
formément à  la  conception  émise  par  AnnuENius  en  1887,  on  admet  que  les  sels  en 
solution  se  dissocient,  fout  au  moins  partiellement,  en  leurs  radicaux  constituants  et 
que  ceux-ci  sont  libres  dans  le  solvant.  Dès  lors,  il  est  permis  de  penser  que  ces  radi- 
caux dissociés  ou  ions  interviennent  pour  une  part  propre  dans  l'action  biologi(]ue 
exercée  par  les  sels.  Deux  problèmes  se  posent  |)Our  le  biologiste,  qui  intéiess<,'nt  parti- 
culièrement la  physiologie  et  la  pharniacodynamie  générales.  Le  premier  consiste  à 
déterminer  s'il  intervient  réellement  des  actions  d'ions  dans  les  actions  qualitatives 
cellulaires  exercées  par  les  éleclrolytes,  qu'il  s'agisse  d'action  physiologique  ou  d'action 
toxique.  Le  deuxième,  plus  important  encore,  consiste  à  déterminer  si  la  valeur  quanti- 
tative de  la  réaction  n'est  pas  jtistement  comntnndce  essentiellement  par  une  action  d'ion. 

Ce  sont  là  les  problèmes  qui  seront  examinés  dans  cet  article.  On  y  exposera,  et 
surtout  ou  s'elTorcera  de  démontrer,  l'intervention  des  ions  en  biologie. 

Il  va  de  soi  que  nous  ne  ferons  ici  aucune  étude  spéciale  de  l'action  qualitative 
respective  d'ions  divers  sur  les  diverses  fonctions.  Cette  étude  spéciale  trouve  dans  ce 
dictionnaire  sa  place  naturelle  à  l'article  concernant  chaque  élément  susceptible  d'agir 
à  l'état  d'ion  (calcium,  potassium,  sodium,  etc.).  Le  rappel  des  données  physiques  sera 
de  même  réduit  à  l'exposé  des  faits  fondamentaux  qui  relient  la  théorie  [diysique  des 
ions  aux  conceptions  biologiques  actuelles  sur  les  réactions  cellulaires  vis-à-vis  des 
électrolytes. 

DÉFINITION    DES    IONS.    -   LEUR    RÔLE    EN    PHYSIQUE    ET    EN    CHIMIE. 

En  1805,  Croitui  ?  avait  émis  l'opinion  (jne  les  molécules  d'un  sel  en  solution  sont 
formées  d'atomes  liés  entre  eux,  les  uns  chargés  positivement  et  les  autres  négative- 
ment. I,e  passage  du  courant  libérerait  à  l'anode  les  atomes  porteurs  d'électricité 
négative  et  à  la  cathode  ceux  qui  sont  chargés  d'électricité  positive. 

F.\RAt)AV  (1835)  a  distingué  les  corps  dont  les  solutions  conduisent  l'électricité  ou 
électrolytes  et  ceux  dont  les  solutions  ne  conduisent  pas  l'électricité  ou  non-électroh/tcs. 
Les  acides,  les  bases,  les  sels,  résultant  de  la  combinaison  de  ces  acides  et  de  ces  bases, 
sont  des  électrolytes.  Beaucoup  de  substances  organiques  —  ainsi  le  sucre,  l'urée  — 
sont  des  non-électrolytes.  Le  passage  du  courant  à  travers  un  électrolyte  s'accompagne 
de  la  libération,  aux  électrodes,  de  chacun  des  radicaux  constituants  de  la  molécule  de 
l'électrolyte,  c'est-à-dire  des  ions  de  F.vkadav.  A  l'anode  va  l'anion,  à  la  cathode  va  le 
cathion.  Dans  le  cas  des  sels  métallitjues,  les  métaux  sont  les  cathions;  les  acides,  les 
anions.  Une  relation  définie  relie  le  passage  de  l'électricité  et  la  décomposition  chi- 
mique :  la  libération  d'un  ion-gramme  d'un  corps  monovalent  exige  toujours  une  même 
quantité  d'électricité,  soit  environ  90,580  coulombs.  La  libération  d'un  ion-giamme  d'un 
corps  polyvalent  exige  cette  quantité  d'électricité,  multipliée  par  la  valence  du  corps. 

Crotthus  et  Faraday  admettaient  que  les  radicaux  de  sels  dissous  sont,  avant  le  pas- 


616  ION. 

sage  du  courant,  liés  entre  eux  dans  les  molécules.  Clalsii  s,  en  1857,  a  critiqué  cette 
opinion  :  si  une  pareille  liaison  entre  les  atomes  était  réelle,  la  dissociation  de  la  molé- 
cule en  atomes  chargés  électriquement  exigerait  un  certain  travail  et,  par  conséquent, 
il  existerait  pour  un  sel  déterminé  une  limite  inférieure  d'intensité  du  courant  au- 
dessous  de  laquelle  l'électrolyse  ne  serait  plus  possible.  Or,  Blff  a  montré  qu'il  y  avait 
toujours  électrolyse,  quelque  faible  que  fût  le  courant.  Clausius  s'appuie  sur  ce  fait 
pour  affirmer  que  les  atomes  sont  libres  avant  tout  passage  de  courant  :  celui-ci  ne  fait 
que  les  orienter  vers  tel  ou  tel  pôle. 

Cette  opinion  a  été  reprise  et  développée  par  Aruhe.mls  qui,  le  premier,  en  a  com- 
pris la  véritable  portée  et  a  montré  combien  la  théorie  de  la  dissociation  des  électro- 
lytes  dissous  pouvait  être  féconde  pour  l'interprétation  de  phénomènes  physico- 
chimiques, difficiles  à  comprendre  sans  elle. 

Les  études  des  physiciens  avaient  fait  connaître  une  série  d'anomalies  apparentes 
relatives  à  la  pression  osmotique,  à  la  cryoscopie,  à  l'ébullioscopie.  Pour  les  corps 
organiques  non  salins,  tels  que  le  sucre  et  l'urée,  il  est  remarquable  de  constater,  par 
exemple,  que  la  pression  osmotique  de  leurs  solutions  est  rigoureusement  proportion- 
nelle à  la  concentration  moléculaire,  exprimée  en  molécules-grammes,  de  chacune 
d'elles.  Pour  les  électrolytes  il  n'en  est  plus  ainsi.  Le  calcul  de  la  pression  osmotique 
conformément  à  la  loi  de  proportionnalité  donne  toujours  un  chiffre  inférieur  à  celui 
trouvé  par  l'expérience.  Arrhemus  montra  que.  pour  interpréter  clairement  le  phéno- 
mène, il  suffit  d'admettre  que  la  solution  d'électrolyte,  soit  de  NaCi,  par  exemple,  n'est 
pas  constituée  exclusivement  par  des  molécules  complètes,  intactes,  mais  bien,  dans  le 
cas  considéré,  à  la  fois  de  molécules  NaCl  et  de  molécules  dissociées  en  leurs  ionsNa  et 
Cl.  Les  ions,  libres  de  se  mouvoir  dans  le  liquide,  exercent  dès  lors,  au  même  titre  que 
les  molécules  complètes,  des  actions  propres  physiques,  chimiques,  fonction  de  leur 
masse,  de  leur  charge  électrique,  de  leur  nature  spécifique.  Ainsi  la  théorie  d'ARRHEMUS 
a  permis,  dans  le  domaine  physique,  de  comprendre  et  de  classer  une  série  de  phéno- 
mènes jusque-là  chaotiques,  en  même  temps  qu'elle  devenait  l'inspiratrice  de  mé- 
thodes nouvelles  d'études  et  ouvrait  un  champ  de  recherches  assez  vaste  pour  consti- 
tuer une  science  autonome,  une  science  pcc  se,  comme  disait  Clalde  Bernard  de  la 
physiologie  '. 

La  chimie  de  son  côté  a  largement  bénéficié  de  la  lln'orie  des  ions.  L'hypothèse 
de  la  dissociation  électrolytique  a  donné  l'explication  de  la  <■  force  »  énigmalique  des 
acides;  l'expérience  a  montré  que  les  acides  minéraux,  acides  forts,  avaient  une  con- 
stante de  dissociation  élevée,  tandis  que  les  acides  organiques,  acides  faibles,  avaient 
une  constante  de  dissociation  beaucoup  moindre.  Les. réactions  courantes  de  l'analyse 
minérale  se  sont  éclairées  à  la  lumière  de  la  conception  d'ARRHENius.  Les  réactions  de 
précipitation  sont  devenues  de  claires  réactions  d'ions.  Si  NaCl  est  précipité  par  AgNO', 
et  non  l'hypochlorite  ni  le  chlorate  de  Na,  pas  plus  que  le  chloroforme  ni  le  chloral, 
c'est  que,  de  ces  corps  divers,  les  deux  derniers  ne  sont  pas  ionisés  et  l'hypochlorite  et 
le  chlorate  contiennent  des  ions  différents  de  l'ion  Cl  :  la  réaction  de  précipitation  est 
donc  bien  une  réaction  de  l'ion  chlore.  La  nature  des  métaux  <■  dissimulés  »  s'est  trouvée 
aussi,  du  même  coup,  expliquée  :  c'est  que  ces  métaux  n'entrent  pas  alors  dans  la 
constitution  du  corps  à  titre  d'ion  métallique,  mais  font  partie  d'un  ion  complexe,  doué 
de  réactions  propres.  La  théorie  des  ions  a  montré  encore  que  le  processus,  par  lequel 
se  fait  en  chimie  le  déplacement  d'un  acide  faible  par  un  acide  fort,  ne  tient  pas  à  une 
affinité  particulière  entre  l'acide  fort  et  le  métal,  mais  bien  à  la  faible  dissociation 
électrolytique  de  l'acide  du  sel.  L'étude  générale  des  phénomènes  de  neutralisation, 
des  indicateurs,  des  solubilités,  des  vitesses  de  réaction,  a  enfin  révélé  constamment 
des  faits,  conséquences  naturelles  de  la  théorie  de  l'ionisation. 

RÔLE  DES    IONS    EN    BIOLOGIE. 

En  présence  du  bénéfice  immédiat  et  considérable  que  la  physique  et  la  chimie 
générales  ont   donc  tiré  de  la  théorie  de  l'ionisation,  il  serait  vraiment  superflu  de 

1.  «  Physiologia  non  posthac  ancilla  medicinse,  sed  scientia  per  se  »  (Cl.  Bernard). 


ION.  tilT 

recherclier  dos  raisons  |iai'lifulièrt'S  à  l'iiillutMicc  tixeicéc  pai-  colle  in»'int;  tlnjoiic  dans 
les  études  des  plit-nomônes  bioloiiiques,  puisque  aussi  bien  ceux-ci  ne  Ionique  traduire 
les  réartions  physiques  ot  cliiniiquos  qui  se  passent  dans  les  êtres  vivants.  L.-C.  Maii,- 
LARit  a  très  judi.it'usenu'iit  t'-crit:  ^  Pour  qui  connaît  le  grand  rôle,  chez  les  êtres  vivants, 
des  matières  minérales  d'abord,  puis  dos  acides  or;.'ani(iues  et  des  bases  organiques  si 
nombreuses  qui  résultent  des  mutations  do  la  vie,  il  est  évident  «  priori  que  les  réac- 
tions d'ions  doivent  être  im[)ortantes  dans  c(;  domaine.  » 

Les  sels,  les  bases  et  les  acides  ne  sont,  d'ailleurs,  pas  les  seuls  constituants  chi- 
miques de  l'ëconomie  susceptibles  de  s'ioniser.  Les  éludes  de  Huedk;  et  celles  do  Win- 
KELBLKCH,  conOmiées  et  développées  par  Walkkr  et  Tu.  Paul,  ont  montré  que  certaines 
xanthines  et  les  amiuo-acides  peuvent  subir  la  dissociation  électrolytique.  Ces  corps 
sont  des  éloclrolyles  ampholères  qui,  dissous  dans  l'eau,  s'ionisent  et  donnent  des 
bydrogénions  et  dos  liydroxylions.  En  outre,  certains  de  ces  éloctrolyles  (caféine) 
forment  avec  les  acides  et  les  bases  des  sels  qui  se  dissocient.  Gamgke  (1902),  Hardy 
(190;),  WooD  et  Hardy  (1909),  Pauli  et  Handowsky  (1909)  ont  obtenu  avec  des  albu- 
mines mises  en  présence  d'acides  et  de  sels  des  composés  nouveaux  qui  subissent  la 
dissociation  électrolytique.  Ces  résultats  tendent  donc  à  élargir  encore  considérable- 
ment le  rôle  des  ions  dans  les  phénomènes  de  la  vie. 

Aussi  bien  de  nombreux  travaux  ont-ils  été  publiés  sur  cotte  question.  .Mais  ce  que 
l'on  peut  dire  du  plus  grand  nombre  d'entre  eux,  c'est  qu'ils  ne  constituent  pas  des 
preuves  tlémonstralives  directes  que  l'on  abien  atl'aire  à  des  actions  d'ions.  Par  un  abti^ 
fâcheux  du  langage  beaucoup  d'expérimentatouf  s  emploient  le  nwt  ion  pour  désigni^r  le 
l'adical  d'un  sel,  aohs  avoir  préalablement  établi  que  ce  radical  agit  à  l'état  isolé,  après  dis- 
sociation de  la  molécule  primitive.  De  tels  travaux  peuvent  prouver,  à  la  vérité,  l'in- 
(luence  physiologique  ou  toxicologique  des  constituants  métalliques  de  divers  sels,  au 
même  titre  que  les  travaux  anciens  et,  d'ailleurs,  fondamentaux  do  S.  Rincer:  la  théorie 
des  ions  interprète  leurs  résultats,  mais  ceux-ci  ne  démontrent  pas  celle-là.  Or,  toute  la 
question  est  justement  et  seulement,  ici,  de  démontrer  l'intervention  efTeclive  des  ions 
en  biologie. 

Notre  point  de  vue  restant  essentiellement  démonslratif,  nous  ne  nous  arrêterons 
pas  davantage  aux  recherches  où  les  auteurs  prétendent  introduire,  j)ar  élcctioUj^c  des 
sels  à  l'état  d'ions  au  sein  des  plasmas  et  des  tissus  de  l'organisme  animal.  Qu'il  y  ait 
là  une  méthode  thérapeutique  douée  d'une  valeur  propre,  c'est  un  point  de  vue  parti- 
culier ijui  n'est  pas  en  jeu  ici.  Ce  qu'il  importe  de  déterminer,  c'est  le  degré  de  certi- 
tude qu'une  telle  méthode  fournit  sur  la  réalité  et  la  grandeur  des  actions  d'ions.  Or 
il  est  clair  que  les  résultats  observés  se  prêtent,  quand  il  s'agit  d'actions  à  distance  sur 
un  organe  profond,  à  une  interprétation  complexe.  Cette  complexité  d'interprétation 
résulte  du  fait  que  l'expérimentateur  ignore  complètement  si  les  ions  introduits  sont 
restés  réellement  libres  ou  si,  au  contraire,  ils  sont  entrés,  après  pénétration  intra- 
organique,  soit  partiellement,  soit  totalement,  dans  de  nouveaux  groupements  molécu- 
laires. Ce  n'est  donc  k\\x  arbitrairement  que  la  réaction  observée  peut  être  lapportée, 
dans  ce  cas,  à  une  action  d'ion  libre. 

Parmi  les  travaux  vraiment  probants,  au  point  do  vue  (jui  nous  occupe,  il  convient 
«le  citer  tout  d'abord  ceux  dont  les  résultats,  encore  que  les  auteurs  ne  les  aient  pas 
interprétés  à  la  lumière  de  la  théorie  d'.\RRHE.NiL's,  n'en  sont  pas  moins  une  bonne 
démonstration  en  faveur  de  l'intervention  des  ions  en  biologie. 

Nasse,  en  1869,  a  étudié  l'action  nocive  pour  le  muscle  de  solutions  équimoléculaires 
de  divers  acides.  Ceux-ci  peuvent  se  ranger  comme  il  suit,  par  ordre  de  toxicité 
décroissante  :  acides  azotique,  sulfuriquc,  chlurlnjdrique,  oxalique,  acétique,  vinique, 
phosphoriquc,  arsénieux,  arsénique,  borique.  Si  l'on  consulte  les  tables  de  dissociation 
électrolytique,  on  voit  que  les  acides  les  plus  toxiques  sont'aussi  les  plus  dissociés.  Il 
existe  donc  un  rapport  direct  entre  l'intensité  de  l'action  pharmacodynamique  et  le 
nombre  des  hydrogénions  libres. 

Pkeffer,  dans  ses  recherches  sur  les  tactismes,  a  démontré  (jue  tous  les  sels  de 
l'acide  malique  attirent  les  anthérozoïdes  des  mousses,  tandis  que  les  élhers  maliques 
sont  dépourvus  de  la  même  action.  Ces  faits  sont  clairs,  au  point  de  vue  de  la  dissocia- 
lion  électrolytique  :  les  sels,  qui  la  subissent, 'révèlent  les  propriétés  de  l'ion  malique: 


618  ION. 

les  éthers,  qui  ne  s'ionisent  pas,  ne  présentent  pas,  en  consi'quence,  l'action  propre  à 
cet  ion.  r,otte  interprétation,  qui  explique  les  résultats  obtenus,  n'était  toutefois  pas 
alors  dans  l'esprit  de  l'auteur  (W.  iM-EFiEii,  Pflatizcnplij/slolofjic,  I-II,  W.  Engfxm.wn, 
1807-1904]. 

Dreser,  au  contraire,  en  1893,  rapporta  nettement  à  l'ion  l\'^  l'action  de  divers  com- 
posés merruriqnes  sur  la  levure  de  bière,  sur  des  grenouilles  et  des  poissons.  Pour  la 
levure  de  bière  les  phénomènes  sont  f)articulièroinent  nets  ;  le  cyanure  et  le  sulfocya- 
nure  mercuriques,  la  mercurisuccininiide,  empêchent  la  fermentation  du  sucre  à  des 
doses  correspondant  à  1  p.  1000  de  lli^Cl-.  Le  mercuritiiiosulfatc  do  K,  en  revanche,  ne 
l'entrave  pas  à  des  doses  éiiales  ou  supérieures  :  le  résultat  est  en  rapport  direct  avec 
la  concentration  des  ions  11^',  bien  moindre  dans  ce  derni(;r  cas. 

Plus  lai'd,  Kahlenbeu(.  et  True  clierchcrent,  de  leurcùté,  une  relation  entre  les  ions 
des  corps  et  leur  pouvoir  toxique  sur  des  organismes  végétaux.  Ils  déterminèrent  les 
doses  d'acides,  de  bases,  de  sels  métalliques  qui  étaient  toxiques,  en  solutions  très 
diluées,  pour  les  plantules  du  Lupinii^  albus.  Les  résultats  montrèrent  que  la  dilution 
limite,  compatible  avec  la  vie  de  la  plantule,  était  la  même  pour  les  divers  acides 
forts.  La  dilution  t'-tant  très  étendue  1  molécule-firamme  dans  G  400  lilresi,  la  dissocia- 
tion était  vraisemblablement  totale,  et  les  solutions  renfermant,  dès  lors,  un  nombre 
d'ions  II  en  proportions  équivalentes,  il  était  nalnicl  de  rapporter  à  cet  ion  leur  même 
valeur  toxique.  La  dose  to.xique  était  aussi  la  même  pour  tous  les  sels  de  cuivre ,  à  des 
dilutions  extrêmement  étendues  et  dont  la  dissociation  pouvait  être  considérée  comme 
totale  :  là  encore  l'actipn  toxique  était  donc  une  action  de  l'ion  Cu.  Ces  expériences 
prouvent  toutefois  seulement  la  toxicité  des  ions,  mais  non  davanlai:c.  IIeald  a  fait  des 
expériences  de  même  ordre  que  KAHLENUEur.  et  True  :  elles  ont  porté  sur  Pisum  sativuiHy 
Zea  mah,  Cucurbita  pepo,  et  ont  donné  des  résultats  absoUunent  superposables  à  ceux 
des  précédents  expérimentateurs.  Des  expériences  de  même  type  ont  été  encore  réa- 
lis<'es  par  Stev.sns  et  Clark. 

Les  recherches  poursuivies  par  Paul  et  Kro.mg,  en  189G  et  1897,  api)orlèrent  des 
données  réellement  nouvelles  sur  la  part  prépondérante  que  prenaient  les  ions  libres» 
comparativement  aux  mrmes  alomcf^  des  molôculcs  non  dissociées,  dans  la  détermination 
et  la  grandeur  d'une  action  toxique  chimique 

Dans  leurs  recherches,  Krônig  et  Paul  se  proposèrent  pour  Imt  de  déterminei 
l'action  sur  diverses  bactéries  [B.  antfiracis,  Streptococcus  pyogenes  aureus)  de  solu- 
tions antiseptiques  de  coticcntration  rigoureusement  connue,  et  dans  des  milieux  de 
composition  parfaitement  déterminée.  Ces  conditions  sont,  on  le  comprend,  extrême- 
ment importantes  il  connaître, enraison  de  l'intluence  qu'elles  e.\ercent  sur  les  phéno- 
mènes d'ionisation.  Kronig  et  Paul  ont  étudié  les  sels  des  métaux  lourds,  une  série 
d'acides,  des  alcalis,  divers  agents  d'oxydation,  le  phénol,  la  formaldéhydo.  Ils  ont  net- 
tement montré  que  la  puissance  antiseptique  était  fonction  du  degré  d'ionisation, 
croissait  et  décroissait  avec  celui-ci.  Pour  les  sels  mercuriques,  en  particulier,  l'action 
antiseptique  dépend  de  la  concentration  des  ions  Ilg,  et  bien  peu,  ou  pas  du  tout,  des 
molécules  non  dissociées.  Des  sels,  qui  ont  très  sensiblement  la  même  constante  de 
dissociation,  tels  que  HgCl-  et  HgBr-,  ont  le  même  pouvoir  antiseptique  pour  une 
même  concentration  moléculaire.  Le  cyanure  de  mercure,  beaucoup  moins  dissocié,  a 
une  puissance  antiseptique  moins  forte.  L'addition  de  NaCl  à  une  solution  de  HgCl-,  en 
établissant,  par  l'apport  d'un  même  ion  Cl  et  conformément  à  la  loi  des  masses,  un 
nouvel  équilibre  physique  entre  ions  et  molécules,  fait  rétrocéder  la  dissociation  du 
chlorure  mercurique,  c'est-à-dire  baisser  la  concentration  des  ions  Hget,du  même  coup, 
le  pouvoiranliseptique  initial  de  la  solution  de  HgCl'-.  C'est  par  un  mécanisme  analogue 
de  rétrocession  secondaire  des  ions  Hg  que  l'addition  de  HCl  à  une  solution  de  HgCl- 
diminue,  comme  l'on  sait,  la  puissance  antiseptique  de  celle-ci,  que  renforce,  au  con- 
ti'aire, l'adjonction  d'un  acide  organique  faible,  tel  que  l'acide  tartrique.  Les  résultats 
des  recheiches  de  PAULet  Kronig  ont  donc  démontré  d'une  façon  nette  le  rôle  prépon- 
dérant qui  revient  aux  ions  dans  l'action  to.'îique  exercée  par  les  antiseptiques  chi- 
miques vis-à-vis  des  bactéries. 

Peu  après  la  publication  des  travaux  de  Kronig  et  Paul,  J.  Lœb  faisait  paraître  ses 
premières  recherches  sur  les  actions  d'ions.  Elles  étaient  relatives  à  diverses  actions 


ION.  61i» 

|iliysi(iiic.s  ou  ln\i,iiios  iiih'rcssaiil  Ir  muscle  isol6  de  gronouille.  Ellcsont  montré  (\iw, 
les  sululions  tics  acides  l'orls  IlCl,  UNO',  II-SOS  assez  foiicmciit  dissocicos  pour  roii- 
fcrmor  le  même  nomlirc  d'ions  II,  [troduisonl  la  même  aiigmniitalion  d'eau  du  muscle. 
De  mcm.-.dcs  solutions  de  l.ases  l.iOll.  .\aOil,  KOll,  '  ,.  SrfOIl  -,  '/  •î''i(f>'l)-  ont  lamcm<- 
1,'rantlcur  d'inllucncc,  à  ('palili'  (i"o.\liydriles  iouisi's  OU.  D'autre  [jart,  l'i'ludc  des  varia- 
lions  d'excital)ilité  du  muscle,  sdiis  j'iiilluence  d'une  immersion  de  durée  détermim'e 
dans  des  solutions  diverses  de  s(ds  alcalins  et  alcaline-terreux,  (Hablit  (jue  la  toxicité 
des  diverses  solutions  salines  est  en  rapport  avec  la  vitesse  de  migration  des  ions,  tout 
comme  dé[icMdcnl  de  ce  même  fadeur  leur  (^onduclihilit*'  électrique  et  leiii-  vitesse  de 
din'usion. 

Depuis  lors,  .1.  L(i:it  a  poursuivi,  seul  ou  avec  ses  élèves,  la  iemarqual)le  sé-iie  de 
recherches  universelleiiuMit  connues,  qui  trouvent  une  interprétation  si  satisfaisante 
ilu  point  de  vue  de  la  théorie  de.  la  dissociation  électrolytique.  Ces  recherches  ont 
marqué  rimportance  du  rôle  des  ions  métalliques  dans  la  nutrition  et  le  maintien  de 
l'excitabilité  des  cellules  animales  ou  végétales,  la  nécessité  de  mettre  en  présence, 
pour  constituer  un  milieu  nutritif,  un  mélange  de  cathions  monovalents  et  de  calhions 
|)olyvalents,  l'existence  d'un  é([uilihre  à  réaliser  entre  les  ions  de  valence  diverse  et  à 
fonctions  antagonistes,  tous  phénomènes  qui  constitu(!nt,  suivant  l'expi'ession  même 
de  J.  LfKii,  les  hases  fondamentales  do  la  «  dynamique  de  la  vie  ». 

Vers  la  même  éiiocpie  à  laquelle  J.  Lu:b  publiait,  ses  premiei's  travaux  sur  les  actions 
d'ions,  L.  Maillard  avait  déjà  commencé  une  série  de  recherches  extrêmement  précises 
sur  l'intervention  des  ions  dans  les  phénomènes  biologiques.  Grâce  à  la  longue  durée, 
de  ses  expériences  Maillard  fut  le  premier,  en  particulier,  à  éliminer  toute  inlluence 
propre  de  la  pression  osniotique  dans  les  résultats  observés.  D'autre  part,  c'est  à  la 
balance  qu'il  a  demandé  la  mesure  rigoureuse  des  variations  de  son  réactif  d'étude. 

Le  problème  que  s'est  proposé  Maillard  a  consisté  à  élever  un  pied  de  Peniciliiiim 
glaticiim  dans  chacun  des  ballons  d'une  série  contenant  tous  un  milieu  nutritif  très 
simple,  sans  intluence  propre  sur  les  phénomènes  d'ionisation,  et  auquel  on  ajoutait 
des  proportions  variables  de  SO'*Cu,  soit  pur,  soit  additionné  d'un  sel  à  même  anion, 
Na-SOK  L'addition  de  Na-SO'  faisait  régresser  la  dissociation  de  SO'Cu,  et  constituait 
ainsi  un  moyen  de  diminuer  la  quantité  des  ions  Cu  libres,  sans  pour  cela  touchera  la 
quantit('  brute  de  SO''Cu  introduit.  L'expérience  était  poursuivie  des  semaines  et  des 
mois;  au  bout  de  ce  temps,  les  cultures  étaient  pesées.  Les  résultats  furent  extrême- 
ment nets  :  le  poids  de  récolte  fourni  par  chaque  pied  du  champignon  se  trouva  inver- 
sement proportionnel  àla  quantité  de  Cu  ionisi-  de  la  solution,  quelle  que  fût  d'ailleurs 
la  quantité  du  cuivre  total.  C'est  donc  à  l'ion  Cu  que  l'on  doit  rapporter  la  toxicité  du 
sulfate  de  cuivre  pour  le  Pénicillium  glaucum. 

L'influence  directe  des  ions  métalliques  et  surtout  leur  prépondérance  dans  la 
toxicité  des  sels  était  donc  définitivement  démontrée,  en  dehors  de  toute  intervention 
des  phénomènes  osmoliques. 

Les  résultats  obtenus  par  les  expérimentateurs  précédents  ont  poussé  les  physiolo- 
gistes à  vérifier  l'intervention  des  ions  dans  les  réactions  présentées  par  les  animaux 
supérieurs.  Hichauds  (1898)  s'est  posé  la  question  de  savoir  si  la  sensation  gustative 
produite  par  les  acides  mis  en  contact  avec  la  langue  est  d'autant  plus  intense  que 
l'acide  est  plus  dissocié.  Cet  expérimentateur  a  trouvé  qu'il  en  est  bien  ainsi  pour  des 
solutions  équimoléculaires  d'acides  lavlrique,  citrique  et  acétique.  Mais  d'autres  acides 
donnent  des  résultats  qui  ne  cadrent  pas  avec  les  faits  précédents.  Kahlenbkri;,  au 
cours  de  recherches  analogues,    est  arrivé  aux  mêmes  conclusions  que  Iîiciiards. 

On  peut  dire  que  c'est  Sabbata.m  qui  le  premier  a  fourni,  dans  nn  ensemble  impor- 
tant de  travaux,  des  preuves  très  démonstratives  de  l'inlervenlion  des  ions  chez  les 
animaux  supérieurs  et  chez  les  mammifères  en  particulier.  SAïuiATAM  a  montré  que 
le  Ca  à  l'état  d'ion  est  indispensable  pour  la  coagulation  du  sang  chez  le  chien.  En  effet, 
différentes  causes  susceptibles  de  diminuer  le  degré  d'ionisation  des  sels  de  ce  métal 
peuvent  produire  l'incoagulabilité.  (^est  ainsi  (jue  les  sels  de  Ca,  à  de  très  grandes 
concentrations,  rendent  le  sang  incoagulable  :  en  effet,  dans  les  solutions  très  concen- 
trées de  ces  sels,  leur  dissociation  rétrocède  et  leCa  n'est  plus  dans  le  sang  à  l'état  d'ion. 
Certains  faits  observés  après  addition  au  sang  de  sulfate  et  de  bicarbonate  de  sodium 


620  ION. 

plaident  également  en  faveur  de  la  nécessité'  du  Ca  ion  dans  la  coagulation.  On  sait, 
<l'une  part,  que  si  Ion  ajoute  à  du  sang  oxalaté  un  peu  de  sulfate  ou  de  bicarbonate  de 
sodium,  la  coagulation  se  produit.  D'autre  part,  si  à  du  sang  ordinaire  on  ajoute  une 
très  grande  quantité  de  sulfate  ou  de  bicarbonate  de  sodium,  la  coagulation  n'est  plus 
possible.  Ces  faits,  en  apparence  paradoxaux,  peuvent  s'expliquer  grâce  aux  notions 
actuellement  acquises  sur  la  dissociation  électroiytique.  Dans  un  litre  de  sang  normal, 
on  a,  comme  concentration  du  Ca  on  gramme  équivalent,  des  valeurs  oscillant  entre 
0,002  o9  et  0,00i  34.  Or,  la  concentration  du  Ca  dans  un  litre  de  solution  saturée  de 
sulfata  de  calcium  ou  de  bicarbonate  de  sodium  est  de  : 

Bicarbonate O.OnGO 

Sulfate 0,03000 

C'est  grâce  à  cette  solubilité  faible,  mais  suffisante,  du  sulfate  et  du  bicarbonate  de 
Ca  que  le  sulfate  et  le  bicarbonate  de  soude,  en  petite  quantité,  font  coaguler  le  sang 
oxalaté.  Mais,  si  l'on  ajoute  une  grande  quantité  de  ces  sels  au  sang  oxalaté,  il  n'y  a  pas 
coagulation  du  sang.  Dans  ces  conditions,  en  effet,  le  sulfate  ou  le  bicarbonate  de 
calcium  formés  se  trouvent  dans  une  solution  contenant  un  sel  à  même  radical 
(SO*  et  CO')  que  le  sel  de  calcium. Cette  addition  fait  rétrocéder  l'ionisation  de  Ca,  et  le 
sang  ne  se  coagule  pas.  Le  calcium  est  donc  nécessaire  à  l'état  d'ion  pour  produire  la 
coagulation  du  sang. 

Dans  une  autre  série  de  rechercbes  SADBATA.Nia  déterminé,  cliez  le  lapin,  le  chien  et 
la  grenouille,  la  dose  minima  mortelle  de  nitrate  d'argent,  de  sulfate  de  cuivre  et  de 
sublimé.  Il  a  noté  que,  s'il  injectait  en  même  temps  que  cette  dose  minima  mortelle 
du  tbiosulfate  de  sodium,  les  accidents  caractéristiques  de  l'argent,  du  cuivre  et  du 
mercure  n'apparaissent  pas.  Or,  on  sait  que  le  tbiosulfate  de  sodium  empêche  l'ionisa- 
tion du  nitrate  d'argent,  du  sulfate  île  cuivre  et  du  sublimé.  Donc,  dans  les  conditions 
ordinaires,  la  toxicité  do  ces  substances  est  duo  principalement  au  fait  qu'elles  se 
trouvent  à  l'état  d'ion. 

BiAL  (1902)  a  étudié  l'action  toxique  des  acides  sur  la  levure  de  bière  dans  ses  rela- 
tions avec  la  dissociation  électroiytique  de  ces  acides.  Celte  toxicité  est  très  fortement 
diminuée  par  addition  (à  la  solution  de  l'acide)  d'un  sel  neutre  à  même  anion  que 
l'acide  lui-môme.  Ce  fait  est  mis  nettement  en  lumière  par  le  tableau  suivant  : 

Poids 
de  levure  récolté 
dans  un  temps 
Substances  contenues  dans  la  solution.  déterminé. 

gr. 

HCOGH  0,01  « i 

HCOOH  0.01»  +  llCOONa  0,3/( 'M 

C1I->C00H  0,02oh; 12 

CI13C00H  0,025n  +  CH!COONa  0.023n 45 

L'addition  d'un  sel  neutre  à  même  anion  fait  n'trocéder  la  dissociation  électroiy- 
tique des  acides  :  ceux-ci  agissent  donc  sur  la  levure  de  bière  à  l'état  ionisé. 

C.  H.  Neilson  et  0.  IL  Rrown  (190.')  ont  étudié  l'influence  des  ions  sur  les  processus 
catalytiques.  On  sait  que  la  mousse  de  platine  et  l'extrait  de  rein  décomposent  l'eau 
oxygénée.  La  libération  d'oxygène  sous  l'influence  de  ces  agents  est  considérablement 
diminuée  si  on  ajoute  du  sublimé  dans  le  milieu  de  réaction.  Cet  effet  empêchant  du 
sublimé  est  très  amoindri  si  on  met  dans  l'eau  oxygénée,  en  même  temps  que  l'extrait 
rénal  et  le  chlorure  mercurique,  un  sel  contenant  l'ion  Cl.  Or  on  sait  que,  dans  ces 
conditions,  la  dissociation  du  sublimé  rétrocède  ;  ce  sel  a  donc  un  effet  empêchant  plus 
considérable  à  l'état  d'ion  qu'à  l'état  de  molécule. 

De  ces  recherches  relatives  à  l'action  des  ions  sur  les  processus  eatalytiques,  il  convient 
de  l'approcher  celles  de  Sœrexsen  (1909)  sur  l'invertine,  lacatalase  et  la  pepsine. Cet  expé- 
rimentateur a  constaté  que  les  divei's  acides  influencent  ces  ferments,  non  proportion- 
nellement à  l'acidité  de  titration,  mais  en  raison  directe  de  la  concentration  des  ions  H. 

V.  Pachon  et  h.  Bcsquet  (1907)  ont  abordé  l'étude  du  rôle  des  ions  en  biologie  d'une 
manière  tout  à  fait  diflérente  de  leurs  devanciers,  et  dans  des  conditions  particulière- 
ment correctes  et  démonstratives.  En  effet,  pour  prouver  une  action  d'ion,  divers  desi- 


FON. 


651 


derala  tloivent  retenir  l'atltMilioti  des  expérimentateurs.  En  dehors  des  conditions 
d'équilibre  osmolique  qui  doivent  exister  entre  la  solution  dï'tude  et  le  réactif  vivant 
destiné  à  en  traduire  l'inlluence,  il  y  a  deux  conditions  essentiellement  importantes  à 
réaliser  pour  la  bonne  conduite  d'une  démonstration  réellement  probante  d'action  d'ion. 

Tout  d'abord  l'ion  d'étude  intluenranl  doit  avoir  un  sens  d'action  très  nettement  défini. 

D'autre  part,  l'orjiane  iniluencé  doit  pouvoir  traduire  l'impression  reçue  en  dehors 
de  toute  perturbation  étranijère.  C'est  dire  que,  dans  le  cas  de  l'expérimentation  animale, 
il  doitôtre  placé  dans  des  conditi<ins  telles  qu'il  soit  à  l'abri  de  toute  influence  or(/nni- 
qnc  ou  extérieure  pouvant  modifier  secondairement,  par  mécanisme  réflexe  ou  direct, 
son  fonctionnement.  L'organe  doit  donc  être  isolé.  Aussi  bien  les  organes  en  survie  se 
prèfent-il?  particulièrement  —  et  même  se  prétent-ils  seuls  —  ù  des  études  d'action 
d'ion,  ou  du  moins,  à  des  mesures  quantitatives  d'action  d'ion  ou  de  toute  substance 
chimique  :  l'organisme  entier  de  l'animal  vivant  ne  saurait  convenir  à  la  rigueur  obligée 
de  déterminations  de  cet  ordre.  La  multiplicité  des  relations  organiques  fonctionnelles 
et  l'existence  de  mécanismes  réaclionnels  compensateurs,  d'une  part,  la  difficulté  ou 
même  l'Impossibilité  de  localiser  les  ofTets  de  la  substance  d'épreuve,  d'autre  part,  sont 
autant  de  causes  qui,  en  créant  tout  un  jeu  de  réactions  secondaires,  s'enchevôtrant  et 
s'influençant  réciproquement  les  unes  les  autres,  empêchent  toute  détermination  exacte 
de  la  yrandeur  iVinflucnce  directe  d'une  sid)stancc  définie  sur  le  fonctionnement  d'un  organe 
déterminé.  L'ov^ane  isolé  se  prête  seul,  en  définitive,  à  la  solution  d'un  tel  problème. 

Après  avoir  ainsi  fixé  l'électivité  de  la  méthode  de  l'organe  en  survie  comme 
méthode  de  mesure  quantitative  d'une  réaction  biologique  à  un  agent  déterminé,  Pachox  et 
BusQUET  ont  choisi,  d'une  part,  comme  ion  d'étude  influençant  le  cathionK,  en  raison  de 
la  constance  et  de  la  netteté  de  son  action  dépressive  sur  le  cœur.  Ils  ont  choisi,  d'autre 
part,  comme  organed'étude  à  influencer  lecœurisolé  du  lapin,  en  raison  des  conditions 
actuellement  bien  acquises  qui  rendent  l'expérimentateur  assez  complètement  maître 
de  la  régularité  du  fonctionnement  de  cet  organe  hors  de  l'organisme. 

Le  cœur  isolé  de  lapin  est  entretenu  en  survie,  grâce  au  procédé  classique  d'irriga- 
tion coronaire  de  Lvngendorff,  par  la  circulation  de  liquide  de  Rincer,  additionné  de 
glucose  et  saturé  d'oxygène,  suivant  l'indication  complémentaire  de  Locke.  Le  dispo- 
sitif expérimental  approprié,  essentiellement  composé  d'un  système  conjugué  de  bal- 
lons contenant  les  liquides  en  circulation  sous  pression  d'oxygène  et  maintenus  dans 
un  thermostat  à  40°,  permet  de  faire  circuler  alternativement  à  travers  le  cœur  soit  la 
solution  physiologique  de  Ringer-Locke ',  soit  cette  même  solution  additionnée  d'un  sel 
déterminé  de  potassium.  Un  manomètre  et  un  thermomètre,  disposés  convenablement, 
donnent  la  pression  (0™,03  à  0™,04  Hg)  et  la  température  (3So-38°)  du  liquide  de  circu- 
lation à  l'entrée  dans  le  cœur.  Celui-ci  est  relié  à  un  myographe  à  poids  de  Marey. 

Les  sels  de  potassium,  dont  Pachon  et  Busquet  ont  étudié  comparativement  la  gran- 
deur d'action  toxique  cardiaque,  sont  les  suivants  :  chlorure,  bromure,  iodure,  nitrate, 
chlorate,  ferro-cyanure,  forminte,  acétate,  lactate.  Ils  ont  tous  été  administrés  à  même 
concentration  moléculaire.  Le  tableau  ci-dessous  donne  les  poids  de  chaque  sel  respec- 
tivement contenus  dans  un  litre  de  solution  de  Rinoeu-Locke.  Les  diverses  solutions 
équimoléculaires  correspondent  à  1  gramme  de  KCl  par  litre, jsoil  au  titre  1/74, îj  normal. 


Tableau  des  sels  de  K  expérimentés. 


Poids 

molë- 

Formiilo.  culairo. 

KCl 14,ri 

KBr 119 

Kl 166 

KNO^' 101 

KG103 122 


Poi.Is 
dissous 
corres- 
pondant 
àOP',52  K. 

gr. 

1 

1,58 

2,21 

1,34 

1,62 


Formiilp. 

KH<'e(CN)«,  :î  aq 
HCOOK  .... 
dit  — GOOK.   . 


CHi  — CIlOll  —  COOK 


Poids 

dissous 

Poids 

corrps- 

molo- 

poudant 

ciilairo. 

à  0lï^52  K 

gr- 

gr. 

422 

1,40 

84 

1,12 

98 

1,30 

128 

1,7(1 

1.  La  formule  utilisée  dans  les  expériences  a  été  la  suivante  :  NaCl,  9  grammes;  KCl,  CaCl-, 
NaHCO^  de  chaque  Ok',20  ;  glucose,  1  gramme;  H-0,  q.  s.  pour  un  litre. 


« 


624 


ION. 


4- 


+ 


4- 


Résultats.  —  L'expérience  mon- 
tre que  ces  divers  sels  de  potassium, 

en  solution  au  même  titre  nor- 

74,5 

mal,  ne  présentent  pas  iine  grandeur 

équivalente  d'effet  toxique  sur  le  co;ur 

isolt-  du  lapin. 

Les  uns  exercent  une  action  d'arrêt 
total  :  les  ventricules  arrêtés  d'abord, 
avant  les  oreillettes,  sont  relâchés, 
leurs  cavités  très  distendues,  et  les 
battements  rythmiques  ne  reprennent 
que  si,  après  avoir  suspendu  l'arrivée 
du  liquide  toxique,  on  fait  circuler  de 
iHiuveau  à  traveis  le  cœur  la  solution 
jibysiologique  de  Ringek-Lockk.  C'est 
ainsi  que  se  comportent  le  chlorure,  le 
nilrale,  Viodure  et .  le  bromure,  consti- 
tuant donc  le  groupe  le  plus  toxique. 

D'autres  sels,  au  contraire,  tels 
que  le  f'erroci/anure  et  le  chlorate, 
produisent  un  ralentissement  du 
rythme  cardiaque  et  une  diminution 
surtout  très  notable  de  la  force  des 
contractions  du  cœur,  mais  ne  par- 
viennent pas  à  déterminer  l'arrêt 
complet  des  battements. 

D'autres  enfin,  comme  \e  fonniale, 
Vacctate,  le  lactatc,  produisent  un 
ralentissement  inappréciable  du 
rythme  et  seulement  une  diminution 
de  la  force  des  contractions,  dans  des 
proportions  moindres  (jue  les  précé- 
dents. 

En  présence  de  tels  résultats, 
démontrés  par  des  graphiques  très 
explicites  que  nous  donnons,  si  on 
les  examine  au  point  de  vue  de  la 
dissociation  électrolyti(jue,on  ne  peut 
pas  ne  pas  être  frappé  du  rapport 
étroit  entre  la  grandeur  d'action 
toxique  cardiaque  et  celle  du  coeffi- 
cient de  dissociation  des  sels  expéri- 
mentés. Aux  sels  à  acides  minéraux, 
dont  le  coefficient  de  dissociation  est 
le  plus  élevé  (KCl,  KNO^  Kl,  KBr), 
correspond  le  maximum  d'action 
toxique  pour  le  cœur.  Aux  sels  dont 
le  coefficient  de  dissociation  est 
moindre  [KCIO^  K'^Fe  (GN)e]  corres- 
pond une  action  déjà  atténuée.  Enfin, 
aux  sels  à  acide  organique,  dont  le 
coefficient  de  dissociation  est  encore 
moins  élevé  (formiate, acétate, laclate), 
correspond  l'action  dépressive  car- 
diaque la  plus  faible,  par  rapport  aux 
sels  précédents. 


UICT.    IlE    l'HÏSIOLOGIE      —    TD.Mh    IX 


40* 


ION.  627 

Toutefois  il  y  a  lieu  (ruxaminer  si,  dans  la  détenniiialioii  «lélînitivc  du  résultat 
observé,  n'intervient  |>as,  pour  une  paît  propre,  l'anion  du  sel  potassique.  Aussi  bien 
Pachon  et  BusQCET  ont-ils  étudié,  à  ce  point  de  vue,  les  divers  sels  de  Na  de  même  anion 
que  les  sels  de  K  expérimentés.  Il  importait,  en  particulier,  de  rechercher  si,  dans  le 
cas  des  sels  les  plus  toxiques  (KGF,  Kl,  KFJr,  KNO^),  l'anion  ne  possédait  pas  une  action 
propre  s'aioulant  à  celle  du  K,  et  si,  dans  le  cas  des  sels  de  toxicité  moindre  (2"  et 
'M  groupes),  l'anion  ne  masquait  pas,  grâce  à  une  action  de  sens  inverse,  les  effets 
dépressenrs  et  diaslolitjues  du  cathion  K. 

Paciion  et  BusQUKT  ont  donc  répété  les  expériences  faites  avec  les  divers  sels  de  K, 
en  substituant  à  ceux-ci,  dans  chaque  cas  particulier,  les  doses  équimoléculaires  du  sel 
correspondant  de  Na. 

Dans  ces  conditions,  ils  ont  pu  constater,  d'une  part,  que  les  chlorure,  iodure,  bro- 
mure, nitrate  de  Na,  au  titre  ::^j-r.  normal  dans  le  liquide  de    Rinoer-Locke,  ne  mani- 

festent  pas  d'action  dépressive  vis-à-vis  du  cœur.  D'autre  part,  les  chlorate,  fer rocyanure, 

1 
formiate,  acétate  et  lactate  de  Na,  au  titre  -— ;  normal    en   solution    de    Ri.nger-Locke, 

74,5 

non  seulement  ne  produisent  pas  d'effet  renforçant,  comme  cela  a  été  démontré  déjà 
)>our  le  formiate  par  G.  Fleig,  mais  encore  sont  susceptibles,  comme  le  lactate,  ainsi 
que  l'a  indiqué  Backman,  de  produire,  au  contraire,  un  effet  dépiesseur. 

Dès  lors,  dans  les  résultats,  tout  rôle  propre  de  l'anion,  aux  concentrations  molécu- 
laires expérimentées,  doit  être  mis  hors  de  cause  pour  expliquer  l'échelle  de  toxicité 
cardiaque  des  divers  sels  de  potassium.  Pachon  et  Biisquet  peuvent  légitimement  con- 
clure. En  résumé,  l'étude  dune  série  de  sels  de  potassium,  dans  lesquels  le  cation  K 
exerce  seul  ou  d'une  façon  prépondérante  une  action  définie  sur  le  cœur,  montre  que  la 
grandeur  de  l'action  toxique  dépressive  est  variable  pour  les  divers  sels  administrés  à 
même  concentration  moléculaire.  Ces  sels  se  groupent  suivant  une  échelle  de  toxicité, 
qui  est  en  rapport  étroit  avec  celle  de  leur  dissociation  électroly tique.  Toute  influence 
propre  de  l'anion,  aux  concentrations  moléculaires  expérimentées,  doit  être  mise  hors 
de  cause.  Il  apparaît  donc  bien  que  c'est  la  teneur  des  solutions  en  potassium  ionisé 
qui  règle  l'intensité  de  la  réaction  biologique,  indépendamment  de  la  teneur  brute  des 
solutions  en  potassium.  En  définitive,  c'est  la  démonstration  directe,  sur  un  organe  com- 
plet en  fonctionnement  physiologique,  des  rapports  qui  relient  l'intensité  des  réactions  biolo- 
giques à  la  grandeur  des  phénomènes  d'ionisation. 

L'intervention  des  ions  dans  le  fonctionnement  du  cœur  isolé,  démontrée^par 
Pachon  et  Busquet,  a  été  confirmée  par  les  recherches  ultérieures  de  Camis  sur  la 
caféine  et  la  tuéobromine.  Cet  expérimentateur  a  fait  circuler  alternativement  dansée 
cœur  isolé,  d'une  part,  du  liquide  de  Ringer-Logre  et,  d'autre  part,  du  liquide  de  Ringer- 
LocKE  additionné  de  caféine  ou  de  théobromine.  On  sait  que  ces  substances  sont  des 
électrolyles  dissociables.  Camis  a  constaté  que  leur  action  toxique  cardiaque  est  tout  à 
fait  parallèle  à  leur  degré  d'ionisation. 

De  points  très  divers  de  l'horizon  biologique  sont  donc  venues  des  preuves  indubi- 
labl'  s  de  l'intervention  des  ions  chez  les  êtres  vivants.  Au  plus  haut  degré  cette  notion 
intéresse  la  physiologie  générale,  puisque  les  liquides  qui  circulent  au  contxct  des  élé- 
ments anatomiques  contiennent  de  nombreux  électrolytes,  dont  l'action  sur  les  cellules 
est  directement  fonction  de  leur  dissociation.  Il  est  également  d'une  importance  capi- 
tale, au  point  île  vue  de  la  pliarmacodynainie  et  de  la  thérapeuticiue,  de  savoir  que 
t'inlluetice  exercée  par  les  agents  médicamenteux  est  considérablement  modifiée  sui- 
vant les  conditions  de  dissociation  électrolytique  dans  lesquelles  se  trouvent  leurs  élé- 
ments au  sein  d'une  solution  ou  d'un  mélange  donné.  Enfin  la  toxicologie  peut  tirerdela 
théorie  d'ARuiiENu;:^  des  suggestions  tout  a  fait  inattendues  relatives  à  l'antidotisme.  On 
connaissait  depuis  longtemps  des  contrepoisons  agissant  par  suite  d'un  antagonisme 
chimique  ou  physiologique  vis-à-vis  du  toxique;  il  est  permis,  à  l'heure  actuelle,  d'ad- 
mettre l'existence  d'antidotes  qui  aiiissent  en  faisant  régresser  l'ionisation  du  poison 
absorbé,  ou  en  immobilisant  l'ion  libéré. 


628  ION. 

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V.    PACHON    ET   H.  BUSQUET. 

IPÉCA.  —  (Voy.  Émétiae,  v.,  Îi0-i'i3). 


IRIS.  6^29 

IPOHINE.  —  Substance  mal  déterminée,  oxlrailc  i)ai'  IIaihwica  et  C;i;igeu  de 
poisons  do  tlèclios  {Arch.  Phann.,  11)01,  49T\  Kilt;  est  associée  à  l'auliaiine,  la  stry- 
chnine et  la  brueine.  Son  action  serait  analo{^uo  à  Cflle  de  la  di^itoxine. 

L'Ipo^  qui  sert  do  poison  de  llèciies  aux  Dayas  do  Uornéo  (S/n/cAxns  Wnllichiiina, 
Sirychnos  tieuti\  Slnjclnios  Maingaijl)  contient  surtout  de  la  sti  ycliiiiiio. 

IPOMEINE.  —  (C'^H'^-O"^).  Glycoside  extrait  de  Ipomira  paiuluntta.  Avec  les 
acides  il  donne  de  l'acide  ipoméique  (C'41''-0'*').  Une  ébuUition  prolongée  donne  de 
Tacide  valérianiqiie.  Il  aurait  des  propriétés  purgatives,  moins  que  la  convolvuline,  plus 
([uo  la  .lalapine  (I'oit.iikt,  Prùch  de  pharma(:olo;/ie,  1007-772). 

IRIDINE.  —  (Hycoside  de  la  racine  d'iris  de  Florence  (C*Ml-"0'').  Elle  se 
dédouble  en  glycose  et  iritiénine  (C^H'^O**). 

IRIGENINE.  —  Ui'sultant  do  l'hydrolyse  de  l'iridine.  En  liydrolysant  l'iii- 
génidine,  on  obtient  de  l'acide  iridique  et  de  l'irétol. 

IRIS.  —  En  avant  du  corps  ciliaire,  la  tunique  moyenne  de  l'œil  quitte  le  con- 
tact avec  la  tuni(iue  oculaire  externe,  et  en  est  séparée  par  la  chambre  antérieure.  A 
cette  partie  de  la  tunique  moyenne  on  donne  le  nom  d'  «  iris  ».  L'iris  est  donc  une 
membrane  qui  tlott  au  sein  des  liquides  intra-oculaires.  Périphériquemcnl  attachée  au 
corps  ciliaire  par  son  «  bord  ciliaire  »,  la  membrane  est  percée  d'une  ouverture  cen- 
trale, ronde  (chez  l'homme),  la  «  pupille  «  ou  prunelle,  entourée  par  le  «  bord  pupil- 
laire  »  de  l'iris. 

Les  rôles  physiologiques  de  l'iris  peuvent  être  rangés  sous  les  trois  chefs  suivants  : 
1°  C'est  une  membrane  pigmentée,  plus  ou  moins  opaque,  et  à  ce  titre  elle  contribue 
à  constituer  le  globe  oculaire  en  chambre  claire  du  physicien,  la  lumière  ayant  accès 
vers  l'intérieur  de  l'œil  à  travers  la  pupille; 

2°  L'iris  est  une  membrane  qui  se  distend  et  se  contracte,  modifiant  incessamment 
le  calibre  de  la  pupille,  selon  qu'il  y  a  inlérôt  à  ce  que  la  lumière  pénètre  dans  l'œil  en 
quantité  plus  ou  moins  grande  (adaptation),  et  selon  que  les  images  rétiniennes  des 
objets  extérieurs  doivent  être  plus  ou  moins  nettes  (rôle  dioptrique)  ; 

3°  Par  sa  faie  antérieure,  l'iris  joue  un  rôle  absorbant  important  vis-à-vis  de  l'hu- 
meur aqueuse. 

Nous  rangerons  les  matériaux  sous  les  rubriques  suivantes  : 

i"  Quelques  détails  anatoniiques; 

2"  Couleur  de  l'iris; 

3°  La  pupille,  sa  forme,  sa  grandeur.  Pupillométrie  ; 

4"  Le  réflexe  rétino-pupillaire  ; 

5°  Le  nerf  oculo-moteur  commun  est  le  nerf  sphinctéro-moteur.  Tonus  du  muscle 
sphincter  de  la  [lupille.  Nature  du  ganglion  ciliaire.  Origine  mésencéphalique  des  libres 
nerveuses  pupillo-constrictrices; 

6°  Voies  optiques  réflexes; 

7"  Centre  réllexe  spliinctéro-moteur.  Réaction  pupillaire  hémianopique; 

8°  Réaction  pupillaire  associée  h  la  convergence; 

9°  Fibres  nerveuses  pupillo-dilatatrices.  Tonus  du  ganglion  ceivical  supérieur.  Centre 
cilio-spinal,  son  tonus.  Pupillo-dilatation  paradoxale; 

10"  Le  ner  f  trijumeau  et  la  pupille  ; 

11"  Le  réllexe  pupillo-dilatateur  dit  douloureux; 

12°  Effets  pupillaires  de  l'excitation  du  cerveau  :  a)  excitation  artificielle;  b)  activité 
psychique; 

13"  Mécanismes  iridiens  des  mouvements  pupillaires.  Muscle  sphincter.  Muscle  dila- 
tateur de  la  pupille.  Rôle  de  l'élasticité  iridienne  dans  la  dilatation  pupillaire.  Rôle  des 
vaisseaux  iridiens  dans  les  mouvements  pupillaires.  Tassements  et  chevauchements  des 
tissus  de  l'iris  lors  dos  dilatations  pupillaires.  Théories  mixtes  de  la  dilatation  pupil- 
laire. Théorie  de  Gruenhagen.  Théorie  de  Fr.  Franck.  Théorie  d'A.\GELUcci; 

14"  La  pupille  dans  le  sommeil; 


630  IRIS. 

15°  La  pupille  dans  l'agonie; 

IB"  La  pupille  dans  l'asphyxie; 

17"  La  pupille  dans  la  narcose; 

18°  Mydriaiiques  et  myoliques.  Atropine,  (^ocyïne.  Esérinc.  Pilocarpinc. 

19°  Rôle  absorbant  de  l'iris. 

1°  Quelques  détails  anatomiques.  —  L'épaisseur  de  l'iris  varie  dans  des  limites 
très  larges,  selon  le  dej^ré  de  contraction  ou  d'étalement  de  la  membrane.  Le  bord 
pupillaire  repose  sur  le  cristallin,  qui  le  repousse  un  peu  en  avant,  au-devant  de 
l'insertion  ciliaire.  L'iris  glisse  donc  sur  le  cristallin  lors  des  variations  incessantes  du 
diamètre  pupillaire.  Entre  le  bord  iridien  et  le  cristallin,  il  y  a  une  fente  virtuelle  pour 
le  passage  de  l'humeur  aqueuse  hors  de  la  chambre  postérieure  dans  la  chambre  anté- 
rieure. Au  devant  de  l'iris  il  y  a  la  chambre  antérieure;  derrière  elle  la  chambre  pos- 
térieure, remplies  toutes  les  deux  d'humeur  aqueuse.  L'iris  plonge  donc  continuelle- 
ment dans  l'humeur  aqueuse. 

Anatomiquement,  l'iiis  est  composé  de  deux  parlies  tii-s  distinctes,  dilïérant  aussi 
par  leur  origine  embryogénique  :  l'une  île  provenance  épiblastifjue,  ectodermique,  ou 
encore  rétinienne,  et  l'autre  d'origine  mésoblaslique. 

La  partie  épiblastique  ou  rétinienne  de  l'iris  est  donnée  par  une  double  couche  de 
cellules  épilhéliales  pigmentées,  qui  en  tapissent  la  face  postérieure,  passant  l'une  dans 
l'autre  contre  le  bord  pupillaire.  On  donne  quelquefois  le  nom  d'  <i  uvée  »  iridienne  à 
celle  double  couche  épithéliale  pigmentée.  Ces  deux  couches  représentent  le  segment 
antérieur  de  la  vésicule  0[>ti(]ue  secondaire.  La  couche  superficielle,  postérieure,  est 
composée  de  grosses  cellules  polyédriques.  Les  cellules  de  l'assise  profonde,  en  couche 
continue  chez  l'embryon,  sont  plus  ou  inoins  clairsemées  chez  l'adulte.  Celle  dernière 
couche  donne  naissance  au  muscle  sphincter  de  la  pupille  et  aux  fibres  de  la  couche 
de  Bruch,  c'est-à-dire  du  dilatateur  de  la  pupille  de  certains  auteurs. 

La  partie  mésoblaslique  de  l'iris  constitue  la  majeure  partie  de  ce  qu'on  appelle  le 
corps  ou  siroma  de  la  membrane.  Ce  stronia  (de  môme  que  la  choroïde)  est  en  réalité 
une  expansion  de  l'arachnoïde  du  cerveau.  11  est  composé  de  vaisseaux  nombreux,  puis 
d'une  gangue  cellulo-lîbreuse  reliant  les  vaisseaux,  et  dont  la  constilulion  varie  beau- 
coup d'une  espèce  animale  à  l'aulre.  C'est  un  assemblage  de  cellules  réticulées,  pigmen- 
tées, à  prolongenienis  plus  ou  moins  transfoiniés  en  fibrilles.  Ce  tissu  est  très  lâche. 
Si  l'on  en  excepte  les  deux  limitantes  (où  le  tissu  est  plus  condenséV  il  constitue  avec 
les  vaisseaux  une  éponge  vasculaire  très  lâche.  Suivant  le  plan  médian  de  l'iris,  ce  tissu 
est  même  tellement  raréfié  cluz  l'homme  qu'on  est  en  droit  de  parler  d'une  fente 
interstitielle  (incomplètes  qui  divise  l'iris  en  deux  feuillets,  un  antérieur  et  un  posté- 
rieur. On  pourrait  considérer  aussi  les  vaisseaux  iridiens  comme  suspendus  à  peu  près 
librement  dans  une  fente  centrale  plus  ou  moins  parfaite,  délimitée  par  les  deux  limi- 
tantes. La  face  antérieure  de  l'iris  est  taf)issée  par  un  endolhélium.  Elle  porte  (chez 
l'homme)  vers  le  bord  ciliaire  et  vers  le  bord  pupillaire  des  ouvertures  ou  stomates  qui 
livrent  accès  à  l'humeur  aqueuse  vers  la  fente  interstitielle,  aux  fins  de  résorption. 

Vers  le  bord  pupillaire  et  jusque  tout  contre  ce  bord,  les  plans  postérieurs  de  l'iris 
renferment  un  muscle  indiscutable,  à  libres  coniracliles  lisses  (chez  les  mammifères), 
disposées  circulairement  autour  de  la  pupille.  Ce  «  muscle  sphincter  de  la  pupille  »  a 
chez  l'homme  une  étendue  (radiaire  de  0™'"40  à  0"™80,  selon  l'état  de  contraction  de  la 
pupille.  Il  est  moins  large  quand  la  pupille  est  dilatée.  L'épaisseur  du  muscle  est  de 
Ommjo  environ.  Chez  les  carnassiers  notamment,  le  muscle  sphincter  est  notablement  plus 
développé  (que  chez  l'homme);  il  occupe  jusqu'au  tiers  de  toute  l'étendue  iridienne.  Il 
est  très  développé  chez  la  loutre  et  le  castor,  mais  chez  les  herbivores  et  les  rongeurs 
il  n'atteiut  pas  le  développement  qu'il  a  chez  l'homme.  —  Chez  les  oiseaux  et  les  rep- 
tiles, ses  éléments  contractiles  sont  striés. 

11  résulte  des  recherches  de  Nussbaum  ainsi  que  de  celles  de  v.  Szili,  que  nous  avons 
pu  confirmer,  que  le  muscle  sphincter  dérive,  embryogéniquemenl,  de  la  rétine  iri- 
dienne, c'est-à-dire  de  l'ecloderme,  à  peu  près  comme  les  fibres  musculaires  (lisses)  des 
glandes  sudoripares.  Dès  le  quatrième  mois  lunaire,  le  feuillet  antérieur  de  la  rétine 
iridienne  produit  contre  le  bord  pupillaire  et  en  avant  une  évagination,  dont  les  cellules 
se  transforment  en  fibres  musculaires  lisses. 


IRIS.  ()3I 

Un  point  toujours  très  cJisciilt''  est  celui  dos  libres  iiiusrulaiies  lisses  di?posûes 
radiairemeut  dans  l'iris,  et  dont  l'action  serait  de  dilater  la  pupille,  alors  ((ue  le 
sphincter  la  resserre.  Ce  serait  un  «  muscle  dilatateur  de  la  pupille  ».  l/cxis-tence  d'au 
tel  dilatateur  paraissait  k  certains  auteurs  nécessaire  pour  expliquer  divers  faits  physio- 
logiques, tandis  que  d'autres  physiologistes  croyaient  pouvoir  se  passer  d'un  muscle 
dilatateur.  Le  combat  pour  ou  contre  l'existence  d'un  dilatateur  date  de  loin.  Henlk, 
le  premier,  crut  pouvoir  prendre  comme  tel  une  couche  postt'rieure  ilc  l'iris,  (lécrit(; 
par  Hiu't.ii,  et  qui  se  distingue  du  stronia  iridieii  par  une  slrialion  radiairo  très  mani- 
feste. La  membrane  ou  couche  de  Hiuch  esl  immrdialeuKMit  sous-jacente  à  la  rétine 
indienne.  —  En  fait  d'auteurs  plus  anciens,  partisaî)s  dun  muscle  dilatateur,  citons 
Merkel,  et  en  fait  d'adversaires  du  dilatateur,  Gruemiagex,  Hoé,  Michel,  Fucn.s,  etc. 

Le  combat  continuait,  avec  des  fortunes  diverses,  lorsque  Grvnfellt  (élève  de  Vial- 
leton)  vint  renforcer  notablement  l'opinion  favorable  à  l'existence  d'un  dilatalcnr,  en 
démontrant  qu'embryogéniquenient  la  membrane  de  Hri  en  di'rive  du  feuillet  antérieur 
de  la  rétine  iridienne.  Cette  provenance  avait  été,  à  la  vérité,  piessenlie  i)ar  Mi  ïzils; 
mais  Crvnfellt-Vialleton  ont  le  mérite  d'avoir  déinonlré  la  réalité  de  la  chose.  Depuis 
lors,  (jRYNFELLT-ViAi.LEro.N  Ont  été  conlirméspar  divers  auteurs  Heeriord  V.  Szili,  Levi.n- 
soHN,  etc.),  et  l'origine  rétinienne,  c'est-à-dire  épiblastique,  des  fibres  de  la  membrane 
de  Bruch  ne  fait  plus  de  doute.  On  ne  discute  plus  que  sur  des  points  'de  détails,  sur 
le  plus  ou  moins  d'indépendance  des  libres  de  la  membrane  de  bRucii  entre  elles, 
sur  le  plus  ou  moins  d'indépendance  chez  l'aduKe,  des  fibres  de  la  couche  de  Brucii 
vis-à-vis  de  leur  sol  d'origine,  c'est-à-dire  vis-à-vis  des  cellules  de  la  couche  anté- 
rieure de  la  rétine  iridienne,  sur  la  coiitinuilé  ou  la  non-continuité  de  celte  couche  elle- 
même,  etc. 

Le  grand  intérêt  de  cette  filiation  de  la  couche  de  Bruch  réside  en  ce  fait  que  le 
muscle  sphincter  de  pupille,  dont  la  nature  contractile  esl  indiscutable,  dérive,  lui  aussi, 
de  la  rétine  iridienne.  Dès  lors  la  nature  contractile  des  fibres  de  la  membrane  de  Bruch 
est  très  probable,  attendu  surtout  que  depuis  longtemps  on  a  relevé  une  analogie  d'ap- 
parence entre  les  fibres  de  la  membrane  de  Bruch  et  les  fibres  contractiles  lisses.  En 
fait,  tous  les  auteurs  qui  ont  démontré  que  la  membrane  de  Bruch  dérive  de  la  rétine 
iridienne  en  admettent  aussi  la  nature  musculaire. 

Bien  que  les  voix  contestant  la  nature  musculaire  de  la  couche  de  Bruch  soient, 
depuis  Grynfellt-Vialletox,  devenues  quelque  peu  hésitantes,  elles  ne  sont  pas  deve- 
nues muettes  (p.  ex.  Gruenhagex,  Axgelucci).  Frugiuele  notamment  conteste  que  les 
éléments  de  la  membrane  de  Bruch  présentent  les  réactions  micro-chimiques  des  fibres 
musculaires  lisses. 

Mais  la  question  de  la  contractilité  de  la  couche  de  Iîruch  ne  peut  être  [deinement 
discutée  à  fond  que  lorsque  nous  aurons  pris  connaissance  de  plusieuis  autres  faits, 
d'ordres  divers. 

Grvnfellt  voit  dans  la  membrane  de  Bruch  une  membrane  contractile  composée 
d'éléments  imparfaitement  distincts.  Chez  les  divers  mammifères,  le  muscle  dilatateur 
et  le  muscle  sphincter  seraient,  d'après  lui,  développés  sensiblement  l'un  en  raison  de 
l'autre.  Chez  le  phoque  et  la  loutre  par  exemple,  animaux  à  muscle  sphincter  très  déve- 
loppé, le  dilatateur  serait  aussi  très  épais.  Chez  l'homme,  l'épaisseur  du  dilatateur  est 
de  i-2  a;  chez  les  primates,  elle  est  de  2-3  ;j.;  chez  le  chien,  de  13  a;  chez  le  renard, 
de  20  [i.;  chez  les  rongeurs,  de  1-8  a;  chez  les  cheirophères  de  i  ;jl. 

Une  question  importante  est  celle  de  l'élasticité  de  l'iris,  et  des  fibres  élastiques  y 
contenues,  attendu  que  certaines  théories  sur  le  mécanisme  des  mouvements  de  l'iris 
ont  recours  a  cette  élasticité.  —  Il  résulte  des  recherches  de  Kiribuchj  que  l'iris  est 
extrêmement  pauvre  en  éléments  élastiques.  Plus  exactement,  le  lissu  propre,  la 
couche  de  Jhtucn  et  les  vaisseaux  en  seraient  totalement  dépouivus.  Seul  le  muscle 
sphincter  renfermerait  quelques  rares  et  minces  fibres  élastiques. 

Souvent  on  invoque  aussi  la  contractilité  des  vaisseaux  d(î  l'iris  comme  facteur  pro- 
ducteur de  mouvements  iridiens.  Le  fait  est  que  les  vaisseaux  iridiens  sont  par  extra- 
ordinaire totalement  dépourvus  d'éléments  contractiles.  Cela  est  bien  établi  pour 
l'homme,  les  Primates  et  les  Carnassiers.  Il  y  en  aurait  qufdques  traces  chez  le  cheval 
(Muenk).  —  Au  contraire,  les  vaisseaux  de  la  choroïde,  les  rameaux   perforants  des 


0)32  IRIS. 

artères  ciliaires  antérieures,  les  artères  ciliaires  longues,  et  le  grand  cercle  artériel  de 
l'iris,  c'est-à-dire  les  artères  afférentes  de  l'iris,  sont  munies  de  tuniques  musculaires- 
bien  développées. 

2°  Couleur  de  l'iris  et  apparences  de  sa  face  antérieure.  ^  La  teinte  glo- 
bale d'un  iris,  telle  qu'elle  apparaît  à  l'œil  nu,  et  à  une  certaine  dislance  (1  mètre), 
varie  considérablement  d'un  individu  à  l'autre.  Il  y  en  a  de  sombres,  de  clairs.  Les 
sombres  peuvent  être  très  foncés,  ou  d'un  brun  plus  clair.  Les  clairs  sont  plus  ou 
moins  grisâtres,  mais  toujours  teintés  à  des  degrés  variables  de  jaune,  de  vert,  de  bleu. 
Ces  différences  de  teinte  sont  dues  au  développement  plus  ou  moins  prononcé  du 
pigment,  surtout  de  celui  du  stronia.  En  lui-même,  ce  pigment  semblerait  toutefois  en 
faire  varier  la  teinte  depuis  le  noir  jusqu'au  gris.  D'où  viennent  donc  les  teintes  jau- 
nâtres, verdâtres  et  bleuâtres?  Pour  la  plus  large  part,  ce  sont  des  couleurs  d'interfé- 
rence. Cependant  le  mécanisme  intime  de  leur  production  n'est  pas  tout  à  fait  élucidé. 

Les  iris  bleus  sont  ceux  dont  le  stroma  renferme  peu  ou  pas  de  pigment.  La  couleur 
bleue  naît,  en  effet,  chaque  fois  que  nous  regardons  un  fond  obscur  (ici  le  pigment  réti- 
nien) à  travers  un  milieu  translucide  (ici  le  stroma  iridien).  Par  exemple,  si  nous  regar- 
dons des  montagnes  obscures  à  travers  une  épaisse  couche  d'air,  celle-ci  est  teintée  do 
bleu.  La  couleur  bleue  des  veines  de  la  peau  semble  être  du  même  ordre  de  phéno- 
mènes ;  en  partie  cependant,  elle  serait  une  couleur  de  contraste. 

Les  iris  de  tous  les  enfants  nouveau-nés  sont  bleuâtres.  Leur  couleur  fonce  ensuite 
et  devient  de  plus  en  plus  sombre,  grise,  noirâtre,  par  suite  du  développement  pro- 
gressif du  pigment  dans  le  stroma  iridien.  Nul  ou  à  peu  près  à  la  naissance,  ce  pigment 
commence  à  apparaître  au  neuvième  mois  de  la  grossesse,  et  se  développe  ensuite  pen- 
dant les  deux  et  trois  premières  années  de  la  vie  extra-utérine.  Quant  à  la  rétine  iri- 
dienne,  elle  est  pigmentée  dès  la  naissance. 

Chez  le  vieillard,  la  teinte  de  l'iris  repasse  au  grisâtre,  probablement  parce  que  le 
stroma  iridien  se  tasse,  devient  plus  dense. 

Chez  les  albinos,  le  pigment  ne  se  développe  ni  dans  le  stroma,  ni  dans  l'épithélium 
postérieur  de  l'iris  —  pas  plus  d'ailleurs  que  dans  le  reste  de  l'œil,  dans  la  choroïde, 
par  exemple.  Leur  iris  paraît  rougeâtre,  et  la  pupille  en  rouge  intense,  non  en  noir. 

Voici  l'explication  de  ces  apparences  de  la  pupille.  Dans  un  œil  pigmenté,  la  lumière 
ne  pénètre  en  quantité  dans  l'œil  qu'à  travers  la  pupille.  Et,  d'après  la  loi  des  foyers 
conjugués  (voir  Dioptrique  et  Ophtalmoscopie),  cette  lumière  retourne  à  travers  la 
pupille  à  la  source  lumineuse.  Un  œil  observateur  placé  à  côté  de  la  lumière  n'est 
donc  pas.  touché  par  les  rayons  qui  émergent  de  l'œil  :  la  pupille  observée  lui  paraît 
noire.  Dans  un  œil  non  pigmenté,  la  lumière  pénètre  de  tous  côtés,  à  travers  l'iris,  la 
lérotique  el  la  choroïde.  Il  en  résulte  qu'au  jour  cette  rétine  est  éclairée  dans  toute  son 
étendue,  et  que  des  rayons  émergeants  se  dirigent,  au  sortir  de  la  pupille,  dans  toutes  les 
directions,  notamment  vers  l'œil  observateur,  auquel  la  pupille  observée  paraît  rouge. 

Quant  à  la  couleur  rougeâtre  de  l'iris  des  albinos,  elle  est  due  à  l'absence  totale  de 
pigment  dans  l'iris,  qui  laisse  donc  passer  des  rayons  renvoyés  par  le  fond  de  l'œil 
sur  sa  face  postérieure.  Et  toutes  ces  lumières  renvoyées  sont  rouges,  parce  qu'elles 
ont  passé  à  travers  les  nappes  sanguines  de  la  choroïde  et  de  l'iris. 

En  général,  la  quantité  de  pigment  iridien  est  d'autant  plus  grande  que  le  corps  de 
l'individu  est  plus  pigmenté  dans  son  ensemble.  Les  iris  sont  noirs  chez  les  nègres  et 
chez  les  Européens  bruns,  à  cheveux  noirs.  Les  races  blondes  ont  des  iris  clairs.  Tou- 
tefois, on  rencontre  pas  mal  d'iris  bleus  chez  les  Afghans  (bruns  et  à  cheveux  noirs). 
En  Europe  aussi,  on  peut  trouver  exceptionnellement  des  iris  clairs,  bleus,  chez  des 
bruns  et  vice  versa.  Ces  anomalies  semblent  dénoter  des  croisements  entre  races  blonde 
et  brune.  Il  semble  en  être  de  même  des  «  yeux  vairons  »,  l'un  étant  clair,  l'autre 
sombre. 

En  regardant  un  iris  de  près,  sa  couleur  n'apparaît  plus  uniforme,  mais  on  y  dis- 
tingue des  détails  multiples,  notamment  une  zone  interne,  pupillaire.  large  de  1  à2  mil- 
limètres, relativement  plus  sombre  dans  les  iris  clairs,  et  relativement  plus  claire  dans 
les  iris  sombres.  On  y  distingue,  surtout  à  la  loupe,  une  foule  de  détails  extrêmement 
variables  d'un  individu  à  l'autre,  à  tel  point  que  Bertillon  a  songé  à  s'en  servir  pour 
identifier  les  individus.  Il  y  a  des  reliefs  multiples  et  des  enfoncements,  des  espèces 


IRIS.  633 

tle  niches.  Dans  la  znnc  externe,  oiliaiie,  on  voit  ^ént'ralernent  mit;  ou  deux  saillies 
ciiculaires,  {jui  se  prononcent  pendant  la  dilalaticn»  de  la  pupille.  Certains  des  enfon- 
cemenls  de  la  zone  |»iipillairtî  sont  de  véritables  stomates  conduisant  dans  la  fente 
interstitielle  de  l'iris. 

Au  microscope  cornécn,  on  voit  une  série  de  côtes  ou  cordons  grisâtres,  parallèles, 
radiaires,  passant  d'une  zone  dans  l'autre,  et  dont  la  plupart  renferment  des  vaissseaux 
radiaires  situés  dans  le  feuillet  antérieur  de  l'iris.  —  Dans  la  zone  ciliaire  surtout,  on 
aperçoit  chez  pas  mal  de  sujets  des  taches  tranchant  en  noir  sur  le  fond  plus  clair.  Ces 
nivvi  semblent  tenir  à  une  accumulation  locale  plus  dense  du  pig'ment  du  stroma.  Ils 
|»euvent  rappeler  plus  ou  moins  des  formes  d'objets  divers,  de  caractères  d'impres- 
sion, (jui  souvent  ont  IVappé  l'imagination  du  public. 

Au  bord  pupillaire,  il  y  a  chez  l'homme  un  liséré  brun  noir.  C'est  la  rétine  iri- 
dienne  qui  se  réfléchit  un  peu  sur  la  face  antérieure  de  la  memi  rane.  —  Chez  certains 
animaux  (cheval,  etc.),  ce  liséré  se  développe  en  des  formations  plus  volumineuses,  en 
des  verrues  proéminentes  à  la  face  antérieure  de  l'iris. 

Le  parenchyme  de  l'iris  des  Oii^eaitx  renferme  des  gouttes  graisseuses  rouges, 
jaunes  ou  violettes,  qui  contribuent  à  donner  à  la  membrane  sa  couleur,  le  plus  souvent 
éclatante.  Kile  semble  du  leste  d'autant  plus  claire  que  le  milieu  où  l'oiseau  vit  est  plus 
lumineux.  Quant  à  la  couleur  elle-même,  celle  des  oiseaux  chanteurs  est  brune,  celle  de 
Rapaces  est  jaune,  et  celle  des  perroquets  et  des  oiseaux  aquatiques  rouge. 

Les  iris  des  Poissons  sont  généralement  d'un  blanc  plus  ou  moins  argenté,  couleur 
due  à  la  présence  de  cristaux  de  guanine  dans  une  espèce  de  «  tapis  »  cellulaire.  D'avant 
en  arrière  on  y  trouve  une  couche  endothéliale,  puis  une  couche  fibrillaire,  plus  profon- 
dément les  cellules  remplies  de  guanine  (l'argentine),  et  enfin  le  tissu  propre  de  l'iris 
renfermant  des  cellules  étoilées  pigmentées  et  contractiles,  de  véritables  chromatophores 
dont  les  contractions  modifient  la  couleur  iridienne  sous  l'inlluence  de  l'éclairage 
ambiant,  tout  comme  la  peau  d(^s  poissons  change  de  couleur  dans  les  mômes  cir- 
constances. 

3°  La  pupille,  sa  grandeur  et  les  variations  de  cette  grandeur.  Pupillomé- 
trie.  — Pour  certaines  constatations,  il  suffit  d'observer  à  Toeil  nu  pour  apprécier  la 
grandeur  de  la  pupille  et  les  variations  de  cette  grandeur.  Mais  dans  beaucoup  de 
circonstances,  ce  moyen  est  insuffisant.  L'œil  en  efletest  lui-même  d'une  mobilité  très 
grande  et  il  entraîne  la  pupille;  de  plus,  souvent  le  bord  pupillaire  de  l'iris  no  tranche 
guère  sur  la  pupille.  Or,  le  diamètre  pupillaire  varie  incessamment  à  l'état  de  veille,  et 
ce  sont  ces  variations,  souvent  rapides  et  peu  excursives,  qu'il  s'agit  de  noter.  Pour  la 
mensuration  prompte  et  exacte  de  la  pupille,  on  a  inventé  de  nombreux  «  pupillo- 
mètres  »,  instruments  qui  servent  à  déterminer  la  «  grandeur  apparente  »  de  la  pupille, 
vue  à  travers  le  ménisque  positif  constitué  par  la  cornée  et  l'humeur  aqueuse.  Celte 
grandeur  apparente  étant  connue,  on  calcule  au  besoin  la  grandeur  réelle  (voir 
Dioptrique,  p.  107). 

Des  pupilloniètres  assez  rudimentaires  font  comparer  la  pupille  avec  des  ouvertures 
circulaires  de  grandeurs  diverses  percées  dans  un  écran  (Foi.i.in),  ou  servent  à  viser  sur 
la  pupille  au-dessus  d'une  règle  graduée,  ou  à  travers  un  disque  en  verre  portant  une 
graduation  (Lalre.ntk,  Galezowski). 

Des  instruments  plus  sérieux  sont  ceux  de  Coccius,  de  Doveu,  de  Landolt,  etc.,  dont 
toutefois  aucun  ne  répond  à  tous  les  desiderata.  On  trouvera  chez  Landolt  des  détails 
sur  les  divers  pupilloniètres.  Celui  de  cet  auteur  est  encore  uu  des  meilleurs.  Il  se  sert 
de  deux  prismes  identiques  superposés,  l'arête  de  l'un  correspondant  à  la  base  de 
l'autre.  La  pupille,  regardée  à  travers  les  deux  prismes,  paraît  double.  Pour  une  certaine 
distance  des  prismes  à  l'œil,  les  deux  images  se  louchent.  A  l'aide  de  l'angle  des  prismes 
et  de  la  distance  des  prismes  à  l'œil,  lorsque  les  doubles  images  se  louchent,  on  calcule 
la  grandeur  réelle  de  la  pupille.  L'avantage  de  cet  instrument  est  que  les  mensurations 
ne  sont  pas  influencées  par  les  mouvements  de  \\v[\. 

La  méthode  photographique  a  été  inaugurée  par  Belarminow  avec  grand  succès 
pour  l'étude  expérimentale  de  ces  phénomènes  sur  l'animal  ^voir  plus  loin). 

Pour  certaines  observations,  par  exemple,  celles  des  variations  pupillaires  dépendant 
de  la  respiration  ou  des  pulsations  cardiaques,  on  se  sert  avec  avantage  de  la  méthode 


634  IRIS. 

endoscopi(jue.  A  travers  un  mince  liou  piciiu;  clans  un  <''cran  opaque  el  placé  dans  Ir 
foyer  antérieur  de  r<iMl  (à  li{  mm.  environ  au-devant  de  la  cornée),  ou  regarde  sur  une 
surface  uniformément  éclairée,  par  exemple,  le  ciel.  On  voit  un  cercle  clair,  l'image 
diffuse  de  la  pupille.  Ce  cercle  s'élargit  si  l'on  couvre  le  second  d'il;  il  se  rétrécit  si  l'on 
découvre  le  second  œil  (réflexe  lumineux,  voir  plus  loin).  On  y  peut  voir  des  variatioiis 
pupillaires  synchrones  avec  la  respiration,  et  même  avec  les  pulsations  cardiaques. 

La  pupille  n'est  pas  toujours  percée  au  centre  de  l'iris;  il  n'est  pas  rare  de  la  vciir 
un  peu  excentrique,  le  plus  souvent  vers  le  nez. 

Les  deux  pupilles  sont  généralement  égales  —  à  l'état  physiologique  naturello- 
ment  —  :  il  ya  •<  isocorie  ».  L'  '<  anisocorie  »  n'est  pas  cependant  très  rare.  Dans  ce 
cas,  le  plus  souvent  les  yeux  diffèrent  également  sous  d'autres  rapports,  sons  celui 
de  la  réfraction. 

La  grandeur  de  la  pupille  peut  varier  entre  des  limites  très  larges,  depuis  lui  milli- 
mètre, et  moins,  de  diamètre,  jusqu'à  égaler  presque  l'étendue  cornéenne.  Une  pupille 
resserrée  est  dite  «  miotique  >•,  en  "  miose  »  ;  la  pupille  dilatée  est  dite  en  «  mydriase  ». 
De  plus,  à  l'état  de  veille,  celte  grandeur  varie  presque  constamment,  par  le  fait  de 
toutes  sortes  dinlluences  incessamment  variables,  et  dont  les  unes  tendent  à  la  res- 
serrer (par  une  dilatation  de  liris),  les  autres  à  la  dilater  (par  un  resserrement  de  l'iris). 
A  un  moment  donné,  son  diamètre  est  l'expression  d'un  équilibre  très  instable  entre 
ces  deux  sortes  d'intluenct  s.  Il  suffit  du  renforcement  ou  de  l'affaiblissement  d'un 
quelconque  de  ces  facteurs  pour  faire  varier  le  diamètre  pupillaire. 

Pour  réaliser  un  équilibre  pupillaire  un  peu  stable,  il  faut  donc  maintenir  cons- 
tantes les  influences  en  question.  Il  faut  notamment  éviter  toute  activité  cérébrale, 
toute  excitation  nerveuse  quelconcjue,  toute  variation  de  l'éclairage;  de  plus,  il  faut  que 
l'éclairage  ait  été  maintenu  constant  de|)uis  un  certain  temps.  Dans  ces  conditions,  le 
diamètre  pupillaire  est  toujours  le  même  chez  le  même  individu,  l'éclairage  ambiant 
pouvant  d'ailleurs  varier  entre  certaines  limites  assez  larges. 

A  un  éclairage  moyen,  la  pupille  a  toujours  la  même  grandeur  chez  le  même 
individu.  Or,  dans  des  conditions  identiques,  rien  n'est  plus  variable  que  la  grandeur 
pupillaire  considérée  chez  divers  individus.  Ces  différences  sont  réglées  notamment 
par  l'âge. 

La  pupille  du  nouveau-né  est  très  petite,  presque  punctiforme,  même  dans  l'obscu- 
rité. Après  quelques  mois,  le  diamètre  pupillaire  auL'menlr>,  et  cela  progressivement 
avec  l'iige.  Vers  trois  à  quatre  ans,  il  atteint  un  maxinuim.  Dès  l'adolescence,  il  diminutî 
de  nouveau  progressivement  avec  l'âge.  Chez  le  vieillard,  l'ouverture  pupillaire  est 
redevenue  très  petite,  surtout  chpz  les  hypermétropes,  à  tel  point  qu'elle  juue  le  rôle 
de  trou  sténopéique  (voir  Dioptrique,  p.  108),  et  permet  quelquefois  la  lecture  sans  l'aide 
de  verres  convexes,  malgré'  l'hypermétropie. 

Chez  l'enfant,  les  inlluences  pupillo-dilatatrices  n'agissent  guère;  les  cérébrales 
n'agissent  même  pas  du  tout.  Le  rétrécissement  chez  le  vieillard  semble  tenir  en  majeure 
partie  à  la  perte  de  l'élasticité  de  l'iris,  eu  vertu  de  laquelle  les  inlluences  dilatatrices 
produisent  un  moindre  elTet. 

De  ce  qui  précède,  il  ne  faudrait  pas  cependant  inférer  que  la  pupille  a  la  même  gran- 
deur chez  tous  les  individus  du  même  âge.  Comme  nous  allons  le  voir,  cette  grandeur 
dépend  de  trop  d'éléments  variables  d'un  individu  à  l'autre',  pour  qu'il  en  soit  ainsi. 

C'est  la  zone  pupillaire  de  l'iris  qui  varie  le  plus  eu  étendue  radiaire,  lors  des  varia- 
tions pupillaires.  La  portion  ciliaire  varie  moins;  les  saillies  circulaires  de  sa  face  anté- 
rieure se  prononcent  lors  de  la  dilatation. 

On  se  fait  difficilement  une  idée  du  chevauchement  des  tissus  et  de  leur  tassement 
en  cas  de  dilatation  maximale  de  la  pupille.  Nous  y  reviendrons  plus  loin.  Ces  mouve- 
ments sont  rendus  possibles,  mécaniquement,  grâce  à  la  suspension  libre  de  l'iris  dans 
les  espaces  aquifères  intra-oculaires,  qui  jouent  ici  le  rùle  d'espaces  séreux,  à  peu  près 
comme  l'espace  pleural  vis-à-vis  du  poumon.  Les  mouvements  d'expansion  et  de  re- 
trait de  l'iris  ressemblent  du  reste  beaucoup  à  ceux  du  poumon. 

Lorsque  la  pupille  n'est  pas  fort  dilatée,  le  bord  pupillaire  de  l'iris  et  une  zone 
avoisinante  plus  ou  moins  grande  de  la  face  iridienne  postérieure  glissent  sur  le  cris- 
tallin. Ce  dernier  pousse  même  un  peu  le  bord  pupillaire  en  avant,  et  tend  la  membrane 


IRIS.  635 

à  la  manière  d'une  lenle.  Liiis  est  ainsi  soubMui,  tendu  plus  ou  moins,  el  la  pupille  un 
pou  (.lilalée.  Aigres  exiraclion  du  ciistalhn,  cette  tension  cesse,  et  l'iris  peut  trenihloter 
lors  des  mouvements  de  Td'il  ;  la  pupille  est  alors  plus  resserrée;  de  plus  ses  divers 
mouvements  sont  moinsexcursifs.  Lors([ue  la  pupille  est  fort  dilatée,  le  bord  pupillaire 
a  quitté  le  contact  avec  le  cristallin;  de  là  l'utilité  de  l'atropine  dans  les  inflammations 
de  l'iris  :  la  mydriase  empêche  la  formation  d'adhérences  entre  l'iris  et  le  ci'istallin, 
adhérences  qui  peuvent  avoir  des  conséquences  graves. 

Im  pupille  chez  loi  diverft  (inimaiix.  — Chez  les  divers  vertébrés,  sauf  de  rares  excep- 
tions, la  pu[)ille  est  rondo  à  l'état  de  dilatation  (à  l'oliscurilé),  et  dans  la  plupart  des 
espèces  elle  reste  telle  à  l'étal  de  resserrement,  à  la  lumière.  Dans  certaines  espèces, 
elle  prend  toutefois,  lors  du  resserrement,  la  forme  d'un  ovale  ou  d'une  fente.  Celte  fente 
est  horizontale  chez  les  herbivores,  la  marmotte,  la  baleine,  le  kangourou,  les  raies, 
les  requins  et  beaucoup  de  serpents.  Elle  est  verticale  chez  le  chat  et  beaucoup  de  car- 
nassiers, le  crocodile,  quelques  serpents,  le  geeko.  Chez  la  grenouille  et  la  salamandre, 
la  pupille  miotique  est  plus  ou  moins  rho)ubiquc;  celle  du  dauphin  est  cordée.  Chez 
VAnablep$,  un  poisson,  la  puitille  est  séparée  en  deux  par  un  pont  cornéen  horizontal 
et  opaque.  Chez  d'autres  poissons,  la  pupille  dépasse  temporalement  les  limites  du 
cristallin,  de  sorte  que  de  la  lumière  pénètre  dans  l'œil  sans  passer  par  le  cristallin. 
Les  mouvements  pupillaires  sont  plus  ou  moins  énergiques  selon  les  espèces  animales. 
Très  prononcés  chez  les  Singes  et  les  Carnassiers,  ils  le  sont  peu  chez  les  Herbivores, 
les  Solipèdes,  les  Rongeurs.  En  général,  ils  le  sont  d'autant  plus  que  le  muscle  sphincter 
de  la  pupille  est  plus  développé.  Chez  les  Oiseaux  et  les  Reptiles,  dont  les  fibrescontrac- 
tiles  iridiennes  (circulaires  et  radiées)  sont  striées,  les  réactions  pupillaires  sont  excur- 
sives  et  rapides.  Chez  les  Batraciens  et  les  Poissons  Téléostéens,  elles  sont  peu  pro- 
noncées, alors  qu'elles  sont  bien  énergiques  chez  les  Raies  et  les  Requins. 

A  la  clarté,  les  pupilles  des  Raies,  des  Requins  et  des  Crocodiles,  ainsi  que  celles  de 
certains  serpents  (vipère,  boa)  et  du  geeko,  sont  resserrées  en  fentes  linéaires  tellement 
étroites  qu'on  peut  se  demander  si  elles  laissent  passer  de  la  lumière  (Th.  Béer).  Ce  sont 
là  des  animaux  à  moeurs  nocturnes,  qui  reposent  le  jour  et  chassent  de  préférence  la 
nuit,  alors  que  la  pupille  est  largement  dilatée.  11  en  est  du  reste  plus  ou  moins  de 
même  des  hiboux  et  même  du  chat  (animal  nocturne  également),  ainsi  que  des  Cépha- 
lopodes (Th.  Reeu).  Chez  tous  ces  animaux,  la  pupille  se  resserre  du  reste  fortement 
(plus  que  chez  l'homme)  sous  l'influence  d'une  très  faible  lumière.  La  lumière  d'une 
allumette  suffit  pour  contracter  en  fente  minime  la  pupille  du  requin  dilatée  dans 
l'obscurité. 

4"  Le  réflexe  lumineux  ou  réflexe  rétino-pupillaire.  —  La  pupille  se  resserre 
momentanément  si  l'éclairage  de  \\v\\  vient  à  augmenter  ]>assagèrement;  elle  se  dilate 
pour  quelque  temps  si  l'éclairage  vient  à  diminuer  passagèrement;  puis  elle  revient  à 
son  diamètre  primitif. 

Si  l'augmentation  ou  la  diminution  de  l'éclairage  est  durable,  la  variation  pupillaire 
est  encore  passagère,  aussi  longtemps  que  l'éclairage  se  maintient  entre  certaines 
limites.  Ce  n'est  que  lorsque  les  variations  durables  de  l'éclairage  sont  excessives,  que 
la  pupille  reste  modifiée  d'une  manière  permanente,  et  cela  d'autant  plus  que  l'éclai- 
rage a  varié  davantage.  Dans  l'obscurité,  la  pupille  de  l'homme  éveillé  est  fort  dilatée; 
elle  reste  resserrée  datis  un  éclairage  excessif. 

Les  limites  de  cet  «  éclairage  moyen  »,  sont  respectiveinenl  100  et  i  100  bougies 
(ScHiRMER),  c'est-à-dire  assez  larges.  Une  variation  de  l'éclairage  venant  à  se  produire, 
le  mouvement  pupillaire  commence  environ  une  demi-seconde  plus  tard,  puis  il  s'exé- 
cute, mais  le  resserrement  plus  rapidement  que  la  dilatation.  La  constriction  n'exige 
que  trois  dixièmes  de  seconde,  tandis  que  la  dilatation  demande  une  demi-seconde. 
Dans  les  limites  de  l'éclairage  moyen,  ces  durées  sont  entre  elles  environ  comme  2  :  '.i, 
tout  au  plus  comme  1  :  2. 

On  procède  avec  avantage  à  ces  déterminations  en  Icrmanl  un  (cil.  taudis  ({u'on 
couvre  et  qu'on  découvre  alternativement  l'autre.  On  peut  aussi  y  procéder  par  la  voie 
entoptique. 

Tout  autres  sont  les  temps  exigés  pour  que  la  pupilli-  revienne  à  son  diamètre 
nornml,   lors   des   vaiiations  darablcA  de   1'  «  éclairage  moyen  «.    Qu'on  vienne,  par 


0315  IRIS. 

exemple,  à  augmonler  l'éclairage  (entre  100  el  1  100  bougies),  les  deux  pupilles  se  res- 
serrent, puis  mettent  cinq  minutes  environ  (Schirmkr)  pour  reprendre  leur  diamètre 
initial.  Qu'on  vienne  au  contraire  à  diminuer  l'éclairage,  les  pupilles  dilatées  mettent 
20  à  23  minutes  pour  revenir  à  leur  diamètre  initial.  Ici,  c'est  donc  le  resserrement  qui 
demande  plus  de  temps  que  la  dilatation. 

On  remarquera  de  plus  que  lorsque,  par  suite  d'une  variation  de  l'éclairage,  la 
pupille  exécute  un  mouvement  rapide,  elle  dépasse  toujours  le  but,  ou  plutôt  elle  exé- 
cute autour  de  son  nouvel  équilibre  une  série  de  petites  osc///a<to«s  (jui  vont  diminuant 
en  excursion,  et  auxquelles  on  donne  le  nom  de  hippus. 

Les  mouvements  pupillaires  qui  s'exécutent  en  dedans  des  limites  de  l'éclairage 
moyen  réalisent  une  espèce  d'adaptation  de  l'a'il  àdes  éclairages  variables;  ils  tendent 
en  effet  à  ramener  l'éclairage  du  fond  de  l'œil  vers  l'intensité  la  plus  favorable  à  la 
vision.  Cette  adaptation  pupillaire  doit  être  mise  en  rapport  avec  l'adaptation  rétinienne. 

On  sait  en  quoi  consiste  la  dernière,  l'adaptation  rétinienne  (voir  Rétine).  Si  l'on 
passe  d'un  endroit  plus  ou  moins  obscur  dans  un  autre  plus  éclairé,  au  premier  abord 
on  voit  fort  mal;  l'acuité  visuelle  remonte  ensuite.  De  même  si  l'on  passe  d'un  endroit 
clair  dans  un  obscur.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  un  mécanisme  rétinien  adapte  la  rétine 
au  nouvel  éclairage.  En  cas  d'augmentation  de  l'éclairage,  la  sensibilité  aux  différences 
d'éclairage  diminue,  tandis  qu'elle  augmente  en  cas  de  diminution  de  l'éclairage.  Cette 
adaptation  est  réellement  indépendante  du  diamètre  pupillaire. 

Mais  l'adaptation  rt'-linienne  est  f.irl  lente  à  se  produire;  elle  y  met  13  à  23  minutes, 
c'est-à-dire  précisément  le  temps  qu'il  faut  à  la  pupille  pour  revenir  à  sa  grandeur  ini- 
tiale. Avant  que  l'adaptation  rétinienne  ne  se  soit  produite,  les  mouvements  pupil- 
laires ont  rapidement,  dans  une  certaine  mesure,  remédié  passagèrement  aux  inconvé- 
nients visuels  résultant  de  la  non-adaptation  de  la  rétine  à  l'éclairage  ambiant.  Cette 
adaptation  pupillaire  se  produit  brusquement,  en  une  fraction  de  seconde,  contre  13  à 
2;»  miimtes  exigées  par  l'adaptation  rétinienne.  L'ne  fois  la  dernière  obtenue,  l'autre,  la 
provisoire  (et  moins  exacte,  la  pujiillaire),  n'a  plus  de  raison  d'être  :  la  pupille  revient 
à  son  diamètre  initial. 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  donc  ce  fait  curieux  i|ue,  selon  l'étal  momentané  de 
l'adaptation  létinieiine,  un  même  éclairage  peut  soit  dilater,  soit  resserrer  la  pupille; 
soit  un  u'il  adapté  pour  un  éclairage  de  400  bougies;  sa  pupille  se  resserre  pour 
300  bougies;  si  au  contraire,  l'œil  ic'est-à-dire  la  rétine)  est  adapté  pour  000  bougies, 
sa  pupille  se  dilate  pour  300  bougies. 

Le  re!>scrrement  pupillaire  sous  l'influence  de  la  lumière  est  un  acte  réflexe,  au  moins 
cliez  les  vertébrés  supérieurs.  Les  éléments  de  ce  réilexe  sont  assez  bien  connus.  La 
voie  nerveuse  centripète  en  est  le  nerf  optique,  le  centre  réilexe  est  le  noyau  d'origine 
du  nerf  oculo-moteur  commun,  la  voie  centrifuge  est  nerf  oculo-moleur  commun,  et  le 
muscle  en  cause  est  li-  sphincter  de  la  pupille.  Le  réflexe  continue  à  se  produire  chez 
l'animal  privé  des  hémis[théres  cérébraux. 

Le  réflexe  rétino-pupillaire  est  bilatéral.  —  Chez  l'homme,  l'éclairemeut  d'un  œil 
resserre  les  deux  pupilles.  Si  donc  on  veut  mettre  le  réflexe  en  évidence,  il  faut  com- 
mencer par  couvrir  les  deux  yeux  :  en  découvrant  ensuite  l'un,  on  voit  sa  pupille 
(dilatée  préalablement  dans  l'obscurité)  se  resserrer.  Pour  observer  le  resserrement 
réflexe,  on  peut  aussi  mettre  l'examiné  dans  une  faible  obscurité,  puis  éclairer  forte- 
ment un  œil  :  à  l'aide  d'un  ophtalmoscope,  ou  d'une  lentille  convexe,  on  concentre  brus- 
(juement  sur  un  œil  la  lumière  d'une  lampe  placée  à  côté  du  sujet  examiné.  —  Pour 
l'étude  de  certaines  de  ces  questions,  l'observation  entoi)tique  de  la  pupille  a  rendu  des 
services. 

On  distingue  donc  le  réflexe  pupillaire  direct  et  l'indirect  :  le  premier  est  produit  par 
l'éclairement  de  l'œil  dont  la  pupille  se  contracte,  le  second  par  Téclairement  de  l'autre 
œil.  La  section  d'un  nerf  optique  supprime  dans  cet  œil  le  réflexe  direct,  et  laisse  per- 
sister l'indirect.  La  section  d'un  nerf  oculo-moteur  les  supprime  tous  les  deux  dans 
l'œil  correspondant. 

La  réaction  pupillaire  indirecte  est  égale  à  la  directe.  —  D'après  Bach  toutefois,  le 
photo-réflexe  provoqué  par  l'éclairement  d'un  œil  ne  serait  éf»al  sur  les  deux  yeux  que 
si  on  l'examine  à  un  éclairage  instantané;  si  l'on  éclaire  plus  longtemps  un  seul  œil 


IRIS.  637 

ou  plus  fortemont  un  œil,  la  pupille  do  cet  œil  serait  un  peu  plus  petite  que  l'autre. 

Sauf  cette  dernièro  réserve  ily  adonc  généralenienl  «  isocorie  s  à  moins  queles  deux 
yeux  différent  sous  d'autres  rapports,  par  exemple  pai-  leur  réfraction.  Nous  savons  que 
l'œil  myope  a  généralement  la  pupille  plus  grand'*,  et  que  l'œ'il  liyperniétrope  Ta  plus 
petite  que  l'œil  emmétrope. 

A  part  ceci,  on  peut  dire  que  I'  <(  hétérocorio  »  dénote  généralement  un  trouble,  soit 
dans  les  neifs  moteurs  de  la  pupille  (ou  dans  leurs  noyaux  d'origine),  soit  dans  les 
muscles  iridiens.  Elle  ne  peut  pas  résulter  d'un  trouble  dans  la  voie  centriptMe  0[)tiqiie. 
—  Bach  toutefois,  suivant  ce  qui  est  dit  i)lus  haut,  prétend  qu'en  cas  d'atrophie  d'un 
nerf  opti(iue,  la  pupille  de  ce  cAté  serait  un  peu  plus  dilatée  que  sa  congénère.  Nous 
pouvons  confirmer  le  fait. 

Signalons  enfin  que  le  miosis  (bilatéral)  provoijué  par  l'éclairenient  d'un  œil  aug- 
mente encore  un  peu  si  on  découvre  le  second  œil. 

Les  divers  éléments  rétiniens  n'ont  pas  un  égal  pouvoir  pupillo-constricteur.  Pour 
être  bien  eflicace.  la  lumière  doit  tomber  sur  le  centre  rétinien,  sur  la  fovca  ou  au 
moins  sur  la  macula  lutca.  Sur  la  périphérie  rétinienne,  ce  pouvoir  diminue  rapidement 
et  semble  faire  totalement  défaut  à  l'extrèmo  périphérie. 

En  ce  qui  regarde  le  pouvoir  pupillo-moleur  des  diflérentes  lumières,  il  est  le  plus 
fort  pour  les  rayons  jaunes. 

La  fhoto-réactlon  piipillaire  chez  les  animaux.  — Chez  tous  les  animaux,  avons-nous 
dit,  on  constate  le  photo-réflexe  pupillaire.  Chez  tous  aussi  existe  la  pboto-réaction 
pupillaire  directe.  11  n'en  est  pas  ainsi  du  photo-réflexe  indirect  :  le  réllexe  n'est  bila- 
téral que  chez  les  animaux  à  entre-croisement  incomplet  des  libres  des  nerfs  optiques, 
tels  les  singes,  les  carnassiers.  Le  lapin  fait  toutefois  exception  à  cette  règle  :  bien  que 
l'entre-croisement  soit  partiel  chez  lui,  la  pboto-réaction  pupillaire  indirecte  fait  défaut. 
Chez  les  oiseaux,  les  reptiles,  les  poissons  et  les  batraciens,  animaux  à  entre-croisement 
complet  des  nerfs  optiques,  le  réflexe  n'est  pas  bilatéral,  il  n'est  que  direct. 

D'après  certains  auteurs,  la  photo-réaction  pupillaire  des  oiseaux  pourrait  consister 
soit  en  un  resserrement,  soit  en  une  dilatation  pupillaire.  Une  lumière  apparaissant  dans 
la  partie  nasale  du  champ  visuel  resserrerait  la  pupille  (du  môme  côté),  dans  la  partie 
temporale  :  elle  dilaterait  la  pupille. 

La  photo-réaction  pupillaire  est  ilonc  un  réllexe.  On  n'en  constate  plus  de  trace  sur 
l'œil  énucJéé.  Cela  n'est  toutefois  vrai  que  chez  les  vertébrés  supérieurs  (mammifères  et 
oiseaux).  Chez  certains  poissons,  l'anguille,  le  Lophius,  etc.,  ainsi  que  chez  les  batra- 
ciens, et,  parait-il,  chez  certains  reptiles,  la  réaction  de  la  pupille  à  la  lumière  est 
réflexe,  comme  chez  l'homme,  et  mi-paitie  un  effet  local,  produit  par  une  action  que 
la  lumière  exerce  sur  l'iris  (Browx-Skquard,  H.  Muelleu,  Steixach,  Nepveu).  —  L'œil 
excisé  de  l'anguille  étant  placé  en  pleine  lumière,  sa  pupille  se  resserre;  dans  la  partie 
qui  est  à  l'obscurité  elle  se  dilate  si  elle  a  été  prénlablement  resserrée  par  l'exposition 
à  la  lumière.  —  Des  traces  du  phénomène  se  produisent  même  sur  l'iris  excisé. 

Et  comme  la  membrane  ne  renferme  pas,  dit-on,  de  cellules  nerveuses,  on  admet 
qu'il  s'agit  là  d'une  action  exercée  par  la  lumière  sur  les  éléments  contractiles  eux- 
mêmes.  —  L'éclairage  localisé  en  un  point  de  l'iris,  à  l'aide  d'une  lentille  par  exemple, 
n'est  toutefois  actif  que  s'il  tombe  sur  le  bord  pupillaire  de  l'iris  (Stei.nach),  qui  renfernn' 
le  sphincter.  Il  survient  d'abord  une  conlraclion  locale,  à  l'endroit  éclairé,  et  qui  s'étend 
ensuite  sur  tout  le  pourtour  de  l'iiis. 

Dans  l'iris  doué  de  cette  réaction  lumineuse  locale,  les  fibres  musculaires  du 
sphincter  renferment  dans  leur  substance  contractile  des  granulations  pigmentaires 
noires.  Steixach  suppose  que  ce  serait  en  agissant  sur  ces  grains  noirs  que  la  lumière 
exciterait  la  substance  contractile. 

Il  y  a  lieu  de  rappeler  à  ce  propos  que  d'après  des  expériences  de  it'Anso.WAL,  la 
lumière  constitue  dans  certaines  circonstances  un  excitant  pour  les  muscles. 

G.  Mark.nghi  prétendit  récemment  que  chez  le  lapin  auquel  on  a  coupé  le  nerf 
opti(jue,  le  réflexe  rétino-pupillaire  (direct)  serait  conservé  dans  une  certaine  mesure. 
Il  suppose  un  rapport  nerveux  direct  entre  la  rétine  et  l'iris.  Scureibek  estime  que  les 
variations  de  la  pupille  observées  réellement  dans  les  conditions  indiquées  par  Marengui 
sont  un  réllexe  oto-iridien,  dû  à  ce  qu'on  soulève  cl  soutient  l'animal  par  les  oreilles. 


G38  IRIS. 

Pn'cisons  maintenant  im  peu  mieux  les  Irois  parties  intervenant  dans  le  réflexe 
rétino-sphinctérien,  à  savoir  le  nerf-  moteur,  la  voie  centripète  et  le  centre  réflexe. 

5"  Le  nerf  oculo  moteur  commun  est  le  nerf  sphinctéro-moteur.  —  Il  résulte 
des  recherches  de  tous  les  auteurs,  non  seuleaient  que  le  nerf  III  est  le  nerf  moteur  du 
muscle  sphincter  de  la  pupille,  mais  encore  que  c'est  le  seul  nerf  sphinctéro-moteur. 
Ces  voies  motrices  passent  toutes  par  le  ganglion  ciliaire  ou  ophlalmi(iui%  puis  gagnent 
l'intérieur  de  l'œil  par  des  nerfs  ciliaires  courts. 

A  première  vue,  rien  ne  paraît  plus  simple  que  la  recherche  du  nerf  animant  un 
muscle  :  sa  section  doit  paralyser  le  musclf>  (en  l'espèce,  dilater  la  pupille),  et  l'excita- 
tion de  son  bout  périphérique  doit  contracter  le  muscle  (c'est-à-dire  ici  resserrer  la 
pupille). 

La  démonstration  des  propositions  [uécédentes  s'o.-t  toutefois  heurtée  sur  le  terrain 
iridien  à  de  nombreuses  difficultés,  qui  n'ont  été  vaincues  que  récemment.  Voici  comment. 

Pour  un  nerf  moteur  ordinaire,  la  voie  nerveuse  motrice  périphérique  est  consti- 
tuée par  un  seul  axone,  étendu  depuis  le  noyau  d'origine  cérébro-spinal  du  nerf  jusqu'au 
muscle.  Mais  les  voies  sphinctéro-molrices,  analogues  en  cela  à  toutes  les  voies  motrices 
sympathiques,  ne  sont  pas  aussi  simples.  Les  voies  motrices  sympathiques  naissent 
toutes  dans  la  substance  grise  de  la  moelle,  mais,  dans  leur  trajet  elles  sont  interrom- 
pues par  des  cellules  nerveuses,  c'est-à-dire  que  ces  voies  motrices  sont  composées  de 
deux  (ou  de  trois)  neurones  superposés,  articulé-s  entre  eux.  Les  voies  motrices  sympa- 
thiques sont  interrompues  dans  les  ganglions  sympathiques.  De  même  toutes  les  voies 
sphinctéro-motrices  sont  interrompues  dans  le  ganglion  ciliaire.  Elles  sont  composées 
chacune  de  deux  neurones  moteurs,  l'un  plus  central,  étendu  depuis  le  noyau  (mé- 
sencéphalique)  de  l'oculo-moteur  jusque  dans  le  ganglion  ciliaire,  l'autre  périphérique, 
étendu  depuis  ce  ganglion  jusqu'au  muscle.  Les  cellules  du  pri'mier  neuione  sont  cer- 
laini's  cellules  du  noyau  d'origine  du  nerf  III,  les  cellules  du  second  neurone  sont  celles 
du  ganglion  ciliaire.  Les  deux  s'articulent  ensemble,  à  la  manière  hahituelle,  dans  le 
ganglion  ophtalmique. 

Souvenons-nous  maintenant  que  les  cellules  nerveuses  cessent  leurs  fonctions,  sous 
l'influence  d'un  arrêt  de  la  circulation  par  exemple,  bien  avant  les  flbres  nerveuse?,  et 
nous  comprendrons  les  résultats  pnpillaires  extraordinaires,  contradictoires  même, 
obtenus  par  les  auteurs  qui  ont  expérimenté  sur  le  nerf  III. 

La  section  du  nerf  III  dans  le  crâne,  outre  qu'elle  paralyse  tous  les  muscles  striés 
innervés  par  ce  muscle,  dilate  la  pupille,  souvent  après  un  resseiremenl  initial  (trau- 
matique?)  survenant  à  l'instant  de  la  section.  La  pupille  est  maintenant  immobile  ou  à 
peu  près;  le  réflexe  lumineux  est  totalement  supprimé.  Il  en  est  de  même,  chez  l'homme, 
de  la  pupillo-constriction  synergique  avec  la  convergence,  en  cas  de  paralysie  du 
nerf  III.  Enfin,  les  réflexes  pupillo-dilatateurs  (périphériques  et  cérébraux)  sont  abolis. 
—  Les  mêmes  effets  résultent  de  l'extirpation  (et  de  la  paralysie  nicotinique  du 
ganglion  ciliaire,  ainsi  que  de  la  section  des  nerfs  ciliaires  courts.  Seulement  la  dila- 
tation est  alors  plus  forte  que  dans  le  cas  de  paralysie  ou  de  section  du  tronc  du 
nerf  III.  Le  ganglion  ciliaire  exerce-t-il  donc  un  certain  tonus  automatique  sur  le 
sphincter  ? 

Les  effets  pupillaires  de  l'excitation  électrique  du  bout  périphérique  du  nerf  III  ont 
donné  lieu  à  beaucoup  de  discussions.  Herbert  Mayo  ^1823)  le  premier  a  obtenu  un 
resserrement  de  la  pupille  par  l'excitation  du  ti'onc  du  nerf.  Mais  ni  Cl.  Hernard,  ni 
Lo.NGET  n'obtinrent  des  résultats  identiques.  Aux  mains  de  Cl.  Behnard,  l'excitation  du 
tronc  ne  donna^'pas  d'elTet  pupilhiire,  tandis  que  celle  des  nerfs  ciliaires  courts  produisit 
une  constriction  pupillaire  énergique.  D'autres  auteurs  (Ballit  et  Consiglio,  Axgelucci) 
trouvèrent  l'excitation  du  nerf  inefficace,  ou  à  peu  près,  si  elle  est  portée  dans  l'espace 
interpédonculaire;  mais  ils  obtinrent  une  forte  constriction  de  la  pupille  en  excitant 
le  nerf  dans  le  sinus  caverneux.  Angelucci  soupçonna  que  dans  ce  dernier  cas,  l'excita- 
tion aurait  en  réalité  porté  sur  les  nerfs  ciliaires  courts. 

Langendorff  enfin  montra  qu'une  excitation  intracranienne  de  l'oculo-moteur 
comnmn,  sur  l'animal  bien  vivant,  fait  contracter  tous  les  muscles  innervés  par  le 
nerf,  y  compris  le  sphincter  de  la  pupille.  Mais,  très  tôt  après  la  mort,  la  même 
excitation,  tout  en  contractant  les  muscles  striés  innervés  par  le  nerf,  est  sans  efTet  sur 


IRIS.  H39 

les  muscles  intra-oiulaires,  lisses,  lo  nuiscle  ciliaire  et  le  coiistricleur  de  la  pupille. 
Dans  CCS  deriiit'ies  ciiconslaiices  (inoii  par  liérnoria;;ie,  par  cxemiiio),  l'excilalioii  des 
nerfs  courls  coiitraclo  t'iicorc  forlciiieut  la  pupillo.  —  Ces  résultais  oblonus  par  I.angkn- 
DORi'i-  serublenl  le  mieux  ix-sumer  les  choses.  Elles  sont  conformes  à  tout  ce  que  nous 
savons  de  la  moipliologie  des  voies  sphiuctéro-motrices.  Chez  l'homme  aussi,  la  para- 
lysie complète  du  nerf  III,  par  un  processus  siégeant  sur  son  trajet  extra-cérébral, 
dilate  fortement  la  pupille,  et  en  produit  l'immobilité. 

I,es  résultats  si  variables  de  l'excitation  du  nerf  III  s'expliquent  (MI  cg  que  le  f,^inglion 
oplitalmiquf,  comme  d'ailleurs  tous  les  ganglions,  cesse  ses  fonctions  très  tôt  aj)i'ès 
l'arrêt  de  la  circulalion,  longtemps  avant  les  libres  nerveuses.  Enlin,  l'empoisonnement 
du  seul  ganglion  ciliaire  par  la  nicotine  (Lanulky  et  Dickinson,  Kanglev  et  Anukusohn, 
liANOENDORi-K,  Mari.na),  OU  cucore  l'injection  de  nicotine  dans  l'orbite,  aux  environs  du 
gan;;lion  (Hirschberg,  Marina),  chez  les  mammifères  supérieurs,  a  les  mêmes  effets 
pnpillaires  que  la  section  du  nerf  oculo-motcur  commun. 

Ce  faisceau  de  faits  démontre  que  les  voies  spliinctéro-motriccs  se  com|)Oitent 
absolument  comme  n'importe  quelle  voie  motrice  du  grand  sympalhiijue. 

Toutes  les  voies  motrices  sphinctériennes  sont  donc  interrompues  dans  le  ganglion 
ophtalmique.  Au  delà  du  ganglion,  elles  suivent  la  voie  des  nerfs  ciliaires  courts,  qui  an 
nombre  de  cinq  ou  six  abordent  l'œil  par  son  pôle  postérieur,  autour  du  nerf  opti(]ue. 
D'après  Fr.  Franck,  il  se  pourrait  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  nerfs  n'en  renfermât 
pas.  Il  résulte  aussi  des  recherches  de  Cl.  Bernard,  confirmées  par  d'autres  auteurs, 
que  chaque  nerf  ciliaire  innerve  seulement  un  segment  du  sphincter,  celui  situé  de 
son  côté,  absolument  comme  les  nerfs  ciliaires  sensibles  innervent  chacun  un  segment 
correspondant  (de  la  cornée  notamment). 

Nature  du  ganglion  ophtalmique  ou  ciliuiie.  —  Nous  avons  à  rendre  compte  de 
diverses  expériences  qui  ont  abouti  à  la  conclusion  que  les  voies  sphinctéro-molrices 
présentent  toutes  une  interruption  cellulaire  dans  le  ganglion  ophtalmique.  En  second 
lieu  se  pose  la  question  de  savoir  si  toutes  les  cellules  du  ganglion  appartiennent  à  des 
neurones  sphinctéro-moteurs,  si  peut-être  quelques-unes  ne  sont  pas  intercalées  sur 
le  trajet  des  fibres  sensibles.  Cela  nous  mène  à  la  question  de  savoir  si  le  ganglion  doit 
être  envisagé  tout  ou  partie  comme  un  ganglion  sympathique,  ou  bien  comme  l'homo- 
logue d'un  ganglion  intervertébral,  p.  ex.  du  ganglion  de  Casser. 

a)  D'abord,  toutes  les  voies  sphinetéio-motrices  passent  par  le  ganglion,  car  son 
extirpation  produit  les  mêmes  phénomènes  pupillaires  que  la  section  du  nprf  lll  (ou 
de  tous  les  nerfs  ciliaires  courts). 

b)  Les  voies  sphincléro  motrices  du  tronc  nerveux  sont  toutes  interrompues  dans 
le  ganglion  :  cela  résulte  des  expériences  d'AroLANT,  confirmi'es  par  Marina  et  (.odath. 
Apolant  trouva  que  la  dégénérescence  descendante  des  fibres  du  tronc,  consécutive  à  la 
section  du  nerf  III  dans  l'espace  interpédonculaire,  se  propage  jusqu'au  ganglion,  mais 
ne  dépasse  pas  cette  limite,  ne  s'étend  pas  dans  les  nerfs  ciliaires  courls.  Les  axones 
sphinctéro-moteurs,  issus  du  noyau  de  l'oculo-moteur,  ne  dépassent  donc  pas  le  gan- 
glion. Inversement,  l'éviscération  de  l'œil  ou  la  section  des  nerfs  ciliaires  (Marina,  Bach) 
n'est  suivie  de  dégénérescence  rétrograde  que  jusqu'au  ganglion. 

Nous  avons  dit  que  l'injection  de  nicotine  dans  l'orbite,  ou  son  application  directe 
sur  le  ganglion,  produit  passagèrement  les  mêmes  effets  pupillaires  que  l'ablation  du 
ganglion  ou  la  section  du  tronc  du  nerf  III.  Or,  d'après  les  recherches  de  Langlev  et  de 
ses  élèves,  la  nicotine  n'entame  pas  le  fonctionnement  des  libres  nerveuses,  mais  elle 
abolit  celui  des  cellules  nerveuses.  Après  empoisonnement  du  ganglion  ciliaire,  l'exci- 
tation du  tronc  du  nerf  III  ne  resserre  plus  la  pupille,  tandis  que  l'excitation  des  nerfs 
ciliaires  a  encore  cet  effet. 

Ces  deux  ordres  d'expériences  prouvent  l'un  et  l'autre  que  toutes  les  voies  sphinc- 
téro-molrices sont  interrompues  dans  le  ganglion. 

c)  Certaines  cellules  du  ganglion  n'appartiennent-elles  pas  à  des  fibres  sensibles, 
qui  rejoindraient  le  ganglion  par  sa  longue  racine?  —  De  telles  fibres  pénètrent  certai- 
nement dans  le  ganglion;  mais,  au  dire  de  .Miguel  notamment,  elles  le  traverseraient 
sans  être  interrompues  par  des  cellules. 

Cependant,  Beunuedier,  après  avoir  cautérisé  chez  le  singe  les  plans  antérieurs  de  la 


640  IRIS. 

cornée,  sans  perforer  la  membrane,  trouva  un  certain  nombre  de  cellules  du  ganglion 
en  chromolyse.  Il  conclut  donc  que  certaines  cellules  au  moins  du  ganglion  ciliaire 
seraient  du  type  intervertébral.  A  cela  Bach  re'pond  que  cette  expérience  ne  prouve 
rien.  D'abord,  la  cautérisation  de  la  cornée  est  suivie  de  graves  altérations  iridiennes 
(inllammation  de  l'iris),  qui  pourraient  intéresser  les  fibres  nerveuses  motrices.  En 
second  lieu,  un  certain  nombre  de  cellules  du  ganglion  le  plus  normal  présentent 
toujours  l'apparence  chromolytique.  Après  cette  même  cautérisation  de  la  cornée  (chez 
le  lapin  et  le  chat)  Bach  n'a  pas  trouvé  de  différence  entre  le  ganglion  correspondant 
et  le  ganglion  normal. 

Soit  dit  en  passant,  la  seconde  de  ces  remai'ques  de  Bach  tend  à  enlever  aussi  toute 
force  démonstrative  à  l'expérience  d'A.NGELucci,  qui  a  trouvé  de  la  chromolyse  dans 
une  petite  partie  des  cellules  du  ganglion  ciliaire,  soit  après  section  du  trijumeau,  soit 
après  enlèvement  du  ganglion  de  Yasser,  soit  enfin  après  extirpation  du  ganglion 
sympathique  cervical  supérieur. 

Ce  qui  précède  ébranle  fortement  l'opinion  de  ceux  qui,  avec  Schwalbe,  voient  dans 
le  ganglion  ophtalmique  l'homologue  d'un  ganglion  intervertébral.  Les  ganglions 
intervertébraux  sont  en  eiïet  afTectés  à  des  nerfs  sensibles,  et  leurs  cellules  sont  uni- 
polaires ou  bipolaires.  Or  les  cellules  du  ganglion  ciliaire  ne  sont  ni  uni-  ni  bipolaires. 
Elles  sont  multipolaires  (Retzius,  d'Erchia,  Michel),  analogues  à  celles  des  ganglions  du 
grand  sympathique. 

Michel  a  au  surplus  étudié,  par  la  méthode  de  Golgi,  les  arborisations  terminales  des 
fibres  du  nerf  III  autour  des  cellules  du  ganglion. 

Le  ganglion  ophtalmique  serait  donc  sympathique,  et  exclusivement  moteur,  affecté 
aux  voies  sphinctéro-motrices.  —  Il  est  d'autant  plus  développé  dans  la  série  que  le  jeu 
pupillaire  est  plus  intense.  Chez  les  carnassiers,  surtout  le  chat,  il  est  très  développé. 
Il  est  certain  aussi  que  la  plupart  des  fibres  sensibles  de  l'œil  passent  à  cAté  du  gan- 
glion, par  les  nerfs  ciliaires  longs. 

Tel  paraît  être  le  cas  chez  l'homme,  le  singe  et  le  chat.  Cependant  la  question 
ne  semble  pas  dt'-finitivement  résolue  pour  tous  les  vertébrés,  ni  même  pour  les  mam- 
mifères inférieurs.  D'après  Holtzmann,  les  cellules  du  ganglion  ciliaire  du  lapin,  des, 
oiseaux,  de  la  grenouille  et  des  poissons  osseux  seraient  toutes  du  type  sympathique. 
Chez  le  chien,  on  trouverait  les  deux  types.  Enfin,  il  faudrait  surtout  avoir  égard  aux 
ganglions  ciliaires  accessoires  qui  (d'après  Antonklli,  h'Erchia,  Callemaerts,  Holtz- 
mann) sont,  en  nombre  variable,  intercalés  sur  le  trajet  des  nerfs  ciliaires  de  tous  les 
mammifères  (y  compris  l'homme),  en  grand  nombre  chez  le  lapin;  il  faudrait  voir  de 
quel  type  sont  leurs  cellules. 

Spécialement  en  ce  qui  regarde  l'oiseau,  l'excitation  du  nerf  111  produit  du  myosis 
encore  en  cas  d'empoisonnement  par  la  nicotine.  C'est  la  preuve  que  les  cellules  du 
ganglion  ciliaire  y  sont  toutes  du  type  intervertébral  (Angelucci). 

Signalons  aussi  ce  fait  que  l'atropine  ne  dilate  la  pupille  que  chez  les  animaux  dont 
le  ganglion  ciliaire  est  du  type  sympathique. 

lIoLTZMANN  a  démontré  que  embryogéniquement  un  ganglion  supraverlébral  pri- 
mitif se  scinde  en  deux,  le  rameau  postérieur  (ganglion  intervertébral)  et  le  rameau 
antérieur,  viscéral  (ganglion  sympathique).  Qu'en  ce  qui  regarde  le  ganglion  ciliaire, 
cette  subdivision  n'aurait  pas  lieu,  et  que  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre  partie  prédomine- 
rait. 

Point  d'origine  mésencéphaliquc  des  fibres  nerveuses  splunctéro-molrices,  pupillo-con- 
strictrices.  —  Tout  nous  porte  donc  à  admettre  que  les  voies  sphinctéro-motrices  sont 
renfermées  dans  le  nerf  III  dès  son  origine  interpédonculaire.  Dès  lors  se  pose  la  question 
de  l'origine  cellulaire  de  ces  fibres.  —  L'analomie  pure  est  impuissante  à  la  résoudre, 
par  la  raison  que  les  fibres  en  question  ne  se  distinguent  en  rien  des  autres,  dans  le 
tronc  du  nerf.  Les  méthodes  indirectes,  d'ordre  physiologique  notamment,  ont  cepen- 
dant servi  à  démontrer  que  ces  fibres  prennent  leur  origine  dans  la  partie  antérieure 
du  noyau  d'origine  du  nerf  III,  celle  qui  arrive  jusque  dans  le  plancher  du  troisième 
ventricule;  on  a  même  déterminé  avec  quelque  rigueur  la  partie  de  la  tète  do  ce 
noyau  qui  constitue  cette  origine. 

Rappelons  d'abord  que  le  noyau  du  nerf  III  est  une  colonne  cellulaire  bien  distincte, 


IRIS.  641 

étendue  longitu<linaIoment  sdus  l'aquodur.  do  Svlvius  fclioz  rhomnio  au-dovanl),  au 
niveau  des  tubercules  (iiiadrijumeaux  antérieurs,  et  un  peu  jusque  dans  le  troisit>me 
ventricule.  Les  deux  colonnes  (la  droite  et  la  gauche)  se  touchent  sur  la  ligne  médiane 
par  leurs  extrémités  distales;  leurs  extrémités  proximales  divergent  un  peu.  C'est  là  le 
double  «  noyau  principal  »  de  Voculo-moteur  commun.  Dans  ces  derniers  temps,  on  a 
décrit  dans  son  voisinage  plus  ou  moins  immédiat  des  amas  cellulaires  qu'on  a  tenté 
d'attribuer  au  système  du  nerf  III.  a)  A  l'endroit  où  les  deux  noyaux  principaux  com- 
mencent à  diverger,  Pkhlia  a  décrit  sur  la  ligne  médiane  un  noyau  médian,  à 
grandes  cellules  analogues  à  celles  des  deux  lutyaux  principaux,  et  plus  ou  moins  con- 
fondu avec  ces  deux  derniers  :  c'est  le  noyau  de  Peklia,  qui  certainement  donne  nais- 
sance à  des  fibres  radiculaires  du  nerf  111,  6)  En  avant,  dans  l'espace  compris  entre  les 
deux  noyaux  principaux  et  les  débordant  en  avant,  il  y  a  de  chaque  côté  le  noyau 
d'EDiNGKR-WESTi'HAL,  à  pctitcs  cellulcs.  Il  se  confirme  de  plus  en  plus  que  c'est  là  l'ori- 
gine des  libres  sphinctéro-motrices  (ainsi  que  des  fibres  innervant  le  muscle  ciliaire). 
D'aucuns  (Levi.nsoh.n)  subdivisent  même  en  deux  ce  noyau  d'EDiNGER-W'KSTPHAL,  et  voient 
dans  le  segment  antérieur  seul  l'origine  des  fibres  sphinctéro-motrices.  c)  Au-dessus  de 
l'exlrémité  antérieure  du  noyau  principal,  il  y  a  le  noyau  de  Dakksciiewitsch,  double 
également,  et  à  petites  cellules.  On  s'accorde  aujourd'hui  à  lui  refuser  toute  con- 
nexion avec  le  nerf  III  (V.  Bechtewew,  Kœlliker,  Bern'heimer,  Bach,  etc.). 

On  sait  aussi  depuis  longtemps  que  les  cellules  de  rextrémité  distale  du  noyau  du 
nerf  III  donnent  naissance  aux  libres  du  nerf  pathétique.  Il  était  donc  naturel  de  se 
demander  s'il  n'y  a  pas  dans  le  noyau  une  localisation  anatomique  des  divers  muscles 
innervés  par  le  nerf  III,  en  ce  sens  qu'un  segment  bien  déterminé  du  noyau  serait 
afférent  à  un  seul  muscle.  Les  observations  cliniques  semblaient  exiger  une  telle  localisa- 
tion, car  souvent  des  paralysies  de  muscles  oculaires  isolés  (innervés  par  le  nerf  III) 
semblaient  dues  à  des  processus  «  nucléaires  ».  Spécialement  les  paralysies  isolées  des. 
nmscles  ocnlaires  intrinsèques,  ainsi  que  les  paralysies  isolées  des  muscles  extrin- 
sèques de  l'œil  s'observent  assez  souvent,  et  passent  pour  être  nucléaires.  On  ne  se 
figure  en  effet  guère  qu'un  processus  pathologique  intéressant  le  tronc  du  nerf  puisse 
paralyser  uniquement,  soit  les  muscles  intrinsèques,  soit  les  muscles  extrinsèques. 
Ajoutons  que,  dans  les  cas  en  question,  on  pouvait  exclure  un  siège  périphérique, 
intra-orbitaire,  du  processus  pathologique. 

Les  recherches  physiologiques  de  Hensen  et  Vœlkers  ont  été  le  point  de  départ  de 
tout  un  mouvement  et  ont  posé  la  question  des  localisations  musculaires  dans  le  noyau 
du  nerf  III.  Après  avoir  enlevé  les  tubercules  quadrijumeaux  (chez  le  chien),  ils 
excitent  la  région  du  noyau  du  nerf  III,  et  obtiennent  des  contractions  dans  les  divers 
muscles  oculaires.  Les  effets  pupillaires  (et  les  contractions  du  m.  ciliaire)  s'obtiennent 
surtout  en  excitant  la  tête  du  noyau,  dans  le  plancher  du  troisième  ventricule.  De  plus, 
on  sait  que  les  fibres  du  nerf  III  se  détachent  du  noyau  sur  une  étendue  assez  longue, 
puis  convergent  en  éventail,  ces  diverses  fibres  n'étant  pas  encore  réunies  en  tronc 
au  sortir  de  la  substance  cérébrale,  dans  l'espace  inlerpédonculaire.  Or,  les  deux 
auteurs  trouvèrent  que  les  filets  antérieurs  étaient  plus  spécialement  affectés  aux 
muscles  intrinsèques  de  l'œil.  Ainsi  s'expliquait  donc  plus  ou  moins  ([ue  la  paralysie 
des  seuls  muscles  intrinsèques  de  l'a^l  pourrait  être  nucléaire. 

Les  conclusions  de  Hensen  et  Vœlkers  furent  confirmées  parla  plupart  des  auteurs 
(AÎJGELuccr,  Rer.nheimer,  LEViNsoHN,etc.)  qui  les  suivirent  dans  cette  voie  expérimentale. 
Berniieimer  réussit  à  faire  la  contre-épreuve  de  ces  expériences  en  détruisant  (chez  le 
singe)  le  seul  noyau  d'EDiNUER-WESTPiuL;  le  résultat  fut  la  dilatation  et  l'immobilité 
delà  pupille  homonyme. 

Berniieimer  essaya  de  déterminer  encore  par  une  autre  voie  l'origine  cellulaire  plus 
exacte  des  fibres  sphinctéro-motrices,  mais  ici  ses  résultats  furent  moins  concluants. 
I!  excisa  (chez  le  singe)  tous  les  muscles  extrinsèques  de  l'œil,  puis  constata  au  Nissl 
une  dégénérescence  cellulaire  dans  les  deux  noyaux  principaux,  et  non  pas  dans  le 
noyau  d'EûixcER-WESTPHAL,  ni  dans  le  noyau  de  Perlia.  D'autre  part,  après  exentéra- 
lion  de  l'œil,  seuls  étaient  dégénérés  ces  deux  derniers  noyaux.  Berniieimer  est  donc 
d'avis  que  les  fibres  motrices  intra-oculaires  proviendraient  et  du  noyau  antérieur,  à 
petites  cellules  —  les  fibres  sphincfériennes  —  et  du  noyau  de   Perlia  —  les  fibres  du 

il* 

DICT.    DE    PHYSIOI.OOIK.    —   T.    IX.  *' 


642  IRIS. 

muscle  ciliaire.  —  Selon  toutes  les  apparences,  Bernheimer  se  trompe  en  ce  qui  regarde  le 
noyau  de  Perlia.  Quant  aux  dégénérescences  consécutives  à  l'exentéralion  de  l'cil,  il  y 
a  lieu  de  relever  que  la  dégénérescence  ascendante  des  fibres  motrices  intra-oculaires 
devrait  être  arrêtée  par  le  ganglion  ciliaire.  En  fait,  Marixa,  Bach,  van  Biervliet,  etc., 
n'ont  pas  rencontré  de  chromolyse  dans  le  noyau  du  nerf  III  (des  mammifères)  à  la 
suite  de  l'exentéralion  du  contenu  de  l'œil. 

Rappelons  ici  que  dans  un  cas  d'ophtalnioplégie  externe,  c'est-à-dire  de  paralysie  de 
tous  les  muscles  extrinsèques  de  l'œil,  à  l'exclusion  des  muscles  intra-oculaires,  West- 
phal  trouva  intact  le  seul  noyau  à  petites  cellules  qui  porte  aujourd'hui  son  nom;  il 
l'attribua  donc  aux  muscles  intérieurs  de  l'œil.  Des  observations  analogues  furent 
publiées  par  d'autres  auteurs.  —  On  fit  observer  à  ce  propos  que  la  tète  du  noyau  d'ori- 
gine du  nerf  III  est  nourrie  par  une  autre  artère  cérébrale  que  le  corps  du  noyau,  ce 
qui  expliquerait  la  possibilité  d'une  lésion  dégénérative  d'un  seul  des  deux  territoires. 

Ajoutons  encore  que,  dans  le  tronc  du  nerf  III,  les  fibres  sphinctéro-motrices-soiit 
toutes  directes,  sortent  du  noyau  du  même  côté  —  contrairement  à  ce  qui  existe  pour 
les  racines  plus  distales  du  nerf  III,  qui  renferment  chacune  des  fibres  directes  et  des 
fibres  croisées  venues  du  noyau  du  côté  opposé.  L'anatomie  pure  fait  déjà  voir  que,  de 
fibres  issues  de  la  tête  du  noyau,  aucune  n'est  croisée. 

Chez  l'oiseau,  dont  les  fibres  musculaires  iridiennes  sont  striées,  Bach  a  constaté, 
après  exentération  du  contenu  de  l'œil,  de  la  chromolyse  dans  le  noyau  principal,  et 
nullement  dans  ce  qu'il  considère  comme  l'analogue  du  noyau  d'EDi.xGER-WESTPHAL  des 
mammifères  supérieurs  :  ce  noyau  n'y  serait  donc  pas  afférent  aux  muscles  intra-ocu- 
laires. Chez  les  oiseaux  (voir  plus  haut],  les  voies  nerveuses  pupillo-constrictrices  ne 
paraissent  pas  interrompues  par  le  ganglion  ciliaire;  l'exentération  du  contenu  de  l'a'il 
pourrait  donc  retentir  sur  les  origines  mésocéphaliques  de  ces  fibres.  Mais  d'autre  part 
dpjà  chez  les  mammifères,  on  constate  d'une  espèce  à  l'autre  de  très  grandes  diffé- 
rences dans  la  constitution  du  noyau  d'origine  du  nerf  III.  De  sorte  que  c'est  un  pro- 
cédé fort  douteux  que  d'identifier  les  détails  analomiques  de  ce  noyau  chez  l'oiseau  avec 
ceux  de  l'homme,  alors  que  cette  identification  est  déjà  très  douteuse  entre  mam- 
mifères. 

6°  "Voies  optiques  réflexes.  —  Le  nerf  optique  est  la  voie  centripète  du  photo- 
réflexe sur  la  pupille.  Chez  l'homme,  l'atrophie  des  deux  nerfs  optiques  dilate  la 
pupille  et  supprime  ce  réflexe.  Chez  les  animaux,  la  section  des  deux  nerfs  optiques 
dilate  les  deux  pupilles  et  les  immobilise.  Le  degré  de  la  dilatation  dans  ces  circon- 
stances est  à  peu  près  celui  dû  à  la  paralysie  complète  de  l'oculo-moteur  commun. 

L'effet  pupillaire  de  la  section  (ou  de  [la  paralysie)  d'un  seul  nerf  optique  diffère 
selon  l'espèce  animale.  Chez  les  poissons,  les  batraciens,  les  reptiles,  les  oiseaux  et  les 
mammifères  inférieurs,  y  compris  le  lapin,  la  section  d'un  seul  nerf  optique  dilate  et 
immobilise  (quant  au  photo-réflexe)  la  pupille  du  même  côté,  et  laisse  intacte  la  gran- 
deur de  la  pupille  et  la  réaction  sur  l'œil  opposé  (par  éclairement  de  cet  œil).  Chez  les 
mammifères  supérieurs,  —  le  chien,  le  chat,  le  singe,  —  y  compris  l'homme,  la  paralysie 
ou  la  section  d'un  seul  nerf  optique  ne  dilate  aucune  pupille  et  laisse  le  photo-réflexe 
pupillaire  intact,  quel  que  soit  l'œil  qu'on  éclaire. 

On  rencontre  quelques  voix  discordantes  avec  ce  qui  précède  quant  à  la  grandeur 
de  la  pupille  après  section  d'un  nerf  optique  chez  les  mammifères  supérieurs.  Chez  le 
chien  et  le  chat,  la  pupille  du  côté  du  nerf  optique  coupé  se  dilaterait  légèrement.  Cela 
semblerait  indiquer  que  le  photo-réflexe  direct  serait  plus  fort  que  le  photo-réflexe 
cioisé.  Mais  on  a  fait  observer  que,  lois  de  la  section  du  nerf  optique  dans  l'orbite,  on 
intéresse  fatalement  les  nerfs  ciliaires  courts,  moteurs  du  m.  sphincter,  et  par  là  on 
diminue  le  tonus  exercé  toujours  sur  le  sphincter  par  le  centre  sphinctéro-moteur 
mésocéphali({ue.  Cependant,  certains  auteurs  prétendent  que  fréquemment,  en  cas 
d'atrophie  complète  d'un  seul  nerf  optique  chez  l'homme,  la  pupille  homonyme  se  dila- 
terait légèrement  (Bach).  Il  faudrait  en  conclure  que,  tout  en  étant  bilatéral,  le  photo- 
réflexe pupillaire  direct  serait  un  peu  plus  fort  que  le  photo-réflexe  croisé. 

Des  expériences  à  signaler  ici  sont  celles  qu'a  exécutées  Bernheimer  sur  des  singes. 
Après  section  du  chiasma  optique  sur  la  ligne  médiane,  tout  comme  après  section  (chez 
le  singe)  d'une  bandelette  optique,  B.  vit  persister,  normaux,  les  photo-réflexes  pupil- 


IRIS.  tl  13 

lairos.  La  conclusion  s'impose  :  il  y  a  déoussation  des  voies  réilcxes  dans  le  ciiiasnia, 
mais  celle  décussalion  est  parliclle,  tout  comme  celle  des  voies  opli(|UPS  visurllrs.  La 
voie  rt^ilexe  croisée,  aussi  bien  que  la  directe,  influence  les  deux  nerfs  spliincltMo-mo- 
teuis  VA,  à  moins  de  faire  riiypolli^se  absolument  gralnile,  et  d'ailleurs  invraisenihlalde, 
d'un  se  ond  entre-croisement  parliel  de  ces  voies,  (jui  s'opérerait  plus  liaul,  dans  la  suh- 
slance  du  mésocépliale,  il  faut  admeltre,  ou  bien  que  les  deux  centres  pnpillo-C(Mistrii:- 
teins  i^le  droit  et  le  {^aiu'lie)  sont  reliés  fonctionnelleuKMil,  ou  bien  (|ue  eiuKiue  moitié 
du  cenUv  est  reliée  aux  deux  nerfs  s|)liincléro-moleurs  radiculaires.  On  sait  (|iie  la 
piupai  t  des  (ilets  du  nerf  oculo-uioleur  renferment  des  libres  provenant  des  deux 
no.vaux.  Mais  il  ne  semble  pas  en  être  ainsi  des  libres  pupillo-molrices  qui,  toutes, 
paiaissent  être  directes.  D'aftrès  les  anatomistes,  les  filets  nerveux  issu>  de  la  t^'-'e  du 
noyau  ne  renferment  pas  de  fibres  croisées. 

(In  pniirrait,  à  la  vérité,  sonyer  h  une  Iroisiènie  possibilité,  à  la  liifiircation  (n-elle) 
des  fibres  optiques  dans  le  cliiasnui  notamment.  Si  l'une  des  deux  bifurcation<  d'une 
fibre  ri'llexe  se  rendait  ilans  la  bandelette  droite,  et  l'autre  dans  la  bandelciie  liaiiclie, 
cela  "xpliquerait  que  le  réflexe  est  bilatéral.  Mais  cette  liypotbèsc  ne  saurait  rtn-  invo- 
quée, attendu  que,  chez  les  mammifères  supérieurs,  y  compris  l'homnie,  i'interniplion 
d'une  bandelette  optique  n'abolit  ni  le  réflexe  direct,  ni  l'indirect. 

Des  observations  et  des  expériences  qui  précèdent,  il  résulte  «loiic  que  clnz  le 
chien,  le  cliat,  le  singe  et  l'homme,  les  voies  optiques  réflexes  subissent  dans  le  clii.isma 
une  décussation  partielle,  tout  comme  les  voies  optiques  visuelles.  Chez  le  laiiiii,  au 
cor.traire,  les  mammifères  inlérieurs,  les  oiseaux,  les  re]ililes,  les  baiia<-iens  el  les 
poissons,  ces  voies  passent  toutes  dans  le  chiasma  sur  la  lif^ne  médiane,  inur  dé(-nssa- 
tion  y  est  complète.  On  sait  du  reste  à  n'en  pas  douter,  rien  que  par  l'anatomie,  que, 
chez  les  oiseaux,  les  reptiles,  les  poissons  et  les  batraciens,  le  nerf  optique  pas^^e  dans 
le  chiasma  tout  à  fait  à  la  ligne  médiane.  Il  est  connu  aussi  que  chez  les  mammifères 
inf(Mieures,  sauf  le  lapin,  la  décussation  des  nerfs  optiques  est  complète  dans  le 
chiasma.  Chez  le  lapin  donc,  il  y  a  dans  le  chiasma  décussation  partielle  des  fibres 
visuelles  —  avec  énorme  prédominance  du  faisceau  croisé  —  et  décussalion  complète 
des  voies  optiques  réflexes. 

Indiquons  ici  que,  suivant  une  opinion  autrefois  très  répandue,  les  voies  optiques 
visuelles  seraient  en  même  temps  réflexes,  qu'elles  passeraient  tout  ou  jiarlie  par  les 
tubercules  quadrijumeaux,  où  elles  provoqueraient  le  réflexe  lumineux,  puis  elies  se 
rendrai'Mit  dans  l'écorce  cérébrale  par  les  bras  conjonctivaux  (antérieurs).  Aujoui  d  hui, 
on  pourrait  invoquer  les  collatérales  nombreuses  qu'émettent  dans  les  tubercubs  jua- 
dri  junieaux  antérieurs  les  fibres  qui  pénètrent  jusqu'ici.  Ces  voies  seraient  donc  r<'llexes 
et  visuelles  à  la  fois.  Cela  cadrerait  nTème  avec  ce  que  nous  savons  des  voies  dites 
sensibles  dans  la  moelle  épinière. 

Cependant,  on  tend  aujourd'hui  à  admettre  que,  chez  l'homme,  les  voies  optiques 
qui  gagnent  la  région  des  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs  sont  purement  réllexes 
de[)uis  leur  origine  rétinienne,  et  nullement  visuelles.  Suivant  A.  Key  et  Retzius.  puis 
GuDUEN,  le  nerf  optique  renfeim'U'ait  deux  espèces  de  libres  :  les  unes  grosses,  les 
autr-s  lin'-s;  et,  d'après  Cudden,  les  grosses  serviraient  aux  rétlexes.  Son  opinion 
manque  tout<'fois  de  base  solide.  Schirmer  va  plus  loin.  Il  prétend  —  sans  r.iison 
sufiNante  —  que  les  fibres  opticfues  rétlexes  naîtraient  dans  la  rétine,  non  pas  des 
cônes  i*t  des  bAtonuets,  mais  des  cellules  dites  anacrines  des  couches  rétiniennes. 

Lh  nature  partiellement  ascendante  des  fibres  du  bras  conjonclival  antérieur  devient 
du  r  ste  de  plus  en  plus  douteuse.  Suivant  Pavlow  et  van  CiEHUcnrh'N,  ces  fibres,  en 
tant  qu'elles  sont  en  rapport  avec  l'écorce  cérébrale,  conduiraient  toutes,  au  moins 
chez  le  lapin,  de  l'écorce  vers  les  tubercules.  Les  voies  opli(iues  qui  se  rendent  dans 
les  tuberiiiles  ne  pourraient  donc  pas  être  visuelles. 

lle-ste  encore  la  vieille  assertion  d'après  laquelle  l'enlèvement  ou  la  dp.>-tniction  des 
tuberculi's  quadrijumeaux  antérieurs  chez  le  lapin,  ou  des  lobes  optiques  chez  les 
oiseaux,  rendrait  aveugle  l'œil  du  côté  opposé.  A  cela,  nous  répondrons  que,  certai- 
nement chez  l'oiseau,  et  peut-être  aussi  chez  le  lapin,  la  région  des  tubeirules  quadrir. 
jumeaux  est  le  centre  de  photo-réflexes  nombreux  sur  le  corps,  sur  les  muscles  de  la 
vie  de  relation,  mais  que  dans  ce  genre  de  question,  il  n'est  pas  permis  do  ■•onchue  do 


644  IRIS. 

l'oiseau  ou  du  lapin  à  l'iioninie,  ni  à  d'autres  mammifères  supérieurs  (voir  aussi  un 
peu  plus  loin). 

Différents  autpurs  ont  réellement  poursuivi  des  fibres  du  nerf  optique  qui  se 
détachent  des  autres  radiations  optiques  au  niveau  du  corps  genouillé  externe,  puis  se 
rendent  soit  dans  la  substance  grise  des  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs,  soit  aux 
environs  du  noyau  du  nerf  III,  soit  même  plus  bas.  Ces  fibres  toutefois  ne  servent 
probablement  pas  aux  réflexes  pupillaires  lumineux.  Topol.vnski  en  efïet  obtint  des 
mouvements  combinés  des  deux  yeux  et  des  pupilles  en  excitant  électriquement  le  nerf 
optique  depuis  l'œil.  H  obtint  le  même  effet  en  excitant  la  bandelette  optique,  ou  bien 
la  profondeur  du  bras  conjonctival  antérieur,  jusqu'à  sa  rencontre  avec  le  congénère 
sur  la  ligne  médiane. 

C'est  à  Bernheimer,  encore  une  fois,  que  revient  le  mérite  d'avoir  poursuivi,  par 
des  recherches  variées,  ces  voies  optiques  réilexes  ;i  partir  de  la  bandelette  jusque  dans 
le  mésocéphale.  Il  le  fit  en  premier  lieu  moyennant  des  études  embryologiques  chez 
l'homme.  A  un  cerlain  stade  du  développement  (à  la  naissance),  les  voies  optiques 
réflexes  sont  seules  myélinisées;  on  peut  donc  les  poursuivre  dans  le  mésocéphale, 
grâce  à  leur  myéline.  En  second  lieu,  iJ.  énucléa  un  œil  chez  le  singe,  puis  il  poursuivit 
au  Marchi  les  fibres  réilexes.  Il  put  se  convaincre  ainsi  que  les  voies  optiques  réflexes 
sont  différentes  des  voies  optiques  visuelles.  Que  les  premières  se  détachent  des  secondes 
un  peu  avant  le  corps  genouillé  externe,  passent  à  côté  et  un  peu  sous  le  corps 
genouillé  interne,  se  dirigent  ensuite  en  dedans,  puis  en  bas  et,  par  un  trajet  assez 
compliqué,  arrivent  jusque  contre  le  noyau  de  l'oculo-moteur  commun.  Il  constata  dans 
ce  genre  de  recherches  aussi  i|ue  chez  les  mammifères  supérieurs,  chaque  nerf  optique 
envoie  des  fibres  réilexes  oux  deux  moitiés  du  mésencépliale. 

7"  Centre  réflexe  sphinctéro-moteur  ou  rétino-pupillaire.  —  Oii  donc  s'opère 
la  transmission  de  l'influx  nerveux  centripète  (dans  le  nerf  optique)  aux  voies  cenlri- 
fuges  sphinctéro-motrices  ?  Il  est  certain  que  la  région  dos  tubercules  quadrijumeaux 
joue  le  rôle  de  centre  pour  le  réflexe  lumineux.  Au  dire  d'une  foule  d'auteurs,  l'extir- 
pation des  hémisphères  cérébraux,  ou  encore  la  section  de  la  moelle  allongée  en  arrière 
des  tubercules  quadrijumeaux,  même  si  elle  passe  par  les  tubercules  postérieurs  d'après 
Bechterew,  laisse  persister  le  réflexe  rétino-pupillaire. 

Il  faudrait  donc  admettre  que  la  partie  ainsi  délimitée  du  mésencéphale,  c'est-à-dire 
le  niveau  des  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs,  renferme  un  centre  pour  le  réflexe 
rétino-pupillaire,  ou,  comme  on  dit  généralement,  pour  le  réflexe  pupillo-constricteur, 
Lien  que  ce  dernier  terme  le  cède  en  précision  au  premier. 

De  nombreux  travaux  d'ordres  divers  se  sont  attaqués  à  la  question.  —  Signalons 
d'abord  que,  touchant  l'emplacement  de  ce  centre  réflexe,  Bach  a  récemment  fait 
entendre  une  voix  discordante.  Il  a  eu  premier  lieu  prétendu  qu'un  centre  pour  la 
pupillo-constriction  se  trouverait  dans  l'extrémité  supérieure  de  la  moelle  cervicale, 
ensuite  que  dans  la  partie  distale  du  calamus  scriptorius  se  trouverait  un  centre 
arrestateur  de  la  pupillo-constriction.  Les  développements  et  les  expériences  de  Bach  se 
heurtent  à  de  nombreuses  objections  et  ne  peuvent  prévaloir  contre  les  faits  démon- 
trant que  le  véritable  centre  pour  le  réflexe  sphinctéro-moteur  se  trouve  au  niveau  des 
tubercules  quadrijumeaux  antérieurs.  Or,  au  niveau  de  ces  tubercules  nous  avons  le 
noyau  de  l'oculo-moteur  commun,  dont  la  partie  antérieure  émet  les  fibres  sphinctéro- 
motrices,  la  voie  motrice  du  réflexe  rétino-pupillaire.  D'autre  part,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  les  voies  optiques  réilexes,  centripètes,  ont  été  poursuivies  jusque  dans  le 
voisinage  immédiat,  sinon  dans  le  noyau  en  question.  Ce  noyau,  ou  plutôt  sa  partie 
qui  émet  les  fibres  pupillo-constrictrices,  se  signale  donc  à  l'attention  comme  centre 
du  réflexe  rétino-pupillaire. 

En  opposition  avec  cette  conception  se  trouve  une  opinion  autrefois  très  répandue 
basée  sur  les  expériences  de  Flourexs,  Budge,  etc.,  et  d'après  laquelle  les  tubercules 
quadrijumeaux  eux-mêmes  renfermeraient  un  centre  réflexe  pupillo-constricteur,  soit 
que  ce  soit  là  le  seul  centre  de  ce  genre,  soit  qu'il  soit  d'un  ordre  supérieur,  ayant  sous 
sa  dépendance  le  centre  constitué  parle  noyau  du  nerf  III. 

D'après  cette  conception,  les  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs  renfermeraient 
aussi  un  centre  pupillo-dilatateur. 


IRIS.  <i45 

Cette  opinion  fut  baséo  piimilivemeiit  sur  dos  exi>ériences  (Flouue.ns,  elc.j  d'extir- 
pation des  tubercules,  à  la  .suite  desquelles  on  avait  observé  la  dilatation  et  l'iminu- 
bilité  des  pupilles.  Klle  tut  ensuite  corroborée  par  des  exiiérieiices  pratiquées  cbez  des 
niaminifères,  et  consislaiit  en  des  excitations  électriques  des  tubercules. 

Knoll  est  un  des  premiers  qui  ait  observé  des  mouvements  pupillaires,  toujours 
bilatéraux,  par  l'excitation  électrique  des  tubercules  quadrijumeaux. 

Mais  déjà  cet  auteur  vil  le  réllexe  lumineux  persister  après  destruction  de  la  seule 
substance  grise  des  tubercules. 

Viennent  ensuite  les  rechercbes  d'AoAMLK,  aux  mains  duquel  l'excitation  de  la 
partie  postérieure  des  tubercules  antérieurs  donna  une  constriction,  et  l'excitation  de 
la  partie  antérieure  des  mêmes  éminences  une  dilatation,  toujouis  des  deux  pupilles. 

ScHU'F  obtint  une  dilatation  (des  deux  pupilles)  en  excitant  la  partie  postérieure  des 
tubercules  antérieurs,  ou  encore  les  tubercules  postérieurs.  Ferrier  et  Hhal'nstein 
signalent  une  mydiiase  bilatérale  à  la  suite  de  l'excitation  des  tubercules  postérieurs 
aussi  bien  que  des  antérieurs.  An'gelucci  prétend  n'avoir  obtenu  d'effet  pupillaire 
qu'en  agissant  sur  les  tubercules  antérieurs  :  leur  partie  postérieure  dilaterait,  et  leur 
partie  antérieure  resserrerait  la  pupille. 

La  plupart  de  ces  auteurs  virent  du  reste  survenir  en  même  temps  des  mouvements 
combinés  des  deux  yeux,  surtout  lorsque  l'excitation  portait  sur  des  parties  plus  dis- 
taies  de  cette  région. 

Les  mêmes  effets  bilatéraux  ont  été  obtenus  par  certains  auteurs  (Hensen  et  Voel- 
KERs,  Angelucci,  ctc.)  lorsquc  après  extirpation  des  tubercules  ils  excitaient  électrique- 
ment les  parties  sous-jacentes,  qui  comprennent  notamment  le  noyau  d'origine  du 
nerf  III.  El  alors  les  effets  pupillaires,  consistant  toujours  en  une  constriction,  étaient 
surtout  prononcés  lorsque  l'excitation  portait  sur  la  tête  du  noyau  de  l'oculo-mo- 
teur.  Ber.nheimer  porta  encore  plus  directement  l'excitation  sur  le  noyau  du  nerf  IIL 
Après  enlèvement  des  tubercules,  il  sectionna  le  mésocéphale  suivant  le  plan  médian, 
puis  il  porta  les  électrodes  aux  différents  endroits  de  la  surface  de  section.  Le  résultat 
de  l'excitation  fut  une  pupillo-constrîclion  du  seul  côté  homonyme  au  noyau  excité, 
mais  seulement  lorsque  l'excitation  portait  sur  la  tête  du  noyau. 

Surtout  dès  les  expériences  de  Hense.v  et  Voelkers,  pratiquées  sur  des  chats  et  des 
chiens,  surgit  le  soupçon  et  même  la  conviction  que  les  effets  pupillo-constricleurs  de 
l'excitation  électrique  des  tubercules  quadrijumeaux  seraientdus  en  réalité  àce  que  l'exci- 
tation aurait  porté  soit  sur  le  noyau,  soit  même  sur  les  fibres  radiculaires  du  nerf  IIL 
Cela  devient  à  peu  près  évident  si  on  se  souvient  d'autre  part  que  d'après  Knoll, 
Re.nzi,  Topolanski,  Gudden,  Rer.nhei.mer,  Levlxsohn,  etc.,  la  destruction  expérimentale 
des  tubercules  antérieurs  ne  supprime  pas  le  réflexe  rétino-pupillaire  —  contrairement 
à  ce  qu'avaient  trouvé  Flourens  et  Budge  —,  et  que  ce  même  réflexe  n'était  pas  sup- 
primé chez  l'homme  dans  un  cas  de  cécité  avec  destruction  des  tubercules  antérieurs 
(Bechterew).  Si  à  ce  faisceau  de  faits  on  ajoute  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  de 
l'origine  des  fibres  sphinctéro-molrices,  et  surtout  de  l'effet  pupillo-paralytique  de  la 
destruction  du  noyau  d'EoiNGER-WRSTPHAL,  on  ne  peut  guère  se  soustraire  à  la  convic- 
tion que  le  centre  mésocéphalique  pupillo-constricteur  nous  est  donné  dans  le  noyau 
d'origine  du  nerf  III,  plus  exactement  dans  le  segment  antérieur,  à  petites  cellules,  dit 
aussi  noyau  d'Eoi.NGER-WEsri'HAL.  Il  semblerait  même  (d'après  Levi.nsohni  que  ce 
serait  la  partie  antérieure  de  ce  noyau  à  petites  cellules,  plus  ou  moins  séparée  (analo- 
miquement)  de  la  partie  postérieure,  qui  jouerait  ce  rôle  physiologique,  en  même 
temps  que  le  rôle  anatomique  de  noyau  d'origine  des  fibres  sphinctéro-motrices. 

Pour  ce  qui  est  des  dilatations  pupillaires  bilatérales  qu'a  provoquées  l'excitation 
électrique  de  la  partie  postérieure  des  tubercules  antérieurs,  et  qui  prouveraient  l'exis- 
tence en  ces  lieux  d'un  centre  pupillo-dilatateur,  il  semble  qu'il  s'agisse  là  aussi  d'une 
diffusion  du  courant  électrique  dans  la  profondeur.  Les  auteurs  en  question  n'ont  pas 
même  pris  la  précaution  de  couper  le  grand  sym[ialiuque  dans  leurs  expériences. 

A  la  vérité,  plusieurs  anatomislcs  (.Mey.nkrt,  Koelliker,  Van  Gkhuchten,  Mahaim,  etc.) 
décrivent  des  fibres  du  nerf  optique  pénétrant  jusque  dans  les  tubercules  quadri- 
jumeaux antérieurs.  V\n  Gehuchten  relève,  d'autre  part,  que  les  axones  des  cellules  des 
tubercules  descendent  (après  entre-croisement)  dans  le  faisceau  longitudinal  postérieur. 


<U»>  IRIS. 

Maïs  ces  fibres  servent  pro])ablement  à  d'autres  buts  qu'aux  réflexes  pupillaires. 
Bailleurs,  une  l'ouïe  d'auteui  s,  et  en  dernier  lieu  Ber.nueimer,  comme  nous  venons  de  le 
voir,  ont  poursuivi,  cbez  les  mammifères  supérieurs,  jusque  contre  la  tête  du  noyau 
du  nerf  III,  des  fibres  du  nerf  optique  différentes  des  voies  visuelles,  corticales,  et 
qui  ne  passent  pas  par  les  tubercules  quadrijumeaux. 

On  ne  saurait  du  reste  être  trop  prudent  dans  l'extensinn  aux  vertébrés  supérieurs 
et  à  l'homme  des  faits  de  ce  genre  établis  chez  les  animaux  inférieurs.  Il  se  peut  très 
bien  que,  conformément  à  ce  qu'a  dit  Flourens,  l'extirpation  des  tubercules  quadriju- 
meaux cbez  les  oiseaux  dilate  et  immobilise  les  pupilles.  Nous  avons  déjà  dit  que  chez 
ces  animaux,  les  tubercules  quadrijumeaux  (ou  leur  niveau)  sont  le  siège  d'un  centre 
pour  des  pbolo-rétlexes  nombreux  sur  les  muscles  de  la  vie  de  relation,  et  qu'un 
oiseau  auquel  on  a  enlevé  les  hémisphères  célébraux  se  gère  visuellement  à  peu  près 
comme  un  animal  normal,  aussi  longtemps  qu'on  laisse  intacte  la  région  des  tuber- 
cules quadrijumeaux.  11  faut  se  souvenir  aussi  que,  chez  l'oiseau  et  le  lapin,  l'expéri- 
mentation pliysiologique  n'a  pas  encore  mis  en  évidence  un  centre  corlico-visuel 
comparable  à  celui  des  mammifères,  et  qu'un  tel  centre  n'existe  certainement  pas 
chez  les  vertébrés  inférieurs,  dont  certains  (les  poissons,  par  ex.)  sont  dépourvus 
d"écorce  cérébrale.  Surtout  lorsqu'on  parle  de  sensations  visuelles,  il  n'est  pas  permis 
de  conclure  du  lapin  ou  de  l'oiseau  à  l'homme.  Quoi  d'étonnant  dès  lors  que,  sous 
le  rapport  du  réflexe  pu  pillai  re  aussi,  |il  y  ait  des  différences  sensibles  dans  la  série 
des  vertébrés? 

C'est  le  moment  de  dire  un  mot  do  la  rcaction  pupiUalre  hémianopique  des  cliniciens. 
Nous  avons  vu  que  l'extirpation  des  In'-misphères  cérébraux  ne  supprime  pas  le  réflexe 
rétino-pupillaire  ;  a  fortiori  en  est-il  de  même  pour  les  lésions  de  certaines  parties  du 
cerveau,  par  exemple,  du  centre  psycho-visuel.  Par  contre,  une  lésion  des  conducteurs 
optiques,  soit  dans  le  nerf,  soit  dans  la  bandelette,  peut  troubler  ce  réflexe  ;  elle  le  tiouble 
réellement  le  plus  souvent.  Une  cécité  partielle  ou  totale  de  siège  hémisphérique  laissera 
le  réflexe  lumineux  intact,  à  l'opposé  des  cécités  partielles  et  totales  dues  à  une  lésion 
basale,  du  nerf,  du  chiasma  ou  de  la  bandelette  optique.  La  cécité  corticale  (par  exemple 
dans  l'urémie)  laisse  donc  le  réflexe  pupillaire  intact.  La  destruction  d'une  bandelette  ou 
d'un  seul  centre  corfico-visuel  produit  de  Ihémianopie  (les  deux  moitiés  homonymes 
des  deux  champ?  étant  aveugles).  Une  lumière  placée  dans  la  partie  aveugle  du  champ 
visuelle  n'est  pas  aperçue,  elle  ne  provoque  pas  non  plus  le  réflexe  pupillaire  si  la 
cause  en  est  une  lésion  d'une  bandelette,  tandis  qu'elle  provoque  ce  réflexe  si  le  siège 
de  la  lésion  est  hémisphérique. 

Tonus  du  centre  pupillo-constricteur.  —  La  section  du  nerf  optique  ayant 
toujours  pour  elFet  de  dilater  la  pupille  du  même  côté,  si  l'autre  œil  est  obscurci,  nous 
devons  admettre  que  les  flbres  optiques  rétloxes  entretiennent  toujours  un  certain 
degré  d'innervation  tonique  dans  le  centre  réflexe  sphinctéro-moteur.  L'existence  de  ce 
tonus  du  centre  pupilfo-constricteur  ressort  d'ailleurs  aussi  d'observations  multiples, 
signalées  plus  loin. 

Au  point  de  vue  de  l'analyse  des  faits  physiologiques,  il  importe  de  ne  pas 
confondre  ce  tonus  nerveux  avec  le  tonus  du  muscle  sphincter.  Ce  dernier,  le  tonus 
musculaire,  est  le  plus  souvent  l'expression  du  tonus  nerveux,  mais  il  ne  semble  pas. 
qu'il  y  ait  entre  les  deux  un  parallélisme  complet.  C'est  ainsi  qu'en  cas  d'excitation, 
artificielle  du  «  bout  céphalique  »  du  grand  sympathique  au  cou,  ou  eu  cas  d'instillation 
d'atropine  dans  l'œil  (dilatation  maximale  de  la  pupille),  le  tonus  musculaire  semble 
anéanti,  alors  que  le  tonus  nerveux  n'a  probablement  pas  varié. 

A  un  moment  donné,  le  tonus  nerveux  est  la  résultante  de  plusieurs  influences;  les 
unes  l'augmentant,  les  autres  la  diminuant.  Les  fibres  optiques  réflexes  l'augmentent, 
le  produisent  si  on  veut,  tandis  que  l'excitation  d'un  nerf  sensible  quelconque,  ainsi 
que  l'activité  cérébrale,  le  diminuent.  Ces  influences  opposées,  agissant  toutes  sur  le 
centre  pupillo-constricteur,  en  modifient  incessamment  le  tonus,  à  l'état  de  veille, 
et  modifient  le  diamètre  pupillaire,  les  unes  en  le  diminuant,  les  autres  en  l'agrandis- 
sant, toujours' par  l'entremise  du  nerf  oculo-moteur  commun.  Nous  verrons  que  les 
modifications  habituelles,  normales,  de  la  pupille,  les  dilatations  aussi  bien  que  les 
constrictions,    s'obtiennent    tout   ou    partie,    non   pas    par   l'intermédiaire    des    flbres 


IRIS.  SU 

luipillo-dilalatrices  du  i^raml  symp'>llii'l"<'.  ninis  par  les  lilucs  spliiiirtérd-nmli  icos 
du  iiorf  III.  Kn  ce  sens,  oo  dernier  est  donc  aussi  un  nerf  piipill<i-dil;italrur  iinpniianl, 
celui  qui  a^çit  lo  |»lus  souvent,  lors  des  pupillo-dilalations  les  plus  normiiles,  et  (jui  In-s 
souvi-nt  ont  été  mises  à  l'aclif  des  lihrc'S  pupillo-dilataltices  du  ncrl'  i,'rand  sympalliique, 
soit  nitMiie,  n\.ais  bien  ù  tort,  à  l'ailif  de  libres  pupillo-dilataU  ices  centiiî'uycs  dans  le 
nerf  III  Ini-niôine. 

On  a  p'Misé  aussi  à  un  lonns  iiciveux  piipillo-constricteur  exerc.i''  i)ar  le  f;anglioM 
ciliairc.  I\ien  de  délinild  n'est  fucoie  venu  conlinni'r  celle  idée  Kit.  Fiianck  enfin  admet 
que  le  j^aiiglion  tiliaire  jouerait  le  rôle  de  ccnlr.'  ri'lb'xe.pfuir  la  pnpilln-dilalalion. 

8''  Réaction  piipillaire  associée  à  la  convergence.  —  La  pu[(ill('  se  resserre 
l'iiaqu''  fui^  que  nous  regartluiis  de  près,  elle  se  dilate  si  nous  regardons  de  loin.  I.a 
signilii'alion  physiologique  ou  rufililé  de  ces  mouvements  pupillaires  semble  ôtre 
d'augmenter  la  netteté  des  images  n'Iiniennes.  nellelé  dont  le  hesnjn  sf  fait  sentir 
surtout  dans  la  vision  de  près. 

Ces  mouvemenls  pupillaires  sont  le  fait  du  spliincler  de  la  pupille,  qui  se  contracte 
dans  la  constriclion  pu|Mllaire  et  se  relâche  dans  la  pupillo-dilalation.  Les  inllueiices 
pupillo-dilalatrices  proprement  dites  n'y  sont  pour  rien.  I, a  preuve  en  est  qu'en  cas  de 
paralysie  complète  de  l'oculo-motcur  comnmn  (chez  l'iiommej,  celle  réaction  pupillaire 
associée  à  la  couvergence,  ou,  comme  on  dit  aussi,  «  consensuelle  »,  fait  complètement 
défaut.  Il  n'en  leste  plus  de  Iracc 

Lorsquenousportonsle  regard  d'un  pointa  unauin-  plus  rap[iroclié,nous  convergeons 
ou  nous  augmentons  la  convergence,  nous  accommodons  et  nous  resserrons  les  deux 
pupilles.  Le  plus  souvent  on  se  figure  que  l'accommodation  et  la  pupillo-constriclion 
sont  associées  à  la  convergence;  ce  dernier  mouvement,  le  fait  de  muscles  striés,  serait 
plus  volontaire  que  les  deux  autres,  dus  à  des  muscles  lisses.  Cependant,  on  sait  que 
l'accommodation  est  dans  une  certaine  mesure  indépendante  de  la  convergence. 

On  s'est  posé  la  question  de  savoir  si  cette  pupillo-constriction  est  associée  à  la 
convergence,  ou  bien  à  l'accommodalion,  ou  encore  aux  deux  à  la  fois.  —  E.  H.  Webkr 
ainsi  que  Drouin  avaient  soutenu  que  la  réaction  pupillaire  en  cause  était  liée  à  la  con- 
vergence et  non  à  l'accommodation.  — Do.nders,  à  la  suite  d'expériences  sur  l'homme, 
conclut  que  la  convergence  et  l'accommodation  iullui'ut  toutes  les  deux  sur  la 
pupille. 

Il  est  facile  de  démontrer  que  la  convergence  a  cet  elfet.  Pendant  qu'on  continue  à 
fixer  le  même  point,  on  met  devant  un  œil  un  prisme  à  base  tempoiale,  ce  qui  aug- 
mente la  convergence  sans  modifier  l'accommodation.  Or,  dans  ces  circonstances,  les 
deux  pupilles  se  resserrent. 

11  est  plus  difficile  de  l'aire  varier  l'accommodalion,  au  moins  dans  une  mesure  suffi- 
sante, sans  faire  varier  la  convergence.  Do.nders  crut  avoir  démontré  que  l'accommoda- 
tion inilue  sur  la  pupille  en  faisant  regarder  le  même  point,  d'abord  aux  yeux  nus,  puis 
munis  de  verres  sphériques,  qui  ne  changent  pas  la  convergence,  mais  modifient  l'ac- 
commodation. Avec  des  verres  négatifs  —  qui  augmentent  l'accommodation  —  il  vit  les 
pupilles  se  resserrer;  avec  des  verres  positifs,  qui  suppléent  à  l'accommodation,  il  vil 
les  pu[»illes  se  dilater.  Cependant  ces  dernières  expériences  ne  semblent  pas  bien 
concluantes,  notamment  parce  que  les  variations  de  l'accommodation,  et  partant  celles 
de  la  pupille,  sont  peu  pronomé«'s  dans  ces  circonstances.  L'opinion  de  Donders  fut 
cependant  confirmée  par  la  plupart  des  auteurs. 

Survinreiit  alors  les  expériences  de  Marina  sur  l'animal.  Chez  des  chiens,  il  détacha 
de  l'œil  les  tendons  des  muscles  droit  externe  et  droit  interne,  puis  il  intervertit  leurs 
insertions  scléroticales.  Ou  encore  il  intervertit  de  même  le  droit  interne  avec  le  grand 
oblique  (qui  tourne  l'oiil  en  dehors  et  en  bas).  Au  dire  de  Marina,  les  animaux  opérés 
apprirent  bientôt  à  diriger  normalement  les  yeux,  et  la  convergence  aurait  été  accom- 
pagnée d'une  pupillo-constriction,  bien  que  maintenant  elle  fût  le  fait  du  droit  externe 
ou  du  grand  oblique.  L'innervation  de  la  pupillo-constriction  dans  la  vision  de  près 
serait  donc  indépendante  de  l'innervation  du  droit  interne  dans  la  c<mvergence. 

11  y  a  beaucoup  à  redire  aux  expériences  de  .Mari.na.  D'abord  l'assertion  de  l'auteui , 
disant  que  les  mouvemenls  oculaires  seraient  redevenus  noiraaux  semble  en  contra- 
diction avec  l'observation  clinique  journalière  faite   chez  l'homme.    En  second   lieu, 


648  IRIS. 

comme  nous  allons  le   dire,   en   dehors  du    singe,  il  est   douteux  que   les   animaux 
resserrent  la  pupille  (et  convergent  toujours)  dans  la  vision  de  près. 

Vervoort  a  récemment  repris  les  expériences  de  Dondeus,  en  les  modifiant,  et  il  en 
tire  la  conclusion  que  l'accommodation  et  lapupillo-réaction  synergiques  à  la  conver- 
gence seraient,  ainsi  que  E.  H.  Weber  l'a  dit,  absolument  indépendantes  l'une  de 
l'autre,  et  que  la  pupillo-réaction  (comme  d'ailleurs  l'aicommodalion)  ne  dépendrait 
que  de  la  convergence. 

Certains  auteurs  remarquent  que  l'accommodation  et  la  pupillo-constriction  dépen- 
dent de  muscles  lisses;  donc,  disent-ils,  ces  deux  mouvements  sont  involontaires,  tandis 
que  la  convergence,  due  à  des  muscles  striés,  serait  volontaire.  Dès  lors,  il  serait  natu- 
rel de  considérer  la  pupillo-constriction  (comme  l'accommodation)  liée,  associée  à  la 
convergence.  —  Nous  avons  montré  ailleurs  que  cette  aflirmation  doit  être  reçue 
cumgrano  salis.  Nous  avons  relevé  la  nature  rétiexe  de  la  convergence,  et  nous  avons 
fait  voir  qu'elle  n'est  pas  plus  consciente  que  la  pupillo-constriction,  et  qu'enfin  chez 
le  vieillard  borgne  depuis  la  naissance  et  privé  de  toute  accommodation,  on  peut  se 
demander  tout  aussi  bien  si  la  convergence  n'est  pas  liée  à  la  pupillo-consliiction. 

Il  est  probable  que  l'association  de  ces  trois  mouvements  de  la  vision  de  près  repose 
sur  un  mécanisme  congénital,  mais  que  dans  des  circonstances  extraordinaires  cette 
association  permet  un  petit  relâchement  dans  les  liens  physiologiques,  sans  que  cepen- 
dant cette  indépendance  soit  absolue.  Le  fait  désigné  sous  le  nom  d'accommodation 
relative,  prouve  qu'il  en  est  ainsi  au  moins  pour  l'accommodation. 

La  réaction  pupillaire  consensuelle  de  la  pupille  existe-t-elle  aussi  chez  les  ani- 
maux? Une  expérience  démonstrative  à  cet  égard  est  malaisée.  Cependant  le  singe 
paraît  en  être  pourvu.  Chez  le  lapin  au  contraire,  animal  qui  ne  converge  pas,  la  pupille 
semble  ne  pas  bouger  dans  la  vision  de  près  (Steinach).  Le  chien  dispose  d'une  certaine 
vision  binoculaire,  mais  sa  pupille  paraît  se  dilater  dans  la  vision  de  près.  C'est  que  pro- 
bablement chez  le  chien  et  le  lapin,  l'acuité  visuelle,  c'est-à-dire  la  netteté  des  images 
rétiniennes  semble  ne  jouer  dans  la  vision  de  près  qu'un  rôle  très  accessoire  (Nuel).  — 
Chez  les  vertébrés  encore  plus  inférieurs,  la  convergence  véritable  paraît  faire   défaut. 

Somme  toute,  les  résultats  d'expériences  touchant  ces  questions  ne  peuvent  guère 
être  appliqués  à  l'homme  et  vice  versa. 

A  ce  propos,  il  convient  de  dire  un  mot  du  symptôme  pupillaire  de  Iîoiîertson.  Dans 
certaines  maladies  du  système  nerveux  central  —  de  la  moelle  épinière  —  la  réaction 
pupillaire  à  la  lumière  et  le  pupillo-réflexe  douloureux  sont  supprimés,  tandis  que 
la  réaction  associée  à  la  convergence  existe  encore.  La  pupille  reste  le  plus  souvent 
nn  peu  dilatée  et  immobile  lors  des  variations  de  l'éclairage.  Le  noyau  d'origine  des 
fibres  sphinctéro-motrices,  ces  fibres  elles-mêmes  et  le  muscle  semblent  intacts.  L'in- 
nervation de  la  convergence  (ou  celle  de  la  vision  de  près)  retentit  normalement  sur  le 
noyau  mésocéphalique  sphinctéro-nioteur,  tandis  que  les  voies  centripètes  pour  le 
réflexe  rétino-pupillaire  n'ont  plus  cet  effet. 

Citons  ici  \a.  pupillo-constriction  qui  survient  lors  de  toute  constriction  énergique  des 
muscles  orbiculaires  des  paupières,  même  lorsqu'on  empêche  mécaniquement  les  pau- 
pières de  se  fermer.  Cette  pupillo-constriction  est-elle  liée  à  l'innervation  de  l'orbi- 
culaire,  ou  plutôt  à  la  convergence  qui  se  produit  dans  les  mêmes  circonstances? 

90  Fibres  nerveuses  pupillo-dilatatrices.  —  Sous  le  nom  de  fibres  nerveuses 
pupillo-dilatalrices,  on  comprend  des  fibres  périphériques,  centrifuges,  dont  l'état  d'activité 
dilate  la  pupille.  Cette  définition  exclut  notamment  les  nerfs  centripètes  dont  l'état 
d'activité  dilate  la  pupille  par  l'effet  d'une  action  réflexe.  Nous  en  excluons  aussi  les 
libres  nerveuses  centrales,  également  centrifuges  à  certains  égards  (centripètes  à  d'autres), 
et  dont  l'état  d'activité  dilate  la  pupille  en  exerçant  une  inhibition  sur  le  centre  pupillo- 
constricteur  mésocéphalique  (réflexes  cérébraux  pupillo-dilatateurs). 

Comme  point  de  départ  de  la  question  des  fibres  pupillo-dilatatrices,  il  y  a  l'obser- 
vation de  PouRFOUR  DU  Petit  (1727)  qui,  après  avoir  sectionné  le  tronc  sympathique  (et 
le  nerf  vague)  au  cou,  vit  la  pupille  du  même  côté  se  resserrer.  En  réalité  (Valkntin), 
la  section  produit  d'abord  du  même  côté  une  dilatation  de  la  pupille,  suivie  bientôt 
(après  une  minute)  d'un  resserrement  permanent,  qui  toutefois  diminue  après  des  jours. 
Serafino  Bn-Ti,  puis  Cl.  Bernard  complétèrent  l'expérience  de  du  Petit,  en  excitant  le 


IRIS.  *  •!'»'» 

bout  piMiphtMiquc  supriipur)  du  nerf  coiiiiô  :  le  résultat  de  la  lélanisation  est  une  dila- 
tation iiidiiiiKilr  do  la  pupille  du  même  cùlé,  plus  l'orte  que  celle  qui  lésullo  d<'  la  simple 
sectiou  de  l'ot-iilo-moteur  eommun  ;  chez  le  chat,  elle  laisse  visible,  à  côté  du  limbe 
conjonclival,  ;\  peine  un  millimètre  de  l'iris,  alors  qu'après  section  du 3'' nerf  l'iris  reste 
visible  dans  la  largeur  d'au  moins  deux  millimètres. 

Comment  interpréter  ces  résultats?  I.a  section  d'un  nerf  moteur  provoque  ordinai- 
rement la  paralysie  du  muscle  (|u'il  innerve,  et  l'excitation  du  bout  périphérique  du 
nerf  coupé  provoque  la  conlraclioii  de  ce  même  muscle.  D'après  cela,  la  conclusion 
s'impose  (jue  le  faraud  sympalhi(iiie  cervical  renferme  des  fibres  dont  la  paralysie  res- 
serre la  pupille,  et  dont  l'iHal  d'activité'  la  dilate;  ce  sont  donc  des  libres  pupillo-dila- 
tatrices. 

BuDGR  poursuivit  à  rebours  les  fibres  en  question,  à  l'aide  de  l'expérimentation,  alin 
de  découvrir  leur  provenance.  Il  trouva  que  la  section  de  certains  rameaux  communi- 
cants et  leur  excitation  ont  sur  la  pupille  les  mêmes  elTets  que  les  expériences  sij^nalées 
sur  le  grand  sympathique.  Il  conclut  ainsi  que  chez  le  lapin  les  fibres  pupillo  dilatatrices 
quittent  la  moelle  é[)inière  par  les  racines  antérieures  des  septième  et  huitième  paires 
cervicales,  et  des  deux  premières  paires  dorsales.  Elles  gagnent  ensuite  le  grand  sym- 
pathique par  les  rameaux  communicants  correspondants. 

On  ne  tarda  pas  à  faire  observer  que  ces  expériences  s'expliquaient  à  la  rigueur  par 
les  actions  vaso-motrices  résultant  de  la  section  et  de  l'excitation  du  grand  sympa- 
thique au  cou. 

Cl.  Hkrnard  alors  montra  que  ces  libres  pupillo-dilafatrices,  tout  en  étant  mélangées 
dans  le  tronc  du  nerf  f-ympathique  aux  fibres  vaso-motrices  pour  la  tête  (pour  l'oreille 
notamment),  ne  sont  pas  ce[)endant  partout  mélangées  avec  elles.  Il  a  été  confirmé  en 
cela  par  François  Franck,  Angelucci  et  d'autres.  Il  résulte  de  toutes  ces  recherches  (]ue 
déjà  au  sortir  de  la  moelle,  les  fibres  pupillo-dilatatrices  ne  suivent  pas  exactement  les 
mêmes  voies  que  les  nerfs  vaso-moteurs  pour  la  tète.  Telles  paires  dorsales  (les  pre- 
mières) renferment  des  fibres  pupillo-dilatatrices  et  pas  de  fibres  vaso-constrictrices 
(Cl.  Ber.nardV  Elles  convergent  ensuite  vers  le  premier  ganglion  thoracique,  d'où  elles 
remontent  dans  le  grand  sympathique  cervical,  qui  renferme  également  les  fibres  vaso- 
constrictrices  poui-  la  tète. 

Les  fibres  pupillo-dilatatrices  sortent  de  la  moelle  par  des  voies  un  peu  différentes 
selon  les  espèces  animales,  peut-être  même  selon  les  individus.  D'après  Fr.  Franck, 
celles  du  chien  sortent  par  les  quatre  dernières  paires  cervicales  et  les  deux  ou  trois 
premières  dorsales.  D'après  Braunsteix,  celles  du  chat  sortent  par  les  deux  dernières 
cervicales  et  les  deux  premières  dorsales.  Chez  l'homme,  d'après  M™*"  Dkjerine,  le  ra- 
meau communicant  de  la  première  paire  dorsale  en  renferme  certainement.  Oppenheim 
a  confirmé  le  fait,  en  ajoutant  que  la  deuxième  paire  dorsale  n'en  renferme  pas,  et 
qui-  la  huitième  cervicale  en  renferme.  On  ne  sait  rien  des  autres  paires  cervicales. 

Dans  l'anneau  de  Vieussens  (chez  le  chat  et  le  chien)  les  fibres  pupillo-dilatatrices 
passent  par  l'anse  antérieure,  alors  que  l'anse  postérieure  renferme  les  fibres  vaso- 
motrices  pour  la  tête.  Les  fibres  papillo-dilatatrices  convergent  ensuite  vers  le  pre- 
mier ganglion  cervical  inférieur,  d'où  elles  remontent  dans  le  grand  sympathique  cer- 
vical, de  concert  avec  les  fibres  vaso-constrictrices  pour  la  tête,  et  mélangées  avec 
elles.  On  discute  un  peu  sur  leur  trajet  au-dessus  du  ganglion  supérieur.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  (chez  l'homme  et  les  mammifères  supérieurs)  toutes  pénètrent  dans 
le  crâne,  et  rejoignent  le  trijumeau  dans  le  ganglion  de  Casser.  Il  ne  semble  pas  que 
ce  soit  par  les  rameaux  sympathiques  qui  enlacent  la  carotide  interne  (filets  vaso-mo- 
teurs). Cl.  Bernard,  Fr.  FRA^'CK,  Axgelucci  et  Braunstein  décrivent  un  filet  émergeant 
du  ganglion  supérieur  qui  reste  indépendant  [des  filets  carotidiens  et  qui  renferme 
au  moins  beaucoup  de  fibres  pupillo-dilatatrices,  peu  au  pas  de  fibres  vaso-motrices. 
Il  pénètre  dans  le  crâne  et  rejoint  le  ganglion  de  Casser. 

Fr.  Franck  croyait  avoir  découvert  une  action  pupillo-dilatatrice  au  nerf  qui  accom- 
pagne l'artère  vertébrale.  Le  fait  a  été  contesté. 

Au  delà  du  ganglion  de  Casser,  toutes  les  fibres  pupillo-dilatatrices  suivent  la  voie 
de  l'ophtalmique,  et,  plus  loin,  celle  des  nerfs  ciliaires  longs,  qui  les  conduisent  à  l'œil 
sans  qu'ils  passent  par  le  ganglion  ophtalmique.  .Après  section  du  nerf  ophtalmique  ou 


650  IRIS. 

des  nerfs  ciliaires  longs,  l'excitation  du  grand  sympathique  no  dilate  plus  la  pupille, 
[/extirpation  du  ganglion  ophtalmique  n'annule  pas  l'effet  pupillo-dilatateur  de  l'excita- 
tion du  nerf  grand  sympathique.  Enfin,  l'excitation  des  nerfs  ciliaires  longs  (bouts  péri- 
phériques) produit  une  dilatation  pupillaire,  et  cela,  d'après  Gregorow,  sans  ell'et  vhso- 
constricteur.  Le  nerf  trijumeau  d'autre  part  ne  renferme  pas  à  .'on  origine  de  fibres 
de  ce  genre  (voir  plus  loin).  Enfin,  d'après  Braunstein  (contre  Fr.  Franck),  les  nerfs 
ciliaires  longs  innerveraient  chacun  seulement  un  secteur  de  l'ii'is,  celui  qui  lui  cor- 
respond topographiquemeut. 

Chez  la  grenouille  aussi,  les  libres  pupillo-dilatalrices  quittent  la  moelle  par  les 
racines  antérieures.  La  chose  est  disculée  pour  l'oiseau,  dont  le  grand  sympathique, 
d'après  certains  autejirs  (Zeglixski,  Jegorow),  ne  renfermerait  pas  de  fibres  pupillo-dila- 
talrices. Chez  l'oiseau,  l'excitation  du  grand  sympathique  agit  sur  les  vaisseaux  de  la 
tête,  mais  pas  sur  la  pupille.  Celle-ci  se  dilaterait  par  l'excitation  d'une  certaine  branche 
ciliaire  du  nerf  trijumeau.  Vcliua.n  t-l  GuuKNnAGEv  au  contraire  virent  qvuî  chez  les 
oiseaux  l'excitation  du  grand  sympathique  dilate  la  juiiulle. 

Les  voies  nerveuses  pupillo-dilatalrices  paraissent  donc  bien  être  distinctes  des 
voies  vaso-constrictrices.  Dans  le  même  sens  parle  le  fait  que  l'etîet  pupillaire  de 
l'excitation  du  grand  sympathique  persiste  encore  une  ou  deux  minutes  après  que 
l'animal  a  été  tué  par  hémorrhagie.  On  a  aussi  invoqué,  pour  prouver  cette  indépen- 
dance, le  défaut  de  synchronisme  entre  la  dilatation  pupillaire  et  l'augmentation  de  la 
pression  sanguine  qui  résultent  toutes  les  deux,  en  qualité  de  réflexes,  de  l'excitation 
d'un  nerf  sensible  (Ari.t,  Fr.  Franck).  Mais  cette  expérience  ne  prouverait  rien  en 
l'espèce  s'il  se  confirmait  que,  comme  le  .«outient  Braunstein  (voir  plus  loin),  cette  dila- 
tation pupillaire  n'est  nullement  le  fait  des  fibres  pupillo-dilatalrices  du  giand  sympa- 
thique, mais  d'une  inhibition  exercée  sur  le  noyau  d'origine  des  fibres  pu|iillo-couslric- 
trices. 

Toutes  les  voies  pupillo-dilatalrices  présentent  une  interruption  cellulaire  dans  les 
ganglions  sympathiques;  elles  sont  composées  d'au  moins  deux  neurones  superposés. 
L'empoisonnement  par  la  nicotine  resserre  la  pupille  et  supprime  tout  effet  pupillaire 
de  l'excitation  du  grand  sympathique  (Langley,  Andersox,  Dickson).  L'apidication  du 
poison  sur  le  seul  ganglion  cervical  supérieur  a  le  même  effet;  c'est  là  ({ue  toutes  ces 
voies  sont  interrompues. Et  comme, en  cas  d'empoisonnement  général  (comme  d'ailleurs 
en  cas  d'empoisonnement  local),  l'excitation  des  rameaux  émergeant  du  ganglion  supé- 
rieur dilate  encore  la  pupille,  on  doit  conclure  qu'au-dessus  du  ganglion  les  voies  en 
question  ne  présentent  pas  de  seconde  interruption  cellulaire;  les  axones  des  cellules 
du  ganglion  supérieur  s'étendent  jusqu'à  la  destination  périphérique  de  ces  voies. 

Tonus  du  ganglion  cervical  supérieur.  —  On  admet  généralement  que  le 
ganglion  cervical  supérieur  entretient  toujours  un  certain  degré  d'excitation  tonique 
des  fibres  pupillo-dilatatrices.  Ce  ganglion  ne  serait  donc  pas  un  simple  lieu  de 
passage  pour  les  voies  pupillo-dilatatrices,  mais  l'intercalation  des  cellules  aurait 
encore  une  signification  physiologique.  Cette  opinion  se  base  sur  le  fait  bien  connu 
que  la  section  du  tronc  sympathique  a  un  effet  myotique  moindre  que  l'extirpation  du 
ganglion  cervical  supérieur  ou  son  empoisonnement  par  la  nicotine.  Après  section  du 
tronc,  l'extirpation  du  ganglion  supérieur  resserre  encore  un  peu  la  pupille.  On  sait 
qu'il  en  est  de  même  des  fibres  vaso-constrictrices  pour  la  tête;  le  ganglion  supérieur 
exerce  également  sur  elles  un  certain  tonus. 

Le  fait  qu'après  la  section  du  grand  sympathique  l'extirpation  du  ganglion  supérieur 
resserre  encore  davantage  la  pupille,  Schiff  l'avait  expliqué  par  l'hypothèse  de  fibres 
pupillo-dilatatrices  rejoignant  le  grand  sympathique  en  sortant  de  la  moelle  par  les 
premières  paires  cervicales.  L'hypothèse  de  Sciiiff  est  controuvée. 

Centre  cilio-spinal.  —  Budge  a  créé  la  notion  d'un  centre  réflexe  cilio-spinal,  c'est-à- 
dire  d'une  partie  de  la  substance  grise  dans  laquelle  toutes  sortes  d'innervations  se 
réfléchiraient  sur  les  fibres  pupillo-dilatatrices.  Chez  des  lapins,  après  avoir  dénudé  la 
moelle  à  l'union  des  portions  cervicale  et  dorsale,  il  sectionnait  doublement  la  moelle, 
au-dessus  de  la  sixième  cervicale  et  en  dessous  de  la  quatrième  dorsale,  puis,  faisant 
passer  à  travers  le  tronçon  de  moelle  ainsi  isolé  un  courant  galvanique,  il  observait 
une  dilatation   des    deux  pupilles,   pourvu  que  les  deux   nerfs  sympathiques  fussent 


IRIS.  <)ol 

iiilacis.  Venail-ii  à  coiipiM  l'un  de  ces  lieiix  iiuil's,  alors  la  pupilk-  iic  se  dilatait  ({u*;  du 
côté  ofi  le  grand  sympathique  était  intact.  L'excitation  des  set;mcnls  niéduUaiies  situés 
en  aval  et  en  amont  dos  sections  n'avait  pas  d'elTet  pupillairc.  D'autre  part,  il  extirpait 
des  portions  des  cordons  latéraux  de  la  moelle  :  il  ne  se  proilniuiil  une  pupdlo-dilata- 
tion  nue  si  l'exrilation  ()orlail  entre  la  sixiènif  vei'lèhre  cervicale  et  la  quatrième 
dorsali'. 

Aujourd'hui,  ces  expériences  ne  semblent  guère  concluantes  pour  établir  l'exis- 
tence d'un  centre  réllexe  pour  la  pupillo-dilatatiou.  Klles  prouvent  tout  au  plus 
que  des  voies  nerveuses  pupillo-dilatatricos  descendent  par  des  cordons  latéraux  et 
sortent  de  la  moelle  entre  les  deux  limites  indi(iuées.  Ensuite,  il  n'est  pas  du  tout 
prouvé  que  l'ellel  pupiiiaire  observé  ne  soit  pas  le  résultat  d'une  action  vaso-motrice. 
D'ailleurs,  ce  qui  prouve  combien  peu  les  idées  sur  le  centi-e  'cilio-spinal  sont  peu 
neltes,  c'est  que  Duduk.  Ini-inér)ie  a  parlé  d'un  second  centre  pupillo-diiatateur,  silué 
plus  haut  dans  l'axe  cérébro-spinal,  et  que  divers  auteurs  (Scmi-'K,  Balogii,  Oeiil)  eu 
reculent  la  limite  supérieure  plus  haut,  voire  mèuie  jusque  dans  les  hémisphères 
cérébraux. 

C'est,  selon  toutes  les  apparences,  grâce  à  l'autorité  de  Cl.  Behnard  que  l'idée  d'un 
centre  cilio-spinal  est  si  tenace.  Cet  auteur  démontra  clairement  [lour  la  première  l'ois 
que  l'excilation  de  n'importe  quel  nerf  sensible  provoque  une  ililatatiou  des  deux 
piq^llfs,  pourvu,  dit-il,  (juc  le  grand  sympalhique  et  les  paires  raciiidiennes  qui  porteni 
les  libres  pupillo-dilatatriccs  soient  inlacts;  venait-il  à  couper  un  nerf  sympatbi(|un,  il 
supprimait  du  coup  de  ce  côté  le  réllexe  pupiiiaire.  .Nous  verrons  que  l'elîet  pupiiiaire 
de  l'excitation  d"un  nerf  sensible  est  bien  réel.  Ce  qui  est  erroné,  c'est  que  ce  réllexe 
soit  suppri(né  par  la  section  du  grand  sympathique.  Or  ce  dernier  point  seul  impli- 
quer.iit  l'existence  du  centre  de  Rudoe. 

Les  opposants  nombreux  du  centre  de  Budge  font  valoir  uotatnment  que  la  section 
de  la  moelle  très  haut,  même  contre  les  tubercules  (juadrijumeaux,  supprime  le 
réflexe  pupiiiaire  provoqué  par  l'excitation  du  nerf  sciatique  notamment,  que  ce  réllexe 
disparaît  après  section  du  nerf  oculo-nioieur  commun  et  persiste  après  section  du  nerf 
grand  sympathique  au  cou,  qu'il  est  donc  produit  (au  moins  en  majeure  partie)  par  une 
inhibition  exercée  sur  le  nerf  oculo-moteur  et  nullement  par  une  excitation  des  fibres 
pupiilo-dilalatrices  du  grand  sympathicjue.  Les  choses  se  passeraient  donc,  d'apiès  ces 
auteurs  comme  si  les  diverses  voies  sensibles,  productrices  du  nHlexe  pupillo-dilataleur, 
allaient  agir  sur  un  centre  pupillo-diiatateur  situé  dans  le  mésencéphale.  Et  comme  la 
voie  centrifuge  du  réllexe  est  le  nerf  oculo-moteur,  il  est  naturel  d'admettre  que  ce 
centre  est  précisément  le  centre  pupillo-constricteur,  le  noyau  d'origine  du  nerf 
pupillo-constricteur,  dont  l'activité  tonique  est  modérée,  diminuée  par  l'excitation  des 
nerfs  sensibles. 

En  l'état  actuel  de  la  science,  ces  hypothèses  et  ces  discussions  n'oni  plus  la  même 
valeur  qu'autrefois.  Elles  partent  eu  effet  toutes  plus  ou  moins  d'une  observation 
inexacte  quant  au  mécanisme  des  réflexes  pupillo-dilatatcurs.  Sur  le  même  fondement 
erroné  reposent  la  plni>art,  sinon  toutes  les  assertions  relatives  à  des  fibres  neiveuses 
pupillo-dilatalrices  quittant  la  substance  cérébrale  par  des  nerfs  céiébraux,  par  le  nerf 
trijumeau  notamment  (voir  plus  loin),  et  provenant  ou  non  du  centre  cilio-spinal. 

Et  cependant,  puisqu'il  y  a  des  fibres  pupillo-dilatalrices  sortant  de  la  moelle  à 
l'union  des  régions  cervicale  et  dorsale,  il  semble  qu'il  doive  y  avoir  un  centre 
cilio-spinal,  en  principe,  pour  des  raisons  théoriques,  pour  autant  que  toute  innervation 
centrifuge  suppose  un  tel  centi-e.  En  leur  qualité  de  fibres  centrifuges,  elles  doivent 
prendre  naissance  de  cellules  des  cornes  antérieures,  situées  pas  trop  loin  du  niveau 
de  la  sortie  des  fibres,  et  ces  cellules  doivent  constituer  ici  une  espèce  de  centre  pupillo- 
diiatateur  spinal,  d'ordre  inférieur  si  on  veut.  —  Par  la  méthode  de  Gudden,  Hoebex  a 
étudié  la  disparition  des  cellules  dans  la  moelle  après  section  du  grand  sympathique. 
Celles  de  la  corne  antérieure  situées  contre  le  sillon  médian  avaient  disparu  dans  la 
région  dite  "  cilio-spinale  >k  II  semble  qu'en  partie  au  moins  ces  cellules  donnent  nais- 
sance aux  libres  vaso-constrictrices. 

Nous  admettons  vnlontiers  que,  chez  des  vertébrés  inféiieurs,  ce  centre  cilio-spinal 
puisse  jouir  d'une  certaine  indi'pendance  fonctionnelle.  Mais  il  est  plus  que  probable 


652  IRIS. 

que  chez  l'homme  cette  indépendance  n'existe  plus,  pas  plus  d'ailleurs  que  pour  aucun 
centre  réflexe  spinal. 

GuiLLEBEAu  et  LucHsiNGER  SG  sont  donué  beaucoup  de  peine,  mais  vainement,  pour 
mettre  en  évidence,  chez  des  mammifères,  au  moins  une  certaine  indépendance  du 
centre  cilio-spinal.  Ils  ont  observé  une  trace  minime  du  réflexe  pupillo-dilatateur  chez 
des  lapins  et  des  chats  empoisonnés  par  la  strychnine,  et  auxquels  ils  avaient 
sectionné  la  moelle  au  haut  du  cou. 

Tonus  du  centre  cilio-spinal.  —  La  section  du  grand  sympathi(iiie  resserre 
toujours  la  pupille.  Celle-ci  est  donc  toujours  plus  dilatée  que  cela  serait  le  cas  sans 
l'action  du  grand  sympathique  cervical.  En  second  lieu,  la  section  simultanée  des  nerfs 
grand  sympathitiue  cervical  et  oculo-moteur  commun  dilate  la  pupille  moins  que  la 
section  du  seul  nerf  TH.  Les  partisans  du  centre  cilio-spinal  admettent  donc  souvent  un 
tonus  des  fibres  pupillo-dilatatrices  du  grand  sympathique,  qui  proviendrait  du  centre 
de  BuDGE.  —  L'on  ne  sait  pas  dans  quelle  mesure  ces  elTets  de  la  section  du  grand 
sympathique  cervical  sont  l'effet  de  la  section  des  fibres  vaso-motrices. 

Dilatation  pupillaire  paradoxale.  —  L'extirpation  du  ganglion  cervical  a  donc  un 
effet  pupillo-constricteur  immédiat  plus  prononcé  que  la  simple  section  du  tronc  sym- 
pathique. A  un  autre  point  de  vue  cependant,  à  celui  de  la  durée  du  resserrement  pupil- 
laire, l'extirpation  du  ganglion  parait  moins  efficace  que  la  section  du  grand  sympa- 
thique. En  cas  de  seclion  du  sympathique,  le  resserrement  pupillaire  diminue  dans  la 
suite,  après  des  jours,  mais  cette  pupille  reste  toujours  plus  petite  que  celle  du  côté  où 
le  grand  sympathique  est  intact.  Au  contraire  (chez  le  chat,  le  lapin),  en  cas  d'extirpation 
du  ganglion  supérieur,  la  pupille,  après  s'être  resserrée,  se  dilate  après  un  ou  deux 
jours,  et  cette  dilatation  augmente  ensuite  jusqu'à  égaler  et  même  à  surpasser  celle  du 
côté  opposé.  Cette  dilatation  [tupiilaire  «  paradoxale  »  doit  s'expliquer  (Langendorff)  de 
la  manière  suivante.  En  cas  de  section  du  tronc  sympathique,  la  dégénérescence  secon- 
daire des  fibres  pupillo-dilatatrices  s'arrête  au  ganglion  supérieur,  où  toutes  sont  inter- 
rompues. En  cas  d'enlèvement  du  ganglion,  toutes  les  fibres  dégénèrent  jusqu'à  la 
périphérie.  Et  c'est  cette  dégénérescence  qui  constitue  une  cause  d'excitation,  ainsi 
que  du  reste  cela  se  passe  après  la  section  d'autres  nerfs  moteurs. 

Sous  le  même  nom  de  o  dilatation  paradoxale  de  la  pupille  »,  Misl.vwski  décrit  le  phé- 
nomène suivant.  Chez  un  animal  (chat)  narcotisé  et  curarisé,  il  coupe  le  nerf  III  et  le 
grand  sympathique,  puis  il  instille  de  Tésérine  dans  le  sac  conjonctival  (pour  resserrer  la 
pupille).  Si  alors  il  excite  le  bout  central  du  nerf  scialique,  il  voit  la  pupille  se  dilater. 
MisLAWsKi  invoque  ici  la  veinosilé  du  sang,  qui  exciterait  les  fibres  musculaires  pupillo- 
dilatatrices.  LEWANDONSKYet  AiNDERso.x  y  voicut  également  un  effet  de  la  veinosité  du  sang. 

Enfin,  à  la  suite  de  la  téfanisation  d'un  grand  sympathique,  on  peut  voir  la  pupille 
du  côté  opposé  se  resserrer  (Dogiel).  Il  s'agit  là  d'un  réflexe  lumineux  (bilatéral),  pro- 
voqué par  la  dilatation  pupillaire  directe,  du  côté  du  nerf  tétanisé. 

10»  Le  nerf  trijumeau  et  la  pupille.  —  La  branche  ophtalmique  du  nerf  triju- 
meau renferme  donc  les  fibres  pupillo-dilatatrices  qui  lui  viennent  du  grand  sympa- 
thique. Ces  fibres  rejoignent  le  nerf  trijumeau  au  niveau  du  ganglion  de  Casser.  De 
longues  discussions,  qui  durent  encore,  se  sont  élevées  autour  du  point  de  savoir  si  le 
nerf  trijumeau  renferme  oui  ou  non  des  fibres  pupillo-dilatatrices  dès  son  origine,  dès 
sa  sortie  de  la  substance  cérébrale. 

La  preuve  convaincante  que  le  nerf  trijumeau  ne  renferme  pas  de  fibres  pupillo- 
dilatatrices  (ni  de  fibres  pupillo-constrictrices)  dès  son  origine  paraît  ressortir  de  l'ex- 
périence suivante  (Angelucci,  après  d'autres  auteurs).  Après  section,  chez  le  chien,  et 
du  nerf  III  et  du  grand  sympathique  du  même  côté,  la  pupille  correspondante  est, 
comme  nous  l'avons  dit,  moyennement  dilatée.  De  plus  elle  est  absolument  immobile; 
elle  ne  varie  plus  sous  l'influence  de  la  lumière,  ni  à  la  suite  d'excitations  sensibles 
(du  nerf  sciatique  par  exemple),  même  si  préalablement  on  l'a  resserrée  par  l'ésérine 
et  si  l'on  a  empoisonné  l'animal  par  la  strychnine.  L'asphyxie  elle-même  ne  modifie  plus 
cette  pupille. 

Toutefois  cette  preuve  n'est  pas  suffisante,  car  après  section  du  nerf  III,  la  pupille 
ne  réagit  plus  non  plus  à  la  lumière  ni  à  des  excitations  sensibles,  et  néanmoins  le 
grand  sympathique  renferme  des  fibres  dont  l'activité  dilate  la  pupille.  Pour  résoudre 


IRIS.  653 

la  questioi),  il  faut  voir  si  la  section  du  nerf  fut re  le  gaiiylion  de  (i.\ssHii  et  sa  sortie  de 
la  substance  céréhrale,  |»uis  l'excitation  du  bout  périphérique,  u'inlluencent  pas  la 
pupille. 

Déjà  Magenuie  (1824)  recomuil  que  la  section  du  trijumeau  dans  le  crâne  resserre 
moyennement  la  |)upille  de  ce  côté.  Iîl'dgk,  Valkmi.n  et  Ci..  BiaiNAru)  obtinrent  le  même 
lésultaL  Ils  observèrent  de  plus  que  le  resserrement  est  passager,  alors  que  celui 
obtenu  par  la  section  de  la  branche  ophtalmique  ;  n'nfeirnant  les  fibres  dilatatrices 
venues  du  f,'rand  syinpatbiipie),  est  permanent,  {{uaunsikin,  plus  récemment,  observe 
qu'au  moment  de  la  section  du  trijumeau  (toujours  en  deçà  du  ganglion  de  (jAsser), 
il  se  produit  une  dilatation  initiale  très  passagère  des  deux  pupilles,  puis  —  seulement 
sur  la  pupille  du  côté  opéré  —  le  resserrement  (plus  durable)  dont  parlent  les  auteurs 
lU'écédents. 

Ce  resserrement  pupillaire  se  développe  graduellement,  puis  diminue  de  même  et  a 
disparu  en  majeure  partie  au  bout  de  vingt-quatre  heures.  Passé  ce  temps  survietment 
généralement  les  altérations  dites  <i  trophiques  »  de  la  cornée,  et  les  phénomènes  se 
compliquent.  Retenons  que  le  myosis  dure  inliniment  plus  longtemps  que  le  réflexe 
lumineux. 

Enfin  la  section  du  trijumeau  ne  modifie  en  rien  les  eiïets  de  la  section  et  de  l'exci- 
tation des  nerfs  III  et  du  grand  sympathique.  Elle  ne  supprime  aucun  rédexe  pupil- 
laire. 

Quanta  l'excitation  électrique  du  bout  périphérique,  il  est  difficile  de  la  localiser 
sur  le  seul  segment  situé  en  deçà  du  ganglion  de  Casser.  Modérée,  elle  ne  produit  aucun 
effet  pupillaire.  Plus  forte,  elle  dilate  la  pupille,  mais  cet  elTet  est,  selon  toutes  les 
apparences,  dû  à  des  courants  dérivés  surles  fibres  pupillo-dilatatrices  venues  du  grand 
sympathique. 

Le  résultat  pupillaire  des  excitations  du  bout  périphérique  parle  donc  contre  l'exis- 
tence de  fibres  dilatatrices  ou  constrictrices  dans  la  racine  du  nerf  trijumeau.  Pour  ce 
qui  est  du  resserrement  pupillaire  d'intensité  moyenne,  et  persistant  pendant  vingt- 
quatre  heures  et  plus,  il  a  exercé  la  sagacité  des  auteurs,  sans  que  cependant  on  soit 
arrivé  à  une  explication  absolument  satisfaisante. 

J.  MCller  et  de  Graefe  voulurent  y  voir  une  excitation  ré/le,ve  des  fibres  sphinctéro- 
motrices.  A  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  on  pourrait  alléguer  ce  lait  d'observation 
journalière  que  les  irritations  de  la  cornée  ou  de  la  conjonctive  membranes  innervées 
par  le  trijumeau)  provoijuent  une  constriction  pupillaire.  On  est  même  allé  jusqu'à 
prétendre  que  l'excitation  des  fibres  sensibles  du  trijumeau  provoquerait  un  réflexe 
pupillo-constricteur,  alors  que  l'excitation  de  tous  les  autres  nerfs  piovoque  un  réflexe 
jiupillo-dilatateur.  Mais  Cl.  Ber.naud  a  obtenu  encore  l'effet  pupillo-conslricti^ur  de  la 
section  du  trijumeau  après  section  du  nerf  orulo-nioteur  commun. 

Stellwag  vo.n  Cario.n,  observant  encore  (tout  comme  Cl.  Ber.xari)},  l'eflet  pupillo- 
conslricteur  d'une  excitation  de  la  cornée  après  section  du  nerf  oculo-moteur  commun, 
en  a  même  inféré  que  l'excitation  des  fibres  du  trijumeau  pourrait  se  réfléchir  sur  les 
fibres  sphinctéro-motrices  à  l'intérieur  de  l'œil,  par  l'intermédiaire  de  cellules  ner- 
veuses intra-oculaires,  qui  ainsi  joueraient  le  rôle  de  centre  réllexe  piipillo-constric- 
t'-ur  intra-oculaire.  —  Cette  interprétation  de  faits  d'ailleurs  birn  constatés  est  aujour- 
d'hui encore  admise  par  certains  auteurs. 

L'elTet  pupillo-constricteur  de  l'excitation  de  la  cornée  ou  des  branches  terminales 
du  nerf  trijumeau  est  réellement  réllexe,  mais,  selon  toutes  les  apparences,  il  est  dû  à 
une  vaso-dilatation  réflexe  dans  l'iris,  comparable  à  la  rougeur  qui  se  produit  dans  un 
organe  quelconque  à  la  suite  d'excitations  (mécaniques). 

Enfin,  l'effet  primaire,  réllexe  et  très  passager,  de  l'excitation  du  trijumeau  est,  lui 
aussi,  une  pupillo-dilatation.  Cl.  Heiî.naro  a  vu  que  l'excitation  des  filets  terminaux  du 
trijumeau  produit  d'abord  une  dilatation  passagère  de  la  pupille,  puis  seulement  un 
resserrement.  La  dilatation  initiale  est  certainement  un  réllexe  pupillaire  douloureux 
ordinaire  (dû  à  une  inhibition  exercée  sur  l'oculo-moteur,  taudis  que  le  resserrement 
secondaire  est  dû  à  une  action  réflexe  vaso-dilatatrice  iridienne,  analogue  à  celle  que 
produiiait  une  excitation  de  la  cornée.  De  môme  aussi  l'elTet  pupillo -dilatateur, 
inili.il   et  très  passager,  de  la  section  du   trijumeau,   signalé   par  Brac.nstei.n,  est  un 


6oi  IRIS. 

réilexe   douloureux    ordinaire,  de   rnèine    (jue    la     dilalalion    pupillaire    oblemie   par 
Fr.  Franck  par  l'excilalion  du  bout  central  d'un  nerf  ciliaire  lony. 

Mais  nous  sommes  ici  en  plein  dans  la  question  des  réflexes  pupillaires  douloureux, 
qui  n'ont  rien  à  voir  directement  avec  les  nerfs  constricteurs  et  dilatateurs  de  la 
pupille,  et  dont  nous  parlerons  plus  loin.  Il  a  fallu  cependant  en  parler,  parce  que  les 
auteurs  (Budge,  Balogh,  Vulpian,  Guttmann,  Fr.  Franck,  etc.)  qui  admettent  des  libres 
pupillo-dilatatrices  dans  le  nerf  trijumeau  (que  d'aucuns  font  même  provenir  du  contre 
cilio-spinal)  le  font  généralement  sur  la  foi  d'expériences  de  ce  cenre,  qui,  nous  l'avons 
déjà  dit,  ne  prouvent  rien.  Par  exemple,  après  extirpation  du  gan;,'lion  ceivical  supé- 
rieur, ils  voient  persister  la  dilatation  pupillaire  réflfxe,  et,  après  avoir  éliminé  les 
autres  nerfs  crâniens  comme  porteurs  de  fibres  pupillo-dilatatrices,  ils  concluent  que 
le  nerf  trijumeau  doit  en  renfermer  à  son  origine.  Ils  ignorent  que  ces  réflexes  sont  dus 
à  une  inbibition  exercée  sur  les  fibres  nerveuses  pupillo-constrictrices. 

Des  expériences  encore  un  peu  énigmatiques  sont  celles  d'EcKHAROT  et  Gruenhagen, 
faites  sur  le  lapin.  Ils  excitent  le  côté  latéral  de  la  moelle  allongée  depuis  la  sortie  du 
nerf  trijumeau  jusqu'à  l'origine  de  la  moelle  cervicale,  c'est-à-dire  ils  excitent  la  racine 
descendante  du  nerf  trijumeau,  et  ils  produisent  ainsi  un  resserrement  piipillaiio  du 
même  cAté.  L'elTet  se  produit  encore  après  section  du  grand  sympathique  et  si  la  pu[)ille 
est  dilatée  au  maximum  pai-  l'atropine.  Les  mêmes  excitations  ne  produisent  pas  le 
même  efTet  chez  le  chion.  Eckiiarut  et  Gruenhagen  en  concluent  que,  chez  le  lapin,  le 
nerf  trijumeau  renferme  dès  son  origine  des  fibres  pupillo-constrictrices.  SPAurrzA  et 
CoNsiGLio  sont  du  même  avis. 

Signalons  enfin  pour  mémoire  que,  sans  raison  suffisante,  Oehl  et  Guttmann  font 
naître  des  fibres  pupillo-dilatatrices  dans  le  ganglion  de  Gasser. 

I.a  conclusion  s'impose:  chez  les  mammifères  supérieurs  au  moins,  le  nerf  trijumeau 
ne  renferme  à  son  origine  ni  fibres  dilatatrices  ni  fibres  conslrictrices  de  la  pupille.  Reste 
cependant  à  expliquer  la  constriction  pupillaire  modérée  de  vingl-quaire  heures  et 
plus  après  section  du  tronc  du  nerf  trijumeau.  On  invoque  ici,  avec  Schiff,  la  suppres- 
sion des  réflexes  pupillo-dilatateurs  que  le  nerf  trijumeau  entretiendrait  normalement 
toujours  un  peu.  Il  est  à  remarquer  que,  d'après  Budge  et  Cl.  Bernard,  l'effet  se  pro- 
duirait encore  après  section  du  nerf  III.  On  pourrait  songer  aussi  à  des  fibres  vaso-dila- 
tatrices contenues  dans  l'origine  du  trijumeau,  et  qui  seraient  coupées  avec  lui. 

1 1°  Le  réflexe  pupillo-dilatateur  dit  douloureux;  son  mécanisme  nerveux.  — 
L'excitation  électi'ique,  mécanique,  etc.  d'un  nerf  sensible  quelconque,  le  nerf  optique 
excepté,  a  pour  ellet  de  dilater  les  deux  pupilles.  Il  s'agit  d'une  action  réflexe  —  bila- 
térale également  —  sur  la  pupille,  appelée  souvent  "  réflexe  pupillaire  douloureux  >■, 
bien  que  l'excitation  du  nerf  sensible  n'ait  pas  besoin  d'être  douloureuse  pour  agir  sur 
la  pupille. 

Le  plus  étudié  de  ces  réflexes  est  celui  qui  est  dû  à  l'excitation  du  nerf  sciatique.  On 
sectionne  ce  nerf,  puis  on  en  excite  le  bout  central.  A  chaque  excitation,  les  deux  pupilles 
se  dilatent.  Un  simple  attouchement  tactile  de  la  peau,  absolument  indolore,  y  suffit. 
L'excitation  des  organes  viscéraux  a  le  même  efîet.  L'effet  est  tellement  constant  qu'il 
peut  servir  d'  «  esthésiomètre  »  (Schiff),  c'est-à-dire  de  moyen  pour  juger  si,  chez  un 
animal  curât  isé  ou  anesthésié,  le  système  nerveux  fonctionne  encore  ou  non.  Ce  moyen 
est  plus  facile  à  observer  que  l'augmentation  de  la  pression  sanguine  qui  se  produit  le 
plus  souvent,  mais  pas  toujours,  dans  les  mêmes  circonstances. 

Le  même  effet  pupillo-dilatateur  est  obtenu  par  l'excitation  de  n'importe  quel  neif 
centripète,  y  compris  les  filets  du  grand  sympathique,  les  cordons  postérieurs  de  la 
moelle  et  les  nerfs  des  organes  des  sens,  notamment  du  nerf  acoustique. 

Le  nerf  optique  seul  fait  exception.  Seulement  on  n'est  pas  sûr  que  l'efîet  pupillaire 
d'une  excitation  du  nerf  acoustique  n'est  pas  due  à  une  activité  cérébrale.  Chez  un 
animal  curarisé,  la  voix  de  son  maître,  par  exemple,  dilate  les  deux  pupilles.  Mais,  chez 
le  même  animal,  la  vue  de  son  maître,  ou  d'un  foust  menaçant,  dilate  également  les 
pupilles.  Or,  le  réflexe  pupillaire  d'une  excitation  du  nerf  optique  est  une  constriction. 
La  dilatation  pupillaire  obtenue  dans  les  circonstances  indiquées  par  la  vue  d'un  objet 
est  le  résultat  d'une  excitation  compliquée,  dite  psychique,  de  l'écorce  cérébrale.  i\ous 
consacrerons  un  paragraphe  à  part  aux  effets  pupillaires  de  l'activité  cérébrale. 


IRIS.  655 

Surfit  alors  !;i  qiioslion  importnnlo  du  mécanisme  nerveux  dos  réllexes  j)Ui)illo- 
dilataft'iMS  |>rovoqui''s  par  l'cxiilalion  dos  nerfs  sensiMos.  Il  s'agirait  de  poursuivre 
l'inllnx  nerveux  le  lon^'  dos  nerfs  cfntripôlcs,  à  travers  les  centios  nerveux,  puis,  le  cas 
échéant,  à  tiavers  les  libres  centrifuges,  pupillo-dilatalriees. 

Pour  ce  qui  est  des  nerfs  centripètes  provocateurs  de  ces  réllexes,  nous  savons  quel 
est  le  nerf  excité  dans  un  cas  donné.  Souvent  on  s'adresse  au  nerf  s<Matique.  Quant  aux 
voies  centrifuges,  l'idée  initiale  fut  (ju'clles  passaient  par  les  libres  ptipillo-dilata- 
liicos  du  grand  sympatliitiiie.  Vuliman  a  le  premier  vu  que  la  section  du  grand  sympa- 
tliitiiie  au  cou  ne  supprime  pas  le  réflexe  puitillo-dilatateur.  Il  en  conclut  uu^-me  — 
erronénient  —  ù  l'existence  de  libres  pupillo-dilatatrices,  sortant  de  la  substance  céré- 
brale avec  le  nerf  trijumeau. 

Le  fait  est  que  la  pui>illo-dilatation  réflexe  résulte  exclusivement  d'une  frénation 
exercée  sur  les  fibres  pupillo-constriclrices  du  nerf  oculo-moteur  commun.  Elle  est  com- 
plètement supprimée  après  section  du  nerf  III,  et  persiste  après  section  du  seul  grand 
sympathique. 

Les  auteurs  ne  manquent  toutefois  pas  qui  prétendent  (ju'après  section  du  nerf  III, 
il  persiste  une  trace  de  la  dilatation  réflexe.  Aussi  importait-il  d'employer  ici  des  men- 
surations pupillaires  très  exactes.  C'est  ce  que  fit  Bellabminofk,  et  à  sa  suite  Br.\u.nstf,i.n, 
en  introduisant  la  photographie  dans  ce  genre  de  recherches. 

Toutefois,  avant  de  rendre  compte  de  leurs  recherches,  signalons  les  conclusions 
remarquables  auxquelles  Reciiteukw  était  arrivé  avant  eux,  par  une  évaluation  plus 
grossière  des  phénomènes. 

Rechterew  fait  d'abord  observer  que  généralement  la  dilatation  pupillaire  réflexe 
est  modérée,  chez  l'homme  aussi  bien  que  chez  l'animal,  à  moins  que  chez  ce  dernier 
l'excitation  soit  très  forte,  auquel  cas  elle  est  accompagnée  d'une  forte  élévation  de  la 
pression  sanguine.  Elle  ne  se  produit  franchement  qu'à  un  éclairage  assez  fort,  à  effet 
fortement  constricteur  de  la  pupille.  Pendant  que  la  pupille  est  ainsi  contractée,  la 
dilatation  réflexe  est  très  sensible.  Une  excitation  douloureuse,  d'après  R.,  ne  saurait 
produire  une  dilatation  plus  forte  que  celle  que  présente  l'œil  à  l'obscurité.  Après  sec- 
tion d'un  nerf  optique,  une  excitation  douloureuse  ne  dilate  plus  la  pupille  de  l'œil 
dont  le  nerf  optique  est  coupé,  et  cela,  bien  que  la  dilatation  ne  soit  pas  maximale 
(comme  celle  après  une  forte  atropinisation,  ou  par  tétanisation  du  sympathique  cer- 
vical). De  tout  cela,  il  résulterait  que  l'excitation  douloureuse  non  excessive  ne  produit 
qu'une  influence  d'arrêt  sur  le  réflexe  lumineux.  Rechterew  y  voit  donc  la  preuve  que 
les  excitations  douloureuses  n'agissent  pas  sur  la  pupille  en  excitant  les  fibres  pupillo- 
dilatatrices  du  grand  sympathique,  mais  en  modérant  le  tonus  du  sphincter  de  la 
pupille. 

Cette  dernière  conclusion  est  absolument  confirmée  par  les  recherches  de  Rei.lar- 
MiNOFF  et  de  Rraunsteix. 

Jusqu'à  Rellarminoff,  la  mensuration  des  phénomènes  en  question  était  insuffisante. 
L'ceil  nu  et  les  nombreux  pupillométres  servaient,  dans  une  certaine  mesure,  à  mesurer 
les  dimensions  de  la  pupille.  La  détermination  de  temps  en  dedans  lesquels  se  pro- 
duisent et  évoluent  les  phénomènes  ne  pouvait  être  que  rudimentaire.  Rellarminoff 
imagina  une  disposition  expérimentale  qui  permet  d'enregistrer  par  la  photographie, 
et  de  la  manière  la  plus  exacte,  la  grandeur  de  la  pupille,  la  durée  des  variations  pupil- 
laires, ainsi  qu'un  phénomène  concomifant  quelconque,  tel  que  le  temps,  la  pression 
sanguine. 

Il  braque  un  objectif  photogra[)hi(jue  sur  l'iris,  de  préférence  celui  du  chat,  dont 
l'iris  est  clair.  Dans  ces  conditions,  l'iris  produit  sur  une  pellicule  sensible  une  impression 
photographiiiue  qui  tranche  sur  celle  de  la  pupille,  noire.  Il  emploie  un  rouleau  de 
pa[>ier  sensible  qui  se  déroule  pendant  l'expérience.  La  pupille  donne  dans  le  négatif 
une  bande  claire,  sur  laquelle  on  lit  les  variations  du  diamètre  pupillaire,  avec  le  temps. 
C'est  la  méthode  graphique  idéale. 

Rellarminoff,  et  à  sa  suite  Rraunsteln,  distinguent  de  celte  manière  d'abord  le  type 
de  la  dilatation  pupillaire  «  directe  >,  par  excitation  du  grand  sympathique,  et  le  type 
de  la  dilatation  «  réflexe  »,  par  excitation  du  nerf  sciatique.  Les  deux  diffèrent  sensi- 
blement. 


656 


IRIS. 


8  S 

vvuvuvvvvv\nnnnnrinnnnnn/v 


La  figure  i06  représente,  d'api'ès  Braunstein,  le  type  de  la  dilatation  directe  (chez  le 
chat  curarisé).  En  a  est  la  pupille  resserrée  par  suite  de  la  section  du  sympathique.  De 
m  en  n,  tétanisation  du  sympathique  pendant  deux  secondes.  Après  une  période  latente 
de  0,41  secondes,  la  pupille  commence  à  se  dilater.  Le  maximum  de  la  dilatation  arrive 

après  1,8  secondes.  Après 
cessation  de  l'excitation,  la 
pupille,  dilatée  au  maxi- 
mum, se  resserre  d'abord 
plus  vite,  puis  plus  lente- 
ment et  "graduellement.  La 
durée  totale  représentée  est 
de  20  secondes,  après  les- 
quelles la  pupille  n'est  pas 
encore  revenue  à  son  dia- 

FiG.  106. —  Dilatation  directe  do  la  pupille  de  chat  curarisé, par  excitatiou    jjjètre  primitif, 
(tétanisation)  du  nerf  sympathique   préalablement  sectionné  (Braun-  ,       ^  ,  rv-  x        l 

g^g^j^v  '  j    1       H      F  ^  La  figure  10/  représente 

la  dilatation  du  type  réflexe, 
par  excitation  du  nerf  sciatique.  En  a,  pupille  après  section  du  nerf  sciatique.  De  m 
en  n,  pendant  2  secondes  et  demie,  tétanisation  du  nerf  sciatique.  Après  une  période 
latente  qui  n'est  guère  plus  longue  que  celle  du  type  direct,  la  pupille  se  dilate,  mais 
de  façon  là  réaliser  deux  maximums  de  la  dilatation.  Le  second  maximum  n'arrive 
qu'après  sept  secondes.  Elle 
diminue  ensuite  graduelle- 
ment et  lentement. 

Pour  atteindre  son  maxi- 
mum, la  dilatation  réflexe 
met  donc  un  temps  notable- 
ment plus  long  que  la  dilata- 
tion par  excitation  du  grand 
sympathique. 

Bien  que  les  deux  auteurs 
ne  le  disent  pas,  on  ne  peut 
se  défendre  de  l'idée  que  le 
phénomène  de  la  dilatation  réflexe  soit  complexe,  le  premier  maximum  étant  dû  à 
une  cause,  le  second  à  une  autre. 

La  figure  108  donne  en  6  et  c  les  pupillo-dilatations,  chacune  après  l'application  au 
nerf  sciatique  d'une  seule  secousse  induite.  La  dilatation  est  moindre  que  dans  le  cas 

précédent;  elle  commence 
après  une  période  latente 
de  0,4  sec. 

Lafigure  109  représente  la 
dilatation  réflexe,  due  à 
l'excitation  du  nerf  sciati- 
que, mais  après  section  du 
grand  sympathique  cervical 
du  côté  de  l'iris  photogra- 
phié. La  période  latente  est 

FiG.  108.  —  Dilatations  pupillaires  par  l'application,  au  nerf  sciatique,       sensiblement    pluS   allongée 

de  secousses  électriques  isolées.  que  dans  l'excitation  directe  ; 

la  dilatation  rapide,  initiale, 
de  la  figure  107  (sans  section  du  sympalhique)fait  défaut,  ainsi  que  le  retrait  qui  suit  la 
cessation  de  l'excitation.  Le  maximum  de  la  dilatation  obtenue  est  moindre  que 
lorsipie  le  grand  sympathique  est  intact. 

Après  extirpation  du  ganglion  cervical  supérieur  la  dilatation  réflexe  du  côté  de 
l'extirpation  présente  (Braunstein)  une  période  latente  encore  plus  allongée;  la  dilata- 
tion est  moindre  que  dans  le  cas  de  section  du  tronc  sympathique,  mais  elle  conserve 
les  caractères  de  la  dilatation  réflexe.    Le  type  de  la  dilatation  n'est  pas  altéré  si  eu 


TirwnArirv'\nnnrinrirum^ 


FiG.  107.  —  Dilatation  pupillaire  du  type  réflexe, 
par  excitation  du  nerf  sciatique. 


vinnnnnjvvvinnnnnnnnnr^ 


IRIS. 


657 


S  S 

^r\nr\nr\iv\nr\r\r\nnn^ 


iiii'iiii"    U'iii|)>   If    tioiK-   (In    lu'il'  liiniiiic.m    csl.   coh\u'-    mui    .uiiric   tic    son   ^an^lion). 
Dans  r('.\|)(''ri<'ncc    do.  la  (i,^^n•o  ll(»,  ty|)(«  d'uiHî  dilatation    rrllexe  (t,li<'/.  lo  clial)  par 
liManisation  du  nci  rscialiiiue,  I.'um-.nsikin  a  en  nicnic  Icmps  rnic^i.sln''  la  incssion  saii- 
};uiiu'     (couilie     h),     (■elle 
pressit)!!  (  oninionoc  à  njoii- 
ter  longtemps  après  (|tie  la 
pn|)ille  (vsl  déjà  fort  dilati'-c. 
i.f  inaxinuini  de  la  pression 
saiignino  coïncide  assez  sen- 
sililenienl     avec    le     niaxi- 
niiiin  lie  la  dilatation  luipil- 
Liiie.      n«Ai.NSTi;i.\      eslinir 
toutefois     que     le     second 

maximum    survient  un    peu     j,,,^    „,^  _  Diia-ad,,.,  rctloxo.lohi|.up,lle,i.ar  loUn.sationdu  ..cf  .c.ati.,.i« 
plus    tôt,    au    temps    C,    une  lo  nc-rf  sympathiciuo  ayant  olo  iin<alal)lciii(-til  sectionné. 

petite  fraction  de  seconde. 

Après   section   du  grand  sympatliiijne,   l'augmi-nlaiion  rt'llexr  di-  la   [ircssion  san- 
guine commence  exactement  avec  la  dilatation  impillaire  ({{kllarmi.noi'I). 

Dans  un  pliotogramme  (fig.  111)  reproduisant  la  dilatation  rédexe  de  la  pnpiih;  die/ 

un  c!ii(;n  curaijsé,  à  la  suite 
d'un  IVoltenient  doux  de  la 
palIr  antérieure,  la  pression 
sijuguint;  n'a  pas  varié;  la 
pupille  s'est  dilatée,  la  forme 
di"  la  dihitalion  se  ra|)i)ro- 
clianl,  par  sa  durée  notam- 
ment, du  type  direct. 

Enfin,  après  section  du 
nerf  III  et  forte  télanisation 
du  nei-f  srialique,  les  pliolo- 
grammes  ne  présentèrent  pas 
trace  de  dilatation  pupillaire. 

l'Ui.  110.—  Dilatation  pupillaii-o  i-6tlexc,  par  télanisation  du  nerf  scia-  D'après  leS  résultais  de  SCS 

li((ue    avec    grapiii.iuo   siinultanù   do    la  pression  sanguiuo.  En   /(,     expériences,    tels    qu'ils    SOdt 


■vvvvvvvvvvvuYvvnnjvinnnn^^ 


w»w,1CMWB«w»^lMlMWl^<»M^jutlw>^sv<^>w«>^W(>«»yrt^■^ll1«^MMrrl)f1M»Mfl».^w^^|^i^■^■^^l^•r»^ 


graphique  de  la  pression  sanfruine.  •        '         i  ■     ■ 

"    ^    '  '  "=  consignes    dans    ses    pnolo- 

grammes,  Hraunstein  en  dé- 
duit que  la  dilatation  pupillaire  réilexe  (douloureuse)  se  produit  par  l'intermédiaire 
du  seul  nerf  111,  par  le  moyen  d'une  inhibition  exercée  sur  l'origine  de  ce  nerf.  Le 
grand  syniphati(iue  n'interviendrait  qu'en  modiliaiil  la  forme  de  la  pupillo-dilala- 
tion.  liiuu.NSTEiN  admet  que 
le  nerf  grand  sympathique 
exerce  normalement  sur  l'iris 
un  tonus  pupillo-dilataleur, 
en  vertu  duquel  la  dilatation 
réilexe  suiviendrait  un  peu 
plus  vite  et  serait  plus  forte 
si  le  grand  sympathique  est 
coupé.  C'est  là  la  seule  in- 
Iluence  que  Buaiwstei.n  ac- 
corde au  grand  sympathique 


S'  S 

v\ruv\nAnnniv\/vvvir\AnnnnArui^^ 


Fiii.  111.  —  Dilalalion  roUexo  de  la  pu|)ille  (d'un  chien  curarisé), 
par  rrottcmcat  d'une  patte. 


sur  la  pupillo-dila  tation 
réflexe,  douloureuse. 

Les  modalités  des  divers 
pliotogrammes  obtenus  par  Uellauminoki'  et  HuALWsria.N  sont  loin  d'être  expliquées  dans 
tous  leurs  détails.  HiiLLAHMixorp,  voyant  qu'en  cas  de  section  du  grand  sympathi<|ue  la 
dilatation  pupillaire  réflexe  (douloureuse)  se  développe  parallèlement  avec  l'augmen- 
tation de  la  pression  sanguine,   admet  que   dans  ces  conditions  la  diastole  pupillaire 

mCT.    DE    PllYslULOGlE.    —    T.     IX.  42* 


658  IRIS. 

réllcxe  dépendrait  des  actions  vaso-motrices.  Sous  cette  forme  absolue,  l'opinion  de 
Bellariu.noff  ne  saurait  être  maintenue,  attendu  que  cette  diastole  résulte  d'une  dimi- 
nution du  tonus  du  centre  sphinctéro-moteur. 

Pour  ce  qui  est  du  tonus  pupillo-dilatateur  entretenu,  d'après  Braunstkin,  par  le 
grand  sympathique,  il  se  pourrait  que  ce  ne  fût  là  rien  autre  chose  que  le  tonus  vaso- 
moleur  que  le  grand  sympathique  exerce  sur  les  vaisseaux  intra-oculaires,  et  quLest 
une  des  forces  pupillo-dilatatrices  agissant  continuellement  (voir  pi.  loin).  En  vertu  de 
la  suppression  de  ce  tonus  vaso-constricteur  dans  les  vaisseaux  afférents  de  l'iris,  toute 
pupillo-dilatation  due  à  une  autre  cause  doit  évoluer  plus  lentement  et  être  moins 
excursive. 

Ainsi  s'expliquerait  peut-être  aussi  qu'en  cas  d'intégrité  du  grand  sympathique  la 
pupillo-dilatation  réflexe  paraît  être  double  (fig.  107). 

12°  Effets  pupillaires  de  l'excitation  cérébrale,  soit  artificielle,  soit  natu- 
relle, psychique.  —  L'activité  cérébrale,  psychique,  notamment  l'attention,  la 
frayeur,  la  joie,  etc.,  dilate  les  deux  pupilles.  Un  geste  menaçant,  l'appel  du  nom  de 
l'animal  en  expérience,  etc.,  ont  cet  effet.  Il  ya  des  personnes  qui  peuvent  contracter 
en  quelque  sorte  à  volonté  leurs  pupilles.  Elles  n'obtiennent  toutefois  cet  efl'et  qu'en 
contractant  en  même  temps  les  muscles  droits  internes,  c'est-à-dire  en  convergeant. 

Pendant  le  sommeil  naturel  (et  artificiel),  les  pu|)illes  sont  très  resserrées,  à  cause, 
dit-on,  de  la  suppression  de  l'activité  cérébrale.  Au  moment  du  réveil,  spontané  ou 
non,  il  se  produit  toujours  une  notable  dilatation  de  la  pupille  :  mise  en  activité  de 
l'appareil  cortical  pupillo-dilatateur. 

Dans  les  affections  irritatives  du  cerveau,  les  pupilles  sont  dilatées.  Elles  se  rétré- 
cissent fortement  dans  les  paralysies  du  cerveau. 

D'autre  part,  l'excitation  expérimentale  (électrique, 'par  exemple)  de  certains  terri- 
toires de  l'écorce  cérébrale  dilate  les  deux  pupilles,  chez  l'homme  aussi  bien  que  chez 
l'animal.  No\is  verrons  qu'il  s'agit  là  dune  espèce  de  i<  réflexe  coitico-pupillaire  »,  ana- 
logue au  réflexe  douloureux.  On  tend  à  supposer  que  ce  réflexe  cortico-pupillaire  et  la 
pupillo-dilatation  résultant  des  activités  psychiques  sont  produits  par  l'activité  des 
éléments  corticaux. 

Si  maintenant  on  se  rappelle  les  réflexes  pupillaires  dits  douloureux,  on  constate 
qu'en  somme  la  pupille  se  dilate  sous  l'influence  de  l'activité  de  n'importe  quelle  partie 
du  système  nei'veux,  à  l'exception  du  nerf  optique  cl  des  parties  qui  président  à  la  con- 
vergence. On  comprend  dès  lors  que  la  pupille  soit  souvent  un  excellent  réactif  pour 
juger  de  l'intégrité  fonctionnelle  de  n'importe  quelle  partie  du  système  nerveux,  et  que 
ScHiiF  en  ait  pu  proposer  les  mouvements  comme  un  «  esthésiomètre  »  universel. 

Insistons  un  peu  sur  ces  actions  pupillo-dilatatrices  cérébrales,  surtout  au  point  de 
vue  de  leur  mécanisme  nerveux. 

Influence  pupillo-dilatatrice  des  excitations  artificielles  de  l'écorce  cérébrale.  — 
D'après  les  observations  d'une  foule  d'auteurs  (Scuu-r  et  Foa,  Bochefontaine,  Fa.  Franck, 
(jRiiisHAGEN,  MisLAWSKi,  Braunstein,  Angelucci,  Kotschanowski,  Ferrier,  etc.),  l'excitation 
électrique  de  l'écorce  cérébrale  produit  une  dilatation  bilatérale  delà  pupille. 

C'est  surtout  l'excitation  de  l'écorce  dite  «  psycho-motrice  »,  ou  encore  celle  de 
l'écorce  affectée  à  la  sensibilité  tactile  qui  produit  ces  effets.  C'est  chez  l'homme  et  le 
singe  l'excitation  des  circonvolutions  centrales  (surtout  de  l'antérieure),  chez  le  chien, 
celle  de  la  circonvolution  sigmoïde,  mais  aussi  celle  de  l'écorce  occipitale  (centre  corti- 
co-visuel)  qui  a  cet  effet.  —  Dans  des  conditions  mal  définies  (courants  plus  forts, 
excitation  de  l'écorce  occipitale?)  l'effet  est  au  contraire  une  constriction  des  deux 
pupilles. 

La  forme  de  la  pupillo-dilatation  ainsi  obtenue,  par  tétanisation  de  l'écorce  ne  res- 
semble pas  à  celle  de  la  pupillo-dilatation  réflexe,  elle  a  beaucoup  d'analogie  avec  la 
pupillo-dilatation  directe,  par  excitalion  du  grand  sympathique. 

Notons  dès  maintenant  que  l'excitation  de  ces  mômes  territoires  corticaux  donne 
lieu  également  à  des  effets  vaso-constricteurs  qui  augmentent  très  sensiblement  la 
pression  sanguine  générale. 

Ces  effets  pupillaires  sont  bien  dus  à  l'excitation  de  l'écorce,  et  non  à  celle  de 
parties  plus  profondes,  de  la  base  du  cerveau  par  exemple,  car  on  les  obtient  à  l'aide 


IRIS.  659 

de  cdiirajils  liiuluils  lellcnuMil  t'aiblos  tpi  ils  ne  [tioiluiseiit  plus  cet  elVet  après  enlève- 
ment, piiisn'ap[)liialioii(lo  l'érorce.  Fit.  Fuanck  disliii;^ue  du  reste  entre  les  elTels  pupil- 
laires  produits  par  une  faible  excitation  de  récoree,  obtenus  sans  convulsions  et  sans 
aiii^inenlalion  île  la  pression  sanf,'uine  généiale,  et  ceux  produits  par  une  jilus  forte 
excitation,  donnant  lieu  en  môme  temps  à  des  piiénomènes  »îpilepli(iiies  et  à  une  aug- 
mentation de  la  pression  sanguine.  Nous  entemlons  parler  ici  uniiiuement  des  premiers. 

Après  enlèvement  de  récorce,  on  obtient  des  effets  pupillaires  analogues  en  excitant 
les  parties  sous-jacenles,  plus  profondes;  probablement  on  excite  ainsi  des  libres 
oui  partent  de  l'écorce.  Certains  auteurs  ont  cependant  observé  ce.s  elVets  en  localisant 
l'excitation  le  plus  possible  dans  les  masses  grises  du  corps  oplo-slrié,  surtout  dans  la 
li'te  du  tioyavi  caudé. 

Pour  ce  qui  est  des  voies  périphéri(iues  corticofuges  par  les(|uelles  se  luoduit  (.et 
ellet,  il  semble  y  avoir  analogie  complète  entre  cet  elîet  cortical  et  le  réllexe  douloureux, 
c'est-à-dire  ([ue  la  voie  centrifuge  en  serait  le  neif  III.  Suivant  KERniKR,  Bochepontaink, 
Grunuagkn,  Hensk.n  cl  Voei.kkrs,  Knolt.,  Hessau,  Mislawski,  Hraunsteiv,  Angelucci, 
F*AHsoNs,  etc.,  l'etTet  se  produirait  encore  après  section  du  grand  sympathique  au  cou, 
et  disparaîtrait  par  la  section  du  nerf  111.  Il  faudrait  donc  admettre  (|ue  la  tétanisation 
de  l'i'coroe  aux  endroits  signalés  exerce  une  frénation  sur  le  centre  pupillo-constricteur 
mésoci'plialique.  Kii  etïet,  l'etl'et  persiste  après  section  de  la  moelle  cervicale  et  même 
après  section  de  la  moelle  allongée  en  arrière  des  tubercules  quadrijumeaux. 

Au  concert  précédent  se  mêlent  toutefois  quelques  voix  un  peu  discordantes. 
D'après  Katschanowski,  la  Iransnnssion  se  ferait  exclusivement  par  les  fibres  pupillo- 
dilalatrices  du  grand  sympathique,  et,  d'après  Fr.  Franck,  la  section  du  nerf  III  accélé- 
rerait même  l'effet.  Ces  observations  restent  provisoirement  énigmatiiiues. 

Naturellement,  la  section  du  grand  sympalhicjue  au  cou  diminue  l'effet  pupillo- 
dilatateur  de  la  tétanisation  de  l'écorce,  à  cause  du  rétrécissement  pupillaire  que  cette 
section  produit  également.  La  congestion  de  l'iris  qui  en  résulte  doit  à  elle  seule  pro- 
duire cet  effet. 

L'extirpation  de  l'écorce  cérébrale  dite  tactile,  tout  comme  l'extirpation  d'un  hémi- 
sphère (de  mammifère)  produit  du  mj'osis  sur  le  côté  muiilé,  ainsi  que  de  la  congestion 
et  de  l'hypeithermie  de  la  face  du  même  côté  iBrown-Séquaud,  Brau.nstein).  C'est  ce 
qui  explique  qii'en  cas  d'extirpation  de  l'écorce  dite  tactile,  Schiki  et  Foa  ont  vu  que  le 
réllexe  douloureux  pupillo-dilalateur  était  diminué,  ce  qui  les  avait  portés  à  admettre 
un  centre  pu|)illo-dilatateur  situé  dans  le  cerveau. 

Chez  l'animal  nouveau-né',  l'effet  pupillaire  eu  question,  par  tétanisation  de  l'écorce, 
ne  se  produit  pas. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que,  dans  des  circonstances  mal  définies,  la  tétanisation  de 
l'écorce  resserre  les  deux  pupilles.  D'apiès  Levinska,  cet  effet  serait  obtenu  sur  les  ter- 
ritoires corticaux  (lui,  ti-l  l'écorce  occipitale,  provoquent  la  convergence.  Ce  serait  peut- 
être  la  pupillo-constriction  associée  à  la  convergence. 

D'après  A.NGEi.Lccr,  chez  les  oiseaux,  la  tétanisation  de  l'écorce  cérébrale  produirait 
toujours  un  resserrement  de  la  pupille  du  côté  opposé.  De  plus  l'effet  ne  serait  pas  sup- 
primé dans  l'empoisonnement  par  la  nicotine 

Influence  pupillo-dilatatrice  de  l'activité  cérébrale  normale,  dite  psychique.  —  Des 
excitations  cérébrales  visuelles  ou  acoustiques  (vision  du  poing  menaçant,  audition  du 
nom  de  l'animal,  etc.)  provocjuent.  chez  le  chien  ou  le  chat  curarisé,  une  pupillo-dilata- 
tioii  bilatérale.  D'après  [{uai'.nstein,  elle  est  du  même  type  que  celle  qui  est  due  à  la 
tétanisation  de  l'écorce  cérébrale.  Elle  n'est  accompagnée  d'aucune  variation  de  la  pres- 
sion sanguine.  Elle  est  supprimée  dans  l'œil  dont  le  nerf  oculo-moteur  commun  a  été 
coupé,  même  depuis  une  année;  elle  persiste  après  section  du  nerf  grand  sympathique. 
Enfin,  d'après  Braunstei.n,  elle  disparaît  quand  on  a  enlevé  les  régions  de  l'écorce  dont 
la  tétanisation  dilate  les  pupilles. 

Braunstei.n  conclut  donc  (jue  cette  diastole  pupillaire  est  le  lésultat  du  même  mé- 
canisme nerveux  que  la  pupillo-iliiatation  due  à  la  tétanisation  de  l'écorce.  Elle 
différerait  de  la  dilatation  réllexe,  douloureuse,  qui,  elle,  n'est  pas  supprimée  par 
l'extirpation  de  l'écorce.  Elle  serait  le  résultat  du  fonctionnement  môme  de  l'écorce, 
d'une  activité  dite  psychique. 


tibo  iris; 

Sur  le  mémo  môcaiiisme  cortical  paraît  reposer  la  pupillo-dilatation  qui  se  produit 
lors  (ruiio  activité  psychique  quelconque,  telle  que  l'attention,  la  frayeur  (voir  pi. 
loin).  Chez  i'Iiorame,  la  paralysie  du  nerf  oculo-moteur  commun  la  supprime. 

Réflexe  cérébral  de  Haab.  —  Signalons  ici  une  curieuse  observation  de  li.\.\B,  qui 
toutefois  serait  peut-être  mieux  rattachée  au  réflexe  pupillaire.  Supposons  les  yeux 
regardant  dnns  un  espace  obscur; les  pupilles  sont  donc  dilatées. On  place  dans  la  péri- 
phérie du  champ  visuel  un  corps  assez  large  et  moyennement  éclairé,  une  feuille  de 
papier  ])lanc.  Chaque  fois  que,  sans  que  le  regard  change,  l'attention  se  porte  sur  la 
feuille  de  papier,  les  pu[)illes  se  contractent;  elles  se  dilatent  si  l'attention  quitte 
l'objet. 

Le  resserrement  pupillaire  pendant  le  sommeil  (sur  lequel  nous  reviendrons  plus  loin), 
ainsi  que  la  forte  pupillo-dilatation  au  moment  du  réveil  réel  ou  au  moment  du  demi- 
réveil,  par  suite  d'une  excitation  quelconque,  sont  expliqués  de  la  manière  suivante. 
Pendant  le  sommeil,  il  y  a  suppression,  ou  au  moins  forte  diminution  de  l'activité  de 
tous  les  appareils  provoquant  normalement  la  dilatation  pupiHaire  :  écorce  cérébrale  et 
nerfs  périphériques.  Lors  du  réveil,  et  l'écorce  cérébrale,  et  les  nerfs  périphériques 
sensibles  reprennent  leur  activité.  —  Pendant  le  sommeil,  le  réflexe  lumineux  (pupillo- 
constricteur)  se  produit,  mais  naturellement  diminué,  en  raison  de  la  petitesse  de  la 
pupille. 

Dans  les  maladies  cérébrales,  la  dilatation  pupillaiie  bilatérale  est  regardée  comme 
un  symptôme  d'excitation  des  hémisphères,  de  l'écorce,  tandis  que  le  resserrement,  et 
surtout  l'abolition  du  réflexe  douloureux, est  un  signe  fâcheux  de  paralysie  du  cerveau. 

Lors  de  la  chloroformisation,  les  jmpilles  sontdilatées  dans  la  période  dite  d'excita- 
tion ;  elles  sont  resserrées  plus  ou  moins  dans  la  période  de  relâchement,  de  narcose 
véritable.  Une  grande  étroitesse  des  pupilles,  et  surtout  l'abolition  du  réflexe  douloureux, 
doit  faire  craindre  quelque  syncope  chloroformique. 

Si  la  mort  [survient  réellement,  quelle  qu'en  soit  d'ailleurs  la  cause,  les  pupilles  se 
dilatent  fortement  —  probablement  par  anémie  et  constriction  des  vaisseaux  iridiens 
(arrêt  des  pulsations  du  cœur  et  vaso-constriction  universelle);  puis,  après  quelque 
temps,  elles  se  resserrent  définitivement,  par  suite  probablement  de  l'écoulement  {posl 
mortem)  de  l'humi-ur  aqueuse  hors  de  l'œil. 

13°  Mécanismes  iridiens  des  mouvements  pupillaires.  —  Nous  avons,  dans  ce 
qui  précède,  appris  à  connaître  les  conditions  extra-iridieunes  qui  font  varier  la  pupille, 
autrement  dit  les  mécanismes  nerveux  de  ces  mouvements;  nous  avons  parlé  d'in- 
fluences nerveuses  pupillo-constrictrices  et  pupillo-dilatatrices,  et  nous  avons  déterminé 
les  voies  nerveuses  périphériques  centrifuges  par  lesquelles  ces  innervations  gagnent 
l'iris,  au  sortir  de  l'axe  cérébro-spinal.  Il  nous  reste  à  déterminer  les  facteurs  iridiens 
(musculaiies,  mécaniques)  qui  resserrent  et  dilatent  la  pupille,  sous  l'influf^nce  notam- 
.menl  des  facteurs  nerveux  signalés  dans  ce  qui  précède. 

Il  résulte  de  toutes  les  recherches  qu'à  un  moment  donné  la  pupille  se  trouve  en 
une  espèce  d'équilibre  instable,  résultant  de  multiples  influences  dont  les  unes,  «  systo- 
liques  »,  tendent  à  la  resserrer,  et  les  autres  «  diastoliques  »,  tendent  à  la  dilat"r.  Un 
renforcement  d'une  irdluencesystolique  resserre  la  pupille,  un  affaiblissement  d'une  in- 
fluence systolique  dilate  la  pupille.  Un  renforcement  dune  influence  diastoiique  dilate 
la  pupille,  sa  diminution  resserre  la  pupille. 

En  fait  d'influences  systoliques,  il  y  a  :a)  le  muscle  sphincter  qui,  en  se  contractant, 
resserre  la  pupill  \  b)  la  pression  sanguine  générale,  en  tant  qu'elle  se  propage  au  sang 
de  l'iris. 

Les  influences  diastoliques  sont  :  a)  le  muscle  dilatateur  de  la  pupille,  b)  les  actions 
vaso-constrictrices  intra-oculaires,  c)  la  pression  intra-oculaire,  d)  l'élasticité  du  tissu 
iridien. 

Pour  ce  qui  est  du  muscle  sphincter,  son  intervention  est  mise  hors  de  doute  dans  la 
plupart  des  circonstances  oîi  le  diamètre  pupillaire  varie.  Les  etfels  pupillaires  de  ses 
contractions  et  de  ses  relâchements  se  comprennent  parfaitement.  La  paralysie  de  son 
•  nerf  moteur,  du  nerf  III,  chez  l'homme,  ou  sa  section,  chez  l'animal,  dilate  la  pupille 
(mais  pas  tout  à  fait  au  maximum).  A  ce  propos,  il  faut  se  rappeler  qu'un  muscle  con- 
tracté préalablement  ne  s'allonge  pas  activement  lors  de  la  cessation  de  sa  contiaction; 


IRIS.  6HI 

les  expéiiences  (le  (iitiKMi  \i.k\,  iL'iidaiit  à  lii-moiilier  un  ;ill(Hi;;:enienl  ;n  lif  du  spliiiicler, 
no  sont  pas  coiivaiiifaiiles. 

Muscle  dilatateur  de  la  pupille.  —  Depuis  loii;;lenips  on  a  cssayi'  d'('Xpli(|uer 
les  dilalalions  (nipillaiies  pai-  riiy|»olIiùst!  d'un  muscle  donl  les  conlractions  auraient 
pour  elTft  de  dilater  la  pu|)il!e;  nolaninient  à  la  suite  des  recherches  de  Pinir,  Ak.nuld, 
Vale.ntin  et  Hii'ii,  qui  déinoiilrèrent  l'inlluencî  pnpillo-conslriclrice  de  la  section  du 
grand  svnipaliùcjne  cervical  et  l'influence  pupillo-dilalatrice  de  l'excitation  du  bout  supé- 
rieur du  nerf  coup^.  (^es  effets  ne  semblaient  pouvoir  s'expliquer  (|ue  par  l'hypothèse 
d'un  muscle  pupillo-dilatateur,  à  libres  disposées  radiairemciit  dans  l'iris. 

Le  problème  des  dilalalions  pupillaires  se  i>osa  avec  plus  d'instance  encore  lorsque 
Cl..  I5KUNAIUI  ^et  à  sa  suite,  Kh.  Fit  \nckj  eut  démonln-  (|ue  les  voies  pupillo-dilatalrices 
du  urand  sympathique  suivent  des  voies  un  peu  dilTérentes  de  celles  des  voies  vaso- 
constrictrices  destinées  à  certaines  parties  de  la  tèle.  Dès  maintenant,  on  supposai! 
souvent,  mais  à  tort,  que  des  pupillo-dilatalions  très  diverses  résullaienl  de  l'activité 
de  ces  «  libres  pupillo-dilalatrices  »  du  grand  sympathique. 

Faisons  observer  toul  de  suite  que  l'existence  de  fibres  pupillo-dilalulrices  dans  le 
i^rand  sym|)athique  n'iin[)li([ue  pas  falalement  celle  d'un  muscle  dilatateur  de  la  |)upille. 
A  notre  connaissance,  Cl.  Bkunakd  nolamment  ne  s'est  jamais  expliqué  calégori(|ue- 
ment  sur  ce  poinl. 

Cependant  riiypolhèse  d'une  simple  influence  d'arrêt,  exercée  sur  le  muscle  sphinc- 
ter par  le  grand  sympathique,  n'expliquerait  pas  (|ue  la  fétanisation  de  ce  nerf  dilate 
la  pupille  plus  forlemenl  que  la  paralysie  du  nerf  III. 

Les  palhologisles  surtout  n'onl  cessé  d'être  partisans  d'un  muscle  dilalateur  :  cer- 
tains effets  mécaniques  de  la  dilatation  pupillaire  sous  l'iulluence  de  l'atropine  ne  leur 
semblaient  pas  explicables  par  un  simple  relâchement  du  muscle  sphincter. 

Entre  temps,  des  fibres  musculaires,  disposées  radiairement  dans  l'iris,  furent 
décrites  par  Koelliker,  Todd  et  Bowm.\n.\,  V.\lknti.n  et  d'autres.  Mais  aux  assertions 
d'analomistes  affirmant  l'existence  d'un  tel  muscle  s'opposaient  les  nombreuses  asser- 
tions d'analomistes  niant  un  tel  muscle.  De  plus,  les  anatomistes  partisans  du  muscle 
dilatateur  ne  s'aci'ordaient  pas  sur  l'emplacement  des  fibres  contractiles  dans  l'iris. 
On  peut  circonscrire  le  débat  entre  anatomistes,  et  écarter  toutes  les  assertions  (Koel- 
LiKKR,  BuDGE,  DoGiEL,  ctc),  controuvées  aujourd'hui,  d'un  tel  muscle  situé  dans  le  slroma 
lui-même  de  l'iris,  avec  ou  sans  rapports  avec  les  vaisseaux.  Muenck  toutefois,  toul 
récemment,  attribue  aux  cellules  éloilées  du  stroma  iridien  une  contraclililé,  en  vertu 
de  laquelle  la  pupille  se  dilaterait. 

Les  discussions  actuelles  tournent  autour  de  la  nature  de  la  couche  iridienne  dite 
de  Biucii,  couche  striée  radiairemeant  et  située  immédiatement  au-devant  de  l'épi- 
thélium  pii;menté  de  l'iris.  C'est  cette  même  membrane  de  Buucii  qui,  d'après  nos  expé- 
riences, se  comporte  à  l'égard  de  la  pénétration  d'encre  de  Chine  i  voir  plus  loin)  d'une 
manière  tout  autre  que  le  stroma  de  l'iris. 

Il  est  incontestable  que  la  membrane  de  Buuch  possède  une  striation  radiaire  régu- 
lière. On  y  rencontre  aussi  quelques  noyaux  plus  ou  moins  allongés  radiairemeni, 
surtout  à  sa  face  postérieure.  Ce  qui  est  certain  aussi,  c'est  que  les  fibres  constitutives 
de  la  membrane  de  Bruch  ne  présentent  pas  les  réactions  du  tissu  élastique  ni  d'ail- 
leurs celles  du  tissu  musculaire  lisse^. 

De  très  longues  discussions  se  sont  élevées  entre  anatomistes  pour  savoir  si  (confor- 
mémeul  à  la  manière  de  voir  de  He.nle,  Merkel,  I\v.\nofi-,  Uolget,  Juleu,  Gauhielujès, 
ViALLETO.N,  Grvnfelt,  VON  S/.iLLV,  ctc,  ctc.)  la  couchc  de  Henle  est  une  couche  muscu- 
laire, ou  bien  si  icomme  le  disent  Grue.nhagen,  A.ngelugci,  Schwalbe,  Fl'chs,  Boé, 
KoGA.NEï,  ÏESTUT,  Retterer,  Debierre,  Berger,  etc. )  les  fibres  en  question  n'ont  pas  la 
signification  d'éléments  contractiles. 

L'n  argument  très  sérieux  en  faveur  de  la  nature  contractile  de  la  membrane  de 
Brlt.h  a  été  apporté  récemment  par  Vialleto.n  et  Cryni-elt,  confirmé  par  la  plupart 
des  auteurs  récents.  Ces  auteurs  démontrèrent  que  la  membrane  de  Buuch  dérive, 
embryologiquement  parlant,  du  feuillet  antérieur  de  la  rétine  iridienne,  qui  d'autre 
part  donne  également  naissance  à  un  muscle  bien  authentique,  au  sphincter  de  la 
pupille  (NussBAiM,  V.  Szilli). 


66i>  IRIS. 

Gomme  argument  anatomique  en  faveur  de  l'existence  d'un  muscle  dilatateur  de  la 
pupille,  chez  les  mammifères,  on  fait  valoir  aussi  que  l'iris  des  oiseaux  (et  celui  des 
reptiles)  renferme  des  fibres  musculaires  disposées  radiairement,  et  caractérisées 
absolument  comme  telles  en  ce  qu'elles  sont  striées.  Certaines  de  ces  libres  occupent 
même  l'emplacement  (sous-épithélial)  de  la  membrane  de  Bruch  chez  les  mammifères 
(Gabrielidès). 

On  a  d'autre  part  cherché  à  établir  l'existence  d'un  muscle  pupillo-dilatateur  en 
expérimentant  plus  ou  moins  directement  sur  l'ii-is,  E.-H.  Weber  obtint  une  contraction 
de  la  pupille,  en  excitant  électriquement  le  centre  de  la  cornée,  et  une  dilatation  en 
appliquant  les  électrodes  sur  le  bord  scierai  de  la  cornée.  Koelliker  excisa  la  zone 
pupillaire  de  l'iris,  c'est-à-dire  le  muscle  sphincter,  et  alors  l'excitation  électrique 
de  l'iris  donna  une  dilatation  de  celte  pupille  artificielh},  dépourvue  de  muscle 
sphincter.  D'après  Heese,  cette  pupille  artilicielle  (chez  le  chat)  se  dilaterait  encore 
sous  l'influence  de  la  tétanisation  du  grand  sympathique,  même  chez  l'animal  tué  par 
hémorragie. 

Laxgley  et  Andersox  ont  dernièrement  repris  l'expérience  de  E.-H.  Weber,  chez  le 
chat  vivant.  Une  excitation  électrique  (tétanisation)  circonscrite,  portée  sur  la  scléro- 
tique à  un  ou  deux  millimètres  du  bord  scléro-cornéen,  attire  la  pupille  de  ce  côté,  la 
dilate  partiellement,  et  plisse,  fronce  la  surface  antérieure  de  l'iris  autour  du  point 
excité,  les  plis  étant  peipendiculaires  au  rayon  iridien  dans  lequel  est  portée  l'exci- 
tation. Ces  déformations  semblent  aux  deux  auteurs  ne  pouvoir  s'expliquer  ni  par  la 
rétraction  élastique  de  l'iris,  ni  par  une  contraction  des  vaisseaux  iridiens. 

L'anatomie  pure,  jointe  à  l'embryogénie,  apporte  donc  des  arguments  en  faveur  de 
la  contractilité  radiaire  de  la  membrane  de  Bruch.  Ce|)endant  ces  arguments  ne  sont 
pas  absolument  dirimants.  Quant  aux  preuves  plutôt  physiologiques  de  cette  contrac- 
tilité, elles  impressionnent  certainement  par  leur  nombre;  mais  aucune  n'est  absolu- 
ment convaincante;  les  faits  en  question,  d'autres  encore,  ont  été  expliciués  plus  ou 
moins,  comme  nous  le  verrons,  par  l'élasticité  du  tissu  iridien  et  des  vaisseaux,  jointe 
au  relâchement  du  muscle  sj)bincler.  Voyons  donc  les  elfels  iridiens  de  ces  deux 
facteurs,  puis  nous  reprendrons  la  question  du  muscle  dilatateur. 

Rôle  de  l'élasticité  indienne  dans  la  dilatation  pupillaire.  —  La  dilatation  pupillaire 
(non  maximale)  consécutive  à  la  paralysie  ou  à  la  section  du  nerf  III  est  donc  expliquée 
par  certains  auteurs  comme  un  effet  du  tonus  d'un  muscle  pupillo-dilatateur.  Les 
auteurs  (déjà  Hall,  en  1849)  qui  n'admettent  pas  de  muscle  dilatateur  supposent  que 
l'élasticité  propre  au  tissu  iridien  tend  à  retirer  toute  la  membrane  vers  son  insertion 
périphérique,  à  produire  une  assez  forte  mydriase.  Ils  admettent  que  le  muscle 
sphincter  resserrerait  la  pupille,  à  l'enconlre  de  l'équilibre  élastique  de  l'iris;  ce 
nmscle  développerait  ainsi  dans  la  membrane  une  tension  qui,  si  elle  n'était  contrariée 
ni  par  la  contraction  du  muscle  sphincter,  ni  par  la  pression  du  sang  dans  les  artères 
iridiennes,  suffirait  pour  retirer  vers  la  périphérie  les  tissus,  même  à  plisser  les  vais- 
seaux. Cette  tension  élastique  ne  demanderait  donc  que  le  relâchement  du  muscle 
sphincter  pour  dilater  la  pupille.  Une  action  vaso-motrice  exercée  par  le  grand  sym- 
pathique serait  toutefois  capable  d'augmenter  encore  un  peu  la  dilatation  pupillaire, 
qu'elle  rendrait  maximale.  Et,  pour  expliquer  que  la  seule  tétanisation  du  grand  sym- 
pathique au  cou  dilate  la  pupille  au  maximum,  ils  admettent  que  cette  tétanisation,  en 
même  temps  qu'elle  a  un  effet  vaso-constricteur  sur  les  vaisseaux,  exercerait  une  action 
frénatrice,  paralysante,  sur  le  muscle  sphincter. 

GruEiNhagen,  le  défenseur  principal  de  la  théorie  dite  de  l'élasticité  iridienne,  s'est 
donné  beaucoup  de  peine  pour  démontrer,  sans  y  être  parvenu  toutefois,  que  cette 
force,  retirant  l'iris  vers  son  insertion  périphérique,  est  notable.  —  Langley  et  Andersox 
toutefois  croient  pouvoir  nier  que  l'iris  dilaté  (quand  la  pupille  est  resserrée)  radiaire- 
meiit  développe  dans  ce  sens  une  tension  élastique  bien  sensible.  Ils  excisent  un 
secteur  de  l'iris  et  le  distendent  radiairement;  après  cessation  de  la  distension,  le  sec- 
teur ne  se  rétracte  absolument  pas,  —  MueiNck  lui  aussi  énumère  une  foule  de  faits 
tendant  à  démontrer  que,  abandonné  à  ses  propres  forces  mécaniques,  l'iris  (y  com- 
pris les  vaisseaux)  exsangue  est  une  membrane  absolument  flasque,  et  que  le  myosis 
pupillaire,  non  la  mydriase  serait  plutôt  l'expression  des  seules  forces  élastiques  de  l'iris. 


IRIS.  663 

Pour  d'aucuns,  la  inydriase  alropiiiiciue  (voir  plus  loin),  qui  peut  t>lre  maximale, 
supposerait  une  large  intervention  de  l'élasticité  iridieiine.  Cet  alcaloïde  en  e lie l  n'a 
pas  (l'action  bien  manifeste  sur  le  calibre  des  vaisseaux;  il  se  borne,  selon  It's  appa- 
rences, à  paralyser  le  muscle  sphincter,  il  est  vrai  qiu;  d'autres  auteurs  expliquent  cette 
mydriase  maximale  en  admettant  que  l'atropine,  tout  eu  paralysant  le  muscle  sphinc- 
ter, exciterait  le  muscle  dilatateur.  Celttî  hypothèse  est  bien  improbable,  car  elle 
attribue  à  l'atropine  des  actions  opposées  sur  des  éléments  anatomiques  de  même 
nature. 

Rôle  des  vaisseaux  iridiens  dans  les  mouvements  pupillaires.  —  Sur  le  cadavre  une 
injection  artilicielle  de  sang  dans  les  vaisseaux  resserre  la  pupille  (Rou(;et).  D'autre 
part,  il  est  certain  que  sur  le  vivant  la  réplétion  des  vaisseaux  sanguins  iridiens  dis- 
tend la  membrane  et  resserre  la  pupille,  et  qu'une  diminualion  de  la  réplétion  des 
vaisseaux  iridiens  dilate  la  pupille.  Il  importe  de  ne  pas  oublier  que  l'une  et  l'autre 
variation  vasculaire  peuvent  être  obtenues  par  deux  mécanismes  'différents.  Ce  sont  : 
o)  des  variations  de  la  pression  sanguine  dans  les  vaisseaux  iridiens,  et  b)  des  actions 
vaso-motrices  dans  les  vaisseaux  afl'érents  à  l'iris,  les  vaisseaux  iridiens  étant  dépourvus 
de  libres  musculaires. 

Une  augmentation  de  la  pression  du  sang  dans  tout  l'arbre  artériel  ou  seulement 
dans  les  vaisseaux  de  la  tète  resserre  les  pupilles;  une  diminution  de  la  même  pression 
dilate  la  pupille.  On  a  obtenu  cet  elYet  pupillo-constricteur  sur  l'animal  fraîchement 
tué  par  hémorragie,  en  injectant  un  liquide  dans  l'artère  carotide.  Chez  l'animal  ou 
l'homme  avec  la  tète  penchée  en  bas,  la  pupille  se  resserre  elle  se  dilate  dans  la  posi- 
tion inverse.  Ces  variations  du  diamètre  pupillaire  deviennent  même  très  prononcées 
chez  le  lapin  auquel  on  a  sectionné  le  grand  sympathique  cervical,  opération  qui  élimine 
les  iimervations  vaso-motrices  qui  tendraient  à  maintenir  constant  le  calibre  des 
vaisseaux  iridiens. 

Les  petites  variations  du  diamètre  pupillaire  synchrones  avec  la  respiration  et  avec 
le  pouls,  qu'on  peut  observer  entoptiquement,  sont  des  exemples  de  variations  pupil- 
laires dues  aux  variations  respiratoires  de  la  pression  du  liquide  sanguin.  Le  resserre- 
ment pupillaire  après  ponction  cornéenne  est  dû  à  la  suppression  (à  la  surface  iridienne, 
c'est-à-dire  à  la  surface  des  vaisseaux  iridiens)  d'une  pression  de  2;j  millim.  de  mercure 
qui  contre-balancait  plus  ou  moins  l'effet  pupillo-constricteur  de  la  pression  sanguine. 
Après  suppression  de  la  tension  oculaire,  le  sang  se  précipite  dans  les  vaisseaux,  les 
distend  et  resserre  la  pupille. 

Certains  auteurs  croient  pouvoir  éliminer  l'induence  des  actions  vaso-motrices  sur 
le  diamètre  pupillaire  en  remarquant  que  les  vaisseaux  iridiens  sont  dépourvus  de  fibres 
musculaires.  Or,  les  artères  afférentes  à  l'iris  sont  parfaitement  munies  d'une  tunique 
musculaire.  Il  en  est  ainsi  notamment  du  grand  cercle  arti-riel  de  l'iris,  chez  l'homme 
et  les  animaux.  Dès  lors,  étant  donné  la  tension  intra-oculaire  (de  2.")  millim.  mercure) 
qui  pèse  sur  la  face  externe  des  vaisseaux  iridiens,  les  actions  vaso-motrices  bornées 
à  ces  vaisseaux  afférents  doivent  avoir  sur  les  vaisseaux  iridiens,  en  principe,  et  peut- 
être  au  même  degré,  les  mêmes  effets  que  des  actions  vaso-motrices  dans  les  vaisseaux 
iridiens  eux-mêmes. 

Lorsque  la  pupille  est  dilatée, les  vaisseaux  iiidiens  sont  pliés(voir  plus  loin), même 
très  fortement.  Alors  toute  augmentation  de  la  pression  sanguine  dans  les  vaisseaux 
ainsi  incurvés  doit  tendre  à  les  redresser,  et  par  là  à  disttuidre  l'iris. 

Les  petites  oscillations  pupillaires  synchrones  avec  la  respiration  et  avec  les  sys- 
toles cardiaques  semblent  relever  de  ce  mécanisme. 

Il  ne  faudrait  cependant  pas  s'exagérer  l'influence  qu'exercent  ^sur  la  pupille  les 
variations  vaso-motrices  intra- oculaires  et  les  variations  de  la  [)ression  sanguine  géné- 
rale. En  fait,  bien  peu  d'auteurs  conçoivent  la  i)ossibilité  d'expliquer  les  variations  un 
peu  étendues  de  la  pupille  parles  seules  actions  vaso-motrices;  la  plupart  ont  recours 
en  même  temps,  pour  expliquer  les  fortes  pupillo-dilatations,  soit  à  l'activité  d'un 
muscle  dilatateur,  soit  au  moins  au  relâchement  du  tonus  sphinctérien  et  à  l'élasticité 
du  stroma  iridien. 

La  mydriase  quasi  maximale  due  aux  instillations  de  cocaïne  est  généralement 
envisagée  comme  résultant  en  partie  d'une  vaso-constriction  des  vaisseaux  afférents  à 


6G4 


IRIS. 


J'iris.  Généralement  on  admet 


•  :  ■■  W7  ^kf'  Vs'-^",  ■>?'v-  is 

•yi  V."s  i,-  •  - .  •"'  — •    <v 


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aussi  qu'une  vaso-constriciion  des  vaisseaux  aiTt'ienls  à 
l'iris  contribue  à  produire  la  pupillo-dilalalion 
maximale  en  cas  de  tétanisation  du  grand  sym- 
pathique. 

Tassements  et  chermtcliementades  tùf^iia  de  Virix 
lors  des  dilatations  pitpUlnires.  —  Il  est  temps  de 
constater  de  visu  les  conséquences  mécaniques 
intra-iridiennes  du  resserrement  et  des  dilata- 
lions  pupillaires;  ainsi  pourrons-nous  avoir 
quelques  données  sur  les  forces  en  cause. 

La  figure  112  montre  en  A  un  iris  de  chat  dis- 


.  •',">  ♦ 


me  - 


•^'•'■.  ••'»*'■  1*^* 

.•:«.■•/■■•■--:  rV.?;.Vi^i.?v 


'  m. S  ■■ 


A  B 

Fi>,    112. 
Aspects  divers  do  la  coupe  transversale  de  l'iris  de  chat,  selon  que  la  pujiille  est  dilatée  ou  resserrée. 
A,  Iris  en  cas  do  pupille  resserrée;  B,  Iris  en  cas  de  pupille  dilatée. 

tendu,  en  cas  de  pupille  resserrée;  en  B  est  un   tel  iris  retiré  vers  la  périphérie,  en 
cas  de  pupille  dilaiée,  mais  pas  au  maximum.  Dans  Tiris  contracté,  les  tissus  sont 


IRIS. 


665 


Scù 


plissés,  il  y  a  des  côtes  saillantes  en  av.inl.  Les  vaisseaux  sont  plies  île  môme,  avec  des 
concavités  ouvertes  en  ariii're. 

I,f>s  cellules  de  la  n'Iine  iridienne  se  tassent  de  mAine;  lem-  hauteur  augmente;  la 

rangée  antéiieure  devient    plus  apparente. 
De  tout  le  stroma  iridien,  la  seule  couche 
de  Hnucii  ne  se  plisse  pas. 

D'après  cela,  ce  serait  dans  la  couche  de 

5       niiucu  que  siège  la  force  pupillo-dilatatrice 

(élastique   ou  contractilej,   car  c'est  certai- 

in-iifj»ï^\-  iienient  à  sa  rétraction  uue  sont  dus  les  che- 

^)i^  vauchements,  les  plissements  et  les  tasse- 


0) 

13- 


Ki(i.  113.  -   Iris  humain.  Aspects  de  sa  coupe  transversale,  selon  que  la  pupille  est  resserrée  ou  dilatée. 
A,  Iris  en  cas  de  resserrement  pupillaire;  B,  Iris  en  cas  de  dilatation  pupillaire. 

ments  dans  les  autres  plans  iridiens.  A  examiner  la  direction  dominante  de  la  librilla- 
tion  iridienne,  la  contraction  s'exercerait  surtout  vers  une  zone  située  h  l'union  du  quart 
externe,  ciliaire,  avec  les  trois  quarts  iiupillaires  de  la  membrane. 

Ne  quittons    pas    ces    figures    sans   remarquer  qu'à   son   extrémité    antérieure    le 
muscle  ciliaire  (du  chat)  se  bifurque,  et  ([ue  la  lamelle  interne  se  dirige  en  droite  ligne 


666  IRIS. 

vers  la  lamelle  postérieure  de  l'iris.  Ne  se  pourrait-il  pas  que  dans  leurs  expériences, 
où  Langley  et  Anderson  appliquent  le  courant  induit  en  somme  au  niveau  du  muscle 
ciliaire,  ils  fissent  contracter  ce  dernier,  dont  la  lamelle  interne  retirerait  vers  elle  la 
lamelle  iridienne  postérieure,  ce  qui  contribuerait  à  plisser  la  surface  iridienne  anté- 
rieure de  la  manière  signalée  plus  haut? 

L'observatioii  précédente  s'impose  également  à  propos  de  l'expérience  de  Koellikf.h, 
signalée  plus  liant,  celle  de  l'iris  (de  chat)  privé  de  son  sphincter,  et  où  une  excitation 
du  centre  cornéen  dilate  cette  pupille  artificielle. 

La  figure  113  présente  deux  iris  humains,  l'un  (A)  dilaté  (pupille  resserrée),  l'autre 
(B)  resserré  (pupille  dilatée). 

Les  changements  ne  sont  pas  aussi  excessifs  que  dans  l'iris  de  chat,  mais  ils  sont  de 
môme  nature,  c'est-à-dire  qu'ils  tendent  à  faire  placer  dans  la  couche  de  Bruch  la  force 
pupillo-dilatatrice.  La  loupe  binoculaire  fait  voir  sur  le  vivant  que  les  côtes  saillantes 
circulaires  à  la  périphérie  de  la  face  antérieure  se  prononcent  davantage  lorsque  la 
pupille  se  dilate,  et  s'effacent  plus  ou  moins  lorsqu'elle  se  resserre. 

D'après  ce  qui  précède,  ce  serait  dans  la  couche  de  Bruch  que  siège  la  force 
pupillo-dilatatrice;  c'est  à  sa  contraction  que  seraient  dus  les  tassements,  les  chevauche- 
ments et  les  plissements  des  couches  autres  que  la  couche  de  Bruch.  Ces  tassements 
parlent  même  sérieusement  en  faveur  de  la  contractilité  de  la  couche  de  Bruch,  puis- 
qu'elle est  dépourvue  de  fibres  élastiques  capables  de  produire  une  telle  rétraction. 
Cependant,  les  préparations  de  ce  genre  ne  suffisent  pas  à  elles  seules  pour  prouver 
péremptoirement  que  la  couche  en  question  est  réellement  contractile. 

Objections  aux  théories  expliquant  la  piipillo-dilatation  soit  par  la  seule  élasticité  de 
Viris,  soit  par  les  seules  actions  vaso-motrices.  —  Ce  qui  parle  contre  la  nature  purement 
élastique  de  la  force  pupillo-dilatatrice,  c'est  d'abord  que  des  expériences  directes, 
faites  sur  l'iris  isolé,  prouvent  que  la  membrane  prend  et  conserve  toutes  les  formes 
qu'on  lui  octroie;  ensuite,  des  recherches  récentes  (Kiribuchi)  ont  fait  constater  l'ab- 
sence absolue  d'éléments  élastiques  dans  la  membrane  de  Bruch,  comme  du  reste  dans 
tout  le  tissu  iridien  (à  l'exception  du  muscle  sphincter). 

Cependant,  la  membrane  de  Bruch  ne  présente  pas  non  plus  franchement  les  réac- 
tions du  tissu  musculaire  lisse  (Frucuiele). 

11  estd'autre  part  certain  que  la  seule  élasticité  des  vaisseaux  iridiens  ne  saurait  les 
plier,  comme  cela  est  indiqué  dans  les  figures  ll2et  113,  ni  tasser  les  tissus  comme  cela 
est  indiqué  dans  les  mêmes  figures.  Il  est  facile  de  voir  au  microscope  cornéen  chez 
l'homme  à  iris  bleus,  lorsque  la  pupille  est  resserrée,  que  les  vaisseaux  de  la  lamelle 
iridienne  antérieure  sont  radiaires  et  à  peu  près  droits,  et  que,  si  la  pupille  est  dilatée, 
ils  s'inlléchissent  latéralement.  En  fait,  ils  s'inlléchissent  aussi  d'avant  en  arrière. 

MuENCK  fait  observer  que,  si  la  force  pupillo-dilatante  siégeait  uniquement  dans  la 
couche  de  Bruch,  on  ne  comprendrait  pas  pourquoi  l'uvée  iridienne  reste  visible  au 
bord  pupillaire  lorsque  la  pupille  est  dilatée.  Du  bord  pupillaire,  on  voit  généralement 
un  liséré  brun,  dû  à  1'  «  eclropion  do  l'uvée  »  en  cet  endroit.  Or,  dit  Muenck,  si  la  mem- 
brane de  Bruch  était  la  seule  force  qui  retire  l'iris  vers  la  périphérie,  cet  «  ectropion 
de  l'uvée  «  devrait  disparaître  ou  être  moins  apparent  lorsque  la  pupille  est  dilatée.  Or, 
en  fait,  le  liséré  brun  est  aussi  visible,  voire  même  plus  visible  que  si  la  pupille  est 
dilatée.  L'auteur  en  infère  qu'il  doit  y  avoir  une  force  dilatante,  non  seulement  dans 
la  couche  de  Bruch,  mais  aussi  dans  les  plans  iridiens  antérieurs.  Il  admet  donc  une 
certaine  contractilité  des  cellules  étoilées  dustroma  iridien. 

Théories  mixtes  de  la  dilatation  pupillaire.  —  Il  n'y  a  plus  guère  d'auteur  qui,  à 
l'exemple  de  Hall  (1849),  expliquerait  les  dilatations  pupillaires  (comme  mécanisme 
iridien)  par  la  seule  élasticité  de  l'iris,  jointe  au  relâchement  du  muscle  sphincter. 
Tous  invoquent  plus  ou  moins  les  actions  vaso-motrices.  Les  partisans  du  muscle 
pupillo-dilatateur  sont  plus  exclusifs.  Pour  eux,  le  tonus  de  ce  muscle  suffirait  pour 
expliquer  les  phénomènes  sans  le  secours  de  l'élasticité  iridienne. 

D'un  autre  côté,  il  n'y  a  plus  guère  d'auteur  qui,  à  l'exemple  de  Sàlkowski,  remplace 
dans  le  mécanisme  iridien  l'élasticité  de  cette  membrane  aussi  bien  que  l'acLioii  du 
muscle  dilatateur  par  les  effets  de  la  seule  constriction  des  vaisseaux  iridiens.  Tous,  du 
moment  qu'ils  sont  adversaires  du  muscle  dilatateur,  invoquent  en  même  temps  que 


IRIS.  tirtT 

les  actions  vaso-motrices,  lélasticitt'  iridienno  à  cùté  ihi  ielà«lioineiit  du  iniisclo 
sphincter. 

Théorie  (le  (jrucnhajen.  —  l.a  tliéorie  de  liiu  emi.MjKN  renferme  les  aftirmations  sui- 
vantes : 

1*^  Le  jeu  habituel,  normal,  de  la  pupiih;  est  obtenu  prestiue  exclusivement  parla 
contraction  et  le  relâchement  diin  seul  muscle,  du  sphincter  de  la  pupille.  La  force 
qui  dilate  la  papille,  le  muscle  s|iliiiicter  étant  relilché,  consiste  (dans  le  jeu  naturel 
des  fondions)  pour  la  plus  lar^'c  part  dans  la  tension  élastique  de  la  portion  ciliaire 
de  riris,  mise  en  action  continuellement  par  le  tonus  du  muscle  sphincter.  Pour  une 
part,  au  moins  dans  des  conditions  particulières,  la  dilatai  ion  est  obtenue  par  la 
contraction  tonique  des  parois  vasculaires  de  l'iris; 

2°  La  dilatation  pupillaire  consécutive  à  la  tétanisation  du  i^'rand  sym[>athique  cer- 
vical est  due  :  a)  à  une  aciiou  d'inhibition  exercée  par  cette  tétanisation  sur  le  muscle 
sphincter  de  la  pupille;  h)  à  l'élasticité  du  tissu  iridien;  et  c)  h  une  contraction  énoi- 
gique  des  vaisseaux  de  l'iris; 

3"  En  tant  (juc,  lors  des  dilatations  pupillaires,  le  grand  sympathique  développe  um- 
force  dilatatrice  active  (no!i  élasliijue  simplement),  elle  est  le  fait  des  muscles  vas- 
culaires; 

4"  La  section  du  nerf  oculo-moteur  commun  fait  cesser  le  tonus  sphinctérien,  et 
c'est  l'élasticité  iridienne  seule  qui  dilate  alors  la  pupille.  Le  surcroît  de  dilatation 
qu'on  peut  obtenir  en  tétanisant  le  grand  sympathique,  est  le  fait  de  la  lontraction 
vasculaire  ; 

0°  La  contraction  radiaire  d'un  segment  de  l'iris  de  lapin  qu'on  provoque  par  la 
faradisation  directe,  est  due  aux  vaisseaux.  Il  en  serait  de  même  d'après  (iiiuENHAGENj 
des  plissements  de  la  surface  iridienne  antérieure  de  l'iris  du  chat  vivant  obtenus  par 
Langley  et  Anderson,  en  tétanisant  la  région  scléro-cornéenne,  —  un  point  sur  lequel 
nous  ne  saurions  partager  l'opinion  de  Gruenhagen. 

Un  physiologiste  qui  a  plaidé  énergiquement  contre  rcxistence  d'un  muscle  dilata- 
teur de  l'iris  est  Gaskell.  11  rappelle  que  les  fibres  musculaiies  longitudinales  de 
l'intestin,  dilatatrices  du  tube  intestinal,  ont  pour  nerf  moteur  le  grand  sympathique, 
et  pour  nerf  d'inhibition,  le  nerf  pneumogastrique,  tandis  que  les  fibres  circulaires, 
constrictrices  du  tube  intestinal,  ont  pour  nerf  moteur  le  nerf  pneumogastricjue,  et 
pour  nerf  inhibiteur,  le  grand  sympathique.  De  même  aussi,  le  nerf  oculo-moteur  com- 
mun serait  le  nerf  moteur  du  muscle  sphincter,  taudis  que  le  grand  sympathique  en 
serait  le  nerf  d'arrêt.  La  dilatation  pupillaire  habituelle  serait  obtenue  par  l'inhibition 
exercée  sur  le  muscle  sphincter  par  le  grand  sympathique,  jointe  à  l'élasticité  iri- 
dienne; les  contractions  vasi^ulaires  n'y  seraient  poui'  rien. 

Théorie  de  Fr.  Franck.  —  Fr.  Franck  est  lauLeur  qui  s'est  le  plus  évertué  à  accu- 
muler les  faits  tendant  à  df'montrer  (pie  l'efiet  pupillo-dilatateur  de  la  tétanisation  du 
grand  sympathique  est  indépendant  de  l'action  vaso-constrictrice  du  même  nerf,  et 
néanmoins  il  n'est  pas  partisan  d'un  muscle  pu[tillo-dilatateur. 

D'après  lui  aussi,  les  fibres  pupillo-dilatatrices  exerceraient  une  frénation  sur  l'appa- 
reil pupillo-constricteur.  ('et  auteur  a  confirmé  et  complété  les  expériences  de  Cl.  Ber- 
nard qui  démontrent  que  les  fibres  pupillo-dilatatrices  du  grand  synifiathique  sont 
indépendantes  des  fibres  vaso-constrictrices  poui'  la  tète.  11  a  vu  l'excitation  du  grand 
sympathique  dilater  la  pupille  ch^z  l'animal  à  peu  près  exsangue  par  hémorragie. 
Enfin  il  trouve  que  certains  filets  terminaux  du  sympathique  dilatent  la  pupille  sans 
resserrer  les  vaisseaux  oculaires,  et  que  l'excitation  d'autres  de  ces  filets  resserre  les 
vaisseaux  oculaires  sans  dilater  la  pupille. 

Théorie  (l'A ngelucci.  —  Anoelucci  confirme  les  faits  avancés  i>ar  Fn.  Franck  et  pro- 
fesse, quant  à  la  dilatation  pupillaire,  une  opinion  analogue  à  celle  de  cet  auteur.  La 
couche  de  Bruch,  dit-il,  est  bien  une  couche  sid  i/nteria,  mais  il  est  douteux  que,  malgré 
son  aspect  myoïde,  ce  soit  une  force  musculaire  en  absolue  antithèse  avec  le  muscle 
constricteur.  Il  pense  que  la  raydriase  se  fait  plutôt  grâce  à  l'élasticité  propre  des 
tissus  iridiens,  dès  que  le  constricteur  de  la  pupille  relâche  son  activité.  Le  grand 
sympathique  exercerait  néanmoins  toujours  une  influence  pjpillo-dilatatricc  distincte 
de  toute  diction  vaso-motiice.  Mais  cette  action  serait  tonique  et  n'interviendrait  pas 


668  IRIS. 

particulièrement  dans  les  impillo-dilatalions  réllexes,  c'est-à-dire  dans  les  dilatations 
pupillaires  habituelles. 

Théorie  de  Cli.  Lafon.  —  A  la  dernière  heure,  une  nouvelle  théorie  vient  d'être 
émise  par  Ch.  Lafon.  Il  est  adversaire  d'un  muscle  dilatateur  et  n'admet  qu'une  seule 
force  contractile  indienne,  le  sphincter.  Pour  ce  qui  est  de  l'innervation  de  ce  muscle, 
il  fait  revivre  une  idée  émise  déjà  par  Van  Gehuchten  (abandonnée  depuis  par  son 
auteur)  et  d'après  laquelle  le  fjan^lion  ciliaire  serait  le  vrai  et  unique  centre  mo- 
teur pour  l'iris,  sur  lequel  le  nerf  III  agirait  pour  l'exciter,  et  le  grand  SA'mpalhique 
pour  le  modérer.  Lafon  admet  donc  que  les  fibres  pupillo-dilatatrices  du  grand  sym- 
pathique passeraient  par  le  ganglion  ciliaire,  ce  qui  est  contraire  à  ce  qui  est  dit  plus 
haut.  Il  admet  aussi  que  le  réilese  pupillo-dilataleur  douloureux  passerait  par  le  nerl 
grand  sympathiijue. 

Braunstein  a  montré  très  clairement  que  les  pupillo-dilalations  normales  résultent 
d'une  inhibition  exercée  sur  le  nerf  sphinctéro-moteur.  Néanmoins  il  admet  que  le 
grand  sympathique  exerce  continuellement  un  tonus  pupillo-dilatateur,  indépendant 
des  actions  vaso-motrices. 

L'accord  est  donc  loin  d'être  réalisé  parmi  les  physiologistes,  en  ce  qui  regarde 
soit  le  mécanisme  iridien  de  la  pupillo-dilalation,  soit  surtout  le  muscle  dilatateur 
de  la  pupille.  Il  y  a  toujours  et  malgré  tout  des  partisans  et  des  opposants  de  ce 
muscle.  Il  est  à  remarquer  que  les  partisans  du  muscle  dilatateur  sont  presque  tous 
récents  et,  de  plus,  que  leurs  recherches  sont  surtout  de  nature  anatomo-embryolo- 
gique  et  portent  sur  l'histogenèse  de  la  couche  iridienne  de  Brucii.  En  principe,  des 
recherches  de  ce  genre  sont  cependant  insuffisantes  pour  établir  définitivement  la 
nature  contractile  d'une  formation  anatomique;  il  faut,  à  cet  elfet,  le  concours  de 
l'expérimentation  physiologique. 

Quant  aux  opposants  du  muscle  pupillo-dilatateur,  on  voudra  bien  remarquer  qu'ils 
se  basent  surtout  sur  des  expériences  physiologiques,  et  de  préférence  sur  l'ensemble 
des  faits  physiologiques.  Ils  relèvent  des  faits  qui  ne  semblent  pas  s'accorder  avec 
l'hypothèse  d'un  muscle  pupillo-dilatateur.  A  la  vérité,  bon  nombre  de  ces  travaux 
datent  d'un  peu  loin,  et  leurs  auteurs  n'ont  plus  pris  la  parole  en  la  question  depuis 
les  travaux  récents  sur  l'histogenèse  de  la  couche  de  Bhuch,  travaux  si  confirmatifs  de 
l'existence  d'un  muscle  dilatateur  de  la  pupille.  11  ne  faudrait  pas  cependant  conclure 
de  ce  silence  que  tous  se  soient  transformés  en  partisans  du  muscle  dilatateur. 
Gruenhagen  notamment  a  déclaré  récemment  que,  pour  être  résolue,  la  question 
demande  encore  des  recherches  ultérieures.  Angelugci  lui  aussi  a  maintenu  son  pre- 
mier point  de  vue. 

Une  considération  de  nature  à  faire  hésiter  quelque  peu  les  partisans  du  muscle 
pupillo-dilatateur  est  la  suivante.  Il  résulte  des  travaux  signalés  dans  ce  qui  précède, 
notamment  de  ceux  de  Braunstein,  que  les  fibres  contractiles  pupillo-dilatatrices  ne 
semblent  pas  intervenir  dans  les  mouvements  pupillaires  habituels,  physiologiques, 
c'est-à-dire  ni  dans  la  dilatation  pupillaire  due  à  une  diminution  de  l'éclairage,  ni  dans 
la  dilatation  accompagnant  le  regard  au  loin,  ni  dans  la  dilatation  réflexe,  dite  doulou- 
reuse, ni  enfin  dans  les  dilatations  dues  à  l'activité  cérébrale.  Elles  n'interviennent  pas 
davantage  dans  les  petites  variations  pupillaires  synchrones  avec  la  respiration  et  avec 
les  pulsations  cardiaques.  De  sorte  que  nous  aurions  là  un  muscle  qui  dans  le  jeu  régulier 
des  fonctions  n'agirait  jamais,  et  qui  en  quelque  sorte  n'existerait  que  pour  rendre 
possibles  ceitaines  expériences  physiologiques,  de  laboratoire.  Ce  serait  en  quelque 
sorte  un  luxe  sans  utilité  aucune  ! 

Il  est  vrai  que  Schiff,  Angelugci  et  Braunstein  parlent  d'une  espèce  de  tonus  pupillo- 
dilatateur  exercé  continuellement  par  le  grand  sympathique  cervical  par  le  moyen 
des  fibres  de  la  couche  de  Bruch.  Mais  leurs  idées  à  cet  égard  ne  semblent  pas  très 
nettes.  Le  sympathique  cervical,  dit  Angelugci,  représente  l'équilibre  (iridien)  plutôt 
que  le  facteur  d'une  fonction  qui  peut  s'exercer  indépendamment  de  celui-ci. 
Braunstein  est  encore  moins  explicite  au  sujet  du  tonus  pupillo-dilatateur  exercé  par 
le  grand  sympathique,  moyennant  des  fibres  pupillo-dilatatrices. 

S'il  n'y  avait  pas  les  expériences  de  Fr.  Franck  démontrant  que  l'influence  pupillo- 
dilatatrice  du  grand  sympathique  est  indépendante  de   l'action  vaso-motrice  pour  la 


IRIS.  <it>y 

lètc,  nous  adiuoUrions  ooiiinio  cerlain  que  ce  tonus  |iu|>illci-(liliilalcui'  ti'esl  licn  autre 
chose  que  le  tonus  vaso-constricteur,  exené  r«-ellenu'ut  pai-  le  u'rami  syni[)athiiiue,  et 
dont  un  etl'et  indiscutable  est  de  maintenir  la  pupille  plus  ou  moins  dilatée.  Supprimez 
celte  action  vaso-conslriclrice  (par  e.xemple  par  inhalations  de  nitiite  d'amyle)  et  les 
pupilles  se  resserrent.  Dans  une  (lueslion  aussi  rondamenlale,  l'on  ne  saurait  user 
d'une  trop  st'-vère  criti(iue.  Ne  se  pouirait-il  pas  que  les  libres  pU[)illo-dilatalrir.es  du 
grand  syinpallii(|ue  fussent  en  réalité  des  fibres  vaso-motiices  pour  l'intérieur  de  l'œil? 
l)ans  les  cxpi-riences  telles  [«[ue  celles  de  Ku.  Fha.nck,  on  juye  des  pupillo-«onstiictions 
de  la  tète  en  inspectant  le  tégument  externe  et  la  conjonctive  oculaire.  .Ne  se  pourrait- 
il  pas  que  les  nerfs  vaso-constricteuis  pour  l'iris,  organe  qui  dérive  de  l'arachnoïde 
cérébral,  suivraient  dans  le  grand  sympathique  cervical  un  tiajet  un  peu  dillérent  de 
celui  des  vaso-moteurs  pour  le  tégument  de  la  ti;te?  I.a  question  est  accessible  ù  l'ex- 
périmentation jdiysiologique. 

14'^  La  pupille  dans  le  sommeil.  —  Nous  avons  vu  que  la  pupille  est  resserrée 
pendant  le  sniumi'il  et  se  tlilale  au  moment  du  réveil.  En  aucune  circonstance  phy- 
sioloL'iiiue  (Ml  n'observe  une  élroitesse  aussi  prononcée  de  la  pupille  (jue  [tendant  le 
sommeil,  à  moins  que  le  muscle  sphincter  ne  soit  fortement  contracté  fet  exce[)lion 
faite  pour  le  nouveai-né  .  Or,  pendant  le  sommeil,  en  l'absence  de  toute  excitation 
du  nerf  optique,  on  doit  se  figuier  l'appareil  nervoso-musculaire  sphinctérien  en 
repos. 

Théoriquement,  la  pupille  devrait  même  être  dilatée  pendant  le  sommeil,  parce 
ijue  ('/)  les  yeux  sont  portés  en  divergence  (et  en  haut),  6)  parce  que  la  lumièi'c  n'atfit 
plus  sur  la  ri-tine.  Inversement  {a)  l'absence  d'excitation  aux  nerfs  centripètes,  et  (6), 
la  diminution  de  l'activité  cérébrale  ten  lent  à  resserrer  la  pupille.  I.ursque  les  deux 
sortes  d'inllU'.Mices  et  de  plus  le  tonus  vasculaire  sont  supprimés  par  la  section  de 
nerfs  sympathique  et  oculo-moteur  com  < un,  la  pupille  est  très  sensiblement  dilatée. 
Peut-on  supposer  (avec  Plotri.s,  Ve.nnkmw  et  (]h.  I-afo.n)  que  pendant  le  sommeil  il 
y  ait  une  contraction  tonique  du  muscle  s-pliincler?  11  est  vrai  que  d'autres  sphincters 
(le  vésical,  l'anal  par  exemple),  sinon  tous,  semblent  contiactés  pendant  le  sonmieil. 
Il  y  a  cependant  à  remarquer  que  l'utilité  d'un  tonus  de  ces  spbincters  se  comprend, 
puisqu'il  doit  s'opposer  à  l'écoulement  du  contenu  d'un  organe  viscéral.  Et  rien  de 
pareil  n'existe  pour  la  pupille,  dont  le  resserrement  n'entrave  pas  du  tout  l'écoulement 
de  l'humeur  aqueuse  à  travers  la  pupille. 

Pour  J.  MuELLER,  le  myosis  pendant  le  .«ommcil  résulterait  d'une  contraction  du 
muscle  sphincter,  synergique  avec  la  convergence  des  yeux.  —  Eu  fait,  [lendant  le 
sommeil,  les  yeux  sont  tournes  en  haut,  mais  en  divergence  (Brau.xsteinj. 

De  tous  temps,  les  partisans  d'un  muscle  pupillo-dilalateiir  ont  supposé  (lue  pendant 
le  sommeil  ce  muscle  serait  relâché  par  le  fait  de  la  su[>pression  de  l'activité  cérébrale. 
D'autre  part  on  a  pensé  à  un  relâchement  des  vaisseaux  iridiens.  L'une  et  l'autre 
hypothèse  fait  intervenir  le  grand  sympathique  cervical  dans  la  productioii  du  myosis 
dans  le  sommeil.  Bouchard  notamment  suppose  que  des  substances  «  somnigères  », 
formées  dans  le  sang,  paralysent  les  nerfs  vaso-constricteurs  de  l'iris,  par  une  action 
centrale.  Cette  hypothèse  est  acceptée,  avec  certaines  variantes,  par  Berceu  et  l.ii:wv. 

Or  les  deux  hypothèses,  celle  de  la  paralysie  de  fibres  nerveuses  [tupillo-dilata- 
trices  aussi  bien  que  celle  de  la  paralysie  vaso-motrice,  sont  réfutées  par  les  deux  laits 
suivants  :  a)  En  cas  de  paralysie  complète  du  nerf  oculo-moteur  commun,  chez 
l'homme,  la  niydriase  paralytique  persiste  dans  le  sommeil;  b)  la  mydiiase  atropinique 
(due  au  relâchement  du  muscle  sphincter,  voyez  plus  bas)  ne  diminue  pas  pendant  le 
sommeil. 

Pour  d'aucuns  (Langlev,  etc.),  le  myosis  du  dormeur  serait  une  conséquence  hydro- 
statique de  la  congestion  du  cerveau  qui  existerait  dans  le  sommeil.  Mais  la  congestion 
du  cerveau  (jui  existerait  pendant  le  sommeil  n'est  rien  moins  ([ue  prouvée;  et  d'ail- 
leurs, les  congestions  des  vaisseaux  de  la  tète  de  l'ordre  de  celle  dont  il  pouirail  être 
question  ici  ne  produisent  qu'un  myosis  très  modéré. 

Baelma.n.v  et  WiTKowsKi  mettent  le  myosis  pendant  le  sommeil  sur  le  compte  de  la 
suppression,  ou  au  moins  de  la  diminution  des  influences  pupillo-dilatatrices  rèllexes 
(douloureuses    et  cérébrales;.  .Vu  mo.iieut  du  réveil,    ces    iniluences,    les    cérébrales 


670  IRIS. 

surlout,  entreraient  brusquement  en  action,  d'où  niydiiase  très  rapide.  Il  est  vrai  que 
les  deux  auteurs  supposent  que  ces  inlliiences  agissent  en  activant  les  fibres  pupillo- 
dilalatrices  du  sympathique  cervical.  Aujourd'hui  ils  n'hésiteraient  probablement  pas 
à  admettre  qu'elles  exercent  une  inhibition  sur  le  centre  sphinctéro-moleur. 

Tout  bien  considéré,  nous  penchons  vers  l'explication  de  Uaelma.\n  et  Witkowski. 
Nous  inclinons  cepemlant  à  admettre  en  même  temps  un  certain  degré  de  tonus  du 
muscle  sphincter,  entretenu  par  le  noyau  sphinctéro-moleur.  Nous  pensons  aussi  qu'il 
faudrait  répéter  les  observations  sur  l'état  de  la  pupille  pendant  le  sommeil,  en  cas  de 
paralysie  (chez  l'homme '  du  nerf  Uï,  pour  voir  si  dans  ces  cas  il  ne  se  produit  pas  un 
certain  relâchement  des  vaisseaux  iiidiens  pendant  le  sommeil,  relâchement  qui  se 
traduirait  par  un  certain  rétrécissement  de  la  pupille. 

i'.\°  La  pupille  dans  Tagonie.  —  Aux  approches  de  la  mort,  pendant  l'agonie, 
les  pupilles  sont  contractées.  Au  moment  même  de  la  mortelles  se  dilatent,  pour  ensuite 
se  contracter  lentement,  sur  le  cadavre.  I. 'explication  du  myosis  de  l'ag'onie  semble  être 
analogue  à  celle  du  myosis  dans  le  sommeil  :  suppression  ou  forte  diminution  des 
influences  pupillo-dilalatrices  réflexes  et  cérébrales,  jointe  à  un  certain  degré  de  tonus 
du  muscle  sphincter.  La  dilatation  au  moment  de  la  mort  semble  être  due  en  grande 
partie  à  la  constriction  des  vaisseaux  iridiens,  et  au  retrait  du  sang  hors  de  ces 
vaisseaux,  sous  l'influence  de  la  pression  intra-oculaire  qui  persiste  un  petit  temps  après 
la  mort.  La  constriction  pupillaire  après  la  nn^rl  semble  due  à  l'hypotonie  intra-ocu- 
laire résultant  de  l'écoulement  de  l'humeur  aqueuse  hors  de  l'œil,  écoulement  qui 
continue  encore  après  la  mort  et  diminue  la  pression  hydrostatique  à  la  surface 
externe  des  vaisseaux  iridiens. 

1G"  La  pupille  dans  l'asphyxie.  —  Dans  l'asphyxie  expérimentale  commençante, 
réparable,  la  pupille  se  dilate  assez  fortement.  La  mydriase  asjihyxique  continue  à  se 
produire  en  cas  de  section  du  grand  sympathique  cervical  aussi  bien  (ju'à  la  suite  de  la 
section  du  nerf  oculo-moleur  commun  (Vulpi.\n,  Iîraunstein,  etc.).  La  section  des 
deux  nerfs  la  supprime  tout  à  fait.  La  dilatation  pupillaii  e  asphy.\ique  est  donc  un 
processus  compliqué.  Elle  résulte  d'une  part  d'une  influence  de  frénation,  exercée  sur 
le  noyau  de  l'oculo-moteur  commun,  et  d'autre  part  d'une  mise  en  activité  des 
éléments  nerveux  pupillo-dilatateurs  du  grand  sympathique,  notamment  des  fibres 
nerveuses  vaso-constrictrices  de  l'iris.  En  réalité  l'asphyxie  produit  uneforte  excitation  de 
tout  le  centre  vaso-constricteur  de  la  moelle  allongée  (vaso-constriction  généralisée).  Les 
partisans  du  muscle  pupiUo-dilatateur  parlent  d'une  excitation  du  centre  cilio-spinal, 
produisant  la  contraction  de  ce  muscle.  D'après  Grunhagen  et  Coun,  chez  le  lapin  atro- 
pinisé,  la  ligature  des  artères  cérébrales  (convulsions)  dilate  la  pupille,  mais  seulement 
si  le  grand  sympathique  est  intact. 

Notons  que  la  mydriase  asphy.xique  est,  avec  celle  (]ui  résulte  de  la  tétanisalion  du 
grand  sympalhiquo,  la  seule  que  nous  puissions  mettre  à  l'actif  du  sympathique  cer- 
vical. L'une  et  l'autre  constitue  un  phénomène  absolument  anormal,  car  l'asphyxie  est 
un  processus  de  mort,  non  de  vie  (.Morat,  voir  Asphyxie,  p.  729  .  D'autre  part,  quoi  de 
plus  anormal  que  la  létanisation  du  nerf  symf)atliique. 

17°  La  pupille  dans  la  narcose.  —  Nous  n'envisagerons  h  ce  point  de  vue  que 
la  plus  étudiée  des  narcoses,  la  chloroformique  (voir  Chloroforme).  Dans  la  première 
phase  de  la  narcose  chloroformique,  phase  dite  d'excitation,  la  pupille  est  plus  ou 
moins  dilatée;  puis  il  s'établit  un  myosis  très  prononcé;  la  pupille  devient  puncti- 
forme.  Pendant  ce  myosis  le  réflexe  pupillo-dilatateur  par  excitation  d'un  nerf  sen- 
sible persiste.  On  relève  (B.udi.\,  Coyxe,  etc.)  la  signification  omineuse  de  la  suppression 
des  réflexes  pupillaires  dans  la  narcose  ;  cela  dénote  la  paralysie  du  mésocéphale  et 
un  danger  de  mort  imminente.  Schiff  va  même  jus  ju'à  prétendre  que  tout  resserre- 
ment pupillaire  est  un  signe  de  danger.  C^tte  opinion  est  excessive. 

Quant  au  mécanisme  intime  de  ces  phénomènes  pupillaires,  la  mydriase  de  la 
période  d'excitation  pourrait  être  attribuée  à  une  excitation  cérébrale  (voir  Ânésthésie, 
p.  ul6),  à  effet  pupillo-dilatateur.  Quant  au  resserrement  dans  la  période  d'anesthésie 
véritable,  il  semble  être  du  même  ordre  que  le  myosis  dans  le  sommeil  naturel,  c'est-à- 
dire  dû  à  la  suppression  des  influences  pupillo-dilatatrices  réfle.xes  et  cérébrales, 
jointe  à  un  certain  degré  de  tonus  du  sphincter. 


IRIS.  674 

18"  Mydriatiques  et  myotiques.  —  Cerlaines  substances,  appliquées  localement 
sur  l'œil,  de  préférence  en  solution  sur  l'œil  (l'introduction  directe  dans  l'œil  compliquant 
les  choses)  dill'usant  à  l'intérieur  à  travers  la  cornée,  vont  agir  sur  l'iris  et  dilatent  la 
pupille.  r,o  sont  des  substances  «  mydriatiques  »,  produisant  la  <(  mydriase  ».  Le  proto- 
type en  est  l'atropine.  l/lioiuatrt>|)ine  et  la  cocaïne  afçissenl  de  même,  mais  moins 
énergiqut'uient;  leur  elTel  est  moins  durable.  D'autres  substances  produisent  dans  les 
mêmes  circonstances  un  resserrement  pupillaire:  ce  sont  des  substances  •■  myotiques», 
produisant**  lemyo.sis»  ou  **  la  myose  ».  L'ésérine  et  la  pilocarpine  sont  deux  myotiques 
eflicaces.  L'ésérine  est  un  peu  plus  active,  mais  en  clinique  on  la  délaisse  pour  la  pilo- 
carpine, parce  que  son  emploi  prolongé  irrite  la  conjonctive. 

Les  mydriatiques  et  les  myotiques  passent  donc  par  diffusion  à  travers  la  cornée, 
dans  riiumcur  a([ueuse,  et  vont  directement  agir  sur  l'iris. 

L'action  physiologique  de  ces  substances  est  expliquée  dans  des  articles  spéciaux. 
Nous  les  envisageons  ici  seulement  au  point  de  vue  des  mécanismes  des  dilatations  et 
des  rétrécissements  pupillaires;  nous  en  faisons  en  quelque  sorte  une  pierre  de  touche 
des  diverses  conceptions  sur  ces  mécanismes. 

L'atropine  (voir  Atropine)  produit  son  action  mydriatique  en  paralysant  le  muscle 
sphincter  de  la  pupille.  En  effet  l'atropine  n'augmente  plus  la  mydriase  obtenue  par 
la  section  du  nerf  oculo-moleur  commun,  et  vice  versa  la  section  du  nerf  oculo-moteur 
n'augmente  pas  la  mydriase  atropinique  (  Ancklugci). 

On  rencontre  l'assertion  (Ruetk,  cité  par  DoNDKas)  (juechez  l'homme,  en  cas  de  para- 
lysie du  nerf  oculo-moteur  commun,  avec  dilatation  pupillaire,  l'atropine  augmenterait 
encore  un  peu  la  mydriase.  En  présence  des  résultats  concordants  obtenus  expérimen- 
talement chez  le  lapin,  le  chien,  le  chat,  le  singe  (Angelucci,  etc.),  il  faudrait  croire 
que  dans  ces  observations  cliniques  la  paralysie  était  incomplète.  Donders  en  avait 
conclu  que  l'atropine  excite  aussi  les  forces  pupillo-dilatatrices  (le  muscle  dilatateur). 

Dans  tous  les  cas  l'atropine  ne  produit  pas  la  mydriase  en  resserrant  les  vaisseaux 
iridiens,  car  l'effet  se  produit  encore  sur  l'œil  énucléé  (les  vaisseaux  iridiens  étant 
vides  de  sang).  D'autre  part,  la  cocaïne  augmente  la  mydriase  atropinique  non  maxi- 
male. Or  la  cocaïne  semble  produire  la  mydriase  uniquement  par  son  action  vaso- 
constrictrice  locale. 

De  tout  cela  il  faut  conclure  que  l'atropine  paralyse  le  muscle  sphincter,  tout  comme 
la  section  du  nerf  111,  ou  l'injection  de  nicotine  dans  l'orbite. 

Néanmoins,  l'atropine  dilate  la  pupille  au  maximum,  sensiblement  plus  que  ne  le 
fait  la  paralysie  ou  la  section  du  muscle  sphincter.  Elle  semble  donc  faire  plus  que 
paralyser  le  muscle  sphincter.  Mais  quoi?  11  y  a  là  un  point  insuffisamment  expliqué. 

Le  point  d'attaque  du  poison  n'est  pas  en  dehors  de  l'œil  (puisqu'il  produit  encore 
sou  effet  sur  l'œil  énucléé).  Il  ne  s'attaque  pas  non  plus  au  muscle  sphincter  lui-même, 
mais  aux  extrémités  périphériques,  musculaires,  des  fibres  nerveuses  sphinctéro- 
motrices.  En  effet,  si  l'atropinisation  n'est  pas  excessive,  un  courant  induit,  appllcjné 
au  centre  cornéen,  resserre  encore  la  pupille.  Dans  les  mêmes  circonstances  (atropini- 
sation  modérée)  l'ésérine  resserre  encore  la  pupille,  ce  qui,  semble-t-il,  ne  pourrait  se 
produire  si  le  muscle  lui-même  était  paralysé.  —  Ajoutons  toutefois  que  l'atropine  fait 
cesser  le  myosis  ésérinique,  ce  qui  semble  parler  contre  l'hypothèse  d'après  laquelle 
l'atropine  agirait  sur  les  extrémités  nerveuses,  tandis  que  l'ésérine  agirait  sur  le  muscle 
lui-même.  C'est  là  un  point  obscur.  L'atropine  paraîtrait  d'ailleurs  agir  aussi  sur  le 
muscle,  si  son  action  est  très  forte.  Car  en  cas  d'atropinisation  excessive,  l'ésérine  ne 
resserre  plus  la  pupille. 

DoNDERs,  croyant  que  l'atropine  augmente  encore  la  mydriase  due  à  la  paralysie 
complète  du  nerf  III,  suppose  que  le  point  d'attaque  du  poison  serait  donné  dans  les 
cellules  nerveuses  intercalées  dans  l'œil  sur  le  trajet  des  nerfs  ciliaires.  Or,  nous 
avons  vu  (jue  l'atropine  agit  sur  l'iris  lui-même,  (jui  ne  renferme  pas  de  telles  cellules. 

On  comprend  dès  lors  que,  dans  un  œil  atropinisé,  la  faradisation  du  nerf  oculo- 
moteur  commun  ne  diminuf  plus  la  mydriase  bien  que  le  muscle  sphincter  lui-même 
ne  soit  pas  paralysé;  on  comprend  qu'après  section  du  nerf  III  l'atropine  n'augmente 
pas  la  mydriase. 

Suivant  Angelucci,  dans  un  œil  atropinisé,  tout  comme  eiî  cas  de  paralysie  oculo- 


6Ti  IRIS. 

motrice,  la  tétanisalion  du  grand  sympathique  n'augmenterait  plus  la  mydriase.  Cela 
est  contesté,  notamment  par  I.ittauer,  et  en  effet  ces  deux  catégories  d'influences 
pupillo-dilatalrices  ne  s'adressent  pas  à  un  seul  et  même  élément  iridieu  pupillo- 
dilataleur. 

Dans  l'œil  atropiiiisé,  le  réflexe  lumineux  fait  défaut.  Toutefois  il  persiste  un  peu 
lorsque  l'atropinisation  n'est  pas  maximale,  ou  lorsqu'elle  est  en  voie  de  disparaître. 
—  Dans  les  mêmes  circonstances  la  réaction  pupillaire  synergique  avec  la  convergence 
fait  défaut  égalem^'ut.  —  Enfin  la  mydriase  atropinique  persiste  dans  le  sommeil. 

L'atropine  ne  dilate  pas  la  pupille  des  oiseaux,  des  poissons,  ni  celle  de  la  grenouille. 
Nous  avons  dit  que  Holtzmann  soutient  que  l'atropine  n'a  pas  d'effet  pupillo-dilalateur  chez 
les  animaux  dont  le  ganglion  ciliaire  est  de  nature  intervertébral.  C'est  là  un  rapproche- 
ment intéressant,  mais  non  une  explication  véritable,  bien  entendu. 

La  cocaïne  (voir  Cocaïne)  dilate  la  pupille,  même  très  fortement,  à  peu  près  au 
degré  maximal,  en  môme  temps  qu'elle  insensibilise  l'iris.  La  mydriase  cocaïnique  est 
certainement  due  à  un  autre  mécanisme  que  la  mydriase  atropinique;  elle  résulte 
de  la  conslriction  des  vaisseaux  iridiens.  En  général  la  cocaïne  resserre  toutes  les 
petites  artères,  et  d'ailleurs  cela  est  confirmé  par  les  faits  suivants.  La  mydriase 
cocaïnique  augmente  sensiblement  par  l'atropine;  etla  mydriase  atropinique  non  maxi- 
male augmente  par  la  cocaïne.  En  cas  de  paralysie  du  nerf  oculo-moteur  commun 
chez  l'homme,  la  cocaïne,  à  l'opposé  de  l'atropine,  augmente  encore  la  mydriase.  La 
forte  mydriase  cocaïnique  maximale  n'augmente  plus  par  la  tétanisalion  du  grand 
sympathique;  elle  augmente  encore  si  elle  n'est  pas  maximale  (Angelucci). 

La  mydriase  cocaïnique  ne  se  produit  plus  sur  l'œil  énucléé  (à  iris  exsangue), 
L'ésérine  aussi  bien  que  l'atropine  agit  très  bien  sur  un  œil  cocaïnisé,  et  cela  se 
coujprend,  puisque  la  cocaïne  s'adresse  à  un  autre  élément  iridien  que  l'atropine  (et 
que  l'éséiine'.  Enfin  les  réflexes  pupillaircs,  tant  les  lumineux  que  les  douloureux,  per- 
sistent dans  l'œil  cocaïnisé;  ils  ne  semblent  pas  même  diminués  lorsque  la  mydriase 
n'est  pas  maximale.  Nouvelle  preuve  que  l'appareil  nervoso-musculaire  sphincléro- 
moleur  n'est  pas  atteint  par  la  cocaïne. 

Le  fait  que  la  cocaïne  peut  dilater  la  pupille  à  peu  près  au  maximum  est  pour  beau- 
coup d'auteurs  un  argument  parlant  fortement  contre  l'existence  du  muscle  pupillo- 
dilatateur. 

Vésérlnc  (voir  Physostigmine)  produit  son  effet  myolique  en  faisant  contracter  le 
muscle  sphincter.  Elle  est  donc  anlagonisle  de  l'atropine.  Son  action ]se  produisant 
encore  sur  l'œil  excisé  (dont  les  vaisseaux  iridiens  sont  exsangues),  elle  ne  résulte 
pas  d'une  action  vaso-motrice. 

Après  stction  du  nerf  oculo-moteur  commun,  ou  injection  de  nicotine  dans  l'orbite 
(Angelucci),  l'ésérine  fait  contracter  encore  la  pupille, bien  que  plus  difficilement  et  plus 
lentement  qu'à  l'état  normal.  C'est  qu'elle  ne  trouve  plus  le  muscle  sphincter  en  con- 
traction tonique.  —  Dans  un  œil  ésériné,  la  section  du  nerf  oculo-moteur  ne  dilate  pas 
la  pupille,  ou  seulement  très  peu,  en  tant  que  la  contraction  dépend  du  tonus  sphincté- 
rien.  —  Après  section  du  grand  sympathique  cervical,  l'ésérine  augmente  encore  le  res- 
serrement pupillaire.  C'est  que  la  section  du  grand  sympathique  met  en  aclivité  un 
autre  mécanisme  iridien  que  l'ésérine. 

De  ce  que  l'ésérine  resserre  encore  la  pupille  atropinisée  (à  muscle  sphincter 
paralysé),  on  peut  conclure  qu'elle  porte  son  action  sur  le  muscle  lui-même,  alors  que 
l'atropine  ne  paralyse  que  les  extrémités  des  fibres  nerveuses  sphinctéro-motrices.  De 
même  aussi  l'ésérine  contracte  la  pupille  en  cas  de  sertion  du  nerf  III. 

Certains  auteurs  admettent  à  tort  que  l'ésérine  paralyserait  le  muscle  dilatateur,  en 
même  temps  qu'elle  excite  le  muscle  sphincter.  Si  le  muscle  existait,  ce  serait  néan- 
moins là  une  supposition  invraisemblable  et  gratuite,  que  rien  ne  nécessite.  Elle  a  été 
imaginée  pour  expliquer  que  l'ésérine  resserre  la  pupille  dilatée  déjà  par  la  section  du 
nerf  lil  :  l'ésérine,  ne  pouvant  plus  faire  contracter  le  sphincter  paralysé,  devrait 
resserrer  la  pupille  en  paralysant  l'une  ou  l'autre  force  pupillo-dilatatrice  (muscle 
sphincter  ou  vaisseaux  iridiens).  La  fausseté  du  raisonnement  est  évidente. 

Une  mydriase  atropinique  non  excessive  cède  pour  quelques  heures  à  l'ésérine. 
Inversement,  le  myosis  de  l'ésérine  cède  à  l'atropine.   Cela  parle  quelque  peu  contre 


IRIS. 


673 


riiypothèsc  d'apit'S  huiuello  l';itro[>ino  paralyserait  les  exLiéinilés  nerveuses,  tandis  qui 
l'ùsérine  exciterait  le  muscle  lui-m<^ine. 

L(i  piliKdrpiiii'  fiiliii  païaît  ai,'ir  sur  la  pu|Mlle  à  la  niaiii("'re  de  l'csiTine. 


RÔLE    ABSORBANT    DE    L'IRIS. 

Il  it'sullo  de  nos  travaux,  exécutés  de  concert  avec  F.  IJknoit,  que,  chez  l'homme 
surtout,  l'iris  est  par  excellence  un  organe  éliminateur  de  l'iiumeur  aqueuse  hors  de  la 
chambre  antérieure,  et  que  ce  rôle  est 
des  plus  importants.  Nos  devanciers 
admettent  à  peu  près  sans  exception 
(lUf  seul  le  canal  de  Sculk.mm  serait  une 
voie  d'élimination  de  l'humeur  aqueuse. 
D'après  nos  expériences,  le  quart,  peut- 
être  le  tiers,  en  sort  de  l'œil  par  la  voie 
de  l'iris.  Ce  liquide  aborde  la  membrane 
par  sa  face  antérieure;  il  pénètre  en- 
suite dans  les  fentes  interstitielles  de 
l'iris,  puis  est  repris  par  les  vaisseaux 
iiidiens  '.  Pour  comprendre  ce  rôle 
éliminateur  de  l'iris,  il  faut  se  rappeler 
le  système  des  fentes  interstitielles  de 
l'iris  humain,  et  les  ouvertures  de  ces 
fentes  à  la  face  iridienne  antérieure. 
Le  plan  mitoyen  de  l'iris  est  occupé 
par  une  fente  ou  un  système  de  fentes 
interstitielles  traversées  par  les  vais- 
seaux iridiens,  (jui  s'accumulent  par- 
ticulièrement en  cet  endroit.  Les  vais- 
seaux sont  suspendus  dans  la  fente, 
entourés  d'une  mince  couche  de  tissu 
tibrillaire.  Des  fibres  du  slroma  dis- 
crètes traversent  l'espace  de  la  fente 
et  relient  les  vaisseaux  au  stroma  plus 
dense. 

En  deux  endroits  ces  fentes  intersti- 
tielles communiquent  avec  la  chambre 
antérieure,  à  la  périphérie  (s)  et  vers 
le  bord  pupillaire. 

Ce  système  des  fentes  interstitielles  Fk,.  ii4 
de  l'iris  et  des  stomates  à  la  face  anté 


Ouverture    (ou    stomate)    par    laquelle,  chez 
l'honimo.  la  fonte  interstitielle  de  l'iris  communique  avec 
la  chambre  antérieure.  Sel,  sclérotique:  c,  S.,  canal    de 
rieure,    décrit     par   Fucus,    est    plus    ou      Schlemm;  s,  ouverture  dans  la  péripliérie  de  l'iris. 

moins  développé  selon   les  individus. 

FucHsinclinaitày  voir  un  système  éliminant  la  lymphe  de  l'iris  dans  la  chambre  antérieure. 
La  figure  115  représente  l'iris  (humain)  injecté  d'encre  de  Chine  de  la  manière 
suivante.  Deux  à  trois  heures  avant  l'énucléation  (d'un  œil  sain,  mais  devant  être 
enlevé  pour  cause  de  néoplasie  autour  de  lui),  nous  injectâmes  dans  le  litrcum,  contre 
le  pôle  postérieur  du  cristallin,  une  goutte  d'encre  de  Chine  (stérilisée  par  la  chaleur, 
puis  liltrée).  L'encre  diffuse  lentement  en  avant,  à  travers  la  pupille,  dans  la  chambre 
antérieure,  d'où  elle  tend  à  être  véhiculée  hors  de  l'œ'il  par  l'humeur  aqueuse.  Celle-ci 
passant  à  travers  les  fentes  interstitielles  plus  facilement  que  les  grains  d'encre,  on  peut 
prévoir  qu'aux  endroits  de  cette  élimination  du  liquide  l'encre  sera  retenue  comme  par 
un  filtre,  et  que  des  amas  et  des  traînées  noires  signaleront  dans  les  tissus  les  voies 
d'élimination  tle  l'humeur  aqueuse. 


1.  Une  autre  partie  de  l'humeur  luiueuso   est  reprise  par  les  viiisscaux  du  corps   ciliairc,  et 
une  Iroisièinc  par  le  canal  do  Sciile.m.m.  CVoir  Œil.) 


DICT.    DE   PUYSIOLOGir.    —    TCME    IX. 


674 


IRIS. 


Pour  ce  qui  regarde  l'iris  humain,  l'encre  se  dépose  à  sa  surface  antérieure  en  une 
couche  mince,  et,  de  plus,  elle  y  pénètre  par  la  face  antérieure  par  deux  traînées  denses 
en  deux  endroits:  à  l'extrême  périphérie  a  et  vers  le  bord  pupillaire6,  par  les  sto- 
mates siués  en  ces  deux  endroits.  A  partir  d'ici,  elle  remplit  dans  toute  l'étendue  de 
l'iris  la  fente  interstitielle  décrite  plus  haut,  et  imprègne  la  lame  de  tissu  située  en 
arrière  de  cette  fente,  en  respectant  toutefois  absolument  la  mince  lame  de  tissu  située 
sous  l'épithélium  postérieur,  c'est-à-dire  la  membrane  de  Bruch.  Partout  en  ces  endroits 
l'encre  s'accumule  surtout  autour  des  vaisseaux  (veineux). 

Notre  conclusion   est   que  l'humeur   aqueuse   s'insinue   par   les   voies   indiquées, 


c:^ëw^ 


FiG.  115.  —  Coupe  à  travers  un  œil  humain  auquel  on  avait  injecté  une  goutte  d'encre  do  Chine  derrière  le 
cristallin  une  heure  avant  l'énucléation.  —  5c/.,  sclérotique  ;  C,  cornée;  cS,  canal  de  îSculemm;  Cr, 
cristallin;  H,  membrane  hyaloïde  ;  a  et  è,  deux  stomates  de  la  surface  antérieure  do  l'iris. 


jusque  dans  les  vaisseaux  iridiens,  surtout  dans  ceux  (capillaires)  qui  sont  situés  contre 
la  face  postérieure  de  l'iris.  Elle  passe  à  travers  une  espèce  de  long  filtre,  qui  retient  les 
grains  d'encre.  La  paroi  vasculaire  est  un  dernier  filtre  à  passer,  particulièrement  dense, 
et  qui  retient  la  presque  totalité  des  grains  plus  fins  qui  ont  pénétré  jusqu'ici.  Il 
résulte  aussi  de  nos  recherches  que  des  grains  d'encre  très  fins  sont  charriés  jusque  dans 
la  lumière  vasculaire,  où  le  courant  sanguin  les  emporte. 

L'iris  joue  un  rôle  absorbant  analogue  chez  le  chien,  le  chat,  le  lapin  et  la  poule 
(NuEL  et  Benoit),  et  probablement  chez  tous  les  vertébrés  supérieurs.  Il  y  a  cependant 
sous  ce  rapport  des  différences  à  signaler.  Chez  le  chien,  les  choses  se  passent  en 
somme  comme  chez  l'homme.  Chez  le  chat,  le  l'ôle  absorbant  est  réservé  presque 
exclusivement  à  la  périphérie  iridienne,  qui  à  cet  effet  est  parsemée  de  stomates  à 
l'instar  d'une  écumoire.  Chez  le  lapin,  le  rôle  absorbant  de  l'iris  est  moindre,  mais  il 
n'en  est  pas  moins  réel;  Nuel  et  Cornil  ont  trouvé  dans  la  zone  pupillaire  un  petit 
nombre  de  stomates.  L'iris  de  la  poule  (fig.  116)  absorbe  très  sensiblement  par  sa  faee 


IRIS. 


675 


0.9. 


Sel 


/  '.',• 


antérieure.  Les  vaisseaux  absorbants  sont  accumulés  contre  cette  surface,  alors  que 
chez  les  maminirères,  ces  vaisseaux  sont  sitiu'-s  plus  piofondément. 

(Pour  les  voies  dt'liininalion  de  l'humeur  aqueuse  autres  que  celles  de  l'iris,  voir 
l'article  Œil.) 

La  pénrtration  do 
l'humeur  a(iueuse  dans 
l'iris  et  dans  les  vais- 
seaux iridiens  a  lieu 
par  une  espèce  de  fil- 
tration;  la  vis  a  tergo 
de  cette  filtration  est 
la  tension  oculaire,  de 
25  mm.  de  mercure, 
c'est-à-dire  certaine- 
ment supérieure  à 
celle  qui  est  dans  les 
veines. 

La  progression  de 
l'humeur  aqueuse  dans 
l'iris  semble  être  favo- 
risée par  les  contrac- 
tions du  muscle  sphinc- 
ter de  la  pupille.  Il  faut 
se  l'appeler  ici  la  fente 
interstitielle  de  l'iris 
(fig.li3,p.66Lietfig.M4, 
p.  073)  qui  partage  la 
membrane  en  deux  la- 
melles, une  antérieure 
et  une  postérieure.  Le 
muscle  sphincter  est 
situé  dans  la  dernière, 
contre  le  bord  pupil- 
laire.  S'il  se  contracte, 
il  fait  plus  ou  moins 
bâiller  la  fente  lym- 
phatique interstitielle. 
S'il  se  relâche,  surtout 
si  la  pupille  est  dilatée, 
la  fente  interstitielle 
est  plus  ou  moins 
obstruée.  C'est  par  ce 
mécanisme  qu'on  peut 
expliquer  comme  quoi, 
dans  les  yeux  prédis- 
posés au  glaucome 
(c'est-à-dire  à  devenir 
durs),  les  instillations 
d'atropine  [)rovoquent 
un  accès  de  glaucome, 
parce  qu'elles  entra- 
vent l'élimination  de  ^"^''  ^^'^'  "  *^''  ^^  l'ipeon  auquo!  on  avait  injccU;  derrière  le  cristallin  une 
.,,  goutte  d'cncro  do  Chine  une  heure  avant  lonucléation,  —  Sd,  sclérotique; 

1  numeur       aqueuse,  q   cornée;/,  iris;  6V,  cristallin;  c.  S.,  canal  do  Schlemm. 

tandis   que   les   instil- 
lations d'é^erine  (niyotique)  combattent  le  glaucome,   parce   qu'elles  favorisent  celte 
élimination. 

La  face  postérieure  de  l'iris  ne  révèle  pas  trace  d'absorption  pour  l'humeur  aqueuse. 


676  IRIS. 

Chez  aucun  de  nos  animaux  en  expérience,  l'encre  ne  montrait  la  moindre  tendance  à 
se  déposer  à  la  face  postérieure  de  l'iris. 

La  fonction  résorbante  de  Tiris  a  été  à  peu  près  complètement  méconnue  par  nos 
devanciers.  Le  seul  qui  l'ait  franchement  reconnue  est  Nicati.  Mais  ses  expériences 
consistaient  à  injecter  chez  l'animal  du  ferro-cyanure  de  jiotassium  et  à  le  déceler 
ensuite  chimiquement.  Elles  ne  convainquirent  guère,  principalement  parce  que  le 
ferro-cyanure  est  une  substance  diffusible;  son  emploi  pour  ce  genre  d'expériences  est 
passible  du  reproche  général  que  nous  allons  formuler  contre  les  expériences  faites  à 
l'aide  de  substances  diffiisibles. 

Divers  auteurs  (Leber,  etc.)  ont  injecté  dans  la  chambre  antérieure,  tant  sur  le 
vivant  que  sur  le  cadavre,  des  substances  soit  diiïusibles,  soit  non  diffusibles.  Cette 
manière  de  procéder  est  suffisante  pour  montrer  l'élimination  par  le  canal  de  Schlemm; 
elle  est  impuissante  pour  déceler  l'élimination  par  l'iris.  En  procédant  ainsi,  on 
inonde  la  chambre  antérieure  de  masses  colorées  au  sein  desquelles  il  est  difficile  de 
se  retrouver;  on  change  du  tout  au  tout  les  conditions  hydrostatiques  qui  existent  aux 
deux  surfaces  de  l'iris,  et  probablement  on  entrave  l'élimination  par  cette  membrane. 
Au  lieu  que  par  notre  procédé  d'expérimentation  0:1  réduit  à  un  minimum  les  troubles 
apportés  à  l'écoulement  normal  des  liquides  et  on  fournit  aux  courants  liquides  à  peu 
près  normaux  peu  à  peu  de  petites  quantités  de  substance  colorée. 

Certains  auteurs  avaient  avant  nous  injecté,  sur  le  vivant,  de  l'encre  de  Chine  dans 
lecorps  vitré.  En  ont-ils  injecté  trop,  de  manière  h  augmenter  la  pression  intra-oculaire? 
Ou  bien  ont-ils  attendu  trop  longtemps  après  l'injection  pour  examiner  l'œil,  auquel 
cas  l'encre  infiltre  diffusément  tout  l'iris? 

D'autres  ont  injecté  des  substances  diffusibles  dans  le  vitreum.  Or  elles  diffusent  un 
peu  au  hasard  des  rencontres,  et  nullement  dans  les  seules  voies  d'élimination  de 
l'humeur  aqueuse. 

On  a  aussi  incorporé  dans  le  sang  des  substances  diffusibles  qu'on  allait  ensuite 
rechercher  dans  l'œil,  soit  sur  le  vivant,  soit  après  énucléation.  La  remarque  relative 
aux  substances  diffusibles  injectées  dans  le  vitreum  trouve  son  application  ici.  Elle 
enlève  à  ces  expériences  à  peu  près  toute  force  démonstrative  au  point  de  vue  des  voies 
d'élimination  de  l'humeur  aqueuse. 

Nous  rencontrons  ici  en  premier  lieu  les  expériences  d'ULRicii,  qui  injectait  sous  la 
peau  du  ferro-cyanure  de  potassium  et  qui  le  décelait  ensuite  chimiquement  comme  bleu 
de  Prusse.  Ulrich  déduit  de  ses  expériences  que  l'humeur  aqueuse,  sécrétée  parle  corps 
ciliaire,  passe  à  travers  la  racine  de  l'iris,  puis  arrive  dans  la  chambie  antérieure.  — 
Or  on  ne  voit  jamais  passer  à  travers  la  racine  de  l'iris  des  substances  non  diffusibles 
injectées  (sur  le  vivant)  derrière  l'iris. 

Viennent  ensuite  les  expériences  remarquables  d'EaRLiCH  à  l'aide  de  la  fluorescéine. 
Si  au  lapin  on  injecte  dans  les  espaces  lymphatiques,  sous  la  peau,  ou  dans  les  veines, 
de  la  tluorescéine  (par  exemple,  3  à  o  centimètres  cubes  d'une  solution  aqueuse  à 
20  p.  100),  on  voit,  après  dix  à  vingt  minutes,  apparaître  dans  la  chambre  antérieure, 
derrière  la  cornée,  une  ligne  verdâtre  verticale  et  bien  délimitée.  La  ligne  augmente, 
diminue,  disparait,  s'élargit,  se  rétrécit.  En  haut  et  en  bas,  elle  peut  atteindre  l'angle 
cornéo-iridien,  se  diviser  en  deux.  Cela  diminue,  puis  disparaît  au  bout  de  deux 
heures. 

Ehrlich  fut  d'avis  que  la  direction  (verticale)  de  la  ligne  observée  par  lui  serait 
liée  à  des  points  déterminés  de  la  chambre  antérieure,  et  que  cette  ligne  était 
l'expression  d'un  courant  sécrétoire  normal,  issu  de  la  surface  antérieure  de  l'iris. 
Mais  bientôt  on  reconnut  que  la  ligne  est  toujours  verticale,  quelle  que  soit  l'orien- 
lation  qu'on  donne  à  l'œil;  elle  apparaît  aussi  si  l'on  injecte  directement  des  traces 
de  fluorescéine  dans  la  chambre  antérieure.  Elle  n'est  donc  pas  liée  à  des  points 
spéciaux  de  la  chambre  antérieure  ou  de  l'iris,  mais  sa  direction  dépend  de  la 
pesanteur. 

Th.  Leber  fit  observer  qu'en  général  les  expériences  d'injection  de  substances  diffu- 
sibles —  et  la  fluorescéine  en  est  une  —  ne  sauraient  rien  prouver  quant  à  l'endroit  de 
la  sécrétion  ou  de  l'absorption  de  l'humeur  aqueuse.  Injectées  dans  le  courant  sanguin, 
elles  pénètrent  dans  les  liquides  intra-oculaires  partout  oii  ceux-ci  confinent  aux  parois 


IRIS.  (177 

vasculaires.  Ce  serait  donc  par  dilliisiou  t|ii('  la  lluor('s(;(''iii('  (xMirtre  dans  riiniucur 
aqueuse,  mais  ("ela  ne  prouverait  uiillomfMit  (juc  normalement  riinmeur  aqueuse  est 
sécrétée  par  la  surface  antérieure  de  l'iris. 

Reste  toujours  à  expliquer  lu  forme  de  la  ligne  d'KnuMcii.  Klant  dontH'  qu'elle  est 
toujours  verticale,  on  se  Pigiirait  que  riiumcni-  a([u<Mis('  qui  renfernio  Ar  la  fluorescéine, 
descendrai!  jiarco  (lu'elle  est  plus  louide. 

L'explication  est  dt'-fectueuse  à  plus  d'un  point  de  vue.  l'ouniuoi  la  ligne  descend- 
elle  contre  la  face  postérieure  de  la  cornée?  Ouelqucfois  m(''ni(',  comme  Nicati  l'a 
montré,  la  ligne  est  néi,'alive,  c'est-à-dire  que  les  parties  latérales  sont  colorées. 

L.  Ti  iiCK  vient  de  montrer  que  l'apparence  de  la  lif,'ne  d'EnnLii;u  est  due  à  cette  cir- 
constance que  la  cornée  et  les  plans  antérieurs  de  l'humeur  aqueuse  sont  moins  chauds 
(même  de  4")  que  les  couches  profondes  de  l'humeur  aqueuse.  Il  en  résulte  des 
dilférences  de  densité  qui  provoquent  normalement  dans  l'humeur  aqueuse  un  courant 
comme  celui  de  la  ligne  d'EuRLicii  :  le  liquide  froid  descend  derrièn;  le  diamètre 
vertical  de  la  cornée,  et  puis  remonte  latéralement  et  au-devant  de  l'iris.  La  présence 
de  la  tluorescéine  rend  le  courant  visible  TOrck  reproiluisit  identiqu(;ment  la  liiîue 
en  appliquant  contre  une  glace  verticale  un  verre  de  montre  rempli  de  liquide,  et  en 
chauffant  un  peu  la  plaque. 

Abelsdori-f  ((i.)  {Arch.  de  Kuapp,  Lir,  3).  —  AdamIik  [Centralhl.  f.  d.  incd.  Wis- 
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678  IRIS. 

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IRIS.    —    IRRITABILITE.  (i79 

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{A.  P.,  188:;,  1). 

E.  NUEL. 

IRRADIATION.  —  v.  Rétine. 

IRONE.  —  (C'^ir-'"'0)  Principe  odorant  de  l'iris,  distillant  à  144".  Cliauiïée  avec 
l'acide  iodhydriqiK',  file  donne  de  Virène  (C'^H'*),  bouillant  à  113". 

I  RRITABI  LITE.  —  Historique.  —  L'Iiisloiri!  de  l'ir  lilahilité  nous  montre  le 
sort  cruiio  tloclrine  qui,  conçue  d'abord  sous  une  tonne  naïve,  puis  ontiaîm'e  par  de 
nouvelles  recberclies  dans  une  voie  fausse, est  reveime  tînsuite, après  de  longues  luttes, 
à  sa  signification  primitive;  et,  finalement,  dans  sa  forme  la  plus  générale,  arrive 
à  n'être  plus  qu'une  expression  qui  se  comprend  par  sa  définition  môme. 

II  y  a  deux  siècles  et  demi  que  la  notion  de  l'irritabilité  a  été  introduite  dans  la 
pbysiologie  par  le  médecin  philosophe  Glisson;  et  alors,  comprise  d'une  manière  tantôt 
plus  étroite,  tantôt  plus  vaste,  tantôt  plus  spéciale,  tantôt  plus  générale,  elle  a  donné 
lieu  à  des  erreurs  qui  ont  duré  pendant  un  siècle  jusqu'à  ce  qu'tiulin,  de  nos  jours, 
laborieusement,  après  de  durs  combats,  elle  a  été  ramenée  à  une  formultî  clairi;,  qui 
constitue  le  premier  pas  vers  une  analyse  plus  profonde  des  faits  fondamentaux  qui  la 
constituent. 

L'antiquité  savait  déjà  que  beaucoup  d'êtres  vivants  peuvent,  par  des  excitations 
extérieures,  être  à  chaque  instant  mis  en  activité.  Glisson  (1597-1677)  reconnut  le  pre- 
mier dans  ce  fait  une  propriété  générale  de  tout  être  animal,  et  désigna  cette  propriété 
sous  le  nom  d'irritabilité  (1).  D'après  lui,  la  vie  consiste  dans  l'irritabilité.  La  conception 
de  Glisson  était,  malgré  ses  distinctions  et  définitions  raffinées  et  artificielles,  assez 
claire  et  profonde,  mais  bientôt  le  vitalisme  introduisit  une  erreur  dans  cette  notion 
de  l'irritabilité.  Bordeu  et  Barthez  remplacèrent  la  vieille  conception  claire  de  l'irri- 
tabilité en  partie  par  l'idée  d'une  irritabilité  générale,  en  partie  par  l'idée  de  la  force 
vitale.  Barthez  considérait  comme  la  cause  générale  de  la  vie  une  force  vitale  à  laquelle 
il  reconnaissait,  pour  se  manifester  au  dehors,  des  forces  sensitives  et  des  forces  mo- 
trices. Ainsi  déjà  étaient  différenciés  le  concept  de  la  sensibilité  et  celui  de  la  motilité. 
Même  Barthez  séparait  déjà  la  sensibilité  en  consciente  et  inconsciente.  Bordeu  rattacha 
la  sensibilité  générale  à  la  propriété  générale  de  toute  substance  vivante,  en  compre- 
nant exactement  sous  ce  terme  ce  que  Glisson  avait  appelé  l'irritabilité,  mais  cependant 
sans  priver  chaque  élément  vivant  de  sa  sensibilité  propre,  distincte  de  la  sensibilité 
générale. 

Alors  la  confusion  devint  complète.  Irritabilité, sensibilité,  contractilité,  force  vitale, 
étaient  des  mots  fatidiques  à  l'aide  desquels  les  dilférents  auteurs,  avec  plus  ou  moins 
de  succès,  cherchaient  à  se  comprendre  les  uns  les  autres.  Presque  exclusivement 
c'est  à  la  physiologie  des  muscles  et  des  nerfs  que  chacun  s'appliqua  surtout  pour  édi- 
fier sa  doctrine,  ce  qui  devait  conduire  à  un  incurable  exclusivisme. 

Au  milieu  de  cette  lutte  où  dominait  cette  conception  erronée,  Haller,  malgré  ses 
efforts  passionnés  pour  être  impartial  et  clair,  n'a  pas  pu  cependant  dégager  la  notion 
d(i  l'irritabilité  de  la  confusion  où  elle  était  plongée.  Même  par  ses  propres  recherches 
il  s'est  perdu  en  de  multiples  contradictions.  Il  distingue  la  sensibilité  de  la  contrac- 
tilité (2)  :  Sala  fibra  muscularis  contruhitur  vi  viva  :  sentit  solus  nervus  et  qux  acceperunt, 
animales  parles,  il  n'y  a  que  le  muscle  qui  possède  l'irritabilité,  sans  que  cependant 
son  irritabilité  soit  identique  à  sa  contractilité  :  A  vi  irrilabili,  muscido  propria,  vim 
contractilem  fibrae  animali  communem  separare. 

En  elfet,  dit-il  :  volendi  porro  eam  vim  qtiidem  perpetuo  vivam  adesse  et  sœpe  nullo  certe 
qui  noOis  nulus  sit,  stimula  externo  indi(/am  in  mutum  enimpere  a  stimula  tamcn  quoties 
quicrit  facillime  revocari.  Et  il  continue  en  disant  :  in  eo  motu  distin.vi  stimulum  qui  pos- 
sit  parrus  esse  et  motum  ab  eo  stimulo  natum  qui  possit  esse  marimus.  H  prouva  ainsi  qu'il 
est  nécessaire  de  séparer  complètement  la  contractilité  et  l'irritabilité. 

Mais  en  Angleterre  on  était  porté  à  maintenir  la  conception  primitive  de  Glisson 
sur  l'irritabilité;  ainsi  John  Brown  admet  pour  les  nerfs  et  les  muscles  une  même 


680  IRRITABILITE. 

incitabililé  (3),  et  il  déclare  que  cette  incitabilité,  c'esl-à-dire  la  propriété  de  réagir  aux 
excitations  extérieures,  est  une  propriété  générale  de  toute  la  nature  vivante,  propriété 
caractéristique  qui  sépare  les  organismes  vivants  des  êtres  privés  de  vie.  Déjà  aussi 
BnowN  avait  bien  reconnu  l'effet  paralysant  des  excitations  trop  fortes  ;  et,  cherchant 
dans  cette  voie,  il  avait  trouvé  un  certain  nombre  de  faits  importants;  mais  il  a  été 
trop  loin  dans  la  généralisation  de  ces  lois  de  l'irritabilité,  en  admettant  que  toutes  les 
excitations  ont  d'abord  une  action  stimulante,  et  que  les  excitations  paralysantes  ne 
sont  que  secondaires,  toujours  consécutives  à  une  excitation  primitive  de  très  courte 
durée. 

J.  MuLLER  a  fait  un  pas  important  dans  l'histoire  de  l'irritabilité,  en  indiquant  avec 
précision  un  fait  que  déjà  Bordeu  avait  remarqué,  et  qu'il  avait  exprimé  par  le  mot 
sensibilité  propre  ou  particulière.  C'est  ce  que  J.  MCller  appelle  l'énergie  spécifique  (4) 
de  la  substance  vivante.  Chaque  objet  vivant,  chaque  muscle,  chaque  glande,  chaque 
organe  sensoriel  possède  son  énergie  spécifique,  c'est-à-dire  qu'il  réagit  à  sa  manière, 
très  différemment,  selon  sa  nature,  aux  excitations  les  plus  diverses  ;  par  conséquent, 
la  qualité  de  la  réponse  est  tout  à  fait  indépendante  de  la  qualité  de  l'excitation.  Peu 
importe  que  le  muscle  soit  excité  par  le  galvanisme,  par  des  agents  chimiques,  par 
des  irritants  mécaniques,  par  des  stimulations  internes  qui  lui  viennent  des  autres 
organes;  peu  importe,  en  un  mot,  la  nature  de  l'irritant  qui  le  touche,  il  réagira  tou- 
jours par  un  mouvement;  le  mouvement  est  donc  à  la  fois  l'afTection  et  l'énergie  du 
muscle.  De  même,  peu  importe  l'excilant  qui  agit  sur  l'œil,  qu'il  soit  contusionné, 
lacéré,  comprimé,  électrisé;  qu'il  reçoive  des  excitations  sympathiques  venant  des 
autres  organes,  en  un  mot,  quelles  que  soient  les  diverses  causes  extérieures,  le  nerf 
optique  ne  répondra  jamais  à  toutes  ces  excitations  fortes  ou  faibles  qu'en  provoquant 
une  sensation  lumineuse.  Il  en  est  de  même  de  toutes  les  réactions  organiques.  Ce 
mode  de  réaction  aux  excitants  extérieurs  est  la  propriété  caractéristique  de  toute 
substance  vivante. 

Ainsi,  après  un  long  détour,  revenant  à  la  conception  primitive  de  Glisson,  on 
considérait  l'irritabilité  comme  une  propriété  générale  de  toute  substance  vivante,  et 
on  ne  voyait  plus  dans  la  contraclilité  et  la  sensibilité  que  des  modalités  spécifiques  de 
l'irritabilité  répondant  à  l'énergie  spécifique  des  muscles,  des  nerfs,  des  organes  des 
sens. 

Un  progrès  notable  a  été  fait  dans  la  théorie  de  l'irritabilité  par  la  découverte  de 
la  structure  cellulaire  des  organismes;  puisque  l'on  avait  trouvé  dans  la  cellule  l'unité 
vivante  fondamentale,  naturellement  l'irritabilité  devait  être  aussi  la  propriété  générale 
de  la  cellule.  On  sait  que  Virchow  a  introduit  cette  notion  féconde  dans  la  pathologie. 
ViRCHOw,  en  considérant  l'irritabilité  comme  la  base  des  modifications  vitales  de  la  cel- 
lule, a  cherché  la  cause  des  maladies  dans  les  réactions  de  la  cellule  aux  excitants  (îi).  H 
distingua  des  modalités  différentes  dans  la  réponse  de  la  cellule  aux  excitants.  L'exci- 
tant pour  la  cellule  peut  être  un  changement  de  sa  fonction  spécifique,  un  changement 
de  son  activité  nutritive,  un  changement  aussi  dans  son  activité  formatrice.  Aussi  Vir- 
chow a-t-il  admis  une  excitabilité  fonctionnelle,  une  excitabilité  nutritive,  et  une 
excitabilité  formative,  triple  distinction  qui  a  joué  jusqu'à  présent  un  plus  grand  rôle 
dans  la  pathologie  que  dans  la  physiologie. 

Une  nouvelle  série  d'expériences  importantes  sur  l'irritabilité  est  due  à  Cl.  Ber- 
nard. Le  grand  physiologiste  français  a  attribué  l'irritabilité  au  protoplasma,  et  il 
a  réussi  à  prouver  expérimentalement  que,  de  même  que  le  proloplasma  est  le  sub- 
stratum  général  et  s'pécial  de  la  vie,  de  même  l'irritabilité  est  une  propriété  spéciale  et 
générale  de  la  vie.  H  a  montré  que,  par  certaines  substances,  l'éther,  l'alcool,  le  chlo- 
roforme, chez  tous  les  êtres  vivants,  plantes,  animaux  ou  êtres  monocellulaires,  les 
processus  vitaux  étaient  arrêtés,  mais  qu'ils  pouvaient  reparaître  après  qu'on  les  avait 
soustraits  à  l'action  de  ces  substances.  Toutes  les  manifestations  de  la  vie  et  toutes 
irritabilités  sont  suspendues  par  la  narcof,e,  due,  comme  Cl.  Bernard  l'a  supposé,  à  la 
semi-coagulation  du  protoplasma  (6). 

Le  concept  de  l'irritabilité  s'est  donc,  dans  le  cours  du  siècle  précédent,  de  plus  en 
plus  éclairci  et  précisé,  et  les  physiologistes  ont,  par  conséquent,  la  tâche  d'analyser 
jusque  dans  leurs  plus  petits  détails  les  mécanismes  par  lesquels  sont  excitées  les  sub- 


IRRITABILITE.  681 

stances  vivantes;  mais  ou  n'y  ai  rivera  qu'on  faisant  ilt:s  rocliorches,  de  plus  en  plus 
pénétrantes,  sur  les  processus  normaux  de  la  substance  vivante  et  sur  l'action  des 
excitants  (jui  viennent  à  la  frapper. 

L'Excitant.  —  Do  lout  teni[)s,  les  physiologistes  ont  employé  l'excitation  comme 
le  procédé  méthodique  pour  connaître  les  processus  vitaux,  et  de  plus  en  plus,  au  furet 
à  mesure  du  développement  de  la  physiologie,  cette  étude  a  été  considérée  comme  de 
plus  en  plus  indispensable  ot  fructueuse.  Aussi  la  nécessité  est-elle  devenue  tou- 
jours plus  grande  de  donner  au  terme  excitant  une  signillcation  plus  précise.  D'après 
l'usage  quotidien,  ou  ne  se  représentait,  en  général,  l'excitant  qiiiî  d'après  un  nombre 
limité  d'expériences  et  surtout  d'après  les  slimulauls  extérieurs  employés  pour  exciter 
les  nerfs  et  les  organes  des  sens,  les  muscles  et  les  glandes.  Mais  le  domaine  de  l'expé- 
rimentations'est  agrandi;  on  a  fait  de  la  physiologie  comparée,  de  sorte  que  les  vieilles 
définitions  de  l'excitant  (lesquelles  n'avaient  jamais  d'ailleurs  été  bien  précisées  parune 
définition)  sont  devenues  aujourd'hui  tiop  étroites,  et  que  nous  avons  besoin,  non  seu- 
lementde  limiter  la  notion  de  l'excitant,  mais  encore  de  l'étendre  <le  maniorequ'il  com- 
prenne l'ensemble  (h;  toutes  lesirritations.  Aussi  le  concept  de  l'iiritant  n'ost-il  à  définir 
que  dans  son  rapport  avec  le  concept  de  la  vie. 

Comme  tous  les  phénomènes  de  ce  monde,  le  phénomène  de  la  vie  est  déterminé 
par  une  série  de  facteurs,  et,  comme  pour  tous  les  phénomènes  compliqués,  le  phéno- 
mène vital,  très  compliqué,  est  constitué  par  un  très  grand  nombre  de  facteurs.  Si 
l'on  pouvait  déterminer,  complètement  et  exactement  pour  un  organisme  donné,  ces 
facteurs  extérieurs  et  intérieurs  dont  dépendent  les  conditions  de  la  vie  et  qui  tiennent 
.sous  leurs  dépendances  les  phénonièiies  vitaux,  alors  on  aurait  éclairé  la  nature  cer- 
taine du  processus  vital,  et  l'explication  serait  absolument  scientifique,  caria  fonction 
vitale  est,  comme  toute  fonction,  identique  à  la  somme  des  conditions  dont  elle  dépend. 
II  est,  en  effet,  évident  que  chaque  modification  des  conditions  de  la  vie  doit  entraîner 
une  modification  de  la  fonction  vitale.  Or  les  excitants  doivent  être  considérés 
comme  des  modifications  dans  les  conditions  vitales  d'un  organisme.  Si  donc  on  veut 
comprendre  Cexcitation  dans  sa  forme  la  plus  générale,  il  faut  nécessairement  définir  Vcx- 
cito.nt  comme  étant  un  changement  dans  les  conditions  de  la  vie  (7).  On  pourra  modifier 
cette  définition  comme  on  voudra;  le  sens  restera  le  même,  dès  que  l'on  pourra  appli- 
quer la  conception  de  l'irritabilité  à  tous  les  cas  particuliers  qui  peuvent  se  présenter. 

A  vrai  dire,  on  avait  depuis  longtemps  compris  cet  étroit  rapport  entre  l'excitation 
et  les  conditions  vitales,  sans  cependant  s'être  expliqué  clairement  à  ce  sujet.  Ainsi 
J.  MuLLER  avait  décrit  les  conditions  extérieures  de  la  vie  comme  des  excitants  inté- 
graux. 

On  s'est  trompé  lorsqu'on  a  confondu  ces  excitants  vitaux  avec  les  autres  excitants 
qui  n'entrent  pas  essentiellement  dans  la  composition  des  corps  organiques  et  n'aug- 
mentent point  leur  force.  Un  excitant  mécanique,  qui  modifie  l'état  de  notre  peau  sen- 
sible, provoque  une  pression  et,  par  conséquent,  un  phénomène  physiologique,  une 
sensation,  mais  il  ne  renforce  pas  nos  forces  organiques.  Au  contraire,  les  excitants 
nécessaires  à  la  vie  concourent  à  la  formation  de  la  matière  organique. 

On  voit  là  déjà  un  effort  vers  plus  de  clarté  :  on  a  reconnu  les  relations  étroites  de 
l'excitant  avec  les  conditions  de  la  vie,  et,  d'autre  part,  on  a  senti  la  nécessité  de  les 
séjiarer  Tune  de  l'autre,  mais  la  séparation  n'a  pas  été  faite  au  point  même  où  elle  le 
devait  être  logiquement.  De  fait,  on  tomberait  toujours  dans  des  difficultés  et  des 
contradictions  en  voulant  séparer  ces  deux  idées,  l'excitant  et  la  condition  vitale,  si  on 
les  considérait  comme  des  facteurs  absolument  distinctii.  On  ne  peut  séparer  d'une 
manière  irréprochable  la  nature  de  l'excitant  et  celle  d'une  condition  vitale  que  si  l'on 
admet  que  le  même  facteur  peut,  dans  certains  cas,  être  une  condition  vitale,  et,  dans 
d'autres  cas,  un  excitant.  Tous  les  organismes  qui  peuvent  vivre  dans  dos  conditions 
vitales  différentes  montrent  cela  clairement.  Par  exemple,  des  organismes  facultative- 
ment anaérobies  vivent  sans  oxygène,  et  alors  chaque  apport  d'oxygène  agit  sur  la  vie 
anaérobie  comme  un  excitant.  Les  bactéries  du  choléra,  par  exemple,  ont  une  forte 
chimiotaxie  positive  pour  l'oxygène.  Si  de  tels  organismes  vivent  ^en  présence  con- 
stamment de  l'oxygène,  alors  l'oxygène  devient  pour  eux  non  plus  un  irritant  mais  une 
condition  vitale.  L'expérience  prouve  que  le  même  facteur,  l'oxygène,  n'agit   comme 


682  IRRITABILITÉ. 

excitant  que  relativement  à  un  certain  état  de  la  substance  vitale,  lorsqu'elle  vit 
anaérobiquement,  mais  que,  lorsque  cette  substance  vitale  est  en  vie  aérobie,  elle  af,'it 
comme  une  condition  vitale.  Inversement,  la  privation  d'oxygène  agit  sur  la  vie  aérobie 
comme  excitant,  alors  que  dans  la  vie  anaérobie  c'est  une  condition  d'existence.  Aussi, 
pour  savoir  si  tel  ou  tel  facteur  doit  être  considéré  comme  un  excitant,  faut-il  faire 
entrer  en  ligne  de  compte  tel  ou  tel  état  donné  de  l'organisme.  S'il  est  une  des  condi- 
tions nécessaires  pour  le  maintien  de  la  vie  dans  cet  organisme,  c'est  une  condition 
vitale  de  l'organisme:  si,  au  contraire,  il  modifie  l'état  de  cet  organisme,  il  constitue 
un  irritant  de  cet  organisme. 

Il  est  évident  que  l'état  d'un  organisme  ne  peut  se  modifier  que  si,  dans  les  condi- 
tions extérieures  ou  intérieures  de  son  existence,  il  se  produit  quelque  changement  : 
car,  quand  on  parle  de  l'état  actuel  d'un  organisme,  c'est  une  expression  qu'on  emploie 
pour  indiquer  le  système  total  des  diverses  conditions  auxquelles  est  soumise  son 
existence.  En  d'autres  termes,  tout  changement  dans  les  conditions  vitales  d'un  organisme 
est  un  irritant  de  cet  organisme. 

Il  résulte  de  cette  définition  que  les  conditions  de  la  vie  ne  peuvent  être  considérées 
comme  étant  des  excitants  en  soi.  Elles  ne  deviennent  des  excitants  que  relativement  à 
tel  ou  tel  état  de  l'organisme.  Aussi  bien,  quand  on  tient  compte  de  cette  relation, 
est-on  amené  à  considérer  parfois  des  irritants  comme  des  conditions  vitales,  tantôt 
quand  ils  se  prolongent  pendant  longtemps  (adaptation  à  des  changements  persis- 
tants des  conditions  extérieures),  tantôt  quand  ils  sont  fréquemment  répétés  (actions 
dites  trophiques  des  excitations  fonctionnelles).  Mais,  dans  les  deux  cas,  l'irritant  est 
une  condition  vitale  pour  un  autre  état  de  la  substance  vivante  lorsqu'il  agit  en  tant 
qu'irritant.  Il  devient  une  condition  vitale  pour  le  nouvel  état  dans  lequel  il  a  mis 
l'organisme  vivant.  Mais  c'est  toujours  d'après  sa  relation  avec  l'état  actuel  que  nous 
pouvons  savoir  s'il  s'agit  d'une  condition  vitale  ou  d'un  irritant. 

Quoique  ces  données,  au  point  de  vue  des  principes  théoriques,  soient  tout  à  fait 
claires,  on  doit  reconnaître  cependant  qu'elles  sont  fort  compliquées.  D'abord,  cette 
complication  tient  à  ce  que  le  nombre  des  facteurs  qui  déterminent  les  conditions  de 
la  vie  est  considérable,  et  même  plus  considérable  qu'on  ne  peut  le  voir  tout  d'abord.  A 
côté  des  conditions  vitales  générales,  absolument  nécessaires  à  tous  les  organismes 
vivants,  il  y  a  des  conditions  vitales  spéciales,  qui  règlent  la  vie  de  chaque  organisme 
différencié  des  autres. 

11  y  a  aus.si  à  la  fois  des  conditions  vitales  extérieures,  c'est-à-dire  le  milieu  ambiant 
dans  lequel  est  placé  un  organisme  ;  et  des  conditions  vitales  intérieures  qu'il  n'est  pas 
facile  d'étudier  et  que,  cependant,  il  ne  faut  nullement  négliger  pour  aucun  organisme. 

Ce  qui  rend  la  complication  encore  plus  grande,  c'est  que  ces  conditions  vitales 
intérieures  ne  sont  pas  stables,  mais  qu'elles  changent  constamment.  On  comprend  alors 
que,  même  si  aucun  changemeut  ne  survient  dans  les  conditions  extérieures  auxquelles 
est  soumis  un  organisme,  c'est-à-dire  si  tout  est  identique  dans  le  milieu  ambiant,  il 
peut  très  bien  se  faire  que  l'état  de  l'organisme  ne  reste  pas  identique.  Chaque  état 
actuel  est  conditionné  par  un  état  précédent,  depuis  la  période  ovulaire  jusqu'à  la  mort 
de  l'être.  C'est  ce  changement  perpétuel  qui  constitue  le  développement.  On  peut  donc 
dire  que  ces  conditions  vitales  internes  sont  des  conditions  de  croissance,  et  appeler 
excitants  de  croissance  les  conditions  qui  déterminent  les  changements  évolutifs  de 
l'être.  A  ces  processus  successifs,  tantôt  lents,  tantôt  rapides,  qui  font  de  l'organisme  un 
être  vraiment  protéiforme,  viennent  se  superposer  les  excitants  dus  aux  variations  dans 
les  conditions  extérieures.  Il  s'ensuit  que  la  même  irritation  extérieure  peut  provoquer 
des  réactions  très  différentes  sur  le  même  être,  quand  il  est  dans  un  état  différent  de 
son  évolution.  Môme  lorsque  ces  changements  évolutifs  sont  tellement  lents  que  nous 
pouvons,  pratiquement,  les  négliger  quand  l'observation  porte  sur  un  espace  de  temps 
très  court,  il  ne  faut  pas  cependant  commettre  l'erreur  de  la  négliger  complètement.  Ils 
sont  là,  et  toute  analyse  un  peu  profonde  des  excitations  doit  compter  avec  eux.  L'étude 
des  irritations  et  de  tous  les  processus  vitaux  n'est  jamais,  au  point  de  vue  de  cette 
mutation  évolutive  perpétuelle,  que  relative. 

Puisque  chaque  modification  dans  la  complexité  des  excitations  internes  ou  externes 
agit  comme  un  irritant,  il  est  évident  que  chaque  organisme  dépend  du  conilit  de  ces 


IRRITABILITE.  683 

multiples  excitalions.  Il  est  donc  très  important,  pour  los  bion  comprendre  et  étudier, 
de  les  grouper  d'une  nianirie  mt-tlioilique. 

UiH>  preniiiTc  division  touto  simple  consiste  ù  les  grouper  d'aprt'S  les  cliangemenis 
chimiques  qu'ils  déterminent  dans  IV-tre.On  aura  donc  des  excitants  c/imuV/ucs  (c'est-à- 
dire  (jui  modifient  la  constitution  chimique  des  organismes  et  la  prof»ortion  de  jeurs 
éléments  chimiques),  osmotiqucs  (changements  de  la  pression  osmoti(}ue),  t.hermique>i 
(changements  de  la  température),  mcccmiques  (changements  dans  la  pression  méca- 
ni(iue),  plioliqitca  (changeinenls  dans  toutes  les  radiations  lumineuses),  électriques  (chan- 
gements dans  les  conditions  électriques).  Les  excitations  tant  internes  (ju'externes 
peuvent,  d'ailleurs,  toutes  rentrer  dans  cette  classilication.  On  peut  aussi  pousser  la 
division  plus  loin,  ou  inversement  la  condenser,  si  cela  est  nécessaire  ;  car  elle  est,  dans 
une  certaine  mesure,  arbitraire.  Enfin,  on  peut  faire  rentrer  dans  la  classification  tous 
les  facteurs  qui  modifient  les  coiulitions  vitales  des  êtres,  par  exemple  les  poisons  qui 
sont  des  agents  absolument  étrangers  aux  organismes. 

Outre  les  tlillëreiioes  dans  la  qualité  de  l'excitant,  il  faut  considérer  aussi,  comme 
ayant  une  aussi  grande  importance,  d'autres  modalités  de  l'irritant:  l'intensité,  la 
durée,  la  forme  et  la  fréquence. 

A.  L'intensité  de  l'irritant  est  représentée  par  l'ensemble  des  changements  qu'il 
produit  dans  l'organisme  irrité.  C'est  la  modification  de  l'organisme  qui  mesure 
l'intensité  de  l'irritation.  Si  l'intensité  est  au-dessous  de  certaines  limites,  l'irritation 
sera  sans  elfet  appréciable,  et  on  n'observera  aucune  réaction,  ("e  n'est  qu'à  partir  d'une 
certaine  intensité  de  l'irritant  {seuil  de  Vcvcitalion)  qu'on  pourra  constater  l'efl'et  de 
l'irritation,  eflel  qui  ira,  en  général,  en  croissant  avec  l'intensité  de  l'irritant  jusqu'à 
atteindre  un  certain  maximum.  Toutes  les  intensités  de  l'irritant  qui  seront  au- 
dessous  de  ce  maximum  seront  dites  sous-maximales;  toutes  celles  qui  dépassent  le 
maximum  sont  sus-maximales.  Ces  différences  doivent  être  établies  si  l'on  veut  bien 
comprendre  certaines  irritations,  et  les  interférences  entre  les  diverses  irritations.  Si  des 
irritations  dont  l'intensité  est  au-dessous  du  seuil  ne  provoquent  pas  de  réaction 
extérieure  appréciable,  il  ne  faudra  pas  en  conclure  qu'elles  soient  sans  effet.  Par  des 
méthodes  analytiques  plus  sensibles,  et  surtout  par  l'étude  des  interférences,  ou  peut 
voir  que  des  irritants  faibles  (au-dessous  du  seuil  de  l'irritation)  exercent  encore  une 
action  sur  la  substance  vivante.  Dans  certains  cas  (muscle  cardiaque,  animaux 
strychnisés),  il  semble  que  telle  intensité  de  l'excitation,  qui  est  efficace,  puisse 
toujours  provoquer  une  réaction  maximale,  sans  que  l'intensité  de  la  réaction 
s'accroisse  à  mesure  que  croît  l'intensité  du  stimulanl.  Alors  le  seuil  de  l'excitation  et 
le  maximum  se  confondent.  Au-dessous  du  seuil,  il  n'y  a  rien:  au-dessus  du  seuil 
c'est  toujours  la  réaction  maximale.  On  a  exprimé  ce  phénomène  en  disant  que  c'est 
tout  ou  nen.  Mais  on  peut  se  demander  si  cette  loi  de  tout  ou  rien  se  réalise  jamais 
strictement. 

B.  La  durée  de  l'excitation  est  mesurée  par  la  durée  du  changement  produit  dans 
les  conditions  vitales.  Les  conséquences  d'une  irritation  peuvent  être  très  difi'érentes 
selon  la  durée  de  l'irritation.  Des  irritations  brèves,  instantanées,  n'ont  en  général, 
quand  leur  intensité  ne  dépasse  pas  beaucoup  celle  des  excitations  physiologiques 
moyennes,  qu'une  action  plus  ou  moins  passagère.  Si  l'excitation  dure  longtemps,  deux 
cas  peuvent  se  présenter.  Ou  bien  l'organisme  s'adapte  à  l'irritant,  et  l'irritant  devient 
une  condition  vitale  nouvelle  pour  l'organisme  (et  cela  ne  s'observe  guère  que  dans 
le  cas  d'excitations  de  faible  intensité);  ou  bien  l'état  de  l'organisme  est  modifié  par 
l'efl'et  de  l'irritant  qui  prolonge  son  action.  Tel  est  le  cas  des  processus  de  dégénération 
dus  à  des  excitations  prolongées,  et  qui  finalement  aboutissent  à  la  mort.  Presque 
toutes  les  maladies  chroniques  sont  dans  ce  cas;  car  la  maladie,  c'est  la  vie  avec  des 
conditions  vitales  différentes. 

C.  La  forme  de  l'excitation  est  aussi  très  importante.  Elle  est  déterminée  par  la  durée 
des  variations  d'intensité.  II  faut  surtout  tenir  compte,  si  l'on  représente  les  variations 
d'intensité  par  une  courbe,  de  l'ascension  et  de  la  descente  de  la  courbe.  Ce  sont  ces 
variations  qui  représentent  les  excitations  les  plus  fortes  (ouverture  et  fermeture  du 
courant  constant).  Les  effets  de  l'excitation  sont  moindres  quand  l'intensité  d'un 
excitant  se  prolonge  sans  se  modifier.  Cependant  il  ne  faut  pas  négliger  les  effets  d'une 


68t  IRRITABILITE. 

pareille  excitation.  L'effet  plus  fort  au  début  ou  à  la  fin  d'uiie  excitation  est  essentiel- 
lement détermint'  par  l'ascension  ou  la  descente  rapides  de  la  courbe  des  intensités.  Si 
la  variation  est  très  lente,  autrement  dit  si  l'intensité  varie  très  lentement,  il  se  peut 
que  l'effet  apparent  soit  nul,  et  qu'on  paraîtra  rester  au-dessous  du  seuil  de  l'excitation. 

D.  L'effet  d'une  excitation  est  déterminé  aussi  par  la  fréquence  de  l'excitation.  Si 
l'excitation  est  unique,  elle  peut  produire  des  effets  tout  à  fait  différents  de  ce  qu'elle 
produira  si  elle  est  répétée.  Et  les  effets  seront  tout  à  fait  différents  selon  la  rapidité 
avec  laquelle  vont  se  succéder  les  excitations  uniques.  Cette  considération  est  de 
spéciale  importance  dans  l'histoire  des  excitations  rythmiques,  comme  par  exemple  de 
celles  que  dégage  le  système  nerveux,  ou  de  celles  que  nous  produisons  artificiellement 
avec  des  courants  faradiques  ou  des  rayons  lumineux  intermittents.  Si  l'on  excite  par 
des  courants  isolés,  séparés  par  un  intervalle  suffisant  pour  que  l'effet  de  chaque 
excitation  isolée  ait  totalement  disparu  lorsque  survient  la  seconde,  l'effet  de  chaque 
excitation  isolée  est  le  même  (tonus  des  muscles  sphinctériens;  rythme  du  cœur).  Si 
au  contraire  des  excitations  isolées  se  succèdent  rapidement,  alors  il  se  produit  des 
phénomènes  d'interférence,  et  on  observe  des  effets  tantôt  plus  marqués  (tétanos), 
tantôt  diminués,  tantôt  faisant  complètement  défaut  (fatigue,  inhibition). 

Effets  immédiats  ou  primaires  de  Texcitation.  —  Les  faits  de  l'irritabilité 
propre  à  la  substance  vivante  ainsi  que  les  effets  de  cette  irritabilité  ne  peuvent 
arriver  à  notre  compréhension  que  d'après  la  connaissance  que  nous  avons  des 
processus  mêmes  de  la  vie,  car  l'excitation  et  l'excitabilité  sont  déterminées  par  l'état 
même  de  la  matière  vivante.  11  est  donc  tout  d'abord  ne'cessaire  d'indiquer,  ne  fût-ce 
que  brièvement,  quelle  est  la  nature  de  la  vie,  d'après  les  connaissances  actuelles.  Il  faut 
donc  envisager  les  processus  chimiques  de  la  matière  vivante.  Car  c'est  par  l'analyse 
chimique  que  nous  pénétrons  le  plus  profondément  dans  la  matière  même  de  la  vie 
et  que  nous  faisons  Jes  [différenciations  les  plus  délicates;  naturellement  on  devra  se 
rappeler  que  tout  phénomène  chimique  de  la  matière  marche  parallèlement  avec  un 
phénomène  dynamique  et  un  fait  morphologique. 

Ce  qui  aujourd'hui  caractérise  la  substance  vivante,  c'est  le  Sloffwechsel  (l'échange 
matériel)  c'est-à-dire  ce  fait  que  la  substance  vivante  subit  des  transformations 
chimiques  perpétuelles,  pendant  que  d'une  part  des  aliments  sont  changés  en  matières 
vivantes  et  que  d'autre  part  la  matière  vivante  est  décomposée  en  substance  plus  simple. 
Par  ses  matières  albuminoïdes  la  substance  vivante  peut  donner  toute  une  série  de  combi- 
naisons chimiques  extraordinairement  compliquées.  Chez  les  plantes  cette  synthèse 
des  albuminoïdes  se  fait  aux  dépens  d'éléments  nutritifs  simples  par  une  longue  série 
de  transformations  chimiques,  dont  le  point  de  départ  est  une  matière  inorganique  de 
constitution  simple.  Chez  l'animal  la  synthèse  se  fait  plus  rapidement  aux  dépens  de 
mate'riaux  organiques.  Les  combinaisons  complexes  de  la  matière  vivante  se  désagrègent 
de  nouveau  en  donnant  des  produits  simples  que  rejette  l'organisme  comme  étant  les 
produits  de  l'échange  matériel.  Les  nombreux  et  divers  éléments  de  tout  cet  échange 
matériel  sont  très  étroitement  liés  les  uns  aux  autres,  et  ils  se  pénètrent  récipro- 
quement comme  les  engrenages  dans  un  appareil  d'horlouerie.  Comme  jusqu'à  présent 
on  ne  peut  les  connaître  exactement  pour  aucun  organisme,  nous  pouvons  les  diviser 
en  groupes  distincts,  et  avec  Hering  indiquer  lous  les  processus  constructifs  de  la 
substance  vivante  comme  étant  des  processus  d'assimilation  (anabolisme),  tandis  que 
la  somme  des  processus  de  destruction  sera  appelée  désassimilation  (catabolismej. 

Si  nous  ne  tenons  pas  compte  des  changements  lents  que  produit  le  développement 
dans  les  êtres, nous  pouvons  dire,  si  nous  ne  les  étudions  que  pendant  un  temps  limité,  que 
les  deux  phases  de  l'échange  matériel  pour  toute  substance  qui  vit  sont  en  équilibre  l'une 
avec  l'autre,  et  que  le  rapport  de  l'assimilation  à  la  désassimilation  est  égal  à  l'unité  : 
c'est  ce  qu'on  appelle  l'équilibre  de  l'échange  matériel.  Cet  équilibre  des  échanges 
[Sloffwechsel  Gleichgewicht]  esl,  comme  tout  phénomène  chimique  d'équilibre,  déterminé 
par  la  loi  des  masses,  de  sorte  qu'après  qu'il  a  été  écarté  de  sa  position  primitive  il 
y  revient  de  lui-même  après  quelque  temps  ;  ainsi  par  exemple,  quand  la  masse  deé 
éléments  nutritifs  est  accrue  ou  diminuée,  c'est  l'assimilation  qui  croît  ou  diminue,  et 
alors  la  phase  des  assimilations  s'élève  ou  s'abaisse  dans  la  même  mesure  qu'exige  le 
nouvel  équilibre  matériel.  Réciproquement,  si  la  phase  de  désassimilation  s'élève  ou 


IRRITABILITE.  685 

s'abaisse,  alors  rassiinilaliim  monte  ou  d(''croit  dans  la  même  projection.  C'est  ce  (jne 
Herino  a  appelé  rétiuilibie  auloniali(iuo  des  échanges  inob'culaires  8),  leijuel  ne  repré- 
sente qu'un  cas  parlicuiier,  mais  un  cas  très  compliqué,  de  i'i'quilibre  chimique  des  corps. 

Pour  rendre  compréhensible  cet  échange  moléculaire,  Hkrmann  (9),  Pflugeu  (10), 
Veuwor.x  (H)  et  d'autres  auteurs  ont  fait  cette  hypothèse  qu'au  point  central  de  tout 
cet  échange  chimitiue  se  trouve  une  substance  albuminoide  {Ekoeissvcrbindung),  très 
complexe  et  extraordinairement  labile  :  le  biogcne  (Vkuwoiin),  qui  se  d(''Compose  de  lui- 
même  porpéluellement  et  se  rt'i;énère  sans  cesse  de  nouveau  comme  une  calalase  ou 
un  enzyme.  La  masse  même  du  biogène  dépend  de  la  loi  des  masses,  elle  croît  (;l  décroît 
avec  l'alimentation  et  conditionne  la  régulation  automatique  de  ['('change  mahriel. 

Alors,  dans  l'hypothèse  du  biogène,  les  deux  phases  de  l'échange  matériel  pour  la 
substance  vivante  peuvent  être  représentées  d'une  matière  simple  et  schématique 
comme  étant  une  combinaison  chimique,  unique  et  complexe,  qui  se  refait  et  se  défait,  tous 
les  processus  chimiques  de  la  vie  n'étant  que  la  destruction  ou  la  reconstruction  de  cet 
hypolh»' tique  biogène. 

Dans  les  organismes  aérobies  l'oxygène  joue  un  rôle  essentiel  au  point  de  vue  des 
échanges  chimiques  :  la  destruction  de  la  substance  vivante  dépend  au  plus  haut  degré 
de  l'apport  d'oxygène.  La  diminution  ou  l'absence  d'oxygène  diminuent  l'intensité  des 
échanges,  dirigent  l'évolution  chimique  de  la  matière  vivante  dans  d'autres  directions 
que  les  directions  normales  et  finalement  l'amènent  à  la  mort. 

Sur  ce  rôle  de  l'oxygène  les  oiunions  des  divers  auteurs  ne  concordent  pas. 

D'après  Pi-lCger,  Verwokn  et  d'autres,  l'oxygène  pénètre,  comme  élément  chimique, 
dans  la  molécule  du  biogène  et  caractérise  sa  constitution  chimique  si  bien  qu'il  donne 
au  biogène  sa  très  grande  labilité  et  lui  permet  alors  de  donner  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'eau  aux  dépens  de  ses  éléments  hydrocarbonés  dépourvus  d'azote. 

D'après  Voir  (12),  Detmer  (13)  et  d'autres,  la  molécule  du  biogène  se  détruit  d'abord, 
puis  ses  produits  de  destruction  s'oxydent  jusqu'à  ce  qu'ils  arrivent  à  leur  dernier  terme 
d'acide  carbonique  et  d'eau.  Que  la  molécule  du  biogène  puisse  sans  oxygène  se  désa- 
gréger aussi  et  donner  des  produits  plus  complexes  de  destruction  comme  l'acide 
lactique  ;  que,  plus  lard  ces  produits  de  destruction  puissent  être  à  leur  tour  oxydés 
et  donner  de  l'acide  carbonique  et  de  l'eau,  cela  n'est  pas  douteux.  Mais  on  peut  se 
demander  si,  dans  les  conditions  normales,  quand  l'oxygène  est  en  quantité  suffisante, 
la  molécule  du  biogène  en  présence  de  l'oxygène  donne  d'abord  des  produits  complexes 
de  destruction,  ou,  sans  passer  par  ces  phases,  donne  immédiatement  avec  l'oxygène 
de  l'acide  carbonique  et  de  l'eau. 

Quoi  tju'il  en  soit,  dans  l'une  ou  l'autre  hypothèse,  Vivritahilité  de  la  matière  vivante 
pour  tous  les  organismes  aérobics  dépend  à  un  haut  degré  de  la  consommation  d'oxygène. 

L'effet  général  de  tous  les  irritants  doit  toujours  être  étudié  dans  ses  relations  avec 
l'échange  matériel.  Il  consiste  toujours  en  ceci  que  l'échange  chimique  propre  à  chaque 
matière  vivante  se  trouve  aussitôt  modifié  par  l'excitant.  Ce  changement  peut  être  de 
deux  sortes,  selon  que  l'excitant  va  altérer  l'échange  chimique  normal  dans  sa  rapidité 
ou  sa  qualité. 

Les  changements  de  la  rapidité  des  échanges  sont  dus  à  des  excitations  qui  ne  pro- 
voquent (ju'une  irritation  peu  prolongée  dans  les  oi'ganes.  Ce  sont  les  excitations 
diverses  qui,  en  déterminant  des  narcoses  isolées  et  passagères  des  cellules,  provoquent 
une  réponse  dans  les  organes  secondaires  (contractions  musculaires,  sécrétions  glan- 
dulaires, productions  de  lumière  et  d'électricité).  A  ce  groupe  appartiennent  toutes  les 
excitations  que  nous  pouvons  provoquer  expérimentalement  par  des  excitations  passa- 
gères artificielles.  Les  changements  de  rapidité  dans  les  échanges  peuvent  consister 
soit  en  une  accélération  des  phénomènes  chimiques  —  et  alors  c'est  une  excitation;  — 
soit  en  un  ralentissc.-ment  de  ces  mêmes  phénomènes  —  et  alois  nous  disons  que  c'est 
une  paralysie.  —  Dans  les  deux  cas,  les  irritants  ne  fout  que  modifier  dans  le  sens 
positif  ou  dans  le  sens  négatif  la  rapidité  du  chimisme  normal.  D'ailleurs,  le  plus  souvent 
il  ne  s'agit  pas  d'un  changement  de  tout  le  chimisme  cellulaire,  simultanément  dans 
ses  parties  excitées  ou  paralysées  par  l'excitation.  L'efi^et  primaire  de  l'excitation  n'agit 
tout  d'abord  que  sur  certaines  i)arties  de  la  concaténation  chimique,  et  c'est  seulement 
à  la  suite  de  cette  altération  que  secondairement  sont  atteints  les  autres  anneaux  do  la 


686  IRRITABILITE. 

chaîne.  Ainsi  par  exemple  les  irritants  qui  provoquent  une  contraction  musculaire 
n'ont  d'effet  primaire  que  sur  la  phase  de  désassimilation,  et  c'est  seulement  comme 
effet  secondaire  qu'ils  augmentent  les  processus  d'assimilation  jusqu'à  ce  que  l'équi- 
libre des  échanges  se  soit  du  nouveau  rétabli  quand  l'irritant  a  cessé  d'agir.  Comme  les 
divers  membres  de  cette  chaîne  des  échanges  se  pénètrent  étroitement  les  uns  des 
autres,  il  peut  se  faire  que  les  plus  diverses  excitations  puissent  provoquer,  pour  l'en- 
semble des  phénomènes  chimiques  de  l'échange,  excitation  ou  paralysie,  et  même 
produire  l'arrêt  complet,  exactement  comme  la  marche  d'un  appareil  d'horlogerie 
peut  être  accélérée,  ou  ralentie,  ou  même  complètement  arrêtée,  en  touchant  les  diffé- 
rentes roues  et  les  différents  engrenages. 

De  même  il  est  clair  que  les  excitants  les  plus  divers  peuvent  provoquer  des  effets 
presque  tout  à  fait  identiques,  parce  qu'eu  agissant  d'une  manière  passagère  c'est 
toujours  le  même  spécial  élément  de  la  chaîne  chimique  dont  ils  ont  accéléré  ou 
ralenti  le  processus. 

C'est  en  cela  que  consiste  la  loi  que  J.  Muller  a  appelée  la  loi  de  Vénergk  spéci- 
fique. Les  excitants  les  plus  divers,  portant  sur  une  même  et  seule  substance  vivante, 
ne  peuvent  jamais  provoquer  qu'un  accroissement  ou  une  diminution  de  sa  fonction 
spécifique  ;  pour  les  muscles,  c'est  le  mouvement;  pour  les  glandes,  la  sécrétion;  pour 
les  organes  des  sens  et  le  système  nerveux  central,  une  sensibilité  spécifique. 

Réciproquement  le  même  et  unique  irritant,  agissant  .sur  des  matières  vivantes 
différentes,  va  provoquer  des  effets  très  différents  dépemlant  chacun  de  la  nature 
spécifique  de  la  substance  irritée. 

Cette  énergie  spécifique  est  une  propriété  générale  de  toute  matière  vivante,  seu- 
lement l'action  des  irritants  n'est  pas  toujours  une  excitation  de  sa  propriété  spéci- 
fique, comme  l'a  admis  J.  Miller,  mais  peut  aussi  en  être  la  paralysie.  D'ailleurs,  si 
cette  énergie  spécifique  est  bien  une  propriété  commune  à  toute  matière  vivante,  on  n.e 
peut  pas  dire  (ju'elle  en  soit  la  caractéristique  exclusive,  car  on  la  retrouve  égale- 
ment dans  la  matière  inorganique  et  privée  de  vie.  Ainsi  dans  tout  système,  qui  comme 
chez  les  êtres  vivants  contient  une  énergie  potentielle  enfermée  dans  un  système  labile 
(matières  explosives,  ressorts  tendus),  par  des  cliocsde  genres  très  différents,  la  fonc- 
tion spécifique  de  ces   appareils  peut  être  soudainement  dégagée. 

Une  goutte  de  nitro-glycérine  fait  explosion  toujours  en  donnant  les  mêmes  com- 
posés chimiques  et  en  produisant  toujours  les  mêmes  effets:  qu'elle  ait  explosé  par 
des  irritations  mécaniques,  électriques  ou  thermiques.  De  même,  dans  les  systèmes 
organiques  où  il  y  a  une  série  de  changements  chimiques  qui  se  succèdent  réguliè- 
rement, la  rapidité  de  ces  phénomènes  chimiques  peut  être  augmentée  ou  diminuée 
par  les  actions  les  plus  dilférentes.  L'action  de  la  mousse  de  platine  sur  l'eau  oxygénée 
peut  être  paralysée  par  le  sublimé,  parle  sulfure  d'ammonium  et  par  beaucoup  d'autres 
substances  tout  aussi  bien  que  les  phénomènes  vitaux  d'un  organisme  par  l'éther,  l'al- 
cool et  le  chloroforme.  On  trouve  des  analogies  nombreuses  dans  les  systèmes  non 
vivants  et  les  systèmes  vivants  par  cette  action  des  irritants  qui  paralysent  ou  excitent 
le  décours  des  phénomènes  chimiques.  Il  n'y  a  donc  pas  là  un  phénomène  caractéristique 
de  la  vie.  L'irritabilité  de  la  matière  vivante  n'est  qu'un  cas  particulier  de  cette  loi  très 
générale  que  les  actions  les  plus  diverses  peuvent  altérer  la  vitesse  d'un  procès  chi- 
mique dans  le  sens  positif  ou  dans  le  sens  négatif. 

Les  autres  effets  des  excitations  sont  les  changements  qualitatifs  dans  les  échanges 
normaux.  Sous  l'influence  de  l'excitant,  l'échange  spécifique  d'un  organisme  vivant 
change  à  ce  point  qu'il  se  produit  certaines  actions  chimiques  et  certaines  substances 
qui  étaient  auparavant  étrangères  à  l'être  vivant.  A  ce  groupe  de  faits  appartiennent 
les  excitations  du  développement  et  surtout  les  processus  pathologiques  cellulaires  qui, 
sous  l'influence  d'excitation  prolongée,  aboutissent  à  des  dégénérescences  graisseuses, 
mucoïdes,  aniyloïdes  et  calcaires.  Il  est  très  vraisemblable  que  ces  changements 
qualitatifs  que  développent  les  excitations  sont  les  conséquences  d'un  changement  d'in- 
tensité dans  les  échanges  de  certaines  chaînes  chimiques.  Par  exemple  certaines  sub- 
stances étrangères  à  la  vie  normale  de  la  cellule  se  forment  et  s'amassent  dans  la  cellule 
parce  que  l'oxygène  est  en  quantité  insuffisante  pour  brûler  certaines  combinaisons 
complexes  et  en  faire  de  l'acide  carbonique  et  de  l'eau.  Naturellement  le  mécanisme 


IRRITABILITE.  687 

do  ces  actions,  par  suite  de  nos  connaissances  insuffisantes  sur  l'échange  chimique  intra- 
cellulaire normal,  no  nous  est  pas  connu  encore  d'une  manière  satisfaisante.  Mais,  si 
riiypolhèse  indiquée  plus  haut  était  exacte  et  pouvait  s'api)liquer  à  tous  les  cas  divers,  le 
schéma  général  de  l'elTet  des  excitations  deviendrait  d'une  extrême  simplicité.  L'elVet 
primitif  de  chaque  excitation  serait  uniquement  d'accélérer  ou  de  ralentir  la  vitesse  des 
pi'ocessus  chimiques  cellulaires,  soit  pour  leur  ensemble,  soit  pour  une  partie  secon- 
daire. Tout  autre  effet  seraitla  conséquence  de  cet  effet  primitif. 

L'irritabilité  de  la  substance  vivante  serait  donc  essentiellement  la  propriété  de  répondre 
aiw  excitations  par  une  accélération  ou  un  ralentissement  de  ses  échanrjes  chimiques  spéci- 
fiques et  dans  certaines  conditions  par  un  changement  qualitatif  dans  cesprocessus  chimiques 
eux-mêmes. 

Effets  médiats  ou  secondaires.  —  Quoique  assurément  la  plupart  des  change- 
ments qualitatifs  que  des  excitations  prolongées  provoquent  dans  le  chimisme  normal 
de  la  cellule  soient  des  conséquences  secondaires  d'un  changement  de  rapidité  dans 
les  processus  chimiques,  cependant,  en  réalité,  le  nombre  des  effets  secondaires  de 
l'excitation  est  encore  bien  plus  considérable.  En  effet,  chaque  excitation,  même  brève, 
après  avoir  provoqué  une  réaction  primaire,  est  suivie  d'une  réaction  secondaire,  la- 
quelle, si  l'excitant  n'a  pas  été  trop  fort  et  n'a  pas  provoqué  de  lésion  durable,  permet 
à  l'oryanisme  de  revenir  rapidement  à  l'état  primitif,  mais  Joue  un  grand  rôle  par  suite 
de  différents  processus  importants. 

Limitons-nous  étroitement  aux  expériences  que  nous  possédons  sur  la  question  : 
à  savoir  aux  actions  excitantes  et  aux  actions  paralysantes. 

La  plupart  des  excitants  ont  pour  effet  primaire  des  phénomènes  de  désassimilation. 
Comme  excitants  dont  l'effet  primaire  est  un  phénomène  d'assimilation,  nous  ne 
connaissons  guère  jusqu'à  présent  que  les  faits  d'alimentation  plus  active. 

D'autre  part,  pour  les  excitations  paralysantes,  on  connaît  celles  qui  agissent  sur 
l'assimilation  comme  sur  la  désassimilation. 

Les  effets  secondaires  des  excitations  de  désassimilation  ont  une  grande  importance 
dans  la  vie  des  organismes.  Si  un  excitant  a  produit  une  excitation  de  désassimilation, 
l'état  de  la  cellule  ainsi  excitée  sera,  pour  un  temps  très  court  et  pour  un  intervalle  de 
temps  déterminé,  différent  ;  de  sorte  que  l'effet  d'une  seconde  excitation  ne  sera  pas 
identique  à  celui  de  la  première.  La  réparation  automatique  de  l'état  chimique  cellulaire 
nécessaire  pour  que  le  trouble  déterminé  par  un  excitant  qui  a  amené  la  désassimilation 
soit  dissipé  et  que  l'équilibre  chimique  soit  rétabli,  exige  naturellement  un  certain 
temps.  Avant  que  la  cellule  soit  complètement  revenue  à  son  état  normal,  la  somme  des 
substances  capables  de  désassimilation  a  diminué,  par  suite  de  la  destruction  d'une  par- 
tie de  ces  substances  par  l'excitant. 

Alors  une  seconde  excitation  qui  se  produira  [pendant  ce  moment  très  court  n'aura 
pas  le  même  effet  que  la  première.  Cet  effet  secondaire  dé  l'excitation  apparaît  avec  la 
plus  grande  netteté  dans  ce  qu'on  appelle  la.  période  réfractaire. 

Marey{14)  le  premier  a  pu  l'observer  sur  le  cœur.  Immédiatement  après  chaque  sys- 
tole, qu'elle  soit  due  à  l'impulsion  physiologique  normale  ou  à  une  excitation  artifi- 
cielle, le  cœur  ne  répond  plus  aux  excitations. 

A.  Broc.v  et  Ch.  Righet  (1  o)  ont  montré  ensuite  qu'il  y  a  une  période  réfractaire  analogue 
dans  les  centres  nerveux  du  cerveau  chez  le  chien.  Us  ont  vu  que,  chez  des  chiens 
narcotisés,  pendant  un  temps  qui  est  de  1/10  de  seconde,  après  chaque  excitation  la  par- 
tie du  cerveau  qui  avait  été  excitée  est  devenue  inexcitable.  Zwaardemaker  (16)  a  observé 
une  même  période  réfractaire  pour  le  réflexe  de  l'occlusion  des  paupières  chez  l'homme 
et  pour  le  réfiexe  de  la  déglutition  chez  le  chat.  De  fait  il  est  tout  à  fait  vraisemblable 
qu'en  se  mettant  dans  de  bonnes  conditions  on  pourrait  trouver  une  même  période 
réfractaire  pour  les  autres  nombreux  appareils  vivants. 

Il  est  très  important  pour  la  théorie  de  cette  période  réfractaire  de  savoir  que  sa 
durée  dépend  de  la  consommation  d'oxygène.  Verworn  (17)  a  pu  montrer,  en  étudiant  les 
centres  médullaires  de  la  grenouille,  que  l'on  peut  prolonger  autant  qu'on  veut,  par  la 
privation  d'oxygène,  la  durée  de  cette  période  jusqu'au  point  d'arriver  presque  â 
i'inexcitabilité  complète  et  qu'on  peut,  en  rendant  de  l'oxygène,  la  ramener  à  quelques 
fractions  de  seconde. 


688  IRRITABILITE. 

Pr)ur  le  nerf,  dont  la  période  réfractaire  dans  les  conditions  normales,  est  extrê- 
mement courte,  puisqu'on  l'a  évaluée  de  1  à  5  1000  de  seconde,  Frùulich  (18)  a  pu,  par 
la  privation  d'oxygène,  la  prolonger  jusqu'à  1/10  de  seconde. 

Ces  expériences  montrent  donc  que  la  période  réfractaire  est  un  effet  secondaire  de 
l'excitation,  qui  peut  dans    une  certaine  mesure  être  annihilée  par  l'apport  d'oxygène. 

Après  la  période  réfractaire  la  substance  vivante  est  devenue  irritable  de  nouveau. 
En  d'autres  termes  les  changements  provoqués  par  l'excitation  dans  la  cellule  vivante 
sont  pendant  la  période  réfractaire  réparés  par  l'oxygène. 

C'est  par  l'oxygène  que  pendant  la  période  réfractaire  se  fait  la  rcslilutio  ad  inte- 
grum.  C'est  là  une  donnée  de  grande  importance,  car  elle  nous  montre  que  la 
période  réfractaire  est  une  sorte  de  phénomène  de  fatigue,  et  peut  être  comparée  aux 
autres  processus  de  fatigue. 

Dans  la  rcstitutio  ad  inteyruin,  il  est  encore  un  point  très  important  à  étudier;  c'est 
la  durée  de  cette  réparation  même. 

Au  début  les  processus  de  réparation  sont  très  rapides;  mais  plus  lard,  et  surtout  à  la 
fin,  ils  sont  très  lents,  de  sorte  qu'un  premier  degré  de  réparation  est  très  rapidement 
obtenu,  mais  que  la  réparation  complète  est  relativement  très  lenle.  Autrement  dit,  le 
retour  à  l'excitabilité  normale  après  la  période  réfractaire  est  tel  que  des  excitations 
fortes  et  moyennes  redeviennent  très  rapidement  efficaces  (si  même  elle  n'étaient  pas 
toujours  restées  efficaces),  tandis  que  des  excitations  faibles  ne  redevietidront  efficaces 
qu'assez  longtemps  après  ces  mêmes  excitations  premières. 

Aussi  est-il  nécessaire  d'introduire,  dans  le  concept  de  la  période  réfractaire,  sa  rela- 
tion avec  l'intensité  de  l'excitant.  Il  faut  donc  distinguer  une  période  réfractaire  rela- 
tive et  une  période  réfractaire  absolue. 

La  période  réfractaire  sera  dite  absolue  dans  le  cas  où  des  excitants  même  d'intensité 
maximale  sont  inefficaces.  Dans  la  période  réfractaire  relative  on  voit  les  excitants  faibles 
inefficaces,  alors  que  les  excitants  forts  sont  efficaces.  Pour  la  vie  physiologique  des 
organismes  cette  période  réfractaire  relative  joue  un  rôle  important;  elle  explique  com- 
ment beaucoup  d'organismes  peuvent  être  fatigués  par  des  excitations  faibles  limites, 
tandis  qu'ils  se  fatiguent  plus  difficilement  pour  des  excitations  fortes.  C'est  là  un  fait 
paradoxal  à  première  vue,  mais  que  l'on  comprendra  bien  si  l'on  se  rend  compte  du 
temps  nécessaire  à  la  réparation  après  une  excitation  de  désassimilation.  Langendorvi' 
et  WiNTERSTEiN  (19*  n'out  pas  connu  cette  condition  de  la  période  réfractaire  relative,  ce 
qui  les  a  conduits  à  de  fausses  conclusions. 

Les  processus  de  fatigue  ont  été  surtout  étudiés  sur  les  muscles,  sur  les  centres  ner- 
veux, et  récemment  sur  les  fibres  nerveuses.  On  les  observe  quand  des  excitations  répé- 
tées provoquent  des  phénomènes  de  désassimilation,  si  bien  qu'entre  deux  excitations 
il  n'y  a  plus  assez  de  temps  pour  que  la  cellule  se  répare,  c'est-à-dire  pour  qu'elle  pro- 
duise les  substances  nécessaires  au  maintien  de  son  équilibre  primitif.  Joteyro  (20)  a  mon- 
tré pour  le  muscle,  Verworn  (21),  pour  les  centres  nerveux,  Baeyer  (22),  Frohlich  (23), 
FiLLiÉ  (24)  et  Thœrer  (25)  pour  les  fibres  nerveuses,  que  ce  qui  conditionne  la  réparation 
c'est  l'oxygène  :  la  diminution  d'excitabilité  qui  caractérise  la  fatigue  et  qui  finalement 
aboutit  à  la  paralysie  complète  ne  peut  être  complètement  supprimée  que  par  l'apport 
d'oxygène.  Toute  fatigue  indique  une  déficience  relative  d'oxygène.  La  période  réfrac- 
taire est  une  forme  de  la  fatigue,  mais  d'une  fatigue  qui  disparait  très  vite  quand  il  y  a 
de  l'oxygène.  Par  la  présence  de  l'oxygène  la  réparation  est  immédiate,  de  sorte  que 
l'excitabilité  revient  tout  de  suite  à  son  niveau  initial.  Chaque  phénomène  de  fatigue 
ne  se  prolonge  que  jusqu'à  ce  que  la  perte  d'oxygène  consommé  par  Texcilation  pré- 
cédente ait  été  compensée,  et  jusqu'à  ce  que  l'équilibre  ait  été  atteint. 

Il  résulte  évidemment  de  cela  que  les  processus  de  réparation  consécutifs  à  une 
excitation  de  désassimilation  dépendent  essentiellement,  quant  à  leur  durée,  de  la 
quantité  d'oxygène  qui  est  à  leur  disposition.  Moins  il  y  a  d'oxygène,  et  plus  le  besoin 
d'oxygène  est  grand,  plus  alors  la  réparation  prend  de  temps.  Ce  phénomène  apparaît 
avec  la  plus  grande  netteté  quand  on  regarde  la  courbe  de  l'irritabilité.  L'examen  de 
la  portion  descendante  montre  que  les  processus  de  restitution  deviennent  insuffisants. 
La  portion  descendante  de  la  courbe  de  l'irritabilité  se  ralentit  encore  à  mesure 
qu'augmente   la    fatigue.   Ou    peut  déjà  voir    trace   d'un    phénomène  analogue  après 


IRRITABILITÉ.  ii89 

Teffet  d'une  première  excitation;  mais   le  itlirnDmt'ne  apparaît  plus   nettement   a|très 
chaque  excitation  suivante. 

("lomme  l'Hoiii.ir.u  (20)  l'a  montr»',  ce  ralentissement  des  proc^essus  de  rf'paratiuii 
ex[ili(iue  un  fait  (jui  au  premier  al)Oi(l  est  paradoxal,  c'est-à-dire  que  dans  certains  états 
de  latigueil  va  en  apparence  une  augmentation  dans  l'activité  de  la  contraction  muscu- 
laire. Cela  peut  être  vu  nettement  sur  le  muscle.  Si  les  excitations  se  suivent  avec  une 
vitesse  suffisante  pour  qu'après  chaque  excitation  isolée  le  muscle  n'ait  pas  le  temps 
de  se  reparer  intégralement,  alors,  après  chacune  de  ces  excitations,  le  faible  résidu 
du  trouble  produit  dans  ré(juilibre  musculaire  va  en  augmentant,  et  chaque  excitation 
consécutive  se  produit  toujours  à  un  niveau  de  plus  en  plus  haut.  11  s'ensuit  donc  que 
les  contractions  du  muscle  devieiment,  jusqu'à  une  certaine  limite,  de  plus  en  plus 
élevées,  c'est-à-dire  que  l'excitabilité  paraît  augmenter.  La  courbe  du  muscle  dite  en 
escalier  montre  distinctement  cette  apparente  augmentation  de  l'irritabilité.  Mais  en 
réalité  il  ne  s'agit  pas  là  d'une  augmentation  de  l'excitabilité  ou  de  la  contractililé  du 
muscle;  c'est  au  contraire  un  phénomène  de  fatigue  dû  essentiellement  à  une  éléva- 
tion de  la  courbe  de  l'excitation  et  en  particulier  à  un  ralentissement  dans  la  réparation 
par  l'oxygène. 

Quant  aux  processus  qui  diminuent  le  travail  musculaire  à  mesure  que  la  fatigue 
augmente,  et  quant  au  rôle  chimiciue  que  joue  l'oxygène  dans  la  réparation  de  l'iiiita- 
bilité,  les  vues  des  divers  auteurs  sont  naturellement  très  <livergentes.  D'après  Pkli- 
GRii  (10)  et  Verworn  (H)  le  degré  d'irritabilité  de  la  substance  vivante  est  dû  à  l'oxy- 
gène, car  par  l'oxygène  la  chaîne  des  hydrocarbonés  non  azotés  de  la  molécule  du 
biogène  peut  alors  se  détruire  en  donnant  de  l'acide  carbonique  et  de  l'eau.  Cette 
action  chimique  se  produit  même  dans  l'état  de  repos  de  la  cellule  et  augmente  par  le 
fait  des  excitations;  mais,  s'il  y  a  défaut  d'oxygène,  comme  c'est  le  cas  quand  un  orga- 
nisme est  privé  d'oxygène  par  l'asphyxie  ou  lorsque  la  ration  d'oxygène  est 
devenue  insuffisante  par  suite  des  excitations  répétées  (fatigue),  alors  cette  partie  de 
l'échange  moléculaire  que  Verworn  a  appelé  l'échange  fonctionnel  ou  échange  dû  à 
une  impulsion  externe  [Betriebstoffioechsel]  —  échange  Ibnclionnel  que  l'on  peut  jusqu'à 
un  certain  point  opposer  à  l'échange  cytoplastique  dû  à  la  structure  même  de  la 
cellule  [Bausloffœcchsel)  —  subit  un  changement  qualitatif.  Les  molécules  du  biogène, 
[tar  suite  de  cette  déficience  d'oxygène  ne  peuvent  plus  se  décomposer  en  acide 
carbonique  et  en  eau,  mais  donnent  des  produits  carbonés  plus  complexes  et  en 
particulier  de  l'acide  lactique. 

Si  cette  conception  est  exacte,  le  fait  que  l'inexcitabilité  va  alors  en  croissant  avec 
la  fatigue  dépend  de  ce  que  la  molécule  du  biogène  ne  peut  plus  s'oxyder,  même  si 
l'oxygène  lui  est  apporté  et  que  par  conséquent  elle  se  détruit  plus  lentement  et  plus 
difficilement.  D'autre  part,  il  s'accumule  des  produits  complexes  de  déchets  des 
échanges,  comme  l'acide  lactique  et  ces  autres  substances  que  Ua.nke  (27),  Mosso  (28iet 
d'autres  auteurs  ont  appelées  produits  de  fatiijue,  lesquels  ont  un  ell'et  paralysant.  De 
fait  il  peut  arriver,  comme  Verworn  et  LipschCtz  (20)  l'ont  montré  pour  les  centres  ner- 
veux, et  FiLLiÉ  (24)  pour  les  fibres  nerveuses,  qu'avec  des  liquides  indiflérenls,  absolu- 
ment privés  d'oxygène,  on  peut  ramener  just[u'à  un  certain  point  l'irritabilité,  encore 
qu'on  ne  puisse  pas  la  rétablir  complètement  et  que  ce  soit  toujours  pour  peu  de 
temps.  Cette  réparation  ne  peut  donc  être  due  qu'à  rentraînement  par  le  lavage  des 
substances  de  fatigue  ou  des  produits  asphyxiques.  Mais,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
il  ne  peut  y  avoir  de  réparation  complète  de  l'excitabilité  que  par  l'apport  d'oxygène. 

Selon  cette  conception,  d'un  côté  l'oxygène,  en  brûlant  les  substances  de  l'asphyxie 
et  de  la  fatigue,  empêche  les  effets  paralysants  de  ces  substances  et,  d'autre  part,  la 
pénétration  de  l'oxygène  dans  la  cellule  vivante  lui  rend  la  possibilité  de  s'oxyder  en 
acide  carbonique  et  en  eau,  oxydation  qui  se  produit  soit  spontanément,  soit  après 
l'action  d'un  excitant  beaucoup  plus  facilement  et  avec  un  plus  grand  dégagement 
d'énergie  que  la  non-oxydation  de  la  molécule  avec  formation  de  produits  complexes. 
Ces  vues  sur  le  rôle  de  l'oxygène  ne  sont  pas  conformes  aux  idées  (|ue  Voit (12^  depuis 
longtemps  avait  déduites  de  ses  études  sur  la  nutrition,  Detueh  (13^  de  ses  études  sur  la 
physiologie  botanique,  conceptions  auxquelles  s'est  rallié  récemment  Winterstein  (3(1\ 
D'après  Voit,  les  combinaisons  albuminoïdes  labiles  de  la  substance  vivante  se  dédpu- 

DICT.    DE    PUYSIOLOOIE.    —    TOME    IX.  ^^ 


690  IRRITABILITE. 

Mont  sans  oxydation  en  divers  fragments,  et  ces  produits  de  dédoublement  sont  ensuite, 
par  l'oxygène,  oxydés  en  acide  carbonique  et  eau.  D'après  cette  hypothèse,  les  phéno- 
mènes d'asphyxie  et  de  fatigue  seraient  dus  à  l'accumuhition  de  ces  produits  organiques 
qui  sont  paralysants.  L'excitabilité  reviendrait  avec  le  retour  de  l'oxygène  qui,  en 
oxydant  ces  substances,  dissipe  leurs  effets  paralysants. 

Ainsi,  d'après  Voit,  le  processus  chimique  cellulaire  est  essentiellement  le  même; 
qu'il  y  ait  ou  qu'il  n'y  ait  pas  d'oxygène,  mais  par  le  défaut  d'oxygène  les  produits  de 
celte  destruction  chimique  s'accumulent  dans  la  cellule  sans  pouvoir  par  l'oxydation 
disparaître  sous  la  forme  d'acide  carbonique  et  eau.  Il  s'ensuivrait  que  l'irritabilité  ne 
dépend  que  de  la  quantité  de  ces  produits  de  la  destruction  cellulaire.  S'il  y  en  a  peu, 
comme  dans  l'état  de  repos,  alors  l'irritabilité  est  grande;  s'il  y  en  a  beaucoup,  comme 
dans  l'asphyxie  et  la  fatigue,  alors  l'irritabilité  est  faible.  Quoiqu'on  puisse  pour  l'une 
ou  l'autre  hypothèse  apporter  .des  arguments  très  divers,  on  n'a  pas  pu  encore  donner 
do  prouves  dirimantes  à  l'appui  de  l'une  ou  de  l'autre. 

Un  autre  efl'et  particulier  des  excitations  de  désassimilation,  c'est  la  conduction  des 
excitations  locales.  Quelle  (|tie  soit  la  forme  de  telle  ou  telle  substance  vivante  l'excitation 
qui  a  porté  sur  un  point  s'étend  plus  ou  moins  loin  au  delà  de  ce  point.  Aussi  l'exci- 
tation primaire  déterminée  par  un  irritant  extérieur  devient-elle  une  excitation  secon- 
daire pour  les  i»arties  voisines  pour  jouer  à  son  tour  le  rôle  d'un  excitant.  Cette  excitation 
secondaire  de  la  partie  voisine  agit  encore  elle-même  comme  un  excitant  pour  la  cellule 
(jui  lui  est  contiguë  et  ainsi  de  suite.  D'ailleurs  les  différentes  formes  de  substances 
vivantes  se  comportent  d'une  manière  très  dillérente  au  point  de  vue  de  la  conduction 
de  l'excitation.  Pour  presque  toutes  les  formes  de  la  substance  vivante  on  voit  que  l'in- 
tensité de  l'excitation  va  on  décroissant  à  partir  du  i)oint  même  de  l'excitation  (décré- 
ment), jusqu'à  ce  que  (inalement  toute  excitation  ait  dis|iaru.  Ainsi  se  comportent,  par 
exemple,  comme  l'a  montré  Verworn  (31),  les  pseudopodes  des  amibes  nus.  La  loi  de 
décrément  de  l'excitation  est  très  différente  dans  les  différentes  formes  cellulaires;  chez 
les  unes  l'excitation  s'éteint  très  près  du  point  excité,  chez  d'autres  à  grande  distance. 
L'extension  de  l'excitation  dépend  jusqu'à  un  certain  degré  de  l'intensité  qu'a  eue 
l'excitation  primitive.  Des  excitants  forts  s'étendent  plus  loin  que  des  excitants  faibles. 
A  l'inverse  de  ces  formes  où  il  y  a  un  décrément  de  l'excitation,  sont  les  formes  où 
l'excitation  ne  décroit  pas.  Ce  sont  celles  qui  sont  spécialement  chargées  de  conduire 
les  excitations  dans  le  corps  des  animaux,  c'est-à-dire  les  fibres  nerveuses.  Les  libres 
nerveuses  ne  présentent  pas  de  décrément;  mais  au  contraire  conduisent  les  excitations 
sans  que  celles-ci  perdent  leur  intensité  dans  tout  le  trajet  parcouru  à  travers  le  tronc 
nerveux.  La  vitesse  de  la  conduction,  très  variable  suivant  les  différentes  formes  vivantes, 
est  maximale  dans  la  fibre  neiveuse.  On  admet,  depuis  les  recherches  de  Heuuioltz, 
qu'elle  est  de  2'J  mètres  par  seconde  dans  les  nerfs  de  la  grenouille.  Dans  les  nerfs  des 
homéothermes  et  spécialement  de  l'homme  les  chiffres  oscillent  entre  25  mètres 
(Schelske)  et  225  mètres  (Koiilr.\usch)  par  seconde. 

Les  dernières  recherches  très  précises  de  Piper  (3L^j  qui,  expérimentant  avec  le  gal- 
vanomètre à  corde,  a  pris  comme  indice  la  variation  électrique  du  nerf,  nous  donnent 
pour  'a  vitesse  de  conduction  dans  le  nerf  médian  de  l'homme  environ  120  mètres  par 
seconde. 

D'après  les  derniers  travaux  d'ENOELM.v^N,  de  Nicol.vï  et  de  Pii-kr,  la  vitesse  de 
conduction  dans  les  neifs  est  indépendante  de  l'intensité  de  l'excitation. 

Quant  à  la  question  si  souvent  débattue  ilu  mécanisme  même  de  cette  conduction, 
elle  n'a  pas  encore  malheureusement  de  clarté  suffisante.  On  peut  regarder  toutefois 
comme  certain  que  le  processus  de  la  conduction  des  excitations  est  essentiellement  le 
même  pour  toutes  les  formes  de  la  matière  vivante  et  que  les  différences  ne  reposent 
que  sur  certains  caractères  spécifiques  des  différentes  cellules  vivantes.  Il  faut  surtout 
se  rapporter  aux  fibres  nerveuses  dans  lesquelles  l'excitation  se  propage  sans  qu'il  y 
ait  de  décrément  de  l'onde  d'excitation.  Le  principe  général  de  la  conduction,  c'est 
probablement  l'hypothèse  de  Pfluger  ^10),  d'après  laquelle  la  destruction  d'une  molé- 
cule labile  provoque  la  destruction  de  la  molécule  voisine,  comme  c'est  le  cas  pour  les 
matières  explosives  ou  pour  une  traînée  de  poudre,  mais  on  ne  peut  dire  si  la  trans- 
mission de  l'excitation  d'un  segment  à  un  autre  est  due  à  la  chaleur,  comme  c'est  le  cas 


IRRITABILITE.  ()<)| 

pour  les  matirivs  explosives,  ^uaiid  on  sonye  à  la  f,'rciiulc  (iiuuilité  d'eau  que  contien- 
nent les  cellules  vivantes  et  aux  pi-opoilions  relativement  faibles  des  parties  excitables, 
c'est-à-dire  de  la  molécule  bio?;ène,  cette  hypothèse  d'une  transmission  par  la  chaleur 
paraît  bien  douteuse,  et  même  faut-il  peut-être  la  repousser  complètement.  D'ailleurs, 
au  lieu  de  la  chaleur,  il  y  a  rélectricilé,  laquelle  depuis  longtemps,  sous  la  forme  de 
courant  il'action,  accompagne  la  conduction  dans  les  nerfs,  et  c'est  peut-être  cette  élec- 
tricité qu'il  faut  admettre  comme  étant  le  principe  innn(''diat  de  la  conduction  des 
excitations. 

Dans  la  théorie  de  IIermann  (33)  et  Boruttau  (34),  il  est  admis  que  de  petits  courants 
électriques  locaux  provoquent  dans  le  segment  consécutif,  par  le  choc  électrique,  un 
courant  semblable,  ce  qui  paraît  remarquablement  expliquer  la  conduction  nerveuse.  \ 
la  vérité,  même  avec  cette  hypothèse,  bien  des  points  restent  encore  à  élucider.  En  tous 
cas  il  est  un  fait  certain,  fait  récemment  mis  en  pleine  lumière  par  Froulicii  et  que  l'on 
ne  pourra  jamais  trop  opposer  aux  anciennes  liypothèses,  c'est  qu'il  n'y  a  jamais  conduc- 
tion sans  irritabilité.  Les  expériences  de  Werigo  (3:;),  de  Dendri.nos  (36)  et  Fuohlich  (37) 
ont  montré  que  dans  les  nerfs  la  conduction  dépend  de  l'irritabilité.  Mais  toutes  les 
causes  qui  diminuent  l'excitabilité  locale  au-dessous  d'une  certaine  limite  amènent 
aussi  un  décrément  de  l'onde  d'excitation.  Le  décrément  devient  d'autant  plus  grand 
que  l'irritabilité  a  été  plus  diminuée,  de  sorte  que  l'onde  d'excitation,  si  l'on  consi- 
dère un  segment  de  suffisante  longueur,  s'est  complètement  éteinte  dans  ce  segment. 

Tout  aussi  intéressants  sont  les  effets  secondaires  des  excitations  paralysantes. 
Presque  toutes  les  formes  chroniques  des  maladies  sont  les  conséquences  secondaires 
de  phénomènes  paralytiques  survenus  dans  la  chaîne  moléculaire  des  cellules.  Il  s'agit 
là  de  données  ayant  une  grande  importance  pratique,  mais  malheureusement  on  a  fait 
seulement  les  premiers  pas  dans  leur  étude.  Toutefois  cette  étude  a  été  déjà  commencée, 
ce  qui  nous  permet  quelques  considérations  importantes.  Par  suite  de  l'étroite  dépen- 
dance dans  laquelle  se  trouvent  mutuellement  les  éléments  isolés  de  la  chaîne  molécu- 
laire des  cellules,  il  est  clair  que  tout  ralentissement  ou  tout  arrêt  dans  un  des  pro- 
cessus partiels  de  l'échange  moléculaire  va  entraîner  un  changement  dans  l'échange 
moléculaire  tout  entier,  et  il  est  clair  aussi  que,  selon  la  nature  de  l'excitant,  les  excita- 
tions paralysantes  primaires  vont  porter  sur  des  points  très  différents  de  la  chaîne  molé- 
culaire. Il  s'ensuit,  si  l'excitation  dure  quelque  temps  et  dépasse  une  cerlaine  intensité, 
qu'il  se  produit  une  altération  inguérissable  des  mêmes  parties  de  la  matière  vivante, 
altération  qui  finalement  entraîne  la  mort  cellulaire.  De  même  que,  dans  un  rouage 
d'horlogerie,  l'arrêt  prolongé  d'une  des  nombreuses  roues  qui  s'engrènentmutuellement 
va  arrêter,  par  suite  de  l'étroite  dépendance  de  toutes  les  parties,  le  mécanisme  tout 
entier,  de  même,  dans  le  mécanisnie  chimique,  beaucoup  plus  compliqué,  de  la  matière 
vivante,  l'arrêt  d'une  partie  entraînera  celui  de  toutes  les  autres.  Par  exemple,  si  l'on 
modifie  la  vitesse  de  la  réaction  d'un  des  anneaux  de  la  chaîne  en  abaissant  fortement 
la  température,  alors  on  coagulera  certaines  substances  colloïdes  qui  sont  en  dissolu- 
tion; de  même,  si  l'on  enlève  l'eau  ou  l'oxygène  ou  tout  autre  aliment  de  la  cellule,  il 
y  aura  une  paralysie  secondaire  plus  ou  moins  rapide  de  tout  l'échange  moléculaire  : 
tout  au  moins  prendra-t-il  alors  une  direction  funeste  qui  conduira  la  cellule  à  la  mort. 

On  a  étudié  à  ce  point  de  vue  avec  plus  de  détail  encore,  sans  que  les  explications 
soient  bien  satisfaisantes,  le  mécanisme  de  la  paralysie  par  privation  d'oxygène.  Si  dans 
les  organismes  aérobies  les  processus  d'oxydation  sont  arrêtés  par  la  privation  d'oxy- 
gène, on  n'a  cependant  agi  que  sur  une  partie  de  tout  l'échange  moléculaire,  et  cependant 
on  a  provoqué  des  effets  secondaires  graves  qui  pervertissent  l'échange  moléculaire 
tout  entier.  Il  se  produit  alors  des  substances  dues  à  des  combustions,  incomplètes 
comme  l'acide  lactique,  l'acétone,  d'autres  produits  de  la  série  grasse,  et  finalement 
diverses  substances  azotées  qui  résultent  de  la  destruction  protoplasmique.  L'échange 
moléculaire  prend  alors  des  directions  anormales  qui  vont  toujours  en  s'exagéi'ant, 
jusqu'à  ce  que  toute  la  substance  vivante  ait  été  détruite,  l'état  stationnaire  n'étant 
atteint  que  lorsque  la  cellule  est  morte.  Donc,  en  enlevant  de  l'oxygène  à  un  organisme 
aérobie,  on  ne  peut  pas  le  mettre  dans  un  état  d'équilibre  nouveau  ni  le  maintenir  à 
volonté  dans  l'état  anaérobie,  comme  pour  certains  organismes  que  la  soustraction 
d'eau  maintient  en  état  de  vie  latente  et  laisse  longtemps  capables  de  revenir  à  la  vie 


692  IRRITABILITE. 

quand  on  leur  rend  de  l'eau.  Gela  n'est  pas  possible,  parce  que,  par  l'enlèvement  d'oxy- 
gène, les  relations  entre  les  divers  éléments  chimiques  de  la  cellule  continuent  à  se 
modifier,  et  ou  sait  qu'il  y  a  une  étroite  relation  entre  l'échange  moléculaire  et  les  pro- 
portions des  éléments  chimiques  qui  composent  la  matière  vivante.  Alors  s'accumulent 
les  produits  asphyxiques,  c'est-à-dire  les  produits  de  combustion  incomplète,  identiques 
pendant  les  premiers  stades  de  l'asphyxie  avec  les  produits  de  la  fatigue,  et  ils  paralysent 
les  phénomènes  chimiques  dont  ils  sont  eux-mêmes  les  produits,  de  sorte  que  la  des- 
truction de  la  cellule  est  continue,  et  prend  d'autres  formes  jusqu'à  ce  qu'enfin  la 
substance  vivante  soit  morte. 

Le  développement  est  à  certains  égards  analogue  au  processus  morbide,  car  il 
semble  être  la  conséquence  d'une  paralysie  portant  sur  un  des  anneaux  de  la  chaîne 
moléculaire.  Cette  paralysie  doit  survenir  très  souvent  et  se  produire  sous  l'influence 
des  conditions  extérieures  les  plus  diverses,  car  l'intégrité  de  la  vie  cellulaire  chez  les 
organismes  aérobics  est  liée  si  étroitement  à  une  cpnsommation  d'oxygène  suffisante 
que  les  multiples  causes  qui  peuveni  l'inlluencer,  c'est-à-dire  la  diminuer,  réussissent 
à  troubler  mortellement  tout  l'échange  moléculaire.  Nous  avons  vu  que  la  fatigue 
et  la  période  réfractaire^  laquelle  est  un  cas  spécial  de  la  fatigue,  sont  l'effet  d'une 
relative  déficience  en  oxygène.  Winterstkin  (38)  a  montré  aussi  que  la  paralysie  par 
la  chaleur  est  la  conséquence  secondaire  d'oxydations  insuffisantes.  De  même  la  nar- 
cose, comme  il  ressort  des  expériences  de  Winterstei.n  (39)  sur  les  centres  nerveux,  de 
Fhoulich  (40)  et  IIeato.n  (41)  sur  les  nerfs  périphériques,  dépend  de  l'arrêt  de  tous  les 
processus  d'oxydation. 

Les  changements  qne  les  anesthésiques,  éther,  alcool,  chloroforme,  produisent  dans 
la  substance  vivante  et  dont  naturellement  nous  ne  connaissons  pas  la  nature,  provo- 
quent deux  actions  importantes  :  l'une,  c'est  qu'il  ne  peut  plus  y  avoir  d'absorption  d'oxy- 
gène, même  quand  loxygène  est  fourni  en  (juantité  considérable;  l'autre,  c'est  un  alfai- 
bli^scment  delà  conductibilité,  affaiblissement  d'autant  plus  intense  que  i'anesthésie  est 
plus  profonde,  par  conséquent  la  phase  de  désassimilation  n'est  pas  influencée  par  la 
narcose  primitivement,  mais  secondairement,  et  la  variation  de  son  décours  dépend  de 
la  diminution  des  processus  d'oxydation,  de  sorte  que  finalement  il  se  produit  un  effet 
analogue  à  l'asphyxie  comme  après  la  privation  d'oxygène;  et  il  y  a  paralysie  de  la  con- 
ductibilité qui  empêche  l'extension  de  l'excitation.  L'excitabilité  même  ne  semble  pas 
priniitivement  atteinte  par  les  narcotiques,  comme  l'ont  montré  les  expériences  de 
Hkato.n  sur  les  nerfs;  si  nous  avons  coutume  de  dire  que  l'excitabilité  est  suspendue 
pendant  I'anesthésie,  c'est  surtout  parce  qu'il  y  a  un  fort  décrément  dans  la  conducti- 
bilité après  une  excitation.  L'excitation  que  provoque  un  excitant  dans  un  tissu  anes- 
thésié  reste  limitée  dans  le  voisinage  très  proche  de  la  région  excitée.  Ainsi  I'anesthésie 
est  déterminée  par  ces  trois  éléments  essentiels  :  suspension  des  processus  d'oxydation, 
continuation  des  processus  de  désassimilation  et  arrêt  de  la  conduction  (42).  On  peut 
donc  espérer  que  nous  serons  bientôt  en  état  de  caractériser  avec  plus  de  précision  la 
nature  des  changements  que  les  anesthésiques  produisent  dans  la  substance  vivante. 

Comme  effet  secondaire  des  excitations  nous  avons  encore  la  régulation  automa- 
tique des  échanges,  signalée  précédemment,  qui  se  produit  après  toute  modification 
passagère  de  l'équilibre  moléculaire.  L'effet  primitif  d'un  excitant  est  de  troubler 
l'équilibre  chimique  de  la  cellule  :  la  réparation  de  ce  trouble  après  que  l'excitant  a 
cessé  est  l'effet  non  immédiat,  mais  secondaire,  de  l'excitation.  Or  cette  réparation 
spontanée  qui  survient  après  toute  modification  modérée  et  passagère  de  l'équilibre 
chimique  de  la  cellule,  réparation  qui  peut  être  comparée  à  la  réparation  après  la 
fatigue  ou  à  la  convalescence  après  une  maladie,  joue  un  rôle  fondamental  dans  le 
maintien  de  la  vie  des  organismes.  Elle  repose  sur  les  relations  quantitatives  des  sub- 
stances chimiques  cellulaires,  et  par  conséquent,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  remarqué, 
elle  n'est  qu'un  cas  particulier  de  l'équilibre  chimique.  Pourtant,  si  on  la  compare  à 
un  système  chimique  en  équilibre,  comme  par  exemple  acide  acétique  et  alcool  pour 
la  formation  des  éthers  acétiques,  le  cas  de  l'équilibre  chimique  cellulaire,  d'ailleurs 


IRRITABILITE.  H93 

Iteaucoup  plus  coiiipliqui'',  est  assez  ililTiM'ciit,  d'abord  parce  qu'il  y  a  louli'  une  loiif^ue 
cliaine  do  processus  cliimii]ues  qui  s'engrènent  les  uns  les  autres  sans  être  dans  l'en- 
semble réversibles,  mais  n'ayant  ([ue  certains  anneaux  de  la  cliaine  qui  soient  réver- 
sibles, et  ensuite  parce  que  les  produits  de  la  réaction  snnt  continuellement  enlcv(';s 
au  fur  et  à  mesuro  de  leur  production  et  que  de  nouvelles  quantités  de  substances 
réagissantes  sont  continuellement  apportées.  Mais,  comme  nous  ne  connaissons  les 
différents  anneaux  de  la  cliaîne  des  échanges  que  d'une  manière  ti'ès  ap|)roxiriialive 
iHuir  tout  organisme  vivant,  quel  qu'il  soit,  alors  naiurellemcnt  U^  mécanisme  intime 
de  cette  régulation  automaticiue  nous  reste  complètement  fermé.  Du  moins  pouvons- 
nous  dire  que,  lorsque  dans  un  des  segments  de  cette  longue  chaîne  avec  processus 
chimiques  s'engrenant  les  uns  les  autres  il  y  a  une  ])has(i  d'assimilation,  c'est  qu'il  se 
passe  un  processus  chimique  réversible  dépendant  d'un  système  d'équilibre  chimique; 
et  cela  nous  fait  comprendre  le  principe  d'après  lequel  se  produit  la  régulation  auto- 
mati(|ue  des  échanges. 

Kniin  il  y  a  un  dernier  groupe  d'effets  secondaires  ((ui  n'a  encore  été  observé  que 
pour  les  agglomérations  cellulaires  et  pour  lesquelles  il  faudrait  savoir  par  des  expé- 
riences nouvelles  si  on  ne  l'observerait  pas  sur  des  cellules  isolées,  à  savoir  que  l'tic- 
croissement  de  la  substance  vivante  est  déterminé  par  les  excitations  fonctionnelles.  Le  fait 
que  la  masse  de  substance  vivante  pour  un  tissu  ou  un  organe  dépend  de  sa  réponse 
fonctioimelle  est  connu  depuis  longtemps  pour  les  muscles,  les  centres  nerveux,  les 
glandes,  etc.  Un  muscle  qui  des  centres  reçoit  fréquemment  des  excitations  de  désassi- 
milation,  c'est-à-dire  qui  subit  des  excitations  provoquant  son  activité,  augmente 
dans  une  certaine  mesure.  Un  muscle  qui  ne  reçoit  pas  ces  excitations  de  désassimila- 
tion,  comme  par  exemple  après  une  lésion  de  son  nerf  moteur,  montre  une  atrophie 
d'inactivité.  L'hypertrophie  par  le  travail,  et  l'atrophie  par  l'inactivité  sont  des  vérités 
banales  de  la  pathologie.  Cette  hypertrophie  par  activité,  c'est-à-dire  l'augmentation  de 
la  masse  du  protoplasma  pour  les  cellules  nerveuses,  répond,  d'après  Verworn  (43),  à 
tous  les  phénomènes  de  mémoire. 

Mais  on  peut  se  demander  quel  rapport  doit  exister  entre  des  excitations  fonction- 
nelles fréquentes  et  l'augmentation  de  la  quantité  des  éléments  soumis  à  cette  excita- 
tion fonctionnelle.  En  d'autres  termes,  comment  une  excitation  de  désassimilation 
fréquemment  répétée  peut-elle  avoir  pour  conséquence  une  augmentation  de  la  quantité 
de  masse  vivante?  On  ne  peut  guère  adopter  d'autre  explication  mécanique  que 
celle-ci  :  après  chaque  excitation  de  désassimilation,  la  régulation  automatique  de 
l'équilibre  est  une  phase  d'assimilation  qui  dépasse  quel(|ue  peu  la  désassimilation 
précédente,  de  sorte  qu'il  se  forme  plus  de  substance  vivante  qu'il  n'en  avait  été'  déiruil 
dans  la  phase  de  désassimilation.  Si  cela  se  reproduit  souvent,  l'augmentation  sera 
appréciable,  et  les  nouvelles  excitations  ramèneront  un  nouvel  état  d'équilibre,  dans 
lequel  la  quantité  de  substance  vivante  sera  chaque  fois  un  peu  plus  grande.  Il  y  a 
donc  une  étroite  relation  entre  l'échange  fonctionnel,  c'est-à-dire  l'échange  portant 
sur  les  éléments  qui  répondent  à  l'excitation  fonctionnelle,  éléments  que  nous  savons 
être  presque  exclusivement  des  substances  non  azotées,  et  l'échange  cytoplasiique, 
c'est-à-dire  la  destruction  et  la  reconstruction  des  grou[)es  azotés  de  la  matière  vivante. 
Il  y  a  une  étroite  dépendance  entre  les  relations  pondérales  des  éléments  chimiques 
de  la  substance  vivante  et  les  quantités  de  matières  alimentaires  apportées  à  ces  sub- 
stances. Il  faut  donc  admettre  avec  Vrrworn  que  cette  relation  entre  l'échange  fonc- 
tionnel et  l'échange  cytoplastique  dépend  de  l'augmentation  de  l'aliment  qui  suit 
chaque  excitation  de  désassimilation. 

De  fait,  on  sait  depuis  longtemps  que  des  organes  auxquels  on  demande  un  travail 
fort  ont  une  circulation  sanguine  plus  active.  On  ne  peut  donc  pas  douter  qu'il  s'agit 
là  d'un  mécanisme  régulateur,  encore  que  nous  ne  puissions  nalurellement  avoir  que 
des  présomptions  sur  sa  nature;  mais  il  est  établi  que,  dans  toute  agglomération  cellu- 
laire, chaque  excitation  de  désassimilation  a  pour  conséquence  une  augmentation  dans 
la  quantité  dei  aliments  apportés  au  tissu  excité,  ce  qui  modifie  les  relations  pondé- 
rales et  les  effets  cliimi(iues,  et  c'est  assez  pour  nous  rendre  compréhensibles  ces  elTels 
secondaires  de  l'excitation,  rjuc  nous  appelons  hypertrophie  de  travail  et  atrophie 
d'inactivité. 


09/t  IRRITABILITÉ. 

Interférences  des  excitations.  —  Gomme  les  tissus  vivants  peuvent  être  soumis 
à  l'action  d'excitants  divers,  on  comprend  que  les  effets  de  deux  excitations  peuvent 
interférer  ensemble.  De  plus,  les  organismes  subissent  aussi  bien  des  oxcilalions  exté- 
rieures que  des  excitations  intérieures,  provoquées  par  l'excitation  d'autres  parties  de 
Tori^anisme,  par  exemple  celle  des  nerfs  sur  les  autres  organes.  Par  suite  de  la  sélec- 
tion  naturelle,    dans  les  organismes  plus   développés,    ces  excitations   ont   pris  une 
"rande  prépondérance.  On  comprend  donc  qu'il  y  a  des  effets  d'interférence,  qui,  par 
la  sélection  et  dans  l'intérêt  de  l'organisme,  sont  dirigés  dans  des  directions  détermi- 
nées •  et  il  est  alors  évident  que  certaines  interférences,  comme  les  processus  de  som- 
mation, les  excitations  toniques  ou  inbibitoires,   appartiennent  aux  plus  importants 
phénomènes  de  la  vie.  On  peut  regarder  l'histoire  des  interférences  des  excitations 
comme  un   des  domaines  les  plus  importants  de  toute  la  physiologie.  Mais  son  étude 
méthodique  n'est  que  de  date  toute  récente,   quoiqu'on  trouve   des   documents  à  cet 
égard  dans  toute  l'histoire  de  la  physiologie.  Naturellement,  l'analyse  des  interférences 
des  excitations  n'est  possible  que   lorsque  d'abord  l'analyse  des  excitations  isolées  a 
pu  être  approfondie.  Heureusement,  depuis  quelques  années,  la  physiologie  générale  a 
fait  sur  ce  point,  des  progrès  notables,  de  sorte  que  nous  sommes  aujourd'hui  en  état 
de  pénétrer  le   mécanisme  des  interférences  des  excitations  beaucoup   plus  qu'il  y  a 
dix  ans. 

D'abord,  il  est  clair  que  deux  excitations  ne  peuvent  interférer  entre  elles  que  si 
la  seconde  excitation  saisit  l'organisme  pendant  le  temps  qui  s'écoule  depuis  le  moment 
où  la  première  excitation  a  agi  jusqu'au  moment  où  celte  première  excitation  a  cessé 
complètement  toute  action.  Il  ne  peut  naturellement  pas  y  avoir  d'interférence  en 
dehors  de  cet  intervalle  de  temps  ;  par  conséquent,  les  deux  excitations  n'ont  pas  besoin 
d'être  simultanées;  par  conséquent,  il  y  a  des  excitations  qui  peuvent  interférer  entre 
elles  lorsqu'elles  se  suivent,  pourvu  qu'elles  aient  en  commun  un  temps  pendant  lequel 
elles  agiront  sur  l'organisme.  Pour  l'analyse  de  toute  interférence  entre  les  excitations, 
il  faut  tenir  compte  d'un  certain  nombre  de  facteurs,  sans  lesquels  on  ne  pourrait  les 
comprendre;  d'abord,  il  faut  connaître  la  nature  des  excitations  au  point  de  vue  de 
leur  intensité,  de  leurs  formes  et  de  leur  durée.  Il  faut  savoir  comment  chacune  de 
ces  excitations  interférentes  agit  isolément,  et,  par  consé(juent,  déterminer  ses  effets 
primaires  aussi  bien  que  ses  effets  secondaires,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  complètement 
disparu.  Enfin,  il  faut  savoir  dans  quelle  phase  de  l'action  d'un  excitant  agit  l'autre 
excitant.  Par  là,  il  est  évident  que  des  recherches  fructueuses  ne  peuvent  être  faites 
que  sur  des  systèmes  organiques  bien  connus,  et  avec  des  méthodes  appropriées.  Nous 
résumerons  brièvement  ce  qui  a  été  fait  jusqu'à  présent  dans  l'étude  générale  de  ces 
lois  sur  l'interférence. 

Ce  qu'on  connaît  le  mieux,  ce  sont  les  effets  d'interférence  provoqués  par  deux 
excitations  de  désassimilation. 

Pour  ces  études,  on  a  surtout  pris  le  muscle,  avec  ou  sans  son  nerf,  et  les  organes 
nerveux  centraux,  en  adoptant  l'électricité  comme  source  d'excitation.  Je  rappellerai 
seulement  les  anciennes  expériences  sur  la  sommation  et  l'inhibition  des  excitations, 
par  Hf.lmholtz,  Schiff,  Heidenhain,  Kronegker  et  Stirling,  Ch.  Richet,  von  Kries,  We- 
DENSKY,  Exner  et  bcaucoup  d'autres,  mais  surtout  les  travaux  plus  récents  de  A.  Broca 
et  Cil.  RiCHET,  Verworn,  Sherrington,  Hoffmann,  Zwaardemaker  et  Lanz,  Fruhlich,  Stei- 
NACH  et  d'autres.  Tous  ces  auteurs  ont  apporté  de  nombreuses  contributions  à  cette 
étude,  quoique  cependant  les  interprétations  et  les  hypothèses  consécutives  à  ces  expé- 
riences soient  notablement  divergentes. 

Quand  deux  excitations  de  désassimilation  provoquent  des  effets  qui  interfèrent, 
deux  modes  d'interférence  sont  possibles,  selon  que  l'excitation  seconde  tombe  à  telle 
ou  telle  phase  de  la  réaction  à  l'excitation  première.  Or,  dans  le  cours  de  la  réaction 
consécutive  à  une  excitation  de  désassimilation,  nous  pouvons  distinguer  deux  phases  : 
la  première,  c'est  la  destruction  chimique,  ou  désassimilation  proprement  dite;  la 
seconde,  c'est  la  phase  réfractaire,  qu'il  y  ait  une  période  réfractaire  absolue  ou  rela- 
tive. La  période  réfractaire,  c'est  le  moment  pendant  lequel  se  produit  la  restitutio 
ad  intignim,  moment  pendant  lequel  il  y  a  retour  à  l'excitabilité  normale,  d'abord  rapi- 
dement, puis  lentement.  Si  la  deuxième  excitation  frappe  le  système  organique  exacte- 


IRRITABILITE.  695 

ment  en  ni^mc  temps  que  la  première  excitation,  il  y  a  alors  sommation  dos  oflcts.  Le 
rt'-sultat  est  donc  In  même  que  s'il  y  avait  une  seule  excitation  forte. 

Comme  li\s  deux  excitations  n'unies  ne  forment  rpTun  cxcitatit  unique,  ou  compiend 
tout  de  suite  que  celte  sommation  ne  peut  s'exercer  (|iie  lorsipie  les  deux  excilanls  ne 
Sdut  pas  maxinia. 

Des  excitants  iiui  sont  au-dessous  du  seuil  de  l'excitaliou  peuvent  aussi  additionner 
leurs  effets,  de  sorte  qu'aloi's  leur  elTet  appaient  se  produit. 

Si  la  seconde  excitation  frappe  le  système  vivant  pendant  la  période  réfractaire  qui 
suit  la  première  excitation,  le  résultat  dépendra  du  rapport  entre  l'excitabilité  à  ce 
moment  et  l'intensité  de  l'excitant.  Si,  au  moment  où  at;it  la  seconde  excitation,  l'exci- 
tabilité du  système  est  trop  faible  pour  que  la  deuxième  excitation  ne  soit  pas,  en  léa- 
lité,  au-dessus  du  seuil  des  excitations,  alors  celUt  seconde  excitation  reste  sans  eiïet, 
et  il  se  produit,  au  contraire,  un  phénomène  d'inhibition.  Cette  analyse  nous  donne  la 
clef  des  phénomènes  d'inhibition  qui  sont  si  longtemps  restés  mystérieux,  phénomènes 
qui  jouent  un  rôle  fondamental  dans  toute  la  vie  du  système  nerveux.  Déjà,  depuis 
longtemps,  Schiff(44)  avait  considéré  les  processus  d'inhibition  comme  dus  à  un  épuise- 
ment passager,  puis,  après  discussion  approfondie  de  son  hypothèse,  il  l'avait  finale- 
ment tout  à  fait  rejetée  (4"J)  ;  mais  Vf.hwoun  est  revenu  à  l'idée  d'après  laquelle  les  pro- 
cessus d'inhibition  s'expliquent  par  l'existence  d'une  phase  réfra(;laire.  l/hypotlièse  de 
Gaskell  (46),  Hkring  (4")  et  xMelzf.h  (48),  qui  voient  dans  riuhibition  une  excitation  d'as- 
similation, présente,  comme  l'a  montré  VEawoRX  (49),  la  plus  grande  difficulté;  car,  en 
dehors  des  cas  de  suraliiîientation,  il  n'est  point  d'excitant,  et  spécialement  d'excitant  de 
courte  durée,  capable  de  provoquer  primitivement  dans  les  tissus  vivants  la  phase  d'as- 
similation. Des  recherches  faites  sur  la  phase  réfractaire  absolue,  et  la  phase  relative, 
recherches  faites  après  asphyxie  sur  la  moelle  des  grenouilles  sirychnisées,  ont  conduit 
ensuite  Verworn  à  ne  voir  dans  les  processus  d'inhibition  qu'une  forme  de  la  phase 
réfractaire.  Par  conséquent,  il  ne  peut  être  question  d'excitations  d'assimilation, 
mais  d'une  paralysie  de  nature  désassimilatoire.  Sur  la  grenouille  strychnisée,  la 
nature  des  processus  d'inhibition  est  particulièrement  facile  à  l'econnaître,  parce  que, 
quand  l'animal  est  partiellement  privé  d'oxygène,  on  observe  une  phase  réfractaire 
absolue.  Tous  les  phénomènes  sont  alors  amplifiés.  Si  l'on  prend  une  grenouille  strych- 
nisée mise  par  l'asphyxie  dans  un  état  tel  que  la  phase  réfractaire,  après  chacjue 
décharge  nerveuse  de  la  moelle,  s'est  beaucoup  allongée,  et  qu'on  excite  cette  gre- 
nouille par  des  excitants  séparés  par  un  intervalle  plus  petit  que  la  durée  de  la  phase 
réfractaire,  on  voit  que  la  seconde  excitation  demeure  sans  effet  (50). 

Il  en  est  ainsi  pour  une  série  d'excitations  rythmiques  qui  se  succèdent  à  des 
intervalles  convenables.  Pendant  toute  la  durée  de  l'excitation  rythmique,  la  moelle, 
comme  Friedemann  (;il)  l'a  montré,  reste  inexcitable  de  cette  manière.  C'est  là  le  para- 
digme le  plus  simple  des  processus  d'inhibition.  Ce  que  nous  appelons  ici  la  phase 
réfractaire  absolue,  c'est,  comme  l'a  montré  Fromlich  {'M)  pour  l'inhibition  des  centres 
nerveux,  qui  ne  sont  pas  rendus  hyperexcitables  par  la  strychnine,  l'expression  d'une 
relative  phase  réfractaire. 

Les  procédés  d'inhibition  du  système  nerveux  dans  l'organisme  normal  dc'pendcnt 
peut-être  seulement  du  degré  de  leur  fatigabilité  vis-à-vis  des  excitants  faibles.  Comme 
l'excitabilité  complète  pour  les  excitations  limites  ne  se  répare  que  relativement  tard 
pendant  le  cours  de  la  phase  réfractaire,  alors  toute  excitation  limite  qui  frai)pe  la  cel- 
lule vivante  avant  que  se  soit  terminée  la  phase  réfractaire  doit  être  inefficace.  Los 
impulsions  excitaloires  partant  du  système  nerveux  central,  d'un  côté,  et,  d'autre  côté, 
des  séries  d'excitations  isolées  représentent  des  excitations  assez  faibles.  Si  dans  une 
cellule  ganglionnaire  il  y  a  interférence  de  deux  semblables  séries  d'excitations  faibles 
isolées,  alors  la  fréquence  de  ces  excitations  isolées  augmente,  et  il  se  peut  qu'une  de 
ces  excitations  isolées  tombe  pendant  la  période  réfractaire  qui  suit  l'excitation  précé- 
dente. En  analysant  quelques  types  de  ces  actions  inhibitoires,  FnoHLicii  a  pu  prouver 
que  les  expériences  réalis(;nt  ce  principe. 

Tout  autre  est  l'action  de  l'interférence,  quand,  ai)rès  une  première  excitation, 
l'excitabilité  de  la  substance  vivante  se  trouve  être  à  ce  moment  de  la  péiiode  réfrac- 
taire où  tombe  l'excitation  seconde,  telle  que  la  seconde  excitation  a  dépassé  le  seuil 


fi96  IRRITABILITE. 

de  l'excitalion.  Dans  ce  cas  il  se  produit  un  élal  qui  a  rcru  antérieuromei)t  dos  noms 
difîércnls  [Bahnung,  chemin  tracé;  (Exner'i,  Fôrderiintj,  favorisation),  mais  qu'il  vaut 
mieux  appeler,  avec  Frohlicu  (oS'i,  un  apparent  accroissement  de  l'excilabilité.  Cet  appa- 
rent accroissement  fait  alors  qu'une  série  d'excitations  isolées,  égales  entre  elles,  donne 
l'apparence  d'une  série  d'excitations  de  plus  en  plus  fortes.  Il  faut  rattacher  à  ce  phé- 
nomène le  phénomène  dit  de  l'escalier  qu'on  observe  dans  les  contractions  muscu- 
laires rythmiques.  On  remarque  la  disposition  pour  un  apparent  accroissement  de 
l'excitabilité  chez  des  centres  nerveux  refroidis  qui  répondent  par  des  excitations 
toniques  centrifuges,  si  l'on  applique  des  excitations  rythmiques  ceniripétales,  et  on 
remarque  aussi  ce  fait  chez  le  nerf  qui,  au  début  de  la  narcose,  de  l'asphyxie,  de  la 
fatigue,  répond  aux  excitations  tétaniques  par  des  réponses  plus  fortes. 

Comme  l'ont  montré  Horuttau  (54),  Frouligh  (55),  Reinf.ke  (56)  etTHOR.\ER(o7),  ce  ren- 
forcement apparent  de  chaque  excitation  après  une  excitation  antécédente  prolonge  la 
durée  de  chaque  excitation  :  donc  l'excitabilité  n'est  pas  augmentée,  mais  diminuée. 
L'apparent  accroissement  de  l'excitabilité  dépend  réellement  d'un  ralentissement  paraly- 
tique de  tous  les  processus  de  réparation.  Après  chaque  excitation  —  dans  le  cas  d'une 
série  d'excitations  successives,  —  les  processus  de  réparation  se  ralentissent  par  le  fait 
de  la  fatigue,  et  alors  l'excitation  frappe  la  substance  vivante  alors  qu'elle  est  dans  un 
état  de  plus  en  plus  grand  d'excitation  résiduelle.  De  sorte  que  le  point  de  départ  de 
la  réponse  se  fait  à  un  niveau  de  plus  en  plus  élevé,  ce  qui  donne  à  la  réponse  l'appa- 
rence d'être  de  plus  en  plus  forte.  Ce  sont  là  des  conditions  de  plus  en  plus  favorables 
à  la  sommation  des  excitations  isolées  et  par  conséquent  à  la  production  d'une  exci- 
tation tonique. 

L'excitation  tonique  représente  comme  une  excitation  prolongée  unique,  résultant 
de  la  sommation  d'excitations  isolées  qui  se  succèdent  rapidement.  Il  est  clair  que  les 
conditions  pour  la  sommation,  et  par  conséquent  pour  l'excitation  tonique,  sont  d'autant 
plus  favorables  que  l'efTet  des  excitations  isolées  est  plus  prolongé.  A  ce  point  de  vue, 
les  diverses  formes  de  substances  vivantes  se  comportent  de  manières  très  diverses. 
Un  nerf,  dans  les  conditions  physiologiques  normales,  n'a  presque  pas  de  sommation, 
parce  que  le  décours  complet  de  son  excilation  est  extrêmement  court,  sa  période 
réfraclaire  après  des  excitations  fortes  étant  de  0,001  à  0,005  de  seconde.  Les  cenires 
nerveux,  au  contraire,  donnent  facilement  la  sommation,  parce  que,  pour  eux,  le 
décours  d'une  excitation  est  beaucoup  plus  long  que  dans  le  nerf.  Les  muscles  lisses 
avec  leur  réaction  lento  donnent  très  facilement  la  sommation,  et  ils  ont  une  forte 
tendance  à  répondie  par  des  contractions  toniques.  Mais  même  les  substances  vivantes 
qui  réagissent  vite  et  qui  se  réparent  vilo,  qui  par  conséquent,  comme  lo  norf,  n'ont 
pas  de  sommation  à  l'état  normal,  peuvent  donner  des  sommations  quand  leur  état 
physiologique  est  modifié  par  ses  influences  qui  ralentissent  le  décours  d'excitation. 
C'est  le  cas  du  froid,  de  l'asphyxie,  de  la  fatigue,  de  la  narcose.  Aussi,  sousces  inlluences, 
le  nerf  donne-t-il,  comme  on  l'a  déjà  vu,  un  courant  d'action  plus  fort  après  une 
excitation  tétanique  que  le  nerf  normal.  Pour  la  genèse  du  tétanos  musculaire,  outre 
le  changement  d'élasticité  que  provoquent  les  excitations  successives,  il  y  a  encore  un 
autre  point  à  considérer.  Frohlich  a  montré  que  les  ondes  de  contraction  se  suivent 
parfois  si  rapidement  que  l'onde  précédente  n'a  pas  pu  parcourir  toute  l'étendue 
du  muscle  depuis  son  point  de  départ  jusqu'à  son  arrivée,  au  moment  oîi  se  produit 
l'excitation  seconde.  On  observe  alors  une  superposition  de  deux  ou  de  plusieurs  ondes 
de  contraction  selon  la  longueur  du  muscle  et  selon  le  point  du  muscle  excité.  Mais 
c'est  là  une  condition  extérieure  pour  ainsi  dire,  qui  n'a  rien  à  faire  avec  la  tension 
que  provoque  une  excitation  isolée,  tension  qui  dépend  de  l'apparent  accroissement  de 
l'excitabilité.  On  observerait  encore  la  superposition  des  excitations,  même  s'il  n'y  avait 
pas  de  tension  résiduelle  dans  le  décours  des  excitations  isolées.  Plus  on  étudie  cet 
apparent  accroissement  d'excitabilité,  plus  on  constate  qu'il  est  répandu  dans  la 
nature.  11  sera  donc  nécessaire  d'analyser  minutieusement  tous  les  cas  dexcitabilité 
accrue  pour  savoir  si  cet  accroissement  d'excitabilité  n'est  pas  apparent,  au  lieu 
d'être  réel. 

H  s'agit  d'un  accroissement  réel  d'excitabilité  dans  les  cas  où  une  excitation  est 
représentée  par  une  augmentation  de  température,  tandis  que  l'autre  excitation  est 


IRRITABILITE.  697 

l\'Xoitaiil  t'Iciii'iiiiio.  De  fait,  ri'xcilaliilih-,  iK.iir  rt'xrilant  élcr.lri((UO,  est  aiiuinniitt'o 
par  réchaulTemonL  du  système  vivant,  et  l'excitaiil  luovoiiuc  uiio  rt''ponse  plus  foilo 
que  lorsque  la  température  est  plus  basse. 

Coulrairement  à  l'interférence  des  excitants  de  slimulalioii,  les  interférences  de 
doux  oxcilatiuns d'inhibition,  ou  de  deux  excitations,  dont  l'une  est  stimulante  et  l'autre 
inliibantf.  n'ont  pas  encore  été  étudiées  d'une  maniéic.  UM'-tliodiquc.  Nous  savons 
seulement  qu'en  {général,  par  les  excitations  inhibiloires,  l'excitabilité  est  dimi- 
nuée pour  les  excitations  de  stimulation.  Tel  est  le  cas  du  défaut  d'o.xygène,  qui 
paralyse.  Tel  est  aussi  le  cas  de  la  narcose.  Mais  le  mécanisme  (;st  alors  très  diffé- 
rent suivant  les  anneaux  de  la  chaîne  des  échanges  qui  ont  été  atteints  par  l'agent 
paralysateur.  Nous  avons  vu  par  exemple  que,  dans  l'anesthésie,  l'action  inhibitoire 
n'agit  pas  primitivement  sur  la  phase  désassimilafoire  des  échanges.  Il  est  plus  pro- 
bable, sans  qu'on  puisse  le  prouver,  que  l'action  paralysante  dans  la  narcose  se  pro- 
duit pendant  la  période  de  repos  des  échanges,  car  pendant  la  narcose  les  tissus  sont 
encore  excitables  par  des  excitations  de  désassimilation.  Dans  la  narcose  la  conduction 
de  l'excitation  subit  un  si  fort  décrément  qu'on  ne  peut  plus  déceler  aucune  réponse 
extérieure.  C'est  en  cela  que  consiste  l'apparente  inexcitabilité  des  cellules  anes- 
thésiées. 

Pour  l'analyse  plus  complète  de  l'interférence  se  produisant  entre  des  excitalions 
inhibitoires,  ou  entre  une  excitation  de  stimulation  et  une  excitation  inhibitoire,  il 
faudrait  avant  tout  pénétrer  l'action  de  chacune  de  ces  excitations  isolées  sur  la  chaîne 
de  ces  échanges,  et  c'est  alors  seulement  qu'on  pourrait  déterminer  les  conditions  de 
ces  interférences,  mais  il  n'est  pas  douteux  que  les  relations  sont  alors  beaucoup  plus 
compliquées  que  dans  le  cas  relativement  simple  où  il  y  a  interférence  de  deux  exci- 
talions qui  provoquent  toutes  deux  une  désassimilation  et  agissent  dans  le  même  sens 
sur  les  mêmes  anneaux  de  la  chaîne  des  échanges. 

Le  degré  d'irritabilité  et  ses  conditions.  —  Depuis  longtemps  la  physiologie 
étudie  l'irritabilité  en  supposant  tacitement  que  c'est  un  processus  simple  et  unique. 
Alors  le  degré  d'irritabilité  est  mesuré  par  la  grandeur  du  résultat  dû  à  une  excitation. 
Mais  bientôt  une  analyse  plus  profonde  nous  montre  que  la  grandeur  des  effets  consé- 
cutifs à  une  excitation  est  le  résultat  de  beaucoup  de  processus  très  divers.  Donc,  dans 
l'intérêt  d'une  connaissance  plus  exacte  de  la  physiologie  générale  des  excitations,  il 
faut  serrer  de  plus  près  la  notion  de  l'excitabilité  et  nettement  difTérencier  les  éléments 
qui  la  composent.  Ce  ne  sera  possible  complètement  que  dans  l'avenir,  mais  il  est 
nécessaire  dès  maintenant  de  donner  le  commencement  de  cette  étude. 

Quand  nous  jugeons  du  degré  d'irritabilité  d'un  système  vivant,  d'après  la  grandeur 
du  changement  que  produit  en  lui  une  excitation  de  désassimilation,  le  seul  critérium 
que  nous  puissions  en  avoir,  c'est  la  grandeur  des  échanges  moléculaires  ou  la  gran- 
deur des  mutations  d'énergie  :  mouvement,  chaleur,  électricité  :  nous  n'avons  jtas 
d'autre  indication.  Mais  il  est  clair  que  cette  grandeur  des  résultats  de  l'excitation 
est  déterminée  par  l'ensemble  des  processus  de  désassimilation,  en  d'autres  termes 
par  la  quantité  des  éléments  chimiques  capables  de  désassimilation  et  se  désassiini- 
lant  sous  l'influence  de  l'excitation  impulsive. 

On  peut  alors  se  représenter  le  phénomène  sous  une  forme  schématique,  en 
disant  que  l'effet  primitif  de  l'excitation  désassimilaloire,  c'est  la  destruction  de 
molécules  très  fragiles,  molécules  bioyènes  de  Verworn.  L'hypothèse  reste  la  même, 
quelle  que  soit  la  nature  de  cette  excitation  de  désassimilation. 

Par  conséquent,  dans  un  système  vivant,  le  nombre  des  molécules  qu'une  excitation 
décompose  dépend  de  deux  variables  :  d'une  part  le  degré  de  fragilité  des  molécules 
capables  de  se  détruire,  d'autre  part  l'extension  de  cette  destruction  primaire  pro- 
duite par  l'excitant,  autrement  dit  la  conduction  des  processus  de  destruction.  Or  ces 
deux  facteurs  sont  soumis  l'un  et  l'autre  à  une  série  de  conditions  diverses. 

Le  defjré  de  fraçjiUtc  de  la  molécule  du  biogène  dépend  en  première  ligne  de  sa 
constitution  chimique.  II  faut  admettre  que  la  constitutioiî  chimique  des  combinaisons 
très  compliquées  de  la  substance  vivante  doit  être  extrêmement  dilférente  dans  les 
différentes  cellules,  quoique  nous  n'ayons  aucune  preuve  décisive  pour  faire  cette  sup- 
position. EU  cependant  il  est  extrêmement  vraisemblable  que  les  did'érences  d'excita- 


698  IRRITABILITE. 

bililé  que  témoignent  dans  les  conditions  physiologiques  les  différentes  formes  de  la 
matière  sont  déterminées  au  moins  en  partie  par  une  constitution  chimique  très  dif- 
férente. Pour  la  même  forme  de  substances  vivantes  le  degré  de  fragilité  de  la  molécule 
biogène  est  soumis  à  de  grandes  variations  d'après  la  température.  On  connaît  les  lois 
d'après  lesquelles  la  destructibilité  cellulaire  augmente  par  l'élévation,  diminue  par 
l'abaissement  de  la  température  extérieure.  Par  conséquent  l'irritabilité  de  ce  système 
vivant  doit,  dans  de  certaines  limites,  augmenter  quand  la  température  s'élève,  dimi- 
nuer quand  la  température  descend,  comme  l'expérience  le  prouve.  En  outre,  il 
semble  que  certaines  substances  chimiques  déterminées,  peut-être  parce  qu'elles 
se  rapprochent  de  la  molécule  du  biogène,  peut-être  parce  qu'en  entourant  cer- 
taines chaînes  latérales  de  la  molécule  biogène  elle  modifie  sa  fragilité.  Il  s'agit 
là  de  mainte  action  toxique  augmentant  l'excitabilité  comme  par  exemple  la  strychnine 
vis-à-vis  des  cellules  nerveuses  des  cornes  postérieures  de  la  mopUe  épinière. 
Ce  sont  encore  là  des  points  bien  obscurs  :  et  d'ailleurs  il  y  a  sans  doute  «ncore 
d'autres  facteurs  pour  influencer  le  degré  de  fragilité  de  la  molécule  biogène. 
N'oublions  pas  que  nous  sommes  à  peine  en  état  d'en  faire  une  différenciation  plus 
méthodique. 

La  conduction  de  la  destruction  moléculaire,  c'est-à-dire  l'extension  secondaire  de 
l'excitation  à  partir  du  point  excité,  quand  l'état  de  fragilité  de  la  molécule  est  iden- 
tique, est  essentiellement  une  fonction  de  l'état  des  substances  contenues  dans  l'orga- 
nisme vivant.  Évidemment  les  différentes  formes  des  organismes  vivants  se  compor- 
tent à  cet  égard  d'une  manière  très  différente.  Cependant,  pour  le  même  organisme, 
les  rapports  quantitatifs  des  substances  y  contenues  peuvent  notablement  varier,  et 
expérimentalement  être  modifiées;  en  outre  les  conditions  peuvent  être  aussi  très 
différentes  pour  changer  la  propagation  d'une  excitation  localisée. 

La  quantité  d'eau  contenue  dans  les  cellules  joue  un  grand  rôle  pour  déterminer  son 
irritabilité  :  cette  quantité  d'eau  est  réglée  dans  l'état  physiologique  par  les  actions 
osmotiques  des  substances  dissoutes  dans  la  cellule.  Mais  ces  actions  peuvent  être 
modifiées  par  tout  changement  dans  la  pression  osmotique  du  milieu  où  est  plongée 
la  cellule.  De  là  résulte  ce  fait  général  que,  dans  de  certaines  limites,  la  conduction 
de  l'excitation  diminue  quand  augmente  la  quantité  d'eau,  alors  qu'elle  augmente 
quand  la  quantité  d'eau  diminue.  Dans  le  premier  cas  (augmentation  d'eau),  le  décré- 
ment de  l'excitation  qui  se  propage  à  toute  la  cellule  est  si  considérable  que  les 
excitations  les  plus  fortes  ne  paraissent  plus  pouvoir  provoquer  de  réponses  percep- 
tibles. Dans  l'autre  cas  (diminution  d'eau),  on  observe  de  notables  augmentations 
d'excitabilité.  Les  muscles  et  le  système  nerveux  central  nous  donnent  des  exemples 
très  nets  de  ces  deux  phénomènes. 

D'autres  substances  peuvent  agir  aussi  comme  l'augmentation  de  l'eau,  et  alors 
il  n'est  pas  possible  de  savoir  quelle  est  la  part  relative  de  l'action  mécanique  due 
aux  changements  dans  les  proportions  des  constituants  cellulaires  et  de  l'action  chi- 
mique due  aux  affinités  chimiques  des  substances  ambiantes  pour  les  produits  cellu- 
laires. Nous  savons  que,  s'il  s'accumule  des  produits  de  fatigue  ou  d'asphyxie, 
dus  à  des  oxydations  incomplètes,  la  conduction  de  l'excitation  subit  un  si  fort  décré- 
ment qu'aucune  réponse  à  l'excitation  n'est  plus  perceptible.  La  physiologie  générale 
du  système  nerveux  nous  en  donne  de  très  bons  exemples.  Nous  savons  aussi  que, 
dans  l'anesthésie,  si  l'excitation  ne  provoque  plus  de  réponse  perceptible,  c'est  parce 
que  la  conduction  de  l'excitation  a  très  fortement  diminué,  grâce  à  la  pénétration 
de  l'anesthésique  dans  la  cellule.  Cependant  la  fragilité  de  la  molécule  n'a  pas  dis- 
paru dans  l'anesthésie,  puisqu'on  peut  alors  faire  croître  les  échanges  de  désassi- 
milatioM  par  des  excitations  plus  fortes.  Là  encore  la  conduction  de  l'excitation  est 
fonction  des  proportions  de  l'anesthésique  dans  l'organisme  vivant;  car  l'anesthésie 
devient  plus  ou  moins  profonde  selon  que  l'organisme  contient  plus  ou  moins  de  la 
substance  anesthésique,  ce  qui  dépend  de  la  pression  partielle  que  cette  substance 
exerce  sur  les  cellules.  De  la  même  manière,  la  propagation  de  l'excitation  va  dépendre 
des  proportions  de  beaucoup  d'autres  substances,  les  unes  contenues  normalement 
dans  l'organisme,  les  autres,  comme  les  poisons  et  d'autres  .substances  chimiques, 
introduites  expérimentalement. 


IRRITABILITE.  6!t9 

Les  exompli's  i|uo  nous  venons  de  ilonni'f  nionln-nl  siillisaniniont  (jue  lout  (•liiinj,'e- 
rnenl,  si  faible  i|u'il  soit,  dans  les  pio(»or(ions  ([nanlilalivt's  des  substances  (•oiitenues 
dans  la  colliilf  vivante  va  iniluencer  la  distribution  de  l'excilation  dans  le  corps  de  cotte 
l'tdlule,  et  paiconsétinenldétcrniinei'  son  degré  d'excitabilité.  Toute  excitation  qui  tioul.io 
r*'([uilibro  pliysiologic|ue  des  substances  cliimiqiics  intra-cellnlaires  va  par  conséquent 
Mindilier  son  excitabilité  à  l'excitalioii  suivante.  Le  fait  d'une  période  réfraclaire  rela- 
tive ou  absolue,  ainsi  (jue  le  fait  de  la  fatii;ue,  piouvenl  cela  très  nettemenl.  C'est  seu- 
lement après  ({ue  ré([ui[il)re  entre  U's  pro|)orlions  normales  de  substances  vivantes  s'est 
rt'tabli  par  l'auloinatisme  cbimicct-ceiliilaire  qui  a  ramené  l'é-tat  pliysiolo^'itiue,  c'est 
seulement  alors  (juc  la  cellule  revient  à  son  excitabilité  primitive. 

Ainsi  le  degré  d'irritabilité  —  ou  l'excitabilité  —  d'un  système  vivant,  est  fonction 
de  deux  grands  facteurs  :  d'une  part,  le  degré  de  fragilité  de  la  molécule  capable  de 
desiruction;  d'autre  part,  les  proportions  pondérales  des  matières  contenues  dans  ce 
système. Toutcbangeiuent  tians  l'un  ou  l'autre  de  ces  facteurs  modifie  aussi  l'excitabilité. 

Quant  à  leur  différenciation,  l'expérience  snivanlo,  portant  sur  des  matières  miné- 
rales, nous  en  donne  sous  une  forme  très  simple  mie  comparaison.  Si,  pour  avoir  une 
substance  capable  do  se  décomposer,  nous  prenons  de  l'iodure  d'azote,  nous  voyons 
qu'une  parcelle  de  ce  corps,  lorsqu'il  est  desséché,  se  décompose  spontanément,  décom- 
position qui  répond  à  la  phase  de  désassimilation  des  échanges.  D'autre  part  nous 
verrons  une  énorme  fragilité  de  celte  molécule  et  une  extraordinaire  aptitude  à  avoir 
une  excitation  qui  se  prolonge  sans  décrément  dans  tout  le  système  à  partir  du  point 
excité.  La  fragilité  de  la  molécule  d'iodure  d'azote  varie  avec  la  température  comme 
varie  la  fragilité  de  la  substance  vivante.  La  propagation  de  l'excitation  dans  la  molé- 
cule d'iodure  d'azote  peut  être  complètement  suspendue  par  l'introduction  d'autres 
substances,  de  même  que  chez  les  êtres  vivants  la  conduction  de  l'excitation  peut  être 
paralysée  par  la  déshydratation,  les  narcotiques,  les  produits  de  fatigue.  11  suffit  de  chan- 
ger les  proportions  de  substances  en  mouillant  l'iodure  d'azote  avec  de  l'eau,  de 
l'alcool,  de  l'éther  ou  un  liquide  quelconque,  pour  suspendre  complètement  son  exci- 
tabilité; et  alors  il  ne  répond  plus  aux  excitants.  Dans  ces  comiitions  on  voit  facile- 
ment quelles  minimes  quantités  d'eau  sont  suffisantes  pour  déterminer  une  inexcilabi- 
lité  complète.  Il  ne  faut  qu'une  trace  d'humidité  sur  cet  iodure  d'azote  pour  le  rendre 
absolument  incapable  d'exploser,  et  cependant  la  destructibilité  de  la  molécule  d'iodure 
d'azote  ^n'est  pas  modifiée,  puisqu'il  peut  se  décomposer  encore,  même  quand  il  est 
conservé  dans  l'eau,  et  sa  décomposition  va  plus  loin  que  la  destrurtion  de  la  substance 
vivante  dans  l'anesthésie. 

Ainsi  cet  exemple  nous  fournit  de  nombreuses  analogies  avec  l'excitabilité  de  la 
substance  vivante.  Comme  toutes  les  excitations  agissent  sur  les  cellules  vivantes  en 
modifiant  soit  le  degré  de  labilité  de  la  molécule  destructible  (excitations  thermiques 
et  chimiques),  soit  les  relations  pondérales  des  constituants  cellulaires  (la  plupart  des 
excitations),  on  comprend  que  l'effet  primaire  de  tout  excitant  doit  être  une  stimu- 
lation ou  une  paralysie  du  processus  vital  normal.  Par  conséquent  tous  les  excitants 
agissent  en  ralentissant  ou  en  accélérant  le  processus  normal  de  la  vie. 

MAX    VERWORN. 

Bibliographie.  — 1.  Franciscus  Glisson.  Tractatuf.  de  ventriciilo  et  inte>^(inis,  Amste- 
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700  IRRITABILITE. 

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des  markhaltigen  Nerven  (Zeitschr.  f.  allgem.  Physiol.,  vin,  1908);  —  Weitere  Untersu- 
chungen  iiber  die  ErmUdung  des  markhaltigen  Nerven  :  Die  ErmUdung  inLuft  und  die  schoin- 
bare  Errcgbarkcitssleigerung  (Zeitschr.  f.  allgem.  Physiologie,  x,  1910);  —  Weitrre  Untcr- 
suchungcn,  etc.  :  Die  Ermûdung  und  die  Erholung  unter  Ausschluss  von  Sauersloff.  Ibid., 
1910).  —  26.  Fr.-NV.  Fruhligh.  l'ber  die  scheinbare  Stcigerung  der  Leistungsfiihighcit  des 
quergestreiftcn  Muskels  im  Beginn  der  Ermûdung  ;  Muskcltreppe,  etc.  (Zeitschr.  f.  allgem. 
Physiologie,  v,  1905).  —  27.  Ranke.  Untersuchungen  iiber  die  chemischen  Bedingungen  der 
ErmUdung  des  Muskels  (Arch.  f.  Anat.  u.  Physiol.,  1863  et  1864).  —  28.  Mosso.  Die  ErmU- 
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—  Detmer.  L.  c.  —  30.  H.  Winterstein.  tber  den  Mechanismus  der  Gcwebsathmung 
(Zeitschr.  f.  allgem.  Physiologie,  vi,  1907).  —  31.  Max  Werworn.  Psychophysiologische 
Proti'itensludien.  Experimentelle  Untersuchungen,  léna,  1889);  —  Zell  physiologische  Stu- 
dien am  rothen  Meer  (Sitzungsber.  d.  kônigl.  Preuss.  Akad.  d.  Wissensch.  zu  Berlin,  xlvi, 
1896).  —  32.  Piper.  Cher  die  Lcitungsgeschwindigkeit  in  den  markhaltigen  menschlichen 
Nerven  (A.  g.  P.,  cxxiv,  1908).  —  Weitere  Mittheilungen  iiber  die  Geschwindigkeit  der 
Erregiingsleitung  im  markhaltigen  menschlichen  Nerven,  Ibid.,  cxxvn,  1909.  —  Pflïgeii. 
L.  c.  —  33.  L.  Hermann.  Handbuch  der  Physiologie,  n,  i,  193,  Leipzig,  1879;  —  Unter- 
suchungen zur  Lehre  von  der  electrischen  Nerven  und  Mtiskelreizung .  IV.  tber  wellcnartig 
ablaufende  galvanische  Vorgânge  am  Kernleiter  (A.  g.  P.,  xxxv,  1885).  —  34.  Bordttau. 
Neue  Untersuchungen  iiber  die  am  Nemen  unter  der  mrkung  erregender  Einflïisse  auftre- 
tenden  electrischen  Erscheinungen  (A.  g.  P.,  lviii,  1894);  —  Ibid.,  lix,  1895;  lxiii,  1896; 

—  Die  Théorie  der  Nerrenleitung,  Ibid.,  lxxvi,  1899;  lxxxi,  1900;  lxxxiv,  1901  ;  xc, 
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Narkose  der  Warmbluternerven  (Zeitschr.   f.  allgem.  Physiologie,  iv,  1904),  — 41.Trevor 


IRONE.    —    ISOPYROINE.  701 

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On  the  structure,  distribution  atid  l'ormation  of  the  nerres  which  inncrvate  the  viscéral  aud 
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tdrstadium  und  die  Hcmmungsrorgânge  im  Rùckenmark  des  Strychninfrosches  [Zeitschr.  f. 
allgem.  Physiol.,  \,  1910).  — 52.  Fr.-W.  Frohlich.  Die  Analyse  der  an  der  Krebsschcrc 
auftretenden  Hemmungen  [Zeitschr.  f.  allgem.  Physiologie,  vu,  1907);  —  Der  Mcchanis- 
mus  der  nervosen  Hemmungsvorgangc  {Mcdiz.-naturiv.  Archiv,  'i,  1907);  —  Beitrngc  zur 
.{nnlyse  der  Reflexfunction  des  liitckcnmarks  mit  besondercn  Bcriicksichtigung  von  Tonus, 
liahnung  und  llemniung  {Zeitschr.  f.  allgem.  Physiologie,  ix,  1909).  —  53.  Fr.-W.  Fhoii- 
Licii.  Das  Princip  der  scheinbaren  Erregbarkeitssteigerung  [Zeitschr.  f.  allgem.  Physiol.,  ix, 
1909).  —  54.  BoRUTTAU.  Die  Actionsstrôme  und  die  Théorie  der  NeiTcnleitung  [A.  g.  P., 
Lxxxiv,  1901)  ;  —  BoRUTTALi  et  FrOhlich.  Elcctropathologische  Untersuchungen  iiber  die 
Veriinderung  der  Errcgungswelle  durch  Schadigung  des  Ncrven,  [Ibid.,  cv,  1904).  — 
55.  Fr.-W.  Frohlich.  Ûbcr  die  scheinbarc  Steigerung  der  Leistungsfàhigkcit  des  c/uerge- 
strciften  Muskels  im  Reginn  der  Ermudung  [Muskeltrcppe],  der  Kohlcnsaurewirkung,  und 
der    Wirkung  anderer  Narkotica  [.Ether,  Alkohol)  [Zeitschr.  f.  allgem.   Physiol.,  \,  1905). 

—  56.  Fr.  Reinecke.  i'ber  die  Entartungsrcaction  und  eine  Reihe  mit  ihr  venrandtbar 
Reactionen  [Zeitschr.  f.  allgem.  Physiol.,  vm,  1908).  —  57.  Thok.xeu.  Die  Ermïulung  des 
markhaltigen  Nerven  [Zeitschr.  /'.  allgem.  Physiol.,  viii,  1908).  —  Weiterc  Untersuchungen 
iiber  die  Ermudung  des  markhaltigen  Nerven  :  Die  Ermudung  in  Luft  und  die  scheinbare 
Erregbarkeitssteigerung  [Ibid.,  x,  1910);  —  Weitere  Untersuchungen  iiber  die  Ermudung 
des  markhaltigen  Nerven:  Die  Ermïulung  und  die  Erholung  tinter  Ausschluss  von  Sauersl'i/f 
[Ibid.  x,  1010). 

IRONE.  —  (Gi^H'^eO).  Principe  odorant  de  l'iris,  distillant  à  144".  CliaiilTée  avec 
Vacide  ioilhydrique,  elle  donne  de  l'irène  [C^'^E^^],  bouillant  113°. 

ISANIQUE  (acide).  —  (C'^H=""0^)  Substance  que  Hébert  a  extraite  des 
graines  oIéa(L;ineuses  d'ungueko  (Congo). 

ISATINE.  — (C'H'AzO-).  Produit  de  l'oxydation  (par  l'aciile  nitrique  ou  l'acide 
cbioinique)  de  l'indigotiue  :  C**!! 'A-'^-f-O^iC^H-'AzO-.  C'est  une  substance  cristallisable 
de  couleur  rouge  jaunâtre.  Chauffée  avec  la  potasse,  elle  donne  de  l'acide  isatiijue 
(C^H^zO^). 

ISOALSTONINE.  —  (C'*H«0).  Substance  extraite  du  suc  laiteux  de 
VAlstonia  costulati,  analogue  à  la  gutta  perciia  (Borm'oi.  Par  la  potasse  elle  donne  de 
l'alstol  G-*H^*0).  L'isoalstonine  est  soluble  ù  chaud  dans  l'alcool,  tandis  que  l'aUtonine 
est  insoluble. 

ISODU  LCITE.  —  V.  Rhamnose. 

ISODYNAMIE.  —  V.  Aliments. 

ISOPYROINE.  —  (C^H^AzO»)  Alcaloïde  extrait  de  VIsopyrum  thalictroides. 


702  ISOTONIE. 

ISOXONIE.  —  I.  Aperçu  sur  l'isotonie.  —  II.  Introduction  de  la  doctrine 
de  l'isotonie  dans  les  sciences  médicales  par  l'étude  des  globules  rouges. 
Échelle  chromatique.  Résistance  globulaire.  —  III.  Les  règles  de  l'iso- 
tonie, expliquées  par  la  théorie  de  la  pression  osmotique  (Van't  HoflF)  et  de 
la  dissociation  électrolytique  (Arrhenius).  —  IV.  Faculté  des  hématies 
de  supporter  beaucoup  d'eau  ;  importance  de  cette  faculté  pour  la  vie. 
La  solution  saline  <<  physiologique  ».  —  V.  Autres  observations  sur  la  solu- 
tion saline  «  physiologique  ».  a)  Le  volume  des  globules  rourjes  et  d'autres  cellules  ;  b) 
Coufivmntion  de  la  théorie  mentionnée  par  la  méthode  de  l'abaissement  du  point  de  congéla- 
tion, cryoscopie ;  c)  Méthodes  pour  évaluer  la  pression  osmotique  de  très  petites  quantités  de 
liquide  ;  d)  La  solution  saline  physiologique  à  la  licmière  des  observations  faites  sur  la  per- 
inéaliililé.  Une  solution  «aline  isotor.iqiic  au  milieu  propre  d'une  cellule  n'est  pas  encore  la 
solution"  physiologique  »  c'est-à-dire  indifférente. —VI.  Tendance  dans  la  série  ani- 
male à  garder  la  pression  osmotique  constante.  Développement  phylogéné- 
tique  de  cette  propriété.  —  VII.  Importance  de  la  pression  osmotique  ou 
de  l'isotonie  dans  la  vie  normale  et  pathologique.  Quelques  exemples. 
a)  Force  motrice  de  la  pression  osmotique.  Formation  de  la  lymphe:  h)  Résorption  dans  les 
cavités  séreuses  et  non  séreuses.  Douleur  et  anesthésie  locale;  c)  Règles  diététiques  en  cas  de 
troubles  gastriques;  d)  Diag?iostic  et  traitement  des  troubles  circulatoires.  Diagnostic  de  l'in- 
suffisance des  reins.  Indication  de  la  néphrectomie.  —  VII.  Bibliographie. 

Pour  bien  savoir  ce  qu'on  entend  par  le  mot  d'isotonie,  il  faut  remonter  à  1882, 
lorsque  le  botaniste  Hugo  de  Vries  l'introduisit  dans  la  science. 

C'était  alors  déjà  un  fait  connu  que  toutes  les  substances  solubles  dans  l'eau  pos- 
sèdent la  propriété  de  l'attirer;  par  conséquent  cela  devait  s'appliquer  aux  substances 
contenues  dans  la  cellule  véjUîétale.  Mais  on  ne  connaissait  guère  la  force  avec  laquelle 
cette  attraction  se  produit.  C'est  le  grand  mérite  de  Hugo  de  Vries  d'avoir  indiqué  une 
méthode  exacte  do  la  mesurer,  métiiode  pouvant  également  servir  à  l'évaluation  de  la 
force  attractive  d'un  grand  nombre  d'autres  substances,  qui  ne  se  trouvent  pas  dans 
le  suc  cellulaire. 

I.  -  APERÇU  SUR  L'ISOTONIE. 

La  cellule  végétale  se  compose  d'un  corps  cellulaire  et  d'une  membrane.  Admettons 
que  la  couche  externe  du  corps  cellulaire  (le  protoplaste)  soit  perméable  à  l'eau,  mais 
imperméable  aux  sels.  La  membrane  est  supposée  être  perméable  à  tous  lés  deux. 

Qu'est-ce  qui  ai^rivera,  si  l'on  place  la  cellule  dans  l'eau?  Alors  le  corps  cellulaire, 
ou  plutôt  son  suc,  l'attirera:  la  cellule  se  gonflera. 

Mais  si  au  contraire  on  place  la  cellule  dans  une  solution  saline  concentrée,  le 
corps  cellulaire  perdra  de  l'eau  jusqu'à  ce  que  la  force  hydrophile  du  contenu  cellulaire 
se  soit  mise  parfaitement  en  équilibre  avec  celle  de  la  solution  saline  ambiante. 

La  perte  d'eau  est  cause  que  le  protoplasme,  en  se  rétractant,  se  détache  de  la 
membrane  cellulaire,  phénomène  qu'on  appelle  plasmolyse. 

Il  va  sans  dire  que  la  plasmolyse  sera  d'autant  plus  prononcée  que  la  solution 
saline  ambiante  sera  plus  concentrée. 

Si  l'on  cherche  maintenant,  pour  la  même  cellule  et  pour  des  substances  différentes, 
les  concentrations  qui  produisent  un  commencement  de  plasmolyse,  on  voit  qu'entre 
ces  concentrations  il  existe  des  rapports  très  simples. 

D'abord  07i  constate  que  les  concentrations  des  substances  appartenant  au  même  groupe 
chimique  sont  proportionnelles  aux  poids  moléculaires. 

Supposons,  par  exemple,  que,  pour  une  espèce  quelconque  de  cellules,  la  solution 
de  NaCl,  provoquant  un  commencement  de  plasmolyse,  soit  de  0,50  p.  100,  on  trouvera 
pour  le  KAzOs  une  valeur  de  1,01  p.  100,  pour  le  KBr  une  valeur  de  1,19  p.  100  et  pour 
le  Nal  une  valeur  de  1,5  p.  100.  On  remarque  que  NaCl,  KAzOs  et  KBr  et  Nal,  tous  sels 
alcalins  d'acides  monobasiques,  appartiennent  au  même  groupe  chimique  et  que  leurs 
poids  moléculaires  sont  de  58,5,  101,  119  et  150. 

Un  autre  groupe  de  combinaisons  chimiques  est  celui  qui  contient  un  radical  acide 
bivalent,  tel,  par  exemple,  K^SOv  et  Na^SOi,  C'est  également  ici  que  les  concentrations, 
provoquant  un  commencement  de  plasmolyse,  sont  proportionnelles  aux  poids  molé- 
culaires des  substances. 


ISOTONIE. 


703 


Prenons  enlhi  un  dml  aulio  groupo  do  snltslancos;  celui  des  sucres,  comme  sac- 
charose, lactose,  izlui'ose.  Ici  encore  les  concentrations  »jiii  opèrent  un  commi-nciincnt 
de  piasmolyse  sont  proportionutilles  aux  poids  moléculaires.  Si,  par  exemple,  clie/ 
une  espèce  quelcomiiie  de  cellules,  une  solution  de  sucr<!  de  canno  de  ti,8i  p.  100 
provoque  un  commencement  de  piasmolyse,  une  solution  de  glucose  de  3,00  p.  100 
produira  le  même  phénomène.  Kn  eflet,  les  poids  moléculaires  de  saccharose  et  de 
glucose  sont  de  Vi2  et  180;  par  conséquent  c'est  le  môme  rapport.  En  général  on 
peut  e.\i»rinier  le  résultat  ainsi  :  Chaque  molécule  du  mihne  groupe  attire  l'eau  accc  la 
tniUnc  force. 

Hugo  dk  Viiiks,  à  t[ui  nous  devons  ces  faits  importants,  a  appelé  les  solutions,  i|ui 
dans  la  môme  cellule  provotiuent  un  commencement  de  [)lasmolyse,  l('.so^<?i/7»t'.sl  (de 
(lao;  et  de  Tjuo;),  parce  qu'elles  produisent  dans  les  cellules  nue  tension  égale. 

Donc  une  solution  de  saccharose  de  6,8t  p.  100  est  isotonique  avec  une  solulion  de 
glucose  de  3,60  p.  100;  une  solution  de  NaCl  0,58;j  p.  100  avec  une  solution  de  Iv.NOj.  de 
1,01  p.  100  et  avec  une  solution  de  KBr de  1,19  p.  100,  etc., ou  autrement  dit  :  une  molécule 
de  saccharose  attire  l'eau  t>  r- 

avec  la  môme  force  qu'une  "■  ^  ^ 

molécule  de  glucose;  une 
molécule  de  NaCl  possède 
la  même  force  attractive 
pour  l'eau  qu'une  molé- 
cule de  KNOa,  KBr,NaI,etc. 

Maintenant  la  question 
est  de  savoir  quel  rapport 
il  existe  entre  la  force 
hydrophile  de  deux  molé- 
cules de  groupes  diffé- 
rents? Est-ce  qu'une  mo- 
lécule de  saccharose  a  la 
même  puissance  attrac- 
tive pour  l'eau  qu'une 
molécule  de  KNO3? 

L'expérience  nous  apprend  qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  Cependant  de  Vries  trouva  des 
rapports  très  simples. 

Si  l'on  preud  3  pour  la  force  hydrophile  d'une  molécule  KNO:!,  celle  de  la  molécule  de 
saccharose  est  de  2,  celle  delà  molécule  K-jSOi  de  4;  et  celle  d'une  molécule  de  citrate  de 
potasse  est  de  0.  Ces  nombres  2,  3,  4  et  5  sont  appelés  par  l'auteur  Coefficients  isotoniques. 

D'après  de  Vries,  ils  expriment  le  rapport  des  forces  avec  lesquelles  la  molécule 
d'une  substance  attire  l'eau. 

On  comprendra  qu'ils  nous  oITrent  un  moyen  simple  de  calculer  la  concentration 
d'une  solution  de  sel,  isotonique  à  une  concentration  connue  d'une  autre  substance. 

En  voici  un  exemple  :  On  veut  savoir  quelle  est  la  concentration  d'une  solution  de 
glucose,  isotonique  à  une  solution  de  NaCl  de  0,9  p.  100. 

Le  coefficient  isotonique  du  NaCl  est  de  3;  celui  du  glucose,  de  2.  Donc  2  molécules 
de  .\aCl  (poids  moléculaire  ;i8,3)  sont  isotoniques  à  3  molécules  de  glucose  (poids  mo- 
léculaire 180).  Par  conséquent  une  solution  de  2  x  o8,o  grammes  de  NaCl  par  litre 
est  isotonique  à  une  solution  de  3    x    180    grammes  par  litre.  Donc    la  concentration 

2  ^is.o   "^   ^  ^  180  =  5,13  p.  100. 


FiG.  117.  —  A,  Cellules  noi-malcs  m,  membrane;  B,  Commencement  de  pias- 
molyse; en  p  lo  protoplaste  s'est  détaché  de  la  membrane;  C,  Pias- 
molyse considérable. 


cherchée  de  la  solution  de  glucose   = 


II.  —  INTRODUCTION     DE    LA    DOCTRINE   DE    LISOTONIE      DANS 

LES  SCIENCES   MÉDICALES    PAR    L'ÉTUDE    DES    GLOBULES    ROUGES. 

ÉCHELLE   CHROMATIQUE.    RÉSISTANCE   GLOBULAIRE 


Après    la  publication    de     ce    remarquable    travail    de    de    Vries,    il    me    sembla 
intéressant  d'examiner  si  les  règles   de   l'isotonie  se  manifesteraient  aussi    dans    la 


■0^ 


ISOTONIE. 


cellule  animale.  Dans  ce  but  on  commença  par  l'étude  des  globules  rouf^es  du 
sang  (1883). 

Voici  rexpérience  fondamentale  qui  servit  de  point  de  départ  à  toutes  ces  recherches  : 
expérience  grâce  à  laquelle  la  chimie  physique  a  fait  son  entrée  dans  le  monde 
médical  : 

Dans  neuf  éprouveltes,  ou  verse  20  centimètres  cubes  d'une  solution  de  KNOa  de 
1.08  p.  100,  1.06  p.  100,  1.04  p.  100,  i.02  p,  100,  1  p.  100,  0,98  p.  100,  0.96  p.  100  et 
0.94  p.  100;  puis  on  ajoute  cinq  gouttes  de  sang  de  bœuf  défibriué  et  on  laisse  reposer. 
Au  bout  de  quelque  temps  on  constate  que  dans  les  premières  éprouveltes  les  globules 
rouges  se  sont  déposés  au  fond  et  n'ont  communiqué  au  liquide  aucune  teinte,  con- 
trairement à  ce  qui  s'est  passé  dans  les  auti'es  éprouveltes,  où  l'on  observe  que  le 
liquide  au-dessus  des  globules  déposés  est  devenu  rouge  et  cela  d'autant  plus  que  la 
solution  est  plus  faible.  Dans  la  solution  de  KAzOs  de  1.02  p.  100  les  corpuscules  gardent 
leur  matière  colorante,  tandis  qu'ils  en  perdent  une  quantité  minime  dans  une  solu- 
tion de  1  p.  100. 

Si,  d'autre  part,  on  cherche  non  seulement  pour  le  nitre,  mais  encore  pour  d'autres 
sels,  deux  limites  de  concentration,  l'une  où  les  globules  rouges  ou  hématies  tombent 
au  fond  et  laissent  encore  le  liquide  incolore;  et  l'autre  où  le  liquide  restant  m^ontre 
une  couleur  rouge,  alors  on  remarque  que  les  solutions  moyennes  entre  ces 
deux  limites  de  concentration  sont  isotoniques,  dans  le  sens  que  de  Vries  donne  à 
ce  mot. 

Le  tableau  suivant  donne  un  aperçu  de  quelques  expériences  faites  à  cet  elfet.  On 
ne  parle  ici  que  de  substances  employées  par  de  Vries  dans  ses  recherches. 

Comme  le  montrent  les  deux  dernières  colonnee,  les  nombres  s'accordent  d'une 
manière  satisfaisante. 


DOSE 

DOSE 

SOLUTIONS 
QUI,  d'après 

\   LAQUELLE 

A  LAQUELLE 

les  recherches 

les  globules 

les  globules 

de  DE  Vries, 

SUBSTANCES. 

rouges 

rouges 
commencent 

MOYENNE. 

sont 
isQtoniques 

se   précipitent 

à  donner 

avec 

dans  un  liquide 

une  teinte  . 

une  solution 

incolore. 

un  pou  rouge. 

de  nitre 

de  1,01  p.  100. 

p.  100. 

p.  100. 

p.  100. 

p.  100. 

Nitrate  de  potasse  (KNO:)).  .    .    . 

1,01 

1,00 

1,01 

0,01 

Chlorure  de  sodium  (NaCl)  .    .    . 

0,6 

0,58 

0,59 

0,585 

Sulfate  de  potasse  (IvoSOi)  .    .    . 

1,10 

1,06 

1,11 

1,305 

Sucre  de  canne  (Ci2H220ji).    •    • 

6,29 

5,63 

5,96 

5,13 

Acétate  de  potasse  (CH3COOK!. 

1,072 

1,003 

1,03 

0,98 

Oxalate  de  potasse    /COOKX  ..    . 

1,27 

1,18 

1,225 

1,245 

VCOOK/ 

Sulfate  de  magnésie  (MgS04).    . 

1,84 

1,72 

1.78 

1,80 

Chlorure  de  calcium  fondu (CaCl-) . 

0,853 

0,974 

0,823 

0,832 

Ajoutons  encore  ici  un  tableau,  donnant  un  aperçu  des  résultats  obtenus  avec  des 
sels,  que  de  Vries  n'a  pas  compris  dans  ses  recherches.  Dans  la  dernière  partie  de  ce 
tableau  sont  calculées  les  concentrations  de  sels  isotoniques  avec  une  solution 
HAzOade  1.01  p.  100. 

On  verra  que  les  chiffres  obtenus  avec  les  hématies  s'accordent  exactement  avec  les 
nombres  qui  d'après  les  règles  de  de  Vries,  ont  été  calculés  comme  isotoniques  avec  une 
solution  de  HAzOa  de  1,01  p.  100. 


SOTONIE. 


705 


DOSK 

DOSK 

CALCLLH 

A  i.Ai.an-.i.i.i-; 

A    I,A(jUKI,I.K 

eOMMK 

les   globules 

ios  plol)ules 

isotiiniipii' 

."^UEJSTANCK.S. 

rouges 

se  précipitent 

dans  lin  lif|uiilo 

incolore. 

rouf^cs 
coniniencenl 

A  donner 

une  (crlainc 

teinte. 

MOYKNNK. 

avec  une 

solution 

(le   KAzO, 

■  \r    I.OI    p.  100 

|..   100. 

p.    100. 

p.    100. 

p.  100. 

Induré  de  iKiliissiiiiii  (Kl.    .    .    . 

1,71 

i,;;7 

1 M 

l,Bfi 

lodure  de  sodium  (Nal) 

l,o4 

l,'<7 

i,:;i 

1  ,;io 

Bromure  de  potassium  (KBr)  .    . 

1,22 

1 , 1  :t 

1,17 

1,19 

Bromure  de  sodium  (NaBr).   .    . 

i.oi; 

0.9S 

1.02 

1,03 

Chlorure  île  magnésium  (MgCIj. 

Za>1 

1  ,;is 

1,87 

l,.-i7 

1,7:; 

i,:;!.-; 

1.81 

1  ,;i22 

1,83 

Chlorure  de  baiyum  i^BaClj.Zao). 

Ces  données  établies  pour  le  sang  de  bœuf,  on  les  trouva  éfjalement  exactes  pour  le 
sang  d'homme,  de  cheval,  d'oiseau,  de  poisson  et  de  grenouille.  Toutefois  les  chiffres 
absolus  dillV-raient.  Ou  trouva,  par  exemple,  dans  une  série  d'expériences  relatives  au 
poulet,  on  moyenne  un  commencement  dr  dégagement  de  substance  colorante  dans  une 
solution  de  NaCl  de  0.V6  p.  100  et  pour  la  grenouille  dans  une  solution  de  NaCI  de 
0.21  p.  100.  Nous  disons  «  en  moyenne  »  ;  car,  pour  une  même  espèce  animale,  la  con- 
centration à  laquelle  les  globules  rouges  commencent  à  dégager  de  la  matière  colo- 
rante n'est  pas  toujours  identique.  Néanmoins  les  écarts  d'un  individu  à  un  autre  ne 
sont  pas  très  grands. 

Avant  de  finir  ce  paragraphe,  qu'il  soit  permis  de  faire  deux  remarques. 
D'abord  nous  voulona  faire  ressortir  L' importance  de  ce  fait,  que  les  poids  moléculaires, 
dont  la  conception  repose  tout  entière  sur  des  hi/pothèses  d'ordre  chimique  et  plu/sique,  se 
laissent  déterminer  par  deux  méthodes  bioloqiques  différentes.  C'est  lu  une  des  meilleures 
preuves  que  nous  marchons  dans  la  bonne  voie. 

l,a  deuxième  remarque  se  rapporte  à  une  application  de  «  l'échelle  chromatique  », 
pour  l'évaluation  de  la.  résistance  des  globules  rouges  en  divers  états  physiologiques  et 
pathologiques. 

Tous  les  agents  capables  de  détruire  les  globules  rouges  peuvent  être  utilisés  pour 
mesurer  leur  résistance.  On  n'a  en  eflet  qu'à  établir,  pour  les  divers  cas,  à  quel  degré 
un  agent  peut  être  appliqué  sans  qu'il  fasse  perdre  aux  corpuscules  leur  matière 
colorante  :  on  évalue  ainsi  la  résistance  de  ces  derniers.  Beaucoup  d'agents  ont  été 
essayés  (congélation,  pression,  décharges  électriques,  etc.),  mais  aucun  de  ces  agents 
n'a  trouvé  jusqu'ici  une  application  aussi  fréquente  que  les  solutions  salines  diluées. 
Kn  ell'et,  non  seulement  il  résulte  de  l'expérimentation  que  les  globules  sanguins 
se  montrent  très  sensibles  vis-à-vis  de  ces  solutions,  mais  on  sait  (jue  les  dill'é- 
rences  déconcentration  de  solutions  salines  jouent  un  rtMe  impurlant  dans  l'organisme 
animal. 

Le  premier  ([ui  ait  signalé  l'usage  des  solutions  salines  diluées  est  Juha.nn  Dunc.mv 
(1867).  Cet  auteur  observa  que  dans  la  chlorose  les  globules  sanguins  perdent  de  la 
matière  colorante  dans  une  solution  saline  où  les  corpuscules  du  sang  de  l'homme 
normal  la  gardent  encore.  Mais  c'est  à  M.\i,.\ssi:z  qu'on  doit  des  recherches  systéma- 
tir[ues  dans  cette  voie.  En  1872.  cherclianL  avec  Potai.n  à  trouver  un  bon  liquide  de 
dilution  pour  la  numération  des  globules  rouges,  il  remarqua  qu'il  existe  des  diffé- 
rences entre  la  rapidité  avec  laquelle  les  globules  d'origine  diverse,  provenant  par 
exemple  de  l'homme  normal  et  de  l'homme  malade,  se  détruisent  dans  une  seule  et 
même  solution  diluée.  Plus  la  destruction  des  globules  sanguins  est  rapide,  plus  on 
peut  considérer  leur  résistance  comme  faible.  F.,a  méthode  consistait  à  faire  des  numé- 
rations successives  et  à  intervalles  de  temps  déterminés  d'un  mélange  de  sang  et  de 
solution  saline  tiès  diluée  et  à  titre  constant.  I.,a  sérit;  des  chiffres  obtenus  par  les  numé- 
rations successives  permet  d'établir  un  tracé,  qui,  en  donnant  la  courbe  de  destruction 


hier.    UE    l'IlYSlULOGlE,   — 


706 


ISOTONIE. 


des  globules,  indique  leur  résistance."  Après  Malassez,  ce  fut  Chanel,  qui,  travaillant 
sous  la  direction  de  Lépine,  en  1880,  pratiqua  des  évaluations  de  résistance,  également 
par  le  procédé  de  numération,  mais  exécutées  d'une  autre  manière. 

Les  deux  méthodes  ont  peu  attiré  l'attention  du  public  médical  jusqu'en  1895;  on 
les  trouve  rarement  citées,  même  dans  la  littérature  française,  et  tout  aussi  rarement 
appliquées.  Nous  ne  pouvons  guère  citer  ici  que  les  noms  de  Havem  et  de  Renaut 

Sous  ce  rapport,  la  méthode  de  Landois  n'a  pas  joui  d'une  vogue  plus  grande.  Cet 
auteur  a  proposé  de  diluer  une  petite  quantité  de  sang  avec  une  solution  de  'chlorure 
de  sodium  à  0.3  p.  100  et  d'examiner  au  microscope  combien  d'eau  il  faut  ajouter  pour 
obtenir  la  destruction  de  toutes  les  hématies. 

Un  accueil  plus  favorable  fut  réservée  notre  méthode  de  Ic-chelle  chromatique,  que 
^^^^^^^  nous  avions  employée  avec  succès  depuis  1883  pour  étudier  les  lois  de 
^^^^^^P  l'isotonie  dans  l'organisme  animal,  et  qui  plus  tard  fut  utilisée  par  Vo.\ 
3  P       l.iMiJKCK  d'abord   (1890),  puis  par  une  série  d'autres  observateurs,  pour 

évaluer  la  résistance  des  globules  rouges  du  sang  de  l'homme  malade. 
Elle  consiste  à  chercher  la  solution  saline  la  plus  diluée,  dans  laquelle 
tous  les  globules  sanguins,  même  les  plus  vulnérables,  conservent 
encore  leur  matière  colorante. 

On  a  fait  une  série  d'évaluations  d'après  ladite  méthode,  grâce 
à  l'exécution  facile  du  procédé,  grâce  à  l'exactitud»;  avec  laquelle  on 
peut  établir  des  différences  minimes,  et  surtout  grâce  aux  faits  remar- 
(jual)les  que  la  méthode  dite  des  globules  rouges  a  mis  au  jour  relati- 
vement à  la  grande  imiiortance  de  la  pression  osmotique  dans  l'or- 
ganisme animal. 

Nous  ne  discuterons  pas  les  résultats  obtenus  par  ce  procédé,  ni 
leur  valeur  pour  la  clinique;  nous  ne  donnerons  pas  non  plus  une 
analyse  des  facteurs  qui  jouent  un  rôle  dans  la  soi-disant  résistance 
des  hématies  vis-à-vis  des  solutions  salines;  ce  n'est  pas  ici  le  lieu. 
(Ju'il  nous  soit  permis  de  renvoyer  pour  cela  à  notre  article  dans  le 
joninal  de  Phytiiolugic  normale  et  palholiKjique,  1900,  p.  889.  Seulement 
nous  voulons  attirer  l'attention  sur  quelques  améliorations  d'ordre 
technique,  surtout  parce  que  la  méthode  s'emploie  encore  pour  plu- 
sieurs autres  raisons  qui  se  rattachent  plus  étroitement  à  notre  sujet. 
Nous  employons,  maintenant,  à  la  place  des  tubes  à  réaction,  des 
tubes  en  entoinioir  dont  le  goulet  capillaire  est  fermé  en  bas  et  exac- 
tement calibré  en  lUO  parties  volumétriques  égales.  La  partie  ca'ibrée 
a  environ  une  longueur  de  48  millimètres  et  a  un  contenu  exact  de  0,04 
centimètres  cubes.  La  partie  en  entonnoir  a  à  sa  partie  supérieure  un 
diamètre  de  10  millimètres  et  un  contenu  de  -!-  3  centinu'tres  cubes. 
Elle  peut  être  fermée  iiu  moyen  d'un  couvercle  en  ébonite,  muni  d'un 
anneau  de  caoutchouc.  Ce  couvercle  permet  d'agiter  et  de  mélanger  intimement  le 
liquide  avec  le  sang.  De  cette  façon  on  empêche  l'évaporation,  de  sorte  que  la  solution 
saline  garde  sa  concentration  (190."j).  La  longueur  totale  du  tube  (y  compris  la  partie  en 
entonnoir)  est  de  -f-  93  milliuiètres  (lig.  118). 

Tous  les  tubes  possèdent  les  mêmes  dimensions  ;  seulement  les  longueurs  de  la 
partie  calibrée  montrent  une  petite  différence  entie  elles.  En  exigeant  que  le  contenu 
volumétrique  du  goulet  gradué  soit  toujours  exactement  de  0,04  centimètres  cubes,  une 
raison  d'ordre  technique  oblige  de  permettre  une  petite  marge  dans  la  longueur.  On 
met  dans  la  partie  évasée  en  entonnoir  0,06  centimètres  cubes  de  sang,  qu'on  mesure  au 
moyen  d'une  pipette  capillaire  graduée,  puis  on  ajoute  2  centimètres  d'une  solution  de 
NaCl,  dont  la  concentration  diminue  progressivement.  Après  avoir  fermé  le  tube  par  le 
petit  couvercle  en  ébonite,  mélangé  intimement  le  sang  avec  la  solution  saline,  et 
abandonné  les  tubes  à  eux-mêmes  durant  une  demi-heure,  on  les  centrifuge.  De'jà  au 
bout  de  cinq  minutes,  même  en  cas  de  faible  rapidité  du  centrifugeur  (  i  000  tours  par 
minute),  les  globules  ont  été  déposés  et  les  parties  en  entonnoir  ne  renferment  qu'un 
liquide  transparent,  dépourvu  de  globules.  Si  l'on  place  ces  tubes  dans  une  étagère 
contre  un  fond  blanc  et  qu'on  les  regarde  à  la  lumière  incidente,  on  peut  exactement 


VC7 

FiG.   118. 

Hémaiiniètro. 


ISOTONIE. 


707 


observer  dans  quel  tube  commence  l;i  sortie  de  matière  colorante,  et  dans  quel  tube 
cette  sortie  ne  s'est  pas  encore  opérée. 

On  peut  réunir  dans  une  caissette  tous  les  ustensiles  nécessaires  à  cet  effet;  elle 
renferme  douze  tubes  en  entonnoir,  deux  pipettes  capillaires,  une  étagère  avec  fond 
blanc  pour  les  tubes  capillaires  et  un  dispositif  qu'on  peut  mettre  en  avant,  et  qui 
permet  d'y  déposer  de  petits  tubes  à  réaction.  La  ligure  3  montre  cette  seconde  éta- 
gère disposée  pour  l'expérience.  On  y  voit  filtrer  du  sang  défibrine',  opération  ayant 
pour  but  d'écarter  la  fibrine.  Après  qu'on  s'en  est  servi,  on  peut  rabattre  l'étagère. 
Dans  un  petit  tiroir,  il  y  a  de  la  place  pour  les  difîérents  ustensiles. 

La  figure  119  a  montre  la  caissette  fermée;  et  la  figure  11!)  h,  ouverte. 

La  manière  d  expérimenter,  que  nous  venons  de  décrire,  jjrésenle  plusieurs  avantages  : 

["  Elle  exige  peu  de  temps;  en  eOet,  on  n'a  pas  à  attendre,  comme  lorsqu'on  se  sert 
des  tubes  à  réaction  ordinaires,  que  les  globules  saijguins  soient  descendus  spontané- 


FiG.  119.  —  Disposiiif  pour  la  mesure  de  l'isotouie. 

ment  de  +  1  centimètre,  ce  qui  prend  en  général  environ  2  beures,  mais  on  peut 
activer  considérablement  le  dépôt  par  l'appareil  centrifuge; 

2°  La  quantité  de  sang  est  minime,  et  on  peut  la  restreindre  encore  en  enlevant  le 
li(iuide  incolore  de  la  partie  évasée  et  en  remplaçant  celui-ci  par  une  solution  plus 
faible  jusqu'à  ce  qu'une  teinte  rougeâtre  devienne  apparente  ; 

3°  On  peut  toujours  employer  un  ou  plusieurs  des  tubes  pour  la  détermination 
d'autres  valeurs  (voir  ci-dessous). 

4°  —  Et  ce  point  présente  une  importance  capitale  —  si  tous  les  expérimentateurs 
veulent  employer  des  tubes  ayant  la  forme  et  les  dimensions  décrites  et  prendre  les 
mêmes  volumes  de  solution  saline  et  de  sang  que  ceux  que  nous  venons  d'établir,  on 
obtiendra  des  résultats  qui  pourront  être  comparés  mieux  qu'on  n'a  pu  le  faire  jus- 
qu'ici. En  effet,  si  l'on  emploie  toujours  les  mêmes  tubes,  l'épaisseur  de  la  couche 
liquide  sera  toujours  la  même;  ce  qui  est  un  facteur  très  important  dans  la  détermina- 
tion de  la  sortie  de  matière  colorante.  Et  quant  au  rapport  entre  le  volume  du  sang  et 
celui  de  la  solution  saline,  il  est  facile  de  comprendre  qu'une  teinte  rouge  deviendra 
d'autant  plus  apparente,  qu'il  existe  un  plus  grand  nombre  de  corpuscules  de  la  résis- 
tance mininmra,  c'est-à-dire  plus  de  sang  dans  le  mélange.  La  proportion  de  sang  n'est 
donc  pas  mdifférente  pour  la  fixation  de  la  limite.  La  dilution  proposée  est  de  0,05  ce. 
de  sang  sur  2  centimètres  cubes  de  solution  saline,  c'est-à-dire  de  i  sur  40.  L'expé- 
rience a  prouvé  que  cette  dilution  n'est  ni  trop  faible,  ni  trop  forte.  C'est  à  cette  dilu- 
tion (^u'on  a  fait  adapter  les  dimensions  des  tubes  (1900). 


IM—  LES  RÈGLES  DE  L' ISOTONIE  EXPLIQUEES  PAR  LA  THÉORIE  DE 
LA  PRESSION  OSMOTIQUE  VAN'T  HOFF)  ET  DE  LA  DISSOCIATION 
ÉLECTROLYTIQUE      ARRHENIUSi. 

On  se  rappelle  que  les  recherches  sur  la  plasmolyse  (1882)  avaient  amené  à  cette 
conclusion  que  3  molécules   de    sucre  de  canne  ont  la  même  attraction  pour  l'eau 


10^  ISOTONIÉ. 

que  2  molécules  de  Na(^,l  (à  proprement  parler  dk  Vhies  ne  trouvait  pas  le  chiflYe  i, 
mais  1,88;  cependant  il  choisit  le  chiffre  2  pour  avoir  un  chiffre  arrondi).  Mais  pour 
quelle  raison  une  molécule  de  NaCI  ]>ossédait  une  plus  i,'rande  force  attractive  sur  l'eau 
qu'une  molécule  de  sucre  de  canne,  voilà  ce  qui  restait  une  énigme.  Il  fut  réservé  aux 
théories  de  Van  t'Hokf-Aurhe.mus  (1887)  de  la  résoudre. 

D'après  Van  t'Hofi'  toutes  les  molécules,  de  quelque  nature  qu'elles  soient,  ont  la 
même  force  attractive  sur  l'eau. 

Mais  on  remarquera  immédiatement  que  cela  ne  concorde  pas  avec  la  réalité;  car  je 
viens  de  dire  que  3  molécules  de  sucre  de  canne  correspondent  à  2  molécules  de 
.\aCl.  En  effet  cette  théorie  de  Van  t'Uoi  f  avait  besoin  d'une  extension,  et  cette  exten- 
sion, nous  la  devons  à  Aurhe.mus. 

D'après  ce  savant  suédois,  dans  chaque  solution  sainte  aqueuse  le  sol  est  entière- 
ment ou  partiellement  dissocié  en  ions.  Ainsi  dans  une  solution  de  chlorure  de  sodium, 
le  NaCI  est  dissocié  en  Na  et  CI';  dans  une  solution  de  sulfate  de  potasse,  K2S0i  est 
dissocié  en  2  K-  et  SO;".  Plus  la  solution  est  diluée,  plus  le  pourcentage  des  molécules 
dissociées  sera  grand. 

Or,  Van  t'IIofi  prouva  qu'un  ion  exerce  la  même  force  attractive  sur  l'eau  qu'une 
molécule  de  sel  non  dissocié,  de  sorte  i|ue  la  dilution  d'une  solution  saline  renforce 
relativement  sa  puissance  hydrophile. 

Dans  les  solutions  de  ?<aCl  employées  par  de  Vriks  et  par  moi,  une  partie  des  molé- 
cules de  NaCI  était  dissociée  en  Na-  et  Cl'.  Par  conséquent  le  nombre  des  particules 
hydrophiles  avait  augmenté,  et  augmenté  à  un  tel  degré  que  1,88  molécules  de  NaCI 
donnaient  naissance  à  3  particules  (molécules  non  dissociées  -f  ions)  que  nous  avons 
proposé  de  nommer  ensemble  :  moUons.  D'après  la  théorie  d'ARRUKML's  les  substances 
qui  ne  conduisent  pas  le  courant  électrique,  ne  se  dissocient  pas  en  se  trouvant  en 
solution  aqueuse.  A  cette  catégorie  de  substances  appartiennent  les  sucres.  En  dissol- 
vant donc  3  molécules  de  sucre  de  canne,  il  ne  se  produira  aucune  augmentation  de 
particules.  Ainsi  on  pourra  comprendre  que  1,88  molécules  de  NaCI  peuvent  repré- 
senter la  même  force  attractive  pour  l'eau  que  3  molécules  de  saccharose  :  une  partie 
du  NaCI  subissant  une  dissociation  électrolylique  en  Na*  et  Cl',  le  saccharose  ne  se 
dissocie  pas. 

Mais,  dira-t-on,  comment  savoir  que  dans  le  cas  présent  1,88  molécules  de  NaCI 
se  sont  changées  en  3  molions,  ou,  autrement  dit,  que  1  molécule  de  NaCI  s'est  chan- 
gée en  1,6  molions?  La  réponse  est  que  les  méthodes  purement  physico-chimiques  l'ont 
démontré. 

Relevons  d'abord  la  méthode  de  la  conductibilité  électrique. 

D'après  la  conception  d'AïuiuENius,  aucune  substance  non  dissociée  ne  conduit  le 
courant  électrique.  Ce  sont  exclusivement  les  ions,  qui  possèdent  cette  propriété.  Donc, 
une  solution  de  sucre  de  canne  ne  conduit  pas  le  courant  électrique,  une  solution  de 
NaCI  par  contre  le  conduit,  non  au  moyen  des  molécules  de  NaCI,  mais  grâce  à  ses  ions 
libres,  Na-  et  Cl'.  Par  conséquent  la  valeur  de  la  conductibilité  sera  une  mesure  pour 
la  concentration  des  ions  libres,  c'est-à-dire,  pour  la  dissociation  électx'olytique.  Ce 
n'est  pas  la  place  ici  de  décrire  la  technique  de  la  méthode.  Relevons  seulement  qu'on 
emploie  celle  de  Kohlrausch,  méthode  simple  et  très  exacte  (Voir,  pour  la  description, 
avec  exemples;  11ambur(;er,  Osmotiscker  Driick  und  Jonenlehrc,  1,  1902). 

En  pratiquant  cette  méthode,  on  a  trouvé,  en  effet,  que  dans  la  solution  de  NaCI, 
employée  par  de  Vries,  une  partie  des  molécules  de  NaCI  se  dissocie  à  un  degré  tel  que 
de  n  molécules  prennent  naissance  1,0  n  molions.  On  remarque  donc  que  la  dissocia- 
tion est  partielle.  Car,  si  toutes  les  n  molécules  de  NaCI  s'étaient  dissociées,  on  aurait 
obtenu  2  n  particules.  Une  telle  dissociation  ne  se  produit  que  quand  la  solution  est 
extrêmement  diluée. 

Une  confirmation  toute  semblable  et  aussi  très  nette  a  été  apportée  par  une  autre 
méthode  physico-chimique,  savoir  celle  de  l'abaissement  du  point  de  congélation.  C'est 
un  fait  depuis  longtemps  connu  que  la  température  de  congélation  d'une  solution 
aqueuse  est  plus  basse  que  celle  de  l'eau.  La  substance  dissoute  exerce  une  influence 
inhibitrice  sur  la  congélation  de  l'eau  :  comme  on  sait,  dans  une  solution  aqueuse,  géné- 
ralement ce  n*est  que  l'eau  qui  gèle;  néanmoins  on  parle  du  point  de  congélation  «  de 


ISOTONIE.  70!» 

la  solution  <>.  La  cause  de  cettt!  iiillueiice  doit  se  trouver  dans  co  l'ait  quo  les  particules 
salines,  grâce  ù  l'allraetion  (iii'ellra  exercent  sur  les  particules  (ïeau,  ont  pour  rùle  d'cm- 
pêclier  les  dernières  de  se  juxlapuser  et  par  conséiiuetil  de  revêtir  l'état  solide. 

D'après  la  conception  de  Van  i  IIoi'k,  toutes  les  molécules  non  di^sociées  et  tous  les 
ions,  de  n'importe  quelle  nature,  possèdent  une  force  attractive  pour  l'eau  parfaite- 
ment égale;  par  conséquent  leur  force  inhibitrice  sur  la  congélation  ne  difîérera  pas 
non  plus.  Plus  grand  est  donc  le  nombre  des  molions  dissous,  plus  difficile  sera  la  ron- 
fjélation  et  plus  la  tt»mpéral\ire  doit  être  basse  |)our  amener  cette  dernière. 

Il  en  résulte  que  la  détermination  de  l'abaissement  du  point  de  congélation  doit 
oll'rir  un  moyen  simple  pour  évaluer  la  quantité  des  molions  dans  un  certain  volume 
d'une  solution. 

lin  pratiquant  cette  méthode,  on  trouve  en  eflet  que  pour  préparer  la  solution  saline 
d'un  ordre  de  concentration  que  dk  Vuies  a  employé,  on  n'a  qu'à  dissoudre  n  molé- 
cules do  NaCl  pour  obtenir  un  liquide  qui  contient  1,0  n  molions;  ce  liquide  amène  le 
même  abaissement  du  point  de  congélation  qu'une  solution  de  saccharose,  contenant 
dnns  le  même  volume  1,0  n  molécules  de  celte  substance. 

On  voit  que  les  coefticients  isotoniques  se  laissent  interpréter  d'une  façon  toute 
naturelle  par  la  théorie  de  V.w'r  Hokf-Aukhenius. 

C'était  un  hasard  heureux  que  les  concentrations  nécessaires  pour  les  corpuscules 
rouges  des  animaux  au  sang  chaud,  fussent  du  même  ordre  que  celles  employe'es 
pour  la  plasmolyse  des  cellules  végétales.  Sans  cela  on  n'aurait  pas  retrouvé  les  coef- 
ficients isotoniques  chez  les  hématies  avec  une  exactitude  si  frappante.  Car  en  admet- 
tant qu'ils  se  basent  sur  la  dissociation  éleclrolytique  et  qu'ils  en  sont  même  l'expres- 
sion, nous  comprendrons  qu'ils  ne  peuvent  représenter  des  valeurs  fixes,  comme  i»f.  V'iues 
se  le  figurait;  ils  varient  avec  la  concentration. 

Mais,  lorsque  dk  Vkies  publia  ses  recherches  sur  la  plasmolyse  (1882)  et  1Ia.\ibuiu;rr 
les  siennes  sur  l'échelle  chromatique  des  corpuscules  rouges  (1883),  la  théorie  de  Van't 
Hoff-Arrhknius  n'avait  pas  encore  été  énoncée.  Celle-ci  date  de  1887. 

Toutefois,  on  lit  quelquefois  que  les  recherches  mentionnées  de  de  Vries  et  de  Hamhlh- 
GKu  sont  un  fruit  de  la  dite  théorie.  Il  n'en  est  pas  ainsi.  Il  serait  plutôt  vrai  de  dire 
que  ces  recherches  ont  contribué  beaucoup  à  sa  fondation. 

On  peut  ajouter  qu'avant  1892  on  cherchera  eu  vain  l'exposé  de  cette  théorie  dans  la 
littérature  médicale;  en  effet,  on  verra  qu'entre  1883  et  1892,  une  quantité  considé- 
rable d'études  physico-chimiques  sur  le  sang,  la  lymphe,  la  résorption  ont  été  faites 
sans  son  secours.  Cependant,  personne  ne  voudra  prétendre  que  la  théorie  de  Van't 
Hoi-k-Arrhenius  n'ait  pas  été  de  haute  importance  pour  les  sciences  médicales;  non 
seulement  elle  a  beaucoup  contribué  à  intéresser  le  monde  médical  à  la  chimie  phy- 
sique, mais  aussi  ell(;-mème  a  rendu  des  services  d'une  grande  portée,  et  assurément 
elle  en  rendra  encore  bien  d'autres. 

Avant  de  finir  ce  paragraphe,  il  nous  reste  encore  à  nous  justifier  de  nous  être 
étendu  sur  les  coefficients  isotoniques,  quoiqu'ils  aient  été  résolus  dans  la  théorie  de 
Van't  Hoki-Arrhenius.  D'abord  ils  gardent  un  intérêt  historique  et  encore  un  intérêt 
purement  expérimental;  puis  ils  offrent  un  moyen  simple  de  calculer  la  concentration 
d'une  solution  isoionique  avec  une  solution  connue  d'une  autre  substance.  Il  est  vrai 
que  le  calcul  ne  garantit  pas  des  résultats  très  exacts;  mais,  d'autre  part,  il  est  très 
simple  et  on  peut  l'exécuter  sans  disposer  de  tableaux,  comme  pour  le  calcul  au  moyen 
de  l'abaissement  du  point  de  congélation  ou  au  moyen  de  la  conductibilité  électrique. 
D'ailleurs  ces  tableaux  sont  encore  loin  d'être  complets,  et  même  il  y  a  des  substances 
sur  lesquelles  il  n'existe  pas  de  données  du  tout.  Nous  faisons  usage  des  coefficients 
isotoniques  encore  très  souvent. 

Peut-être  est-il  utile  d'en  donner  un  exemple.  Soit  la  question  :  quelle  est  la 
concentration  d'une  solution  de  Na.jSO;  isotonique  avec  une  solution  de  KNOs  de 
l,ip.  100? 

Le  poids  moléculaire  de  KNO3  est  de  101  ;  celui  de  Na^SO^  de  142.  Or,  si  une  molé- 
cule de  KNOj  était  isotonique  avec  une  molécule  de  .NaiSOt,  une  solution  de  KNO;-, 

142 
1,4  p.  100,  correspondrait  à  une  solution  dr  .Na^SO;  de  -—  X  1,4  p.  100  —  l.'.iT  p.  100. 


71(1 


ISOTONIE. 


Cependant  le  Na^SOt  possède  le  coefficient  isotonique  4  et  KNO3  le  coefficient  3.  Par 
conséquent,  la  solution  de  Na-iSOt  isotonique  avec  une  solution  de  KNO3  de  1,4  p.  100 
est  de  1,97  x  .3/4=  1,48  p.  100. 

Comme  nous  avons  dit,  la  méthode  ne  réclame  pas  une  grande  exactitude,  mais 
pour  bien  des  cas  elle  suffit. 

Ajoutons  enfin  un  petit  tableau  des  coefficients  isotoniques  : 

Pour  les  composés  organiques  sans  métal  (p.  ex.  saccharose),  2. 

Pour  les  sels  alcalins  monoatomiques  (p.  ex.  NaCl),  3. 

Pour  les  sels  alcalins  biatomiques  (p.  ex.  K2S0i),  4. 

Pour  les  sels  alcalins  triatoraiques  (p.  ex.  Na^BoOi),  ÎJ. 

Pour  les  sels  alcalins-terreux  monoacides  (p.  ex.  MgCli),  4. 

Pour  les  sels  alcalins-terreux  biacides  (p.  ex.  MgSOv),  2. 

Pour  mieux  retenir  ces  chiflres,  ou  n'a  qu'à  se  rappeler  que  le  coefficient  isotonique 
d'un  sel  est  égal  à  la  somme  des  coefficients  partiels  des  parties  constituantes. 

Les  coefficients  partiels  sont  : 

Pour  chaque  radical  acide,  2. 

Pour  chaque  atome  d'un  métal  alcalin,  1. 

Pour  chaque  atome  d'un  métal  alcalino-torreux,  2. 

La  règle  s'applique  aussi  aux  sels  acides. 

Ainsi  on  calcule  pour  l'oxalate  acide  de  potasse  1  +  2  =  3. 

Mais  jusqu'ici  nous  n'avons  pas  encore  parlé  de  ce  qu'on  entend  par  le  terme  de 
pression  oamotique. 

Soit  un  vase  cylindrique  renfermant  une  solution  de  sucre  de  canne  de  1  p.  100. 
Au-dessus  du  liquide  est  disposé  un  piston,  consistant  en  une  membrane  semi-per- 
méable, c'est-à-dire  en  une  membrane 
qui  laisse  passer  l'eau,  et  non  pas  b;  sucre. 
Au-dessus  de  ce  piston  membraneux,  ver- 
sons de  l'eau  distillée. 
Qu'arrivera-t-il? 

D'après  la  conception  de  Van't  Hoff,  il 
existe  une  analogie  parfaite  entre  les 
corps  dissous  et  les  corps  gazeux.  C'est  un 
fait  connu  que  les  molécules  gazeuses  ont 
une  grande  tendance  à  s'écarter  les  unes 
des  autres.  Qu'on  s'imagine  un  moment 
qu'au  lieu  d'une  solution  de  sucre  il  se 
trouve  en  A  un  gaz.  Par  la  tendance  des 
molécules  gazeuses  à  s'écarter  les  unes 
des  autres,  elles  exercent  une  pression 
contre  les  parois  et  aussi  contre  le  piston. 
Le  piston  s'élèvera  avec  une  force  qui  peut 
être  évaluée  en  plaçant  des  poids  sur  C. 
D'après  la  loi  d'AvoGADRo,  la  pression  du  gaz  sur  le  piston  dépendra  seulement  de  la 
quantité  de  molécules  gazeuses  dans  l'unité  de  volume;  elle  est  absolument  indépen- 
dante de  la  nature  du  gaz. 

D'après  Vax't  Hoff,  les  particules  dissoutes  ont  également  tendance  à  s'écarter 
les  unes  des  autres  et  dans  le  cas  présent  elles  exerceront  également  une  pression 
contre  les  parois  et  contre  le  piston  qui  s'élèvera.  Cette  élévation  est  due  au  fait  que 
des  molécules  aqueuses  traversent  le  piston  semi-perméable  de  B  vers  A;  par 
contre,  la  membrane  semi-perméable  du  piston  oppose  une  barrière  infranchissable  au 
sucre. 

Or  Van't  Hoff  a  appelé  la  pression  qu'exercent  les  particules  dissoutes,  la  pression 
osmotique. 

Tout  comme  pour  les  gaz,  la  valeur  de  cette  pression  est  exactement  proportion- 
nelle au  nombre  des  molécules  dans  un  volume  donné  et  est  indépendante  de  leur 
nature. 


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FiG.  120.  —  Théorio  de  la  pression  osmotique. 


ISOTONIE.  714 

D'après  celte  loi,  un  rertain  nombre  de  moldcules  de  NaCl,  dissoutes  dans  un  litre 
d'eau,  devrait  exercer  la  même  pression  osniotique  que  l<^  mt^ine  nombre  de  nioi^'culesde 
sucre  dans  un  litre  d'eau. 

L'expérience  apprend  cependant  qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  En  ell'et,  la  pression  osmo- 
tique  de  la  solution  de  XaCl  se  montre  plus  élevi'e  que  cette  loi  ne  le  fait  supposer. 
Ce  grand  désaccord  disparut  par  la  théorie  d'AnniiKNius,  d'après  laquelle  la  solution 
aqueuse  de  NaCl  est  totalement  ou  partiellement  dissociée  en  ions. 

Et  Van't  Hoff  parvint  à  établir  que  dans  la  pression  osmotique  la  part  de  chaque 
ion  est  exactement  équivalente  à  celle  d'une  molécule  non  dissociée. 

Jusqu'ici  nous  avons  attribué  la  turgescence  do  la  cellule  végétale  o\i  animale  dans 
l'eau  à  l'attraction  qu'exerce  le  contenu  de  la  cellule  sur  l'eau.  En  appliquant  cette 
interprétation  à  notre  expérience  ci-dessus,  nous  dirons:  le  sucre  de  canne  a  attiré 
l'eau  de  B  ;  donc  le  volume  de  A  a  augmenté. 

Mais  la  théorie  de  Van'ï  Hoi'K  envisage  ce  processus  d'une  autre  manière  :  la  pres- 
sion des  molécules  de  sucre  contre  le  piston  semi-perméable  élève  celui-ci.  Pour  com- 
penser le  vide  ainsi  produit,  des  molécules  aqueuses  de  R  doivent  traverser  la  mem- 
brane semi-perméable  et  se  rendre  en  A. 

De  même  la  pression  des  particules  {molécules  +  ions)  contre  la  couche  externe  du 
protoplasme  fait  gonfler  la  cellule. 

Néanmoins  on  emploie  encore  souvent,  au  lieu  de  l'expression  pression  oamotique, 
l'expression  fautive  :  force  attractive  sur  l'eau  ou  force  hydrophile,  probablement  parce 
qu'ainsi  la  représentation  des  phénomènes  semble  plus  commode.  Du  reste,  l'ancienne 
dénomination  ne  comporte  pas  de  difficultés,  et  la  mesure  de  la  force  qui  fait  gonfler  la 
cellule  est  tout  à  fait  la  mènif^  dans  les  deux  cas. 


IV.  -  FACULTE  DES  HÉMATIES  DE  SUPPORTER  BEAUCOUP  D'EAU; 
IMPORTANCE  DE  CETTE  FACULTÉ  POUR  LA  VIE.  LA  SOLUTION 
SALINE    «    PHYSIOLOGIQUE    -. 

Nous  venons  de  constater  que  pour  chaque  sel  il  existe  une  solution  limite,  dans 
laquelle  les  globules  rouges  ne  perdent  pas  leur  matière  colorante.  On  pourrait  croire 
qu'ils  s'y  maintiennent  tout  à  fait  à  l'état  normal. 

Un  examen  approfondi  montre  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  :  les  globules  s'y  gonflent, 
mais  non  pas  au  point  de  permettre  à  l'hémoglobine  de  sortir. 

L'examen  microscopique  des  hématies  de  la  grenouille  a  été  le  point  de  départ  de 
la  démonstration  de  ce  fait  important.  En  les  examinant  dans  les  solutions  de  NaCl  de 
dilférentes  concentrations,  on  ne  les  trouva  inaltérées  que  dans  une  solution  àO,6  p.  100; 
dans  les  solutions  plus  fortes  ou  plus  faibles,  elles  subirent  des  altérations.  Mais  la 
solution-limite,  dans  laquelle  elles  commencèrent  à  perdre  de  la  matière  colorante,  est 
une  solution  de  NaCl  à  0,21  p.  100,  tandis  que  dans  une  solution  à  0,22  p.  100,  les  cor- 
puscules gardèrent  leur  hémoglobine.  Alors  nous  avons  énoncé  l'hypothèse  que  la 
solution  de  NaCl  à  0,0  p.  100  doit  être  isotonique  avec  le  sérum. 

Si  cette  déduction  fut  exacte,  on  jtouvait  donc  supposer  que  le  sérum  de  grenouille 
devait  être  étendu  de  la  même  quantité  d'eau  que  la  solution  de  NaCl  de  0,0  p.  100 
pour  produire  le  dégagement  de  la  matière  colorante  des  globules  rouges.  Car,  pour 
obtenir  la  solution  de  NaCl  0,21  p.  100,  il  faut  étendre  une  solution  de  0,0  p.  100  avec 
environ  200  p.  100  d'eau. 

En  effet,  lorsqu'on  étend  \e  scruin  de  grenouille  avec  cette  quantité  d'eau  (200  p.  100) 
on  obtient  un  liquide  qui  possède  également  le  pouvoir  de  produire  un  commencement 
de  perte  de  matière  colorante. 

Ce  fait  comporte  une  triple  signification  : 

i"  D'abord  il  conduit  à  cette  conclusion  remarquable  qu'o/t  peut  étendre  le  sérum 
avec  beaucoup  d'eau,  avant  quil  ne  se  dégaije  de  la  matière  colorante.  Et  cela  n'est  pas 
seulement  le  cas  pour  le  sang  de  grenouille,  mais  aussi  pour  le  sang  de  l'homme,  de 
cheval,  de  bœuf,  d'oiseau,  de  poisson,  etc.  On  peut,  par  exemple,  diluer  le  sang  de 
l'homme   et  du  bœuf  de  00  p.  100  à  90  p.  100,  le  sérum  d'oiseau   de  130  p.  100  à 


712  ISOTONIE. 

200  p.  100,  le  sérum  de  poisson  de  100  à  145  p.  100  d'eau,  avant  qu'ils  ne  soient  capables 
d'enlever  à  leurs  propres  globules  sanguins  un  peu  de  substance  colorante. 

On  ne  peut  dénier  à  ce  fait  une  importance  capitale,  quand  on  songe  que,  dans  la 
vie  normale,  la  teneur  en  eau  du  liquide  sanguin  est  soumise  à  des  variations  très 
marquées,  survenant  souvent  d'une  façon  brusque.  On  n'a  qu'à  se  rappeler  les  amples 
masses  d'eau  qui  se  mélangent  à  la  masse  sanguine.  Or,  si  une  dilution  aqueuse  relati- 
vement excessive  du  plasma  devait  provoquer  la  sortie  d'bémoglobine,  c'en  serait  vite 
fait  de  la  vie  bumaine,  car  autant  l'hémoglobine  est  utile  et  nécessaire  à  l'existence 
pendant  quelle  est  renfermée  dans  les  globules,  autant  elle  est  nuisible  et  dangereuse 
dès  qu'elle  se  trouve  à  l'état  libre  dans  le  plasma  sanguin.  Les  reins  s'altèrent; 
il  se  produit  de  l'ictère  de  par  le  fait  que  l'hémoglobine  libérée  exagère  la  sécrétion 
biliaire  du  foie  et  qu'il  s'opère  une  résorption  de  bile.  Les  globules  dépourvus  de  leur 
hémoglobine  adhèrent  en  masse  les  uns  aux  autres,  et  amènent  l'obstruction  des  capil- 
laires avec  toutes  ses  conséquences. 

2"  Les  observations  mentionnées  nous  ont  conduit  à  Vélaboralion  d'une  méthode  d'évalua- 
tion de  la  puissance  attractive  du  sérum  et  dautres  liquides  organiques  et  inorganiques,  sur 
/■eaM(1884). 

Voici  cette  méthode,  exposée  en  quelques  mots  : 

On  désire  par  exemple  évaluer  la  force  attractive  sur  l'eau  du  sérum  de  sang  de 
cheval  : 

Six  tubes  à  réaction  contiennent  "i  centimètres  cubes  de  sérum  en  question;  on  y 
ajoute,  au  moyen  d'une  burette  graduée,  successivement  3,1  — 3,0  — 2,9  —  2,8  —  2,7  — 
2,0  centimètres  cubes  d'eau.  A  chaque  mélange  on  ajoute  3  gouttes  de  sang  défibriné, 
et  Ton  agite. 

On  verse  ensuite  dans  G  autres  tubes  à  réaction  successivement  8  centimètres  cubes 
de  solution  de  NaCl  à  0,02;  0,01;  0,00;  0,:i9;0,;i8;  0,57  p.  100;  on  ajoute  à  chacune  de 
ces  solutions  3  gouttes  de  sang  défibriné  et  on  agite. 

Après  quelques  heures,  ou,  en  se  servant  de  l'appareil  centrifuge,  après  quelques 
minutes  d'attente,  on  voit  que  le  dépôt  des  globules  rouges  s'est  opéré  dans  tous  les 
tubes  à  réaction.  Le  liquide  qui  surnage  est  libre  de  toute  matière  colorante  dans  trois 
tubes  à  réaction,  notamment  dans  ceux  auxquels  on  a  ajouté  à  5  centimètres  cubes 
de  sérum  2,6,  2,7,  et  2,8  centimètres  cubes  d'eau.  Le  liquide  est  au  contraire  rougeàtre 
dans  le  tube  où  on  a  versé  2,9  centimètres  cubes  d'eau,  et  devient  dans  les  tubes  sui- 
vants d'autant  plus  rouge  que  l'eau  ajoutée  l'a  été  en  quantité  plus  forte. 

Si  l'on  examine  parallèlement  les  tubes  renfermant  les  solutions  salines,  on  trouve 

que  dans  la  solution  0,59  p.  100  il  n'y  a  pas  sortie  d'hémoglobine,  mais  bien  dans  celle 

2  9-1-28 
de  0,58  p.  100.  Le  mélange  5  centimètres  cubes  sérum  +  — — 5-^^-  centimètrescubes 

d'eau  est  isotonique  à  une  solution  de  NaCl  * p-^  x  0,585  =  0,92  p.  100 

Nous  reviendrons  encore  sur  cette  méthode. 

Les  résultats  mentionnés  confirment  l'opinion  que  le  milieu  naturel  des  globules 
rouges  de  la  grenouille,  c'est-à-dire  le  plasma,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  le  sérum, 
est  isotonique  avec  une  solution  de  NaCl  de  0,6  p.  100. 

Naguère  on  désignait  cette  dernière  solution  sous  le  nom  général  do  solution  physio- 
logique, en  la  considérant  comme  totalement  indifférente  non  seulement  vis-à-vis  des 
globules  et  des  tissus  de  la  grenouille,  mais  encore  vis-à-vis  de  ceux  de  tous  les  autres 
animaux  quels  qu'ils  soient. 

On  comprend  maintenant  que  l'indifférence  d'une  telle  solution  à  0,6  p.  100  n'existe 
que  pour  les  globules  et  les  tissus  de  la  grenouille.  Les  corpuscules  du  cheval,  du 
bœuf,  de  l'homme  et  d'autres  mammifères  au  contraire  y  subissent  un  gonflement  sen- 
sible ;  mais  le  gonflement  fait  défaut  dans  une  solution  de  ±  0,9  p.  100,  solution  qui 
est,  en  effet,  isotonique  avec  leur  sérum  sanguin. 

La  solution  de  NaCl  0,0  p.  100  n'est  isotonique  qu'avec  le  sérum  sanguin  de  la 
grenouille. 

L'erreur  de  considérer  cette  solution  de  0,6  p.  100  comme  favorable  à  la  vitalité  des  cel- 
lules des  mammifères  dérive  probablement  de  l'habitude  que  l'ou  a  de  choisir  la  gre- 


ISOTONIE.  7iâ 

nouille  pour  l'expiTinuMitation  pliysioloyiijue.  (ierlfs,  nous   le  ré()étons,  poui   lu  gre- 
nouille c'est  une  solution  appropriée;  mais  non  pour  les  Mammifères. 

Ajoutons  que  nous  avons  appelé  luipevisotoniques  (ou  hypertoniques)  les  solutions 
salines  dont  le  pouvoir  li'atlraclion  sur  leaii  est  supérieur  à  cflui  ilu  sérum  à  examiner 
et  /n/piriotoniijuf^  (mi  hypotoniqucs),  celles  dont  le  pouvoir  osmotique  est  moindre  que 
celui  du  même  st'riirn  (ISSi), 

V.    -   AUTRES    OBSERVATIONS    SUR    LA    SOLUTION    SALINE 
PHYSIOLOGIQUE. 

La  théorie,  exposée  dans  le  paragraphe  précédent,  sur  la  solution  saline  dite 
physiologique  a  été  confirmée  par  des  expériences  faites  dans  deux  sens  différents  :  par 
la  détermination  du  volume  des  globules  rouges  et  par  la  déteiniination  du  point  de 
congélation  du  sérum. 

a.  Le  volume  des  globules  rouges  et  d'autres  cellules.  —  Les  considérations 
qu'on  vient  délire  sur  la  solution  saline  physiologique,  avaient,  dans  les  années  189.'J- 
1895,  provoqué  une  discussion.  Les  frères  |{LKinTnKij  avaient  indiqué  une  méthode  quan- 
titative pour  l'évaluation  du  volume  des  éléments  corpusculaires  dans  le  sang  et,  pour 
cette  méthode,  ils  se  servaient  d'une  solution  saline  de  0,0  p.  100,  en  la  supposant 
entièrement  nulifl'érente  vis-à-vis  des  glohules  du  sang  du  cheval,  du  ho^uf  et  du  porc. 
Contrairement  à  cette  opinion,  j'appelai  l'attention  sur  les  considérations  dont  il  a  été 
question,  et,  de  plus,  par  des  déterminations  directes  de  volume,  je  démontrai  que  les 
globules  sanguins  de  ces  animaux,  dans  une  solution  saline  de  0,6  p.  100,  n'ont  pas  le 
même  volume  que  dans  leur  propre  sérum.  A  cet  efl'et  je  mélangeai  des  quantités 
égales  de  sang  avec  leur  propre  sérum,  ensuite  avec  une  solution  saline  hypisotonique 
et  hyperisotonique,  et  encore  avec  du  sérum  qui  avait  été  étendu  avec  de  l'eau.  Kt  je 
constatai  qu'après  avoir  centrifugé,  le  volume  du  dépôt  était  le  plus  grand  là  où  on 
avait  employé  des  solutions  hypisotoniques  et  le  ])lus  petit  là  où  on  s'était  servi  de 
solutions  hyperisotoniques.  Ces  faits  ressortent  clairement  de  la  série  d'expériences 
que  voici  ; 

Volume  du  dépôt 
corpusculairo  dans 
Sauf!;  de  cheval.                                40  ce.  do  sang, 
ce.                          ce.  ce. 

1 ,40  de  sang  -(-  40  de  sérum 13,5 

2  —  +40  de  NaCl  à  0,6  p.  100 15 

.'}          —          +  UO  de  sérum  +  10  ce.  d'eau.  ...     14,1 
4  —  +  40  de  NaCl  à  1  p.  100 13,1 

Dans  une  solution  saline  de  0,G  p.  100  le  volume  était  donc  plus  faraud  que  dans  le 
sérum,  mais  une  solution  de  NaCl  do  1  p.  100  provoqua  le  rétrécissement  des  globules. 

La  réponse  de  Blehitreu  (1893)  m'amena  à  faire  de  nouvelles  déterminations  dans 
ce  sens,  en  me  servant  de  solutions  hypisotoniques  et  hyperisotoniques  de  NaCl,  Nal, 
KNOa  et  de  sucre  de  canne.  Elles  donnèrent  toutes  des  résultats  concordants. 

Je  veux  encore  alléguer  à  l'appui  une  série  d'expériences  qui  montre  d'une  façon 
directe  que  dans  une  solution  de  NaCl  de  0,9  p.  100  le  volume  des  globules  est  égal  à 
celui  qu'ils  ont  dans  du  sérum  normal.  Les  expériences  ont  été  faites  dans  les  tubes  en 
entonnoir,  décrits  plus  haut;  en  outre  le  volume  du  liquide  était  considérable  relative- 
ment à  celui  des  globules;  de  sorte  qu'on  peut  dire  que  les  éléments  corpusculaires  se 
trouvaient  réellement  dans  ces  liquides  et  non  dans  un  mélange  de  solution  saline  et 
d'une  quantité  forte  de  sérum. 

Vulunie  du  dépôt 
0'''',06  de  sang  de  clieval.  corpusculaire, 

ce.  ce. 

3  de  sérum 36 

.3  de  NaCl  à  0,9  p.  100 3G 

3  de  NaCl  à  0,(i  p.  100 41,5 

3  de  sérum  -i-  0",G  d'eau  (20  p.  100) 39,25 

3  de  sérum+ 1",2  fi'eau    40  p.  100) 42,5 

3  de  sérum  +  V,lj  d'eau    50  p.  100) 44 


7J4  ISOTONIE. 

Hkdin,  en  opérant  sur  des  matières  plus  considérables,  a  confirmé  les  résultats  de 
mes  déterminations  (1895),  de  même  Gryns,  G.  Eykman  et  Koeppe  (1895  et  1897)  (Voir 
P.  NoLF,  dans  son  article  Hématies,  viii,  260). 

Ajoutons  encore  que  pour  plusieurs  autres  cellules  isolées  (globules  blancs,  1898; 
cellules  épithéliales,  1899;  spermatozoïdes,  1898,  cellules  des  glandes  lymphatiques, 
1902)  nous  avons  trouvé  que  dans  des  solutions  liypertoniques  elles  se  rétrécissent 
et  que  dans  des  solutions  bypotoniques  elles  se  gonflent;  que  les  résultats,  pour  des 
morceaux  de  foie  et  de  rein  et  même  pour  le  rein  tout  entier,  étaient  les  mêmes  que 
pour  les  cellules  isolées  de  ces  organes  (1901).    . 

Plus  tard  J.  Demoor  a  effectué,  pour  différents  organes  (le  foie,  le  cerveau,  le  poumon 
etc.)  des  déterminations  de  volume  très  nombreuses  et  très  exactes  en  suivant  la  mé- 
thode pléthysmographique,  et  il  est  arrivé  à  des  résultats  identiques  (1904-1907). 

b.  Confirmation  de  la  théorie  mentionnée  par  la  méthode  de  l'abaissement 
du  point  de  congélation.  Cryoscopie.  —  (^est  un  fait  déjà  connu  depuis  longtemps 
(Blagdem,  Raoult)  que  la  température  de  congélation  d'une  solution  aqueuse  est  plus 
basse  que  celle  de  l'eau  pure.  La  substance  dissoute  exerce  une  intluence  inhibitrice 
sur  la  congélation  de  l'eau  (évidemment  dans  une  solution  aqueuse  l'eau  se  congèle, 
néanmoins  on  dit  :  «  Congélation  de  la  solution  »).  La  cause  de  cette  influence  inhibi- 
trice doit  être  cherchée  dans  ce  fait  que  les  particules  dissoutes,  grâce  à  l'attraction 
qu'elles  exercent  sur  les  particules  d'eau,  ont  pour  rôle  d'empêcher  ces  dernières  de  se 
juxtaposer,  et  par  conséquent  de  revêtir  l'état  solide. 

Or,  d'après  la  théorie  de  Van  t'IIoff,  les  molécules  non  dissoutes  et  les  ions  de  toute 
nature  exercent  sur  l'eau  une  force  attractive  parfaitement  égale.  Par  conséquent  leur 
force  inhibitrice  sur  la  congélation  ne  différera  pas  non  plus.  La  force  inhibitrice 
totale  (de  toutes  les  molécules  et  de  tous  les  ions  ensemble)  sera  donc  proportionnelle 
au  nombre  de  ces  particules.  Par  conséquent  plus  le  nombre  de  ces  particules  que  nous 
avons  proposé  de  nommer  molioiis,  est  grand,  plus  la  congélation  sera  difficile  et  plus 
la  température  devra  être  basse  pour  produire  le  phénomène.  Il  en  résulte  que  la  déter- 
mination de  l'abaissement  du  point  de  congélation  doit  offrir  un  moyen  simple  pour 
évaluer  la  quantité  des  molions  dans  un  certain  volume  de  solution;  pour  évaluer,  en 
d'autres  termes,  la  force  hydrophile  de  cette  solution. 

C'était  Dreser  qui  en  1892  fit  la  première  application  de  la  méthode  dans  le  domaine 
de  la  physiologie,  en  déterminant  la  force  hydrophile  de  l'urine  au  moyen  de  l'abaisse- 
ment du  point  de  congélation.  La  méthode  des  corpuscules  sanguins  ne  lui  paraissait 
pas  applicable.  A  la  fin  de  son  travail,  il  propose  de  pratiquer  plus  généralement  la 
méthode  de  congélation,  surtout  parce  qu'elle  est  applicable  dans  tous  les  cas. 

Cependant  Dreser  oublia  d'examiner  si  cette  méthode,  pour  les  différentes  espèces 
de  liquides  animaux,  par  exemple  pour  les  liquides  alhumineiix  ou  séreux,  produirait 
de  bons  résultats.  Est-ce  que  les  résultats  obtenus  par  la  méthode  cryoscopique  s'accor- 
deraient avec  ceux  qu'on  trouve  par  la  méthode  des  corpuscules  rouges  ou  par  celle  des 
cellules  végétales?  Jusqu'à  quel  point  s'étendrait  l'exactitude  de  sa  méthode? 

En  effet,  nous  pouvions  constater  que  la  détermination  du  pouvoir  hydrophile  (ten- 
sion osmotique)  des  liquides  séreux  (sérum,  exsudât,  lait,  etc.)  donnait  des  résultats 
très  satisfaisants  et  qu'il  existait  une  concordance  très  nette  entre  les  chiffres  obtenus 
par  les  deux  méthodes  (1894).  Voici  un  exemple  : 

Il  s'agit  de  déterminer  la  solution  de  NaCl  isotonique  avec  un  sérum  sanguin  de 
cheval. 

1°  Parla  méthode  des  corpuscules  rouges;  par  la  méthode  cryoscopique. 

Ad.  ■/,  —  Les  corpuscules  sanguins  employés  commencèrent  à  montrer  un  dégage- 
ment de  matière  colorante  dans  une  solution  deNaCl  de  0.65  p.  100.  — 5  centimètres  cubes 
du  sérum  durent  être  étendus  de  2,6  centimètres  cubes  d'eau,  afin  d'opérer  un  dégage- 
ment de  matière  colorante  au  même  degré.  Le  pouvoir  hydrophile  du  sérum  primitif, 

non  dilué,  s'accorde  donc  avec  celui  d'une  solution  de  NaCl  de  — — ^^  X   0.65  =  0.988 

o 

p.  100. 

Ad.  2.  —  L'abaissement  du  point  de  congélation  fut  établi  par  trois  expériences  avec 

la  même  portion  de  liquide. 


ISOTONIE.  715 

[.es  abaissements  moulèrent  à  (>.;;0I",  0.001"  et  O.liOiî".  Moyenne  O.îiQô". 

Ce  nombre  sacconle  avec  une  ^ioliition  de  NaCl  Tr7.,r-,  X  1  p.  180  ==  0.983  p.  100. 

O.oOd 

On  voit  que  les  (bnix  nombres  O.OS.T  et  0.088  s'arcordent  parfaitement. 

Ce  n'^tilliit  proitruit  de  nouveau  <iuc  /es  conclusions  de  non  recherches  sur  Visotonie  den 
ghibules  rouf/es  aiuiient  été  exactes. 

Qu'il  nons  soit  permis,  à  propos  de  ces  considérations,  de  faire  quelques  remarques 
sur  la  méthode  cri/oscopique,  métliode  qu'on  emploi»'  arlnidlemeat  dans  la  grande  majo- 
rité des  cas  où  l'on  a  à  d(''leiininer'  la  force  liydiopliile  ou  tension  osmotique  d'un 
liquide  quelconque. 

D'abord  une  question  de  nomenclature. 

l*ar  exemple,  on  a  déterminé  le'point  de  congélation  d'une  urine,  et  on  a  trouvé  pour 
l'abaissement  A  =  dépression,  —  2,14. 

Maintenant,  il  s'agit  de  calculer  la  concentration  en  molions  :  quelle  en  est  la  valeur? 

Or,  nous  savons  que  toute  mob'-cule  et  tout  ion,  (luelle  que  soit  la  nature  de  la  substance 
dissoute,  abaissent  toujours  le  point  de  congélation  du  dissolvant  de  la  même  quantité. 

On  a  établi  qu'une  solution  de  sucre  de  canne,  renfermant  une  molécule-gramme  par 
litre  (c'est-à-dire,  une  molécule  exprimée  en  grammes),  effectue  une  dépression  con- 
stante de  — 10,85.  Par  conséquent,  toute  autre  molécule  ou  ion  produira  la  même  dépres- 

2  14 
sion.  Comme  l'urine  avait  une  A  =  —  2°, 14,  elle  contiendra  -^-  =    1,1S    molions 

1 ,  o5 

(molécules  +  ions  par  litre). 

Autrefois  on  avait  l'babitude  d'exprimer  les  résultats  de  la  façon  suivante  :1a  concen- 
tration moléculaire  de  l'urine  est  de  1,1  a.  J'ai  proposé  de  ne  plus  parler  ici  de  concentra- 
tion moléculaire,  mais  bien  de  concentration  osmotique.  Cette  proposition  a  reçu  un  accueil 
favorable.  En  effet  le  calcul  ne  donne  pas  seulement  la  quantité  de  molécules  présentes 
dans  le  liquide,  mais  [aussi  le  nombre  des  ions  y  compiis.  Il  vaut  mieux  réserver  l'ex- 
pression de  concentration  moléculaire  h  la  quantité  de  molécules-grammes  qu'on  dissout; 
par  exemple  :  on  dissout  cinq  molécules-grammes  de  NaCl  par  litre.  Alors  la  concen- 
tration molécidaire  de  NaCl  est  de  cinq.  Mais  dans  la  dissolution  le  nombre  des  parti- 
cules augmente  par  la  dissociation  d'un  certain  nombre  de  molécules.  Ce  qu'on  obtient 
alors,  nous  voulons  l'appeler  concentration  osmotique,  parce  que  cette  valeur  représente 
la  mesure  des  propriétés  osmotiques,  auxquelles  les  ions  participent  aussi  bien  que 
molécules  non  dissociées. 

Parfois  il  est  utile  d'exprimer  le  A  encore  d'une  autre  façon:  il  s'agit,  par  exemple, 
de  cherclier  la  solution  de  NaCl  ayant  la  même  dépression  que  le  liquide  en  question. 
Alors  on  calcule  de  la  manière  suivante  :  une  solution  de  NaCl  à  1  p.  100  a  une  dépres- 
sion de  —  0,589°,  par  conséquent  une  dépression  de  2,14  correspond  à  une  solution  de 
NaCl  de  2,14  :  0,389  =  3, 08  p.  100.  Cependant  ce  calcul  n'est  pas  parfaitement  correct; 
il  implique  deux  fautes.  D'abord  le  nombre  0,589  a  été  obtenu  par  la  méthode  cryos- 
copique  de  précision  (Haoult,  Nrrnst  et  Abegg),  méthode  qu'on  ne  peut  pas  employer 
pour  les  évaluations  de  liquides  organiques,  parce  qu'on  ne  dispose  pas  de  quantités 
considérables.  Les  méthodes  qui  s'imposent  pour  les  liquides  physiologiques  et  patho- 
logiques produisent  d'autres  valeurs,  balançant  entre  —  0,588  et  —  0,61 3°.  Il  y  a  plu- 
sieurs facteurs  qui  y  jouent  un  rôle  :  la  construction  de  l'appareil,  la  température  du 
milieu  réfrigérant,  la  manière  d'agiter  le  liquide  à  examiner,  etc.  C'est  pour  cela  que 
j'ai  proposé  de  déterminer  pour  chaque  série  d'expériences,  la  dépression  d'une  solu- 
tion de  NaCl  de  1  p.  100  et  d'opérer  d'une  manière  tout  à  fait  semblable  en  évaluant  la 
dépression  des  liquides  à  examiner. 

La  deuxième  faute  qu'on  commet  en  pratiquant  le  calcul  mentionné  consiste  en  ce 
qu'on  suppose  qu'il  y  a  une  proportionnalité  entre  la  concentration  osmotique  du 
liquide  et  la  dépression  de  la  solution  de  NaCl  de  1  p.  100;  en  d'autres  termes,  si  la 
dépression  de  cette  solution  est  de  0,589,  on  n'a  pas  le  droit  de  dire  qu'une  solution  de 
NaCl  de  2  p.  100  indiquera  un  abaissement  de  2  x  0,589°.  En  effet  la  dépression  sera 
plus  petite,  parce  que,  dans  une  solution  plus  concentrée,  la  dissociation  électrolytique 
est  moins  prononcée  que  dans  une  solution  plus  faible.  Donc,  en  réalité,  dans  notre 
exemple,  la  valeur  de  3.58  est  trop  petite. 


716  ISOTONIE. 

On  comprend  que  cette  manière  de  calculer  produira  seulement  un  résultat  correct, 
si  la  dépression  du  liquide  ne  diffère  que  peu  de  la  dépression  de  la  solution  de  NaCl 
de  1  p.  100.  S'il  y  a  une  grande  différence  comme  dans  l'exemple  mentionné,  il  vaut 
mieux  rechercher  directement  dans  un  tableau,  quelle  solution  de  NaCl  s'accorde  avec 
l'abaissement  trouvé.  Et,  si  l'on  ne  dispose  pas  d'un  tel  tableau,  on  peut  calculer  cette 
concentration  de  NaCl,  au  moyen  des  coeflu  ients  de  dissociation  (Voyez  Osmolicher 
Druck  und  Jonenlehre,  I,  128). 

Quelques  remarques  sur  la  technique  de  la  cryoscopie.  —  Je  ne  décrirai  pas  tous  les 
appareils  qu'on  a  préconisés  pour  la  détermination  du  point  de  congélation. (irâce  à  la 
forme  très  simple  que  Beckmann  a  su  donner  à  son  appareil  (  1888\  celui-ci  trouve  depuis 
longtemps  une  application  presque  générale. 

L'appareil  de  Beckmann  comprend  une  éprouvette  cryoscopiqueS,  munie  d'une  tubu- 
lure latérale  B.  On  fixe  dans  le  grand  tube,  au  moyen  d'un  bouchon,  un  thermomètre  don- 
nant le  centième  de  degré  et  un  agitateur  consistant  en  un  anneau  de  platine  (fig.  5). 
L'éprouvette  cryoscopique  étant  ainsi  montée,  on  la  fixe  au  moyen  d'un  bouchon 
dans  une  éprouvette  plus  large  M,  qui  forme  simplement  autour  d'elle  un  matelas 
d'air  destine  à  ralentir  et  à  modérer  l'action  du  milieu  réfrigérant. 

Le  liquide  réfrigérant  est  alors  versé  dans  le  vase  extérieur  L,  enveloppé  de 
feutre.  S'il  s'agit  d'opérer  sur  une  solution  aqueuse  physiologique  ou  pathologique,  on 
emploie  un  mélange  de  glace  et  de  solution  concentrée  de  sel  marin  en  proportions 
oonvenables'pour  obtenir  un  froid  qui  oscille  autour  de  — 2°, 5. 

On  agite  constamment  le  liquide  à  examiner  :  on  observe  attentivement  le  lliermo- 
gène  et  on  voit  le  mercure  baisser,  baisser  lentement  :  lorsque  la  température  de  congé- 
lation est  atteinte,  le  liquide  ne  se  congèle  pius,  mais  reste  en  surfusion,  et  la  colonne  de 
mercure  descend  encore.  Mais,  à  un  moment  donné,  la  congélation  se  produit  et  immé- 
diatement, brusquement  la  colonne  de  mercure  remonte  :  on  note  le  maximum  de  cette 
ascension  :  c'est  la  température  de  congélation  cherchée. 

Je  viens  de  dire  qu'on  doit  agiter  constamment.  Précaution  importante  si  l'un  veut 
avoir  des  résultats  exacts.  J'ai  donc  construit  un  dispositif  qui  permet  d'aijiter  mécani- 
quement; il  consiste  en  un  moteur  à  air  chaud  (appareil  peu  coûteux),  et  un  excentrique. 
C'est  là  une  première  amélioration;  grâce  à  cette  modification,  l'opérateur  ne  se  fatigue 
pas  et  peut  abandonner  un  instant  l'appareil, si  la  température  de  congélation  tarde  à 
s'établir.  (Fig.  121.) 

La  deuxième  amélioration  a  pour  but  d'empêcher  le  mélange  de  l'air  de  l'éprouvette 
cryoscopique  avec  l'air  de  la  chambre,  par  les  mouvements  de  l'agitateur.  On  voit  qu'un 
tube  de  caoutchouc  très  mince  réunit  'la  tige  mobile  de  l'agitateur  et  le  tube  de  verre 
dans  lequel  l'agitateur  se  meut.  Autour  de  la  tige  et  dans  le  tube  de  caoutchouc  se 
trouve  une  spirale  de  cuivre  qui  par  sa  tension  fait  descendre  l'agitateur.  C'est  le 
moteur  qui  le  lève  périodiquement.  Mais,  comme  le  tube  de  caoutchouc  est  fermé  aux 
deux  bouts,  il  ne  permettra  pas  à  l'air  d'entrer  ou  de  sortir.  Cette  disposition  présente 
encore  l'avantage  que  la  perte  de  gaz,  dissous  dans  le  liquide  à  examiner,  se  réduit  à  un 
minimum.  Cette  perte  de  gaz  pourrait  entraîner  des  fautes  graves,  s'il  s'agit  d'acide 
carbonique,  comme  par  exemple  dans  l'examen  des  eaux  minérales. 

Grâce  à  ces  deux  améliorations,  la  méthode  a  gagné  considérablement  en  exac- 
titude. 

On  a  apporté  à  l'appareil  de  Beckmann  plusieurs  modifications.  Ainsi  H.  Friedenthal 
a  proposé  (1899)  de  réduire  les  dimensions  du  réservoir  qui  reçoit  le  liquide  à  examiner, 
de  manière  qu'une  quantité  de  6  centimètres  cubes  suffise  déjà.  En  outre  il  a  supprimé 
le  matelas  d'air  et  ainsi  il  établit  un  contact  direct  du  liquide  à  examiner  le  mélange 
réfrigérant,  ce  qui  présente  l'avantage  d'accélérer  beaucoup  le  refroidissement.  Le 
mélange  ne  se  compose  pas  de  neige  ou  de  glace  et  de  sel  de  cuisine  mais  de  nitrate 
d'ammonium,  sel  qui,  par  l'addition  d'eau,  produit  un  refroidissement.  Ce  refroidisse- 
ment n'est  pas  plus  grand  qu'il  ne  faut  pour  congeler  le  liquide  à  examiner.  D'après 
CoHN  cependant,  l'usage  de  l'appareil  de  Friedenthal  présente  des  inconvénients.  Un  autre 
appareil,  plus  compliqué,  plus  coûteux  aussi,  mais  donnant  des  résultats  beaucoup  plus 
exacts  est  celui  de  Dekhuvzex  (1908).  Cet  auteur  s'est  surtout  attaché  à  ce  que  la  tempé- 
rature du  mélange  réfrigérant  soit  constante.  11  y  parvient  en  plaçant  le  vase  de  verre 


ISOTONIE. 


717 


qui  coiiliciil  «o  iiiulaii;^i',  dans  un  aiilrc  vase  de  vci  rc  de  iiiriiie  loriiio.  Kiitic  los  deux 
réservoirs  il  reste  alors  un  espace  rempli  d'air,  [^e  indauj^e  rétrigiManl  sr  coinpose 
d'une  solution  de  sel  niaiin  pur  et  de  petits  morceaux  di-  ^'lace.  Kn  second  lieu  la  couche 
d'air, qui,  dans  l'appaieil  de  Bkckmann,  enveloppe  li'  liquide  à  examiner  a  été  remplacée 
|)ar  un  espace  vide  d'air  'd'après  DkwahK 

c.  Méthode  pour  évaluer  la  pression  osmotique  de  très  petites  quantités  de 
liquide.  —  La  métliode  cryosccqticiue  n'est  pas  tout  à  l'ait  sans  inconvénirnls. 

Klle  exii,'e  0  i"!  10  centimèlrcs  cubes  de  li(iuidf  au  moins;  c'est  une  i|uantité  (jne  l'on 
n'a  pas  toujours  à  sa  disposition.  Dernièrement,  j'éprouvai  cette  diriiculh-  en  devant 
établir,  pour  l'usage  ophtalmologique,  les  concentialions  les  plus  appro|irit'es  à  la  théra- 
peutique des  yeux.  Il  me  semblait  que  comme  telles  devaient  être  considérées  de.s 
solutions  isotoniques  avec  le  liquide  naturel,  c'est-à-dire  avec  le  liquide  lacrymal. 

Mais  jusqu'ici  la  pression  osmotique  de  ce  liquide  n'avait  été  évaluée  (jue  par  voie 
indirecte,  par   Massahï.  Sa  méthode  oonsi.stait  à   déterminer   la   concentration   de  la 


FiG.  121.  —  Appareil   cr^oscopiiiuo. 


solution  qui,  instillée  dans  le  sac  conjonctival,  ne  provoquât  pas  de  douleur.  Pour  le 
NaCl,  il  trouva  ainsi  une  solution  de  1,4  p.  100;  les  concentrations  plus  fortes  et  plus 
faibles  étant  douloureuses.  M.\ssart  admettait  donc  que  la  solution  salée  de  1,4  p.  100 
devait  être  isotoniijue  avec  le  liquide  lacrymal.  D'une  mensuration  cryoscopique  de 
larmes  il  ne  pouvait  être  question;  en  elïet,  il  n'est  pas  possible  de  recueillir  6  à  10  centi- 
mètres cubes  de  larmes.  Or  je  suis  parvenu  à  créer  une  méthode  d'évaluation  de  la 
pression  osmotique,  utilisable  aussi  pour  d'autres  li([uides,  comme  pour  le  liquide 
céphalo-rachidien,  la  lymphe  etc.,  méthode  qui  n'exige  que  5  centimètres  cubes;  à  la 
rigucuj-  même  -2,1)  centimètres  cubes  suffisent. 

La  méthode  repose  sur  le  principe  suivant,  déjà  mentionné;  le  volume  des  corpus- 
cules rouges  dépend  de  la  pression  osmotique  de  la  solution  ambiante;  deux  solutions 
qui  délenninent  le  même  volume  des  corpuscules  sdiiguins  dUine  mi'me  quantité  de  sang, 
sont  isoioniques.  Ce  principe  a  été  utilisé  de  la  nianière  suivante.  On  met  le  liquide 
en  question,  soit  12  centimètre  cube,  dans  un  tube  en  entonnoir,  dont  le  goulot 
capillaire  est  fermé  en  bas  et  exactement  calibré  en  100  parties  volumétriques  égales, 
La  partie  calibrée  a  un  contenu  exact  de  0,02  ou  0,04  centimètres  cubes.  D'autres  tubes, 
de  forme  et  de  dimensions  identiques,  contiennent  également  12  centimètre  cube 
dunesolution  de  NaCl  à. 0,8,  0,9,  1,  1,2,  1,3,  1,4,  1,15,  1,6  p.  100.  Dans  tous  les  tubes  on 
verse  0,04  centimètres  cubes  de  sang  délibriné.  Après  une  demi-heure  d'attente, 
le  contenu  des  corpuscules  (;st  en  équilibre  osmotique  avec  le  liquide  ambiant  :  les 
tubes  sont  placés  dans  un  appareil  centrifuge  et  soumis  à  la  force  centrifuge  jusqu'à 


718  ISOTONIE. 

ce  que  les  dépôts  ne  changent  plus  de  volume.  Or  il  est  évident  que  la  pression  osmo- 
tique  du  liquide  à  examiner  sera  égale  à  celle  de  la  solution  de  sel  marin,  dans 
laquelle  le  volume  du  dépôt  globulaire  ne  variera  pas. 

Par  exemple  :  dans  le  tube  où  se  trouve  le  liquide  à  examiner,  le  dépôt  globulaire 
est  de  71;  la  solution  de  NaCl,  dans  laquelle  le  dépôt  globulaire  est  également  de  71. 
possède  une  concentration  de  1,2  p.  100.  Le  liquide  à  examiner  sera  donc  isotonique 
avec  une  solution  de  NaCl  à  1,2  p.  100. 

Je  ne  parlerai  pas  des  finesses  d'exécution  et  des  chiffres  de  nature  à  démontrer 
l'exactitude  de  la  méthode.  Le  liquide  lacrymal  s'est  montré  isotonique  avec  une  solu- 
tion de  NaCl  de  1,4  p.  100,  et  la  solution  d'acide  borique,  isotonique  avec  la  dernière,  est 
de  2,5  p.  100. 

Il  est  très  intéressant  de  constater  que  c'est  là  précisément  la  concentration  d'acide 
borique  employée  empiriquement  depuis  longtemps  avec  succès  pour  le  lavage  des 
yeux.  C'est  un  heureux  hasard;  car  la  solution  de  2,5  p.  100  est  une  solution  saturée 
à  la  température  ordinaire,  puisqu'on  ne  peut  dissoudre  une  plus  grande  quantité 
de  substance. 

Inutile  de  dire  que  la  méthode  n'est  pas  applicable  à  des  liquides  hémolytiques, 
comme  par  exemple  à  la  bile. 

(!)  La  solution  saline  physiologique  au  point  de  vue  de  la  perméabilité.  — 
Une  solution  saline,  ixolonique  au  milieu  propre  d'une  cellule,  n'est  pas  encore  une  solu- 
tion physiologique,  c'est-à-dire  indifférenle.  Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  on  peut 
trouver  une  concentration  de  NaCl  où  les  corpuscules  sanguins  gardent  le  même  volume 
que  dans  leur  propre  sérum.  Pour  les  cellules  sanguines  des  mammifères  cette  con- 
centration oscille  autour  de  0,9  p.  100.  On  serait  donc  porté  à  qualilier  cette  solution 
de  «solution  physiologique  ».  Seulement,  en  poursuivant  les  expériences,  on  constate 
que  cette  solution  est  loin  d'être  indifférente.  Elle  laisse  intact,  il  est  vrai,  le  volume 
des  cellules  sanguines,  mais  elle  fait  subir  des  altérations  à  leur  forme  et  à  leur  com- 
position chimique. 

Pour  ce  qui  est  de  la  forme,  on  voit  que  les  disques  biconcaves  deviennent  des 
globules,  ce  qui,  le  volume  restant  constant,  en  diminue  le  diamètre.  En  vain,  on 
cherchera  une  solution  saline  qui  ne  provoque  pas  cette  altération  de  la  forme.  Même 
la  lymphe,  que  l'addition  d'une  faible  quantité  d'eau  a  rendue  isotonique  au  liquide 
sanguin,  change  les  disques  en  globules  (Hambuugeh,  189o).  Le  tabh-au  suivant  le  fera 
voir. 

Corpuscules  rouges  du  sang  de  cheval. 

Diamètre  moyen. 

Dans  leur  propre  sérum 6,4  ;;. 

Dans  NaCl  à  2  p.  100 5,1 

—  1,5  p.  100 5,4 

—  0,9-2  p.  100 5,7 

—  0,7  p.  100 6,1 

Dans  leur  propre  sérum 7,3  \j. 

Dans  10  ce.  de  sérum  +  0",5  d'eau 7,2 

—  +  1  oc.  d'eau 7 

—  +  2  oc.  d'eau 5,44 

—  +  6  ce.  d'eau 5,41 

Dans  la  lymphe  d'un  vaisseau  lymphatique  du  cou.  5,6 

Ce  n'est  pas  seulement  la  forme,  mais  c'est  encore  la  composition  chimique  de  la 
cellule  sanguine  qui,  sous  l'influence  d'une  solution  de  NaCl  isotonique  au  sérum,  subit 
des  altérations.  Ainsi  j'ai  trouvé  que,  sous  l'action  d'une  solution  de  NaCl  de  0,9  p.  100, 
le  chlore  pénètre  dans  les  corpuscules  sanguins  et  qu'il  en  sort  sous  l'action  d'une  solu- 
tion isotonique  de  NaN03,  (1890).  Cela  se  constate  surtout  quand  les  corpuscules  con- 
tiennent beaucoup  d'acide  carbonique  (1891). 

KoEPPE  a  présenté  une  explication  très  plausible  de  ce  phénomène. 

Il  se  figure  que,  lorsque  des  corpuscules  sanguins  séjournent  dans  une  solution  de 
NaCl,  il  se  produit  un  échange  d'ions.  Ainsi  des  ions-Cl  pénétreront  dans  les  corpus- 
cules à  condition  qu'une  quantité  équivalente  de  CO3  en  sorte.  El,  en  effet,  on  constate 


ISOTONIE.  719 

que,  lorsqu'on  mot  îles  fcupusculcs  cliari^t'-s  di;  CO-  clans  une  solution  de  NaCJ,  celle-ci 
est  rendue  alcilint-  par  .N'a-  COi.  (Jiiand  les  corpuscules  contiennent  i)eu  de  COj, 
rechange  avec  les  ions-Cl  est  plus  restreint. 

De  môme,  quand  les  corpuscules  sont  introduits  dans  une  solution  de  Na  NO3, 
des  ions-NOi  y  pénétreront,  tandis  (|ue  des  ions-COn  et  des  ions-PO*  en  sor- 
tiront. 

Il  ny  a  pas  lonj^lcmps  encore  on  ('lait  d'avis  que  les  cellules  sanguines  n'étaient 
l»ormcaltles  ipTaux  anions,  et  non  aux  luttions,  tels  que  K,  .\a,  Ca,  Mg.  Cette  opinion  se 
fomlait  sur  les  expériences  de  (iOuiiKii  (iSOÎl).  Ce  savant  lit  |)asser  COa  à  travers  une 
suspension  de  glot)ules  sanguins  contenus  dans  une  solution  dr.  îSaCl,  et  alors  il  vit,  il 
est  vrai,  passer  du  chlore  dans  les  globules,  mais  leur  teneur  t^n  K  et  la  teneur  en  Na 
du  milieu  ambiant,  selon  lui,  ne  changea  pas.  C'est  ce  que  lui  a[)prirent  les  détermi- 
nations quantitatives  de  ces  métaux. 

Cette  conclusion  a  été  acceptée  sans  i)lus,  et  d'autant  plus  volontiers  que  l'expé- 
rience nous  apprend  que  dans  des  conditions  normales,  le  K  se  trouve  principalement 
dans  les  corpuscules,  le  Na  dans  le  sérum,  et  cela  étant,  pourquoi  l'échange  ne  se 
produirait-il  pas  quand  les  corpuscules  sont  perméables?  En  outre,  on  admettait  encore 
tacitement  que  les  cellules  sanguines  sont  également  imperméables  à  Ca  et  à  Mg. 

Cependant  des  expériences  sur  l'inlluence  de  Ca  sur  la  phagocytose  m'avaient 
appris  que  celle-ci  est  considérablement  renforcée  en  ajoutant  au  sérum  de  très  faibles 
quantités,  par  exemple,  de  0,005  p.  lOOdeCaCU  (IIamiuîroek  et  IIekma,  1907).  La  Chimio- 
taxie  aussi  augmentait  dans  une  forte  pro[)ortion  en  ajoutant  un  peu  de  CaCl^  à  un  extrait 
de  bactéries  mis  dans  une  solution  de  i\aCl  (Hamhuriiek,  1'J08).  De  plus,  on  savait  déjà 
que  l'action  hémolytique  exercée  par  les  solutions  salines  très  diluées  sur  les  corpus- 
cules rouges  est  mitigée  par  l'addition  de  très  faibles  quantités  de  Ca.  Ainsi,  je  fus 
amené  d'abord  à  examiner  rigoureusement  et  par  voie  directe,  si  les  globules  rouges 
sont  perméables  à  Ca.  Et,  en  effet,  j'ai  pu  fournir  la  preuve  décisive  que  les  corpuscules 
sont  perméables  à  Ca  et  qu'ils  le  sont  même  dans  deux  sens  :  il  peut  y  avoir  entrée  et 
sortie  de  Ca.  A  cette  occasion,  j'ai  pu  constater  encore  que,  contrairement  à  l'opi- 
nion générale,  les  globules  rouges  normaux  contiennent  du  Ca.  Nous  avons  trouvé 
que  cette  opinion  erronée  était  due  à  des  fautes  commises  dans  les  évaluations  quan- 
titatives du  Ca.  (Hambuhger,  1908).  Ajoutons  qu'au  moyen  d'analyses  quantitatives  on  a 
également  réussi  à  montrer  la  perméabilité  des  globules  rouges  à  Mg,  K  et  Na  (Hambur- 
(;er  et  BuBANovic^. 

En  ce  qui  concerne  K  et  Na,  on  se  demande  pourquoi  les  déterminations  de 
CùRBER  ont  conduit  ce  savant  à  un  résultat  opposé.  D'abord  on  doit  prendre  en 
considération  que  la  méthode  d'évaluation  quantitative  de  ces  deux  métaux  est  loin 
d'être  exacte,  de  sorte  qu'il  faut  prendre  de  grandes  quantités  de  sang  :  c'est  ce  que 
Glrbf.r  a  négligé.  En  outre,  en  faisant  passer  de  l'acide  carbonique  par  la  suspen- 
sion de  corpuscules  sanguins  dans  une  solution  de  NaCI,  il  n'a  pas  tenu  compte 
des  changements  du  volume  de  sa  solution.  A  vrai  dire,  le  fait  qu'après  Taclion  de 
CO2,  il  ne  trouva  pas  altérée  la  concentration  du  Na  nous  porterait  précisément  à 
conclure  qu'il  y  a  eu  passage  de  Na.  Toute  réilexion  faite,  je  suis  persuadé  que  les  cor- 
puscules, dans  une  solution  de  NaCl  de  0,9  p.  100  subissent  encore  des  altérations 
par  rapport  à  leur^  kations,  phénomène  que  nous  avons  déjà  établi  de  différentes 
manières  en  qui  regarde  le  Ca. 

Une  solution  saline  phi/siolotjique  dans  le  sens  strict  du  terme,  c'est-à-dire  une  solution 
saline  à  tous  égards  indifférente  vis-à-vis  des  corpuscules  sanguins  n'existe  donc  pas.  Ce  qui 
en  approche  le  plus,  c'est  une  solution  qui,  isotonique  au  sérum,  contient  encore, 
outre  NaCl,  les  autres  sels  qui  se  trouvent  dans  le  sérum  et  qui  les  contient  en  quantité 
suffisante  pour  faire  équilibre  avec  les  globules  sanguins.  Cette  opinion  concorde  avec 
ce  que  Lokb  cX  d'autri;s,  dans  ces  derniers  temps,  nous  ont  appris  sur  l'influence 
qu'exercent  des  traces  de  dilléreiits  sels  sur  la  vie. 

Parmi  le  grand  nombre  d'exemples  nous  n'en  citerons  que  quelques-uns. 
Si  l'on  porte  des  œufs  de  Fundulus  —  petit  poisson  marin  —  éclos  dans  l'eau  de 
mer,  dans  une  solution  de  NaCl,  isotonique  à  ce  milieu  naturel,  les  alevins  meurent. 
Cependant,  je  le  répète,  la  solution  de  NaCl  est  isotoniijue  avec  l'eau  de  mer.  Mais  si 


720  ISOTONIE. 

l'on  ajoute  à  celte  solution  de  NaCl  pure  un  peu  de  MgCl2,  les  animaux  restent 
vivants  pendant  quelque  temps.  Si  l'on  ajoute  CaClo,  ils  vivent  beaucoup  plus  long- 
temps, et  si  l'on  ajoute  encore  un  peu  de  KCl,  ils  résistent  complètement  au  nouveau 
milieu.  Pour  expliquer  ces  faits  remarquables,  il  faut  savoir  que  les  cellules  animales 
contiennent  une  catégorie  de  substances,  nommées  par  Pauli  et  LoEh  ions-protéides;  ce 
sont  des  combinaisons  chimiques  de  protéides  (albumine)  et  d'un  ion  métallique. 

lien  existe  de  différentes  sortes  ;  on  y  trouve  des  protéides  de  Na,  K,  Ca,  Mg,  etc. 

Or,  qu'arrivera-t-il  quand  une  cellule,  contenant  de  telles  protéides,  est  mise  en 
contact  avec  une  solution  de  NaCl  pure?  Il  se  produira  alors  un  échange  entre  le  K  du 
protéide  et  le  Na  du  sel  marin.  Du  potassium  passera  dans  la  solution  de  sel  marin  et 
en  échange  une  quantité  équivalente  de  sodium  passera  dans  la  cellule.  Le  même 
échange  se  produira  avec  le  Ca  et  le  Mg  de  la  cellule,  de  sorte  qu'au  bout  de  l'expérience 
la  solution  de  NaCl  ambiante  contiendra  du  chlorure  de  potassium,  de  calcium  et  de 
magnésium.  Mais  en  même  temps  la  cellule  subira  une  modification  dans  sa  composition 
chimique;  en  effet  une  partie  des  protéides  de  K,  de  Ca  et  de  Mg  se  transformera  en 
protéides  de  Na;  le  contenu  subira  une  sorte  de  désintégration.  Si,  au  contraire,  on 
ajoute  à  la  solution  de  NaCl,  K,  Ca  et  Mg  dans  des  concentrations  correspondantes  aux 
K,  Ca  et  Mg  protéides,  contenues  dans  les  cellules,  il  ny  a  plus  de  raison  pour  que  le 
le  K,  Ca  et  le  Mg  en  sortent.  Il  y  a  équilibre. 

Encore  un  autre  exemple.  Celui-ci  se  rapporte  aux  organes  à  libres  musculaires 
lisses,  tels  que  Vinteslin  grêle,  l'uretère,  Vo:sopha(je,  Vutérus. 

La  plupart  des  expériences  relatives  à  ce  sujet  ont  été  faites  sur  lintestin  grêle; 
mais  les  résultats  sont  les  mêmes  avec  les  autres  organes  ici  mentionnés. 

Quand  on  extirpe  l'intestin  grêle  d'un  animal  qu'on  vient  de  tuer  et  qu'on  plonge 
cet  intestin  dans  une  solution  de  NaCl  à  0,9  p.  100  pure,  on  constate  des  mouvements 
péristaltiques;  mais  ceux-ci  ne  tardent  pas  à  cesser  tout  de  suite.  En  ajoutant  un  peu 
de  sels  de  Ca  et  de  K,  les  contractions  se  manifestent  de  nouveau  et  persistent  pendant 
des  heures.  Magnus  et  Hkdon  (1903-1905)  ont  enregistré  ces  mouvements,  et  ont  obtenu 
des  tracés  si  réguliers  et  si  beaux,  qu'on  croirait  avoir  affaire  à  un  organe  in  situ,  dans 
des  conditions  parfaitement  physiologiques.  En  effet,  ce  procédé  permet  d'étudier 
d'une  manière  très  simple  l'inlluence  de  toutes  sortes  de  médicaments  sur  les  mouve- 
ments intestinaux.  On  n'a  qu'à  ajouter  à  la  solution  saline  le  médicament  en  question 
et  à  enregistrer  les  contractions,  tant  des  fibres  circulaires  que  des  fibres  longitu- 
dinales. 

Je  viens  de  dire  que  les  autres  organes  à.  fibres  musculaires  lisses  montrent  les 
mêmes  phénomènes.  D'une  lapine  grosse,  on  extirpe  l'utérus,  on  le  plonge  dans  une 
solution  de  NaCl,  contenant  un  peu  de  KCl,  CaCL  et  MgCI^;  des  contractions  se  pro- 
duisent, et  les  petits  animaux  naissent. 

Cependant  la  quantité  des  sels  ajoutés  au  sel  marin  n'est  pas  chose  indifférente  ;  mes 
explications  sur  la  désintégration  des  ions-protéides  l'établissent  clairement.  En  effet, 
les  sels  doivent  être  ajoutés  au  soi-disant  «  sérum  artificiel  »  en  quantité  telle  qu'elle 
maintienne  en  équilibre  les  ions-protéides,  la  quantité  relative  de  ces  dernières  n'étant 
nullement  équivalente  dans  les  différentes  cellules. 

IIkdon,  par  exemple,  constata  que  l'intestin  plongé  dans  une  solution  dont  la  teneur 
en  CaCb  s'élève  au-dessus  de  0,1  p.  100,  ne  montre  aucune  contraction,  mais  reste 
fortement  raccourci  et  définitivement  immobile.  La  môme  solution  au  contraire,  conte- 
nant, au  lieu  de  0,1  p.  100  de  CaClj,  la  moitié  de  cette  quantité,  se  montre  un  liquide  très 
favorable  aux  mouvements  intestinaux. 

D'autre  part,  la  quantité  d'un  sel  qui  convient  à  un  organe,  ne  convient  pas  à  un 
autre.  En  d'autres  termes,  la  composition  du  milieu  le  plus  favorable  au  maintien  de 
l'irritabilité  n'est  pas  la  même  pour  les  divers  organes  contractiles.  Par  exemple,  le 
bicarbonate  de  soude  est  inhibiteur  pour  l'uretère,  à  la  dose  oîi  il  est  excitateur  pour 
l'intestin. 

Un  autre  exemple,  montrant  V insuffisance  de  la  solution  de  NaCl  pure  et  le  rôle  des 
ions  ou  des  ions-protéides  dans  la  vie,  est  le  fonctionnement  du  co'Ur. 

Un  cœur  de  tortue  cesse  de  battre  quand  on  le  plonge  dans  une  solution  de  NaCl 
pure;  mais,  si  l'on  ajoute  à  cette  solution  un  peu  de  KCl  et  de  CaCl:>,  il  se  remet  à  fonc- 


ISOTONIE.  Tîl 

tioiiner  (J.  I.okh,  I,an(;kni)oiii  k  et  IIueck,  IIowkll).  Ces  études  sur  le  cimir  di'  loitiic  oui 
provoqué  dos  reclierclics  lonlinnatives  suri»*  cœur  des  maiiiinirères,  ot  notaniineut  les 
expériences  remarquables  de  Kii.iahko.  Ce  savant  russe  est  parvenu  à  faire  revivre  le 
Cd'ur  d'individus  morts  depuis  24  heures  et  plus,  en  faisant  passer  par  le  système  coro- 
nairt<  une  solution  de  NaCl  additionnée  d'une  petite  quantité  de  CaCh,  de  KCl  et  do  \a 
HCOj.  Sans  cette  addition  l'expérience  ne  réussit  pas. 

C'est  un  mérite  de  HiNdK.n  d'avoir  fixé  le  rôle  de  chaque  ion  dans  le  foncliomieiiient 
tlu  C(pur.  D'après  ses  recherches,  la  chaux  est  d'une  jurande  importance  pour  la  systole, 
tandis  (|ue  la  potasse  favorise  la  diastole. 

Enell'et,  le  Ca-ion  renforce  la  systole.  I.ANr.KNDunn  et  IIlkck  démontrèrent  clairement 
ce  fait  sur  l'animal  vivant  (1903^.  Us  injectèrent  dans  le  courant  circulatoire  une  quan- 
tité de  solution  de  CaCli!,  capable  d'augmenter  de  0,0'6  p.  100  la  teneur  du  plasma 
sanguin  si  le  sel  injecté  y  restait  entièrement.  Après  l'injection,  ils  constatèrent  un 
renforcement  consitli'rable  des  contractions  et  une  élévation  très  prononcée  de  la  pres- 
sion sanj,'uine.  A  juste  titre,  ils  recommandant  aux  praticiens  de  ne  plus  injecter  des 
solutions  de  NaCl  pur  en  cas  de  faiblesse  cardiaque  par  suite  de  perte  de  saii/?;  mais 
d'y  ajouter  toujours  un  peu  de  CaClj  et  d(!  KCl.  Pour  l'homme,  il  est  r(iCommandable 
d'injecter  la  solution  suivante  (pour  un  litre),  en  grammes  : 

NaCl 8 

NaHCO:,.   ...  0,2 

CaClj 0,24 

IvCl 0,42 

On  voit  clairement  qu'une  solution  de  NaCl  à  0,9  p.  100,  tout  en  laissant  inaltéré  le 
volume  des  cellules,  n'est  pas  une  solution  indifférente.  Elle  détruit  la  composition  chi- 
mique des  cellules,  car  elle  exerce  une  iniluence  désinlégrante  sur  des  substances  de? 
plus  importantes,  c'est-à-dire  sur  leurs  ions-protéides.  Aussi  Loeu  |ieut-i[  avec  raison 
parler  de  la  «  toxicité  d'une  solution  de  NaCl  pure  ». 

Nous  devons  ajouter  que  le  danger  d'une  telle  solution  n'est  pas  de  même  degré 
pour  la  vitalité  de  toutes  les  cellules.  Par  exemple,  nous  avons  vu  que  les  phagocytes 
montrent  une  phagocytose  presque  aussi  grande  dans  le  NaCl  à  0,9  p.  100,  que  dans 
leur  sérum.  Tout  dépend  ici  de  la  perméabilité  et  des  conditions  dans  lesquelles  celte  per- 
méabilité peut  se  manifester.  De  ces  conditions,  nous  avons  traité  ailleurs.  [Arcli.  int.  de 
Physiol.,  1010.) 

VI.  —  TENDANCE  DANS  LA  SÉRIE  ANIMALE  A  GARDER  LA  PRESSION 
OSMOTIQUE  CONSTANTE.  DÉVELOPPEMENT  PH  YLO  G  É  N  ÉTI  Q  U  E  DE 
CETTE   PROPRIÉTÉ. 

L'individu  tend  à  garder  constante  la  pression  osmotique  des  cellules  constituantes 
de  son  organisme.  C'est  là  un  fait  primordial.  Quelles  que  soient  les  conditions  dans 
lesquelles  on  met,  par  exemple,  les  globules  rouges,  qu'on  les  place  dans  des  solu- 
tions salines  faibles  ou  fortes,  les  substances  constituantes  de  leur  contenu  ne  modifient 
que  très  peu  leur  force  hydrophile  (Hamuurger,  1889). 

On  pourrait  croire  (jue  ce  fait  doit  être  attribué  à  une  imperméabilité  aux  matières 
dissoutes  de  la  couche  extérieure  de  ces  cellules.  Mais  l'expérience  prouve  qu'il  n'en 
est  rien;  au  contraire,  la  perméabilité  est  assez  considérable,  et  la  possibilité  d'échanges 
nutritifs  l'exige.  La  vérité  est  qu'il  se  produit  un  échange  entre  les  matières  consli- 
tuantes  des  globules  et  celles  du  milieu  où  ils  se  trouvent  et  <|ue  cet  échange  de  sub- 
stances se  produit  dans  des  rapports  presque  isoioniques.  Les  globules  rouges  perdent 
de  leur  contenu,  mais  ils  prennent  parallèlement  au  milieu  ambiant  une  quantité  iso- 
tonique d'autres  substances.  Cependant  il  s'agit  d'expériences  m  vitro.  Un  |u»itit  impor- 
tant donc,  est  de  savoir  si  les  hématies  en  circulation  se  comportent  iTiiiie  Ih<  on 
identique. 

A  cet  elTet,  nous  devons  déterminer  comment  les  globules  se  comportent  lorsque 

DICT.    HE    l'IlYSIoLOt.It.    —    TUME     IX.  4fi 


72-2  ISOTONIE. 

le  plasma  sanguin  est  chargé  de  liquides  hyper-  ou  hypo-isotoniques.  Mais  comment  réa- 
liser ces  conditions?  On  pourrait  injecter  dans  le  courant  circulatoire,  des  solutions 
hyperisotoniques  ou  hypoisotoniques.  Mais  les  expériences  de  Dastre  et  Loyk  ont  claire- 
ment démontré  la  rapidité  avec  laquelle  les  substances  étrangères  ou  surabondantes 
sont  éliminées  du  courant  sanguin  (1889).  Il  s'agit  donc  d'abord  de  savoir  jusqu'à  quel 
point  on  pourrait,  par  l'injection  intraveineuse,  réaliser  de  pareilles  modiflcations  du 
milieu. 

Nous  avons  injecté  à  un  cheval  7  litres  d'une  solution  de  Nao  SO4.  Celte  solution 
serait  capable  dédoubler  le  pouvoir  osmotique  du  plasma,  si  les  vaisseaux  constituaient 
un  système  absolument  imperméable  aux  sels  et  à  l'eau.  Mais  qu'arrive-t-il?  Déjà  durant 
l'injection,  nous  vîmes  le  cheval  éliminer  une  grande  quantité  d'urine;  puis  il  se  fit 
une  évacuation  d'une  grande  quantité  de  fèces  liquides  ;  les  glandes  salivaires  et  lacry- 
males sécrétèrent  une  quantité  considérable  de  liquide,  et  dans  toutes  les  sécrétions 
on  retrouva  une  forte  proportion  de  Na^  SO4. 

Puis,  en  examinant  à  diverses  reprises  le  sérum  sanguin,  alin  de  savoir  si  le  Na^ 
SOi  le  rendait  encore  hyiierisotônique,  nous  pûmes  constater  que  déjà  quelques 
minutes  après  l'injection  le  phénomène  d'anisotonie  avait  déjà  cessé  d'exister.  Pour- 
quoi? Était-ce  parce  que  le  sang  avait  repris  sa  constitution  primitive?  Non,  car,  lorsque 
le  pouvoir  osmotique  du  sérum  était  déjà  revenu  au  taux  normal,  le  sérum  n'avait 
nullement  encore  récupéré  sa  composition  primitive  et  renfermait  encore  une  grande 
quantité  de  Na2  SO4,  que  la  méthode  d'évaluation  de  la  force  hydrophile  aurait  pu 
déceler  avec  grande  certitude.  Y  avait-il  donc  une  diminution  d'autres  substances? 
Certes,  le  sel  marin,  par  exemple,  se  trouvait  dans  le  sérum  à  un  taux  de  concentration 
plus  faible  qu'auparavant.  11  se  produit  donc  un  équilibre,  dont  le  seul  but  est  de 
garder  constante  la  pression  osmotique  du  sérum.  Plus  tard,  quand  la  pression  osmo- 
tique a  depuis  longtemps  récupéré  sa  valeur  normale,  la  constitution  chimique  primi- 
tive se  rétablit. 

Le  même  phénomène  s'observe  après  l'injection  de  solutions  diluées  hypoisoto- 
niques, par  exemple,  d'une  solution  de  Nao  SO4  à  1/2  p.  100.  (M  voit  ici,  une  fois  de  plus, 
la  restitution  du  pouvoir  osmotique  primitif,  avant  que  la  composition  normale  ne  soit 
récupérée.  En  cas  d'anhydrémie  produite  artificiellement,  c'est  encore  le  même  phéno- 
mène qui  se  présente. 

Nous  injectâmes,  par  exemple,  hypodermiquement  à  un  cheval  des  solutions  de 
pilocarpine  et  d'éserine,  ce  qui  provoqua  une  active  sécrétion  salivaire;  environ 
10  litres  de  salive  furent  recueillis  à  l'heure.  11  est  évident  qu'à  la  suite  de  cette  séci'é- 
tion  exagérée  la  densité  du  sang  devait  augmenter,  de  même  que  le  pouvoir  osmotique. 
Mais  ce  phénomène  n'eut  qu'une  durée  fugace  :  la  pression  osmotique  revint  aussitôt 
à  son  taux  normal.  A  ce  moment  toutefois,  le  sérum  était  loin  d'avoir  déjà  retrouvé  sa 
composition  primitive. 

Enfin  on  constate  encore  le  même  fait  quand,  par  des  saignées  considérables  (chez 
le  cheval  on  peut  aller  jusqu'à  des  soustractions  de  12  à  19  litres  de  sang),  on  provoque 
de  l'hydrémie  :  ici,  encore  une  fois,  malgré  l'importante  variation  de  composition  du 
sérum,  le  pouvoir  osmotique  revient  presque  immédiatement  à  sa  valeur  normale.  Il 
résulte  de  ce  fait  que  le  système  vasculaire  possède  la  propriété  de  maintenir  constante 
la  pression  osmotique  du  plasma,  malgré  les  sensibles  variations  constitutives  du 
sang  (1890). 

Malgré  les  modiflcations  de  la  composition  chimique  du  plasma  sanguin  provoquées 
par  la  pléthore  hydrémique,  l'anhydrémie  et  l'hydrémie,  la  force  hydrophile  du  contenu 
des  hématies  reste  constante  (1890). 

Cependant  toutes  les  espèces  animales  ne  présentent  pas  cette  invariabilité  marquée 
de  la  pression  osmotique  des  humeurs.  Chez  certains  poissons,  notamment  les  poissons 
cartilagineux  (sélaciens),  la  pression  osmotique  s'harmonise  avec  celle  du  milieu  et 
change  avec  celui-ci.  Ainsi  Bottazzi  a  constaté  que  le  sérum  des  Sélaciens,  habitant 
le  golfe  de  Naples,  a  une  dépression  de  A  —  2,30°;  c'est-à-dire  la  dépi-ession  de  l'eau 
de  mer. 

Mais  il  en  est  autrement  du  sérum  des  Téléostéens  du  golfe  de  Naples.  Dans  cette 
espèce,  déjà  plus  élevée  et  plus  développée  que  les  Sélaciens,  la  pression  osmotique 


ISOTONIE.  753 

allfiiil  environ  la  moitié  do  celle  tle  l'eau  de  iiioi .  \n,  une  certaine  indépendance  se 
t'ait  déjà  jour. 

Ace  point  de  vue  M.  Dekhuyzen  d'Utrecht,  lors  de  son  expédition  scienlifujuo  sur 
le  Zuiderzée  (lOOti),  a  fait  des  expériences  très  intéressantes.  En  étudiant  la  pression 
osnuiliiiue  de  l'eau  de  mer  et  de  divers  poissons  (|ui  l'habitent,  il  a  constaté  que  plusieurs 
poissons  appartenant  à  la  classe  des  Telcostccns,  s'enfuient  d(;s  endroits  où  rèj^'ne  une  ten- 
sion osuiotique  (jui  ne  leur  convient  i)as.  Or,  l'eau  du  Zuiderzée,  comme  M.  Dkkmuyzk.n 
l'a  établi,  est  soumise  au  même  endroit  à  des  oscillations  considérables  de  pression 
osuiotique;  c'est  surtout  le  cas  pour  la  région  des  embouchures  de  rivières.  11  a  trouvé 
que  ces  changements  sont  parfois  très  brusques;  il  parle  de  <i  tempêtes  osmoliques  ».  Il 
en  résulte  que  la  répartition  du  monde  des  poissons  peut  avoir  un  tout  autre  aspect 
aujourd'hui  que  demain.  Inutile  de  relever  son  importance  pratique  pour  les  pêche- 
ries, importance  qui  s'attache  aux  courants  et  à  tout«îs  autres  influences,  détermi- 
miiiant  la  pression  osmolique  momentanée  d'une  rét^ion. 

Des  vertébrés  plus  élevés  encore  que  les  léléosléens,  qui,  tout  en  habitant  la  mer 
dans  les  conditions  normales,  ont  néanmoins  le  pouvoir  de  respirer  [)ar  des  poumons, 
possèdent  une  pression  osuiotique  encore  plus  indépendante  du  milieu  extérieur.  La 
tension  osmolique  de  ces  animaux  est  presque  identique  à  celle  des  vertébrés  |exclusi- 
vement  terrestres. 

Enfin  la  pression  osmotique  du  plasma  sani,'uin  des  mammifères,  tels  que  l'homme, 
est  absolument  indépendante  de  leur  milieu  ambiant. 

Apparemment  la  propriété  de  ijardcr  la  pression  osmotique  constante  et  indépendante 
du  milieu  ertérieur  s'est  développée  dans  le  rè(jne  animal  par  voie  phi/loyénétique. 

Lko.\  FredkiuC(j,  à  qui  nous  devons  des  recherches  très  intéressantes  sur  ce  point,  a 
exprimé  ainsi  cette  loi  : 

«  A  mesure  que  l'organisme  se  perfectionne,  le  milieu  intérieur  s'isole  de  plus  en 
plus  du  milieu  extérieur,  les  surfaces  d'échange  (branchie,  intestin)  devenant  de  moins 
en  moins  perméables  (1904).  « 

(Voir  sur  ce  sujet  aussi  les  travaux  de  Quinton,  Roi)n-:n.) 


Vil.—    IMPORTANCE    DE   LA   PRESSION    OSMOTIQUE    OU    DE   L'ISOTONIE 
DANS  LA  VIE  NORMALE  ET  PATHOLOGIQUE. 
QUELQUES  EXEMPLES. 

a)  Force  motrice  de  la  pression  osmotique.    Formation  de  la  lymphe.  — 

Partout  où  les  molécules  albuminoïdcs  se  dt'com[)Osenl  en  molécules  de  structurr  plus 
simple,  il  se  produit  une  augmentation  du  nombre  des  molécules;  et  cette  augmentation 
provoquera  un  courant  d'eau  vers  l'endroit  de  la  décomposition.  C'est  ainsi  que  les 
tissus  attireront  de  l'eau  à  travers  les  capillaires  sanguins  (Roth).  Il  n'y  a  pas  de  doute 
•jue  nous  avons  alfaire  ici  à  un  des  facteurs  de  la  formation  de  la  lymphe.  Et  il  ne 
faut  |ias  croire  que  la  force  dont  il  s'agit  ici  est  une  (|uantité  négligeable.  Quand  deux 
liquides  séparés  par  une  membrane  ont  une  dépression  ne  différant  guère  «[ue  d'un 
millième  de  deijré,  cette  différence  provoque  le  passage  de  l'eau  d'un  côté  à  l'autre  avec 
une  force  correspondant  à  un  décimètre  d'eau,  et  cette  force  égalise  à  peu  près  la  pres- 
sion sanguine  dans  les  capillaires,  c'est-à-dire,  la  pression  par  laquelle  le  sang  se 
meut  dans  les  capillaires. 

En  effet,  à  quelle  solution  de  NaCl  correspond  ce  millième  de  degré  de  dépression? 
Une  solution  de  NaCl  à  1  i».  100  [irovoque  un  abaissement  de  0,6°  :  par  conséquent  un 

milliènii-  de  degré  correspond  à  peu  près  à  une  solution  de  NaCl  de    '         x    1  p.   100 

=  0,017  p.  100.  Donc,  (juand  dans  l'organisme  deux  liquides  voisins  ont  seulement  une 
différence  de  teneur  en  NaCl  d'à  peine  0,002  p.  100,  la  tendance  vers  l'équilibre  osmo- 
liiiue  ou  autrt;ment  dit  vers  l'isotonie  représentera  une  force  motrice  encore  plus  grande 
(jue  celle  de  la  pression  sanguine  dans  les  capillaires. 

Or,  grâce  à  l'assiniilalion  et  à  la  d('s;issiniilalion,  il  se  produit  sans  cesse  et  partout 
des  dilférences  de  concentration;  on  n'exagère  donc  nullement  en  disant  que  la  près- 


7J4  ISOTONIE. 

slon  osmolique,  ou  la  tendance  vers  l'isotonie  présente  une  force  motrice  des  plus  importantes 
et  des  plus  efficaces  dans  l'économie  animale. 

b)  Résorption  dans  les  cavités  séreuses  et  non  séreuses.  Douleur  et  anes- 
thésie  locale.  —  Quand  on  injecte  dans  les  cavités  abdominale,  pleurale  ou  péricur- 
dicjue  une  solution  saline  concentrée,  le  liquide  injecté  attire  bientôt  hors  des  vaisseaux 
sanguins  une  certaine  quantité  d'eau,  qui  rend  la  solution  injectée  isotonique  avec  le 
sérum.  Si,  au  contraire,  on  injecte  une  solution  faible  liypoisotonique,  celle-ci  cédera 
de  l'eau  au  courant  sanguin  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  en  équilibre  osmotique  avec  le  st'-- 
rum.  Ainsi  dans  les  deux  cas  on  constate  une  tendance  vers  l'équilibre  osmotique,  et, 
tandis  que  cet  équilibre  s'établit,  il  se  produit  une  résorption  du  liquide  (H.\muur(;er, 
1891).  La  même  tendance  se  manifeste  après  l'injection  de  liquides  anisotoniques  dans 
les  tissus  sous-cutanés  et  sous-muqueux.  Ici  encore  ces  liquides  finissent  par  devenir 
isotoniques  avec  le  sérum  sanguin. 

Or  on  a  observé  que,  tant  que  le  liquide  est  hyper-  ou  hypoisotonique,  l'individu  accuse 
de  la  douleur;  celle-ci  disparaît  quand  l'équilibre  osmotique  est  rétabli,  en  d'autres 
termes,  quand  le  liquide  injecté  est  devenu  à  peu  près  isotonique  avec  le  sérum  sanguin. 

Il  n'est  pas  douteux  qu'en  cas  d'hyperisotonie  la  douleur  doit  être  attribuée  à  une 
perte  d'eau  des  éléments  nerveux;  en  cas  d'hypoisotonie  la  douleur  se  produit  par  la 
turgescence  de  ces  éléments. 

HiTTER  explique  ainsi  la  douleur  des  inllammations  aiguës.  Auparavant  on  admet- 
tait que  la  douleur  était  due  (exclusivement  à  la  pression  mécanique  des  exsudais  sur 
les  nerfs.  Uittek  pense  que  l'état  hyperisotonique  du  sérum  de  l'exsudat  est  encore  une 
cause  de  douleur.  En  eil'et,  il  a  évalué  l'abaissement  dupoint  de  congélation  d'un  grand 
nombre  de  produits  d'indammation  aiguë,  et  il  a  trouvé  des  valeurs  presque  toujours 
beaucoup  plus  élevées  que  celles  du  sérum  sanguin.  Dans  tous  ces  cas  les  patients 
accusaient  une  douleur  très  vive.  Dans  les  abcès  froids  chroniques  au  contraire,  où  la 
douleur  faisait  défaut,  on  trouva  l'abaissement  du  point  de  congélation  identique  à 
celui  du  sérum  sanguin. 

Les  observations  de  Brau.n  et  de  Hkintz  sur  l'anesthésie  locale  sont  en  parfaite  con- 
cordance avec  les  recherches  de  Ritter. 

Braun  et  Heintz  injectèrent  dans  la  peau,  c'est-à-dire  dans  le  derme,  des  solutions 
salines  de  diverses  concentrations.  Une  solution  de  NaCI,  à  0,9  p.  100,  ne  provoqua  pas 
de  douleur;  des  solutions  plus  fortes  ou  plus  faibles  furent  douloureuses.  Us  expérimen- 
tèrent surtout  avec  les  solutions  faibles.  Celles-ci  causèrent  des  douleurs  ti'ès  vives, 
mais  passagères,  bientôt  suivies  d'un  état  anesthésique.  A  vrai  dire,  ce  fait  avait  déjà 
été  constaté  par  Schleich  et  utilisé  par  lui  pour  ses  injections  bien  connues.  Comme  on 
sait,  il  prescrit  une  solution  de  NaCl  à  0,2  p.  100,  solution  considérablement  hypoisoto- 
nique. Ce  n'est  que  pour  prévenir  la  douleur  de  l'injection  qu'il  ajoute  de  la  cocaïne. 

Or  Brau.n  [a  proposé  de  prendre,  au  lieu  d'une  solution  de  NaCl  de  0,2  p.  100,  une 
solution  de  0,9  p.  100,  (jui  ne  provoque  ni  la  douleur,  ni  l'anesthésie,  et  de  confier  l'anes- 
thésie exclusivement  à  la  cocaïne. 

Cette  proposition  comporte  deux  grands  avantages:  d'abord  l'injection  d'une  solu- 
tion contenant  seulement  0,2  p.  100  NaCI  provoque  souvent  des  œdèmes,  qui,  après 
la  résorption  de  la  cocaïne,  causent  une  douleur  prolongée.  En  second  lieu,  il  est 
rationnel  d'éviter  autant  que  possible  des  substances  pernicieuses  aux  tissus.  En  pas- 
sant, je  fais  remarquer  qu'à  ce  point  de  vue  on  comprend  qu'une  solution  de  NaCl  même 
à  0,6  p.  100,  injectée  dans  des  tissus  hyperesthésiques,  soit  douloureuse. 

Il  vaut  mieux  suivre  la  prescription  de  Braun  en  dissolvant  la  cocaïne  dans  une  solu- 
tion de  NaCl  à  0,9  p.  100.  La  cocaïne  elle-même  a  une  force  hydroi>hile  minime  et  par 
conséquent  négligeable. 

c)  Règles  diététiques  en  cas  de  troubles  gastriques.  —  La  pression  osmotique 
n'est  |»as  sans  importance  dans  la  diététique  en  cas  de  troubles  gastriques.  Strauss  a 
combattu  quelques  symptômes  à!  hyper  acidité  par  l'administration  de  sucre  de  canne 
en  solution  très  concentrée.  Ce  moyen,  depuis  longtemps,  lui  a  rendu  de  grands  ser- 
vices. La  inanière  dont  se  comporte  une  telle  solution  dans  l'estomac  est  facile  à  com- 
]»rendre.  La  paroi  stomacale  n'est  que  peu  perméable  au  sucre,  très  perméable  au 
contraire  à  l'eau.  La  solution  concentrée,  soit  de  15  p.  100,  étant  hyperisotonique  vis-à-vis 


isoTONiE.  -û:> 

(lu  plasiiKi  s;ini;niii,  ou  alliit'ia  df  I'imu;  pac  {•oiisi'iini'iit  !•'  suc  L'ashuiuo  se  dilu"',  cl  i^ii' 
cette  dilutiou  il  piMil  sou  li}  poiaciilili'. 

lluf  autn'  apftiicatiou  à  la  |ialliii!iiirio  de  l'cslnuiat^  est  (c'Ilrii.  Il  i>\  i  .iiimiricl 
d'i'vitor  i|uo  daus  l'iii'Hiffisdnci'  de  Ut  inolilité  de  l'c'slonidr,  loviiiiui'  uc  soit  cjiar;:!''  d'un 
•  outi'iui  surahoudaul.  l'ar  cousi-iiucut,  ilfaut  prosciiic  la  noiiii  itun»  cl  Icslioissons 
liypi'iisotouiiiues;  car  la  l'oict;  liydrophilc  de  celles-ci  tdaut  plus  élevéi-  que  (elle  du 
séiiiui  saui^uiu,  elles  alliierout  de  l'eau,  et  la  masse  inijérée  aui;nH;ulera  de  \idiiuie. 

C'eslaiusi  (pioudoil  ('viler  les  boissous  alcooliques.  Par  exeuijde,  le  viu  haueullialei 
a  une  ilépiessiou  de  —  "i",  le  viu  de  Bordeaux  de  —  4";  la  bière  d'exporlalion  (Sclnil- 
llieiss),  di'  —  2".  Donc,  1  4  litre  de  viu  de  Hoideaux  attirera  environ  deux  litres  d'eau; 
car  ce  n'est  (ju'après  cette  dilution  (pie  le  liquide  est  devenu  isotouii|ue  aveir  le  sérum 
sanyuin;  en  d'autres  termes,  l'équilibre  osmoti((ue  entre  le  contenu  de  l'estoniac  et 
le  sérum  sanguin  de  sa  paroi  ne  s'établit  ([u'après  une  pareilb;  dilution. 

Le  lait  a  une  dépression  concoidant  sensiblement  avec  celle  du  sérum  sauguiM. 

A  ce  point  de  vue,  le  médecin  a  intérêt  à  connaître  les  ilépressions  approximatives 
des  boissous. 

I.e  vin  attire  l'eau;  cbacuu  le  sait  par  expérience.  .\[)rès  une  libation  nu  peu 
copieuse  de  ce  li(juide,  on  a  suif. 

d)  Diagnostic  et  traitement  de  troubles  circulatoires.  Diagnostic  de  l'in- 
auffisance  des  reins.  Indication  de  la  néphrectomie.  —  h'aboid  Je  ferai  quebiues 
remarques  sur  le  diagnostic  el  le  traitement  des  troubles  circulatoires. 

De  par  l'alimentation,  la  quantité  des  molécules  de  notre  corps  s'accroît,  non  seule- 
ment de  toutes  les  particules  ingérées  comme  telles,  mais  en  réalité  d'un  nombre 
beaucoup  plus  considérable,  puisque  beaucouj)  de  molécules  subissent  une  décompo- 
sition. Or  cette  augmentation  amèueraitun  notable  accroissement  de  la  pression  osmo- 
ti(iue  du  sang,  si  les  reins  n'éliminaient  jias  les  inarticulés  superllues.  Kn  effet,  les  reins 
exercent  une  influence  |»répondérante  dans  la  régulation  de  la  pression  osmoti(|ue.  Ce 
fait  est  prouvé  d'une  façon  irn^'utabb,'  par  l'absence  de  toute  régulation,  après  ligature 
des  artères  rénales  ou  extirpation  des  deux  reins.  En  ces  cas,  la  pression  osmotique  du 
sérum  sanguin  augmente  considérablement  (IIamiujuc.ku,  1895).  11  est  évident  que  le 
même  pbénomène  devra  se  produire,  (juand  les  reins  deviennent  insuffisants  par  suite 
d'altérations  morbides. 

.Mais  l'insuflisance  rénale  n'est  pas  la  sevile  cause  d'élévation  delà  pression  osmo- 
tique du  sérum  sanguin.  Alex,  von  Kohânvi  constata  cette  même  élévation  daus  les 
troubles  circulatoires  des  cardiaques  avec  défaut  de  compensation.  Ici  la  teneur  consi- 
dérable en  acide  carbonique  est  seule  en  jeu.  Or  vo\  Korânvi  a  donné  une  métbode 
pour  diagnostiquer  ces  deux  causes  de  l'augmentation  (1897). 

Dans  ce  but  le  savant  bongrois  a  utilisé  nos  recbercbes  (1891)  et  celles  de  vo.n  Lim- 
HF.CK  (I89'')i  sur  l'iulluence  de  l'acide  carbonique  sur  le  sang.  Nous  avons  trouvé  qu'en 
mélangeant  ce  gaz  avec  le  sang,  il  se  produit  une  modification  dans  la  distribution  des 
substances  constitutives  des  globules  et  du  sérum.  I.e  sérum  cède  de  l'eau  et  du  cbloie 
aux  corpr.scule-;.  Donc  ces  derniers  se  gonflent  et  s'enrichissent  eu  c.blore;  par  contre 
ils  s'appauvrissent  en  alcali,  dont  ils  cèdent  uiu>  partie  au  sérum. 

Puis  la  pression  osmotique  augmente. 

Et  enfin,  chose  très  importante,  tous  ces  chaugemenis  sont  réversibles.  En  effel,  en 
liaitant  par  l'oxygène  le  sang  préalablement  mélangé  avec  l'acide  carbonique,  l'c'lat 
juiniitif  se  rétablit,  et  le  sang  récupère  sa  composition  antérieure.  Comme  je  l'ai  dil, 
VON  KoHÂ.NYï  a  utilisé  ces  recbercbes  pour  distinguer  l'augmentation  île  la  pressitui 
osmotique  due  à  des  troubles  circulatoires,  d'avec  celle  que  cause  linsuflisance  rénale. 
Il  lui  a  suffi  de  soustraire  au  patient  un  peu  de  sang,  de  soumettre  ce  sang  à  un  cou- 
lant d'oxygène  et  de  noter  le  point  de  congélation.  Si,  après  le  passage  de  l'oxygène,  la 
dépression  revient  à  sa  valeur  normale,  on  peut  dire  que  la  ci/anose  est  la  cause  de  smi 
augmentation.  Si  au  contraire  le  passage  d'oxygène  n'a  aucum^  influence,  il  existe  une 
iusiif'/isaiici;  des  reins. 

Si  la  dépression  n'est  que  partiellement  modifii'-e,  nous  avons  une  combinaison  des 
deux  troubles,  cest-à-dire  à  la  fois  un  enricbissement  ilu  sang  en  COj  et  une  insufli- 
sanee  rénale. 


726  ISOTONIE. 

En  second  lieu,  vos  Kokânyi  a  ulilisr  nos  recherches  dans  un  but  thérapeutique.  Si 
la  dépression  du  sérum  sanguin  d'un  cardiaque  est  augmentée,  l'auteur  hongrois  fait 
respirer  de  l'oxygène,  et  il  a  constaté  qu'il  s'opère  dans  le  courant  circulatoire  le  phé- 
nomène qu'on  observe  in  vitro.  Le  sang  recouvre  sa  composition  normale.  En  effet,  le 
plasma  (sérum)  récupère  l'eau,  que  sous  l'influence  de  l'acide  carbonique  il  avait  cédé 
aux  corpuscules;  cette  dilution  entraîne  une  diminution  de  viscosité;  la  circulation 
s'améliore.  Cette  amélioration  de  la  circulation  se  fait  sentir  dans  deux  sens;  d'abord 
le  sang  dans  le  système  coronaire  accomplit  mieux  sa  fonction  nutritive  que  lorsque  le 
courant  sanguin  est  ralenti  par  la  grande  viscosité  du  plasma;  le  cœur  bat  avec  plus 
d'activité.  En  second  lieu,  l'amélioration  de  la  circulation  se  manifeste  dans  la  fonction 
des  reins;  la  diurèse  devient  plus  abondante,  ce  qui  est  encore  favorisé  par  l'enrichisse- 
ment du  sérum  en  NaCl. 

Et  que  voit-on  à  la  suite  de  l'amélioration  de  l'activité  cardiaque  et  rénale?  Une 
disparition  des  œdèmes. 

Von  Korânyi  a  constaté  que  l'influence  favorable  des  inhalations  d'oxygène  persiste 
encore  longtemps  après. 

On  voit  ainsi  que  d'un  côté  l'évaluation  de  la  pression  osmotique  du  sérum  sanguin  donne 
le  diagnostic  différentiel  entre  le  ci/nnose  et  l'insuffisance  rénale;  on  voit  d'autrepart  qu'elle 
a  fourni  une  thérapeutique  rationnelle  des  troubles  circidatoires  d'origine  cardiaque. 

La  détermination  de  la  pression  osmotique  du  sérum  sanguin  présente  encore  un 
autre  intérêt.  On  l'a  utilisée  pour  établir  les  indications  de  l'extirpation  rénale. 

Depuis  longtemps  on  sait  que  l'absence  ou  la  maladie  d'un  rein  peut  être  compensée 
par  l'autre  rein,  celui-ci  étant  normal.  Vox  Korânyi,  Richteb  et  Roth  ont  irréfutable- 
ment démontré  (18991  une  pareille  compensation  de  la  fonction  régulatrice  de  la  pres- 
sion osmotique.  Ces  auteurs  virent  que,  chez  les  lapins  dont  un  des  reins  est  extirpé,  la 
dépression  du  sérum  sanguin  reste  inaltérée,  mais  qu'elle  s'élève  bientôt,  lorsque  le 
rein  sain,  resté  dans  le  corps,  a  subi  une  lésion  importante.  Si  par  conséquent  la  dé- 
pression du  sérum  sanguin  dépasse  la  valeur  normale,  les  deux  reins  doivent  être 
malades,  et,  d'après  Klmmkl,  à  qui  nous  devons  les  premières  recherches  sur  ce  point 
important,  on  fera  bien  de  s'abstenir  d'une  extirpation,  à  moins  qu'il  n'existe  une  raison 
majeure. 

Si  au  contraire  la  dépressi-on  du  sang  est  normale  (et  cette  valeur  chez  l'homme 
d'après  Kummel  est  de  0,55°-0,.j7°),  on  est  autorisé  à  retrancher  le  rein  malade. 

l/examen  comparatif  de  Vurine  de  chîique  rein  nous  permet  d'i'tablir  nettement  la 
valeur  fonctionnelle  de  chacun  d'eux.  Or  on  peut  recueillir  l'urine  séparément,  soit 
en  cathétérisant  les  deux  uretères,  soit  en  appliquant  le  diviseur  de  Luys. 

KiJMMEL  a  publié  tant  de  résultats  si  bien  documentés  qu'il  semble  presque  téméraire 
de  mettre  en  doute,  par  des  remarques  ou  par  des  objections,  l'exactitude  de  sa  thèse. 
Cependant  on  se  demande  comment  il  est  possible  que  cet  auteur  trouve  toujours 
0,55-0,07°  comme  point  de  congélation  du  sang  de  l'homme  normal  ;  car  la  pression 
osmotique  aux  diverses  heures  du  jour  est  soumise  à  d'assez  grandes  oscillations  et  peut 
sans  doute  dépasser  ces  limites. 

D'ailleurs  ce  fait  ne  peut  nous  étonner.  En  effet,  l'ingestion  de  nourriture  détermine 
une  augmentation  de  la  pression  osmotique  du  sérum.  Celle-ci  reste  plus  élevée  encore 
quelques  heures  après  le  repas.  Au  premier  abord,  ce  fait  semble  être  en  contradiction 
avec  tout  ce  que  nous  avons  dit  de  la  rapidité  avec  laquelle  la  tension  osmotique 
revient  à  son  taux  normal.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  résorption  des  aliments  ne 
se  produit  pas  tout  d'un  coup.  La  plupart  des  matières  ingérées  doivent  subir  un  chan- 
gement préalable  au  contact  des  sécrétions  glandulaires,  avant  leur  résorption.  Ensuite, 
après  absorption  de  ces  substances  parle  courant  circulatoire,  elles  se  décomposent  au 
sein  des  tissus  en  nombre  de  sous-produils  qui  présentent  ensemble  une  pression  osmo- 
tique plus  grande  que  les  substances  alimentaires  dont  elles  dérivent.  Ainsi  se  produit 
un  transport  régulier  de  molécules  vers  le  sang,  s'effectuant  encore  bien  longtemps 
après  le  repas.  Si  l'on  considère  les  multiples  variations  de  la  composition  de  notre 
nourriture,  on  comprend  facilement  que  l'heure  à  laquelle  on  prélève  le  sang  ne  peut 
être  indifférente.  Cependant  il  est  possible  de  créer  des  circonstances  réduisant  ces 
oscillations  à  un  minimum. 


ISOTONIE.  727 

ScHocTK  a  fait  sons  ma  direction  des  recherches  dans  cette  voie  (1903).  En  pre- 
mier lieu  on  proscrit  une  diète  composée  d'umfs  et  de  lait,  et  on  permet  à  la  personne 
en  observation  d'en  consommer  la  quantité  qui  lui  est  nécessaire.  C'est  un  régime 
qui  a  l'avantage  de  ne  pas  produire  de  très  grandes  oscillations  dans  la  dépression  du 
sang.  En  serond  lieu,  et  c'est  la  chose  principale,  on  prélève  le  sang  le  matin,  à  jeun, 
donc  à  un  moment  où  on  a  le  droit  de  supposer  que  la  piession  osmoti(|ue,  altérée 
par  la  nourriture  de  la  veille,  s'est  rétablie  à  son  taux  normal.  En  expérimentant  de 
cette  manière  on  trouve  une  dépression  oscillant  entre  (),.")(i°  et  O.IiS".  Mais,  si  l'on 
néglige  ces  précautions,  les  oscillations  sont  beaucoup  plus  grandes.  Évidemment 
l'examen  de  la  fonction  rénale  des  malades  exige  les  mômes  précautions.  Or,  chose 
remarquable,  les  publications  de  KCmmkl  ne  font  nulle  part  mention  d'une  précaution 
quelconque,  en  ce  qui  concerne  le  temps  où  il  prélève  le  sang. 

Je  pourrais  ajoutera  ces  exemples  plusieurs  autres.  C'est  ainsi  que  je  pourrais  men- 
tionner le  rôle  prépondérant  de  la  force  hydrophile  des  malii-rcfi  albiuninoidc^;  du  plasma 
sanguin  des  vaisseaux  péritonéaux  et  pleuraux,  dans  la  résorption  des  malières  salines 
dans  les  cavitcs  séreuses  (Starlixo).  Je  pourrais  citer  l'intluence  de  la  pression  osmo- 
tique  dans  la  genèse  de  l'hi/dropisie  et  l'usage  qu'on  a  fait  de  la  déternunation  du  point 
de  congélation  du  sérum  sanguin,  pour  établir  la  mort  par  submersion  (Cahkaha),  etc. 
Mais  je  ne  veux  plus  étendre  cet  article.  On  n'exagère  pas  en  disant  que  la  doctrine 
de  l'isotomie,  éclaircie  par  la  théorie  de  la  pression  osmotique  et  celle  des  ions,  a  déjà 
rendu  de  grands  services  dans  le  domaine  de  la  physiologie  et  de  la  pathologie,  et  sans 
doute  en  rendra  encore  plusieurs  autres. 

(Voir  pour  les  détails  :  Hamburger.  Osmotischer  Druck  und  lonenlehre  in  den  medi- 
cinischen  Wissenschaflen.  —  Lehrbuch  physikalisch-Chemischer  Methoden,  Wiesbaden, 
J.-F.  Rergmann,  3  volumes  {i902-l90i).  —  Physikalische  Chcmie  und  Medizin.,  Ein  Hand- 
buch,  herausgegeben  von  A.  von  Korânyi  und  P.  F.  Hichter,  Leipzig,  G.  Thieme,  1907- 
1908. 

H.   J.   HAMEURGER. 

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der  Eimvande  des  llerrn  H.  J.  Hamburger  gegen  das  Prinzip  der  con  L.  Bleibtreu  und  mir 
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728  ISOTONIE. 

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Rapports  sur  son  mémoire  couronné  concernant  l'influence  du  système  nerveux  sur  la  régula- 
lation  de  la  température  chez  les  animau.v  à  sang  chaud  [Bulletin  de  l'Acad.  Royale  de  Bel- 
gique 1882);  —  Zusammensetzung  der  Salze  des  Blutes  und  der  Geivebe  der  Seethiere  (Livre 
jubilaire  Soc.  méd.  de  Gand,  1884,  9)  ;  —  Influence  du  milieu  ambiant  sur  la  composition  du 
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animaux  ac^uatiques  [Arch.  de  Biol.,  xx,  1904,  709).  —  Frii;de.ntiial.  Veber  cine  ncur 
Methodezur  Bestimmung  der  y^irksamkeit  von  Fermentlôsungcn  [C.  P.,  xiii,  1899,  n°19); 

—  ïber  die  Genauigkeit  vonMcssungendes  Gcfrierpunktserniedrigung  bei  Anœendung  kleiner 
Fliissigkeitsmengen  [C.  P.  xiv,  1900,  n"  7).  — Gry.ns.  Omirent  den  invlocd  van  verschillende 
stoffen  ap  liet  volumen  der  roode  bloedlichaampjes  [Versl.  k.  Ak.  v.  W.  te  Amsterdam 
24  Feb.  1894,  138).  —  A.  Glrber.  Vber  den  Einfluss  der  Kohlensdure  auf  die  Vertheilung 
von  Basen  und  Sduren  zu'ischen  Seruin  und  Rlutkôrperchen  [Sitz.  ber.  d.  mcd.  physik., 
Gesellsch.  zu  Wurzburg,  25  Febr.  1895,  28-32).  —  Haake  et  Simro.  ïber  die  diuretische 
Wirksamkeit  im  Blute  isotonischer  Salzlositngen  [Hofmeisters  Beitr.  z.  Chem.  Phy- 
siol.  u.  Pathologie,  ii,  1902,  149).  —  H.-J.  Hamburger.  De  invloed  van  scheikundige  ver- 
bindingen  op  bloedlichaampjes  in  verband  met  haar  moleculair  gewichten  [Proc.  verh. 
k.  Ak.  V.  W.,  1883,  29  Dec);  — De  veranderingen  van  roode  bloedlichaampjes  in  Zout-en 
suikeroplosisngen  [Proc.  verb.  k.  .Ak.  v.  W.,  1884,  27  Dec.,  307-311);  —  ïber  den  Einfluss 
cliemischer  Verbindungen  auf  Blutkôrperchen  in  Zusammenhang  mit  ihrer  Molccularge- 
wichten  [A.  P.,  1886,  446);  —  Hoeioeel  water  kan  men  by  bloed  voegen  zonder  dat  haemo- 
glohine  Nittreedt  [Onderz,  1886,(3),  x,  33-35);—  ïber  die  durch  Salze  und  Rohrzuc- 
kerlôsungen  bewirkten  Veriinderungen  der  Blutkôrperchen  [A.  P.,  1887,  31);  —  Die 
Permeabilitât  der  rothen  Blutkôrperchen  im  Zusammenhang  mit  den  isotonischen  Cocffi- 
vienten  (Z.  B.  xxvi,  414)  ;  —  Die  isotonischen  und  die  rothen  Blutkôrperchen  [Z.  p.  C,  vi, 
1890,  319-333);  —  Ueber  die  Reglung  der  Blutbestandtheile  bei  hydrâmischer  Plethora, 
Hydrtimie  und  Anhydràmie  {Z.  B.,  xxvii,  1890,  259-308  et  Versl.  K.  Ak.  v.  W.,  (3)  vu, 
1890,  364-420);  —  ïber  den  Einfluss  des  respiratorischen  Gasioechsels  auf  die  Permeabilitât 
der  Blutkôrperchen  [Z.  B.,  xviii,  405-410);  —  Ovcr  den  invloed  der  ademhaling  op  de 
pcrmeabiliteit  der  bloedlichaampjes  (Z.  B.,  x.x.viii,  1891,  405);  —  Ocer  den  invloed  van 
Zuur  en  Alkali  op  gedifibrineerd  bloed  [A.  Db.,  1892,  513),  —  Die  physiol.  Koch'^alzlôsuny 
und  die  Volumbestimmung  der  kôrperlichen  Elemente  im  Blute  {C.  P.,  1892,  17  Juin)  ;  — 
Untersuchungcn  l'iber  die  Lymphbildung,  insbesondere  bei  Muskelarbeit  [Z.  B.,  xxx,  1893, 
143-178);  —  Vergleichende  Untersuchungcn  von  arteriellem  und  venôsem  Blute  und  ùber 
den  bedcutenden  Einfluss  der  Art  des  Defibrinirens  auf  die  Resultate  von  Blutanalysen  [A. 
P.,  Suppl.,  1893,  157,  332-339); — ïber  den  Einfluss  von  Sdure  und  Alkali  auf  die  Permea- 
bilitât der  lebendigen  Blutkôrperchen,  nebst  einer  Bemerkung  iiber  die  Lebensfàhigkeit  des 
(Iffibrinirlen  Blutes  [A.  P.,  Suppl.,  1893,  153);  —  Die  Yolumsbestimmung  der  kôrperlichen 
Elemente  in  Blute  und  die  physiologische  Kochsalzôsung.  Antwort  an  Herrn  Max  Bleibtreu 
C.  P.,  1894,  27  Jan.);  —  Sur  la  détermination  de  la  tension  osmotique  de  liquides  albwni- 
itetix  nu  moyen  de  l'abaissement  du  poitit  de  congélation  [Rec.  chim.  Pays-Bas,  xiii,  07-79  et 


ISOTONIE.  729 

CP.,  1894,  24  Febr.);  —  La  pression  namotiiiiir  (lans  Av  '•i-icnccs  ninlicdlis  .{.  A.  /».,  cxl, 
IS'JÎJ,  ;i03-!r23)  ;  —  l  cbcr  ilic  Fornti  eranderiint/eii  dcr  rothcn  lilutkuri>ercheit  in  Snhliisun- 
i/en,  Lijinplt  ttnd  rei'tltinttiiten  lilittsriuni  (.1.  .1.  /'..cxi.i,  IHy!!,  2.{0-2;j8)  ;  —  (  berdic  Heylunij 
dev  ostnotist  lien  Siniiinkid/'l  von  Flussii/kfiten  in  lUiucfi-und  l'cricdrdialhô/ile.  Ein  Itcitray 
ziir  Ki-nntnis^  drr  liesorplion  {Vcrli.  K.  Ak.  r.  \V..  tSOii,  iv,  n°  G,  90  et  À.  /'.,  189:1,  281- 
3C4,  i-t  La  lii-lyiijiic  i/iidic<di\  I89."i,  ii,  n^iU);  —  Die  oanioliscke  S/nninkiafl  dea  lilutaerums 
in  verac/iiedcnen  Stddivn  dcr  Yerblutunij{C.  P.,  189.>,  lî»  Juin);  —  l  ber  Uenarplinn  aita  der 
Pt-ritoni-aUiii/tle.  BemerkiUKjcn  zur  dem  Aiifsatze  des  llcrrn  />''  do/mstein  (C.  /'.  I89i), 
2  nov.);  —  La  détorniinalion  du  point  de  conf/clalion  du  luit,  comme  nioi/en  de  découvrir 
et  d'évaluer  ta  dilution  par  l'eau  liée,  chim.,  /'(///s-/^/s,  xiv,  1890,  349  et  .Y.  F.  roor  Phar- 
macie en  Tosciocoloyie,  7,  et  Zeitsclir.  f.  Fleisch  u.  Milcliliyijirne,  vi,  107)  ;  —  Ein  neues  Verfah- 
ren  zur  liestimmunn  iler  osmotixchen  Spannkruft  des  lilufserums  {('.  P.  1897.  20  juiii;;  — 
Ein/lusi  des  respiraturischen  Oaswechsels  auf  dus  Volum  unddie  Form  dcr  rothen  Blutkiir- 
perchen  (Z.  li.  xxxv,  1897,  2j2);  —  iber  den  Einfluss  yerinijer  (Juantiliitcn  Sauve  und  Alkali 
auf  das  Volum  der  rothen  und  weisscn  Blutkorperchen  {Verslay  K.  Ak.  v.  W.,  1897,  27  Febr. 
et  A.  P.,  1898,  .■}1-40V.'  —  ^  ber  den  Einfluss  von  Salzliisunycn  auf  das  Volum  thierischcr 
Zellen.  Erste  Miltheiliinn.  {Weisse  lilutkijrperehen,  rothe  lilutkiirperchen,  Spermatozoa  {A. 
I*.,  1898,  .'{17-341); —  iber  den  Ein/luss  von  Sulzlosunyen  auf  das  Volum  thierischer  '/.elle. 
V.uyleicli  ein  Versuch  zur  (luanlitadven  Besdmmuny  deren  (ieriistsubslanz,  i'""  Mitiheiluny, 
[Darm,  Trachea,  Harnblasen-und  Œsophayusepitel  [A.  P.,  SuppL,  1899,  431-470,  et  Versl. 
K.  Ak.  V.  \V.,  2,")  maurt  1899,  et  The  influence  of  sait  solutions  on  the  volume  of  animal 
celles,  et  N.  T.  v.  Oen.,  [2],  1231-1247);  —  Einc  Méthode  zur  Trennuny  und  quantitativen 
Uestimmuny  des  diffusibilen  und  nicht  diffusibilen  Alkali  in  serôsen  Flussiykeiten  {Verh.  K. 
Ak.  V.  W.,  Decl.  vi,  n«  \,U  et  A.  P.,  1898,  1-30);  —  (ber  das  Verhalten  des  Blasenepithels 
geyeniiber  llavnslo/f  {A.  P.,  1898,  9-22  .•  —  Sur  la  résistance  des  y  lobules  rouyes,  Analyse 
des  phénomènes  et  proposition  pour  mettre  de  l'unité  dans  les  év(duations  (J.  P.,  1900,  (2) 
nov.  11°  0  ;  —  Untersuchuny  des  Ilarns  mitlels  combinirter  Anwenduny  von  i'iefrierpunkt- 
und  lilutk(Jrperchenmelhode[Centralbl.  f.  inn.  Med.,  n»  12,  1900,  et  A'.  F.  v.  Gen.,  1900,  (1), 
838-8bO!.  —  Hamhlrger  et  M.  H.  J.  v.  d.  Sciiroef.  Die  Permeabilitdt  von  Leucocyten  und 
Lymphdriisenzelten  fiir  die  Anionen  von  Natriuvisalzen  [A.  P.,  Suppl. ,i90i,  121).  —  Ham- 
Bi  RGKR.  Osmotiseher  Druck  und  lonenlchre  in  den  medizinischen  Wissensehaften,  zugleick 
Lehrbuch  physik.  Chemischcr  Methoden  {Phy.sikalisch-chemische  Orundiayen  und  Metho- 
den.  Die  Beziehunyen  zur  Physioloyie  und  Patholoyie  des  Blutes).  Wiesbaden  :  ./.  F.  Bery- 
mann,  1902,  539i.  —  HambuR(.er  et  v.  Lier.  Die  Durchliissigkeit  von  rothen  Blutkorper- 
chen fur  die  Anionen  von  Natriumsalzen  (A.  P.,  1902,  492-532).  —  IIamiîurcer.  Die  Con- 
centrationsanyabe  von  Losungen  (Zeitschr.  f. physik.  Chemie,  1904,  xlvii,  493-497);  —  Eine 
.Méthode  zur  Bestimmuny  des  osmotischen  Druekes  sehr  yerinyer  Fliissiykeitsmengen  [Biochem. 
Zeitschr.,  1900,  i,  2;)9-281i.  —  Hamburger  et  Hekma.  Over  phagocytose  ;  et  Quantitative 
researches  on  phayocylosis.  A  Contribution  ta  the  bioloyy  of  phayocyles  Proeeedinys  of  the 
Boy.  Soc,  1907,  29  juin);  —  Quantitative  Studien  uber  Phuyocytose  (Biochem.  Zeil>ichr., 
1907,  m,  vii,88-Ho;  102-110);  —  Quantitative  Studien  uber  Phayocytose.  Zur  Bioloyie  des 
Phayocyten,  (iii)  [Bioch.  Z.,  1908,  (ix),  375-300).  —  Hamiîi  rger.  On  the  permeability  of 
red  bloodcorpuscles  to  calcium  (Proceed.  of  the  Boy.  Soc.,  1908,  31  october).  —  l  ber 
den  Durchtritt  von  Ca-Jonen  durch  die  Blutkorperchen  und  dessen  Bedinyunyen  (Z.  f. 
ph.  Chemie,  lxix,  1909,  063,  25  Jahre).  —  Osmotiseher  Druck  in  den  medicinischen  Wis- 
senschafte)i  (Janus,  Arch.  intern.  pour  l'Histoire  de  la  Médecine,  xv,  1910,  787).  —  Hambur- 
ger et  liuBAiVovic.  La  perméabilité  physioloyitiue  des  y  lobules  rouges,  spécialement  vis-à-vis 
des  Cations  {Arch.  intern..  de  Physiol.,  \,  1910,  1).  —  Hedin.  Untersuchungen  mit  dem 
Hnmafokrit  Skand.  A.  f.  Phys.,  1892,  360);  —  ïber  die  Brauchbarkeit  der  Centrifuyal- 
kra/t  fiir  quantitative  Blutuntersuchungen  (A.  y.  P.  i.\,  1895,  360);  —  Iber  die  Einwirkuny 
einiyer  Wasscrlosungen  auf  das  Volumen  der  rothen  Blutkorperchen  (Skand.  Archiv.  f.  Phy- 
siol. V,  1895,  207  et  238);  —  Iber  die  Bcstimmung  isosmotischer  Konzentration  durch 
Centrifuyiren  von  Blutmischunym  (Zeitschr.  f.  physik.  Chemie,  xvn,  1895,  164);  —  iber 
die  Permeabilildt  der  rothen  Blutkdrperchen  lA.  y.  P.,  lwiii,  1897,  229i;  —  Versuche  Uber 
das  Vevmôyen  derSaIze  einiyer  Slicksto/fbasen,  in  die  Blutkiirperchen  einzudringen  [A. y.  P., 
i.xx,  1898,  ."i2o  ;  —  Hkdo.n  ft  Fleig.  Sur  l'entretien  de  l'irritabilité  de  certains  oryanes 
séparés  du  corps  pur  immersion  dans  un  liquide  nutritif  artificiel  li.  li.,  1903,  lIOo  »*t  C.  H., 


730  ISOTONIE. 

oxxxvii,  217).  —  Hkdon.  Action  des  sérums  artificiels  et  du  Rénim  sanr/uin  sur  le  fonctionne- 
ment  des  organes  isolés  des  mammifères  {Arch.  internat,  de  PhysioL,  1905,  95-126).  — 
R.  Heidenhain.  Ncue  Versuche  ùber  die  Aufsaugting  des  Dànndarms  {A.  g.  P.,  lvi.  1894, 
579).  —  P.  Heinze.  E.vperimentelle  Untersuchungen  iiher  InfiUrationsanasthesic  [A.   P., 
CLiii,  1898,  466).  —  HiRSHMANN.  Vber  die  Reizung  motorischer  Nercen  durch  Lôfiungcn  von 
Neutrahnhon  (A.  g.  P.,  il,  1891,  301).  — Van't  Hoff.  Die  Rolle  des  osmotischcn  Druckes  in 
der  Analogie  zwischen  Liisungen  und  Gasen  [Zeitschr.  f.  phijsik.  Chemie,  i,  1807,  481).  — 
HoLBORN  und  KoHLRAUSCH.  Das  Leitrermôgen  der  Electrohjte  (Leipzig  :  Teitbner,  1898).  — 
HowELL.  On  the  relation  of  the  blood  to  the  automaticity  und  séquence  of  ihe  heart  beat 
{Americ.  Journ.  of  PhysioL,  ii,  1898,  47).  —  Howell.  An  analysis  of  the  influence  of  the 
sodium,  potassium  and  calcium  salts  of  the  blood  on  the  automatie  contractions  of  heart- 
nmscle  (Americ.  Journ.  of  PhysioL,  vr,  4,  1901-1902,  181).   —  Huek  et  Langendorf.  Die 
Wirkung  des  Calciums  aufdns  llerz.  [A.  g.  P.,  xcvi,  1903,  473).  —  Kohlrauscii  et  Holborn, 
Das  Leitrermôgen  der  Electrolyte,  (Leipzig  :  Teubner,  1898).  —  F.  Kohlrausch.  Das  Gesctz 
von  den  unahhàngigen   Wanderungen  der  lonen  [Wiedem.  Ann.,  vi,  1879,  1  et  107);  — Das 
electrischc  Leitungsvermôgen  der  uàsserigen  Lôsungen  von  den  Hydraten  und  Salzen  der 
leichten   Metalle,  soivie  von  Kupferritriol,    YÀnkvitriol  und    Silbersalpeter  (Wiedemann's 
Ann.,  VI,  1879,  145).  —  Koei'I'E,  ï'ber  den  Quellungsgrad  der  rothen  Blutscheiben  durch 
aquimoleculare  Salzlôsungen  und  iibcr den  osmotischcn  Druck  des  Dlulplasmas  [A.  P.,  1895, 
154);  —  Bemerkungen  zu  lledin's  Abhandlung  ;  Vber  die  liestimmung  isosmotischer  Konzen- 
tration  durch  Zentrifugieren  von  Blutmischungcn    {Zeitschr.  f.  Phys.  Chemie,  xvii,   1895, 
552);  —  i'ber  Osmose  und  den  osmolischen  Druck  des  Blittplasmas  (/).  med.  Wochenschr., 
1895,  545);  —  Der  osmotische  Druck  als  Ursache  des  Stoffaustausches  zwischen  rothen  Blut- 
kôrperchen  und  Salzlôsungen  (A.  g.  P.,  lxvii,  1897,  1  89)  ;  —  Physiologische  Kochsalzlosung., 
lsotonie,Osmotischer  Druck  [A. g.  P.,lxv,  1897.  492); —  Die  Volumànderungen  rothcr  Blut- 
scheiben in  Salzôsungen  (^Archir  f.  Anat.  u.  PhysioL,  1899,  504);  —   Die  Berechnung  der 
Genistsubstanz  rother  Blutkorperchen  nach  H.  J.  Hamburger  (Archiv  f.  Anat.  ii.)  PhysioL, 
1900,  308).  —  A.  V.  KoRÂ.NYi.  Physiologisch  nnd  klinische  Untersuchungen  iiber  den  osmo- 
tischcn Druck  thierischer  Flùssigkeiten  [Zeitschr.  f.  klin.  Med.,  xxxiii,  1897,  1,  etxxxiv,  1898, 
1). —  H.  KCmmel.  Die  Feststellung  der  Funktionsfàhigkeit  dcrNieren  vor  opérât iv en  Eingriff en 
(D.  Arch.    f.  klin.  Chirurgie,    xli,    1900,     690);    —    Die   Gi'enzen    erfolgreichcr   Nieren 
exstirpation  und  die  Diagnose  der  Nephritis   nach  kryoskopischcn  E/rfahrungen  [Deutsch. 
Arch.  f.  klin.  Chirurgie,    lxvii,   1902,  487).  —  J.  J.  Kunst.    Beitràge  zur  Kenntniss  der 
Farbenzerstreuung  und  des  osmotischcn  Drucks  ciniger  brechcnden  Medien  des  Auges  [Inaug. 
Dissert.  Frciburg  im  Br.  Lciden,  1895).  —  Langendohff  et  Hueck.  Die   Wirkung  des   Cal- 
ciums auf  das  llerz  [A.  G.  7\,xcvi,  1903,  473). —  V.  Limbeck.  A7/m.scAe  Beobachtungcn  iiber 
die  Resistenz  der  rothen  Blutkorperchen  tmd  die   Isotonievcrhdltnisse  des   Blutscruîns  bei 
Krankheiten  [Prag.     med.    Wochenschr.,  1890,  n"*  28  et  29);    —    i'ber  den  Einfluss   des 
respiratorischen  Gaswechsels  auf  die  rothen  Blutkorperchen  [A.  P.  P.  xxxv,  1895,  309);  — 
Gru7idniss  der  kiinischen  Pathologie  des  Blutes  (2  Aull.,  1896,  165).  ' —  J.  Loeb.  Uber  die 
Entstehung  der  Activitàts  hypertrophie  der  Muskeln  {A.  g.  P.  lvi,  1894,  270)  —  Physiolo- 
gische Untersuchungen  iiber  lonenivirkungen.  1°  Mitheilung.  Versuche  am  Muskel{A.  g.  P., 
LXix.  1898, 1);  (2  Mittheilung,  A.  g.  P.,  lxxi,  1898,  457)  ;  —  Uber  die  Aehnlichkeit  der  Fliissig- 
keitsresorptïon  in  Muskeln  und  in  Seifen  [A.  g.  P.,  Lxxv,  1899,  303);— Oh  the  nature  of  the 
process  of  fertilization  and   the   unfertilized  egg  of  the  sea   urchin  {Americ.  .Journ.  of 
PhysioL, ui,  (3),  1899,  135); —  Furthcr  eiperiments  on  artificial  parthenogenesis  and  the 
nature  of  the  process  of  fertilization  [Americ.  Journ.  of  Physiolog.,  iv,  1900,434);  —  Vber 
den   Einfluss   der   Werthigkeit   und  môglicher  iveise  der  elektrischen  Ladung  von  lonen 
auf  ihre  antitoxische  Wirkung  {A.  g.  P.,  lxxxviii,   1901,  68;   — Experiments  on  artificial 
parthenogenesis  in  Annelids    [Chaetopterus)  and  the  nature  of  the  process  of  fertiliza- 
tion [Aineric.  Journ.   of  PhysioL,  iv,  1901,  423; —   Studies  on   the  physiotogical  effecls 
of  the  valency  and  possibly  the  electrical  charges  ofions.  L  The  toxic  and  antitoxic  effects 
of  ions  as  a  function  of  their  valency  and  possibly  of  their  electrical  charge  {Americ. 
Journ.  of  PhysioL,\\,  i90'2,  441).  —  Loeper.  Mécanisme  régulatear  de  la  compositiondu  sang 
(Paris,  G.  Steinheil,  1903).  —  Loye  et   Dastre.  Noucelles  recherches   sur  l'injection  de 
l'eau  salée  dans  les  vaisseaux  {A.  P.,  1889,  253). —  R.   Magnus.  Vergleichung  der  diure- 
tischen  Wirksamkeit  isotonischer  Lôsungen  [A.  P.    P.,  xliv,  1900,  396.  —  Malassez.  Les 


ISOTONIE.  731 

pn'miéirf<  rccht'i'chrs  giir  hi  idsislmicc  (lf>i  i/lofuilrs:  rotigcs  tlii  sanij  (Mcmoivcn  de  la  Soc. 
(le  Biol.,  1S7;K  l.li  et  ('i>inplt;s  retidu'i  de  lu  Suc.  du  liiol.,  ISO"),  2);  —  Sur  les  Kiduliniia 
mlées  dites  ])lii/xi,dtitiii/ae>i{(\  II.  Suc.  liiol.,  m,  iSOG,  HOi).  — E.  M.\ii.\(;liano  et  Gastem.i.no. 
L'ber  die  htmiaaine  Nehrobiose  der  rotlien  lUiiIkiirperclien,  Kowohl  iu  nornuilem  ivi<'  (im-h 
in  patholoyiscliein  Zustaude,  uiid  ihreii  acniiolixj indien  and  klinisclien  WeriU  {Zcihdir.  f. 
klin.  Med.,  1892,  415).  —  Massart.  Sensibilité  et  adaptation  des  on/anismcs  A  la  concentra- 
tion des  solutions  salines  [Archir.  de  liiol.,  ix,  1889,  51.")).  —  Morua.n.  The  action  of  sait 
solutions  on  tlie  unfertilized  and  fertilized  e<jrjs  of  Arbacia  nnd  of  other  animais  {Arcli. 
fïir  die  Entu'icklumjsmechanik,  viii,  1899,  448).  — ■  A.  Mosso.  f  ber  vcrschiedene 
Jiesistenz  der  Jilutkôrperchen  bei  l'crschiedenen  Fischarten  {02  Versamml.  deutsc/ier 
yaturf.  und  Aerztc  in  Heidelbenj,  21  sept.  1899  et  liiol.  Cenlralbl.,  x,  1890,570);  — 
OvF.RïON.  Osmotische  Eigenscliaften.  der  Zellen  in  ihrer  Bedeutung  fiir  die  Toxikoloyie 
und  Pharmakologie  {Zeitschr.  f.  physik.  Chemie,  xxii,  1897,  189).  —  Oui.ow.  Einige  Versuche 
i'ibcr  die  liesorption  in  der  Bauchhohle  [A.  g.  P.,  i.xix,  1895,  170).  —  Pfkifkkr  et  Sommer. 
iber  die  Résorption  wasseriger  Salzldsungen  aus  dem  nunischlichen  Magen  unter  physiolo- 
gischen  und  patliologisclten  Verltnllnissen  {A.  P.  P.,  XLiii,  1900,  93).  —  Quixton.  Ilypolltcse 
de  l'eau  de  mer,  milieu  vital  des  organismes  élevés  {Compt.  rend.  Soc.  Biol.,  30  oct.  1897, 
935);  —  Communication  osmotique  chez  l'invertébré  marin  normal  entre  le  milieu  intérieur 
de  l'animal  et  le  milieu  extérieur  {C.  R.,  26  nov.  et  3  déc,  1900,  905).  —  Raoult.  Sur  la 
tension  de  vapeur  et  sur  le  point  de  congélation  des  solutions  salines  {C.  R.,  lxxxvii,  1878, 
167);  —  Sur  le  point  de  congélation  des  liqueurs  alcooliques  (C.  R.,  xc,  1880,  865)  ;  —  Loi 
de  congélation  des  solutions  aqueuses  des  matières  organiques  (C.  R.,  xciv,  1882,  1517);  — 
Recherches  sur  le  partage  des  acides  et  des  bases  en  dissolution  par  la  méthode  de  congéla- 
tion des  dissolutions  (C.  R.,  xtjvi,  1883,  560);  —  Bestimmung  des  Gefrierpunktes  ivdsseriger 
Lôsungen  von  grosser  Verdiinnung,  Anwendung  auf  den  Rohrzucker  [Zeitschr.  f.  phys. 
Chemie,  ix,  1892,  343);  —  ï'ber  Prdzisionskryoskopie  sowie  einige  Anwendungen  derselbcn 
auf  wàsserige Lôsungen {Ubersezt. R. Luther)  [Zeitschr.  f. physik. Chemie,  xxwi,  1898,  617);  — 
RiCHTER  et  RoTH.  Experimentelle  Beilrâge  zur  Frage  der  Nieren  insufficienz  [Berl.  klin. 
Wochenschr.,  1899,  657-683).  —  Sid.nky  Ringer.  Action  of  lime-,  potassium-  and  sodium 
salts  on  skeletal  muscles  [Journ.  Physiol.,  vu,  20,  1887).  —  Ritter.  Die  natiirlichen  schmcrz- 
linderden  Mittel  des  Organismus  [Arch.  f.  klin.  Chirurgie  (lxviii,  1902,  429);  —  F.  Rodier. 
—  Observations  et  expériences  comparatives  sur  l'eau  de  mer,  le  sang  et  les  liquides  internes 
des  animaux  marins  {Travaux  du  laborat.  de  la  Société  scientif.  et  station  zoologique  d'Ar- 
cachon,  m,  1899,  103);  —  Sur  la  pression  osmotique  du  sang  et  des  liquides  internes  'chez 
les  poissons  sélaciens  {C.  K.,  Lxxxr,  1900,  10  déc,  1008);—  Roth.  Ûber  die  Permeabilitàt 
der  Capillârwand  und  deren  Bedeutung  fur  den  Austausch  zioischen  Blut  und  Gewebsflii- 
sigkeit  [Archiv  f.  {Anat.  u.)  Physiologie,  1899,  416).  -  Rotii  et  Richter.  E:iperimentelle 
Beitrdge  zur  Frage  der  Niereninsufficienz  {Berl.  klin.  Wochenschr.,  1899,  657-683).  — 
RoïH  et  Strauss.  Vntersuchungen  ûber  den  Mechanismus  der  Résorption  mul  Sécrétion  in 
menschlichen  Magen  {Zeitschr.  f.  kliii.  Med.,  xxxvij,  1899,  144).  —  Sabenejew  et  Alexa.\- 
DROW.  ï'ber  dus  Moleculargeioicht  des  Eieralbumins  {Zeitschr.  f.  physik.  Chemie,  ix,  1892, 
88).  —  D.  Schoute.  Het  physischchemisch  onderzoek  von  menschelyk  bloed  in  de  Ktiniek 
{Diss.  Groningen,  1903).  —  Sommer  et  Pkeikfer,  Uber  die  Résorption  tvdsserigenSalzlôsungen 
aus  dem  menschlichen  Magen  unter  physiolog.  und  patholog.  Yerhdltnisse  [A.  P.  P.  xlik, 
1900,  93).  —  Si'iRO  et  Haake.  Uber  die  diuretische  Wirksamkeit  dem  Blute  isotonischer 
Salzlôsungen  [llofmeister's  Beitrdge  zur  Chem.  Physiol.  und  Path.,  u,  1902,  149).  — 
Starling  et  TuBBY.  ()/i  absorptiotb  from  and  sécrétion  into  the  serons  cavities  (J.  /*.,  xvr, 
1894,  140).  —  Starling.  The  influence  of  mechanichal  factors  on  lymph  production  (J.  P. 
XVI,  1894,  224);  —  On  the  mode  of  action  of  lymphagogues  {J.  P.,  xvii,  1894,  30);  —  Arris 
and  Gale  lectures  on  Dropsy  {The  Lancet,  9,  16  et  23  may  1896)  ;  —  On  the  absorption  of 
fluids  from  the  connective  tissue  spaces  (J.  P.,  xix,  1896,  312);  —  The  production  and 
absorption  of  lymph  {Textbook  of  Physiol.,  1898,  i,  235);  —  The  globular  functio7is  of  the 
kidney  (J.  P.,  xxiv,  1899,  317).  —  Strauss  et  Roth.  Untersuchungen  iiber  den  Mechanismus 
der  Résorption  und  Sécrétion  im  menschlichen  Magen  {Zeitschr.  f.  klin.  Med.,  xxxvii,  1899, 
144).  —  Strauss.  Zur  Funktion  des  Magens  {Verhandl.  d.  xviii,  Congr.  f.  inn.  Med.,  1900, 
556).  —  Tammann,  Thdtigkeit  der  ISiere  im  Lichte  der  Théorie  des  osinotischen  Drucks 
{Zeitschr.  f.  physik.  Chemie,  xx,  1896,  180).  —  Tangl  etBuRGAKSKi.  Physikalisch-Chemische 


732  ISOTONIQUE    —    IVAINE. 

Uulersuckungen  iibcr  die  molccularcn  Concentration^verlMltnhsc  des  lihUes  (A.  (j.  P.,  lxxii, 
dH98,  531).  —  Urcelay.  De  la  résistance  des  globules  rowjes  {Diss.  in.  Paris,  1395).  — 
Vaquez.  Des  méthodes  propres  à  évaluer  la  l'ésistance  des  ijlobules  rouges  {li.  B.,  1898, 
159);  —  Des  méthodes  propres  à  apprécier  l'état  des  fonctions  rénales  {La  Presse  méd., 
1900,  n"  14,  64).  —  Hugo  de  Vries.  Analyse  der  Turgor  (Proc.  Verb.  d.  k.  Ak.  v.  W.  te 
Amsterdam,  27  oct.  1882);  —  Methodon  zur  Analyse  der  Tiirgorkraft  [Priugsheimer  Jahrb. 
f.  wissensch.  Botanik,  xiv,  1884,  427);  —  Osmotische  Vfisuche  mit  trijenden  Memljranen 
{Zeitschr.  f.  physik.  l'hernie,  ii,  1888,  14o);  —  Willehdinu.  Hamburger's  BlufkOrperchen- 
methode  in  ihren  Beziehungcn  zu  den  Gesctzcn  des  osmotischen  Dnicks(Diss.  Giessni.i89~). 
—  WiNTEK.  De  la  concentration  moléculaire  des  liquides  de  l'onjaitismc  (Arch.  de  Physiol., 
1896,  114). 

ISOTONIQUE  (Contraction).   -  v.  Muscles. 

IVAINE.   —  Substance  très  amère,  extraite  de  VAchillea  moschatu   (C^'-H^-O^). 


J 


JABORANDINE.  —  (C-H'^z^oi)  ProJuit  d'oxydation  de  la  pilocarpine. 
V.  Pilocarpine. 

JABORINE.  "  (C"H"'Az02) Substance  nialdérinie.  extrailiMlu  jaborandi,  en 
môme  temps  que  la  pilocarpine.  V.  Pilocarpine. 

J  ACARANDINE.  —  Matière  tinctoriale  jaune  voisine  de  la  lute'oline,  qu'on 
extrait  de  l'ébône  vert  \Excalcarbi  ijlandulosa  et  Jacdranda  ovalif'olia}.  (C'-'*H-*0'").  On  la 
trouve  associt^e  à  l'excalcarine  (C'H'-O'). 

J  A  LAPINE.  —  Substance  extraite  de  la  résine  de  jalap  [Exogonium  Jalapa  nu 
Ipomaca  orizabcnsis).  C'est  un  glycoside,  homologue  de  la  couvolvuline,  qui  répond  à  la 
formule  C'^H-^^O'".  On  peut  l'extraire  aussi  de  la  scammonée  (Convolvulux  scamnionia). 
Klle  est  peu  soluble  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  l'alcool  et  dans  rélher;elle  se  dissout 
sans  s'altérer  dans  l'acide  acétique.  Sous  l'action  des  acides  étendus  bouillants,  elle  donne 
du  glycose  et  du  jalapinol  (C^^H^-O").  Elle  est  identique  au  corps  qu'on  appelait  scam- 
monine.  On  obtient,  en  traitant  b'  jalapine  par  les  bases,  de  l'acide  jalapique  ou  scani- 
monique  (C**H"*'0'^),  et,  en  traitant  le  jalapinol  par  ces  mêmes  bases,  de  l'acide  jalapi- 
nolique  (C'^H^^O').  Les  propriétés  drastiques,  purgatives,  irritantes  du  jalap  et  de  la 
scammonée  sont  dues  à  laconvolvuline,  laquelle  a  été  d'ailleurs  beaucoup  plus  étudiée, 
plutôt  qu'à  la  jalapine  elle-même. 

JAMBOSINE.  —  (C»oH»^NO')  Alcalo'ide  extrait  par  Gkrard  (1884)  de  l'écorce 
du  Myrtus  jainbo>^a. 

JAPACONITINE.  —  (C'MP''.\0")  Extraite  par  Paul  et  Kinozett  (1877)  de 
l'Aconit  (lu  .lapon.  Propriétés  physiologiques  presque  identiques  à  celles  do  l'aconitine. 
On  peut  extraire  aussi  de  cette  plante  un  autre  alcaloïde  très  voisin,  la  japaconine 
(C-'H*'>îO"^).  (DfNSTON,  W.  H.  Contribution  to  our  knoioledye  of  thc  aconite  atkaloids. 
On  japaconitinc  and  the  alkaloids  of  Japanese  aconite.  J.  Chcm.  Hoc,  1900,  lxxvm,  45-65.) 

JASMONE.  —  (C"H'*0).  Un  des  principes  odorants  de  l'essence  de  jasmin 
(.3  p.  100).  C'est  un  corps  qui  bout  à  207". 

J  ASM  AL.  —  C'est  le  principe  odorant  de  l'essence  de  jasmin.  On  le  considère 
comme  l'étlier  môthylénique  du  phénylglycol  (bouillant  à  101°)  (C'H'-O''). 

JATRORRHIZINE.  — (C-^oH'SiNO-')-  (Feist,  t907,  Arch.  dcr  Pharnu,  ccxi.v. 
386.)  Alcaloïde  incomplètement  isolé  des  racines  de  Jatrorrhiza  palmala). 

JECORINE.  —  Corps  sulfuré  et  phosphore  encore  mal  défini,  que  Drechsel 
a  retiré  du  foie  de  cheval  (V.  Lécithines).  (Drkcmsei,,  J.  f.  pnikf.  Chem.,  1886,  xxxni,  425.) 

JEQUIRITY.  —  Graines  de  X'Abiua  prccatorius.  On  en  a  extrait  l'abline,  dont 
les  propriétés  sont  voisines  de  la  riciiie.  (V.  Ricine.'' 


734  JERVINE    —    JOHANSSON. 

JERVINE.  —  (C2«H"N0^)  Alcaloïde  extrait  par  Simon  eu  1837  du  Veratniin 
album.  Cristaux  fondaut  à  238°.  Peu  toxique.  (V.  Vératrine.) 

JOHANSSON   (J.-E.),    professeur  de  pliysiologie  ù  Stockholm. 

A.  Physiologie.  —  i884f.  —  Undensôkniny  of  fànjsinnet  i  blinda  flàckens  narmaste 
omyifning  {La  perception  des  couleurs  autour  de  la  papille  du  nerf  optique)  {Uppsala 
âkarfôrenings  fôrhandlingar,  xix,  1-3). 

1885.  —  Ueber  das  Verhalten  des  Scrumalbumins  zn  Sdurcn  und  Ncutralsalzcn  (Z.  P.  C, 
IX,  310-318). 

1889-1890.  —  En  collaboration  avec  R.  Tigerstedt  :  7Mr  Kenntniss  der  Wirkunrf  des 
Nerv.  vagus  auf  das  fierz.  [tlijgiea  Festband.)  —  Ueber  die  gegenseitigcn  Beziehungen  des 
Herzens  und  der  Gefâsse  {S.  A.  P.  \  i,  331-402;  ii,  409-437). 

1890.  —  Studier  ôfver  inflytandet  pa  blodtrycket  af  retning  af  ryggmargen  och  af  nerv. 
splanclmieus  med  induktionsslay  af  olika  frekvens  och  intensitet]  [L'influence  'de  l'irritation 
des  vasomotcurs  sur  la  pression  artérielle,  la  fréquence  et  l'intensité  de  l'irritation  vai'iées) 
{Svenska  Vctcnskapsaakdemicns  Uandlingar,  xvi,  iv,  n"  4,  1-78). 

1891.  —  Die  Reizung  der  Vasomotoren  nuch  der  Liihnning  der  cercbrospinalen  Herz- 
nerven  (A.  P.,  103-156). 

1892.  —  Die  lUngbdnder  der  Nervenfaser  (A.  P.,  41-52). 

1893.  —  Ueber  die  Einuùrkung  der  Muskeltdligkeit  auf  die  Atmung  und  die  Ilerztàtigkeit 
{S.  A.  P.,  V,  20-66).  —  E.vstirpation  af  pankreas  {L'extirpation  du  pancréas)  {Hygiea,  1-16). 

1896.  —  Om  innerôrats  betydelse  for  kroppejxs  jdmvikt  {L'influence  du  labyrinthe  sur 
l'équilibre  du  corps)  {Hygiea,  190-221).  —  Ueber  den  Einfluss  der  Temperatur  in  der  Umge- 
bung  auf  die  Kohlensaureabgabc  des  menschlichcn  Korpers  (S.  A.  P.,  vu,  123-177).  —  En 
collaboration  avec  Tigerstedt,  SodiNÉn  et  Landergren  :  Beitrdge  zur  Kenntniss  des  Stoff- 
wechsels  bcim  hungernden  Menscticn  (S.  A.  P.,  vu,  29-96). 

1897.  —  Ueber  das  Verhalten  der  Kohlensdureabgabe  und  der  Kôrpertemperatur  bei 
môglichsl  vollstàndiger  Ausschlicssung  der  MuskeltUtigkeit  {Nord.  med.  Arkiv,  n"  22,  1-14). 
—  Einige  Beobachtungen  iiber  den  Einfluss,  welchen  die  Korpcrbeschaffenheit  der  Mutter  auf 
diejenige  des  reifen  Kindes  ausûbt  (S.  A.  P.,  vu,  341-379). 

1898.  —  Ueber  die  Tagesschwankungen  des  Stoffn^echsels  und  der  Kôrpertemperatur  in 
niichternem  Zustande  und  vollstdndigen  Muskelruhe  (S.  A.  P.,  viii,  8;)-142).  —  Ein  ncues 
stativ  fiir  operative  Tierversuche  {S.  A.  P.,  viii,  143-146). 

1901.  —  Untersuchungen  ùber  die  Kohlensdurcubgabe  bei  MuskeUdtigkeit  (S.  A.  P., 
XI,  273-307). 

1902-1903.  —  En  collaboration  avec  G.  Koraen  :  Untersuchungen  ùber  die  Kohlensdure- 
abgabe bei  statischer  und  nci/ativer  Muskeltdligkeit  (.S.  A.  P.,  xiii,  229-250).  —  Wie  wird 
die  Kohlensdureabgabe  bei  Muskelarbeit  von  der  Nahrungs-zufuhr  beeinflusst?  (S.  A.  P.,  xiii, 
231-268).  —  Die  Einwirkung  vcrschiedener  Variabeln  auf  die  Kohlensdureabgabe  bei  posi- 
tiver Muskeltdtigkeit  (S.  A.  P.,  xiv,  60-81). 

1904.  —  Die  chemische  Vi'drmercgulation  bei  Mcnschen  \S.  A.  P.,  xvi,  88-93). —  Die 
Kohlensdureabgabe  bei  Zufuhr  vcrschiedener  Zuckerartcn  (S.  A.  P.,  xvi,  263-272).  —  Magnus 
Giistaf  Blix.  Minnesord.  {Hygiea.) 

1906.  — En  collaboration  avec  Helu;ren  :  Eiueissumsatz  bei  Zufuhr  von  Kohlehydraten. 
Festschrift  fur  Olof  HAiiiiARSTEiN. 

1908.  —  Untersuchxingen  ùber  den  Kohlehydratstoffuechsel  {S.  A.  P.,  xsi,  1-34). 

1909.  —  Chemie  'der  Atmung,  in  Lehrbuch  der  Physiologie  des  Mcnschen  von  N.  Zuntz 
und  A.  Lœwy. 

1910.  —  Methodik  des  Energiestofftvechsels.  Handbuch  der  biochemischen  Arbeitsmethoden, 
herausgcgeben  von  E.  Abderhalden. —  Fysiologiska  institutionen .  Karolinska  mediko-kirur^ 
giska  institutets  historia. 

B.  Statistique  médicale.  Sociologie.  —  1901-1909. —  Bidrag  tillSveriges  officiella 
statistik.  K.  Hàlso-  och  sjukvurden,  I  Medicinalstyrelsens  underdâniga  berdttelse  {Rapport 
officiel  de  l'Administration  médicale  de  Suède), 

1901-1910.  —  Bidrag  till  Sveriges  officiella  statistik.  G.  Fângvârden,   Fûngvdrdssty- 

i,  Skandinatisclies  Archiv  fur  Physiologie, 


JOHANSSON.  735 

relscns  undeniânn/a  berdttelse,  V  Hdlsovurden  {Rapport  officiel  de  l'Administration  péniten- 
tiaire, V.  Etat  sanitaire'. 

1907.  —  Rcdoyorelse  for  undcrsôkningar  angnende  behofvct  af  vârdanstalier  fur  lung- 
sotspaticnter  i  rikct.  Lunt/sotskoinmitténs,  lietitknnde  I.  —  Enquêtes  sur  rétendue  de  la 
phtisie  en  Suéde,  effectuées  à  l'intimation  du  Comité  roijal  {Bulletin  de  la  Ligue  nationale 
suédoise  contre  la  tuberculose,  52-73). 

1908.  —  Brottslighelcn  bland  prostituerade  krinnor  i  Stockliolni  {Fréquence  des  criini- 
nellcs  parmi  les  femmes  jjrostituées)  (Social  Tidsclirift,  172-177).  —  Lungsnlsdndligheten  i 
Srcrige  {Mortalité  par  la  phtisie)  {Lungsotskommitténs  Betdnkande  i/).  —  The  frcquency 
of  tuberculosis  of  the  lungs  in  différent  parts  of  Stockholm  in  the  year  1906,  compared  with 
the  populations  density  and  economical  position.  The  Struggle  against  tuberculosis  in 
Swcden,  195-200).  — •  Sammanstâllning  af  dôdsorsaker  {Causes  des  décès)  {Hygiea,  525- 
))85)  (en  collaboration  avec  0.  Mkdin). 

1910.  — Snrskildt  ijttrande.  lieglementerings-kommitténs  Befânfcanrfe, /,  525-585.  —  Sta- 
tistisk  utreding  angnende  rcglcmentcringen  i  Stockholm,  1859-190'j  (Recherches  statistiques 
sur  la  réglementation)  [licgl.  Komm.  m,  1-183).  — Reglcmenterinyssi/stemets  brister  och  oln- 
gcnheter  samt  dess  ittrecklingsmiijligheter  {Les  défauts  et  les  inconoénients  du  système  de  la 
réglementation)  {Regl.  Komm,  m,  184-204).  —  Samhdllets  reaktion  mot  prostitutionen  {La 
réaction  de  la  société  contre  la  prostitution)  {Regl.  Komm,  m,  204-238).  —  Undersokning 
rôrande  frekvensen  af  smittosamma  konssjukdoinar  iriket  {Enquête  sur  l'étendue  des  mala- 
dies vénériennes  en  Suède,  1905)  {Regl.  Komm,  m,  2,  1-15).  —  De  smittosamma  kô)issjuk 
domarnas  utbredning  i  Sverige,  1822-1906  {Les  maladies  vénériennes  en  Suéde,  1822-1906) 
{Regl.  Komm,  m,  3,  1-39. 

1912.  —  Die  Sterblichkeit  im  Sduglingsalter  in  Schweden.  Handbuch  der  Sduglingspur- 
torge,  herausgegeben  von  Julius  Springer. 


K 


KAIRINE.  —  109.  iV.  Quinoléine.) 

KAMALA.  — Substance  employée  comme  ténifuge.  On  l'extrait  d'une  euplior- 
Liacée  du  yenre  Ecldniis. 

KINOINE.  —  (C'*H'-0'^).  Substance  extraite  du  F<ino  suc  du  Pterocarpiis  mar- 
mpiitm,  do  la  côte  de  Malabar).  Traité  par  IIC-I,  le  Kiiio  donne  une  partie  insoluble  rouge 
(rouge  de  Kino)  et  une  partie  soluble,  incolore,  qui  est  la  Kinoïne.  Chauffée  à  120",  la 
Kinoïne  donne  du  rouge  de  Kino  (C-^'H^^O"). 

KOSEINE.  —  Pavesi  et  Vke  (18;j8i  ont  extrait  des  fleurs  du  kousso  {Ifaijcnia 
abyssiiiica  une  substance  cristallisable,  dont  l'étude  a  été  reprise  par  Leiciisenbi.ng, 
1893  {Arch.  der  Pharin.,  ccxxxii,  îiO).  Elle  parait  peu  active.  Koudakoif  et  Siiktz  ont  pu 
extraire  le  principe  actif  qu'ils  ont  nommé  Koussine  (C^^H'^^O").  D'après  Leichse.nri.ng,  on 
pourrait  isoler  encore  d'autres  principes,  non  actifs,  c'est-à-dire  non  vermifuges,  la 
protokoséine  et  la  koiissidine  (C-''H'*0^  et  C^'H**0").  Mais  ce  sont  des  produits  peu 
déterminés,  et  d'ailleurs  peu  actifs  (V.  I.obech,  Arch.  der  Pharm.,  1901,  ccxxxix,  672). 
—  Dacco.mo  et  Malag.mm,  Alciine  notizie  inlorno  alla  Kosino  Orosi,  1896,  xx,  361-371).  — 
Feltz  (L.).  Des  principes  actifs  contenus  dans  les  fleurs  du  kousso  {Bull,  des  Se.  pharmacol., 
1901,  m,  93-102). 

KOSSEL  (A.),  professeur  de  physiologie  à  l'Université  de  lleidelberg. 

Abréviations. 

C  =  Berichte  der  deutschcn  chemischen  (iesellschaft; 

Z  =  Zeitschrift  fiir  physiolofjische  Clicmie. 

A  =  Archiv  fiir  Auatomic  und  Physiologie.  Physioloyische  Ablhcilung. 

Zcitsch.  fiir  physiologische  Chemie. 

de  I  à  XX  =  1877-1895; 

de  XX  à  XL  =  189b-1903; 

de  XL  à  LX  r=r  1903-1909. 

DiiS  Gewehe  des  menschlichcn  Kôrpers  und  ihre  mikroskopische  Untersuchung  von  tich^ 
rens,  Kossel  und  Schiefferdecher.  Braunuchiveig,  1891  ;  -—  Leitfaden  fiir  mcdicinisch-che- 
mische  Curse,  Berlin,  6  Edit. 

Zur  Kenntniss  der  Arsenioirkungen  (A.  P.  C,  187o);  —  Ein  Beitrag  ziir  Kenntniss  der 
Peptone  {A.  g.  P.,  xiii,  309);  —  Veber  die  Peptone  und  ihr  Vcrhiiltniss  zu  den  EiioeisskÔr- 
pern.  [Ibid.,  xxi,  279);  —  Ueber  die  chemischen  Wirkungen  der  Diffusion  (Z.,  ii,  158);  — 
Ueber  die  chemische  Zusammensetzung  der  Peptone  (Z.  m)  ;  —  Chemische  Wirkungen  der 
Diffusion  (Z.,  ii);  —  Ueber  das  Nuclein  der  Hefe  (Z.,  ni,  284  et  iv,  291);  —  Ueber  das 
Verhallen  von  Phénol àthern  im  Thierkdrper   Z.,  iv,  297);  —  Ueber  die  Hcrkunft  des  Hypo- 


KRONECKER.  737 

xantltins  in  den  Onjunvn  (Z.,  v,  lii2)  ;  —  Uebcr  die  Verbreitiing  des  Ih/po.vanthins  iin  Tliicr- 
und  l'/lanzi'nrficJi{Z.,  v,  267) ;  —  Vehcr  die  Nuclcini'  und  ilire  8'pr//^<»;/5p/w/j<c<<.', Strasslmig, 
1881); — Vclter  Xaut/iin  und  lli/iHhrantfiin  (Z.,  vi,  422)  ;  —  Z«r  Chimie  des  Zclllierns{Z,  vu, 
7); — Zur  Clicmie  dcr  (jejniditen  Sclniefelsdureii  \Z.,  vu,  292);  —  Uebcr  (iiuinin  (Z.,  vin, 
404); —  Ueber  eine  peptonarligen  licstandlheil  des  Zellkerns{Z.,  viii,  ■■»M);  —  licilrdije  zur 
Clicmie  des  Zellkcrns  (Z.,  x,  248);  —  Ueber  Adenin  {Z.,  x,  2bO)  ;  —  Uebcr  Adcnin  U  {Z  , 
XM,  241);  —  Ueber  Theoplii/llin  (Z.,  xiii,  2',»8)  ;  —  Neue  Méthode  zur  Verseifuny  von  Fe^t- 
sdurcestern  (avec  Ohkrmullkr,  Z.,  xiv,  539)  ;  —  Ueber  die  Chorda  dorsalis  (Z.  xv,  331),  — 
Ueber  Adenin  und  Hi/poxanthin  (avec  G.  Hru.n'hs)  (Z.,  xvi,  1);  —  Ueber  die  Verseifun/  von 
Estern  durrh  Nafriumaikoholat  (avec  Krucer)  (Z,  xvi,  321);  —  Uebcr  einiijo  licstanilthcile 
des  Serrenmnrcks  (avec  Freitacî),  (Z.,  xvii,  431);  —  Selbslthdtige  Blutrjitspuinpe  (Z.,  xvii, 
644),  (avec  Hyi-si;  —Zur  Erinneruiu/  an  Hoppc-Sci/ler  (avec  Haumann)  (Z.,  xxi,  1);  — 
Ueber  die  basischen  Stof/'e  des  Zellkcrns  (Z.,  xxii,  170);  —  Ueber  die  Bildung  von  Thymin 
nus  Fischsperma  (Z.,  xxii,  188);  — Darsfcllung  und  Spaltungsproducte  der  Nucleinsdure 
(avec  Neumann)  (C.  xxvii,  2215);  —  Ueber  die  chemische  Zusammcnsctzung  der  V.elle  {A., 
1891,  181-186);  —  Ueber  die  Nucleinsdure  (.1.,  1893,  157-164);  —  Ueber  das  Dulcin  [A., 
1893,  389-390);  —  Weilerc  lieitrâge  zur  Kennlniss  der  Nucleinsâure  {A.,  1894,  194-200); 

—  Bcitrage  zur  l'husiologic  der  Kohlehydratc  [A.,  1894,  530-538);  —  Ueber  Nucleinsdure 
und  Thyminsdure  (avec  Neijman.n)  (Z.,  xxii,  74);  —  Zur  Erinnerung  an  E.  JMaumann  (Z., 
xxiii,  1);  —  Ueber  die  Constitulion  der  einfachsten  Eiiveisskiirpcr  (Z.,  xxv,  165);  —  Uebcr 
die  liildung  von  Arginin  aus  Elastin  (Z.,  xxv,  551)  (avec  Kutscher);  —  Zur  Kenntniss  der 
Trypsinivirkiing  (avec  Matthews),  (Z.,  xxv,  190);  —  Ueber  die  Darstellxing  iind  den  Nach- 
H'ciss  des  Lysins  (Z.,  xxvi,  586)  ;  —  Weitere  Milthcilungcn  ilherdie  Prolamine   (Z,  xxvi,  588)  ; 

—  Ueber  das  Thymin  (avec  Steudel),  (Z,  xxix,  303);  —  Bemerkungen  zii  Bang's  Arbeit  iiber 
das  Nuclcohiston  (Z.,  xxx,  520)  ;  —  Beitrage  zur  Kenntniss  derEiH'cisskiirper{a\ec  Kutschek', 
(Z.,  xxxr,  165);  —  Beschrcibung  ciniger  Apparale  [Z.,  xxxiii,  1);  —  Ueber  eincn  basisdien 
Bestandtheil  thierischer  Ze/Zen  (avec  Steudel),  (Z.,xxxvii,  177); —  Uebcr  das  Vorkommendes 
Uracils  im  Thierkorpc)  (avec  Steudel),  (Z.,  xxxvii,  245)  ;  —  Ueber  das  Cytosin  (avec  Steu- 
del), (Z.,  xxxvii,  377);  —  Weitere  Untersuchungen  iiber  das  Cytosin  (avec  Steudel)  (Z., 
xxxviii,  49);  —  Zur  Analyse  der  Hexonbasen  {avec  Patten)  (Z.,  xxxviii,  37);  —  Zur  Kenn- 
tniss des  Salmins  (Z.,  xl,  311)  ;  —  Beitrag  zum  System  der  einfachsten  Eiiocisskdrper  (avec 
Dakin)  (Z.,  XL,  565);  —  Uebcr  die  Arginase  (avec  Dakin)  (Z.,  321);  —  Ueber  Salmin  und 
Clupfin  (avec  Dakin)  (Z.,  XLi,  407); — Weitere  Untersuchungen  iiber  f'ermentative  llarnstoff- 
bildung  (avec  Dakin)  (Z.,  xlii,  181)  ;  —  Weitere  Beitrage  zum  System  der  einfachsten  Eiweiss- 
kôrper  (avec  Dakin)  (Z.,  xliv,  342);  —  Einige  Bemerkungen  ùbcr  die  Bildung  der  Pro- 
tamine  im  Thierkôrper  {Z.,  xliv,  347);  —  Ueber  Protaminc  und  Histone  (avec  Pringle) 
(Z.,  XLix,  301);  —  Ueber  Clupcon  (avec  Weiss)  (Z.,  lix,  261);  —  Ueber  die  Wirkiing  von 
Alkalien  auf  Proteinstoffc  (avec  Weiss)  (Z.,  lix,  492  et  lx,  311);  —  Uebcr  das  Agmatin  (Z., 
Lxvi,  257);  — Synthèse  des  Agmatins  unter  den  Spaltungsproductcn  der  Proteinsto/fe  (avec 
Weiss)  (Z.,  lxviii,  160);  —Uebcr  die  Einwirkung  von  Alkalien  auf  Proteinstoffc  (avec 
Weiss)  (Z.,  lxviii,  165)  ;  —  Zur  Chemie  der  Protaminc  [Z.,  lxix,  138);  —  Die  Problème  der 
Biochemic  {Rectoratsredc,Heidclberg,  1908);  —  Uebcr  die  chemische  Beschaffenheit  des  Zell- 
kei'ns  [Nobcl-Vortrag  gehalten  in  Stockholm  am  12  Decembcr  1910,  Mùnch.  med.  Woch., 
1911);  —  Ueber  den  gegenwdrtigen  Stand  der  Eiweisschemie  (C,  xxxiv,  3214);  —  Sur  les 
jvotamincs  et  la  constitution  des  matières  albuminoidcs  {Bidl.  de  la  Société  chimique  de 
Paris  :  conférence  faite  devant  la  Société  chimique  dans  sa  réunion  annuelle  le  30  mai  1903, 

XXIX). 

KRONECKER  (Hugo),  professeur  de  physiologie  à  Berne. 
Bibliographie.  —  De  ralionc  quà  musculorum  defatigatio  ex  laborc  eorum  pcndcat 
(Diss.,  Berlin,  1863).  —  Ueber  die  Gesetze  der  Muskclermiidung  [Ber.  d.  Berl.  Akad.,  1870); 

—  Uebcr  die  Ermùdung  und  Erholung  der  quergestreiften  Muskeln  {Arb.  a.  d.  phys. 
Anstalt  zu  Leipzig,  1871).  —  Ueber  die  Form  des  miminalcn  Tetanus  (Mon.  Ber.  d.  Berl. 
Akad.,  1877).  —  Ueber  die  Genesis  der  Tetanus  {A.  P.,  1878)  (avec  W.  Stirling); —  Ueber 
die  sogenannte  Anfangszuckung  (A.  P.,  1878)  (avec  W.  Stirling);—  Effets  du  travail  de 
certains  groupes  musculaires  sur  d'autres  groupes  qui  ne  font  aucun  travail  (C.  R.,  1900, 
cxxxi,  492-493)  (avec  Cutter);  —  Historischc  Daten  ueber  die  Théorie  der  Muskelkontraktion 

DICT.    DE   PHYSIOLOGIE.  —    T.    IX.  47 


738  KRONECKER. 

[Featsch.  f.  Rosenthal,  Leipzig,  ]90C>,  197-206); —  Compamhon  entre  la  sensibililé  dit  nerf 
et  celle  du  téléphone  [B.  B.,  1900,  38-39);  —  On  the  propar/ation  of  inhihitory  excitation 
in  the  medidla  ohlongata  {Proceed.  of  the  Hoi/.  Soc,  1881-1882)  (avec  Meltzer);  —  De 
l'excitabilité  du  ventricule  pendant  l'inhibition  [Arch.  intern.  de  Pht/sioL,  1904,  ii,  211-222); 

—  La  conduction  de  l'inhibition  à  travers  le  cœur  du  chien  (avec  F.  Sp.vlitta)[(.4;'c/i.  intern. 
de  Physiol.,  1904.  ii,  223-228);  —  The  propagation  of  impidses  in  the  Ilabbit's  heart  {Report 
Brit.  Aasoc.  f.  Adv.  Se,  1899,  Londoii,  1900,  89o)  ;  —  Ueber  die  Summation  elcklrischer 
Hantreize  '{a.\ec  W.  Stirling)  [Ber.  d.  K.  Sachs.  Ges.d.  Wiss.,  1874);  —  Bemerkunr/  ûber 
die  Bcijriffe  Summation  im  Reizen  und  Staigerunr/  dcr  Erregbarkcit  im  Anschluss  an  die 
Mittheilung  v.  Prof.  v.  Basch:  iiber  die  Erholung  der  Errcgbarkeit  des  Herzcns  durch  wie- 
dcrholte  elektrische  Reize  [Ber.  d.  K.  sachs.  Ges.  d.  Wiss.,  1880);  —  Ueber  die  Ermùdung 
tetanisirter  quergestrcifter  Muskeln  [Berl.  physiol.  Ges.,  A.  P.,  1880,  438).  — Die  vnllkùrliche 
Miiskelaktion  {A.  P.,  1878,  avec  Stanley  Hall);  —  Das  charakterische  Merkmal  dcr  Herz- 
muskelbewegung  {.Tubelland  f.  Garl  Ludvvig,  1874).  —  Die  Unfdhigkcit  der  Froschherzspitze 
elektrische  Reize  zu  summiren  {Rerl.  physiol.  Ges.,  1879);  —  Das  Coordinationsccntrum  der 
Herzkammerbcuegung  (Berl.  Ak.  der  Wiss.,  1884,  et  D.  med.  Woc'i.,J1884,  avec  F.  Sghmey); 

—  Ueber  Stôrungen  der  Coordination  des  Herzkammersschlages  (1897,  1-76).  —  Ueber  Stô- 
rungen  der  Coordination  des  Herzcns  [Corr.  Bl.  f.  schveiz.  Aerzte,  1898,  xxviii,  299-303); 

—  Ueber  die  Aenderungen  der  Leislungsfàhigkcit  und  'der  Errcgbarkeit  des  ermùdenden 
Froschherzens{A.  P.,  1883,  266)  (arec  Th.  Mays);  —  Sur  le  rétablissement  des  2iulsations 
du  cœur  en  fibrillation  (C.  R.,  cxlii,  1907,  997-999)  ; —  La  cause  des  battements  du  cœur 
(C.  R.,  1907,  cxLV,  693);  —  Trémulations  fibrillaires  du  cœur  de  chien  (B.  B.,  1891,  257- 
258);  —  L'extension  des  états  fonctionnels  de  V oreillette  au  venir icide  se  fait-elle  par  voie 
musculaire  ou  par  voie  nerveuse?  {C.  /{.,  1905,  cxl,  529-531);  [ —  Ueber  die  Vorgdnge 
beimSchlucken  [Berl.  physiol.  Ges.)  [A.  P.,  1880,  446-447)  (avec  S.  Meltzer);  —  Ueber  den 
Schluckact  und  die  Rolle  der  Cardia  hei  demselbcn  (avec  S.  Melizer)  (A.  P.,  1881,  465- 
466);  —  Ueber  den  Schluckmechanisinus  und  dessen  nerrose  Hemmungcn  (Monatsb.  d. 
Berl.  Acad.,  1881)100-106,  (avec  S.  Mf.lt/er)  ;  —  Dcr  Schluckmechanismus,  seine  Errcgung 
undseine  Hemmung  (avec  S.  Meltzer)  {A.  P.,  1883,  SuppL,  358-362)  (V.  aussi  Wien.med. 
Woch.,  1884,  xxxiv,  715;  748;  779,  315);  —  Innervation  de  l'œsophage  (avec  F.  Lusohk.r) 
{A.  i.  B.,  XXVI,  1896,  308-310,  et  Atti.  d.  R.  Ace.  dei  Lincei,  1896);  —  Die  Schluckhewe- 
gung  [Veroff.d.  Ges.  f.  Heilk.  in  Berlin,  1885,  1-56);— A;-/.  Déglutition  du  Dict.  de  Phy- 
siologie; —  Discussion  iiber  Schluckgeraiische  gegen  Ewald  [Berl.  med.  Ges.,  1883);  — 
Einflussder  kànstlichen  Athmung  auf  den  Blutdruck  im  Aortensystem  [Corr.  Bl.  f.  schweiz. 
Aerzte,  xviii,  1888,  7  fév.);  —  Ueber  den  Ei7ifluss  der  Ucbung  auf  den  Stoffivechsel  (avec 
M.  Gruber)  [Corr.  Bl.  f.  schiveiz.  Aerzte,  xvm,  18H8,  7  août);  —  Altes  und  Neues  ueber 
das  Athmung scentrum  [D.  med.  Woch.,  1887,  n"*  36  et  37);  —  Ueber  den  Einfluss  der 
Bauchfiillung  auf  Athmung  und  Kreislauf  {Corr.  Bl.  f.  schweiz.  Aerzte,  1888,  xvm,  7  août); 

—  Ueber  die  Auslôsung  der  Athcmbeivegungen  {Berl,  physiol.  ges.,  A.  P.,  1880,  441-446) 
(avec  Marcrwald);  —  Ueber  die  Bewegungen  des  Utérus  [A.  P.,  1883,  263);  —  Die  Berg- 
krankheit  (1  vol.  8°  Berlin  et  Vienne,  1903)  ;  —  Thermische  Untersuchungcn{Berl.  physiol., 
Ges.,  1878)  (avec  Ghristiani);  —  Ein  neues  Vcrfahrcn,  die  mavimale  hincntemperatur 
von  TIticren  zu  messen  Berl.  j^hysiol.  Ges.,  1878)  (avec  M.  Meyer)  ;  —  Ueber  die  Bildung  von 
Serumalbu?ninen  im  Darmkanal  {Z.  B.,  1888)  (avec  Popokf)  ;  —  Kritisches  und  Expcrimen- 
tellcs  uber  lebensrettende  Infasionen  von  Kochsalzlosu)ig  bei  Hunden  {Corr.  Bl.  f.  schweiz. 
Aerzte,  1886,  xvi,  447;  480,  400);  —  Ueber  die  den  Geweben  das  Korpers  gunstigen  Flussig- 
keiten  {D.   med.   Woch.,  1882)  ^  —  Kochsalzwasser  Infusion  (D.  med.    Woch.,  1884);  — 

—  Ueber  den  Tonus  des  Pfortadersy stems  (Ber.  d.  nat.  forsch.  Ges.,  Heidelberg,  1889);  — 
Comment  agissent  des  irritations  de  la  peau  sur  la  formation  des  globules  rouges  du  sang? 
(A.  i.  B.,  xxvii,  fasc.  3)  (avec  Marti);  —  EinigeBemerkungen iiber  die  Nebenivirkungendes 
Antifebrins  {Therap.  Monatshefte,  1888,  ii,  426-428);  —  Chloroform  oder  Aether-Narkose 
{Corr.  Bl.  f.  schveiz.  Aerzte,  1890,  xx,  710-717);  —  Ueber  die  Leistungen  von  Hùrthle's 
Tonographen  {C.  P.,  1901,  xv,  401-405);  —  Ueber  graphische  Methoden  in  der  Physiologie. 
Ein  telegraphischer  Kymometer  {Zeitsch.  f.  Instrumentenkunde,  1,  26-33,  1880); —  Ein 
Elektromyographion  (Z.  B.,  1886,  v,  285-290);  —  Zum  Geburtstage  Albrecht  von  Hallers 
{D.  med.  Woch.,  1908,  xxxiv,  1813-1815);  —  Ein  eigenartiger  deutscher  Naturforsher  :  zum 
Anderiken  an  Willy  Kiihne  {Deutsche  Revue,  1907,  99-112). 


KUHNE.  739 

KUHNE  (Willie)  (is:n-l',t00i,ct''lèbre  iiard'excollents  travaux  de  physiologie 
et  de  chimie  [)hysiolo,:^i(iiii'.  longtemps  professcMir  à  Heidelhcr;^. 

Abréviations 

A  —  Reichert'ii  Archii'  fiir  Anatoinie  uttd  PlnisioliK/u-. 

A.  A.  P.  —  Virclioir'a  Archiv  fur  pallioloijische  Analoittir  ivid  J'In/siDloi/ii'. 

H.  —  Verlnindluni/rn  dcr  nalur  hisloi'i^ic/ieii  meilicinii^clic  Vcrrins.  zxi  llciilrlbrrii. 

Veber  ktinatlich  erzciigfcn  Diabetea  bci  Froachen  {(iiittinf/en  Nachrkhler,  1800,  217-319); 
—  Ucbi'r  eiue  neiic  Ziirkcrprobe  {Henle  und  Pfeiffcr  'AelUchr.,  18."i7,  viir,  139-140); —  Zuv 
Métamorphose  der  Beritsteinaniire  {A.  A.  P.,  iS'M,  xii,  390-401);  —  lieitrwje  ztir  Lehrc  von 
Ictenis  {A.  A.  P.,  ISÎiS.  xiv,  3IO-3">fi); —  Uebcr  die  chemisclic  Ucizunçi  dcr  Mxt^kehi  und 
Nerven  [Berl.  Monatabcr..  1859,  I8(i-190);  —  l'cbcr  ilic  S('lbsli'n)di;/e  ïïeizbarkcil dcr  Munlud- 
fasern  {lierl.  Monatsber.,  181)9,  220-229);  —  Pic  Endif/uw/ircisc  dcr  Nervcn  in  dcn  Miiskcln 
und  das  doppclsinniçie  Lcituni/wcrmotjen  der  molorischcn  JScrretifaser  [Berl.  Monahber., 
18o9,  395-4021;  —  Uebcr  die  (jerinribare  Substnnz  dcr  Muskeln  {Berl.  Monatsbcr.,  18.">9, 
493-497)  ;  —  Ueber  die  Bildung  dcr  lUppursâure  nus  Bonzo'niiure  bei  flcisclifrcssenden  Thie- 
ren  (avec  W.  Hallwaciis)  {A.  A.  P.,  1857,  380-290);  —  Sur  l'irritation  chimique  des  nerfs 
et  des  muscles  {C.  B.,  iSl\9,  xlviii,  400-409  et  470-078;  Mcm.  Soc.  BioL,  1859,  81-82);  — 
Uebcr  directe  iiud  indirecte  Muskelrcizungmittcht  chemischer  Agent icn  (A.,  IS.'iO,  213-2.13); 
Vebcr  Muskclzurl;unr/cn  ohnc  Bcthciliijung  der  Ncrrcn  {A.,  181)9,  314-333);  — •  Ucber  soge. 
nannte  idiomuKculare  Contraction  {A.,  18!)9,  418-420);  —  TJntersuchiiwjeii  iil)er  Betrer/uni/en 
und  Veranderunrjen  der  contractilcn  Substanz  [A.  18o4,  504-041  ;  748-835)  ;  —  Hech.  stir  les 
propriétés  physiologiques  des  muscles  {Ann.  des  se.  nat.,  {Zoo!.],  xiv,  1800,  113-110);  — 
Ueber  die  Wirkungen  des  Americanischen  Pfeilgiftes  [A.,  1800,  477-510);  —  Notiz  zur 
Gcschichte  der  ki'instlichen  Diabetex  [A.,  1860,  261-202);  —  Ueber  die  chemischc  Reizung  der 
Muskeln  und  Nerven  und  ihre  Bedrutung  far  die  Jrritahilitdlsfrage  [A.,  1800,  315-334);  — 
Note  sur  un  iiourel  organe  du  sj/^U'uic  nerrcu.r  \C.  /{.,  1861,  lu,  316-317);  —  Eine  lebende 
Nematode  in  eincr  lebenden  Muskcifaser  beohachlrt  (A.  A.  P.,  1803.  xxvn,  222-224)  ; —  Ueber 
die  Endigung  der  Nerren  in  dcn  Muskeln  {A.  A.  P..  1803,  xxvii)  508-533); —  Die  Muskcls- 
pindcln.Ein  Beitrag  zur  Lehre  von  der  Entwickelung  der  Muskeln  und  Nervenfascrn  (A.  A. 
P.,  1863,  xxviii,  528-538);  —  Bemerkiingen  betrcffend  den.  Aufsatz  des  Jferrn  Metchnikoff 
iibcr  dcn  Stiel  der  Vorticellcn  [A.,  1803,  400-411);  —  Sur  la  terminaison  des  nerfs  moteum 
dans  les  muscles  de  quelques  aniinaux  supérieurs  et  de  V homme  [C.  R.,  1804,  lviii,  1025 
1027);  —  Der  Zusammcnhang  von  Nero  und  Muskelfascr  {A.  A.  P..  1864,  xxix,  433-449);  — 
Ueber  die  Endigung  der  Ni'rvoi  in.  den  Nerrenhiigeln  der  Muskeln  (A.  A.  P.,  1804,  xxx, 
187-220);  —  Sitr  les  plaques  nerveuses  des  fibres  motrices  (C.  R.,  1865,  lxi,  050-052);  — 
■  Ueber  das  Vorkommen  zuckcrbildender  Subztanzen  in  pathologischen  Neubildungen  [A.  A. 
P.,  1865,  XXXII,  530-542);  —  Ueber  den  Farbstoff  der  Muskeln  [A,  A.  P.,  1805,  79-94);  — 
Ein  ein fâches  Verfahren  die  Réaction  hdmoglobinhaltiger  Flùssigkeiten  zu  priifon  [A.  A. 
P.,  1865,  XXXIII  95-96);  —  Zîo-  Erkcnnung  des  Kohlenoxydsim  Blute  {A.  A.  P..  1805,  xxxiv, 
244-245); —  Zur  Lehre  ron  den  Endplatten  der  Nervenhiigel  [A.  A.  P.,  1865,  xxxiv,  412- 
422);  —  Das  Vorko7nmen  und  die  Ausscheidung  des  lliunoglobins  ans  dem  Blute  (^1.^4.  /'., 
1865,  xxxiv,  423-46); —  Ueber  den  Einpass  der  Gase  auf  die  Flimmerhcujegung  {Arch. 
mikr.  Anal.,  1860,  ii,  372-377);  —  Zur  Chemie  der  ami/loidenGewebsenlartung  (A.  A.  P., 
1865,  xxxiii,  66-76)  (avec  Hudnefk); —  Ucber-Ozon  im  Blute  A.  A.  P.,  1865,  xxxiii,  96- 
110)  (avec  G.  Scholz);  —  Veber  die  Verdauung  der  Eiweissstoffe  durch  den  Pankreassaft 
iA.  A.  P.,  1867,  XXXIX,  130-172);  —  Ueber  Indol  aus  Eiweiss  {Berl.  chem.  (rcs.,  1875,  206- 
210);  — Die  Verdauung  als  hisfologische  Méthode  {lleidelb.  nat.  med.  Verh.,  1877,  i,  451- 
456)  (avec  A.  Ewai.di;  —  Ueber  das  Verhalten  verschiedcner  organisirter  und  ungeformter 
Fermente  (Heidcib.  nat.  nicd.  Verh..  1877.  104-198);  —  Ueber  das  Sekret  des  Pankrcas  [llei- 
delb. nat.  uicil.  Verh.,  1877,  233-235); —  Weilere  Mitiheilungen  uber  Verdauungsenzi/me 
und  die  Verdauung  der  Albumine  {lleidelb.  nul.  med.  Verh.,  1877,  236-242);  —  Ueber  die 
Absondereng  des  Pankrcas  {Hcidelb.  nat.  med.  Verh..  1877,  443-450)  (avec  A.  S».  Lea);  — 
Ueber  einen  ntucn  Bestandtheil  des  Nervensystems  (Hcidelb.  nat.  med.  Ve/7*.,  1877,  457-464) 
(avec  A.  Ewai.d'i  ;  —  Z»/    Photi>chemie  der  Mctzhaut  \Ueidel1,.  nat.  med.  Verh..   1877,  484- 


740  KUHNE. 

492  et  Annales  de  (Chimie,  1877,  xi,  111-122);  —  Photographie  de  la  rétine  ou  optu<jraphie 
[Ann.  de  chimie,  xi,  1877,  122-127);  —  Sur  le  rouge  de  la  rétine  {Ann.  de  chimie,  xi,  1877, 
127-130);—  On  the  stable  colours  ofthe  retina{J.  P.,  I,  1878,  ip9-130)  (avec  W.  Aybes);  — 
Addition  to  Ihis  article  {J.  P..  i.  1878,  189-192);  —  Veber  diè  Verbreitung  ciniger  Enzyme 
im  Thierkôrper  (Heidelb.  nat.  med.  Vcrh.,  1880.  1-6);  —  Ueber  das  Verhalten  des  Muskels 
zum  Nerrcn  {Heidelb.  nat.  med.  Verh.,  1880,  227-246);  —  '/.ur  Physiologie  des  Sehepithels 
(J.  P.,  1880,  III,  88-92)  (avec  H.  Sewall);  —  Ueber  Hemialbumose  im  Harn  (Z.  B.,  xix, 
209-227)  ;  —  Ueber  die  nachsten  Spaltungsproducte  der  Eiweisskôrper  (Z.  B.,  1883,  xix, 
ir»9-208)  (avec  R.  Chittendem);  —  ]>ie  Verbindungen  der  Nervenscheiden  mit  dcm  Sarko- 
lemm  (Z.  B.,  1883,  xix.  501-534);  —  Ueber  motorische  Nervenendingung  (1886,  97-110; 
212-214);  —  Ueber  elcktrische  Vorgunge  im  Sehorgan  (1886,  1-9)  (avec  J.  Steiner);  —  Die 
motorische  Nervenendingung,  besonders  nach  Beobachtungen  an  Muskelquerschnitlen  von  D. 
med.  B.  van  Syckel  aus  Neic  York  (1886,  HZ-ilil); —  Ueber  das  Neurokeratin.  {Z.  B.,  1890, 
XXVI,  291-323)  (avec  R.  Ciiitte.nden)  ;  —  On  the  origin  and  the  causation  nf  vital  movement 
[Proceed.  of  the  Hoy.  Soc,  1888,  xliv,  427-448);  —  Sccunddre  Errcgung  vom  Muskel  zum 
Maskel  (Z.  B.,  1888,  xxiv,  383-422  et  1889,  xxvi,  203-220);  —  Myosin  nnd  Myosinosen  (Z. 
B..  1888,  xxv,  358-367)  (avec  R.  Chittb.ndkn)  ;  —  Kieselsàhre  als  Nàhrboden  fier  Organismen 
(Z.  B.,  1890,  IX,  172-179;  —  Erfahrungen  ueber  Albumosen  und  Peptone  (Z.  B.,  1892, 
XXIX,  1-40);  —  Untersuchungen  ûber  die  Protéine  des  Tuberculins  (Z.  B.,  1893,  xxx,  221- 
253)  ;  —  Zur  BarsteUung  des  Sehpurpurs  (Z.  B.,  1895,  xxxii,  21-28)  ;  —  Ueber  die  Bedeutung 
des  Sauerstoffs  fiir  die  vitale  Benegung  (Z.  B.,  1897,  xxv,  43-67  et  18lt8,xxxvi,  425-522). 

Myologische  Untersucliungen  (Leipzig.  1810);  —  Untersuchungen  uber  das  Protoplasma 
tmd  die  Conlractilitàt  [\\\,  158  pp.,  Leipzig,  1864);  —  Lehrbuchder  }diysiologischen  Chemic 
(Leipzig',  Engelmann,  1866-1868,  l""*"  édit.)) —  Untersuchungen  des  physiologischen  Institut 
der  Univcrsitat  Ueidelberg  (1,  i,  1877);  —  On  the  photochemistry  of  the  rctina  and  on 
Visual  purple  {ira.à.  par  M.  Foster,  1878,  viii,  104  p.,  Londoa,  Macrnillan);  —  Ueber  Etkik 
und  Naturwissenschaft  in  der  Medizin  (12°,  Braunschweig,  Meyer,  1899);  —  Die  deutschc 
Medizin,  in  Théorie  und  Praxis  (8",  103  pp.,  Braunschweig,  Appelhaus,  1900). 


LAB  (Ferment  lab).  —  Zymase  contenue  dans  le  suc  gastrique,  coagulant  la 
caséine  (voy.  Estomac). 

LABURNINE.  —  Substance  très  toxique  extraite  des  graines  et  gousses  de 
Ci/lisus  Labiirnnm.  De  ces  mêmes  graines  on  extrait  aussi  la  cytisine,  qui  cristallise 
(azotate,  cliloroplatinale,  auroplatinate). 

LACCAIQUE   (Acide).    Matière    colorante    rouge   extraite    du   lac-dy<-. 

(C'«H'208). 

LACCASE.  — Ferment  oxydant  contenu  dans  l'arbre  à  laque  (V.  Oxydases). 
LACRYMAL  {Appareil). 

L'étude  de  la  physiologie  de  l'appareil  lacrymal  comprend  : 

1°  La  physiologie  des  glandes  lacrymales. 

2"  La  physiologie  des  voies  lacrymales  d'excrétion. 

PHYSIOLOGIE     DES    GLANDES    LACRYMALES.    —   SÉCRÉTION    LACRYMALE 

Le  liquide  lacrymal  ou  les  larmes  sont  le  produit  de  sécrétion  non  seulement  des 
glandes  lacrymales  proprement  dites,  mais  encore  des  autres  glandes  des  culs-de-sac 
conjonctivaux. 

Le  produit  de  sécrétion  des  larmes  est  un  produit  mixte,  absolument  comme  la 
salive  qui  est  un  produit  non  seulement  des  glandes  salivaires  proprement  dites, 
parotides,  sous-maxillaire,  sublinguales,  mais  encore  des  nombreuses  petites  glandes 
disséminées  sui-  toute  la  superficie  de  la  muqueuse  linguale  et  buccale. 

On  a  pu  observer  isolément  le  produit  de  sécrétion  des  glandes  lacrymales  princi- 
pales dans  les  cas  assez  rares  de  fistule  de  ces  glandes.  Mais  il  est  impossible  de 
séparer  le  produit  sécrété  par  les  nombreuses  glandules  conjonctivales,  car  il  est  très 
peu  abondant. 

Dans  tous  les  cas,  il  est  démontré  que  l'ablation  des  glandes  lacrymales  proprement 
dites,  glande  palpébrale  et  glande  orbitàire,  ne  larit  pa;;  la  sécrétion  lacrymale  et 
n'empêche  pas  la  lubréfaction  de  r(eil. 

Celte  étude  physiologique  comprendra  les  divisions  suivantes  : 

i"  Physiologie  comparée  de  la  sécrétion  lacrymale; 

2°  Disposition  des  organes  sécréteurs  des  larmes  chez  l'homme; 
Apparition  de  la  sécrétion  lacrymale  chez  le  nouveau-né; 
llisto-physiologie. 

3°  Le  produit  de  sécrétion  des  larmes,  leur  constitution  et  leur  rôle  physiologique. 

4"  Physiologie  de  l'innervation  des  glandes  lacrymales. 

"•»  Les  excitants  de  la  sécrétion  lacrymale  et  les  actions  inhibilrices. 

Physiologie  comparée  de  la  sécrétion  lacrymale.  -      L'appareil   lacrymal  est 


742  LACRYMAL. 

destiné  à  élaborer  et  à  éliminer  un  liquide  salin  à  la  surface  de  l'œil.  Son  rôle  est 
absolument  indispensable  chez  un  très  grand  nombre  de  vertébrés.  Ce  liquide  salin,  ou 
larmes,  est  en  effet  destiné  : 

1°  A  empêcher  la  dessiccation  de  la  surface  du  globe  et  ù  maintenir  la  transparence 
de  la  cornée  ; 

2"  A  favoriser  le  glissement  des  voiles  palpébraux  qui,  intimement  appliqués  à  la 
surface  de  l'œil,  ne  peuvent  se  mouvoir  convenablement  sans  l'interposition  d'un 
liquide   lubrifiant. 

On  peut  ajouter  un  troisième  rôle  :  celui  de  traduire  les  émotions  par  des  pleurs. 
Mais  cette  étude  est  à  peine  ébauchée  chez  les  animaux  et  n'est  possible  que  chez 
certaines  espèces.  Le  rôle  des  larmes  nous  permet  de  concevoir  que  le  développement 
de  l'appareil  lacrymal  est  absolument  subordonné  au  genre  de  vie  de  l'animal  et  au 
développement  des  paupières. 

Chez  les  animaux  à  vie  aquatique  et  en  particulier  chez  les  poissons,  l'œil  n'a  pas  à 
craindre  la  dessiccation  comme  celui  des  vertébrés  aériens;  aussi  ne  trouve-t-on  chez 
ces  animaux    ni   paupières  ni  appareil  lacrymal. 

Les  replis  cutanés  observés  chez  certaines  espèces,  Orlltayoviscus  mola  (Cuvier) 
Squales,  etc.,  ne  sont  que  des  ébauches  de  paupières  n'ayant  aucune  valeur 
physiologique. 

Chez  les  Amphibiens,  les  Anoures  ne  posséderaient  en  général  aucun  vestige 
d'appareil  ni  aucune  fonction  de  ce  genre;  les  Urodèles  possèdent  le  long  de  la  paupière 
inférifure  un  organe  glandulaire  très  petit  dont  le  rôle  paraît  extrêmement  restreint. 

Cet  organe  est  plus  développé  chez  les  Serpents  et  se  spécialise  en  s'atrophiant  à  la 
partie  moyenne  et  en  s'hypertrophiant  au  niveau  des  angles  de  l'œil.  Ainsi  divisé  en 
deux  portions,  il  forme  deux  glandes  distinctes  :  l'interne  est  la  glande  de  H\RDKKet 
l'externe  est  la  glande  lacrymale.  La  glande  de  Hardeu  paraît  liée  à  la  troisième  pau- 
pière, qui  devient  la  membrane  clignotante,  et  Joue  un  rôle  imporlant  chez  les  Oiseaux. 
Chez  les  Reptiles,  le  rôle  de  la  glande  lacrymale  et  de  la  glande  de  IIauder  est  difficile  à 
intei'préter.  Les  Ser[)ents  et  les  Ascalabotes  possèdent  au  devant  de  l'œil  une  membrane 
transparente  qui  représente  les  deux  paupières  exactement  soudées. 

Les  Trigonocépliales  et  les  Crotales  (jui  sont  les  plus  redoutables  par  leur  venin 
possèdent  des  glandes  orbitaires  très  développées.  Chez  la  Vipère  à  fer  de  lance,  les 
Serpents  à  sonnettes,  ces  glandes  sont  plus  volumineuses  que  le  globe  oculaire.  Elles 
se  confondent  avec  les  glandes  salivaires,  extrêmement  développées,  chargées  d'éla- 
borer le  venin. 

«  La  glande  lacrymale  des  Serpents  est  du  moins  aussi  volumineuse  (|ue  le  globe 
de  l'œil,  et  souvent  elle  se  prolonge  beaucoup  en  arrière  de  l'orbite  sous  le  muscle 
temporal  antérieur.  Chez  la  Couleuvre,  elle  est  fort  graiule  (Clo^ckt),  mais  elle  est  en 
général  moins  développée  chez  les  Serpents  venimeux(DuvER.\EV,  A»?!,  (/es  Se.  A'a(.,1832, 
XXVI,  id.,  xxx).  Chez  la  Tortue  franche,  elle  est  très  grande  et  son  canal  évacuateur  est 
simple  (A.  Albers,  Mcm.dc  VAcad.  de  Munich,  1809,  1)».  (Note  de  Milne-Edwards,  Anat. 
el  Physiol.  comp.,  xii,  119.) 

Chez  certains  Serpents,  les  paupières  soudées  entre  elles  forment  un  sac  clos,  ouvert 
seulement  au  niveau  du  canal  lacrymal. 

Chez  d'autres,  l'œil  est  soudé  à  la  membrane  palpéhrale,  qui  desquame  à  chaque 
mue  de  l'animal;  il  n'a  nullement  besoin  d'être  humecté. 

Les  Tortues  marines  (Chéloniens)  ont  des  glandes  lacrymales  qui  offrent  «  un  déve- 
loppement monstrueux  »  (Widersheim)  qui  est  peu  en  harmonie  avec  l'habitat  et  le 
genre  de  vie  de  ces  animaux. 

La  glande  de  Harder  atteint  son  maximum  de  développement  chez  les  Oiseaux,  où 
elle  recouvre  presque  toute  la  face  antérieure  de  l'œil. 

Chez  les  Mammifères,  elle  tend  à  s'atrophier  ;  mais  en  revanche  la  glande  laci'ymale  est 
très  développée. 

Chez  ces  derniers  la  glande  de  Harder  n'est  développée  que  chez  ceux  qui  possèdent 
fine  membrane  clignotante.  (Lapin,  Chien,  etc.) 

^a  glande  lacrymale  de  certaines  espèces  occupant  la  portion  supéro-externe  de 
J'orbite  js'étend  parfois  très  loin  en  arrière  et  en  dehors  et  se  confond  avec  la  glande 


LACRYMAL.  7i3 

parotide.  Il   est  souvent  diflicilc  de  les  st'parer  lorsque  l'on   interviciil  ;iu  poiiil  de  vue 
expérinuMilal  sur  ces  {,'landes. 

Tous  les  Mammifères  possèdent  en  général  une  fonction  lacrymale  très  développée 
Mais  néanmoins  ceux  d'entre  eux  qui  mènent  une  vie  aquatique,  les  Mammifères  niarins, 
ont  cette  fonction  très  atropUiée.  Chez  les  Cétacés  l'appareil  lacrymal  n'existe  pas,  il 
n'y  a  que  quelques  glandes  conjonetivales,  et  la  j^lamle  de  Hakdek.  «  Les  i,'landes  lacry- 
males ne  manquent  pas  comiilèlement  dans  cet  ordre  de  Mammifères  aquatiques,  ainsi 
qu'on  le  supposait  jadis,  mais  elles  sont  peu  développées  et  contenues  en  entier  sous 
l'épaisseur  des  paupières.  Chez  les  Marsouins  et  les  Dauphins;  elles  y  forment  un  anneau 
complet  (Raap,  Die  Cetacœcn)  et  elles  présentent  une  disposition  analogue  chez  le 
Narval (Stanmus  kt  Siehol».  Mnn.  d'Anat.  comp.,  ii,  439).  (Note  de  Milnk-Eowahus,  Anat. 
et  Physiol.  coinp.,  XII,  117.)  Chez,  le  Phocjuc,  la  glande  lacrymale  est  très  atrophiée.  Il 
en  est  de  mémo  chez  l'Hippopotame  et  chez  la  Loutre  vulgaire. 

Chez  le  chien,  le  chat,  et  les  animaux  les  plus  habituellement  utilisés  dans  les  labo- 
ratoires, les  glandes  lacrymales  sont  bien  ditlérenciées,  et  if  est  facile  de  les  atteindre 
dans  la  portion  supéroexterne  de  l'orbile,  soit  par  la  voie  trans-palpébrale,  soit  par  la 
voie  conjonctivale. 

Elles  fournissent  sous  l'inlluence  des  divers  t;xcilants  une  abondante  sécrétion. 

Disposition  des  organes  sécréteurs  des  larmes  chez  l'homme.  —  Les  glandes 
de  l'homme  peuvent  être  réparties  en  plusieurs  groupes  : 

1"  Les  glandes  lacrymales  proprement  dites  :  glande  lacrymale  orbilaire,  glande 
lacrymale  palpébrale. 

2»  Les  glandes  du  fornix  ou  acino-larsales  :  glandes  de  Krause,  glandes  acineuses 
des  culs-de-sac,  groupe  palpébral  supérieur  et  inférieur,  glandes  de  Wolfring,  glandes 
de  CiACCio,  glandes  acino-tarsales. 

3°  Le  groupe  des  cryptes  glanduleux;  glandes  de  Henle,  glandulae-mitcosœ  de 
Krause,  glandules  sous-conjonctivales  de  Sappev,  cryptes  (/kmduleux  de  Henle  (Du- 
brelilh).  Glandes  de  Manz.  Cryptes  glanduleux  de  Manz  (Dubreuilh). 

Les  schémas  ci-contre  (fig.  123  et  124)  faits  d'après  la  thèse  de  Dubreuilh  donneront 
une  idée  de  la  situation  et  de  l'importance  respective  des  divers  groupes  glandulaires. 


Fig.  122. 

1,  glandes  deJMeibomius;  2,  glande  lacrymale  orbitaire;  3,  glande  lacrymale  palpébrale; 

4,  glandes  du  fornix;  5,  glandes  acino-tarsales;  6  et  7,  cryptes  glanduleux. 

Le  dernier  groupe  des  cryptes  glanduleux  est  contesté  en  tant  que  glande.  Mais,  comme 
le  fait  remarquer  Dubreuilh,  où  commence  la  glande?  où  finit  l'invaginationépithéliale? 
Au  point  de  vue  physiologique,  la  question  ne  doit  pas  être  discutée,  attendu  que  les 
cellules  de  l'épithélium  conjonctiral  sont  des  cellules  sécrétoires.  La  cellule  muqueuse, 
qui  est  si  répandue  au  niveau  de  l'épithélium  conjonctival,  n'est-elle  pas  une  glande  uni- 
cellulaire?  A  plus  forte  raison  si  un  groupe  de  cellules  s'est  invaginé  pour  former  une 
crypte  glandulaire.  Tous  ces  éléments  sécrétoires  contribuent  à  former  ce  que  nous 
avons  appelé  le  liquide  lacrymal  mixte. 


lU  LACRYMAL. 

On  doit  donc  considérer  ces  formations  comme  faisant  partie  de  l'appareil  glandu- 
laire lacrymal. 

Nous  devons  ajouter  que  les  glandes  des  paupières  elles-mêmes,  glandes  de  Meibo- 
MTUS,  glandes  de  Zeiss,  glandes  de  Moll,  ajoutent  peu  ou  prou  de  leur  sécrétion 
propre  au  liquide  lacrymal  proprement  dit.  Mais  leur  sécrétion  se  mélange  difficile- 
ment à  celle  des  glandes  conjonctivales. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  certaines  glandules  de  la  caroncule.  La  glande  aciiio- 
tubuleuse  de  la  caroncule  a  la  même  structure  que  celle?  de  Kravse  et  de  Wolfrini;. 

Apparition  de  la  sécrétion  lacrymale  chez  le  nouveau-né.  —  On  sait  depuis 
fort  longtemps  que  les  nouveau-nés  ne  peuvent  éliminer  des  larmes.  Les  cris  de  dou- 
leur que  poussent  les  enfants  en  naissant  ne  sont  pas  des  pleurs.  Cette  notion  est  même 
très  ancienne,  puisque  Aristote, au  dire  de  Frf.richs  (in  Wagner's  HmuWiich),  aurait  déjà 
affirmé  que  les  nouveau-nés  ne  pleurent  pas  avant  le  quarantième  jour. 

Au  moment  de  la  naissance,   il   y   a  bien  une  sécrétion  conjonctivale  chargée   de 


FiG.   \2X 
Coupe  scli<^matique  îles  glandes  lacrymales. 

lubrifier  l'œil  et  d'empêcher  la  dessiccation  de  la  cornée.  Mais  cette  sécrétion  ne  se 
mélange  pas  avec  la  véritable  sécrétion  des  pleurs. 

On  a  essayé  de  donner  des  raisons  de  celte  absence  de  larmes  au  début  de  la  vie. 
On  a  dit  que  les  cris  de  ienfant  empêchent  que  les  larmes  ne  soient  sécrétées  et  élimi- 
nées. La  meilleure  raison  est  qu'au  moment  de  la  naissance  l'appareil  sécréteur  des 
larmes  et  l'appareil  éliminateur,  c'est-à-dire  les  voies  lacrymales,  sont  incomplètement 
développés. 

La  glande  fœtale  au  point  de  vue  microscopique  présente  des  canaux  peu  ramifiés 
et  des  tubuli  sans  lumière.  A  la  naissance,  la  consistance  de  la  glande  est  analogue  à 
celle  du  tissu  graisseux  de  l'orbite,  Kirschtein  et  Axenfeld  sont  d'avis  qu'à  ce  moment 
la  glande  n'est  pas  encore  prête  à  fonctionner.  Les  cellules  ont  ime  structure  spéciale 
et  ne  renferment  pas  de  matériaux  de  sécrétion. 

KiRSCHTEiN  a  voulu  préciser  le  fait  et  savoir  exactement  à  quel  moment  apparaissait 
une  sécrétion  liquide  chez  l'enfant  nouveau-né.  Il  a  eu  recours  à  trois  méthodes  diffé- 
rentes : 

1°  Interrogatoire  des  mères.  Méthode  indécise  et  qui  lui  a  donné  peu  de  résultats. 

2''  Il  a  eu  recours  à  l'irritation  de  la  conjonctive  sur  une  série  d'enfants.  Le  résultat 
est  plus  certain.  La  sécrétion  est  abondante. 

3"  Il  a  irrité  aussi  1;^  muqueuse  nasale  au  moyen  de  diverses  substances  et  de  sternuta- 


LACRYMAL.  745 

loiies,  par  le  cliatouillempiil  de  la  caroncule  avec  un  houl  de  impier.  La  sérrélion  est 
aussi  énergique. 

Aii^'o  dos  onfaiiis.  Noiiibro        Motli.  I.        M.tli.  H.     Mrili.  III. 

1  à  10  jours 46  0  0  0 

n  à  20      —      32  0  0  7 

21  à  30      —       31  1  0  13 

1  mois  à  1  mois  1/2  ....  41  14  4  3 

1  mois  1/2  à  2  mois  ....  53  3S  11  ,'j3 

2  à  3  mois 44  12  31  44 

On  voit  que  dans  la  majorité  des  cas  l'apparition  des  larmes  a  lieu  au  bout  de  1  mois 
et  demi  et  peut  aller  jusqu'à  deux  mois. 

Parmi  des  enfants  plus  âgés,  de  3  mois  à  [\  mois  et  demi,  Kirscmtkin  en  a  trouvé  qui 
ne  pleuraient  pas. 

i/indicalion  donnée  jadi.s  par  Aiu.'^roiK  se  trouve  donc  entièrement  conllrmée.  Il  ne 
s'af;it  là  que  de  la  sécrétion  réflexe.  A  quel  moment  apparaît  la  sécrétion  psychique? 
C'est  un  point  délicat  à  trancher  d'une  manière  absolue.  I, 'enfant  ne  commence  guère 
à  pleurer  pour  traduire  ses  émotions  avant  le  5''  ou  0"  mois. 

Histo-physiologie.  —  Les  glandes  lacrymales  appartiennent  au  groupe  des  glandes 
acino-tuhuleuses.  I.'acinus  comprend  une  membrane  vitrée  doublée  immédiatement  par 
des  cellules  en  panier  de  Boll  et  sous-jacente  au.v  cellules  sécrétantes. 

C'est  grâce  aux  travaux  de  Fr.  Boll,  Beicuel,  Ai.tmann,  Nicol.vs,  Sulgku,  Zimmkrm.\n.\, 
KoLossow,  NoLL  et  Pl'gusi-Allkgr.\,  (Iarxier  et  Bouin,  que  l'histologie  fine  a  pu  être 
étudiée. 

L.^NGLEY  (1879)  est  le  premier  qui  se  soit  occupé  des  moditications  de  la  glande 
lacrymale  pendant  son  activité.  Après  lui  Reichel  (1880),  Nigol.xs  (1892),  Garnier  (1897) 
s'en  sont  occupés.  Les  travaux  sur  ce  sujet  se  sont  niulti|)liés  dans  la  suite  (Noll,  Ko- 
Lossow,  Puglisi-Allegra  et  Woronow,  de  1900  à  1904). 

Dans  un  récent  travail,  admirablement  documenté  et  très  bien  rédigé,  Georges  iJu- 
BREUII.H  a  exposé  l'état  actuel  de  la  question  {Th.  de  Lyon,  1907). 

A  l'état  frais,  la  glande  lacrymale  renferme  trois  sortes  de  cellules  (Noll)  : 

1"  des  cellules  granuleuses  à  grains  très  réfringents  ; 

2"  des  cellules  à  grains  peu  réfringents; 

3°  des  cellules  obscures. 

Après  fixation,  il  existe  deux  types  de  cellules  avec  de  nombreux  intermédiaires  : 

1"  des  cellules  claires  ; 

2"  des  cellules  sombres. 

La  cellule  comprend  un  piotoplasma  et  un  noyau.  Les  travaux  récents  lui  ont  at- 
tribué une  structure  complexe  dans  le  détail  de  laquelle  nous  ne  pouvons  entrer.  Nous 
ne  donnerons  qu'un  très  bref  aperçu  de  cette  question  qui  intéresse  l'histo-physiologie. 

Le  protoplasma  comprend  une  zone  mate  filamenteuse,  l'ergastoplasme  situé  à  la 
base  de  la  cellule.  Les  grains  ont  été  bien  étudiés  par  Nicolas  (1892).  Les  grains  de  ségré- 
gation sont  fuchsinophiles.  Mais  il  existe  d'autres  granulations  dilîérentes  d'aspect  qui 
ont  également  de  l'affinité  pour  la  fuchsine.  Nicolas  a  bien  montré  les  relations  des 
grains  avec  les  vacuoles  de  sécrétion.  Cette  transformation  est  commune  à  toutes  les 
glandes  et  en  particulier  aux  glandes  salivaires.  Les  vacuoles  sont  moins  abondantes 
dans  la  lacrymale  que  dans  la  parotide. 

Gar.meu  et  BoLi.N'  (1897)  y  ont  décrit  en  outre  des  vacuoles  à  sécrétion  lipoide. 

ZiMMEUMA.N.N  divisc  la  cellule  en  trois  zones  : 

i°  Zone  basale  finement  striée.  Ergastoplasme. 

2°  Zone  moyenne  où  se  trouve  le  noyau. 

3"  Zone  supérieure  présentant  deux  corpuscules,  le  diplosome,  situé  au  sein  d'une 
sphère  de  protoplasma  et  radié  (cenlrosplièrei. 

Ce  rapitle  aperçu  était  nécessaire  [lour  comprendre  l'histo-physiologie  que  nous 
avons  surtout  en  vue  d^. résumer  ici. 

Les  expéiiinentateurs  ont  examiné  les  glandes,  soit  après  l'excitation  électrique  du 
nerf  lacrymal,  soit  après  injection  de  pilocarpine, 


74t)  LACRYMAL. 

a)  Excitation  électrique  du  nerf  lacrymal.  Noll  et  Puglisi-Allegha  arrivent  au 
même  résultat.  Par  l'excitation  rapide  il  y  a  disparition  d'un  grand  nombre  de  cellules 
claires.  Par  l'excitation  prolongée  il  y  a  disparition  de  presque  toutes  les  cellules 
granuleuses  et  claires,  élargissement  de  l'acinus,  apparition  à  la  base  de  la  cellule  d'une 
striation  lamellaire  du  protoplasma  . 

6)  Injection  de  pilocarpine.  Phéiionièiies  analogues.  Des  coupes  laites  de  quart 
d'heure  en  quart  d'heure  après  l'injection  montrent  la  marche  que  suit  l'épuisement 
de  la  cellule,  qui  va  plus  loin  qu'après  l'excitation  électrique.  Apparition  de  vacuoles 
larges.  Lumière  de  l'acinus  très  agrandie. 

c)  Excitations  d'origine  nasale  et  conjonctivale.  Dans  ce  cas,  on  a  un  mélange  de 
cellules  sombres  et  claires.  L'épuisement  ne  va  jamais  aussi  loin  qu'avec  la  pilocarpine 
et  l'excitation  électrique. 

Après  ces  résultats,  il  est  facile  d'établir  le  cycle  sécrétoire. 

!•  Le  cycle  sécrétoire  commence  par  la  phase  que  Renaut  a  appelée  la  phase  de 
«  mise  en  charge  de  la  cellule  glandulaire  ».  Elle  se  caractérise  histologiquement  par 
la  variation  de  cbromaticité  du  noyau  (Hegai'i;),  par  l'affinité  chromatique  du  proto- 
plasma péri-nuclèaire,  par  la  striation  de  l'ergastoplasme,  l'apparition  de  vacuoles  et 
de  grains.  11  se  fait  une  maturation  des  grains  (grains  de  ségrégation). 

2"  A  cette  première  phase  fait  suite  la  pbase  de  lepos  de  Garnier.  Les  filaments 
ergastoplasmi([ues  dispaiaissent.  Les  grains  sont  mi'lrs  et  plus  clairs  :  ils  sont  prêts  à 
être  expulsés. 

3»  C'est  ensuite  que  vient  la  phase  d'excrétion  exo-cellulaire.  Les  cellules  en  panier 
de  BoLL  entrent  en  jeu,  exprimant  le  protoplasme  comme  une  éponge.  On  admet  que  les 
grains  se  dissolvent  dans  le  liquide  des  vacuoles  et  que  ce  liquide  passe  par  osmose  à 
travers  l'exoplasme  cellulaire. 

Le  cycle  sécrétoire  tel  que  nous  venons  de  le  forniuler  est  très  simplifié.  En  réalité, 
comme  le  fait  remarquer  Georges  Dubreuilh,  les  phénomènes  sont  plus  compliqués. 
II  existe  un  cycle  nucléaire  et  uu  cycle  protoplasniique.  Non  seulement  les  acini,  mais 
les  cellules  d'un  même  acinus  sont  à  des  stades  sécrétoires  très  voisins.  Il  s'établit 
entre  les  diverses  cellules  d'un  même  acinus  une  véritable  loi  d'alternance. 

La  cellule  glandulaire  jouit  d'une  action  de  choix  sur  les  matériaux  destinés  à  con- 
stituer sa  mise  en  charge.  Dubkeuilh  résume  ainsi  les  divers  actes  de  la  cellule  glandu- 
laire :  l°acte  d'intussusception  élective  consistant  dans  l'absorption  du  plasma  imbibitif 
riche  en  matériaux  de  sécrétion;  2"  acte  de  ségrégation  consistant  dans  le  choix  de  ces 
matériaux;  3°  acte  de  maturation  dû  à  l'action  du  protoplasma ;4''enfin, acte  d*excrétion. 

Le  produit  de  sécrétion  :  les  larmes.  Leur  constitution  et  leur  rôle  physio- 
logique. —  Le  liquide  recueilli  directement  dans  les  culs- de-sac  conjonctivaux  est, 
avons-nous  dit,  un  li<|uide  mixte,  absolument  comme  la  salive  buccale.  Il  comprend 
tous  les  divers  produits  de  sécrétion  des  glandes  et  glandules  lacrymales,  mais  encore 
le  produit  de  sécrétion  des  cellules  de  la  muqueuse  conjonctivale. 

Nous  possédons  plusieurs  analyses  du  liquide  lacrymal.  La  première  a  été  faite  par 
Frerighs. 

Cette  première  analyse  a  été  faite  sur  un  œil  sain,  après  excitation  électrique  de  la 
conjonctive. 

La  deuxième  analyse  provient  d'un  œil  atteint  d'ophtalmie  chronique. 

Résultats.  Analyse  I.  Analyse  II. 

Eau 99,06  98,70 

Parties  solides 0,94  1,30 

Les  parties  solides  comprennent  : 

Débris  épithéliaux 0,14  0,32 

Albumine 0,08  0,10 

Chlorure  de  sodium,  phosphates  alcalins, 
phosphates  terreux,  graisses  et  matières 

extractives 0,72  0,88 

On  a  pu  réaliser  l'analyse  du  liquide  lacrymal  sécrété  par  la  glande  proprement 
dite.  Dans  des  cas  de  fistule  cutanée  de  la  glande,  le  liquide,  étant  sécrété  en  dehors  du 


LACRYMAL.  747 

sac  coujoiiclival,  à  l;i  surface  dos  téguments,  ixmt  tHrc  recueilli  ùp.iit.  Mais  ces  cas  sont 
exceptionnels. 

D'autres  analyses  sont  dues  à  Leuch  et  à  Ma(;aaiu).  {Arc/iiv  f.  Opiitli.,  l.  II,  a.  2, 
p.  137;  —  A.  A.  1».,  1882.) 

Analystes.  clo  Ijckcii.  do  Maua\ru. 

Eau 982,0  981,2 

Alljuiuhioïdos,  traces  de  iiuiciue  et,  graisses.  ."l.O  14, G 

Chlorure  de  sodium 13,0  )  ,  ^^ 

Autres  sols  minéraux 0,2  )  '" 

La  composition  chimique  doit  varier  suivant  les  sujets  dans  certaines  limites  qu'il 
est  difficile  d'apprécier.  De  même,  chez  un  même  sujet,  les  substances  sécrétées  doi- 
vent varier,  suivant  l'état  de  la  glande,  l'âge,  etc.  Nous  n'avons  aucune  donnée  bien 
certaine  sur  ce  point. 

Les  glandes  lacr^-males  peuvent  éliminer,  comme  les  autre  glandes,  des  substances 
médicamenteuses,  telles  que  l'iodur  e  de  potassium. 

Les  larmes  sont  toujours  alcalines.  Il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  en  humectant 
dans  le  sac  conjonctival  une  bandelette  de  papier  rouge  de  tournesol.  Est-il  vrai  que, 
sous  l'intluence  des  maladies  diathésiques,  phtisie,[rhumatisme,  et  à  la  suite  des  fièvres 
graves,  les  larmes,  d'alcalines,  peuvent  devenir  acides?  Le  fait  est  douteux.  Nous  avons 
examiné  par  le  tournesol  un  très  grand  nombre  de  sujets;  jamais  nous  n'avons  obtenu 
de  réaction  acide  par  ce  procédé. 

Nous  trouvons  rapporté  dans  le  Traité  d'ophtalmologie  de  ue  Wecker  et  Laxuolt, 
p.  1022  :  «  On  y  signale  (dans  les  larmes)  dans  quelques  formes  intenses  d'ictère  une 
coloration  jaunâtre  si  foncée  que  le  linge  en  est  taché  (Wellek),  et  dans  quelques 
formes  de  scorbut,  la  coloration  rougeâtre  (Lanzoni,  Rosas,  Hasner)  peut  être  due  tout 
simplement  à  l'extravasalion  d'une  petite  quantité  de  sang  dans  le  sac  conjonctival, 
provenant  de  petites  excoriations  de  la  muqueuse  (Hasner).  Ce  sont  là  des  faits  mal 
observés. 

Une  fauL-il  penser  des  larmes  de  .sa«j/  ?  La  glande  lacrymale  peut-elle  sécréter,  sous 
l'iiilluence  de  certaines  causes  inconnues,  un  liquide  hémorragique?  Le  fait  est  mal 
prouvé.  Le  plus  souvent,  les  larmes  de  sang  sont  dues  à  une  hémorragie  conjonctivale, 
aune  rupture  vasculaire  de  la  conjonctive  des  culs-de-sac  ou  des  paupières.  On  sait 
combien  la  moindre  trace  de  sang  colore  facilement  le  liquide  lacrymal. 

En  résumé,  le  produit  sécrété  par  la  glande  lacrymale  est  un  liquide  absolument 
clair  comme  de  l'eau  de  roche.  11  a  une  saveur  saline  due  à  la  présence  de  NaC4l.  Les 
larmes  peuvent  être  considérées  comme  une  solution  salée  se  rapprochant  plus  ou 
moins  de  la  solution  dite  physiologique. 

La  quantité  sécrétée  est  naturellement  très  variable  suivant  les  causes  d'excitation. 
Mais,  à  l'état  physiologique,  la  quantité  suffisante  pour  lubrifier  le  sac  conjonctival  et  le 
globe  oculaire  a  été  évaluée  par  Magaard  à  6  gr.  4  par  vingt-quatre  heures,  et  pour  les 
deux  yeux,  soit  3  gr.  2  pour  chaque  glande.  Nous  ne  possédons  à  ce  sujet  que  des 
données  incertaines,  La  quantité  de  li({uide  sécrété  varie  avec  la  susceptibilité  de 
chaque  sujet.  Certains  présentent  de  l'épiphora  par  hypersécrétion  d'origine  réllexe. 
Mais,  en  général,  le  larmoiement  chronique  dépend,  le  plus  souvent,  d'une  gène  ou  de 
l'obstruction  des  voies  lacrymales.  Ces  deux  termes  :  U'.rmoiement,  épiphora  (du  grec 
ér.i,  sur  çc'pwjje  coule)  devraient  avoir  un  sens  différent.  Larmoiement  devrait  s'entendre 
de  l'hypersécrétion  fonctionnelle,  et  épiphora  devrait  signilier  épanchement  des  larmes 
en  dehors  des  voies  naturelles  par  obstruction  lacrymale. 

Les  expériences  de  Magaard  relatives  à  l'évaluation  de  la  quantité  de  larmes  sécré- 
tées portaient  sur  des  sujets  atteints  d'ectropion  total  des  paupières.  Il  ne  s'agissait 
donc  pas  de  sujets  normaux,  et  il  est  probable  que  l'irritation  de  la  conjonctive  éversée 
entretenait  déjà  un  larmoiement  hypersécrétoire. 

Ahlstroem  recueille,  avec  une  canule  le  liquide  d'une  fistule  lacrymale.  11  trouve  un 
chiffre  voisin  de  celui  de  Magaard.  D'autres  auteurs,  Boch,  Van  Genderen  Stort  ont 
fait  également  des  recherches  analogues.  Mais  toutes  ces  recherches  ne  sont  pas  à 
l'abri  des  mêmes  critiques  faites  aux  premiers  résultats  de  Magaard. 


748  LACRYMAL. 

>«  En  s'udressant  à  des  sujets  qui  avaient  subi  l'extirpation  du  sac  lacrymal  et  chez 
lesquels  on  ne  constatait  aucune  irritation  oculaire,  Schirmer  constata  que,  chez  des  per- 
sonnes gordant  la  chambre  et  s'ubslenant  de  tout  mouvement  pouvant  provoquer  un 
afilux  de  larmes  (bciillement,  etc.),  il  fallait  attendre  une  heure  à  deux  heures  et  demie 
pour  voir  se  former  une  larme  assez  grosse  pour  s'écouler  au  dehors,  (lomme,  pendant 
le  sommeil,  la  sécrétion  se  tarit,  on  peut  compter  au  ntaxinuim  sur  une  production  de 
0  gr.  40de  larmes  pendant  les  seize  heures  de  veille,  et  oecliilTre  paraît  souvent  devoir 
être  réduit  de  moitié.  En  tenant  compte  de  l'évaporalion,  des  expériences  comparatives 
ont  permise  l'auteur  de  fixer  la  production  réelle  des  larmes  au  chiffre  de  1/2  à  3/4  de 
gramme,  à  l'abri,  bien  entendu,  de  toute  excitation  venue  du  dehors.  »  (Kalt  in  Traité 
de  L.\r.RANGE  et  Valude.)  (Schirmer.  Stxidien  zur  Physiol.  u.  Pathol.  (1er  Thrancnabsondc- 
rimg.  Arch.  de  Grsefe,  51,  3,  1903.) 

Mesure  de  la  capacité  sécrétoire  de  la  glande  lacrymale. —  Rien  n'est  plus 
variable,  avons-nous  dit,  que  la  quantité  de  larmes  émises,  suivant  les  sujets  et  surtout 
les  causes  d'excitation  .sécn-toire. 

Fj'analomie  nous  montre  d'ailleurs  une  assez  grande  variation  dans  les  dimensions 
et  le  volume  des  glandes. 

Mais  on  peut  avoir  des  données  suffisamment  comparables  entre  elles  en  faisant 
sécréter  la  glande  jusqu'à  épuisement.  Plusieuis  procédés  ont  été  employés  : 

Procédé  de  Koster  :  Il  place  dans  les  culs-de-sac  coiijonctivaux  l'extrémité  d'une 
bandelette  de  papier  buvard  de  10  à  20  centimètres  de  long.  La  conjonctive  est  excitée 
localement  de  même  que  la  pituilaire  à  l'aide  d'un  pinceau.  11  trouve  que,  chez  certains 
individus,  la  bandelette  s'imbibe  sur  une  longueur  de  8  à  9  centimètres,  tandis  que  chez 
d'autres  cette  longueur  atteint  l'",50  à  2  mètres. 

De  plus,  la  quantité  varie  chez  un  même  individu  d'un  jour  à  l'autre.  En  outre,  les 
glandes  des  sujets  atteints  de  paialysie  faciale  complète  donnaient  des  quantités 
de  liquide  supérieures  à  celles  de  glandes  d'individus  sains  à  sécrétion  de  faible 
degré. 

Kostkr  affirme  que  chez  un  môme  individu  le  pouvoir  sécréteur  est  sensiblement  b; 
même  des  deux  côtés. 

Procédé  et  evpcrienccs  de  Schirmer  :  Schirmer  utilise  des  bandelettes  de  12  centi- 
mètre de  large  sur  3  centimètres  ."J  de  long.  Durée  d'une  expérience,  IJ  minutes.  Une 
glande  normale  doit  imbiber  d  centimètre  5  au  minimum. 

Schirmer  trouve  au  contraire  des  dilférences  notables  d'un  cril  à  l'autre.  Chez  les 
jeunes  sujets,  la  sécrétion  est  plus  abondante  que  chez  les  vieillards.  On  apprécie  ainsi 
une  diminution  de  sécrétion  dans  le  cas  de  paralysie  faciale.  .Mais  dans  le  cas  d'hyper- 
sécrétion pathologique  la  méthode  est  infidèle. 

Rôle  du  système  nerveux.  —  Le  rôle  du  système  nerveux  dans  la  sécrétion 
lacrymale  a  été  très  longtemps  obscur.  On  voyait  là  un  problème  de  physiologie 
complexe,  et  les  expérimentateurs  se  contentaient  d'hypothèses. 

Aujourd'hui  nous  possédons  un  ensemble  de  faits  bien  liés,  et,  de  l'examen  de  toutes 
les  expériences  tentées  et  ayant  subi  l'épreuve  du  contrôle,  on  peut  tirer  quelques 
conclusions  fermes. 

Il  ne  s'agit  pas  simplement  de  savoir  si  l'on  doit  rattacher  la  sécrétion  des  larmes 
soit  exclusivement  au  trijumeau,  soit  encore  au  facial,  soit  au  sympathique.  En  adoptant 
une  théorie  exclusive,  on  se  heurte,  à  l'heure  actuelle,  à  'des  faits  contradictoires. 

La  sécrétion  lacrymale  est  complexe;  les  excitants  en  sont  très  divers.  Il  est  natu- 
rel de  supposer  que  son  innervation  sera  nécessairement  compliquée. 

La  dilficulté  est  de  bien  dissocier,  au  point  de  vue  expérimental,  tous  ces  phéno- 
mènes nerveux. 

Au  point  de  vue  fonctionnel  une  première  division  s'impose  :  elle  est  fournie  par  la 
diflérence  qu'il  y  a  entre  la  sécrétion  normale,  minima,  destinée  à  la  simple  lubré- 
faction  de  l'œil,  et  la  sécrétion  anormale,  maxima,  psychique,  qui  constitue  les  pleurs. 

U  y  a  nécessairement  des  variétés  nombreuses  de  larmoiements  et  de  pleurs  qui 
possèdent  des  arcs  nerveux  réllexes  ou  conscients  assez  variés.  Les  faits,  en  apparence 
contiaires,  signalés  par  les  expérimentateurs  vont  nous  servir  à  établir  précisément  lîv 
variété  de  ces  voies  nerveuses. 


LACRYMAL.  749 

Pour  une  analyse  claire   des    plit'-nonu'iii's,   nous   grouperons  les  obseivalions  sotis 
trois  paiap:raplies  en  suivant  l'ordre  historique  : 
l.  At'lion  et  rcMc  du  I  ri  jumeau. 
H.  Action  et  rôle  du  lacial. 

m.  Action  et  rôle  du  syni|)atlii(|Me. 

I.  Action  et  rôle  du  trijumeau.  Nous  allons  succiiiclenient  passeï'  en  revue 
la  série  des  faits  sur  laquelle  on  se  base  pour  explitiuer  cette  action  : 

1"  L'anatoiuic  nous  montre  tout  d'abord  que  le  nerf  lacrymal  vient  de  l'ophtalmique 
de  WiLLis. 

2"  Expérienccfi  de  Mac-knom-;  :  Excitation  du  nerf  lacrymal.  «  Chez  riiommc  mt'-me  il 
piqua  plusieurs  fois  le  nerf  l;u"rymal  et  obtint  une  elfusion  telle  de  liquide  qu'il  croyait 
avoir  ouvert  le  robinet  des  larmes  »  (1839). 

3"  Autre  expérience  de  Magendih;  :  Section  intra-cranienne  du  trijumeau.  Kératite 
neuro-paralytitiue,  attribuée  à  la  suppression  des  larmes.  On  sait  que  cette  interpréta- 
tion n'est  pas  la  seule.  La  kératite  est  peut-être  consécutive  à  l'insensibilité  de  la  cornée 
(section  des  nerfs  sensitifs)  ou  encore  à  la  section  des  nerfs  trophiques. 

4"  Expériences  de  Claudk  Bkh.naud  : 

a)  Section  intra-cranienne  du  trijumeau.  11  observe  des  troubles  de  la  cornée,  note 
de  la  sécheresse  de  l'œil  et  finalement  s'établit  la  kératite  neuro-paralytique. 

6)  Après  arrachement  du  ganglion  sympathique  supérieur,  section  du  trijumeau. 
Pas  de  troubles  oculaires;  l'œil  reste  humide  deux  jours  après. 

c)  Autre  section  de  la  V"  paire.  L'œil  reste  humide.  Cl.  Heunard  s'exprime  ainsi  : 
»  Après  la  section,  l'œil  paraît  sécréter  moins.  » 

d)  Autre  expérience  sur  le  lapin  :  l'œil  est  terne  et  sec. 

5°  Expérience  de  Czermak  (1860)  :  Il  décapite  un  animal  et,  excitant  le  trijumeau, 
aussitôt  après  il  obtenait  une  exagération  de  sécrétion  des  larmes. 

6"  Expérience  de  Herzexstein  :  Excitation  du  lacrymal  et  du  sous-cutané  malairc. 

Exagération  de  la  sécrétion. 

Section  du  nerf  lacrymal.  Écoulement  qu'il  considère  comme  paralytique. 

1°  WoLKERZ  :  Excitation  du  trijumeau  chez  le  Chat,  sécrétion  abondante,  excitation 
du  sous-cutané  malaire.  Même  résultat. 

8"  Demtcuenko  :  Excitation  du  temporo-malaire,  pas  d'action  sur  la  sécrétion.  Après 
ligature  de  la  carotide,  l'irritation  amène  une  sécrétion  moins  abondante. 

9"  TÉruAciiiNE  :  1'"''  expérience.  —  Excitation  du  lacrymal,  sécrétion  exagérée. 

2"^  expérience.  —  Section  du  lacrymal.  L'œil  est  encore  plus  humide  (sécrétion  para- 
lytique). 

3*  expérience.  —  Excitation  du  sous-cutané  malaire;  sécrétion  augmentée,  mais 
moins  que  par  l'excitation  du  lacrymal. 

4*^  expérience.  —  Excitation  intia-cranienne  du  trijumeau,  exagération  de  la  sécré- 
tion; mais  il  est  nécessaire  d'avoir  une  excitation  forte. 

10°  Les  observations  faites  chez  l'homme  à  l'occasion  des  interventions  opératoires 
sur  le  ganglion  de  Casser  (Gasserectomie)  ne  donnent  pas  de  résultats  bien  probants  au 
point  de  vue  lacrymal.  Les  cas  où  il  est  survenu  des  troubles  sécrétoires  sont  relative- 
ment peu  nombreux,  peut-être  parce  que  toutes  les  observations  de  sécheresse  de  l'œil 
et  surtout  de  kératite  neuro-paralytique  n'ont  pas  été  publiées.  Dans  ce  cas,  le  ganglion 
a  dû  être  enlevé  en  totalité  ou  bien  les  débris  qui  en  restaient  ont  di'i  dégénérer 
complètement.  Les  chirurgiens  ont  reproduit  chez  l'homme  l'expérience  de  Magendie 
signalée  plus  baut. 

Mais  le  plus  souvent  les  gasserectomies  sont  restées  partielles.  On  sait,  en  effet,  que 
la  partie  la  plus  inaccessible  du  ganglion  est  son  extrémité,  ou  sa  corne  interne  qui  se 
trouve  logée  dans  la  paroi  même  du  sinus  caverneux.  C'est  précisément  cette  corne 
interne  qui  donne  naissance  à  l'ophtalmique  de  Willis.  Il  est  probable  ([ue,  dans  les  faits 
cliniques  où  l'on  n'a  noté  aucun  trouble  sécrétoire,  l'intégrité  parfaite  de  l'œil  ainsi 
que  parfois  même  le  retour  tardif  de  la  sensibilité  conjonctivale,  se  rapportent  à  des 
extirpations  incomplètes. 

IL  Action  et  rôle  du  faciaL  —  En  1893,  GoldziEHEr,  de  Buda-Pesth,  soutint  le  pre- 
mier le  rùle  prépondérant  du  nerf  facial  dans   l'innervation  des  glandes  lacrymales 


750  LACRYMAL. 

A  l'appui  de  son  opinion,  il  cito  un  certain  nomhro  d'ohsfrvations  de  paralysie  faciale 
suivie  d'abolition  des  pleurs. 

En  1894,  Jendrassik  cite  des  cas  analogues. 

En  1895,  Tribondeau  essaie  une  étude  expérimentale  (Journal  de  Médecine  de  Bor- 
deaux, 3  novembre  189")). 

La  section  du  facial  extra-craiiien  n'a  aucune  action  sur  la  sécrétion  lacrymale. 
L'œil  est  au  contraire  plus  humide  par  cause  réllexe,  irritation  due  au  lagophlalmos 
paralytique,  ou  bien  par  suite  de  réversion  paralytique  des  points  lacrymaux;  paralysie 
de  l'orbiculaire  des  paupières  et  de  ses  faisceaux  lacrymaux  ar)térieur  et  postérieur 
(muscle  de  Duverney). 

Tribo.ndeau  a  dû  pour  cela  agir  sur  le  facial  intra-cranien. 

Ayant  essayé  tour  à  tour  sans  succès  le  procédé  de  Jolyet  (section  au  névrotome  à 
travers  l'occipital),  le  procédé  de  Cl.  Bernard  (section  du  facial  par  la  caisse  du  tym- 
pan\  il  a  adopté  une  technique  perfectionnée  qui  réalise  avec  plus  de  succès  le  but 
poursuivi  dans  le  procédé  de  Cl.  Bernard.  Il  consiste  dans  la  possibilité  d'atteindre 
arec  moins  de  danger  le  facial  jusque  dans  le  conduit  auditif  interne  à  travers  la  fenêtre 
ronde.  Aussi  appelle-t-il  son  manuel  opératoire  :  prorMê  de  la  fenêtre  ronde. 

Lakkay  a  repris  cette  étude,  avec  Truiondeau  d'abord,  et  a  exposé  ensuite,  dans  sa 
thèse  inaugurale,  les  résultats  de  .ses  expériences  (T//.  f/r  Bordeaux,  1896  . 

Cet  intéressant  travail  renferme  tout  au  long  la  techniiiuc  expérimentale  de  l'auteur, 
Laffay  a  encore  amélioré  le  procédé  de  Trirondeau  et  a  fait  lui-même  de  nouvelles 
expériences.  Il  a  opéré  chez  le  chien  et  le  lapin. 

Expériences  de  Lai  fay.  —  Trois  expériences  sur  le  chien. 

Voici  le  résumé  de  l'expérience  III  :  Chien  chloralosé.  Section  du  facial  intra-cranien. 
Le  lendemain  véritable  ophtalmie  purul(>nte  ;  quinze  Jours  après  suppression  de  la 
sécrétion  lacrymale  du  ct^tù  opéré.  Injection  de  pilocarpiue  :  du  côté  droit  non  opéré, 
sécrétion  abondante;  du  côté  opéré,  état  normal  :  Excitation  du  bout  périphérique  du 
lacrymal  :  pas  de  sécrétion.  Excitation  du  sous-cutané  malaire  :  pas  de  sécrétion,  tandis 
que  l'œil  droit  sécrète  abondamment. 

Expériences  sur  le  lapin.  Le  facial  est  arraché  dans  sa  partie  intra-rocheuse.  Le  gan- 
glion géniculé  est  souvent  arraché  en  même  temps.  Suppression  de  la  sécrétion  du 
côté  opéré.  Injection  de  pilocarpiue  :  sécrétion  lactescenle  faible.  Excitation  du  lacry- 
mal, pas  de  sécrétion. 

Laffay  rapporte  en  outre  les  expériences  suivantes  : 

Expériences  de  Vulpian  et  Journiac  [Académie  des  Sciences,  1879).  Karadisalion  de 
la  caisse  du  tympan  :  sécrétion  abondante  d'abord  lacrymale,  puis  lactescente  (chez  le 
lapin). 

Chez  deux  autres  lapins,  après  arrachement  du  facial  intra-pétreux,  sécrétion  lai- 
teuse faible. 

Laffay  a  observé  encore  le  fait  suivant.  Sur  un  chien  ayant  subi  la  section  inlra- 
craniennè  du  facial  depuis  trois  semaines,  la  faradisation  de  la  caisse  détermine  une 
sécrétion  abondante. 

Expériences  de  Vuliman  sur  les  origines  bulbaires  du  facial  :  au  niveau  même  du 
plancher  du4«  ventricule,  à  travers  l'espace  occipito-atloïdien,  Vuliman  dilacère  la  région 
occupée  par  le  noyau  du  facial.  La  paralysie  faciale  est  complète.  Il  observe  une  sécré- 
tion coDJonctivale  purulente. 

Deux  autres  faits  montrent  :  le  premier,  une  sécrétion  muco-purulente  ;  le' second, 
un  commencement  de  lésion  cornéenne. 

Il  s'agirait  de  savoir  quel  est  le  trajet  exact  des  filets  sécrétoires  qui  arrivent  ainsi 
au  facial.  Il  y  a  là  un  point  à  éclaircir.  Les  nerfs  sécrétoires  appartenant  au  facial  ne 
peuvent  atteindre  la  glande  lacrymale  que  par  l'intermédiaire  du  lacrymal.  Ils  sont 
obligés  d'emprunter  la  voie  nerveuse  d'une  branche  du  trijumeau.  Il  est  très  probable 
qu'ils  abordent  le  trijumeau  au  niveau  du  ganglion  sphéno-palatin.  Mais  aucune  expé- 
rience physiologique  n'^  permis  jusqu'ici  de  déterminer  le  rôle  que  joue  ce  ganglion. 
Les  travaux  de  Cl.  Bernard,  ceux  de  Prévost  et  Jolyet,  1868,  ne  fournissent  aucune 
donnée  bien  nette  à  ce  sujet.  Campos  a  tenté  de  vérifier  le  rôle  que  pouvait  jouer  le 
grand  nerf  pétreux  superficiel  et  il  a  constaté  qu'après  sa  section  la  sécrétion  n'était 


LACRYMAL.  7;il 

pas  suppriiiit'e.  Au  sujet,  drs  (ilcls  proveiiaiil  <lii  facial,  nous  ou  soinmos  ilniic,  rôduils  à 
tirs  iiy|H»llii"'S('s. 

IH.  Action  et  rôle  du  sympathique.  —  I.e  nMe  tlu  syuipalliiiiun  a  élé  ('(udié  depuis 
longtemps,  cl  il  n'esl  pas  douleux  (lu'il  ne  soil  extit'^niciuoul  iuipnrlaul  dans  la  s(Vré- 
tion  dos  lannos.  La  diflicultô  est  do  dissocier  l'actiou  dos  fiiols  syuipatlii(iuos  [)lus 
spécialemeul  cliargt'-s  do  la  vaso-inotricité  et  de  ceux  (\m  joiiisserit  ilo  propriétés 
purement  sécréloiros.  C'est  pour  cela  (|ue  l'étude  de  la  circulation  de  la  friande  lacry- 
male est  absolument  insô|)aral)lo  do  celle  de  son  inuorvation.  ICnnniéions  les  faits  expé- 
rimentaux : 

/"  Expérience  de  Pouuroni  du  Pktit.  —  C'est  l'oxpérience  classique  <le  la  section  du 
cordon  corvical  du  i^rand  sympalliiquo.  Myosis,  hypotonie  du  plohe  oculaire.  Hétrécis- 
sement  do  la  lento  [)alpébrale.  Projeclion  de  la  tioisiônio  paupière.  KH'cls  sécrétoires 
sur  la  conjonctivo  el  sur  los  4,'landes  de  l'orbite. 

i"  Expérience  de  Cl.  Beknahd.  —  "  Lapin.  Ablation  du  tçanglion  cervical  supérieur. 
Deux  jours  après,  section  du  facial  dans  sa  porlion  intra-pétreuse.  Mort  7  jours  après 
la  promière  intervention.  On  remarqua,  dans  les  derniers  jours  de  la  vie  du  lapin,  que 
l'u'il  du  cOité  où  le  ganglion  cor  v  i  cal  su  pt' rieur  avait  (Hé  enlevé,  était  humide  et  larmcjyant. 
On  avait  également  observé  qu'il  y  avait  un  écoulement  sur  la  narim-  du  môme  côté.  » 

Cette  expérience  serait  en  faveur  de  fibres  fréno-sécrétoires  dans  le  cordon  sym- 
|)alhique. 

3°  WoLi'EHz,  —  Excitation  du  sympathique  cervical.  Exagération  de  sécrétion,  même 
après  section  du  lacrymal. 

■i"  Demtchenko.  —  Excitation  du  sympathique  cervical.  Exagération  do  la  sé(;rétion 
lacrymale  et  de  la  sécrétion  conjonctivale  après  l'extirpation  de  la  glande).  Excitation 
du  sympathique  d'un  côté  :  sécrétion  d'un  liquide  épais,  visqueux  et  filant.  Excitation 
du  lacrymal  :  liquide  clair  et  limpide. 

0°  Ueich.  —  Cet  auteur  a  fait  13  expériences  pour  critiquer  les  résultats  de  celle  de 
CzERMAK,  puis  11  expériences  pour  montrer  que  l'excitation  faible  du  trijumeau  ne 
donne  rien.  Il  faut  des  excitations  fortes  et  dans  ce  cas  le  courant  a  pu  difi'user  sur 
d'autres  nerfs. 

Autre  expérience  de  Rkigii  :  Après  section  inlra-cranienne  du  trijumeau,  il  obtient 
une  sécrétion  réilexe  des  larmes  en  excitant  la  muqueuse  des  fosses  nasales. 

Les  expériences  de  Reich  tendent  à  démontrer  non  seulement  que  le  trijumeau  n'a 
aucune  action  sécrétoire  directe,  mais  même  encore  n'est  pas  indis[)ensable  dans  la 
conduction  des  excitations  centripètes  nécessaires  à  la  sécrétion. 

Il  conclut  à  l'action  prépondérante  du  sympathique. 

6'°  Tki'li.\chink  formule  la  môme  opinion. 

7'*  Expérience  d'AiiLoiNO.  — 1'"  expérience  :  chèvre  et  bo'uf.  Section  du  sympathique 
cervical. 

Hyperémie  et  hypersécrétion  de  l'œil.  L'hypersécrétion  dure  de  20  à  40  jours. 

Conclusion  :  Existence  de   fibres  fréno-sécrcloircs  sijnipallnques.  « 

2''  ex[)érience  :  Section  du  sympathi(iuo  gaucho  depuis  40  jours. 

Section  du  sympathi(iue  droit. 

Injection  de  pilocarpine  :  liypersécrcHion  plus  abondante  du  côté  droit. 

Conclusion  :  Existence  de  libres  excilo-sécréloires  sympathiques.  Arloim;  a  démontré 
l'existence  de  ces  fibres  (^hez  certains  autres  animaux  et  a  de  plus  reconnu  que  la 
prédominance  des  unes  sur  les  autres  variait  suivant  les  espèces. 

(S'°  Expériences  de  Lakfay  et  Veuoer.  —  i'"  expérience  :  Lapin.  Section  du  sympa- 
thique droit  et  excitation  :  hypersécrétion  lacrymale. 

Conclusion  :  Prédominance  de  fibres  excito-sécrétoiros. 

2'  Expérience  :  Section  du  sympathique  droit  :  hyperémie  et  larmoiement  du  côté 
correspondant.  Quinze  jours  après,  injection  de  pilocarpine  :  hypersécrétion  plus  abon- 
dante du  côté  sain. 

3'' Expérience  :  Facial  arraclu'-.  Quinze  jours  après  arrachement  du  symf>athi(|ue  du 
même  côt(',  l'ieil  reste  encore  lubrifié  et  liumi<lo.  Huit  jours  après,  injection  de  pilo- 
carpine, hypersécrétion  très  augmenté-e  du  côté  sain.  iMi  côté  lésé,  liijuide  blanchâtre 
lactescent. 


752  LACRYMAL. 

4*  Expérience  :  Lapin.  Facial  gauche  extirpé  depuis  trois  semaines. 

Excitation  du  syinpatliique  droit  :  hypersécrétion.  Excilation  du  sympathique  gauche  : 
rien.  Arrachement  des  bouts  supérieurs  des  sym|)athiiiiies  :  mort  trois  jours  après. 

Avant  la  mort  de  l'animal,  on  a  pu  voir,  du  cùté  droit,  l'excitation  de  la  muqueuse 
nasale  et  oculaire  provoquer  une  sécrétion  abondante;  du  côté  gauche,  parles  mêmes 
excitations,  on  obtient  une  sécrétion  visqueuse  et  épaisse.  Dans  le  dernier  jour,  la  comt-e 
est  louche  et  altérée,  l'œil  est  terne  et  sec. 

Tous  les  faits  que  nous  avons  énumérés  jusqu'ici  sont  relatifs  aux  voies  nerveuses 
périphériques,  et  l'on  peut  conclure  que  le  Irajet  des  fibres  sécrétoires  est  multiple.  11 
peut  très  bien  se  faire  qu'il  varie  suivant  les  espèces.  Ne  voyons-nous  pas,  d'ailleurs, 
au  point  de  vue  anatomiciue,  la  disposition  des  rameaux  du  trijumeau  varier  sensi-- 
blement  d'une  espèce  à  l'autre?  C'est  ce  qui  explique  probablement  que  les  résultats 
obtenus  chez  un  animal  ne  puissent  être  appliqués  à  un  autre. 

Dans  le  cas  de  la  lubréfaction  normale  de  l'œil,  il  est  probable  que  les  fibres  d'ori- 
gine sympathique  entrent  surtout  en  jeu.  Mais,  dans  le  cas  de  sécrétion  abondante 
d'origine  réflexe,  le  trijumeau  intervient  de  même  que  le  facial  et  il  est  difficile  de 
savoir  à  laquelle  de  ces  deux  paires  neiveuses  revient  le  rôle  le  plus  important. 

Il  semble  que  dans  la  sécrétion  d'origine  psychique  le  facial,  qui  joue  un  rôle  dans 
les  mouvements  de  la  physionomie,  doive  être  considéré  comme  le  nerf  sécrétoire  prin- 
cipal. Mais,  même  dans  ce  cas,  il  est  difficile  d'éliminer  l'action  du  grand  sympathique 
et  celle  du  trijumeau. 

Le  problème  est  encore  plus  délicat  si  l'on  essaie  de  déterminer  le  trajet  des  voies 
nerveuses  centrales.  Nous  allons  essayer  cependant  de  pénétrer  dans  le  mécanisme 
intime  de  la  sécrétion  lacrymale  et  de  savoir  où  se  localisent  exactement,  non  seulement 
les  centres  réllexes  du  névraxe,  mais  aussi  les  centres  p.sychiques. 

C'est  grâce  aux  observations  cliniques  (jue  l'on  a  pu  émettre  (juelques  opinions  à 
ce  sujet.  On  sait  que  les  malades  atteints  d'affections  paralytiques  surtout  de  nature 
spasmodique,  de  contractures,  ont  des  crises  de  larmes  répétées  ou  bien  des  crises  de 
rire. 

11  y  a  dans  le  bulbe  une  série  de  noyaux  moteurs  qui  président  au  mécanisme  de  la 
mimique.  Ces  noyaux  sont  en  connexion  avec  l'écorce  cérébrale,  de  même  qu'avec  la 
colonne  grise  de  la  moelle  dont  ils  sont  la  continuation.  Ce  sont  les  cellules  de  ces 
divers  noyaux  qui  entrent  en  jeu,  en  plus  ou  moins  grand  nombre,  suivant  la  nature  de 
l'excitation  psychique  ou  réllexe.  Cette  colonne  grise,  centre  réllexe  de  la  sécrétion 
lacrymale,  s'étend  depuis  Vemincnlia  (cves  jusqu'au  niveau  de  la  cinquième  vertèbre 
cervicale  (Eckhabd)  et  correspond  au  centre  réflexe  de  la  contraction  de  l'orbiculaire 
(Exner). 

Cette  assimilation  de  l'acte  sécrétoire  à  un  acte  moteur  a  fait  songer  à  des  voies  de 
connexion  d'origine  ix-ntrale  et  à  l'existence  de  centres  corticaux  sécrétoires.  Ces 
centres  corticaux  exerceraient  une  action  modératrice  ou  frénatrice.  C'est  l'opinion  de 
Bkcwtehkw.  Dans  les  lésions  de  l'écorce  ou  du  centre  ovale  accompagnées  de  pleurer  ou 
de  rire  spasmodique,  les  libres  appartenant  au  faisceau  géniculé  et  par  suite  au  facial 
sont  toujours  intéressées. 

Pour  Beghteuew,  l'influence  de  la  couche  optique  sur  la  sécrétion  lacrymale  est 
démontrée  par  l'expérimentation.  Dans  les  crises  de  larmes  des  malades  atteints  de 
lésions  nerveuses,  il  y  a  ou  bien  interruption  de  la  voie  nerveuse,  qui  transmet  les 
actions  d'arrêt  de  l'écorce,  ou  bien  lésion  irritative  des  centres  contenus  dans  la  couche 
optique. 

Brissaud  semble  attribuer  au  faisceau  psychique  la  conduction  des  influences  cor- 
ticales sur  le  pleurer  et  le  rire. 

«  La  destruction  des  fibres  du  segment  antérieur  de  la  capsule  interne  donne  une 
paralysie  de  la  mimique  spontanée,  unilatérale  si  la  lésion  est  unilatérale,  et  bilatérale 
si  elle  est  bilatérale. 

«  Si  cette  lésion  bilatérale  ou  médiane  intéresse  le  faisceau  moteur  volontaire  de  la 
face,  faisceau  géniculé,  en  respectant  les  conducteurs  psycho-rétlexes,  on  se  trouve  en 
présence  du  syndrome  pseudo-bulbaire,  dans  lequel  le  masque  immobile  peut  être 
encore  provoqué  par  la  stimulation  psychique  au  spasme  irrésistible    du  rire  ou  du 


LACRYMAL.  753 

pleurer.  Le  riie  et  le  pleurer  siiasinodiiiuc  s'ex|)li(|iifnt  préeisi'iiient  par  l'iiiterruplioii 
des  coiiducleurs  iiui  relient  les  eeiitres  cortioaiix  aux  noyaux  hulhaires  de  la  l'ace,  la 
physionomie  n'est  plus  soumise  à  la  volonté,  et  pourtant  elle  reste  en  rapport  avec  les 
leiitres  de  coordination  de  la  couche  optique,  mis  en  action  par  un  réflexe  cortical.  Ce 
sont  lis  libres  inférieures  du  faisceau  d'AnNOLU  ou  racine  antérieure  de  la  couche 
oplii[ue  ([ui  conduisent  les  incitations  de  l'écorce  fiontaic  aux  centres  de  cooidinatii^n 
de  la  couche  optitpie.  » 

I.AiiAY  se  demande  aussi  si  la  fonction  lacrymale  ne  dépendrait  pas  du  centre  de 
l'oculo-facial  qui  se  distriluie  à  l'orhiculaire  des  paupières. 

Depuis  les  travaux  de  Mahinesgo,  on  a  remanié  la  disposition  des  noyaux  que  le  facial 
possède  dans  le  bulbe.  Ces  noyaux  sont  distincts  pour  le  facial  supéiieur  et  pour  le 
facial  inférieur  et  correspondraient  à  des  zones  corticales  distinctes. 

Le  premier,  alVocté  aux  muscles  orliiculaire,  frf)iital,  sourciller,  n'est  pas  autre  chose 
que  l'oculo-facial.  Le  second,  associé  aux  muscles  de  la  lèvre  et  du  menton,  n'est  autre 
que  le  labio-fucial.  Ils  ont  chacun  des  libres  sécréloires  difTt'ientes,  le  facial  supérieur 
destiné  aux  j^landes  lacrymales,  le  facial  inférieur  aux  glandes  salivaires. 

«  Attribuer  à  l'oculo-facial  et  au  labio-facial  des  fibres  sécrétoires  différentes,  dit 
Lai'i-ay,  est  une  simple  hypothèse,  mais  elle  concorderait  bien  avec  le  rôle  qu'on  accorde 
au  facial  supérieur,  qui  détient  l'expression  des  sentiments  les  plus  élevés  de  l'àme,  les 
plus  intellectuels  et  les  plus  humains,  tandis  que  la  traduction  des  passions  basses  est 
reléi^uée  dans  le  domaine  du  facial  inférieur. 

«  Je  pense  que  les  pleurs  ont  leur  beauté  (juand  ils  s'associent  à  la  contraction  des 
muscles  supérieurs;  ils  sont  disgracieux  (juand  ils  s'associent  à  la  contiaction  dos 
muscles  inférieurs;  et  Cratiolet  nous  montre  de  même  l'amour  instinctif  et  animal 
mettant  en  jeu  les  muscles  innervés  par  le  labio-facial,  tandis  que  l'amour  humain, 
l'amour  intellectuel,  se  révèle  dans  les  yeux  et  la  partie  supérieure  du  visage,  où  l'àme 
semble  directement  se  refléter  elle-même.  » 

Excitants  de  la  sécrétion  lacrymale.  —  La  sécrétion  lacrymale  a  lieu  sous  l'in- 
fluence d'excitations  très  variées.  Suivant  le  mode  d'excitation,  l'effusion  de  larmes  est 
plus  ou  moins  abondante.  On  peut  ramener  à  trois  variétés  les  modes  de  sécrétion 
d'après  les  voies  nerveuses  réflexes  ou  psychiques  mises  en  Jeu  : 

1°  Le  mode  que  nous  appellerons  simple  ou  normal  et  qui  est  destiné  à  entretenir 
la  lubréfaction  normale  de  la  conjonctive,  l'humidité  habituelle  de  la  cornée  et  de  l'œil; 

2"  Le  mode  réactionnel,  que  nous  (juali lierons  de  défense,  et  qui  consiste  dans 
l'elTusionde  plus  ou  moins  de  larmes  sous  l'influence  d'une  cause  mécanique,  chimique, 
pathologique,  etc.,  extérieure  à  l'œil  et  agissant  sur  les  origines  réelles  des  filets  sen- 
sitifs: 

3"  Un  troisième  mode,  également  réactionnel,  mais  où  la  psychicité  intervient.  Le 
point  de  départ  peut  être  sensoriel;  mais  la  conscience  y  joue  im  rôle  important. 
L'activité  des  centres  supérieurs  cérébraux  est  mise  en  jeu. 

On  voit  que  dans  ces  difTérents  modes  les  voies  nerveuses  intéressées  sont  de  plus 
en  plus  complexes  et  de  plus  en  plus  élevées. 

Mode  simple  ou  normal.  —  L'écoulement  physiologique  des  larmes  dans  les  condi- 
tions ordinaires  se  fait  d'une  manière  extrêmement  lente.  Nous  avons  vu  qu'il  fallait 
considérer  les  chiffres  de  Magaard  comme  très  supérieurs  à  la  réalité.  Ce  sont  les 
terminaisons  sensibles  de  la  conjonctive  qui  rendent  compte  aux  centres  réflexes  de 
l'tHat  de  siccité  ou  de  lubréfaction  de  la  conjonctive  et  de  la  cornée.  L'écoulement  des 
larmes  est  continu,  et  il  est  iniportant  de  noter  que  cet  écoulement  est  intimement 
lié  à  un  acte  musculaire,  c'est-à-dire  à  la  contraction  espacée  des  paupières  (jui  constitue 
le  clignement  '.  Il  ne  faudiait  pas  croire  cependant,  comme  le  pen.sait  Darwin,  que  le 
clignement,  ou  plutôt  le  cillement,  soit  la  cause  indispensable  de  l'acte  sécrétoire. 
F/acte  sécrétoire  et  l'acte  musculaire  sont  deux  phénomènes  intimement  liés;  mais  il 

1.  Autrefois,  au  xvnr  siècle,  on  eiiiiiloyail  le  terme  de  cillcnieut  pour  imiiinicr  ces  mouve- 
menls  rapides  et  inieriiiittents  des  paupières.  Le  tcimc  de  clignement  était  réserve  à  la  contracture 
de  l'orbiculairc,  à  l'acte  de  cligner.  Il  est  fàclieux  que  l'on  ail  renoncé  au  mot  cillement.  Nous 
allons  essayer  de  le  remettre  en  usage. 

KIC/I.    ht:    l'IlVSKil.iii.IK.    —     liiMh    i\.  48 


754  LACRYMAL. 

est  difficile  de  dire  que  l'un  est  provoqué  par  l'autre  et  réciproquement.  Une  même  irri- 
tation produit  ces  deux  actes  rétlexes.  A  i  haque  clignement  ou  plutôt  cillement,  une 
nouvelle  quantité  de  larmes  se  trouve  sécrétée  et  répandue  à  la  surface  du  globe  oculaire. 
Cette  lame  liquide  adhérente  par  la  tension  superficielle  s'évapore  :  un  nouveau 
clignement  survient  et  amène  une  nouvelle  nappe  liquide.  Le  nombre  et  la  fréquence 
des  cillements  est  en  rapport  avec  la  quantité  de  larmes  sécrétées.  Le  liquide  se 
trouve  d'abord  dans  les  culs-de-sac  conjonctivaax.  A  chaque  battement,  il  est  répandu 
sur  toute  la  surface  de  la  conjonctive  et  de  l'œil.  Dans  un  air  parfaitement  pur  et 
immobile,  sans  le  moindre  vent  qui  l'agite,  d'une  température  ni  trop  chaude  ni  trop 
froide,  les  battements  des  paupières  sont  réduit.»!  au  minimum.  La  sécrétion  lacrymale 
est  parallèlement  très  réduite,  et  la  vitesse  d'évaporation  du  liquide  répandu  à  la  surface 
du  globe  dépend  uniquement  de  l'état  hygrométrique  de  l'air  et  de  la  tension  de  vapeur 
d'eau  de  l'atmosphère.  Pendant  le  sommeil,  la  sécrétion  est  à  peu  près  nulle.  Les  pau- 
pières restant  closes,  il  n'y  a  pas  le  moindre  cillement  et  par  suite  le  moindre  appel 
sécrétoire.  Dans  ce  cas,  il  est  certain  que  les  voies  lacrymales  n'interviennent  pas  pour 
éliminer  le  trop-plein  des  larmes.  Mais,  dès  qu'une  des  causes  multiples  d'irritation  de 
la  conjonctive  intervient,  les  cillements  deviennent  plus  nombreux  et  l'on  peut  concevoir 
tous  les  intermédiaires  entre  ce  mode  d'équilibre  sécrétoire  que  nous  avons  qualifié  de 
normal  et  le  mode  réactionnel  de  défense. 

Dans  06  premier  mode  nous  avons  vu  que  certains  auteurs  faisaient  intervenir  sim- 
plement le  sympathique  céphalique  comme  seul  nerf  sécrétoire  mis  en  jeu.  Mais  la 
plupart  s'aècordent  à  reconnaître  que  le  trijumeau  doit  aussi  entrer  en  action. 

Mode  réactionnel  de  défense.  —  Ici  les  excitations  sont  plus  fortes.  C'est  toujours  par 
voie  réflexe  que  s'accomplit  ce  mode  sécrétoire.  Les  excitants  sont  très  divers  et  très 
variés.  Ce  sont  :  soit  des  excitants  mécaniques  —  poussières,  corps  étrangers,  particules 
decharbon,  frottement  des  paupières,  vent  froid,  etc.  —  oubien des  excitants  chimiques 
—  ammoniaque,  formol,  acides,  fumée,  etc.  Il  faudrait  passer  en  revue  toutes  les 
causes  susceptibles  de  déterminer  du  larmoiement.  Ces  excitants,  de  plus,  peuvent 
agir  soit  sur  l'œil,  soit  sur  les  parties  voisines. 

Sur  la  conjonctive,  on  doit  signaler  surtout  les  inflammations  aiguës  et  chroniques, 
les  corps  étrangers,  l'ectropion  sénile,  etc.; 

Sur  les  paupières,  la  blépharite, les  corps  étrangers,  le  trichiasis,  etc.; 

Sur  la  cornée,  les  ulcérations  traumatiques,  les  corps  étrangers,  les  inflammations 
aiguës  ou  chroniques,  l'ophtalmie  lymphatique,  etc. 

L'iris  et  le  corps  ciliaire  peuvent  être  également  le  point  de  départ  du  réflexe  sécré- 
toire dans  le  cas  d'iritis  aiguë  ou  chronique  ou  d'irido-cyclite. 

La  fatigue  oculaire,  les  troubles  de  l'accommodation,  l'asthénopie  accommodalive,les 
vices  de  réfraction,  l'astigmie,  sont  aussi  la  cause  de  ce  larmoiement. 

Une  vive  lumière  (]ui  éblouit  la  rétine  et  le  nerf  optique  donne  lieu  à  des  pleurs. 

En  dehors  de  l'œil  d'autres  régions  peuvent  être  le  point  de  départ  du  réflexe  sécré- 
toire. C'est  ainsi  qu'au  niveau  des  fosses  nasales,  les  odeurs  irritantes,  les  inflamma- 
tions, telles  que  le  coryza,  s'accompagnent  toujours  de  larmoiement.  Ce  sont  là  des  terri- 
toires desservis  au  point  de  vue  sensitif  par  le  trijumeau.  Les  irritations  du  naso- pharynx 
sont  dans  le  même  cas. 

Mais  le  point  de  départ  du  réflexe  peut  être  plus  éloigné. Dans  la  toux  coqueluchoïde,  dans 
les  quintes  de  toux,  dans  la  pénétration  de  liquide  ou  de  corps  étranger  dans  le  larynx 
ou  la  trachée,  dans  le  vomissement,  on  observe  toujours  une  effusion  plus  ou  moins  abon- 
dante de  larmes. 

Dans  ce  cas,  on  a  voulu  faire  jouer  un  rôle  à  l'afflux  de  sang  plus  considérable  au 
niveau  de  la  glande  ou  au  niveau  des  centres  des  réflexes  sécrétoires.  Mais  il  peut  très 
bien  se  faire  que  d'autres  nerfs  sensitifs  puissent  être  le  point  de  départ  et  la  voie  de 
transmission  centripète  du  réflexe  sécrétoire,  comme  par  exemple  dans  le  léflexe  œso- 
phago-salivaire. 

Dans  le  bâillement  convulsif,  on  observe  également  une  effusion  de  larmes.  11  s'agit 
aussi  d'un  réflexe,  avec  point  de  départ  dans  les  terminaisons  sensibles  intra-muscu- 
laires,  qui  s'accompagne  de  phénomènes  vasomoteurs  et  sécrétoires. 

Troifiième  mode  sécrétoire  :  sécrétion  d'origine  psychique.  Ici  nous  devons  entrer  dans 


LACRYMAL.  755 

le  domaine  moins  exploré  de  la  psychologie  et  nidnlrer  |i'  rnle  iniportunt  que  jnuont 
les  émolions  dans  la  sécrétion  des  larmes. 

Mais  comment  expliquer  que  les  images  ou  les  véritahles  concepts  élaltorés  par  nos 
centres  nerveux  conscients  réagissent  sous  le  mode  sécrétoire? 

Existe-t-il  d'abord  des  centres  sécrétoires  cérébraux,  des  centres  psyclio-sécrétoires? 
Dans  ce  cas,  la  ipiestion  se  pose  de  savoir  si  la  sécrétion  des  larmes  peut  obéir  à  la 
volonté.  On  sait,  en  effet,  que  certains  sujets  peuvent  répandre  des  larmes  à  leur  gré.  C'est 
du  moins  ce  que  tenil  à  faire  croire  tout  ce  que  l'on  a  rapporté  sur  les  pleureuses  de 
ranticjuité  et  des  pays  où  celte  profession  est  encore  exercée.  «  A  la  Nouvelle-Zélande, 
raconte  un  voyageur,  les  femmes  répandent  des  larmes  à  volonté,  elles  se  réunissent 
pour  gémii'  sur  leurs  morts  et  se  font  gloire  de  pleurer  à  l'envi  de  la  manière  la  plus 
attendrissante,  et  l'on  sait  aussi  que  dans  certains  pays,  comme  la  ('orse,  il  est  une 
classe  de  femmes  qui  font  métier  de  pleureuses  et  doivent  à  l'exercice  de  ce  ministère 
une  grande  vénération  (L.\ki'av\  >• 

I.es  pleurs  jouent  un  rôb;  très  divers  dans  la  traduction  des  émotions  de  l'âme. 
I)ah\vin  a  bien  analysé  ce  rù\e  dans  son  ouvrage  :  «  L'crprcsaion  r/t's  émotions  chez 
l'homme  et  citez  len  animaux.  » 

«  Si  je  voulais  remonter  dans  la  série  des  êtres,  écrit  L.\i'iAv,si  je  voulais  interroger 
les  animaux  les  plus  infimes  et  les  plantes  mêmes,  je  pourrais  trouver  l'origine  de  la 
naissance  de  ce  langage  spontané  qu'où  a|)pelle  la  physionomie  ;  je  pourrais  suivre 
l'évolution  des  moyens  employés  par  les  différentes  races  d'animaux  morts  et  vivants 
pour  exprimer  leurs  réactions  émotionnelles;  je  pourrais  saisir  dans  la  lutte  povr  l'exis- 
tence, cette  grande  loi  qui  régit  tous  les  êtres  organisés,  le  principe  de  ces  mouvements 
physiognomoniques,  qui  ne  furent  d'abord  que  des  mouvements  d'attaque  et  de  défense; 
je  pourrais  citer  certaines  espèces  qui  expulsent  des  flots  de  larmes  pour  se  protéger 
contre  leurs  assaillants;  je  pourrais  indiquer  comment  le  fourmilier  se  sert  de  son 
liquide  lacrymal  pour  inonder  et  saisir  les  petits  animaux  qui  font  sa  proie  ;  je  pourrais 
rechercher,  à  l'origine  des  peuples,  l'influence  que  jouèrent  les  larmes  dans  la  genèse 
du  sentiment  de  la  pitié,  et  voir  par  suite  comment,  dans  les  tribus  barbares  et  adon- 
nées à  la  guerre,  ces  mêmes  larmes  devinrent  un  instrument  de  salut,  comme  on  dit 
aujourd'hui  encore  que  le  cerf  aux  abois  demande  en  pleurant  sa  grâce  au  chasseur  qui 
le  poursuit,  et  puis,  pendant  de  longues  suites  d'années  et  avec  des  variations  infinies, 
je  pourrais  montrer  comment  s'est  effacé  peu  à  peu  le  caractère  primitif  des  pleurs 
qui,  tout  en  restant  utiles,  sont  passés  de  l'ordre  des  phénomènes  purement  instinctifs 
et  animaux  au  rang  des  phénomènes  psychiques.  " 

En  somme,  on  voit  que  dans  ce  mode  sécrétoire  psychique  il  y  a  toujours  association 
de  tout  un  jeu  plus  ou  moins  compliqué  de  phénomènes  musculaires.  Alors  que,  dans 
notre  premier  mode  sécrétoire  envisagé,  ce  jeu  est  réduit  à  sa  plus  simple  expression, 
puisqu'il  s'agit  de  simples  cillements  plus  ou  moins  espacés,  ici  l'on  observe  tout  le  jeu 
si  varié  de  la  physionomie. 

«  l'n  mouvement  de  l'âme,  a  dit  BiussAin»,  ne  peut  se  traduire  que  par  un  acte 
d'innervation  centrifuge.   > 

I)i;cHE.N.\K  i)K  BouLOd.NE  prétendait  qu'on  ne  pouvait  jamais  voir  couler  les  larmes  de 
tristesse  sans  que  le  muscle  petit  zygomatique  entrât  en  contraction.  Aussi  appelait-il 
ce  muscle  «  le  muscle  du  pleurer  ».  Il  se  contracte  dans  les  larmes  douces,  celles  de 
l'attendrissement,  celles  des  spectateurs  émus  au  théâtre  par  exemple. 

Dans  les  pleuriiiohemenls  des  enfants,  il  y  a  adjonction  de  l'élévateur  de  la  lèvre 
supérieure  et  de  l'aile  du  nez. 

Lorsque  les  larmes  sont  douloureuses,  on  voit  se  contracter  le  sourciller  muscle  de 
la  souffrance. 

Les  larmes  de  joie  s'accompagnent  aussi  d'un  jeu  particulier  de  la  physionomie. 

Le  plaisir  ou  la  joie  très  vive,  comme  la  douleur,  donnent  aux  yeux  un  plus  vif  éclat 
en  les  baignant  de  larmes. 

<<  L'expression  naturelle  et  universelle  de  la  joie,  a  dit  Darwin,  est  le  rire,  el  chez 
toutes  les  races  humaines  le  fou  rire  excite  la  sécrétion  lacrymale  plus  énergiquement 
que  toute  autre  cause,  la  soufl'rance  exceptée.  » 

Tous  les  sentiments  tendres,  le  bonheur,  la  joie,  la  tendresse,  de  même  que  la  sym* 


756  LACRYMAL. 

palhie  et  la  pitié,  amènent  l'eirusion  des  larmes.  Chose  remarquable,  comme  le  dit 
Darwin,  la  sympathie  pour  la  souffrance  ou  le  bonheur  de  ceux  que  nous  chérissons 
tendrement  provoque  des  pleurs,  alors  que  nos  yeux  restent  secs  lorsque  la  douleur  ou 
la  joie  personnellement  nous  concernent. 

11  est  intéressant  de  remarquer  combien,  suivant  les  âges  et  suivant  les  sexes,  ces 
excitants  psychiques  déterminent  des  réactions  sécrétoires  variables  et  combien  varient 
parallèlement  la  mimique  et  le  jeu  de  la  physionomie. 

Dès  les  premiers  jours  de  la  naissance,  les  larmes  ne  sont  pas  encore  sécrétées;  l'en- 
tant pousse  des  cris,  mais  ne  pleure  pas.  Ce  n'est  que  quelques  mois  après  que  les 
pleurs  accompagnent  le  jeu  de  la  physionomie. 

A  partir  de  ce  moment,  l'enfant  pleure  toujours  abondamment.  Dans  la  souffrance 
vive, il  y  a  des  contractions  musculaires  énergiques.  L'orbiculaire  se  ferme  violemment, 
le  front  se  plisse,  la  face  devient  rouge  et  vultueuse.  Les  cris  sont  souvent  suspendus  un 
instant  pour  éclater  aussitôt  avec  une  violence  et  une  intensité  inouïes.  Les  larmes 
coulent  alors  en  abondance.  On  sait  combien  certains  enfants  pleurent  avec  facilité. 
Pendant  la  première  enfance,  non  seulement  ils  pleurent  à  la  moindre  douleur  ou 
même  à  la  moindre  contrariété,  mais  encore  ils  pleurnichent  sous  le  moindre  prétexte. 
A  ce  moment-là  de  la  vie,  il  n'y  a  pas  grande  différence  entre  les  deux  sexes.  Plus 
tard  les  pleurnichements  disparaissent,  le  garçon  pleure  moins  souvent  que  la  jeune 
lille. 

Chez  l'adulte  il  en  est  de  même.  Mais,  quel  que  soit  le  sexe,  les  grandes  douleurs 
souvent,  loin  de  solliciter  les  larmes,  se  caractérisent  par  une  sorte  d'abattementgénéral 
et  une  expression  du  visage  qui  a  inspiré  les  artistes  de  tous  les  temps  lorsqu'ils  ont 
voulu  traduire  dans  leurs  œuvres  une  profonde  douleur.  Les  grandes  douleurs  sont 
muettes,  et  il  semble  que  dans  ce  cas  les  centres  d'inhibition  de  la  sécrétion  lacrymale, 
centres  fréno-sécrétoires,  soient  plus  particulièrement  mis  en  action.  A  l'opposé  de 
ce  qui  a  lieu  chez  l'enfant,  le  visage  pâlit,  il  y  a  vaso-constriction  en  môme  temps  que 
ralentissement  du  cœur  et  du  pouls.  La  respiration  s'arrête  et  devient  également  très 
lente.  On  devine  là  l'action  prédominante  du  sympathique  qui  agit  surtout  par  ses 
libres  vaso-conslrictives  et  fréno-sécrétoires. 

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LACRYMAL.  757 

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MÉCANISME   DE   L'ÉCOULEMENT    DES    LARMES 


Le  mécanisme  de  l'écoulement  des  laj-mes  comprend  : 

1°  I/écoulement  dos  larmes  dans  le  sac  conjonctival. 

2"  l.a  in-iiél ration  des  larmes  et  leur  écoulenuMit  dans  les  voies  lacrymales. 

I.  Écoulement  des  larmes  dans  le  sac  conjonctival.  —  La  répartition  du 
liquide  lacrymal  à  la  surface  du  globe  oculaire  se  fait  grâce  à  deu.x  catégories  de  phé- 
nomènes qui  concourent  au  même  but  :  les  premiers,  purement  passifs,  d'ordre  phy- 
sique et  les  autres,  actifs,  d'ordre  physiologique. 

Les  premiers  sont  dus  aux  actions  capillaires  qui  répartissent  les  liquides  entre  deux 
lames  parallèles.  On  sait  en  olTet  que  lorsque  deux  lamelles  de  verre  sont  juxtaposées 
l'une  au-dessus  de  l'autre,  il  suffit  de  placer  une  goutte  de  liquide  au  contact  di\s  bords 
pour  le  voir  aussitôt  s'étaler  entre  les  deux  lames.  C'est  ce  qui  a  lieu  couramment  en 
technique  hislologi(iue  lorsque  l'on  essaie  défaire  pénétrer  une  goutte  de  colorant  entre 
lame  et  lamelle.  La  conjonctive  palpébrale  et  la  conjonctive  bulbaire  qui  se  continue 
avec  la  face  antérieure  de  la  cornée  réalisent  ce  dispositif.  On  con(;oit  donc  aisément 
qu'une  goutte  de  liquide  lacrymal  sécrétée  au  niveau  des  culs-de-sac  conjonctivaux 
s'insinue  par  capillarité  dans  tout  le  sac  conjonctival  lorsque  les  paupières  sont  fermées. 
Le  contact  des  deux  paupières  et  de  l'œil  est  suffisamment  intime  pour  que  le  liquide 
passe  de  dessous  la  paupière  supérieure  sous  la  paupière  inférieure.  Il  n'existe  pas  de 
petite  gouttière  ou  de  rigole  entre  les  deux  lèvres  postérieures  des  bords  paljtébraux. 
Certains  auteurs  ont  voulu  faire  jouer  un  rôle  à  cette  petite  gouttière,  tout  à  fait  pro- 
blématique, dans  la  conduction  des  larmes  vers  les  points  lacrymaux. 

En  réalité,  les  deux  paupières  sont  parfaitement  adhérentes  grâce  aux  produits  de 
sécrétion  des  nombreuses  glandes  des  rebords  palpébraux. 

Ces  produits  de  sécrétion  des  glandes  de  Meibomius,  des  glandes  de  Moll,  des 
glandes  de  Zkiss,  ont  une  autre  propriété  :  ils  empêchent  les  larmes  de  franchir  le 
rebord  de  la  paupière,  dans  une  certaine  limite  bien  entendu,  car,  lorsque  les  larmes 
viennent  à  être  sécrétées  en  trop  grande  abondance  elles  tombent  facilement  sur  la 
joue.  Mais  les  substances  graisseuses  qui  enduisent  le  reijord  palpébral  empêchent  ce 
rebord  d'être  mouillé.  La  goutte  de  liquide  prête  à  franchir  la  barrière  des  cils  se  trouve 
ainsi  retenue  par  la  seule  force  capillaire  que  dégage  sa  tension  superficielle. 

C'est  dans  ces  conditions  que  les  larmes  peuvent  être  aspirées  par  les  points  lacry- 
maux. Lorsque  cette  force  capillaire  est  dépassée  par  l'afUux  trop  considérable  «le 
liquide,  les  points  lacrymaux  sont  insiiftisants  à  absorber  dans  le  même  temps  le  liquide 
sécrété,  et  alors  les  larmes  s'écoulent  sui'  la  joue. 

La  deuxième  catégorie  des  plnMiomènes  qui  contribuent  à  la  répartition  des  larmes 
dans  le  sac  conjonctival  est  constituée  parles  mouvements  des  paupières.  Le  cillement 
bu  clignement  qui  accompagne  la  sécrétion,  au  point  qu'il  semble  lui  être  indispensable, 
il  pour  effet  d'amener  à  chaque  battement  une  petite  quantité  de  liquide  à  la  surface  de 


758  LACRYMAL. 

la  cornée.  Exposé  à  l'air,  l'œil  ne  tarderait  pas  à  devenir  sec,  si  le  cillement  ne  venait 
pas  par  intermittence  l'humecter. 

Certains  auteurs  ont  voulu  faire  jouer  un  rôle  plus  important  à  la  contraction  de 
l'orbiculaire  et  par  conséquent  au  cillement.  ■C'est  ainsi  que  Giraud-Tellon  a  essayé 
d'expliquer  par  le  mode  de  contraction  dos  libres  musculaires  la  progression  du  liquide 
vers  le  grand  angle  de  l'œil,  c'est-à-dire  vers  la  caroncule  lacrymale. 

Autrefois  J.-L.  Petit,  après  avoir  imaginé  sa  théorie  géniale  du  siphon  lacrymal,  pen- 
sait que  les  larmes  s'accumulaient,  pendant  que  les  yeux  étaient  fermés,  au-dessous  des 
paupières  qui,  en  se  contractant,  les  chassaient  dans  les  canalicules,  c'est-à-dire  dans  la 
petite  branche  du  siphon. 

Si  l'on  observe  attentivement  les  contractions  des  paupières,  on  voit  que  les  fibres 
musculaires  plissent  la  peau  très  mince  de  cette  région  perpendiculairement  à  leur 
direction.  Les  plis  cutanés  sont  attirés  vers  l'angle  interne  de  l'œil.  C'est  surtout  au 
niveau  de  la  paupière  inférieure  que  l'on  observe  nettement  ces  mouvements  superfi- 
ciels. Mais,  si  l'on  regarde  seulement  les  bords  des  paupières  et  la  ligne  d'implantation 
des  cils,  on  voit  que  les  déplacements  sont  à  peine  accusés.  Ce  n'est  que  dans  la  partie 
interne  du  rebord  palpébral  que  l'on  remarque  un  léger  transport  en  totalité  de  la  pau- 
pière en  dedans,  et  encore  il  est  nécessaire  d'avoir  des  contractions  très  fortes  de  l'or- 
biculaire. 

Si  l'on  considère,  d'autre  part,  que  l'orbiculaire  est  avant  tout  un  muscle  peaucier, 
qu'il  agit  surtout  sur  les  téguments,  on  comprendra  que  sa  contraction  n'agira  que  fai- 
blement sur  la  conjonctive  dont  il  est  séparé  de  toute  l'épaisseur  des  tarses. 

Son  action  principale  se  borne  à  abaisser  et  à  clore  les  paupières.  Par  ce  seul  fait, 
d'ailleurs,  il  contribue  à  répartir  les  larmes  sur  toute  la  superficie  de  l'œil.  Mais  sa  con- 
traction contribue  peu  à  attirer  les  larmes  vers  le  lac  lacrymal,  surtout  dans  la  con- 
traction faible  et  par  conséquent  dans  le  cillement. 

Dans  la  contraction  forte,  il  agit  comme  un  sphincter,  mais  comme  un  sphincter 
asymétrique  ayant  un  point  fixe  au  niveau  du  ligament  palpébral  interne.  C'est  ce  qui 
explique  que,  dans  cette  contraction  forte,  tous  les  téguments  paraissent  attirés  vers 
l'angle  interne.  Mais  cette  attraction  retentit  très  faiblement  sur  le  tarse  inférieur  et 
sur  la  conjonctive  correspondante  et  encore  plus  faiblement  sur  le  tarse  et  la  conjonc- 
tive supérieurs. 

II.  Pénétration  des  larmes  et  leur  écoulement  dans  les  voies  lacrymales. 
—  La  pénétration  des  larmes  dans  les  canalicules  lacrymaux  et  leur  écoulement  dans 
les  voies  lacrymales  constituent  la  physiologie  du  segment  évacuateur  de  l'appareil 
lacrymal.  Avant  d'en  envisager  le  mécanisme  intime  chez  l'homme,  nous  croyons  devoir 
jeter  un  coup  d'œil  sur  la  physiologie  comparée  de  ces  voies  évacuatrices  des  larmes. 

Physiologie  comparée.  —  Les  voies  lacrymales  suivent  un  développement  parallèle  à 
celui  des  glandes  lacrymales.  Elles  font  défaut  d'une  manière  à  peu  près  complète  chez 
les  vertébrés  aquatiques.  On  conçoit  leur  parfaite  inutilité  chez  les  Poissons  et  chez  les 
Batraciens. 

Chez  les  Serpents,  où  elles  existent  parfaitement  développées,  on  comprendra  facile- 
ment le  mécanisme  de  la  circulation  du  liquide  lacrymal  en  remarquant  que,  par  suite 
de  l'accolement  intime  des  deux  paupières,  le  sac  conjonctival  est  un  sac  clos  de 
toutes  parts,  sauf  au  niveau  de  l'orifice  du  conduit  lacrymo-nasal.  Les  larmes  s'accu- 
mulent derrière  la  membrane  transparente,  formée  par  l'accolement  des  deux  pau- 
pières, et  ne  peuvent  s'échapper,  sous  l'inlluence  de  la  poussée  du  liquide,  que  par 
l'orifice  lacrymal. 

Chez  les  Oiseaux,  il  existe  des  voies  lacrymales  également  très  développées.  Aussi  ne 
comprenons-nous  pas  la  phrase  de  R.  Pertuer  :  «  L'appareil  lacrymal  manque  chez  les 
Oiseaux...  »  La  surface  du  globe  n'est  pas  balayée  chez  ces  derniers  par  les  paupières, 
mais  par  la  membrane  clignotante.  L'orifice  du  conduit  lacrymal,  souvent  très  large  et 
parfois  double,  se  trouve  situé  en  avant  de  l'insertion  de  cette  troisième  paupière. 

La  membrane  clignotante  s'étale  de  dedans  en  dehors  et,  par  conséquent,  refoule  le 
liquide  vers  l'angle  externe  ou  postérieur  de  l'œil.  On  ne  peut  dire  qu'elle  joue  un  rôle 
essentiel  dans  la  pénétration  du  liquide  lacrymal  dans  les  voies  lacrymales.  Elle  rempli- 
rait plutôt  un  rôle  opposé.  Mais  on  doit  remarquer  qu'en  étalant  le  liquide  à  la  surface 


LACRYMAL.  7oi» 

du  globe,  elle  en  attire  une  nappe  très  mince  en  se  repliant  vers  l'angle  interne.  Cette 
nappe  très  mince  reste  adhérente  à  la  surface  Je  la  cornée  qu'elle  iubrilie.  Il  faut 
qu'une  plus  grande  ciuanlilé  de  liquide  soit  sécrétée  pour  que  la  face  antérieure  de  la 
membrane  clignotanb'  soit  mouillée  et  (pie  le  li(|uide  atteigne  l'orilice  supérieur  du 
conduit  lacrymal. 

Chez  les  Mammifères,  la  dis|tosition  des  voies  lacryn»al(;s  est  à  peu  piès  analogue  à 
celle  de  l'homme.  Clie/  la  plupart,  il  existe  deu.x  points  lacrymaux  et  deux  canalicules. 
Quelquefois  le  point  lacrymal  est  double.  (]e  fait  a  été  même  observé  chez  l'homme  à 
titre  d'anomalie.  Chez  (luelques  espèces,  il  n'existe  (ju'un  seul  point  lacrymal,  jjarfois 
très  allongé  en  forme  de  fente  (l.apin). 

Les  Mammifères  qui  possèdent  une  membrane  clignotante  ont  des  voies  lacrymales 
qui  fonctionnent  comme  chez  les  Oiseaux,  La  troisième  paupière  sert  surtout  à  l'étale- 
ment du  liquide  à  la  surface  du  globe.  Lé  liquide  n'est  amené  au  contact  des  points 
lacrymaux  (jue  par  la  tension  superficielle  de  la  goutte  de  liquide  qui  ne  peut  franchir 
le  rebord  palpébral  enduit  de  matière  graisseuse.  Avant  d'avoir  dépassé  les  limiter 
de  cette  force  moléculaire  et  vaincu  cette  adhérence  capillaire,  le  liquide  a  déjà  pénétré 
dans  les  canalicules,  et,  s'il  n'est  pas  sécrété  en  trop  grande  abondance,  il  s'échappe 
en  totalité  par  les  voies  lacrymales. 

Théories  sur  la  pénétration  et  sur  l'écoulement  des  larmes  dans  les  voies  lacrymales. 

Le  mécanisme  de  la  pénétration  et  de  l'écoulement  des  larmes  a  été  extrêmement 
discuté.  La  plupart  des  opinions  émises  à  ce  sujet  par  les  différents  auteurs  qui  s'en 
sont  occupés,  par  leur  caractère  exclusif,  ne  pouvaient  répondre  à  la  totalité  des  objec- 
tions qui  leur  étaient  faites.  Nous  n'aurons  pas  la  témérité  de  prétendre  qu'à  l'heure- 
actuelle  le  problème  est  complètement  résolu.  Néanmoins,  en  passant  en  revue  toute 
la  série  des  faits  bien  observés  et  ceux  que  nous  avons  pu  nous-même  mettre  en 
lumière,  il  nous  paraît  possible  d'exposer  maintenant  un  mécanisme  de  l'évacuation 
des  larmes  très  satisfaisant.  Mais  auparavant  nous  allons  énumérer  les  diverses  théories 
émises  en  signalant,  au  passage,  les  points  qui  paraissent  définitivement  acquis.  Pour 
plus  de  clarté,  nous  diviserons  en  deux  catégories  les  théories  des  dilférents  auteurs  : 
les  unes  que  nous  qualifierons  de  théories  physiques  ou  mécaniques,  les  autres  que  nous 
dénommerons  théories  physiologiques  proprement  dites. 

Théories  mécaniques  et  physiques. 

1°  Théories  basées  sur  la  pesanteur.  —  Si  l'on  verse  une  goutte  d'eau  en  avant  de  la 
membrane  clignotante  chez  un  poulet,  un  faisan  ou  un  dindon,  on  voit  la  goutte  d'eau 
disparaître  si  l'on  maintient  le  bec  de  l'animal  dirigé  en  bas. 

Pour  l'homme,  la  simple  pesanteur  est  insuffisante  à  expliquer  le  remplissage  des 
canalicules,  au  moins  celui  du  canalicule  supérieur.  A  la  rigueur,  lorsque  le  niveau  de 
la  goutte  de  liquide  lacrymal,  retenue  par  les  rebords  palpébraux,  dépaaise  celui  de 
l'orifice  des  canalicules  dans  le  sac,  le  canalicule  inférieur  se  remplit;  mais  le  fait  ne 
se  présente  qu'exceptionnellement.  Cela  dépend  en  grande  partie  de  la  position  donnée 
à  la  tête. 

La  pesanteur  n'agit  vraiment  que  lorsque  le  liquide  a  pénétré  dans  le  sac.  En  un 
mot,  elle  peut  expliquer  l'écoulement  des  larmes,  mais  elle  ne  peut  que  rarement  expli- 
quer leur  pénétration  dans  les  canalicules. 

2°  Théorie  du  siphon  dei.-L.  Petit.  — J.-L.  Petit  a  publié  quatre  mémoires  dans  les 
comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  de  17.34  à  1744.  Leur  lecture  est  des  plus 
intéressantes. 

«  Toutes  ces  parties  (les  voies  lacrymales)  font  une  même  continuité  de  canal  qui, 
par  sa  figure  et  son  image,  mérite  le  nom  de  Siphon,  et  je  le  nommerai  dorénavant 
le  Siphon  lacrymal.  Deux  choses  sont  essentielles  à  ce  siphon,  pour  qu'il  {tompe  les 
larmes  :  la  première  qu'il  soit  plein  de  fluide,  et  la  seconde  que  la  branche  qui  trempe 
dans  le  fluide  soit  plus  haute  que  celle  qui  le  dépose... 


700 


LACRYMAL. 


'// 


eCB 


ŒIX) 


«  ...  J'ajoule  quo  comme  il  y  a  une  liijui'ur  muoouse,  qui  mouille  toujours  la  mem- 
brane du  nés,  il  y  a  lieu  de  croire  que  l'ailhésion  des  larmes  avec  le  mucus  doit  encore 
favoriser  leur  écoulement... 

«  Dans  la  |>remière  partie  de  ce  mémoire  j'ai  rej^ardé  l'action  des  paupières  comme 
une  des  causes  qui  obligeai  les  larmes  à  couler  dans  les  points  laci  ymaux  ;  si  l'on  pouvait 
douter  de  cette  vérité,  on  en  trouverait  une  preuve  bien  sensible  dans  la  rétention  des 
larmes.  En  effet,  on  ne  peut  pas  nier  que  dans  cette  maladie  les  larmes  n'entrent  dans 
le  sac  lacrymal;  et  l'on  ne  peut  pas  dire  qu'elles  y  entrent  par  le  mécanisme  du  siplion 
lacrymal,  puisque  ce  siphon  est  bouché  :  mais  comme  l'action  des  paupières  est.  dans 
ce  cas,  l'unique  cause  capable  de  déterminer  les  larmes  à  entrer  dans  les  conduits 
lacrymaux,  il  en  faut  nécessairement  conclure  que  l'action  des  paupières  est  réelle- 
ment une  des  causes  qui  poussent  les  larmes  par  les  points  lacrymaux  et  dans  le  sac 
lacrymal.  » 

J.-I,.  Pktit  admet  que  les  larmes,  accumulées  dans  les  culs-de-sac  conjonctivaux, 
sont  refoulées  par  la  contraction  de  l'orbiculaire  dans  les 
\  -==^  /     canalicules  lacrymaux. 

.'}"  Tlicories  basées  aur  la  capillarilr.  —  Si  nous  construi- 
sons l'appareil  schématique  suivant,  soit:  en  F.  une  lamelle 
de  verre  à  contours  rodés  et  placée  dans  un  plan  bien 
horizontal  ;  en  T  un  petit  tube  de  verie  à  extrémité  el'lilée 
et  coudée  de  manière  à  représenter  par  cette  portion  très 
courte  les  canalicules  lacrymaux.  I/aulre  portion,  beau- 
coup plus  Ionique  et  |)lus  larjze,  représente  le  conduit 
lacrymo-nasal  (lig.  [2't  . 

On  a  là  un  appareil  lacrymal  artificiel.  La  lame  de  verre 
représente  la  surface  conjdiiclivale;  et  si  nous  la  plaçons 
horizontalement,  c'est  alin  de  permettre  au  liquide  d'y  être 
maintenu  par  adhérence  capillaire  el  grâce  à  la  tension 
superlicielle.  On  peut  disposer,  si  l'on  veut,  au-dessus  de 
celle  lame,  une  autre  lame  plus  petite  qui  représentera  les 
paupières  glissant  à  la  surface  delà  conjonctive  bulbaire. 
Si  maintenant  nous  laissons  tomber  sur  la  lame  L. 
goutte  à  goutte,  un  liquide  provenant  d'un  petit  réser- 
voir R  qui  représente  la  glande  lacrymale,  on  voit  le 
liquide  s'étaler  à  la  surface  de  la  lame  L,  s'insinuer  par 
capillarité  entre  la  lame  1.  et  la  deuxième  lame  1'  plus  petite,  contourner  celte  dernière 
en  suivant  ses  bords,  et  enfin  arriver  au  niveau  de  rexlrémité  du  petit  tube  recourbé, 
qui  représente  les  voies  lacrymales.  A  ce  moment  la  portion  effilée  se  remplit  el  l'eau 
se  met  à  couler  dans  la  portion  descendante  et  longue  du  petit  tul)e.  On  a,  dans  ce 
dispositif  expérimental,  réalisé  tout  le  mécanisme  de  l'écoulement  des  larmes  depuis 
le  moment  où  elles  sont  émises  par  la  glande  lacrymale,  jusqu'au  point  où  elles  sont 
expulsées  dans  les  fosses  nasales. 

Le  petit  tube  de  verre  fonctionne  comme  un  petit  siphon,  mais  comme  un  siphon 
capillaire  dont  l'amorçage  a  lieu  d'une  façon  spontanée.  Le  liquide  s'écoule  dans  la 
longue  branche  en  vertu  de  la  loi  d'écoulement  des  liquides  dans  les  tubes  capillaires, 
c'esl-à-dire  que  la  pesanteur  le  fait  progresser  plus  rapidement.  On  sait  en  effet,  que, 
lorsque  l'on  filtre  un  liquide  dans  un  entonnoir  terminé  inférieurement  par  un  tube 
capillaire,  la  filtralion  est  accélérée. 

On  objectera  que  les  voies  lacrymales  normales  ne  sont  pas  constituées  par  un  tube 
ligide,  tel  que  le  verre.  De  plus,  elles  sont  enduites  d'une  couche  de  mucus.  Mais  cela  ne 
peut  changer  en  rien  le  point  essentiel  du  phénomène.  Assurément  il  ne  faudrait  pas 
exagérer  ces  actions  capillaires  et  prétendre  que  celte  couche  de  mucus  parfaitement 
continue,  depuis  la  conjonctive  jusqu'aux  fosses  nasales  en  passant  par  les  voies  lacry- 
males, attire  le  liquide  lacrymal  par  le  seul  effet  de  la  tension  superficielle.  C'est  l'opi- 
nion soutenue  par  Gad  qui  est  partisan  exclusif  de  ces  actions  capillaires.  D'après  lui,  la 
nappe  muqueuse  humide,  qui  lubrifie  les  voies  lacrymales,  se  continu*^,  non  seulement 
avec  celle  clu  naso-pbarynx,  mais  même  avec  celle  de  ton!  le  tube  digestif,  de  la  bouche 


KiG.  124. 
Schéma  de  l'appareil  lacryni.nl 


LACRYMAL.  761 

Jusqu'à  r.inus.  CeUe  vasto  moniltranp  muqueuse  ronlribuo  à  attiicr  los  larmes  vers  les 
voies  naturelles  par  la  seule  force  des  arlions  moléculaires. 

Assurément  le  dispositif  expérimental  que  nous  avons  signalé  ne  repidduit  pas 
exarlemenl  ce  (jui  se  passe  en  réalité.  Les  phénomènes  sont  beaucoup  plus  (;oiiiplexes. 
Un  certain  nombre  de  facteurs  peuvent  \t\  modifier  sensiblement.  Ou  sait  très  bien  que 
la  nature  des  parois  du  tube  ca}»illaire,  le  degré  do  viscosité  du  li(|uide,  sa  constante 
ca|iillaire,  mt'me  la  tempéralure,  interviennent  pour  faiie  varier  dans  certaines  limites 
la  vitesse  de  pénétration  et  d'écoulement  des  larmes  dans  les  voies  lacrymales,  si 
variables  de  l'orme  et  de  calibre,  du  sujet  vivant.  Mais  tous  ces  facteurs  ne  peuvent 
influer  en  aucune  manière  sur  le  déterminisme  et  sur  le  principe  même  du  phénomène 
fondamental. 

En  somme,  les  théories  physiques  pures  nous  permettent  de  constater  une  série  de 
faits  bien  démontrés.  Les  lois  de  la  capillarité  et  des  actions  moléculaires  peuvent  faire 
réaliser  de  toute  pièce  un  appareil  aspirateur  et  évacuateur  des  larmes  fonctionnant 
automatiquement.  II  s'agira  de  savoir  dans  quelle  mesure  ces  données  de  la  physique 
s'appliquent  à  la  réalité,  et  si  elles  sont  les  seules  à  jouer  le  rôle  le  plus  important. 

Théories  physiologiques. 

1"  Action  aspirât rice  des  mouvements  respiratoires. —  Cislle  théorie  a  été  développée 
par  HouNAULD,  Wf.hkr  et  Rava.  Est-ce  l'inspiration  ou  bien  l'expiration  qui  agit  le 
mieux?  Nous  avons  fait  l'expérience  suivante.  En  introduisant  un  embout,  relié  par  un 
tube  de  caoutchouc  avec  un  manomètre,  dans  une  narine  qu'il  obture  complètement, 
alors  que  l'autre  narine  reste  libre,  on  remarque  que,  dans  la  respiration  ordinaire,  la 
pression  varie  peu  dans  la  fosse  nasale  obturée,  à  peine  de  quelques  millimètres  de 
mercure;  dans  l'inspiration,  il  en  est  de  même  que  dans  l'expiration.  Ces  vaiiations  de 
pression  se  communiquent  néanmoins  aux  voies  lacrymales  par  l'orifice  inférieur  du 
canal  nasal.  Nous  avons  démontré  que  cet  orifice  était  le  plus  souvent  perméable  à 
l'air.  Mais  il  est  des  cas  assez  fré(jueuls  où  les  voies  lacrymales  ont  subi  un  certain 
degré  de  distension,  sous  l'intluence  d'une  augmentation  exagérée  de  pression  dans  le 
cavum  :  nous  avons  même  décrit,  sous  le  terme  d'insuffisance  valvulaire  du  conduit 
lacrymo-nasal,  cet  état  caracte'risé  par  la  distension  pneumatique  du  sac  lacrymal, 
lorsque  cette  distension  est  suffisamment  accusée  pour  être  nettement  visible.  Mais, 
pour  provoquer  la  distension  pneumatique  du  sac  ou  bien  son  évacuation,  il  faut  de 
fortes  aspirations  ou  bien  de  fortes  expirations,  les  narines  étant  fermées.  De  celte 
façon,  on  détermine  dans  le  cavum  des  variations  de  pression  négative  ou  positive  rela- 
tivement considérables. 

On  voit  même  parfois,  dans  les  fortes  expirations,  l'air  s'échapper  en  très  fines  bulles 
par  les  points  lacrymaux.  Voibà  pourquoi  il  ne  faut  pas  s'étonner  des  faits,  signalés 
depuis  longtemps  par  Moroagni  et  par  Bianchi  avant  lui,  de  personnes  qui  pouvaient 
faire  ressortir  la  fumée  du  tabac  par  les  yeux,  c'est-à-dire  par  les  points  lacrymaux. 

Mais  tous  ces  faits  que  nous  signalons  ne  peuvent  s'observer  que  dans  des  condi- 
tions exceptionnelles.  On  ne  voit  pas  les  sujets,  présentant  de  la  distension  pneumatique 
du  sac  lacrymal,  avoir  des  alternatives, de  contraction  et  de  distension  de  cette  cavité, 
dans  les  mouvements  ordinaires  de  la  respiration.il  faut  les  rechercher  le  plus  souvent 
avec  attention,  en  serrant  les  narines  du  sujet,  de  manière  à  les  fermer  complètement, 
et  on  le  priant  de  lenifler.  Dans  tous  les  cas,  chez  ces  individus,  l'air  séjourne  dans  les 
voies  lacrymales.  Mais,  loin  d'être  une  cause  d'aspiration  pour  les  larmes,  il  est  plutôt 
une  cause  de  gêne  à  leur  écoulement.  Nous  avons,  en  effet,  souvent  remarqué'  (|iie  ces 
sujets  qui  présentent  de  l'insuffisance  valvulaire  et,  par  conséquent,  une  bt-ance  inac- 
coutumée du  conduit  lacryino-nasal,  avaient  plus  souvent  du  larmoiement,  lorsqu'une 
cause  quelconque  augmentait  leur  sécrétion  lacrymale. 

Il  faut  dune  conclure  que  le  rôle  des  mouvements  respiratoires  dans  la  physiologie 
des  voies  lacrymales  est  plutôt  négatif. 

Quant  à  imaginer  que  b-  mouvement  de  l'air  dans  les  fosses  nasales,  agit  sur 
l'extrémité  inférieure  du  conduit  lacrymo-nasal,  comme  le  jet  d'un  vaporisateur  sur 
l'extrémité  du  tube  aspirateur-,  il  s'agit  là  d'une  pure  hypothèse. 


762  LACRYMAL. 

2°  Théories  basées  sur  V action  secondaire  du  muscle  orbiculaire  des  paupières  sur  le  sac 
lacrijmal.  —  Les  auteurs  qui  admettent  le  rôle  actif  du  muscle  orbiculaire  sur  les 
variations  de  volume  du  sac  lacrymal  sont,  à  l'heure  actuelle,  les  plus  nombreux.  Pour 
eux,  le  sac  lacrymal  possède  une  anatomie  et  une  physiologie  distinctes. 

Les  fibres  musculaires  de  i'orbiculaire  en  rapport  avec  le  sac  se  divisent  en  deux 
catégories.  Nous  les  avons  étudiées  nous-meme  et  fait  étudier  récemment  par  Lepagk 
dans  sa  thèse  (Bordeaux,  1908).  La  première  de  ces  catégories  est  située  en  avant 
du  sac  et  la  seconde  en  arrière.  Nous  les  avons  dénomme'es  faisceaux  lacrymaux  de 
I'orbiculaire.  Il  existe  des  faisceaux  lacrymaux  antérieurs  et  des  faisceaux  lacrymaux 
postérieurs.  Ces  derniers  sont  connus  sous  le  nom  de  muscle  de  Duverney  et  de  Horner, 
bien  que  le  me'rite  de  les  avoir  décrits  pour  la  première  fois  revienne  en  entier  à 
Duverney.  On  a  voulu  isoler  ces  faisceaux  et  les  décrire  comme  des  muscles  distincts 
(muscle  lacrymal  antérieur  et  muscle  lacrymal  postérieur).  Des  recherches  poursuivies, 
il  résulte  que  rarement  les  faisceaux  sont  en  rapport  avec  le  sac.  La  question  est  jugée 
pour  les  faisceaux  lacrymaux  postérieurs  d'une  façon  délinitivc.  Pour  les  faisceaux 
lacrymaux  antérieurs,  il  faut  une  distension  assez  grande  du  sac  pour  que  ce  dernier 
entre  en  contact  avec  eux.  Le  plus  souvent,  ils  sont  également  éloignés  des  parois  du 
sac.  Maintenant  ils  sont  traversés  par  les  canalicules,  mais  neprennentaucune  insertion 
sur  eux.  De  plus,  les  canalicules  étant  situés  en  plein  tarse,  il  est  inadmissible  que  ces 
faisceaux  puissent  agir  sur  leurs  parois  rigides  pour  les  raccourcir  et  par  suite  attirer 
en  dehors  la  paroi  externe  du  sac.  Néanmoins,  il  y  a  des  faits  bien  constatés  où  des 
changements  de  volume  du  sac  ont  été  notés.  Mais  on  va  voir  combien  ce  rôle  est 
diversement  interprété. 

A)  Pour  Arlt,  Moll  et  Weiikr,  le  sac  se  contracte  avec  I'orbiculaire.  Arlt  introduisait 
dans  les  canalicules  lacrymaux  et  les  fistules  lacrymales  de  petits  tubes  rigides,  et  il 
voyait  le  liquide,  contenu  dans  ces  petits  tubes,  refoulé  au  dehors  sous  l'influence  de  la 
contraction  de  I'orbiculaire.  On  a  objecté  que  ces  tubes  rigides  immobilisaient  les  tissus 
et  faussaient  les  ré.sultats  des  expériences. 

On  a  cité  alors  à  l'appui  de  cette  théorie  l'observation  des  fistules  laciymales.  La 
goutte  de  larmes,  située  au  niveau  même  de  l'orifice  de  la  fistule,  est  chassée  au  dehors 
quand  I'orbiculaire  se  contracte.  Mais  d'autres  obvervateurs  ont  signalé  exactement  le 
contraire. 

B)  En  effet,  Bourceot  Saint-Hilaire,  se  basant  sur  quelques  dissections,  avait  décrit 
un  véritable  muscle  dilatateur  du  sac  lacrymal.  Après  lui,  Malgaione,  Hyrlt,  Roser  et 
A.  ScHMiD  ont  observé  que  la  contraction  de  I'orbiculaire  dilate  le  sac  lacrymal.  Le 
relâchement  de  I'orbiculaire  s'accompagnerait  d'une  diminution  de  volume  du  sac. 
L'observation  de  certains  cas  de  tistule  est  venue  à  l'appui  de  cette  o])inion.  La  goutte- 
lette de  liquide  paraissait  nettement  aspirée  pendant  la  contraction.  En  1892,  Scimemi  a 
fait  quelques  expériences  sur  ce  sujet.  Dans  son  travail,  il  critique  les  expériences  et  la 
théorie  capillaire  de  (!ad.  Il  admet  loutefoi'^  l'amorçage  du  siphon  capillaire,  pourvu  que 
la  différence  entre  les  deux  extrémités  du  tube  soit  au  moins  de  5  millimètres  et  que 
l'extrémité  aspiratrice,  dans  le  cas  de  notre  expérience  par  exemple,  soit  au  niveau  du 
liquide  à  évacuer. 

SpiMEMi  a  vu  la  rapacité  du  sac  augmenter  de  2  millimètres  cubes  à  chaque  cligne- 
ment. Elle  pouvait  atteindre  10  millimètres  cubes  et  même  30  millimètres  cubes  dans 
les  contractions  fortes.  En  attirant  la  paupière  supérieure  en  haut  et  en  dehors,  on 
agrandit  encore  davantage  la  cavité  du  sac.  Nous  avons  essayé  de  reproduire  les  expé- 
riences de  SciMEMi.  Nous  avons  opéré  sur  des  sacs  normaux  et  sur  des  sacs  ectasiés,  les 
uns  atteints  de  dacryocystite  catarrhale,  les  autres  présentant  de  la  distension  pneu- 
matique ;  nous  avouons  n'avoir  jamais  vu  varier  spontanément  le  niveau  du  liquide  de 
notre  manomètre. 

C)  Entre  les  deux  groupes  de  théories  précédentes,  dont  les  principes  essentiels  sont 
diamétralement  opposés,  il  y  a  place  pour  une  troisième  que  l'on  pourrait  qualifier 
de  théorie  mixte.  Elle  consiste  à  attribuer  au  sac  lacrymal  un  rôle  actif,  non  seule- 
ment dans  sa  dilatation,  mais  encore  dans  sa  contraction  :  c'est-à-dire  que  parmi  les 
faisceaux  lacrymaux  de  I'orbiculaire  il  y  aurait  des  faisceaux  dilatateurs  et  des  faisceaux 
constricteurs.  Cette  opinion  a  été  soutenue  par  Henke.  Elle  se  trouve  exposée  comme 


LACRYMAL. 


763 


la  plus  évidente  ilaiis   le  Traite  <i'Ophl(ilinnlo<iie  tle  iw.  Wkckkk  et  I.andoi.t  (IV,  1040). 

La  conlraclion  de  l'orhiculaire  dilat(î  le  sac  par  l'action  du  muscle  lacrymal 
antérieur,  muscle  dilatateur.  Le  sac  est  ensuite  vidé  de  son  contenu  par  l'action  propre 
isolée  du  muscle  lacrymal  postérieur,  muscle  constricteur.  Les  canalicules  sont  en 
inènie  temps  cuiu|»rimés  par  les  faisceaux  musculaires,  de  sorte  que  le  contenu  du  sac 
ne  peut  relluer  vers  le  lac  lacrymal. 

Dans  celte  opinion,  le  sac  lacrymal  est  considéré  comme  un  organe  essentitillenumt 
actif  remplissant  le  rôle  de  pontpe  aspirante  et  foulante. 

.Si  ingénieuse  que  soit  la  théorie,  il  est  difficile  d'admettre  cependant  (jue  tous  les 
autres  faisceaux  de  l'orhiculaire  se  relâchent,  alors  que  seuls  les  faisceaux  lacrymaux 
postérieurs  du  muscle  de  Duver.ney  se  contractent.  De  plus,  ce  rôle  de  sphincter  que  l'on 
voudrait  faire  jouer  aux  faisceaux  lacrymaux  postérieurs  en  rapport  avec  les  canalicules 
n'est  nullement  démontré.  Les  faisceaux  musculaires  sont,  comme  nous  l'avons  signalé 
plus  haut  toujours  éloignés  delà  paroi  des  canalicules  (jui  cheminent  dans  l'extrémité 
des  tarses.  Il  est  diflicile  de  leur  attribuer  une  action  quel(^on(iu(!  sur  le  calibre  des  cana- 
licules. 

Pour  résumer  les  faits  essentiels  mis  en  lumière  par  les  partisans  de  ces  diverses 
théories  musculaires,  nous  dirons  que,  pour  le  moment,  le  plus  grand  nombi'e  des  auteurs 
admet  une  action  dilatatrice  du  sac  de  la  part  de  l'orhiculaire.  Mais  celte  action  dila- 
tatrice existe-t-elle  dans  to/us  les  cas,  chez  tous  les  sujets?  N'est-elle  pas  plutôt  un  fait 
accessoire  et  exceptionnel? 

Il  est  un  fait  qui  pourrait  attirer  l'attention.  Quand  on  place  la  pulpe  du  doigt  sur 
l'angle  interne  de  l'œil,  au  niveau  du  ligament  palpébral  interne,  dès  que  l'on  contracte 
fortement  l'orhiculaire,  il  semble  que  le  doigt  soit  légèrement  soulevé.  Mais  on  peut 
expliquer  ce  phénomène  de  la  façon  suivante.  Dans  la  contraction  forte  de  l'orhiculaire, 
la  peau  se  plisse  vers  l'angle  interne  de  l'œil.  11  s'aj^it  d'un  soulèvement  da  la  peau  en 
un  repli  simplement  cutané.  L'orhiculaire  agit  comme  muscle  peaucier  et  l'avancement 
du  ligament  n'est  qu'une  apparence. 

Toutefois,    bien  que   nous   ne  l'ayons  jamais    observé  nous-même,    nous  verrons 
comment,  dans  des  cas  exceptionnels,  ces  mouvements  de  l'orhi- 
culaire peuvent  agir  sur  la  paroi  externe  du  sac. 

Mécanisme  de  la  pénétration  des  larmes  et  de  leur 
écoulement  dans  les  voies  lacrymales.  —  L'anatomie  des 
voies  lacrymales  montre  que  la  disposition  du  sac  et  du  canal 
nasal  varie  dans  des  proportions  assez  grandes  suivant  les  sujets, 
surtout  au  point  de  vue  calibre.  Nous  avons  montré  nous-même, 
par  l'étude  découpes  méthodiques,  que  l'on  pouvait,  au  point  de 
vue  fonctionnel,  considérer  deux  types  de  voies  lacrymales  : 

1°  Un  type  que  nous  qualifierons  de  classique  parce  qu'il 
existe  un  segment  supérieur  dilaté  qui  peut  être  considéré  comme 
un  sac  lacrymal.  Mais  nous  ferons  remarquer  (jue  ce  type-là  est 
beaucoup  moins  fréquent  que  le  suivant; 

2»  Un  type  normal  présentant  un  conduit  plus  ou  moins 
régulier»  mais  à  calibre  uniforme,  sans  distension  supérieure, 
figurant  un  sac  lacrymal. 

Un  deuxième  point  anatomique  important  est  le  suivant.  Sur 
une  coupe  horizontale  passant  par  l'angle  interne  de  l'œil,  le  sac 
lacrymal  ouïe  segment  cystique  du  conduit  est  réduit  aune  fente 

souvent  linéaire.  Ce  segment  cystique  du  conduit  est  donc  orienté  de  la  façon  suivante  ; 
un  bord  antérieur,  une  face  externe,  une  face  interne  et  un  bord  postérieur.  Il  n'y  a 
pas  de  face  antérieure  ni  de  face  postérieure  du  sac  lacrymal  à  l'état  de  vacuité. 
Lorsqu'il  se  remplit,  il  prend  une  forme  d'abord  elliptique,  puis  cylindrique.  C'est  alors 
qu'à  la  rigueur  on  peut  lui  considérer  une  face  antérieure. 

La  disposition  normale  est  celle  que  nous  représentons  sur  la  figure  125  :  en  L,  les 
faisceaux  du  muscle  lacrymal  antérieur;  en  C,  la  fente  du  segment  cystique  du  conduit; 
en  L',  les  faisceaux  lacrymaux  postérieurs. 

La  figure  suivante  (tig.  I20j   représente  une  autre  coupe,  lorsque  la  fente  cystique  est 


Fui.  125.  —  Coupes  des 
voies  lacrymales  passant 
au  niveau  do  l'angle 
interne  de  l'œil. 

L,  faisceaux  lacrymaux 
antérieurs:  L',  faisceaux 
lacrymaux  postérieurs; 
/,  ligament  palpébral  in- 
terne ;  C,  cou|>e  du  sac. 


764  LACRYMAL. 

plus  allongée.  Les  mêmes  lettres  désignent  les  faisceaux  lacrymaux.  On  comparera  ces 
deux  figures  demi-schématiques. 

Dans  la  disposition  normale,  les  faisceaux  musculaires  forment  un  triangle  à  sinus 
tourné  vers  le  sac  lacrymal.  Mais  ou  remarquera  que  la  fente  cystique,  par  ses  deux 
extrémités,  est  éloignée  de  tout  faisceau  mu.sculaire;  en  /  se  trouve  le  ligament  palpé- 
bral  interne  qui  est  également  éloigné  de  l'extrémité  de  cotte  fente.  Il  n'y  a  pas  de 
sinus,  ou  recessus  de  Arlt  suffisamment  développé. 

Dans  la  disposition  à  feute  cyslique  allongée,  ce  qui  correspond  à  un  sac  lacrymal 
distendu,  il  faut  un  allongement  relativement  considérable  pour  que  le  sac  lacrymal 
entre  en  rapport  avec  les  faisceaux  lacrymaux  antérieurs.  Dans  ce  cas,  le  recessus  de 
Ari.t  est  développé  et  l'on  conçoit  que  la  contraction  de  ces  faisceaux  agisse  sur  l'exf  lé- 
mité  antérieure  de  la  fente  cystique. 

Mais,  quel  que  soit  le  mode  de  disposition  anatomique  des  voies  lacrymales,  le 
liquide  pénètre  dans  les  canalicules  en  suivant  les  lois  de  la  physique  pure.  La  péné- 
tration et   l'écoulement   se  fait  d'après  le  principe  du   sipho7i   capillaire   à  amorçage 
automatique.  Il  suffit  de  se   rapporter  à  l'expérience  que   nous  avons  indiquée  plus 
haut  à  propos  des  théories  capillaires. 

Les  larmes  peuvent  pénétrer  en  l'absence  de  cillement. 
Comme  elles  ne  peuvent  pas  être  sécrétées  sans  mouvement  des 
paupières,  on  a  objecté  que  des  sacs  ectasiés,  vidés  la  veille  de 
leur  contenu,  étaient  trouvés  dans  le  même  état  le  lendemain 
matin.  On  peut  répondre,  en  elTet,  que  ces  sacs  restent  vides 
jiarce  que  la  sécrétion  lacrymale  dis|iaraîL  pendant  le  sommeil 
et  que  les  larmes  ne  peuvent  être  sécrétées  en  l'absence  de  tout 
cillement.  - 

Actions  adjuvantes  et  accessoires  de  la  pénétration  et  de  l'écou- 
lement des  larmes  dans  les  voies  lacrymales.  —  La  dilatation  du 
sac  lacrymal  sous  i'inlluence  des  contractions  de  l'orbiculaire  est 
voies  lacrymales'— Mè-    ""^  ^®  ^^^  causes  adjuvantes.  Nous  avons  vu  que  les  faisceaux 
mes  loitros  (lu'à  la  fig.    lacrymaux  pouvaient,  en  se  contractant,  attirer,  dans  certains 
•25.  cas,  en  dehors  l'extrémité  antérieure  de  la  fente  cystique.  Mais 

ce  phénomène  ne  pt'ut  avoir  lieu  que  chez  les  sujets  qui  pos- 
sèdent des  canaux  lacrymaux  développés.  Or  ces  faisceaux  peuvent  manquer  (Maca- 
lister).  Il  faut  une  autre  condition  :  il  faut  que  la  fente  cystique  soit  assez  allongée 
pour  entrer  en  rapport  intime  avec  eux.  Cette  disposition  peut  seule  expliquer  les  faits 
signalés  par  tous  les  observateurs  qui  admettent  la  dilatation  active  du  sac  (Bouroeot 
SAi.NT-HiLAUiE,  Malg.\igne,  Hvrlt,  Roser,  a.  ScHMiD  et  Henke). 

On  ne  peut  concevoir  une  action  quelconque  du  muscle  de  Dcverney,  c'est-à-dire 
des  faisceaux  laci ymaux  postérieurs,  sur  le  sac.  Quelles  que  soient  les  dimensions  de 
la  fente  cystique,  ces  faisceaux  musculaires  sont  toujours  trop  éloignés  de  son  bord 
postérieur. 

Une  autre  cause  antagoniste  est  fournie  par  l'écartement  des  paupières.  En  ellet, 
il  suffit  d'abaisser  la  paupière  inférieure  ou  d'élever  la  paupière  supérieure  pour  voir 
la  fente  cyslique  sentre-bàiller  et  le  sac  lacrymal  se  dilater.  Ce  phénomène  s'observe 
très  nettement  sur  le  cadavre.  En  est-il  de  même  sur  le  vivant".'  Nous  sommes  tenté  de 
l'admettre  d'une  façon  assez  catégoritiue.  L'action  antagoniste  du  releveur  des  pau- 
pières, et  par  conséquent  l'écartement  des  paupières,  attire  beaucoup  plus  fortement 
en  dehors  la  paroi  extérieure  du  sac  que  ne  peut  le  faire  la  contraction  de  l'orbicu- 
laire. Dans  tous  les  cas,  il  est  des  faits,  depuis  longtemps  signalés  par  Arlt,  Moll  et 
Werer,  qui  tendent  à  faire  adopter  celte  manière  de  voir. 

Mais  toutes  ces  actions  musculaires  contradictoires,  ne  pouvant  se  justifier  que 
par  des  dispositions  anatomiques  particulières,  doivent  céder  le  pas  au  mécanisme 
essentiel  dont  le  principe  est,  comme  nous  l'avons  déjà  signalé  plus  haut,  celui  du 
siphon  capillaire  à  amorçage  spontané. 

Obstacles  à  l'aspiration  et  à  l'écoulement  des  larmes  '  dans  les  voies  lacrymales.  — 
Sans  sortir  du  domaine  physiologique,  il  nous  faut  signaler  les  causes  diverses  qui 
pei+vent  gêner  le  fonctionnement  de  l'appareil  lacrymal. 


LACRYMAL. 


7()5 


**  l'r'  HV   <•*■*•• 


=UPl,^^ 


Fui.  127.- 


Schéma  de  l'i-coulcmeiit  des  larmes 
par  le  canal  lacrymal. 


1"  liôle  (les  valvules.  —  Nous  avons  étudié  Ja  disposition  des  reidis  vulvuluiies,  si 
variables  et  si  discutés,  nuo  les  aiuitornisles  ont  signalés  sur  le  trajet  des  caiialicules  et 
du  conduit  lacryino-nasal. 

I.e  schéma  ci-contie  (lig.  127)  donnera  une  idée  de  la  rnultiitlicité  de  ces  replis. 
Qu'ils  réduisent  le  calibre  du  conduit  dans  des  piopoitions  variables  et  qu'ils  soient 
des  points  où  les  causes  d'obstruction  complète  se  localiseront  (l(>  préférence,  cela  n'est 
pas  douteu.x.   Mais  ijuils  jouent  un   n'de    physiologique  qu<'lcouque,   rien   n'est  plus 
contestable. 

Nous  n'envisagerons  que  le  plus  important  de  tous,  celui  qui  se  trouve  au  niveau 
de  l'orifice  inférieur  et  que  nous  avons  appelé 
valvule  de  Bianciii  (valvule  de  IIasneu  ou  de 
Ohuveiluier).  On  sait  le  rôle  qu'on  a  fait  jouer 
à  ce  repli  dans  l'oblitération  com[»lète  du  canal 
nasal.  En  s'appliquant  (ixaclcmcnt  sur  la  paroi 
muqueuse  du  méat  inférieur,  il  empêcherait 
totalement  l'air  de  relhier  du  cavum  des  fosses 
nasales  vers  les  voies  lacrymales.  Nous  avons 
examiné  un  grand  nombre  de  sujets  présentant 
des  orifices  inférieurs  du  canal  nasal  très  variés 
comme  forme  et  comme  diamètre.  Nous  avons 
appliqué  sur  ces  orifices  de  petits  tubes-ven- 
touses en  verre  (T),  comme  l'indique  la  figure  128, 
dans  lesquels  nous  faisions  varier  la  pression 
d<i  l'air.  Le  nombre  des  orifices  où  ce  repli  était 
très  nettement  insuffisant  était  de   beaucoup 

plus  élevé  que  celui  des  orifices  où  le  repli  a  été  trouvé  suffisant.  Dans  une  note  publiée 
à  la  Société  de  Biologie  (juin  1909),  nous  indicjuioiis  une  proportion  de  66  cas  d'insuf- 
fisance à  22  cas  d'orifices  suffisants.  Cette  proportion  est  encore  bien  plus  élevée...  Dans 
certains  cas  oii  l'orifice,  étant  à  peine  visible,  paraissait  devoir  s'obstruer  facilement,  et 
où  le  repli  semblait  devoir  jouer  plus  facilement  son  rôle  de  soupape,  nous  avons 
observé  une  insuffisance  complète. 

Nous  comprenons  donc  que  certains  anatomistes  aient  depuis  longtemps  considéré 

ces  replis  valvulaires  comme  déchus  de  l'im- 
portance physiologique  que  certains  avaient 
voulu  leur  attribuer  et  que  d'autres  aient 
qualifié  de  «  prétendues  valvules  »,  comme 
Nicolas,  ces  modifications  irrégulières  et 
inconstantes  de  la  muqueuse  du  conduit 
lacrymo-nasal. 

Mais  si  nous  avons  démontré  nous-même 
que  l'insuffisance  valvulaire  était  la  règle  au 
point  de  vue  physiologique,  il  en  résulte  que 
l'air  pourrait  séjourner  dans  le  conduit  lacry- 
mal, et,  cette  fois,  constituer  une  véritable 
gène,  sinon  un  obstacle  absolu  à  l'écoulement 
des  larmes.  On  sait,  en  effet,  que  la  présence 
de  l'air  dans  les  tubes  capillaires,  lorsque 
cet  air  est  divisé  en  bulles  séparées  par  des  intervalles  de  liquide,  oppose  à  l'écoule- 
ment une  résistance  considérable.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  ce  que,  dans  les  cas 
où  l'air  rentre  facilement  dans  des  voies  lacrymales,  ayant  même  un  calibre  dilate, 
on  observe  du  larmoiement  comme  s'il  y  avait  une  obstruction  complète  du  canal 
nasal. 

Nous  avons  déjà  signalé  des  sujets,  atteints  d'insuffisance  valvulaire  accusée  avec 
distension  jineumatique  du  sac,  qui,  précisément,  se  plaignaient  de  larnioyer  plus  faci- 
lement de  l'u'il  où  se  trouvait  cette  insuffisance  valvulaire. 

Nous  n'avons  pas  à  signaler  ici  les  autres  causes  de  gène  du  fonctionnement  de 
l'appareil  lacrymal.  H  nous  faudrait  passer  on  revue  tout  le  chapitre  de  pathologie  ocu- 


Fi...  r,'8. 


Aspiration  par  un  tube  T,  à  l'orilico 
terminal  lacrymal. 


766  LACRYMAL. 

laire  relatif  aux  imperforations  des  canalicules  et  du  conduit,  à  l'absence  congénitale 
des  points  lacrymaux  et  surtout  à  la  pathogénie  des  dacryocystites. 

Nous  nous  bornerons,  en  terminant  cet  article,  à  donner  quelques  observations  rela- 
tives à  la  physiologie  de  l'écoulement  des  larmes  lorsqu'on  a  détruit  ou  altéré  les 
divers  segments  de  l'appareil  lacrymal. 

Lorsqu'on  a  fendu,  à  l'aide  du  couteau  de  Weber,  les  caualicules  sur  toute  leur  lon- 
gueur, il  semble  que  les  fonctions  des  canalicules  soient  définitivement  altérées. 
Certains  auteurs  ont,  en  effet,  accusé  ces  dacryotomies  d'être  une  cause  de  larmoiement 
incoercible.  Mais  on  remarquera  que,  malgré  les  dacryotomies,  le  sac  lacrymal  se  rem- 
plit de  larmes.  Le  mécanisme  fondamental  de  lamorçage  spontané  du  siphon  capillaire 
ne  peut  en  rien  être  altéré.  En  effet,  les  canalicules  sont  remplacés  par  une  fente  capil- 
laire qui  jouit  des  mêmes  propriétés. 

Dans  ces  derniers  temps,  les  oculistes  ont  pratiqué  fréquemment  la  destruction 
complète  du  sac  et  du  canal  nasal.  Dans  ces  conditions,  l'appareil  lacrymal  est  détruit 
au  point  de  vue  fonctionnel. 

Il  semble  que  les  sujets  où  Ion  a  pratiqué  cette  opération  soient  condamnés  à  un 
larmoiement  incurable  par  obstruction.  Or,  chose  curieuse,  il  est  loin  d'en  être  ainsi. 
On  peut  classer  ces  sujets  en  trois  catégories. 

Une  première  catégorie  comprend  tous  ceux  qui,  après  leur  intervention,  ne  voient 
pas  leur  larmoiement  diminuer.  C'est  le  plus  petit  nombre.  \.e  fait  est  même  exceptionnel, 
au  bout  d'un  certain  temps,  après  l'opération. 

Une  deuxième  catégorie  comprend  des  sujets  qui  ne  larmoient  que  sous  l'inlluence 
d'une  cause  d'irritation  de  la  conjonctive.  Ces  sujets  avaient,  à  côté  do  leur  larmoie- 
ment par  cause  d'obstruction,  un  larmoiement  de  cause  hypersécrétoire  entretenu  par 
la  lésion  lacrymale  qui  a  nécessité  la  destruction  de  l'appareil  lacrymal. 

Enfin  il  est  des  sujets  qui  semblent  revenus  à  l'état  normal  et  qui  ne  se  plaignent 
nullement  du  moindre  larmoiement.  On  a  voulu  expliquer  ces  faits  en  prétendant  que, 
lorsqu'on  extirpe  le  sac  et  tout  l'appareil  évacuateur  des  larmes,  il  y  a  retentissement 
du  côté  de  l'appareil  sécréteur.  Les  glandes  lacrymales  s'atrophieraient.  Il  se  produi- 
rait ce  que  l'on  observe  lorsqu'on  ligature  le  conduit  excréteur  des  glandes  :  il  y  a 
atrophie  du  parenchyme  glandulaire;  mais  ces  expériences  ont  besoin  d'être  confir- 
mées. 

Dans  tous  les  cas  il  faudrait  conclure  de  cette  dernière  catégorie  de  fiiits,  assez  bien 
constatés,  que  l'appareil  évacuateur  des  larmes  est  un  organe  paifaitement  inutile.  Il 
ne  faut  pas  aller  jusque-là  et  vouloir  généraliser  des  faits  particuliers.  De  même  que  la 
fonction  lacrymale  est  extrêmement  variable  suivant  les  sujets  et  que  la  puissance 
sécrétoire  de  la  glande  oITre  un  facteur  individuel  très  important,  de  même  le  fonc- 
tionnement de  l'appareil  évacuateur  des  larmes  est  subordonné  à  certains  facteurs 
individuels. 

D'ailleurs  nous  pensons  que  ce  fonctionnenii-nt  est  intermittent.  Dans  le  premier 
mode  sécrétoire,  qui  est  celui  de  la  lubréfaclion  normale  de  l'œil,  nous  pensons  qu'il 
ne  rentre  pas  de  larmes  dans  les  canalicules  et  dans  le  sac.  L'évaporation  suffit  à  éli- 
miner le  liquide  ou  plutôt  à  provoquer  un  nouveau  cillement  et  un  nouvel  appel 
sécrétoire. 

Dans  les  deux  autres  modes  sécrétoires,  l'appareil  lacrymal  entre  en  fonction,  mais 
il  suffit  à  sa  tâche  lorsque  la  sécrétion  ne  dépasse  pas  certaines  limites  et  qu'elle  ne  ren- 
contre à  son  niveau  aucun  obstacle.  Dans  le  larmoiement  psychique  ou  dans  celui 
de  cause  externe  trop  vive,  il  n'y  a  qu'une  très  faible  partie  des  larmes  qui  s'évacue  par 
la  voie  naturelle. 

Or  cette  voie  naturelle  est  sujette  à  des  variations  de  perméabilité,  non  seulement 
suivant  les  individus,  mais  encore  suivant  l'état  de  la  muqueuse  chez  un  même 
individu.  La  perméabilité  est  un  facteur  éminemment  variable  que  l'on  a  essayé 
d'évaluer. 

2°  Mesure  de  la  permcahilité  des  voies  lacrymales.  —  La  perméabilité  lacrymale  subit 
certaines  variations  physiologiques  sur  lesquelles  on  n'est  pas  absolument  fixé  encore 
aujourd'hui. 

Le  canal  nasal  est  entouré  d'une  gaine  vasculaire  extrêmement  riche  en  vaisseaux, 


LACRYMAL.  767 

ce  qui  l'a  fait  coinpart>r  h  un  lissu  érectile.  Les  variations  de  pression  sanguine,  le 
degré  de  congestion  et  de  turgescence  de  ces  vaisseaux  produit  nécessairement  une 
diniinulion  de  calibre  du  conduit.  Comme  par  ailleurs  ce  calibre  est  plus  ou  moins 
niodilit'  par  la  présence  des  bourrelets  ou  dos  replis  valvulaiies,  il  peut  trôs  bien  se 
produire  des  alrésies  passagères  sous  cette  inllucnce. 

En  second  lieu,  cette  muqueuse  est  enduite  dt;  mucus  ((ui  |)eut  s'accumuler  en  un 
point  rétréci  et  constituer  un  obstacle  plus  ou  moins  durable.  Kt  nous  n'envisageons 
pas  toutes  les  causes  inllammatoires  passagères  qui  peuvent  se  propager  par  continuité, 
de  muqueuse  à  muqueuse,  des  fosses  nasales  aux  voies  lacrymales. 

L'insuffisance  valvulaire  physiologique  elle-même,  en  favorisant  la  pénétration  de 
l'air  dans  le  coiulnit,  modifie  également  la  pcrnK'abilité.  Il  y  a  donc  des  variations  in- 
dividuelles très  nombreuses  et,  chez  un  mémo  individu,  il  y  a  des  variations  suivant 
Tt-lat  de  la  muqueuse.  Ces  nombreuses  causes  de  variabilité  rendant  très  délicats  les 
procédés  employés  pour  estimer  le  degré  de  la  jterméabilité  lacrymale. 

Nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  quatre  méthodes  principales  mises  en  usage. 

l"  Procédé  de  la  seringue  d'ANEL  ok  de  Desmarres.  —  En  injectant  un  liquide  par  les 
canalicules  on  peut  simplement  constater  si  les  voies  sont  obstruées.  Mais,  dans  ces 
conditions,  on  agit  avec  une  forte  pression.  Le  liquide  peut  soulever  un  repli  qui 
obture  complètement  le  conduit  et  fait  trouver  une  obstruction  qui,  en  réalité,  n'existe 
pas. 

D'autre  part  on  peut  forcer  un  léger  obstacle  muqueux  peu  résistant  et  l'on  trouve 
une  perméabilité  normale,  alors  qu'à  l'état  physiologique  le  canal  est  fonctionnelle- 
lenient  obstrué. 

'2°  Procédé  rf'A.vuKNELLi.  —  Le  mieux  est  de  se  placer  dans  des  conditions  physiolo- 
giques. A.NTONELLi  a  utilisé  une  solution  de  fluorescéine  et  a  mesuré  le  temps  que  le 
liquide  mettait  à  passer  dans  les  fosses  nasales.  Ou  peut  utiliser  un  liquide  coloré 
quelconque,  une  solution  de  bleu  de  méthylène  par  exemple. 

3°  Procédé  de  Sc.hirmer.  —  Sghirmer  a  employé  une  solulion  de  salycilate  de  soude  à 
1  à  2  p.  100.  Des  tampons  imbibés  d'une  solulion  de  perchlorure  défera  1  p.  100  e'taient 
introduits  dans  le  nez  et  indiquaient  l'instant  où  la  solution  de  salicylate  pénétrait 
dans  les  fosses  nasales. 

4"  Procédé  de  Kalt.  —  Ce  dernier  emploie  une  solution  de  salycilate  mais  rendue 
physiologique.  On  instille  une  à  deux  gouttes  dans  l'œil.  L'oeil  est  anesthésié.  De  plus, 
le  sujet  est  couché  pour  cette  épreuve.  Bref,  il  se  place  dans  des  conditions  expérimen- 
tales plus  précises. 

Néanmoins  il  faut  avouer  que  ces  résultats  restent  très  variables  et  difficiles  à 
apprécier.  Nous  avons  bien  des  fois  essayé  ces  divers  procédés.  S'ils  ne  nous  ont  pas 
donné  des  résultats  facilement  comparables,  ils  nous  ont  montré  tout  au  moins  que  le 
degré  de  perméabilité  lacrymale  était  extrêmement  variable  suivant  les  sujets  et  suivant 
les  jours  et  le  moment  où  on  leur  faisait  subir  cette  épreuve. 

Bibliographie.  —  Physiologie  des  voies  lacrymales.  —  Ciiaki-Aud.  Contribution  à 
Vétude  des  voies  lacrymales,  Paris,  1889.  —  Foltz.  Anutomie  et  Phijsiolonie  des  condîdts 
lacrymaux,  in-8,  Lyon,  1800.  —  Gao.  beilnrue  z.  Kenntniss  der  liewegung  der  Tkranen- 
flussigkeit.  Feistsclirift  an  Prof.  Fick,  1899.  —  Giraud-Teulon.  Du  mécanisme  de  iexcré- 
tion  des  larmes.  [Ann.  d'Ocul.,  Lxii,  224,  1869;  lxix).  —  Jamn.  Mém.  sur  les  voies  lacry- 
males (in  Mcm.  et  Obsen.  sur  l'œil,  loi).  —  Gould.  The  fonction  of  Ihe  lacrymal  puncta 
{Med.  News,  ix,  717,  1892).  —  Krehbiel.  Die  Mmculatur  der  Thrdnenioege  u.  d.  Augenlider 
mit  speciellen  BerCtcksichtigung  der  Thrdnenleitung.  In-8,  Stuttgart,  1878).  —  Chemolosokk. 
Prokhosdenige  vozdukha  cherez  slyoniyc  kanaltsi  pri  naduvanirno  Jioson  {Med.  pi'ibar. 
Kmorsk,  sbornika,  Samt-Péterbourg,  i,  210-213,  1898).  —  S.vbatier.  Recherches  physiol. 
sur  l'appareil  lacrym.  [Montpellier  médical,  iv,  .•;33-o4o,  1860).  —  Sghirmer.  Ueber  den 
Feuchligkcitshaushall  iin  liinde/iantsack.  {Deutsche  med.  Wochenschr.,  Leipz.  u.  BerL, 
XXIX,  1903).  —  ScHMiDT.  Ueber  die  Absorption  der  Thrànen/lùsssifikriteti  durch  Dilatation 
des  rhranensackes  {Thèse  de  Marbouru,  18:>6).  —  Sgimemi.  Sulla  condultura  délie  lagrime 
{Annalidi  Ottalmologia,  xxi,  222,  1892;  Coiu/resso  offalmol.  di  Palermo,  aprile  1892;  Arch. 
f.  physiol.,  1892).  —  Tscherno-Schwartz.  De  V arrêt  de  la  sécrétion  lacrymale  et  des  modi- 


768  LACTASE. 

fications  des  glandes  lacrymales  à  la  nuite  de  l'extirpation  du  sac  (en  russe)  {Nagel's  Jah- 
resbericht,  1898). 

E.    AUBARET. 

LACTASE.  —  Ferment  soluble  possédant  la  [tropriété  de  di'doubler,  par 
hydrolyse,  le  sucre  de  lait  ou  lactose  en  glucose-d  et  en  j^alactose  : 

C12H22011  +  H^O  =  C6H1206  +  C«Hi-i06 
lactose  galactose  glucose 

Dccoiirerle  et  individualité  de  la  taclnse.  —  L'existence  de  ce  ferment  chez  les  êtres 
vivants  est  restée  longtemps  incertaine.  Dès  1889  (1),  Bourquelot  et  Thoisier  avaient 
essayé  de  s'assurer  de  son  intervention  dans  la  dif,'estion  du  sucre  de  lait,  et,  par  consé- 
quent, de  sa  présence  dans  l'organisme.  Us  avaient  soumis  un  glycosurique  ù  un  régime 
composé  exclusivement  de  lail  additionné  de  sucre  de  lait.  Ils  pensaient  que,  si  le  sucre 
de  lait  était  dédoublé  par  un  ferment  soluble,  on  retrouverait  les  deux  produits  du 
dédoublement,  galactose  et  glucose,  dans  l'urine,  le  glycosurique  ne  devant  pas  assi- 
miler ces  derniers  sucres. 

L'urine  renfermait  bien  de  fortes  proportions  de  glucose,  mais  elle  ne  contenait  pas 
de  galactost;.  On  pouvait  admettre,  sans  doute,  ce  qui  s'accordait  avec  Ihypothèse  de 
l'intervention  d'une  lactase,  que  le  sucre  de  lait  avait  été  dédoul)lé,  et  que  le  malade 
avait  assimilé  le  galactose,  le  glucose  étant  rejeté  par  les  reins;  mais  d'autres  hypo- 
thèses étaient  également  souteiiables,  en  sorte  que  l'expérience  n'avait  pas  résolu  la 
question. 

Celle  que  publia,  «luelques  mois  après,  Heyeiunck  (2),  n'était  guère  plus  démonstrative. 
Cet  auteur  constata  (jue  certaines  bactéries  lumineuses,  incapables  de  se  développer 
dans  un  milieu  où  la  matière  hydrocarbonée  est  constituée  uniquement  par  du  lactose, 
s'y  développaient,  au  contraire,  facilement,  en  même  temps  qu'augmentait  leur  lumi- 
nosité, lorsqu'on  ensemençait  le  milieu  avec  le  Saccharomijces  Képhir  ou  avec  le  S.  T//- 
rocola,  levures  qui  possèdent  la  propriété  de  provoquer  la  fermentation  alcoolique  du 
sucre  de  laiL  C'était  là,  selon  lui,  la  preuve  de  la  production,  par  ces  Saccharomijces, 
d'un  ferment  soluble  dédoublant  le  sucre  de  lait  en  glucose  et  galactose,  sucres  en  pré- 
sence desquels  —  le  fait  avait  été  établi  d'autre  part  —  les  bactéries  lumineuses 
peuvent  s'accroître  rapidement. 

Étant  donnée  la  complexité  des  conditions  de  l'expérience,  il  n'eût  pas  été  superflu 
de  s'assurer  tout  au  moins  que  le  liquide  dans  lequel  on  avait  fait  fermenter  le  sucre 
de  lait  à  l'aide  de  l'une  ou  l'autre  des  deux  levures  pouvait  exercer  une  action  hydro- 
lysante  sur  ce  sucre  de  lait.  C'est  ce  que  n'a  pas  fait  Beyerinck.  Il  a  pourtant  séparé  ce 
liquide,  il  l'a  additionné  d'alcool,  et  il  a  obtenu  ainsi  un  précipité  dont  il  a  essayé 
l'action,  non  sur  le  sucre  de  lait,  mais  sur  un  milieu  lumineux  renfermant  du  sucre  de 
canne.  Il  a,  d'ailleurs,  trouvé  que  ce  précipité  favorisait  l'accroissement  des  bactéries 
lumineuses,  avec  augmentation  de  leur  luminosité.  Et  il  en  a  conclu,  un  peu  hâtive- 
ment, (jue  la  lactase,  dont  était,  pensait-il,  constitué  le  précipité,  possédait,  comme  l'in- 
vertine,  la  propriété  d'iiydrolyser  le  sucre  de  canne. 

La  nécessité  d'un  dédoublement  du  lactose  par  un  ferment  soluble,  avant  toute 
assimilation,  n'en  était  pas  moins  admise,  en  général,  comme  on  admettait  celle  du 
dédoublement  des  autres  hexobioses  :  saccharose,  nialtose,  tréhalose  ;  mais  tandis 
qu'on  connaissait  l'enzyme  hydrolysant  de  ces  trois  derniers  sucres  (3),  celui  du  sucre 
de  lait  restait  inconnu. 

C'est  Emile  Fischer  qui,  le  premier,  a  apporté  la  preuve  définitive  que  le  lactose 
pouvait  être  hydrolyse  par  un  ferment  soluble.  11  obtint  cette  hydrolyse  en  1894,  en 
ajoutant  à  une  solution  du  sucre  de  lait,  soit  de  l'émulsine  des  "amandes  douces  (4), 
soit  une  macération  de  grains  de  képhir,  soit  une  macération  d'une  levure  de  lactose 
préalablement  desséchée  à  l'air  (5). 

Le  produit  retiré  des  amandes,  connu  sous  le  nom  d'émulsine,  étant,  à  cette  époque, 
considéré  comme  un  ferment  unique,  Fischer  devait, être  conduit  à  rapprocher  chimi- 
quement le  lactose  des  glucosides,  amygdaline,  salicine,  coniférine,  etc.,  que  l'on  savait 


LACTASE.  769 

être  hydrolyses  parce  l'ermeiit.  C'est  ri'  (|ii'il  lit  en  rllel,  au  moins  dans  ses  promièros 
pultlit-alions  sur  ce  sujet,  paraissant  admettre  que  tous  ces  composés  sont  hydrolyses 
pai'  un  seul  et  même  ferment. 

Quehiue  lem|)s  aprt's,  et  en  ri'sumant  les  travaux  de  Fischkii  ((>),  Moubqukloi  faisait 
connaître  le  résultat  d\\\\c  expérience  [lersonnelh;  tendant  à  démontrer,  au  contraire, 
(jue  l'action  ilu  pioduit  des  ainaii<les  sur  le  sucre  de  lait  devait  Aire  rapportée  non  pas 
à  l'émulsine  proprement  dite  en  tant  que  ferment  de  l'ainy^daline,  mais  à  un  enzyme 
particulier,  une  lactase  aceompai^nant  l'émulsine. 

Un  échantillon  d'émulsine  des  amandes  douces,  préparé  par  lui  et  conservé  depuis 
longtemps  dans  son  laboiatoire,  agissait  énerfïiquement  sur  l'amygdalitu-,  alors  qu'il 
était  incapable  de  dédoul)ler  le  lactose. 

La  même  année,  en  collaboration  avec  IIkiusskv  (7),  il  montrait  que  l'émulsine  de 
VAfipenjilhis  niijer  et  celle  du  Polyponts  stilf'nvriis  Vf.,  très  actives  sur  l'.uny^'daline,  sont 
sans  action  sur  le  sucre  de  lait. 

Enfin,  en  1903,  ces  deux  derniers  auteurs,  étendant  leurs  recherciies  à  des  végétaux 
variés,  établissaient  définitivement  l'existence  d'une  lactase  comme  ferment  spécifique 
du  sucre  de  lait  (8).  Ils  montraient  que  l'on  peut  rencontrer  la  lactase  accompagnant 
l'émulsine  (amandes  amères,  amandes  de  pêcher,  amandes  d'abricotier,  semences  de 
poirier),  l'émulsine  sans  lactase  i feuilles  de  laurier-cei'ise),  et  la  lactase  sans  émulsinc 
(grains  de  ké[)hiri. 

On  doit  donc  admettre  que  tout  liquide  tiré  des  animaux  ou  des  végétaux,  qui  pos- 
sède la  propriété  d'hydrolyser  le  sucre  de  lait,  renferme  de  la  lactase,  quatid  bien  même 
il  agirait  sur  d'autres  composés. 

Présence  de  lactase  chez  les  animaux  et  les  végétaux.  —  Animaux,  [.a  lac- 
tase a  été  trouvée  par  Pantz  et  Vogel(9)  dans  la  macération  de  l'intestin  d'mi  enfant 
nouveau-né,  et  par  Uohrmanx  et  I.appe  (10),  dans  Finleslin  de  jeunes  chiens,  de  chiens 
adultes  et  de  veaux  nourris  de  lait,  l'intestin  du  bœuf  n'en  contenant  pas. 

Portier  (M),  et  ensuite  Bierry  et  Gmo-Salazar  (12)  ont  confirmé  ces  faits  el  constaté,  en 
outre,  le  premier,  que  l'intestin  grêle  des  vieux  chiens,  des  porc^  adultes  et  des  oiseaux 
n'en  renferme  point;  et  les  seconds,  que  la  lactase  existe  chez  le  fœtus  bien  avant  la 
naissance.  La  lactase  a  été  trouvée  aussi  dans  les  fèces  par  Rud.  Orban  dans  les  excré- 
ments des  enfants  allaités  (13),  et  par  Ch.  Porcher  dans  les  excréments  des  veaux  et 
des  chevreaux  (14). 

Ainsi  se  trouve  expliquée  la  digestion  du  sucre  de  lait  chez  les  animaux  qui  s'en 
nourrissent.  Ajoutons  que  la  lactase  n'existant  pas  habituellement  chez  certaines 
espèces  peut  y  apparaître  à  la  suite  d'une  alimentation  appropriée.  PoRTn:R  et  Bierrv  (15) 
ont,  en  elfet,  établi  que  si  l'on  nourrit  des  canards  avec  un  mélange  de  son  et  de  lactose, 
on  trouve  déjà,  après  vingt-cinq  jours  de  ce  régime,  de  la  lactase  dans  leur  intestin. 

La  lactase  existe  chez  des  animaux  qui  ne  se  nourrissent  jamais  de  lait.  Bierry  et 
fliA-iA  (10)  l'ont  rencontrée  dans  l'appareil  digestif  de  divers  gastc'-ropodes  appartenant 
anx  genres  HelLv,  Limax,  Lymnxa,  /*/«;(0c6(s,  et  même  dans  celui  d'un  mollusque  marin, 
l'aplysie. 

Véfjctaiix.  —  Brachin  (17)  a  fait  sur  l'existence  de  la  lactase  dans  les  végétaux  un 
long  et  intéressant  travail,  s'assurant,  par  trois  méthodes  ditîérentes,  de  l'action  de  ce 
ferment  sur  le  sucre  de  lait. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  recherches  de  cet  auteur  sur  ce  sujet,  ainsi  que 
celles  de  Bourquelot  et  Hkrissev,  dont  il  a  été  question  plus  haut. 

1'  Végétaux  dans  lesquels  la  lactase  a  été  trouvée  accompagnée  d'émulsine. 

Amandi'S  d'Abricotier.  Prunus  Armeniaca  L. 

—  de  l'Amandier.  Aini/gdalus  communis  L.  (v.kv.  dulcisel  amara). 

—  du  Cerisier.  Cerusus  Lusilanica  Lois. 

—  du  Cerisier  cultive.  Cerasus  vulf/aris  Mill. 

—  du  Pécher.  Aniijfjdalus  Pevsica  L. 

—  du  Prunellier.  Prunus  spinosa  L. 

—  ilij  Prunier  reine-Claude.  Prunus  insilitia  L.  (var.). 

MCT.    DK    l'IIVSIOI.OGIK.    —    T.    IX.  49 


770  LACTASE. 

Si>.menccs  d'Amelanchier.  Amelanchier  vulgaris  Mœncli. 

—  d'Aubépine.  Cratœgus  oxyacantlia  L. 

—  du  Cognassier.  •  Cydonia  vulgavis  Pers. 

—  de  l'Oranger.  Citrus  nurantium  L. 

—  du  Néflier  du  Japon.  Eryohotrya  japonica  lAx\à\. 

—  du  Poirier  cultivé.  Pyrus  commuais  L.  (var.). 

—  du  Pommier.'  Malus  commimis  Link  (var.). 

—  du  Sorbier  à  larges  feuilles.  Sorhiis  latifolia  Pers. 
Feuilles  fraîclies  d'Aucuba  du  Japon.  Aucuha  Japonica  L. 

2°  Végétaux  dans  lesquels  la  lactase  est  accompagnée  d'émulsine  et  de  myrosine. 

Semences  de  moutarde  blanche.  Sinapis  alba  L. 

—  —        noire.  Brassica  nigra  Kocli. 
Feuilles  fraîches  de  raifort.  Cochlearia  Armoracia  L. 

3°  Végétaux  dans  lesquels  la  lactase  a  été  trouvée  sans  émulsine. 

Grains  de  képhir. 

4°  Végétaux  dans  lesquels  l'émulslne  a  été  trouvée  sans  lactase. 

Semences  de  Fusain  d'Europe.  Evonymiis  Europœus  L. 

—  de  Cotonéaster  commun.  Cotoneaster  vulgaris.  Liudl. 
Feuilles  de  Laurier-Cerise.  Cerasus  Laurocerasus . 
Aspergillus  niger. 

Polyporus  sulfureus. 

Propriétés  de  la  lactase.  —  Les  propriétés  de  la  lactase  ont  été  étudiées  par 
Braghin,  qui  s'est  adressé  pour  cela  au  produit  retiré  des  amandes  de  l'abricotier,  que 
BouRQUELOT  et  HÉRissEY  avaient  trouvé  très  actifs  sur  le  sucre  de  lait. 

La  lactase,  qui,  d'ailleurs,  existe  dans  ce  produit  mélangée  à  d'autres  enzymes  et 
à  des  matières  étrangères  est  détruite,  en  solution  aqueuse,  entre  75"  et  80".  Sa  plus 
grande  activité  se  manifeste  à  35°-38°. 

Le  fluorure  de  sodium,  qui  a  été  cependant  employé  comme  antiseptique  dans  les 
recherches  de  lactase  par  plusieurs  auteurs,  paralyse  ce  ferment.  A  la  dose  de  2  p.  100, 
il  diminue  déjà  de  moitié  son  action. 

A  cette  même  dose  de  2  p.  100,  le  phénol  paralyse  presque  complètement  la  lactase. 
Le  thymol  est  également  paralysant,  mais  à  un  moindre  degré. 

L'action  de  la  lactase,  comme  celle  de  tous  les  ferments  solubles,  même  oxydants, 
est  arrêtée  par  de  très  faibles  doses  d'acide  sulfurique.  Il  a  suffi,  dans  les  expériences 
de  Brachin,  d'ajouter  Ofe'^10  de  cet  acide  par  litre,  pour  produire  un  arrêt  presque 
complet. 

L'acide  oxalique  produit  le  même  effet,  à  la  dose  de  0^'",20  par  litre. 

Les  acides  organiques  sont  moins  actifs.  Ainsi  il  faut,  par  litre,  2t''',40  d'acide  acé- 
tique et  7e'",50  d'acide  tartrique  pour  arrêter  l'action  du  ferment. 

La  chaux,  à  la  dose  de  0t~''",120  (CaO)  par  litre,  suppiime  toute  action  fermentaire  de 
la  lactase. 

Rôle  physiologique  de  la  lactase.  —  Il  est  de  toute  évidence  que  la  lactase  est 
le  ferment  auquel  il  faut  rapporter,  chez  les  animaux,  la  première  phase  de  l'assimila- 
tion du  sucre  de  lait,  c'est-à-dire  sa  digestion.  Sa  présence  dans  le  tube  digestif  des 
nouveau-nés  et  des  animaux  qui  se  nourrissent  de  lait  en  est  une  preuve  manifeste. 
Mais  il  est  à  supposer  que  son  rôle  est  plus  étendu,  autrement  on  ne  s'expliquerait  pas 
sa  présence  si  fréquente  dans  les  organes  des  végétaux. 

J'incline  à  penser  que  la  lactase  doit  être,  à  cet  égard,  comparée  à  l'invertine.  On 
sait  aujourd'hui  que  ce  dernier  enzyme,  connu  surtout  pour  son  action  hydrolysante 
sur  le  saccharose,  possède  aussi  la  propriété  de  commencer,  pour  ainsi  dire,  la  désa- 
grégation de  la  plupart  des  autres  hydrates  de  carbone  dérivés  du  lévulose  :  gentia- 
nose,  raffinose,  stachyose,  verbascose,  et  cela  en  séparant  d'un  ensemble  plus  ou 
moins  complexe  de  molécules  sacrées  le  lévulose  lui-même.  L'invertine  intervient  donc 
constamment  dans  l'utilisation,  par  le  végétal,  d'hydrates  de  carbone  variés. 


LACTIQUES    (Acides).  771 

II  est  vraisemblable  que  la  hiotase  (jui,  dans  le  sueie  de  lail,  st'-pare  le  galactose  du 
glucose,  peut  aussi  le  «  décroolier  »  d'hydrates  de  carbone  plus  condensr's,  et  dans 
lesquels  ces  deux  sucres  se  rencontrent  unis  connue  ils  le  sont  dans  !«  lactose.  Le 
galactose  existe  précisément  dans  des  hydrates  de  carbone  très  répandus  dans  le  ri'îgne 
végétal  :  pectines,  gommes,  etc.  La  lactase  concourrait  ainsi  à  l'accomplissement  des 
phénomènes  d'assimilation  végétale  au  même  titre  que  l'invertine,  et  sa  présence  chez 
des  animaux  qui  se  nourrissent  de  végétaux  se  trouverait  expliquée. 

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lactase  dans  les  excréments  des  jeunes  mammifères  {C.  R.  Suc.  Biol.,  1906,  i,  1114).'  —  15. 
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diastasiques  [C.  R.  Soc.  Biol.,  lui,  810,  1901).  —16.  Ch.  Bierry  et  Giaja.  Sur  la  digestion 
des glucosides  et  du  lactose  {C.  R.  Soc.  Biol.,  1906,  i,  1039);  —  Digestion  des  glucosides  et 
des  hydrates  de  carbone  chez  les  Molluscjues  terrestres  (C.  R.  Soc.  Biol.,  1906,  ii,  48b).  — 
17.  A.  Brachin.  Recherches  sur  la  lactase  [Thèse  de  doctorat  universitaire,  Pharmacie,  Paris, 
1904");  —  Etude  critique  des  méthodes  de  recherche  de  la  lactase  (Joiirn.  de  Pharm.  et 
de  Chim. ,[6],  xx,  195,  1904);  —  Recherches  sur  la  lactase  [Journ.  de  Pharm.  etChim.,  ,6],xx, 
300,  1904). 

EM.    BOURQUELOT. 

LACTIQUES  (Acides)  et  LACTATES.  —  Les  acides  lactiques 
sont  des  acides  oxypropioniques,  c'est-à-dire  des  acides-alcools  en  C'.  Or  les  acides- 
alcools  en  C^  ne  peuvent  avoir  que  deux  formules: 

CH3  — CHOH  — COm      et      CH^OH  —  CH^  — CO^ll 

Acide  oxypropioniquo-r»..  Acide  oxypropioniqiie-?. 

L.i  première  formule  est  celle  d'un  acide-alcool  secondaire,  la  seconde  celle  d'un 
acide-aliool  [trimaire. 

Acide  oxypropionique-ji.  —  L'acide  oxypropio)iique-'^  n'existe  que  sous  une  seule 
forme;  on  l'appelle  encore  acide  hiclique-'ij,  acide  éthylénelactique,  acide  éthylrnolactique, 
3-p/'opano/oïçj<c;  mais  il  est  plus  couramment  désigné  sous  le  nom  d'acide  hydracrylique\ 
il  est,  en  effet,  bien  démontré  à  l'heure  actuelle  que  l'acide  éthylénelactique  et  l'acide 
hydracrylique,  d'abord  envisagés  comme  deux  compos<'s  dilférents,  constituent  en 
Idéalité  un  seul  et  môme  corps. 

La  préparation  de  l'acide  hydracrylique  est  purement  synthétique.  Elle  s'effectue  en 
faisant  réagir  l'oxyde  d'argent  sur  l'acide  li-iodoiiropionique,  ou  encore  en  traitant  le 
chloroéthanol,  CH'^CI  —  CH-Oll,  par  le  cyanure  de  potassium  et  en  ^liydratant  le  nitrile 
obtenu.  On  pourrait  aussi  l'extraire  du  suc  musculaire,  comme  l'a  lait  Wislicenus:  on 
précipite  l'extrait  de  viande  par  l'alcool  fort;  les  solutions  alcooliques  sont  distillées  et 
le  résidu  est  repris  par  l'eau;  les  liqueurs  aqueuses,   acidulées  [lar  l'acide  sulfuriiiue, 


77-i  LACTIQUES    (Acides). 

sont  agitt'cs  avec  de  l'étlier  qui  eu  extrait  les  acides  orgauiques.  Ou  évapore  l'étlier,  ou 
dissout  l'extrait  obteuu  daus  l'eau  et  ou  fait  bouillir  la  solution  avec  un  peu  de  carbo- 
nate de  plomb;  on  filtre  la  solution  et  on  la  traite  par  l'hydrogène  sulfuré;  on  chauffe 
dans  une  capsule,  pour  chasser  l'excès  d'hydrogène  sulfuré,  puis  on  neutralise  à  chaud 
par  le  carbonate  de  zinc.  En  évaporant  rapidement  et  ajoutant  de  l'alcool  à  90°,  il  se 
sépare  du  paralactate  de  zinc  (laclate-d  de  zinc^i  et  il  reste  dissous  dans  l'alcool  une  faible 
quantité  d'un  sel  soluble,  diflicilement  crislallisable;  c'est  l'éthylènelactale  de  zinc  de 
WisLiCENUs.  L'hydrogène  sulfuré  met  en  liberté  l'acide  de  ce  sel. 

L'acide  hydracrylique  est  un  liquide  sirupeux,  dédoublable  au-dessus  de  100"  en  eau 
et  acide  acrylique  : 

C1120H  -  CII^  —  C02H  =  H^O  +  CHi  =  CH  —  CO^ 

Il  donne  des  sels,  parmi  lesquels  les  mieux  étudiés  sont  ceux  de  sodium,  de  calcium, 
de  zinc,  ainsi  que  le  sel  double  de  calcium  et  de  zinc. 

Par  une  réaction  tout  à  fait  comparable  à  celle  qui  vient  d'être  mentionnée  pour 
l'acide  hydracrylique  libre,  les  hydracrylates  alcalins  et  alcalino-terreux  se  changent  en 
acrylates,  par  perte  d'eau,  (juand  on  les  chaulTe  au-dessus  de  leurs  points  de  fusion. 

Acide  oxypropionique-a.  —  Le  nom  d'acide  lactique  est  réservé  d'une  façon 
plus  spéciale  à  Vacide  oxypropionique-ci,  CH*  —  CH  OH  —  CO-H,  qui  possède  un  atome 
de  carbone  asymétrique  et  qui,  par  suite,  peut  se  présenter  sous  trois  états,  que 
distingue  leur  aclion  sur  la  lumière  polarisée  :  Vacide  lactique  inactif  par  compensation, 
Vacide  lactique  droit,  Vacide  lactique  c/nuche. 

Le  plus  anciennement  connu  de  ces  acides  est  l'acide  lactique  inactif,  ou  acide 
lactique  racémique,  provenant  de  la  fermentation  lactique  du  sucre  de  lait. 

Acide  lactique  inactif.  —  Synonymes:  Acide  lactique,  acide  lactique  ordinaire, 
acide  lactique  de  fermentation,  acide  cthylidènelactique,  acide  éthylidènolactique,  acide 
lactique  {d+ l),  acide  lactique  racémique,  acide  racémolactique,  acide  a-oxypropionique, 
propanoloique-2.  (Les  deux  dernières  désignations  appliquées  dans  un  sens  spécifique 
devraient  bien  plutôt  être  exclusivement  utilisées  dans  un  sens  générique,  comprenant 
à  la  fois  les  trois  acides  lactiques  racémiques,  droit  et  gauche).  C'est  cet  acide  que 
désigne  le  terme  d'acide  lactique  employé  sans  spécification  particulière. 

Il  a  été  découvert,  en  1780,  par  Scheele  dans  le  lait  aigri,  et  reconnu  comme  un  acide 
particulier  par  Berzélils.  La  composition  en  a  été  fixée,  en  1832,  par  MnscDEaLiCH  et 
LiicBiG.  Il  a  été  étudié  surtout  par  Wurtz  et  ^VlSLlCE.NUs;  sa  synthèse  a  été  réalisée  par 
SïRECKER.  Lewkowitsch  l'a  dédoublé  en  ses  composants  actifs  en  1883. 

Formation.  —  Il  prend  naissance  dans  un  grand  nombre  de  réactions.  C'est  ainsi  qu'il 
peut  être  obtenu  : 

«)  Dans  l'oxydation  du  glycol  isopropylénique  (Wurtz): 

CH3  —  CHOH  —  CH20H  +  20  =  H-'O  +  CH3  —  CHOH  —  CO^H 

Glycol  isopropyl(-ni(iuc. 

b)  En  chauffant  l'acide  chJoropropionique-a  ou  l'acide  bromopropioniqui'-a  avec  les 
alcalis  (Fkiedel  et  Machuca)  : 

CH2  -  CHCl  —  C02H  +  KOH  =  KCl  +  CH3  —  CHOH  —  COŒ 

Ac.  chloroiiropionique-a. 

c)  En  hydrogénant  l'acide-acétone  correspondant  au  glycol  isopr<qiyléniquiî,  c'est-à- 
dire  l'acide  pyruvique  (Wislicenus)  : 

CH3  —  CO  —  C02H  +  H2  =  CH3  _  CHOH  —  C02H 
Acide  pyruvique. 

d)  En  combinant  l'acétaldéhyde  avec  l'acide  cyanhydrique,  ce  qui  donne  le  nitrile 
lactique  et  en  hydratant  ensuite  ce  dernier  (Gautier  et  Simpson): 

CH3  —  COH  +  HCN  =  CH3  —  CHOH  —  CN 

Nitiilo  laclique. 

et 

CH3 -CHOH  — CN  +  2H20  +  HC1  =  NH ICI  h  CH3  -CHOH  — CO^H 


LACTIQUES    (Acides).  773 

'■)  Dans  l'artion  de  l'acide  azoteux  sur  l'aLunue  ou  aiide  auiiuopropionitiue-a  : 

Cil  '  -  CHiNH-\  —  CO-'H  +  NO-ilI  =  N2  +  [120  +  Cil  '  —  CHOU  -  CO^H 

Alaniiii". 

/■)  Dans  la  déeomposition  par  la  chaleur  de  l'acide  isonialique  (  Uhu.n.neu)  : 

CH3  —  COH  =  (C02H)â  =  CH3  —  CHOH  —  CO-Ml  +  CO2 

Aoiilo  isonialiiiue 

g)  Dans  raclion  de  l'eau  à  200''  sur  la  dichloracétone  asymétrique  (Ijnnkmann  et 
Zotta) : 

CH'-CO  — CHCI2 +  2H20  =  2HC1  +  CH^i  — CliOII  — CO^H 
Dichloraoétono. 

/()  Dans  l'aclion  de  la  lessive  de  potasse  bouillante  sur  l'acide  glycérique  (Dkp.i  s)  : 

'JCH-'OH  — CHOH  — CO2II  +  H2()=zzCH3_CHOH  — C02H  +  H  — C02H  +  C02H  — C02H  +  2il-i 
Aciilo  glycéi-i(iue.  Ac.  forniiqtie.         Ac.  oxalique. 

/)  Dans  l'action  de  la  pelasse  fondante  sur  la  glycérine  (Herter)  ; 

./)  Dans  l'action  des  alcalis  caustiques  et  chauds  sur  le  glucose  (Hoppe-Seylerj,  sur 
le  sucre  de  canne  (Herrman.n  et  Tollens),  sur  le  lactose  (Nencki  et  Siebeh),  sur  le  lévulose 
(Sorokin),  sur  l'arabinose  ou  le  xylose  (Katsuyama). 

L'acide  lactique,  libre  ou  salifié,  existe  à  l'état  naturel  dans  un  grand  nombre  de 
produits  animaux  ou  végétaux;  dans  beaucoup  de  cas,  il  provient  vraisemblablement 
(l'une  fermentation  de  matières  sucrées  sous  l'iulluence  des  ferments  lactiques.  Il  a  été 
signalé,  en  dehors  du  lait  aigii  et  des  fromages  provenant  de  ce  dernier,  dans  la 
choucroute,  dans  le  vin,  dans  le  suc  gastrique,  dans  l'urine  des  épileptiques,  dans  les 
produits  d'autolyse  du  foie,  dans  les  muscles  des  invertébrés,  dans  le  miel,  dans 
l'opium,  dans  le  tamarin,  dans  la  petite  centaurée,  etc.,  etc.  — 

Préparation.  —  1"  On  peut  préparer  l'acide  lactique  en  chaufTaiit,  pendant  3  heures, 
à  aO",  aOO  grammes  de  sucre  de  canne  avec  230  centimètres  cubes  d'eau  et  10  centimètres 
cubes  d'acide  sulfurique  dilué  (3  parties  d'acide  pour  4  parties  d'eau'i  ;  le  sucre  est  ainsi 
interverti.  Après  refroidissement,  on  ajoute  par  petites  portions,  pour  éviter  un  échauf- 
fement  notable,  400  ceiUimètres  cubes  de  lessive  de  soude  ilessive  des  savonniers, 
1  partie;  eau,  1  partie).  On  chauffe  ensuite  à  GO^-TO"  jusqu'à  ce  que  la  solution  cesse  de 
réduire  la  liqueur  de  Feblixc;  on  refroidit,  on  neutralise  par  l'acide  sulfurique,  on 
précipite  le  sulfate  de  soude  par  l'alcool  ;  on  sature  à  chaud  par  du  carbonate  de  zinc, 
on  filtre  bouillant  et  on  sépare  après  un  long  refroidissement  le  lactate  de  zinc  cristal- 
lisé; ce  dernier,  décomposé  par  l'hydrogène  sulfaté,  fournit  l'acide  lactique. 

2°  L'acide  lactique  se  prépare  communément  par  fermentation. 

a)  On  met  en  présence  du  glucose,  de  l'eau,  du  carbonate  de  calcium  pulvérisé  et  du 
vieux  fromage;  ce  dernier  ensemence  la  masse  en  ferment  lactique.  On  maintient  le 
tout  à  une  température  de  35°  à  42"  en  agitant  fréquemment.  Le  glucose  se  dédouble 
en  donnant  2  molécules  d'acide  lactique  : 

C6H12O6  =  2CHS  —  CHOH  —  C02H 

l/acide  lactique  produit  réagit  sur  le  carbonate  de  calcium  pour  donner  du  lactate 
de  calcium  de  telle  sorte  que  le  milieu  reste  sensiblement  neutre.  (  e  ([ui  permet  à  la 
fermentation  lactique  de  se  continuer  dans  des  conditions  favorables.  Au  bout  de 
quelques  jours,  la  liqueur  se  prend  en  masse  par  suite  de  la  cristallisation  du  lactate 
de  calcium;  sans  attendre  plus  longtemps,  — afin  d'éviter  l'établissement  de  la  fermen- 
tation butyrique  et  la  transformation  du  lactate  de  calcium  en  butyrate  de  calcium,  — 
on  exprime  le  sel  et  on  le  purifie  par  plusieurs  recristallisations  dans  l'eau  bouillante. 
Ou  met  l'acide  lactique  en  liberté  par  l'acide  oxalique  employé  en  quantité  théorique- 
ment calculée,  ou  encore  par  l'acide  sulfuri((iie;  dans  ce  cas,  on  peut  précipiter 
par  l'alcool  la  faible  quantité  de  sulfate  de  chaux  restée  en  solution.  La  solution  est 


774  LACTIQUES    (Acides). 

ensuite  concentrée  après  filtration.  Pour  obtenir  un  produit  plus  pur,  on  peut  le  saturer 
par  le  carbonate  de  zinc  àl'ébullition  et  faire  cristalliser  le  lactate  de  zinc;  ce  dernier 
est  ensuite  décomposé  par  l'hydrogène  sulfuré. 

b)  Dans  l'industrie,  on  obtient  aussi  l'acide  lactique  par  fermentation  des  produits 
de  la  saccharification  diastasique  du  malt.  Le  moût,  convenablement  préparé  et  stérilisé 
par  ébuUition,  est  ensemencé  vers  45°  avec  du  ferment  lactique  pur,  après  avoir  été 
additionné  de  carbonate  de  calcium  destiné  à  maintenir  sa  neutralité;  après  cinq  à 
six  jours  à  45°,  on  précipite  au  moyen  d'une  matière  tannante  les  matières  albumi- 
noïdes  contenues  dans  la  liqueur;  on  filtre  et  on  concentre,  pour  faire  cristalliser  le 
lactate  de  calcium,  dont  on  peut  retirer  l'acide  lactique,  comme  cela  vient  d'être 
indiqué. 

On  a  aussi  indiqué,  comme  moyen  de  purification  de  l'acide  lactique,  le  passage 
par  le  lactate  d'aniline  (Blume.nthal  et  Chain). 

D'après  Gadamer,  l'acide  lactique  du  commerce  serait  fréquemment  mélangé  d'acide 
lactique  droit;  ou  peut  constater  en  efl'et  qu'il  n'est  pas  toujours  complètement  inaclif 
sur  la  lumière  polarisée. 

Propriétés.  —  Obtenu  par  concentration  de  sa  solution  aqueuse,  l'acide  lactique  se 
présente  sous  forme  .sirupeuse. 

Abandonné  à  lui-même,  à  la  température  ordinaire,  alors  même  qu'il  retient  encore 
un  peu  d'eau,  il  se  change  peu  à  peu  en  anhi/dride  lactique  ou  acide  lactijUactique  (syno- 
nymes :  acide  dilactique,  lactate  de  lactyle),  corps  résultant  de  l'éthérification  d'une 
molécule  d'acide  lactique  fonctionnant  comme  alcool  par  une  autre  molécule  d'acide 
lactique  fonctionnant  comme  acide  : 

CH^  — CHOH         GOGH      CH3  — CHOH.   COOH 

1      +      1       =       I        I         +  H20 
COOH     HOHC  — CHï  00  — 0  — CH  — CHs 

Cette  transformation  est  surtout  active  quand  on  le  place  dans  une  atmosphère 
maintenue  sèche. 

C'est  sous  la  forme  sirupeuse,  contenant  quelques  centièmes  d'eau,  que  se  présente 
le  plus  souvent  l'acide  lactique;  il  en  est  ainsi  de  l'acide  lactique  officinal  (Codex  1908), 
destiné  aux  usages  thérapeutiques;  il  est  incolore,  inodore,  de  saveur  fortement  acide, 
de  densité  1,24  à  15". 

Si  l'acide  lactique,  soigneusement  desséché,  est  soumis  à  la  distillation  dans  le  vide, 
on  obtient  un  produit  qui  cristallise  au  bout  de  quelque  temps.  L'acide  lactique  pur, 
ainsi  obtenu,  constitue  de  gros  cristaux  durs  fusibles  à  18°,  distillant  à  119°,  sous  la 
pression  de  12  millimètres  (Krafft  et  Dyes)  ;  il  est  très  hygroscopique  et  très  déliques- 
cent; aussi,  reste-t-il  le  plus  souvent  à  l'état  de  liquide  surfondu,  très  sirupeux,  de 
densité  1,2485  à  15°.  Il  est  miscible  à  l'eau  et  à  l'alcool  et  soluble  dans  l'éther.  Il  est 
sans  action  sur  la  lumière  polarisée. 

Oxydé  par  l'acide  chromique,  l'acide  lactique  donne  de  Vacide  acétique,  de  l'eau  et 
de  ['oxyde  de  carbone. 

L'oxydation  par  le  bioxyde  de  manganèse  et  l'acide  sulfurique  donne  de  l'aldéhyde 
acétique,  CH'  — CHO,  de  l'eau  et  de  l'anhydride  carbonique. 

L'acide  nitrique  fournit  de  l'acide  oxalique  et  le  permanganate  de  potassium  conduit 
à  Vacide  pyruvique,  CH*  —  CO  —  CO-H,  acide-acétone  correspondant. 

Inversement,  l'hydrogénation  à  chaud  par  l'acide  iodhydrique  concentré  donne  lieu 
à  la  formation  d'acide  propionique,  CH^  —  CH^  —  CO-H. 

Avec  l'iode  et  les  alcalis,  on  obtient  de  l'iodofoi'me  CHP  et  de  l'acide  formique, 
H  — CO^H. 

En  dehors  de  l'acide  lactyllactique  signalé  précédemment,  l'acide  lactique  peut 
donner  naissance,  sous  l'influence  de  la  chaleur  ou  dans  des  conditions  variées,  à 
d'autres  anhydrides  qui  sont  : 

Le  r-lactide  ou  dilactide  ou  lactide  : 

CH3  — CH  —  C02 

I  I 

00-^  — CH-CH3 


LACTIQUES    (Acides).  775 

tient  la  formule  cyclique  indique  bien  le  mode  de  formation  résultant  de  lélhérilication 
réciproque  do  doux  molt'cules  lacti<iuos,  produisaut  deux  fonctions  d'rtlier-sel  ; 

l.'acide  r-'actyl-Utcti/l-lactiqur,  résultan  d-i  1  •;  liériticatiou  récipro(iue  de  trois  molé- 
cules d'acide  lactique  : 

Cir'  CH3  CH 

I  I  i 

CHOU  —  CO^  —  CH  —  C02  —  CH  —  CO^H 

V acide  r-dilactique  ou  r-dilactylique  : 

CH»       CH3 

I  I 

C02H  —  CHO  —  CH  —  C03H 

engendré  par  les  fonctions  alcooliques  de  deux  molécules  d'acide  lartique. 

L'acide  lactique  peut  donner  naissance  à  des  dérivés  de  siilstitution  tels  que 
Vacide  irichlorolactique-^^p,  CGl^  —  CHOU  —  CO-H,  et  l'acide  ti ibromolactique-^.y^, 
CBr»  —  CHOH  — CO-Il.  Ces  acides  lactiques  trihalogénés,  chauffés  à  150"  avec  du 
chloral,  se  condensent  pour  former  des  corps  désignés  sous  le  nom  de  cldoralidea  ou  de 
bromalides  : 

0 

CC13  —  CHOH  —  C02H  +  CCP  —  CHO  =  CCI»  -  CH<^"^CH  —  CCI»  -f-  H^O 
Acide, triclilorolactiquo.  Chloral.  çq2 

Éthers.  —  L'acide  lactique  peut  donner  des  étliers  par  sa  fonction  alcoolique  et  |)ar 
sa  fonction  acide. 

Les  éthers  oxydes  formés  par  la  fonction  alcoolique  sont  relativement  stables;  il  en 
est  ainsi  de  l'acide  méthyllactique,  CH*  — CH  (O.GIP)  —  CG^H  on  acide  métlioxypro- 
pionique-a,  de  Vacide  éthyllactique,  CH^  —  CH  (O.C^H;'))  —  CO-H  ou  acide  éthoxypro- 
pionique-oL. 

Comme  élhers-sels  formés  aux  dépens  de  la  fonction  alcoolique,  on  peut  citer  Vacide 
nilrolactique,  CR'  —  CH  (NO ')  —  CO^H,  et  Vacide  acétyllactique,  CH^  —  CH  (C^H'^O-)  —  GO^H 
ou  acide  acétoxypropionique-'x. 

Les  éthers  de  l'acide  lactique  fonctionnant  comme  acide  sont  rapidement  décomposés 
par  l'eau;  tels  sont  le  lactate  de  méthyle,  CH'  — CHOH  —  CO-CH',  et  le  lactate  d'éthyle, 
CH»  — CHOH  — CO^C^HS.  ' 

Sels.  —  Les  sels  métalliques  neutres  de  l'acide  lactique  inactif,  de  formule  générale 
CH»  —  CHOH  —  CO^M,  sont  presque  tous  solubles  dans  l'eau;  ils  peuvent  être  préparés 
soit  par  saturation  de  l'acide  lactique  au  moyen  des  carbonates,  soit  par  double  décom- 
position entre  les  sulfates  métalliques  solubles  et  le  lactate  de  calcium. 

Le  lactate  de  sodium,  CH»  —  CHOH  — CO-Na,  est  amorphe  et  déliquescent. 

Le  lactate  de  calcium,  (CH»  — CHOH  —  CO^j^Ca  +  o  H^O,  est  le  sel  qui  se  produit 
au  cours  de  la  préparation  de  l'acide  lactique  par  fermentation.  Il  cristallise  en  aiguilles 
se  disposant  en  sphéro-cristaux.  H  est  soluble  dans  9,5  parties  d'eau  froide,  très  soluble 
dans  l'eau  bouillaute  et  insoluble  dans  l'alcool  froid. 

Le  lactate  de  calcium  est  susceptible  de  subir  de  nombreuses  fermentations,  en  par- 
ticulier la  fermentation  butyrique;  de  là,  la  nécessité  de  ne  pas  abandonner  trop  long- 
temps à  lui-même  le  mélange  utilisé  au  cours  de  la  préparation  de  l'acide  lactique,  sous 
peine  de  voir  le  lactate  de  chaux,  attaqué  à  son  tour,  être  l'objet  de  la  fermentation 
butyrique  ;  en  dehors  d'une  grande  quantité  d'acide  butyrique,  celle-ci  produit  auss 
de  l'acide  propionique,  de  l'acide  valérianique  normal  et  de  l'alcool  éthyliquc  (FiTz). 
Sous  l'influence  d'un  ferment  particulier,  dit  ferment  propionique,  le  lactate  de  calcium 
se  détruit  en  donnant  du  propionate,  du  valérianate  normal  et  de  l'acétate. 

Le  lactate  de  zinc,  (CH»  — CHOH  —  CO')-Zn  +  SH^O,  se  présente  sous  forme  de 
cristaux  prismatiques  à  base  rectangle;  il  est  soluble  dans  o3  parties  d'eau  à  lii"  et  dans 
6  p.  d'eau  bouillante,  presque  insoluble  dans  l'alcool. 

Le  lactate  de  zinc  et  d'amnioniiim, 

(CH3  — CHOH  — C02)^Zn  +  CH»  — CHOH  — CO^NHi  +  3H^0 


776  LACTIQUES    (Acides). 

est  très  soluble  dans  l'eau;  il  a  pu  être  séparé  par  cristallisation  en  deux  sels  différents, 
correspondant  respectivement  à  l'acide  lactique  droit  et  à  l'acide  lactique  gauche.  Les 
-méthodes  propres  au  dédoublement  de  l'acide  lactique  inactif  en  ces  deux  acides,  seront 
d'ailleurs  signalées  plus  loin  à  l'occasion  de  l'étude  de  ces  derniers. 

Le  laclate  de  cuivre,  (CH-^  —  CHOH  —  CO^j^Gu  +  2H-0,  forme  des  prismes  rhomlioï- 
daux  obliques,  bleus,  efflorescents;  il  est  soluble  dans  G  p.  d'eau  froide  et  dans  2,2  p. 
d'eau  bouillante. 

Le  lactate  ferreux  :CH'— CHOH —  C0-)2Fe  +  3H-0,  se  prépare  par  double  décom- 
position entre  le  lactate  de  calcium  et  le  sulfate  ferreux;  la  liqueur  résultant  du  mé- 
lange de  ces  deux  sels  est  additionnée  d'un  peu  d'alcool  pour  précipiter  la  petite  quan- 
tité de  sulfate  de  chaux  resté  dissous,  filtrée  et  convenablement  concentrée.  Il  cristallise 
en  aiguilles  jaune  verdâtre,  solubles  dans  48  p.  d'eau  à  lo»  et  dans  12  p.  d'eau  bouil- 
lante. Il  est  assez  souvent  utilisé  en  thérapeutique. 

Les  lactates  mercureux  et  merciiriqite, 

(CH3  — CHOH  — C02  2Hg2  + H20      et      (CH3  — CHOH  — C02)2Hg 

s'obtiennent  en  traitant  les  oxydes  correspondants  par  l'acide  lactique  exempt  d'anhy- 
ilride  ((iiKiutET,  1902). 

Acide  lactique  droit.  —  Synonymes  :  Acide  sarcolactiqiie,  acide  paralactique,  aride 
lactiqite-d,  acide  lactique  musculaire.]  Isolé,  eu  1808,  du  suc  des  muscles  par  Bebzklius, 
qui  l'identifiait  avec  l'acide  lactique  de  fermentation,  il  a  été  nettement  différencié  de 
ce  dernier  par  Liebig  (1847),  qui  l'a  nommé  acide  sarcolactique,  pour  rappeler  son 
origine. 

Il  a  été  reconnu  actif  sur  la  lumière  polarisée  par  Wisi.icenus  en  1869  et  obtenu 
en  1883  par  Lewkowitscu  dans  le  dédoublement  de  l'acide  lactique  inactif. 

En  dehors  des  muscles,  on  l'a  retrouvé  dans  le  sang  de  l'hornme  et  des  animaux 
(Gaglio,1886).  On  l'a  vu  dans  la  bile  de  porc  Sïrecker),  dans  l'urine,  à  la  suite  de  l'em- 
poisonnement par  le  phosphore  ou  après  une  marche  forcée  (Colas.xnti  et  Mosgatelli). 

Formation.  —  a)  Si  l'on  cultive  le  Pénicillium  (jlaucum  sur  une  solution  nutritive 
contenant  du  lactate  d'ammoniaque  inaclif  (ou  racémolactate  d'ammoniaque),  on 
constate  que  ce  sel  est  dédoublé  en  lactate  droit  et  lactate  gauche;  celui-ci  est  détruit  le 
premier,  de  sorte  qu'à  un  moment  donné  il  ne  reste  dans  la  liqueur  que  du  lactate 
droit  (Lewkowitsch,  1883}. 

^  b)  Par  cristallisation  fractionnée  du  racémolactate  de  zinc  et  d'ammoniaque,  on 
peut  obtenir  le  lactate  droit  de  zinc  et  d'ammoniaque,  ce  sel  étant  un  peu  moins  soluble 
que  le  lactate  gauche  correspondant  (Purdie,  1892). 

c)  Le  lactate  droit  de  strychnine  s'obtient  d'une  façon  analogue  par  cristallisation 
fractionnée  de  racémolactate  de  strychnine  (Purdie  et  Walker,  1892). 

d)  De  même,  le  dédoublement,  par  cristallisation  fractionnée,  du  racémolactate  de 
quinine  permet  d'obtenir  le  lactate  droit  de  quinine  à  cause  de  sa  solubilité  différente  de 
celle  du  laclate  gauche  (Juxgfleisch,  1904,. 

e)  On  a  vu  antérieurement  que  l'acide  lactique  de  fermentation  n'est  pas  toujours 
complètement  inactif  sur  la  lumière  polarisée  :  il  peut  renfermer  de  l'acide  lactique 
droit  en  quantité  prédominante  par  rapport  à  l'acide  gauche.  D'après  Mal  y,  la  fermen- 
tation lactique  de  la  dexlrine,  du  saccharose,  du  glucose  et  du  lactose,  opérée  en  pré- 
sence de  muqueuse  de  l'estomac,  fournirait  un  grand  excès  d'acide  lactique  droit  sur 
l'acide  lactique  gauche.  Il  se  fait  de  l'acide  lactique  droit  dans  la  fermentation  du 
glucose  par  le  Micrococcus  acidi  lactici  {î^escki  etSiEiîER,  1889)  et  dans  celle  du  saccharose 
par  le^  Bacterium  coli  commune  (Péré,  1898). 

Préparation.  —  L'acide  lactique  droit  ou  sarcolactique  peut  être  retiré  de  l'extrait 
de  viande,  purifié  par  transformation  en  sarcolactate  de  zinc,  et  régénéré  de  ce  sel  par 
traitement  par  l'hydrogène  sulfuré. 

Ou  l'obtient  beaucoup  plus  pur  par  décomposition  du  lactate  droit  de  quinine, 
au  moyen  d'un  excès  d'hydrate  de  baryte;  la  quinine  est  enlevée  par  des  agitations 
avec  l'alcool  amylique;  dans  la  liqueur  privée  d'alcaloïde,  on  précipite  exactement 
le  baryte  au  moyen  d'acide  sulfurique  dilué  et  on  filtre;  l'acide  lactique  contenu  dans 


LACTIQUES    (Acides).  777 

la  solution   est    ensuite   Iraiisfonni'    en    sel   de   zinc   qu'on    purifie    par   crislallisalion 
(JuN(;i'LEisr.n). 

Propriéli'g.  —  Il  se  présente  généralement  sous  foiine  d'un  litjuide  siinprux,  dont 
les  propriétés  (à  part  le  pouvoir  ro(atoiro)  et  les  réactions  sont  tout  à  fait  (■(inii)aial)lcs 
à  celles  de  l'acide  lacliiine  inartif;  il  a  d'ailleurs  (''té  obtenu  à  l'état  crislallist'-  pai- Jijm;- 
ii.Eiscii  et  GonciioT  (190;ii,-en  aiguilles  prisinati(jues  d'un  aspect  nett(;meut  diiïérent  de 
celui  des  cristaux  d'acide  lactique  inactif;  il  fond  alors  vers  2.")-2G".  Le  pouvoir  rolatoire 
dimitnie  quand  la  dilution  de  la  solution  augmente,  il  est  dt;  a„rT=-i-  3", 82  à  15°,  pour 
une  solution  contenant  10  gr.,  4ÎJ8  dans  lOO""'"-'.  Mainicnu  dans  une  atmosphère  sèche 
à  l'élat  sirupeux,  il  donne,  comme  l'acide  lactique  inactif,  un  acide  lactyllactiqice,  mais 
ce  dernier  composé  est  lui-même  actif  sur  la  lumière  polarisée  qu'il  dévie  à  gauche. 

Le  diliictidi',  qu'on  obtient  par  chauffage  au-dessus  de  liiO",  est  identique  à  celui  de 
lacide  ordinaire;  par  hydratation,  on  peut  reproduire  ce  dernier  acide,  de  telle  sorte 
que  se  trouve  ainsi  réalisée  la  transformation  de  l'acide  lactique  droit  en  acide  lacli(iue 
inactif  sous  l'action  de  la  chaleur. 

Sels.  —  Les  sels  de  l'acide  lactique  droit  (comme  d'ailleurs  les  éthers-oxydes  et  les 
élhcrs-sels)  possèdent  un  pouvoir  rotatoire  opposé  à  celui  de  l'acide  gén(''rateur;  ils  sont 
donc  lévogyres;  ils  sont  en  général  plus  solubles  dans  l'eau  que  ceux  de  l'acide  lactique 
ordinaire,  sauf  toutefois  le  sel  de  calcium  (jui  et,  au  contraire,  moins  soluble. 

Le  lactatc-d  de  calcium,  (CH'  —  CHOH  — CO- -Ca  +  4H-0,  se  dissout  dans  12,4  p. 
d'eau  froide;  il  est  soluble  dans  l'alcool  chaud. 

\.e  lactate-d  de  zinc,  (CH''  —  CHOH  —  CO-j^Zn  +  2H"-0,  cristallise  en  prismes  courts 
et  brillants.  C'est  un  sel  qui  permet  de  caractériser  Vacide  laclique-d;  il  contient,  en 
effet,  une  molécule  d'eau  de  cristallisation  de  moins  que  celui  de  l'acide  lactique  inaclif. 
Son  pouvoir  rotatoire  augmente  fortement  quand  s'accroît  la  dilution  de  la  solution 
acjueuse;  il  est  de  «d ^  —  1.3", 35  pour  une  solution,  contenant  O''',ol2  de  sel  sec  de 
100  centimètres  cubes. 

Le  lactate-d  de  zinc  et  d'ammonium, 

(CH3  — CHOli  — C02j2Zii  +  CH3  — CHOH  — CO-^NHi  +  'iU'O 

est  un  peu  moins  soluble  dans  l'eau  que  le  lactate-1. 
Acide  lactique  gauche  (Synonyme.  Acide  luctique-l). 

a)  Il  a  été  obtenu  tout  d'abord  par  Scuardinger  en  1883  des  produitsde  fermentation, 
par  le  Baciltus  acidi  Ixvolactici,  k  36°,  des  solutions  de  sucre  de  canne,  de  glucose,  de 
sucre  de  lait  ou  de  glycérine. 

b)  L'action  du  Bacterium  coli  commune  sur  le  sucre  de  lait,  la  mannite,  la  dulcite  ou 
la  glycérine  donne  lieu  à  la  formation  d'acide  lactique-1  (Pkré).  Il  en  est  de  même  dans 
la  fermentation  du  sucre  de  canne  par  le  bacille  du  choléra  (Gosio)  ou  dans  la  fermen- 
tation butyrique  du  lactate  de  calcium  inacLif,  le  lactate  droit  étant  détruit  plus  rapi- 
dement que  le  lactate  gauche. 

c)  L'acide  lactique-1  a  été  obtenu  à  l'état  pur  par  Jungfleisch  et  Godchot  (1906)  en 
partant  du  laclate-l  de  quinine,  passant  par  le  lactatel  de  zinc  et  décomposant  ce  der- 
nier sel  par  l'hydrogène  sulfuré,  dans  des  conditions  un  peu  spéciales,  analogues  d'ail- 
leurs à  celles  observées  pour  la  décomposition  du  lactate-d  de  zinc. 

Propriétés.  —  L'acide  lactique-1  préparé  tout  à  fait  pur  par  ce  dernier  procédé  forme 
des  cristaux  analogues  à  ceux  de  l'acide  laclique-d.  Ils  sont  très  hygroscopiques;  ils 
fondent  à  20''-27".  Ils  possèdent  un  pouvoir  rotatoire  lévogyre,  d'autant  plus  faible  ([ue 
la  dilution  des  solutions  augmente;  ce  fait  correspond  à  ce  qui  se  passe  avec  l'acide 
laclique-d;  en  effet,  pour  l'acide  lactique-1  et  pour  l'acide  lactique-d,  en  opérant  dans 
les  mêmes  conditions  de  température  et  de  concentration,  on  trouve  pour  a^  des  valeurs 
sensiblement  égales  et  de  signes  contraires. 

D'après  Jungfleisch,  l'acide  lactique-d  et  l'acide  lactiijue-1  ne  seraient  pas  tout  à 
fait  identiques,  ne  se  conduisant  pas  d'une  manière  semblable  dans  certaines  réactions; 
c'est  ainsi  que,  sous  l'influence  des  alcalis,  l'acide  lactique-l  se  montre  beaucoup  plus 
facilement  transformable  que  l'acide  lactique-d  en  acide  lactique  inactif  (acide  lac- 
tique d  +  l). 


778  LACTIQUES    (Acides). 

Sels.  —  Les  solutions  aqueuses  des  sels  de  l'acide  laclique-1  sont  dextrogyres.  Men- 
tionnons :  le  lactate-I  de  lithium,  CH'  —  CHOH  —  CO'^Li  +  ^  U-0;  le  lactate-l  de  calcium 
(CH'  —  ClIOH  —  C02)2Ga  +  4,5  H'^O;  le  lactate-l  de  zinc, 

(CH3  —  CHOH  —  C02)2Zn  +  2H'''0 

le  lactate-l  de  zinc  et  d'ammoniuin, 

iCH^  —  CHOH  —  C02)2  =  Zn  +  CH»  —  CHOH  —  C02NHi  +  2H20 

le  lactate-l  d'argent,  CH-'  — CHOH  — CO^  Ag  +  ^  H^O. 

Recherche  et  caractérisation  de  Tacide  lactique.  —  L" acide  lactique,  sous  ses 
diverses  formes,  inactive,  droite  et  gauche,  peut  être  décelé  par  le  réactif  d'UFFELU.vNN. 
Ce  réactif  dont  la  formule  est  : 

Perchlorure  de  fer  officinal H  gouttes 

Solution  aqueuse  du  phénol  ù  4  p.  1000.   .    .       100  cmc. 

a  naturellement  une  coloration  violet  amétliyste;  il  devient  jaune  franc  quand  on  l'addi- 
tionne de  traces  d'acide  lactique  libre.  Ce  réactif  peut  d'ailleurs  être  remplacé  par  celui 
de  Berg, 

Perchlorui'e  c\e  fer  ofticin.il H  gouttes 

Acide  chloi-hydriqut' H      — 

Eau  distillée 100  cmc. 

qui  est  sensiblement  incolore  et  qui  passe  au  jaune  sous  l'influence  de  l'acide  lactique. 

Ces  réactifs  permettent  de  retrouver  l'acide  lactique  en  présence  d'acides  chlorhy- 
drique,  acétique  ou  butyrique;  aussi  les  emploie-t-on  fréquemment  pour  la  recherche 
de  l'acide  chlorhydrique  dans  le  suc  gastrique;  il  faut  toutefois  se  rappeler  qu'ils  carac- 
térisent non  seulement  l'acide  lactique,  mais  les  acides-alcools  en  général;  leur  emploi 
n'est  donc  justifié  qu'en  l'absence  certaine  de  tout  acide-alcool  autre  que  l'acide 
lactique. 

Pour  déceler  avec  sîlreté  l'acide  lactique  et  en  reconnaître  la  variété,  inactive  ou 
droite  ou  gauche,  il  faut  préparer  un  dérivé  caractéristique  de  l'acide  lactique.  Dans 
ce  but,  c'est  généralement  au  sel  de  zinc  qu'on  a  coutume  de  s'adresser. 

Les  méthodes  utilisées  subissent  quelques  variantes  suivant  les  auteurs;  elles  con- 
sistent essentiellement  à  mettre  l'acide  lactique  eu  liberté  au  moyen  d'un  acide  minéral 
ou  de  l'acide  oxalique,  à  extraire  l'acide  lactique  au  moyen  de  l'éther,  à  faire  le  lactate 
de  baryum  par  saturation  au  moyen  de  l'eau  de  baryte  et  à  transformer  ce  dernier  en 
lactate  de  zinc;  à  cet  effet,  on  peut  opérer  soit  par  double  décomposition  au  moyen  du 
sulfate  de  zinc,  soit  par  saturation  par  le  carbonate  de  zinc,  en  milieu  aqueux  bouillant, 
après  extraction  par  l'éther  de  l'acide  lactique  mis  en  liberté  du  lactate  de  baryum  au 
moyen  de  l'acide  phosphorique.  Les  liqueurs  aqueuses  «ontenant  le  lactate  de  zinc 
laissent  cristalliser  ce  sel  par  refroidissement  après  concentration  convenable. 

Le  sel  obtenu  est  e.xaminé  au  point  de  vue  de  sa  solubilité,  de  sa  teneur  en  eau,  de 
sa  teneur  en  zinc  (dosé  à  l'état  d'oxyde  de  zinc)  et  de  son  action  sur  la  lumière  pola- 
risée. En  se  reportant  aux  caractères  propres  à  chacun  des  divers  lactates  de  zinc,  on 
pourra  ainsi  caractériser  comme  inactif,  droit  ou  gauche,  l'acide  lactique  qui  a  fourni 
le  sel  analysé. 

Cependant  il  ne  faut  pas  oublier  que  de  nombreuses  précautions  doivent  être  prises 
pour  éviter  qu'au  cours  de  l'extraction  de  l'acide  lactique  il  ne  se  produise  une  isomé- 
risation  plus  ou  moins  complète  de  l'acide  et  aussi  des  déshydratations  aboutissant  à  la 
formation  d'acide  lactyllactique  ;  ces  faits  ne  doivent  pas  être  perdus  de  vue  au  cours 
de  la  détermination  des  acides  lactiques  résultant  de  nombreuses  fermentations  micro- 
biennes. 


LACTIQUE    (Fermentation).  77M 

L'acide  lacliciuo,  en  solution  aqueuse  ne  contenant  pas  d'autres  acidos  pont  être 
litre  par  voie  acidimt'-trique;  mais  si  l'on  part  d'une  solution  concentrée,  il  faut  se 
rappeler  (la'une  telle  solution  contient  {.'énéralemont  de  l'acide  iaetyllartitjuo  dont  l'aci- 
dité est  moitié  moindre  que  celle  de  l'acide  lacti(jne  dont  il  dérive;  aussi,  est-il  lion  de 
procéder  au  litraj^e  en  faisant  bouillir  pendant  environ  i")  minutes  un  poids  eonnu  de 
la  -solution  à  doser  avec  une  (|uantité  mesurée  de  solution  alcaline  titrée  prise  en  excès. 
L'acide  lactyllactique  est  ainsi  hydrolyse;  après  relVoidissement  on  titre  l'excès  d'alcali 
ajouté  :  par  différence,  on  a  la  quantité  d'alcali  correspondant  à  l'acide  lacti(pie  total 
contenu  dans  la  prise  d'essai. 

Bibliographie.  —  Il  a  semblé  inutile  d'indiquer  ici  la  loiij^ue  liste  bibliographique 
des  recherches  se  rapportant  à  l'acide  lactique  sous  ses  diverses  formes.  Beaucoup  de 
ces  travaux  n'ont  d'ailleurs  pour  le  physiologiste  qu'un  intérêt  tout  à  fait  éloigné.  Le  lec- 
teur trouvera  dans  les  ouvrages  suivants  l'indication  des  mémoires  ((u'il  lui  paraîtrait 
utile  de  Consulter  directement  :  Beilstkin,  Handbuch  der  onjanischen  Chemie,  3'-  édit., 
I,  1)52-560,  1893;  Err/mzwujsband,  I,  221-224,  1901.  —  Morel,  Précis  de  technique  c/ti- 
7?ji(^Hc,  252-256,  Paris,  1909.  —  Wurtz.  Dictionnaire  de  chimie,  2,  17")-188,  1873;  l^'■  sup- 
plément, 2,973;  2«  supplément,  178-186,  1907. 

H.    HÉRISSEY. 

LACTIQUE  (Fermentation^.  — On  désigne  sous  le  nom  de  fermentation 
lactique  la  transformation,  sous  l'intluence  de  microrganismes,  de  certains  composés 
organiques  se  rattachant  plus  spécialement  mais  non  exclusivement  au  groupe  des 
sucres,  en  un  acide  de  formule  C^H^O';  dans  le  cas  présent,  cette  formule  doit  être 
considérée  comme  exprimant  indifféremment  l'une  des  trois  formes  de  l'acide  lactique, 
inactive,  droite  ou  gauche  (voir  Lactiques  (Acides). 

La  fermentation  lactique  se  produit  dans  une  foule  de  circonstances  et  au  cours  d'un 
grand  nombre  d'opérations  industrielles,  telles  que  celles  qui  sont  du  ressort  de  la  lai- 
terie, de  la  distillerie,  de  la  préparation  de  la  choucroute.  La  fermentation  lactique  se 
développe  notamment  dans  le  lait  qu'on  abandonne  à  lui-même  ;  plus  ou  moins  rapide- 
ment, suivant  la  température  ambiante,  le  lait  devient  acide  et  se  coagule  sous  l'in- 
Uuence  de  l'acide  ainsi  iiroduit. 

L'acide  lactique  a  précisément  été  découvert  par  Scheele  (HO)  dans  le  lait  aigri,  en 
1780.  Il  fut  reconnu  clétinitivement,  en  1830,  comme  un  acide  particulier  par  Berzé- 
LiLs  (10),  qui  le  différencia  nettement  de  l'acide  acétique,  avec  lequel  on  l'avait  parfois 
confondu.  En  1813,  Braco.nnot  (16)  l'avait  rencontré  dans  la  liqueur  provenant  de  la 
fermentation  du  riz  abandonné  sous  l'eau,  à  une  douce  chaleur,  du  jus  de  betterave 
conservé  dans  les  mêmes  conditions,  de  haricots  et  de  pois  bouillis  dans  l'eau,  puis 
abandonnés  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  devenus  aigres,  dans  l'eau  sure  provenant  du  levain 
des  boulangers;  il  le  considérait  d'ailleurs  comme  un  acide  spécial,  auquel  il  avait 
donné  le  nom  d'acide  nancéique. 

BoLTRON  et  Frkmy  (14),  Pelouze  et  Gklis  (89)  ont  tlxé  les  conditions  matérielles  les 
plus  favorables  à  l'obtentiou  de  l'acide  lactique  au  moyen  de  la  fermentation.  D'après 
leurs  rechei'ches,  cette  fermentation  exige,  pour  se  produire,  la  présence  de  matières 
albuminoïdes  en  voie  de  décomposition,  et  elle  ne  peut  continuer  que  si  l'on  empêche 
le  degré  d'acidité  de  la  liqueur  de  dépasser  certaines  limites.  Les  premiers  saturaient 
de  temps  en  temps  le  liquide  avec  du  bicarbonate  de  sodium,  procédé  qui  a  l'inconvé- 
nient de  forcer  l'observateur  à  une  continuelle  surveillance;  les  seconds  conseillaient 
d'ajouter  immédiatement  du  carbonate  de  calcium,  qui,  à  cause  de  son  insolubilité 
dans  l'eau,  peut  être  employé  en  une  seule  fois  au  début  de  l'opération;  sa  présence, 
même  en  grand  excès,  ne  nuit  en  rien  aux  résultats,  car  il  ne  prend  part  à  la  réaction 
qu'au  fur  et  à  mesure  du  besoin. 

Vers  la- même  époque,  d'autres  chimistes,  parmi  lesquels  il  faut  citer  (Ioulev  (42)  et 
Bensch  (6)  se  sont  encore  occupés  de  la  fabrication  pratique  de  l'acide  lactique  ou  du 
lactate  de  calcium  au  moyen  «le  la  fermentation  lactique  :  si  l'on  veut  préparer  de 
l'acide  lactique  à  l'aide  du  lait,  on  abandonne  quelque  temps  ce  lait  à  lui-même,  aune 
douce  température,  et  lorsqu'il  devient  acide,  on  l'additionne  do  carbonate  de  calcium. 
Après  un  temps  suffisant,  on  arrive  ainsi  à  obtenir  la  transformation  de  la  totalité  du 


780  LACTIQUE    (Fermentation), 

lait  en  acide  lactique,  lequel  passe  à  l'état  do  sel  de  calcium.  Au  lieu  de  lail,  on  peut 
se  servir  d'une  solution  sucrée  additionnée  d'une  matière  albuminoïde  quelconque  : 
gluten,  fibrine,  albumine,  membranes  animales,  etc. 

Les  circonstances  dans  lesquelles  se  produit  la  fermentation  lacti(|ue  comptèrent 
pendant  longtemps  parmi  les  meilleurs  arguments  en  faveur  de  la  lliéorie  de  Lieuig 
sur  la  fermenlalion.  Mais,  en  1857,  Pasteur  (88)  découvrit  que  la  fermentation  lactique 
avait  pour  cause  un  microrganisme  particulier,  qu'il  désigna  fout  d'abord  sous  le  nom 
de  levure  lactique,  par  analogie  avec  la  levure  alcoolique. 

«  Si,  dit  Pasteur,  l'on  examine  avec  attention  une  fermentation  lactique  ordinaire, 
il  y  a  des  cas  où  l'on  peut  reconnaître  au-dessus  du  dépôt  de  la  craie  et  de  la  matière 
azotée  des  taches  d'une  substance  grise  formant  quelquefois  zone  à  la  surface  du  dépôt. 
Cette  matière  se  trouve  d'autres  fois  collée  aux  parois  supérieures  du  vase,  où  elle 
a  été  emportée  par  le  mouvement  gazeux.  Son  examen  au  microscope  ne  permet  guère, 
lorsqu'on  n'est  pas  prévenu,  de  la  distinguer  du  caséum,  du  gluten  désagrégés,  etc.  ; 
de  telle  sorte  que  rien  n'indique  que  ce  soit  une  matière  spéciale,  ni  (|u'elle  ait  pris 
naissance  pendant  la  fermentation.  Son  poids  apparent  est  toujours  très  faible,  comparé 
à  celui  de  la  matière  azotée  primitivement  nécessaire  à  raccomplissement  du  phéno- 
mène. Enfin  très  souvent  elle  est  tellement  mélangée  à  la  masse  de  caséum  et  de 
craie,  qu'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  croire  à  son  existence.  C'est  elle,  néanmoins,  (pii 
joue  le  principal  rôle.  Je  vais  tout  d'abord  indiquer  le  moyen  de  l'isoler,  do  la  préparer 
à  l'état  de  pureté.  ^ 

«  J'extrais  de  la  levure  de  bière  sa  partie  soluble,  en  la  maintenant  (luehjue  temps 
à  la  température  de  l'eau  bouillante  avec  quinze  ou  vingt  fois  son  poids  d'eau.  I.a 
liqueur,  solution  complexe  de  matière  albuminoïde  et  minérale,  est  filtrée  avec  soin. 
On  y  fait  dissoudre  environ  bO  à  100  grammes  de  sucre  par  litie,  on  ajoute  de  la  craie 
et  l'on  sème  une  trace  de  cette  matière  grise  dont  j'ai  parlé  tout  à  l'heure,  extraite 
d'une  bonne  fermentation  lactique  ordinaire  ;  puis  on  porte  à  l'étuvo  à  30  ou  35°.  Il  est 
bon,  également,  de  faire  passer  un  courant  d'acide  carbonique  pour  chasser  l'air  du 
flacon,  auquel  on  adapte  un  tube  courbé  plongeant  dans  l'eau.  Dès  le  lendemain,  une 
fermentation  vive  et  régulière  se  manifeste.  Ce  liquide,  très  limpide  à  l'origine,  se 
trouble,  la  craie  disparait  peu  à  peu,  en  même  temps  qu'un  dépôt  s'effectue  et  augmente 
continûment  et  progressivement  au  fur  et  à  mesure  de  la  dissolution  de  la  craie.  Le 
gaz  qui  se  dégage  est  de  l'acide  carbonique  pur  ou  \\n  mélange  en  proportions  variables 
d'acide  carbonique  et  d'hydrogène.  Lorsque  la  craie  a  disparu,  si  l'on  évapore  le  liquide, 
du  jour  au  lendemain  il  fournit  une  cristallisation  abondante  de  lactate  de  chaux,  et 
l'eau  mère  contient  des  i|  nanti  tés  variables  de  butyrate  de  cette  base.  Si  les  propor- 
tions de  craie  el  de  sucre  sont  convenables,  le  lactate  cristallise  en  masse  volumi- 
neuse au  sein  même  du  liipiide  pendant  le  cours  de  l'opération.  Quelquefois  la  liqueur 
prend  une  viscosité  très  grande.  En  un  mot,  on  a  sous  les  yeux  une  fermentation 
lactique  des  mieux  caractérisées,  avec  tous  les  accidents  et  toute  la  compliration 
habituelle  de  ce  phénomène,  bien  connu  des  chimistes  dans  ses  manifestations  exté- 
rieures. 

«  On  peut  remplacer,  dans  cette  expéiience,  la  décoction  de  levure  par  celle  de  toute 
matière  plastique  azotée  fraîche  ou  altérée  selon  les  cas.  Ce  liquide  limpide,  tenant  en 
dissolution  une  matière  azotée,  n'est  qu'un  aliment;  et,  à  ce  litre,  son  origine  importe 
peu,  parce  que  sa  nature  se  prête  au  développement  du  corps  organisé  qui  se  produit 
et  se  dépose  successivement. 

«  Prise  en  masse,  la  levure  lactique  ressemble  tout  à  fait  à  de  la  levure  ordinaire 
égouttée  ou  pressée.  Elle  est  un  peu  visqueuse,  de  couleur  grise.  Au  microscope,  elle 
est  formée  de  petits  globules  ou  d'articles  (rès  courts,  isolés  ou  en  amas,  constituant 
des  flocons  irréguliers  ressemblant  à  ceux  de  certains  précipités  amorphes.  Les  glo- 
bules, beaucoup  plus  petits  que  ceux  de  la  levure  de  bière,  sont  agités  vivement,  lors- 
qu'ils sont  isolés,  du  mouvement  brownien  >■. 

Antérieurement  à  Pastelr,  en  1847,  Blondeau(II)  avait  expressément  indiqué  que  les 
différentes  espèces  de  fermentations,  et  en  particulier  la  fermentation  lactique,  «  sont 
dues  à  une  seule  et  même  cause,  au  développement  d'un  végétal  mycodermique  qui 
a  besoin,  pour  croître,  d'une  partie  des  éléments  de  la  matière  organique...  »  ;  mais  il 


LACTIQUE    (Fermentation).  7Sl 

avait  raUaclH"  la  production  do  la  feniR'nlatiitn  huliiiiic  au  (lt'v(!l«>|i[)<'motit  du  l'rnicil- 
liinii  f/laucum. 

Pastkuu  CiHisiilérait  le  ferment  lactique  conHuc  une  ospri- >  uniinie;  à  llieure 
actuelle,  la  fermentation  lactique  nous  apparaît  beautoup  plus  conii)liquée  ([n'elle  ne 
le  stMnblait  à  la  suite  des  recherches  de  ce  savant. 

On  a  constaté  tout  d'abord  qu'un  grand  nombre  d'espèces  n)ii(obi(Mines  pouvaionL 
[uoduire  de  l'acide  lactique  aux  (lé[iens  de  substances  oiyaniques  tirs  variées;  en 
outre,  on  a  constaté  des  ditférences  dans  la  nature  el  la  quanlilé  de  l'acide  lactique 
formé,  dilTérciicos  tenant  soil  au  microbe  lui-même,  soit  à  la  malière  fermcnlescible, 
variables  d'ailleurs  avec  les  conditions  de  la  <  iiltuio,  comnicï  la  température,  la  richesse 
iiulritive  du  milieu,  l'accès  plus  ou  moins  facile  de  l'air. 

Diversité  des  ferments  lactiques.  —  Dès  1877,  Listkr  (OU)  a  trouvé  un  certain 
nombre  de  ferments  lactiques  susceptibles  de  coaguler  le  lait  dans  des  temps  inégaux. 

Le  monde  des  ferments  lactiques  s'est  peuplé  encore  ilavantage  à  la  suite  d'un  tra- 
vail de  Hlki'I'k  (.'U),  qui  décrivit  d'une  façon  plus  [»récise  les  espèces  rencoulrées,  et  en 
particulier,  établit  le  diagnostic  du  Bacillti!<  acidi  lactici  (IIuei-i-f).  microrganisme  très 
semblable,  sinon  identique,  au  ferment  lactique  de  Pasieur  (liaciltm^  InrtirMs),  dont 
l'étude  avait  été  complétée  par  Bolïrodx  (15)  en  1878. 

A  la  suite  de  ces  recherches,  on  a  étudié  un  grand  nombre  de  niicrorganismes 
rencontrés  soit  dans  le  lait,  la  crème,  le  fromage,  soit  dans  les  intestins  des  mammi- 
fères, suscei)libles  de  fournir  de  l'acide  lactique,  et  beaucoup  d'auteurs  ont  qualifié  de 
ferments  lacticpies  lous  les  microbes  donnant  lieu  à  la  production  lactique,  en  se  déve- 
loppant dans  un  bouillon  sucré  additionné  de  carbonate  de  calcium.  A  ce  compte,  il 
faudrait  ranger  clans  le  groupe  des  ferments  lactiques  un  grand  nombre  de  bactéries 
qu'on  n'est  pas  dans  l'habitude  d'envisager  à  ce  point  de  vue;  tels,  par  exemple,  le 
bacille  diphtérique,  le  Bacillus  coli  communis,  le  bacille  d'EBERTu;  en  effet,  le  premier, 
cultivé  dans  les  milieux  glucoses,  produit  de  l'acide  lactique  droit;  le  Bacillus  coli  corn- 
mmns  fournit,  en  assez  grande  aliondance,  de  l'acide  lactique  avec  presque  tous  les 
sucres;  le  bacille  d'IiBERïH  en  donne  peu  avec  le  glucose,  et  pas  du  tout  avec  le  galactose. 

DucLAUx  (28  ne  pense  pas  qu'il  faille  appeler  fermentation  lactique  tout  processus 
dans  lequel  on  obtient  de  l'acide  lactique  à  l'aide  d'un  microbe,  pas  plus  qu'on  ne  doit 
ai)pliquer  indistinctement  le  nom  de  fermentation  acétique  à  toutes  les  fermentations 
dans  lesquelles  on  trouve  de  l'acide  acétique.  Il  faut  netlement  ditférencier  les  ferments 
lactiques  vrais,  ceux  pour  lesquels  on  peut  considérer  comme  réalisée  d'une  façon 
approchée  l'équation  de  dédoublement, 

ccHi20'''  =  2:ni603 

qui  donne  un  rendement  de  100  p.  100  avec  les  hexoses  ;  il  existe,  en  efîel,  de  ces 
ferments  lactiques  donnant  des  rendements  de  90,  9b  et  même  98  p.  100.  Duclaux 
SL*pare  de  ces  ferments  lactiques  vrais  les  microbes  qui  ne  fournissent,  pai-  voie  aérobie 
ou  anaérobie,  que  des  rendements  faibles  d'acide  lactique,  «  ne  dépassant  pas  quelques 
millièmes  et  pouvant  être  considérés  comme  des  excrétions  de  la  vie  protoplasmique, 
ou  comme  des  sous-produits  d'une  fermentation  principale  ». 

A  la  vérité,  comme  Duclaux  le  reconnaît  lui-même,  les  limites  entre  ces  deux  caté- 
gories d'êtres  sont  loin  d'être  précises,  et  «  lorsqu'un  ferment  lactique  mis  en  présence 
d'un  sucre  donneia  des  rendements  de  20,  40,  fiO  p.  100,  il  sera  difficile  de  savoir  dans 
quelle  classe  on  peut  le  ranger  ». 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  a  décrit,  à  l'heure  actuelle,  un  nombre  considérable  de  fer- 
ments lactiques  dont  l'individualité  n'est  d'ailleurs  pas  toujours  bien  assurée;  il 
y  a  aujouid'hui  tant  de  traits  communs  aux  diverses  espèces,  qu'on  ne  sait  pas,  pour 
certaines,  comment  les  différencier  sûrement  les  unes  des  autres. 

Nous  n'indiquerons  ici  qu'un  certain  nombre  de  ferments  lactiques  dont  on  trouvera, 
pour  quelques-uns,  la  descri[)lion  détaillée  dans  divers  traités  de  bactériologie  ^Macé 
(07),  MiftUEL  et  Cambier  (81),  etc.). 

Le  ferment  lactique  de  Pasteur  {Bacillus  lacticus  Pasteur',  suivant  la  description  de 
liouTROUx,  se  présente,  le  plus  ordinairement,  sous  forme  d'un  voile  placé  à  la  surface 


782  LACTIQUE    (Fermentation). 

du  liquide  où  on  le  cultive;  voile  d'une  faible  ténacité,  souvent  d'épaisseur  inégale,  se 
disloquant  en  lambeaux  écailleux.  Ce  voile  se  montre,  au  microscope,  constitué  par 
des  cellules  ovales  disposées  ordinairement  par  groupe  de  deux,  mais  souvent  aussi  en 
chapelets  de  forme  plus  ou  moins  courbe,  comprenant  plusieurs  individus.  Les  cellules 
ont  une  largeur  variant  de  1  à  3  [j.;  leur  longueur  est  ù  peu  près  le  double.  Au  début  de 
la  fermentation,  on  trouve  de  très  grosses  cellules  sphériques,  d'autres  présentent  en 
leur  milieu  un  étranglement  plus  ou  moins  profond;  d'autres  enfin  sont  divisées  par 
une  cloison  transversale.  On  y  voit  aussi  des  chapelets  de  cellules  de  plus  en  plus 
petites;  parfois  deux  de  ces  chapelets  semblent  émaner  d'une  même  cellule  sphérique 
de  grande  dimension. 

Au  fur  et  à  mesure  que  la  fermentation  s'avance,  les  formes  du  ferment  se  régula- 
risent, toutes  les  cellules  apparaissent  bientôt  sphériques  et  de  taille  égale;  à  la  fin  de 
la  fermentation,  on  ne  voit  plus  que  des  cellules  de  très  petites  dimensions,  réunies  en 
amas  irréguliers,  très  serrées.  Ce  ferment  donne  très  facilement  des  spores,  ce  qui 
n'avait  pas  été  observés  par  Boutrovx.  il  reste  coloré  par  la  méthode  de  Gkam.  11  se 
développe  rapidement  sur  les  milieux  sucrés  rendus  nutritifs  par  l'addition  ou  la  pré- 
sence naturelle  de  matières  azotées;  le  milieu  d'élection  serait  l'eau  de  levure  glucosée. 
Le  développement  ne  se  fait  qu'en  présence  d'oxygène.  Son  action  sur  les  matières 
sucrées  s'arrête  quand  l'acidité  du  liquide  est  sensiblement  égale  à  1  gr.  50  d'acide  lac- 
tique pour  100  grammes  de  liquide. 

Le  Bacillus  lactis  aerogenes  Escheiusch  a  été  décrit  par  Esciierisgh  (34)  qui  l'a  rencontré 
dans  l'intestin  des  animaux  nourris  de  lait,  des  noiinissons  et  aussi  de  l'homme  adulte. 
Depuis,  il  a  été  retrouvé  dans  beaucoup  d'autres  milieux.  Ce  sont  des  bâtoimets  courts 
et  épais,  à  extrémités  arrondies,  mesurant  de  1  [x  à  2  a  de  longueur,  sur  une  largeur 
variant  de  0,5  [a  à  1  \i.  Ils  se  présentent  isolés,  réunis  par  deux  ou  en  petits  amas.  Ils 
sont  toujours  immobiles.  Ils  ne  forment  pas  de  spores.  Us  se  décolorent  par  la  méthode 
de  Gram.  Certains  auteurs  (Wurtz  et  Lkudet  (126),  Denys  et  Martin  (27),),  se  basant  sur- 
tout sur  son  action  sur  les  animaux,  ont  voulu  identifier  ce  bacille  avec  le  ferment  lac- 
tique de  Pasteur;  Grimbert  et  Legros,  se  fondant  sur  l'identité  des  fonctions  biologiques, 
regardent  le  Pneumobacille  de  Friedlaender  et  le  Dacilhis  lactis  aeroijenes  comme  appar- 
tenant à  la  même  espèce. 

Le  Bacillus  lactis  aerogenes  n'est  vraisemblablement  qu'un  représentant  des  nom- 
breux colibacilles  connus;  il  n'est  d'ailleurs  pas  rangé  par  Duclaux  dans  le  groupe  des 
ferments  lactiques  vrais;  c'est,  en  tout  cas,  un  agent  de  fermentation  énergique  des 
matières  sucrées;  il  se  forme,  comme  produit  de  transformation,  de  l'alcool  éthylique, 
des  acides,  surtout  de  l'acide  lactique,  un  peu  d'acide  acétique,  d'acide  succinique  et 
d'acide  formique;  il  se  dégage  de   l'acide  carbonique  et  de  l'hydrogène  (Macfadye.n, 

.NeNCKI  et  SlEBER  (71). 

Parmi  les  nombreuses  bactéries  capables  de  développer  la  fermentation  lactique,  en 
dehors  de  celles  déjà  mentionnées,  on  peut  citer  : 

Le  Micrococcus  ucidi  lactici  de  Kruec.er(58)  formé  de  cellules  ovales  de  1  a  à  1  [j.,  5  de 
diamètre,  coagulant  le  lait  en  3  jours  à  la  température  ordinaire,  en  donnant  un  cail- 
lot de  caséine  homogène  qui  ne  se  redissout  pas  ultérieurement. 

Le  Micrococcus  acidi  lactici  de  Mari'mann  (70),  se  présentant  sous  formes  de  cellules 
.volumineuses,  ordinairement  isolées  ou  réunies  deux  à  deux.  II  développe  d'abord  dan? 
le  lait  une  coloration  rouge  qui  disparaît  au  fur  et  à  mesure  de  la  production  d'acide 
lactique. 

Le  Spherococcus  acidi  lactici  de  Marpman.x,  formant  de  courtes  chaînes  de  cellules  très 
petites,  ovales.  Comme  le  précédent,  il  coloi'e  le  lait  en  rouge,  puis  le  coagule  par  suite 
de  la  production  d'acide  lactique. 

Le  Streptococcus  acidi  lactici  de  Grotenfelt  (45),  se  présentant  sous  forme  de  longues 
chaînes  de  cellules  ovales  dont  le  diamètre  varie  de  0,3  à  1  [x.  Il  se  développe  bien  dans 
les  milieux  habituels  à  la  température  ordinaire,  au  contact  ou  à  l'abri  de  l'oxygène. 

Le  Bacillus  limbatus  acidi  lactici  de  Marpma.nn,  qui  forme  de  fins  bâtonnets,  ordinai- 
rement réunis  par  paires,  immobiles,  ne  donnant  pas  de  spores.  Ce  bacille  est  entouré 
d'une  capsule  difficile  à  colorer;  il  colore  le  lait  en  rose. 

Le  Bacillus  a  (36),  isolé  du  fromage  d'Emmenthal  par  de  Freudenreicii,  le  strcpto- 


LACTIQUE    (Fermentation).  783 

coiiuf  %  (37),  retiré  par  le  lurine  autour  du  kéiihir,  le  streptocoque  de  la  niammite  de  la 
\»aclie  (NocAiu)  et  Moli.i:ueai  )  (HGi,  celui  de  la  nianimile  i^anprreneuse  des  breliis  (Nocard) 
(85)  doivent  être  comptés  au  nombre  des  fermenls  lacfit]ues  :  ils  coagulent  rapidement 
le  lait,  dans  leijuel  on  peut  les  cultiver  facilement,  et  ils  ilonnenl  de  l'acide  lacticjue  avec 
la  plupart  des  nialières  fermentescibles. 

On  verra  plus  loin  que,  suivant  les  conditions  de  la  culture,  le  même  ferment  peut 
produire  des  variétés  diverses  d'acide  lactique  finactive,  ^'auclie  on  droite),  de  telle  sorte 
qu'il  paraît  actuellement  bien  diflicile  de  caractériser  un  ferment  lactique  parla  variété 
d'acide  produit  dans  une  fermentation  isolée.  11  est  donc  prudent  de  comprendre  sim- 
plement dans  le  grand  iiroupe  des  ferments  lacliciues,  sans  spécification  déterminée, 
le  Micrococcus  ucidi  paralactici{'SE.KCKi  et  Sieber)  (82  et  83)  et  le  Bacillus  acidi  luciolactici 

(SCOARDINCKK  (100)). 

Citons  encore  parmi  les  ferments  lactiques  :  les  ferments  a,  b,  c,  d  [Bac-Guillebeau], 
e  [Bac.  Bisclilvri),  h,  l,  m,  n,  o,  p,  r,  s,  1,  2,  et  a  étudiés  par  Kayser  (55  et  jG)  dans  des 
recherches  sur  lesquelles  nous  aurons  à  revenir;  les  coccus  décrits  comme  ferments 
lactiques  par  Li.ndnek  (G2)  et  par  Storch  (116);  le  ferment  très  actif  isolé  par  Pottevi.n 
(92)  du  jus  d'oignon  sucré,  non  stérilisé;  les  ferments  lactiques  retirés  de  la  crème  par 
EesTEiN  (32);  le  bacille  de  Tate  (117  ,  rencontré  dans  les  poires  mûres;  le  Bacilltts  acidi 
pavalactici  considéré  par  Kosaï  comme  l'agent  le  plus  important  de  la  fermentation  lac- 
tique du  lait,  identilié  par  cet  auteur  avec  les  bacilles  de  Wei(;mann,  de  LEiciiMAiNN,  de 
Gunter  et  THiERFEr.DER(47),  constamment  retrouvé  dans  le  lait  en  putréfaction  par  Tissier 
et  Gasching  (119);  le  Streptococcus  lacticus  de  Kruse  (59),  identifiable  avec  le  Strepto- 
coccus  enteriditis  de  Hirscii-Lirrmann  etVEiiterococcus  de  Thiercelin;  les  ferments  trouvés 
par  GoRhNi  (43)  dans  le  fromage  de  Grana;  le  Streptobacillus  lebcnis  et  le  Diplococcus 
lebeni.<  du  leben,  lait  fermenté  d'Egypte  (Risr  et  Khourv  (103));  le  ferment  bulgare  du 
yoghourt,  décrit  par  Coue.ndy  (23)  et  étudié  au  point  de  vue  de  son  action  sur  le  lait  par 
G.  Bertrand  et  G.  Weisweiller  (9)  ;  la  bactérie  lactique  renconlée  par  Saito  (106)  au 
cours  de  la  préparation  de  l'eau-de-vie  de  patates;  le  Bacterium  Maziin  (124)  trouvé  par 
Wei(;mann,  Gruber  et  lluss  dans  le  mazun  arménien;  le  Streptothrix  isolé  du  dadhi,  lait 
fermenté  de  l'Inde  (Chatterjee  (21)),  etc.,  etc. 

Ou  conçoit,  d'après  cette  énumération  d'ailleurs  très  abrégée,  qu'une  assez  grande 
confusion  doive  régner  dans  les  diagnoses  de  nombre  d'espèces  microbiennes  raltachées 
au  groupes  des  ferments  lactiques;  aussi,  plusieurs  auteurs  se  sont-ils  eflorcés  df  mettre 
un  peu  d'ordre  dans  ce  groupe  en  tentant  la  différenciation  ou  la  classification  des 
divers  éléments  qui  le  composent.  Sur  cette  question,  où  la  clarté  ne  paraît  pas  près  de 
régner,  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  le  lecteur  aux  travaux  de  EsTEN(35),de  Me.  Co\- 
KEv  (24),  de  Harden  (48),  de  Lohnis  (64  et  65)  (le  mémoire  de  ce  dernier  est  suivi  d'une 
longue  bibliographie),  de  Beijerinck  (3),  de  Makrinoff  (68). 

La  production  d'acide  lactique  aux  dépens  des  sucres  peut  être  réalisée  aussi  par  des 
champignons.  D'après  Eijkma.\n(31  bis)  et  Chrzvszgz  (22),  VAinijlomyccs  Roiixii,  cultivé  en 
milieux  sucrés,  donue  de  petites  quantités  d'acide  lactique.  Saito  (107  i  a  démon! ré  qu'il 
en  était  de  même  pour  le  Bhizopus  ckinensis,  espèce  isolée  d'une  levure  chinoise:  l'acide 
lactique  a  été  extrait,  à  l'état  de  sel  de  zinc,  d'une  culture  de  ce  champignon  dans  du 
moût  de  koji;  il  s'agissait  d'acide  lactique  gauche. 

Dans  tous  les  cas,  la  proportion  d'acide  lactique  produite  par  les  champignons  est 
toujours  faible  relativement  à  la  quantité  de  matière  fermentescible  détruite;  elle  n'est 
en  aucune  façon  comparable  à  celle  qui  résulte  du  travail  des  ferments  lacti(|ues  vrais. 

Les  germes  de  ces  derniers  se  rencontrent  partout  dans  la  nature;  aussi  le  lait, 
<|ui.  recueilli  aseptiquement,  peut  être  longtemps  conservé  sans  coagulation,  éprouve- 
t-il  rapidement  la  fermenlation  lactique  si  on  l'abandonne  au  contact  de  l'air  après  une 
traite  entourée  seulement  des  soins  de  propreté  usuels;  il  est  vite  ensemencé  par  les 
germes  rencontrés  sur  le  pis  de  la  vache  ou  dans  les  vases  destinés  à  le  recuillir,  ou 
bien  encore  tombés  de  l'air  ou  répandus  par  les  vêtements  des  personnes  qui  le  manipule. 

Observations  générales  sur  les  conditions  d'action  des  ferments  lactiques. 
—  Même  en  s'en  tenant  aux  ferments  lactiques  vrais,  qui  transforment  en  acide  lactique 
la  majeure  (lortion  des  substances  sucrées  mises  à  leur  disposition,  il  n'est  pas  possible, 
à  moins  de  monographies  longues  et  parfois  fastidieuses,  d'envisager  séparément  les 


78 i  LACTIQUE    (Fermentation). 

fermetitalions  produites  par  cliacun  de  ces  organismes;  nous  ne  pouvons  ici  faire  plus 
qu'indiquer  des  rcsultats  généraux  touchant  les  conditions  d'action  des  ferments 
lactiques. 

Substances  susceptibles  de  subir  la  fermentation  lactique.  —  Cette  fermentation  peut 
s'exei'cer  aux  dépens  des  hydrates  de  carbone  les  plus  divers  :  hexoses  comrne  le  glu- 
cose, le  lévulose,  le  galactose,  le  mannose,  pentoses  comme  le  xylose,  l'arabinose, 
poljsaccharides  comme  le  saccharose,  le  maltose,  le  lactose,  le  raffinose,  la  dextrïne, 
l'inuline,  alcools  polyatomiques  comme  la  glycérine,  l'érylhrite,  la  dulcite,  la  mannite, 
l'inosite,  des  giucosides  comme  le  mélhylglucoside  (Horzog  et  Herth  (53  bis),  etc.  Les 
recherches  de  Kayseu  ("yij)  ont  montré  que  les  ferments  lactiques  sont  môme  aptes  à  faire 
de  l'acide  lactique  aux  dépens  des  peptones.  Toutes  les  espèces  ne  sont  d'ailleurs  pas 
susceptibles  de  faire  fermenter  tous  les  corps  qui  viennent  d'être  énumérés;  ainsi, 
9  espèces  étudiées  par  Herzog  et  Horth  ne  font  [)as  fermenter  la  glycérine  et  le  dulcite, 
tandis  que  ces  substances  sont  attaquées  avec  formation  d'acide  droit  par  le  ferment 
isolé  du  jus  d'oignon  par  Pottevin  (92);  le  ferment  bulgare,  d'après  G.  Bertrand  et 
UucHACEK  ("),  très  actif  sur  lactose,  ne  peut  utiliser  ni  le  saccharose,  ni  le  maltose, 
parce  qu'il  ne  sécrète  ni  sucrase,  ni  maltase  et,  par  contre,  le  Bacillus  Leichmanni  I 
(Herzog  et  HiiRTu)  ne  fait  pas  fermenter  le  lactose,  sans  doute  parce  qu'il  ne  contient 
pas  de  lactase. 

G.  Bertrand  et  Veillo.\  (8)  ont  étudié  l'action  du  ferment  bulgare  sur  les  acides 
monobasiques  dérivés  des  sucres  réducteurs.  En  envisageant  seulement  les  sucres,  des 
recherches  antérieures  avaient  montré  que  ce  ferment  limite  son  action  à  certaines 
espèces  chimi({ues  d('terminées  :  en  dehors  du  lactose,  qui  est  le  sucre  contenu  dans 
son  milieu  naturel,  il  ne  transforme  que  le  glucose,  le  galactose,  le  mannose  et  le 
lévulose;  or,  le  ferment  bulgare  n'a  pas  produit  d'acide  lactique  aux  dépens  des  acides 
monobasiques,  gluconique,  galactoni([ue  et  mannoni(iue  dérivés  des  glucoses;  la  subs- 
titution, dans  les  sucres  réducteurs,  du  groupement  —  COOH  au  groupement  —  CHO 
suffit  donc  à  rendre  le  reste  de  la  molécule  réfraclaire  à  la  fermentation  lactique;  en 
présence  d'un  mélange  de  lactose  et  de  lactobionate  de  calcium,  il  y  a  eu  entraînement 
du  second  corps  par  la  fermentation  lactique  du  premier;  ce  fait  peut  s'expliquer  par 
le  dédoublement  préalable  de  l'acide  lactobionique  au  moyen  d'endolactase  sécrétée  par 
le  ferment;  ce  dédoublement  donne,  en  effet,  une  molécule  d'acide  gluconique  infcr- 
mentescible  et  une  molécule  de  galactose  transformable  en  acide  lactique. 

Activité,  puissance  et  rendement  d'un  ferment  lactique.  —  «  Imaginons,  dit 
DucLAix,  que  nous  mettions  en  activité,  au  même  moment,  plusieurs  fermentations 
identiques  au  point  de  vue  des  conditions  extérieures,  mais  ensemencées  avec  des 
quantités  égales  de  ferments  lactiques  différents.  Si  nous  mesurons  par  un  moyen  quel- 
conque »  (cela  peut  se  faire,  par  exemple,  par  la  (létermination]de  l'acidité),  «la quantité 
d'acide  lactique  produite  dans  les  premières  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures,  ces 
quantités  pourront  évidemment  être  pris-'s  comme  mesure  de  l'activité  des  divers  fer- 
ments fonctionnant  dans  les  mrmes  conditions.  » 

Il  faut  reconnaître  que  la  détermination  de  l'activité  d'un  ferment  lactique  elTectuée 
dans  ces  conditions  présente  des  diflicultés  expérimentales  telles  que  les  auteurs  ont 
le  plus  souvent  cherché  à  utiliser  des  procédés  plus  simples,  mais  assurément  beaucoup 
moins  précis  :  ils  ont  pris  par  exemple,  comme  terme  de  comparaison  entre  divers 
ferments,  le  temps  mis  par  le  lait  à  se  coaguler  sous  l'influence  de  ces  ferments,  les 
activités  respectives  étant  considérées  comme  étant  en  raison  inverse  des  durées  de 
coagulation;  il  est  bien  évident  que  la  sécrétion  éventuelle  parles  ferments  étudiés  de 
présure,  qui  vient  aider  l'action  de  l'acide  lactique,  ou  de  caséase  qui  vient  l'empêcher, 
est  susceptible  de  fausser  notablement  les  résultats  de  l'expérience. 

En  règle  générale,  la  fermentation  lactique  s'arrête  lorsque  la  teneur  de  liquide 
fermentaire  en  acide  lactique  a  atteint  une  limite  déterminée.  Celte  limite  peut  être 
considérée  comme  mesurant  la  puissance  de  ferment  correspondant;  elle  sera  facile- 
ment estimée  eu  déterminant  l'acidité  du  milieu  fermentaire,  dans  lequel  on  se  sera  bien 
gardé  d'ajouter  du  carbonate  de  calcium. 

Quant  au  rendement,  il  est  expritné  par  le  rapport  qui  existe  entre  la  quantité  de 
produit  mis  en  fermentation  (glucose  par  exemple}  et  celle  d'acide  lactique  formé  aux 


LACTIQUE    (Fermentation).  785 

dépens  do  ce  dernior;  coniino  nous  l'avons  déjà  indiijué,  c'est  précisément  siii'  cctlo 
notion  du  rendement  qu'est  fondée  la  distinction  des  ferments  lactii(ues  vrais  an  milieu 
du  groupe  innomlirable  des  niicrooiganismes  producteurs  d'acide  lactique. 

Action  de  la  chaleur  sur  les  ferments  lactiques  et  sur  la  fermentation  lac- 
tique. —  Les  ferments  lactiques  n'ont  pas  tous  la  même  faculté  de  résistance  à  la 
chaleur;  ainsi  les  ferments  a,  h,  c,  r,  retirés  de  la  crème  par  K.vyseh,  ne  résistent  pas  à 
5  minutes  de  cliaullaue  à  60;  tandis  que  les  ferments  .7  (R.  de  Krkudf.nrkich),  s  (R.  de 
la  mannite  contagieuse  des  vaches;,  u  (jus  de  choucroute),  m  (moût  de  distillerie), 
o  (bière  belge),  p  (bière  belge)  et  d  (15.  Guillebeau)  du  même  auteur  sont,  au  contraire, 
très  résistants.  Celte  résistance  dépend  et  de  l'acidité  du  milieu  dans  lequel  les  fer- 
ments ont  été  chauffés  et  de  l'acidité  ou  de  l'alcalinité  plus  ou  moins  grande  du  lait 
qui  sert  ensuite  à  l'expérience  du  cnnliôle  de  la  vitalité  ou  de  la  mort  du  microbe. 
Pour  certains  ferments  lactiques  d'ailleurs,  une  courte  ébullition  ne  suffit  mémo  pas 
pour  détruire  les  spores  :  on  sait  que  si  l'on  veut  sûrement  stériliser  du  lait,  il  est 
nécessaire  de  Je  maintenir  pendant  environ  une  demi-heuie  à  110". 

La  température  optima  pour  la  fermentation  lactique  varie  e'galement  suivant  les 
microbes  étudiés.  Hueppe  l'a  fixée  à  35-42°;  Liebic  (Gl)  à  ;50-3o°,  Mayer  (7G)  à  30-40», 
Kayser  à  30-30°.  Cambier  (18 ^6is)  a  isolé  de  la  terre  de  jardin  des  ferments  lactiques 
énergiques  qui  ne  manifestent  leur  pouvoir  ferment  vis-à-vis  du  glucose  ou  de  la 
mannite  qu'à  des  températures  relativement  élevées,  entre  60  et  70°  :  ce  sont  des  orga- 
nismes filamenteux,  sporulés,  immobiles,  incapables  de  se  développer  visiblement  sur 
les  milieux  habituels  aux  températures  inférieures  à  30°.  Hrijerunck  (4)  s'est  basé  sur  la 
variabilité  de  la  température  optima  suivant  les  espèces  microbiennes  pour  classer 
les  ferments  lactiques  vrais  en  deux  groupes  :  les  Lactococcus  qui  prdspèrent  bien  à  des 
températures  inférieures  à  30"  et  les  Lactobacilhts  qui  aiment  les  températures  supé- 
rieures à  30°. 

Influence  de  la  dessiccation.  — Kayser  a  déposé  des  gouttelettes  de  cultures  de 
divers  ferments  lactiques  sur  des  bandes  de  papier  stérile,  conleniies  dans  des  tubes 
flambés.  Trois  lots  de  tubes  ont  été  préparés  ;  le  premier  lot  a  été  placé  à  Tétuve  à  2;j°  ; 
le  second  lot  a  été  conservé  au  frais,  mais  recevait  l'action  directe  de  la  lumière;  le 
troisième  lot  également  maintenu  au  frais  était  dans  une  obscurité  complète.  Après 
trois  mois,  tous  les  ferments  étaient  encore  vivants,  car  ils  possédaient  la  proprit'lé  de 
coaguler  le  lait  stérile. 

Influence  de  l'air.  —  La  question  de  l'action  de  l'oxygène  de  l'air  sur  l(»s  ferments 
lactiques  a  fait  l'oltjet  de  nombreuses  recherches  dont  les  résultats  apparaissent,  dès 
l'abord,  quelque  peu  contradictoires.  D'après  Huei'pe,  la  présence  de  l'air  est  nécessaire 
à  la  fermentation  lactique:  Ch.  Richet  (93)  (1878)  a  trouvé  qu'une  fermentation  lactique 
paresseuse  pouvait  être  considérablement  activée  par  le  passage  d'un  courant  d'oxygène, 
soit  qu'on  opère  sur  le  lait,  soit  qu'on  opère  sur  des  mélanges  de  sucre  de  lait  et  de 
caséine  dissoute;  d'autre  part,  Mayer  a  vu  que  la  fermentation  lactique  était  possible 
en  l'absence  d'air.  Il  est  indiscutable  que  l'oxygène  de  l'air  agit  sur  la  fermentation 
lactique,  ce  qui  peut  expliquer  l'influence  en  apparence  singulière  de  la  forme  du  vase 
oîi  se  fait  la  fermentation  (Ch.  Riciiei)  fOi).  En  effet,  en  mettant  du  lait  dans  un  flacon 
ordinaire  d'une  part,  et,  d'autre  part,  dans  un  tube  allongé,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, on  voit  que  dans  le  tube  allongé,  qui  n'ofïre  qu'une  minime  surface  à  l'action  de 
l'air,  la  fermentation  est  moins  active. 

Ch.  Richet  (97),  à  l'occasion  de  recherches  sur  ce  sujet,  a  proposé  diverses  modifi- 
cations qui  doivent  être  apportées  aux  procédés  classiques  d'acidimétrie,  pour  arriver  à 
une  plus  grande  précision  dans  le  dosage  de  l'acidité  du  lait  en  fermentation,  autrement 
dit  pour  appn'-cier  l'activité  de  la  fermentation  lactique.  Voici  la  méthode  utilisée  : 

Le  lait  doit  être  additionné  d(!  phénolphlaléine  avant  la  ré[)artition  dans  les  flacons, 
pour  que  la  quantité  du  réactif  indicateur  soit  exactement  la  même  dans  chaque  tube; 
les  diEférents  tubes  qui  contiennent  le  lait  doivent  être  placés  non  directement  à 
l'étuve,  mais  dans  une  conserve  remplie  d'eau,  à  la  température  de  l'étuve,  ce  qui  assure 
rhomogénéilé  parfaite  de  la  température  dans  chacun  des  vases.  Le  dosage  de  l'acidité 
par  une  solution  dépotasse  (6  gr.  par  litre)  donne  des  résultats  satisfaisants;  mais  ou 
peut  obtenir  mieux  encore  en  profitant  (les  variations  de  teinte  de  la  phtaléine,  suivant 

DICr.    I)K    l'IIVSIOI.OGIE.    —    T.     IX.  .'iO 


■8li  LACTIQUE    (Fermentation). 


que  le  liquide  est  acide,  ou  neutre,  ou  h  peine  ealcalin,  ou  fortement  alcalin.  Pour  cela, 
aprrs  la  fermentation,  on  ajoute  au  lait,  placé  dans  des  tubes  d'environ  24  milimètres 
de  diamètre,  la  même  quantité  de  la  solution  potassique;  et  on  cherche  par  tâtonne- 
ment la  quantité  de  potasse  nécessaire  pour  donner  une  légère  teinte  rosée;  on  classe 
alors  les  divers  échantillons  fermentes  suivant  leur  couleur,  et  les  renseignements 
obtenus  sont  positifs. 

Dans  une  expérience,  l'acidité  du  lait  dosé  après  fermentation  adonné  : 


Acidité  en  cmc. 

de  KOH 

Nombre 

Diamètre  du 

tube 

pour  50  cmc.  de  lait. 

Rapport 

d'expériences. 

en 

millimètres. 

Moyennes. 

des  surfaces. 

1 

21,0 

12,1 

100 

3 

22.0 

12.8 

105 

1 

22,3 

12,2 

108 

4 

23,0 

13,0 

113 

4 

23,3 

13,6 

118       . 

5 

24,0 

13,39 

123 

On  remarque  que  les  différences  d'acidité  entre  les  laits  placés  dans  des  flacons  de 
diamètres  différents  sont  à  peu  près  du  même  ordre  de  grandeur  que  les  proportions 
des  surfaces. 

Pour  compai;er  sans  dosage  la  marche  de  la  fermentation  dans  ces  laits,  on  peut 
ado]iter  une  notation  arbitraire  basée  précisément  sur  les  teintes  de  ces  laits  après 
addition  d'une  même  quantité  de  potasse,  en  présence  ae  pnenoipntaléine.  On  prend, 
par  exemple,  sept  tubes  étroits  ;22  millimètres)  et  trois  tubes  larges  (24  millimètres). 
Après  fermentation  et  addition  de  ia  même  quantité  de  potasse,  on  trouve  : 

Tubes  Tul)es 

'  de  24  millim.  de  22  millim. 

Blancs 2  1 

Légèrement  coloi-és 1  4 

Très  roses 0  2 

Si  on  donne  aux  blancs  le  coefficient  3,  aux  légèrement  colorés  le  coefficient  2,  aux 
très  ro.ses  le  coeficient  1,  on  aura,  pour  les  trois  tubes  de  24  millimètres  : 

8 
2x3  +  1  x2=:8,  soit  comme  moyenne  -  ^  2,7 

et,  pour  les  tubes  de  22  millimètres  : 

13 

1  x3  +  4x24-2xl  =  13,  soit  comme  moyenne  —  =  1,9 

D'après  Ch.  Righet,  quand  il  s'agit  d'acides  organiques,  cette  méthode  d'appréciation 
de  la  variété  des  teintes  de  la  phtaléine,  virant  sous  l'influence  des  alcalis,  donne,  dans 
l'ensemble,  des  résultats  d'une  extrême  délicatesse,  plus  précis  que  le  dosage  même; 
c'est  en  utilisant  ce  procédé  ou  des  procédés  analogues  que  cet  auteur,  comme  on  le 
vçrra  plus  loin,  a  pu  constater  que  l'action  de  certaines  substances  chimiques  s'exerce 
à  des  doses  prodigieusement  faibles  sur  la  fermentation  lactique. 

K.\YSER  (56)  avait  montré  en  1894,  relativement  à  l'inlluence  de  la  culture  en  surface 
et  en  profondeur,  que  la  nature  du  ferment  mis  en  jeu  est  susceptible  de  faire  varier 
considérablement  les  résultats  obtenus  dans  ces  différents  modes  de  culture.  Il  avait 
constaté  néanmoins,  d'une  part,  que  la  culture  en  surface  donne  surtout  lieu  à  de  l'acide 
volatil  (acide  acétique)  ;  d'autre  part,  que  l'acidité  fixe  peut  être  très  élevée  dans  les 
cultures  en  profondeur  et  atteindre  85,  90  et  95  pour  100  de  sucre  disparu,  tandis  qu'elle 
est,  en  général,  beaucoup  plus  faible  dans  la  culture  en  surface.  En  1904,  Kayser  a 
repris  avec  son  ferment  l  l'étude  de  l'influence  de  l'air  sur  la  fermentation  lactique;  il 
a  opéré,  d'une  part,  dans  des  cultures  en  vases  plats,  d'autre  part,  dans  le  vide.  Voici 


LACTIQUE    (Fermentation).  787 

•  luelques-uns  des   résulhits  ohlcmis,  dans    lt'S(|iiels  sont  envisai,'t's  les  produits   qui   se 
l'onneiit  ù  cùtt-  do  Tacidi!  lacti(|U('.  sous  rinlluenci»  du  rotinent  : 

A.  —  Cultures  faites  dans  le  vide. 

Lactose.  (ilucose.  Saccharose.  Lcvulosc. 

Acide  carboiiiqiir 9,052  29,.-i0()             17,84            13,98 

Alcool rj,5.o:i  2:i,2;;o              7,88              7,60 

Acide  lactique 72,962  37,800            29,60            23,24 

Acide  volatil 4,032  8,040              9,04             14,66 

Mannite »  »                24, SO            34,41 

B.        Cultures  faites  en  présence  de  l'air. 

I/Uetoso.  filucoso.  Saccharose.  Lévulose. 

Alcool 0,820  20,400              8,19  3,238 

Acide  lactique 73,128  41,000            r;0,31  50,970 

Acide  volatil 6,129  27,000             12,76  7,604 

Maanite »  »                 6,14  17,549 

Les  chiffres  indiquent  les  quantités  de  produit  forniô  poui-  100  parties  de  sucre  initial. 

Ces  résultats  montrent  que  si  la  fermentation  lactique,  pour  certains  ferments  au 
moins,  peut  s'eflectuer  en  dehors  de  l'air,  il  en  résulte  néanmoins  des  différences  pio- 
fondes  dans  la  marche  et  dans  les  produits  de  la  fermentation,  suivant  la  présence  ou 
l'absence  de  cd  élément. 

Influence  de  la  matière  azotée.  —  Dans  ses  premières  recherches  sur  la  fermen- 
tation lactique,  Cn.  Rh.uet  (1878)  avait  vu  que,  du  fait  du  traitement  d'un  lait  par  le 
suc  gastrique  acide,  la  limite  d'acidité  atteinte  par  la  fermentation  lactique  devenait 
dans  un  tel  lait  sensiblement  plus  élevée  ;  en  un  mot,  la  puissance  du  ferment  était 
augmentée.  Kayser  a  trouvé,  d'accord  avec  cette  observation  et  celle  d'autres  auteur.s, 
que  laliment  azoté  le  plus  assimilable  et  le  plus  actif  pour  les  ferments  lactiques  était 
la  matière  albuminoïde  peptonisée  (il  a  utilisé  la  peptone  Chapoteaut  et  aussi  la  solution 
de  blanc  d'œuf  peptonisée).  L'addition  de  peptone  angmente  toujours  le  titre  en  acide  du 
milieu  de  culture,  que  le  ferment  soit  inerte  ou  vigoureux.  On  constate  même  parfois 
que  le  titre  en  acidité  monte  au-dessus  du  chiffre  qui  correspond  au  dédoublement  pur  et 
simple  de  tout  le  sucre  fermentescible  contenu  dans  la  liqueur;  c'est  qu'alors,  comme' 
des  expérienres  directes  l'ont  montré,  le  ferment  a  pu  produire  de  l'acide  lactique  aux 
dépens  de  la  peptone  elle-même. 

Les  recherches  de  Kayser,  qui  a  longuement  étudié  l'influence  de  l'alimentation 
azotée  sur  la  fermentation  lactique  et  sur  la  composition  du  ferment  lactique  lui-même, 
ont  encore  abouti,  sur  ce  sujet,  aux  conclusions  suivantes  : 

Les  ferments  lactiques  préfèrent  la  peptone  à  toutes  les  autres  matières  azotées. 
L'acidité  lixe  augmente  proportionnellement,  jusqu'à  unecoi  taine  limite,  avec  la  richesse 
du  milieu  en  peptone;  les  différences  sont  d'autant  plus  sensibles  que  le  ferment  est 
plus  exigeant.  L'acidité  volatile  ne  dépend  que  peu  de  la  richesse  du  milieu  en  matière 
azotée.  Le  rapport  entre  la  quantité  en'poids  du  ferment  et  la  quantité  de  sucre  disparu 
peut  être  très  élevé;  ainsi,  1  gramme  de  fermant  I,  a  donné,  dans  une  expérience, 
27e'",5  d'acide, lactique.  Le  même  poids  de  ferment  transforme  en  acide  plus  de  sucre 
par  la  culture  en  profondeur  que  par  la  culture  eu  surface;  voici,  par  exemple,  b's 
résultats  obtenus  avec  le  fermenl  n,  après  une  fermentation  de  deux  mois  et  demi  : 


Surface  .    . 
Profoudem-. 


Sucro 

.\ci(le  fixe 

disparu. 

produit. 

16,4 

13,2 

20,9 

19,7 

Les  ferments  lactiques  peuvent  atteindre  une  forte  teneur  en  azote  (1")  p.  dOO),  de 
façon  à  ressembler  à  de  la  matière  albuminoïde  pure;  la  richesse  en  azote  des  ferments 
lactiques  ost  précisément  proporlionnelle  à  la  richesse  en  azote  du  milieu.  Le  ferment 
cultivé  en  profondeur  est  moins  riche  en  azote  que  s'il  est  cultivé  en  surface,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs.  Le  ferment  cesse  de  se'raultiplier  à  partir  d'un  certain  moment; 


788  LACTIQUE    (Fermentation). 

sa  ricliesse  en  azote  augmente  avec  !a  durée  de  la  fermentation.   Ainsi,  dans  une  opi''- 
ration  effectuée  avec  le  ferment  m,  il  a  été  trouvé  : 

Apri's  3  JDiirs.     AjiFcs  12  jours.     Après  ■)!»  jours. 
Poids  du  ferment  (pour  1  000  cm-')  .    .    .  D?%342  (»t-'.30:J  Ofe-,,322 

Azote  (pour  100  de  l'ermont 9.1  10,8  11,8:J 

Un  certain  nombre  d'auteurs,  Mausuall(72-7:'>')  en  particulier,  ont  constaté  que  l'asso- 
ciation de  certaines  espèces  microbiennes  au  ferment  lactique  est  susceptible  d'activer 
considérablement  l'activité  de  ce  dernier;  c'est  vraisf'mblabloment  à  une  action  pepto- 
nisante  spéciale  de  ces  bactéries  sur  certains  éléments  du  milieu  de  culture  qu'il  faut 
rapporter  cette  action  favorisante. 

Les  ferments  lactiques  sont  donc  heureusement  inlluencés  par  la  présence  de 
peptone;  on  peut  se  demander  toutefois  si  ces  ferments  eux-mêmes  ne  sont  pas  suscep- 
tibles de  sécréter  des  diastases  capables  d'opérer  la  dissolution  des  matières  albumi- 
uoïdes  et  la  transformation  de  celb-s-ci  en  peptone,  de  manière  à  pouvoir  ensuite  utiliser 
cette  dernière  au  cours  de  son  développement. 

De  Freudenreich  (36-39)  a  conclu  de  ses  recherches  que  les  ferments  lactiques  sont, 
en  effet,  doués  du  pouvoir  d'attaquer  la  caséine  et  de  la  transformer  en  substances 
albuminoïdes  solubles  et  en  amides;  à  ce  point  de  vue,  soit  seul,  soit  avec  Thôni,  il 
accorde  aux  ferments  lactiques  un  rôle  important  dans  le  processus  de  la  maturation 
des  fromages,  surtout  des  fromages  cuits. 

Tous  les  ferments  lactiques,  sans  exception,  ne  sont  d'ailleurs  pas  susceptibles  de 
peptoniser  la  caséine  et  Gori.ni  (43),  étudiant  la  Jlore  du  fromage  de  (irana,  classe  pré- 
cisément les  espèces  prédominantes  rencontrées  dans  ce  dernier  en  ferments  lactiques 
proprement  dits,  c'est-à-dire  ferments  du  lactose,  capables  d'acidifier  le  lait  sans 
peptoniser  la  caséine  et  en  ferments  du  lactose  et  de  la  caséine,  qu'il  appelle  acido- 
présamigènes  peptonifiaiits,  capables  dacidifier  et  de  peptoniser  le  lait. 

Produits  formés  au  cours  de  la  fermentation  lactique.  —  Il  est  bien  évident 
que  l'on  ne  doit  envisager  à  ce  point  de  vue  que  les  produits  susceptibles  de  se  pro- 
duire au  cours  d'une  fermation  lactique  microbiologiquement  pure;  ainsi,  la  présence 
d'acide  butyrique  signalée  par  les  anciens  auteurs  doit  être  évidemment  rattachée  à  un 
processus  différent,  celui  vie  la  fermentation  butyrique,  dont  les  germes  ont  été  apportés 
par  contamination  ou  par  une  semence  impure. 

Formation  de  divers  acides  lactiques.  —  Pendant  longtemps,  on  a  cru  que 
l'acide  provenant  des  fermentations  était  toujours  l'acide  lactique  inactif. 

ScHARDiNGER  signala  le  premier  la  formation  d'acide  lactique  gauche  dans  une  fer- 
mentation lactique.  Nencki  et  Sieber,  qui  avaient  trouvé  que  leur  Micrococcm  acidi  para- 
lactici  ne  donnait  que  de  l'acide  droit,  avaient  pensé  que  cette  propriété'  devait  caracté- 
riser leur  ferment. 

On  n'a  pas  tardé  à  s'apercevoir  que  l'acide  formé  ne  ])eut  servir  de  caractère  de 
différenciation,  contrairement  à  ce  que  pensaient  ces  derniers  auteurs.  Pkhk  (90  ,  à 
propos  de  recherches  sXir  le  Bacterium  coli  commune,  —  qui  n'est  pas  à  proprement 
parler  un  ferment  lactique  vrai,  mais  qui  cependant  produit  aux  dépens  des  sucres  de 
l'acide  lactique  (d'autant  plus  abondamment  que  l'accès  de  l'air  est  plus  facile), —  a 
vu  que  la  liqueur  fermentaire  obtenue  en  partant  du  glucose  d  dévie  à  droite  le 
plan  de  la  lumière  polarisée,  mais  que,  dans  les  mêmes  conditions  de  fermentation,  le 
lévulose  conduit  à  une  solution  lactique  inactive.  Ce  résultat  montre  donc  que,  toutes 
autres  influences  étant  d'ailleurs  écartées,  la  propriété  de  fournir  un  acide  lactique  de 
rotation  déterminée  est  en  même  temps  fonction  du  microbe  et  de  la  matière  ferraen- 
tescible. 

Pérk  (91)  a  démontré  ensuite  qu'un  même  microbe  peut  faire  des  acides  lactiques 
opposés  par  leur  pouvoir  rotatoire,  ou  même  consommer  le  glucose  sans  donrier  de 
l'acide  lactique,  et  cela  suivant  la  qualité  et  la  quantité  de  l'azote  nutritif  qu'on  lui 
ofTre.  Il  a  opéré  sur  4  microorganismes  (bacille  typhique,  coli-bacille  /,  coli-bacille  d, 
microbe  d)  possédant  tous  le  caractère  commun  de  donner  de  l'acide  lactique  gauche, 
par  l'attaque  du  glucose  d  en  présence  des  sels  ammoniacaux;  en  substituant,  dans  les 


LACTIQUE    (Fermentation).  789 

liquides  nutritifs,  de  la  peptoiie  aux  sels  ammoniacaux,  il  ;i  vu  (|uo  le  bacille  typliiquo 
et  le  coli-bacille  /  continuaient  toujours  à  donner  de  l'acide  lacliquo  lévogyre,  tandis 
que  le  coli-bacille  d  et  le  microbe  o  donnaient  alors  de  l'acide  lactique  dextrogyre. 

i.i's  rocliercbes  de  Kayskh  qui  ont  porté  sur  14  ferments  différents  ont  été  absolu- 
ment coiitirmatives  de  celles  de  Picni':;  elles  ont  abouti  à  celte  conclusion  qu'avec  le 
même  sucre  les  acides  lactiques  produits  par  le  inéine  microbe  peuvent  être  diflércnls 
dans  des  milieux  dillerenls.  Un  peut  cependant  remarquer  que  les  ferments  delà  crème, 
peu  actifs  pour  la  plupart,  donnentde  préférence  de  l'acide  droit  dans  tous  les  milieux; 
les  ferments  de  la  distillerie,  plus  puissants,  donnent  de  préférence  des  acides  inactifs 
dans  les  milieux  usuels  au  saccbarose  et  au  maltose;  mais  ils  peuvent  donner  aussi  des 
acides  droits;  le  ferment  n,  on  particulier,  a  paru  très  variable,  il  a  donné  a;issi  facile- 
ment de  l'acide  inactif  que  de  l'acide  droit. 

Comme  les  diverses  recliercbes  qui  pré^cèdent  ont  été  faites  sur  îles  ferments  à  ren- 
dement en  général  peu  élevé,  on  pourrait  peut-être  penser  que  les  ferments  pioduc- 
teurs  d'acide  lactique  commencent  tous  par  donner  aux  dépens  du  sucre  de  l'acide 
inactif;  les  uns,  capables  de  détruire  cet  acide,  brûleraient,  avec  des  vitesses  variables, 
selon  les  conditions  de  la  culture,  l'un  des  deux  isomères  et  aboutiraient  ainsi  à  des 
résidus  actifs;  les  autres,  hors  d'état  de  consommer  l'acide  lactique,  laisseraient  intact 
celui  qu'ils  ont  une  fois  formé.  Pottkvi.v  (92)  a  montré  qu'une  telle  façon  de  concevoir 
les  choses  serait  tout  à  fait  erronée;  il  résulte  en  effet  de  ses  recherches  qu'un  ferment 
lacti(iue  peut,  tout  en  conservant  ses  «lualités  de  ferment  lactique  vrai,  donner  naissance 
à  un'  acide  actif,  celui-ci  représentant  plus  de  80  pour  100  du  sucre  détruit;  la  nature 
de  Vacide  formé  n'est  sous  la  dépendance  directe  ni  de  la  fonction  chimique,  ni  de  la 
constitution  de  l'hydrate  de  carbone  dont  il  dérive. 

Gomme  le  dit  Duclaux,  tous  les  cas  sont  donc  possibles,  ce  qui  signifie  que  nous 
n'en  savons  pas  la  loi.  Cela  n'est  pas  surprenant,  parce  que  nous  voyons  que  trois 
inlluences  au  moins  se  superposent  pour  commander  la  nature  de  l'acide  lactique  pro- 
duit: le  ferment,  la  matière  alimentaire  bydrocarbonée,  la  matière  alimentaire  azotée. 

Autres  produits  formés  au  cours  de  la  fermentation  lactique.  —  Les  divers 
produits  qui  sont  susceptibles  d'apparaître  à  côté  de  l'acide  lactique  sont  assez  nom- 
breux; on  a  signalé  l'hydrogène,  l'anhydride  carbonique,  l'acide  formique,  l'acide  acé- 
tique, l'acide  succinique,  l'alcool  éthylique,  la  mannile,  l'acétone,  etc. 

Le  plus  important  et  le  plus  constant  de  ces  produits,  celui  qui  se  rencontre  dans 
toutes  les  fermentations  lactiques  sans  exception,  et  parfois  en  assez  grande  proportion, 
est  l'acide  actUique.  Cet  acide  acétique,  dans  beaucoup  de  cas,  peut  d'ailleurs  être  con 
sidéré  comme  un  produit  secondaire  de  la  fermentation  lactique  : 

CH:î.  CHOH.COOH  +  02z=CtI3.COOH  +  H^O  +C0^ 

Celle  équation  explique  en  même  temps  la  formation  d'aidiydride  carbonii|ue. 

Mécanisme  de  la  formation  d'acide  lactique  aux  dépens  des  hydrates  de 
carbone.  Diastase  lactique.  —  On  a  indiqué  précédemment  que  la  formation  d'acide 
lactique  avait  été  observée  à  partir  d'un  grand  nombre  de  principes  immédiats,  appar- 
tenant non  seulement  au  groupe  des  hydrates  de  carbone,  mais  même  à  celui  des 
matières  albuminoïdes.  Les  réactions  qui  aboutissent  à  la  formation  d'acide  lactique 
sont  donc  très  complexes  à  partir  de  certains  de  ces  principes  et  les  faits  observés 
jusqu'ici  sont  trop  peu  précis  pour  qu'on  puisse  essayer  de  les  formuler.  Il  nous  faut 
seulement  envisager  les  hydrates  de  carbone  les  plus  simples  en  C'  ou  multiples  de  C". 

BouRijUELOT  (12)  a  trouvé  que  le  saccharose  subissait  la  fermentation  lacti(jue  sans 
dédoublement  préalable  visible;  il  en  est  de  même  dans  beaucoup  de  cas  du  sucre  de 
lait  et  du  maltose  qui  paraissent  transformés  directement  en  acide  lactique;  cependant, 
le  bacille  bulgare  (G.  Bertrand  et  G.  Wkisweiller i  dédouble  visiblement  le  lactose  en 
glucose  et  galactose  avant  de  le  transformer  en  acide.  Il  peut  se  faire  d'ailleurs  qu'il  y 
ait,  pour  tous  les  polysaccharidtis,  dédoublement  préalable,  mais  que  celui-ci  suffise 
seulement  ;'i  la  consommation  par  le  ferment,  de  telle  sorte  qu'on  n'en  voie  point  appa- 
raître les  produits  au  cours  de  la  fermentation. 


790  LACTIQUE    (Fermentation). 

Lorsqu'on  considèje  la  production  d'acide  lactique  aux  dépens  des  sucres>en  C«,  une 
t'quation  très  simple  peut  l'exprimer  : 

Aussi  l'hypothèse  d'une  diastase  lactique  dédoublante  avait-elle  été  depuis  longtemps 
envisagée  par  un  certain  nombre  de  savants  (Hoppe-Seyleu,  JSiiO;  Hillroth,  1877). 
Kayser,  qui  avait  soumis  cette  hypothèse  au  contrôle  de  l'expérience,  avait  été  amené  à 
conclure  de  ses  recherches  qu'une  telle  diastase  ne  semblait  pas  exister. 

En  réalité,  une  telle  diastase  existe,  d'après  les  recherches  d'Ed.  Bichner  et  J.  Mej- 
sENHEiMER  (1903)  et  celles  de  Herzog  (1903).  Buchner  et  Meisenheimer  (17)  ont  centrifugé 
des  cultures  de  Bacillus  Delbrucki  (Leichmann).  Le  dépôt  a  été  traité  ensuite  par  l'acétone, 
puis  par  léther,  desséché  dans  le  vide  et  enfin  broyé  avec  du  sable  et  très  peu  d'eau. 
En  ajoutant  la  masse  ainsi  obtenue  à  une  solution  do  saccharose  additionnée  de  craie  et 
de  toluène,  il  s'est  formé  de  l'acide  lactique  qui  a  été  caractérisé  à  l'étal  do  sel  de 
zinc.  A  vrai  dire,  les  quantités  d'acide  lactique  ainsi  produites  étaient  faibles,  mais  elles 
résultaient  exclusivement  de  l'action  des  produits  de  sécrétion  du  ferment,  car  les  essais 
de  culture  faits  avec  les  produits  broyés  n'ont  donné  aucun  résultat. 

Herzoo  (o3)  agite  avec  de  la  terre  d"infusoiies  des  cultures  pures  de  B.  acidi  lactici, 
de  façon  à  obtenir  une  masse  facile  à  essorer  .qui  est  pressée  et  triturée  ensuite  avec 
de  l'alcool  méthylique  fortement  refroidi;  après  quelques  minutes  de  contact,  le  liquide 
est  décanté  et  la  masse,  lavée  plusieurs  fois  avec  de  l'éther,  est  essorée  et  séchée.  On 
obtient  ainsi  une  matière  blanche,  pulvérulente,  inodore,  capable  de  transformer  ja 
lactose  en  acide  lactique. 

Stoklasa  (114  et  Ho)  a  annoncé  en  1905  qu'il  avait  pu  isoler  une  diastase  lactique 
de  certains  végétaux  supérieurs,  on  précipitant  par  l'alcool  et  l'éther  le  suc  de  divers 
organes. 

La  formation  d'acide  lactique  dans  l'organisme  animal,  en  particulier  dans  les 
muscles,  doit  être  vraisemblablement  rattachée  à  un  processus  enzymotique  de  même 
ordre. 

Mécanisme  de  la  formation  de  quelques  sous-produits  de  la  fermentation 
lactique.  —  L'acide  acétique,  comme  on  l'a  déjà  vu,  peut  être  produit  aux  dépens  de 
l'acide  lactique  lui-même,  primitivement  formé.  Il  peut  également  résulter  de  l'action 
sur  le  sucre  de  la  diastase  acétique,  dont  l'existence  a  été  démontrée,  comme  celle  de 
la  diastase  lactique,  jiar  Bcchner  et  Meisenheimer.  Enfin  il  peut  provenir  de  l'oxydation 
de  l'alcool,  qui  se  forme  dans  certaines  fermentations  lactiques  et  dont  la  production 
est  sans  doute  liée  à  la  sécrétion,  par  le  ferment,  de  la  zymase  alcoolique. 

Pour  la  formation  de  la  mannite  trouvée  en  forte  proportion  dans  certaines  fermen- 
tations lactiques,  on  pourrait  admettre  l'équation  proposée  par  Gayon  et  Dubourg  (40) 
dans  leurs  recherches  sur  le  ferment  mannitique  : 

13C6H1206  -I-  6H20^i2C6Hi*06  +  GCO^ 

ou  encore  l'une  de  celles  proposées  par  Mazé  et  Perrier  (78). 

La  formation  d'acide  propionique  peut  s'expliquer  par  décomposition  directe  du 
sucre  : 

7  CeH»20«  =  12C3H602  +  6C02  +  6H20 

L'acide  formique  pouri'ait  provenir  d'une  décomposition  de  l'acide  lactique  d'après 
l'équation. 

2C3H603  =  C3H602  +  C2Hi02  -f  CH202 

ou  de  l'oxydation  de  l'acide  lactique  : 

C3H603  +  0  =  C2Hi02  -H  CH202 

Marche  de  la  fermentation  lactique.  —  Duclaux  a  exposé  au  point  de  vue 
théorique  comment  on  peut  concevoir  la  marche  d'une  fermentation  lactique  ;  il  s'est 


LACTIQUE    (Fermentation).  791 

efforcé  dv  dégager  quelques    iilées   générales   de  la  masse;   énorme   des   expériences 
accumulées  à  ce  sujet;  nous  les  résumerons  dans  les  lignes  suivantes  : 

Ensemençons  un  ferment  lactique  vrai  dans  un  liquide  sucré,  en  nous  assujettissant 
aux  deux  conditions  suivantes  :  d'abord  la  dose  de  sucre  ne  dépasse  pas  un  niveau  tel 
cjue  le  ferment  no  puisse  la  faire  entièrement  disparaître;  en  second  lieu,  le  ferment 
est  sans  action  sur  l'acide  lactique  formé.  Dans  ces  conditions,  nous  constatons  qu'à 
partir  du  moment  où  la  multiplication  du  fermeni,  très  active  surtout  pendant  les  pre- 
mières heures,  est  terminée,  la  courbe  de  l'action  devient  tout  à  fait  régulière;  si  on 
prend  pour  abscisses  les  temps  et  pour  ordonnées  les  quantités  d'acide  lactique  formé, 
elle  aura  la  forme  générale  d'une  logarithmique  ;  le  rendement  en  acide  lactique  ne 
sera  pas  de  100  p.  100;  il  y  aura  une  perte  due  aux  matériaux  absorbés  par  la  cellule 
pour  sa  construction  ou  sa  nutrition  ;  mais  cette  perte  ne  sera  jamais  tiès  grande;  les 
rendements  pourront  être  voisins  de  9!J  p.  100.  La  courbe  obtenue  représentera  l'activité 
du  ferment. 

L'expérience  précédente  ne  nous  donnera,  par  contre,  aucune  idée  de  la  puissance 
du  ferment;  pour  étudier  celle-ci,  il  faudra  répéter  l'expérience  en  faisant  dissoudre  dans 
le  liquide  une  quantité  de  sucre  telle  que  le  ferment  lactique  ne  puisse  la  transformer 
tout  entière.  La  limite  d'acidité,  qui  mesure  la  puissance  du  ferment,  sera  atteinte 
après  un  temps  plus  ou  moins  long,  variable  suivant  les  microbes  considérés  ;  mais, 
pour  le  même  microbe,  la  puissance  pourra  d'ailleurs  varier  suivant  la  nature  du  sucre, 
celle  de  la  matière  albuminoïde  présente,  la  température,  etc.,  etc.  Si  ion  peut  dire, 
d'une  manière  tout  à  fait  générale,  que  la  fermentation  lactique,  dans  les  milieux 
minéraux,  cesse  lorsque  la  proportion  d'acide  lactique  produit  atteint  environ  0,80 
p.  100,  on  constate  cependant  que,  dans  le  lait,  à  40°,  cette  quantité  peut  atteindre  1,60 
p.  100  et  même  4  p.  100  dans  du  lait  dont  la  caséine  a  été  préalablement  peptonisée 
par: du  suc  gastrique  (Ch.  nicHEx).  Si  on  ajoute  du  carbonate  de  calcium,  on  pourra  faire 
facilement  fermenter  des  solutions  sucrées  dont  la  teneur  atteindra  même  100  grammes 
par  litre,  l'acide  lactique  étant  saturé  au  fur  et  à  mesure  de  sa  production. 

Avec  certains  ferments  lactiques  ou  dans  certaines  conditions  de  fermentation, 
l'acide  lactique  produit  peut  être  utilisé  par  le  ferment  qui  l'a  formé;  il  joue  alors  le 
rôle  d'un  produit  transitoire  et  la  courbe  qui  mesure  l'activité  d'un  ferment  pourra, 
dans  ce  cas,  comme  l'a  montré  Kavser,  présenter  toutes  les  formes  possibles.  Ainsi  le 
ferment  g  de  cet  auteur  se  comporte  dans  le  jus  d'oignon  comme  un  ferment  lactique 
vrai;  il  n'utilise  pas  l'acide  lactique  formé  et  sa  puissance  est  assez  élevée.  Dans  le  lait 
peptonisé,  étendu  de  son  volume  d'eau  et  contenant  environ  2  p.  100  de  lactose,  il 
n'élève  pas  l'acidité  au-dessus  de  0,3  p.  100  et  son  activité  est  devenue  très  faible. 

Quelques  exemples  de  fermentations  lactiques  trouveront  utilement  place  ici;  ils 
représenteront  bien  au  lecteur,  sous  une  forme  concrète,  l'allure  de  la  fermentation 
lactique.  Nous  emprunterons  ces  exemples  aux  recherches  de  Poitevin,  poursuivies 
avec  un  ferment  isolé  du  jus  d'oignon. 

Exemple  d'une  fermentation  avec  le  lactose.  —  Le  lactose  utilisé  avait  été  obtenu 
pur  par  des  cristallisations  successives  dans  l'eau;  il  possédait  un  pouvoir  rotatoire  de 
-t-bo°,l  à20o. 

Des  ballons  contenant  chacun  : 

Eau 200 

Peptone 2 

Lactose 8,86 

Carbonate  de  chaux 12 

sont  ensemencés  et  mis  à  3.'»°.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  ils  sont  le  siège  d'un 
dégagement  actif  d'acide  carbonique;  en  prélevant  de  temps  à  autre  un  ballon,  on 
obtient  : 

Sucro  Aciile  volatil 

Durée  Jn  la  fermentation.                consomme.  .\cidc  lise,  (acide  formiquc). 

3  jours 4,66                   4,4  0.10 

0     — 6.;;2                    6,2  0,14 

12     — 8,86                    8,0  0,16 


702  LACTIQUE    (Fermentation). 

Le  contenu  de  trois  ballons  pris  au  12*  jour  a  été  mélangé,  l'acide  tixe  extrait  à 
l'étlier.  On  a  obtenu  : 

Sultc  consommé 2G,.'i8 

Acide  fixe 26,00 

Acide  volatil 0,:"j 

L'acide  lactique  est  de  lacide  inactif;  il  représente  97,7  p.  100  du  sucre  détruit. 
L'acide  volatil  de  la  culture,  qui  était  de  l'acide  acétique  lorsque  le  ferment  se  déve- 
loppait dans  la  peptone  seule,  devient  de  l'acide  formique  lorsqu'il  se  produit  aux 
dépens  du  sucre. 

Expérience  avec  le  saccharose.  —  Le  saccharose  mis  à  fermenter  en  présence  de 
1  p.  100  de  peptone  se  comporte  comme  le  lactose. 

lOP'J  ont  donné  après  lo  jours  : 

Sucre  détruit KM 

Acide  lactique 0,8 

Acide  volatil 0,12 

Lacide  est  inaclif. 

Expérience  avec  le  mallose.  —  L'auteur  a  employ-'  du  mallose  industriel  purifié  par 
cristallisation  dans  Lalcooi,  de  pouvoir  rolatoire  aD=+  140°. 

Quatre  ballons  ont  reçu  chacun  200  centimètres  cubes  d'une  solution  sucrée  conte- 
nant 11"'", 40  de  maltose,  du  carbonate  de  chaux  et  en  outre  : 

* 

Ballous.  Poptono. 

irr. 

1 2 

II 1 

111 0.S4 

IV !i.i;<i 

Dans  les  ballons  I  et  II,  la  fermentation,  très  rapidf  au  début,  a  paru  terminée  vers 
le  dixième  jour.  Les  quatre  ballons  repris  au  Iiout  d'un  mois  ont  donné  : 

Ballons. 

I 

II 

III 

IV 


Le  contenu  des  ballons  I  et  II  mélangé  a  donné  de  l'acide  inactif;  le  ballon  IV  a 
donné  de  l'acide  di'oit. 

On  voit  nettement  dans  cette  expérience  que  le  ferment  qui  donne  en  présence 
d'une  certaine  dose  de  peptone  de  l'acide  inaclif,  donne,  avec  une  dose  à  peine  plus 
faible,  de  l'acide  droit.  Comme,  d'autre  part,  le  poids  d'acide  obtenu  représente 
88  p.  100  du  poids  du  sucre  consommé,  il  faut  bien  admettre  qu'il  ne  s'est  pas  formé 
d'abord  un  acide  inactif  dont  la  partie  gauche  aurait  été  utilisée  par  le  ferment,  mais 
bien  que  le  corps  actif  est  formé  directemenl  aux  dépens  du  maltose. 

Action  de  divers  agents  physiques  et  chimiques  sur  la  fermentation, 
lactique.  —  L'action  de  la  température  a  été  envisagée  précédemment;  nous  avons 
constaté,  en  particulier,  que  l'optimum  de  la  fermentation  lactique  était  susceptible  de 
varier  suivant  les  ferments  considérés. 

P.  Lassablière  et  Ch.  Richet  (100  et  GO)  ont  vu  que  la  lumière  diffuse  du  jour  n'in- 
fluence pas  la  fermentation  lactique  du  lait. 

Il  en  est  tout  autrement  des  rayons  j)^iOsphorescenti ;  les  mêmes  auteurs  ont  étudié 
à  ce  point  de  vue  l'action  du  sulfure  de  calcium  phosphorescent  sur  la  fermentation 


Sucre  consomme. 

A 

eide  lixp. 

Acide  volatil 

11,4 

10.8 

0.14 

M, 4 

10,6 

0,16 

o.t; 

9,2 

>. 

3.4 

3.0 

0,11 

LACTIQUE    (Fermentation).  7!i3 

Indique.  Ceflo  iiillui-ncc  csl  d'ailh'Uis^  iclaliviMin'iit  faillie,  cl,  si  l'on  onipUtio  un  tVn- 
nieiil  lacliqiie  Uî-s  aolif,  riiitlueiicc  quo  rolui-ci  subit  de  la  part  du  sulfuic  de  «iilciuni 
peut  passer  inapereui'  on  même  se  jiroduire  dans  un  st-ns  dilloicnt  de  celtii  qu'on 
observe  avec  un  Ici  nniil  i\t'  faible  activité.  Plusieurs  séries  d'expériences  faites  sur  du 
lait  non  slt'-rilisc  oui  innntn',  en  elTet  :  1"  que  le  sulfure  de  calcium,  au  début,  active  la 
IVrmcnlalion  du  lait  unnnal;  2"  que,  plus  tard,  il  ralentit  cette  fermentation.  Des 
expériences  conduites  sur  du  lait  ensemencé  par  un  ici  inciil  lat;tique  pur  ont  établi 
d'autre  part  que,  suivant  les  conditions  de  Texpérimentation,  on  pouvait  observer  soit 
une  accélération,  soit  un  ralentissement  de  la  fermentation.  Quoi  qu'il  en  soit,  la 
moyenne  des  cas  exposés  indique  que  le  sulfure  de  calcium  phos[tliorescent  exerce  une 
action  sur  la  fermentation  lactique.  Des  rechercbes  spéciales  ont  démontré  que  l'atté- 
nuation du  ferment  par  la  chaleur  le  rend  plus  sensible  à  celte  action  et  retarde  la 
fermentation  lactique. 

Comme  tous  les  microor,?anismes,  les  ferments  lactiiiues  sont  détruits  par  les 
rayons  itltra-tiolcls.  Cette  destruction  pouvant  même  se  faire  dans  le  lait,  V.  Hkmu  et 
Stobel  (32)  ont  indiciué  l'emploi  des  radiations  ultia-violettes  comme  moyen  d'obtenir 
la  stérilisation  complète  de  ce  li([uide,  sans  élévation  notable  de  la  température. 

D'après  SiGMUND  (111),  l'ozone,  à  moins  d'être  introduit  à  des  doses  assez  considé- 
rables, ne  fait  que  retarder,  sans  l'empêcher,  la  coagulation  du  lait  ;  il  ne  saurait  donc 
être  conseillé  comme  un  moyen  de  conservation  de  celui-ci. 

Action  des  antiseptiques  et  de  divers  sels  métalliques  sur  la  fermenta- 
tion lactique.  —  De  nombreux  auteurs  ont  étudié  l'action  des  antiseptiques  sur  la 
fernuMjtation  lactique,  en  se  plaçant  au  point  de  vue  exclusif  de  la  conservation  du  lait, 
de  sa  non-coagulation  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long;  la  question  ainsi  envi- 
sagée, éminemment  intt'ressante  du  côté  pratique,  a  beaucoup  moins  d'importance  au 
point  de  vue  théorique  ;  elle  sort  d'ailleurs  du  cadre  proprement  dit  de  la  fermentation 
lactique  ;  c'est  avant  tout  une  question  d'hygiène  alimentaire;  nous  ne  la  tiaiterons 
donc  pas  ici.  Il  faut  reconnaître  d'ailleurs  qu'elle  a  beaucoup  perdu  de  son  intérêt  en 
ces  derniers  temps,  les  moyens  purement  physiques  étant  devenus  à  peu  près  exclusi 
vement  les  seuls  procédés  utilisés  pour  la  stérilisation  et  la  conservation  du  lait  destiné 
à  l'alimentation. 

I>'étude  théorique  de  l'action  de  différents  antiseptiques  sur  le  ferment  lactique  a 
été  l'objet  de  recherches  de  H.  Meyer  (79).  Cet  auteur  s'est  servi  comme  liquide  renfer- 
mant la  bactérie  lactique  d'un  petit-lait  provenant  de  lait  spontanément  coagulé  entre 
18  et  2b».  Ce  petit-lait  était  d'abord  soumis  pendant  plusieurs  heures  à  l'action  de 
quantités  connues  d'antiseptique,  puis  ajouté  à  du  lait  préalablement  stérilisé  par  la 
chaleur.  Dans  ces  conditions,  lorsque  l'addition  du  petit-lait  n'(''tait  pas  suivie  au  bout 
d'un  temps  convenable  de  la  coagulation  du  lait,  c'est  que  la  bactérie  avait  été  tuée 
par  la  dose  d'antiseptique  employée.  Les  résultats  de  ses  expériences  sont  résumées 
dans  le  tableau  ci-dessous;  elles  donnent  seulement  des  indications  sur  la  résistance 
aux  antiseptiques  du  ferment  lactique  vivant  dans  le  petit-lait.  Les  chiffres  repré- 
sentent le  rapport  de  la  substa'nce  antiseptique  (en  poids  pour  les  solides,  en  volume 
pour  les  liquides)  au  pelit-lait  en  volume,  qui  empêche  toute  coagulation  ultérieure  du 
lait  stérilisé  : 

Bichlorurc  de  mercure   ...  1  [inuf  ,'U)l)() 

Iode 1  —  1000 

Acide  cyaDliyarique 1  —  H'-V-i 

F'^sscnce  d'eucalyptus   ....  1  —  400 

Hrome I  —  :{48 

Kssence  de  mouiardc  ....  1  —  J"JO 

Acide  salicylique I  —  200 

.\cido  sulfureux I  —  l-iH 

.Vcide  Ijenzoïquc I  —  l-'i 

Cldorui'C  de  calcium !  —  ■'>  > 

Créosote i  —  ."jO 

Tiiymol 1  —  ;iO 

l'hénol I  —  20 

Borate  de  sodium 1  —  20 

Henzoatc  de  sodium I  —  10 


794  LACTIQUE    (Fermentation). 

Avec  l'alcool,  la  glycérine  et  le  chloroforme,  il  a  fallu  employer  des  proportions  de 
substance  supérieures  à  celle  du  petil-lait  pour  empêcher  toute  action  ultérieure  du 
ferment.  A  propos  du  chloroforme,  Cii.  Riciiet  {9Qhis)  a  montré  d'autre  part  que  l'addi- 
tion au  lait  d'un  volume  de  chloroforme  ou  de  benzène  n'empêche  pas  la  formation 
de  l'acide  lactique;  elle  la  retarde  seulement  dans  une  certaine  mesure.  Si  on  prend 
un  mélange  de  5  volumes  de  benzène  et  de  i  volume  de  chloroforme,  on  obtient  un 
liquide  dont  la  densité  est  voisine  de  celle  du  lait,  qui  s'émulsionne  facilement  avec  ce 
dernier  et  empêche  alors  presque  complètement  la  fermentation  lactique. 

L'action  des  sels  métalliques  et  des  antiseptiques  a  été  l'objet  de  la  part  de 
Gii.  RiGiiET  de  recherches  méthodiques  très  étendues;  l'activité  de  la  fermentation 
lactique  pouvant  être  mesurée  au  moyen  de  procédés  analytiques  relativement  simples 
(titrage  de  l'acidité),  on  comprend  que  cette  fermentation  ait  été  choisie  de  préférence 
à  d'autres  par  cet  auteur,  que  ses  recherches  sur  ce  sujet  ont  conduit  à  des  conclu- 
sions d'un  puissant  intérêt  biologique. 

Gh.  Richet  (95)  dans  un  travail  sur  l'action  physiologique  des  métaux  alcalins  avait 
fait  les  observations  suivantes  : 

(>  Il  est  à  remarquer  que  les  doses  de  10  grammes  el  de  15  grammes  de  sel  par 
litre,  au  lieu  de  ralentir  la  formation  d'acide  lactique,  laccélèreni  dans  une  pro- 
portion assez  notable. 

■<  Le  chlorure  de  lithium  lui-même,  qui  est  cependant  doué  de  propriétés  toxiques 
si  puissantes  vis-à-vis  du  ferment  lactique,  est  capable  à  de  très  petites  doses  de 
stimuler  la  fermentation.   ». 

En  1892  (96),  le  même  auteur  étudiant  l'influence  de  divers  sels  métalliques  sur  la 
fermentation  lactiquf  a  pu  établir  les  faits  suivants  : 

I.  —  Certains  sels  uK-talliques,  même  à  très  faible  dose,  ralentissent  le  développe- 
ment du  ferment;  par  exemple,  le  sulfate  de  cuivre  et  le  bichlorure  de  mercure  à  la 
dose  de  0*''^001  par  litre. 

IL  —  Il  y  a  une  autre  dose  empêchante  qui  est  tout  à  fait  différente  de  la  dose 
ralentissante.  Ces  deux  doses  sont  dans  un  rappoi-t  variable  pour  chaque  substance 
métallique.  Soit  100  la  dose  empêchante,  la  dose  ralentissante  est  de  1  pour  le  bichlo- 
rure de  mercure,  10  pour  le  sulfate  de  zinc  et  15  pour  le  chlorure  de  magnésium. 

m.  —  A  dose  plus  faible  que  la  dose  ralentissante,  les  métaux  exercent  tous  (même 
les  plus  toxiques)  une  action  accélératrice.  Ainsi  le  sulfate  de  cuivre  et  le  bichlorure 
de  mercure  sont  accélérateurs  à  la  dose  de  O^^'^OOOo  par  litre  ;  le  perchlorure  d'or  et  le 
perchlorure  de  platine  à  la  dose  de  0*^^00o  ;  le  chlorure  ferrique  à  la  dose  de  0^''%5  et  le 
chlorure  de  magnésium  à  la  dose  de  20  grammes. 

Il  y  a  donc  pour  chaque  poison  :  1°  une  dose  indifférente  beaucoup  plus  faible  que 
celle,  que  l'on  admet  en  général,  et  qui,  pour  les  sels  de  mercure  et  de  cuivre,  est  infé- 
rieure à  os '",00025  par  litre;  2°  une  dose  accélératrice;  3°  une  dose  ralentissante;  4°  une 
dose  empêchante. 

IV.  —  L'effet  toxique  du  poison  porte  moins  sur  l'activité  chimique  propre  du  fer- 
ment que  sur  sa  puUulation;  car,  en  présence  d'une  grande  quantité  de  germes,  la 
dose  ralentissante  est  beaucoup  plus  forte  que  si  l'ensemencement  a  eu  lieu  en  présence 
dune  trace  de  semence. 

Ch.  Richet  a  montré  en  même  temps  quune  loi  biolo(jique  semble  se  surajouter  à  la 
loi  chimique  de  toxicité  des  métaux.  Ainsi  certains  métaux,  qui  sont  chimiquement  très 
semblables,  sont  de  toxicité  très  différente  suivant  qu'ils  sont  rares  ou  communs.  Les 
métaux  rares,  auxquels  le  ferment  n'est  pas  accoutumé,  paraissent  plus  toxiques  que 
les  métaux  communs.  Un  exemple  très  frappant  est  celui  du  zinc  et  du  cadmium  qui 
sont  chimiquement  très  proches  l'un  de  l'autre;  le  sulfate  de  zinc  à  la  dose  de  1  gramme 
n'empêche  pas  le  développement  que  le  sulfate  de  cadmium  arrête  définitivement  à  la 
la  dose  de  Ok%15.  Il  faut  Ot^'^SO  de  sulfate  de  zinc  pour  obtenir  le  même  ralentissement 
que  donne  Oe%0075  de  sulfate  de  cadmium.  De  même,  la  molécule  d'un  sel  ferrique  ou 
d'un  sel  manganique  est  cent  fois  moins  toxique  que  la  molécule  d'un  sel  de  cobalt  o« 
de  nickel. 

Gh.  Richet  (99)  a  longuement  poursuivi  sur  la  fermentation  lactique  l'étude  de  la 
loi  biologique  de  la  toxicité  des  corps  simples.  Il  a  été  ainsi  amené  à  considérer  qu'il 


LACTIQUE    (Fermentation). 


im 


existait  en  quelque  sorte  quatre  familles  de  nu-taux  au  point  de  vue  de  leur  diffusion 
dans  la  nature  :  dos  métaux  trt'S  répandus,  K,  Na,  Ca,  M^;  des  métaux  inodiréinent 
r('-pandiis,  l-'o,.\!n;  dos  métaux  assez  rares,  Zn,  l'b  ;  dos  môtaux  rares,  Cu  ;  or,  les  toxi- 
citi'-s  moyennes  de  ces  divers  métaux,  prises  naturellement  dans  des  conditions  oxpéri- 
mentales  identiques  et  exprimées  on  dix-millièmes  de  moléculo-gramme  par  litre  sont 
voisines  de  2500  pour  les  métaux  très  communs,  de  500  pour  les  métaux  modérément 
réi>andtis,  de  100  pour  les  métaux  assez  rares,  de  25  pour  les  métaux  rares. 

Cii.  Mrrc.HELL  et  Ch.  IIichet  (80)  ont  montré  que  le  ferment  lactique  était  susceptible 
do  s'accoutumer  aux  poisons;  sa  vitalité  d'abord  fortement  atténuée  par  le  poison  se 
relève  rapiilomont  pour  atteindre  cello  d'un  organisme  placé  dans  des  conditions  nor- 
males. 

Ch.  KicHET  et  Chassevant  (20)  ont  déterminé  pour  un  certain  nombre  de  métaux  (pris 
à  l'état  de  sel)  la  dose  antûjc  né  tique  et  la  dose  antibiotique  par  rapport  à  la  fermenta- 
tion lactique;  ils  appellent  dose  antigénétique  la  proportion  de  métal  capable  d'empê- 
cber  la  fermentation  lactique  de  s'établir  dans  des  milieux  qui  contiennent  de  nombreux 
ferments  ;  quant  à  la  dose  antibiotique,  c'est  celle  (jui  peut  arrêter  la  fermentation 
dans  des  milieux  contenant  de  nombreux  ferments  en  pleine  activité. 

Les  expériences  étaient  faites  sur  un  petit-lait  neutralisé  et  stérilisé,  additionné  de 
son  volume  d'eau  et  ensemencé  au  moment  voulu  (dose  antigénétique)  et  sur  du  petit- 
lait  en  pleine  fermentation  lactique  depuis  vingt-quatre  beures,  neutralisé  au  moment 
de  l'expérience  (dose  antibiotique). 

Voici  le  résumé  des  résultats  obtenus;  les  valeurs  indiquées  se  rapportant  à 
1  000  centimètres  cubes  : 


en  grammes. 

Magnésium 12 

Lithium 3,5 

Calcium 12 

Strontium 21,87 

Baryum 34,3 

Aluminium 1,43 

Manganèse 0,704 

Fer 0,448 

Plomb 1,35 

Zinc 0,33 

Cuivre 0,189 

Cadmium 0,19 

Platine 0,0987 

Mercure 0,0738 

Nickel 0,0148 

Or 0,03144 

Cobalt 0,0074 


Valeur 

de  la  dose 

antibiotique 

(;n  faisant 

;énétique 

Dose  antibiotique 

dose 

— i 

antigénctique 

en  molécules. 

en  grammes. 

on  molécules. 

-^1. 

0,3 

36 

1,5 

3 

0,25 

7 

0,3 

2 

0,15 

32 

0,4 

2,3 

0,123 

43,75 

0,23 

2 

0,125 

68,6 

0,25 

2 

0,026 

2,05 

0,037 

1.4 

0,0064 

0,939 

0,0083 

1,3 

0,004 

.0,36 

0,003 

1.2 

0,0036 

2,3 

0,0061 

1,T 

0,0025 

0,436 

0,0033 

1,4 

0,00J5 

0,189 

0,0015 

1 

0,000848 

0,477 

0,0021 

2,3 

0,00023 

0,290 

0,00073 

3 

0,000184 

0,0738 

0,000184 

1 

0,000134 

0,0237 

0,00021 

1.6 

0,00008 

0,0648 

0,000163 

2 

0,000062 

0.0074 

0,000062 

1 

Dans  des  rechercbes  très  étendues,  basées  sur  un  nombre  considérable  d'expériences 
permettant  de  prendre  des  moyennes  homogènes  et  utilisant  des  méthodes  de  dosage 
de  l'acidité  du  genre  de  celles  décrites  à  propos  de  l'action  de  l'air  sur  la  fermeniation 
lactique  (gamme  des  teintes  de  virage  de  la  phtaléine),  Ch.  Richet  (98)  a  pu  démontrer 
linllucnce  indéniable  de  doses  très  faibles  de  substances  diverses  sur  la  fermentation 
lactique.  Après  avoir  vu  que  des  quantités  d'émanation  de  radium  certainement  très 
inférieures  à  un  millième  de  milligramme  par  litre  étaient  très  actives  sur  la  fermen- 
tation lactique,  il  a  pensé  que  de  très  faibles  doses  d'autres  substances  auraient  peut- 
être  aussi  un  effet  sensible. 

En  fait,  le  formol  agit  encore  sur  la  marche  de  la  fermentation  lactique  à  la  dose 
invraisemblable  d'un  millième  de  milligramme  pour  1000  litres. 

La  fermentation  lactique  du  lait  est  modifiée  par  simple  addition  de  20  gouttes 
d'eau  ordinaire  (à  0*'''",i825  de  sel  par  litre)  pour  1000  centimètres  cubes. 


T96  LACTIQUE    (Fermentation). 

Avec  le  baryum,  on  constate  une  acctUération  légère  de  la  rermentation  la(Un[ue  à  la 
dose  de  OK'\Oo6oOt  par  litre. 

En  appelant  s  la  dose  par  litre  de  Os',!  de  sel  métallique  (ou  10-'),  ou  peut  mettre 
dans  des  liqueurs  lactées  (lait  pur  dilué  de  trois  fois  son  volume  d'eau)  des  doses  de  ç-, 
ou  «■\  ou  ç*,  etc.,  répondant  à  des  doses  de  Ob'", 01,  Ob^OOI,  Oer^oOOl  par  litre,  etc.  On 
constate  une  influence  très  nette  des  sels  ou  substances  étudiés  ^sels  d'argent,  de 
cobalt,  de  manganèse,  de  nickel,  de  platine,  de  vanadium,  etc.,)  à  la  dose  de  <f'', 
soit  1  milligramme  dans  1 000  mètres  cubes;  il  a  pu  même  être  établi  avec  des  mélanges 
de  sels  que  la  dose  de  ç"  (mol.)  répondant  à  peu  près  à  ç"  en  poids  pour  la  totalité 
des  sels  est  encore  capable  d'exercer  une  certaine  influence. 

Voici  quelques  conclusions  générales  des  rechercbes  de  On.  Riciiet  relatives  à  cette 
action  de  doses  minuscules  sur  la  fermentation  lactique  : 

1.  Pour  des  doses  fortes  (o"^,  œ^,  o'^),  il  se  produit  un  ralentissement  (H)  de  la  fermen- 
tation; c'est  là  le  phénomène  connu  de  l'action  ralentissante  des  sels  de  platine,  argent, 
mercure,  etc. 

2.  Pour  des  doses  moyennes  (s',  ç"),  il  se  fait  une  accélération  (A)i  du  processus 
fermentaire.  Ce  fait  est  devenu  classique  ;  tout  antiseptique  à  faible  dose  accélère  la 
feniientation. 

•  3.  Une  dose  encore  plus  faible  détermine  d'une  façon  constante  un  ralentissement 
secondaire  {\V;. 

4.  Si  la  dose  est  extraonlinairemenl  faible  (ç^,  z^' ,  il  se  fait  une  accélération  secon- 
daire (A'). 

Il  s'agit  là  de  lois  générales  s'appliquant  au.x  divers  métaux  étudiés,  sauf  toutefois 
au  thallium  qui  se  comporte  un  peu  différemment  aux  doses  caractéristiciues  de  l'accélé- 
ration secondaire  (s'').  Voici  par  exemple  les  résultats  obtenus  avec  le  chlorure  de 
vanadium. 

.\cidité. 
Témoin.    .    .       100  , 

? «:i     ) 

q;2 06.2   '   R 

y» 09,4   ) 

?* !'"'       /   A 

ç5 103,()  \ 

9» 101,4      R' 

9' 102.4  ^ 

5» 104,4      A' 

çfl 103,5  ) 

^<i 100.1 

Il  semble  qu'il  y  ait  deux  actions  successives  de  l'antiseptique,  une  première  action 
chimique,  toxique,  caractérisée  par  le  ralentissement  et  l'ac.cé'.éralion  primaires;  une 
seconde  action  électrique  (ou  autie)  caractérisée  par  le  ralentissement  et  l'accélération 
secondaires,  et  se  produisant  au  moment  où  l'alonic  se  dissocierait  en  forces  électriques 
puissantes  (?). 

On  peut  se  demander  d'ailleurs  si  ces  actions  secondaires  ne  sont  pas  encore  des 
actions  chimiques  agissant  non  plus  tant  sur  le  phénomène  chimique  proprement  dit 
de  la  transformation  diasiasique  du  lactose  en  acide  lactique  que  sur  le  phénomène 
biologique  de  la  croissance  du  ferment. 

On  entrevoit,  d'après  ce  qui  précède,  toute  l'imporlance  physiologiijue  des  faits 
trouvés  par  Ch.  Richet,  relatifs  à  l'influence  des  doses  minuscules  sur  la  fermentation 
lactique. 

La  facilité  relative  avec  laquelle  on  peut  mesurer  l'activité  de  la  fermentation 
lactique  a  été  utilisée  aussi  par  M.  Trillat  (120)  dans  des  recherches  concernant 
l'influence  exercée  sur  les  microbes  par  les  fermentations  putrides.  Les  ferments  lac- 
tiques exposés  pendant  quelques  heures  aux  gaz  dégagés  de  10  centimètres  cubes  de 
bouillon  en  putréfaction  étaient  ensuite  ensemencés  dans  du  lait  écrémé,  stérilisé  et 
étendu  au  tiers.  Les  ferments  lactiques  ainsi  traités  ont  poussé  beaucoup  plus  vite  que 
les  témoins  exposés  à  l'air  normal;  l'ambiance  des  atmosphères  putrides  essayées 
(neutres,  sans  trace  appréciable  d'ammoniaque)  a  donc  été  très  favorable  aux  ferments 


LACTIQUE    (Fermentation).  7!»7 

lat'liiiucs;  par  l'ontro,  si  on  proloiiirt^  trop  lont;lemps  ro.\[)osilion  aux  alniosplirips  pré- 
cétlcnles,  on  constate  une  action  antis('pti(iii('. 

Quelques  applications  spéciales  des  ferments  lactiques.  -  lîn  deliors  du  nMe 
consi(lt''raltl(>  Joué  par  les  fcrnienls  lactiques  dans  les  industries  se  rattachant  à  la  bras- 
serie, à  l.i  laiterie,  à  la  distillerie,  etc.,  nous  devons  mentionner,  sans  y  insister  d'ailleurs, 
certains  modes  d'utilisation  hases  sur  la  concurrence  vitale,  qu'ils  sont  capables  d'exer- 
cer avec  succès  vis-à-vis  il'autres  niicroor<;nnismes  inutiles  oti  nuisibles.  Dans  heaucouj) 
de  cas,  ils  aj:,'issent  surtout  en  créant  un  milieu  ac'ulc.  défavorable  à  la  croissance  de 
nombreuses  bactéries,  celle  de  la  putréfaction  en  particulier.  .Vinsi,  (lnoi.iiois  (2i))  a  pré- 
conisé l'enseniencement  des  silos  de  fourrap-es  veilsou  de  pul[)es  industiiellesau  moyen 
de  ferments  lactiques  de  manière  à  protéger  ib-liiiilivement  ces  produits  contre  l'invasion 
dés  microbes  nuisibles. 

C'est  dans  le  but  de  lutter  contre  les  microbes  dani^ereux  contenus  dans  l'intestin 
que  les  ferments  lacli(]ues  sont  utilisés  en  thérapeutique  sous  des  formes  très  diverses 
(laits  caillés,  bouillons  de  cuUuies,  poudres,  comprimés,  etc.).  Nous  n'avons  pas  à  traiter 
cette  question  (|ui  est  du  ressort  purement  médical;  nous  signalerons  seulement  la 
difficulté  d'obtenir  des  préparations  thérapeutiques  stables  et  durables,  c'est-à-dire 
contenant  toujours  des  bacilles  vivants  et  suffisamment  actifs. 

Bibliographie.  —  l.es  lr;ivaux  cités  sont  rangés  dans  Tordre  ;ilpli.ilii'ti(iue  des 
noms  d'auteurs.  Les  numéros  correspondent  aux  renvois  contenus  dans  le  corps  de 
l'article.  Nous  avons  intliqiié  dans  cette  bibliographie  un  certain  nombre  de  mémoires 
qui,  bien  ([ue  non  cités  expn^ssément  dans  ce  dernier,  jieuvent  cependant  présenter 
quelque  intérêt  au  point  de  vue  de  la  fermentation  et  des  ferments  lactiques. 

1.  Barthel.  Contribution  à  la  connaissance  de  ta  repartition  des  ferments  lactiques  en 
dehors  du  lait  {Revue  (jcncrak-  du  lait,  n°^  10,  H,  12,  1906).  —  2.  Beijerinck.  Over  mcl- 
krunrgloting  in  melk  [Koninklijhc  Acad.  v.  Wetenschappen,  avril  1907)  ;  —  3.  Fermenta- 
tion lactique  dans  le  lait  [Arch.  Néerland.  Se.  exactes  et  natur.,  (2),  xiii,  3o6-378,  1908;  — 
4.  —  Sur  les  ferments  lactiques  de  l'industrie  [Arch.  Néerland.  Se.  exactes  et  natur.,  (2),  vi, 
212-243,  1901).  — 5.  G.  Belonowski.  Ueber  die  Prùdukte  des  Bacteriiim  coli  commune  in 
Symbiose  mit  Milchsdurc-bacillen  und  unler  einigen  anderen  Bcdinguwjcn.  [Biochcm.  Ztschr., 
VI,  251-271,  1907).  —  6.  A.  Bensch.  Ueber  die  Darstellung  der  Milchsdure  und  Buttersdure 
\Ann.  derChem.  u.  Pharm.,  Lxr,  174-178, 1847.  Voir  une  modification  du  procédé  de  Bensch, 
d'après  Lautemann;  id.,  cxni,  242-244,  1860).  —7.  G.  Bertrand  et  F.  Dlciiacek.  Action  du 
ferment  bulgare  sur  les  principaux  sucres  {Ann.  Inst.  Pasteur,  xxiii,  402-414,  1909.  — 8. 
G.  Bertrand  et  R.  Veillon.  Action  du  ferment  bulgare  sur  les  acides  monohasique.s  dérivés 
des  sucres  réducteurs  (C.  R.  Ac.  des  Sciences,  clh,  330-332,  1911).  —9.  G.  Bertrand  et 
G.  Weisweiller.  Action  du  ferment  bulgare  sur  le  lait  [Ann.  Inst.  Pasteur,  xx,  977-991, 
1906).  —  10.  J.  J.  Berzélius.  Ueber  die  Milchsdure  {Ann.  der  Phys.  it.  Chemie,  xix,  20-34, 
1830).  —  U.C.  Blondgau.  Des  fermentations  [Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  (3),  xn,  244-201, 
330-343,  1847).  —  12.  Em.  Bourquelot.  Les  fermentations,  Paris,  1889,  1893.  —  13. 
F.-N.-J.  BocKiiouT  et  Ott  de  Vries.  Ueber  cine  Gélatine  verflûssigende  Milchsdurebakterie 
{Centralb.  f.  Bakler,  n  Abt.,  xir,  o87-590,  1904).  —  14.  Boutron  et  Frémy.  Recherches  sur 
la  fermentation  lactique  {Ann.  de  Chim., et  de  Phys., {2, L\xm, 211,  18iO. — 15.  L.  Boi  troux. 
Sur  la  fermentation  lactique  [C.  R.  Ac.  des  Sciences,  Lxxxvi,00."i-(i08,  1878).  —  16.  Il,  Bragon- 
NOT.  Sur  un  acide  particulier  qui  se  développe  dans  les  maticres  acescenles  (Ann.  de  Chimie, 
1,  Lxxvi,  84-100,  1813).  —  17.  Eu.  Buchner  et.  J.  Meisenheimer.  Enzyme  bei  Spaltpilzgiih- 
rungen  [Ber.  d.  d.  chem.  Gcs.,  xxxvi,  634-638,  1903).— 18.  Butjagin.  Vorlâufige  Mitteilung 
iibcr  Snuerkraidgâhrung  (Centralb.  f.  Bakter,  II  Abt.,  xi,  o40-o:j0,  1904).  —  18  bis.  \\.  Cam- 
BiER.  Résistance  des  microorganismes  à  la  chaleur.  Nouvelle  fermentation  lactique  [Revue  de 
physique  et  de  chimie,  i,  221,  1897  .  —  19.  S.  Cannata  et  M.  Mitra.  Einfluss  einiger  Milch- 
fermcnle  auf  Vitalitat  und  Virulenz  verschiedencr  pathogener  Mikroorganismcn  [Centralb. 
f.  Bakter.,  l,  Orif^.,  L\\\\,  100-108,  1911).  —  A.  Ciiassevant.  Action  des  sels  métalliques  sur 
la  fermentation  lactûjue  {Thèse  doct.  méd.,  Paris,  1897;  Trav.  du  lab.  de  Cii.  Bichet,  vr, 
264-297,  1898).  —  21.  G.  C.  Ciiatterjee.  A  new  lactic  acid  producing  Slreplothrix,  foiind 
in  the  fcrmented  milk  of  India  {Centralb.  f.  Bakter.,  I.  Orig.,  lui,  103-112, 1910).  —  22. 
T.  Chrzaszcz.  Die  ••  Chinesische  Hefe  »,  etc.  {Centralb.  f.  Bakter.,  Il  Abt.,  vu,  320-338,  1901). 


7lt8  LACTIQUE    (Fermentation). 

—  22.  M.  CoHE.NDY.  Description  d'un  ferment  lactique  puissant  capable  de  s'acclimater  dans 
l'intestin  de  l'homme  [C.  R.  Soc.  BioL,  lx,  558-560,  1906.  Voir  aussi  d'autres  mémoires 
publiés  dans  le  même  recueil  en  février  et  mars  1906).  —  24.  Alfred  Me  Conkey.  Lac- 
tose fermenting  Bactérie  in  f accès  {Journ .  ofHyg.,  v,  333-379,  1001);  Further  observations 
on  the  différenciation  of  lactose-fermenting  bacilli,  ivith  spécial  référence  to  thosc  of  intesti- 
nal origin  [Journ.  of  Hyg.,  ix,  86,  1909).  — 25.  J.  Crolbois.  \Conservatio7i  et  augmentation 
de  digestibiiité  des  pulpes  de  distillerie  et  de  sucrerie  en  fosse,  ainsi  que  des  fourrages  verts 
ensilés  par  une  fermentation  rationnelle  par  ensemencement  [C.  R.  Ac.  des  Sciences,  gxlix, 
411-412,  1909.  Voir  aussi  Revue  scientifique,  l,  53-54,  1912).  —  26.  P.  Darbois.  Résis- 
tance du  Micrococcus  melitensis  pendant  la  fermentation  lactique  dans  le  laitage  {C.  R. 
Soc.  BioL,  Lxx,  102,  1911).  —  27.  Denys  et  Martin.  Sur  les  rapports  du  Pnewnobacille 
de  Friedlaender,  du  ferment  lactique  et  de  quelques  autres  organismes  avec  le  Bacillus 
lactis  aerogcnes  {La  Cellule,  ix,  261-293,  1893).  —  28.  E.  Duclaux.  Traité  dé  Microbiologie, 
IV,  415,  1902.  L'article  sur  la  Fermentation  lactique,  id.,  311-373,  est  à  consulter 
entièrement.  —  29.  M,  Dl'gceli.  Bakteriologische  Untersuchuugen  ùber  das  armenische 
Mazun  [Centralb.,  f.  Bakter.,  II  Abt.,  xv,  57-7-600,  1905).  —  30.  J.  Effront.  Action 
du  ferment  bulgare  siir  les  substances  protéiques  et  amidées  {C.  R.  Ac.  des  Sciences, 
eu,  1007-1009,  1910);  —  31.  Sur  le  ferment  bulgare  (C.  R.  Ac.  des  Sciences,  glu, 
46.3-465,  1911).  —  31  bis.  C.  Emkmann.  Mikrobiologisches  ùber  die  Arrakfabrikation  in 
Batavia  [Centralb.  f.  Bakter,  \\i,  97-103,  1894).  —  32.  Epstei.n.  Untcrsuchungen  iiber  Milcli- 
sàuregdhrung  [Arch.  f.  Hygiène,  xxviii,  1890).  — 34.  Escherisch.  Die  Darmbacterien  des 
Sàuglings  und  ihre  Beziehung  zur  Physiologie  der  Verdammg  {Fortsch.  der  Med.,  1885);  et 
Beitràge  zur  Kenntniss  der  Darmbacterien  {Mimch.  med.  Wochsrf.  43,  1886).  —  35.  Esten. 
Ferments  lactiques  {Compte  rendu  sommaire  de  la  Vil*"  réunion  annuelle  de  la  Société  des 
bactériologistes  américains  (d'après  Bull.  Inst.  Pasteur,  iv,  245,  1906).  —  36.  Ed.  de  Freu- 
UECSKEICH,  Des  agents  microbiens  de  la  maturation  du  fromage  {Aiin.  de  Micrographie,  ix, 
185-193, 1897)  ;  —  37.  Les  agents  microbiens  de  la  maturation  du  fromage  d' Emmenthal  [Ann . 
de  Micrographie,  ix,  385-409,  1897].— 38.  Ed.  v.  Freudenreich  et.I.  Tiiom.  Ueber  die  in  der 
normalen  Milch  vorkommenden  und  Bakterien  ihre  Beziehungen  zu  dem  Kiisereifungsprozesse 
{Centralb.  f.  Bakter,  II,  Abt.,  x,  305-311,  340-349,  1903);  —  39.  Ueber  die  Wirkung  ver- 
schiedener  Milchsàure fermente  auf  die  Kàsereifung  {Centralb.  f.  Bakt.,  II  Abt.,  xiv,  34-43, 
1905).  —  40.  U.  Gayon  et  E.  Dubourg.  Nouvelles  recherches  sur  le  ferment  mannitique  {Ann. 
Inst.  Pasteur,  xv,  527-569,  1901).  —  41.  A.  Ginzberg.  Die  chemischen  Vorgànge  bei  der 
Kumys  und  Kefirgàhrung  :  I.  Untersuchungen  iiber  Steppenkumys  {Biochem.  Ztschr.,  xxxi, 
1-24,  1910.  II.  Ueber  kiinstliche  Kumys  und  iiber  Kefir;  id.,  25-38,  1912).  —  42.  Gobley. 
Sur  le  lactate  de  chaux  {.Tourn.  de  Pharm.  etdeChim.,  (3),  vi,  54-62,  1844).  —  43.  C.  Gorini. 
Sulla  flora  bactericu  dei  formagidi  (irana  liendi  conti  d.  R.  Acad.  d.  Lincei,  xiv,  396-398, 
1905). — 44.  G.  GrixoiNi.  lA'itoi'O  latte  fermentato,  facile  a  preparasi  nei  servigi  ospedalieri,il 
Gioddu  (Ann.  di  Med.  navale,  anno  xi,  ii,  3,  1905;.  —  45.  Grotenfelt.  Fortschritte  der 
Medicin,  vu,  124.  —  46.  M.  Guerbet.  Notes  sur  la  fermentation  du  yoghourl  {C.  R.  Soc. 
BioL,  LX,  495-497, 1905).  —  47.  Gunter  et  Thierfelder  (ylrc/i.  f.  Hyg.,  xxv,  164,  1895).  — 
48.  A.  Harden.  The  Chemical  action  on  glucose  of  the  lactose  fermenting  organism  of  faeces 
(Journ.  of  Hyg.,  iv,  488-493,  1905).  —  49.  Harrison.  The  distribution  of  lactic  acid  bacteria 
in  curd  and  cheese  of  the  Cheddar  type  [Rcv.  génér.  du  lait,  n°  18,  409-415,  1906).  —  50. 
G.  Hastings  et  W.  Ha.\imer.  The  occurrence  and  distribution  of  the  B.  Bulgaricus  of  Yogurt 
{Centralb.  f.  Bakter.,  U  Aht.,  xxv,  1418,  1909).  —  51.  P. -G.  Heinemanx.  Pouvoir  pathogène 
du  Streptococcus  lacticus  {d'après  BulL  Inst.  Pasteur,  v,  146,  1907).  -^  52.  V.  Henri  et 
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1909).  — 53.  R.  0.  Herzog.  Ueber  Mikhsduregàhrung  {Ztschr.  physiol.  Chem,,  xxxvn,  381- 
382,  1903).  —  53  bis.  R.  0.  Herzog  et  T.  Horth.  Zur  Stereochemie  der  Milchsuuregàhrung 
{Ztschr.  physiol.  Chem.,  lx,  131-151,  1909).  —54.  F.  Hlepi'e.  Untersuchungen  ùber  die  Zer- 
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VIII,  737-785,  1894).  —  56.  Contribution  à  Vétude  de  la  fermentation  lactique  {Ann.  Inst. 
agron.,  (2),  m,  241-276,  1904)  {A7in.  Brasserie  et  Distillerie,  viii,  5-7,  1905).  —  57. 
G.  Koestler.  Der  Einfluss  des  Luftsauerstoffes  auf  die  Gàhrtâtigkeit  typischer  Milchsâure- 
bakterien  {CentralbL  f.  Bakter.,  II  Abt.,  xix,  40-49,   128-148,  236-255,  394-419,    1907. 


LACTIQUE    (Fermentation).  799 

L'ailiclo  loiiliciil  uni'  ;is.s(.v.  lnumu-  l)il)liom;i|iliii'  .  ■  58.  Km  khkk.  Bal;teriolor/iscli-chc- 
inischc  Untersuchumj  hasùjev  Butter  {Centralbl.  /'.  Uitlacr.,\'\i,  Hii,  1910).  —  59.  Kkuse.  Das 
Vcrhdltnis  der  MUclisdurehnkterien  zinn  Streptocuccus  lanceolalus  [Pneumoniecoccus,  Ente- 
rococcus  u.  s.  w.  ^Cenlralb.  /".  Ihikler.,  I  Abt.,  xxxiv,  737,  739,  1903).  —60.  P.  Lassaijlièrk 
et  Cil.  lliCHET.  Action  du  sulfure  de  calcium  pliosphorescent  sur  la  ferincnlaiion  luctùpia 
[Trar.  du  lab.  de  Cii.  Riciiet,  vi,  19-73,  1909).  —  61.  J.  I.ikuk;.  Ueber  die  rrsaehen  </<;< 
rasehendcrinncns  der  Milrh  bci  (îcu'iltcr  unddie  Mitlel  daxselbc  zu  rerhiiidcrti  (IHsscrtation, 
lloidelberg,  1891).  —  62.  1'.  I.im>neh.  Ueber  cin  iienea,  in  Malzmaiselie  rorliommeiidea  Milch- 
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tactic  fermentation  and  itsbearin<j  on  pathology  {Trans.  of  the  patholoijical  Society  of  Lon- 
don,  XIX,  1878).  —  64.  F.  LiiHNis.  Versuch  eincr  Gruppierum/  der  Milchsiiurebakterien  {Cen- 
tralb.  f.  Bakler..  II  Abt.,  xviii,  97-149,  1907).  —  65.  7Air  Kenntni'<s  der  in  Milch  und  Mol- 
kereiproduldas  rorkommendcn  Bakterien  {Centralb.  f.  liaktcr.,  II  Abt.,  xxix,  331-340, 
1911  L  —  66.  .V.  LL'ERs^;EN  et  M.  Kuii.N.  Yo(jhurt,  die  bulgariache  Saucrmilch  {Centralb.  f. 
liaktcr.,  II  Abt.,  .nx,  •234-248,  1908).  —  67.  E.  Mack.  Traité  pratii/iie  de  bactérioloijie, 
o""  éd.  1904,  et  6«  éd.,  1912).  —  68.  S.  Makrinokk.  Zur  Frage  der  NomenkUUur  des  sogenann- 
tenBacillus  Bulgaricus  {Centralb.  f.  liaktcr.,  II  Abt.,  .xxvi,  374-388,1910).— 69.  L.Margail- 
LAN.  Sur  la  séparation  du  saccharose  et  du  lactose  par  le  ferment  bulgare  (C.  R.  Ac.  des 
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II  Abt.,  XI,  739-744,  1904).  —  78.  Additional  Work  upon  the  Associative  Action  of  liacteria 
in  the  Souring  of  Milk  {Centfalb.  f.  Bakter.,  II  Abt.,  xii,  593-397,  1904);  —  74.  E.xtended 
Studies  of  the  Associative  Action  of  Bacteria  in  the  Souring  of  Milk  (Centralb.  f.  Bakter., 
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Technique  fromagire.  Théorie  et  pratique  {Anh.  Inst.  Pasteur,  xxiv,  395-428,  435-466,  543- 
562,  1910).  —  78.  P.  Mazé  et  A.  Perrier.  Sur  la  production  de  la  mannite  par  les  ferments 
de  la  maladie  des  vins{Ann.  Inst.  Pasteur,  xvii,  587-598,  1903).  —  79.  IL  Meyer.  Ueber  das 
Milchsdure ferment  und  sein  Verhalten  gegen  Antiseptiea,  Dorpat,  1880).  —  80.  Ch.  Mit- 
chell  et  Ch.  Richrï.  De  l'accoutumance  des  ferments  aux  milieux  toxiques  (C.  ft.  Soc.  Biol., 
637-639,  lu,  1900).  —  81.  P.  Miquel  et  R.  Cambier.  Traité  de  bactériologie  pure  et  appli- 
quée à  la  médecine  et  à  Vliygiène,  1902^.  —  82.  M.  Xencki.  Die  isomeren  Milchsauren  als 
Erkennungsmittel  einzelner  Spaltpilzarten  {Centralb.  f.  Bakter.,  ix,  304-307,  1891).  —  83. 
M.  Nencki  et  N.  Sieber.  Ueber  die  Bildung  der  Parauiilchsdwe  durch  Gdhrung  des  Zuckers 
{Monatsch.  f.  Chemie,  x,  532-450,  1889). —  84.  C.  Nigolle  etE.  Ducloux.  Recherches  expéri- 
mentales sur  la  conservation  du  lait  {Revue  d'hygiène  et  de  police  sanitaire,  xxyi,!!"  2,  1904). 
—  85.  E.  Nocard.  Note  sur  la  mammite  gangreneuse  des  brebis  laitières  {Ann.  Inst.  Pasteur, 
I,  417-429,  1887).  —  86.  Nocard  et  Mollereau.  Sur  une  mammite  contagieuse  des  vaches  lai- 
tières {Ann.  Inst.  Pasteur,  i,  109-127,  1887).  —  87.  R.  Oehler.  Ueber  Yoghurtkontrolte 
(Centralb.  f.  Bakter.,  xxx,  7-12,  1911).  — 88.  L.  Pasteur.  Mémoire  sur  la  fermentation  appc- 
b'e  lactique  (C.  R.  Ac.  des  Sciences,  vl,  913,  1857;  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  (3),  lu,  404, 
418,  1858).  —  89.  Pelouze  et  Gélis.  Mémoire  sur  l'acide  butyrique  {Ann.  de  Chim.  et  de 
Phys.,  (3),  X,  434-450,  1844).  —  90.  Pérè.  Contribution  ti  la  biologie  du  Bacterium  coli  com- 
mune et  du  Bacille  typhique  {Ann.  Inst.  Pasteur,  vi,  512-337,  1892);  —  91..Smj'  la  formation 
des  acides  lactiques  isomériques  par  l'action  des  microbes  sur  les  substances  hydrocarbonées 
.Vnn.  Inst.  Pasteur,  vi,  737-750,  1912).  —  92.  IL  Pottevin.  Contribution  à  l'étudv  de  la 
frrinentation  lactique  {Ann.  Inst.  Pasteur,  xii,  49-()2,  1896).  —  92  bis.  0.  Rahn.  Die  Empfiiid- 
lichkeit  der  Fdulniss-und  Milchsdure-bakterien  gegen  Giftc  [Centralb.  f.  Bakter.,  II  Abt., 
XIV,  21-25,  1905).  — 93.  Ch.  Richet.  De  la  fermentation  lactique  du  sucre  de  lait  iC.  R.  Ac. 
des  Sciences,  lxxxvi,  550-552, 1878);  —  94.  De  queh^ues  conditions  de  la  fermentation  lactique 
(C.  /{.  .le.  des  Sciences,  750-752,  lxxxviii,  1879);  —  95.  Arch.  int.  Phys.,  x,  1882);  — 
96.  De  l'action  de  quelques  sels  métalliques  sur  la  fermentation  lactique  {€.  R.  Ac.  des 
Sciences,  cxix,  1494-159(),  1892); —  96  bis.  Études  sur  la  fermentation  lactique.  De  l'action 
soi-disant  antiseptique  du  chloroforme  et  du  benzène  .^C.  R.  Soc.  Biol.,  lvi,  216-219,  1904)  ; 


800  LACTIQUE    (Fermentation). 

—  97.  Études  sur  In  fermentation  lactique.  Influence  de  la  surface  libre  sur  la  marche  de  la 
fermentation  [C.  R.  Soc.  Biol.,  lvii,  937-960,  1905);  —  98.  De  Vaclion  des  métaux  à  faibles 
doses  sur  la  fermentation  lactique  [C.  II.  Soc.  Biol.,  lvmi,  435-4SG,  1906);  De  l'action  des 
doses  minuscules  de  substance  sur  In  fermentation  lactique  [C.  /î.  Soc.  Biol.,  lviii,  981-982, 
1906); —  Ueber  die  Wirl<un(j  schwacher  Dosen  auf  physiologisclie  Vorgiinf/c  und  aufGahrun- 
gen  im  beso'nderen  [Biochem.  Zeitschr .,  xi,  273-280,  1908);  —  De  l'actiondes  doses  tninuscules 
de  substance  sur  la  fermentation  lactique  {Trar.  du  lab.  de  Cii.  Hiciikt,  vi,  294-372,  1909, 
Arch.  int.  Plujs.,  m,  130-152,  203-218,  264-282,  1906;  iv,  18-50);  —  99.  De  la  loi  biolo- 
gique qui  gouverne  la  toxicité  des  corps  simples  {Arch.  int.  Phys.,  x,  208-224,  1910);  — 
100.  Étïules  sur  la  fermentation  lactique.  II.  Effets  de  la  fluorescence  siir  la  fermentation 
lactique{C.  R.  Soc.  Biol.,  lvi,  219-221,  1904);  — 101.8»/-  une  combinaison  de  l'acide  lactique 
avec  lacaséine  dans  la  fermentation  lactique  (C.  R.  Soc.  Biol.,  lx,  650-051,  1906);  —  102. 
Des  doses  accélérantes  des  sels  de  inagnésium  dans  la  fermentation  Inctiquc^  [C.  R.  Soc.  Biol., 
Liv,  1436-1438.  1902).  —  103.  E.  Hist  et  J.  Kiioury.  Etudes  sur  un  lait  fermenté  comestible, 
le  «  Leben  >'  d'Egypte  [Ann.  Inst.  Pasteur,  xvi,  65-84,  1902).  -  104.  G.  Rose.ntiiai,  et 
P.  Ch.\zarai.\  Wetzel.  Bases  scientifiques  de  la  bactériothérapie  par  les  ferments  lactiques. 
Essai  de  concurrence  vitale.  I.  Ferments  lactiques  et  microbes  du  groupe  bacille  d'Eberlh.  — 
bacille  d'Escherich  (Société  de  thérapeutique,  23  juin  1909).  —  105,  d.  Rose.\tiial.  Hases 
scientifiques  de  la  bactériothérapie  par  les  ferments  lactiques  (suite).  Bacille  bulgare  contre 
méningocoquc  de  W  eichselhaum  en  milieu  mixte.  Confirmation  des  lois  générales.  Impor- 
tance prépondérante  de  l'acidi/ication  (C.  /{.  Soc.  Biol.,  i.xix,  344,  1910  .  II.  Le  lait  caillé 
au  bacille  bulgare,  élément  de  prophylaxie  certaine  du  choléra  asiatiiiur.  Concurrence  vitale 
du  bncille  virgule  et  du  bacille  bulgare  Id.,  398.  1910).  —  106.  K.  Saito.  .Mikrobiologische 
Studien  ûber  die  Zubereitung  des  Batatenbra nntweines  aufder  Insel  Ilochijo  {Japan)  {Ccn- 
Iralb.  f.  Bakter.,  II.  Abt.,  xviii,  30-37,  1907).  —  107.  Ein  Beispiel  ron  Milchsaurebitdung 
durch  SchimmelpHze  iCentralb.  f.  Bakter.,  II  Abt.,  xxix,  286-290, 1911).  — 108.  G.  Sandherc;. 
Ein  Bcitrag  zur  Bakteriulogie  der  milchsituren  Gàhrung  im  Màgen  mit  besonderer  Beriick- 
sichligung  der  <-  longen  »  Bacillcn  (Ztschr.  f.  klin.  Med.,  u,  80-94,  1903).  —  109.  F.  Schak- 
DixGEH.  Ueber  eine  neue  optisch  active  Modification  der  Milchsiiure  durch  hacterielle  Spnltiutg 
des  Rohrzuckers  erhnlfcn  iMonntsh.f.  Chem.,  xi,  545-559,  1890).  — 110.  .'^ciieei.e.  {Snmmttiche 
Werke,  ii,  249,  1793).  — 111.  W.  Sic.mu.nd.  Die  physiologischcn  Wirkungcn  des  Ozons  Cen- 
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Yoghurt  und  seine  prophylaktische  und  Ihcrapeutische  Veruendung  gegen  die  Kalberruhr 
{Berl.tierdrztl.  Wochsrft.,  705,  1911).—  113.  W.  Stevenso.x,  The  distribution  of  the  «  Long 
lactic  bacterin  »  Lactobacilli  iCentralb.  f.  Bakter.,  xxx,  16-18,  1911).  —  114.  .1.  Stoklasa. 
Ueber  das  Enzyme  Lactolase,  welches  die  Milchsàurebildung  in  der  Pflanzenzcllc  verursacht 
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Uber  die  anaérobe  Atmung  der  Samcnpftanzen  und  ûber  die  Isolierung  ilcr  Atmungsenzyme 
[Ber.  d.  d.  bot.  Ges.,\xi\,  542-552  et  xxv,  38-42,  1907).  — 116.  V.  Storch,  JVor//e  Undeesgelser 
over  F  lodens  Syrning  {Kjobenhavn  Trykt  hosMeIscn  and  Lydiche,  1893).  —  117.  G.  Taxe. 
The  Fermentation  of  Dextrose,  Rhamnose  and  Mannitol  by  a  Laevolactic  Ferment  (Journ.  of 
the  chem.  Soc,  lxiii,  1263-1284,  1893).  —  118.  H.  Tissier.  Traitement  des  infections  intes- 
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Kenntniss  der  spontanen  Gerinnung  der  Milch  {Centralb.  f.  Bakter.,  Il  .\bl.,  xi,  600-031, 
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and  Mannitol,  etc.  (Proc.  Roy.  Soc,  lxxxiii,  272-286,  1911).  —  123.  C.  Wehmer.  Untersu- 
chungen  ueber  Sauerkrautgdhrung  (Centralb.  f.  Bakt.,  II  Abt.,  xiv,  682-713,  78-800,  1905). 
—  i24.  Weigmann,  GnuRER  et  Huss.  Ueber  armenisches  Mazun  [Centralb.  f.  Bakt.,  II  Abt., 
XIX,  70-87,  1907).  — 124.  Wissi  Beexe  Luxwolda.  Wachstum  c'miger  Milclibacterien  bei 
verschicdenen  Temperaturen  [Centralb.  f.  Bakter.,  xxxi,  5-10,  1911).  — 125.  A.  Wolfi-.  Zur 
Kenntniss  der  Verditderungen  in  der  Bakterienflora  der  frischen  Milch  uiihrend  des  sqge- 
nannten  Inkubationstadiums  [Centralb.  f.  Bnkler.,  II  Abt.,  xx,  21-25,  1908).  —  126.  Wl'rtz  et 
Leudet.  Recherches  sur  l'action  pathogène  du  Bncille  lactique  [Arch.  de  niéd.e.rp.,48o,  189!;. 

H.    HÉRISSEY. 


LACTOPHENINE.    —    LAIT.  801 

LACTOPHÉNINE.   v.  Phénoio 

LACTOPROTEIN  E.  —  Matière  albuminoïde  du  lait,  se  coagulant  par  la 
chaleur  (V.  Lait). 

LACTOSE.    —   Voy.  Lait,  Lactas^,  Lactique  (Acide)  et  Sucres. 

LACTOSINE.  —  Dexlrino  contenue  dans  les  caryopliyllées.  On  l'extrait  des 
racines  du  sihiio  vulgaire.  Elle  cristallise  et  ne  réduit  par  la  liqueur  de  Feiiu.n(; 
((/'*H*-0"  Il-O).  Traitée  par  les  acides  étendus,  elle  donne  du  lactose. 

LACTUCÉRINE  (C2»H^^02).  —  Principe  cristailisable  dans  l'alcool  qu'on 
extrait  du  laclucariuni  (suc  de  Lactuca  altistiima).  En  la  sapofliliant  par  la  potasse,  ou  a 
deux  lactucérols  <x  et  |3.  C"'H"^0-.  La  lactucérine  serait  l'éther  acétique  de  ces  alcools. 

LACTUCINE.  —  Substance  cristailisable  qu'on  extrait  du  suc  de  laitue.  Le 

suc  de  laitue  contient  aussi  l'acide  lactuciqiœ  (C'^H '^0")  ;  la  lactucone,  corps  ciistalli- 
sable,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther  (C'"'H*^''0*)  ;  et  l'acide  lactuco- 
picrique,  très  amer  (C''*H''*0-'*),  toutes  formules  d'ailleurs  peu  certaines. 

LAINE.  —  Toison  des  mouton?,  employée  en  quantité  considérable  dans 
l'industrie. 

La  composition  de  la  laine  est  celles  des  tissus  épidermiques. 

ScucTZK.NREur.F.R,  qui  en  a  fait  une  étude  attenlive,  iillribue  aux  l;iines  la  composition 
brute  suivante  : 

C  =  50 
H  =  7 
N  =  17,7 
0  =  22 
S  =  31 

Ce  qui  la  rapproche  notablement  des  albuminoïdes. 

Traitée  par  la  baryte,  elle  donne  de  la  leucine,  de  la  lyrosine,  de  l'ammoniaque,  du 
pyrrol  et  de  l'acide  acétique. 

Si  on  la  dissout  dans  l'acide  sulfurique,  on  précipite  par  neutralisation  l'acide 
lanuij inique,  corps  sulfuré,  ne  répondant  plus,  comme  la  laine  elle-même,  à  la  consti- 
tution des  matières  albuminoïdes  (G  =  41.  Az  =  10.  0  =  34.  S  =:  3,3o). 

Normalement  il  existe  dans  la  toison  des  moutons  une  grande  quantité  de  graisses 
diverses.  Toute  laine,  avant  d'être  employée  dans  l'industrie,  a  besoin  d'être  soigneuse- 
ment dégraissée.  Les  eaux  de  sinntage  ont  été  étudiées  avec  détails  [\.  Suint). 

LAIT.  —  Le  lait  est  un  liquide  sécrété  par  les  glandes  mammaires  vers  la  lin 
de  la  gestation  et  qui  est  normalement  destiné  à  assurer  la  nutrition  des  jeunes  mam- 
mifères pendant  la  première  période  de  leur  existence. 

Composition,  quantité  séci^étée,  durée  de  la  lactation,  varient  suivant  une  foule  de 
facteurs  dont  le  jilus  important  est  évidemment  l'espèce. 

Néanmoins,  malgré  les  variations  quantitatives  observées,  les  propriétés  du  lait  sont 
assez  générales  pour  permettre  d'établir  une  étude  d'ensemble.  Le  lait  de  vache  étant 
le  plus  utilisé  et  celui  sur  lequel  les  travaux  sont  les  jtlus  nombreux,  c'est  lui  que  nous 
prendrons  comme  type,  en  indiquant  au  cours  de  ce  travail  les  dill'érences  présentées 
par  le  lait  des  autres  femelles  laitières. 

Caractères  physiques.  —  Le  lait  est  un  liquide  opaque,  bleu  mat  ou  blanc 
jaunAtre,  quelquefois  bleuté,  d'une  odeur  sui  gencris,  variable  d'ailleurs  suivant  les 
espèces  et  certaines  conditions.  Sa  saveur  est  légèrement  sucrée.  Sa  densité,  prise 
à  15°,  oscilb-  entre  1,028  et  1,034.  Il  présente  très  fréquemment  la  réaction  ampboté- 
rique,  c'esL-à-dire  qu'il  rougit  le  papier  bleu  de  tournesol  cl  bleuit  le  rouge.  Nous 
aurons  d'ailleurs  à  revenir  sur  celte  question  de  la  réaction  du  lait  frais.  .\bandonné  à  lui- 
même,  il  offre  d'inipoptaiiles  modilicalions  cbiniii|ues  et  physi([ues.  La  réaction  devient 

DICT.    VV.    IMIVSIOI.OGIE.    —    T.    IX.  51 


802  LAIT. 

franchement  acide.  Cette  acidité  est  due  h  la  présence  de  quantités  croissantes  d'acide 
lactique  formé  aux  dépens  de  la  matière  sucrée  du  lait  sous  l'influence  de  micro- 
organismes;  et  alors  les  matières  albuminoïdes,  se  trouvant  dans  un  milieu  acide,  se 
précipitent  en  partie  :  le  lait  est  tourné. 

I.a  mobilité  extrême  du  lait  au  point  de  vue  chimiqur  rond  son  analyse  délicate,  ella 
première  conditionpourmeneràbienune  analyse  quantitative  et  qualitative  de  ce  liquide 
organique  est  de  le  mettre  à  Tabri  des  germes  extérieurs  :  mais  ni  les  antiseptiques,  ni 
la  chaleur  ne  peuvent  être  utilisés  :  il  faut  donc  avoir  recours  à  l'asepsie,  cest-à-dire 
obtenir  un  lait  originairement  pur  de  tout  contage. 

Le  lait  ainsi  recueilli  présente  au  bout  d'un  certain  temps  des  modifications  inté- 
ressantes. Il  perd  l'apparence  homogène  qu'il  avait  immédiatement  après  la  traite  et  se 
sépare  en  quatre  couches. 

Tout  au  fond  de  l'éprouVette  on  aperçoit  une  mince  couche  qui  tranche  par  sa 
blancheur  plus  mate  sur  la  couche  supérieure.  C'est  un  dépôt  pulvérulent  de  phosphate 
tricalcique. 

Au-dessus  se  trouve  une  couche  blanche  plus  épaisse  qui  paraît  formée  par  des 
particules  très  ténues  en  suspension.  Cette  couche,  siphonnée  et  traitée  par  les  acides, 
fournit  un  précipité  abondant,  grumeleux,  c'est  la  caséine. 

La  troisième  couche  est  opalescente,  légèrement  jaunâtre;  elle  réduit  à  chaud  la 
liqueur  de  Fehling  comme  une  solution  de  glucose.  Elle  renferme  en  effet  un  sucre 
particulier,  le  lactoae  ou  sucre  de  lait.  En  outre,  elle  précipite  par  les  acides, la  chaleur, 
elle  coagule  sous  l'action  de  la  présure.  Elle  renferme  donc  de  la  caséine  et  d'autres 
substances  albuminoïdes. 

Enfin  la  couche  superficielle  est  formée  par  la  matière  grasse  du  laiL  Elle  est 
fornlée  de  globules  graisseux  serrés  les  uns  contre  les  autres  et  que  leur  légèreté 
spécifique  a  fait  monter  à  la  surface  du  lait. 

Sur  1000  parties  le  lait  renferme  en  moyenne  130  parties  de  principes  solides  et 
870  d'eau. 

Les  principes  solides  sont  les  suivants  : 

1°  Des  matières  albuminoïdes,  4  p.  100;  2"  des  matières  grasses,  2,.^  p,  100;  W"  du 
sucre  de  lait,  4,5  p.  100;  4°  des  sels  minéraux,  1  p.  100.  (Chlorures,  phosphates  alcalins 
et  carbonates  alcalins;  sulfates  de  chaux  et  de  magnésie,  de  petites  quantités  de 
fer,  des  traces  de  silice.) 

Signalons  enfin  la  présence  de  ferments  solubles;  des  traces  de  matières  extractives 
et  en  particulier  d'urée. 

LES    GLOBULES    GRAS. 

Examiné  au  microscope,  le  lait,  et  surtout  la  crème,  présente  un  nombre  considé- 
rable de  globules,  à  contours  nets  et  épais,  entourés  d'un  liséré  fin  et  brillant,  et  dont 
le  diamètre,  des  plus  variables,  oscille  enire  2,  10  et  même  20  a  de  diamètre.  Le  dia- 
mètre moyen  est  cependant  assez  constant  sur  la  même  espèce  :  il  est,  chez  lànesse  et 
la  vache,  de  3  à  5  jji;  chez  la  chèvi^e,  de  3  [j.. 

Une  difficile  question,  qui  aujourd'hui  encore  n'est  pas  complètement  tianchée,  est 
de  savoir  si  ces  globules,  chargés  de  matières  grasses,  sont  entourés  ou  non  d'une 
membrane  :  en  d'autres  termes,  si  la  matière  grasse  est  à  l'état  d'émulsion  ou  non. 
Dès  1816,  Treviranus  considérait  les  globules  gras  comme  de  purs  globules  de  graisse  : 
à  la  même  époque  Weber  admettait  qu'ils  étaient  composés  de  caséum  et  de  beurre. 

En  1829,  Henle,  d'après  les  caractères  optiques  des  globules,  les  assimile  à  des  vési- 
cules adipeuses  dont  la  membrane  serait  de  nature  cas-'-euse. 

Donné,  en  1837,  après  avoir  admis  tout  d'abord  l'idée  d'une  capsule  de  nature  spéciale, 
la  rejetait  ensuite  pour  ne  plus  voir  dans  les  globules  laiteux  que  des  globules  gras  nus, 
la  matière  grasse  n'étant  qu'une  simple  émulsion. 

D'après  Do.n'.né  en  elTet,  si  l'on  traite  le  lait  par  Télher,  on  voit  tous  les  globules 
disparaître. 

Dumas  est  conduit  à  admettre  l'existence  de  la  membrane  en  évoquant  deux  faits 
expérimentaux:  i°  le  lait,  traité  par  le  chlorure  de  sodium  à  saturation,  laisse  remonter 


LAIT.  803 

les  globules  gras  el  ceux-ci,  après  des  lavages  léprtr-s  à  l'i'an  salée,  renferment  encore 
des  substances  azotées,  cet  azote  ne  peut  provenir  que  des  membranes;  2"  l'étlier  pur 
agité  avec  le  lait  ne  se  charge  pas  de  matières  grasses,  il  faut  njonter  des  alcalis  ou  des 
acides.  Ce  sont  ces  derniers  (jui  attaquent  la  membrane  et  permettent  la  dissolution. 

Danilewski  et  Badenhausen  isolent  la  matière  azotée  des  globules;  c'est  le  Stromei- 
ireissstoff  des  auteurs  allemands. 

Bkc.iiamp,  en  traitant  le  lait  par  du  sesquicarbonate  d'amm<>uia({ue,  obtient  une 
matière  albuminoïdo  spéciale  (jui  a|q)artienl  en  propre  aux  globules. 

STorck  signale  une  membrane  gélatineuse,  renfermant  14  à  15  p.  100  d'azote,  inso- 
luble dans  l'eau,  l'alcool,  l'acide  acétique,  (jui  rétiuit  la  li(|ueur  de  Femi.i.m;  et  le  réactif 
de  MiLLON. 

Pour  tous  les  auteurs  cités,  et  un  grand  nombre  d'auteurs  que  nous  ne  pouvons 
mentionner  ici,  le  lait  n'est  pas  une  émulsion  vraie,  et  l'opération  du  barattage  consiste 
dans  la  rupture  desimiombrables  sacs  membraneux  qui  enveloppent  la  matière  grasse. 
La  première  opinion  connue  contre  l'existence  d'une  membrane  paraît  être  celle  de 
DuBHTiMwuT,  qui  en  1871  considère  le  lait  comme  une  émulsion.  Mais  il  faut  arriver  à 
DucLAUx  pour  trouver  un  exposé  complet  de  la  question.  Il  a  démontré  l'inutilité  de 
Ihypothèse  d'une  membrane  dans  le  mécanisme  du  barattage.  Le  lait,  véritable  émul- 
sion, obéit  aux  lois  de  la  stabilité  des  émulsions  établies  par  Dlclalx. 

Même  quand  les  globules  sont  arrivés  au  contact  à  la  surface  après  avoir  triomphé 
de  la  viscosité  du  milieu,  grâce  à  leur  densité  moindre  (force  qui  serait  pour  les  plus 
gros  d'un  dixième  de  milligramme),  il  leur  faut  encore,  pour  se  souder  les  ims  aux 
autres,  triompher  de  la  résistance  des  lamelles  de  sérum;  enfin  une  autre  cause  inter- 
vient puissamment,  les  forces  capillaires.  Ce  sont  elles  qui  donnent  aux  globules 
leur  forme  sphérique,  qui  conslituenl  autour  de  lui  une  membrane  élastique,  mem- 
brane constituée  par  la  substance  elle-même,  sans  modification  ni  de  chimisme  ni  de 
texture,  et  qui  ne  doit  son  élasticité  qu'aux  forces  auxquelles  elle  est  soumise. 

Le  barattage  a  surtout  pour  effet  de  rompre  la  résistance  des  lamelles  du  sérum  et 
d'assurer  le  contact  des  globules  butyreux. 

On  peut  donc  admettre  que  la  graisse  se  trouve  dans  le  lait  à  l'état  d'émulsion. 
Tous  les  agents  physiques  et  chimiques  qui  détruisent  cette  émulsion  n'agissent  qu'en 
modiliant  la  différence  de  tension  superficielle  de  la  graisse  et  du  séium,  et  non  en 
détruisant  une  membrane  d'enveloppe  dont  l'existence  n'a  jamais  été  démontrée. 

Restent  quelques  objections  d'ordre  optique  ou  chimique.  Au  microscope,  chaque 
globule  apparaît  entouré  d'un  liséré  brillant,  mais  la  graisse  émulsionnée  avec  de  l'eau 
de  Panama  donne  des  globules  avec  le  liséré,  comme  chaque  fois  que  deux  liquides  de 
viscosité  différente  sont  en  contact. 

Quant  à  la  non-attaque  de  la  crème  par  l'éther,  c'est  simplement  une  erreur  d'obser- 
vation. L'éther  coagule  la  caséine,  qui  englobe  la  matière  grasse  et  s'oppose  à  la 
sortie  de  la  graisse,  mais  leaLement.  La  dissolution  se  fait  et  l'élher  se  charge  de 
matières  grasses. 

La  membrane  ne  saurait  être  admise  en  tant  qu'élément  morphologique  :  il  est 
doncprobalde  qu'il  se  produit  autour  des  globules  gras,  en  vertu  des  lois  d'adsorption, 
par  une  modification  moléculaire,  une  véritable  condensation  de  certains  ('léments  du 
lait,  par  exemple  des  lécithines  du  lait,  ces  corps  servant  d'intermédiaire  entre  la 
matière  grasse  normale  à  acides  volatils  et  la  matière  protéique  du  plasma. 

La  graisse  du  lait  est  constituée  par  un  mélange  de  triglycérides,  combinaison 
d'acides  gras  avec  l'alcool  glycérine  qui  abandonne  une  molécule  d'eau.  Jusqu'ici  on 
n'a  pas  démon  lié  dans  le  lait  la  présence  d'un  autre  alcool  :  c'est  sur  le  lait  des  cétacés 
que  cette  recherche  devrait  être  faite,  quoique  le  passage  d'alcool  cétylique  dans  le  lait 
de  chèvres  nourries  avec  du  blanc  de  baleine  n'ait  pas  été  vu. 

Les  termes  les  plus  bas  de  la  si'rie  grasse,  acide  formicjue,  acide  acétique,  sont  en 
très  petite  ([uantité  dans  la  graisse  du  lait.  L'acide  butyritiue  au  contraire,  dont  la 
quantité  est  variable  suivant  les  saisons,  forme  de  1,5  à  5  p.  100  de  l'acidité  totale  : 
ses  triglycérides  très  solubles  sont  facilement  décelables  par  le  goût. 

CuEVREUL  a  montré  que  le  beurre  est  partiellement  soluble  dans  l'alcool  :  100  parties 
d'alcool  bouilhint  d'une  densité  de  0,822  dissolvent  3,46  parties  de  beurre  :  or  l'alcool 


804  LAIT. 

dissout  plus  de  Ijutyrine  que  d'autres  matériaux   du  beurre,  et  cette  proprit;té  peut 
servir  à  la  séparer. 

Ainsi  donc  le  beurre  est  un  mélange  complexe  de  triglycérides,  et  il  est  possible 
que  dans  chaque  globule  du  lait  tous  les  acides  gras  soient  représentés;  il  s'agit  ici  très 
vraisemblablement  d'une  solubilisation  mutuelle,  réciproque,  variable  d'ailleurs  suivant 
leur  nature  :  en  elfet,  la  solubilité  de  la  tristéarine  est  considérablement  augmenli'-e 
par  la  présence  d'autres  triglycérides.    Voy.  Beurre.) 

Les  éthers  ainsi  constitués,  combinaisons  du  radical  glycérine  C^H^,  alcool  trivaleni, 
avec  des  acides  gras  appartenant  à  la  série  C°H-"0-,  sont  constitués  principalement  |iar 
l'oléiue  et  la  palmitine  (oléine  30,  palmitine  68).  On  trouve  également  des  triglycérides 
de  l'acide  myristique,  de  l'acide  stéarique,  de  petites  quantités  d'acide  laurique,  d'acide 
arachique.  Bhown  a  trouvé  dans  le  beurre  de  vache  jusqu'à  1  p.  tOO  d'acide  distéarique 
(;isH2ooi  qui  proviendrait  de  l'oxydation  de  l'acide  oléique.  Outre  l'acide  butyriiiue  il 
existe  de  l'acide  caproïque,  des  traces  d'acides  caprylique  et  caprinique.  Koefei.d  a  trouvé 
des  acides  répondant  à  la  formule  Cil-^O'^et  C-'H'^O'. 

La  graisse  contient  de  la  lécithine,  une  cholestérine  dont  la  formule  serait  C-'^H'-O, 
ou  C2^H-0,  ou  C-^"H«0. 

La  graisse  du  lait  ne  contient  aucun  acide  libre  ;  dans  le  beurre,  au  contraire,  si  frais 
soit-il,  il  en  existe  toujours,  et  cette  quantité  augmente  à  mesure  qu'il  vieillit.  Cette 
mise  en  liberté  d'acides  gras  résulte  d'une  saponification  de  la  matière  grasse.  La 
saponification  porte  beaucoup  plus  sur  les  glycérides  à  acides  volatils  que  sur  les  glycé- 
rides  à  acides  fixes  : 

Le  poids  spécifique  du  beurre  à  15°  oscille  entre  0.92"i)  et  0,04. 

Pour  le  beurre  du  lait  de  femme  0,87,  pour  celui  de  chèvre  0,86. 

L'indice  di'  réfraction  à  22"  est  de  i.V58,  1,4615  pour  le  lait  de  vache. 

Le  point  de  fusion  du  beurre  de  vache  varie  entre  31"!  et  34°6,  pour  celui  de 
buflle  38°,  pour  celui  de  brebis  29°,  pour  celui  de  porc  28°. 

I^a  viscosité,  d'après  Kilh.ng,  à  40°  est  2,76  à  2,81  fois  plus  grande  que  celle  de  l'eau, 
à  20°. 

La  chaleur  de  combustion  du  beurre  de  vache  est  de  9192,  d'après  Stuohmann. 

Analyse  quantitative  des  acides  gras. 

Acide  butyrique .•;,4j 

—  caproiqu'- 2,09 

capriliqiic 0,49 

—  capriniqiK 0.152 

—  laurique 2,57 

—  myristique 9.89 

—  palmitiqiie 38,61 

—  stéarique 1,83 

—  distéarique 1,04 

—  oléique 32,3 

D'après  Brown,  cité  par  W.  Raidnitz,  Eri/cOnisse  der  Phi/siolofiic. 

LES    PROTÉINES    DU    LAIT. 

Le  lait  contient  trois  protéines  : 
1°  Une  caséine  :  la  caséine  ou  plutôt  le  caséinogène; 
2°  Une  globuline  :  la  lactoglobuline; 
3°  Une  albumine  ;  la  laclalbumine. 

Caséine.  —  Cette  substance  protéique,  qui  jusqu'ici  n'a  été  déterminée  avec  certi- 
tude qu*^dans  le  lait,  appartient  au  groupe  des  nucléo-albumines  :  elle  se  distingue  des 
albumines  avant  tout  par  la  présence  du  phosphore  dans  sa  molécule  et  par  sa  façon 
d'être  vis-à-vis  du  rcraieit-Iab.  La  constitulion  de  la  caséine  dulait  de  vache  est  la  sui- 
vante (R.VUDNITZ)  : 

C  =  o2,%-o3,3 
H=  7,03-  7.07 
Az  =  13,6îi-15.91 
S=  0,73-  0,82 
P=  0,84-  0,SO 
0  =  22,6.j 


LAIT.  805 

F-e  pouvoir  rotatoire  i-sl  (|uelqao  peu  variable;  suivant  Hoim"i:-Skm-eh,  en  solution 
neutre  il  est  de  (a)  D  =  —  80". 

La  caséine  est  une  poudre  bianclu',  peu  hyi;roscopiquc,  de  poids  spécifique  =  1,259, 
très  peu  soluble  dans  l'eau  pure  et  l'alcool,  soluble  dans  les  alcalis,  les  carbonates  elles 
phosphates  alcalins.  Elle  se  dissout  dans  l'eau  de  bat^te,  et  ses  solutions  peuvent  tHre 
neutralisées  par  l'acide  phosphorique  sans  qu'il  y  ait  formation  d'un  précipité.  Elle  no 
fond  pas  à  la  chaleur,  donne  toutes  les  réactions  de  l'albumine,  mais  est  peu  sensible 
à  la  réaction  du  sulfure  de  plomb.  Un  gramme  de  caséine  en  [)oudr('  développe 
5742  calories  et,  d"a|)rès  de  récentes  recherches,  5020  à  5871.  On  a  cherché  à  déter- 
miner son  poids  moléculaire  en  se  basant  sur  son  contenu  en  S  et  en  P,  et  sur  son  noyau 
albuminoïde,  et  on  est  arrivé  à  un  chiffre  compris  entre  6o00  et  16000. 

Les  solutions  de  caséine  ne  sont  pas  coagulées  par  l'ébullilion,  mais  se  recouvrent 
d'une  mince  pellicult;  comme  le  lait.  Les  acides  étendus  la  j>récipitent,  mais  le  préci- 
pité est  soluble  dans  un  excès  de  réactif,  surtout  s'il  s'agit  de  HT,!. 

Pour  précipiter  la  caséine  du  lait  étendu  d'eau,  il  faut  plus  d'acide  acétique  qm; 
d'acide  chlorhydrique;  cela  vient  de  ce  que  les  sels  formés  mettent  un  obstacle  à  cette 
précipitation,  et  que  le  retard  est  plus  considérable  lorsqu'il  s'agitd'acétates  que  lorsqu'il 
s'agit  de  chlorures.  Les  précipités  ainsi  produits  retiennent  très  énergiquement  les 
acides  minéraux  et  ne  peuvent  en  être  débarrassés  que  par  des  lavages  successifs  et 
prolongés. 

Traitée  par  les  sels  alcalins  en  excès,  sulfate  de  magnésie,  surtout  chlorure  do 
sodium  contenant  des  traces  de  chaux,  la  caséine  précipite  de  ses  solutions  neutres,  ou 
encore  du  lait.  Les  sels  métalliques,  su4fate  d'alun,  de  zinc,  de  cuivre  précipitent  com- 
plètement une  solution  neutre  de  caséine. 

Chauffée  à  100°,  la  caséine,  d'après  Laqueur  et  Sackur,  est  dédoublée  en  deux  corp.s. 
L'un  appelé  par  eux  «  caséite  »  est  insoluble  dans  les  alcalis  dilués,  l'autre,  «  l'isoca- 
séine  »,  est  au  contraire  soluble.  L'isocaséine  est  un  acide  quelque  peu  plus  fort,  à 
d'autres  limites  de  précipitation,  à  un  équivalent  plus  petit  que  la  caséine. 

De  même,  l'alcool  bouillant  modifierait  très  profondément  la  caséine.  Ce  n'est  que 
lentement  par  l'ébullitiou  avec  HCl  que  la  caséine  est  transformée  en  acidalbumine  : 
elle  est  au  contraire  rapidement  attaquée  par  les  alcalis  chauds  et  étendus  qui  lui  font 
perdre  la  propriété  d'être  coagulée  par  la  présure  (Lundberg). 

Ce  qui  surtout  caractérise  la  caséine,  c'est  sa  propriété  de  se  coaguler  par  le  lab,  en 
présence  d'une  certaine  quantité  de  sel  de  calcium.  Cette  coagulation  se  fait  aussi  bien 
en  solution  neutre,  acide  ou  alcaline.  Dans  le  lait  bouilli  le  coagulum,  au  lieu  d'être  en 
une  seule  masse,  est  séparé  en  flocons  très  fins. 

Plus  la  réaction  est  acide,  plus  l'action  du- ferment  est  rapide  et  capable  de  s'exercer 
à  basse  température. 

La  caséine  ne  coagule  pas  par  le  lab  dans  ses  solutions  privées  de  sels  de  chaux,  et 
une  dialyse  prolongée  du  lait  qui  produit  ce  résultat  empêche  la  coagulation  de  se 
faire. 

La  caséine  formée  par  coagulation  du  lait  retient  de  grandes  quantités  de  phosphate 
de  calcium.  D'après  Soxhlet  et  Sùldnkr,  seuls  les  sels  de  chaux  solubles  auraient  une 
influence  sur  la  coagulation,  alors  que  le  phosphate  de  calcium  serait  sans  signification 
aucune.  Le  rôle  des  sels  de  chaux  dissous  vis-à-vis  de  la  coagulation  par  le  lab,  n'est 
pas  encore  clairement  élucidé,  et  les  opinions  sur  cette  question  sont  quelque  peu 
diverses.  Lorsqu'on  fait  agir  sur  une  solution  pure  de  caséine  un  ferment  lab  aussi 
bien  préparé  que  possible,  on  trouve  toujours  après  coagulation  dans  le  filtrat  une 
petite  quantité  d'une  substance  albuminoïde,  qui  a  d'autres  propriétés  que  la  caséine, 
et  un  contenu  en  azote  différent,  13,2  d'après  Koster.  La  majeure  partie  de  la  caséine, 
plus  de  90  p.  100  quelquefois,  se  sépare  par  la  coagulation  à  l'état  d'une  substance  voi- 
sine de  la  caséine,  la  paracaséine. 

La  paracaséine,  le  caséum  soluble  d'ÀRTHCs,  est  d'autant  moins  soluble  dans  l'eau 
que  la  solution  d'oîi  on  l'a  précipitée  était  plus  riche  en  calcium  :  elle  n'a  pas  au  même 
degré  que  la  caséine  la  propriété  de  maintenir  en  solution  du  phosphate  de  calcium  : 
de  plus  ses  solutions  ne  sont  nullemenl  coagulées  par  le  ferment-lab.  La  caséine  du  lait 
de  femme  esl  très  incomplètement  précipitée  par  les  acides  et  le  lab.  Il  se  'forme  un 


S(I6  LAIT. 

caillulà  (locons  fins,  soluble  dans  les  acides,  les  alcalis,  la  pepsine  chlorhydrique.  Il 
dilTère  donc  du  caillot  dense  du  lait  de  vache,  peu  soluble  dans  ces  réactifs.  Ces  diffé- 
rences ne  tiennent  pas  à  une  constitution  spéciale  de  la  caséine  du  lait  de  femme, 
mais  à  une  quantité  variable  de  sels  minéraux.  En  effet  Dogiel  a  montré  que,  si  l'on 
augmente  la  teneur  en  cendres  du  lait  de  femme,  on  obtient  par  l'acide  acétique  un 
coaguhim  en  tout  comparable  à  celui  qu'on  aurait  obtenu  avec  le  lait  de  vache. 

D'après  Biel,  le  lait  de  vache  fournil  à  chaud  en  présence  de  sel  marin  un  caillot 
contenant  : 

3,75  p.  100  de  chaux  et  3,24  d'acide  phosphorique;  le  lait  de  femme  au  contraire  ne 
donne  que  : 

1,71  p.  100  de  chaux  et  1,38  p.  100  d'acide'phospliorique. 

La  caséine  rougit  le  papier  bleu  de  tournesol  à  la  façon  de  l'acide  carbonique  sous 
la  pression  normale  de  l'atmosphère,  et  cette  réaction  lui  appartient  en  propre,  et  non 
à  des  traces  d'acide,  comme  Hammarsten  l'a  démontré. 

Elle  forme  avec  la  potasse,  la  soude,  l'ammoniaque,  la  chaux,  la  baryte,  des  caséi- 
nates  solubles. 

D'après  Bkchamp,  il  existerait  des  caséinates  neutres  et  des  caséinates  acides,  ces 
derniers  contenant  deux  fois  plus  de  caséine  que  les  autres,  et  faisant  virer  au  rouge  le 
papier  de  tournesol  par  un  contact  prolongé.  Les  dissolutions  de  caséinates  alcalins, 
traitées  par  l'alcool  concentré,  louchissent  un  peu,  mais  ne  précipitent  pas. 

La  caséine  se  combine  avec  l'acide  acétique,  avec  l'acide  chlorhydrique,  avec  l'acide 
lactique.  (Ch.  Righet.)  Elle  est  capable  de  fixer  jusqu'à  34  p.  100  d'acide  acétique.  Mais 
ces  combinaisons  ne  rappellent  nullement  les  sels  ordinaires.  Traitée  par  HCl  étendu, 
la  caséine  se  dissout,  mais  il  se  produit  un  précipité.  Si  l'on  ajoute  HCl  concontré,  il  se 
forme  un  chlorhydrate  qui  contient  jusqu'à  9  à  12  p.  100  de  HCl. 

La  digestion  de  la  caséine  par  l'acide  chloropeptique  donne,  d'après  Salkowski,  une 
albumose  peptonée  dont  on  peut  séparer  ensuite  une  pseudonucléine.  La  quantité  de 
cette  dernière,  comme  l'ont  montré  les  recherches  de  Salkowsri,  de  HAHN,';de  Marac- 
zENSKi  et  Sebelien,  est  très  variable,  de  même  que  son  contenu  en  phosphore.  D'après 
Salkowski,  la  quantité  de  pseudonucléine  produite  est  en  rapport  avec  la  quantité  de 
jcaséine  et  d'acide  employée  :  par  l'action  de  '600  d'acide  chloropeptique  sur  1  de  caséine, 
il  a  pu  obtenir  une  digestion  complète  de  caséine,  sans  aucune  production  de  pseudo- 
nucléine. Sous  l'action  de  la  pepsine  comme  de  la  trypsine,  une  partie  du  phosphore, 
croissant  avec  la  durée  de  la  digestion,  se  sépare  à  l'état  d'acide  orlhophosphorique, 
pendant  qu'une  autre  partie  de  la  combinaison  organique  reste  dans  les  albumoses 
aussi  bien  que  dans  les  peplones  vraies  (Salkowski,  Biffi,  Alexander). 

Après  la  séparation  de  la  pseudonucléine,  Salkowski,  par  la  digestion  peptique  de  la 
caséine,  a  isolé  un  acide  riche  en  phosphore,  déterminé  par  lui  comme  un  acide  para- 
nucléique.  Cet  acide,  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'alcool,  rotateur  à  gauche,  a  la 
conslilulion  suivante  : 

p.  100. 

0  =  42,51-42,96 

H=   6,97-  7,09 

Az  =  13,20-13,55 

P=    4,0.5-  4,31 

Mais  cet  acide  se  sépare  des  acides  nucléiques  en  ce  qu'il  donne  la  réaction  du  biuret, 
et  faiblement  la  réaction  xanthoprotéique. 

Pour  préparer  la  caséine,  le  lait  de  vache  additionné  de  4  volumes  d'eau  ^st  traité 
par  l'acide  acétique,  de  telle  sorte  que  le  mélange  en  contienne  0,075  à  0,1  p.  100.  La 
caséine  précipitée  est  lavée  plusieurs  fois  avec  de  l'eau.  On  la  dissout  dans  une  solu- 
tion de  soude  de  réaction  neutre  ou  légèrement  alcaline,  et  on  précipite  après  avoir 
étendu  d'eau.  On  triture  finement  le  précipité,  et  on  recommence.  Le  dépôt  alors 
obtenu  est  lavé  à  l'eau  et  traité  par  l'alcool  à  97°;  puis  lavé  sur  le  filtre  par  l'alcool  et 
l'éther.  Le  produit  est  alors  trituré  dans  un  mortier  jusqu'à  dessiccation.  Les  dernières 
traces  d'éther  sont  chassées  par  le  vide.  Il  ne  faut  employer  que  de  faibles  quantités 
de  soude;  à  forte  dose  la  soude  décompose  la  caséine,  et,  d'autre  part,  nécessite  l'em- 


LAIT.  .  807 

ploi  de  forles  (|uanlit(''S  d'acide  acétique;  car  l'acétate  foinié  retarde  la  précipitation 
(Hammarstkn). 

Lactoglobuline.  —  Seiîklik.n  a  préparé  la  lactoglobuliiie  en  saturant  le  lait  de 
vaolie  par  le  chlorure  de  sodium  :  la  caséine  est  aussi  précipitée.  I,e  li(iuide  clair 
séparé  de  ce  précipité  donne  iin  nouveau  précipité  lorsqu'on  le  sature  de  sulfate  de 
magnésie  à  froid.  La  lactoglobuline  présente  les  propriétés  générales  des  glolmlines, 
et  ne  semble  pas  diflerer  de  la  sérumglobuline,  ainsi  que  le  démontre  l'action  commune 
des  sérums  précipitants.  (Pouvoir  rotatoire  d'après  Fhedericq  —  il°Q.) 

La  gobuline  isolée  par  Fremann  du  oolosti'um  avait  cependant  un  contenu  en  carbone 
notablement  plus  petit,  49,83  p.  100. 

Lactalbumine.  —  La  lactalbumine  (caséine  soluble  de  Duclaux,  au  moins  partiel- 
lement) a  été  pour  la  première  fois  préparée  à  l'étal  pur  par  Seuelie.n.  D'après  cet 
auteur,  sa  composition  est  la  suivante  : 

p.  100. 
0  =  52,19 
H=  7,18 
Az  =  15,77 
S=  1,73 
0  =  23,13 

La  lactalbumine  possède  toutes  les  propriétés  de  l'albumine  et  cristallise  dans  le 
même  système  que  la  sérumalbumine  ou  l'ovalbumine. 

La  lactalbumi'.ie  est  en  très  faible  quantité  dans  le  lait  de  vache,  0,'o  p.  100,  elle  est 
abondante  dans  le  lait  de  brebis  et  surtout  dans  tous  les  colostrum.  Elle  se  rapproche 
beaucoup  de  la  sérumalbumine,  mais  s'en  sépare  par  son  pouvoir  rotatoire  (a):=D.  —  37". 

Sa  coagulation,  qui  dépend  de  sa  concentration  et  de  son  contenu  en  sels,  se  fait 
entre  72  et  84°. 

Le  principe  de  la  préparation  de  la  lactalbumine  est  le  même  que  celui  de  la  sérum- 
albumine. 

On  sépare  la  caséine  et  la  globuline  par  SO*  Mg.  Le  filtrat  est  débarrassé  des  sels 
cristallisés  et  traité  par  l'acide  acétique  jusqu'à  ce  que  le  mélange  en  contienne  1  0/0. 

Le  précipité  formé  est  filtré,  exprimé,  dissous  dans  l'eau  alcalinisée  jusqu'à  réaction 
neutre.  La  solution  est  alors  séparée  des  sels  par  la  dialyse.  On  peut  séparer  la  lactal- 
bumine de  la  solution  dialjsée,  soit  en  desséchant  à  une  chaleur  modérée,  soit  en  la 
précipitant  par  l'alcool  qu'on  chasse  ensuite  rapidement. 

La  présence  d'albunioses  et  de  peptones  dans  le  lait  normal  n'est  pas  prouvée. 

Opalésine  (Haduik).  —  Wroblenski  obtint,  par  saturation  au  moyen  deNaCl  ou  sulfate 
de  magnésie  des  eaux-mères  provenant  de  la  précipitation  par  l'acide  acétique  du  lait 
dialyse  de  jument  et  de  femme,  des  substances  albuminoïdes  désignées  sous  le  terme 
d'opalésine. 

Ces  substances  albuminoïdes  forment  des  flocons  glutineux  ou  des  filaments. 

Elles  ne  contiennent  aucun  groupement  hydraté  de  G,  peu  de  soufre  et  noircissent 
par  le  plomb. 

L'opalésine  du  lait  de  femme,  d'après  Wroblenski,  répond  à  la  formule  suivante  : 

C  =  4.5,03 
H=  7,31 
Az  =  15,07 
P=  0,8 
S=  4,7 
0  =  27,11 

Ces  opalésines  sont  peut-être  des  substances  albuminoïdes  spéciales  qui  sont  chimi- 
quement combinées  à  la  caséine.  Mais  la  caséine  du  lail  de  jument  n'est  pas  encore 
parfaitement  connue,  et  le  rapport  existant  entre  la  caséine  et  l'opalésine  est  encore 
pour  le  moment  problématique. 

Lëcithine.  —  Qukve.n.ne  avait  trouvé  que  les  cendres  du  beurre  avaient  une  réaction 


808  LAIT. 

acide.  Boucuardat  et  Quévenne  traitt^reiit  l'exliail  éthéré  de  beurre  par  l'alcool  bouillant, 
et  trouvèrent  une  graisse  contenant  8  p.  100  de  P,  qu'avec  «joulev  ils  déterminèrent 
comme  lécithine. 

Wrampelmayek  évalue  d'après  l'acide  phospliorique  le  contenu  en  lécitbine  du  beurre 
de  vache  et  donne  comme  chiffre  0,017  p.  100.  D'après  Solbehg,  le  beurre  de  vache 
contiendrait  de  0,1  à  0,2  p.  100  de  lécithine;  et  le  beurre  de  chèvre,  0,15. 

D'après  Burow  le  lait  de  vache  contiendrait  0,049  à  0,058,  le  lait  de  chienne  0,10  à 
0,18,  le  lait  de  femme  0,057  à  0,06  p.  100  de  lécithine. 

Les  chiffres  de  Bordas  et  de  Uacztowski  sont  comparables  à  ceux  de  Burow.  De  lu  on 
ne  peut  pas  conclure  que  la  lécithine  entre  dans  la  composition  de  la  gouttelette  de 
graisse.  Jaekle  a  trouvé  que  la  graisse  du  lait  fraîche  filtrée  ne  contient  pas  de  lécithine 

pense  qu'elle  existe  dans  le  lait  à  l'état  de  lécithalbumine. 

"Urée.  —  L'urée  se.  trouve  en  petite  quantité  dans  le  lait,  0,5  par  litre;  l'hypoxan- 
thine,  la  créatine,  l'acide  oxalique,  la  créatinine,  paraissent  exister  normalement,  mais 
en  très  petite  quantité. 

LA    CASÉIFICATION    DU    LAIT. 

Quand  on  additionne  de  présure  le  lait  à  une  tem[)érature  voisine  de  35»,  on  voit, 
après  une  période  de  temps  variable  avec  les  différent  laits,  le  lait  se  prendre  en  une 
masse  homogène,  tremblotante.  Puis  le  caillot  ainsi  formé  se  rétracte  lentement, 
exprimant  graduellement  le  liquide  qui  l'imbibait.  On  obtient  ainsi  : 

1°  Le  caillot  constitué  par  de  la  caséine  retenant  des  globules  gras; 

2"  Le  lactosérum. 

Arthus  a  principalement  insisté  sur  la  distinction  très  importante  entre  la  caséifi- 
cation  par  la  présure  et  la  précipitation  du  lait  pai-  les  acides.  Le  caillot  de  la  caséifi- 
cation  renferme  une  protéine,  une  caséine,  mais  qui  se  distingue  de  la  caséine  et  du 
caséinogène.  La  caséine  et  le  caséinogène  purs  ne  laissent  pas  de  résidus  minéraux  par 
calcination;  la  protéine  dU  caillot  laisse  toujours  un  résidu  salin.  Elle  est  pf>u  soluble 
dans  les  alcalis  ou  les  acides  composés  arec  la  caséinogène.  Le  pouvoir  rotatoire  des 
deux  substances  est  très  légèrement  différent. 

Le  lactosérum  contient  trois  substances  protéiques,  la  lactalbumine  et  la  lactoglo- 
buliiie  du  lait,  et  une  nouvelle  substance,  la  lactosérumproléose,  qui  provient  du 
dédoublement  de  la  caséine  et  qui  est  caractéristique  du  lactosérum. 

L'utilité  des  sels  de  chaux  est  démontrée  par  ce  fait  que,  dans  le  lait  additionné  d'une 
solution  d'oxalate  de  potasse  à  1  p.  100,  la  présure  en  milieu  thermique  optimum  ne 
provoque  pas  la  formation  d'un  caséum.  Toutefois  la  présure  exerce  une  action  sur 
la  caséine,  ainsi  que  le  montre  l'expérience  suivante  :  le  lait  additionné  d'oxalate,  mais 
sans  présure,  ne  précipite  ni  par  la  chaleur,  ni  par  le  chlorure  de  calcium,  alors  que  ce 
même  lait  traité  par  la  présure  donne  un  précipité  floconneux  qui  est  du  caséum,  et 
qui  proviendrait,  d'après  Arthus,  d'une  substance  caséogène  ou  caséum  soluble  préexis- 
tant dans  le  lait.  (Voy.  Estomac,  Présure.) 

Dans  le  lait  normal  ce  caséum  soluble  se  transforme  en  caséum  insoluble  sous 
l'action  des  sels  de  chaux  ; 

Rôle  de  la  présure.  —  Suivant  la  très  juste  observation  de  Lambling,  la  caséine  est 
la  seule  substance  protéique  dont  la  digestion  au  contact  du  suc  gastrique  commence 
par  une  coagulation. 

Quel  est  le  but  de  cette  coagulation? 

On  a  supposé  que  la  première  phase  de  la  protéolyse  de  la  caséine  résidait  dans 
cette  transformation  initiale,  favorisant  ensuite  l'action  de  la  pepsine.  Mais  les 
recherches  de  Zuntz  et  Sternberg  contredisent  cette  manière  de  voir.  Opérant  sur 
du  lait  normal  et  sur  du  lait  traité  par  la  présure,  ils  constatent  que  la  peptonisation 
est  beaucoup  plus  rapide  pour  le  lait  normal  que  pour  le  lait  caillé.  Pour  Tobler  lu 
présure  exerce  une  action  utile,  mais  purement  mécanique.  Le  caillot  qui  se  forme 
sous  son  action  reste  dans  l'estomac  sous  un  petit  volume,  alors  que  le  lactosérum 
s'écoule  rapidement  vers  l'intestin;  les  effets  protéolysants  de  la  pepsine  peuvent 
ainsi  s'exercer  sur  la   presque  totalité  des  matières  protéiques  contenues  dans  le  lait 


LAIT.  801) 

sans  que  le  séjour  d'une  masse  volumineuse  du  liquide  vienne  surcliarger  ou  dislendn' 
l'estomac. 

ToiîLKU  s'appuie  sur  les  observations  faites  sur  un  chien  porteur  d'une  fistule  duo- 
dénale.  Si  l'on  doime  du  lait  à  l'animal,  on  voit  peu  de  temps  après  l'ingestion  quehjues 
jels  de  lait  non  coagulé  s'échapper  du  pylore,  puis  il  n'apparaît  plus  que  du  lactostîruni, 
de  plus  en  plus  riche  en  peplone,  provenant  de  la  proléolyse  de  la  caséine  coagulée. 
La  présence  du  caillot  dans  l'estomac  est  fonclion  de  la  richesse  du  lait  en  beurre. 
(Vest  là  un  fait  géin'-ral,  puisque  depuis  Ca.nnox  on  sait  <iue  l'adjonction  de  graisses 
refarde  le  passage  des  protéiques  de  l'estomac  dans  l'intestin. 

En  opposition  avec  les  affirmations  de  Touler  sur  la  digestion  presque  totale  de  la 
caséine  par  la  pepsine  gastrique,  il  faut  citer  L.  Gaucher,  qui  soutient  que  90  p.  100  de 
la  caséine  traversent  l'estomac  sans  avoir  subi  une  peptonisation  réelh;. 

Les  différences  entre  les  caséines  peuvent  êlre  recherchées  par  l'étude  des  produiis 
d'hydrolyse.  C'est  la  méthode  suivie  par  Abderhaldex  et  Schittenhelm  fZ.  p.  C,  XLVII, 
4;jS).  La  caséine  obtenue  est  traitée  par  l'acide  sulfurique,  puis  par  la  baryte,  et  on  fait 
cristalliser. 

Caséine.      ^ 

Lait  de  vache,     l^ait  do  chèvre.     Lait  de  femme. 

Tjrosine 4,5  4,9a                      4,71 

Leucine 10,5  7,4                          •> 

Alaninc 0,9  1,5 

Proline 3,4  4,62 

Phénylalanine 3,2  2,75 

Acide  aspartique 1,2  1,1                          » 

Acide  glutamique 10,7                   .11,25                      .j,90 

On  voit  que  la  proportion  de  tyrosine  est  identique  dans  les  liois  laits  et  que  la 
composition  des  caséines  de  chèvre  et  de  vache  est  très  voisine.  On  est  dans  la  limite  des 
erreurs  possibles  pour  la  détermination  quantitative  des  acides  aminés. 

Selmi,  le  premier  (1846),  démontra  que  la  coagulation  du  lait  par  la  présure  ne 
dépendait  pas  de  l'acide  lactique,  en  coagulant  du  lait  alcaliuisé  par  la  muqueuse  sto- 
macale du  veau. 

D'autre  part,  les  modifications  de  la  caséine  du  lait  sous  l'inlluence  de  l'acide 
lactique,  et  des  acides  en  général,  et  du  lab-ferment,  ne  sont  pas  de  même  nature. 
La  caséine  est  simplement  précipitée  par  les  acides  :  elle  est  caséifiée,  c'est-à-dire 
dédoublée  par  le  lab-ferment  :  la  caséine,  précipitée  par  les  acides,  est  facilement 
soluble  dans  l'acide  acétique  ou  la  soude  étendus.  Le  coagulum  déterminé  par  la  présure 
est  plus  compact  et  beaucoup  moins  soluble  dans  la  soude  et  l'acide  acétique  étendus. 
Enfin  la  caséine  précipitée  par  les  acides  peut  être  purifiée  par  les  lavages  au  point  de 
ne  plus  laisser  de  cendres  à  l'incinération,  tandis  que  le  produit  de  l'action  du  lab  ren- 
ferme toujours  des  cendres. 

Plusieurs  théories  ont  été  émises  pour  expliquer  la  coagulation  du  lait. 

Théories  physiques.  —  La  caséine  qui  se  trouve  dans  le  lait  à  l'état  colloïdal  passe 
lentement  à  l'état  de  coagulation.  Duglaux  a  particulièrement  insisté  sur  la  lenteur 
relative  avec  laquelle  on  voit  se  former,  dans  le  lait  sur  le  point  de  se  cailler,  un  préci- 
pilé  tout  d'abord  constitué  par  des  granulations  extrêmement  fines  et  qui  sous  le 
microscope  grossissent  en  se  soudant  les  unes  aux  autres  pour  former  le  coagulum. 

Les  molécules  de  caséine  coagulée  restent  tout  d'abord  en  suspension  dans  le  liquide, 
parce  que  «  leur  adhésion  aux  molécules  du  liquide  les  soustraient  aux  lois  de  la 
pesanteur  »,  mais  si,  sous  l'influence  d'un  agent  comme  le  chlorure  de  calcium  ou  toute 
autre  force  coagulante,  «  l'équilibre  entre  la  pesanteur  et  les  forces  moléculaires  est 
troublé,  et,  soit  que  l'adhésion  entre  le  solide  et  le  liquide  ait  diminué,  soit,  ce  qui  est 
plus  probable,  que  la  force  d'attraction  entre  les  particules  du  solide  ait  augmenté, 
celui-ci  se  réunit  en  agrégats,  de  plus  en  plus  volumineux,  qui  deviennent  visibles  à 
l'œil  nu  et  se  précipitent  »  (Duglaux). 

Les  travaux  sur  les  forces  électrolyliques  et  leur  antagonisme  possible  avec  les  forces 
de  cohésion  et  de  tension  superficielle,  permettent  de  mieux  concevoir  la  théorie  pro- 
posée par  Duglaux. 


810  LAIT. 

Les  forces  de  cohésion  et  de  tension  superlicielles  ont  pour  effet  de  réunir  les 
granules,  alors  que  l'électrisation  de  contact  de  ces  granules  devient  une  cause  interne 
de  dislocation. 

Suivant  que  ces  forces  l'emportent,  on  peut  observer  une  émulsion,  oif  une  coagula- 
.  tion  (force  de  cohésion). 

Appliquant  cette  conception  au  lait,  on  peut  admettre  que  la  coagulation  du  lait  est 
provoquée  par  l'entrée  en  jeu  d'une  force  opposée  à  celle  qui  change  les  granules  en 
émulsion. 

Jacques  Dlclaux  a  établi  une  comparaison  instructive  entre  la  coagulation  du  lait 
et  la  précipitation  de  l'oxyde  de  fer  colloïdal  par  l'addition  de  traces  de  sels.  En  se  pré- 
cipitant, l'oxyde  de  fer  absorbe,  en  les  précipitant  avec  lui,  les  sels  dissous  dans  l'eau, 
comme  la  caséine  absorbe  les  phosphates. 

Théories  chimiques.  —  Action  des  sels  de  chaux.  —  Hammarsten  a  montré  qu'une 
solution  de  caséine,  débarrassée  de  tous  sels  calciques,  par  le  traitement  à  l'oxalate  de 
.soude,  ne  se  coagule  pas  en  contact  avec  la  présure,  même  en  milieu  thermique  favo- 
rable, 40°.  Il  suffit  d'ajouter  des  sels  de  cha'ix  pour  provoquer  la  coagulation. 

Et  le  phénomène  peut  se  manifester  encore  si  le  lait  décalcifié  et  en  contact  avec  la 
présure,  puis  chauffé  à  100"  pour  tuer  les  ferments,  est  recalcifié  de  nouveau. 

La  présence  simultanée  de  la  présure  active  et  de  la  chaux  n'est  donc  pas  néces- 
saire pour  déterminer  la  coagulation,  il  suffit  que  la  présure  dans  un  contact  antérieur 
ait  modifié  la  caséine  pour  la  sensibiliser  vis-à-vis  des  sels  de  chaux. 

La  présure  du  lab  aurait  pour  action  de  dédoubler  la  caséine  soluble  en  une  protéine 
soluble  et  une  paracaséine  insoluble  qui  en  se  précipitant  entraîne  avec  elle  les  phos- 
phates et  autres  sels  calciques.  Artiius  et  Paok-;  ont  soutenu  que  le  coagulum  était 
constitué  par  un  sel  calcique  de  caséine. 

Mais  cette  opinion  a  contre  elle  des  analyses  précises  de  Duclaux,  de  Lindet, 
Amman,  etc. 

S'il  y  a  dédoublement  de  la  caséine  et  formation  d'une  protéine  soluble  :  protéine 
du  sérum  d'lL\MMARSTEN,  albuminose  d'AaTHUs  et  Pages,  le  lait  caillé  doit  être  plus  riche 
en  matières  protéiques  solubles  et  plus  pauvre  en  sels  calciques. 

Duclaux  analyse  compaiativement  le  sérum  du  lait  filtré  sur  bougie  Chamberlan»  et 
le  petit-lait  d'un  lait  caillé  par  la  présure.  Les  deux  liquides  ont  la  même  teneur  en 
protéine  soluble  et  en  phosphate  de  chaux.  Linuet  et  Amman  ont  même  trouvé  que  le 
petit-lait  était  moins  riche  en  protéines  solubles  que  le  plasma  du  lait  normal,  quand 
les  deux  échantillons  étaient  (iltrés  également  sur  bougie. 

Une  autre  objection  contre  le  dédoublement  de  la  caséine  a  encore  été  apportée  par 
LiNDET  et  Amman.  Une  solution  de  caséine  pure  dissoute  dans  l'eau  de  chaux  est  exacte- 
ment saturée  par  l'acide  phosphorique,  puis  on  le  traite  par  la  présure  et  on  détermine 
le  pouvoir  rotatoire  de  la  matière  azotée  contenue  dans  le  sérum,  —  119°  est  le  chiffre 
trouvé  pour  le  phosphocaséinate  de  chaux  primitif. 

Hammarsten,  tout  en  soutenant  la  théorie  du  dédoublement  de  la  caséine,  reconnais- 
sant que  la» quantité  d'albumine  formée  était  très  petite,  admettait  que  le  lah-ferment 
n'agissait  peut-être  pas  comme  les  ferments  protéolytiques  par  un  processus  hydroly- 
tique,  mais  plutôt  par  un  processus  intramoléculaire  de  transformation  de  la  caséine. 

Petry  a  poursuivi  cette  étude  avec  le  caséinum  d'HAMMARSTEN  et  l'extrait  de  lab- 
ferment  de  Merck,  en  utilisant  le  toluène  comme  antiseptique.  En  déterminant  la  quan- 
tité d'azote  dans  la  solution  filtrée,  il  constate  que  l'albumose  augmente  en  fonction  du 
temps  écoulé.  La  paracaséine  n'est  pas  un  corps  stable,  mais  sous  l'action  du  lab  elle  subit 
des  modifications  profondes,  ainsi  que  le  montrent  les  recherches  mêmes  de  Petrv.  Un 
mélange  de  caséine  et  de  lab  mis  rapidement  en  contact  avec  un  sel  de  chaux  donne 
un  précipité  instantané.  Si  le  temps  qui  s'écoule  entre  le  présurage  et  l'addition  de  chaux 
augmente,  le  précipité  diminue,  pour  même  devenir  nul.  Il  se  formerait,  sous  l'action 
du  lab,  de  la  paracaséine,  de  l'allmmose,  puis  des  dérivés  de  la  caséine  non  préci- 
pités par  le  chlorure  de  calcium  et  l'ébuUition,  et,  avec  le  temps,  une  partie  ou  la  totalité 
de  la  paracaséine  serait  transformée  en  ces  albumines. 

Sloholsoff  admet  également  que  le  lab  possède  la  propriété  de  transformer,  partiel- 
lement au  moins,  la  caséine  en  albumose. 


LAIT.  811 

SUCRE    DE    LAIT    OU    LACTOSE 

Sous  l'action  de  l'eau,  il  eslilétlouhlt'  en  ileux  molécuios  :  glucose  et  galactose.  Traité 
par  l'acide  azotiijue  dilué,  il  donne,  outre  certains  autres  acides  organiques,  de  l'acide 
mucitjue.  Soumis  à  une  action  plus  énergique  d'acides,  il  fournit,  à  cAté  de  l'acide  formique 
et  de  substances  aminées,  de  l'acide  lévulique.  I.e  lactose  ne  se  rencontre  que  dans  le 
lait  :  cependant  on  en  a  trouvé  dans  l'urine  des  femmes  en  couches,  dans  le  cas  d'engor- 
gement laiteux;  après  ingestion  d'une  grande  (juantité  de  ce  suer»;,  on  l'a  vu  également 
passer  dans  l'urine. j 

Le  sucre  de  lait  se  présente  généralement  sous  la  formo  d'une  pmidre  cristallisée 
daus  le  système  rhomboïde  avec  une  mob'cule  d'eau  de  cristallisation,  qui  disparaît  par 
un  chaulTage  lent  à  100°,  plus  rapidement  à  130  ou  140". 

Entre  170°  et  180°  il  forme  une  masse  brune,  amorphe,  le  lactocaramel,  C^H'"0',  Il 
se  dissout  dans  6  parties  d'eau  froide  et  2,.")  d'eau  bouillante,  mais  est  insoluble  dans 
l'alcool  ou  l'éther.  Ses  solutions  sont  dextrogyre.  (a)  D  =  +  52°5.  F.e  sucre  de  lait  se 
combine  avec  les  bases  ;  ses  combinaisons  avec  les  alcalis  sont  insolubles  dans  l'alcool. 

11  ne  fermente  pas  sous  l'action  de  la  levure  de  bière  :  cependant  sous  l'action  de 
certains  schizomycètes  la  fermentation  alcoolique  se  produit,  et,  d'après  Fischer,  le 
sucre  de  lait,  par  un  enzyme  contenu  dans  la  levure,  la  lactase,  serait  dédoublé  en  glu- 
cose et  galactose.  C'est  sur  cette  fermentation  du  sucre  de  lait  qu'est  fondée  la  pivpa- 
tion  de  boissons  alcooliques  commejle  ktimys,  du  lait  de  jument;  le  képhyr,  du  lait 
de  vache. 

Le  lactose  donne  toutes  les  réactions  du  sucre  de  raisin  (réactions  de  Moore,  de 
Trommer,  de  Rlb.ver,  etc.).  Il  réduit  l'oxyde  de  mercure  on  solution  alcaline.  Par  le 
chauffage  avec  la  phi'-nylhydrazine  acétique,  il  donne  en  refroidissant  un  pn-cipité 
cristallisé  de  phényllactosazone  de  formule  C'-'^H^-N^O".  Il  diffère  du  sucre  de  canne  par 
la  réaction  positive  qu'il  donne  à  l'épreuve  de  Mooke,  à  l'épreuve  du  bismuth  :  de  plus, 
chauffé  avec  l'acide  oxalique  anhydre  à  100°,  il  ne  noircit  pas. 

Il  se  sépare  du  sucre  de  raisin  et  du  maltose  par  un  autre  degré  de  solubilité,  une 
autre  forme  cristalloïde,  mais  surtout  parce  qu'il  ne  fermente  pas  sous  l'action  de  la 
levure  de  bière,  et  que,  traité  par  AzO^H,  il  donne  de  l'acide  mucique. 

Pour  préparer  le  sucre  de  lait,  on  emploie  un  produit  de  déchet  de  la  fabrication 
des  fromages,  le  petit-lait.  Par  la  chaleur  on  sépare  les  matières  albuniinoïdes,  et  on 
évapore  le  filtrat  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  On  fait  cristalliser  après  décoloration 
sur  du  noir  animal.  Par  une  série  de  cristallisations  successives,  on  obtient  un  sucre 
pur  en  partant  du  lactose  commercial. 

SUBSTANCES    MINÉRALES. 

Les  quantités  de  substances  minérales  contenues  dans  1000  parties  de  lait  sont, 
d'après  les  analyses  de  Sôldxers,: 


K20  .    . 

.       1,72 

Na20.    . 

.       0,31 

CaO  .   . 

.       1,98 

MgO  .   . 

.       0,20 

P203.     . 

.       1,85 

Cl.    .    . 

.       0,98 

BuNGE  a  trouvé  0.0035  de  Fe-0'. 

Une  partie  de  la  chaux  est  fixée  à  la  caséine;  l'autre  partie  est  en  combinaison  avec 
l'acide  phosphorique  à  l'état  de  ]ihosphate  tricalcique,  qui  est  solubilisé,  ou  retenu  en 
suspension,  grâce  à  la  caséine. 

Dans  le  sérum  du  lait  les  bases  l'emportent  sur  les  acides  minéraux.  Le  surplus 
entre  en  combinaison  avec  des  acides  organiques  qui  correspondent  à  une  quantité 
d'acide  citiique  de  2,;>  p.  1000. 

Les  gaz  du  lait  sitnt  principalement  CO-,  un  peu  d'Az  et  des  traces  d'O.  pKLiGEK  a 
trouvé  10  vol.  p.  100  de  CO^  et0,6  vol.  p.  100  d'Az  à  0°  et  à  760  mm.  de  pression. 


812  LAIT. 

LES    ÉLÉMENTS    MORPHOLOGIQUES    DU    LAIT. 

L'examen  microscopique  du  lait  permet  dedillérencier  des  éléments  morphologiques 
différents,  et  les  auteurs  sont  loin  de  s'entendre  sur  la  valeur  et  la  classiticalion  de 
ces  divers  éléments. 

Nai.li  répartit  en  cinq  groupes  ces  éléments  : 

1°  Les  lipoi/lobules,  les  globules  gras  ordinaires  dépourvus  de  protoplasma; 

2"  Les  lipocelloïdes,  les  globules  gras  pourvus  de  protoplasma  ; 

3"  Les  celloides,  les  masses  protoplasmiques  indépendantes  pourvues  ou  non  de 
petites  gouttelettes  de  graisse  pAles  et  réfringentes; 

4°  Les  plasmoides,  agrégats  de  globules  graisseux,  de  taille  variable,  réunis  par  une 
gangue  protoplasmique  ; 

5°  Les  zonoides  des  lamelles  minces  à  contours  irréguliers,  plus  ou  moins  chargé»» 
(le  graisse. 

D'après  Nalli  l'examen  microscopique  du  lait  permettrait  de  tirer  dos  conclusions 
sur  sa  valeur  alimentaire.  Les  éléments  protoplasmiques  sont  peu  nombreux  dans  le  lait 
normal,  et  ne  sont  guère  représentés  que  par  quelques  lipocelloïdes  de  moyenne  taille. 
L'abondance  des  lipocelloïdes,  surtout  de  grande  taille,  indique  déjà  un  état  suspect. 
Enfin  les  éléments  des  trois  derniers  groupes  sont  caractéristiques  d'un  étal  patho- 
logique. 

Les  leucocytes  existent  dans  le  lait  normal,  et  Rrussel  et  Hoffmann  admettent  que 
le  chiffre  de  500000  leucocytes  par  centimètre  cube  de  lait  n'est  pas  exagéré. 

ils  ont  étudié  les  variations  de  ces  éléments  suivant  : 

1"  Moments  de  la  traite.  Les  dernières  portions  du  lait  sont  trois  fois  plus  riches 
en  leucocytes  que  les  portions  initiales  et  médianes  qui  dill'èrent  peu  entre  elles. 

2°  Rut,  vêlage,  race  sans  influence. 

;}"  Age,  augmentation  légère  avec  l'âge  des  animaux. 

État  du  pis  :  toute  inflammation,  ou  même  simple  induration  entraîne  presque 
toujours  une  augmentation  du  nombre  des  leucocytes.  Les  streptocoques  se  rencontrent 
fréquemment  dans  le  lait;  Russel  et  Hoffmann  ont  trouvé  dans  50  p.  100  des  laits 
d'animaux  sains  des  streptocoques  et  ne  considèrent  pas  leur  présence  peu  nombreuse 
comme  susceptible  de  faire  rejeter  le  lait.  Il  paraît  bien  exister  une  certaine  relation 
entre  le  nombre  des  streptocoques  et  celui  des  leucocytes. 

Dans  tout  lait  renfermant  plus  de  500  000  leucocytes  par  centimètre  cube  les 
streptocoques  existent,  alors  qu'au-dessous  de  ce  chiffre,  ils  se  rencontrent  moins 
souvent,  mais  cependant  encore  dans  1-a  proportion  de  30  p.  100. 

ÉTUDE     DU     LAIT    DE    VACHE. 

Des  modifications  quantitatives  et  qualitatives  du  lait.  —  Modifications 
qualitatives.  —  La  composition  du  lait  varie  avec  le  moment  de  la  traite. 

BoussiNCAL'LT  a  douné  les  chiffres  suivants  obtenus  avec  six  prises  île  lait  faites  pen- 
dant une  traite  : 


1,033 

1,032 

1,032 

1,032 

1,031 

1,030 

1,70 

1,76 

2,10 

2,d4 

3,14 

4,08 

(1,47 

10.75 

10,8.j 

11,23 

11, U3 

12,67 

Poids  spécifique  .... 
Matières  grasses  .... 
Substances  solides   .    .    . 

On  voit  que  la  proportion  des  graisses  et  des  substances  solides  augmente  jusqu'à 
la  tin  :  il  y  a  donc  utilité  de  faire  une  traite  à  fond. 

L'heure  a  aussi  son  influence  bien  marquée  sur  la  composition  du  lait.  Le  lait  du 
matin  est  plus  pauvre  en  beurre,  celui  du  milieu  de  la  journée  donne  le  chilTre  le  plus 
élevé.  Voici  les  analyses  correspondant  à  25  analyses  de  lait  fourni  par  sept  vaches  de 
race  hollandaise  soumises  à  une  alimentation  normale  et  traites  à  fond. 

Bourre.  Sucre  de  lait.  Caséine.  Cendres.  Matières  fixes. 

Lait  du  matin 25,00                52,10                27,20  6,66                114,40 

Lait  de  midi 47,20                53,20                27,20  5,70                135,30 

Lait  du  soir 36,30                52,24                29,60  6,53                126,23 


LAIT. 


81 


Mais  il  existe  des  variations  iiulividuolles  qui  ne  peimetlenl  pas  de  tirer  des  conclu- 
sions fermes:  Touchaiui  et  BoiWETAL  observent  une  vaclic  qui  donne  à  midi  7,26  p.  100 
de  matières  grasses,  le  soir  4,97;  puis,  le  lendemain,  3,;{0  le  malin  et  o,36  à  midi. 

Les  variations  du  lait  sont  encore  très  sensibles  selon  le  liavon. 


Analyses  de  Lajoux    H.  \'ii,i,ii:ns  kt  Cor.i.iN  . 


TKAYON    DROIT     ANTKllIKi:!!.. 


POUR  1   LITHK. 

KXTR.VIT 
A  95  \ 

BEURRE. 

SUCRE 
mi  i.AiT. 

M.\TIÈRES 

{illiiiminoïdcs. 

SELS. 

1 

Première  portion  de  la  traite   . 
Milieu  de  la  traite.    .    .".    .    .    . 
Dernièi-cs  portions 

Moyenne 

g""- 
100,00 
116,50 
113,10 

11,90 
21,30 
43,10 

51,31 

53,38 
51,31 

31,69 
36,22 
33,69 

gr- 
5,10 
5,60 
5,30 

116,53 

25,43     . 

52,00 

33,76 

5,33 

TRAYON    r)R.OIT    t'OSTERlEUR. 


POUR  1  LITRE. 

-EXTRAIT 

A  95". 

BEURRE. 

SUCRE 

DE   LAIT. 

MATIÈRES 
albiiminoïdes. 

SELS. 

Première  portion  de  la  traite  . 

Milieu  de  la  traite 

Dernières  portions 

Moyenne 

gr- 
106,80 
126,10 
145,00 

gr. 
12,30 
31,70 
54,20 

51,10 
51,78 
52,47 

gr- 
37,60 
-     3o,52 
31,43 

gr- 

5,80 

•      7,10 

6,80 

125,96 

32,73 

51.78 

34,88 

6,56 

AU    COMMENCEMENT    DE    LA    TRAITE. 


POUR  1  LITRE. 

EXTRAIT 
A  95». 

REURRE. 

SUCRE 

DE    LAIT. 

MATIÈRES 

albiiminoïdes. 

SELS. 

Pis  droit  antérieur 

—         postérieur 

Pis  gauciie  antérieur 

—          postérieur 

Moycnn-" 

gr- 
102,10 
104,80 

96,40 
102,50 

gr. 
16.80 
13,10 
12,80 

7,94 

g'"- 

42,89 
49,05 
43,34 
53,38 

gr- 
35,61 
37,05 
33,66 
35,48 

gr- 
6,80 
5,60 
6,60 
5,70 

101,45 

12,66       !        47,16 

35,45 

6,17 

Durée  de  la  lactation.  —  Pour  être  ti.\é  sur  le  rendement  annuel  d'une  bète,il  ne  faut 
pas  seulement  considérer  son  rendement  quotidien,  il  faut  aussi  se  renseigner  sur  la 
durée  de  sa  période  de  lactation.  Celle-ci  est  variable  et  se  trouve  sous  la  dépendance 
de  la  race  et  de  l'individualité.  Telle  femelle,  après  avoir  allaité  son  fruit,  donne  du  lait 
pendant  quatre  mois  à  peine,  puis  sa  sécrétion  se  tarit  brusquement;  telle  autre  ne 
s'interromprait  point  d'en  donner  d'une  mise-bas  à  l'autre,  si  l'homme  ne  jugeait  à  pro- 
pos de  la  laisser  en  repos  quelque  temps  avant  un  nouveau  vêlage.  Par  exemple  les 
vaches  de  la  Savoie,  et  particulièrement  de  la  TartMitaise,  proportionnellement  à  leur 
masse,  sont  de  bonnes  laitières;  après  la  parlurition,  elles  donnent  une  proporl'oii  élevée 


814  LAIT. 

de  lait,  fhais  six  mois  après  elles  tarissent.  Celles  de  la  Normandie  ne  montrenl  point 
cette  chute  brusque  et  prolongent  leur  période  de  rendement. 

Une  nouvelle  gestation  se  déclarant  peu  après  l'accouchement  abrège  la  durée  de  la 
lactation. 

On  a  remarqué  qu'une  peau  épaisse,  avec  des  poils  rudes  et  un  écusson  très  échancré, 
sont  des  indices  d'une  perte  rapide  du  lait. 

En  moyenne  on  attribue  une  durée  de  trois  cents  jours  pour  la  période  de  lactation  de 
la  vache,  deux  cent  quarante  pour  celle  de  la  chèvre  et  cent  trente  pour  la  brebis.  Pen- 
dant ce  laps  de  temps,  le  rendement  journalier  en  lait  est  loin  d'être  uniforme,  il  suit 
une  courbe  descendante.  Il  est  au  maximum  pendant  le  mois  du  part,  puis  il  va  dimi- 
nuant jusqu'au  moment  où  la  bête  tarit  ou  se  sèche,  suivant  les  expressions  habituelles. 
Après  son  accouchement,  alors  qu'elle  rend  le  maximum,  on  la  dit  fraîche  de  lait  ou 
fraîche  au  lait. 

Si,  en  comparant  le  rendement  du  début  à  celui  de  la  fin,  on  constate  une  diminu- 
tion, on  ne  doit  pas  conclure  que  celle-ci  est  graduelle  et  comme  insensible;  elle  se  fait 
un  peu  par  à-coups,  vraisemblablement  sous  l'influence  de  mille  causes  extérieures" 
qui  jouent  le  rôle  de  circonstances  occasionnelles.  Théoriquement,  on  peut  diviser  la 
durée  de  la  lactation  d'une  vache  conservant  bien  son  lait  ontie  les  quatre  périodes 
suivantes  : 

1"  période.'  30  jours  à  10  litres  par  jour 300  litres. 

2«        _        95     —  8  —  160      — 

3.        _         93      —  6  —  570      — 

4e        _        80     —  4  —  320       — 

300      —  1  930       — 

Au  point  de  vue  commercial,  il  faut  déduire  de  ces  2000  litres  environ  .'^oo  litres, 
pris  par  le  veau. 

La  composition  du  lait  subit  des  modifications  sensibles  pendant  la  durée  de  la  lacta- 
tion. Vers  la  fin  de  la  période,  le  poids  de  l'extrait  sec  augmente  légèrement,  ce  qui  est 
dû  à  l'augmentation  de  la  caséine  et  de  la  nature  grasse,  et  aussi  un  peu  à  la  diminution 
du  lait  sécrété. 


Composition  du  lait  après  le  vêlage-  Race  de  Sommenthal. 

0.  Je.nsen,  Annuaire  agricole  de  la  Suigse,  1905. 


1  mois  après  le  vêlage. 

2  

4  —  — 

5  —  — 

6  —  — 

7  —  — 

8  —  — 

9  —  — 
19  —  — 
26  -  — 
29  —  — 


Drnsité. 

Extrait. 

Cendres. 

Lactose. 

Beurre. 

Caséine 

1031,8 

12,44 

0,69 

5,05 

3,70 

2,98 

1032.6 

12.64 

0,71 

5,18 

3,60 

3,04 

1032.3 

12,48 

0,70 

4,99 

3,30 

3,01 

1032,1 

13.02 

0,69 

5,01 

3,97 

3,35 

1033,0 

13.63 

0,70 

3.10 

4,25 

3,. 39 

1032.9 

13,72 

0,73 

5,13 

4,47 

3,63 

1033,5 

14,37 

0,73 

3,02 

4,89 

3,84 

1034,2 

14,03 

0,74 

4,82 

4,70 

4,08 

1034,1 

14,30 

0,74 

4.94 

4,62 

4,14 

1032,3 

13,84 

0,79 

4,39 

6,10 

4,45 

1032.9 

16,09 

0,80 

4,80 

6,40 

3,71 

1034,1 

16,16 

0,84 

4.38 

6,46 

4.41 

L'influence  de  l'âge  est  incontestable  sur  l'activité  de  la  sécrétion  lactée: toutefois  les 
éleveurs  ne  s'entendent  pas  sur  l'époque  réelle  où  le  rendement  favorable  cesse.  Chez 
les  vaches  laitières,  où  les  gestations  se  font  régulièrement,  on  compte  non  par  âge  de 
la  bête,  mais  par  nombre  de  mises  bas.  C'est  ainsi  que  Fleischman.n  donne  le  tableau 
suivant  pris  avec  des  vaches  de  la  race  d'Algau. 

Après  la  mise-bas  : 
8%  la  quantité  annuelle  de  lait  est  de  1  880  litres 


Après  la  mise-bas  : 

1'%  la  quantité  annuelle  de  lait  est  de  1  530  litres 

2e         

3=         —  — 

4.         _  _ 


1790    — 

9 

1970    — 

10 

2  140   — 

11 

2  303   — 

12 

2  330   — 

13 

2120    — 

14 

1  650  — 

1  190  — 

930  — 

820  — 

600  — 

480  — 


LAIT. 


Sio 


Los  vaches  ne  coniineuccnl  à  porter  qu'à  2  ans  :  on  iicul  donc  admettro  (|ue  l'oplimuni 
de  production  est  réalisé  vers  la  huitième  annùe  pour  haisser  ensuite,  lentement  d'ahord, 
puis  Iti'usiiuement  veis  la  dixième  année. 

l,a  période  de  la  vache  laitière  serait  donc  entre  '.]  et  8  ans,  celle  de  la  brebis  enire 
2  et  0  ans,  et  celle  de  la  chèvre  un  peu  plus,  12  ans,  7  ou  S  ans. 

Rendement  moyen  annuel  de  30  races  bovines, 
en  supposant  les  conditions  biologiques  optima  pour  chacune  d'elles. 


RenJomont 
Rai'cs.  annuel. 

IldUandaise ">  400  litre* 

Diirluim :i  200     — 

Flamande 3100     — 


Holsteiii  el  Olilciibourg. 

Schwit/. 

IVAyr 

("otenliiic 

b'ribourgeoise 

Montbéliarde 

SimnieiUlial 

D'Aiigcln 

D'Algau 

Jersiaise. 


:i  000 

2sno 

2  700 
2  iOO 
2  400 
2  300 
2  200 
2  200 

2  18'; 


Norvégienne 2  000     — 


Hacos. 


Auvergnate 
.I^inzgau  .    . 


'laroulaise 

Marztbal 

lU'cssane 

Fcmcline 

Loui-daisc 

HretoDuc 

Jiitlandaise    .    .    .    . 

Limousine 

Charolaisc 

('■asconne 

Hongroise 

Des  Steppes  russes. 


(en<leinent 
annuol. 

2  000  Hlrcs 

2  000  — 

I  1)00  — 

1  900  — 

1  800  — 

I  800  — 

1  700  — 

1  O'IO  — 

1  ;rio  — 

I  550  — 

I  500  — 

I  500  — 

700  — 

650  — 


Mais  la  ([uaiitité  de  lait  n'est  pas  le  seul  facteur  dont  il  faut  tenir  compte.  Suivant 
qu'il  s'agit  de  la  vente  du  lait,  du  beurre  ou  du  fromage,  c'est  le  rendement  brut  ou 
en  beurre  ou  en  caséine  qui  devra  entrer  en  ligne  de  compte.  Le  laitier  recherchera  les 
races  hollandaise  ou  flamande  qui  donnent  du  lait  en  abondance,  mais  pauvre  en  beurre. 
Le  fabricant  de  beurre  recherchera  les  espèces  dont  le  lait  est  le  plus  butyreux  et 
qu'on  appelle  précisément  des  beurrières  à  cause  do  cela.  Assurément,  s'il  était  possible 
de  tout  réunir  dans  une  même  race,  production  maxima  en  lait  et  richesse  maxima  de 
ce  lait  en  beurre,  le  choix  serait  tout  indiqué.  Il  n'en  est  pas  ainsi;  d'ans  les  races  dont 
le  lait  est  très  abondant,  celui-ci  n'est  pas  de  première  richesse  en  matériaux  solides  et 
spécialement  en  beurre. 

En  tête  des  races  fournissant  un  lait  butyreux  se  place  celle  de  Jersey.  De  récentes 
observations  ont  montré  que  15  litres  de  lait  provenant  de  vaches  de  cette  race  suffisent 
à  faire  un  kilogramme  de  beurre.  Viennent  ensuite  la  bretonne  avec  20  à  22  litres, 
r.\ngeln  et  la  Hereford  avec  28,  celles  de  Scbwitz  avec  29,  d'Algau,  du  Simmenthal  et 
des  Flandres  avec  .32,  de  Hollande  avec  35  à  38  pour  aboutir  aux  bêtes  meusiennes  qui 
ne  donnent  la  même  quantité  de  beurre  qu'avec  40  à  41  litres  de  lait. 

La  race  a  aussi  une  influence  sur  quelques  qualités  du  beurre,  et  notamment  sur  sa 
couleur.  On  a  reconnu  que,  de  toutes  les  races,  la  Jersiaise  est  celle  qui  fournil  le 
beurre  le  plus  jaune,  et  comme,  à  tort  ou  à  raison,  le  beurre  le  plus  jaune  est  le  plus 
estimé  commercialement,  dans  plusieurs  régions  on  s'efforce  d'avoir  au  moins  une  bête 
de  Jersey  dans  les  étables,  afin  que,  son  lait  étant  mêlé  à  celui  des  autres  bêtes,  le  beurre 
provenant  du  mélange  soit  plus  jaune  qu'il  ne  l'eût  été  sans  cette  addition. 

Le  beurre  étant  l'élément  du  lait  cjui  a  la  plus  grande  valeur  commerciale,  on  s'ex- 
plique qu'on  ait  fait  des  recherches  pour  classer  les  races  d'après  leur  valeur  beurvicrc, 
s'il  est  permis  de  parler  ainsi.  Le  môme  travail  n'a 'pas  été  fait  avec  autant  de  soin 
pour  la  teneur  en  caséine,  et  par  conséquent  la  hiérarchisation  des  vaches  en  tant  que 
fromagères  n'est  pas  établie  comme  pour  les  beurrières.  L'observation  a  appris  que  les 
races  et  sous-races  fribourgeoise,  bernoise,  nronthéliarde  et  auvergnate  donnent  un 
lait  qui  convient  bien  pour  la  fabrication  du  fromage  et  qui  est,  d'ailleurs,  très  utilisé 
pour  cet  objet.  D'après  les  recherches  de  Makch.v.xo,  la  classification  suivante,  selon  la 
teneur  en  matières  protéiques,  s'imposerait  par  ordre  décroissant  :  races  limousine, 
normande,  comtoise,  tarentaise,  salers,  Durham,  niézenc,  de  Kerry,  parlhenaise,  fribour- 
geoise, Scliwitz,  (les  polders,  d'Ayr,  d'Aubrac,  flamande,  hollandaise,  suédoise. 

Chaleurs.  —  La  quantité  de  lait  fournie  par  une  frmelle  en  chaleur  diminue,  parce 


8 1()  LAIT. 

([u'ello  s'agite,  se  déplace  et  mange  moins  que  d'habitude;  quant  aux  variations  des  ('N'-- 
meiits,  elles  sont  très  diverses  d'un  animal  à  l'autre. 

Plusieurs  personnes  adonnées  à  l'industrie  laitière  affirment  qu'à  ce  moment  le  lait 
est  modifié  aussi  dans  sa  composition,  qu'il  a  une  odeur  spéciale  et  qu'il  s'allère  plus 
lacilement  que  le  lait  normal.  Il  a  été  avancé  qu'une  partie  de  la  caséine  est  nMTiplacée 
par  une  matière  albumiiioïJe  particulière.  Mais  des  analyses  précises  sont  indispen- 
sables pour  pouvoir  se  prononcer  en  connaissance  de  cause  sur  ces  modifications,  qui 
sont  plutôt  soupçonnées  que  démontrées. 

Castration.  —  La  castration  d'une  femelle  laitière  fait  diminuer  brusquement  la 
proportion  de  lactose  de  plus  d'un  cinquième,  mais,  peu  à  peu,  elle  remonte,  et,  trois 
à  quatre  mois  après  l'opération,  elle  est  revenue  à  son  taux  initial  (Marchand). 

L'influence  de  la  castration  sur  la  prolongation  de  la  sécrétion  lactée  a  été  discutée. 
D'après  Nicolas  elle  serait  nulle.  Il  prit  deux  lots  de  7  vaches,  les  unes  indemnes,  les 
autres  castrées;  la  moyenne  du  lait  fourni  par  les  bêtes  des  deux  groupes  pendant  les 
dix  mois  suivants  fut  de  9''', 4  pour  les  normales,  de  9''',1  pour  les  castrées. 


Influence  de  la  castration  Diellaioy 


Kxtrait. 

(JenJres. 

Lactose. 

Beurre. 

Caséine. 

12,35 

o,7:i 

4,17 

3,13 

4,30 

13,07 

0,74 

4,49 

4,05 

3,79 

Extrait. 

Cendres. 

Lactose. 

Bourre. 

Caséine 

12,97 

0,74 

5,30 

3,40 

3,53 

12,90 

0,79 

4,26 

4,54 

3,31 

10,30 

0,81 

4,29 

1,86 

3,34 

12.07 

0,84 

4,77 

2,91 

3,55 

lfi,58 

0,78 

4,41 

7,41 

3,98 

Avant  la  castration.    .    .    . 
Après  la  castration  .    .    . 

Période  des  chaleurs  {R.  Montuixiardes-Rollet). 

Densité. 
16  octobre    1032,7 

25  —  lo:}0,2 

26  —       (chalcui^  .       10.32,2 

28  —  1032.9 

29  —  1J29,1 

Influence  du  travail.  —  Dans  certaines  régions,  les  vaches  laitières  sont  encore 
utilisées  comme  bêtes  de  somme,  la  production  du  lait  est  sensiblement  diminuée. 
Une  vache  fournissant  b  heures  de  travail  par  Jour  donnera  15  p.  100  de  moins  de  lait 
(DoRNic),  8  p.  100  iMoKGKN  ct  Shlech),  mais  c'est  principalement  sur  l'eau  que  porte  la 
diminution. 

Analyses  de  Volpe. 

l>onsitc 

Après  le  travail » 

Après  une  nuit  de  repos.   .    .  » 


Repos  . 
Travail. 


Avant  le  travail >> 

Après  le  travail » 

Le  lait  de  vache  au  travail  est  plus  acide  que  celui  de  la  même  bête  au  repos,  il  se 
coagulerait  plus  facilement. 

D.  Gestation.  —  Pendant  la  gestation,  la  composition  du  lait  se  modifie.  Il  est  acquis 
que  l'acide  phosphorique  et  le  beurre  diminuent,  tandis  que  le  taux  de  la  caséine 
s'élève.  Il  y  aurait  diminution  du  sucre  de  lait  quand  la  laitière  est  bien  nourrie  et  reste 
en  bon  état,  tandis  que  la  proportion  resterait  stationnaire  si  la  bête  s'amaigrissait.  La 
diminution  de  l'acide  phosphorique  trouve  vraisemblablement  sa  cause  dans  la  sous- 
t:action  d'une  partie  des  phosjihates  qui  sont  dirigés  sur  le  fœtus  pour  aider  à  la  con- 
struction -de  son  squelette.  Celle  du  beurre  et  du  lactose  est  moins  facile  à  interpréter. 


Extrait.        Cendres. 
11,33             0,15  (?) 
13,41             O.lo 

Lactose. 
4,04 
4,55 

Beurre. 
3,83 
4,95 

Caséine 
3,45 
3,90 

^es  de  MûKGK.N. 

13,2              0,73 
13,48            0,75 

4,92 
5,00 

3,77 
4,09 

3,39 
3,54 

s  de  Gautrei.et 

12,52            0.75 
11,75            0.76 

4,82 
4,44 

4,02 
3,80 

2,91 
2,79 

LAIT.  817 

Les  riKunellos  soûl  des  organes  malléables,  qu'on  peut  niodifiei'  dans  leur  l'orme, 
leurs  dimensions  et  leur  rouclionnemcnt. 

La  comparaison  du  volume  de  la  mamelle  et  des  rendements  en  lait  des  femelles  do- 
mestiques avec  leurs  congénères  vivant  à  Tétat  sauvage  ou  possédées  par  des  popula- 
tions peu  avancées  en  civilisation  et  qui  les  exploitent  mal,  est  convaincante.  Les  vaches 
africaines,  a3iali(|ues  et  celles  des  savanes  américaines,  qui  ne  sont  pas  ou  sont  mal 
exercées  en  vue  de  la  production  du  lait,  ont  les  mamelles  peu  développées,  elles  ne 
donnent  de  lait  que  ce  qui  est  nécessaire  pour  nourrir  leur  veau,  puis  le  lait  tarit. 

L'espèce  ovine  offre  des  exemples  peut-être  plus  probants. Partout  où  la  brebis  n'a 
point  été  exploitée  par  l'homme  pour  la  fonction  laitière,  elle  ne  fournit  du  lait  que 
pour  nourrir  son  ou  ses  agneaux,  et  rien  de  plus.  Mais,  quand  l'homme  a  soumis  la 
mamelle  à  une  gymnastique  appropriée,  l'organe  s'est  transformé  en  un  apparf-il 
capable  de  donner  200  litres  de  lait,  et  au  delà,  dans  une  année. 

Il  n'y  a  pas  à  douter  que  ce  ne  soit  la  traite  méthodi(iue  et  suivie  qui  a  amené  la 
jument  kirghise  à  être  une  laitière  exploitée  en  Asie  à  la  faron  de  la  vache  et  de  la 
chèvre  en  Europe. 

Non  seulement  les  manœuvres  méthodiques  exécutées  sur  le  pis  l'ont  amplifié  et  lui 
ont  communiqué  une  suractivité  remarquable,  mais  il  y  a  eu  multiplication  des  portions 
de  glandes  désignées  sous  le  nom  de  quartiers  avec  développement  de  trayons  correspon- 
dants. 11  a  été  démontré  expérimentalement  que  la  glande  mammaire,  composée  essen- 
tiellement de  cellules  épilhéliales,peut  se  régénérer  si  quelques  acini  restent  en  place. 

Puisque  la  régénération  a  lieu,  rien  d'impossible  qu'une  gymnastique  convenable  et 
suffisamment  prolongée  appliquée  à  l'organe  sain  puisse  en  faire  proliférer  les  cellules. 
Il  nous  paraît  même  que  l'évolution  de  la  mamelle  des  femelles  domestiques  n'est  pas 
arrêtée.  Sur  des  races  bovines  très  laitières,  on  remarque  fréquemment  des  trayons 
supplémentaires  donnant  du  lait.  Ces  trayons,  au  nombre  de  deux  et  parfois  de  quatre, 
sont  placés  en  arrière  des  quatre  principaux;  lamplificalion  du  pis  de  la  vache  a  lieu 
d"avant  en  arrière.  Dans  les  races  ovines  non  utilisées  pour  la  production  laitière,  les 
brebis  n'ont  que  deux  quartiers  avec  deux  trayons,  et  ce  nombre  s'accroît  dans  les 
races  laitières  où  on  rencontre  souvent  quatre  tétines. 

Influence  de  ralimentation.  —  Peu  de  questions  ont  donné  lieu  à  d'aussi  nom- 
breux travaux  :  néanmoins  les  recherches  méthodiques,  rigoureusement  scientifiques, 
sont  plutôt  rares. 

L'alimentation  normale  de  la  vache  laitière  est  celle  de  l'herbage,  et  c'est  pendant  son 
séjour  au  vert  qu'elle  donne  son  rendement  supérieur.  Si  on  a  pu  noter  une  diminu- 
tion sensible  du  lait  pendant  les  premiers  jours  qui  suivent  la  mise  à  l'heibage,  cette 
diminution  doit  être  attribuée  au  changement  de  vie  à  la  sortie  de  l'élable  et  surtout 
à  l'agitation  du  début. 

La  nature  même  du  sol  influe  sur  la  production  du  lait,  et  Vincey  a  pu  montrer  une 
augmentation  de  20  p.  100  de  lait  pour  des  vaches  nourries  dans  les  mêmes. prairies , 
mais  après  irrigation  intensive. 

En  restant  dans  les  mêmes  conditions  de  stabulation,  on  peut  déterminer  l'in- 
fluence des  régimes  différents. 

0.  .Iansen  a  ainsi  étudié  des  lots  de  trois  à  six  animaux  soumis  pendant  cinq  à 
six  semaines  au  régime  sec,  au  régime  vert,  puis  de  nouveau  au  régime  sec.  Les 
tableaux  suivants,  empruntés  àO.  Jansen,  et  à  Brunel  et  Goussier  qui  ont  fait  des  recher- 
ches du  même  genre,,  marquent  le  peu  d'influence  exercée  par  ces  variations  de 
régime. 

Influence  de  l'alimeatation. 

Race  du  Simmenthal  {Analyses  de  0.  Jansk.ni. 

Matière 

Densité.  Extrait,    Cendres.     Lactose,     grasse.  Caséine. 

Régime  sec.  ...    ! ^  "^"^••^  ^^.^(i  0,71  o,09  3,60  2,95 

'  1032,9  12,47  0.71  ■],2.l  3,70  2,98 

•Régime  vert.    .      .  ^  '^^~'^  ^-G6  0,72  5,29  3,50  3,0i 

negimeveu ^  ^^^^^^^  ^^^^^  ^.^^  ,^ 


)  1034,0  14,54  0,73  4,95  4,90  4,00 

I  1034,5  14,57  0,73  4,86  5,00  4.O.; 


Régime  sec 

DICT.    DE  PHYSIOLOOi;:.    —    lO.Mt  i\.  "  52 


0,65 

4,80 

3,00 

3,60 

0,58 

5,00 

3,10 

2,90 

0,70 

5,10 

3,20 

3,10 

0,60 

5,00 

3,80 

3,40 

S18  LAIT. 

Anal  uses  de  Brunel  et  Goussieu. 

Regain 1031,5  ' 

Ensilage  et  fuia 1030.0 

Foin,   betteraves,  tourteau.    .    .    .  1032,0  » 

Regain, foin,  betteraves,  tourteau.  1031,5  » 

Rôle  des  graisses.  —  La  valeur  marchande  du  lait  oscillant  avec  la  teneur  en 
beurre,  les  tentatives  ponr  enrichir  naturellement  le  lait  en  matières  grasses  ont  été 
des  plus  nombreuses.  Quand  on  ignorait  le  pouvoir  de  l'organisme  de  faire  des  graisses 
avec  des  hydrates  de  carbone  ou  des  protéides,  on  recherchait  surtout  l'adjonction  des 
substances  grasses.  Bolssing.mjlt,  dès  1843,  avait  cru  retrouver,  dans  la  teneur  en  graisse 
du  lait,  la  totalité  de  la  graisse  contenue  dans  le  foin  de  la  ration,  et  il  s'attacha  à 
démontrer  le  rapport  constant  entre  l'activité  butyreuse  el  la  teneur  en  graisse  des 
fourrages. 

L'addition  des  tourteaux  commerciaux  de  coprah,  de  lin,  de  colza,  d'œillelte  ont 
donné  des  résultats  très  discordants  suivant  les  conditions  expérimentales. 

Henrigues  et  Ha.nser,  ALBRECur.  Ivellner,  Wing,  .Mali-ealx  et  Dorez  ont  obtenu  des 
résultats  très  divers  :  souvent  la  teneur  en  graisse  a  été  augmentée,  mais,  la  quantité  de 
lait  ayant  baissé,  la  production  journalière  était  en  réalité  diminuée. 

Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  de  Malpeai-x  et  Dorez. 

Fouilles  de  bottcrave.  KaL-iues  et  tourteaux. 


liar  litre. 

par  24  heures 

39,8 

318 

37,8 

325 

Lait  sécrété  Matières  grasses.  Lait  sécrété                      Matières  grasses. 

en  24  heures.                   ■— ^^  en 

litres.  |iar  litre.           par  24  li.  en  gr.  24  heures. 

9  36,6                        330  8 

9,60  34,0                        332  8 

Les  tourteaux  donnent  une  crème  difficile  à  baratter,  et  il  ne  faut  pas  dépasser 
i  k.  500  de  tourteaux  dans  la  ration  (juotidienne. 

Il  faut  cependant  citer  les  expériences  favorables  de  IIoiikniieim  qui  a  vu  les  tourteaux 
de  sésame  et  d'arachide  augmenter  la  teneur  en  nialières  grasses. 

Rôle  des  hydrates  de  carbone  et  des  substances  azotées.  —  Peu  de  documents  sur 
cette  inÛuence.  Jordnan-Jeut.ner  et  Eulleu  ont  donné  à  um-  vache  pendant  des  périodes 
nécessaires  une  ration  de  foin  additionnée  soit  de  farine  de  riz,  soit  de  résidu  d'ami- 
donnerie  (gluten  de  maïs).  Ici  encore  on  note  une  courbe  inverse  entre  le  pourcentage 
du  beurre  et  sa  production  totale;  mais  on  ne  peut  guère  tirer  une  conclusion  quel- 
conque. Les  recherches  de  Stohmann,  exécutées  sur  deux  chèvres  dont  on  faisait  varier 
l'alimentation,  ne  sont  pas  plus  démonstratives;  nous  n'avons  pu  d'ailleurs  trouver  , les 
quantités  totales  de  beurre  fournies. 

Matière  grasse 
p.  100. 

7  '^""^ 

Foin  seul 3.29  2,72 

Foin  et  amitlon 3,29  2,31 

Foin  et  graisse 3.20  2.78 

FoiD  et  sucre 3.45  2,17 

Les  documents  sont  encore  moins  nombreux  et  moins  précis  en  ce  qui  concerne  le 
rôle  des  matières  azotées.  On  admettait,  jusqu'à  ces  dernières  années,  que  la  quantité 
de  lait  et  sa  matière  sèche  étaient  d'autant  plus  fortes  que  la  ration  était  plus  riche 
en  ma,tières  protéiques.  Les  expériences  danoises,  entreprises  sous  le  contrôle  du 
laboratoire  d'expériences  agronomiques  de  l'École  agricole  et  vétérinaire  de  Cof^enhague 
ont  démontré  qu'il  est  possible,  pendant  plusieurs  mois,  de  distribuer  aux  vaches 
laitières  des  rations  moins  azotées  qu'on  ne  le  pensait  généralement,  et  cela  sans 
dommage  pour  la  sécrétion  lactée. 

Hoerer,  tout  en  confirmant  ces  résultats,  montre  qu'un  régime  pauvre  en  matières 


Albumine 

Lactose 

p.  100. 

p.  100. 

L                  IL 

I.                  11. 

2,08            2,35 

3,98             3,97 

2.19            2,78 

4,16            4,14 

2.29            2,77 

3,75             3,67 

2,45             3,04 

3,40            4,04 

Cendres. 

Lactose. 

Beurre. 

Caséine 

1,11 

5,94 

3,75 

2,85 

0.65 

4,62 

2,14 

2,. 31 

LAIT.  819 

azotées  ne  peut  être  institué  pendant  plusieurs  années  con.sécutivos  sans  qu'on  ol)seive 
undépérissement  des  animaux  ;  il  suffit  d'augmenter  la  richesse  de  la  ration  en  protéine 
pour  faire  disparaître  les  troubles. 

En  ce  qui  concerne  la  nature  des  matières  azotées  de  la  ration,  les  recherches 
danoises  ont  montré  que  la  vache  laitière  recevant  une  alimentation  abondante,  mais 
peu  azotée,  peul  utiliser  tout  l'azote  albuminoïde  de  la  ration  à  édifier  les  matières 
azotées  du  lait,  en  admettant  toutefois  que  l'azote  amidé  de  cetti;  ration  suffise' à  son 
entelien. 

Influence  des  boissons  et  des  aliments  aqueux.  —  l/induence  des  boissons  n'a 
pas  été  étudiée  avec  une  précision  suffisante.  G.vutrklkt  donne  deux  analyses  de  lait 
obtenu,  l'un  avant  l'autre,  après  l'absorption  d'un  seau  d'eau. 

Kxtraii. 

Avant 13,5 

Après  un  seau  d"eau.    .    .    .      10,3 

GoRNEviN  signale  l'intluence  de  l'eau  chaude,  |)rovoquant  une  auumenlatioii  de 
1  k.  oOO  par  jour,  mais  il  ne  donne  pas  d'analyse. 

L'action  des  aliments  riches  en  eau,  pulpes,  drêches,aété  beaucoup  plus  approfondie, 
et  trop  souvent  les  nourrisseurs  ont  cherché  ainsi  à  mouiller  le  lait  avant  la  traite. 

L'effet  incontestable  d'une  nourriture  aqueuse  paraît  dû  à  une  augmentation  de  la 
digestibilité  des  aliments  divers. 

Les  résidus  des  brasseries  et  distilleries  n'apportent  pas  de  modifications  au  lail 
des  vaches  nourries  au  préalable  avec,  des  fourrages  verts,  par  suite  déjà  riches  en  eau. 

Expériences  de  Vlnstitut  de  Proskau,  sur  des  vaches  hollandaises. 

Matière 

Densité.        Extrait.       Cendres.     Lactose.      grasse.  Caséine. 

Nourries  au  vert »  11, 5D  »  »  3,23  » 

Nourries  aux  dréches  de  distillerie.         »  11,56  »  »  3,14  » 

Expériences  de  A.  Limbaci!. 

Ration  contenant  : 

39  lit.  de  vinasses 12,25  lit.  défait,  contenant  3,16  de  matière  grasse. 

45  —  12,07  —  —  3,12  — 

71,5  —  13,23  —  —  3,42  — 

Malpe.^ux  a  obtenu  des  résultats  semblables  : 

Expériences  de  Mali'eaux. 

Quantité 

journalière  Matière  Extrait 

de  lait.  grasse.                     sec.  Laciosn. 

Vache  n"!.                  lit.  p.  100.  p.  100.  p.  100. 

Betteraves 17.6  3,47  12,17  5,07 

Pulpes 17, S  3,37  12,08  4,83 

Vache  n"  "). 

Betteraves 11,3  3,46  12,62  5,40 

Pulpes '•»,8  3,69  13,18  5,03 

Lajoc.k  a  obtenu  les  résultats  suivants  avec  le  lait  de  vaches  nourries  avec  des  pulpes, 
des  drèches,  des  tourteaux  et  de  la  paille  : 
Par  litre. 

E.xtrait  Matière  Lactose 

Densité.             à  95"  grasse.  anhydre.  Cendres.                A 

1    vache  hollandaise.    .    .     1,0303             119,1  32,1  49,38            7,50  —0,55 

1  vache  hollandaise.    .    .     1,0303             109,6  25,0  48,78            7,90  —0,55 

Lait  de  20  vaches  .    .    .    .     1,0318             124,6  33,7  48,65            7,70  —0,55 

Lait  de  20  vaches.    .    .    .     1,0268            130,5  58,6  42,46            7,60  —0,56 


850  LAIT. 

Les  pulpes  et  les  drt^ches,  toujours  distribuées  avec  d'autres  aliinenls  (foin,  etc.),  ne 
niodifient  pas  sensiblement  la  composition  grossière  du  lait,  pas  plus  qu'elles  n'élèvent 
d'une  façon  notable  son  degré  d'acidité. 

Cependant,  lorsque  l'ensilage  a  été  mal  fait  ou  a  duré  longtemps,  le  lait  a  quelque- 
fois une  saveur  spéciale,  désagréable  ^.Nicolas),  et  subit  facilement  la  fermentation  acide. 
II  ne  faut  pas  oublier  que  la  mamelle  est  un  émoncloire  important  et  que  plusieurs 
substances  passent  à  travers  la  glande  mammaire  sans  être  modifiées.  C'est  grâce  à 
cette  propriété  que  certains  aliments  produisent  des  beurres  plus  jtarfumés  que  d'autres. 

Le  lait  produit  par  des  vaches  alinienléos  avec  des  pulpes  avariées  conlient  des  prin- 
cipes encore  inconnus,  que  l'analyse  chimique  ne  décèle  pas,  provoquant  des  troubles 
digestifs  chez  les  enfants  qui  le  consomment  (Marf.\n). 

Rôle  des  sels.  —  Il  est  presque  impossible  de  modifier  la  teneur  du  lait  en  sub- 
stances minérales;  les  tentatives  ont  surtout  porté  sur  les  phosphates.  Les  analyses  de 
DucLAL'x  ont  montré  que  les  laits  vendus  comme  laits  phosphatés  par  alimentation 
spéciale  de  la  vache  n'avaient  pas  leur  richesse  modifiée. 

l.ait  ordinaire.  Lait  pliosphaté. 
moyenne.  moyenne. 

Phosphate  de  chaux .1,30  3,40 

Acide  phosphorique  en  oxci's.    .     0,62  0,65 

Autres  sels 3,60  3,34 

Total 7,30  1,55 

ScHOLTE  a  étudié  l'influence  de  l'addition  à  la  i  alion  de  fer,  de  chaux,  de  phosphore, 
c'est  à  peine  s'il  a  pu  obtenir  une  très  légère  augmentation  de  ces  corps  dans  le  lait  : 
les  analyses  minutieuses  de  Valdin  démontrent  également  la  fixité  remarquable  de  la 
composition  des  cendres.  Les  écarts  entre  les  régimes  les  plus  divers  ne  dépassent  pas 
.lO  centigrammes,  sur  8  grammes  environ  de  cendres. 

Des  galactagogues.  —  On  appelle  galactagogues  ou  bien  galactogénes,  comme 
l'indique  Tétymologie  de  ces  noms,  des  agents  auxquels  on  attribue  le  pouvoir  de 
provoquer,  rappeler  ou  augmenter  la  sécrétion  lactée.  Divers  auteurs  appellent  ces 
mêmes  moyens  galactopoiétiques,  ou  encore  lactigènes,  lactifères. 

Les  moyens  galactagogues  sont  soit  des  actions  mécaniques,  soit  des  substances. 
Mais,  pour  qu'une  action  ou  uno  substance  mérite  vraiment  le  nom  de  galactagogue,  il 
ne  suffit  pas  qu'elle  ait  le  pouvoir  d'augmenter  la  sécrétion  lactée.  Il  faut  encore  qu'elle 
ne  nuise  pas  à  la  qualité  du  lait  sécrété.  Or,  comme  l'a  fort  justement  remarqué 
FoNssAGRivEs,  «  l'abondauce  du  lait  et  sa  richesse  nutritive  sont  deux  faits  qui,  loin 
d'être  corrélatifs,  sont,  au  contraire,  souvent  antagonistes.  Les  galactogènes  réels  sont 
donc  des  moyens  qui  exagèrent  la  sécrétion  lactée  sans  augmenter  en  rien  la  richesse 
du  lait  ». 

Tour  à  tour  vantés  dans  l'antiquité  et  au  moyen  âge,  puis  presque  niés  à  notre 
époque,  par  un  de  ces  changements  subits  de  préféience  dont  la  science  médicale  a 
donné  plus  d'un  exemple,  les  galactogènes  méritent  cependant  d'être  étudiés. 

L'action  des  galactogènes  et  des  agalactiques  sur  la  glande  mammaire  est  encore 
mal  élucidée.  Pour  Rohrig,  tous  les  médicaments  qui  élèvent  la  tension  artérielle 
augmentent  la  sécrétion  lactée,  et  ceux  qui  abaissent  la  première  diminuent  la  seconde. 
C'est  ainsi  que  la  digitaline,  la  caféine  auraient  une  action  galactagogue;  sous  l'in- 
fluence de  la  strychnine,  la  sécrétion  deviendrait  quinze  ou  seize  fois  plus  abondante, 
puis  retomberait  au-dessous  de  la  normale;  il  y  aurait  donc  là  une  action  directe  sur 
les  nerfs  sécréteurs  de  la  glande  mammaire. 

D'après  d'autres  auteurs,  les  glandes  lactées  étant  des  glandes  cutanées,  les  substances 
diaphorétiques  seraient  galactogènes.  C'est  ainsi  que  A.  Robin,  dans  ses  recherches 
sur  le  jaborandi,  a  avancé  que  le  jaborandi  et  son  alcaloïde  la  pilocarpine  ont  une  action 
stimulante  sur  la  fonction  mammaire;  mais  cette  action  est  niée  par  Stujipf,  Ch.  Cor- 
NEviN,  Hammerbacher  et  Marmé. 

Pour  Dolan,  Hammerbacher  et  Neumann,  la  belladone  et  l'atropine  diminuent  beau- 
coup la  quantité  du  lait,  qui  devient  alors  plus  riche  en  principes  solides. 


LAIT.  821 

Les  moyens  et  les  mt'-clioanienls  gulaclagogues  peuvent  se  n'sumer  dans  le  lalilcau 
suivant  (GniNiEwnr.ii)  : 


1.   Traitement  externe 


-  f  2.  Tniitement  interne 


Succion  et,  trayage. 
Massage. 
Électrisalion. 
Applications  locales. 

a)  Nourriture. 


A)  Substances  alimentaires.    1    ,(  ^,   • 
'  (  /))  Boisson 

\   r>    c-   1    .        ■  T  i  I  (   «'  Vt'gélalcs 

Bi  Subst.  modicamcnteuses.    {    ,;  ,,•    ,     , 
\  '  (  h)  Minérales 


Succion  et  trau(i<je.  —  La  succion,  c'est-à-dire  l'action  de  tirer  le  lait  hors  de  la 
mamelle  en  le  pompant  avec  les  lèvres  appliquées  sur  le  mamelon,  constitue  l'un  des 
moyens  galactogènes  les  moins  contestés  et  certainement  le  moins  artificiel  de  tous. 

«  L'excitant  le  plus  puissant  de  la  mamelle,  écrivent  Tarnier  et  Ch4Ntreuil,  est  la 
succion  prolongée  du  mamelon.  On  a  même  observé  des  cas  où  cette  sucfion  a  suffi  à 
faire  naître  une  sécrétion  abondante  de  lait  chez  des  femmes  qui  n'avaient  pas  eu  d'en- 
fants depuis  plusieurs  années,  môme  chez  des  jeunes  filles. 

BoucauT  rapporte  qu'une  jeune  chèvre,  qui  n'avait  jamais  été  couverte,  fut  tétée  par 
un  agneau,  et  qu'au  bout  de  quelques  jours  elle  avait  assez  de  lait  pour  qu'on  pût  la 
traire.  Leoroux  a  vu  une  jeune  chienne,  entendant  crier  un  petit  chien,  s'arrêter  et. lu» 
livrer  ses  mamelles;  elle  finit  par  avoir  du  lait  et  le  nourrir.  Belloc  rapporte  qu'une? 
servante,  ayant  la  garde  d'un  enfant  nouvellement  sevré,  lui  donna  le  sein  pour  l'em- 
pêcher de  crier  el  ne  tarda  pas  à  avoir  du  lait. 

Ajoutons  que  le  trayage,  ou  action  d'exercer  les  tractions  sur  les  mamelles,  peut 
être  rangé  avec  la  succion.  Enlre  Tun  et  l'autre,  il  n'y  a  qu'une  difl'érence  légère  de 
mécanisme  :  d'une  part,  ce  sont  les  lèvres  qui  pompent  le  lait,  d'autre  part  ce  sont  les 
doigts  qui  l'expriment  et  le  font  jaillir. 

L'excitation  des  glandes  mammaires  par  le  massage  des  mamelles  est  un  moyen 
galactogène  qui  semble  avoir  été  longtemps  négligé.  C'est  surtout  en  Russie  que  le  mas- 
sage a  été  pratiqué.  Mensing,  Schultz  citant  des  cas  où  la  sécrétion  lactée  ne  s'est  établie 
qu'après  le  massage. 

L'électrisation  des  mamelles  a  donné  des  résultats  variables  dopuis  la  communica- 
tion de  AuBEUT  (18îi6). 

Applications  locales.  —  Quant  aux  applications  locales,  elles  ont  été  préconisées  par 
Mac  William  et  Bouchut  qui  attribuent  à  l'application  de  cataplasmes  de  mercuriale  et 
de  pimprenelle  sur  les  mamelles  une  réelle  efficacité  (?). 

Substances  médicamenteuses.— Pvesque  toutes  les  substances  dites  galaf^togènes  appar- 
tiennent au  règne  végétal  et  il  est  impossible  de  citer  le  nom  de  toutes  les  plantes  pro- 
posées. Griniewitch  en  cite  43  et  en  oublie  cerlainement  beaucoup.  Parmi  i;elles  qui  ont 
paru  donner  quelques  résultats,  il  faut  citer  : 

Galega  officinalis  (légumineuse),  proposée  en  1873  par  Gillet  Damitte,  a,  enlie 
les  mains  de  Carron  de  la  Carrière,  donné  d'excellents  résultats.  Les  recherches  de 
Griniewitch,  tant  sur  les  femmes  que  sur  la  vache,  montrent  un  effet  galactogène  réel  : 
augmentation  sensible  de  la  quantité  du  lait  produit,  avec  maintien  de  la  teneur  en 
beurre;  augmentation  de  poids  des  nourrissons. 

Urticu  urens  a  donné  des  résultats  du  même  ordre. 

Le  jaborandi,  signalé  par  Rœhvig  comme  galactagogue,  n'exercerait  aucune  action 
utile  d'après  Cornevi.x. 

La  somatose  provoque  une  abondante  sécrétion  lactée  (Drews,  Re.\o.\),  mais  elle 
pourrait  amener  une  glycosurie  passagère. 

LES    FERMENTS    DU    LAIT. 

La  question  des  ferments  existant  dans  le  lait  au  moment  de  sa  production  présente 
un  double  intérêt  théorique  et  pratique. 

Si  le  lait  est,  suivant  l'expression  d'un  certain  nombre  de  médecins,  un  liquide 
vivant  grâce  à  ses  ferments  et  qui  par  la  stérilisation  est  transformé  en  un  liquide 


8-22  LAIT. 

inerte  et  mort,  on  conçoit  les  différences  de  modalités  que  le  lait  cru  ou  le  lait  stérilisé 
doivent  présenter  comme  aliment. 

Les  ferments  du  lait  peuvent  être  rangés,  avec  DLGLAUx,en  cinq  classes  : 

1°  Les  ferments  hydrolysants; 

2°  Les  feiments  oxydants; 

3"  Les  ferments  coagulants; 

4°  Les  ferments  protéoly tiques; 

5"  Les  ferments  mal  déterminés. 

Amylase. —  L'amylase  est  le  premier  en  date.  Héchamp,  en  1883,  le  signalait  dans  le 
lail  et  donnait  ses  propriétés;  il  n'existait  que  dans  le  lait  de  femme  et  exerçait  sur 
l'amidon  une  action  saccharitianle  aussi  active  que  celle  de  la  salive  parotidienne. 

BoLCHUT  répéta  l'expérience  de  Bkchamp  et  en  conclut  qu'ilyaentie  le  lail  de  femme 
et  des  animaux  des  différences  que  rien  ne  saurait  supprimer. 

MoRO,  en  1898,  Luzzati  et  Biolchim,  on  1901,  sont  arrivés  aux  mêmes  résultats. 

D'après  Spolverim,  l'amylase  existerait  aussi  dans  le  lait  de  chierjne,  et  plus  rare- 
ment, mais  quelquefois  aussi  dans  le  lait  d'ànesse.  Là  elle  serait  peu  active. 

Elle  fait  toujours  défaut  dans  le  lait  de  vache  et  de  chèvre.  Le  mode  d'alimentation 
aurait  une  grande  influence  sur  sa  production.  Le  lait  d'une  chèvre  alimentée  avec  de 
l'orge  en  germination  contenait  après  quelques  jours  manifestement  de  l'amylase;  il 
contenait,  en  outre,  un  ferment  dédoublant  le  salol. 

Triboilet  et  Barbellion,  en  injectant  10  centimètres  cubes  de  lail  de  femme  dans 
le  péritoine  de^ia  chèvre,  ont  noté  l'apparition  de  l'amylase  et  d'un  ferment  dédoublant 
le  salol. 

Lipase.  —  En  1900,  Maufan  et  Ch.  Gillet  monlrèrent  les  premiers  que  le  lait  frais 
décomposait  la  monobulyrine  en  acide  butyrique  et  glycérine;  cette  même  réaction 
n'existait  pas  dans  le  lait  cuil.  D'où  la  conclut.ion  que  le  lait  contient  un  ferment 
capable  de  dédoubler  les  graisses  neutres  en  acide  gras  et  glycérine,  et  que  c'est,  par 
suite,  une  lipase. 

Cette  diaslase,  beaucoup  moins  active  dans  le  lait  île  vache  que  dans  le  lait  de  femme, 
est  sans  action  sur  toutes  les  autres  graisses.  Après  Marfan,  Luzzaii,  Biolchim  et  Spol- 
VERiNi  conclurent,  à  la  suite  de  leurs  recherches,  à  la  présence  de  la  monobulyiinase  dans 
les  laits  de  femme,  de  vache,  de  chienne,  d'ànesse  et  de  chèvre. 

D'après  Si'OLVERi.Ni,  l'action  du  ferment  sur  la  graisse  du  lait  elle-même  pourrait 
commencer  dans  la  mamelle  avant  la  traite. 

Pour  répondre  à  l'objection  de  Dovon  et  Morel  émettant  l'hypothèse  (ju'on  pouvait 
attribuer  aux  microbes  la  décomposition  de  la  monobulyrine,  Marfan  recueillit  du 
lait,  en  s'enlourant  de  toutes  les  précautions  et  de  l'asepsie  la  plus  rigoureuse.  En 
faisant  agir  divers  échantillons  de  ce  lait  sur  la  monobulyrine,  il  constata  que  celui 
qui  est  complètement  dépourvu  de  microbes  agit  aussi  activement  que  les  autres. 
Celte  preuve  suffit  à  démontrer  dans  le  lail  l'existence  d'une  substance  dédoublant  la 
monobulyrine  et  se  comportant  comme  un  ferment. 

Salolase.  —  En  1901 ,  Nobkcourt  el  Merkle.n  signalent  le  dédoublement  du  salol  en 
phénol  et  acide  salicylique  sous  l'influence  des  laits  de  femme,  de  chienne,  d'ànesse, 
alors  que  les  laits  de  vache  el  chèvre  sont  inactifs. 

Une  température  de  100°,  pendant  une  deKii-heure,  supprime  ce  pouvoir. 

Ce  ferment  n'est  pas  spécifique  du  lait,  on  le  trouve  dans  le  sérum  sanguin  de 
l'homme,  et  il  faut  ajouter  que,  d'après  Hanriot,  il  s'agirait  simplement  de  la  lipase  qui 
exerce  son  action  sur  tous  les  élhers. 

Oxydase.  —  En  1881  Arnold  signala  l'action  du  lail  sur  la  teinture  de  gaïac,  mais 
il  attribua  le  bleuissement  à  la  présence  de  l'ozone  dans  le  lait  frais. 

KowALEwsRi,  1890,  Carcano,  1896, retrouvent  cette  réaction,  mais  c'est  Dupouy  (1897) 
qui  émet  le  premier  l'idée  de  l'existence  d'un  ferment  oxydant  dans  le  lail. 

Ce  sont  surtout  Marfan  et  Ch.  Gillet  qui  donnent  à  celte  question  une  importance 
clinique  réelle. 

Si  à  un  mélange  de  teinture  de  résine  de  gaïac  fraîchement  préparée  on  ajoute 
deux  ou  trois  gouttes  d'eau  oxygénée,  la  teinture  de  gaïac  prend  une  teinte  bleue  ou 
bleu-verdâtre  qui  résulte  d'une  oxydation. 


LAIT.  .Si>:5 

La  subslanco  tlu  lait  do  vaclic  cru,  iiui  oxyde  l'eau  gaïacolée  el  la  ntugit  cii  pré- 
sence de  l'eau  oxygénée,  a  tous  les  caractères  des  ferments  solubles.  Elle  est  en  effet 
détruite  à  une  température  de  78"  à  79».  Le  lait  chauffé  i  celte  température  ne  donne 
plus  de  réaction,  et  on  peut  ainsi  distinguer  le  lait  de  vache  cru  du  lait  de  vaciie  cuil. 
De  plus,  la  snlistance  oxydante  du  lail  de  vache  ne  dialyse  pas.  Enfin, la  plupart  des  anti- 
septiques l'alVaiblissent  sans  la  déiruire. 

Il  existe  donr  dans  le  lait  de  vache  une  diastase  capal)le  de  provoquer  une  oxydation 
non  en  présence  de  l'air,  mais  seulement  en  présence  de  l'eau  oxygénée;  c'est  un  fer- 
ment oxydant  indirect  ou  nue  anaéroxydase. 

Après  avoir  expérimenté  sur  le  lait  de  femme,  M.vrian  et  Gillet  confirmèient  les 
faits  déjà  signalés  par  Raudnitz  :  que  si  dans  le  lait  de  vache  cru  la  réaction  est  constante, 
elle  est  dans  le  lait  de  femme  très  légère  ou  même  absente,  au  moins  dans  le  lail  vrai; 
car  on  l.i  trouve  constamment  avec  le  colostrum. 

Lactase.  —  De  même  qu'il  existe  dans  le  sang  un  ferment  glycolytique,  il  existerait 
également  dans  le  lail  un  ferment  destructeur  du  lactose;  alors  que  Sfolvehi.ni,  (jui  le 
découvrit  le  croit  identique  au  ferment  du  sang,  I^obkcourt  et  Merklen  en  font  un  fer- 
ment laclolytique  différent. 

La  présence  d'un  ferment  coagulant  dans  le  lait  a  été  signalée  par  Schlossman.n, 
MoRO,  li.sMBUuGER  (1902).  Le  lait  de  femme,  non  celui  de  vache  ou  de  chèvre,  aurait  la 
propriété  de  faire  prendre  en  masse  gélatineuse  le  liquide  de  l'hydrocèle  iTébullition 
serait  insuffisante  pour  supprimer  complètement  celle  propriété. 

Par  contre,  Camcs  a  observé  une  action  anticoagulante.  En  injectant  o  ce.  de  lait  de 
vache  frais  dans  la  saphène  d'un  chien,  on  rend  le  sang  incoagulable,  ou  tout  au  moins 
peu  coagulable.  Ici  encore  l'ébullition  et  même  le  chauflage  à  lli)°  ne  font  pas  perdre 
au  lait  ses  propriétés  aniicoagulables. 

Il  y  a  donc  lieu  de  se  demander  si  cette  action  positive  ou  négative  des  laits  sur  les 
liquides  coagulables  est  réellement  due  à  la  présence  d'un  ferment. 

Agglutination.  —  Bordet,  pratiquant  des  injections  intrapéritonéales  de  lait  de 
vache,  vit  que  le  sérum  de  ces  animaux  acquérait  la  propriété  de  coaguler  le  lait  de 
vache  :  les  expériences  ultérieures  (Uhlenluth,  \Vassehma>-n,  Schutz  et  Mord)  mon- 
trèrent la  spécialité  de  cette  réaction  :  l'injection  de  lait  de  vache  ne  provoque  la  réac- 
tion agglutinante  que  pour  le  lait  de  vache,  et  réciproquement. 

La  stérilisation  fait-elle  perdre  au  lait  cette  faculté  spécifique  :  Schulze  l'aftirme, 
MoRO  le  nie. 

Protéase.  — S. -M.  Rabchk  et  H.-L.  Russel  démontrèrent  l'existence , soupçonnée 
par  Dastre  de  ferments  proléolytiques  dans  le  lait.  On  observe  pendant  quelques  jours 
un  lait  recueilli  asepliquement  et  conservé  à  l'abri  des  microbes,  et  l'analyse  montre 
qu'une  bonne  partie  de  la  caséine  a  été  transformée  en  proléides  solubles  (albumine, 
albumose,  peptones).  Cette  transformation  tendrait  à  prouver  que  le  lait  renferme 
divers  enzymes  proléolytiques,  dont  les  uns  se  rapprocheraient  de  la  trypsine  pancréa- 
tique et  les  autres  de  la  pepsine.  Une  température  voisine  de  100°  empêcherait  la 
réaction  de  se  produire.  Vandevelde  considère  ce  ferment  comme  une  kinase,  qui  acti- 
verait l'action  des  sucs  digestifs  sur  le  lait  cru. 

Ces  observations  ont  été  confirmées  par  Neumaxn,  We.nder,  Spolverini,  alors  que 
Salkowski  n'a  pas  obtenu  les  mêmes  résultats  :  il  a  pu  conserver  du  lait  pendant  treize 
ans  sans  altération  de  la  caséine.  Austin  n'a  pu  trouver  également  la  preuve  d'une 
protéolyse  dans  le  lait  de  femme. 

Catalase.  —  La  décomposition  de  l'eau  oxygénée  par  le  lait  a  été  étudiée  d'abord 
par  Radcok,  puis  par  Raldnitz,  Carrih:re  et  plus  tard  par  un  grand  nombre  d'expéri- 
mentateurs. La  quantité  de  catalase  contenue  dans  le  lait  est  toujours  très  faible,  et 
peut  être  évaluée  en  général  à  2  000  à  r>0  000  fois  moins  que  celle  contenue  dans  le  sang 
de  l'animal  correspondant. 

Ainsi50cc.de  lail  de  vache  produisent  en  l'espace  de  18  minutes  environ  2à3  ce.  d'O, 

alors  que  50  ce.  de  sang  de  vache,  dans  les  mêmes  condilions,  en  produisent  175  000  ce. 

Le  lait  de  femme  a  un  pouvoir  catalytique  4  à  5  fois  plus  puissant  que  le  lait  de 

vache  (Joller;,  ce  qui  s'explique  ])arce  fait  que  le  lait  humain  est  plus  riche  en  catalase 

que  le  lait  de  vache. 


82i  LAIT. 

D'après  van  Itallie,  la  oatalase  du  lait  de  femme  se  distingue  par  une  plus  grande  stabi- 
lité à  la  chaleur  que  la  catalase  du  lait  des  autres  animaux.  La  catalase  du  lait  de 
femme  n'est  pas  détruite  par  une  température  de  60°  maintenue  pendant  une  demi-heure. 
Il  serait  intéressant  de  savoir  si  elle  est  sécrétée  [sezerniert]  telle  quelle  par  les  cellules 
de  la  glande,  ou  bien  si  elle  est  liée  aux  éléments  cellulaires  (leucocytes)  du  lait.  La  pré- 
sence de  catalase  dans  le  lait  pur  a  été  attribuée  aux  microbes  existant  dans  le  lait 
(Chick,  Seligmann). 

Jensen  a  étudié  le  pouvoir  catalytique  des  microbes  variés  qui  se  rencontrent  dans 
le  lait.  Il  a  trouvé  que  les  différentes  sortes  de  bact»'ries  qui  composent  la  flore  ordi- 
naire du  lait  sont  les  plus  riches  en  catalase,  et  il  pense  que  la  plus  grande  quantité  de  fer- 
ment est  d'origine  bactérienne,  au  moins  lorsqu'il  s'agit  de  lait  infecté. 

Babcok  avait  fait  la  remarque  que  le  pouvoir  catalytique  du  lait  disparaît  après 
quelques  jours.  C'est,  comme  l'explique  Jensen,  par  suite  de  l'augmentation  de  l'acide  du 
lait  elîecluée  par  les  microbes. 

Dans  le  lait  stérile,  la  plus  grande  partie  de  la  catalase  est  vraisemblablement  liée  aux 
éléments  cellulaires  venus  de  la  glande  et  passés  dans  le  lait,  notamment  aux  leucocytes. 

Babever  avait  justement  remarqué  que  le  culot  obtenu  par  centrifugation  du  lait  qui 
se  compose  principalement  de  leucocytes,  décompose  énergiquement  H-O^,  et  que  le 
colostrum,  qui  est  très  riche  en  leucocytes,  possède  un  pouvoir  catalytique  10  à  15  fois 
plus  grand  que  le  lait  ordinaire. 

Jensen  a  cherché  à  déterminer  le  contenu  en  catalase  de  diverses  portions  de  lait 
obtenues  par  traites  fractionnées.  C'est  un  fait  connu  que  le  lait  à  la  fin  de  la  traite 
contient  plus  de  graisse  et  de  leucocytes,  et  il  semble  maintenant  qu'il  contient  égale- 
ment beaucoup  plus  de  catalasp.  Cependant,  d'après  von  der  Velden,  il  ne  doit  exister 
aucun  rapport  direct  entre  la  (juantité  de  catalase  et  le  nombre  des  leucocytes,  à 
l'exception  du  cas  où  les  cellules  se  trouvent  en  très  grande  quantité. 

De  même  il  n'existe  aucune  proportion  entre  le  contenu  en  graisse  et  la  quantité  de 
catalase  du  lait,  de  sorte  que  von  der  Velden  incline  à  penser  que  la  catalase  est  un 
produit  de  sécrétion  de  la  glande  mammaire. 

Babcok,  et  plus  tard  Faitclowitz,  ont  remarqué  que  la  crème  est  beaucoup  plus 
riche  en  catalase  que  le  reste  du  lait. 

Reiss  montra  que  la  catalase  contenue  dans  la  crème  peut  en  être  facilement  et 
presque  complètement  extraite  par  l'eau.  Ce  fait  montre  que  la  catalase  ne  se  trouve  pas 
dans  l'intérieur  des  globules  gras  du  lait,  mais  qu'elle  leur  adhère  par  des  conditions 
physiques. 

Ferments  du  lait  suivant  l'espèce. 

Fomnie.                Anesse.  Vache.  Chèvre. 

Amylasc 4-  —  — 

Lipase +  +  + 

F.  protéolytiqut's +  +  4- 

F.  glycolytiqiics -!-  -f  + 

Salolase +         .  —  — 

Catalase +  —  — 


ORIGINE    DES    DIASTASES. 

Les  oxydases  proviennent  des  leucocytes  existant  dans  le  lait,  et  c'est  dans  le  culot 
du  lait  centrifugé  qu'on  les  trouve  en  quantité.  D'après  Solocrini,  l'alimentation  joue- 
rait un  rôle  important,  les  herbivores,  après  un  régime  carné  perdraient  leurs  ferments 
oxydants.  Les  agents  figurés  trouvés  dans  le  lait  ne  jouent  aucun  rôle  comme  produc- 
teurs de  ferments  oxydants  (0.  Jensen). 

La  réductase  a  une  double  origine,  comme  la  catalase. 

Origine  glandulaire.  —  Origine  microbienne.  —  La  sécrétion  d'agents  réduc- 
teurs est  incontestable  et  facile  à  interpréter  depuis  les  travaux  d'EnuLicH,  et  un  fait 
curieux  montre  celte  vitalité  des  cellules.  Le  pouvoir  réducteur  augmente  à  la  fin  de  la 
traite,  au  moment  où  les  cellules  lactifères  sont  à  leur  maximum  d'activité.  Ces  der- 


LAIT.  82a 

nières  portions  Je  l;i  truite  sont  aussi  plus  riches  en  ^'lulmles  gras,  il'où  celte  liypotlièso 
<le  Jensen,  que  la  réductase  est  absorbée  par  la  membrane  des  éléments  butyreux;  mais 
une  partie  cependant  reste  dans  \o  plasma  lacté,  puiscpie  le  sérum  possède  un  pouvoir 
réducteur  très  net. 

La  réductase  glandulaire  n'agit  sur  le  bleu  de  méthylène  qu'en  présence  d'un  réduc- 
teur (aidéhydique).  La  réductase  microbienne  agit  directement. 

ORIGINE    DU    LACTOSE. 

Le  lactose,  dissacch.iride  cunslitué  par  une  combinaison  de  glucose  et  de  galactose 
avec  élimination  d'eau,  est  un  sucre  spi'cifKiue  du  lait.  On  ne  le  trouve  pas  en  effet 
dans  les  autres  éléments  des  tissus  de  l'organisme  animal  et  il  n'a  été  signalé  qu'à 
titre  de  rareté  dans  ct^rtains  végétaux  :  suc  de  s/ipjtillier  (BoucH.vni)AT),  glands  do 
chône  (Braconnot). 

On  peut  letrouver  du  lactose  dans  l'urine,  mais  c'est  uniquement  au  début  de  la 
lactation,  quand  le  débit  des  glandes  n'est  pas  assuré  ou  bien  encore  quand  la  lacta- 
tion est  brusquement  interrompue.  Dans  les  deux  cas,  il  s'agit  d'une  résorption  di 
lactose  fabriqué  [tar  la  glande. 

Cl.  BERXAnr)  pensait  que  le  sucre  de  lait  se  forme  dans  la  glande  mammaire  aux 
dépens  du  glucose  apporté  par  le  sang.  Eu  injectant  de  fortes  doses  dans  le  sang  de 
chien  ou  de  lapin,  on  retrouve  le  glucose  dans  toutes  les  sécrétions,  à  l'exception  du 
lait,  où  on  ne  trouve  jamais  que  du  lactose. 

P.  Berï  (1878),  partant  de  la  conception  de  la  glycogénie  hépatique,  conçut  l'idée 
que  le  lactose  devait  être  formé  dans  la  mamelle  aux  dépens  d'un  hydrate  de  carbone 
hypothétique  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  lactogène.  Mais  les, tentatives  d'hydrolyser 
la  pulpe  de  glandes  mammaires  par  l'acide  sulfurique  ne  lui  donnèrent  aucun  résultat. 
Hammarsten  isola  de  la  glande  mammaire  une  aucléoglycoprotéide,  qu'il  considère 
comme  susceptible  de  doimer  par  dédoublement  le  lactose  et  la  caséine,  mais  les 
résultats  positifs  manquent. 

Thierfelder  et  La.ndevehr  considèrentle  lactose  comme  le  produit  d'une  fermentation. 
Le  premier,  en  soumettant  à  l'autolyse  des  glandes  mammaires  dans  une  solution  salée 
à  la  température  ordinaire  trouve  une  augmentation  du  pouvoir  réducteur  de  liquide 
extrait,  mais  il  n'isole  pas  de  lactose.  Le  second  réussit  à  transformer  une  gomme 
animale  extraite  de  la  glande  mammaire  en  galactose,  en  la  soumettant  à  l'action  de 
ferments  inversifs  ;  mais  c'est  du  galactose,  non  du  lactose,  qu'il  trouve  finalement. 

Le  lactose  étant  le  dissaccharide  du  glucose  et  du  galactose,  on  peut  supposer  que 
la  glande  mammaire  le  construit  par  voie  de  synthèse,  le  galactose  provenant  de  l'ali- 
mentation végétale  et  le  glucose  de  l'organisme  lui-môme  (Mh.ntz).  L'essai  de  synthèse 
entrepris  par  Demole  sous  l'action  des  acides  fut  en  partie  réalisé  par  Fischer  et  .\rms- 
TRONG,  qui,  avec  le  ferment  du  képhir,  obtinrent  un  isolactose,  mais  non  un  lactose  vrai. 
Basch  a  continu»'  ces  recherches;  il  met  en  contact  de  l'extrait  glycérine  de  la 
glande  avec  des  mélanges  de  galactose  et  de  glucose  sans  rien  obtenir,  mais  en 
traitant  le  même  mélange  avec  de  l'acide  citrique,  il  obtient  un  sucre  dont  l'osazone 
ressemble  à  celui  du  lactose  au  point  de  vue  du  système  cristallin,  mais  le  point  de 
fusion  est  de  0°  inférieur  à  celui  de  lactosazone. 

Les  recherches  poursuivies  sur  les  animaux  n'ont  pas  donné  de  résultats  plus 
positifs  sur  l'origine  du  lactose. 

C'est  P.  Beut  qui  le  premier  eut  l'idée  d'étudier  les  échanges  chez  les  chèvres  ayant 
subi  l'ablation  des  mamelles  et  devenues  gravides.  Pendant  toute  la  durée  de  la 
grossesse,  les  urines  ne  renfermèrent  aucune  substance  réductive;  mais,  aussitôt  après 
la  délivrance,  la  glycosurie  fut  manifeste  :  P.  Bert  conclut  que  le  sucre  de  lait  est 
produit  {tar  l'excrétion  mammaire  du  sucre  fabriqué  en  excès  par  l'organisme  après 
la  parturition. 

Ces  travaux  ne  furent  pas  confirmés  par  Moore  et  Parkes,  qui  opérèrent  dans  les 
mêmes  conditions.  D'après  eux,  l'urine  de  chèvre  réduit  la  liqueur  de  I'ehlin»;  norma- 
lement, et  le  pouvoir  réducteur  n'augmente  pas  avec  la  délivrance. 

Les  expériences   de  Marshall   et  Kirkness,   sur  les  cobayes,  arrivent  aux  mèmts 


826  LAIT. 

conclusions  :  pas  de  glj'cosurie  après  la  parturilion  des  femelles  à  mamelles  enlevées. 

Au  contraire,  les  recherches  de  Porcher  concordent  avec  celles  de  P.  Bert. 

Porcher,  qui  pendant  la  grossesse  n'a  pas  vu  dans  les  urines  des  chèvres  de  substances 
réductrices,  trouve,  immédiatement  après  la  jiarlurilion,  6  p.  100  de  glucose,  mais  le 
sucre  diminue  rapidement,  il  n'est  plus  que  de  3  p.  100  cinq  heures  après  la  délivrance 
et  de  0,3  p.  100  le  lendemain. 

Le  dosage  du  sucre  dans  le  sang  indique  une  hyperglycémie  très  nette  : 

Sang  de  la  jugulaire. 

Avant  la  délivrance 0f'.44 

4  heures  après 28'',8o 

24  heures ltB',30 

L.  Porcher  conclut,  comme  P.  Bert,  que  le  lactose  est  construit  par  la  glande 
mammaire  aux  dépens  du  glucose  formé  en  excès  immédiatement  après  la  délivrance. 

Une  série  d'observations  de  Porcher  viennent  confirmer  cette  hypothèse. 

Chez  les  chèvres  à  mamelles  enlevées,  la  glycosurie  consécutive  à  la  délivrance 
disparaît  dans  les  deux  premiers  jours  et  on  trouve  alors  quelquefois  du  lactose 
(recherche  par  les  osazones).  Chez  les  femmes  accouchées  on  trouve  également  de  la 
lactosurie,  quelquefois  importante,  de  2  à  12  grammes  de  lactose  (Porcher  et  Comman- 
deur). Dans  le  premier  cas,  la  présence  du  lactose  s'explique  par  le  maintien  d'un 
fragment  de  glandes  mammaires.  Alors  le  glucose,  transformé  en  lactose,  ne  trouvant 
pas  de  voie  d'excrétion,  est  résorbé  et  apparaît  dans  les  urines.  Dans  le  second  cas, 
même  mécanisme  :  la  glande,  au  début  de  ses  fonctionnements,  fournit  plus  de 
lactose  que  l'enfant  ne  peut  en  extraire  avec  le  lait  maternel,  et  il  y  a  également 
résorption. 

Les  dosages  du  sucre  faits  simultanément  dans  les  veines  mammaires  et  jugulaires 
indiqueraient  un  déficit  pour  la  veine  mammaire  avant  la  parturition  et  pendant  la 
lactation  (Kaufma.nn  et  Lagne). 

Une  alimentation  riche  en  sucre  entraîne  chez  les  accouchées  une  lactosurie  nette 
(voN  NooRDEN  et  Zulzer).  Le  même  fait  a  été  constaté  par  Porcher  chez  la  chienne. 

L'origine  du  lactose  aux  dépens  du  glucose  de  l'organisme  paraît  bien  probable. 
Ajoutons  que  Fischer,  en  s'appuyant  principalement  sur  des  [considérations  stéréochi- 
miques,  admet  la  possibilité  d'une  transformation  du  maltose. 

ORIGINE    DE     LA    CASÉINE. 

Comme  le  lactose,  la  caséine  est  un  élément  spécifique  du  lait.  Même  chez  le 
nourrisson  on  ne  trouve  plus  traces  de  caséine. 

Au  début,  la  caséine  étant  considérée  comme  une  modification  des  àlbuminoïdes 
ordinaires,  toutes  les  hypothèses  avaient  donc  pour  objet  d'expliquer  par  une  action 
diastasique  l'apparition  de  la  caséine';  mais  quand  Luravin  eut  démontré  le  caractère 
nucléinique  de  la  caséine,  les  hypothèses  prirent  une  autre  direction  et  on  vit  dans 
la  caséine  une  combinaison  des  àlbuminoïdes  du  plasma  avec  une  substance  provenant 
du  noyau  des  cellules  de  la  glande  mammaire. 

Première  période  :  L'évolution  diastasique  {Die  cnzymatische  Umwandlung).  — 
En  1867,  Kemmérich,  ayant  observé  que  si  on  laisse  du  lait  de  vache  plusieurs  heures  à  la 
température  de  38°,  la  quantité  d'albuminoïde  diminue  en  même  temps  que  celle  de  la 
caséine  augmente,  avait  conclu  à  la  formation  de  la  caséine  aux  dépens  des  àlbuminoïdes 
sous  l'influence  d'un  ferment,  ou  tout  au  moins  d'un  produit  sécrété  avec  le  lait, 
puisque  la  transformation  se  fait  in  vitro.  Schmidt  Muhlheim  devait  reprendre  27  ans 
plus  tard  cette  étude,  et  montrer  que  la  caséine,  loin  d'augmenter,  se  transforme 
partiellement  (10  p.  100)  en  peptones. 

Zah.n  (1869)  puis  Daehnhardt  (1870)  font  des  extraits  glycérines  de  mamelles  de 
cobayes,  reprennent  l'extrait  alcoolique  par  une  solution  faiblement  alcaline  d'albumine 
d'œuf,  et  laissent  le  tout  18  heures  à  l'étuve.  Il  se  forme  un  précipité  soluble  dans  la 
lessive  de  soude,  que  Daeh.nhardt  désigne  comme  une  substance  identique  à  la 
caséine;  mais  aucune  preuve  sérieuse  n'est  donnée  de  cette  identité. 


LAIT.  827 

'riiiEHFKLDKR  n'oblienl  rien  par  la  dif^i-slioii  du  Jail;  mais,  en  traitant  de  la  pulpe  de 
glande  par  du  sérum  de  lapin,  il  trouve  une  augmentation  dans  la  (luanlilé  de 
substances  dosées  comme  caséine  : 

Macrralion  de  ^'laïuii-  iiiaiimiairc  Iraicho \  Ji'l  p.  100  de  caséine. 

—  —  3  heures  à  l'ctuve.   .     1,(J".I  — 

—  —  et  sérum l.SS  — 

Les  dilTérenoes  sont  faibles  et,  de  l'avis  môme  de  Thieri-eldkk,  il  ne  peut  (•lu-  prouv»' 
qu'il  s'agisse  de  véritable  caséine. 

HiLDEBRANUT,  étudiant  l'autolyse  de  la  glande,  constate  qu'après  une  exposition  d'un 
an  il  ne  s'est  pas  produit  de  caséine.  Mais,  ayant  constaté  une  autolyse  exagén'e,  pendant 
la  lactation,  il  est<disposé  à  admettre  que  ces  ferments  autolyliipies  dédoublent  les  albu- 
minoides  du  corps  en  molécules  plus  petites,  qui, sous  rintlueiice  d'un  elfet  synthétique, 
se  reconstituent  dans  la  glande  sous  forme  de  caséine  spécifique.  Tout  le  mécanisme 
général  de  lassimilalion  des  albuminoïdes,  par  leur  transformation  en  polypeptides 
simples,  puis  leur  reconstitution  en  albuminoïdes  spécifiques,  n'est-il  pas  actuellement 
considéré  comme  le  plus  probable?  Là  formation  de  la  caséine  n'est  qu'un  cas  paiticulier. 

Deuxième  période  :  Les  groupements  protéigues  {Die  Paariingshypolliesen).  —  De  la 
découverte  par  Lubavin  du  caractère  nucléinique  de  la  caséine  devaient  découler  toutes  les 
hypothèses  sur  l'étude  des  dérivés  des  noyaux  cellulaires  de  la  glande.  L'acide  nucléi- 
nique libéré  par  le  travail  de  désassimilalion  ou  de  sécrétion  devait  se  combiner  avec 
une  substance  albuminoïde  d'origine  hématique  pour  former  la  caséine. 

Basch,  dirigé  par  cette  conception,  essaie  la  synthèse  de  la  caséine  en  partant  de 
l'acide  nucléinique  obtenu  de  la  glande  mammaire  et  qu'il  considère  comme  la  molécule 
mèi'e  de  la  caséine.  En  traitant  du  sérum  de  bœuf  par  de  l'acide  nucléinique,  il  obtient 
une  substance  qui  possède  les  propriétés  chimiques  et  physiques  de  la  caséine  et  se 
coagule  dans  les  mêmes  conditions.  Pour  Basch,  l'intervention  d'un  enzyme  n'est  nulle- 
ment nécessaire  pour  expliquer  la  formation  de  la  caséine,  l'acide  nucléinique  libéré  se 
combinant  directement  aux  albuminoïdes  du  plasma  pour  donner  une  nucléo-albumine  ; 
la  caséine. 

Basch  s'appuyait,  pour  établir  sa  théorie,  sur  l'absence  dans  la  substance  mère, 
c'est-à-dire  dans  le  noyau  nucléinique,  de  bases  xanthiques  ou  d'hydrates  de  carbone. 
Or  LoBiscH,  confirmant  les  travaux^antérieurs  de  Odemus,  de  Mendel  et  Leve.n,  obtient 
par  l'hydrolyse  de  la  glande  mammaire  des  xanthines,  guanine,  etc.,  et  un  penlose  :  ce 
que  ne  donne  jamais  la  caséine.  La  substance  obtenue  par  le  procédé  de  Basch  est 
beaucoup  plus  riche  en  phosphore  que  la  caséine. 

A  ces  hypothèses  de  combinaisons  de  molécules  protéiques  se  rattache  l'hypothèse 
émise  par  Behring  que  la  caséine  est  le  produit  de  combinaisons  d'une  substance  colloï- 
dale soluble  formée  dans  les  cellules  de  la  glande  avec  les  albuminoïdes  du  sang. 

Enfin  il  faut  ra[ipeler  les  idées  d'HAMMARSiEX.  Il  existerait  dans  les  cellules  des 
glandes  mammaires  une  nucléo-glycoprotéide  qui  pourrait,  sous  l'intluence  de  l'activité 
glandulaire,  se  dédoubler  en  donnant  les  deux  substances  spécifiques  du  lait:  le 
lactose  et  la  caséine. 

ORIGINE   DES    GRAISSES. 

ViRCHOW  avait  émis  l'opinion  que  les  matières  grasses  du  lait  résultaient  d'une 
dégénérescence  graisseuse  du  parenchyme  glandulaire.  Cette  idée,  appuyée  principale- 
ment sur  des  observations  d'analomie  pathologique,  ne  fut  pas  admise  définitivement. 
i>e  problème  posé  fut  celui-ci  :  La  graisse  provient-elle  des  graisses  introduites  dans 
l'organisme  par  l'alimentation  ou  des  matières  albuminoïdes  subissant  une  série  de 
dédoublement  donnant  des  corps  azotés,  des  hydrates  de  carbone  et  de  graisses? 

L'origine  protéique  du  beurre  rentre  dans  l'étude  si  controversée  de  l'origine  de 
toutes  les  graisses  de  l'organisme.  Pendant  un  demi-siècle,  les  écoles  de  Munich  avec 
Pettenkofer  et  Voit,  de  Bonn  avec  Pkluger,  apportèrent  un  nombre  considérable  de 
matériaux  pour  ou  contre  cette  origine. 


828 


LAIT. 


Pour  ne  citer  que  les  travaux  visant  exclusivement  l'origine  du  beurre,  il  faut 
rappeler  l'expéneiice  de  Voit  nourrissant  une  chienne  avec  de  la  viande  dégraissée  et 
obtenant  un  lait  riche  en  beurre.  Les  critiques  de  Pfluger  ont  fortement  ébranlé  la 
théorie  protéogénique  du  beurre.  A  priori,  il  paraissait  plus  logique  de  chercher  dans 
les  aliments  gras  l'origine  du  beurre,  mais  ici  encore  le  problème  soulève  deux  questions. 

Les  graisses  introduites  dans  l'organisme  arrivent-elles  directement  dans  la  glande 
et  sont-elles  excrétées  telles  quelles  avec  le  lait? 

Les  graisses,  après  avoir  subi  des  modifications  leur  faisant  perdre  leurs  caractères 
spécifiques,  sont-elles  reconstituées  par  l'activité  cellulaire  de  la  glande  ou  des  autres 
tissus  pour  former  un  beurre  caractéristique  pour  chaque  espèce  animale? 

Toute  une  série  de  travaux  plaident  en  faveur  du  rôle  des  graisses  ingérées  dans  la 
formation  du  beurre.  On  peut  citer:  Rosenkei.d,  Henriques  et  H.^nsen,  Stellwag, 
Baumert  et  Falk,  Ramm,  Momse.n  et  Schumacher,  Gogihdse. 

Citons  l'expérience  de  Gogihdse  qui  utilise  la  méthode  de  l'indice  iodé,  c'est-à-dire 
la  quantité  p.  100  exprimée  en  poids  d'iode  nécessaire  pour  saturer  les  affinités  libres 
d'une  graisse  déterminée  :  ce  nombre  peut  servir  pour  désigner  la  teneur  en  acide  gras 
non  saturé  de  la  graisse  en  question. 

Les  chiennes  de  Gogihdse  recevaient  pendant  plusieurs  joues  de  l'huile  de  lin  dont 
l'indice  d'iode  est  très  élevé  (18°  B).  Or  l'indice  d'iode  du  lait  de  ces  animaux 
s'élève  rapidement  de  30  et  passe  à  80  pour  se  maintenir  à  ce  taux  tant  que  l'alimen- 
tation à  l'huile  de  lin  persiste,  pour  descendre  lentement  après  la  fin  de  l'alimenta- 
tion spéciale.  On  doit  supposer  que  les  graisses  à  l'huile  de  Im  passent  dans  le  lait, 
sans  doute  sous 'forme  de  glycérides,  mais  non  directement,  en  ce  sens  qu'une  partie 
tout  au  moins  s'accumule  sous  forme  de  réserves  premières  s'éliminant  progressive- 
ment après  la  cessation  de  l'ingestion  d'huile  de  lin.  Les  dépôts  de  graisse,  le  vingt- 
quatrième  jour  après  la  cessation,  avaient  encore  un  indice  de  47.80,  alors  que  le  lait 
donnait  40,8. 

En  utilisant  la  méthode  des  graisses  colorées  par  le  Soudan  III,  Gogihdse  a  obtenu 
également  le  passage  des  graisses  colorées  dans  le  lait. 

La  graisse  passe-t-elle  dans  le  lait  à  l'état  de  graisse  neutre  ou  après  avoir  suivi  un 
dédoublement  et  sous  forme  de  glvcéride?  Question  non  encore  résolue. 


COMPOSITION    DES    PRINCIPAUX    LAITS. 

Lait  de  vache. 

Analyses  de  lait  moyen  de  tout  un  troupeau. 


MOYENNE 

LAIT 
en  usage 

VACHES 
hollandaises. 

LAIT 

de  127  vaches 
normandes. 

dans  les 
hôpitaux 

Prélèvement 

mélangé 

MOYENNES 

MOYENNES 

PROVENANCK. 

- 

de  Paris. 

région 

d'un  troupeau. 

de 

de  Droop 

Analyses 

Lait 

de  Reims. 

— 

300  analyses 

et    RliHMOKD, 

du  laboratoire 
municipal 

moyen 
de  la 

Moj-ennes 

Analyses  de 

de  Kœnig. 

29.707  vaches. 

de  Paris. 

clinique 
Tarnier. 

de  20  analyses 
da  M.  Lafaux. 

Fleisch.m.\nn. 

Suppo.sé. 

Supposé. 

Supposé. 

Densité  à  +  15'. 

1031,6 

1031,5 

1030,8 

1031,0 

1031,0 

1031,0 

Extrait  sec    .    . 

137,6 

126,80 

123,32 

126,28 

133,39 

129,0 

Sels  minéraux. 

6,39 

7,18 

7,29 

7,73 

7,21 

7,57 

Beurre   .... 

43,40 

37,10 

36,08 

33,05 

37,73 

37,83 

Lactose  .inhjdre  .    . 

46,68 

45,30 

45,98 

47,42 

49,69 

48,45 

Matières   albu- 

mino'ides   el 

extractives.    . 

38,93 

37,22 

33,97 

36,08 

38,76 

35,13 

Eau 

894,00 

904,70 

907,48 

90i,70 

897,61 

907,00 

LAIT. 
Richesse  minérale  du  lait  de  vache  (1  litre) 


8^29 


VACHE 

VACHK 

VACHE 

VACHE 

(OTKNTINE 

nourrie  de  carottes, 
trèfle  et  lourrage. 

LOURDAISi; 

nourrie  de  foin 
d'altitude. 

NORMANDE 

nourrie  de  son, 

luzerne,  trèfle 

cl   paille  d'avoino. 

NORMANDR 

noorrio  de  son, 
niais  et   fourrage. 

pr. 

g'-- 

feT- 

Rr. 

("lilore 

1,30 

0,60 

0,90 

0,80 

p2  06 

1,40 

1,50 

2,50 

2,30 

CaO 

1,20 

1,20 

2.  » 

1,80 

M-  0 

0.20 

.) 

„ 

0,2(1 

K^  0 

2,50 

» 

2          M 

2     „ 

Na^  0 

o.:;o 

" 

0,90 

Û.GO 

Lait  d''&nesse. 

Composition  du  lait  d'ànesse  par  litre. 


DENSITÉ  ET  CONSTITUANTS 

DU   LAIT. 

CHIFFRES  CALCULÉS 

d'après  ceux  M.  A.  Gautier 

iChim.  biologique,  p.  707). 

CHIFFRES  CALCULÉS 
d'après   les  données  de  Ei.i.en- 
BERGER,  Seeliger  et  Klimmer 
[Arch.  f.  Thierheilkunde,  xxvii, 
3  et  4). 

Densilé 

1  033 

98,11 

4,64 

16,01 

59,90 

17,36 

934,89 

Supposée    :    1  032 

—  94,32 

—  4,13 

—  11,86 

—  61,60 

—  10,73 
dout  1  de  nucléone  et  0,20 

(le  h'cithiiio. 

—  937,68 

Sels  minéraux 

Beurre 

Lactose •    •    . 

Matières  allmminoïdes  etrxtrac- 

Eau..    .               

Variation  minérale 

du  lait  d'ânesse  De  XX  jours. 

|iar  litre  gr. 

Chlore 0,2 

Acide  phosphoriqué ...  2 

Chaux 1,8 

Potasse 0,6 

Soude 0,5 


Lait  de  chèvre. 

Composition  du  lait  de  chèvre  par  litre. 


mois. 

XII'  mois 

jr. 

gf- 

0,3 

0,2 

1,2 

0,9 

1,5 

0,8 

0,3 

o,r> 

0,9 

1 

DENSITÉ 
et 

CONSTITUANTS 

du  lait. 

CHÈVRE 
de 

MURCIE. 

CHÈVRE 

.«îCISSE. 

DAPRÉS 

ELLENBERGER. 

DAPRÉS 

HUCHO. 

DAPRÉS 

ABDERHALDEN. 

DAPRÉS 

STEINEGGER. 

Densité   .   •  .    .    . 
Extrait  sec    .    . 
Sels  minéraux.   . 

Beurre 

Lactose 

Malirres  albuminindcs. . 
Eau 

1  032 

128,75 

7,50 

36,30 

03,66 

29,09 

903,25 

1  032,5 
115,50 
8 
26 

.•■.2,78 
28,72 
917 

Supposé. 

1  030 

156,44 

9,21 

66,90 

43,83 

34,. 30 

873. .36 

Supposé. 

1  030 

126,39 

8,75 

.36,14 

47,48 

31,02 

903,61 

Supposé. 

1  030 

30,17 
40.37 
32.34 

Supposé. 

1030 

109,16 

6,48 

33,47 

28,84 

40,37 

930,84 

830  LAIT. 

Variation  minérale       1"  jour.  III'  mois.  IV'  mois, 

(lu  lait  de  chèvre.  gr.  gr.  gr. 

Chlore 0,9  1,0  1 

Acide  phosphorique. .    .  3,2  2  2,8 

Chaux 2,2  1,9  2 

Potas.se 1,8  1,9  0,3 

Soude Û,."j  0,-5  2 

Lait  de  bufflesse.  —  En  Roumanie,  les  bufdesses  sont  utilisées  conune  laitières. 

II  existe  deux  groupes  de  bufflesses  : 

1"  groupe:  vêlatil  après  1  an  et  2-3  mois  et  une  période  de  lactfi  'cn  de  9  à  10  mois, 
donnant  en  moyenne  1  100  à  1  200  litres  par  période. 

2»  groupe  :  vêlent  tous  les  2  ans,  avec  une  lallation  (juidure  14  a  18  mois,  la  quantité 
de  lait  atteint  une  moyenne  de  1  000  litres. 

La  quantité  maxima  journalière  est  de  9  litres  avec  4  litres  de  moyenne,  la  période 
de  grande  production  dure  b  mois  avec  5  litres  en  moyenne. 

Lait  de  bufflesse. 

Maximum.  Minimum.  Moyenne. 

Densité 10,35  10,31  » 

Beurre 15  5  7,8 

Albumine 9,50  6,37  7,93 

Lactose 4,6  3,30  2.94 

Cendres 1,30  0,80  1,03 

Eau 8,3  76,10  79,55 

Le  lait  de  bufflesse  est  plus  riclie  en  substances  grasses  et  en  albuminoïdes  que  le  lait 
de  vaclie  et  renferme  la  même  quantité  de  lactose.  Il  est  plus  blanc  et  plus  épais  '. 

Le  lait  de  femme. 

Composition  du  lail  de  femme  suivant  idijc  de  la  lactation. 
(Camkrer  et  Soldner). 


A(;k  uu  i-.viT. 

EXTRAIT 

AZOTK 

nKURKK. 

LACTOSK 

.^KI,S 

.SEC. 

TOTAL. 

ANUYUUi:. 

MINI  RAIX. 

gr- 

8  à     11  jours    HuycDiies  de  1(1  cas  . 

124>,9£> 

2,71» 

32,06 

03, aO 

2,88 

20  à    40  jours  (     —      de  13  cas) . 

128,66 

2,fft 

40.31 

67,22 

2,26 

60  à  140  jours    ;     —      de  14  cas) . 

121,55 

1.77 

34,4a 

70,21 

1,93 

170  jours  et  plus  (     —      de  10  cas  . 

117,04 

1  ,:i2 

32,99 

69,90 

1,83 

Le  lait  de  femme.  —  La  richesse  du  lait  en  beurre  varie  aux  différentes  heures  de 
la  Journée,  et,  surtout,  aux  différentes  périodes  d'une  même  tétée  ;  elle  croît  constamment 
du  commencement  à  la  fin  de  la  traite.  C'est  en  tenant  compte  de  ces  variations  que 
Michel  a  soumis  à  l'analyse  un  certain  nombre  d'échantillons  de  lait  prélevés  sur  des 
nourrices  et  des  mères  de  la  Maternité  de  Paris;  il  prélevait  20  centimètres  cubes  au 
commencement  d'une  tétée  du  matin,  20  centimètres  cubes  au  milieu  d'une  tétée  de 
midi,  et  20  centimètres  cubes  à  la  lin  d'une  tétée  du  soir.  L'analyse  était  faite  sur  le 
mélange  de  ces  trois  prises. 

L'extrait  sec  était  obtenu  à  100". 

Le  lactose  dosé  par  la  liqueur  de  FEHLixr.,  l'azote  par  la  méthode  de  Iûeldahl,  le 
beurre  par  le  procédé  d'AoAM. 

Les  matières  albuminoïdes  étaient  calculées  non  par  différence,  mais  d'après  la 
quantité  d'azote  contenue  dans  le  lait,  en  admettant  que  1  gramme  d'azote  correspond 
à  6  gr.  75  de  matières  proté'iques;  ce  dernier  coefficient  étant  établi  d'après  la  moyenne 
(14,81  p.  100)  entre  les  chitîres  que  Marris  (14,6o  p.  100)  et  Wroblewski  (14,97  p.  100)  ont 
été  indiqués  pour  la  teneur  en  azote  de  la  caséine  de  lait  de  femme. ^ 


1.  Dracoxu.  Étude  sur  les  bufflesses  laitières  e)i  Roumanie,  Archiva  veterinare,  2-5,  1909. 


LAIT 


S31 


Ainili/srs  de  Mm.uel. 

Du  V«  au  XV'  jour.       Du  II'  au  XII"  mois. 

Par  liiro.  gr.  gr. 

Densité 1  032  1  0.32,:; 

Eau i)07,S'.t  908,70 

Extrait  sec l->i,ll  123,80 

Sels  minéraux 2,71  1,90 

Beurre 30,20  34,68 

Lactose  anhydre 64,09  69,84 

Azote  total 2,60  1,83 

Matières  protéiques  (caséine  et  albumine) .    .    .  17,88  12,35 

Matières  extractives  indéterminées 9,2.')  5,03 

Ces  tableaux,  comme  ceux  de  P.vtein  et  Duval  ',  concordent  pour  montrer  que  la 
richesse  du  lait  en  substance  azotée  diminue  régulièrement  :  la  diminution  est  trù.s 
rapide  dans  les  quinze  premiers  jours,  puis  elle  se  produit  plus  lentement  ensuite, 
alors  (jue  le  phénomène  inverse  se  manifeste  pour  le  lactose. 

Richesse  moyenne  du  lait  de  femme  en  azote  d'après  son  âge. 


AGE  DU  LAIT. 

AZOTE  TOTAL 
l'AR  LrrRR. 

3"  jour 

gr. 
3.00 
2,80 
2,65 
2,37 
2,10 
1,93 
1,77 
1,64 
1,60 

Moyenne  de  Camerer, 

Moyenne  de  Michel. 
Moyenne  calculée. 
Moyenne  de  Cambrer. 
Moyenne  calculée. 
Moyenne  de  Ca.mereh. 
Moyenne  calculée. 

8°  jour  à    11"  jour 

110  '_    à     i:i"    — 

15'    —     à     20"    — 

,20"     —     à     40"    — 

40"     —     à     GO"    — 

60"    —     à  140"    — 

140"     —    à  170"    — 

Au  delà  du  170"^  jour 

La  composition  minérale  du  lait  de  femme  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  analyses. 

Richesse  en  sels  par  litre  de  lait  (Blauiîerg). 

K2     0   =  Potasse 0,690 

Na-^  0   =  Soude 0,049 

Ca     0   =  Chaux 0,394 

Mg    0   =  Magnésie 0,068 

Fe2  03  — Oxyde  de  fer 0:020 

C12         =  Chlore 0,294 

S      0^:=  Acide  sulfurique 0,143 

P2     0^»  =  Acide  phosphorique 0,29 i 

Sels   insolubles (1,036 

Composition  des  cendres  du  lait  par  100  grammes  de  cendres. 


BONGK. 

SOLDNER. 

Backaus  ot 
Cronhuim. 

cornrlia  dr 
Lanoe. 

gr. 

g'-- 

gr- 

y- 

K2     0.    .    . 

32,14 

30.1 

33.74 

19.9 

Xa-i  0.   .    . 

11,7;; 

13.7 

11.91 

29,6 

Ca     0.    .    . 

15,67 

13,5 

17,36 

12,9. 

Mg    0.    .    . 

2,99 

i,1 

2,13 

2,9 

Fe2  0^   .    . 

0,27 

0,17 

0,63 

0,25 

p^    o:;  .   . 

21,42 

12,7 

14,79 

17,9 

Cl 

20,33 

21,8 

15.47 

21,3 

l.   P.VTEiN  et  DuvAi.,  Journ.  de  f'/n/s.  et  Chimie,   1905,  193. 


832  LAIT. 

Variations  de  la  richesse  minérale  du  lait  de  femme  suivant  Tàge  du  lait. 


CORPS  DOSÉS.                             FKMME  ACCOUCHÉE 

DKPUTS    |2   JOURS. 

FEMME  ACCOUCHÉE 

DKPUIS    12   MOIS. 

Chlore 

gr- 

0.50 

0,34 

0,25 

0,03 

0,80 

0,60 

0.40 
0,20 
0,20 
0.02 

o,:;o 

0,40 

Acide  phosphori(iue 

Chaux  

Magnésie 

Potasse 

Sonde  

Valeur  thermogène  du  lait  de  femme.  —  Rubner  a  déterminé  la  valeur  calorimétrique 
du  lait,  en  mesurant  directement  la  chaleur  de  combustion  de  l'extrait. 

Des  échantillons  recueillis  chez  deux  nourrices  ayant  deux  mois  d'allaitement  ont 
fourni  les  résultats  suivants  au  calorimètre  (combustion  totale). 

Extrait  sec.  Calories 

gr.  par  litre. 

1 in, 50  633  RiBNER. 

II 128.50  745  Rubner. 

III 122,65  100  Gaus. 

IV !33,14  766  Gau.s. 

V 137,30  768  G.us'. 

RuB.NER  désigne  sous  le  terme  de  reste  azoté  toutes  les  substances  qui  De  sont  pas 
les  sucres,  les  graisses  et  les  sels  minéraux,  et  que  l'on  peut  grouper  sous  l'expression 
générale  de  matières  protéiques  et  extractive.^. 

Ce  reste  dans  les  deux  échantillons  cité.s  a  fourni  les  données  suivantes  : 


OBSERVATIONS. 

QUANTITÉ 

DE   RESTE    AZOTÉ 

p.    100 

d'extrait  sec. 

AZOTE 
p.  100 

IlEXTRAlr    SEC. 

AZOTE 
p.  100 

DE    RESTB    AZOTi-:. 

CALORIES 

l'OUR   1   GRAMME 

de 
reste  azoté. 

I 

11,14 
13,77 

1,3o 
1,45 

12,12 

10,07 

6,0.j1 
5,766 

Il 

La  méthode  indirecte  est  plus  souvent  employée;  elle  consiste  à  calculer  séparément 
la  valeur  calorique  des  trois  éléments  thermogènes  :  sucre,  beurre  et  alburainoïdes. 
Un  lait  de  composition  moyenne  donnera  donc  : 

Beurre 36  x  9,25  =  334  calories. 

Lactose  anhydre 70  x  3,96  =  275       — 

Matières  protéiques  et  extractives   ...     17  x  4.80^=882       — 

=  691  calories. 

On  peut  admettre  que  la  valeur  thermique  théorique  d'un  litre  de  lait  de  femme 
oscille  entre  700  et  750  calories,  suivant  sa  richesse  en  matière  grasse. 

Mais  ces  chiffres  doivent  subir  une  correction,  l'assimilation  n'étant  jamais  absolue. 
Michel  et  Porret  admettent  que  la  non-utilisation  du  lait  de  femme  par  l'enfant 

Pour  le  beurre op.   100. 

—  les  matières  protéiques 6      — 

—  lactose   U 

peut  atteindre  25  calories,  à  retrancher  des  700  calories  calculées  théoriquement,  dans 
la  pratique  cette  correction  est  donc  inutile. 


1.  Gaus,  JahrO.  f.  Kinderheilk.,  1902,  loi. 


LAIT. 


833 


Pour  le  lait  «Je  vache,  on  peut  établir  des  déductions  analogues.  Ruiineu  a  déleiminé 
la  chaleur  de  combustion  de  l'extrait  sec  du  lait,  de  la  caséine,  du  beurre  et  du  reste 
azoté. 

11  admet  poiu-  1   f,'ramme  de  beurre 9,25  calories. 

—  —     1        —        reste  azoté ....     5,67       — 

—  —     1        —        lactose 3,95       — 


On  obtient  ainsi  avec  les  laits  de  trois  qualités  commerciales  les  chifîres  suivants 


LAIT 

do  très 

BONNE   QUALITÉ. 

LAIT 
des 

HOPITAUX. 

LAIT 
do 

UùNNK    QUALITK. 

Extrait  sec 

Cendres 

43,40  X  9,25  = 
48,68  X  3,96  = 
38,93  X  4,8    = 

37,10  X9,25  = 
45,30  X  3,96  = 
37,22  X  4,8    = 

40  X  9,25  =  370,00 
47x3,96  =  186,12    j 
36  X  4,8   =172,8      | 

Beurre 

Lactose  anhydre 

Reste  azoté 

778 

Ainsi  un  litre  devait  de  vache  de  bonne  qualité,  contenant  1.30  grammes  d'aliment 
sec,  dont  40  grammes  de  beurre  par  litre,  représente  7.30  calories  (chaleur  de  l'urée 
déduite). 

La  non-utilisation  pour* le  lait  de  vache  est  : 

Beurre 7,5  p.  100 

Albuminoïdcs 6,4      — 

Sucres 0 


Ce  qui  pour  un  litre  de  lait  moyen  représente  un  départ  de  40  calories.  On  arrive 
ainsi  au  chiffre  de  690  calories  par  litre  de  lait. 

On  voit  que  les  valeurs  thermogènes  moyennes  des  laits  de  femme  et  de  vache  même 
en  tenant  compte  du  coefficient  d'utilisation  sont  presque  identiques. 

Parmi  les  caractères  différentiels  du  lait  de  femme,  il  faut  signaler  en  premier  lieu 
sou  faible  pouvoir  coagulant  comparé  avec  le  lait  des  femelles  laitières. 

Les  auteurs  antérieurs  ont  surtout  attribué  ce  caractère  à  un  état  particulier  de  la 
caséine  du  lait  de  femme. 

Ni  la  présure  ni  les  acides  ne  donnent  une  caséiOcalion  identique  à  celle  qu'on 
obtient  avec  le  lait  de  vache. 

Les  recherches  de  Kreidl  et  Neumann  poursuivies  à  l'aide  de  l'ultramicroscope  ont 
fait  connaître  un  point  important.  Dans  le  lait  de  vache,  de  chèvre,  etc.,  on  découvre 
des  corpuscules  visibles  seulement  à  l'ultramicroscope,  qui  furent  désignés  sous  le  ternit' 
de  lactokonie  et  qui  seraient  des  corps  caséiques.  Or,  dans  le  lait  de  femme,  les  lacto- 
konies  ne  se  trouvent  pas. 

En  dehors  des  différences  quantitatives  de  caséine,  il  y  aurait  donc  lieu  de  tenir 
compte  des  différences  dans  l'état  même  de  cette  substance. 

Précipitation  par  les  acides.  —  La  précipitation  par  les  acides  est  des  plus  difficiles 
à  réaliser;  toutefois,  en  prenant  certaines  précautions,  Bianka  B(n.ne.\feld  a  pu  établir 
les  conditions  favorables.  Eu  traitant  du  lait  dilué  et  porté  à  40°  par  une  solution  d'acide 

lactique  -r-,  on  obtient  de  beaux  flocons  de  caséine,  et  le  petit-lait  est  absolument  trans- 
parent. La  coagulation  ne  paraît  être  réalisée  que  pour  une  acidité  déterminée,  dont  le 
degré  varie  avec  l'acide  employé  (Engel). 

Précipitation  par  la  présure.  —  Le  lait  de  femme  en  contact  avec  une  solution  de 
p  neutre  de  présure  ne  présente  aucune  modilication  même  avec  l'ujtramicroscope.  Il 
n'en  est  plus  ainsi  en  milieu  acide. 


DICT.    DE    l'IlVSIOLOOIE.    —    TOME    IX. 


53 


834  LAIT. 

Modification  maci'oscopique.  —  In  vitro,  le  lait  de  femme  se  tlislingue  des  autres  lails, 
et  principalement  du  lait  de  vache,  en  ce  qu'il  ne  donne  pas  de  gros  grumeaux  solides, 
mais  simplement  de  petits  llocons  à  peine  visibles  à  l'œil  nu.  Ces  flocons,  loin  de  tomber 
au  fond  du  vase,  restenl  en  suspension  ou  même  ont  une  tendance  à  monter,  au  moins 
dans  le  lait  pur;  car  dans  le  lait  écrémé  une  partie  tombe  au  fond. 

Quant  à  l'action  de  la  présure  qui  avait  été  mise  en  doule,  elle  est  indiscutable.  I.-s 
observations  de  Kueidl  et  Nelman.n  ont  nettement  établi  que,  même  en  solution  neutre, 
il  se  produit  une  modification  avec  le  lab.  Les  lactokonies,  jusque-là  invisibles,  appa- 
raissent alors  à  l'ultramicroscope.  Il  se  produit  déjà  des  précipitations,  mais  le  processus 
ne  va  pas  plus  loin  et  l'apparition  des  flocons  n'a  lieu  qu'en  nulieu  acide. 

L'action  combinée  du  lab  et  de  l'acide  est  démontrée  par  ce  fait  que  la  précipitalioit 
se  produit  dans  un  mélange  de  lab  et  d'acide  avec  une  acidité  inférieure  à  celle  nécessaire 
pour  obtenir  la  coagulation  en  milieu  simplement  acidulé,  et  Engel  a  montré  que 
Toptimuin  d'acidité  de  R.  Hinnenield  est  modifié  quand  on  auil  en  présence  du  lab. 

Enfin  les  flocons  obtenus  en  présence  du  lab  sont  moins  solubles  que  ceux  provenant 
d'un  milieu  simplement  acidulé. 

La  coagulation  se  fait  plus  rapidement  avec  le  lab,  raai^  le  petit-lait  n'a  jamais  celle 
limpidité  que  l'on  obtient  avec  l'acide  utilisé  à  la  dose  optima  et  l'on  peut  admettre  au 
moins  pour  le  lait  de  femme  comme  une  règle  générale  ijue  la  coagulation  sera  d'aulanl 
jtlus  parfaite  qu'elle  se  sera  pouisuivie  plus  lentement. 

La  réaction  du  lait  de  femme  est  amphotèro,  acide  à  la  phénolphlaléiue,  alcaline  au 
tournesol,  cette  différence  de  réaclion  i-st  ;illribuablt'  aux  mono  et  dipliositlialcs,  les 
premieis  ayant  un  caractère- acide,  les  secomls  basique. 

Acidité  d'après  Courant. 

.Nciitralisatioii  tto  10  vv.  ili'  luit. 

Age  Nombre 

(le  la  lies, 

nourrice.       grossesses. 

2.)  ans 3 

30    — 4 

32    — 2 

3(3    —   ....    .       (1 

37    - 8 

3'J    — 6 

37    — l 

13    — 10 

Azote  total. —  L'azote  total  ne  montre  pas  de  grandes  oscillations.  Li-s  ciiilTies  di; 
SciiLossM.\.\i\  observés  sur  une  .accouchée  entre  le  9''  et  le  200"=  jour,  indicjuent 
une  légère  diminution  régulière,  allant  de  0'-'",  30  pnur  100  ceutimèlres  cubes  de  lait  à 
0-'',21  le  huitième  mois, 

Microrganismes  du  lait.  —  Le  nombre  des  bactéries  du  lait.  —  Le  lait  est  v.n 
excellent  milieu  de  culture  pour  les  microbes  :  c'est  du  reste  ce  (|ue  l'on  pouvait  concevoir 
a  priori,  étant  donnée  la  composition  chimique  de  ce  liquide,  sa  richesse  en  principes 
azotés  et  sucrés.  Levures  et  bactéries  se  développent  avec  une  très  grande  rapidité  dans 
le  lait.  MiQUEL,  qui  a  fait  la  numération  des  microbes  qui  se  développent  dans  le  lait 
abandonné  à  lui-même  est  arrivé  à  des  chiffres  fort  éloquents. 

C'est  ainsi  que,  dans  deux  expériences,  le  lait  trait  en  octofire  contenait  deux  heures 
après  par  centimètre  culie  : 


Date 

lie 

l'allaitcmpiit 

10 

jours. 

i 

mois. 

2 

— 

6 



10 

— 

J-^ 

— 

10 

— 

Tournesol 

I'lK''iioli)hialOiuc 

cm' 

rm' 

"/io"î!^0<- 

.   "/.oNHMl. 

1,25 

0,5:; 

0,90 

0,25 

i,4:i 

0,20 

1.00 

0.35 

1.10 

0,3:i 

1.2(1 

0,20 

1.10 

0,30 

o,'.i;j 

0,Ui 

A  l'arrivée  au  laboratoire. 
1  heure  plus  tard  .    .    .    . 


liaci 

tories. 

I 

H 

9OU0 

'j  :m 

31700 

11  000 

36  250 

13  500 

35  000 

13  500 

40  000 

30  000 

60  000 

93  000 

67  000 

230  000 

120  000 

251000 

600  000 

63;;ooooo 

LAIT.  835 

Enfin,  dans  uno  oxpérience  où  le  lait  Irait  le  si)ir  avait  t'ii'  abaniionnf^  la  nuitidilîé- 
rentes  températures,  le  nonii>re  de  g'ermes,  (Hii  avait  étt-  de  lOi^-lO  par  centimèlîre  cnbo 
après  la  traite,  fut  : 

Le  lendoiiKiin  ......        :'i  l,")»  à  2;^»  k  S.'i» 

Après  15  heures 1  000  iiOO  72  18:iG00  10,"]  000  000 

—  18       — SOOHOO  ..  KiOOdOOOO 

—  21       — GOeiiOOO  200  000  000  180  000  000 

Ou  voit  coniliien  est  active,  surtout  p()ur  ceilaiiies  températures,  la  mullipiicalion 
des  microbes  dans  le  lail. 

Les  chilîres  difTèreut  considérablemeni  suivant  li\s  mélliodes  employées  pour  les  ib'- 
terminalious.  C'est  ainsi  que  Rosk.n.vu  et  Me  Cov  doiip.ent  les  cliifïVes  ci-dessous  : 

Lai(  conservé  à 26-20 "  lo"  31" 

Ai)r('S  la  traite oOO  »  » 

2  heures 1  .-iOO  .. 

4      — 700  900  M  000 

6       — 400  500  3S00O 

8       — 7  800  600  342  000 

10       — 2'.)  000  1200  50  000  000 

2t       — 340  000  000  80  000 

SoxHLET  av;ii(  signab'  ce  fait  que  la  puilulation  des  bactéries  reste  souvent  station- 
naire  pendant  quelques  heures  au  début,  rétrograde  même  dans  la  phase  bactéricide.  Buii 
soutient  que  l'action  bactéricide  du  lait  n'est  qu'une  simple  apparence,  et  elle  s'expli- 
((uerait  par  le  développement  du  pouvoir  agglutinant,  qui  fait  que  le  nombre  de  colonies 
étudié  par  plaques  païaît  plus  petit. 

Il  a  été  démontré  que,  dans  la  plupart  des  cas,  une  glande  mammaire  normale  fournit 
un  lait  exempt  de  bactéries. 

Néanmoins  la  présence  d'une  véritable  flore  microbienne  a  été  signalée  dans  les 
canaux  de  la  glande  mammaire  par  Barthels,  Ward,  Burre,  Freudenreich,  Lux,  etc.  et 
les  bacilles  pathogènes  introduits  expérimentalement  dans  l'organisme  peuvent  arriver 
jusqu'à  sa  glandé  et  êli"e  éliminés  avec  le  lait. 

Des  expériences  de  ce  genre  ont  été  faites  avec  le  bacille  du  choléra  des  poules,  le 
bacille  pyoryanique  du  rouget  du  porc,  et  ont  donné  des  résultats  absolument  positifs.. 
(Chambuele-nt,  Karlinsri  etc.) 

Il  est  évident  que  les  bacilles  passent  beaucoup  plus  facilement  s'il  y  a  la  moindre 
lésion  de  la  glande.  Il  semble  cependant  qu'il  est  possible  que,  même  sans  que  la  glande 
soit  malade,  des  bactéries  puissent  provenir  du  sang  et  s'éliminer  par  les  glandes. 

D'une  manière  générale,  le  nombre  de  bactéries  ([u'on  trouve  dans  la  glande  est 
excessivement  petit  dans  les  conditions  normales,  et  les  causes  les  plus  importantes  de 
l'infection  du  lait  tiennent  à  la  malpropreté  de  la  mamelle  ou  du  pis,  aux  poussières  d(^ 
l'air  de  l'étable,  à  la  malpropreté  des  vases  dans  lesquels  le  lait  est  recueilli,  aux  mains 
et  aux  iiabits  des  laitiers,  à  la  qualité  du  foin,  et  très  souvent  à  la  flore  bactthienne  des 
aliments  ({u'on  donne  à  l'animal,  ou  même  de  l'herbe  de  la  prairie  où  il  se  trouve. 

Un  lait  recueilli  aseptiquement  contient  surtout  des  micrococcus  jaunes  et  blancs. 

D'après  des  recherches  faites  par  différents  auteurs,  un  lait  ainsi  recueilli  contient 
en  moyenne  9.")  p.  100  de  microco(]ues,  dont  53  p.  100  sont  sans  action  sur  le  lait; 
38  p.  100  sont  capables  de  denner  naissance  à  des  acides,  et  7  p.  100  rendent  le  lait 
alcalin. 

Freudenkei'.k  trouve,  dans  du  lait  fraîchement  trait,  t-0  à  20000  bactéries  par  cenli- 
n)ètre  cube. 

<L\0PK,  à  Munich,  «n  a  trouvé  GO  à  100  000;  au  contraire,  Wiliiem,  en  recueillant  du 
lait  dans  des  conditions  a3epti({ues,  à  Bruxelles,  n'a  trouvé  que  8  à  10  bactéries  par  cen- 
timèlre  cube. 

Lorsqu'on  nettoie  soigneusement  b'  pis  avec  de  l'eau  savonneuse,  et  qu'on  désinfecte 
avec  de  l'alcool  à  00  p.  100,  on  peut  Dblenir  du  lait  contenant  au  maximum  de  0  à 
83  microbes  par  centimètre  cube. 


836  LAIT. 

1/élude  de  Tintluence  de  la  llore  bactt'iienne  des  champs,  faite  par  Guubleh,  a 
montré  aussi  l'importance  considérable  de  ce  facteur  au  point  de  vue  de  la  richesse 
bactérienne  du  lait. 

Ainsi  cet  auteur  a  montré  que,  lorsque  les  animaux  étaient  nourris  à  l'étable,  on 
trouve  en  décembre  18  500  bactéries  par  centimètre  cube;  en  janvier  6  800;  en  février 
13000;  en  avril  21000;  en  mai  13  000;  en  novembre  12500;  au  contraire,  pendantla 
période  où  les  animaux  étaient  nourris  dans  les  champs,  980  en  mai,  1590  en  juin,  400  en 
juillet,  375  en  septembre. 

Fermentation  lactique.  —  La  transformation  du  lactose  eu  acide  avait  été  reconnue 
par  Pelouze  et  Gay-Lussac  en  1833,  comme  un  phénomène  d'oxydation  dû  à  l'oxygène 
de  l'air. 

Mais  ce  n'est  qu'en  1857  que  Pasteir  démontra  le  rôle  essentiel  des  microbes  dans 
toute  fermentation.  Il  lit  pour  la  fermentation  lactique  ce  qu'il  venait  de  faire  pour  la 
fermentation  alcoolique.  En  187.'),  Lister  cherche  à  isoler  par  la  méthode  des  dilutions 
successives  le  microbe  causant  la  fermentation  lactique  dans  le  lai(.  Il  décrit  alors  une 
espèce  qu'il  appelle  Bacillus  lactis.  Hueppe  reprit  les  mêmes  recherches,  mais  en  se 
servant  d'une  méthode  plus  précise  et  plus  facile  qui  venait  d'être  indiquée  par  Koch  : 
la  méthode  des  isolements  sur  milieux  solides.  Il  isole  d'abord  un  bacille,  le  Bacillus  acidi 
lactici,  qui  selon  lui  est  l'agent  universel  de  la  coagulation  spontanée  du  lait.  Plus  tard, 
par  les  mêmes  moyens,  il  obtient  deux  autres  bactéries,  le  Micrococ-ufi  lactis  I  et  le  Micro- 
coccus  11.  La  deuxième  diffère  de  la  première  par  son  action  peptonisante  de  la  géla- 
tine. Depuis  ces  recherches,  le  nombre  des  ferments  lactiques,  aussi  bien  dans  le  lait  que 
dans  les  autres  milieux  sucrés,  ne  fait  que  s'accroître.  En  1886,  Marpmann  retire  d'échan- 
tillons de  lait  recueillis  à  Gultingea  cinq  espèces  parmi  lesquelles  trois  produisent  de 
l'acide  lactique  :  le  Bacterium  libatuin  acidi  lactici,  le  Micrococcus  acidi  lactici  qui  pepto- 
nise  en  outre  la  gélatine  et  le  Sphœrococcus  acidi  lactici.  Vers  la  même  époque  FlGgge 
décrit  quatre  espèces  :  le  Bacillus  I,  II,  III,  IV.  Le  bacillus  I  serait  identique  au  Bacillus 
butyricus  de  Botkin.  Les  trois  autres  attaquent  en  même  temps  les  sucres  et  les  matières 
albuminoïdes.  Ce  sont  des  anaérobies.  Ils  donnent  des  acides  gras  et  de  l'acide  lactique. 
On  ne  peut  donc  pas  les  considérer  comme  de  véritables  ferments  lactiques.  En  1888, 
Wabringto.n  cherche  parmi  les  espèces  connue?  celles  qui  sont  susceptibles  de  coaguler 
le  lait.  Il  décrit  deux  catégories.  Dans  un  premier  groupe  se  placent  :  le  bacille  de  la 
diarrhée  infantile,  le  Bacterium  termo,  le  Micrococcus  urœœ,  le  Micrococcus  gelatinosus  qui 
produisent  de  l'acide  lactique.  Dans  un  second  groupe  le  Bacillus  fluorescens  liquefaciens 
et  le  vibrion  de  Koch  qui  ne  peuvent  coaguler  le  lait  que  par  la  production  de  ferment 
lab.  Grote.nfeld  (1889)  isole  deux  nouvelles  espèces:  le  Bacillus  acidi  lactici  II el  le  Bacte- 
rium acidi  lactici,  très  voisines  du  bacille  de  Hleppe  et  de  Listkr.  11  décrit  également 
un  streptocoque,  Streptococcus  acidi  lactici  ne  liquéfiant  pas  la  gélatine  mais  didérant 
cependant  du  Micrococcus  lactici  I  de  Hueppes  et  du  Sphœrococcus  de  Marpmann.  KrCgeu 
parvient  à  retirer  du  petit-lait  le  Micrococcus  acidi  lactici  qui  liquéfie  la  gélatine. 

EscHERicH  décrivit  un  Bacterium  lactis  aerogenes,  trouvé  pour  la  première  fois  dans  les 
selles  des  nourrissons,  qui  diffère  peu  du  ferment  lactique.  Dans  les  milieux  sucrés,  sa 
culture  donne  lieu  à  un  développement  de  gaz. 

Waygman.n,  Cohn,  après  avoir  cherché  à  isoler  le  bacille  de  Hueppe,  décrivent  une 
espèce  nouvelle.  En  1894,  Leichman.n  attribue  au  Bacterium  lactis  acidi  le  principal  rôle 
dans  la  fermentation  lactique. 

Quel  est  le  véritable  ferment  lactique  parmi  tant  d'espèces  décrites? 

Dans  la  coagulation  spontanée  du  lait,  l'acide  lactique  recueilli  est  inactif  (Gunter) 
alors  que  les  bactéries  de  Leichmann,  de  Gunter  comme  Bacillus  coli  donnent  un  acide 
dextrogyre.  Kosaï  a  poursuivi  cette  étude  des  différents  acides  obtenus  soit  dans  la 
coagulation  spontanée,  soit  en  culture,  il  décrit  :  1°  le  Bacillus  acidi  paralactici  pro- 
duisant uniquement  de  l'acide  dextrogyre  et  qu'il  identifie  avec  les  bacilles  de  Weigmann, 
Leighmann,  Gu.nter  el  Thierfeldek,  mais  différencie  de  celui  de  Hueppe,  espèce  uniquement 
aérobie;  2"  Bacillus  acidi  levolactici  Hallensisne  donnant  que  de  l'acide  gauche  et  qu'il 
distingue  nettement  du  Bacillus  acidi  levolactici  de  Schardixger  ;  3°  le  Micrococcus  paralac. 
tici  liquefaciens  Hallensis  différent  des  autres  espèces  liquéfiantes  décrites  jusqu'alors 
par  Hueppe,  Kruger,  Fooker,  Leichmann. 


LAIT.  837 

Il  trouve  enfin  que  le  lait  coaf^ulé  spontani'meiit  donne  à  -20"  de  l'acide  droit  ;  à  37» 
un  acide  inaclil'.  Dans  le  premier  cas  c'est  le  bacille  paralactique  qui  est  l'espèce  pré- 
pondérante, dans  le  deuxième  ce  sont  le  bacille  lévolactique  et  le  coccus  paralacti({ue. 

Mais  cette  détermination  de  l'espèce  n'aurait  qu'une  faible  ^valeur,  si  le  fait  établi 
par  PoTTEViN  se  géliéralisait.  Ce  dernier  a  obtenu  avec  un  ferment  donnant  de  l'acide 
inactif  de  l'acide  droit,  en  modifiant  simplement  la  teneur  du  liquide  en  peptone. 

Comme  tous  les  microrganismes  les  ferments  lactiques  voient  leur  activité  se  mo- 
difier suivant  les  variations  du  milieu  ambiant  et  notannnent  ceux  déterminés  par  leurs 
propres  produits  de  fabrication.  L'acido  lactique  entrave  l'action  et  Duolaux  a  [)artiru- 
lièrement  insisté  sur  la  distinction  entre  l'activilé  du  ferment,  c'est-à-dire  la  rapidité  qu'il 
met  à  atteindre  le  niveau  d'acidité  qui  arrête  la  production  de  l'acide  lactique  et 
paralyse  la  puissance  du  ferment,  ou  la  grandeur  du  niveau  d'acidité  auquel  il  peut 
résister. 

L'addition  de  peptone  augmente  la  puissance  du  ferment  (Ch.  Richet,  Kayser)  et  le 
rendement  du  sucre  en  acide  s'élève  avec  la  teneur  en  peptone.  Marshalt,  a  montré  que 
l'acidité  du  lait  est  beaucoup  plus  rapide  en  présence  de  bactéries  proté:  lytiques. 

Fermentation  alcoolique.  —  Le  lait  n'est  pas  seulement  attaqué  par  des  microbes.  Il 
subit  aussi  la  fermentation  alcoolique  sous  l'intluence  de  certaines  levures. 

En  1888,  DucLAUX  a  montré  que  la  presque  totalité  de  nos  levures  usuelles,  celles 
qui  fabriquent  nos  vins  et  nos  bières,  sont  incapables  de  faire  fermenter  le  lactose  et 
qu'elles  n'en  transforment  qu'une  faible  partie  en  alcool. 

DccLAux  a  trouvé  une  levure  plus  petite  que  les  levures  ordinaires,  ne  mesurant 
guère  que  l.a.ij  à  2;j.,o;  presque  ronde.  Cette  levure  transforme  énergi(iueinent  le  sucre 
de  lait  en  alcool.  La  fermentation  du  sucre  de  lait  est  plus  lente  que  celle  du  glucose  ou 
du  sucre  de  canne.  La  température  optima  est  comprise  entre  25°  et  32°. 

ADAMETza  signalé  l'existence  d'une  levure  qu'il  a  nommée  Saccharoinyces  /«c^w,  faisani, 
fermenter  le  sucre  de  lait.  Cette  levure  se  rapproche  beaucoup  de  la  levure  décou- 
verte par  DucLAUX,  peut-être  même  est-elle  identique. 

Enfin  la  fermentation  alcoolique  du  lactose  est  produite  aussi  par  d'autres  ferments, 
entre  autres  par  ['Acti)iobacter  poltjmorphus  et  par  le  Tyrolhrix  clavifonnia  de  Duglaux. 

Le  sucre  de  lait  peut  aussi  subir  la  fermentation  visqueuse,  production  d'un  mucilage 
précipitable  par  l'alcool,  sous  l'influence  de  divers  ferments  VActinobactcr  du  lait  visqueux 
(DucLAUx),  et  un  micrococcus  découvert  par  Schmidt. 

Nous  étudierons  plus  loin  les  laits  fermentes  utilisés  en  thérapeutique  sous  les  noms 
divers.  Képhir,  Koumys,  Leben,  etc. 

Fermentation  butyrique  du  lait.  —  Quand  le  lactose  a  été  transformé  en  acide  lactique, 
cet  acide  peut,  à  son  tour,  être  transformé  en  acide  butyrique  sous  l'influence  du  Bacilhu 
butyricus  ou  vibrion  butyrique,  découvert  par  Pasteur. 

2  (C^HCOS)  =  CtH802  +  2  CO^  -f-  2  H^ 
a.  lactique,     a.  butyrique,   a.  car-     Hydro- 
bonique.     gèno. 

C/est  le  type  d'ime  fermentation  anaérobie.  Le  vibrion  butyricjue  de  Pasteur  est  un 
anaérobie  pur. C'est  un  bâtonnet  mesurant  3  à  10 [jl  de  longueur,  la  de  large,  rectiligne, 
ou  légèrement  incurvé.  Ces  bacilles  sont  isolés  ou  associés  par  deux.  Ils  forment  assez 
souvent  des  chaînes  composées  de  o  ou  6  articles  inégaux.  Ils  sont  doués  d'une  très 
grande  mobilité.  La  sporulation  présente  des  caractères  variés.  Tantôt  le  spore  se  forme 
à  une  extrémité  du  bâtonnet  qui  prend  alors  l'aspect  d'une  épingle,  tantôt  c'est  au 
milieu  du  bacille  que  se  trouve  le  spore,  et  le  microbe  se  renfle  alors  en  fuseau.  Cultivé 
dans  l'amidon  ou  dans  le  suci-e,  ce  bacille  a  la  propriété  de  former  en  son  intérieur  une 
substance  particulière,  la  granulose  qui  se  colore  en  bleu  par  Viode. 

La  fermentation  butyrique,  déterminée  par  le  B.  lactopropylbutyricus  ne  peut  se  faire 
que  par  le  lactose  dédoublé  par  les  ferments  lactiques. 

Elle  s'arrête  avant  la  fermentation  lactitiue,  car  le  bacille  cesse  de  se  développer  en 
milieu  très  faiblement  acide  (2/5  000). 

Ferments  de  la  caséine.  —  Les  microbes  peuvent  agir  sur  la  caséine  en  la  caséifiant 


838  LAIT. 

par  un  ferment  soluble  ([u'ils  sécrèteiit^uiie  véritaM''  pré-sure,  et  en  dissolvant  et  pepto- 
nifiant  cette  caséine  parup  autre  ferment  solubre,  la  caséase. 

DucLAUX  le  premier  a  fait  une  étude  très  intéressante  de  quelques  microbes  trans- 
formant la  caséine  du  lait.  Parmi  ces  ferments  de  la  caséine,  les  uns  sont  aérobies,  les 
autres  anaérobies. 

Ferments  aérobies.  —  i.  Tyrothrlx  tennis.  -—  Il  est  formé  de  petits  bâtonnets  grêles 
assez  régulièrement  cylindriques  ayant  environ  (iui,G  de  largeur  et  nne  longueur  minima 
de  3;ji.  Ces  bâtonnets  sont  mobiles,  et  s'amassent  assez  souvent  en  chaînettes.  Ils  se  déve- 
loppent à  la  surface  du  lait  et  forment  en  s'enclievètiant  une  pellicule  plus  friable  qui 
devient  un  semis  d'innombrables  spores. 

Sous  l'inlluence  du  développement  de  ces  microbes,  le  lait  se  coagule.  Puis  le  coa- 
gulum  se  rddissout  peu  à  peu  en  commençant  par  les  couches  supérieures  et  se  trans- 
forme en  un  liquide  opalescent  renfermant  la  caséine  peptoniliée;  le  microbe  sécrète 
donc  une  présure  et  une  caséase.  Le  développement  continuant,  le  microbe  attaque  la 
caséine  peptonifiée  et  forme  de  la  leucine,  de  la  tyrosine  et  du  valérianate  d'ammoniaque 
qui  rend  le  lait  alcalin.  Le  sucre  de  lait  est  toujours  respecté  par  ce  microbe. 

2°  TurothrLv  filiforinis.  —  Aéiobie.  Bâtonnets  mobiles,  de  0;j.,8  de  diamètre,  for- 
mant souvent  des  chaînes.  Il  décolore  le  lait  et  le  transforme  en  un  liquide  louche 
avec  ou  sans  coagulation.  Il  fournil  de  l'acétate  et  du  valérianate  d'ammoniaque.  La 
résistance  à  l'ajclion  du  temps  est  très  grande,  Duclaux  a  vu  que  ses  spores  peuvent 
germer  au  bout  de  25  ans. 

3°  Tyrtdhrix  distortiis.  —  Bâtonnets  granuleux  ayant  environ  0ji,9  d'épaisseur 
et  4  à  5a  de  long,  mobiles,  formant  des  chaînes.  Sous  leur  inlluence,  le- lait  devient  un 
peu  visqueux  par  suite  d'un  lin  piécipité  de  caséum  :  ce  précipité  augmente  sans  devenir 
cohérent,  et  se  réunit  à  la  partie  inférieure  du  liijuide,  laissant  au-dessus  de  lui  un 
sérum  presque  incolore.  La  caséine  se  liquéfie  ensuite  peu  à  peu,  le  liquide  se  colore 
et  devient  gélatineux.  A  la  fin  de  la  culture,  le  liquide  renferme  de  la  leucine,  de  la 
tyrosine,  un  mélange  de  valérianate  et  d'acétate  d'ammoniaque  et  du  carbonate  d'ammo- 
niaque. 

4"  Tyrothrijc  geniculatus.  —  Ce  microbe  se  développe  en  lils  enchevêtrés  à  coudes 
plus  ou  moins  brusques  qui  ne  forment  pas  de  pellicule  superficielle.  Diamètre  =  1  jj..  Ce 
microbe  sécrète  à  la  fois  de  la  présure  et  de  la  caséase,  mais  en  quantités  assez  faibles. 
Il  se  forme  dans  le  lait  de  la  leucine,  de  la  tyrosine  et  un  mélange  de  carbonate  de  valé- 
rianate et  d'acétate  d'ammoniaque.  Le  sucre  de  lait  reste  intact. 

5»  Tijrothrix  turgidus.  —  Articles  courts  et  turgescents  ;  ces  microbes  manifestant 
au  plus  haut  degré  le  caractère  aérobie.  Il  se  forme  dans  le  lait  un  coagulum  qui  ne 
tarde  pas  à  se  dis.soudre,  et  le  lait  se  trouve  transformé  en  un  liquide  louche  et  faiblement 
coloré  en  jaune.  Le  microbe  absorbe  de  l'oxygène,  et  le  transforme  en  un  volume  à  peu 
près  égal  d'acide  carbonique.  Le  lait  contient  du  carbonate  et  du  butyrate  d'ammoniaque. 
Le  sucre  de  lait  reste  absolument  inaltéré. 

6»  Tiirothrix  scaber.  —  Bâtonnets  courts  de  la,l  à  1;ji,2  d'épaisseur.  Mouvements 
flexueux,  lents  et  lourds.  11  absorbe  de  l'oxygène  et  dégage  de  l'acide  carbonique.  Le 
lait  est  transformé  lentement,  pour  prendre  peu  â  peu  la  couleur  et  la  transparence  du 
petit-lait.  Il  est  alors  alcalin  et  à  odeur  faible.  Il  contient,  outre  la  leucine  et  la 
tyrosine,  du  carbonate  et  du  valérianate  d'ammoniaque.  Ce  microrganisme  attaque  fai- 
idemeut  le  sucre  de  lait  et  se  développe  difficilement  dans  le  lait. 

1°  Tyrothrix  virgula.  —  Ce  microbe  ne  se  développe  pas  dans  le  lait  mais  seulement 
dans  le  fromage,  quand  celui-ci  a  été  déjà  altéré  par  un  des  ferments  précédents.  Il  se 
développe  bien  dans  le  bouillon  Liebig.  Il  se  pi'ésente  sous  la  forme  de  bâtonnets  très 
minces,  isolés,  ou  formant  des  chapelets  à  un  petit  nombre  d'articles.  A  l'origine  ils  sont 
très  raides  et  n'ont  pas  de  mouvements  flexueux.  Au  voisinage  des  articulations  de  la 
<:haîne,  on  voit  se  produire  un  renflement  qui  grossit  pendant  que  le  reste  du  bâtonnet 
s'amincit. 

Le  liquide  où  se  développe  ce  microbe  devient  bientôt  alcalin  par  la  présence  du 
carbonate  d'ammoniaque.  On  y  trouve  aussi  du  butyrate  d'ammoniaque. 

Ferments  anaérobies  de  la  caséine.  —  1"  Tyrothrix  iirocephalam.  —  Ce  ferment  est  à 
la  fois  aérobie  et  anaérobie.  11  se  développe  dans  le  lait  exposé  à  l'air  sous  forme 


LAIT.  839 

de  bâtonnets  cylindriques  d'environ  lu.  de  diamMrcet  se  m«>uvanl  avec  rapidil('  ;  les  bâton- 
nets s'allongent  en  fils  qui  s'enchevtMrent  et  forment  à  la  surlace  des  ilôts  {gélatineux 
transparents.  Si  la  température  n'est  pas  troj)  élevée,  les  îlots  iinissoiU  par  devenir  con- 
llurnts  et  envahissent  pou  à  peu  tout  le  liiiuide  sans  le  coaguler.  Quand  un  onairulum  se 
forme,  il  est  dissous  ensuite  assez  rapidement. 

Cultivé  à  l'abri  de  l'o-xygène,  le  microbe  détermine  un  dégagement  gazeux  abondant 
qui  donne  au  lait  une  odeur  désagréable.  Le  licpiide  prend  une  réaction  nettement  acide. 
Ou  y  trouve,  outre  la  leucine  et  la  tyrosine,  une  troisii-'uie  substance  dont  Duci.aix 
n'a  pu  délt'rminer  la  nature,  de  l'acide  valérianate  uni  à.  un  mélange  oompii  xe  d'ammo- 
niaque et  d'ammoniaques  composées.  La  quantité  d'acide  valérianique  est  d'a^'ant  plus 
faible  que  la  fermentation  s'est  produite  plus  à  l'abri  de  l'air.  L'odeur  est  alors  trè„  désa- 
gréable, alliacée  et  putride. 

2"  Tyvotfn'Lv  chiviformis.  —  C'est  un  anaérobie  pur.  il  se  développe  bien  dans  le  lait 
en  lui  donnant  une  odeur  putride.  Pendant  le  développement  de  ce  microbe  le  lait  se 
coagul(>  d'abord,  mais  au  bout  de  2i  heures  le  coagulum  se  redissoul  très  régulièrement 
par  le  bas  et  est  remplacé  par  un  liquide  à  peine  troul)lo.  Du  gaz  se  dégage,  formé 
d'environ  2  volumes  de  CO-  contre  un  volume  d'hydrogène. 

3°  Tyrothriv  catenula.  —  C'est  un  microbe  à  polymorphisme  très  accusé.  Il  ne  se 
développe  dans  du  lait  exposé  à  l'air  en  grande  surface  que  si  la  semence  est  très 
abondante.  On  le  cultive  très  bien  à  l'abri  de  l'air.  Ce  microbe  se  présente  sous  forme  de 
lllaments  de  I  \x  d'épaisseur,  mobiles  quand  ils  sont  isolés.  Les  mouvements  sont 
beaucoup  plus  lents  quand  les  microbes  sont  associés  en  chaînes  d'articles. 

Le  développement  de  ce  microbe  s'accompagne  d'un  dégagement  de  gaz  extrême- 
ment abondant.  Ce  gaz  est  formé  d'à  peu  près  3  volumes  d'acide  carbonique  pour 
2  volumes  d'hydrogène,  dont  une  portion  se  transforme,  surtout  au  commencement  de 
la  fermentation,  en  hydrogène  sulfuré.  Malgré  la  présence  de  ce  dernier  gaz,  l'odeu»" 
du  liquide  ne  devient  jamais  franchement  putride. 

Le  lait  devient  d'abord  légèrement  acide.  Il  se  forme  un  précipité  finement  granu- 
leux de  caséine  qui  tombe  au  fond  du  vase. 

Mais  la  caséine  n'est  pas  attaquée  par  le  microbe  ;  le  sucre  de  lait  est  d'abord  inat- 
taqué, mais  Unit  par  être  transformé  en  partie.  Ce  microbe  produit  un  abondant  déga- 
gement de  gaz  et  de  plus  de  l'acide  butyrique.  Il  ne  sécrète  ni  présure  ni  caséase. 
DÙCL.4UX  fait  remarquer  que  tous  ces  ferments  aérobies  et  anaérobies  forment  une 
véritable  société  de  secours  mutuel.  A  la  surface  du  lait  pullulent  les  microbes  aérobies 
qui  absorbent  l'oxygène  et  sécrètent  des  diastases  qui  transforment  la  caséine.  Dans  la 
profondeur  se  développent,  surtout  quand  l'oxygène  a  été  consommé  par  les  aérobies, 
les  microbes  anaérobies,  qui,  eux,  sont  de  médiocres  producteurs  de  diastases,  mais  qui 
disloquent  la  molécule  albuminoïde  ou  hydrocarbonée  et  donnent  naissance  à  de  véri- 
tables fermentations  avec  dégagement  de  produits  volatils  odorants. 

B.\uTHEL  a  étudié  les  bactéries  anaérobies  du  lait  suivant  les  procédés  de  Wright- 
BuRRi  et  avec  l'appareil  de  Botkin  au  courant  d'hydrogène. 

Il  arrive  à  cette  conclusion  que  les  bactéries  anaérobies  sont  très  rares  dans  le  lait 
ordinaire  de  Stockholm. 

Dans  le  lait  normal  on  ne  trouve  ordinairement  que  deux  espèces  strictement  anaé- 
robies Granubobacillus  saccharohutyricus  immobiUs  Hqiiefdcit'ns  SciiALLENFnoH)  et  Bacillas 
putrificans  (Bre.xstogk).  Celui-ci  serait  identique  avec  Paraplectram  fœtidium  (de  ^YF.M;- 
mann).  Pendant  la  saison  d'été  les  bactéries  sont  plus  nombreuses.  Mais  il  n'existe  pas 
de  relations  directes  entre  la  qualité  du  lait  au  point  de  vue  hygiénique  et  la  teneur  en 
bactéries  anaérobies. 

Laits  colorés.  Microbes  chromogèues.  —  On  observe  parfois  de  curieux  changements 
d'aspect  dans  le  lait,  qui  perd  sa  couleur  blanche  normale  et  devient  plus  ou  moins 
rouge,  bleu,  jaune.  Ces  modifications,  dont  on  ne  connaissait  pas  autrefois  la  cause, 
sont  la  résultante  du  développement  de  certains  microrganismes  chromogènes. 

Lait  jaune.  —  La  coloration  jaune  du  lait  est  due  à  une  bactérie  découverte  par 
Ehrenberg  qui  lui  a  donné  le  nom  de  Bacterium  synxanthwn.  Les  microbes  ont  une 
longueur  de  Ojji,?  a  l[x,  ce  sont  des  bâtonnets  très  mobiles  qui  diffèrent  très  peu  du  Bac- 
.teriii.m  termo  (microrganisme  saprogène  très  commun).  Ces  microrganismes  produi- 


840  LAIT. 

sent  une  couleur  jaune  dans  le  lailriui  devient  d'abord  acide  el  ensuite  assez  fortement 
alcalin.  Sur  les  pommes  de  terre  cuites,  ces  microbes  forment  de  petites  masses  jaune 
citron. 

La  matière  colorante  est  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  i'éther  et  l'alcool  ;  elle 
n'est  pas  modifiée  par  l'action  des  liquides  alcalins,  mais  est  décolorée  par  les  acides. 
Elle  est  semblable  aux  couleurs  d'aniline  dans  ses  réactions  ordinaires  et  spectrosco- 
piques. 

Lait  bleu,  liacillus  cyanogenus  (Fuchs).  —  Ce  microbe  se  présente  sous  la  forme  de 
])âlonnets  mobiles  de  2[i.,5  à  3[j.,5  de  longueur.  Souvent  ces  bâtonnets  sont  associés  par 
deux  et  en  chaînes.  Cultivés  sur  la  gélatine,  ces  microbes  forment  une  couche  blanche 
à  la  surface  et  développent  dans  la  masse  de  gélatine  une  coloration  ardoisée.  Ces 
bacilles  peuvent  être  cultivés  dans  le  lait,  sur  les  pommes  de  terre,  l'amidon.  La 
matière  colorante  formée  varie  suivant  le  milieu  nutritif.  Dans  le  lait,  la  coloration 
est  bleu  ardoise;  mais,  quand  le  lait  devient  acide  sous  l'action  du  ferment  lactique,  la 
couleur  devient  d'un  bleu  intense; 

La  coloration  bleue  du  lait  a  été  remarquée  surtout  en  Allemagne  pendant  les  cha- 
leurs. 

Lait  rouge.  —  Plusieurs  microrganismes  peuvent  donner  au  lait  une  coloration 
rouge.  C'est  ainsi  que  R.  Demme  a  signalé  l'existence  d'une  levure  rouge  dans  le  lait  et 
le  fromage.  Il  lui  a  donné  le  nom  de  Saccharomyces  ruber.  Cette  levure  peut  donner  lieu 
à  des  catarrhes  intestinaux  chea  les  enfants  en  bas  âge. 

On  rencontre  fréquemment  aussi  un  microbe  qui  se  développe  en  masses  d'un  rouge 
vif  à  la  surface  des  milieux  de  culture  solides.  C'est  le  Micrococciis  prodigiosim.  Ce  n'est 
pas  en  réalité  un  coccus  mais  bien  un  bâtonnet  très  court  mesurant  de  Oîj.,o  à  1  [j.  de 
long.  Il  forme  d'abord  une  coloration  rouge  rose  et  ensuite  des  taches  rouge  sang.  Les 
microrganismes  eux-mêmes  sont  incolores.  La  matière  colorante  qu'ils  élaborent 
ressemble  à  la  fuchsine;  elle  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  soluble  dans  l'alcool.  En 
ajoutant  des  acides,  on  obtient  une  coloration  rouge  carmin  et  avec  des  solutions  alca- 
lines une  coloration  jaune. 

Dans  le  lait,  ce  microrganisme  se  manifeste  par  des  taches  rouges.  Quand  le  lait 
est  coloré  en  masse,  cette  coloration  est  due  au  développement  d'un  autre  microrga- 
nisme, du  Bncteriwn  lactÏ!^  erythrogenes,  déconveil  par  Hueppe.  Ce  sont  des  éléments  de 
l[i.  à  l;j.,4  de  long  sur  8a, 5  de  large.  Ils  sont  immobiles.  On  n'a  pas  observé  de  formation 
nette  de  spores. 

Sur  la  gélatine  ils  forment  des  colonies  rondes  qui  deviennent  jaunes  et  liquéfient 
la  gélatine  qui  prend  une  teinte  rose.  Ensemencés  par  piqûres,  ils  développent  une 
teinte  rose  dans  toute  la  masse  de  la  gélatine,  et  cette  couleur  devient  beaucoup  plus 
intense  quand  la  culture  a  lieu  dans  l'obscurité.  Dans  le  lait,  ces  microbes  produisent 
une  coagulation  très  faible  de  la  caséine.  Le  sérum  devient  peu  à  peu  de  rouge  sale 
rouge  vif;  la  caséine  reste  incolore.  L'acidité  du  milieu  est  contraire  au  développement 
de  cette  bactérie.  Ce  microbe  sécrète  deux  matières  colorantes,  une  jaune  et  une  rouge 
insolubles  dans  I'éther,  le  chloroforme  et  la  benzine.  Cette  bactérie  semble  n'être  pas 
pathogène.  A  côté  de  cette  bactérie,  Grote.nfelt  en  mentionne  une  autre  étudiée  par 
ScHOLL  dans  le  laboratoire  d'HuEPPE,  le  Bacterium  mycoides  roseum  qui  ne  colore  pas  la 
masse  du  lait  mais  forme  des  colonies  rouges  et  rouges  seulement  quand  la  culture  est 
faite  à  l'obscurité.  La  matière  colorante  est  soluble  dans  l'eau  d'où  on  peut  l'extraire  par 
la  benzine. 

DucLAUX  a  montré  que  certains  microbes  peuvent  sécréter  un  ferment  soluble,  une 
présure  qui  coagule  le  lait.  Il  en  est  d'autres,  étudiés  par  le  même  auteur,  qui  ne  se 
bornent  pas  à  coaguler  le  lait,  mais  qui  de  plus  redissolvent,  digèrent  la  caséine  coagulée, 
Cette  transformation  subie  par  la  caséine  est  due  à  un  ferment  soluble  sécrété  par  les 
microbes,  à  ce  que  Ducladx  a  nommé  la  caséase.  Les  premiers  agents  microbiens  sus- 
ceptibles de  produire  la  caséase  ont  été  décrits  sous  le  terme  de  Tyrothrix.  Les  unes  sont 
aérobies,  T.  tenuis,  filiformes,  distortus,  etc.,  les  autres  anaérobies  :  T.  iirocephalus, 
claviformis,  etc. 

Le  bouillon  de  culture  de  Tyrothrix  traité  par  l'alcool  donne  un  précipité  renfer- 
mant du  lab  et  de  la  caséase. 


LAIT.  841 

Si  l'on  ensemence  du  lait  av»^c  une  culluie  de  Tyrotfirix,  ou  encore  (ju'on  traite  le  lait 
parle  bouillon,  ou  encore  le  précipili''  lavé  obtenu  par  action  de  l'alcool,  au  buutd'un 
certain  temps,  le  lait  se  coagule. 

En  effet,  au  bout  do  quelque  temps,  le  caillot  devient  de  plus  en  plus  g''latineux  et 
finit  par  se  résoudre  tout  entier  en  un  liquiile  opalescent. 

Certains  microbes  sécrètent  de  la  caséase  en  ^'rand  excès  sur  la  présure.  Dans  c<s 
cas,  les  phénomènes  de  dissolution  priment  ceux  de  la  coagulation,  et  le  lait  se  déco- 
lore en  restant  liquide. 

La  caséine  est  ainsi  transformée  en  une  substance  non  coagulable  par  la  chaleur, 
par  la  présure  ;  ne  précipitant  plus  même  à  chaud  par  les  acides,  ni  par  le  ferrocyanure 
de  potassium  et  l'acide  acétique;  précipitable  au  contraire  par  l'alcool  en  excès,  par  le 
bichlorure  de  mercure,  tous  caractères  qui  rapprochent  la  substance  formée  des  pep- 
tones.  C'est  pour  cette  raison  que  Ducl.vux  l'a  nommée  caséone. 

La  transformation  s'arrête  là,  quand  on  fait  agir  la  diastase  seule.  Si  l'on  fait  agir  les 
microbes,  ceux-ci  continuent  à  transformer  le  milieu  nutritif.  Ils  décomi>osent  cette 
caséone,  et  donnent  naissance  à  des  produits  do  transformation  [dus  avancés  :  leucine, 
tyrosine,  composés  ammoniacaux,  acides  gras,  etc.,  etc.  Les  iiroduils  de  transforma- 
tion varient  d'ailleurs  aux  points  de  vue  quantitatif  et  qualitatif  suivant  l'espèce  micro- 
bienne qu'on  a  fait  agir. 

DucLAUx  a  particulièrement  insisté  sur  l'action  presque  spécifique  de  chaque  espèce 
de  tyrothrix  et  la  transformation  jusqu'au  stade  des  acides  aminés  n'est  réalisée  que 
par  l'action  combinée  de  ces  différents  agents.  «  Chacun  deces  êtres  prenant  la  caséine, 
à  un  certain  point  de  son  échelle  de  destruction,  la  fait  descendre  de  quelques  degrés; 
après  quoi  son  action  s'arrête  ».  Le  T.  (enuis  attaque  la  paracaséine  insoluble,  alors 
que  le  T.  catcnaln  n'agit  pas  directement  sur  cette  paracaséine. 

La  caséase  agit  mal  en  milieu  acide,  et  c'est  surtout  en  milieu  alcalin  qu'elle  atteint 
son  maximum  d'activité;  d'où  l'utilité  d'autres  agents,  moisissures  et  bactéries,  capables 
de  provoquer  la  formation  d'ammoniaque  et  d  'amener  l'alcalinisalion  du  milieu. 
L'antique  pratique  de  transporter  dans  les  étables  les  fromages  lents  à  mûrir  a  certai- 
tainement  sa  justification  dans  la  présence  de  l'ammoniaque  émanée  des  fumiers. 

Les  produits  obtenus  sont  ceux  que  l'on  trouve  dans  la  digestion  trypsique  :  la  tryp- 
sine  et  la  caséase  se  comportent  donc  d'une  façon  identique.  Aussi  0.  Jensen  a 
tenté  d'introduire  dans  les  fromages  en  maturation  de  la  trypsine,  espérant  obtenir 
ainsi  des  effets  analogues  avec  ceux  donnés  par  l'action  des  tyrothrix.  Les  fromages  à 
la  tryçsine  renferment  une  quantité  de  protéines  soiubles  plus  forte  que  les  fromages 
témoins,  mais  ils  présentent  une  amertume  qui  n'a  pas  permis  de  poursuivre  ces 
études  au  point  de  vue  commercial. 

La  caséase  ou  les  caséases  sont-elles,  nécessairement,  d'origine  microbienne,  ou  le 
lait  renferme-t-il  en  lui-même  des  ferments  susceptibles  de  li(|uéfier  la  paracaséine? 

Haucok.  et  RussEL  ont  isolé  dans  le  lait,  traité  par  le  chloroforme  ou  Téther  pour 
immobiliser  l'action  des  ferments,  une  galactase  suivant  leur  dénomination  impropre 
d'ailleurs,  qui  serait  capable  de  dissoudre  la  caséine  et  de  pousser  même  le  dédouble- 
ment jusqu'à  l'ammoniaque,  Neuuann,  Wender,  Si'Olocrini  ont  également  isolé  un  fer- 
ment liquéfiant  dans  le  lait  de  vache  et  dans  le  lait  de  chèvre. 


DIGESTIBILITÉ    DU    LAIT.    —    LAIT    CRU    ET    LAIT    CUIT. 

Nous  avons  vu  qu'on  pouvait  retirer  de  l'estomac  des  mammifères  en  lactation  un 
f.-rment  soluble,  la  présure,  pexine,  lab-ferment,  qui  fait  subir  au  lait  des  transfor- 
mations particulières  se  manifestant  à  l'œil  nu  par  la  coagulation.  Dans  les  estomacs 
des  animaux  adultes,  on  trouve  un  proferment  qui,  sous  l'iiilluence  de  l'acide  et  du  suc 
gastrique,  se  transforme  eu  ferment  actif  :  en  présure.  On  croyait  autrefois,  et  c'était 
l'opinion  de  Likuig,  que  la  coagulation  du  lait  dans  l'estomac  était  due  à  un  acide,  soit 
l'acide  chlorhydrique  du  suc  gastrique,  soit  l'acide  lactique  qui  se  forme  toujours  par 
la  fermentation   des  aliments   dans  l'estomac. 

Selmi   i8i6)  démontra  que  la  coagulation  du  lait  par  la  présure  ne  dépendait  pas  de 


8;2  LAIT. 

l'acide  lactique  eu  coaj^ulant  du  lait  alcalinisé,  traité  par  la  muqueuse  gastrique  du 
veau. 

Tous  ces  faits  montrent  bien  que  la  précipitation  de  la  caséine  par  des  acides  est  très 
différente  de  ses  modifications  sous  l'inlluence  de  la  présure. 

Le  lait  qui  est  ingéré  dans  Veslomac  se  trouve  en  i>rt'sence  à  la  fois  du  suc  sécrété 
par  la  muqueuse  gastrique  et  de  la  salive  déglutie  incessamment.  Le  lait  va  donc  être 
easéifié. 

Daprès  IIammarste.n,  la  coagulation  du  lait  dans  Testomac  se  produit  par  le  méca- 
nisme snivant. 

La  présence  d'une  grande  quantité  de  pepsine  même  en  l'absence  du  lab  favorise  la 
coagulation  sous  l'influence  d'un  acide  libre. 

La  formation  d'acide  lactique  dans  les  liquides  contenant  beaucoup  de  lab  et  do 
pepsine  est  lente  et  nécessite  plusieurs  heures;  le  ferment  lactique  ne  semble  donc  pas 
intervenir  dans  la  coagulation  rapide  du  lait  dans  l'estomac.  En  l'absence  de  pepsine 
et  de  lab,  les  acides  seuls  peuvent  produire  la  coagulation.  Hammarsten  a  observé  ce 
fait  chez  de  très  jeunes  animaux  dont  l'estomac  ne  contenait  ni  lab  ni  pepsine. 

Arthus  et  Pages  font  remarquer  avec  raison  qu'on  n'est  jamais  sûr  de  débarrasser 
complètement  la  pepsine  du  lab  qui  l'accompagne  toujours.  Dès  lors  l'action  de  la  pepsine 
sur  la  coagulation  du  lait  est  douteuse. 

Enfin,  ce  qtii  prouve  bien  que  la  digestion  gastrique  du  lait  est  bien  une  caséification, 
c'est  que,  immédiatement  après  la  coagulation,  on  peut  constater  la  présentée  d'un  des 
produits  de  dédoublement  de  la  caséine  de  la  sustance  albuminoïde  du  i>etit-!ait,  une 
albimiose. 

Quand  le  lait  est  coagulé,  le  caséum  durcit  et  se  rétracte  de  plus  en  plus  sous  l'inlluence 
de  l'acide.  C'est  là  ce  qui  se  reproduit  in  litro.  Mais,  dans  l'estomac,  la  salive  intervient 
pour  modifier  le  phénomène. 

Au  fond,  les  modifications  que  le  lait  subit  dans  l'estomac  sont  les  mêmes  cpie  celles 
qu'il  subit  m  vitro  sous  l'influence  de  la  présure. 

Au  début  le  lait  n'est  pas  encore  coagulé,  mais  il  coagnle  quand  on  le  porte  à  lOO''. 

Un  peu  plus  tard  il  coagnle  à  80°. 

Enfin  un  peu  plus  lard  on  le  trouve  coagulé  dans  l'estomac.  De  même  les  agents  décal- 
cifiants qui  empêchent  la  coagulation  du  lait  in  vitro  retardent,  mais  retardent  seulement, 
la  coagulation  dans  l'estomac.  En  effet,  l'oxalate  est  résorbé  et  des  sels  de  calcium  sont 
fournis  par  le  suc  gastrique  et  la  salive. 

Mais  la  salive  aune  autre  action  sur  laquelle  Arthus  et  Pages  ont  appelé'  l'atiention. 

In  vitro  la  salive  retarde  la  coagulation  du  lait,  et  ce  retard  se  produit,  que  la  salive 
ait  été  ou  non  bouillie.  Cette  action  n'estjdonc  pas  due  à  un  ferment;  mais  à  l'alcalinité 
de  la  salive.  Le  ferment  lab  en  efiet  est  gêné  dans  son  action  par  l'alcalinité  du  milieu. 

De  plus,  la  salive  modifie  la  forme  du  coaguium  et  sa  rétraction  ultérieure  qui  est 
moins  accentuée. 

Enfin,  fait  important,  la  salive  désagrège  et  dissout  les  grumeaux  de  caséum,  et  elle 
perd  cette  propriété  par  fébullition.  En  outre,  il  se  développe  dans  celte  action  de  la 
salive  sur  le  caséum  une  odeur  particulière,  différente  de  l'odenr  lactique  et  qu'on  ne 
peut  qu'appeler  odeur  (jastriqiie.  Arthus  et  Pages  ont  vu  que,  si  on  agite  avec  de  l'éther 
du  lait  présentant  cette  odeur  gastrique,  l'éther  abandonne  par  l'évaporation  une  sub- 
stance huileuse  qui  possède  cette  odeur  à  un  très  haut  degré. 

Quelle  peut  être  l'action  de  la  salive  sur  la  digestion  gastrique  du  lait? 

La  salive  est  alcaline  :  cette  alcalinité  combat  l'action  de  l'acide  lactique  qui  peut 
se  former  dans  l'estomac.  Or,  les  acides  en  général  ont  pour  effet  de  rendre  le  caséum 
rélra-îtile,  dur,  compact.  La  salive  s'opposera  donc  cà  ces  effets.  Mais  il  ne  faut  pas  non 
plus  qu'il  y  ait  une  trop  grande  quantité  de  salive,  car  le  ferment  lab  serait  alors  gêné 
par  l'alcalinité. 

En  outre,  la  salive  a  pour  effet  de  désagréger  le  caséum  et  de  permettre  ainsi  qu'il 
soit  attaqua  plus  facilement  par  les  sucs  qui  doivent  peptonifier  la  caséine. 

Digestibilité  différente  du  lait  cru  et  du  lait  cuit.  —  Le  lait  cuit  et  le  lait  cru 
se  comportent-ils  dans  le  tube  digestif  identiquement  et  la  chaleur  ne  modifie-t-elle 
pas  dans  un  sens  défavorable  la  digestibilité  du  lait? 


LAIT.  843 

Le  seu4  procédé  pour  s'assurer  de  l'innocuitt'  du  lait  est  de  le  soumettre  èi  une  tempé- 
rature élevée,  de  le  stériliser.  Le  bacille  de  la  tuberculose  ne  résiste  heureusement  pas 
à  la  température  de  100°,  il  suflit  donc  de  faire  bouillir  le  lait  suspect.  Il  est  nécessaire 
toutefois,  pour  èlre  certain  de  la  stérilisation  complète,  que  le  lait  reste  ((iielques  instants 
à  cette  tempt-ratiire,  c "cst-à-dire  qu'il  ne  faut  pas  se  contenter  de  retirer  le  lait  quand 
il  monte,  mais  de  le  remettre  imminliatement  sur  le  feu  après  qu'il  est  retombé,  et  de 
prolonger  l'ébullition  pendant  cinq  à  six  minutes. 

Dans  le  procédé  conseillé  par  Soxhlkt,  le  lait  est  porté  plusieurs  fois  à  une  tempéra- 
ture de  63°. 

DucLAUx  a  donné  des  analyses  de  lait  cru  et  soumis  à  l'ébullition;  il  faut  remarquer 
qu'une  minute  trébullition  est  insuffisante  jioiir  supprimer  lo  bacille  tuberculeux. 

Lait  filtré  sur  la  porcelaine. 

Lait  porté 
à  rcbullition 
Composition  du  lait.  Lait  cru.  1  minute. 

Sucre  do  lait 5,i:{  5,47 

Caséine 0.31  0,30 

Ccndi-es 0,49  0,50 

Une  série  de  recherches  ont  montré  qu'en  l'ait  le  lait  sultissait  des  modifications  très 
nettes  par  le  chaufla^'e. 

Il  existe  des  modiiicatious  qui,  au  point  de  vue  physiologique,  ont  leur  importanice. 

L'ébullition  retarde  la  coagulation  du  lait. 

Stassano  et  Ialarico  ont  établi  que  jusqu'à  'ô'ô'^  la  chaleur  accélère  la  coagulation. 
70°  serait  le  point  neutre,  le  lait  ainsi  chauffé  se  coagulant  comme  le  lait  ;  enfin^  au-dessus 
de  TO"  l'action  retai'dante  augmente  avec  la  température. 

D'après  Arthus  et  Pages,  ce  retard  dans  la  coagulation  serait  déterminé  par  ce  fait 
que  le  lait  bouilli  est  privé  d'une  partie  de  ces  sels  calciques  (phosphate  de  chaux),  ces 
sels  se  précipitant  en  partie  par  suite  de  l'élimination  de  l'acide  carbonique.  Il  suffit 
d'ajouter  des  sels  calciques  ou  de  faire  passer  un  courant  d'acide  carbonique  pour  dimi- 
nuer ce  retard  de  coagulation  du  lait  bouilli. 

On  ne  com,prend  pas  comment,  d'après  les  auteurs  cités  plus  haut,  la  coagulation  est 
accélérée  au-dessous  de  70°  ;  à  cette  température,  l'acide  carbonique  devant  être 
éliminé. 

Les  recherches  de  Leeds  sur  la  digestion  in  vitro  du  lait  cru  et  du  lait  cuit,  tendent 
à  montrer  que  le  suc  gastrique  et  le  suc  pancréatique  modifient  moins  facilement  le  lait 
cuit,  que  ce  dernier  est  par  suite  moins  facilement  digéré.  Les  chiffres  donnés  portent 
sur  le  résidu  de  cette  digestion  de  deux  laits  placés  dans  des  conditions  identiques. 

Digestion  gastrique.  Digestion  pancréatinue. 

Lait  stérilisé 
Lait  cru.      1  iieure  à  100».     Lait  cru.       Lait  stérilisé. 
Résidu 0,1. j3  0,4  i9  1,2G  2,596 

Stassano  et  Talarico  par  contre  trouvent  que  la  digestibilité  trypsique  est  augmentée 
par  la  chaleur  jusqu'à  100°. 

Michel  a  comparé  des  laits  crus,  des  laits  stérilisés  à  llu°  pendant  une  demi-Jieure 
et  à  98°  pendant  trois  quarts  d'heure. 

Sous  l'action  de  la  pepsine  seule  en  milieu  chlorhydrique  le  lait  cru  est  plus  rapi- 
dement peptonisé  :  cependant  les  chiffres  donnés  par  Michel  sont  bien  peu  différents. 

Digestion  peptique  de  8  heures. 

Peptones  par 
litre. 
j.'r. 

Lait  cru 18,73 

Lait  stérilisé 17,53 


15 


8U  LAIT. 

Avec  la  pancréatine  le  résultat  est  renversé. 

Digestion  pancréatique  en  milieu  neutre. 

Lait  cru 21,76 

Lait  stérilisé 24,64 

Bordas  et  Raczkowski  ont  étudié  les  variations  de  la  teneur  en  lécithine  dans  les 
laits  soumis  à  l'action  de  la  chaleur  :  ils  ont  trouvé  les  résultats  suivants  : 

Lécithine 

en  diminutioa 

grammes.  p.  100. 

Lait  non  cliauffé 0,2:j2  » 

Lait  chaulTé  pendant  30  minutes  à  60"  à  feu  nu 0,216  14 

_  _        30         —         80°        —         0,180  28 

-  —        30         -         95°       -         0.180  28 

Lait  non  cliaulVé 0,365 

Lait  chauffé  pendant  30  minutes  à  9o°  au  haiu-marie 0,310 

Lait  non  chauffé 0,365 

Lait  stérilisé  par  chauffage   pendant  30  minutes   à   105-110»  dans    un 
autoclave 0,255  30 

Les  lécithines  brunissent,  se  décomposent  en  abandonnant  de  l'acide  phosphorique. 

Le  lactose,  contrairement  aux  chiffres  de  Duclaux;  mais,  dans  le  cas  de  chaufi'age 
prolongé,  est  en  partie  oxydé,  la  diminution  pouvant  dépasser  2  grammes  par  litre 
(Cazeneuve  et  Haddo.n). 

Les  phosphates  de  chaux,  magnésie,  fer  et  alumine  sont  partie  en  suspension,  partie 
en  dissolution  :  le  phosphate  de  chaux  est  précipité  par  la  chaleur;  mais,  en  présence 
du  lactose  et  des  citrates,  il  se  redissout  pendant  le  refroidissement  (Vauduin). 

Dtffloth  par  contre  admet  que  le  maintien  à  60"  pendant  30  minutes  amène  une 
précipitation  de  0,30  de  phosphates  minéraux  et  une  décomposition  de  0,22  de  léci- 
thine. Le  même  chauffage,  maintenu  une  heure,  entraîne  une  précipitation  de  0,00  des 
phosphates  et  une  décomposition  de  0,40  de  lécithine.  Les  altérations  observées  sont 
proportionnelles  à  la  durée  de  la  chauffe,  d'une  part,  et  à  l'élévation  thermique  d'autre 
part,  le  premier  facteur  étant  cependant  dominant. 

D'après  Diffloth,  les  différents  modes  de  stérilisation  par  la  chaleur  font  perdre  au 
lait  : 

(Bain-marie  à  60"  30').     26  p.  100  de  ses  éléments  phosphoriques  assimilables. 
Pasteurisation  ....     48      —  —  — 

Stérilisation 54      —  —  — 

.  Une  autre  altération  porte  sur  les  citrates.  Le  citrate  tribasique  amorphe  du  lait 
cru  est  transformé  en  citrate  cristallisé  moins  soluble  et  la  précipitation  peut  entiViner 
une  perte  de  66  p.  100  (OsfjSS  au  lieu  de  ie'-,08  calculé  en  acide  citrique). 

Le  taux  d'utilisation  du  lait  par  l'enfant,  suivant  qu'il  est  cru  ou  stérilisé,  a  donné 
lieu  à  de  très  nombreuses  recherches  depuis  les  observations  cliniques  de  Parrot. 

Cambrer  (1882)  recherche  le  bilan  azoté  sur  6,16  d'azote  apporté  par  le  lait,  il  ne 
trouve  que  2''''',36  éliminé  par  les  fèces  et  l'urine,  et  admettant  que  les  11  grammes 
d'augmentation  de  poids  de  l'enfant  représentent  0s^'',36  d'azote,  il  arrive  à  un  déficit 
de  3'', 36  explique  par  une  élimination  ammoniacale  pulmonaire  et  cutanée,  Biederi 
arrivait  aux  mêmes  conclusions,  admettant  même  l'élimination  sous  forme  d'azote. 

Bendix  a  critiqué  les  expériences  de  Camerer  et  Biedert,  affirmant  qu'il  n'y  a  pas 
déficit  azoté,  mais  bien  rétention  azotée.  Les  recherches  de  Raudnitz  sur  de  jeunes 
chiens,  de  Be.xdix  sur  des  enfants  de  trois  ans,  ont  été  faites  dans  des  conditions  ne 
permettant  pas  de  tirer  des  conclusions  sur  l'utilisation  comparée  des  laits  crus  et  sté- 
rilisés par  le  nourrisson. 


LAIT.  855 

Langk,  ([ni  observe  des  enfants  de  ciiKjjoursà  six  mois,  conclut  que  l'assimilation 
azotée  est  presque  ideatitjue;  lui  aussi  croit  à  une  élimination  sous  forme  d'azote 
gazeux. 

Michel,  Ui.maxn,  Netikr,  ariivent  en  fait  à  ce  résultat  qne,  l'utilisation  du  lait 
naturel  se  rapprochant  de  98  p.  100,  l'utilisation  du  lait  de  vache  stérilisé  est  de  93. 

La  différence,  on  le  voit,  est  bien  faible  et  justifie  l'observation  de  Dl'claux  : 
«  Qu'importe  qu'il  y  ait  98  p.  100  du  lait  utilisé  lorsque  l'enfant  le  prend  au  sein,  et 
00  p.  100  lorsque  l'enfant  le  prend  au  biberon  en  présence  de  l'avanlaye  de  pouvoir 
remplir  ce  second  biberon  quand  on  veut  et  à  beaucoup  moins  de  frais  que  le  premier. 
Ces  études  chimiques  sur  la  digestibilité  du  lait  ne  sont  pas  adéquates  à  la  question  à 
résoudre.  » 

Mais  si  physiologiquement  la  question  ne  paraît  pas  avoir  une  importance  extrême, 
un  organisme  sain  pouvant  fournir  facilement  une  augmentation  de  1  p.  100  d'énergie 
nutritive  ou  assimilatrice,  il  n'en  est  plus  de  même  cliniquement,  c'est-à-dire  quand  il 
s'agit  d'organismes  en  état  morbide. 

Pour  diiïérencier  le  lait  chaulFé  à  80°  du  lait  cru,  il  existe  quatre  moyens  princi- 
paux : 

1°  Pi'écipitation  de  la  caséine  par  la  coagulation  spontanér,  le  lab  ou  les  acides,  et 
détermination  qualitative  des  albuminoïdes  contenues  dans  le  filtrai  ; 

2°  Constatation  de  l'absence  d'oxydase  ; 

'i°  Constatation  de  l'absence  de  katalase; 

4°  Constatation  de  l'absence  deréductase. 

Alors  que  Bordas  et  Touplain'  soutiennent  que  les  réactions  colorées  qui  se  produi- 
sent dans  le  lait  cru  sous  l'influence  de  l'eau  oxygénée  sont  dues  à  la  caséine  icaséinase 
de  chaux),  Sarthou  [affirme  qu'il  existe  bien  une  anaeroxydase  soluble  dans  le  lacto- 
sérum et  une  kalase  insoluble. 

Que  si  la  caséine  réagit  sur  la  paraphényidiamine,  elle  est  sans  action  sur  le 
gaïacol. 

La  caséine  du  lait  de  vache  chauffé  à  liO"  décompose  encore  l'eau  oxygéne'e,  Bordas 
et  ToLi'LAiN,  ayant  constaté  que  cette  décomposition  s'observe  avec  loxalate,  le  lactate 
de  fer,  l'argent  colloïdal,  concluent  qu'il  faut  expliquer  les  réactions  du  lait  par  l'état 
colloïdal  des  substances  contenues  et  non  par  des  enzymes.  Ils  en  donnent  comme 
preuves  que  si  après  avoir  déduit  l'état  colloïdal  du  laif  par  la  chaleur,  on  le  rétablit 
par  fixation,  on  obtient  de  nouveau  la  décomposition  de  l'eau  oxygénée. 

Lait  cru  et  lait  cuit.  —  Lane  Claypm  a  nourri  3  groupes  de  jeunes  rats  avec  du  pain 
f  l  du  lait.  Le  groupe  A  recevait  pain  et  lait  frais,  le  groupe  B  pain  et  lait  porté  à  96" 
et  le  groupe  C  pain  et  lait  chauffé  à  120".  L'augmentation  de  poids  des  trois  groupes 
a  été  respectivement  après  trente-quatre  jours  217,  224  et  232  p.  100.  Aucune  diffé- 
rence sensible  par  conséquent'^. 

LE    MÉCANISME    DE    LA    LACTATION. 

L'observation  courante  montre  que,  chez  les  mammifères,  pendant  la  conception, 
il  se  produit  dans  les  glandes  mammaires  deux  processus  différents  :  pendant  la  gros- 
sesse, et  dès  le  début  de  la  conception,  un  développement  considérable  Jes  glandes, 
une  prolifération  des  appareils  glandulaires  restés  jusque-là  à  l'état  rudimentaire,  et 
quelquefois  un  léger  écoulement  de  liquide  par  les  orifices,  mais  ce  liquide  n'est  pas  du 
lait,  c'est  du  colostrum,  chimiquement  et  anatomiquement  différent  du  lait.  Quand 
la  grossesse  est  arrivée  à  terme,  ou  bien  encore  quand  l'expulsion  du  produit  a  lieu, 
même  avant  le  terme  normal,  jan  processus  de  sécrétion  s'établit  dans  la  glande,  qui 
commence  à  fournir  du  lait. 

Sous  quelle  influence  se  produisent  ces  deux  processus,  liés  nécessairement  l'un  à 
l'autre,  mais  cependant  agissant  par  un  mécanisme  différent? 

1.  Bordas  et  Touplain.  Étude  des  réactions  dues  à  l'état  colloïdal  du  lait  [C.  R.,  1910). 

2.  Lank  Claypm.  Observations  on  the  influence  of  heating  upon  the  nutrient  value  of  mille. 
(J.  of.  Hygiène,  IX,  2,  1910;. 


846  LAIT. 

Il  est  évident,  a  priori,  qu'il  existe  un  rapport  étroit  entre  l'évolution  des  organes 
génitaux  et  les  glandes  lactées,  et  que  ce  sont  les  phénomènes  qui  se  passent  dans  ces 
organes  qui  provoquent  les  changements  observés. 

Pendant  longtemps  les  corrélations  fonctionnelles  entre  divers  organes  éloignés=onl 
été  considérées  comme  le  résultat  de  Tinlluence  du  système  uen-eiix,  et  c'est  unique- 
ment après  les  découvertes  sur  les  processus  des  glandes  à  sécrétions  internes  que 
l'idée  d'une  action  à  distance  [Fernwirhung)  d'ordre  linmorc^l  s'est  de  nouveau  déve- 
loppée en  physiologie.  Nous  étudierons  donc  saccessivement  : 

1"  Le*  rôle  exercé  par  le  système  nerveux  sur  le  développement,  puis  sur  l'activi-té 
sécrétrice  de  la  glande  lactée  ; 

2"  Les  théories  cherchant  à  expliquer  les  phénomènes  observés  par  les  actions 
humorales. 

Influence  du  système  nerveux.  —  Les  premières  recherches  visèrent  uniquement 
cette  question  :  existe-t-il  des  nerfs  sécréteurs  pour  la  sécrétion  lactée  ? 

EcKHARD  (1855)  conclut  négativement,  Uohrig  positivement.  Kckhahd  opère  sur  la 
chèvre.  Il  résèque  sur  une  certaine  longueur  les  rameaux  inférieur  et  moyen  du  nerf 
spermatique  externe  et  attend  que  la  plaie  soit  guérie.  L'animal  étant  maintenu  dans 
les  mêmes  conditions  de  stabulafion  et  d'alimentation  avant  et  après  l'énervation, 
EcRHAUD  constate  que  ni  la  quantité  de  lait  sécrété  ni  sa  densité  n'ont  varié.  Pour 
EcKHARD,  l'action  du  système  nerveux  est  donc  nulle. 

Tout  autre  est  l'opinion  de  Rdukig  1876).  11  opère  sur  une  chèvre  curarisée  et  inti'o- 
duit  une  sonde  aspiratrice  dans  les  canaux  de  la  glande  mammaire.  Il  étudie  alors 
l'action  particulière  des  trois  branches  du  spermatique  externe.  Le  rameau  [Kipillaire 
est  le  nerf  érecleur  du  mamelon  :  son  excitation  provoque  l'érection;  sa  section,  le  relâ- 
chement; mais,  dans  les  deux  cas,  il  n'y  a  aucune  raodiricatiandans  l'écoulement  du 
lait,  sauf  toutefois  si  l'excitation  porte  sur  le  bout  central  qui  agirait  alors  par  voie 
réilexe.  Après  la  3ection  du  rameau  glandulaire,  la  sécnUion  se  ralentit  pour  s'accé- 
lérer avec  l'excitation  du  bout  périplu-rique.  Des  phénomènes  inverses  s'observeraient 
avec  le  rameau  vaso-moteur  :  la  section  entraîne  une  vaso-dihitation  passive  avec  aug- 
mentation de  la  sécrétion,  alors  que  la  vaso-constrictioti  produite  par  l'excitation  amène 
la  diminution  de  la  sécrétion.  Rohrig  attribue  l'inlluence  prépondérante  aux  nerfs 
vaso-moteurs  et,  par  suite,  à  l'état  de  vascularisation  de  la  glande.  Les  nerfs  sécré- 
teurs proprement  dits  ne  joueraient  qu'un  rôle  médiocre. 

Lafio-nt  (1879)  expérimente  sur  une  chienne  et  se  préoccupe  surtout  des  phéno- 
mènes vaso-moteurs  qu'il  étudie  en  observant  les  variations  de  pression  sanguine  dans 
l'artère  mammaire.  L'excitation  du  nerf  mammaire  intact  amène  une  légère  élévation 
de  pression  et  une  turgescence  du  mamelon.  L'excitation  du  bout  périphérique,  après 
section,  amène  une  chutede  pression,  une  oonge.slion  de  la  mamelle,  et,  si  l'on  presse 
sur  la  mamelle,  on  obtient  un  jet  de  lait  très  abondant  si  on  le  compare  à  ce  que 
donnent  les  autres  mamelles. 

En  fait,  Laffont  se  range  à  l'opinion  de  Rohrig  :  action  manifes'te  de  la  vaso-dilata- 
tion  sur  la  sécrétion  (ou  peut-être  sur  l'excrétion  du  lait,  ce  point  ne  paraissant  pas 
tranché  par  les  expériences  des  observateurs  cités  .  Mais  Lafko.xt,  ayant  constaté 
qu'après  la  section  des  nerfs  mammaires  le  lait  continue  à  être  sécrété,  suppose  qu'il 
existe  d'autres  influences  s'exerçant  sur  la  sécrétion  du  lait. 

De  Sinéty  (1879),  qui  opère  sur  des  cobayes,  arrive  à  la  conclusion  que  la  section  des 
nerfs  mammaires,  faite  avant  la  délivrance,  n'arrête  nullement  l'apparition  de  la  sécré- 
tion lactée  qui  se  produit  normalement  ensuite.  L'excitation  directe  du  nerf  mammaire 
ne  moditie  pas  l'écoulement  du  lait.  De  Sinéty,  avec  Eckhard,  rejette  donc  toute 
influence  nerveuse, 

Les  expéi'iences  de  Heidenhaix  et  Partsch  (1880),  poursuivies  sur  des  chiennes,  des 
chattes  et  des  lapins,  donnèrent  des  résultats  très  contradictoires. 

MiNOROw  enregistre  ou  note  le  nombre  de  gouttes  sécrétées  chez  la  chèvre  et  constate 
que  la  section  d'un  seul  nerf  mammaire  ne  modifie  pas  le  rendement,  alors  que  la 
section  bilatérale  amène  pendant  un  certain  temps  une  diminution  de  moitié  dans  la 
quantité  de  lait  fourni. 

Une  autre  expérience  de  Mcnorow  est  moins  nette.  Après  la  section  d'un  nerf  mam- 


LAIT.  8  47 

maire,  si  l'on  excite  un  nerf  sensible  commi'  le  rrural,  on  observe  une  diminution  de 
la  quantité  du  lait,  mais  le  liquide  sécrété  est  (lualitativement  plus  riche. 

Basch  opérait  par  voie  indirecte;  il  sectionnait,  chez  la  chienne,  la  lapine  et  la 
cobaye,  le  nerf  spermalique  externe  eu  observant  le  poids  des  jeunes  animaux  laissés  à 
la  mamelle;  aucune  modification  appréciable  ne  fut  observée  dans  le  développement 
des  animaux  nourris  avec  des  mamelles  énervées. 

Le  sysléme  sympathique  pouvant  être  incriminé,  Ukin  (I8«0;  enlèvi-  le  plcxits  iiypo- 
gastriquo  et  le  ^iinglion  mésentériqui;  inl'éiieur  chez  les  lapines  pleines,  sans  moditier 
ultérieurement  la  lactation.  Pi'isteh  (1901;  fait  l'ablation  du  sympathique  inférieur  et 
du  nerf  grand  thoracique;  Basch  (1004),  l'extirpation  du  ganglion  cœliaque  :  tous  deux 
arrivèrent  aux  mêmes  conclusions. 

RiniîERT  (1898),  Pfister  (1901)  essayent  des  greffes  de  glandes  niammaires,  soit  éloi- 
gnées, soit  par  simple  réimplantation  après  isolement  complet.  Chaque  fois  que  la 
grelïe  avait  repris,  la  sécrétion  a  pu  s'établir  avec  une  nouvelle  parturition. 

Sur  le  même  sujet,  il  faut  citer  les  observations  de  Goltz,  Freudsbkrg  et  Ewald  qui 
virent  leurs  chiennes  à  moelle  raccourcie  devenirpleineset  la  sécrétion  lactée  s'établir 
normalement. 

De  l'ensemble  de  ces  observations  on  peut  évidemment  déduire  que  l'influence  du 
système  nerveux  n'est  nullement  indispensable  pour  la  mise  en  étal  de  fonctionner  de 
la  glande  mammaire  et  pour  la  sécrétion  ultérieure.  Mais  il  ne  faudrait  pas  en  conclure 
à  l'indépendance  absolue  de  l'appareil  lacticifère  vis-à-vis  du  système  nerveux. 

Parmi  les  expériences  d'excitation  directe  des  branches  nerveuses,  il  en  est  qui  e'ta- 
blissent  l'inlluence,  soit  immédiate  par  des  nerfs  sécréteurs,  soit  médiate  par  des  nerfs 
vaso-moteurs,  des  lilets  nerveux  mammaires  sur  la  sécrétion  lactée. 

Les  réflexes  génito-mammaires,  les  réflexes  de  succion,  la  saillie  contractile  du 
mamelon  avec  sortie  du  lait  pendant  le  coït  sont  autant  de  faits  qui  justilient  cette 
influence  psychique  qui  ne  saurait  être  niée. 

La  clinique  abonde  de  faits  montrant  l'action  inhibitrice  de  phénomènes  psychiques 
sur  la  sécrétion  lactée.  Une  émotion  violente  peut  provoquer  l'arrêt  passager  ou  per- 
manent de  la  sécrétion  lactée.  De  même,  la  vue  d'une  mère  allaitant  son  enfant  pro- 
voque chez  une  nourrice  une  poussée  de  lait  qui  se, traduit  par  une   excrétion  inopinée. 

Suivant  une  observation  qui  vise  un  grand  nombre  de  sécrétions,  le  système  nerveux 
•n'est  pas  la  cause  primitive  du  développement  de-  la  mamelle,  ni  de  la  sécrétion  du 
lait,  mais  il  apparaît  comme  un  régulateur  de  cette  sécrétion. 

Les  théories  humorales.  —  Les  théories  humorales,  qui  cherchent  à  expliquer 
les  phénomènes  successifs  de  la  lactation  par  l'action  de  substances  véhiculées  dans  le 
sang,  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes,  savoir  : 

Les  théories  des  excitants  spécifiques  {Reizslofffheorie)  pu  des  hormones; 

La  théorie  métabolique  {Nahrslofftlieorie)  qui  fait  rentrer  les  phénomènes  observés 
dans  des  lois  plus  générales. 

a  La  théorie  des  excitants  spécifiques.  —  Sous  rinlluence  des  phénomènes  d'évolu- 
tion qui  se  passent  dans  la  sphère  génitale,  il  se  produit  une  substance  qui,  entraînée 
dans  le  circulus,  ira  agir  sur  les  éléments  glandulaires  de  la  mammaire  et  provoquera 
leur  prolifération. 

Cette  substance  excitatrice  {Reizstoff,  stimuline,  substance  de  grossesse,  Schivan- 
ijcnchaftsAubstanz,  substance  placentaire,  Plazentarsuhstatiz),  hormone  lactique)  est 
encore  des  plus  énigmatiques. 

BoucHAcoL'RT,  frappé  de  ce  fait  que  beaucoup  de  femelles,  qui  mangent  avidement 
le  placenta  après  la  délivrance,  ont  très  rapidement  la  poussée  de  lait,  poursuivit  des 
recherchi'S  histologiques  qui  l'amenèrent  à  penser  que  dans  le  placenta  so  formaient  des 
éléments  figurés,  les  boules  plasmodiales,  qui  exerçaient  une  action  déterminante  sur 
l'apparition  et  la  sécrétion  ultérieure  du  lait, 

La  théorie  de  la  substance  excitatrice  que  nous  appellerons  aujourd'hui  la  théorie  de 
rhormone  repose  snr  une  conception  générale  des  excitants  spécifiques.  Suivant  Star- 
lim;,  l'hormone  {ôo\>.x'm,  j'excite)  se  distingue  essentiellement  des  substances  alimen- 
taires en  ce  sens  qu'il  n'est  pas  assimilable  et  ne  renferme  en  lui  aucune  source 
d'énergie.  Son  action  est  essentiellement  une  influence  dynamique,  peut-être,    dans 


8;S  LAIT. 

quelques  cas,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  ime  influence  inhibitrice,  s'exerçant  sur 
la  cellule  vivaute,  mais  avec  une  action  spécilique  pour  certaines  cellules  qui  sont  de 
véritables  réceptrices  pour  lui.  Pour  SrARLi.\(i,  l'hormone  agit  comme  un  agent  théra- 
peutique, principalement  comme  un  alcaloïde,  ne  donnant  pas  lieu  à  la  formation 
d'anticorps. 

Le  problème  est  d'expliquer  comment  et  pourquoi  la  glande  mammaire,  ayant  subi 
sous  l'influence  de  l'hormone  un  développement  considérable,  entre  en  sécrétion  et 
fournit  du  lait  au  moment  même  de  l'expulsion  du  fœtus,  ou  plus  exactement  quelque 
temps  après. 

Une  première  hypothèse  a  été  émise  :  la  glande  mammaire,  arrivée  au  terme  de  son 
développement,  mûre  pour  la  sécrétion,  fournirait  à  ce  moment  le  lait  nécessaire  au 
fœtus.  Mais  contre  cette  hypotiièse  de  la  maturité  simple  s'élève  l'objection  que  la 
glande  entre  en  activité  sécrétoire  aussitôt  après  l'expulsion  du  fœtus,  môme  quand 
cette  expulsion  est  prématurée.  Et  même,  si  le  fœtus  meurt  dans  l'utérus  et  séjourne 
quelque  temps  avant  d'être  expulsé,  la  sécrétion  lactée  apparaît  avant  la  délivrance. 

A  propos  de  l'hormone,  nous  avions  dit  que  son  action  pourrait  être  dynamogé- 
nique  ou  inhibilrice.  C'est  par  une  action  inhibitrice  que  Hildeiiuandt  explique  l'appari- 
tion de  la  sécrétion  lactée. 

HiLOEBRANDT  étudic  l'activité  autolytique  de  la  glande  mammaire  à  l'état  de  repos  et 
en  pleine  activité,  et  il  constate  que  l'autolyse  est  d'autant  plus  intense  que  la  glande 
est  en  pleine  activité.  Puis  il  examine  et  dose  également  l'autolyse  du  placenta. 

Mélangeant  enfin  des  parties  égales  de  pulpes  glandulaires  et  placentaires,  il  note 
que  les  produits  autolytiques  obtenus  de  ce  mélange  ne  représentent  pas  la  somme  des 
deux  processus  autolytiques  recueillis  avec  les  pulpes  séparées.  Hildebrandt  conclut 
que  le  placenta  exerce  une  action  inhibitrice  sur  les  processus  autolytiques  de  la  glande 
mammaire.  Identifiant  alors  les  processus  de  sécrétion  de  la  glande  avec  l'autolyse 
observée,  il  arrive  ù  cette  hypothèse  que  le  placenta  est  le  siège  d'une  sécrétion  inleru'', 
qui,  pendant  la  grossesse,  arrête  l'autolyse  et  ne  permet  pas  à  la  sécrétion  de  s'établir. 
«  Il  s'échappe  de  l'œuf  vivant  une  influence  qui  'provoque  le  développement  même  de  la 
glande,  en  arrêtant  en  même  temps  l'autolyse  des  cellules.  »  La  grossesse,  dit-il  encore, 
provofjue  un  effet  excitateur  sur  les  organes  eux-mêmes,  en  même  temps  qu'elle  arrête 
la  mise  en  jeu  de  leur  activité  fonctionnelle.  Quand  le  placenta  est  expulsé,  la  sécré- 
tion interne  inhibitrice  n'exeri^ant  plus  ses  efl'ets  sur  la  glande  mammaire,  l'autolyse 
entre  en  jeu  et  la  sécrétion  lactée  s'établit. 

L'hypothèse  d'HALBAN  est  très  voisine  de  celle  d'IIiLDEitnA.NUT.  Le  placenta  exerce  sur 
la  glande  mammaire,  comme  sur  l'utérus,  une  double  action  prolectrice  et  hyperpla- 
sique.  Sous  cette  influence,  la  glande  augmente  de  volume,  mais  les  processus  d'assi- 
milation dominent  tellement,  qu'elle  ne  peut  sécréter,  c'est-à-dire  être  le  siège  d'une 
véritable  désassimilation,  le  colostrum  étant  un  produit  particulier.  Quand  la  stimuline 
protectrice  cesse  d'agir  par  suite  de  l'expulsion  de  l'œuf,  les  processus  d'assimilation 
cessent,  dans  la  glande,  de  l'emporter  sur  ceux  de  désassimilation,  et  la  sécrétion  s'éta- 
blit. Dans  certains  cas,  la  sécrétion  lactée  peut  précéder  de  quelques  jours  la  naissance, 
mais  on  peut  admettre  alors  que,  sous  des  influences  diverses,  pendant  le  travail 
interne  qui  précède  l'expulsion,  le  placenta  ne  fonctionne  plus  normalement  et 
n'exerce  plus  alors  son  action  d'arrêt  sur  la  glande  lactée. 

L'hormone  de  Starli.ng  rentre  dans  le  même  système,  l'action  anabolique  devant 
masquer  ou  inhiber  les  processus  cataboliques.  Mais  ce  n'est  pas  dans  le  placenta,  c'est 
dans  le  fœtus  lui-même  que  Starli.ng  place  le  siège  de  la  sécrétion  interne. 

Dans  une  première  série  de  recherches  faites  avec  Lane  Claypon,  il  montre  que 
l'ablation  du  système  de  reproduction  (ovaires,  trompes  et  utérus),  faite  quand  l'évolu- 
tion est  commencée  (après  le  14*  jour  pour  les  lapines),  n'empêche  pas  la  sécrétion 
lactée  de  s'établir  deux  jours  environ  après  l'opération.  Si  l'ablation  a  lieu  avant  le 
quatorzième  jour,  non  seulement  les  glandes  mammaires  ne  sécrètent  pas,  mais  elles 
régressent  jusqu'à  l'atrophie. 

Dans  une  seconde  série,  les  mêmes  auteurs  injectent  dans  le  péritoine  des  lapines 
nuUi-  et  multipares  des  extraits  filtrés  d'ovaires,  de  placenta,  de  fœtus.  Les  extraits 
d'ovaire,  de  placenta  n'amènent  aucune  modification  dans  les  glandes,  alors  que  les 


LAIT.  849 

extraits  de  fœtus,  associés  on  uon  à  ceux  de  placenta,  anuMienl  un  gonflement  des 
mamelles,  une  prolift'-ration  de  tous  les  éléments  glandulaires;  et,  chez  les  fcmt;lles 
multipares,  ou  obseAe,  à  la  suite  des  injections  ré[)é'tées,  l'apiiaiition  de  la  sécrétion 
lactée. 

La  sécrétion  lactée  s'explique,  d'après  Starlixg,  par  la  cessation  de  l'efTet  stimulant 
anabolique  de  l'hormone  quelque  temps  après  l'injection.  I/auimal  auquel  on  cesse  di' 
faire  des  injections  d'extrait  se  trouve  dans  les  conditions  analogues  à  celles  qui 
suivent  l'expulsion  du  fœtus. 

K.NOPFELMACHEH,  cspéraut  pouvoir  donner  une  démonstration  de  la  présence  de 
l'hormone  circulant  dans  le  sang  maternel,  injecta  à  des  femelles  adultes  et  non  cou- 
vertes des  quantités  notables  de  sérum  provenant  de  femelles  de  même  espèce,  jileines, 
ou  venant  de  mettre  bas,  ou  encore  quelques  jours  après  la  délivrance,  alors  que  la 
lactation  s'établissait.  Il  ne  put  obtenir  de  sécrétion  lactée  chez  les  animaux  injectés, 
mais  l'absence  de  recherches  histologiques  ne  permet  pas  d'affirmer  l'absence  de  réac- 
tion dans  les  glandes.  Foa  oldient  un  accroissement  de  la  glande  mammaire  d'une 
lapine  vierge  en  injectant  de  l'extrait  de  fœtus  de  bœuf;  Keruo.v  injecte  de  l'extrait  de 
corps  jaune  à  une  lapine  ayant  cessé  d'allaiter  et  observe  un  retour  de  la  sécrétion. 
Contre  la  théorie  de  l'hormone  il  faut  citer  les  expériences  de  Lamhhosi  et  Bolaffio  : 
des  lapines  vierges  mises  en  comparaison  avec  des  lapines  pleines  n'ont  rien  présenté 
de  particulier  du  côté  des  glandes  mammaires.  Il  faut  ajouter  qu'elles  n'ont  vécu  que 
huit  jours! 

Dans  les  hypothèses  que  nous  venons  de  citer,  le  siège  de  l'excitant  spécifique,  de 
l'hormone,  se  trouve  dans  l'œuf,  qu'il  s'agisse  du  placenta  (Hildebrandt,  Haliîan)  ou  du 
fœtus  (Starling)  ;  mais  il  ne  faut  pas  ouldier  que  les  glandes  mammaires  peuvent  pré- 
senter un  développement  spécial,  et  donner  du  lait  en  dehors  de  la  lactation,  telle  la 
poussée  laiteuse  observée  chez  les  nouveau-nés  femelles  et  même  mâles.  D'autre  part, 
la  glande  prend  un  développement  particulier,  soit  durable  au  moment  de  la  puberté, 
soit  passager  pendant  la  période  des  règles.  Dans  ces  cas,  l'hormone  paraît  avoir  pour 
origine  l'ovaire.  Toutes  les  expériences  de  castration  ovarienne  et  de  réimplantation 
de  l'ovaire  tendent  à  montrer,  en  etfet,  que  le  gonflement  de  la  glande  disparaît  après 
l'ablation  de  l'ovaire,  et,  au  contraire,  réapparaît  si  on  a  réussi  la  greffe  (IIerah, 
Kehrer,  Knauer,  Halban). 

Le  tableau  ci-contre  (p.  850),  emprunté  à  Pfaundler,  résume  les  influences  et  les 
phénomènes  observés. 

Les  recherches  de  Bouin  et  A.ncel  ont  surtout  porté  sur  l'influence  du  corps  jaune. 
A  cet  elTet  ils  ont  cherché  à  faire  apparaître  expérimentalement  des  corps  jaunes  dans 
un  organisme  neuf,  à  l'exclusion  des  autres  facteurs  qui  interviennent  dans  la  gesta- 
tion. 

L'évolution  constatée  dans  la  mamelle,  après  la  formation  expérimentale  de  corps 
jaune  (coït  stérile  ou  piqûre  de  l'ovaire)  et  l'arrêt  de  cette  évolution  si  on  détruit  les 
corps  jaunes,  conduit  à  considérer  le  corps  jaune  comme  un  organe  générateur  d'une 
hormone  cinétogène,  c'est-à-dire  provoquant  la  multiplication  des  éléments  glandu- 
laires. Cette  théorie  explique  enfin  le  travail  observé  dans  les  organes  mammaires  à 
chaque  période  menstruelle,  travail  qui  s'arrête  avec  l'atrophie  du  corps  jaune.  Mais  pour 
expliquer  la  transformation  des  éléments  mammaires  en  appareils  sécréteurs,  il  faut 
évoquer  une  seconde  hormone,  qui,  toujours  d'après  Bouix  et  Ancel,  proviendrait  d'une 
glande  à  sécrétion  interne,  logée  dans  le  muscle  utérin  et  qu'ils  ont  appelée  la  glande 
myométriale . 

b)  La  théorie  métabolique.  —  Pour  expliquer  la  montée  du  lait  qui  suit  l'expulsion 
du  fœtus,  une  première  hypothèse,  qui  peut  se  rattacher  à  celle  de  la  nutrition,  fut 
émise  :  la  suppression  de  la  circulation  utéro-placentaire  provoquerait  une  hyperémie 
compensatrice  dans  les  glandes  mammaires  en  voie  de  développement  exagéré,  et  qu 
entrent  alors  en  activité.  Cette  théorie  hématique,  défendue  par  Moi.l,  Freu.nd  et  pai' 
SciiEiN  (au  début),  soulève  de  grosses  objections  dont  l'une  est  des  plus  sérieuses: 
l'ablation  d'un  fibrome  utérin  n'a  jamais  été  suivie  d'une  sécrétion  lactée. 

Mais  ScHEiN  a  abandonné  cette  théorie  de  l'effet  quantitatif  du  liquide  sanguin  pour 
défendre  l'efTet  qualitatif.  Sous  le  terme  de  théorie  de  nutrition  [Xâhrstoffthcorie),  cpie 

DICT.    DE   PHYSIOLOGIE.    —  TOME   IX.  '■>'* 


850 


LAIT. 


jious  désignerons  sous  le  terme  de  théorie  métabolique,  s'est  développée  une  hypotlièse 
diiïérenle  de  celle  de  l'hormone,  quoiqu'on  entrevoie  facilement  une  conception  éclec- 
tique entre  celle-ci  et  celle  de  l'excitant  spécifique. 


Phénomènes  physiologiques  et  pathologiques  des  excitations  trophiques  ou  inhlbi- 
trices  provoquées  par  la  sécrétion  interne  de  la  glande  embryonnaire  ou  de  ses 
dérivés  non  différenciés  sur  la  glande  mammaire. 


K  T.\T. 

ORIGINE 
et 

INFI.t;KNCE. 

ACTION    DYNAMOGÉNIQUE. 

ACTION    INIIIBITRICE. 

Sens  posiiir. 

Sens  n(-gatit'. 

Sens  |iosilil". 

SiMiN  nogatif. 

Parturilion. 

Placenta. 

Criiissancc   em- 

Régression 

Sécrétion 

+  Ovaire? 

l>rvoiinaire.Mas- 

des     m  a- 

lactée  des 

tiie  des  nouveau- 

niellos     a- 

nouveau- 

nës.    Hypercmie 

près    l'ac- 

nes. 

jiar    hémorragie 

couche  - 

interstitielle. 

nient. 

Puberté. 

Ovaire. 

Iiiiimlsion   de    pu- 
berté.    Dévelop- 
Iteinent  desbour- 
;:e(ins  pectoraux 
ajirès    implanta- 
tion des  ovaires. 

Absence  des 
transfo  r- 
matiousde 
puberté 
chez     1 e  s 
castrées. 

Règles. 

Ovaire. 

Impulsion      niens- 

.\bsencechez 

.\lic  ration 

Sécrétion    à 

tJUelle.Héniorr.i- 

les      cas- 

dans la  lac- 

la    fin  des 

gie  interstitielle. 

trées. 

talion    au 
moment 
des  règles. 

règles. 

Grossesse. 

Placenta. 

Iriiiuilsiou     de     la 

liégression 

Retard  de  la 

Arréi  du  lait 

+  Ovaire".' 

grossesse.  Déve- 

après l'ac- 

sécré  tion 

après    ré- 

loppement     des 

couche 

de  2  à  4  j. 

gression 

'glandes       mam- 

ment. 

après    la 

de  la  sécré- 

maires. 

délivrance. 

tion  pla- 
centaire ou 
après  la 
naissance. 

Testicules. 

Impulsion  delà  pu- 
berté     sur      les 
glandes  des  mâ- 
les.  Gjnécomas- 
tie. 

Sécrétion 
des  glan- 
des mâles 
api'ès  alté- 
t  é  r  a  ti  0  n 
fonction- 
nelle des 
testicules. 

La  nutrition  du  mammifère  nouveau-né,  par  le  lait  de  la  mère,  n'est  que  la  suite  de 
la  nutrition  du  fœtus  en  voie  de  développement  dans  l'utérus  maternel.  Les  principes 
alimentaires  qui,  à  travers  la  masse  placentaire,  allaient  se  fixer  sur  le  fœtus,  gagne- 
ront, celui-ci  une  fois  expulsé,  les  glandes  mammaires,  et  parviendront  à  l'être  nou- 
veau-né sous  forme  de  lait. 

Raubers  émit  le  premier  cette  théorie  d'une  manière  un  peu  spéciale.  Les  leuco- 
cytes, pendant  la  grossesse,  passent  en  grand  nombre  de  la  mère  au  fœtus,  et  inverse- 
ment, constituent  des  vecteurs  des  principes  alimentaires;  quand  la  circulation  fœtale 
est  interrompue,  il  se  produit  un  courant  intense  des  leucocytes  vers  les  glandes 
mammaires.  Ces  éléments  chargés  de  principes  nutritifs  traversent  l'épithélium  alvéo- 
laire et  se  détruisent  dans  la  glande,  en  contribuant  à  la  formation  du  lait. 

Si  le  rôle  des  leucocytes,  tel  que  le  concevait  Raubers,  n'a  pas  été  admis,  la  théorie 
persiste  encore,  en  considérant  que  le  sang  transporte  des  matériaux  indispensables. 

Pendant  la  grossesse,  ces  matériaux  subissent  l'attraction  dominante  vers  l'embryon 
en  voie  de  développement,  et  une  faible  partie  de  ces  produits  se  dirige  vers  la  glande 


LAIT.  Sol 

mammaire  et  provoque  son  liyperplasie  avec  sécrétion  du  colostrum.  Quand  !•;  fœtus 
est  expulsé,  la  totalité  des  éléments  nutritifs  gagne  la  glande,  et,  transformés  en  élé- 
ments lactogènes,  ils  provoquent  la  sécrétion  du  lait. 

Sghki.x  ne  fait  pas  intervenir,  pour  expliquer  l'absence  de  sécrétion  pendant  la  gros- 
sesse, une  action  inliibitrice  quelcoiuiue  :  si  la  glande  ne  sécrète  pas,  c'est  unii[uement 
parce  que  la  quantité  de  matériaux  dérivi'-s  de  son  côté  est  juste  suflisante  pour  assurer 
son  développement,  et  ce  n'est  que  lorsque  ces  îlémenls  arrivent  en  excès,  qu'il 
y  a  sécrétion. 

La  théorie  de  Scmein  ne  repose  sur  aucune  expérience  directe  ;  sa  meilleure  base 
consiste  dans  les  observations  de  Bum;e  visant  les  rapports  étroits  (|ui  existent  entre 
les  cendres  du  lait  maternel  et  les  cendres  du  fœtus,  rapports  qui,  plus  difficiles 
à  démontrer,  doivent  exister  pour  tous  les  principes  de  constitution. 

Contre  elle,  Halban  oppose  une  objection  facile  à  réfuter;  la  sécrétion  lactée  ne  se 
produit  pas  quand  le  fœtus  est  mort  dans  l'utérus,  alors  que  l'apport  des  matériaux 
est  suspendu  par  l'arrêt  de  la  circulation  fœtale;  au  contraire,  à  la  suite  de  l'expulsion 
d'une  môle,  on  a  obsei'vé  une  sécrétion  lactée. 

Les  deux  objections  sont  faibles.  En  ce  (jui  concerne  le  pi'emier  cas,  la  mort  du 
fœtus  n'entraîne  pas  nécessairement  et  immédiatement  l'arrêt  de  la  circulation  intra- 
placentaire  ;  cet  organe  continue  à  végéter,  et,  par  suite,  à  dériver  vers  lui  une  partie 
des  éléments  nutritifs.  Quant  au  second  cas,  les  études  sur  la  sécrétion  de  la  glande 
après  expulsion  de  môles  sont  encore  trop  rudimentaires  pour  permettre  d'affirmer 
qu'il  y  a  bien  du  lait  sécrété. 

Ici  encore,  il  y  a  tout  lieu  de  supposer  que  l'éclectisme  s'approche  de  la  vérité;  qu'il 
existe  de  véritables  hormones  jouant  un  rôle  particulier  sur  des  éléments  sensibilisés 
devenus  de  véritables  récepteurs,  et,  d'autre  part,  que  l'activité  déployée  pendant  la 
grossesse  dans  la  région  utérine  se  porte  immédiatement  après  l'expulsion  du  centre 
d'attraction  vers  un  autre  centre  qui  n'est  autre  que  la  glande  lactée. 

COLOSTRUM. 

Le  colostrum  est  le  liquide  sécrété  par  les  glandes  mammaires  pendant  les  derniers 
mois  de  la  gestation  et  les  premiers  jours  qui  suivent  la  parturition. 

Ce  liquide  a  un  aspect  opalin  visqueux,  de  consistance  assez  épaisse,  avec  des  fila- 
ments jaunâtres.  L'examen  microscopique  décèle  la  présence  d'éléments  figurés  parti- 
culiers et  de  globules  de  graisse. 

DoGRAL  distingue  trois  périodes  dans  la  sécrétion  colostrale  : 

1°  Le  colostrum  de  grossesse  ; 

2"  Le  colostrum  qui  précède  avant  l'accouchement  l'établissement  de  la  sécrétion  du 
lait  proprement  dit  ; 

3°  Le  colostrum  conséculif  à  l'arrêt  de  la  lactation. 

Colostrum  de  grossesse.  —  Composition  chimique  du  colostrum  de  grossesse.  — 
Au  microscope,  on  distingue  des  cellules  à  protoplasma  granuleux  (corps  granuleux 
de  Donné)  qui  seraient,  d'après  Stricter  et  Czernv,  animés  de  mouvements  amiboïdes 
ou  simplement  de  mouvements  pseudopodiques,  d'après  Michaelis. 

Chaque  corpuscule  du  colostrum  de  la  femme  possède  généralement  un  noyau,  rare- 
ment deux,  et  exceptionnellement  trois.  Le  noyau  se  colore  par  des  matières  colo- 
rantes basiques;  il  occupe  soit  le  centre  de  la  cellule,  soit  est  déjeté  à  la  périphérie. 
Tantôt  il  est  sphérique  et  bien  conservé,  d'autres  fois  il  est  déprimé  sur  un  point  de  sa 
circonférence  par  des  gouttelettes  de  graisse,  et,  suivant  que  cette  dépression  est  plus 
ou  moins  prononcée,  on  peut  observer  les  différentes  formes  suivantes  du  noyau  :  noyau 
avec  légère  encoche,  noyau  en  croissant  ou  en  demi-lune  (coifîe  de  Czerny),  ou  encore, 
■et  ceci  se  voit  rarement  dans  le  colostrum  de  la  grossesse,  les  globules  de  graisse 
envahissent  le  centre  du  noyau  en  même  temps  que  la  périphérie,  et  on  ne  trouve  plus 
que  des  restes  de  la  substance  chromatique  pour  ainsi  dire  à  cheval  entre  les  vacuoles. 

A  côté  de  ces  corpuscules  granuleux  existent  des  cellules  du  type  nettement  poly- 
nucléaire, avec  un  noyau  replié  sur  lui-même,  contourné,  et  jirésentant  parfois  tous 
les  caractères  de  la  division  mitosique  (Jouv). 


85;*  LAIT. 

Il  existe  donc  trois  types  d"i!lémenls  figurés  dans  le  colo&lrum  : 

1"  Des  cellules  granuleuses  ;  2"  des  cellules  polynucléaires  (leucocytes)  ;  3*»  des  cel- 
lules polynucléaires  en  voie  de  caryolyse. 

Colostrum  après  l'accouchement.  —  Après  raccoucliement,  les  éléments  figurés 
se  rclrouvetit  dans  le  produit  de  sécrétion,  mais  leur  proportion  dilTère. 

Le  premier  jour,  avant  que  l'enfant  ait  tété,  il  semble  qu'une  destruction  des  leuco- 
cytes s'est  produite,  car  ce  sont  les  formes  en  chromalolyse  qui  occupent  parfois 
presque  entièrement  le  champ  du  microscope.  Le  nombre  des  leucocytes  polynucléaires 
a  augmenté  :  durant  la  grossesse,  il  était  très  inférieur  à  celui  des  globules  du  colos- 
trum; après  l'accouchement,  il  lui  est  supérieur.  Les  corpuscules  du  colostrum  ont  les 
mêmes  caractères  que  ceux  du  colostrum  de  la  grossesse;  leur  protoplasma  et  leur 
noyau  sont  hien  conservés.  Mais  ils  changent  d'aspect  dès  que  l'enfant  commence 
à  téter;  les  globules  de  graisse  remplissent  de  plus  en  plus  le  protoplasma,  qui  est 
réduit  à  un  réseau  très  fin,  dont  les  mailles  irrégulièrement  arrondies  correspondent 
aux  globules  de  graisse.  Le  noyau  également  est  détruit,  et  on  peut  suivre  cette  des- 
truction progressive  que  nous  avons  décrite  dans  le  colostrum  de  la  grossesse,  en  fai- 
sant toutefois  observer  que  ces  formes  y  sont  exceptionnelles,  et  deviennent  au  contraire 
la  règle,  dès  que  l'enfant  a  tété. 

Dès  le  deuxième  ou  troisième  jour  qui  suivent  la  première  tétée,  les  corpuscules  du 
colostrum  deviennent  de  moins  en  moins  nombreux,  et  sont  remplacés  par  les  formes 
en  destruction.  Quant  aux  leucocytes,  ils  disparaissent  déjà  dès  le  deuxième  ou  le  troi- 
sième jour. 

L'époque  de  la  disparition  totale  des  corpuscules  du  colostrum  est  très  individuelle; 
tandis  que,  chez  quelques  femmes,  déjà  dès  les  premières  tétées  de  l'enfant,  on  ne  voit 
que  de  rares  globules,  chez  d'autres,  ils  persistent  encore  le  dixième  ou  le  vingtième 
jour,  et  même  trois  on  quatre  mois  après  l'accouchement  :  mais  on  peut  dire,  d'une 
façon  générale,  que  vers  le  cinquième  ou  le  sixième  jour  leur  nombre  devient  tout 
à  fait  négligeable. 

('e  fait  a  été  observé  par  Trlm.vnn,  qui,  appelé  à  se  prononcer  dans  un  cas  de  méde- 
cine légale,  fit  l'examen  du  colostrum  et  du  lait  chez  dix-hnit  femmes  aux  différents 
moments  de  la  lactation.  Il  en  conclut  que  la  présence  des  globules  du  colostrum  ne 
suffit  jamais  pour  affirmer  que  l'accouchement  est  de  date  récente. 

Colostrum  après  la  lactation.  —  Quand  la  femelle  n'allaite  pas,  on  constate,  les 
jours  suivants,  des  globules  granuleux  gigantesques.  Si,  par  contre,  l'allaitement  est 
brusquement  suspendu,  on  observe  dans  le  lait  une  transformation  régressive  curieuse. 
Vingt-quatre  heuresaprès  la  suspension  de  l'allaitement,  on  voit  apparaître  des  glo- 
bules de  colostrum  de  dilférents  diamètres  et  des  leucocytes  à  noyau  polymorphe. 
Ensuite  les  leucocytes  disparaissent,  et,  seuls,  les  globules  de  colostrum  de  dilTérents 
diamètres  persistent.  L'aspect  de  la  sécrétion  correspond  à  son  état  histologique;  le 
liquide  sécrété  devient  plus  consistant  et  prend  une  coloration  jaune. 

La  transformation  du  lait  en  colostrum  peut  être  plus  facilement  suivie  chez  les 
animaux.  Ainsi  chez  le  cobaye,  24  heures  après  l'interruption  de  l'allaitement,  on  voit 
déjà  des  leucocytes  à  noyau  polymorphe,  dont  le  protoplasma  contient  quelquefois  une 
ou  plusieurs  gouttes  de  graisse;  le  lendemain,  le  nombre  des  leucocytes  diminue,  les 
globules  de  colostrum  apparaissent  et,  désormais,  constituent  seuls  les  éléments  tigurés^ 
du  colostrum. 

Origine  des  globules  du  colostrum.  —  L'origine  et  la  nature  des  globules  gra- 
nuleux ne  sont  pas  encore  élucidées.  Pour  les  uns,  les  globules  sont  le  produit  de  dégé- 
nérescences graisseuses  de  la  glande  mammaire  fonctionnant  comme  glande  holocrine 
(Ranvier,  Kôlliker);  pour  les  autres,  les  cellules  alvéolo-glandulaires  ne  tombent  pas 
dans  les  canaux  alvéolaires,  et  il  y  a  simplement  sécrétion  de  la  graisse.  La  partie  centro- 
acineuse  de  la  cellule  se  détache,  alors .  que  le  noyau  persiste  Rauber,  Partsch, 
Heide.nhein).. 

Czerny  arrive  aux  conclusions  suivantes  : 

«  Les  globules  de  colostrum  sont  des  leucocytes  qui  pénètrent  dans  les  espaces 
glandulaires  dès  que  le  lait  est  formé,  mais  n'est  pas  encore  excrété;  ils  absorbent  les 
globules  de  graisse  non  utilisés  et  les  transportent  dans  les  voies  lymphatiques.  Ce 


LAIT.  85  :> 

transport  se  fait  grâce  aux  mouvemonts  amilio'ùlcs,  qui  ne  leur  manquent  jamais.  •■ 

11  tétait  conduit  à  ces  conclusions  en  faisant  un  examen  direct  du  colostrum  des 
femmes  qui  n'allaitent  pas  et  en  faisant  les  expériences  suivantes  : 

["  11  injectait  du  lait  dans  le  sac  lyniphaliquo  dorsal  de  la  grenouille  et  exaiiiiiiail. 
toutes  les  24  heures  l'aspect  des  leucocytes  du  saii;,'.  11  a  pu  observer  ainsi  tous  les  inter- 
médiaires, ilopuis  le  leucocyte  normal  jusqu'à  ceux  qui  étaient  remplis  de  globules  de 
giaisse  et  qui  prenaient  Taspect  des  globules  du  colostrum  : 

:i''  CzERNY  injectait  l'encre  de  Chine  sous  la  peau  de  la  souris  et  retrouvait  dans  les 
globules  du  colostrum,  à  côté  des  globules  de  graisse,  des  particules  d'encre  de.  Chine. 
l)'oii  la  conclusion  suivante  :  ces  globules  blancs,  ayant  absorbé  les  parcelles  de  la 
matière- colorante,  sont  arrivés  avec  la  circulation  dans  les  espaces  interalvéolaires  de 
la  glande  mammaire;  ensuite,  grâce  à  leurs  mouvements,  ils  ont  péiit'-tré  dans  la 
lumière  des  acini  où  ils  absorbent  des  globules  de  graisse,  pour  s'y  transformer  en  glo- 
bules de  colostrum'.  Des  expériences  analogues  de  Louiuk  ont  aussi  établi  ce  pouvoii' 
absorbant  des  éléments  du  colostrum. 

U.VGER-,  Micii.vELis',  LouRiK  \  Confirmèrent  ces  résultats,  en  étudiant  les  coupes  de 
la  glande  mammaire,  faites  à  différentes  périodes  de  la  gestation  et  de  la  lactation.  Ces 
auteurs  ont  décrit  dans  le  tissu  conjonctif  interalvéolaire  des  leucocytes,  dont  le  nombre 
augmentait  au  fur  et  à  mesure  que  la  grossesse  évoluait,  et  ces  leucocytes  auraient  pour 
rôle  d'absorber  la  graisse  non  excrétée  et  de  se  transformer  ainsi  en  globules  de 
colostrum. 

DuçLERT^  considère  les  globules  du  colostrum  comme  des  cellules  glandulaires,  ayani 
subi  une  dégénérescence  colloïde.  Cette  opinion  est  admise  par  Ren.\ut. 

Composition  du  colostrum". 

Age  du  colostrum  Extrait  Azote 

d'après  l'accouchement.  soc.  total. 

Sr.  gr. 

26  à  50  heures 166,01  9,60 

56  à  61       —       146,11  5,25 

26  à  i8       —       106,81  3,47 

48  à  69       —       104,74  2,75 

5  à  6  jours 120,64  3,37 

5à6"— 135,19  2,51 

5  jours 118.57  :;,00 

Moyenne  des  70  o.'jservatiuns  prcccJenlcs.  128,30  4,28 

Le  colostrum  est  surtout  très  chargé  en  principes  nutritifs  dans  le  premier  jour,  il 
s'appauvrit  ensuite. 

LouRiK,  qui  n'a  jamais  pu  sur  des  coupes  de  mamelles  trouver  dans  les  cellules  des 
canaux  galactophores  quelques  traces  de  globules  de  colostrum,  mais  uniquement  dans 
la  lumière  des  alvéoles  et  des  canaux,  penche  pour  une  origine  leucocytaire  :  ces  glo- 
bules possèdent  toutes  les  propriétés  phagocytaires  dévolues  aux  leucocytes,  coloration 
des  granulations,  absorption  des  corps  étrangers,  etc.,  mais  il  faut  ajouter  qu'on  ne 
trouve  cependant  pas  les  formes  de  passage  qui  doivent  relier  le  lymphocyte  originaire 
avec  le  globule  granuleux,  type  du  colostrum. 

Élimination  des  substances  par  le  lait.  —  Mercure.  —  Le  traitement  de  la 
syphilis  des  nouveau-nés  qui  consiste  à  donner  à  la  nourrice  des  préparations  mercn- 
rielles,  avait  été  indiqué  au  xvni"  siècle  par  Swediaur;  mais,  bien  que  la  clinique  eût 
signalé  des  cas  heureux,  il  faut  arriver  en  1838  pour  trouver  la  première  recherche  du 
mercure  dans  le  lait.  Péligot  donne  du  mercure  à  une  ànesse,  mais  ne  peut  le  retrouver 

1.  CzEUNv,  Loc.  cit.,  p.  16. 

2.  Ungeh  [Zw  An.  u.  Ph>js.  der  Milchdruse,  1898  . 

3.  MicHAELis  [lieili-arj  zur  Kennlniss  der  Milchdriisc,  Arc/i.  f.  mxUr.  An.,  1897,  26. 

4.  LouRiK,  Éléments  fif/urés  du  colostrum  et  du  lait.  Th.  in.,  Paris,  1901. 

5.  DccLERT  [Élude  hislologique  de  la  sécrétion  lactée).  Th.  de  Montpellier,  1S9J. 
C.  Cameber  et  SôLD.NER  [Zeitsch.  f.  Biol.,  X,  1883,  365;. 


Lactose 

îraisso. 

anlivdre. 

Cendres 

gr. 

gr- 

gr- 

42,20 

42.30 

4,96 

40,50 

56,70 

4,24 

17,20 

58,30 

3,72 

20,90 

52,50 

4,14 

29,82 

56,34 

3,50 

47,05 

60.99 

2,47 

24,14 

63,26 

3,30 

31,68 

55.12 

3,76 

854  LAIT. 

dans  le  lait;  H.  Chevalier,  0.  Henrv  ne  sont  pas  plus  lii;ur(?ux.  Oiiiila,  au  contraire, 
retrouve  le  mercure  et  signale  le  cas  d'une  l'amille  atteinte  de  stomatite  mercurielle  pour 
avoir  pris  du  lait  d'une  vache  soumise  à  un  traitement  hydrargyrique  (?).  Depuis  cette 
époque,  les  résultats  sont  tantôt  positifs,  tantôt  négatifs.  Pehsonnk,  Lewald  retrouvent 
le  métal,  alors  que  Dolan,  Okahler,  Fehu.ng  n'y  parviennent  pas. 

En  1890,  Ettore  Somma  donna  le  mercure  en  frictions  à  sept  femmes,  et  rechercha 
par  une  méthode  très  sensible  (chlorate  de  potasse  et  hydrogène  sulfuré)  la  présence 
du  métal  dans  le  lait.  «  Il  n'y  a  pas  eu,  dit-il,  la  moindre  trace  de  sulfure  noir.  »  Il 
essaya  sur  les  mêmes  femmes,  sans  plus  de  succès,  en  remplaçant  les  frictions  par  des 
injections  sous-cutanées. 

En  1900,  SiGALAS  arriva  à  un  résultat  opposé.  Il  emploie  le  procédé  de  Meroet,  'lui 
consiste  à  aciduler  le  lait  de  2/10  de  son  volume  d'acide  nitrique,  faire  bouillir,  puis, 
après  flltration.  y  placer  une  lige  de  cuivre  plate  et  bien  décapée.  Après  vingt-quatre 
heures  de  séjour,  la  tige  est  mise  en  présence  de  papier  au  nitrate  d'argent  ammoniacal, 
sur  lequel  la  présence  du  mercure  se  révèle  en  tache  apparente.  De  ses  expériences, 
il  faut  conclure  que  le  mercure  passe  à  partir  du  treizième  jour,  et  il  appela  temps 
perdu  d'élimination  cet  espace  de  treize  jours.  C'est  à  la  non-connaissance  de  ce  fait 
qu'il  attribue  l'insuccès  de  tant  d'analyses  chimiques. 

Enfin,  en  1906,  Louise  et  Moutier  firent  à  la  Société  de  Biologie  la  communication 
des  recherches  qu'ils  avaient  faites  avec  le  mercure  phényle,  recherches  couronnées 
de  succès.  Ils  administrèrent  à  la  chèvre  20  milligr.  de  mercure  phényle,  dissous  dans 
i  ce.  d'acétate  d'éthyle  (dose  relativement  considérable;  0,17  mm.  7  de  mercure  phényle 
correspond  à  10  mm.  de  mercure).  Ils  donnèrent  à  la  chèvre  cette  médication  du 
15  décembre  au  15  mai.  Pas  d'intoxication,  pas  d'accidents,  bien  que  la  bête  fût  pleine. 
Ils  recherchaient  le  mercure  d'abord  par  le  procédé  de  Merget  (indiqué  plus  haut)  et 
ensuite  par  le  procédé  électrolytique. 

Ils  ne  retrouvèrent  le  mercure  que  di.x  jours  après  la  première  injection.  Il  augmenta 
ensuite  peu  à  peu,  et  se  maintint  à  2  milligr.  par  litre,  sans  jamais  dépasser  ce  chiffre. 
Les  dernières  recherches  expliquent  les  résultats  contradictoires  des  auteurs  anté- 
rieurs. Le  mercure  met  un  temps  considérable  à  s'éliminer:  ce  n'est  que  vers  le  dixième 
jour  que  cette  élimination  commence,  et  elle  se  poursuit  ensuite  lentement,  même 
après  cessation  du  traitement. 

Élimination  de  l'iode  et  de  ses  composés.  —  L'élimination  de  l'iode  et  des 
iodures  a  été  discutée. 

Whaler  et  IL  Sterbercer  paraissent  avoir  les  premiers  reconnu  la  présence  de  l'iode 
dans  le  lait  d'une  chienne  soumise  au  traitement  ioduré.  Parmi  les  très  nombreux  tra- 
vaux sur  cette  question,  nous  ne  j»ouvons  citer  que  quelques  cas  spéciaux.  Chevallier 
et  0.  HexNRy  retrouvent  l'iodure  de  potassium  et  indiquent  que  ces  laits  iodés  prennent 
en  chauffant  une  teinte  jaunâtre.  Harmier  retrouve  l'iodure  de  potassium,  mais  non  la 
teinture  d'iode.  Lewald  décèle  le  pass.ige  de  l'iode,  mais  ne  constate  sa  présence  que 
dans  la  caséine  et  non  dans  le  sérum. 

Les  tentatives  pour  obtenir  un  lait  iodé  thérapeutique  donnent  des  résultats  contra- 
dictoires, mais,  en  général,  l'iodure  de  potassium  est  retrouvé  dans  le  lait,  à  la  dose  de 
2  gr.  30.  Lewald  le  trouve  dans  le  lait  4  heures  après,  et  on  constate  sa  présence 
H  jours  après  la  cessation  du  traitement. 

En  mars  1902  parut  sur  ce  point  spécial  de  l'élimination  de  l'iode  une  étude  très 
complète  et  très  documentée  de  Flami.xi  (48). 

Il  se  servit  pour  ses  expériences  de  l'iode  métallique  en  solution  huileuse,  et  en  in- 
jection endomusculaire. 

La  chèvre  fut  l'animal  employé  pour  les  expériences. 
Au  point  de  vue  chimique,  il  employa  le  procédé  suivant  : 

«  20  ce.  étaient  versés  dans  une  capsule  de  platine  et  alcalinisés  au  point  de  donner 
une  réaction  alcaliuée.  Puis  on  faisait  évaporer  au  bain-marie  jusqu'à  dessiccation  par- 
faite. On  brûlait  le  résidu  sec,  on  obtenait  l'incinération  complète,  et  les  cendres  étaient 
dissoutes  dans  l'alcool  absolu.  Le  résidu  de  cette  dissolution,  préalablement  évaporée 
au  bain-marie,  était  à  son  tour  dissous  dans  l'eau  distillée  et  filtrée,  et  le  filtre  lavé  plu- 
sieurs fois.  Après  avoir  recueilli  le  liquide  devenu  limpide  dans  un  entonnoir  à  sépa- 


LAIT.  8o5 

ration,  on  y  versait  une  certaine  ([uanlité  de  clilorofornic  ou  de  sulfure  de  carbone, 
puis  (luehiues  j^outtes  d'acide  sulfuriqiie  au  1/10  et  quelques  gouttes  encore  d'une 
solution  d'azotate  de  soude.  Kniin,  on  agitait  fortement  l'entonnoir,  iierniétiquement 
clos.  L'iode  alors  mis  en  liberté  se  trouvait  absorbt'  par  le  sulfure  de  carbone  qui, 
recueilli  et  lavé  plusieurs  fois  dans  l'eau,  permettait  de  déterminer  la  quantité  d'iode 
(lu'il  contenait  en  dissolution,  au  moyen  d'une  solution  titré»;  d'hyposulfite  de  soude. 

Il  reclierclui  l'iode  successivement  dans  le  sérum  et  les  matières  alburninoïdes,  et 
put  déduire  de  ses  résultats  ({ue,  «  de  tout  l'iode  contenu  dans  le  lait,  une  [)arti(;  un  peu 
supérieure  à  la  moitié  se  trouve  dissoute  dans  le  sérum,  et  le  reste  demeure  combiné 
avec  les  malicres  alburninoïdes  ». 

On  voit  en  outre  par  ces  cliiffres  que  l'iode  ne  commence  à  s'éliminer  que  vers  le 
cinquième  jour  (0  cm.  OOlo  p.  lOOi,  puis  que  la  proportion  s'élève  jus([u'à  0,010;)  p.  100 
le  quinzième  jour. 

La  proportion  d'iode  dans  le  lait  répond  à  la  moitié  de  celle  éliminée  par  l'urine.  Le 
maximum  constaté  par  litre  a  été  de  12  centigr.  p-our  une  clièvre  de  .'i.')  kilogr. 

Un  travail  plus  récent  de  190d  (Van  Ittalie)  entrepris  sur  le  lait  de  vache,  arrive  à 
cette  conclusion  qu'avec  20  gr.  d'iodure  donnés  4  jours  de  suite,  on  ne  trouve  ptls  trace 
d'iodure  dans  le  lait. 

Brome  et  Bromures.  —  Peu  de  travaux  à  citer. 

LoNYGLON  retrouve  les  bromures  dans  le  lait  de  la  femme  et  ses  rechercbes  sont 
confirmées  par  celles  de  Rosenhaupt. 

Les  faits  cliniques  plaident  également  en  faveur  du  passage  :  érylhème  bromique 
chez  un  enfant  nourri  par  une  mère  soumise  à  un  traitement  bromure  intense  et  dis- 
parition de  l'érythème  avec  l'arrêt  du  traitement. 

Arsenic.  — Lewald  avait  établi  que  l'arsenic  apparaît  dans  le  lait  au  bout  de  dix-sept 
heures,  et  que  son  élimination  n'est  complète  qu'en  soixante  heures. 

Spinola  admit  ses  conclusions,  et  Hertwig,  étudiant  le  lait  de  vaches  soumises  par 
des  vétérinaires  à  un  traitement  arsenical  intensif,  constata  que  les  propriétés  toxiques 
du  lait  qui  en  sont  la  conséquence  peuvent  persister  plus  de  trois  semaines  après  la  ces- 
sation du  médicament. 

V.  Tedesghi,  expérimentant  sur  l'ànesse  et  la  soumettant  à  des  doses  croissantes  du 
traitement  arsenical  (jusqu'à  l.'j  centigrammes  par  jour),  ne  retrouva  pas  le  médicament 
dans  le  lait. 

EwALD  ne  l'a  pas  retrouvé  dans  le  lait  d'une  femme  qui  prenait  chaque  jour  6  milli- 
grammes de  celte  substance. 

Brouardel  et  PoU';HEr,  à  la  suite  de.  la  mort  d'un  enfant  nourri  au  sein  par  sa  mère 
empoisonnée  par  l'arsenic,  ayant  trouvé  o  milligrammes  dans  le  cadavre,  concluent 
au  passage. 

Fer.  —  La  pauvreté  du  lait  en  fer,  1  à  o  milligrammes  par  litre,  a  déterminé  de  nom- 
breuses recherches  ayant  pour  but  d'augmenter  cette  teneur. 

Chevallier  et  0.  He.nry  citaient  déjà  l'oxyde  de  fer  comme  l'une  des  substances  qu'ils 
avaient  pu  retrouver  dans  le  lait.  Plus  tard  leur  opinion  fut  partagée  par  Lewald, 
Ro.MBEAC,  Marchand,  Anselm,  Roselen,  Bistrow,  Tedesghi,  Hosaus,  tandis  qu'elle  était 
mise  en  doute  par  Marmier,   Me.ndès  de  Léon,  Simon. 

Fehling,  qui  a  recherché  le  ferrocyanure  de  potassium  dans  les  urines  de  l'enfant  au 
sein  après  l'avoir  administré  à  la  nourrice,  ne  l'a  pas  retrouvé  (tandis  qu'il  le  retrouvait 
aisément  dans  les  urines  de  la  nourrice). 

SciiLiNi;  a,  lui  aussi,  et  dans  les  mêmes  conditions  que  Fehling,  recherché  le  ferro- 
cyanure de  potassium  dans  les  urines  de  l'enfant;  il  a  constaté  comme  lui  qu'il  ne 
passait  pas. 

BisTitow,  donnant  à  la  chèvre  1  à  3  grammes  de  lactatede  fi}r,  put  noter  la  présence 
de  0  gr.  01  centigramme  p.  100  de  fer  et  vit  doubler  ce  chiffre  a[)rès  quelques  jours. 
En  même  temps,  il  signalait  une  légère  diminution  dans  la  sécrétion  lactée. 

Mendès  de  Léon  fit  prendre  à  une  nourrice  une  préparation  ferrugineuse,  mais  ne 
put  retrouver  le  fer  dans  son  lait. 

Tedeschi  donna  huit  jours  de  suite  10  grammes  d'oxyde  de  fer  dialyse,  pai'  la 
bouche,  à  une  ànesse  et  ne  retrouva  que  des  traces  du  métal  dans  le  lait. 


856  LAIT. 

Friedreichs  administra  à  la  chèvre  0  gr.  20  à  0  gr.  oO  de  phosphate  de  fer  par  jour, 
sans  rien  retrouver  dans  le  lait. 

Le  dernier  travail  para  sur  la  question  est  celui  de  Giordam.  Après  avoir  fait  des 
recherches  sur  la  quantité  de  citrate  de  fer  vert  que  l'on  pouvait  injecter  sans  incon- 
vénient à  la  chèvre,  il  injectait  dans  les  muscles  une  solution  à  10  p.  d(K>,  à  doses 
croissantes,  allant  de  25  centigrammes  à  125  centigrammes,  et  put  ainsi  décupler  la 
teneur  en  ^er  (65  centigrammes). 

Les  dosages  du  fer  étaient  effectués  par  la  méthode  Hamblrge». 

Pour  Giordam,  le  fer  ainsi  éliminé  devait  se  trouver  à  l'état  de  comhinaison  orga- 
nique avec  les  proléides. 

Phosphates.  —  L'addition  de  phosphates  à  ralimentation  peut-elle  augmenter  la 
teneur  du  lait  en  acide  phosphorique? 

Les  laits  dits  phosphatés  naturels  ainsi  obtenus  ne  contiendraient  aucun  excès 
d'acide  phosphorique  d'après  Diclalx  et  Sai.nt-Yves  Mknaud,  et  Tedkschi. 

Cependant  Sanso.n  arrive  à  un  résultat  positif  en  donnant  de  10  à  30  grammes  de 
phosphates  par  jour. 

JoLLY,  sans  admettre  l'efficacité  des  phosphates  ajoutés  aux  aliments,  croit  qu'une 
bonne  alimentation  en  fourrages  riches  en  phosphates  influe  nettemenl  sur  la  richesse 
phosphati(|ue  du  lait.  En  utilisant  des  engrais  riches  en  phosphates  et  superphosphates, 
on  peut  obtenir  des  laits  déliassant  4  gr.  50  de  phosphates,  alors  qu'avec  une  alimenta- 
tion défectueuse,  comme  les  ilrèches,  la  teneur  tombe  à  i  gr.  05. 

Autres  composés  minéraux.  —  Les  sels  de  plomb  ont  été  retrouvés  par  Perfjua, 
DoLAN,  Lewald,  Stimpf;  ils  s'éliminent  en  quantité  infime,  mais  pendant  un  temps  très  long. 

Les  sulfates  de  soude  et  de  magnésie  ont  été  retrouvés  par  0.  He.nry,  Pereira,Dola.n, 
Harmier.  Tedeschi  n'a  pas  retrouvé  la  magnésie  administrée  pendant  vingt  jours  aune 
ânesse  à  la  dose  de  12  grammes  par  jour. 

Le  cuivre  a  été  recherché  sans  succès  par  Tedeschi  et  par  Bau.m  et  Seliler.  Ils  opé- 
raient sur  la  chèvre  et  donnaient  des  doses  variables,  de  0  gr.  50  centigrammes  à 
1  gramme  par  jour,  de  sulfate  de  cuivre.  La  sécrétion  lactée  n'a  pas  été  moditiée,  mais 
le  cuivre  n'a  pas  pu  être  décelé. 

Le  bismuth  a  été  retrouvé  par  Lewald  et  par  Chevallier  et  Henry.  Le  zinc  a  été 
retrouvé  par  Pereira,  Dola.n,  Harmier.  D'après  Lewald,  l'oxyde  de  zinc,  quoique  inso- 
luble, s'élimine  par  le  lait,  i  gramme  de  ce  produit  se  retrouve  dans  le  lait  au  bout  de 
quatre  à  huit  heures.  Après  soixante  heures,  plus  de  traces.  L'antimoine  a  été  retroucc 
par  Lewald,  Balm.  Il  passe  d'autant  plus  facilement  qu'il  a  été  administré  une  prépa- 
ration plus  soliible.  Le  borax  a  f'-té  retrouvé  par  Harmier.  L'azotate  de  potasse  n'a  pas 
été  retrouvé  (Chevallier  et  Henry,  MARt:HAND).  Les  mêmes  auteurs  n'ont  pas  retroucc 
les  sulfures  de  sodium  et  de  potassium. 

La  proportion  de  chlorure  de  sodium  a  pu  être  augmentée  dans  le  lait  au  point  de 
lui  donner  une  saveur  salée.  La  dose  donnée  à  une  vache  était  de  200  grammes  par 
jour  (Péligot).  Henry  et  Chevallier  ont  confirmé  ce  travail.  Labourdetïe  employa  le 
chlorure  de  sodium  pour  faciliter  l'absorption  des  médicaments  qu'il  voulait  faire 
passer  dans  le  lait.  Les  auteurs  ont  cherché  les  modilications  que  faisait  subir  aux 
matières  contenues  dans  le  lait  l'addition  d'une  certaine  quantité  de  chlorures.  Les 
travaux  sont  en  désaccord. 

Lesacides  minéraux  semblent,  aux  doses  normales,  n'avoir  pas  d'effet  sur  la  sccrétion 
lactée.  <(  On  peut  donc  utiliser,  dit  Le  Gendre,  comme  je  l'ai  fait  souvent  pour  favoriser 
la  digestion  d'une  nourrice  dyspeptique,  la  limonade  chlorhydrique  à  4  grammes  pour 
1  000,  à  la  dose  d'un  tiers  de  verre  par  repas.  » 

Les  alcalins,  bicarbonates  de  soude,  de  potasse,  ont  donné,  d'après  Péligot  et  d'après 
Henry,  un  lait  fortement  alcalin.  Leurs  recherches  n'ont  pas  été  reprises.  Dolan  a  vu  le 
bicarbonate  dépotasse  donné  à  la  mère  augmenter  la  diurèse  du  nourrisson. 

Le  carbonate  d'ammoniaque,  d'après  Dolan,  passe  dans  le  lait. 

Alcool.  —  Le  passage  de  l'alcool  dans  le  lait  de  la  mère  a  une  importance  considé- 
rable. Les  médecins  signalèrent  de  bonne  heure  le  danger  de  l'intoxicalioii 
alcoolique  du  nourrisson;  mais,  si  le  fait  était  admis  couramment,  la  démonstration 
n'était  pas  faite. 


LAIT.  S.ST 

Et  il  faut  arriver  en  1881  à  Dolan  pour  trouver  les  premiùres  roclierclies,  à  n'sullat 
négatif  d'ailleurs,  du  passa^-e  de  l'alcool. 

Su  Mi'K  montra  (jiie  l'alcool  aiiiiniente  la  richesse  du  lait  eu  niatit'n;s  grasses,  ne 
modilie  pas  les  (piautités  d'albuiuiiioïdes  ni  de  sucre.  Il  ne  retrouva  pas  trace  d'alcool 
dans  le  lait. 

Degaisnk  rapporta  plusieurs  cas  personnels  d'accidents  survenus  chez  des  nourris- 
sons à  la  suite  d'abus  d'alcool.  Il  déclara  avoir  observé  vingt  fois  le  fait,  en  vingt  et  un 
ans  de  praliiiue. 

Chaiu'e.ntiku  à  son  tour  cita  des  faits  de  convulsions  infantiles  survenus  dans  les 
mêmes  conditions. 

De  Aumo.M)  insista  sur  les  effets  terribles  que  produit  l'alcool,  passant  par  cette  voie, 
sur  un  système  nerveux  aussi  fragile  que  celui  du  nouveau-né  (1889). 

Kli.\gel.mann  le  premier  fit  des  expériences  positives  sur  l'animal.  Il  donna  à  une 
chèvre  200  ce.  d'alcool  absolu  et  obtint  une  ivresse  profonde.  Il  retrouva  dans  le  lait 
une  proportion  d'alcool  de  G  gr.  35  pour  100.  Au-dessous  de  200  ce,  ses  recherches 
furent  négatives.  Dans  le  lait  de  femme  il  ne  put  déceler  l'alcool. 

RosEMANN  reprit  les  expériences  de  Klingelmax.n,  mais  cette  fois  sur  la  vache.  Il  arriva 
aux  mêmes  conclusions  :  l'alcool  ingéré  à  haute  dose  passe.  Ingéré  à  petite  dose,  il  ne 
passe  pas.  La  proportion  éliminée  dans  le  premier  cas  est  de  0  gr.  2  à  0  gr.  (1  p.  iOO  de 
l'alcool  ingéré. 

NiCLOux  l'eprit  ces  différentes  études  chimiques  par  un  nouveau  procédé  de  recherche, 
il  se  servit  de  l'appareil  de  (Ikkmant  (séparation  de  ralcot)I  par  distillation  dans  le 
vide  à  ,oO°). 

Il  expérimenta  sur  la  chienne,  sur  la  brebis,  sur  la  femme,  et  démontra  le  passage 
de  l'alcool  dans  le  lait.  Les  quantités  éliminées  sont  faibles,  voisines  de  0  c.  c.  25  p.  100 
d'alcool  absolu.  Sa  conclusion  fut  celle-ci  :  «  L'alcool  passe,  quelle  que  soit  la  quantité 
d'alcool  ingéré,  grande  ou  petite.  » 

Ce  travail,  auquel  nous  renvoyons  pour  plus  de  détails,  a  fait  époque  dans  la  question, 
et  semble  l'avoir  jugée  définitivement. 

En  Allemagne,  la  même  année  (1908),  H.  Weller  (156)  constata  que  les  vaches 
nourries  avec  les  pulpes  de  betteraves  contenant  encore  de  l'alcool  donnent  du  lait 
contenant  jusqu'à  0  gr.  96  p.  100  d'alcool. 

Chloroforme.  —  Le  passage  du  chloroforme  dans  le  lait  a  été  établi  par  Nicloux, 
qui  a  dosé  comparativement  le  chloroforme  contenu  dans  le  sang  et  dans  le  lait  pen- 
dant une  anesthésie  pratiquée  sur  la  chèvre  pendant  94  minutes  (jusqu'à  la  mort  de 
l'animal).  Il  trouva  dans  le  sang  des  quantités  croissantes  de  20  milligrammes,  21  milli- 
grammes, 26  milligrammes,  27  milligrammes  etjusqu'à  37'""',5  à  la  période  terminale. 
Au  môme  moment,  pour  100  centimètres  cubes  de  lait,  il  trouva  les  quantités  suivantes 
de  chloroforme  :  6  milligrammes,  12  milligrammes,  16  milligrammes,  25  milligrammes, 
36  milligrammes,  40  milligrammes,  60  milligrammes.  Il  explique  la  haute  dose  de  chlo- 
roforme trouvée  dans  le  lait  par  l'affinité  du  chloroforme  pour  les  matières  grasses  du 
lait. 

Dans  une  seconde  expérience,  il  chloroformisa  une  chèvre  pendant  une  heure,  puis, 
cessant  l'anesthésie,  il  rechercha  le  chloroforme  dans  la  sécrétion  lactée. 

Il  trouva  à  la  première  prise  de  lait  42  milligrammes  pour  109  centimètres  cultes  de 
liquide  et  deux  heures  après  la  fin  de  l'anesthésie  2  milligrammes  pour  100. 

On  voit  par  ces  expériences  que  l'administration  de  chloroforme  aux  nourrices,  pour- 
une  petite  intervention,  par  exemple,  pourrait  être  l'occasion  de  troubles  graves  chez 
le  nourrisson.  Il  faudrait  vider  le  sein  et  ne  recommencer  l'allaitement  que  cinq  ou  six 
heures  après  la  fin  de  l'anesthésie. 

D'autre  part,  il  est  bon  d'ajouter  que  le  lait  des  femmes  accouchées  sous  chloro- 
forme ne  parait  pas  subir  de  modifications  intéressant  le  nouveau-né. 

ChloraL  — D'après  Feiiling,  le  chloral  s'élimine  par  le  lait.  Mais,  même  à  la  dose 
de  2  grammes  par  jour,  il  serait  sans  inconvénient,  si  on  met  au  moins  dou.x  heures 
d'intervalle  entre  la  prise  du  médicament  et  la  selle. 

Éther. —  Reproduisant  les  expériences  qu'il  avait  déjà  faites  avec  le  chloroforme, 
.NicLOLx  retrouva,  dans  la  sécrétion  lactée  d'une  chèvre  soumise  à  l'éthérisation,  des 


858  LAIT. 

quantitésd'éther  allant  de35milligrammes  àl20milligrammespourl00centimètrescubes 
(ie  lait  (l'expérience  ayant  duré  90  minutes).  Il  continua  ses  prises  de  lait  après  la  chlo- 
roformisation  et  constata  qu'après  sept  heures  on  ne  retrouvait  plus  de  traces  d'éther. 

Un  fait  rapporté  par  Godey  montre  que  certains  accidents  peuvent  survenir  à  la  suite 
del'éthérisation  pendant  l'accouchement.  Pendant  trois  jours  un  enfant  refusa  de  prendre 
le  sein  de  sa  mère  accouch('e  pendant  l'anesthésie  à  l'éther,  et  eut  des  vomissemenls 
quand  il  se  mit  à  téter.  On  lui  donna  une  autre  nourrice;  il  n'eut  plus  de  vomissements. 

Opium  et  ses  dangers.  —  Dès  1862,  Scherer  signale  le  passage  de  l'opium  dans  le 
lait,  Besassey  confirme  ce  fait  en  relatant  l'observation  d'un  enfant  qui  dormil  48  heures 
après  absorption  par  la  nourrice  de  trente  gouttes  de  teinture  d'opium. 
.    FuBiNi  et  Caivtu  trouvèrent  à  l'examen  chimique  la  morphine  dans  le  lait   d'une 
chèvre  soumise  à  l'usage  de  l'opium. 

Frœhner  expérimenta  sur  la  vache  et  ne  retrouva  rien  dans  le  lait. 

PiNZAM,  travaillant  dans  le  laboratoire  du  professeur  Albertoni  (de  Bologne),  fil 
douze  expériences  dans  lesquelles  il  faisait  prendre  à  des  nourrices  des  doses  de  mor- 
phine variant  de  3  à  5  centigrammes  chlorhydrate);  trente  enfants  prirent  de  ce  lait 
sans  en  ressentir  aucun  trouble,  il  ne  remarqua  chez  eux  aucun  sommeil  prolongé. 
Dans  deux  autres  expériences,  il  donna  trente  gouttes  de  laudanum,  pendant  trois  jours 
de  suite,  à  des  nourrices,  sans  obtenir  aucun  résultat  sur  l'enfant.  Sur  quatre  analyses 
chimiques  faites  dans  ces  circonstances,  il  eut  quatre  insuccès. 

Van  Itallie,  ayant  administré  àdes  vaches  8  grammes  de  poudre  d'opium,  ne  retrouva 
rien  dans  le  lait. 

Belladone  et  atropine.  —  Schli.ng  a  montré  que  le  sulfate  d'atropine  en  solution 
au  1/100,  et  donné  à  la  mère  en  injections  sous-cutanées  à  la  dose  de  3  à  5  milligrammes, 
produisait  chez  l'enfant  de  la  dilatation  pupillaire. 

Fehling,  rapportant  les  expériences  de  Preyer  et  les  siennes  propres,  conclut  que  la 
dose  de  1  à  li  milligrammes  d'atropine  donnée  à  la  mère  amène,  dans  tous  les  cas,  de 
la  dilatation  pupillaire  chez  l'enfant,  dilatation  persistant  jusqu'à  vit)gl-qaatre  heures; 
mais  aucun  trouble  n'a  été  observé. 

HusEMA.N'N  et  HiLGER  déclarent  que  l'on  retrouve  l'atropine  dans  toutes  les  sécrétions 
de  l'organisme. 

Un  certain  nombre  d'auteurs,  Lille,  Syd.n'ey,  Rincer,  Bing,  Lauder-Brlnton,  Pezold, 
cités  par  Fabiini  et  Bonnani,  ont  étudié  le  rôle  inhibiteur  de  l'alcaloïde  de  la  bella- 
done, sur  îa  sécrétion  lactée.  Miller,  Fifield,  Goolden,  Harkis,  Blaytman,  ont  confirmé 
leurs  recherches. 

Fubini  et  Bonnami,  employant  la  méthode  de  Uimms  (fondée  sur  ce  fait  que  de  très 
petites  doses  d'atropine  suffisent  pour  rendre  le  nerf  vague  inexcitable  chez  le  chien), 
établirent  le  passage  de  l'atropine  à  travers  la  glande  mammaire  après  quinze  expé- 
riences toutes  positives. 

Acide  salicylique  et  salicylate  de  soude.  —  SiuurF  a  démontré  que  le  sali- 
cylate  de  soude  et  l'acide  salicylique  passaient  dans  le  lait  en  petite  quantité,  lorsqu'on 
les  administrait  à  forte  dose  à  la  nourrice.  La  proportion  éliminée  est  plus  considérable 
chez  la  femme  que  chez  les  herbivores. 

Il  reconnut,  en  outre,  que  ces  composés  diminuent  la  sécrétion  lactée  et  la  rendent 
plus  alcaline. 

Schling  montra  qu'on  n'en  trouve  pas  si  on  les  recherche  trop  tôt  après  leur 
absorption. 

Fehling,  et  avec  lui  Pauli,  Horder  et  Herdeyens,  montra  qu'on  les  décèle  plus  faci- 
lement dans  l'urine  du  nourrisson  que  dans  le  lait.  Le  temps  perdu  d'élimination  serait 
de  vingt-quatre  heures. 

Richter  et  WooDHULE  contredisent  ces  travaux.  Peut-être  faut-il  expliquer  leur 
insuccès  par  une  recherche  trop  hâtive  dans  le  lait,  alors  que  le  médicament  n'y  était  pas 
encore  apparu. 

Rémy  déclare  avoir  donné  le  salicylate  de  soude  à  la  dose  de  2  grammes  par  jour  à 
une  femme  rhumatisante,  dont  Tenfant,  qu'elle  allaitait,  augmenta  normalement,  et  ne 
présenta  rien  de  spécial. 

De  l'ensemble  de  ces  travaux,  il  ressort  nettement  que  le  salicylate  de    soude  passe 


LAIT.  S.*)» 

dans  le  lait  en  petite  quantité  et  iiiradministié  au-dessous  de  3  grammes  à  la  nourrice, 
il  ne  peut  être  dangereux  pour  l'enfant. 

I.a  rhubarbe  et  la  gratiole  {Gratiola  of/îcinalis  L.),  administrées  à  la  nourrice, 
donnent  des  coliques  et  môme  purgent  légèrement  le  nourrisson  (C.szeai;x). 

I/huile  de  ricin  donne  au  lait  une  odeur  et  un  goût  spécial  et  lui  communiquij  des 
propriétés  purgatives  (Dolan). 

Le  séné  donne  une  odeur  particulière  et  cause  des  coliques.    . 

La  nicotine  absorbée  par  les  ouvrières  dans  les  manufactures  de  tabac  diminue  la 
sécrétion  du  lait  (Saurkï),  provoque  des  coliques  et  iIps  accidents  nervetix  chez  le  nour- 
risson (Quinouaud)  et  lui  donne  un  teint  terreux  et  des  selles  couleur  vert-de-grià 
(Delaunay). 

[,a  térébenthine  donnée  à  la  nourrice  communique  à  l'urine  du  nourrisson  l'odeur 
de  violette  caractéristique. 

Quinine.  —  Le  sulfate  de  quinine  n'a  pas  été  l'etrouvé  dans  le  lait  par  Chkvali.ikr  et 
Henry;  Landerer  et  Ewald  ont  cependant  constaté  qu'il  y  passait  très  bien.  Bukdel  a 
donné,  dans  un  travail  sur  ce  sujet,  les  conclusions  suivantes  :  Rien  n'est  plus  variable 
et  irrégulier  que  la  transmission  de  la  quinine  par  la  lactation.  La  sécrétion  lactée  en 
sera  d'autant  plus  chargée,  et  son  absorption  d'autant  plus  rapide  que  la  quinine  aura 
été  donnée  à  jeun.  C'est  dans  ces  conditions  principalement  que  la  lactation  peut  être 
dangereuse  pour  les  nouveau-nés.  Au  contraire,  lorsque  la  quinine  est  administrée  avec 
les  aliments,  sa  présence  dans  la  sécrétion  du  lait  est  moins  abondante,  moins  rapide, 
et  par  conséquent  moins  toxique.  A  mesure  que  les  enfants  s'éloignent  davantage  de 
leur  naissance,  ils  deviennent  moins  sensibles  à  l'influence  du  lait  quiniuisé.  Les  acci- 
dents surviennent  très  rarement  chez  les  enfants  âgés  de  .ïà  6  mois.  Lorsqu'on  se  trouve 
obligé  d'administrer  la  quinine  à  des  femmes  nouvellement  accouchées,  on  peut  faci- 
lement éviter  ces  accidents,  soit  en  administrant  (si  cela  est  possible)  la  quinine  aux 
repas  ou  avec  quelque  aliment,  mais  surtout  en  ayant  soin,  trois  heures  environ  après 
l'administration  du  médicament,  dévider  artificiellement  les  seins  de  la  mère,  afin  que 
l'enfant  ne  puisse  téter  ce  lait.  On  continuera  ainsi  pendant  tout  le  temps  que  la  mère 
sei'a  obligée  de  prendre  de  la  quinine.  «  Grâce  à  cette  dernière  pratique,  dit  Marfan, 
on  pourra  prescrire  couramment  la  quinine,  comme  je  l'ai  fait  maintes  fois,  et  éviter 
de  se  passer  d'un  remède  excellent  et  quelquefois  indispensable.  » 

Antipyrine.  —  I,es  recherches  les  plus  complètes  sont  celles  de  Fieux.  Il  a  pu 
constater  que  l'antipyrine  passe  en  nature  dans  le  lait  des  nourrices.  Donnée  à  dose 
massive  :  deux  cachets  de  1  gramme  à  deux  heures  d'intervalle,  elle  commence  à  être 
décelée  dans  le  lait  Y),  6,  8  heures  après  l'ingestion,  et  n'y  est  plus  retrouvée  19  ou 
23  heures  après.  L'antipyrine,  pendant  ce  laps  de  temps,  ne  passe  dans  le  lait  qu'en 
proportion  excessivement  faible,  très  inférieure  à  30  milligrammes  p.  i  000.  Ce  n'est 
que  dans  des  conditions  exceptionnelles  :  4  grammes  administrés  en  16  heures,  qu'elle 
arrive  à  atteindre  sensiblement  cette  proportion. 

Elle  n'influe  en  rien  sur  la  qualité  du  lait,  et  en  particulier  sur  la  lactose,  la  caséine 
ou  le  beurre  ;  elle  ne  paraît  nullement  agir  sur  les  sécrétions  qui  restent  toujours  très 
copieuses,  si  du  moins  la  femme  continue  à  allaiter. 

L'action  sur  l'enfant  peut  être  considérée  comme  nulle. 


ANALYSE    DU    LAIT.l 

I.  Caractères  physiques.  —Densité.  —  La  densité  du  lait  oscille  autour  de  1030 
à  lo". 

Cette  densité  est  fonction  inverse  de  la  quantité  de  matières  grasses,  et  fonction 
directe  des  autres  substances. 

La  température  influe  naturejlement  sur  la  densité,  et  on  peut  admettre  pratique- 
ment que  la  correction  à  faire  est  de  O'i  par  degré  de  température  au-dessous  de  io«, 
et  de  0''2  au-dessus  de  15°. 

BoucHARDAT  et  Ql'eve.nne  Ont  établi  des  tables  qui  donnent  les  corrections  exactes. 


860  LAIT. 

Il  existe  un  certain  nombre  d'instruments  dits  densimctres  correcteurs  qui  per- 
mettent de  faire  immédiatement  la  lecture. 

Les  laclodensimètres  portent  deux  graduations  :  l'une,  donnant  la  densité  du  lait 
avant  l'écrémage  il  029  à  1  033'  ;  l'autre,  celle  du  lait  aprt'-s  j'écréniage  1032  à  i  030). 
Toute  densité  de  lait  écrémé  inférieure  à  1  032  doit  faire  soupçonner  le  mouillaize. 

Citons  le  lactodensimètre  de  Quevf.xne ;  le  plus  répandu,  le  therniolaclimètn'  de 
L.VNGLois,  etfectuant  automatiquement  la  correction  thermique. 

Odeur  et  saveur.  —  Les  propriétés  organoleptiques  du  lait  peuvent  être  utilisées  dans 
l'examen  du  lait.  Les  médecins  goûtent  fréquemment  le  lait  pour  apprécier  sa  valeur, 
et,  dans  les  grandes  industries  laitières,  le  personnel  entraîné  peut  presque  toujours 
émettre  un  avis  sûr,  d'après  l'odeur  et  la  saveur  du  lait. 

Opacité,  —  L'opacité  du  lait  est  due  aux  globules  gras,  d'une  part,  et  aux  substances 
protéiques,  principalement  à  la  caséine  en  état  de  suspension  colloïdale. 

DoNNK,  admettant  que  l'opacité  est  fonction  de  la  richesse  en  globules  gras, 
a  construit  un  lactoscope  permettant  d'examiner  le  lait  sous  des  épaisseurs  différentes. 

On  remplit  de  lait  la  caisse  du  lactoscope,  on  la  place  devant  une  lumière  constante, 
et,  en  faisant  tourner  le  limbe  mobile,  on  augmente  l'épaisseur  de  la  couche  laiteuse 
jusqu'à  obtenir  l'opacité  complète. 

Une  graduation  donne  le  degré  lactoscopique.  L'appareil  n'est  plus  usité;  Doyichk 
avait  proposé,  pour  éviter  l'erreur  due  à  la  caséine,  de  dissoudre  au  préalable  cette 
substance  par  l'acide  acétique. 

Viscosité.  —  La  viscosité  ou  frottement  intérieur  du  lait  diminuant  sa  mobililé  esl 
appréciée  en  comparant  la  durée  d'écoulement  de  volumes  égaux  d'eau  distillée  et  de 
lait,  les  deux  liquides  étant  pris  à  la  même  température  et  à  la  même  pression,  et  le 
coefficient  relatif  de  viscosité  du  lait  ipar  rapport  à  l'eau)  est  le  rapport  des  durées 
d'écoulement  de  deux  volumes  égaux  d'eau  et  de  lait. 

Cette  propriété  dépend  de  la  nature  de  la  solution,  mais  surtout  des  éléments  en 
suspension  et  des  colloïdes;  elle  diminue  quand  la  température  s'élève. 

Pour  mesurer  la  viscosité  du  lait,  on  peut  employer  le  dispositif  d'OsrwALD,  à  large 
capillaire,  ou  plus  simplement  l'appareil  de  Mic.vult.  Ce  dernier  est,  en  somme,  un 
vase  de  Mahiotte,  dont  la  capacité  est  calculée  de  telle  façon  que  l'écoulement  du 
volume  d'eau  distillée  qu'il  contient  se  fasse  en  100  secondes  à  15°;  l'écoulement  du 
même  volume  de  lait  se  fait  en  plus  ou  moins  de  190  secondes. 

Le  chronostillatiscope  de  Varenne,  repose  sur  le  même  princi[)e.  Weiss  utilise  un 
appareil  composé  d'un  vase  dans  lequel  est  un  agitateur  à  palette;  celui-ci  tourne 
sous  l'influence  d'un  poids  qui  descend  comme  un  poids  d'horloge.  Le  temps  que  met 
le  poids  à  descendre  est  fonction  de  la  viscosité  du  lait. 

Le  coefficient  de  viscosité  du  lait  de  vache,  par  rapport  à  l'eau,  varie  de  1,85  à  2,1') 
(Bodgan),  de  1,99  à  2,06  (Madella),  de  1,60  à  2,0  (Kobler). 

Tension  superficielle.  —  La  tension  superficielle  du  lait  a  été  mesurée  au  moyen  de 
l'ascension  dans  les  tubes  capillaires  ou  par  la  numération  des  gouttes  fournies  par 
î>  centimètres  cubes  de  liquide  avec  le  compte-gouttes  normal  (fournissant,  à.l'l", 
100  gouttes  pour  5  centimètres  cubes  d'eau  distillée  .  5  centimètres  cubes  de  lait  écrémé 
donnent,  à  15°,  137  à  139  gouttes  (Mullère  ;  o  centimètres  cubes  de  lait  entier  donnent, 
à  15°,  126  à  140  gouttes  (Imbert  et  Dccrosj. 

En  général,  la  tension  superficielle  des  solutions  aqueuses  de  sels  minéraux  est  plus 
grande  que  celle  de  l'eau  pure.  Au  contraire,  les  solutions  aqueuses  de  composés  orga- 
niques ont  habituellement  une  tension  superficielle  inférieure  à  celle  de  l'eau  distillée  ; 
les  colloïdes  et  les  graisses  émulsionnées  se  comportent  de  même. 

La  tension  superficielle  de  l'eau  étant  de  7  390  à  20°,  le  lait  a  donné,  à  la  même 
température,  des  chiffres  variant  de  5060  à  6  726  (Kobler\ 

Résistance  électrique.  —  L'étude  de  la  résistance  électrique  du  lait,  comme  la  cryo- 
scopie,  permet  d'établir  le  mouillage  du  lait.  Lesage  et  Do.xgier  ont  utilisé  un  appareil 
téléphonique  de  Kohlrausch.  Sans  insister  sur  le  montage  du  pont  de  Wheatsto.ve,  il 
suffira  d'iiidiquer  quelques  points  essentiels. 

Une  boite  de  résistance  de  110  ohms  est  suffisante,  avec  deux  éléments  Leclanché. 
La  cuve  électrolytique  sert  en  même  temps  d'agitateur. 


LAIT.  8f.  l 

,'  / 

La  résislaucede  lacuveestV  =  i  -  ,  et  iioiir  la  même  cellule  -  est  constant;  coninic  il 

's  s 

t'st  d»''Iicat  de  mesurer  direotemcnL  l'écartemont  des  électrodes  et  leur  surface,  on  peut 

facilement  calculer  ce  rapport  en  faisant  une  drlei mination  avec  une  solution  saline 

de  résistance  spécillt|ue  connue;  connaissant  V  et  ■;.,   il   devient  facile  de  calculer  le 

rapport     -  1  que  nous  désignerons  par  A. 

l/é(|uation  devient  al(trs  V  =  _iA. 

^  ''  A     lODO  — « 

Les  solutions  employées  pour  la  détermination  du  coefficient  de  cuve  A  sont  ordi- 
nairement : 

1"  Azittale  d'aninionium  pui'  à  8i»  milligrammes  par  littc. 

liésistanco  spécifique  ù  18"  =  7710,1  ohms  (Ostwai,») 

2"  Chlorure  de  polas^iiuii  pur  -— ,  soit  ù  7'-'',  4.'J6  : 

RrsisiMnco  s]iccilii[iie  à  IS" S0.-2S  ohms 

(OSTWAI.D.) 

Lesage  et  DoNGiKR  ont  indiqué  que,  à  16", 7,  la  résistance  spécifique  du  lait  de  vache 
noi^mal  varie  de  235  à  203  ohms  (résistance  spécifique  du  sérum  :  'J7  à  103  ohms). 

Petersen  donne  comme  chilTres  extrêmes  204  à  255  ohms  à  15";  le  nombre  le  plus 
fréquent  étant  231 . 

ScHXORF,  dans  un  travail  très  étendu,  portant  sur  3  730  échantillons  de  lait,  a  trouvé 
(jue  la  conductibilité  variait  de  38,09.10—^  à  62,99.10  -^■,  dans  94  p.  100  des  cas,  la 
conductibilité  variait  seulement  de  43,10-*  à  57,10-^,  à  25°,  correspondant  à  des 
résistances  de  175  à  258  ohms.  Une  adtlition  de  10  p.  100  d'eau  augmente  la  résistance 
de  15  à  20  ohms. 

Cryoscopie.  —  La  cryoscopie  du  lait  a  été  utilisée  par  Winter,  dès  1895,  pour  recher- 
cher le  mouillagi!  du  lait. 

Pour  efl'ectuer  une  détermination,  le  lait  bien  mélangé  est  placé,  pendant  une 
dizaine  de  minutes  au  moins,  dans  la  glace  pilée,  de  façon  à  l'amener  aussi  près  que 
possible  de  zéro.  De  cette  façon,  la  détermination  est  plus  rapide  lursque  le  tube  est 
plongé  dans  le  mélange  réfrigérant. 

Il  faut  employer  30  centimètres  cubes  de  lait  environ  pour  être  certain  d'avoir  une 
température  constante  dans  tout  l'échantillon.  Wixter  et  Parmentier  conseillent  de 
faire  une  première  congi'dation,  de  récliauffer  ensuite  dans  la  main  l'éprouvette  du 
lait,  puis  de  re[iorLer  dans  le  mélange;  la  vitesse  de  chute  de  la  température  passe  en 
quelques  secondes  d'un  maximum  ;i  un  minimum  qu'il  est  difficile  de  saisir. 

L'opération  faite  dans  ces  conditions  donne;  la  température  du  début  de  la  cottijélu- 
tion,  la  seule  qui  soit  constante  et  qui  ait  une  signification  au  point  de  vue  de  l'analyse. 

L'addition  d'une  parcelle  de  glace  ou  de  givre  pesant  au  moins  quelques  centi- 
grammes n"a  aucune  action  perturbatrice  notable  sur  la  concentration  de  la  solution, 
puisque  celle-ci  est,  en  proportion,  beaucoup  plus  considérable. 

Cette  façon  de  procéder  est  plus  exacte  que  celle  qui  consiste  à  laisser  la  surfusioii 
cesser  d'elle-même.  Habituellement,  la  surfusion  ne  cesse  ainsi  que  vers  —  2°,  ou 
même  —  2''5,  —  3".  Il  est  évident  que,  lorsque  la  cristallisation  se  fera  dans  celte  solution 
très  refroidie,  elle  entraînera  la  séparation  d'une  quantité  notable  d'eau  à  l'état  solide, 
et  amènera  par  conséquent  une  concentration  sensible  de  la  solution,  d'où  abaissement 
plus  prononcé  du  point  de  congélation. 

l'n  lait  gelant  à  — 0'',54,  avec  une  surfusion  de  0'%20,  se  congelait  à  0,56,  quand  on 
laissait  la  surfusion  cesser  d'elle-même,  à  — 3°;  la  température  du  mélange  réfrigé- 
rant étant  voisine  de  —  3°,  et  non  de  —  0",  comme  le  recommandent  plusieurs  auteurs. 
Le  nombre  lu  est  pris  comme  point  de  congélation,  sans  se  pn'-occuper,  comme  ou 


mi  LAIT. 

le  fait  en  cryoscopie   de  pivcision,  des  différentes  corrections,   peu  importantes  du 
reste,  relatives  à  la  pression,  à  la  surfusion,  etc. 

Les  nombres  donn»'s  par  Winter  pour  des  laits  entiers  ont  ét<^  confirmés  par  la 
grande  majorité  des  auteurs. 

Lait  de  femme.  ...  A  =  —  CTio 

Lait  de  A-ache.  .    .    .  A  =  — O",.")-» 

Lait  de  chèvre.  .    .    .  A  =  —  0",57 

Lait  de  brebis.  .    .    .  A  =  —  0o,54 

Jawanc.eli,  Bertozzi,  en  Italie,  trouvent  pour  le  lait  de  vjiclie  A  =:  —  0°,S4D  à  —  0'',i)C; 
Ho.NNEM.v,  en  Hollande,  indique  également  —  0°,oyo.  Ce  dernier  auteur  constate  que, 
parfois,  environ  dix  heures  après  la  traite,  A  devient  —  0°,o3,  ce  qu'il  attribue  à  l'inso- 
lubilisation  d'une  petite  quantité  de  phosphate  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  pro- 
duite par  certaines  bactéries  du  lait;  ensuite,  le  point  de  congélation  remonte  par 
suite  de  la  formation  lactique. 

En  France,  Parmentier,  Javal,  L.\jou.\,  etc.,  ont  toujours  trouvé  \  =  —  0°,5;t  pour  des 
laits  de  mélange;  alors  que  Bordas,  (iE.M.N,  Po.nsot  trouvent  un  chiffre  inférieur  —  0°,li'2. 

Certains  laits  individuels  peuvent  donner  A  =  —  0°,o4,  même  —  0",o.3,  ou  paifois, 
mais  assez  rarement,  0",ol  (Wi.nter  . 

Hamburger  admet  qu'un  relèvement  de  0'>,00o  au-dessus  de  —  0°,o6,  adopté  par  lui 
comme  normal,  indique  un  mouillage  de  1  p.  100;  ainsi  0°,.")1  indiquerait  un  mouillage 
de  1  p.  100. 

L'addition  au  lait  de  conservateurs  solubles  abaisse  le  point  de  congélation,  en 
l'éloignant  de  zéro.  Léhullition  à  l'air  libre,  en  enlevant  une  certaine  quantité  d'eau 
par  vaporisation,  produit  le  même  résultat.  Au  contraire,  le  chauffage  du  lait  en  vase 
clos  ne  modifie  pas  le  point  de  congélation. 

L'abaissement  crvoscopique  est  influencé  seulement  par  les  matières  dissoutes 
mais  nullement  par  les  matières  en  pseudo-solution  ou  en  suspension.  C'est  dire  que 
la  matière  grasse  n'influe  pas,  et  que  la  caséine  en  solution  plus  ou  moins  colloïdale 
n'a  aucune  action  sensible;  du  reste,  sa  concentration  moléculaire  propre  est  insigni- 
fiante. 

Il  s'ensuit  donc  que  le  lait  entier,  la  crème  et  le  lait  écrémé  ont  un  point  de  congé- 
lation identique.  Cependant  on  a  signalé  que  l'écrémage  complet  par  centrifugation 
augmentait  le  point  de  congélation  de  0"01  ( —  0'',50,  au  lieu  de  —  0°,i)o). 

Dosage  chimique.  —  Dosage  de  l'azote  totaL  —  La  méthode  de  Kjeldahl,  plus  ou 
moins  modifiée  suivant  chaque  auteur,  est  toujours  utilisée  pour  la  détermination  de 
l'azote  total. 

Sans  insister  sur  la  technique  classique,  il  suffira  d'indiquer  les  manipulations 
initiales. 

10  centimètres  cubes  de  lait  sont  évaporés  à  sec  dans  un  ballon  à  l'étuve;  on  le 
recouvre  de  20  centimètres  cubes  d'acide  sulfuriijue  et  l'on  chauffe  à  ébuUition 
jusqu'à  décoloration,  en  présence  ou  non  dune  goutte  de  mercure,  etc. 

Pour  calculer  la  quantité  de  matières  azotées  correspondant  au  chiffre  d'azote 
trouvé,  on  multiplie  par  un  coefficient  conventionnel  qui  varie  suivant  les  auteurs  ou 
les  Pays:  6,557  (Suisse);  6,37  (Allemagne);  6,25  (France). 

Dosage  séparé  de  la  caséine.  —  Procédé  Orla  Je.vsex.  —  oO  centimètres  cubes  de  lait 
sont  aJditionnés  de  100  centimètres  cubes  d'eau  distillée,  et  on  ajoute  lentement  de 
l'acide  acétique  jusqu'à  commencement  de  précipitation  de  la  caséine;  à  partir  de  ce 
moment  on  verse  encore  5  centimètres  cubes  du  même  acide  et  dans  le  liquide  on  fait 
passer  pendant  une  demi-heure  un  courant  d'acide  carbonique. 

La  caséine  serait  seule  précipitée  (?).  On  complète  à  250  centimètres  cubes  avec  de 
l'eau  distillée  et  on  filtre  pour  séparer  la  caséine  précipitée. 

]-)ans  une  partie  du  filtrat,  on  détermine  l'azote  par  Je  Kjeldahl,  le  chiffre  a  de 
l'azote  ainsi  déterminé,  représentant  l'azote  des  albuminoïdes  autres  que  la  caséine, 
est  déduit  de  l'azote  total,  h,  déterminé  sur  le  lait  complet,  b — a  représente  l'azote  de 
la  caséine  et  il  suffit  de  multiplier  par  le  coefficient  adopté. 

Dosage  de  l'albumine.  —  100  centimètres  cubes  du  filtrat  ci-dessus  sont  traités  par 


LAIT. 


S(i:! 


30  centimèlrcs  cubes  d'acide  sulfuriquo  au  quart  et  20  centinRl,r''s  cubes  d'acide 
pliosphorique  au  dixième.  On  laisse  reposer  douze  heures,  on  filtre  pour  éliminer  les 
substances  précipitées  par  acide  phosplnuique.  Sur  7o  centimètres  cubes  du  filtrat  on 
détermine  l'azote  par  le  K.ikldauu,  le  cliilTie  obtenu  c  représente  l'azote  de  l'urée,  des 
corps  amide's,  etc.  Eu  multipliant  c  par  0,3;j  on  obtient  la  quantité  des  corps  amidés 
ou  corps  voisins,  alors  que  l'azote  des  albumine  et  globuline  est  donné  par 
différence  d  =  a  —  c  :  en  multipliant  d  par  03  i  on  obtient  les  substances  albuminoïdes. 
On  obtient  avec  des  laits  normaux  des  chiffres  de  ce  cenre  (Mo.nvoisi.n)  : 


Azote  total 

—  de  la  caséine  . 

—  de  l'albumine  . 

—  amidé 


l'^n  grammes. 
4,3  à  0,8 
3,"  :i  4.3 
0,90  à  0,9:i 
0,13  à  0,24 


P.  100. 

100 

77  à  81 

lo,7  à  17,0 

2,3  à  4.7 


LiNDKT  et  Amman  déterminent  la  teneur  en  albumine,  en  calculant  1<'  pouvoir  rota- 
toire  de  la  matière  azotée  du  sérum  obtenu  par  l'emprésurage. 

Dosage  de  la  caséine  précipitée  par  l'acide  acétique.  —  La  précipitation  a  lieu  soit 
après  enlèvement  préalable  des  corps  gras  par  l'alcool  éther  (procédé  Aoam),  soit  avant 
ce  traitement,  le  précipité  devant  alors  être  débarrassé  des  graisses  dans  un  digesteur 
contenu  par  de  l'éther,  de  la  benzine  ou  de  l'éther  de  pétrole. 

Procédé  Bokdas  et  Touplain  (jmr  centrifiiyation).  —  25  centimètres  cubes  d'alcool 
à  65"  acidifié  par  l'acide  acétique  (1  centimètre  cube  d'acide  acétique  cristallisable  pour 
1  litre  d'alcool  à  6o°)  sont  placés  dans  le  tube  en  verre  taré  du  centrifugeur. 

Verser  goutte  à  goutte  10  centimètres  cubes  du  lait  à  examiner,  en  évitant,  autant 
que  possible,  de  remuer  le  mélange.  La  caséine  en  se  précipitant  entraîne  le  beurre 
avec  elle.  Au  bout  d'une  demi-heure  au  plus  la  précipitation  est  achevée.  Si  l'on  a 
alTaire  à  un  lait  frais  ou  présentant  une  acidité  normale,  on  centrifuge  et  on  décante 
tout  de  suite  le  liquide  alcoolique  dans  une  fiole  jaugée  de  100  centimètres  cubes.  Le 
précipité  de  caséine  et  de  beurre  est  lavé,  deux  fois  au  maximum,  en  le  délayant  dans 
25  centimètres  cubes  d'alcool  à  SO^-oo"  environ. 

On  centrifuge  chaque  fois  et  on  décante  comme  précédemment.  Les  liquides  ainsi 
obtenus  servent  au  dosage  du  lactose,"au  moyen  de  la  liqueur  de  Fehli.ng. 

L'extraction  du  beurre  se  fait  sur  le  précipité  provenant  de  l'opération  précédente. 
On  fait  trois  épuisements  à  l'éther  en  ajoutant  dans  le  premier  épuisement  10  centi- 
mètres cubes  d'alcool  à  96°,  aux  20  centimètres  cubes  d'éther  ordinaire  employés.  On 
centrifuge  chaque  fois,  et  l'éther  est  décanté  dans  un  vase  taré  à  l'effet  d'y  être  éva- 
poré; on  pèse  le  beurre  après  dessiccation. 

D'un  autre  côté,  il  reste  dans  le  tube  du  centrifugeur  une  caséine  en  poudre  fine 
qui  se  dessèche  rapidement  et  à  basse  température.  On  la  pèse  dans  le  tube  même  du 
centrifugeur  qui  a  été  taré  préalablement  et  on  diminue  le  poids  trouvé  de  la  quantité 
de  cendres  que  donne  la  caséine  obtenue.  Au  lieu  de  peser  les  cendres  de  la  caséine 
obtenue,  on  pourra  multiplier  le  poids  trouvé  par  0,925  pour  avoir  la  quantité  réelle  de 
caséine. 

Enfin,  ou  complète  tous  ces  dosages  en  incinérant  10  centimètres  cubes  de  lait  que 
l'on  évapore  d'abord  rapidement  au  bain-marie,  et  on  calcine  ensuite  l'extrait. 


Résultats  obtenus  avec  du  lait  de  vache  ordinaire- 


NATUliK 

DU    LAIT 

et  numéros  des 

f'îchantilloiis. 

EXTRAIT 

SliC. 

CENDRES. 

HIXRKK. 

CASÉINE. 

L.ACTOSE. 

ItriAUX 
l")iir  100c.  c. 

DE   LAIT. 

1 

12,03 

0,62 

3,38 

3,48 

4,62 

12,10 

2 

11,78 

0,C7 

3,09 

3.48 

4,78 

12,02 

3 

12.10 

0,70 

3,30 

3,75 

4,o0 

12.25 

S6i  LAIT. 

Procédé  Rolx  (par  l'acide  tr  ici  do  racé  tique).  —  Le  hiit  après  épuisement  par  le  mélange 
éthéro-alcool  (Adam)  se  traile  par  l'acide  Irichloracétique  à  oO  p.  100.  On  filtre  et  on 
pèse  le  filtre  après  lavage.  Le  chitlre  trouvé  correspond  à  celui  que  donne  le  calcul  avec 
le  procédé  K.ieldahl  :  il  s'agit  donc  d'une  précipitation  totale  des  protéiques. 

Dosage  par  l'aldéhyde  formique  (Trillat  et  Salton).  —  Dans  un  verre  on  verse  'i  cen- 
timètres cubes  de  lait,  2b  centimètres  cubes  d'eau,  on  fait  bouillir  cinq  minutes,  on 
ajoute  y  centimètres  cubes  de  formol,  nouvelle  t'builition  de  trois  minutes;   puis  on 
traite  par  !i  centimètres  cubes  d'acide  acétique  à  1  p.  100.  On  filtre  et  on  épuise  le  pré 
cipilé  par  l'acétone. 

Dosage  par  l'iodure  jnerciiro-potassiqite  (Dk.mgks).  —  Le  lait  est  additionné  d'iodure 
mercure  potassique  en  quantité  rigoureusement  déterminée  et  le  dosage  des  protéiques 
repose  sur  la  détermination,  par  La  méthode  cjanimétrique  de  la  quantité  de  mercure 
qui  n'a  pas  été  insolubilisée. 

Dosage  par  la  j^résure  (Lindet).  —  Li.ndet  s'est  attaché  à  trouver  un  procédé  de  dosage 
|)ratique.  Ce  (jui  intéresse  les  fabricants  de  Fromage,  c'est  le  rendement  en  caséine 
obt(Muie  par  action  de  la  présure. 

Il  existe  un  rapport  entre  la  quantité  de  caséine  précipitée  par  la  présure  et  la 
deijsité  du  lacto-sérum. 

En  parlant  même  du  lait  entier,  connaissant  la  teneur  de  celui-ci  en  matière  grasse, 
la  det)sité  de  cette  matière  (0,04^,  on  peut  calculer  la  densité  du  lait  supposé  écrémé. 

On  fait  cailler  liOO  centimètres  cubes  de  lait,  après  deux  heures  on  filtre  et  on  prend 
la  densité  du  lacto-sérum.  Un  abaissement  de  1°  de  densité  ou  de  1  gramme  par  litre 
correspond  à  3'^'', 50  de  caséine  précii)ifée. 

L'n  tableau  donne  la  densité  du  lait  écrémé  suivant  la  teneur  en  beurre.  Ce  sont 
ces  chilTres  (|ui  serviront  de  base  à  la  détfrmination  de  la  caséine. 

Dosage  du  lactose.  —  Li;  dosage  du  lactose  s'elîectue  soit  par  réduction  des  liqueurs 
cupropotassiques,  soit  par  l'emploi  du  saccharimètre. 

Procédé  par  réduction  de  la  liqueur  de  Femli.ng.  —  La  même  prise  d'essai  peut  servir 
pour  le  dosage  du  lactose  et  du  beurre. 

Dans  un  tMitonnoir  muni  d'une  pince  de  Mohr  que  l'on  ferme,  on  place  un  filtre,  sur 
lequrl  on  verse  90  centimètres  cubes  d'une  liqueur  préparée  en  mélangeant  1000  cen- 
timètres cubes  d'eau  et  2  centimètres  cubes  d'acide  acétique  cristallisablc  On  fait  alors 
couler  lentmient,  dans  ce  liquide,  10  centimètres  cubes  de  lait.  La  caséine  se  coagule  on 
englobant  toute  la  matière  grasse.  On  laisse  en  contact  quçbjue  temps,  puis  on  ouvre  la 
pince  de  .Moiin. 

La  liqueur  filtrée  contient  le  lactose,  le  filtre  retient  la  matière  grasse  et  la  caséine. 

Dans  la  liqueur  filtrée,  le  lactose  est  dosé  par  réduction  de  la  liqueur  cupropotas- 
sique,  titrée  de  telle  façon  que  10  centimètres  cubes  correspondent  à  Off'",025  de  glucose 
ou  à  O-'jO.'JST  de  lactose  séché. 

La  liqueur  acétique  est  diluée  de  moitié.  Soit  n  le  nombre  de  centimètres  cubes 
nécessaires  pour  obtenir  la  décoloration  do  la  liijueur  cupropotassique,  le  poids  du 
sucre  de  lait  sera  donné  par  la  formule  : 

,     ,            0.(1337  X  1000                67  S 
Lactose  pour  100  ce.  de  lait  = X  2  = 

Il  est  préférable  de  déféquer  le  lait  avec  la  solution  d'azotate  mercurique  à 
40  p.  100. 

On  ajoute  10  p.  100  de  cette  solution  au  lait,  on  amène  à  un  volume  connu,  on  traile 
ensuite  par  une  solution  de  soude,  sans  neutraliser  complètement,  ot  on  filtre.  Il  peut 
rester  des  traces  de  sels  de  mercure,  et  il  suffit  de  traiter  le  filtrat  par  1  ou  'i  grammes 
de  poudre  de  zinc  pour  obtenir  un  liquide  limpide  donnant  avec  la  liqueur  cupropotas- 
sique un  virage  très  net  (plus  de  teinte  bleue,  pas  de  teinte  jaunâtre). 

Détermination  par  le  saccharimètre.  —  Il  faut,  au  préalable,  déféquer  le  lait  par  le 
sous-acétate  de  plomb,  l'acide  tricbloracétique,  ou  l'azotate  de  mercure  à  40  p.  100. 

a)  Défécation  par  le  sous-acétate  de  plomb.  On  dilue  à  1  litre  100  centimètres  cubes 
de  sous-acétate  de  plomb  officinal,  en  ajoutant  quelques  gouttes  d'acide  acétique  jus- 


LAIT.  865 

qu'à  disparition  du  Iroulile  laiteux.  A  20  ccnlimùtres  cubes  de  lait  on  ajoute  20  ceuli- 
inètres  cubes  de  solvition  plotnbii|ue;  on  ajoute,  et,  aprt'-s  un  moment,  on  liliie. 

b)  Défécation  par  l'acide  tricbloracétique.  On  ajoute  2îi  centimètres  cubes  de  lait, 
.■)  centimètres  cubes  d'une  solution  tricbloracétique  au  1/4,  on  renme,  puis  on  porte 
une  à  deux  minutes  au  l)ain-marie;  on  peut  filtrer  aussitôt,  la  filtration  est  rapide  et  le 
filtrat  très  clair. 

c)  Défécation  par  l'azotate  mercurique. 

On  pratique  l'oliservation  saccbarimétriciue  dans  le  tube  de  22  centimètres  cubes. 
Un  deiiré  saccharimétrique  correspondant  à  2,074  de  lactose  [lar  litre,  le  lai^tose  par 
litre  est  donné  par  la  formule  : 

L  —  d  y.  2,074 

le  l'ésultat  doit  être  multiplié  par  2  dans  le  cas  d'emploi  du  sous-acétate  de  plomb, 
augmenté  de  1/5  dans  le  cas  de  l'emploi  de  l'atide  tricbloracétique  et  de  1/10  avec 
l'azotate  de  mercure. 

La  matière  grasse.  —  a)  Par  extraction.  —  On  pèse  10  itrainnies  de  lait  que'  l'on 
mélange  avec  une  substance  absorbante  appropriée,  éponge  déi,'raissée,  sable  lavé,  etc. 
On  dessècbe  le  tout.  Le  résidu  sec  est  soumis  à  l'extraction,  au  moyen  déther  absolu, 
dans  un  appareil  à  extraction  de  Soxhlet. 

b)  Méthode  aréométriqiie  de  Soxhlet.  —  On  mesure  à  l'aide  d'une  pipette  200  centi- 
mètres cubes  de  lait  porté  à  17—18°,  que  l'on  introduit  dans  la  bouteille  à  agiter  avec 
10  centimètres  cubes  de  lessive  de  potasse  (densité  1,26  à  1,27)  et  00  centimètres  cubes 
d'étber  satur(''  d'eau;  on  secoue  fortement  pendant  une  à  deux  minutes,  et  on  ramène 
à  la  température  initiale  susindiquée.  Pour  séparer  la  solution  élhérée  de  matière 
grasse  du  restant  du  liquide,  on  se  sert  d'un  appareil  à  centrifuger.  La  solution  éthérée 
est  ensuite  transvasée,  au  moyen  du  dispositif  accompagnant  l'appareil  (poire  de  caout- 
chouc et  tubes  de  jonction),  dans  le  tube  du  réfrigérant,  et  portée,  si  possible,  à  17°  1/2. 
Du  poids  spécifique  de  la  solution  déterminée  à  faide  de  l'aréomètre  de  Soxhlet,  on 
déduit,  en  faisant  usage  de  tables,  la  teneur  du  lait  en  matière  grasse. 

c)  Méthode  de  Schmidt  et  Bondzynskv.  —  On  traite,  dans  un  tube  à  boules  spécial, 
10  centimètres  cubes  de  lait  avec  10  centimètres  cubes  d'acide  cliloihydriiiue  fumant, 
en  faisant  bouillir  le  mélange  jusqu'à  dissolution  des  matières  albuminoïdes  précipitées. 
La  solution,  refroidie  à  40°  au  moins,  est  agitée  vivement  dans  le  même  appareil  avec 
environ  30  à  35  centimètres  cubes  d'étber,  et  le  tout  est  ensuite  placé  pendant  un  quart 
d'heure  dans  un  bain-marie  porté  à  40°.  Aussitôt  que  la  couche  éthérée  s'est  nettement 
séparée  du  liquide  inférieur,  ce  qui  peut  être  facilité  par  l'emploi  de  la  force  centrifuge, 
on  lit  exactement  le  volume  de  la  solution  éthérée,  on  en  met  20  centimètres  cubes 
ilans  un  flacon  d'EBLENMEVER  taré,  on  évapore  l'éther,  on  dessèche  le  résidu  constitué- 
par  la  matière  grasse  et  on  pèse. 

d)  Méthode  acido-biitijr  orne  trique  de  Gerbeu.  —  On  iniroduil  dans  le  biityromètre 
10  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique  (poids  spécifique  1,820  à  1,823),  1  centimètre  cube 
d'alcool  arnylique  et  11  centimètres  cubes  de  lait;  on  bouche  et  on  agite  vivement,  l.e 
butyromètre  bien  fermé  est  placé  pendant  environ  dix  minutes  dans  un  bain-marie  à 
60°-70°,  puis  centrifugé  pendant  au  moins  trois  minutes.  A[>rès  avoir  laissé  de  nouveau 
le  butyromètre  environ  cinq  minutes  dans  le  bain-marie  ((•0°-70°),  on  peut  lire  directe- 
ment sur  le  tube  gradué  la  richesse  du  lait  et  du  beurre. 

Méthode  de  Li.ndet.  —  Repose  sur  la  solubilité  de  la  caséine  dans  la  résorcine. 

Le  lait,  très  légèrement  alcalinisé  par  quelques  gouttes  de  lessive  de  soude  et  addi- 
tionné d'un  poids  égal  de  résorcine,  est  placé  dans  un  ai)pareil  spécial  et  plongé 
complètement  dans  l'eau  bouillante  pendant  une  demi-heure.  (La  hauteur  de  la  couche 
butyreusc!  formée  en  haut  ne  doit  pas  se  modifier  entre  deux  lectures  faites  à  dix  mi- 
imtes  d'intervalle). 

I,a  graduation  de  l'appareil  donne  par  simple  lecture  (faite  au  bain-marie  à  100°)  le 
pourcentage  de  beurre. 

Méthode  Adam-Meillère.  —  L'appareil  est  constitué  par  un  tube  de  veire  présentant 
soit  deux  renflements  inégaux,  soit  un  seul  renflement  suivi   d'un  tube  conique.  Deux 

DICT.    DE    l'HYSIOLOGIE.  —   TOME    IX.  o'i 


S66  ■  LAIT. 

liiuitalions  sont  indiquées  par  des  traits,  l'une  inférieure,  correspondant  à  10  centimètres 
cubes,  l'autre  au-dessus  du  renllement  supérieur,  correspondant  à  32  centimètres  cubes. 

On  introduit  le  lait  par  aspiration  jusqu'au  |trait.  On  ferme  le  robinet  inférieur  et 
par  l'ouverture  supérieure  on  ajoute  ensuite  dix  gouttes  d'ammoniaque  pure,  puis 
de  liqueur  d'Ao.vM  non  ammoniacale  jusqu'au  second  trait  :  32  centimètres  cubes  ou 
80  centinièlies  cubes. 

La  liqueur  employée  a  pour  formule  : 

Alcool  ;ï  75°  ....       1  000  cent,  cubes 
Kthcr  pur 1  100  — 

L'appareil  est  bouché  et  agité  vigoureusement  jusqu'à  disparition  des  grumeaux  de 
caséine.  On  profite  de  l'excès  de  pression  intérieure  pour  expulser  le  lait  contenu  dans 
le  robinet  :  l'appareil  étant  retourné,  on  ouvre  rapidement  le  robinet,  et  la  petite 
colonne  de  lait  qu'il  contient  est  chassée. 

L'appareil  est  ensuite  laissé  au  repos  pendant  cinq  à  dix  minutes;  quand  la  sépara- 
tion de  la  couche  graisseuse,  transparente,  et  de  la  couche  opaque  est  complète,  on 
soulire  presque  complètement  celle-ci  en  ouvrant  légèrement  le  robinet.  On  ajoute 
0  centimètres  cubes  d'éther,  et  on  agite  vigoureusement;  le  mélange  louchit  par  suite 
do  la  précipitation  de  l'eau  en  solution  dans  l'éther;  on  attend  quelques  minutes 
qu'elle  se  sépare  de  la  couche  éthérée.  On  décante  la  couche  aqueuse  que  l'on  réunit 
au  liquide  opalescent  soutiré  la  première  fois,  et  il  ne  reste  plus  dans  l'appareil  que  la 
solution  éthérée  de  matière  grasse. 

Cette  solution  éthérée  est  versée  par  la  partie  supérieure  de  l'appareil  dans  une 
capsule  de  nickel  ou  de  platine  tarée,  à  fond  plat.  On  laisse  évaporer  l'étlier,  ou  achève 
la  dessiccation  à  l'étuve  et  on  pèse. 

Dosage  de  l'extrait  sec.  —  L'e.x trait  sec  représente  la  totalité  des  matériaux  du  lait 
non  volatils  à  la  température  du  bain-marie. 

Les  méthodes  varient  avec  chaque  laboratoire,  et  les  résultats  obtenus  sont  nécessai- 
rement très  différents. 

Suisse,  —  10  grammes  de  lait  sont  pesés  dans  un  récipient  fermé  ;  on  évapore  à  sec 
et  sans  additiori  d'aucune  substance.  On  dessèche  à  103°  jusqu'à  poids  constant. 

Autriche.  —  Évaporation  du  lait  additionné  de  sable  quartzeux  :  on  dessèche  à  lO'J". 

AUemayiie.  —  Trois  méthodes  :  1". Méthode  à'Ai).\.M;  2° Évaporation  à  tO'j;  3°  Formule 
de  Flkiscumann.  Connaissant  le  poids  spécifique  D,  le  poids  du  beurre  H  de  100  centi- 
mètres cubes  de  lait,  la  formule  donne  l'extrait  : 


E=:l,2  B  + 


-<^) 


France.  —  Laboratoire  de  Paris. 

Évaporation  sur  10  centimètres  cubes  de  lait  place  dans  une  capsule  de  nickel  de  7 
centimètres  de  diamètre  à  95»  pendant  7  heures. 

Détermination  par  le  calcul.  —  Nous  avons  cité  plus  haut  la  formule  de  Fleihchman.n 
utilisée  en  Allemagne.  La  première  formule  proposée  a  été  celle  de  Quesxi^vif.le  : 

.E  =  l,06  B  +  2,75  D  — 1 

Ë,  extrait  ;B,  poids  du  beurre  ;  D,  densité. 

Ces  formules  ne  sont  applicables  qu'au  lait  de  vache.  La.sca  a  modifié  la  formule 
pour  le  lait  de  brebis: 


E  =  1,173  B  -I- 


-(^) 


Tous  ces  calculs  reposent  sur  ce  principe  hypothétique  que  l'excès  de  poids  d'un 
litre  de  lait  sur  le  poids  d'un  litre  d'eau  est  égal  au  poids  de  l'extrait  de  ce  même 
volume  moins  le  poids  de  l'eau  qu'il  déplace.  Il  suffira  de  rappeler  que  chaque  auteur 
utilise  des  données  primitives  différentes  (Densité  du  beurre:  0.98  Quesneville  ;  0.91 


LAIT.  SH7 

liouRCAur)   pour   comprendre  les    critiques  sévères   qui  ont  été  soulevées  contre  cette 
méthode. 

Des  règles  à  calcul  spéciales  (Type  Ackerm  \N\,(ioBEi<TetBoR.\,etc.)  permettent  d'éviter 
do  longs  calculs. 

Extrait  sec  dégraissé.  —  Mkillkre  a  insisté  sur  l'utilité  de  cette  valeur  qu'il  désigne 
sous  le  trrme  de  consfantc  de  Drci.AUX  elle  s'obtient  soit  en  soustrayant  de  l'extrait  sec 
tolal  le  poids  du  beurre,  soit  ilirectonient  en  évaporant  le  liiiuide,  restant  dans  l'appa- 
reil d"Ai)A.\t  après  l'extracUon  du  beurre  (Mkillkiik). 

Les  lécithines.  —  Procédé  Iîokdas-IIaczkowski.  —  Stoklasa  avait  proposé  dt;  traiter 
le  lait  pur  un  rnélangt'  d'alcool  et  d'éther,  d'évaporer  le  liquide,  de  calciner  le  résidu  en 
présence  de  carbonate  et  de  nitrate  de  soude  pour  empêcher  la  volatilisation  du  phos- 
phore; le  résidu  est  repris  par  l'acide  nitrique  et  on  dose  le  phosphore  suivant  les 
méthodes  ordinaires.  D'après  Boudas  et  Ragzkowski,  le  procédé  donnerait  des  résultats 
inexacts  et  ils  conseillent  la  raélliode  suivante. 

Ce  procédé  consiste  à  extraiic  les  lécithines  sans  entraîner  de  notables  proportions 
de  la  matière  grasse  non  phospliorée,  et  à  en  séparer  l'acide  phosphoglycérique  que 
l'on  dose,  après  oxydation,  à  l'état  d'acide  phosphorique. 

On  verse  100  centimètres  cubes  de  lait  en  agitant  continuellement  dans  un  mélange 
composé  de  : 

Alcool  à  or;° 100  cent,  cubes 

Eau  (istillée 100  — 

Acide  acétique  cristallisablo   ...  X  gouttes 

Le  coagulum  filtre  facilement;  on  le  lave  à  trois  reprises  (en  fermant  la  douille  de 
l'entonnoir)  avec  chaque  fois  40  à  oO  centimètres  cubes  d'alcool  absolu  chaud.  Les 
solutions  alcooliques  réunies  sont  distillées,  puis  la  dessiccation  de  leur  résidu  est 
achevée  au  bain-marie.  Ce  résidu  est  repris  par  un  mélange  d'alcool  et  d'éther  à 
parties  égales,  et  on  filtre.  Le  filtrat  est  débarrassé  de  l'éther  par  évaporalion,  et  le 
résidu  traité  à  froid  par  une  solution  alcoolique  de  potasse.  Après  quelques  heures  de 
contact,  le  savon  est  décomposé  par  l'acide  azotique  dilué.  On  sépare  les  acides  gras  par 
filtralion  et  le  filtrat  est  évaporé  à  siccité. 

Au  résidu,  on  ajoute  10  centimètres  cubes  d'acide  azotique  concentré  et  pur,  on 
porte  aubaîn-marie  bouillant  et  on  fait  tomber  dans  le  liquide  par  petites  quantités  du 
permanganate  de  potassium  pulvérisé  jusqu'à  coloration  rouge  persistante. 

On  dissout  l'oxyde  de  manganèse  par  quelques  gouttes  d'une  solution  au  dixième 
d'azotite  de  sodium  et  on  porte  à  l'ébullition  pour  chasser  les  vapeurs  nitreuses. 

L'acide  phosphorique  est  précipité  par  le  nitromolybdate  d'ammonium;  le  phospho- 
molybdate  est  dissous  dans  l'ammoniaque;  la  liqueur  magnésienne  détermine  la  for- 
mation d'un  précipité  de  phosphate  animoniaco-magnésien,  que  l'on  recueille  sur  un 
filtre,  dessèche,  calcine  et  pèse.  Le  poids  de  pyrophosphate  de  magnésium  multiplié  par 
l,5odonne  le  poids  d'acide  phosphoglycériquecontenudans  tOOcentimètrescubesde  lait. 

Dosage  de  l'acide  citrique.  —  Méthode  Demgès.  —  L'acide  citrique  traité  par  des 
oxydants  comme  le  permanganate  se  transforme  en  acide  acétonedicarbonique  qui  en 
contact  avec  le  sulfate  mercurique  donne  un  corps  insoluble  constitué  par  deux  molé- 
cules d'acétonedicarbonate  de  mercure  et  d'une  molécule  de  sulfate  de  mercure. 

A  10  centimètres  cubesde  lait  on  ajoute  2  centimètres cubesd'unesolutionfraiche  de 
métaphosphatede  soudeà  3  p.  100  et  3  centimètres  cubes  d'une -solution  de  sulfate  acide 
de  mercure  ainsi  obtenue: 

On  filtre,  et  à  la  liqueur  bouillante   on  ajoute  ([uelques  gouttes  d'une  solution  de 
'  permanganate  de  potasse  à  2  p.  100.  Si  la  coloration  persiste,  on  éclaircit  par  quelques 
gouttes  d'eau  oxygénée. 

Use  produit  un  trouble  ou  un  dépôt  d'autant  plus  marqué  que  l'acide  citrique  esten 
excès.  On  compare  avec  des  essais  témoins  efl'ectués  sur  des  solutions  titrées  d'acide 
citrique. 

On  peut  apprécier  un  milligramme  de  différence. 

Acidité  du  lait.  —  Le  lait  de  vache  a  une  réaction  amphotère,  et,  suivant  le  réactit 
employé,  on  peut  décrire  une  acidité,  une  alcalinité  du  lait. 


8(38  LAIT. 

La  réaction  réelle  du  lait  dépend  uniquement  de  la  concentration  de  ce  liquide  en 
+  — 

ions  libres  II  et  0  H. 

Les  laits  de  femme  et  d'ànesse  correspondent  à  une  solution  de  soude  (NaOHi  de 

N  . 

concentration  ^ _  _ - .  - .. ,  et  les  laits  de  vache  et  de  chèvre  à  uno  solution  d'acide  chlor- 
oU  Wv  uuu 


hydrique  de  même  concentration —„^-^,^^. 
•^       ^  CO  000  000 

Vax  Dam  a  trouvé  une  concentration  en  ions  H  égale  à  une  acidité  0,14  à  0,32.10-" 
normale. 

La  méthode  usuelle  de  détermination  d'acidité  par  addition  dune  solution  alcaline 
jusqu'à  virage  d'un  indicateur  coloré  indique  seulement  la  quantité  totale  d'acide  ou 
d'alcali  contenue  dans  la  solution;  le  terme  de  la  réaction  varie  avec  les  indicateurs, 
aucun  no  montrant  la  neutralité  réelle. 

Il  est  bien  évident  que,  seuls,  les  principes  naturellement  solubies  ou  solubilisés 
auront  une  action  sur  la  propiiété  que  possède  le  lait  d'être  neutre,  alcalin  ou  acide, 
vis-à-vis  de  certains  réactifs  colorés. 

Les  substances  dissoutes  dans  le  lait  exercent  une  action  très  différente  sur  l'acidité. 
Le  lactose,  que  le  lait  contient  en  quantités  notables  (45  à  50  grammes  par  litre),  n'a 
aucune  iniluence  directe  sur  le  degré  d'acidité  du  lait  :  il  agit  indirectement  en  favo- 
risant la  solution  du  phosphate  de  chaux  par  les  citrates  alcalins. 

Le  chlorure  de  sodium  et  quelques  autres  constituants  des  cendres  n'ont  aucune 
action;  il  n'en  est  pas  de  même  de  certaines  autres  matières  minérales,  notamment 
des  phosphates. 

Les  phosphates  existant  dans  le  lait  de  vache  sont  :  le  phosphate  disodique  (PO'IIXa-) 
«elle  pliosphate   tricalcique  (PO^)-Ca^.  Le  premier  seul  est  soluble,  mais  le  second  est 
solubilisé  facilement  en  présence  du  lactose  par  le  citrate  de  sodium  qui   se  trouve 
dans  le  lait  à  la  dose  d'environ  un  gramme  et  demi  par  litre. 

Les  matières  azotées  du  lait  sont  constituées  par  ijuolques  amino-acides,  une  petite 
quantité  d'albumine  et  une  proportion  plus  importante  de  caséine,  dissoute  ou  en  semi- 
solution.  A  elles  seules,  elles  représentent  à  peu  près  la  moitié  de  l'acidité  totale. 

Enlin  le  lait  venant  d'être  trait  et  non  chauffé  renferme  encore  par  litre  30  à  60  cen- 
timètres cubes  d'acide  carbonique  dissous,  souvent  davantage. 

Les  corps  que  nous  venons  de  signaler  se  comportent  différemment  vis-à-vis  des 
réactifs  acides  ou  alcalins  en  présence  îles  divers  indicateurs  colorés. 

Les  indicateurs  employés  dans  l'étude  du  lait  sont  le  méthylorange  (hélianthine),  le 
,  lacmoïde  (matière  colorante  isolée  du  tournesol),   le  tournesol,  et,  principalement,  la 
phénolphtaléine. 

Or,  pour  ne  prendre  qu'un  exemple,  le  phosphate  monosodique  (PO^H^Na/cst  neutre 
au  méthylorange,  alcalin  au  lacmoïde  et  acide  à  la  phénolphtaléine. 

Actuellement,  on  n'emploie  guère,  comme  indicateur,  que  la  phénolphtaléine,  en 
solution  alcoolique  à  2  p.  100.  Le  lait  de  vache  se  comporte,  vis-à-vis  de  cet  indicateur, 
comme  un  liquide  à  caractère  acide,  auquel  il  faut  ajouter  une  certaine  quantité  d'alcali 
pour  le  rendre  neutre. 

Les  différents  auteurs  ont  employé  pour  exprimer  l'acidité  du  lait  des  unités  très 
différentes. 

En  Suisse  les  degrés  Soblet-Hemcel  correspondent  au  nombre  de  centimètres  cubes 

N 
d'une  solution  de  soude  1/4  —  saturant  l'acidité  de   100  centimètres  cubes  de  lait.  En 

4 

France  les  degrés  Dorxic  répondent  à  dix  centigrammes  d'acide  lacliquf!  par  litre. 

Il  paraît  plus  logique  de  prendre  comme  type  l'acide  lactique  qui  se  développe  si 

facilement  dans  le  lait,  au  lieu  de  l'acide  sulfurique  ou  de  l'anhydride  phosphorique. 

On  utilise  généralement  pour  les  titrages    des    solutions    alcalines    —  soit  4.44  de 

de  NaOH  et  6*='''  22  de  KOH,  chaque  centimètre  cube  correspondant  à  un  centigramme 
d'acide  lactique. 

Détermination  de  racidité  des  laits.  —  Le  lait  destiné  au  titrase  doit  être  le  lait  mé- 


LAIT.  869 

langé  provenant  Je  la  traite  complète;  il  est  a^ité  à  nouveau  avant  chaque  prise  d'essai. 
On  mesure  10,  SO  ou  100  centimètres  cubes  de  lait  que  l'on  plaee  dans  un  verre  et 

que  l'on  additionne  de  trois  gouttes  de   solution  alcoolique  de  |.hénolphta!i''ine  pour 

10  centimètres  oubes  de  liquide. 

Soi.DNEH,  en  1888,  a  montré  que  l'addition  d'eau  au  lait  diminuait  notablement  le 

degré  d'acidité  :  100  centimètres  cubes  de  lait  entier  étaient  saturés  par  0  centimètres 

cubes  de  sonde-  en  présence  de  la  pliéii.il[ilitaléino;  il  ne   l'allait  plus  que   3",;i  de 
4 

lait  additionné  de  1000  centimètres  cubes  d'eau. 

Du  lait  entier  donne  l**%943  d'acide  lactique  par  litre  ;  dilué  avec  cinq  fois  son  volume 
d'eau  distillée  neutre,  il  ne  donne  plus  que  isr,447  d'acide  lactique;  dilué  avec  10  fois 
son  volume  d'eau  distillée,  le  même  lait  indiiiuc  seulement  1«^'",257  d'acide  lactique  par 
litre. 

11  s'agit  certainement  de  phénomènes  d'hydrolyse  s'effectuant  à  partir  dune  cer- 
taine dilution,  avec  mise  en  liberté  d'une  plus  grande  proportion  de  principes  à  carac- 
tère alcalin.  Ces  phénomènes  sont  faciles  à  mettre  en  évidence  :  du  lait  entier  litre  est 
ensuite  additionné  d'eau  distillée;  lorsque  la  quantité  ajoutée  est  suffisante,  on  voit 
apparaître  une  coloration  rose  très  prononcée  (Mo.woisin). 

Le  dosage  doit  être  fait  assez  rapidement';  car  l'acide  carbonique  de  l'air  ambiant, 
et  surtout  de  l'air  expiré,  peut  fausser  le  résultat. 

Recherches  des  ferments.  —  Catalase.  —  Le  dosage  toujours  approximatif  de 
la  catalase  peut  s'exprimer  soit  d'après  la  quantité  d'oxygène  dégagé,  soit  d'après  la 
quantité  d'eau  oxygénée  décomposée. 

Dans  le  lait  frais,  cette  valeur  oscille  entre  0,002o  et  0,0055. 

Dans  une  éprouvelte  à  gaz  de  20  centimètres  cubes,  graduée  en  dixièmes  de  centi- 
mètre cube,  et  d'un  diamètre  intérieur  de  1  centimètre,  on  met  15  centimètres  cubes 
(le  lait  bien  mélangé,  et  5  centimètres  cubes  deau  oxygénée  à  quatre  ou  cinq  volumes. 
On  place  à  l'étuve  à  37",  et  on  mesure,  après  un  nombre  d'heures  déterminé,  deux 
iieures  et  six  heures,  par  exemple,  le  volume  d'oxygène  dégagé. 

J.  Sarthou  {Journ.  de  pharm.  et  de  chim.,  1910)  met  10  centimètres  cubes  de  lait  avec 
10  centimètres  cubes  d'eau  oxygénée  à  dix  ou  douze  volumes,  et  fait  la  lecture  après 
dix  minutes  de  contact. 

Sarthou  donne  les  chitfres  suivants  comme  résultats  normaux. 

La  détermination  de  la  catalase  s'effectue  le  plus  rapidement  au  moyen  de  l'équation. 


7    \rt  —  x/ 


MTLOWITZ 


(  représente  le  temps. 

a  représente  le  nombre  de  centniiètres  cubes  d'O  de  IPO-  employé. 

X  représente  le  nombre  de  centimètres  cubes  d'O  de  H^O-  décomposé. 

Dans  une  seconde  méthode,  on  mélange  un  volume  connu  de  lait  avec  une  quantité 
déterminée  d'eau  oxygénée.  Après  quelque  temps  de  contact,  on  ajoute  une  quantité 
connue  d'iodure  de  potassium,  et  on  mesure,  par  un  titrage  à  l'hyposulfite  de  sodium, 
la  quantité  d'iode  mise  en  liberté  par  l'eau  oxygénée  non  décomposée. 

Procédé  A.  Bertrand.  —  Dans  une  fiole  à  fond  plat,  d'une  contenance  de  250  à  300  cen- 
timètres cubes,  on  mesure  5  centimètres  cubes  de  lait  et  5  centimètres  cubes  d'eau 
oxygénée  à  cinq  volumes;  on  ajoute  trois  gouttes  d'acide  chlorhydrique  concentré,  et 
on  laisse  en  contact  pendant  deux  heures,  A  ce  moment,  on  ajoute  10  centimètres 
cubes  d'acide  chlorhydrique  concentré,  pour  détruire  la  catalase,  et  10  centimètres 
cubes  d'une  solution  aqueuse  à  10  p.  100  d'iodure  do  potassium.  On  mélange  et  on  laisse 
([uinze  minutes  au  contact,  ensuite  on  verse  100  centimètres  cubes  d'eau  distillée  et 
quelques  gouttes  d'empois  d'amidon.  On  titre  alors  avec  une  solution  décinormale 
d'hyposulfite  de  sodium,  jusqu'à  disparition  de  la  coloration  bleue.  On  obtient  un 
nombre  A  de  centimètres  cubes. 

Dans  une  seconde  fiole  semblable,  on  met  5  centimètres  cubes  de  lait  et  3  centi- 
mètres cubes  d'eau  oxygénée  à  cinq  volumes;  après  deux  heures,  on  ajoute  10  centi- 
mètres cubes  d'acide  chlorhydrique  concentré,  et  10  centimètres  cubes  de  la  solution 


870  LAIT. 

au  dixième  d'iodure  de  polassiura.  Après  quinze  minutes  de  contact,  on  met  100  cen- 
limèties  cubes  dVau  distillée,  et  on  titre  avec  l'hyposulfite.  On  obtient  un  nombre  B  de 
centimètres  cubes. 

i  centimètre  cul)e  de  la  solution  décinormale  (24*î%8  par  litre)  d'byposuKUe  de 
sodium  correspond  à  08',0017  H'^0"-. 

1  gramme  d'iode  mis  en  liberté  correspond  à  43", 8355  d'oxygène  à  0°,  et  sous 
760  millimètres. 

Le  chiffre  de  catalase,  ou  la  quantité  d'eau  oxygénée  décomposée  en  deux  heures 
par  100  centimètres  cubes  de  lait,  est  égale  à  (A  —  B)  0  0017  x  20. 


Lait  conservé  à  lO" 

c.  e.  de  O. 
2  heures  après  la  traite.       0,4 
24      —  —  1,4. 

48      —  —  6,3 

72       —  —  40 


Lait  conservé  à  23<> 

c.  c.  (le  O. 

1   lieure  après  la  traite.  0,7 

3       —  —  1,3 

5      —  —  2,8 

8      —  —  4,1 

18      —  —  lf.,7 


Ferment  oxydant.  —  Arnold  (1881)  indique  que  ladditiou  au  lail  de  quelques  gouttes 
de  teinture  de  résine  de  gaïac  détermine  une  coloration  bleue,  qui  disparaît  (juand  le 
lait  a  été  porté  à  80°. 

Procédé  Di'POL'Y-SxoRCH.  —  On  compte  quarante  gouttes  de  lait  (2  centimètres  cubes) 
dans  un  tube  stérilisé,  on  ajoute  une  goutte  d'H-0^  du  commerce,  puis  deux  gouttes 
dt  solution  de  paraphénylènediamine  à  2  p.  100  fraîcliement  préparée. 

La  réaction  allant  du  bleu  au  rouge  bricjue  apparaît  tout  de  suite,  et  s'accentue  par 
agitation  avec  les  laits  qui  renferment  des  ferments  solubles. 

Procédé  Du  Uoi,  Kœuler  et  Utz.  —  Dans  un  tube  à  essai,  mettre  :  10  centimètres 
cubes  de  [lait,  puis  2  p.  100  d'H-0-  à  1  p.  100  (ou  mieux  à  0,1  p.  100,  d'après  Utz;,  et  un 
peu  d'empois  d'amidon  très  clair  contenant  2  à  3  p.  100  d'iodure  de  potassium. 

Réaction  bleue. 

Procédé  Ar>!0Ll.  —  Ajouter  à  10  centimètres  cubes  de  lait  i  centimètre  cube  d'eau 
gaiacolée  à  1  p.  100  additionnée  de  4  à  3  gouttes  d'eau  oxygénée  à  quatre  volumes. 
Réaction  bleue. 

Procédé  Wilki.nson  (à  la  benzidine).  -  Ajoutera  10  centimètres  cubes  de  lait  2  cen- 
timètres cubes  de  la  solution  alcoolique  de  benzidine  à  4  p.  100,  deux  à  trois  gouttes 
d'acide  acétique,  2  centimètres  cubes  d'eau  oxygénée  à  3  p.  100.  Le  lait  cru  donne  une 
coloration  bleue. 

Réductase.  —  Dlclaux  avait  montré  la  propriété  réductrice  du  lait  frais  par  la  déco- 
loration du  carmin  d'indigo. 

Depuis  les  ti-avaux  de  Scuardinger  on  emploie  une  solution  de  bleu  de  méthylène 
additionnée  d'aldéhyde  forraique,  de  la  formule  suivante  : 

c.  c. 
Solution  alcoclique  saturée  de  bleu  de  méthylène.  5 

Solution  commerciale  de  formol 5 

Eau  distillée 190 

MoNvoisix  a  recommandé  l'emploi  d'une  solution  de  bleu  de  méthylène  (chloro-zin- 
cate  du  commerce)  dans  l'alcool  à  80°  et  la  substitution  de  l'aldéhyde  éthylique  de 
préparation  récente  au  formol. 

Deux  à  trois  gouttes  de  ce  réactif  colorent  suffisamment  5  centimètres  cubes  de 
lait. 

L'essai  est  maintenu  au  bain-marie  à  40°-4o°.  Dans  ces  conditions,  s'il  s'agit  d'un  lait 
de  vache  normal  et  cru,  par  exemple,  la  coloration  bleue  disparaît  complètement,  sauf 
dans  la  couche  superficielle  en  contact  avec  l'air,  en  quatre  à  six  minutes. 

Avec  la  solution  primitive  de  Schardingeb,  la  décoloration  est  moins  complète  :  elle 
s'arrête  à  la  teinte  lilas,  qu'elle  atteint  en  dix  à  quinze  minutes. 

Recherches  des  antiseptiques.  —  Carbonate  et  bicarbonate  de  soude.  —  Ces  sels 


LAIT.  871 

ne  sont  pas  des  conservateurs  proprement  dits,  ils  sont  destinés  à  relarder  la  coa(.'U- 
lation  du  lait  en  neutralisant  Tacide  lactique.  Leur  présence  auf,'m<;nte  le  poids  des 
cendres  dans  de  fortes  i)roportions,.  et  leur  examen  permet  de  déc-ler  facilement  la 
fraude. 

Borax  et  fluoborate  de  soude.  —  Les  cendres  du  lait  sont  Iraitc^-es  après  refroidis- 
sement par  ([uel(ines  facultés  d'acide  sulfurique;  on  ajoute  un  peu  d'alcool  méthylique. 
Allumant  à  l'aide  d'une  flamme  bleue,  on  aura,  au  début  de  l'indammation,  une  teinte 
verte  dans  le  cas  de  présence  de  borax  ou  tluoborate. 

Chromate  de  potasse.  —  Sa  présence  donne  aux  cendres  une  coloration  jaune.  On 
traite  les  cendres  par  un  peu  d'eau  distillée,  on  filtre;  (juciques  gouttes  de  ce  liquide 
sont  ajoutées  à  de  l'acide  chlorhydrique  pur  coloré  en  bleu  par  une  trace  de  carmin 
d'indigo,  on  fait  bouillir.  La  présence  de  chromate  fait  dégager  du  chlore  qui  décolore 
le  mélange. 

Acide  salicylique  et  salicylates.  —  La  caséine  est  précipitée  par  une  solution  de 
'bisulfate  de  potassium  à  10  p.  100  renfermant  10  centimètres  cubes  d'alcool  à  00"  pour 
100  centimètres  cubes.  On  filtre,  le  liquide  est  traité  par  l'éther  dans  une  boule  à 
décanter.  L'élher  est  évaporé  après  séparation,  |le  résidu  repris  par  un  peu  d'eau  et 
additionné  de  quelques  gouttes  d'une  dissolution  de  perchlorure  de  fer  très  diluée.  La 
présence  de  l'acide  salicylique  sera  indiquée  par  la  coloration  bleue. 

Aldéhyde  formique.  —  a)  On  saupoudre  du  lait  avec  du  diamidophénol;  s'il  y  a  du 
formol,  il  se  produit  au  bout  de  quelques  instants  une  coloration  jaune;  avec  du  lait 
pur  il  se  produit  une  coloration  saumon. 

b)  Deux  tubes  sont  à  moitié  remplis  de  lait.  Dans  l'un  on  verse  î  centimètre  cube 
d'une  lessive  de  potasse  étendue  à  2  volumes  d'eau,  et  on  agite.  Si  la  coloration  du 
lait  ne  change  pas,  et  alors  seulement,  on  ajoute  dans  l'autre  tube  2  centimètres  cubes 
d'une  solution  de  phloroelucine  à  1  p.  100,  puis  1  centimètre  cube  de  la  lessive  de 
potasse.  La  présence  du  formol  est  indiquée  par  la  teinte  rose  saumon  que  prend  le 
lailu 

J.-P.    LANGLOIS. 

Bibliographie.  —  La  bibliographie  de  l'article  Lait  est  tellement  vaste  qu'on  ne 
peut  en  donner  ici  même  un  résumé. 

Elle  a  été  faite  très  amplement  et  complètement  jusqu'en  1900  par  H.  de  Roths- 
child. Bibliog raphia  lactaria,  1  vol.  in-8  de  584  p.,  Doin,  Paris,  lOOt;  1"  supplément, 
1901,  97  p.;  2«  supplément,  1902,  10.3  p.  Le  nombre  total  des  travaux  indiqués  est  de 
11  24-7.  Cette  bibliographie,  dont  il  serait  inutile  de  reproduire  ici  aucune  partie,  est 
di-sposée  de  la  manière  suivante  :  1°  Lait,  avec  les  sous-chapitres  :  Généralités;  Laits 
de  femme,  de  vache,  de  chèvre,  etc.;  Physiologie  ;  Pathologie;  Analyse;  Bactériologie; 
Hygiène  et  Législation;  Fraudes  et  falsifications  ;  Diététique  et  thérapeutique  ;  Koumys 
et  Kéfir:  Petite-lait;  Lait  stérilisé  et  lait  condensé;  Transmission  de  maladies  ;  Indus- 
trie laitière.  —  2»  Allaitement,  comprenant:  Lactation;  Allaitement  en  général; 
Allaitement  naturel;  Allaitement  artificiel;  Laits  modifiés  et  succédanés;  Nourrices; 
Biberon.  —  3»  Brevets  relatifs  au  lait.  —  4°  Table  alphabétique  des  noms  d'auteurs. 

Quant  aux  travaux  publiés  depuis  1900,  nous  ne  citerons  que  ceux  qui  intéressent 
directement  la  physiologie'. 

1"  Lait  en  général.  —  Grimmer  (W.).  Chemie  iind  Physiologie  der  M.  {Berlin,  Parey, 
1010,  3ob  p.;.  —  BouiN  et  A.NCEL.  Développement  de  la  glande  mammaire  pendant  la  gesta- 
tion, déterminé  par  le  corps  jaune  {B.  B.,  1909,  466-467).  —  Almaogia  (M.).  AUattamento 
e  fanzione  tiroidea  {Arch.  Fisiol.,  1909,  vi,  462-470).  —  Starli.ng  (E.-H.).  Entwicklung  der 
M.  Drtisen  durch  Injektion  von  Fœtalextract.  (Z.  P.,  1907,  xxi,  487).  —  Ostertag  et  Zuntz 
(N.).  Untcrsuehungen  ùber  die  M.  Sekretion  des  Schiceitws  und  die  Emuhntnij  der  Ferkel 
{Landioirtsch.  Jahrb.,  1908,  xxxvn,  201-260).  —  Frà.nrel(S.).  Ueber  die  M.  oiner  62Jdhngen 
Frau  {Bioch.  Zeitsch,,  1909,  xviii,  34-36).  —  v.  Wendt  (G.).  Ueber  den  Einftnss  verschie- 
dener  Salzbeigaben  au f  die  Zusammensetziing  und  Menge  der  M:  [Skand.  Arch.  f.  Physiol., 
1908,  xxj,  BO-ljrli).  —  TiiEHRE  (A.).  L.  de  chèvre  en  pleine  période  de  lactation  physiolo- 

I.  Par  abréviation,  M.  signifierai  A/i/c/t  ou  Milk.  L.  signifiera  Lait. 


872  LAIT. 

gique  {B.  B.,  1909,  209-211);  —  Clarke  et  ^'ICHOL.  Case  of  prolonged  lactation  {Bril.  rncd. 
Jùitrn.,  1902,  (1),  H43).  —  Ohler.  Beobachtungen  ùber  die  qualitativen  xmd  quantitative >( 
Verschiedenheiten  der  Kuhm.  itnd  deren  Ursachen  {Mirnch.  ticrarztl.  Woch.,  1911,  lv,  377- 
:w-2). 

Analyses  du  lait.  —  Basgh  (K.).  Einù/e  viskosischc  Beobachlunrjen  an  der  M.  der 
Memchen  {Wicn.  med.  Woch.,  xxiv,  1911,  1592-159;»).  —  Bauer  (H.).  Unlermchunrjen  iiher 
Obcrflùchenspannungs  verhdltnisse  in  der  M.  iind  iiber  die  Natitr  der  lliillcn  der  M.  fettkùgel- 
chen  {Bioch.  Zcitschr.,  1911,  xxxii,  362-379).  — Bloch.  Procédd  de  dosage  voiumétrique  des 
phosphates  alcalino-terreux  dans  le  lait  {Ann.  d'hyg.  et  de  méd.  colon.,  1901,  iv,  267-27.3). 

—  Bordas  (F.)  et  Touplain.  Nouvelle  méthode  d'analyse  rapide  du  L.  {C.  IL,  1905,  cxl, 
1099-1100)  ;  —  Réactions  dues  à  l'état  colloïdal  du  lait  cru  {Ibid.,  1910,  cl,  341-343);  — 
Acidité  originelle  du  lait  {Ibid.,  cui,  1274-1276).  —  Cavazzani  (E.).  Reazione  viscosimetrica 
dell.  {Arch.  FiaioL,  1905,  ir,  513-520).  —  Chapman  (H.-C).  The  acidity  of  M.  [Proc.  Linn. 
Soc.  Wales,  1908,  xxiii,  436-443).  —  Grassi  (G.).  Crioscopia  del  l.  muliebre  {Ann.  ostetr. 
ginec.  Milano,  1906,  xxviri,  153-164).  —  Kobler  (B.).  Viskositiit  und  Oberflachcmpannung 
der  M.  (A.  g,  /'.,  1908,  cxxv,  1-72).  —  Kreidl  (A.)  et  Le.nk  (E.).  Kapillar  und  Absorptionsers- 
cheinungen  an  der  M.  {A.  g.  P.,  1911,  cxli,  541-dS8).  —  Mundula  (S.).  Pression  osmotique 
du  L.  déterminée  avec  la  méthode  des ^hématocrites  {A.  i.  B.,  1910,  lui,  223-235).  —  Van 
Slyke  (L.).  Conditions  affecting  thc  proportions  of  fat  and  proteins  in  corv's  M.  {Journ. 
amerir.Hwm.  Soc.  1008.  xxx,  1166-1186). 

Matières  grasses  du  lait.  — •  Engkl.  Fett  der  Frauenm.  (Z.  p.  C,  1905,  xliv,  353-365). 

—  Fleischmann  {W.)  et  Warmbold  (H.).  Zusammensetzung  der  Fettes  der  Kuhm.  (Z.   B., 

1907,  L,  375-392).  —  Gliki.n  (W.).  Lecithin  und  Eisengehalt  in  der  Kidi  und  Frauenm. 
{Bioch.  Zeitschr.,  1909,  xxi,  348-354).  —  Koch  (W.).  Lecithingchalt  der  M.  (Z.  p.  C,  1906, 
XLvii,  327-330).  —  IVerking  et  Haensel.  Lecithingchalt  der  M.  {Bioch.  Zeitschr.,  1900,  xin, 
348-353).  —  N.IEGOVAN  (V.).  Phoxphalide  in  der  M.  {Bioch.  Zeitschr.,  1910,  xxix,  491-493). 

—  OErum  (H.).  Quantitative  Bestimmung  des  M.  fettes  vermittelst  der  Fettkugeln  {Bioch. 
Zeitschr.,  1911,  xxxv,  18-29).  —  PLAfciiu  (E.)  et  Rendu  (R.).  Élude  du  beurre  dans  le  lait 
de  femme  par  la  centrifugalion  {Arch.  méd.  Enf.,  1911,  xiv,  582-602).  —  IIeybeu  (P.).  Fett- 
gehalt  der  Frauenm.  {Jahrb.  Kinderheilk.,  1905,  lxi,  601-614). 

Matières  albuminoïdes.  —  Abderhalden  (E.)  et  Hunteh  (A.).  Gchalt  der  Eiweisskôrpcr 
der  M.  an  Ghjkokoll  (Z.  p.  C,  1906,  xlvii,  404-406).  —  Abderhalde.n  (E.)  et  Vijltz  (\V.). 
Zusammensetzung  und  Natur  der  Hùllen  der  M.  Kùgelchen  (Z.  p.  C,  1909,  lix,  13-18).  — 
Abderhalden  (E.)  et  Schittenhelm  (A.).  Zusammensetzung  des  Caseins  ausFrauen-Kuh-und 
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LAIT.  HTi 

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874  LAIT. 

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mary  sécrétion  {Proc.  Soc.  cxp.  Biol.  med.,  1910,  viu,  48-49);  —  Galactogotjue  action  of  the 
thymus  and  corpus  lutcum  {Ihid.,  49).  —  Paton  (D.-N.)  et  Cathcart  (R.-P.).  Mode  of  pro- 
duction of  lactose  in  the  mammary  gland  (J.  P.,  1911,  xlii,  179-188).  —  ûcuiette  (P.). 
Moyens  galactogènes  et  graines  de  cotonnier  {Th.  in.,  Paris,  1906).  —  Porcher  (Ch.).  Injec- 
tions de phloridzine  chez  la  vache  laitière  (C.  R.,  1904,  cxxxviii,  14;j7-1459);  —  Dosage  du 
sucre  dans  le  sang  au  moment  de  U accouchement  chez  la  chèvre  sans  mamelles  {Ibid.,  1905, 
CXL,  1279-1280)  ;  — Sur  le  passage  possible  des  chromogènes  indoxy ligues  et  méthylkétoliqiies 
dans  le  lait  chez  la  chèvre  {B.  B.,  1907,  lxiii,  468-471)  ;  —  Vorigine  du  lactose  [Arch.  intern. 
de  physiol.,  1900,  viii,  3:16-391  et  Bioch.  Zeitschr.,  1910,  xxiii,  370-401).  —  Recker  (H.1. 
M.  sekretion  nach  Kastration  [37  Jahresb.  westphdl.  Prov.  ver.,  1909,  1-2).  —  Rossmei.sl 
(J.).  M.  kastrierter  Kùhe  {Bioch.  Zeitschr.,  1909,  xvi,  164-181).  —  Schafer  (E.-A.)  et 
Mackenzie  (K.j.  Action  of  animal  extracts  on  M.  Sécrétion  {Proc.  Roy.  Soc.  London,  19il, 
Lxxxiv,  16-22).  —  Schein  (M.).  Théorie  der  M.  sekrelion  {Wien.  med.  Woch.,  1907,  lvii, 
1713-1716,  1761-1766,  1809-1813,  1850-1854,  1906-1908,  1962-1964,  2018-2019,  2068-2072). 
—  SiEGMUND  (A.).  Ber  M.  mangel  der  Frauen  heilbar  durch  Thyreoidin  {Zentr.  (rynàk.,  1910, 
xxxiv,  1391-1394).  —  Stœcklix  et  Grochetelle.  Présence  accidentelle  dans  le  l.  de  sidfo- 
cyanures  et  leur  origine  (C.  R.,  1910,  cl,  1530-1531).  —  Titze  (E.)  et  Wedemanx.  Beitrag 
zur  Frage  ob  das  dem  tierischen  Kôrper  cinverleibte  Kupfer  mit  der  M.  ausgeschieden  wird. 
{Arh.  Gesundh.  Amt,  Berlin,  1911,  xxxviii,  125-138).  —  Viel  (V.).  Élimination  cL-s  médica- 
ments par  le  lait  [Th.  /?i.,  Paris,  1908). 


LANGAGE  (Physiologie  du). 

SOMMAIRE.  —  Généralités.  —  Dillerentes  opératums  du  langage.  — Définition  du  langage. 

Les  centres.  —  lUsmué  hi.sloi'ique  de  leurs  localisations  cérébrales. 

Systèmes  fondamentaux  de  localisations.  —  I.  Si/st'emes  polygonaux.  —  L'audition  verbale.  — 
La  vision  verbale.  —  L'articulation  verbale.  —  L'écriture.  —  Le  centre  intellectuel  supérieur. 
II.  Aes  lliéories  récentes  sur  la  physioloyie  du  langaye.  —  Le  centre  de  Broca  ne  joue  aucun 
rôle.  —  Il  n'existe  point  de  centres  sensoriels  distincts  pour  les  impressions  verbales  auditives 
et  visuelles.  —  La  distinction  des  aphasies  corticales  et  sous-cortioales  est  erronée.  —  La 
distinction  de  l'aphasie  de  Broca  et  de  l'aphasie  de  Wernicke  ne  peut  être  maintenue 
conformément  aux  errements  de  la  doctrine  classique.  — Le  centre  'du  langage  est  un  centre 
mixte,  sensori-intellectuel.  —  Images  et  centres  d'images.  —  Mécanism.e  fonctionnel  des 
centres  du  lanp:age. 

Les  associations  des  centres  du  langage  normaux. 

Centres  encéphaliques  du  langage.  —  Langage  automatique. 

Modificateurs  du  langage. 

Développement  du  langage.  —  Les  centres  du  langage  ont-ils  actuellement,  chez  l'homme, 
alKiiU  Iciii-  di'velopjienient  définitif?  —  Sont-ils  héréditaires? 

Rôle  de  l'hémisphère  droit  dans  le  langage. 

Rééducation  des  malades  atteints  dans  la  fonction  du  langage. 

Conclusion.  —  Bibliographie. 


876  LANGAGE. 


GENERALITES. 


Envisagée  au  tilie  de  science  traitant  des  phénomènes  dynamiques  propres  aux 
êtres  vivants,  la  pliysiologie  devrait  être,  au  point  de  vue  particulier  du  langage,  l'étude 
du  fonctionnement  normal  desorganes  tant  ceutiaux  que  périphériques  présidant  à  sa  l'or- 
matinn.  Mais  c'est  du  côté  des  centres  nerveux  et  non  des  organes  périphériques  que 
résident  tout  à  la  fois  l'intérêt  et  les  difficultés  de  cette  étude. 

Une  première  conclusion  se  dégage  de  ces  remarques  :  ignorant  a  priori  l'organe 
cérébral  du  langage,  ou,  si  l'on  préfère,  la  localisation  cérébrale  du  langage,  on  se 
voit  forcé  de  faire  appel  à  une  science  liée  à  la  physiologie,  mais  indépendante  aussi, 
à  la  pathologie  humaine.  Ces  sciences,  la  physiologie  et  la  pathologie,  se  trouvent 
ainsi  étroitement  alliées  dans  l'étude  du  langage  et  s'éclairent  mutuellement.  Nous 
nous  abstiendrons,  en  revanche,  de  toute  incursion  dans  les  domaines  connexes,  bien 
que  la  biologie  du  langage  puisse  bénéficier  queUiuefois  de  létude  de  la  phonétique 
ou  de  la  linguisti(iue  au  même  titre  que  de  l'anatomie  pathologique  nerveuse  et  de  la 
psychologie. 

Ainsi  limitée,  l'étude  proposée  ne  laisse  point  d'être  assez  complexe,  aussi  n'aurons- 
nous  nullement  ici  la  prétention  de  faire  œuvre  définitive.  Étudier  sommairement  les 
opérations  cérébrales  élémentaires  du  langage,  en  localiser  les  centres  fonctionnels, 
préciser  l'évolution  contemporaine  de  nos  idées  à  ce  sujet,  établir  les  points  encore 
obscurs  du  problème,  en  un  mot  présenter  celui-ci  sous  ses  faces  diverses,  tel  sera  le 
but  poursuivi. 

Diflférentes  opérations  du  langage.  —  .\vaiit  de  nous  ellorcer  à  jeter  quelque 
lumière  sur  l'échiquier  complexe  des  localisations  cérébrales,  nous  devons  préciser 
les  différents  temps  physiologiques  du  langage.  L'ne  distinction  évidente  s'impose  tout 
d'abord,  selon  que  l'on  examine  le  mécanisme  sensoriel  on  le  mécanisiue  intellectuel  de  la 
fonction  étudiée. 

Pour  parler,  il  nous  faut  en  effet  deu.x  choses  :  recueillir  les  données  du  monde  exté- 
rieur dont  le  rappel  ultérieur  ou  l'interpré-tation  consécutive  fourniront  à  notre  pensée 
les  éléments  indispensables  à  son  activité,  extérioriser  ensuite  notre  pensée,  c'est-à- 
dire  la  parole  intérieure,  de  façon  à  pouvoir  communiquer  avec  nos  semblables.  11 
existe  donc  une  fonction  de  réception,  une  fonction  de  projection  ou  d'extériorisation, 
et  enfin  une  fonction  d'association  assurant  anx  différents  centres  une  facile  commu- 
nication entre  eu.x.  Si  maintenant  nous  traduisons  en  langue  courante  les  considéra- 
lions  précédentes,  nous  pourrons  présenter  ainsi  la  fonction  générale  du  langage  : 
l'homme  reçoit  tout  à  la  fois  des  impressions  visuelles  et  auditives'  banales  et  des 
impressions  spécialisées  pour  le  langage  (signes  phonétiques  et  graphiques);  il  perçoit 
le  sens  de  ces  différeuts  signes,  en  garde  le  souvenir  et  peut  les  évoquer  spontanément 
ou  non  (langage  intérieur):  il  peut  enfin  parler,  c'est-à-dire  traduire  à  son  tour  par 
des  signes  phonétiques,  graphiques  et  mimiques  le  jeu  du  langage  intérieur. 

Cet  exposé  de  la  physiologie  du  langage  demeurerait  incomplet  si  nous  n'insistions 
sur  les  différentes  phases  par  lesquelles  passe  un  phénomène  sensoriel  donné,  ces 
temps  successifs  étant  identiques  quel  que  soit  l'appareil  récepteur  envisagé.  11  est  au 
début  de  tout  acte  sensitif  un  temps  sensoriel  pur  qui  répond  à  l'impression  simple  de 
l'organe  sensoriel  périphérique.  Immédiatement  après  survient  Téliranlement  du  centre 
cérébral  élémentaire-,  ébranlement  qui  se  traduit  par  un  phénomène  cérébral  simple, 
par  une  sensation.  Dans  la  sensation,  l'acte  intellectuel  est  à  son  minimum  :  il  nous 
permet  seulement  de  reconnaître  l'existence  d'une  manifestation  extérieure,  sans  la 
rattacher  à  sa.  cause,  sans  rien  conclure  à  son  sujet.  Puis,  chez  l'homme  normal,  s'éta- 

1.  Nous  laissons  de  côté  l'étude  du  langage  artificiel  des  sourds-muets,  intéressante  à  coup  sûr, 
mais  qui  ressort  de  la  psychologie  plutôt  que  de  la  physiologie. 

2.  Il  est  bien  entendu  que  ces  termes  de  centre  élémentaire,  centre  supérieur,  sont  de  simples 
fleures  de  langage;  en  réalité  nous  ne  connaissons  que  peu  ou  point  la  hiérarchie  anatomo-phy- 
siologique  des  différents  centres  cérébraux.  Nous  aurons   du  reste  l'occasion    de  revenir  sur  ce  ■ 
point. 


LANGAGE.  S77 

blit  une  apinécialiou  exacte  du  pliéiiomèue  senti  :  luut  d'uhord  ce  pliéiioniène  est 
enregistré,  isolé  des  phénomènes  connexes  (perception  au  premier  degré);  dans  un  der- 
nier (ef)ips  (perception  secondaire  ou  vraie),  il  est  appr<';ci(^,  reconnu,  nettement  indivi- 
duaiist'-,  pourvu  de  ces  caractères  sp(''ciliquc.s  cjui  perm<'tlf'nl  par  la  suite  di;  le  recon- 
naître et  de  l'évociuer.  Os  dislinctions  tondanicnlales  sont  indispensables  à  riîtcnir  si 
l'on  veut  ne  point  se  perdre  au  milieu  dos  fonctions  cérébraliîs  multiples  concourant  au 
langage.  Un  exemple  ferailu  resie  mieux  saisir  ces  nuances  :  mis  en  face  d'un  jeu  de  cubes 
alphabétiques,  un  individu  normal  aura  d'abord  la  sensation  simple  de  corps  peu  volu- 
mineux, limités  par  des  lignes  nettes,  portant  des  traits  noirs  sur  un  fond  jaune  ;  puis 
il  percevra  que  ces  objets  sont  nettement  distincts  des  morceaux  de  bois  quelconques 
qui  peuvent  les  entourer,  crayons  variés,  porte-plume  ou  lègb',  et  qu'ils  ont  une  cer- 
taine forme,  la  forme  cubique.  Mais  l'identilicalion  ne  sera  complète  (pi'avec  la 
perception  de  l'utilité  de  ces  cubes  et  la  notion  de  leur  rmploi  délini.  Toutes  ces  opéra- 
tions ont  naturellement,  chez  l'individu  sain,  la  quasi-instantanéité  de  la  pensée  elle- 
même;  mais  certains  troubles  du  langage  permettent  de  les  dissocier,  on  le  verra  par 
la  suite. 

Définition  du  langage.  —  Les  considérations  précédentes  vont  nous  permettre  de 
reclierclier  la  délinitioii  physiologique  convenant  le  mieux  au  langage.  Beaucoup  dau- 
teurs,  depuis  Locke,  se  sont  elTorcés  de  la  formuler,  ('-elle  de  IIehnaud  nous  paraît 
heureus(>  ;  on  pourrait  dédnir  avec  cet  auteur  le  langage  «  l'art  de  représenter  par  des 
signes  vocaux  d'origine  naturelle  (le  cri  d'abord,  réllexe  de  la  sensation  vive),  l'état  de 
conscience  (iiii  résulte  de  la  perception  directe  ou  indirecte».  Cette  définition  est  mal- 
heureusement très  incomplète  et  ne  tient  pas  un  compte  suffisant  des  phénomènes  de 
réception  et  d'association  sur  lesquels  se  fonde  le  langage.  Aussi  croyons-nous  préfé- 
rable de  délînir  celui-ci,  un  enchaînement  de  réflexes  par  quoi  les  sensations  et  les  émotions 
se  trouvent  traduites  par  des  gestes  ou  par  des  termes  figurés,  susceptibles  de  favoriser  le 
développement  de  la  pensée  individuelle  ci  réchange  facile  et  protnpt  des  pensées  d'un 
individu  à  l'autre. 

Nous  ne  pourrons  malheureusement,  dans  cet  article,  élU'iier  la  physiologie  du  lan 
gage  conlorniément  aux  méthodes  traditionnelles  de  la  physiologie  :  les  mécanismes 
intimes  en  sont  encore  insuflisamment  connus,  et  on  ne  peut  exposer  cette  fonction 
avec  la  précision  que  comportent  par  exemple  la  description  des  sécrétions  salivaire 
ou  pancréatique.  La  pauvreté  des  documents  franchement  utilisables  est  remarquable; 
l'expérimentation  même  nous  a  fourni  peu  de  chose,  et  ses  conclusions  ne  sont  point  for- 
cément justifiées  chez  l'homme  au  même  titi-e  que  chez  l'animal.  Aussi,  à  consulter  maint 
traité  de  physiologie  existant,  fùt-il  de  dimensions  considérables,  constate-t-on  bientôt 
que  l'auteur  en  a  été  réduit,  sous  couleur  d'exposer  la  physiologie  du  langage,  à 
résumer  ce  que  nous  connaissons  de  l'aphasie  et  à  reproduire  quelques  schémas  dont  le 
laborieux  échafaudage  cache  mal  la  pauvreté  scientifique.  Si  on  néglige  l'étude  de 
l'aphasie,  ou  tombe  alors  dans  la  domaine  de  la  psychologie  pure,  la  physiologie  du 
langage  se  confondant  avec  celle  de  la  pensée,  ainsi  que  l'admettait  Max  Mulleu. 

.\ous  nous  efforcerons  cependant  de  mettre  en  valeur  les  données  suivantes  :  aux  di- 
verses fonctions  du  langage  corres[»ond  un  certain  nombre  décentres;  — ces  centres 
sont  moins  nombreux  et  surtout  inliniment  moins  distincts  les  uns  des  autres  qu'on  ne 
le  croyait  autrefois  ;  —la  fonction  du  langage  est  étroitement  associée  à  la  fonction  céré- 
brale supérieure  ou  intellectuelle:  —  il  serait  particulièrement  important  de  préciser  le 
rôle  de  l'hémisphère  droit  dans  la  physiologie  du  langage.  —  Nous  n'envisagerons  guère 
dans  les  pages  suivantes  que  le  langage  liguié,  négligeant  volontairement  le  langage 
émotionnel  et  la  mimique,  l't'tude  de  ces  formes  de  langage  relevant  plus  de  la  psycho- 
logie que  de  la  physiologie  proprement  dite. 


LES    CENTRES    DU    LANGAGE. 

Bien  que  l'histoire  de  la  physiologie  du  langage  se  confonde  avec  l'histoire  de  nos 
connaissances  sur  l'aphasie,  et  que  celle-ci  puisse  paraître  à  l'écart  de  noire  sujet,  nous 
croyons  impossible  de  ne  point  esquisser  ici  à  grands  traits  les  vicissitudes  des  théories 


878  LANGAGE. 

scientifiques  successives.  Toute, une  conception  patiiologique,  et  par  suite  physiologique, 
loLalement  différente  des  doctrines  anciennes,  s'est  fait  Jour  depuis  un  nombre  fort 
restreint  d'années,  et  on  ne  saurait  exposer  ni  comprendre  clairement  les  localisations 
et  les  conceptions  nouvelles  sans  les  références  précises  de  l'évolution  historique.  Nous 
nous  défendons  ici  de  nous  écarter  de  notre  sujet,  convaincu  par  ailleurs  que  cette  mé- 
thode permet  seule  d'apporter  quelque  clarté  en  une  question  particulièrement  touffue. 
Historique  des  localisations  cérébrales  du  langage.  —  Sans  remonter  jusqu'à 
Gesnbr  qui  semble,  au  xvni*'  siècle,  avoir  entrevu  quelques  relations  entre  les  troubles 
de  la  parole  et  les  altérations  des  lobes  antérieurs  du-  cerveau,  il  est  juste  de  constater 
qu'antérieurement  aux  observations  originales  de  Buoca,  une  assez  longue  théorie  de 
cliniciens,  au  xix«  siècle,  a  jeté  les  premières  assises  de  la  physiologie  du  langage.  Gall, 
dont  l'œuvre  magistrale  fut  publiée  avec  Spi;hzheim  de  1810  à  1819,  frappé  de  rexcellcnte 
mémoire  de  ses  camarades  d'école  aux  yeux  «  pochelés  »,  pour  employer  le  qualilicatif 
expressif  du  peujde,  avait  assigné  comme  localisation  «  au  sens  du  langage  de  la  pa- 
role »  la  région  sus-oi"bi taire  des  lobes  frontaux.  Nulle  autre  considération  n'étayait 
l'hypothèse  du  phrénologiste  badois,  et  cependant,  «  tàteur  de  bosses  »  pour  les  uns, 
«  génie  »  pour  les  autres,  Gall  eut  cette  fortune  singulière  de  susciter  les  recherches, 
de  passionner  les  esprits  pondant  plus  d'un  demi-siècle.  Remarquons  du  reste  que,  si 
les  travaux  de  Gall  ne  firent  point  progresser  davantage  la  science  du  langage,  c'est 
que  ce  savant  n'avait  vu  dans  le  langage  articuh'  que  le  seul  élément  moral,  relatif  aux 
mots  en  tant  que  signes  leprésentatifs  des  idées;  il  avait  totalement  méconnu  en  re- 
vanche le  facteur»  relatif  aux  mouvements  au  moyen  desquels  les  mots  sont  exprimés, 
prononcés,  articulés,   mouvements  qu'il   faut-  former,   apprendre,   retenir  comme  les 
mots  eux-mêmes  »  (Vivent).  Systématique  et  théoricien,  idéologue  et  moraliste  bien 
plus  que  clinicien  et  physiologiste,  Gall  n'eut  point  l'heur  d'orienter  dans  la  voie  néces- 
saire les  recherches  sur  la  physiologie  cérébrale.   Au  contraire,  un  des  plus  remar- 
quables précurseurs  de  la  science  contemporaine,  Bouillaud  formulait  en  182.T  les  con- 
clusions suivantes  :  ■<  Les  mouvements  des  organes  de  la  parole  sont  régis  par  un  centre 
cérébral,  spécial,  distinct,  indépendant;  le  centre  cérébral  occupe  les  lobes  antérieurs.  » 
Il  écrivait  ailleurs  encore  :  «  Peut-être  la  substance  grise  des  lobes  antérieurs  du  cer- 
veau est-elle  l'organe  de  la  partie  intellectuelle  de  la  parole  (parole  intérieure)  et  la 
substance  blanche  est-elle  l'organe  qui  exécute  les  mouvements  musculaires  néces- 
saires à  la  production  de  la  parole  (parole  extérieure).  »  Critiquées  ou  travesties,  niées 
ou  admises,  ces  conclusions  fondamentales  furent  de  1825  à  1860  l'objet  de  discussions 
passionnées;  mais  nous  ne  saurions  entrer  dans  le  détail  de  ces  travaux*. 

Bouillaud  admettait  pour  le  langage  luie  localisation  bilatérale,  les  lobes  frontaux. 
De  1861  à  1865,  Buoca  s'elTorça  de  préciser  le  substratum  anatomique  du  .«syndrome 
clinique  qu'il  avait  admirablement  individualisé  d'emblée  sous  le  nom  d'aphcmie.  Les 
cerveaux  étudiés  présentaient  en  général  des  lésions  multiples;  mais,  pour  des  raisons 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  plus  loin,  Broca  choi>iit  parmi  les  diverses  destructions 
du  territoire  cérébral  rencontrées  l'une  d'entre  elles  et  localisa  rigoureusement  au  pied 
de  la  troisième  frontale  gauche  le  centre  des  mouvements  d'articulation  du  langage.  Il 
parachevait  enfin  son  œuvre  et  la  mettait  d'accord  avec  les  faits  d'apparence  contradic- 
toire en  faisant,  le  premier,  intervenir  dans  les  .localisations  hémisphériques  le  facteur 
de  la  gaucherie  ou  de  la  dextérité  :  désormais  le  centre  du  langage  articulé  allait  être 
le  pied  de  la  troisième  frontale,  gauche  chez  les  droitiers  et  droite  chez  les  gauchers. 

Les  malades  de  Broca  présentaient  surtout  un  trouble  de  l'articulation  du  mot;  la 
description  clinique  de  Trousseau,  les  recherches  d'AnMAND  de  Fleury  tirent  pressentir, 
puis  établirent  une  première  distinction  entre  les  aphémiques  qui  ne  peuvent  prononcer 
les  mots  et  les  aphasiques  qui  les  peuvent  prononcer,  mais  les  emploient  en  des  accep- 
tions inexactes.  Celte  séparation,  que  viennent  accentuer  les  recherches  de  l'école 
anglaise  avec  Bastl\n  principalement,  trouve  sa  consécration  définitive  dans  les  travaux 
de  NN'ernicke. 

Jusqu'à  cet  auteur  (I874i,  on  avait  examiné  les  malades,  recueilli  les  observations, 

1.  V.  P.  Marie.  Semaine  médicale  (28  novembre  1906)  et  F.  Moutikr.  Aphasie  de  Broca, 
thèse  de  Paris,  1908,  chap.  L 


LANGAGE.  871* 

«'•luilii'  les  cerveaux,  mais  jiiuiais  ciKiiie  on  n'avait  clificlié  à  pousser  plus  avuiil  l'ana- 
lyse des  accidents  morbides  en  s'aitlant  de  l'élude  des  pliénonit-nes  normaux.  En 
il'autres  termes,  et  pour  employer  le  langage  pliysioloijiquc.  altarlié  au  simple  enre- 
gistrement dos  l'aits  oiijectifs,  les  auteurs  avaient  envisagé  suitoul  les  tioubles  île  l'ex- 
tériorisation de  la  pensée,  c'est-à-dire  les  .icoidents  de  l'articulation  verbale,  et,  tout 
en  les  constatant,  s'étaient  inlinimcnt  moins  préoccupés  d'interpréter  los  troubles  de 
l'aiidition  et  de  la  vue.  Wernicke.sc  basant  sur  la  pliysiologie  psychologique  de  l'acqui- 
sition  de  la  parole  chez  l'enfant,  tint  le  rôle  du  langage  oral  pour  fondamental,  et 
distingua  soigneusement  des  aphasiques  purement  ou  principalement  atteints  dans  leurs 
fonctions  motrices,  ceux  chez  lesquels  se  décèle  sut  tout  l'impôssibililé  d'identifier  les 
impressions  auditives  verbales.  Ces  malades  ne  peuvent,  d'après  Weiimckk,  comprendre 
les  paroles  qui  frappent  leurs  oreilles.  Ils  sont  loquaces  cependant,  et  le  langage  articulé 
est  conservé,  mais  le  discours  est  encombré  de  mots  employi's  hors  de  propos  ou  mémo 
de  vocables  dénués  de  sens;  le  trouble  primordial  de  l'audition  pourrait  donc  entraîner 
des  troubles  consécutifs  de  la  lecture  et  de  l'écriture.  Ce  syndron)e  prit  le  nom  d'aphasie 
sensorielle,  parce  qu'il  se  trouvait,  selon  Wernii;kk,  lié  étroitement  à  l'altération  d'un 
centre  d'images  sensorielles,  auditives  dans  l'espèce.  Ce  centre  sensoriel  servait  d'autre 
part  de  régulateur  au  centre  moteur,  mais  en  demeurait  parfaitement  distinct;  celui- 
ci  siégeait  au  niveau  du  pied  de  la  troisième  frontale  gauche  chez  le  droitier,  celui-là 
se  trouvait  localisé  dans  la  première  temporale  :  ainsi  s'éclaircissaient  les  observations 
de  troubles  du  langage  avec  ramollissement  du  territoire  sylvien  sans  destruction  de  la 
troisième  frontale. 

Les  points  suivants  se  trouvaient  acquis  avec  Wicr.mcke,  grâce  à  l'analyse  physiolo- 
gique du  langage  :  //  exislc  un  centre  d'imatjes  sotsoricUes  audilircs  dans  la  première  tem^- 
porale,  un  centre  d'images  motrices  verbales  dans  la  troisième  frontale;  le  premier  de  ces 
centres  influence  et  conlràle  le  fonctionnement  du  second.Ces  distinctions  capitales  renfer- 
maient en  germe  les  dissociations  infinies  que  l'on  devait  ultérieurement  faire  subir 
aux  différents  temps  du  phénomène  de  la  parole  et  aux  divers  syndromes  aphasiques. 

Poursuivant  ou  contrôlant  les  recherches  de  WERNrcKE,  de  nombreux  auteurs  se  sont 
succédé  que  nous  ne  pouvons  citer  ici,  cette  étude  s'efîorcant  de  ne  présenter  de 
l'historique  de  l'aphasie  que  ce  qui  intéresse  particulièrement  la  physiologie  du  lan- 
gage. Il  importe  toutefois  de  signaler  combien  le  schéma  p.  881  de  Lightheim, 
qu'explique  suffisamment  sa  légende,  a  contribué  à  précipiter  la  dissociation  des  phé- 
nomènes normaux  et  anormaux  à  laquelle  nous  venons  de  faire  allusion.  Kuss.maul 
avait  en  effet  distingué  de  la  surdité  verbale  par  destruction  d'un  centre  d'images  audi- 
tives, facteur  essentiel  de  l'aphasie  sensorielle  de  Wernicke,  une  cécité  verbale  par 
lésion  d'un  centre  verbal  visuel;  Exxer  enfin  avait  individualisé  l'agraphie  par 
destruction  du  centre  des  images  verbales  graphiques.  Ainsi  se  trouvaient  dressés  les 
uns  à  côté  des  autres  ces  quatre  centres  qu'ont  popularisés  l'enseignement  magistral 
de  CiiARcoT  et  de  nombreux  dessins,  parmi  lesquels  le  schéma  polygonal  de  Grasset  a 
connu  un  succès  que  légitime  sa  simplicité  lucide. 

Après  les  premières  recherches  de  BaocAetde  l'école  anglaise,  après  les  expériences  des 
physiologistes  sur  l'excitabilité  du  cortex  hémisphérique,  après  les  localisations  étroites 
de  Wehnicke  et  de  Kussmaul,  un  certain  flottement  s'élait  décelé  parmi  les  cliniciens  et 
les  anatomo-pathologistes.  On  trouvait  trop  souvent  que  les  lésions  à  l'autopsie  négli- 
geaient de  se  conformer  au  schéma  prévu,  que  plus  s<mvent  encore  les  destructions  céré- 
brales étaient  de  telle  étendue  que  tout  essai  de  localisation  était  vain,  et  Cii.  Ricuet 
pouvait  en  1882  déclarer  que  "  la  circonvolution  de  Hhoca  n'est  pas  au  langage  ce  que 
la  rétine  est  à  la  vision  par  exemple,  ou  le  testicule  à  la  spermatogénèse  ».  Mais  nous  ne 
saurions  montrer  ici  combien  furent  nombreux  et  convaincus  les  adversaires  des  locali- 
sations cérébrales  de  iSlo  à  1885.  Bientôt  d'ailleurs,  principalement  sous  l'influence  de 
l'enseignement  de  Ciiarcot  en  France,  de  Wernicke  et  de  KussuArL  en  Allemagne,  on 
crut  résoudre  les  problèmes  et  triompher  des  faits  contradictoires  en  multipliant  les 
centres  fonctionnels  du  langage,  en  schématisant  à  outrance  les  formes  de  l'aphasie.  On 
décrivit  des  aphasies  et  des  centres  corticaux,  des  aphasies  et  des  voies  d'association 
transcorlicales  et  sous-corticales  en  nombre  suffisant  j)our  satisfaire  à  l'ordonnanc»? 
schématique  des  variétés  cliniques  los  plus  singulières.  Les  classifications  purement 


880  LANGAGE. 

psychologiques,  parlant  simples  et  claires  puisque  a  priori,  remplacèrent  INHude  physiolo- 
gique du  langage.  On  A'oulut  trouver  un  centre  pour  les  syllahes,  pour  les  mots,  pour 
les  vocables  monosyllabiques  et  pour  les  vocabh'S  polysyllabiques;  les  verbes,  les  sub- 
stantifs durent  s'accommoder  de  régions  distinctes,  d'une  étroite  circonscription;  on  se 
perdit  au  milieu  des  surdités,  des  cécités,  des  amnésies.  La  difficulté,  ainsi  que  le  faisait 
récemment  remarquer  Dercum,  augmentant  de  ce  fait  que  les  termes  tels  que  cécité 
verbale,  surdité  verbale,  aphasie  de  conduction,  aphasie  transcorticale,  paraphasie 
mT-me  impliquaient  déjà  des  théories.  Aussi  Lamzenberg,  dans  une  thèse  inspirée  par 
HiiissAUD,  pouvait-il  noter  avec  un  certain  découragement  que  si,  pour  la  jdupart  des 
phénomènes,  l'exposé  du  siège  et  du  mécanisme  d'une  fonction  précède  toute  discus- 
sion théorique  au  sujet  de  celle-ci,  presque  chaque  observateur  se  voit  obligé  d'exposer 
sa  théorie  du  langage  avant  de  rapporter  les  faits  venus  à  sa  connaissance. 


SYSTEMES   FONDAMENTAUX    DE  LOCALISATION   CÉRÉBRALE 

DU   LANGAGE. 

En  dernière  analyse,  ces  systèmes  se  ramènent  à  deux  seulement.  Nous  distin- 
guons d'une  part  la  conception  classique  par  excellence,  la  construction  schématique 
de  >Ver.mcke-Lichtheim,  Charcot  et  CiRasset,  avec  l'adaptation  clinique  contemporaine 
qu'en  présentent  en  termes  analogues  Dkjerlne  et  vo.n  Monakow;  d'autre  part,  la  con- 
ception récente  que  Pierre  Marie  a  présentée  en  IDOG  dans  une  série  d'articles  reten- 
tissants, conception  que  jeus  l'honneur  de  défendre  dans  ma  thèse.  Ces  deux  systèmes 
reposent  sur  deux  façons  totalement  ditVérentes  d'envisager  la  fonction  du  langage. 

Pour  les  anciens  auteurs  existent  des  centres  d'images  nettement  individualisés, 
susceptibles  de  destruction  isolée.  Pour  Pikrre  .Marie  et  pour  nous-mème,  les  images 
n'ont  pas  d'existence  propre  et  ne  peuvent  être  que  pour  un  temps  tenues  artiliiiflle- 
ment  isolées  du  dynamisme  mental.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  celte  concep- 
tion; qu'il  nous  suffise  de  remarquer  qu'elle  rend  inacceptable  l'existence  de  centres 
fonctionnels  isolés  pour  les  différents  temps  de  l'acte  physiologique  verbal,  et  qu'elle 
présuppose  l'imbrication  étroite  du  mécanisme  du  langage  et  du  mécanisme  delà  pensée 
elle-même. 

Nous  aurions  voulu,  dans  cette  élude,  procéder  autrement  qu'on  ne  l'a  fait  à  ce 
jour.  Partant  du  phénomène  extérieur,  audition,  vision,  articulation,  écriture, 
nous  aurions  poursuivi  ce  phénomène  jusqu'au  centre  cérébral  qui  le  régit  et  pénétré 
ainsi  la  texture  même  des  dilVérents  actes  physiologiques  du  langage.  Nous  n'avons 
pu,  malgré  de  nombreux  essais,  réaliser  cette  ambition;  et  si  nous  prenons  la  peine  de 
mentionner  un  fait  de  cet  ordre,  c'est  qu'il  comporte  un  double  enseignement  :  il  nous 
montre  que  les  progrès  de  la  physiologie  cérébrale  ne  sont  pas  encore  assez  avancés 
pour  permettre  avec  quelque  rigueur  un  exposé  analytique  de  la  fonction  langage  et, 
nous  le  croyons  du  moins,  il  nous  permet  d'apprécier  à  quel  point  la  complexité,  l'en- 
chainement  des  différentes  opérations  céiébrales  s'opposent  à  une  dissociation  de  leurs 
éléments.  Nous  nous  efforcerons  cependant  de  présenter  avec  quelque  clarté  l'état  de 
nos  connaissances  à  ce  sujet. 

Systèmes  polygonaux.  — Nous  désignerons  sous  ce  titre,  qu'illustrent  immédiate- 
ment les  schémas  ci-contre,  les  théories  admettant  avant  tout  pour  lé  langage  un  assez 
grand  nombre  de  centres  fonctionnels  distincts.  Pour  les  auteurs  classiques,  c'est-à-dire 
pour  la  majorité  des  neurologistes  et  des  physiologistes,  nous  le  rappelons,  l'acquisition 
du  langage  se  fait  grâce  à  des  centres  distincts,  doués  d'une  activité  automatique  qu'in- 
lluence  plus  tard  seulement  le  psychisme  supérieur.  Amenées  au  cerveau  par  les  voies 
sensorielles  centripètes,  les  impressions  auditives  et  visuelles  s'emmagasinent  dans  des 
régions  spécialisées  du  cortex  cérébral;  plus  tard  se  développeront  les  images  motrices 
ou  d'articulation  verbale,  puis  les  images  graphiques.  Ainsi  se  trouvera  parfait  le  qua- 
drilatère dont  les  différents  points  nodaux  et  les  voies  d'association  représenteront 
l'appareil  central  du  langage. 

En  d'autres  termes,  voici,  selon  ce  système,  comment  se  peut  exposer  la  physiologie 


LANGAGE. 


881 


du  langage.  L'acquisition,  le  développeinpnl  vl  le  iierfertionucment  ulliine  du  langa;i;e 
sonl  iiicoucevables  sans  l'existenco  des  images  :  celles-ci  lïe  sont  autres  que  les  souve- 


FiG.  12'.».  —  Schéma  de  Kussmaul  {187G). 
a,  centre  idéogènc  ;  B,  centre  seu.soriel  acoustique  ;  B',  centre  sensoriel  optique  ;  B",  centre  utilisé  chez  les 
sourds-muets  :  G,  centre  coordinateur  des  t  Tmes  oraux  ;  C,  centre  coordinateur  des  mots  écrits  ;  a,  nerl' 
acoustique  :  o,  nerf  optique  ;  a  b  c  d.  trajet  acoustico-moteur  de  la  parole  vocale  ;  o  p  q  r,  trajet  optico- 
moteur  ;  a  b  d,  voie  ([ui  sert  airlangage  d'imitation  des  enfants  ou  des  perroquets. 

nirs,  reconnaissables  et  évocables,  des  impressions  sensorielles  verbales,  auditives  pour 
le  langage  oral,  visuelles  pour  le  langage  écrit,  et  des  mouvements  nécessaires  à  l'arti- 


Kui.  130  et  131.  —  Schéma  de  Lichl/ieim  (1884). 
A,  centre  auditif  verbal  ;  M.  centre  moteur;  B.  Benriffcenter,  centre  d'élaboration  intellectuelle  {pari  where 
concepts  are  elaborated)  ;  O,  centre  des  représentations  visuelles  ;  E,  centre  d'innervation   des   organes 
servant  à  l'écriture.  Dés  que  la  voie  BEAB  est  coupée,  il  y  a  paragraphie  et  parapliasie. 


culation  verbale  pour  la  parole,  au  tracé  graphique  pour  le  langage.  Ces  centres  sont 
préformés,  c'est-à-dire  que,  dès  le  plus  jeune  âge,  un  territoire  cérébral  particulier  à 
chacun  d'eux  est  prêt  à  enregistrer  et  utiliser  les  images  spécifiques.  Ils  sont  étroitement 
reliés  entre  eux;  mais  leur  dépendance  n'est  pas  conçue  de  même  façon  par  les  diffé- 

56 


DICT.    DK    r'HVSIOI.OGIK.    —    T.    I.\. 


882 


LANGAGE. 


renls  auteurs.  Pour  les  uns,  et  Charcot  est  de  ce  nombre,  la  lésion  d'un  centre  distinct 
donne  un  syndrome  très  pur,  celui  de  Tinsuffisance  de  ce  centre,  et  de  ce  centre  seul, 
sans  addition  de  troubles  des  centres  voisins.  Pour  ces  auteurs,  il  est  vrai,  ces  centres 
sont  anatomiqueniont  distincts,  séparés,  sur  la  corticalité  même  de  rhémisphère(v.  schéma 
de  Charcot,  par  des  zones  indilTérentes  tout  au  moins  au  point  de  vue  du  langage, 
leurs  connexions  dans  la  profondeur  demeurant  assurées  par  de  multiples  voios  d'as- 
socic^lion. 

Pour  d'autres  auteurs,  et  les  neurologistes  et  physiologistes  modernes  se  rallient 


ic 


Fifi.  132.  —  Schéma  de  Charcot  {iti  Bkbnard,  1885). 
,  centre  d'idcation  ;  CAM,  centre  auditif  des  mots  ;  CLA,  centre  du  langage  articulé  ;  CVC,  centre  visuel 
des  mots  ;  CLE,  centre  du  langage  t^crit;  CAO,  contre  auditif  commun. 


pour  la  plupart  à  celte  opinion  (v.  fig.  133),  les  centres  corticaux  du  langage  forment 
une  bande  continue  faisant  à  peu  près  le  tour  du  golfe  sylvien.  Les  centres  sont 
unis  entre  eux  par  un  système  d'association  extrêmement  touffu;  aussi,  suivant  une 
conception  qui  nous  paraît  mieux  répondre  non  seulement  à  la  complexité  mais  encore 
à  l'étroite  union  des  différentes  mentalités  du  langage,  «  toute  altération  de  la  zone 
du  langage  en  un  point  quelconque  de  sou  étendue  entraîne,  non  pas  des  troubles 
liniilés  à  tel  ou  tel  mode  du  langage,  mais  une  altération  de  tous  les  modes  du  lan- 
gage, avec  prédominance  de  ces  troubles  sur  le  mode  correspondant  au  centre  dimages 
directement  atteint  par  la  lésion  »  '. 


1.  Dejerine,  Anatomie  des  centres  nevveu.<\  II,  24S  ;  1901. 


LANGAGE. 


8S3 


Cependant,  tout  en  reconnaissant  des  centres  distincts,  et  tout  en  admettant  le  reten- 
tissement des  lésions  de  l'un  de  ces  centres  sur  la  fonction  des  aulies,  aucun  autour 
n'admit  jamais  qu'une  destruction  d'un  centre  du  langage  pût  •<  ontralni'r  des  altéra- 
tions égales  pour  les  divers  modes  du  langage  •>.  Pour  certains,  et  cette  théorie  eut 


FiG.  133.  —  Sclirma  de  Feirand  (1891). 

O,  centre  intellectuel  ;  V,  centre  visuel  ;  K,  centre  kinesthésique  :  A,  centre  auditif  ;  M,  centre  moteur  voca!  : 

G,  centre  moteur  mimique  ;  B,  centre  moteur  graphique. 


beaucoup  de  vogue  au  temps  de  Charcot,  cà  cette  époque  où  l'étude  subjective  de  la 
parole  intérieure  suscitait  une  série  étendue  de  travaux,  il  existait  une  hiérarchie  des 
centres  liée  à  la  forme  du  langage  intérieur.  Celui-ci  ne  serait  pas  univoque  en  effet  : 

les  uns  entendent  leur  pensée;  les  autres, 
tout  en  l'entendant,  ont  conscience  d'une 
ébauche  mentale  des  mouvements  d'arti- 
culation correspondant  au  verbe  de  la 
parole  intérieure;  d'autres  enfin  lisent  leur 
pensée  ou  présentent  en  tout  cas  une 
puissance  d'évocation  des  images  à  prédo- 
minance visuelle  ;  ainsi  se  trouvent  éta- 
blies ces  trois  classes  dans  lesquelles  vient 
se  ranger  tout  individu,  les  auditifs  pur.<, 
les  audimoteiirs  (ce  sont  les  plus  nom- 
breux) et  les  visuels.  Il  résulte  de  cette 
théorie  que  chez  un  auditif  pur  la  destruc- 
lion  du  centre  auditif  perturbera  le  fonc- 
tionnement des  autres  centres  bien  plus 
que  ne  l'eût  fait  la  destruction  du  centnî 
visuel  ;  et  que,  chez  un  audi-moteur  la 
lésion  du  centre  auditif  déterminera  une 
suppression  fonctionnelle  presque  totale 
du  centre  moteur.  Ainsi   de  suite,   mutatis  mutandis. 

Plus  tard,  on  admit  non  seulement  une  interdépendance  des  centres  plus  étroite  que 
par  le  passé,  mais  une  hiérarchie  plus  rigoureuse  et  plus  systématique.  Cette  hiérarchie 
se  fondait  non  plus  sur  la  psycho-physiologi'^  de  la  parole  intérieure,  mais  sur  la  phy- 
siologie évolutive  du  langage,  sur  le  mode  même  d'éducation  et  d'acquisition  des 
images.  Les  images,  en  effet,  ■<  sont  daulant  plus  fixées,  d'autant  plus  résistantes, 
qu'elles  sont  d'ordre  d'acquisition  plus  ancienne.  De  par  l'éducation,  les  images  audi- 


KiG    133.  —  Sc/idnia  de  Grasset  (IS'JiJ  . 
O,  centre  de  l'idéation  ;  A,  ecnire  auditif:  V,  centre 
visuel  ;  M,  centre  moteur  verbal  ;  E,  centre  gra- 
phique verbal. 


884 


LANGAGE. 


tives  se  forment  les  premières Les  images  motrices  d'articulation  se  forment  ensuite 

très  rapidement;  leur  union  avec  les  précédentes  est  intime,  précoce,  et  l'union  de  ces 
deux  images  constitue  la  base  première,  toujours  présente,  du  langage  intérieur.  Ce 
n'est  que  beaucoup  plus  tard  que  l'enfant  apprend  à  rattacher  aux  images  auditives  et 
motrices  d'articulation  l'image  visuelle  des  mots,  c'est-à-dire  la  transcription  manuscrite 
ou  imprimée  de  la  parole  entendue  et  parlée.  Quant  à  l'écriture,  qui  n'est  que  la  repro- 
duction sur  le  papier  des  images  visuelles  des  lettres  et  des  mots,  elle  est  de  tous  les 
modes  de  langage  celui  qui  s'apprend  en  dernier  lieu;  aussi  voit-on  l'agraphie  exister 
dans  toutes  les  formes  d'aphasie  relevant  de  lésions  siégeant  dans  la  zone  du  lan- 
gage ».  » 

Au-dessus  des  centres  pioprement  verbaux,  moteurs  et  sensoriels,  un  centre  intel- 
lectuel, le  plus  élevé  dans  la  hiérarchie  fonctionnelle,  contrôle  et  commande.  Indis- 
pensable au  langage  volontaire  et  raisonnable,  il  peut  être  détruit  ou  inhibé  sans  que  le 
jeu  des  centres  inférieurs  soit  totalement  interrompu  pour  cela  :  il  subsiste  seulement 
en  ce  cas  un  langage  automatique  ou  réllexe  comme  le  sommeil,  l'hypnose,  les  états  de 


Fr,.  134.  —  Sc/«'/».(  de  Elder  (1897). 
E,  centre  idéo-moteur;  C,  centre  visuel  verbal  ;  ^  ,  centre  auditif  verbal  ;  Z?,  centre  psjxho-moteur  ;  D,  centre 
gra]iliique   psycho-moteur;  c',  f^,  a',   a'.  Voies  sensorielles  afférentes;  fi',  6',  Centres  de  rhémispliùre 
droit  ;  rf',  éi,  6',  Voies  afférentes  motrices.  Remarquer  de  quelle  façon  le  centre  E  se  trouve  relié  aux 
autres  centres  :  les  centres  graphique  et  le  visuel  ne  lui  sont  unis  qu'indirectement. 

distraction,  de  rêverie,  d'aliénation  même  en  olTrent  maint  exemple.  —  Celte  conception 
d'un  centre  psychique,  indépendant  des  centres  proprement  dits  du  langage,  admet 
implicitement  une  certaine  indépendance  du  langage  et  de  la  pensée,  celle-ci  pouvant 
exister  sans  que  des  formes  verbales  soient  nécessaires  pour  la  traduire. 

Ainsi  se  peut  résumer  la  physiologie  classique  du  langage,  physiologie  qui  a  long- 
temps trouvé  dans  les  localisations  cérébrales  admises  son  soutien  le  plus  efficace.  Il 
nous  reste  à  étudier  ces  localisations  et  à  montrer  quelles  variations  leur  ont  imposées 
les  observations  successives. 

Audition  verbale.  —  L'audition  verbale  est,  nous  le  répétons,  le  phénomène  initial 
par  lequel  l'enfant  se  voit  instruit  des  rudiments  du  langage;  il  est  donc  légitime  de 
commencer  par  l'étude  de  cette  fonction  notre  analyse  du  langage. 

Les  mots  sont,  tout  d'abord,  perçus  en  tant  que  bruits  confus,  de  murmures  sans 
signification.  La  perception  verbale  auditive  se  fait  ù  ce  titre  dans  la  sphère  auditive 
commune,  cesl-à-dire  dans  l'écorce  des  lobes  temporaux  de  l'un  et  de  l'autre  hémi- 
sphère, tout  au  moins  au  niveau  des  1  et  2  temporales.  Mais,  en  tant  que  signes  ver- 
baux, les  mots  sont  perçus  principalement  au  niveau  de  la  i  temporale  gauche  chez  les 
droitiers,  droite  cbez  les  gauchers.  Nous  ne  saurions  insister  ici  sur  les  divergences 
des  auteurs.  Signalons  seulement  que  la  zone  de  Wermcke,  centre  des  impressions  sen- 
sorielles, mixtes,  comprend  la  partie  postérieure  des  première  et  deuxième  temporales 


1.  Dejerine,  loc.  cit.,  248. 


LANGAGE.  8So 

gauchos  (parfois  des  première,  deuxièiuc  et  troisit-ine  Iciiiitoi.ili's),  au  moins  la  moilié 
post('iioiue  du  <j!/rns  supramaniinalis,  ou  lobule  du  pli  courbe,  fulln  le  pli  courbe 
ou  uiinis  angularis  (Qik.nski,  et  [''lkciisic).  Nous  verrons  plus  lard  ([uclle  partie  de  ces 
territoires  n'clame  la  zone  visuelle  verbale  Signalons  seulement  que  c'est  au  cortex 
du  tiers  postérieur  de  la  première  tcMuporale  que  la  majorilt'  des  auteurs,  Weu.nickk, 
KussMAUL,  Dejerine,  localisc  le  centre  dos  images  auditives  verbales. 

On  a  sérié  davantage,  encore  les  centres  auditifs  :  à  coté  du  centre  banal  et  bilatéral, 
fixé  au  tiers  moyen  de  la  première  temporale  ou  plus  récemment  encore  on  la  temporale 
profonde  (Flechsu;),  le  centre  de  perception  des  images  auditives  a  été  localisé  au  tiers 
postérieur  de  la  première  temporale.  Enfin,  sur  la  région  antt'rieure  et  inférieure  du 
gijnts  angularis  existerait  un  centre  psychique,  surtout  mnési(|ue,  des  images  auditives 
(Henschert)  ;  ce  centre  mnésique  est,  il  est  vrai,  situé  par  d'autres  sur  le  unrus  supva- 
marginalis  (Otcszewski),  Pour  Flechsig,  l'écorce  du  gyrus  angularis  pli  courbe)  entier 
formerait  les  mots  avec  les  images  des  lettres. 

Il  convient  de  faire  remarquer,  sans  aller  plus  loin,  que,  pour  un  très  grand  nombre 
d'auteurs,  on  ne  serait  nullement  en  droit  de  distinguer  deux  fonctions  de  réception, 
deux  centres  sensoriels  distincts.  I.es  altérations  de  la  zone  de  Wermcke,  telle  que  nous 
l'avons  limitée  plus  haut,  entraîneraient  également  un  déficit  verbal  auditif  et  visuel. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  auteurs  se  sont  accordés  à  reconnaître  des  syndromes  morbides 
distincts,  selon  qu'intervenait  la  conception  d'un  centre  sensoriel  commun  ou  de  centres 
distincts.  Il  convient  également  de  rappeler  une  fois  pour  toutes  que,  divisés  en  une 
quantité  de  petits  centres  distincts,  ou  répartis  en  deux  ou  trois  groupes  principaux 
(auditif,  visuel,  moteur)  seulement,  les  centres  sont  étroitement  unis  entre  eux'. 
C'est  ainsi  que  si  dans  les  lésions  du  centre  auditif  il  y  a  des  troubles  de  la  parole 
spontanée,  cela  tient  à  ce  que  la  lésion  du  centre  auditif  trouble  les  processus  d'asso- 
ciation nécessaires  à  la  formation  du  mot. 

Mais  le  centre  auditif  verbal  ne  joue  pas  seulement  un  rôle  important  dans  la 
coordination  des  phénomènes  du  langage,  il  les  contrôle  aussi  au  plus  haut  degré. 
HuGHLiiNGS  Jackson,  le  premier,  s'efîorça  d'expliquer  la  doctrine  des  aphasies  dans  son 
ensemble  par  un  système  de  mécanismes  frénateurs  dont  le  jeu  serait  plus  ou  moins 
faussé  :  Werxicke,  Broadbe.nt  et  surtout  Pick  ont  insisté  sur  cette  conception,  et  ont 
cherché  à  démontrer  clini(iuement  que  les  fonctions  du  centre  moteur  du  langage  s'ac- 
complissent sous  la  direction  du  centre  auditif.  Celui-ci  serait  un  véritable  frein,  et 
on  donne  à  cet  ofTet  comme  preuves  la  logorrhée  et  le  bredouillemont  des  malades 
atteints  de  surdité  verbale. 

Il  convient  de  résumer  maintenant  ce  que  nous  ont  enseigné  les  recherches  cliniques 
et  anatomo-pathologiques  des  neurologisles.  Dans  l'immense  majorité  des  cas,  les  lésions 
observées  à  l'autopsie  intéressent  d'une  façonassez  étendue  le  territoire  sylvien,  détruisent 
la  corticalité  cérébrale  et  pénètrent  assez  avant  dans  la  substance  blanche.  On  observe 
le  plus  souvent  un  syndrome  mixte,  dit  aphasie  sensorielle  ou  de  Wernicke,  que  caracté- 
risent les  troubles  suivants  :  sans  hémiplégie,  sans  difficulté  ni  incorrection  de  l'arti- 
ticulation  verbale  s'observent  des  troubles  prononcés  dans  l'émission  verbale,  logorrhée, 
déformation  des  mots  et  des  phrases  avec  emploi  des  termes  dans*  un  sens  qui  n'est 
plus  le  leur  (paraphasie),  création  de  vocables  néoformés  'dénués",de  sens  (jargonaphasie), 
impossibilité  d'écrire  spontanément  ou  sous  la  dictée,  possibilité  (souvent  réduite)  de 
copier  servilement  un  modèle  eu  le  dessinant  sans  le  comprendre,  lecture  défec- 
tueuse, incomplète,  parfois  nulle  (cécité  verbale),  incompréhension  plus  ou  moins 
accusée  du  langage  oral  (surdité  verbale). 

Certains  auteurs  distinguent,  à  côté  de  la  forme  précédente  ou  aphasie  sensorielle 
corticale,  une  surdité  verbale  pure  ou  aphasie  sensorielle  sous-corticale  (un  seul  trouble, 
la  non-compréhension  du  langage  parlé)  par  lésion  de  la  substance  blanche  de  la 
première  ou  de  la  deuxième  temporales,  et  une  aphasie  sensorielle  Iranscorticalc,  dans 
laquelle  le  malade  entendrait  les  mots,  les  reconnaîtrait  en  tant  que  signes  de  langage 
(perception  première);  mais  ne  les  identifierait  plus,  c'est-à-dire  n'en  saisirait  plus  le 

1.  Les  volts  d'association  des  centres  du  langage  sont  courtes,  moyennes  ou  longues  (fais- 
ceau arqué  ou  longitudinal  supérieur,  faisceau  longitudinal  inférieur,  faisceau  uncinatus). 


886 


LANGAGE. 


sens  (perception  secondaire).  Ces  formes,  surtout  théoriques,  sont  faciles  à  se  repré- 
senter d'après  le  schéma  do  Sahli,  construit  sur  [les  données  de  Lichtheim  et  de 
Wermcke  *. 

La  vision  verbale.  —  Le  schéma  en  est  simple  et  superposable  au  schéma  de  l'audi- 
tion verbale.  Le  développement  considérable  des  voies  et  centres  de  la  vision  a  per- 
mis pour  les  fonctions  visuelles  des  localisations  plus  précises  et  beaucoup  plus  cer- 
taines que  pour  les  fonctions  auditives.  Les  impressions  visuelles  parviennent  à  la 
face  interne  du  lobe  occipital,  notamment  aux  lèvres  de  la  scissure  calcarine  ;  là 
se  trouve  le  centre  |des  perceptions  visuelles  primaires,  non  spécialisées  pour  le  lan- 
f5age.  La  lecture  et  la  vision  ççénérale  peuvent  être  supprimées  par  une  lésion  bilatérale 


FiG.  135.  —  Les  centres  du  langage  (U'aprcs  Nogel  et  ïSauli,  sur  les  données  do  Lichthkim  et  de  Wernicke)  : 
Gj,  centre  cortical  des  mouvements  du  bras  et  des  doigts  (paralysie  motrice  du  membre  supérieur)  ;  Gj,  centre 
moteur  de  l'écriture  (agraphie  do  Charcot-Exnkr)  :  Pi,  centre  cortical  de  la  bouche  et  du  larynx  (para- 
lysie motrice);  Pi,  centre  de  l'articulation  verbale  do  Broca  (aidiasie  motrice  corticale);  Ps,  centre  de 
reconnaissance  des  images  verbales  (aphasie  motrice  amnésique  ou  transcorticale);  Ai,  sphère  auditive 
(surdité  corticale)  ;  Ai,  centre  gnosique  des'mots  'aphasie  sensorielle  corticale  acoustique);  Aj,  centre  mné- 
monique des  images  auditives(aphasic  auditive  Annésique  ou  sensorielle  transcorticale)  ;0i,  centre  visuel 
(cécité  corticale)  ;  Ci,  centre  de  la  reconnaissance  des  images  visuelles  falexio  corticale)  ;  O3,  centre  de 
la  compréhension  optique  du  langage  écrit  (aloxie  amnésique  ou  transcorticale,  cécité  verbale  avec 
agraphie). 

de  ce  centre;  il  y  a  dans  ce  cas  cécité  corticale.  Quand  il  n'existe  de  destruction  que 
d'un  seul  côté  (et  la  lésion,  pour  que  le  langage  soit  intéressé,  doit  siéger  à  gauche  chez 
les  droitiers),  une  tésion  du  lobe  occipital  ne  détermine  de  trouble  du  langage  que  si 
elle  est  intense,  profonde,  détruisant  les  radiations  optiques,  atteignant  le  lobe  parié- 
tal. Dans  ce  cas  il  y  a  toujours,  coïncidant  avec  la  difficulté  ou  Timpossibilité  de  la 
lecture,  une  hémianopsie  typique.  Il  s'agit  alors  de  cécité  psychique,  c'est-à-dire  que 
«  l'individu  a  conservé  la  perception  visuelle  brute,  mais  qu'il  est  incapable  d'en  inter- 
préter la  signification  »  (Dejeri.ne). 

Rappelons  que  Chargot  localisait  le  centre  de  la  lecture  dans  le  lobule  pariétal  supé- 
rieur avec  ou  sans  participation  du  pli  courbe  [Gr.^sset)^.  Quexsel  le  place  dans  la  partie 
inféro-postérieure  du  gyrus  angulari$.  Dejerine  au  contraire  localise  en  toute  l'étendue 
de  ce  même  gyrus  angularis  ou  pli  courbe,  le  centre  des  souvenirs  visuels  des  mots, 


1.  La  théorie  veut  naturellement  que,  dans  les   aphasies  sous-corticales,  le  langage   intérieur 
soit  intact;  il  est  altéré  au  contraire  dans  les  aphasies  corticales  banales. 

2.  Pour  ExNER,  Sacha,  Pick,  Anton,  la  région  pariétale  jouerait  un  rôle  dans  le  mécanisme 
optique  du  langage. 


LANGAGE.  «S7 

centre  i|ue  Wiliihand  place  à  la  l'ace  externe  du  lobe  occipital.  Eiiliii  un  centre  psychi- 
queinent  supérieur,  ninésique,  se  trouverait  pour  Hiî.nsciien  dans  la  réf^'ion  supéro- 
postérieure  du  gyrus  angulan's. 

Cliniquenient,  on  distingue  une  cécité  verbale  (trcc  hémianojtsic,  rarement  pure,  le 
plus  souvent  accompagnée  d'aphasie  sensorielle,  par  lésions  du  lobe  occipitaFélendues  à 
la  zone  deWEiiNuîKE, — une  cécité  verbale  pure  arec  aphasie  [lar  li'-sion  isolée  du  pli  courbe 
{Dk.ikrineI,  —  une  cécité  rerbale  pure  (aphasie  sensorielle  sous-eorticalej  par  destruc- 
tion des  faisceaux  d'association  unissant  le  pli  courbe  gauche  A  la  zone  visuelle  f^éné- 
rale.  c'est-à-dire  par  lésions  du  corps  calleux,  du  faisceau  longitudinal  inférieur,  de  la 
couche  sagittale  du  lobe  occipital.  Des  recherches  récentes  de  Qlf.nskl  et  de  Minuazzim 
représenteraient  ('gaiement  le  uyrus  temporalis  transversus  comme  une  des  zones  les 
plus  importantes  du  langage;  ce  gyrus  recevrait  des  fibres  de  projection  acoustiques  et 
donnerait  naissance  à  des  libres  d'association  avec  la  zone  visuelle  verbale. 

L'articulation  verbale.  —  Le  centre  moteur  de  l'articulation  des  mots  est  localisé 
depuis  Mroca  au  pied-  de  la  troisième  frontale  gauche  chez  les  droitiers.  Un  certain 
nombre  d'auteurs,  de  1861  à  1006,  date  à  laquelle  la  question  de  la  spécificité  du  centre 
de  HnocA  s'est  trouvée  nettement  posée  par  Pikure  Mahie,  se  sont  elTorcés  de  préciser 
ses  limites  :  les  uns  ont  voulu  l'étendre  en  avant  jusqu'au  milieu,  ou  au  tiers  antérieur 
de  la  troisième  frontale;  les  autres  l'ont  voulu  prolonger  en  arrière  et  ont  englobé 
l'ihsula  dans  le  centre  de  Rroc.\. 

Les  connexions  de  ce  centre  sont  des  plus  importantes;  ce  sont  elles,  plutôt  que  ses 
limites  précises,  qui  nous  intéressentau  point  de  vue  physiologique.  Elles  permettraient 
en  eflet,  selon  les  doctrines  classiques,  la  coordination  des  mouvements  nécessaires  à  la 
traduction  de  la  pensée  en  mots  articulés.  — ^  Le  centre  de  Broca  se  trouve  en  relations 
au  premier  plan  avec  le  pied  de  la  frontale  ascendante  où  se  trouvent  les  centres  corti- 
caux des  muscles  du  larynx,  de  la  langue  et  des  joues,  au  second  plan  avec  les  centres 
bulbo-protubérantiels  du  trijumeau,  du  facial,  du  glosso-pharyngien,  du  pneumogas- 
trique, du  spinal  et  de  l'hypoglosse  ;  il  existe  en  effet  entre  les  mouvements  de  la  déglu- 
tition, de  la  respiration,  de  la  mimique,  du  chant,  du  sifflement  et  ceux  de  l'articulation 
verbale  des  connexions  des  plus  nécessaires  et  des  plus  étroites. 

La  destruction  du  centre  de  Broca  détermine  les  accidents  suivants  (aphasie  de  Broca), 
accidents  plus  ou  moins  intenses  selon  l'étendue  et  l'ancienneté  des  lésions.  Le  langage 
articulé  se  trouve  plus  ou  moins  complètement  aboli,  réduit  fréquemment  à  quelques 
syllabes,  un  ou  deux  mots, un  fragmentde  phrase,  une  suite  de  sons  dépourvus  de  sens. 
L'audition  verbale  est  atteinte  de  façon  variable.  L'écriture  présente  le  plus  souvent 
d'importantes  altérations  par  perte  de  la  notion  des  mouvements  nécessaires  à  l'art 
d'écrire  ou  par  rupture  des  systèmes  d'association  soit  entre  les  images  motrices  d'arti- 
culation et  les  images  motrices  graphiques,  soit  entre  celles-ci  et  le  centre  auditif.  Puis, 
étant  donnée  la  dépendance  fonctionnelle  étroite  des  centres,  la  si n)ple  altération  des 
images  motrices  verbales  peut,  chez  certains  individus  peu  instruits,  ayant  besoin  pour 
lire  d'ànonner  sur  le  texte  en  épelanl  les  mots,  entraîner  une  suppression  non  seule- 
ment de  la  lecture  à  haute  voix,  mais  aussi  de  la  lecture  mentale. 

Lorsque  les  voies  centrifuges  du  centre  de  Broca  sont  détruites,  le  trouble  moteur 
existe  seul;  le  malade  peut  alors  comprendre  le  langage  écrit  et  parlé, écrire  lui-même 
spontanément,  sous  dicté-e  ou  en  copiant;  il  ne  peut  en  revanche  articuler  spontané- 
ment ni  répéter  les  phrases  qui  lui  sont  dites.  Celte  aphasie  motrice  pure  ou  sous- 
corticale  dépendrait  d'une  lésion  de  la  substance  blanche  sous-jacente  au  pied  de  la 
troisième  frontale. 

Enfin  le  centre  de  Broca,  tout  en  se  trouvant  en  relation  étroite  avec  la  sphère  visuelle, 
est  tout  particulièrement  contrcMé  par  le  centre  auditif.  On  sait  que  la  lésion  de  ce  der- 
nier, véritable  centre  d'arrêt,  provoque  du  verbiage  et  de  l'incohérence  de  la  parole. 
Pour  tLECHsiG  même,  nous  l'avons  déjà  mentionné,  ce  serait  l'écorce  du  gyrus  augularis 
qui  formerait  les  mots  avec  les  lettres  et  relierait  les  images  syllabiques  acoustiques  et 
optiques  avec  les  images  motrices  d'articulation  à  haute  voix. 

La  rupture  des  voies  d'association  isolerait  le  centre  de  Broca,  permettrait  avec  la 
suppression  du  langage  spontané  la  conservation  du  langage  répété.  Pour  certains 
auteurs  ce  syndrome  dépendrait  soit  de   la  rupture  des  voies  d'association  sensori- 


888  LANGAGE. 

motrices,  probablement  sous  l'insula,  soit  de  la  destruction  d'un  centre  mnésique  ou 
moteur  verbal  supérieur  placé  par  Armand  dans  l'insula. 

On  ne  peut  qu'être  frappé  de  l'importance  des  altérations  fonctionnelles  consécutives 
à  la  destruction  isolée  du  centre  de  Broca.  L'altération  du  foyer  d'images  motrices 
verbales  entraînerait  en  ellet  des  troubles  de  la  compréhension  auditive  et  visuelle  du 
langai:e,  ainsi  que  des  troubles  de  l'écriture.  On  a  tenté  de  l'expliquer  en  faisant  ressortir 
l'importance  du  langage  parlé  dans  le  monde  moderne. 

Ce  centre,  ainsi  que  le  faisait  observer  Pierre  Marie  dans  une  judicieuse  exposition 
du  mécanisme  classique  du  langage,  était  indispensable  pour  la  parole,  le  mot  ne  pou- 
vant se  former  que  grâce  aux  multiples  processus  d'association  aboutissant  de  toutes 
les  autres  parties  de  l'encéphale  à  ce  centre.  Il  était  indispensable  pour  la  lecture, parce 
que,  pour  être  compris,  le  mot  lu,  c'est-à-dire  l'image  visuelle,  doit  subir  la  transfor- 
mation en  images  d'articulation.  D'un  autre  côté,  si,  malgré  la  destruction  du  centre  de 
Broca,  la  parole  pouvait  être  encore  comprise,  c'est  que,  toujours  pour  les  classiques, 
le  mot  prononcé  par  l'interlocuteur  est  tout  formé  et  peut  être  transmis  directement 
par  le  centre  auditif  aux  centres  d'association  qui  en  assurent  la  compréhension. 

L'écriture.  —  Ex.\EH,puis  Charcot,  ont  localisé  le  centre  de  l'écriture  au  pied  de  la 
deuxième  frontale  gauche,  à  peu  près  vis-à-vis  du  centre  moteur  de  la  main  au  tiers 
moyen  de  la  frontale  ascendante.  Cette  localisation  est  actuellement  tombée  eu  une 
juste  défaveur,  et  peu  d'auteurs  la  maintiennent,  si  ce  n'est  en  des  traités  didactiques, 
pour  le  besoin  d'un  exposé  schématique.  Non  seulement  en  effet  aucune  autopsie  n'a 
permis  de  fixer  un  centre  à  la  fonction  étudiée,  tuais  pbysiologiquement  il  n'apparaît 
nullement  que  celte  fonction  puisse  être  distinguée  des  autres  fonctions  du  langage,  de 
la  fonction  motrice  verbale  entre  autres.  «  l/écrituie,  ainsi  cjue  l'a  indiqué  Weumckr, 
n'est  autre  chose  que  la  transcription  par  la  main,  que  la  copie  des  images  visuelles 
des  lettres  et  des  mots.  On  peut  écrire  avec  une  partie  quelconque  du  corps,  pourvu 
qu'elle  soit  suffisamment  mobile;  ceci  montre,  partant,  qu'on  peut  écrire  avec  une 
partie  quelconque  de  lacorticalilé  motrice,  et  que,  par  conséquent,  le  centre  de  l'écri- 
ture n'est  autre  que  le  centre  de  la  motilité  générale  (Dejerine).  »  On  a  fait  également 
remarquer  que  les  aphasiques  étaient  incapables  de  former  des  mots  avec  des  cubes 
alphabétiques,  fait  inexplicable  si  un  centre  moteur  verbal  était  seul  en  cause;  en 
réalité  l'agraphie  est  toujours  associée  aux  autres  syndromes  aphasiques.  Nous  croyons 
utile  de  noter  encore  avec  Féré  '  que  «la  représentation  mentale  d'un  son  articulé 
s'accompagne  de  mouvements  des  muscles  spécialement  adaptés  à  l'articulation  et  que, 
lorsqu'on  veut  représenter  graphiquement  un  son,  ou  l'écrit  d'aboi'd  avec  sa  langue  ». 
Ceci  est  à  rapprocher  du  fait  qu'un  nombre  d'individus  considérable  ne  saurait  se  repré- 
senter un  son  articulé  sans  éprouver  immédiatement  dans  les  muscles  des  mâchoires 
les  sensations  musculaires  adéquates. 

Le  centre  intellectuel  supérieur.  —  Selon  la  conception  ancienne  de  la  physiologie 
du  langage,  les  centres  de  réception  des  impressions  sensorielles,  les  centres  d'extériori- 
sation du  langage  intérieur  étaient  des  groupements  inférieurs,  capables  d'exercer  une 
activité  tout  automatique,  mais  so.timis  pour  toute  manifestation  oiiginale  à  la  prépon- 
dérance du  centre  intellectuel  supérieur,  siège  de  l'idéation  et  de  la  volition.  Ce  centre, 
clairement  apparent  sur  nos  schémas,  domine  l'entre-croisement  polygonal,  si  l'on  adopte 
le  schéma  de  Grasset,  et  se  trouve  à  la  fois  étroitement  uni  aux  centres  inférieurs  et 
supérieur  à  ceux-ci,  dépendant  de  leur  activité;  mais  également  indépendant  de  ses 
manifestations.  En  somme,  le  langage  n'absorberait  pas  la  pensée;  il  ne  serait  pour  elle 
qu'un  instrument  de  relation,  utile,  mais  non  indispensable;  les  centres  fonctionnels 
seraient  comparables  aux  ouvriers  d'une  usine  dont  le  directeur  ne  peut  rien  sans  les 
manouvriers  attelés  à  la  tâche,  mais  demeure  néanmoins  indépendant  de  leur  activité. 

L'idée  s'abstrait  du  langage,  la  pensée  intuitive  brise  le  moule  où  l'emprisonne  le 
verbe.  On  pourrait  donc,  remarque  Stout,  penser  sans  langage  et  sans  signe  d'expres- 
sion, dans  ces  cas  par  exemple  où  les  rapports  constitutifs  d'un  tout  idéal  peuvent  appa- 
raître immédiatement  au  foyer  de  la  conscience  comme  des  objets  offertsàune  attention 
vigoureuse  et  soutenue.  L'attention  aurait  alors  pour  effet  de  rendre  distinci,  de  donner 

1.  FÉRÉ,  Sensation  et  mouvement.  Alcan,  1900,  104. 


LANGAGE.  889 

à  son  objet  iininédiat  le  relief  d'une  ima^e  di-finic,  précise  comme  le  peut  être  une 
sensation  —  |)eroeption  actuelle.  —  Peul-iHre  uublie-l-on  en  raisonnant  ainsi  que  la 
pensée  intuitive,  si  dildcile  à  saisir,  s'aide  de  symboles,  et  que  cette  imagerie  mentale 
est  en  somme  un  lani,'age. 

(Jnoi  qu'il  en  soit,  pour  rester  dans  le  domaine  approximatif  de  la  physiologie 
pme,  pour  les  uns,  comme  Grasset,  le  centre  psychique  supérieur  serait  un  centre 
autonome  et  distinct,  localisé  soit  au  niveau  du  cortex  pariétal,  soit  dans  le  lobe  frontal 
antérieur,  soit  dans  les  deux  hémisphères,  soit  dans  le  gauche  seulement.  Pour  d'autres 
auteurs,  le  lobe  préfrontal  gauche,  qui  assurerait  seul  en  efl'et  la  lourde  t;\che  de  régir 
l'automatisme  des  centres  inférieurs,  serait  non  pas  un  centre  d'idéation  à  proprement 
parler,  mais  srulement  un  centre  de  contrôle  sur  les  phénomènes  intelleclut^ls 
(iMiELPs).  Précisant  celte  conception,  Niessl  von  Maye.ndouf  croit  V|ue  les  sphères 
sensitives  de  Flechsk;  sont  en  même  temps  des  organes  centraux  de  la  pensée,  et  que, 
loin  d'avoir  pour  action  l'évocation  des  représentations  intellectuelles,  les  lobes 
frontaux  se  bornent  au  rôle  d'organes  de  liaison  entre  les  divers  systèmes.  Il  s'agit  en 
somme  de  centres  physiologiques  et  non  pas  de  centres  au  sens  anatomique  du  mot 
(Somme»).  Dans  le  lobe  frontal  siège  le  Begriffcenlrum  des  Allemands,  mais  cette  expres- 
sion est  un  terme  compréliensif  désignant  un  ensemble  de  processus  iju'unit  le  jeu 
de  Tiictivité  cérébrale. 

Ainsi,  de  la  conception  anatomique  du  centre  psychique  supérieur  à  la  conception 
nettement  physiologiciue,  dynamique,  des  phénomènes  de  la  pensée,  des  intermédiaires 
nuancés  se  rencontrent.  Alors  que  les  anciennes  théories  se  basaient  sur  la  conceptiont 
dualiste  du  mécanisme  central,  comprenant  des  rouages  inférieurs  etun  moteur  puissant 
qui  les  anime,  les  théories  nouvelles,  comme  nous  nous  en  rendrons  compte  plus  loin, 
voient  essentiellement  dans  le  langage  un  phénomène  intellectuel  intimement  lié  à 
l'activité  cérébrale  envisagée  dans  son  ensemble. 

Cependant  certains  auteurs  s'efforcent  d'allier  ensemble  la  théorie  des  centres 
multiples,  anatomiquement  distincts,  avec  les  preuves,  que  rend  plus  nettes  chaque 
jour  l'observation  clinique  et  anatomique,  de  l'élroite  liaison  fonctionnelle  des  aires 
corticales.  VoN  Monakow  admet  ainsi  qu'une  lésion  parfois  fort  éloignée  d'un  centre  du 
langage  peut  empêcher  le  fonctionnement  normal  de  ce  centre,  et  explique  ainsi  les 
faits  en  opposition  avec  les  localisations  classiques.  11  y  aurait  en  ce  cas  rupture 
fonctionnelle  des  communications  d'un  centre  avec  les  autres  centres,  inhibition 
de  la  fonction  ou,  pour  reprendre  le  mot  de  von  Moxakow  lui-même,  diaschisis. 

Cette  évolution  des  théories  anatomo-physiologiques  nous  montre  que  l'étude  de 
la  physiologie  du  langage  n'est  plus  comme  autrefois  uniquement  une  question  de 
centres,  mais  se  montre  de  plus  en  plus  l'étude  même  du  fonctionnement  et  des  pro- 
priétés de  l'écorce  cérébrale  |  I{i':mond  (de  Metz)^ 

Les  théories  récentes  sur  la  physiologie  du  langage.  —  Frappé  de  la  com- 
plexité que  les  théories  de  l'aphasie  admettaient  dans  les  phénomènes  du  langage  et 
de  la  multiplicité  des  centres,  hypothèses  qu'une  longue  suite  de  recherches  anatomo- 
cliniques  lui  paraissaient  infirmer,  Pierre  Marie,  en  190G,  reprit  à  piedd'œuvre  l'étude 
de  l'aphasie.  De  grosses  modilicalions  à  la  doctrine  classique  furent  apportées  par  cet 
auteur,  modifications  dont  nous  avons  eu  l'honneur  de  poursuivre  l'exposé  et  la 
démonstration  dans  différents  travaux. 

Les  conclusions  de  Pierre  Marie  peuvent,  au  point  de  vue  physiologique,  être  rame- 
nées aux  points  suivants  :  il  ni/  a  point  de  centres  sensoriels  verbaux  distincts  pour  les 
impressions  visuelles  et  pour  les  impressions  auditives;  —  il  n'est  point  de  centres  linùtés 
corticaux,  —  la  lésion  d'un  centre  détermine  les  mêmes  symptômes,  qu'elle  soit  ou  plutôt  (ju'elle 
semble  être  uniquement  corticale  ou  strictement  sous-corticale  ;  —  la  zone  du  lamjaije  es\. 
également  à  un  très  haut  degré  une  zone  intellectuelle.  En  d'autres  termes,  il  n'existe  ni 
aphasie  motrice  pure  par  section  des  voies  de  projection  du  centre  de  Broca  (la  troi- 
sième frontale  ne  jouerait  du  reste  aucun  rôle  dans  la  fonction  du  langage),  ni  surdité 
verbale  pure  par  lésion  du  tiers  postérieur  de  la  première  temporale,  ni  cécité  verbale 
pure  par  lésion  du  pli  courbe;  —  les  altérations  du  langage  dans  l'aphasie  de  Wer- 
NicKE  se  conforment  aux  lois  de  déficit  intellecluel,  et  un  certain  nombre  des  troubles 
des  aphasiques  sont  des  désordres  purement  intellectuels.  Dans  cette  théorie  enlin,  les 


890 


LANGAGE. 


centres  d'images  ne  sont  plus  admis,  et  nous  exposerons  brièvement  notre  argumenta- 
tion personnelle  à  ce  sujet. 

Les  considérations  suivantes  ont  amené  Pierre  Marie  à  parfaire  sa  doctrine;  nous 
signalerons  chemin  faisant  les  conclusions  originales  touchant  la  constitution  même 
du  syndrome  anatomo-clinique  de  l'aphasie  auxquelles  ont  abouti  ses  recherches. 

Le  centre  de  Broca  ne  joue  aucun  rôle  dam  le  hmgage.  —  Les  auteurs  des  doctiines 
ayant  cours  sur  l'aphasie  (et  par  là  même  sur  le  langage)  faisait  remarquer  Pierre 
Marie  en  1906*  «  se  sont  presque  uniquement  appuyés  sur  des  idées  théoriques  ;  plu- 
sieurs même  ont  pris  pour  point  de  départ  un  schéma  d'un  graphisme  plus  ou  moins 
compliqué  et  en  ont  ensuite  tiré  une  longue  série  de  déductions.  Les  résultats  de  cette 
manière  de  procéder  ont  été  ceux  que  l'on  pouvait  penser;  aussi  toute  la  doctrine 
actuelle  de  l'aphasie  est-elle  une  doctrine  essentiellement  théorique  et  schématique,  à 
ce  point  théorique  et  schématique  qu'elle  se  trouve  de  toutes  parts  eu  contradiction 
avec  les  faits.  En  fait  d'observation,  on  se  livra  presque  uuiquement  à  l'observation 
intérieure;  c'est  là  un  bien  médiocre  procédé,  l'auto-observé  se  trouvant  à  la  fois  juge 


Fie;.  136.  —  Cerveau  sur  lequel  Hro.a  localisa  l'apliémie  au  niveau  de  la  S'  frontale  (cas  Leborgnc).  Noter  le 
ramollissement  étendu  de  la  zone  lenticulaire  (insula)  la  zone  de  Wernicke.  Le  centre  de  la  d6i)ression  cor- 
respond approximativenieni  au  jùcd  de  F3  (dessiné  d'après  la  pliotographie,  faite  ou  1906,  do  la  pièce 
actuellement  au  Musée  Dujiuyiren). 


et  partie,  et  «  posant  »,  pour  ainsi  dire,  en  lui-même  pour  lui-même.  Les  résultats  de 
cette  méthode  ne  se  firent  pas  attendre  :  il  ne  fut  plus  question  que  d'images  du  lan- 
gage, il  y  en  eut  de  verbales,  d'auditives,  de  visuelles,  voire  même  de  motrices;  chaque 
catégorie  de  ces  images  vint  se  ranger  dans  un  centre  spécial  et  ces  centres  eux- 
mêmes  se  «  mirent  »  en  connexion  les  uns  avec  les  autres  ou  avec  des  centres 
supérieurs  ». 

Parmi  ces  centres,  trois  particulièrement  étaient  étroitement  localisés,  le  premier, 
le  plus  ancien,  par  Broca  au  pied  de  la  troisième  frontale  gauche  pour  les  images 
motrices  d'articulation,  —  le  second,  par  WERNicKEs'inspirant  des  schémas  de  Meyxert 
sur  les  voies  auditives  normales,  au  tiers  postérieur  de  la  première  temporale,  —  le  der- 
nier en  date,  par  Dejeri.xe,  au  ggrus  angularis  (pli  courbe). 

Nous  examinerons  plus  loin  de  quelle  façon  peut  être  critiquée  la  conception  des 
images  verbales  ;  nous  nous  en  tiendrons  ici  aux  seules  données  anatomo-cliniques. 

La  localisation  de  l'aphasie  motrice  a  été  particulièrement  attaquée  par  PrERRE 
Marie.  Cet  auteur  a  montré  que  le  pied  de  la  troisième  frontale  gauche  avait  été  choisi 
par  Broga  pour  lieu  de  la  coordination  des  mouvements  d'articulation  verbale  seule- 
ment parce  que  ce  point  se  trouvait  être  le  centre  d'uu  vaste  foyer  de  ramollissement 
ancien'. 

1.  Semaine  médicale,  23  mai  1906. 

2.  On  tenait  en  effet,  à  l'époque  des  recherches  et  publications  de  Broca  (1860-1870),  le 
ramollissement  du  cerveau  pour  une  lésion  progressive,  à  marche  excentrique,  à  peu  près  de 
durée  indéfinie.  Chez  Leborgne,  prototype  de  l'aiihcmie  ou  aphasie  motrice,  premier  malade  de 


LANGAGE.  891 

D'uiio  niiimliouso  l-UuIu  do  tout  ce  qui  a  (Ht'  publii'  sur  l'.ipliasie  de  Hnor-A,  il  est 
ivsulU'  qu'il  «  n'existe  encore  dans  la  littérature  médicMle  aucune  observation  d'apha- 
sie do  BuocA  dans  laquelle  on  ait,  à  l'autopsie,  constaté  une  lésion  unique,  rigoureuse- 
ment localisée  au  pied  de  la  troisième  circonvolution  frontale  gauche  ».  Une  série  de 
faits  (57  cas)  montre  au  contraire  qu'il  peut  y  avoir  aphasie  de  Broca  avec  intégrité 
microscopique  du  i>ied  de  la  tioisiènio  frontale;  en  revanche,  dans  27  cas,  la  destruc- 
tion du  contre  do  Biioca  n'a,  chez  des  droitiers,  délerininé  aui-un  trouble  du  langage. 
II  existe  môme  "  à  l'heure  actuelle  une  preuve  expérimentale  de  la  non-spécilicité  de 
la  Iroisièine  frontale  dans  la  genèse  des  troubles  a[»hasi(iues.  Un  chirurgien,  Bi'kckiiaudt, 
s'inspirant  des  vues  théoriques  les  plus  curieuses,  a  réséqué  chez  deux  déments  droi- 
tiers le  pied  et  le  cap  de  la  troisième  frontale  gauche  :  il  ne  s'est  k  aucun  moment 
manifesté  la  moindre  trace  d'aphasie  motrice  '  ». 

En  revanche,  PiicimE  Mariic  a  été  frappé  de  la  constance  absolue  de  certaines  lésions 
n'intéressant  point  la  troisième  frontale  qui  se  rencontrent  à  toute  autopsie  d'apha- 
siijue  do  Biioe.A.  Ces  lésions  sont  de  deux  ordres,  les  unes  intéressent  la  région  de  l'in- 
sula  et  du  noyau  lenticulaire,  les  autres  portent  sur  la  zone  de  WniiMCKE.  Ce  sont  elles, 
et  elles  seules,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  qui  déterminent  l'aphasie  dite  motrice 
ou  de  Broca. 

Les  objections  présentées  à  cette  critique  anatomique  du  plus  classique  et,  au 
moins  en  apparence,  du  mieux  établi  des  centres  fonctionnels  du  langage  ont  été  fort 
vives.  Nous  n'en  retiendrons  que  deux.  Certains  auteurs  admettent  en  eflet  que  l'exis- 
tence d'une  destruction  du  pied  de  la  troisième  frontale  gauche  sans  aphasie  avérée 
du  vivant  du  malade,  implique  l'existence  d'une  suppléance  fonctionnelle  à  peu  près 
immédiate,  ou, ce  qui  revient  au  même,  d'une  rééducation  rapide.  On  ne  peut  qu'objecter 
à  cette  manière  de  voir  son  caractère  théorique,  l'impossibilité  où  l'on  se  trouve  d'en 
faire  la  preuve  effective. 

On  a  dit  surtout,  pour  répondre  aux  cas  de  destruction  du  centre  de  Broca  classique 
(à  gauche  chez  les  droitiers)  avec  intégi'ité  du  langage,  que  ces  individus  avaient  dû 
n'être  point  des  draitiers,  mais  en  réalité  des  «  gauchers  méconnus  »,  des  ambidextres 
au  besoin.  Cet  argument  de  la  gaucherie  méconnue  est  extrêmement  important  :  il 
constitue  l'arme  principale  des  partisans  du  centre  de  Broca,  il  intéresse  au  plus  haut 
point  aussi  la  physiologie  cérébrale  et  vaut  que  l'on  prenne  le  temps  de  l'étudier  de 
près. 

En  réalil(',  la  théorie  de  la  gaucherie  cérébrale  est  loin  d'être  absolue;  les  aphar^ies 
croisées  en  font  foi  '^. 

D'autre  part,  «  la  théorie  de  la  gaucherie  cérébrale  ne  peut  expliquer  la  prédomi- 
nance de  l'aphasie  par  lésions  de  l'hémisphère  gauche.  En  effet,  le  nombre  des  apha- 
siques par  lésion  de  l'hémisphère  droit  n'est  nullement  en  rapport  avec  le  nombre  réel 
des  gauchers.  11  existe  en  effet  un  gaucher  sur  dix  personnes'.  Par  suite,  nous  devrions 
rencontrer  chez  les  hémiplégiques  gauches  un  certain  nombre  d'aphasiques,  un  sur 
dix  par  exemple,  puisque,  nous  le  savons,  les  destructions  du  territoire  sylvien  ame- 
nant l'hémiplégie  déterminent  d'ordinaire  une  lésion  concomitante  de  la  zone  du  langage. 
Cette  théorie  ne  se  vérifie  pas  dans  la  réalité.  Sur  320  hémiplégies  observées  de  1808 

Broca,  le  trouble  du  langage  avait  clc  le  premier  en  date,  bien  des  années  avant  la  mort;  aussi 
ce  trouble  fut-il  attribué  :'i  la  lésion  tenue  pour  la  plus  ancienne,  c'est-à-dire  située  au  centre  du 
ramollissemeut,  à  la  lésion  du  pied  de  la  troisième  frontale  dans  l'espèce.  On  peut,  en  exami- 
nant au  musée  Dcpuytren  les  cerveaux  étudiés  par  Broca,  véritier  aisément  cette  démonstra- 
tion et  constater  en  outre  i[\i'aucun  des  hémisphères  conservés  n'a  été  sectiomit^.  On  se  contentait 
jadis  en  effet  d'un  examen  assez  superficiel  de  la  corticalité  hémisphérique  après  ablation  des 
méninges. 

1.  F.  MuuTMCR.  L'Aphasie.  Gaz.  des  IIôp.,  1908.  Les  passages  entre  guillemets,  sans  indica- 
tion tjibliographique,  sont  empruntés  soit  à  cette  étude,  soit  à  notre  thèse. 

2.  C'est-à-dire  les  aphasies  par  lésion  de  l'hémisphère  droit  chez  les  droitiers,  gauche  chez 
les  gauchers  (Cf.  Bvro.m  Bramwell). 

3.  Van  Biervi.iet  (v.  Index  bibliographique)  n'admet  guère  que  1  p.  100  de  gauchers;  Souques 
et  LiEP.MANN  admettent  des  chiftres  analoirues  aux  nôtres.  Critiquant  nos  recherches  sur  la  gau- 
cherie cérébrale,  l'autein-  allemand  se  rallie  du  reste  à  plusieurs  des  conclusions  présentées  par 
nous. 


892  LANGAGE. 

à  1906  dans  le  service  de  Pierre  Marie  à  Ricrtre,  160  sit'-geaient  à  droite,  IfiO  à  ^aucl:e. 
Soixante  fois  l'aphasie  de  Broca  coïncidait  avec  l'hémipli'gie  droite;  cette  aphasie,  en 
revanche,  n'a  pas  été  obser\ée  une  seule  fois  chez  les  hémiplégiques  du  côté  gauche. 
Il  faut  bien  admettre  cependant  que  parmi  ces  derniers  se  trouvait  au  moins  une 
douzaine  de  gauchers.  Dès  lors,  il  est  bien  extraordinaire  que  jamais  l'aphasie  n'ait 
été  observée  en  concurrence  d'une  hémiplégie  gauche,  c'est-à-dire  que  l'on  ne  saurait 
admettre  de  parallélisme  entre  la  gaucherie  verbale  et  la  gaucherie  manuelle.  11  devient 
impossible,  par  suite,  d'invoquer  une  gaucherie  cérébrale  méconnue  pour  expliquer  la 
destruction  du  centre  de  Broca  sans  aphasie  corollaire  ». 

Il  n'existe  pas  de  centres  sensoriels  distincts  pour  les  impressions  verbales  auditives  et 
visuelles.  —  L'examen  clinique  des  aphasiques  montre  que  ces  malades  ne  sont  jamais 
des  «  sourds  ».  En  réalité  ils  7ie  comprennent  pas'  les  questions  posées  et  s'abstiennent 
de  répondre  par  déficit  de  l'intelligence.  On  n'a  jamais  du  reste  constaté  l'existence  du 
syndrome  «  surdité  verbale  pure  »  avec  la  destruction  isolée  du  centre  de  Wermcke- 
Meynerï.  Burckhardt,  opérant  sur  des  aliénés,  a  obtenu,  par  des  résections  du  tiers 
postérieur  de  la  première  temporale,  des  symptômes  d'aphasie  sensorielle  et  non  de  la 
surdité  verbale  pure.  Kalischer  et  ^oihmann,  chez  le  chien  dressé  à  prendre  delà  viande 
au  son  déterminé  d'un  harmonium,  constatent  que  la  «  résection  unilatérale  ou  bila- 
térale du  lobe  temporal  entier  jusqu'au  ventricule  latéral  ne  fait  nullement  disparaître 
l'aptitude  de  l'animal  à  réagir  au  signal  sonore  ».  Enfm  un  certain  nombre  d'obser- 
vations analomo-cliniques  ont  montré  chez  l'homme  que  la  première  temporale  gauche 
pouvait,  chez  un  droitier,  être  totalement  détruite  sans  incompréhension  du  langage 
oral. 

A  l'égard  du  centre  visuel  rerhal  localisé  au  pli  courbe,  les  termes  de  la  critique 
formulée  plus  haut  contre  un  centre  dos  mouvements  graphiques  pourraient  être  re- 
produits ici.  On  ne  comprend  pas  davantage  l'existence  d'un  centre  de  la  lecture  que 
l'on  ne  comprend  l'existence  d'un  centre  de  l'écriture;  la  lecture,  tout  comme  l'écriture, 
est  en  effet  chez  la  majorité  des  hommes  d'acquisition  trop  r<;cente  pour  qu'une  fonc- 
tion de  cet  ordre  ait  eu  le  temps  de  se  centraliser  en  un  point  du  cortex.  Du  reste,  il 
n'existe  point  de  fait  de  cécité  verbale  pure  avec  agraphie  par  lésion  du  pli  courbe,  et 
NiEssL  VON  Mayendorf  a  démontré  anatomiquemenl  qu'  «  une  lésion  corticale  ou  sous- 
corticale  du  pli  courbe  demeure  sans  symptômes  si  les  faisceaux  visuels  du  voisinage 
ne  sont  pas  atteints  ». 

La  distinction  des  aphasies  corticales  et  sous-corticales  ne  saurait  être  maintenue.  — 
Anatomiquemenl,  il  n'existe  jamais  de  lésions  strictement  limitées  au  cortex  ou  à  la 
substance  blanche,  et  nulle  observation  probante  n'a  démontré  l'existence  de  l'aphasie 
motrice  sous-corticale  ou  aphasie  motrice  pure,  ni  des  surdités  sensorielles  pures'.  Il 
existe  toutefois  réellement  un  syndrome  dans  lequel  le  trouble  moteur  est  pur,  mais 
ce  syndrome,  s'il  correspond  cliniquement  à  l'aphasie  motrice  pure  ou  sous-corticale, 
dépend  anatouiiquement,  non  d'une  lésion  des  systèmes  de  projection  du  pied  de  la 
troisième  frontale,  mais  d'une  lésion  de  la  région  insulo-lenticulaire. 

La  distinction  de  Vaphasie  de  Broca  et  de  l'aphasie  de  Wernicre  ?îe  peut  être  maintenue 
conformément  aux  errements  de  la  doctrine  classique.  —  Cliniquement,  l'aphasie  de  Broca 
diffère  de  l'aphasie  de  Webmcke  par  un  point  essentiel,  le  trouble  de  l'articulation  ver- 
bale :  l'aphasique  de  Broc.v  est  plus  ou  moins  un  muet,  l'aphasique  de  Wermcke  plus 
ou  moins  un  bavard.  En  dehors  de  cette  distinction  fondamentale,  on  retrouve,  chez 
l'un  comme  chez  l'autre,  nuancés  à  vrai  dire  d'incroyable  façon,  mêmes  troubles  de  la 
compréhension  du  langage  oral,  de  l'écriture,  de  la  lecture,  même  déficit  intellectuel. 
Il  ressort  de  ces  considérations,  que  nous  ne  pouvons  développer  ici,  que  l'aphasie  de 
Broca,  cliniquement,  est  l'aphasie  de  Wermcke  plus  quelque  chose  :  la  difficulté  ou 
l'impossibilité  d'articuler.  Ce  trouble  moteur  de  l'articulation  en  dehors  de  toute  para- 
lysie, nous  l'appellerons  avec  Pierre  Marie  l'anarthrie.  Cliniquement,  par  suite,  l'aphasie 
de  Broca  égale  l'aphasie  de  Wernicke  +  Vanarthrie. 

1.  Celles-ci,  surdité  verbale  pure,  cécité  verbale  pure,  bien  que  sous-corticales  sur  les  schémas, 
ont  de  tout  temps  été  attribuées  à  des  lésions  corticales  (écorce  de  la  première  temporale,  ècorce 
du  qynis  angularis). 


LANGAGE.  8<J3 

Anulomiquciitenl,  ><  chaque  lois  que  du  vivant  du  malade  ou  a  constaté  lapliasie 
motrice  pute  ou  anartliric,  on  rencontre  sur  le  cerveau  une  lésion  de  la  zone  lenticu- 
laire'. Chaque  fois  que  ce  trouble  moteur  n'est  pas  deuiour»'  isoli',  chaque  fois  que  le 
malade  a  présenté  l'eusenihle  des  signes  caracté-iisliques  de  l'aphasie  de  liuoc.v,  on 
observe  sur  l'héinisphère  un  double  foyer  :  l'un  siège  dans  la  zone  lenticulaire,  l'autre 
alïecle  la  zone  de  Wermckk  -  ou  intéresse  les  libres  qui  en  proviennent.  »  Anatomiquc- 
ment,  raphasie  de  Broca.  égale  la  lésion  de  la  zone  lenticulaire  [anavthrie)  -f-  la  lésion  de 
la  zone  de  Wkh.xicrk  {aphasie  de  Wkrnickk). 

En  résumé,  il  n'existe  qu'un  centre  du  langage  à  proprement  parler.  Ce  centre 
unique  occupe  la  zone  de  Wkr.nicre;  ce  sont  ses  altérations  qui  donnent  la  surdité 
verbale  et  la  cécité  verbale,  ou,  pour  mieux  dire,  les  troubles  de  la  comprédiension  du 
langage  oral  et  du  langage  écrit,  les  troubles  de  l'éloculion  (paraphasie  et  jargona- 
phasie)  et  de  l'écriture. 

En  avant,  dans  la  zone  lenticulaire,  existe  un  centre  dont  il  est  difficile  de  préciser 
la  fonction  exacte,  mais  dont  la  destruction  se  traduit  par  une  impossibilité  d'articuler 
en  dehors  de  toute  paralysie;  enfin,  en  dedans,  la  zone  de  Wermckk  est  étroitement 
unieavec  la  zone  visuelle,  et  les  altérations  de  ces  deux  zones  coïncident  fréquemment^. 

Le  centre  du  langage  est  un  centre  nii.rtc,  sensori-intellectiiel.  —  Les  recherches  précé- 
dentes nous  ont  montré  qu'aux  centres  étroitement  localisés  de  jadis,  les  recherches 
contemporaines  tendaient  de  plus  en  plus  à  substituer  des  aires  fonctionnelles,  déli- 
mitées sans  doute,  mais  moins  rigoureusement  bornées  que  par  le  passé  cependant.  Au 
centre  anatomique  s'est  ainsi  substitué  le  centre  physiologique  dont  les  connexions 
avec  les  autres  régions  encéphaliques  se  comprennent  plus  souples,  mais  plus  étroites 
aussi  que  par  le  passé.  Enfin,  et  c'est  là  l'aboutissant  de  l'évolution  critique  que  nous 
venons  de  trop  brièvement  résumer  ici,  ces  rapports  étroits  des  fonctions  dans  leurs 
localisations  à  la  surface  du  cerveau  se  retrouvent  dans  le  jeu  même  de  l'activité 
mentale,  et  nous  voyons  combattue  la  conception  purement  sensorielle  de  la  zone  du 
langage. 

Pour  Pierre  Marie,  les  termes  d'aphasie  motrice,  d'aphasie  sensorielle  surtout, 
doivent  disparaître;  l'aphasique  pour  lui  n'est  ni  un  sourd,  ni  un  aveugle  pour  le  lan- 
gage, mais  seulement  un  malade  incapable  d'utiliser  normalement  les  données  de  ses 
sens  par  suite  d'un  certain  déficit  intellectuel.  Ce  déficit  s'applique  aux  choses  du 
langage,  mais  il  n'en  demeure  pas  moins  évident  que  les  altérations  de  la  fonction  du 
langage  intéressent  Tinterprétatiou  intellectuelle  de  la  perception  primaire  et  non 
l'impression  sensorielle  élémentaire. 

Nous  accorderons  une  certaine  importance  à  la  discussion  de  cette  théorie,  invo- 
quant dans  notre  critique  quelques  arguments  déjà  présentés  en  d'autres  publica- 
tions. 

En  ce  point  de  l'étude  de  la  physiologie  du  langage,  les  enseignements  de  la  jiatho- 
logie  humaine  nous  sont  plus  que  jamais  indispensables.  Grâce  à  eux,  en  effet,  nousper- 

1.  La  zo)ie  lenticulaire  a  pour  limites  antérieure  et  postérieure  les  plans  frontaux  passant  par 
les  sillons  antérieur  et  postérieur  de  l'insula;  ces  limites  en  excluent  par  définition  la  troisième 
Ironlale.  Elle  renferme  les  noyaux  gris,  les  capsules  extrême,  externe,  interne,  l'insula  le  cortex 
rolandique.une  importante  étendue  des  faisceaux  d'association  du  cerveau.  Elle  se  termine  en  arrière 
au  niveau  de  l'isthme  temporo-pariétal  de  Pierre  Marie,  pont  do  substance  blanche  resserré  entre 
le  fond  du  golfe  sylvien  en  dehors  et  le  ventricule  sphénoïdal  au  dedans.  Toute  lésion  en  avant 
de  cet  isthme  provoque  l'anarthrie,  en  arriére  détermine  l'aphasie  de  Werxicke.  Les  régions  le 
plus  souvent  lésées  dans  l'anarthrie  seml)ient  être  l'insula,  la  capsule  externe,  le  noyau  lenticulaire. 

2.  La  zone  de  Wernickk,  rappelons-lc,  comprend  à  peu  près  certainement  le  tiers  ou  même 
la  moitié  postérieure  des  deux  prenùères  temporales,  la  plus  grande  partie  {ji/nis  sitpramarginalis 
et  sans  doute  le  gyrus  angutaris. 

3.  En  dernière  analyse,  Pierre  Marie  reconnaît  les  formes  suivantes  d'aphasie  :  une  aphasie 
intrinsèque  ou  ajjliasie  de  Wernicke  par  lésion  du  centre  vrai  du  langage,  deux  aphasies  extrin- 
sèques, l'anarthrie  (lésion  de  la  zone  lenticulaire),  l'alexie  pure  avec  hémianopsic  (par  lésion  des 
lobules  lingual  et  fusiforme  ou  des  radiations  qui  unissent  la  sphère  visuelle  avec  la  zone  tempo- 
ro-pariétale  de  Wernicke;.  L'anarthrie  et  l'aphasie  de  Wernicke  peuvent  coïncider  i^aphasie  de 
Broca),  de  même  l'aphasie  de  Wernicke  et  l'alexie.  —  L'anarthrie  et  l'aphasie  de  'Wernicke 
sont  des  syndromes  traduisant  l'hémorragie  ou  la  thrombose  de  la  cérébrale  moyenne  (Sylvienne); 
l'alexie  dépend  d'altérations  portant  sur  le  territoire  de  la  cén-lirale  postérieure. 


894  LANGAGE. 

cevoiis  la  complexité  du  phénomène,  le  caractère  artificiel  île  certaines  distinctions, 
l'arbitraire  des  conceptions  les  plus  ancrées  dans  l'entendement  humain,  notamment 
de  la  théorie  des  images  verbales. 

Chez  l'aphasique,  «  le  déficit  intellectuel'  peut  être  mis  en  lumière  à  la  faveur  de 
celte  constatation  d'ordre  général  :  ce  dont  est  inrapable  le  malade  est  complexe,  ce 
qu'il  réussit  est  simple;  ce  (ju'il  oublie  intéresse  les  faits  récents,  ce  qu'il  conserve 
est  d'acquisition  ancienne...  Si  l'aphasique  perd  les  substantifs,  ce  n'est  nullement  par 
suite  de  la  destruction  du  naming-ccntre,  mais  simplement  parce  que  le  substantif 
est  d'acquisition  récente  dans  la  formation  évolutive  du  langage.  »  Il  comprend  cer- 
tains mots,  les  plus  simples,  certaines  phrases,  les  plus  courtes;  s'il  exécute  incor- 
rectement les  actes  commandés,  il  reproduit  généralement  ces  actes  tout  aussi  mal 
quand  on  les  exécute  devant  lui,  sans  mot  dire,  en  le  priant  simplement  de  les  répéter 
ensuite. 

«  L'aphasique  lit  un  mot,  une  lettre,  une  syllabe;  il  n'en  peut  déchiffrer  plusieurs. 
Un  mot  est  correctement  répété;  un  alexandrin  ne  l'est  point.  Quelques  lettres  sont 
bien  écrites;  plusieurs  ne  sauraient  l'être.  Les  premiers  termes  d'un  modèle  imprimé 
sont  exactement  transcrits;  les  suivants  sont  copiés,  dessinés.  Un  dessin  très  simple, 
est  parfois  correctement  reproduit,  un  modèle  complexe  déroute  le  malade.  Une 
opération  simple  d'arithmétique  est  heureusement  résolue;  le  malade  réussit 
l'addition,  échoue  dans  la  soustraction^.  >>  Ainsi,  les  troubles  du  langage  des 
aphasiques  sont  des  troubles  infellecluels  et  ni>n  des  troubles  sensoriels;  il  conve- 
nait de  noter  ce  point,  puisque  la  physiologie  du  langage  est  à  peu  près  uniquement 
basée  sur  les  données  de  la  pathologie  ct'-rébrale.  On  ne  peut  donc,  si  l'on  se  conforme 
aux  données  précédentes,  distinguer  à  la  fois  un  ou  plusieurs  centres  sensoriels  du 
langage  et  un  centre  intellectuel  supérieur  :  il  n'existe  en  dernière  analyse  qu'un  centre 
mixte  sensori-intellectuel  de  réception  et  d'élaboration '. 

Images  et  centres  cVimages.  —  Des  paragraphes  précédents  il  ressort  que  les  contres 
distincts  où  l'on  voulait  parquer  les  images  verbales  n'existent  point,  et  qu'il  n'est  au 
reste  ni  déficit  sensoriel  auditif,  ni  déficit  sensoriel  visuel  chez  l'aphasique. 

Nous  croyons  que  les  théories  physiologiques  du  langage  peuvent  aisément  se  |)asser 
de  r  «image  verbale  »  et  que  celle-ci,  à  proprement  parler,  ne  possède  aucune  existence 
propre.  Il  est  bien  entendu  aujourd'hui  que  personne  ne  songe  plus  à  considérer  l'image 
comme  un  cliché,  comme  un  phonogramme  classé,  enregistré  par  les  cellules  du  cerveau, 
et  que  les  images  immuables  ont  vécu.  Mais  telle  qu'elle  est,  l'image,  nous  voulons  parler 
de  la  seule  image  verbale  afin  de  placer  la  discussion  sur  un  terrain  bien  limité  et  facile- 
ment accessible,  est-olle  utile  à  l'explication  de  la  fonction-langage?  est-elle  seulement 
facilement  concevable?  De  fait,  l'image  qui  explique  tout  ne  s'explique  pas  elle-même 
(Duc.As)  ;  ceux  qui  la  veulent  admettre  en  donnent  des  définitions  convenant  au  souvenir 
sensoriel  banal,  mais  non  au  phénomène  du  langage,  ou  bien  fournissent,  en  invoquant 
la  répétition  des  actes  et  l'habitude  acquise,  des  explications  du  langage  qui  ne  sont 
point  des  définitions  de  l'image  verbale,  A  dire  vrai,  la  vogue  des  images  date  de 
l'époque  contemporaine  de  Charcot  où  le  jeu  de  l'introspection  fut  à  la  mode.  Chacun 
se  savait  ou  se  voulait  auditif,  moteur,  ou  visuel;  le  type  visuel  étant  plus  rare  était 
fort  distingué;  et  l'on  bâtissait  sur  ce  qui  aurait  dû  demeurer  une  fort  jolie  récréa- 
tion psychologique  des  systèmes  physiologiques  officiels.  N'alla-t-on  point  jusqu'à  créer 
un  centre  endophasique  dont  rien,  même  point  le  raisonnement,  ne  vient  justifier 
l'existence? 

Actuellement  du  reste,  les  images  semblent  avoirperdu  leur  vogue;  les  images  motrices 

1.  Considéré  au  point  de  vue  particulier  de  la  fonction  du  langage,  le  phénomène  intellectuel 
sera  défini  l'établissement  d'un  rapport  entre  une  sensation  donnée  et  sa  valeur  en  tant  que 
signe  de  langage;  il  est  également  la  mise  en  œuvre  de  tels  signes. 

2.  Ajoutons  que  chez  l'aphasique  «  existe  un  déficit  considérable  dans  le  stock  des  choses 
apprises  par  les  procédés  didactiques  ».  (Pierre  Marie,  Semaine  médicale,  17  octobre  1906.) 

3.  Une  lésion  d'un  point  quelconque  de  ce  centre  (zone  de  Wernicke)  déterminera  un  trouble 
total  de  la  fonction  du  langage.  Conformément  à  la  loi  générale  établie  par  Pierre  Marie  et 
GuiLLAiN  pour  tout  centre  nerveux,  l'intensité  (la  quantité)  seule  de  ce  trouble  varie  selon 
l'étendue  de  la  lésion,  et  non  suivant  sa  qualité. 


LANGAGE.  S!);i 

verbales  notainmoiit  sont  lombôes  en  tliscrt'dit.  (»i»  a  fail  ol)server  à  juste  litre  (Dli;as, 
Goulot  parmi  l<^s  anteuis  les  [)las  récents^  qu'il  n'y  a  pas  cl'iniagi-s  motrices  des  mou- 
vements néeessaires  à  raiticulatioii  du  mot.  ()n  parle  on  no  sait  coinmenl,  sans  image 
veibale  »<  précédant  la  parole  et  la  dirigeant;  nous  ne  iiensons  jias  notro  parole  avant 
<le  parler  notre  pensée,  si  penser  noire  parole,  c'est  la  piéimaginer,  la  prononcer 
d'avance  intérieurement,  la  murmurer  au  dedans  de  nous  »'.  On  ne  peut  prouvi-r 
davantage,  «  à  défaut  d'images  prévenantes 2,  des  images  rétrospectives  »  perçues  ou 
formées  après  coup. 

Ainsi,  quand  nous  parlons,  nulle  image  verbale  ne  nous  aide  i  articub'r;  ijnand 
nous  écrivons,  nulle  imago  veibale  visuelle  ne  nous  trace  do  modèle  à  copier,  nulle 
image  kineslliésique  ne  nous  fait  sentir  soudain  pai'  avance  l'acte  physiologii[ue  dont  la 
résultante  sera  le  grapbisme  projeté.  Dans  tous  ces  cas,  il  n'y  a  image  que  quand  il  y  a 
déjà  perception  ou  action  ;  en  un  mot,  l'image  se  confond  étroitement  avec  le  phéno- 
mène efl'ectif,  et  n'en  est  distinguée  que  par  lo  langage  philosophique.  Nulle  part  n'ap- 
paraît son  jeu  dans  l'acte  physiologique.  C'est  donc  à  tort  que  l'on  a  voulu  traiter  la 
physiologie  du  langage  autrement  que  la  physiologie  d'un  organe  quelconque;  le 
langage,  ->  dans  ce  qu'il  a  de  mécanique,  de  physiologique,  ne  peut  pas  être,  n'c.'st 
pas  un  objet  de  pensée  consciente,  pas  plus  que  la  digestion,  que  la  circulation  011 
toute  aulre  fonction  organique  »  (Ducas).  De  plus  en  plus  du  reste  on  se  rend  compte 
de  l'inutililé  de  la  conception  des  images,  les  psychologues  dissociant  de  moins 
en  moins  les  phénomènes  de  la  pensée^.  Aussi  la  physiologie  serait-elle  mal  venue, 
renonçant  à  se  laisser  guider  par  les  données  précises  de  la  pathologie  humaine,  à 
chercher  en  une  dissociation  théorique  l'explication  du  phénomène  du  langage,  lîlle 
serait  également  mal  venue  à  séparer  l'acte  intellectuel  du  phénomène  de  perception 
sensorielle. 

Mécanisme  fonctionnel  des  centres  du  langage.  —  11  est  extrêmement  difficile  de  péné- 
trer la  nature  intime  de  la  fonction  des  zones  du  langage.  On  constate  queTanarthriquo 
(aphasique  moteur  pur)  semble  présenter  une  sorte  d'incoordination  des  muscles  con- 
courant à  l'émission  du  mot  articulé;  beaucoup  d'auteurs  depuis  (.ordat  '■  ont  du  reste 
défini  l'aphasie  motrice  pure  une  sorte  d'ataxie.  Cela  est-il  exact?  il  est  difficile  de 
l'affirmer.  11  est  plus  conforme  en  tout  cas  aux  conceptions  modernes,  (juelque 
théoriques  et  arbitraires  qu'elles  puissent  paraître,  de  rapprocher  le  trouble  do  Tanar- 
Ihriquedes  troubles  agnosiques-\ 


LES    ASSOCIATIONS     DES    CENTRES    DU    LANGAGE    NORMAUX. 


Nous  n'insisterons  ici  ni  sur  le  langage  mimique,  ni  sur  ces  associations  fonctionnelles 
diverses  qui  réalisent  en  quelque  sorte  des  langues  nouvelles'^.  Nous  rencontrerions 
en  étudiant  ces  divers  phénomènes  plus  d'un  point  curieux,  mais  relevant  bien  plus  de 
la  psychologie  que  de  la  physiologie  cérébrale  proprement  dite. 

1-2.  DuGAS,  J.  de  physiologie,  1008. 

3.  BER.f;soN.  BiNET,  Ougas,  Dupont,  IIamklin,  etc. 

4.  LouD.^T  iittribuaii  le  désordre  du  langage  de  l'aphasique  à  une  aberration  dans  les 
synerj;ies  des  nuiscles  concourant  à  l'exécution  de  la  parole. 

5.  Theorif/iit'ment  l'agnosique,  sans  être  paralysé,  tout  en  sachant  la  valeur  de  l'acte  à  réa- 
liser, tout  en  ayant  rintclligence  intacte  (comme  l'anarthriquc),  rie  sait  pas  exécuter  l'acte  de- 
mandé. —  L'aguosie  est  l'absence  de  reconnaissance  inicUectuello  avec  intégrité  de  ridcnlification 
primaire  :  un  objet  est  individualisé  en  tant  qu'objet,  mais  ne  l'est  pas  en  tant  que  tel  ou  tel 
objet.  De  même,  on  peut  dire  que  l'aphasique  reconnaît  le  mot  en  tant  que  mot,  mais  ne  recon- 
naît plus  de  quel  mot  il  s'agit.  L'agnosic  pure  proprement  dite  est  due  à  une  lésion  Inlatérale  des 
lobules  lingual  et  fusiforme. 

6.  Chez  les  musiciens,  les  sourds-muets,  les  sténographes,  les  dactylographes,  les  télégra- 
phistes, des  habitudes  et  des  liaisons  nouvelles  s'établissent  entre  les  ditTérents  centres.  De  très 
importants  travaux  leur  ont  été  consacrés,  tant  par  les  ncurologistes  étudiant  les  amnésies  que 
par  les  psychologues  s'intéressant  au  mécanisme  dn  langage  intérieur. 


896  LANGAGE. 


CENTRES    ENCEPHALIQUES    DU    LANGAGE 

Langage  automatique.  —  Nos  connaissances  sur  les  centres  du  langage  situés  en 
dehors  des  hémisphères  sont  assez  limitées.  Laissant  de  côté  les  centres  bulbaires  et 
mésocéphaliques  des  nerfs  moteurs  de  l'articulation  verbale,  centres  dont  la  lésion 
se  traduit  par  une  paralysie, signalons  que  le  cervelet  paraît  exercer  sur  la  fonction 
motrice  du  langage  un  certain  contrôle.  Ses  lésions  (hérédo-ataxie  cérébelleuse,  tu- 
meurs, etc.)  se  traduisent  généralement  en  elfet,  par  une  sorte  de  scansion  de  la 
parole  par  ailleurs  lente  ou  pâteuse,  tremblée,  indistincte. 

Dans  le  bulbe  même,  les  centres  élémentaires  sont  assez  coordonnés  pour  réaliser 
un  certain  degré  de  langage  automatique  ou  réflexe.  De  cet  ordre  sont  les  cris  instinc- 
tifs du  nouveau-né,  les  gémissements  des  animaux  privés  de  protubérance  et  de  cerveau 
(Fkrk).  Dans  beaucoup  de  cas,  la  mimique  dans  son  ensemble,  et  notamment  les  mou- 
vements du  visage,  les  exclamations  de  l'homme  adulte,  représentent  un  véritable  lan- 
gage instinctif  (A.  Milnk-Edwahds). 

MODIFICATEURS    DU    LANGAGE. 

Comme  toute  fonction  cérébrale,  le  langage  est  influencé  par  les  agents  toxiques. 
Il  est  accéléré,  facile,  brillant,  puis  confus  et  incohérent  sous  l'influence  des  stimulants 
nervins,  notamment  de  l'alcool  et  des  essences  enivrantes,  des  anesthésiques  à  dose 
insuffisante  pour  produire  le  sommeil,  de  certains  toxiques  comme  le  chanvre  indien 
et  la  belladone.  Il  est  ralenti,  pénible  et  obscur  sous  l'influence  de  la  fatigue  et  d'un 
grand  nombre  d'intoxications  aigiu's  ou  chroniques. 

Certains  troubles  organiques  périphériques,  la  surdité  principalement,  retardent  ou 
préviennent  l'apparition  du  langage.  L'insuflisance  de  développement  du  cerveau 
peut  enfin  empêcher  sa  formation. 

DÉVELOPPEMENT    DU    LANGAGE. 

Le  langage,  chez  l'homme,  présente  un  développement  progressif,  mais  lent.  L'en- 
céphale du  nouveau-né  est  le  plan  d'un  organe  et  non  un  organe,  parfait  (Hutinel). 
L'enfant,  avait  déjcà  dit  ViRc.How,  est  un  être  médullaire'.  La  conscience  objective,  en 
effet,  ne  se  révèle  chez  l'enfant  d'une  façon  sensible  qu'au  quatrième  mois  (Otuszewski). 
La  compréhension  de  la  voix  se  développe  dans  la  zone  de  NVer.mcke:  la  relation  des 
mots  avec  leurs  représentations  mentales  débute  au  huitième  mois  dans  les  centres  d'asso- 
ciation postérieure  de  Flechsig.  A  onze  mois  débuteraient  les  associations  verbales 
aboutissant  à  l'émission  vocale  raisonnée  (zone  lenticulaire)  ;  enlin  les  associations 
complexes  se  perfectionnant,  le  langage  raisonnable,  personnel,  se  développe  à  partir 
de  vingt-quatre  mois. 

Histologiquement,  on  a  pu  remarquer  que  le  développement  des  cellules  pyrami- 
dales des  régions  psycho-molrices  est  incomplet  chez  le  nouveau-né  (Parrot  et  Mathias 
Dival)  et  que  les  fibres  de  connexion  du  cortex  avec  les  organes  centraux  apparaissent 
tardivement,  les  fibres  d'association  intercorticale  étant  plus  tardives  encore-. 

Les  recherches  récentes  de  Flechsig  ont  montré  que  l'étude  de  la  myélinisation  de  la 
substance  cérébrale  permettait  de  distinguer  des  zones  de  projection  (centres  sensoriels 
vrais  et  centres  moteurs)  et  des  zones  d'association.  Ces  zones  sont  au  nombre  de  trois  : 
le  grand  centre  d'association  postérieur  comprend  le  précuncus,  les  lobules  lingual  et 
fusiforme  en  partie,  le  lobe  pariétal,  la  troisième  temporale  et  la  partie  antérieure  de 
la  face  externe  du  lobe  occipital;  —  le  centre  d'association  moyen  n'est  autre  que 
l'insula  de  Heil;  —  le  centre  d'association  antérieur  comprend  la  moitié  antérieure  de 
la  première  frontale,  la  deuxième  frontale  presque  en  entier,  ainsi  que  par  la  troisième 

\.  D'où  probablement  l'absence  de  réactions  lors  du  développement  de  tumeurs  cérébrales 
(Bouchot). 

2.  Reynert   et  Edingek,  d'après    Langlois  et  Romme. 


LANGAGE.  S!t7 

frontale.  Or  il  est  extrêmement  intéressant  de  constater  que  ces  centres  d'association 
ne  se  myélinisent  qu'à  partir  du  deuxième  mois  do  la  vie  extra-utérine,  que  fctle  inyt'- 
linisation  est  fort  lente  et  qu'elle  se  complète  au  niveau  de  i'insula  bien  avant  d'i^trc 
définitive  sur  le  lobe  pariélo-temporal.  Ces  données  cniibryo^t'uiques  nous  font  relrouvcr 
dans  le  développement  du  cerveau  des  aires  corticales,  très  voisines  des  zones  fonction- 
nelles que  les  données  de  la  physiologie  pathologique  nous  avaient  jx-rniis  de  recon- 
naître. 

Les  centres  du  langage  ont-ils  actuellement,  chez  rhomme,  atteint  leur 
développement  définitif?  —  Nous  ne  le  pensons  pas;  nous  tenons  pour  vraisemblable 
que  la  zone  dit  lanj.'a^e,  zone  inteilocluelle  par  excellence,  s'assimilera  d'autres  ré;:;ions 
du  cerveau  de  fonction  moins  spécialisée.  Cette  extension  se  fora  peut-être  vers  le  lobe 
pariétal,  centre  d'association  important.  Il  semble  en  effet,  d'après  de  rt'centes  recherches 
de  IhANCHi,  que  chez  les  individus  particulièrement  cultivés,  les  lésions  du  lobe  pariétal 
déterminent  des  altérations  prononcées  du  langage  (trouble  intense  de  la  lecture  et  de 
l'écriture  avec  déficit  intellectuel  considérable). 

Rétrospectivement,  il  serait  extrêmement  intéressant  de  rechercher  ce  qu'a  pu  être 
jadis  la  fonction  du  langage  chez  l'homme  primitif.  Malheureusement,  les  documents 
sont  rares;  et  nous  ne  voyons  guère  à  signaler  à  ce  propos  que  les  données  fournies 
par  l'extraordinaire  moulage  interne  qu'a  su  prendre  Boule,  du  crâne  désormais 
célèbre  de  l'Homme  de  La  Chapelle-aux-Saints.  Sur  ce  moulage,  ainsi  que  Boule 
voulut  bien  nous  le  démontrer  directement,  se  découvre  aisément  à  la  troisième  fron- 
tale un  cap  de  dimensions  considérables;  le  pied  semble  réduit  ou  absent.  Mais  c'est 
plutôt  de  l'ensemble  du  cerveau,  avec  ses  circonvolutions  frustes,  que  naît  l'impression 
que  l'être  possesseur  d'un  tel  encéphale  devait  avoir  un  langage  articulé  bien  rudi- 
mentaire  encore  (Boule  et  Anthony). 

Les  centres  du  langage  sont-ils  héréditaires?  —  Peu  de  travaux  ont  été 
publiés  sur  cette  question,  Pour  Le  Dantec,  les  acquisitions  fonctionnelles  ne  seraient 
pas  héréditaires  à  proprement  parler;  sans  éducation,  un  jeune  Français  ou  un  jeune 
Anglais  ne  sauraient,  a  priori,  ni  le  français,  ni  l'anglais.  Mais  l'usage  habituel  d'une 
langue  pendant  une  longue  suite  de  générations  pourrait  amener  une  certaine  facilité 
naturelle  à  l'égard  de  l'acquisition  et  de  la  prononciation  de  cette  langue. 

RÔLE    DE    L'HÉMISPHÈRE    DROIT    DANS    LE    LANGAGE. 

Pourquoi  l'hémisphère  gauche  est-il  prédominant  en  général  chez  l'homme?  Est-ce 
uniquement  à  cause  de  la  dextérité  plus  fréquente?  Nous  ne  le  pensons  pas,  et  nous, 
nous  sommes  expliqué  à  ce  sujet  en  montrant  que  le  nombre  des  aphasies  par  lésion 
de  l'hémisphère  droit  n'était  nullement  en  rapport  avec  le  nombre  réel  des  gauchers. 
En  réalité,  ce  qu'on  trouve  ainsi  localisé  à  gauche  en  général,  est  la  compréhension  et 
l'articulation  des  signes  ayant  un  caractère  conventionnel  (Piehhe  Marie);  le  langage, 
en  tant  que  phénomène  sensoriel  ou  qu'acte  mécanique  (émission  du  son),  possède, 
comme  toutes  les  fonctions  organiques  simples,  une  localisation  bilatérale. 

Le  problème  n'en  reste  pas  moins  entier;  nous  le  posons  ici,  espérant  que  des 
recherches  ultérieures  nous  renseigneront  sur  cette  précellence  de  l'hémisphère 
gauche  sur  le  droit,  la  gaucherie  cérébrale  pour  le  langage  étant  infiniment  plus  rare 
que  la  gaucherie  manuelle  ordinaire.  Il  serait  également  curieux  de  voir  se  préciser  le 
rôle  de  l'hémisphère  droit  au  point  de  vue  du  langage  chez  le  droitier;  on  a  vu  dans 
certains  cas  (Pierre  Marie)  des  lésions  de  la  zone  de  Wernicke  droite  chez  des  droitiers, 
déterminer  un  certain  degré  de  logorrhée  avec  disparition  de  l'intonation  et  débit  mono- 
tone. De  telles  constatations  demanderaient  à  être  renouvelées.  Peut-être  l'hémisphère 
droit  joue-t-il  chez  le  droitier  normal  une  fonction  de  coordination  et  de  contrôle?  Il  est 
singulier  en  tout  cas  qu'un  problème  aussi  attrayant  n'ait  à  ce  jour  suscité  aucun  tra- 
vail important  '. 

1.  Pour  Webek,  la  localisation  gauche  do  la  zone  du  langage  serait,  chez  les  illettrés,  moins 
constante,  et  dans  les  siècles  passés  l'individualisation  des  hémisphères  aurait  été  moindre  éga- 
lement. 

DICT.    DE    PUYSIOLOOIE.    —    T.    l.\.  ' 


898  LANGAGE. 


RÉÉDUCATION   DES   MALADES   ATTEINTS    DANS    LA    FONCTION    DU    LANGAGE. 

Si  l'on  connaît  mal  le  rôle  de  l'hémisphère  droit  chez  l'homme  sain,  il  semble  que 
l'on  soit  un  peu  mieux  renseigné  sur  ce  qui  survient  après  destruction  des  zones  de 
Wernicke  ou  de  Pierre  Marie  gauches  chez  un  droitier.  Beaucoup  d'auteurs  admettent 
que  la  rééducation,  phénomène  habituel  mais  très  limité  en  général,  est  due  à  l'hémi- 
sphère sain.  Pour  Fourmé,  cet  hémisphère  garderait  le  souvenir  du  mot  et  pourrait 
ainsi  suppléer  l'hémisphère  malade,  jusqu'à  un  certain  point  cependant,  l'exécution 
verbale  étant  empêchée  parce  que  pour  celle-ci  est  indispensable  le  concours  des  deux 
hémisphères. 

Il  est  évident  que  chaque  hémisphère  a  une  certaine  action  sur  les  deux  moitiés  du 
corps  ;  LiEPMANN  a  montré  que  des  foyers  dans  l'hémisphère  gauche  donnaient  des 
troubles  de  la  main  gauche.  Cet  auteur  prend  texte  de  cette  constatation  et  de  ses 
théories  sur  la  «  phasie  »  et  la  «  praxie  >■,  pour  penser  avec  M.  Hkrnhardt  qu'il  y  aurait 
une  certaine  importance  prophylactique  h  l'égard  des  désordres  cérébraux  d'éduquer 
également  chez  l'enfant  les  deux  moitiés  du  corps. 

Ces  vues  originales  peuvent  s'appuyer  sur  des  faits  précis  :  nous  savons  à  n'en  point 
douter  que  chez  les  enfants  les  aphasies,  l'aphasie  typhique  par  exemple,  guérissent 
souvent  complètement,  qu'une  destruction  même  étendue  de  l'hémisphère  gauche 
peut  être  compensée  pour  le  langage  par  l'hémisphère  sain.  Il  semble  cependant  que 
les  quelques  faits  cliniques  enregistrés  à  ce  jour  touchant  le  bénéfice  éventuel  de 
l'ambidextérité  pour  l'individu  que  frappe  un  ictus  cérébral,  ne  témoignent  guère  en 
faveur  de  l'éducation  bilatérale  du  corps.  Liei'ma.nn  et  Von  Malaisk  ont  ainsi  récem- 
ment observé  un  ambidextre  chez  leejuel  une  lésion  de  l'hémisphère  droit  détermina 
une  hémiplégie  gauche  avec  aphasie  et  dyspraxie  droite.  Aussi  les  arguments  actuelle- 
ment présentés  en  faveur  de  la  rééducation  des  aphasiques  par  suppléance  de  l'hémi- 
sphère opposé  sans  formation  de  centres  nouveaux  dans  l'hémisphère  détruit,  offrent-ils 
bien  peu  de  valeur,  du  moins  chez  Ihomme  adulte.  Cette  question  de  la  néoformation, 
de  la  suppléance  ou  de  la  rééducation  des  centres  fonctionnels  du  langage  demeure 
entourée  des  plus  grandes  obscurités. 


CONCLUSIONS. 

lieux  théories  anatomo-pathologiques  et  physiologiques  du  langage  sont  donc 
actuellement  en  })résence,  l'une  et  l'autre  groupant  des  partisan.s  convaincus.  Les  uns, 
localisateurs  à  outrance,  criblent  le  cerveau  de  foyers,  relient  ou  séparent  ceux-ci  selon 
des  vues  souvent  schématiques,  et  distinguent  en  général  avec  précision  le  langage  de 
l'intelligence  générale,  le  mot  de  la  pensée  intuitive.  Les  autres,  localisateurs  encore, 
admettent  des  ^ones  plus  vastes,  à  fonctions  parfaitement  définies,  mais  ne  séparent 
point  du  phénomène  intellectuel,  auquel  ils  le  tiennent  pour  intimement  soudé,  le 
phénomène  de  perception  sensorielle  utilisé  pour  le  langage.  L'n  grand  nombre  de  pro- 
blèmes attendent  du  reste  une  solution;  et  l'un  de  ceux  qui  nous  paraissent  être  les  plus 
curieux  et  les  moins  explorés  concerne  les  causes  de  la  précellence  de  l'hémisphère 
gauche  et  la  fon(îtion  à  l'état  normal  (ie  l'hémisphère  opposé. 

En  terminant  cette  étude,  il  importe  de  relever  une  erreur  d'interprétation  singu- 
lière, qui  remonte  aux  travaux  récents  sur  la  physiopathologie  cérébrale.  Prenant  texte 
de  ce  que  quelques  localisations  cérébrales  étaient  attaquées,  certains  auteurs  ont  vu 
dans  telle  doctrine  récente  l'effondrement  de  la  théorie  des  localisations  encéphaliques, 
avec  toutes  ses  conséquences  extra-scientifiques.  Il  convient  de  remarquer  que,  si  l'on 
voit  décroître  les  exagérations,  oîi  certains  sont  tombés  (à  la  surface  du  cerveau  une 
mosaïque  bigarrée  de  centres),  la  doctrine  des  localisations  avec  toute  sa  portée  physio- 
logique et  l'enseignement  médico-chirurgical  qu'elle  comporte  a,  dans  ces  dernières 
années  au  contraire,  acquis  une  importance  nouvelle. 

FRANÇOIS   MOUTIER. 


LANGAGE.  89H 

Bibliographie.       Pour  tout  ce  ([ui  concerne  l'aphasie,  voyez  plus  particulièiciHcnt 
les  tlit"'ses  de  Moutif.r  et  do  Mikai.lik. 

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Fibres  (J.  P.,  ix,  55-04,  1888).  —  Lengley  et  Fletcheh.  On  the  Sécrétion  of  Saliva,  chiefly 
on  the  Sécrétion  of  Salts  in  it  {Phil.  Trans.  Roy.  Soc  clxxx,  B,  109-154,  1889  et  Proc.  Roy. 
Soc,  XLV,  10,  1888):  —  Note  on  the  Préservation  of  Mucous  Granules  in  Secretory  Cells 
{Proc  Physiol.  Soc,  v,  vi,  1889,  J.  P.,  x)  ;  —  On  the  Physiology  of  the  Salivary  Sécrétion. 
Part  V.  The  Effect  of  stimulating  the  Cérébral  Secretory  Nerves  upon  the  Amount  of  Saliva 
obtained  by  stimulating  the  Sympathetic  Nerve  {J.  P.,  x,  291-328,  1889)  ;  —  On  the  Histology 
of  the  Mucous  Salivary  (jlands  and  on  the  behaviour  of  their  Mucous  Constituents.  One 
Plate  (J.  P.,  X,  433-457,  1889).  —  Langley  et  Dickinson.  <9»  the  Local  Paralysis  of  Periphe- 
ral  Ganglia,andon  the  Connexion  of  différent  Classes  of  Nerve  Fibres  ivith  them  {Proc  Roy. 
.Soc. ,xLVi, 423-431, 1889)  ;  —  Onthe  Physiology  of  the  Salivary  Sécrétion.  Part  VI.  Chieflyupon 
the  Connexion  of  Peripheral  Nerve  Cells  ivith  the  Nerve  Fibres  ivhich  run  to  the  Sub-lingual 
and  Snb-maxillary  Glands{J.  P.,  xi,  123-158,  1890);  —  On  the  Progressive  Paralysis  of  the 
Différent  Classes  of  Nerve  Cells  in  the  Superior  Cervical  Ganglion  {Proc.  Roy.  Soc.  xlvii, 
379-390,  1890);—  The  Action  of  Nicotin  on  the  Fresh-water  Cray fish  {Proc.  Cambr.  Philos., 


LAN  G  LE  Y.  905 

Soc,  VII.  75-77,  i890;  —  Pituri  nnd  Nicotin  [J.  P.,  xi,  205-300,  i890);  —  Tlie  Action  of 
Vatious  Poisons  itpon  N''rve  Fibres  aiid  Peripheral  Nerve  Cells  (J.  /'.,  xi,  509-527,  1890). — 
l,ANGLEY  et  (Jrunbaum,  On  thf  Ueyenemtion  residting  from  liemoval  of  the  Cérébral  Cortex- 
(tnd  Corpora  Slriata  in  the  Doy  IJ.  P.,  xi,  000-628,  1890);  —  The  Innervation  uf  the  Pelvic 
Viscera  [Proc.  l'hi/aiot.Soc.,  1890,xxiii-xxvi,  et  J.  P.xii,  1891).  — Lancley  et  Shehiunc.ton. 
On  Pilo-Motor  iWctvs,  xii,  278-291, 1«91); — On  Ihc  Course  and  Connectiunaof  the  Secretnry 
Fibres  supplyiny  the  Sweat  Glands  of  the  Feet  of  the  Cat  (J.  P.,  xii,  347-374,  189ij;  — 
Note  on  the  Connection  with  Nerve-Cells  of  the  Vaso-Motor  Nerves  for  the  Feet  (J,  P.,  xii, 
375-377,  1891)  ;  —  On  the  Oriyin  from  the  Spinal  Cord  of  the  Cervical  and  Upper  Thoracic 
St/nipathetic  Fibres,  withsome  Observations  on  White  and  Grey  Rami  Communicantes  {Phil. 
Trans.  Roy.  Soc,  clxxxiii,  85-124,  1892  et  Proc.  Roy.  Soc,  i.,  440,  1892).  —  I.anglky  et 
Anderson,  Th:'  Action  of  Nicotin  on  the  Ciliary  Ganylion  and  on  the  Endings  ofThird  Cra- 
niai  NerveiJ.  P.,  xiii, 400-408, 1892);— Langley  et  Dickimson.  On  the  Mechanisiu  of  theMove- 
tnentsofthe  lris{.I.  P.,  xiii,  5j4-597,  i802et  Proc  P/i(/.stu/.,May  14, 1892,  xviii)  ;  —  On^/ie  Lar- 
yer  Medullated  Fibres  of  the  Syntpathetic  System  (J.  P.,  xiii,  780-788,  1892);  —  Preliminary 
Account  of  the  Arv:myement  of  the  Sympathie  Nervous  System,  based  chiefly  on  Observations 
upon  Pilo-Moto'rNerves  {Proc.  Roy.  Soc,  lu,  547-500,  1893)  ;  — Notes  on  (1)  an  Accessory  Cer- 
vical Ganylion,  a)ul  the  Rami  ofthe  Superior  Cervical  Ganylion,  (2)  Vaso-Motor  Fibres,  of  Cer- 
vical Sympatic,  (3)  Erection  of  Quills  in  the  Hedgehoy  {Proc  Physiol.  Soc,  Jan.  1893,  i-iv, 
J.  P.,  xiv)  (4)  Medullated  Fibres  in  Grey  Rami  {Proc  Physiol.  Soc.  xii,  1893,  .1.  P.,xv);  — 
The  Arrangement  of  the  Sympathetic  Nervous  System,  based  chiefly  on  Observations  upon 
Pilo-Motor  Nerves  {J.  P.,  xv.  170-234,  1893).  —  Langley  et  Anderson.  On  Rejlex  Action 
from  Sympathetic  Ganglia{J.  P..  xvi, 410-440,  May,  1894)  ;  —Langley  et  Dickinson.  Notes  on 
Degenerationrcsultiny  from  Sectionof  Nerve  Roots  and  Injury  to  the  Spinal  Cord{Proc.  Physiol. 
Soc,  May,  1894,  xii,  xiii,  J.  P.,  xvi)  ;  —  The  Constituents  of  the  Hypogastric  Nerves  [J.  P.,  xvii, 
177-191, 1894).  —  Further  Observatioiïson  the  Secretory  and  Vaso-Molor  Fibres  of  the  Foot  of 
the  Cal,  ivith  Noteson  other  Sympathetic  Nerve  Fibres  (J.  P., xvii  ,290-314,  1894). —  Langley 
et  Anderson.  On  the  Innervation  of  the  Pelvic  and  Adjoining  Viscera.  Part.  1.  The  Loiuer 
Portion  ofthe  Intestine  (J.  P.,  xviii,  77-105,  1895).  —  Note  on  Régénération  of  Pre-Gan- 
glionic  Fibres  ofthe  Sympathetic  (J.  P.,  xviii,  280-284,  1895);  —  A  Short  Account  of  the 
Sympathetic  System  (Pamphlet,  8  pp,  Issued  at  the  Physiological  Congress,  Bern,  Sept.  1895). 
—  Langley  et  Anderson.  The  Innervation  of  the  Pelvic  and  Adjoining  Viscera  (J.  P.,  xix, 
1893).  Part.  H.  The  liladder,  71-84;  Part.  III.  The  External  Generative  Organs,  85-121; 
Part.  IV.  The  Internai  Generative  Organs,  122-130;  Part.  V.  Position  of  the  Nerve  Cells  on 
the  Course  of  the  Efferent  Nerve  Fibres,  131-139  (J.  P.,  xix,  1895);  Part.  VI.  Ilistologica 
and  Physiological  Observation  upon  the  Effects  of  Section  of  the  Sacral  Nerves  (J.  P.,  xix, 
372-384,  1890).  —  Observations  on  the  Medullated  Fibres  of  the  Sympathetic  System  and 
chiefly  on  those  of  the  Grey  Rami  Communicantes  (J.  P.,  xx.  55-70,  1890);  —  On  the  Nerve 
Cell  Connection  ofthe  Splanchnic  Nerve  Fibres  (J.  P.,  xx,  223-240,  1890).  —  Langley  et 
Anderson.  On  the  Innervation  ofthe  Pelvic  and  Adjoining  Viscera.  Part.  VIL  Anatomical 
Observations  (J.  P.,'xx,  372-400,  1890);  —  The  Salivary  Glands  (Dec.  1896)  (Te.vt  liook  of 
Physiology,  e«lited  by  E.  A.  Schafer,  i,  475-530,  1898,  Pentland,  Edinburgli);  —  On  the 
Union  of  Pre-Ganglionic  and  of  Post-Ganyliunic  Viscéral  Nerves  Fibres  [J.  P.,  xxii,  215-230, 
1897);  —  On  the  Union  of  the  Cranial  Autonomie  [Viscéral)  Fibres  with  the  Nen 
Cells  of  the  Superior  Cervical  Ganglion  (J.  sP.,  xxiii,  240-270,  1898  et  Proc  Royal 
Soc,  Lxii,  331-332,  1898);  —  The  Sympathetic  and  other  Relatcd  Systems  of  Nerves  {Text 
Book  of  Physiology,  de  E.  A.  Schafer,  ii,  610-090,  1900^;  — 0»i  Inhibilory  Fibres  in  the 
Vagus  for  the  end  of  the  Œsophayus  and  the  Stomach  [J.  P.,  x\m,  407-414,  1898).  —  Lan- 
gley et  Anderson.  Modification  of  Marchi's  Methvd  of  Staining  Degenerating  Fibres  (Proc. 
Physiol.  Soc,  May  1899  (J.  P.,  xxiv,  p.  31).  —  Connexions  ofthe  Gatiglion  of  the  Trunk  of 
the  Vagus  [Proc  Physiol.  Soc,  May,  1899  et  J.  P.,xxiv,  xxxii);  —  Presidential  Address  to 
the  Physiological  Section  ofthe  lirit.  Assoc  {On  the  '  ^  Involwita'ry"  Nervous  System)  {Report 
oflirit.  Assoc  for  1899,  881-892);  —  On  Connecting  Fibres  between  Sympathetic  Ganglia 
and  on  Réflexes  in  tfie  Sympatlietic  System  (Cinquantenaire  de  la  Soc.  de  Biol.,  1899,  220- 
225)  ;  —  Pseudo-reflex  Action  in  the  Upper  Part  of  the  Sympatlietic  [Ricerche  di  Fisiologia 
e  Scienze  affini  dedicate  al  Prof.  Luiyi  Luciani,  1900,  23-26);  —  On  A. von- Réflexes  in  t/ie 
Pre-Ganglionic  Fibres  of  the  Sympathetic  System  (J.  P.,  xxv,  304-398,  1900;  —  Notes  on  the 


906  LANGLEY. 

Régénération  of  the  Pre-Ganylionic  Fibres  in  tlie  Sympathetic  System  (J.  P.,  xxv,  417-42C- 
1600);  —  Remarks  on  the  Results  of  Degeneration  of  the  Upper  Thoracic  White  Rami  Com- 
municantes, chiefiy  iîi  relation  to  Commisswâl  Fibres  in  the  Sympathetic  System  (J.  P.,  xxv, 
468-478,  Nov.  1900);  — Où  the  Stimulation  and  Paralysis  of  Nerve-cells  and  of  Nerve- 
endings.  Part.  I  (J.  P.,  xxvii,  224-236,  1901);  —  Observations  on  the  Physiological  Action 
of  Extracts  of  the  Supra-renal  Bodies  {J.  P.,  xxvii,  237-256,  1901);  —  Preliminary  note  on 
the  Sympathetic  System  of  the  Bird  {Proc.  Physiolol.  Sec,  xxxv,  J.  P.,  xxvii,  1902);  —  On 
the  Riiffling  of  the  Feathers  of  the  Bird  [Prelim.  Note  (Proc.  Physiol.  Soc,  J.  P.,  xxvin, 
p. XVI,  1902);  —  The  Thoracic  Vagua  Ganglion  of  the  tiird{Proc.  Physiol.  Soc,  p.  xiv,  May  10. 
J.  P.,  xxviii,  1902).  —  Langley  et  Anderson.  Observations  on  the  Régénération  of  Nerve 
Fibres  {Proc  Physiol.  Soc,  m,  Dec.  13,  1902,  J,  P.,  xxix,  1903),  —  The  Autonomie  Ner- 
voùs  System  [Brain,  xxvt,  1903,  1);  —  On  the  Sympathetic  System  of  Bii'ds  and  on  the 
Muscles  which  move  the  feathers  {J.  P.,  xxx,  221-252,  1903);  —  Das  Sympathische  und  vcr- 
icandte  NervC>se  Système  der  Wirbelthiere  {Autonomes  Servôses  System)  {Ergehnisae  d.  Phy- 
siol., II,  (2),  819-872.  1903).  —  L.vngley  et  Anderso.n.  On  the  Union  of  the  Fifth  Cervical 
Nerce  ivith  the  Superior  Cervical  Ganglion  (J.  P.,  xxx,  439-442,  1904);  —On  the  Effects  of 
Union  of  the  central  part  of  the  Cervical  Sympathetic  with  the  peripheralpart  of  the  Chorda 
Tympani  {Arch.  di  Fisiol.,  i.  505,  1904  et  Proc.  Roy.  Soc,  lxiii,  99,  1904);  —  On  theques- 
tion  of  Commissural  Fibres  belween  Nerve-cells  having  the  same  function  andsitnated  in  the 
same  Sympathetic  Ganglion  and  on  the  Function  of  post-ganglionic  Nerve  ple.vuses  {J.  P., 
XXXI,  245-260,  1904).  —  L.vngley  et  A.nderso.n.  The  Union  of  différent  kinds  of  Nerve 
Fibres  [J.  P.,  xxxi,  355-391,  1904).  —  Id.  On  Autogenetic  Régénération  in  the  Nerves  of  the 
Limbs  (J.  P.,  XXXI,  418-428,  1904).  —  La.\<.lev  et  Macnus.  Same  observations  on  the  Move- 
ments  of  the  Intestine  before  and  after  degeneralive  section  of  the  Mesenteric  Nerves  [J.  P., 
XXXIII,  34-51,  Sept.  1905).  —  The  Autonomie  Nerves.  Address  to  the  Stûdents  of  Medicine 
and  Natural  Philosophy  of  the  University  of  Amsterdam,  June  6,  1905  {Nederlandsch  Tijd- 
schrift  voor  Geneeskunde,  Oct.  14,  1905);  —  Note  on  the  Trophic  Centre  of  the  afférent 
fibres  accompanying  the  Sympathetic  Nerves  (Proc  Physiol.  Soc,  Ng,v.  11,  xvii,  1905  et 
J.  P.,  xxxiii)  ;  —Ou  the  reaction  of  Cells  and  of  Nerve-endings  to  certain  poisons,  chiefiy  as 
regards  thereaction  of  Striated  Muscle  to  Nicotine  and  Curari(J.  P.,  xxxiii,  374-413,  [1905);  — 
On  Nerve-endings  and  on  Spécial  Excitable  Substances  in  Cells  {Proc  Roy.  Soc,  lxxviii,  170- 
194, 1896)  ;  —  UeberNervenendigungen  undspezielle  rezeptive  Substanzen  in  Zellen{Zentralb. 
f.  Physiol.,  XX,  290-291,  \90(j};  — In  M emoriam.  Sir  Michael  Foster,  \\\\','i'i:i-2iù,  1907.— 
The  Influence  of  Experiments  on  Animais  on  the  Development  of  the  Surgical  Treatment  of 
disorders  of  the  Peripheral  Nerves  with  spécial  référence  to  the  Opération  for  Facial  Para- 
lysis in  Maji  (7  p.  Privately  printed,  1907);  —  Further  observations  toith  regard  to  thenon- 
specific  nature  of  Motor  Nerve-endings  and  the  existence  of  ^^  Réceptive"  Radicles  in  Muscle 
{Arch.  Intern.  de  Physiol.,  v.  125-118,  1907);  —  On  the  Contraction  of  Muscle,  chiefiy  in 
relation  to  the  présence of^'  Réceptive" substances  (J.  P.,  xxxvi,  347-384,1907); —  Effect  on 
section  of  a  cutaneous  digital  Nerve,  and  effect  on  Sensation  of  Groivth  and  Sensation 
of  cocainising  a  Cutaneous  Nerve  of  the  Foot  {Proc  Physiol.  Soc,  xvi,  xiv.  jan,  1908, 
J.  P.,  xxxvi);  —  Note  on  a  reflex  in  the  dog  [Proc  Physiol.  Soc.  1,  May  1907);  J.  P., 
xxxv);  — On  the  Contraction  of  Muscle,  chiefiy  in  relation  to  the  présence  of  "  Réceptive 
Substajice  ".  Part  II  (J.  P.,  165-212,  1908);  —  On  the  Contraction  of  Muscle,  etc.  Part  III. 
The  reaction  of  Togi  Muscle  to  Nicotine   after  dénervation  {J.  P.,  xxxvii,  285-300,  1908); 

—  The  Effect  of  curari  and  of  some  other  bodirs  on  the  nicotine  Contracture  of  trogis 
Muscle  [Proc  Physiol.  Soc,  May  27, 1909,  J.  P.,xxxviii);  —  On  degeneralive  changes  in  the 
nerve  fiexus  of  arteries,  et  in  the  nerve  fibres  of  the  frogs  (J,  P.,  xxxviii,  504-512  1909); 

—  Some  remarks  Miehailoiws  account  of  the  course  taken  by  Sympathetic  Nerve  fibres 
[lentrbl.  f.  Physiol.,  xxiii,  344,  May  1909);  —  On  the  Contraction  of 'Muscle,  etc.  Part 
IV.  The  effect  of  Cùrari  and  of  some  other  substances  on  the  nicotine  responses  of  the 
sartorius  et  gastrocnemius  muscles  of  the  Frog  {J.  P.,  235-295,  Oct.  1909)  ;  —  The  Sympathetic 
innervation  of  the  Skin  of  the  Frog  {Proc  Physiol.  Soc,  July  1910,  J.  P.,xl).  —  Langley  et 
Orbeli).  Tfie  sympathetic  innervation  ofthe  Frog  {Proc  Physiol.  Soc,  July  1910,  J,  P.,  xl). 

—  Inhibition  fibres  for  the  Bladder  in  the  Pelvic  Nerve.  Antagonism  by  curari  of  the  nico- 
tine stimulation  of  nerve  cells  {Proc  Physiol.  Soc,  July  1910,  xl)  ;  —  Note  on  the  action  of 
Nicotine  and  Curari  on  the  Réceptive  substance  ofthe  frog's  Rectus  Abdominis  Muscle  {Proc 


L  ANC  LOIS.  «07 

Tlierapeiit.Soc,  July  1910,  J.  /*.,xl).  —  f.A.Ni;LKv  el  Ohiieli.  Obsoiratioiifi  onthe  Sympathetic 
(iml  Sucrai  Anatomic  Snsl-nn  of  the  Frotj  (J.  /*. ,  xli,  •i-;iO-4H2,  Dec.  110).  —  The  oriijiu 
ami  course  of  the  va>iO-inotor  fibres  of  the  Frot/s  (J.  /'.,  XLt,  483-49S,  Jan.  1911).  — 
Lanc.ley  et  Orbeli.  Some  observât iott!<  on  the  deycncration  in  the  syoïpathetic  uf  Sacral 
Anatomic  nercOKs  System  of  Amphibia  following  nerve  section  {.f.  P.,  xlii,  11.'1-1"24, 
Mardi  10  11). 

LANGLOIS    (J.-P.),    proft^ssoiir  agrégt'   de    |»liysiolo^Me    à   la   Kacullt;   dr 
int'tiefine  do  Paris  ,  IS08i. 

Chaleur  animale.  -  De  la  calorimcirie  chez  /es  enfants  malades  {('.  H.,  21  mars  [HHl]. 
—  Contribution  à  l'étude  de  ta  calorimétrie  chez  l'homme  {Thèse  de  doctorat,  Paris,  1887; 
Journ.  d'Anatomie  et  de  Physiologie,  1887).  —  Calorimetrische  Untersuchungen.  Ûrifi.  .)îit- 
theilunij.  (Centralblatt  f.  Physiologie,  1887).  —  Variations  de  la  thcrmouênèse  dam^  la 
maladie  pyocyaniijue  (A.  P.,  079,  1892;  Congrès  de  Physiologie  de  Liège,  1892).  —  Des 
variations    de    la   radiation    calorique  consécutives   aux  sections    de    la    moelle   [li.    D., 

28  nov.  1891).  —  Radiation  calorique  après  traumatisme  de  la  moelle  épinière  [A.  de  P.,  '.iVA, 
189't;  Congrès  international  de  Home,  1894).  —  Note  sur  les  récents  travaux  de  calorimétrie 
{Travaux  du  laboratoire  de  Ch.  liichet,  i,  342,  1892).  —  Art.  Calorimétrie  {Dictionnaire 
de  Physiologie).  —  Art.  Fièvre  [Dict.  de  Physiologie).  —  Fièvre  {Encyclopédie  scientifique, 
1  vol.  in-8,  Doin,  1913).  —  Influence  de  la  température  interne  sur  les  convulsions  de  la 
cocaïne  (C.  H.,  1888,  cvi,  1016).  —  De  l'influence  de  la  température  interne  sur  les  convul- 
sions {A.  P.,  I,  181,  1889  . 

Études  sur  les  capsules  surrénales.  —  Note  sur  la  fonction  des  capsules  surré- 
luites  chez  la  grenouille  [B.  B.,  292,  1891).  —  La  mort  de  la  grenouille  après  destruction 
des  capsules  surrénales  {Ibid.,  835,  1891).  —  Sur  les  fonctions  des  capsules  surrénales  chez 
la  grenouille  (A.  P.,  269,  1892).  —  Fonctions  des  capsules  surrénales  chez  les  cobayes  {Ibid., 
465,  1892).  —  La  fatigue  chez  les  Addisoniens  {Ibid.,  721,  1892).  —  Action  toxique  du  sang 
des  mammifères  après  destruction  des  capsules  surrénales  {B.  B.,  165,  1892).  —  Destruction 
des  capsules  surrénales  chez  le  cobaye  {Ibid.,  388,  1892).  —  Toxicité  de  l'extrait  alcoolique 
dti  muscle  de  u renouilles  privées  de  capsules  surrénales-  {Ibid.,  490,  1892).  — Maladie  d'Addi- 
son.  Tracé  ergographique.  Diurèse  {Ibid.,  623,  1892).  —  Essai  de  greffe  de  capsules  .surré- 
nales sur  la  grenouille  {Ibid.,  864,  1892).  —  Destruction  des  capsules  surrénales  chez  le 
chien  {A.  P.,  488,  1893).  —  Destruction  des  capsides  surrénales  chez  le  chien  {B.  B.,  444, 
1893).  —  Des  gaz  du  sang  efférent  des  capsules  surrénales  {Ibid.,  700,  1893).  —  Lésion  des 
capsules  surrénales  dans  l'infection  {Ibid.,  812,  1893).  —  Action  antitoxique  du  tissu  des 
capsules  surrénales  {Ibid.,  410,  1894).  —  Hypertrophie  des  capsules  surrénales  par  infection 
expérimentale  {Ibid.,  131,  1896).  —  Du  rôle  des  capsules  surrénales  dans  la  l'ésistance  à  cer- 
taines infections  {Ibid.,  708,  1890).  —  Des  altérations  fonctionnelles  des  capsules  surrénales 
sur  la  pression  {Ibid.,  942,  1896).  —  De  l'Opothérapie  dans  la  maladie  d'Addison 
{Presse  médicale,  19  sept.  1896).  —  Maladie  d'Addison.  Art.  du  Dictionnaire  de  Physio- 
logie 1895.  —  Physiopathologie  des  capsules  surrénales  {A.  P.,  51897).  —  Sur  l'homo- 
logie  fonctionnelle  des  capsules  surrénales  des  grenoidlles  et  des  mammifères  {B.  B.,  1897, 
184).  —  Sur  les  fonctions  des  capsules  surrénales  {Thèse  de  doctorat  es  sciences,  Paris,  Alcan, 
1897).    —   L'action    des   agents   oxydants  sur  l'extrait  des   capsules   surrénales   [B.    B.. 

29  mai  1897).  —  Du  foie  comme  agent  desti'ucteur  de  la  substance  active  des  capsules  surré- 
nales {Ibid.,  12  juin  1897).  —  Du  mécanisme  de  destruction  du  principe  actif  des  capsules 
surrénales  [Arch.  de  Physiologie,  1898).  —  La  sécrétion  interne  de  la  capsule  surrénale 
{Presse  médicale,  4  déc.  1897).  —  De  la  non-destruction  du  principe  actif  dans  le  sang  et  la 
lymphe  {Ibid.,  1898).  —  Les  capsules  surrénales  pendant  la  période  fœtale  {Ibid.,  vi,  146, 
25  fév.  1899!.  — Sécrétion  surrénale  et  pression  sanijuine  [Ibid.,  210,  3  mars  1910).  —  La 
destruction  de  l'adrénaline  da7is  l'organisme  {Ibid.,  9  juillet  1904,  93),  —  Echanges  respi- 
ratoires pendant  la  période  d'hypertension  adrénalique.  —  liespiration  pendant  l'hyper- 
tension. —  Apnée  adrénalique  \^.Iourn.  de  Physiologie,  1911,  960). 

Respiration.  —  Influence  du  chloral  sur  les  centres  nerveux  respiratoires  [B.  B., 
779,  1888..  —  Influence  des  anesthésiques  sur  la  force  des  mouvements  respiratoires 
(C.  H.,  cviii,  I"  août  1889,  081,  I"  Con;,'rès  de  Physiologie,  Borne,  sept.  1889).  —  De 
la  ventilation  pulmonaire  [B.   B.,  304.   1889).  —  Influence  des  pressions  extérieures  sur 


908  LANGLOIS. 

la  ventilation  pulmonaire  [A.  P.,  1891,  (ii),  m,    i.  En   collaboration   avec  Ch.   Richet). 

Sur  la  circulation  pulmonaire.  —  De  la  durée  de  la  circulation  pulmonaire  (B.  B., 
6  mai  1911,  683).  —  Adrénaline  et  circulation  pulmonaire  [Ibid.].  —  Digitaline  et  circu- 
lation pulmonaire  {Ibid.).  —  Étude  ftur  le  pneumothorax  (Ibid.,  !'■■'  mars  1913).  —  Sur  la 
durée  de  la  circulation  pulmonaire,  l""'"  mémoire  :  Adrénaline,  Pneumogastrique  [Journ.  de 
Physiologie,  1912,  282);  2*"  mémoire  :  Adrénaline,  Digitaline,  Asphyxie  {Ibid.,  1912, 
1113);  3''  mémoire  :  Anesthcsiques,  Pneumothorax  {Ibid.,  1913,  100). 

Polypnée  thermique.  —  Variations  de  la  densité  du  sang  pendant  la  polypnée  ther- 
mique (B.  B.,  5  juillet  1902,  84G).  —  De  la  déshydratation  chez  le  crapaud  et  des  variation, 
corrélatives  de  la  densité  du  sang  [Ibid.,  G  déc.  1902,  1377).  —  Sur  un  procédé  de  détermi- 
nation de  la  densité  du  sang  (Ibid.,  6  déc.  1902,  1379).  —  La  polypnée  thermique  chez 
Agama.  Influence  de  la  dépression  barométrique  {Ibid.,  28  nov.  1903,  1523).  —  Sur  la 
polypnée  thermique  chez  les  poikilolhermes  (Ibid.,  10  déc.  1904,  559).  —  La  polypnée  ther- 
mique des  poikilothcrmes,  des  conditions  iiécessaires  pour  sa  mise  en  jeu.  {Volume  jubilaire 
de  Pawlow,  1904,  172-174).  —  La  régulation  thermique  chez  les  jyoikilothermes  (J.  de  Phy- 
siologie, 1902,  249).  —  De  la  polypnée  thermique  chez  les  animaux  à  sang  froid  (C.  R., 
cxxxiir,  1017,  9  déc.  1901).  —  La  lutte  contre  la  chaleur  chez  les  poikilothermes  [B.  B., 
11  janv.  1902,  2).  —  A  propos  de  la  régulation  thermique  des  reptiles  {Ibid.,  4  juillet  1903, 
875).  —  Influence  de  l'inanition  sur  la  polypnée  thermique  {Ibid.,  5  mars  1904,  401).  — 
Ventilation  et  échanges  respiratoires  pendant  la  polypnée  {Ibid.,  8  juillet  1905,  81).  — 
Polypnée  thermique  et  pneumogastrique  {Ibid.,  8  juillet  1905,  83).  —  Polypnée  thermique 
à  type  périodique  {Ibid.,  22  juillet  1905,  166).  —  Gaz  du  sang  da7is  la  polypnée  {Ibid., 
23  déc.  1905,  704).  —  Polypnée  thermique  arec  ventilation  insuffisante  {Ibid..  fi  janv.  1906, 
37).  —  Polypnée  thermique  et  capacité  respiratoire  du  sang  {Ibid.).  —  Polypnée  thermique 
et  pression  artérielle  {Ibid.,  22  juin  1907,  1167).  —  Étude  sur  la  polypnée  thermique, 
lef  mémoire  :  J.  de  Physiologie,  1906,  236  ;  2'  mémoire  :  1907,  640;  3"  mémoire  :  1907, 
948).  —  Du  refroidissement  du  sang  irriguant  le  bulbe  pendant  la  polypnée  thermique  {B.  B., 
20  juillet  1907,  198).  —  La  section  physiologique  du  pneumogastrique  pendant  lapolypnée 
{Ibid.,  15  déc.  1906,  624).  —  Centre  polypnéique  et  cocaïne  {Ibid.,  26  déc.  1908,  715).  — 
Apnée  et  polypnée  adrénalique  {Ibid.,  13  mars  1912,  747).  —  Polypnée  réflexe  et  centrale 
[Ibid.,  1"  mars  1913). 

Pharmacodynamie.  —  De  l'injection  de  spartéine  avant  la  chloroformisation  {B.  B., 
1894).  —  De  l'utilité  des  injections  d'oxyspartéine  avant  Vanesthésie  {C.  R.,  29  juillet  1895). 
—  Contribution  à  l'étude  des  anesthésies  mixtes  {Archives  de  Pharmacodynamie) . 

Toxicité  des  isomères  de  la  cinchonine  [B.  B.,  829,  1888).  —  Élude  sur  la  toxicité  des 
isomères  de  la  cinchonine  dans  la  série  animale  {A.  P.,  377,  1893).  —  Sur  l'action  des  poi- 
sons de  la  série  cinchoniquc  sur  le  Carcinus  mœnas  {Journ.  de  l'Anat.  et  Physiologie,  273, 
1889). 

De  l'action  de  l'antipyrine  sur  les  centres  nerveux  {B.  B.,  mars  1895). 

Action  comparée  des  sels  de  cadmium  et  de  zinc  sur  la  fermentation  lactique  {Ibid.,  391, 
1895).  —  Toxicité  comparée  des  sels  de  cadmium  et  de  zinc  sur  les  animaux  {Ibid.,  ^96, 
1895). 

Action  des  sels  de  cadmium  sur  le  sang  {Ibid.,  717,  1895).  —  Recherches  sur  l'action  com- 
parée des  sels  de  cadinium  et  de  zinc  {A.  P.,  251,  1896). 

Étude  sur  Vouabaio  {poison  de  flèche)  {Ibid.,  419,  1888). 

Action  physiologique  du  venin  de  la  salamandre  terrestre  {C.  R.,  16  sept.  1889.  En  colla- 
boration avec  M.  Phisalix). 

Le  nickel  carbonyle  dans  le  sang  {B.  B.,  212,  1891).  —  Cacodylate  de  soude  et  capacité 
respiratoire  du  sang  {Ibid.,  382,  28  nov.  1900). 

Actioti  des  essences  minérales  sur  le  sang  {Ibid.,  21  juillet  1907,  70).  —  Hyperglobulie 
par  respiration  de  vapeurs  d'hydrocarbures  {Ibid.,  14  déc.  1906,  626).  —  De  l'influence  du 
refroidissement  sur  la  polyglobulie  expérimentale  {Ibid.,  13  juillet  1907,  104).  — Des  effets 
sur  le  sang  des  vapeurs  d'hydrocarbures  [J.  de  Physiologie,  1907,  253).  —  Action  des 
hydrocarbures  sur  l'organisme  {Revue  générale  d'hygiène,  1908,  154). 

Lavage  du  sang  et  anesthésie  {B.  B.,  23  juillet  1904,  228). 

De  la  proportion  des  chlorures  dans  les  tissus  (J.  de  Physiologie  et  dep.  gén.,  1900,  742). 

Étude  sur  les  conditions  physiologiques  du  travail  dans  les  mines.  —  De  la 


LANGLOIS.  \m 

rési'itancc  différente  des  sujets  normaux  ou  malades  dans  les  milieux  chauds  et  humides 
{B.  H.,  2  juillet  1010,  51).  —  licaction  de  l'ornaulsme  aux  variatious  du  milieu  amhiaut 
[Ibid.,  9  juillet  1010,  "îJ).  — Influence  de  la  ventilation  sur  l'oryanisme  (Ihid.,  IS  juin  l!'U), 
1033).  —  Les  perles  d'eau  pendant  le  travail  suivant  les  variations  du  milieu  anihiant 
{Ihid.,  2  juillet  1010,  53).  —  Du  rendement  suivant  les  variations  du  milieu  ambiant  {Ihid., 
2  juilitM  1010,  iiS).  —  Du  quotient  cvaporaloire  pendant  le  travail  (/6iV/.,  juillet  1012,  10). 
Monographies,  Ouvrages.  —  Éléments  de  phijsiolo(iie,  avec  11.  de  Vahkjny,  Doin, 
Paris,  2  éditions  franijaises,  1  édition  espaf^nole.  —  La  Faiiyutf.  Traduction  et  adaptation 
de  l'ouvrage  du  prof.  Mosso,  Alcan,  1894.  —  Précis  d'himiene  publique  cl  privée,  Paris, 
Doin,  !)  éditions  l'ranç;iises.  1  espagnole.  —  Le  lait.  I  vol.,  (iaulliitT-Villars,  Paris,  189.3. 


TABLE  DES  M7VT1P:KES 


DU    NEUVIEME    VOLUME 


ra;;es. 

II)Ogaine 1 

Ibogine 1 

Ii-htablinc 1 

Iclililchidine 1 

Ichtyol :i 

Ichlulino 2 

Icluyotoxique 2 

Ictère 2 

Iclvogcne 2 

Igasuriae 2 

Isasurique  (Acide) 2 

igazol  2 

llicinc 2 

Ilicique  (Alcool^ 2 

Uicique  (Acide); 2 

Ilixauthine 2 

Illicium 2 

Imiiiunito Ciiari,i;s   Richet.  3 

Inanition E.  BARUiiiR   ...  38 

Indaconitinc 131 

Iiidican 132 

Indigotinc 132 

IndiruFjinc 132 

Indol  (Groupe  de  1).   .  L.  C.  M.mllard  .  132 

Inée 271 

Inhibition 271 

Inocarpine 271 

Inosique  ;  Acide) 271 

Inusité 271 

Insectes Mau»  haï 273 

Intestin J.-F.  Gi  yon  .    .    .  386 

—  (Physiologie  générale).     Amuard.  386 

—  (Mouvements).   .   .     J.  F".  Giyon.  5u4 

Inulasc ij76 

Inuline o76 

Invertine o77 

Iode I.  ("iiiiVAMiiR.    .    .  581 

lodoformc J.  CnEVALiiiR.   .    .  393 

Ii)dogoi'gonique    Acide) 600 

lodospungine 600 

lodothyrine 600 

Indurés J.   Cni;vALii:ii..    .  600 

Ion  ....     V.  I'achon  et  H.  IJi  syiKr.  (il'i 

Ipéca 628 

ipohinc 62S 

Ipoméine 628 

Iridine 628 

Irigcnine 628 

Iris N'uEL.  629 

Irradiation 679 


Ironc 670 

Irritabilité M.  Verwou.n.  679 

Ironc 701 

Isanique  (Acide) 701 

Isatinc 701 

Isoalstonine 701 

Isodulcitc 701 

Isodynamie 701 

Isométrique  (Contraction) 701 

Isopyroïne 702 

Isotonie H.J.  Ha.miu  rcer.  702 

Isoioniquc  (Contraction) 732 

Ivaïne 732 

Jaborandine 732 

Jaborine 732 

Jacarandine 732 

Jalapine 732 

Jambosine 732 

Japaconitinc 732 

Jasmone 732 

Jatrorrhizine 732 

Jécorine , 733 

Jequirity 733 

Jervinc 733 

Johanson  (J.-E.^ 733 

Kairiue 734 

Kamala 734 

Kinoine • 734 

Koseïne 734 

Knssel  (A.) 735 

Kronecker  (Hugo) 736 

Lab 741 

Laburcine 741 

Laccaïque .  .  .   .  .   741 

Laccase 741 

Lacrymal  (Appareil)   .    .    .      K.  Ai  hahkt.  741 

Lactase 768 

Lactiques  (Acides) HÉRis.siiY  771 

Lactiiiuc  (Fermentation).   .    .     Héhissky.  779 

Lactophénine 801 

Lactopvotéine 801 

Lactose 801 

Lactosine 801 

Lactucérinc 801 

Lactucine 801 

Laine 801 

L;iit L  P-  Langlois.  801 

Langage  (Physiologie)  ....     Moutier.  875 

Langley 903 

Langlois 907 


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P  A  M  I  s  .     —     1  Y  1' 


H  E  N  O  f  A  H  D  ,      19,     H  L  t     H  K  &     S  A  1  .M  S  -  l' t  K  E  : 


30273 


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